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Full text of "Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives par Cl. Deciv & J. Vaissete. [Édition accompagnée de dissertations & notes nouvelles contenant le Recueil des inscriptions de la province, continuée jusques en 1790 par Ernest Roschach]"

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HISTOIRE 


GENERALE 


DE   LANGUEDOC 


ÉDITION 


ACCOMPAGNEE 


DE  DISSERTATIONS  &  NOTES  NOUVELLES 


CONTENANT 


LE   RHCUEIL   DES   INSCRIPTIONS  DE   LA   PROVINCE 

ANTIQUES    ET   DU    MOYEN    AGE 

DES  PLANCHES,   DES   CARTES   GÉOGRAPHIQUES   ET   DES  VUES   DE  MONUMENTS 

PUBLIÉE    SOUS    LA    DIRECTION    DE 

M.  Edouard  DULAURIER,  membre  de  l  institut 


ANNOTEE    PAR 


M.  Auguste  MOLINIER 


M.  Edward  BARRY 


ANCIEN      ELEVE     h  E     L    ECOLE     DES     CHARTES  PROFESSEUR     D  HISTOIRE    A     LA     FACULTE     DES    LETTRES 

1  DE    TOULOUSE 

CONTINUÉE    JUSQUES    EN    1790 

PAR 

M.  Ernest  ROSCHACH 

CORRE3!-ONI>lNr    DU    MINISTÈRE    DE    l'iNSTRUCTION    PUBLIQ'JE    POUR    LES   TRAVAUX    HISTORIQUES 


Tous   droits  réservés  pour  ce  qui   concerne   la   nouvelle   rédaction, 

même  partiellement. 


HISTOIRE 


GENERALE 


DE   LANGUEDOC 


AVEC   DES  NOTES  ET  LES  PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


DOM  CL.  DEVIC  &  DOM  J.  VAISSETE 


RELIGIEUX  BÉNÉDICTINS  DE  LA  CONGRÉGATION   DE  SAINT-MALR 


TOME   TREIZIEME 

lADDITION    DES   NOUVEAUX   EDITEURS) 


TOULOUSE 

EDOUARD    PRIVAT-    LIBRAIRE-ÉDITEUR 


MDCCCLXXVI 


59GG54 

15-- II- 54 

Ml 


ÉTUDES    HISTORIQUES 


SUR    LA 


PROVINCE    DE    LANGUEDOC 


LA   RÉGENCE   DANNE   DAUTRICHE   JUSCLUA   LA   CRÉATION 
DES    DÉPARTEMENTS 

(1643-1790) 

Par    E.    ROSCHACH 


OUVRAGE    COURONNE    PAR     I.    INSTITUT 

(«CADiMlE    DES   INSCRIPTIONS    ET    BELtES-LETTRES) 


XIII 


PRÉFACE 


NOUS  avons  donné  au  travail  qu'on  va  lire,  8c  qui  doit  prendre  rang 
après  le  quarante-troisième  livre  de  la  nouvelle  édition  des  Béné- 
dictins, le  simple  titre  d'Etudes  historiques,  afin  de  marquer  plus 
exactement  le  caractère  &  les  limites  de  notre  entreprise.  Il  nous  a  semblé 
qu'il  n'était  ni  modeste  ni  sincère  d'abriter  sa  prose  sous  le  pavillon  d'auteurs 
illustres,  &  de  s'insinuer  subrepticement  dans  le  cadre  d'un  livre  achevé 
depuis  plus  d'un  siècle.  La  contrefaçon  littéraire  est  toujours  un  mauvais 
genre,  &  l'on  ne  soutient  pas  un  pastiche  pendant  douze  cents  pages. 

h'Histoire  générale  des  Bénédictins  est  une  œuvre  terminée.  Dom  Vaissete, 
qui  la  finissait  en  1742,  n'avait  pas  l'intention  de  la  pousser  plus  loin.  On 
s'en  apercevrait  aux  dernières  phrases  du  livre,  si  l'auteur  n'avait  pas  pris  la 
peine  de  s'en  expliquer  formellement  lui-même  dans  sa  préface.  «  Nous 
«  avons  cru,  dit-il,  devoir  terminer  nos  travaux  à  la  mort  de  Louis  XIII, 
«  tant  parce  que  l'histoire  ne  nous  fournit  depuis  rien  de  fort  intéressant  ou 
«  qui  ne  soit  connu,  que  parce  ({u'il  est  difficile  de  parler  de  ses  contempo- 
«  rains  avec  la  liberté  convenable.  » 

Cent  quarante-sept  ans  se  sont  écoulés  depuis  la  mort  de  Louis  XIII 
jusqu'à  la  suppression  des  provinces  &  quatre-vingt-six  ans  depuis  la  Révo- 
lution; à  la  distance  où  nous  sommes  des  événements,  les  considérations  qui 
arrêtaient  la  plume  du  savant  bénédictin  n'existent  plus.  Nous  avons  pensé 
que  la  meilleure   manière  d'imiter  nos  devanciers  était  de  s'inspirer  de  leur 


viij  PRÉFACE. 

honnêteté  &  de  leur  franchise,  d'écrire  simplement  d'après  les  témoignages 
authentiques,  8c  de  ne  pas  plus  faire  d'archaïsme  au  dix- neuvième  siècle 
qu'ils  n'en  ont  fait  au  dix-huitième. 

Cela  posé,  nous  ne  nous  sommes  pas  préoccupé  de  copier  servilement  les 
procédés  &  les  dispositions  matérielles;  nous  avons  tenté  de  remplir,  du 
mieux  que  nous  avons  pu,  le  programme  développé  devant  les  Etats  de  Lan- 
guedoc par  l'instigateur  du  premier  projet  d'histoire  provinciale,  l'archevêque 
Le  Goux  de  la  Berchère  qui,  dans  la  séance  du  24  janvier  1708,  exprimait  le 
vœu  de  voir  composer  un  livre  »  où,  en  détaillant  tous  les  faits,  on  n'oublie- 
«  roit  rien  de  ce  qui  concerne  les  mœurs,  les  coutumes  &  le  gouvernement 
«   politique.  » 

En  un  mot,  notre  but  a  été  de  présenter  au  lecteur  un  tableau  aussi 
exact  8t  aussi  complet  que  possible  des  événements  Si  de  l'état  du  pays  dépuis 
la  régence  d'Anne  d'Autriche  jusqu'à  la  création  des  départements,  terme 
nécessairement  imposé  à  notre  étude,  puisque  la  province  de  Languedoc, 
moins  homogène  &  moins  naturelle  que  beaucoup  d'autres  anciennes  cir- 
conscriptions territoriales,  a  disparu  tout  entière  avec  les  institutions  qui  en 
faisaient  l'originalité. 

Cette  période  n'est  pas,  du  reste,  aussi  dépourvue  d'intérêt  que  donnerait 
lieu  de  le  penser  le  jugement  un  peu  sommaire  de  dom  Vaissete  ou  la  chro- 
nologie très-insuffisante  des  historiographes  officiels  venus  après  lui. 

Dès  la  mort  de  Louis  XIII  on  peut  suivre, le  conflit  des  grandes  oligarchies 
locales,  États  &  Parlement,  avec  les  agents  du  pouvoir  ministériel  ;  on  assiste 
à  un  réveil  de  féodalité  favorisé  par  les  troubles  de  la  Fronde,  aux  dernières 
agitations  d'une  vie  municipale  encore  émue  des  guerres  du  seizième  siècle, 
&  l'on  voit  le  pouvoir  des  intendants  s'élever  8i  grandir,  en  acquérant  de 
jour  en  jour  des  attributions  plus  vastes  &  plus  précises.  La  tentative  de 
convocation  des  Etats  généraux  du  royaume,  le  mouvement  d'opinion  qu'elle 
détermina  8c  les  intrigues  qui  la  firent  avorter  marquent  une  phase  intéres- 
sante de  notre  livre  premier  consacré  au  ministère  de  Mazarin. 

Sous  l'administration  de  Colbert,  la  scène  change;  l'autorité  royale  s'est 
consolidée,  en  domptant  l'orgueil  des  compagnies  privilégiées.  L'assemblée 
provinciale  n'est  ni  plus  ni  moins  représentative  qu'elle  ne  l'était  aupara- 
vant; mais,  à  défaut  d'indépendance,  elle  donne,  sous  l'impulsion  d'un 
ministre  éminent,  une  direction  tout  à  fait  nouvelle  à  son  activité,  inaugure 
l'ère  des  travaux  &  des  créations  utiles,  81,  réduite  au  rôle  de  simple  rouage 


PRÉFACE.  xj 

administratif  entre  les  mains  de  l'intendant,  contribue  au  progrès  écono- 
mique de  la  Province. 

A  la  fin  du  dix-septième  siècle,  le  tableau  s'assombrit;  les  querelles  reli- 
gieuses, longtemps  évitées  par  la  prudence  &  la  modération  de  Mazarin, 
s'aigrissent  &  s'enveniment.  La  révocation  de  l'édit  de  Nantes  exaspère  des 
haines  que  l'on  avait  pu  croire  assoupies,  &  fait  éclater,  dans  les  Cévennes, 
cette  funeste  insurrection  des  camisards,  où  tant  de  sang  a  été  inutilement 
versé.  Le  contre-coup  des  campagnes  malheureuses,  la  progression  des  mesures 
de  fiscalité  nécessitées  par  des  dépenses  de  guerre,  S<  le  régime  de  persécution 
continue  contre  les  protestants  attristent  les  dernières  années  du  règne  de 
Louis  XIV. 

La  réaction  aristocratique  de  la  régence,  les  difficultés  du  ministère  avec 
le  clergé  au  sujet  de  la  question  des  protestants,  la  contradiction,  chaque 
jour  plus  frappante,  entre  les  lois  8c  les  mœurs,  l'accroissement  démesuré  de 
l'arbitraire  ministériel  8c  de  l'esprit  de  réglementation  sous  le  règne  de 
Louis  XV  forment  la  matière  du  livre  quatrième.  On  y  peut  observer  pièce 
à  pièce  la  décomposition  de  l'ancien  régime,  dont  la  ruine  est  désormais 
inévitable  8i  que  l'on  cherche  vainement  à  dissimuler  par  des  appels  mala- 
droits à  la  tradition.  La  renaissance  du  culte  réformé  en  Languedoc,  la 
recrudescence  momentanée  des  persécutions  Se  les  tragédies  judiciaires  qui 
en  furent  la  suite,  la  singulière  velléité  de  résistance  des  États  aux  exigences 
du  pouvoir  central,  les  actes  d'autorité  du  ministère  contre  le  Parlement  de 
Toulouse  8c  les  réformes  avortées  du  chancelier  Maupeou  forment,  avec  la 
propagation  des  nouvelles  maximes  économiques  8c  l'essor  donné  aux  travaux 
publics  dans  les  intervalles  de  paix,  les  traits  les  plus  saillants  de  cette 
période. 

Dans  notre  livre  cinquième,  comprenant  les  temps  écoulés  depuis  l'avéne- 
ment  de  Louis  XVI  jusqu'à  la  création  des  départements,  on  pourra  suivre 
les  développements  de  l'esprit  nouveau,  le  perfectionnement  des  organes 
administratifs,  l'action  de  plus  en  plus  sensible  des  principes  philosophiques 
8c  de  l'amour  du  bien  public  sur  les  hommes  mêlés  aux  affaires;  progression 
consolante  qui  faisait  naître  8c  qui  justifiait  de  généreuses  illusions.  La  résis- 
tance aveugle  des  compagnies  privilégiées  aux  intentions  de  réforme  du  gou- 
vernement jette  un  intérêt  pénible  sur  cette  dernière  partie  du  drame,  où 
l'on  voit  tout  s'abîmer  à  la  fois  dans  une  commune  catastrophe. 

Notre  étude  s'arrête  au  moment  où,  l'Assemblée  nationale  ayant  supprimé 
les  intendances  8c  les  parlements  8c  décrété  une  nouvelle  division  géogra- 
phique du  royaume,  la  province  de  Languedoc  perd  jusqu'à  son  nom,  cesse 

XIII.  a* 


X  PREFACE. 

d'avoir  une  existence  distincte,  &  se  laisse  totalement  oublier  au  milieu  des 
commotions  de  l'Europe. 

Nous  avons  naturellement  tiré  parti  de  tous  les  ouvrages  antérieurs  qui 
pouvaient  nous  donner  quelque  lumière,  sans  jamais  négliger  de  citer  les 
auteurs  au  bas  des  pages  ;  mais  nous  nous  sommes  surtout  attaché  à  remon- 
ter aux  sources  originales  &  à  n'accepter  jamais  sans  contrôle  les  témoignages 
de  seconde  main.  Les  grands  dépôts  d'archives  de  Paris  8c  de  la  Province 
nous  ont  fourni  beaucoup  de  documents  ignorés  que  nous  avons  exploités  de 
notre  mieux,  &  dont  les  plus  importants  forment  la  matière  d'un  second 
volume,  à  titre  de  pièces  justificatives. 

Il  nous  a  paru  convenable  d'accompagner  notre  récit  d'une  chronologie 
détaillée;  il  y  a  une  foule  de  particularités  locales  Se  de  précisions  que  le 
lecteur  s'attend  à  rencontrer  dans  une  histoire  provinciale  étendue  &  qui 
doivent  en  eftet  s'y  trouver,  mais  qu'on  ne  peut  mêler  à  la  narration  sans 
l'alourdir  &  l'allonger  démesurément.  Ainsi  les  dates  de  chaque  session 
d'Etats,  les  noms  des  commissaires  principaux,  la  désignation  des  lieux 
d'assemblée,  qu'il  est  utile  de  faire  connaître,  mais  dont  le  retour  périodique, 
sous  forme  d'annales,  est  d'une  monotonie  mortelle,  les  mentions  d'ouvrages 
publics  intéressant  diverses  parties  de  la  Province,  rejetées  dans  cette  table, 
ont  laissé  plus  de  liberté  à  notre  plan  sans  diminuer  la  somme  d'informa- 
tions. 

Etranger  à  tout  sentiment  de  haine  &  de  prévention,  nous  n'avons  mis 
dans  notre  ouvrage  d'autre  passion  que  celle  du  vrai,  mais  nous  l'y  avons 
mise  entière.  Comme  nous  ne  cherchons  à  flatter  ni  à  blesser  qui  que  ce 
soit,  nous  attendons  avec  confiance  le  jugement  du  lecteur  impartial.  Nos 
informations  peuvent  avoir  été  incomplètes,  &  nous  rectifierons  avec  empres- 
sement les  erreurs  qui  nous  seront  démontrées,  mais  nous  croyons  être  en 
droit  d'espérer  qu'après  nous  avoir  lu  personne  ne  suspectera  notre  bonne  foi. 


SOMMAIRES   DES  CHAPITRES 


LIVRE  PREMIER 

MINISTÈREDEMAZARIN 

CHAPITRE  PREMIER 

Situation  du  pays  à  la  mort  de  Louis  XIII. — Alarmes  des  infendants. — Premières 
démonstrations  du  parlement  de  Toulouse.  —  Cérémonies  funèbres.  —  Conflits  de 
juridiction.  —  Dispositions  des  Etats.  —  Misère  causée  par  la  guerre  de  Catalogne. 
—  Elections  de  Toulouse.  —  Affaire  du  franc-salé.  —  Démarches  des  protestants; 
instructions  de  Mazarin  sur  la  conduite  à  tenir  à  leur  égard P^ge     1 3i 

CHAPITRE  II 

Le  gouvernement  provincial. —  Gaston  d'Orléans  &  sa  cour. —  L'abbé  de  la  Rivière.  — 
Le  comte  d'Aubijoux.  —  Nouveau  titre  de  Schomberg.  —  Réveil  féodal.  —  Procès 
d'un  conseiller  duelliste.  —  Rencontre  de  gentilshommes  en  Vivarais.  —  Affaire 
des  tailles.  —  Le  vœu  de  saint  Edmond.  —  Elections  municipales  supprimées.  — 
Droit  de  confirmation.  —  Lutte  du  parlement  &  du  conseil  d'Etat p.     i8o 

CHAPITRE  ni 

Désertions  dans  l'armée  de  Catalogne.  —  Misère  publique.  —  Le  quartier  d'hiver 
refusé. — Violation  des  coutumes  électorales  de  Montpellier.  —  Lutte  du  Parle- 
ment contre  les  capitouls.  —  Journée  du  i6  juin.  —  Députations  parlementaires  & 
municipales  à  la  Cour  de  France.  —  Intervention  du  conseil  d'Etat.  —  La  cour  des 
comptes,  aides  &  finances.  —  Sédition  de  Montpellier.  —  Affaire  du  chevalier  de 
Roquelaure.  —  Elections  de  Toulouse.  —  Troubles  du  2  avril p.     208 

CHAPITRE  IV 

Mort  du  poète  François  Maynard.  —  Vieillesse  de  Pierre  Goudelin.  —  Le  prince  de 
Condé  traverse  la  Province.  —  Désordres  des  chevau-légers.  —  Entreprise  du  mar- 
quis de  Rabat  contre  l'évêque  de  Rieux.  —  Intervention  de  l'épiscopat  languedo- 
cien. —  Démarches  du  clergé  de  France.  —  Conversion  du  marquis  de  Malause.  — 
L'affaire  de  l'évêque  de  Rieux  terminée  par  lettre  de  cachet p.     24^ 


xij  SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


CHAPITRE  V 

Union  des  cours  supérieures.  —  Suppression  des  intendants.  —  Convocation  des  États 
généraux  du  royaume.  —  Affaire  de  l'équivalent.  —  Manœuvres  électorales.  — 
Assemblée  de  Gaillac.  —  Affaires  de  religion.  —  L'évêque  du  Puy.  —  Chute  de 
l'abbé  de  La  Rivière.  — Troubles  de  Nimes.  —  Lutte  entre  le  Parlement  &  les 
États.  —  Arrêts  contre  Mazarin.  —  Commissions  extraordinaires.  —  Plaintes  du 
clergé  de  France.  —  Montchal  &  Marca.  —  Guerre  de  Guienne.  —  Accord  des 
États  &  du  Parlement.  —  Désordres  locaux,  —  Peste.  —  Mouvements  militaires. 

—  Disgrâce  du  duc  d'Orléans p.     266 

CHAPITRE  VI 

Démolition  du  château  de  Termes.  —  Mort  du  premier  président  Jean  de  Bertier.  — 
Désordres  dans  les  pays  de  montagnes.  —  Le  baron  de  Léran.  —  Affaire  de  l'étape. 

—  Mouvements  militaires.  —  Les  frères  Aostène.  —  Troubles  de  Carcassonne.  — 
Mort  du  comte  d'Aubijoux.  —  Pierre  de  Marca  &  François  Fouquet.  — Voyage 
de  Louis  XIV  en  Languedoc.  —  Séjour  à  Toulouse.  —  Mort  de  Gaston  d'Orléans. 

—  Rectification  de  la  frontière  de  Catalogne.  —  Agitation  de  Nimes.  —  Traité 
des  Pyrénées.  —  Canal  ce  Beaucaire.  —  Fêtes  de  la  paix.  —  Mort  du  cardinal 
Mazarin p.     843 


LIVRE  DEUXIEME 


ADMINISTRATION    DE    COLBERT 


CHAPITRE  PREMIER 

Gouvernement  du  prince  de  Conti.  —  La  Grange  des  Prés.  —  Voyages  d'Alet.  —  Assises 
du  Puy.  —  Commission  des  frontières.  —  Elévation  &  mort  de  Pierre  de  Marca.  — 
Episcopat  de  Nicolas  Pavillon.  —  Ses  missions  de  femmes.  — •  Ses  luttes  avec  les 
gentilsliommes  &  les  réguliers  de  son  diocèse.  —  Affaire  de  la  commutation  de 
Toulouse.  —  Droit  d'asile  réclamé  par  les  parlementaires p.     398 

CHAPITRE  n 

Affaires  de  religion.  —  Démarches  de  l'épiscopat.  —  Remontrances  de  l'évêque  de 
Niâmes.  —  Commission  de  l'édit  de  Nantes.  —  Le  prince  de  Conti  théologien.  — 
Lutte  de  l'archevêque  de  Toulouse  &  de  l'évêque  d'Albi  aux  États.  —  Souscription 
pour  la  compagnie  des  Indes.  —  Suppression  des  évocations  générales.  —  Testa- 
ment &  mort  du  prince  de  Conti p.     419 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES.  xiii 


CHAPITRE  III 


Le  duc  de  Verneuil.  —  Recherche  des  faux  nobles.  —  Bezons  à  Toulouse.  —  Affaire 
des  lépreux.  —  Le  canal  des  deux  mers.  —  Proposition  de  Riquet.  —  Résistance 
des  Etats.  —  Adjudication  &  commencenient  des  travaux.  —  Réformation  des 
forêts.  —  Nouvelles  divisions  territoriales.  —  Chemin  d'Auvergne.  —  P^tudes  du 
cours  supérieur  de  la  Loire p.     446 


CHAPITRE  IV 

Les  biens  de  mainmorte.  —  Le  droit  d'asile.  —  Pierre  Bouzi.  —  Intendance  d'Henri 
d'Aguesseau.  —  Querelle  de  la  régale.  —  Mort  de  Nicolas  Pavillon.  —  Guerre 
d'Espagne.  —  Affaire  du  Valespir.  —  Mort  de  Riquet.  —  Ouverture  du  canal  à 
la  navigation.  —  Voyage  de  Louvois.  —  Mort  du  duc  de  Verneuil.  —  Le  duc 
du  Maine.  —  Commandement  de  Noaillcs.  —  Mesures  de  rigueur  contre  les 
protestants.  —  Première  prise  d'armes  en  Vivarais.  —  Découragement  &  rappel  de 
d'Aguesseau p.     492 


LIVRE  TROISIEME 


REVOCATION    DE    L'EDIT   DE   NANTES 


CHAPITRE  PREMIER 

Situation  des  protestants.  —  Lois  restrictives  de  la  liberté  de  conscience.  —  Conver- 
sions par  logements  militaires.  —  Lamoignon  de  Bàville.  —  Abjurations  générales 
en  Languedoc.  —  Missions  de  Noailles.  —  Edit  de  révocation.  —  Edit  de  Postdam. 

—  Emigration  des  réformés  en  Allemagne,  en  Suisse,  en  Hollande,  en  Angleterre. 

—  Statue  équestre  de  Louis  XIV.  —  Affaire  des  filles  de  l'Enfance.  —  L'archevêque 
Montpezat  de  Carbon  &  le  Saint-Siège.  —  Mort  du  premier  président  Fieubet.  — 
Révolution  municipale  à  Toulouse p.     543 


CHAPITRE  II 

Construction  des  forts  de  Nimes,  d'Alais  &  de  Saint-Hippolyte.  —  Chemins  royaux  des 
Cévennes.  —  Réformes  administratives.  —  Nouvelle  organisation  des  milices.  — 
Prophètes  du  Vivarais.  —  Répression  militaire.  —  Astier,  Vivens,  Brousson.  — 
Mesures  fiscales.  —  Epreuves  des  anoblis  municipaux  de  Toulouse.  —  Création  des 
mairies.  —  Erection  de  l'évêché  d'Alais p.     098 


xiv  SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


CHAPITRE  III 

Création  de  l'académie  des  jeux  floraux.  —  Tentatives  de  mouvement  littéraire  à  Tou- 
louse. —  Nouvelles  charges  fiscales.  —  Établissement  de  la  capitation.  —  Taxes 
de  l'armoriai  général.  —  Mémoire  de  Bâville  sur  la  province  de  Languedoc.  — 
L'archevêque  de  Narbonne  &  l'évêque  de  Montpellier.  —  Particularités  écono- 
miques     P"     "53 


CHAPITRE  IV 

Premiers  troubles  dans  les  Cévennes. —  Assemblées  &  prophètes.  —  Violence  de  la 
répression.  —  Rôle  du  clergé.  —  Événements  du  Pont-de-Montvert.  —  Insurrec- 
tion générale.  —  Attentats  contre  les  prêtres  &  les  catholiques.  —  Commandement 
du  comte  de  Broglie.  —  Roland  &  Cavalier.  —  Intrigues  des  puissances  étrangères. 
—  Le  maréchal  de  Montrevel.  —  Massacre  de  Nimes.  —  Dévastation  des  hautes 
Cévennes.  —  Défaites  des  troupes  de  la  marine.  —  Commandement  du  maréchal 
de  Villars.  —  Nouveau  plan  de  conduite.  —  Soumission  de  Cavalier.  —  Pacification 
de  la  Province p.     73o 


CHAPITRE  V 

Faits  d'administration  intérieure.  —  Gabelles.  —  Conseil  de  commerce.  —  Impôts  sur  la 
boucherie.  — Vins  de  Dauphiné.  —  Mystères  des  États.  —  Projets  du  marquis  de 
Miremont.  • —  Complot  de  Nimes.  —  Querelles  ecclésiastiques.  —  Droit  d'aubaine. 

—  Hiver  de  1709.  —  Troubles  de  Vivarais.  —  Débarquement  des  Anglais  à  Cette. 

—  Établissement  du  dixième.  —  Travaux  publics.  —  Mort  de  Louis  XIV.  .   p.     848 


LIVRE  aUATRIEME 


LA    REGENCE    ET    LOUIS    XV 


CHAPITRE  PREMIER 

Philippe  d'Orléans,  régent  du  royaume.  —Espérances  des  protestants  &  des  jansénistes. 
—  Retraite  de  Bâville.  —  Louis  de  Bernage,  intendant  de  Languedoc.  —  Conspi- 
ration de  Cellamare.  —  Guerre  d'Espagne.  —  Conséquences  du  système  de  Law 
dans  la  Province.  —  Peste  de  Marseille.  —  Échanges  du  comte  de  Belle-Isle.  — 
Epidémie  en  Gévaudan.  —  Cordon  sanitaire.  —  Majorité  du  roi p.     918 


SOMMAIRES  DES  CHAPITRES.  xv 


CHAPITRE  li 

Invasion  de  sauterelles. — Les  multipliants.  —  Charges  municipales.  —  Echange  d'Uzès. 

—  Affaires  de  Nimes.  —  Mémoire  de  l'évêque  d'Alais.  —  Déclaration  de  1724. — 
M.  de  Saint-Maurice.  —  Règlement  pour  les  assiettes.  —  Orages  &  inondations. 

—  Plaintes  des  rentiers  de  la  Province.  —  La  légende  de  Grégoire  VII  &  l'évêque 
de  Montpellier p.       972 


CHAPITRE  HI 

Le  prince  de  Dombes  &  le  duc  de  Richelieu.  —  Travaux  publics.  —  Affaires  de  religion. 

—  Jean  Le  Nain.  —  Mémoire  de  l'évêque  de  Saint-Pons.  —  Suspension  des  Etats. 

—  La  justice  en  Vivarais  &  en  Vêlai.  —  M.  de  Saint-Priest.  —  Rétablissement  des 
Etats.  —  Conférence  épiscopale.  —  Richelieu  à  Toulouse.  —  Le  comte  d'Eu.  — 
Les  maréchaux  de  Mirepoix  &  de  Thomond.  —  Malheurs  publics  &  misère  de  la 
Province p.     io58 


CHAPITRE   IV 

Lutte  du  Parlement  &  des  Etats.  —  Travaux  publics.  —  Procès  des  jésuites.  —  Affaire 
Calas.  —  Rochette  &  les  frères  Grenier.  —  Le  duc  de  Filz-James  au  Parlement.  — 
Le  comte  d'Eu.  —  Réforme  communale.  —  Enquête  judiciaire  en  Vivarais.  — 
Réorganisation  de  la  magistrature  par  le  chancelier  Maupeou.  —  Rétablissement 
des  offices  municipaux.  —  Paroisses  créées  dans  la  banlieue  de  Toulouse.  —  Mou- 
vement économique.  —  Mort  de  Louis  XV p.     1 157 


LIVRE   CINaUIEME 


LOUIS    XVI    ET    LA    REVOLUTION 


CHAPITRE  PREMIER 

Avènement  de  Louis  XVI.  —  Épizootie.  —  Mesures  administratives  &  militaires.  — 
Reconstitution  du  Parlement.  —  Le  maréchal  de  Biron.  —  Navigation  de  la 
Garonne.  —  Etat  major  des  places.  —  Réformes  de  Turgot.  —  Houillères  des 
Cévennes.  —  Concession  Tubœuf.  —  Le  comte  de  Saint-Haon.  —  Réorganisation 
de  la  municipalité  de  Toulouse.  —  Réunion  du  comté  de  Caraman  à  la  province 
de  Languedoc p.     i23i 


XV)  SOMMAIRES  DES  CHAPITRES. 


CHAPITRE  II 

Progrès  de  l'efprit  de  réforme.  —  Séiiéch.iiissée  de  Villeneuve-de-Berg.  —  Troubles 
eu  Viv.irais.  —  Commission  extraordinaire.  —  Ballainvilliers.  —  Assemblée  des 
notables. —  Réforme  judiciaire.  —  Le  comte  de  Périgord  à  Toulouse. —  Résis- 
tance du  Parlement.  —  Réunions  de  la  noblesse.  —  Arrêts  de  la  cour  des  comptes 
de  Montpellier  contre  l'assemblée  provinciale.  —  Mouvement  de  l'opinion.  — 
Derniers  travaux  des   Etats ■! ]).      1297 


CHAPITRE    III 

Assemblées  des  sénéchaussées.  —  Election  des  députés  aux  Etats  généraux.  —  Cahiers 
de  doléances  des  trois  ordres.  —  Caractère  de  cette  enquête  :  vœux  particuliers.  — 
États  généraux.  • —  Assemblée  nationale.  —  Abolition  du  régime  féodal.  —  Sup- 
pression des  Parlements  &  des  intendances.  —  Division  de  la  Province  en  départe- 
ments. —  Arrêtés  de  la  chambre  des  vacations.  —  Commissariat  provisoire.  —  Fin 
de  la  Province p.     i373 


CHRONOLOGIE 


DE   L'HISTOIRE   DE   LANGUEDOC 


LA  DECLARATION   DE  REGENCE  D'ANNE  D'AUTRICHE 


JUSQU    A 


LA   FORMATION   DES   DEPARTEMENTS 


(1643- 1790) 


1643,  18  mni Déclaration  de  régence  d'Anne  d'Autriche. 

27  nuii Le  Conseil  d'État  défend  à  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier 

de  prendre  aucune  connaissance  des  comptes  d'étapes,  milices 
&  autres  maniements  de  deniers  faits  par  les  syndics  &  députés 
des  diocèses, 

mai Édit  créant  quatre  lettres  de  maîtrise  dans  chaque  corporation 

d'arts  &  métiers,  à  l'occasion  du  joyeux  avènement. 

i3  juin Le  Parlement  de  Toulouse  enregistre  la  déclaration  de  régence 

d'Anne  d'Autriche. 

i5  juin Service  funèbre  en  l'honneur  du  roi  Louis  XIII  à  l'église  Saint- 
Etienne  de  Toulouse. 
8  juillet  ....     Déclaration  du  roi  portant  confirmation  de  l'édit  de  Nantes. 

24  juillet Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  l'accaparement  &  l'exporta- 
tion des  grains. 

juillet Le  titre  de  baronnie  des  Etats  est  rendu  à  la  terre  de  Castries. 

29  août Emotion  à  Toulouse  causée  par  la  nouvelle  du  décri  des  doubles 

tournois.  Le  Parlement  défend  de  refuser  cette  monnaie. 

30  septembre.     Arrêt  du  Conseil  d'État  maintenant  les  anciennes  formes  usitées 

en  Languedoc  pour  la  levée  des  tailles. 
18  octobre  ...     La  direction  du  collège  de  Limoux  est  donnée  aux  doctrinaires. 

XIII.  ■ 


2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1643,  21  octobre  ...     Ouverture  des  Etats  de  Languedoc  par  le  maréchal  de  Schom- 

berg,  dans  la  grand'salle  de  l'hôtel  de  ville  de  Montpellier. 

(Clôture  le  27  novembre.) 
octobre Confirmation  des  exemptions  de  taxes  anciennement  accordées 

à  la  terre  privilégiée  de  Mirepoix. 
i3  novembre.     Les  États  décident  que  les  trésoriers  de  la  bourse  ne  pourront 

assister  à  leurs  assemblées,  s'ils  n'y  sont  pas  appelés. 
23  novembre  .     Les  Etats  font  célébrer  un  service  funèbre  en  l'honneur  du  roi 

Louis  XIII  dans  l'église  Saint-Pierre  de  Montpellier. 

1644,  4  janvier  ,,.     Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  concernant  le  cours  des  mon- 

naies dans  le  ressort. 

25  janvier  ...     Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  les  bals  de  nuit,  à  cause  d'un 
assassinat  commis  la  veille. 

17  février La  fabrication  de  l'huile  de  hêtre  est  autorisée  dans  le  ressort 

du  Parlement. 

21  février. . . .     Privilège  accordé  au  eîeur  de  Lacam  pour  la  fabrication  des  cris- 
taux &  de  l'émail. 

17  mars Le  Parlement  de  Toulouse  défend  aux  marchands  de  bétail  de 

passera  moins  de  huit  lieues  de  la  ville  sans  présenter  leurs 
bêtes  à  deux  marchés  &  défend  aux  particuliers  de  faire  des 
achats  au-dessus  de  leurs  besoins. 

mars Privilège  accordé  à  Jacques  Brun   pour  la  canalisation  du  bas 

Rhône  &  le  dessèchement  des  marais. 
6  avril Arrêt  du  Conseil  sur  le  franc  salé  de  la  Cour. 

20  avril Le  Conseil  de  ville  de  Toulouse  accorde  des  lettres  de  bour- 
geoisie à  Joseph  Balsamo. 

25  aviil Gaston  d'Orléans  est  nommé  gouverneur  de  Languedoc. 

27  :ivril Le  Conseil  d'Etat  défend  à  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier 

de  connaître  des  délibérations  prises  par  les  États  de  Langue- 
doc &  par  les  Assiettes  diocésaines. 

4  "1'"^' Le  Conseil  d'État  établit  la  solidarité  des  habitants  de  Toulouse 

en  matière  de  tailles. 

('  "lai Lettres  patentes  nommant  Schoraberg  seul  lieutenant  général 

en  Languedoc, 

2^'  '"*'»"' Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  l'exportation  des  grains. 

23  nnù Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  ordonnant  de  vendre  le  pain 

_^  par  morceaux,  afin  de  permettre  au  menu  peuple  d'en  acheter. 

"'"' Erection  du  marquisat  de  Calvisson.  —  Amnistie  du  sieur  do 

Saint-Aunez. 

2  J  juillet  ....  Le  Conseil  d'État  défend  au  Parlement  de  Toulouse  de  connaître 
du  fait  des  tailles,  s'en  réserve  la  connaissance  &  renvoie  au 
Parlement  de  Bordeaux  fous  les  procès  des  capitouls  &  con- 
seillers de  ville  de  Toulouse. 

24  septembre.     Lo  Conseil  d'État  condamne  les  huissiers  du  Parlement  de  Tou- 

louse à  payer  les  tailles. 

25  septembre.     Émotion  à  Toulouse  causée   par  le   refus  des   pièces  d'argent 

courtes.   La   Chambre   des   vacations   ordonne    d'accepter  ces 
monnaies  selon  leur  poids. 


CHRONOLOGIE.  3 

1644,  8  octobre  .,,  Arrêt  du  Conseil  d'État  ordonnant  par  provision  l'élargissement 
des  personnes  arrêtées  &  des  marchandises  saisies  à  cause  des 
frais  d'étape  dus  par  la  ville  de  Toulouse, 

12  octobre...     Le  Conseil  décharge   un    étapier  de    Bourg-Saint-Andéol   des 

poursuites  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier. 
8  novembre  .     Le   Parlement  de  Toulouse   autorise   l'ordonnance  de  l'arche- 
vêque pour  la  procession  de  Saint-Edmond. 

13  novembre.     Exaltation  des  reliques  de  saint  Edmond,  dans   l'église  Saint- 

Sernin  de  Toulouse,  en  présence  du  Parlement. 
20  novembre.     Grande  procession  à  Toulouse,  à  laquelle  prennent  part  toutes 
les  corporations, 

164';,     2  janvier  ...     Délibération  des  États  contre  les  donneurs  de  faux  certificats 
d'étape, 
17  janvier  . . .     Ouverture  des  États  par  le  maréchal  de  Schomberg,  dans  le  cou- 
vent des  Cordeliers  de  Narbonne.  (Clôture  le  23  mars,) 
27  janvier  . . .     Privilège  au  sieur  de  Lacani  pour  la  fabrication  des  glaces  do 

Venise. 
6  février,...     Le  Conseil  d'État  confirme  la  nomination  des  capitouls  de  Tou- 
louse faite  par  lettres  patentes  du  roi. 

mars Érection  du  marquisat  do  Castries, 

16  mai Les  capitouls  de  Toulouse  défendent  aux  écoliers  de  porter  des 

armes  &  de  sortir  de  nuit, 

3i   mai Reddition  de  Roses,  assiégée  par  le  comte  du  Plessis-Praslin  c[ui 

y  gagne  son  bâton  de  maréchal, 

8  juin Le  marquis  d'Ambres  est  nommé  sénéchal  de  Lauragais. 

16  juin Scènes  violentes  à  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse,  entre  les  com- 
missaires du  Parlement  8c  les  capitouls. 
3  juillet Émeute  à  Montpellier,  à  cause  du  droit  de  confirmation. 

27  juillet L'archevêque  de  Narbonne  harangue  Anne  d'Autriche  à  Paris, 

au  nom  de  l'assemblée  du  clergé  de  France. 
23  août Arrêt  du  Conseil  d'État  réglant  le  différend  du  Parlement  do 

Toulouse  8c  des  capitouls. 
octobre Érection  du  comté  de  Lussan, 

28  novembre.     Ouverture  des  États   par   le  maréchal  de   Schomberg,  dans   la 

grand'salle  de  l'hôtel  de  ville  de  Pézénas,  (Clôture  le  9  mars 
1646.) 
i3  décembre  .     Arrêt  du  Conseil  d'État  prorogeant  les  capitouls  de  Toulouse. 

1646,  9  février. . , ,  Le  Conseil  d'État  casse  l'élection  des  capitouls,  faite  le  28  no- 
vembre 1645. 

28  février. ...     Le  viguier  de  Toulouse  est  mené  dans  les  prisons  du  palais  par 
M.  de  Gargas,  commissaire  du  Parlement. 
3  mars Le  Parlement  de  Toulouse  Interdit  l'entrée  de  la  Cour  au  con- 
seiller Tolosani. 

22  mars Le  Conseil  d'État  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  du 

3  mars,  au  sujet  des  élections  municipales,  ajourne  le  prési- 
dent de  Donneville  &  l'avocat  général  8c  suspend  sept  con- 
seillers; ordonne  la  mise  en  liberté  du  viguier  de  Toulouse, 


4  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

interdit  les  capitouls  nommés  par  le  Parlement  &  suspend  le 
conseiller  de  Gargas. 

1646,  II   avril Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  aux  capitouls  nommés  par  le 

roi  l'exercice  de  leurs  charges. 

19  avril Harangue  de  l'évéque  d'Uzès  devant  la  reine  Anne  d'Autriche. 

10  mai Le  Conseil  d'Etat  supprime  les  délibérations  du   Parlement  de 

Toulouse  au  sujet  des  élections  capitulaires,  suspend  le  pré- 
sident de  Gragnague  &  les  conseillers  Gargas  &  Dumay  & 
ordonne  l'incarcération  du  chevalier  du  guet  aux  prisons  du 
Fort  l'Evêque. 

16  juin L'intendant  de  Guienne,  Laisné  de  la  Marguerie,  commissaire 

pour  l'exécution  de  l'arrêt  du  10  mai,  le  fait  enregistrer  à 
l'hôtel  de  ville  de  Toulouse  &  condamne  à  mort  par  contu- 
mace Alexandre  Salavert  &  Bernard  Lanes,  comme  auteurs  de 
la  sédition. 

14  juillet Le  Conseil  d'Etat  décharge  les  trésoriers  de  Languedoc  Le  Secq 

&  Massia  des  poursuites  de  la  Chambre  des  comptes  de  Mont- 
pellier. 

juillet Confirmation  des  privilèges  de  la  ville  de  Nimes. 

juillet Suppression  de  la  généralité  de  Beaucaire. 

17  août Le  Parlement  de  Toulouse  défend  le  port  d'armes  à  feu  &  en 

ordonne  la  recherche. 

17  novembre  .  Le  Conseil  d'État  confirme  ses  précédents  arrêts  contre  les  pré- 
tentions de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier. 

21  novembre  .  Le  comte  d'Harcourt  est  battu  eu  Catalogne  &  forcé  de  lever  le 
siège  de  Lérida. 

1647,  18  janvier  ...     Le  Parlement  de  Toulouse  défend  le  port  d'armes  &  ordonne 

des  patrouilles  de  nuit. 

12  février Le  duché  de  Joyeuse  est  donné  par  le  roi  à  Louis  de  Lorraine. 

27  février Le  Conseil   d'État  ordonne  la  saisie  des  gages  de  la  Cour  des 

comptes  de  Montpellier  au  profit  des  trésoriers  des  États  jus- 
qu'à remboursement  de  20000  livres. 

26  mars Les  capitouls  de  Toulouse  ordonnent  d'enfermer  les  mendiants 

à  l'hôpital  de  la  Grave. 

3o  mars Le  sol  &  les  ruines  de  l'ancien  château  de  Nimes  sont  donnés 

aux  dominicains  pour  y  bâtir  leur  couvent. 

3  avril ; .     Ouverture  des  États  par  le  maréchal  du  Plessis,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  7  juillet.) 

5  avril Les  États  demandent  la  construction  d'un  pont  sur  l'Hers  à  Cas- 

telnau  d'Estrètefons. 

9  ^^'"'1 Les  États  décident  que  les  quatre  nouveaux  barons  ne  pourront 

donner  procuration  à  des  envoyés. 

ï"  i"^' Les  Etats  délibèrent  qu'il  sera  fait  des  poursuites  devant  les  tré- 
soriers de  France  contre  les  personnes  d'autorité  qui  refusent 
de  payer  leurs  tailles. 

2'    '"^i Les  évêques   de   Languedoc,    présents   aux   États,   écrivent  à  la 

Cour  pour  se  plaindre  des  violences  du  marquis  de  Rabat 
contre  l'évéque  de  Rieux. 


CHRONOLOGIE. 


1647,     8  juin Transaction  entre  la  province  de  Languedoc  &  la  ville  de  Tou- 
louse au  sujet  des  frais  d'étape, 

17  juin Le  prince  de  Condé  est  forcé  de  lever  le  siège  de  Lérida. 

3  octobre  . . .     Abjuration  du  marquis  de  Malause. 
21  novembre  .     Le  Conseil  d'État  casse  les  procédures  faites  par  le  sénéchal  de 
Toulouse  contre  un  commis  des  tailles  qui  réclamait  le  paye- 
ment des  arrérages  dus  par  un  conseiller. 

27  novembre  .     Le  Conseil   d'Etat   interdit  au   lieutenant  criminel   de  Loppes 

l'entrée  aux  assemblées  de  ville  de  Toulouse. 

28  novembre  .      Le  Conseil  d'Etat  défend  aux  trésoriers  de  France  de  connaître 

des  comptes  rendus  par  les  syndics  diocésains, 
novembre  ....     Érection  de  la  baronnie  de  Montégut. 
16  décembre  .     Arrêt   du   Parlement  de  Toulouse  concernant  le  domicile  des 

capitouls. 


1648,     5  janvier. , 

23  janvier 

i3  février 

i3  mars . . 


22  mai. 


I"  juillet 

10  juillet 
18  juillet 


14  août 
29  août 


août 

9  septembre 

14  octobre  . . 


23  décembre 


Le  Parlement  de  Toulouse  défend,  sous  peine  de  mort,  de  por- 
ter des  armes  à  feu  par  la  ville  &  de  faire  porter  aucune 
espèce  d'armes  aux  laquais. 

Le  roi  Louis  XIV  adresse  une  lettre  de  cachet  à  l'évêque  de 
Rieux  pour  terminer  son  affaire  avec  le  marquis  de  Rabat. 

Ouverture  des  États  par  le  comte  d'Aubijoux,  dans  la  grand'- 
salle  de  l'hôtel  de  ville  de  Carcassonne.  (Clôture  le  28  mai.) 

Délibération  des  États  de  Languedoc  portant  que  les  protestants 
ne  pourraient  entrer  aux  Assiettes  des  diocèses. 

Arrêt  du  Conseil  d'État  cassant  la  délibération  des  États  de  Lan- 
guedoc du  l3  mars. 

Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  concernant  les  honneurs  dus 
a  la  Cour. 

Le  maréchal  de  Schomberg  prend  Tortose. 

Le  Parlement  de  Toulouse  défend  aux  intendants  de  procéder 
à  la  levée  des  tailles. 

Le  Parlement  de  Toulouse  réclame  la  réunion  de  la  Chambre 
de  l'édit  de  Castres. 

Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  concernant  la  Chambre  de 
l'édit. 

Suppression  du  présidial  d'Albi. 

Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  information  contre  les  pro- 
pagateurs de  fausses  nouvelles. 

Arrêt  du  Conseil  ordonnant  aux  trésoriers  provinciaux  des 
ponts  &  chaussées  de  remettre  aux  syndics  généraux  de  Lan- 
guedoc la  somme  de  3oooo  livres  pour  les  réparations  des 
ponts  &  chemins. 

Arrêt  du  Conseil  portant  que,  sur  les  40000  livres  levées  annuel- 
lement en  Languedoc  pour  les  réparations  des  ponts  &  chaus- 
sées, les  receveurs  des  tailles  en  payeront  les  trois  quarts,  sur 
l'ordre  des  États. 


1649,     3  janvier. . 


Le  comte  du  Roure  est  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc 
pour  le  Vivarais  &  le  Vêlai. 


6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1649,  24  janvier  ...     Convocation  des  États  généraux  de  France  à  Orléans  pour  le 

i5  mars. 

5  mars Réunion  de  l'Assiette  diocésaine  de  Toulouse  pour  députer  à 

l'assemblée  électorale  de  la  sénéchaussée. 

l3  mars L'assemblée  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse  se  réunît  à  Gaillac 

pour  nommer  ses  députés  aux  États  généraux  de  France. 

18  mars Le  vicaire  général  de  l'archevêque  de  Toulouse  proteste  contre 

l'assemblée  de  Gaillac. 

avril Suppression  du  siège  de  Privas. 

1"  juin Ouverture  des  États  par  le  comte  du  Roure,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  28  novembre.) 

17  juin Le  Parlement  de  Provence  demande  assistance  aux  États  de  Lan- 
guedoc contre  les  entreprises  du  comte  d'Alais. 

20  juin Iléponse  des  États  de  Languedoc  au  Parlement  de  Provence. 

25  juin Les  États  de  Languedoc  donnent  leur  avis  sur  l'édit  de  Béziers. 

10  juillet Une  députation  des  États  de  Languedoc  au  Parlement  part  pouf 

Toulouse. 

28  juillet Arrêt  du   Parlement   concernant   l'abonnement  de    la  ville  de 

Toulouse  pour  les  impôts. 

11  août Le  Parlement  de  Toulouse  autorise  la  réduction  d'un  cinquième 

des    impositions,    votée    par   le    conseil    de    bourgeoisie    le 

19  juillet. 
1"  octobre  ...     Le  président  de  Donneville  harangue  les  États  de  Languedoc  au 

nom  du  Parlement  de  Toulouse. 

octobre Révocation  de  l'édit  de  Béziers. 

octobre Suppression  des  offices  de  trésoriers  de  la  bourse  de  Languedoc. 

27  novembre  .     Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  information  des  brigues  & 

malversations  commises  en  l'élection  des  capitouls. 
I"  décembre  .      Confirmation  des  officiers  du  bailliage  de  Gévaudan  siégeant  à 

Mende  &  à  Marvéjols. 
décembre  ....     Don  do  la  citadelle  de  Gignac  à  Jougla  du  Frêne. 

i65o,  18  janvier  ...  Le  Conseil  d'État  Ordonne  l'élargissement  d'un  bourgeois  de 
Toulouse  arrêté  par  ordre  du  Parlement  &  confirme,  en  faveur 
de  la  ville,  le  privilège  d'évocation  générale. 

9  mars Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  le  port  d'armes  à  tous  ceux 

qui  ne  font  pas  profession  de  guerre. 

26  avril Émotion  à  Toulouse,  au  sujet  de  l'enlèvement  de  plusieurs  galé- 

riens. 
5  mai. ......     Le  Parlement  de  Toulouse  défend  à  M.  de  Morant  d'exercer  les 

fonctions  d'intendant  en  Guienne. 

7  mai Le  Parlement  de  Toulouse  casse  une  ordonnance  de  M.  de  Bre- 

teuil,  intendant  en  Languedoc. 

8  mai Sédition  dans  la  ville  d'Albi. 

16  mai Le   Parlement   de   Toulouse    nomme   deux   commissaires    pour 

informer  à  Montauban  contre  l'intendant. 

27  mai Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  duc  de  Bouillon. 

21  juin Le  Parlement  de  Toulouse   lance  un  décret  de  prise  de  corps 

contre  l'intendant  Morant. 


CHRONOLOGIE, 


1 1  août . 
19  août , 


i65o,  2$  juin Le  Parlement  de  Toulouse  casse  une  ordonnance  du  duc  d'Éper. 

non,  gouverneur  de  Guienne.  —  Le  Conseil  d'Etat  condamne 
les  habitants  de  Montpellier  solidairement  à  dédommager  le 
fermier  du   droit  de   confirmation  des  pertes   causées  par  la 
sédition  de  1645. 
28  juillet....     Le   marquis   des  Oiiches,  capitaine   des   gardes   suisses  du   duc 
d'Orléans,  harangue  le  Conseil  de  ville  de  Toulouse. 
Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  les  levées  de  gens  de  guerre. 
. .     Arrêt  du  Conseil  d'Etat  autorisant  l'exercice  du  culte  réformé 
hors  l'enceinte  de  Saint-Gilles. 
4  septembre.     Émeute  à  Mimes  contre  l'évèque,  dirigée  par  le  ministre  Baudan. 
10  septembre.     L'exercice  du  culte  catholique  cesse  à  Mimes. 
12  septembre.     Le  Parlement  de  Toulouse  se  proroge. 
4  octobre  . . .     L'évèque  de  Castres,  Fossé,  adresse  ses  plaintes  à  l'assemblée  du 

clergé  de  France  contre  les  jésuites  &  le  comte  de  Bioules. 
24  octobre  . . .     Ouverture  des  États  par  le  comte  de  Bioules,  dans  la  grand'salle 

de  l'hôtel  de  ville  de  Pézénas.  (Clôture  le  14  janvier  i65i.) 
16  novembre.     Les  États  reçoivent  diverses  plaintes  sur  les  progrès  du  culte 

réformé  en  Languedoc. 
28  novembre.     L'assemblée  du  clergé  de  FratiCe  invite  les  prélats  de  Languedoc 

à  réconcilier  l'évèque  de  Castres  avec  le  comte  de  Bioules. 
1"  décembre  .     Le   Parlement  de  Toulouse   permet  à   Pierre   Elandinlères  de 
débiter  leâ   lettres  de   maîtrise  d'arts   &  métiers  dont   il  est 
acquéreur. 
2  décembre  .     Les  États  de  Languedoc  décident  l'installation  des  archives  pro- 
vinciales dans  une  salle  voûtée  de  l'hôtel  de  ville  de  Mont- 
pellier &  la   création   d'archives   à  Toulouse,  Carcassonne, 
Mimes  &  Marbonne. 
16  décembre  .     Henri  de  Lévis  est  nommé  sénéchal  de  Carcassonne. 

23  décembre  .  Vœu  des  États  de  Languedoc  en  faveur  de  la  liberté  du  com- 
merce. —  Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre  les  inten- 
dants de  justice,  police  &  finances. 

24  décembre  .  Le  Parlement  de  Toulouse  prononce  neuf  condamnations  à 
mort,  à  l'occasion  des  troubles  d'Albi. 


i6ji,    5  janvier 

10  janvier 

6  février. 

16  février. 

20  février. 


î5  fé 


vner. 


Délibération  des  États  de  Languedoc  pour  le  maintien  de  leur 

autorité  dans  la  Province. 
Les  États  de  Languedoc  demandent  la  réunion  des  États  géné- 
raux du  royaume. 
Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  des  remontrances  au  roi  sur 

l'emprisonnement  des  princes. 
Le  Parlement  de  Toulouse  casse  trois  délibérations  des  États  de 

Languedoc. 
Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  cardinal  Mazarin.  — 

Le  Parlement  de  Toulouse  modifie  le  système  des  élections 

consulaires  de  Koquemaure. 
Le  chapitre  Salnt-Étlenne  de  Toulouse  demande  que  les  évêques 

n'aient  pas  seuls  le  privilège  d'entrer  aux  États  de  Languedoc 

&  que  le  second  ordre  du  clergé  y  soit  admis. 


8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

l65i,    4  mars Le  duc  d'Orléans  demande  aux  capitouls  d'envoyer  une  députa- 

fion  pour  aviser  aux  moyens  de  pacifier  la  Province. 

6  mars La  Chambre  de  l'édit  envoie  le  conseiller  Pierre  de  Carlot  dans 

les  pays  protestants  du  bas  Languedoc,  le  Vivarais  &  les  Cé- 
vennes,  pour  y  veiller  au  maintien  de  l'ordre. 

27  mars Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  gouverneur  de  Nar- 

bonne. 

18  avril Nouvel   arrêt  du    Parlement   de   Toulouse   contre    le   cardinal 

Mazarin. 

24  avril Le  conseiller  Pierre  de  Montcalm  est  adjoint  à  Pierre  de  Carlot, 

commissaire  de  la  Chambre  de  l'édit. 

29  avril Le  Conseil  d'Etat  casse  les  délibérations  du  chapitre  Saint- 
Etienne  de  Toulouse. 

4  mai Le   Parlement  de  Toulouse  lance  un  décret  de  prise  de  corpi 

contre  l'archevêque  de  Narbonne. 

22  mai Le  Parlement  de  Toulouse  autorise  l'assemblée  de  la  noblesse. 

24  m;ii Le  Parlement  de  Toulouse  enjoint  aux  évêques  de  Lavaur  &  de 

Montauban  de  résider  en  leurs  diocèses. 

12  juin Le  Conseil  d'Etat  interdit  l'assemblée  de  la  noblesse,  autorisée 

par  le  Parlement  de  Toulouse. 

i3  juin Le  Parlement  de  Toulouse  nomme  des  commissaires  extraordi- 
naires pour  visiter  la  Province. 

21  juin La  Chambre  de  l'édit  permet  à  la  noblesse  protestante  de  prendre 

part   aux   assemblées   de  Toulouse  pour  la   réformation  des 
États. 

22  juin Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  concernant  la  marque  des  cuirs 

au  logis  de  l'Écu. 

23  juin Le  Conseil  d'État  casse  la  nomination  de  commissaires  extraor- 

dinaires du  Parlement. 

27  juin Assemblée  de  la  noblesse  de  Languedoc. 

28  juin Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  des  remontrances  au  roi. 

5  juillet Les   capitouls    de   Toulouse   donnent   une   collation   au    comte 

d'Aubijoux  dans  l'hôtel  de  ville. 
12  juillet Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  que  la  noblesse  de  chaque 

diocèse  enverra  aux  États  un  député  électif. 
i5  juillet....      Le   Parlement   de  Toulouse   demande   le   retour  du   prince  de 

Condé  &  l'éloignement  de  Mazarin. 
Si  juillet Remontrances  du  Parlement  de  Toulouse  au  roi.  —  Ouverture 

des   États    par   le   comte   d'Aubijoux,   dans   la   grand'salle   de 

l'hôtel  de  ville  de  Carcassonne.  (Clôture  le  10  janvier  i652.) 

7  août Discours  de  l'évêque  de  Grasse,  Godeau,  contre  divers  arrêts  du 

Parlement  de  Toulouse. 

8  août Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  l'exportation  des  blés  hors 

du  ressort  de  la  Cour. 
I"  septembre.     Les  États  de  Languedoc  protestent  contre  les  actes  du  Parlement 

de  Toulouse. 
4  septembre.      Le  Conseil  d'État  défend  au  Parlement  de  Toulouse  d'envoyer 
des  commissaires  dans   les  villes  du  ressort  à   l'occasion  des 
élections   municipales. 


CHRONOLOGIE. 


i65i,    4  septembre. 


6  septembre. 
i5  septembre, 
septembre 

2  octobre  . . . 

5  octobre 

12  octobre  . . . 

9  novembre. 

23  novembre  . 

24  novembre . 

25  novembre  . 
l5  décembre  . 
23  décembre  . 
29  décembre  . 


Le  Conseil  permet  aux  États  d'imposer  annuellement  3oooo  livres 
pour  les  réparations  des  ponts  &  chemins.  —  Le  Conseil  d'État 
défend  au  Parlement  de  Toulouse,  à  la  Cour  des  comptes  de 
Montpellier,  aux  trésoriers  de  France  &  autres  officiers  de 
connaître  des  Assiettes  diocésaines.  —  Le  Conseil  d'État  défend 
de  recevoir  les  appels  d'élections  consulaires  en  Languedoc, 
s'ils  ne  sont  formés  par  la  majorité  des  principaux  habitants  de 
la  commune. 

La  majorité  de  Louis  XIV  est  reconnue  par  les  États  de  Lan- 
guedoc. 

Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre  les  marchands  qui 
exportent  des  grains. 

Révocation  des  édits  portant  création  de  messagers  royaux  en 
Languedoc. 

Le  Parlement  de  Toulouse  lance  un  décret  de  prise  de  corps 
contre  M.  de  Breteuil,  intendant  en  Languedoc. 

Le  Parlement  de  Toulouse  prescrit  des  mesures  de  sûreté,  à 
cause  de  la  défection  de  Marchin. 

Le  Parlement  de  Toulouse  envoie  des  commissaires  dans  l'Albi- 
geois. 

Troubles  à  Montpellier. 

Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  des  remontrances  au  roi  sur 
l'arrêt  du  4  septembre.  —  Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 
sur  les  élections  consulaires  de  Béziers. 

Commission  du  Parlement  de  Toulouse  au  conseiller  Laroche, 
pour  procéder  aux  élections  consulaires  de  Béziers. 

Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  de  courir  sus  au  sieur  de 
Guionet,  conseiller  du  Parlement  de  Bordeaux. 

Le  Parlement  de  Toulouse  lance  plusieurs  décrets  de  prise  de 
corps  contre  les  gentilshommes  attroupés. 

Le  Parlement  de  Toulouse  transfère  le  siège  du  sénéchal  de 
Querci  à  Moissac. 

Nouvel  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  cardinal 
Mazarin. 


i652,  12  janvier  . . 
17  janvier  . . 
i5  février. . . 

17  février. . . 
27  février  . . . 

18  mars 

23  mars 


Le  Parlement  de  Toulouse  met  à  prix  la  tète  du  cardinal  Ma- 
zarin. 
Le  Parlement  de  Toulouse  lance  un  décret  de  prise  de  corps 

contre  le  sieur  de  Pibrac. 
Le  Parlement  de  Toulouse  réclame  l'élargissement  du  conseiller 

Bitaud. 
Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  sur  les  désordres  des  gens  de 

guerre. 
Remontrances  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  retour  du 

cardinal  Mazarin. 
Les  États  particuliers  de  Vivarais  excluent  le  clergé  de  leurs 

assemblées. 
Le  Parlement  de  Toulouse  renouvelle  ses  instances  pour  l'éloi- 

gnement  du  cardinal  Mazarin. 


lo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

i6j2,  21  mai Déclaration  du  roi  portant  confirmation  de  l'édit  de  Nanfes. 

9  août Le  Parlement  de  Toulouse  se  prononce  contre  le  duc  d'Orléans. 

l5  aoiit Troubles  à  Carcassonnc,  au  sujet  des  élections  municipales. 

9  septembre.  Le  Parlement  de  Toulouse  ratifie  les  conventions  des  villes  de 
Beaumout  &  Grenade  avec  le  prince  de  Conti  &  le  comte 
d'Harcourt. 

23  scptembi'e.     Commission  du  Parlement  de  Toulouse  au  capitoul  d'Espaigne, 

pour  saisir  les  grains  destinés  à  l'exportation,  dans  tous  les 

lieux  du  ressort. 
17  octobre...     Le  vicomte  de  Léran  passe  la  Garonne  à  Pinsaguel,  avec  deux 

Cents  chevaux. 
21  octobre  . . .     Gaston  d'Orléans  est  exilé  à  Blols. 

24  octobre...     Le  Parlement  de  Toulouse   accorde  privilège  d'hypothèque  à 

l'évéque  de  Valence  sur  tous  Créanciers,  à  cause  du  prêt  de 
deux  mille  setiers  de  blé  par  lui  fait  à  la  ville  de  Toulouse. 
26  novembre  .     Le  Parlement  de  Toulouse  nomme  les  capitouls  par  arrêt. 

i653,  2  janvier  ...  Le  Conseil  d'État  casse  la  nomination  capitulaire  faite  par  le 
Parlement  de  Toulouse. 

i3  mars Lettres  patentes  attribuant  exclusivement  aux  États  de  Lan- 
guedoc la  connaissance  des  différends  survenus  dans  leurs 
assemblées  &  dans  les  Assiettes  diocésaines. 

i5  mars L'intendant   Boucherai  interdit  l'exercice   du   culte   réformé   à 

Florensac. 

17  mars Ouverture  des  États  par  le  comte  du  Roure,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Pézénas.  (Clôture  le  2  juin.) 

21  mars Les  États  de  Languedoc  prennent  fait  &  cause  pour  les  catho- 
liques de  Lunel  contre  les  protestants,  dans  la  querelle  du 
■  consulat. 

24  mars Le  bourg  de  Banne  (Vivarais)  est  érigé  en  ville,  à  la  requête  du 

comte  du  Roure. 

28  mars Les  États  demandent  la  retraite  des  gens  de  guerre.  —  Mort  du 

premier  président  Bertîer  de  Montrabe. 

5  avril Le  Parlement  de  Toulouse  interdit   les  logements  de  gens  de 

guerre  dans  le  ressort,  sans  ordre  du  roi,  des  gouverneurs  ou 
lieutenants  généraux. 

21   juin Gaspard  de  Fieubet  est  reçu  premier  président  au  Parlement  de 

Toulouse.  —  Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  les  perqui- 
sitions des  évéques  chez  les  bénéficiers  malades. 

Juillet Érection  du  marquisat  de  Servies. 

23  août Le  Parlement  de  Toulouse  envoie  deux  commissaires  dans  les 

Cévennes  pour  surveiller  les  assemblées. 

29  août Établissement  d'une  taxe  de  charité  à  Toulouse. 

10  septembre.  Le  Parlement  autorise  l'établissement  de  droits  de  subvention  à 
Toulouse. 

23  septembre.  Le  Parlement  de  Toulouse  enjoint  aux  maîtres  des  ports  de  faire 
leurs  chevauchées  pour  la  vérification  des  chemins  &  aux  con- 
suls d'exécuter  les  réparations  nécessaires. 

Septembre. . . .     Amnistie  du  prince  de  Conti. 


CHRONOLOGIE. 


II 


i653,     4  octobre...      Confirmation    des    privilèges    de    l'Université    de    médecine   do 

Montpellier. 

■^    octobre Déclaration  du  roi  en  faveur  des  protestants  du  bas  Languedoc, 

Dauphiné,  Vivarais  &  basses  Cévennes. 
8  novembre  .     Le  Parlement  de  Toulouse  prononce  plusieurs  condamnations  à 
mort  pour  faits  de  brigandage  armé  en  Gévaudan,  &  ordonne 
de  raser  le  château  de  Montjusieu  &  la  tour  de  Saint-Germain. 

16  décembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  comte  de  Bioules,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  3i  mars  1654.) 
18  décembre  .     Le  Parlement  de  Toulouse  casse  les  économes  d'évêché  nommés 
par  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier. 

1654,  14  janvier  ...     Les  États  de  Languedoc  réclament  pour  le  vicaire  général  do 
Viviers  le  droit  d'entrer  aux  Etats  particuliers  de  Vivarais. 

21  janvier  ...     Le  Parlement  de  Toulouse  condamne  le  vicomte  de  Léran  à 

perdre  la  tête. 

i3  mars LeS  États  de  Languedoc  prennent  fait  &  cause  pour  les  catho- 
liques de  Bédarieux  contre  les  protestants. 

24  mars Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  la  démolition  des  travaux  de 

fortification  entrepris  au  château  de  Castelfranc. 

mars Érection  du  marquisat  de  Monfrin. 

14  mai Nouvelle  transaction  entre  les  Etats  de  Languedoc  &  la  ville  de 

Toulouse,  au  sujet  des  frais  d'étape. 
18  mai Arrêt  du  Conseil  d'État  réglant  la  condition  des  protestants  de 

Nimes* 
27  mai L'exercice  du  culte  réformé  à  Florensac  est  interdit  par  arrêt  du 

Conseil  d'État. 
8  juin L'évêque  de  Montauban,   Bertier,  prononce   une   harangue  à 

Reims,  après  le  sacre  du  roi. 
3  juillet  ...       Le  Parlement  de  Toulouse  défend  d'acheter  des  objets  mobiliers 

quelconques  aux  gens  de  guerre. 
18  août Le  Conseil  d'État  proroge  pour  deux  ans  l'évocation  des  procès 

des  réformés  de  Languedoc  au  Parlement  de  Grenoble. 

24  août Le  baron  de  Clermont  est  nommé  sénéchal  &  bailli  de  Vêlai. 

août Érection  du  marquisat  de  VignoHes. 

20  septembre.     Le  Conseil  d'État  évoque  au  Parlement  de  Grenoble  toutes  les 

affaires  que  les  protestants  de  Languedoc  pourraient  avoir  au 

Parlement  de  Toulouse  durant  six  mois. 

15  octobre  ...     Le  Conseil  d'État  interdit  la  connaissance  des  étapes  à  la  Cour 

des  comptes  de  Montpellier. 

17  octobre  . . .     Prise  de  Puycerda  par  le  prince  de  Conti. 

7  novembre.     Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  la  révision  d'un  jugement 
capital  prononcé  par  un  maître  des  requêtes  de  l'Hôtel. 

7  décembre  .     Ouverture  des  États  par  le  prince  de  Conti,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  14  mars  i655.) 
10  décembre  .     Arrêt  du  Conseil  établissant  une  taxe  sur  la  boucherie  dans  les 
diocèses  de  Nimes,  Viviers,  Uzcs  &  Mcnde,  pour  la  recons- 
truction des  églises  démolies. 

22  décembre  .     Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  l'émission  de  petite  monnaie. 


12  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

i655,     8  février. . . .      Les  religieuses  du  couvent  des  Casses  acceptent  la  translation  de 
leur  monastère  à  Toulouse. 
27  février....     Les  Etats  de  Languedoc  accordent  un  secours  de  i5ooo  livres  à 
la  reine  d'Angleterre,  veuve  de  Charles  I". 

2  mars Les  États  exigent  quatre  générations  de  noblesse  paternelle  & 

maternelle  pour  donner  l'entrée  aux  acquéreurs  ou  héritiers 
de  baronnies. 

4  mars Les  États  sollicitent  la  prohibition  de  l'indigo.  —  Additions  aux 

règlements  des  États. 

23  mars Don  de  la  châtellenie  de  Buzet  à  Jean  de  Gineste. 

12  avril Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  l'expulsion  de  réfugiés  cata- 
lans. 

17  avril Arrêt  de  partage  de  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres,  les  con- 

seillers protestants  opinant  pour  la  cassation  de  certaines 
délibérations  des  États  favorables  aux  catholiques. 

20  mai Don  du  domaine  de  Saint-Lieux  à  l'évêque  de  Lavaur. 

27  mai Prise  de  Cap  de  Quiers  par  le  prince  de  Conti. 

26  juin L'archevêque  de  Toulouse  autorise  l'établissement  des  augustins 

déchaussés  à  Toulouse.  —  Le  Parlement  de  Grenoble  décharge 
les  habitants  de  Montpellier  de  toute  indemnité  envers  le  fer- 
mier du  droit  de  confirmation. 

5  juillet  ....      Le  Parlement  de  Toulouse  nomme  cinq  commissaires  pour  la 

vérification  des  cours  d'eau. 
10  juillet  ....     Le  prince  de  Conti  prend  Castillon. 
14  août Le  Parlement  de  Toulouse  enregistre  avec  réserves  l'édit  portant 

aliénations  du  domaine. 

27  août Le   Conseil   d'État   interdit  à  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres 

toute  connaissance  des  délibérations  prises  par  les  États. 

septembre Lettres  de  grâce  accordées  au  baron  de  Bousols  pour  duel. 

4  novembre.     Ouverture  des  États  par  le  prince  de  Conti,  dans  la  grand'salle 

de  l'hôtel  de  ville  de  Pézénas.  (Clôture  le  22  février  i656.) 
i5  novembre  .      Les  États  combattent  le  projet  du  canal  de  Beaucaire. 

i656,  18  mai Toutes  les  évocations  générales  dans  le  ressort  de  la  Cour  sont 

abrogées. 
9  juin Le  Conseil  d'État  attribue  aux  consuls  de  Montpellier  la  con- 
naissance des   affaires  de   police  en   première   instance,  sauf 
appel  au  Parlement  de  Toulouse. 

18  juillet  ....     Déclaration  du  roi  concernant  l'observation  de  l'édit  de  Nantes. 

28  août Arrêt  du  Conseil  d'État  ordonnant  que  tous  les  consuls  &  offi- 

ciers politiques  de  Montpellier  seront  catholiques. 
17  novembre  .     Ouverture  des  États  par  le  comte  de  Bioules,  dans  le  réfectoire 

des  carmes  de  Béziers.  (Clôture  le  i"  juin  1657.) 
25  novembre  .      Le  duc  d'Arpajon  est  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 
20  décembre  .      Le  présidial  de  Carcassonne  est  transféré  de  la  cité  dans  la  ville 

basse. 

1657,     8  janvier  ...      Le  président  de  la  Terrasse  harangue  les  États  au  nom  du  Parle- 
ment de  Toulouse. 


CHRONOLOGIE. 


i3 


1657,  II  janvier 
i3  janvier 
17  février. 
26  mars. . . 


27  mars. 


avril , 


i3  mai. 


i3  juin  

25  juin  

juin 

i3  juillet  . . . 

i5  août 

8  octobre  . . 

22  octobre  . . 

7  décembre 

10  décembre 
Si  décembre 
décembre  . . . 


Arrêt  du  Conseil  d'Etat  rétablissant  les  catholiques  de  Réalmont 
en  possession  de  l'église  paroissiale. 

Le  Conseil  d'Etat  casse  l'évocation  accordée  aux  protestants  de 
Languedoc,  haute  Guienne  &  Foix. 

Le  Conseil  d'Etat  ordonne  l'enregistrement  de  la  déclaration  du 

18  juillet  i656  par  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres. 
>.Le  comte  de  la  Serre,  commandant  les  troupes  royales,  demande 
aux  Etats  les  moyens  de  payer  ses  hommes. 

Arrêt  du  Conseil  interdisant  le  consulat  mi-parti  dans  les  villes 
qui  ont  été  rebelles.  —  Arrêt  du  Conseil  privé  portant  que 
tous  les  consuls  &  conseillers  politiques  de  Bédarieux  devront 
être  catholiques. 

Création  de  la  sénéchaussée  de  Gévaudan  &  siège  de  Mende.  — 
Création  de  la  sénéchaussée  de  Vivarais  &  siège  de  Villeneuve 
de  Berg. 

Le  marquis  de  Saint-Abre  fait  lever  le  siège  d'Urgel  aux  Espa- 
gnols. 

Translation  du  couvent  Sainte-Claire  des  Casses  à  Toulouse. 

Troubles  à  Nimes. 

Erection  du  marquisat  de  Nabassan  &  Saint-Gervais. 

Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  aux  maisons  religieuses  de 
donner  asile  aux  criminels  &  banqueroutiers. 

Le  conseiller  Delong,  commissaire  du  Parlement,  est  mandé  à  la 
Cour  par  lettre  de  cachet. 

Ouverture  des  Etats  par  le  duc  d'Arpajon,  dans  la  chapelle  des 
pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  22  février  i658.) 

L'évêque  de  Nimes  obtient,  par  arrêt  du  Conseil,  confirmation 
du  droit  d'entrer,  comme  premier  opinant,  dans  les  assemblées 
politiques  de  sa  ville  épiscopale. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat  défendant  de  prendre  le  second  consul 
d'Alais  parmi  les  habitants  appartenant  à  une  autre  classe  que 
la  seconde.  —  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  que  la  cloche  placée 
dans  la  tour  de  ville  du  'Vigan  annoncera  les  fêtes  catholiques. 

L'emplacement  du  château  royal  de  Verdun  est  donné  à  l'abbaye 
du  Mas-Grenier. 

Le  comte  de  Bioules  &  l'intendant  sont  accueillis  à  coups  de  i'cu 
par  les  insurgés  de  Nimes. 

Edit  portant  faculté  d'anoblir  à  prix  d'argent  des  terres  de  Lan- 
guedoc, jusqu'à  concurrence  de  170000  livres  de  tailles.  — 
Amnistie  pour  les  attroupements  du  Puy  &  pays  de  Vêlai.  — 
Erection  du  marquisat  d'Avèze. 


i658,  23  janvier  . . .      Règlement  général  pour  la  tenue  des  Assiettes  de  Languedoc. 

4  mai Vincent  Bosside  est  nommé  inquisiteur  de  la  foi  à  Carcassonne. 

28  juillet  ....     Transaction  entre  le  chapitre  Saint-Just  5k  la  ville  de  Narbonne, 
concernant  l'allivrement  du  moulin  du  Gua. 

11  septembre.     Aoustène,  juge-mage  de  Limoux,  est  condamné  à  mort  pour  ses 

concussions. 

12  septembre.     Le  Conseil  d'Etat  charge  le  Parlement  de  Toulouse  de  juger  le 


«4 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


ministre   de   Florac   &   les    auteurs   des   violences   commises 
contre  les  capucins  de  la  Mission  royale. 
l658,  19  septembre.     Le  Parlement  de  Toulouse  autorise  la  ville  d'Agde  à  interdire 

l'entrée  du  vin  étranger. 

17  octobre...     Le  roi   Louis  XIV  annonce  aux  États  son  prochain  voyage  en 
Languedoc  &  les  convoque  à  Beaucaire. 

21   octobre...     Ouverture  des  États  par  le  comte  du  Roure,  dans  la  grand'sallo 
de  l'hôtel  de  ville  de  Narbonne.  (Clôture  le  23  mars  1659.) 

10  novembre  .     Les  États  sont  maintenus  à  Narbonne,  à  cause  de  l'indisposition 
de  l'archevêque. 

19  novembre.     La  députation  des  Etats  de  Languedoc  est  admise  à  l'audience 
du  roi  à  Lyon. 

décembre  ....     Amnistie  de  l'insurrection  de  Nimes.  — Amnistie  de  l'insurrec- 
tion d'Uzès. 


1659,  17  janvier 
29  janvier 
II  février. 
14  février. 


25  juin 


3  juillet 


I"  octobre  . . , 

14  octobre  . . . 

16  octobre  . . , 

22  octobre  . . . 
octobre 


7  novembre  . 

25  novembre  , 
12  décembre  , 

19  décembre  , 

24  décembre  . 

26  décembre  . 


Les  officiers  du  présidial  de  Toulouse  réclament  auprès  des 
États  de  Languedoc  contre  la  création  du  présidial  de  Foix. 

Les  États  réclament  contre  les  exactions  commises  par  les  gou- 
verneurs de  places  frontières. 

Les  États  demandent  la  réunion  du  comté  de  Caraman  à  la  pro- 
vince de  Languedoc. 

Les  États  accordent  un  secours  de  6000  livres  à  la  maison  des 
nouveaux  convertis,  dirigée  à  Toulouse  par  l'abbé  de  Ciron. 

Le  Parlement  de  Toulouse  condamne  à  mort  par  contumace  le 
ministre  François  Sauvage  &  neuf  habitants  de  Florac. 

Le  Conseil  d'État  défend  au  Parlement  de  Toulouse  &  autres 
compagnies  de  la  Province  de  connaître  des  délibérations  des 
États. 

Ouverture  des  États  par  le  comte  de  Bioules,  dans  le  réfectoire 
du  grand  couvent  des  augustins  de  Toulouse.  (Clôture  le 
7  décembre.) 

Entrée  du  roi  Louis  XIV  &  de  la  reine  Anne  d'Autriche  à  Tou- 
louse. 

Les  États  de  Languedoc  sont  reçus  par  le  roi  Louis  XIV,  dans  le 
palais  de  l'archevêché  de  Toulouse. 

Le  projet  de  rétablir  l'édit  de  Béziers  est  notifié  aux  États. 

Antoine  Lefevre,  huissier  de  la  Chambre,  &  Gaspard  Rome, 
valet  de  chambre  du  roi,  obtiennent  le  monopole  de  la  glace 
en  Languedoc. 

Paix  des  Pyrénées. 

Les  capitouls  de  Toulouse  sont  nommés  par  lettre  de  cachet. 

Le  roi  ordonne  la  translation  de  l'académie  protestante  de  Mon- 
tauban  à  Puylaurens. 

Le  cardinal  Mazarin  donne  audience  aux  capitouls  &  bourgeois 
de  Toulouse. 

Les  Etats  consentent  au  dédoublement  du  diocèse  civil  d'Alet  & 
Limoiix. 

Les  Etats  font  opposition  au  rétablissement  du  gouvernement 
de  Cintegabelle. 


CHRONOLOGIE. 


1659,  28  décembre 
décembre  . . . 


Transaction  entre  le  roi  &  les  Etats, 
vlmposition    sur    les    fers    de    Languedoc.   —    Suppression    des 
sénéchaussées   de   Mende   &  de  Villeneuve   de    Berg,  —   La 
compétence  des  États  de  Languedoc  en  matière  d'étapes  est 
reconnue. 


1660,     8  janvier  , , 

9  janvier  . . 

10  janvier  . , 

12  janvier  . , 

2  février  . . . 

î6  février  . . , 

1"  avril 


21  avril 

4  août 

10  septembre. 
i5  septembre. 

septembre. . . . 


octobre 

24  novembre  , 

i8  décembre  . 


décembre  . 

1661,  24  janvier 

7  février . 

3  mars. . . 


17  mars. 
24  mars. 


Pluie  torrentielle  à  Nimes.  Arrivée  de  Mazarîn.  La  cour  couche 
à  Lunel. 

Entrée  de  Louis  XIV  &  d'Anne  d'Autriche  à  Nimes. 

Louis  XIV  visite  le  pont  du  Gard,  l'amphithéâtre  &  les  autres 
antiquités  de  Nimes. 

La  Cour  part  de  Nimes  par  la  route  de  Tarascon. 

Mort  de  Gaston  d'Orléans  au  château  de  Blois. 
•  Le  prince  de  Conti  est  nommé  gouverneur  de  Languedoc, 

Louis  XIV  &  Anne  d'Autriche  repassent  à  Nimes,  venant  d'Avi- 
gnon. 

Les  anciennes  fortifications  de  Lombers  sont  données  aux  capu- 
cins de  Castres  pour  bâtir  leur  couvent. 

Le  Parlement  de  Toulouse  envoie  un  commissaire  à  Castres, 
pour  informer  contre  les  ministres  protestants. 

Le  Conseil  d'Etat  donne  la  préséance  aux  officiers  catholiques 
du  présidial  de  Nimes  sur  les  officiers  protestants. 

Le  Conseil  d'Etat  casse  les  délibérations  du  synode  des  Cévcnnes 
tenu  au  Vigan  &  défend  d'en  prendre,  à  l'avenir,  sans  la  pré- 
sence du  commissaire  royal. 

Lettres  patentes  ordonnant  que  les  communes  du  comté  do 
Caraman  feront  partie  du  gouvernement  &  taillable  de  Lan- 
guedoc. (Demeurée  sans  exécution.) 

Etablissement  d'un  service  de  bateaux  de  poste  sur  la  Garonne. 

Le  Parlement  de  Toulouse  nomme  sept  commissaires  pour  véri- 
fier l'état  des  collèges. 
Le  Conseil  d'ïltat  maintient  à  l'évéque  de  Lavaur  le  droit  d'assis- 
ter en  personne  ou  par  ses  vicaires  généraux  à  foutes  les 
assemblées  de  la  commune.  —  Le  Parlement  de  Toulouse 
annule  les  contrats  do  louage  d'offices  de  conseillers. 
Amnistie  des  habitants  de  Viviers, 

Ouverture  des  États  par  le  prince  de  Conti,  dans  l'église  des 
pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  10  avril.) 

L'évéque  de  Lavaur  harangue  le  roi  au  nom  de  l'assemblée  du 
clergé. 

Les  États  accordent  un  secours  de  6000  livres  à  la  maison  du 
Refuge  de  Narbonne. 

Le  Conseil  d'État  casse  les  délibérations  du  colloque  d'Uzès  & 
défend  de  tenir  pareilles  assemblées. 

Arrêt  du  Conseil  d'État  défendant  au  seigneur  de  la  Vérune  de 
placer  en  sa  maison  aucune  marque  d'exercice  public  du  culte 
réformé.  —  Arrêt  du  Conseil  d'État  réglant  le  nombre  des 
notaires    protestants    de    Montpellier.   —   Le    Conseil    d'État 


i6 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


ordonne   la  démolition  du   temple  de  Saint-Bausile,  ce    lieu 

étant  du  domaine  de  l'évêché  de  Montpellier. 
1661.  3i  mars Le   Parlement  de  Toulouse  interdit   l'usurpation   des   titres  de 

noblesse. 

niars Le  marquis  de  Cornusson  est  nommé  sénéchal  de  Toulouse. 

I«r  avril Transaction  entre  les  États  de  la  Province  &  les  propriétaires 

du  monopole  de  la  glace  en  Languedoc. 

15  avril Commission  du  roi  à  M.  de  Bezons,  intendant,  &  de  Peyremales, 

lieutenant  particulier  au  présidial  de  Nimes,  pour  informer 

des  contraventions  à  l'édit  de  Nantes. 
3o  avril Le  Conseil  d'État  défend   aux   protestants   de  Castres  de  faire 

aucune  assemblée  pour  imposition  de  deniers,  sans  la  présence 

du  juge  royal. 
|er  juin Le  Parlement  de  Toulouse  prescrit  l'observation  de  l'usage  des 

reddes. 
14  juillet  ....     Le   Parlement  de  Toulouse   interdit  l'exportation  du   merrain 

hors  du  ressort. 
juillet Règlements    pour   la   navigation   de   la   Garonne,  du  Tarn,  de 

l'Aveyron,  &c. 
5  août Le  Conseil  d'État  casse  une  délibération  du  synode  de  Nimes  & 

bannit  le  ministre  Claude,  modérateur,  hors  de  la  province  de 

Languedoc. 
g  août Le  Conseil  d'État  décide  que  les  consuls  de  métier  de   Mont- 
pellier seroiit  tous  catholiques. 
18  août ^Défense   est   faite   aux    communes    de    Languedoc   d'établir  des 

droits  sur  les  denrées  &  marchandises,  sans  le  consentement 

des  États  &  la  permission  du  roi. 
3  septembre.      La  Chambre  des  francs-fiefs  de  Languedoc  décharge  les  habitants 

de  Blanzac  des  droits  qui  leur  étaient  demandés. 
II  septembre.      L'évêque  d'Alet  excommunie  Henry  du  Vivier,  seigneur  de  Rasi- 

guières. 
3o  septembre.     Le  Conseil  d'État  casse  les  délibérations  du  synode  d'Anduze  & 

bannit  le  ministre  Rossel,  modérateur,  hors  de  la  province  de 

Languedoc. 
21  novembre.     Le  Conseil  d'État  décide  que  les  enfants  trouvés  de  Nimes  ne 

pourront  être  reçus  à  l'hôpital  protestant. 

16  décembre  .      Le   Conseil    d'État   défend   à   la   Chambre   de   l'édit  de   Castres 

d'envoyer  une  députation  particulière  au  roi.  —  Le  Conseil 
d'État,  vidant  un  arrêt  de  partage  de  la  Chambre  de  l'édit  de 
Castres,  interdit  absolument  le  chant  des  psaumes. 
20  décembre  .     Le  Conseil   d'État   ordonne  que   le   premier  consul  catholique 
d'Uzès  aura  seul  l'administration  de  l'hôpital  Saint-Sauveur. 


1662,     3  janvier 
7  janvier 

23  février. 


Ouverture  des  États  par  le  prince  de  Conti,  dans  le  couvent  des 
religieux  réformés  de  Béziers.  (Clôture  le  3  février.) 

Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  la  saisie  des  revenus  de 
l'archevêché  d'Auch,  l'archevêque  n'ayant  pas  offert  à  la  cour 
les  bouquets  de  fleurs  qu'il  lui  devait. 

Le  Conseil  d'État  interdit  le  chant  des  psaumes  dans  les  rues  & 


CHRONOLOGIE.  17 

défend  à  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres  de  rendre  arrêt  de 
partage  sur  matière  déjà  réglée  par  le  roi. 

1662,     6  mars Les   États  de  Languedoc    réclament    l'observation    de    l'édit  de 

Nantes. 

10  mars Établissement  d'une  commission  mixte  pour  régler  les  dépenses 

ordinaires  des  communes  de  Languedoc  &  réformer  les  abus, 
sous  la  présidence  du  prince  de  Couti;  (connue  sous  le  nom 
de  Commission  de  1662.) 

28  mars Règlement  d'attributions  entre  les  officiers  du  bailliage  de  Viva- 

rais  &  ceux  du  présidial  de  Nimes. 

A  mai Le  Conseil  d'État  renvoie  à  la  Cour  des  aides  de  Montpellier  les 

procès  concernant  le  département  des  dettes  des  protestants 
de  Languedoc. 

14  juin Le  Conseil  d'État  ordonne  prise  de  corps  contre  Jean  Dupuy, 

fermier  du  droit  de  confirmation. 

19  juin Le  Parlement  de  Toulouse  règle  les  étoffes  &  parures  qui  doi- 
vent être  portées  par  les  femmes  de  diverses  conditions. 
7  août Arrêt  du  Conseil  d'État,  portant  que  les  enterrements  de  protes- 
tants à  Clermont-Lodève  ne  pourront  être  faits  qu'à  la  pointe 
du  jour  ou  à  la  tombée  de  la  nuit.  — .  Le  Conseil  d'Etat  décide 
que  l'exercice  du  culte  réformé  à  Saint-Dezery  doit  être 
prouvé  par  actes  &  non  par  témoins. 

23  août Le  Conseil    d'État   casse   une   délibération   de   la   commune   de 

Cordes  d'Albigeois. 

I"  septembre.  Le  Conseil  d'État  assigne  les  officiers  de  la  Chambre  de  l'édit  de 
Castres,  sur  la  demande  en  réunion  de  cette  Cour  au  Parle- 
ment de  Toulouse  faite  par  les  députés  des  États  de  Lan- 
guedoc. 

11  septembre.      Règlement  des  commissaires  du  roi  &  des  Etats  pour  la  conser- 

vation des  archives  communales. 

l3  novembre.  Le  Conseil  d'Etat  étend  à  toutes  les  villes  sans  exception  les 
prohibitions  d'heure  &  de  cortège  portées  pour  les  enterre- 
ments protestants  de  Clermont-Lodève. 

26  novembre.  /Première  lettre  de  Riquet  à  Colbert,  proposant  la  création  d'un 

canal  en  Languedoc  pour  la  communication  des  deux  mers. 
4  décembre  .      Le  Parlement  réduit  à  600  livres  la  dépense  des  festins  capitu- 
laires  de  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse. 

Le  comte  d'Armagnac,  grand  écuyer  de  France,  obtient  le  don 

de  l'établissement  des  litières. 

i663,  II   janvier  ...     Le  Conseil  d'État  décharge  les  catholiques  &  nouveaux  convertis 
de  Sumène  &  Senilhac  des  dettes  des  réformés. 
18  janvier  ...      Arrêt  du  Conseil,  renvoyant  le  projet  de  Riquet  aux   commis- 
saires du  roi  aux  États. 

29  janvier  ...      David   Derodon,  professeur  au  collège  de  Nimes,  auteur  d'un 

livre  intitulé  le  Tombeau  de  la  messe,  est  condamné  au  bannis- 
sement perpétuel,  &  son  ouvrage  au  feu,  par  arrêt  du  Conseil 
d'État. 
I"  février Accord  entre  les  États  &  le  prévôt  général  de  Languedoc. 

XIII.  » 


i8  È 

1663,  26  février. ... 


9  mars. 
17  mars. 

19  mars. 

2  avril. 

II  avril. 

23  mai. . 


10  luia 


i5  juin 


3o  juin  . . 

4  juillet 

9  juillet 

10  juillet 

20  juillet 


27  juillet  .  . . . 

août 

i5  septembre, 
5  octobre  , . . 


rUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  ministre  Jeau  Bruguier  de  Nimes  &  le  libraire  Edouard  Ra- 
ban,  imprimeur  de  deux  Discours  sur  le  chant  des  Psaumes, 
sont  condamnés  au  bannissement,  8c  leurs  ouvrages  au  feu, 
par  arrêt  du  Conseil  d'Etat. 
.  Privilège  à  Lacan  de  Ventajon  pour  la  fabrication  du  cristal  de 
roche. 

La  Cour  des  aides  de  Montpellier  prononce  trois  condamnations 
à  mort  par  contumace,  pour  violences  commises  contre  le  col- 
lecteur des  tailles  de  Saint-Naufary. 

Le  Conseil  d'Etat  défend  d'enterrer  les  protestants  à  Castres  en 
autre  moment  que  la  pointe  du  jour  ou  l'entrée  de  la  nuit. 

Le  Conseil  d'Etat  déplace  cinq  ministres  de  Castres,  accusés 
d'avoir  pris  part  à  des  cabales. 

Ordonnance  de  l'évêque  de  Nimes,  interdisant  d'enterrer  les 
protestants  dans  les  cimetières  catholiques. 

Le  synode  protestant  de  Saint-André  de  Valborgne  ordonne  un 
serment  de  soumission  aux  ministres  &  un  jeûne  géjiéral  dans 
la  province  des  Cévenues. 

Le  ministre  Serville  fait  prêter  aux  réformés  du  Vigan  le  serment 
prescrit  par  le  synode  de  Saint-André  de  Valborgne. 

Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  démolition  du  temple  de  Mon- 
tagnac. 

Olympe  de  Favarel  est  banni  à  perpétuité  pour  avoir  empêché  la 
perception  des  tailles. 

Troubles  dans  le  cimetière  catholique  de  Clarensac,  à  l'occasion 
de  l'enterrement  d'une  fille  protestante. 

Le   Conseil   d'État  casse  comme   séditieuse    la   délibération    du 

synode  protestant  de  Saint-André  de  Valborgne. 
^Le  collège  de  Castelnaudary  est  donné  aux  doctrinaires. 

Le  Conseil  d'Etat  ordonne  des  poursuites  contre  le  ministre 
Camps  de  Mazamet,  pour  n'avoir  pas  salué  le  Saint-Sacrement 
en  passant  devant  en  pleine  rue. 

Plusieurs  gentilshommes  du  diocèse  d'Alet  s'organisent  en  syn- 
dicat contre  leur  évêque. 

Edit  portant  nouvelle  réunion  du  comté  de  Caraman  à  l'élection 
de  Lomagne. 

Le  Conseil  privé  interdit  à  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres  de 
prendre  connaissance  de  l'affaire  de  Clarensac, 

Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  information  contre  les  gen- 
tilshommes du  diocèse  d'Alet.  —  Le  Conseil  d'État  vide  qua- 
rante-six avis  de  partage,  soumis  par  les  commissaires  de  l'édit 
de  Nantes  eu  Languedoc.  —  Le  Conseil  d'État  supprime  plu- 
sieurs délibérations  des  synodes  protestants  du  bas  Languedoc 

&  des  Cévennes Le  Conseil  d'État  ordonne  la  fermeture 

provisoire  des  temples  de  Ribaute,  Saint-Côme  &  Générac. 
—  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  démolition  des  temples  de 
Bouysset,  Saint-Martin  de  Campcelade,  Taraux  &  Fontarè- 
ches;  des  temples  de  Saint-Julien  de  la  Nef,  Saint-Jean  de 
Roques,  la  Rouvière  &  la  Brugièrej   des   temples  de  Belle- 


CHRONOLOGIE. 


19 


garde,  Parignargues,  Colorgues,  Lascours,  Cruviers,  Gajaii, 
Crespian,  Vie,  Saiizet,  Rochegude,  Seynes  &  Aiimessargues;  de 
quatre-vingt-neuf  temples  dans  les  diocèses  de  Nimes,  d'Uzès 
&  de  Mende. 

1663,  5  octobre...     Arrêt  du  Conseil    d'Etat,   réglant   la   composition  des  conseils 

mi-partis  du  Vigan  ik  de  Marvéjols,  en  Gévaudan,  &  défen- 
dant l'exercice  du  culte  réformé  à  Saint-Jean  de  la  Blaquière. 

2-3  octobre  ...  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  démolition  des  temples  de  Mon- 
redon,  Leques,  Salinelle,  le  petit  Galargues,  Asperes,  Buzi- 
gnargues  &  Villatelle. 

19  novembre  .      Le  comte  de  Grignan  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 

23  novembre.     Le  Conseil  d'Etat  défend   aux  ministres  de  prêcher  à  la  cam- 
pagne, sous  des  arbres,  comme  ils  faisaient  dans  les  Boutières, 
en  Vivarais  &  Cévennes. 
6  décembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  prince  de  Conti ,  dans  l'église  des 
pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  6  février  1664.) 

22  décembre  .     Démolition  du  temple  de  Bouillargues. 

1664,  i5  janvier  ...     Le  Conseil  d'État  défend  au  Parlement  de  Toulouse  de  connaître 

des  différends  de  révêc(ue  d'Alet  avec  la  noblesse  &  le  clergé 
régulier  de  son  diocèse. 

22  février. . . .  Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  défendant  l'exercice  de  la  religion  réfor- 
mée dans  la  ville  &  le  terroir  de  Privas.  — Arrêt  du  Conseil 
privé  défendant  au  ministre  Reboulet,  de  Ciiomeyrac,  en 
Vivarais,  de  faire  le  prêche  dans  plusieurs  lieux. 

25  février....  Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  réglant  les  préséances  des  officiers 
catholiques  sur  les  protestants  à  la  Cour  des  comptes  de 
Montpellier. 

II  mars Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  condamnant  les  habitants  de 

Gatuzières  à  faire  les  charrois  de  matériaux  pour  le  rétablisse- 
ment de  l'église  Notre-Dame,  démolie  pendant  les  guerres 
civiles,  &  à  bâtir  la  maison  presbytérale, 

29  mars Le  comte  de  Grignan,  lieutenant  général  en  Languedoc,  interdit 

les  levées  de  gens  de  guerre  faites  pour  le  comte  de  Chalais. 

mai Erection  du  comté  de  Latour. 

17  juin Arrêt  de  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres,  défendant  aux  protes- 
tants de  chanter  leurs  psaumes  dans  les  temples  pendant  le 
passage  des  processions  du  Saint-Sacrement.  —  Le  Conseil 
privé  casse  le  testament  de  Pierre  de  Portes  en  faveur  des 
anciens  du  consistoire  protestant  de  Béziers. 

29  juillet  ....  Arrêt  du  Conseil  privé,  portant  que  les  biens  confisqués  sur  les 
rebelles  de  Privas  serviront  à  rétablir  les  églises  catholiques 
par  eux  démolies  en  1622  dans  le  pays  avoisinant.  —  Arrêt  du 
Conseil  privé,  ordonnant  que  les  dettes  de  la  commune  de 
Privas  seront  payées  sur  les  biens  confisqués  des  protestants. 
—  Le  Conseil  privé  ordonne  que  les  biens  des  communes 
appartiendront  par  moitié  aux  catholiques,  même  dans  les 
lieux  du  Vivarais  &  des  Cévennes  où  les  protestants  se  trou- 
vent en  grande  majorité. 


20  ETUDES   mSTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1664,  26  août Lettre  de  l'évèque  d'Alet  au  roi  sur  le  formulaire. 

20  septembre.  Arrêt  du  Conseil,  défenflant  de  saisir,  sous  aucun  prétexte,  les 
deniers  de  l'équivalent  de  Languedoc  &  de  toutes  les  impo- 
sitions. 

3o  septembre.  Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  ordonnant  que  les  protestants  de  Privas 
sortiront  de  cette  ville  &  n'y  pourront  plus  habiter. 

3  novembre  .      Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  remise  à  M.  de  Bezons  de  l'état  des 

sommes  imposées  par  les  réformés  depuis  dix  ans.  —  Le  Conseil 
d'État  ordonne  la  démolition  des  temples  d'Uchau,  Vestric  & 
Millau,  &  maintient  l'exercice  du  culte  réformé  à  Soustelle 
&  Fraissinet  de  Lozère.  —  Le  Conseil  d'Etat  décide  que  le 
concierge  des  jirisons  de  Castres  sera  toujours  catholique. 
7  novembre  .  Les  commissaires  du  roi  &  des  Etats  pour  l'examen  du  projet  de 
Riquet  se  réunissent  à  Toulouse. 

17  novembre  .      Le  Conseil  d'État  établit  les  jésuites  dans  le  collège  de  Castres. 

28  novembre  .  Le  Conseil  d'État  remet  les  jésuites  en  jiossession  du  collège 
royal  de  Nimes.  —  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  démolition 
du  petit  temple  de  Nimes  aux  frais  des  réformés. 

4  décembre  .      Ouverture  des  États  par  le  comte  du  Roure,  dans  le  réfectoire 

des  dominicains  de  Béziers.  (Clôture  le  i3  février  i665.) 
décembre  ....      Union  de  la  maladrerie  de  Nimes  à  l'hôpital  Saint-Jacques. 


i665,   19  janvier  ...      Avis  des  commissaires  sur  le  projet  de  Riquet. 

21  janvier  ...      Le  Parlement  de  Toulouse  supprime  la  lettre  de  l'évèque  d'Alet. 
5  février ....     Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  ordonnant  aux  seigneurs  justi- 
ciers de   nommer  seulement  des  catholiques  aux  charges  de 
juges  bannerets. 

5  mai Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  aux  religieux  les  acquisitions 

d'immeubles  dans  les  environs  de  Toulouse. 

25  mai -i  Lettres   patentes    autorisant   Riquet   à    faire   creuser    la    rigole 

d'essai  du  canal  de  Languedoc. 

mai Commencement  de  la  rigole  d'essai  du  canal  de  Languedoc,  ter- 
minée en  octobre. 

juillet Erection  du  marquisat  de  Montpezat. 

septembre....  Union  du  collège  Saint-Nicolas  de  Toulouse  au  séminaire  du 
faubourg  Saint-Michel. 

6  octobre  ....  L'évèque  d'Uzès  harangue  le  roi  Louis  XIV,  au  nom  de  l'assem- 
blée du  clergé  de  France. 

23  novembre.  Ouverture  des  Etats  par  le  prince  de  Conti,  assisté  des  inten- 
dants Bezons  &  Tubeuf,  dans  la  grand'salle  des  dominicains 
de  Béziers.  (Clôture  le  27  février  1666.) 

novembre  ....      Etablissement  d'une  maison  d'ursulines  à  Nimes. 

1666,  22  mars Le  duc  de  Verneuil  nommé  gouverneur  de  Languedoc. 

2  avril Déclaration  du  roi,  évoquant  de  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres 

au  Parlement  de  Grenoble  les  affaires  des  protestants  convertis 
au  catholicisme. 

22  mai Le  Parlement  de  Toulouse  adjuge  aux  chartreux  de  Valbonne  le 

domaine  du  Mas  de  Saint-Paulet,  saisi  sur  le  seigneur. 


CHRONOLOGIE. 


21 


1666,  26  mai Le  Parlement  de  Toulouse  nomme  un  galérien  bourreau. 

23  juillet  ....     Le  Conseil  d'Etat  règle  les  différends  de  l'évêque  d'Alet  avec  la 

noblesse  &  le  clergé  régulier  de  son  diocèse. 
2g  juillet  ....     Arrêt  du  Conseil  privé  contre  le  ministre  de  Privas. 
16  août Arrêt   du  Conseil   d'Etat,   donnant  aux   nouveaux   convertis  de 

Languedoc  trois  ans  de  délai  pour  le  payement  du  capital  de 

leurs  dettes. 

23  août Lettres  patentes  ordonnant  la  tenue  des  grands  jours  de  Vêlai. 

27  août L'intendant  Bazin  de  Bezons  arrive  à  Toulouse,  où  il  tient  plu- 
sieurs conférences. 
7  septembre.      Déclaration  du  roi,  portant  que  les  tailles  doivent  être  payées 

par  provision,  sauf  remboursement  au  cas  de  nobilité  prouvée. 

5  octobre  ...     Le  chevalier  de  Clerville  signe,  à  Vincennes,  le  devis  du  canal. 

14  octobre  . . .      Riquet  devient  adjudicataire  des  travaux  du  canal  de  Languedoc 

entre  Toulouse  &  Trèbes. 
octobre Edit  pour  la  jonction  de  la  Méditerranée  à  l'Océan  par  un  canal. 

—  Union  du  prieuré  de  la  Ramière  au  noviciat  des  jésuites  de 

Toulouse. 
18  novembre  .      Lettres  patentes  sur  le  bail  du  canal,  avec  relief  de  noblesse. 
20  novembre  .     Lettres  patentes  ordonnant  la  tenue  des  grands  jours  de  Nimes. 
29  novembre.      Ouverture  des  Etats  parle  duc  de  Verneuil,  dans  la  grand'salle 

de  la  maison  de  ville  de  Carcassonne.  (Clôture  le  7  mars  1667.) 
26  décembre  .      La  baronnie  de  Sénaret,  en  Gévaudan,  est  vendue  par  le  comte 

de  Saint-Priest  au  marquis  de  Beaufort. 


1667,  16  février. . 
20  juillet  . . 

28  juillet  ., 
24  octobre  , 


octobre  , 


17  novembre  . 

5  décembre 

6  décembre  , 
décembre  . . . . 


Nomination  de  commissaires  des  domaines  en  Languedoc. 

Commission  donnée  au  comte  du  Roure  pour  l'enregistrement 
des  déclarations  du  roi. 

Condamnation  du  marquis  deGanges  au  bannissement  perpétuel. 

Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  vérification  des  abus  dans  les  uni- 
versités de  Toulouse  8c  de  Montpellier  &  dans  les  collèges  en 
dépendant. 

La  compétence  des  Etats  de  Languedoc  en  matière  de  finances 
diocésaines  est  réglée  par  lettres  patentes.  —  La  connaissance 
des  impositions  &  emprunts  résolus  dans  les  assemblées  d'As- 
siette est  attribuée  aux  Etats  de  Languedoc,  avec  défense  aux 
autres  compagnies  d'en  connaître. 

Les  premières  pierres  de  l'écluse  du  canal  à  son  embouchure 
dans  la  Garonne  sont  posées  avec  grande  cérémonie. 

Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Verneuil,  dans  la  grand'salle  de 
la  maison  de  ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  24  février  1668.) 

Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  pour  la  réformation  des  ordres 
religieux. 

Union  du  prieuré  Saint-Pierre  de  Meyrueis  au  noviciat  des 
jésuites  de  Toulouse. 


1668,     9  janvier  . . , 
24  janvier  . . . 


L'évêque  de  Pamiers  suspend  plusieurs  jésuites  de  son  diocèse. 
La  baronnie  d'Aps  est  vendue  par  le  comte  de  Suze  au  vicomte 
de  Beaune. 


2  2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1668,  5  février....      L'évêque  de  Paniiers  excommunie  les  jésuites. 

21  février. . . .      Circulaire  de  l'évêque  de  Pamiers  à  tous  les  évêques  de  France. 

9  avril Décret  du  pape  Clément  IX,  ordonnant  de  brûler  le  rituel  d'Alet. 

20  août „  Bail  de  l'entreprise  du  canal  de  Languedoc  à  Pierre-Paul  Riquet. 

août Union  du  prieuré  Saint-Sauveur  de  Chirac  au  collège  des  jésuites 

de  Rodez. 
26  octobre  ...  •  Le  marquis  de  Castries  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 

1669,  21  janvier  ...     Edit  portant  suppression  des  Chambres  mi-parties,  où  siégeaient 

des  officiers  protestants. 
29  janvier  ...     Le  comte  du  Roure  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 

II  février Ouverture  des  Etats  par  le   duc  de  Verneuil,  dans  la  chapelle 

des  pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  i3  avril  1670.) 

2  mars Les    Etats    prêtent    leur   crédit    au    roi    pour   un   emprunt   de 

700000  livres. 

9  mars Approbation  des  statuts  des  chirurgiens  de  Saint-Pons. 

mai Translation  du  chapitre  de  Burlats  à  Lautrec. 

9  juin -  Commission  du  roi  au  sieur  de  La  Feuille  pour  visiter  les  tra- 
vaux du  canal  de  Languedoc,  du  port  de  Cette  &  des  mines. 
10  octobre  ...     Le  Parlement  de  Toulouse  condamne  les  protestants  de  Mei- 

rueis  à  rebâtir  l'église  catholique  à  leurs  frais. 
26  novembre.  -  Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Verneuil,  dans  la  grand'salle 

des  dominicains  de  Béziers.  (Clôture  le  3o  janvier  1670.) 
6  décembre  .      Le   marquis   de  Calvisson   nommé  lieutenant  général  en  Lan- 
guedoc. 
décembre....     Union  des  prieurés   de  Castelnau   d'Estrètefonts  &  de  Sainte- 
Foy  de  Peyrolières  au  collège   des  jésuites  de  Toulouse.  — 
M.  de  Castelpers  nommé  sénéchal  de  Castres. 

1670,  28  février Union  du  prieuré  de  Teissan  au  noviciat  des  jésuites. 

avril Sédition  en  Vivarais;  surprise  du  château  d'Aubenas.  —  Soulève- 
ment de  Jacques  Roure  en  Vivarais.  —  Union  du  prieuré  de 
Saint-Denys  au  noviciat  des  jésuites  de  Toulouse. 

19  mai Le  tarif  du  sel  au  pays  de  Sault  est  élevé  de  trente  sols. 

i3  juin Assassinat  de  l'abbesse  de  Rieunette. 

16  juillet Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne  que  les  élections  munici- 
pales de  Saint-Esprit  n'auront  lieu  que  tous  les  deux  ans. 

5  août -  Riquet  achète  au  marquis  de  Sourdis  le  comté  de  Caraman  &  la 

baronnie  de  Saint-Félix. 

août Amnistie  des  insurgés  de  Vivarais. 

8  septembre.     L'évêque  d'Uzès  harangue  le  roi  Louis  XIV,  au  nom  de  l'assem- 
blée du  clergé  de  France. 

29  octobre  . . .      Supplice  de  Jacques  Roure  à  Montpellier. 

30  octobre  . . .  •  Translation  de  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres  à  Castelnaudary. 
18  novembre  .      Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  ordonnant  la  démolition  du  petit  temple 

de  Montpellier.  — Arrêt  du  Conseil  d'État,  ordonnant  la  dé- 
molition du  temple  de  Melgueil,  avec  interdiction  du  culte 
public.  —  Mêmes  mesures  à  l'égard  des  temples  de  Poussan, 
Pignan  Si  Cournonterrail. 


CHRONOLOGIE.  •  23 

1670,  19  novembre  .      Arrêt  du  Conseil  d'État,  enjoignant  aux  protestants  de  Privas  de 

quitter  la  ville  &  le  taillable  ainsi  que  le  lieu  de  Tournoii, 
avec  défense  d'y  habiter  à  l'avenir. 

27  novembre  .  -  Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Verneuil,  dans  la  grand'salle 

de  la  maison  de  ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  20  février 
1671.)  —  Le  marquis  de  Saint-Sulpice  est  reçu  aux  États 
comme  baron  de  Castelnau  de  Bonnafous. 

28  novembre  .      Le   Conseil   d'Etat   décide   que    les    consuls    de   Cournonterrail 

devront  être  tous  catholiques. 

décembre -érection  de  la  baronnie  de  Saissac,  avec  entrée  aux  États  à  la 

place  de  Couffoulens. 

1671,  1"  janvier  ...     La  baronnie  de  Saissac  est  vendue  par  le  comte  de  Clermont  au 

marquis  de  Saissac,  son  frère. 

7  mars Arrêt  du  Conseil,  fixant  le  ressort  de  la  grande  maîtrise  des  eaux 

&  forêts  de  Toulouse. 

24  mai -i-La  ville  de  Castelnaudary  donne  une  indemnité  de  3oooo  livres 

pour  faire  passer  le  canal  près  de  ses  murs. 

3  juin -^Le  Conseil  d'État  interdit  à  la  Chambre  de  l'édit  de  Castelnau- 

dary toute  connaissance  des  élections  consulaires  de  cette  ville. 
16  juillet  ....      Le  Parlement  de  Toulouse  prohibe  l'entrée   du  vin  étranger  à 

Salnt-Chinian,  quand  le  vin  du  cru  n'excède  pas  quatre  sols 

le  pot. 

24  juillet Le  père  Bayar  nommé  inquisiteur  de  la  foi  à  Carcassonne. 

août Sécularisation  des  chanoines  de  Saint-Papoul. 

9  décembre  .      Ouverture  des  États  par  le  marquis  de  Castries,  dans  l'hôtel  de 

ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  i"  février  1672.) 

19  décembre  .      Le  vicomte  de  Beaune  prend  place  aux  États  comme  baron  d'Aps. 

1672,  20  janvier  ...      La  commission  des  domaines  règle  la  forme  des  aveux  &  dénom- 

brements. 
21   janvier  ...      Le  marquis  de  Monfanègue  prend  place  aux  États  comme  baron 

de  Servies. 
3o  janvier  . . .     L'évêque  de  Saint-Pons  porte  plainte  aux  États  sur  les  désordres 

commis  dans  le  marquisat  de  Roquefeuil. 
octobre La  juridiction  criminelle  du  pays  de  Vivarais  est  rendue  au  pré- 

sidial  de  Nimes. 
l5  novembre.      Ouverture   des  Éta's   par  le   duc   de  Verneuil,  à  Montpellier. 

(Clôture  le  22  février  1673.) 

20  décembre  .      Les  Etats  consentent  à  un  nouvel   emprunt  de  i  3ooooo  livres 

pour  les  travaux  du  canal, 
décembre  ....      Les  biens  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  do  Montpellier  sont  unis  h 
ceux  de  l'ordre  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  84  de  Saint- 
Lazare. 

1673,  i3  février Louis  de  Froidour  nommé  grand  maître  des  Eaux  &  forêts  do 

Languedoc,  Béarn,  Navarre,  Soûle  &  Labour. 

4  mars La    baronnie   de   Villeneuve   la  Crémade   est   adjugée    à  M.  de 

Pujol,  par  arrêt  du  Parlement  de  Grenoble. 


24 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1673,  avril Le  cardinal  de  Bonsy  est  autorisé  à  couper  le  bois  de  Balma. 

28     juin Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  étendant  aux  territoires  de  son 

ressort  compris  dans  la  province  de  Guienne  la  défense  de 
nommer  des  juges  bannerets  non  catholiques. 

3o  septembre.  Il  est  permis  à  tous  artisans  de  s'établir  à  Cette  &  d'y  ouvrir 
boutique,  sans  payer  aucun  droit. 

i5  octobre  . . .     Déclaration  de  guerre  de  l'Espagne  à  la  France. 

16  novembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  comte  du  Roure,  dans  la  chapelle  des 

pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  20  janvier  1674.) 

1674,  juin Translation  à  Montpellier  de  l'hospice  des  Pères  de  l'Oratoire 

de  Frontignan. 
i5  novembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Verneuil,  à  Montpellier.  (Clô- 
ture le  16  février  1670.) 

17  novembre  .     Érection  de  la  terre  de  Pezens  en  baronnie  des  États,  à  la  place 

de  Saissac,  sous  le  titre  de  baronnie  de  Voisins. 
3  décembre  .     M.  d'Alzau  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de  Voisins. 
17  décembre  .     Accord  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États,  au  sujet  des 
taxes  d'industrie. 


1675,  22  janvier  . . 
26  janvier  . . , 

3  mai 

9  août 

14  novembre  , 
20  novembre  , 
17  décembre  , 


1676,    3  janvier 
16  avril, . . 


2  mai. 


septembre. , 
9  octobre  . 


Délibération  des  États  pour  la  surveillance  des  troupes  canton- 
nées en  quartier  d'hiver  dans  la  Province. 

Les  États  décident  la  construction  d'un  pont  sur  la  Garonne, 
dans  le  diocèse  de  Rieux. 

Le  Conseil  d'État  règle  la  forme  des  élections  consulaires  en 
Languedoc. 

Règlement  de  préséance  entre  le  commandant  militaire  &  le 
premier  président  du  Parlement. 

Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Verneuil,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Montpellier.  (Clôture  le  8  février  1676.) 

La  maîtrise  des  eaux  &  forêts  de  Saint-Pons  est  transférée  à 
Saint-Amans. 

Suppression  de  la  commission  de  1662  pour  la  réforme  de  l'admi- 
nistration des  communes.  —  Les  commissaires  du  roi  &  des 
États  sont  chargés  de  la  vérification  des  rôles  des  impôts  de 
chaque  commune.  —  Les  frais  des  appels  d'élections  consulai- 
res en  Languedoc  sont  rejetés  sur  les  appelants.  —  M.  de  Gra- 
mont  prend  place  aux  États  comme  baron  de  Lanta. 

Addition  au  règlement  des  États  pour  les  vicaires  généraux  & 

envoyés  des  barons. 
Dix  communes  d'Albigeois  sont  condamnées  à  payer  au  fermier 

du  domaine  la  moitié  du  droit  de  pezade. 
Première  délibération  du  conseil  de  ville  de  Montpellier  pour  la 

conduite  des  eaux  de  Saint-Clément  sur  la  place  du  Peyrou. 
Etablissement  de  l'hôpital  général  de  Montauban. 
Les  nouveaux  convertis  de  Languedoc  sont  déclarés  exempts  des 

charges    de    séquestres,    tuteurs,    curateurs    &   commissaires, 

pendant  les  trois   années  qui   suivront   leur  abjuration. 


CHRONOLOGIE.  25 

1676,  23  novembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  comte  du  Rourc,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  8  février  1677.) 

i677>     9  J3'ivier  . .  .  ■  Les  Etats  consentent  à  la  levée  d'un  régiment  de  dragons. 

2  avril Adjudication  à  Riquet  des  travaux  du  port  de  Cette,  de  l'étang 

de  Thau  &  des  canaux  du  Rhône. 

17  novembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Verneuil,  dans  la  chapelle  des 

pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  i5  janvier  1678.) 
19  novembre  .      Le  marquis  de  Saint-Point  prend  place  aux  Etats  comme  baron 
de  Sénaret,  en  Gévaudan. 
5  décembre  ,     Le  cardinal  de  Bonsy  consacre  l'évéque  de  Saint-Papoul,  dans 
l'église  des  cordeliers  de  Pézénas,  en  présence  des  États. 

1678,  i5  janvier  ...      Le  bureau  de  franc-fief  de  la  généralité  de  Toulouse  décharge 

des  taxes  les  habitants  de  la  terre  privilégiée  de  Mirepoix. 
25  janvier  ...      La  vérification  des  dettes  des  communes  est  rendue  aux  commis- 
saires du  roi  &  des  Etats. 

8  mars La  Cour  des  aides  de  Montpellier  autorise  la  ville  de  Castres  à 

prohiber  l'entrée  du  vin  étranger. 

28  avril Les  députés  du  pays  de  Vivarais  tiennent  une  assemblée  extraor- 

dinaire à  La  Voulte. 
mai Etablissement  de  l'hôpital  général  de  Montpellier. 

18  juillet  ....     Ordonnance  de  l'intendant  d'Aguesseau  pour  la  conservation  des 

grands  chemins. 
17  novembre.     Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  Calvisson,  à  l'hôtel  de 

ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  19  janvier  1679.) 
5  décembre  .      Règlement  sur  les   fonctions  des  lieutenants  généraux  dans  la 

Province. 
7  décembre  .     Le  sieur  de  Gramont  est  reçu  aux  Etats  comme  baron  de  Lanta. 

1679,  18  janvier  ...     Le  pape  Innocent  XI  reproche  à  l'archevêque  de  Toulouse  ses 

procédés  à  l'égard  des  religieuses  de  Sainte-Claire. 

19  janvier  . . .     Emprunt  de  3ooooo  livres  pour  les  travaux  du  canal. 
mars Translation  du  monastère  de  Salenques  à  Toulouse. 

avril Règlement  pour  le  serment  des  archevêques  &  évêques  reçus  au 

Parlement  de  Toulouse. 

juillet -*•  La  Chambre  de  l'édit  de  Castelnaudary  est  supprimée. 

25  septembre.      Le  Conseil  d'Etat  casse  les  délibérations  des  Etats  de  Vivarais. 

9  octobre Le  Conseil  d'Etat  casse  les  délibérations  de  l'assemblée  de  La 

Voulte. 
5  novembre  .      L'exercice  du  culte  réformé  est  autorisé  à  Portet,  avec  réserves. 

20  novembre  .      Les  protestants  sont  exclus  du  consulat  &  du  conseil  politique 

d'Anduze. 
27  novembre  .     Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Verneuil,  dans  la  chapelle  des 
pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  i5  janvier  1680.) 

29  novembre  .     Le  marquis  de  Polignac  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Châteauneuf  de  Randon,  en  Gévaudan. 
5  décembre  .-rLe  roi  ordonne  la  mise  eu  état  des  chemins  de  Limoux  &  Mire- 
poix  à  Montlouis. 


26  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

1679,  14  décembre  .      Les  Etats  accordent  une  subvention   annuelle  de  400  livres  à 

l'académie  de  peinture,  gravure,  sculpture  &  architecture  de 
Montpellier. 

1680,  janvier Erection  de  la  baronnie  de  Rouairoux  avec  entrée  aux  Etats, 

à  la  place  de  Servies, 
février Erection  du  marquisat  de  Puivert. 

18  mars Querelle  à  l'Assiette  du  diocèse  de  Mirepoix,  à  Fanjaux,  entre 

l'évèque  &  le  marquis  de  Mirepoix. 

2  avril Etablissement  d'une  subvention  à  Narbonne. 

1"  octobre  . . .     Mort  de  Riquet. 
7  novembre  .      Ouverture  des  États  par  le  marquis  de  Monfanègue,  à  l'hôtel  de 

ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  22  décembre.) 
9  novembre  .     Le  marquis  de  Caylus  est  reçu  aux  États  comme  baron  de  Rouai- 
roux. 
14  décembre  .  -  Le  roi  demande  un  nouvel  emprunt  de  400000  livres  pour  les 
travaux  du  canal. 

19  décembr    .     Règlement  des  États  pour  l'entretien  des  ponts  à  construire  sur 

le  canal  de  Languedoc. 

1681,  24  février Arrêt  du  Conseil  d'État  ordonnant  la  démolition  du  temple  de 

Saint-Hippolyte. 

avril Union   du   collège  des  jésuites  de  Toulouse  à  l'Université.  — 

Règlement  de  l'hôpital  général  de  Toulouse. 

2  mai D'Aguesseau,  La  Feuille  &  le  père  Mourgues  partent  de  Béziers 

pour  visiter  à  sec  le  canal  de  Languedoc. 

i5  mai Premier  essai  de  navigation  sur  le  canal  de  Languedoc. 

mai Érection  du  marquisat  de  Montégut. 

23  septembre.  Campredon,  ministre  du  Pont  de  Larn,  est  condamné  à  l'amende 
pour  avoir  prié  à  haute  voix  &  devant  témoins  pendant  l'ago- 
nie d'un  enfant  d'Aumontel. 

20  novembre  .    ^Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Verneuil,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  19  janvier  1682.) 
1"  décembre  .     Le  Conseil  d'État  règle  la  composition  du  conseil  politique  de 
Rabastens. 

11  décembre  .     Le  Parlement  de  Toulouse  condamne  les  réformés  de  Caraman  à 

céder  leur  cimetière. 

12  décembre  .     Le  Parlement  de  Toulouse  condamne  le  consistoire  protestant 

de  Montpellier  à  céder  à  l'hôpital  toutes  les  donations  ou  legs 

faits  en  faveur  des  pauvres  réformés. 
17  décembre  .     Les  États  accordent  une  subvention  de  i  5oo  livres  à  l'académie 

d'équitation  de  Carcassonne. 
29  décembre  .  >  Le  Parlement  de  Toulouse  défend   l'exercice  du  culte  réformé 

dans   les   temples  éloignés  de  moins  de  cent  pas  des  églises 

paroissiales. 

1682,  29  mai Le  duc  du  Maine  nommé  gouverneur  de  Languedoc.  —  Le  duc 

de  Noailles   nommé  pour  trois  ans  commandant  en  chef  en 
Languedoc. 


CHRONOLOGIE. 


27 


1682,  i3  juillet....      L'exercice  du   culte   réformé  est  interdit  à  Saint-Amans  &  La 

Bastide. 

l"  août Concession  au  duc  de  Vendôme  d'un  pont  de  bateaux  à  cons- 
truire sur  le  Rhône,  entre  Beaucaire  &  Tarascon. 

août Le  Conseil  d'Etat  ordonne  de  démolir  le  temple  de  Caraman. 

août Création  de  l'académie  royale  de  Nimes.  —  Union  du  prieuré  do 

Saint-Priest  au  séminaire  de  Mende. 
3  septembre.      Les  consuls  de  Montpellier  achètent  aux  professeurs  en  droit  les 
collège  &  maison  de  Sainte-Anne,  pour  y  installer  les  officiers 
du  petit  scel. 

septembre....     Lettres  patentes  confirmant  les  statuts  de  la  communauté  des 
fabricants  &  ouvriers  en  étoffes  de  soie  de  Nimes. 

16  octobre  ...     Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  le  culte  protestant  h  Mont- 
pellier. 

22  octobre  . . .      Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Noailles,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Montpellier.  (Clôture  le  12  décembre.) 

24  octobre...      Philippe   de   Beaufort,  marquis   de  Canillac,  prend   place   aux 
Etats  comme  baron  de  Canillac,  en  Gévaudan. 

16  novembre  .      Le  Parlement  de  Toulouse  interdit  l'exercice  du  culte  réformé  à 
Montpellier  &  ordonne  la  démolition  du  temple. 
2  décembre  .      Démolition  du  temple  de  Montpellier. 

7  décembre  .  Les  Etats  font  célébrer  un  service  funèbre  en  l'honneur  du  duc 
de  Verneuil,  dans  l'église  Notre-Dame  des  Tables  de  Mont- 
pellier. 


i683,  29  mai 


II   juillet  . . , 

18  juillet  . . 

19  juillet  .  . , 


29  juillet  . . . . 

6  septembre. 

26  septembre. 


27  septembre. 
7  octobre  . . . 

20  octobre  . . . 

23  octobre  . . . 

28  octobre  . . . 
22  novembre  . 


Ordonnance  de  M.  de  Froidour,  portant  translation  à  Mazamet 

du    siège   de    la   maîtrise  particulière  des    eaux   &  forêts   de 

Castres. 
Assemblée  des  protestants  à  Saint-Hippolyte. 
Assemblée  des  protestants  du  'Vivarais. 
La    baronnle    de    Saint -Félix    est  vendue    par   Riquet    fils   à 

M.  de  Mongeix. 
Assemblée  protestante  à  Chalencon. 
Assemblée  des  protestants  des  Cévennes  à  Colognac. 
Le  duc  de  Noailles  attaque  les  protestants  attroupés  de  Vivarais 

sur  la  montagne  de  l'Herbasse.  —  Combat  de  Pierrcgourde, 

en  Vivarais. 
Démolition  du  temple  de  Chalencon. 
Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Noailles,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  23  novembre.) 
Supplice  d'Isaac  Homel,  pasteur  de  Soyon,  en  Vivarais,  exécuté 

à  Tournon. 
Les  Etats  font  célébrer,  dans  l'église  Notre-Dame  des  Tables  de 

Montpellier,   un   service   funèbre   en    l'honneur  de   la    reine 

Marie-Thérèse. 
Entrée  des  dragons  à  Nimes  &  à  Uzès;  mesures  d'intimidation  à 

l'égard  des  protestants. 
Avis   des   États  pour  déterminer  les  conditions  de  nobilité  des 

terres  en  Languedoc. 


28  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1684,  26  juin Jugement  de  l'intendant  de  Languedoc,  condamnant  à  mort  par 

contumace  les  ministres  Icard,  Peyrol  &  Laborie,  &  pronon- 
çant diverses  peines  contre  neuf  autres  ministres. 
3  juillet  ....     Trois  ministres  des  Cévennes  sont  condamnés  à  être  roués  vifs 

&  dix  à  être  pendus. 
J^  juillet L'exercice  public  du  culte  réformé  est  interdit  à  la  Salle,  Saint- 
Roman,  Gros,  Colognac,  Manoblet  &  Valestalières,  &  les 
ministres  de  Molezon,  Genouillac,  Barre,  Saint-Etienne, 
Saint-Germain,  Saint-André  &  le  Pompidou  sont  décrétés  de 
prise  de  corps. 

3i  juillet  ....     L'exercice  public  du  culte  réformé  est  interdit  à  Mazamet. 

12  septembre.     Règlement  pour  l'élection  du  syndic  diocésain  d'Uzès  :  il  doit 
être   nommé  à   la   pluralité   des   suffrages   &  alternativement 
agréable  à  l'évêque  &  au  comte  du  Roure. 
g  octobre  . . .     Déclaration  du  roi,  réglant  les  maximes  sur  lesquelles  les  biens 
de  Languedoc  doivent  être  reconnus  nobles  ou  roturiers. 

II  octobre...  La  baronnie  de  Couffoulens  est  cédée  par  M'""  de  Calvière  au 
marquis  de  Murviel,  en  échange  de  la  terre  d'Assas. 

3o  octobre...  Lettre  de  cachet  reléguant  à  Toulouse  le  sieur  del  Giargues, 
gentilhomme  protestant  de  Vivarais. 

27  novembre  .      Le  droit  d'entrée  aux  Etats  est  rendu  à  la  terre  de  Couffoulens. 

i685,     5  mars L'académie  protestante  de  Puylaurens  est  supprimée  par  arrêt 

du  Conseil  d'Etat, 
mars Édit  réglant  les  droits  des  seigneurs  péagers  le  long  du  canal  de 

Languedoc. 
3o  avril Interdiction  du  culte  réformé  à  Uzès. 

21  mai Condamnation  du  temple  de  la  Crouzette  (Castres). 

28  mai Condamnation  du  temple  de  Saint-André  (Lodève). 

8  juin Condamnation  des  temples  de  la  Gorce  &  Salavas,  en  Vivarais. 

25  juin Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  ordonnant  aux  conseillers  protestants 

du   Parlement  de  Toulouse  de  se  dessaisir  de  leurs  charges 
dans  trois  mois.  —  Condamnation  du  temple  de  Portet. 

3q  juillet  ....  L'exercice  public  du  culte  réformé  est  interdit  à  Nimes.  —  Con- 
damnation des  temples  de  Saint-Martin  de  Bobaux,  Saint- 
Flour  de  Pompidou  &  Bédarieux. 

■7  août Impôt  diocésain  pour  la  construction  d'une  église  cathédrale  à 

Montauban. 

i3  août Commissions  royales  rappelant  d'Aguesseau  au  Conseil  d'Etat  & 

nommant  Lamoignon  de  Bâville  à  l'intendance  de  Languedoc. 

9  septembre.     Le  Conseil  d'État  ordonne  la  démolition  du  temple  de  Puylau- 

rens &  l'emploi  des  matériaux  à  la  reconstruction  de  l'église 
catholique. 
l5  septembre.  Ordonnance  du  roi,  donnée  à  Chambord,  prescrivant  à  tous  les 
protestants  qui  étaient  venus  s'établir  à  Toulouse  d'évacuer 
cette  ville  dans  le  délai  de  huit  jours.  —  Le  Conseil  d'Etat 
décide  que  les  hommages  des  fiefs  de  dignité  de  Languedoc 
seront  reçus  par  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier. 

22  septembre.     Le  débit  du  sel  de  Peccais  est  interdit  dans  le  haut  Languedoc, 


CHRONOLOGIE.  2C) 

sous  peine  d'amende  &  de  confiscation.  —  Le  marquis  de 
Montanègue,  lieutenant  de  roi,  fait  fermer  le  temple  de 
Nimes. 

1685,  23  septembre.      Le  temple  d'Alais  est  fermé. 

6  octobre  . . .      Condamnation  du  temple  de  Lunel. 

25  octobre  . . .      Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Noailles,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  lo  décembre.) 
27  octobre...     Le  marquis  de  Saint-Point  prend  place  aux  États  comme  baron 

de  Sénaret,  en  Gévaudan,  Alexandre  de  La  Tude  comme  baron 

de  Ganges,  &  le  marquis  de  Murviel  comme  baron  de  Couf- 

foulens. 
29  octobre...     Nouveaux  règlements  pour  l'ordre  &  la  discipline  des  États. — 

Règlement  pour  les  évèques  &  barons  qui  ont  droit  d'entrer 

aux  Etats. 

octobre Révocation  de  l'édit  de  Nantes. 

25  novembre  f  Le  roi  confisque  l'artillerie  municipale  de  Toulouse. 

I"  décembre  .     Les  Etats  votent  l'imposition  annuelle  de  20000  livres  pendant 

cinq   ans,  pour  la   construction  du   pont  de  Coursan  &  des 

chaussées  de  Montagnac. 
4  décembre  .     Les  États  accordent  6000  livres  aux   jésuites  de  Montpellier, 

pour  la  construction  de  leur  église. 

7  décembre  .     Le  Conseil  d'État  termine  en  faveur  du  Parlement  de  Toulouse 

\x\\  conflit  de  juridiction  avec  celui  de  Grenoble,  relativement 
au  procès  des  îles  de  Donzère. 

1686,  5  février....     La  marquis  de  la  Trousse,  commandant  en  Languedoc,  prescrit 

une  recherche  à  domicile  de  tous  les  livres  appartenant  aux 

nouveaux  convertis. 
19-20  février."  Assemblée   protestante    nocturne,   surprise  dans  les  Céveniies, 

entre  Durfort  &  Saint-Félix. 
12  mai Suppression  de   l'institut  des  filles  de  l'Enfance,  par  arrêt  du 

Conseil  d'État. 

i3  mai Règlement  des  dépenses  de  la  ville  de  Montpellier. 

2  juillet  ....     Arrêt  du  Conseil,  autorisant  la  construction  d'un  canal  de  jonc- 
tion entre  la  robine  de  Narbonne  ik  le  canal  de  Languedoc. 

août Érection  du  marquisat  de  Villeneuve  la  Crémade. 

17  octobre...  •  Ouverture  des  États  parle  duc  de  Noailles,  dans  la  grand'salle 

des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  2  décembre.) 
19  octobre...     Le  marquis  du  Tournel  prend  place  aux  États  comme  baron  du 

Tournel,  en  Gévaudan,  &  le  marquis  de  Foix  comme  baron 

de  La  Gardiole. 

octobre Troubles  du  Vigan. 

7  décembre  .     Ordonnance  du  roi,  cassant  une  délibération  de  l'hôtel  de  ville 

de  Toulouse, 
décembre  ....      Edit  pour  l'amortissement  des  biens  communaux  en  Languedoc. 

1687,  mars Erection  du  marquisat  de  Fourquevaux. 

i"  mai M.  de  Morant  nommé  premier  président  du  Parlement  de  Tou- 
louse. 


3o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1687,  i5  juillet Lettre  de   reproches  du   pape   Innocent  XI  à  l'archevêque   de 

Toulouse- 
juillet  Les  Etats  de  Languedoc  rachètent  au  comte  d'Armagnac  le  privi- 
lège des  litières. 

29  septembre.  Le  Conseil  d'Etat  donne  la  préséance  à  l'archevêque  de  Tou- 
louse sur  celui  d'Albi  dans  l'assemblée  des  Etats. 

29  octobre...  Ouverture  des  Etats  parle  duc  du  Noailles,  dans  la  grand'salle 
des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  11  décembre.) 

3i  octobre  . . .  François  de  Vabres  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de  Cas- 
telnau  d'Estrètefonts. 

octobre Etablissement  de  l'hôpital  général  de  Carcassonne. 

i3  novembre  .      Règlement  pour  les  fils  des  barons. 

25  novembre  .  Le  Parlement  de  Toulouse  est  maintenu  au  droit  de  connaître 
des  contestations  en  matière  d'impôts  dans  le  pays  de  Foix. 

l5  décembre  .  L'intendant  promet  une  prime  à  quiconque  livrera  des  guides 
ou  complices  de  religionnaires  fugitifs. 

1688,  10  février....     Les  commissaires  du  roi  réunissent  la  baronnie  de  Saint-Félix 

au   domaine,  à  titre  d'assisej   origine  d'un   procès  qui  dure 

vingt  ans. 

juin Voyage  de  Bâville  à  Toulouse,  où  il  séjourne  quinze  jours. 

2  août Arrêt  du  Conseil  d'Etat,   portant  règlement  des  assemblées  de 

l'hôtel  de  ville  de  Toulouse, 
septembre. . . .     Lettres  d'amortissement  des  biens  de  la  ville  de  Montpellier. 

25  octobre...     Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Noailles,  dans  la  grand'salle 

des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  11  décembre.) 

26  octobre  ...     Le  comte  de  Grizac  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de  Flo- 

rac,  en  Gévaudan. 

1689,  29  mars Le  Conseil  d'État  défend  aux  officiers  de  la  temporalité  de  l'ar- 

chevêché de  Narbonne  &  autres  bannerets  de  connaître  du 
fait  des  tailles  &  des  contestations  entre  les  collecteurs  &  les 
taillables. 

23  mal Prise  de  Campredon  par  le  duc  de  Noailles. 

7  juin Établissement  d'un  droit  de  subvention  à  Gignac. 

12  juillet -  Établissement  d'un  droit  sur  les  huiles  étrangères  importées  en 

Languedoc. 

août Union  de  trois  chapellenies  au  collège  des  jésuites  de  Nimes. 

7  novembre  .      Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Noailles,  dans  la  grand'salle 

des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  19  décembre.) 
2  décembre  .     Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  l'emprunt 
d'un  million,  destiné  aux  travaux  du  canal. 

1690,  23  février Règlement  pour  l'Université  de  Toulouse. 

28  mars Règlement   général   pour   l'adjudication  des   biens   abandonnés 

dans  les  communes  de  Languedoc. 
20  septembre.     Arrêt  du  Conseil  d'État  concernant  la  perception  des  tailles. 
25  octobre  . . .      Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Noailles,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier,  (Clôture  le  16  décembre.) 


CHRONOLOGIE.  3i 

1690,  octobre \  Création  d'un  office  de  garde  des  archives  dans  chaque  commune 

de  Languedoc. 

novembre....  Edit  sur  la  compétence  des  juridictions  de  Languedoc.  —  Edit 
portant  création  d'offices  en  la  Cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier. —  Les  affaires  des  domaines  &  la  réception  des  aveux 
&  dénombrements  sont  attribuées  à  la  Cour  des  comptes,  aides 
&  finances  de  Montpellier. 

i3  décembre  .  Accord  entre  les  commissaires  du  roi  &  de  la  Province  pour  les 
travaux  du  port  de  Cette. 

1691,  9  janvier  . . .  <  Défense  est  faite  aux  habitants  du  haut  Languedoc  d'user  d'autre 

sel  que  de  Peiriac,  Mandirac  &  Sigean. 

avril Création  d'amirautés  dans  la  province  de  Languedoc. 

1 1   juillet  ....     Le  duc  de  Noailles  prend  la  Seu  d'Urgel. 

20  août Arrêt  du  Conseil  d'Etat  concernant  la  levée  des  tailles. 

28  août La  saisie  des  bestiaux  est  interdite  en  Languedoc. 

29  octobre  . . .     Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Noailles,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  i5  décembre.) 

30  octobre  ...     Le  marquis  de  Polignac  prend  place  aux  Etats  comme  vicomte 

de  Polignac. 
l3  décembre  .L'intendant  ordonne  le  défrichement  de  la  montagne  de  Saint- 
Amans,  pour  y  empêcher  les  assemblées  protestantes. 

1692,  février Suppression  des  amirautés  de  Toulouse  &  de  Frontignan. 

septembre....  Confirmation  du  privilège  de  noblesse  des  capitouls  de  Tou- 
louse. 

20  novembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  comte  de  Peyre,  dans  la  chapelle  des 

pénitents  noirs  de  Pézénas.  (Clôture  le  16  janvier  1693.) 
i3  décembre  .     Réclamation  des  États  contre  l'édit  de  novembre  1690. 

1693,  janvier Les  assemblées  diocésaines  de  Languedoc  sont  maintenues  au 

droit  d'élire  leurs  syndics, 
mars Les  biens  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier  sont  désunis 

de  l'ordre  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  &  de  Saint-Lazare, 
avril Les  nobles  de  Languedoc  sont  déchargés  des  offices  créés  pour 

l'arrière-ban.  —  Etablissement  d'un  hôpital  général  à  Saint- 
Didier  en  Vêlai. 

9  juin Prise  de  Roses  par  le  maréchal  de  Noailles. 

24  juillet  ....     Le  grand  maître  des  eaux  &  forêts  ordonne  aux  riverains  du 

Girou  d'élargir  le  lit  de  cette  rivière. 

août Edit  pour  l'affranchissement  des  failles  en  Languedoc. 

6  octobre  . . .     Etablissement  d'une  subvention  à  Lunel  pour  le  rachat  des  cen- 

sives,  lods  &  ventes  du  domaine. 
19  novembre.      Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  Calvisson,  à  l'hôtel  de 

ville  de  Narbonne.  (Clôture  le  23  janvier  1694.) 

1694,  2  juin La  Cour  des  aides  de  Montpellier  règle  les  droits  à  payer  pour 

la  confection  du  papier  terrier. 

21  juin Arrêt  du   Conseil   portant  que,  suivant  l'usage  du   Languedoc, 


32  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  collecteurs  des  tailles  doivent  être  préférés  à  tous  autres 
créanciers. 

1694,  3o  juin Le    sieur  de  Marliave,    acquéreur  de   l'office  de  maire  d'Albi, 

cède  la  mairie  à  l'archevêque  Le  Goux  de  la  Berchère,  au  prix 
de  3oooo  livres. 

Juin Établissement  de  l'hôpital  du  Puy  en  Vêlai.  —  Lettres  patentes 

confirmant  les  bulles  d'érection  de  l'évêché  d'Alais.  —  Erec- 
tion de  la  terre  de  Tornac  en  baronnie  des  Etats. 

i3  juillet  ....      L'office  de  maire  d'Albi  est  uni  à  l'archevêché. 

29  juillet  ....      Prise  de  Girone  par  le  maréchal  de  Noailles. 

juillet Établissement  de  l'hôpital  général  d'Albi. 

17  août Confirmation  du  franc-alleu  de   Languedoc   :   le   Conseil  d'État 

décide  que  les  possesseurs  de  fonds  roturiers  en  Languedoc 
les  possèdent  allodialement,  sauf  production  de  titres  contrai- 
res, &  maintient  les  possesseurs  de  fîefs  nobles  de  l'ancienne 
sénéchaussée  de  Toulouse  dans  l'exemption  des  droits  de  lods 
&  autres  profits  de  fiefs  aux  mutations. 
4  octobre  . . .  Règlement  du  Conseil  d'État  pour  la  direction  de  l'hôpital  Saint- 
Eloi  de  Montpellier. 

25  novembre  .  Ouverture  des  États  par  le  comte  du  Roure,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Narbonne.  (Clôture  le  19  janvier  1695.) 

27  novembre  .  Le  comte  de  Calvisson  est  reçu  aux  États  comme  baron  de  Cal- 
visson.  —  Le  comte  du  Tournel  prend  place  aux  Etats  comme 
baron  du  Tournel,  en  Gévaudan.  —  Le  marquis  de  Tornac 
prend  place  aux  États  comme  baron  de  Tornac. 

10  décembre  .  La  proposition  d'établir  un  impôt  de  capitation  est  faite  aux 
États  de  Languedoc. 

i6o5  25  janvier  ...  Le  Conseil  d'État  désigne  les  villes  d'Alais,  Anduze,  le  Vigan, 
Sauve  &  Sainl-Hippolyte  pour  la  tenue  de  l'Assiette  diocésaine. 

22  avril Union  des  maladreries  de  Castanet  &  Portet  &  des  hôpitaux  de 

Pibrac  &  d'Escalquens  à  l'hôpital  de  Castanet. 

avril Édit  réglant  la  compétence  de  l'intendant  de  Languedoc  dans  les 

matières  d'administration  provinciale. 

10  juin Les    maladreries  de  Baillargues,  Fabrègues  &  Mauguio,  &  les 

hôpitaux  de  Lattes,  Castelnau,  Le  Crès  ik  Saint-Siméon  de 
Salafons  sont  unis  à  l'hôpital  général  de  Montpellier. 

juillet Établissement  de  l'hôpital  général  des  incurables  de  Toulouse. 

3i  août Le  Conseil   d'État  défend  aux   agents  du  comte  d'Armagnac  de 

troubler  les  entreprises  de  litières  de  Languedoc  à  Paris. 

10  septembre.  L'hôpital  de  Sainte-Radegonde  &  les  maladreries  d'Arnaud-Ber- 
nard, de  Saint-Cyprien  &  de  Saint-Michel  sont  unis  à  l'hôpi- 
tal des  incurables  de  Toulouse. 

septembre....  Érection  de  la  baronnie  du  Roure,  en  Gévaudan,  avec  entrée 
aux  États,  à  la  place  de  Chàteauneuf  de  Randon. 

19  octobre  . . .  Ouverture  des  États  par  le  comte  de  Peyre,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Montpellier.  (Clôture  le  24  décembre.) 

22  octobre  ...  Le  marquis  de  Bouzols  prend  place  aux  Etats  comme  baron  d'Aps, 
ik  le  marquis  de  Mériuvillc  comme  baron  de  Ricux. 


CHRONOLOGIE.  33 

1690,  24  octobre...     Le   comte  du   Roure   prend    place  aux   Etats  comme  baron   du 
Roure,  en  Gévaudan. 
12  décembre  .     Le  bailliage  de  Gévaudan  obtient  le  pouvoir  de  juger  en  dernier 
ressort  la  compétence  du  prévôt  des  maréchaux. 

1696,  mars Union  des  maladreries  &  de  l'hôpital  d'Albi. 

22  avril j^  La  maladrerie  de  Villefranche  de  Lauragais  est  unie  à  l'hôpital. 

8  mai La  Province  obtient  rang  de  créancier  privilégié  sur  les  offices 

de  receveurs  des  tailles. 

niai Création  des  offices  de  prévôts  diocésains. 

juin Union  des  hôpitaux  de  Miramont  &  du  Vernet  à  celui  de  Murer, 

—  de  Bouloc,  Saint-Alban,  Castelginest,  Gargas  &  Vacquiers 
à  celui  de  Castelnau  d'Estrètefonts,  —  du  Bourg  Saint-Ber- 
nard à  celui  d'Auriac,  —  de  Saint-Sulpice  de  la  Pointe,  Bes- 
sières  &  Montastruc  à  celui  de  Verfeil.  —  Union  de  la  maison 
Saint-Lazare  de  Baziége  à  l'hôpital  du  lieu.  —  Le  marquis 
d'Ambres  achète  le  domaine  de  Giroussens. 

îi  septembre.  Henri-Jules  de  Bourbon,  prince  de  Conti,  obtient  le  comté 
d'Alais,  en  suite  d'un  acte  de  partage. 

octobre -^  Création  de  la  manufacture  de  la  Trivalle. 

i5  novembre.  Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  Calvisson,  à  l'hôtel  de 
ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  22  janvier  1697.) 

26  novembre.  Les  Etats  nomment  Claude-Gilles  Lecamus  inprimeur  de  la 
Province. 

3i  décembre  .  Les  Etats  réclament  contre  l'application  de  la  coutume  de  Paris 
aux  fiefs  de  Languedoc,  non  compris  dans  les  inféodations  de 
Simon  de  Montfort. 

1697,  3o  avril Déclaration   du    roi,  portant  règlement  pour  le   payement  des 

dettes  diocésaines  &  communales  en  Languedoc.  —  Règle- 
ment pour  les  affaires  des  communes  de  Languedoc. 

avril Erection  du  comté  de  Brassac. 

12  août Organisation  du  conseil  politique  de  Béziers. 

août Approbation  des  statuts  du  chaiiitre  Saint-Sernin  de  Toulouse. 

22  octobre  ...     Le  Conseil  d'Etat  maintient  aux  consuls  de  Montpellier  la  con- 

naissance des  affaires  de  police  en  première  instance.  —  Rè- 
glement du  Conseil  d'Etat  pour  la  fabrication  des  draps  du 
Levant. 

octobre Privilège    accordé    à    Chamberlin,    pour    l'établissement    d'une 

fabrique  de  filelles  d'étoffes  appelées  Maroc. 

20  novembre  .  Ouverture  des  Etats  par  le  comte  du  Roure,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Montpellier.  (Clôture  le  27  janvier  1698.) 

23  novembre  .      Déclaration  du  roi  portant  défense  aux  protestants  de  Langue- 

doc de  s'établir  à  Orange. 

1698,  10  février....     Le  Conseil  d'Etat  fixe  dans  la  ville  d'Alais  la  tenue  annuelle  de 

l'Assiette  diocésaine. 

5  mai Le   roi    fait  dou   aux   habitants  de   Revel   de   l'emplacement  du 

'temple  pour  y  construire  une  église. 

XIII.  3 


34  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1698,   i''  juin Incendie  de  l'église  de  Lauuaguet,  près  Toulouse. 

i3  juin Union  de  la  maladrerie  de  Montpezat  à  l'Hôtel-Dieu  de  Soni- 

mières. 

16  octobre Les  jésuites  établissent  trois  chaires  de  théologie  au  Puy. 

OLtobre Etablissement  de  l'hôpital  général  de  Pézénas. 

4  novembre  .     Le  ministre  Claude  Brousson  est  condamné  à  mort. 
20  novembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  comte  de  Peyre,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Narbonne.  (Clôture  le  10  janvier  1699.) 

1C99,  février Union  de  la  mairie  de  Monestier  à  l'archevêché  d'Albi. 

14  avril La  commune  de  Lunel  emprunte  pour  racheter  la  baronnie  de 

Lunel,  acquise  par  M.  de  Calvisson. 
4  mai Tous  les  propriétaires  de  biens  roturiers  sont  soumis  à  l'imposi- 
tion des  gages  des  maîtres  &  maîtresses  d'école. 
1 1   août Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  concernant  la  levée  des  tailles. 

17  octobre...      Règlement  pour  la  culture  &  l'apprêt  du  pastel  en  Languedoc. 

18  novembre.      Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  Calvisson,  à  l'hôtel  de 

ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  iZ  janvier  1700.) 

1700,  25  janvier  ...     Le  duc  d'Uzès  est  débouté  de  sa  prétention  d'entrer  à  l'Assiette 
diocésaine. 
4  mars Arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  réglant  la  percep- 
tion des  droits  forains  sur  les  eaux-de-vie. 

22  mars Le  Conseil  d'Etat  ordonne  que  la  place  de  premier  consul  de 

Montpellier  sera  toujours    remplie   par  un   gentilhomme   ou 
noble  faisant  profession  des  armes. 

3o  mars Les  communes  de  Languedoc  sont  autorisées  à  faire  des  imposi- 
tions ou  des  emprunts  pour  rembourser  les  acquéreurs  d'offices 
municipaux. 

ninrs »  Suppression  des  offices  de  commissaires  enquêteurs  &  examina- 
teurs en  Languedoc.  —  Edit  supprimant  les  offices  de  substi- 
tuts des  avocats  &  procureurs  du  roi  dans  les  juridictions 
subalternes  de  Languedoc  &  attribuant  aux  substituts  des 
Cours  supérieures  les  fonctions  d'adjoints  aux  enquêtes. 

10  mai Le  Conseil  d'État  déclare  l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier 

purement  régulier  &  hospitalier. 

17  juin La  baronnie  de  Montlor  est  vendue  par  le  prince  d'Harcourt  au 

marquis  de  Vogué. 
9  juillet Le  Parlement  de  Toulouse  défend  de  siffler  à  l'opéra. 

27  juillet  ....     Arrêt  du  Conseil  d'État,  réglant  la  fonction  des  prévôts  diocé- 
sains de  Languedoc  &  le  commandement  des  maréchaussées 
en  l'absence  du  prévôt  général. 
7  septembre.     Les  Etats  de  Languedoc  sont  autorisés  à  nommer  tous  les  ans  un 

marchand  pour  entrer  au  conseil  de  commerce. 
2  octobre  ...     Le  Conseil   d'État   casse    un   arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de 
Montpellier  &  lui  défend  de  connaître  des  ordonnances  de 
l'intendant. 
9  novembre.     Arrêt  du  Conseil  d'État,  déterminant  l'application  du  droit  de 
franc-fief  en  Languedoc. 


CHRONOLOGIE.  35 

1700,  23  novembre.      Le  Conseil  d'Etat  défend  à  la  Cour  des  aides  de  Montpellier  de 

connaître  des  indemnités  accordées  par  les  États  à  l'occasion 
du  canal  de  Languedoc. 
25  novembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  comte  du  Roure,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Montpellier.  (Clôture  le  10  janvier  1701.) 

1701,  février Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  réglant  le  prix  de  la  poudre  &  du  ploml) 

en  Languedoc. 

22  mars Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  remise  aux  archives  de  la  Chambre 

des  comptes  de  Montpellier  des  titres  recueillis  dans  les  archi- 
ves des  sénéchaussées  de  Languedoc  &  en  retient  un  certain 
nombre  pour  le  trésor  des  chartes. 

3o  mars Règlement  des  préséances  entre  les  officiers  royaux  &  les  consuls, 

dans  les  assemblées  &  cérémonies  publiques. 

avril Louis  de  Beaumont  obtient  le  monopole  de  la  glace  en  Lan- 
guedoc. 

3  mai Les  communes  do  Languedoc  sont  autorisées  à  rembourser  les 

offices  d'assesseurs  des  maires. 

14  mai Le  commerce  des  blés  de  Languedoc  est  déclaré  libre,  &  l'entrée 

de  la  Province  défendue  aux  blés  étrangers. 

17  mai Règlement  pour  les  vins  de  Languedoc  voitures  à  Bordeaux. 

Si   mai Le  Conseil  d'Etat  ordonne  l'élargissement  du  Girou  &  de  ITtcrs. 

5  juillet  ....     Suppression  des  offices  de  contrôleurs  aux  saisies  réelles. 

14  juillet  ....     Règlement  dressé  par  la  Cour  des  aides  de  Montpellier  pour  la 
commune  de  Grisolles. 

16  août Le    Conseil    d'Etat   ordonne    que    les    adjudications    d'ouvrages 

publics  payés  par  la  Province  seront  faites  par  les  commis- 
saires du  roi  8c  par  ceux  des  Etats.  —  Le  Conseil  d'État  per- 
met d'entreposer  les  denrées  &  marchandises  au  port  de  Cette 
&  d'y  convertir  les  vins  en  eau-de-vie,  sans  payer  aucun  droit 
de  sortie. 

3i  août '  Ouverture  des  États  par  le  comte  de  Peyre,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Carcassonne.  (Clôture  le  24  octobre.) 
9  septembre.     Supplice  du  prédicant  Daniel  Raoul,  de  Vagnas. 

14  septembre.     Assemblée  protestante  surprise  au  creux  de  Vaie,  près  les  Ou- 

lières,  en  Vivarais. 
3  octobre... 4  Défense  est  faite  aux  gouverneurs  d'assister  aux  assemblées  des 
hôtels  de  ville  &  de  s'immiscer  dans  les  élections  consulaires 
&  autres  affaires  des  communes. 

6-7  novembre.     Assemblée   protestante   surprise  à  Tornac,  dans  les  Cévennes, 
pendant  la  nuit. 

20  décembre  .     Le  Conseil  d'État  règle  la  levée  des  taxes  de  la  capitation  en 
Languedoc. 

1702,  janvier Concession  au  duc  de  Noailles  des  travaux  de  dessèchement  des 

marais  du  bas  Languedoc,  &  de  l'établissement  d'un  canal  entre 
Aigues-mortes  &  Beaucaire. 

14  mars Le  monopole  de  la  glace  est  suspendu  pendant  la  durée  de  la 

foire  de  Beaucaire. 


36 

1702, 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

i5  mars ^  Les  droits  de  sortie  sur  les  fers  de  Languedoc  transportés  en 

Provence  sont  rétablis  d'après  l'ancien  tarif  de  la  foraine. 

22  mars Surprise  d'une  assemblée  protestante  dans  les  garrigues  de  Vau- 

vert. 

5  avril Gouze,  de  Pignan,  est  pendu  à  Villemagne,  pour  avoir  assisté  à 

une  assemblée  protestante. 

22  avril Supplice  de  Montbonnoux,  de  Bernis,  pendu  pour  avoir  assisté 

à  une  assemblée  protestante. 

9  mai y  L'établissement  d'entrepôts  particuliers  est  autorisé  sur  les  bords 

du  canal  de  Cette  aux  étangs,  ainsi  que  la  fabrication  de  l'eau- 
de-vie. 

ij  mai La  Cour  des   aides   de   Montpellier  liquide  à  21992   livres  les 

arrérages  des  tailles  dus  pour  la  terre  de  Rieux  par  la  succes- 
sion de  la  comtesse  de  Mérinville. 
mai Création  des  offices  de  conseillers  de  ville,  auditeurs,  exami- 
nateurs  &   rapporteurs    des   comptes    d'impositions   en   Lan- 
guedoc. 

Le  règlement  de  préséance  du  3o  mars  1701  est  déclaré  applicable 
aux  officiers  des  justices  seigneuriales. 

Débordement  du  Sor  qui  détruit  nombre  de  maisons  &  de  mou- 
lins &  ravage  un  vaste  terroir. 

Addition  au  règlement  pour  l'administration  des  biens  abandon- 
nés dans  les  communes  de  Languedoc. 

Surprise  d'une  assemblée  protestante  à  Peyremale  des  Cévennes; 
le  prédicant  y  est  tué. 

Ordonnance  de  l'intendant,  réglant  la  marche  des  officiers 
royaux  &  des  maires  &  consuls  dans  les  processions. 

Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  le  passage  des  carrosses  & 
des  charettes  sur  le  pont  Saint-Esprit. 

Assemblée  protestante  sur  la  montagne  du  Bougés. 

Assassinat  de  l'abbé  du  Chayla,  au  Pont  de  Montvert,  &  du  curé 
de  Frugères. 

Incendie  de  l'église  de  Saint-André  de  Lancise;  assassinat  du 
curé  &  du  maître  d'école. 

Massacres,  pillage,  incendie  au  château  de  La  Cam  de  Ladevèze. 

Combat  de  Fontmorte,  près  Florac. 

Supplice  d'Esprit  Séguier,  de  Nouvel  &  de  Bonnet,  premiers  chefs 
des  attroupés  des  Cévennes. 

Assassinat  de  M.  de  Saint-Cosme,  sur  la  route  de  Vauvert  à  Cou- 
dougnan. 

Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  de  la  Cour  des  aides  de  Mont- 
pellier &  lui  interdit  toute  connaissance  de  la  capitation. 

Supplice  de  Pierre  Bousanquet,  du  Cayla,  roué  à  Nimes. 

Combat  de  Chanip-Domergues, 

Défense  est  faite  pour  dix  ans  aux  créanciers  des  communes  & 
aux  collecteurs  des  tailles  de  faire  saisir  les  bestiaux.  —  Dé- 
fense d'établir  des  pêcheries  dans  les  canaux  faits  par  la  pro- 
vince de  Languedoc.  —  Le  Conseil  d'État  déclare  que  les  ports 
de  Languedoc  demeureront  ouverts  pour  le  commerce  de  la 


12 

juin 

16 

juin 

27 

juin 

lui 

n 

8 

juillet 

17 

juillet 

23 

juillet  . . . . 

24 

juillet 

25 

juillet 

27 

juillet 

jui 

llet 

12 

août 

i3 

août 

5 

septembre. 

7 

septembre. 

II 

septembre. 

3 

octobre  . . . 

CHRONOLOGIE. 


37 


1702,  10  cctobre  . , , 
17  cctobre  . . , 

22  octobre  . . 
28  octobre  . . , 
octobre 

9  novembre  , 

23  novembre  . 


novembre  . . . 
5  décembre 

24  décembre 
27  décembre 
3i   décembre 


Province  &  que  le  munitionnaire  des  armées  du  roi  aura  la 

condition  des  autres  marchands  étrangers. 
Suppression  de  l'office  de  substitut  de  l'avocat  &  procureur  du 

roi  au  siège  de  Villeneuve  de  Berg. 
Suppression  de  l'office  d'enquêteur  &  commissaire  examinateur 

au  siège  royal  d'Espéraza. 
La  Porte,  chef  camisard,  est  pris  &  tué  à  Montlezon. 
Exposition  de  tètes  de  camisards  à  l'Esplanade  de  Montpellier. 
Nouvel  édit  pour  l'affranchissement  des  tailles  en  Languedoc. 
Ouverture  des  États  par  le  comte  de  Calvisson,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  i5  janvier  1703.) 
Les  officiers  des  maîtrises  des  ports  de  Languedoc  sont  mainte- 
nus dans   la   fonction   d'expédier   les  acquits,   obligations   & 

décharges. 
Incendies  d'églises  &  de  presbytères  par  la  troupe  de  Cavalier. 
Le  roi  d'Espagne  passe  à  Montpellier.  —  Combat  du  bois  de 

Vaquières. 
Combat  dans  les  prairies  d'Alais;  défaite  du  chevalier  d'Aiguines. 
Roland  &  Cavalier  occupent  Sauve  par  surprise. 
Onze  curés  se  réfugient  à  Saint-Hippolyte. 


1703,   12  janvier...      Combat  du  Val  de  Bane  ;  défaite  du  comte  de  Broglie. 
i3  janvier  . . .      Les  camisards  incendient  le  village  de  Pouls. 
23  janvier  . . .     Surprise  d'un  convoi  du'  régiment  de  Marcilly. 

26  janvier  . . .     Concentration  des  bandes  de  Castanet,  de  Joany  &  de  Moulines 

à  Saint-André  de  Valborgne. 

27  janvier  . . .      Roland  incendie  le  château  de  Saint-Félix. 

3o  janvier  ...      Le  maréchal  de  Montrevel  nommé  commandant  en  chef. 

10  février....      Combat  de  Vagnas. 

11  février Second  combat  de  Vagnas,  où  Cavalier  est  défait.  —  Assemblée 

de  Vébron,  où  Castanet  fait  assister  le  baron  de  Saïgas. 
17  février....      La  bande  de  Joany  occupe  Genouillac;  massacre  des  catholiques 

dans  les  environs. 
20  février. . . .      Combat  du  Mas  de  Seirieres,  près  Nimes  ;  défaite  de  Ravanel. 

23  février. . . .     Ordonnance  du  roi  contre  les  attroupements.  —  Ordonnance  du 

maréchal  de  Montrevel  contre  les  camisards  pris  les  armes  à 
la  main. 

24  février Ordonnance  du  maréchal  de  Montrevel  contre  les  fanatiques. 

■i5  février Le  maréchal  de  Montrevel  fait  brûler  le  village  de  Marvéjols- 

lès-Gardon. 

4  mars Combat  de  Saint-Mamet. 

6  mars Combat  de  Pompignan  ;  défaite  des  camisards. 

l5  mars Les  camisards  brûlent  l'église  de  Saint-Laurent  d'Aigouse. 

27  mars Enlèvement  des    habitants   de   Mialet  par  un   détachement   du 

régiment  de  Hainaut. 

I"  avril Massacre  des  protestants  assemblés  au  moulin  du  faubourg  des 

Carmes,  près  Nimes. 
3  avril Règlement  du  Conseil  d'Etat  pour  les  visites  des  gardes  des  ga- 
belles &  la  pénalité  des  faux-sauniers  domiciliés  en  Languedoc. 


38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1703,  10  avril Désarmement  des  protestanls  de  Nimes. 

i3  avril .-    Les  blés  de  Languedoc  sont  déchargés  des  droits  de  sortie  jus- 
qu'au V  juillet  suivant. 

17  avril Les  quatre  offices  d'auditeurs  des  comjJtes  créés  à  Toulouse  sont 

réunis  au  corps  de  ville. 

21  avril Cavalier  attaque  un  convoi  d'argent  entre  Durfort  &  Anduze. 

29-30  avril . . .     Surprise  nocturne  des  camisards  à  la  tour  de  Billot,  par  le  briga- 
dier de  Planque. 

i"  mai Bulle  du  pape  Clément  XI  contre  les  camisards. 

8  mai •  Tous  les  propriétaires  de  biens  roturiers  sont  soumis  à  l'imposi- 
tion pour  construction  &  réparation  des  églises  &  presbytères. 
Tous  les  habitants  de  Languedoc,  domiciliés  ou  forains,  sont 
soumis  aux  impositions  faites  pour  la  construction  des  églises, 
cimetières  &  maisons  presbytérales. 

12  mai Arrestation  du  baron  de  Saïgas. 

18  mai Combat  de  Brueis. 

iç  juin La  province  de  Languedoc  est  déchargée  du  droit  de  banvin. 

28  juin Le  baron  de  Saïgas  est  condamné  aux  galères  perpétuelles. 

juin La  reine  Anne  d'Angleterre  envoie  un  émissaire  dans  les  Cé- 

vennes. 
17  juillet Les  communes  de  Languedoc  qui  ont  acheté  les  cens  &  rentes 

sont  affranchies  des  droits  de  nouvel  acquêt  &  d'amortissement. 

27  juillet....      Combat  de  Serignac. 

7  août Le    syndic    de    la    province   de    Languedoc   est   admis    dans    la 

Chambre  de  commerce,  pendant  son  année  de  députa tion  à 
la  Cour. 

14  août Les  blés  de  Languedoc  exportés  à  l'étranger  obtiennent  libre 

sortie. 

21  août Suppression  des  offices  de  conseillers  de  ville  &  auditeurs  des 

comptes  en  Languedoc.  ■ —  Suppression  des  offices  d'auditeurs 
des  comptes  communaux  en  Languedoc. 
26  août Combat  de  la  Combe  de  Bisoux,  près  Anduze. 

28  août Arrêt   du   Conseil   d'Etat,   pour   le   creusement   des   rivières   de 

l'Hers  &  du  Girou. 

août Nombreuses  exécutions  capitales  à  Nimes. 

1"^'  septembre.      Massacre  d'un  détachement  du  régiment  de  La  Fare  près  Saint- 

Hippolyte. 
6  septembre.      Lettre  pastorale  de  Fléchier  aux  ecclésiastiques  de  son  diocèse, 

sur  les  désordres  des  camisards. 
II   septembre.      Ordonnance  du  roi,  défendant  de  circuler  dans  la  Province  sans 

passeport. 
14  septembre.     Ordoiinance  du  maréchal  de  Montrevel  pour  la  destruction  des 

paroisses  condamnées  dans  les  hautes  Cévennes. 
îo  septembre.     Ordonnance  du  maréchal  de  Montrevel,  indiquant  des  villes  do 

retraite  aux  anciens  catholiques  des  Cévennes  pendant  la  dé- 
vastation du  haut  pays. 

22  septembre.     Surprise  de  Saint-Cériez  &;  de  Saturargues  par  les  camisards. 

26  septembre.      Le  maréchal  de  Montrevel  part  d'Alais  pour  commencer  la  dévas- 
tation des  hautes  Cévennes. 


CHRONOLOGIE.  ^ 

1703,  29  septembre.     Commencement  de   la  dévastation   des  hautes  Cévenues  par  le 

brigadier  Julien. 

2-3  octobre  . .      Cavalier  attaque  Sommières  pendant  la  nuit. 

23  octobre...  Révocation  du  privilège  de  Chamberlin  pour  les  filelles  do 
Maroc,  à  cause  de  non-exécution  d'engagements.  —  Règle- 
ment des  droits  de  la  foraine  &  de  la  douane  de  Lyon  sur  l'eau 
de  la  reine  de  Hongrie,  l'eau  de  Cette,  l'eau  de  thym,  les  sirojis 
de  grenade  &  autres  liqueurs  fabriquées  à  Montpellier. 

28  octobre...      Combat  de  Fan. 

12  novembre  .      Combat  de  Nages. 

23  novembre  .  Combat  de  Vergèse.  —  Assassinat  de  M""  de  Miraman,  sur  un 
grand  chemin. 

28  novembre  .   "Ouverture  des  Etats  par  le  maréchal  de  Montrevel,  à  l'hôtel  de 

ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  8  janvier  1704.) 
I"  décembre  .     Le  comte  de  Florac  prend   place  aux  Etats  comme  baron  du 
Koure,  en  Gévaudan. 

5  décembre  .     Le  marquis  de  Saint-Sulpice  est  reçu  aux  États  comme  baron  de 

Castelnau  de  Bonnafous. 
14  décembre  .     Fin  de  la  dévastation  des  hautes  Cévenues. 

17  décembre  .     Combat  des  Roques  d'Aubais. 
20  décembre  .     Combat  de  Tornac. 

29  décembre  .     Établissement  d'une  Chambre  de  commerce  à  Toulouse. 

1704,  i5  janvier  ...     Établissement  d'une  Chambre  de  commerce  à  Montpellier. 

18  janvier  ...     Combat  du  pont  de  Vallongue. 

30  janvier  ...     Les  États  accordent  un  secours  de  6000  livres  aux  catholiques 

des  Cévennes. 

3  février....     Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  États  de  Lan- 

guedoc pour  l'affranchissement  de  100 000  livres  de  tailles,  au 
prix  de  1  200000  livres. 

19  février....     Soulèvement  en  Vivarais.  Incendies  d'églises. 

6  mars Supplice  de  la  grande  Marie,  prophétesse  des  Cévennes,  &  du 

camisard  Jonquet.  —  Les  protestants  de  Nimes  présentent  un 
placet  au  maréchal  de  Montrevel. 

i5  mars Combat  des  Devois  de  Martignargues;  défaite  des  troupes  de  la 

marine. 

3o  mars Le  maréchal  de  Villars  nommé  commandant  en  chef  en  Lan- 
guedoc. 

i3  avril Cavalier  occupe  Saint-Génies. 

16  avril Combat  de  Caveirac.  —  Combat  de  Nages.  Défaite  de  Cavalier 

par  le  maréchal  de  Montrevel. 

18  avril Le  maréchal  de  Montrevel  quitte  la  Province. 

19  avril Conjbat  du  bois  d'Yeuzet. 

20  avril Arrivée  du  maréchal  de  Villars  en  Languedoc. 

22  avril Les  protestants  de  Nimes  présentent  une  requête  au  maréchal 

de  Villars. 

4  '"•■''' Commission  du  maréchal  de  Villars  au  baron  d'AignlIiers. 

12  niiii Conférence  du  pont  d'Avènes,  entre  Cavalier  &  le  marquis  de 

la  Lande.  —  Combat  de  Fontmorte. 


40  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1704,   16  mai Entrevue  du  maréchal  de  Villars  &  de  Cavalier. 

j^  mai Cavalier  entre  avec  sa  troupe  à  Calvissoii.  —  Reddition  de  Ca- 
valier. 

28  mai Soulèvement  de  Ravanel  contre  Cavalier. 

29  mai Ordonnance  du  maréchal  de  Villars  contre  les  assemblées. 

3  juin Concentration  des  camisards  soumis  à  Vallabrègues,  dans  une  île 

du  Rhône. 

10  juin L'importation    en   Vivarais   des   vins  du   Dauphiné,    du   comtat 

d'Avignon  &  de  la  principauté  d'Orange  est  interdite  de])uis 
la  fête  de  Noël  jusqu'aux  vendanges. 

15  juin Embarquement  à  Nice  de  secours  destinés  aux  camisards  par  le 

duc  de  Savoie. 
ly  juin Ordonnance  du  maréchal  de  Villars  contre  les  parents  des  in- 
soumis. 

22  juin Départ  de  Cavalier  pour  Neu-Brisach. 

26  juin L'escadre  du  duc  de  Savoie  est  dispersée  par  la  tempête. 

28  juin Enlèvement  de  familles  des  insoumis. 

30  juin Le  Conseil  d'État  interdit  l'entrée  des  États  de  Languedoc  aux 

gentilshommes  envoyés  de  la  noblesse  qui  auront  fait  des  con- 
trats pour  obtenir  leur  procuration. 

16  juillet  ....      Attaque  de  Pont  de  Montvert  par  les  bandes  de  Ravanel  &  de 

Joany. 

29  juillet  ....     Conférence  du  baron  d'Aigalliers  avec  Roland,  dans  le  château 

de  Durfort. 

juillet Suppression  de  l'office  de  second  président  au  bureau  des  finan- 
ces de  Toulouse. 

14  août Roland  est  surpris  &  tué  au  château  de  Castelnau. 

19  août Les  trente-deux  communes  de  Gévaudan  brûlées  par  ordre  du 

roi  sont  déchargées  de  la  taille  &  de  la  capitation  pour  les 
années  1701,  1702  &  1708. 

30  août Conférence  du  baron  d'Aigalliers  avec  les  camisards  de  Roland, 

au  château  de  Toi  ras. 
6  septembre.      Soumission  de  Castanet,  chef  camisard. 
14  septembre.      Surprise  des  camisards  de  Ravanel  dans  les  bois  de  Saint-Rénézet 

&  de  Vaquières. 
19  septembre.      Soumission  du  camisard  Catinat.  —  Assassinat  du  seigneur  de 

Saint-André  de  Valborgne. 

23  septembre.      Le  baron  d'Aigalliers,  banni  du  royaume  par  lettre  de  cachet,  se 

retire  à  Genève. 
25  septembre.      Soumission  du  camisard  Beulaygue  de  Rochegude. 
3o  septembre.      Les  communes  brûlées  de  Gévaudan  sont  déchargées  de  la  taille 

&  de  la  capitation  pour  l'année  1704.  —  Les  États  généraux 

des   Provinces-Unies  autorisent   l'envoi  de  loooo  florins  aux 

camisards. 

4  octobre...      Le   camisard  Joany  se   rend   avec   sa    troupe  au   marquis  de  la 

Lande. 
9  octobre  ...     Soumission  des  camisards  La  Rose,  Valette,  La  Forêt,  Salomon, 
Moulières,  Salles,  Abraham  &  Marion. 

11  octobre...      Le  Conseil  d'Etat,  cassant  deux  arrêts  de  la  Cour  des  aides  de 


CHRONOLOGIE.  41 

Montpellier,  décharge  les  receveurs  des  tailles  de  l'obligation 
de  nourrir  les  collecteurs  &  cautions  qu'ils  auront  fait  empri- 
sonner. 

1704,  II  octobre...     La  Province  obtient  rachat  du  droit  de  deux  deniers  pour  livre 

sur  la  viande  de  boucherie. 

16  octobre...      Défense  est  faite  aux   trésoriers  de  France  &  aux  officiers  des 

sénéchaussées  de  Languedoc  de  faire  aucune  poursuite  pour 
l'enregistrement  des  acquisitions  du  domaine  &  des  provisions 
d'offices. 

18  octobre...      Les  habitants  de  Saint-Series  &  de  Saturargues  sont  déchargés 

de  la  taille  de  1704. 

20  octobre...-  Règlement   pour  la  fabrication  des  serges   impériales  en   Lan- 

guedoc. 

21  novembre.     Les    biens    incendiés   de    Saint-Etienne  de  Valfrancisque   sont 

déchargés  de  la  taille. 
4  décembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  maréchal  de  Villars,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  19  février  1705.) 

1705,  6  janvier  ...     Le  maréchal  de  Villars  quitte  la  Province. 

i3  janvier  ...      Le  maréchal  de  Berwick  est  nommé  commandant  en  chef. 

I"  février....      Isaac  Nolibé  &  Jacques  Durant  traitent  avec  cinquante  potiers 

de  terre  de  Saint-Quentin  Se  de  Saint-Victor  des  Ouïes,  pour 

établir  le  monopole  de  la  poterie. 
3  mars Le  sieur  de  Pennautier  est  subrogé  à  la  Province  pour  la  levée 

du  droit  de  deux  deniers  sur  la  viande  de  boucherie. 

17  mars Capture  de  Castanet  dans  les  bois  de  Céze. 

26  mars Supplice  de  Castanet,  rompu  vif  à  Montpellier. 

Il  avril /  L'intendant  annule  les  traités  tendant  à  établir  le  monopole  de 

la  poterie. 
14  avril Rachat  par  les  Etats  de  Languedoc,  au  prix  de  Sooooo  livres,  des 

offices  municipaux  invendus,  des  taxes  sur  les  arts  &  métiers 

&  cabaretiers  &  pour  la  confirmation  de  l'hérédité  des  offices, 

&  des  essayeurs  d'eau-de-vie. 

19  avril Capture  de  Ravanel  dans  une  maison  de  Nimes. 

22  avril Supplice  des  quatre  camisards  Ravanel,  Catinat,  Jonquet  &  Vilas. 

mai Suppression  des  offices  de  visiteurs  des  gabelles  de  Languedoc, 

créés  en  décembre  1704,  &  rétablissement  des  anciens  visiteurs 
généraux  &  autres  officiers  des  gabelles  de  la  Province. 
7  juillet  ....      Les  marchands  saleurs  de  Cette  sont  déchargés  du  droit  de  deux 
sols  pour  livre,  établi  sur  le  prix  du  sel. 

18  juillet  ....     Brillante  retraite  de  M.  de  Caraman  sur  Louvain. 

21  juillet Le  Conseil  d'Etat  décide  que  les  receveurs  &  collecteurs  pour- 
ront être  contraints  personnellement  pour  le  paiement  de  la 
capitation. 

27  juillet  . Dix-sept  camisards  se  sauvent  de  la  tour  de  Constance. 

II  août Le  Conseil  d'Etat  décharge  le  diocèse  d'Uzès  des  tailles  &  de  la 

capitation  de  Saint-Maurice  de  Ventalon,  Castagnols  &  Bla- 
naves,  paroisses  détruites  &  dépeuplées  des  hautes  Cévennes. 

25  août Les  serges  impériales  de  I-anguedoc  à  destination  d'Espagne  & 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1705,  !"■'■  septembre. 

4  septembre. 

6  octobre  . . . 

17  octobre  . . . 

20  octobre  . . . 


d'Italie  sont  assimilées,  pour  la  réduction  des  droits  de  sortie, 
aux  bayettes,  sempiternes  &  anacostes. 

La  sortie  des  grains  de  Languedoc  est  autorisée  jusqu'au  i'''  sep- 
tembre 1706,  sauf  à  destination  des  pays  ennemis. 

Le  diocèse  d'Uzès  est  déchargé  de  5  000  livres  pour  la  taille  &  la 
capitation  de  particuliers  ruinés  par  les  camisards. 

Les  lieux  de  Saint-Sériès  &  de  Saturargues  sont  déchargés  de  la 
capitation  de  1704  &  1705  &  de  la  taille  de  1705. 

Les  habitants  de  plusieurs  communes  de  Vivarais  sont  déchargés 
de  la  taille  &  de  la  capitation.  —  Plusieurs  particuliers  du 
diocèse  de  Nimes  sont  déchargés  de  la  taille  de  1703  &  1704. 

Les  huiles  employées  aux  manufactures  de  Toulouse  &  de  Mont- 
pellier sont  déchargées  du  droit  de  six  deniers  pour  livre.  — 
Le  Conseil  d'Etat  ordonne  aux  propriétaires  des  salins  de  Lan- 
guedoc de  faire  sauner  leurs  marais  tous  les  ans.  —  Le  Conseil 
d'Etat  déclare  qu'il  ne  sera  donné  aucune  permission  de  faire 
des  bourdigues  &  madragues  sur  les  côtes  de  Languedoc. 

Ouverture  des  Etats  par  le  comte  de  Calvisson,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  8  février  1706.) 

Vingt-sept  communes  du  diocèse  d'Alais,  pillées  ou  brûlées  pen- 
dant la  guerre  des  camisards  sont  déchargées  d'une  partie  des 
arrérages  de  la  taille  &  de  la  capitation. 

La  Province  est  maintenue  en  la  propriété  du  droit  de  deux 
deniers  sur  la  viande  de  boucherie. 

Remise  est  faite  de  60000  livres  sur  la  capitation  à  plusieurs 
communes  des  diocèses  de  Mirepoix,  Narbonne,  Saint-Pons, 
Castres,  Rieux,  le  Puy  &  Mende,  atteintes  par  la  grêle  &  la 
gelée. 

1706,  janvier Débordement  du  Rhône;  les  salins  de  Peccais  sont  submergés. 

23  février. . . .  Rachat  par  les  Etats  de  Languedoc,  au  prix  de  700000  livres,  des 
offices  de  présidents  des  Assiettes,  commissionnaires  des  rou- 
liers,  courtiers  de  change,  de  banque  8t  de  marchandises,  com- 
missionnaires des  vins  &  eaux-de-vie,  contrôleurs  de  voitures 
contrôleurs  des  greffes  de  l'hôtel  de  ville,  de  l'écritoire  &  des 
commissaires  aux  revues,  de  contrôleurs  des  huiles,  des  entrées 
des  eaux-de-vie  &  des  vins  &  de  contrôleurs  des  matériaux  des 
bâtiments.  —  Réduction  du  prix  du  sel  dans  le  pays  de  Cor- 
bières  &  autres  lieux  des  diocèses  de  Narbonne,  Alet,  Limoux 
,    &  Mirepoix. 

3  mars Supplice  de  Salomon  Couderc. 

4  mai Remise  est  faite  de  3974  livres  sur  la  taille  &  la  capitation  de 

particuliers  des  diocèses  de  Nimes,  Alais  &  Lodève,  incendiés 
par  les  camisards. 
l5  mai Le  Parlement  de  Toulouse  déclare  meubles  les  rentes   consti- 
tuées à  prix  d'argent  appartenant  aux  communes  &  aux  parti- 
culiers de  la  Province. 

16  mai Ordonnance  de  Bâville  pour  la  fabrication  des  étoffes  dans  les 

Cévennes. 


10  novembre  . 
17  novembre . 

novembre  .... 
22  décembre  . 


CHRONOLOGIE. 


43 


1706,  18  mai Les  communes  de  Virac,  Gropière,  Vagnas,  Sampson,  Franchas- 

sis  &  Saint-Fortuiiat,  en  Vivarais,  sont  déchargées  de  la  taille 
&  de  la  capitation  de  lyoS. 

8  juin Le  prédicant  Nicolas  Moyse  est  rompu  vif  à  Montpellier. 

22  juin Le  Conseil  d'Etat  défend  à  la  Cour  des  aides  de  Montpellier  de 

connaître  des  contestations  qui  arrivent  sur  le  fait  de  l'entrée 
aux  Etats. 

juin ^  Suppression  des  offices  de  lieutenant  de  maire  &  assesseurs  non 

vendus  au  12  février  1704,  des  offices  d'essayeurs  d'eau-de-vie, 
de  consuls  &  capitouls  perpétuels  non  vendus  au  i"  février 
i7o5j  des  offices  de  contrôleurs  des  poids  &  mesures,  visiteurs 
des  porcs,  trésoriers  des  communautés  des  marchands,  arts  8c 
métiers. 

6  juillet La  Cour   des   comptes  de   Montpellier  déclare   imprescriptible 

l'étendue  du  taillable  des  communes  &  diocèses. 
21   juillet  ....     Lettre  pastorale  de  Fléchier  sur  la  croix  de  Saint-Gervasi. 

9  août Le  Conseil  d'Etat  décide  que  le  droit  d'entrée  aux  États,  attaché 

à  la  baronnie  de  Rieux,  sera  compris  dans  la  vente  par  décret 
de  ce  domaine. 

4  septembre.     Arrêt  du  Conseil  pour  la  réparation  des  chaussées  des  salins  de 

Peccais. 

11  septembre.     Le  Conseil  d'Etat,  statuant  sur  l'affaire  des  marchands  de  Gi- 

gnac,  défend  à  la  Cour  des  aides  de  Montpellier  de  connaître 
des  ordonnances  rendues  par  l'intendant. 

18  septembre.  Ordonnance  de  Bâville,  portant  règlement  pour  la  fabrication 
des  draps  du  Levant. 

21  septembre.  Les  sommes  dues  encore  à  la  Province  pour  fourniture  de  trans- 
ports à  la  suite  du  roi  d'Espagne,  en  1702,  sont  portées  en 
déduction  des  versements  à  faire  au  trésor  royal  par  le  tréso- 
rier de  la  bourse  de  Languedoc. 

5  octobre  . . .     Remise  est  faite  de  1 14783  livres  sur  la  capitation  aux  communes 

des  diocèses  de  Narbonne,  Agde,  Béziers,  Montpellier,  Alais, 
Uzès,  Mende,  Viviers  &  Alet,  atteintes  par  la  grêle  &  les 
inondations. 

12  octobre...     Les    communes   de    Languedoc    sont   déchargées   des    taxes   du 

sixième  denier,  de  l'amortissement  &  du  nouvel  acquêt  pour 
les  abonnements  des  censives,  lods  &  autres  droits  seigneu- 
riaux. 
î6  octobre...  Les  vins  &  eaux-de-vie  de  Languedoc  sont  déchargés  du  quart 
des  droits  de  sortie  &  du  droit  de  fret.  —  Les  étrangers  qui 
viendront  s'établir  en  Languedoc  pendant  vingt  ans  sont  dé- 
chargés du  droit  d'aubaine. 

7  novembre  .      Le  Conseil  d'Etat  déclare  que  les  adjudications  de  biens  aban- 

donnés en  Languedoc  ne  pourront  être  cassées  par  voie  de 
nullité,  &  décharge  les  adjudicataires  des  arrérages  des  tailles. 
9  novembre  .  Validation  des  quittances  d'affranchissement  des  tailles  en  faveur 
de  cinquante-deux  fonds  roturiers. 
25  novembre  .  Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  24  janvier  1707.) 


44  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1706,  26  novembre.     Le  comte  de  Chadenac  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Chalancon,  en  Vivarais,  &  le  comte  de  La  Pare  comme  baron 
de  Tornac. 
27  novembre  .      Le  marquis  de  Mirepoix  est  reçu  aux  États  comme  baron  de 
Mirepoix. 

1707,  26  janvier  ...      Le  Conseil  politique  de  la  ville  de  Rieux  est  réduit  à  vingt- 

quatre  personnes. 
9  mai Le  marquis  de  Vogué  obtient  l'entrée  aux  assemblées  générales 

&  Assiettes  de  Vivarais,  comme  bailli  &  commissaire  ordinaire, 

&  il  est  exclu  de  toutes  les  autres  assemblées  du  pays. 

mai Grêles  &  inondations  en  Vivarais. 

I"  juin La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  charge  les  juges  royaux  de 

la  recherche  des  contraventions  en  fait  de  contrôle. 

2  juin La  grêle  ravage  quinze  communes  du  diocèse  d'Alet. 

4  juin La  grêle  ravage  plusieurs  communes  du  diocèse  de  Mirepoix. 

14  juin Remise  est  faite  de  5oooo  livres  sur  la  taille  &  la  capitation  aux 

communes  du  Velai,  grêlées  ou  inondées  en  1706.  — Arrêt  du 
Conseil  attribuant  à  l'intendant  la  nomination  des  consuls  & 
collecteurs  de  Rieux,  jusqu'à  l'adjudication  définitive  du  comté 
saisi. 

21     juin Le  Parlement  de  Paris  adjuge  à  Samuel  Bernard  la  baronnie  de 

Rieux,  avec  l'entrée  aux  Etats. 

3  juillet  ....      Orage  de  grêle  dans  le  diocèse  de  Mirepoix. 

12  juillet  ....  Autorisation  à  la  Province  d'emprunter  un  million  à  Gènes,  par 
l'intermédiaire  de  Jean-Baptiste  Cambiazo,  à  sept  &  demi  pour 
cent.  —  Autorisation  du  traité  fait  par  les  États  le  17  janvier 
pour  emprunter  deux  millions,  au  profit  du  roi,  à  la  banque 
de  Saint-Georges  de  Gênes. 

26  juillet  ....  Les  blés  de  Languedoc  destinés  à  l'exportation  sont  affranchis 
des  droits  de  sortie  jusqu'au  i"  septembre  1708.  —  Les  com- 
munes de  Languedoc  sont  déchargées  de  l'augmentation  du 
quart  des  octrois  &  subventions  en  payant  looooo  livres  &  les 
deux  sols  pour  livre. 
2  août Le  Conseil  d'État  renvoie  à  l'intendant  la  connaissance  des  mal- 
versations commises  dans  la  fourniture  des  étapes. 

9  août Le  droit  d'entrée  sur  les  dentelles  du  Velai  dans  l'étendue  des 

cinq  grosses  fermes  est  réduit  à  cinq  sols  par  livre. 

16  août Les  communes  de  Saint-Sériès  &  Saturargues  sont  déchargées  de 

la  moitié  de  la  taille  &  de  la  capitation  pour  1707. 

3o  août Déclaration  du  roi  permettant  aux  communes  de  Languedoc  de  se 

pourvoir  parrequête  civile  contre  tous  arrêts  donnés  en  matière 
de  nobilité,  sans  condition  de  délai  ni  consignation  d'amende. 
6  septembre.  Remise  est  faite  de'SSooo  livres  à  trente-cinq  communes  du  dio- 
cèse de  Narbonne,  ruinées  par  les  grandes  pluies  de  l'hiver 
précédent.  —  Les  draps  destinés  au  commerce  du  Levant  sont 
déchargés  du  droit  prétendu  par  les  marchands  de  Carcas- 
sonne.  —  Remise  est  faite  de  i5ooo  livres  à  vingt  &  une  com- 
munes du  diocèse  de  Mirepoix,  ravagées  par  la  grêle. 


CHRONOLOGIE. 


45 


1707,  10  septembre. 

17  septembre. 

27  septembre. 

I"  octobre  . . . 
10  octobre  . . . 

18  octobre  . ., 


i5  novembre , 

24  novembre 
29  novembre  . 

6  décembre  . 

20  décembre  , 

1708,    4  janvier  . . , 

i3  janvier  . . . 
17  janvier  . .. 


Tous  les  possesseurs  de  biens  roturiers,  sans  distinction,  sont 
déclarés  soumis  aux  impôts  faits  dans  les  communes  pour 
recrues,  armement  des  compagnies  bourgeoises,  réparations, 
fortifications  des  portes  &  murailles,  ustensiles  &  frais  des 
corps  de  garde. 

Remise  est  faite  de  la  somme  de  5 000  livres  aux  communes 
d'Agne,  Azillanet,  Cesseras  &  Olargues,  ruinées  par  les  pluies 
d'hiver. 

Arrêt  du  Conseil,  permettant  aux  seigneurs  de  Languedoc  de 
faire  procéder  à  la  confection  de  leurs  papiers  terriers,  après 
avoir  rendu  hommage  au  roi. 

Remise  est  faite  de  i5ooo  livres  à  quinze  communes  du  diocèse 
d'Alet,  ravagées  par  la  grêle. 

Le  Conseil  d'Etat  déclare  que  les  îles  de  Donzère  font  partie  de 
la  province  de  Languedoc. 

Règlement  fait  par  le  Conseil  d'Etat  pour  le  tirage  de  la  soie  en 
Languedoc.  —  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  le  remboursement  à 
la  Province  des  dépenses  d'étape  occasionnées  par  le  passage 
des  troupes  espagnoles  en  1702.  —  Les  vins  &  les  eaux-de-vie 
de  Languedoc,  à  destination  de  France,  sont  déchargés  des 
droits  attribués  aux  essayeurs  &  inspecteurs.  —  Les  vins  & 
eaux-de-vie  de  Languedoc  sont  déchargés  de  la  moitié  des 
droits  de  sortie  &  de  fret.  —  La  nomination  du  député  de 
Languedoc  au  Conseil  de  commerce  est  attribuée  aux  États. 
—  Le  Conseil  d'Etat  casse  la  prohibition  du  vin  étranger,  por- 
tée par  la  ville  d'Annonay. 

La  réduction  du  prix  du  sel,  accordée  au  pays  des  Corbières  & 
lieux  voisins,  est  prorogée  pour  deux  ans.  —  Les  communes  de 
Languedoc  sont  déchargées  du  droit  d'amortissement  pour  les 
acquisitions  qu'elles  ont  faites  du  domaine  depuis  l'année  1695. 

Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  24  janvier  1708.) 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  portant  que  les  possesseurs  de  biens 
nouvellement  assujettis  à  la  taille  payeront,  par  provision,  sur 
l'évaluation  des  experts  nommés  par  les  communes. 

Remise  est  faite  de  20000  livres  à  trente  &  une  communes  de 
Vivarais,  ravagées  par  la  grêle  &  l'inondation. 

Remise  est  faite  de  6000  livres  à  quatorze  communes  du  diocèse 
de  Carcassonne,  désolées  par  les  pluies. 

Le  Conseil  d'Etat  ordonne  le  rétablissement  de  l'hospitalité  dans 
la  commanderie  générale  du  Saint-Esprit  de  Montpellier  & 
maintient  à  cette  maison  la  jouissance  des  revenus  de  celles 
de  l'Isle-en-Jourdain,  Largentière  &  Mèze. 

Condamnation,  par  jugement  souverain  de  l'intendant,  des  con- 
suls &  du  greffier  consulaire  de  Mèze,  pour  malversations  dans 
les  étapes  &  logements  de  troupes. 

Rachat  des  offices  de  contrôleurs  des  tailles  par  les  États  de 
Languedoc,  au  prix  de  600000  livres. 


46 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1708,  20  janvier 
22  janvier 

24  janvier 


14  février 
28  février, 


27  mars. 


14  avril. 


avril. 


i"  mai. 
l5  mai. 
l5  juin 


17 

19 

j6 

17 

23 


uillet 
uillet 
uillet 


18  août. 
21  août. 


Règlement  fait  par  les  Etats  pour  la  levée  de  la  capitation. 
. . .     Le  Conseil  d'Etat  autorise  l'acquisition  du  château  de  Ferrières 
par  les  Etats  de  Languedoc. 

Les  États  de  Languedoc  aliènent  en  faveur  d'Alexis  Sabatier,  au 

prix  de  600000,  deux  deniers  trois  quarts  pour  livre  de  toutes 
les  impositions.  —  L'archevêque  de  Narbonne,  Le  Goux  de  la 
Berchère,  propose  aux  États  de  faire  écrire  l'histoire  générale 
de  la  province  de  Languedoc. 
. . .  Arrêt  du  Conseil  pour  le  remboursement  des  offices  de  consuls 
perpétuels  de  Lodève,  Tournon,  Saint-Hippolyte  &  Sigean. 

Déclaration  du  roi,  portant  règlement  sur  la  manière  de  pro- 
céder à  l'allivrement  des  biens  sujets  à  la  taille  &  sur  la  pré- 
somption de  nobilité.  —  Approbation  de  l'aliénation  faite  par 
les  États  de  deux  deniers  trois  quarts  pour  livre  des  imposi- 
tions. —  Autorisation  du  rachat  des  offices  d'inspecteurs  des 
bâtiments,  fait  par  les  États  au  prix  de  33 000  livres. 
. . .  Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  de  la  Cour  des  aides  de  Mont- 
pellier &  défend  les  visites  pour  recherches  de  contraventions 
en  fait  de  contrôle.  —  Déclaration  du  roi,  portant  règlement 
pour  la  levée  de  la  capitation  en  Languedoc. 
. ..  Prorogation  de  la  levée  des  cinq  sols  par  minot  de  sel  pour  les 
réparations  des  chaussées  du  Rhône  &  de  l'enclos  de  Peccais, 
&  attribution  des  dépenses  ultérieures  d'entretien  aux  com- 
munes riveraines  &  aux  propriétaires  des  salins. 

Les  offices  de  contrôleurs  des  tailles  sont  unis  à  la  province  de 
Languedoc. 
. . ,     Le  Conseil  d'État  ordonne  que  les  religieux  de  Boulbonne  paye- 
ront par  provision  leurs  tailles  à  Cintegabelle. 

Le  Conseil  d'État  charge  Bâville  de  faire  les  adjudications  des 
fermages  de  la  ville  de  Toulouse. 

La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  interdit  les  hommages  pour 
les  censives  &  rentes  foncières,  s'il  n'y  a  titre  ou  présomption 
de  nobilité. 
. ..     Le  roi  fait  don  aux  jésuites  de  Montpellier  de  la  maison  du 
Petit-Scel. 

Remise  est  faite  de  8000  livres  à  la  commune  de  Valabrègues, 
désolée  par  six  débordements  successifs  du  Rhône. 

Ordonnance  de  l'intendant,  réglant  la  composition  du  bureau  de 
santé  établi  au  port  de  Cette. 

Les  lieux  de  Pouls  &  de  Vestric  sont  déchargés  des  arrérages  de 
la  capitation. 

Ordonnance  de  l'intendant  pour  l'entretien  des  chaussées  du 
Rhône  de  Beaucaire  à  Sylveréal. 
. ..     Défense  est  faite  aux  commis  de  la  ferme  du  tabac  établis  au 

pont  de  Castelnau  de  faire  aucune  visite. 
. ..     Les  habitants  de  Saint-Seriès  &  Saturargues  sont  déchargés  de 
la  moitié  de  la  taille  &  de  la  capitation.  —  Les  communes  de 
Saint-Etienne  de  Valfrancisque  &  de  Saint-Germain  de  Cal- 
berte  sont  déchargées  des  arrérages  de  la  capitation. 


CHRONOLOGIE. 


47 


1708,     8  septembre. 
25  septembre. 

16  octobre . . . 

20  octobre  . . . 


23  octobre  . , 
3o  octobre  . , 


17  novembre  , 
20  novembre  . 

22  novembre  , 

23  novembre  . 
27  novembre  . 

4  décembre  . 


21  décembre 


La  caisse  du  receveur  des  tailles  du  Puy  est  enlevée  à  main 
armée  sur  la  route  de  Lyon. 

L'intendant  ordonne  l'emploi  de  la  balance,  au  lieu  de  la 
romaine,  pour  le  pesage  des  soies  &  autres  marchandises  pré- 
cieuses. 

Le  Conseil  d'État  décide  que  la  Province  sera  remboursée  en 
quatre  ans  de  la  somme  de  25  000  livres,  avancée  pour  les  for- 
tifications de  la  citadelle  de  Saint-Esprit. 

Règlement  pour  la  fabrication  des  cadis  d'Aubenas  en  plusieurs 
lieux  du  Vivarais.  —  Règlement  pour  la  fabrication  des  serges 
&  cadis  du  Gévaudan. 

Remise  est  faite  de  8072  livres  aux  incendiés  du  diocèse  d'Uzès. 
-Le  droit  sur  la  viande  de  boucherie  établi  à  Gignac  est  prorogé 
pour  huit  ans.  —  Remise  est  faite  de  200000  livres  aux  com- 
munes des  diocèses  de  Toulouse,  Albi,  Lavaur,  Mirepoix, 
Mende,  Castres,  Limoux,  Alet,  Rieux,  le  Puy,  Viviers  &  Nar- 
bonne,  désolées  par  les  grêles  &  les  inondations. 

Le  Conseil  d'Etat  règle  la  manière  de  faire  payer  la  faille  aux 
gens  de  main-forte,  &  la  publication  de  la  levée  de  la  taille. 

Règlement  pour  la  fabrication  des  draps  du  Levant.  —  Règlement 
pour  la  fabrication  des  draps  destinés  à  l'exportation  eu  Orient. 

Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  5  février  1709.) 

Le  marquis  du  Bourg  est  reçu  aux  Etats  comme  baron  d'Arqués. 

Déclaration  du  roi  sur  la  manière  de  faire  lever  la  taille  aux 
gens  de  main-forte  &  de  publier  la  levée  de  la  taille. 

Les  droits  sur  les  vins  de  Languedoc  expédiés  à  Paris  par  le 
Rhône  &  par  Bordeaux  sont  modérés  jusqu'au  3i  mars  1709. 
—  Les  vins  de  Languedoc  exportés  à  l'étranger  sont  déchargés 
de  la  moitié  des  droits  de  sortie  &  du  droit  de  fret  jusqu'au 
3o  septembre  1709. 

Ordonnance  de  l'intendant  pour  l'entretien  des  chaussées  &  des 
entrepôts  des  salins  de  Peccais. 


1709,     5  janvier  ...      Le  marquis  du  Roure  est  reçu  aux  Etats  comme  baron  de  Barjac. 
19  janvier  ...     La  concession  du  pont  de  Beaucaire  au  duc  de  Vendôme  est 

prorogée  pour  quinze  ans. 

janvier Création  d'offices  de  police  alternatifs. 

4  février....     Nouveau  règlement  des  Etats  pour  les  réparations  des  chemins, 

ponts  &  chaussées  de  la  Province. 
9  mars M.  de  Bâville  règle,  par  ordonnance,  les  dépenses  de  la  ville  de 

Toulouse. 

avril Suppression  de  la  maréchaussée  du  Puy. 

12  mai Manifeste  d'Abraham  Mazel,  au  nom  des  insurgés  de  Vivarais. 

mai Soulèvement  en  Vivarais.  —  Création  d'un  office  de  procureur 

général  &  d'un  office  de  substitut  près  les  commissaires  du  roi 

aux  Etats. 
II   juin Engagement   à   Gilhoc,   entre    les    Suisses    de   Courten    &   les 

insurgés. 


48 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1709,   i5  juin  .  .  . 

2   juillet  . 

8  juillet  . 

19  juillet  . 

23  juillet  . 

août 


Bâville  &  Roquelaure  partent  pour  le  Vivarais. 
Amortissement  des  biens  communaux  de  la  ville  de  Beaucaire. 
Combat  de  la  montagne  de  Leiris,  en  Vivarais. 
Combat  de  Fontréal,  près  Chalencon. 

Les  vins  de  Languedoc  sont  déchargés  de  plusieurs  droits. 
Création  d'offices  de  jurés-gardes  des  archives  près  les  corpora- 
tions d'arts  &  métiers. 
Suppression  du  droit  d'importation  sur  les  huiles  étrangères. 

23  septembre."*  Etablissement  d'un  conseil  politique  à  Castelnaudary. 

24  septembre.      Transaction  entre  la  ville  de  Montpellier  &  l'abbé  d'Aniane,  au 

sujet  de  la  boucherie  du  roc  de  Pézénas. 

Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  25  janvier  1710.) 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  concernant  la  levée  des  tailles.  —  Rè- 
glement pour  la  nomination  des  collecteurs  forcés. 


17  septembre. 


21   novembre 
28  novembre 


1710,  i3  Janvier  . . 
22  janvier  . . 


3  juin  

7  juillet  . . . 

i2-i3  juillet 

24  juillet  . . . 

25  juillet  . . . 

27  juillet  . . . 

29  juillet  . . . 

17  octobre  , . , 

21   octobre  . . , 

25  octobre  . . . 
27  novembre  . 

30  décembre 


1711,  25  janvier 
3  février .  , 


20  mars. 


14  avril. 


Traité  de  la  Province  avec  les  frères  Castanier  &  Gally  pour 
l'achat  de  blés  du  Levant. 

Traité  entre  les  syndics  généraux  de  Languedoc  &  les  receveurs 
des  tailles  pour  la  levée  de  la  capitation. 

Rétablissement  de  la  subvention  sur  le  blé  levée  à  Toulouse. 

Le  Conseil  d'Etat  décharge  le  comte  de  Peyre  des  accusations 
portées  contre  lui. 

Assemblée  nocturne  de  protestants  surprise  à  Millerines,  dans 
les  Cévennes. 

Démonstration  de  la  flotte  des  alliés  sur  la  côte  de  Languedoc. 

Saissan,  général  au  service  d'Angleterre,  occupe  Cette  avec  un 
corps  de  débarquement. 

Les  ducs  de  Roquelaure  &  de  Noailles  dégagent  Agde,  à  l'aide 
de  quelques  troupes  rassemblées  à  la  hâte. 

Evacuation  de  Cette  par  les  troupes  alliées.  —  Le  Conseil  d'État 
augmente  les  droits  d'entrée  de  Toulouse  &  supprime  plu- 
sieurs dépenses  municipales. 

Capture  d'Abraham  Mazel  &  de  Claris  au  mas  de  Coutau.  Mazel 
est  tué. 

Etablissement  d'un  lazaret  au  port  de  Cette. 

Supplice  de  Claris  à  Montpellier. 

Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  27  janvier  1711.) 

Règlement  pour  la  fabrique  des  couvertures  de  laine  de  Mont- 
pellier. 

Prise  de  Girone  par  le  duc  de  Noailles. 

Les  biens  abandonnés,  adjugés  pour  le  payement  de  la   taille, 

sont  déchargés  de  plusieurs  droits. 
Le  dixième  des  biens  fonds  &  maisons  est  réduit  à  deux  sols  pour 

livre  de  toutes  les  impositions  de  Languedoc. 
La  Province  rachète,  au  prix  de  i  200000  livres,  l'augmentation 

des  droits  d'octroi. 


CHRONOLOGIE.  4g 

1711,  5  mai M.  de  Bâville  nomme  les  membres  du  conseil  politique  de  Vala- 

brègues. 

19  mai Ordonnance  pour  la  solde  des  milices  employées  à  la  garde  des 

côtes. 

9  juin Suppression  des  offices  de  regrattiers  des  gabelles  en  Languedoc. 

3  juillet  ....      Règlement  pour  le  salage  des  sardines  au  port  de  Cette. 
16  septembre.      Prise  de  Vénasque  par  le  marquis  d'Arpajon. 
26  novembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  3i  janvier  1712.) 

1712,  16  janvier  ...      Les  Etats  assistent  à  un  service  funèbre   en  l'honneur  du  dau- 

phin, dans  l'église  Notre-Dame  de  Montpellier. 

22  janvier  .. .  Les  Etats  accordent  une  subvention  de  3oo  livres  à  Brueys,  pour 
son  Histoire  des- fanatiques, 

i5  mars Les   droits   seigneuriaux   payables   en    huile    sont  convertis   en 

argent,  par  suite  de  la  perte  des  oliviers  en  1709. 

1 1  mai Le  prince  de  Dombes  nommé  gouverneur  de  Languedoc  en  sur- 
vivance. 

20  septembre.     Réduction  de  35oooo  livres  sur  les  impositions  de  la  Province, 

à  cause  de  la  perte  des  oliviers. 
22  novembre  .      Le  dixième  du  revenu  des  biens  roturiers  est  abonné  en  Lan- 
guedoc, au  prix  de  780000  livres  par  an. 
24  novembre  .     Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  25  janvier  1713.) 
26  novembre  .     La  province  de  Languedoc  traite  avec  Duclos  pour  la  fourniture 

de  cinq  cents  mulets  à  l'armée  de  Roussillon. 
22  décembre  .     Le  comte  de  Chambonas  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Saint-Félix. 
3i  décembre  .     Les  marchands  &  artisans  de  Languedoc  sont  frappés  d'une  taxe 

de  looooo  livres  pour  la  réunion  des  offices  de  jurés-gardes 

des  archives. 

1713,  19  janvier  . . .     M.  de  Maillebois  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 

10  février ....  Convention  entre  les  fabricants  de  Nimes  &  ceux  de  Saint-Hip- 
polyte,  Anduze,  Ganges,  La  Salle,  Sauve,  Le  Vigan,  Monoblet 
&  autres  lieux  des  Cévennes,  autorisant  ces  lieux  à  travailler 
en  entrant  dans  la  jurande  de  Nimes. 

mars Suppression  des  offices  de  trésoriers  des  corporations  d'arts  oC 

métiers  en  Languedoc. 

9  mai Les  Etats  rachètent  le  droit  de  quatre  deniers  par  livre  de  viande 

de  boucherie. 

16  mai Suppression  des  offices  de  conservateurs  des  domaines  en  Lan- 

guedoc. —  Le  Conseil  d'Etat  règle  la  répartition  des  imposi- 
tions de  la  ville  de  Toulouse. 

29  mai Le  droit  d'entrée  aux  assemblées  diocésaines  est  maintenu  aux 

barons  du  diocèse  de  Toulouse  c(ui  entrent  aux  Etats. 

17  août Jugement  souverain  de  l'intendant  Bàville,  condamnant  plusieurs 

commis  de  Montpellier  pour  malversations  commises  dans  la 
fourniture  de  l'étape. 


XIII. 


oo 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


171 3,  29  août ■ 

5  septembre. 
19  septembre. 

23  septembre. 

septembre. . . . 

octobre 

9  novembre  . 
1 1  novembre  . 

5  décembre  . 
19  décembre  . 
3o  décembre  . 


Le  prix  du  sel  est  réduit  à  vingt  livres  le  miaot. 

Etablissement  d'une  subvention  à  Cette. 

Surprise  d'une  assemblée  protestante  dans  une  bergerie,  près  le 

Cayla, 
Déclaration  du  roi,  exigeant  des  preuves  par  titre  de  la  nobilité 

des  terres  en  Languedoc. 
Suppression  des  offices  de  procureur  général  &  de  substitut  prcs 

les  commissaires  du  roi  aux  États. 
Érection  de  la  baronnie  de  Vogué,  en  Vivarais,  avec  entrée  aux 

Etats  à  la  place  de  Saint-Rémèze. 
Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  11  janvier  1714.) 
Le  marquis  de  Ganges  est  reçu  aux  Etats  comme  baron  de  Gan- 

ges,  &  le  marquis  de  Murviel  comme  baron  de  Murviel. 
Les  États   rachètent  la  taxe  des  marchands  &  artisans  pour  la 

réunion  des  offices  de  jurés-gardes  des  archives. 
Règlement  pour  la  fabrique  des  serges  impériales  des  Cévennes 

&  du  Gévaudan. 
Les  États  rachètent  les  taxes  sur  l'affranchissement  des  tailles  & 

l'acquisition  des  rentes  de  1710. 


1714,   16  janvier  ...     Déclaration  du  roi  pour  encourager  la  culture  des  biens  aban- 
donnés en  Languedoc. 

23  janvier  ...  Le  syndic  du  diocèse  du  Puy  obtient  l'entrée  aux  États  do  Lan- 
guedoc comme  diocésain. 

3o  janvier  . . .  Ordonnance  de  l'intendant  sur  la  fabrication  des  cadis  de  Viva- 
rais. 

12  février....      Les  chartreux  de  Toulouse  sont  condamnés  à  payer  leur  part 
pour  l'abonnement  du  dixième  du  revenu  des  biens  roturiers. 
7  avril '    L'exportation  des  laines  de  Languedoc  est  interdite. 

i5  mai Le  prix  du   sel   de  Peyriac  est  réduit  à  six  livres  le  minot  en 

faveur  des  marchands  saleurs  de  Cette. 

16  mai Etablissement  d'une  inspection  générale  des  draps  du  Levant  à 

Montpellier. 

26  juin Établissement  d'une  diligence  de  Montpellier  à  Lyon. 

août Création  de  iSoooo  livres  de  rentes  perpétuelles  sur  les  impôts 

royaux  de  Languedoc. 
4  septembre.      Règlement  pour  le  lavage  des  laines. 

7  septembre.     Les  États  votent  un  emprunt  de  2400000  livres  pour  le  compte 
du  roi. 

i3  septembre.  Conventions  entre  la  Province  &  le  vice-légat  d'Avignon,  pour 
l'entretien  des  chaussées  du  Lauzon. 

28  septembre.  L'intendant  prescrit  des  précautions  contre  l'épizootie  régnant 
en  Camargue. 

25  octobre...  Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  dans  la  grand'- 
salle  des  audiences  du  palais  de  Niniçs.  (Clôture  le  17  dé- 
cembre.) 

novembre....  La  Province  est  déchargée  de  l'acquisition  de  120000  livres  de 
rentes. 


CHRONOLOGIE.  5i 

1714,  7  décembre  .     Traité   entre  les  commissaires   du   roi  &  ceux  des  États  pour 

l'affranchissement  de  la  capifation. 
29  décembre  .     Les  Etats  rachètent  les  offices  de  commissaires  aux  prisées  & 
ventes  des  meubles. 

1715,  12  janvier  ...     La  Cour  des  aides  de  Montpellier  ordonne  aux  emphytéotes  du 

roi  de  remettre  leurs  titres. 

29  janvier  ...,,  Le  Conseil  d'Etat  détermine  les  lieux  de  Languedoc  où  la  fabri- 

cation des  draps  est  permise. 

25  février....     Les  offices  de  police  alternatifs  sont  réunis  aux  communes  de 

Languedoc. 
19  mars Les  statuts  des  marchands  de  bas  de  Beaucaire  sont  confirmés 

par  le  Conseil  d'Etat. 
8  juin La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  enjoint  aux  vassaux  du  roi 

de  présenter  leurs  hommages  &  dénombrements.  —  M.  de  Bâ- 

ville  abaisse  le  cens  d'éligibilité  pour  le  corps  municipal  de 

Koquemaure. 
16  juillet  ....     Le  doublement  des  droits  sur  le  canal  de  Languedoc  est  interdit. 

—  L'exportation   des  grains  de  Languedoc  est  affranchie   de 

tout  droit  jusqu'au  i"  avril. 

30  juillet  ....     Suppression  des  offices  d'avocats  du  roi  près  les  hôtels  de  ville 

&  sièges  de  police  en  Languedoc. 
8  août La   pêche  aux   moules   est   interdite  près   de  la   jetée   du   grau 

d'Agde. 
21  août Réunion  d'un  synode  protestant  dans  les  environs  de  Nimes. — 

Antoine  Court  réunit  les  prédicants  des  Cévennes  &  du  bas 

Languedoc. 
1"  septembre.      Mort  de  Louis  XIV. 
i5  octobre  ..  .-i-Le   trésor  rembourse   aux  Etats   les   frais  d'étapes  des   troupes 

■«vallonnés  du  roi  d'Espagne,  qui  avaient  traversé  la  Province 

en  1713,  venant  des  Flandres  &  d'Allemagne. 

26  octobre...     Les  privilèges  des   habitants   de   Languedoc  sont  confirmés  en 

termes  généraux,  à  l'occasion  de  l'avènement  du  roi  Louis  XV. 
id  novembre  .  ■    Suppression  de  l'impôt  des  industries  à  Toulouse,  établissement 
d'un  droit  sur  les  farines. 

11  novcn.bre.      M.  de  Bàville  est  chargé,  par  commission  du  grand   sceau,  de 

recevoir  les  hommages  &  dénombrements  des  vassaux  du  roi 
en  Languedoc. 
26  novembre  .     Le  prix  du  sel  dans  le  pays  des  Corbières  est  réduit  à  seize  livres 
le  minot.  —  Confirmation  générale  des  privilèges  de  la  Pro- 
vince, 

12  déconibrc  .     Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  12  février  1716.) 
18  décembre  .     La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  proteste  contre  la  récep- 
tion des  hommages  par  M.  de  Bàville. 

1716,  4  janvier  ...     Le  Conseil  d'État  casse  la  protestation  de  la  Cour  des  comptes  de 

Montpellier  contre  la  réception  des  hommages  par  M.  de  Bà- 
ville. 


1716,  22  janvier 


I"  février. 
4  février. 


20   lUlll 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  Etats  assistent  à   un  service  funèbre  en  l'honneur  du   roi 
Louis  XIV,  dans   l'église  Notre-Dame   des  Tables  de  Mont- 
pellier. 
Règlement  pour  la  fabrique  des  cordelats. 

Le  Conseil  d'Etat  défend  à  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier 
de  recevoir  des  soumissions  d'adjudicataires  de  la  taille,  passé 
le  i5  avril. 
8  février  ....  La  commission  de  M.  de  Bâville  pour  les  hommages  est  révoquée, 
8c  le  délai  des  vassaux  prolongé  d'un  an.  —  Règlement  fait  par 
les  Etats,  concernant  la  députation  des  communes. 

II  février....  La  libre  exportation  des  grains  de  Languedoc  est  prorogée  jus- 
qu'au I"'  juillet. 

21  mars L'exportation  des  fèves,  pois  &  autres  légumes  secs  est  permise 

jusqu'au  1"  juillet. 

19  mai Le  recouvrement  des  tailles  dues  par  les  seigneurs  de  paroisse, 

gentilshommes,  officiers   de   robe  &  d'épée  &  gens  de  main- 
forte  du  diocèse   de  Narbonne,    est  confié  au   receveur  dio- 
césain. —  Le  Conseil   d'Etat  réglemente  les  prêts  de  grains 
pour  semences  dans  le  diocèse  de  Narbonne,  afin  d'éviter  les 
fraudes. 
La  commune  de  Gras,  en  Vivarais,  est  autorisée  à  rentrer  en 
possession  de  ses  biens  aliénés  en  remboursant  les  acquéreurs 
du  prix  d'achat  &  des  frais  de  culture.  —  Le  Conseil  d'Etat 
proroge  les  consuls  de  Valabrègues. 
Les  biens  abandonnés  du  diocèse  d'Albi  que  les  communes  s'obli- 
geront à  mettre  en  culture  sont  dégrevés  des  tailles  pour  cinq 
ans. 
3  octobre...     Le  Conseil  d'État  règle  les  différends  survenus  entre  les  mar- 
chands &  les  fabricants  de  soie  de  Nimes. 

24  octobre...  Les  diocèses  du  bas  Languedoc  obtiennent  une  remise  sur  leurs 
impositions,  à  cause  de  la  sécheresse. 

26  octobre Le  baron  de  Saïgas  sort  des  galères,  sur  l'intercession  de  la  prin- 
cesse de  Galles. 
5  novembre  .     La  baronnie  de  Largentière  est  vendue  au  marquis  de  Brison 
par  M.  de  Ratabon,  évêque  de  Viviers. 

14  novembre,  -i  Les  droits  de  sortie  des  petites  étoffes  de  laine  de  Languedoc 
sont  diminués. 

21  novembre  .  Les  biens  abandonnés  du  diocèse  de  Narbonne  que  les  communes 
s'obligeront  à  mettre  en  culture  sont  dégrevés  des  tailles  pour 
cinq  ans. 

I"  décembre  .  Le  Conseil  d'État  décide  que  la  construction  du  pont  de  Cazères 
&  les  réparations  du  pont  de  Toulouse  seront  supportées  moi- 
tié par  la  province  de  Languedoc,  moitié  par  les  généralités 
de  Montauban  &  d'Auch.  —  Les  négociants  de  Languedoc  fai- 
sant le  commerce  des  îles  françaises  d'Amérique  par  le  port  de 
Cette  obtiennent  les  avantages  accordés  au  même  commerce 
dans  les  autres  villes  du  royaume. 

10  décembre  .  Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  i3  février  1717.) 


8  août , 


CHRONOLOGIE. 


1717,     9  janvier  ...  ^  La  Province  obtient  remise  de  996000  livres  sur  le  don  gratuit 
&  la  capitation. 
23  janvier  ...     Le  Conseil  d'Etat  casse  quatre  arrêts  de  la  Cour  des  aides  de 

Montpellier,  au  sujet  du  bail  de  la  taille  de  Labruguière. 
3o  janvier  ...     Le   trésorier  de  la  Province  est  déchargé  de  toute  taxe  &  re- 
cherche de  la  Chambre  de  justice. 
i5  février. . . .      Traité  pour  l'établissement  d'une  raffinerie  de  sucre  à  Cette  par 
les  frères  Gilly. 
2  mars Synode  des  protestants  de  Languedoc. 

5  mars Les  évéques  de  Mirepoix  &  de  Montpellier  appellent  de  la  cons- 

titution de  Clément  XI  au  futur  concile  général. 
i3  mars Déclaration  du  roi  sur  l'abonnement  du  dixième  en  Languedoc. 

6  avril Déclaration  du  roi,  soumettant  à  l'autorisation  préalable  de  l'in- 

tendant les  appels  d'élections  consulaires  faits  au  nom  des 
communes. 

23  avril La  baronnie  d'Apcher,  en  Gévaudan,  est  vendue  au  marquis  de 

Roquelaure  par  Pierre  Bouniol,  écuyer  du  duc  d'Orléans. 

24  avril Les  propriétaires  des  droits  de  péage  du  Rhône  sont  tenus  de 

présenter  leurs  titres  devant  l'intendant  &  le  grand  maître  des 
eaux  &  forêts. 

5  juin Défense  est  faite  au  prévôt  des  marchands  &  aux  échevins  de 

Lyon  d'établir  en  Languedoc  des  bureaux  pour  la  perception 
des  droits  de  tiers-sur-taux  &  de  quarantième. 

7  juin Le  comte  de  Mérinville  obtient  prorogation  pour  cinq  ans  de  la 

faculté  de  racheter  la  terre  de  Rieux,  avec  jouissance  du  droit 
d'entrée  aux  Etats  jusqu'à  ce  terme. 

17  juin Règlement  des  droits  de  contrôle  des  procès-verbaux  de  nomina- 
tions consulaires. 

juin Suppression  de  tous  les  offices  municipaux. 

17  juillet  ....  Le  Conseil  de  régence  décharge  les  capitouls  de  Toulouse  des 
taxes  de  la  confirmation  de  noblesse.  —  Les  élections  munici- 
pales sont  rétablies  aux  époques  accoutumées. 

21  août Le  Conseil  d'Etat  défend  aux  trésoriers  de  France  de  Toulouse 

d'exiger  des  consuls  de  la  généralité  la  prestation  du  serment 
de  fidélité  &  la  déclaration  des  biens  communaux.  —  Les  com- 
munes de  Mauguio,  Vie,  Assas,  Beaujieu,  Avignonnet,  Moiit- 
saunès  &  Mazères  obtiennent  une  réduction  de  taille  pour 
quatre  ans,  à  cause  du  grand  nombre  de  biens  abandonnés. 

août Suppression  du  dixième  sur  les  biens  fonds. 

11  septembre.      Règlement  pour  l'entrée  des  consuls  aux  États  de  Languedoc. 

28  septembre.  Les  diocèses  de  Narbonne,  Albi  &  Lavaur  obtiennent  remise  de 
158428  livres  pendant  cinq  ans,  à  raison  des  biens  aban- 
donnés. 

septembre....  Les  privilèges  des  capitouls  &  habitants  de  Toulouse  sont  con- 
firmés. 

23  octobre  . . .  Règlement  pour  la  fabrication  des  draps  de  Carcassonne,  Mont- 
réal, Montoulieu,  le  Mas  Cabardès,  Limoux,  Chalabre. 

16  novembre  .  Le  prix  du  sel  est  réduit  à  seize  livres  le  minot  en  faveur  des 
habitants  des  Corbières. 


-+- 


04  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1717,  20  novembre  .     Annulation  du  traité  conclu  par  les  Etats  pour  la  suppression  du 

dixième. 
9  décembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  i5  février  1718.) 
14  décembre  .     Extension  à  la  raffinerie  de  Cette  des  privilèges  fiscaux  accordés 
aux  raiffineries  de  Bordeaux,  La  Rochelle,  Rouen  &  Dieppe. 

1718,  5  janvier  . . .     M.  de  Bâville  nomme,  par  ordonnance,  les  membres  des  conseils 

électifs  de  Ninies. 

22  janvier  ...      Supplice  du  pasteur  Etienne  Arnaud,  pendu  à  Alais.  —  La  capi- 

tation  de  Languedoc  est  réglée  à  un  million  de  livres,  avec 
remise  de  Sooooo. 

26  janvier  . . .     Une  commission  de  dix  conseillers  d'État  est  nommée  pour  régler 

les  différends  pendants  au  Conseil  entre  le  Parlement  de  Tou- 
louse, la  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  les  trésoriers  de 
France,  les  sénéchaux  &  les  États  de  Languedoc, 
29  janvier  ...      Les  États  sont  déchargés  du  rachat  des  offices  de  commissaires 
aux  prisées  &  ventes  des  meubles. 

6  février. . . .      Bail  de  la  ferme  des  droits  d'équivalent  à  Jean  Thomas. 

7  février. . . .     Synode  protestant  du  bas  Languedoc  &  des  Cévennes. 

27  avril La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  casse  les  nominations  de 

collecteurs  forcés  insolvables,  faites  par  le  diocèse  de  Nar- 
bonne. 
14  juin  ......     Le  viguier  d'Albi  est  exclu  de  toutes  les  assemblées  du  diocèse 

autres  que  celles  de  l'Assiette. 

23  juin Troubles  à  Villemur,  à  l'occasion  des  élections  municipales. 

5  août Règlement  pour  la  fabrication  des  étamines  ou  burates  de  Gé- 

vaudan. 

19  août Règlement  pour  les  petites  étoffes  de  Nimes. 

4  novembre.     La  Province  obtient  remise  de  820000  livres  sur  ses  impositions, 

à  cause  des  pertes  causées  par  la  grêle  &  la  sécheresse. 
14  novembre.     Les  loueurs  de  chaises  roulantes  de  Languedoc  sont  autorisés  à 

prendre  les  bagages  des  voyageurs, 
novembre....     Rétablissement  des  offices  de  maires,  lieutenants  de  maires  & 

consuls  perpétuels  en  Languedoc. 
II  décembre  .      Prorogation  pour  dix  ans  de  la  conversion  en  argent  des  droits 

seigneuriaux  payables  en  huile. 
,  i5  décembre  .     Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  18  février  1719.) 

1719,  3  février....     Les  États  de  Languedoc  avancent  les  frais  d'armement  de  deux 

pinques  pour  le  transport  de  munitions  en  Roussillon.  —  La 
seigneurie  de  Saint-Chély  est  vendue  par  Pierre  Bouniol  au 
marquis  de  Roquelaure. 
j3  février....     Etablissement  d  .1  conseil  politique  d'Agde. 

6  avril Le  Conseil  d'État  confirme  les  élections  municipales  d'Anduze 

d'où  les  nouveaux  convertis  étaient  exclus. 

4  mai Le  Conseil  d'État  condamne  la  ville  de  Saint-Esprit  à  payer  le 

droit  d'amortissement  pour  les  bâtiments  des  casernes. 


CHRONOLOGIE.  55 

1719,  21   mal Agitation  électorale  à  Pépieiix. 

23  mai Le  Conseil  d'Etat  fixe  à  3oooo  livres  le  dédommagement  dû  par 

la  Province  aux  héritiers  de  Jacques  Brun,  aucien  entrepre- 
neur du  canal  de  Beaucaire  à  Aigues-mortes. 

niai La  justice  de  Carbonne  est  engagée  à  M.  de  Laroque. 

12  août Les  droits  sur  les  huiles  du  cru  sont  abonnés  par  la  Province  au 

prix  de  100000  livres.  , 

août Erection  de  la  baronnie  de  Jaugeac,  avec  entrée  aux  Etats  de 

Vivarais. 

22  septembre.  .  Règlement  pour  la  teinture  des  draps  de  Carcassonne,  Saptes  & 

Conques. 
14  décembre  .     Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  7  février  1720.)  —  Le  vicomte  de 
Beaune  prend  place  aux  Etats  comme  baron  d'Aps,  en  Vivarais, 
&  le  baron  de  Sorgues  comme  baron  de  MurvieL 

1720,  18  février....      Le  Conseil  d'Etat  détermine  les  qualités  de  draps  dont  la  fabri- 

cation est  autorisée  à  Saint-Chinian. 

23  février....      Le  Conseil  d'Etat  confirme  les  élections  municipales  de  Villc- 

neuve-lès-Avignon. 

6  mirs Arrestation  des  multipliants  à  Montpellier. 

mars Réorganisation  générale  de  la  maréchaussée. 

25  juin La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  enjoint  aux  collecteurs  Se 

receveurs  des  tailles  de  tenir  bordereau  des  sommes  payées  en 

espèces  &  en  billets  de  banque. 

juin Confirmation  du  paréage  de  Gévaudan,  entre  le  roi  &  l'évèque. 

I'''  juillet  ....      Le  Conseil  de  marine  ordonne  la  réparation  du  chemin  de  la 

forêt  de  Léran  au  canal  de  Languedoc. 

1721,  23  janvier  ...     Défense  est  faite  aux  communes  de  cotiser  à  la  taille  les  biens 

fondés  en  présomption  de  nobilité,  sans  production  de  titres 

de  roture  à  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier. 
3o  janvier  . . .     Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  i3  mars.) 
I"  février. . . .     Les  Etats  confirment  l'exclusion  de  tous  officiers  royaux  de  leur 

assemblée. 
18  mars 1^  Les  navires  de  commerce  revenant  du  Levant  sont  autorisés  à 

faire  leurs  retours  par  le  port  de  Cette,  à  cause  de  la  peste  de 

Marseille. 

28  avril Contrat  d'échange  entre  le  roi  &  le  duc  d'Uzès, 

nvi  il La  peste  pénètre  en  Gévaudan. 

17  mai -La  foire  de  Beaucaire  est  interdite,  à  cause  de  la  peste. 

I"  juillet  ....     Le  Conseil  d'État  maintient  le  statu  quo,  selon  les  usages  parti' 

culiers  dès  communes,  pour  l'assistance  des  curés  aux  assem- 
blées municipales. 
4  juillet  ....     Le  Parlement  de  Toulouse  renouvelle  les  défenses  d'exportation 

du  merrain. 
12  août .4- Établissement   d'une  subvention  à  Castres  !k  d'un   emprunt   de 

5oooo  livres  pour  frais  de  précautions  sanitaires. 


56  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1721,  i5  août Le  duc  de   Roquelaure   &   l'intendant  réunissent  à  Florac   les 

commissaires  du  diocèse,  à  l'occasion  de  l'épidémie. 

28  août La  fabrication  des  bas  à  deux  fils  est  autorisée  dans  les  diocèses 

de  Toulouse,  Carcassonne,  Castres,  Béziers,  Agde,  Montpel- 
lier, Nimes,  Uzès   &  Alais   pour   l'exportation   en   Italie,  en 
Espagne  &  autres  pays  méridionaux. 
10  septembre.     La  ville  de  Beaucaire  obtient  remise  de  10000  livres  sur  les  impo- 
sitions de  l'année,  à  raison  des  dépenses  causées  par  la  peste. 

22  septembre.     Assemblées  protestantes  surprises  à  Castres  &  à  Saint-Hippolyte. 
18  octobre  ...      La  remise  faite  sur  les  impôts  aux  diocèses  de  Narbonne,  d'Albi 

&  de  Lavaur  est  prorogée  pour  trois  ans.  —  Les  villes  de  Lan- 
guedoc sont  déchargées  du  droit  d'amortissement  pour  les 
bâtiments  des  casernes. 

14  novembre.  Établissement  d'une  subvention  à  Carcassonne,  pour  la  cons- 
truction des  casernes.  —  Les  membres  du  Conseil  politique 
ordinaire  &  du  Conseil  extraordinaire  de  Nimes  sont  nommés 
par  arrêt  du  Conseil  d'Etat. 

3o  décembre  .      Établissement  d'une  quarantaine  à  Béziers. 

1722,  8  janvier  ...     Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Roquelaure,  dans  la  grand'- 

salle  de  l'hôtel  de  ville  de  Narbonne.  (Clôture  le  19  mars.) 

16  janvier  ...      Le  droit  de  cottimo  sur  les  marchandises  du  Levant  est  établi 

dans  le  port  de  Cette,  comme  il  l'était  précédemment  à  Mar- 
seille. 

23  janvier  ...      La  commune  de  Valabrègues  obtient  remise  de  i  200  livres  sur 

ses  impositions,  à  cause  de  l'interruption  des  travaux  agricoles 
dans  l'Ile-Bertrand,  par  suite  de  la  suppression  du  bac. 

24  janvier  ...      M.  de  Bernage    nomme   les   consuls   de   Bédarieux,    la  ville  se 

trouvant  coupée  par  la  ligne  de  l'Orb. 
10  février. . . .      Établissement  à  Narbonne   d'une   inspection  &  visite   générale 
des  draps  destinés  au  commerce  du  Levant. 

22  février....      La  Province  obtient  remise  d'un  million  sur  le  don  gratuit,  à 

cause  des  dépenses  du  cordon  sanitaire. 

17  avril Le  Conseil  d'État  casse  trois  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse, 

concernant  le  procès  du  pays  de  Vivarais  avec  le  comte  du 
Roure. 
12  juin  ......      Les  marchands  de  Languedoc  sont  autorisés  à  faire  descendre  h 

Bordeaux  les  eaux-de-vie  fabriquées  avec  les  vins  de  la  Pro- 
vince, pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  août  &  septembre. 

23  juin Le  commerce  des  étoffes  &  toiles  peintes  des  Indes,  de  la  Chine 

&  du  Levant  est  interdit  en  Languedoc  sous  peine  de  mort. 
21   juillet  ....     Troubles  électoraux  à  Lansargues. 

29  juillet  ....      Le  Parlement  de  Toulouse  défend  aux  valets  &  domestiques  de 

quitter  leurs  maîtres  qu'à  la  fin  de  l'année,  suivant  les  usages 
locaux. 

30  juillet....      Établissement   d'un    conseil    politique    à    Durban,    au    lieu    de 

l'assemblée  générale  de   la   commune. 

4  août La   ville   de    Beaucaire   obtient    remise   de   6000  livres    sur   les 

impôts. 


I 


CHRONOLOGIE.  •  57 

1722,   II   août La  Province  obtient  remboursement  du  prix  de  9189  fusils  des 

milices  bourgeoises,  cédés  pour  l'armée  d'Espagne  en  1709. 
.22  août La  ficulté  de   théologie  de  Montpellier,  l'évèque  en  tète,  or- 
donne de  signer  le  formulaire,  par  soumission  &  en  observant 
la  paix  de  Clément  XL  —  M.  de  Bernage  règle  les  fournitures 
dues  par.les  communes  aux  corps  de  garde  du  cordon  sanitaire. 

août ^  Rétablissement  des  offices  municipaux. 

14  septembre.  Déclaration  interprétative  pour  le  rétablissement  des  offices 
municipaux  en  Languedoc. 

22  septembre.  La  commune  de  Brousse  obtient  remise  de  i  5oo  livres  d'impôts 
pendant  six  ans,  pour  l'aider  à  remettre  en  culture  les  biens 
abandonnés.  —  Suppression  du  bureau  de  visite  des  draps  éta- 
bli à  Narbonne. 

6  octobre...     Le  Conseil  d'Etat  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  sur 

les  élections  consulaires  de  Rabastens,  avec  défense  de  casser, 
à  l'avenir,  les  ordonnances  de  l'intendant. 
9  novembre  .     M.  de  Bernage  casse  l'élection  consulaire  de  Chalabre. 

7  décembre  .     Démolition  des  barrières  &  corps  de  garde  du  cordon  sanitaire. 
19  décembre  .      Le  premier  consul  de  Nimes  est  nommé  syndic  diocésain  par 

arrêt  du  Conseil  d'État.  —  M.  de  Bernage  détermine  les  lieux 
où  les  fabricants  de  Lodève  &  ceux  de  Clermont  doivent  faire 
travailler  pour  leur  compte. 
29  décembre  .     Ordonnance  pour  la  fabrication  des  toiles  rousses,  crues  &  grises 
du  diocèse  d'Albi. 


1723,     5  janvier 


14  janvier 
16  janvier 
26  janvier 


23  février 

24  février 


Tous  les  propriétaires  de  biens  roturiers  sont  tenus  de  contri- 
buer aux  dépenses  faites  à  l'occasion  de  la  peste. 
Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Koquelaure,  dans  la  grand*- 

salle  des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  3  mars.) 
Le  marquis  de  Mirepoix  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Mirepoix. 
Les  diocèses  de  Toulouse,  Lavaur,  Alet,  le   Puy,  Albi,  Rieux, 
Nimes,  Montpellier,   Uzès,  Béziers,  Comminges,  Mirepoix, 
Mende  &  Viviers  obtiennent  remise  de  104000  livres  sur  les 
impositions,  à  cause  de  la  grêle  &  cas  fortuits. 
La  foire  de  Beaucaire  est  rétablie  &  fixée  au  22  juillet. 
M.  de  Bernage  prescrit  la  deistruction  des  œufs  de  sauterelles. 
28  juin Nouveau  règlement  pour  les  élections  municipales  de  Roque- 
maure. 
5  juillet Etablissement  d'une  crue  de  5  sols  par  minot  de  sel,  en  Langue- 
doc &  provinces  voisines,  pour  payer  les  travaux  du  canal  des 
Losnes,  en  Provence. 
21  juillet  ....      La  pèche  aux  moules  est  interdite  près  de  la  jetée  du  grau  d'Agde. 

19  août Le   Conseil   des   affaires   ecclésiastiques    renvoie   au   procureur 

général  du  Parlement  de  Paris  un  mémoire  de  l'évèque  d'Alais 
intitulé   :  Réflexions  sur  l'état  présent  de   la  religion  dans  les 
Cévennes. 
23  novembre  .  ^- Les   impositions  seront  réduites  d'un   tiers  pour  deux  ans  aux 
communes  atteintes  de  la  peste. 


58  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1723,  10  décembre  .     L'établissement  de  pêcheries  est  prohibé  dans   les  canaux  des 

étangs  de  Languedoc. 

16  .décembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Roquelaure,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  21  février  1724.) 

17  décembre  .     Le  marquis  de  Roquelaure  prend  place  aux  États  comme  baron 

d'Apcher,  en  Gévaudan. 

18  décembre  ,     Le  comte  de  Lautrec  prend  place  aux  Etats  comme  baron  d'Am- 

bres, &  Jacques  de  Gramont  comme  baron  de  Lanta. 

1724,  25  janvier  . . ,     Suppression  des  offices  municipaux  créés  en  Languedoc  par  l'édit 

d'aoîlt  1722,  &  rétablissement  des  offices  supprimés  par  l'édit 

de  juin  1717,  non  encore  remboursés. 
24  février...,  -Les  membres  des  conseils  politiques  des  communes  sont  tenus 

d'assister  à  ces  assemblées,  sous  peine  d'amende. 
2  mai L'évêque  de  Montpellier  adresse  des  remontrances  au  roi  sur  le 

formulaire. 
14  mai Édit  renouvelant  toutes  les  mesures  de  rigueur  contre  les  pro- 
testants. 
4  juin Lettre   pastorale   de    l'évêque   de    Montpellier,   expliquant   ses 

principes  contre  l'acceptation  du  formulaire 
12  juin Le  Parlement  de  Toulouse,  renouvelant  un  arrêt  de  1601,  élève 

à  quarante  le  nombre  des  conseillers  politiques  de  la  ville  de 

Rieux  (Volvestre). 

26  juin Le  Conseil  d'État  déclare  que  les  îles  du  Rhône  appartiennent  à 

la  Province  de  Languedoc, 
|8  juillet La  construction  de  l'évèché  d'Alais  est  autorisée. 

27  juillet  ....      Une  commission  de  quatre  conseillers  d'État  &  de  six  maîtres 

des  requêtes  est  chargée  de  régler  les  contestations  entre  les 
États,  les  diocèses  &  les  communes  de  Languedoc  &  leurs 
créanciers,  au  sujet  des  offres  &  dépôts  de  billets  de  banque 
destinés  à  leur  remboursement  &  convertis  en  rentes  provin- 
ciales, 

i"'  septembre.     Incendie  à  Castres. 

12  septembre.     Établissement  d'une  subvention  à  Lodève. 

20  septembre.     Second  incendie  à  Castres. 

21  septembre.     Le  Conseil  d'État  condamne  les  remontrances  de  l'évêque  de 

Montpellier  &  ordonne  la  saisie  de  son  temporel, 
16  octobre...     Le   Conseil   d'État  attribue  à   l'intendant   la  connaissance  des 

contestations,  concernant  la  construction   &  l'entretien  des 

grands  chemins. 
24  octobre  .. .     Les   droits   de   courtiers-jaugeurs,   inspecteurs   aux   boucheries 

&  aux   boissons   sont   rachetés  par  la  Province,   au   prix  de 

800000  livres, 
î5  octobre  ...     Le  Parlement  de  Toulouse  casse  une  ordonnance  de  M,  de  Ber- 

nage  sur  les  élections  consulaires  de  Lauran. 
3o  octobre  ... -i  Cent   mille   livres   sont   remises   aux   communes   de  Languedoc 

ravagées,  en   1723,  par  la  grêle  &  par  les  inondations. 
4  novembre.     Nouveau  règlement  du  Conseil  d'État  pour  le  Conseil  poliliquo 

&  les  élections  consulaires  de  Rabastens. 


CHRONOLOGIE. 


5g 


1724,    7  novembre , 

4  décembre  , 

8  décembre 
14  décembre  , 

16  décembre  , 

26  décembre  . 


Le  diocèse  de  Mande  obtient  une  indemnité  de  720CO  livres 
pour  les  dépenses  de  l'épidémie. 

Le  Conseil  d'Etat  casse  deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse 
sur  les  élections  consulaires  de  Lauran. 

Etablissement  d'un  Conseil  politique  à  Montagnac. 
■  Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Narbonne.  (Clôture  le  7  février  1725.) 

Le  comte  de  Peyre  prend  place  aux  États  comme  baron  de  Peyre, 
en  Gévaudan. 

Le  Conseil  d'Etat  règle  l'entrée  aux  Assiettes  des  officiers  ducaux 
&  des  officiers  épiscopaux  d'Uzès.  —  Le  Conseil  d'État  main- 
tient le  Conseil  politique  de  la  ville  de  Rieux  au  nombre  de 
vingt-quatre  membres. 

1725,  16  janvier  ...  Les  communes  d'Avignonnet,  Montsaunès,  Mazères,  Beaufort  & 
Puicheric  obtiennent  diverses  remises  pour  trois  ans.  —  La 
f;ibrique  de  faïence,  établie  à  Montpellier  par  Jacques  Olivier, 
est  érigée  en  manufacture  royale.  —  Défense  est  faite  aiix 
,  juges  des  manufactures  de  Carcassonne  de  recevoir  aucun 
maître  drapier  drapant  durant  le  délai  de  trois  années. 

3o  janvier  ...  Le  Conseil  d'État  publie  un  nouveau  règlement  pour  les  assem- 
blées des  Assiettes  diocésaines.  —  Les  diocèses  &  communes 
de  Languedoc  atteints  par  la  grêle  &  les  inondations  obtien- 
nent 200000  livres  de  remise,  &  la  ville  de  Castres  16000,  à 
cause  de  ses  deux  incendies.  —  Maintien  pour  six  ans  du  droit 
de  subvention,  levé  dans  le  consulat  d'Albi  &  Castelviel. 

II  février. . . .  Bornage  remet  l'intendance  de  Languedoc  à  son  fils  Saint-Mau- 
rice. 

14  février Établissement  d'une  subvention  à  Agde,  pour  la  construction 

d'un  pont  de  bateaux. 

17  février....     Le  Conseil  d'État  attribue  à  M.  de  Saint-Maurice  le  jugement 

de  toutes  les  querelles  de  préséance  entre  les  officiers  royaux 

?<:  les  consuls  des  villes. 
27  février....     Jean  &  Antoine  AUuz  sont  autorisés  à  bâtir  sur  le  Lez,  près 

Montpellier,   une   fonderie   &   laminerie  de  cuivre   pour  la 

fabrication  du  vert  de  gris. 
16  mars L'Assiette  de  Béziers  accorde  i5o  livres  par  an  au  sieur  Bouillet, 

chargé  d'un  cours  gratuit  de  mathématiques. 

24  mars •    Le  Parlement  de  Toulouse  défend  aux  habitants  du  plat  pays 

d'entretenir  des  troupeaux  de  boucs,  chèvres  &  menons. 

25  mars Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  portant  règlement  pour  les 

pâturages. 

27  mars Le  Parlement  de  Toulouse  renouvelle  les  anciennes  défenses  de 

laisser  paître  le  bétail  dans  les  enclos,  olivettes,  vignes,  bois 
&  vergers. 

18  avril Transaction  entre  le  marquis  de  Calvisson  &  la  commune  de 

Massillargues,  pour  le   défrichement  des  palus  rehaussés  de 
l'Albriiguière  &  Tamerlet. 
22  avril Les  fabricants  de  Languedoc  sont  autorisés  à  teindre  au  rouge 


6o 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


de  Brésil,  au  bois  de  campêche  &  à  l'orseille  les  cadis  de  Gé- 
vaudan  &  des  Cévennes,  les  cordelats  de  Mazamet,  de  Dourgne 
&  de  Boissezon,  débités  dans  la  rivière  de  Gênes  &  recherchés 
des  peuples  d'Italie. 

1725,  29  mai --Le   Conseil   d'Etat   défend    de  tenir  des    chèvres  en  Languedoc 

&  d'arracher  des  arbres  ou  arbustes  dans  les  bois,  garrigues 
&  bruyères. 

5  juin Établissement  du  cinquantième  à  lever  sur  le  revenu  de  tous  les 

biens  pendant  douze  ans. 

18  juin L'intendant  ordonne  de  faire  sortir  dans  quinzaine  toutes   les 

chèvres  hors  de  la  Province. 
24  juillet  ....     Les  trois  subventions  de  Nimes  sont  prorogées  jusqu'en  lySS. 

7  août Le  Conseil  d'État  ordonne  la  translation  des  verreries  de  Rouet, 

Cazenove,  Baume,  Aumelas,  Petrilles,  Valbonne  &  Arques  sur 
les  montagnes  de  l'Esperou  &  de  Laigoal. 
14  août La  crue  de  cinq  sols  par  minot  de  sel  est  prorogée,  pour  subve- 
nir aux  frais  d'ouverture  du  grau  d'Aigues-mortes. 
4  septembre.      La  subvention  de  Montpellier  est  prorogée  pour  dix  ans. 

19  octobre  . . .      Les  diocèses  de  Narbonne,  Albi  &  Lavaur  obtiennent  remise  de 

loSooo  livres  d'impôts  pendant  trois  ans.  —  Les  vins  de  Lan- 
guedoc portés  à  Paris  par  le  Rhône  sont  déchargés  de  la  moitié 
des  droits  de  douane  de  Valence,  de  subvention  par  double- 
ment &  de  tous  les  péages  riverains. 
3o  octobre  . . .     Les  tailles  sont  remises  pour  cinq  ans  aux  incendiés  de  Castres. 

6  novembre  .     Déduction  du  poids   des  étoffes  d'emballage   accordée  aux  den- 

telles du  Puy  pour  la  perception  des  droits  de  douane  en 
Lyonnais,  Provence  &  Dauphiné. 

l3  novembre  .      Remise  est  faite  de  200000  livres  d'impositions  aux  communes 

de  Languedoc  affligées  par  la  grêle. 
2  décembre  .      Les  vins  de  Languedoc,  portés  à  Paris  de  Cette  ou  d'Agde  par  le 
Havre  ou  Rouen,  sont  déchargés  temporairement  des  droits 
d'entrées  des  cinq  grosses  fermes  &  de  la  subvention  par  dou- 
blement. 

3i  décembre  .     Règlement  pour  la  fabrication  des  droguets  façon  d'Angleterre. 


1726,  8  janvier 
10  janvier 
12  janvier 
22  janvier 


26  janvier 
26  février. 


Remise  est  faite  de  looooo  livres  d'impositions  aux  communes 
inondées. 

Ouverture  des  États  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Narbonne.  (Clôture  le  2  mars.) 

Les  marquis  de  Mérinville  &  de  Chambonas  prennent  place  aux 
États  comme  barons  de  Rieux  &  de  Saint-Félix. 

Au  sujet  d'un  différend  de  la  commune  des  Angles  avec  celle 
d'Avignon,  le  Conseil  d'État  maintient  le  roi  de  France  dans 
l'ancien  droit  &  possession  immémoriale  de  la  souveraineté  & 
de  la  propriété  du  Rhône,  d'un  bord  à  l'autre,  dans  tout  son 
cours. 

Remise  est  faite  au  Languedoc  de  5ooooo  livres  sur  le  don  gra- 
tuit. 

La  subvention  de  Chalabre  est  prorogée  pour  trois  ans. 


CHRONOLOGIE.  6l 

1726,.    5  mars Les  paroisses  de  Saiiit-Nazaire  de  la  Roque  &  de  Saint-Martin 

d'Urbains  sont  érigées  en  consulats  &  distraites  de  celui  de 

Puycelsi. 
7  mars La  charge  de  syndic  de  Vivarais,  de  perpétuelle  qu'elle  était, 

devient  annuelle  &  élective. 
16  mars Le  diocèse  d'Albi   obtient  l'entrée  d'un   quatrième  député  aux 

Etats,  en  la  personne  du  second  ex-consul  d'Albi. 
3o  juin L'exportation  des  grains,  sauf  l'avoine,  est  permise  par  les  ports 

de  Narbonne,  Agde  &  Cette  &  par  la  Garonne. 
21  octobre...     Engagement  du  comté  de  Lauragais  au  duc  de  Villars-Brancas. 
12  novembre.     La  manufacture  de  draps  fins  d'Auterive,  établie  par  Jean  Mar- 

cassus,  est  érigée  en  manufacture  royale. 
10  décembre  .     Le  Conseil  d'Etat  casse  les  ordonnances  des  trésoriers  de  France 

de  Toulouse  concernant  les  chemins,  &  maintient  aux  Etats 

de  Languedoc  la  direction  de  ces  ouvrages. 

1727,   16  janvier  ...      Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  dans  la  grand'- 

salle  des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  3  mars.) 

18  janvier  ...      Le  marquis  de  Choisinet  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Jaugeac,  en  Vivarais. 

25  février ....  L'impôt  sur  la  viande  de  boucherie,  établi  par  la  ville  de  Mont- 
pellier, est  prorogé  pour  dix  ans.  —  Le  droit  de  confirmation 
des  usages  des  communes  est  acquitté  en  bloc  par  la  Province. 

21  avril Règlement  pour  la  fabrication  des  draps  gris-blanc  de  Lodève, 

destinés  à  l'habillement  des  troupes. 

20  mai Etablissement  d'une  subvention  à  Lavaur,  pour  la  construction 

d'un  hôpital  général. 

10  juin Rachat  parla  Province  des  offices  de  receveurs  &  contrôleurs 

municipaux. 
5  août Abonnement  du  cinquantième  par  la  Province. 

12  août La  commune  de  Lunel  obtient  réunion,  par  remboursement,  des 

offices  de  maire  ancien  &  de  maire  alternatif. 

16  septembre.      Etablissement  d'un  professeur  de  philosophie  à  Limoux, 

19  septembre.     La  direction  des  travaux  de  construction,  réparation  &  entretien 

des  chemins,  ponts  &  chaussées  de  la  Province  est  maintenue 

aux  Etats, 
septembre....      Grandes  inondations  à  Toulouse;  débordement  de  la  Garonne, 

de  l'Hers,  de  l'Agout,  du  Tarn  &  de  l'Aude. 
i3  octobre  ...      Le  droit  de  committimus  &  d'évocation  générale  est  maintenu  aux 

Etats  de  Languedoc. 
14  octobre...      Etablissement  d'une  subvention  à  Lodève,  pour  la  conduite  des 

eaux  &  le  renouvellement  du  cadastre. 
16  octobre  . . .      Ordonnance  de  l'intendant  sur  les  transports  militaires. 
27  octobre...     Les  droits  de  sortie  &  de   fret  sur  les   vins  &  eaux-de-vie  de 

Languedoc  à  destination  des  pays  étrangers  sont  réduits  d'un 

tiers, 
octobre Confirmation  des  exemptions  de  taxes  anciennement  accordées 

à  la  terre  privilégiée  de  Mirepoix. 
4  novembre  .     Etablissement  d'un  impôt  sur  la  viande  de  boucherie  à  Alais. 


62  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1727,     9  décembre  .  -.Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  visite  du  canal  de  Languedoc, 

II  décembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  dans  la  grand*- 

salle  des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  3  février 

1728.) 
i3  décembre  .     Le  marquis  de  Brison  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Largentière,  en  Vivarais. 
3o  décembre  .     Règlement  pour  la  fabrication  des  cardes  à  laine  en  Languedoc. 

I7z8,     6  janvier  ...     Le  payement  du  droit  de  nouvel  acquêt  pour  les  usages  des  com- 
munes est  fixé  à  loooo  livres  par  an. 
8  janvier  ...     Assemblée  de  commerce  tenue  dans  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse. 

10  février. Le  Conseil  d'Etat  déboute  les  chartreux  de  Villeneuve  d'Avignon 

de  leurs  prétentions  sur  les  atterrissements  du  Rhône.  —  La 
fabrique  de  draps  fins  pour  le  Levant,  établie  à  Pennautier, 
est  érigée  en  manufacture  royale. 

i5  mars Remise  est  faite  de  248000  livres  d'impositions  à  la  ville  de  Tou- 
louse &  aux  diocèses  de  Toulouse,  Carcassonne,  Albî,  Rieux, 
Limoux,  Lavaur,  bas  Montaubau  &  Mirepoix,  à  cause  des 
Inondations  de  septembre  1727. 

16  mars -  Établissement  d'un  cours  de  théologie  à  Castelnaudary. 

17  mars La  Cour  des  aides  de  Montpellier  déclare  roturière  la  métairie 

des  Enclauses,  ainsi  que  le  bois  de  Sérignan  &  autres  lieux 
appartenant  au  chapitre  de  Saint-Pons  de  Thomières. 

20  mars Le  Conseil  d'État  nomme  cinq  arbitres  pour  juger  les  différends 

de  la  marquise  de  Toiras  avec  la  commune  de  Vezenobrc, 
relativement  à  la  qualité  de  certaines  terres. 

23  mars Le  Conseil  d'État,  à  l'occasion  d'un  différend  de  la  commune  de 

Vacquiers  avec  son  curé,  défend  au  Parlement  de  Toulouse 
de  casser  les  ordonnances  de  l'intendant. 

i3  avril Le  droit  du  cinquantième  est  abonné  par  la  Province  au  prix  de 

220000  livres,  à  lever  sur  tous  biens,  nobles  &  ruraux.  —  Rè- 
glement pour  la  tenue  de  l'Assiette  d'Albi. 

20  avril La  subvention  d'Agde  est  prorogée  pour  trois  ans. 

j"  juin Autorisation  aux  frères  Sartre  d'établir  à  Cette  une  manufacture 

royale  de  verres  à  vitre,  de  cristaux  &  d'émaux. 

20  juin Lettre  de  l'évèque  de  Montpellier  au  roi. 

10  août Déclaration  du  roi,  portant  règlement  pour  les  biens  abandonnés 

en  Languedoc. 

23  août Déclaration  du  roi,  réglant  la  pêche  du  poisson  de  mer  sur  les 

côtes  de  Languedoc. 
5  septembre.     Défense  est  faite  aux  fabricants  des  Cévennes  de  contrefaire  les 
molletons  de  Sommières. 

14  septembre.  Le  Conseil  d'État  casse  les  statuts  des  tonneliers  de  Cette,  comme 
contraires  aux  privilèges  de  la  ville,  &  défend  à  tous  artisans 
d'y  former  corps  de  maîtrise, 

18  septembre.     Le  Conseil  d'État  nomme  cinq  commissaires  pour  juger  définiti- 

vement les  différends  du  comte  de  Montpeyroux  avec  la  com- 
mune, au  sujet  de  la  qualité  de  ses  biens. 
5  octobre  ...     La  subvention  de  Saint-Esprit  est  prorogée  pour  douze  ans. 


CHRONOLOGIE.  66 

1728,  25  octobre...      Remise  est  faite  de  90000  livres  par  an,  pendant  deux  années, 

aux  diocèses  de  Narbonne,  d'Albi  &  de  Lavaur.  —  L'entrée 
des  drogueries  &  épiceries  du  nord  par  le  port  de  Cette  est 
autorisée. 

26  octobre  ...  Le  délai  de  remboursement  des  charges  municipales  en  Langue- 
doc est  prorogé  pour  trois  ans.  —  Les  comptes  des  communes 
du  diocèse  de  Narbonne,  depuis  vingt-neuf  ans,  sont  soumis  à 
une  révision  générale. 

28  octobre  . . .     Les  évêques  de  Montpellier,  de  Montauban  &  de  Castres  signent 

la  lettre  au  roi  sur  le  concile  d'Embrun. 
2  novembre  .     Etablissement  d'une  subvention  à  Beaucaire,  pour  dix  ans. 

23  novembre  .     La  subvention  de  Béziers  est  prorogée  pour  six  ans. 

3o  novembre  .  Les  excédants  de  la  capitation  du  diocèse  d'Uzès  sont  affectés  au 
remboursement  des  créanciers  du  diocèse  habitant  Avignon. 
—  Le  corps  des  marchands  fabricants  d'étoffes  de  laine  de 
Nimes  obtient  réunion  de  l'office  de  courtier  des  étoffes  de 
laine  &  de  soie.  —  Supplice  d'Alexandre  Roussel,  ministre 
d'Uzès,  pendu  à  Montpellier. 
7  décembre  .  Règlement  pour  les  laines  qui  doivent  être  employées  dans  les 
manufactures  du  Gévaudan. 

14  décembre  .  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  nomination  d'un  inspecteur  du 
pastel  dans  les  diocèses  d'Albi  &  de  Lavaur. 

16  décembre  .  Ouverture  des  États  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Narbonne.  (Clôture  le  3  février  1729.) 

18  décembre  .     Le  marquis  du  Roure  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Florac,  en  Gévaudan. 
28  décembre  .     Agitation  électorale  à  Espéraza. 
3o  décembre  .     Les  consuls  de  Gaillac  sont  autorisés  à  interdire  l'entrée  du  vin 

étranger,  suivant  les  anciens  privilèges  de  cette  ville. 

1729,  25  janvier Remise  est  faite  de  200000  livres  sur  les  impositions  aux  com- 

munes de  Languedoc,  à  cause  des  mauvaises  récoltes  de 
l'année.  —  Les  communes  affligées  de  grêle  &  d'inondations 
obtiennent  25oooo  livres  de  remise  sur  les  impositions. 

10  avril La  fabrication  des  draps  Londres-larges,  Londres  &  seizains  est 

interdite  à  Carcassonne,  Clermont  &  Saint-Chinian. 

19  avril Établissement  d'une  subvention  à  Puylaurens,  pour  dix  ans. 

21  avril Bail  à  Pierre  Roche  des  travaux  du  port  de  Beaucaire. 

3i  mai Le  Conseil  d'Etat  confirme  la  nomination  du  premier  consul  de 

Saint-Ambroix,  faite  d'office  par  l'intendant. 

7  juin Remise  est  faite  de  1000  livres  par  an,  pendant  quatre  années, 

à  la  commune  de  Brousse,  à  cause  du  mauvais  état  de  ses  cul- 
tures. 

14  juin La  conversion   en  argent  des  droits  seigneuriaux   payables  en 

huile  est  prorogée  pour  six  ans. 

21  juin Le  Conseil  d'État  fixe  à  6  livres  10  sols  le  minot  le  tarif  spécial 

du  sel  de  Peccais  pour  les  habitants  du  pays  de  Sault. 

3o  juin Le  Conseil  de  ville  de  Montpellier  décide  la  démolition  de  la 

porte  de  Lattes. 


64 

E'I 

1729, 

12 

juillet 

i5 

juillet  . . . , 

lO 

septembre 

i3 

septembre 

20 

septembre 

27 

septembre 

i8 

octobre  . . 

20 

octobre  . . 

ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Défense  est  faite  aux  fabricants  de  pastel  des  diocèses  d'Albi  & 
de  Lavaur  de  moudre  leur  pastel  pendant  la  nuit  pour  échap- 
per aux  vérifications  des  inspecteurs. 

Défense  est  faite  aux  compagnons  tisseurs  de  quitter  un  atelier 
en  laissant  une  pièce  de  drap  inachevée. 

Confirmation  du  traité  de  1634,  attribuant  6  deniers  par  livre  aux 
receveurs  des  tailles  de  Languedoc  pour  toutes  les  impositions. 

La  saisie  du  bétail  est  interdite  en  Languedoc. 

La  subvention  de  Cette  est  prorogée  pour  huit  ans. 

Règlement  pour  la  fabrication  des  tonneaux  à  vin  &  à  eau-de- 
vie  en  Languedoc. 

L'augmentation  de  subvention  de  Montpellier  est  prorogée  pour 
quatre  ans. 

Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  dans  la  grand'- 
salle  des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  14  dé- 
cembre.) 

26  novembre.      Remise  est  faite  d'une  somme  de  800000  livres  sur  les  imposi- 

tions, pour  servir  à  l'acquittement  des  dettes  de  la  Province. 

—  Le  droit  d'équivalent  est  augmenté  pour  douze  ans. 
i3  décembre  .     La  subvention  d'Uzès  est  prorogée  pour  quinze  ans. 
14  décembre  .     Bail  à  Joseph  Charavel  de  la  continuation  des  travaux  du  port 

de  Beaucaire. 

27  décembre  .      Les  droits  de  l'équivalent  de  Languedoc  sont  augmentés  pour 

douze  ans. 

1730,  25  janvier  . . .     Emeute  des  revendeuses  de  porc  à  Montpellier. 

3o  avril Remise  est  faite  à  la  Province  des  sommes  avancées  pour  l'arme- 
ment de  bâtiments  croiseurs,  destinés  à  protéger  la  navigation 
contre  les  corsaires  de  Tripoli. 
2  mai Le  Conseil  d'État  maintient  aux  consuls  de  Montpellier  la  con- 
naissance des  affaires  de  police,  même  en  matière  criminelle. 

16  mai Etablissement  de  trois  foires  à  Saix. 

■7  juin La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  défend  aux  officiers  de  la 

temporalité  de  l'archevêque  de  Narbonne  de  connaître  du  fait 
des  tailles  en  première  instance. 

27  juin Établissement  d'une  subvention  à  Sommières,  pour  six  ans. — 

Établissement  d'une  subvention  à  Pézénas,  pour  six  ans. 

1"  août Le  Conseil  d'État  casse  trois  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse 

sur  les  élections  municipales  d'Espéraza,  &  un  quatrième  sur 
les  querelles  de  préséance  entre  le  viguier  &  les  consuls  de 
Saint-Hippolyte. 

10  août Synode  provincial  des  Cévennes. 

22  août Le  Conseil  d'État  ordonne  la  vérification  des  comptes  commu- 
naux du  diocèse  de  Saint-Pons  depuis  vingt-cinq  ans. 

29  août j.  Établissement  de  la  loterie  de  Languedoc,  pour  le  rembourse- 
ment des  dettes  de  la  Province. 
5  septembre.     Établissement  d'une  subvention  à  Puyvert,  pour  dix  ans. 

11  septembre.      L'assemblée  du  clergé  de  France  écrit  au  rot  contre  l'évêque  de 

i'4ontpellier  &  demande  un  concile  pour  le  juger. 


CHRONOLOGIE.  65 

lySo,  19  septembre.  Les  emprunts  de  grains  pour  semailles  dans  le  diocèse  de  Saint- 
Pons  sont  soumis  à  l'approbation  préalable  d'un  des  commis- 
saires ordinaires. 

26  septembre.      Etablissement  d'une  subvention  à  Frontignan,  pour  cinq  ans. — 

La  subvention  de  Lunel  est  prorogée  pour  douze  ans. 

3i  octobre  . . .  Remise  est  faite  de  goooo  livres  par  an,  pour  deux  ans,  aux  dio- 
cèses de  Narbonne,  Albi  &  Lavaur.  —  Etablissement  d'une 
subvention  à  Clermont-Lodève,  pendant  douze  ans,  pour  rem- 
bourser les  engagistes  des  fours  banaux.  —  La  Province  obtient 
remboursement  des  sommes  avancées  pour  les  travaux  du  port 
de  Beaucaire.  —  Arrêt  du  Conseil  défendant  de  mettre  le  feu 
aux  chaumes,  landes,  bruyères  &  garrigues.  —  Le  Conseil 
d'Etat  casse  les  élections  consulaires  d'Auterive.  —  Le  Conseil 
d'Etat  attribue  à  l'intendant  la  connaissance  des  baux  de  bou- 
cheries municipales. 

octobre Confirmation  des  privilèges  de  la  ville  de  Nimes.  —  Erection  de 

la  baronnie  de  Saint-Remèze,  avec  entrée  aux  Etats,  à  la  place 
de  la  baronnie  d'Aps. 

14  décembre  .  Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  dans  la  grand'salle 
des  audiences  du  palais  de  Nimes.  (Clôture  le  3  février  lySi.) 

i5  décembre  .      Le  comte  du  Bourg  prend  place  aux  Etats  comme  baron  d'Arqués. 

19  décembre  .      Le  Conseil  d'Etat  défend  de  recevoir  à  Carcassonne  aucun  maître 

drapier  pendant  trois  années. 

lyBr,     4  mars Maintien  du  droit  de  souquet,  levé  par  la  ville  de  Nimes, 

27  mars La  subvention  établie  à  Narbonne  est  prorogée  pour  douze  ans. 

22   mai Les  impositions  ordinaires  sont  rétablies  dans  les  communes  des 

Cévennes  qui  avaient  été  détruites  en  1708. 

3  juillet  ....      Incendie  à  Montpellier,  causé  par  l'imprudence  des  tonneliers. 
7  juillet  ....      Le  Conseil  d'Etat  approuve   les  plans  du   sieur  de  Lablottière 

pour  la  place  du  Peyrou,  à  Montpellier,  &  ordonne  la  démo- 
lition du  couvent  de  la  Merci. 

3i   août Le  Conseil   d'Etat  maintient  l'usage  des  élections  municipales 

annuelles  à  Saint-Esprit. 

4  septembre.      Etablissement  d'une  subvention  sur  la  farine  à  Pézénas.  —  Le 

Conseil  d'État  casse  les  statuts  des  boulangers  &  droguistes 
d'Alais. 
9  septembre.      Les  contestations  entre  officiers   royaux  &  municipalités,  tant 
pour  assemblées  que  pour  juridiction,  sont  renvoyées  à  l'in- 
tendant. 

16  octobre  . . .     Arrêt  du  Conseil  sur  le  transport  du  minerai  de  fer  de  Vicdessos. 

17  novembre.      Déclaration  du  roi   établissant   l'impôt  du  dixième  de  tous  les 

revenus. 

20  novembre  .      Etablissement  d'une  subvention  à  Saint-Chinian. 

novembre....  Edit  portant  rétablissement  des  offices  de  gouverneurs,  lieute- 
nants de  roi,  majors,  maires,  lieutenants  de  maires  &  autres 
officiers  des  hôtels  de  ville. 

29  décembre  .La  manufacture  de  Montoulieu  est  autorisée  à  fabriquer  des 
draps  fins  pour  le  Levant. 

XIII.  5 


66  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE -LANGUEDOC, 

1702,  6  janvier  ...  Le  Conseil  d'Etat  enjoint  aux  communes  de  Languedoc  de  repré- 
senter leurs  titres  h  la  prohibition  des  vin.s  étrangers.  —  Le 
Conseil  d'Etat  ordonne  que,  dans  les  paroisses  com])Osées  de 
plusieurs  taillables,  tous  les  habitants  contribueront  à  l'entre- 
tien des  églises,  cimetières  &  presbytères. 

14  janvier  ...      L'intendant   défend   aux   juifs   de   séjourner  &  de    trafiquer  en 

Languedoc. 

15  janvier  ...      Règlement  du  Conseil  d'Etat  sur  l'aunage  des  draps  destinés  au 

Levant. 

17  janvier  . . .  Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  3  mars.) 

19  janvier  ...      Le  comte  de  Rochepierre  prend  place  aux  Etats  comme  baron 

de  Saint-Remèze,  en  Vivarals. 
6  février. .  . .      Déclaration  du  roi,  défendant  de  Saisir  les  feuilles  de  mûrier  en 
Languedoc. 

12  février Les  sucres  raffinés  à  Cette  exportés  à  l'étranger,  en  Franche- 
Comté  ou  en  Alsace,  sont  déchargés  des  droits  de  douane  de 
Lyon  &  de  Valence. 

8  avril Le  délai  de  remboursement  des  charges  municipales  est  prorogé 

pour  trois  ans. 

22  avril Supplice  du  pasteur  Pierre  Durand,  exécuté  à  Montpellier. 

3  mai Etablissement  d'un  corps  de  garde  &  d'une  chaîne  pour  fermer 

le  canal  du  port  de  Cette. 

10  juin Imposition    diocésaine   pour  l'achèvement  de   la  cathédrale  de 

Montauban. 

2r)  juin Le  Conseil  d'Etat  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  sur 

l'adjudication  de  certains  biens  abandonnés  dans  la  commune 
de  Montels. 

2  août Les  diocèses  d'Alet  8c  de  Limoux  obtiennent  le  droit  d'envoyer 

chacun  annuellement  aux  Etats  un  député  diocésain. 

2  août Etablissement  d'une  subvention  à  Mazamet,  pour  le  rachat  d'une 

censivç  due  au  comte  de  Belle-Isle, 

11  septembre.     La   terre  d'Arqués  perd  la  qualité  de  baroiiilie  des  États  par 

démission  de  la  marquise  du  Bourg. 
6  octobre...     Evasion  du  pasteur  Barthélémy  Claris,  prisonnier  dauS  la  ciia- 
delle  d'AIais. 

J4  octobre,.,  La  subvention  de  Clermont-Lodêve  est  prorogée  pour  neuf  ans, 
avec  nouveau  tarif,  —  Le  Conseil  d'Etat  confirme  les  préséan- 
ces du  juge  royal  d'Aigues-mortes  dans  les  assemblées  de  ville. 

octobre Érection  de  la  baroaaie  d'Avéjan  avec  entrée  aux  États,  à  la 

place  de  la  baronnie  d'Arqués. 

24  novembre  .  Ordonnance  de  l'intendant,  portant  règlement  pour  l'adminis- 
tration des  affaires  de  la  ville  de  Montpellier. 

27  novembre  .  Ouverture  des  États  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier.  (Clôture  le  8  janvier  1730.) 

9  décembre  .      Installation   de  Jean-Louis  Favier,  syndic  général  au  départe- 

ment de  la  sénéchaussée  de  Toulouse. 

12  décembre  .      Installation  de  René-Gaspard  Joubert,  syndic  général  au  dépar- 

tement de  là  sénéchaussée  de  Beaucaire  &  Nimes. 


1732,  3o  décembre 


CHRONOLOGIE. 


67 


Remise  est  faite  de  47000  livres  sur  les  impositions  de  lySi  aux 
diocèses  de  Narboitiie,  Albi  &  Lavaiir. 


1733,  10  janvier  ...  La  Cour  des  aidés  de  Montpellier  règle  la  compétence  des  offi- 
ciers royaux  de  la  vîguerie  de  Narbonne  &  des  officiers  de  la 
temporalité  archiépiscopale,  en  fait  de  tailles. 

16  janvier  ...     La  Cour  des   aides    de   Montpellier  défend   d'exiger  un   droit 

d'équivalent  sur  le  poisson,  aux  portes  de  Toulouse. 

22  janvier  ...  La  Cour  des  aides  de  Montpellier  déclare  que  toutes  les  commu- 
nautés régulières  &  séculières  de  Languedoc  sont  soumises  au 
droit  d'équivalent. 

!'■'  février. . . .  Instruction  pastorale  de  l'évêqiie  de  Montpellier  sur  les  miracles 
du  diacre  Paris. 

7  février....     Le  Conseil  d'Etat  renvoie  par  provision,  au  sénéchal  de  Nimes, 

l'appel  des  jugements  rendus  par  les  officiers  des  justices 
épiscopales  Ou  capitulaires  d'Uzès  &  des  seigneuries  dans  la 
mouvance  de  l'évêché. 

8  février. ...     Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  révision  des  comptes  du  clavaire  de 

Montpellier. 
10  février....     La  ville  de  Montpellier  obtient  prorogation  pour  dix  ans  des 
droits  de  courtage. 

17  mars La  Cour  des  aides  de  Moritpellier  autorise  la  perception  du  droit 

d'équivalent  sur  le  poisson, 

28  mars La  réduction  des  droits  de  sortie,  accordée  aux  petites  étoffes 

de  laine,  est  étendue  aux  couvertures  fabriquées  à  Montpel- 
lier. 

i''  mai Le  Conseil  d'Etat  supprime  l'instruction  pastorale  de  l'évêque 

de  Montpellier  sur  les  miracles  du  diacre  Paris. 

18  juin La  Cour  des  aides  de  Montpellier  déclare  les  habitants  de  Nimes 

exempts  des  droits  de  péage,  contre  les  prétentions  du  baron 
de  Manduel  &  de  Lamothe. 

jcj  juin Les  consuls  de  Perols,  Villeneuve  &  Frontignan  sont  tenus  de 

fournir  hommes,  bateaux  &  outils  pour  nettoyer  le  canal  des 
étangs,  en  payant  les  journées  de  gré  à  gré. 

27  juin La  fabrique  de  draps  fins  pour  le  Levant,  établie  à  Bise,  est 

érigée  en  manufacture  royale. 
7  juillet  ....     La  subvention  de  Carcassonnc  est  prorogée  pour  six  ans. 

25  août Liquidation  de  l'emprunt  de  1714. 

4  octobre  . . .     Prétendu  miracle  de  la  Vérune. 

17  octobre  ...  Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  de  la  Cour  des  aides  de  Mont- 
pellier sur  la  nortiination  du  Conseil  politique  de  Lésignan. 

27  novembre  .  Remise  est  faite  de  40000  livres  aux  diocèses  de  Narbonne,  Albi, 
&  Lavaur. 

17  décembre  .     Ouverture  des  États  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  6  février  1784.) 

18  décembre  .     Le  comte  d'Avéjall  est  reçu  aux  Etats  comme  baron  d'Avéjan. 

19  décembre  .     Le  marquis  de  Nisas  est  reçu  au.f  États  comme  baron  de  Mur- 

viel. 
3o  décembre  .     Remise  est  faite  de  iSoooo  livres  sur  la  capitation  de  Languedoc. 


58 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1734,   14  janvier Le  Parlement  de  Toulouse  enregistre  la  déclaration  du  dixième, 

avec  remontrances  au  roi. 

28  janvier  ...      La  baronnie  de  Privas,  en  Vivarais,  est  vendue  par  la  duchesse 

d'Aiguillon  au  marquis  de  Gerlande. 

3o  janvier  ...  Établissement  d'une  commission  pour  la  réformation  des  abus 
introduits  dans  l'administration  des  communes  de  Languedoc. 

janvier Création  de  la  manufacture  royale  de  Montoulieu. 

5  février. . . .      Règlement  des  Etats  sur  l'établissement  des  subventions. 

16  mars Le  Conseil  d'État  déclare  que   le  village  de    Monteils-Rivals, 

situé  sur  la  frontière  du  Forez,  fait  partie  du  Vêlai,  en  Lan- 
guedoc. 

26  mars Toutes  les  élections  municipales  en  Languedoc  sont  suspen- 
dues. 

3i  mars Les  anciens  pourvus  d'offices  municipaux  non  remboursés  sont 

maintenus  en  jouissance,  à  charge  de  payer  dans  un  mois  la 
moitié  de  la  nouvelle  finance. 

i3  avril Le  Conseil  d'État  ordonne  que  les  étoffes  fabriquées  en  Lan- 
guedoc seront  mesurées  à  l'aune  de  Paris. 

21  avril Instruction  pastorale  de  l'évêque  de  Montpellier  sur  le  miracle 

de  la  Vérune. 

II   juillet  ....      La  fabrique  de  draps  d'Aubenas  est  érigée  en  manufacture  royale. 

29  juillet La  ville  de  Montpellier  obtient  continuation  pour  cinq  ans  du 

droit  d'un  denier  par  livre  de  viande. 

3i  juillet Le  Conseil  d'État  règle  l'abonnement  du  dixième  à  i  35oooo  li- 
vres par  an. 

24  août La  taxe  des  biens  nobles  de  Languedoc  pour  le  dixième  est  fixée 

aux  cotes  de  1712,  augmentées  d'un  tiers.  —  La  moitié  des 
frais  de  la  commission  de  1734  est  mise  à  la  charge  du  trésor 
royal. 

28  août Arrêt  du  Conseil  d'État  pour  la  conservation  des  eaux  minérales 

de  Saint-Laurent,  en  Vivarais. 

21  septembre.  Le  Conseil  d'État  nomme  une  commission  de  six  membres  pour 
étudier  les  contestations  des  États  de  Languedoc,  du  Parle- 
ment de  Toulouse,  de  la  Cour  des  aides  de  Montpellier,  des 
trésoriers  de  France  &  des  présidiaux  de  la  Province. 

19  octobre  ...     La  subvention  de  Béziers  est  prorogée  pour  trois  ans. 

20  novembre  .      Le  Conseil  d'État  accorde  un  an  de  délai  aux  seigneurs  riverains 

du  canal  pour  remise  de  leurs  titres, 

20  novembre.  Une  somme  de  4600  livres  est  accordée  à  la  Province,  en  rem- 
boursement des  frais  de  voitures  fournies  aux  troupes  espa- 
gnoles. —  Remise  est  faite  de  40000  livres  aux  diocèses  de 
Narbonne,  Albi  &  Lavaur. 

16  décembre  .  Ouverture  des  États  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier  (Clôture  le  7  février  1735.) 

18  décembre  .  Le  marquis  de  Morangiès  prend  place  aux  États  comme  baron 
du  Tournel,  en  Gévaudan. 

Si  décembre  .  Ordre  de  remboursement  de  iio3i4  livres  à  la  Province,  pour 
louage  de  cinq  cents  mulets  fournis  par  les  communes  de  Lan- 
jjuedoc  à  l'armée  d'Italie. 


CHRONOLOGIE.  6g 

1735,  i5  janvier  ...      Règlement  nouveau  pour  la  juridiction  consulaire  de  Toulouse, 

avec  restriction  du  nombre  des  électeurs. 

22  janvier  ...  Le  diocèse  de  Lodève  est  autorisé  à  emprunter  5oooo  livres,  pour 
la  construction  de  l'évéché. 

26  février. . . .      Mandement  de  l'évéque  de  Saint-Papoul,  qui  adhère  à  l'appel. 

24  mars Le  Conseil  d'Etat  permet  de  tenir  l'Assiette  diocésaine  de  Mire- 
poix  dans  l'une  des  quatre  villes  de  Mirepoix,  Fanjaux,  Cinte- 
gabelle  &  Laroque  d'Olmes,  au  choix  des  commissaires. 

28  mars Le   marquis  de  Gerlande,  baron  de  Privas,  se  démet  du  droit 

d'entrer  aux  Etats  fous  les  vingt-quatre  ans  en  faveur  du  mar- 
quis de  la  Tourrette,  baron  de  Chalencon. 

3o  mars Assemblée    de    la    province    ecclésiastique   de    Narbonne    :   elle 

rejette  la  demande  d'un   concile   contre  l'évéque   de   Mont- 
pellier, faite  par  les  évéques  de  Nimes  &  de  Saint-Pons. 

I"  avril Instruction  pour  la  levée  du  dixième. 

2  avril ^-Le  Conseil  d'Etat  supprime  le  mandement  de  l'évéque  de  Saint- 
Papoul. 
4  avril Livres  protestants  brûlés  à  Beaucaire,  devant  l'hôtel  de  ville. 

14  mai Établissement   d'un    marché   à  Narbonne,    le    jeudi  de  chaque 

semaine. 
4  septembre.     Le  Parlement  de  Toulouse  condamne  au  feu  l'Histoire  de  la  con- 
grégation, des  filles  de  l'Enfance. 
septembre.     Erection   de   la   baronnie   de   La  Tourrette,  en  Vivarais,  avec 
entrée  aux  Etats,  à  la  place  de  Privas. 

15  décembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Narbonne.  (Clôture  le  3  février  1736.) 
26  décembre  .      Les  agents  du  fermier  des  domaines  sont  soumis  à  l'obligation 
de  prendre  un  permis  de  l'intendant  pour  réclamer  le  paye- 
ment des  droits  de  contrôle,  insinuation  &  centième  denier,  à 
cause  d'actes  passés  avant  le  1"  janvier  1727. 

1736,  10  janvier  ...     La  subvention  de  Montpellier  est  prorogée  pour  dix  ans. 

14  janvier  ...  Le  comte  de  Lautrec  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 
Villeneuve. 

16  janvier  ...     Déclaration  du  roi,  réglant  les  adjudications  par  décret  en  Lan- 

guedoc. 

20  janvier  . . .  Déclaration  du  roi,  réglant  la  compétence  du  Parlement  de  Tou- 
louse, de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier  &  des  autres 
tribunaux  de  Languedoc. 

janvier Lettre  de  l'évéque  de  Montpellier  au  pape,  au  sujet  d'un  man- 
dement apocryphe  condamné  en  cour  de  Rome. 

l3  mars Le  Conseil  d'Etat  règle  l'exploitation  du  bois  de  Valeine,  appar- 
tenant à  la  ville  de  Montpellier. 

4  avril Le  curé  de  Lansargues  est  relégué  au  séminaire  de  Béziers,  par 

lettre  de  cachet. 

24  avril ,  L'exportation  des  grains  de  Languedoc  est  autorisée  par  les  ports 

de  Cette,  Agde,  la  Nouvelle  &  Aigues-mortes. 

29  mai Etablissement   d'une   nouvelle   subvention  à  Carcassonne,  pour 

six  ans.  —  La  subvention  du  Fuy  est  prorogée  pour  neuf  ans. 


70  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1736,  27  juin Honoré  Quiqueran   de   Beaujeu,  évêqiie   de   Castres,   meurt  à 

Arles.  L'archevêque  lui  fait  refuser  les  derniers  sacrements. 

20  juillet  ....     Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  en  faveur  des  jésuites,  ([ui 

deviennent  professeurs  royaux  &  inamovibles. 

4  septembre.     Renouvellement,  pour  six    ans,   de    l'interdictioix  de   saisir  le 

bétail  eu  Languedoc.  —  La  Cour  des  comptes  de  Montpellier 
déclare  roturiers  les  biens  possédés  à  Ventenac  par  Joseph  do 
Lordat,  abbé  de  Montoulieu, 
8  septembre.  L'évêque  de  Lodève  est  autorisé  à  emprunter  25ooo  livres,  paya- 
bles en  dix  ans  sur  les  revenus  épiscopaux,  pour  la  construc- 
tion de  l'évêché. 

5  novembre  .     Les  habitants  de  la  rue  de  la  Saunerie  du  Puy  sont  maintenus  au 

privilège  de  vendre  le  sel  à  grandes  &  petites  mesures. 

II  novembre.  Instruction  pastorale  de  l'évêque  de  Montpellier,  en  réponse  à 
celle  de  l'archevêque  de  Sens  contre  les  miracles. 

l3  novembre.  Le  Conseil  d'Etat  déboute  le  chapitre  cathédral  d'Uzès,  appuyé 
par  les  agents  généraux  du  clergé  de  France,  de  sa  deniaiiiie 
en  exemption  des  droits  de  subvention  perçus  à  Uzès. 

27  novembre  .  La  députation  aux  Etats  de  Languedoc  est  déférée  aux  soumis- 
sionnaires d'offices  qui  auront  payé  en  espèces  le  tiers  de  la 
finance  avant  l'ouverture  de  l'assemblée. 

i3  décembre  .  .  Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier,  (Clôture  le  4  février  ijSj.) 

1737,  1"  janvier  . . ,     Suppression  de  l'impôt  du  dixième.  —  Le  prix  du  sel  est  réduit 

en  faveur  des  habitants  du  Gévaudan,  dans  les  Chambres  de 
Mende,  Marvéjols  &  Langogne, 
19  janvier  . . .     Règlement  pour  la  vente  du  sol  des  anciens  chemins. 

21  janvier  ...     Les   États   de  Languedoc   transigent   ayec   les   propriétaires  du 

monopole  de  la  glace.  —  Délibéraliçji  des  États  sur  la  répara- 
tion &  l'entretien  des  chemins  en  Languedoc. 

22  janvier  ...     Arrêt  du  Conseil  d'État  pour  la  vérification  des  dettes  des  com- 

munes contractées  du  i"  janvier  1721  au  i*"'  janvier  1736. 

26  janvier  . . .  Bail  de  la  ferme  générale  de  l'étape  à  Jean  Margouet,  de  Mont- 
pellier. 

1"  mars Surprise  d'une  assemblée  protestante  dans  une  grange,  en  Vivarais. 

19  mars Les  vins  de  Languedoc  &  de  Roussillon  destinés  à  l'approvision- 
nement de  Paris  sont  déchargés  des  droits  de  raassicault  &  de 
moitié  des  autres  droits  dus  à  Rouen  &  au  Havre. 

24  mars..,.,,     La  commission  de  1734  règle  les  drçits  de  quittance  des  rece- 
veurs &  contrôleurs  des  tailles, 
2  avril,,.,,.     Le  Conseil  d'État  déclare  roturiers  tous  les  biens  possédés  par 
les  bénédictins  d'Aniane,  dans  le  taillable  de  la  commune. 

7  mai Le  Conseil  d'État  défend  d'acheter  les  laines  avant  le  mois  de 

mai,  &  de  vendre  celles  du  Carcasses,  du  Narbonnais  &  du 
Biterrois  autrement  qu'en  suint. 

21  mai Le  diocèse  de  Mende  est  autorisé  à  emprunter  40000  livres, 

pour  acheter  des  grains  &  pour  construire  ou  r.épsrer  Jtjs  che- 
mins en  Gévaudan. 


CHRONOLOGIE,  •  71 

1737,   18  juin Défense  est  faite  aux  agents  du  prince  Je  Rohnn  de  saisir,  sous 

prétexte  de  péage,  les  grains  portés  en  Vivarais  par  le  Khône, 
sauf  déclaration  des  voituriers  à  Lavoûte  &  à  Tournon. 

15  juin ^  Instruction  pour  la  fourniture  des  étapes  en  Languedoc. 

28  juin La  Cour  des   comptes   de  Montpellier  condamne   le   maire   do 

Saint-AmbroiXj  pour  prévarications  &  malversations. 
I*'  juillet  ....      Ordonnance  de  l'intendant  pour  le  pliage  des  toiles  de  l'Albi- 
geois. 

2  juillet  ....     Etablissement  de  nouveaux  droits  de  subvention  à  Pézénas. 

16  juillet  ....      Les  habitants  de  Portiragnes  sont  autorisés  à  planter  en  vignes 

sept  cent  quatre-vingt-biiit  sélerées  de  terres  en  friche. 

i3  août La  subvention  d'Alais  est  continuée  pour  neuf  ans. 

27  août Le  comte  du  Pujol  s'empare  des  titres  de  cette  commune. 

3  septembre.      Le  droit  de  petit-blanc  sur  les  sels  de  Peyriac  &  de  Peccais  est 

doublé,  pour  la  réparation  des  chaussées  du  Rhône. 

16  septembre.     Défense  est  faite  de  recevoir  aucun  maître  drapier  drapant  ri 
Saint-Chinian  &  Clermont,  pendant  six  ans. 
9  octobre  ...     Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  démolition  des  moulins  de  l'Hers, 
depuis  le  territoire  de  Villefranche. 

i5  octobre  . . .  Règlement  pour  le  contrôle  des  actes  des  hôtels  de  ville  de  Lan- 
guedoc. 

24  octobre  . . .  Ouverture  des  Etats  par  le  marquis  de  La  Fare,  à  l'hôtel  de  ville 
de  Montpellier,  (Clôture  le  5  décembre.) 

3i  octobre,..  Le  marquis  de  Caylus  prend  place  aux  États  comme  baron  de 
Rouairoux. 

26  novembre  .     La  subvention  de  Béziers  est  prorogée  pour  six  ans. 

4  décembre  .  ^  Remise  est  faite  de  200000  livres  sur  le  don  gratuit  aux  com- 

munes de  Languedoc  affligées  par  la  grêle  &  la  sécheresse. 

7  décembre  .      M.  de  Montgeron,  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  est  relégué 

à  Viviers  par  lettre  de  cachet. 

29  décembre  .  -  Les  élections  municipales  sont  rétablies  en  Languedoc,  à  comp- 

ter du  1"  janvier  173B. 

173s,  21   janvier  ...     La  subvention  levée  à  Revel  est  prorogée  pour  douze  ans. 

4  mars MM.  de   Barillon   &  de   la  Salle  sont   subroges   aux   droits  ilii 

maréchal  de  Noailles  pour  le  dessèchement  des  marais  du  luis 
Languedoc. 

6  mars La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  casse  le  nouveau  comj  oix 

de  Graulhet  &  prescrit  d'en  dresser  un  autre. 

8  avril Mort  de  M.  de  Croissy,  évoque  de  Montpellier. 

i5  avril Le  diocèse  de  Lodève  emprunte  42000  livres  pour  les  travaux  des 

chemins. 

10  juin Les  acquéreurs  d'offices  municipaux  non  remboursés  sont  main- 
tenus en  fonctions. 

24  juin Modération  des  droits  de  sortie  sur  les  draps  nims  destinés  au 

commerce  du  Levant. 

7  juillet M.  de  Saint-Jal,  évoque  de  Castres,   ordonne   la   construction 

d'une   catliédrale.  —  L'intendant  ordonne  la  démolilion  des 
moulins  sur  l'ilcrs. 


72 


ÉTUDES   PilSTORlQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1738,  29  juillet La   fabrication   des   bas  &  autres    ouvrages   de   boiinetterie   au 

métier  est  autorisée  à  Lunel.  —  Règlement  pour  le  commerce 
des  cuirs  à  Toulouse. 

6  août Arrêt  du  Conseil  sur  le  rachat  des  censives  fait  par  la  commune 

de  Saint-Hippolyte  au  sieur  Decroye. 
6  septembre.     Le   Conseil    d'Etat   attribue,   pour  cinq    ans,    à  l'intendant  de 
Languedoc   la  connaissance   des  vols  de    laine  faits  dans  les 
fabriques  de  draps. 

16  septembre.      La  subvention  d'Albi  est  prorogée  pour  six  ans. 

28  septembre.  L'ingénieur  en  chef  Thiery  est  chargé  de  vérifier  la  possibilité 
de  joindre  le  canal  royal  à  la  robine  de  Narbonne. 

21  octobre  . . .      Établissement  d'une  subvention  à  Limoux,  pour  dix  ans. 

28  octobre  ...  Le  Conseil  d'État  confirme  la  transaction  de  1725,  entre  le  mar- 
quis de  Calvisson  &  la  commune  de  Massillargues,  pour  le 
défrichement  des  marais. 

15  novembre .     Arrêt    du    Conseil    d'État    sur    la    vérification    des    dettes    des 

communes.  —  Le  Conseil  d'État  ordonne  la  démolition  des 
moulins  de  Saint-Rome  &  de  Mourvilles,  sur  le  ruisseau  de 
Marcaissonne. 

25  novembre.  Remise  de  120000  livres  est  faite  aux  communes  de  Languedoc, 
à  cause  des  dommages  causés  aux  récoltes  par  la  grêle,  la 
sécheresse  &  les  brouillards.  —  Remise  est  faite  de  40000  li- 
vres aux  diocèses  de  Narbonne,  d'Albi  &  de  Lavaur. 

27  novembre  .     Ordonnance  de  M.  de  Bernage  pour  l'entretien  du   canal   des 
Étangs. 
2  décembre  .      Le  Conseil  d'État  autorise  le  marquis  de   Léran  à  rétablir  ses 
forges. 

II  décembre  .  Ouverture  des  Etats  par  le  duc  de  Richelieu,  à  l'hôtel  de  ville  de 
Montpellier.  (Clôture  le  3  février  1739.) 

i3  décembre  .  Règlement  des  États  pour  la  production  des  preuves  généalogi- 
ques exigées  des  envoyés  de  la  noblesse. 

16  décembre  .      La  capitation  de  Languedoc  est  réduite  à  1620000  livres  pour 

l'année   1738. 
23  décembre  .      Les  nouveaux  droits  de  subvention  de  Montpellier  sont  prorogés 
jusques  en  1745.  —  Etablissement  d'une  nouvelle  subvention 
à  Aigues-mortes,  pour  douze  ans. 


1739,   27  janvier  . 

28  janvier  . , 

29  janvier  . . 


janvier  . 
7  mars. 


Règlement  des  États  pour  la  vérification  des  espèces  dans  les 

caisses  de  la  Province. 
Conventions  entre  les  commissaires  des  États  &  les  propriétaires 

du  canal,  au  sujet  de  l'entretien  des  épanchoirs,  aqueducs  & 

rigoles. 
Les  États  approuvent  les  conventions  passées  entre  les  députés 

des  diocèses  de  Lavaur  &  de  Saint-Papoul  &  les  propriétaires 

du  canal. 
Le  titre  de  barounie  de  tour  de  Vivarais  est  rendu  à  la  terre  de 

Tournon. 
Mandement  de  M.  de  Charency,  évéque  de  Montpellier,  ordon- 
nant kl  signature  pure  &  simple  du  formulaire. 


CHRONOLOGIE.  73 

1739,  24  mars Le  Conseil  d'Etat  maintient  les  préséances  des  consuls  de  Saint- 
Esprit  contre  les  prétentions  des  officiers  de  la  justice  royale. 

7  avril Etablissement  d'une  subvention  à  Ganges,  pour  douze  ans. 

14  avril Etablissement  d'une  nouvelle  subvention  à  Saint-Hippolyte,  pour 

douze  ans. 
18  avril Règlement  pour  la  fabrication  des  métiers  à  bas. 

27  avril Le  Parlement  de  Paris  remet  le  comte  de  Mérinville  en  posses- 

sion de  la  baronnie  de  Rieux,  sauf  remboursement  de  l'adjudi- 
cataire. 

28  avril Ordonnance  de  l'intendant  pour  l'entretien  des  fossés  des  grands 

chemins  &  chemins  de  traverse. 

3o  avril Le  curé  de  Sainte-Anne  de  Montpellier  est  dépouillé  de  son 

bénéfice  comme  appelant. 

5  mai Etablissement  d'une  imposition  de  6000  livres  à  Montpellier, 

pour  neuf  ans,  en  faveur  de  l'hôpital  Saint-Eloy. 

12  mai Les    droits   de    subvention   de   Nimes  sont  prorogés  pour  neuf 

ans. 

i3  mai Arrêt  du  Conseil  d'Etat  pour  le  remboursement  des  créanciers 

de  la  Province. 
19  mai La  commune  de  Nimes  est  autorisée  à  nommer  ses  conseils  poli- 
tiques suivant  les  anciens  usages. 

16  juin Etablissement  d'une  subvention  à  Castres,  pour  huit  ans.  —  La 

subvention  de  Cette  est  prorogée  pour  huit  ans. 

18-19  juin...  Un  orage  nocturne  dévaste  quatre-vingt-quinze  paroisses  de 
Gévaudan. 

3o  juin M.  de  la  Blottière,  directeur  des   fortifications,  est  chargé  de 

vérifier  les   marais  du    bas   Languedoc,  entre  Aigues-mortes, 
Beaucaire  &  l'étang  de  Pérols.  —  Etablissement  d'une  subven- 
tion à  Réalmont,  pour  dix  ans. 
2  juillet  ....     L'ancien  octroi   de  la  ville  de  Saint-Esprit  est  continué  pour 
neuf  ans. 

20  juillet  ....  Le  Conseil  d'Etat  annule  les  statuts  des  pareurs  de  Saint-Chi- 
nian  &  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  qui  en 
ordonnait  l'exécution. 

9  août 800000  livres  sur  la  capitation  sont  affectées  au  remboursement 

des  créanciers  de  la  Province. 

II  août Le  Conseil   d'Etat   confirme   aux   consuls  de   Frontignan  leurs 

anciennes  préséances,  sur  rachat  de  la  mairie  fait  par  la  com- 
mune. 

14  août Le  Conseil   d'Etat  défend  de  faire  aucun   entrepôt  de  laine  à 

Tarascon  pendant  la  foire  de  Beaucaire. 

26  août Le  diocèse  de   Nimes  vote   un    emprunt  de  5oooo  livres  pour 

indemnités  aux  communes  dévastées  par  l'orage. 

22  septembre.  MM.  de  Pontmartin  &  Durand,  ingénieurs,  sont  désignés  pour 
vérifier  les  marais  à  dessécher  dans  le  bas  Languedoc. 

29  septembre.      La  subvention  d'Anduse  est  prorogée  pour  neuf  ans. 

3û  septembre.   \La  commission  de  1734  demande  à  toutes  les  communes  de  Lan- 
guedoc un  état  de  leurs  dettes. 
16  octobre  ...      La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  casse  l'allivreiaent  fait  par 


74 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1739,  17  octobre  . , 


12  novembre  , 
17  décembre  . 
19  décembre  . 


les  consuls  de  Montlaur  du  domaine  de  Roquenégade,  appar- 
tenant au  marquis  de  Pins. 

Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  vérification  des  rôles  dressés  ])ar 
les  collecteurs  des  tailles.  —  Les  adjudicataires  &  agents  de 
l'équivalent  de  Languedoc  sont  exemptés  des  charges  person- 
nelles. —  Remise  est  faite  de  40000  livres  aux  diocèses  de 
Narbonne,  Albi  &  Lavaur.  —  Remise  est  faite  de  160000  livres 
sur  le  don  gratuit,  à  répartir  entre  les  diocèses  de  Mende, 
Viviers,  Uzès,  les  communes  d'Avignonnet,  Capestan,  Vie,  Si 
Candillargues. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat  pour  la  reddition  des  comptes  des  com- 
munes de  Languedoc. 

Ouverture  des  Êlats,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Richelieu. 
(Clôture  le  1"  février  1740.) 

Le  marquis  d'Avéjan  prend  place  aux  États  comme  baron  d'Avé- 
jan. 


1740,  iç)  jaijvier  ...  Règlement  des  États  pour  l'exécution  des  conventions  passées 
entre  la  Province  &  les  propriétaires  du  canal  de  Languedoc, 
concernant  l'entretien  des  divers  ouvrages. 

1"  février La  municipalité  de  Nimes  vote  des   secours  aux  ouvriers  sans 

travail. 

27  févriçr,,.,  Le  diocèse  de  Montpellier  est  déchargé  du  droit  de  centième 
(jçnier  des  fonds  de  terre  pris  pour  emplacement  ou  agrandis- 
sement des  chemins. 

lî  mars La  commission  de  1734  nomme  un  auditeur  des  comptes  commu- 
naux dans  chaque  diocèse  de  Languedoc. 

16  mars..,,,.  Le  Conseil  d'État  charge  le  subdélégué  de  l'intendant  de  procé- 
der à  l'adjudication  des  fermages  communaux  de  Toulouse. 

I"  ftvrij, . . ,, .  Ordonnance  du  rpi,  réglant  le  nombre  &  la  qualité  des  voitures 
à  fournir  aux  troupes  de  passage  eu  Languedoc. 

j3  gyril, Un  délai  de  six  mpis  est  accordé  aux  créanciers  des  communes 

de  Languedoc  pour  faire  valoir  leurs  droits. 

23  avril Remise  est  faite  de  5oooo  livres  sur  le  don  gratuit  aux  communes 

de  Capestan,  Fleury,  Armissan  &  autres  lieux  du  diocèse  de 
Narbonne  désolés  par  les  inondations. 

10  mai.......      Une  pension  annuelle  de  5oo  livres,  en  faveur  du  collège  des 

doctrinaires  de  Narbonne,  est  assise  sur  le  diocèse  &  sur  la 
ville. 

27  juin ,     Le  commission  de  J734  permet  de  poursuivre,  par  garnisons,  la 

reddition  des  comptes  communaux. 
5  juillet  .,,.     Les  droits   sur  la  boucherie,  établis  à  Narbonne  en  faveur  do 
l'hôpital,  sont   prorogés   pour   quatre   ans.  —  Établissement 
d'une  subvention  à  Saiute-Colombe. 

20  août.,..,!  Ordonnance  de  l'intendant  pour  la  fabrication  des  étoffes  des 
Cévennes. 

|5  septembre.  La  commission  de  1734  annule  les  comptes  communaux  réglés 
par  les  auditeurs  ordinaires  depuis  1703  &  les  renvoie  aux 
coiinuiL,sairt;a  auùitcuia.  —  Les  religiou.t  de  la  Merci  dt-  Mont- 


CHRONOLOGIE, 


75 


1740,  18  octobre  . , . 

î5  octobre  . . 
8  novembre  , 


novembre .. . 
6    décembre 

i5  décembre 

J7  décembre 

20  décembre 


pellier  achètent,  aux  frais  de  la  Provincç,  l'enclos  de  Triu- 
quère  &  obtiennent  40000  livres  pour  y  bâtir  leur  couvent. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  concernant  les  ouvriers  employés  par 
les  fabricants  de  Carcassonne, 

La  subvention  de  Puylaurens  est  prorogée  pour  dix  ans. 

La  levée  des  droits  de  petit  blanc  est  prorogée  jusqu'à  rem- 
boursement de  00000  livres,  avancées  pour  les  réparations 
du  pont  &  des  chaussées  de  Saint-Esprit.  —  Le  Conseil  d'État 
ordonne  l'élargissement  du  Girou,  aux  frai?  des  communes 
riveraines. 

La  barpn.nje  de  Rieux  reçoit  le  nom  de  baronnie  de  Mérinville. 

Le  diocèse  de  Saint-Papoul  est  autorisé  à  faire  un  nouvel  em- 
prunt pour  les  travaux  du  Tréboul  &  du  Fresquel, 

Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Richelieui 
(Clôture  le  6  février  1741.) 

Le  marquis  de  Brison  prend  place  aux  États  comme  baron  de 
Tornac. 

Règlement  du  Cpnseil  d'État  pour  les  assemblées  &  conseils 
politiques  des  communes  &  le  mode  de  convocation  des  juges. 
—  Les  consuls  de  Languedoc  sont  déclarés  exempts,  pendant 
leur  consulat,  des  charges  de  commissaires  &  séquestres  aux 
saisies. 


'741»    4  janvier...     Le    Parlement  de  Toulouse   attribue    aux    officiers  de  l'abbé 
(J'Aniane  la  préséance  sur  les  consuls. 
21  janvier  . . .     Remise  est  faite  de  80000  livres  sur  la  capitation. 
25  janvier  , . .     Remise  est  faite  de  70000  livres  sur  le  don  gratuit. 
4  février.,,,     L'Assiette  de  Nimes  est  maintenue  au  droit  de  choisir  le  syndic 

diocésain, 
14  wars -....#     Le  Conseil  d'État  fixe  le  droit  de  subvention  levé  à  Narbonne. 

28  mars Le  Conseil  d'Etat  maintient  la  préséance  des  consuls  d'Aniane 

dans  les  iissemblées  de  U  commune,  contre  les  prétentions  de 

l'abbé, 
p  mai,,. ....     La  commission  de  1734  règle  la  forme  des  comptes  d'Impositions. 
10  m;ii Le  Conseil  d'État  règle  la  descente  des  vins  8c  eaux-de-vie  de 

Languedoc  à  Bordeaux. 
20  mai Les  minimes  de  Toulouse  sont  déboutés  de  leur  demande  en 

exemption  des  droits  municipaux  de  commutation  &  d'entrée. 
14  juiii Règlement  pour  la  fabrication  des  draps  destinés  au  commerce 

du  Levant, 
18  juillet  ....     Ordonnance  de  l'intendant  &  du  grand  maître  des  eaux  8:  forêts 

pour  la  conservation  des  bois  8c  la  police  des  verreries. 
20  juillt-'t  ,.,.     L'intendant  défend  aux  pécheurs  &  mariniers  de  dégrader  les 

digues  de  l'étang  de  Thau. 

29  août Déclaration  du  roi  pour  la  levée  du  dixième  du  revenu  des  biens 

du  royaume. 
6  septembre.     Arrêt  du  Conseil  pour  le  payement  des  arrérages  de  la  capitation 

dus  par  ja  ville  de  Toulouse  à  la  Province  depuis  1^35, 
ij  septembre.     Débordement  du  Gardon  dans  le  territoire  d'Alais. 


76 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1741,  17  octobre  . . . 
7  novembre . 
14  décembre  , 
16  décembre  . 
29  décembre  , 
3i  décembre  . 


Déclaration  du  roi,  interprétant  celle  du  28  février  1708,  pour 
la  nobilité  &  roture  des  fonds  de  terre  en  Languedoc. 

L'augmentation  des  droits  d'équivalent  est  continuée  pour  douze 
ans. 

Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Richelieu. 
(Clôture  le  8  février  1742.) 

Le  marquis  de  Saint-Point  prend  place  aux  Etats  comme  baron 
de  Sénaret,  en  Gévaudan. 

Règlement  des  Etats  pour  la  ferme  &  exploitation  du  droit 
d'équivalent. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  réglant  la  levée  de  la  capitation  en  Lan- 
guedoc. 


1742,     9  janvier  ....  Le  dixième  est  abonné  en  Languedoc,  au  prix  de  i  Sooooo  livres 

par  an. 

19  janvier  ...     Les  Etats  accordent  4000  livres  au  diocèse  de  Montauban  pour 

les  travaux  du  Tescou. 

3i  janvier  . . .     Bail  de  l'équivalent  de  Languedoc  à  Jean  Perette. 

28  février. . . .  Transaction  entre  les  consuls  de  Cette  &  de  Frontignan,  portant 
fixation  des  limites  des  deux  communes. 

5  mars Etablissement  d'un   inspecteur  des  manufactures  à  Saint-Gau- 

dens,  avec  ressort  dans  le  petit  Comminges  &  attribution  des 
lieux  de  Camarès,  Saint-Afrique,  Saint-Félix  &  Cormes  à  l'ins- 
pection de  Lodève;  de  Saverdun  &  Cintegabelle  à  l'inspection 
de  Toulouse;  de  Castelsarrasin,  Montech  &  Villemur  à  l'ins- 
pection de  Montauban. 

10  mars Instruction  pour  la  levée  du  dixième  en  Languedoc. 

i3  mars Toutes  les  élections  municipales  sont  interdites. 

24  avril Règlement  pour  le  lavage  des  laines  de  Languedoc. 

12  mai Une  commission  de  conseillers  d'Etat  est  chargée  de  vérifier  les 

titres  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier. 

14  mai Remise  est  faite  de  iSoooo  livres,  sur  le  don  gratuit,  aux  commu- 
nes de  Languedoc  affligées  par  les  grêles  ou  les  inondations. 

21  mai La  subvention  de  Mazamet  est  continuée  pour  six  ans  :  cons- 
truction d'une  nouvelle  église  paroissiale. 

20  juin Devis  général  pour  la  construction  des  nouveaux  chemins,  dressé 

par  l'ingénieur  de  Carney. 

17  juillet La  ville  de  Montpellier  obtient  continuation  du  droit  de  cour- 
tage &  des  droits  sur  la  viande  de  boucherie.  —  Etablissement 
de  nouveaux  droits  de  subvention  à  Carcassonne.  —  La  ville 
de  Sommières  est  autorisée  à  lever  des  droits  de  subvention 
pendant  douze  ans. 

14  août Une  somme  de  65 700  livres  est  prélevée  sur  le  fonds  d'amortis- 
sement pour  la  fortification  des  côtes  de  Languedoc. 

20  août La  commission  de   1734  règle   l'honoraire  des   juges   royaux  & 

bannerets  pour  l'assistance  aux  élections  consulaires  8c  pres- 
tation de  serment  des  consuls. 

12  septembre.  La  défense  de  saisir  les  bestiaux  en  Languedoc  est  renouvelée 
par  déclaration  du  roi. 


CHRONOLOGIE. 


77 


1742,  18  septembre. 
I"  octobre  . . . 

7  novembre  . 

28  novembre  . 
i5  décembre  , 


20  décembre 

22  décembre 

23  décembre 
3i  décembre 


Établissement  d'une  subvention  à  Mirepoix,  pour  vingt  ans. 
Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  construction  d'une  nouvelle  église 

à  Nimes. 
Le  diocèse  de  Montauban  est  autorisé  à  emprunter  20000  livres 

pour  les  travaux  du  Tescou. 
Remise  est  faite  de  60000  livres  à  la  Province  sur  la  capitation. 
Les  habitants  de  Blanzac  sont  déchargés  du  droit  de  franc-fief, 

leurs   terres   n'étant  pas  exemptes  des   tailles  comme  nobles, 

mais  comme  stériles. 
-Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Richelieu. 

(Clôture  le  i"  février  1748.) 
Le  comte  de  Rochechouard  prend  place  aux  États  comme  baron 

de  la  Gardiole. 
Remise  est  faite  aux  communes  de  Languedoc  de  184000  livres 

sur  le  don  gratuit. 
Traité   de   l'emprunt  de  3 000000  fait  par   la  Province   pour  le 

compte  du  roi. 


1748,  21  janvier  ...  Approbation  des  devis  de  Pitot  pour  l'alignement  &  l'élargisse- 
ment du  Gardon  aux  environs  d'Alais. 

22  janvier  ...  Le  Conseil  d'État  ordonne  que  les  habitants  des  îles  du  Rhône 
payeront  leur  capitation  en  Languedoc. 

26  janvier  . . .  Les  commissaires  du  roi  &  des  États  ordonnent  aux  communes 
d'imposer  les  sommes  dues  pour  intérêts  à  leurs  créanciers. 

17  février. . . .  Les  États  sont  autorisés  à  employer  une  partie  du  prix  de  l'équi- 
valent à  la  construction  des  ponts  de  Remoulins,  Villedagne 
&  Villefalce. 

19  février....     L'imposition  du  diocèse  de  Montpellier  au  profit  de  l'hôpital 

général  est  continuée  pour  dix  ans. 

20  mars Établissement  d'un  droit  sur  la  boucherie,  à  Lodève,  en  faveur 

de  l'hôpital. 

26  mars La  subvention  de  Narbonne  est  prorogée  pour  douze  ans. 

28  mars Les  États  particuliers  du  Vêlai  arrêtent  la  forme  des  preuves  de 

noblesse   que   doivent   fournir    les    nouveaux    acquéreurs   de 

baronnies. 

28  avril Établissement  d'une  subvention  à  Bédarieux,  pour  dix  ans. 

24  avril Ordonnance  des  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  la  levée 

du  dixième  en  Languedoc. 

10  juillet  ....      La  levée  des  soldats  de  milice  est  ordonnée  en  Languedoc. 

11  juillet Le  Conseil    d'État   déboute    les   gentilshommes  verriers    de    la 

généralité  de  Montpellier  de  leur  opposition  contre  les  or- 
donnances de  translation  de  verreries. 

l3  juillet  ....  Isnel,  Prades  &  Senard-Paquier  sont  autorisés  à  établir  une 
manufacture  à  Montpellier,  pour  l'impression  des  étoffes  de 
laine. 

19  août Le  Conseil  d'État  ordonne  la  vérification  du  cours  de  la  Lèze  & 

la  démolition  du  moulin  d'Eaunes. 

i5  octobre...  Arrêt  du  Conseil  d'État  sur  les  différends  entre  fabricants  & 
ouvriers  en  étoffes  de  soie  de  la  communauté  de  Nimes.  — 


78  ^TUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

s    Défense  est  faite  de  tuer  des  agneaux  en  Languedoc,  sauf  dans 
la  ville  &  viguerle  de  Toulouse. 
17^3,   i9  novembre.      Remise  est  faite  de  134000  livres  sur  le  don  gratuit  aux  com- 
munes de  Languedoc. 

29  novembre  .      Découverte  d'un  trésor,  à  Narbonno,  dans  un  terrain  apparte- 
nant h  l'hôpital. 
7  décembre  .     n.emlse  est  faite  à  la  Province  de  494300  livres  sur  la  capitation. 
—  La  moitié  des  frais  de  construction  d'un  magasin  d'artillerie 
dans  le  fort  Brescou  est  mise  à  la  charge  du  Trésor. 

10  décembre  .  Les  consuls  de  Narbonne  sont  autorisés  à  percevoir  le  droit  de 
robinage  Sur  les  sels  voitures  par  la  robine. 

19  décembre  .  Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Richelieu. 
(Clôture  le  5  février  1744.) 

3i  décembre  .  Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  Etats  pour 
l'emprunt  de  Soooôoo. 

1744,  20  janvier  ...     Devis  général  pour  l'entretien  des  chemins  de  la  sénéchaussée 

de  Carcassonne,  dressé  par  M.  de  Carney. 

21  janvier  ...  Règlement  pour  la  fabrication  du  vert-de-gris  à  Montpellier  & 
autres  lieux  de  Languedoc. 

3i  janvier  ...  Le  grand  Conseil  décide  que  la  première  prébende  vacante  du 
chapitre  Saint-Pierre  de  Montpellier  ne  sera  pas  remplie  & 
cjue  le  revenu  en  sera  employé  pour  l'entretien  d'un  précep- 
teur, chargé  d'instruire  gratuitement  les  enfants  abécédaires. 

I"  février. .. .     Les  Etats  de  Languedoc  votent  un  emprunt  pour  la  levée  !k 

l'entretien  d'un  régiment  de  dragons. 
6  février....      Bail  à  Jacques   Nogaret   de    la    construction    des    trois    grandes 
redoutes  à  batterie  d'Agde,  la  Nouvelle  &  Aigues-mortes  & 
autres  ouvrages  défensifs. 

12  février..,.  Le  Conseil  d'Etat  approuve  les  travaux  proposés  par  Garipuy 
])Our  l'amélioration  du  Girou. 

19  février. . , .     Approbation  des  devis  de  Pitot  pour  le  recreusement  du  Lauzon. 

I"'  mars -i  Création  d'un  régiment  de  dragons  de  sept  cent  cinquante  hom- 
mes, à  lever  en  Languedoc, 

4  mars Ordonnance  du  roi,  portant  qu'il  sera  tiré  au  sort  huit  hommes 

sur  chaque  compagnie  des  garde-côtes  de  Languedoc  pour  for- 
mer un  régiment  de  dragons, 

10  mars Le  diocèse  de  Carcassonne  est  autorisé  à  faire  un  emprunt  de 

iSooo  livres,  pour  les  travaux  du  Fresquel. 

17  mars L'octroi  de  Saint-Esprit  est  continué  pour  neuf  ans, 

3o  .mars Ordonnance  du  roi,  réglant  le  tirage  au  sort  pour  remplacer  les 

soldats  garde-côtes  hors  d'état  de  servir  dans  le  régiment  do 
dragons. 
9  avril Le  Conseil  d'Etat  déboute  le  sénéchal  de  Toulouse  de  sa  préten- 
tion d'entrer  à  l'Assiette  diocésaine,  eu  qualité  de  commissaire 
ordinaire, 

ij  mai La  province  do  Languedoc  est  autorisée  à  prendre  sur  le  fonds 

d'amortissement  75780  livres,  pour  les  travaux  de  fortification 
des  côles. 


CHRONOLOGIE. 


79 


I7.J4,  21   mai L'îii fendant  défend  aux  bergers  de  marquer  les  bêtes  à  laine  avec 

des  substances  gluantes. 

3o  mai Le  Conseil  d'État  ordonne  l'alignement  de  l'Hers  &  de  la  Thé- 

sauque,  dans  les  forêts  de  Saint-Rome  &  de  Baziége. 

19  juin --K  Le  diocèse  de  Saint-Papoul  est  autorisé  à  emprunter  20000  livres 

pour  les  travaux  du  Tréboul  &  du  Fresquel, 

juin Érection  du  comté  de  Faret,  en  faveur  du  marquis  de  Fournès. 

3  juillet  ....  Lettre  apologétique  des  protestants  du  haut  Languedoc  à  M.  de 
la  Devèze,  lieutenant  général  commandant. 

10  juillet  ....  Les  possesseurs  d'offices  municipaux  non  remboursés  sont  som- 
més de  payer  leurs  taxes,  sous  peine  de  déchéance. — Arrêt 
du  Conseil  d'État,  concernant  les  incendies  qui  arrivent  dans 
la  ville  de  Toulouse, 

17  juillet  ....      Les  habitants  de  Charmes,  en  Vivaraîs,  sont  punis  d'amende  pour 

avoir  refusé  d'assister  aux  assemblées  de  la  commune.  —  La 
police  urbaine  est  maintenue  à  la  municipalité  de  Carcas- 
sonne,  à  l'exclusion  du  viguier  &  autres  officiers  royaux. 

18  août Synode  national  protestant  au  Désert,  dans  le  bas  Languedoc. 

26  août Les  augmentations  d'allivrement  des  maisons  de  Marvéjols  sont 

autorisées. 

18  septembre.  ^-L'intendant  prescrit  des  mesures  de  précaution  contre  l'épizootie 

qui  règne  en  Provence. 

19  septembre.     Règlement  du  Conseil  d'État  pouf  les  marchands  tuiliers,  cana- 

bassiers  &  dentelliers  de  Nimes. 
10  octobre  ...     La  subvention  d'Uzès  est  prorogée  pour  quinze  ans.  —  La  sub- 
vention d'Albi,  en  faveur  de  l'hôpital,  est  prorogée  pour  six 
ans. 

17  octobre...     Précautions  contre  l'épizootie  des   bêtes  à  cornes   régnant  en 

Lyonnais  &  Dauphiné. 

18  octobre  ...     Le  siège  de  la  maîtrise  particulière  des  eaux  8i  forêts  de  Castres 

est  transféré  de  Mazaniet  à  Saint-Pons. 
26  octobre...     Le  Conseil   d'Etat  ordonne   l'exécution   des   plans   dressés   par 

Maréchal  pour  la  fontaine  de  Nimes,  (Daté  du  camp  devant 

Fribourg.) 
16  novembre  .  -  L'intendant  défend  de  couper  les  arbrisseaux  appelés  garroullles. 

18  novembre  ,     Les  communes  riveraines  de  l'Hers  sont  tenues  de  pourvoir  aux 

frais  de  recreusement. 

19  novembre.     Ouverture  des  Etats,  k  Montpellier,  par  le  duc  de  RichelieUi 

(Clôture  le  2  janvier  1745,) 

25  novembre . Bénédiction  des  étendards  dU  régiment  de  Septimanie,  en  pré- 
sence des  États,  dans  l'église  Notre-Dame  de  Mon(pellior. 

1"  décembre  .  La  subvention  de  Montpellier  est  prorogée  pour  dix  ans,  & 
affectée  à  divers  travaux  publics. 

10  décembre  .  Règlement  pour  le  jaugeage  des  futailles  fabriquées  à  Roque- 
maure  &  autres  lieux  de  la  côte  du  Rhône, 

29  décembre  .      Le  Conseil  d'Etat  approuve  la  création  de  la  place  aux  herbes  & 

de  la  place  de  la  poissonnerie  à  Montpellier. 

30  décembre  .     Autorisation  de  deux  loteries  pour  le  remboursement  des  deux 

emprunts  provinciaux.  —  Remise  est  faite  aux  communes  de 


8o 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


Languedoc  de  134000  livres  sur  le  don  gratuit  &  de  60000  li- 
vres sur  la  capitation. 

1744,  décembre Érection  de  la  baronnie  de  Puymaurin. 

1745,  23  février....     Arrêt  du  Conseil  d'État,  ordonnant  la  translation  de  plusieurs 

verreries  sur  les  montagnes. 

février Confirmation  des  privilèges  du  Cabardès. 

17  mars Surprise  d'une  assemblée  protestante  par  les  dragons  de  la  reine, 

près  Mazamet. 

20  avril Règlement  des  droits  de  subvention  dus  à  Montpellier  par  les 

fermiers  de  l'évèque,  du  chapitre  &  de  l'abbé  d'Aniaiie. 

i5  mai La  subvention  de  Narbonne  est  prorogée  pour  quatre  ans,  en 

faveur  de  l'hôpital.  —  Établissement  d'une  subvention  à  La- 
vaur,  pour  douze  ans. 

iç  mai Ordonnance  de  l'intendant  pour  le  logement  &  le  casernement 

des  troupes  en  Languedoc. 

24  mai L'emploi  de  la  poix  est  autorisé  pour  marquer  les  bêtes  à  laine, 

dans  le  cas  de  compascuité  seulement. 

I"  juin Règlement  dressé  par  l'intendant  pour  établir  le  bon  ordre  dans 

la  foire  de  Beaucaire. 

12  juin La  commission  de  1734  défend  aux  communes  de  faire  les  frais 

des  croix  de  mission. 

16  juin Règlement  de  l'honoraire  des  juges  royaux  &  bannerets  en  Lan- 
guedoc pour  l'assistance  aux  élections  consulaires  &  la  récep- 
tion du  serment  des  consuls.  —  La  boucherie  du  roc  de 
Pézénas  est  supprimée  à  perpétuité,  sauf  indemnité  annuelle 
payable  par  la  ville  de  Montpellier  à  l'abbé  d'Aniane. 

20  juin Le  Conseil  d'État  règle  les  différends   des  maîtres   tanneurs  & 

cordonniers  de  Montpellier. 

3i   juillet Règlement  pour  la  perception  des  droits  de   traite  foraine   & 

domaniale  sur  les  marchandises  originaires  de  Languedoc  ou 
qui  traversent  cette  province. 

7  août Le  Conseil  d'État  déboute  l'évèque  de  Montpellier  de  son  appel 

contre  l'affectation  d'une  prébende  à  l'enseignement  gratuit. 

20  septembre.  La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  déclare  exemptes  des  droits 
de  leude  &  péage,  dans  le  gardiage  de  Toulouse,  les  marchan- 
dises voiturées  par  le  canal  de  Marseille  à  Bordeaux  &  de 
Bordeaux  à  Marseille. 

24  septembre.  La  commune  de  Clermoiit-Lodève  est  déchargée  du  droit  d'amor- 
tissement, à  l'occasion  des  fours  banaux  dont  elle  avait  fait  le 
rachat. 

i*'  novembre  .      Colloque  protestant  à  Mazamet. 

24  novembre  .  M.  de  Sauvages  est  envoyé  en  Vivarais  pour  y  étudier  la  maladie 
des  boeufs. 

12  décembre  .      Massacre  de  Vernoux. 

20  décembre  .  Mémoire  de  M.  de  Sauvages  sur  la  maladie  des  bœufs  du  Viva- 
rais. 

28  décembre  .  Avis  de  l'Université  de  médecine  de  Montpellier  sur  la  maladie 
des  bœufs. 


CHRONOLOGIE. 


8î 


1746,    M 

janvier  . . . 

20 

janvier  . . . 

26 

janvier  . . . 

27 

janvier  . . . 

2 

février 

8 

février 

10 

février  . . . . 

16  février 

28  février 

2 

mars 

22 

mars 

6 

aviil 

7 

mai 

25 

mai 

27 

mai 

II 

juin 

3 

juillet 

12 

juillet 

19  juillet 


9  août. 
20  août . 


24  septembre. 

24  octobre  . . , 

7  novembre  . 

8  novembre  . 


La  subvention  de  Pézénas  est  prorogée  pour  neuf  ans. 

Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  ])ar  l'intendant  Le  Nain. 
(Clôture  le  2  mars.) 

Le  marquis  de  Calvisson  est  reçu  aux  Etats  comme  baron  de  Cal- 
visson. 

Le  marquis  de  Castries  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 
Castries. 

Supplice  du  ministre  Desubas,  exécuté  à  Montpellier. 

Ordonnance  de  l'intendant  &  du  grand  maître  des  eaux  &  forêts, 
concernant  les  nouveaux  emplacements  des  verreries. 

Bail  à  Gabriel  Leblanc  &  Henri  Sibille  de  la  fourniture  des  voi- 
tures aux  troupes  de  passage. 

La  ville  de  Nimes  est  autorisée  à  réduire  la  taille  de  8000  livres, 
en  prélevant  cette  somme  sur  les  impôts  indirects. 
--  Règlement  des  Etats  pour  l'entretien  des  chemins  dans  les  séné- 
chaussées de  Toulouse  &  de  Carcassonne. 

Le  Conseil  d'Etat  ordonne  une  nouvelle  vérification  du  lit  de  la 
Lèze. 

Le  Conseil  d'Etat  maintient  les  droits  appartenant  à  divers  parti- 
culiers sur  les  actes  expédiés  dans  la  maîtrise  des  ports  de  Cette. 

Le  marquis  de  Villeneuve  remplace  le  marquis  de  Calvisson  dans 
la  commission  de  1784. 

Le  denier  par  livre  levé  h  Montpellier  sur  la  viande  de  bouche- 
rie est  prorogé  pour  six  ans. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  portant  règlement  pour  le  recouvrement 
des  impositions  de  la  ville  de  Toulouse. 
■•Remise  est  faite  de  Sooooo  livres  sur  les  impositions,  à  cause  des 
inondations  &  de  l'épizoofie. 

Le  Conseil  d'Etat  maintient  à  la  ville  de  Beaucaire  l'exemption 

des  droits  d'équivalent  pendant  la  durée  de  la  foire. 
.Défense  aux  mendiants,  vagabonds  &  gens  sans  aveu  de  fréquen- 
ter la  ville  de  Beaucaire  pendant  la  tenue  de  la  foire. 

Le  droit  de  petit  blanc  sur  les  sels  de  Peccais,  Narbonne,  Sigean 
84  Peiriac  est  prorogé  pour  neuf  ans  &  affecté  aux  réparations 
du  Pont-Saint-Esprit. 

Etablissement  d'une  subvention  à  Lodève,  pour  six  ans.  —  La 
subvention  du  Puy  est  prorogée  pour  neuf  ans. 

La  subvention  d'Alais  est  prorogée  pour  neuf  ans. 

Arrêt  du  Conseil,  portant  règlement  pour  la  réédification  des 
maisons  ruinées  ou  incendiées  dans  la  ville  de  Toulouse. 

Le  Conseil  d'Etat  annule  les  articles  du  compoix  cabaliste  de 
Carcassonne,  concernant  les  fabricants  de  draps  du  Levant. 

Remise  est  faite  à  la  Province  de  60000  livres. 

Le  Conseil  d'Etat  accepte  la  remise  du  don  des  marais,  faite  par 
le  sieur  de  Barrillon  au  roi,  moyennant  indemnité. 

La  propriété  des  marais  du  bas  Languedoc  entre  Beaucaire, 
Aigues-mortes  &  l'étang  de  Pérols  est  donnée  aux  États,  avec 
faculté  d'établir  un  canal  de  navigation  &  des  travaux  de  des- 
sèchement. 


XIII. 


6* 


82  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1746,  i5  novembre  .      Création  d'une  commission,  présidée  par  Tixitendant,  pour  juger 

les  contestations  relatives  au  don  des  marais. 

22  novembre  .  Le  Conseil  d'Etat  évoque  l'affaire  de  la  commune  de  Villeneuve- 
Tolosane  avec  les  prêtres  de  Saint-Lazare  de  Toulouse. 

24  novembre.  Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  l'intendant  Le  Nain. 
(Clôture  le  2  janvier  1747.) 

29  novembre  .  Arrêt  du  Conseil  pour  l'adjudication  des  ouvrages  de  la  fontaine 
de  Nimes.  —  La  levée  des  droits  de  petit  blanc  est  prorogée 
jusques  à  concurrence  de  28000  livres,  pour  les  travaux  du 
poxit  Saint-Esprit. 

I"  décembre  .  Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  États  pour 
l'emprunt  de  6000000. 

12  décembre  .  Le  comte  de  Faudoas  prend  place  aux  États  comme  baron  de  la 
Gardiole. 

i5  décembre  .      Remise  est  faite  de  184000  livres,  pour  les  accidents  des  saisons. 

27  décembre  .  Le  Conseil  d'État  autorise  l'acquisition  de  terrains  &  de  maisons 
pour  la  création  de  trois  marchés  à  Montpellier.  —  La  sub- 
vention de  Béziers  est  continuée  pour  trois  ans.  —  La  subven- 
tion de  Cette  est  prorogée  pour  huit  ans. 

1747,  10  janvier  ...      La  subvention  de  Mèze  est  prorogée  pour  neuf  ans. 

I4  janvier  ...  Ordonnance  de  l'intendant,  portant  règlement  pour  la  fabrica- 
tion des  serges  d'Alais,  appelées  polilaires. 

17  janvier  —  Arrêt  du  Conseil,  autorisant  la  délimitation  des  communes  de 
Cette  &  de  Frontignan.  —  Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  du 
grand  Conseil  relatif  au  procès  de  la  commune  de  Mauguio  avec 
les  commandeurs  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier. 

21  février....  Le  Conseil  d'État  ordonne  la  préparation  d'un  règlement  sur 
l'exploitation  des  bois  communaux  de  la  généralité  de  Mont- 
pellier. —  Approbation  des  projets  de  travaux,  dans  les  forêts 
royales  de  Saint-Rome  &  de  Baziége,  pour  la  canalisation  de 
l'Hers  &  de  la  Thesauque. 

7  mars La  subvention  de  Castres  est  prorogée  pour  huit  ans. 

8  mars ,      Ordonnance  pour  les  cardeurs  de  laine  du  diocèse  de  Lodève.  — 

Ordonnance  concernant  la  marque  des  draps  fabriqués  en 
Languedoc  pour  les  troupes  du  roi. 

17  mars La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  condamne  le  chapitre  de 

Saint-Pons  de  Thomières  à  payer  à  la  commune  les  arrérages 
des  tailles  dues  pour  des  terres  déclarées  roturières  en  1728. 

10  juin ^  Jean  Andrieu  &  Simand,  fabricants  de  Carcassonne,  sont  interdits 

pour  un  an  par  arrêt  du  Conseil,  à  cause  de  défectuosités 
constatées  à  Constantinople  dans  leurs  envois. 

12  août Arrêt  du  Conseil  pour  le  remboursement  par  loterie  de  l'emprunt 

de  6000000. 

18  août Ordonnance  concernant  la  teinture  &  les  marques  des  draps  des- 

tinés aux  échelles  du  Levant. 

26  août François  Goucîar,  entrepreneur  de  la   manufacture   d'Aubenas, 

obtient  privilège  pour  la  teinture  du  coton,  du  lin  &  du 
chanvre  en  rouge  ou  cramoisi,  façon  d'Andrinople. 


CHRONOLOGIE. 


83 


1747,  i"  septembre. 
19  septembre. 

29  septembre. 


6  octobre  , . . 

23  novembre  , 

27  novembre  , 

28  novembre , 
5  décembre  , 


Règlement  pour  la  fabrique  des  draps  d'Aulas. 

Contrat  d'échange  du  comté  de  Pézénas  entre  le  roi  &  le  prince 

de  Conti. 
Guillaume   Sabatier,  propriétaire  de   la   raffinerie  de   sucre  de 

Montpellier,  obtient   restitution   des   droits   payés  à  l'entrée 

des  sucres  bruts  arrivés  par  Cette  &  expédiés  à  l'étranger  après 

avoir  été  raffinés. 
Le  Conseil   d'État  ordonne  aux  commandeurs   &  religieux  de 

l'ordre  du  Saint-Esprit  de  Montpellier  de  représenter  leurs 

titres  de  fondation  &  de  propriété. 
Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  l'intendant  Le  Nain. 

(Clôture  le  i3  janvier  1748.) 
Le  comte  de  Roquelaure  prend  place  aux  États  comme  baron 

d'Apcher,  en  Gévaudan. 
Remise  est  faite  de  284000  livres  à  la  Province. 
Règlement  pour  l'exploitation  de  la  ferme  de  l'équivalent. 


1748,    6  février. ...     Le  Conseil  d'État  ordonne  l'exécution  des  travaux  de  la  Lèze. 
21    mars -L'intendant  défend  de  fumer  les  vignes. 

24  mars Extinction  du  monastère  Sainte-Croix  d'Aubenas  &  union  de  ses 

biens  à  ceux  de  la  Visitation  du  Bourg-Saint-Andéol. 
3  avril Ordonnance  de  l'intendant  sur  le  commerce  des  grains. 

3o  avril La  province  de   Languedoc   rachète,  au   prix  de  3oooooo,  les 

augmentations  de  capitation  portées  par  l'arrêt  du  18  dé- 
cembre 1747. 

II  mai Le  Conseil  d'F^tat  ordonne  l'exécution  des  plans  de  Pitot  pour  le 

recreusement  du  canal  de  la  Robine,  de  Beaucaire  à  l'étang 
d'Escamandre. 

23  mai Les  officiers  du  bailliage  de  Gévaudan,  séant  à  Mende  &  à  Mar- 

véjols,  sont  maintenus,  pendant  l'année  de  leur  exercice  alter- 
natif, dans  le  droit  de  juger  la  compétence  du  prévôt  des 
maréchaux,  pour  captures  faites  dans  le  haut  Gévaudan,  au- 
dessus  de  Florac,  Barre  &  le  Pont  de  Montvert. 

28  mai La   subvention  de  Carcassonne  est  continuée  &  doublée  pour 

six  ans, 

18  juin Les  droits  de  subvention  &  de  souquet  de  Nimes  sont  prorogés 

pour  neuf  ans. 

25  juin Le  Conseil  d'Etat  ordonne  le  recreusement  du  lit  de  la  Saune. 

2  juillet  ....     Rétablissement  d'une  foire  franche  à  Nimes,  du  8  au  28  février. 

3o  juillet  ....  Le  Conseil  d'Etat  casse  un  arrêt  de  la  Cour  des  aides  de  Mont- 
pellier, qui  exemptait  des  droits  de  subvention  l'évêque  &  le 
chapitre  de  Lodève  pour  les  vins  de  leurs  rentes. 

21  août L'île  de  Cette  est  déclarée  intégralement  roturière  par  la  Cour 

des  comptes  de  Montpellier. 

24  août La  défense  de  saisir  le  bétail  en  Languedoc  est  renouvelée  pour 

six  ans. 

3i  août Les  laines  d'Espagne,  entrant  en  Languedoc  par  Toulouse,  soit 

qu'elles  descendent  la  Garonne  en  venant  de  Cierp  &  Luchon, 
soit  qu'elles  la  remontent  en  venant  de  Pampelune,  Bayonne 


34 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


&  les  Landes,  demeurent  déchargées  des  droits  de  la  douane 
de  Lyon. 
1748,     5  septembre.  --L'achat  de  grains  par  commissionnaires  pour  le  compte  de  mar- 
chands étrangers  ou  de  provinces  voisines  est  interdit,  sous 
peine  de  confiscation. 

10  septembre.     Le  doublement  des  droits  de  petit  blanc  est  continué  pour  les 

travaux  du  Rhône. 
23  octobre...     Le  Conseil  d'Etat  interdit  le  déplacement  des  actes  conservés 

aux  archives  communales  de  Boissezon  &  casse  les  arrêts  de  la 

Cour  des  comptes  de  Montpellier  qui  l'avait  ordonné, 
octobre Érection  de  la  baronnie  d'Aureville,  avec  entrée  aux  États,  à  la 

place  de  la  baronnie  de  La  Gardiole. 

11  novembre.     Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  les  travaux  du  Girou  &  le 

moulin  de  Masseribaut.  —  Remise  est  faite  de  3ooooo  livres 
sur  le  don  gratuit  aux  diocèses  de  Narbonne,  Albi,  Lavaur  &  à 
diverses  communes  de  Languedoc,  pour  dépenses  extraordi- 
naires. 
21  novembre.  Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Richelieu. 
(Clôture  le  4  janvier  1749.) 
3  décembre  .  Le  droit  sur  la  viande  de  boucherie,  levé  à  Carcassonne  au  béné- 
fice de  l'hôpital  général,  est  continué  pour  neuf  ans. 

12  décembre  .     Bail  général  des  étapes  de  Languedoc  à  Pierre  Chamand. 

i3  décembre  .      Règlement   pour  la   fabrication   des   ratines   d'Albi,   Réalmont, 

Graulhet,  Lombers  &  la  Fenasse, 
16  décembre  .     Bail  général  des  transports  militaires  à  Jacques  Gaillard. 
19  décembre  .     Les  États  de  Languedoc  votent  une  somme  de  dooooo  livres  en 

huit  ans,  pour  la  construction  du  chemin  d'Auvergne. 
3o  décembre  .      L'imposition   levée  à  Montpellier  au  profit  de  l'hôpital  Saint- 

Éloy  est  continuée  pour  six  ans. 
décembre  ....     Déclaration  attribuant  au  bailliage  de  Gévaudan  la  connaissance 

des  crimes  commis  dans  le  haut  Gévaudan. 


1749,  II  février....     Règlement  pour  les  manufactures  de  savon  de  Languedoc. 

23  mars Lettre  de  cachet  envoyant  M.  de  Paleville  au  fort  de  Brescou  8f 

sa  femme  dans  un  couvent  de  Montpellier,  pour  s'être  mariés 

au  Désert, 
avril ■•  Suppression  des  prévôtés,  vigueries  &  autres  juridictions  royales 

subalternes,  avec  union  aux   bailliages  &  sénéchaussées   des 

lieux.  —  Suppression   de   la  viguerie  de  Toulouse  par  édit 

royal. 
20  mai La  contestation  de  limites  entre  les  communes  de  Fousseret  & 

de  Montoussin  est  renvoyée  aux  intendants  de  Languedoc  & 

de  Guienne. 
mai Suppression  du  dixième,  établissement  du  vingtième,  destiné  à 

l'amortissement  des  dettes  de  l'État. 
23  juin La  subvention  de  Narbonne,  au  bénéfice  de  l'hôpital,  est  conti- 
nuée pour  quatre  ans. 
juin Lettres  patentes,  portant  statuts  pour  l'Hôtel-Dieu  Saint-Jacques 

de  Toulouse. 


CHRONOLOGIE.  85 

1740,  14  juillet  ....     Emotion  populaire  à  Lavaur,  occasionnée  par  les  funérailles  du 

protestant  Claude  Cabanis,  d'Alais. 
juillet Union  de  l'abbaye  de  Saint-Hilaire  au  séminaire  de  Carcassonne. 

12  août Etablissement  d'une  subvention  à  Pradelles,  en  Vivarais,  pour 

neuf  ans. 

août Edit  concernant  les  acquisitions  des  gens  de  mainmorte. —  La 

baronnie  de  Rouairoux  prend  le  nom  de  baronnie  de  Caylus. 

2  septembre.  Arrêt  du  Conseil  d'Etat  pour  la  construction  du  chemin  de  Lan- 
guedoc en  Auvergne 5  M.  Pollart,  inspecteur  général  des  ponts 
&  chaussées,  chargé  des  devis. 

7  octobre  ...     La  subvention  de  Mazamet  est  prorogée  pour  neuf  ans. 

13  novembre  .     Le  Conseil  d'État  ordonne  de  dresser  un  plan  d'alignement  des 

rues  de  Montpellier. 
3o  décembre  .     Remise  est  faite  de  Sooooo  livres  sur  le  don  gratuit  aux  com- 
munes de  Languedoc. 

lySo,     7  janvier  ...     L'hôpital  général  de  Carcassonne  est  débouté  de  sa  demande  en 
décharge  des  droits  de  subvention. 

29  janvier  ...     Ouverture   des    Etats,  à  Montpellier,   par  le  maréchal  duc  de 

Richelieu. 
17  février. ...     Le  maréchal  de  Richelieu  sépare  les  Etats. 
28  février Les  Etats  de  Languedoc  sont  suspendus  par  arrêt  du  Conseil. 

30  février. . . .     Dom  Vaissete  propose  au  contrôleur  général  une  solution  amiable 

de  l'affaire  des  Etats, 
avril Erection  du  marquisat  de  Gléon. 

10  mai Règlement  pour  la  fabrication  des  toiles  dans  l'Albigeois. 

juin Suppression  de  la  juridiction  du  petit  scel  de  Montpellier. 

I"  juillet  ....  Ordonnance  de  l'intendant  Le  Nain  pour  établir  le  bon  ordre 
dans  la  foire  de  Beaucaire. 

28  juillet  ....     Les  droits  de  subvention  d'Albi,  en  faveur  de  l'hôpital,  sont  pro- 

rogés pour  six  ans. 
2  août -•  Débordement  de  la  Garonne  à  Toulouse. 

11  août Règlement  pour  les  cadis,  sargues  &  cotonines  de  Castres,  La 

Bruguière,  Vabres,  Ferrières,  Vais,  Castelnau,  Labessonié, 
Montredon  &  lieux  voisins.  —  Etablissement  d'une  subven- 
tion à  Saint-Esprit,  pour  douze  ans. 

16  août -^Nouvelles  inondations  à  Toulouse. 

1"  septembre.     La  subvention  de  Béziers  est  prorogée  pour  six  ans. 

10  septembre.  Arrêt  du  Conseil,  réglant  la  fabrication  des  cordelats  &  redins 
de  Mazamet,  Boisseson,  Cambonet,  Brassac,  Pont  de  Larn, 
Dourgne,  Sorèze,  Massaguel,  Castres,  la  Bruguière,  Escous- 
sens. 

i3  octobre  ...  Le  Conseil  d'Etat  autorise  la  vente  de  l'ancien  hôtel  de  la  séné- 
chaussée à  l'académie  des  sciences  de  Toulouse. 

26  novembre  .  L'académie  des  sciences  de  Toulouse  achète  au  domaine,  pour  y 
faire  sa  résidence,  l'ancien  hôtel  de  la  sénéchaussée. 

29  novembre  .     Transaction  entre  le  diocèse  d'Agde  &  les  communes  de  Mèze  & 

de  Loupian,  au  sujet  des  frais  de  construction  des  casernes. 
novembre  ....     Création  de  la  noblesse  militaire. 


86 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1700,  i5  décembre 


décembre 


La  Province  obtient  remise  de  400000  livres  sur  les  impositions 
de  l'année.  —  Les  droits  sur  la  viande  de  boucherie  levés  à 
Montpellier  sont  prorogés  pour  dix  ans.  —  La  subvention  de 
Saint-Hippolyte  est  prorogée  pour  douze  ans. 

Erection  de  l'académie  royale  de  peinture,  sculpture  &  architec- 
ture de  Toulouse. 


1751,  28  mars Surprise  d'une  assemblée  protestante  à  Lezan. 

3o  mars Rétablissement  des  foires  &  marchés  de  Saint-Hippolyte,  inter- 
rompus depuis  la  guerre  des  camisards. 

27  avril Le  Conseil  d'Etat  ordonne  une  enquête  sur  le  projet  de  jonction 

de  la  robins  de  Narbonne  au  canal  de  Languedoc. 
9  niai Le  marquis  de  Sillery  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 

niai Création  de  la  sénéchaussée  de  Castres.  —  Union  de  l'Université 

de  Cahors  à  celle  de  Toulouse. 

2  iuin Ordonnance  du  vicomte  de  Saint-Priest,  concernant  la  filature 

des  soies. 

7  juillet  . Le  Conseil  d'État  casse  un  bail  à  locatairie  perpétuelle,  fait  par 

un  nouveau  converti,  sans  permission.  —  L'intendant  prescrit 
des  mesures  de  précaution  contre  une  épizootie  de  morve, 
déclarée  à  Lîmoux. 

16  octobre  . . .  Les  fonds  de  terre  achetés  par  les  villes  pour  l'élargissement  des 
rues  sont  déclarés  exempts  du  droit  de  centième  denier. 

i3  décembre  .  Le  Conseil  politique  de  Montpellier  décide  de  faire  conduire 
les  eaux  des  fontaines  de  Saint-Clément  &  du  Boulidou  sur  la 
place  du  Peyrou. 

23  décembre  .  Ordonnance  de  l'intendant,  avec  mémoire  instructif,  pour  l'ap- 
plication de  la  roulette  à  la  filature  des  soies. 

1752,  27  janvier  ...     Bail  de  la  ferme  générale  de  l'équivalent,  passé  à  Pierre  Saint. 

27  mars Supplice  du  ministre  François  Benezet,  exécuté  à  Montpellier. 

II  avril Le  Conseil  d'État  autorise  les  travaux  de  la  fontaine  du  Peyrou, 

à  Montpellier,   &  affecte   divers   fonds   à   l'exécution   de  ces 

ouvrages. 
10  août Troubles  à  Lédignan  des  Gévennes;  meurtres  des  curés  de  Ners 

ScdeQuillan. 
22  août Le  Conseil  d'État   liquide  à  5 000  livres  l'indemnité  due  pour 

l'office  de  juge  conservateur  du  petit  scel  de  Montpellier,  sup- 
primé. 
6  septembre.     Établissement  d'une  prime  de  25  livres  par  cent  pieds  de  mûriers 

plantés  en  Languedoc. 
19  septembre.     Le  ministre  Paul  Rabaut  présente  une  requête  en  faveur  des 

protestants  au  marquis  de  Paulmy,  sur  la  route  de  Montpellier 

à  Nimes. 

3  octobre...     Les  droits  de  courtage  de  Montpellier  sont  prorogés  pour  dix 

ans. 

26  octobre...     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  maréchal  de  Riche- 

lieu. (Clôture  le  4  décembre.) 

27  octobre  ...     Le  marquis  de  Villeneuve  prend  place  aux  États  comme  baron 


CHRONOLOGIE. 


1752,  25  novembre 
26  décembre  , 


de  Villeneuve,  le  vicomte  de  Lordat  comme  baron  de  Bram,  & 

le  marquis  de  Calvisson  comme  baron  de  Calvisson. 
Établissement  d'une  commission  mixte  pour  toutes   les  affaires 

relatives  à  la  levée  du  vingtième  en  Languedoc. 
La  commission  du  vingtième  de  Languedoc  est  charjjée  d'arrêt'"'' 

les  rôles  des  deux  sols  pour  livre  du  dixième. 


1753,  23  janvier 
12  février. 


Remise  est  faite  à  la  Province  de  3ooooo  livres  sur  les  inpo- 
sitious. 

Ordonnance  du  vicomte  de  Saint-Priest,  concernant  l'apprêt  des 
cuirs  en  Languedoc. 

10  avril L'académie   des    sciences   de  Toulouse   est  déchargée   du   droit 

d'amortissement  pour  l'acquisition  de  l'hôtel  de  la  séné- 
chaussée. 

4  août M.  de  Boynes,  maître  des  requêtes,  est  chargé  du  rapport  sur  les 

contestations  pendantes  entre  le  Parlement  de  Toulouse,  la 
Cour  des  comptes  de  Montpellier,  les  trésoriers  de  France,  les 
présidiaux  &  sénéchaux,  &  les  Etats  de  Languedoc. 

5  novembre.     L'augmentation  des  droits  d'équivalent,  ajjpartenant  à  In  Pro- 

vince, est  maintenue  pour  six  ans. 

27  novembre.     Le  Conseil  d'Etat  décharge  la  commune  de  Marquefave  des  assi- 

gnations données  contre  elle,  au  sujet  de  l'adjudication  des 
vacants. 

28  novembre  .     Ordonnance  du  vicomte  de  Saint-Priest,  concernant  le  logement 

des  troupest 

1754,  3i   janvier  ...     Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  maréchal  de  Riche- 
lieu. (Clôture  le  i3  mars.) 

2  février Le  marquis  de  Ganges  prend  place  aux  États  comme  baron  de 

Ganges. 
9  février....     Les  Etats  de  Languedoc  dressent  un  règlement  pour  le  fermage 
&  l'exploitation  du  droit  d'équivalent. 

16  février Ordonnance  du  maréchal  de  Richelieu,  prescrivant  des  disposi- 

tions militaires  contre  les  assemblées  des  protestants.  — Sur- 
prise d'une  assemblée  protestante  à  la  Calmette,  près  Dions, 

12  mars Bail  de  la  ferme  générale  de  l'équivalent  à  Pierre  Saint. 

3o  mars Voyage  du  maréchal  de  Richelieu  à  Toulouse. 

29  avril Bail  de  l'entretien  des  lits  &  autres  ustensiles  fournis  aux  tr.ij- 

pes,  passé  à  Jean  Soulliet,  de  Lunel. 

19  mai Les  États  particuliers  de  Vivarais  prêtent  leur  crédit  à  Dtnoyer, 

créateur  d'une  fabrique  de  faïence  à  Toulaud. 

20  mai L'Assiette  du  diocèse  de  Castres  accorde  2000  livres  au  colIé';e 

des  jésuites,  pour  réparation  des  bâtiments. 

30  juillet  ....      Abonnement  de  la  Province  pour  le  rrchat  des  offices  mui.iji- 

paux  invendus  de  1783,  au  prix  de  iioooocode  livres. 

17  août Supplice  du  ministre  Lafage,  exécuté  à  Montpellier. 

19  août Le  Parlement  de  Toulouse  déclare  sujets  à  la  taille  divers  1   .icic 

du  chapitre  Saint-Étienne,  situés  à  Braqueville. 
16  septembre.     Règlement  pour  la  maîtrise  des  eaux  &  forêts  de  Quillaîi. 


88  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1754,   17  septembre.      L'exportation  des  grains  de  Languedoc  &  des  généralités  d'Auch 

&  de  Pau  à  l'étranger  est  permise  par  les  ports  d'Agde  &  de 
Bayonne. 

14  octobre  . . .  Les  fonctions  de  l'office  de  maire  alternatif  de  Montpellier  sont 
réunies  à  l'office  de  maire  ancien. 

i5  octobre...  Révocation  des  défenses  faites  aux  drapiers  de  Carcassonne, 
Clermont  &  Saint-Chinian  de  recevoir  à  la  maîtrise  d'autres 
sujets  que  des  fils  de  maîtres. 

3o  octobre...     Le  Conseil  d'Etat  réforme  plusieurs  points  de  l'arrêt  du  10  oc- 
tobre 1752  sur  le  rétablissement  des  Etats  de  Languedoc. 
5  novembre  .     Remise  est  faite  de  Sooooo  livres  sur  la  capitation,  en  faveur  des 
diocèses  de  Narbonne,  d'Albi,  de  Lavaur,  de  Toulouse  &  de 
Carcassonne  &  de  plusieurs  communes  de  Languedoc. 

II  novembre.  Débordement  du  Vidourlej  dégradation  du  pont  de  Sommières. 
—  L'inondation  ravage  les  chemins  d'Uzès  à  Nimes,  Alais, 
Beaucaire,  Bagnols  par  le  Pin,  de  Villeneuve-lès-Avignon  à 
Remoulins,  &c.  —  Autorisation  d'emprunts  des  diocèses  de 
Lavaur,  Rieux,  Mirepoix,  Castres,  Uzès,  Mende,  Saint-Pons 
&  Alais,  pour  les  travaux  des  chemins. 

28  novembre.  Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  maréchal  de  Riche- 
lieu. (Clôture  le  7  janvier  1755.) 

3o  novembre  .  Le  marquis  de  Nizas  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 
Murviel. 

novembre  ....  Orages  &  inondations  dans  les  diocèses  de  Viviers,  Uzès,  Nimes, 
Montpellier,  Saint-Pons  &  Narbonne. 

28  décembre  .  La  commission  de  1784  est  chargée,  en  l'absence  des  Etats,  de 
vérifier  les  préambules  des  rôles  d'impositions  &  les  requêtes 
en  rétablissement  de  dettes. 


1755,  2  janvier 
6  janvier 
4  février. 


8  mars. 


Bail  général  pour  la  fourniture  des  étapes  &  voitures  de  trans- 
port passé  à  Jacques-Hyacinthe  Dupuy. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  réglant  le  remboursement  des  créanciers 
de  la  province  de  Languedoc  par  voie  de  loterie. 

Le  Conseil  d'Etat  autorise  l'emprunt  de  3ooo  livres  par  le  pays 
de  Vivarais,  en  faveur  de  la  faïencerie  de  Toulaud.  —  Le  dio- 
cèse de  Nimes  est  autorisé  à  emprunter  36ooo  livres  pour 
réparation  des  chemins.  — Autorisation  d'emprunt  de  14000  li- 
vres par  le  diocèse  de  Béziers  pour  réparer  le  chemin  de  Béda- 
rieux.  —  Le  diocèse  de  Castres  est  autorisé  à  faire  un  nouvel 
emprunt  de  3oooo  livres  pour  continuer  le  grand  chemin  de 
Castres  à  Toulouse  par  Guitalens.  —  Autorisation  d'emprunt 
de  i5ooo  livres  par  le  diocèse  de  Saint-Pons  pour  les  travaux 
des  chemins.  —  Autorisation  d'emprunt  de  12000  livres  par  le 
diocèse  de  Toulouse  pour  les  travaux  du  Girou.  —  Le  diocèse 
d'Uzès  est  autorisé  à  emprunter  3oooo  livres  pour  réparation 
de  chemins.  —  Le  diocèse  du  Puy  est  autorisé  à  emprunter 
3oooo  livres  pour  continuer  les  trois  routes  principales  du  pays. 

Règlement  fait  par  les  commissaires  du  roi  &  des  Etats  pour  les 
préambules  d'impositions  dans  les  mandements  du  Vêlai. 


CHRONOLOGIE.  89 

1755,  18  mars Déclaration  du  roi,  concernant  les  adjudications  de  biens  aban- 
donnés en  Languedoc. 

1"  avril La  subvention  de  Montpellier  est  prorogée  pour  dix  ans. 

22  juin Autorisation  d'emprunt  de  12000  livres  par  le  diocèse  bas  Mon- 

tauban  pour  les  travaux  du  Tescou. 

12  août Le  Conseil  d'Etat  ordonne  la  réparation  du  pont  de  Toulouse  & 

l'établissement  d'un  pont  en  maçonnerie  à  Cazères,  la  généra- 
lité d'Auch  contribuant  pour  40000  livres  à  la  dépense  de  ces 
deux  ouvrages. 

22  août Les  propriétaires  de  moulins  sur  le  Sor  &  le  Laudot  reçoivent 

l'ordre  de  les  démolir  dans  trois  mois. 

21  octobre Le  Conseil  d'Etat  défend  aux  habitants  de  Chusclan  de  prohiber 

le  vin  étranger  sur  leur  terroir  &  leur  permet  seulement 
d'adopter  une  marque  particulière  pour  les  tonneaux  de  vin 
de  leur  cru. 

23  octobre  ...      Le  comte  d'Eu  est  nommé  gouverneur  &  lieutenant  général  en 

Languedoc. 

28  octobre Arrêt  du  Conseil  sur  la  manière  dont  il  doit  être  pourvu  aux 

fonctions  des  offices  municipaux  par  les  communes  qui  en  ont 
obtenu  la  réunion. 
18  novembre  .     Remise  est  faite  à  la  Province  de  40G000  livres  sur  le  don  gra- 
tuit, en  faveur  de  plusieurs  diocèses  &  communes. 

29  novembre.     Débordement  du  Rhône;   les  chaussées  sont  percées  sur  trois 

points, 
novembre....     Débordement   du    Rhône;   dommages  à   la   route    riveraine  du 

Vivarais. 
1"  décembre  .S^  Le  comte  de  Maillebois  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 

10  décembre  .     Le  comte  d'Eu  &,  en  sou  absence,  le  duc  de  Mirepoix,  coniiiian- 

dant  en  chef,  sont  nommés  membres  de  la  commission  de  1734. 

11  décembre  .     Le  duc  de   Mirepoix  remplace  le  maréchal   de   Richelieu  à  la 

commission  du  vingtième. 
16  décembre  .     L'office   de   maire  alternatif  d'Albi   est    réuni   à   perpétuité  à 

l'archevêché, 
23  décembre  .     La  Cour  des  aides  de  Montpellier  déclare  roturier  le  domaine 

de  Saint-Pierre  d'Apullo,  appartenant  au  chapitre  Saint-Na- 

zaire  de  Béziers. 


1756,  1"  janvier 
22  janvier 
24  janvier 

17  février. 
26  février. 


, .     Surprise  d'une  assemblée  protestante.  Capture  de  Jean  Fabre, 
«  l'honnête  criminel.  » 

, .   ..Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Mirepoix. 
(Clôture  le  3  mars.) 

, .  ^  Les  Etats  de  Languedoc  défendent  aux  députés  de  faire  aucune 
convention  pour  le  partage  des  émoluments  attachés  à  leur 
députation. 
Règlement  des  États  pour  la  reddition  des  comptes  de  subven- 
tions. 
Conventions  entre  les  commissaires  du  diocèse  de  Lavaur  &  Jac- 
ques Reboul,  d'Avignon,  pour  l'établissement  d'une  manufac- 
ture de  soieries  à  Lavaur. 


QO  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1766,  I"  mars Délibération  des  Etats,  concernant  l'exploitation  de  la  ferme  de 

l'équivalent. 

24  avril Autorisation  d'emprunt  de  SyôSo  livres  par  le  diocèse  de  Nimes, 

pour  les  travaux  des  chemins  de  Saint-Vincent  à  Beaucaire,  de 
Nimes  à  Uzès  &  de  la  chaussée  de  la  Tour  Carbonnière.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  3oooo  livres  par  le  Vêlai,  pour  con- 
tinuer le  chemin  de  Lyon,  entre  Yssingeaux  &  Monistrol.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  17  100  livres  par  le  diocèse  de  Bé- 
ziers,  pour  le  chemin  de  Bédarieux.  — Autorisation  d'emprunt 
de  46000  livres  par  le  Vivarais,  pour  réparer  les  dommages 
de  l'inondation  du  Rhône.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
iSooo  livres  par  le  Gévaudan,  pour  les  travaux  du  pont  de 
Langogne  &  des  chemins  de  Florac  à  Lacan  de  l'Espitalet, 
Chanac  à  Marvéjols  &  Florac  à  Chanac.  —  Autorisation  d'em- 
prunt de  17  100  livres  par  le  diocèse  de  Béziers,  pour  le  chemin 
de  Bédarieux. 

4  mal Autorisation  d'emprunt  de  3oooo  livres  par  les  sénéchaussées  de 

Toulouse  &  de  Carcassonne,  pour  le  chemin  de  Mirepoix  à 
Saint-Rome. 

25  mai La  défense  de  saisir  les  bestiaux  en  Languedoc  est  prorogée  pour 

huit  ans. 

I"  juin La  subvention  de  Mèze  est  prorogée  pour  neuf  ans. 

i5  juin Arrêt  du  Conseil,  réglant  les  conditions  d'éligibilité  des  prieur 

&  consuls  de  la  bourse  de  Toulouse. 

29  juin Les  manufactures  de  soie  fondées  à  Aubenas  par  Deydier  &  au 

Puy  par  Servan ,  la  manufacture  de  mousseline  &  la  filature  de 
coton  créées  au  Puy  par  Grenus  obtiennent  divers  encourage- 
ments, autorisés  par  arrêt  du  Conseil. 

7  juillet  ....      Etablissement  du  second  vingtième. 

8  août Surprise  d'une   assemblée   protestante   dans   la  Vannage,  entre 

Saint-Cosme  &  Marvéjols.  —  Surprise  d'une  assemblée  pro- 
testante aux  environs  de  Fons,  par  un  détachement  du  régi- 
ment de  Brissac. 

10  août Le  nouveau  règlement  des  États  pour  les  chemins  de  Languedoc 

est  autorisé  par  arrêt  du  Conseil. 

5  septembre.     Le   diocèse   de   Narbonne    est   autorisé   à   imposer  une    somme 

annuelle  pour  secourir  les  communautés  de  filles  lésées  par  la 
réduction  des  anciennes  dettes  diocésaines. 

septembre. . . .     Érection  du  marquisat  de  Duroc. 

12  octobre  . . .  Remise  est  faite  à  la  Province  de  3ooooo  livres  sur  le  don  gra- 
tuit. 

28  octobre...     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Mirepoix. 

(Clôture  le  II  décembre.) 

29  octobre...     Le  marquis  de  la  Tourrette  prend  place  aux  États  comme  baron 

de  la  Tourrette,  en  Vivarais. 

30  octobre...     Les  États  décident  que  les  députés  des  communes,  nommés  à 

défaut  des  maires  ou  consuls  en  titre,  produiront  un  certificat 
d'allivrement  de  leurs  biens.  —  Règlement  des  États  pour  la 
députation  des  communes. 


CHRONOLOGIE. 


9» 


1706,  i3  novembre 

20  novembre  , 
8  décembre  , 

21  décembre  . 


1757,  II  janvier 


24  janvier 

3  février 
i5  février 

8  mars. . 
i5  mars. . 
19  mars. . 

4  avril. . 
10  mai. . . 


juin 

19  juillet 


Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  États  pour  l'em- 
prunt de  cinq  millions. 

Abonnement  des  deux  vingtièmes  par  la  province  de  Languedoc, 
au  prix  de  i  iSoooo  livres  par  an. 

Règlement  des  commissaires  du  roi  &  des  Etats  pour  la  réception 
des  ouvrages  que  font  faire  les  communes  de  Languedoc. 

Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 
relatif  à  l'adjudication  des  bois  communaux  de  Cazillac.  — 
Arrêt  du  Conseil  d'État,  modérant  les  conditions  d'éligibilité 
des  prieur  &  consuls  de  la  bourse  de  Toulouse. 

Autorisation  d'emprunt  de  40000  livres  par  le  diocèse  de  Nimes, 
pour  les  travaux  des  chemins.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
20000  livres  par  le  diocèse  de  Castres,  pour  travaux  au  grand 
chemin  de  Toulouse.  —  Autorisation  d'emprunt  de  20000  li- 
vres par  le  diocèse  de  Carcassonne,  pour  travaux  au  chemin 
de  Montréal.  —  Autorisation  d'emprunt  de  14000  livres  par 
le  Gévaudan,  pour  travaux  aux  chemins  de  Saint-Roman,  de 
Pompidour,  &  du  Causse  de  Sauveterre  à  Chanac.  —  Autorisa- 
tion d'emprunt  de  8871  livres  par  le  Vivarais,  pour  les  répa- 
rations des  chemins.  —  Autorisation  d'emprunt  de  4000  livres 
par  le  diocèse  d'Alaîs,  pour  travaux  au  chemin  de  Nimes,  au- 
dessous  de  Larnac.  — Autorisation  d'emprunt  de  3  000  livres 
par  le  diocèse  de  Saint-Papoul,  pour  réparer  le  chemin  de  la 
Lauragaise. 

Instruction  pour  la  levée  des  deux  vingtièmes,  d'après  la  nature 
des  biens  &  des  revenus. 

Ordonnance  du  roi,  réglant  le  nombre  &  la  qualité  des  voitures 
à  fournir  aux  troupes  de  passage  en  Languedoc. 

Lettres  patentes  portant  règlement  pour  l'élection  des  prieur  & 
consuls  de  la  bourse  de  Toulouse. 

Le  prince  de  Soubise  cède  à  la  princesse  de  Marsan,  sa  sœur,  le 
duché  de  Joyeuse,  baronnie  de  tour  de  Vivarais. 

Les  droits  de  subvention  &  de  souquet  de  Nimes  sont  prorogés 
pour  dix  ans. 

Règlement  fait  par  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  les 
gardes-terres  en  Languedoc. 

Le  marquis  de  Villeneuve  remplace  le  marquis  de  Mérinville  à 
la  commission  de  1784. 

Arrêt  du  Conseil  exceptant  les  communes  de  Languedoc  des 
clauses  de  l'édit  de  1755,  qui  réunissait  les  offices  de  procu- 
reurs du  roi  des  hôtels  de  ville  aux  offices  de  procureurs  du 
roi  des  justices  ordinaires.  —  Le  Conseil  d'Etat  détermine  les 
villes  de  Languedoc  qui  ont  le  privilège  d'interdire  l'entrée 
des  vins  étrangers. 

La  place  de  l'abbé  de  Saint-Sernin  au  Parlement  de  Toulouse 
est  réglée. 

Le  Conseil  d'État  casse  la  concession  faite  par  la  ville  de  Nar- 
bonne  au  marquis  de  Crillon  du  canal  de  la  Robine  de  Narbonne. 


92 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1757,  25  juillet  ....      Érection  de  la  manufacture  royale  d'étoffes  de  soie  de  Lavaur. 

juillet Érection  du  marquisat  de  Dulac. 

août Érection  du  comté  de  Boissezon. 

8  octobre  ...  La  commission  de  1734  défend  aux  communes  de  payer  les  curés 
&  vicaires  qui  font  les  fonctions  de  régents  sur  les  fonds  des 
écoles  8c  d'établir  des  régents  sans  l'autorisation  de  l'évéque 
diocésain. 

14  octobre  ...     Le  marquis  de  Gontaut  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 

I"  novembre.  Le  maréchal  de  Thomond  nommé  commandant  en  chef  en  Lan- 
guedoc. —  Le  Conseil  d'État,  contrairement  à  l'arrêt  du  Par- 
lement de  Toulouse,  confirme  une  ordonnance  de  l'intendant 
relative  à  la  construction  de  l'église  de  Puechauriol  (Castres). 

10  novembre.  Transaction  entre  les  Etats  de  Languedoc  &  l'adjudicataire  de 
l'équivalent. 

29  novembre  .  Le  Conseil  d'État  liquide  l'abonnement  des  deux  vingtièmes  par 
la  Province  à  i  25oooo  livres  par  an.  —  Remise  est  faite  à  la 
Province  de  234000  livres  sur  le  don  gratuit. 

i5  décembre  .  Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  maréchal  de  Tho- 
mond. (Clôture  le  3  février  1758.) 

16  décembre  .  Le  marquis  de  Rochemore  prend  place  aux  États  comme  baron 
de  Saint-Remèze,  en  Vivarais. 

22  décembre  .     Traité   entre   les   commissaires  du   roi  &  ceux  des  États  pour 

l'emprunt  de  looooooo  de  livres. 

23  décembre  .      Règlement  pour  la  ferme  de  l'équivalent. 


1758,  21   janvier 


10  mars. 


Bail  général  pour  la  fourniture  des  étapes  &  voitures  d'équipage 
passé  à  François  Parlier. 

Autorisation  d'emprunt  de  56200  livres  par  le  diocèse  de  Nimes, 
pour  les  travaux  des  chemins.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
48000  livres  par  le  diocèse  d'Uzès,  pour  travaux  aux  chemins 
de  Bagnols,  Anduze,  Beaucaire,  Nimes  à  Alais.  — Autorisation 
d'emprunt  de  Soooo  livres  par  le  diocèse  du  Puy,  pour  les  tra- 
vaux de  la  route  de  Lyon  &  du  chemin  d'Issingeaux  à  Saint- 
Benoît  le  Froid.  —  Autorisation  d'emprunt  de  16243  livres 
par  le  diocèse  de  Béziers,  pour  travaux  au  chemin  de  Béda- 
rieux.  —  Autorisation  d'emprunt  de  i5ooo  livres  par  le  Gévau- 
dan,  pour  la  construction  d'un  pont  sur  le  Lot  &  les  travaux 
de  la  côte  de  Moulines,  ligne  d'Auvergne  au  bas  Languedoc. 
—  Autorisation  d'emprunt  de  14409  livres  par  le  diocèse 
d'Alais,  pour  les  travaux  des  chemins.  —  Autorisation  d'em- 
prunt de  14331  livres  par  le  Vivarais,  pour  les  travaux  du 
pont  de  Desaignes.  —  Autorisation  d'emprunt  de  12000  livres 
par  le  diocèse  de  Castres,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Tou- 
louse, par  Guitalens.  —  Le  diocèse  de  Lavaur  est  autorisé  à 
prêter  son  crédit  aux  communes  riveraines  du  Sor  &  du  Lau- 
dot  pour  un  nouvel  emprunt  de  12000  livres,  destiné  à  l'in- 
demnité des  propriétaires  de  moulins  démolis.  —  Autorisation 
d'emprunt  de  4000  livres  par  le  diocèse  de  Saint-Papoul,  pour 
les  travaux  des  chemins. 


CHRONOLOGIE. 


93 


1758,  i8  mars Instruction  pour  la  levée  des  deux  vingtièmes. 

2  mai Les  surtaxes  de  la  capitation  sont  abonnées  par  la  Province,  au 

prix  total  de  Soooooo  de  livres. 

6  juin Les  habitants  de  Tarascon,  en  Provence,  sont  déboutés  de  leur 

opposition  à  l'arrêt  du  24  aoiit  1756. 

12  juin Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  la  justice  de  Saint-Chapte. 

21  juin Les  États  votent  un  emprunt  de  200000  livres  pour  les  travaux 

du  canal  des  Étangs. 
12  août Autorisation   d'emprunt   de   5 000  livres   par  le  Vêlai,  pour  la 

manufacture  de  soieries  fondée  au  Puy  par  Servan. 
10  novembre  .     Le  Conseil   d'État  casse  un   arrêt  du    Parlement  de  Toulouse, 

concernant  le  différend  des  consuls  &  des  officiers  royaux  de 

Réalmont. 
5  décembre  .     Prorogation  du  droit  de  petit  blanc  pour  les  travaux  du  Rhône 

&  le  chemin  du  Pont  Saint-Esprit  à  la  ligne  de  poste  Lyon- 
Marseille. 

7  décembre  .     Déclaration  du  roi,  servant  de  règlement  entre  les  États  de  Lan- 

guedoc &  la  Chambre  des  comptes  de  Montpellier. 

1759,  4  janvier  . . .     Roudil  de  Berriac  achète  à  Ranchin  de  Montaran  ses  droits  sur 

l'étang  de  Marseillette. 

i5  janvier  . . .  Les  négociants  de  Languedoc  sont  maintenus  au  droit  d'expédier 
directement  leurs  draps  du  port  de  Cette  aux  Échelles  du 
Levant. 

25  janvier  ...  Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  maréchal  de  Tho- 
mond.  (Clôture  le  5  mars.) 

27  janvier  ...  Le  comte  de  Peyre  prend  place  aux  États  comme  baron  de  Peyre, 
en  Gévaudan. 

1"  février. , . .  Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  l'emprunt 
de  9000000  de  livres  au  nom  de  la  Province.  —  Les  États  de 
Languedoc  abonnent,  au  prix  de  180000  livres,  les  nouveaux 
dons  gratuits  créés  par  l'édit  d'août  1758. 

24  février....  Les  États  de  Languedoc  font  un  règlement  pour  les  assemblées 
diocésaines  d'Albi,  restreignant  le  nombre  des  communes  re- 
présentées. 

5  mars Accord  entre  les  États  de  Languedoc  &  la  Chambre  des  comptes 

de    Montpellier  pour   le    règlement   des   épices   des   comptes 
d'impositions. 

6  avril Remise  est  faite  à  la  Province  de  76000  livres  sur  le  don  gratuit. 

7  avril Instruction  pour  la  levée  des  deux  vingtièmes. 

i5  avril Don  de  la  jouissance  du  pont  de  Beaucaire,  pendant  vingt  ans, 

au  comte  de  Saint-Florentin. 

20  avril Autorisation  d'emprunt  de  150724  livres  par  le  diocèse  de  Mont- 
pellier, pour  les  travaux  du  chemin  des  Cévennes  &  le  nouveau 
chemin  d'Aniane. — Autorisation  d'emprunt  de  120000  livres 
par  le  diocèse  du  Puy,  pour  les  travaux  du  chemin  d'Issingeaux 
à  Saint-Bonnet  le  Froid,  par  Montfaucon.  —  Autorisation 
d'emprunt  de  20000  livres  par  le  diocèse  de  Toulouse,  pour 
les  travaux  du  chemin  de  Pinsaguel  à  Auterive. 


94  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

17J9,  20  avril Autorisation  d'emprunt  de  i6853  livres  par  le  diocèse  de  Mende, 

pour  les  travaux  des  côtes  de  Malzieu,  de  ChalJecoste  &  de 
Pathers.  —  Autorisation  d'emprunt  de  16200  livres  par  le  dio- 
cèse de  Mimes,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Beaucaire.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  i5ooo  livres  par  le  diocèse  de  Car- 
cassonne,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Montréal  &  du 
chemin  de  Cannes,  par  Villalier  &  Villegly.  —  Autorisation 
d'emprunt  de  4778  livres  par  le  Vivarais,  pour  les  travaux  du 
pont  de  Ginestelle,  des  chemins  de  Mesilhac  &  Vais  &  des 
précipices  de  Rodes.  —  Autorisation  d'emprunt  de  3 000  livres 
par  le  diocèse  de  Saint-Papoul ,  pour  les  travaux  du  chemin 
de  la  Laurngaise.  — Autorisation  d'imposition  de  2000  livres 
par  le  diocèse  de  Narbonne,  pour  réparations  au  collège  des 
doctrinaires.  —  Autorisation  d'emprunt  de  i  o5o  livres  par  le 
diocèse  de  Béziers,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Pézénas, 
par  le  Larzac. 

î7  avril Les  commissaires  du  roi  &  des  États  ordonnent  aux  receveurs 

des  tailles  de  rendre  compte  de  toutes  les  restitutions  faites 
depuis  1752. 

8  mai Arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  portant  règlement 

pour  tous  les  comptables  de  son  ressort. 
18  mai Le   Parlement   de  Toulouse  défend  aux   habitants   du   diocèse 

d'Alais  de  faire  paître  leur  bétail  dans  les  châtaigneraies  en 

aucune  saison. 
17  juin Le  diocèse  de  Castres  est  autorisé  à  servir  une  pension  viagère  à 

son  ancien  syndic,  Boutellier. 
3  juillet  ....     Arrêt  du  Conseil,  relatif  au  bac  de  Villeneuve-lès-Avignon,  pos- 
sédé par  le  duc  d'Ancesune. 
17  août Traité  entre  les  commissaires  du  diocèse  de  Narbonne  &  Jean 

Pascal,  pour  l'établissement  d'une   manufacture  d'étoffes  de 

sole  à  Narbonne. 
2  octobre  ...     La  fabrique  d'étoffes  de  soie,  fondée  à  Narbonne  par  Jean  Pascal, 

est  érigée  en  manufacture  royale. 
22  octobre  . . .     Remise  est  faite  de  75000  livres  à  la  province  de  Languedoc  sur 

le  don  gratuit. 

9  novembre  .     Le  Conseil  d'Etat  casse  les  délibérations  prises  par  les  communes 

de  Gaillac,  Cordes  &  Rabastens  pour  se  pourvoir  contre  un 
règlement  des  États  de  Languedoc. 

29  novembre.  Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  maréchal  de  Tho- 
mond.  (Clôture  le  7  janvier  1760.) 

ji  décembre  .     l,es  États  de  Languedoc  accordent  au  roi  le  troisième  vingtième. 

17  décembre  .  Le  Conseil  d'État  règle  les  dépenses  ordinaires  ou  frais  d'Assiettes 
des  sept  diocèses  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  des  sept 
diocèses  de  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  &  Nimes  &  des  dix 
diocèses  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne. 

1760,     2  janvier  ...      Arrêt  du  Conseil,  portant  réduction  sur  les  trois  vingtièmes  en 

faveur  de  la  Province. 
21   janvier  . .  .      liistiu.  tion  pour  la  levée  des  trois  vingtièmes. 


CHRONOLOGIE.  ç)5 

1760,  28  février —  Reboul  est  autorisé  à  établir  à  Lavaur,  avec  titre  do  manufacfiiro 

royale,  un  tirage,  moulinage  &  organcinage  des  soies,  suivant 
le  système  Vaucanson,  —  Autorisation  d'emprunt  de  9258  livres 
par  le  diocèse  d'Alais,  pour  adoucir  la  montée  d'Anduze. — 
Autorisation  d'emprunt  de  2000  livres  par  le  Vêlai,  pour  le 
chemin  du  Puy  à  la  houillère  du  sieur  de  Chamberlac.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  i  463  livres  par  le  diocèse  d'Uzès, 
pour  la  construction  du  pont  de  Vagnas.  —  Autorisation  d'em- 
prunt de  3926  livres  par  le  diocèse  de  Montpellier,  pour  tra- 
vaux aux  casernes  de  Lunel,  ponts  de  Gassac  &  de  Candil- 
largues.  —  Autorisation  d'emprunt  de  28312  livres  par  le 
Vivarais,  pour  les  ponts  du  Coulais  &  du  Pontet  &  pour  divers 
chemins  de  traverse. 

21  mars Le  Conseil  d'Etat  reconnaît  les  privilèges  des  Etats  de  Langue- 
doc en  matière  d'impositions,  à  l'occasion  de  la  levée  du  troi- 
sième vingtième. 

7  avril Le  Vivarais  est  autorisé  à  servir  une  pension  viagère  à  l'ancien 

inspecteur  des  travaux  publics  Vivien. 

mai Erection  du  marquisat  de  Saint-Génies. 

5  août Le    Conseil    d'Etat   permet   à   Roudil   de  Berriac   de   dessécher 

l'étang  de  Marseillette. 

3o  septembre.  Nomination  de  commissaires  par  le  Conseil  d'Etat,  pour  juger 
les  oppositions  faites  au  dessèchement  de  l'étang  de  Mar- 
seillette par  les  *bbayes  de  La  Grasse  &  de  Caunes. 

25  octobre...  Le  Conseil  d'Etav  casse  les  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  du 
24  mars  &  du  7  mai. 

17  novembre  .     Remise  est  faite  de  iSoooo  livres  à  la  Province  sur  le  don  gratuit. 

27  novembre  .      Ouverture  des  Etats  par  le  maréchal  de  Thomond,  à  l'hôtel  de 

ville  de  Montpellier.  (Clôture  le  7  janvier  1761,) 

28  novembre  .     Synode  provincial  des  églises  réformées  du  haut  Languedoc. 

i3  décembre  .  Le*  Conseil  d'Etat  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  du 
17  novembre. 

20  décembre  .     Autorisation  de  démolir  l'abbaye  de  Jaussels. 

23  décembre  .  Les  taxes  doubles  de  capitation  sont  abonnées  par  la  Province 
au  prix  de  800000  livres.  —  Le  vingtième  des  droits  levés  sur 
les  denrées  &  marchandises  est  abonné  par  la  Province  au  jirix 
de  90000  livres  par  an.  —  Les  Etats  modifient  les  frais  d'As- 
siette pour  les  diocèses  de  Viviers,  Castres,  Agde  &  Lodève. 


1761,  21  janvier 
3i  janvier 


27  février. 


Instruction  pour  la  levée  des  trois  vingtièmes. 

Arrêt  du  Conseil,  maintenant  aux  matelots  classés  de  Villeneuve- 
lès-Avignon  le  privilège  de  tenir  bateaux  sur  les  deux  bords 
du  Rhône. 

Les  commissaires  du  diocèse  de  Narbonne  sont  autorisés  à  payer 
à  Jean  Pascal  35ooo  livres  en  sept  ans,  pour  tenir  lieu  du  loyer 
de  la  manufacture,  promis  par  les  premières  conventions.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  26547  livres  par  le  diocèse  de 
Béziers,  pour  le  chemin  de  Gignac  h.  Montagnac  &  la  jetée  de 
l'Or!)  à  Béziers. 


96 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1761,  27  février....  Autorisation  d'emprunt  de  17600  livres  par  le  diocèse  de  Carcas- 
sonne,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Montréal  &  du  chemin 
de  Caunes,  par  Villalier  &  Villegly.  —  Autorisation  d'emprunt 
de  12000  livres  par  le  diocèse  de  Mirepoix,  pour  les  chemins 
de  Bélesta  &  de  Labastide  à  Lagarde, 

6  mars Autorisation  d'emprunt  de  3oooo  livres  par  le  Vêlai,  pour  la 

route  du  Puy  au  bas  Vivarais,  par  Brève,  le  Monestier  &  le 
pont  Chabanis.  —  Autorisation  d'emprunt  de  2o3o5  livres  par 
le  diocèse  d'Uzès,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Bagnols,  par 
Saint-Hippolyte  de  Montégut.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
9712  livres  par  le  Vivarais,  pour  ponts  &  chemins.  —  Autori- 
sation d'emprunt  de  8600  livres  par  le  diocèse  de  Nimes,  pour 
les  travaux  du  chemin  d'Alais.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
8  3oo  livres  par  le  Gévaudan,  pour  les  travaux  de  la  côte  de 
Chabrits,  sur  la  route  de  Mende  à  Marvéjols.  —  Autorisation 
d'emprunt  de  3076  livres  par  le  diocèse  d'Alais,  pour  ponts  & 
chemins. 

10  mars Arrêt  du  Conseil,  portant  règlement  pour  la  vente  des  coupes 

ordinaires  de  la  baronnie  de  Caravettes. 

i5  niai Les  droits  d'équivalent  augmentés  son  prorogés  jusqu'au  3i  dé- 
cembre J769. 

3o  mai Le  Conseil   d'État  casse  l'arrêt  du   Parlement   de  Toulouse  du 

17  janvier. 

21  août La  subvention  d'Uzès  est  prorogée  pour  quinze  ans. 

3i   août Autorisation  d'emprunt  de  20D000  livres  par  la  Province,  pour 

les  travaux  du  canal  des  Étangs. 

août Érection  du  marquisat  du  Sumène. 

3o  septembre.     Le  duc  de  Fitz-James,  commandant  en  chef,  est  nommé  président 

de  la  commission  de  1734. 
2  octobre...     Le  Conseil   d'État  casse   l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  du 

21  juin. 
i3  octobre  . . .      Mort  violente  du  fils  Calas. 

22  octobre  . . .     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  duc  de  Fitz-James. 

(Clôture  le  i*'''  décembre.) 
27  octobre...      Remise  est  faite  à  la  Province  de  75000  livres  sur  le  don  gratuit. 
20  octobre. . .      Le  marquis  de  Crussol  est  reçu  aux  États  comme  baron  de  Cas- 

telnau  de  Bonnefous. 
19  novembre.     Traité  entre  les   commissaires   du    roi  &   ceux  des    États   pour 

l'emprunt  de  6000000  de  livres. 
26  novembre.-  Les  Etats  de  Languedoc  offrent  au  roi  un  vaisseau  de  ligne  de 

quatre-vingts  canons. 


1762,     8  janvier 


Il   janvier 


Autorisation  d'emprunt  de  20400  livres  par  le  diocèse  d'Alais, 
pour  les  travaux  du  chemin  de  Nimes,  sous  la  montagne  de 
Conillière.  —  Autorisation  d'emprunt  de  6944  livres  par  le 
Vivarais,  pour  réparations  de  chemins  &  digues.  —  Autorisa- 
tion d'emprunt  de  3410  livres  par  le  diocèse  de  Nimes,  pour 
les  ponts  du  chemin  de  Montpellier  à  Saint-Hippolyte. 

Arrêt  du  Conseil,  autorisant  abonnement  des  trois  vingtièmes. 


CHRONOLOGIE.  97 

1762,  16  janvier  . . .     Auforîsafîon  d'emprunt  de  19  200  livres  par  le  diocèse  de  Béziers, 

pour  le  chemin  de  Gignac  à  la  chaussée  de  Montagnac.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  i5ooo  livres  par  le  diocèse  de  Saint- 
Pons,  pour  les  réparations  des  chemins.  —  Autorisation  d'em- 
prunt de  14000  livres  par  le  diocèse  de  Carcassonne,  pour  les 
chemins  de  Montréal  &  de  Caunes.  —  Autorisation  d'emprunt 
de  12000  livres  par  le  diocèse  de  Mirepoi.x,  pour  les  chemins 
de  Bélesta  &  de  la  Garde.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
10 000  livres  par  le  diocèse  de  Lavaur,  pour  les  travaux  du 
chemin  de  l'étape,  de  Lavaur  à  Montauban.  —  Autorisation 
d'emprunt  de  loooo  livres  par  le  diocèse  bas  Montauban,  pour 
les  travaux  du  ruisseau  de  Sanguinenc.  —  Autorisation  d'em- 
prunt de  I  760  livres  par  le  diocèse  de  Comminges,  pour  les 
travaux  du  chemin  de  Saint-Martory  à  Saint-Lizier  &  de  la 
rampe  de  Mellet. 

12  février....  Arrêt  de  la  Cour  des  comptes,  portant  que  les  procès  de  roture 
ou  nobilité  ne  sont  pas  sujets  à  péremption. 

i5  février....  Lettres  patentes  concernant  l'entrée  des  vins  étrangers  dans  les 
villes  de  Languedoc. 

19  février. . . .     Supplice  du  ministre  Rochette  &  des  trois  frères  Grenier,  sur  la 

place  du  Salin,  à  Toulouse. 

27  février La  Commission  de  1734  ordonne  que  les  communes  du  diocèse 

de  Carcassonne  exemptes  de  tailles  suivront  les  règles  ordi- 
naires de  comptabilité  municipale. 

i"  mars Acceptation  de  loooo  livres  offertes  par  la  ville  de  Pézénas  au 

roi  pour  la  marine. 

i5  mars Le  Conseil  d'État  ordonne  le  rapport  des  motifs  des  arrêts  ren- 
dus au  Parlement  de  Toulouse  sur  les  affaires  de  Castres  &  de 
Béziers.  —  Le  Conseil  d'Etat  confirme  deux  ordonnances  de 
l'intendant  sur  l'affaire  de  La  Grasse,  cassées  par  arrêt  du  Par- 
lement de  Toulouse. 

21  avril ;  Autorisation  d'emprunt  de  700000  livres  par  la  Province,  pour 

l'armement  du  vaisseau  de  ligne  Le  Languedoc. 

20  juillet Déclaration  du  roi,  interprétative  de  l'édit  de  1749  concernant 

les  gens  de  mainmorte. 

4  août Le  Conseil  d'Etat  décharge  la  Province  des  demandes  d'indemnité 

pour  destruction  d'une  pêcherie  dans  l'étang  de  Mauguio. 
17  août Suppression  de  l'abbaye  de  Salenques  de  Toulouse. 

27  octobre  . . .      Remise  est  faite  de  65 000  livres  sur  le  don  gratuit. 

28  octobre...     Ouverture  des  États  par  le  duc  de  Fitz-James,  à  l'hôtel  de  ville 

de  Montpellier.  (Clôture  le  6  décembre.) 
6  novembre  .     Règlement  fait  par  les  États  pour  la  ferme  de  l'équivalent. 
4  décembre  .      Bail  de  l'équivalent  à  Jacques  Bourrely. 
l5  décembre  .     Érection  du  marquisat  de  Montferrier. 

1763,  6  janvier  ...     Autorisation  d'emprunt  de  65o65  livres  par  le  Vivarais,  pour 

travaux  des  ponts  &  chemins.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
34000  livres  par  le  diocèse  de  Rieux,  ])our  la  construction  du 
chemin  de  Saint-Girons  à  Pamiers. 

XIII.  7 


98  ÉTUDES  x4IST0RIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1763,    6  janvier  ...     Autorisation   d'emprunt  de  3oooo  livres  par  le   diocèse   d'Alet, 
-*■  pour  les  travaux  de  la  route  d'étape  entre  Caudiès  &  Estagel. 

Autorisation  d'emprunt  de  Soooo  livres  par  le  diocèse  de 

Narbonne,  pour  le  chemin  de  Narbonne  à  Saint-Pons,  par 
Saint-Marcel  &  Bize.  —  Autorisation  d'emprunt  de  3oooo  li- 
vres par  le  diocèse  d'Uzès,  pour  les  travaux  du  chemin  do 
Nimes  à  Alais,  par  la  Calmette,  Boucoiran  &  Ners.  —  Auto- 
risation d'emprunt  de  23478  livres  par  le  Vêlai,  pour  les  che- 
mins du  Puy  à  Pont-Salomon  &  d'Issingeaux  à  Saint-Bonnet 
le  Froid.  —  Autorisation  d'emprunt  de  20000  livres  par  le 
diocèse  de  Castres,  pour  le  chemin  de  Labessonié  &  celui  de 
Lautrec  &  Graulhet. — -Autorisation  d'emprunt  de  19200  livres 
par  le  diocèse  de  Béziers,  pour  les  travaux  du  chemin  de 
Gignac  à  la  chaussée  de  Montagnac.  —  Autorisation  d'emprunt 
de  i5ooo  livres  par  le  diocèse  de  Carcassonne,  pour  la  cons- 
truction du  chemin  de  Lagrasse.  —  Autorisation  d'emprunt 
de  35oo  livres  par  le  diocèse  d'Alais,  pour  les  travaux  du 
chemin  de  Nimes,  &  de  29302  livres  pour  diverses  répara- 
tions. 

25  mai Déclaration  du  roi,  autorisant  la  libre  circulation  des  grains. 

i"  juin Ouverture  du  synode  national  des  églises  réformées  de  France, 

tenu  au  Désert,  dans  le  bas  Languedoc.  (Clôture  le  10  juin.) 

10  juillet Déclaration  du  roi,  portant  que  le  payement  de  la  taille  pendant 

trente  années,  consécutives  ou  interrompues,  rend  roturiers 
les  fonds  nobles  de  Languedoc. 
9  septembre.     Arrivée  du  duc  de  Fitz-James  à  Toulouse, 

10  septembre.  Le  Conseil  d'État  renouvelle  la  surséance  de  toutes  poursuites 
&  jugements  accordée  aux  membres  des  États  de  Languedoc 
pendant  la  session. 

13  septembre.     Le  duc  de  Fitz-James  occupe  militairement  le  palais  du  Parle- 

ment de  Toulouse. 

14  septembre.      Le  Parlement  de  Toulouse  se  proroge. 

18  septembre.     Arrestation  des  membres  du  Parlement  de  Toulouse. 

19  septembre.     Le  Conseil   d'État  casse   l'arrêt  du   Parlement  de  Toulouse  du 

14  septembre. 
3  décembre  .     Les  arrêts  des  officiers  du  Parlement  de  Toulouse  sont  levés. 
9  décembre  ,     Le  Parlement  de  Toulouse  proteste  contre  la  radiation  de  ses 

arrêts  par  le  duc  de  Fitz-James. 
10  décembre  .     Le  roi  permet  de  démolir  la  maison  abbatiale  de  Mazan. 
17  décembre  .     Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  duc  de  Fitz-JameSi 


176.),  1"  janvier 
16  janvier 


25  janvier 

26  janvier 

28  janvier 
9  février. 


Lettre  du  Parlement  de  Grenoble  au  Parlement  de  Toulouse. 

Remise  est  faite  à  la  Province  de  25oooo  livres  sur  le  don  gra- 
tuit. 

Lettre  du  Parlement  de  Besançon. 

Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  vicomte  de  Saint- 
Priest.  (Clôture  le  7  mars.) 

Lettre  du  Parlement  de  Dijon. 

Lettre  du  Parlement  de  Pau. 


CHRONOLOGIE. 


99 


1764,  II  février Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  le  rachat, 

ail  prix  de  i  200000  livres,  des  dons  gratuits  à  payer  pendant 
cinq  ans  par  toutes  les  villes  &  bourgs. 

23  février Les  États  de  Languedoc  décident  la  reconstruction  du  pont  do 

Valentine. 
25  février. . , .     Lettres  patentes  du  roi,  imposant  un  silence  absolu  sur  l'affaire 

du  Parlement  de  Toulouse, 
février Extinction  du  titre  abbatial  de  Fontfroide,  avec  union  des  biens 

à  l'évêché  de  Perpignan. 

5  mars Lettres  patentes  maintenant  les  droits  d'octroi  sur  les  grains, 

farines  &  légumes. 

7  mars Bail  de  l'étape  à  François  Parlier. 

17  mars Remise  est  faite  à  la  Province  de  looooo  livres  sur  l'abonnement 

du  second  vingtième.  —  Suppression  de  cinq  canonicats  du 
chapitre  d'AIais. 

24  mars Le  Parlement  de  Toulouse  enregistre  les  lettres  patentes  du 

25  février. 

3i   mars Instruction  pour  la  levée  des  deux  vingtièmes. 

10  avril Arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  portant  règlement 

des  droits  d'octroi  perçus  au  profit  de  la  ville  de  Montpellier 
dans  le  bureau  du  poids  du  roi.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
58000  livres  par  le  diocèse  de  Carcassonne,  pour  les  travaux 
du  chemin  de  La  Grasse  &  ceux  des  casernes.  — Autorisation 
d'emprunt  de  33  8o5  livres  par  le  diocèse  de  Béziers,  pour  les 
travaux  du  chemin  de  Gignac  à  Montagnac  &  d'Agde  à  Béziers. 
Autorisation  d'emprunt  de  24000  livres  par  le  diocèse  d'Albi, 
pour  les  travaux  du  chemin  d'Albi  h  Carmenel.  —  Autorisation 
d'emprunt  de  24000  livres  par  le  diocèse  d'Agde,  pour  les  tra- 
vaux du  chemin  de  Gignac.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
20000  livres  par  le  diocèse  de  Castres,  pour  les  travaux  des 
chemins  de  La  Bessonié,  de  Lautrec  !k  de  Graulhet.  —  Auto- 
risation d'emprunt  de  12000  livres  par  le  diocèse  de  Mirepoix, 
pour  les  travaiix  des  chemins  de  Mirepoix  à  Bélesta  &  de 
Labastide  à  Lagarde. 

16  avril Le  produit  des  vingtièmes  de  Languedoc  est  affecté  au  rembour- 
sement des  emprunts  faits  par  les  États  pour  le  trésor  royal. 
—  Le  Conseil  d'État  maintient  les  maîtres  tisserands  de  Car- 
cassonne dans  la  liberté  d'avoir  tel  nombre  de  compagnons 
qu'ils  jugent  à  propos. 

il  avril Acceptation  do  l'abonnement  du  nouveau  vingtième  par  la  Pro- 
vince, au  prix  de  90000  livres  par  an. 

6  mai Guignard   de  Saint-Priest  fils,   intendant   adjoint,  est  nommé 

membre  de  la  commission  de  1734. 

7  mai La  sénéchaussée  de  Carcassonne  est  autorisée  à  emprunter  an- 

nuellement 3oooo  livres,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Cas- 
tres à  Albi  &  de  Castres  à  Saint-Pons. 

5  juin Arrêt  du  Conseil,  portant  que  les  pères  spirituels  nommés  par 

les  religieux  de  Saint-François  &  de  la  Merci  demeurent  assu- 
jettis aux  charges  publiques. 


lOO 


ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1764,     6  juillet 


Le  Parlement  de  Toulouse  juge  qu'il  n'est  point  dû  de  lods  des 

sous-inféodations  faites  à  prix  d'argent. 
II   juillet  ....      Le  prince  de  Soubise  acquiert  l'office  de  maire  de  Tournon. 
24  octobre...      La  maîtrise   des  eaux   &  forêts  de  Saint-Pons  est  transférée  à 

Castres. 
6  novembre  .     Arrêt  du  Conseil,  comprenant  le  port  de  la  Nouvelle  parmi  ceux 

où  l'exportation  des  grains  est  autorisée. 
8  novembre  .      Remise  est  faite  à  la  Province  de  25oooo  livres  sur  le  don  gratuit. 
29  novembre.     Ouverture  des    Etats  par  le   comte  d'Eu,  à  l'hôtel  de  ville  de 

Montpellier.  (Clôture  le  7  janvier  1765.) 
1"  décembre  .     Le  comte  de  Morangiès  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de 

Saint-Alban,  en  Gévaudan. 
28  décembre  .     Délibération  des  États  pour  le  perfectionnement  des  races  de 

chevaux,  mulets,  taureaux  &  béliers. 


1765,     7  janvier 
5  février. , 


9  février., 


19  février. 

26  février. 

5  mars. . . 


mai. 


Les  États  prescrivent  une  enquête  sur  les  inconvénients  &  les 
avantages  de  la  compascuité  usitée  dans  les  diocèses  de  Nimes, 
Montpellier,  Alais,  Uzès,  Mende  &  le  Puy. 

Autorisation  d'emprunt  de  51428  livres  par  le  diocèse  d'Alais, 
pour  les  travaux  des  chemins  de  Nimes,  Montpellier  &  Anduze. 

—  Autorisation  d'emprunt  de  37780  livres  par  le  Vivarais, 
pour  les  travaux  des  chemins.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
I2i53  livres  par  le  Gévaudan,  pour  les  travaux  des  chemins 
de  Bagnols  &  de  Montpellier.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
1 1  619  livres  par  le  diocèse  du  Puy,  pour  les  travaux  du  chemin 
de  Lyon  &  le  remboursement  des  achats  de  grains  faits  en 
1750  pour  la  subsistance  des  habitants.  — Autorisation  d'em- 
prunt de  I  575  livres  par  le  diocèse  d'Uzès,  pour  la  reconstruc- 
tion du  pont  de  la  Calmette. 

Autorisation  d'emprunt  de  60000  livres  par  le  diocèse  de  Tou- 
louse, pour  les  travaux  du  chemin  de  Pinsaguel  à  Auterive,  de 
Toulouse  à  Revel  par  Caraman,  &  de  Toulouse  à  Lavaur  par 
Verfeil.  —  Autorisation  d'emprunt  de  3oooo  livres  par  le  dio- 
cèse de  Narbonne,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Saint- 
Pons  par  Saint-Marcel  &  Bize.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
20000  livres  par  le  diocèse  de  Castres,  pour  les  travaux  des 
chemins  de  La  Bessonié  &  de  Lautrec  à  Graulhet.  —  Autorisa- 
tion d'emprunt  de  19200  livres  par  le  diocèse  de  Béziers,  pour 
les  travaux  du  chemin  de  Gignac  à  la  chaussée  de  Montagnac. 

—  Autorisation  d'emprunt  de  i5ooo  livres  par  le  diocèse  de 
Carcassonne,  pour  les  travaux  du  chemin  de  La  Grasse. 

Lettres  patentes  concernant  la  nomination  des  procureurs  du  roi 
de  police  près  les  hôtels  de  ville  de  Languedoc. 

Autorisation  d'emprunt  de  6000  livres  par  le  diocèse  de  Mont- 
pellier, pour  les  travaux  du  chemin  du  Pont-Juvénal. 

Le  Conseil  d'État  casse  un  jugement  de  la  Chambre  des  eaux  & 
forêts  de  Toulouse,  concernant  les  officiers  de  la  justice  de 
Caravettes  &  bois  de  Valence. 

Erection  du  comté  de  Tournemire. 


CHRONOLOGIE. 


lOI 


1765,  29  juin  . . 
16  juillet 


i8  juillet 

20  août 


3,  septembre. 

I"  octobre  . . . 
1"  novembre  . 

2  novembre  . 
28  novembre  . 

novembre  . . . . 

6  décembre  . 

19  décembre  . 

21  décembre  . 
28  décembre  . 


Le  Conseil  d'État  supprime  deux  mémoires  relatifs  au  procès  du 
chapitre  de  Béziers  avec  la  ville  pour  une  question  de  nobilité 
de  terres,  &  condamne  l'imprimeur  à  l'amende. 

Arrêt  du  Conseil,  attribuant  à  chaque  capitoulat  de  Toulouse 
séparément  les  frais  de  construction  &  réparation  des  églises 
de  paroisse,  cimetières  &  maisons  presbytérales  situés  dans 
son  territoire. 

Suppression  du  péage  perçu  au  pont  de  Valentine. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  concernant  des  projets  de  travaux  sur 
le  Tarn,  près  le  moulin  d'Albarèdes,  signalés  comme  nuisibles 
à  la  navigation. 

Le  roi  est  déclaré  quitte  envers  la  Province  &  la  Province  en- 
vers les  créanciers  des  deux  emprunts  de  Soooooo  de  livres, 
faits  en  1748  &  1744. 

Suppression  des  maisons  de  Saint-Ruf,  au  diocèse  de  Nimes. 

Le  prince  de  Beauvau  nommé  commandant  en  chef  en  Lan- 
guedoc. 

Remise  est  faite  de  Sooooo  livres  sur  le  don  gratuit. 

Le  prince  de  Beauvau,  commandant  en  chef,  remplace  le  duc 
de  Filz-James  comme  président  de  la  commission  de  1784. 

Liquidation  des  dettes  de  l'hôpital  Saint-Joseph  de  la  Grave  à 
Toulouse. 

Le  Conseil  d'État  ordonne  le  remboursement  des  emprunts  faits 
par  la  Province  pour  le  roi,  ou  la  réduction  des  rentes  au 
denier  vingt-cinq. 

Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  prince  de  Beauvau. 
(Clôture  le  3o  janvier  1766.) 

Le  marquis  de  Lordat  est  reçu  aux  États  comme  baron  de  Bram. 

Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  États,  pour 
l'emprunt  de  10 000000  de  livres. 

Érection  du  comté  de  Deyme. 


décembre  . . 

1766,  29  janvier  . . .  Délibération  des  Etats  sur  les  ouvrages  décoratifs  de  la  place  du 
Peyrou  &  la  distribution  des  eaux  de  la  fontaine  Saint-Clé- 
ment. 

janvier Érection  du  comté  de  Frégeville. 

5  mars Arrêt  du  Conseil,  ordonnant  le  remboursement  ou  la  réduction 

au  denier  vingt-cinq  des  rentes  d'emprunts  faits  par  les  États 
de  Languedoc  pour  le  compte  du  roi. 
10  mars Autorisation  d'emprunt  de  60000  livres  par  le  diocèse  de  Tou- 
louse, pour  les  travaux  des  chemins  d'Auterive,  de  Revel  par 
Caraman,  &  de  Lavaur  par  Verfeil.  —  Autorisation  d'em- 
prunt de  40000  livres  par  le  diocèse  de  Montpellier,  pour  les 
travaux  des  chemins  d'Aniane,  de  Sommières  &  de  Lancize.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  3i  387  livres  par  le  Vivarais,  pour 
les  travaux  des  rivières,  ponts  &  chemins.  —  Autorisation 
d'emprunt  de  26200  livres  par  le  diocèse  d'Uzès,  pour  les 
travaux  du  chemin  d'Alais  ik  de  celui  des  Vans  à  Peyre,  en 
Vivarais. 


I02 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1766,  10  mars Autorisation  d'emprunt  de  20000  livres  par  le  diocèse  de  Cas- 
tres, pour  les  travaux  des  chemins  de  la  Bessonié,  de  Lautrec 
&  de  Graulhet.  —  Autorisation  d'emprunt  de  20000  livres  par 
le  diocèse  de  Lodève,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Cartels 
à  l'Héraut.  —  Autorisation  d'emprunt  de  19417  livres  par 
le  diocèse  de  Béziers,  pour  divers  travaux  de  voirie.  —  Auto- 
risation d'emprunt  de  18000  livres  par  le  diocèse  de  Carcas- 
sonne,  pour  le  chemin  de  La  Grasse.  —  Autorisation  d'emprunt 
de  17000  livres  par  le  diocèse  de  Montpellier,  pour  les  travaux 
du  chemin  de  Ganges.  —  Autorisation  d'emprunt  de  i5ooo  li- 
vres par  le  diocèse  de  Saint-Pons,  pour  les  chemins  de  la  mon- 
tagne par  Angles  &  la  Salvetat.  — Autorisation  d'emprunt  de 
14493  livres  par  le  Gévaudan,  pour  les  ponts  &  chemins.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  i3  65o  livres  par  le  diocèse  d'Alais, 
pour  les  travaux  du  chemin  de  Nimes.  — Autorisation  d'em- 
prunt de  12000  livres  par  le  diocèse  de  Mirepoix,  pour  les 
travaux  des  chemins  de  Bélesta  &  de  Labastide  à  La  Garde.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  10 000  livres  par  le  diocèse  de 
Lavaur,  pour  les  travaux  du  chemin  de  l'étape  par  Saint- 
Sulpice,  —  Autorisation  d'emprunt  de  loooo  livres  par  le  dio- 
cèse de  Montauban,  pour  le  chemin  de  la  Ville-Dieu.  — 
•  Autor'sation  d'emprunt  de  8000  livres  par  le  diocèse  du  Puy, 

pour  le  chemin  d'Auvergne  par  la  Salvetat. 

21  mars La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  ordonne  d'établir  un  écor- 

choir  public  à  Annonay,  pour  la  conservation  du  droit  d'équi- 
valent. 

mars Erection  du  marquisat  de  Portalès. 

6  mai Arrêt  du  Conseil,  ordonnant  le  remboursement  ou  la  réduction 

au  denier  vingt-cinq  de  l'emprunt  de  1757. 

mai Édit  portant  règlement  pour  l'administration  des  communes  de 

Languedoc. 

21  juin Le  Parlement  de  Toulouse  défend  la  compascuité  générale  dans 

tous  les  diocèses  du  bas  Languedoc  où  il  l'avait  permise  par 
son  arrêt  du  27  mars  1725. 

23  juin Le  Conseil  d'Etat  évoque  toutes  les  contestations  relatives  à  la 

construction  de  l'église  de  la  Daurade  &  aux  ouvrages  de  la 
Garonne  à  Toulouse. 

Ordonnance  du  prince  de  Beauvau,  concernant  le  droit  de  port 
d'armes  dans  la  Province. 

Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  portant  règlement  pour  les 
élections  municipales  de  Limoux. 

Arrêt  du  Conseil,  ordonnant  le  remboursement  ou  la  réduction 
au  denier  vingt-cinq  des  rentes  de  1769  &  de  1762. 

Le  Parlement  de  Toulouse  dénie  aux  bénédictins  le  droit  d'évo- 
cation générale. 

Le  Conseil  d'Etat  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  sur 
l'élection  consulaire  de  Notre-Dame  de  Laval,  — Le  Conseil 
d'État  casse  deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse,  concernant 
les  élections  consulaires  de  Saint-Jean  de  Fos. 


1"  juillet 

7  juillet 

21  juillet 


1"  août. 


26  août. 


CFIRONOLOGIE.  io3 

1766,  27  août Arrêt  du  Conseil,  portant  règlement  pour  les  travaux  publics  on 

Languedoc. 

28  août Déclaration  du  roi,  fixant  les  cas  où  les  conseils  politiques  ren- 
forcés des  villes  de  Languedoc  devront  être  convoqués. 

81  août Lettres  patentes  commettant  trois  conseillers  du  Parlement  de 

Toulouse  pour  se  transporter  en  Vivarais  &  en  Gévaudan,  à 
l'effet  de  s'enquérir  des  abus  intéressant  la  justice  criminelle, 
avec  pouvoir  d'évoquer  &  de  juger  en  dernier  ressort.  —  Les 
émoluments  du  grand  bailli  d'épée  de  Vivarais  sont  augmentés 
d'un  quart,  à  cause  de  son  assistance  à  l'Assiette. 

18  octobre  . . .     Arrêt  du  Conseil,  autorisant  les  projets  de  décoration  du  Peyrou. 

7  novembre.     Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  portant  règlement  pour  les  élections 

consulaires  de  Montpellier.  —  Rétablissement  du  tirage  des 
loteries  pour  le  remboursement  des  emprunts. 
20  novembre.     Ordonnance   des    commissaires   du    Parlement   de  Toulouse   en 
Vivarais,  concernant  les  condamnations  par  contumace. 

27  novembre  .      Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  prince  de  Beauvau. 

(Clôture  le  5  janvier  1767.) 

28  novembre  .     Le  comte  de  Noailles  prend  place  aux  Etats  comme  baron  d'Am- 

bres. 

2  décembre  .  Le  Conseil  d'Etat  casse  une  ordonnance  de  la  maîtrise  de  Ville- 
neuve de  Berg  sur  la  coupe  des  bois  communaux  de  Saint- 
Kemèze  &  Bidon,  &  renvoie  l'affaire  à  la  commission  de  1734. 

6  décembre  .  Traités  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  Etats  pour 
l'emprunt  de  17  200000  livres. 
18  décembre  .  Les  Etats  sont  autorisés  à  employer  le  fonds  réservé  sur  l'équi- 
valent au  remboursement  des  sommes  dues  pour  l'acquisition 
des  offices  municipaux  &  pour  la  dépense  du  vaisseau  offert 
au  roi.  —  Ordonnance  des  commissaires  en  Vivarais,  prescri- 
vant l'exécution  de  quinze  sentences  par  contumace. 

24  décembre  .     L'ingénieur  Darles  de  Chamberlin  est  condamné  à  mort,  pour 

prévarications  dans  la  conduite  des  ouvrages  publics  à  la 
charge  du  roi  &  de  la  Province.  —  Remise  est  faite  à  la  Pro- 
vince d'une  somme  de  Sooooo  livres  sur  le  don  gratuit. 

1767,  11   février....     Ordonnance  de  la  commission  des  vingtièmes,  portant  modifica- 

tion des  instructions  de  1765. 

10  mars Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  concernant  les  travaux  du  Gardon,  dans 

le  diocèse  d'Alais. 

25  avril La  commission  des  marais  défend  d'établir  des  pêcheries  dans  les 

marais  de  Vauvert,  le  Cayla  &  Saint-Laurent. 

avril Edit  du  roi,  portant  règlement  sur  l'administration  de  la  justice 

dans  le  Vivarais  &  le  Gévaudan. 

8  juin i  Lettres  patentes  exceptant  les  greffiers  des  communes  de  Lan- 

guedoc des  règles  posées  ^our  la  durée  des  fonctions  munici- 
pales. —  Les  syndics  des  habitants  forains  sont  autorisés  à 
prendre  part  aux  assemblées  des  communes. 

I"  juillet  ....     Jugement  de  la  commission  des  marais,  ordonnant  le  bornage. 

14  juillet  ....     Les  notaires  du  Puy  obtiennent  la  préséance  sur  les  procureurs. 


I04  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

17,67,  16  juillet  ....     Arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  réglant  la  manière 

de  procéderai!  compoix  cabaliste. 

21  juillet  ....  La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  défend  aux  juges  de  surseoir 
aux  exécutions  faites  par  les  collecteurs  contre  les  contri- 
buables. 

18  août Le  Conseil  d'Etat  déboute   les  religieux  de  La  Caune  &  de  La 

Grasse  de  leur  opposition  au  dessèchement  de  l'étang  de  Mar- 
seillette. 

26  août -Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  confirmant  l'inéligibilité  des 

célibataires  au  consulat  dans  la  ville  de  Carcassonne. 
6  septembre.     Arrêt   du  Conseil,   défendant    de    cultiver   les   francs-bords    de 
l'Hers  &  d'y  faire  paître  le  bétail. 
'   II  septembre.     Le  Parlement  de  Toulouse  ordonne,  d'après  les  anciens  statuts, 
que  le  premier  consul  de  Carcassonne  sera  pris  alternative- 
ment parmi  les  avocats  &  parmi  les  marchands  fabricants. 

13  septembre.     Don  aux  Etats  de  Languedoc  du  pont  de  bateaux  de  Beaucaire, 

avec  faculté  d'établir  des  moulins, 
septembre Union  des  abbayes  de  la  Sauve  ik  de  Clavas.  —  Erection  du  mar- 
quisat de  Cassagnols. 

18  octobre...     Lettres  patentes  déclarant  inéligibles  au  consulat  dans  la  ville 

de  Montpellier  les  pâtissiers,   rôtisseurs,  hôtes,  cabaretiers, 
vendeurs  de  vin,  cafetiers  &  billardiers. 

19  novembre  .     Arrêt  du  Conseil,  portant  ampliation  de  pouvoirs  à  la  commission 

des  marais. 
26  novembre  .     Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  prince  de  Beauvau. 

(Clôture  le  5  janvier  1768.) 
28  novembre.      Le  comte  du    Roure    prend   place  aux  Etats  comme   baron   de 

Barjac. 
II   décembre  .      Remise  est  faite  à  la  Province  de  400000  livres  sur  le  don  gratuit. 
i3  décembre  .      Le  pont  de  Beaucaire  est  concédé  à  la  Province, 
28  décembre  .      Les  Etats  votent  quelques  modifications  à  leurs  règlements,  au 

sujet  des  preuves  de  noblesse  exigées  des  nouveaux  barons.  — 

Les  Etats  décident  qu'il  sera  procédé  au  bornage  du  canal  de 

Languedoc. 

1768,  14  février. ...     Le  diocèse  de  Béziers  est  autorisé  à  imposer  85oo  livres  en  deux 

ans,  pour  les  réparations  du  collège.  —  Le  Gévaudan  est  auto- 
risé à  imposer  i  200  livres  par  an,  pour  le  collège  de  Mende. 
4  mars Arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  portant  rétroacti- 
vité de  la  roture  jusqu'à  l'introduction  d'instance.  —  La  Cour 
des  comptes  de  Montpellier  met  à  la  charge  des  communes  les 
frais  d'arrêts  de  roture  obtenus  par  elles. 

17  mars Instruction  sur  la  levée  des  vingtièmes. 

26  mars La  manufacture  de  soieries  de  Lavaur  est  saisie. 

14  avril Lettres  patentes  interprétatives  de  l'édit  de  1766,  réglant  l'admi- 

nistration des  communes  de  Languedoc. 
16  avril Arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier  sur  la  subvention 

de  Marseillan. 
19  avril Arrêt  du  Conseil,  renvoyant  à  l'intendant   les  différends  de  la 


CHRONOLOGIE. 


io5 


commune  de  Tournefeuille  avec  les  décimafeiirs,  au  sujet  des 
frais  de  construction  d'une  nouvelle  église  paroissiale. 

1768,     3  mai Le  diocèse  de  Lavaur  est  autorisé  à  louer  les  machines  de  la 

manufacture  de  soieries. 
10  juin Lettres  patentes  portant  règlement  pour  les  élections  munici- 
pales de  Limoux. 

20  juin Arrêt  du  Conseil  autorisant  l'augmentation  des  droits  d'équiva- 

lent jusqu'au  3i  mars  1776. 

i3  août Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  portant  règlement  pour  les 

élections  municipales  de  Carcassonne. 

23  août La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  obtient  attribution  exclu- 

sive  des   poursuites   de  contraintes   générales  &  solidaires  à 
exercer  contre  les  communes  de  la  Province, 
août Erection  du  marquisat  de  Lespinasse. 

18  septembre.  '  Les  élections  municipales  de  Carcassonne  sont  cassées,  les  con- 

suls &  conseillers  politiques  nommés  par  lettres  patentes,  le 
procureur  du  roi  &  le  greffier  de  l'hôtel  de  ville  révoqués. 

21  septembre.     Arrêt  du  Conseil   renvoyant  à  l'intendant  les   contestations  de 

limites  entre  les  communes  de  Saint-Amans,  Castan,  Pradelles 
&  Lespinassière.  —  Le  Conseil  d'Etat  évoque  les  contestations 
relatives  aux  travaux  de  la  Louge. 

22  octobre...     Arrêt  du  Conseil  autorisant  le  plan  des  alignements  &  décora- 

tion des  places  de  Montpellier. 

24  octobre...     Autorisation  d'emprunt  de  3704  livres   par  la  ville  de   Carcas- 

sonne, pour  achats  de  blé  faits  en  janvier  1767. 
octobre Inondations  du  Gardon  ;  chute  du  pont  d'Anduze. 

19  novembre  .      La  commission  des   marais  déboute   le  grand   prieur  de  Saint- 

Gilles  &  les  commandeurs  de  Malte  de  leur  opposition  au 
dessèchement. 

22  novembre  .      Remise  est  faite  à  la  Province  de  400000  livres  sur  le  don  gratuit. 

24  novembre  .     Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  prince  de  Beauvau. 

(Clôture  le  3  janvier  1769.) 
3  décembre  .      Règlement  faif  par  les  États  pour  la  ferme  de  l'équivalent. 

22  décembre  .  Les  Etats  consentent  à  l'abonnement  des  quatre  sols  pour  liyre 
sur  la  capitation,  au  prix  de  3odoooo  de  livres. 

28  décembre  .  Nouvelle  collection  de  règlements  pour  l'ordre  &  la  discipline 
des  Etats  de  Languedoc. 

3o  décembre  .      Bail  de  l'équivalent  à  François-Joseph  Marcilly. 

3i  décembre  .  Le  Conseil  d'Etat  casse  plusieurs  arrêts  du  Parlement  de  Tou- 
louse &  confirme  les  attributions  de  l'intendant  &  de  la  com- 
mission de  1734  sur  la  vérification  des  dettes  communales. 

décembre  ....  Edit  portant  prorogation  du  second  vingtième  jusqu'au  1"  juillet 
de  l'année  1772. 


1769,     3  janvier 
18  février. 


20  mai. 


Ordonnance  de  la  commission  de  1734,  portant  règlement  pour 

la  reddition  des  comptes  communaux. 
Lettres  patentes  ordonnant  la  levée  des  droits  d'équivalent  sur 

tous  les  habitants  de  la  Province,  sans  exception. 
Autorisation  d'emprunt  de  3oooo  livres  par  le  diocèse  de  Saint- 


io6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Pons,  pour  les  travaux  du  chemin  de  communication  avec  la 
montagne. 

1769,  3  juin Le  Parlement  de  Toulouse  enregistre,  avec  réserves,  l'édit  de 

mai  1768,  portant  fixation  des  portions  congrues. 

i3  juillet  ....     Arrêt  du  Conseil  portant  nouvelle  attribution  &  ampliation  de 
pouvoirs  à  la  commission  des  marais. 

28  juillet Arrêt  du  Conseil  autorisant  la  nouvelle  collection  de  règlements 

des  Etats. 

12  août Arrêt  du  Conseil  concernant  les  contestations  survenues  entre 

la  ville  de  Montpellier  &  Hilaire  Ricard,  entrepreneur  des 
travaux  de  la  fontaine. 
5  septembre.     Arrêt  du  Conseil  sur  le  différend  des  payeurs  des  gages  du  Par- 
lement avec  les  officiers  de  cette  Cour,  la  Chambre  des  comp- 
tes &  les  trésoriers  de  France  de  Montpellier. 

septembre. ...     Le  Parlement  de  Toulouse  valide  un  mariage  célébré  au  Désert 
par  le  pasteur  Paul  Rabaut. 

n  octobre  . . .     Roudil  de  Berriac  obtient  un  nouveau  délai  de  huit  ans  pour  le 
dessèchement  de  l'étang  de  Marseillette. 

8  novembre.     Le  doublement  du  droit  de  petit  blanc  est  prorogé,  avec  affecta- 

tion aux  travaux  du  Rhône  &  du  chemin  de  Pont-Saint-Esprit 
à  la  route  de  Provence. 
3o  novembre.  Arrêt  du  Conseil  pour  l'adjudication  des  octrois  &  revenus 
patrimoniaux  de  la  ville  de  Toulouse.  —  Ouverture  des  Etats, 
à  Montpellier,  par  le  prince  de  Beauvau.  (Clôture  le  8  jan- 
vier 1770.) 

7  décembre  .     Le  marquis  de  Banne  de  Montgros  prend  place  aux  États  comme 

baron  d'Avéjan. 

9  décembre  .     Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  continuer 

l'abonnement  des  dons  gratuits. 
21  décembre  .      Les  États  se  chargent  de  l'entière  exécution  des  travaux  de  la 

route  d'Auvergne,  à  condition  d'en  avoir  la  direction. 
décembre  ....     Érection  du  marquisat  de  Ginestous. 

1770,  6  janvier  ...     Établissement  des  frères  des  écoles  chrétiennes  à  AigueS-mortes. 
janvier Extinction  du  chapitre  de  Marsac. 

19  février Autorisation  d'emprunts  des  diocèses  de  Toulouse,  Comminges, 

Montauban,  Carcassonne,  Mirepoix,  Castres,  Béziers,  Agde, 
Montpellier,  Nimes,  Alais,  Viviers  &  Mende,  pour  travaux 
des  ponts  &  chemins.  —  Les  diocèses  de  Toulouse  &  Com- 
minges sont  autorisés  à  servir  une  pension  viagère  aux  sieurs 
de  Montcabrié  &  Peyrade,  anciens  syndics. 

8  mars Ordonnance  de  la  commission  de  1756,  portant  modification  à 

l'instruction  de  1768  pour  la  levée  des  deux  vingtièmes. 

26  mars Les  droits  d'équivalent  perçus  dans  la  cité  de  Carcassonne  & 

châtellenie  des  tours  de  Cabardès  sont  réduits  au  tiers. 

9  avril Le  Conseil  d'État  autorise  la  Province  à  se  charger  de  la  route 

d'Auvergne.  —  Le  Conseil  d'État  permet  le  taux  du  denier 
vingt  pour  les  emprunts  de  diocèses  autorisés  le  19  février, 
19  avril La  justice  de  Chalencon  est  transférée  à  Vernoux. 


CHRONOLOGIE. 


107 


23  mai. 
10  juin 


1770,  27  avril Le  faux  du  denier  vingt  est  autorisé  pour  les  emprunts  des  dio- 
cèses non  couverts. 
M.  de  Falguerolles  nommé  lieutenant  général  en  Languedoc. 
Autorisation   d'emprunt  de  6202  livres   par  le   diocèse   d'Uzès, 
pour  le  prix  d'un  moulin  destiné  à  la  cartonncrie  de  Gentil. 

i5  juin La  commission  de  1784  réglemente  les  droits  dus  aux  procureurs 

qui  instrumentent  pour  les  communes  de  Languedoc. 
5  juillet  ....     Déclaration  du  roi,  concernant  le  défrichement  des  terres  incul- 
tes dans  la  province  de  Languedoc. 
8  juillet  ....     L'intendant  liquide  l'indemnité  des  droits  de  directe  sur  les  terres 
cédées  aux  religieux  de  la  Merci  de  Montpellier  pour  y  réta- 
blir leur  couvent. 

10  juillet  ... .  Le  Conseil  d'Etat  évoque  le  procès  des  fermiers  du  domaine 
avec  le  comte  de  Noailles,  relativement  aux  droits  de  relief  ou 
rachat  du  marquisat  d'Ambres,  de  la  vicomte  de  Lautrec  &  des 
seigneuries  de  Brosses,  Cabanes  &  autres  terres  provenant  de 
la  succession  du  maréchal  de  Lautrec. 

11  juillet  ....  Arrêt  du  Conseil  permettant  à  Tubeuf  d'exploiter  les  mines  de 
houille  dans  un  rayon  de  deux  lieues  autour  de  Saint-Esprit. 

14  juillet  ....  Suppression  de  la  maison  de  Saint-Orens,  à  Toulouse.  —  Le 
Parlement  de  Toulouse  annule  deux  articles  de  la  nouvelle 
collection  des  règlements  des  États  faite  en  1768. 

4  août Déclaration   du    roi,   portant   règlement   pour  le   payement  des 

dettes  diocésaines  &  communales  en  Languedoc.  —  Le  Conseil 
d'État  liquide  à  719640  livres  l'indemnité  due  à  la  Province 
pour  divers  offices  de  gouverneurs  &  lieutenants  de  roi. 

8  août Attribution  est  donnée  à  l'intendant  de  Languedoc  sur  le  cours 

de  la  Garonne  &  du  Tarn,  dans  l'étendue  de  sa  généralité. 

Concession  de  la  forêt  de  la  Grésigne  au  comte  de  Maillebois. 

M.  de  Niquet  nommé  premier  président  du  Parlement  de  Tou- 
louse. 

Le  Conseil  d'État  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  relatif 
aux  règlements  des  États. 

Ordonnance  de   l'intendant  pour  la   conservation   des   chemins 
dans  le  diocèse  de  Montpellier. 

Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  prince  de  Bcauvau. 
(Clôture  le  7  janvier  1771.) 

Traité  entre  les  commissaires  du   roi   &  ceux   des   États  pour 
l'emprunt  de  7000000  de  livres. 

Règlement  pour  les  élections  municipales  de  Vallabrègues. 
Autorisation  d'emprunt  de  60000  livres  par  le  diocèse  de  Tou- 
louse, pour  les  travaux  des  chemins.  —  Autorisation  d'em- 
prunts des  diocèses  de  Toulouse,  Montauban-,  Carcassonne, 
Limoux,  Mirepoix,  Narbonne,  Béziers,  Agde,  Lodève,  Nimes, 
Alais,  Uzès,  Vivarais  &  Vêlai,  pour  les  travaux  des  ponts  & 
chemins. 
17  février. . . .  Autorisation  d'emprunt  de  4000  livres  par  le  diocèse  de  Saint-Pa- 
poul,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Castelnaudary  à  Mirepoix. 


26  août 

29  septembre 

i3  octobre  . . 

26  octobre  . . 

29  novembre 

7  décembre 


1771,  25  lanvier 
i5  février. 


I08  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1771,     3  mars Garipuy  &  Saget  sont  chargés  de  vérifier  le  cours  de  la  Lèze,  de 

sa  source  à  son  embouchure. 

26  mars La  levée  des  droits  d'octroi  &  courtage  de  Montpellier  est  pro- 
rogée pour  dix  ans. 

ly  mai Contrat  d'échange  entre  le  roi  &  le  marquis  de  Bernis. 

mai Suppression  des  chanoines  réguliers  de  Saint-Orens. 

20  juin Ordonnance  de  l'intendant  pour  la  conservation  des  travaux  de 

la  plaine  de  Coursan. 

26  juin Les  forges  de  Languedoc  sont  déchargées  des  droits  de  réal  & 

d'impériage  pour  le  minerai  du  Confient  &  du  Roussillon. 

14  juillet  ....     La  Province  est  indemnisée  de  l'abonnement  des  vingtièmes  dû 

pour  les  anciens  péages  du  prince  de  Soubise. 

15  juillet  ....     Les  péages  appartenant  au  maréchal  prince  de  Soubise  sont  réu- 

nis au  domaine  du  roi. 
20  août Le  comte  de  Périgord  est  nommé  commandant  en  chef  en  Lan- 
guedoc. 

22  août Le  roi  cède  au  comte  de  Clarac  les  seigneuries  de  Buzet,  Bes- 

sières,   Montastruc,  Génies   &   la   Roquette,  en  échange   de 

cinquante-six  arpents  de  bois  dans  la  forêt  de  Senonches. 
3i  août Protestation    du    Parlement   de   Toulouse   contre    le   projet  de 

suppression  des  Cours  souveraines, 
août Edit  portant  suppression  de  tous  les  offices  du  Parlement  de 

Toulouse. 
8  septembre.     Autorisation  des  travaux  à  faire  sur  la  Mouillonne. 
10  septembre.     Le  comte  de  Périgord   remplace  le  prince  de  Beauvau  comme 

président  de  la  commission  de  1734. 
24  octobre...      Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  2  décembre.) 
5  novembre  .     Les   États  consentent  à  l'établissement  de  deux  nouveaux  sols 

pour  livre  sur  tous   les  droits   non  compris  dans  les  fermes 

du  roi. 
26  novembre  .     Les  États  fixent  la  quote-part  des  petites  communes,  des  villes 

&  gros  bourgs,  &  des  diocèses  dans  les  dépenses  des  ponts  & 

chaussées, 
novembre....     Édit  portant  rétablissement  des  offices  municipaux  perpétuels. 
8  décembre  .     Le    roi    &    les    États    sont    déclarés    quittes    de    l'emprunt    de 

II  400000  livres  fait  en  1754,  &  de  l'emprunt  de  6000000  de 

livres  fait  en  1746. 

23  décembre  .     La  levée  des  deux  vingtièmes  &  sols  pour  livre   est  prorogée, 

avec  abonnement,  au  prix  de  2800000  livres. —  Remise  est 
faite  aux  États  de  100 000  livres  sur  le  don  gratuit. 

1772,  18  février....     Le  Conseil  d'État  ordonne  la  vente  des  moulins  &  tours  de  la 

manufacture  de  soieries  établie  à  Lavaur,  &  permet  à  la  Pro- 
vince de  disposer  du  cylindre. 

I"  avril Ordonnance  de  l'intendant  pour  la  conservation   des  chemins 

dans  le  diocèse  de  Narbonne. 

5  avril La  subvention  de  Narbonne  est  continuée  en  faveur  de  l'hôpital 

des  malades. 


CHRONOLOGIE. 


109 


1772     10  mai Déclaration  du  roi  sur  la   portion   congrue   des   curés   dans  le 

ressort  du  Parlement  de  Toulouse.  —  La  levée  du  double 
droit  de  petit  blanc  est  prorogée  jusqu'à  concurrence  de 
20000  livres,  pour  les  travaux  du  Rhône. 

I,  niai Déclaration  du  roi,  concernant  1  administration  des  communes 

de  Languedoc. 

16  juin La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  déclare  roturières  les  terres 

des  domaines  de  Castelnau  &  Saint-Bausile  de  Claissan,  dans 
le  taillable  de  Vendres.  —  Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant 
le  droit  de  relief  &  autres  droits  de  mutation  sur  les  terres 
nobles. 

8  juillet Ordonnance  de  l'intendant  pour  la   conservation   des   chemins 

dans  le  diocèse  de  Lodève. 

5  aoiit Les  intendants  de  Languedoc  &  de  Guienne  sont  commis  pour 

connaître  de  l'instance  en  règlement  des  limites  de  la  Pro- 
vince vers  Moissac,  Verdun  &  le  Mas-Grenier. 

y  août La  Province  obtient  sur  la  crue  du  sel  iSoooo  livres  par  an,  pour 

le  canal  de  Beaucaire,  le  dessèchement  des  marais,  &  5oooo  li- 
vres pendant  dix  ans,  pour  les  travaux  de  la  haute  &  de  la 
basse  Garonne. 

17  septembre.  :  Inondation  de  la  Garonne  à  Toulouse. 

3o  septembre.     Les    capitouls    originaires   de   Toulouse,    ou   y   résidant,   sont 

exemptés  de  la  taxe  d'anoblissement. 
2  octobre ...     Le  Conseil  d'État  autorise  le  rachat  par  la  ville  de  Toulouse,  au 

prix  de  400000  livres,  des  huit  offices  de  capitouls  créés  par 

ï'édit  d'avril  1771. 
5  novembre  .     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  14  décembre.) 
10  novembre.     La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  règle  la  forme  d'allivre- 

ment  des  rentes  foncières  portant  lods  &  ventes. 
14  novembre  .     Traité   entre    les   commissaires  du  roi   &  ceux  des   États   pour 

l'emprunt  de  i  200000  livres,  à  cause  des  inondations. 
28  novembre  .     Autorisation  d'emprunt  de  Soooooo  de  livres  par  les  États,  pour 

les    travaux   du   canal   de    Beaucaire   &   le   dessèchement  des 

marais. 
24  décembre  .      La  commission  de  1734  condamne  les  consuls  de  Marseillan  de 

plusieurs  années  pour  détournement  des  revenus  de  la  com- 
mune. 


1773,  26  janvier 
27  janvier 
3i  janvier 
II  février. 
26  mars. . . 


, .     La  ville  de  Montpellier  est  autorisée  à  couper  le  quart  de  réserve 
du  bois  de  Valenne. 
L'office  de  procureur  du  roi  en  l'hôtel  de  ville  de  Narbonne  est 
réuni  à  celui  de  procureur  du  roi  en  la  viguerie. 
. .     Le  Conseil  d'État  autorise  les  modifications  d'allivrement  faites 
dans  la  ville  d'Annonay. 
Ordonnance  de  la  commission  de  1734  pour  la  conservation  des 

archives  communales. 
Le  Conseil  d'État  nomme  les  consuls  &  conseillers  politiques  de 
Frontigiian. 


IlO  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1773,  28  mars Le  Conseil  d'Etat  casse  deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse, 

concernant  les  archives  de  Vias. 

i5  avril La  commission  des  marais  établit  les  droits  des  propriétaires  c[ui 

ont  représenté  leurs  titres. 

17  avril '  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  que  les  archives  du  diocèse  de  Mire- 
poix  seront  transférées  de  Fanjaux  à  Mirepoix.  —  Concession 
trentenaire  à  Tubeuf  des  mines  de  houille  de  Saint-Ambroix, 
Alais  &  du  pays  compris  entre  Saint-Esprit,  Laudun,  Uzès, 
Anduze,  Villefort,  Aubenas  8c  Viviers. 

2rj  avril Le  Conseil  d'Etat  autorise  l'acquisition  de  terrains  pour  les  ave- 
nues du  Peyrou. 

26  août Nouvelle  ordonnance  de  la  commission  de  1734  pour  la  conser- 
vation des  archives  communales. 

12  septembre.     Le  diocèse  de  Nimes  est  déchargé  de  la  capitation  du  marquis 

d'Entraigues  &  du  marquis  de  Clauzonnettes,  exempts  comme 
ministres  plénipotentiaires  près  l'électeur  de  Mayence  &  près 
le  duc  de  Wittenberg  &  Cercle  de  Souabe. 

13  septembre.     Arrêt  du   Parlement   de  Toulouse,  portant   règlement   sur  les 

droits  respectifs  des  officiers  de  justice  &  des  consuls  de 
Saint-Thibéry. 

i5  octobre...  Nomination  des  consuls  &  conseillers  politiques  de  Valros,  par 
arrêt  du  Conseil  d'Etat. 

•29  octobre  . . ,     Arrêt  du  Conseil  d'État,  approuvant  le  bornage  du  canal  de  Lan- 
guedoc. 
4  novembre  .     Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 
(Clôture  le  i3  décembre.) 

2  décembre  .     Les  Etats  consentent  au  rachat  des  charges  municipales  de  1771. 

3  décembre  .     Le  Conseil  d'Etat  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  con- 

cernant la  députation  de  Lombers  à  l'Assiette  d'Albigeois, 
avec  défense  de  connaître  des  affaires  relatives  aux  assemblées 
diocésaines. 

4  décembre  .     Bail  de  l'étape  à  François  Parlier. 

7  décembre  .     Les  États  établissent  un  droit  provisoire  de  vingt  sols  par  muij 

de  vin  recueilli  en  1774. 
n  décembre  ,     Union  de  l'abbaye  de  Saint-Polycarpe  au  séminaire  de  Narbonne. 

1774,  3o  janvier  ...     Le  Conseil  d'Etat  autorise  le  nouveau  droit  de  vingt  sols  par 

muid  de  vin. 

6  février. . . .     Remise  est  faite  à  la  Province  de  200000  livres. 

7  février, . . .     Les  habitants  de  Chalabre,  Puivert,  Nebias  &  autres  lieux  de  la 

terre  privilégiée  de  Mirepoix  sont  déchargés  du  droit  d'équi- 
valent &  des  dons  gratuits  municipaux,  au  prix  d'un  abonne- 
ment annuel  de  8400  livres. 

6  mars La  Province  est  autorisée  à  prélever  iSoooo  livres  sur  la  remise 

de  la  capitation,  pour  le  remboursement  des  offices  supprimés 
du  Parlement  de  Toulouse  &  les  gages  du  Parlement  &  du 
Conseil  supérieur  de  Nimes. 

17  mars La  commission  des  marais  ordonne  le  bornage  &  l'arpentage  des 

marais  d'Aigucs-mortes  &  de  Lunel,  concédés  à  la  Province. 


CHRONOLOGIE.  ,  m 

1774,  2  avril Le  Conseil  d'Etat  casse  deux  arrêts  de  la  Cour  des  comptes  ilo 

Montpellier  contre  la  commune  de  Casfelnau  de  Brassac. 

23  avril Déclaration  du  roi  pour  le  remboursement  des  finances  d'offices 

supprimés  au  Parlement  de  Toulouse. 

14  mai L'intendant  ordonne  la  destruction  d'ouvrages  &  de  plantations 

faits  sur  l'Aude  dans  le  terroir  de  Cuxac. 

27  mai Ordonnance  de  l'intendant  pour  la  conservation  des  digues  du 

Livron. 

4  août Le  colloque  général  des  églises  réformées  du  haut  Languedoc 

adresse  un  mémoire  au  roi  Louis  XVI,  à  l'occasion  de  son 
avènement. 

i3  août Ordre  aux   corps  de   métiers  de   remettre   annuellement   leurs 

comptes  devant  le  juge  de  police  &  d'en  fournir  un  double  à 
l'intendant,  avec  défense  d'établir  des  cotisations  sans  permis- 
sion du  Conseil  d'État. 

26  août Ordonnance  de  la  commission  de  1784,  concernant  l'administra- 

tion municipale  d'Aniane. 
i3  septembre,-  La  liberté  du  commerce  des  grains  &  farines  est  établie  à  l'inté- 
rieur du  royaume. 

27  octobre...     Le  Conseil   d'État  fixe  à  4066487  livres  le  rachat  des  charges 

municipales  de  1771  &  en  règle  les  conditions. 

23  octobre  ...  ^  Confirmation  générale  des  privilèges  de  la  province  de  Langue- 

doc, à  l'occasion  de  l'avènement  de  Louis  XVL 
9  novembre  .     Défense  est  faite  aux  bateliers  de  la  Garonne  &  du  Tarn  d'intro- 
duire en  Languedoc  des  bétes  à  cornes  provenant  du  Béarn 
ou  de  la  généralité  d'Auch. 
12  novembre.      L'intendant  prescrit  des  précautions  contre  l'épizootie  des  bêtes 
à  cornes,  déclarée  dans  une  commune  du  Comminges. 
27-28  novembre.  "'Sept  bateaux  du  pont  de  Beaucaire  sont  emportés  par  les  glaces 
pendant  la  nuit. 

28  novembre  .     Ordonnance  de  la  commission  de  1784  sur  les  affaires  munici- 

pales d'Aniane. 
I"  décembre  .     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  9  janvier  1775.) 
4-5  décembre.     Inondations  du  Rhône;  dommages  au  pont  de  Beaucaire. 
7  décembre  .     Le  vicomte  de  Bernis  prend  place  aux  États  comme  baron  de 

Pierre-Bourg, 
12  décembre  ,     Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  prescrivant  des  précaution» 

contre  l'épizootie, 

24  décembre  ,     La  levée  des  droits  d'équivalent  est  prorogée  jusqu'au  3i  mars 

1782. 
a5  décembre  .     Lettre  de  l'archevêque  de  Toulouse  au  clergé  de  son  diocèse, 

concernant  l'épizootie. 
3g  décembre  ,     Consultation  de   l'Université  de   médecine  de  Montpellier  sur 

l'épizootie. 

1775,  5  janvier  ...     Les   États  de   Languedoc  votent  une  augmentation  des   droits 

d'équivalent.  —  Les  Etats  votent  le  rachat  du  monopole  de  la 
glace. 


m  ,  ÉTUDFS  IIISTOIUQUKS  SUll  I,K  i-AN(;ur,no(\ 

1775,     7  jnHvIor  ...      I.o  cointo  ilt>  Cnrnman  iu)iiim('«  lliufi-nant  gén^-rnl  fi\  Langui'doc. 
9  janvier  ...      Iiistnictloii!)  ndrciis/'us  pur  les  i'it.it.s  aux  LOiiiniuiics  do  I.anfjucdoc 
|>(>iii'  le  rachat  des  charges  niiiiiiclpalcs. 

iB  jaiivlor  ...      Union  du  priuurâ  du  Pliiol  nu  s/<ininairu  Saint-Chnrlus  du  Tou- 

loii.'i». 
^  f6vrtor.,..     Le  ('oniioil  il'l'',t.it  lixc  la  luintcnr  dci  constructions  de  la  jtlaco 
royalo   du    i'cyrou,  à    Miuilpcllitr,  &  cède  à   la    i'rovinc(.'    lo 
ciiainp  do  la  lU'lnc. 

r^'vrlor l'.dlt  du  roi,  portant  rétnbllssnnicnt  d'offtccx  dans  lo  l'a  ri  0  m  ont 

de  'roulDusc  —  Snp])rossi()n  du  ('onsoil  suprriour  do  Ninics. 

U  inaiv l.c    l'ai  leiiicnt    do   Toulouso    «rdoiino    dos    rc^'jouissancos    puhli- 

quoi.  —  Le  Conseil  d'I-ltat  casso  la  nomination  do  trois  réKonts, 
fallo  par  In  vif;ul<>r  do  ('lorinnnt-I,()d(""vo  pour  tenir  lieu  do 
consuls. 

16  mors Autorisation   d'oinprunf  do  ïoooo  livres  jiar  lo  diocèse  d'Alals, 

pour  la  roconsiruction  du  pont  d'Andu/.o.  —  Le  dioct'-so  do 
Monlpollioi'  <<st  anloris/'  l\  imposer  i!\on  livres  jH^ndant  huit 
nns,  pour  l'iirtpllal  g^nZ-ral.  —  l^o  diocèse  de  Monde  est  auto- 
risé A  imposer  annuelleinont  1  'ioo  livres,  jionr  ronireticn  do 
six  lnsonst''S. 

18  mars ArrM  Intorprt'-tatil  du  C'onseil  d'Ktaf  sur  lo  rachat  dos  charges 

municipales. 

i'.\  mars Onlonnanci"  tlo  rai'clu>vè<iue  de  Toulouse,  défendant  les  sépul- 
tures dans  les  o)<lisos. 

j^  mars Hévocatlon    do    toutes   les   nominations    municipales    <aite.s   par 

arrêts  du  (lonsoil  ou  ordres  du  roi,  sauf  celle  de  M.  de  Cam- 
hacérès,  maire  ilo  Montpellier. 

1"  avril la  (!our  dos  comptes  de  Montpellier  déclare  inlmièies  plusieurs 

possessions  du  chapitre  de  Saint-Pons. 

1^  avril 1.0  l'arlonient  <lo  'riuihMiS(<  est  réinstallé. 

li   mai 1.0  i'arlomont  de  Toulouse  rèi;lo  les  droits  honoriliiiuos  du  Sel- 

^Mienr  d(i  Salssac. 

l5  mal Nomination  d'une  commission  du  f.  onsoil  d'Klat  pour  étuilier  le 

procès  pondant  entre  le  cliapilio  &  la  ville  île  Hé/.iors.  —  I.o 
Conseil  d'Ktat  maintiont  les  consuls  de  Kédarleux  d»os  l'exer- 
cice do  la  p(^lico. 

iH  mai Arièt  du  (Conseil  réglant  la  (|ii,ililo   du  second  député  dos  villes 

(|ui  en  eitvolent  doux  aux  Klats  de  Lnnguodoc. 

J7  mal Uèj'Iomont  |iour  la  formation  du  Conseil  ]ioliti(|ne  !\'  le.>  lîei.- 

tions  consulaires  do  Kioux. 

3o  mal I.os  capitaines  des  navires   mouillés  dans   lo  port  de  Marseille 

sont  autorisés  i\  Caire  consommer  par  leurs  énuipages  du  vin 
do  toute  provenance. 

JO  juillet Ln  l'ahrltpio  do  soieries  l'ondée  t\ 'l'oulouso,  par  la  lamille  Lio- 

tard,  est  érigée  on  manufacture  royale. 

lH  juillet  ....      Lo  maréchal  duc  de  Hlron  est  nommé  gouverneur  &  lieutenant 
j;énéral  en   Languedoc. 

Jij  iuillei  ....      Arrêt  du  l'arlonient  do  Toulousi',  |>iiil.uii  ièi;K  imiii  sur  l.i  (orme 
des  élections  consulaires. 


CHRONOLOGIE.  ii3 

1775,  3t  juillet Le  Conseil  d'État  maintient  la  coniniune  de  Montcsquieu-Vol- 

vestre  dans  le  droit  de  nommer  ses  consuls. 
7  août Le  Conseil  d'État  ordonne  la  destruction  des  moulins  do  la  Poy- 

rinade  &  de  Rouzilles,  sur  le  Fresquel. 
iS  août Arrêt  du  Conseil  d'État,  suspendant  les  privilèges  de  la  ville  do 

Bordeaux  pour  la  vente  des  vins, 
26  août Les  élections  municipales  de  Gignac  sont  cassées  par  arrêt  du 

Conseil. 

29  août Le  comte  de  Provence  achète  lo  comté  de  l'Isle-en-Jourdain. 

9  septembre.     Le  roi  cède  au  diocèse  do  Lavaur  ses  droits   sur  les  moulins, 

tours  2k  effets  de  la  manufacture  de  soieries. 
12  septembre.      La  réunion  des  offices  de  procureur  du  roi  en  l'hôtel  de  ville  do 

Narbonne  &  de  procureur  du  roi  en  la  viguerie  est  annulée. 
29  septembre.      Le  Conseil  d'État  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  sur  les 

élections  consulaires. 
21  octobre...     L'ingénieur  en  chef  de  la  généralité  d'Auch  est  commis   pour 

vérifier  le  cours  de  la  Louge  en  Guienne. 

24  octobre  . . .     Défense  aux  collecteurs  &  autres  agents  des  impositions  de  saisir 

le  bétail  en  Languedoc  pendant  dix  ans. 
29  octobre Le  Conseil  d'Etat  casse  les  élections  municipales  do  Cette.  —  Lo 

Conseil  d'État  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  en 

faveur  des  officiers  du  sénéchal  de  Béziers. 
28  décembre  .      Jugement  souverain  de  la  commission  des  marais,  autorisant  les 

travaux  do  bornage  dans  les  terroirs  d'Aigues-mortes  &  do  la 

baronnic  de  Luiiel. 

1776,  6  janvier  ...     Lettres  patentes  accordant  aux  syndics  généraux,  greffiers  8:  tré- 

sorier de  la  province  do  Languedoc  le  droit  de  commhtlmus  & 
d'évocation  en  première  instance  aux  requêtes  du  palais  à 
Toulouse,  &  en  appel  aux  parlements  de  Pau  &  de  Dijon.  — 
Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 
concernant  les  élections  municipales  de  Gignac.  —  Le  Conseil 
d'État  casse  les  élections  consulaires  de  ("astres. 
9  janvier  ...  Le  grand  Conseil  du  roi  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Tou- 
louse relatif  à  l'enregistrement  des  édits. 

25  janvier  ...     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  comte  do  Périgord. 

((-lôture  le  4  mars.) 

janvier Erection  de  la  baronnio  de  Eriges,  en  Gévaudan,  avec  entrée  aux 

États  à  la  place  de  Morcoeur. 
3  février....  Règlement  fait  par  les  Étals  pour  l'exploitation  de  la  ferme  do 
l'équivalent.  —  Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des 
Etats  pour  l'emprunt  de  iSoooooodc  livres  par  la  Province, 
au  profit  du  trésor  royal.  —  Les  Étais  de  Languedoc  sont 
autorisés  à  emprunter,  au  denier  vingt-cinq,  les  sommes 
nécessaires  au  remboursement  des  emprunts  au  denier  vingt 
faits  pour  le  roi. 

to  février....  Déclaration  du  roi,  permettant  la  libre  exportation  des  grains  à 
l'étranger.  —  Les  États  décident  l'augmentation  des  appointe- 
ments des  syndics  diocésains,  l'inlerdiction  du  suffrage  des 

XIII.  8 


11^  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

officiers  royaux  dans  les  assemblées  des  commissaires  ordinai- 
res &  le  dépôt  des  anciens  cadastres  &  des  copies  des  nou- 
veaux dans  les  archives  diocésaines. 
1776  î4  février Les  États  de  Languedoc  décident  de  concourir,  pour  iSoooo  li- 
vres au  remboursement  des  offices  supprimés  du  Parlement 
de  Toulouse.  —  Bail  de  la  ferme  de  l'équivalent  à  Pierre 
Coustou. 

(■^■vrier Édit  portant  suppression  des  corvées.  —  Édit  portant  suppression 

des  jurandes  &  maîtrises  d'arts  &  métiers. 

2  mars Règlement  fait  par  les  États  pour  les  adjudications  d'ouvrages 

publics  des  diocèses  &  le  payement  des  indemnités  aux  pro- 
priétaires des  terres  occupées. 

jpr  ;^vril Autorisation  d'emprunt  de  3oooo  livres  parle  diocèse  de  Tou- 
louse, pour  les  travaux  de  la  Rize.  —  Autorisation  d'emprunts 
des  diocèses  de  Toulouse,  Lavaur,  Rieux,  Montauban,  Saiat- 
Papoul,  Albi,  Alet,  Limoux,  Castres,  Saint-Pons,  Narbonne, 
Béziers,  Agde,  Lodève,  Montpellier,  Nimes,  Alais,  Uzès, 
Viviers,  le  Puy  &  Mende,  pour  les  travaux  des  chemins.  — 
Les  diocèses  de  Lavaur,  Alet  &  le  Puy  sont  autorisés  à  aug- 
menter les  appointements  de  leurs  inspecteurs  des  chemins. 
<  —  Le  diocèse  de  Saint-Papoul  est  autorisé  à  imposer  700  livres 
par  an,  pour  le  collège  des  doctrinaires  de  Castelnaudary.  — 
Le  diocèse  de  Toulouse  est  autorisé  à  imposer  les  intérêts  de 
l'indemnité  accordée  au  marquis  de  Castelnau,  pour  la  démo- 
lition de  son  moulin. 

j.  avril Ouverture  de  la  navigation  sur  le  canal  Saint-Pierre,  à  Tou- 
louse. 

23  avril Synode  des  églises  réformées  du  bas  Languedoc. 

26  avril A  l'occasion  d'un  conflit  avec  la  comtesse  de  Poitiers,  les  consuls 

&  conseillers  politiques  de  Castelnau  de  Brassac  sont  nommés 
par  arrêt  du  Conseil  d'État. 

avril ■ Édit  pour  la  libre  circulation  des  vins. 

21   juin Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  l'élection  consulaire  &  la 

formation  du  Conseil  politique  de  Montagnac.  —  Suppression 
du  prieuré  de  Saint-Pierre  d'Arlemps,  en  Vivarais. 
4  juillet  ....     Rétablissement  du  siège  de  la  maîtrise  des  eaux  &  forêts  à  Tou- 
louse. 

i5  juillet  ....     Liquidation  du  monopole  de  la  glace  à  ii3o62  livres. 

16  août Le  Conseil  d'État  prescrit  le  dépôt,  dans  les  archives  diocésaines, 

des  anciens  cadastres  &  de  la  copie  des  nouveaux. 

3i  août Approbation  des   nouveaux  alignements  tracés  par  Giral  pour 

former  les  avenues  de  la  place  du  Peyrou,  à  Montpellier.  — 
Ordre  est  donné  au  trésorier  des  États  de  Languedoc  de  sus- 
pendre l'emprunt. 

spptembre. . . .     Naturalisation   &  reconnaissance  de  noblesse  du   comte  Mac- 
Carthy. 

21   octobre...      Confirmation  des  privilèges  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jéru- 
salem. 
7  novembre.     Le    Parlement   de  Toulouse   adjuge    l'élection   des   consuls  de 


CHRONOLOGIE.  ii5 

Montgaillard  au  sous-engagiste  du  domaine  &  au  syndic  de 

Eoulbonne. 
1776,     8  novembre.     Union  de  l'abbaye  de  Saint-Chaff're  le  Monastier  à  l'archevêché 

de  Vienne. 
9  novembre  .  -  Rétablissement   des  droits   sur  les  grains,  farines   &  pain,  au 

profit  des  villes  de  Languedoc. 
18  novembre.     Le  Conseil  d'Etat  autorise  les  travaux  du  canal  de  Narbonne  & 

du  réservoir  de  Lampy. 
28  novembre  .     Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  4  janvier  1777.) 
5  décembre  .     Les  Etats  de  Languedoc  ordonnent  l'impression  des  procès-ver- 
baux de  leurs  séances. 
14  décembre  .  -  Les  Etats  augmentent  les  appointements  des  syndics  diocésains. 
i5  décembre  .      L'emprunt  de  i5oooooo  de  livres  est  réduit  à  6000000. 
21  décembre  .     Rétablissement  des  loteries  pour  le  remboursement  des  emprunts 

à  cinq  pour  cent. 
3i  décembre  .     Union  du  prieuré  Notre-Dame  de  Borieu  au  chapitre  de  Lodève. 

I     7,  29  janvier  ...     Le   Parlement   de  Toulouse  casse   les   élections  consulaires  de 
Castres. 

5  février Le   diocèse   d'Albi    est    autorisé   à   imposer   i  5oo   livres,   pour 

l'entretien  de  six  insensés. 

14  février. . . .  Remise  est  faite  de  400000  livres  sur  le  don  gratuit.  —  Arrêt  du 
Conseil,  réglant  les  droits  à  percevoir  sur  le  canal  Saint- 
Pierre,  à  Toulouse. 

i3  mars Les  diocèses  de  Languedoc  sont  autorisés  à  faire  au  denier  vingt 

les  emprunts  qu'ils  n'ont  pu  effectuer  au  denier  vingt-cinq. 

27  mars Le   marquis   de  Castries   achète   le  comté  d'Alais  au  prince  de 

Conti. 

16  avril Autorisation  d'emprunt  de  loooo  livres  par  le  diocèse  de  Mire- 
poix,  pour  le  chemin  de  Pamiers.  —  Le  Conseil  d'État  autorise 
les  diminutions  d'allivrement  faites  dans  la  commune  de 
Saint-Esprit. 

4  mai Lettres  patentes  pour  tenir  lieu  de  provisions  à  ceux  qui  seront 

commis   par   les   communes  de   Languedoc  pour  exercer  les 
offices  municipaux  rachetés  par  les  États. 

6  juin Le  doublement  du  droit  de  petit  blanc  est  prorogé  jusques  à 

concurrence  de  57000  livres,  pour  les  travaux  du  Rhône. 

i3  juin Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  l'élection  consulaire  &  la 

formation  du  Conseil  politique  d'Agde. 

i5  juin Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  l'achat  des  maisons  à  démolir 

pour  la  construction  du  quai  de  Toulouse. 
6  juillet Union  du  prieuré  Saint-Médard  de  Fenouillet  au  séminaire  dio- 
césain de  Toulouse. 

18  juillet  ....  La  Cour  des  aidei  de  Montpellier  déclare  immunes  de  tailles  les 
fonds  acquis  par  les  États  pour  former  les  promenades  basses 
de  la  place  du  Peyrou  &  les  chemins  d'avenue. 

i5  noût Le  Conseil  d'État,  cassant  des  ordonnances  du  sénéchal  de  Cas- 

telnaudary,  attribue  au  premier  consul  présent  la  présidence 


ii6 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


des  assemblées  municipales  dans  toutes  les  communes  de  la 

Province. 
1777,  16  août. .....     Suppression  des  bénéfices  de  Saint-Ruf,  au  diocèse  de  Viviers. 

3o  août Le  Conseil  d'État  évoque  l'affaire  des  élections  de  la  Salvetat 

(Saint-Pons). 

août Confirmation  des  privilèges  des  cordeliers  de  Languedoc. 

6  septembre.     Arrêt  du  Conseil,  enjoignant  aux  consuls  de  Béziers  d'appeler 

aux  assemblées  communales  les  officiers  de  justice  de  l'évèque. 

—  Le  Conseil  d'État  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 

contre  les  élections  consulaires  de  Castres. 
9  septembre.     Le  Conseil  d'Etat  évoque  l'affaire  du  comte  de  Clarac  avec  les 

communes  de  Bessières  &  Montastruc." 
18  octobre  . . .     Arrêt  du  Conseil,  portant  règlement  sur  la  formation  du  Conseil 

politique  &  l'administration  de  la  ville  de  Nimes. 
29  octobre  . . .     Accord  entre  l'évèque  d'Agde  &  les  consuls  de  Cette,  concernant 

la  police  &  les  droits  honorifiques. 
21   novembre  .      La  forêt  de  Claris  est  donnée  au  comte  d'Eu. 
27  novembre  .     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  5  janvier  1778.) 

29  novembre  .     Le   marquis  de  Castries  prend   place   aux   États  comme  comte 

d'AIais,  &  le  marquis  de  Brison  comme  baron  de  Tornac. 
9  décembre  .     Traité   entre   les   commissaires  du    roi   &   ceux  des  Etats   pour 
l'emprunt  de  Soooooode  livres  destinées  au  rachat  des  sur- 
taxes de  la  capifation. 

30  décembre  .     Traité   entre   les   commissaires   du   roi   &   ceux  des  États  pour 

l'emprunt  de  i3i6oi2  livres,  à  cause  des  dépenses  de  l'épi- 
zootie. 


1778,     6  janvier  ...     Le  Conseil  d'État  évoque  les  contestations  du  chapitre  Saint- 

Just  avec  la  ville  de  Narbonne. 

25  janvier Traité   entre   les   commissaires   du   roi   &  ceux  des   États  pour 

l'emprunt  de  12000000  de  livres, 
janvier 1  Etablissement  des  frères  des  écoles  chrétiennes  dans  le  ressort 

du  Parlement  de  Toulouse. 
18  février La  commission  de  1784  est  chargée  de  reviser  les  comptes  du 

trésorier-clavaire  de  Montpellier  depuis  1752. 
5  mars La  commission  des  marais  autorise  les  traités  conclus  entre  les 

Etats,  les   communes   de  la  baronnie  de  Lunel   &  les  villes 

d'Aigues-mortes  &  de  Beaucaire,  au  sujet  des  indemnités  pour 

privation  d'usages. 

16  avril Suppression  des  carmes  de  Montréal. 

24  avril Le  Conseil  d'État  fixe  les  droits  respectifs  de  l'évèque  d'Agde  & 

des  consuls  de  Cette. 

26  mai Les  emprunts  diocésains  pour  travaux  publics  sont  exempts  de 

la  retenue  des  vingtièmes. 

26  juin Le  Conseil   d'Etat   rejette   l'appel  des   élections   consulaires  de 

Castres,  fait  sans  autorisation  de  l'intendant.  —  Arrêt  du 
Conseil  d'État,  portant  règlement  pour  l'administration  muni- 
cipale de  Toulouse.  —  Le  roi   nomme,  par  ordonnance,  les 


CHRONOLOGIE. 


117 


1778,  22  juillet  . . .. 

29  août 

29  septembre. 

29  octobre  . . . 

8  novembre  . 

novembre  . . . . 
16  décembre  . 
24  décembre  . 


capitouls  &  autres  membres  de  la  nouvelle  organisation  muni- 
cipale de  Toulouse. 

Règlement  arrêté  par  le  roi,  concernant  la  construction  &  l'en- 
tretien des  fortifications  &  ouvrages  publics  en  Languedoc. 

Le  Conseil  d'Etat  casse  deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse 
concernant  l'élection  consulaire  de  Saint-Amans  Villemage. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  concernant  le  différend  du  chapitre 
Saint-Just  &  des  consuls  de  Narbonne,  au  sujet  de  la  nobilité 
des  biens. 

Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 
(Clôture  le  7  décembre.) 

Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  Etats  pour 
l'emprunt  de  12000000  de  livres. 

Le  prieuré  Notre-Dame  de  Laval  est  uni  au  séminaire  de  Chirac. 

Remise  est  faite  de  200000  livres  à  la  Province. 

Ordonnance  du  comte  de  Périgord,  concernant  le  port  d'armes. 


1779,  18  février....  Le  diocèse  de  Limoux  est  autorisé  à  imposer  600  livres  de  plus, 
en  faveur  du  collège.  —  Le  diocèse  du  Puy  est  autorisé  à 
augmenter  de  5oo  livres  l'imposition  annuelle,  en  faveur  de 
l'hôpital  général. 

26  mars Le  Conseil  d'Etat  autorise  l'achat  de  maisons  pour  l'alignement 

de  la  nouvelle  rue  &  porte  Saint-Cyprien,  à  Toulousi.  —  Le 
Conseil  d'Etat  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  pour  le 
seigneur  de  Saissac  &  confirme  les  attributions  de  la  commis- 
sion de  1734. 

mars Confirmation  des  privilèges  de  la  cité  de  Carcassonne. 

i5  avril Le  contingent  des  diocèses  dans  les  dépenses  des  ponts  est  fixé  à 

4000  livres  par  ouvrage. 

4  mai Le  diocèse  de  Commiiiges  est  autorisé  à  racheter  les  offices  de 

receveurs  des  tailles. 

19  mai Le  diocèse  du  Puy  est  déchargé  de  la  capitation  du  vicomte  de 

Polignac,  exempt  comme  ambassadeur  de  France  auprès  des 
cantons  suisses. 

mai Edit  portant  réunion   du  comté  de  Caraman  à  la   province  de 

Languedoc.  —  Réunion  du  comté  de  Caraman  au  taillable  du 
diocèse  de  Toulouse. 

i5  juin La  commission  des  marais  ordonne  le  partage  de  ceux  de  Saint- 
Laurent  d'Aigouze  &  règle  les  contestations  de  cette  commune 
avec  l'évêque  &  le  chapitre  d'Alais.  —  La  commission  des 
marais  règle  les  possessions  des  Etati,  du  comte  de  Bernis  & 
du  marquis  de  Pierre-Bourg  dans  le  terroir  d'Aigues-mortes. 
—  La  plage  comprise  entre  la  Méditerranée  &  l'étang  deThau, 
jusqu'au  promontoire  d'Agde,  est  donnée  à  Serene,  Castilhon 
&  Rey,  pour  y  établir  des  salins  destinés  à  l'exportation.  — 
La  commission  des  marais  règle  les  possessions  des  États  dans 
le  terroir  de  Beaucaire. 

25  juin Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  concernant  le  glanage. 

juillet Création  du  petit  séminaire  de  Toulouse. 


I!8  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

1779,  i3  août La  commission  des  marais  confirme  les  traités  passés  entre  les 

Etats  &  les  communes  de  la  baronnie  de  Lunel,  —  La  com- 
mission des  marais  autorise  le  bornage  de  la  partie  du  marais 
de  l'Alloua  cédée  à  MM.  de  Bernis  &  de  Pierre-Bourg. 

29  août La  sénéchaussée  de  Toulouse   est  chargée  de  construire  à  ses 

frais  une  portion  de  chemin  depuis  le  ruisseau  de  Saint-Béar 
jusqu'à  Moissac. 

II  septembre.  L'exercice  de  la  police  est  maintenu  aux  consuls  de  Montfaucon, 
2  octobre...  Le  Conseil  d'Etat  décide  que  les  communes  où  la  justice  est 
royale  pourront  seules  nommer  un  procureur  de  roi  à  l'hôtel 
de  ville  &  bureau  de  police,  le  ministère  public  appartenant 
dans  les  autres  aux  procureurs  fiscaux  des  justices  seigneu- 
riales. 

3i  octobre...  Arrêt  du  Conseil,  défendant  d'élever  sous  les  promenades  basses 
du  Peyrou  des  constructions  qui  dépassent  le  niveau  du  pa- 
rapet. 

octobre Translation  de  la  justice  de  Saint-Roman  h  Beaucaire. 

25  novembre  .     Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  3  janvier  1780.) 
27  novembre.     Le  vicomte  de  Paulin  est  reçu  aux  Etats  comme  baron  de  Mur- 
\'\e\.  —  Le  marquis  de  Lordat  prend  place  aux  Etats  comme 
baron  de  Bram. 

5  décembre  .     Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  l'emprunt 

de  8000000  de  livres. 
14  décembre  .     Arrêt  du  Conseil  d'État  sur  le  différend  des  chartreux  de  Val- 
bonne  avec  la  commune  de  Saint-Paulet,  concernant  la  nobi- 
lité  prétendue  de  leurs  fonds. 

1780,  3  janvier  ...     Bail  de  la  fourniture  de  l'étape  à  André  Boulabert,  de  Mont- 

pellier. 

6  janvier  . . .     Autorisation  d'établissement  d'un  bac  sur  la  Garonne  à  Portet  & 

fixation  du  tarif. 

23  janvier  ...  Le  Conseil  d'État  liquide  les  sommes  dues  par  la  province  de 
Languedoc  à  raison  de  l'annexion  du  comté  de  Caraman. 

18  février....  La  Cour  des  aides,  le  bureau  des  finances  &  le  présidial  da 
Montpellier  sont  déboutés  de  leurs  prétentions  sur  la  nomi- 
nation du  Conseil  politique. 

mai Édit  du  roi,  portant  création  de  la  sénéchaussée  royale  de  Ville- 
neuve de  Berg  &  suppression  du  bailli  de  Vivarais. 

7  juillet  ....      Arrêt  du  Conseil  d'État,  portant  règlement  pour  l'administration 

.  municipale  de  Castelnaudary. 
4  août Le  Conseil  d'État  confirme  les  droits  du  prince  de  Conti  sur  les 

élections  consulaires  de  Monfagnac. 
6  septembre.     Le  Parlement  de  Toulouse  règle  les  droits  honorifiques  du  sous- 

engagiste  de  Villasavary. 

26  septembre.     Le  Conseil  d'État   casse  un  arrêt   du   Parlement  de  Toulouse 

contre  la  ville  de  Rieux. 
10  octobre  . . .     Suppression  de  deux  prébendes  du  chapitre  de  Saint-Félix  de 
Caraman. 


CHRONOLOGIE. 


119 


1780,  21   octobre...     Suppression  du  couvent  de  la  Merci  à  Carcassomie. 

18  novembre  .     Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  réglant  les  préséances  des  officiers  do 

justice  de  l'abbé  de  Villemagne,  seigneur  de  Bédarieux. 

20  novembre  .      Les  fonctions  de  ministère  public  à  l'hôtel  de  ville  d'Agde  sont 

attribuées  au  procureur  fiscal  de  la  justice  épiscopale. 

3o  novembre  .  Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 
(Clôture  le  6  janvier  1781.) 

10  décembre  .  Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  Etats  pour 
l'emprunt  de  looooooo  de  livres. 

23  décembre  .  Les  Etats  consentent  à  la  continuation  du  second  vingtième  jus- 
qu'au 3i  décembre  1790. 

3o  décembre  .      Règlement  fait  par  les  États  pour  la  ferme  de  l'équivalent. 

17S1,  II  février. ...  Le  diocèse  de  Limoux  est  autorisé  à  faire  une  nouvelle  imposi- 
tion annuelle  pour  son  hôpital. 

février Edit  du  roi,  portant  création  de  la  sénéchaussée  royale  d'Anno- 

nay  pour  le  haut  Vivarais. 

avril Suppression  de  l'abbaye  de  Saint-Chaffre. 

19  mai Le  Conseil  d'Etat  casse  deux  ordonnances  du  juge-mage  concer- 

nant l'élection  consulaire  de  Plaisance. 

8  juin Le  Conseil  d'Etat  autorise  l'acquisition  par  les  communes  des 

Lois  municipales  d'Albisson. 

17  juin Le  roi  &  les  Etats  sont  déclarés  quittes  de  l'emprunt  de  6000000 

de  livres  fait  en  1761,  &  de  l'emprunt  de  looooooo  de  livres 
fait  en  1766. 

21  juin La  démolition   des   moulins  de  Rives,  Ventenac,  Lasseigne  & 

Villaudy,  sur  le  Fresquel,  est  ordonnée. 

4  août Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  concernant  la  nomination  des  conseillers 

politiques  de  Montpellier.  —  Le  Conseil  d'Etat  déboute  les 
religieux  de  la  Merci  de  leurs  prétentions  envers  la  Province. 
6  octobre...     La  levée  des  droits  d'équivalent  est  prorogée  jusqu'au  3i  mais 
1788. 

i3  octobre...  Le  Conseil  d'Etat  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 
concernant  une  querelle  de  préséance  arrivée  à  la  distribu- 
tion des  prix  du  collège  du  Puy.  —  Le  Conseil  d'Etat  casse  un 
arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  concernant  les  préséances 
entre  la  sénéchaussée  &  la  municipalité  de  Castelnaudary. 

3i  octobre  ...  Le  don  de  Soooo  livres  fait  aux  Etats,  sur  le  prix  du  sel,  pour  les 
travaux  de  la  Garonne  est  prorogé  pour  dix  ans.  —  Le  péage 
du  pont  de  Beaucaire  est  prorogé  pour  douze  ans.  —  Révoca- 
tion de  l'arrêt  du  10  mai  1757,  qui  autorisait  la  ville  de  Bcziurs 
à  prohiber  l'entrée  du  vin  étranger. 

29  novembre.  Ouverture  des  Étals,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 
(Clôture  le  7  janvier  1782.) 

1"  décembre  .  Le  comte  de  Nogaret  prend  place  aux  États  comme  baron  de 
Calvisson. 

18  décembre  .      Nouveaux  articles  pour  la  ferme  de  l'équivalent. 

îi  décembre  ,  Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  États  pour 
l'emprunt  de  i5oooooo  de  livres. 


I20  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1782,     4  janvier  ..,      Bail  de  l'équivalent  à  Jean-François  Salvy. 

5  janvier  . . .  Les  Etats  décident  l'établissement  de  chaires  de  physique  expé- 
rimentale &  de  chimie  docimastique  à  Toulouse  &  à  Mont- 
pellier. 

22  janvier  . . .     L'appel  des  ordonnances  de  l'intendant  en  matière  d'ouvrages 

publics  est  renvoyée  au  Conseil  royal  des  finances. 
7  février.,..     Le  diocèse  de  Montpellier  est  autorisé  à  imposer  annuellement 
2  5oo  livres,  pendant  dix  ans,  pour  l'hôpital  général  &  maison 
de  charité  de  Montpellier.  —  Remise  est  faite  à  la  Province 
de  Sooooo  livres. 

tl  février....  Autorisation  d'emprunt  de  294000  livres  par  la  Province,  pour 
les  travaux  de  la  route  de  poste  entre  Narbonne  &  Coursan. 

10  avril Traité  entre  les  commissaires  du  diocèse  de  Toulouse  &  les  offi- 
ciers de  l'élection  de  Lomagne,  concernant  l'annexion  du 
comté  de  Caraman. 

25  avril Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  autorisant  la  création  des  chaires  de 

physique  &  de  minéralogie  par  la  Province. 

16  mai Arrêt  du  Conseil,  ordonnant   la  vente   des  bois   compris   dans 

l'alignement  de  la  route  de  Revel  à  Carcassonne  par  la  forêt 
de  l'Eguille. 
5  juillet  ....     Le  Conseil  d'Etat  casse  un   arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 
concernant  les  préséances  dans  la  ville  de  Castelnaudary. 

17  juillet  ....      Règlement  pour  la  navigation  de  la  Garonne. 

2  août Le  Conseil  d'Etat  casse  une  ordonnance  du  bureau  des  finances 

de  Montpellier,  concernant  les  prises  d'eau  de  la  robine  de 
Narbonne. 
21   novembre  .     Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  3o  décembre.) 
I"  décembre  .     Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  Etats  pour  l'emprunt 

de  9000000  de  livres. 
7  décembre  .     Abonnement  des  trois  vingtièmes  par  les  États. 

18  décembre  .      M.  de  Portes  nommé  sénéchal  d'épée  de  Toulouse. 

23  décembre  .     Les  Etats  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse  votent  l'ouverture  de 

la  route  de  Toulouse  à  Castres  par  Puylaurens. 
3o  décembre  .     Ordonnance  de  la  commission  de  1784  pour  l'administration  de 
la  commune  de  Tence. 


1783,  25  janvier 
14  février. 


22  février. 


Le   Conseil  d'État  casse   un  arrêt  du   Parlement  de  Toulouse 
contre  les  consuls  de  Revel.  —  Le  Conseil  d'État  casse  une 
.    sentence  du  sénéchal  de  Béziers  contre  les  consuls  d'Aniane, 
Le  Conseil  d'Etat  sépare  la  caisse  des  impositions  de  celle  des 
revenus  patrimoniaux  de  la  ville  de  Toulouse.  —  Autorisation 
d'emprunts  diocésains  pour  les  travaux  des  chemins.  —  Auto- 
risation d'emprunt  de  4o53  livres  par  le  diocèse  de  Commin- 
ges,  pour  les  frais  de  provision  &  de  réception  de  l'office  de 
receveur  des  tailles  du  diocèse. 
.     Autorisation  d'emprunt  de  200000  livres  par  la  sénéchaussée  de 
Toulouse,   pour  la   construction   du   chemin   de  Toulouse   à 
Castres  par  Puylaurens. 


CHRONOLOGIE.  I2ï 

1783    i"  mars Le  Conseil   d'État  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 

concernant  la  commune  de  Sauve. 
II   niars Le  Conseil  d'Etat  interdit  tous  travaux  qui  pourraient  nuire  aux 

bains  de  Balaruc. 
16  mars Lettres   patentes   portant  règlement  des   preuves  dues  par  les 

gros  décimateurs  pour  justifier  la  possession  de  la  dîme  du 

gros  millet  &  autres  fruits. 

21  mars Arrêt  du  Conseil  d'État,  portant  règlement  pour  les  élections 

consulaires  d'Albi. 

i3  avril Les  taxations   du    receveur  des   impositions  de  Toulouse   sont 

fixées  à  six  deniers  par  livre. 
8  mai Le  Conseil  d'État  annule  les  réserves  portées  par  l'arrêt  d'en- 
registrement de  la  déclaration  du  16  mars  au  Parlement  de 
Toulouse. 

i3  mai Les  consuls  de  Béziers  sont  maintenus  en  l'exercice  du  droit  de 

police  dans  la  ville  &  la  banlieue. 

i^  mai Union  du  prieuré  de  Giroussens  à  l'église  collégiale  Saint-Salvi 

d'Albi. 
6  juin Règlement  fait  au  Conseil  d'État  pour  l'adjudication  de  la  four- 
niture des  boucheries  d'Albi  &  du  Castelviel. 

18  juillet Le  Conseil  d'État  casse  une  ordonnance  &  un  arrêt  du  Parle- 
ment de  Toulouse  contre  la  commune  de  Fanjaux. 

22  juillet  ....      Lettres  patentes  commettant  quatre  conseillers  du  Parlement  de 

Toulouse  pour  s'enquérir  des  abus  relatifs  à  l'administration 
de  la  justice  dans  les  Cévennes,  le  Vivarais  &  le  Gévaudan.  — 
Le  Conseil  d'État  réduit  à  vingt-neuf  ans  un  bail  à  locatairie 
perpétuelle  fait  par  la  commune  de  Villeneuve-Tolosane. 

5  août La  commission  de  1784  publie  un  état  des  pièces  requises  pour 

la  vérification  des  emprunts  ou  avances  faits  par  les  com- 
munes. 

8  août Création  du  taillable  de  Saint-Simon,  démembré  du  territoire  de 

Portet. 

23  août Le  contingent  de  la  Province  pour  la  dépense  des  milices  est 

fixé  à  412670  livres,  avec  remise  de  112570  livres  pour  les 
ateliers  de  charité. 

26  août Le  Conseil  d'État  interdit  au  juge-mage  du  Puy  de  participera 

la  répartition  des  vingtièmes  d'industrie. 

3i  août Lettres  patentes  portant  ampliation  de  pouvoirs  pour  la  com- 
mission du  Vivarais. 

20  septembre..- Le  Conseil  d'État  casse  deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse 
relatifs  au  différend  du  présidial  &  de  la  municipalité  de  Car- 
cassonne.  —  Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  du  Parlement  de 
Toulouse  contre  les  consuls  de  Casteliiaudary. 

septembre. . . .      L'abbaye  Saint-Guillem  du  Désert  est  unie  à  l'évéché  de  Lodève. 

II  octobre...  Le  Conseil  d'État  valide  les  dépenses  irrégulières,  mais  utiles, 
faites  par  le  pays  de  Gévaudan  pendant  la  gestion  du  syndic 
Lafont. 

25  octobre Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  l'administration  de  la  ville 

de  Toulouse. 


Ijî  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1783,  8  novembre  .      Le  Conseil   d'État  maintient   les  consuls  de  Bédarieux  au  droit 

exclusif  de  rendre  les  ordonnances  sur  l'inhumation  des  per- 
sonnes auxquelles  la  sépulture  ecclésiastique  est  refusée. 

i3  novembre.  Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 
(Clôture  le  20  décembre.) 

29  novembre  .  Accord  entre  les  barons  annuels  &  les  barons  de  tour  du  Viva- 
rais. 

décembre  ....     Anoblissement  de  Montgolfier,  inventeur  des  aréostats. 

1784,  10  janvier  ...     Déclaration  du  roi,  portant  règlement  pour  la  confection  des 

cadastres    en    Languedoc.   —  Le   Conseil    d'Etat   ordonne   la 
reprise  par  le  trésor  royal  de  la  taille  des  bois  de  Sérenac. 
28  janvier  ...     Ordonnance  des  commissaires  du  Parlement  de  Toulouse,  con- 
cernant les  devoirs  &  les  fonctions  des  procureurs  postulants 
&  des  notaires  dans  le  Gévaudan,  le  Vivarais  &  les  Cévennes. 

20  janvier  ...     Ordonnance  des  mêmes  commissaires,  concernant  les  devoirs  & 

les  fonctions  des  juges  &  autres  officiers  de  justice. 
8  février. ...  Le  diocèse  Bas-Montauban  est  autorisé  à  servir  une  pension  via- 
gère à  la  veuve  du  syndic  Galibert.  —  Les  diocèses  de  Castres 
&  de  Mende  sont  autorisés  à  servir  une  pension  viagère  à 
Merlac  &  Boissonade,  anciens  inspecteur  &  directeur  de  tra- 
vaux publics. 
14  février....  Arrêt  du  Conseil,  concernant  les  préséances  dans  la  ville  de 
Cahuzac. 

21  février....     Autorisation  d'emprunt  de  180000  livres  par  la  Province,  pour 

la  construction  du  chemin  de  Narbonne  au  Roussillon.  — 
Autorisation  d'emprunt  de  i3oooo  livres  par  la  sénéchaussée 
de  Carcassonne,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Castres  à 
Saint-Pons.  —  Autorisation  d'emprunt  de  91  3o3  livres  par  la 
Province,  pour  les  travaux  du  pont  de  Mirepoix. 

20  mars Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  portant  règlement  pour  l'admi- 
nistration de  la  justice  dans  les  juridictions  inférieures,  tant 
royales  que  seigneuriales. 

3  avril Arrêt  du  Conseil,  réglant  les  préséances  dans  la  commune  de 

Bérat. 

19  mai Autorisation  d'emprunt  de  200000  livres  par  la  sénéchaussée  de 

Toulouse,  pour  les  travaux  de  la  route  de  Castres  par  Puy- 
laurens. 

25  mai Les  droits  de  leude  appartenant  au  prince  de  Soubise  dans  la 

ville  d'Annonay  sont  convertis  en  imposition  sur  les  maisons. 

25  juin Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  portant  règlement  pour  l'exercice  de  la 

police  à  Langogne. 

3i  juillet  ....  Le  Conseil  d'Etat  casse  deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse 
en  faveur  du  sous-engagiste  de  la  seigneurie  de  Villasavary. 

17  septembre.  Le  Conseil  d'Etat  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  du 
5  juin  1784.  —  Le  Conseil  d'Etat  autorise  la  convention  passée 
entre  les  barons  de  tour  &  les  barons  annuels  relativement  au 
compte  à  rendre  de  la  députation  à  la  cour. 

28  septembre.     Arrêt  du  Coiiseil,  portant  que  les  pièces  relatives  au  recouvre- 


CHRONOLOGIE. 


173 


1784,    4  octobre , 


24  octobre  . . , 


octobre 

2  novembre  , 

21  novembre . 

î5  novembre  . 

27  novembre  . 

28  novembre  , 

28  décembre  . 


ment  des  impositions  seront  écrites  sur  papier  libre  &  dispen- 
sées Ju  contrôle. 
Le  contingent  de  la  Province  pour  la  dépense  des  milices  est 

fixé  à  412070  livres,  avec  remise  de  206285  livres  pour  les 

ateliers  de  charité. 
Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  la  vente  des  draps  fabriqués 

en  Languedoc  à  destination  du  Levant. 
Suppression  du  prieuré  de  Saint-Paul  d'Auterive  &  d'Aiguesvives. 
Le  doublement  du  droit  de  petit  blanc,  affecté  aux  ouvrages  du 

Rhône,  est  prorogé  jusqu'à  concurrence  de  78600  livres. 
Les  greniers  à  sel  du  haut  Vivarais  sont  distraits  des  gabelles  de 

Lyonnais  &  unis  à  celles  de  Languedoc. 
Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  3i  décembre.) 
Le  comte  de  Vogué  prend  place  aux  Etats  comme  baron  d'Aube- 

nas,  en  Vivarais. 
Une   remise  annuelle  de  76000  livres  sur  la  crue  du   sel  est 

accordée  aux  États  de  Languedoc  pour  le  canal  de  Beaucaire 

&  le  dessèchement  des  marais. 
Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  l'emprunt 

de  i5oooooo  de  livres. 


178:"!,  10  février....  Remise  est  faite  à  la  Province  de  looooo  livres  sur  les  vingtièmes 
de  l'industrie. 

14  février. . . .  Autorisation  d'imposition  annuelle  de  i  5oo  livres  par  le  diocèse 
d'Uzès,  pour  l'entretien  des  insensés.  —  Le  diocèse  de  Tou- 
louse est  autorisé  à  imposer  i  200  livres  par  an,  pour  le  cours 
d'accouchements.  —  Le  Vivarais  est  autorisé  à  servir  une  pen- 
sion viagère  au  chevalier  de  la  Cosfe,  commandant  à  Pradelles. 

17  février....  Traité  entre  les  États  &  les  propriétaires  du  canal,  concernant 
le  canal  de  jonction  de  la  robine  de  Narbonne. 

10  mars Autorisation  d'emprunt  de  3oo  000  livres  parla  sénéchaussée  de 

Toulouse,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Castres  par  Puylau- 
rens.  —  Autorisation  de  l'établissement  d'une  chaire  de  chimie 
docimastique  à  Toulouse. 

3i   mars Révocation   de  l'arrêt  du  26  juin  1771   pour  l'abonnement  des 

droits  de  réal  &  d'impériage  à  Perpignan. 

6  avril Autorisation  d'emprunt  de  40233  livres  par  la  Province,  pour  les 

travaux  du  pont  de  Mirepoix.  —  Autorisation  d'emprunt  de 
Soooo  livres  par  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  pour  le 
chemin  de  Castres  h  Saint-Pons. 

7  avril Le  centième  denier  des  offices  municipaux  remboursés  est  réglé 

à  10839  livres. 

16  avril Le  Conseil  d'État  règle  les  lieux  d'assemblée  des  communes  unies 

de  Masmoiène  &  de  la  Capelle. 

12  mai Autorisation  d'emprunt  de  120000  livres  parle  diocèse  de  Tou- 
louse, pour  les  travaux  des  chemins  communaux.  —  Autorisa- 
tion d'emprunt  de  looooo  livres  par  la  Province,  pour  la  route 
du  Puy  à  I^odcz  &  de  Millau  h  Saint-Flour  par  Marvéjols. 


124  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

1785,  18  juin Le  Conseil  d'Etat  casse  un.  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 

concernant  les  différends  du  prieur  &  des  consuls  de  Vagnas. 
—  Le  Conseil  d'Etat  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 
sur  le  différend  du  seigneur  &  des  consuls  de  Tharaux. 

28  juin Le  bureau   des   finances  de  Montpellier  est   maintenu  dans  la 

connaissance  exclusive  de  tout  ce  qui  concerne  l'exécution 
des  états  du  roi  &  distributions  de  fonds. 

29  juin Le    roi    &   les    États    sont    déclarés    quittes    de    l'emprunt   de 

17  200000  livres  fait  en  1767. 

4  août Arrêt  du  Conseil  d'État  sur  le  conflit  de  la  Chambre  des  comptes 

&  du  bureau  des  finances  de  Montpellier,  relativement  à  la 

production  des  dénombrements. 
12  août Les  nouveaux  convertis  sont  admis  pour  un  tiers  au  nombre  des 

conseillers  politiques  de  Valleraugue. 
19  août Le  baron  de  Castille  nommé  lieutenant  de  roi  au  département 

d'Uzès  &  bas  Vivarais. 

7  septembre.      L'intendant  défend  aux  travailleurs  de  Couiza  de   molester  les 

ouvriers  étrangers  employés  à  la  construction  du  pont. 
I"  octobre  ...     Le  nombre  des  conseillers  politiques  de  la  ville  de  Rieux  est 
réduit  à  douze. 
9  octobre  ...     Le  Conseil  d'État  ordonne  l'exécution  des  travaux  de  redresse- 
ment de  la  Lèze.  —  L'ingénieur  Ofarel  est  chargé  de  lever  le 
plan  du  Sor,  du  Laudot  &  de  tous  les  vallons  contigus. 

1786,  12  janvier  ...     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  18  février.) 

14  janvier  ...  Le  comte  d'Avéjan  prend  place  aux  États  pour  la  baronnie  de 
son  nom. 

14  février Les  États  de  Languedoc  offrent  iSoooo  livres  pour  la  restaura- 
tion des  Arènes  de  Nimes.  —  Bail  de  la  fourniture  de  l'étape  à 
Pierre-André  Dolbe. 

22  février. . . .      Remise  est  faite  à  la  Province  de  400000  livres  sur  le  don  gratuit. 

24  février....  La  ville  de  Nimes  offre  iSoooo  livres  pour  la  restauration  des 
Arènes. 

22  mars Autorisation  d'emprunts  des  diocèses,  pour  les  travaux  des  che- 
mins. —  Autorisation  d'imposition  annuelle  de  400  livres  par 
le  diocèse  de  Saint-Papoul,  pour  l'école  gratuite  des  frères  de 
Castelnaudary.  —  Autorisation  d'impositions  diocésaines,  pour 
la  dépense  des  sages-femmes  de  la  campagne  suivant  les  cours 
d'accouchement  à  Toulouse,  Castres,  Limoux,  Narbonne  &  le 
Puy. 

5  avril Autorisation  d'emprunt  de  420000  livres  par  la  sénéchaussée  de 

Toulouse,  pour  les  travaux  du  chemin  de  Toulouse  à  Castres 
par  Puylaurens.  —  Autorisation  d'emprunt  de  160000  livres 
par  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  pour  les  travaux  des  che- 
mins d'Albi  à  Castres,  de  Castres  à  Saint-Pons,  de  Saint-Pons 
à  Béziers  &  d'Agde  à  Pézénas. 

8  avril La  Cour  des  comptes  de  Montpellier  déclare  les  bacs  de  Tour- 

non  &  Serrières  libres  &  ouverts  pour  le  passage  du  Rhône. 


CHRONOLOGIE. 


125 


1786,  26  avril Autorisation  d'imposition  annuelle  de  26000  livres  par  le  diocèse 

&  la  ville  de  Carcassonne,  pour  les  travaux  du  canal. 

10  juin Le  Conseil  d'État,  cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 

rétablit  l'ancienne  forme  des  élections  consulaires  de  Mont- 
gaillard. 

i5  juin Le  Conseil  d'État  répartit  sur  les  quatre  provinces  formant  le 

ressort  du  Parlement  de  Toulouse  (Languedoc,  généralités 
d'Auch  &  de  Montauban  &  pays  de  Foix)  les  frais  de  recons- 
truction des  prisons  de  la  Conciergerie.  —  Autorisation  d'éta- 
blissement à  Béziers  par  les  États  d'un  inspecteur  des  vins  & 
eaux-de-vie. 

2  juillet  .....  Lettres  patentes  pour  la  production  des  preuves  de  noblesse  par 
les  nobles  de  Languedoc.  —  Le  Conseil  d'État  maintient, 
contre  les  prétentions  d'un  sous-engagiste  du  domaine,  les 
anciennes  formes  d'élections  consulaires  de  Villasavary. 

5  juillet Arrêt   du  Conseil,   concernant   les    impositions   des   communes 

d'Alban,  Fauch,  Réalmont,  Trebas  &  Gayeré,  en  Albigeois. 

17  juillet  ....     Ordonnance  de  l'intendant  pour  la  conservation  des  plantations 

de  tamaris  &  pins  maritimes  faites  sur  la  plage  d'Agde. 
23  juillet  ....      Ordonnance  de  l'intendant  pour  la  conservation  des  chemins  de 

la  forêt  de  Mazan. 
28  août Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  la  restauration  des  Arènes 

de  Nimes;  le  roi  donne  iSoooo  livres. 

4  septembre.     Ordonnance  de  l'intendant,  concernant  le  lestage  &  le  délestage 

des  bâtiments  au  port  de  la  Nouvelle. 

5  septembre.     Le  Conseil  d'État  ordonne  la  démolition  des  murs  d'enceinte  de 

Nimes  &  saj  projets  d'embellissements  dressés  par  Raymond. 
22  septembre.     Arrêt  du  Conseil  d'État,  concernant  les  élections  municipales  de 

Beauchastel. 
14  octobre...      Le  Conseil  d'État   ordonne  que,  selon  l'ancien  usage,  un   des 

consuls  de  Saint-Béat  sera  pris  du  quartier  de  Languedoc, 
21  octobre...     Le   Conseil   d'Etat  casse   un  arrêt  du   Parlement  de  Toulouse 

concernant  les  préséances  dans  la  commune  de  Salles. 

18  novembre  .      L'intendant  défend  d'enlever  les  sables  &  graviers  sur  les  berges 

de  l'Hérault,  entre  Agde  &  la  mer. 
novembre  ....     Établissement  de  deux  foires  par  an  à  Toulouse,  pour  le  com- 
merce de  la  draperie. 

6  décembre  .     Ouverture  des  États,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  i3  janvier  1787.) 

16  décembre  .     Le  Conseil  d'État   casse    un   arrêt  du   Parlement  de  Toulouse 

concernant  les  élections  do  Lautrec  &  lui  défend  de  connaître 
des  élections  consulaires  en  Languedoc  autrement  que  par 
appel. 

17  décembre  .     Traité  fait  parles  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  l'em- 

prunt de  I  000000  de  livres. 


1787,     8  janvier 
i5  janvier 


Rèj^lement  fait  par  les  États  pour  l'exploitation  de  la  ferme  de 

l'équivalent. 
Débordement  de  l'Aude. 


126  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1787,  i3  mars Arrêt  du  Conseil  d'État,  portant  règlement  pour  l'administration 

municipale  de  Montréal. 

16  mars Autorisation  d'emprunt  de  118000  livres  par  la  sénéchaussée  de 

Carcassonne,  pour  les  travaux  des  chemins.  —  Le  diocèse  do 
Carcassonne  est  autorisé  à  imposer  600  livres  par  an,  pour 
l'école  gratuite  des  frères  de  Carcassonne.  —  Le  diocèse  de 
Castres  est  autorisé  à  servir  une  pension  viagère  à  son  ancien 
syndic  Azémar.  —  Autorisation  d'emprunts  par  les  diocèses  de 
Toulouse,  Lavaur,  Rieux,  Montauban,  Saint-Papoul,  Albi, 
Carcassonne,  Alet,  Mirepoix,  Castres,  Saint-Pons,  Béziers, 
Agde,  Lodève,  Montpellier,  Nimes,  Alais,  Uzès,  Viviers,  le  Fuy 
&  Mende,  pour  les  travaux  des  chemins. 

28  mars La  connaissance  des   crimes  &  délits  relatifs  au  dessèchement 

des  marais  est  attribuée  à  la  commission  de  1746. 

3o  avril Ordonnance  de  l'intendant  pour  la  conservation  des  canaux  de 

Capestang  &  de  Narbonne. 

4  mai Le   Conseil   d'État  casse   un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 

concernant   la   commune   de   Bezousse,  comme   contraire   au 
droit  public   de   la   Province.  —  Le   Conseil   d'État  évoque 
l'affaire  des  élections  de  Peyrens. 
6  mai Le  port  de  Cette  est  ouvert  à  l'entrée  des  marchandises  d'Angle- 
terre. 

II  mai Le  Parlement  de  Toulouse  casse  une  ordonnance  de  l'intendant 

concernant  le  premier  consul  d'Anduze. 

25  mai Arrêt  du  Conseil  d'État,  fixant  l'emplacement  du  marché  aux 

bestiaux  de  Lavaur.  —  Le  Conseil  d'État  casse  les  élections 
municipales  de  Saint-Gervais. 

Il  juin Autorisation  d'emprunt  de  100 000  livres  par  les  États,  pour  les 

travaux  des  routes  du  Puy  à  Rodez  &  de  Millau  à  Saint-Flour. 
• —  Autorisation  d'emprunt  de  1  20000  livres  par  les  États,  pour 
les  ateliers  de  la  route  du  Vivarais  le  long  du  Rhône.  —  Auto- 
risation d'emprunt  de  60000  livres  par  les  États,  pour  les  tra- 
vaux du  pont  de  Ners  sur  le  Gardon. 

16  juin Le  Conseil   d'État  casse   un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 

concernant  la  commune  de  Saint-Félix  &  ses  différends  avec 
le  seigneur, 

29  juin Le  Conseil  d'État  casse  deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse 

relatifs  aux  conflits  de  la  commune  du  Pouget  avec  son  sei- 
gneur. 
14  juillet La  levée  des  droits  d'équivalent  est  prorogée  jusqu'au  3i  mars 

1794- 

24  juillet Arrêt  de  la  chambre  des  eaux  &  forêts  du  Parlement  de  Toulouse, 

portant  règlement  pour  foutes  les  maîtrises  du  ressort. 

11  août Autorisation  d'emprunt  de  3ocoo  livres  par  le  diocèse  d'Albi, 

pour  les  travaux  destinés  à  rendre  le  Tarn  navigable. 

i3  août Les  franchises  de  la  draperie  aux  foires  de  Toulouse  sont  éten- 
dues à  fous  les  objets  de  commerce. 

août Suppression  de  quatre  canonicats  du  chapitre  de  Viviers. 

12  septembre.     L'intendant  défend  de  pécher  les  moules  dans  le  canal  de  Cette. 


CHRONOLOGIE. 


127 


1787,  24  septembre. 

3i  octobre  . . . 

3  novembre  . 

3o  novembre  . 

novembre  . . . . 
i3  décembre  . 

22  décembre  . 


23  décembre 

24  décembre 
29  décembre 


Le  Parlement  de  Toulouse  rend  un  arrêt  favorable  aux  préten- 
tions du  seigneur  de  Saint-Michel  de  Vax. 

Remise  est  faite  à  la  Province  de  25ooo  livres  sur  l'abonnement 
des  vingtièmes  de  1786. 

Le  Conseil  d'État  casse  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  en 
faveur  d'Oreilly,  premier  consul  d'Anduze,  &  défend  aux  com- 
munes de  continuer  leurs  consuls. 

Arrêt  du  Conseil,  affranchissant  le  commerce  des  suifs  &  cornes 
provenant  des  boucheries  de  Toulouse. 

Édit  du  roi,  concernant  les  non-catholiques. 

Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 
(Clôture  le  i5  janvier  1788.) 

Les  États  de  Languedoc  consentent  à  la  prorogation  du  second 
vingtième  portée  par  l'édit  d'octobre.  —  Arrêt  du  Conseil, 
portant  règlement  pour  l'administration  municipale  de  Mont- 
pellier. 

Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des  États  pour  l'emprunt 
de  3  000 000  de  livres. 

Établissement  d'une  nouvelle  foire  franche  à  Toulouse. 

Arrêt  du  Conseil,  concernant  l'administration  du  produit  des 
coupes  de  bois  communaux. 


1788,  8  janvier  . . .  Établissement  d'un  emprunt  indéfini  à  quatre  &  demi  pour  cent, 
destiné  à  rembourser  les  capitaux  déjà  empruntés  pour  le 
compte  du  roi.  —  Traité  entre  les  commissaires  du  roi  &  des 
États  pour  l'emprunt  de  iSoooooo  de  livres  à  cinq  pour  cent. 

i5  janvier  . . .     Bail  de  la  ferme  générale  de  l'équivalent  à  Pierre  de  Bellocq. 

18  janvier  ...     Nomination  par  les  États  d'une  commission  extraordinaire  pour 

étudier  les  moyens  d'améliorer  l'administration. 
8  février. ...     Le  Conseil  d'État  défend  aux  trésoriers  de  France  de  Montpellier 
de  rendre  des  ordonnances  pour  les  alignements  des  chemins 
provinciaux  ou  diocésains. 

i5  février....  Approbation  des  plans  de  Leclerc  pour  la  construction  du  canal 
de  Nimes  à  Aigues-mortes  par  le  Cayla.  —  Le  Parlement  de 
Toulouse  rend  un  arrêt  favorable  aux  prétentions  du  marquis 
de  Baschy  dans  la  commune  du  Cayla  (Nimes). 

29  février....  Autorisation  d'impositions  annuelles  par  les  diocèses  de  Mont- 
pellier &  Castres,  pour  les  cours  gratuits  d'accouchement. 

8  mars Le  comte  de  Périgord  arrive  à  Toulouse  pour  faire  enregistrer 

l'édit  du  second  vingtième. 

10  mars Enregistrement  forcé  de  l'édit  du  second  vingtième  par  le  Par- 
lement, avec  un  grand  déploiement  de  troupes. 

22  mars Arrestation  de    M.  de  Catelan,  avocat  général,  transporté  au 

château  de  Lourdes,  pour  s'être  associé  à  l'opposition  du  Par- 
lement. —  Autorisation  d'emprunt  de  940000  livres,  accordées 
par  les  États  à  titre  de  secours  extraordinaire. 

4  avril Autorisation  d'emprunt  de  56  175  livres  par  la  sénéchaussée  de 

Carcassonne,  pour  les  travaux  des  chemins  de  Castres  .î  Saint- 
Pons  &  d'Agde  à  Pézénas. 


128  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1788,  5  avril Le  Conseil  d'État  casse    l'arrêt  du  Parlement   de  Toulouse  du 

27  mars,  concernant  la  levée  des  vingtièmes.  —  Le  Conseil 
d'État  casse  l'arrêt  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier  du 
II  mars,  sur  le  même  sujet.  —  Le  Conseil  d'État  supprime  les 
remontrances  imprimées  de  la  Cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier sur  redit  de  prorogation  du  second  vingtième. 

21  avril Le  Parlement  de  Toulouse  maintient  son  arrêt  du  10  mars. 

3o  avril La  Cour  des  comptes   de   Montpellier  maintient  son  arrêt  du 

II  mars. 

3  mai Le  Parlement  de  Toulouse  proteste  contre  la  nouvelle  ojganisa- 

tion  de  la  magistrature.  —  Les  officiers  du  Parlement  de  Tou- 
louse prêtent  un  serment  secret. 

i3  mai Le  Parlement  de  Toulouse  prend   plusieurs  arrêtés  contre  la 

création  des  grands  bailliages. 

24  mai Le  Conseil  d'État  défend  au  Parlement  de  Toulouse  &  autres 

juges  en  Languedoc  de  connaître  de  l'inventaire  des  archives 
communales. 

3i   mai Arrêt  du  Conseil,  concernant  les  abonnements  des  vingtièmes. 

mai -  Création  des  grands  bailliages  de  Toulouse,  Auch,  Carcassonne, 

Nimes  &  Villefranche  de  Rouergue. 

6  juin Le  Conseil  d'État  casse  l'arrêt  du   Parlement  de  Toulouse  du 

21  avril.  —  Le  Conseil  d'État  casse  le  nouvel  arrêt  de  la  Cour 
des  comptes  de  Montpellier.    , 

•j  juin Le  Conseil  d'État  casse  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  sur  les 

affaires  du  Cayla. 

i3  juin Autorisation  d'emprunt  de  190000  livres  par  les  États  de  Lan- 
guedoc, pour  les  travaux  de  la  route  du  Vivarais  le  long  du 
Rhône.  —  Autorisation  d'emprunt  de  80000  livres  par  les 
Etats,  pour  les  travaux  de  la  route  du  Puy  à  Rodez,  de  Millau 
à  Saint-Flour. 

20  juin...  Le  Conseil  d'État  supprime  toutes   les  protestations  des  Cours 

contre  la  réforme  judiciaire.  —  Le  Conseil  d'État  casse  l'arrêt 
du  Parlement  de  Toulouse  sur  l'affaire  de  Saint-Michel  de 
Vax,  &  renvoie  à  l'intendant  &  à  la  commission  de  1784. 
5  juillet  . ....  Le  Conseil  d'Etat  ordonne  des  recherches  sur  le  mode  de  convo- 
cation des  États  généraux. 
9  juillet  ....  Le  comte  de  Périgord  interdit  la  convocation  du  Conseil  général 
de  la  ville  do  Toulouse. 

17  juillet Traité  entre  le  diocèse  de  Nimes,  l'evêque  d'Alais  &  la  marquise 

de  Calvisson,  concernant  le  dessèchement  des  marais  de  Saint- 
Laurens. 

26  septembre.  Le  diocèse  do  Carcassonne  est  autorisé  à  établir  une  caisse'  de 
prêt  pour  les  travaux  communaux. 

octobre Erection  de  la  baronnie  de  Margueriltes. 

i3  décembre  .     Le  vicomte  de  Monteil  nommé  sénéchal  d'épée  du  Vivarais. 

22  décembre  .     Arrêté  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier  contre  Us  Etats 

de  Languedoc.  —  Une  assemblée  des  trois  ordres,  tenue  dans 
le  couvent  des  carmes  du  Puy,  proteste  contre  l'organisation 
des  États  de  Languedoc  &  de  ceux  du  Vêlai. 


CHRONOLOGIE. 


I2C 


1789,  9  janvier 
i5  janvier 
19  janvier 
21  janvier 

5  février. 

9  février. 
12  février. 
i3  février. 

16  février. 

17  février. 

19  février. 
21  février. 


i 
I 


Nouvel  arrêté  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier  contre  les 

Etats  de  Languedoc. 
Ouverture  des  Etats,  à  Montpellier,  par  le  comte  de  Périgord. 

(Clôture  le  21  février.) 
Le  duc  de  Castries  prend  place  aux  Etats  comme  baron  de  Cas- 

tries. 
.     Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  concernant  les  États  de  Lan- 
guedoc. 
Les  Etats  décident  que  la  carte  du  canal  &  de  la  robine  de  Nar- 

bonne  sera  gravée  par  Berthault. 
Traité   entre   les   commissaires    du    roi  &   ceux   des  Etats  pour 

l'emprunt  de  12000000  de  livres. 
Les  Etats  votent  un  emprunt  de  3oooo  livres  pour  les  travaux  de 

la  route  de  Montpellier  à  Saint-Flour  par  Marvéjols. 
Le  Conseil  d'Etat  casse  les  arrêtés  de  la  Cour  des  comptes  de 

Montpellier  contre  les  Etats  de  Languedoc. 
Les  Etats  votent  un  emprunt  de  120000  livres,  pour  les  travaux 

de  la  grand'route  du  Vivarais. 
.     Les  protestations  des  municipalités  de  Toulouse,  Montpellier, 

Béziers,  Pézénas  &  Saint-Hippolyte  contre  la  constitution  des 

Etats  sont  signifiées  aux  syndics  généraux. 
. . .     Démission  de  M.  de  Montferrier,  syndic  général  de  la  Province, 

pour  la  sénéchaussée  de  Carcassonne. 
Les  Etats  réunissent  provisoirement  la  sénéchaussée  de  Carcas- 
sonne à  celle  de  Toulouse. 
. . .     Extinction  du  couvent  de  la  Merci,  à  Toulouse. 
. . .     Motion  de   Rabaut   Saint-Etienne  à  l'Assemblée   nationale  en 

faveur  de  la  liberté  de  conscience. 

...      Décret  ordonnant  la  division  du  territoire  français  en  départe- 
ments, districts,  cantons  &  municipalités. 
Création  du  département  maritime  du  bas  Languedoc.  (Hérault). 
Création  du  département  de  Toulouse.  (Haute-Garonne.) 
Création  du  département  de  Foix.  (Ariége.) 
. . .      Création  des  départements  de  Carcassonne  &  du  Velai.  (Aude  & 
Haute-Loire.) 
Création  du  département  de  Nimes.  (Gard.) 
...      Création  des  départements  de  l'Albigeois  &  du  Gévaudan.  (Tarn 

&  Lozère.) 
. . .      Création  du  département  du  Vivarais.  (Ardèche.) 
...      Décret  fixant  la  circonscription  des  quatre-vingt-trois  départe- 
ments &  leurs  noms  définitifs. 

3o  mars Lettre  de  l'archevêque  de  Narbonne  au  contrôleur  général,  en 

faveur  des  anciens  officiers  de  la  Province. 

7  i"'" Décret  modifiant  les  anciennes  circonscriptions  ecclésiastiques. 

'9  ]"•" Suppression   des  titres   de   noblesse,  des  ordres   militaires,  des 

livrées, des  armoiries  &  de  toutes  les  distinctions  honorifiques. 
7  septembre.     Suppression  des  Parlements  &  des  Cours  de  justice  par. décret 
de  l'Assemblée  nationale. 

XIII.  g 


4  août. 
23  août. 


1790,  i5  janvier 

22  janvier 

23  janvier 
27  janvier 
29  janvier 

3  février. 
5  février. 

7  février. 
26  février. 


i3o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1790,  25-27  septemb.     La  Chambre  des  vacations  du  Parlement  de  Toulouse  proteste 
contre  les  actes  de  l'Assemblée  nationale. 
29  septembre.     Apposition  des  scellés  sur  les  greffes  du  Parlement  de  Toulouse. 

2  octobre...  Le  baron  de  Ballainvilliers,  dernier  intendant  de  Languedoc, 
cesse  ses  fonctions. 

8  octobre...  .  Le  prince  Victor  de  Broglie  présente  un  rapport  à  l'Assemblée 
nationale  sur  les  arrêtés  publiés  par  la  Chambre  des  vacations 
du  Parlement  de  Toulouse  &  obtient  que  les  auteurs  en  soient 
poursuivis  comme  criminels  de  lèse-nation.  —  Première  réu- 
nion des  commissaires  départementaux  chargés  de  liquider  les 
affaires  de  la  Province. 

17  novembre  .     Apposition  des  scellés  sur  les  greffes  du  sénéchal,  de  la  connéta- 

blie,  de  la  prévôté,  de  la  monnaie,  du  bureau  des  finances  & 
de  l'officialité  de  Montpellier. 

18  novembre  .     Dernière  audience  de  la  Cour  des  comptes,  aides  &  finances  de 

Montpellier. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 

SUR  LA  PROVINCE 

DE   LANGUEDOC 

LIVRE    PREMIER 

MINISTÈRE    DE    MAZARIN 


CHAPITRE  PREMIER 

situation  du  pays  à  la  mort  de  Louis  XIII.  —  Alarmes  des  intendants.  —  Premières  démonstrations  du 
Parlement  de  Toulouse.  —  Cérémonies  funèbres.  —  Conflits  de  juridiction.  —  Dispositions  des 
Etais.  — Misère  causée  par  la  guerre  de  Catalogne.  —  Elections  de  Toulouse.  —  Affaire  du  Franc- 
Sali.  —  Démarches  des  protest.ints  ;  instructions  de  Mazarin  sur  la  conduite  à  tenir  à  leur  égard, 

IL  n'y  avait  pas  de  pays  en  France  où  l'avènement  d'un  roi  de  quatre  
ans  Si  la  régence  d'une  princesse  espagnole  dussent  causer  plus  d'appré-  '  ^ 
hensions  qu'en  Languedoc.  L'énergie  de  caractère  8t  le  puissant  esprit 
national  de  Richelieu  avaient  seuls  empêché,  lors  de  l'échauftburèe  de 
Gaston  d'Orléans,  le  réveil  des  guerres  civiles  &  des  passions  religieuses 
dans  cette  féconde  Si  malheureuse  contrée,  où  la  Réforme  Si  la  Ligue  sem- 
blaient n'être  qu'une  résurrection  de  la  turbulence  féodale  Si  démagogique 
du  moyen  âge.  Ce  n'était  pas  trop  du  sentiment  dominateur  de  l'Etat  qui 
animait  le  grand  cardinal,  pour  contenir  les  éléments  tumultueux  d'une 
organisation  politique  très-complexe,  dont  les  vices  d'origine  se  trouvaient 
singulièrement  aggravés  par  un  siècle  de  luttes  sanglantes,  favorables  aux 
licences  Se  aux  usurpations  des  oligarchies  locales.  La  Province  avait  assisté 
aux  dernières  manifestations  de  la  volonté  de  Richelieu.  «  Narbonne  l'a  vu, 
«  dit  le  maréchal  de  Schoraberg  aux  États,  réduit  à  l'extrémité,  abandonner 
«  le  soin  de  sa  vie  mourante,  pour  soutenir,  tout  abattu  qu'il  était,  le  faix 
«  des  affaires  publiques,  pourvoir  aux  projets,  à  l'économie  Si  au  maintien  de 


1643 


i32  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  tant  de  diverses  armées,  découvrir  les  plus  secrètes  pratiques  qui  se  faisaient 
«  dans  l'État  contre  l'État  même,  &  conclure  en  même  temps  le  traité  des 
«  princes  de  Savoie,  qui  se  peut  remarquer  comme  le  plus  important  8<.  le 
«  plus  difficile  que  la  France  ait  vu  de  nos  jours'.  » 

Dès  que  le  cardinal  eut  fermé  les  yeux,  des  avertissements  arrivèrent  à  la 
Cour  sur  les  dangers  qui  menaçaient  la  paix  publique;  mais  la  Cour,  livrée 
tout  entière  aux  intrigues  des  favoris,  surveillant  déjà  l'agonie  du  roi  comme 
celle  du  ministre,  n'avait  guère  prêté  l'oreille  à  ces  avis  importuns.  L'homme 
qui  les  donnait,  observateur  sagace  autant  qu'orateur  disert,  était  François 
Bosquet,  l'un  des  intendants  de  Languedoc. 

Les  intendances  territoriales  ne  dataient  pas  de  loin.  Richelieu  venait  de 
les  léguer  à  la  France  comme  une  personnification  vivante  de  son  système 
d'administration  unitaire^. 

Si  la  plupart  des  contemporains  n'ont  point  paru  comprendre  tout  ce  que 
la  création  des  intendants  promettait  de  force  à  l'autorité  royale,  on  ne  peut 
reprocher  à  François  Bosquet  d'avoir  méconnu  l'importance  de  sa  mission. 
Dans  son  premier  discours  aux  Etats,  harangue  très-étudiée,  toute  semée  de 
réminiscences  classiques  &  trahissant  le  légiste  littérateur,  il  se  comparait 
lui-même  au  préteur  romain,  faisant  porter  devant  lui,  à  son  entrée  dans  sa 
province,  le  texte  des  lois  qui  devaient  diriger  sa  conduite,  Si,  tout  en  faisant 
appel  aux  sentiments  de  sympathie  naturelle  qui  le  rapprochaient  de  ses 
compatriotes^,  il  accentuait,  en  termes  véhéments,  la  subordination  de  toute 
affection  particulière  aux  souveraines  exigences  de  l'Etat. 


'  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  19  novem- 
bre 1642. 

'  Les  désordres  de  tout  genre  produits  en  Lan- 
guedoc par  les  guerres  civiles  Se  religieuses  avaient 
été  le  premier  prétexte  de  l'envoi  d'intendants  de 
justice,  police  &  finances  dans  la  Province.  Leur 
titre,  comme  leurs  fonctions,  ne  furent  pas  d'abord 
identiques;  mais  ils  commencèrent  par  servir  à  la 
suite  des  armées.  Faute,  Nesmond,  se  qualifiaient 
intendants  de  justice  près  le  duc  de  Montmorency 
&  le  prince  de  Condé.  Charles  de  Machault  s'in- 
titulait dans  les  procès-verbaux  des  Etats  «  inten- 
dant de  la  justice,  police  &  finances  près  la  per- 
sonne de  Monseigneur  le  prince  en  ses  armées  de 
Languedoc  »  ,  tandis  qu'Hercule  de  Vauquelin, 
sieur  des  Yveteaux  &  André  de  Ranse,  sieur  de  la 
Perche,  nommés  après  lui  sur  la  liste  des  commis- 
saires du  Roi,  portaient  le  titre  d'intendants  de 
justice,  police  &  finances  en  Languedoc.  »  Ainsi, 
l'intendance  territoriale  commençait  à  se  consti- 
tuer parallèlement  à  l'intendance  d'armée  qui  gar- 
dait encore  une  sorte  de  prééminence  au  n.oins 
honorifique.  Plus  tard,  ces  rapports  se  modifiè- 
rent, puisque  Claude  Bazin  de  Bezons  avait  long- 
temps servi  comme  intendant  en  Catalogne  auprès 
du  prince  de  Conti,  lorsqu'il  vint  exercer  les  fonc- 


tions d'intendant  territorial  en  Languedoc,  — 
L'institution  nouvelle  avait,  dans  la  Province, 
deux  raisons  d'être  &  tendait  à  deux  buts  dis- 
tincts ;  faire  échec  au  Parlement  &  faire  échec 
aux  Etats,  c'est-à-dire  dégager  l'action  souveraine 
des  embarras  que  lui  causaient  ces  deux  intermé- 
diaires peu  sûrs. 

Les  intendants  recevaient  des  pouvoirs  spéciaux 
pour  assister  aux  Etats  en  qualité  de  commissaires 
du  rot,  ils  y  prenaient  rang  à  la  suite  du  com- 
missaire principal  &,  quand  il  y  en  avait  un,  du 
conseiller  d'Etat  en  mission  extraordinaire,  mais 
avant  les  deux  trésoriers  de  France  de  Toulouse  & 
de  Montpellier. 

La  gratification  qu'ils  recevaient  de  la  Province 
était  de  trois  raille  livres,  celle  des  trésoriers  de 
douze  cents  &  celle  de  l'envoyé  extraordinaire  de 
six  mille. 

'  François  Bosquet,  né  à  Narbonne  le  28  mai 
i6o5,  fils  du  juge  mage  Durand  Bosquet  &  d'Anne 
Le  Noir,  élevé  par  les  jésuites  de  Béziers,  était 
venu  suivre  ses  cours  d'humanités  à  Toulouse, 
dans  le  collège  de  Foix,  où  il  fut  l'ami  de  Pierre 
de  Marca,  le  collaborateur  de  l'évêque  de  Pamiers 
Henri  de  Sponde  &  l'élève  hébraïsant  de  Rosenbach. 

Sa   première  œuvre  d'érudition  fut  une  traduc- 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN. 


i33 


164'! 


Deux  causes  principales  excitaient  les  inquiétudes  de  l'intendant  :  d'une 
part,  la  tendance  du  Parlement  de  Toulouse  à  détruire  les  nouveaux  pouvoirs 
administratifs  8c  à  reconquérir  l'omnipotence  factieuse  dont  il  avait  joui  pen- 
dant les  troubles  de  la  Ligue,  81  d'autre  part,  les  conflits  multipliés  auxqviels 
donnait  lieu  l'autorité  des  évêques,  «  maîtres  absolus  de  leurs  diocèses'.  » 

Ces  difficultés,  sensibles  au  lendemain  de  la  mort  du  cardinal,  ne  pou- 
vaient manquer  de  s'accroître  par  la  disparition  du  monarque  dont  il  avait 
si  longtemps  conduit  la  politique.  Il  ne  faudrait  pas,  en  effet,  mesurer  à  la 
valeur  personnelle  du  prince  les  conséquences  de  la  mort  de  Louis  XIII  en 
Languedoc.  Quelque  faible  8c  flottante  que  fût  la  volonté  du  fils  d'Henri  IV, 
il  était  roi,  8c  le  caractère  d'autorité  dont  il  se  trouvait  revêtu  prêtait  au 
pouvoir  de  ses  ministres  une  force  que  l'événement  du  14  mai  ruina  com- 
plètement. A  défaut  de  grandes  vues,  Louis  XIII  avait  encore  des  rancunes 
8c  des  méfiances  qui  pouvaient  préserver  le  royaume  de  l'influence  espa- 
gnole d'Anne  d'Autriche  8c  de  l'ambition  brouillonne  de  Gaston  d'Orléans. 
D'ailleurs,  grâce  à  la  fiction  qui  plaçait  dans  le  souverain  la  source  du 
droit,  mille  intérêts  étaient  tout  à  coup  remis  en  question  par  la  dispari- 
tion de  l'homme  dont  la  signature  en  faisait  l'unique  garantie. 

Au  point  de  vue  des  grands  seigneurs,  des  évêques,  des  fonctionnaires 
élevés,  il  y  avait,  pour  ainsi  dire,  déplacement  du  pôle,  8c  tout  un  boulever- 
sement des  courants  d'attraction  qui  régnaient  depuis  plusieurs  années  j  pour 


tion  latine  du  poëme  grec  de  Psellos,  précepteur 
de  l'empereur  Michel  Ducas,  sur  la  jurisprudence 
romaine. 

A  vingt  ans,  il  eut  l'heureuse  fortune  de  retrou- 
ver, dans  la  bibliothèque  du  collège  de  Foix,  où 
ils  sommeillaient  ignorés,  quatre  livres  des  Lettres 
d'Innocent  III,  &  il  entreprit,  en  1627,  de  publier 
ces  précieux  documents  de  la  chancellerie  du  Saint- 
Siége,  dont  Guillaume  Sirlet,  garde  de  la  biblio- 
thèque du  Vatican,  avait  en  1643,  donné  un  avant 
goiît  au  monde  lettré.  «  Bos<juetui,  ijuam^uam  ju- 
yen'ii  aimodum,  incemus  tamen  amore  ep'utolarum 
Innocenta,  cum  î'ihros  quatuor  antea  ineditos  repe- 
rissct  Tolosae  in  hiiliotheca  collegii  Fuxensis,eos  suh 
praelum  misit  anno  Domini  1617  ac  demum  emisit 
anno  |635  '.  « 

En  t63i,  il  publia  un  volume  d'histoire  galli- 
cane, oii  il  se  donne  le  titre  de  jurisconsulte  nar- 
bonnais  :  Eeelesiae  Gall'tcanae  kistoriarum  tomus 
primas  a.  primo  Christi  in  Galliis  Evangello  ad 
datam  Eeelesiae  pacem,  opéra  &  studio  Francisci 
Bos^ueti  Narhonensis  I.  C.  Paris,  Sébastien  Cra- 
moisy,  i632.  Dans  cet  ouvrage,  portique  d'un  édi- 
fice qui  ne  fut  jamais  construit,  il  cherchait  à 
restituer  l'histoire  de  l'Eglise  de  France  à  ses  ori- 


■  Baluze,  Epistolarum  Innocenta  lit  Romani  pontificit 
libri  undecim.  Paris,  Muguet,  l68j. 


gines,  depuis  les  premiers  apStres  du  christianisme 
en  Gaule  jusqu'au  règne  de  Constantin. 

Il  composa  aussi  une  histoire  des  papes  d'Avi- 
gnon qui  a  été  rééditée  par  Baluze  :  Pontijjcum 
Romanorum  ^ui  e  Gaîliâ  oriundi  in  eâ  sederunt  his- 
toria.  Paris,  Jean  Camusat,  i636. 

Il  débuta  dans  la  vie  publique  en  exerçant  une 
charge  de  judicature  à  Narbonne.  Ses  travaux 
d'avocat  l'ayant  appelé  ii  Paris,  il  y  fut  distingué 
par  le  président  de  Mesme.  M.  de  la  Chambre  le 
fit  valoir  auprès  du  chancelier  Séguier.  On  lui 
donna  en  1639  une  place  de  conseiller  ordinaire 
au  conseil  du  roi,  puis  on  l'envoya  en  Norman- 
die où  il  exerça,  par  commission,  la  charge  de 
procureur  général.  C'est  en  1641  qu'on  le  fit  en- 
trer dans  les  intendances;  il  débuta  parla  Guienne, 
d'où,  après  un  an  de  service,  de  nouveaux  ordres 
le  ramenèrent  dans  son  pays  natal  '. 

Le  premier  collègue  de  François  Bosquet  dans 
l'intendance  de  Languedoc  fut  Nicolas  Bretel,  sieur 
de  Grémonville,  plus  tard  intendant  de  l'armée 
d'Italie.  En  1643,  c'était  Jean  Balthazar,  sieur  de 
Malherbe. 

'  Bibliothèque  nationale.  Languedoc,  ^5.  Lettre 
de  Bosquet  au  chancelier  de  France  :  Montpellier, 
22  juin  1643. 

'  Voyez  le  Journal  det  Savants,  3i  aofit  1676. 


I 


1643 


K.4 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


les  corporations,  villes,  compagnies  judiciaires,  êtres  collectifs  quelconques, 
interruption  soudaine  des  privilèges.  Si,  en  conséquence,  obligation  d'y 
pourvoir  sans  délai,  en  sollicitant  au  plus  tôt  ces  lettres  de  confirmation  qui 
se  renouvelaient  à  chaque  règne,  amplifiées  ou  réduites  selon  les  temps,  8t 
que  le  fisc  atteignait  de  lourdes  taxes. 

Malgré  les  centaines  de  lieues  qui  la  séparaient  de  Saint-Germain,  la  pro- 
vince de  Languedoc  n'était  nullement  étrangère  au  mouvement  politique  de 
la  Cour.  Chaque  année,  la  députation  des  États  faisait  le  voyage  de  France  ', 
beaucoup  de  prélats  y  résidaient;  tous  les  personnages  notables  du  Parlement 
avaient  des  correspondances  suivies  avec  le  monde  parlementaire  ou  des 
intelligences  dans  le  cabinet  du  roi;  &  le  nombre  toujours  croissant  des 
affaires  qui  se  décidaient  au  Conseil  d'État  obligeait  les  villes  à  entretenir 
des  avocats  auprès  de  cette  juridiction  supérieure  8<  à  se  faire  représenter  par 
délégués.  Ainsi,  toutes  les  intrigues  qui  s'agitaient  autour  du  lit  de  mort 
de  Louis  XIII  ne  pouvaient  manquer  d'avoir  un  rapide  contre-coup  dans  les 
cités  populeuses  du  Languedoc  81  jusque  dans  la  solitude  des  Cévennes.  Un 
va-Si-vient  perpétuel  entretenait  dans  les  divers  milieux  une  ardeur  d'espé- 
rances St  de  craintes  contradictoires,  déterminées  par  les  oscillations  des 
influences  rivales. 

Un  baron  des  États  de  Languedoc,  le  duc  d'Uzès,  accompagnait  la  reine 
Anne  d'Autriche,  en  qualité  de  chevalier  d'honneur,  à  l'audience  du  Parle- 
ment de  Paris,  où,  le  jeune  Louis  XIV  tenant  son  lit  de  justice,  les  pouvoirs 
de  la  régence  furent  proclamés,  en  contradiction  flagrante  avec  le  testament  de 


'  La  députation  à  la  Cour,  pour  présenter  au 
roi  le  cahier  des  doléances  était  une  des  grandes 
préoccupations  de  l'assemblée.  On  y  envoyait  cha- 
que année  quatre  membres  des  Etats;  un  évéque, 
un  baron  &  deux  consuls.  La  nomination  s'en 
faisait  par  les  trois  ordres  réunis,  au  scrutin  de 
liste  &  par  vote  secret. 

Chaque  membre  des  Etats  écrivait  les  quatre 
tloms  sur  un  bulletin  qu'il  fermait  à  la  cire  & 
qu'il  cachetait  du  sceau  de  ses  armes;  puis  l'un 
des  trois  syndics  généraux  faisait  le  tour  des  hauts 
bancs  &  du  parterre,  tendant  le  bonnet  aux  élec- 
teurs. Sa  quête  achevée,  il  en  apportait  le  produit 
sur  la  grande  table  à  tapis  vert  armorié  autour  de 
laquelle  siégeaient  deux  greffiers  &  les  syndics  qui 
mettaient  les  billets  dans  un  sac  de  velours  noir. 
Trois  inspecteurs,  pris  dans  le  clergé,  dans  la  no- 
blesse &  dans  le  tiers  état,  présidaient  au  dépouil- 
lement &  surveillaient  l'inscription  des  voix  que 
les  greffiers  pointaient  par  colonnes.  Le  résultat 
de  l'élection  proclamé,  on  brûlait  tous  les  billets 
au  milieu  de  la  salle,  «  afin,  dit  un  contempo- 
rain ',  que  l'on  ne  vît  pas  l'écriture  des  votants,  car 


'  Description  mamiscrita  de  la  Province  de  Languedoc 
en  1674,  p.  29.  Bibliothèque  de  Toulouse. 


il  arrive  souvent  que  l'on  promet  à  un  &  que  l'on 
en  nomme  un  autre.  » 

Outre  les  quatre  députés  élus,  il  partait  chaque 
année  un  des  syndics  généraux,  les  trois  roulant 
par  tour.  C'était  l'homme  d'affaires  de  l'ambas- 
sade, celui  qui  dressait  les  mémoires,  qui  conférait 
avec  l'avocat  de  la  Province  &  qui  faisait  tout  le 
détail. 

La  Province  payait  huit  mille  livres  d'indem- 
nité à  l'évêque,  autant  au  baron  &  la  moitié  de 
cette  somme  à  chacun  des  consuls  &  au  syndic 
général,  ce  qui  élevait  les  frais  annuels  du  voyage 
à  la  somme  totale  de  vingt-huit  mille  livres. 

Cette  largesse,  jointe  au  plaisir  de  paraître  à  la 
Cour  avec  un  caractère  officiel  excitaient  singuliè- 
rement l'ambition  des  prélats,  des  gentilshommes 
&  de»  magistrats  municipaux  qui  entraient  aux 
États.  Aussi  les  candidats  y  étaient  nombreux  & 
les  sollicitations  ardentes.  Presque  toujours  des  re- 
commandations impérieuses  arrivaient  directement 
du  ministère.  L'honneur  de  haranguer  le  souve- 
rain, dans  un  discours  d'apparat,  en  présence  des 
grands  officiers  de  la  couronne,  appartenait  de 
droit  à  l'évêque,  chef  de  la  députation,  qui  était 
aussi  chargé  d'en  présenter  le  rapport  aux  Etats 
de  l'année  suivante. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN. 


loa 


Louis  XIII  '.  Les  ducs  de  Ventadour  &  de  Lesdiguières,  possesseurs  de  riches 
domaines  dans  la  Province,  avaient  assisté  à  la  séance  de  grand'chambre 
du  2  1  avril;  le  comte  d'Aubijoux  était  capitaine  des  gardes  du  duc  d'Orléans. 
Le  comte  de  Caraman,  jeté  à  la  Bastille  par  ordre  de  Richelieu,  n'attendait 
que  la  mort  du  roi  pour  en  sortir. 

La  première  nouvelle  de  l'événement  paraît  être  arrivée  à  Toulouse 
le  24  mai,  par  lettre  du  délégué  de  la  ville  à  Paris.  Le  lendemain,  le  premier 
président,  Bertier  de  Montrabe,  recevait  les  dépêches  de  Saint-Germain  ^. 


i6^i 


*  Aubery,  Histoire  du  cardinal  Ma^arirt,  I,  p.  223. 
"  Voici  la    lettre  du   roi  au  Parlement  de  Tou- 
louse : 

«  De  par  le  Roi. 

«  Nos  amés  &  féaux,  ayant  plu  à  Dieu  d'appe- 
ler à  soi  le  défunt  Roi  notre  très-honoré  Seigneur 
&  Père,  nous  vous  écrivons  cette  lettre  pour  vous 
donner  avis  de  cette  perte  que  la  France  a  faite 
avec  nous.  Elle  eut  eu  besoin  que  ta  vie  eut  été 
aussi  longue  qu'elle  a  été  pleine  de  piété  8c  de 
gloire,  &  qu'elle  nous  eût  donné  moyen  de  parve- 
nir à  un  âge  plus  propre  pour  lui  succéder;  mais 
sa  divine  bonté  en  a  disposé  autrement,  &  a  voulu 
lui  donner  un  repos  perpétuel  après  tant  de  tra- 
vaux &  de  fatigues  dans  lesquelles  il  a  passé  son 
règne  pour  mettre  cet  État  au  plus  haut  point 
qu'il  ait  été  depuis  l'établissement  de  la  monar- 
chie, 8c  pour  essayer  de  lui  acquérir  une  paix 
ferme  &  stable,  &  à  toute  la  chrétienté.  Nous  vou- 
lons espérer  de  la  même  bonté  divine  qu'elle  achè- 
vera cette  oeuvre,  8(  que  nous  recueillerons  tout  le 
fruit  de  tant  de  peines,  de  victoires  &  d'autres 
grandes  8c  royales  actions  qui  signaleront  à  jamais 
la  mémoire  du  défunt  Roi  notre  très-honoré  Sei- 
gneur &  Père.  C'*st  (e  que  nos  sujets  doivent  at- 
tendre dans  la  suite  de  la  bonne  administration 
des  affaires  de  notre  Royaume  sous  la  régence  de 
la  Reine  notre  très-honorée  Dame  81  Mère  que 
Dieu  bénira  sans  doute,  puisque  sa  principale 
confiance  est  en  lui,  &  que  chacun  sait  que  ses 
bonnes  intentions  sont  accompagnées  de  toutes  les 
qualités  nécessaires  pour  loutenir  le  faix  de  toutes 
les  affaires.  On  le  doit  aussi  espérer  de  la  fidélité 
8c  des  conseils  qui  lui  seront  donnés  par  notre 
très-cher  &  très-araé  oncle  le  Duc  d'Orléans  8i  par 
notre  très-cher  St.  amé  cousin  le  Prince  de  Condé. 
Cependant,  comme  la  justice  est  un  des  princi- 
paux remèdes  pour  conserver  la  grandeur  de  cet 
Etat  8c  maintenir  nos  peuples  dans  l'obéissance 
qu'ils  nous  doivent,  nous  vous  ordonnons  8c  exhor- 
tons, autant  qu'il  nous  est  possible,  qu'après  les 
prières  que  vous  devez  pour  le  salut  de  notre  feu 
Roi  Seigneur  8c  Père  notre  bon  Maître,  vous  aytz, 
nonobstant  cette  mutation,  à  continuer  la  séance 
de   notre  Parlement  8c  l'administration  8(  distri- 


bution de  la  justice,  ainsi  que  l'intégrité  de  vos 
consciences  8c  les  devoirs  de  vos  charges  vous  y 
obligent,  attendant  que  vous  Nous  ayez  fait  les 
soumission»  en  tel  cas  requises  8c  accoutumées, 
vous  assurant  que  vous  Nous  trouverez  toujours  tel 
envers  vous  en  général  8c  en  particulier  qu'un 
bon  Roi  8c  un  bon  Prince  doit  être  envers  ses 
bons  8c  fidèles  sujets  8c  serviteurs. 

o  Donné  à  Saint-Germain  en  Laye,  le  1^'' jour 
de  mai   1643. 

R  Lotis. 

«  PlIELYFEAUX. 

«  A  nos  amés  81  féaux  les  Gens  tenant  notro 
Cour  de  Parlement  de  Toulouse.  » 

Voici  la  lettre  de  la  régente  : 

Il  Messieurs,  la  lettre  du  Roi  Monsieur  mon  fils 
vous  apprendra  le  décès  arrivé  de  la  personne  du 
Roi,  mon  très-cher  époux,  8c  le  sensible  déplaisir 
qui  nous  demeure  d'un  si  déplorable  accident  8c 
tant  préjudiciable  à  la  France.  Pour  prévenir  les 
mauvaises  suites  qui  pourroient  arriver  de  cette 
perte,  il  exhorte,  comme  je  fais,  les  compagnies 
souveraines  de  continuer  l'administration  de  la 
justice  à  ses  sujets  nonobstant  cette  mutation.  Se 
ses  principaux  serviteurs,  qui  ont  l'autorité  dans 
ses  provinces,  de  contribuer  ce  qui  est  du  pouvoir 
de  leurs  charges  pour  les  maintenir  en  repos  8c 
tranquillité  sous  son  obéissance.  Je  vous  prie  de 
f.iire  de  votre  part  en  cela  tout  bon  devoir,  8c  vous 
assurer  qu'aux  occasions  qui  s'offriront  de  vous 
favoriser  soit  en  général  ou  en  particulier,  vous 
trouverez  le  Roi  Monsieur  mon  fils  8c  moi  dispo- 
sés à  vous  témoigner  notre  bienveillance.  Cepen- 
dant, je  prierai  Dieu  vous  avoir.  Messieurs,  en  sa 
sainte  garde. 

«  Écrit  à  Saint-Germain,  le  14"  jour  de  mai 
1643. 

«  A  Messieurs  les  Gens  tenant  la  Cour  de  Par- 
lement de  Toulouse  '.  » 

La  lettre  du  roi  aux  magistrats  municipaux  des 

'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  t.  Il, 
p.  297. 


1643 


i36 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


Les  Chambres  du  Parlement  se  réunirent  seulement  le  28  mai  pour  en 
recevoir  communication.  Leur  premier  soin  fut  d'interdire  toute  espèce  d'as- 
semblée. 

Les  officiers  de  la  sénéchaussée,  de  la  maîtrise  des  ports,  de  la  viguerie, 
&  quatre  capitouls,  sommés  par  huissier,  durent  venir  au  Palais  écouter  une 
grave  remontrance  du  premier  président  81  prendre  part  à  la  publication  de 
l'arrêt  à  travers  les  rues.  On  suspendit  les  audiences  de  la  cour  jusqu'après 
la  célébration  du  service  funèbre,  8c,  pendant  quarante  jours  de  deuil,  toute 
sorte  de  jeux  ou  de  spectacles  publics  fut  prohibée  '. 

La  cour  nomma  ensuite  la  députation  chargée  d'aller  saluer  le  roi.  Elle 
se  composait  du  premier  président,  du  président  Garaud  de  Donneville,  du 
sous-doyen  Pierre  d'Agret  8<.  du  président  Balthazar  de  Fraust. 

Le  3i  mai,  deux  lettres  étaient  adressées  à  Louis  XIV  Si  à  la  régente,  au 
nom  de  la  cour. 

Ces  lettres  contenaient  les  protestations  de  zèle  81  de  fidélité  accoutumées 
en  pareilles  circonstances,  mais  n'oubliaient  pas  de  réclamer  protection  pour 
la  compagnie  :  «  Il  ne  tiendra  pas  à  nos  soins  que  les  peuples  ne  bénissent 
le  règne  de  Votre  Majesté  81  ne  se  puissent  dire  heureux,  pourvu  qu'il  lui 
plaise  de  protéger  son  Parlement,  lui  donner  l'autorité  nécessaire  8<.  nous 
honorer  toujours  de  ses  commandements.  » 

«  Lui  donner  l'autorité  nécessaire  »,  telle  était,  en  effet,  la  préoccupation 
dominante,  exclusive  du  Parlement.  La  cour  souveraine  s'était   habituée  à 


principales  villes  reproduisait  toute  la  première 
partie  de  la  lettre  au  Parlement,  sau{  la  formule 
(t  Nos  amés  &  féaux  »  remplacée  par  «  Très-chers 
&  bien  amés,  «  &  quelques  détails  insignifiants  de 
rédaction.  Le  dernier  paragraphe  était  modifié  de 
la  manière  suivante  :  «  Cependant,  comme  un  des 
plus  assurés  moyens  pour  parvenir  à  un  sy  bon 
effet  dépend  de  la  bonne  union  &  concorde  qui 
doit  estre  entre  nos  subjets,  nous  vous  avons  voulu 
faire  cette  lettre  semblable  à  celle  que  nous  escri- 
vons  aux  principales  villes  de  notre  Royaume 
pour  vous  mander  8c  ordonner  de  la  maintenir 
entre  vous  &  veiller  à  vostre  seureté  &  conserva- 
tion soubs  nostre  obéissance,  nous  rendant  en 
toutes  occasions  les  tesmoignages  de  vosire  fidélité 
&  affection  au  bien  de  nostre  service,  ainsy  que 
vous  y  estes  obligés;  en  faisant  en  cela  tout  bon 
devoir,  vous  devez  croire  que  vous  nous  trouverez 
bien  disposés  à  vous  faire  ressentir  les  effets  de 
nostre  bienveillance.  » 

«  A  nos  très-chers  Se  bien  amés  les  Capitouls, 
manans  &  habitans  de  nostre  ville  de  Toloze  '.  n 

'  Il  y  avait  en  ce  moment,  à  Toulouse,  une 
troupe  de  comédiens  ambulants  dont  les  représen- 
tations se   trouvèrent   interrompues    par   le   deuil 


officiel,  &  qui  sollicitèrent  l'intervention  du  con- 
seil de  ville  pour  les  reprendre. 

Voici  ce  qu'en  disent  les  procès-verbaux  capitu- 
laires  : 

•I  Du  îo'  juin  1645,  dans  le  consistoire  des 
Conseils  de  l'hostel  de  ville,  &e. 

«  Seroit  entré  dans   ledit  consistoire 

chef  de  la  bande  des  comédiens,  lequel  auroit  re- 
monstré  comme  depuis  trois  mois  ils  sont  dans 
cette  ville  avec  grande  incommodité  &  despense  & 
pendant  leur  séjour,  ils  ont  esté  nécessités  de  s'en- 
gager en  plusieurs  &  diverses  sommes  &  attendu 
qu'après  les  quarante  jours  de  deuil  que  la  ville  a 
faits  pour  la  mort  du  Roy  demain  la  reconnois- 
sance  se  fera,  ils  ont  supplié  l'assemblée  leur  vou- 
loir permettre  l'ouverture  de  leur  théâtre  &  leur 
donner  la  taxe  convenable;  sur  quoy  après  estre 
sorti  dudit  consistoire  les  voix  recueillies, 

«  Arresté  qu'il  est  permis  auxdits  comédiens 
d'ouvrir  leur  scène  lundy  prochain,  22'  de  ce 
moys,  à  la  charge  de  garder  la  décence  &  modestie 
requise,  &  qu'il  leur  sera  permis  de  prendre  huit 
sous  de  chacun  de  ceux  qui  vouldront  entrer  ou 
assister  à  la  comédie  sans  qu'il  leur  soit  loisible 
d'augmenter  ledit  droit  à  peine  de  concussion  '.  » 


"  Arcliives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIV,  p.  44.  '  Arcliivcs  de  Toulouse.  Livre  des  Cotiseils,  XXIV,  p.  66. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN. 


i37 


1643 


se  considérer  comme  la  représentation  vivante  du  pouvoir  royal,  comme 
l'intermédiaire  obligatoire  &  universel  par  où  devaient  passer  les  volontés 
du  monarque  pour  arriver  à  ses  sujets.  Elle  prenait  au  sérieux  les  flatteries 
hyperboliques  dont  chaque  année  le  chef  du  consistoire  de  l'hôtel  de  ville 
venait,  à  l'occasion  de  l'entrée  en  charge  des  nouveaux  capitouls,  lui  pré- 
senter le  tribut,  dans  des  harangues  émaillées  des  plus  beaux  traits  de 
mythologie  '.  Mais  elle  était  forcée  de  reconnaître  que,  depuis  le  dernier 
règne,  le  pouvoir  ministériel  avait  une  tendance  marquée  à  rétablir  l'ordre 
dans  la  compétence  des  juridictions,  à  remettre  chacun  à  sa  place,  &  à  res- 
treindre de  plus  en  plus  au  simple  exercice  de  leurs  fonctions  judiciaires  des 
corps  dont  l'importance  politique  81  administrative  ne  se  pouvait  qualifier 
que  d'usurpation. 

Malgré  les  mesures  prises  en  divers  temps  pour  empêcher  les  offices  parle- 
mentaires de  se  concentrer  dans  un  petit  nombre  de  familles  rattachées 
entre  elles  par  les  liens  du  sang,  la  plupart  des  membres  de  la  cour  se  trou- 
vaient parents,  8c  des  exceptions  de  faveur,  obtenues  par  le  crédit  d'hommes 
influents,  les  affranchissaient  même  des  obligations  qu'une  sage  prévoyance 
avait  édictées  '■. 

L'esprit  de  corps  8c  les  intérêts  particuliers  avaient  pris  un  empire  absolu 
sur  la  conscience  des  parlementaires.  Il  semblait  que  le  pouvoir  royal  eût 
créé  ces  compagnies  pour  leur  propre  grandeur,  non  pour  le  bien  des  peu- 
ples à  qui  elles  avaient  charge  de  rendre  la  justice.  On  trouve,  entre  mille, 
une  marque   bien  frappante  de  cette  déviation  dans  les  raisons  que  firent 


'  La  salutation  au  Parlement  était  le  premier 
usage  que  les  nouveaux  Capitouls  dussent  faire  de 
leur  autorité.  Après  avoir  entendu  la  messe  du 
Saint-Esprit  dans  la  chapelle  de  l'hôtel  de  ville  & 
reçu  le  serment  de  leurs  officiers,  ils  se  rendaient 
au  palais  en  grande  po'npe,  à  cheval,  vêtus  de 
leurs  livrées  capitulaires;  on  les  introduisait  dans 
la  chambre  dorée  où  les  présidents  &  conseillers 
de  grand  chambre  étaient  réunis,  &  le  chef  du 
consistoire,  qui,  par  profession,  appartenait  au 
monde  judiciaire,  y  récitait  son  compliment. 

On  y  entendait  tour  à  tour  les  Capitouls  se 
comparer  à  "  l'aigle,  cet  oiseau  royal  &  courageux 
qui,  en  commençant  de  naître,  tourne  ses  yeux  du 
côté  du  soleil  levant'  »;  n  à  la  pierre  précieuse 
que  le  naturaliste  appelle  phengite,  &  qui,  bien 
que  très-belle  &  éclatante,  demeure  sombre  &  obs- 
cure si  le  soleil  ne  l'éclairé;  à  la  lune  &  autres 
petits  astres  qui  ne  reluisent  que  de  la  clarté  du 
soleil';  »  &  qualifier  le  Parlement  de  «  soleil  de 
justice,  verge  veillante  de  l'Ecriture,  œil  qui  ac- 
compagne le  sceptre,  lion    qui   tient   toujours   les 


yeux  ouverts,  »  âme  infuse  au  corps  de  la  Répu- 
blique'; »  appeler  le  Palais  «  le  temple  des  dieux 
tutélaires,  le  domicile  saint  où  réside  le  bon  génie 
de  la  ville,  le  Capitole  du  Languedoc.  » 

X  Vous  êtes,  disait  un  de  ces  enthousiastes  ora- 
teurs aux  conseillers,  les  esprits  mouvants,  les 
cieux,  les  soleils,  les  intelligences  &  les  petits 
dieux  de  la  Province.  » 

'(  Tout  cela,  dit  bonnement  un  annaliste,  n'était 
que  devoir  &  compliment.  » 

'  En  i553,  les  Etats  de  Languedoc  obtinrent  la 
permission  de  faire  informer  au  conseil  du  roi 
des  parentés  &  alliances  qui  étaient  entre  les  di- 
vers officiers  du  Parlement  de  Toulouse. 

Il  résulte  des  informations  recueillies  par  leurs 
soins  que  le  premier  président  Jehan  de  Mansen- 
cal  se  trouvait  allié  avec  tous  les  présidents,  avo- 
cats 8t  procureurs  généraux  de  la  Cour  &  que  les 
principales  familles  parlementaires  se  rattachaient 
les  unes  aux  autres  par  un  grand  nombre  de  ma- 
riages '.  Depuis  le  seizième  siècle, ces  liens  n'avaient 
fait  que  se  resserrer. 


'  Harangue  de  Pierre  d'Espaigne,  le  i3  décembre  1642. 
Ann.  ms.  VII,  p.  35o. 

"  Harangue  de  Pierre  d'Aure,  le  i3  décembre  1634. 
Ann.  ms.  Vil,  p.  8. 


'  Harangue  de  Pierre  Pol  de  Martres,  i636.Ann.  ms.  Vil, 
p.  104. 

'  Archives  de  Toulouse.  A/s.  1S6.  Actes  politiques  a 
administratifs,  p.  102. 


~ i38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

valoir  les  députés  de  la  cour  auprès  du  roi  Louis  XIII  pour  s'opposer  à  la 
création  d'un  nouveau  parlement  projeté  à  Nimes.  Cette  mesure,  qui  n'était 
qu'une  application  nouvelle  du  principe  suivi  par  les  rois  en  multipliant  les 
grands  corps  judiciaires,  afin  de  mettre  le  tribunal  d'appel  plus  à  portée  des 
justiciables,  fut  représentée  par  les  magistrats  toulousains  comme  «  la  perte 
&  l'ignominie  de  la  plus  vertueuse  compagnie  du  royaume.  »  Ils  ne  crai- 
gnaient pas  d'ajouter  que  «  si  l'on  retranchait  la  moitié  de  son  ressort,  le 
Parlement  se  verrait  peut-être  contraint  d'augmenter  de  moitié  les  épices 
des  procès,  ce  qui  rendrait  la  justice  tellement  chère  que  les  sujets  du  roi  ne 
pourraient  plus  la  demander  8c  la  poursuivre  sans  ruiner  leurs  familles  '.  » 
Le  Parlement  de  Toulouse  oubliait  qu'il  avait  été  lui-même,  dans  l'origine, 
un  démembrement  du  Parlement  de  Paris  Se  que  la  royauté  obéissait  à  une 
pensée  très-logique  &  très-équitable  en  rapprochant  de  plus  en  plus  les  juges 
des  plaideurs,  suivant  le  vœu  exprimé  par  les  populations  dans  leurs  cahiers 
de  doléances. 

Ils  dénonçaient  toute  nouvelle  création  de  ressorts  comme  un  mauvais 
traitement,  &  s'excusaient  de  n'avoir  commis  aucune  faute  pour  le  mériter, 
comme  si  les  institutions  judiciaires  avaient  pour  but  principal  la  satisfaction 
personnelle  des  magistrats  ^. 

Avec  ces  dispositions,  il  n'est  pas  surprenant  que  le  Parlement  se  crût  en 
droit  d'attendre  beaucoup  de  l'inévitable  réaction  d'une  régence,  &  qu'il  se 
rencontrât  ainsi,  dans  ses  espérances  démesurées,  avec  le  parti  féodal,  malgré 
la  contradiction  fondamentale  de  leurs  visées. 

En  attendant  que  le  nouveau  roi  les  honorât,  comme  ils  disaient,  de  ses 
commandements,  les  parlementaires  eurent  d'abord  à  cœur  de  faire  sentir 
leur  autorité  au  corps  de  ville  de  Toulouse.  Cette  municipalité,  placée  direc- 
tement sous  la  main  de  la  cour,  n'était  pas,  comme  celles  des  autres  villes 
de  la  Province,  protégée  par  la  distance  contre  l'action  d'un  patronage 
tracassier,  &t  c'est  à  ses  dépens  que  s'exerçait  la  mauvaise  humeur  de  la 
compagnie,  trop  dépourvue  de  moyens  d'action  extérieurs  pour  imposer  la 
soumission  en  dehors  de  sa  résidence.  Le  Conseil  de  ville,  à  la  première 
nouvelle  de  la  mort  du  roi,  n'avait  pas  perdu  un  moment  pour  s'inquiéter 
de  la  confirmation  de  ses  privilèges  3,  «  grandement  ébréchés  par  les  malheurs 


'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  étaient  attachés  à  la  qualité  d'habitant  de  la  ville, 

II,  p.   117.  d'autres  appartenaient  au  corps  entier  de  la  bour- 

'  «  Qu'il  plaise  à  Votre  Majesté  de  ne  permet-  geoisie,  tenant  la  place  de  l'ancienne  commune, 

tre  pas  que,  par  cet  établissement  qui   n'a   point  &    les   derniers  se  restreignaient  aux   seuls  capi- 

d'exemple  &  qui  semble  être  une  peine,  on  veuille  touls. 

ôter  à  votre  Parlement  l'honneur  d'avoir  toujours  Les   premiers   comprenaient   le   droit   de   n'être 

bien  servi  '.  «  jamais  cité  en  justice  hors  de  la  ville,  la  dispense 

'    Parmi    les    privilèges    de   Toulouse,    lei    uns  de  l'impôt  de  circulation  connu  sous   le  nom  de 

leude   &  péage,  l'exemption    des   tailles,    moyen- 
nant   une    somme    annuelle    de   deux    mille  cinq 

'  Harangue  du  premier  président  au  Roi  Louis  XIII  en  _„„  r        -             „             j     ,«         .'^..i    u   Ji 

,,„    ,,  ,"   r    .    ii   ,,     ,'       ,.                         .         ,    ■     If  cents  francs  pour  marque  de  souveraineté,  la  de- 

l538.  Malcnfant,  Collections  4-  remarques  au  palais,  II,  r                n                                    ' 

p.  i3i.  charge  du    taillon    &  l'exemption  du    service    de 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  .     i3n  7T 

/  1643 

des  guerres,  «  suivant  l'expression  du  capitoul  Pierre  d'Espaigne.  Mais  pour 
nommer  les  six  députés  qui  devaient,  au  nom  de  la  commune,  «  aller  saluer 
le  roi,  lui  faire  l'hommage  Se  prêter  le  serment  de  fidélité,  »  il  fallait  rassem- 
bler le  conseil  général,  ce  que  les  capitouls  ne  pouvaient  faire  sans  permis- 
sion de  la  cour,  le  Parlement  s'étant  arrogé,  par  amplification  de  pouvoirs, 
ce  droit  d'autorisation  que  possédaient  autrefois  les  sénéchaux,  agents  plus 
directs  8t  plus  sûrs  de  l'autorité  royale.  Par  trois  fois,  à  plusieurs  jours  d'in- 
tervalle, les  magistrats  municipaux  durent  se  rendre  processionnellement  au 
palais,  d'où  l'on  se  plaisait  à  les  renvoyer,  sans  solution,  après  de  longues 
attentes  sur  le  palier,  81  des  refus  majestueux,  prononcés  en  audience,  dans 
la  chambre  dorée. 

Le  Parlement  avait  fixé  au  i5  juin  la  grande  solennité  des  honneurs 
funèbres  de  Louis  XIII  j  mais  il  n'attendit  pas  d'avoir  accompli  cette  céré- 
monie, où  toutes  les  corporations  de  la  ville  devaient  figurer,  pour  entre- 
prendre une  attaque  en  règle  contre  l'héritage  importun  de  Richelieu, 
l'institution  des  intendants. 

Le  principal  défaut  des  intendants,  aux  yeux  de  la  cour  souveraine,  était 
d'avoir  été  précisément  créés  pour  restreindre  l'autorité  envahissante  dont  les 
compagnies  judiciaires  disposaient  depuis  les  guerres  civiles,  d'exercer  leurs 
fonctions  en  vertu  d'une  simple  commission  royale,  d'être  entièrement  affran- 
chis de  la  tutelle  Sx.  du  contrôle  parlementaire.  Se  de  prendre,  dans  l'adminis- 
tration de  la  Province,  le  rôle  prépondérant  que  remplissaient  les  ministres 
dans  la  gestion  des  affaires  générales  de  l'État. 

Il  était  depuis  longtemps  d'usage  que  des  maîtres  des  requêtes,  envoyés  en 
chevauchée  à  travers  le  royaume,  obtinssent  du  roi  une  compétence  d'excep- 
tion dans  les  ressorts  judiciaires  qu'ils  visitaient.  Les  cours  souveraines  en 
étaient  toujours  émues,  mais  la  haute  situation  des  personnages  St  surtout 
le  caractère  accidentel  St  purement  transitoire  de  leur  mission  faisaient 
accepter  cette  dérogation  au  droit  commun  que  l'on  pouvait,  dans  une  cer- 

baii   &  arr'ière-lan  pour  les  propriétaires  de  fiefs  ils    s'appliquaient    soit   à    leurs    fonctions    soit  à 

nobles,  ou  du   moins   la  conversion   de  ce  devoir  leurs   personnes.   Les   premiers  étaient  le  droit  de 

en   un  (impie  service  de  garde  urbaine  en  cas  de  garde  de  la   ville,    la    juridiction   civile  &  crimi- 

gucrre.  nelle  dans  les  limites  du  gardiageou  banlieue,  les 

Comme  privilèges  du  corps  de  ville  ou  de  bour-  pouvoirs  de  police,  la   surveillance  du   commerce 

geoisie,    on    comptait    la    propriété    du    consulat,  des  vivres  &  des  denrées,  le  scel  rigoureux,  la  fa- 

c'est-i-dire   d'une   magistrature   municipale   élec-  culte  d'entretenir   huit  sergent»  pour   l'exécution 

tive,  le  droit  d'exiger    le  serment  des  sénéchaux,  des  actes  judiciaires   &    une    petite   troupe  armée 

juges-mages    &    viguiers    lors    de    leur    entrée    en  pour  le  maintien  de  l'ordre. 

chargcj  la  propriété  des  droits  d'encan  &  de  poids  Les  privilèges  personnels  comprenaient  l'ano- 
public,  de  commutation  ou  d'octroi,  de  visite  des  blissement  héréditaire  résultant  de  la  charge  même 
draps,  de  quart  du  vin;  le  pouvoir  de  lever  des  de  capitoul,  le  droit  de  n'être  pas  soumis  à  la 
impôts  sur  les  habitants  sous  l'autorisation  du  question,  étendu  aux  femmes  &  enfants  des  ma- 
Parlement  en  l'absence  du  gouverneur,  &  enfin  la  gistrats  municipaux,  le  droit  de  ne  pouvoir  être 
faculté  d<  produire  en  justice  de  simples  colla-  incarcéré  pour  les  dettes  de  la  ville  8c  celui  de 
tionnés  des  titres  anciens  (oui  la  signature  d'un  faire  juger  let  affaires  particulières  à  la  grand- 
secrétaire  du  Roi.  chambre  &  non  à  la  tournelle,  comme  le  commun 

Quant  aux  pritilégts  particuliers  des  capitouls,  des  plaideurs,  pendant  l'exercice  du  capitoulat. 


~^ 140  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC.  , 

talne  mesure,  considérer  comme  une  intervention  personnelle  du  roi ,  venant 
s'assurer  par  lui-même  de  l'exécution  de  ses  ordonnances. 

La  nouveauté  parut  autrement  dure  &  difficile  à  supporter  aux  officiers 
du  Parlement,  lorsque  ces  fonctions  furent  devenues  permanentes,  Se  qu'au 
lieu  d'une  sorte  d'inspection  ambulatoire  on  vit  naître  un  pouvoir  territorial 
ayant  son  ressort  déterminé. 

Le  Parlement,  qui  comprenait  toute  la  gravité  de  l'innovation,  fit  des 
efforts  désespérés  pour  la  combattre.  Usant  de  son  procédé  ordinaire,  il 
comptait  soumettre  la  commission  royale  de  l'intendant  de  justice  aux  for- 
malités de  l'enregistrement,  ce  qui  était  une  manière  de  lui  dénier  indéfini- 
ment la  liberté  d'agir;  sous  prétexte  de  la  transcription  dans  ses  registres, 
qui  n'était  d'abord  qu'une  constatation  de  publicité,  le  Parlement  avait  fini 
par  s'attribuer  un  droit  de  contrôle  sur  les  actes  du  pouvoir  souverain.  Il  en 
discutait  le  texte,  en  pesait  les  clauses,  8c  ne  se  faisait  pas  faute  de  suspendre 
l'effet  de  la  volonté  royale  par  un  refus  d'enregistrement,  lorsque  les  intérêts 
particuliers  de  la  cour  lui  semblaient  lésés. 

On  ne  manqua  pas  d'user  de  cette  méthode  à  l'encontre  des  intendants; 
mais  ni  les  mémoires,  ni  les  remontrances,  ni  les  députations  de  présidents 
&  de  conseillers  n'avaient  pu  prévaloir  contre  la  volonté  arrêtée  du  gouverne- 
ment, tant  que  Richelieu  en  dirigea  la  politique.  Le  cardinal  avait  résolu  de 
cantonner  étroitement  les  cours  dans  le  domaine  de  la  justice  distributive, 
&  il  voulait  à  tout  prix  avoir  directement  sous  la  main  du  roi  des  agents 
révocables,  non  propriétaires  de  leurs  charges,  &  non  liés  par  des  intérêts 
collectifs. 

Comme  la  misère  du  pays  était  grande,  que  les  nécessités  de  la  guerre 
imposaient  d'énormes  dépenses,  que  les  levées  des  impôts  se  faisaient  avec 
une  rigueur  impitoyable,  les  sujets  de  mécontentement  ne  manquaient  pas; 
8c,  sans  s'inquiéter  si  ses  propres  privilèges,  réels  ou  faux,  dont  il  était  très- 
jaloux,  ne  contribuaient  pas  à  rendre  les  charges  publiques  plus  lourdes,  le 
Parlement  s'empressa  de  tirer  parti  du  malheur  des  temps  pour  renouveler 
contre  les  nouveaux  pouvoirs  administratifs  la  lutte  qu'avaient  découragée  les 
invincibles  résistances  de  Richelieu.  Les  désordres  survenus  à  Villefranche 
de  Rouergue  8c  dans  quelques  autres  lieux  du  ressort,  à  propos  de  la  per- 
ception des  tailles,  lui  en  fournirent  l'occasion.  Ce  furent  les  officiers  des 
enquêtes  qui  donnèrent  le  branle  dès  le  4  juin.  Deux  de  ces  conseillers, 
Julliard  8c  Vedelly,  vinrent  ce  jour-là  demander  l'assemblée  des  chambres, 
pour  y  traiter  «  d'affaires  importantes  au  service  du  roi,  au  bien  de  ses 
sujets  8c  au  soulagement  de  la  Province.  » 

«  L'assemblée  des  chambres,  »  c'est  toujours  par  là  qu'avaient  préludé 
les  coups  d'État  parlementaires  au  temps  des  guerres  civiles,  c'était  le  mot 
d'ordre  des  ligueurs  de  Toulouse  quand  ils  réclamaient  de  la  cour,  en 
hurlant  devant  l'hôtel  du  président  Duranti ,  une  sorte  d'oracle  politique 
contre  les  droits  d'Henri  III  à  la  couronne.  Dans  ces  réunions  solennelles, 
lorsqu'elles   n'étaient  pas   de   pures  cérémonies  décoratives,  comme  il  arri- 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  141 

vait  le  plus  souvent,  les  officiers  du  Parlement  oubliaient,  plus  aisément 
qu'ailleurs,  leurs  rôles  de  juges,  pour  jouer  aux  États  généraux  en  perma- 
nence 8c  se  poser  en  conseil  de  gouvernement. 

L'assemblée  fut  tenue  le  lendemain.  Julliard,  qui  était  le  plus  ancien  con- 
seiller des  enquêtes,  exposa  l'objet  de  la  réunion,  bien  que,  d'après  l'usage, 
ce  fût  aux  présidents  de  porter  la  parole  en  pareilles  circonstances.  «  Mes- 
sieurs des  enquêtes  avaient,  dit-il,  estimé  qu'il  était  de  l'honneur  du  Parle- 
ment &.  digne  de  la  protection  due  par  la  cour  à  ses  ressortables,  de  faire 
des  supplications  8c  remontrances  au  roi  sur  les  oppressions  que  reçoivent  ses 
sujets.  »  Il  rappela  les  exécutions  à  main  armée  qui  se  faisaient  dans  la  Pro- 
vince pour  la  levée  des  tailles,  les  traités  que  certains  partisans  avaient  conclus 
avec  le  roi  au  prix  de  cinquante  mille  livres  pour  des  arrérages  de  quatre 
années  dont  la  somme  totale  s'élevait  à  plus  de  douze  cent  mille.  11  rejeta 
sur  les  intendants  la  responsabilité  des  désordres  qui  se  produisaient  en 
diverses  régions,  affectant  de  croire  que  l'exécution  des  arrêts  du  Conseil, 
des  commissions  extraordinaires  8c  des  édits  non  vérifiés  en  parlement,  cau- 
sait seule  le  malaise  8c  le  mécontentement  des  peuples.  Il  qualifia  de  voleries 
les  perceptions  qui  étaient  faites  par  les  commissaires  du  grand  sceau.  Les 
extorsions  qui  se  renouvelaient  chaque  jour  mettaient  le  pays  dans  l'im- 
puissance de  payer  la  taille  royale  8c  les  autres  sommes  nécessaires  pour  la 
subsistance  des  troupes.  En  vue  de  remédier  à  ces  maux,  il  demandait  que 
le  Parlement  suspendît  l'exercice  de  toutes  les  commissions  8c  de  tous  les 
édits  non  vérifiés,  8c  jusqu'à  nouvel  ordre  ce  qui  restait  encore  à  faire  de 
l'exécution  des  édits  vérifiés. 

Le  but  avoué  de  cette  mesure  était  d'empêcher  la  propagation  des  sou- 
lèvements qui  venaient  d'éclater  à  Villefranche  de  Rouergue  81  dans  les 
environs. 

La  cour  ne  se  dissimula  point  la  gravité  de  la  décision  qu'on  lui  pro- 
posait 8c  ne  fit  pas,  sans  de  longues  hésitations,  le  premier  pas  dans  la  voie 
périlleuse  des  extensions  de  pouvoir.  Les  débats  furent  très-vifs  Se  remplirent 
quatre  matinées. 

Les  magistrats  les  plus  audacieux  faisaient  valoir  l'opportunité  de  la 
régence  :  un  roi  de  quatre  ans,  une  femme  à  la  tête  des  affaires,  tous  les 
princes  du  sang  dans  le  Conseil  ;  quel  moment  mieux  choisi  pour  faire 
arriver  au  pied  du  trône  le  bruit  des  souffrances  du  peuple?  Il  était  temps  de 
révéler  à  Leurs  Majestés  ce  que  la  puissance  des  ministres  n'avait  pas  permis 
de  faire  entendre  au  roi  Louis  XIII.  On  ne  devait  point  laisser  échapper 
l'occasion  qui  s'offrait  d'aborder  le  souverain  sans  avoir  à  craindre  les  empri- 
sonnements. Mais  comme  l'effet  des  remontrances  demandait  du  temps,  on 
ne  voulait  pas  s'en  tenir  aux  supplications  8c,  en  attendant,  on  réclamait  que 
toutes  les  levées  d'impôts  extraordinaires  fussent  interrompues. 

La  vérification  des  commissions  par  la  cour  était  déclarée  indispensable 
8c  conforme  à  l'ordre  ancien.  C'est  «  seulement  depuis  quelques  années  » 
qu'il  avait  été  contrevenu  à  ce  principe  salutaire  «  par  des  gens  de  peu,  qui 


1643 


~^ 142  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

se  prévalaient  de  la  nécessité  de  l'État  pour  extorquer  de  la  bonté  du  roi  St 
de  son  Conseil,  par  d'abominables  &  damnables  inventions,  w  des  arrêts, 
édits  ou  commissions  qui  ruinaient  le  royaume. 

On  s'apitoyait  sur  la  détresse  des  campagnes  qui  était  véritablement 
aft'reuse.  L'émigration  les  dépeuplait  journellement j  la  misère  des  villes, 
où  l'on  multipliait  les  taxes,  n'était  pas  moins  déplorable.  On  accusait  les 
traitants  de  lever  cinquante  écus  à  leur  profit  particulier  pour  en  faire  peut- 
être  entrer  un  dans  les  coffres  du  roi.  Aussi,  non-seulement  voulait-on  sus- 
pendre tout  ce  qui  se  faisait  en  vertu  d'édits  non  vérifiés,  mais  interrompre 
l'exécution  des  édits  enregistrés  par  la  cour. 

On  faisait  valoir,  pour  expliquer  la  hardiesse  du  procédé,  qu'après  la  mort 
d'Henri  IV,  en  1610,  la  régente  supprima  d'un  seul  coup  cinquante-quatre 
édits  ou  commissions  extraordinaires  en  cours  d'exécution. 

D'autres  conseillers,  plus  prudents,  combattaient  l'idée  d'un  arrêt  de  sur- 
séance. Ils  ne  méconnaissaient  pas  les  souffrances  éprouvées  par  les  peuples  8c 
partageaient  le  désir  d'y  remédier;  mais  ils  n'ignoraient  pas  les  besoins  de 
l'État  :  la  nécessité  d'y  maintenir  plusieurs  armées  sur  pied,  l'épargne  vide. 
N'avait-on  pas  lieu  de  craindre  qu'en  telle  conjoncture  une  suspension  des 
levées  d'impôt  ne  fût  fâcheusement  interprétée  à  Paris?  Ne  suffirait-il  pas  de 
confier  aux  députés  chargés  de  présenter  au  roi  les  soumissions  de  la  cour  le 
soin  d'obtenir,  par  leurs  supplications,  le  soulagement  des  peuples  &  la  révo- 
cation des  commissions  extraordinaires? 

Le  Parlement  n'avait  pas  rendu  d'arrêt,  lorsque  le  jeune  roi  Louis  XIII 
&  la  reine  Marie  de  Médicis  annulèrent  de  leur  plein  gré  les  cinquante- 
quatre  édits  dont  on  citait  l'exemple. 

Le  premier  président  Bertier  de  Montrabe,  formé  à  l'école  de  Richelieu, 
&  peu  favorable  aux  coups  de  tête  des  compagnies  judiciaires,  parla  forte- 
ment, &  avec  de  savantes  raisons,  pour  limiter  l'action  de  la  cour  à  des 
remontrances,  sans  aucun  arrêt  suspensif. 

Mais  ses  arguments  ne  prévalurent  pas  contre  l'emportement  de  la  majorité, 
&  l'arrêt  de  surséance  fut  rendu  le  8  juin. 

L'exposé  des  motifs  mentionnait  d'abord  les  attroupements  de  Villefranche 
de  Rouergue,  «  ces  esprits  factieux  prétextant  leurs  entreprises  sur  les  indues 
«  vexations,  foules  &  oppressions  qu'ils  disent  souffrir  de  l'exécution  de 
«  divers  édits,  commissions  extraordinaires  St  taxes  faites  en  conséquence, 
<(  pour  lesquelles  on  exerce  toute  sorte  de  violences  sur  eux  5i  sur  leurs  biens, 
<(  ils  se  disent  ainsi  rendus  impuissants  de  payer  les  deniers  royaux  nécessaires 
«  pour  entretenir  les  armées  8c  pour  parvenir  à  la  conclusion  de  la  paix.  » 
Le  rédacteur  ajoutait  que  ces  commissions  non  vérifiées  ne  donnaient  au 
roi  aucun  secours  considérable,  8c  retardaient  seulement  la  levée  des  deniers 
ordinaires,  8c  qu'il  fallait  ôter  prétexte  aux  autres  villes  du  ressort  de  suivre 
l'exemple  pernicieux  donné  par  le  Rouergue,  en  sollicitant  du  roi  la  révo- 
cation de  tous  les  édits  ou  arrêts  non  vérifiés,  8c  suspendant  les  opérations 
commencées. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  143 

On  n'osa  pas  inscrire  dans  l'arrêt  que  la  cour  interrompait  môme  l'exécu- 
tion des  édlts  vérifiés  par  elle.  Mais  on  en  fit  l'objet  d'un  retentum  ou  article 
secret,  que  le  greffier  Malenfant  appelle  en  son  langage  u  un  tacite  sénatus- 
consulte.  » 

Bertier  de  Montrabe  signa  l'arrêt,  mais  avec  la  formule  ex  deliberatïone 
curiae,  qui  marquait  son  obéissance  &  dégageait  sa  responsabilité. 

La  pièce  fut  immédiatement  imprimée  &  envoyée  dans  tous  les  bailliages 
Si.  judicatures  du  ressort,  où  elle  causa  une  véritable  révolution.  Des  soulè- 
vements populaires  se  produisirent  sur  plusieurs  points'.  Un  collecteur  fut 
égorgé  à  Toulouse;  un  autre,  à  Lavaur,  n'échappa  qu'avec  peine  aux  ressen- 
timents de  la  foule.  La  perception  des  impôts  se  trouva  partout  suspendue; 
les  commis,  effarés,  menacés  de  mort,  sollicitaient  de  tous  côtés  des  lettres 
de  sauvegarde  de  l'intendant.  Le  bruit  se  répandait  que  toutes  les  commis- 
sions extraordinaires  étaient  révoquées,  61  que  le  Parlement  allait  redevenir 
l'unique  dominateur  de  la  Province. 

Le  i3  juin,  la  cour  résolut  d'enregistrer,  sans  observations,  les  lettres- 
patentes  du  3i  mai  qui  confirmaient,  d'une  façon  indirecte,  la  cassation  du 
testament  de  Louis  XIII,  tout  en  invoquant,  dans  le  préambule,  «  la  volonté 
du  défunt  roi,  »  confiaient  à  la  reine  Anne  d'Autriche  le  soin  8c  l'éducation 
de  la  personne  du  jeune  prince,  avec  «  l'administration  absolue,  libre  & 
entière  des  affaires  du  royaume  pendant  sa  minorité,  »  nommaient  le  duc 
d'Orléans  lieutenant  général  en  toutes  les  provinces  &  chef  de  tous  les 
conseils,  lui  substituant,  en  cas  d'absence,  le  prince  de  Condé,  avec  faculté 
pour  la  régente  de  choisir  elle-même  ses  conseillers,  «  sans  être  obligée  de 
suivre  la  pluralité  des  voix  ^.  » 

Le  service  funèbre  prescrit  par  le  Parlement  fut  célébré  à  Toulouse  avec 
un  grand  déploiement  de  magnificence. 

Ces  sortes  de  cérémonies  n'étaient  pas  seulement  pour  les  compagnies  qui 
les  ordonnaient  un  moyen  de  faire  valoir  leur  zèle  auprès  du  nouveau  mo- 
narque expressément  informé  de  la  richesse  des  apprêts;  c'était  aussi  une 
occasion  recherchée  de  faire  étalage  de  puissance  &  d'affirmer,  par  une  mani- 
festation publique,  l'autorité  plus  ou  moins  effective  que  chaque  corps  exer- 
çait sur  une  certaine  clientèle. 

Aussi  ne  vit-on  jamais  pareille  solennité  sans  querelle  de  préséance;  8< 
le  cas  en  était  si  bien  prévu,  que  durant  les  préparatifs  du  cortège,  la 
grand'chambre  du  Parlement  se  tenait  en  audience,  prête  à  rendre  arrêt 
entre  les  plaignants. 

'    «  Del  brouillons  le  sont   servis  d'un  arrêt  du  doit  reconnoître  d'autres  ordres  que  ceux  du   Par- 
Parlement  pour  animer  8i  soulexer  le  peuple  &  le  lement '.  » 
porter  à  refuser  le  paiement  des  impositions,  prin-  '  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par- 

cipalement  au  haut  Languedoc Le  peuple  croit  lement  de  Toulouse.  Affaira  du  Rot  &  du  puilie, 

qu'en  vertu  d«  cet  arrêt  il  n'est  obligé  qu'au  paîfr-  I,  p.  38.^. 
ment  de  l'ancienne  taille  royale,  que  les  commis- 

lions  extraordinaires  8c  celles   mêmes  des   inten-  .  i   ..      j     o         .  l       ,•       ••    .    n-  ■  ■„ 

'  Lettre  de  Bosquet  au  chancelier.  Montpclhcr,  22  )um 

dantt  sont  révoquées,  &  que,  dans  la  suite  on  ne       1 5(3.  (Bibliothèque  nationale.  A/s.  Languedoc,  p.  gS.) 


1643 


—^ 144  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  dispositions  à  prendre  pour  l'ordre  du  cortège,  les  places  à  donner  aux 
assistants  dans  le  chœur  &  dans  la  nef  de  l'église  Saint-Etienne,  la  répar- 
tition des  chaises  hautes,  des  chaises  basses,  des  simples  sièges  parés  de  drap 
noir  firent  l'objet  de  longues  conférences  entre  les  commissaires  du  Parle- 
ment, ceux  de  la  ville  &.  les  membres  du  chapitre  métropolitain  '. 

On  avait  voulu  prendre  pour  règle  le  procès-verbal  des  honneurs  funè- 
bres d'Henri  IV,  dressé  par  Rudelle  &  Vedelly,  mais  nombre  d'officiers  s'en 
montrèrent  mécontents.  Les  secrétaires  de  la  chancellerie  se  firent  incorporer 
dans  le  cortège  de  la  cour,  après  les  secrétaires  évangélistes,  à  la  suite  des 
trésoriers  de  France  Si  avant  les  receveurs  généraux  des  finances.  L'Univer- 
sité, qui  marchait  primitivement  derrière  les  trésoriers  de  France  Si  devant 
les  officiers  du  sénéchal,  fut  réduite  à  se  contenter  de  la  droite,  sauf  une 
avance  de  deux  pas  du  recteur  sur  le  juge-mage  81  le  privilège  d'occuper 
toujours  la  place  d'honneur,  de  quelque  façon  que  l'on  dût  tourner  dans  les 
rues.  Il  fut  également  accordé  qu'aux  portes  le  corps  de  l'Université  passerait 
en  entier  avec  celui  du  sénéchal.  Les  maîtres  des  eaux  &.  forêts,  &  des 
ports,  8t  le  viguier  formèrent  trois  groupes  distincts,  chacun  avec  ses  subal- 
ternes, au  lieu  d'avoir,  comme  autrefois,  leurs  lieutenants  confondus  dans 
l'ordre  des  avocats.  Pour  éviter  de  régler  la  question  entre  les  procureurs  du 
sénéchal  Si  les  clercs  du  greffe,  ces  derniers  ne  furent  pas  admis. 

Il  fut  arrêté  qu'il  y  aurait  trois  deuils,  c'est-à-dire  trois  troupes  de  cent 
vingt  pauvres  chacune,  habillés  de  drap  gris  Si  portant  des  cierges  armoriés  j 
le  deuil  du  Parlement,  le  deuil  des  officiers  du  domaine.  Si  le  deuil  de  la 
ville,  chacune  de  ces  trois  corporations  fournissant  aux  dépenses  du  cortège. 

Dès  cinq  heures  du  matin,  les  bailles  ou  régents  de  chaque  corps  de  métier, 
assistés  des  six  plus  anciens  maîtres  de  leur  corporation,  se  rendirent  à  l'hôtel 
de  ville,  chacun  portant  un  flambeau  de  cire  jaune  du  poids  de  quatre  livres, 
auquel  était  attaché  un  écusson  blasonné  des  armes  du  roi  Si  des  «  douze 
points  de  Toulouse^.  » 

Le  point  de  concentration  de  tous  les  corps  laïques  était  l'enclos  du  palais; 
les  corporations  ecclésiastiques  se  réunissaient  à  Saint-Etienne. 

Les  capitouls,  jaloux  d'affirmer  leurs  prétentions  nobiliaires,  n'avaient  pas 
manqué  de  convoquer  tous  les  propriétaires  de  fiefs  qui  jouissaient  du  pri- 
vilège de  Toulouse,  c'est-à-dire  de  l'exemption  du  service  militaire,  pour 
figurera  leur  tête  dans  la  grande  revue ^j  mais,  malgré  les  termes  commina- 

'  Les  commissaires  de   la  cour  étaient  les   con-  de  ville,  la  croix  de  Toulouse,  à  douze  perles,  hé- 

leillers   d'Agret    &   Frezals,    ceux    de   la    ville,    les  ritage  héraldique  de  la  maison  de  Saint-Gilles, 

capitouls  d'Espaigne  &  Fermât  qui  se  firent   don-  '   Un   arrêt  du  Conseil  privé,  donné  à  Paris  le 

ner   quatre  aides   de  cérémonie    d'une   compétence  z   juillet  1641,  à  la  suite  d'une  grande  querelle  de 

éprouvée   pour  l'organisation  des  tentures,  Canac  la   municipalité    toulousaine  avec    le   juge-mage, 

&  Soleilhavolp,  marchands  de  soie,  Faure  &  Pois-  confirmait  expressément  aux  capitouls,  lorsque  le 

son,  marchands  drapiers'.  btn  Sa  l'arrière-ban  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse 

'  On  appelait  ainsi,  dans   le  langage  de  l'hôtel  était-convcqué  par  le  sénéchal,  le  droit  de  rendre 

ordonnance,   n  de  par   le   roi  &  d'autorité  des  ca- 

■  Archives  de  Toulouse. /l;i/i(i;«  )H(!K«scn7<?s,  VII,  p.  357.  pitouls,  »  invitant  tous  les  nobles  ou  propriétaires 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  146 

toires  de  l'ordonnance  qui  menaçait  les  absents  de  «  les  rayer  de  la  matricule 
des  nobles  »  8c  de  les  déclarer  déchus  du  privilège,  très-peu  d'anoblis  se  mon- 
trèrent exacts  au  rendez-vous.  Les  gentilshommes  n'avaient  garde  d'accepter 
pour  chefs  de  file  de  simples  magistrats  municipaux;  sans  s'inquiéter  des 
conclusions  que  le  syndic  de  la  ville  prenait  contre  eux,  ils  allèrent  grossir 
la  suite  du  marquis  d'Ambres,  l'un  des  trois  lieutenants  généraux  de  Lan- 
guedoc. 

Par  raffinement  de  dignité,  ou  peut-être  par  prudence,  le  Parlement 
n'avait  pas  fait  ouvrir  la  grande  porte,  mais  un  simple  guichet.  Le  marquis 
d'Ambres  lui-même  se  contenta  de  cette  modeste  entrée  &  dut  laisser  tous 
ses  gentilshommes  au  dehors,  la  cour  ne  lui  ayant  permis  d'introduire  avec 
lui  qu'un  écuyer  &  un  page  '.  Mais  lorsqu'arriva  la  procession  de  la  ville, 
les  capitouls  prétextèrent  du  poêle  de  velours  noir,  dont  ils  tenaient  les  cor- 
dons, pour  demander  l'ouverture  du  portail.  L'argument  ne  paraissait  pas 
décisif;  mais  pour  écarter  une  occasion  de  tumulte,  les  deux  commissaires  de 
la  cour  allèrent  en  robe  rouge  Si  chaperon  fourré  terminer  la  querelle.  La 
porte  s'ouvrit  à  deux  battants  5c  le  cortège  passa  ^. 

La  nef  Se  le  chœur  de  l'église  Saint-Etienne  avaient  été  tendus  de  drap 
noir  avec  un  lé  de  velours  où  étaient  attachés  des  cartouches  de  carton  peint 
8c  doré  aux  armes  de  France  8c  de  Navarre  :  à  l'entrée  du  sanctuaire  s'éle- 
vait une  chapelle  ardente,  dont  les  pauvres  firent  le  tour,  en  y  déposant 
leurs  flambeaux.  Sur  le  cénotaphe,  on  étendit  le  poêle  de  velours  noir,  croisé 
de  moire  d'argent,  avec  armoiries  brodées  de  soie  Se  d'or,  qui  avait  été  porté 
par  les  capitouls.  Tous  les  ornements  du  clergé  étaient  aussi  de  velours  noir 
croisé  de  moire  blanche  avec  les  mêmes  écussons  en  broderie.  Ce  fut  l'évcque 
de  Rieux,  Jean-Louis  de  Bertier,  qui  célébra  la  messe;  l'oraison  funèbre  fut 
prononcée  par  le  chanoine  Dutour. 

Le  marquis  d'Ambres,  drapé  d'un  grand  manteau  noir,  8c  portant  le  collier 
d'orfèvrerie  de  l'ordre  du  Saint-Esprit,  avait  pris  place  entre  le  premier  8c  le 
second  président. 


1643 


de  fiefs,  qui  habitaient  la  ville,  à  présenter  les 
aveux  &  dénombrements  de  leurs  biens  féodaux  à 
l'hôtel  de  ville  pour  y  voir  déierminer  la  nature 
du  service  militaire  auquel  leurs  possessions  Us 
obligeaient.  Ils  devaient  aussi  venir  en  équipage 
de  guerre,  chacun  selon  ses  obligations,  dans  la 
cour  de  la  maison  commune  pour  y  être  passés  en 
revue  '. 

'  Les  lieutenants  généraux  étaient  aux  yeux  du 
Parlement,  une  puissance  rivale;  ce  qui  leur  res- 
tait de  caractère  féodal  les  rendait  suspects,  &  le 
droit  qu'ils  avaient  de  représenter  la  personne  du 
roi  excitait  bien  des  jalousies.  La  Cour  de  Tou- 
louse qui  affectait  de  se  considérer  comme  déposi- 
taire exclusive  du    pouvoir  souverain    n'avait   pu 


souffrir  sans  amertume  des  aphorismes  dans  le  goût 
de  ceux  que  le  capitoul  d'Aure  adressait,  en  1634, 
au  marquis  d'Ambres  : 

«  Lei  lieutenants  généraux  sont  les  yeux  par 
lesquels  le  roy  voit  à  plein  Testât  de  ses  provinces, 
la  nécessité  de  ses  sujets,  &  les  trésors  qui  lui  sont 
inconnus. 

Cl  Ils  sont  la  langue  de  sa  bouche  sacrée,  &  la 
voix  immortelle  qui  fiiit  résonner  les  monuments 
de  sa  grandeur,  la  justice  de  ses  actions  &  les  mi- 
racles de  ses  vertus  '.  » 

Les  trois  lieutenants  généraux  de  Languedoc 
étaient  en  1643  le  comte  de  Tournon,  le  vicomte 
d'Arpajon  &  le  marquis  d'Ambres. 

'  Annules  manuicrites^  VII,  p.  362. 


Annales  manuscrites,  VII,  p.  3i2. 
XIII. 


'  Ann:ttei  ni.in:iscrilcs,  VI,  p.  1 1 


,^3         '4^  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  lendemain  de  cette  cérémonie,  la  déclaration  de  régence  d'Anne  d'Au- 
triche fut  enregistrée  au  Parlement  avec  grande  pompe,  en  présence  de  tous 
!c3  ordres  de  la  ville.  Si  l'on  chanta  le  Te  Deum,  après  vêpres,  à  la  cathé- 
drale. 

Le  2  1,  il  y  eut  nouvelle  procession  en  l'honneur  du  joyeux  avènement. 
L'évêque  de  Rieux  était  sous  le  dais  dont  les  capitouls  portaient  les  bâtons. 
Toutes  les  châsses  de  Saint-Sernin  sortirent.  Pendant  que  les  bourgeois  du 
corps  de  ville  attendaient  les  religieux  dans  la  sacristie  de  l'église  abbatiale, 
arriva  un  gentilhomme  en  poste  avec  des  lettres  du  maréchal  de  Schomberg. 
Le  bruit  courait  à  Paris  que  Toulouse  était  révoltée,  &  le  gouverneur  de  la 
Province  demandait  aux  capitouls  ce  qu'il  en  devait  croire.  On  décida  séance 
tenante  qu'il  serait  écrit  à  Ta  reine,  au  duc  d'Orléans  &  au  maréchal,  &  la 
cérémonie  continua.  Un  feu  de  joie  termina  la  fête;  pendant  la  nuit,  les 
fenêtres  furent  illuminées.  On  promena  l'envoyé  du  maréchal  à  travers  les 
rues,  oîi  des  flammes  brillaient  devant  toutes  les  portes,  afin  qu'il  pût  rendre 
témoignage  de  la  fidélité  du  pays  '. 

La  précaution  n'était  point  inutile,  car  les  premières  démarches  du  Parle- 
ment de  Toulouse  avaient  produit  à  Paris  la  plus  mauvaise  impression;  &  la 
foudre  venait  d'éclater  au  Conseil  d'État. 

L'intendant  de  Montauban,  La  Perrière,  maître  des  requêtes,  &  les  divers 
commissaires  du  grand  sceau  dans  le  ressort  de  la  cour,  s'étaient  empressés 
d'écrire  aux  ministres  &  de  leur  dénoncer  l'attitude  séditieuse  des  parlemen- 
taires; un  mémoire  très-violent  contre  leurs  prétentions  circulait  dans  le  pays. 
Le  i8  juin,  le  Conseil  du  roi,  où  siégeaient  le  jeune  prince  &  la  reine-mère, 
décida  de  couper  court  aux  entreprises  par  une  action  d'éclat,  cassa  l'arrêt 
du  8  juin  S<.  détendit  à  la  cour  de  se  mêler  à  l'avenir  des  affaires  d'impôts, 
avec  ordre  aux  intendants  de  continiier  leur  service. 

Les  termes  de  l'arrêt  étaient  très-sévères.  Le  Conseil  du  roi  reprochait 
«  aux  gens  tenant  le  Parlement  de  Toulouse  «  d'avoir  formé  des  assemblées 
pour  traiter  du  fait  des  tailles  &  de  la  levée  de  divers  impôts  extraordinaires 
&  d'avoir,  en  essayant  de  les  arrêter,  commis  une  entreprise  manifeste  & 
agi  au  préjudice  de  son  autorité.  11  les  accusait  de  retarder  le  payement  des 
tailles,  «  ce  qui  est  de  très-mauvais  exemple  5i  de  dangereuse  conséquence; 
«  outre  que  sous  tels  prétextes  les  peuples  sont  excités  à  s'émouvoir  &  s'éloi- 
«  gner  de  l'obéissance  qu'ils  doivent  à  Sa  Majesté  Si  de  l'obligation  qu'ils 
«  ont  de  contribuer  aux  charges  publiques  &  aux  nécessités  de  l'État.  » 

Par  un  article  spécial,  défense  était  faite  à  tous  agents  de  l'autorité  d'obéir 
aux  arrêts  que  le  Parlement  de  Toulouse  pourrait  donner  en  matière  d'impôts. 

Cet  arrêt,  que  La  Perrière  fit  signifier  au  Parlement,  fut  lu  devant  les 
chambres  assemblées  le  i5  juillet.  La  cour  répliqua  immédiatement,  en 
ordonnant  des  remontrances  particulières  pour  le  fait  même  de  l'acte  qui 
venait  de  la  frapper. 

■  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  II,  p.  3o5. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN. 


147 


1643 


Comme  d'habitude,  elle  supposa  que  la  religion  du  Conseil  avait  été  sur- 
prise, attribuant  sa  mésaventure  à  «  certain  libelle  diffamatoire,  injurieux 
Se  contraire  à  son  honneur.  »  Elle  se  déclarait  surtout  blessée  du  reproche 
d'avoir  excité  les  peuples  à  sédition.  «  Ses  délibérations  &  arrêts  n'ont  jamais 
été  noircis  de  mouvements  &  desseins  si  pernicieux  &  si  damnables,  tous  ses 
officiers  ayant  au  contraire  exposé  leur  vie  pour  réprrmer  les  séditions  8<. 
punir  l'audace  des  coupables,  » 

Le  3o  juillet,  la  cour  se  vengea  sur  le  «  libelle  diffamatoire  »  en  le  faisant 
brûler  par  la  main  du  bourreau,  avec  l'assistance  des  capitouls.  Elle  prescrivit 
une  enquête  pour  en  connaître  l'auteur,  par  publication  de  chefs  de  moni- 
toire  dans  les  églises  de  Toulouse,  de  Montauban  8c  d'autres  villes,  8c 
enjoignit  à  tous  les  détenteurs  de  la  pièce  de  la  déposer  au  greffe,  sous  peine 
d'être  punis  comme  s'ils  l'avaient  faite.  Le  Parlement  attachait  tant  d'impor- 
tance à  faire  disparaître  les  copies  de  ce  document  que  l'annaliste  du  palais, 
Malenfant,  ne  crut  pas  pouvoir  se  permettre  de  le  reproduire'. 

Tandis  que  ces  tentatives  de  réaction  parlementaire  s'accomplissaient  dans 
le  Midi,  de  violents  efforts  étaient  faits  auprès  de  la  régente  pour  l'entraîner 
dans  une  politique  absolument  contraire  à  celle  de  Richelieu. 

Le  jour  même  où  le  Parlement  de  Toulouse,  en  robes  de  cérémonie,  célé- 
brait les  funérailles  de  Louis  XIII,  Conrart  signait,  au  Conseil  du  roi,  un 
privilège  en  faveur  de  Simon  du  Cros,  de  Béziers,  qui  avait  composé  une 
biographie  du  dernier  duc  de  Montmorency*. 

Cet  ouvrage,  qui  existait  en  manuscrit  depuis  près  de  dix  ans,  ayant  été 
commandé  à  l'auteur  par  la  veuve  de  l'illustre  supplicié^,  demeura,  jusqu'à 
la  mort  de  Louis  XIII,  comme  pièce  de  cabinet,  entre  les  mains  de  la 
duchesse,  avec  les  autres  souvenirs  qu'elle  conservait  de  son  mari. 

Quand  le  cardinal  Se  le  roi  eurent  expiré.  Madame  de  Montmorencv 
fit  présenter  à  la  reine  les  vœux  qu'elle  faisait  pour  la  prospérité  de  sa 
régence.  Anne  d'Autriche,  cjuc  l'événement  de  Toulouse  avait  beaucoup 
émue,  répondit  au  gentilhomme  qui  lui  apportait  ce  message  :  «  Je  pren- 
drais grand  plaisir  de  témoigner  mon  affection  à  Madame  de  Montmorencyj 


'  II  Et  parce  qu'il  a  été  fait  mention  ci-dessus 
d'un  libelle  diffamatoire  contre  l'honneur  du  Par- 
lement, lequel  j'eusse  ici  inséré  quoique  très-mal 
fait  &  mal  dressé  par  quelque  personne  ignorante, 
mais  pleine  de  malice,  n'était  que  par  l'arrêt  de  la 
Cour  qui  fut  rendu  sur  le  sujet  d'icelui  il  est  dé- 
fendu d'en  garder  aucune  copie '  ». 

•  Histoire  de  la  vie  de  Henry,  dernier  dvc  de 
Montmorency ,  contenant  tout  ce  ju'il  a  fait  de 
plus  remarquable  depuis  sa  naissance  jusque;  a  sa 
mort.  A  Paris,  chez  Antoine  de  Sommaville,  en  la 
galerie  des  Mercier»,  à  l'Escu  de  France,  &  Avgvs- 

■Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  II, 
p.  340. 


tin  Covrbé,  en   la  mesme  galerie,  à  la   Palme  (au 
Palais.  M.  DC.  XLIII). 

'  Simon  du  Cros  qui  avait  été  attaché  à  la  per- 
sonne de  Montmorency  pendant  les  quatre  der- 
nières années  de  sa  vie,  composa  son  histoire,  tant 
sur  les  notes  qu'il  avait  rédigées  lui-même,  au 
jour  le  jour,  en  Languedoc  &  en  Piémont,  que  sur 
les  témoignages  des  gentilshommes  qui  vivaient 
dans  l'intimité  de  l'amiral,  ayant  eu  même,  de  la 
main  d'un  des  principaux  officiers  de  l'armée,  le 
journal  des  événements  militaires  devant  la  Ro- 
chelle, outre  la  collection  complète  des  lettres  mis- 
sives &  des  papiers  d'affaires  qui  lui  fut  remise 
par  le  secrétaire  de  l'amirauté. 


—^ 148  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

mais  en  l'état  où  elle  est,  tout  le  monde  a  besoin  d'elle,  &  elle  n'a  besoin  de 
personne.  » 

Le  premier  usage  que  fit  la  duchesse  de  cette  faveur  royale  qui  semblait 
s'offrir  en  s'humiliant,  fut  d'obtenir  la  publication  de  l'œuvre  inédite  de 
du  Gros. 

Cette  apparition  tardive  était  un  symptôme  des  changements  qui  se  prépa- 
raient dans  l'Etat.  Pendant  dix  années,  la  mémoire  d'Henri  de  Montmorency, 
que  le  prestige  de  la  noblesse,  de  la  vaillance  &  du  malheur  devait  embellir 
d'un  charme  légendaire,  était  restée  sous  le  poids  d'une  condamnation  capi- 
tale pour  crime  de  haute  trahison.  Il  fallait  que  les  fantômes  importuns  du 
ministre  &  du  roi  eussent  disparu,  pour  qu'une  plume  amie  Si  dévouée' 
osât  ramener  l'attention  du  public  sur  cette  brillante  carrière  si  durement 
tranchée,  exposer  le  détail  des  campagnes  de  Vivarais,  dé  Querci ,  des 
Cévennes,  &  raconter,  sur  le  ton  du  panégyrique*,  l'histoire  d'un  gouver- 
neur qui  n'avait  pas  craint  de  mettre  l'autorité  de  sa  charge  au  service  d'une 
faction,  d'emprisonner  le  président  des  Etats  &  de  souscrire  aux  conditions 
d'un  traité  secret  avec  le  roi  d'Espagne. 

En  parlant  de  la  grande  affaire  des  élus  qui  avait  été  le  principal  prétexte 
de  l'insurrection,  au  point  de  vue  de  la  Province,  l'écrivain  se  défendit  de 
vouloir  être  l'avocat  du  peuple  pour  rapporter  les  raisons  qu'avait  le  pays  de 
repousser  l'innovation;  mais  il  n'oublia  point  de  glorifier  les  vieilles  tradi- 
tions représentatives  des  trois  ordres  &  le  prétendu  contrat  d'après  lequel  le 
vote  des  impôts  aurait  été  une  des  conditions  fondamentales  de  l'union  du 
Languedoc  au  domaine  de  la  couronne. 

(c  De  cette  sorte,  disait-il,  les  sommes  que  le  roi  en  retirait,  semblaient 
être  des  présents,  par  lesquels  la  Province  croyait  témoigner  la  grandeur  de 
son  affection  à  mesure  qu'elle  était  obligée  de  les  augmenter,  8<.,  avec  ce  mot 


'   Une  gravure  allégorique,    signée   Dnrel,   sert  par  Mellan.  Le   jeune  duc  est  vu    de  trois  quarts, 

de  frontispice   à   l'ouvrage.   Elle  représente  la  Re-  revêtu  de  son  armure,  avec  la   croix  du   Saint-t!s- 

nommée,  dans  les  airs,   portant  un  cartouche   où  prit   sur    la    poitrine  ;   le    visage,    encadré   d'une 

est   inscrit  le   titre  du   livre,  au-dessus  d'une   nn-  abondante  chevelure  bouclée,  a  un  caractère  d'élé- 

celle  cjui  fend  les  vagues,  &  dont  l'Amour  agite  les  gance   &  de  douceur   qui   s'accorde  avec   le  témoi - 

rames,   tandis  que  la  Vérité  dirige  le  gouvernail.  gnage  des  contemporains. 

On  lit  sur  le  bordage  de  la  barque  cette  légende  "    Le    biographe    termine   le    récit    des    dernières 

qui  est  l'âme  de  la  devise  :  journées  de  Montmorency,  abrégé  à  dessein,  n  son 

discours,  dit-il,  devenant  serré  comme  son  cœur,  » 

L'un  me  pousse,  l'autre  me  guide,  en    décrivant   les   marques    d'attachement   presque 

superstitieux  que  les  soldats  &  le  peuple  avaient 

Dans  son  avis  au  lecteur,  du  Gros  explique  lui-  laissé  voir  au  pied  de  l'échafaud  &  mentionne  l'es- 

même  son    allégorie  ;  «  Si  vous  avez   pris  garde  à  pèce  de  consécration   solennelle  que  les  chanoines 

cette  première  feuille,  vous  estes  instruit  de  mon  de  Saint-Sernm   avaient  donnée  «  aux  merveilles 

principal  dessein   qui    est   de  vous  dire  que,   bien  de    cette   mort    »   en   décidant,  d'un   consentement 

que  j'aye  entrepris  cet  ouvrage  par  les  mouvemens  unanime,   que  le  cadavre   serait   déposé  dans   leur 

de  mon   affection,  la  vérité  néantmoins   m'a    tou-  église  où  «  depuis  que   Charlemagne  a    fait  porter 

jours  servy  de  conduite.  »  les  corps  des  apôtres,   personne   n'avait  jamais  eu 

En  tête  des  cinq  livres  de  VH'tstoire  de  Montmo-  cet  honneur   que    les    martyrs    &  les  saints    cano- 

rency,  figure  aussi  un  portrait  du  maréchal,  gravé  nisés.  » 


LIV,  I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  149 

d'octroi  qu'il  lui  était  permis  de  mettre  dans  ses  délibérations,  ce  grand  corps, 
composé  du  clergé,  de  la  noblesse  &  du  peuple,  se  laissait  agréablement 
ouvrir  toutes  les  veines,  lorsque  le  service  du  roi  en  avait  besoin.  » 

Ainsi  c'est  encore  à  la  faveur  d'une  protestation  indirecte  contre  l'édit  de 
Béziers  que  la  douloureuse  image  de  Montmorency  était  présentée  à  la  Pro- 
vince', comme  pour  prendre  place  dans  le  cortège  de  revenants  que  la  cour 
d'Anne  d'Autriche  voyait  affluer  de  tous  les  chemins  de  l'exil. 

Il  y  eut  encore  assemblée  des  chambres  au  Parlement  de  Toulouse, 
le  27  juin,  pour  une  affaire  qui  passionnait  grandement  le  pays  Se  qui 
avait  failli  mettre  en  teu  la  capitale  de  la  Province.  Voici  quelle  en  était 
l'origine  : 

Dans  les  premiers  jours  d'avril  1643,  un  libertin  de  famille  noble,  connu 
par  ses  débordements,  ayant  violé  une  pauvre  fille,  le  chef  du  consistoire, 
Pierre  d'Espaigne,  parvint  à  s'emparer  de  sa  personne,  au  sortir  de  la  comédie, 
S<.  l'enferma  provisoirement  dans  une  boutique  de  la  maison  Fermât,  des 
embarras  de  carrosses  ne  permettant  pas  d'arriver  à  l'hôtel  de  ville.  La  troupe 
du  guet,  mandée  à  la  hâte,  n'était  pas  encore  rendue,  qu'une  bande  de  jeu- 
nesse turbulente,  appartenant  aux  meilleures  maisons  de  la  ville  &  conduite 
par  deux  conseillers  de  la  cour,  Pierre  de  Terlon  St  Guillaume  de  Puy- 
misson,  vint  secouer  les  portes  de  la  boutique,  sous  prétexte  de  disputer  le 
coupable  à  la  justice  capitulaire.  Le  capitoul,  acculé  dans  le  corridor,  tenait 
le  captif  étroitement  embrassé.  Trois  soldats  du  guet  ayant  pénétré  dans  la 
maison,  un  jeune  homme  hardi,  drapé  d'un  manteau  rouge  à  passementeries 
d'argent,  —  c'était  le  fils  du  président  Puget,  —  se  glissa  adroitement  der- 
rière eux.  On  referma  la  porte  sur  lui,  mais  il  paya  d'audace,  demanda 
arrogamment  son  nom  au  capitoul,  8c  lui  prédit  qu'on  ne  le  verrait  pas  deux 
années  en  charge.  Plus  de  deux  cents  jeunes  gens,  l'épée  à  la  main,  s'étaient 
amassés  devant  la  maison  8c  y  faisaient  un  affreux  vacarme.  La  porte  finit 
par  voler  en  éclats,  81  au  milieu  des  forcenés  qui  se  précipitèrent  sur  la  garde 
municipale,  on  vit  paraître  le  sieur  de  Loppes,  juge  criminel  de  la  séné- 
chaussée, qui  réclama  le  captif  au  nom  du  droit  de  sa  charge.  D'Espaigne  8c 
son  collègue  Fermât  qui  était  venu  lui  prêter  main-forte,  furent  violemment 
enlevés  &c  durent  lâcher  le  coupable  :  la  plupart  des  soldats  de  la  ville  étaient 
blessés  ou  estropiés. 

Le  bruit  de  cette  aventure,  où  deux  membres  de  la  cour  souveraine 
venaient  de  jouer  un  si  triste  rôle,  arriva  jusqu'à  Paris,  le  conseil  de  robe- 
longue,  c'est-à-dire  les  avocats  de  la  bourgeoisie,  ayant  expédié  tous  les  détails 
de  l'attentat  au  député  de  Toulouse. 

Devant  le  scandale  public,  le  Parlement  ne  put  s'empêcher  de  faire  réta- 
blir le  coupable  dans  les  prisons  de  l'hùtel  de  ville,  8c  lança  même  un  décret 
de  prise  de  corps  contre  six  personnages  compromis  dans  le  mouvement. 

Quant  aux  deux  conseillers  qui  avaient  pris  la  tête  de  cette  petite  émeute, 

'  L'impression  de  l'ourrage  fut  achevée  le  iz  septembre,  un  mois  avant  l'ouverture  de»  États. 


1643 


"77^  l'o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ils  comparurent  à  la  barre,  devant  les  chambres  assemblées,  &  remirent  un 
procès-verbal  des  événements  qu'ils  avaient  dressé  eux-mêmes  8<.  tait  signer 
par  cinq  ou  six  personnes  de  qualité.  On  lut  la  procédure  des  capitouls,  on 
écouta  les  dépositions  de  quelques  témoins j  le  procureur  général  prononça 
une  longue  harangue  &  déclara,  pour  toutes  conclusions,  que  «  les  sieurs  de 
Puymisson  &  de  Terlon  eussent  mieux  fait  de  ne  pas  se  trouver  là.  »  Au  prix 
de  cette  légère  mercuriale,  les  magistrats  étaient  hors  de  cour'. 

Cet  épisode  instructif,  qui  devait  donner  lieu,  à  un  interminable  procès 
juridictionnel  devant  le  Conseil  du  roi,  montre  bien  quels  dangers  courait 
journellement  l'ordre  public  par  suite  des  conditions  particulières  où  une 
longue  période  de  discordes  civiles  &  une  superposition  de  magistratures  mal 
coordonnées  avaient  placé  le  pays  de  Languedoc.  A  voir  deux  cents  jeunes 
gens  armés,  conduits  par  des  officiers  royaux,  se  ruer  contre  des  magistrats 
municipaux  exerçant  la  justice  au  nom  du  roi,  l'on  se  croit  ramené  au  temps 
de  la  Ligue. 

Grâce  à  la  vénalité  des  offices  de  judicature  Si  à  l'hérédité  qui  en  était 
presque  toujours  la  conséquence,  une  révolution  considérable  s'était  pro- 
duite dans  le  monde  des  magistrats.  Les  habitudes  turbulentes  &  guerrières 
n'étaient  plus  le  privilège  exclusif  de  la  noblesse  de  race;  la  possession  du 
sol,  ordinairement  associée  à  celle  des  charges,  suffisait  à  développer  des 
instincts  belliqueux  dans  les  familles  de  robe  ou  de  négoce  aussi  bien  que 
dans  les  vieilles  lignées  féodales.  On  avait  créé  une  expression  pour  désigner 
les  membres  de  cette  nouvelle  aristocratie  foncière,  issue  du  comptoir  ou  du 
greffe,  qui  n'étaient  ni  plus  respectueux  envers  la  loi,  ni  plus  soumis  aux 
obligations  fiscales  que  les  anciens  seigneurs  bannerets.  On  les  appelait  les 
gens  de  main-fbrte,  parce  que  l'autorité  empruntait  généralement  chez  eux 
les  formes  de  la  violence.  Chevaux  d'Espagne,  épées,  plumets,  manteaux  à 
couleur  voyante,  tout  l'attirail  des  gens  de  guerre  leur  était  familier,  &  ce 
n'était  pas  un  médiocre  souci  pour  les  magistrats  de  la  vieille  école  parle- 
mentaire, fidèles  à  la  vie  austère  Se  aux  fortes  études  de  la  vieille  bourgeoisie, 
que  de  voir  envahir  les  sièges  de  la  cour  par  une  foule  de  jeunes  officiers 
presque  entièrement  dépourvus  de  préparation  professionnelle. 

«  La  cour,  très-mal  satisfaite  de  vos  réponses,  disait  le  président  Ciron  à 
«  l'un  de  ces  jeunes  intrus,  nouveau  conseiller,  qui  avait  subi  les  examens 
«  sans  aucun  succès,  a  pitié  de  vous,  &  espérant  que  vous  tâcherez  à  l'avenir 
«  de  réparer  ce  grand  manquement  par  vos  études  &  bonnes  actions,  vous 
<(.  reçoit  par  grâce  &  non  par  justice  en  la  charge  de  conseiller  dont  il  a  plu 
«  au  roi  de  vous  pourvoir^,  n  On  ne  se  contentait  pas  dé  faire  des  conseillers 
de  ces  jeunes  gens   sans  expérience.   Les  fils  des   présidents,   en  dépit   des 

'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  '  Malenfant,  Collections  &  remarques  Ju  palais, 

m,  p.  5.  —  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Con-  III,  p.  12.  La  chronique  du  greffier  Malenfant  est 

seils,  XXIV,  pp.  2i-3t).  —  Conseil  de  bourgeoisie,  une  source    unique   pour  ces  détails  intimes  de    la 

séances  du  14  &  27  avril  &  du  i3  mai.  —  Consis-  vie  parlementaire  dont  on   chercherait  vainement 

toire  du  5  mai   1643.  la  trace  dans  les  documcuts  officiels. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  un 

ordonnances,  réussissaient  à  se  taire  pourvoir  des  charges  de  leurs  pères  sans 
avoir  atteint  l'âge  de  quarante  ans  ni  avoir  exercé  pendant  dix  ans  l'office  de 
conseillers. 

Outre  ces  changements  opérés  dans  les  mœurs,  l'incertitude  des  attribu- 
tions entre  les  divers  dépositaires  des  pouvoirs  publics,  caractère  distinctif  de 
l'époque,  était  une  des  principales  causes  de  l'état  d'antagonisme  où  vivaient 
entre  elles  des  autorités  à  limites  mal  définies,  entraînant  dans  leurs  conflits 
particuliers  toute  une  clientèle  d'agents  subalternes  qui  faisaient  ressentir  le 
contre-coup  de  leurs  divisions  jusque  dans  les  derniers  rangs  du  peuple. 

Cette  indécision  de  compétence  provenait  surtout  de  la  dittérence  d'âge  & 
d'origine  de  magistratures  que  le  hasard  des  temps  avait  condamnées  à  vivre 
côte  à  côte  8<.  qui  ne  tiraient  pas  leur  principe  d'un  même  système  gouverne- 
mental. L'absence  d'un  plan  d'ensemble  qui  seul  aurait  pu  faire  éclater  aux 
yeux  les  lacunes,  les  superfluités  &  les  doubles  emplois  d'une  organisation 
aussi  compliquée,  &  l'esprit  de  transaction  qui  avait  été  une  nécessité  poli- 
tique de  la  monarchie,  lors  de  l'annexion  des  dittérentes  provinces,  prolon- 
geaient encore  la  coexistence  d'éléments  contraires,  destinés  à  disparaître 
dans  une  refonte  inévitable  de  l'administration. 

En  attendant,  chaque  personnalité  officielle  cherchait  à  tirer  parti  de 
l'obscurité  ou  du  silence  des  textes  pour  accroître  son  importance.  Les  éter- 
nelles querelles  de  préséance,  qui  tiennent  une  si  grande  place  dans  cette 
histoire,  n'étaient  pas  de  vaines  démonstrations  d'amour-propre;  elles  ne  fai- 
saient que  traduire,  d'une  façon  matérielle  Si  souvent  plaisante,  une  opposi- 
tion d'intérêts  tout  à  fait  sérieuse,  où  les  profits  n'étaient  pas  moins  débattus 
que  les  honneurs. 

La  tradition  monarchique  apprenait  à  considérer  les  fonctions  comme  des 
délégations  du  prince;  la  tradition  féodale,  au  contraire,  persistait  à  n'y  voir 
qu'une  forme  du  droit  de  propriété.  Certaines  institutions  de  nature  mixte, 
comme  celle  des  sénéchaux  &  des  viguiers,  où  les  deux  principes  semblaient 
se  confondre,  prêtaient  à  d'éternels  conflits. 

Il  y  avait  double  personnage  dans  le  viguier,  un  officier  militaire,  subor- 
donné du  sénéchal,  &  un  président  de  cour  judiciaire  au  nom  duquel  se 
rendaient  les  arrêts.  Mais  il  arrivait  souvent  que  ce  rôle  de  pure  dignité  ne 
suffisait  pas  au  titulaire.  Il  disputait  au  juge  royal,  son  lieutenant,  lé  droit 
de  rendre  personnellement  la  justice  en  robe  longue  &  d'en  percevoir  les 
émoluments.  De  là,  grande  résistance  des  magistrats  effectifs  que  cette  exi- 
gence menaçait  de  frustrer  de  leurs  bénéfices.  Ils  étaient  en  instance  au 
Conseil  du  roi  poui*  obtenir  un  règlement  de  charges,  demandant  à  con- 
server «  les  fonctions  &  les  émoluments  de  la  justice  distributive,  »  tandis 
que  «  l'honneur,  la  force  &  les  armes  »  demeureraient  au  viguier.  La  Pro- 
vince avait  pris  parti  dans  la  querelle  &  faisait  soutenir  par  son  avocat  la 
prétention  des  juges  royaux'. 

'  Procès-yerbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  19  décembre  1642.  Rapport  do  M.  de  L.iinnmyc. 


164.1 


~^ i52  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Brouillés  entre  eux  dans  l'exercice  de  leur  propre  juridiction,  les  viguiers 
&  leurs  lieutenants  se  retrouvaient  d'accord  pour  amoindrir  la  compétence 
des  juges  bannerets.  Ils  contestaient  à  ces  magistrats  le  droit  de  juger  en  pre- 
mière instance  les  différends  survenus,  en  matière  de  taille,  entre  les  contri- 
buables &  les  collecteurs,  dans  les  territoires  appartenant  à  des  seigneurs 
justiciers.  La  jurisprudence  admettait  que  les  affaires  d'impôts  entre  collec- 
teurs 8i  receveurs  fussent  vidées  en  premier  ressort  par  les  officiers  de  la 
justice  royale;  mais  l'extension  de  ce  droit  au  jugement  des  procès  particu- 
liers soulevait  d'énergiques  réclamations,  &  comme,  parmi  les  membres  des 
Trois  Ordres  siégeant  aux  États,  il  se  rencontrait  un  très-grand  nombre  de 
seigneurs  justiciers,  la  Province  n'avait  pas  manqué  d'accorder  aux  juges 
bannerets  l'intervention  de  son  syndic  général,  les  propriétaires  fonciers 
grands  ou  petits  ne  pouvant  voir  sans  effroi  une  tentative  d'usurpation  qui 
tendait  à  diminuer  le  chiffre  des  causes  plaidées  en  leurs  sièges  patrimoniaux 
8c  par  suite  la  recette  annuelle  des  droits  de  justice  '.  Ils  ajoutaient  d'ailleurs 
que  la  soustraction  de  ces  sortes  d'affaires  aux  juges  de  paroisse  aurait  pour 
effet  d'entraîner  le  menu  peuple  en  des  frais  considérables,  soit  par  le  fait  de 
déplacements  onéreux,  soit  par  la  nécessité  de  recourir  aux  avocats  toujours 
plus  exigeants  des  Cours  de  justice  royale. 

ainsi,  de  quelque  côté  que  l'on  considère  le  monde  déjà  très-nombreux 
des  gens  investis  de  fonctions,  depuis  les  plus  grands  jusqu'aux  plus  modestes, 
on  se  heurte  à  des  rivalités,  à  des  luttes  d'une  âpreté  singulière,  £<.  l'on 
devine  combien  la  tâche  de  modérateur  St  de  justicier  qui  revenait  naturel- 
lement au  pouvoir  central,  était  difficile,  surtout  quand  la  misère  épouvan- 
table du  peuple,  résultat  de  longues  années  de  guerre,  fournissait  des  sujets 
de  mécontentement  si  légitimes  &  une  prise  si  aisée  aux  ambitieux. 

Les  Etats  de  Languedoc  ne  pouvaient  échapper  à  l'illusion  que  tous  les 
corps  du  royaume  partagèrent  à  la  mort  de  Louis  XIII.  Les  membres  de 
cette  grande  assemblée,  si  rudement  éprouvée  par  la  main  de  Richelieu 
après  la  folle  entreprise  de  Montmorency,  caressèrent  l'espoir  de  reconquérir, 
grâce  à  la  minorité  du  roi,  les  pouvoirs  étendus  que  le  cardinal  leur  avait 
ravis.  Aussi  le  point  essentiel  de  leurs  préoccupations  fût-il,  dès  la  première 
heure,  la  suppression  de  cet  édit  de  Béziers,  monument  d'autorité  &  de 
colère,  qui  avait  changé  la  forme  des  impositions  provinciales,  diminué  le 
prestige  des  Etats  &  substitué  aux  gestions  locales  l'action  directe  du  pouvoir 
ministériel. 

Le  second  objet  de  leur  ambition  était  la  suppression  des  intendants,  cette 
«  nouveauté  odieuse  à  la  Province,  «  comme  ils  le  prétendaieut  dans  leurs 
harangues,  ou,  pour  mieux  dire,  odieuse  aux  puissantes  oligarchies  qui,  sous 
prétexte  de  représentation  provinciale,  s'étaient  habitués  à  une  domination 
presque  absolue. 

Il  ne  faut  pas  se  méprendre  en  effet  sur  la  valeur  réelle  des  privilèges  que 

'  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  12  décembre  1642,  Rapport  de  M.  de  Lamamye. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  i53 

la  volonté  de  Richelieu  avait  détruits  8t  dont  la  revendication  fut  poursuivie 
par  les  Etats  avec  une  ténacité  infatigable  St  réclamée  quelquefois  dans  un 
langage  plein  de  grandeur. 

Si  l'on  pouvait  prendre  à  la  lettre  les  revendications  de  libertés  tradition- 
nelles dont  les  Etats  retentirent  pendant  la  régence  d'Anne  d'Autriche,  il 
serait  difficile  de  souhaiter  à  une  Province  de  plus  zélés  défenseurs  que 
n'affectaient  de  l'être  les  membres  de  cette  assemblée.  Malheureusement,  si 
l'on  rapproche  de  leurs  déclarations  oratoires  les  vœux  exprimés  dans  les 
instructions  particulières  données  par  les  conseils  des  villes  à  leurs  députés, 
on  s'aperçoit  que,  le  plus  souvent,  ces  vœux  n'arrivaient  même  pas  à  leur 
adresse.  Aucune  proposition  n'était  permise,  en  séance,  aux  délégués  du 
tiers  état,  les  deux  premiers  ordres  se  réservant  l'initiative  &  les  évêques 
l'exerçant  presque  seuls;  &  comme  les  intérêts  de  la  bourgeoisie  &  ceux  des 
ordres  privilégiés  n'avaient  guère  de  points  communs,  il  fallait  un  concours 
de  circonstances  bien  particulières  pour  que  les  doléances  les  plus  dignes  de 
mémoire  obtinssent  l'honneur  d'une  simple  transmissison.  De  sorte  qu'en 
réalité,  aux  Etats  comme  au  Parlement,  l'esprit  oligarchique  régnait  sans 
partage. 

A  serrer  la  question  de  près,  à  voir  ce  que  devait  produire  dans  les  faits, 
cette  suppression  de  l'édit  de  i632,  qui  fut,  pendant  bien  des  années,  la 
demande  capitale  des  cahiers  de  doléance,  à  discerner,  surtout  dans  le  détail 
des  événements,  les  mobiles  spéciaux  qui  dirigeaient  tous  les  acteurs,  il  faut 
bien  reconnaître  que  l'on  combattait  surtout  pour  des  intérêts  particuliers  & 
que,  formalisme  à  part,  les  libertés  séculaires  de  Languedoc,  si  vigoureuse- 
ment réclamées,  n'étaient  que  le  masque  brillant  de  réalités  beaucoup  moins 
nobles. 

A  le  dire  vrai,  ce  n'est  pas  l'indépendance  de  la  Province  que  Richelieu 
avait  frappée.  Cette  indépendance  n'existait  déjà  plus  qu'à  l'état  de  légende; 
elle  se  perpétuait  à  peine,  toute  morte  qu'elle  tût,  par  une  sorte  de  céré- 
monial traditionnel  dont  la  majesté  décorative  pouvait  imposer  encore.  Le 
cardinal,  aimant  les  vérités  pratiques  &  franches,  n'avait  fait  que  détruire  un 
fantôme,  il  avait  cru  pouvoir  supprimer  d'un  trait,  en  vue  d'établir  un  sys- 
tème administratif  plus  net  &  plus  simple,  cette  habitude  de  façons  8<.  de 
doux  nennis,  véritable  manège  de  galanterie  politique  aboutissant  à  une 
capitulation  certaine.  Ce  n'est  pas  la  liberté  de  la  Province,  depuis  longtemps 
détruite,  c'est  l'autorité  des  Etats  que  le  grand  ministre  avait  atteinte,  parce 
que  cette  autorité  s'était  mise  à  la  merci  d'une  faction  de  Cour,  8c  avait  été 
exploitée  par  une  poignée  d'ambitieux  Si  d'étrangers. 

La  liberté  des  peuples  n'était  point  intéressée  dans  la  querelle,  parce  que, 
depuis  longtemps,  grâce  aux  développements  démesurés  du  pouvoir  royal,  8c 
à  ces  lentes  évolutions  qui  altèrent  incessamment  l'essence  des  institutions 
humaines,  le  divorce  était  complet  entre  la  Province  8c  sa  représentation 
officielle,  ou  plutôt  cette  représentation  n'était  qu'illusoire,  8c  sous  ombre  de 
votes,  de  suttragcs,  de  majorités,  la  direction  des  affaires  appartenait,  dans  le 


1643 


"JJ"^ 104  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

fait,  à  quelques  personnalités  remuantes,  qui,  d'après  leurs  attaches  indivi- 
duelles, recevaient  l'impulsion  des  divers  partis  de  la  Cour. 

Une  situation  aussi  étrange  résultait  surtout  de  ce  fait  capital,  que  le  corps 
même,  chargé  de  la  représentation  provinciale,  au  lieu  d'émaner  du  pays, 
dont  il  devait  se  faire  l'interprète,  émanait  presque  entièrement  du  pouvoir 
royal. 

Au  temps  où  les  évêques  sortaient  de  l'élection  des  chapitres,  on  pouvait, 
dans  une  certaine  mesure,  les  considérer  comme  les  représentants  légitimes  de 
la  société  ecclésiastique;  leur  naissance,  leurs  études,  leur  confraternité  avec 
les  membres  des  clergés  locaux,  pouvaient  concourir  à  leur  donner  un  carac- 
tère vraiment  provincial;  mais,  depuis  que  le  concordat  de  François  I"'  avait 
mis  leur  nomination  dans  la  main  du  roi,  &  que  des  influences  de  cour  &c 
des  considérations  d'intérêts  temporels  les  allaient  recruter  sur  tous  les  points 
du  territoire  &  même  dans  les  grandes  familles  étrangères,  la  délégation  du 
clergé  provincial  devenait  tout  à  fait  fictive.  D'ailleurs,  le  gouvernement 
central  avait  soin,  dans  le  choix  qu'il  faisait  de  ses  évêques,  de  tenir  grand 
compte  des  votes  qu'il  avait  lieu  d'en  espérer,  &  de  réserver  pour  les  pays 
d'Etats  les  hommes  dont  le  dévouement  lui  inspirait  le  plus  de  confiance.  Le 
principe  de  cette  sorte  d'obligation  était  si  bien  reconnu,  que  les  prétendants 
ambitieux  ne  se  faisaient  aucun  scrupule  d'étaler  au  rang  de  leurs  titres  la 
promesse  d'une  soumission  parfaite  aux  volontés  du  roi  dans  les  assemblées 
provinciales  où  ils  seraient  appelés  à  siéger. 

Richelieu,  dont  les  pensées  tendaient  surtout  à  l'ordre  8c  à  la  bonne  admi- 
nistration du  royaume,  avait  été  frappé  des  dangers  que  pouvait  créer  à  la 
monarchie  l'élévation  à  l'épiscopat  d'hommes  de  haute  naissance,  redoutables 
par  leurs  parentés  Si  naturellement  attachés  aux  devoirs  de  quelque  puis- 
sante clientèle,  surtout  dans  une  province  où  le  corps  épiscopal,  par  suite 
de  son  caractère  religieux  qui  commandait  le  respect  des  peuples,  &  de  là 
supériorité  de  culture  intellectuelle  qui  l'élevait  au-dessus  de  la  noblesse, 
exerçait  une  suprématie  incontestée.  Aussi  avait-il  pris  à  tâche  de  poser  la 
mitre  sur  la  tête  d'ecclésiastiques  sans  nom,  mais  intelligents  8c  laborieux, 
dont  l'activité  devait  seconder  ses  desseins,  8t  dont  il  considérait  la  médio- 
crité originelle  comme  une  garantie  de  dévouement'. 

A  l'exception  d'un  petit  nombre  de  choix  que  des  influences  de  cour  ou 
des  engagements  antérieurs  lui  avaient  imposés,  tous  les  évêques  nommés  en 
Languedoc,  sous  le  ministère  de  Richelieu,  étaient  des  théologiens,  des 
érudits  ou  des  orateurs  connus. 

Il  en  avait  pris  quelques-uns  dans  la  chapelle  royale  :  l'évêque  de  Nimes, 

'  «  Il   (Richelieu)    avoit   encore   une   pratique  prélats  auxquels  la  naissance  Étant  le  courage,  la 

pour  se  rendre  maître  du  clergé  :  c'étoit  de  rem-  reconnoissance  du   bienfait  reçu  de  sa  main,  leur 

plir  les  sièges  vacans  d'hommes  de  basse  naissance,  ôtoit  la  volonté  de  lui  contredire  '.  u 

sous  prétexte  ou  qu'ils  étoient  prédicateurs,  ou  en 

réputation  de  grande  probité,  quoiqu'il  fît  peu  de  .  ,,,      ■        j     ».    j    ,,     .  l  ,         ^     .         ,    ~^     , 

^                      °          .   "^  ^.      .  '.  '  Mémoires  de  M.  de  Montcnal,  archevêque  de  Toulouse, 

cas  de  ces  deux  parties Et  ainsi  il  trouvoit  des       p.  27. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  i55 

Colion,  docteur  de  Sorbonne,  s'était  fait  connaître,  dès  sa  jeunesse,  en  prê- 
chant devant  le  roij  Nicolas  Grille,  évêque  d'Uzès,  était  prédicateur  d'Anne 
d'Autriche. 

A  Lodève,  Plantavit  de  la  Pause,  ancien  aumônier  de  Marie  de  Médicis 
&  de  sa  fille  Elisabeth,  était  allé  remplacer  un  gentilhomme  de  la  maison  de 
Lévis,  évêque  à  seize  ans,  qui,  suivant  l'exemple  de  son  frère,  avait  brusque- 
ment quitté  la  vie  ecclésiastique  pour  partir  en  guerre  Si  se  faire  tuer  d'un 
coup  de  canon  devant  la  Rochelle  '. 

L'évêque  d'Alet,  Nicolas  Pavillon,  dont  le  nom  devait  tenir  une  si  grande 
place  dans  les  controverses  du  temps,  n'était  qu'un  simple  prêtre  de  la  Mission 
de  Paris. 

Les  évêques  &  les  barons  ne  devant  leur  entrée  aux  États  qu'à  leur 
bénéfice  ou  à  leur  terre  domaniale,  n'avaient  à  recevoir  de  délégation  de 
personne.  Convoqués  à  l'assemblée  par  lettres  individuelles  du  roi  &  du 
gouverneur,  ils  n'y  apportaient  ni  mandat  ni  programme  politique.  Il  n'en 
était  pas  ainsi  du  tiers  état.  Les  députés  de  cet  ordre,  qui  n'avaient  aucun 
droit  par  eux-mêmes,  tiraient  seuls  leurs  pouvoirs  de  l'élection  6c  pouvaient 
plaider  la  cause  des  groupes  collectifs  dont  ils  émanaient. 

Mais  cette  représentation  n'était  guère  plus  complète  ni  plus  sincère  que 
celle  des  deux  autres  ordres.  D'abord,  les  campagnes  s'en  trouvaient  complè- 
tement exclues.  Si  ces  populations  laborieuses,  qui  payaient  la  plus  grande 
partie  de  l'impôt  8i  qui,  par  suite  de  la  constitution  particulière  de  la  pro- 
priété en  Languedoc,  étaient  fort  supérieures  à  celles  des  pays  de  régime 
féodal,  n'avaient  aucun  droit  d'intervenir  dans  le  vote  8i  la  répartition  de 
leurs  charges.  Le  privilège  de  la  députation  provinciale  était  exclusivement 
réservé  aux  villes  Si  aux  bourgades,  mais  avec  quel  défaut  de  proportion  Si 
de  justice,  8i  quelles  étrangetés  de  détail  ! 

Des  deux  mille  cinq  cent  quarante-sept  communes  que  renfermait  la  pro- 
vince de  Languedoc,  cent  quarante  Si  une  seulement  jouissaient,  à  des 
degrés  divers,  du  droit  d'envoyer  un  député  à  l'assemblée  des  trois  ordres. 
Comme  le  nombre  total  des  représentants  du  tiers  état  devait  égaler  celui  de 
l'Eglise  Si  de  la  noblesse  réunies,  Si  par  conséquent  donner  seulement  qua- 
rante-quatre suffrages,  on  avait  établi,  pour  la  majorité  des  bourgs  électo- 
raux, un  système  de  roulement  périodique  analogue  à  celui  des  baronnies 
tournelles  du  Vivarais  Si  du  Gévaudan. 

Il  n'y  avait  que  vingt-huit  villes  qui  eussent  le  droit  d'entrer  chaque 
année.  C'étaient  toutes  les  capitales  de  diocèse,  moins  Viviers,  qui  n'avait 
pu,  malgré  de  vieilles  Si  persistantes  prétentions,  vaincre,  par  le  prestige  de 
son  siège  épiscopal,  l'esprit  égalitaire  Si  fédéraliste  des  autres  villes  du  dio- 
cèse; plus  sept  autres  villes,  qui,  sans  être  chefs-lieux  d'évêchés,  possédaient  le 


'  François  de  Lévis,  fils  du  duc  de  Ventadour,  frère  Charles  avait  fait,  avant  lui,  sur  le  siège 
gouverneur  de  Languedoc,  abandonna  l'Eglise  en  épiscopal  de  Lodève,  une  apparition  qui  ne  fut 
i6i2   &   prit    le   nom    de   comte  de  Vauvert.   Sou        pas  plus  sérieuse. 


1643 


1643 


i36  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

même  privilège  :  Marvéjols  en  Gévaudan,  Pézénas,  Clermont-Lodève,  Cas- 
teliiaudary,  Limoux,  Gignac  &  Valentine. 

La  faveur  de  ce  que  l'on  appelait  la  place  fixe  se  justifiait,  pour  un  certain 
nombre  de  villes,  par  leur  importance,  le  chithe  de  leur  population  &i  l'élé- 
vation du  contingent  qu'elles  apportaient  au  trésor  commun;  mais  ce  qui 
était  vrai  de  la  plupart  des  anciens  diocèses  cessait  de  l'être  pour  les  créa- 
tions tout  artificielles  que  la  papauté  avait  multipliées  au  quatorzième  siècle. 
Certains  des  anciens  diocèses,  produits  d'événements  religieux  qui  nous 
échappent,  offraient  déjà  de  frappantes  inégalités,  8<.  c'était  taire  une  grande 
fiction  que  de  mettre  Agde,  Béziers,  Lodève  au  rang  de  Toulouse,  de  Nimes 
ou  de  Carcassonne;  mais  l'admission  dans  le  système  représentatif  des  nou- 
velles divisions- ecclésiastiques  de  Jean  XXII  produisait  encore  de  plus  sin- 
guliers contrastes.  Ainsi,  les  villes  de  Mirepoix,  de  Saint-Pons,  d'Alet,  de 
Rieux,  jouissaient  du  droit  permanent  au  même  titre  que  la  capitale  même 
de  la  Province,  tandis  que  certaines  places  importantes,  &  dont  le  cbittre  de 
population  était  de  beaucoup  plus  élevé,  n'avaient  pas  même  le  dédommage- 
ment d'une  représentation  intermittente. 

Toutes  les  capitales  de  diocèses,  moins  Viviers,  envoyaient  deux  députés 
chacune;  mais  ces  deux  députés  réunis  constituaient  une  personne  morale  Si 
ne  donnaient  qu'un  suffrage.  S'ils  n'étaient  pas  d'accord,  leur  voix  unique 
devenait  caduque  St  n'était  pas  comptée. 

Quant  au  roulement  des  places  mobiles,  il  variait,  d'un  diocèse  à  l'autre, 
dans  des  proportions  considérables,  d'après  le  nombre  de  bourgades  qui  en 
étaient  favorisées.  Dans  le  diocèse  de  Narbonne,  chaque  lieu  électoral  ren- 
trait aux  Etats  tous  les  vingt-quatre  ans;  au  diocèse  de  Toulouse,  tous  les 
onze  ans';  au  diocèse  de  Castres,  tous  les  neuf  ans;  aux  diocèses  de  Nimes 
&.  d'Alet,  tous  les  huit  ans;  dans  les  diocèses  de  Montpellier,  de  Viviers  & 
de  Saint-Pons,  la  période  était  de  sept  ans;  dans  celui  de  Rieux,  de  six; 
dans  celui  de  Lavaur,  de  cinq;  dans  ceux  de  Carcassonne,  d'Albi,  de  A4ire- 
poix  &  de  Montauban,  de  trois.  Le  diocèse  d'Uzès,  par  une  particularité  tout 
exceptionnelle,  avait  deux  systèmes  de  roulement,  l'un  de  deux  années  jiour 
les  villes  de  Bagnols  &  de  Saint-Esprit,  l'autre  de  sept  pour  les  autres  places. 
Dans  le  Vêlai,  il  n'y  avait  point  de  place  mobile.  La  ville  du  Puy  possédait 
seule  le  droit  électoral ,  &  le  second  siège,  que  la  symétrie  de  l'assemblée 
donnait  au  Vêlai,  était  occupé  par  le  syndic,  agent  permanent  de  l'adminis- 
tration diocésaine. 

Le  défaut  de  proportion  &  d'harmonie,  déjà  si  éclatant  dans  le  nombre 
des  bourgades  représentatives,  était  encore  bien  plus  sensible  dans  le  choix 
des  lieux.  Les  règles  de  chaque  diocèse  s'étant  formées  isolément,  sous 
l'action  d'influences  locales,  il  n'existait  aucune  parité  entre  les  communes 
électorales. 

De  simples  villages,  tels  que  Durban,  Villerouge,  Fabresan,  Peyriac-de- 

'  Plus  tard,  tous  les  douze  ans,  lorsque  le  comté  de  Caraman  eut  ^té  annexé  à  la  Province. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  iSy 

Mer,  possédaient  le  privilège,  tandis  que  des  villes  peuplées  &  industrielles 
en  étaient  privées.  Issengeaux,  Craponne,  Langogne,  Saint-Agrève,  Valence, 
risle-d'Albi,  n'avaient  jamais  de  représentant.  Tantôt  on  s'était  plu  à  con- 
centrer outre  mesure  la  délégation  communale,  tantôt,  au  contraire,  on  sem- 
blait avoir  eu  pour  dessein  de  l'éparpiller  &  de  la  diluer,  pour  ainsi  dire, 
au  delà  de  toute  expression. 

Ces  imperfections  constitutives  n'altéraient  pas  seules  l'équitable  représen- 
tation des  intérêts  provinciaux.  Il  en  existait  d'autres,  non  moins  sérieuses, 
qui  prenaient  leur  origine  dans  le  mode  de  nomination  des  députés.  Tant  que 
la  vie  communale,  encore  émue  du  grand  ébranlement  du  douzième  siècle, 
avait  conservé  quelque  vigueur,  la  députation  aux  Etats  donnait  lieu,  dans 
les  villes  privilégiées,  à  de  véritables  élections.  Les  municipalités  languedo- 
ciennes, qui  avaient  le  goût  Se  la  tradition  des  ambassades,  procédaient  dans 
ces  occasions  comme  à  l'égard  des  chargés  d'affaires  particuliers  qu'elles  en- 
voyaient au  Conseil  du  roi,  auprès  des  puissances  politiques  8t  militaires  ou 
à  la  barre  des  Cours  souveraines.  Il  y  avait  assemblée  générale  à  l'hôtel  de 
ville,  nomination  au  scrutin  secret,  rédaction  d'instructions  &  de  mémoires, 
véritables  cahiers  de  doléances  qui  renfermaient  le  mandat  du  représentant. 
Ainsi,  dans  la  préparation  des  éléments,  chaque  groupe  municipal  était  à  lui 
seul  une  image  5c  une  réduction  des  Etats  eux-mêmes.  Les  empiétements  de 
divers  pouvoirs,  qu'inquiétait  une  forme  de  représentation  aussi  réelle,  & 
d'autre  part  cette  inclination  à  la  paresse,  qui,  en  toute  chose,  lorsque  les 
institutions  vieillissent,  tend  à  substituer  une  routine  impersonnelle  à  l'ac- 
tion d'une  initiative  réfléchie,  matérialisèrent,  en  quelque  façon,  la  repré- 
sentation municipale  aux  Etats  de  la  Province  &  en  firent  un  accessoire 
exclusif  des  charges  consulaires.  Dès  lors  tout  principe  était  renversé  :  la 
députation  aux  Etats  devenait,  pour  le  premier  consul,  l'avantage  le  plus 
apprécié  de  ses  fonctions.  Les  bourses  de  jetons  qui  soldaient  sa  présence 
comptaient,  parmi  les  émoluments  du  consulat,  avec  le  prix  de  la  robe 
fourrée  &  du  chaperon,  les  petits  impôts  de  cire  &  de  dragées,  &  les  beaux 
diners  de  l'hôtel  de  ville.  Le  principe  de  la  délégation  s'oubliait;  St  ce  qui 
avait  été  une  mission  sérieuse  St  ditricile,  quelquetois  dangereuse,  devenait 
une  formalité  banale  &  une  source  de  profits. 

Du  reste,  la  transformation  fut  universelle.  Dans  tous  les  lieux  électoraux 
qui  n'étaient  pas  chefs-lieux  de  diocèse,  la  députation  appartint  de  droit 
au  premier  consul.  Dans  les  villes  capitales  qui  envo\ aient  des  députés,  l'un, 
celui  qui  portait  la  parole,  était  toujours  le  premier  consul  en  charge,  & 
l'autre,  suivant  les  diocèses,  ou  bien  le  second  consul  en  exercice,  ou  bien  le 
premier  consul  de  l'année  précédente. 

On  n'aura  pas  de  peine  à  comprendre  quelles  modifications  profondes  de 
pareilles  métamorphoses  avaient  introduites  dans  la  représentation  du  tiers 
état.  Elle  n'y  avait  gagné  ni  en  valeur  morale  ni  en  dignité.  Par  suite  des 
progrès  constants  du  pouvoir  royal,  de  l'autorité  des  évêques  Se  de  la  pres- 
sion des  seigneurs   particuliers,  la  sincérité  des  élections  consulaires,  qu'au 


1643 


1643 


i58 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


moment  même  de  la  grande  efflorescence  communale  les  hauts  feudataires 
de  Languedoc  n'avaient  pas  toujours  respectée,  subissait  de  graves  atteintes. 
Dans  tous  les  lieux  de  second  ordre,  les  consuls  étaient  sous  la  main  du  sei- 
gneur ou  des  officiers  royaux;  dans  les  villes  plus  importantes,  des  influences 
contraires  se  les  disputaient;  nulle  part,  ils  n'étaient  l'expression  d'un  choix 
libre  &  réfléchi. 

Tantôt,  les  acquéreurs  du  domaine  royal,  jaloux  d'accroître  les  droits  de 
leurs  naissantes  seigneuries,  supprimaient  d'autorité  les  élections  municipales 
Se  faisaient  désigner  des  personnes  de  leur  propre  choix  par  les  consuls  sortant 
de  charge,  afin  de  ne  point  recourir  aux  suffrages';  tantôt,  des  officiers 
royaux  qui,  à  ce  titre,  se  trouvaient  exclus  des  charges  consulaires  Si  de  la 
députation  par  les  anciens  usages  de  la  Province,  éludaient  la  loi  en  don- 
nant des  démissions  fictives,  &  profitaient  de  leur  influence  pour  se  faire 
élire  ^.  Le  plus  souvent,  comme  les  nobles  de  marque  dédaignaient  la  vie 
provinciale,  suivaient  les  armées,  résidaient  à  la  Cour  ou  dans  quelque 
grande  ville  plus  ou  moins  éloignée"  de  leurs  domaines,  &<.  ne  pouvaient  avoir 
aucune  action  personnelle  directe  sur  les  affaires  des  communes  qui  relevaient 
de  leurs  fiefs,  les  municipalités  se  trouvaient  de  fait  à  la  merci  des  agents  du 
seigneur,  moitié  intendants,  moitié  valets,  dont  la  protection  vénale  était 
acquise  à  l'intrigue  St  faisait  du  moindre  village  le  théâtre  de  divisions  &  de 
luttes  sans  fin. 

Mais  au-dessus  de  toutes  ces  petites  tyrannies  locales  St  de  ces  domesticités 
oppressives,  les  vrais  maîtres  du  pays  étaient  les  évêques-*.  Leur  domina- 
tion, contestée  dans  les  centres  de  population  un  peu  considérables,  était 
sans  rivale  dans  les  campagnes  Si  dans  les  petites  villes  &i.  causait  au  ministre 
les  plus  vives  inquiétudes'*. 


'  Procès-vertal  des  États.  Séance  du  4  novem- 
bre 1643.  Plaintes  du  sieur  Gatignes,  premier 
consul  d'Uzès. 

'  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  2!)  novem- 
bre 1643.  Rapport  du  syndic  général  Joubert. 

'  Dans  la  lettre  de  François  Bosquet,  citée  plus 
haut,  l'intendant  se  plaint  que  «  les  évéques,  maî- 
tres absolus  de  leurs  diocèses,  sous  prétexte  de  bien 
public,  n'apportent   pas    assez  de  soin   à  retenir  le 

peuple  dans  le  devoir »  Il  avait  même  compris, 

«  par  une  assemblée  monopolée  &  tenue  dans  le 
diocèse  de  Narbonne,  que  les  esprits  se  disposaient 
à  la  rébellion  &  à  la  désobéissance,  &  à  n'être 
plus  si  faciles  ni  si  soumis  qu'ils  étaient  par  le 
passé,  )>  En  exprimant  le  regret  que  l'on  différât 
trop  de  confirmer  ses  ordonnances,  il  prenait  la 
peine  de  rappeler  qu'il  avait  été  témoin  du  com- 
mencement de  la  sédition  de  Guyenne  (le  mouve- 
ment des  croquants  du  Querci),  &  que  l'expérience 
lui  faisait  un  devoir  de  ne  point  négliger  de  pareils 
symptômes;    mais    il    déclarait    connaître    n  une 


grande  différence  entre  les  esprits  des  deux  pro- 
vinces '.  » 

^  Voici,  dans  l'ordre  chronologique  de  promo- 
tion, les  noms  des  prélats  qui  occupaient  en  lô^S 
les  vingt-deux  sièges  épiscopaux  de  Languedoc  : 

Anne  de  Murviel  (Montauban),  1600;  —  Pierre 
de  Fenouillet  (Montpellier),  1608;  —  Vital  de 
Lestang  (Carcassonne),  i6i5;  —  Jean-Louis  de 
Bertier  (Rieux),  1617;  —  Louis- François  de  la 
Baume  de  Suze  (Viviers),  1618;  —  Jean  Plantavit 
de  la  Pause  (Lodève),  lôzS;  —  Clément  de  Bonzy 
(Béziers);  Sylvestre  de  Cruzy-Marcillac  (Mende); 
Claude  de  Rebé  (Narbonne);  Charles  de  Mont- 
chal  (Toulouse);  Louis  de  Nogaret  (Mirepoix), 
1628;  —  Jean  de  Fossé  (Castres),  i63z;  —  Nicolas 
de  Grille  (Uzès);  Jean-Jacques  de  Fleyres  (Saint- 
Pons);  Anthyme-Denys  Cohon  (Nimes),  i633;  — 
Gaspard  de  DaiUon  du  Lude  (Albi),  i635;  —  Ber- 


'  Bibliothèque  nationale.  Ms.  Languedoc,  n°  gS.  Lettre  de 
François  Bosquet  au  chancelier,  du  22  juin  1643. 


LIV.  I.   MINISTERE  DE  MAZARIN. 


i5cj 


1643 


Une  direction  énergique  n'aurait  point  été  inutile  pour  maintenir  dans  le 
devoir  ces  puissances  indisciplinées;  mais  on  s'apercevait  sans  peine  depuis 
deux  ans  que  l'unité  de  vues  faisait  absolument  défaut  dans  le  haut  personnel 
gouvernemental  &  que  le  fruit  des  leçons  infligées  aux  rebelles  de  tout  ordre 
sous  le  ministère  de  Richelieu  courait  grand  risque  de  se  perdre.  Déjà,  dans 
le  courant  de  l'année  1642,  trois  des  barons  des  États,  déchus  de  leurs  droits 
représentatifs  pour  avoir  pris  les  armes  contre  le  roi  dans  la  rébellion  de 
Montmorency,  avaient  été  remis  en  possession  de  leurs  privilèges.  La  réinté- 
gration des  barons  de  Bioule,  de  Calvisson  &  de  Rieux  '  eut  pour  complé- 
ment, au  mois  de  juillet  1643,  celle  du  baron  de  Castries,  que  la  justice 
royale  avait,  pour  la  même  cause,  frappé  d'une  égale  déchéance.  Les  lettres 
patentes  du  nouveau  roi  donnèrent  pour  motif  de  ce  rétablissement,  «  la 
gloire  de  la  maison  de  La  Croix  de  Castries,  illustre  par  la  sainteté  8c  la 
valeur  des  grands  hommes  qu'elle  a  portés  en  divers  temps,  8<.  rendue  véné- 
rable à  la  chrétienté  par  le  nom  de  Saint-Roch,  81  les  services  personnels  du 
titulaire  dans  les  armées,  notamment  en  Allemagne,  en  Lorraine,  aux  sièges 
de  Corbie,  de  Landrecies,  du  Catelet,  de  Turin  8t  de  Perpignan*.  » 

Le  maréchal  de  Schomberg,  gouverneur  de  Languedoc,  qui  s'était  trouvé  à 
la  Cour  pendant  l'agonie  de  Louis  XIII  8c  avait  assisté  aux  derniers  moments 
du  monarque,  ne  parut  dans  la  Province  qu'à  la  fin  du  mois  d'octobre,  pour 
y  faire  l'ouverture  des  Etats. 

Le  discours  qu'il  y  prononça,  conformément  à  la   coutume 3,  contenait, 


nard  Despruets  (Sainf-Papoul),  i636}  —  Nicolas 
Pavillon  (Alet);  Hugues  de  Labatut  (Comminges)  ; 
Charles-François  Abra  de  Raconis  (Lavaur)  i637; 
—  Henry  Cauchon  de  Maupas  du  Tour  (Le  Puy), 
1641  ;  —  François  Fouquet  (Agde),  1643. 

'  La  baronnie  de  Rieux  était  passée,  en  P640, 
dans  la  famille  Des  Montiers  de  MérinyiUe  par 
le  mariage  de  Marguerite  de  la  Jugie,  fille  & 
héritière  de  François  de  la  Ji'gie,  comte  de  Rieux, 
baron  de  Ferrais  &  de  la  Livinière,  &  de  Mar- 
guerite de  Narbonne,  comtesse  de  Rieux,  avec 
François  Des  Montiers  d«  Mérinville,  mestre  de 
camp  d'un  régiment  de  cavalerie,  chevalier  du 
Saint-Esprit,  fils  de  Jean  Des  Montiers,  comte  de 
Mérinville,  seigneur  de  Rochelidoux,  le  Presse  8c 
autres  lieux,  gentilhomme  ordinaire  de  la  Cham- 
bre du  roi,  &  de  Françoise  de  Chastagner.  Ce  ma- 
riage, auquel  assista  la  maréchal  de  Schomberg, 
cousin  du  mari,  fut  conclu  le  11  juin  1640  par- 
devant  M*  Galibert,  notaire  de  Rieux. 

*  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance 
du  J2  octobre  1643.  Rapport  du  syndic  général 
Joubert. 

'  La  session  annuelle  des  Etats  de  Languedoc 
s'ouvrait  invariablement  par  une  séance  d'apparat 
où  trois  discours  étaient  prononcés.  Les  députés  des 
trois  ordres  te  réunissaient,  à  neuf  heures  du  ma- 


tin, dans  une  salle  richement  décorée,  où  le  clergé 
&  la  noblesse  occupaient  les  hauts-bancs  &.  le 
tiers  état  le  parterre,  les  armoiries  des  évêques, 
des  barons,  81  des  villes  représentées  marquant 
la   place  de   chaque  membre. 

Le  commissaire  principal,  qui  était  d'ordinaire 
le  gouverneur  de  la  Province,  le  commandant  en 
chef  ou  un  prince  du  sang,  faisait  son  entrée 
solennelle,  en  costume  de  cérémonie,  suivi  de 
l'intendant  &  des  trésoriers  de  France  de  Tou- 
louse &  de  Montpellier  qui  portaient,  comme  lui* 
le  titre  de  Commissaires  présidents  pour  Sa  Ma- 
jesté. Ils  présentaient  la  lettre  close  du  roi  con- 
vocant  l'Assemblée  &  en  faisaient  donner  lecture 
par  le  greffier  de  la  Province. 

Ensuite,  le  premier  commissaire  qui,  selon  le 
langage  du  temps,  tenait  les  Etats,  adressait  à 
l'Assemblée  une  harangue  en  termes  généraux, 
dont  le  second  commissaire,  maître  des  requêtes 
en  mission  ou  intendant  territorial,  délayait  le 
développement  dans  une  pièce  d'éloquence  plus 
étendue  &  concluait  en  sollicitant  l'assistance  à 
se  montrer  libérale  des  deniers  de  la  Province  pour 
les  besoins  de  l'Etat.  L'archevêque  de  Narbonne, 
président-né,  ou,  en  son  absence,  le  plus  ancien 
des  évêques  présents,  —  car  la  présidence  ne  pou- 
vait sortir  de  l'ordre  ecclésiastique,  &  il  n'y  a  pas 


i6i(3 


i6o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

outre  l'éloge  obligé  de  la  régente,  —  «  une  reine  qui  passe  sa  vie  au  pied  des 
«  autels  &  qui  n'en  détourne  jamais  ses  yeux  ni  sa  pensée  que  pour  les 
«  appliquer  à  la  gloire  de  la  monarchie,  au  soulagement  de  ses  sujets  Si  à 
«  l'éducation  de  ses  enfants,  »  —  des  nouvelles  d'un  intérêt  capital  pour  un 
pays  situé  sur  la  frontière  d'Espagne  Se  perpétuellement  foulé  par  le  passage 
des  armées,  dépeuplé  par  les  levées  de  milices,  ruiné  par  les  contributions  de 
guerre  &  les  réquisitions  de  vivres. 

«  Cet  État,  dit  le  maréchal,  devra  le  bien  de  la  paix  à  la  maison  d'Au- 

«  triche,  d'où  jusques  ici  avoient  procédé  tous  nos  troubles Ce  bonheur, 

«  Messieurs,  est  plus  proche  que  vous  ne  vous  l'imaginez,  puisque  j'ai  eu 
«  nouvelles,  par  ce  dernier  ordinaire,  que  messieurs  les  députés  plénipoten- 
«  tiaires  sont  partis  pour  Munster,  avec  grande  apparence  de  bien  réussir  en 
«   leur  négociation  '.  » 

Le  passage  du  discours  de  Schomberg  relatif  au' cardinal  Mazarin,  à  son 
rôle  dans  les  conseils  de  la  régence  &  à  son  action  personnelle  sur  la  pré- 
paration de  la  paix,  offre  un  intérêt  particulier,  parce  qu'on  y  retrouve  la 
trace  évidente  des  instructions  du  ministre,  voulant  bien  garder  l'honneur 
de  sa  politique,  mais  cherchant  aussi,  avec  une  affectation  d'effacement  Se 
d'humilité  italienne,  à  désarmer  l'envie  Se  à  décourager  la  malveillance.  Son 
esprit  souple  s'effraie  des  colères  qu'a  suscitées  la  domination  de  Pvichelieu, 
Se  il  répudie  d'avance  une  part  de  ce  redoutable  héritage. 

Après  quelques  mots  rapides  sur  la  nécessité  de  la  paix,  que  l'Espagne 
désire  «  par  impossibilité  de  taire  autrement  »,  sur  les  vœux  ardents  de  la 
reine  pour  le  soulagement  de  ses  sujets  Se  le  bien  commun  de  la  chrétienté, 
sur  les  dispositions  du  Conseil,  «  dont  Monsieur  le  duc  d'Orléans  est  la  pre- 
«  mière  intelligence  Se  la  plus  lerme  colonne,  »  voici  en  quels  termes  étudiés 
Se  discrets  le  maréchal  s'exprime,  sans  le  nommer,  sur  le  compte  de  Mazarin  : 

«  Cet  autre  excellent  génie,  qui  a  employé  tant  de  veilles  à  dresser  les 
tt  mémoires  Se  les  instructions  d'un  si  important  traité,  ne  passionne  rien 
«  au  monde  comme  d'avoir  utilement  travaillé  pour  notre  salut.  C'est  celui 
«  dont  l'on  peut  dire,  sans  soupçon  de  flatterie,  qu'a)ant  le  même  caractère, 
«  les  mômes  lumières  Se  la  même  activité  de  ce  grand  esprit  qui  l'a  précédé, 
«  il  n'en  veut  point  avoir  l'éclat  ni  la  fortune.  Se  n'en  sauroit  jamais  mériter 
«  le  malheur;  la  gloire  de  bien  servir  borne  toute  son  ambition  aussi  bien 
«  que  ses  espérances,  Se  le  repos  de  l'Europe  est  le  seul  objet  de  ses  pré- 
«  tentions.  » 

d'exemple  qu'on   l'ait  jamais  vue   remplie  par  un  prit.  Les  travaux  commençaient  le  même  jour,  daps 

gentilhomme,  —  répondait  en  faisant    un  table.iu  l'après-midi,  par  la  vérification  des  pouvoirs, 

des  misères   du    pays,  de    son    impuissance,  de    la  '    Les   plénipotentiaires    de   France    chargés    en 

progression   ininterrompue  des   impôts  &    finissait  i6^3  de   préparer    les  bases  du   traité  de  Westpha- 

par  promettre  que,  malgré  tout,  l'Assemblée  ferait  lie,   conclu    seulement  en    1648,  furent    Claude   de 

de   son    mieux.  Cela    terminé,  les   commissaires  du  Mesme,  comte  d'Avaux,  ancien  ambassadeur  à  Ve- 

Gouvernement  &  les  députés  des  trois  ordres  quit-  nise,   en    Danemark,  en    Suède   &   en    Pologne,  8c 

taient  la    salle   en  grand  appareil  &  allaient  dans  Abel  Servien,  marquis  de  Sablé,  ancien  intendant 

une  église  voisine,  entendre  la  messe  du  S.cint-Es-  de  Guyenne  &  secrétaire  d'ivtat  de  la  guerre. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  i6i 

Bosquet  fit  un  pompeux  éloge  du  gouvernement  monarchique,  8<.  célébra 
les  avantages  de  la  politique  personnelle  avec  les  arguments  ordinaires  des 
théoriciens  de  la  royauté  :  «  Oh  !  qu'un  vaisseau  sans  pilote,  un  monde  sans 
«  soleil,  un  corps  sans  âme,  un  royaume  sans  roi,  sont  choses  pitoyables  à 
«  voir!  ))  Cependant,  il  voulut  bien  admettre  que  la  minorité  du  prince  était 
un  légitime  sujet  d'inquiétude  &  une  véritable  crise  pour  l'État,  mais  il  eut 
soin  d'en  abréger  le  terme,  en  faisant  observer  que  le  droit  public  avançait  les 
années  des  rois  :  «  Comme  ils  sont  nés  pour  le  commandement  des  hommes, 
«  ils  sont  aussi  estimés  être  plus  tôt  hommes  que  ceux  à  qui  ils  doivent 
«  commander,  l'administration  de  leurs  affaires  leur  étant  donnée  à  un  âge 
«  auquel  le  reste  des  humains  n'a  aucune  liberté  d'agir,  »  Il  consacra  de 
longs  développements  à  justifier  l'autorité  de  la  régente,  rehaussa  le  droit  & 
la  capacité  des  femmes,  accusa  les  hommes,  auteurs  des  lois,  d'avoir  commis 
une  véritable  usurpation  «  en  éloignant  les  dames  du  gouvernement  «  &  en 
refusant  la  puissance  civile  au  sexe  «  que  la  nature  avoit  associé  à  l'homme 
«  dans  la  conduite  de  la  famille  &  de  la  domination  de  la  terre.  » 

Le  commissaire  royal  prenait  ainsi  les  devants  pour  combattre  l'esprit  d'op- 
position qui  saluait  déjà  l'avènement  d'Anne  d'Autriche  &  concluait  par  un 
vigoureux  appel  à  l'union  de  tous  les  Français.  C'était  aux  peuples  à  sup- 
pléer par  leur  obéissance  au  défaut  d'âge  du  prince,  Se  à  comprendre  que 
leurs  intérêts  ne  doivent  pas  être  séparés  de  ceux  du  monarque,  l'accord 
intime  du  peuple  &  du  roi  étant  le  plus  solide  fondement  de  tous  les 
royaumes.  Par  la  vertu  merveilleuse  de  cet  accord,  le  roi  Clotaire,  porté  k 
la  tête  de  son  armée,  «  pendant  encore  des  mamelles  de  sa  mère,  n  avait  pu 
chasser  les  ennemis  de  l'Etat. 

Le  discours  se  terminait  par  une  brillante  glorification  de  la  paix.  Assez 
de  sang  8c  de  larmes,  assez  de  cruautés;  Dieu  ne  veut  pas  être  appelé  le  Dieu 
des  batailles.  La  Providence  se  plaît  à  entremêler  les  règnes  belliqueux  Se  les 
règnes  pacifiques.  Louis  XIII  n'a  pu  bâtir  ce  temple  de  paix,  objet  de  ses 
derniers  désirs,  parce  que,  comme  David,  il  avait  répandu  le  sang;  l'édifica- 
cation  en  est  réservée  à  ce  jeune  Salomon,  dont  l'âge  n'inspire  que  des  mou- 
vements de  tendresse  St  dont  le  bras  ne  maniera  point  le  glaive. 

Déjà,  dans  le  courant  de  cette  année,  la  Province  a  éprouvé  les  premiers 
adoucissements  de  ses  maux;  les  passages  de  troupes  moins  fréquents,  les 
routes  des  prisonniers  de  guerre  dont  elle  a  été  déchargée,  la  révocation  de 
quelques  édits  portant  des  exactions  nouvelles,  sont  les  préludes  d'une  ère 
de  calme  8c  de  réparation.  Rien  ne  doit  manquer  au  bonheur  de  la  France. 
L'accord  8c  l'intelligence  du  roi,  des  princes,  des  grands  8c  du  peuple  sont 
assurés,  8c  res|îérance  est  permise  de  ne  plus  voir  dans  le  pays  «  qu'une  seule 
8c  véritable  religion.  » 

L'auditoire  ajouta-t-il  foi  aux  riantes  prophéties  de  l'intendant  qui  annonçait 
en  Louis  XIV  un  roi  pacifique?  Le  doute  est  possible,  carie  tableau  du  présent 
parut  singulièrement  flatté,  si  l'on  en  juge  par  le  nombre  des  réclamations 
relatives  aux  logements  des  gens  de  guerre  8c  aux  passages  des  prisonniers. 

xm.  M 


104J 


~^         162  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  pays  soufhait  gravement  des  charges  que  l'entretien  de  nombreuses 
armées  faisait  peser  sur  l'ensemble  du  royaume,  8c  la  proximité  de  la  guerre 
qui  se  poursuivait  en  Catalogne,  avec  des  chances  diverses,  ajoutait  à  ses 
souffrances,  d'abord  par  une  foule  de  vexations  directes,  &  en  second  lieu 
par  l'empêchement  des  fonctions  les  plus  nécessaires  de  la  vie  de  société. 

La  Province  avait  eu  à  peine  le  temps  de  se  remettre  des  guerres  civiles 
qui  marquèrent  le  commencement  du  siècle.  Un  grand  nombre  de  dépenses 
occasionnées,  pendant  les  dernières  luttes  religieuses  du  Vivarais,  du  Querci 
&  du  bas  Languedoc,  par  les  levées  de  troupes,  l'armement  des  milices  bour- 
geoises, les  travaux  de  fortification  &  la  mise  en  défense  des  places,  grevaient 
le  budget  de  la  plupart  des  communes  Se  entretenaient  ces  dettes  onéreuses, 
dont  les  arrérages  ne  pouvaient  être  payés  qu'au  prix  d'impôts  de  consomma- 
tion ou  de  taxes  de  douanes  multipliées;  &,  malgré  l'excès  de  ces  sacrifices, 
les  nécessités  du  trésor  royal ,  presque  constamment  à  court  quand  les  troupes 
réclamaient  leur  solde,  imposaient  des  aggravations  croissantes, 

Schomberg  ne  s'était  donc  nullement  éloigné  de  la  vérité  en  disant  aux 
États  de  1642  :  «  Il  faut  avouer  que  cette  Province  a  fait  même  au  delà  de  ses 
«  forces;  le  tiers  état,  que  je  nomme  en  cet  endroit  le  premier,  puisqu'il  est 
«  aussi  le  premier  à  souffrir,  s'arrache  le  plus  pur  de  sa  subsistance  pour  le 
<(  donner;  Messieurs  de  l'Eglise  fournissent  aussi  libéralement  leur  argent 
«  que  leurs  prières,  &c.  la  plupart  de  ceux  de  notre  corps  prodiguent,  non- 
«  seulement  leurs  biens,  mais  encore  leurs  soins,  leurs  veilles,  leur  sang  & 
«  leur  vie  '.  » 

La  liquidation  des  dépenses  arriérées,  traînant  depuis  l'édit  de  pacification, 
outre  les  embarras  pécuniaires  qu'elle  occasionnait,  donnait  lieu  à  des  procès 
interminables;  Se  l'habileté  des  gens  de  loi  qui  les  exploitaient  achevait  la 
ruine  des  parties.  Tantôt  c'étaient  les  fournitures  Se  les  avances  faites  à  l'armée 
du  maréchal  de  Thémines,  lors  de  l'expédition  du  Mas-d'Azil,  qu'une  compa- 
gnie de  munitionnaires  réclamait  de  la  Province  Se  qui  mettaient  le  diocèse 
de  Rieux  en  conflit  avec  ses  villes  maîtresses^;  tantôt  c'étaient  les  campagnes 
du  maréchal  de  Montmorency  au  bas  Languedoc  Se  les  frais  d'entretien  des 
garnisons  établies  dans  les  châteaux  enlevés  aux  protestants  qui  troublaient 
le  repos  des  diocèses  de  Béziers,  de  Saint-Pons  Se  de  Lodève^;  tantôt  le  gou- 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  &  i«<^ève  d'entretenir  pendant  trois  mois  ladite  gar- 

du  19  novembre  1642.  nison  à  raison  de  dix  livres  par  mois  pour  chaque 

'  Procès  du   diocèse  de   Rieux   avec   la  ville  de  soldat,  &  en  conséquence  ledit  sieur  Gau/'ac  auroit 

Saiiit-Sulpice   de  Lézat,  La  liquidation  des  avan-  contraint  plusieurs  communautés  dudit  diocèse  de 

ces  réclamées  fut   fixée  à   8  772  livres  sans  compter  Béliers  de  lui  fournir  du   blé,  pain,  argent  &  au- 

les  intérêts  '.  très  choses  pour  l'entretènement  de   ladite  garni- 

3  «  Feu  monseigneur  de  Mort/morertcy  après  avoir  son,  beaucoup  au-dessus   de  ce  que  ledit  diocèse  y 

forcé,  en  1629,  le  château  de  Lunaj  occupé  par  ceux  devoit  contribuer;  néanmoins   le   sieur   baron   de 

de  la  religion,  y  auroit  mis  six  vingts  hommes  de  Sumène^  soi-disant  héritier  dudit  sieur  de  Gaujac, 

la  garnison,  commandés  par  le  feu  sieur  de  Gau-  auroit  formé   instance    en   la   Cour   des   comptes, 

jac,  avec  ordre  aux  diocèses  de  Béliers,  Saint-Pons  aides  S(.  finances  de  Montpellier  contre  les  syndics 

&  députés  desdits   diocèses  pour  les  faire  condam- 

■  Procès-verbal  des  États.  Siîancedu  28  novembre  1643.  ner  audit  remboursement  des  sommes  avancées  par 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  i63 

verneur  du  fort  de  Brescou  obtenait,  à  grand  renfort  d'arrêts,  le  payement  de 
sommes  complémentaires  pour  l'armement  8<  l'équipage  de  la  frégate  mouillée 
dans  ses  eaux'j  ailleurs,  le  cessionnaire  d'un  commis  provincial  des  poudres 
Se  salpêtres  produisait  une  créance  tardive  pour  livraisons  de  produits  à  la 
citadelle  de  Béziers.  Toutes  ces  réminiscences  du  passé  paraissaient  d'autant 
plus  dures  que  les  besoins  de  la  guerre  étrangère  annulaient  l'avantage  de  la 
paix  intérieure. 

Les  offices  créés  en  grand  nombre,  les  taxes  prélevées  sous  les  prétextes  les 
plus  divers  ne  cessaient  d'alimenter  depuis  longtemps  l'éloquence  inutile  des 
cahiers  de  doléances.  De  toutes  les  nouvelles  charges,  la  Province  n'en  con- 
naissait pas  de  plus  insupportable  que  le  quartier  d'hiver,  imposition  désignée 
aussi  du  nom  de  subsistance,  parce  qu'elle  était  employée  à  faire  vivre  les 
troupes;  cette  contribution,  introduite  en  i638,  était,  comme  l'écrit  un  con- 
temporain, «  une  seconde  taille,  beaucoup  plus  grande  que  la  première.  » 
En  effet,  l'édit  de  Béziers  avait  fixé  à  un  million  cinquante  mille  livres 
l'abonnement  annuel  de  la  taille  pour  la  Province  de  Languedoc,  Se  la  sub- 
sistance ne  s'élevait  pas  à  moins  de  un  million  six  cent  cinquante  livres,  sans 
compter  le  droit  de  perception,  les  étapes,  8t  une  infinité  d'autres  charges. 
Le  prétexte  de  cet  établissement  avait  été  de  ménager  la  propriété  foncière  & 
les  habitants  du  plat  pays.  «■  Mais,  ajoute  le  même  Jean  de  Galien,  rédacteur 
«  officiel  des  Annales  de  Toulouse,  ce  prétexte  n'est  pas  considérable;  car, 
«  outre  qu'il  ne  se  parle  point  de  diminuer  les  tailles,  le  commerce  est  ruiné 
«  aussi  bien  que  l'agriculture.  «  En  effet,  la  traite  foraine,  les  droits  de 
douanes  particulières  frappaient  la  circulation  de  toutes  les  denrées  8c  ren- 
daient le  trafic  impossible. 

L'annaliste  municipal,  écho  des  préoccupations  populaires,  complétait  le 
tableau  de  la  misère  générale  par  cette  réflexion  :  «  Le  mal  est  que  souvent 
«  les  finances  ne  passent  point  par  des  mains  pures  &  nettes,  que  de  tout 
«  ce  qui  se  lève  sur  le  peuple,  il  en  vient  fort  peu  au  roi,  &  que  la  moindre 
«  portion  est  celle  qui  est  employée  aux  frais  de  la  guerre  &  aux  nécessités 
«  de  l'État.  Cela  se  voit  des  richesses  immenses  des  partisans  &  des  financiers, 
«  des  grands  &  magnifiques  palais  qu'ils  ont  bâtis  du  sang,  des  larmes  &  des 
«  ossements  du  pauvre  peuple.  En  quoi  8<.  en  leurs  riches  ameublements  ils 
«  ont  employé  plusieurs  millions;  leurs  seules  rentes  seraient  capables  d'cn- 
«  tretenir  &  soudoyer  des  armées,  en  leur  laissant  même  de  quoi  s'entretenir 
«  honnêtement^.  » 


ledit  feu  sieur  Je  GauJtCi  c'est  «ne  pure  vexation,  exposée  à  mille  procès  pour  des  demandes  de  cette 
ledit  sieur  de  Sumène  n'ayant  aucun   droit  d'agir  nature,  ce  qu'il  est  important  d'éviter  '. 
contre    lesdits  diocèses,  tant    à    cause   du  laps    de  'C'était  un    sieur  d'Audonville,  capitaine   des 
temps,  que  de  ce  que  le  sieur  de   Gaujae  n'auroit  gardes  du   maréchal  de  Schomberg. 
formé   aucune  instance   pour  raison   de  ce,  ayant  '  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuscrites  de 
recouvré  sur   lesdits  diocèses  ce  qui    lui   étoit  or- 
donné pour  ladite  earnison;  si  cette  sorte  d'ins-  _      ,         .   ,  .     j. 

"^    .     ,.                     ,      „       •                                .  '  Procès-verbal  des  Etats.  S&nce  du  12  novembre  1642. 

tance  avoit  lieu,  toute   la    Province  se  trouveroit  Rapport  du  sieur  de  Villeneuve,  syndic  gi-'mîral. 


1643 


—^ 164  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Il  n'y  a  pas  d'exagération  dans  la  peinture  de  cette  détresse  publique.  La 
vérification  minutieuse  de  la  ville  de  Toulouse  dont  l'intendant  Robert 
Miron,  commissaire  départi  par  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  dressa  procès-verbal, 
sur  la  requête  des  capitouls,  permet  d'apprécier  dans  ses  détails  la  condition 
déplorable  où  se  trouvait  réduite  la  capitale  de  la  Province,  ruinée  par  une 
succession  presque  ininterrompue  de  calamités'. 

Quant  aux  campagnes,  un  fait  plus  éloquent  que  toutes  les  descriptions 
peut  suffire  à  deviner  leur  état.  Sur  bien  des  points,  le  faix  de  l'impôt  était 
devenu  si  lourd  que  les  populations  laissaient  les  terres  en  friche,  aimant 
mieux  n'en  tirer  aucun  produit  que  de  le  voir  passer  tout  entier  aux  mains 
des  collecteurs.  Le  lieu  de  Générac,  au  diocèse  de  Nimes,  ayant  été  ainsi 
déserté,  les  consuls  durent  faire,  par  devant  le  syndic,  un  acte  d'abandon 
solennel  du  terroir,  avec  sommation  de  l'inscrire  en  non-valeur  &  d'en 
rejeter  la  quote-part  sur  le  général  du  diocèse.  Comme  ce  n'était  point  un 
fait  isolé,  il  fallut  charger  tous  les  syndics  diocésains  de  «  procéder  à  une 
«  exacte  vérification  des  lieux  abandonnés  &  désertés  »  afin  d'en  dresser  un 
état  que  l'on  se  proposait  de  mettre  sous  les  yeux  du  roi  ^. 

Les  ouvriers  des  villes  n'étaient  pas  plus  heureux  cjue  les  paysans.  Atteints 
par  la  pauvreté  universelle,  ils  vivaient  la  plupart  au  jour  le  jour,  sans 
aucune  avance,  &.  un  très-grand  nombre  d'entre  eux,  ne  trouvant  plus 
moyen  de  gagner  leur  vie,  avaient  quitté  la  Province  &  s'étaient  retirés  à 
Paris  3, 

Le  mal  n'eût  pas  été  complet  si  l'on  n'avait  eu  à  satisfaire  que  les  collec- 
teurs &  les  traitants;  mais  le  passage  continuel  des  colonnes  qui  allaient 
renforcer  l'armée  de  Catalogne  était,  pour  les  pays  parcourus,  une  occasion 
de  vexations  infinies.  On  avait  bien  établi  l'étape  en  vue  de  régler  d'une 
façon  certaine  les  obligations  des  peuples,  d'empêcher  les  violences  8c  de 
réfréner  la  rapacité  des  conducteurs  de  gens  de  guerre;  mais  l'urgence  des 
cas,  l'impéritie,  la  faiblesse  ou  la  connivence  des  consuls  qui  tantôt  étaient 
victimes,  tantôt  complices  de  l'indélicatesse  des  officiers  rendaient  souvent 
illusoires  les  avantages  espérés  de  cette  organisation"^. 


Vhdtel-de-yille,  vu,  p.    332;  Année   caphulaire ,  Gendarmes,  allant  à  l'armée  :  officiers  &  <5o  maî- 

1641-42.  très,  82  rations,  220I; — revenant,  40  maît.,  62  ra- 

'  Nous  publions  ce  curieux  document  dans  nos  tions,  166' 7'4'' j  —  recrues,  3o  maît.  &  ^/g  des  offi- 

pièces  justificatives,  n°  I.  Procis-verhal  sur  testât  c'ieti  des  compagnies,  44  rations,   iiS'  |s  4<1.   Par 

déplorable  de  la  ville  de   Toulouse;  tous  les  quar-  ration,  53=8''. 

tiers  de  la  ville  y  sont  passés  en   revue  avec  leva-  Clievau-légers,  allant,  5o  cavaliers  :  69  rations, 

luation  précise  des  pertes.  i^o';  —  revenant,  3o  cavaliers,  49  rations,  106 

'  Rapport  du  sieur  de  Lamothe,  syndic  général,  i  !«  6'^.  —  recrues,  80   cavaliers,  -jr^  des   officiers, 

Procès-verbal  des   Etats  de  Languedoc,  Séance  du  42  rations,  91'  7^.  Par  ration,  48*  6<l. 

26  novembre  1642.  Carabins,  gardes  &  mousquetaires  à  cheval,  5o 

'  Malenfant,    Collections  &  remarques  du  palais,  hommes,  69   rations,   ioqI.  —  revenant,  3o   hom- 

III,  p.  178.  mes,  49  rations,  71'  i*;  —  recrues,  3o   hommes, 

<  Voici   le   tarif  de   l'étape   par  compagnie,  tel  -^  des  officiers,  42   rations,  60'  18s.   Par  ration, 

qu'il  fut  réglé  aux  Etats  le  24  mai  1642  :  29^ 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  i65 

Pendant  la  campagne  de  1643,  les  intendants  donnèrent  des  ordres  pour 
iaire  embarquer  dans  les  ports  de  Narbonne  ik  d'Agde,  à  destination  de  Cata- 
logne, des  troupes  qui  arrivaient  du  haut  Languedoc.  Le  produit  de  l'étape 
fut  affecté  au  payement  des  bateaux  de  transport  8<.  à  la  subsistance  des 
troupes  hors  des  eaux  de  la  Province  ;  aussi  ne  restait-il  pas  un  denier  pour 
les  étapes  de  la  route  de  terre  jusqu'à  Narbonne,  où  les  détachements 
affluaient  de  tous  les  points  du  pays.  Ce  surcroît  de  frais  fut  rejeté  sur  les 
diocèses.  L'archevêque  en  porta  plainte  au  maréchal  de  Schomberg  au  nom 
des  États.  Le  gouverneur  blâma  fort  le  divertissement  des  fonds  qui  s'était 
fait  en  son  absence  8c  qu'il  n'aurait  jamais  autorisé,  mais  il  s'excusa  de  ne 
pouvoir  ordonner  le  remboursement  des  diocèses.  Les  Etats  décidèrent  alors 
qu'à  l'avenir  les  villes  ou  diocèses  qui  auraient  la  faiblesse  de  consentir  à  ces 
dépenses  extraordinaires,  faites  en  contravention  du  règlement  des  étapes, 
seraient  privés  du  droit  d'entrée  à  l'Assemblée  provinciale,  comme  ayant 
dérogé  aux  privilèges  du  pays  &  désobéi  aux  ordres  des  États.  Si  la  résistance 
qu'on  leur  prescrivait  par  cette  délibération  les  exposait  à  des  dommages,  la 
Province  devait  les  indemniser'. 

Dans  les  diocèses  de  Castres,  d'Alet  5t  de  Saint-Papoul,  durant  la  même 
campagne,  la  compagnie  des  chevau-légers  du  maréchal  de  Schomberg  s'était 
signalée  par  de  notables  exactions.  Non-seulement  le  chef  de  cette  troupe, 
qui,  d'après  les  règlements,  aurait  dû  vivre  sur  le  fonds  du  quartier  d'hiver 
avait  exigé  des  consuls  la  subsistance  en  argent  pour  son  eftectif  réel,  mais  il 
s'était  fait  donner  l'équivalent  des  rations  pour  les  absents;  &,  dans  beau- 
coup de  lieux  écartés,  désignés  comme  quartiers  d'assemblée  pour  les  troupes 
en  vertu  d'ordres  purement  comminatoires,  les  communes  avaient  dû  se  rési- 
gner à  souscrire  des  transactions  onéreuses  afin  d'éviter  un  voisinage  inquié- 
tant. L'indiscipline  des  troupes,  d'ailleurs  mal  payées,  était  si  grande,  que 
les  Etats  prièrent  le  maréchal  de  ne  jamais  laisser  les  gens  de  guerre  hors  des 
villes  closes,  ou  l'on  avait  au  moins  l'assurance  de  les  pouvoir  enfermer,  &  de 
ne  pas  donner  d'ordres  d'assemblée  dans  le  plat  pays^. 

L'évacuation  des  blessés  Se  des  malades  de  l'armée  de  Catalogne  qui  encom- 
braient incessamment  l'hôpital  de  Narbonne,  &  l'internement  des  prisonniers 
espagnols  que  l'on  avait  répartis  entre  la  plupart  des  villes  de  la  Province, 
dans  la  citadelle  de  Montpellier,  dans  l'hôpital  Saint-Jacques  de  Toulouse,  &. 
dont  la  nourriture,  les  frais  de  transport  8t  d'escorte  étaient  à  la  charge  des 
communes  5,  rendaient  plus  général  &  plus  vif  le  désir  de  la  paix. 

Infanterie,  allant,  45  hommes,  82  rations,  25';  '  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  24  novem- 

—  revenant,  3o  hommes,  67  rations,  20'  7"  8 ""i  —  bre  1643. 

recrues,  35  hommes,  ^/^  des  officiers,  64   rations,  '  IhiJ.  Séance  du  12  novembre  1643. 

16'.   Par  ration,  6»  i'^.  '  Deux  cent  trente  officiers  &  soldijts  espagnols 

Pour  les  compagnies    du    régiment   des    gardes,  ou   italiens  du   nombre  des   prisonniers  faits  à   la 

&  du    régiment  royal,  beaucoup    plus   fortes  que  journée  de  Villefranche    par    le  maréchal   de    La 

celles  des  autres  corps,  leurs   rations  devaient  être  Mothe  Houdancourt,  commandant  l'armée  de  Ca- 

allouées  suivant   le  certificat   de   leurs   revues  fait  talogne,  avaient  été  confiés  à  la  garde   des  capi- 

en   bonne  forme.  touls.  On    restaura    pour    les   y    installer   l'ancien 


1643 


I 


~^ l66  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Dans  des  conditions  pareilles,  il  est  facile  de  comprendre  ce  que  devenaient 
les  travaux  publics.  C'est  à  peine  si  chaque  année  une  maigre  somme  était 
consacrée  au  port  d'Agde;  les  voies  de  communication  se  trouvaient  dans  un 
état  de  délabrement  &  d'abandon  qui  décourageaient  les  voyageurs.  Une 
somme  annuelle  de  quarante  mille  livres  figurait  dans  les  commissions  de 
l'impôt  sous  la  rubrique  des  ponts  &  chaussées,  mais  on  l'employait  à  d'au- 
tres usages  &  la  plupart  des  ponts  tombaient  en  ruines.  Dans  la  plaine  de 
Coursan,  au  diocèse  de  Narbonne,  le  grand  chemin  avait  été  si  gravement 
endommagé  par  les  crues  de  l'Aude  qu'il  était  devenu  entièrement  imprati- 
cable en  hiver,  au  grand  détriment  du  commerce,  &  que  les  voyageurs  ne 
pouvaient  plus  s'y  aventurer  sans  péril  '. 

Par  combien  de  conséquences  indirectes  la  guerre  de  Catalogne  n'avait-elle 
pas  compromis  la  prospérité  du  pays  !  On  sait  que  la  fabrication  des  draps  &c 
des  diverses  étoffes  de  laine  était  en  Languedoc,  depuis  une  époque  reculée, 
l'industrie  nationale  par  excellence.  C'était  la  seule  sérieuse,  depuis  que  l'in- 
troduction des  bois  de  teinture  d'Amérique  avait  ruiné  la  production  8c  le 
commerce  du  pastel.  Presque  toute  la  richesse  du  pays  en  venait,  8c  la 
noblesse  également,  car  la  plupart  des  lignées  féodales  ayant  disparu,  c'est 
par  la  fortune  mobilière  8v  territoriale  que  les  familles  faisaient  le  premier 
pas  vers  l'anoblissement,  toujours  aisément  obtenu,  quand  on  était  riche,  par 
l'acquisition  d'offices  de  judicature  8c  de  finances  ou  par  l'élection  aux  charges 
municipales,  qui,  le  plus  souvent,  était  aussi  une  forme  d'acquisition  déguisée. 

Cette  industrie  précieuse,  source  de  profits  Se  d'honneurs  pour  le  tiers  état 
languedocien,  se  trouvait  singulièrement  attaquée  par  suite  de  la  guerre. 
La  matière  première  faisait  défaut,  les  laines  d'Espagne  n'arrivant  plus,  ni 
celles  des  autres  contrées.  Les  laines  indigènes  avaient  enchéri  d'une  façon 
notable,  8c  pour  conserver  au  Languedoc  «  le  négoce  de  la  draperie,  la  seule 
«  chose  qui  lui  reste,  »  les  manufacturiers  s'étaient  vus  contraints  d'avilir  la 
qualité  de  leurs  produits;  mais  comme  la  fabrication  avait  été  réglementée 
par  Louis  XII  en  i5o8,  par  Charles  IX  en  i56o  8c  iSyi,  8c  en  vertu  de  con- 


Iiôpital  des  pestiférés,  Saint-Sébastien  de  la  Grave.  chemises   &  qu'ils   attachèrent  au  grillage  des   fe- 

Ils  y  furent  entretenus  pendant  toute  l'année  aux  nêtres  '. 

dépens  de   la  ville,  sauf  le  premier  mois  pour   le-  Lorsque  le  duc  de  Toralta  ,  général  des  armées 

quel  les  commissaires  du  roi,  chargés  de  leur  con-  du  roi  d'Espagne,  traversa   la  Province,  allant  de 

duite,  avaient   laissé   quelque   argent.  Pour   éviter  Lyon    à    Bayonne   pour  y  être  échangé,  il  trouva 

les   frais  qu'aurait   exigé   l'entretien   d'une   garde  partout,  d'après  les  ordres  de  l'intendant,  un  car- 

soldée,    les    capitouls    avaient    rétabli    le    service  rosse   pour   sa  personne ,  huit  montures   pour  ses 

des   dizaines,    milice    bourgeoise   de   vieille    date,  domestiques  &   une   charrette  pour  ses   effets.  Les 

très-souvent    convoquée    au     temps    des     guerres  capitouls  envoyèrent  à  sa    rencontre  un  assesseur 

civiles.  avec   le  capitaine  du  guet,  puis   le  visitèrent  par 

Chaque  soir,  au  son  du  tambour,  cent  habitants  demi-quadrille   &   lui   offrirent    un    repas   muni- 

en  armes,  conduits  par  leurs,  dizainiers,  prenaient  cipal, 

la   garde   pour    vingt-quatre    heures.  Ils    n'empè-  '  Procès- verbal  des  Etats.  Séances  des  7   &   i3 

chèrent  pas,  par  une   nuit  de  vent  &  de  ténèbres,  novembre  16^3. 
un   certain  nombre   de   captifs  de  s'échapper  à    la 

rivière  à  l'aide  d'une  corde  qu'ils  firent  de  leurs  ■  Archives  de  Toulouse.  .Innote  mc7;iKscri7<?s,V  11,  p.  ?-''é. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  167 

ventions  arrêtées  en  1602  &  161 1  entre  les  marchands  de  la  Bourse  de  Tou- 
louse 81  les  industriels  des  principales  villes  de  la  Province,  toute  dérogation 
aux  règlements  tombait  de  droit  sous  le  coup  de  la  loi;  il  s'était  trouvé  un 
dénonciateur  intéressé  pour  avertir  le  conseil  d'Etat,  bien  que  les  marchands 
étrangers  Si  les  habitants  de  la  Province  n'eussent  point  élevé  de  réclama- 
tion; un  arrêt  adressé  aux  intendants  prescrivait  la  confiscation  des  étoffes 
non  réglementaires,  81  les  fabricants  ne  pouvaient  échapper  à  l'alternative 
d'avoir  leurs  produits  saisis  ou  de  fermer  leurs  manufactures.  C'était  la 
menace  d'une  ruine  complète  pour  la  plupart  des  familles  du  bas  Languedoc 
81  des  Cévennes  '. 

La  mobilité  des  influences  de  cour,  en  donnant  gain  de  cause  à  tout  solli- 
citeur appuyé,  compliquait  encore  les  difficultés  locales  par  la  multiplicité 
des  solutions  contradictoires  que  recevait  une  même  affaire,  sans  que  la  partie 
lésée,  ignorant  les  démarches  que  l'on  faisait  contre  elle,  eût  seulement  le 
temps  de  se  défendre. 

Le  syndic  général  de  la  Province  *  exposa  aux  membres  des  États,  dans 
leur  dernière  séance,  les  violences  qui  venaient  d'interrompre  l'exploitation 
des  mines  de  Gévaudan.  Il  y  avait  trois  ans  qu'un  entrepreneur  nommé 
Firmin  Mazelet  avait  obtenu  de  M.  de  Bullion,  surintendant  des  finances, 
grand  maître  Si  surintendant  général  des  mines  61  minières  de  France,  l'au- 
torisation, valable  pendant  six  ans,  de  chercher  Si  travailler  toutes  les  mines 
d'or,  argent,  cuivre,  étain,  plomb  «  81  autres  métaux,  minéraux  Si  demi- 
«  minéraux  »,  dans   l'étendue  des  provinces  de  Languedoc  81  Rouergue, 


16^3 


■  Requête  présentée  aux  États  par  les  marchands 
faciuriers  de  laine  de  Languedoc.  —  Procès-verbal 
des  Etats.  Séance  du  lo  novembre  1643. 

•  En  droit,  la  portion  de  pouvoir  exécutif  qui 
appartenait  à  la  Province  était  déléguée,  au  scru- 
tin secret,  par  l'ensemble  du  corps,  à  des  commis- 
saires choisis  dans  son  sein,  pour  chaque  afiaire 
spéciale,  d'après  des  régies  de  proportion  constante. 
Une  tradition  passée  en  principe  &  fixée  par  des 
statuts  d'ordre  intérieur  établissait  que,  dans  ces 
commissions,  l'église  &  la  noblesse  devaient  comp- 
ter un  nombre  égal  de  membres,  &  le  tiers  état  un 
nombre  double.  Si  la  commission  avait  deux  évè- 
ques  &  deux  barons,  elle  recevait  quatre  députes 
de  communes. 

Mais  en  pratique,  le  véritable  travail  des  com- 
missions était  fait  par  des  administrateurs  perma- 
nents que  l'on  appelait  syndics  généraux.  11  y  en 
avait  trois  pour  toute  "la  Province,  un  par  séné- 
chaussée; chacun  s'occupait  des  affaires  de  son  dé- 
partement; mais  en  outre  ils  accompagnaient  à 
tour  de  rôle  la  députation  de  la  Province  à  la  Cour 
&  participaient  ainsi  à  la  gestion  des  intérêts  gé- 
néraux. 

Ces  personnages  étaient  les  grands  ouvriers  de 
l'administration    provinciale.    Ils    stipulaient    en 


son  nom  dans  les  contrats,  &  agissaient  pour  elle 
dans  toutes  les  instances,  aussi  bien  devant  le 
Conseil  du  roi  que  devant  les  autres  juridictions. 
Ils  étaient  les  rapporteurs  ordinaires  aux  assem- 
blées annuelles,  &  c'est  par  leur  bouche  que  lej 
députés  des  trois  ordres  recevaient  communication 
de  tous  les  actes  de  l'autorité  souveraine  pouvant 
intéresser  la  Province;  ils  étaient  aussi  les  intro- 
ducteurs naturels  des  réclamations  présentées  aux 
Etats,  soit  par  des  diocèses,  soit  par  des  communes, 
soit  par  des  particuliers.  Leurs  fonctions  étaient 
électives,  mais  viagères,  à  moins  de  forfaiture,  & 
passaient  souvent  de  père  en  fils. 

Quand  M.  de  Lamothe,  syndic  général  pour. la 
sénéchaussée  de  Beaucaire  81  Nimes,  donna  sa  dé- 
mission, après  dix-huit  ans  d'exercice,  alléguant 
pour  excuse  des  affaires  de  famille  qui  ne  lui  per- 
mettaient pas  de  séjourner  à  Montpellier  &  de 
faire  les  nombreux  voyages  exigés  par  les  intérêts 
de  la  Province,  il  produisit  des  lettres  de  provi- 
sion royale  dont  la  plus  ancienne  datait  de  iô63, 
&.  qui  prouvaient  que  la  charge  était  restée  dans 
sa  famille  pendant  quatre  générations'. 


•  Procis-verbal  des  ttats  de  Languedoc.  Stancc  du  1 1  ii' 
ccmbre  |6.|3. 


I 


~^^         i68  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

avec  remise  du  dixième  qui  appartenait  au  roi.  Fort  de  ce  privilège,  que  des 
lettres-patentes  de  Louis  XIII  avaient  confirmé  le  ii  septembre  1640,  Firmin 
Mazelet  s'était  mis  en  grande  dépense,  avait  fait  venir  des  ouvriers  d'Alle- 
magne, &  commençait  l'ouverture  des  premières  galeries,  lorsqu'un  gen- 
tilhomme de  Gévaudan ,  le  sieur  de  la  Vernède,  présenta  opposition,  en 
exhibant  d'autres  lettres-patentes  de  Louis  XIII  qui  lui  accordaient,  sous  le 
nom  du  marquis  de  Coislin,  le  privilège  exclusif  d'exploiter  toutes  les  mines 
situées  dans  les  diocèses  de  Nimes,  Uzès,  Viviers  &  Mende.  Grâce  à  ce  titre 
formel,  le  sieur  de  la  Vernède  avait  fait  saisir  tous  les  outils  de  son  rival,  de 
sorte  que  le  travail  était  suspendu,  &  les  populations  laborieuses  du  voisinage 
se  trouvaient  sans  pain.  En  cette  question  comme  en  toutes  les  autres,  les 
Etats  ne  pouvaient  avoir  d'influence  directe;  ils  se  contentèrent  d'en  appeler 
à  la  justice  du  roi. 

Du  reste,  c'est  à  réclamer,  à  solliciter  que  se  bornait  toute  la  puissance  des 
Etats.  L'édit  de  Béziers  leur  ayant  enlevé  le  droit  de  voter  les  impositions  de 
la  Province,  vote  qui,  depuis  longtemps,  se  faisait  sans  liberté,  mais  qui  était 
encore  l'objet  fondamental  &  à  peu  près  exclusif  de  leur  réunion,  ils  ne 
pouvaient  plus  qu'enregistrer  les  commissions  royales  par  où  leur  devoir  se 
trouvait  tracé  d'avance. 

On  remarqua  dans  ces  commissions  un  excédant  de  trois  mille  livres  sur 
les  dépenses  de  l'année  précédente.  C'était  le  nouveau  ministre,  chargé  du 
département  de  la  Province,  M.  de  Tubeuf,  qui,  en  succédant  au  contrôleur 
général  Particelli  d'Emeri,  avait  eu  la  précaution,  pour  marquer  la  prise  de 
possession  de  sa  charge,  d'inscrire  à  son  profit  trois  mille  livres  dans  le  tableau 
des  impositions.  Il  rendait  ainsi  plus  certaine  une  gratification  dont  ses  pré- 
décesseurs avaient  joui,  mais  que  les  Etats  contestaient  toujours. 

La  principale  résolution  de  l'assemblée  dans  cette  session  fut  d'ordonner  le 
rassemblement  de  tous  les  titres  qui  pouvaient  servir  de  base  à  une  sorte  de 
codification  des  droits  particuliers  &  des  usages  de  la  Province. 

On  enjoignit  aux  officiers  des  États  de  faire  en  tous  lieux  une  exacte  per- 
quisition de  tous  les  privilèges  du  pays. 

Les  deux  syndics  généraux  Joubert  &  Guilleminet,  chargés  par  les  États 
de  dresser  l'inventaire  des  archives  de  la  Province,  réunirent  les  premiers 
éléments  d'un  recueil  de  pièces  anciennes,  dont  l'ordonnance  fut  confiée  à 
une  commission  composée  de  l'évêque  de  Béziers,  du  comte  de  Castries,  du 
capitoul  de  Toulouse  &  du  consul  de  Nimes. 

On  écrivit  à  l'archevêque  de  Toulouse  pour  le  prier  d'ordonner  des  recher- 
ches dans  les  greffes  du  Parlement;  &  le  syndic  de  Vivarais,  le  sieur  de 
Pv.ochepierre ',  ayant  offert  à  l'assemblée  un  vieux  registre  en   parchemin, 

'Son    père,   le   sieur   de  Faïn ,   avoit    exercé   la  subrogé  de  son  père  pendant  quinze  ans,  &  depuis 

charge  de    syndic    l'espace   de  quarante-cinq   ans;  sa    mort,   il   l'avait   remplie   comme   chef  pendant 

quand    il   fut    trop    âgé,  en    reconnaissance    de   ses  vingt-cinq  ans  en   1642. 

services,  le  sieur   de   Faïn   fit    recevoir   son    fils   en  Dans    la    séance   du    22    novembre    1642,    il   de- 

survivance.  Roc/icpierre  exerça  la  charge  comme  le  manda  à   l'assemblée  une  attestation  de  la   probité 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  169 

intitulé  :  Privilèges  de  la  Province  de  Languedoc,  conservé  dans  sa  famille 
depuis  trois  générations,  &  renfermant  un  grand  nombre  de  documents  qui 
n'existaient  plus  dans  les  archives  de  la  Province,  l'assemblée  accepta  ce  don 
avec  reconnaissance  &,  sur  le  rapport  de  l'évêque  de  Castres,  accorda  une 
indemnité  de  mille  livres  au  syndic  de  Vivarais,  «  pour  le  récompenser  en 
«  quelque  façon  du  présent  fait  au  pays.  »  On  décida,  en  outre,  que  le 
recueil  serait  imprimé  &  distribué  aux  prochains  Etats. 

La  veille  même  du  jour  où  finissait  la  session  des  États,  un  autre  épisode 
régulier  de  la  vie  provinciale  allait  mettre  à  l'épreuve  le  respect  du  pouvoir 
ministériel  dans  la  capitale  de  la  Province.  Nous  voulons  parler  des  élections 
municipales,  la  crise  annuelle  de  Toulouse. 

Un  usage  séculaire  fixait  au  26  novembre  le  renouvellement  des  huit  capi- 
touls.  Le  25,  au  soir,  jour  de  Sainte-Catherine,  le  viguier  de  Toulouse  se 
rendait  à  la  maison  de  ville  &  rappelait  aux  magistrats  municipaux,  dans 
une  exhortation  oratoire  qu'on  appelait  la  semonce,  l'expiration  prochaine 
de  leurs  pouvoirs  8c  l'obligation  où  ils  étaient  de  songer  à  leurs  successeurs. 
Les  capitouls  se  réunissaient,  à  la  clarté  des  flambeaux,  entre  trois  8t  quatre 
heures  du  matin,  sous  les  voûtes  à  caissons  armoriés  du  grand  Consistoire. 
Ils  y  composaient  une  liste  de  présentation  de  quarante-huit  noms,  six  pour 
chacun  des  quartiers  qui  devaient  être  représentés  dans  le  corps  capitulaire. 
Cette  liste  faite,  ils  choisissaient,  en  dehors  de  ces  candidats,  huit  person- 
nages notables,  chacun  d'un  capitoulat  dittérent,  pour  opérer  un  premier 
triage.  Ces  électeurs  du  second  degré,  que  l'on  nommait  les  conseillers  de 
l'élection,  faisaient  dire  une  messe  du  Saint-Esprit  dans  la  chapelle  de  l'hôtel 
de  ville,  prêtaient  serment  dans  les  mains  des  capitouls;  puis,  entrant  en 
conférence  avec  eux,  réduisaient  de  moitié  la  liste  des  candidats,  en  ayant 
soin  d'en  conserver  trois  pour  chaque  quartier.  Les  vingt-quatre  noms  survi- 
vants étaient  alors  apportés  avec  grande  pompe  au  viguier  de  Toulouse  par  le 
corps  capitulaire  tout  entier,  en  robes  &  manteaux  de  cérémonie.  C'est  dans 
l'auditoire  de  la  sénéchaussée  que  les  électeurs  définitifs,  qui  étaient  le  séné- 
chal lui-même,  le  viguier  &  trente  personnes  à  leur  choix,  opéraient  une 
dernière  réduction  dans  la  liste  des  présentés  &  nommaient  les  huit  capitouls. 
L'élection  faite  était  communiquée  au  Parlement,  qui  donnait  son  adhé- 
sion. Alors  les  capitouls  sortant  de  charge,  qui  prenaient  le  nom  de  pères, 
envoyaient  quérir  leurs  fils,  c'est-à-dire  leurs  héritiers,  &  tous  ensemble,  les 
pères  à  droite,  les  fils  à  gauche,  escortés  des  tambours,  des  hautbois  6t  de  la 

que  les  EtatJ  avoient  toujours  connue  en  lui,  cer-  province  &  dudit  diocèse  de  Viyarais  en  particu- 

tificat  qui  devait  lui  être  expédié  en  bonne  forme  lier,  il  auroit  porté  le  sentiment  d'un  homme  de 

pour  répondre  aux  accusations  de  ses  ennemis,  &  bien  &  témoigné  tout  le  zèle  &  la  vigueur  qu'on 

qui  fut  délivré  en  ces  termes  :  pouvoit  attendre  d'un   homme  bien   intentionné, 

"  Les  Etais  ont  déclaré  que  le  sieur  de  Roche-  &    ont   délibéré  que   la   présente  délibération   lui 

pierre,  syndic  de  Vivarais,  avoit  toujours  agi  dans  sera    expédiée    par    leurs   greffiers    toutes    les    fois 

cette  assemblée  avec  grande   probité,  &  que  dans  qu'ils  en  seront  requis '.  » 
toutes    les  afTaires   qui    leur  avoient  été   imposées 
concernant  le  service  du  roi,  bien  général  de  cette  •  Procls-vcrbal  des  Étals  de  novembre  1642,  p.  107. 


1643 


I 


"[T^ 170  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

compagnie  du  guet  clans  ses  plus  beaux  atours,  s'acheminaient  vers  la  séné- 
chaussée, où  les  nouveaux  capitouls  prêtaient  serment,  après  que  le  syndic 
de  la  ville  avait  prononcé  un  discours  latin  sur  l'importance  de  l'action. 

Pendant  la  cérémonie,  en  symbole  de  liberté,  les  magistrats  municipaux 
retenaient  les  clefs  de  la  salle  d'audience  &  en  faisaient  garder  les  portes  à 
leurs  soldats.  Par  la  formule  du  serment,  les  nouveaux  élus  promettaient  de 
bien  &  dûment  défendre  la  religion,  de  maintenir  la  ville  sous  l'obéissance 
du  roi,  de  procurer  le  bien  &c  l'avantage  de  la  commune  &  d'en  conserver  les 
privilèges.  A  dater  de  ce  moment,  les  iîls  avaient  le  droit  de  revêtir  le  cha- 
peron noir  &  d'entrer  dans  une  chambre  basse  disposée  à  côté  du  Petit- 
Consistoire,  où  ils  se  réunissaient  pour  procéder  au  département  des  charges, 
suivant  la  division  traditionnelle,  en  quatre  sections  :  justice,  réparations, 
police  &  administration  hospitalière,  &  aviser  au  renouvellement  ou  à  la  con- 
firmation des  officiers  de  la  ville,  depuis  le  syndic  jusqu'au  dernier  balayeur. 
Cette  espèce  d'initiation  durait  dix-sept  jours,  &  enfin  le  i3  décembre,  fête 
de  Sainte-Luce,  les  fils  échangeaient  le  chaperon  noir  contre  le  chaperon 
rouge  de  leurs  pères  &  entraient  définitivement  en  fonctions.  Leur  journée 
commençait  encore  vers  quatre  heures  du  matin  par  une  messe  du  Saint- 
Esprit,  puis  ils  se  faisaient  remettre  par  leurs  anciens,  qui  venaient  de  Saint- 
Sernin  rendre  grâces  à  Dieu  d'avoir  heureusement  mis  fin  à  l'exercice  de 
leurs  charges,  les  clefs  des  portes  de  la  Maison  de  ville,  celles  des  Archives, 
des  coffres,  de  l'Arsenal,  &  recevaient  le  serment  de  tous  les  officiers.  A  huit 
heures,  le  chef  du  Consistoire  &  trois  de  ses  collègues  montaient  à  cheval,  en 
grand  costume.  Si  se  rendaient  au  palais,  demandant  à  parler  à  la  cour. 
Introduits  par  le  greffier  civil  dans  la  chambre  dorée,  ils  y  trouvaient  le  pre- 
mier président  &  tous  les  présidents  81  conseillers  de  grand'chambre,  à  qui  le 
chef  du  Consistoire  adressait  un  discours  pompeux. 

Le  premier  président  y  répondait  par  quelque  exhortation  courtoise,  &  le 
cortège  rentrait  à  l'hôtel  de  ville,  où  les  greffiers  se  mettaient  à  l'œuvre  afin 
d'expédier  sans  retard,  aux  députés  Se  à  l'avocat  de  Toulouse  près  le  conseil 
d'État,  un  paquet  de  lettres  destinées  à  donner  avis  du  joyeux  avènement 
municipal  au  souverain,  au  premier  prince  du  sang,  au  gouverneur  de  Lan- 
guedoc, au  chancelier,  au  surintendant  des  finances,  au  secrétaire  d'État  qui 
avait  le  département  de  la  Province,  &  aux  grands  seigneurs  qui,  par  leur 
naissance  ou  leur  crédit,  pouvaient  rendre  quelque  service  à  la  ville. 

Naturellement,  comme  à  Toulouse,  par  suite  d'une  longue  tolérance  royale 
dont  la  prescription  était  acquise,  les  charges  capitulaires  procuraient  l'ano- 
blissement, elles  excitaient  les  convoitises  les  plus  vives  &  les  plus  acharnées, 
&,  dans  toutes  les  époques  de  crise  politique,  les  partis  en  présence  exploi- 
taient la  vanité  des  marchands  &  des  procureurs  enrichis  qui  briguaient 
l'honneur  de  voir  leurs  portraits  en  pied,  accompagnés  de  magnifiques  armoi- 
ries, peints  par  un  artiste  officiel,  aux  frais  du  public,  dans  les  salles  de 
l'hôtel  de  ville,  S<.  leur  arrachaient,  en  échange  de  suffrages  promis,  des 
engagements  particuliers  en  rapport  avec  les  préoccupations  du  temps.  Si  le 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  171 

tumulte  ordinaire  dans  les  assemblées  nombreuses  avait,  à  diverses  époques, 
servi  de  prétexte  au  pouvoir  royal  pour  restreindre  de  plus  en  plus  le  nombre 
des  électeurs,  il  ne  semble  pas  que  ces  réductions  exagérées  eussent  profité  à 
la  sincérité  des  élections.  Le  petit  groupe  de  gens  qui  y  prenaient  part  se 
trouvaient  ballottés  entre  de  hautes  influences  rivales  Si  souvent  fort  en 
peine  de  choisir  parmi  les  contrats  qu'on  leur  proposait.  Aux  élections  de 
novembre  1643,  le  parti  des  Etats  se  donna  beaucoup  de  mouvement,  &  peu 
s'en  fallut  que  l'affaire  ne  tournât  en  sédition.  L'état  des  esprits  était  depuis 
longtemps  orageux.  La  misère,  la  cherté  des  vivres,  la  rareté  de  l'argent,  le 
défaut  de  menue  monnaie  indispensable  à  la  vie  quotidienne  des  familles 
pauvres  entretenaient  des  dispositions  menaçantes.  Au  mois  de  septembre,  à 
l'occasion  d'un  bateau  de  blé  qui  descendait  la  Garonne,  il  s'était  produit 
une  véritable  émeute'.  La  foule,  prétendant  que  l'on  voulait  l'affamer, 
s'était  rtaée  sur  l'embarcation  &  en  avait  enlevé  le  grain,  sans  pouvoir  être 
contenue  ni  par  la  présence  d'un  capitoul  ni  par  l'envoi  des  soldats  du  guet. 

Aussi  voyait-on  arriver  avec  appréhension  la  journée  du  26  novembre  où 
devait  être  faite  la  première  élection  depuis  le  commencement  de  la  régence, 
M.  de  Montrabe,  qui,  au  milieu  des  passions  du  Parlement,  demeurait 
attaché  à  l'esprit  gouvernemental,  entretenait  Mazarin  de  ses  inquiétudes  81 
ne  lui  laissait  pas  ignorer  les  visées  que  l'on  attribuait  aux  évêques  langue- 
dociens. Quelque  amoindri  que  fût  en  effet  le  rôle  des  magistrats  munici- 
paux, ils  avaient  encore  assez  de  moyens  d'action  dans  la  capitale  de  la 
Province  pour  que  les  coteries  politiques  eussent  à  cœur  de  s'assurer  de  leur 
concours.  Quant  au  ministère,  sa  ligne  de  conduite  était  toute  tracée,  &  le 
caractère  du  cardinal  italien  s'y  prêtait  à  merveille  :  obtenir  une  sorte  d'équi- 
libre en  opposant  l'un  à  l'autre  les  deux  pouvoirs  qui  faisaient  ombrage  à 
l'autorité  royale,  employer  les  États  contre  le  Parlement  8c  le  Parlement 
contre  les  Etats,  tel  fut  à  peu  près  l'unique  expédient  auquel  il  recourut,  ne 
se  sentant  pas  la  force  ou  la  volonté  de  les  écraser  tous  deux,  ainsi  que  cela 
se  réalisa  plus  tard,  sous  la  main  vigoureuse  des  intendants. 

Comme  d'habitude,  le  sénéchal  de  Toulouse  Cornusson  8c  le  juge-mage 
Caulet  vinrent  à  la  grand'chambre  du  Parlement  prêter  le  serment  tradi- 
tionnel qui  devait  précéder  l'élection}  mais  auparavant,  le  juge-mage,  au 
lieu  de  s'en  tenir  aux  flatteries  de  la  rhétorique  consacrée,  déclara  vouloir 
dénoncer  à  la  cour  a  divers  dérèglements  »  qui  s'étaient,  depuis  quelques 
années,  introduits  dans  cet  acte  important. 

11  se  plaignait  que  l'élection  se  faisait  de  nuit,  ce  qui  favorisait  les  brigues 

'  Ceffe    petite   sédition    eut    lieu    dans   l'île   de  d'apaiser  l'émotion  &  d'empêcher  qu'il  ne  fût  mé- 

Tounis.  On  prétendait  que  le  blé  était  dirigé  sur  fait  au   nautonier,  conducteur  dudit  bateau.  >i  Le 

Bordeaux.    Le    batelier    fut    contraint    d'aborderj  propriétaire  du   blé,  Galhard  de  Blagnac,  fit  assi- 

hommes  &  femmes  se  précipitèrent  au   pillagî  de  gner  Laroque  au  Parlement  de  Toulouse'. 

la  barque.  «  M.  de  Laroque,  capitoul  de  la  partie, 

en  ayant  eu  avis,  s'y  transporta  &  trouva   tout  le  ,  .     u-       j    t-     i  •■        j     r-        .,    •l,-u,i, 

,,.,,.  ■         ",  ,.        ,  '  Archives  de  Toulouse.  Z-ivre  </«  ConsfiVs,  XXIV,  p.  91. 

Ole  enlevé,  &   tout    ce    qu  il    auroit    pu    faire   fut       Séance  du  j8  septembre  1643. 


1643 


~^ 172  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

coupables  8c  le  désordre,  que  des  personnes  sans  droit  pénétraient  dans  la 
salle  &  violentaient  les  électeurs;  il  demandait  que  la  cour  renouvelât  ses 
anciens  arrêts  prescrivant  de  commencer  l'élection  à  deux  heures  après  midi, 
&  que  l'on  fût  autorisé  à  expulser  de  la  salle  les  gens  qui  s'y  introduisaient 
illégalement.  Il  réclamait  encore  la  modification  d'un  arrêt  exigeant  que  les 
électeurs  choisis  par  le  sénéchal  &  par  le  viguier  fussent  pris  un  tiers  parmi 
les  membres  du  conseil  de  bourgeoisie  de  robe  longue,  c'est-à-dire  anciens 
capitouls  ayant  exercé  la  profession  d'avocat,  un  tiers  parmi  les  bourgeois  de 
robe  courte,  —  anciens  capitouls  ayant  exercé  la  profession  des  armes  ou  le 
négoce,  —  &  un  tiers  parmi  les  notables  habitants.  Ces  dispositions  restric- 
tives, en  précisant  les  catégories  de  personnes  parmi  lesquelles  pouvaient  être 
pris  les  électeurs,  avaient,  disait-il,  le  désavantage  de  les  désigner  forcément 
à  l'avance,  de  sorte  que  leurs  voix  étaient  déjà  engagées  quand  on  les  appe- 
lait à  l'élection.  Une  invitation  inattendue,  adressée  à  l'heure  même  où  la 
cérémonie  allait  se  faire,  devait  dérouter  les  solliciteurs  St  empêcher  le  succès 
de  leurs  intrigues. 

Le  Parlement  fit  traîner  l'affaire  jusqu'au  lendemain;  puis  il  répondit  au 
sénéchal  &  au  juge-mage,  par  la  bouche  du  premier  président,  que  le  grand 
nombre  d'arrêts  prononcés  dispensait  d'en  faire  de  nouveaux,  qu'il  fallait 
aller  promptement  à  l'auditoire  du  sénéchal,  commencer  l'élection  dès  une 
heure,  chasser  les  intrus  de  la  salle  &  dresser  contre  eux  des  procès-verbaux. 
Caulet  réclamant  un  arrêt  écrit,  le  premier  président  lui  repartit  que  sa  décla- 
ration en  tenait  lieu. 

Pourtant  l'élection  ne  se  fit  pas.  Il  était  presque  nuit  quand  le  collège 
électoral  fut  assemblé,  8t  le  juge-mage  refusa  d'y  procéder  en  s'appuyant  sur 
l'ordonnance  de  la  cour  qui  fixait  l'heure  de  la  cérémonie. 

Le  samedi  28,  la  grand'chambre  6c  la  tournelle  sommèrent  de  nouveau  le 
sénéchal  8c  le  juge-mage  de  s'exécuter.  On  reprit  séance  à  la  sénéchaussée; 
mais,  sur  la  lecture  des  vingt-quatre  noms  proposés  par  les  capitouls,  le  juge- 
mage  demanda  ce  que  l'on  appelait,  dans  le  langage  de  l'hôtel  de  ville,  la 
fort'ificationy  c'est-à-dire  le  remplacement  de  quelques  candidats  qu'il  préten- 
dait ne  pas  remplir  les  conditions  d'éligibilité'.  Les  autres  électeurs  étant 
d'un  avis  contraire,  &c  le  juge-mage  disant  qu'il  faisait  appel,  on  se  sépara 
sans  rien  conclure. 

Le  1"  décembre,  le  collège  électoral  se  rendit  au  palais,  avec  quatre  capi- 
touls. Le  sénéchal  Se  le  juge-mage  y  vinrent  aussi,  chacun  menant  ses  avo- 

'  Les  oppositions  du  juge-mage  portaient  sur  ce  Marmiesse  répondit  que  le  premier  avait  trente- 

<jue  Virazel,  maître  apothicaire,  présenté  pour  le  sept  ans  &  se  trouvait,  par  élection,  intendant  de 

quartier  de   la    Daurade,   était    un    jeune   homme  l'hôpital;  que  le  second  avait  déjà  rempli  la  charge 

Inéligible;  que  le  sieur  de  Rudelle,  pour  la  Pierre,  &  possédait  une  maison  en  ville;  que  le  troisième 

faisait  des  voyages   continuels;   que   Faure,   pour  était  locataire  dans  le  quartier  de  Saint-Sernin  & 

Saint-Sernin,  n'était  pas  domicilié  dans  son  quar-  y  payait  ses   impositions;  &  enfin  que  le  dernier 

lier;   &  enfin   que  maître   Esquirolis,  pour  Saint-  avait  plus  de  quarante  mille   livres  vaillant  &  ae 

Pierre,  était  sans  fortune  &  se  trouvait  parent  de  serait  jamais  mis  en  cas  d'opiner  sur  les  comptes  de 

l'ancien   capitoul    Ducos,   comptable  de   la  ville.  son   parent,  qui  étaient  depuis  longtemps  arrêtés. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  ij3 

cats.  Caulet  présenta  deux  requêtes  de  récusation.  On  discuta  longuement 
pour  savoir  si  ces  requêtes  seraient  lues.  Les  présidents  de  Graignague  8c  de 
Garni nade,  beau-père  &  beau-frère  du  juge-mage,  insistaient  vivement  pour 
l'affirmative.  Mais  la  cour  leur  donna  tort  à  la  majorité  de  treize  voix  contre 
dix.  Graignague  8<.  Caminade  mécontents  quittèrent  aussitôt  la  séance  avec 
le  président  de  Ciron  &  cinq  conseillers.  Le  juge-mage  les  suivit  hors  du 
palais.  On  introduisit  le  collège,  &  l'avocat  général  Marraiesse  fit  une  longue 
réquisition  où  il  accusait  le  juge-mage  de  ne  chercher  que  des  prétextes  pour 
rendre  l'élection  impossible,  combattait  les  oppositions  qu'il  avait  faites  à 
recevoir  plusieurs  des  noms  proposés,  taxant  ses  griefs  d'impertinences.  Il 
ajouta  que,  le  Parlement  étant  né  avec  la  monarchie,  avait  accoutumé  d'en 
suivre  les  règles;  qu'en  France  le  roi  faisait  tout  &  que  le  procureur  général 
devait  tout  dire;  que  les  actions  populaires  n'avaient  point  lieu  dans  le 
royaume,  mais  que  tout  se  convertissait  en  dénonces  adressées  aux  gens  du 
roi;  qu'ainsi  l'appel  du  juge-mage  n'était  pas  recevable,  8c  que  l'élection 
devait  se  faire  avant  toute  chose.  Cet  avis  eut  l'adhésion  des  divers  officiers 
8c  avocats  assistants. 

Ordre  fut  donc  intimé  de  faire  l'élection  sans  autre  délai.  On  en  dressa 
un  arrêt  écrit  qui  fut  signifié  par  huissier  au  sénéchal  Cornusson  en  son 
auditoire.  En  cas  d'absence  de  quelques  électeurs,  la  cour  autorisait  d'en 
prendre  d'autres  pour  parfaire  le  nombre  accoutumé  '. 

Les  huit  capitouls  furent  enfin  nommés.  Le  président  Caminade  ramena 
en  discussion  l'affaire  des  requêtes  de  récusation,  que  l'on  n'avait  pas  daigné 
lire.  Cela  occasionna  des  débats  fort  vifs  en  deux  assemblées  des  chambres, 
mais  on  finit  par  étouffer  la  querelle  à  cause  des  divisions  qui  menaçaient 
d'en  résulter  pour  la  compagnie. 

M,  de  Montrabe  ayant  donné  avis  à  Mazarin  de  l'heureuse  solution  de 
l'affaire,  le  cardinal  l'en  remercia  par  une  lettre  fort  curieuse;  on  en  peut 
induire  que,  tout  en  étant  décidé  à  suivre  à  l'intérieur  la  politique  de  Riche- 
lieu, Mazarin  avait  principalement  à  cœur  d'éviter  le  bruit  8c  d'étouffer  les 
questions  embarrassantes.  Après  avoir  promis  au  premier  président  de  faire 
valoir  «  selon  son  prix,  »  auprès  de  la  reine,  le  nouveau  service  qui  vient 
de  lui  être  rendu,  dans  la  nomination  des  capitouls  de  Toulouse,  8c  avoir 
déclaré  que  ses  bons  serviteurs  ne  manqueront  pas,  de  sa  part,  de  protection 
Se  d'appui,  le  cardinal  ajoute  : 

«  Si  les  traverses  que  reçoit  cette  eslection  du  costé  de  Messieurs  les  éves- 
«  ques  continuent,  Se  qu'ils  se  pourvoyent  au  conseil  du  roy  pour  la  faire 
«  casser,  ne  doutez  point  que  la  bonne  cause  n'y  soit  favorisée  jusqu'au 
«  bout,  8c  que  ceux  qui  se  seront  remués  mal  à  propos  n'ayent  sujet  de  s'en 
«  retourner  mal  satisfaits.  Si  néanmoins  cette  esmotion  se  pouvoit  calmer 
«  dans  Toulouse  mesmc  Se  qu'on  pust  empescher  que  la  reyne  n'en  eust  la 
«  teste  rompue,  je  croy  qu'il  seroit  plus  k  propos.  S'il  ne  se  peut  faire  autre- 

'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais. 


1643 


-|^— 174  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  ment,  il  faudra  que  le  champ  demeure  à  ceux  qui  servent  le  roy  avec  le 
«   plus  de  zèle  '.  » 

Ail  nombre  des  faveurs  que  la  députation  du  Parlement  de  Toulouse  sol- 
licitait de  la  régente,  se  trouvait  le  rétablissement  intégral  de  la  pension 
annuelle  que  les  commis  du  grenier  à  sel  de  Toulouse  payaient  aux  officiers 
de  la  compagnie  &  que  l'on  désignait  sous  le  nom  de  franc-salé.  Depuis 
l'année  1634,  par  suite  des  besoins  de  l'Etat,  cette  pension  avait  été  réduite 
de  moitié.  Les  motifs  qui  avaient  fait  régler  cette  réduction  existant  toujours, 
la  grâce  réclamée  par  la  cour  fut  refusée.  Bien  plus,  le  retranchement  d'un 
quart  de  gages  ayant  été  fait,  par  décision  souveraine,  à  tous  les  officiers  du 
royaume,  le  commis  de  la  gabelle  crut  devoir  diminuer  dans  cette  proportion 
la  moitié  restante  du  franc-salé. 

Deux  conseillers  servant  aux  chambres  des  enquêtes,  Comère  &  Richard, 
sollicitèrent  à  ce  sujet,  de  la  part  de  leurs  collègues,  une  assemblée  générale. 
On  y  agita  la  question  de  savoir  s'il  ne  conviendrait  pas  d'agir  auprès  du  roi 
pour  obtenir  le  rétablissement  du  franc-salé  ou  tout  au  moins  la  faculté  d'en 
abandonner  seulement  le  quart.  Le  premier  président  représenta  qu'il  avait, 
dans  son  ambassade  récente,  reçu  vme  réponse  défavorable,  &  qu'on  ne  pou- 
vait guère  espérer  de  changement  après  un  si  court  intervalle,  exhortant  la 
la  cour  à  veiller  sur  ses  démarches  &  à  n'innover  point  de  son  autorité,  sans 
attendre  les  ordres  du  roi. 

Plusieurs  opinions  furent  longuement  débattues.  Quelques-uns  deman- 
daient des  remontrances  pour  le  rétablissement  intégral;  d'autres  consen- 
taient à  la  réduction  d'un  quart  sur  le  total,  ou  au  maintien  de  la  moitié 
réglée  en  1634.  Les  derniers,  plus  généreux,  estimaient  que  les  nécessités 
de  finances  rendaient  la  demande  inopportune,  surtout  après  l'insuccès  des 
réclamations  faites  par  M.  de  Montrabe  au  nom  de  la  cour.  Ils  combattaient 
d'ailleurs  l'allégation  que  le  quart  retranché  tournait  au  profit  des  fermiers; 
les  contrats  des  fermes  réglant  exactement  leurs  obligations,  il  était  indiffé- 
rent que  les  minots  de  sel  dont  ils  avaient  à  faire  dépense  fussent  baillés  au 
roi  ou  à  ses  pensionnaires.  La  plupart  des  anciens  officiers  8c  quelques-uns 
des  enquêtes  soutinrent  cette  opinion. 

Le  plus  énergique  à  la  défendre  fut  le  premier  président.  Il  insistait  prin- 
cipalement sur  le  mauvais  effet  que  produirait  toute  innovation  d'autorité  en 
temps  de  régence,  8t,  pour  dégager  sa  responsabilité  personnelle,  il  exigea 
que  le  registre  demeurât  chargé  de  son  dire  au  cas  où  la  compagnie  le  con- 
traindrait à  signer  un  arrêt  que  sa  conscience  désavouait. 

Ces  protestations  n'empêchèrent  pas  la  cour  de  prononcer,  le  9  décembre, 
un  arrêt  qui  enjoignait  au  commis  des  gabelles  de  payer  les  trois  quarts  du 
franc-salé  primitif,  c'est-à-dire  un  quart  de  plus  que  l'on  n'avait  fait  depuis 
1634.  Le  Parlement  sollicitait  en  même  temps  le  rétablissement  intégral. 

■  Lettres  du  cardinal  Ma^arin,  t.  I ,  p.  5 19.  —  Bibliothèque  Mazarine,  ms.  n"  1  yip,  t.  I,  f"  147;  la 
lettre  est  datée  du  zS  décembre  1643. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN. 


170 


i 


On  enjoignit  au  premier  président  de  signer  la  décision  des  chambres,  ce 
qu'il  fit  en  exigeant  procès-verbal  de  sa  résistance. 

Le  bruit  de  cette  résolution  se  répandit  rapidement  à  Toulouse.  Le  commis 
du  grenier  à  sel,  Martineau,  inquiet  de  la  ligne  de  conduite  à  suivre  devant 
les  exigences  du  Parlement,  se  hâta  d'aviser  les  principaux  fermiers  alors  à 
Paris.  On  s'alarma  des  dispositions  de  la  cour;  on  pensa  qu'après  avoir 
réclamé  leur  franc-salé,  les  magistrats  refuseraient  d'abandonner  le  quart  de 
leurs  gages.  Se  le  conseil  d'Etat  prononça,  le  i3  décembre,  une  condamnation 
formelle  de  ses  prétentions.  Les  termes  en  étaient  fort  vits. 

Le  conseil  reprochait  à  la  cour  d'avoir  mis  en  délibération  un  point  réglé 
par  ordre  souverain,  qualifiait  cette  démarche  d'attentat  contre  l'autorité  de 
Sa  Majesté,  préjudiciable  au  bien  de  son  service  &  susceptible  de  grandes 
conséquences  dans  la  Province.  Il  défendait  aux  magistrats  de  s'assembler  ni 
délibérer  sur  la  réduction  du  franc-salé,  comme  aussi  de  rien  entreprendre 
sur  le  payement  de  leurs  gages,  sous  peine  d'interdiction  de  leurs  charges  ou 
d'autre  plus  grande  punition. 

Cet  arrêt,  obtenu  à  la  sollicitation  des  fermiers,  fut  par  eux  envoyé  à 
Martineau,  qui  le  présenta  au  premier  président,  avec  une  lettre  à  l'adresse 
de  la  cour. 

Lecture  faite  de  ces  deux  pièces  aux  chambres  assemblées,  beaucoup  de 
magistrats  se  récrièrent  sur  les  mots  d'attentat  &  de  privation  de  charges, 
disant  l'honneur  de  la  cour  outragé. 

Bertier  de  Montrabe  leur  remontra  que  le  conseil  du  roi  était  maître  d'user 
en  ses  arrêts  des  termes  qui  lui  plaisaient,  &  déclara  que  si  la  cour  y  refusait 
obéissance,  il  cesserait  de  la  présider. 

Cela  dit,  il  quitta  la  salle,  &  se  disposait  même  à  sortir  du  palais,  lorsque 
la  cour  lui  envoya  le  conseiller  Vignes,  avec  prière  de  rentrer  en  séance  & 
promesse  de  ne  rien  voter  de  contraire  à  l'arrêt  du  conseil. 

Devant  cette  ferme  résistance  de  son  chef,  le  Parlement  déchargea  sa  mau- 
vaise humeur  contre  les  promoteurs  de  l'arrêt,  en  les  accusant  de  calomnie. 
Les  magistrats  se  défendaient  d'avoir  jamais  songé  à  mettre  en  discussion  la 
réduction  d'un  quart  de  gages  imposée  à  tous  les  officiers  de  France.  Ils  éta- 
blissaient une  distinction  subtile  entre  les  gages  &  le  franc-salé,  définissant 
cette  pension  des  gabelles  comme  une  gratification  payée  par  les  fermiers  du 
sel  aux  officiers  de  la  cour,  en  récompense  des  services  qu'ils  en  recevaient, 
rappelant,  à  ce  propos,  cette  parole  d'intéressés  des  gabelles  que  quatre  doigts 
de  parchemin  signés  Malenfant  avançaient  mieux  leurs  affaires  qu'une  cen- 
taine de  leurs  gardes.  On  conclut  à  désigner  les  conseillers  Tourreil  &  Comère 
pour  interroger  Martineau,  mais  on  n'en  fit  pas  l'objet  d'un  arrêt. 

Les  deux  conseillers  se  transportèrent  dans  la  maison  du  commis.  Marti- 
neau les  reçut  avec  déférence,  non  sans  leur  dire  qu'il  pourrait  refuser  de 
répondre  8c  leur  expliqua  comment  il  avait  écrit  à  ses  chefs,  sans  aucune 
pensée  de  dénonciation  contre  personne,  mais  en  vue  de  recevoir  d'eux  une 
règle  de  conduite. 


1643 


-^^ 176  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  chambres  s'assemblèrent  le  9  janvier  pour  entendre  le  compte  rendu 
de  l'interrogation  &  n'en  purent  tirer  d'autre  résultat  qu'un  ordre  assez  vague 
d'informer  contre  «  les  donneurs  de  faux  avis;  »  seulement  la  cour  exhala 
son  mécontentement  contre  la  rédaction  de  l'arrêt,  en  suppliant  Sa  Majesté 
de  ne  pas  souffrir  que,  par  les  termes  employés  en  son  conseil,  la  considéra- 
tion du  Parlement  fût  amoindrie  dans  l'esprit  des  peuples.  A  cette  occasion 
le  premier  président  renouvela  ses  protestations  Se  s'en  fit  donner  acte. 

On  envoya  l'arrêt  au  président  de  Senaux  &  au  procureur  général  Saint- 
Félix,  en  ce  moment  à  Paris,  pour  en  faire  l'objet  de  remontrances  auprès  du 
conseil.  Ils  avaient  charge  de  faire  valoir  l'obéissance  de  la  cour,  avec  prière 
de  ne  pas  ajouter  foi  aux  faux  rapports  qui  pouvaient  arriver  sur  sa  con- 
duite, 8c  de  ne  pas  employer  des  expressions  rigoureuses  qui  affaibliraient  le 
respect  des  ressortables  ' . 

A  toutes  les  causes  d'agitation  Si  de  malaise  qui  travaillaient  ainsi  la  Pro- 
vince, venait  s'ajouter,  dans  une  proportion  notable,  la  diversité  des  religions, 
avec  le  souvenir  encore  bien  récent  des  actes  de  violence  Se  d'hostilité  réci- 
proques dont  la  coexistence  des  deux  cultes  rivaux  avait  fourni  la  cause  ou 
le  prétexte.  Les  populations  réformées  occupaient  une  importante  place  en 
Languedoc;  sans  doute,  la  terrible  guerre  que  Richelieu  avait  faite  au  pro- 
testantisme comme  parti  politique,  la  perte  des  places  de  sûreté,  véritables 
citadelles  de  l'église  dissidente,  dont  les  gouverneurs  ne  pouvaient  être 
nommés  qu'en  justifiant,  par  une  preuve  écrite,  de  leur  adhésion  reconnue 
aux  principes  de  la  réforme,  modifiaient  singulièrement  la  condition  de  cette 
république  religieuse  si  longtemps  placée  en  dehors  des  cadres  de  l'organisa- 
tion monarchique;  mais  une  transformation  aussi  grave  n'était  pas  encore 
d'assez  vieille  date  pour  avoir  complètement  pénétré  dans  les  moeurs;  les  occa- 
sions de  conflits  demeuraient  nombreuses,  &  le  feu  mal  éteint  des  anciennes 
inimitiés  continuait  à  brûler  sous  la  cendre. 

Les  églises  réformées  de  Languedoc  n'étaient  pas  également  réparties  sur 
toute  la  surface  du  pays.  Elles  dominaient  principalement  dans  les  Cévennes 
&  dans  les  plaines  inclinées  qui,  du  pied  de  ces  montagnes,  s'abaissent  jusqu'à 
la  mer. 

Une  division  territoriale  dont  la  créatioii  remontait  au  seizième  siècle, 
mais  qui  s'était  complétée  dans  les  premières  années  du  dix-septième,  avait 
groupé  ces  églises  en  quatre  provinces,  subdivisées  elles-mêmes  en  circon- 
scriptions de  second  ordre  qui  portaient  le  nom  de  colloques. 

La  province  de  bas  Languedoc  comprenait  les  trois  colloques  de  Nimes, 
d'Uzès  &  de  Montpellier,  avec  quarante-sept  églises  répandues  dans  la  plaine 
entre  le  Rhône,  la  Méditerranée,  le  diocèse  de  Narbonne  8<.  les  premières 
assises  des  Cévennes. 

La  province  de  haut  Languedoc  81  haute  Guienne,  formée  de  toute  la 
région  occidentale  du  pays,  n'avait  que  deux  colloques  languedociens  :  Albi- 

'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  III,  p.  3i, 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  177 

geois  8c  Lauragais.  Les  cinq  autres  :  haut  &  bas  Querci,  Rouergue,  Arma- 
gnac Se  Foix  avaient  été  empruntés  à  la  Guienne  dont  ils  enveloppaient  le 
territoire  politique  attribué  à  l'intendance  de  Montaiiban;  l'insuffisance  numé- 
rique des  protestants  du  haut  Languedoc  &.  le  besoin  de  former  un  arrondis- 
sement géographique  plus  régulier  déterminaient  cette  infraction  des  limites 
provinciales  8c  restituaient  ainsi  au  Languedoc  des  contrées  qui  en  avaient 
été  autrefois  distraites.  On  y  comptait  cinquante-huit  églises. 

Le  Vivarais  8c  le  Vêlai  formaient,  avec  partie  du  Forez,  une  troisième  pro- 
vince qui  n'avait  point  de  colloques  particuliers  8c  qui  constituait  un  ensemble 
de  trente-cinq  églises. 

Enfin  l'unité  topographique,  la  difficulté  des  communications  8c  la  prédo- 
minance exclusive  de  la  religion  réformée  avaient  fait  démembrer  du  bas 
Languedoc,  vers  161 2,  une  quatrième  circonscription,  la  province  des  Cé- 
vennes  8c  du  Gévaudan,  comprenant  tout  le  pays  de  montagnes  situé  entre 
l'Albigeois  8c.  le  Vêlai,  8c  subdivisée  en  trois  colloques  :  Anduze,  Sauve,  Saint- 
Germain  de  Calberte.  Ces  trois  colloques  renfermaient  cinquante  églises. 

Il  est  à  remarquer  que  la  division  ecclésiastique  des  provinces  protestantes 
avait  passé  en  partie  dans  l'organisation  politique  8c  militaire  de  la  monar- 
chie, en  lui  fournissant  des  cadres  qui,  avec  certaines  modifications,  servirent 
de  modèle  au  département  des  lieutenances  générales. 

Chacune  des  quatre  provinces  tenait  tous  les  ans  ses  assemblées  particu- 
lières, connues  sous  le  nom  de  synodes  provinciaux,  8c  envoyait  une  députa- 
tion  au  synode  national  où  se  traitaient  les  questions  de  discipline  8c  où  l'on 
faisait  la  répartition  des  sommes  levées  pour  l'entretien  des  églises  réformées 
de  France. 

Quatre  villes  de  Languedoc,  Montpellier,  Privas,  Alais  8c  Castres  ont  été 
tour  à  tour  le  siège  des  synodes  nationaux,  qui,  suivant  un  système  de  rou- 
lement fédéral  irrégulier,  s'assemblaient  sur  divers  points  du  royaume. 

Le  nombre  des  lieux  d'exercice  du  culte  réformé  se  trouvait  déterminé  par 
l'édit  de  Nantes.  Cet  acte  célèbre  qui,  en  coupant  court  aux  guerres  civiles, 
avait  eu  en  Languedoc  la  plus  heureuse  influence,  ne  laissait  pas  que  de 
prêter  à  des  difficultés  d'application  assez  graves.  Son  défaut  capital  était  de 
ne  pas  consacrer  purement  8c  simplement  le  principe  de  la  tolérance  reli- 
gieuse, de  souffrir  une  foule  d'exceptions  8c  de  cas  particuliers,  d'avoir  un 
caractère  de  trêve  plutôt  que  de  paix  définitive  8c  de  laisser  en  présence, 
toujours  défiantes  8c  armées  l'une  contre  l'autre  de  prescriptions  administra- 
tives compliquées,  deux  puissances  rivales  qui  aspiraient  mutuellement  à  se 
supplanter.  Nous  ne  voulons  pas  dire  qu'au  temps  où  cette  loi  bienfaisante 
fut  accordée,  il  eût  été  facile  ou  même  possible  de  mieux  faire,  surtout  en 
Languedoc,  où  le  fanatisme  était  très-surexcité  8c  où  l'on  pouvait  lire,  dans 
des  cahiers  de  doléance  adressés  au  roi,  des  requêtes  de  ce  genre  :  «  Plaise  à 
«  Votre  Majesté  ôter  8c  abolir  la  liberté  de  conscience  comme  source  de  pesti- 
«  lence  par  où  toutes  calamités  sont  venues  en  ce  royaume,  »  nous  indiquons 
seulement  les  conséquences  inévitables  de  ce  régime  de  tolérance  incomplète. 

XIII.  ,1 


1643 


-^^ 178  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'interprétation  de  l'édit  devenait  à  tout  propos  l'occasion  de  procès  Si  de 
querelles.  Chacun  des  deux  partis,  se  flattant  d'être  en  possession  de  la  vérité, 
croyait  exercer  un  droit  ou  plutôt  remplir  un  devoir  en  cherchant  à  dépasser 
les  bornes  territoriales  que  l'acte  de  paix  lui  avait  imposées.  De  là,  des  efforts 
contradictoires  de  propagande  qui,  suivant  la  prépondérance  de  l'une  ou 
l'autre  communion,  avaient  des  résultats  opposés.  Dans  ces  luttes  sans  cesse 
renaissantes,  les  populations  entraient  pour  une  bonne  part;  mais  les  deux 
clergés  apportaient  surtout  de  la  passion  8c  de  l'aigreur.  Lisez  les  écrits  des 
catholiques  &  ceux  des  protestants;  vous  y  relèverez  des  reproches  inverses, 
presque  dans  les  mêmes  termes.  Pour  les  réformés,  tout  le  mal  vient  des  curés 
&  des  évêques;  pour  les  catholiques,  il  n'y  a  pas  de  pire  fléau  que  les  minis- 
tres. C'est  toujours  en  effet  par  les  excès  de  zèle  des  hommes  investis  d'un 
caractère  religieux  que  se  produisaient  les  infractions  à  la  trêve. 

Dès  qu'Anne  d'Autriche  fut  au  pouvoir,  comme  on  la  savait  très-adonnée 
aux  pratiques  de  dévotion  espagnole  8c  dominée  par  les  ennemis  les  plus 
acharnés  des  protestants,  les  réformés  de  France  éprouvèrent  de  vives  inquié- 
tudes. Dans  la  plupart  des  harangues  officielles  qui  furent  consacrées  aux 
louanges  de  Louis  XIII',  principalement  dans  les  harangues  épiscopales,  on 
avait  exalté  avec  affectation  le  destructeur  de  l'hérésie,  on  s'était  plu  à  le 
figurer  sous  les  traits  de  l'archange  victorieux  qui  foule  aux  pieds  le  démon, 
Se  les  prophètes  ne  manquaient  pas  pour  annoncer  que  Louis  XIV  achèverait 
l'œuvre  de  son  père,  8c  que,  grâce  à  lui,  la  diversité  des  religions  cesserait 
d'affaiblir  le  royaume. 

Aussi  le  premier  soin  des  réformés  fut-il  de  solliciter  la  confirmation  de 
l'édit  de  Nantes.  Les  rédacteurs  de  ce  document,  en  lui  attribuant,  dans  le 
préambule,  le  caractère  d'édit  perpétuel  8c  irrévocable,  avaient  paru  vouloir 
le  préserver  contre  des  ratifications,  qui,  à  certain  point  de  vue,  pouvaient 
en  atténuer  la  portée  8c  donner  prétexte  à  des  révisions  ultérieures.  Mais 
comme  les  memijres  du  haut  clergé  catholique  entourant  la  reine,  mena- 
çaient l'œuvre  d'Henri  IV,  les  protestants  jugèrent  opportun  de  se  placer  de 
nouveau  sous  la  sauvegarde  royale.  Se  la  confirmation  de  l'édit  fut  accordée. 

'  Diverses  oraisons  funèbres  de  Louis  XIII  fu-  ttats  assistèrent  en  corps,  dans  l'église  cathédrale 
rent  prononcées  par  des  évêques  de  Languedoc  :  Saint-Pierre  de  Montpellier,  à  un  service  solen- 
Charles-François  Abra  de  Raconis,  évêque  de  La-  nel  en  l'honneur  du  roi,  où  figurèrent  tous  les 
vaur,  en  fit  une  à  Paris,  dans  l'église  de  rOratoirej  ordres  religieux  &  toutes  les  confréries  de  péni- 
l'évêque  d'Uzès,  Nicolas  Grille,  aux  Augustins  de  tents.  La  chapelle  ardente  était  dressée  au  milieu 
Paris.  En  Sorbonne,  l'éloge  du  roi  fut  confié  à  de  la  grande  nef;  un  drap  de  velours  noir,  par- 
Pierre  de  Bertier,  évêque  d'Utique,  coadjuteur  de  semé  de  fleurs  de  lis  d'or  &  chargé  d'une  croix  de 
Montauban,  qui  avait  déjà  rendu  le  même  office  toile  d'argent,  avec  les  armes  du  roi  en  broderie 
en  i633,  au  premier  maréchal  de  Schomberg,  &  d'or,  8c  celles  de  la  province  en  broderie  d'argent, 
en  1642  au  cardinal  de  Richelieu,  &  qui  devait  le  recouvrait  le  cénotaphe.  Cent  pauvres,  vêtus  de 
rendre  plus  tard  au  cardinal  Mazarin,  à  la  reine  deuil,  entouraient  la  chapelle,  tenant  de  grands 
Anne  d'Autriche  &  au  prince  de  Conti.  A  Mont-  flambeaux  de  cire  blanche  aux  armes  royales.  Le 
pellier,  le  vieil  évêque  Pierre  de  Fenouillet  célébra  père  Cazalas,  prieur  des  jacobins  réformés  de 
en  chaire  les  mérites  du  fils  d'Henri  IV.  Montpellier,  prononça  l'oraison   funèbre  qui  fut 

Avant  la  fin  de  leur  session,  le  23  novembre,  les  imprimée  &  distribuée  aux  frai»   des  Etat». 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  179 

Richelieu  s'était  autrefois  montré  particulièrement  satisfait  des  réformés  de 
Languedoc  Se  de  la  noblesse  des  Cévennes  pendant  la  rébellion  de  Gaston 
d'Orléans.  On  sait  que  le  frère  de  Louis  XIII,  tout  en  traitant  avec  le  roi 
d'Espagne,  en  promettant  de  livrer  des  places  à  l'étranger,  en  poussant  un 
gouverneur  de  Province  à  trahir  ses  devoirs,  n'avait  pas  craint  d'envoyer  des 
émissaires  dans  les  centres  protestants  pour  y  rallumer  les  passions  assoupies, 
Se  que  ses  intrigues  étaient  demeurées  inutiles. 

Comme  son  prédécesseur,  Mazarin  pensait  qu'on  devait  tirer  parti  de  ces 
bonnes  dispositions  &  témoignait  une  répugnance  marquée  pour  la  politique 
restrictive  qui  avait  à  la  Cour  d'ardents  défenseurs. 

L'esprit  de  ses  instructions  au  gouverneur  de  la  Province  &  aux  inten- 
dants, en  ce  qui  touchait  l'église  réformée,  fut  d'éviter  toute  innovation,  dans 
quelque  sens  que  ce  pût  être,  de  s'en  tenir  rigoureusement  à  la  législation 
existante,  &  de  n'encourager  aucune  velléité  d'empiétement. 

Il  résuma  l'ensemble  de  ses  idées,  d'une  façon  très-claire  &  très-intéressante, 
dans  une  lettre  à  Balthazar,  du  24  décembre  1643.  Les  protestants  de  Mont- 
pellier avaient  profité  de  la  présence  du  maréchal  de  Schomberg  dans  leur 
ville  pour  lui  demander  l'autorisation  de  mettre  des  cloches  à  leur  temple, 
privilège  que  les  catholiques  leur  déniaient  absolument.  Mazarin  ne  veut 
pas  qu'on  altère  rien  des  choses  qui  ont  été  accordées  aux  réformés  par  le  feu 
roi,  8c  que  la  reine  est  résolue  de  leur  maintenir.  «  Mais,  ajoute-t-il,  ils 
«  auroient  tort  de  rien  prétendre  au  delà  Si  de  ne  se  contenter  pas  sous  la 
«  régence  de  la  reine  de  ce  dont  ils  se  sont  contentés  sous  le  règne  précédent. 
«  Vous  voyez  bien,  si  cela  n'étoit  pas,  quelle  en  seroit  la  conséquence  Se,  si 
«  l'on  se  relâchoit  de  ce  point,  combien  cela  iroit  loin,  &  comme  la  facilité 
«  d'avoir  obtenu  les  premières  demandes  attireroit  la  hardiesse  d'en  faire 
(1  d'autres  sans  fin.  »  Le  prudent  ministre  craint  que  l'on  ne  se  méprenne, 
dans  les  consistoires  de  Languedoc,  sur  les  dispositions  du  ministère,  &  il 
se  hâte  d'indiquer  à  l'intendant  les  ménagements  de  forme  8<.  les  explications 
confidentielles  qui  atténueront  la  portée  des  refus  inévitables.  «  Vous  devez 
«  néanmoins,  dit-il,  représenter  ceci  de  telle  façon  à  ces  Messieurs  qu'il 
«  n'y  paroisse  nulle  teinture  de  mauvaise  volonté  contre  eux,  mais  que  la 
«  reine  Se  le  bien  de  l'État  le  veulent  ainsi,  8c  que  le  contraire  seroit  une 
»  marque  de  mollesse  pour  la  régence  de  la  reine,  qui  l'exposeroit  au  mépris 

«  8c  à  plusieurs  autres  fâcheux  inconvénients que,  comme  Sa  Majesté 

«  est  résolue  de  maintenir  exactement  l'état  de  choses  que  je  viens  de 
«  dire  tel  qu'elle  l'a  trouvé  à  son  avènement  à  la  régence,  elle  ne  pourroit 
«  aussi  laisser  faire  quelque  brèche  à  l'autorité  du  roi  ;  qu'en  cela  elle  a 
«  les  mains  liées,  n'étant  pas  maîtresse,  mais  dispensatrice  8c  gardienne  de 
«  cette  autorité,  Se  que,  si  les  huguenots  désirent  d'autres  grâces  que  celles 
«  dont  ils  jouissent,  ils  les  doivent  attendre  de  la  majorité  du  prince  8c  tâcher 
c(  de  les  mériter  par  l'obéissance  8c  fidélité  qu'ils  lui  rendront  dans  son  bas 
«  âge,  8c  c'est  de  quoi,  ce  me  semble,  ils  se  doivent  piquer  par  une  politique 
o  qui  leur  seroit  fort  utile  Se  d'agir  en  ceci  par  émulation  avec  les  catholi- 


1643 


lô^S 


1644 


180  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  ques.  Il  faut  tâcher  de  leur  faire  bien  comprendre  St  goûter  ce  point,  8c 
«  surtout  ne  voiis  lassez  pas  de  leur  confirmer  les  assurances  8t  l'inviolable 
«  dessein  qu'on  a  ici  de  maintenir  les  choses  en  l'état  où  elles  étoient  durant 
«  la  vie  du  feu  roi  '.  » 

Cette  dernière  déclaration  ne  concorde  guère,  on  doit  l'avouer,  avec  la 
vague  promesse  d'unité  religieuse  que  Bosquet  faisait  miroiter,  dans  son  dis- 
cours d'apparat,  devant  les  évêques  de  Languedoc.  Mais  la  contradiction 
s'explique  par  la  théorie  de  Mazarin  sur  l'émulation  à  produire  entre  catho- 
liques &  protestants.  On  a  vu,  par  une  lettre  antérieure,  que  l'intendant  ne 
se  faisait  guère  d'illusions  sur  le  rôle  des  prélats  dans  leurs  diocèses.  Il  cher- 
chait donc  à  capter  leur  bienveillance  en  leur  laissant  entrevoir,  dans  un 
lointain  oratoire,  la  réalisation  de  leurs  vœux  les  plus  chers,  retardée  natu- 
rellement jusqu'à  la  majorité  du  roi,  tandis  que  son  collègue  avait  mission 
d'encourager  des  espérances  tout  à  fait  contraires  dans  les  consistoires,  8c  de 
leur  demander  de  la  patience  jusqu'à  cette  même  majorité. 

On  peut  ainsi  reconnaître  une  grande  unité  dans  la  politique  intérieure 
du  cardinal.  Il  a  parfaitement  conscience  de  la  faiblesse  du  pouvoir  central, 
de  la  demi-impuissance  où  le  réduisent  les  exigences  de  la  guerre  8c  la  pénurie 
du  Trésor;  il  devine  toute  la  turbulence  des  éléments  dont  l'antagonisme  est 
près  d'éclater.  Se  se  préoccupe  uniquement  d'équilibrer  les  forces  8c  d'amortir 
les  chocs.  Qu'il  s'agisse  du  Parlement  ou  des  Etats,  des  protestants  ou  des 
catholiques,  la  réponse  aux  impatients  est  uniforme  :  on  doit  attendre  la 
majorité  du  roi.  Cette  tactique  d'atermoiements,  qui  permettait  d'arriver  à 
la  paix  sans  engager  l'avenir,  ne  manquait  pas  d'habileté.  Malheureusement, 
les  factions  de  cour  Se  l'esprit  turbulent  des  grands  seigneurs  étaient  loin  d'y 
trouver  leur  compte.  Trop  de  gens  se  croyaient  intéressés  à  tirer  parti  de  la 
régence  pour  respecter  la  trêve  qu'on  leur  demandait. 


CHAPITRE  II 

Le  gouvernement  provincial.  —  Gaston  d'Orléans  &  sa  cour.  —  L'abbé  de  la  Rivière.  —  Le  comte 
d'Aubijoux.  —  Nouveau  titre  de  Schomberg.  —  Réveil  féodal.  —  Procès  d'un  conseiller  duelliste. 
Rencontre  de  gentilshommes  en  Vivarais.  —  Affaire  des  tailles.  —  Le  vœu  de  saint  Edmond. 
Elections  municipales  supprimées.  —  Droit  de  confirmation.  —  Lutte  du  Parlement  &  du  Conseil 
d'État. 

Malgré  les  transformations  qui  s'étaient  produites  dans  le  caractère  des 
grandes  charges,  par  suite  de  l'accroissement  de  l'autorité   ministérielle  8c 

■  Il  paraît  par  la  même  lettre  que  l'intendant  toutes  celles  dont  on  sçauroit  punir  les  ministres 

avait   réprimé   le  zèle    d'un    ministre    protestant.  séditieux,  le  faict  estant  constant  &   bien  vérifié. 

Mazarin  attend  l'effet  de  la  peine  qui  lui  a  été  im-  Vous  nous  donnerez  avis  des  occasions  particulières 

posée  :  «  Il  faudra,  dit-il,  voir  ce  qu'elle  produira.  de  temps  en  temps  &  qui   méritent  d'être  sçues  '.  » 
Il  y  a   néanmoins   apparence  qu'elle  sera  la   plus 

efficace,  &  dont  on  puisse  le  moins  se  plaindre  de  '  A.  Clicrucl,  Lettres  du  cnrJinal  Ma\arin,  T,  p.  5io. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  ï8i 

de  la  création  des  intendances,  le  gouverneur  était  encore,  à  la  mort  de 
Louis  XIII,  le  représentant  le  plus  élevé  de  la  personne  royale  dans  la  Pro- 
vince. Bien  qu'il  réunît  en  lui,  à  l'image  du  souverain,  des  pouvoirs  de 
nature  diverse  &  une  sorte  de  supériorité  générale  &  modératrice,  son  auto- 
rité, où  se  conservait  encore  un  mélange  de  tradition  monarchique  St  de 
formes  féodales,  affectait  surtout  les  allures  du  commandement  militaire. 

Comme  délégué  du  pouvoir  politique,  le  gouverneur  avait  pour  mission  de 
contenir  les  sujets  sous  l'autorité  du  roi,  d'empêcher  le  désordre,  de  faire  vivre 
les  peuples  en  bonne  intelligence  &  de  pourvoir  à  une  prompte  pacification  au 
cas  de  dissensions  intérieures.  Il  était  autorisé  à  convoquer,  toutes  les  fois  que  le 
bien  du  service  le  requerrait,  les  gens  d'Eglise,  la  noblesse,  les  officiers,  consuls 
8c  habitants  des  villes  de  la  Province,  pour  leur  communiquer  les  ordres  du 
roi,  recevoir  leurs  plaintes  Si  leur  servir  d'intermédiaire  auprès  du  trône. 

Dans  l'organisation  judiciaire,  il  n'avait  qu'un  rôle  protecteur  sans  juri- 
diction personnelle.  Son  devoir  se  bornait  à  faciliter  aux  juges  royaux  la 
connaissance  S<.  la  punition  des  crimes  commis  contre  la  paix  publiquej  seu- 
lement, en  vertvi  de  la  majesté  royale  dont  sa  charge  n'était  qu'une  émana- 
tion, il  avait  le  droit  de  siéger  dans  les  trois  grandes  cours  de  la  Province,  le 
Parlement  de  Toulouse,  la  Chambre  de  l'édit  de  Castres,  Se  la  Chambre  des 
comptes,  aides  Se  finances  de  Montpellier. 

Comme  délégué  du  suzerain,  il  se  trouvait  naturellement  à  la  tête  de 
l'armée  féodale  lorsque  le  roi  faisait  assembler  le  ban  Se  l'arrière-ban  de 
ses  gentilshommes;  mais  il  n'avait  pas  lui-même  le  droit  de  les  convoquer  Se 
de  leur  faire  prendre  les  armes. 

Comme  chef  militaire,  il  donnait  des  ordres  à  toutes  les  troupes  royales 
envoyées  dans  la  Province  :  compagnies  d'ordonnance,  chevau-légers,  légions 
de  gens  de  pied,  régiments  français  Se  étrangers.  En  cas  de  guerre  offensive, 
il  dirigeait  les  opérations,  prenait  dans  les  villes  les  pièces  d'artillerie  Se  les 
munitions  nécessaires,  attaquait  les  places  de  l'ennemi  Se  pouvait  signer  les 
capitulations  qu'il  jugeait  à  propos  de  leur  accorder.  La  nomination  des  capi- 
taines, commandants  de  place  ou  de  château,  Se  en  général  de  tous  les  chefs 
de  corps  demeurait  expressément  réservée  au  roi.  Cependant  le  gouverneur 
pouvait  pourvoir  provisoirement  à  chacune  de  ces  charges,  en  cas  de  mort  ou 
de  vacance  subite,  afin  d'assurer  la  sécurité  du  pays,  sauf  à  en  donner  immédia- 
tement avis  au  souverain,  qui  remplaçait  définitivement  les  officiers  disparus. 

Du  reste,  en  temps  de  régence,  où  les  liens  du  pouvoir  central  étaient 
singulièrement  relâchés,  ces  prérogatives  jalouses  de  la  couronne  n'obtenaient 
pas  un  respect  absolu;  les  usurpations  d'autorité  devenaient  fréquentes,  les 
gouverneurs  ne  se  faisant  faute  d'inventer  quelque  voie  indirecte  pour  donner 
des  charges  à  leurs  créatures.  Se  l'on  voyait  des  généraux  d'armée  confier  des 
corps  de  troupes  à  des  hommes  qui  étaient  quelquefois  entièrement  étrangers 
aux  choses  de  la  guerre  '. 

'  Mémoires  Je  messire  Roger  de  Rahutin,  comte  de  Bussy,  II,  p.  475. 


1644 


I 


1644 


i82  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

A  l'égard  de  la  discipline  des  troupes,  le  gouverneur  était  spécialement 
chargé  de  veiller  à  l'exécution  des  règlements  militaires,  devait  faire  vivre  les 
gens  de  guerre  en  bon  ordre,  protéger  contre  leurs  violences  les  habitants  des 
villes,  bourgs  &  villages  du  plat  pays,  faisant  punir  les  contraventions  par 
son  prévôt  ou  par  les  prévôts  provinciaux.  Si  la  mutinerie  des  troupes  deve- 
nait si  redoutable  que  le  gouverneur  ne  pût  la  réprimer  par  les  moyens 
ordinaires,  il  avait  la  faculté  de  faire  sonner  le  tocsin  pour  assembler  les 
communes  &  prêter  main-forte  aux  prévôts. 

Outre  le  commandement,  il  exerçait  la  haute  administration  militaire, 
nommait  des  commissaires  ou  contrôleurs  pour  les  montres  Si  revues  des  gens 
de  guerre,  prévôts  des  maréchaux  de  France,  8c  viguiers  de  la  Province, 
faisait  la  répartition,  d'après  les  états  expédiés  par  le  roi,  des  sommes  versées 
par  le  trésor  royal  ou  par  celui  du  pays  pour  le  payement  des  troupes,  la  for- 
tification des  places,  les  dépenses  d'artillerie.  C'est  lui  qui  signait  les  ordon- 
nances &  les  mandats  qui  étaient  présentés  à  la  caisse  de  divers  trésoriers. 

Il  recevait  lui-même  ses  appointements  de  trois  caisses  différentes,  celle  de 
l'épargne,  qui  était  le  trésor  royal  proprement  dit,  celle  de  l'extraordinaire 
des  guerres,  invention  de  date  récente,  Si  enfin  celle  de  la  Province. 

Chaque  année,  à  la  fin  de  la  session  des  États,  l'assemblée  lui  votait  une 
gratification  de  quarante  mille  livres. 

Des  charges  de  cette  importance,  qui  donnaient  un  rang  élevé  dans  l'État, 
qui  permettaient  un  déploiement  de  faste  presque  royal,  assuraient  la  dispo- 
sition de  places  fortes  &  de  régiments,  la  faculté  de  dispenser  des  faveurs 
sans  nombre  81  de  se  faire  une  imposante  clientèle,  ne  pouvaient  manquer 
d'être  briguées  par  les  plus  hauts  personnages  de  la  Cour.  Elles  étaient  con- 
sidérées par  les  grands  seigneurs,  moins  comme  des  fonctions  obligeant  le 
titulaire  à  un  service  effectif  8c  lui  créant  une  responsabilité,  que  comme  des 
apanages  magnifiques  procurant  de  beaux  revenus,  des  avantages  de  toute 
nature,  une  situation  de  vice-roi  au  siège  du  gouvernement,  avec  privilège 
de  la  grande  entrée  dans  les  villes  du  ressort,  au  bruit  des  cloches  &ç.  de  l'ar- 
tillerie, 8t  la  ressource  de  s'enfermer,  en  cas  de  disgrâce,  dans  quelque  bonne 
citadelle,  d'y  tenir  tête  au  ministère  8t  de  lui  dicter  des  conditions.  La 
sagacité  de  Richelieu  avait  reconnu  que  placer  de  tels  emplois  entre  les 
mains  de  princes  du  sang  ou  de  gentilshommes  appartenant  à  de  puissantes 
lignées,  c'était  reconstituer,  sous  une  forme  nouvelle,  cette  féodalité  redou- 
table dont  il  abattait  les  forteresses.  Aussi,  lorsque  le  supplice  de  Montmo- 
rency rendit  vacant  le  gouvernement  de  Languedoc,  le  cardinal  eut-il  hâte 
d'en  gratifier  un  étranger,  d'origine  saxonne,  sans  attaches  dans  le  pays,  le 
premier  maréchal  de  Schomberg,  fils  d'un  colonel  de  reîtres  qui  avait  che- 
vauché en  France,  sous  Charles  IX,  pendant  les  guerres  de  religion  '. 

■  Ce  colonel  de   reîtres  était   né  en  Misnie;   il       dans  sa    nouvelle   patrie,  en   achetant  au  duc  de 

commandait  une  de  ces  troupes  de  cavalerie  étran-        Guise  le  comté  de  Nanteiiil  '. 

eère  qu'employaient  les   rois  de  France:    il  épousa  ,r  .    ,    r^    .       ,        rr.      ■         ,    .   ,     . 

2^         '^ .  ,.       ,  ^  y o\r  ]ù  P .  An'iamc^  Hntoire  généalogique  de  la  maison 

une  Française  &  donna   une  assiette  à  sa   lignée,        »;<?  Fnijice,  t.  IV,  p.  333. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  183 

Après  la  mort  d'Henri  de  Schoinberg',  qui  ne  survécut  pas  longtemps  à  sa 
victoire  de  Castelnaudary,  son  fils  lui  succéda. 

Charles  de  Schomberg,  né  avec  le  siècle,  avait  passé  toute  sa  jeunesse  à  la 
cour  de  Marie  de  Médicis,  vivant  dans  l'intimité  du  jeune  roi  Louis  XIII, 
auprès  duquel  il  servait  en  qualité  d'enfant  d'honneur.  Il  reçut  une  première 
blessure  au  siège  de  Sommières,  combattit  au  Pas  de  Su2e  &  à  Privas,  8c  fit 
la  campagne  de  Savoie  auprès  du  roi,  qui  lui  donna  le  commandement  des 
chevau-légers  de  sa  garde. 

Son  mariage  avec  la  duchesse  d'Hallwin,  qu'il  perdit  en  1641,  sans  en 
avoir  d'enfants,  le  mit  en  possession  de  la  terre  d'Hallwin  dont  il  porta  le 
titre  jusqu'au  moment  où,  grâce  à  la  délivrance  de  Leucate,  il  put  s'appeler 
le  maréchal  de  Schomberg,  comme  son  père. 

C'était  un  homme  de  guerre  considéré.  Ses  succès  en  Languedoc,  en  Rous- 
sillon  &  en  Catalogne,  surtout  la  prise  de  Perpignan,  lui  avaient  acquis  une 
haute  réputation  dans  la  Province. 

Il  passait  pour  avoir  un  caractère  modéré.  Si  l'on  doit  l'en  croire,  ses  amis 
lui  reprochaient  souvent  d'être  trop  enclin  à  l'indulgence,  8c  il  se  reconnais- 
sait une  aversion  naturelle  pour  les  mesures  de  rigueur  les  plus  légitimes^. 

Dès  que  Louis  XIII  fut  mort,  Schomberg  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  que 
son  gouvernement  de  Languedoc  tentait  de  hautes  convoitises,  Se  que  le  gou- 
vernement particulier  de  la  ville  &  citadelle  de  Montpellier,  dont  il  se  trou- 
vait également  titulaire,  courait  le  risque  de  passer  en  d'autres  mains.  Il  lutta 
énergiquement,  usa  du  reste  d'influence  que  l'ancien  personnel  formé  par 
Richelieu  conservait  encore  dans  le  cabinet  de  la  reine  8<.  dans  le  conseil, 
mais  ne  put  empêcher  le  duc  d'Orléans  d'en  venir  à  ses  fins. 

Certes,  si,  parmi  les  grands  commandements  provinciaux,  il  y  en  avait  un 
dont  l'espoir  dût  paraître  interdit  au  conspirateur  repentant  de  1682,  c'était 
à  coup  sûr  le  gouvernement  de  Languedoc.  Le  souvenir  d'une  guerre  civile 
imprudemment  allumée,  d'une  cause  lâchement  trahie,  des  vexations  terribles 
dont  les  peuples  avaient  souffert,  des  mesures  de  rigueur  qui  avaient  décime 
la  noblesse  Si  qui  laissaient  encore  des  places  vides  dans  les  hauts  bancs  des 
États,  tout  semblait  défendre  au  fils  d'Henri  IV  l'abord  d'un  territoire  où  les 
marques  de  la  vengeance  royale  étaient  partout  visibles.  Mais  la  frivolité  de 
son  caractère  s'inquiétait  peu  de  ces  motifs. 


'  Henri  de  Schomterg  nvait  été  d'abord   lieiite-  '  "  Vous  avez  pu  coniioître  depuis  treize  ans  la 

nant  du   maréchal  général  des  grands-reîtres,   le  n  douceur  avec  laquelle  j'ai   toujours  agi   en  cette 

duc  de  Deux-Ponts.  Il  acheva  de  se  naturaliser  en  «  Province,  &  l'aversion  naturelle  que  j'ai  à  faire 

France   par   un    brillant  mariage    avec    une   bre-  «  du   mal  à  ceux-là  mêmes  qui    m'y  obligent   le 

tonne,  héritière  du   marquis  d'Epinay.   Quand   il  «  plus.  C'est   une   espèce  de   défaut  que  mes  amis 

reçut   le  cordon   bleu,  le  rédacteur  de  ses  preuves  «  me    reprochent    souvent    &   dont    ceux    qui    ne 

généalogiques  proclama   la    famille  de  Schomberg  «  m'aiment  pas  ont  grand  sujet  de  se  louer'.  «  Il 

une  des  quatre  colonnes  de  la  noblesse  de  Misnie.  donna  en  effet  des  preuves  de  modération  pendant 

Après  avoir  perdu  sa   première  femme,  Schomberg  la  sédition  de  Montpellier, 
épousa  Anne  de  la    Guiche,  fille   de   Philibert  & 

d'Antoinette  de  Daillon  du  Ludc.  1  Harangue  aux  États.  Sc'ancedu  jS  uovciubrc  i6^i. 


1644 


~ 184  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Cet  homme  étrange,  instrument  de  tous  les  ambitieux  que  gênait  le  gou- 
vernement unitaire  de  Richelieu,  avait  pourtant  signé,  quand  il  sollicitait, 
dans  les  termes  d'une  soumission  d'enfant,  la  faculté  de  ne  pas  quitter  la 
France  &  de  vivre  à  Blois  en  simple  particulier,  avec  le  train  qu'il  plairait 
à  Sa  Majesté  de  lui  permettre,  la  promesse  formelle  de  ne  prétendre  jamais 
charge,  emploi  ou  administration  dans  le  royaume,  en  quelque  temps  61  en 
quelque  occasion  que  ce  pût  être  '. 

Le  vieux  cardinal,  déjà  sous  les  étreintes  de  la  mort,  ne  s'était  pas  con- 
tenté de  cette  parole  d'un  fils  de  France  à  qui  les  rétractations  ne  coûtaient 
.guère,  &,  afin  d'assurer  avec  plus  de  certitude  l'éloignement  d'un  homme  si 
dangereux  pour  le  repos  de  l'Etat,  la  veille  même  du  jour  où  il  rendit  l'âme,  il 
avait  remis  au  roi,  toute  rédigée,  une  longue  &  outrageante  déclaration  que 
le  Parlement  vérifia,  &  dans  laquelle,  après  avoir  énuméré,  avec  une  complai- 
sance cruelle,  toutes  les  fautes  commises  par  le  duc  d'Orléans,  il  le  dépouil- 
lait de  son  gouvernement  d'Auvergne,  de  ses  compagnies  de  gens  d'armes  8c 
de  chevau-légers,  &  le  déclarait  incapable,  pour  le  présenta  pour  l'avenir,  de 
toute  sorte  d'administration  de  l'Etat,  nommément  de  la  régence,  en  cas  de 
minorité^.  Richelieu  croyait  rendre  au  roi  un  dernier  service  en  prononçant 
cette  rigoureuse  exclusion. 

La  volonté  de  Louis  XIII  n'ayant  pas  plus  de  suite  que  celle  de  son  frère, 
dès  que  le  cardinal  fut  mort,  Gaston  d'Orléans  put  songer  à  reconquérir  tout 
ce  qu'il  avait  perdu.  Quatre  mois  après,  paraissait  une  contre-déclaration 
annulant  la  première,  ordonnant  d'en  faire  disparaître  les  traces  dans  les 
registres  du  Parlement,  &  rendant  au  prince  toutes  ses  capacités  politiques^. 

Le  roi  ayant  disparu  à  son  tour,  le  duc  d'Orléans,  qui  tenait  la  première 
place  dans  les  conseils  de  l'Etat,  ne  se  donna  point  de  repos  qu'il  n'eût  arraché 
à  la  régente,  en  imposant  ce  sacrifice  à  Mazarin  comme  une  condition  expresse 
d'adhésion  à  son  ministère,  l'un  des  plus  beaux  gouvernements  de  France. 

Le  24  avril  1644,  le  maréchal  de  Schomberg,  poussé  à  bout  par  les  obses- 
sions de  la  Cour,  ayant  enfin  consenti  à  se  démettre  de  sa  charge,  le  jeune 

■  ((  Novis  nous  tiendrons  extrêmement  obligé  &  '  Déclaration  du  roi,  du  iS  avril  1643  : 

n  bien  traité,  s'il  plaît  à  Sa  Majesté  nous  laisser  n  L'obéissance  qu'il   nous  a   rendue  en  l'exécu- 

n  vivre  comme  simple  particulier  dans  le  royaume,  u  tion  de  ce  que   nous  avons  désiré  de  luy  sur  les 

«  sans  gouvernement,  sans  compagnie  de  gens  d'ar-  t(  ordres  que  nous  avons  donnés  pour  la  régence... 

i<  mes  ny  chevaux  légers  ny  sans  pouvoir  prendre  u  nous    donne    sujet    8c    assurance    d'espérer   qu'à 

«  jamais  pareille  charge'.  »  <(  l'avenir  ses  actions   seront  telles  que  nous...  & 

'  Déclaration  du  roi,  du  i*"'  décembre  1642  :  "  après  nous  la  reine   régente  en  aura   toute  sorte 

«  Il  n'y  a  jamais  eu  de  fils  de  France  qui   ait  "  cîe  contentement.  » 

n  reçu  de  si   grands  bienfaits  d'un  roi  son  frère  &  Cette  déclaration,   raconte   Aubery,  fut  n  enre- 

<•  qui  les  ait  moins   reconnus....  Ces  motifs  nous  it  gistrée  d'une  façon  toute  hâtive,  au  point  qu'en 

«  ont  fait  juger  qu'il  était  à  propos  de  retrancher  «   un  jour  il   fut  envoyé  [au  Parlement  de  Paris] 

<c  à  notre  dit   frère  les  moyens  qui  pourroient  le  <t  trois  lettres  de  cachet  pour  avoir  à  finir  l'affaire 

((  porter  à   l'avenir  à   troubler   le    repos  de   notre  n  avant  la  nuit'.  »  On  craignait  à  chaque  instant 

«  Etat.  »  qu'il   n'arrivât  un   contre-ordre  &  que  l'intriguo 

n'avortât. 

'  Consentement  de  Monsieur.  Mcinoircs  de  Monsieur  de 
MoiUiésor,  p.  226.  '  Aubery,  Histoire  du  cardinal  Mazarin.  t.  I.  p.  100. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  i85 

roi  signa  des  lettres  patentes  qui  nommaient  le  duc  d'Orléans  gouverneur  8c 
lieutenant  général  en  la  province  de  Languedoc. 

L'exposé  des  motifs  rappelait  complaisamment  les  avantages  du  pays,  son 
étendue,  ses  belles  &  opulentes  villes,  le  nombre  de  ses  châteaux  &  forte- 
resses utiles  à  la  conservation  des  frontières,  une  multitude  de  noblesse 
adonnée  à  l'exercice  des  armes.  On  n'oubliait  pas  de  signaler  ce  qui  consti- 
tuait, en  eftet,  une  difficulté  capitale  du  gouvernement,  la  diversité  des  reli- 
gions. Toutes  ces  causes  exigeaient  «  un  personnage  de  condition  relevée, 
«  dont  la  conduite  fût  accompagnée  d'une  singulière  prudence  pour  main- 
«   tenir  l'union  &  la  concorde  sous  l'obéissance  du  roi.  » 

Le  souverain  ajoutait  qu'il  avait  jeté  les  yeux  sur  divers  sujets,  avant  de  se 
décider  à  confier  à  quelqu'un  la  fonction  d'une  aussi  grande  charge,  qu'il 
avait  pris  l'avis  de  la  régente,  du  prince  de  Condé  &  du  cardinal  Mazarin, 
S<  qu'enfin  il  ne  croyait  pouvoir  faire  une  meilleure  élection  que  de  la  per- 
sonne du  duc  d'Orléans,  son  éminente  qualité  Se  l'éclat  de  sa  naissance,  qui 
le  rapprochait  du  trône,  paraissant  l'obliger  plus  que  nul  autre  à  une  étroite 
fidélité  :  la  chancellerie  comptait  évidemment  sur  le  défaut  de  mémoire  des 
Languedociens. 

Le  même  jour,  le  duc  d'Orléans  prêta  serment,  à  Paris,  entre  les  mains  du 
roi  8t  de  la  régente'.  Il  devait  garder  le  gouvernement  de  la  Province  pen- 
dant seize  ans. 

Gaston-Jean-Baptiste  de  France,  duc  d'Orléans,  de  Chartres,  de  Valois  & 
d'Alençon,  comte  de  Blois,  de  Montlhéry  Se  de  Limours,  seigneur  de  Mon- 
targis,  était  alors  âgé  de  trente-six  ans.  Veuf  en  premières  noces  d'une 
duchesse  de  Montpensier,  héritière  des  dauphins  d'Auvergne,  qui  mourut  au 
Louvre,  après  avoir  mis  au  monde  la  grande  Mademoiselle^,  il  s'était  remarié 
au  bout  de  cinq  ans,  en  grand  mystère  Si  contre  la  volonté  du  roi,  avec  une 
princesse  de  la  maison  de  Lorraine,  Marguerite,  fille  du  comte  de  Vaude- 
mont.  Cette  seconde  femme  ne  lui  avait  pas  encore  donné  d'héritier,  mais  il 
avait  deux  enfants  naturels-^. 

Il  partageait  sa  résidence  ordinaire  entre  Paris,  où  il  habitait  le  palais 
du  Luxembourg,  alors  désigné  sous  le  nom  de  palais  d'Orléans,  Se  ce  grand 
château  de  Blois,  qui  faisait  partie  de  son  apanage  depuis  1626,  Se  dont  il 
avait  confié  la  reconstruction  à  Mansart,  rêvant  d'effacer  par  une  majestueuse 
monotonie  toutes  les  traces  de  fantaisie  élégante  Se  capricieuse  qu'y  avait 
laissées  François  I. 

Dans  ses  deux  résidences,  le  prince  entretenait  autour  de  lui  une  véritable 


'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-  de  Gaston  d'Orléans  &  de  sa  première  femme  Ma- 

lement  de  Toulouse.  EJits  &  déclarations.  rie   de    Bourbon,  duchesse   de   Montpensier,   dau- 

'  Anne-Marie-Louise  d'Orléans,  souveraine   de  phine  d'Auvergne,  souveraine  de  Dombes,  morte  à 

Dombes,  princesse  de  La  Roche-sur-Yon,  dauphine  Paris,  au  palais  d'Orléans,  le  5  avril  i6o3. 

d'Auvergne,  duchesse  de  Montpensier,   de  Saint-  '  Louis,  comte  de  Charny,  gouverneur  d'Oran, 

Fargeau  &  de  Chàtellerault,  marquise  de  Mézières  né  à  Tours,  de  Louise  Roger  de  la  Marbelière,  & 

en   Bretiac,   née  au    Louvre,  le   29    mai    1627,  fille  Marie,  née  à  Paris,  de  Marie  Porcher. 


1644 


I 


1644 


i86  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Cour.  Quand  il  allait  en  voyage,  les  gentilshommes  81  domestiques  attachés 
à  sa  personne  formaient  un  groupe  d'environ  cent  cinquante  chevaux.'. 

Tout  ce  personnel  n'était  occupé  que  d'intrigues  ^.  Depuis  son  extrême 
jeunesse,  le  prince  avait  trempé  dans  tous  les  complots  qui  s'étaient  pu  tramer 
contre  son  frère,  sauf  à  faire  ensuite  bon  marché  de  ses  engagements  8c  à 
désavouer  ses  complices  lorsque  la  fortune  les  trahissait.  Il  avait  commencé  sa 
carrière  à  dix-sept  ans,  en  acceptant  un  rôle  dans  la  conspiration  de  Chalais; 
en  1629,  il  s'était  retiré  chez  le  duc  Charles  de  Lorraine,  alors  en  guerre 
avec  le  roi;  en  i632,  après  la  mort  de  Montmorency  dont  il  était  le  principal 
auteur,  &  malgré  les  engagements  du  traité  de  Béziers,  il  avait  essayé  une 
nouvelle  défection.  Le  commandement  d'une  armée  que  lui  confia  son  frère 
lui  fournit  l'occasion  de  tenter  une  démarche  hostile  sur  les  frontières  de 
Picardie,  8c  il  en  était  k  son  cinquième  pardon  royal  lors  de  l'entreprise  du 
grand-écuyer.  Toutes  ces  aventures  l'avaient  fort  déconsidéré.  Sa  signature 
ne  trouvait  guère  plus  de  crédit  dans  les  cours  étrangères  que  dans  celle  de 
France,  8c.  le  comte-duc  d'Olivarès  ne  craignait  pas  de  dire  à  Fontrailles,  son 
envoyé,  que  «  le  prince  était  entré  en  de  si  fâcheuses  affaires  &  y  avait  si 
«  mal  réussi  qu'on  ne  pouvait  désormais  trouver  beaucoup  de  gens  disposés  à 
ti  s'embarquer  avec  lui  ^.  » 

Deux  ans  n'étaient  pas  encore  écoulés  depuis  le  moment  où,  se  trouvant 
gravement  compromis  après  l'arrestation  de  Cinq-Mars,  il  faisait  faire  en  son 
propre  nom  les  démarches  les  plus  humiliantes  auprès  de  Louis  XIII  &i  de 
Richelieu,  sollicitant  l'appui  du  cardinal  Mazarin,  de  MM.  des  Noyers  8c  de 


'  Mémoires  Je  Momieur  Je  Montrésor.  Leyde, 
1665,  p.  4.  La  plupart  des  familiers  du  prince 
étaient  de  joyeux  compères  : 

«  J'en  connois  encor  d'assez  fermes, 
«  Fontrailles,  d'Aubijoux,  de  Termes, 
tt  Qui  vivent  de  même  façon, 
«  Ne  faisant  jamais  d'abstinence. 
Il  Si  ce  n'est  d'eauit  &  de  poisson, 
«  De  jubilés  &  d'indulgence'.  « 

-  Voici  la  liste  des  officiers  de  la  maison  du  duc 
d'Orléans  : 

Il  Victor  Bouthillier,  archevêque  de  Tours,  pre- 
mier aumônier.  —  Louis  de  la  Rivière,  conseiller 
du  roy  en  ses  conseils  d'État  &  privé,  chancelier 
de  l'ordre  du  Saint-Esprit,  abbé  de  Saint-Benoît- 
sur-Loire,  abbé  des  Roches  &  maître  de  l'oratoire 
de  S.  A.  R.  —  M.  de  Choisy,  chevalier,  conseiller 
du  roy  en  ses  conseils  d'État  &  privé,  &  cy-devant 
maître  des  requêtes  ordinaires  de  son  hôtel,  chan- 
celier &  garde  des  sceaux  de  Mb'"'  le  duc  d'Orléans. 
—  M.  de  Bourdeaux,  surintendant  de  sa  maison, 
conseiller  du  roy  en  ses  conseils  d'État  &  privé, 
secrétaire  du  conseil  d'État.  —  M.  de  Castille,  sei- 


gneur de  Ville-Marveil,  surintendant  de  la  mai- 
son, domaine  &  finances.  —  M.  de  Mascarany, 
intendant.  —  M.  de  Goulas  &  M.  de  Fromont, 
secrétaires  des  comm.andements,  maison  &  finances, 
&  secrétaires  ordinaires  du  cabinet.  —  M.  Piètre, 
conseiller  du  roy  au  Châtelet  de  Paris,  &  procu- 
reur général  de  S.  A.  R.  —  Le  duc  de  Bellegarde, 
cy-devant  grand-écuyer  de  France,  gouverneur  de 
Bourgogne,  premier  gentilhomme  de  la  chambre. 
—  Henry  de  Gournay,  chevalier,  comte  de  Mar- 
cheville,  baron  de  Montloué,  premier  chambellan 
&  premier  des  ordinaires  de  S.  A.  R.  —  Le  mar- 
quis de  Maulny,  premier  écuyer.  —  M.  de  la 
Frette,  capitaine  des  gardes  françoises  du  corps. — 
M.  le  comte  de  Saint-Aignan,  aussi  capitaine  des 
gardes  françoises.  —  M.  de  la  Ferté  Imbaut,  con- 
seiller du  roy  en  ses  conseils,  capitaine-lieutenant 
de  la  compagnie  des  gendarmes  de  S.  A.  R.,  lieu- 
tenant général  au  gouvernement  des  pays  &  duché 
d'Orléans. —  M.  François  de  Chastillon,  cheva- 
lier, seigneur  de  Bois-Rogues,  cornette  de  la  cojn- 
pagnie  des  chevau-légers  de  S.  A.  R.  *,  m 

^  Mémoires   Je  Monsieur  de    Montrésor,   p.    3r8. 
Relation  de  Fontrailles. 


'  Bibliothèque  de  Touloiise.  Ms.  Recueil  de  cliansons  ;  pe- 
tite fronde.  i65o. 


'  Le  Maire,  Histoire  des  anliquités  de  la  ville  &  Jtichi 
d'Orléans.  Orléans.  Maria  Paris.  M.  DC.  XLViii.  p.  121. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  187 

Chavignv,  pour  rentrer  en  grâce  auprès  du  roi  Savoir  la  faveur  de  se  retirer 
à  Venise,  avec  une  pension  de  dix  mille  écus  par  mois.  C'était  lepoque  où 
Richelieu,  qui  le  méprisait  profondément,  répondait  à  ses  protestations  8c  à 
ses  prières  par  cette  phrase  hautaine  :  «  Puisque  Dieu  veut  que  les  hommes 
«  aient  recours  à  une  ingénue  &  entière  confession  pour  être  absous  de  leurs 
«  fautes  en  ce  monde,  je  vous  enseigne  le  chemin  que  vous  devez  tenir  pour 
K  vous  tirer  de  la  peine  en  laquelle  vous  êtes',  n  &  où  M.  de  Chavigny,  non 
moins  expressif  que  son  maître,  écrivait  au  cardinal  en  lui  annonçant  le 
départ  de  gens  de  guerre  destinés  à  rendre  plus  effectifs  les  engagements  de 
Monsieur  :  «  Les  troupes  ne  délaissent  pas  de  marcher,  car  la  peur  est  un 
«  excellent  orateur  pour  le  persuader  de  faire  les  choses  qu'on  veut  de  luy^.  » 

Il  avait  sufiî  de  la  mort  d'un  homme  pour  tout  changer;  81  maintenant, 
par  la  volonté  même  du  monarque  défunt,  le  frère  soupçonné,  dont  on  faisait 
surveiller  l'exil,  occupait  le  premier  rang  dans  les  conseils  de  la  régence  Si 
devenait  gouverneur  d'une  des  plus  grandes  provinces  du  royaume. 

Alors  tous  les  personnages  qui,  à  des  titres  divers,  occupaient  une  place 
dans  sa  confiance  devinrent  considérables  8c  redoutés  du  pays  de  Languedoc. 
Ils  eurent  en  leurs  mains  le  secret  des  faveurs  8c  des  disgrâces.  Se  ceux  dont 
Richelieu  voulait  paralyser  la  turbulence  en  rognant  la  pension  de  leur 
maître,  afin  de  l'empêcher  d'emmener  à  Venise  les  mauvais  esprits  qui 
l'avaient  perdu  ^,  devinrent  les  dispensateurs  des  finances  8c  puisèrent  impu- 
nément dans  l'épargne  des  peuples. 

Parmi  ces  hommes  formés  à  l'école  d'intrigues  du  palais  d'Orléans  8c  du 
château  de.Blois,  l'abbé  de  la  Rivière  fut  un  des  plus  influents  8c  aussi  des 
plus  détestés. 

Cet  ecclésiastique  était  entré  depuis  longtemps  dans  la  familiarité  du  prince. 
C'est  lui  qu'après  la  débâcle  de  Cinq-Mars  le  duc  d'Orléans  avait  envoyé 
en  ambassade  confidentielle  auprès  du  roi,  auprès  du  cardinal-ministre,  de 
Mazarin  8c  des  secrétaires  d'Etat,  pour  fléchir  la  colère  fraternelle  8c  rédiger 
cette  fameuse  déclaration  écrite  dont  Richelieu  avait  fait  la  condition  expresse 
du  pardon.  Le  négociateur  n'avait  guère  plus  de  courage  que  l'altesse.  Cha- 
vigny raconte  plaisamment  que  dans  le  cabinet  du  roi,  où  eut  lieu  l'en- 
trevue, l'abbé  opposant  quelques  difficultés  à  la  demande  d'engagement  écrit 
Louis  XIII  parla  en  maître,  Se  le  pauvre  ambassadeur  eut  tellement  peur 
d'être  arrêté  qu'il  fut  presque  saisi  de  défaillance  8c  ensuite  «  d'une  espèce  de 
coléra  morbus,  n  dont  on  ne  put  le  guérir  qu'en  lui  rassurant  l'esprit •♦. 

Louis  Barbier  de  la  Rivière,  seigneur  de  Petit-Bourg,  ancien  régent  de 
collège  parvenu  à  la  haute  situation  de  confident  nécessaire  8c  dominateur, 
avait  quinze  ans  de  plus  que  son  maître.  Il  était  l'âme  de  ses  conseils,  l'in- 
troducteur de  toute  requête,  exerçait  sur  son  esprit  la  plus  complète  influence 

•  Lettre  du  cardinal  de  Richelieu  au  duc  d'Or-  '  Instructions  du  cardinal  de  Richelieu  à  M.  de 

léans,  du  3o  juin  1642.  Chavigny.  Mémoires  de  Monsieur  Je  Montrcsor, 

'  Lettre  de  M.  de  Chavigny  au  cardinal  de  Ri-  ■*  Lettre  de  M.  de  Chavigny  au  cardinal  de  Ri- 
chelieu, du  1^'' juillet  1642.  chclieu,  du  3o  juin   1642. 


1644 


-^^"^ —   i83  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

&  avait  acquis,  par  une  longue  habitude  de  sa  personne  &  de  sa  maison,  la 
faculté  de  deviner  ses  intentions  Se  ses  démarches  les  plus  secrètes,  clair- 
voyance dangereuse  qui  lui  permettait  de  jouer  double  rôle  &  de  se  ménager 
des  appuis  au  conseil  du  roi;  aussi  peut-on  dire,  sans  exagération,  que  ce 
puissant  favori  se  trouva,  de  fait,  pendant  quelques  années,  le  vrai  gouver- 
neur de  Languedoc.  L'exemple  de  Richelieu  &  de  Mazarin  avait  développé 
en  lui  des  ambitions  chimériques,  dont  il  poursuivit  la  satisfaction  par  tous 
les  moyens,  sans  pouvoir  atteindre  jamais  l'objet  de  ses  espérances'. 

Au-dessous  de  lui,  mais  beaucoup  plus  bas  dans  la  familiarité  du  prince, 
étaient  Goulas,  secrétaire  des  commandements;  d'Elbène,  du  Guey,  cham- 
bellans; le  Père  Gondran,  confesseur  de  Son  Altesse;  Oiiailly,  capitaine  des 
gardes,  considérable  dans  la  maison  pour  sa  charge,  sa  naissance  &  son 
mérite^;  puis  une  foule  de  gentilshommes,  véritable  clientèle  de  patricien, 
assiégeant  à  toute  heure  les  galeries  du  palais  :  Le  Coudray-Montpensier, 
Sainte-Croix  d'Ornano,  Lingendes,  Saint-Quentin,  Vieuxpont,  Charnazé, 
l'Espinay,  Montrésor,  Maulevrier,  Sardigny,  Saumery,  Le  Theilhac,  Brion, 
le  chevalier  de  Beuil,  l'abbé  d'Aubasine,  le  vicomte  d'Auteuil 

Ce  fut  seulement  le  4  juin  que  les  lettres  patentes  portant  nomination  du 
duc  d'Orléans  furent  présentées  au  Parlement  de  Toulouse,  en  la  grand'- 
chambre,  pour  y  être  enregistrées. 

Le  prince,  qui  ne  comptait  pas  s'éloigner  un  instant  du  foyer  de  la  poli- 
tique ou  des  armées,  avait  chargé  de  cette  mission  l'un  de  ses  plus  anciens  Si 
plus  fidèles  favoris,  ce  même  comte  d'Aubijoux  qui,  en  1642,  était  venu  lui 
apporter  au  château  de  Chambord  le  fameux  traité  avec  la  couronne  d'Es- 
pagne, principale  cause  de  la  mort  de  Cinq-Mars.  Depuis  le  commencement 
des  poursuites  contre  le  grand-écuyer,  le  comte  d'Aubijoux  s'était  réfugié  en 
Angleterre  avec  quelques  autres  gentilshommes  également  compromis;  il  y 
avait  attendu  la  mort  du  cardinal-ministre  &  celle  du  roi,  &  ce  double  évé- 
nement, qui  faisait  tomber  pour  lui  les  barrières  de  l'exil,  le  ramenait  en 
France  81  l'associait  au  triomphe  de  son  maître.  C'est  lui  qui,  avec  Fon- 
trailles  Se  quelques  autres  ardents  ennemis  de  Richelieu,  cherchait  à  faire 
condamner  la  mémoire  du  cardinal  comme  celle  d'un  ennemi  public,  cou- 
pable de  s'être  emparé  de  l'autorité  royale  pour  exercer  des  violences  Se 
contenter  son  ambition.  Le  nom  du  comte  d'Aubijoux  se  trouvait  compris 
dans  l'arrêt  de  Cinq-Mars,  la  procédure  ayant  révélé  sa  participation  active  à 
toutes  les  intrigues  du  complot,  son  assistance  aux  mystérieuses  entrevues  de 
la  place  Royale  où  le  duc  de  Bouillon  donna  sa  parole,  son  voyage  à  Nar- 
bonne  auprès  du  grand-écuyer.  Mais,  depuis  l'avènement  d'Anne  d'Autriche, 
il  avait  suffi  de  lettres  d'abolition,  enregistrées  au  Parlement  de  Paris,  pour 
rendre  au  criminel  d'État  son  innocence,  sans  qu'il  fût  même  obligé  de  se 
soumettre  à  la  formalité  d'un  emprisonnement  volontaire,  grâce  au  privilège 
des  fils  de  France  qui  s'étendait  jusqu'à  la  personne  de  leurs  domestiques. 

'  Il  inourvit  évêque  &  duc  de  Langrfs  en   1670.  '  Mémoires  de  Monsieur  Je  Montrésor,  p.  57. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  189 

Deux  ans  plus  tôt,  le  comte  était  à  Toulouse,  en  proie  à  ses  angoisses  de 
conspirateur.  Il  y  recevait  des  mains  de  Fontrailles,  arrivé  furtivement  d'Es- 
pagne par  le  port  de  Vénasque,  en  échappant  à  mille  dangers,  le  gage  mortel 
de  l'alliance  étrangère,  8t  maintenant  il  se  retrouvait  au  même  lieu,  entouré 
des  marques  de  la  faveur  royalcj  &  il  figurait,  comme  représentant  du  pre- 
mier prince  du  sang,  dans  une  cérémonie  qui  était  une  sorte  d'hommage  à  la 
justice  &  à  la  loi.  Les  capitouls  de  Toulouse  lui  rendirent  les  honneurs  que 
recevaient  les  lieutenants  du  roi,  Se  lui  firent  offrir  par  le  syndic  de  la  ville 
le  présent  de  bienvenue  '. 

L'avocat  général  Marmiesse  porta  la  parole  pour  le  procureur  général  du 
roi.  Le  premier  président  assistait  à  la  séance,  où  tous  les  conseillers  étaient 
réunis.  Il  était  d'usage  que  la  grand'chambre  fît  seule  ce  genre  de  cérémonie  j 
mais,  en  considération  de  l'éminente  qualité  du  personnage,  fils,  frère  61  oncle 
du  roi  Se  chef  du  conseil  de  la  régence,  on  ne  crut  pouvoir  donner  trop 
d'éclat  à  la  solennité.  Par  le  même  motif,  8t  après  avoir  entendu  quelques 
amplifications  élogieuses  de  l'orateur,  sur  les  divers  mérites  du  prince  en  ce 
moment  occupé  au  siège  de  Gravelines,  on  supprima  dans  l'arrêt  de  registre 
la  formule  de  réserve,  sauf  le  ressort  &  souveraineté  de  la  cour,  dont  on 
avait  toujours  usé  pour  les  autres  gouverneurs.  On  fit  également  abstraction 
du  serment  de  garder  les  ordonnances  du  roi  prêté  à  la  cour  par  divers 
prédécesseurs  de  Gaston  d'Orléans. 

Deux  jours  après,  le  doyen  donna  lecture  d'une  lettre  du  nouveau  gouver- 
neur, datée  de  Paris  le  i6  mai  1644.  Le  prince  annonçait  que  l'administration 
des  affaires  de  l'État  Si  le  commandement  des  armées  ne  lui  permettaient  pas 
d'aller  en  Languedoc  8c  d'y  exposer  les  sincères  intentions  qu'il  avait  pour  le 
repos  des  peuples.  Il  expliquait  que  le  roi  lui  avait  donné  le  gouvernement 
de  la  Province  dans  la  pensée  qu'il  pourrait,  avec  plus  d'autorité  que  nul 
autre,  faire  vivre  ses  sujets  dans  l'union  8t  la  concorde.  Il  invitait  la  compa- 
gnie à  seconder  ce  désir  Si  demandait  de  favorables  sentiments  pour  l'enre- 
gistrement de  ses  pouvoirs,  ajoutant  que  le  comte  d'Aubijoux  avait  ordre  de 
les  lui  rapporter.  La  lettre  se  terminait  par  des  offres  de  services. 

Dans  la  précédente  séance,  le  Parlement  avait  décidé  l'envoi  d'une  dépu- 
tation.  Le  nombre  des  députés  tut  vivement  débattu,  les  opinions  variant 
entre  trois  81  six.  On  s'en  tint  à  quatre,  un  président  Si  trois  conseillers,  afin 
de  marquer  la  différence  entre  la  dignité  des  plus  grands  princes  Si  celle  du 
roi.  H  était  l'usage  de  ne  députer  jamais  que  des  magistrats  assistant  à  la 
séance.  Les  présidents  de  Graignague,  Donneville,  Caminade  étaient  absents. 
Le  premier  président  s'excusa  ainsi  que  la  Terrasse  81  Ciron.  Le  choix  tomba 
donc  de  nécessité  sur  le  président  Puget  de  Gau,  avec  les  conseillers  Tif- 
faud,  Tourreil  Si  Dumay^. 

Il  fut   rédigé  une  lettre  de  courtoisie  au   nom  de   la  cour,  exprimant  au 

■  Archives  de  Toulouse.  Z/vre  <ffj  ConseilSjWlV,  '  Malenfant,   Collections  &  remarques  du  palais, 

p.   14^.  Séance  du  4  juin   1644.  ill,  p.  ^^.  Affaires  Ju  roi  &  ilupuilic,l, pp. ^i!.-^\j. 


1644 


~ 190  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

prince-gouverneur  «  la  passion  d'être  honorée  de  ses  commandements  &  de 
«  lui  rendre  ses  très-humbles  services  &  obéissances.  » 

Pour  subvenir  aux  dépenses  de  la  députation,  le  Parlement,  dans  la  séance 

du  lendemain,  autorisa  les  délégués  à  contracter  un  emprunt  en  leur  nom 

personnel,  tout  le  corps  de  la  cour  s'obligeant  par  arrêt  à  leur  rembourser 

les  sommes  prêtées,  &  réservant  d'avance  pour  cette  affectation  exclusive  les 

•   premiers  deniers  qui  proviendraient  des  amendes'. 

Les  députés  devaient  partir  au  plus  tôt  &  se  transporter  auprès  de  Son 
Altesse,  en  quelque  lieu  qu'elle  pût  être,  «  dedans  ou  dehors  le  royaume.  » 

Un  mois  après,  ils  ne  s'étaient  pas  encore  mis  en  route.  L'un  d'entre  eux, 
le  conseiller  Arnaud  de  Tiffaud,  s'excusa  même,  le  27  juillet,  en  alléguant 
son  grand  âge  Se  le  mauvais  état  de  sa  santé.  On  lui  substitua  son  collègue 
Louis  de  Guillermin. 

Un  des  premiers  actes  du  prince  que  ses  partisans  avaient  voulu  repré- 
senter, en  i632,  comme  un  défenseur  des  libertés  de  la  Province,  fut  d'exiger 
la  totalité  de  ses  appointements  pour  l'année  1644,  bien  que  sa  nomination 
datât  seulement  de  la  fin  du  mois  d'avril,  &,  non  content  de  cette  fraude,  il 
ne  se  résigna  pas  même  à  respecter  les  usages  financiers  du  Languedoc  &  à 
prendre  patience  jusqu'au  vote  des  Etats,  dont  la  résistance  n'était  pourtant 
pas  à  craindre.  11  contraignit  le  trésorier  Le  Secq  à  lui  payer  immédiate- 
ment, contre  les  règles  les  plus  formelles,  la  somme  de  soixante  mille  livres, 
plus  six  mille  à  partager  entre  ses  deux  secrétaires,  Goulas  8t  Fromont,  don- 
nant pour  prétexte  à  cette  injonction  cavalière  les  dépenses  qu'il  avait  faites 
au  siège  de  Gravelines^. 

Le  duc  d'Orléans  n'avait  jamais  eu  l'intention  de  résider  en  Languedoc  Se 
de  compromettre,  même  par  un  éloignement  temporaire,  la  haute  situation 
qu'il  occupait  dans  les  conseils  de  la  régence.  La  possession  de  ce  grand  gou- 
vernement St  la  faculté  de  distribuer  à  ses  favoris  toutes  les  charges  &  tous  les 
commandements  de  places  qui  en  dépendaient  faisaient  l'unique  objet  de  son 
ambition,  mais  il  ne  songeait  pointa  remplir  la  charge  en  personne.  Les  con- 
sidérations d'utilité  publique,  si  complaisamment  invoquées  dans  le  préam- 
bule de  son  brevet  3,  n'étaient  guère  plus  sérieuses  que  la  feinte  humilité  du 
prince,  déclarant,'  au  lit  de  justice  du  18  mai  1643,  abandonner  tout  l'hon- 
neur à  la  régente  Se  ne  prétendre  d'autre  part  dans  les  affaires  que  celle  qu'il 
plairait  à  la  reine  de  lui  laisser"*. 

Après  avoir  démontré  que  le  gouvernement  du  Languedoc,  pour  être  con- 
venablement exercé,  réclamait  un   prince  du  sang,  la  chancellerie   royale 

'  La  ville  de  Toulouse  imita   l'exemple  du  Par-  &  particulièrement  d'obtenir  le  maintien  de  l'a- 

Icment;  elle  envoya  au  prince  une  ambassade  com-  bonnement  des  tailles. 

posée  de  six  personnes  :  deux  capitouls,  MM.  de  '  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance 

Faure  8t  de  Saline;  deux  avocats,  MM.  de  Saint-  du  14  février  1645. 

Fol  8t  de  Fraxine;  deux   bourgeois,  MM.  de  Ro-  '  Voir  nos   Pièces  justificatives,   n.  XII,  col.  4? 

quette  &   de   Cironis.    On   les   chargea,   outre   les  &  suiv.  Lettres  patentes  du  Roi  nommant  Gaston 

congratulations  habituelles,  d'implorer  la  protec-  d'Orléans  gouverneur  de  Languedoc, 

tion  du  prince  en  faveur  des  privilèges  de  la  ville,  ■•  Aubery.  Hist.  du  cardinal  Ma^arin,  II,  p.  23t. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  191 

n'eut  pas  de  peine  à  établir  que  le  duc  d'Orléans,  se  trouvant,  en  vertu  d'un 
arrêt  du  Parlement  de  Paris,  lieutenant  général  dans  toutes  les  provinces  du 
royaume  sous  l'autorité  de  la  régente  Si  chef  de  ses  conseils,  ne  devait  pas 
s'écarter  du  cabinet  de  la  reine. 

Ayant  à  lui  donner  un  suppléant  territorial,  on  n'en  pouvait  trouver  de 
meilleur  que  le  gouverneur  démissionnaire;  de  nouvelles  lettres  patentes, 
signées  le  6  mai,  onze  jours  seulement  après  la  nomination  de  Gaston,  res- 
tituèrent donc  au  maréchal  de  Schomberg,  sous  le  titre  de  «  seul  lieutenant 
général,  »  son  ancien  commandement  dans  la  Province.  Afin  de  rendre  la 
mesure  plus  acceptable,  on  présentait  la  fonction  nouvelle  comme  une 
simple  concentration  des  trois  charges  de  lieutenants  généraux  possédées  par 
MM.  d'Arpajon,  d'Ambres  Se  de  Tournon,  61  l'on  alléguait  le  précédent  des 
ducs  de  Ventadour  qui  avaient  occupé  une  situation  analogue  sous  le  con- 
nétable Anne  de  Montmorency". 

Les  causes  de  cette  disposition  étaient  multiples.  D'abord  on  donnait  satis- 
faction au  gouverneur  dépossédé,  en  lui  rendant  auprès  des  États  les  préro- 
gatives honorifiques  Se  les  avantages  matériels  dont  il  avait  joui  pendant 
plusieurs  années,  la  Province  devant  en  être  quitte  par  un  doublement  de 
gratifications.  Se,  en  outre,  on  maintenait  à  la  tête  du  pays  un  homme  dont 
le  caractère,  à  la  fois  ferme  Se  modéré,  s'accordait  à  merveille  avec  les  vues 
particulières  de  Mazarin.  Le  cardinal,  qui  n'avait  pu  empêcher  Gaston  d'Or- 
léans de  mettre  la  main  sur  le  Languedoc,  soutenait  chaleureusement  le 
maréchal.  Sa  politique  répugnait  à  la  violence.  Pendant  l'insurrection  des 
croquants  de  Rouergue  Se  de  Querci,  le  comte  de  Noailles  avait  reçu  de  lui 
des  conseils  de  modération.  «  Je  m'assure,  lui  écrivait  Mazarin,  que  votre 
«  conduite  sera  telle  que,  sans  vous  servir  de  la  force,  vous  contiendrez  avec 
«  la  douceur  Se  la  raison  dans  le  devoir  ceux  qui  avaient  quelque  disposition 
«  à  s'en  écarter*.  »  C'est  bien  ainsi  que  la  maréchal  comprenait  le  rôle  des 
hommes  d'autorité  à  l'égard  des  peuples.  Aussi  le  premier  ministre,  que  la 
situation  du  Languedoc  inquiétait,  tant  à  cause  des  difficultés  financières 
que  des  antagonismes  religieux,  saisit-il  avec  empressement  l'occasion  de 
pallier,  par  la  présence  de  Schomberg,  les  influences  fâcheuses  du  personnel 
turbulent  Se  passionné  qui  s'agitait  autour  du  nouveau  gouverneur. 

Dans  ses  instructions  aux  intendants,  il  insistait  sur  le  désir  qu'avait  la 
reine  de  soulager  le  pays  dans  la  mesure  du  possible.  Elle  comptait  ne  pas 
attendre  la  fin  de  la  guerre  pour  obtenir  quelque  amélioration.  «  Le  plus 
<'  fort  de  tous  les  ordres  qu'elle  donne  à  ceux  qui  ont  l'honneur  de  la  servir 
i<  en  la  conduite  de  ses  affaires  est  de  pourvoir  véritablement  aux  moyens  de 
«  maintenir  les  dépenses  nécessaires  Se  sans  lesquelles  l'État  tomberait  en 
<i  une  ruine  inévitable,  mais  aussi  de  rechercher  tous  les  expédients  qui  se 

'  Pièces  justificatives,  n.  XIII,  col.  48  &  suiv.  •  A.  Chéruel,   Lettres    Ju    cardinal    Mazarin,    I, 

Lettres  patente»  du  Roi  nommant  le  maréchal  de       p.  284.   Lettre  au   comte  de   Noailles  du    i5   août 
Schomberg  seul  lieutenant  général  en  Languedoc.        16^'i, 


1644 


1044 


102 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


«  pourront  imaginer  pour  faciliter  aux  peuples  les  moyens  de  payer  ce  que 
«  Sa  Majesté  exige  d'eux.  Ce  sont  les  deux  fins  où  doivent  particulièrement 
«  viser  ceux  qui  exercent  des  emplois  dans  les  provinces'.  « 

Telle  était  d'ailleurs,  en  toutes  choses,  l'action  de  Mazarin;  il  s'efforçait 
de  tempérer  le  mal ,  n'ayant  pas  les  moyens  de  le  combattre.  Suivant  le 
même  principe,  on  l'avait  vu,  au  moment  de  la  grande  réaction  contre  les 
procédés  de  Richelieu,  souscrire  au  retour  individuel  d'un  certain  nombre 
d'exilés,  sans  consentir  à  des  lettres  de  rappel  général  qu'il  jugeait  dange- 
reuses pour  l'ordre  public^.  Il  savait,  comme  tous  les  hommes  éclairés  de  son 
temps,  que  l'immixtion  des  grands  seigneurs  aux  agitations  populaires  pou- 
vait seule  donner  à  ces  mouvements  des  chances  de  durée  3. 

Le  duc  de  Bouillon,  avant  de  rompre  ouvertement  avec  la  Cour  &  de  se 
retirer  en  Suisse,  avait  séjourné  quelque  temps  en  Limousin,  &  de  là  il  avait 
fait  passer  des  émissaires  en  Vivarais  &  dans  les  Cévennes.  Ces  pays  tour- 
mentés, «  d'humeur  assez  fâcheuse  »,  pour  employer  l'expression  même  de 
Mazarin,  étaient  depuis  longtemps,  pour  tous  les  artisans  de  troubles,  l'objet 
d'une  prédilection  particulière.  On  y  croyait  les  prises  d'armes  faciles,  l'éter- 
nelle querelle  de  religion  aidant.  Aussi,  comme  autrefois  Richelieu,  le  pre- 
mier ministre  prescrivait-il  de  surveiller  ces  cantons  avec  soin,  tout  en  se 
gardant  de  donner  des  marques  de  défiance  qui  pourraient  aggraver  le  mal 
8c  précipiter  un  éclat"*. 

Du  reste,  on  pouvait  signaler  depuis  quelque  temps,  sur  divers  points  du 
pays,  8c  dans  les  provinces  voisines,  une  recrudescence  de  ce  vieil  esprit 
féodal  8c  de  ces  mœurs  belliqueuses  que  les  sévérités  royales  avaient  si  juste- 
ment frappés  sous  le  règne  précédent.  Il  semblait  que  les  supplices  de  quel- 
ques duellistes  célèbres  fussent  oubliés,  8c  l'on  voyait  renaître  une  fureur  de 
querelles  à  main  armée,  parfois  sous  les  prétextes  les  plus  frivoles,  qui  faisait 
reculer   la   France  de  vingt  ans.   La   manie  des  combats  singuliers   s'était 


'  A.  Chéruel.  Lettres  du  cardinal  Mazarin,  I, 
p.  454.  Lettre  à  Balthazar,  du  i3  novembre  1643. 
Mazarin  y  accuse  réception  du  discours  prononcé 
par  le  maréchal  à  l'ouverture  des  Etats,  &  loue  en 
passant  «  la  beauté  des  pensées  &  des  ornements 
de  langage  »  qu'il  y  a  remarquée,  en  appuyant 
sur  les  promesses  de  paix  &  d'allégement  d'impo- 
sitions. 

'  Aubery,  Histoire  du  cardinal  Mazarin,  II, 
p.  285.  Ce  fut  en  vertu  de  ces  concessions  que  le 
comte  de  Caraman,  Adrien  de  Monluc,  put  sortir 
de  la  Bastille,  avec  les  maréchaux  de  Vitiy  & 
de  Bassompierre;  mais  on  ne  leur  laissa  pas  la 
liberté  de  revenir  à  la  Cour. 

'  C'est  l'opinion  qu'exprime  Grotius,  dans  une 
lettre  curieuse  relative  aux  troubles  de  Rouergue  : 
«  Ibi  motus  sunt  contra  publicanos  &  a  seditiosis 
«  etiam  oppida  obsidentur,  oppugnanturque  ma- 
((   chinisj  non  puto  tamen  malum  fore  diuturnum, 


«   si  non  adjungant  se  ex  principibus   illi  quibus 
«   praesentia,  ut  saepe  fit,  displicent'.  " 

*  Lettres  du  cardinal  Ma^arin^  I,  p.  C6^.  Lettre 
à  Balthazar,  du  1  5  avril  1  644.  A  propos  de  la  teni:e 
d'un  synode  protestant  à  Montpellier,  le  cardinal 
écrivait  à  l'intendant  :  n  Estant  sur  le  lieu,  &  dans 
Il  les  occasions,  vous  pouvez  juger  mieux  que  per- 
«  sonne  ce  qui  est  le  plus  convenable  au  service 
n  de  Sa  Majesté.  Il  me  semble  néanmoins,  en  gé- 
II  néral,  que  vous  devez  tellement  ajuster  votre 
II  conduite  au  dehors,  que  en  destournant  les  in- 
II  convéniens  qui  tomberont  sous  vostre  pre- 
II  voyance,  vous  fassiez  paroisire  le  moins  de  àe(~ 
Il  fiance  qu'il  se  pourra,  &  que  en  rentrant  les 
Il  alarmes  bien  fondées,  vous  n'en  preniez  point 
Il    de  fausses  '.   » 

'  Lettre  du  10  octobre  1643.  Epistoïae  itiejitae,  p.  S9. 
'  A.  Chcruel,  Lettres   du  cardinal  Mazarin,    I,  p.   5ii). 
I.ctire  à  Balthazar  du  5  janvier  1614. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  ïçS 

répandue  dans  tous  les  rangs,  &  les  fonctions  même  les  plus  opposées  au 
métier  des  armes  n'en  garantissaient  personne.  Malgré  l'ordonnance  qui 
défendait  le  port  d'armes,  on  voyait  souvent  des  troupes  de  cavaliers  s'aborder 
sur  les  grandes  routes  Si  régler  à  coups  d'épée  ou  de  pistolet  des  affaires  de 
succession  ou  des  contestations  de  limites. 

Mais  le  temps  n'était  plus  où  les  gentilshommes  de  marque,  reconnus 
coupables  d'infraction  à  l'ordonnance,  avaient  impitoyablement  la  tête  tran- 
chée &  le  corps  jeté  à  la  voirie,  comme  il  arriva  en  1625  aux  Castelbajac 
de  La  Fos  Si  de  La  Barthe,  à  Joseph  de  Grossoles,  au  chevalier  de  Saint- 
Martin  '. 

Le  Parlement  de  Toulouse  eut  à  juger,  par  évocation  de  la  cour  de  Gre- 
noble, une  cause  criminelle  où  se  trouvait  compromis  un  conseiller  de  cette 
compagnie. 

L'affaire  s'était  passée  en  Dauphiné,  au  sortir  d'un  bal,  Aymar  de  Virieu, 
seigneur  de  la  Frette,  attendant  qu'on  ouvrit  les  portes,  en  même  temps  que 
d'autres  gentilshommes,  avait  échangé  quelques  paroles  d'impatience  avec  le 
sieur  de  La  Marcousse,  puis  un  démenti  formel,  puis  des  coups.  Séparés  un 
instant  par  leurs  amis  qui  poussèrent  Virieu  dans  la  salle,  la  face  sanglante, 
le  chapeau  &c  le  manteau  foulés  aux  pieds,  les  deux  adversaires  se  rencontrè- 
rent quelques  instants  plus  tard,  en  pleine  rue,  à  la  clarté  des  flambeaux,  & 
à  la  suite  de  rapides  estocades,  La  Marcousse  tomba,  percé  d'un  coup  d'épée 
au-dessous  du  bras  droit.  On  n'eut  que  le  temps  de  le  conduire  dans  la 
maison  du  sieur  de  Chevrier,  un  de  ses  cousins,  où  il  rendit  l'âme.  Comme 
d'habitude,  les  compagnons  des  antagonistes  avaient  dégainé,  &  le  conseiller 
la  Perrière  se  trouvait  du  nombre. 

La  mère  &  les  frères  du  mort  s'étant  donné  beaucoup  de  mouvement 
auprès  de  l'intendant  de  Dauphiné,  obtinrent  renvoi  à  Toulouse  à  cause  des 
liens  de  parenté  qui  unissaient  le  meurtrier  à  plusieurs  membres  du  parle- 
ment de  Grenoble. 

Ce  fut  une  grande  question  à  la  cour  de  savoir  si  le  conseiller  prévenu 
serait  mis  sur  la  sellette  les  fers  au  pieds,  sans  robe,  ou  avec  robe  sans  bonnet, 
ou  avec  bonnet  carré;  on  décida  qu'il  comparaîtrait  debout,  sans  fers,  en  robe 
longue,  avec  le  bonnet  carré  à  la  main. 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-  montés  qui   se  logèrent  en    trois   hôtelleries  8c  fei- 

lement  de  Toulouse.  B.  ^Sy.  gnirent  de  ne  se  point  connaître.  Les  gens  du  lieu 

Les  sieurs  de  Noueilles  &  de  Merville,  en  Lau-  leur  ayant  montré  quelque  défiance,  ils  prirent  la 
ragais,  ayant  entre  eux  quelque  querelle  dômes-  fuite  &  se  firent  arrêter  en  détail,  les  uns  à  Saint- 
tique,  avaient  de  part  &  d'autre  engagé  des  capi-  Jory,  d'autres  à  La'unac,  au  château  d'Ardus  & 
taines,  tant  gentilshommes  qu'aventuriers,  &  des  dans  les  faubourgs  de  Toulouse.  C'étaient  des  gen- 
soldats  de  pied  &  de  cheval,  avec  l'aide  desquels  ils  tilshommes  qui  arrivaient  de  la  Basse-Guyenne  en 
se  donnaient  la  chasse  en  plate  campagne,  sans  expédition  :  ils  avouèrent  avoir  passé  deux  nuits 
souci  des  cultures  &  des   laboureurs'.  dans   les    bois,  en  vrais  chevaliers  d'aventure.   Il  y 

Les   habitants  de  Saint-Jory  virent   arriver  un  avait  dans   le   nombre  un  marquis  de  Lusignan  & 

jour,  en  trois  groupes  différents,  dix  cavaliers  bien  un   baron  deGoniaut". 

■  Arrcls  du  Parlement  do  Toulouse.  Septembre,  i()25.  B. 
'  Arrêts  du  Parlement  de  roulousc.  Mai,  lûjS.  B.  .(52.  45C. 

XIII.  .3 


1644 


~ 194  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

11  fut  condamné  à  trois  mille  livres  d'amende  envers  les  parties  &  aux 
dépens,  sans  amende  au  roi  ni  à  l'ordonnance  de  la  cour,  8<.  suspendu  pour 
six  mois  '. 

Quant  au  meurtrier",  le  cas  étant  formel,  on  prononça  contre  lui  une  sen- 
tence capitale;  mais  au  mois  de  mai  1644  furent  signées  des  lettres  de  grâce. 
Elles  contenaient  un  récit  atténué  de  l'événement,  tel  que  le  pouvait  pré- 
senter le  défenseur,  81  un  exposé  des  services  militaires  du  coupable  qui,  dès 
sa  jeunesse,  avait  porté  les  armes  dans  la  compagnie  colonelle  des  gardes  du 
roi  Louis  XIII,  au  siège  de  la  Rochelle,  dans  le  régiment  du  marquis  du 
Palais,  au  siège  de  Casai,  &  enfin  au  siège  de  Turin,  comme  volontaire 
armé  à  ses  dépens,  sous  les  ordres  du  comte  d'Harcourt. 

Dans  le  courant  de  l'été,  les  montagnes  du  haut  Vivarais  virent  un  épisode 
analogue. 

Le  20  juin  1644,  le  comte  de  Montoyson  ,  gentilhomme  dauphinois, 
ancien  colonel  du  régiment  de  Forez,  lieutenant  des  gardes  du  duc  d'Or- 
léans, vint  rendre  visite,  en  Vivarais,  à  la  dame  de  Vaugueil  qui  habitait, 
avec  ses  deux  fils,  le  château  patrimonial  de  Gourdan,  situé  au  milieu  des 
massifs  boisés  de  la  rive  droite  du  Rhône.  Il  prit  rendez-vous  avec  les  deux 
jeunes  gens  pour  le  lendemain  à  Serrières,  chez  son  frère  le  comte  de  La 
Roche-Montoyson,  afin  d'aller  ensemble  chasser  le  lièvre  dans  la  plaine  du 
Dauphiné. 

Le  lendemain,  qui  était  un  dimanche,  les  deux  gentilshommes,  en  grand 
équipage  &  accompagnés  de  quatre  valets,  s'acheminaient  en  chassant  vers 
le  lieu  de  rendez-vous,  lorsqu'ils  entendirent  la  cloche  de  Peaugre  sonnant 
la  messe.  Ils  donnent  du  cor  pour  assembler  les  chiens  St  coupent  à  travers 
champs.  Ils  se  trouvaient  alors  sur  les  terres  d'un  noble  campagnard  nommé 
Imbert  de  Baronnat;  le  fils  de  ce  personnage  &  son  valet,  tous  deux  à  cheval, 
armés  de  pistolets  &  de  carabines,  courent  sur  les  chasseurs  &c  leur  reprochent 
de  ne  pas  respecter  le  domaine.  La  bataille  s'engage,  &  à  la  suite  d'une 
décharge  générale,  Joseph  de  Baronnat  reste  mort  sur  la  place. 

Triple  information  du  juge  seigneurial  de  Peaugre,  du  prévôt  des  maré- 
chaux de  France  au  siège  d'Annonay,  du  lieutenant  criminel  de  la  séné- 
chaussée de  Valence. 

Heureusement  pour  les  frères  de  Gourdan  Se  pour  leurs  compagnons,  Joseph 
de  Baronnat  s'était  fait  par  ses  violences,  dans  tout  le  pays,  une  réputation 

'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  rôles  en  bonne  part  comme  elles  étoient  dites,  le 

III,  p.  14.  —  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  gentilhomme  lui    répond  avec  mépris.  Virieu  de- 

dii  Parlement  de  Toulouse,  Edits  &  déclarations.  mande    en    riant    s'il    le  veut   quereller,   ajoutant 

Le  récit  des  lettres  de  grâce  donne  un  tableau  de  qu'il  le  connaissoit  bien;  La  Marcousse  lui  donne 

la  scène  :  la  main,  en  disant  à  demain.  —  «  Ha  l'homme  de 

n   Arrivé  sur  les  degrés  de  la  salle   où   étoit  la  bien!  «  réplique  Virieu;  lui  touchant  la  main. — 

compagnie,  il   rencontre  les   sieurs  de  Lestang  &  «  Oui,  plus  homme  de  bien  que  vous!  »  —  Paroles 

de  La   Marcousse  avec  quelques   autres  qui  atten-  d'aigreur,  démenti.  Lestang  &  un  laquais  prennent 

dolent  que  la   porte  fût  ouverte.  Il  dit  à  La  Mar-  Virieu   par  derrière,  tandis  que  La  Marcousse   le 

'                    cousse  de  faire  ouvrir.  Au  lieu  de  prendre  ces  pa-  bat,  &c.  u 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  ig5 

détestable.  Lui  8c  son  valet  de  chambre,  Jacques  Frachou,  étaient  connus 
pour  gens  audacieux  &  téméraires,  «  coutumiers  d'entreprendre,  par  présomp- 
«  tion  d'eux-mêmes,  des  meurtres  8c  assassinats.  »  Ils  avaient  massacré  ainsi, 
dans  la  montagne,  un  certain  Germain  Letebvre  sous  les  yeux  même  de  son 
père,  de  son  frère  6c  de  leurs  domestiques,  8c  bien  que  le  Parlement  de  Gre- 
noble les  eût  condamnés,  pour  cet  exploit,  à  être  pendus,  ils  n'en  comptaient 
pas  moins  sur  l'impunité. 

Restait  la  question  du  port  d'armes  de  guerre,  sévèrement  prohibé  par  les 
édits;  mais  on  fit  valoir  que  les  chasseurs  avaient  à  passer  de  la  Province  de 
Languedoc  dans  celle  de  Dauphiné,  &c  que  l'état  d'hostilité  avec  l'Autriche 
contraignait  les  gentilshommes  à  porter  des  pistolets  pour  se  défendre. 

L'aftaire  devait  se  terminer,  comme  la  précédente,  par  des  lettres  d'abolition'. 

Il  était  fort  difficile,  lorsque  ces  traditions  de  violence  reprenaient  faveur 
dans  les  familles  seigneuriales,  sans  être,  comme  autrefois,  rigoureusement 
réprimées,  d'obtenir  ce  respect  de  l'ordre  c[ui  est  la  première  condition  de 
tout  État  policé.  On  tentait  des  efforts  partiels  pour  assurer  la  sécurité  des 
chemins;  mais  les  résistances  locales  en  compromettaient  l'effet. 

L'intendant  Balthazar  condamna  les  quatre  diocèses  de  Nimes,  Viviers,  Uzès 
8c  Mendc  à  faire  les  fiais  d'entretien  de  douze  archers,  trois  pour  chaque 
diocèse,  destinés  à  servir  sous  les  ordres  du  prévôt  général  de  la  sénéchaussée 
de  Beaucaire,  aux  gages  de  deux  cents  livres  par  an.  Ce  n'était  pas  trop 
de  trois  archers  pour  battre  les  routes  de  ces  vastes  pays,  où  la  nature  du 
sol  favorisait  les  entreprises  séditieuses  6c  facilitait  l'impunité.  Mais  comme 
ces  mesures  de  surveillance  indispensables  entraînaient  un  accroissement  de 
dépenses  pour  la  Province,  elles  étaient  toujours  fort  mal  accueillies.  A  propos 
de  cette  création  d'archers,  on  remarqua  seulement  qu'elle  augmentait  de  six 
cents  livres  par  an  les  impositions  de  chacun  des  quatre  diocèses,  8c  il  fut 
représenté  aux  États  que  c'était  une  dérogation  à  l'édit  de  Béziers,  qui  avait 
limité  à  trente  mille  livres  par  an,  pour  toute  la  Province,  les  frais  d'entretien 
des  prévôts  8c  archers  de  Languedoc^. 

Dans  les  villes,  la  tranquillité  n'était  pas  mieux  garantie.  En  juin  1644, 
nous  voyons  les  capitouls  de  Toulouse  interdire  l'entrée  du  théâtre  aux  gem, 
armés  d'épées,  de  dagues,  8c  de  bâtons,  à  cause  des  rixes  Se  des  scènes  tumul- 
tueuses qui  se  multipliaient  dans  ces  lieux  de  divertissement^. 

La  capitale  de  la  Province  ne  cessait  pas,  d'ailleurs,  d'être  agitée  par  les 
tiraillements  auxquels  donnait  lieu  l'autorité  jalouse  du  Parlement. 

La   prépondérance  que  cette  compagnie  s'était  arrogée,  à  la  faveur  des 


'  Elles  furent  données,  au  mois  de  mars  164.5,  Garonne.  Fonds  du  Parlement  de  Toulouse.  Èdlts 

en  faveur  de  Louis  de  Vaugueil,  écuyer,  sieur  de  &■  déclarations.) 

Gourdan,  sop  frère  Pierre,  sieur  de  Cazcaux,  Jenn  '  Procés-rerbal  des  £uts.  Séance  du  24  janTier 

Dugas  de  Bonlieu,  Jean  Achard  &  Claude  Lacour,  1645.  Rapport  du  Syndic  général  Lamamye. 

leurs  ralets,  Timothée  Ramel,  leuryalet  de  chasse,  '  Archives  de  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse.  Or- 

&  Jean  Borel,  leur  laquais.  Le  Parlement  de  Tou-  donnances   capiiulaires.   —  8   juin    1644.  —   Les 

loutc  dut  les  enregistrer.  (Archives  de  la    Haute-  comédiens  jouaient  alors  dans  le  logis  d«  l'Écu. 


1644 


i644 


U)6  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

'^uerres  civiles,  sur  les  affaires  municipales  de  Toulouse,  &  que  lui  mainte- 
nait le  crédit  de  ses  membres  8t  l'assistance  intéressée  d'une  très-nombreuse 
clientèle,  avait  des  conséquences  désastreuses  pour  les  finances  de  la  ville;  car 
la  principale  préoccupation  des  présidents  Se  des  conseillers  était  la  défense 
8i  l'amplification  de  leurs  privilèges  personnels,  &L  ils  savaient  trouver,  pour 
éviter  leur  part  des  charges  publiques,  mille  subtilités  de  procédure  qui  décou- 
rageaient les  administrateurs  les  plus  rigoureux. 

C'est  une  assez  étrange  contradiction  que  de  voir  les  représentants  de  la 
justice  &.  les  avocats  officieux,  souvent  éloquents,  de  la  misère  des  peuples 
donner  l'exemple  de  l'insoumission  à  la  loi  &  contribuer,  par  des  refus  éner- 
giques de  concours,  à  rendre  chaque  jour  plus  graves  les  embarras  d'argent 
des  communes;  rien  n'est  pourtant  plus  exact.  La  plupart  des  officiers  de  la 
cour  souveraine  se  trouvaient  possesseurs  de  terres  roturières  ou  rurales,  Se 
bien  que,  d'après  les  usages  particuliers  de  Languedoc,  ces  sortes  d'immeu- 
bles fussent  absolument  astreints  au  payement  de  la  taille,  les  collecteurs 
municipaux,  dépourvus  de  moyens  coercitifs,  ne  pouvaient  arracher  un  denier 
à  leurs  redoutables  débiteurs.  Quand  on  essayait  de  les  serrer  de  près,  ils 
invoquaient  la  majesté  de  la  cour  violée,  8c  de  contribuables  attardés  qu'ils 
étaient  réellement  se  transformaient  en  défenseurs  provoquants  des  droits  de 
la  magistrature  '. 

Cet  abus  de  l'autorité,  reconnu  par  tous  les  observateurs  attentifs,  se  tra- 
duisait en  véritables  désastres  pour  le  crédit  de  la  ville.  Comme  les  sommes 
dues  par  les  plus  importants  propriétaires  ne  rentraient  jamais,  il  fallait  à 
chaque  instant,  pour  les  moindres  dépenses,  entamer  les  fonds  destinés  au 
payement  des  rentiers,  Se  ce  n'est  que  par  des  accumulations  d'emprunts  suc- 
cessifs, accroissant  d'année  en  année  la  dette  municipale,  que  l'on  tenait  tête 
aux  engagements. 

Les  capitouls  de  1644  tentèrent  un  grand  effort.  La  ville  avait  obtenu,  en 
1640,  vm  arrêt  du  conseil  d'Etat  qui  enjoignait  à  la  municipalité  de  faire 
incessamment  la  levée  des  tailles  sur  toute  sorte  de  personnes  Se  nonobstant 
tous  privilèges,  avec  défense  au  Parlement  de  connaître  des  oppositions,  que 
le  conseil  se  réservait^. 

On  voulait  tirer  parti  de  cette  disposition.  Se  comme  un  officier  inférieur 
de  la  cour  se  trouvait  redevable  d'une  somme  de  douze  cents  livres,  on  usa 
de  contraintes  contre  lui.  Mais  le  Parlement  n'était  pas  d'humeur  à  laisser 
atteindre  ses  suppôts;  non-seulement  il  rendit  un  arrêt  qui  déchargeait  le 
débiteur  de  toutes  poursuites,  mais  il  décréta  de  prise  de  corps  le  chef  du 
consistoire,  M.  d'Esquirolis,  qui  fut  réduit  à  quitter  la  ville  pour  échapper 
aux  verrous  de  la  conciergerie. 

'  Voir  dans  les  Mémoires  pour  les  députés  de  la  payer  leur  quote  part  des   imposition.s,  ce  qui  fait 

ville  de  Toulouse  aux   Ktats  {Pièces  justificatives,  que  la  campagne  se  trouve   tout  à  lait  déserte  &.  le 

n.  IX,   col.  34)    les    plaintes    exprimées   à    l'arti-  labourage  abandonné,  u 

cle  III,  contre  «   les   personnes  d'autorité  qui   ont  '  Pièces  justificatives,  n.   XVI,    col.  53.    L'arrêt 

des   biens  aux  champs  ou    à  la  ville,    refusant  de  est  du   14  novembre  1640. 


LIV,   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  107   ' — 

Le  conseil  du  roi  était  le  retuge  naturel  contre  ces  actes  d'oppression. 
Plainte  y  fut  portée  par  l'avocat  de  la  ville  Duborn,  qui  obtint,  le  21  juil- 
let 1644,  un  arrêt  de  cassation  décisif.  Tout  en  suspendant  l'ordre  d'arresta- 
tion lancé  contre  le  chef  du  consistoire,  avec  défense  à  tous  agents  de  la 
cour  d'y  procéder,  le  conseil  d'Etat  interdisait  au  Parlement  de  «  connaître 
«  directement  ni  indirectement  du  fait  des  tailles,  «  &  pour  que  des  artifices 
de  jurisprudence  ne  missent  pas  les  capitouls  dans  l'impuissance  de  remplir 
leurs  fonctions  en  tout  ce  qui  touchait  à  la  perception  des  impôts,  autant  que 
pour  les  soustraire  aux  vengeances  des  magistrats,  tous  les  procès  civils  & 
criminels  que  les  officiers  municipaux,  les  syndics,  les  membres  du  conseil 
de  bourgeoisie,  en  un  mot,  le  personnel  entier  de  l'hôtel  de  ville,  pouvaient 
avoir  devant  le  Parlement  de  Toulouse,  étaient  évoqués  de  cette  cour  &  ren- 
voyés au  Parlement  de  Bordeaux. 

Telle  était  l'inévitable  suite  des  excès  de  pouvoir  commis  par  les  oligarchies 
judiciaires.  On  n'avait  moyen  de  dérober  les  justiciables  à  leur  partialité 
qu'en  les  enlevant  à  leurs  juges  naturels,  &  le  système  des  évocations,  qui 
devenait,  à  son  tour,  dans  bien  des  cas,  une  forme  de  l'arbitraire,  se  trouvait 
imposé  par  une  nécessité  supérieure.  Il  est  facile  de  comprendre  quelle  explo- 
sion de  colère  produisit  dans  le  monde  du  palais  l'acte  d'autorité  du  conseil 
d'État.  Outre  qu'il  était  menaçant  pour  les  débiteurs  de  tailles,  habitués  à 
une  longue  impunité,  il  trahissait  dans  le  gouvernement  de  la  régente  une 
intention  arrêtée  de  limiter  la  magistrature  à  ses  fonctions  professionnelles  8c 
de  lui  faire  perdre  le  caractère  de  souveraineté  qu'elle  s'arrogeait. 

Mais  le  Parlement  ne  se  considérait  pas  encore  comme  vaincu;  il  existait 
au  sein  du  conseil  de  bourgeoisie  une  faction  parlementaire  puissante,  atta- 
chée à  la  cour  aussi  bien  par  des  liens  de  parenté  que  par  des  intérêts  com- 
muns, acheteurs  d'offices  présents  ou  futurs,  avocats,  procureurs,  gens  vivant 
du  palais,  propriétaires  de  biens  ruraux  qu'ils  voulaient  faire  passer  pour 
nobles.  Ce  personnel,  qui  trouvait  son  avantage  aux  procédés  iniques  de  la 
cour,  savait  presque  toujours  étouffer  les  plaintes  &  ne  laissait  pas  au  mécon- 
tement  public  les  moyens  de  s'exprimer. 

Comme  les  élections  municipales  étaient  aux  mains  d'une  petite  coterie, 
que  les  capitouls  en  charge  se  trouvaient  liés  d'avance  pour  la  désignation  de 
leurs  successeurs  Se  que  le  collège  électoral,  extrêmement  restreint,  obéissait 
presque  toujours  aux  patrons  du  Parlement,  le  renouvellement  annuel  des 
magistrats  municipaux,  malgré  l'apparente  satisfaction  qu'il  promettait  à  l'in- 
térêt général,  ne  lui  assurait,  de  fait,  aucune  garantie. 

On  n'avait  pas  de  prise  sur  cette  chaîne  sans  fin.  L'arbitraire  se  perpétuait 
par  une  série  de  complicités  successives;  aussi,  lorsque,  à  différentes  époques, 
des  tentatives  de  réaction  furent  essayées,  elles  n'eurent  d'autre  ressource 
qu'un  appel  à  l'intervention  directe  du  pouvoir  central,  8c,  par  le  fait,  une 
suspension  provisoire  de  ce  que  l'on  appelait,  par  euphémisme,  les  libertés 
municipales. 

Cet  effort  se  produisit  lorsque  le  duc  d'Orléans  eut  pris  en  main,  par  une 


igg  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Jcléoation  spéciale  d'Anne  d'Autriche,  le  soin  des  affaires  de  Languedoc.  Dès 
le  mois  d'août  1644,  divers  personnages  qui  approchaient  le  prince,  comptant 
peut-être  exploiter  dans  des  vues  d'ambition  particulière  les  justes  griefs  des 
contribuables  contre  leurs  magistrats,  inspirèrent  au  gouverneur  la  pensée  de 
faire  lui-même  les  capitouls. 

Parmi  les  instigateurs  de  ce  coup  d'autorité  se  trouvaient  précisément  les 
deux  députés  de  la  ville,  Lamamye  &  Cironis. 

Cependant,  les  fêtes  &  les  démonstrations  extérieures  suivaient  leur  cours. 

La  prise  de  Gravelines,  où  le  gouverneur  de  Languedoc  avait  le  comman- 
dement des  troupes  royales,  fut  célébrée  dans  la  Province  avec  beaucoup 
d'éclat,  tant  pour  faire  honneur  au  duc  d'Orléans  que  pour  obéir  aux  injonc- 
tions d'une  lettre  royale. 

On  chanta  le  Te  Deum  dans  toutes  les  cathédrales.  A  Toulouse,  le  Parle- 
ment y  assistait  en  robes  écarlates.  Le  premier  président  &  le  capitoul  de 
Saint-Etienne  allumèrent  le  feu  de  joie  devant  l'église,  &  l'on  tira  le  canon 
en  signe  d'allégresse. 

Le  Te  Deum  fut  aussi  chanté  pour  la  prise  de  Philipsbourg,  enlevé  aux 
Espagnols  par  le  duc  d'Enghien.  Le  Parlement  sortit  en  corps  du  palais  au 
son  de  la  cloche,  mais  il  ne  portait  que  les  robes  noires  '. 

Durant  plusieurs  semaines  du  mois  de  novembre,  la  moitié  de  la  Province 
fut  mise  en  mouvement  par  les  solennités  religieuses  célébrées  à  Toulouse  en 
l'honneur  de  saint  Edmond,  roi  d'Angleterre.  Les  dépouilles  de  ce  monarque 
passaient  pour  avoir  été  conquises  sur  les  Anglais  par  le  roi  Louis  VIII  8t 
données  à  l'abbaye  de  Saint-Sernin,  à  l'époque  où  ce  prince,  à  la  tête  d'une 
croisade,  vint  camper  aux  portes  de  Toulouse.  Elles  occupaient  un  sarco- 
phage de  pierre  dans  l'église  souterraine  &  n'avaient  pas  encore  été  dotées 
d'une  châsse  de  prix,  comme  la  plupart  des  autres  reliques  qui  faisaient  de 
ce  sanctuaire  un  lieu  de  pèlerinage  fréquenté. 

A  diverses  époques,  pendant  les  crises  de  peste  qui  désolaient  périodique- 
ment la  ville,  &  particulièrement  au  mois  d'août  i63i,  le  corps  municipal  fit 
vœu  de  réparer  cette  omission  &  de  consacrer  au  saint  roi  une  châsse  d'ar- 
gent. Bien  que  plus  de  dix  ans  se  fussent  écoulés,  la  ville,  criblée  de  dettes 
&  tourmentée  d'autres  soucis,  n'avait  pas  encore  fait  honneur  à  sa  promesse. 
L'esprit  de  dévotion  qu'Anne  d'Autriche  remettait  en  faveur  amena  enfin  la 
réalisation  du  projet.  Sur  la  sommation  du  premier  président,  le  conseil  de 
ville,  que  le  mauvais  état  des  finances  urbaines  privait  absolument  de  res- 
sources, résolut  de  faire  un  emprunt  81  se  chargea  des  dépenses  de  la  fête. 
L'organisation  en  fut  longue  8<  laborieuse.  L'archevêque  de  Toulouse,  le  cha- 
pitre abbatial,  le  parlement  &  le  capitoulat  devaient  la  concerter  ensemble, 
&  le  rapprochement  de  tant  de  puissances  ne  pouvait  s'opérer  sans  occa- 
sionner quelque  conflit.  On  crut  un  instant  que  la  cérémonie  n'aurait  pas 
lieu,  l'archevêque  8t  le  chapitre  n'étaient  point  d'accord  sur  leurs  prérogatives 

'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,  III,  p.  72, 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN. 


100 


99 


réciproques,  mais  les  commissaires  du  parlement  Se  de  la  ville  finirent  par 
les  concilier  '. 

Afin  de  rehausser  l'éclat  de  la  solennité,  il  fut  décidé  que  l'on  exalterait 
en  même  temps  diverses  reliques  conservées  au  même  lieu,  dans  deux  cer- 
cueils de  pierre,  où,  d'après  la  tradition,  Charlemagne  les  aurait  apportées  de 
Rome.  On  les  attribuait  aux  saints  martyrs  Claude,  Symphorien,  Nicostrate, 
Castor  8t  Simplicien. 

La  reconnaissance  8c  l'inventaire  des  ossements  contenus  dans  les  trois  cer- 
cueils se  firent  avec  beaucoup  d'apparat,  le  i6  8c  le  i8  juillet,  en  présence  du 
premier  président,  de  l'archevêque  Charles  de  Montchal  8c  d'une  foule  de 
personnages  considérables  par  les  soins  du  maître  chirurgien  Lubet  qui  en 
dressa  le  procès-verbal. 

Les  fêtes  de  l'exaltation  durèrent  depuis  le  12  jusqu'au  20  novembre. 
Le  12,  la  châsse  d'argent,  en  forme  d'édicule,  orné  d'une  figure  du  saint  8c 
le  buste  aussi  d'argent  que  les  orfèvres  venaient  de  livrer  aux  capitouls^ 
furent  portés  en  grande  pompe  de  l'hôtel  de  ville  à  Saint-Sernin. 

Le  lendemain,  l'archevêque  officia,  tous  les  reliquaires  de  l'abbaye  étant 
disposés  sur  un  échafaudage  couvert  de  riches  tentures,  puis  il  prononça  un 


1644 


■  Nous  publions  dans  nos  Pièces  justificatives, 
n.  XVII,  col.  54,  le  procès-Terbal  de  ces  grandes 
fêtes  dressé  par  les  deux  commissaires  du  parle- 
ment, Bertrand  d'Assézat  &  Jean  de  Papus.  On  y 
trouvera  une  description  curieuse  des  préparatifs, 
avec  l'ordre  &  la  marche  du  cortège,  la  liste  com- 
plète des  corporations  &  un  récit  abrégé  des  con- 
flits de  préséance  qui  s'élevèrent.  11  existe  un  autre 
compte  rendu  officiel  de  la  solennité,  mais  au 
point  de  vue  exclusivement  municipal,  rédigé  par 
le  capitoul  Antoine  de' Lagarrigue ,  &  transcrit 
dans  le  septième  volume  des  Annales  manuscrites 
de  l'hôtel  de  ville,  p.  374.  (Annales  de  l'an  1643 
finissant  en  i644.) 

•  Les  comptes  de  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse 
donnent  quelques  détails  sur  les  travaux  exécutés 
dans  les  chapelles  souterraines  de  Saint~Sernin  à 
l'occasion  de  cette  cérémonie  : 

o  A  Anthoine  Dupont,  maître  maçon  de  Tou- 
louse, i3o  livres  pour  avoir  construit  à  neuf  une 
chapelle  de  brique  dans  la  grotte  des  corps  saints 
de  l'église  Saint-Sernin,  à  l'endroit  où  est  l'autel 
de  sainte  Suzanne,  pour  dans  icelle  placer  &  col- 
loquer  la  châsse  de  saint  Edmond,  auxquelles  fins 
ledit  Dupont  a  desmoli  ledit  autel  &  crusé  la 
chapelle  de  pareille  profondeur,  longueur  &  lar- 
geur des  deux  chapelles  que  ledit  Dupont  a  faites 
&  construites  dans  ladite  grotte  pour  les  corps  des 
saints  Simon  &  Jude,  saint  Philippe  &  saint  Jac- 
ques apostres,  dans  laquelle  chapelle  il  a  fait  une 
armoire  de  chaque  côté  pour  y  placer,  dans  l'une 
les  reliques  de  la    teste  de   saint  Edmond,  &  dans 


l'autre  le  reliquaire  des  saints  martyrs  Claude, 
Nicostrat,  Symphorien,  Castor  &  Simplicien,  &  a 
fait  un  autel  au  fond  de  ladite  chapelle  avec  une 
armoire  pour  la  châsse  de  saint  Edmond.  (Bail 
retenu  par  Calmels,  n",  du  7  septembre  dernier; 

i(  A  Jean  Loret,  maître  orfèvre,  |33  livres  pour 
avoir  achevé  la  châsse,  ayant  fourni  1  marcs 
6  onces  d'argent  fin  &  la  façon  pour  avoir  rha- 
billé les  chandeliers  des  pères  jésuites  qui  les 
avaient  prêtés  &  qui  furent  mis  à  l'autel  dudit 
saint  pendant  l'octave,  lesquels  chandeliers  s'es- 
toient  fort  gastés; 

Il  Bernard  Bruchon,  maître  orfèvre,  180  livres 
pour  payement  d'avoir  fait,  fourni  &  travaillé  la 
tête  de  saint  Edmond,  y  ayant  employé  4  marcs 
3  onces  d'argent  fin  au-dessus  de  celui  qui  fut 
trouvé  sur  la  tête  de  bois  auparavant  faite,  &  pour 
avoir  fourni  6  onces  argent  employées  pour  les 
fermures  ou  pour  assurer  les  pierres  qui  bran- 
loient; 

n  A  Jean  Blanc,  maître  brodeur,  96  livres  4  sols 
6  deniers  pour  quatre  têtes  de  saint  Edmond,  qua- 
tre couronnes,  &  quatre  armoiries  de  la  ville  en 
broderie  à  raison  de  10  livres  pièce; 

CI  A  Louis  Bouscason,  parfumeur,  3o  livres  pour 
poudres  de  violette  &  de  cypre  musquée  &  pour  la 
façon  &  doublure  de  la  caisse  d'argent  de  velours 
où  il  avoit  cousu  le  taffetas  qui  a  esté  nécessaire 
pour  envelopper  les  reliques  81  pour  quatre  can- 
nes de  ruban  couleur  de  feu'.  » 

■  Archives  de  Toulouse.  Pièces  à  l'appui  dos  comptes. 


l64^ 


3  00  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sermon,  &  montra  au  peuple,  pièce  par  pièce,  les  ossements  contenus  dans 
les  nouvelles  châsses,  tandis  que  la  musique  jouait  8t  que  les  salves  de  l'ar- 
tillerie municipale  tonnaient  sur  les  remparts. 

Pendant  toute  l'octave,  les  paroisses  du  diocèse,  invitées  par  lettres  circu- 
laires de  l'archevêque,  affluèrent,  curés  en  tête,  sous  les  voûtes  de  l'abbaye; 
on  compta  jusques  à  cinquante  de  ces  cortèges  dans  un  même  jour.  L'em- 
pressement des  visiteurs  était  si  grand  que  la  ville  eut  peine  à  les  abriter. 

Le  dernier  acte  fut  une  immense  procession  à  travers  la  ville,  de  Saint- 
Sernin  à  Saint-Etienne,  où  tous  les  corps  ecclésiastiques  &  laïques  figurèrent 
Si  où  les  châsses  de  l'abbaye  étaient  portées  par  des  moines  &  des  artisans. 
On  n'y  voyait  pas  moins  de  soixante-deux  corporations  de  métiers,  Si  tous 
les  couvents  de  Toulouse.  Les  membres  du  chapitre  abbatial  s'étaient  réservé 
le  privilège  de  porter  la  châsse  de  saint  Edmond  Si  les  huit  capitouls  soute- 
naient au-dessus  de  leurs  têtes  le  dais  brodé  d'or  aux  armes  de  la  ville.  Le 
premier  président  Si  le  marquis  d'Ambres,  lieutenant  général,  faisaient 
partie  de  la  suite. 

Les  maîtres  des  cérémonies  que  le  conseil  de  ville  avait  nommés,  ne  pas- 
sèrent point  ces  pénibles  journées  sans  essuyer  quelques  déboires.  Ils  eurent 
le  regret  de  voir  démolir,  par  ordre  de  la  cour,  les  estrades  de  charpente 
qu'ils  avaient  fait  dresser  Si  qui  ne  rendaient  pas  suffisamment  sensible  la 
distance  hiérarchique  du  Parlement  Si  des  capitouls.  Dans  le  cours  de  son 
office,  l'un  de  ces  commissaires  eut  même  avec  le  chanoine  Amati  une  alter- 
cation si  vive  qu'il  en  reçut  un  soufflet,  en  pleine  cérémonie.  Le  conseil  de 
bourgeoisie  se  considéra  comme  atteint  par  cette  «  injure  atroce  »  Si  se  plai- 
gnit aussi  avec  amertume  que  le  sacristain  abbatial  eût  détourné  pour  le  ser- 
vice du  chœur,  avant  même  la  fin  de  la  procession,  l'éblouissant  luminaire 
dont  la  ville  avait  fait  les  frais  '. 

Les  émotions  imprévues  qui  attendaient  le  corps  municipal  ne  tardèrent 
pas  à  détourner  son  attention  sur  d'autres  sujets. 

Le  23  novembre  1644,  entre  onze  heures  Si  minuit,  les  gardes  de  la  porte 
Matabiau,  l'une  des  deux  grandes  entrées  qui  s'ouvraient  dans  les  remparts 
de  Toulouse,  du  côté  du  nord,  virent  arriver  un  courrier  haletant  de  fatigue, 
qui  venait  de  traverser  la  France  à  cheval  en  quatre  jours,  porteur  de  dépê- 
ches de  maître  Duborn,  avocat  de  la  ville  au  conseil  d'Etat.  A  cette  heure 
avancée,  l'hôtel  de  ville  était  désert;  mais,  dès  l'ouverture  du  pli,  Esquirolis 
d'Audric,  chef  du  consistoire,  endossa  la  robe  capitulaire  Si  courut  à  la 
maison  commune  pour  y  convoquer  ses  collègues. 

L'avocat  municipal  annonçait  par  une  double  missive,  datée  du  16  novem- 
bre, qu'un  arrêt  du  conseil,  rendu  la  veille,  renversant  tout  l'ordre  établi, 
venait  de  nommer  d'autorité  les  huit  capitouls  de  Toulouse. 

On  sait  combien  la  liberté  Si  surtout  la  sincérité  des  élections  municipales 

■  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIV,  p,  ijç.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  21  no- 
vembre 1644. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  201 

de  Toulouse  étaient  depuis  longtemps  illusoires  j  le  caractère  du  collège  extrê- 
mement restreint  qui  faisait  les  choix  !k  qui  ne  pouvait  guère  qu'osciller 
entre  des  servitudes  différentes,  ne  donnait  pas  l'ombre  d'une  garantie 5  mais 
ce  n'en  était  pas  moins  un  coup  de  foudre  pour  l'oligarchie  bourgeoise  habi- 
tuée à  distribuer  la  noblesse  à  ses  protégés  que  l'interruption  brutale  des 
anciennes  formes.  Le  respect  des  usages  du  scrutin,  malgré  les  abus  qui  le 
viciaient,  impliquait  encore  une  sorte  de  réserve  extérieure  du  pouvoir  central, 
tandis  que  la  constitution  du  corps  capitulaire  par  arrêt  du  conseil  écartait 
tout  ménagement. 

M.  d'Esquirolis  se  récria  donc  sur  l'étrangeté  de  ce  coup  d'état,  qui  rappe- 
lait les  jours  les  plus  fâcheux  de  la  Province  8c  qui  n'avait  pas  été  renouvelé 
depuis  les  sanglantes  journées  de  1682.  On  réunit  le  lendemain  le  conseil  de 
ville,  81  l'on  résolut  d'attendre  les  événements,  de  se  pourvoir  contre  un  acte 
d'autorité  qui  était  la  violation  flagrante  des  vieilles  libertés  languedociennes 
&  des  prérogatives  municipales,  St  de  recourir  à  la  bienveillance  du  roi. 

On  était  déjà  à  la  veille  des  élections,  &,  rien  n'ayant  paru,  l'on  commen- 
çait à  douter  de  l'exactitude  de  la  nouvelle,  lorsque,  le  25  au  soir,  MM.  de 
Calvet  Sx.  de  Terlon,  l'un  trésorier  général  de  France,  l'autre  chanoine  de 
Saint-Sernin,  remirent  au  consistoire  une  lettre  de  cachet  du  roi,  portant  la 
nomination  annoncée  Se  une  courte  missive  du  duc  d'Orléans,  simple  formule 
d'envoi,  conforme  aux  usages  de  la  chancellerie  des  gouverneurs. 

La  convocation  du  conseil  ne  fut  pas  contremandée.  M.  d'Esquirolis  y 
exposa  l'état  des  faits,  en  faisant  ressortir  les  dangers  d'une  innovation  qui 
pouvait  être  de  si  grave  conséquence  au  début  d'un  règne.  Il  accusa  divers 
habitants  de  la  ville  d'avoir  trempé  depuis  longtemps  dans  l'intrigue  qui  se 
préparait  à  Paris,  8c  à  laquelle  les  députés  de  Toulouse  avaient  pris  part.  Il 
reprocha  nommément  à  MM.  de  Lamamye  8c  Cironis  de  s'y  être  associés,  8c 
s'éleva  avec  amertume  contre  les  procédés  insidieux  de  gens  qui,  ne  pouvant 
parvenir  aux  charges  par  les  voies  légales,  ne  s'inquiétaient  pas  de  faire  ren- 
verser à  leur  avantage  les  plus  précieuses  institutions  de  leur  pays.  Le  nom 
d'un  des  capitouls  imposés  par  le  roi  ayant  été  prononcé,  le  père  de  ce  person- 
nage, ancien  capitoul  lui-même  8c  présent  à  la  séance,  essaya  de  défendre  la 
nomination  royale,  en  rappelant  que  les  choses  s'étaient  passées  de  même 
en  i6i3,  en  1621  8c  en  i632.  Un  autre  des  nouveaux  capitouls,  Pierre  Car- 
rière, éleva  la  voix,  se  plaignit  d'avoir  été  dénoncé  auprès  de  la  reine-mère 
comme  un  factieux,  ainsi  que  son  collègue  Durtaud,  &c  de  s'être  vu  écarté 
intentionnellement  de  l'hôtel  de  ville.  La  discussion  continuait  sur  ce  ton 
d'aigreur,  lorsque  l'huissier  du  consistoire  apporta  une  nouvelle  lettre  de 
M.  Duborn,  confirmant  avec  grands  détails  la  complicité  de  la  députation 
toulousaine.  La  préparation  du  petit  complot  remontait  à  plusieurs  mois. 

L'assemblée  se  sépara  donc  sans  procéder  aux  préliminaires  de  l'élection; 
mais  elle  désavoua  formellement  les  députés  qui  avaient  agi  d'une  façon  aussi 
directement  contraire  aux  intérêts  de  la  bourgeoisie  8c  à  leur  mandat,  surtout 
Lamamye  8c  Cironis,  convaincus  d'avoir  préparé  eux-mêmes  la  rédaction  d'un 


1644 


1044 


202  Etudes  historiques  sur  le  Languedoc. 

arrêt  du  conseil  8t  de  ne  s'être  contentés  de  lettres  de  cachet  que  sur  les  ins- 
tances de  l'avocat,  qui  préférait  avec  raison,  en  vue  des  conséquences  futures, 
cette  expression  franche  &  brutale,  mais  accidentelle  &  isolée  de  l'autorité 
souveraine  à  des  formes  de  légalité  plus  correctes;  8c  afin  d'éclairer  le  roi  & 
le  conseil,  que  l'on  supposait  mal  informés,  on  leur  envoya  une  députa- 
tion  nouvelle  composée  de  trois  personnes  :  un  capitoul  &  deux  bourgeois, 
l'un  de  robe  longue,  l'autre  de  robe  courte. 

Cependant,  les  capitouls  en  charge  continuèrent  leurs  fonctions;  8c  lors- 
qu'arriva  le  grand  jour  de  Sainte-Luce,  où  les  magistrats  de  l'année  déposaient 
le  chaperon  8c  le  remettaient  à  leurs  successeurs,  il  n'y  eut  point  de  convoca- 
tion à  l'hôtel  de  ville,  8c  la  lettre  de  cachet  du  roi  demeura  non-avenue.  Cette 
résistance  à  la  volonté  souveraine,  qui  n'était  pas  une  désobéissance  formelle, 
mais  une  simple  force  d'inertie,  devait  se  prolonger  pendant  quatre  mois. 

Les  députés  de  Toulouse,  en  route  vers  Paris,  rencontrèrent  au  delà  d'Or- 
léans une  lettre  du  président  de  Gramont,  qui  les  engageait  à  rebrousser 
chemin.  Un  courrier  du  roi  était  parti  pour  leur  en  donner  l'ordre  formel, 
en  quelque  lieu  qu'il  les  rencontrât. 

Pourtant  les  députés  ne  se  découragèrent  pas.  Admis  à  l'audience  de  Gaston 
d'Orléans,  le  chef  de  l'ambassr'.de,  Lagarrigue,  dans  un  discours  étudié,  lui 
fit  des  protestations  d'obéissance,  mais  accusa  violemment  Lamamye  8c  Cironis 
qu'il  représenta  comme  des  ennemis  du  repos  public.  Il  dénonça  «  la  perfidie 
«  de  ces  députés,  qui,  au  lieu  de  défendre  la  liberté  de  la  ville,  avaient  été 
«  les  premiers  à  la  détruire  8c  qui  avaient  osé  figurer  des  brigues,  des  mono- 
«  pôles  8c  des  servitudes  imaginaires  pour  établir  leur  tyrannie.  »  Il  supplia 
le  prince  de  ne  pas  dérober  à  la  ville  «  ce  petit  rayon  de  liberté,  n  dont  elle 
était  si  justement  jalouse,  8c  lui  rappela  l'exemple  d'un  autre  fils  de  France, 
le  duc  Jean  de  Berry,  oncle  de  Charles  VI  5c  gouverneur  de  Languedoc,  qui, 
ayant  aussi  nommé  les  capitouls  de  Toulouse,  s'était  laissé  fléchir  par  les  remon- 
trances des  citoyens.  Il  annonça,  enfin,  que  la  Province  jetait  déjà  les  yeux 
sur  l'événement  d'une  nouveauté  si  préjudiciable  aux  intérêts  de  sa  capitale. 

Cette  éloquence  fut  en  pure  perte.  Ni  les  qualifications  de  génie  de  la 
France  Se  de  dieu  tutélaire  de  Toulouse,  décernées  par  l'orateur  au  duc  d'Or- 
léans, ni  la  promesse  «  d'immoler  en  un  moment  plus  de  victimes  que  ne 
«  firent  jadis  les  Romains  à  la  naissance  d'un  grand  prince,  »  ne  parvinrent 
à  ébranler  la  résolution  du  gouverneur'. 

"  Archives  deTouIoiise. ^««aî(?5  maMascntej.VII,  c'ctoit  nous  redonner  la  liierté  qu'ils  ont  supposé 

p.  388.  Année  capitul.iire,  1643-1644.  que  nous  avions  perdue,  qu'ils  ont  fait  parler  par 

K  II  a  plu  à  Votre  Altesse  Royale,  dit  Lagarri-  leur  bouche  un   peuple  innocent,  &  que,  par  cet 

gue,  de  vouloir  faire  nos  capitouls  &  de  nous  en  artifice,  ils  ont  voulu  introduire  dans  ces  charges 

envoyer  les  ordres;  c'est  un  soin  vraiment  pater-  leurs  proches  parents  &  des  personnes  qui  ne  sont 

nel,  &  si  les  choses  étoient  aux  termes  que  les  en-  ni  en  état  de  les   remplir,  ni  agréables  au   peuple, 

nemis  de  notre   repos  lui  ont  fait  entendre,  nous  nous  avons  à  nous  plaindre  de  leur  procédé  &  à 

aurions  sujet  de  nous  en  réjouir;  mais  à  considérer  nous  louer  de  la   bonté   &  de  la   justice  de  Votre 

la  perfidie  de  nos  députés qui  ont  voulu  per-  Altesse  Royale  qui  a  voulu  nous  écrire  les  raisons 

suader  qu'en   faisant  nos  capitouls  par  cette  voie  qui   l'ont  mue  à  faire  nos  capitouls.  Il  ne  falloit 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  200 

Une  seconde  lettre  de  cachet,  datée  du  3i  décembre,  &  transmise  au  con- 
sistoire par  les  soins  du  premier  président,  renouvela  les  injonctions  anté- 
rieures, &  enfin  le  conseil  d'Etat  trancha  la  question  par  un  arrêt  conforme, 
fondé  «  sur  les  brigues  Si  monopoles,  »  qui,  depuis  quelques  années,  éloi- 
gnaient des  charges  les  plus  dignes  candidats,  81  sur  la  nécessité  d'en  pour- 
voir des  personnes  capables  8c  expérimentées'. 

Les  capitouls  essayèrent  sans  doute  de  se  dérober,  par  des  stratagèmes  de 
procédure,  à  l'exécution  de  cet  arrêt,  car  nous  voyons  que  Roger  de  Linet, 
sieur  des  Noyers,  garde  du  roi  en  la  prévôté  de  son  hôtel,  chargé  de  la  signi- 
fication, fut  réduit  à  la  leur  faire,  comme  par  surprise,  dans  le  cloître  des 
religieux  de  la  Trinité,  où  ils  suivaient  le  convoi  funèbre  d'une  bourgeoise. 

Cette  période  de  prorogation  irrégulière  ne  s'était  point  passée  sans  quelque 
émotion. 

Le  29  janvier  1645,  M.  de  Virazel,  un  des  capitouls,  fut  assailli  à  la  porte 
du  logis  de  l'Écu,  dépendant  de  l'hôtel  de  ville,  par  une  bande  de  jeunes 
gens  &,  d'écoliers;  il  fallut  que  le  lieutenant  du  guet  courût  avec  sa  troupe 
le  dégager.  Les  étudiants  se  ruèrent  sur  les  soldats  à  coups  de  pierre  &  d'épée; 
il  y  eut  nombre  de  blessures,  St  le  lieutenant  faillit  périr.  Le  sieur  de  Junius 
était  à  la  tête  des  turbulents. 

Quand  la  notification  de  l'arrêt  eut  été  bien  constatée,  le  syndic  de  la  ville, 
Jean  d'Ambelot,  se  pourvut  aussitôt  auprès  du  Parlement.  Pour  appuyer  sa 
requête,  quatre  capitouls,  dont  le  chef  du  consistoire,  se  rendirent  au  palais 
81  réclamèrent  la  protection  de  la  cour.  Ils  reprochaient  aux  nouveaux 
nommés  de  vouloir  prendre  possession  de  leurs  charges  par  violence  8c  de 
travailler  à  corrompre  les  officiers  de  l'hôtel  de  ville,  ajoutant  que  la  sécurité 
publique  pouvait  être  compromise  si  la  cour  n'y  pourvoyait. 

Les  chambres  assemblées  rendirent  un  arrêt  qui  défendait  au  viguier  de 
recevoir  le  serment  des  capitouls,  sous  peine  de  nullité,  de  cassation  81  c!j 
dix  mille  livres  d'amende.  C'était  une  contradiction  formelle  de  l'arrêt  du  con- 
seil. Le  Parlement  sauvait  les  apparences  en  renvoyant  les  parties  devers  le 
roi  8c  en  présentant  la  décision  du  5  février  comme  un  acte  de  surprise.  Il  en 
attribuait  l'initiative  à  «  certains  particuliers,  habitants  mal  affectionnés  au 
«  bien  public,  »  8c  qualifiait  les  lettres  de  cachet  de  lettres  captées,  concluant 
à  la  nullité  d'un  arrêt  qui  «  n'avoit  pour  fondement  qu'une  présupposition 
«  8c  fausseté^.  » 


que  commander  pour  être  obéi;  mais  par  là  elle  a        rance   de   son    salut Et   la    borïté   de  votre 

TOulu  nous  faire  connoître  que,  ces   raisons  m,in-  naturel    nous    promet    de    faire   comme    le   soleil, 

quant,  son  intention  n'a  jamais  ité  de  nous  ôter  qui,  pour  entrer  dans  les  maisons,  ne  coupe  point 

cette  liberté  qu'elle  a  cru  nous  donner,  &  par  cet  les  portes  ni  les  fenêtres.  Il  se  contente  d'y  couler 

excès  de  bonté  &  de  justice  nous  a  mis  en  chemin  doucement  arec  la   bénignité  de  ses  rayons  favo- 

de  lui  faire  connoître  la  vérité  par  nos  très-hum-        râbles &c.  n 

bles    remontrances Votre   Altesse   Royale  '  Nous  donnons   le  texte  de  l'arrêt  aux  Pièces 

pardonnera au  désespoir  de  se  voir  dans  justificatives,  n.  XXIII,  col.  91. 

l'appréhension    de    perdre   ce    petit    rayon    de    li-  *  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais, 

berté  sur  laquelle  le  peuple  avait  appuyé  l'espé-  III,  p.  86. 


1O44 


J644 


-jo^  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  guerre  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  conseil  d'Etat  n'avait  pas  cessé 
d'être  fort  vive,  pour  des  causes  nouvelles,  pendant  tout  le  cours  de  l'année. 

L'orip-ine  du  conflit  était  l'établissement  des  taxes  connues  sous  le  nom  de 
droit  de  confirmation  &  de  joyeux  avènement,  réglées  par  déclaration  royale 
du  24  octobre  1643. 

L'extension  de  ces  taxes  fut  poussée  par  les  traitants  au  delà  de  toute 
mesure.  On  en  venait  à  considérer  comme  privilèges  réclamant  confirmation, 
pour  les  communes,  le  simple  fait  d'exister,  &  pour  les  particuliers  les  indus- 
tries les  plus  étrangères  à  toute  participation  aux  faveurs  royales.  Ainsi,  le 
iuge-mage  Caulet,  qui  s'était  donné  le  titre  de  commissaire-né  pour  l'exécu- 
tion de  la  déclaration  du  roi,  assignait  devant  lui  les  syndics  des  moindres 
villages,  même  des  communes  qui  n'avaient  ni  foires,  ni  marchés,  les  officiers 
de  justice,  les  artisans,  les  aubergistes,  les  cabaretiers.  On  avait  aussi  la  pré- 
tention d'exiger  le  droit  de  tous  les  moulins  sans  distinction,  bien  que  le 
prince  de  Condé  eût  expliqué  dans  le  Parlement  de  Paris  que  l'intention 
du  gouvernement  était  d'exiger  le  droit  uniquement  des  moulins  bâtis  sur 
les  grandes  rivières,  par  concession  royale,  sous  la  redevance  d'une  albergue. 
On  accusait  le  juge-mage  d'être  intéressé  à  la  multiplicité  des  significations 
inutiles,  parce  qu'il  se  faisait  payer  les  ordonnances  de  décharge  rendues  par 
lui  après  vérification  des  cas  '. 

Dans  chaque  commune,  on  levait,  à  ce  propos,  trente  sols  par  feu,  & 
douze  sols  pour  le  voyage  du  sergent. 

Les  consuls  de  la  Bourse  de  Toulouse  furent  taxés  à  la  somme  de  quatre 
mille  livres;  chaque  jour  paraissait  quelque  ordonnance  du  juge-mage,  attei- 
gnant soit  une  famille,  soit  une  paroisse,  soit  une  corporation. 

L'avocat  général  Maniban  porta  plainte  à  la  grand'chambre  contre  ces  pro- 
cédures, le  II  mai  1644.  Il  exposa  que  les  consuls  de  la  Bourse  n'étaient  point 
officiers  du  roi,  moins  encore  les  artisans,  que  beaucoup  de  communes  assi- 
gnées ne  possédaient  absolument  aucun  bien  relevant  de  la  couronne;  Se  que 
ces  exagérations  de  taxe  mettaient  le  pauvre  peuple  hors  d'état  de  payer  les 
tailles  &  les  autres  impôts,  si  fort  augmentés  par  suite  des  dépenses  de  la 
guerre.  Il  fit  ressortir  que  les  sommes  exigées  pour  le  nouveau  droit  de  con- 
firmation dépassaient  de  beaucoup  les  deniers  royaux;  que,  d'ailleurs,  régu- 
lièrement, les  officiers  du  roi  devaient  seuls  en  être  atteints. 

Sur  sa  requête,  signée  de  lui  8t  de  Marmiesse,  la  cour  renouvela  un  pre- 
mier arrêt  du  2g  avril,  cassant  les  ordonnances  de  Caulet,  lui  défendit  de 
poursuivre,  sous  peine  de  trois  mille  livres  d'amende,  &  lui  enjoignit  de 
présenter  sa  commission  à  la  cour. 

Cet  arrêt  fut  montré  au  conseil  d'État  par  les  fermiers  Se.  immédiatement 
annulé,  avec  ordre  à  Maniban  d'aller  dans  deux  mois  rendre  compte  au  roi 
de  ses  réquisitions,  St  interdiction  provisoire  de  sa  charge.  La  décision  du 
conseil  fut  signifiée  au  greffier  de  la  cour  le  5  juin. 

'  Malenfaiit,  Collections  &  remarques  du  palais,  III,  p.  171. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  2o5 

Marmiesse  obtint  l'assemblée  des  chambres  le  i'^''  juillet,  où  Maniban  vint 
s'expliquer.  Il  déclara  qu'il  n'avait  fait  qu'obéir  à  une  infinité  d'arrêts,  dont 
les  registres  étaient  pleins,  défendant  d'exécuter  dans  le  ressort  de  la  cour, 
sans  vérification,  les  commissions  extraordinaires  du  grand  sceau.  Toutefois, 
par  esprit  d'obéissance,  il  déposait  sa  charge,  8c  se  préparait  à  partir. 

Le  Parlement,  loin  d'encourager  cette  docilité,  décida  que  l'avocat  général 
continuerait  ses  fonctions,  &  le  désigna  même  pour  aller  porter  au  roi,  en 
qualité  de  député,  les  remontrances  de  la  compagnie  sur  les  abus  du  droit  de 
confirmation. 

Le  syndic  général  de  la  Province  avait  aussi  présenté  requête  sur  le  même 
sujet.  Elle  fit  l'objet  d'un  arrêt  spécial  contre  «  certaines  personnes  préten- 
«  dant  avoir  traité  avec  Sa  Majesté  du  droit  d'avènement.  »  La  cour  leur 
reprochait  de  l'exiger  arbitrairement  Se  de  l'étendre  outre  mesure,  frappant 
les  colombiers,  les  fours,  les  moulins,  les  chasses  8t  accablant  les  communes 
d'exactions  illégitimes.  Elle  demandait  de  nouveau  remise  de  la  déclaration 
du  24  octobre  1643  qui  ne  lui  avait  pas  été  présentée,  8c  suppliait  le  roi, 
sous  forme  de  remontrances,  de  restreindre  le  droit  de  confirmation,  d'après 
l'ancien  établissement,  aux  seuls  officiers  de  judicature  non  domaniaux. 
Défenses  étaient  également  réitérées  à  Caulet  8c  à  tous  porteurs  de  commis- 
sions de  continuer  leurs  exactions,  sous  peine  de  dix  mille  livres  d'amende,  8t 
à  toutes  personnes  de  payer  les  taxes.  Les  huissiers  ou  sergents  qui  exploite- 
raient contre  la  volonté  de  la  cour  étaient  menacés  de  privation  de  leurs 
charges. 

Caulet  ne  se  laissa  point  intimider  par  ces  manifestations  8c  poursuivit  ses 
procédures;  les  deux  avocats  généraux  revinrent  à  la  rescousse,  8c  le  3 1  août, 
la  cour  décréta  de  prise  de  corps  divers  agents  qui  avaient  servi  dans  la  com- 
mission, y  compris  le  procureur  au  sénéchal  Garet,  8c  ordonna  que  le  juge- 
mage  se  ferait  ouïr  pendant  la  journée.  Outre  les  griels  ordinaires  que  la 
compagnie  lui  reprochait,  elle  l'accusait  cette  fois  d'avoir  procédé  trois  mois 
avant  d'être  pourvu  d'une  commission  régulière  (datée  du  14  avril)  ayant  dès 
le  mois  de  janvier  rendu  des  ordonnances  où  il  prenait  le  titre  de  commis- 
saire-né. On  lui  imputait  également  d'avoir,  de  son  autorité,  établi  un 
bureau  dans  la  maison  d'un  certain  Ricardi  8c  de  tolérer  que  ses  agents  pris- 
sent un  droit  de  quarante-deux  sols  par  exploit. 

Caulet  se  garda  bien  de  comparaître,  comme  la  cour  l'y  invitait.  Se  lui 
fit  signifier  en  réponse,  le  5  septembre,  un  arrêt  du  conseil  du  17  août  qui 
interdisait  au  Parlement  la  connaissance  de  l'affaire,  renvoyait  à  celui  de 
Bordeaux  tous  les  diftérends  concernant  le  juge-mage  8c  les  agents  de  la  com- 
mission 8c  suspendait  une  seconde  fois  l'avocat  général. 

L'huissier  du  conseil  Hervin  tut  exprès  mandé  de  Paris  8c  vint  signifier 
l'arrêt  à  la  cour  le  6  septembre,  portant  en  main  la  chaîne  d'or  où  pendait 
la  médaille  du  roi.  Maniban  parut  le  lendemain  devant  les  chambres  où  il 
annonça  qu'il  déposait  ses  fonctions.  Le  Parlement  ne  l'en  invita  pas  moins 
à  continuer  sa  charge,  lui  donnant  la  qualité  de  député  pour  paraître  devant 


1644 


J64.} 


2o6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

le  roi,  avec  mission  de  présenter  des  remontrances  sur  les  vexations  que  la 
commission  du  juge-mage  infligeait  à  la  Province'.  Le  12  on  réitéra  les  arrêts 
contre  ce  magistrat  5c  on  lui  fit  commander  par  Marmiesse  de  comparaître. 

Tandis  que  ces  procédures  s'accomplissaient  à  Toulouse,  le  conseil  du  roi 
poursuivait  ses  annulations.  Il  déchargea  de  nouveau  Caulet,  le  i3  septembre, 
des  informations  commencées  contre  lui  &  le  confirma  dans  sa  commission. 

La  cour  avait  terminé  ses  travaux  annuels  quand  cette  décision  lui  fut 
signifiée.  La  chambre  des  vacations,  liée  par  des  engagements  antérieurs, 
refusa  d'en  délibérer  &.  renvoya  tout  à  la  Saint-Martin  d'hiver. 

L'arrêt  du  conseil  du  17  août,  rendu  en  présence  d'Anne  d'Autriche,  con- 
tenait une  théorie  du  droit  de  confirmation.  Cette  taxe  y  était  qualifiée  une 
des  plus  anciennes  que  les  rois  lèvent  dans  le  royaume;  le  conseil  en  faisait 
remonter  l'origine  à  plusieurs  siècles  &  en  donnait  la  définition  suivante  : 
Le  droit  de  confirmation  est  dû,  à  l'avènement  des  rois,  par  toute  sorte 
d'officiers,  tant  de  judicature  que  de  police,  héréditaires,  non  domaniaux 
ou  autres,  sauf  exception  pour  les  officiers  des  cours  souveraines,  les  trésoriers 
de  France,  les  secrétaires  du  roi  Si  autres  exemptés.  Il  est  dû  également  par 
les  communautés,  villes,  bourgs  &  bourgades  ayant  foires  &  marchés,  par  les 
corps  des  marchands  Si  des  arts  Si  métiers  constitués  en  jurandes  8c  en  maî- 
trises, 8c  généralement  par  tous  ceux  qui  ont  obtenu  des  rois  quelque  grâce 
ou  privilège  personnel.  Le  payement  de  la  taxe  est  indispensable  pour  con- 
firmer les  officiers  en  leurs  charges  8c  les  communes  ou  corporations  en  la 
jouissance  de  leurs  privilèges.  Ces  grâces  doivent  être  confirmées  de  règne  en 
règne,  comme  il  a  été  toujours  fait,  sans  quoi  elles  seraient  éteintes  8c  révo- 
quées par  la  mort  du  souverain  dont  elles  émanent. 

Après  cette  définition,  le  conseil  établissait  que  jamais  aucun  Parlement 
du  royaume,  avant  le  Parlement  de  Toulouse,  n'avait  pris  de  délibération 
au  sujet  de  pareilles  taxes,  placées  hors  de  la  compétence  de  ces  compagnies. 
Il  faisait  un  rapide  historique  des  démarches  de  la  cour,  lui  reprochant  sur- 
tout d'avoir  fait  imprimer  son  dernier  arrêt  pour  le  répandre  dans  tout  le 
ressort  8c  empêcher  ainsi  le  roi  d'obtenir  de  ses  peuples  les  secours  nécessaires 
à  l'entretien  de  ses  armées. 

Il  va  sans  dire  que  tous  les  arrêts  du  Parlement  étaient  cassés,  comme 
donnés  par  attentat  8c  au  mépris  de  l'autorité  royale.  Le  roi  défendait  à  la 
cour  de  s'arroger  aucune  connaissance  du  droit  de  confirmation  8c  enjoignait 
au  juge-mage  8c  à  tous  les  autres  commissaires  de  poursuivre  l'exécution  de 
leur  mandat.  Décharge  était  donnée  aux  agents  contre  lesquels  on  avait 
entamé  des  procédures.  Quant  aux  exactions  8c  malversations  qui  pouvaient 
être  commises  dans  la  perception  du  droit,  le  conseil  en  renvoyait  l'infor- 
mation aux  commissaires.  Cet  arrêt  devait  être  affiché  sur  toutes  les  places  8c 
carrefours  de  Toulouse  *. 


'  Arrêt  du   Parlement  de  Toulouse,  prononcé  le  '  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais, 

7  septembre  i<544,  chambres  assemblées.  III,  p.  5y. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  207 

Maniban,  député  à  Paris  par  le  Parlement,  se  justifia  en  montrant  à 
La  Vrillière  les  requêtes  originales  de  l'avocat  général  de  Lussan  &i  du  syndic 
de  la  Province.  Il  vit  la  reine  Anne  d'Autriche  81  lui  exposa  les  motifs  qui 
avaient  dicté  l'arrêt  de  la  cour  contre  le  juge-mage.  Il  défendit  la  compagnie 
d'avoir  voulu  empêcher  la  levée  du  droit,  prétendant  qu'elle  n'avait  en  vue 
que  l'usurpation  de  pouvoirs  commise  par  un  officier  subalterne.  Il  soutint 
ensuite  le  droit  que  prétendait  avoir  le  Parlement  de  vérifier  les  déclarations 
du  roi  portant  confirmation  de  privilèges,  droit  que  le  chancelier  avait  reconnu 
depuis  l'avéneraent  de  Louis  XIV,  en  envoyant  à  la  cour  les  provisions  accor- 
dées aux  villes  &  communes  maintenues  en  leurs  privilèges.  Il  crut  pouvoir 
affirmer  que  les  peuples  payeraient  avec  agrément  les  droits  dus  au  roi  s'ils 
étaient  réduits  au  tarif  des  avènements  antérieurs,  protestant  d'ailleurs  que 
le  Parlement  se  gardait  bien  de  mettre  en  balance  le  commandement  du  roi 
&  l'intérêt  du  peuple. 

A  la  suite  de  cette  plaidoirie,  il  fut  adressé  au  Parlement  une  lettre  du  roi 
portant  qu'après  avoir  ouï  Maniban,  Sa  Majesté  le  renvoyait  à  l'exercice  de 
sa  charge  8c  demeurait  satisfaite  de  sa  conduite.  Cette  levée  de  l'interdiction 
ne  se  fit  point  par  arrêt,  comme  il  en  avait  été  parlé  d'abord,  afin  de  ménager 
à  la  fois  l'autorité  du  Conseil  St  celle  du  Parlement.  Maniban  se  hâta  de  faire 
imprimer  la  lettre  royale,  avec  l'arrêt  de  registre  de  la  cour,  &  d'en  envoyer 
des  exemplaires  dans  toutes  les  sénéchaussées  du  ressort,  afin  de  compenser 
la  publicité  donnée  par  le  sous-traitant  à  l'interdiction. 

Il  obtint  aussi  une  audience  du  contrôleur  général,  8t  lui  exposa  que,  par 
suite  des  privilèges  particuliers  de  la  province  de  Languedoc,  le  droit  de 
confirmation  n'y  pouvait  être  levé  que  sur  les  officiers  royaux  8c  non  sur  les 
communes.  La  subvention  accordée  par  les  États  pour  l'extinction  de  ce  droit, 
à  l'avènement  de  Louis  XIII,  n'avait  été  qu'un  acte  gratuit  de  libéralité.  Il 
défendit,  en  même  temps,  les  diverses  classes  d'habitants  de  la  Province  qui 
ne  devaient  pas  être  soumises  au  droit  de  confirmation  8t  qui  souffraient  des 
vexations  du  sous-traitant. 

A  la  suite  de  cette  démarche,  parut  un  arrêt  du  conseil  qui  défendait  de 
contraindre  à  payer  le  droit  de  confirmation  les  artisans  des  lieux  dépourvus 
de  jurandes  8c  de  maîtrises,  les  laboureurs  8c  paysans  qui  ne  faisaient  autre 
trafic  que  de  leurs  denrées,  les  possesseurs  de  moulins  aliénés  du  domaine  à 
titre  d'engagement,  8c  les  bourgs,  communes  6c  villages  qui  n'avaient  ni  foires 
ni  marchés. 

L'application  de  ces  principes  fit  réduire  de  cent  soixante-dix-sept  mille 
livres  à  soixante-dix  mille,  payables  en  deux  ans,  les  taxes  de  confirmation 
arrêtées  par  l'intendant  La  Perrière  pour  la  généralité  de  Montauban.  Les 
habitants  des  quatre  vallées  d'Aure,  Neste,  Magnoac  8c  Barousse,  bien  qu'étant 
du  ressort  de  la  même  généralité,  ne  purent  bénéficier  de  la  réduction,  parce 
que  le  sous-traitant  Castel,  qui  était  du  pays,  prévoyant  une  diminution  des 
taxes,  en  avait  pressé  la  levée  avec  des  rigueurs  impitoyables.  Un  autre  sous- 
traitant,  Guitard,  réclama  un  dédommagement  qui  fut  concerté  avec  M.  de 


1644 


1044 


:o8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Machaut.  L'arrêt  de  modération  porta  expressément  qu'il  était  rendu  sur  les 
remontrances  faites  au  roi  par  le  député  du  Parlement  de  Toulouse. 

Copies  de  l'arrêt  furent  données  aux  syndics  de  la  Province  &  aux  évêques 
de  Languedoc. 

Les  Etats  portèrent  plainte  de  ce  que  l'intendant  Balthazar,  sans  tenir 
compte  de  l'arrêt,  avait  taxé  "les  teinturiers  &  autres  artisans  de  Montpellier. 
Ce  fut  la  cause  des  troubles  qui  désolèrent  cette  ville  l'année  suivante. 

Le  pays  de  Foix,  très-tourmenté  aussi  par  les  sous-traitants,  envoya  son 
syndic  à  Paris  pour  obtenir  un  arrêt  de  modération  semblable  à  celui  de 
Montauban.  La  taxe  en  fut  réduite  à  cinq  mille  livres,  en  tenant  compte  des 
sommes  payées.  Maniban  s'y  employa  efficacement. 

Restait  l'affaire  du  juge-mage.  Le  chancelier  de  France  traita  de  vision  la 
qualité  qu'il  avait  prise  de  commissaire-né,  disant  que  le  chef  de  la  justice 
lui-même  n'oserait  pas  se  l'attribuer.  Le  maître  des  requêtes  Bérule  en  fit 
rapport  au  conseil,  qui  assigna  Caulet  &  lui  défendit  de  s'intituler  commis- 
saire-né. Quant  aux  exploitants  subalternes  des  généralités  de  Toulouse  Si  de 
Lauragais,  qui  n'étaient  point  compris  dans  la  commission  des  taxes,  on  aban- 
donnait au  Parlement  le  soin  de  les  poursuivre. 

Les  conseillers  d'Etat  avouèrent,  du  reste,  à  Maniban  que  les  dépenses 
étaient  si  grandes  qu'ils  se  voyaient  obligés,  à  contre  cœur,  de  souffrir  beau- 
coup de  vexations  dans  les  Provinces  '. 


CHAPITRE  III 


Désertions  dans  l'armée  de  Catalogne.  —  Misère  publique.  —  Le  quartier  d'hiver  refusé.  —  Violation 
des  coutumes  électorales  de  Montpellier.  —  Lutte  du  Parlement  contre  les  capitouls.  —  Journée 
du  i6  juin.  —  Députations  parlementaires  &  municipales  à  la  Cour  de  France.  —  Intervention'  du 
Conseil  d'Etat.  —  La  Cour  des  comptes,  aides  &  finances.  —  Sédition  de  Montpellier.  —  Affaire  du 
chevalier  de  Roquelaure.  —  Elections  de  Toulouse.  —  Troubles  du  2  avril, 

~~7Z  L'année  1645  commença  tristement.  Ce  qui  venait  de  se  passer  à  Toulouse 

était  un  fâcheux  symptôme  du  régime  d'intrigue  que  le  gouvernement  de 
Gaston  d'Orléans  promettait  à  la  Province.  Un  essaim  de  favoris  commençait 
à  tourbillonner  autour  du  prince,  en  quête  de  charges,  de  capitaineries,  d'en- 
treprises, de  spéculations  de  toute  espèce.  Toute  matière  paraissait  bonne  à 
battre  monnaie.  L'esprit  de  découverte  ne  chômait  pas,  soit  pour  le  fisc,  soit 
pour  les  créations  de  monopoles.  Du  reste,  jamais  le  besoin  d'argent  n'avait 
été  plus  sensible.  Les  affaires  de  Catalogne,  si  importantes  pour  la  Province, 
n'avaient  rien  de  satisfaisant.  De  graves  soupçons  s'étaient  produits  sur  la 

■  Malenfant,  Collections  &  remarqua  du  pulci'is,  III,  p.   187. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  209 

fidélité  des  peuples  8c  sur  la  conduite  des  principaux  chefs  de  l'armée.  Faute 
de  troupes  régulières  suffisantes,  il  avait  fallu  faire  marcher  des  milices, 
grand  sujet  de  plaintes  pour  le  pays'.  A  part  toutes  les  difficultés  auxquelles 
donnait  lieu  le  recrutement  de  ces  compagnies,  mal  instruites  &  mal  armées, 
elles  se  débandaient  aisément  de  l'autre  côté  des  Pyrénées.  Officiers,  cava- 
liers, fantassins,  profitant  des  chemins  de  montagne,  partaient  sans  congé  8c 
venaient  se  répandre  en  Languedoc. 

Le  maréchal  de  Schomberg  dut  organiser  un  service  de  surveillance  8c  de 
répression  contre  ces  déserteurs.  Il  chargea  un  sieur  Albarède,  en  cjualité  de 
prévôt,  assisté  d'un  lieutenant,  d'un  greffier  8c  de  douze  archers,  de  surveiller 
tous  les  passages  depuis  Leucate  jusqu'au  pays  de  Sault  8c  diocèse  de  Mire- 
poix.  Ce  prévôt  avait  pouvoir  de  saisir  les  déserteurs  8c  de  leur  faire  le  procès 
avec  l'assistance  des  juges  8c  gradués  requis  par  les  ordonnances  royales. 

Les  frais  de  cet  établissement  s'élevèrent  à  mille  livres  par  mois,  que 
Schomberg  fit  avancer  par  les  quatre  étapiers  des  diocèses  de  Narbonne,  Car- 
cassonne,  Alet,  Limoux  8c  Mirepoix,  à  raison  de  deux  cent  cinquante  livres 
pour  chacun,  en  leur  donnant  le jours  sur  le  fonds  diocésain  des  étapes*, 
quoique,  en  général,  les  frais  de  justice  militaire,  étant  du  ressort  des  prévôts 
des  maréchaux,  dussent  être  payés  par  le  Trésor. 

Le  session  des  Etats,  qui  se  tenait  d'ordinaire  en  automne,  fut  retardée 
jusques  à  la  seconde  quinzaine  de  janvier.  Elle  eut  lieu  dans  le  couvent  des 
Cordeliers  de  Narbonne.  Ce  fut  le  maréchal  de  Schomberg  qui  vint  y  remplir 
les  fonctions  de  premier  commissaire  du  roi,  comme  à  l'époque  où  il  était 
titulaire  du  gouvernement  de  Languedoc. 

Dans  son  discours  d'ouverture,  il  se  crut  obligé,  dès  les  premiers  mots,  de 
faire  allusion  à  son  ancienne^  charge  de  gouverneur,  en  disant  que  s'il  ne 
paraissait  pas  dans  l'assemblée  avec  le  même  titre  qu'autrefois,  rien  du  moins 
n'était  diminué  dans  ses  fonctions,  ses  honneurs  8c  ses  avantages;  il  y  ajouta 
que  la  douceur  de  revenir  vivre  8c  mourir  en  Languedoc  lui  avait  fait  sacri- 
fier les  plus  beaux  établissements  du  royaume. 

Parlant  de  la  nomination  du  duc  d'Orléans  au  gouvernement  de  la  Pro- 
vince, il  trouva  l'art  d'en  faire  honneur  aux  sentiments  de  tendresse  que  le 
premier  prince  du  sang  portait  aux  intérêts  du  pays,  n'ayant  pas  besoin 
d'ailleurs  de  ce  titre  nouveau  pour  acquérir  sur  la  Province  une  autorité  que 
sa  naissance   lui   assurait  tout   entière.  Le   prince  n'éprouvait  pas  de  plus 

■  «  Les  milices  ont  mis   le  peuple  à  l'extrémité  reçu  desdites  milices  a  été  fort  petit,  &  son  pauvre 

par  le  nombre  infini  de  concussions  &  malversa-  peuple  extrêmement  affligé",  u  —   Les  intendants 

tiens  commises  dans  les   levées  par  les  capitaines,  donnaient    des    décrets    d'ajournement    personnel 

&  aussi    par  les  consuls    des   villes    &  communes,  contre  les  consuls  des  communes  pour  faire  four- 

lesquels  faisant  semblant  de  vouloir  envoyer  aux-  nir  aux  diocèses  les  soldats  déserteurs  des  milices, 

dites   milices   plusieurs   particuliers  aisés,   les  ont  '  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du   25  janvier 

rançonnés,  &  contraints  de  leur  bailler  de  notables  1 6^5. 

sommes    pour  s'exempter  du  service  personnel,  ce  '  Pièces  justificatives,  n.  XX,  col.  yS. 
qui  est  digne  de  compassion,  &  surtout  ayant  été 

connu    i   un  chacun   que  le   secours  que    S.  M.  a  ■  Procès-verbal  des  États.  S(!ance  du  6  décembre  1O12. 

Xltl.  ,A 


1645 


16^5 


;io  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ardent  désir  que  de  pouvoir  rétablir  le  pays  en  son  premier  état  de  splendeur 
&  d'abondance. 

Ces  souhaits  ne  l'empêchaient  point  de  faire  demander  aux  États  les  mêmes 
sommes  que  l'année  précédente.  A  titre  de  consolation,  il  leur  promettait  du 
moins  ce  contentement  de  savoir  à  quoi  leur  argent  était  employé;  s'il  fallait 
l'en  croire,  les  épargnes  du  pays  ne  se  perdaient  pas  en  superfluités  de  luxe 
&  en  dépenses  inutiles,  &  les  favoris  ne  se  partageaient  point  ce  pain  que  le 
peuple  «  arrachait  à  la  bouche  de  ses  enfants  pour  le  donner  au  roi.  » 

Suivait  l'éloge  des  exploits  de  Gaston  dans  la  dernière  campagne  de  Flan- 
dres ;  la  province  de  Languedoc  devait  trouver  ses  souffrances  plus  légères 
en  songeant  aux  maux  qu'avait  endurés  Son  Altesse  au  siège  de  Gravelines 
avant  d'y  demeurer  «  victorieux  des  quatre  éléments;  «  un  mot  sur  les  opé- 
rations du  Rhin  &  de  la  Forêt-Noire  où  «  un  jeune  prince,  en  moins  de 
deux  mois,  s'étoit  rendu  la  terreur  Si  l'admiration  de  cette  redoutable  puis- 
sance d'Allemagne;  ))  un  mot  encore  sur  les  affaires  d'Italie.  Le  maréchal  ter- 
minait par  la  Catalogne  où  il  avouait  l'insuccès  des  troupes  du  roi,  non  sans 
y  tro\iver  un  argument  pour  stimuler  la  libéralité  de  la  Province,  annonçant 
que  le  cardinal  Mazarin  préparait  avec  des  soins  indicibles  une  belle  armée 
destinée  à  compléter  la  victoire  6i  à  conquérir  une  paix  définitive. 

Les  dernières  paroles  de  l'orateur  rendirent  hommage  au  zèle  que  la  dépu- 
tation  avait  déployé  à  la  Cour  &  à  l'activité  du  syndic  général  dont  les  avis 
l'avaient  souvent  éclairé. 

Après  le  maréchal,  l'intendant  Bosquet,  bien  qu'affaibli  par  les  violentes 
secousses  d'une  maladie  de  six  mois,  entreprit  un  long  discours  plein  d'ar- 
tifices littéraires',  tendant  à  justifier  la  combinaison  qui  dédoublait  pour 
ainsi  dire  le  gouvernement  de  Languedoc,  mettait  ostensiblement  le  duc 
d'Orléans  à  la  tête  de  la  Province  &  conservait  au  maréchal  son  ancienne 
autorité.  Les  éloges  hyperboliques  ne  furent  point  épargnés  à  l'oncle  du  roi. 
Bosquet  en  fit  un  nouveau  soleil,  destiné  à  dissiper  les  brouillards  de  la 
Province,  8t  se  compara  lui-même  à  la  statue  de  Memnon,  qui  ne  pouvait 
demeurer  muette  quand  un  rayon  venait  la  frapper. 

Il  fit  ensuite  une  sorte  de  profession  de  foi  politique,  répondant  peut-être 
au  soupçon  de  tendances  féodales  Se  séparatistes  que  le  passé  de  Gaston  pou- 
vait éveiller,  insista  fortement  sur  la  nécessité  d'une  direction  unique  s'éten- 
dant  aux  provinces  les  plus  éloignées  du  royaume,  Si  d'une  correspondance 
parfaite  entre  le  cœur  Si  les  membres,  Si  rappela  les  désastres  qui  avaient 
suivi  la  division  de  l'Empire  romain  Si  la  translation  de  la  capitale  à  Cons- 
tantinople. 

D'après  sa  théorie,  les  rois,  image  incomplète  de  Dieu  sur  la  terre,  ne 
pouvant,  par  l'insutfisance  de  leur  nature  limitée,  se  rendre  présents  sur 
tous  les  points  de  la  monarchie,  devaient  employer  des  médiateurs  pour  com- 
muniquer leurs  ordres  aux  peuples  Si  en  écouter  les  vœux.  Plus  ces  média- 

■  Pièces  justificatives,  n.  XXI,  col.  78. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN. 


21  I 


teurs  se  trouvaient  rapprochés  du  trône  par  leur  naissance,  plus  leur  influence 
était  puissante  Se  salutaire. 

C'est  dans  cette  pensée  que  la  Province  de  Languedoc  avait  autrefois 
reconnu  pour  une  loi  tondamentale  de  ses  Etats  le  privilège  d'être  gouvernée 
par  des  princes  du  sang.  La  nomination  du  nouveau  gouverneur  rétablissait 
un  usage  abandonné  depuis  plus  d'un  siècle.  Sa  justice  donnait  lieu  d'espérer 
quelque  soulagement  des  charges  que  la  gtierre  occasionnait  au  pays.  Déjà, 
pendant  le  courant  de  l'hiver,  l'intendant  avait  entendu  le  prince,  au  conseil 
du  roi,  se  faire  l'avocat  de  la  Province.  Les  routes  d'étape,  le  transport  des 
troupes  par  mer,  les  dépenses  extraordinaires  se  ressentiraient  de  cette  bien- 
faisante protection. 

Bosquet  allait  jusqu'à  dire  que  l'acceptation  du  gouvernement  de  Lan- 
guedoc par  le  duc  d'Orléans  était  un  bienfait  inestimable,  Son  Altesse  ayant 
de  puissantes  raisons  pour  choisir  des  provinces  plus  commodes  Si  plus  avan- 
tageuses à  ses  intérêts. 

Une  pareille  faveur  exigeait  en  retour  la  reconnaissance  des  peuples,  & 
la  meilleure  occasion  de  la  témoigner  était  de  voter  les  mêmes  impôts  que 
l'année  précédente,  les  intérêts  généraux  du  royaume  ne  permettant  pas  de 
réaliser  pour  le  présent  les  diminutions  projetées. 

L'archevêque  de  Narbonne  reprit  en  sous-œuvre  les  comparaisons  sidérales 
de  l'intendant,  ne  ménagea  pas  les  éloges  à  Schomberg,  8t  témoigna  l'es- 
pérance devoir  le  duc  d'Orléans,  «  notre  Gaston,  cet  ange  du  grand  conseil, 
(i  de  la  première  &  suprême  hiérarchie,  »  rétablir  enfin  la  Province  dans  les 
franchises  qu'elle  avait  raisonnablement  &  respectueusement  stipulées  de  la 
majesté  des  rois,  quand,  pour  son  bonheur  8i  pour  l'avantage  du  royaume, 
elle  devint  le  premier  fleuron  de  la  couronne  '. 

Malgré  ces  belles  paroles,  la  session  ne  laissa  pas  que  d'être,  pour  le  gou- 
vernement, l'une  des  moins  satisfaisantes  qui  se  fussent  tenues  depuis  bien 
des  années.  Les  espérances  d'une  paix  prochaine  avec  l'Espagne,  qui,  l'année 
précédente,  avaient  été  données  en  termes  si  chaleureux  par  les  commissaires 
du  roi,  ne  s'étaient  point  réalisées;  loin  de  là,  8v  bien  que  Schomberg,  dans 
sa  harangue,  eût  atténué  autant  que  possible  l'affaiblissement  causé  à  l'armée 
française  par  les  sièges  de  Lérida,  de  Balaguer  &  de  quelques  autres  petits 
lieux,  8l  qu'il  eût  essayé  de  prouver  que  des  troupes  maîtresses  de  la  cam- 
pagne devaient  réduire  sans  peine  des  places  mal  fortifiées  &  non  secourues, 
on  était,  en  Languedoc,  trop  près  du  théâtre  des  opérations  pour  s'illusionner 
sur  l'état  réel  des  affaires,  8c,  comme  les  demandes  de  fonds  devenaient  plus 
considérables  &  plus  pressantes  que  jamais,  l'esprit  de  faction  put  s'emparer 
fort  aisément  des  irtnombrables  motifs  de  plaintes  qui  s'accroissaient  journelle- 
ment. D'ailleurs,  le  mouvement  que  s'étaient  donné  les  grandes  compagnies 
judiciaires,  avec  les  vues  ambitieuses  que  nous  avons  eu  déjà  l'occasion  de 
caractériser,  pour  combattre  l'institution  des  intendants,  les  commissions  du 

'  Pièces  justificatives,  n.  XXII,  col.  85.  Procès-T«rbal  des  Etats.  Séance  du  17  janvier  lô^S. 


1645 


16^5 


212 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


grand  sceau  &  les  perceptions  de  deniers  extraordinaires,  enveloppées  d'une 
égale  réprobation,  encourageait  la  résistance. 

Cette  résistance  ne  porta  point  sur  les  gratifications,  qui  furent  accordées 
^..inormes.  Schomberg,  qui  recevait  auparavant  quarante  mille  livres  comme 
j-ouverneur  de  la  Province,  conserva  la  même  somme  en  qualité  de  seul  lieu- 
tenant général.  Mais  la  baute  situation  du  duc  d'Orléans  ne  permettant  pas 
de  le  traiter  sur  le  pied  d'un  simple  maréchal,  ses  appointements  de  gouver- 
neur furent  élevés  à  soixante  mille  livres;  Si.  un  présent  extraordinaire  de 
quatre-vingt  mille  livres,  à  titre  de  joyeux  avènement,  lui  donna  lieu  de 
mesurer  la  satisfaction  du  pays  pour  avoir  été  placé  sous  l'administration 
directe  d'un  fils  de  France.  L'abbé  de  la  Rivière  profita  de  l'occasion  pour  se 
faire  allouer  six  mille  livres,  &  un  certain  comte  de  Lafeuillade,  qui  aurait 
pu  être  lieutenant  de  la  compagnie  des  gens  d'armes  du  duc  d'Orléans,  si  le 
prince  en  avait  mis  une  sur  pied,  comme  ses  fonctions  de  gouverneur  lui  en 
donnaient  le  droit,  obtint  cinq  mille  livres,  à  titre  de  dédommagement,  parce 
que  cette  compagnie  n'existait  pas. 

Très-faible  devant  les  exigences  du  prince  8c  des  favoris,  l'assemblée  retrouva 
de  l'énergie  pour  refuser  les  accroissements  d'impôts. 

Elle  avait  fait  acte  de  vigueur,  &  d'une  vigueur  légitime,  en  repoussant  les 
prétentions  de  la  ville  de  Toulouse,  qui,  sous  prétexte  de  privilèges  particu- 
liers, voulait  s'affranchir  des  lourdes  charges  de  l'étape,  comme  si  la  capitale 
d'une  province  pouvait  demeurer  étrangère  aux  sacrifices  acceptés  par  tout  le 
pays  pour  la  défense  du  territoire.  Une  délibération  formelle  porta  que  les 
députés  de  Toulouse  ne  seraient  plus  admis  dans  l'assemblée  des  Etats,  aussi 
longtemps  que  la  ville  n'aurait  pas  acquitté  sa  dette. 

Le  3  février,  le  maréchal  de  Schomberg  entra  en  séance,  portant  les  com- 
missions du  quartier  d'hiver  &  requérant  le  consentement  des  Etats.  Les 
dépenses  excessives  de  la  guerre  ne  permettaient  pas  au  roi  de  donner  encore 
à  son  peuple  le  soulagement  qu'il  lui  avait  promis.  En  même  temps  il  récla- 
mait une  somme  nécessaire  pour  l'entretien  des  garnisons  établies  au  fort  de 
Brescou  &  dans  trois  petites  places  qui  défendaient,  du  côté  de  Catalogne, 
l'accès  des  plaines  du  Roussillon  &  du  Languedoc  ;  Opoul,  Salces  8c  Leucate. 

L'état  de  ces  dépenses,  infligées  à  la  Province,  avait  été  réglé  au  conseil  du 
roi;  Schomberg  se  disait  expressément  chargé,  de  la  part  de  la  régente,  de 
témoigner  aux  gens  des  trois  ordres  que  telle  était  sa  volonté  pour  cette  année 
seulement,  8c  qu'à  l'avenir  le  Trésor  y  pourvoirait. 

Les  Etats  répondirent,  quatre  jours  après,  avec  tout  le  respect  dû  aux  ordres 
de  Sa  Majesté,  qu'ils  ne  pouvaient  consentir  à  cette  imposition,  à  cause  de 
l'extrême  pauvreté  de  la  Province.  Le  pays,  écrasé  sous  le  poids  des  charges 
ordinaires  que  lui  imposait  l'édit  de  Béziers,  n'était  pas  même  en  situation 
d'y  suffire  8c  se  trouvait  «  accablé  d'un  nombre  infini  de  taxes  que  les  commis 
«  exigeoient  tous  les  jours  avec  grande  violence  Se  importunité  '.  » 

■  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  7  février  1645. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  2i3 

Schomberg  ne  se  tint  pas  pour  battu  5  il  revint  à  la  charge  le  14  février,  8t 
après  avoir  sollicité  un  nouveau  secours  pour  les  travaux  du  port  d'Agde  qui 
menaçaient  d'être  perdus  si  l'on  ne  les  continuait  pas,  &  avoir  donné  lecture 
d'une  lettre  du  roi  sur  ce  sujet,  il  ajouta  que  son  affection  pour  la  Province 
l'obligeait  à  lui  prédire  de  très-dangereux  inconvénients  si  l'assemblée  demeu- 
rait dans  sa  première  résolution  de  rejeter  absolument  le  quartier  d'hiver 
sans  donner  assistance  au  roi  dans  la  nécessité  de  ses  affaires;  qu'il  serait 
contraint  de  procéder  à  cette  imposition  par  des  voies  extraordinaires  8c  d'en 
ordonner  la  levée  par  des  moyens  très-ruineux  pour  le  pauvre  peuple;  qu'il 
serait  bien  aise  d'éviter  tous  les  maux  dont  le  pays  était  menacé  à  cause  de 
ce  refus  '. 

Les  États  répondirent  le  même  jour  qu'ils  remerciaient  le  maréchal  de  sa 
bonne  volonté;  mais  que,  ne  pouvant  changer  leur  résolution  de  ne  point 
consentir  au  quartier  d'hiver,  leur  devoir  se  bornait  à  nommer  immédiate- 
ment la  députation  chargée  de  porter  au  roi  le  cahier  des  doléances  St  à  faire 
partir,  sans  aucun  délai,  un  de  ces  députés  pour  expliquer  au  duc  d'Orléans 
les  motifs  de  la  délibération.  L'extrême  misère  de  la  Province  l'a  réduite  à 
une  impuissance  absolue,  8c  comme  elle  n'a  manqué  en  rien  au  respect  qu'elle 
doit  au  roi,  elle  espère  que  Son  Altesse  Royale  voudra  bien  la  mettre  à  cou- 
vert des  maux  dont  on  la  menace  8c  la  protéger  contre  les  ravages  des  gens 
de  guerre.  Le  comte  de  Castries  fut  dépêché  en  poste  pour  présenter  au  duc 
d'Orléans  cette  apologie. 

Le  maréchal  fit  enfin  une  dernière  tentative  le  20  mars;  il  dit  que  l'as- 
semblée, ayant  toujours  été  fort  sensible  aux  intérêts  de  l'Etat  Se  très-jalouse 
d'obéir  aux  volontés  du  souverain,  ne  devait  point  persister  dans  sa  délibéra- 
tion ;  il  communiqua  deux  lettres,  l'une  de  la  régente,  l'autre  du  duc  d'Or- 
léans, témoignant  le  déplaisir  de  Leurs  Majestés;  il  fit  appel  aux  traditions 
de  fidélité  de  la  Province,  qui  devait  ne  rien  négliger  pour  conserver  cette 
glorieuse  recommandation;  annonça  que  plus  les  efforts  seraient  énergiques, 
plus  les  succès  seraient  décisifs  8c  les  espérances  de  paix  infaillibles.  Si  l'on 
persistait  dans  cette  délibération.  Leurs  Majestés  se  verraient  contraintes  d'em- 
ployer leur  autorité  pour  faire  ressentir  leur  mécontentement  à  la  Province, 
&c  le  duc  d'Orléans,  dont  le  dévouement  au  bien  de  l'État  doit  prévaloir  sur 
toute  autre  considération,  ferait  taire  ses  sentiments  personnels  d'affection 
envers  le  pays. 

Pour  la  troisième  fois,  les  États,  séance  tenante,  remirent  ce  grave  sujet 
en  délibération  8c  se  confirmèrent  dans  leur  refus.  Des  plaintes  leur  arri- 
vaient de  toutes  parts  sur  les  dépenses  énormes  occasionnées  par  les  levées  de 
gens  de  guerre  8c  par  le  séjour  des  troupes  destinées  à  l'armée  de  Catalogne; 
il  fallait  s'attendre  au  renouvellement  de  ces  sacrifices,  8c  l'assemblée  se  décla- 
rait contrainte,  par  son  impuissance,  à  demeurer  inébranlable*. 

'  Procèj-Tcrbal  des  États.  Séance  du   14  février  '  Les  prélats  qui   assistèrent  à   cette  session  des 

1645.  Etats  de  Languedoc  étaient  Us  archevêques  de  Nar- 


1Û4J 


1645 


;i4  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  nouvelle  de  ce  refus  produisit  une  impression  considérable  dans  le  pays. 

Au  cours  de  la  session,  les  Etats  eurent  l'occasion  de  s'apercevoir  à  quel 
point  le  duc  d'Orléans  était  devenu  le  dispensateur  général  de  toutes  les 
grâces  &  comment  on  lui  demandait,  non-seulement  les  emplois  qui  dépen- 
daient de  son  autorité,  mais  ceux  mêmes  par  où  s'exerçait  encore  une  sorte 
d'initiative  provinciale.  Ainsi  un  sieur  Granjon,  qui  désirait  une  charge  de 
syndic  général  de  Languedoc,  ayant  appris  qu'un  de  ces  officiers,  nommé 
Bardichon,  se  trouvait  malade  &  empêché  de  faire  personnellement  son  ser- 
vice, obtint  du  gouverneur,  le  20  janvier  1645,  une  lettre  de  recommanda- 
tion aux  États  de  la  Province  qui  avait  la  prétention  d'être  un  ordre.  Il  l'alia 
porter  lui-même  au  syndic  général  Lamamye,  en  se  faisant  accompagner 
d'un  notaire  &  de  deux  témoins.  L'officier  de  la  Province,  en  rendant  compte 
aux  États  de  ce  procédé,  n'oublia  pas  de  mettre  en  lumière  ce  qu'avaient 
d'étrange  8<.  d'offensant  des  précautions  si  peu  nécessaires,  en  un  lieu  où  l'on 
était  accoutumé  à  recevoir  avec  respect  tout  ce  qui  venait  de  Son  Altesse, 
81  ne  craignit  point  d'exprimer  l'opinion  que  la  lettre  du  prince  avait  été 
obtenue  par  surprise.  L'assemblée  prit  chaleureusement  la  défense  du  syndic 
Bardichon,  loua  ses  services  antérieurs,  ceux  de  son  père  &  de  son  aïeul, 
affirma  le  droit  des  Etats  de  nommer  leurs  officiers  &  de  les  laisser  en  charge 
tant  qu'ils  n'avaient  point  démérité,  &  que  l'on  pouvait  attendre  d'eux  de 
nouvelles  preuves  de  dévouement,  &  prescrivit  à  ses  députés  d'éclairer  la  con- 
science du  gouverneur,  en  lui  donnant  l'assurance  que  le  sieur  de  Bardichon 
se  trouvait  encore  en  état  de  bien  servir  le  roi  &  le  pays'. 

Les  événements  qui  s'étaient  accomplis  à  Montpellier,  pendant  la  tenue 
même  des  États,  ne  jetaient  pas  moins  de  lumière  sur  la  politique  du  gou- 
verneur. 

Dans  la  seconde  ville  de  la  Province,  la  liberté  des  élections  ne  fut  pas 
mieux  respectée  que  dans  la  première.  Seulement,  à  Montpellier,  la  présence 
d'un  commandant  militaire  &  d'une  garnison  dans  la  citadelle,  permit 
d'adopter  des  formes  plus  cavalières  &  de  brusquer  le  dénoûment. 

Les  élections  de  Montpellier  se  faisaient  le  i^'  mars.  Les  six  consuls  en 
exercice,  assemblés  dans  l'hôtel  de  ville,  commençaient  par  nommer  trente- 
cinq  électeurs,  pris  parmi  les  habitants  de  toute  condition.  Cette  liste  était 
divisée  en  sept  séries,  de  cinq  noms  chacune,  que  l'on  appelait  les  sept 
échelles.  On  mettait  chaque  nom  dans  une  boule  ou  balotte  de  cire,  &  les 
cinq  boules  de  chaque  série  étaient  jetées  dans  une  boîte  distincte.  Arrivaient 
alors  six  enfants  en  âge  d'innocence,  expressément  choisis  pour  cet  office;  le 
plus  jeune  tirait  au  hasard  un  nom  de  chaque  boîte,  &,  de  cette  façon,  se 
trouvait  constitué  un  corps  de  sept  électeurs  qui,  après  avoir  prêté  serment 
entre  les  mains  d'un  consul,  armé  de  la  baguette  de  viguier,  composaient 

bonne  &  de  Toulouse,  les  évêques  de  Cnrcassonne,  marquis    de   Calvisson,   les    barons   de   Ganges    & 

Saint-Pons,  Castres,  Viviers,  Nimes,  Albi ,  Saint-  d'Auterive. 

Papoul,  Agde  &   le  Puy,   Parmi   les  barons,    il  y  '  Procès-verbal  des  États,   Séance  du    17  février 

avait  celui  de  Saint-Point,  le  comte  de  Rieux,  le  1645. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  2l5 

une  liste  de  dix-huit  candidats  éligibles  aux  charges  consulaires.  On  divisait 
encore  cette  liste  en  six  échelles,  de  trois  noms  chacune,  &  un  nouveau  tirage 
au  sort,  opéré  de  la  même  façon  que  le  précédent,  amenait  six  noms  qui 
étaient  ceux  des  consuls  définitifs. 

Or,  le  1"  mars  1645,  les  consuls  sortants,  réunis  pour  faire  procéder  à 
l'élection  d'après  les  rites  observés  depuis  quatre  cents  ans,  virent  arriver  une 
troupe  de  soldats  à  la  tête  desquels  marchait  M.  de  Villespassans,  lieutenant 
de  la  citadelle,  accompagné  de  son  enseigne  Si  du  sieur  de  Genton,  gen- 
tilhomme attaché  à  la  maison  de  M.  d'Aubijoux. 

Les  gens  de  guerre,  portant  leurs  épées,  furent  jetés  en  grand  nombre 
dans  l'hôtel  de  ville,  sous  prétexte  d'assurer  l'exécution  des  ordres  du  roi.  En 
même  temps,  M.  de  Villespassans  remettait  aux  consuls  une  lettre  de  cachet 
du  roi  8c  une  autre  du  duc  d'Orléans,  prescrivant  un  nouveau  mode  d'élec- 
tion Se  désignant  d'office  le  premier  consul,  un  professeur  de  médecine,  chan- 
celier de  l'université,  nommé  Richer  de  Belleval. 

Le  sieur  de  Candillargues,  lieutenant  principal  au  siège  présidial  de  Mont- 
pellier, mandé  par  dépêches  du  roi  &  du  gouverneur,  afin  de  remplir  les 
fonctions  du  juge-mage,  entrait  en  séance  pour  faire  faire  l'élection  &  rece- 
voir sur  l'heure  le  serment  des  nouveaux  magistrats,  malgré  la  coutume  tra- 
ditionnelle qui  renvoyait  cette  cérémonie  à  la  fête  de  Notre-Dame,  vingt-cinq 
jours  plus  tard.  Le  lieutenant  principal  adressa  plusieurs  sommations  aux 
consuls  qui,  refusant  d'obtempérer  à  des  volontés  illégales,  déposèrent  leurs 
insignes  &  firent  tous  leurs  efforts  pour  quitter  la  salle.  Les  soldats,  l'épée  à 
la  main,  les  contraignirent  d'assister  aux  opérations.  Le  premier  consul  fut 
nommé  sans  tirage  au  sort;  quant  aux  cinq  autres,  les  boules  de  cire  qui 
contenaient  les  noms  portés  par  la  lettre  de  cachet,  furent  mises  entre  les 
mains  St  à  la  discrétion  du  sieur  de  Genton. 

Le  lendemain,  le  conseil  ordinaire,  composé  de  vingt-cinq  membres,  con- 
voqué par  les  anciens  consuls  pour  protester  contre  la  violation  des  usages, 
fut  dissous  par  MM.  de  Candillargues  8^  de  Genton,  avec  défense,  au  nom 
du  roi,  de  prendre  aucune  délibération  sur  l'élection  qui  venait  d'être  faite. 

Les  anciens  consuls  envoyèrent  pourtaht  deux  de  leurs  collègues  à  Tou- 
louse, le  second  81  le  quatrième,  afin  d'implorer  l'appui  du  Parlement  8< 
d'obtenir  des  lettres  d'appel.  En  même  temps,  ils  expédièrent  un  courrier  en 
Cour  porter  leurs  remontrances  au  pied  du  trône.  Mais  le  gentilhomme  de 
M.  d'.\ubijoux  avait  pris  la  poste  dans  le  même  dessein.  Il  arriva  avant  eux, 
persuada  ce  qu'il  voulut,  8c,  quand  le  messager  consulaire  se  présenta,  on  lui 
fit  voir  un  arrêt  du  conseil  qui  confirmait  la  nomination.  Il  fallut  donc  se 
soumettre,  8c  la  commune  n'eut  d'autre  ressource  que  de  présenter  ses  récla- 
mations aux  Etats. 

Dans  la  séance  du  8  mars,  le  sieur  de  Géraud,  député  de  Montpellier  8c 
consul  lui-même,  requit  l'assemblée  de  donner  ses  assistances  à  la  ville  pour 
lui  aider  à  recouvrer  sa  liberté  8c  se  maintenir  dans  ses  privilèges.  Après  un 
avis  favorable  du  syndic  général,  les  États  consentirent  à  intervenir  auprès 


1645 


"JT" 216  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

du  duc  d'Orléans,  par  l'intermédiaire  de  leurs  députés,  firent  supplier  Son 
Altesse  de  vouloir  bien,  de  son  autorité,  maintenir  toutes  les  villes  de  la 
Province  dans  les  anciennes  formes  des  élections  consulaires.  On  écrivit 
même  au  comte  de  Castries  pour  le  prier  d'obtenir  du  duc  d'Orléans  que 
les  nouveaux  consuls,  créés  par  ces  voies  extraordinaires,  ne  pussent  pas 
entrer  en  fonction  avant  que  l'on  eût  écouté  les  remontrances  de  la  députa- 
tion  languedocienne,  la  faculté  d'élire  librement  des  consuls  ayant  toujours 
été  considérée  par  les  Etats  comme  un  des  plus  importants  privilèges  de  la 
Province. 

Ces  démarches  demeurèrent  sans  résultat,  &  les  consuls  intrus  prirent  pos- 
session de  leurs  charges,  ce  qui  ne  laissa  pas  que  d'exciter  le  mécontement  & 
d'entretenir  les  esprits  dans  un  état  de  malaise  qui  se  prolongea  toute  l'année. 
Dans  la  capitale  de  la  Province  la  situation  n'était  guère  meilleure. 

La  force  d'inertie  que  les  capitouls  en  charge  &  la  faction  parlementaire 
du  conseil  de  bourgeoisie  opposaient  aux  volontés  du  gouverneur  ne  pouvait 
manquer  de  lasser  la  patience  royale.  Il  en  fut  donné  des  preuves  par  deux 
lettres  communiquées  au  conseil,  le  29  mars,  &  dont  la  transmission  avait 
été  confiée  au  premier  président.  L'une  était  du  roi.  Elle  manifestait  le 
déplaisir  occasionné  par  un  refus  d'obéissance  à  des  ordres  réitérés,  8c  com- 
mandait expressément  de  mettre  les  capitouls  en  possession  de  leurs  charges. 
Dans  la  seconde,  le  duc  d'Orléans  exprimait  des  sentiments  analogues.  Il 
avait  trouvé  étrange  le  retard  apporté  à  l'exécution  des  volontés  marquées  par 
une  lettre  du  roi,  81  plus  étrange  encore  le  peu  d'égards  qu'on  avait  montré 
pour  un  arrêt  du  conseil.  Il  exhortait  les  magistrats  sortants  à  réparer,  par 
une  prompte  soumission,  le  mauvais  effet  produit  par  leur  résistance,  8<  offrait 
son  entremise  pour  en  effacer  l'impression  dans  l'esprit  du  roi. 

Ces  lettres,  présentées  à  la  cour  de  Toulouse  quelques  jours  auparavant,  y 
avaient  soulevé  une  vive  discussion.  Le  doyen  était  d'avis  d'obéir,  sachant 
qu'il  ne  pouvait  plus  espérer  de  changer  la  volonté  des  ministres.  D'autres 
voulaient  envoyer  un  courrier  à  Paris  pour  faire  les  dernières  représentations 
à  la  régente,  sauf  à  se  soumettre,  s'il  le  fallait,  dès  le  retour  du  messager. 
Les  formalistes  objectaient  qu'il  était  contraire  aux  ordonnances  de  déférer  à 
de  simples  lettres  de  cachet  &  que  les  commandements  faits  aux  cours  souve- 
raines devaient  être  expédiés  en  parchemin  81  munis  du  grand  sceau.  Un 
quatrième  groupe  désirait  savoir,  avant  de  voter,  si  le  premier  président  St  le 
président  de  Gragnague,  chargés  de  bailler  le  serment  aux  capitouls,  obéi- 
raient à  la  résolution  de  la  cour  quelle  qu'elle  fût. 

Après  une  journée  d'inutiles  débats,  le  Parlement,  contraint  de  se  déjuger, 
s'était  résigné  à  prescrire  la  réception  des  capitouls  imposes,  en  donnant  trois 
jours  aux  magistrats  sortants  pour  y  procéder'. 

Le  conseil  de  bourgeoisie  se  défendit  vigoureusement  du  reproche  de  rébel- 
lion qui  lui  était  adressé,  déclarant  qu'on  ne  devait  pas  confondre  l'usage  du 

'  Malenfant,  ColUctiom  &  rcmar<juci  du  palais,  III,  p.  8i. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  217 

droit  de  remontrances  avec  le  refus  prémédité  d'obéir,  protesta  que  chacun 
des  membres  de  la  compagnie  était  pour  le  moins  aussi  bon  sujet  du  roi  que 
les  auteurs  des  calomnies  dirigées  contre  eux,  &  prit  enfin  le  parti  d'installer 
la  municipalité  nouvelle". 

Au  conseil  général  tenu  le  surlendemain,  Esquirolis  d'Audric,  chef  du 
consistoire,  prononça  le  testament  capitulaire.  Il  paraphrasa  l'ode  d'Horace  : 
Beatus  vir  qui  procul  negotiis,  célébra  la  constance  de  Phocion  que  les  sup- 
plications des  Athéniens  n'avaient  pu  déterminer  à  sortir  de  sa  retraite,  &, 
après  l'exposé  des  principaux  actes  de  l'année,  adressa  un  compliment  de 
bienvenue  à  ses  successeurs,  non  sans  faire  allusion  à  la  forme  irrégulière  de 
leur  nomination.  11  les  reconnaissait  d'ailleurs  comme  «  personnes  d'honneur, 
«  gens  de  bien  &  de  mérite,  dont  aucuns  avaient  déjà  passé  par  les  charges.  » 
«  Attendu,  dit-il,  qu'ils  sont  portés  de  la  main  du  roi,  ce  seroit  crime  de 
«  douter  de  leur  probité,  zèle  8t  affection  pour  son  service.  »  Il  les  invita,  en 
terminant,  à  mettre  en  oubli  tout  ce  qui  s'était  passé  à  propos  de  leur  nomi- 
nation, en  s'autorisant  surtout  de  la  prière  que  le  premier  président  leur  en 
avait  faite*. 

Lorsque  le  nouveau  chef  du  consistoire  Durtaud  vint,  selon  l'usage,  pré- 
senter ses  compliments  au  palais,  M.  de  Montrabe  lui  fit  une  grave  allocu- 
tion, l'exhortant  à  montrer  les  effets  des  bonnes  intentions  qu'il  témoignait 
envers  la  cour^. 

Les  occasions  de  conflits  ne  tardèrent  pourtant  pas  à  se  présenter. 

Un  règlement  de  la  maison  de  ville  de  Toulouse,  voté  en  1641,  portait 
qu'il  serait  tenu  trois  registres  de  la  levée  des  tailles  pour  chaque  capitoulat, 
l'un  devant  rester  au  pouvoir  du  capitoul  de  la  partie,  le  second,  dans  les 
mains  du  commis  de  quartier.  Se  le  troisième  au  bureau  de  la  maison  de 
ville.  Le  trésorier  de  l'année  1641,  Jean-Louis  Devaux,  ne  s'étant  pas  con- 
formé à  ces  prescriptions,  des  démarches  furent  faites  auprès  de  lui  pour 
obtenir  remise  des  huit  livres  de  tailles  destinés  au  bureau  de  l'hôtel  de  ville. 
Il  refusa  de  les  livrer.  On  l'arrêta.  Il  ne  consentit  pas  davantage  à  subir  un 
interrogatoire  sur  les  actes  de  sa  gestion  8c  se  pourvut  au  Parlement,  qui 
ordonna  sa  translation  des  prisons  capitulaires  à  celles  des  Hauts-Murats. 
Deux  capitouls  allèrent,  sur  l'avis  des  seize,  remontrer  au  premier  président 
que  les  décisions  du  conseil  d'Etat  interdisaient  à  la  cour  la  connaissance  des 
affaires  des  tailles,  Se  demander  la  révocation  de  l'arrêt'*. 

En  même  temps,  Devaux  faisait  agir  auprès  du  conseil  privé  qui  renvoyait 
son  affaire  à  l'intendant.  Bosquet  réclama  aussitôt  l'envoi  des  procédures  &.  la 
remise  du  prisonnier,  déclarant  le  vouloir  garder  dans  les  prisons  de  sa  suite, 
St  donnant  huit  jours  de  délai.  On  dépêcha  une  ambassade  à  l'intendant 

■  Archives  de  Toulouse.  Livre  Jes  Conseils,  XXIV,  '  Malenfant,  Collections  &  remarjaes  du  palais, 

p.  226.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  xi)  mars  III,  p.  88. 

1 645.  ■•Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIV, 

'  Archives  de  Toulouse,  i/vre  i/fj  Co«5d7j,  XXIV,  p.    262.    Conseil   des    Seize.    Séance   du    vendredi 

p.  229.  Conseil  général.  Séance  du   3i  mars  1645.  21  avril  1645. 


1643 


I64â 


ji8  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

|)i>ur  luainlcnir  le  ilu)it  des  capitoiils  d'insnuirc  le  proctis  coininc  premiers 
juges'. 

Devaux  avait  donne  eominc  siens  les  livres  tenus  par  le  commis.  Quand 
on  les  décacheta,  la  fraude  lut  découverte  S;,  en  les  parcourant,  on  y  trouva 
les  preuves  de  sa  mauvaise  toi.  IMusieurs  feuillets  avaient  clé  refaits  ou  inter- 
polés. Des  faux,  des  doubles  emplois,  des  irrégularités  de  toute  nature  révé- 
laient combien  la  perception  de  la  taille  avait  été  vicieuse. 

l'n  des  |)remiers  actes  des  nouveaux  capitouls  fut  de  destituer  le  syndic  de 
la  ville,  Jean  d'Ambelot,  suspect  d'Ctre  à  la  dévotion  du  l'arleinent.  Ils  nom- 
mèrent à  sa  place  Jean  Potier  de  la  Terrasse,  sieur  de  Castelnouvel,  avocat 
5(.  membre  du  conseil  de  bourgeoisie.  Ce  syndic  se  mit  immédiatement  à 
l'œuvre  avec  beaucoup  de  zèle,  poussa  vivement  l'instruction  contre  Pevaux, 
dont  la  culpabilité  devenait  chaque  jour  évidente,  plus  de  soixante  mille 
*  livres  ayant  été  par  lui  dérobées  à  la  ville.  Il  s'occupait  aussi  de  vérifier  les 
arrérages  ilus  par  les  officiers  du  Parlement  Si  autres  personnages  de  marque, 
dépassant  la  somme  de  cent  mille  livres. 

Le  syndic  n'était  pas  le  seul  agent  communal  changé  par  les  capitouls 
de  1645.  lis  avaient  envoyé  leur  procuration  pour  prendre  soin  des  affaires 
de  la  ville  à  un  avocat  près  le  conseil  du  roi,  nommé  de  Combes,  en  rempla- 
cement de  son  confrère  Duborn.  Celui-ci  réclama  contre  sa  révocation,  pré- 
tendant ([u'elle  ne  pouvait  Être  prononcée  que  par  le  conseil  de  bourgeoisie, 
en  présence  des  commissaires  du  Parlement.  On  l'accusait  d'avoir  favorisé  les 
malversations  des  trésoriers  ik  autres  agents  de  finances,  8<.  toutes  les  tristes 
manipulations  i|ui  se  faisaient  en  matière  de  tailles. 

Les  révoqués  intriguèrent  U  Paris,  dans  les  bureaux  du  gouverneur,  ik 
obtinrent  son  intervention.  Le  duc  d'Orléans  écrivit,  le  j6  mai,  aux  capi- 
touls. Des  termes  de  cette  lettre,  qui  leur  fut  remise  par  le  premier  président, 
il  était  facile  d'inlérer  que  le  gouverneur  croyait,  sur  des  rapports  inexacts,  k 
une  destitution  en  masse  de  tous  les  agents  de  la  commune.  11  blâmait  cette 
mesure  {k  demandait  tju'elle  fiit  retirée. 

Les  capitouls  voulurent  porter  leur  embarras  devant  le  conseil  de  bour- 
geoisie} mais,  se  défiant  de  la  coterie  parlementaire,  ils  avancèrent  l'heure  de 
U  convocation  61  n'invitèrent  pas  les  commissaires  de  la  cour;  la  lettre  du 
gouverneur  ayant  été  lue,  l'assemblée,  au  nombre  de  trente-trois  personnes, 
décida  qu'une  dcputaiioii  iiait  jusiilier  les  actes  du  consistoire  auprès  du 
prince. 

Vers  dix  heures  du  matin,  arrivèrent  neuf  bourgeois,  qui,  remarquant 
l'absence  des  commissaires  de  la  cour,  refusèrent  de  prendre  séance  81  sor- 
tirent. 

Pendant  que  Lamamye  de  Villeneuve  81  Cironis  recevaient  mission  de 
partir  au  plus  vite  pour  aller  détromper  le  gouverneur  Si  rentrer  en  posses- 
sion des  lapicrs  relatifs  aux  différends  avec  la  Cour,  le  Parlement  fut  averti, 

'  AT<hiT*>  de  Touloust.  Livrt  Hts  Caitttih,  XXV,  p.  168.  Constil  d*>  Stii*.  Scanc*  du  a^  mai  1645, 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  luj 

à  l'issue  tic  l'audience,  de  ce  qui  se  passait  dans  l'hôicl  de  ville.  La  giand'- 
cliambre  se  retonna  aussitôt  6<,  sous  prétexte  du  trouble  Ik  du  scandale  occa- 
sionnés par  la  procédure  irréguliére  des  capitouls,  leur  manda  incontinent 
l'avocat  général  Marmiesse  pour  dissoudre  l'assemblée. 

Marmiesse  prit  avec  lui  le  clerc  du  registre  secret,  deux  huissiers  &  deux 
clercs  du  parquet.  En  route  ils  rencontrèrent  les  bourgeois  mécontents  (jui 
n'avaient  pas  voulu  siéger  8<.  qui  venaient  porter  plainte.  L'avocat  général 
poursuivit  sa  marche  6t  trouva  les  portes  de  l'hôtel  de  ville  fermées.  On  par- 
lementa quelque  temps,  prétendant  qu'on  avait  égaré  la  clef.  Introduit  enfin 
au  consistoire,  où  capitouls  &c  bourgeois  reprirent  leurs  places,  Marmiesse 
exécuta  sa  commission,  intimant  aux  assistants  l'ordre  de  se  séparer  8c 
d'ajourner  le  conseil. 

Le  chef  du  consistoire,  Durtaud,  répondit  qu'ils  s'allaient  séparer  d'eux- 
mCmes,  l'objet  de  la  délibération  étant  rempli;  ils  n'avaient  pas  cru,  dit-il, 
devoir  communiciuer  leurs  résolutions  à  la  cour,  parce  que  la  cour  était  partie 
dans  l'atfaire.  L'avocat  général  s'emporta  fort  lii-dessus,  protestant  que  la 
cour  n'était  engagée  dans  aucun  procès  &  n'avait  en  vue  que  le  maintien  des 
anciens  ordres  ik  la  concorde  de  tous  les  citoyens;  mais  Durtaud,  sans  se 
troubler,  mit  fin  au  débat,  en  déclarant  que  ses  collègues  8i  lui  cro)aient 
avoir  fait  leur  devoir. 

Le  lendemain,  les  bourgeois  mécontents  demandèrent  audience  à  la  cour. 
Cominihan  porta  la  parole  contre  les  événements  de  la  veille.  Il  dit  qu'on 
avait  choisi,  pour  réunir  le  conseil,  l'heure  où  les  principaux  avocats  étaient 
retenus  au  palais  par  leurs  plaidoiries,  6<.  qu'une  députation  au  duc  d'Or- 
léans ne  pouvait  Ctre  faite  hors  des  conditions  légales.  11  n'oublia  point 
d'ajouter  que  les  bourgeois  venus  avec  lui  composaient  la  plus  grande  &.  saine 
partie  de  la  ville,  !k  que  le  maintien  de  leurs  privilèges  était  indispensable 
au  bien  public. 

Sur  ses  réquisitions,  développées  par  Marmiesse,  la  grand'chambre  8<  la 
tournelle  réunies  annulèrent  la  délibération  du  consistoire,  ainsi  que  la 
nomination  des  deux  députés,  leur  faisant  défense  de  partir,  8<.  au  trésorier 
de  la  ville  de  fournir  des  fonds,  sous  peine  de  suspension  £<,  de  dix  mille 
livres  d'amende.  La  cour  ordonnait  en  outre  qu'un  nouveau  conseil  serait 
tenu,  dans  les  formes  accoutumées,  après  la  Saint-E'xupère  6i  la  Fôte-Dieu, 
pour  y  délibérer  sur  la  lettre  du  gouverneur,  avec  interdiction  aux  capiiDuls 
d'assembler  la  bourgeoisie  pendant  les  heures  d'audience. 

Le  i6  juin,  Tourreil  6i  Caumels,  commissaires  du  Parlement,  se  transpor- 
tèrent à  l'hôtel  de  ville  avec  Fieubet  8t  Marmiesse  pour  y  présider  le  conseil 
de  bourgeoisie  ordonné  le  i3.  Les  portes  étaient  fermées.  On  refusa  de  les 
ouvrir  :  deux  capitouls  sortirent  8c  annoncèrent  c|u'il  n'y  avait  point  de  con- 
seil mandé  8i  qu'on  ne  trouverait  personne  au  consistoire.  Les  commissaires 
ayant  essayé  de  pénétrer  par  le  guichet  cntr'ouvert,  les  soldats  du  guet  leur 
présentèrent  la  pointe  des  hallebardes,  8c  Tourreil  faillit  être  écrasé  entre  les 
battants.  Le  cortège  parlementaire  dut  retourner  au  palais. 


1643 


~^^ 2  20  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  procès-verbal  de  la  scène,  dressé  par  Tourreil,  fut  communiqué  le  len- 
demain aux  chambres  assemblées.  On  décréta  de  prise  de  corps  les  capitouls 
Lamamye,  d'Ambes,  de  Vie  Si  Carrière,  ainsi  que  le  capitaine  du  guet 
Mauruc,  avec  suspension  de  leurs  charges. 

En  même  temps  défense  était  faite  aux  dizeniers,  sous  peine  de  la  vie, 
d'assembler  leurs  dizaines,  ainsi  qu'ils  en  avaient  reçu  l'ordre  des  capitouls. 

Un  grand  nombre  de  gens,  surtout  des  écoliers,  circulaient  dans  les  rues 
portant  des  épées  &  des  pistolets.  Cette  infraction  aux  ordonnances  fournit 
au  corps  capitulaire  l'occasion  de  faire  une  démonstration  publique  à  l'adresse 
de  la  cour. 

Dans  l'après-midi  de  la  même  journée,  il  parcourut  la  ville,  escorté  de  la 
troupe  du  guet,  comptant  plus  de  soixante  hommes  armés  de  mousquets 
&.  de  hallebardes.  C'était  une  façon  de  répondre  au  décret  de  prise  de  corps 
du  Parlement.  Parmi  les  soldats,  on  en  voyait  trois  dont  l'arrestation  avait 
été  prescrite.  Les  capitouls  publièrent  à  tous  les  carrefours  une  ordonnance 
qui  défendait  de  prendre  les  armes  sous  quelque  prétexte  que  ce  pût  être. 

De  son  côté,  la  cour  délégua  des  commissaires  pour  procéder  aux  arresta- 
tions. On  choisit  les  plus  anciens  de  chaque  chambre  &  on  leur  adjoignit  le 
procureur  &  l'avocat  général.  Ils  se  présentèrent  successivement  au  domicile 
des  capitouls,  eurent  beaucoup  de  peine  à  y  pénétrer  &  n'y  trouvèrent  aucun 
de  ceux  qu'ils  cherchaient.  Pour  se  dédommager,  ils  emmenèrent  un  soldat, 
rencontré  dans  la  maison  de  Carrière  &  reconnu  pour  être  l'un  des  hallebar- 
diers  du  guichet.  Ils  l'enfermèrent  aux  prisons  de  la  Sénéchaussée  les  plus 
voisines  du  lieu  où  ils  l'avaient  pris.  Mais  à  peine  étaient-ils  rentrés,  que 
deux  capitouls,  envoyés  par  le  conseil  des  seize  £<  accompagnés  de  cinquante 
hommes  armés,  allèrent  forcer  les  prisons  du  Sénéchal  &  firent  échapper  le 
soldat. 

Les  bourgeois  de  la  faction  parlementaire,  au  nombre  de  trente-cinq, 
retournèrent  au  palais,  accusèrent  les  capitouls  de  continuer  le  désordre  8c 
de  fermer  les  portes  de  l'hôtel  de  ville  pour  empêcher  la  tenue  du  conseil. 
Ce  fut  encore  Cominihan  qui  porta  la  parole.  Il  demanda,  pour  le  corps  de 
bourgeoisie,  la  permission  de  tenir  une  assemblée  hors  du  lieu  ordinaire  des 
séances,  momentanément  inaccessible,  l'envoi  de  commissaires  du  Parlement, 
8t,  en  général,  la  protection  du  roi  Si  de  la  cour. 

Le  Parlement  se  garda  bien  de  refuser  une  autorisation  dont  il  avait  peut- 
être  suscité  la  pensée.  Pour  répondre  à  la  manifestation  des  capitouls,  il  mit 
sur  pied  sa  clientèle  Si  donna  un  grand  éclat  militaire  à  la  publication  de 
ses  arrêts.  Elle  fut  faite,  dans  l'après-midi,  par  le  greffier  criminel,  suivi  du 
personnel  accoutumé,  81  avec  une  escorte  de  mille  à  douze  cents  hommes  en 
armes,  tant  cavaliers  que  fantassins. 

Les  bourgeois  tinrent  conseil  dans  l'hôtel  de  la  Sénéchaussée,  rétablirent 
en  leurs  charges  le  syndic  Si  le  trésorier  81  désavouèrent  tous  les  actes  des 
capitouls. 

Quant  au  Parlement,  il  rendit  le  19  juin  un  arrêt  qui  chargeait  Fieubet 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  221 

8c  Maniban  d'aller  porter  au  roi  les  remontrances  de  la  cour  sur  les  diverses 
entreprises  des  capitouls. 

Les  affaires  prenant  cette  tournure,  les  magistrats  municipaux  décrétés 
d'arrestation  sentirent  qu'ils  ne  pouvaient  rester  en  ville  sans  imprudence.  Ils 
partirent  pour  Paris,  afin  de  porter  leur  cause  devant  le  conseil  du  roi.  L'ad- 
ministration municipale  demeura  donc  aux  mains  de  trois  capitouls,  l'avocat 
Duverger  81  les  marchands  Besset  Se  Seaux. 

Us  assemblèrent  le  conseil  de  bourgeoisie  au  Consistoire.  La  faction  par- 
lementaire y  était  maîtresse  Se  les  commissaires  de  la  cour,  Tourreil  8<.  Cau- 
mels  y  présidaient.  Duverger  fit  un  exposé  des  événements,  se  vanta  d'avoir 
dénoncé  au  premier  président  le  départ  de  ses  collègues  8<.  s'excusa  d'avoir 
pris  part  à  l'expédition  des  prisons  de  Mirabel  en  déclarant  qu'il  n'avait  pas 
prononcé  une  seule  parole.  On  cassa  la  députation  de  Lamamye  &  de 
Cironis,  ainsi  que  la  gratification  de  deux  mille  deux  cents  livres  allouée  à 
Cironis  &  à  Lamamye  père,  à  titre  d'indemnité  8c  de  faux  frais,  on  confirma 
le  rétablissement  d'Ambelot  Se  de  Duborn  Se  l'on  décida  que  le  député  Anne 
de  Ferrières,  alors  à  Paris,  serait  prié  d'aller  trouver  au  plus  tôt  le  duc  d'Or- 
léans pour  lui  faire  des  protestations  d'obéissance.  La  séance  se  termina  par 
des  supplications  à  la  cour,  en  la  personne  de  ses  commissaires,  de  prendre  le 
corps  de  bourgeoisie  sous  sa  protection  Si  de  mettre  les  capitouls  restants  à 
l'abri  de  toute  poursuite  du  juge  criminel,  comme  n'ayant  pris  aucune  part 
volontaire  aux  mauvaises  actions  de  leurs  collègues'. 

L'avocat  général  Maniban,  que  sa  mission  pour  l'affaire  du  juge-mage  rete- 
nait encore  à  Paris,  reçut  le  25  juin  les  instructions  du  Parlement  Se  se  mit 
aussitôt  en  campagne.  II  alla  le  jour  même  à  Saint-Maur  auprès  de  La  Vril- 
lière,  chez  qui  se  trouvait  le  prince  de  Condé,  vit  le  cardinal  Mazarin  8c  le 
chancelier  de  France,  8c  envoya  les  dépêches  du  premier  président  à  tous  les 
ministres,  8c  à  Goulas,  chargé  cette  année  des  affaires  de  la  Province. 

De  son  côté,  Cironis  arrivait  en  poste.  Il  dénonça  au  prince  de  Condé  la 
cause  vraie  de  la  querelle,  qui  était  le  refus  des  parlementaires  de  payer  les 
arrérages  de  leurs  tailles-,  8c  la  protection  qu'ils  donnaient  à  l'ancien  tréso- 
rier Devaux,  justement  poursuivi  à  cause  de  ses  malversations.  Il  ne  ménagea 
pas  dans  ses  attaques  la  personne  de  Maniban,  accusant  l'avocat  général 
d'être  débiteur  de  la  ville  pour  plus  de  deux  mille  livres  8c  d'avoir  sanctionné 
par  sa  signature  les  comptes  du  trésorier  infidèle. 

Maniban  8c  Cironis  se  rencontrèrent,  avec  le  président  de  Gramont, 
le  :6  juin,  dans  la  maison  de  Goulas.  Il  y  eut  entre  les  deux  députés  une 
scène  des  plus  violentes  où  le  parlement  8c  les  capitouls  furent  tour  à  tour 
durement  traités. 

Les  deux  envoyés  de  la  ville  partirent  pour  l'armée  de  Flandre,  où  l'abbé 
de  la  Rivière  refusa  de  les  présenter  au  duc  d'Orléans,  mettant  pour  condi- 

'  Archives  de  Toulouse.  L'ivre  des  Conseils,  23  juin  1645.  —  Pièces  justificatives,  n.  XXV, 
XXV,   p.  178.  Conseil   de  Bourgeoisie,  séance  du       col.  93. 


164.5 


1645 


2  22  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tion  à  cette  faveur  le  rétablissement  immédiat  des  officiers  destitués.  Quel- 
ques jours  après,  Fieubet  qui  venait  de  traverser  Paris,  apportait  au  duc 
d'Orléans,  en  Flandre,  les  remontrances  de  la  cour. 

Le  4  juillet,  la  cour  ordonna  l'enquête  contre  le  trésorier  de  France  Calvet 
que  l'on  accusait  d'avoir  inspiré  l'enlèvement  des  prisonniers  81  d'avoir  assisté 
aux  assemblées  factieuses  de  l'hôtel  de  ville  6c  décréta  Cironis  d'arrestation 
pour  être  parti  en  ambassade  malgré  l'arrêt  de  cassation. 

Le  17,  les  chambres  assemblées  condamnèrent  par  défaut  les  capitouls  fugi- 
tifs à  dix  mille  livres  d'amende  8c  au  bannissement  hors  du  ressort  de  la 
cour,  Dambes  pour  dix  ans,  Lamamye,  Carrière  8c  de  Vie  pour  cinq,  les 
déclarant  pour  jamais  déchus  du  droit  de  bourgeoisie  8c  incapables  de  tenir 
des  charges  publiques. 

Par  une  disposition  spéciale,  qui  fut  inscrite  au  registre  secret,  la  cour 
s'engageait  à  ne  recevoir  jamais  fils  8c  petit-fils  des  quatre  condamnés  en 
l'office  de  conseiller  ou  de  président.  On  fermait  ainsi  les  portes  de  la  com- 
pagnie souveraine  à  trois  générations. 

Sur  ces  entrefaites,  Lamamye  8c  Cironis  ne  perdaient  pas  leur  temps  à 
Paris  8c  agissaient  dans  le  cabinet  de  la  régence.  Le  duc  d'Orléans  se  trou- 
vait alors  en  marche  à  la  tête  de  l'armée.  On  le  poursuivit  jusqu'au  milieu 
de  son  camp.  Il  répondit  qu'il  voulait  une  transaction  8c  que  la  nouvelle 
instance  devait  être  jointe  à  celles  qu'avaient  en  main  les  arbitres  de  son 
choix.  Le  procureur  général  Fieubet  l'étant  allé  consulter  à  Gravelines,  le 
prince  lui  parla  dans  le  même  sens,  engageant  la  compagnie  à  recevoir  la 
satisfaction  des  capitouls.  Il  manifestait  l'espérance  que  sa  lettre  apporterait 
le  calme  8c  le  désir  de  rétablir  la  paix  dans  la  ville  par  son  entremise. 

Ayant  fait  les  capitouls,  il  était,  disait-il,  obligé  de  les  maintenir  pour 
conserver  son  autorité  qui  aurait  été  blessée  s'ils  avaient  été  destitués  avant 
la  fin  de  leur  année;  il  exigeait  donc  leur  rétablissement. 

Sur  le  point  de  remettre  les  procédures,  Fieubet  hésita,  déclarant  qu'il  ne 
se  croyait  pas  autorisé  à  cette  démarche.  L'orgueil  du  Parlement  se  soulevait 
à  la  seule  pensée  de  se  voir  traité  sur  un  pied  d'égalité  avec  des  gens  qu'il 
qualifiait  de  subalternes  &c  de  justiciables.  Les  capitouls,  arrivés  à  Paris, 
intercédèrent  auprès  du  chancelier  8t  firent  présenter  leur  requête  au  roi  pour 
obtenir  arrêt  du  conseil. 

La  minute  de  cet  arrêt  fut  dressée  par  Goulas  &c  La  Vrîllière,  sur  les  ordres 
secrets  du  gouverneur.  Avertis  de  l'affront  qui  menaçait  la  cour,  Maniban  Se 
Fieubet  allèrent  montrer  une  incrédulité  jouée  au  secrétaire  des  commande- 
ments, récriminant  contre  l'impudence  des  capitouls  qui  annonçaient  partout 
un  arrêt  de  décharge.  Goulas  déplaça  la  question,  dit  que  le  prince  de  Condé 
&c  les  ministres  avaient  rudement  traité  les  magistrats  toulousains  pour  la 
révocation  de  leur  trésorier  8c  de  leur  syndic,  mais  que  l'on  ne  pouvait  souf- 
frir les  décrets  de  saisie  lancés  contre  eux;  qu'il  fallait  d'ailleurs  remettre  au 
plus  vite  les  productions  à  Bignon  8c  à  La  Marguerie  qui  prononceraient  de 
concert  avec  le  conseiller  d'État  Tubeuf,  intendant  des  finances. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  228 

Dans  le  cas  où  le  Parlement  n'accepterait  pas  la  satisfaction  réglée  par  les 
arbitres,  ceux-ci  avaient  ordre  d'en  faire  rapport  au  conseil  &  de  conclure  au 
rétablissement  des  capitouls  dans  leurs  charges. 

Maniban  Se  Fieubet  se  récrièrent.  Ils  ne  pouvaient  entendre  à  aucun  traité. 
Leur  mandat  se  réduisait  à  demander  justice  de  l'injure  commise  par  de  petits 
magistrats  municipaux.  Ils  regardaient  comme  un  crime  de  faire  autre  chose. 
Goulas  leur  fit  pourtant  promettre  qu'ils  engageraient  l'avocat  général  de 
Lussan,  leur  collègue,  à  suspendre  les  saisies. 

Les  députés  du  Parlement  sollicitaient  sans  relâche  auprès  des  grands  sei- 
gneurs 8c  des  ministres,  noircissant  de  leur  mieux  leurs  adversaires  &  faisant 
ressortir  surtout  le  danger  de  guerre  civile  qui  aurait  pu  résulter  de  l'arme- 
ment des  dizaines,  si  la  modération  de  la  cour  n'y  avait  mis  obstacle.  Ils  se 
flattaient  déjà  d'un  heureux  succès  lorsque  fut  connu  à  Paris  l'arrêt  du 
17  juillet,  portant  la  peine  de  bannissement  contre  les  capitouls  fugitifs. 

Goulas  montra  aux  deux  magistrats  le  mécontentement  le  plus  vif,  s'in- 
digna qu'une  mesure  aussi  violente  eût  été  prise  après  la  prière  d'accommo- 
dement adressée  par  Son  Altesse,  déclara  que  le  duc  d'Orléans  ne  s'attendait 
pas  à  se  voir  aussi  maltraité  par  la  compagnie,  qu'il  en  garderait  mémoire,  8c 
qu'on  ne  devait  plus  attendre  ni  bon  office  ni  entremise.  Il  fut  encore  plus 
énergique  dans  un  second  entretien. 

Du  reste,  le  Parlement  était  trahi  par  quelques-uns  de  ses  membres.  Des 
correspondances  actives  entre  Toulouse  Se  Paris  mettaient  les  ministres  au 
courant  des  moindres  démarches  de  la  cour  8c  faisaient  de  ses  projets  de  résis- 
tance l'objet  de  toutes  les  conversations.  Cependant  le  prince  de  Condé  pres- 
sait la  solution  de  l'affaire.  Sur  de  nouvelles  instances,  8c  pour  se  donner,  en 
cas  d'insuccès,  le  droit  de  dire  que  l'arrêt  était  rendu  sans  avoir  entendu  le 
Parlement,  les  magistrats  remirent  leurs  procédures,  non  pas  aux  commis- 
saires du  conseil,  mais  au  secrétaire  d'Etat  La  Vrillière,  sous  prétexte  de  mon- 
trer les  pièces  à  la  reine. 

Le  gouverneur  écrivit  encore  pour  le  renvoi  des  capitouls  à  leurs  charges. 
Alors  le  prince  de  Condé,  se  trouvant  au  conseil  de  direction,  pria  les  com- 
missaires de  faire  leur  rapport,  adjoignant  à  eux  le  conseiller  d'État  Tubeuf 
surintendant  des  finances.  Maniban  8c  Fieubet  recoururent  au  cardinal  pour 
que  l'affaire  fût  jugée  au  conseil  d'en  haut,  8c  non  pas  au  conseil  des  finances. 
Mazarin  envoya  par  deux  fois  au  chancelier,  le  sieur  de  Lastronques,  un  de 
ses  gentilshommes,  pour  donner  cette  satisfaction  au  Parlement.  Bignon  avait 
achevé  son  rapport  8c  commençait  d'opiner,  lorsque  la  séance  fut  suspentlue 
par  commandement  de  la  reine.  Le  prince  remit  l'affaire  au  lendemain.  Les 
députés  du  Parlement  obtinrent  encore  par  adresse  un  délai  de  dix  jours,  qui 
expirait  au  14  août.  On  avait  tait  croire  à  la  régente  que  le  procureur  général 
était  muni  de  pleins  pouvoirs  pour  traiter  8c  qu'il  viendrait  en  personne  lui 
faire  son  rapport. 

De  leur  côté,  les  capitouls  cherchaient  à  voir  le  cardinal.  Ils  en  furent 
d'abord  empêchés  par  l'habileté  de  Lastronques,  que  l'évêque  de  Rieux  avait 


1645 


■— 2  24  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

gagné  à  la  cause  parlementaire.  Puis  l'archevêque  de  Narbonne  les  fit  pré- 
senter par  l'abbé  Aubri. 

Comme  ils  devaient  être  aussi  reçus  par  la  reine,  Maniban  ne  voulut  pas 
leur  laisser  l'avance  &  se  fit  admettre  au  petit  lever.  Il  discourut  longuement 
sur  les  événements  de  juin,  montra  la  justice  flétrie  &  abattue  par  la  témé- 
rité de  magistrats  inférieurs,  n'oublia  point  les  hallebardes  ni  la  convocation 
des  dizaines,  disant  que  pareille  violence  ne  s'était  vue  depuis  l'époque  de  la 
Ligue.  Il  fit  une  plaidoirie  en  règle  sur  l'utilité  de  la  hiérarchie  &  maltraita 
fort  V  les  petits  magistrats  qui  n'ont  que  la  direction  de  la  petite  police.  » 

Durant  ces  pourparlers,  Cironis  était  allé  à  l'armée  de  Flandres.  Il  remit  à 
l'abbé  de  la  Rivière  les  lettres  écrites  de  Toulouse  qui  annonçaient  l'arrêt  de 
bannissement.  Le  duc  d'Orléans  écrivit  aussitôt  à  Mazarin  de  ne  plus  s'occuper 
de  l'affaire  &  de  la  laisser  juger  par  le  conseil  des  finances. 

Les  réponses  du  Parlement  n'arrivaient  pas.  Circonvenu  de  nouveau  pour 
retarder  la  solution,  Mazarin  répliquait  qu'il  n'y  pouvait  rien  &  qu'il  s'atti- 
rerait inutilement  l'inimitié  du  duc  d'Orléans  &  du  prince  de  Condé. 

Maniban  saisit  le  moment  où  ce  dernier  recevait  les  félicitations  de  la 
Cour  au  sujet  de  la  victoire  du  duc  d'Enghien  à  Nordlingue,  pour  lui  arracher 
encore  quelques  heures  de  répit.  Il  l'aborda  de  nouveau,  au  retour  du  Te 
Deum,  &  le  voyant  en  belle  humeur,  le  pria  de  renvoyer  les  capitouls  au 
Parlement,  avec  promesse  qu'ils  en  seraient  favorablement  traités.  Condé  s'en 
défendit,  mais  promit  de  faire  insérer  dans  l'arrêt  que  les  capitouls  deman- 
deraient pardon  de  leur  injure,  ce  dont  Maniban  fut  si  joyeux  qu'il  lui 
embrassa  la  jambe.  Mais  le  lendemain,  ce  fut  un  autre  langage.  Goulas, 
parlant  au  nom  de  son  maître,  ne  voulut  pas  de  clause  pareille,  &  dit  qu'elle 
ferait  l'objet  d'un  retentum  &  qu'on  l'indiquerait  verbalement  aux  capitouls. 

Le  premier  président  pressait  les  trois  capitouls,  demeurés  en  charge,  d'as- 
sembler la  bourgeoisie  pour  y  faire  désavouer  l'évocation  générale,  objet  de 
tant  de  querelles.  Seaux  &  Besset,  qui  appartenaient  à  la  faction  des  absents, 
refusaient  de  s'y  prêter  en  l'absence  de  leurs  collègues,  alléguant  le  petit 
nombre  de  bourgeois  que  l'on  parviendrait  à  rassembler.  Alors  le  Parlement 
changea  de  tactique  &  parla  de  proposer  diverses  affaires  de  moindre  impor- 
tance qui  ne  demandaient  pas  une  assistance  nombreuse. 

Le  conseil  fut  tenu  le  i*"^  août.  Tourreil,  Caumels,  Marmiesse  y  assistaient 
avec  quelques  officiers  &  les  vingt-cinq  bourgeois  de  leur  parti.  Tous  les 
membres  de  la  bourgeoisie  qui  n'étaient  pas  du  complot  avaient  été  prévenus 
de  ce  qui  se  tramait  &  ne  parurent  pas  à  la  séance.  On  commença  par  exposer 
deux  points  secondaires  qui  avaient  servi  de  prétexte  à  la  convocation,  le 
payement  d'une  faible  somme  au  trésorier  de  l'hôpital  &  la  réduction  de  la 
compagnie  du  guet,  quand  l'avocat  général  Marmiesse  annonça  que  le  prési- 
dent de  Gramont  était  dans  le  grand  consistoire  8c  demandait  d'être  entendu. 

Gramont  raconta  que  le  duc  d'Orléans  lui  avait  donné  en  mains  propres 
une  lettre  de  créance  adressée  aux  capitouls  &  que,  dès  son  arrivée  à  Tou- 
louse, il  avait  remis  cette  lettre  à  Duverger.  Cette  lettre  ne  se  trouva  point; 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  2  25 

Duverger  disait  qu'elle  était  au  pouvoir  de  son  collègue  Seaux,  absent  du 
conseil.  Le  président  n'en  exposa  pas  moins  sa  créance,  déclarant  qu'il  avait 
charge  d'exhorter  la  ville  à  la  paix.  «  Son  Altesse  Royale,  dit-il,  désire  que 
«  tous  les  différends  qui  sont  entre  le  parlement  8c  la  ville  se  terminent  par  la 
«  voie  de  la  douceur.  »  Abordant  ensuite  le  fait  essentiel,  il  représenta  que 
l'évocation  générale  étant  un  moyen  d'entretenir  la  désunion,  l'intention  du 
gouverneur  penchait  à  convenir  d'un  arrangement  qui  pût  rétablir  la  paix. 
Il  avait  écrit  à  la  cour  dans  le  même  esprit. 

Au  point  de  vue  du  Parlement,  l'arrangement  était  simple.  Il  consistait  ni 
plus  ni  moins  à  faire  abandon  de  l'évocation  générale. 

Le  conseil,  uniquement  composé  de  bourgeois  de  la  faction  parlementaire 
&  en  majeure  partie  d'avocats  postulants  St  consultants,  &  de  gens  vivant  du 
palais,  n'eut  garde  d'y  contredire. 

Vainement  le  capitoul  Besset  voulut  protester  contre  l'introduction  inci- 
dente d'une  aussi  grave  matière,  qui  n'était  point  portée  à  l'ordre  du  jour,  8< 
affirma  que  le  droit  de  proposition  appartenait  exclusivement  au  capitoul 
présidant  l'assemblée.  On  répondit  à  ses  objections  de  légalité  par  un  vote. 
L'assistance  entière,  moins  deux  voix,  —  la  seconde  était  celle  d'un  bour- 
geois, nommé  Busquet,  —  décida  qu'elle  désavouait  l'évocation  générale  pré- 
cédemment obtenue  par  Cironis.  La  faction  parlementaire  rendait  ainsi  à  la 
cour,  en  lui  livrant  les  affaires  de  la  ville,  les  bons  offices  qu'elle  en  avait 
reçus.  On  donna  pour  raison  de  ce  désaveu  «  les  inconvéniens  provenus  de 
«  ladite  évocation  générale  &  les  préjudices  que  aucuns  des  bourgeois  en  ont 
«  souffert  &  en  souffrent.  »  Pour  donner  à  cette  complaisance  les  dehors  d'un 
acte  spontané,  prière  dut  être  faite  au  Parlement  de  vouloir  bien  recevoir 
désormais  les  causes  de  la  bourgeoisie,  tant  aux  chambres  de  la  cour  qu'en 
celle  des  requêtes.  Une  députation  de  dix  membres  alla  porter  cette  bonne 
nouvelle  au  Parlement,  tandis  qu'on  expédiait  sans  retard  la  délibération  à 
Paris.  Deux  bourgeois  de  la  faction  en  avaient  eux-mêmes  dicté  les  termes 
au  secrétaire  du  conseil  '. 

Cette  délibération  fit  beaucoup  de  bruit.  L'avocat  Pierre  Daure,  ancien 
secrétaire  du  roi,  rédigea,  en  collaboration  de  Besset,  demeuré  en  charge, 
un  acte  de  protestation  sous  forme  de  procès-verbal,  qui  tut  dressé  par  notaire 
&  remis  aux  mains  de  l'avocat-général  Marmiesse. 

L'acte  était  fait  au  nom  des  capitouls  Seaux  &  Besset.  Il  mettait  en  lumière, 
avec  une  netteté  cruelle,  la  cause  vraie  de  tout  le  désordre,  le  refus  persistant 
de  payer  les  tailles,  S<.  faisait  ressortir  l'illégalité  de  la  délibération,  aucun 
conseil  important  ne  pouvant  être  tenu,  d'après  les  usages  de  l'hôtel  de  ville, 
sans  la  présence  d'au  moins  cinq  capitouls.  La  lecture  de  cette  pièce  causa  de 
violents  orages  au  palais.  Les  décrets  d'arrestation  éclatèrent  sans  relâche  : 
capitouls,  avocats,  notaire,  en  furent  successivement  frappés. 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  i'' août  164.').  —  Malenfanf,  Collections  &  remar- 
XXIV,  p.  284.  Conseil  de   Bourgeoisie,   scince   di        ^ucs  ,lu  palais,  III,  p.  23|. 

XIIT.  i5 


1645 


lô^â 


226  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Pierre  Daure,  en  sa  robe  d'avocat  &  les  fers  aux  pieds,  dut  répondre  sur  la 
sellette  des  calomnies,  suppositions  &  diftamations  que  le  procureur  général 
lui  i;nputait,  8c  qui  n'étaient,  en  définitive,  que  le  récit  exact  des  événements. 
On  n'osa  pourtant  pas  pousser  l'iniquité  jusqu'au  bout,  &  la  cour  se  contenta 
d'ordonner  un  supplément  d'instruction. 

Cependant,  le  procureur  général  revint  de  Paris.  Il  avait  vu  le  duc  d'Or- 
léans, qui  demandait  une  transaction  entre  le  parlement  8c  la  ville,  à  condi- 
tion, toutefois,  que  le  Parlement  fût  satisfait.  Cette  formule  parut  vague.  On 
résolut  d'écrire  à  Maniban,  encore  à  Paris,  que  Messieurs  de  la  cour  n'ayant 
agi  contre  les  capitouls  qu'en  qualité  de  juges  n'attendaient  de  leur  part 
aucune  satisfaction,  mais  leur  obéissance  aux  arrêts  8c  leur  comparution  à  la 
barre.  Cela  fait,  on  aurait  telle  considération  qu'on  aviserait  pour  les  traiter 
favorablement. 

En  même  temps,  des  lettres  pressantes  furent  adressées  à  la  reine-mère,  au 
duc  d'Orléans,  au  prince  de  Condé,  au  cardinal  Mazarin,  au  chancelier,  au 
secrétaire  d'Etat  de  la  Province. 

On  y  invoquait  l'appui  de  toutes  les  puissances  pour  relever  le  prestige 
de  la  cour,  affaibli  par  l'enfeprise  des  capitouls.  «  Quand  Sa  Majesté  ou 
«  Son  Altesse  Royale  nous  regardent  d'un  œil  favorable,  écrivait  la  cour  à  la 
(i  reine  Anne  d'Autriche,  il  nous  rend  puissants  à  les  servir,  8c  ce  peu  de 
((  créance  que  les  peuples  ont  en  nous  augmente  ou  diminue  comme  vos 
«  faveurs  8c  vos  grâces.  »  Au  chancelier  de  France,  elle  disait  :  «  Notre  compa- 
«  gnie  vous  supplie  très-humblement,  Monseigneur,  de  ne  souffrir  pas  qu'on 
<(  la  rende  impuissante  à  servir  le  roi  en  faisant  voir  au  peuple  qu'elle  n'a  pas 
«  l'autorité  de  rendre  la  justice  aux  capitouls  de  Toulouse,  8c  que  ces  petits 
c(  magistrats  populaires  trouvent  de  l'appui  contre  elle  par-delà.  Vous  y  êtes, 
«  Monseigneur,  plus  intéressé  que  tous  comme  chef  de  la  justice  de  France.  » 

Les  capitouls  en  exercice  demeuraient  réduits  à  deux  par  le  décret  lancé 
contre  Besset.  Mais  des  deux  restants,  Duverger  était  le  seul  qui  appartînt 
de  cœur  à  la  faction  parlementaire.  Son  collègue  Seaux  lui  rendait  la  vie  dure 
ou  du  moins  Duverger  s'en  plaignait,  8c,  à  la  suite  d'une  violente  scène  qui 
se  passa  aux  prisons  de  l'hôtel  de  ville,  à  propos  de  l'arrestation  du  trésorier 
Malespine,  ordonnée  par  Duverger  pour  cause  d'irrévérence,  la  cour  décréta 
prise  de  corps  contre  Seaux'. 

Des  huit  capitouls  nommés  par  lettre  de  cachet,  il  n'en  restait  donc  plus 
qu'un  seul.  Duverger  présida  solitairement  les  deux  conseils  de  bourgeoisie 
tenus  le  16  8c  le  19  septembre*.  Mais  son  règne  ne  devait  pas  être  long.  Le 
conseil  du  roi  s'était  déjà  prononcé. 

Par  arrêt  donné  à  Paris,  en  présence  du  roi  8c  de  la  régente,  le  28  août  1645, 
le  conseil  évoquait  toutes  les  procédures  faites  par  la  cour  de  Toulouse  contre 
les  capitouls  8c  les  autres  prévenus  à  cause  des  événements  de  juin,  annulait 
à  la  fois  les  arrêts  du  Parlement,  les  délibérations  de  l'hôtel  de  ville  Se  les 

'Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conieils,  III,  p.  i5i.     "  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIV. 


LIV.  I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  227 

procès-verbauK  des  capitouls,  déchargeait  les  prévenus  des  poursuites  com- 
mencées &  donnait  mainlevée  de  leurs  biens;  rétablissait  enfin  les  capitouls 
bannis  dans  l'exercice  de  leurs  charges,  pour  toute  la  durée  de  l'année  capi- 
tulaire,  en  leur  enjoignant  seulement  de  se  comporter  avec  révérence  envers 
les  présidents  8c  les  conseillers  de  la  cour.  Le  même  arrêt  portait  réinstallation 
d'Ambelot  8c  de  Duborn  comme  syndic  8c  avocat  de  la  ville  au  conseil  du  roi. 

La  décision  du  conseil  était  fondée  sur  ce  que  des  arrêts  de  i566  8c  de  lôiS, 
réglant  les  privilèges  des  capitouls,  les  autorisaient  à  tenir  des  conseils  de  ville 
sans  la  présence  des  commissaires  du  Parlement,  lorsque  les  délibérations 
avaient  pour  objet  des  différends  avec  cette  compagnie.  C'était  le  cas  de  la 
séance  du  12  juin  où  l'on  devait  traiter  l'affaire  des  tailles  Se  de  l'évocation 
générale.  Les  procès-verbaux  dressés  par  les  capitouls  montraient  aussi  qu'ils 
avaient  essuyé  diverses  violences  de  la  part  des  gens  qui  suivaient  les  con- 
seillers, Se  qu'étant  les  plus  forts,  ils  n'avaient  pas  fait  usage  de  leurs  armes. 
Le  rapport  même  du  chirurgien,  déclarant  que  la  blessure  de  Tourreil  n'était 
qu'une  contusion  de  la  grosseur  d'une  noisette,  enlevait  tout  caractère  tragi- 
que à  l'événement. 

Du  reste,  l'expédition  définitive  de  l'arrêt  traîna  quelques  jours,  pendant 
lesquels  il  y  fut  apporté  diverses  modifications.  Maniban  y  fit  introduire 
d'abord  des  adoucissements  pour  la  cour;  Mazarin  s'y  montrait  favorable, 
disant  que  le  feu  était  en  Languedoc  8c  que  la  continuation  du  désordre  dans 
la  capitale  de  la  Province  pouvait  avoir  les  suites  les  plus  sérieuses.  Au  con- 
traire, sur  l'avis  de  M.  de  La  Marguerie  la  reine  fit  aggraver  la  rédaction 
primitive  en  ajoutant  que  le  Parlement  maintiendrait  les  capitouls  dans  leurs 
droits  Se  privilèges,  que  la  délibération  tenue  le  i*'  août  à  l'hôtel  de  ville, 
d'autorité  de  la  cour,  serait  cassée  comme  les  autres,  8c  enfin  que  les  capitouls, 
syndics  8c  bourgeois  seraient  payés  sur  les  deniers  patrimoniaux  de  la  ville, 
des  frais  de  leur  voyage  à  Paris.  Cette  dernière  clause  était  la  plus  dure 
pour  l'orgueil  du  Parlement.  Maniban  réussit  à  convaincre  Mazarin  qu'elle 
serait  considérée  comme  un  encouragement  à  la  rébellion  8c  qu'elle  entraî- 
nerait de  sinistres  conséquences.  Le  chancelier  la  biffa  de  sa  main  à  la 
minute. 

L'avocat  général,  qui  avait  reçu  de  Toulouse  des  instructions  plus  conci- 
liantes, se  donna  encore  beaucoup  de  mal  auprès  des  puissances,  dépêcha 
courrier  sur  courrier  au  duc  d'Orléans,  à  l'abbé  de  la  Rivière.  Mais  les  mou- 
vements de  l'armée  ne  rendaient  pas  les  communications  faciles,  Gaston,  que 
l'on  cherchait  à  Gravelines,  en  était  parti  pour  le  siège  de  Béthune,  8c  l'en- 
nemi occupait  les  passages.  Les  dépêches  revinrent  à  Paris  8c  furent  expé- 
diées à  nouveau  par  Arras.  Mais  alors  le  duc  d'Orléans  rentrait,  8c  dans  les 
embarras  de  sa  marche  refusait  de  s'occuper  d'affaires. 

En  arrivant,  à  Paris,  il  trouva  Maniban  au  Luxembourg,  qui  lui  renouvela 
les  remontrances  du  Parlement  8c  promit  au  nom  de  la  compagnie  d'absoudre 
les  capitouls,  pourvu  qu'ils  lui  fussent  renvoyés.  Le  duc  insista  sur  le  désir 
qu'il  avait  de  rétablir  la  paix  81  l'union  dans  la  ville.  L'abbé  de  la   Rivière 


(645 


i6<)5 


228  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

fut  très-aigre,  8t  prétendit  que  la  mauvaise  conduite  de  la  cour  avait  été 
intentionnelle. 

Toutefois  l'avocat  général  avait  fini  par  obtenir  la  faveur  de  dresser  un 
projet  d'arrêt  retirant  le  privilège  d'évocation  générale,  lorsque  l'on  connut  à 
Paris  les  détails  de  l'affaire  Daure,  l'emprisonnement  du  notaire,  la  compa- 
rution sur  la  sellette,  les  fers  aux  pieds,  &  les  décrets  de  prise  de  corps  lancés 
contre  Seaux  &  Besset.  Rien  ne  put  alors  tempérer  la  fureur  de  l'abbé  de  la 
Rivière.  Il  reprocha  durement  à  l'avocat  général  de  lui  avoir  porté  des  paroles 
de  soumission  &  de  respect  au  nom  de  la  cour,  pendant  que  le  Parlement 
continuait  ses  offenses  Si  chassait  de  la  ville  des  gens  que  le  duc  d'Orléans 
avait  établis  dans  leurs  charges.  Le  prince  de  Condé  enjoignit  à  La  Vrillière 
d'expédier  l'arrêt  sans  retard,  &  Maniban  apprit  de  la  bouche  de  Goulas  que 
l'idée  de  retirer  l'évocation  générale  était  abandonnée  &c  qu'on  n'y  reviendrait 
qu'après  le  rétablissement  des  capitouls  &  la  complète  pacification  '. 

Le  Parlement,  informé  par  ses  correspondants  parisiens  de  l'issue  qu'aurait 
l'affaire  &  sachant  que  les  capitouls  recevraient  l'ordre  de  faire  au  palais  une 
démarche  de  courtoisie,  voulut  du  moins  se  donner  le  plaisir  de  les  humilier. 
Il  résolut  donc,  le  12  septembre,  que  leurs  satisfactions  ne  seraient  pas  reçues 
par  la  chambre  des  vacations  &  qu'on  les  renverrait  après  la  Saint-Martin 
d'hiver. 

Lamamye  &  de  Vie  s'étant  en  effet  présentés  le  5  octobre,  le  premier  pré- 
sident, sans  les  laisser  parler,  leur  dit  que  la  chambre  n'était  établie  que  pour 
la  punition  des  crimes  &  leur  donna  rendez-vous  en  la  cour  pleine  8c  séante^. 

Quelques  jours  après,  les  capitouls  firent  signifier  au  palais  l'arrêt  du 
conseil  qui  les  remettait  en  possession  de  leurs  charges.  Dès  le  27  octobre,  ils 
avaient  repris  leurs  sièges  au  conseil  de  bourgeoisie 3.  Un  second  arrêt  donné 
à  Fontainebleau,  le  23  septembre,  associait  Seaux  8t  Besset  aux  avantages 
obtenus  par  leurs  confrères. 

Le  lendemain  de  la  rentrée  du  Parlement,  quatre  capitouls  se  présentèrent 
pour  faire,  en  même  temps  que  la  salutation  traditionnelle,  les  soumissions  que 
le  duc  d'Orléans  leur  avait  prescrites.  La  cour  s'était  inquiétée  à  l'avance  de 
leur  préparer  une  réception.  Ils  n'eurent  affaire  qu'à  un  garde-sacs  qui  leur 
dit  :  «  La  cour  ne  vous  veut  point  ouïr,  retirez-vous.  » 

Le  premier  acte  des  chambres  assemblées  fut  d'ailleurs  d'ordonner  des 
remontrances  contre  l'arrêt  du   28  août. 

Outre  la  grande  affaire  du  capitoulat  &  celle  du  droit  de  confirmation,  le 
Parlement  s'était  trouvé  en  conflit  avec  le  pouvoir  ministériel,  dans  le  cou- 
rant de  l'année,  à  l'occasion  des  lieutenants  généraux  de  Languedoc.  On  se 
rappelle  que  l'acte  royal  qui  conférait  une  autorité  supérieure  au  maréchal 
de  Schomberg,  sous  le  gouvernement  du  duc  d'Orléans,  semblait  indiquer  la 

■  Maniban  fit  son   rapport  à  la  cour  le  22  no-  '  Malenfant ,  Collections   &  rcmar<jues   du  ptilals, 

vembre  1645.  —  Le  greffier  Malenf.Tut  (^Collections  III^  p.   1.03. 

&  remarques   da  palais,  III,  pp.    167-226)    raconte  '  Livre  des  Conseils,  XXIV,  p.  289.  Bourgeoisie, 

ces  intrigues  avec  grand  détail.  27  octobre  16/],'). 


LIV.  1.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  2-9 

suppression  des  trois  commandants  provinciaux.  Cette  suppression  n'ayant 
pas  eu  lieu,  lorscjuc  les  provisions  du  maréchal  turent  présentées  au  Parle- 
ment, l'avocat  général  Marmiesse  demanda  que  MM.  d'Arpajon,  d'Ambres  & 
de  Tournon  perdissent  au  moins  leur  siège  8c  leur  voix  délibérative  en  la 
cour  souveraine.  Comme  on  prévoyait  que  ce  changement  ne  s'obtiendrait 
pas  sans  difficulté,  la  grand'chambre  ne  voulut  pas  en  décider  seule,  &  une 
assemblée  générale  ayant  été  tenue,  arrêta  que  le  seul  gouverneur  de  la 
Province  obtiendrait  les  honneurs  du  siège  ;  mais  l'esprit  d'opposition  du 
Parlement  n'excluant  pas  la  prudence,  on  se  contenta  d'inscrire  cet  arrêt 
au  registre  secret  ' . 

Les  personnages  appuyés  à  la  cour  de  la  régente  ne  manquaient  jamais  de 
parchemins  officiels  pour  sanctionner  leurs  prétentions.  Des  lettres  patentes 
spéciales  autorisèrent  les  trois  lieutenants  généraux  à  occuper  au  Parlement, 
comme  aux  Etats,  la  place  qu'on  leur  refusait.  Nouvelle  proposition  d'enre- 
gistrement portée  au  palais,  nouvelle  résistance  des  parlementaires  qui,  cette 
fois,  rendent  un  arrêt  formel^.  Mais  si  les  intendants  avaient  une  protection 
efficace  dans  le  ministère  pour  se  défendre  contre  les  entreprises  des  compa- 
gnies de  justice,  les  lieutenants  généraux,  tous  grands  seigneurs,  connus  dans 
les  armées  Si  protégés  par  l'esprit  de  corps  de  la  noblesse  française,  n'étaient 
pas  non  plus  réduits  à  leurs  propres  forces,  surtout  depuis  que  le  prince  de 
Condé  &  les  autres  représentants  du  parti  féodal  pouvaient  parler  haut  dans 
le  cabinet  de  la  reine.  Il  fut  donc  expédié,  le  10  juin,  des  lettres  patentes 
qui  ordonnaient  au  Parlement  de  Toulouse  «  par  première  8t  dernière  jus- 
ce  sion  )>  8t  sans  s'arrêter  à  son  arrêt  du  25  avril,  d'enregistrer  purement  Se 
simplement  la  déclaration  du  10  mai  1644. 

Les  chambres  assemblées  reçurent  communication  de  l'acte  royal  8c  per- 
sistèrent dans  leur  refus.  Les  termes  de  l'arrêt  portent  que  «  la  cour,  ouï 
«  sur  ce  le  procureur  général  du  roi,  a  ordonné  St  ordonne  n'y  avoir  lieu 
«  d'enregistrer  lesdites  lettres  patentes  ^.  » 

Ces  dispositions  hostiles  du  Parlement  n'étaient  point  une  nouveauté  pour 
le  pouvoir  royal  5  nous  les  avons  vues  renaître  dès  le  début  de  la  régence  8c 
s'autoriser  des  embarras  d'une  minorité  pour  mettre  en  péril  les  institutions 
les  plus  nécessaires  à  la  bonne  administration  du  royaume.  Mais,  si  elles 
étaient  peu  redoutables  quand  elles  n'avaient  pour  motif  avoué  que  des  inté- 
rêts de  corporation  8c  le  maintien  d'usurpations  tolérées  pendant  le  désordre 
des  guerres,  elles  prenaient  une  autre  importance  lorsque  la  souffrance  réelle 
des  peuples,  la  rigueur  des  exactions  8c  la  mauvaise  conduite  des  troupes 
donnaient  matière  à  des  remontrances,  &c  ((ue  l'ambition  des  magistrats  se 
trouvait  secondée  par  le  malaise  du  pays. 

Or  telle  était  en  ce  moment  la  situation  de    la  Province.  Il   n'est  point 

'  Mnlenfant,  Collçctions  &  remarques  du  palais,  '  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  do  Par- 

III,  p.  73.  L'arrêté  fut  pris   le   lo  décembre  1644.  lement  de  Toulouse.   Affaires  du  roi  &  du  public, 

'  Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  du  26  aytW  I,  p.  449. 
164"!. 


164Ô 


~ ;3o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUll  LE  LANGUEDOC. 

douteux  que  la  perception  de  tous  les  impôts  &  en  particulier  celle  des  nou- 
velles taxes,  confiée  à  des  traitants,  s'opérait  avec  une  violence  inouïe.  Le 
cardinal  Mazarin  conseillait  bien  aux  intendants  d'éviter  autant  que  possible 
de  faire  intervenir  les  gens  de  guerre  dans  ces  levées  déjà  si  onéreuses  par 
elles-mêmes;  mais,  tout  en  recommandant  d'user  des  formes  les  plus  douces 
que  la  nécessité  des  affaires  permettrait,  il  admettait  pourtant  l'hypothèse  où 
la  résistance  des  tail labiés  exigerait  l'emploi  de  la  force. 

Les  agents  subalternes  de  l'exploitation  des  fermes  ne  s'en  faisaient  faute. 
Tantôt  on  les  voyait,  malgré  les  traditions  locales,  saisir  jusqu'au  grain  des- 
tiné pour  les  semailles  &  jusqu'au  bétail  de  labourage,  tantôt  démolir  la  toi- 
ture des  maisons,  enlever  les  portes  6c  les  fenêtres  St  les  rendre  inhabitables, 
tantôt,  sous  prétexte  de  contrainte  solidaire,  arrêter  des  marchandises  dont 
les  propriétaires  avaient  acquitté  déjà  leurs  obligations  envers  le  fisc.  Aussi  le 
mécontentement  populaire  était  poussé  à  son  comble;  &  lorsque  des  voix 
de  compagnies  supérieures  s'élevaient  avec  éloquence  contre  les  partisans  & 
dénonçaient  la  misère  publique,  les  habitants  des  villes,  tout  entiers  à  l'im- 
pression des  maux  présents,  ne  prenaient  point  la  peine  de  discuter  la  valeur 
de  leurs  avocats  officieux  ni  d'étudier  les  motifs  secrets  qui  leur  dictaient  ces 
démarches,  moins  encore  de  rechercher  si,  par  leurs  privilèges  personnels, 
ces  défenseurs  empressés  ne  contribuaient  pas  largement  à  la  surcharge  des 
malheureux.  Le  tableau  des  souttrancesque  chacun  subissait,  quelques  paroles 
véhémentes  contre  ces  fermiers  d'impôts,  dont  les  fortunes  rapides,  les  belles 
habitations  Si  les  meubles  de  prix  contrastaient  si  cruellement  avec  la  détresse 
générale,  des  théories  généreuses  sur  le  respect  de  la  justice,  sur  le  droit  & 
le  devoir  des  magistrats  de  faire  arriver  la  vérité  au  pied  du  trône,  malgré  la 
conspiration  des  courtisans  &  la  complicité  des  hommes  de  finances,  mainte- 
naient les  masses  dans  une  sorte  d'oscillation  perpétuelle  entre  les  puissances 
rivales,  inclinant  tour  à  tour,  au  hasard  &  sans  idée  suivie,  vers  celle  qui 
parlait  le  mieux  de  la  pauvreté,  de  l'insolence  des  partisans,  de  la  nécessité 
d'une  réforme  de  l'État. 

A  ce  point  de  vue,  la  dernière  session  de  l'assemblée  provinciale  avait  jeté 
dans  les  esprits  une  iermentation  extrême.  Déjà  les  arrêts  du  conseil  d'Etat, 
obtenus  à  la  requête  du  syndic  général  de  la  Province,  où  étaient  condam- 
nées en  termes  formels  les  sauvages  procédures  des  collecteurs  de  tailles,  — 
saisie  de  bétail,  démolition  de  maisons,  arrachement  de  vignes',  —  encou- 
rageaient la  pensée  que  le  roi  ignorait  l'oppression  de  ses  peuples,  que  les 
violences  commises  s'exerçaient  contre  son  gré,  &  que  le  mal  cesserait  quand 
le  conseil  de  la  régente  en  aurait  connaissance.  Lorsque  le  récit  des  séances 
dramatiques,  où,  par  trois  fois,  le  maréchal  de  Schomberg  avait  inutilement 
sollicité  l'octroi  du  quartier  d'hiver,  se  fut  répandu  dans  la  Province,  lorsque 
l'on  sut  que  cette  manifestation  audacieuse  avait  été  surtout  rendue  possible 

■  Arrêt  du  conseil  d'Etat,  du  3o  septembre  1643.  Nous  en  publions  le  texte  d;ins  nos  Pièces  justifica- 
tives, n,  VIII,  col.  3i. 


LIV.  I.  MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  :3i 

grâce  à  l'union  du  tiers  état,  dont  les  membres,  soutenus  par  un  petit  nombre 
de  députés  des  hauts  bancs  avaient  fait  triompher  la  négative,  il  y  eut  dans 
la  plupart  des  communes  comme  la  révélation  d'une  force  inconnue.  Certes, 
les  plaintes  énergiques  du  tiers  état  contre  l'exagération  des  taxes,  contre  les 
superfluités,  contre  les  largesses  inutiles  n'étaient  point  chose  nouvelle.  On 
avait  vu,  même  avant  la  régence,  le  conseil  de  bourgeoisie  de  Toulouse 
inscrire  dans  ses  cahiers  les  réclamations  les  plus  fermes  &  les  plus  significa- 
tives, demander  l'abolition  de  tous  les  subsides  extraordinaires,  la  suppression 
des  gratifications  accordées  aux  gouverneurs  8c  lieutenants  généraux,  l'affec- 
tation du  fonds  des  ponts  &  chaussées  aux  travaux  publics,  l'obligation  pour 
les  ecclésiastiques  de  bâtir  &  de  réparer  les  églises  à  leurs  frais  sans  y  taire 
contribuer  les  communes,  dénoncer  l'indiscipline  des  troupes,  les  fraudes 
commises  dans  les  logements  des  gens  de  guerre,  les  exigences  de  la  cour  des 
comptes  qui,  au  lieu  de  faire  faire  par  les  magistrats  locaux,  suivant  l'ordon- 
nance, les  vérifications  8c  les  requêtes,  dépêchait  invariablement  des  commis- 
saires pris  dans  son  sein  au  grand  détriment  de  la  bourse  des  parties  '.  Mais 
toutes  ces  plaintes,  à  part  des  cas  exceptionnels,  ne  trouvaient  guère  d'écho 
dans  l'assemblée  solennelle,  ou,  du  moins,  si  elles  y  étaient  exprimées,  car 
les  capitouls  de  Toulouse,  qui  tenaient  la  première  place  du  tiers  8c  qui 
étaient  habituellement  avocats,  ne  dédaignaient  point  le  rôle  d'orateurs  popu- 
laires, elles  n'obtenaient  pas  de  sanction,  le  vote  le  plus  favorable  des  États 
se  bornant  à  recommander  l'insertion  d'un  article  dans  le  cahier  général  des 
doléances  de  la  Province.  Aussi  l'impression  dominante  du  peuple  des  villes 
était  une  sorte  de  résignation  sceptique,  toutes  les  fois  qu'il  se  parlait  d'allé- 
gement, de  rachat  d'offices  : 

«  On  va  à  cjuelque  diminutions  d'officiers  en  chaque  élection,  écrivait 
«  en  i63i  le  député  de  Toulouse,  Hugues  de  Rudelle,  avec  le  dédommage- 
«  ment  du  partisan;  mais  tout  cela  n'est  qu'à  notre  ruine,  car  outre  que  le 
«  dédommagement  sera  grand,  au  bout  de  cinq  ou  six  ans  on  les  remettra^.  » 

Quand  on  s'aperçut  au  contraire  que  ce  mécontentement  universel  pouvait 
donner  lieu  à  des  résultats  effectifs,  8c  qu'en  refusant  les  impôts  on  avait 
chance  d'en  obtenir  la  suppression,  une  sorte  de  fièvre  courut  à  travers  la 
Province,  8c,  les  querelles  municipales  aidant,  sembla  menacer  le  pays  d'une 
conflagration  universelle. 

Les  événements  les  plus  graves  s'accomplirent  à  Montpellier.  Cette  ville, 
trop  éloignée  de  Toulouse  pour  y  ressentir  d'une  façon  directe  le  contre-coup 
des  manœuvres  du  Parlement,  en  avait  chez  elle  comme  une  réduction,  grâce 
à  la  présence  de  la  Cour  des  comptes,  aides  &c  finances  de  Languedoc,  qui 
était  la  seconde  compagnie  supérieure  de  la  Province.  Cette  corporation  avait 

'  La  plupart  de  ces  réclamations  ont  été  répétées  aux  P'ièeei  justificatives^  n.  IX,  col.  84  &  des  addi- 

pendant  plusieurs  années,  aTec  de  simples  Tariantes  tions,  n"'  XXXI,  col.  iio,  &  XXXVIII,  col.  143. 
de  forme,  par  les  rédacteurs  d'instructions  aux  dé-  '  Archives  de  Toulouse.   Lettres  missives  adres- 

putés  qu'élisait  annuellement  le  conseil  de  bour-  sées    aux    capitouls,    p.    19.   —    Saint-Germain, 

geoisiedeToulouse.  On  en  trouvera  un  type  complet  26  juin   i63i. 


1640 


— 232  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

traversé  les  mêmes  phases  que  tous  les  collèges  de  magistrats  royaux  établis  en 
France.  Après  n'avoir  été  au  début  qu'une  cour  des  aides,  rendue  sédentaire 
à  Montpellier  par  ordonnance  du  22  septembre  1467,  &  chargée  de  la  juri- 
diction d'appel  sur  toutes  les  affaires  d'impôts,  elle  s'était  agrandie,  en  1629, 
par  suite  d'union  avec  une  autre  compagnie  créée  en  i525  par  François  I, 
sous  le  nom  de  cour  des  comptes,  avec  mission  de  vérifier  &  de  juger  souve- 
rainement tous  les  maniements  de  deniers  publics. 

Ces  opérations  étant  distinctes  &  les  chambres  des  aides,  des  comptes  8c  du 
domaine  procédant  isolément,  l'union  de  i525,  très-appréciée  des  officiers  de 
Montpellier,  très-mal  vue  des  États  de  la  Province,  exactement  pour  la  même 
raison,  n'avait  guère  d'autre  effet  que  d'augmenter  l'importance  du  corps, 
d'en  grossir  la  clientèle  &  d'en  faire  comme  un  second  Parlement  de  Lan- 
guedoc. Les  attributions  du  Parlement  de  Toulouse  8c  celles  de  la  cour  des 
comptes  auraient  été  très-nettement  distinguées,  si  chacune  de  ces  compagnies 
se  fût  maintenue  dans  les  limites  de  ses  pouvoirs;  mais,  en  fait  d'usurpations 
ou  de  tentatives  d'empiétements,  elles  ne  laissaient  rien  à  désirer,  profes- 
sant d'ailleurs  un  égal  amour  pour  les  pompes  extérieures,  pour  les  processions, 
pour  l'apparat,  pour  la  mise  en  scène,  8c  toujours  infiniment  plus  préoccupées 
des  questions  de  vanité  professionnelle  Se  d'avantages  lucratifs  que  de  tout 
autre  sujet. 

La  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  réduite  au  Languedoc,  ne  possédait 
pas  un  ressort  équivalent  à  celui  du  Parlement  de  Toulouse;  mais  elle  avait 
encore  au-dessous  d'elle  un  grand  nombre  d'officiers  subalternes  :  les  tréso- 
riers de  France  de  Toulouse  8c  de  Montpellier,  chargés  des  soins  du  domaine 
royal  8c  de  l'alignement  des  rues.  Se  tous  les  officiers  comptables  de  la  Pro- 
vince relevaient  de  la  cour  en  tant  que  chambre  des  comptes;  8c  comme  cour 
des  aides  elle  tenait  sous  son  autorité  les  visiteurs  des  gabelles,  préposés  supé- 
rieurs à  l'impôt  du  sel,  les  maîtres  des  ports,  ponts  8c  passages,  juges  des 
traites  Se  droits  de  foraine,  8c  les  juges  conservateurs  de  l'équivalent. 

En  dehors  des  questions  d'attribution,  la  cour  de  Montpellier  jouait,  cornme 
milieu  social,  dans  la  région  orientale  de  la  Province,  un  rôle  à  peu  près  ana- 
logue à  celui  du  Parlement  dans  le  pays  toulousain  8c  l'Albigeois.  C'était  le 
même  genre  d'aristocratie  formée  à  prix  d'argent,  le  même  laboratoire  où 
s'épuraient  les  familles  de  négoce  pour  atteindre  à  la  noblesse,  le  même  foyer 
d'attraction  pour  quiconque,  ayant  des  études  8c  un  peu  de  bien,  voulait 
s'élever  au-dessus  du  niveau  vulgaire  8c  entrer  dans  un  corps  privilégié. 

Il  résultait  de  cette  situation  8c  aussi  du  caractère  indécis  que  nous  avons 
reconnu  dans  les  attributions  de  tous  les  pouvoirs  publics  durant  cette  période 
confuse,  une  sorte  de  supériorité  vague  attribuée  par  l'opinion  aux  officiers 
de  la  cour  des  comptes  sur  la  ville  même  de  Montpellier.  Ils  aimaient  à  se 
qualifier  de  sénateurs,  comme  les  parlementaires  de  Toulouse,  8c  se  prenaient 
véritablement  pour  un  petit  sénat.  C'est  dire  qu'ils  ne  demeuraient  point 
étrangers  aux  intrigues  ])olitiques  de  la  Province  8c  ne  pouvaient  échapper  à 
la  surveillance  inquiète  du  ministère. 


LIV.   I.    MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  ;33 

Par  une  défiance  très-légitime  des  oligarchies  locales,  qui  compromettaient 
trop  souvent  le  pouvoir  royal  Si  qui  faisaient  payer  trop  cher  leurs  services, 
les  maximes  de  Richelieu  n'étaient  guère  plus  favorables  à  la  cour  des  comptes 
qu'au  parlement  de  Toulouse.  On  avait  voulu,  en  créant  le  conseil  supérieur 
de  Nimes,  enlever  au  Parlement  une  portion  notable  &  délicate  de  son  res- 
sort. La  création  de  la  cour  des  aides  de  Cahors  produisit  chez  les  officiers  de 
Montpellier  une  impression  aussi  fâcheuse.  D'ailleurs,  déjà  privée  par  les 
usages  particuliers  du  Languedoc  &  la  compétence  des  États,  d'une  portion 
notable  des  fonctions  qui  appartenaient  aux  compagnies  similaires  dans  les 
autres  parties  du  royaume,  la  cour  des  comptes  ne  voyait  pas  avec  moins 
d'inquiétude  que  le  parlement  le  progrès  de  ces  nouveaux  officiers  royaux, 
nommés  par  commissions  du  grand  sceau  non  vérifiées,  qui,  sous  le  nom 
d'intendants  de  justice,  police  8(.  finances,  envahissaient  graduellement  toutes 
les  branches  de  l'administration  &  promettaient  d'être  un  jour  les  représen- 
tants universels  du  pouvoir  royal  dans  les  provinces. 

Comme  le  Parlement,  comme  les  Etats,  autant  dans  l'intérêt  de  leurs 
immunités  particulières  Se  de  leur  tortune  que  par  amour  du  bien  public,  les 
officiers  des  comptes,  juges  naturels  de  toutes  les  matières  de  finances,  encou- 
ragèrent par  leur  attitude,  par  leurs  propos,  sinon  par  des  actes  formels,  les 
sentiments  de  violente  antipathie  que  soulevait,  dans  la  population  de  Mont- 
pellier, l'exaction  impitoyable  du  droit  de  joyeux  avènement.  Un  impôt  dont 
les  collecteurs  étaient  soutenus  par  les  intendants,  n'eùt-il  pas  atteint  les 
membres  de  la  cour  dans  leur  propre  bourse,  aurait  déjà  fort  peu  commandé 
leur  zèle.  On  devine  ce  qu'il  en  fut,  étant  données  les  causes  particulières 
d'aigreur  qui  tourmentaient  les  magistrats. 

Le  peuple  de  Montpellier  se  trouvait  déjà  très-appauvri  par  les  disettes  des 
années  précédentes,  par  les  taxes  onéreuses  du  quartier  d'hiver  8c  par  les 
logements  des  gens  de  guerre.  Lorsque  les  traitants  du  droit  de  joyeux  avè- 
nement vinrent  s'abattre  sur  la  ville,  l'émotion  y  tut  violente.  Toutes  les 
industries  étaient  menacées,  entre  autres  celle  des  teinturiers,  qui  occupait 
une  grande  partie  de  la  population  ouvrière;  on  répandait  le  bruit  que  les 
valets,  les  servantes,  les  domestiques  de  toute  nature  seraient  compris  dans 
la  taxe  Se  y  verraient  passer  le  plus  clair  de  leurs  gages,  &  tous  ceux  qui,  de 
près  ou  de  loin,  se  rattachaient  à  la  perception  de  l'impôt  étaient  en  butte 
aux  soupçons  8i  aux  injures  de  la  foule. 

Cette  hostilité  se  montrait  si  vive,  que  pas  un  huissier  du  pays  ne  con- 
sentit à  l'affronter;  on  n'en  découvrit  aucun  pour  porter  les  contraintes  à 
domicile;  un  étranger,  plus  entreprenant,  hasarda  l'aventure;  mais  on  l'ac- 
cueillit à  coups  de  pierres.  Se  il  fut  ramené  grand  train  jusqu'au  pont  de 
Castelnau. 

Le  28  juin,  dans  la  foule  qui  regardait  le  feu  de  joie  de  Saint-Pierre, 
allumé  devant  la  cathédrale,  on  signala  un  marchand  de  laine,  connu  pour 
avoir  établi  un  bureau  de  recette  dans  sa  maison.  Aussitôt  les  enfants  se 
jetèrent  à  ses  trousses,  en   le  saluant  du   nom  de  partisan,  ce  mot  détesté 


1643 


164J 


,34  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

qui,  depuis  quelques  années,  était  devenu  la  pire  injure  du  langage  popu- 
laire. Le  marchand  saisit  un  des  crieurs  &  le  châtia;  mais  une  grêle  de 
pierres  le  força  de  battre  en  retraite. 

Deux  jours  après,  des  femmes  s'attroupèrent  &  allèrent  porter  plainte  à 
l'un  des  traitants  qui  se  trouvait  alors  à  Montpellier.  Elles  furent  mal  reçues; 
aussitôt,  l'une  d'elles  appelle  du  renfort;  elles  s'emparent  de  la  maison 
qu'elles  pillent;  de  là,  elles  courent  à  l'hôtellerie  du  Cygne,  où  était  logé 
un  autre  publicain,  nommé  Desmarets,  qu'elles  dévalisent,  &  dont  elles  font 
voler  les  papiers  à  tous  les  vents;  parmi  ces  écritures,  on  découvrit  la  copie 
de  quelques  édits  bursaux  &  des  ordonnances  au  nom  de  Balthazar  qui  furent 
immédiatement  colportées  par  la  ville  &  augmentèrent  l'émotion.  Le  com- 
mandant de  la  citadelle  ayant  fait  alors  une  démonstration  pacifique,  à  la 
tête  d'une  partie  de  la  garnison,  le  trouble  s'apaisa;  mais  ce  ne  fut  qu'une 
accalmie. 

Sur  les  neuf  heures  du  soir,  comme  les  femmes  ameutées,  ayant  à  leur  tête 
une  sorte  de  géante  nommée  Branlaire,  commençaient  à  battre  les  rues,  une 
troupe  d'hommes  de  la  lie  du  peuple,  de  laquais,  de  volontaires  de  l'armée 
de  Catalogne,  se  joignirent  à  elles,  &,  s'armant  de  tout  ce  qui  leur  tomba 
sous  la  main,  alla  dévaster  la  maison  d'un  certain  Lesméri ,  fermier  du  droit 
d'amortissement,  impôt  qui,  par  parenthèse,  n'intéressait  en  aucune  manière 
les  misérables. 

Le  maréchal  de  Schomberg  chassait  en  ce  moment  dans  les  environs  de  la 
ville.  Il  rentre  au  milieu  du  tumulte,  avec  sa  compagnie,  harangue  les  mutins, 
leur  parle  patois,  les  engage  à  rentrer  chez  eux  &i  fait  mettre  deux  hommes 
en  prison. 

Le  lendemain  matin,  nouvelle  scène,  où  les  femmes  tiennent  encore  le 
premier  rôle.  On  en  voit  une,  armée  d'un  tambour,  battre  le  rappel  dans  les 
rues;  elles  forcent  les  prisons  &  donnent  le  large  aux  prisonniers.  Cette  fois 
encore,  le  maréchal  &  les  officiers  de  ville  parlent  aux  émeutières  le  langage 
de  la  raison,  leur  promettant  qu'on  fera  justice  des  vexations  qui  ont  pu  être 
commises  &  rétablissent  le  calme. 

La  nuit  s'écoula  sans  événement;  mais  le  dimanche,  2  juillet,  des  groupes 
de  femmes  passant  devant  la  maison  du  traitant  Dupuy,  qui  s'était  barricadé 
avec  ses  amis,  sur  la  nouvelle  qu'on  voulait  tuer  tous  les  partisans,  y  furent 
salués  par  des  injures  &  des  menaces.  Aussitôt  elles  s'arrêtent  8t  appellent  les 
hommes  à  l'aide;  le  dialogue  d'insultes  s'engage  des  fenêtres  à  la  rue.  Un 
coup  de  mousquet,  tiré  de  la  maison  sur  la  foule,  tue  un  vieillard.  On  sou- 
lève le  cadavre  ensanglanté,  on  l'expose  aux  regards  du  peuple;  en  un  instant, 
toute  la  ville  prend  les  armes;  maîtres  de  l'horloge,  les  insurgés  sonnent  le 
tocsin,  tendent  les  chaînes  des  rues.  On  attaque  les  maisons  des  deux  princi- 
paux traitants,  Massia  &  Dupuy. 

Le  maréchal  était  monté  à  cheval  avec  quelques  gentilshommes,  ses  gardes, 
ses  domestiques  &  un  peloton  de  mousquetaires;  il  essaya  de  s'avancer  dans 
les  rues;  mais  l'émeute  occupait  les  carrefours;  les  )iierres  volaient,  les  mous- 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  235 

quetades  éclataient  de  tous  côtés.  Schomberg  eut  un  de  ses  gardes  tué  à  côté 
de  son  étrierSc  fut  lui-même  atteint  d'une  pierre.  Il  a  raconté  plus  tard  qu'au 
milieu  de  ce  désordre  il  était  moins  touché  des  coups  que  la  foule  tirait  sur 
lui  que  de  ceux  qu'elle  essuyait  elle-même,  &  que,  s'il  frappa  quelqu'un,  ce 
ne  fut  jamais  que  ceux  de  ses  gens  qui  lui  parurent  trop  ardents  à  repousser 
l'insolence  des  séditieux'.  Cependant,  après  quelques  décharges,  il  dut  battre 
en  retraite  &  se  replier  sur  la  citadelle.  La  ville  appartenait  alors  entière- 
ment à  l'émeute.  Les  maisons  attaquées  furent  envahies,  pillées  &  livrées 
aux  flammes;  les  ameublements  précieux,  amoncelés  en  bûcher,  faillirent 
incendier  tout  un  quartier.  Pendant  trois  ou  quatre  heures,  on  égorgea  sans 
miséricorde  tous  ceux  que  l'on  croyait  être  des  partisans. 

Un  trait  peint  l'exaltation  de  la  foule.  Comme  le  maréchal  se  retirait,  il 
rencontra  une  pauvre  femme  courant  par  les  rues  avec  son  petit  garçon  &  le 
pressant  de  marcher.  Il  lui  demanda  où  elle  allait  ainsi  Se  pourquoi  elle  ne 
tenait  pas  son  enfant  dans  sa  maison,  à  l'abri  du  danger.  «  Monsieur,  répon- 
«  dit-elle,  je  m'en  vais  à  la  mort  6t  j'y  mène  mon  fils.  —  Quoi  donc!  reprit 
«  Schomberg,  tu  ne  crains  point  la  mort,  ni  pour  toi,  ni  pour  ton  enfant? 
«  —  Il  vaut  mieux  y  aller  librement  que  d'attendre  que  la  malerage  de  la 
«  faim  nous  y  contraigne  8c  nous  fasse  mourir  désespérés.  »  Schomberg  lui 
donna  un  écu  d'or  8c  la  fit  mettre  en  sûreté  par  ses  gardes  chez  un  gros 
bourgeois. 

Balthazar,  très-menacé,  n'eut  que  le  temps  de  se  réfugier  à  la  hâte  dans  la 
citadelle,  dont  l'émeute  fit  mine  de  s'emparer.  Le  lendemain  matin,  des  pour- 
parlers s'engagèrent.  Une  délégation  envoyée  au  maréchal  lui  déclara  que 
s'il  donnait  décharge  des  taxes,  mainlevée  des  effets  saisis,  s'il  faisait  sortir  de 
Montpellier  tous  les  traitants  8c  qu'il  n'y  introduisît  pas  de  gens  de  guerre, 
les  insurgés  mettraient  bas  les  armes  8c  recevraient  ses  ordres  avec  une  entière 
obéissance.  Il  accorda  ces  conditions,  8c,  montant  à  cheval,  commença  de 
parcourir  la  ville,  exhortant  chacun  à  rentrer  dans  sa  maison  j  alors,  la  foule 
qui  l'entourait  se  mit  à  crier  :  «  Vive  le  roi  !  » 

Schomberg  assembla  ensuite  les  principaux  habitants,  organisa  une  garde 
pour  assurer  la  tranquillité,  fit  donner  des  armes  aux  protestants  que  l'on 
avait  désarmés,  ordonna  des  dispositions  générales  pour  occuper  l'hôtel  de 
ville,  les  portes  8c  les  différents  quartiers,  8c  prescrivit  l'expulsion  générale 
des  étrangers. 

Déjà  le  capitaine  Carrier  s'était  saisi  de  l'horloge,  8c,  en  faisant  cesser  les 
sinistres  appels  du  tocsin,  avait  coupé  court  à  l'invasion  de  la  ville  par  les 
nuées  de  rôdeurs  8c  de  paysans,  que  l'espérance  du  pillage  avait  fait  accourir 
de  tous  les  villages  voisins.  Du  reste,  les  promesses  du  maréchal  furent  scru- 
puleusement tenues.  Le  régiment  de  Normandie,  mandé  à  la  hâte  8c  arrivé 
déjà  à  Lunel,  reçut  contre  ordre  8c  se  retira.  On  donna  main  levée  de  cer- 

'  Ce  sont  les  propres  termes  du  maréchal  dans  leurs  en  entier,  Pièces  justificatives,  n.  XXVIII, 
son  discours  aux  États,  que  nous  publions  d'ail-       col.   io3. 


1645 


,1645 


236  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

taines  saisies  de  bétail,  qui  avaient  surtout  excité  le  mécontentement;  &  les 
deux  intendants  de  la  Province,  Balthazar  8c  Bosquet,  en  adressant  à  la  Cour 
leurs  procès-verbaux,  insinuèrent  «  qu'il  n'étoit  pas  à  propos  de  prendre  une 
«  vengeance  trop  rigoureuse  de  cette  sédition,  les  esprits  des  habitants  de 
«  Montpellier  5c  même  d'une  partie  de  la  Province  éantt  extrêmement  aigris 
«  des  impositions  extraordinaires  qu'on  exigeoit  '.  » 

Grande  fut  l'alarme  dans  tout  le  pays  quand  on  y  eut  connaissance  de  la 
sédition  de  Montpellier.  Le  bruit  courait  que  les  révoltés  avaient  égorgé 
vinc't-cinq  hommes  de  finances,  que  soixante  personnes  étaient  blessées.  Le 
meurtre  de  la  dame  de  Falguerolle,  belle-mère  du  partisan  Dupuy,  atteinte 
d'un  coup  de  feu  dans  la  tête  au  moment  où  elle  se  présentait  à  sa  croisée, 
l'assassinat  du  chanoine  de  Narbonne,  Massia,  massacré  sans  pitié  en  essayant 
de  s'échapper  de  la  maison  de  son  père,  un  des  publicains  les  plus  menacés, 
l'incendie,  la  destruction  des  mobiliers  somptueux  dont  les  débris  encom- 
braient les  rues,  tous  les  détails  de  ce  drame  rappelaient  aux  Languedociens 
les  scènes  terribles  qui  avaient  marqué  le  temps  de  la  Ligue,  8c  justifiaient 
outre  mesure  les  inquiétudes  manifestées  par  Bosquet  dès  les  premiers  jours 
de  la  régence. 

«  La  Province  est  en  feu,  »  disait  le  cardinal  Mazarin  aux  députés  du 
Parlement  de  Toulouse,  &c  de  fait,  avec  toutes  les  causes  de  troubles  locaux 
qui  existaient  dans  la  plupart  des  villes,  avec  l'antagonisme  violent  des 
évêques ,  de  la  noblesse,  des  membres  des  compagnies  judiciaires  &c  des 
communes,  avec  les  éléments  nouveaux  de  désordre  que  les  favoris  de 
Gaston  d'Orléans,  les  gens  en  quête  de  charges  lucratives  8c  de  monopoles 
apportaient  de  tous  côtés,  on  avait  fort  à  craindre  que  l'étincelle  ne  se  pro- 
pageât. 

Aussi  les  agents  du  pouvoir  central  éprouvaient-ils  de  très-vives  appréhen- 
sions. Les  opérations  de  la  guerre  en  Catalogne  ayant  amené  la  capture  d'un 
assez  grand  nombre  de  prisonniers,  le  ministère  en  ordonna  l'évacuation  sur 
le  Languedoc^;  mais,  par  deux  fois,  les  intendants  refusèrent  de  les  recevoir, 

'  Bibliothèque    nationale.    Manuscrits  de  Cois-  la  charge  de  sénéchal,  vacante  par  la  défection  de 

lin,  n°  170.   —  Journal  de  Languedoc,   p.   Sp. —  M.  de  Restinclières.  Il  rendit  visite  aux  captifs'. 

D'AigrefeuilIe,   Histoire  de  Montpellier,  I,  p.  414.  La  même  citadelle  compta  aussi,  parmi   ses  hôtes, 

—  A.   Germain,   Les  commencements    du   règne  de  don  Pedro  d'Aragon,  dont  le  maréchal  de  La  Mo- 

Louis  XIF &  la  Fronde  à  Montpellier;  Mémoires  de  the  Houdancourt  négocia   la   rançon  avec  un  en- 

l'académie  des  sciences  &  lettres  de  Montpellier,  voyé  de  la  duchesse  de  Cardonne.  L'élargissement 

section  des  lettres,  t.  III,  p.  679.  du   gentilhomme  espagnol  fut  accordé  au  prix  de 

"On  trouvera  dans  nos  Pièces  justificatives  quel-  34,5oo  pièces  de  huit  réaux  d'Espagne,  payable  la 

ques  documents  relatifs  à  la  conduite  &  à  Tinter-  moitié  en  espèces  &  le  reste  en  joyaux  &  vaisselle 

nement  des  prisonniers  espagnols  en  Languedoc,  d'argent  qui  devaient  être  estimés  par  deux  orfè- 

des    lettres    des    intendants,    un    ordre    de    route,  vres  appartenant  aux  deux  nationalités.  Pierre  de 

n"'  III,  col.  22;  IV,  col.  24;  XIX,  c.  72.  La  cita-  Marca,  visiteur  général   en  Catalogne,   eut  ordre 

délie  de  Montpellier,  particulièrement,  servait  de  du   roi  de  choisir  l'expert.  Il   nomma   un  certain 

prison  à  un   assez   grand    nombre  de  personnages  Peruchenes,   orfèvre    français   marié    à    Barcelone, 

marquants.  Le  marquis  del  Povar  &  Janetin  Doria 

s'y  trouvaient   lorsque  le  maréchal  de  Schomberg,  ,  r^•A•      c     «      u-  .   ■       j     ,       -i,    j    ,,     .     ,,■       . 

.  '  °'  •  D  Aigrefeuille,  Histoire  de  la  ville  de  Mont felliev,  I, 

au  mois  d  octobre    1044,  alla  se  faire   recevoir  en       p.  _ji2. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  iBy 

en  se  fondant  sur  l'état  de  trouble  du  pays  qui  ne  permettrait  pas  de  les 
garder  en  sécurité.  Le  Tellier  ne  paraît  pas  avoir  goûté  ces  raisons,  car  il 
envoya  le  sieur  de  la  Primaudaye  en  Catalogne  pour  y  prendre  la  tête  du 
convoi  8c  l'amener  en  France  j  le  maréchal  de  Schomberg  dut  se  rendre  à 
Narbonne  pour  y  recevoir  cette  troupe  &  en  opérer  l'internement  d'après  les 
dispositions  arrêtées  par  le  ministère  '.  Ces  prisonniers,  comme  la  plupart  des 
mercenaires  qui  parcouraient  l'Europe  durant  la  terrible  guerre  de  Trente 
ans,  appartenaient  aux  nationalités  les  plus  diverses,  &  le  patriotisme  n'était 
pour  rien  dans  leur  valeur  militaire.  Outre  les  Espagnols  des  différentes  pro- 
vinces, on  y  comptait  des  soldats  allemands,  wallons,  irlandais  &  italiens, 
lye  Tellier  en  faisait  faire  un  soigneux  triage,  afin  de  les  utiliser  au  service 
de  France;  on  les  groupait  par  nationalité  d'origine  &  on  leur  offrait  d'en- 
trer dans  les  régiments  de  leur  pays  qui  combattaient  pour  le  roi,  soit  aux 
Pays-Bas,  soit  en  Allemagne,  soit  en  Italie. 

On  devine  quel  effroi  causait,  parmi  les  populations  des  campagnes,  le 
passage  de  ces  malheureux,  changeant  de  drapeau  k  la  suite  d'une  défaite, 
habitués  à  vivre  de  rapine,  Se  d'autant  plus  mal  entretenus  que  l'argent  man- 
quait même  pour  les  troupes  régulières. 

Indépendamment  des  conséquences  fâcheuses  que  la  sédition  de  Montpel- 
lier pouvait  avoir  pour  le  repos  de  la  Province,  elle  acquérait  une  importance 
exceptionnelle  dans  un  pays  frontière,  où  un  revers  de  fortune  pouvait  amener 
en  quelques  jours  les  armes  ennemies.  La  question  des  mesures  à  prendre  fut 
donc  agitée  au  conseil  d'Ltat.  Quelle  part  de  responsabilité  attribua-t-il  aux 
compagnies  judiciaires  de  Montpellier  dans  les  désordres  qui  s'y  étaient  pro- 
duits? On  ne  le  sait  pas  d'une  manière  précise;  le  maréchal  du  Plessis- 
Praslin  se  contente  de  dire,  dans  ses  mémoires,  que  les  principaux  officiers  de 
la  cour  des  comptes  «  étoient  accusés  de  n'avoir  pas  agi  avec  toute  l'affection 
«  qu'ils  dévoient*.  »  Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  sur  eux  que  frappa  le  conseil.  Il 
opéra  cette  désunion  que  les  Etats  de  Languedoc  avaient  fréquemment  solli- 
citée Se  qui,  sans  nuire  en  rien  aux  intérêts  du  service,  offrait  l'avantage  de 
rompre  un  faisceau  de  résistances  8c  de  faire  perdre  à  la  compagnie  ses  préten- 
tions de  sénat  politique.  La  cour  des  aides,  réduite  à  elle-même,  fut  transférée 
à  Carcassonne,  Se  l'on  créa  vingt-cinq  nouveaux  offices,  pour  improviser  une 
nouvelle  chambre  des  comptes,  maintenue  en  résidence  à  Montpellier.  Quant 
au  présidial,  il  fut  aussi  déplacé  Se  envoyé  à  Lunel.  Mais  ce  n'était  point 
chose  facile  que  de  contraindre  des  magistrats  à  l'obéissance.  La  connaissance 
raffinée  qu'ils  avaient  des  plus  profonds  secrets  de  la  procédure  leur  fournis- 
sait mille  moyens  de  se  dérober  Si  d'accumuler  délais  sur  délais.  Ceux  de 

qui  avait  servi  la  mnison  dii  maréchal  de  La  Mothe.  du  i"  août  1(^4^,  datée  de  Barcelone.  —  Lettre  de 
La  valeur  des  joyaux  livrés  fut  reconnue  de  13,841  Le  Tellier  à  Marca,  du  18  septembre  1645.  Papiers 
pièces  de  huit  réaux'.  de  Bahize.  Bibliothccjue  nationale.  Les  prisonniers 

■  Correspondance   de    Pierre    de    Marca.    Lettre       de  ce  dernier  convoi  avaient  été  faits  à  Flix. 

'  Mémoires  dtt   maréchal   Du    Plessis.   Collection 
■  Bibliothèque  nationale.  A/sj.  Papiers  de  Ealuzc,  n"  104.        Michaud,  S'  série,  t.  7,  p.  387. 


1645 


\6ib 


238  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Montpellier  envoyèrent  une  députation  à  la  régente,  8c,  par  provision,  con- 
tinuèrent de  tenir  leurs  audiences,  en  invoquant,  ainsi  qu'on  devait  s'y 
attendre,  l'intérêt  public.  La  garnison  dut  sortir  de  la  citadelle,  sous  les 
ordres  du  comte  d'Aubijoux,  &  défendre  à  la  cour  des  aides  l'abord  des  salles 
du  palais.  On  eut  plus  de  peine  à  la  faire  partir  pour  Carcassonne.  Elle  mit 
près  de  cinq  mois  à  s'y  décider'. 

Bien  que  les  derniers  Etats  ne  se  fussent  séparés  que  le  23  mars,  une  nou- 
velle session  s'ouvrit  le  28  novembre  1645.  On  n'avait  eu  garde  de  réunir  les 
trois  ordres  à  Montpellier,  où  les  souvenirs  de  l'émeute  étaient  trop  récents, 
ni  dans  une  des  villes  populeuses  de  la  Province,  pleines  d'agitation  &  de 
menaces.  Le  petit  bourg  de  Pézénas,  placé  directement  sous  la  main  du  roi, 
commandé  par  un  château-fort,  8c  trop  peu  habité  pour  inspirer  des  inquié- 
tudes, parut  offrir  toutes  les  garanties  que  désirait  le  ministère. 

Le  maréchal  de  Schomberg,  dérogeant  aux  traditions  de  courtoisie  des 
séances  d'ouverture,  fit  entendre  des  paroles  sévères.  Il  rejetait  sur  les  Etats, 
ou  du  moins  sur  «  la  plus  grande  sinon  la  plus  saine  partie  «  des  membres  de 
cette  assemblée,  la  principale  cause  de  la  sédition.  «  La  fureur,  dit-il,  a  bien 
«  fourni  les  armes  au  peuple,  mais  elle  n'a  pas  été  le  bras  qui  les  a  poussés.  » 
D'après  le  maréchal,  c'est  «  le  faux  zèle  pour  la  patrie  «  déployé  par  les  Etats 
en  refusant  le  quartier  d'hiver,  qui  avait  excité  l'audace  des  insurgés. 

Il  accusait  particulièrement  les  députés  du  tiers  état  de  s'être  concertés 
pendant  la  session  pour  n'accorder  aucune  contribution  extraordinaire,  sous 
quelque  nom  8c  à  quelque  condition  que  ce  pût  être,  8c  d'avoir  mieux  aimé 
souffler  le  feu  dans  la  Province,  que  de  rien  changer  à  leur  entêtement.  De 
retour  dans  leurs  villes,  ces  députés  y  auraient  prêché  la  résistance  8c  donné 
lieu  aux  scènes  de  désordre,  plus  ou  moins  sérieuses,  d'après  le  tempérament 
des  contrées  ou  les  circonstances  locales. 

Schomberg  rappela  rapidement  les  principaux  traits  de  la  sédition  ;  les 
massacres,  les  maisons  pillées  8c  brûlées,  les  meubles  Se  les  cadavres  jetés  aux 
flammes. 

Sa  péroraison  fut  menaçante.  Le  duc  d'Orléans,  triomphant  de  la  maison 
d'Autriche  dans  les  Flandres,  saurait  bien  réduire  l'opposition  de  sujets 
rebelles.  S'ils  sont  incapables  de  la  générosité  qu'exigeraient  les  embarras 
d'une  minorité,  les  exemples  d'autorité  leur  commanderont  le  respect.  Schom- 
berg évoquait  à  ce  propos  les  souvenirs  de  l'insurrection  du  Rouergue  :  «  Ces 
«  peuples  insensés  tenoient  la  campagne,  faisoient  rouler  le  canon,  forçoient 
«  les  maisons  des  gentilshommes;  bref,  leur  audace  se  porta  jusques  au  point 
«  d'assiéger  le  lieutenant  du  roi  dans  la  capitale  du  pays.  Les  seules  recrues 
«  du  régiment  de  Langeron,  presque  sans  armes,  8c  qui  n'avoient  pour  toutes 
«  forces  que  le  nom  Si  le  caractère  du  prince,  naturellement  si  redoutable  à 
«  ses  sujets,  firent  disparoître  en  un  clin  d'œil  cette  faction  qui  sembloit 

'  A.  Germain,  Les  commencements  da  règne  de  Louis  Xiy  &  la  Fronde  à  Montpellier.  L'édit  de  désunion 
est  du  mois  d'octobre  1646. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  289 

«  menacer  la  régence  d'un  trouble  universel,  dans  l'instant  même  que  les 
«  auteurs  de  cette  sédition  furent  la  pâture  des  corbeaux,  &  leurs  malheu- 
«  reux  complices  sont  encore  aujourd'hui  gémissants  sur  nos  galères'.  » 

M.  d'Aligre,  conseiller  d'Etat,  qui  prit  la  parole  après  le  maréchal ,  fit  sur- 
tout appel  au  patriotisme  de  l'assemblée;  il  l'invita  à  songer  que  sans  les 
efforts  extraordinaires  du  gouvernement,  l'armée  espagnole  ne  serait  point  à 
Leucate,  ni  à  Narbonne,  mais  au  cœur  même  de  la  Province,  que  le  roi 
catholique  rêvait  l'annexion  du  Languedoc  &  de  la  Provence  à  ses  Etats  de 
Catalogne  5c  d'Italie,  &  que  le  pays,  sans  un  sacrifice  héroïque,  eût  été 
exposé  à  perdre  sa  nationalité.  Il  exalta  les  services  rendus  par  le  cardinal 
à  la  cause  française,  célébrant  ce  «  génie  romain,  qui,  par  la  disposition 
«  naturelle  au  gouvernement  attribuée  à  sa  nation,  &  par  les  facultés  à  luy 
«  particulièrement  infuses  d'en  haut  pour  la  conduite  des  peuples,  sait  si 
«  prudemment  ayder  à  l'administration  de  l'État.  » 

Le  tableau  des  résultats  obtenus  durant  le  cours  de  la  campagne,  présenté 
en  termes  très-animés,  fit  passer  tour  à  tour  devant  l'esprit  des  auditeurs  les 
succès  du  duc  d'Orléans  en  Flandre,  la  retraite  des  Allemands  au  delà  du 
Rhin,  la  délivrance  de  Turin  61  de  Mantoue,  le  refoulement  des  Espagnols 
au-delà  de  la  Sègre. 

Puis  venait  une  justification  du  quartier  d'hiver.  C'est  pour  éviter  les  pas- 
sages &  logements  continuels  de  soldats,  qui  ruinaient  les  peuples  &  empê- 
chaient le  trafic  8c  le  labourage,  que  le  roi  s'était  décidé,  à  l'exemple  des 
Romains,  à  dresser  des  étapes  Se  à  faire  hiverner  les  troupes  sur  la  frontière 
ou  en  pays  ennemi.  Mieux  valait  encore  envoyer  à  distance  l'argent  de  la 
Province  aux  soldats  &  le  leur  faire  passer  paisiblement  par  la  main  de  leurs 
officiers  que  d'être  réduit  par  la  violence  à  leur  en  faire  part*. 

La  réponse  de  l'archevêque,  malgré  les  formules  habituelles  de  flatterie  qui 
distinguaient  ces  discours  d'apparat,  releva  «  les  paroles  tonnantes  6c  fulmi- 
«  nantes,  »  qui  promettaient  une  nouvelle  demande  de  contributions  extraor- 
dinaires Se  flétrit  surtout,  avec  une  singulière  vigueur  de  langage,  les  excès 
commis  dans  la  perception  des  taxes, 

M.  de  Rebé  qualifiait  les  partisans  d'ennemis  domestiques,  cherchant  à 
priver  leurs  concitoyens,  par  des  procédés  impies,  scandaleux  Se  parricides,  de 
tout  ce  que  la  nature  leur  a  libéralement  départi;  de  démons  enragés,  s'atta- 
quant  à  la  vie  des  peuples.  Ce  n'était  pas  assez  de  porter  atteinte  à  toutes  les 
fortunes,  de  renverser  les  bâtiments  pour  en  vendre  les  matériaux,  d'enlever 
les  meubles  Se  le  bétail,  d'établir  la  contrainte  solidaire,  de  multiplier  les 
emprisonnements;  on  en  vient  au  meurtre.  On  tire  sur  des  femmes  sans 
nécessité,  on  fait  usage  des  armes  prohibées  par  les  ordonnances,  on  livre 
bataille  en  pleine  ville.  On  abuse  du  nom  du  prince  Se  de  l'autorité  souve- 
raine pour  réduire  la  Province  à  l'extrémité^. 

'  Noui  donnons  le  texte  intégral  de  cette  ciirieuie  '  Pièces  justificatives,  n.  XXIX,  col.  io5. 

pièce  d'éloquence    politique.    Piî'ces   justificatives,  '  Pièces  justificatives,  n.  WX,  col,  1 12. 

n.  XXVIII,  col.  98. 


i6j{j 


16^6 


!40 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


La  session  se  prolongea  jusqu'au  g  mars  1646.  Les  commissaires  du  roi 
revinrent  trois  fois  à  la  charge,  usant  de  toutes  les  ressources  de  leur  élo- 
quence, parlant  du  mécontentement  de  la  reine,  menaçant  même  d'une 
intervention  militaire  du  duc  d'Orléans,  prêt  à  venir  imposer  l'obéissance  à 
la  tête  d'une  nombreuse  armée. 

Schomberg  rappela  les  grandes  libéralités  qu'avait  faites  autrefois  la  Pro- 
vince, notamment  aux  États  de  Carcassonne,  en  1621,  où  furent  accordées 
sept  cent  mille  livres  pour  les  dépenses  de  guerre  '. 

M.  d'Aligre  insista  sur  le  mécontentement  de  la  reine  :  Anne  d'Autriche 
avait  été  fort  blessée  de  l'affaire  du  quartier  d'hiver.  Elle  croyait  que  ce  refus 
procédait  plutôt  de  mauvaise  volonté  que  d'impuissance,  comme  aussi  que  les 
désordres  arrivés  à  Montpellier  étaient  des  effets  &  des  suites  de  ce  refus. 

A  cela  les  États  opposaient  que  le  passage  continuel  des  troupes  par  les 
routes  d'étape  avait  ruiné  la  Province,  que  cette  seule  dépense  s'était  élevée, 
l'année  précédente,  à  près  de  neuf  cent  mille  livres,  outre  le  logement  effectif 
d'un  grand  nombre  de  gens  de  guerre  venus  du  Piémont  pour  le  siège  de 
Roses,  qui  logèrent  à  discrétion  dans  la  plus  grande  partie  du  diocèse  =^5  8t  ils 
présentaient  le  tableau  des  innombrables  vexations  occasionnées  par  la  guerre 
de  Catalogne 3,  &  des  empiétements  journaliers  qui  se  faisaient  sur  les  droits 
de  l'administration  provinciale'*. 

Au  mois  de  février,  les  menaces  devinrent  plus  pressantes.  On  annonça 
que  le  duc  d'Orléans  allait  arriver  à  Tournon  avec  des  forces  imposantes  8c 
que  les  États  devaient  se  transporter  en  corps  au-devant  de  lui,  jusqu'à  cette 
extrémité  du  Vivarais. 


'  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  7  décembre 
1645. 

'  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  dii  9  décembre 
1645. 

'  «  Les  troupes  des  gens  de  guerre  logent  à  dis- 
crétion dans  les  diocèses,  sans  que  les  officiers  qui 
les  conduisent  en  veuillent  permettre  la  revue, 
nonobstant  les  ordonnances  de  Mgr  le  maréchal 
de  Schomberg  qui  les  y  obligent,  ce  qui  foule  ex- 
trêmement la  province.  «  Les  consuls  de  Carcas- 
sonne ont  aussi  fait  plainte  de  ce  que  le  commis- 
saire à  la  conduite  des  troupes  de  Balaguer  avoit 
refusé  d'en  faire  la  revue,  &  que,  sur  celle  qu'ils 
en  firent,  passant  sur  le  pont  de  ladite  ville,  il 
s'en  trouva  beaucoup  au-dessous  de  ce  que  le  com- 
missaire demandoit '.  » 

«  Le  diocèse  d'Alet  est  exposé  au  passage  conti- 
nuel des  troupes  qui  viennent  par  le  haut  Lan- 
guedoc du  côté  de  Guienne  &  d'Auvergne  pour  aller 
en  Catalogne,  lesquelles  ne  se  contentent  pas  de 
passer  par  les  lieux  d'étape  ordonnés;  mais  le  plus 
souvent   ils  y  séjournent   sans  ordre  &  à  leur  vo- 

I  Procès-verbal  de»  ih.its.  Scance  du  2  décembre  i6j.î. 


lonté,  à  quoy  il  est  impossible  de  remédier  pour 
être  lesdits  lieux  de  petite  considération,  la  dé- 
pense desquels  séjours  n'a  point  été  allouée  dans 
le  compte  de  l'étape  du  diocèse '  u 

n  Les  députés  de  la  ville  de  Nimes  avoient  remis 
plusieurs  cahiers  d'informations  faites  contre-quel- 
ques officiers  &  soldats  du  régiment  de  Normandie, 
contenant  plusieurs  excès,  violences,  rançonne- 
ments  &  pilleries  par  eux  commises'.  i> 

Il  Le  régiment  de  Périgueux  logea  l'année  der- 
nière dans  les  masages  de  Buzet,  diocèse  de  Tou- 
louse, où  il  fit  tous  les  ravages  imaginables*.  » 

^  Bien  que  les  Etats,  d'après  les  conventions  an- 
térieures, dussent  avoir  l'entière  direction  du  ser- 
vice des  étapes,  le  duc  d'Orléans  avait  donné,  en 
novembre  1645,  au  sieur  de  Vallon  une  commis- 
sion d'inspecteur  général  des  étapes  avec  pouvoir 
d'y  subdéléguer  tel  nombre  de  personnes  qu'il 
jugerait   nécessaire'. 


•  Rapport  de  i"cvGque  d'Alet,  Nicolas  Pavillon.  Proccs- 
vcrbal  des  Ktats.  Séance  du  22  décembre  16  p. 

*  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  27  février  1646. 
3  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  i*""  mars  1646. 

■*  Procjs-vcrbiil  des  Ktats.  Séance  du  8  janvier  1(346. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  241 

Pourtant  ce  n'étaient  là  que  des  avis  comminatoires.  Après  avoir  fait 
craindre  à  la  Province  le  sort  de  la  Normandie,  où  de  violentes  répressions 
venaient  d'avoir  lieu,  M.  d'Aligre  annonça  quelques  concessions,  sous  la 
forme  de  quatre  arrêts  signés  en  commandement. 

Le  premier  contenait  révocation  des  taxes  de  joyeux  avènement,  sauf  pour 
les  officiers  royaux; 

Le  second  donnait  validation  des  quittances  du  droit  d'amortissement; 

Le  troisième  supprimait  les  commissaires  nommés  pour  la  poursuite  des 
rogneurs  81  faux  monnayeurs  S<  en  renvoyait  la  connaissance  au  Parlement 
de  Toulouse; 

Enfin  le  dernier  annulait  le  privilège  accordé  à  des  entrepreneurs  pour  la 
construction  du  canal  de  Beaucaire. 

Pour  obtenir  ces  concessions,  les  États  offrirent  un  secours  extraordinaire 
de  six  cent  mille  livres  payable  en  deux  ans'  que  les  commissaires  du  Roi 
refusèrent,  &  l'assemblée  se  sépara  sans  conclusion. 

La  ville  de  Toulouse  fut  mise  en  émoi,  vers  le  milieu  de  février  1646,  par 
le  bruit  de  quelques  démonstrations  injurieuses  pour  la  religion  catholique. 
Le  principal  auteur  en  était  le  chevalier  de  Roquelaure  qui,  escorté  de 
plusieurs  compagnons  de  débauche,  avait  couru  les  jeux  de  paume  8<  les 
brelans,  en  proférant  les  blasphèmes  les  plus  violents  contre  la  dévotion  à 
la  Vierge.  Cette  aventure  eut  un  grand  éclat;  le  Parlement  s'en  trouva  saisi 
Se  chargea  quatre  conseillers',  d'aller  avec  le  procureur  général  s'assurer  de  la 
personne  du  coupable;  des  chets  de  monitoire  furent  publiés  dans  toutes  les 
églises  paroissiales  pour  connaître  le  détail  des  «  exécrations  &  impiétés  qui 
»  s'étoient  commises.  » 

L'arrestation  du  gentilhomme  se  fit  avec  un  apparat  inaccoutumé.  La  foule, 
blessée  dans  son  culte  le  plus  cher,  s'était  amassée  grondante,  devant  le  logis 
du  chevalier,  sur  la  place  Saint-Etienne.  Plusieurs  présidents  &  conseillers, 
les  gens  du  roi  &  le  capitoul  Pierre  Pol  de  Martres  arrivèrent  dans  six  car- 
rosses, entourés  de  la  compagnie  du  guet^. 

Ce  fut  le  capitoul  qui  mit  pied  à  terre  &  pénétra  dans  la  maison.  Le  che- 
valier s'était  réfugié  dans  la  galerie  supérieure,  où,  l'épée  à  la  main,  il 
menaçait  de  faire  bonne  défense.  Le  capitoul,  l'ayant  rejoint  avec  ses  soldats, 
le  somma  de  se  rendre;  alors  Roquelaure  qui  se  voyait  pris,  posa  le  pied  sur 
la  lame  de  son  épée  St  la  mit  en  pièces.  La  famille  du  guet  n'en  put  recueillir 
que  les  débris;  on  enleva  le  chevalier,  on  l'enferma  dans  une  des  voitures  8c 
le  cortège  s'achemina  vers  les  prisons  de  la  Conciergerie  du  palais.  La  solen- 
nité de  cette  arrestation  semblait  promettre  un  dur  traitement,  8<.  l'on  sait  que 
les  blasphémateurs  étaient  frappés  de  peines  terribles. 

'  'SosUcttvts  uoaytroniau-n  Pièces  justificatives,  parnrrêtdu   17  février   16^6.  Affaires  iu   roi  &  i!a 

n"-XXXU,col.  122,  XXXIII,  col.  123,  &XXXIV,  puil,c,  I,  p.  ^.Oi. 

col.  IJ9,  lesdiscours  échangésdans  cette  import.inte  'Archives    de    Toulouse.    Annales    manuscrites, 

«ession.  VIII,    p.    10.  —    Pièces  justificatives,  n.  XXXVI!, 

*  Viguerie,  Vedelly,  Turle  &  Comère,    nommés  col.   1^2. 

XIII.  t(S 


1646 


j6^6 


2^^2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Mais  le  chevalier  de  Roquelaure  se  trouvait  allié  à  la  première  noblesse  du 
Midi  ;  le  monde  féodal  s'émut  de  sa  capture.  La  marquise  de  Mirepoix,  sa 
sccur,  courut  à  Toulouse,  ainsi  que  son  oncle,  le  sieur  de  La  Tour,  Si  un 
très-grand  nombre  de  gentilshommes  qui  n'épargnèrent  aucun  mouvement 
pour  obtenir  la  liberté  du  prisonnier.  Us  rencontrèrent  une  invincible  oppo- 
sition dans  la  majorité  du  Parlement,  mais  les  avocats  &  procureurs  généraux, 
Maniban,  Fieubet  &  Marmiesse  passèrent  pour  s'être  montrés  moins  intraita- 
bles. Grâce,  dit-on,  à  leur  concours  8c  à  l'assistance  de  cinq  conseillers.  Du 
May,  Chastenet,  la  Coupette,  Puymissoix  8c  Castaing,  le  chevalier  s'évada, 
en  compagnie  du  geôlier  des  prisons.  Le  bruit  courait  en  ville  que  ce  gardien 
avait  reçu  mille  pistoles  de  la  marquise  de  Mirepoix. 

A  la  nouvelle  de  cette  évasion,  les  chambres  furent  assemblées'.  On  y 
manda  les  cinq  conseillers  soupçonnés  de  connivence,  8c  le  premier  président 
leur  adressa,  au  nom  de  la  cour,  une  mercuriale,  en  leur  reprochant  d'avoir 
visité  le  captif  8c  de  s'être  compromis  par  les  marques  ostensibles  de  bienveil- 
lance qu'ils  lui  donnaient.  «  La  cour,  leur  dit-il,  ne  voulait  pas  croire  qu'ils 
«  eussent  coopéré  à  cette  évasion.  Si  elle  l'eût  pensé,  elle  les  aurait  traités 
«  com.me  le  fait  le  méritait,  leur  enjoignant  de  se  montrer  à  l'avenir  plus 
«  retenus.  » 

Les  avocats  8c  procureurs  généraux  reçurent  aussi  leur  semonce,  debout, 
derrière  le  barreau  des  présentations. 

En  même  temps  deux  huissiers  allèrent  signifiera  la  marquise  de  Mirepoix 
8c  au  sieur  de  La  Tour  d'avoir  à  quitter  la  ville  sans  délai  8c  de  se  retirer  en 
leurs  maisons. 

Sur  le  rapport  du  conseiller  Vedelly,  le  chevalier  fut  condamné  à  avoir  la 
tête  tranchée.  On  apprit  quelque  temps  plus  tard  qu'il  s'était  réfugié  à  Paris, 
où  la  reine  Anne  d'Autriche  le  fit  mettre  à  la  Bastille^. 

La  capitale  de  la  Province  ne  cessait  point,  du  reste,  d'être  en  proie  aux 
agitations  municipales. 

Les  élections  du  28  novembre  1645  s'étaient  accomplies  conformément  à 
l'usage,  8c  les  capitouls  sortant  de  charge  avaient  même  pris  part  aux  diverses 
fêtes  d'investiture,  lorsqu'ils  se  pourvurent  au  conseil  d'État  contre  la  nomi- 
nation de  leurs  successeurs  8c  obtinrent  un  arrêt,  daté  du  i3  décembre,  qui 
défendait  aux  nouveaux  élus  de  s'immiscer  en  l'exercice  de  leurs  charges, 
malgré  le  serment  qu'ils  avaient  déjà  prêté,  8c  maintenait  jusqu'à  nouvel 
ordre  les  capitouls  royaux  en  fonctions. 

Un  second  arrêt,  daté  du  6  février  1646,  compléta  l'œuvre  en  cassant  les 
élections  de  novembre,  en  rétablissant  les  officiers  de  l'hôtel  de  ville  qui 
avaient  été  destitués  Se  nommant  d'office  les  huit  capitouls.  Quatre  des  magis- 
trats élus  étaient  confirmés  par  le  conseil  3  qui  nommait  à  la  place  des  quatre 

'  Cette  assemblée  eut  lieu  le  23  février  1646.  '  C'étaient  Pierre-Pol  de  Martres,  baron  de  Ben- 

'  Malenfant,  Collections  &  remarques  du  palais,       qv]e  &  Gélasj  le  sieur  de  Saporta,  avocat  au  Parle- 
III,  p.  253.  ment,  Mestre  &  Souterrène,  marchands. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  243 

autres  divers  personnages  de  qualité  :  Guy  du  Faur,  baron  de  Pibrac,  M.  de 
Tolosany,  seigneur  de  la  Sesquière,  M.  de  Catelan,  baron  de  Gaure,  &  Ber- 
nard Benoît,  avocat  au  Parlement'. 

L'exécution  de  cet  arrêt  souleva  de  très-vives  résistances.  Il  fut  impossible 
de  trouver  en  ville  un  sergent  ou  notaire  qui  se  chargeât  de  le  signifier  aux 
parties.  Le  Parlement,  chambres  assemblées,  prit  fait  ik  cause  pour  les  quatre 
capitoulsque  le  conseil  d'Etat  venait  d'éliminer,  chargea  le  président  de  Don- 
neville  &  deux  conseillers  de  chaque  chambre  de  chercher  des  expédients 
pour  que  les  nouveaux  titulaires  ne  fussent  pas  admis  à  prêter  le  serment,  8c 
décida  que  l'entrée  de  la  cour  serait  interdite  au  conseiller  Tolosany  jusqu'à 
ce  qu'il  eût  fait  désister  son  fils  de  sa  nomination  royale  au  capitoulat  de 
Saint-Barthélémy,  avec  cette  clause  que  s'il  venait  à  céder  ou  vendre  sa  charge 
sans  avoir  donné  satisfaction  ,  l'héritier  ou  l'acheteur  de  l'office  ne  serait 
jamais  reçu. 

Les  expédients  que  prirent  les  conseillers-commissaires  pour  empêcher 
l'exécution  de  l'arrêt  furent  des  plus  violents.  On  lança  des  décrets  de  prise 
de  corps  contre  les  nouveaux  pourvus,  8c  le  conseiller  Gargas  fit  enlever  en  sa 
présence,  par  deux  huissiers  de  la  cour,  sans  autre  forme  de  procès,  le  viguier 
de  Toulouse  qui  devait  recevoir  le  serment  des  officiers  municipaux,  8c  l'en- 
ferma dans  les  prisons  de  la  garde  du  palais.  Quand  les  nouveaux  pourvus  se 
présentèrent  à  la  viguerie  pour  y  demander  l'investiture,  M™«  de  Rabaudy 
leur  déclara  que  son  mari  était  sous  les  verrous  depuis  cinq  jours. 

Le  conseil  d'État  répondit  à  ces  mesures  violentes  le  22  mars,  en  cassant 
l'arrêt  de  la  cour  8c  ajournant  à  comparaître  en  personne  devant  Sa  Majesté 
le  président  Donneville,  les  conseillers  de  L'Estang  8c  Foucaud  8<  l'avocat 
général  Maniban.  afin  d'y  rendre  raison  de  toutes  les  délibérations  contraires 
à  la  volonté  du  roi.  Le  même  arrêt  interdisait  à  ces  divers  magistrats  l'exer- 
cice de  leurs  charges,  jusqu'à  leur  comparution,  8c  rétablissait  en  la  sienne  le 
sieur  de  Tolosany.  En  cas  de  désobéissance,  il  frappait  de  suspension  les  con- 
seillers Assézat,  Papus,  Turle,  Du  May  8c  Delong,  députés  par  la  cour  aux 
fins  d'empêcher  l'exécution  de  l'arrêt  du  conseil  du  g  février. 

Le  même  jour,  22  mars,  par  un  arrêt  spécial,  le  conseil  d'État  ordonnait 
l'élargissement  du  viguier  de  Toulouse  8c  de  ses  lieutenants,  8c  faisait  défense 
aux  sieurs  Poget,  Dumas,  Pailhez  8c  Salavert  d'exercer  les  fonctions  capi- 
tulaires  sous  peine  de  dix  mille  livres  d'amende  8c  d'être  poursuivis  comme 
perturbateurs  du  repos  public.  Il  sommait,  en  outre,  le  conseiller  Gargas 
d'avoir  à  venir  rendre  compte  de  sa  conduite  à  la  suite  du  conseil  dans  le 
délai  d'un  mois,  le  frappant  de  suspension  en  cas  de  désobéissance.  Enfin, 
il  interdisait  au  Parlement  d'entraver  l'exécution  sous  prétexte  dt  remon- 
trances, sans  prétendre  toutefois  préjudicier  au  droit  de  la  cour  de  recon- 
naître des  cas  d'appel  en  matière  d'élections  capitulaires.  Le  procureur  général 

'  Les  capitouls  cassés  étaient  :  P  ilhès  &  Dumas,  avocats  au   Parlement,  Eustache  Poget,  bourgeois,  & 
Alexandre  Salavert,  procureur  en  la  cour. 


i6i)6 


1646 


2  44  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Fieubet  était  nominativement  chargé  d'assurer  au  porteur  de  l'arrêt  le  con- 
cours des  huissiers,  sergents,  notaires  8t  autres  officiers  indispensables. 

Le  2  avril  suivant,  Nicolas  Hervin,  huissier  ordinaire  des  conseils  du  roi, 
se  rendit  à  l'hôtel  de  ville  pour  signifier  les  deux  arrêts  aux  capitouls.  A  la 
porte  extérieure,  qui  était  entr'ouverte,  il  fut  arrêté  au  passage  par  le  capi- 
taine du  guet,  Bernard  Lanes,  cjui  lui  demanda,  un  pistolet  à  la  main,  ce 
qu'il  venait  faire.  Comme  l'huissier  déclarait  se  présenter  au  nom  du  roi 
&  faisait  voir  sa  cl^îne  Se  sa  médaille,  le  capitaine  répondit  qu'il  ne  connais- 
sait le  roi  qu'en  monnaie,  que  les  arrêts  étaient  supposés  comme  la  médaille 
&  la  chaîne,  que  lui-même  n'avait  d'autre  maître  que  le  Parlement,  dont  il 
tenait  sa  charge  de  capitaine  £c  qu'il  casserait  la  tête  à  l'huissier  s'il  faisait 
un  pas  de  plus.  En  même  temps,  il  se  retournait  vers  une  troupe  de  fusiliers, 
rano-és  sous  le  portail  :  <i  Camarades!  s'écria-t-il  avec  un  juron,  les  armes  en 
«   main  !  » 

L'huissier  battit  en  retraite.  Quand  il  revint  à  la  charge,  accompagné  des 
anciens  capitouls  £<.  des  nouveaux  pourvus,  la  porte  de  l'hôtel  de  ville  était 
fermée.  Plus  de  quatre  mille  hommes  étaient  groupés  au  devant,  criant  : 
«  Vive  le  roi  !  «  offrant  d'enfoncer  la  porte,  Se  traitant  de  coquins  &  de  sédi- 
tieux les  gens  qui  venaient  de  s'enfermer  dans  la  maison  de  ville,  une  heure 
plus  tôt,  à  la  suite  du  capitoul  élu  Salavert;  ce  personnage  s'était,  en  effet, 
emparé  des  clés.  D'accord  avec  le  capitaine  du  guet,  il  retint  quelque  temps 
prisonniers  deux  de  ses  collègues,  Pol  de  Martres  Se  Mestre,  les  accablant 
d'injures,  les  menaçant  de  les  faire  pendre  Se  leur  portant  même  la  main  au 
collet. 

Le  II  avril,  le  Parlement  ordonna  des  remontrances  au  roi  au  sujet  de 
l'arrêt  du  22  mars,  dont  il  différait  l'exécution,  Se,  sans  s'émouvoir  des  for- 
mules impératives  du  conseil  d'Etat,  continua  ses  hostilités  contre  les  capi- 
touls royaux.  Le  viguier  était  sorti  de  prison  pour  cause  de  maladie;  les 
sieurs  de  Pibrac,  Benoît,  Catelan  Se  Tolosany  avaient  prêté  serment  entre 
ses  maiiis  Se  commençaient  à  tenir  entre  eux  quelques  réunions.  La  cour 
leur  enjoignit  d'avoir  à  cesser  leurs  assemblées  séditieuses,  défendant  à  tous 
officiers  Se  habitants  de  les  reconnaître  Se  de  déférer  à  leurs  ordres. 

Le  conseil  d'Etat  ne  se  lassait  point.  Nouvel  arrêt,  donné  à  Paris  le  10  mai, 
en  présence  d'Anne  d'Autriche  Se  du  jeune  roi,  annulant  tous  les  actes  du 
Parlement  de  Toulouse,  appelant  à  comparaître  dans  le  mois  le  président  de 
Graignague  Se  les  conseillers  Gargas  Se  Du  May,  leur  interdisant  l'exercice 
de  leurs  charges  Se  l'accès  aux  délibérations  de  la  cour,  sous  peine  de  nullité 
de  tous  les  actes  auxquels  ils  auraient  pris  part.  En  même  temps,  afin  d'abolir 
à  jamais  la  mémoire  de  la  désobéissance  du  Parlement,  le  conseil  ordonnait 
au  greffier  de  lui  apporter,  dans  le  délai  d'un  mois,  les  minutes  des  délibé- 
rations Se  des  arrêts  de  la  cour  concernant  la  dernière  nomination  capitulaire, 
sous  peine  d'interdiction  de  sa  charge;  il  révoquait  aussi  le  capitaine  du 
guet,  déclarait  Salavert  indigne  d'être  capitoul  Se  prescrivait  de  les  appré- 
hender au  corps  l'un  Se  l'autre  Se  de  les  conduire  dans  les  prisons  du  Fort 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  245 

l'Evêque  en  la  ville  de  Paris.  Les  capitouls  demeuraient  chargés  de  l'exécu- 
tion de  l'arrêt,  à  peine  d'en  répondre  personnellement'. 

Des  lettres  patentes  du  même  jour  nommaient  pour  commissaire  spécial 
l'intendant  de  la  généralité  de  Montauban,  Louis  de  Laisné,  seigneur  de 
la  Marguerie,  maître  des  requêtes  ordinaires  de  l'hôtel. 

Le  6  juin,  ce  personnage  se  rendit  au  consistoire,  où  était  assemblé  le 
conseil  de  bourgeoisie  en  présence  des  huit  capitouls  nommés  par  le  roi.  1!  fit 
lire  Se  enregistrer  l'arrêt  du  10  mai;  puis  on  donna  lecture  du  jugement 
souverain  qu'il  avait  rendu  contre  les  prévenus,  en  qualité  de  commissaire 
royal,  avec  l'assistance  des  sieurs  de  l'Hospital,  d'Argueil  &  de  Martin,  con- 
seillers au  présidial  de  Toulouse  &  de  deux  avocats  au  Parlement  nommés 
Robert  8c  Malgarros.  Ce  jugement  condamnait  Salavert  &  Lanes,  qui  avaient 
échappé  aux  poursuites,  à  faire  amende  honorable  £c  à  être  pendus  devant  la 
porte  de  la  maison  de  ville.  Il  prononçait,  en  outre,  la  confiscation  de  leurs 
biens,  sauf  le  tiers  réservé  pour  leurs  femmes  8c  entants,  8c  une  somme  de 
cinq  cents  livres  pour  être  employée  en  oeuvres  pies. 

Immédiatement  après  la  lecture,  MM.  de  Saporta,  de  Pibrac,  Souterrène 
8c  Benoît  montèrent  à  cheval  avec  leurs  assesseurs,  le  substitut  du  greffier  8c 
le  capitaine  du  guet;  l'exécuteur  de  la  haute  justice,  Jean  Razepel,  prit  place 
sur  un  tombereau,  tenant  à  la  main  un  tableau  où  les  deux  condamnés 
étaient  figures  la  corde  au  cou  ,  8c  un  écriteau  contenant  les  motifs  de  la 
peine.  Ce  lugubre  cortège,  précédé  des  soldats  du  guet,  suivit  le  cours  ordi- 
naire par  la  grand'rue  8c  les  autres  quartiers  de  Toulouse,  8c  revint  faire  halte 
devant  l'hôtel  de  ville,  où  l'image  des  deux  coupables  fut  solennellement 
attachée  à  la  potence  par  la  main  du  bourreau*. 


CHAPITRE  IV 

Mort  du  poète  François  Mnyriard.  —  Vieillesse  de  Pierre  Goudelin.  —  Le  prince  de  Condc  traverse  la 
Proyince.  —  Désordres  des  chevaii-légers.  —  Entreprise  du  marquis  de  Rabat  contre  l'évêque  de 
Rieiix.  —  Intervention  de  l'iipiscopat  languedocien.  —  Démarches  du  clergé  de  France.  —  Conver- 
tion  du  marquis  de  Malause.  —  L'affaire  de  l'évêque  de  Kieux  terminée  par  lettre  de  cachet. 

Au  mois  d'octobre  1646,  mourut  à  Toulouse,  à  l'âge  de  soixante-quatre 
ans,  un  homme  de  lettres  que  ses  ouvrages  n'ont  pu  sauver  de  l'oubli,  mais 
qui  avait  occupé  une  place  considérable  dans  l'opinion  de  ses  contemporains, 
8c  qui,  par  ses  relations  avec  tous  les  beaux  esprits  du  temps,  avait  été,  pen- 
dant des  années,  le  médiateur  le  plus  assidu  entre  la  Province  8c  Paris.  Né  à 

'  ArcWiieiàtTouloute.  Cingu'tème  livre  Jcs  arrêts,  col.  i3o.   Jugement    souverain   de   l'Intendant  de 

p.   176.  Guienne,  Laisné  de  La  Marguerie,  du  16  juin  1646. 

'  Arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  lomai  1646.  Archi-  — Procès  verbal  d'exécution  de  l'arrêt  du  10  mal. 

ves  d;  Toulouse.  —  Pièces  justiJîcatiyeSj  n.  XXXV,  —  Pièces  justijicçitiyes,  n.  XXXVI,  col.  iSy. 


1646 


"jj^ —    246  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Toulouse  en  i582,  fils  d'un  jurisconsulte  de  renom,  président  lui-même  au 
présidial  d'Aurillac,  puis  conseiller  d'État,  François  Maynard  laissa  écouler 
sa  vie  à  rêver  des  grandeurs  qu'il  ne  put  jamais  atteindre.  Une  partie  de  sa 
jeunesse  s'était  dépensée  à  Paris.  Il  y  avait  eu  pour  principal  protecteur  un 
autre  Toulousain,  le  sieur  de  Flotte,  qui  s'était  transporté  des  bords  de  la 
Garonne  à  ceux  de  la  Seine,  où  il  avait  acquis  une  charge  d'échevin.  Ce 
personnage,  qui  faisait  des  petits  vers  &  des  chansons  bachiques,  était  un 
franc'  débauché.  Il  faillit  mourir  d'une  indigestion  de  melons,  &,  dans  sa 
vieillesse,  il  amusait  encore  Maynard  du  récit  de  ses  bonnes  fortunes,  81  lui 
demandait  des  rimes  irrésistibles  quand  il  n'était  pas  content  de  l'effet  des 
siennes.  C'est  à  cette  école  que  se  forma  Maynard.  Bien  longtemps  après 
cette  période  de  sa  vie,  le  poëte  gascon  rappelait  en  style  mélancolique  à  son 
plus  assidu  correspondant,  «  ses  importantes  leçons  de  goinfrerie  chez  M.  de 
«  Saint-Marc  «  St.  chez  «  l'illustre  président  de  la  place  Royale.  » 

M.  de  Flotte  s'était  attaché  à  la  maison  de  Lorraine,  par  cette  sorte  de 
parasitisme  littéraire  si  commun  chez  les  gens  d'esprit  de  cette  période. 
Maynard  suivit  son  exemple.  Il  fut  mis  en  relation  avec  plusieurs  grands 
seigneurs  :  le  duc  de  Bouillon,  qu'il  allait  voir  en  son  château  de  Turenne; 
le  comte  de  Clermont,  qui  lui  faisait  boire  à  Castelnau  le  meilleur  muscat 
de  Languedoc;  le  maréchal  de  Bassompierre  8c  le  comte  de  Caraman,  dont  la 
détention  à  la  Bastille  est  si  fréquemment  rappelée  dans  sa  correspondance. 

Il  avait  espéré  suivre  quelque  illustre  carrière,  en  faisant  sa  cour  avec 
grande  dévotion  au  cardinal  Richelieu  &  à  la  reine  Anne  d'Autriche.  Il  n'y 
ménagea  pas  les  flatteries  St  réussit  à  se  faire  admettre  au  nombre  des  qua- 
rante premiers  membres  de  l'Académie  française;  mais  là  se  borna  son  succès. 
Aussi  déplora-t-il  amèrement  tout  le  reste  de  sa  vie  l'insuccès  de  son  ambi- 
tion. «  Les  changements  de  la  Cour  ne  m'ont  pas  été  avantageux,  écrivait-il 
«  un  jour  à  M.  de  la  Valette,  général  des  Vénitiens,  qu'il  avait  connu  à 
«  Toulouse.  On  m'a  donné  du  vent,  &  comme  j'ai  l'âme  d'un  bon  créancier, 
«   je  m'en  suis  payé  faute  de  meilleure  monnaie.  « 

Cependant  sa  vie  se  gaspillait  à  Paris  dans  une  sorte  de  nonchalance  épi- 
curienne, partagée  entre  les  belles  conversations,  les  échanges  de  sonnets  8c 
d'épigrammes,  8c  surtout  les  joyeux  repas  où  il  buvait  les  grands  vins  de  ses 
protecteurs  8<.  savourait  ces  fameuses  «  bisques  selon  Saint-Marc  »  ces  a  sauces 
«  8c  ces  ragoûts  »  qui  devaient  lui  laisser  plus  tard  en  son  exil  de  si  doulou- 
reuses réminiscences. 

Voyant  que  ses  espérances  ne  pouvaient  se  réaliser,  Maynard  se  retira 
d'abord  dans  son  petit  domaine  patrimonial  de  Saint-Céré,  en  Querci,  à 
quelques  lieues  de  Figeac.  Il  essaya  d'y  tromper  l'ennui  en  y  formant  «  une 
«  bibliothèque  8c  une  collection  de  tableaux,  s'attachant  surtout  à  réunir  des 
«  portraits  d'hommes  extraordinaires;  >>  le  maréchal  de  Bassompierre,  le  comte 
de  Caraman,  le  maître  des  requêtes  Talleman,  lui  envoyèrent  leurs  portraits 
pour  cette  petite  galerie  que  M.  de  Flotte,  le  «  confident  »  titulaire,  enrichis- 
sait journellement  de  ses  cadeaux.  Il  avait  aussi  des  cabinets  d'Allemagne  où 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN. 


^-i7 


i6^û 


il  se  plaisait  à  rassembler  toutes  les  lettres  d'hommes  éminents  dont  la  corres- 
pondance le  consolait  de  sa  solitude.  C'est  là,  «  au  milieu  de  tous  ces  chers 
«  morts,  )>  qu'il  évoquait,  dans  l'amertume  de  ses  désillusions,  les  souvenirs 
de  son  existence  parisienne.  Les  lettres  qu'il  recevait  assez  régulièrement  de 
quelques  amis  l'empêchaient  seules  de  se  croire  tout  à  fait  <i  enseveli  sous  les 
«  rochers  de  ce  misérable  pays,  »  &  le  transportaient  en  esprit  «  sous  les  por- 
«  tiques  de  la  place  Royale  ou  dans  les  galeries  du  Louvre.  » 

Il  s'était  marié  Se  avait  plusieurs  enfants.  Mais  la  vie  de  famille  ne  lui  fut 
pas  heureuse.  Les  graves  infirmités  de  sa  femme  &  la  mort  d'un  fils  ajoutè- 
rent à  ses  mécomptes.  Ce  fut  alors  que  pour  chercher  quelque  trêve  à  l'ennui 
qui  le  rongeait,  il  se  fit  attacher  à  l'ambassade  du  duc  de  Noailles  auprès  du 
Saint-Siège  &  passa  plus  de  deux  ans  à  Rome.  11  explique,  dans  une  lettre  à 
Madame  de  Choisy,  qu'il  avait  espéré  en  la  piété  Si  la  curiosité  trouver  une 
consolation  de  ses  peines.  Il  fut,  en  effet,  bien  accueilli  par  le  pape  Urbain 
èi.  eut  des  relations  amicales  avec  le  cardinal  Bentivoglio  qui  lui  donna  même 
pour  son  cabinet  quelques  belles  têtes  antiques.  Mais,  malgré  les  tristesses  dû 
départ,  l'épicurien  ne  tarda  pas  à  se  réveiller.  La  cuisine  italienne  lui  inspi-. 
rait  le  plus  grand  dégoût;  il  faut  voir  de  quel  ton  dédaigneux  il  traite  la 
vanité  tout  extérieure  de  ces  gentilshommes  italiens  qui  ont  «  des  estafiers 
«  en  grand  nombre  8c  pas  un  cuisinier  »  Se  comme  il  méprise  «  ces  misérables 
«  qui  ne  vivent  que  de  raves  Se  d'un  peu  de  fenouil  St  qui  n'usent  de  cure- 
«  dents  que  pour  tromper  le  monde.  »  La  table  de  l'ambassadeur  sur  laquelle 
il  retrouvait  la  France,  8c  celles  du  cardinal  de  Lyon,  Se  des  évêques  du 
Mans  Se  d'Albi  lui  faisaient  seules  endurer,  par  quelques  bonnes  fêtes,  les 
privations  de  ce  long  exil.  «  Messieurs  du  Mans  8c  d'Albi,  écrit-il  de  Rome  à 
«  M.  de  Flotte,  ont  des  cuisiniers  qui  montrent  aux  tristes  cardinaux  d'Italie 
0  l'art  des  sauces  8c  des  ragoûts.  » 

Il  rentra  de  Rome  à  Saint-Céré,  toujours  gémissant  d'être  loin  de  Paris, 
(1  ce  pays  des  honnêtes  gens,  »  appelant  son  domaine  un  ermitage,  un  désert 
barbare,  mais  semant  quelque  variété  dans  sa  vie  rustique  par  des  visites  de 
châteaux  amis,  allant  à  Turcnne,  chez  le  duc  de  Bouillon,  à  Castelnau,  au 
Pin,  chez  Madame  de  La  Capelle  Biron,  à  Balzac,  chez  le  «  grand  hermite 
<i  de  la  Charente  »  qui  lui  adressa  un  jour,  au  retour  de  Rome,  une  longue 
8c  flatteuse  épître  en  vers  latins. 

Pourtant,  comme  il  était  las  du  village,  Se  que  Paris  ne  se  pouvait  atteindre, 
il  prit  le  parti  de  revenir  à  Toulouse,  où  s'était  passée  sa  jeunesse.  C'est  là 
(ju'il  vécut  ses  dernières  années,  toujours  rimant,  toujours  écrivant  Se  rece- 
vant des  lettres,  entretenant  une  correspondance  plus  ou  moins  suivie  avec 
les  illustres  de  l'Académie  française,  avec  Conrart,  Ménage,  Racan,  CoUetct, 
Tristan,  Boisrobert,  Chapelain,  Balzac,  la  Serre;  fréquentant  assidûment 
ceux  des  membres  du  Parlement  de  Toulouse  qui  se  piquaient  de  littérature, 
le  premier  président  Bertier  de  Montrabe,  l'avocat  général  Marmiesse,  les 
conseillers  Castel  Se  Frésals,  les  présidents  Fraust  8c  Caminade,  le  greffier 
Pressac,  Se  se  targuant  d'une  sorte  de  philosophie  tardive  dont  il   résuma  Iv's 


16^6 


248  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

principes  dans  une  inscription  demeurée  célèbre  qu'il  fit  graver  sur  la  porte 
de  son  cabinet. 

Si  Maynard  a  été  sincère,  il  ne  se  fit  point  une  opinion  exagérée  de  la 
valeur  poétique  de  ses  œuvres.  Il  a  écrit  un  jour  à  M.  de  Flotte  :  «  Je  suis 
«  toujours  dans  ma  vieille  opinion  que  la  plupart  des  vers  François  ne  valent 
«  pas  beaucoup;  je  parle  des  miens,  comme  de  ceux  d'autruy.  Le  siècle 
«  advenir  se  moquera  sans  doute  de  nous  &  je  luy  pardonneray  de  bon  cœur.  » 
On  voit  que  Maynard  n'était  pas  moins  sévère  pour  lui-même  que  pour  ses 
collègues  de  l'Académie.  La  postérité  a  ratifié  ce  jugement. 

Au  moment  de  la  mort  du  poëte  toulousain,  ses  œuvres  étaient  encore  iné- 
dites. A  plusieurs  reprises,  quelques  amis  l'avaient  inutilement  sollicité  de  les 
publier.  Il  s'en  défendait  en  prétextant  le  peu  d'étendue  de  ces  pièces,  8t  le 
mince  volume  qu'on  en  ferait.  «  Je  semblerois,  disait-il,  publier  un  almanach.  >> 

Ce  fut  l'année  même  de  sa  mort  que  ses  poésies  furent  imprimées  à  Paris. 

Ses  lettres  ne  devaient  paraître  qu'en  1602,  par  les  soins  de  son  vieil  ami, 
M.  de  Flotte,  qui  les  fit  précéder  d'une  épître  dédicatoire  à  leur  protecteur 
commun,  «  Monseigneur  Louis  de  Lorraine,  duc  de  Joyeuse,  pair  81  grand 
«  chambellan  de  France.  » 

Plusieurs  beaux  esprits  coinposèrent,  selon  l'usage,  des  épitaplies  en  vers 
au  poëte  trépassé.  Colletet  fit  une  épigramme  sur  ses  lettres,  où  il  l'égalait  à 
Pline  &  à  Cicéron,  Tristan  l'Hermite  évoqua  sur  son  tombeau  les  ombres  de 
Sénèque  &  de  Martial,  Racan  félicita  le  duc  de  Joyeuse  d'arracher  aux  ténè- 
bres de  l'oubli  ce  favori  des  Filles  de  mémoire  &  l'auteur  du  Roman  comique 
déplora,  par  un  quatrain  burlesque,  l'inanité  des  succès  de  l'écrivain  8t  les 
mécomptes  de  l'ambitieux. 

Un  portrait  de  François  Maynard,  drapé  à  l'antique,  a  été  gravé,  sans  nom 
d'artiste,  en  tête  de  l'édition  de  ses  lettres.  C'est  un  visage  plein,  d'allure 
cavalière,  avec  la  moustache  8t  la  mouche  fièrement  troussées,  le  menton  rasé 
complètement,  l'œil  audacieux  sous  des  arcades  sourcilières  très-prononcées. 
Une  chevelure  assez  épaisse  encadre  la  tête  de  quelques  boucles  désordonnées. 

Tandis  que  Maynard  s'éteignait,  un  autre  poëte  méridional,  Pierre  Gou- 
delin,  achevait  sa  carrière  assez  tristement,  dans  la  maladie  8c  la  pauvreté.  Il 
avait  vu  tout  le  règne  d'Henri  IV,  dont  il  célébra  la  mort  par  des  stances 
demeurées  célèbres,  &,  sous  Louis  XIII,  s'était  vu  rechercher  de  tous  les 
hauts  personnages  qui  aftectaient  de  fréquenter  les  beaux  esprits.  Fils  d'un 
chirurgien  de  Toulouse',  portant  lui-même  le  titre  d'avocat  en  la  cour,  mais 
ne  plaidant  jamais,  il  s'était  laissé  vivre  doucement,  avait  consumé  son  maigre 
héritage  8c  atteignait  le  terme  au  milieu  de  cruelles  inquiétudes. 

Le  16  octobre  1646,  dans  le  conseil  de  bourgeoisie  auquel  assistaient  l'avocat 


•  Le  17  seplemtre  i583,  Ramoild  Goudslin  fut  nommé  bailly  de  la  corporation  des  maîtres  chirur- 
giens de  Toulouse'. 

'  Archives  dt  Toulouse.  Livre  de:  ma'iiises. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  249 

général  Manniesse  &,  les  conseillers  d'Auterive  8c  de  Frézals,  le  capitoul  Pierre 
Pol  de  Martres,  au  nom  môme  du  poëte,  sollicita  l'assistance  de  la  ville,  «  en 
«  considération  des  services  qu'elle  avait  reçus  de  lui.  «  Il  fit  ressortir,  en 
rjuelques  mots  d'une  crudité  presque  brutale,  l'état  de  détresse  du  pauvre 
écrivain.  «  Le  sieur  Goudelin,  dit-il,  est  extrêmement  nécessiteux;  il  n'a 
«  aucuns  biens  pour  se  nourrir,  étant  fort  vieux  &<  incommodé  de  sa  vieillesse, 
«  ne  pouvant  rien  faire  pour  gagner  sa  vie  '.  « 

Goudelin  avait  alors  soixante-sept  ans.  On  lui  accorda  iine  pension  viagère 
de  trois  cents  livres,  sur  la  caisse  municipale,  dont  il  ne  devait  pas  longtemps 
jouir,  car  il  mourut  au  bout  de  trois  ans. 

Outre  ce  modique  secours  viager,  les  capitouls  de  1646  se  chargèrent  de 
payer  l'impression  des  œuvres  du  poëte,  faite  par  «  noble  Pierre  Bosc,  bour- 
i'  geois  de  Toulouse  »,  &  la  gravure  d'une  planche  en  taille-douce  pour  servir 
de  frontispice  à  son  livre.  Chacun  des  membres  du  conseil  de  bourgeoisie  en 
reçut  un  exemplaire  relié'. 

Bien  qu'il  ait  écrit  la  plupart  Si  les  meilleures  de  ses  compositions  dans 
l'idiome  toulousain,  qu'il  se  rattache,  à  ce  point  de  vue,  aux  vieux  poètes 
indigènes  du  gai-savoir,  &  qu'en  mainte  occasion  il  ait  recherché,  avec  une 
délicatesse  de  philologue  &  d'érudit,  les  expressions  qui  gardaient  encore, 
malgré  la  dégénérescence  évidente  du  roman  méridional,  une  franche  saveur 
de  terroir,  Goudelin  n'en  a  pas  moins  subi,  sans  y  songer,  la  puissante 
influence  de  la  langue  8c  de  la  littérature  nationale.  Ce  n'est  plus  aux  trou- 
badours de  Provence  ou  aux  fins  aymans  du  verger  des  Augustines  qu'il 
emprunte  le  moule  de  ses  petits  poèmes  :  Malherbe,  Racan,  Ronsard,  peut- 
être,  sont  ses  vrais  modèles.  Son  alexandrin,  harmonieux  8c  sonore,  découle 
directement  d'une  source  française;  la  combinaison  de  ses  rimes  8c  le  rhythme 
de  ses  strophes,  l'observation  de  toutes  les  règles  de  la  versification  classique, 
dont  la  plupart  auraient  été  des  nouveautés  inconnues  pour  les  rédacteurs 
des  lois  d'amour,  trahissent  de  plus  en  plus  une  pénétration  irrésistible  des 
idiomes  méridionaux  par  la  grande  langue  d'outre-Loire,  pénétration  qui  ne 
s'affirme  pas  avec  moins  d'éloquence  dans  les  modifications  orthographicjues, 
déjà  si  nombreuses  Se  si  éloignées  de  la  pureté  originelle.  Avec  un  idéal 
médiocre  8c  sans  grande  élévation,  des  tendances  d'épicuréisme  bourgeois  8c 
un  peu  mesquin  qui  caractérisent  assez  nettement  la  nuance  dominante  de 
l'esprit  local,  Goudelin  a  rencontré  quelquefois  de  fraîches  Se  gracieuses  ins- 
pirations, 8c  une  mélodie  de  langage  presque  italienne. 

Comme  il  est,  à  vrai  dire,  le  dernier  poëte  languedocien,  8c  que  le  niveau 
général  de  sa  poésie  ne  dépasse  guère  la  portée  des  aspirations  littéraires  du 
pays,  son  nom  a  conservé  une  popularité  durable,  8c  ses  oeuvres  ont  obtenu 
les  honneurs  d'éditions  multipliées. 

Pierre  Goudelin  fut  enseveli  en  164g  dans  le  cloître  des  Carmes.  On  a 

'  ArchiYts  de  Toulouse. /.iVrf  i/ffj  Coajfi'/s,  XXlV,  '  Archives  de  Toulouse.    Contrôle  Aes  comptes  ie 

p.  377.  /A<5ffZ  (ie  vi//f,  pour  l'année  cipitulaire  \ûafi-\(>^(>- 


1646 


1647 


o^^ 


^o 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

souvent  raconté  que,  dans  sa  vieillesse,  il  faisait  de  ce  lieu  le  but  journaliei 
de  ses  promenades  &  qu'on  entendait  régulièrement  son  bâton  traîner  sur 
les  dalles.  Un  de  ses  amis  lui  reprocha,  en  plaisantant,  le  bruit  qu'il  fai- 
sait dans  ces  galeries  :  «  Je  frappe,  répondit  le  poëte,  afin  qu'on  vienne 
m'ouvrir  ' .  « 

Du  reste,  les  préoccupations  du  temps  n'étaient  guère  favorables  aux  gens 
de  lettres;  les  nécessités  du  Trésor  faisaient  naître  à  chaque  instant  de  nou- 
velles exigences. 

La  perception  d'une  taxe  frappant  tous  les  acquéreurs  du  domaine  royal 
causa,  dès  les  premiers  mois  de  l'année  1647,  beaucoup  de  souffrances  dans  le 
pays.  Cette  taxe  s'élevait  au  sixième  du  droit  d'acquisition.  Comme  le  domaine 
royal  comprenait  en  Languedoc  toutes  les  anciennes  possessiqns  personnelles 
des  comtes  de  Toulouse,  auxquels  les  rois  de  France  étaient  substitués  depuis 
la  mort  d'Alphonse  de  Poitiers,  &.,  en  outre,  un  assez  grand  nombre  de  terres 
annexées  par  confiscation,  soit  à  cause  de  l'hérésie  albigeoise,  soit  par  suite 
de  la  guerre  contre  les  Anglais  ou  de  diverses  forfaitures  féodales,  beaucoup 
de  ventes  avaient  été  consenties  lorsque  l'épargne  était  vide.  Les  particu- 
liers, en  voie  de  transformation  sociale,  recherchaient  ces  biens  qui  donnaient 
à  leur  fortune  un  prestige  de  seigneurie;  8c,  de  leur  côté,  les  communes 
s'en  montraient  avides,  lorsqu'elles  disposaient  de  quelques  ressources,  afin 
d'être  mieux  maîtresses  chez  elles  &  de  ne  point  avoir  de  seigneurs  trop 
près.  Ces  communes  furent,  comme  les  particuliers,  l'objet  de  cruelles 
vexations.  Renouvelant  des  pratiques  depuis  longtemps  dénoncées,  les  par- 
tisans traitaient  les  habitants  d'un  consulat  comme  solidaires  de  la  dette 
municipale,  &,  sous  ce  prétexte,  saisissaient  leurs  biens  de  toute  nature, 
sans  épargner  le  bétail  de  labourage,  qu'ils  transportaient  dans  des  lieux 


*  En  1808,  lors  de  la  démolition  du  cloître  des 
Grands-Carmes,  l'Académie  des  Jeux-Floraux  obtint 
l'autorisation  d'exhumer  les  restes  de  Goudelin 
pour  les  transporter  dans  l'église  de  la  Daurade. 

Voici  quelques  détails  extraits  du  procès-verbal 
de  cette  opération  dressé  le  4  juillet  1808  par  le 
délégué  du  maire  de  Toulouse  : 

r(  Nous  étant  rendu  au  cloître  des  ci-devant 
Grands-Carmes  pour  faire  exécuter  l'exhumation, 
nous  y  avons  trouvé  MM.  Poitevin  &  l'abbé  Jam- 
mes,  commissaires  de  l'Académie,  lesquels  nous  ont 
donné  connaissance  :  1°  d'un  extrait  des  registres 
de  la  paroisse  Saint-Etienne  déposés  à  la  maison 
commune  de  Toulouse,  portant  que  M.  Pierre  Gou- 
delin, docteur  8c  avocat,  âgé  de  soixante-dix  ans, 
avait  été  enterré  dans  le  cloître  de  l'église  des 
Grands-Carmes,  le  16  septembre  1649;  2°  d'un 
extrait  des  registres  particuliers  des  Grands-Carmes, 
consigné  dans  le  recueil  de  l'Académie  des  sciences 
de  Toulouse,  portant  que  la  sépulture  du  poëte 
Goudelin  est  dans  le  cloître  desdits  Grands-Carmes 


au  pied  du  dernier  pilier  vis-à-vis  l'autel  de  Notre- 
Dame  de  Bonne-Espérance. 

«  Nous  étant  transporté  au  lieu  indiqué,  nous  y 
avons  fait  faire  des  fouilles  dans  la  direction  dudit 
pilier  à  l'autel  sur  une  longueur  de  deux  mètres 
&  une  profondeur  &  largeur  d'un  mètre  dix  cen- 
timètres, &  y  avons  trouvé  quelques  débris  d'une 
bière  entièrement  pourris  &  quelques  clous  rongés 
par  la  rouille;  un  peu  plus  bas  &  en  fouillant 
avec  précaution,  nous  avons  trouvé  dans  l'espace 
que  renfermait  une  bière  ordinaire,  une  tête  d'une 
grosseur  remarquable  à  laquelle  manque  la  mâ- 
choire inférieure,  mais  dans  la  poussière  nous 
avons  trouvé  trois  dents,  les  os  des  bras,  des  cuis- 
ses &  des  jambes,  &  quelques  débris  des  pieds  &  des 
mains,  des  vertèbres,  du  col  8c  de  l'épine  du  dos, 
lesquels  objets  nous  avons  recueillis  dans  une  boîte 
qui  a  été  mise  en  dépôt  dans  une  chapelle  dudit 
cloître  '.  » 

■  Archives  di;  Toulouse.  Recueil  d'arréls,  IX,  p.  60. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  25 1 

écartés,  d'où  l'on  n'en  pouvait  plus  avoir  de  nouvelles  avant  que  la  taxe  ne 
fût  payée  '. 

Au  commencement  du  mois  d'avril,  au  moment  même  où  les  États,  con- 
voqués avant  l'heure,  étaient  réunis  h  Montpellier  pour  y  subir  de  rudes 
admonestations,  le  duc  d'Enghien,  devenu  prince  de  Condé,  traversa  la 
Province,  allant  à  l'armée  de  Catalogne.  Le  vieil  évoque  de  Montpellier 
lui  présenta  les  compliments  de  l'assemblée.  Le  prince  répondit  qu'il  n'igno- 
rait pas  les  sentiments  d'affection  qu'avait  eus  son  père  pour  le  pays  de 
Languedoc,  8c  protesta  de  renchérir  sur  ces  sentiments,  &  d'en  donner  des 
preuves  si  Dieu  lui  conservait  la  vie  dans  la  campagne  qui  allait  s'ouvrir. 

Ensuite  passa  le  comte  d'Harcourt,  puis  le  maréchal  de  Grammont,  tous 
salués  avec  beaucoup  d'apparat,  au  nom  de  l'assemblée  provinciale,  par  des 
députations  des  trois  ordres. 

Le  haut  personnel  gouvernemental  en  Languedoc  se  trouvait  alors  complè- 
tement renouvelé.  François  Bosquet  avait  été  rappelé  au  conseil  d'Etat;  son 
collègue  Balthazar  faisait  place  à  un  autre  maître  des  requêtes  ordinaires  de 
l'hôtel,  Louis  Le  Tonnelier,  seigneur  de  Breteuil,  envoyé  dans  le  pays  avec 
le  titre  d'intendant  de  justice,  police  Se  finances.  Louis  de  Cardaillac  de  Lévis, 
comte  de  Bioule,  remplissait  les  fonctions  de  lieutenant  général,  vacantes  par 
la  démission  du  duc  d'Arpajon,  &  enfin  le  maréchal  de  Schomberg,  dégoûté 
sans  doute  du  Languedoc,  depuis  les  événements  de  Montpellier,  se  trou- 
vait sur  le  théâtre  de  la  guerre,  à  la  veille  d'être  nommé  colonel-général  des 
Suisses  &  Grisons,  puis  vice-roi  de  Catalogne. 

Le  premier  commissaire  royal  aux  États  fut  le  vainqueur  de  Roses, 
César  de  Choiseul,  comte  du  Plessis-Praslin ,  maréchal  de  France,  lieute- 
nant général  de  la  province  8<.  évêché  de  Toul,  gouverneur  de  Turin  &  lieu- 
tenant général  des  armées  du  roi  en  Languedoc. 

La  proximité  de  la  guerre  de  Catalogne,  où  les  remparts  de  Lérida  conti- 
nuaient à  tenir  en  échec  l'armée  française,  n'était  pas  seulement  pour  la 
Province  une  cause  de  dépenses  St  de  sacrifices  considérables;  mais  le  passage 
fréquent  des  troupes  que  l'on  dirigeait  sur  les  Pyrénées,  troupes  encore  bien 
voisines  par  leur  composition,  leurs  mœurs  militaires  &  leur  indiscipline  des 
bandes  mercenaires  du  seizième  siècle,  exposait  à  chaque  instant  les  popula- 
tions urbaines  &  les  paysans  des  campagnes  à  tous  les  actes  de  violence  alors 
pratiqués  en  pays  conquis.  La  tolérance  des  chefs,  habitués  eux-mêmes  à 
une  vie  d'aventure  &  d'entreprise  qui  ne  leur  laissait  guère  de  scrupules,  était 
une  faible  défense  pour  les  propriétés  Se  les  personnes;  8<.  les  privilèges  du 
commandement,  secondés  d'ailleurs  par  les  hasards  de  chaque  jour,  assuraient 
trop  souvent  l'impunité  des  coupables. 

Au  milieu  de  ces  désordres,  M.  de  Breteuil,  intendant  de  justice,  se  trou- 
vait, par  ses  fonctions  &  par  ses  instructions  particulières,  le  protecteur  naturel 
des  peuples.  Comme  il  était  en  réalité,  dans  la  Province,  l'unique  représen- 

*  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc,  Séance  du  i5  avril  1647. 


1647 


1647 


252  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tant  de  l'ordre  Se  du  gouvernement  régulier,  c'est  à  lui  que  s'adressaient  les 
réclamations  Scies  plaintes,  8<.  il  poursuivait  la  répression  des  excès  commis 
avec  une  exactitude  &  un  zèle  qui  triomphaient  quelquefois  du  mauvais  vou- 
loir des  officiers. 

Le  passage  des  cbevau-légers  du  prince  de  Condé  fut  signalé  à  Nimes  par 
des  excès  qui  firent  grand  bruit.  C'était  une  compagnie  de  quatre-vingt-dix 
maîtres,  tous  vieux  cavaliers  éprouvés,  bien  armés  &  bien  vêtus.  Ils  avaient 
pour  commandant,  avec  le  titre  de  capitaine-lieutenant,  le  comte  de  Bussy- 
Rabutin,  qui  faisait  alors  ses  premières  campagnes. 

Quatre  de  ces  cbevau-légers  avaient  été  logés  chez  un  bourgeois  de  Nimes, 
argentier  du  maréchal  de  Schomberg,  8c  commettaient  mille  insolences.  Ne 
pouvant  arracher  à  leurs  obsessions  une  pauvre  fille,  sa  cousine,  qui  habitait 
la  même  maison,  l'argentier  vint  en  porter  plainte  au  capitaine.  Bussy  envoya 
dire  à  ses  hommes  qu'il  les  assommerait  s'il  entendait  encore  parler  d'eux.  La 
menace  ne  causa  guère  d'impression  aux  vieux  cavaliers,  &  une  heure  après, 
comme  Bussy  se  trouvait  à  table,  la  fille  éplorée  entra  dans  sa  chambre, 
demandant  asile.  Elle  était  suivie  des  quatre  cbevau-légers,  qui  se  disculpè- 
rent en  riant  auprès  de  leur  chef,  tournant  l'aventure  en  plaisanterie.  La 
nimoise  était  si  troublée  Se  avait  si  peu  de  confiance  en  l'effet  des  recomman- 
dations du  capitaine  qu'elle  le  supplia  de  lui  laisser  passer  la  nuit  dans  sa 
chambre,  ne  se  croyant  pas  en  sûreté  dans  toute  autre  partie  de  la  maison. 
Bussy- Rabutin  essaya  de  lui  faire  comprendre  que  l'endroit  était  mal  choisi. 
Elle  répondit  qu'elle  préférait  son  honneur  à  sa  renommée,  8<.  force  fut  au 
capitaine  de  lui  donner  un  des  quatre  lits  qui  meublaient  sa  chambre.  Bussy, 
très-fatigué  de  l'étape,  s'endormit  rapidement.  Le  lendemain  matin,  à  son 
réveil,  il  apprit  d'un  gentilhomme  qui  occupait  le  troisième  lit  que  la  fille 
avait  disparu  sans  qu'on  sût  comment.  Peu  d'instants  après,  arrivaient  deux 
jésuites  venus  pour  la  prendre  8c  la  ramener  à  ses  parents,  non  sans  remercier 
Bussy  de  lui  avoir  sauvé  l'honneur.  Quand  les  jésuites  furent  partis,  on 
s'aperçut  (|ue  la  malheureuse  s'était  blottie  sous  son  lit,  8c  dans  l'état  d'effa- 
rement où  elle  se  trovivait  encore,  on  ne  put  obtenir  d'elle  que  des  paroles 
incohérentes.  La  compagnie  monta  à  cheval  pour  gagner  Lunel.  Arrivé  à 
Montpellier,  après  avoir  rendu  visite  au  maréchal  du  Plessis-Praslin,  Bussy 
alla  voir  M.  de  Breteuil;  l'intendant  lui  annonça  que  tous  les  membres  des 
États  se  montraient  fort  émus  de  l'insolence  des  cbevau-légers.  Se  qu'il 
n'était  bruit  dans  toute  la  ville  que  du  viol  récemment  commis  sur  la 
personne  d'une  honnête  fille  de  Nimes.  Bussy  raconta  ce  qu'il  savait  de 
l'histoire. 

Peu  de  temps  après,  l'intendant  lui  envoya  demander  deux  de  ses  cavaliers 
nommés  Petit  8c  Chanfort,  qui  étaient  des  quatre  dont  l'argentier  de  Nimes 
avait  porté  plainte.  Pour  sauvegarder  l'honneur  du  commandement,  Bussy 
refusa  de  les  livrer  sans  un  ordre  du  maréchal  ;  mais,  en  même  temps,  il  pria 
M.  du  Plessis-Praslin  d'accorder  l'ordre,  sachant  bien  qu'on  les  prendrait 
malgré  lui.  Ces  deux  hommes  n'étaient  pas  les  plus  coupables.  Les  vrais 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN. 


253 


criminels,  qui  s'appelaient  la  Garenne  St  la  Marche,  avaient  eu  la  précaution 
de  ne  pas  entrer  en  ville  Se  chevauchaient  sur  la  route  d'Espagne. 

M.  de  Breteuil  fit  taire  le  procès  aux  deux  captifs.  Chanfort  fut  condamné 
à  mort  Se  eut  la  tête  coupée,  à  la  mode  du  pays,  «  sur  un  plot  de  bois.  »  On 
fit  grâce  à  Petit,  à  cause  de  son  extrême  jeunesse  Se  en  considération  de  sa 
parenté  de  Dijon,  qui  était  fort  grande  dans  les  meilleures  familles  du  Parle- 
ment. Cependant,  des  dépèches  avaient  été  expédiées  à  M.  de  Champlâtreux, 
intendant  de  l'armée  d'Espagne.  Lorsque  la  Garenne  8c  la  Marche  arrivèrent 
à  Perpignan,  on  les  arrêta;  mais  leur  captivité  ne  fut  pas  si  étroite  qu'ils 
ne  parvinssent  à  s'échapper  de  prison.  Ils  allèrent  rejoindre  leurs  camarades 
devant  Lérida,  S<.  l'affaire  n'eut  pas  d'autre  suite". 

Un  autre  épisode,  dont  le  retentissement  fut  beaucoup  plus  considérable, 
marqua  le  passage  des  troupes  du  prince  de  Condé  :  nous  voulons  parler  de 
l'aventure  du  marquis  de  Pvabat. 

Le  marquis  de  Rabat  était  encore,  k  l'avènement  de  Louis  XIV,  un  des 
rares  représentants  de  cette  féodalité  turbulente  dont  la  justice  de  Richelieu 
avait  si  rudement  châtié  les  écarts.  Issu  de  la  famille  comtale  de  Foix,  fier  de 
ses  aïeux  dont  il  conservait  les  portraits,  à  dater  du  prince  Loup,  souche  de 
la  race,  dans  les  galeries  de  son  château  de  Fornex',  conservant  encore  autour 
de  lui  un  assez  grand  appareil  militaire,  ayant  capitaine  châtelain  Si  compa- 
gnie d'arquebusiers  qui  le  saluaient,  aux  grands  jours,  par  des  décharges  de 
mousqueterie  à  l'entrée  de  ses  avenues,  ce  gentilhomme,  hardi  chasseur  8< 
buveur  non  moins  intrépide,  se  trouvait  en  guerre  ouverte  avec  tout  son  voi- 
sinage. Il  exerçait  dans  le  pays  une  autorité  sans  contrôle,  était  premier  baron 


1647 


'  «  La  réflexion  que  l'on  peut  faire  sur  cet  évé- 
nement, écrit  Bussy-Rabutin  d.Tns  ses  mémoires, 
c'est  qu'un  officier  qui  conduit  des  troupes  ne  sau- 
rait être  trop  exact,  ni  apporter  trop  de  précau- 
tions pour  éviter  les  désordres,  puisqu'avec  tous 
mes  soins  je  ne  pus  empêcher  le  viol  de  cette  fille, 
ni  la  mort  de  mon  chevau-léger '.  >i 

•  Les  seigneurs  de  Rabat  portaient  en  outre  le 
titre  de  vicomtes  de  Massât,  marquis  de  Fornex, 
Montfa,  Mauvezin,  Brassac  &  Loubens.  Voici  la 
description  que  donne  du  château  de  Fornex  M.  de 
Froidour,  commissaire  enquêteur  &  général  réfor- 
mateur des  eaux  8c  forêts  en  Languedoc,  dans  le 
récit  d'une  excursion  aux  Pyrénées  : 

(c  Cette  maison  est  assise  sur  une  petite  éminence 

qui  régne  le  long  de  la  plaine II  y  descend  une 

quantité  d'eau  des  collines  suffisante  pour  baigner 
le  fossé  dont  elle  est  environnée.  On  prétend  qu'elle 
a  esté  bastye  par  les  anciens  comtes  de  Foix...  EUi: 
est  toute  bastie  de  briques,  a  quatre  corps  de  logis 


'  Mémoires  secrets  de  M.  le  comte  de  Bussy-Rabuliii, 
conlcnant  les  événements  les  plus  intéressants  de  rEuropc, 
d>:puis  l'anniie  1617  jusqu'en  tannOc  iliti?.  AiniîcrJam, 
1719,  p.  202. 


&  quatre  tours  rondes  couvertes  en  pavillons,  mais 
si  mal  placées  que  la  devanture  du  chasteau  n'est 
ny  flanquée  ny  défendue.  Ce  qu'on  trouve  d'abord 
pour  entrer  au  chasteau  est  un  petit  pavillon  carré 
couvert  d'ardoise  sous  lequel  on  passe  pour  gagner 
le  pontj  il  n'y  a  d'autre  ornement  que  les  armes 
de  la  maison,  éc.irtelées  au  premier  &  troisième 
quartier  de  Foix  &  aux  deux  autres  quartiers  de 
Duras  avec  la  couronne  de  comie  &  les  deux  col- 
liers des  ordres  de  Saint-Michel  &  du  Saint-Esprit. 
L'on  trouve  ensuite  un  pont-levis  &  une  porte  de 
bois  toute  couverte  de  fer  au  dehors  &  l'on  passe 
sous  une  voûte  dont  les  deux  côtés  sont  garnis 
d'armes.  Il  y  a  un  capitaine  dans  la  maison,  & 
nous  apprîmes  qu'on  la  gardoit  fort  soigneusement 
à  cause  des  démêlés  qui   sont   entre   le  marquis  8c 

son  frère  le  vicomte  de  Couserans Le  capitaine 

nous  fit  voir  une  galerie  fort  étroite  où  sont  pein- 
tes quelques  métamorphoses  d'Ovide,  mais  de  pein- 
ture fort  grossière  &  en  un  mot  tolosaine;  tous  les 
seigneurs  de  Rabat  y  sont  aussi  dépeints  &  font 
commencer  leur  généalogie  à  un  Gaston  de  Foix  '.  a 


■  Manuscrits  de  la  biWiolliJ>iuc  do  Toulouse.  Vnyape  aux 
ryTéiiàeSy  de  M.  de  Froideur. 


1047 


254  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

des  États  de  Foix,  8<.  chanoine  de  Saint-Volusien;  ayant  le  droit  de  porter 
l'aumusse  &  de  siéger  au  chœur  lorsqu'il  visitait  son  abbaye. 

Ses  domaines,  d'une  étendue  considérable,  étaient  situés  sur  les  coteaux 
de  la  Rize  Si  la  haute  vallée  de  l'Ariége,  8c  comprenaient  la  vaste  forêt  de 
Montbrun  8c  le  territoire  de  Massât.  Le  fief  avait  porté  pendant  des  siècles 
le  simple  titre  de  vicomtéj  puis,  des  lettres  patentes  du  roi  Louis  XIII  en 
avaient  fait  un  comté,  qui,  suivant  une  métamorphose  assez  fréquente  dans  la 
noblesse  de  cette  période,  se  trouvait  enfin  transformé  en  marquisat.  Entouré 
de  populations  montagnardes  8c  forestières  presque  aussi  sauvages  que  leur 
pays,  le  marquis  de  Rabat  participait  de  cette  nature  violente.  Avec  l'audace 
du  capitaine,  il  avait  aussi  l'astuce  du  campagnard  j  ses  procès  ne  finissaient 
point.  En  1642,  les  violences  exercées  contre  les  habitants  de  Massât  par  le 
marquis  8c  par  le  comte  son  père  étaient  devenues  si  intolérables  que  le  Par- 
lement de  Toulouse  avait  condamné  les  deux  gentilshommes  au  bannissement 
8c  à  la  confiscation  de  leurs  biens.  La  sentence  n'avait  pu  être  mise  à  exécu- 
tion, les  commissaires  de  la  cour  n'ayant  point  d'accès  dans  une  région  diffi- 
cile, entièrement  à  la  discrétion  du  seigneur.  Mais  le  condamné  en  avait 
conçu  la  plus  vive  animosité  contre  ses  juges.  Des  conflits  d'intérêts  avec 
Jean-Louis  de  Bertier,  évêque  de  Rieux,  frère  du  premier  président,  accrurent 
ces  dispositions  haineuses  8c  finirent  par  inspirer  au  marquis  un  âpre  désir 
de  vengeance.  Malgré  les  ordres  du  roi  qui  prohibaient  les  assemblées  de  per- 
sonnes en  armes,  la  noblesse  des  pays  de  montagnes,  toujours  plus  indisci- 
plinée parce  que  la  répression  y  était  incertaine,  avait  conservé  l'habitude  de 
se  réunir  par  troupes  8c  de  chevaucher  à  travers  champs  en  grand  attirail  de 
guerre.  Le  11  avril  1647,  Rabat  rassemble  quelques  familiers,  arme  leurs 
laquais,  monte  à  cheval,  avec  son  frère  le  baron,  8c  va  tenter  un  coup  de 
main  contre  l'évêché. 

Il  était  environ  cinq  heures  du  soir  quand  la  troupe  déboucha  dans  l'en- 
ceinte de  hautes  collines  oii  s'élève  la  ville  épiscopale,  resserrée  sur  une  petite 
presqu'île,  dont  les  sinuosités  de  la  Rize  découpent  les  bords.  Les  cavaliers 
se  saisissent  des  deux  portes,  sans  rencontrer  de  résistance,  8c  les  deux  frères 
courent  à  l'évêché. 

Sur  le  degré  du  palais,  ils  rencontrèrent  un  paysan  qui  venait  au  devant 
d'eux  :  ils  lui  demandent  à  voir  l'évêque.  —  Le  rustique  répond  que  «  Mon- 
te seigneur  est  à  Toulouse.  »  —  «  Où  est  son  procureur?  »  ajoute  le  mar- 
quis désappointé.  Le  paysan  lui  raconte  que  le  procureur  est  allé  rejoindre 
l'évêque,  qu'on  vient  de  lui  faire  passer  l'eau  tout  à  l'heure,  8c  il  offre  aux 
deux  visiteurs  un  bateau  qui  était  amarré  au  pied  des  contreforts  du  jardin 
pour  traverser  la  Rize.  Le  marquis  l'écoutait  avec  impatience 5  il  lui  demande 
brusquement  s'il  est  domestique  de  l'évêque  8c  à  quoi  il  sert.  —  «  Je  suis  le 
«  jardinier  de  Monseigneur  »,  réplique  le  campagnard.  Aussitôt  le  marquis 
le  saisit  au  collet  8c,  avec  l'aide  de  son  frère,  l'entraîne  hors  de  la  porte  de 
l'évêché,  puis  il  s'empare  de  l'épée  du  baron,  frappe  furieusement  le  pauvre 
hère  sur  la  tête  8c  sur  tous  ses  membres,  proférant  les  plus  atroces   blas- 


LIVI  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  255 

phèmes,  lui  répétant  qu'il  le  maltraitait  ainsi  en  qualité  de  serviteur  du 
prélat,  que  si  M.  de  Bertier  était  dans  la  maison,  il  irait  droit  à  sa  chambre 
lui  passer  l'épée  au  travers  du  corps,  ik  que,  d'ailleurs,  l'évêque  &  le  premier 
président  son  frère  qui  s'étaient  avisés  de  faire  donner  arrêt  contre  lui,  ne 
périraient  que  de  sa  main. 

Quand  cette  rage  de  coups  se  fut  apaisée,  le  marquis  prit  la  main  du  domes- 
tique 6<.  y  traçant  quelques  lignes  sanglantes  avec  la  pointe  de  son  épée  : 
«  Voilà,  dit-il,  une  lettre  que  j'écris  à  ton  maître  pour  lui  apprendre  ce  que 
«  je  lui  veux  faire.  » 

Après  cet  exploit,  les  deux  gentilshommes  remontent  à  cheval,  rejoignent 
leur  troupe  &  disparaissent  dans  la  direction  du  château.  Quelques  jours 
après,  on  sut  que  le  marquis  avait  quitté  Fornex  8c  qu'il  était  passé  dans 
l'armée  du  prince  de  Condé. 

Cependant  les  consuls  avaient  immédiatement  reçu  la  plainte  de  la  vic- 
time; maître  Milhet,  chirurgien  de  Carbonne,  appelé  à  la  hâte  pour  panser 
les  blessures,  en  rédigea  une  relation.  Se  le  i5  avril  le  procureur  général 
donna  commission  à  M.  de  Subra,  magistrat  présidial  en  la  sénéchaussée  de 
Toulouse,  pour  informer  des  excès  du  marquis  de  Rabat  &  «  de  ses  jactances  » 
contre  l'évêque  &  le  premier  président. 

M.  de  Subra  se  transporta  à  Rieux  pour  y  commencer  l'enquête  &  reçut  la 
déposition  de  quatorze  témoins. 

A  la  première  nouvelle  de  l'événement,  M.  de  Bertier  se  hâta  d'en  écrire  à 
l'archevêque  de  Narbonne,  président  des  Etats  8c  premier  prélat  de  la  Pro- 
vince, afin  d'obtenir  par  son  entremise  une  intervention  générale  du  clergé. 
Il  en  informa  aussi  l'abbé  Tubeuf,  frère  de  l'intendant  des  finances,  qui  se 
trouvait  alors  à  Paris,  lui  faisant  une  vive  peinture  des  inquiétudes  où  le 
jetaient  les  entreprises  du  marquis,  8c  lui  avouant  qu'il  n'oserait  plus  se  pro- 
mener dans  son  jardin  de  Rieux  sans  être  accompagné  de  douze  fusiliers;  il 
priait  en  même  temps  M.  de  Garibal  d'obtenir  justice  auprès  du  chancelier. 

M.  de  Rebé  témoigna  à  l'évêque  de  Rieux  le  plus  vif  désir  d'embrasser 
chaudement  ses  intérêts.  «  Je  ne  doute  point,  lui  écrivait-il  de  Montpellier 
«  dès  le  II  mai,  que  le  clergé  ne  prenne  votre  fait  8c  cause  pour  en  avoir 
«  toute  sorte  de  réparation,  puisqu'il  est  certain  que  tout  notre  corps  est  inté- 
(i   ressé  dans  ces  violences'.  » 

L'offense  du  marquis  de  Rabat  donna  lieu  à  de  longues  conférences  entre 
les  treize  prélats  de  l'assemblée.  Comme  l'évêque  de  Rieux  ne  s'était  pas  rendu 
aux  États,  ce  fut  M.  de  Rebé  qui  fit  le  rapport  de  l'affaire  Se  qui  demanda 
une  démarche  collective  auprès  des  puissances.  Tous  les  évêques  furent  d'ac- 
cord de  donner  à  l'insulte  un  grand  retentissement.  Il  fut  décidé  en  consé- 
quence que  l'on  écrirait,  au  nom  du  corps  épiscopal,  tant  au  roi  qu'au  duc 
d'Orléans,  au  prince  de  Condé,  au  cardinal  Mazarin,  à  M.  de  La  Vrillière, 

'  Archives  de  la  Hauie-Garonne.  Fonds  de  l'évé-  n.  XLVIII,  col.  176.  —  La  lettre  est  datée  de 
ché    de    Rieux,     n.    64.    —    Pièces    justificatives,        Montpellier,  le  21  mai    1647. 


1647 


1647 


:56  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

secrétaire  des  commandements  de  Sa  Majesté  j  à  M.  de  Guénégaud  qui  avait 
les  affaires  ecclésiastiques  dans  son  département,  &  à  quelques  autres  person- 
nages influents  de  la  Cour,  8t  qu'en  même  temps  on  solliciterait  l'action 
énergique  des  agents  du  clergé  de  France  &  des  prélats  qui  se  trouvaient  alors 
à  Paris. 

Toutes  ces  missives  furent  rédigées  à  Montpellier,  avant  la  séparation  des 
États,  &  signées  des  treize  évoques. 

Dans  la  lettre  au  roi,  ils  dénonçaient  en  termes  généraux  la  violence 
commise  par  un  gentilhomme  du  royaume  contre  un  de  leurs  confrères, 
déclarant  cette  injure  »  si  extrême  &  si  énorme  qu'elle  les  avoit  surpris  &t 
«  épouvantés,  ne  pouvant  s'imaginer  que  leur  caractère  que  Dieu  a  rendu  si 
«  vénérable  Si  que  la  piété  &  la  justice  des  rois  a  toujours  maintenu  si  con- 
te sidérable  parmi  les  chrétiens,  eût  pu  être  attaqué  Se  bafoué  de  la  sorte  sous 
«  son  règne.  »  Ils  invoquaient  la  mémoire  de  Louis  XIII  «  si  éclatant  en 
«  piété,  «  les  sentiments  personnels  d'Anne  d'Autriche  «  la  plus  pieuse  8c 
«  zélée  des  reines,  »  demandant  au  roi  pour  le  clergé  la  même  protection  que 
Dieu,  source  unique  des  prospérités  &  des  victoires,  accordait  au  prince  8c  au 
royaume.  Ils  le  suppliaient  de  faire  connaître  à  l'auteur  de  l'attentat  que  c'est 
«  attaquer  mortellement  le  roi  lui-même  que  d'ottenser  l'ordre  ecclésiastique 
c   placé  sous  sa  garde  par  l'autorité  divine.  » 

Au  duc  d'Orléans,  gouverneur  de  la  Province,  ils  rappelaient  qu'ils  en 
étaient  «  la  plus  considérable  partie,  tant  par  la  dignité  de  leur  caractère  que 
«  par  les  respectueuses  affections  qu'ils  avaient  à  son  service,  »  8c  que  de  pres- 
santes nécessités  les  contraignaient  à  recourir  à  sa  justice  «  dans  une  occasion 
«  où  des  larmes  Se  des  gémissements  »  vaudraient  mieux  que  des  paroles.  Ils 
affirmaient  hautement  que  le  corps  épiscopal  de  Languedoc  se  trouvait  atteint 
tout  entier  par  ces  violences.  «  Nous  nous  sentons  tous  blessés,  disaient-ils, 
«  en  la  personne  de  Monsieur  l'évêque  de  Pvieux,  8c  parce  qu'il  est  notre 
«  frère.  Se  par  la  liaison  particulière  que  nous  donne  avec  lui  cette  Province, 
«  étant  un  des  vingt-deux  prélats  qui  ont  l'honneur  d'entrer  dans  cette  com- 
<(  pagnie,  présentement  assemblée  sous  l'autorité  du  roi  8c  la  protection  de 
((  Votre  Altesse  Royale.  »  Ils  terminaient  en  faisant  appel  à  la  naissance  du 
prince  qui  avait  l'insigne  honneur  «  d'être  du  sang  le  plus  chrétien  de  tout 
«   le  monde  Si  de  tenir  par  tant  de  liens  au  fils  aîné  de  l'Église  de  Dieu  '.  » 

Au  prince  de  Condé,  commandant  l'armée  dans  laquelle  le  marquis  de 
Rabat  avait  cherché  son  refuge,  ils  racontaient  l'aventure  dans  le  plus  grand 
détail,  s'autorisant  des  témoignages  de  bienveillance  8c  de  protection  que 
Son  Altesse  leur  avait  donnés  à  son  dernier  passage  en  Languedoc  lorsqu'ils 
étaient  allés  le  saluer  en  corps  de  Province,  pour  lui  demander  de  prendre 
en  main  la  défense  de  l'Église  8c  de  l'ordre  sacré  des  principaux  ministres  des 
autels,  dont  la  sûreté  serait  à  jamais  compromise  si  un  aussi  dangereux  Si 
scandaleux  exemple  demeurait  impuni.  Prévenant  d'ailleurs  avec  habileté  la 

'  PIccfs  J'jUiJicstivc!,  n.  XLIX,  col.   117.  —  Mcme  dote  que  !n  piccsJfnte. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  sSy 

sympathie  personnelle  d'homme  de  guerre  que  le  prince  de  Condê  pouvait 
avoir  pour  le  coupable,  ils  ajoutaient  :  «  Nous  n'avons  pas  craint  que  Votre 
Il  Altesse  protège  ce  crime  ni  son  auteur,  pourvu  que  nous  l'eussions  averti 
«  qu'il  l'a  commis...  Nous  savons  que  quelque  brave  Se  généreux  que  puisse 
«  être  ce  gentilhomme  au  fait  des  armes,  il  ne  peut  paroître  devant  Votre 
«  Altesse  que  comme  un  objet  de  haine  &  d'horreur,  étant  excommunié  8c 
«  ennemi  de  Dieu.  »  Une  heureuse  allusion  aux  récentes  victoires  du  prince 
leur  fournissait  l'occasion  de  lui  rappeler  la  protection  spéciale  dont  le  Dieu 
des  armées  semblait  le  couvrir,  ayant  «  toujours  paru  comme  l'invincible  8c 
«  le  triomphateur  des  nations,  »  marque  évidente  des  faveurs  de  la  Provi- 
dence qui  lui  faisait  une  obligation  plus  étroite  de  châtier  «  l'ennemi  de  son 
«  Église  8c  l'assassin  de  ses  prêtres  '.  » 

La  lettre  aux  agents  du  clergé  était  conçue  en  termes  extrêmement  pres- 
sants. Sans  doute,  M.  de  Bertier  avait  assez  d'autorité  de  son  chef  8c  par  ses 
alliances,  pour  obtenir  raison  sans  aucune  assistance  étrangère;  mais  il  impor- 
tait de  considérer  la  gravité  de  l'exemple  8c  de  rassurer  «  l'ordre  offensé  griè- 
«  vement  en  sa  personne.  Ils  priaient  donc  les  agents  de  faire  oflice  au  nom 
«  général  de  la  Province,  d'assembler  au  plus  tôt  tous  les  évêques  qui  se 
«  trouveroient  à  Paris  8c  de  leur  demander  des  plaintes  générales  contre  l'of- 
«  fenseur.  «  Vous  savez.  Messieurs,  ajoutaient-ils,  avec  quelle  vigueur  le 
«  clergé  de  France,  pour  de  légers  affronts  faits  même  à  de  simples  prêtres', 
«  a  fortement  demandé  8c  obtenu  justice  contre  les  plus  grands  seigneurs  du 
«  royaume;  vous  n'ignorez  pas  les  derniers  exemples  de  notre  juste  zèle  pour 
u  la  conservation  de  la  dignité  de  l'Église  en  pareils  accidents.  Il  n'y  en  eut 
«  jamais  de  si  outrageux  que  celui-ci,  où  non-seulement  l'honneur,  mais  la 
«  vie  d'un  prélat  a  été  attaquée  dans  sa  propre  maison.  » 

Quant  aux  prélats  en  Cour,  dans  la  missive  qui  leur  fut  adressée,  on  insista 
particulièrement  sur  l'utilité  de  l'union  la  plus  intime  entre  tous  les  mem- 
bres de  l'épiscopat  français.  «  Autrefois,  des  assemblées  tenues  en  même  temps 
«  en  diverses  provinces  ont  fait  des  conciles  très-considérables  par  la  seule 
«  correspondance  des  prélats  qui  les  composaient.  Il  ne  faut  point  douter  que 
«  notre  intelligence,  quelque  distance  qu'il  y  ait  entre  nous,  ne  nous  fortifie 
«  extrêmement...  Personne  désormais  n'osera  attaquer  aucun  de  nous,  si  l'in- 
«  térêt  de  chaque  particulier  devient  l'objet  de  la  cause  commune.  » 

Afin  de  rendre  cette  union  plus  évidente  à  tous  les  yeux,  les  prélats  de 
Languedoc  demandaient  à  leurs  confrères  de  communiquer  par  une  lettre 
circulaire  à  tous  les  évêques  de  France,  les  résolutions  qu'ils  auraient  prises 
sur  cette  grave  question. 

Toute  cette  correspondance  fut  envoyée  en  un  paquet  à  M.  de  Beaure- 
gard,  agent  du  clergé  à  Paris,  après  avoir  eu  soin  d'en  expédier  copie  à 
l'évêque  de  Rieux,  afin  de  l'assurer  plus  parfaitement  des  actives  sympathie* 
de  l'épiscopat  languedocien. 

'  Lettre  du  ïj  mai   1647.  Puces  justificatives,  n.  L,  col.   175. 

XIII.  17 


1647 


I 


1647 


258  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Lorsque  l'abbé  de  Beauregard  reçut  les  dépêches  des  évêques  de  Languedoc 
contre  le  marquis  de  Rabat,  il  n'eut  garde  de  donner  à  cette  affaire  le  reten- 
tissement qu'on  s'en  était  promis  à  Montpellier'.  Outre  qu'un  parti  puissant  à 
la  Cour  se  montrait  ouvertement  hostile  à  l'archevêque  de  Narbonne,  &.,  par 
suite,  peu  disposé  à  soutenir  des  réclamations  dont  M.  de  Rebé  avait  pris 
l'initiative,  le  corps  épiscopal ,  recruté  en  grande  partie  dans  les  familles 
féodales  dont  les  intérêts  particuliers  le  divisaient,  était  loin  de  présenter 
l'homogénéité  que  le  clergé  des  États  invoquait  dans  ses  dépêches. 

Le  marquis  de  Rabat  comptait  un  défenseur  naturel  parmi  les  hauts  digni- 
taires de  l'Eglise  de  France.  L'archevêque  de  Sens,  Henri  de  Gondrin,  était  son 
oncle.  Ce  prélat,  qui  se  trouvait  à  Paris  quand  les  réclamations  y  arrivèrent, 
se  hâta  d'agir  pour  étouffer  la  querelle.  Grâce  à  son  intervention,  le  doyen 
d'Alet,  à  qui  les  dépêches  avaient  été  remises  en  main  propre,  n'en  accusa 
pas  même  réception  à  l'archevêque  de  Narbonne.  On  s'empressa,  dans  les  pre- 
miers jours  du  mois  de  juin,  de  réunir  cinq  évêques  aux  Augustins  de  Paris. 
On  y  décida  que  les  lettres  des  États  n'iraient  point  à  leur  adresse,  que  toutes 
démarches  seraient  arrêtées,  &c  que  deux  prélats,  parents  des  deux  parties  : 
l'archevêque  de  Sens,  Henri  de  Gondrin,  &  l'évêque  d'Utique,  Pierre  de  Ber- 
tier,  coadjuteur  de  Montauban,  travailleraient  ensemble  à  un  accommodement. 

M.  de  Gondrin  en  donna  lui-même  avis,  dès  le  g  juin,  à  l'évêque  de  Pv.icux. 
Il  lui  fit  de  grandes  protestations  de  regret  au  sujet  de  l'action  de  son  neveu, 
déclarant  qu'il  était  de  ceux  qui  avaient  le  plus  hautement  condamné  la 
conduite  du  marquis.  «  J'ay  senti  en  cette  occasion,  disait-il,  que  l'inclination 
«  que  j'avois  pour  mon  sang  étoit  beaucoup  moindre  que  celle  que  j'ay  pour 
«  mon  caractère.  »  Mais  il  indiquait  habilement  dans  un  passage  que  «  l'of- 
«  fense  du  marquis  n'étoit  qu'une  suite  de  ce  qui  s'étoit  passé  contre  lui  à 
«  Montesquieu,  Se  que  la  qualité  de  l'injure  qu'il  y  avoit  reçue  avoit  fait 
«  trouver  à  Paris  son  ressentiment  plus  excusable.  «  Il  suppliait  M.  de  Ber- 
tier  d'accepter  sa  médiation  dans  une  affaire  «  où  les  deux  parties  lui  étoient 
a  trop  considérables  pour  se  pouvoir  réjouir  de  l'avantage  de  pas  une.  » 

Grande  fut  l'irritation  de  l'archevêque  de  Narbonne  lorsqu'il  apprit  qu'on 
avait  intercepté  ses  lettres  8t  que  l'assemblée  des  Augustins  s'était  opposée  aux 

'  François-Barthélémy  de  Beauregard,  prieur  de  louse,  travaillèrent  ensemble  à  dresser  un   projet 

Saint-Pierre  de  Romejan,  au  diocèse  de  Béziers,  &  de  règlement  pour  la  députation  des  diverses  prc- 

doyen  de  l'église  cathédrale  d'Alet,  appartenait  à  vinces  ecclésiastiques.  Dans  la  séance  du  20  juin, 

la  famille  des   barons  de  Lanta.   Il   avait  déjà  la  Claude  de  Rebé  remercia  au  nom  de  ses  collègues 

qualité  d'agent  général   du    clergé  de   France   lors  le  cardinal  du   Plessis  qui  avait   harangué  le  roi. 

de  l'assemblée  de    1645,   oii    l'archevêque  de  Nar-  «  L'assemblée,  dit-il,  était  particulièrement  obligée 

bonne  &  celui  de  Toulouse   partagèrent   la   prési-  à  l'archevêque  de  Lyon  de  ce  que,  dans  cette  ren- 

dence  avec  le  métropolitain  de  Tours.  L'épiscopat  contre,  tout  en   parlant  avec  le  respect  dû  au  roi, 

languedocien  joua  un  rôle  considérable  dans  cette  il  avait  gardé  un    tel  &  si   judicieux  tempérament 

assemblée.  Ce  fut  l'évêque  d'Uzès  qui  fit  la  prédi-  &  avait  si  vigoureusement  soutenu  l'honneur,  les 

cation.  L'évêque  de  Rieux  fut  chargé  de  la   véri-  intérêts  &  l'autorité  du  clergé,   que   la  compagnie 

fication   des   archives,    avec   l'abbé   de  Caminade;  n'en  perdrait  jamais  la   mémoire'.  « 
Charles  de  Montchal  &  Victor  de  Frézals,  prieur 
de  Portelet,  conseiller  clerc  au  Parlement  de  Tou-  ■  Procès-verbaux  du  clergé  de  France,  III,  p.  122. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  îSq 

poursuites.  II  fit  part  cle  son  mécontentement  à  M.  de  Bertier  en  termes  très- 
vifs.  Il  Avoir  fait  une  assemblée  pour  éluder  ses  justes  plaintes,  c'est,  disait-il, 
«  ce  qu'on  ne  pourroit  pardonner  en  ce  monde  ni  en  l'autre  à  des  agents  du 
«  clergé.  «  Il  exprimait  l'intention  de  hâter  son  voyage  à  Paris  pour  réparer 
«  un  attentat  qui  n'étoit  pas  supportable,  »  8<.  marquait  un  profond  ressenti- 
ment contre  le  président  de  l'assemblée  des  Augustins.  «  Si  nous  nous  ren- 
«  controns  sur  le  trottoir  avec  lui ,  nous  ne  nous  tairons  pas  de  sa  forme  de 
«  procéder,  &  de  quelle  authorité  il  arreste  les  dépêches  d'un  si  grand 
«  nombre  d'évesques,  &,  ne  lui  en  déplaise,  qui  sont  assez  considérables 
«  pour  n'estre  pas  traités  de  la  sorte'.  » 

M.  de  Rebé  n'attendit  pas  son  arrivée  à  Paris  pour  donner  suite  à  l'affaire. 
Ce  fut  l'abbé  Tubeuf  qui  fut  chargé  des  négociations.  Il  fit  à  cet  effet  un 
voyage  en  Cour,  5c  porta  lui-même  les  dépêches  du  clergé  des  États.  L'affaire 
avait  été  si  habilement  étouffée  par  les  partisans  du  marquis  de  Rabat,  que 
personne  à  la  Cour,  «  depuis  le  plus  petit  jusqu'au  plus  grand,  »  n'en  soup- 
çonnait le  premier  mot.  La  reine  Anne  d'Autriche  8c  le  cardinal  Mazarin 
accueillirent  avec  grande  bienveillance  les  missives  épiscopales  8c  se  récrièrent, 
en  présence  de  l'abbé  Tubeuf,  sur  l'extravagance  du  marquis,  contre  lequel 
ils  promirent  toute  justice  8c  protection. 

A  la  cour  du  duc  d'Orléans,  la  réception  fut  très-différente.  L'abbé  de  La 
Pv.ivière,  alors  tout  puissant  sur  l'esprit  du  prince  8<  l'âme  des  intrigues  qui 
s'agitaient  au  Luxembourg,  se  plaignit  que  l'évêque  de  Rieux  n'eût  pas 
adressé  directement  ses  dépêches  à  Son  Altesse  pour  iine  affaire  de  cette 
nature,  8c  comme  Tubeuf  lui  disait  que  les  agents  du  clergé  avaient  tou- 
jours été  les  correspondants  naturels  des  évêques  lorsqu'il  s'agissait  d'intérêts 
ecclésiastiques,  l'a-ljbé  de  La  Rivière  lui  répliqua  qu'il  ne  voyait  là  que  l'his- 
toire d'un  valet  battu,  8c  que  ce  n'était  vraiment  pas  la  peine  de  faire  inter- 
venir le  clergé  pour  un  si  mince  motif.  Il  laissa  voir,  du  reste,  dans  la  suite 
de  l'entretien,  des  préventions  assez  aigres  contre  M.  de  Bertier,  8c  lui  repro- 
cha, incidemment,  de  n'avoir  pas  voulu  assister  aux  derniers  Etats. 

Gaston  d'Orléans,  à  qui  l'abbé  Tubeuf  remit  la  lettre  en  personne,  se  con- 
tenta de  répondre  qu'on  devait  laisser  cette  affaire  au  cours  ordinaire  de  la 
justice  8c  qu'il  en  parlerait  à  la  reine  ^.  Le  délégué  des  évêques  languedo- 
ciens éprouva  alors  quelque  regret  qu'on  n'eût  pas  dépêché  son  collègue  à 
l'abbé  cie  La  Rivière,  «  comme  ayant  plus  d'habitude  auprès  de'lui.  » 

Quelques  jours  après,  le  cardinal  Mazarin  écrivit  aux  évêques  de  Lan- 
guedoc pour  les  assurer  que  justice  serait  rendue.  Et,  le  7  septembre,  l'abbé 
Tubeuf  faisait  espérer  à  M.  de  Bertier  qu'il  serait  en  liberté  de  faire  exécuter 
tous  les  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  contre  le  marquis  de  Rabat,  sans 
craindre  d'en  être  empêché  par  les  ordres  de  la  Cour;  mais  il  ne  lui  cachait 
pas  l'hostilité  persistante  de  l'abbé  de  La  Rivière. 

'  Lettre  du   14  juin    1647,  datée  de  Narbonne.  '   Lettre  du    10  août   1647.   Pièces  justificatives. 

Pièces  justificatives,  n.  LV,  col.   idS.  n.  LVI,  col.  189. 


1647 


i6-,7 


260  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

Lorsque  M.  de  Rebé  alla  saluer  la  régente  au  nom  des  Etats  de  Lan- 
guedoc, Anne  d'Autriche  lui  parla  d'elle-même  de  la  grande  affaire  du  mar- 
quis de  Rabat  Se  lui  promit  une  entière  satisfaction.  Mais  les  effets  de  ces 
assurances  devaient  encore  se  faire  attendre. 

Tandis  que  M.  de  Bertier  poursuivait  son  offenseur  8c  faisait  entrer  tout 
le  haut  clergé  de  France  dans  sa  querelle,  l'évêque  d'Albi,  Gaspard  de  Daillon 
du  Lude,  8c  les  catholiques  de  son  diocèse,  obtenaient  un  triomphe  signalé 
dans  l'œuvre  de  propagande  contre  l'hérésie. 

Le  3  octobre  1647,  la  petite  église  de  Lasgraisses  auprès  d'Albi  fut  témoin 
d'une  abjuration  solennelle.  Le  nouveau  converti  était  un  vieillard  de 
soixante-dix  ans,  filleul  d'Henri  IV,  né  au  milieu  des  guerres  civiles,  8c  dont 
la  vie  avait  été  mêlée  aux  plus  actives  intrigues  du  parti  protestant.  Il  s'ap- 
pelait Henri  de  Bourbon,  Se  réunissait  les  titres  de  marquis  de  Malauze  Se  de 
vicomte  de  Lavedan. 

La  branche  des  Bourbons-Malauze  avait  commencé  vers  la  fin  du  quin- 
zième siècle  par  un  fils  naturel  du  duc  Jean  de  Bourbon,  connétable  de 
France,  8c  de  Louise  d'Albret,  dame  d'Estouteville.  Ce  fils,  un  des  cinq 
bâtards  du  connétable,  porta  comme  toute  sa  lignée  les  trois  fleurs  de  lis  d'or 
en  champ  d'azur  avec  la  brisure  qui  trahissait  l'irrégularité  de  son  origine. 
Gratifié  d'abord  de  la  baronnie  de  Caudesaigues,  il  acquit,  par  son  mariage 
avec  une  fille  de  Gaston  du  Lion,  sénéchal  de  Toulouse,  la  terre  de  Malauze, 
en  Guienne,  dont  ses  descendants  gardèrent  le  nom.  C'était  un  fief  situé  sur 
le  faîte  d'une  ligne  de  grands  plateaux  à  droite  de  la  Garonne,  un  peu  en 
aval  du  triangle  de  verdure  que  forme  le  confluent  du  Tarn,  8c  qui  est  une 
pointe  avancée  du  territoire  de  Languedoc  entre  la  Gascogne  Se  le  Querci. 

Les  Malauze  étaient  une  race  guerrière.  L'un  d'eux  combattit  les  Anglais 
en  Picardie  Se  se  fit  prendre  plus  tard  à  Pavie  avec  François  I.  Au  seizième 
siècle,  ils  embrassèrent  la  réforme  Se  mirent  leur  humeur  belliqueuse  au  ser- 
vice des  nouvelles  opinions.  Le  père  du  marquis  de  Malauze  servait  comme 
lieutenant  dans  les  gendarmes  d'Henri  IV,  encore  simple  roi  de  Navarre, 
lorsque  sa  femme,  Françoise  de  Saint-Exupéry,  de  la  maison  des  seigneurs 
de  Miremont  en  Auvergne,  lui  donna  un  fils  dont  le  Béarnais  voulut  être  le 
parrain. 

Henri  de  Bourbon-Malauze  fut  tour  à  tour  capitaine  de  cinquante  hommes 
d'armes  8e  maréchal  des  camps  Se  armées  du  roi.  Il  tenait  de  l'héritage  de  sa 
mère  des  possessions  Se  par  suite  une  influence  personnelle  en  Rouergue  :  son 
propre  mariage  le  rendit  considérable  en  Albigeois,  Marie  de  Châlon  lui 
ayant  apporté  en  dot  le  château  de  La  Case  qui  devint  dès  ce  moment  une 
des  principales  résidences  de  sa  famille'. 

Ce  château  était  bâti  dans  le  diocèse  de  Castres,  entre  Vabre  8c  Lacaune, 
au  cœur  d'un  pays  sauvage  Se  profondément  accidenté.  Il  s'élevait  au  détour 
d'une  vallée  tortueuse  dont  les  eaux  vont  se  jeter  dans  l'Agout. 

'  P.  Anselme,  Histoire  gcncalogiijuc  &  chronologique  de  la  maison  de  Bourbon. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  261 

Diverses  paroisses,  dispersées  dans  toute  la  gorge,  depuis  l'Agout  jusqu'aux 
sommets  où  le  ruisseau  prend  sa  source,  au-dessous  du  bois  de  Montroncoux, 
dépendaient  de  la  même  seigneurie  qui  était  un  arrière- fief  du  comté  de 
Carcassonne. 

En  16:;,  le  duc  de  Rohan  utilisa  l'autorité  qu'assurait  au  filleul  d'Henri  IV 
sa  grande  situation  territoriale  dans  la  contrée,  en  lui  donnant  commission 
pour  présider  aux  colloques  d'Albigeois  &  de  Rouergue. 

Quand  la  vieillesse  fut  arrivée,  la  marquis  de  Malauze  vécut  retiré  dans  ses 
terres,  tandis  que  son  fils  aîné  Louis,  continuant  ses  traditions  militaires, 
guerroyait  en  Vivarais  &  en  Roussillon',  faisait  la  campagne  de  Flandres 
avec  le  duc  d'Orléans,  8c  payait  de  sa  personne  aux  sièges  de  Gravelines  & 
de  Mardick.  Les  services  du  fils  furent  récompensés  au  mois  d'avril  1647  par 
l'érection  de  la  terre  de  La  Case  en  comté,  les  châtellenies  de  Vabre  Se  de 
Viane  &  le  bourg  &  château  de  Gijounet  y  étant  annexés  pour  former  un 
fief  unique^.  Cependant  le  père  soutenait  d'autres  combats. 

Durant  les  dernières  années  de  sa  vie,  le  clergé  catholique  essaya  de  tra- 
vailler à  sa  conversion.  M.  du  Lude,  qu'inquiétait  le  voisinage  d'une  famille 
protestante  aussi  hautement  apparentée,  y  prit  un  intérêt  fort  ardent-'.  La 
victoire  fut  lente  &  difficile.  Le  vieux  marquis  résista  longtemps  à  toutes  les 
obsessions.  Il  était  à  bout  de  forces  8c  déjà  sous  l'influence  du  mal  qui  devait 
l'emporter,  lorsqu'il  consentit  à  donner  à  ses  vassaux  de  Lasgraisses  le  spec- 
tacle de  son  abjuration.  F.nsuite  il  alla  s'éteindre  dans  le  château  de  Sanchc- 
marans  en  Querci,  où  il  ferma  les  yeux  trois  mois  après,  le  dernier  jour  de 
l'année^. 

Cette  conversion  n'eut  pas  d'action  directe  sur  les  autres  membres  de  la 
famille  à  qui  l'avenir  réservait  encore  une  action  assez  bruyante  sinon  très- 
effective  dans  les  annales  du  protestantisme  militant. 

Il  ne  se  passa  rien  de  fort  remarquable  dans  la  session  des  États,  où  les 
plaintes  de  l'évêque  de  Rieux  émurent  à  vin  si  haut  point  le  corps  cpis- 
copal  tout  entier.  Le  maréchal  du  Plessis  y  parla  sévèrement  de  la  résistance 
qu'avaient  faite  les  deux  dernières  assemblées.  «  L'autorité  du  roi  y  a  été, 
«  dit-il,  notablement  blessée.  »  Il  qualifia  de  petits  secours  les  sommes  extra- 
ordinaires demandées  par  le  gouvernement,  &c  les  opposa  aux  grands  prépa- 
ratifs de  guerre  qui  les  justifiaient.  Il  reconnut  que,  depuis  plusieurs  années, 
l'ancienne  opulence  du  Languedoc  n'était  plus  reconnaissable,  mais  il  amoin- 
drit la  portée  de  cet  aveu  en  ajoutant  que,  si  l'on  comparait  les  maux  8c  les 
biens  de  la  Province  à  ceux  des  autres  parties  du  royaume,  ses  réclamations 
paraîtraient  inadmissibles-'. 

'  Aux  sièges  de  Privas,  de  S;ilses  &  de  Leucate.  *  P.  Anselme,   Histoire  généalogique  &  chronolo- 

'  Les  seigneuries  des  Bourbon- Malauze  en  Albi-  g'iue  de  la  maison  de  Bourbon. 

geois  étaient  Gijounet,  Viane,  La  Case,  Rocairol,  *  Nous  publions  le  texte  de  la  harangue  publié* 

Vabre,  Lasgraisses,   Roumegoux,    Réalmoni,   Le-  par    le    maréchal    du    Plessis,    Pièces  justificatives, 

dergue,  Chaudesaigues,  Miremont  &  Favas.  n.  XL,  col.   1,^6. 
'  Gallia  christiana.  Ëcclesia  Albiensis. 


10^7 


.647 


262  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  conseiller  d'État  René  de  Voyer  d'Argenson  fut  le  principal  orateur 
ministériel.  Son  discours  visa  directement  l'esprit  d'opposition  qui  s'était 
manifesté,  en  des  circonstances  récentes,  chez  les  membres  du  Parlement,  de 
la  Cour  des  comptes  &  des  Etats  provinciaux.  «  L'un  des  plus  beaux  présents 
«  que  Dieu  ait  fait  aux  hommes,  dit-il,  est  celui  de  la  liberté;  mais  ils  en 
«  font  mauvais  usage  quand  ils  agissent  par  leurs  mouvements  propres.  «  Le 
mal  serait  médiocre  si  le  désordre  n'était  commis  que  par  des  particuliers 
n'ayant  point  de  part  aux  affaires;  il  devient  très-grave  lorsque  les  plus 
grands  d'un  État  en  donnent  l'exemple.  Les  Parlements,  les  assemblées  pro- 
vinciales, toutes  les  puissances  au-dessous  de  la  souveraine  doivent  obéir 
sans  difficulté.  Il  n'est  pas  permis  aux  sujets  d'examiner  si  ce  que  veut  le 
monarque  est  juste  ou  non;  la  vérification  même  des  édits  par  les  cours  supé- 
rieures n'a  pour  but  que  le  maintien  de  l'autorité.  Quant  au  consentement 
des  États  nécessaire  pour  les  impositions  de  la  Province,  c'est  vine  exception 
à  la  règle  générale  du  royaume.  Cette  liberté  même,  «  qu'il  est  raisonnable 
«  de  conserver,  »  augmente  les  obligations  du  pays. 

Sur  les  détails  de  la  guerre  d'Espagne,  Voyer  d'Argenson  glissa  rapidement, 
mais  il  répondit  aux  mauvais  propos  qui  étaient  venus  de  Catalogne  &  qui 
avaient  déterminé  la  révocation,  le  rappel  &  l'emprisonnement  du  maréchal 
de  La  Mothe  Houdancourt ',  &  mit  en  relief  les  sentiments  français  de  la 
régente.  «  Ceux  de  la  Maison  d'où  elle  est  sortie,  dit-il,  s'en  plaignent  &  en 
«  ressentent  les  effets.  « 

Enfin,  l'orateur  tira  grand  parti  de  la  sédition  de  Montpellier,  de  la  néces- 
sité d'en  faire  perdre  le  souvenir,  &  fit  valoir  les  énormes  sacrifices  qu'exigeait 
la  réduction  d'ennemis  superbes,  obstinés  à  ne  jamais  s'avouer  vaincus  tant 
qu'il  leur  resterait  quelque  chose  à  perdre^. 

La  réplique  de  l'archevêque  de  Narbonne,  Claude  de  Pv.ebé,  ne  manque 
point  d'intérêt.  Le  prélat  compare  le  traitement  des  pays  nouvellement  con- 
quis à  celui  que  subissent  les  peuples  de  la  Province,  comparaison  toute  au 
désavantage  des  anciens  sujets  de  la  couronne,  pour  lesquels  on  ne  garde 
aucun  ménagement.  En  terre  étrangère,  l'indiscipline  des  troupes  fran- 
çaises est  vigoureusement  réprimée,  tandis  qu'on  la  tolère  à  l'intérieur.  Rebé 
remercie  le  gouvernement  d'avoir,  après  un  long  délai,  travaillé  à  effacer  les 
suites  de  l'émeute  de  Montpellier  8t  de  mettre  les  innocents  à  couvert,  sans 
avoir  peut-être  châtié  tous  les  criminels. 

Quant  aux  résolutions  prises  dans  les  sessions  précédentes,  il  n'hésite  pas 

'  Le  maréchal  de  La  Mothe  Houdancourt,  vice-  &  par  haine  contre  un  parent  de  M.  des  Noyers, 

roi  de  Catalogne,-  se  plaignait,  disait-on,   indis-  Le  visiteur  général   Pierre  de  Marca   eut  ordre  de 

crètement  qu'on  l'abandonnait,  qu'on  le  sacrifiait  s'informer  de  la  vérité  de  ces  rapports,  &  c'est  à  la 

exprès  aux  ennemis,  qu'on   détournait  ou  qu'on  suite  de  cette  enquête  que  le  maréchal  fut  rappelé, 

retardait   tous  les  fonds  &  toutes  les  remises  qui  arrêté  à  Lyon  &  détenu  à  Pierre-Encize '. 

lui  étaient  destinées  ;  que  la  reine  entrait  dans  ces  '  Voir  le  discours  de  M.  d'Argenson  aux  Pièces 

sentiments  avec  une  passion  secrète  de  rendre  au  justificatives,  n.  XLI,  col.   148. 
roi  d'Espagne  tout  ce  que  nous  avions  pris  sur  lui, 

que  le  cardinal  Mazarin   sy  portait   par  jalousie  .  Aubery,  Histoire  du  c.irMnal  Ma;arin.  111.  p.  (,.i. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZAIllN.  263 

à  les  défendre,  exposant  librement  la  conduite  des  Etats,  «  k  la  censure  des 
«  juges  les  plus  rigoureux.  &  les  pjus  critiques  du  royaume.  «  La  Province 
n'a  fait  qu'user  de  son  droit  en  refusant  des  secours  qui  dépassaient  entière- 
ment ses  moyens.  «  A  quoi  servirait-il  de  nous  assembler,  si  nous  n'avions 
a  rien  à  résoudre?  »  8c  pourquoi  demander  ce  que  l'on  croit  pouvoir  exiger 
avec  violence  St  contre  la  justice'? 

L'archevêque  posait  en  ces  derniers  mots  une  question  fort  embarrassante 
pour  les  commissaires  du  roi,  si  embarrassante  qu'elle  n'a  jamais  été  résolue 
pendant  toute  la  durée  ultérieure  des  Etats  de  Languedoc,  l'autorité  ministé- 
rielle s'étant  contentée  de  rendre  impossible  de  fait  la  résistance  de  l'assemblée 
provinciale,  en  s'assurant  des  suffrages  par  mille  voies  détournées,  sans  oser 
détruire  pourtant  ces  formes  traditionnelles  de  régime  représentatif  qui  fai- 
saient l'orgueil  de  la  Province.  Seulement,  dans  la  période  du  grand  dévelop- 
pement monarchique,  les  présidents  des  Etats  se  montrèrent  moins  indiscrets. 

Après  avoir  demandé  jusqu'à  neuf  millions,  les  commissaires  royaux  se 
résignèrent  à  n'en  recevoir  que  trois,  dont  le  payement  devait  être  effectué 
en  plusieurs  années^. 

Parmi  les  faits  particuliers  de  la  session,  nous  citerons  un  point  de  la 
discipline  intérieure  des  Etats,  qui  fut  réglé  sur  la  réclamation  du  capitoul 
de  Toulouse,  Anne  de  Ferrières.  On  sait  qu'à  la  suite  de  l'insurrection  de 
Montmorency  plusieurs  barons  des  Etats,  coupables  d'y  avoir  pris  une  part 
active,  furent  privés  de  leur  droit  d'entrée  à  l'assemblée  provinciale;  pour  ne 
point  laisser  de  sièges  vides,  les  baronnies  de  Magalas,  de  Lecques,  de  Ver- 
dalle  8c  de  Fabrezan  furent  créées.  Mais  lorsque  les  barons  dépossédés  eurent 
recouvré  la  faveur  souveraine,  soit  après  la  mort  de  Richelieu,  soit  après 
celle  de  Louis  XIII,  ils  obtinrent  la  révocation  des  lettres  patentes  qui  les 
dépouillaient;  seulement  les  nouvelles  baronnies  ne  furent  pas  supprimées, 
de  sorte  que  la  proportion  classique  du  nombre  des  votants  appartenant  aux 
trois  ordres  se  trouva  notablement  modifiée. 

Anne  de  Ferrières  exposa  que,  depuis  l'organisation  des  États,  le  banc  de 
Messieurs  de  la  noblesse  n'avait  jamais  été  rempli  que  par  vingt-deux  barons 
ou  envoyés,  que  la  réponse  au  septième  article  du  cahier  des  doléances  de 
1644  défendait  aux  nouveaux  barons  d'envoyer  des  procureurs  fondés  à  leur 
place;  que,  cependant,  l'assemblée  s'était  laissé  surprendre  8c  avait  reçu  des 
gentilshommes  pourvus  de  ces  procurations  interdites;  qu'ainsi  le  nombre  des 
représentants  du  tiers  état  cessait  d'être  égal  à  celui  des  deux  autres  ordres 
réunis.  On  compulsa  les  anciens  règlements,  on  donna  lecture  de  la  réponse 
au  cahier,  portant  que  les  nouveaux  barons  n'entreraient  pas  lorsque  les 
vingt-deux  anciens  siégeraient  en  personne,  mais  que,  dans  le  cas  contraire, 

'  Discours  Je  M.  de  Rebé.   Pièces  justificatives,  missaires  du  roi  &  les  Etats;  on  trouvera  les  prin- 

n.  XLII,  col.   iSy.  cipales   harangues   dans    nos   Pièces   justificatives, 

'  Nous  épargnons  à  nos  lecteurs  le  tableau  mo-  n"»  XLIII,  col.   i6.'>;  XLIV,  col.  166;  XLVI,  col. 

notone  des  négociations  intervenues  entre  les  coin-  1  yS  ;  XLVII,  col.   1  74. 


1647 


~ 264  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ils  auraient  la  préférence  sur  les  envoyés,  &  il  fut  résolu  de  solliciter  la  sup- 
pression définitive  des  (juatre  baronnies'. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  sur  les  plaintes  relatives  aux  violences  des 
gens  de  guerre;  la  condition  de  la  Province  était  à  cet  égard  tellement  misé- 
rable que  chaque  année  voyait  la  reproduction  des  mêmes  doléances, 

L'évêque  d'Uzès  ayant  obtenu  du  commandant  en  chef  une  dispense  de 
logement  de  troupes  en  faveur  d'un  village  de  ses  domaines,  en  fit  porter 
copie  au  baron  d'Anduze  qui  venait  y  prendre  ses  cantonnements.  Le  baron 
se  saisit  des  émissaires  de  l'évêque  8c  les  garda  onze  jours  en  j^rison. 

Dans  le  bourg  d'Azilhan,  on  vit  des  cavaliers  du  régiment  de  Mérinville 
se  servir  d'une  statue  de  Notre-Dame  en  guise  de  cible  &  décharger  tour  à 
tour  leurs  pistolets  sur  la  tête  de  la  Vierge  &  sur  celle  de  l'Enfant*. 

L'évêque  d'Uzès  dénonça  aussi  vme  pratique  assez  étrange  qui  s'était 
répandue  en  divers  diocèses  de  la  Province  &  qui  aboutissait  à  la  surcharge 
du  pays.  Les  pères  de  la  Merci,  sous  prétexte  de  rendre  leurs  quêtes  plus 
fructueuses  pour  la  rédemption  des  captifs,  avaient  obtenu  une  déclaration 
du  roi  &  un  arrêt  du  conseil  accordant  aux  «  bassiniers  »  ou  quêteurs  affiliés 
à  leur  ordre  les  privilèges  les  plus  étendus  :  exemption  du  logement  des  gens 
de  guerre,  dispense  des  fonctions  municipales,  des  charges  de  collecteurs,  de 
séquestres,  de  tuteurs  &  de  curateurs.  En  un  temps  où  les  communes  se 
trouvaient  accablées  d'impositions,  de  pareils  avantages  ne  pouvaient  être 
dédaignés.  Il  n'était  pas  rare  que  plusieurs  habitants  d'un  même  lieu  par- 
vinssent à  se  faire  délivrer  des  commissions  de  bassinier,  ce  qui  alourdissait 
d'autant  le  fardeau  rejeté  sur  leurs  compatriotes-'. 

Près  de  neuf  mois  de  négociations  &  de  pourparlers  n'avaient  pu  terminer 
le  différend  de  l'évêque  de  Pvieux  &  du  marquis  de  Pv.abat,  quand  ce  gen- 
tilhomme, auprès  de  qui   les  plus  hauts  personnages  de   la  Cour  s'étaient 


■  Procès-verbnl   des   États.    Séance   du    17  avril  délibéré  qu'on   priera  Mcsseigneurs  les  Evêques  de 

1647.  Nimes  &  d'Uzès,    les   sieurs  députés   de   Nimes    & 

'  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  3  juin  1647.  d'Uzès  &  le  sieur  de  Joubert,  syndic  général,  de  ie 

'  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  1  i  mai  1647.  porter  sur  les  lieux  pour  juger  à  peu  près  ce  qu'il 

Voici   encore   une  délibération   de   la   session  qui  faudroit   pour   empêcher  son   entière    ruine,  à   la 

mérite  d'être  conservée.  veille  de  laquelle  il  est,  afin  d'en  donner  avis  à  Sa 

«  Monseigneur  l'Evesqiie  de  Nismos  ayant  re-  Majesté  &  lui  demander  par  les  députés  du  pays  en 
présenté  à  l'assemblée  qu'une  des  plus  belles  &  Cour  de  quoy  conserver  une  des  plus  grandes  &  bel- 
anciennes  antiquités  de  la  Province  étoient  les  les  antiquités  de  son  royaume,  Se  qu'on  tâchera  par 
Arènes,  qui  pourroient  estre  mises  en  leur  an-  tous  les  moyens  de  descouvrir  entre  les  mains  de 
cienne  beauté  sans  qu'il  en  coustât  rien  au  Roy  quels  bourgeois  de  la  ville  du  Saint-Esprit  le  sie:ir 
ny  à  la  Province,  &  qu'il  savoit  mesme  un  moyen  de  Saint-Privas  s'est  dessaisy  par  ordre  de  M.  des 
pour  rembourser  les  particuliers  qui  avoient  basti  Noyers  du  fonds  de  i5oo  livres  qui  luy  avoient 
dans  icelles,  a  esté  arresté  que  par  les  députés  du  été  baillées  pour  la  réparation  du  pont  du  Gard, 
pays  en  Cour  Sa  Majesté  sera  très-humblement  St  que  ladite  somme  sera  retirée  si  l'on  peut  Se 
suppliée  d'agréer  &  consentir  aux  propositions  employée,  attendant  un  plus  grand  secours  de  Sa 
qui  lui  seront  faites  pour  le  rétablissement  des  Majesté,  &  qu'on  en  fera  la  demande  à  M.  dé  La 
Arènes  en  remboursant  les  particuliers,  "N'rillière'.  » 

Il  Et  parce  que  le  pont  du  Gard  n'est  pas  moins 

à  considérer,   mais  de  trcs-gvande  dépense,   a   été  ■  Pi  ceci  vcrb.îl  des  Éiats.  Soancc  du  26  avril  1647. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  205 

entremis,  déclara  s'en  remettre  au  jugement  des  archevêques  &  évêques  de 
Languedoc  pour  les  réparations  dues  à  M.  de  Bertier. 

Levêque  de  Rieux  reçut  une  lettre  de  cachet  du  roi,  datée  de  Paris,  le 
23  janvier  1648,  qui  l'informait  de  cette  résolution  8c  lui  prescrivait  d'y  sous- 
crire lui-même,  lui  assurant  que  le  respect  &  l'honneur  dus  à  sa  personne  y 
trouveraient  satisfaction.  Une  dépêche  royale,  adressée  collectivement  aux 
évêques  de  Languedoc  réunis  en  assemblée  d'Etats,  leur  expliqua  la  volonté 
du  souverain. 

Malgré  la  promesse  du  marquis,  les  décisions  de  l'épiscopat  languedocien  ne 
furent  pas  entièrement  acceptées,  &  pour  terminer  une  querelle  qui  menaçait 
de  s'éterniser,  M.  de  Bertier  consentit  à  réduire  les  exigences  de  ses  confrères. 

On  prépara  donc  une  entrevue  solennelle  de  l'offensé  8t  de  l'offenseur;  ils 
se  rencontrèrent  à  Grenade,  en  présence  d'une  nombreuse  compagnie,  afin 
de  donner  aux  excuses  un  plus  grand  éclat.  Se  le  marquis  fit  à  l'évêque  un 
aveu  formel  de  ses  torts  dont  la  formule,  rédigée  par  écrit,  demeura  dans  les 
archives  de  l'évêché. 

«  Monsieur,  disait-il,  je  n'ai  jamais  été  plus  sensiblement  affligé  qu'après 
«  avoir  reconnu  l'ottense  que  je  vous  ai  faite,  &  le  regret  que  j'en  ai  conçu  ne 
«  peut  être  diminué  que  par  la  joie  que  je  ressens  de  vous  pouvoir  demander 
«  pardon  comme  je  fais,  St  par  l'honneur  que  je  reçois  en  vous  voyant  de 
«  satisfaire  au  respect  qui  vous  est  dû.  Je  sais  que  l'offense  que  je  vous  ai 
«  faite  en  la  personne  d'un  homme  qui  se  dit  être  votre  domestique  est 
«  grande}  mais  ma  douleur  n'est  pas  moindre,  81  je  vous  supplie  humble- 
«  ment  de  me  pardonner  cette  faute  8<.  de  croire  que,  quelques  paroles  ou 
«  actions  qui  vous  aient  pu  être  rapportées,  j'ai  tout  le  respect  pour  votre 
«  personne  aussi  bien  que  pour  votre  qualité,  à  quoi  je  me  reconnois  obligé» 
K  vous  assurant,  Monsieur,  qu'en  me  faisant  l'honneur  que  je  vous  demande 
«  d'oublier  8t  me  remettre  ces  offenses,  je  serai  très-obligé  à  votre  bonté  Si  à 
«  la  faveur  que  vous  me  ferez,  laquelle  je  tiendrai  à  grâce,  &  serai  toujours 
«  avec  respect  votre  serviteur  très-humble  '.  » 

L'évêque  répondit  avec  bienveillance  81  promit  de  tout  oublier.  L'humilia- 
tion de.  cette  scène  St  la  violence  qu'il  avait  dû  taire  à  son  caractère  agirent 
sur  la  nature  du  montagnard  avec  tant  de  puissance  qu'il  laissa  échapper 
d'abondantes  larmes. 

L'abbé  Tubeuf,  qui  avait  été  un  des  principaux  négociateurs  dans  la  que- 
relle, félicita  M.  de  Bertier  de  ce  dénoûment.  <'  Vous  avez  fait  voir,  lui  écri- 
«  vit-il  le  22  mai,  que  notre  Mère  Sainte  Eglise  est  bonne  81  qu'elle  pardonne 
«  volontiers  où  elle  voit  le  repentir.  11  faut  que  le  marquis  de  Rabat  ait  été 
«  bien  touché  de  S3  foute.  puis([ue  ses  \eux  ont  donné  de  si  sensibles  mar- 
H  ques  de  sa  douleur.  Je  ne  doute  plus,  après  cela,  de  son  pardon.  Vous  en 
«  devez  être  satisfait,  81  toute  l'Église  en  vous'.  » 

■  Pièces  juitificatives,  n.  LIX,  col.  192,  'Archives  de  la  Hautc-Garoiiile.   Fonds  de  l'évc- 

clié  de  Rieux,  n.  54. 


1647 


1.66  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


CHAPITRE  V 

Union  des  cours  supérieures.  —  Suppression  des  intendants.  —  Convocation  des  États  généraux  du 
royaume.  —  Affaire  de  l'équivalent.  —  Manœuvres  électorales.  —  Assemblée  de  Gaillac.  —  Affaires 
de  religion.  —  L'évéque  du  Puy.  —  Chute  de  l'abbé  de  La  Rivière.  —  Troubles  de  Nimes.  —  Lutte 
entre  le  Parlement  &  les  Etats.  —  Arrêts  contre  Mazarin.  —  Commissions  extraordinaires.  —  Plaintes 
du  clergé  de  France.  —  Montchal  8c  Marca.  —  Guerre  de  Guienne.  —  Accord  des  Etats  &  du  Parle- 
ment. —  Désordres  locaux.  —  Peste.  —  Mouvements  militaires.  —  Disgrâce  du  duc  d'Orléans. 

On  a  pu  remarquer,  dans  le  langage  tenu  aux  États  de  Languedoc  par  les 
divers  commissaires  du  roi,  depuis  le  commencement  de  la  régence,  une 
préoccupation  particulière  qui  perce  à  travers  les  formules  imagées  de  leur 
rhétorique  ;  c'est  le  besoin  de  faire  la  théorie  du  pouvoir  absolu,  de  trouver 
des  maximes  pour  justifier  les  exigences  du  ministère,  de  donner  à  la  puis- 
sance royale  une  base  surnaturelle.  Cette  insistance  est  à  elle  seule  un  symp- 
tôme éclatant  de  l'évolution  qui  commençait  à  se  faire  dans  les  esprits.  On 
n'affirme  pas  avec  cet  acharnement  ce  qui  n'est  point  discuté.  D'ailleurs,  ces 
discours  sont  remplis  d'expressions  nouvelles,  d'aphorismes  sur  le  caractère 
des  diverses  formes  de  gouvernement  qui  marquent  déjà  une  involontaire 
concession  au  sens  critique. 

Le  cardinal  de  Retz  prétend  que  la  reine  Anne  d'Autriche,  en  faisant  poser 
au  Parlement  de  Paris,  le  i5  février  1648,  cette  question  redoutable  :  «  Le 
«  Parlement  se  croit-il  en  droit  de  limiter  l'autorité  du  roi?»  leva  impru- 
demment «  le  voile  qui  doit  toujours  covivrir  tout  ce  que  l'on  peut  dire  8c 
«  tout  ce  que  l'on  peut  croire  du  droit  des  peuples  &  de  celui  des  rois,  qui 
«  ne  s'accordent  jamais  si  bien  ensemble  que  dans  le  silence.  »  Les  conseillers 
d'Etat  portant  la  parole  au  nom  du  ministère  dans  les  assemblées  provin- 
ciales de  Languedoc  n'avaient  pas  attendu  cette  date  pour  agiter  ce  problème 
dangereux.  Naturellement,  leur  solution  était  franche;  ils  établissaient  sans 
ambages  que  les  souverains  disposaient  d'un  pouvoir  supérieur  à  l'humanité. 
«  Il  ne  faut  point  douter,  disait  M.  d'Argenson,  que  Dieu  ne  se  mêle  fort 
«  avant  dans  les  commandements  des  princes  &.  qu'il  n'inspire  leurs  volontés 
«  comme  celles  de  leurs  ministres'.  »  Aussi  l'obéissance  leur  est-elle  due,  lors 
même  qu'elle  paraît  dure  &  qtt'on  n'en  peut  comprendre  les  motifs;  il  faut 
obéir  aux  rois  même  fâcheux  &  déréglés.  Comme  «  Dieu  inspire  lui-même 
<(  les  secrets  de  ses  volontés  aux  princes  qu'il  fait  souverainement  régner  par 
«  sa  grâce,  »  il  se  réserve  aussi  à  lui  seul  le  droit  de  les  juger.  Toute  appré- 
ciation de  la  conduite  du  prince  par  ses  sujets  est  un  acte  d'impiété. 

Deux  ans  avant,  M.  d'Aligre  avait  exalté  le  gouvernement  monarchique 
comme  «  le  plus  naturel,  le  plus  conforme  à  l'ordre  du  monde  &  à  celui  de  la 
"  première  puissance  du  ciel  ^,  »  &  il  ne  semblait  guère  pardonner  à  «  l'appa- 

'  Piiees  justificatives,  n.  XLI,  col.  132.  '  Pièces  justificatives,  il.  XXIX,  col.  106. 


,  LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARFN,  267 

«  rence  d'autorité  partagée,  »  offerte  par  les  États  provinciaux,  qu'en  mon- 
trant à  leur  tête  un  président-né  &  non  électif. 

Ces  argumentations  étaient  périlleuses;  les  orateurs  ministériels  «  profa- 
«  naient  le  mystère,  »  pour  employer  encore  une  expression  du  cardinal  de 
Retz.  Ils  préparaient  le  moment  où  Omer  Talon  pourrait  dire,  en  protes- 
tant contre  l'usage  des  lits  de  justice  :  «  Un  tel  gouvernement  despotique  8c 
«  souverain  seroit  bon  parmi  les  Scythes  &  les  barbares  septentrionaux,  qui 
K  n'ont  que  le  visage  d'homme;  mais  en  la  France,  le  pays  le  plus  policé  du 
«  monde,  les  peuples  ont  toujours  fait  état  d'être  nés  libres  &  de  vivre  en 
«  vrais  François.  « 

Quelquefois,  il  est  vrai,  les  commissaires  du  roi  étaient  mieux  inspirés;  ils 
évoquaient  le  nom  de  la  patrie,  le  droit  de  l'État,  8c  cherchaient  à  représenter 
le  souverain  comme  une  personnification  vivante  de  la  nation,  &c  l'archevêque 
de  Narbonne  se  permettait  même  d'indiquer  des  obligations  réciproques  liant 
le  souverain  à  ses  sujets'.  Curieux  témoignage  du  travail  qui  se  faisait  dans 
toutes  les  intelligences  8c  qu'un  des  acteurs  les  plus  engagés  au  milieu  du  mou- 
vement, le  même  cardinal  de  Retz,  a  décrit  en  quelques  phrases  saisissantes*. 

Rien  ne  ressemble  moins,  on  le  voit,  à  l'idée  frivole  éveillée,  en  général, 
parle  mot  de  Fronde  que  la  gravité  de  ces  questions  fondamentales  sur  l'ori- 
gine 8c  les  limites  de  l'autorité  des  princes,  sur  leur  droit  à  l'obéissance,  telles 
qu'elles  s'imposaient  déjà,  cent  cinquante  ans  environ  avant  la  chute  de  la 
monarchie.  La  frivolité  se  rencontrait,  en  effet,  dans  ce  haut  personnel  de 
la  Gourde  France,  où  les  intrigues  de  galanterie  alternaient  avec  les  plus 
graves  préoccupations  d'État,  mais  elle  n'était  point  dans  les  causes  de  ce 
grand  malaise,  dans  cette  inquiétude  universelle,  dans  cet  effarement  d'esprits 
cherchant  la  terre  ferme,  ne  pouvant  l'atteindre,  8c  comme  épouvantés  du 
vide  où  les  jetait  l'anéantissement  des  vieilles  fictions. 

Ce  qui  devait  rendre,  stérile  cette  grande  fermentation  de  l'esprit  public,  ce 
qui  préparait  le  temps  d'arrêt  des  règnes  de  Louis  XIV  8c  de  Louis  XV,  la 
suspension  prolongée  d'un  essor  qui,  dès  1648,  semblait  conduire  droit  à  1789, 
ce  fut  l'insuffisance  des  personnages  importants  qui  exercèrent  une  action  sur 
les  événements  publics.  La  cause  du  pays  était  grande  8c  noble;  les  cham- 
pions intermittents  qui  la  soutinrent  furent  petits  8c  mesquins,  fort  au-dessous 
de  leur  rôle,  8c,  par  l'inconséquence  de  leur  conduite,  par  la  prédominance 
des  mobiles  secondaires,  par  la  tyrannie  des  intérêts  privés,  ils  causèrent  à  la 
France  une  telle  lassitude  que  l'établissement  d'un  despotisme  silencieux  mais 
réglé  dut  lui  paraître  un  bieniait,  Se  que  les  espérances  d'une  représentation 
nationale  sincère,  caressées  pendant  deux  ou  trois  ans,  s'endormirent  pour  un 
siècle  8c  demi.  • 

Nos  lecteurs  connaissent  les  prétentions  du  Parlement  de  Toulouse,  le  rêve 
où  il  s'était  complu,  depuis  la  mort  de  Richelieu,  de  reconquérir,  dans  le 

'  Pièces  justificatives,  n.  XXX,  col.  1 14.  %'tffata,  l'on  cria,  l'on  se  les  demanda le  peuple 

'  «  On  chercha  en  s'éveillant,  comme  à  tâtons,        entra  dans  le  sanctuaire'.  » 
Us  lois  du  royaume;  on   ne  les  trouva   plus,  Ton  '  Mcmoires  du  cardinal  de  Heti. 


1648 


i6^3 


268  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC.  • 

Languedoc  tout  entier  8c  dans  une  partie  de  la  Guienne,  l'autorité  presque 
universelle  qu'il  s'était  attribuée  grâce  au  désordre  des  guerres  &  à  la  faculté 
d'empiétement  que  donne  un  esprit  de  corps  énergique.  Autorité  fort  inégale, 
du  reste,  8c  fort  incomplète  dans  son  application,  très-impuissante  surtout 
pour  le  maintien  de  l'ordre;  car,  si  la  cour  exerçait  un  pouvoir  réel  dans  le 
lieu  de  sa  résidence  Se  dans  les  villes  qu'elle  tenait  par  l'intermédiaire  d'évê- 
ques  attachés  à  sa  cause  ou  de  subalternes  dévoués,  elle  manquait  absolument 
de  moyens  d'action  dès  qu'elle  essayait  de  sortir  du  cercle  immédiat  de  son 
rayonnement.  Tandis  que  ce  majestueux  sénat  affectait  de  se  représenter, 
dans  les  cérémonies  du  palais,  comme  ayant  entre  ses  mains  le  dépôt  de  l'au- 
torité royale,  rien  n'était  plus  fréquent  que  l'impunité  des  coupables  frappés 
par  ses  sentences.  Dans  les  pays  de  montagnes,  où  les  crimes  contre  les 
personnes  étaient  fréquents  8c  où  certaine  brutalité  de  mœurs  féodales 
existait  encore,  les  condamnations  capitales  de  la  cour  souveraine  étaient  peu 
redoutées.  11  aurait  fallu,  pour  s'assurer  de  la  personne  des  criminels,  une 
force  armée  régulière  obéissant  aux  réquisitions  légales  de  la  justice.  Cette 
force  n'existait  pas,  au  moins  en  nombre  suffisant,  8c  comment  s'assurer 
d'ailleurs  de  son  obéissance?  On  citait  dans  les  Pyrénées  ou  dans  les  gorges 
du  plateau  central  tels  gentilshommes  campagnards  condamnés  pour  homi- 
cide qui  n'avaient  pas  même  quitté  leurs  maisons  des  champs.  Les  huissiers 
de  la  cour  assez  hardis  pour  apporter  des  significations  ou  des  contraintes 
dans  ces  régions  sauvages  n'étaient  pas  certains  d'en  revenir,  ou  du  moins  en 
revenaient  battus.  De  sorte  qu'avec  un  grand  appareil  de  puissance,  un 
déploiement  de  magnificence  presque  royal,  le  Parlement  de  Toulouse,  qui 
croyait  pouvoir  tout  régler,  qui  rendait  des  ordonnances  sur  le  cours  des  mon- 
naies, qui  établissait  ou  levait  des  prohibitions  commerciales,  qui  disposait 
des  chaires  de  l'Université,  qui  allait  jusqu'à  réglementer  la  toilette  des 
femmes  8c  qui  discutait  les  actes  de  politique  générale  les  plus  étrangers  à  sa 
compétence,  ne  parvenait  même  pas  à  remplir  sa  véritable  fonction,  à  rendre 
efficacement  la  justice;  il  forçait  un  avocat,  pour  opposition  électorale,  à 
paraître  sur  la  sellette  les  fers  aux  pieds,  8c  il  était  réduit  à  laisser  des  cen- 
taines d'assassins  ou  de  brigands,  condamnés  sur  ses  registres,  battre  l'estrade 
à  quelques  lieues  du  palais.  Ajoutez  à  ces  causes  d'impuissance  les  difficultés 
sans  nombre  qui  naissaient  de  la  pluralité  des  juridictions  bannerettes  8c  des 
prisons  seigneuriales.  Avec  les  transformations  qui  s'étaient  opérées  dans  la 
vie  de  la  noblesse,  vivant  à  la  Cour  de  France,  suivant  les  armées  ou  habi- 
tant de  beaux  hôtels  dans  les  villes,  la  persistance  du  système  judiciaire  féodal 
entraînait  les  conséquences  les  plus  déplorables.  Outre  l'incapacité  des  juges 
qui,  pour  un  maigre  salaire,  consentaient  à  s'enfermer  dans  quelque  village, 
les  conditions  d'installation  matérielle  n'offraient  pas  la  moindre  garantie. 
Rien  n'était  plus  commun,  —  les  commissions  d'enquête  expédiées  à  diverses 
reprises  en  rendent  témoignage,  —  que  les  prisons  en  ruines,  dont  les  portes 
ne  fermaient  point.  Les  mêmes  anomalies,  causées  par  la  destruction  lente 
d'un  ordre  ancien  que  l'ordre  nouveau  n'avait  pas  encore  remplacé,  se  repro- 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  269 

duisaient  clans  tous  les  détails  de  la  vie  civile.  Il  s'opérait  comme  un  immense 
effondrement  de  la  vieille  société,  une  dislocation  partielle,  progressive,  inces- 
sante, à  laquelle  rien  n'échappait. 

Les  Parlements  étaient  eux-mêmes,  sans  en  avoir  conscience,  emportés  par 
ce  mouvement  irrésistible;  ils  le  servaient  à  certains  égards,  ayant,  comme 
tous  les  corps,  une  assez  grande  clairvoyance  pour  les  abus  dont  ils  ne 
bénéficiaient  pas,  mais  ils  le  combattaient  avec  un  acharnement  intraitable 
lorsque  leurs  privilèges  menaçaient  d'être  atteints  par  les  réformes.  Voilà  ce 
qui  explique  les  contradictions  si  frappantes  que  l'histoire  signale  dans  la 
conduite  de  ces  compagnies,  leurs  accès  d'audace  &  d'imprudence,  leurs 
timidités  8<  leurs  reculs  soudains  quand  elles  s'aperçurent  que  les  grands 
changements  de  l'État,  revendiqués  par  elles,  tourneraient  à  leur  propre  détri- 
ment; rôle  funeste,  qu'elles  ont  joué  jusqu'à  la  dernière  heure,  &  qui  n'a 
pas  médiocrement  contribué  à  précipiter  la  ruine  de  la  monarchie. 

La  reine  Anne  d'Autriche,  comme  le  personnel  de  sa  Cour,  était  peu  favo- 
rable au  monde  parlementaire,  qu'elle  traitait  de  «canaille',»  ne  pouvant 
souffrir  de  le  voir  prétendre  à  la  réformation  de  l'État. 

Les  démarches  des  parlements  provinciaux  ne  l'avaient  guère  inquiétée, 
&  le  cardinal  Mazarin  ne  s'en  alarmait  pas  non  plus  outre  mesure,  connais- 
sant les  contre-poids  naturels  de  ces  puissances  tourmentées.  Il  savait  parti- 
culièrement qu'en  Languedoc  l'assemblée  des  trois  ordres  offrait  un  point 
d'appui  sérieux,  que  l'on  pouvait,  au  besoin,  soutenir  des  oppositions  muni- 
cipales, 8c  que  la  noblesse  guerrière,  violemment  hostile  aux  gens  de  robe, 
mettrait  des  bornes  à  leur  ambition. 

La  situation  devint  plus  grave  lorsque  le  parlement  de  Paris  prit  la  tête  de 
la  résistance,  sollicita  des  arrêts  d'union,  5c,  se  faisant  l'écho  des  plaintes 
universelles  contre  les  partisans,  obtint  la  révocation  du  surintendant  des 
finances  Particelli  d'Emery,  que  la  haine  publique  désignait  comme  le  prin- 
cipal auteur  des  innovations  fiscales. 

Le  i3  mai  1648,  le  parlement  de  Paris,  qui,  dès  le  mois  de  janvier,  avait 
manifesté  des  sentiments  hostiles  au  ministère  en  prenant  parti  pour  les  maî- 
tres des  requêtes  lésés  dans  la  propriété  de  leurs  charges,  fit  une  démarche 
capitale  en  déclarant  unir  ses  intérêts  à  ceux  du  grand -conseil,  de  la 
chambre  des  comptes,  de  la  cour  des  aides,  pour  s'opposer  au  retranche- 
ment de  quatre  années  de  gages*. 

Cette  résolution,  déterminée  par  une  défense  d'intérêts  purement  privés, 
devint  le  point  de  départ  de  tous  les  mouvements  qui  devaient  troubler  le 
royaume  pendant  près  de  cinq  années.  Dès  la  première  heure,  le  chancelier 
de  France  comprit  toute  la  portée  d'une  pareille  démarche.  En  gourmandant 
la  cour  de  Paris,  il  lui  prédit  fort  exactement  les  événements  qui  étaient  à  la 

■  L'expression    est    rapportée    par  Madame    de  *  Aubery,    Histoire    du    cardinal    Mazarin,    IV 

Motteville.    La    reine,   dit-elle,   s'indignait  «   que       p.  249. 
«   cette  canaille  s'ingérât  de  réformer  l'Etat',  u 

'  Mémoires  de  Madame  de  Motteville. 


1648 


1648 


lyo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

veille  de  s'accomplir.  Le  goût  des  assemblées  ne  se  bornerait  pas  aux  compa- 
gnies judiciaires  :  «  Les  ecclésiastiques,  dans  les  provinces,  en  abuseroient 
«  indubitablement  ainsi  que  les  villes  &.  les  communes...  la  monarchie,  qui 
«  consiste  dans  l'unité,  Si  dans  un  point  indivisible,  seroit  blessée  infaillible- 
«  ment  par  cette  licence  '.  » 

Mais  le  courant  ne  pouvait  plus  être  contenu.  Le  3o  juin,  la  question 
essentielle  que  le  Parlement  de  Tçulouse  avait  soulevée  dès  1643,  l'objet 
éternel  de  ses  rêveries,  fut  débattue  dans  la  conférence  tenue  par  les  officiers 
du  Parlement  de  Paris,  du  grand  conseil  &  de  la  chambre  des  comptes;  on  y 
arrêta  deux  articles  :  révocation  des  intendants  de  justice  &  de  toutes  les 
commissions  extraordinaires;  rétablissement  des  anciennes  formes  pour  la 
levée  des  tailles. 

Quelques  jours  après,  il  fut  décidé  par  les  mêmes  magistrats  que  toutes 
les  ordonnances  8c  tous  les  jugements  rendus  par  les  intendants  seraient 
déclarés  nuls. 

Le  chancelier  de  France,  en  présence  de  la  reine,  défendit  l'institution 
attaquée^;  mais  l'énergie  de  Richelieu  eût  été  nécessaire  pour  résistera  la 
pression  universelle. 

Le  i3  juillet,  parut  une  déclaration  du  roi  qui  portait  révocation  de  toutes 
les  commissions  extraordinaires.  Parmi  les  commissions  supprimées  figuraient 
en  termes  exprès  celles  des  intendants  de  justice,  police  &  finances.  Cette 
révocation  était  justifiée  par  le  désir  d'alléger  les  souffrances  d'une  longue 
guerre,  de  porter  remède  aux  abus  qui  s'étaient  insensiblement  glissés  dans 
la  levée  des  deniers  royaux  &  de  sauvegarder  l'intérêt  des  officiers  ordinaires 
qui  se  trouvaient,  depuis  les  nouvelles  mesures,  privés  de  la  principale  fonc- 
tion de  leur  charge.  Afin  d'éviter  les  embarras  qu'un  changement  brusque 
aurait  occasionné  dans  le  service,  rien  n'était  modifié  dans  l'assiette  des  impo- 
sitions de  l'année  courante,  réglées  &  en  partie  levées  dans  toutes  les  géné- 
ralités du  royaume  par  les  ordres  des  intendants,  &  les  sommes  qui  en  pro- 
viendraient devaient  être  incessamment  voiturées  à  l'épargne  à  l'exception 
des  gages  d'officiers. 

La  même  déclaration  octroyait  une  favevir  spéciale  aux  pays  d'élections, 
probablement  avec  l'arrière -pensée  de  discréditer,  par  comparaison,  dans 
l'opinion  populaire,  le  régime  des  pays  d'États  dont  le  gouvernement  avait 

'  Aubery,    Histoire    du    cardinal    Maiarln,    IV,  onze  ans  pour  la  levée  des  Itailles;   à  révoquer  les 

f.  274.  intendants  &  à  rétablir  les  trésoriers  de  France  & 

'  Le  lundi  6  juillet,  devant  la  reine,  le  chance-  les  élus  dans  l'exercice  de   leurs  charges;   qu'il  y 

lier  dit  de  sa   part  aux  députés  du   Parlement  de  avoit  une  extrême  différence  de  trente-cinq  per- 

Paris  que  S.  M.  «  tombait  d'accord  que  les  com-  sonnes  commises  dans  toute  l'étendue  du   royaume 

missions   des   intendants  de  justice   &  toutes    les  pour  la   levée  des  deniers  du   roi,  à  trois  mille  à 

autres  non  vérifiées  étoient  défendues  par  quelques  quoy  se  montoit  effectivement  le  nombre  des  tré- 

ordonnances;  qu'elle  ne  nioit  pas  non  plus  qu'il       soriers   &  des  élus, que  ce  n'étoit  pas  depuis 

n'y  eût  du  désordre  dans  toutes  ces  commissions,  la  régence  que  les  intendants  avoient  été  envoyés 

&.  surtout    au    maniement    &   à    la    direction   des  dans  les  provinces,  y  en  ayant  eu  depuis  plus  de 

finances qu'il   faudroit    bien   du    temps,   sans  douze  ans  dans  tout  le  royaume',  jj 

parler  du  hasard,  à  changer  l'ordre  établi  depuis  .  Aubery,  Histoire  du  cardinal  Ma^arin,  IV,  p,  3oi. 


LIV.  I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  271 

toujours  pris  ombrage  :  c'était  la  remise  des  arrérages  des  trois  impôts  connus 
sous  le  nom  de  taille,  taillon  8c  subsistance  qui  pouvaient  n'avoir  pas  été 
payés  pendant  l'année  1646  &  suivantes,  les  collecteurs  ou  redevables  empri- 
sonnés pour  cette  seule  cause  devant  être  immédiatement  mis  en  liberté.  Une 
réduction  d'un  demi-quartier  des  impositions  de  1648  était  en  outre  accordée, 
à  condition  de  payer  entièrement  tout  le  reste  dans  le  courant  du  mois  de 
janvier.  La  même  réduction  était  promise  pour  l'année  1649,  sous  l'obligation 
formelle  d'en  avoir  terminé  le  payement  au  mois  de  février  i65o.  Le  gouver- 
nement, saisissant  l'occasion  de  rappeler  que  les  impôts  avaient  été  diminués 
de  près  de  douze  millions  depuis  la  mort  de  Louis  XIII,  laissait  entrevoir 
l'espérance  d'accorder  plus  grande  décharge  lorsque  une  paix  sûre  &  honnête 
lui  donnerait  les  moyens  de  faire  refleurir  le  royaume  81  d'y  remettre  l'abon- 
dance &  la  félïcité. 

Le  Parlement  de  Toulouse  enregistra  la  déclaration  le  i"  août,  non  sans 
ordonner  que  très-humbles  remontrances  seraient  faites  à  Sa  Majesté,  suivant 
l'arrêt  du  18  juillet  précédent,  afin  d'obtenir  une  double  extension  de  la 
faveur  royale  :  la  première,  en  élevant  au  quartier  complet  la  réduction 
accordée  sur  les  impositions;  la  seconde,  en  faisant  participer  la  province  de 
Languedoc  «  qui  s'étoit  consumée  par  des  octrois  volontaires  en  diverses  ren- 
«  contres  »  à  la  même  grâce  que  les  pays  d'élections. 

La  cour  n'oubliait  pas  d'adresser  de  solennelles  défenses  aux  intendants 
du  ressort  de  plus  avant  procéder  à  aucunes  commissions,  à  peine  de  concus- 
sion, de  faux  &  de  nullité,  aux  officiers  royaux  d'exécuter  leurs  ordres,  &  à 
tous  les  sujets  de  reconnaître  leur  autorité  8c  d'obéir  à  leurs  jugements.  Elle 
prescrivait  en  outre  de  surseoir  à  l'exercice  de  toutes  commissions  non  enre- 
gistrées 8c  d'informer  des  malversations  dont  elles  avaient  été  le  prétexte, 
interdisant  avec  une  particulière  insistance,  sous  peine  de  quatre  mille  livres 
d'amende,  de  faire  la  levée  des  impositions  avec  violence,  8c  à  main  armée, 
par  brigadiers,  dans  tout  le  territoire  du  ressort'. 

Il  serait  fort  difficile  d'apprécier  d'une  façon  complète  8c  de  considérer  sous 
tous  ses  aspects  la  mesure  que  l'union  des  cours  supérieures  venait  d'arracher 
à  la  régence  8v  qui  avait  fait  si  longtemps  le  vœu  le  plus  cher  du  Parlement  de 
Toulouse  8c  des  Etats  de  Languedoc.  On  ne  saurait  contester  que  l'institution 
des  intendants,  agents  directs  8c  non  contrôlés  du  pouvoir  ministériel,  ne  fût 
en  elle-même  très-favorable  au  progrès  de  la  royauté  absolue;  mais,  d'autre 
part,  il  n'est  guère  permis  de  se  faire  illusion  sur  les  tristes  résultats  du  gou- 
vernement oligarchique  dont  la  France  était  menacée.  Comme  à  l'époque  de 
la  grande  dislocation  féodale,  bien  que  dans  des  conditions  tout  à  fait  diffé- 
rentes, l'Etat  courait  le  risque  de  se  voir  presque  supprimé  par  des  coalitions 

■  Déclaration  iu  roy,  portant  révocation  des  inten-  charges.  —  Ensemble  VArrest  Je  la  Cour  Je  Parle- 

Jans  Je  justice,  &  remises  des  restes  des  tailles  juS(iucs  ment  de  Tolose  du  premier  aoust  1648,  sur  la  virifi- 

en  quarante-six  inclusivement  ;  &  d'un  demy-ijuartier  cation  de  ladite  déclaration.  —  A  Tolose,  par  Arnavd 

pour  les  années  (juarante-huict  &  quarante-neuf;  avec  Colomiez,  imprimeur  ordinaire  du  Roy&del'Vni- 

restaèlissement  des  officiers  en  la  fonction  de  leurs  versité,  m.  ne.  XLViii.  7  p.  in-8°. 


16^8 


—^ 272  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  fonctionnaires  devenus  propriétaires  de  leurs  charges,  très-jaloux  de  leurs 
privilèges,  très-divisés  entre  eux  &  peu  disposés  à  se  contenir  dans  les  limites 
étroites  de  leurs  devoirs  particuliers.  Que  l'on  eût,  dans  le  détail,  beaucoup 
à  reprocher  à  certains  intendants  pour  la  rigueur  qu'ils  mettaient  à  l'exécu- 
tion de  leurs  ordres,  que  plusieurs  d'entre  eux,  dans  les  affaires  d'argent, 
n'aient  pas  fait  preuve  d'une  probité  sans  tache,  cela  ne  semble  point  contes- 
table j  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que,  le  plus  souvent,  cette  rigueur 
s'exerçait  dans  un  esprit  d'égalité,  au  bénéfice  des  populations,  &  qu'elle 
atteignait  surtout  les  grands  propriétaires  fonciers  qui  s'autorisaient  de  pri- 
vilèges plus  ou  moins  authentiques  pour  répudier  leur  part  du  fardeau 
commun. 

En  se  réjouissant,  comme  le  faisaient  les  parlementaires,  de  la  suppression 
des  intendants  81  en  prêtant  à  cet  acte  le  caractère  d'un  retour  aux  véritables 
traditions  nationales,  on  oubliait  d'ailleurs  un  fait  capital,  c'est  que  la  créa- 
tion de  Richelieu  avait  été  nécessitée  par  les  transformations  accomplies  dans 
la  manière  d'être  des  officiers  royaux.  Pour  que  le  retour  aux  traditions 
nationales  fût  réel,  il  aurait  fallu  supprimer  en  même  temps  la  vénalité  & 
l'hérédité  des  charges.  L'expérience  avait  trop  démontré  que  des  magistrats, 
considérant  leurs  fonctions  comme  des  domaines  patrimoniaux,  constitués  en 
castes,  liés  entre  eux  par  des  intérêts  communs,  étaient  beaucoup  plus  aptes 
à  usurper  les  droits  du  gouvernement  qu'à  accomplir  un  rôle  utile  dans  l'Etat. 
Supprimer  les  intendants  sans  détruire  aussi  les  empiétements  sans  nombre 
que  les  Parlements  avaient  commis,  c'était  laisser  le  pouvoir  central  dépourvu 
de  représentants  administratifs  dans  les  provinces,  &  déroger  de  la  façon  la 
plus  absolue  aux  traditions  vraies  de  l'ancienne  monarchie  qui,  à  l'époque 
de  sa  grandeur,  avait  été  parfaitement  unitaire. 

On  n'a  qu'à  se  rappeler  l'action  considérable  &  universelle  des  sénéchaux 
royaux  en  Languedoc  sous  les  règnes  de  saint  Louis  S(  de  Philippe  le  Bel, 
la  surveillance  incessante  des  commissaires  réformateurs,  pour  reconnaître  ce 
qu'avait  en  fait  de  nouveau  Si  d'invraisemblable  cet  abandon  des  provinces  à 
l'antagonisme  des  gens  de  robe  &  de  la  noblesse  locale.  Du  moment  que 
l'homme  du  roi  disparaissait,  la  féodalité  n'avait  pas  plus  de  raison  que  la 
magistrature  d'abaisser  des  prétentions  injustes  devant  les  droits  supérieurs  de 
l'État.  Les  parlements  pouvaient  bien  croire  que  tout  était  fini,  du  moment 
qu'on  les  avait  délivrés  de  rivaux  gênants;  mais  la  noblesse,  habituée  à  la 
guerre,  n'entendait  pas  se  voir  gouverner  par  des  hommes  de  palais,  &  la 
bourgeoisie  des  villes,  qui  souffrait  journellement  de  la  mauvaise  volonté 
des  parlementaires  dans  toutes  les  affaires  d'impositions,  devait  saluer  sans 
enthousiasme  l'avènement  d'une  tyrannie  formaliste  dont  le  passé  n'avait 
rien  d'attrayant. 

Aussi  l'opinion  ne  s'arrêta  point  à  mi-chemin;  elle  comprit  que  les  par- 
lements 81  autres  compagnies  d'officiers  royaux  n'avaient  pas  qualité  pour 
gouverner  le  pays,  que  la  réformation  de  l'Etat,  réclamée  par  les  membres 
des  cours  souveraines,  demandait  d'autres  collaborateurs;  &  c'est  ainsi  que  la 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  278 

pensée  d'une  convocation  des  Etats  généraux  du  royaume,  commença  d'être 


1648 


agitée. 


Malheureusement  les  circonstances  étaient  bien  peu  favorables  à  des  élec- 
tions sincères. 

On  en  avait  eu  la  preuve  durant  le  cours  de  la  dernière  session  des  États 
de  Languedoc,  prolongée  pendant  près  de  quatre  mois.  François-Jacques 
d'Amboise,  comte  d'Aubijoux,  lieutenant  général  pour  le  roi  en  l-anguedoc, 
maréchal  de  camp  en  ses  armées,  £<.  gouverneur  de  la  ville  &  citadelle  de 
Montpellier  pour  le  duc  d'Orléans,  y  remplissait  les  fonctions  de  premier 
commissaire,  médiocre  garantie  pour  la  liberté  des  suffrages.  On  avait  réuni 
l'Assemblée  dans  la  ville  basse  de  Carcassonne,  dominée  par  ce  fort  château 
qui  fut  si  longtemps  le  siège  du  sénéchal  royal.  Le  comte  d'Aubijoux  fit  bien 
valoir  sa  qualité  de  baron  des  Etats  qui  lui  avait  permis  d'entrer  plusieurs 
fois  dans  l'assemblée.  Se  qui  lui  en  rendait  les  intérêts  communs,  mais  il 
exalta  en  termes  si  chaleureux  les  mérites  de  son  maître,  célébré  après  lui 
par  M.  de  Breteuil  dans  un  langage  non  moins  relevé,  qu'on  n'eut  pas  de 
peine  à  reconnaître  les  cliangements  survenus  dans  le  conseil  de  régence. 

Le  duc  d'Orléans  visait  à  cette  époque  une  grosse  affaire  d'argent  sur  le 
Languedoc.  L'impôt  connu  sous  le  nom  d'équivalent,  parce  qu'il  avait  été 
substitué  à  un  autre  mode  de  contribution,  était  considéré  comme  faisant 
partie  du  domaine  de  la  Province j  on  le  percevait  sur  diverses  denrées. 
En  i633,  les  États  avaient  été  autorisés  à  en  faire  la  vente  à  des  traitants, 
avec  faculté  de  rachat  perpétuel.  C'est  à  ces  traitants  que  les  familiers  de 
Gaston  d'Orléans  eurent  la  pensée  de  substituer  leur  maître,  afin  de  prendre 
leur  part  des  bénéfices  qu'en  retiraient  les  engagistes.  L'assemblée  provinciale, 
avertie  à  temps,  y  mit  obstacle  &  résolut  le  rachat.  Des  moyens  d'intimida- 
tion furent  employés;  les  commissaires  royaux  menaçaient  la  Province  d'une 
réunion  définitive  de  l'écjuivalent  au  domaine  de  la  couronne.  Tout  se  ter- 
mina, comme  il  arrivait  inévitablement  dans  pareilles  circonstances,  par 
d'opulentes  gratifications. 

Un  arrêt  du  conseil,  rendu  le  5  mai  1648,  autorisa  les  conventions  parti- 
culières que  la  Province  avait  conclues  avec  Bernard  Crion  de  Pézénas,  pour 
le  rachat  de  l'équivalent,  qui  devait  être  désormais  reconnu  comme  apparte- 
nant en  toute  propriété  au  pays  de  Languedoc.  Les  États  donnaient  au  roi 
une  somme  de  six  cent  raille  livres,  à  condition  de  maintenir  inviolablement 
la  Province  en  cette  possession  8c  d'assurer  à  Bernard  Crion  la  jouissance 
pendant  les  huit  années  de  son  bail,  suivant  la  promesse  des  commissaires  du 
roi.  Se  pour  remercier  le  duc  d'Orléans  des  peines  qu'il  avait  prises  dans  cette 
affaire  Se  de  sa  promesse  formelle  faite  aux  députés  des  États  que  les  termes 
du  contrat  seraient  respectés,  on  lui  fit  présent  d'une  somme  de  trois  cent 
mille  livres,  payables  en  trois  ans,  dont  la  première  annuité  nécessitait  un 
emprunt. 

M.  de  Breteuil,  en  notifiant  aux  États  les  données  principales  de  cette 
transaction,  ne  manqua  point  de  mettre  en  relief  la  bonté  8<.  l'affection  du 

XIII.  18 


~^ —    274  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ckic  d'Orléans,  81  sa  générosité  incomparable.  En  homme  expert  des  intri- 
gues du  Luxembourg,  il  n'eut  garde  de  laisser  ignorer  aux  États  qu'ils  ne 
scir.ient  jamais  venus  à  bout  de  leurs  prétentions  «  sans  les  soins  extraordi- 
«  naires  de  Monsieur  l'abbé  de  La  Rivière,  qui  a  l'honneur  d'être  son  prin- 
«  cipal  ministre  '.  « 

L'abnégation  du  duc  d'Orléans  inspirait  surtout  l'éloquence  de  l'orateur  & 
l'emportait  jusqu'à  l'invraisemblable  :  «  Son  Altesse  Royale,  dit-il,  sait  faci- 
«  lement  oublier  ses  intérêts,  lorsqu'il  est  question  de  faire  éclater  sa  vertu 
héroïque ... 

«  Quel  excès  de  bonheur  est  le  vôtre,  &  combien  êtes-vous  sensiblement 
«  obligés  à  Son  Altesse  Royale,  lorsqu'elle  se  dépouille  pour  vous  enrichir,  5c 
«  pour  vous  faire  connoître  qu'elle  vous  regarde  désormais  comme  ses  enfants  ! 
«  En  voulez-vous  un  plus  signalé  témoignage?  Pendant  que  toutes  les  autres 
«  provinces  sont  accablées  Se  que  tous  les  autres  sujets  de  ce  royaume  contri- 
«  buent  de  tous  leurs  biens  pour  le  secours  de  l'Etat,  cette  province,  par  une 
i<  prérogative  particulière,  se  trouve  si  heureuse  que  de  pouvoir  rentrer  dans 
«  la  possession  d'un  bien  qu'elle  sembloit  par  toute  sorte  d'apparence  avoir 
<'  perdu.  C'est  l'ouvrage,  Messieurs,  de  la  bonté  de  Son  Altesse  Royale,  & 
«  c'est  d'elle  désormais  que  vous  devez  attendre  tous  vos  avantages  &  espérer 
«   la  conservation  du  bien  qu'elle  vous  donne  aujourd'hui^.  » 

Cette  protection  de  Gaston  d'Orléans,  que  l'on  payait  si  cher,  ne  se  tra- 
duisait point  en  actes  appréciables  &  n'inspirait  aux  Etats  qu'une  confiance 
médiocre.  A  la  suite  de  troubles  locaux,  d'un  caractère  très-aigu,  qui  avaient 
affligé  la  ville  d'Uzès  à  l'occasion  des  élections  mimicipales,  un  député  fut 
envoyé  à  la  Cour  de  France  pour  y  dénoncer  les  violences  qui  s'étaient  com- 
mises. Soit  que  sa  plainte  parût  importune,  soit  que  son  mauvais  destin  l'eût 
jeté  sur  les  pas  de  malfaiteurs  vulgaires,  ce  député,  qui  s'appelait  Froment, 
se  vit  attaquer  en  plein  jour  par  des  assassins  dans  les  rues  de  Paris.  Justice 
fut  demandée  au  duc  d'Orléans  par  la  députation  des  Etats;  Gaston  prescrivit 
à  M.  de  Choisy,  son  chancelier,  de  faire  les  diligences  nécessaires;  le  syndic 
général  de  la  Province  essaya  de  commencer  des  poursuites,  mais  elles  n'abou- 
tirent point,  faute  de  preuves,  Si  l'assemblée  ne  put  que  se  reconnaître  blessée 
d'un  outrage  qui  avait  frappé  un  consul,  député  de  sa  commune  6c  dévoué  à 
la  défense  de  ses  libertés  3. 

Du  reste,  la  présence  du  comte  d'Aubijoux  comme  premier  commissaire 
royal  aux  Etats  n'était   rien  moins  que  rassurante.  L'autorité  souveraine  se 

'  «  La  reine  accorda  au  duc  d'Orléans  la  noinina-  de  cette  nomination  fut  d'être,  peu  de  mois  après, 

fion  au  cardinalat  pour  l'abbé  de  La  Rivière,  chef  distingué  par  les  fonctions  de  ministre  d'Etat,  & 

du  conseil  de  S.  A.  R.,  afin  de  l'engager  contre  les  par  l'entrée  qu'il    eut   désormais   au   conseil   d'en 

parlementaires.  haut  '.   »    Toutes    ces    grandeurs    devaient    bientôt 

«  Cet  honneur  flatta  d'autant  plus  l'ambition  de  finir  à  l'occasion  de  l'emprisonnement  des  princes, 

cet  abbé  qu'il  soiifTroit  mal  volontiers  que   toutes  '  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  ïo  mai  1648. 

les  fois  qu'il  alloit  chez  le  cardinal  Mazarin,  ce-  '  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  4  mars  1648. 
lui-ci    ne  le    reçût  que  couché.   Le  premier,   &  on 

pourroit  presque  dire   le  seul    fruit  qu'il   remporta  •  Aabery,  Histoire  du  cardinal  Ma-^nrin,  IV,  \\  262. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  270 

trouvait  singulièrement  représentée  dans  la  personne  d'un  des  plus  ardents 
ennemis  de  Richelieu.  Ce  n'est  pas  en  prenant  une  part  active  au  traité  du 
duc  d'Orléans  avec  le  roi  d'Espagne,  ni  en  complotant,  pendant  son  exil 
d'Angleterre,  avec  tous  les  mécontents  du  royaume,  que  le  dernier  d'Amboise 
aurait  pu  se  préparer  à  maintenir  l'ordre  5c  la  paix  dans  une  grande  province. 
Il  ne  s'était  mêlé  aux  affaires  des  villes  que  pour  y  faire  intervenir  des  gens 
de  guerre,  porteurs  de  lettres  de  cachet,  &  on  le  savait  environné  d'intri- 
gants uniquement  préoccupés  de  faire  fortune.  Les  rédacteurs  de  cahiers  de 
doléances  recommandaient  prudemment  de  «  prendre  garde  aux  demandes 
«  injustes  »  de  particuliers  qui  avaient  été  rebutés  pendant  les  sessions  anté- 
rieures, &  dont  l'importunité  ne  se  décourageait  pas  '. 

Parmi  les  vœux  qui  furent  émis  aux  États  de  1648,  sans  parler  des  récla- 
mations ordinaires  contre  les  désordres  des  troupes,  les  fraudes  commises  dans 
le  service  des  étapes  &  les  vexations  des  traitants,  quelques  points  méritent 
une  mention  particulière  comme  se  rattachant  aux  préoccupations  générales 
du  pays. 

Sur  la  proposition  du  sieur  de  Villeneuve,  syndic  général ,  on  décida  que 
le  roi  serait  supplié  de  ne  plus  céder  aux  obsessions  des  solliciteurs  qui  se 
faisaient  donner  des  lettres  de  cachet  pour  parvenir  aux  charges  consulaires, 
<<  afin  que  les  habitants  de  la  Province  entrent  dans  lesdites  charges  par  les 
«  voies  accoutumées;  »  8c  l'on  ajouta  que  si  de  pareilles  lettres  étaient  encore 
obtenues  par  surprise,  il  n'y  serait  point  déféré^.  Précaution  inutile,  car  les 
personnages  pourvus  de  lettres  de  cachet  s'assuraient  d'ordinaire,  en  même 
temps,  les  moyens  matériels  de  les  faire  exécuter. 

L'évêque  de  Saint-Pons  s'éleva  aussi,  dans  un  langage  très-véhément, 
contre  des  abus  qui  touchaient  directement  l'honneur  8c  l'intérêt  de  l'assem- 
blée^. Il  dénonça  «  les  corruptions  que  l'on  pourrait  faire  »  dans  les  États  de 
Languedoc,  tant  pour  la  députation  à  la  Cour  que  pour  toutes  les  autres 
affaires,  Se  demanda  que  pour  conserver  l'intégrité  d'une  si  auguste  compa- 
gnie, on  opposât  la  sévérité  d'un  règlement  «  à  la  saleté  d'un  tel  commerce,  « 
en  défendant  à  tous  les  membres  de  l'assemblée  «  de  donner  ni  prendre  qvioi 
<(  que  soit  »  pour  s'acquérir  ou  engager  des  suffrages.  La  question  fut  mise 
en  délibération,  le  syndic  général  Joubert  entendu,  8c.  les  États  prononcèrent 
un  vigoureux  anathème  contre  les  corrompus  S<  les  corrupteurs  : 

«  Si  aucun  de  ceux  qui  ont  l'honneur  d'être  en  cette  assemblée  s'oublioient 
«  jusques  à  souiller  la  pureté  qu'ils  y  doivent  garder,  s'abandonnant  à  ces 
<c  infâmes  pratiques,  ils  sont  déclarés  pour  jamais  indignes  de  l'entrée  aux 
a  États  8c  Assiettes  des  diocèses,  comme  aussi  tous  ceux  qui  les  favoriseront 


■  Les  sieurs  de  Baudan  8c  de  Vallon  pour  la  com-  des   Mémoires   rédigés   en   conseil   de   bourgeoisie 

mission  des  étapes,  le  sieur  des  Ouches,  pour  l'cter-  pour  les  députés  de  la  ville  de  Toulouse  aux  États, 

nelle  compagnie  de  gens  d'armes  du  gouverneur,  '  Procès-verbal    des    Etats.    Séance  du    14   mars 

que  l'on  menaçait  toujours  de  mettre  sur  pied,  afin  1648. 

d'extorquer  de  l'argent  à  la  Province.  —  Voir  aux  »  Procès-verbal  des  Etats.   Séance  du  17  février 

Pièces  juitifcativei,   n.  LX  ,   col.    192,   l'article  IX  1648. 


1648 


1648 


276  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  directement  ou  indirectement  en  se  rendant  les  entremetteurs  d'aucun  sale 
«  commerce,  tant  sur  le  sujet  de  la  députation  en  Cour  que  pour  toutes  les 
«  autres  affaires » 

Afin  de  prévenir  ces  scandales,  chaque  membre  des  États  devait,  à  l'avenir, 
un  jour  avant  l'élection  des  députés  de  la  Province,  promettre  par  serment, 
en  présence  de  l'assemblée,  de  ne  se  jamais  départir  d'une  intégrité  absolue 
8t  de  dénoncer  les  sollicitations  qui  pourraient  lui  être  faites.  Une  sanction 
pécuniaire,  qui  ne  devait  point  être  indifférente  aux  gens  des  trois  ordres,  si 
l'on  en  juge  par  leur  empressement  à  réclamer  les  gratifications  extraordi- 
naires', attendait  les  principaux  intéressés  :  «  Ceux  qui  auront  été  députés  à 
«  la  Cour  par  telles  Se  semblables  voies  seront  privés  de  tous  les  avantages  de 
«  la  députation,  soit  qu'ils  en  demeurent  convaincus  pendant  la  tenue  des 
«  États  ou  seulement  après  la  clôture.  » 

Par  une  dernière  disposition,  la  lecture  du  nouveau  règlement  devenait 
obligatoire,  chaque  année,  à  l'ouverture  de  la  session. 

Avait-on  le  droit  de  compter  sur  l'efficacité  de  ces  mesures,  &  les  sentiments 
généreux  qui  les  avaient  inspirées  pouvaient-ils  affronter  sérieusement  la  lutte 
avec  des  habitudes  invétérées?  Nous  ne  sommes  paa  loin  du  temps  où  les  pré- 
sidents mêmes  des  États  débattront,  dans  leur  correspondance  avec  les  minis- 
tres, les  sommes  à  répandre  «  dans  le  parterre  »  pour  obtenir  des  votes  favora- 
bles. Il  faut  voir  surtout,  dans  la  délibération  du  17  février  1648,  une  marque 
saisissante  des  appréhensions  auxquelles  donnait  lieu  la  mission  secrète  du 
comte  d'Aubijoux,  appréhensions  que  l'événement  prouva  trop  bien  fondées^. 


'  n  M.  le  baron  de  Rieux  a  représenté  qu'aux 
derniers  États  il  se  seroit  glissé  un  notable  abus, 
en  ce  qu'ayant  été  donné  quelque  gratification  aux 
députés  pour  la  prolongation  au  delà  du  mois  qui 
est  le  terme  ordinaire  de  la  tenue  d'iceux,  aucuns 
vicaires  généraux,  envoyés  de  la  noblesse  &  dépu- 
tés du  tiers  Etat  qui  n'y  avoient  assisté  que  peu 
de  jours  auroient  eu  non-seulement  ladite  gratifi- 
cation, mais  encore  des  commissions  pour  la  tenue 
des  Assiettes,  à  l'exclusion  de  ceux  qui  avoient  ac- 
tuellement servi  durant  lesdits  États,  &  de  plus 
que  bien  souvent  on  faisoit  subroger  d'autres  à  la 
place  de  ceux  qui  avoient  été  nommés  auxdites 
commissions A  été  arrêté,  pour  servir  de  règle- 
ment irrévocable,  qu'à  l'avenir  lorsque  l'assemblée, 
pour  la  prolongation  des  États  au  delà  de  leur 
terme  accoutumé,  jugera  à  propos  d'user  de  quel- 
que gratification  envers  les  députés,  nuls  n'y  pour- 
ront participer  que  ceux  qui  auront  actuellement 
servi  pendant  le  mois  &  qui  se  trouveront  encore 
présents  &  servant  lorsque  ladite  gratification  sera 
/aite,  sauf  s'ils  étoient  malades  ou  absents  de  l'or- 
dre de  l'assemblée;  &  a  été  arrêté  que  Messieurs 
les  commissaires  présidents  pour  le  roi  seront  priés 
de  ne  donner  les  commissions  des  Assiettes  qu'à 
ceux  qui  auront  servi  effectivement  durant   toute 


la  tenue  des  États sans  que  lesdites  commis- 
sions puissent  être  remplies  d'autres  noms  que  de 
ceux  qui  auront  été  nommés  &  publiés  dans  l'as- 
semblée, faisant  défenses  aux  commissaires  ordi- 
naires &  députés  des  Assiettes  d'en  reconnoître 
d'autres  '.  » 

"  Pendant  la  session,  le  maréchal  de  Schomberg 
traversa  le  Languedoc,  se  rendant  en  Catalogne 
pour  y  remplir  les  nouvelles  fonctions  dont  il 
venait  d'être  investi.  Voici  en  quels  termes  son 
passage  fut  annoncé  aux  États  ; 

"  Le  sieur  de  Joubert,  syndic  général,  a  dit  que 
le  roi  ayant  pourvu  Monseigneur  le  maréchal  de 
Schomberg  de  la  charge  de  vice-roi  en  Catalogne, 
il  passe  maintenant  dans  le  Languedoc  pour  pren- 
dre possession  de  cette  haute  dignité,  laquelle  sem- 
ble n'avoir  fait  que  passer  entre  les  mains  de  tant 
de  grands  conquérans,  afin  de  se  donner  à  celui 
qui,  par  la  bataille  de  Leucate,  auroit  commencé 
la  conquête  du  Roussillon  &  de  la  Catalogne,  & 
comme  cette  province  a  eu  part  à  la  gloire  de  cette 
fameuse  action,  &  qu'elle  a  goûté  la  douceur  de 
son  gouvernement  pendant  plusieurs  années,  cette 
assemblée  qui  a  rendu  des  civilités  à  tous  ceux  qui 

'  Procis-verbal  des  États.  Ssance  du  17  fiivricr  1648. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  277 

L'échec  des  projets  du  duc  d'Orléans  sur  l'équivalent  de  Languedoc,  malgré 
le  magnifique  dédommagement  accordé  par  les  Etats,  avait  causé  une  irrita- 
tion protonde  dans  l'entourage  du  prince.  L'abbé  de  La  Rivière,  dont  la  dési- 
gnation récente  au  cardinalat  Se  la  nouvelle  qualité  de  premier  ministre  avaient 
surexcité  l'orgueil  &  enflé  les  espérances,  en  paraissait  surtout  indigné  &  ne 
laissait  échapper  aucune  occasion  d'exhaler  son  ressentiment  contre  l'arche- 
vêque de  Narbonne,  qu'il  accusait  d'avoir  la  principale  part  aux  résolutions 
des  États. 

M.  de  Rebé  s'était  trouvé  chargé,  après  l'assemblée  de  Carcassonne,  avec 
le  marquis  de  Calvisson  8t  deux  autres  députés,  de  solliciter  expressément 
auprès  de  la  Cour  le  rachat  de  l'équivalent,  à  une  époque  où  personne 
encore,  dans  la  Province,  ne  soupçonnait  les  visées  particulières  du  prince 
gouverneur.  11  avait  donné  tous  ses  soins  à  cette  attaire,  de  concert  avec  le 
syndic  général  Lamamye,  &,  comme  il  avait  ensuite  présidé  la  séance  où  le 
rachat  fut  décidé,  l'abbé  de  La  Rivière  lui  attribuait  une  préméditation  hos- 
tile. Habitué  à  rechercher  dans  la  conduite  d'autrui  les  motifs  qui  dirigeaient 
la  sienne,  il  ne  craignait  point  de  dire,  en  plein  Luxembourg,  que  l'arche- 
vêque de  Narbonne  avait  accepté  des  engagistes  de  l'équivalent  un  pot  de 
vin  de  dix  mille  livres,  pour  faire  à  l'assemblée  la  proposition  du  rachat.  11 
s'emporta  même  jusqu'à  répéter  cette  accusation  devant  des  parents  du  prélat, 
qu'il  menaçait  de  châtiment,  comme  mauvais  serviteur  du  roi  &  de  Son 
Altesse  Royale. 

Ces  propos  arrivèrent  aux  oreilles  de  Rebé,  qui  se  hâta  d'en  écrire  au  car- 
dinal Mazarin,  au  chancelier  de  France,  au  secrétaire  d'Etat  de  la  Province 
&  à  d'autres  hauts  personnages  de  la  Cour.  Il  se  justifia  des  reproches  qu'on 
lui  faisait,  nia  formellement  avoir  jamais  promis  à  l'abbé,  comme  celui-ci  le 
prétendait,  d'assoupir  l'affaire  de  l'équivalent,  puisque  la  solution  de  cette 
affaire  était  le  principal  objet  de  son  ambassade,  &c  d'avoir  eu  d'autre  préoc- 
cupation que  l'avantage  de  la  Province.  Alors  le  ressentiment  du  favori  ne 
connut  plus  de  bornes.  Le  recours  de  l'archevêque  de  Narbonne  à  une  auto- 
rité supérieure  lui  parut  un  outrage  insupportable  dont  il  promit  de  se 
venger.  En  effet,  M.  de  Fromont,  l'un  des  secrétaires  des  commandements 
de  Gaston,  reçut  l'ordre  de  ramasser  toutes  les  troupes  disponibles  que  l'on 
pourrait  trouver  Si  de  les  envoyer  faire  le  dégât  dans  la  temporalité  du 
métropolitain. 

Comme  la  guerre  étrangère  occupait  alors  plusieurs  armées,  il  n'y  avait 

ont  passé  dans  le  Languedoc  en  cette  qualité,  sera  avec  Marie  de  Hautefort,  dame  d'atours  de  la  reine 

bien  aise  d'en    rendre  sans  doute  à  celui  qvii  a  été  Anne  d'Autriche.  L'acte   militaire  le  plus   saillant 

son  gouverneur,  »  de   ta   vice-royauté  de   Catalogne    ("ut    la    prise  de 

On  envoya  huit  députés  à  Narbonne  pour  y  sa-  Tortose,  qu'il  enleva    d'assaut   au   mois   de  juillet 

liier  le  maréchal  8c  «  l'assurer  de  la  continuation  1648.  Le  héros  de  Leucate,  rappelé  en   France  par 

«   des  respects  de  la  Province'.    »  une  cruelle  maladie,  mourut  de  la  pierre,  à  Paris, 

Schombcrg  s'était  remarié,  le  24  septembre  1646  sans  laisser  d'enfants,  le  6  juin  i656,  en  sa  cin- 
quante-sixième année,  &  fut  enseveli  auprès  de  son 

■  Procès-verbal  des  tiats.  Sv-anccdu  26  mai  16^8.  P^"'  "1^"*  l'église  du  prieuré  de  Nanteuil. 


1648 


"77^ 278  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

pas  de  garnison  fixe  dans  la  Province  ni  dans  les  contrées  avoisinantcs;  on 
avisa  le  régiment  de  Languedoc,  commandé  par  le  sieur  de  Vallon,  qui  était 
en  marche  vers  l'Italie,  Se  on  lui  fit  rebrousser  chemin  &  prendre  ses  can- 
tonnements sur  les  terres  de  l'archevêque.  Les  troupes  n'avaient  pas  besoin 
d'être  stimulées  pour  faire  la  désolation  du  pays.  Quelques  capitaines,  amis 
du  prélat,  s'interposèrent  d'abord  utilement  pour  atténuer,  suivant  leur  pou- 
voir, la  corvée  barbare  dont  on  les  avait  chargés'. 

L'archevêque  se  rendit  à  la  Cour,  tout  agitée  en  ce  moment  des  grandes 
émotions  de  Paris  8c  du  bruit  d'une  prochaine  convocation  des  Etats  généraux 
du  royaume;  il  vit  le  duc  d'Orléans,  qui  se  défendit  avec  vivacité  d'éprouver 
la  moindre  rancune  du  rachat  de  l'équivalent,  disant  qu'il  n'avait  songé  à 
l'acquérir  que  dans  l'intérêt  de  la  Province,  &  qu'il  eût  mieux  aimé  s'être 
cassé  un  bras  que  de  porter  aucun  préjudice  aux  habitants  du  Languedoc. 

Divers  personnages  de  la  Cour  s'entremirent  pour  négocier  un  accommo- 
dement entre  l'archevêque  &  l'abbé  de  La  Rivière,  mais  le  favori,  se  tenant 
pour  offensé,  réclamait  des  soumissions  tellement  humiliantes  que  l'attaire 
n'eut  point  de  suite. 

Cependant  la  situation  générale  avait  empiré.  L'arrestation  du  conseiller 
Broussel  à  Paris,  faite  au  milieu  de  l'ivresse  de  réaction  qu'avait  occasionnée 
la  victoire  de  Lens,  la  journée  des  barricades,  les  exigences  du  Parlement 
de  Paris  sanctionnées  par  la  déclaration  du  22  octobre,  la  retraite  d'Anne 
d'Autriche  avec  son  fils,  le  duc  d'Orléans  &  le  prince  de  Condé  à  Saint- 
Germain,  l'armement  de  la  capitale  &  la  levée  de  troupes  par  les  ordres  du 
Parlement,  jetaient  l'alarme  dans  tout  le  royaume  &  laissaient  passer  presque 
inaperçu  l'un  des  plus  grands  faits  du  siècle  :  la  conclusion  du  traité  de 
Westphalie,  signé  à  Munster  le  24  octobre. 

Pendant  le  blocus  de  Paris,  &  quelques  jours  à  peine  avant  que  la  tête 
du  roi  d'Angleterre,  Charles  I",  ne  tombât  sur  l'échafaud  de  White-Hall, 
des  lettres  de  cachet  furent  signées  à  Saint-Germain,  portant  convocation  des 
Etats  généraux  du  royaume,  au  i5  mars,  dans  la  ville  d'Orléans. 

On  y  faisait  l'aveu,  au  nom  du  roi,  que  pendant  les  quatorze  années  de 
guerre  soutenues  contre  l'Empire  St  la  couronne  d'Espagne,  il  avait  été 
impossible  d'éviter  beaucoup  de  désordres,  d'abus  &  de  corruptions;  que  la 
longueur  de  la  lutte  entraînait  pour  le  pays  des  charges  presque  insuppor- 
tables; que  le  mal  &  les  peines  allaient  en  augmentant  de  jour  en  jour,  sans 

■  Il  ne  s'y  commit  pas  moins,  d'après  le  rapport  plusieurs  diocèses  &  faisant  de  très-rudes  traite- 
présente  pendant  la  session  suivante  des  États,  ments  aux  prêtres,  «  traitements  dont  les  ennemis 
nombre  de  «  voleries,  hostilités,  impiétés,  exécra-  mêmes  de  la  religion  n'avoient  pas  usé.  i> 
tions  &  sacrilèges,  sous  la  conduite  du  sieur  de  Ces  troupes  saccagèrent  aussi  divers  villages,  & 
Vallon,  plus  coupable  &  crimitiel  qu'aucun  de  ses  1"  mirent,  suivant  les  propres  expressions  du 
capitaines.»  rapporteur,  «  en  tel  état  qu'ils  ne  sauroient  se  re- 

En  quelques   lieux,   les   soldats  enfoncèrent  les  lever  de  longtemps,  toutes  choses  capables  de  faire 
portes  des  églises,  ouvrirent   les   tabernacles,    ren-  dresser  les  cheveux  aux  plus  déterminés'.  >< 
versèrent  les  saintes  huiles,  emportèrent  les  ciboi- 
res   de    métal    précieux,    injuriant    les    prélats    de  ■  Procis-verbal  des  États.  Siance  du  i"  juillet  iCiq. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  279 

qu'on  eût  réussi  à  y  porter  remède.  Les  ennemis  se  prévalaient  de  cette  situa- 
tion intérieure  pour  prolonger  leur  résistance,  malgré  les  défaites  qu'ils 
avaient  essuyées,  espérant  toujours  «  quelque  révolution  en  cet  Etat,  qui. 
«  fairoit  changer  la  face  des  affaires  avec  un  entier  avantage  pour  eux.  » 
Néanmoins  la  paix  avec  l'Empire  venait  d'être  conclue,  aux  applaudissements 
de  tous  les  princes.  L'Espagne  seule  s'y  refusait  encore.  La  responsabilité  de 
son  obstination  était  rejetée  sur  le  Parlement  de  Paris.  Le  roi  accusait  «  les 
K  esprits  inconsidérés  &  factieux  de  quelques-uns  des  officiers  »  de  cette  cour 
d'avoir  subi  la  pression  de  manœuvres  étrangères.  Après  des  atteintes  publi- 
ques &  notables  à  l'autorité  souveraine,  ces  magistrats  en  étaient  «  venus  à 
u  cet  excès  de  témérité  «  de  vouloir  se  saisir  de  la  personne  du  roi  Si  usurper 
entièrement  l'administration  du  royaume;  enfin,  ils  avaient  levé  des  troupes, 
frappé  des  contributions  de  guerre,  occupé  le  château  de  la  Bastille.  La  lettre 
royale  caractérisait  assez  justement  l'intervention  des  princes  &  grands  sei- 
gneurs, —  Conti,  Longueville,  Marsillac,  Beaufort,  Bouillon,  Chevreusc  8c 
bien  d'autres,  —  qui  avaient  pris  parti  pour  le  Parlement. 

«  Le  dessein  de  ces  princes,  y  est-il  dit,  n'a  jamais  été  que  d'avancer  leurs 
((  affaires  particulières  par  des  établissements  pour  eux  &  les  leurs  dans  des 
«  places  très-considérables;  »  la  division  qui  se  forme  dans  le  royaume  relève 
les  espérances  des  ennemis.  Dans  cette  extrémité,  le  roi,  le  duc  d'Orléans,  le 
prince  de  Condé  81  tous  les  princes,  ducs,  pairs  &  officiers  de  la  couronne, 
réunis  en  grand  nombre  à  Saint-Germain,  ont  été  d'avis  que  l'appel  aux 
États  généraux  du  royaume  devient  indispensable.  Quelques-uns  des  plus 
considérables  personnages  de  chaque  province,  bailliage  6<  sénéchaussée,  s'y 
rendront  suivant  l'ordre  ancien,  pour  y  taire  librement  8c  en  pleine  assem- 
blée les  plaintes  Si  remontrances  qu'ils  aviseront. 

Ordre  est  donné  à  tous  les  sénéchaux,  aussitôt  après  la  lettre  reçue,  de 
faire  assembler  à  son  de  trompe  Si  cri  public  ou  autrement  tous  ceux  des 
trois  états  qui  ont  accoutumé  d'être  appelés  en  pareille  occasion  pour  conférer 
ensemble  des  réformes  nécessaires,  afin  de  remettre  «  la  justice,  la  police  8c 
la  discipline  du  royaume  »  en  son  ancienne  Se  première  splendeur. 

Le  roi  terminait  en  protestant  devant  Dieu,  avec  la  reine  régente,  que  le 
seul  but  de  ses  armes,  au  dedans  8c  au  dehors  du  royaume,  était  d'acquérir 
une  longue  8c  juste  paix,  «  dans  laquelle  Dieu  soit  aussi  religieusement 
«  honoré  8c  servi  qu'il  est  peu  respecté  dans  ces  troubles.  Se  où  chacun 
«  jouisse  de  ses  biens  8c  de  tout  ce  qui  lui  appartient  avec  une  entière  dou- 
«  ceur  Se  équité.  »  11  comptait  qu'on  ne  trouverait  pas  en  France  d'ecclésias- 
tique, de  gentilhomme,  d'officier  81  d'homme  de  bien  qui  n'eût  à  cœur  de 
seconder  ces  bonnes  intentions'. 

'  On  peut  lire,  dans  nos  Pièces  justificatives,  générnux,  qui,  d'ailleurs,  n'eut  point  de  suite,  Si 
outre  le  texte  intégral  de  la  lettre  de  cachet  du  entre  autres,  des  lettres  de  convocation  d'assem- 
24  janvier  1649,  adressée  aux  sénéchaux,  n.LXXIV,  blées  préparatoires,  n.  LXXI,  col.  21  2,  des  procès- 
col.  219;  un  assez  grand  nombre  de  documents  in-  verbaux  d'assemblées  de  diocèse  &  de  sénéchaussée, 
téressants    relatifs   à  cette   convocation    des   États  n"'  LXXII,  col.  2i3,  &  LXXIV,  col.  219,  dss  ins- 


1648 


~^g 280  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

C'étaient  là  de  fort  beaux  desseins,  mais  l'exécution  ne  répondit  guère  au 
programme.  II  y  avait  trente-cinq  ans  que  les  Etats  généraux  de  France  ne 
s'étaient  pas  rassemblés,  la  dernière  session  s'étant  tenue  en  1614;  &,  chose 
étrange,  tandis  que  les  circonstances  les  plus  insignifiantes  se  trouvaient 
réglées  avec  une  minutie  étroite  par  l'étiquette  des  cours  souveraines,  ces 
grandes  convocations  nationales  tenaient  en  réalité  si  peu  de  place  dans 
l'organisation  de  la  monarchie  que  les  plus  hauts  personnages  de  la  Province 
manquaient  absolument  d'informations  sur  les  formes  de  l'élection  Se  sur  les 
conditions  d'éligibilité.  La  tradition  en  était  déjà  perdue.  On  pouvait  recon- 
naître, du  reste,  la  trace  d'un  passé  déjà  lointain  dans  cette  délégation  aux 
sénéchaux  pour  convoquer  les  assemblées  électorales  8c  y  occuper  la  prési- 
dence. Cela  ressemblait  fort  à  une  évocation,  car  depuis  que  les  parlements 
s'étaient  développés,  les  sénéchaux  du  roi  ne  ressemblaient  guère  à  leurs 
puissants  &t  redoutables  prédécesseurs. 

Afin  de  savoir  exactement  comment  pouvaient  bien  se  convoquer  des  Etats 
généraux,  l'archevêque  de  Toulouse  fut  obligé  de  faire  rechercher  par  son 
secrétaire,  à  Castelnaudary,  un  vieux  praticien,  juge-mage  de  la  sénéchaussée 
de  Lauragais,  qui  avait  été  député  du  tiers  aux  Etats  de  1614'.  Le  sénéchal, 
aussi  peu  informé,  recourut  au  même  oracle. 

Les  réponses  de  l'oracle  indiquent  trop  à  quel  point  les  traditions  repré- 
sentatives de  la  France  étaient  oubliées  81  comment  un  homme  vieilli  dans 
les  charges  comprenait  les  élections.  D'après  sa  jurisprudence,  la  députation 
du  premier  ordre  appartient  de  droit  au  prélat  de  la  sénéchaussée  le  plus 
élevé  en  dignité  :  dans  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  le  député-né  est  l'ar- 
chevêque, dans  celle  de  Castelnaudary,  l'évêque  de  Saint-Papoul.  Pour  la 
noblesse,  qui  doit  être  convoquée  tout  entière,  l'élection  ne  sera  guère  plus 
embarrassante,  il  y  a  dans  chaque  ressort  un  député  naturel  qui  est  le  séné- 
chal. Enfin,  pour  ce  qui  est  du  tiers  état,  le  juge-mage  ne  fait  point  diffi- 
culté de  reconnaître  que  la  composition  du  collège  doit  se  concerter  entre  le 
sénéchal  8;  lui.  Toutes  les  villes  où  il  y  a  judicature  royale  8c  toutes  les  villes 
maîtresses  envoient  de  droit  un  représentant  à  l'assemblée  de  la  sénéchaussée; 
le  sénéchal  8c  son  lieutenant  décident  entre  eux  quels  sont  les  autres  prin- 
cipaux lieux  du  ressort  qui  doivent  jouir  du  même  privilège.  La  présidence 
appartient  au  sénéchal.  Les  trois  ordres  nomment  séparément  leurs  députés. 
Bien  entendu,  les  représentants  des  villes  n'ont  pas  été  désignés  par  une 
élection  spéciale.  Ce  sont  les  premiers  consuls  de  chaque  lieu;  en  un  mot, 
rien  n'est  changé,  malgré  l'importance  exceptionnelle  de  l'acte,  aux  usages 
qui  s'étaient  introduits  dans  les  communes  8c  qui,  ruinant  le  vieil  esprit 
municipal,  faisaient  de  toute  députation  une  sorte  de  bénéfice  attaché  à  la 
possession  de  certaines   charges^.  On  voit  sans  peine  combien  des  procédés 

tructions  aux  membres  d'un  collège  de  scnéchans-  nonces   devant    les  électeurs  par  des  Commissaires 

sée,  n.  LXXIII,  col.  217,  un  exemple  des   proies-  du  roi,  n"»  LXXVII,  col.  iSp,  LXXVIII,  col.  241. 
tations  auxquelles  ces  assemblées  donnaient  lieu,  '  Pièces  justificatives,  n.  LXVIII,  col.  209. 

n.LXXV,col.  284;  &enfin   plusieurs  discours  pro-  '  Pièces  justificatives,  n.  LXX,  col.  211. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  281 

aussi  défectueux  éloignaient  l'espoir  d'une  représentation  sincère  &  d'une 
action  efficace,  &  combien  les  désirs  de  réformes  indiqués  par  la  lettre  de 
cachet  du  roi  avaient  peu  de  chances  de  se  réaliser.  Le  vieux  juge-mage, 
dans  son  scepticisme  de  fonctionnaire  émérite,  ne  s'y  trompait  pasj  il  allait 
même  plus  loin  :  «  On  fait  grand  bruit,  dit-il,  de  ces  Etats  généraux;  mais 
«  je  ne  crois  pas  qu'il  y  en  ait,  8t  sans  doute  ce  n'est  qu'un  amusoire".  » 

Cependant  le  duc  d'Orléans  prenait  l'affaire  au  sérieux  &  ne  négligeait 
rien  pour  s'assurer  une  députation  conforme  à  ses  volontés.  11  expédia  en 
Languedoc  un  émissaire  de  son  entourage,  le  sieur  des  Ouches,  capitaine  des 
gardes  suisses,  qui  avait  ordre,  sans  le  compromettre,  de  préparer  de  bonnes 
élections.  C'est  le  même  personnage  que  le  conseil  de  bourgeoisie  de  Tou- 
louse recommandait  à  la  surveillance  de  ses  députés,  comme  suspect  de  pour- 
suivre des  gratifications;  dès  les  premiers  jours  de  la  nomination  de  son  maître 
au  gouvernement  de  Languedoc,  il  avait  proposé  au  consistoire  une  entre- 
prise de  carrosses  entre  Toulouse  &  Paris,  dont  les  bourgeois  s'étaient  défiés. 

M.  des  Ouches  colporta  dans  la  Province  des  lettres  de  M.  de  Fromont, 
secrétaire  des  commandements  de  Son  Altesse,  promettant  toutes  sortes  de 
mésaventures  aux  électeurs  qui  voteraient  mal.  11  paraît  que  l'abbé  de  La 
Rivière  attachait  une  particulière  importance  à  exclure  de  la  députation  l'ar- 
chevêque de  Toulouse,  Charles  de  Montchal.  Ce  fut  donc  contre  sa  personne 
que  furent  principalement  dirigées  les  manœuvres  du  sieur  des  Ouches.  La 
candidature  de  l'archevêque  était  favorisée  de  Mazarin;  par  deux  fois,  l'évêque 
de  Lavaur  en  avait  donné  l'assurance  à  son  métropolitain,  de  la  part  du  car- 
dinal, avec  promesse  de  toutes  les  voix  qui  se  trouvaient  à  sa  discrétion.  M.  des 
Ouches  n'en  représenta  pas  moins  le  prélat  comme  un  séditieux,  mal  vu  de 
la  Cour,  &  pour  faciliter  le  succès  de  ses  desseins,  voici  de  quel  expédient  il 
s'avisa  : 

L'Assemblée  électorale  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  au  lieu  d'être  con- 
voquée dans  le  chef-lieu  du  ressort,  ainsi  que  cela  se  faisait  pour  les  autres 
sénéchaussées,  fut  réunie  à  Gaillac,  c'est-à-dire  non-seulement  hors  du  dio- 
cèse de  l'archevêque,  mais  hors  de  la  province  ecclésiastique.  Gaillac,  comme 
tous  les  lieux  du  diocèse  d'Albi,  appartenait  alors  à  l'archevêque  de  Bourges, 
8c  le  métropolitain  de  Toulouse  ne  pouvait  pas  y  paraître  «  avec  les  préémi- 
«   nences  de  sa  dignité  archiépiscopale.  » 

En  effet,  M.  de  Montchal  ne  s'y  rendit  pas,  Sx.  se  fit  seulement  représenter 
par  un  de  ses  grands  vicaires;  le  sieur  des  Ouches  eut  toute  aisance  pour  pro- 
duire les  lettres  de  Fromont  qui  prescrivaient  l'exclusion  de  l'archevêque,  8c 
des  menaces  furent  individuellement  adressées  aux  députés  pour  les  décou- 
rager des  velléités  d'opposition'. 

'  C«ite  confidence  est  adressée   au    secrétaire  de  &  les  députés  du  diocèse,  n.  LXXV,  col.  i34,  les 

l'archevcque   de  Toulouse,   à   la    date  du   6   février  plaintes   portées  aux   Etats  par  M.  de  Monichal, 

1649.  Pièces  justificatives,  n.  LXIX,  col.  210.  n.  LXXX,   col.  253,  &   enfin   le   projet   d'arrêt  du 

'  Voir  aux  Pièces  justificatives  l'acte  de  piOtes-  conseil,   dressé     par    le     même    prélat,     n.     XCV, 

tation  rédigé  par  le  vicaire  général  de  l'archevéeiue  col.  3oi. 


1649 


"7^;^^ 282  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Une  autre  particularité  fort  remarquable  de  cette  assemblée,  c'est  qu'on  y 
écarta  l'objet  principal  de  la  réunion;  il  n'y  fut  pas  dit  un  mot  des  cahiers 
de  doléances.  On  craignait,  sans  doute,  que  la  matière  ne  fût  trop  abondante; 
on  ne  voulait  pas  retomber  dans  la  faute  que  le  cardinal  de  R.etz  reproche 
à  la  régente  &  exposer  de  nouveau  le  peuple  à  pénétrer  dans  le  sanctuaire; 
de  sorte  qu'en  définitive  cette  convocation  d'États  généraux,  annoncée  en  si 
beau  langage  dans  les  lettres  de  cachet  du  roi,  n'aboutissait  qu'à  la  désigna- 
tion de  députés  choisis  par  la  Cour,  &  même,  pour. être  plus  exact,  par  une 
fraction  de  la  Cour.  Les  députés  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse  furent 
l'évêque  de  Rieux,  le  sénéchal  La  Valette-Cornusson ,  le  juge-mage  Caulet, 
célèbre  par  ses  longues  querelles  avec  le  Parlement,  &  le  syndic  général 
Lamamye.  Comme  d'habitude,  les  protestations  ne  firent  point  défaut'. 

Vainement,  le  capitoul  Caumelz,  avant  que  l'on  ne  procédât  à  l'élection, 
essaya  de  faire  ressortir,  d'après  ses  instructions  particulières,  que  la  cause  du 
tiers  état  n'avait  rien  de  commun  avec  celle  des  officiers  de  justice,  Si  que  les 
propriétaires  de  charges  royales,  dont  les  intérêts  se  trouvaient  fréquemment 
en  opposition  avec  ceux  du  pays,'  ne  devaient  point  aspirer  à  le  représenter. 

Les  mémoires  dressés  à  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse  déclaraient  à  cet  égard, 
avec  beaucoup  de  raison,  qu'on  ne  pouvait  nommer  députés  du  tiers  état  des 
gens  contre  qui  le  tiers  état  aurait  précisément  à  présenter  des  réclamations 
devant  l'assemblée  générale.  C'est  le  tiers  état,  disaient-ils,  qui  porte  presque 
seul  toutes  les  charges  du  royaume;  ses  mandataires  doivent  solliciter  ia 
réduction  du  nombre  des  officiers  royaux  dont  le  pays  se  trouve  accablé. 
Comment  ces  réformes  seront-elles  possibles  si  les  officiers  royaux,  dont  elles 
attaquent  les  intérêts,  sont  appelés  à  les  accomplir?  D'ailleurs,  les  officiers 
royaux,  qui  ne  sont  pas  admis  aux  magistratures  populaires,  ne  doivent-ils 
pas  être  considérés,  de  ce  fait,  comme  exclus  de  toute  représentation? 

Le  capitoul  discourut  longuement  «  pour  faire  valoir  ses  mémoires.  »  Acte 
lui  fut  donné  de  son  opposition,  mais  on  nomma  le  juge-mage. 

Il  a  été  conservé  quelques  discours  prononcés  à  l'ouverture  des  séances 
électorales  de  sénéchaussée.  Le  juge-mage  de  Castelnaudary,  qui  présidait 
seul  à  cause  de  l'extrême  jeunesse  du  marquis  d'Ambres,  sénéchal  par  héri- 
tage, n'oublia  point  de  rappeler  au  tiers  état  «  qu'il  n'avoit  pas  anciennement 
«  l'honneur  d'être  du  corps  de  cette  assemblée,  »  &  qu'on  l'y  avait  seulement 
appelé  en  un  temps  où  il  secourut  l'Etat  par  une  grande  contribution  de 
deniers.  D'où  l'orateur  concluait  qu'on  devait  faire  «  une  bonne  députation 
«  en  reconnoissance  de  cette  grâce  ^.  » 

Un  autre  harangueur  officiel,  avocat  du  roi,  prenait  soin  d'avertir  que  si, 
dans  les  temps  ordinaires  de  minorité,  les  Etats  généraux  du  royaume  pou- 
vaient avoir  mandat  de  constituer  la  régence,  de  distribuer  les  charges  de  la 
couronne   &  de  déterminer  la   composition  du    conseil,   rien   de  semblable 

'  On  trouvera   quelques    particularités  curieuses        chaussée,  Pièces  just'ificatives,  n"'  LXXII,  col.  21  3, 
dans  les   procès-verbaux  que  nous  publions  d'une        8t  LXXIV,  col.   219. 
assemblée  diocésaine   &  d'une   assemblée  de   séné-  =  Pièces  justificatives,  n.  LXXVII,  col.  239. 


■      LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  -33 

n'était  à  faire  clans  le  présent.  «  La  France  ne  peut,  grâce  à  Dieu,  recon- 
«  noître  d'autre  régente  que  sa  grande  reine.  »  Les  Etats  prochains  ne  diffé- 
reront pas  de  ceux  qui  se  tiennent  sous  les  rois  majeurs  j  ils  rechercheront  la 
guérison  de  toutes  les  misères  publiques  &  travailleront  à  conjurer  la  guerre 
civile,  à  dissiper  «  cet  orage  qui  se  forme  au  delà  de  la  Loire  '.  « 

Toutes  ces  précautions  oratoires  étaient,  d'ailleurs,  fort  oiseuses.  La  lettre 
de  cachet  du  roi  fixait  au  i5  mars  l'ouverture  des  Etats  généraux  d'Orléans. 
Certaines  assemblées  électorales  furent  tenues  seulement  le  i3,  8c  le  i8  on 
recevait  encore  des  protestations.  Mais,  dans  l'intervalle,  de  grands  événe- 
ments s'étaient  accomplis. 

Après  quelques  escarmouches  entre  les  troupes  royales  &  celles  du  Parler 
ment  de  Paris  8c  l'enlèvement  du  pont  de  Charenton  par  le  prince  de  Condé, 
un  traité  de  paix,  fruit  de  négociations  laborieuses,  venait  d'être  conclu  à 
Rueil  entre  la  Cour  8c  les  parlementaires;  l'amnistie  générale  était  accordée; 
la  politique  ordinaire  allait  reprendre  son  cours. 

Le  sieur  des  Ouches,  dans  le  cours  de  ses  tournées  électorales,  visita  les 
pays  protestants  de  Languedoc  avec  un  soin  particulier,  8c  leur  porta,  de  la 
part  du  duc  d'Orléans,  des  assurances  de  protection.  Nous  voyons  que  son 
témoignage  fut  invoqué  par  les  membres  réformés  de  la  chambre  de  l'édit  de 
Castres,  dans  une  grave  attaire  de  prosélytisme  religieux  qui  divisa  profon- 
dément les  conseillers  des  deux  communions. 

Il  s'agissait  d'une  servante  catholique,  dont  la  sœur,  placée  chez  le  con- 
seiller d'Espérandieu,  s'était  faite  protestante  en  épousant  un  compagnon 
artisan  de  Réalmont,  8c  qui,  étant  elle-même  au  service  d'un  réformé,  fré- 
quentait le  temple  8c  menaçait  d'abjurer  le  catholicisme.  Sa  mère,  n'ayant 
pu  la  retirer  de  la  maison  du  président  de  Vignolles,  était  venue  en  porter 
plainte  à  la  chambre  de  l'édit,  qui,  suivant  la  coutume,  ne  put  aboutir  qu'à 
un  arrêt  de  partage.  Les  conseillers  catholiques,  croyant  reconnaître  un  cas 
évident  de  subornation,  demandaient  que  la  jeune  fille  fût  retirée  de  la 
maison  du  président,  mise  entre  les  mains  d'un  catholique  choisi  par  sa  mère, 
8c  interrogée  par  les  commissaires  de  la  cour;  puis,  élargissant  la  question, 
ils  dénonçaient  «  les  fortes  impressions  8c  grandes  violences  exercées  dans  la 
(i  ville  de  Castres  sur  les  consciences  des  catholiques  romains  »  8c  principale- 
ment sur  les  domestiques  de  cette  religion  vivant  au  service  des  réformés,  Se 
s'en  autorisaient  pour  solliciter  la  translation  de  la  chambre  de  l'édit  en  la 
ville  de  Toulouse,  espérant  que  «  la  religion  prétendue  réformée  en  recevroit 
«  une  notable  diminution  8c  le  service  du  roi  un  affermissement  visible'.  « 

'  Discours  de  maître  Grégoire  Laffaille,  avocat  II  y  fut  déclaré  d'un  commun  avis  n  que,   bien 

du  roi.  Pièces  justificatives,  n.  LXXVIII,  col.  241.  que  les  officiers  de  la  chambre  &  les   personnes  de 

*  Il  avait  été  question,  en  1640,  de  transférer  à  leur  suite  faisant  profession  de  la  religion  pré- 
Toulouse la  chambre  de  l'édit.  Le  premier  prési-  tendue  réformée  n'eussent  pas  sujet  de  douter 
dent  Bertier  de  Montrabe,  favorable  à  la  transla-  qu'ils  ne  fussent  accueillis  dans  Toulouse  &  n'y 
tion,  inspira  même  au  conseil  de  ville  &  au  con-  pussent  habiter  avec  la  même  liberté,  sûreté  & 
seil  de  bourgeoisie  une  délibération  spéciale  à  cet  courtoisie  qu'y  reçoivent  k'S  autres  habitans, 
égard.  néanmoins   il    leur  seroit  donné   toute  assurance 


1649 


~ "   284  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  conseillers  protestants  demandaient  au  contraire,  en  se  fondant  sur  les 
édits  qui  permettaient  la  liberté  de  conscience,  que  la  jeune  fille  fût  conduite 
au  palais  Si  interrogée  par  les  conseillers  des  deux  cultes,  afin  d'apprendre  de 
sa  bouche  quelle  religion  elle  voulait  professer,  Se,  suivant  l'exemple  de  leurs 
confrères,  ils  saisissaient  l'occasion  de  faire  un  exposé  de  principes.  «  Il  n'y  a, 
«  dirent-ils,  ville  dans  tout  le  royaume  où  les  catholiques  vivent  avec  plus  de 
«  liberté  que  dans  Castres,  de  même  que  dans  toutes  les  autres  villes  de  cette 
«  province  où  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée  sont  en  plus  grand 
«  nombre,  de  quoi  point  ne  veulent  être  crus  à  leur  seul  témoignage,  mais 
«  ils  seront  bien  aises  d'en  demeurera  celui  qu'il  plaira  au  sieur  des  Ouches 
«  d'en  rendre  à  Leurs  Majestés  Si  à  Nos  Seigneurs  de  son  conseil,  ayant  été 
«  depuis  peu  pleinement  informé  de  l'état  de  cette  ville  S<  autres  lieux  où  il 
«  a  pu  reconnoître  les  dispositions  de  ceux  de  ladite  religion  au  maintien  de 
«  la  paix  S<.  à  l'obéissance  due  à  Leurs  Majestés,  ayant  reçu,  partout  où  il  a 
«  été,  de  tous  les  ordres  de  ceux  de  ladite  religion,  l'honneur  dû  à  ceux  de 
«   la  part  desquels  il  venoit'.  » 

L'autorité  du  sieur  des  Ouches  paraissait  probablement  suspecte  aux  con- 
seillers catholiques,  dont  la  conclusion  n'est  pas  exempte  d'amertume.  «  II 
«  n'est  pas  besoin,  déclarent-ils,  que  les  officiers  de  la  religion  prétendue 
«  réformée  aient  recours  à  des  témoignages  étrangers  pour  persuader  de  leur 
«  zèle  Se  aftection  au  service  du  roi;  les  registres  de  la  chambre  St  les  effets 
«  conformes  aux  paroles  Se  répondant  à  de  véritables  déférences  Se  non  affec- 
te tées  étant  les  seuls  témoins  qu'il  faut  employer  sur  ce  sujet.  Se  en  quelque 
<(  temps  que  leurs  bonnes  résolutions  paroissent,  sans  en  examiner  trop  curieu- 
<!  sèment  les  moments,  elles  seront  toujours  agréablement  accueillies  par  les 
«  officiers  catholiques^.  » 

En  réalité,  les  démarches  intéressées  du  duc  d'Orléans  faisaient  plus  de 
mal  que  de  bien,  parce  qu'elles  encourageaient  des  espérances  trompeuses  Se 


qu'ils  désireroifênt.  »  On  chargea   inêm«  le  député  fermissement  de   la    tranquillité   publique.   »   Des 

en  Cour  d'affirmer  à  cet  égard   les  dispositions  de  Vignoles,    Masnau,    de   Juge.    L'arrêt   est   du    27 

la  ville  auprès  du  cardinal  Richelieu  &  du  chan-  mars   1649'. 

celier".  'Voici   les  derniers   mots  de   leur  conclusion  : 

'  Le  dispositif  de  l'avis  des   réformés  se  termine  «  Quand  le  présent  partage  n'auroit  opéré  d'autre 

ainsi  :  «  Étant  au   surplus    les  officiers  de   ladite  effet,  il  est  assez  considérable,   puisque  la  plupart 

R.  P.  R.  prêts  à  prendre  toutes  délibérations   né-  des  hommes  se  lient  par  le  souvenir  de  leur  devoir 

cessaires  pour  le  service  du   roi,   bien  de  l'Etat  &  &  par  leurs  paroles  &  seings,  &  quant  à  la  satis- 

affermissement  du  repos  public,  ainsi  qu'ils  en  ont  faction  que  le  roi   &  ses  prédécesseurs  ont  eue  de 

usé  en  toutes  les  occasions  qui   se  sont  présentées,  leurs  déportements,  ils  s'en   remettent  avec  respect 

comme   il    se    justifie    par   les    registres   de    ladite  aux  sentiments  de  Leurs  Majestés  qui   sans  doute 

chambre,    n'ayant    besoin    d'être    exhortés    à    leur  sont  conformes  à  la  vérité  des  choses,  u  Le  rappro- 

devoir,  duquel   ils   ne  se  sont  jamais  départis,   le  chement   de   ces    textes    nous    a    semblé    curieux, 

roi   &  ses  prédécesseurs  ayant  été   pleinement  sa-  comme   jetant  assez  de  jour  sur  la  vie   intime  des 

tisfaits  de    leur  conduite    &   jugé    la    séance   de    la  chambres  mi-parties  &  sur  les  difficultés  auxqiiel- 

chambre  en   cette  ville  très-importante  pour  l'af-  les  donnait  heu  le  contact  des  deux  religions. 

'  Archives  de  Toulouse.  Annala  maiiuacrites,  Vil,  p.  i65.  '  .'\rchives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlement  de 

—  Livre  des  Conseils.  Séance  du  29  décembre  1640.  Toulouse.  Chambre  de  l'éjit  de  Languedoc. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  285 

contribuaient  à  aigrir  l'esprit  d'antagonisme  8<.  de  rivalité  entre  les  deux 
communions. 

Quant  à  la  translation  de  la  chambre  de  l'édit  à  Toulouse,  qui  était  une 
sorte  d'idée  fixe  dans  le  parti  catholique,  le  Parlement  l'avait  lui-même 
demandée  par  arrêt  spécial,  le  29  août  1648,  en  refusant  d'enregistrer  des 
lettres  patentes  d'ordre  purement  disciplinaire;  seulement  il  fondait  cette 
réclamation,  non  pas  comme  ses  délégués  de  Castres,  sur  le  désir  d'apporter 
une  diminution  notable  à  la  religion  réformée,  mais  sur  celui  de  faire  cesser 
«  cette  marque  de  division  entre  les  peuples  d'aller  demander  justice  à  deux 
«  divers  tribunaux'.  » 

Les  agitations  de  la  politique  &  la  préparation  des  Etats  généraux  réveil- 
laient ainsi  toutes  les  questions  locales,  comme  avait  fait  le  début  de  la 
régence,  chaque  parti  s'emparant  de  l'occasion  pour  en  tirer  des  éléments 
de  succès. 

Cependant  la  fameuse  déclaration  royale  qui  supprimait  les  fonctions  des 
intendants  de  province  était  demeurée  sans  effet  en  Languedoc.  Le  Parle- 
ment de  Toulouse  continuait  à  la  considérer  comme  ayant  force  de  loi  &  ne 
se  refusait  jamais  le  plaisir  de  poursuivre  les  agents  de  l'intendance  comme 
personnes  privées  8c  sans  caractère;  mais  cela  n'empêchait  point  M.  de  Breteuil 
de  figurer  aux  États,  en  qualité  de  commissaire  royal,  avec  le  titre  d'inten- 
dant de  justice  en  Languedoc,  à  côté  de  Scipion  de  Grimoard  de  Beauvoir, 
comte  du  Roure,  maréchal  de  camp  des  armées  du  roi  Se  l'un  de  ses  lieute- 
nants généraux  au  commandement  de  la  Province. 

La  session,  qui  ne  dura  pas  moins  de  six  mois,  fut  très-orageuse  81  mar- 
quée par  un  assez  grand  nombre  d'épisodes  importants.  Ce  fut  à  propos  d'un 
sermon  que  la  première  tempête  menaça  d'éclater. 

Le  dimanche  6  juin,  jour  où  se  fit  la  procession  solennelle  des  trois  ordres, 
M.  de  Maupas  du  Tour,  évêque  du  Puy,  avait  été  chargé  de  prêcher  devant 
les  États.  En  exhortant  les  députés  à  se  montrer  modérés  dans  la  distribution 
des  biens  de  la  Province,  il  reconnut  le  droit  qu'ont  les  rois  d'exiger  de  leurs 
peuples  une  partie  de  leurs  biens,  rappelant  le  mot  de  Samuel  aux  Israélites  : 
«  Le  roi  prendra  de  vos  blés  &  de  vos  olives,  il  vendangera  dedans  vos  vignes, 
c(  il  fera  de  vos  enfans  ses  serviteurs  8c  ses  servantes;  »  mais  il  eut  soin 
d'ajouter  que  ce  privilège  des  rois  avait  ses  limites;  «  lorsque  quelques-uns 
«  d'entre  eux,  dit-il,  ont  abusé  de  ce  pouvoir.  Dieu  a  fait  des  trônes  de  leur 
«  gloire  les  échafauds  de  sa  justice,  8c  jeté  sous  les  pieds  des  chevaux  ceux 
«  qui  commandoient  aux  hommes,  »  rappelant  en  quelques  mots  l'histoire  de 
Jézabel.  Dans  un  autre  passage,  où  il  invitait  encore  les  membres  des  États  à 
gérer  leurs  finances  avec  économie,  il  prononça  cette  phrase  dangereuse  : 
«  Ne  seriez-vous  pas  cruels  si  vous  ôtiez  indifféremment  le  pain  8c  le  bien 
«  des  enfans  de  la  famille,  pour  le  mettre  en  la  main  de  personnes  étran- 
u  gères  que  je  ne  connois  point  Se  ne  veux  point  connoître.  » 

'  Pièces  juttifi^aliyes,  n.  LXV,  col.  io5. 


1649 


i649 


286  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Ces  paroles,  relevées  par  des  auditeurs  malveillants,  parmi  lesquels  se  trou- 
vait peut-être  l'inévitable  sieur  des  Ouches',  furent  immédiatement,  avec 
exagération  &  commentaires,  transmises  à  la  Gourde  France.  Les  terribles 
événements  d'Angleterre  y  avaient  rendu  les  oreilles  fort  susceptibles,  &  le  mot 
d'échafaud  sonnait  mal,  quelques  mois  à  peine  après  le  supplice  de  Charles  I. 
On  disait  que  Mazariii  avait  averti  le  duc  d'Orléans  d'ouvrir  les  yeux  8c  de 
prendre  garde  qu'il  pourrait  bien  y  avoir  au  Parlement  de  Paris,  aussi  bien 
qu'en  celui  de  Londres,  des  Fairfax  &  des  Cromwell^.  Sous  l'obsession  de 
ces  souvenirs,  qu'augmentaient  de  récentes  analogies,  la  reine  Anne  d'Autriche 
recueillit  avec  grande  émotion  les  bruits  qu'on  lui  apportait  du  sermon  de 
Montpellier.  Elle  se  plaignit  dans  son  entourage  que  l'évêque  du  Puy  eût 
avancé  trois  propositions  fort  extraordinaires;  la  première,  que  Dieu  punis- 
sait les  rois  tyrans  par  sa  justice  comme  le  prouvait  la  mort  du  roi  d'Angle- 
terre sur  échafaud  5  la  seconde,  qu'il  punissait  les  méchantes  reines,  exemple  : 
Jézabel,  Frédégonde  8t  une  autre;  la  troisième,  que  l'argent  que  l'on  deman- 
dait au  Languedoc  n'était  point  pour  le  roi,  mais  pour  un  étranger.  La  reine 
s'estimait  doublement  offensée  d'avoir  été  traitée  ainsi  par  un  homme  de  vertu 
attaché  à  sa  maison. 

Les  amis  de  l'évêque,  à  qui  cette  conversation  fut  rapportée,  se  hâtèrent 
d'expédier  un  exprès  en  Languedoc,  8c  quelques  jours  après,  en  pleine  séance 
des  États,  M.  de  Maupas  fit  appel  aux  souvenirs  de  l'assemblée,  rapporta  le 
canevas  latin  où  il  avait  marqué  les  points  principaux  de  son  sermon,  8c  en 
récita  de  mémoire  les  passages  incriminés,  repoussant  avec  indignation  toute 
pensée  d'allusion  blessante.  Une  députation  spéciale  alla  dénoncer  aux  com- 
missaires du  roi  «  la  très-noire  calomnie  faite  contre  un  prélat  des  plus  inno- 
«  cens  8c  d'ailleurs  très-injurieuse  à  l'assemblée  »  qui  n'aurait  permis  à  per- 
sonne de  violer  en  sa  présence  le  respect  8c  la  vénération  dvis  à  la  régente  8c 
au  jeune  roi.  On  fit  aussi  partir  en  poste  le  sieur  Descornets,  chargé  d'une 
lettre  collective  de  protestations 3. 

Le  Parlement  de  Toulouse  avait  récemment  donné  arrêt  contre  les  semeurs 
de  fausses  nouvelles  tendant  à  émouvoir  le  peuple'*;  jamais  temps  ne  fut,  en 
effet,  plus  fécond  en  rumeurs  alarmantes  8c  en  faussetés.  Les  États  reçurent 
aussi  les  plaintes  des  archevêques  de  Narbonne  8c  de  Toulouse  contre  l'abbé 
de  La  Rivière,  qui  abusait  de  plus  en  plus  de  la  condescendance  de  son 

■  «  Le  sieur  de   Boyer,  avocat  au   Parlement  8c  '  Pièces  justificatives,  n.  LXXXVI,  col.  263. 

député  de  la  ville  de  Toulouse,  ayant  fait  plainte  ■•  C'était    à    l'occasion    d'un    commencement   de 

à   l'assemblée   des   discours    injurieux    &  menaces  troubles  à  Toulouse,  vers  la  fin  du   mois  de  sep- 

que  le  sieur  des  Ouches  avoit   fait   publiquement,  tembre    1648.    Des    misérables    avaient   enduit   de 

en  plusieurs  rencontres,  ainsi  qu'il  avoit  été  averti  poix,  de  résine  &  de  soufre  la  porte  de  l'hôtellerie 

par   quelques-uns    de    l'assemblée   qui    l'auroient  du    Casque,  y   avaient   accumulé   de  la    paille  & 

ainsi  témoigné,  a  été  arrêté  qu'on  en  écrira  aux  commençaient  d'y  mettre  le  feu,   lorsque  les  voi- 

députés  en  Cour  pour  en  faire  plainte  au  roi   &à  sins    les   firent  déguerpir.   Des    placards,   affichés 

Son  Altesse  Royale'.  «  dans  tous   les   carrefours,  appelaient  le   peuple  à 

'^  Auhery,  Histoire  du  cardinal  Ma'^arin,'V  ^-p.  l()^.  I:i    révolte'. 

'  Procès-verbal  des  Étals.  Séance  du  3o  juin  UHg.  '  Voir  Pièces  justificatives,  n,  I.XVII,  col.  208. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  287 

maître.  On  avait  fait  courir  le  bruit  dans  toute  la  France  que  des  lettres  de 
cachet  empêcheraient  la  députation  de  Languedoc  d'arriver  à  la  Cour,  & 
comme  M.  de  Montchal,  sans  tenir  compte  de  ces  menaces,  s'était  acquitté  de 
son  mandat  pour  traiter  avec  le  favori  les  divers  points  de  ses  instructions, 
sur  le  seul  avis  donné  par  le  prélat  que  le  syndic  général  de  la  Province  aurait 
voulu  obtenir  une  audience  personnelle  du  prince-gouverneur,  l'abbé  lui 
répondit  sans  s'émouvoir  :  «  S'il  s'étoit  présenté,  les  gardes  de  Son  Altesse  en 
«  auroient  pu  faire  justice".  » 

L'assemblée  témoigna  un  très-grand  ressentiment  de  ces  violences  &  déclara 
que  si  de  telles  injures  demeuraient  sans  réparation,  il  n'y  aurait  plus  per- 
sonne qui  pût  se  permettre  aucune  liberté  dans  les  États,  ni  aucun  moyen 
d'avancer  sans  péril  quelque  chose  d'utile  au  service  du  roi  8<.  à  l'avantage  de 
la  Province. 

Le  récit  de  la  pression  exercée  par  le  sieur  des  Ouches  à  l'assemblée  élec- 
torale de  Gaillac,  la  communication  de  ses  lettres  comminatoires  aux  électeurs. 
Si  surtout  le  tableau  des  brigandages  que  le  régiment  du  sieur  de  Vallon 
continuait  à  commettre  au  bas  Languedoc,  déterminèrent  la  nomination  de 
quatre  députés  envoyés  expressément  à  la  Cour  pour  y  demander  réparation 
des  outrages  que  la  Province  avait  reçus  en  la  personne  de  deux  archevêques*. 

En  ce  moment,  la  Provence  était  en  pleine  insurrection  contre  son  gou- 
verneur, le  comte  d'Alais.  Le  Parlement  d'Aix  81  les  syndics  &  procureurs  du 
pays  écrivirent  aux  Etats  de  Languedoc  pour  leur  demander  assistance,  en 
leur  signalant  les  excès  des  gens  de  guerre.  La  réponse  des  Etats  fut  très-cir- 
conspecte, conseillant  un  accommodement,  avec  promesse  d'intercéder  auprès 
de  la  Cour.  On  avait  d'ailleurs  obtenu  du  comte  du  Roure  l'interdiction  de 
toutes  levées  de  gens  de  guerre  destinés  à  renforcer  les  bandes  du  comte 
d'Alais,  &  le  refus  des  logements  qui  pourraient  être  demandés  pour  les 
troupes  de  passage  3. 

Faible  garantie,  du  reste;  car  les  désordres  qui  ne  cessaient  de  régner  dans 
la  partie  orientale  de  la  Province  n'y  permettaient  guère  une  surveillance 
efficace.  Le  i"  juillet,  à  bout  d'expédients,  les  États  résolurent  d'envoyer  une 
ambassade  au  Parlement  de  Toulouse,  chargée  de  solliciter  la  nomination 
d'un  commissaire,  qui  se  transporterait  sur  les  lieux  &  commencerait  des 
poursuites  contre  les  coupables. 

Cette  députation,  dont  les  membres  furent  choisis  par  un  vote  de  l'assem- 
blée, dans  la  séance  du  8  juillet,  se  composa  de  cinq  personnes.  Le  premier 
ordre  y  était  représenté  par  l'évêque  d'Uzès,  Nicolas  Grille;  la  noblesse,  par 
le  baron  de  Castelnau-d'Estrétefons;  le  tiers  état,  par  Froment  &  Cousin, 
consuls  d'Uzès  &t  de  Lavaur,  auxquels  on  adjoignit,  selon  l'usage,  le  syndic 
de  la  Province,  Lamamye  de  Villeneuve. 

'  Pièces  justificatives,  n.  LXXX,  col.  i5o.  •  Nous  publions  cette  correspondance  nuv  Pièces 

'Ces  députés   furent    l'éTêque  d'Albi,    le   baron  justificatives,    n'"  LXXXI ,   col.    256,    à   LXXXIV, 

de  Rieux,  les  sieurs  de  Rosel  &  de  Fabre,  consuls  col.  i6o. 

de  Montpellier  &  de  Narbonne. 


1649 


~ 288  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

C'était  une  démarche  toute  nouvelle  dans  les  assemblées  provinciales  de 
Languedoc,  telles  que  les  avait  disciplinées  le  régime  de  Richelieu,  St  comme 
un  retour  aux  agitations  &  aux  procédés  politiques  de  la  Ligue,  que  de  voir 
une  députation  des  trois  ordres  traverser  ainsi  la  moitié  de  la  Province  pour 
aller  porter  ses  réclamations,  non  plus  au  roi  de  France  en  personne  ou  aux 
représentants  directs  de  sa  puissance,  mais  à  la  première  compagnie  judiciaire 
du  pays,  constituée  en  gardienne  presque  indépendante  du  repos  des  peuples. 

Les  députés  partirent  le  lendemain  de  leur  élection ,  précédés  d'un  jour 
'  par  le  syndic,  qui  allait  les  annoncer  le  long  de  la  route.  Partout,  sur  leur 
passage,  ils  furent  accueillis  avec  les  démonstrations  de  respect  St  les  hom- 
mages que  l'on  était  accoutumé  de  rendre  aux  gouverneurs  &  aux  lieute- 
nants du  roi.  L'impression  des  violences  militaires  était  si  vive  &  si  générale 
dans  la  contrée  que,  malgré  les  vices  constitutifs  des  Etats  comme  repré- 
sentation provinciale,  leurs  délégués  pouvaient  paraître  cette  fois  les  vrais 
défenseurs  du  pays.  Toutes  les  étapes  de  leur  voyage  furent  marquées  par 
des  réceptions.  A  Narbonne,  le  syndic  du  diocèse  les  traita  magnifiquement 
dans  sa  grange;  à  une  lieue  de  Toulouse,  ils  rencontrèrent  deux  carrosses 
à  quatre  chevaux,  accompagnés  d'une  troupe  de  cavaliers.  C'étaient  deux 
capitouls  que  le  consistoire  envoyait  pour  leur  faire  honneur  6i  qui  les  con- 
duisirent en  ville. 

Dès  leur  arrivée,  ils  allèrent  rendre  visite  au  premier  président,  qui  les 
reçut  avec  courtoisie  Se  leur  déclara  que  pareille  réception  était  sans  exemple 
dans  les  registres  du  Parlement. 

Le  lendemain,  tous  les  dignitaires  de  la  ville  allèrent  offrir  leurs  respects 
aux  envoyés;  ce  furent  d'abord  quatre  capitouls  en  chaperon,  dont  l'un,  le 
sieur  de  Lagorrée,  leur  adressa  un  compliment  très-civil  &  solennel;  puis 
le  syndic  de  Toulouse,  apportant  les  présents  de  la  ville,  tels  qu'on  les  offrait 
aux  gouverneurs,  la  cire,  les  dragées  8c  les  flacons  de  vin  blanc;  la  députation 
du  chapitre  métropolitain,  composée  du  chancelier,  du  grand  chantre  Si  de 
deux  chanoines;  le  juge-mage,  suivi  de  quatre  conseillers  de  la  sénéchaussée; 
les  docteurs  régents  de  l'université,  précédés  du  recteur  qui  prononça  une 
harangue;  les  administrateurs  de  l'hôpital  de  la  Grave,  &  enfin  le  premier 
président. 

Il  y  eut  quelques  négociations  préliminaires  pour  régler  le  cérémonial  de 
la  réception  au  palais.  La  question  était  épineuse  Se  mettait  en  peine  les 
vieux  formalistes  du  Parlement;  car,  d'après  les  traditions  du  greffe,  rien 
de  pareil  ne  s'était  encore  pratiqué.  On  s'inquiétait  surtout  du  port  d'armes, 
que  les  magistrats  ne  toléraient  point  devant  leur  tribunal. 

Les  députés  obtinrent  d'être  admis  en  pleine  audience,  les  chambres  assem- 
blées, le  gentilhomme  portant  son  épée,  «  qui  est  l'habit  essentiel  du  baron 
«  des  Etats,  »  les  trois  ordres  confondus  sans  aucune  séparation.  Le  greffier 
civil,  en  robe  St  bonnet  carré,  accompagné  de  six  huissiers,  attendait  au  pied 
du  perron,  à  la  descente  du  carrosse. 

Introduits  dans  la  grand'chambre,  à  dix  heures  du  matin,  les  envovés  de 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  289 

la  Province  allèrent  s'asseoir  sur  le  premier  banc  qu'on  leur  avait  laissé  vide, 
vis-à-vis  le  siège  des  présidents. 

L'évêque  d'Uzès  exposa  à  la  cour  le  motif  de  l'ambassade;  &,  dans  sa 
réponse,  le  premier  président  protesta  de  l'affection  du  Parlement  pour  les 
États  &  du  désir  de  coopérer  avec  eux  au  service  du  roi,  leur  commun  maître. 

Dans  l'après-midi,  le  président  Donneville,  accompagné  des  conseillers 
Rech  Si  Cambolas,  visita  les  députés  au  nom  de  la  cour. 

Le  dimanche  suivant,  il  y  eut  collation  à  l'hôtel  de  ville.  A  deux  heures. 
Messieurs  des  États,  avec  une  suite  de  gentilshommes  &  d'envoyés  qui  rem- 
plissait six  carrosses,  entrèrent  dans  la  cour  de  la  maison  commune  entre 
deux  haies  de  soldats,  rangés  sous  les  armes  d'une  porte  à  l'autre,  &  furent 
salués  par  des  mousquetades,  des  boîtes,  des  pièces  d'artifice  &  par  la  musique 
municipale  des  hautbois  8c  des  trompettes.  Le  corps  capitulaire  &  toute  la 
bourgeoisie  leur  firent  les  honneurs  de  l'hôtel  de  ville.  On  les  promena  dans 
les  diverses  galeries  édifiées  sous  Henri  IV  8c  sous  Louis  XIII;  on  leur  montra 
les  peintures  historiques  figurant  les  entrées  royales  8c  les  portraits  de  plu- 
sieurs générations  de  capitouls.  A  l'entrée  de  l'arsenal,  six  pièces  de  campagne 
en  batterie  tonnèrent  par  toutes  leurs  bouches,  8c  quand  ils  sortirent  du  bâti- 
ment de  Lenesville',  encore  peuplé  des  corselets  8c  des  morions  de  la  Ligue, 
les  mêmes  salves  martiales  se  renouvelèrent.  De  là  les  invités  passèrent  dans 
la  salle  du  consistoire,  où  le  chef  les  attendait  auprès  d'une  table  bien  servie. 
Toutes  les  friandises  du  temps  y  étaient  rassemblées  ;  confitures,  dragées, 
biscuits  à  la  reine,  biscuits  de  Malte,  bisquiteaux.  Plusieurs  pièces  de  four 
portaient,  en  relief  8c  en  couleur,  le  blason  aux  armes  de  la  Province.  Pen- 
dant,tout  le  repas,  les  six  violons  ordinaires  de  la  ville  firent  entendre  leurs 
symphonies. 

Des  pluies  abondantes  8c  le  débordement  des  rivières  du  haut  Languedoc 
retinrent  quelques  jours  la  députation  captive,  car  les  chemins,  toujours 
négligés,  étaient  devenus  impraticables.  Vers  le  dimanche  matin,  le  ciel 
s'étant  éclairci,  la  petite  troupe  se  remit  en  marche. 

La  brillante  réception  de  Toulouse  avait  fait  grand  bruit  dans  la  Pro- 
vince; aussi  toutes  les  villes  du  parcours  épièrent  les  députés  au  passage  pour 
leur  donner  quelques  marques  de  civilité.  A  Castelnaudary,  à  Carcassonne, 
le  sénéchal  8c  les  consuls  rivalisèrent  d'empressement.  A  Béziers,  le  premier 
consul,  M.  de  Margon,  offrit  un  très-beau  festin. 

En  rendant  compte  à  l'assemblée  du  résultat  de  son  ambassade,  l'évêque 
d'Uzès,  parlant  au  nom  de  ses  confrères,  put  affirmer  avec  quelque  orgueil 
que  «  les  Etats,  en  cette  rencontre,  avoient  été  honorés  en  leur  personne  à 
«   l'égal  des  plus  grands  princes^.  » 

Ces  pompeuses  démonstrations,  auxquelles  le  Parlement  répondit,  après  un 
assez  long  intervalle,  par  l'envoi  d'une  ambassade,  sous  la  conduite  du  prési- 

'  Pierre  Lenesville,  architecte  Orléanais,  refit  les       cendie,  &  construisit,  en  i6i3,  la  portcde  l'arsena! 
Toutes  du  chœur  de  l'église  Saint-Etienne  de  Tou-       municipal, 
louse  qui  araient  été  détruites  par  un  terrible  in-  '  Ptcca  justificatiyes,  n.  LXXXVII,  col.  z6S, 

XIII.  19 


1649 


~ 290  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dent  Garaud  de  Donneville',  marquaient  entre  les  grands  corps  de  la  Pro- 
vince une  tentative  de  rapprochement  analogue  à  celle  qui,  à  Paris,  avait 
Lrmé  l'union  des  compagnies  supérieures  &t  tenu  tête  à  la  royauté;  tentative 
éphémère,  du  reste,  car  les  puissantes  oligarchies,  qui  se  disputaient  d'ordi- 
naire la  prééminence,  avaient  des  intérêts  trop  contradictoires  pour  vivre 
longtemps  en  bonne  intelligence.  On  s'adressait  mutuellement  des  louanges 
hyperboliques;  on  se  traitait  de  sauveurs  de  l'État,  de  protecteurs  du  peuple, 
de  pères  de  la  patrie,  jusqu'au  moment  où,  une  cause  de  conflits  surgissant, 
l'hyperbole  devenait  hostile,  &t  la  guerre  éclatait. 

Pendant  quelques  mois,  l'harmonie  fut  assez  constante  entre  le  Parlement 
&  les  États.  La  cour  de  Toulouse,  dont  la  suppression  des  intendants  avait 
comblé  les  vœux,  s'était  associée  aux  démarches  de  l'assemblée  provinciale 
pour  obtenir  la  réalisation  de  son  rêve  le  plus  cher,  la  révocation  de  l'édit  de 
Béziers.  Dès  le  10  mai  1649,  dans  une  première  délibération,  le  Parlement 
avait  assimilé  cet  édit  à  toutes  les  mesures  extraordinaires  &  rigoureuses  qui 
se  trouvaient  supprimées  par  les  déclarations  du  18  janvier  &  du  22  octobre, 
avec  mission  au  procureur  général  d'en  faire  une  étude  à  part  8<.  d'en  pré- 
senter rapport  à  la  cour,  &  su''séance  provisionnelle  complète.  Ainsi,  recréance 
était  donnée  de  tous  les  biens  saisis  pour  le  payement  des  impôts  établis  en 
vertu  de  l'édit  de  Béziers,  &,  en  même  temps,  annulation  des  contraintes 
délivrées  par  les  receveurs  des  tailles^. 

Le  pays,  accablé  sous  le  poids  de  ses  charges,  n'avait  pas  besoin  d'être 
encouragé  à  ne  point  payer  :  les  prescriptions  du  Parlement  obtinrent  par- 
tout une  obéissance  facile,  &,  comme  la  contagion  gagnait  rapidement  Se 
qu'au  milieu  des  crises  de  la  politique  générale  toute  menace  de  complica- 
tion paraissait  alarmante,  les  commissaires  du  roi  aux  États  reçurent  l'ordre 
formel  de  traiter  avec  l'assemblée  provinciale  sur  la  base  d'une  révocation  de 
l'édit  de  Béziers.  Les  désordres  du  royaume  avaient  fini  par  rendre  inévitable 
cette  abrogation,  que  les  députés  du  Languedoc  réclamaient  dès  les  premiers 
jours  de  la  régence. 

Les  négociations  furent  très-longues  &  très-accidentées.  Il  n'est  point  dou- 
teux que  la  révocation  n'eût  été  déjà  résolue  en  principe  dans  les  conseils  de 
la  régence;  mais  on  voulait,  du  moins,  qu'elle  fût  payée  un  haut  prix,  &. 
c'est  en  réalité  sur  le  taux  de  ce  rachat  que  portèrent  les  difficultés  sérieuses 
de  la  transaction. 

Les  États  faisaient  valoir  le  caractère  exceptionnel  de  l'édit,  promulgué 
dans  des  circonstances  funestes  pour  la  Province.  Le  garde  des  sceaux,  au 
lieu  de  solliciter  les  avis,  comme  d'habitude,  s'était  contenté  de  dire  qu'on 
venait  d'entendre  la  volonté  du  roi,  &  que  personne  n'y  pouvait  faire  oppo- 
sition. On  rappelait  que  cet  acte,  modifiant  la  constitution  même  de  la  Pro- 
vince, n'avait  jamais  été  vérifié  au  Parlement,  condition  tout  à  fait  obligatoire 

■  On  trouvera   aux  Pièces  justificatives,  n"'  XC,        Donneville  au   nom  du  Parlement  de  Toulouse  & 
col.  286    &  XCI,    col.  289,   le   discours    prononcé        la  réplique  de  l'archevêque  de  Narbonne. 
aux   États   le   i"  octobre  i6.|9   par  le  président  de  »  Pièces  justificatives,  n.  LXXXV,  col.  262. 


LIV,   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  2qi    ; — 

'  1649 

depuis  les  récents  triomphes  de  la  cour  de  Paris;  £<,  reprenant  l'événement 
à  son  origine,  on  indiquait  le  peu  de  part  qu'avait  eue  la  Province  à  la  sédi- 
tion de  i632,  presque  exclusivement  provoquée  par  la  pression  des  gens  de 
guerre.  Le  développement  de  ces  arguments  rétrospectifs  ne  laissait  pas  que 
d'être  embarrassant,  si  l'on  songe  au  triste  rôle  que  le  duc  d'Orléans  ^vait 
joué  dans  ces  aventures. 

Au  cours  du  débat,  l'assemblée  se  prononça  d'une  façon  très-ferme.  Après  • 
avoir  entendu  un  long  rapport,  où  étaient  déduits  avec  détail  tous  les  vices 
de  forme  &  tous  les  inconvénients  de  l'édit  de  Béziers,  on  déclara,  d'un 
commun  consentement,  que  pour  contenir  les  peuples  en  l'obéissance  du  roi 
81  sous  son  bon  plaisir,  les  Etats  n'auraient  plus  égard  à  cet  acte  célèbre,  ni 
pour  le  présent  ni  pour  l'avenir,  8t  qu'ils  n'accorderaient  aucune  somme 
Se  ne  consentiraient  aucune  imposition  en  vertu  des  commissions  portées  par 
les  agents  ministériels,  considérant  les  commissions  de  ce  genre  comme  con- 
traires aux  libertés  de  la  Province  &  aux  dernières  déclarations  du  roi  '. 

Le  comte  du  Roure  &  l'intendant  vinrent  annoncer,  quelques  jours  après, 
que  la  délibération  prise  par  les  États  au  sujet  de  l'édit  de  Béziers  leur  sem- 
blait conçue  en  des  termes  qui  ne  pouvaient  pas  «  bonnement  »  être  présentés 
au  roi  8c  demandèrent  un  adoucissement  d'expression. 

L'archevêque  de  Narbonne  leur  répondit  que  l'assemblée,  ne  s'étant  jamais 
départie  des  termes  d'obéissance  qu'elle  devait  à  Leurs  Majestés,  était  prête  à 
revoir  sa  délibération  pour  s'assurer  si,  par  mégarde,  il  n'y  serait  point  échappé 
de  mot  répréhensible. 

Les  commissaires  retirés,  suivant  le  cérémonial,  on  remit  l'affaire  aux  voix 
8<  l'on  résolut  de  maintenir  le  texte  intégral  de  la  délibération,  n'y  ayant 
rien  trouvé  qui  ne  fût  très-respectueux  8c  qui  ne  marquât  le  devoir  &  la  sou- 
mission de  bons  &  fidèles  sujets  envers  leur  prince^. 

Les  négociations  étaient  encore  pendantes,  lorsque  l'assemblée  fut  mise  en 
émoi  par  l'aventure  d'un  de  ses  syndics  généraux.  Un  soldat  de  la  citadelle 
s'était  présenté,  à  neuf  heures  du  soir,  au  logis  de  cet  officier  provincial.  Se 
l'ayant  appelé  dans  la  rue  pour  lui  faire  une  communication,  l'avait  sommé 
de  quitter  la  ville  dans  quatre  jours  s'il  ne  voulait  être  roué  de  coups  de  bâton 
8c  assassiné.  Sur  l'invitation  du  syndic,  ce  brutal  messager  fut  arrêté  &c  jeté 
dans  les  prisons  de  la  cour  des  aides;  mais  il  y  était  à  peine  installé,  que  le 
présidial  le  réclama  comme  étant  de  sa  juridiction,  8c  l'enferma  dans  ses  pro- 
pres cachots.  Survint  alors  le  lieutenant  de  la  citadelle  qui  mit  les  deux  tri- 
bunaux d'accord  en  exigeant  l'élargissement  du  soldat. 

P».umeurs  violentes  dans  l'assemblée  :  les  députés  déclarent  que  la  liberté 
publique  est  violée  en  la  personne  du  syndic,  8c  que,  sans  liberté  il  n'y  a 
point  d'Etats,  que  la  considération  de  l'assemblée  a  souffert  une  plaie  mor- 
telle. On  décide  que  M.  de  Vedelly,  commissaire  du  Parlement  de  Toulouse, 

'  Procès-verbal   des    États.    Séance    du   i5    juin  *  Procès-verbal    des    États.    Séance   du    2p   Juiji 

1649.  1643. 


~^ 292  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

qui  instrumentait  dans  les  environs,  sera  prié  d'accourir  pour  instruire  contre 
les  coupables. 

On  écrit  à  la  hâte  à  l'évêque  d'Albi,  alors  à  la  Cour,  avec  ordre  d'en  porter 
plainte  au  duc  d'Orléans.  Gaston  répondit  que  le  syndic  ne  courait  aucun 
risque  &  pouvait  continuer  sa  charge  en  toute  assurance. 

Cette  affirmation  ne  satisfaisait  personne.  Les  vieux  praticiens  de  l'assem- 
•  blée  s'enquirent  des  précédents,  &  l'on  découvrit  dans  les  registres  qu'en  i625 
un  protestant  ayant  été  arraché  par  la  chambre  de  l'édit  aux  poursuites  des 
États,  les  États,  considérant  leur  liberté  comme  violée,  suspendirent  leurs 
séances  jusqu'après  avoir  obtenu  réparation.  On  décide  de  suivre  cet  exemple. 
Les  délégués  qui  vont  en  donner  avis  aux  commissaires  du  roi,  demandent 
aussi,  au  nom  de  l'assemblée,  que  les  Etats  soient  transférés  dans  une  ville 
où  il  n'y  ait  ni  citadelle  ni  cour  souveraine. 

Le  comte  du  Roure  s'excusa  de  ne  pouvoir  obtenir  par  son  autorité  la 
répression  du  coupable.  Le  département  de  la  lieutenance  générale  dont  il 
était  titulaire  depuis  la  mort  du  comte  de  Tournon  comprenait  seulement  les 
pays  de  Vivarais  8c  de  Vêlai  &  il  n'avait  point  d'ordres  à  donner  aux  troupes 
de  la  citadelle,  la  ville  de  Montpellier  étant  du  département  du  bas  Lan- 
guedoc. Les  États  s'inclinent  devant  ces  raisons,  mais  demandent  au  roi  qu'à 
l'avenir  l'oificier  qui  remplira  la  charge  de  premier  commissaire  président  soit 
pourvu  d'ui\  absolu  commandement  dans  la  ville  d'assemblée,  à  quelque  lieu- 
tenance générale  qu'elle  appartienne;  &  comme  le  présidial  s'est  laissé  inti- 
mider par  la  citadelle,  les  députés  de  la  Province  solliciteront  la  suppression 
du  sénéchal  de  Montpellier. 

Pendant  toutes  ces  agitations  intérieures,  les  côtes  de  Languedoc  ne  ces- 
saient d'être  visitées  par  les  galères  royales  qui  enlevaient  les  bateaux  chargés 
de  grains  en  partance  pour  les  pays  étrangers;  d'autres  étaient  saisis  dans  les 
petits  ports  de  Martigues  &  de  la  Ciotat,  où  les  marchands  de  Marseille  les 
internaient  en  s'autorisant  de  leurs  privilèges  &.  finissaient  par  se  rendre 
acquéreurs  des  chargements  à  tel  prix  que  bon  leur  semblait.  Les  États  parlè- 
rent d'user  de  représailles  à  l'égard  des  navires  provençaux. 

Un  M.  de  Chastelux,  capitaine  de  galères,  fit  même  des  propositions  à 
l'assemblée  en  vue  d'organiser  une  contre-course,  «  offrant  ses  services  &  ceux 
«  de  son  armement  pour  tenir  la  côte  nette.  »  Une  commission  de  cinq  mem- 
bres eut  mandat  d'examiner  ses  conditions  qui  ne  furent  pas  acceptées. 

Vers  la  fin  du  mois  de  septembre,  M.  de  Choisy,  chancelier  du  duc  d'Or- 
léans, se  rendit  en  personne  à  Montpellier  pour  y  terminer  l'affaire  de  l'édit. 

L'édit  de  révocation  fut  donné  à  Paris,  au  mois  d'octobre  164g.  L'exposé 
des  motifs  rappelait  les  marques  de  fidélité  données  par  la  Province  &  l'insis- 
tance qu'elle  avait  mise  à  solliciter  le  rétablissement  de  ses  anciens  usages. 
Les  États  devaient  à  l'avenir  se  rassembler  annuellement  au  mois  d'octobre, 
sur  convocation  royale,  sans  pouvoir  être  prolongés  au  delà  d'un  mois  à 
compter  de  la  séance  d'ouverture.  Les  offices  de  trésoriers  de  la  bourse,  créés 
en  i632,  étaient    supprimés,  avec  faculté  donnée  aux  États  de  reprendre 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  298 

les  formes  de  perception  &  de  comptabilité  traditionnelles.  En  reconnaissance 
de  cet  acte  de  grâce,  qualifié  d'édit  perpétuel  8c  irrévocable,  l'assemblée  pro- 
vinciale accorda  un  don  gratuit  de  douze  cent  mille  livres;  doubla  les  quatre- 
vingt  mille  livres  qu'elle  avait  pris  l'habitude  de  payer  au  duc  d'Orléans,  & 
en  offrit  douze  mille  à  l'abbé  de  La  Rivière'. 

Durant  le  dernier  mois  de  la  session,  les  Etats  accordèrent  à  la  cour  des 
comptes  de  Montpellier,  qui  avait  repris  possession  de  son  ancienne  résidence, 
en  vertu  d'une  déclaration  du  24  juillet  1648,  la  jouissance  pendant  quinze 
ans  d'un  droit  de  trois  deniers  par  livre  sur  les  tailles  de  la  Province^,  libé- 
ralité fort  insolite  Se  qui  devait  occasionner  de  nouvelles  tempêtes. 

Il  était  d'usage  tjue,  pour  charmer  les  loisirs  des  membres  de  l'assemblée, 
des  troupes  de  comédiens  vinssent  donner  des  représentations  dans  la  ville  où 
les  États  se  réunissaient.  On  a  tout  lieu  de  croire  que  les  États  de  1649 
eurent  l'avantage  de  voir  jouer  Molière  en  personne.  C'est  du  moins  ce  qui 
résulte  d'une  concordance  de  dates  assez  curieuse 3. 


1649 


'  Voici  le  détail  de  quelques  largesses  faites  par 
l'assemblée  provinciale  à  la  fin  de  la  session  : 

A  S.  A.  R.  pour  l'honneur  de  l'avoir  pour  gou- 
Tcrneiir,  la  somme  de  80000  livres j  —  &  pour 
témoigner  à  S.  A.  R.  l'obligation  extraordinaire 
que  la  Province  lui  a  de  la  protection  qu'elle  lui 
a  donnée  envers  S,  M.  pour  obtenir  la  révocation 
de  l'édit  de  Béziers  &  la  permission  de  faire  l'im- 
position pour  deux  années,  les  Etats  luy  ont  en- 
core donné  autre  somme  de  Socoo  livres.  —  A 
M.  le  comte  du  Roure,  la  somme  de  40  000  livres. 
—  A  M.  l'abbé  de  La  Rivière,  la  somme  de  6  000  li- 
vres, en  considération  des  faveurs  &  assistances. 
que  la  Province  a  reçues  de  lui  auprès  de  S.  A.  R., 
&  pour  les  soins  &  peines  qu'il  a  prises  de  la  re- 
mettre dans  son  ancienne  liberté  par  le  moyen  de 
l'obtention  de  la  révocation  de  l'édit  de  Béziers, 
.-lutres  6  000  livres.  —  A  M.  de  Choisy,  chancelier 
de  S.  A.  R.,  la  somme  de  7000  livres.  —  A  M.  de 
Breteuil,  attendu  qu'il  est  seul  intendant  &  qu'il 
achève  la  troisième  année  de  son  intendance,  la 
somme  de  7000  livres,  &  arrêté  que  les  députés  en 
Cour  feront  insistance  auprès  de  LL.  MM.  &  de 
S.  A.  R.  de  le  vouloir  continuer  dans  son  emploi 
dans  la  Province  en  cas  que  leurs  volontés  fussent 
d'y  envoyer  quelqu'un.  —  A  MM.  de  Goulas  & 
de  Fromont,  secrétaires  des  commandements  de 
S.  A.  R.,  la  somme  de  3 000  livres  à  chacun.  — 
A  M.  de  Chanteau  pour  avoir  porté  la  révocation 
de  l'édit  de  Béziers,  la  somme  de  2000  livres.^ 
Aux  commis  de  M.  de  Goulas  Su.  de  Fromont,  la 
tomme  de  5oo  livres  à  chacun.  —  Au  secrétaire  de 
M.  de  Choisy,  600  livres.  —  Nous  publions  aux 
Pièces  justificatives,  n°  XCII,  col.  292,  le  texte  de 
l'édit  de  révocation. 

'  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du   19  novem- 
br:  .',^9. 


'  L'auteur  des  Pérégrinations  Je  Molière  dans  le 
Languedoc,  M.  Léon  Galibert,  a  retrouvé,  en  feuil- 
letant les  livres  de  paroisse  de  l'église  Saint-Paul, 
à  Narbonne,  la  mention  suivante  qui  atteste  la 
présence  de  Molière  dans  le  bas  Languedoc,  au 
commencement  de  l'année  i65o,  avec  Charles  Du- 
fresne,  acteur  connu  de  Vlllustre  Théâtre  .  «  L'an 
mil  six  cent  cinquante  &  le  dixième  janvier,  par 
moi,  curé  soussigné,  a  été  baptisé  Jean,  fils  d'Anne, 
ne  sachant  le  nom  du  père;  le  parrain  a  été  le 
sieur  Jean-Baptiste  Poquelin,  valet  de  chambre  du 
roi  ;  &  la  marraine,  demoiselle  Catherine  du  Bosc  ; 
présents  les  sieurs  Charles  Dufresne  &  Julien  Mé- 
lindre'.  j>  C'est  peut-être  au  passage  de  la  même 
troupe  à  Toulouse,  en  1649,  que  se  réfère  un  arrêt 
du  Parlement,  qui  ne  manque  pas  d'intérêt  comme 
tableau  de  mœurs  universitaires.  On  verra  que  les 
étudiants  de  Toulouse  avaient  alors  les  allures  ba- 
tailleuses qui  ne  se  retrouvent  plus  guère  aujour- 
d'hui qu'en  Allemagne  :  n  ...  Quoique  par  divers 
arrêts  de  la  cour  il  soit  inhibé  aux  escoliers  de 
faire  aucuns  prieurs  de  nation,  exiger  aucunes 
bienvenues,  porter  épées  ni  autres  armes,  néan- 
moins au  préjudice  desdits  arrêts,  ils  créent  lesdits 
prieurs  de  nation,  exigent  les  bienvenues,  non- 
seulement  des  escoliers,  mais  encore  d'autres,  por- 
tent épées  &  vont  journellement  aux  comédies,  y 
entrant  à  la  faveur  de  certains  méreaux,  billets 
ou  bulletins  qu'ils  se  font  bailler  par  force  auxdlis 
comédiens,  ce  qui  leur  sert  d'occasion  de  quitter  8c 
abandonner  les  collèges  &  études,  &  là,  sous  la 
qualité  de  prieurs,  sous-prieurs  &  anciens  de  na- 
tion,   avec    leurs    épées    &    autres    armes    font   de 

»  Histoire  des  pèrcgrin:ttions  de  Molière  dans  te  Lan' 
fruedoc,  d'après  des  documents  inédits  (1642-1(358),  par 
M.  Emmanuel  Raymond  tLiion  Galibert).  Paris,  Dubuisson, 
it>38,  p.  49. 


~ 294  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

En  dehors  des  grandes  intrigues  qui  passionnaient  les  compagnies  supé- 
rieures &  l'assemblée  provinciale,  on  signalait,  de  part  8<.  d'autre,  des  conflits 
locaux  plus  ou  moins  graves,  déterminés  par  des  causes  à  peu  près  constantes  : 
diversité  de  religion,  élections  municipales,  contestation  de  droits  féodaux. 
Ces  querelles,  dont  la  plupart  duraient  depuis  longues  années,  se  réveillaient 
avec  une  vivacité  nouvelle  à  la  faveur  de  l'esprit  d'inquiétude  &  de  désordre 
qui  régnait  dans  le  pays. 

Ce  fut  à  la  suite  d'un  de  ces  mille  incidents  qui  troublaient  à  tout  propos 
la  tranquillité,  que  le  Parlement  de  Toulouse  eut  à  mettre  «  sous  la  sauve- 
«  garde  du  roi  &  de  la  cour  »  le  monastère  Notre-Dame  de  Salenques,  dans 
la  haute  vallée  de  la  Rize,  bloqué  le  16  octobre  8c  menacé  de  destruction  par 
les  habitants  des  Bordes.  Anne  de  Noé,  abbesse  de  cette  maison,  se  trouvait, 
depuis  près  de  vingt  ans,  en  procès  avec  tout  son  voisinage,  tant  à  cause  de 
plusieurs  biens-fonds  usurpés  que  des  droits  de  haute  &  basse  justice  sur  la 
petite  paroisse  de  Saint- Félix  de  Salenques.  Elle  se  heurtait  du  reste  à  de 
puissants  compétiteurs  :  d'une  part,  Henri  Gaston  de  Foix,  comte  de  Rabat, 
qui  l'accusait  d'avoir  extorqué  par  violence  une  transaction  Si  qui  revendi- 
quait pour  lui-même  la  moitié  de  la  justice,  &  surtout  le  redoutable  gouver- 
neur de  Guienne,  dont  les  exigences  8c  les  prétentions  féodales  mettaient 
alors  toute  sa  province  en  feu  :  Bernard  de  Foix  de  la  Valette,  duc  d'Epernon, 
de  la  Valette  8c  de  Caudale,  comte  de  Foix  8c  d'Astarac,  se  disait,  en  qualité 
de  comte  de  Foix,  autorisé  à  exercer  la  haute  8c  la  basse  justice  dans  l'entier 
territoire  de  Saint-Félix,  aussi  bien  sur  le  personnel  de  l'abbaye  que  sur  la 
population  du  village.  Les  habitants  des  Bordes  profitaient  de  ces  dissensions 
pour  s'attrouper,  ravager  les  vignes,  8c  cherchaient  à  forcer  les  portes  du 
monastère.  Quelque  noblesse  des  environs  les  dissipa,  8c  le  Parlement  leur 
défendit  d'entraver  la  libre  jouissance  du  domaine  des  religieuses'.  Le  duc 
d'Epernon,  en  guerre  ouverte  avec  le  Parlement  de  Bordeaux,  avait  alors 
d'autres  soucis. 

Cependant,  les  événements  de  la  Cour  de  France  allaient  amener  une 
révolution  notable  parmi  les  puissances  qui  dirigeaient  les  destinées  de  la 
Province.  Le  18  janvier  i65o,  les  princes  de  Condé  8c  de  Conti  8c  le  duc  de 
Longueville  furent  arrêtés  par  le  capitaine  des  gardes  de  la  reine  8c  conduits 
au  château  de  Vincennes.  Ce  coup  d'État  eut  pour  conséquence  indirecte  la 

grands  désordres La  Cour  a  fait  &  fait  inhibi-  tiendra,  &  que  néanmoins  le  présent  arrêt  sera  lu 

tiens   &  défenses  à  tous   écoliers  de   créer   aucuns  &  publié  par  les   carrefours  de   la  ville,  à  son  de 

prieurs,  exiger  aucunes  bienvenues,  porter  épées,  trompe,  k  la   diligence  desdits  capitouls,  afin  que 

poignards,  pistolets  &  autres  armes  de  jour  ni  de  personne  n'en  prétende  cause  d'ignorance, 
nuit,  à   peine  de  la   vie,  comme  aussi   leur  a  fait  b„       „    , 

pareilles  inhibitions  &  défenses  de  prendre  aucuns 

méreaux,    billets    ou   bulletins,   ni    s'en    servir   à  '  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par- 
peine  de  quatre  mille  livres  8c  autre  arbitraire,  &  lement  de  Toulouse.  Chambre  criminelle.  Arrêt  du 
par  même  moyen  aux   capitouls  de  cette  ville  de  iz  octobre  1649. 
souffrir    qu'ils    s'en    servent,    leur    enjoignant    de 

capturer   les    porteurs   desdits   méreaux    &   armes,  .   ,     ,•        j    ,    ,,     .    ,^  ,-     j     j     ,,    ,  .j 

^         c  ■       o  r  ■  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlement  de 

leur  laire  &  parfaire  le  procès,  ainsi  qu'il  appar-       Toulouse.  Affaires  du  roi  &  du  fublic.  I,  p.  596. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  2y5 

chute  du  favori  dont  les  archevêques  de  Narbonne  Si  de  Toulouse  avaient 
récemment  dénoncé  l'insolence.  L'abbé  de  La  Rivière  ignorait  de  tout  point 
le  complot  tramé  par  Mazarin  avec  la  connivence  du  duc  d'Orléans  :  la 
duchesse  de  Chevreuse  s'était  appliquée  à  ruiner  le  crédit  du  confident,  &  y 
avait  réussi.  Gaston  ne  lui  laissa  rien  deviner  de  l'aventure  qui  se  préparait, 
&  l'abbé  fut  un  des  personnages  les  mieux  joués  dans  cette  audacieuse  entre- 
prise. Il  se  trouvait  dans  la  compagnie  du  cardinal  Mazarin  au  moment 
même  de  l'opération.  «  Que  diriez-vous,  monsieur  l'abbé,  lui  demanda  le 
«  cardinal,  si  l'on  vous  disait  que  les  princes  de  Condé,  de  Conti  Si  le  duc 
«  de  Longueville  sont  prisonniers?  —  Je  serais  bien  surpris,  répliqua  l'abbé. 
«  —  Bien,  reprit  le  cardinal.  Soyez-le  donc;  car,  à  l'heure  que  je  vous 
«  parle,  on  les  mène  au  bois  de  Vincennes.  —  Et  Monsieur,  hasarda  l'abbé, 
«  tort  ému  de  ce  coup  de  foudre,  le  sait-il?  —  Tout  est  concerté  avec  lui. 
M  —  Je  suis  donc  perdu?  »  Après  quelques  mots  de  courtoisie,  l'abbé  de  La 
Rivière  rentra  fort  affligé  au  palais  d'Orléans  8<  comprit  que  son  rôle  était 
achevé.  Il  reconnut,  dit  un  contemporain,  que  l'esprit  de  son  maître  avait 
«  changé  du  blanc  au  noir.  »  Au  bout  de  quelques  jours,  durant  lesquels  il 
étudia  le  caractère  de  sa  disgrâce  81  la  reconnut  irréparable,  il  demanda  son 
congé,  que  le  prince  lui  accorda  de  bon  cœur,  S<  se  retira  dans  sa  maison 
de  Petit-Bourg'.  C'en  était  fait  du  chapeau  de  cardinal,  de  la  qualité  de 
ministre  d'Etat,  de  l'entrée  au  cabinet  Si  des  façons  de  souverain  à  l'égard  des 
ambassades  provinciales.  Les  Etats  de  Languedoc  ne  devaient  plus  entendre 
célébrer  «  la  vertu,  la  capacité,  les  droites  intentions,  l'industrie,  la  fidélité 
«  de  M.  l'abbé  de  La  Rivière^,  »  qui  prenait,  d'après  M.  de  Choisy,  une  si 
grande  part  «  au  maniement  des  affaires  publiques,  81  qui  tenoit  un  rang 
«  si  élevé  dans  les  conseils  de  Son  Altesse.  »  La  gratification  que  lui  valut  le 
retrait  de  l'édit  de  Béziers  était  le  dernier  profit  de  son  ministère. 

La  première  préoccupation  du  conseil  de  régence,  après  l'arrestation  des 
princes,  fut  d'expliquer  cet  événement  au  Parlement  de  Paris  81  aux  autres 
compagnies  supérieures  du  royaume,  afin  de  prévenir  les  troubles  qui  pou- 
vaient en  résulter.  Outre  la  déclaration  royale  où  étaient  accumulés  tous  les 
griefs  de  la  reine  81  de  ses  ministres  contre  le  vainqueur  de  Lens,  des  lettres 
spéciales  furent  adressées  à  la  cour  de  Toulouse,  &t  à  M.  de  Montrabe, 
«  exhortant  au  maintien  de  l'ordre  81  demËndant  au  premier  président  de 
«  s'employer  à  contenir  toutes  choses  en  devoir.  »  Le  duc  d'Orléans  écrivit 
de  son  côté  à  ce  magistrat  que  rien  n'avait  été  fait  qu'en  vue  du  repos  de 
l'État  Si  pour  acheminement  à  la  paix  générale. 

Lenet  s'étonne,  dans  ses  Mémoires,  de  la  facilité  avec  laquelle  le  Parlement 
de  Paris  Si  toutes  les  autres  compagnies  souveraines  qui,  peu  de  mois  aupa- 
ravant, avaient  ou  pris  les  armes,  ou  fait  de  vigoureuses  remontrances  au  roi 

'  C'était  une  magnifique  habitation,  située  dans  vnntes,  principalement  celles  de  Cuiennc  &  nutrcs 

les    environ»  de   Corbeil.   Mémoires    de   Monsieur  provinces. 

L***   [Lenet],  conseiller  d'État,  contenant   l'his-  '  Discours  de  M.   de   Choisy  aux   Eiats.   Pièces 

loire  dc>  guerrei  civiles  des  années    1649  &  sui-  justificatiycs,  n,  LXXXIX,  col.   i83. 


i65o 


j6ôo 


i<)6 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


en  faveur  de  gens  peu  considérables,  demeurèrent  muets  au  bruit  d'une  telle 
violence  commise  en  la  personne  du  premier  prince  du  sang.  Probablement, 
le  Parlement  de  Toulouse  était  disposé  à  cette  indifférence  par  son  antago- 
nisme naturel  contre  le  parti  féodal  à  la  tête  duquel  se  trouvait  naturelle- 
ment le  prince  de  Condé.  Aussi  plusieurs  mois  s'écoulèrent  avant  que  l'on 
hasardât  la  moindre  démarche'. 

De  l'autre  côté  des  Pyrénées,  le  coup  d'État  de  Paris  eut  des  conséquences 
graves  :  la  complète  désorganisation  de  l'armée  de  Catalogne,  &  le  traité  fait 
avec  l'Espagne  par  la  duchesse  de  Longueville  &  le  maréchal  de  Turenne. 

Les  troupes  de  Catalogne  étaient  commandées,  en  1649,  P^'  '^  comte  de 
Marsin^,  officier  liégeois,  en  qui  le  cardinal  Mazarin  avait  eu  d'abord  grande 


'  Dans  un  conseil  tenu  en  présence  du  roi ,  où 
l'on  traitait  les  affaires  de  Provence,  le  prince  de 
Condé  avait  menacé  de  rouer  de  coups  de  bâton 
dans  Paris  les  députés  du  Parlement  d'Aix  assez 
audacieux  pour  avoir  osé  porter  plainte  au  nom 
de  leur  corps  contre  les  violences  du  comte  d'Alais. 

La  lettre  de  cachet  du  19  janvier  rappelait  aussi 
au  Parlement  l'insatiable  ambition  du  prince,  les 
faveurs  dont  sa  maison  avait  été  comblée.  A  sa  con- 
sidération, on  avait  accordé  au  prince  de  Conti, 
son  frère,  âgé  de  vingt  ans,  l'entrée  dans  tous  les 
conseils,  une  pension  de  cent  mille  livres  &  la 
place  de  Damvilliers,  dont  il  avait  fallu  dédom- 
mager le  gouverneur". 

'  Jean-Gaspard  de  Marsin  ou  Marchin,  né  en 
1610,  mort  en  1673,  épousa  Marie  de  Balzac  d'En- 
traigues.  Son  fils,  naturalisé  français,  devint  ma- 
réchal de  France  en  lyoS. 

La  correspondance  manuscrite  de  Marca,  qui  est 
conservée  â  la  Bibliothèque  nationale  dans  les  pa- 
piers de  Bahize,  contient  une  lettre  fort  curieuse 
sur  un  projet  de  défectioii  soumis  au  comte  de 
Marsin.  Nous  croyons  utile  de  la  publier  comme 
offrant  un  type  de  ces  engagements  de  chefs  mili- 
taires au  service  de  puissances  ennemies,  tels  que 
les  autorisaient  les  mœurs  du  temps  : 

«  Le  22  avril  164p. 

«  A  M.  Letellier. 

.1  Monsieur,  Ce  joiird'huy  22  d'avril,  M.  de 
Marsin  m'a  fait  voir  une  lettre  du  sieur  Palavi- 
cini,  gouverneur  de  Tarragone,  qu'il  a  reçue  ce 
matin  par  un  marchand  françois,  par  laquelle  il 
lui  propose  les  désordres  qui  sont  en  France  &  le 
peu  de  sûreté  qu'il  y  a  de  suivre  le  parti  du  Roy. 
Sur  ces  considérations',  il  prétend  l'obliger  à  pen- 


'  Aubery,  Histoire  du  cardinal  Mazarin,  V,  p.  107. — 
Lettre  du  Roy  sur  !a  dcteuliou  des  princes  de  Condé  &  de 
Conly  &  du  duc  de  I.onguevilie,  envoyée  à  son  Parlement  de 
Tolose  le  20  janvier  i65o  &  lettrcsdu  Roy  &de  Son  Allesse 
Royale  à  Monsieur  le  Premier  Président,  l'olose.  mdcl. 


ser  à  ses  intérêts,  qu'il  luy  assure  qu'il  trouvera 
plus  certains  &  plus  avantageux  en  Espagne,  où 
il  dit  qu'il  a  plus  d'occasion  de  s'attacher  étant 
Allemand,  afin  d'avoir  moyen  de  servir  sous  la 
maison  d'Autriche.  Ensuite,  il  luy  offre  de  la  part 
du  Roy  son  maître  &  de  Don  Louis  de  Haro  deux 
cent  mil  écus  en  deniers  ou  bien  dix  mil  écus  de 
bonne  rente  assignés  en  Espagne  &  la  charge  de 
Mestre  de  Camp  général  en  l'une  des  armées  de 
S.  M.  s'il  veut  leur  faire  tomber  en  main  les  pla- 
ces de  Tortose  &  de  Flix,  cela  luy  étant  facile, 
comme  il  dit,  à  cause  du  commandement  des  ar- 
mées qu'il  a  en  cette  province. 

«  Cette  proposition  est  fort  bien  ménagée  pour 
luy  faire  voir  qu'il  peut  embrasser  ce  parti  sans 
faire  tort  à  son  honneur,  mais  il  ne  connoît  pas 
la  constance  de  M.  de  Marsin  à  donner  sa  parole, 
&  combien  il  est  délicat  aux  choses  qui  touchent 
la  fidélité,  dont  il  n'établit  pas  le  fondement  sur 
l'intérêt,  mais  sur  la  réputation  &  la  vraye  gloire 
qui  ne  trouve  point  des  exceptions  pour  se  dépar- 
tir de  ce  qu'elle  a  promis.  Il  désire  savoir  si  l'on 
juge  â  propos  qu'il  continue  cette  pratique  pour 
essayer  d'en  tirer  quelque  avantage  pour  le  service 
du  Roy,  ou  bien  qu'il  la  rompe.  En  attendant  les 
ordres  là-dessus,  il  a  trouvé  bon  &  moi  avec  lui, 
de  répondre  au  sieur  Palavicini,  que,  pour  faire 
quelque  faction  qui  eût  suite  dans  la  Province,  il 
seroit  nécessaire  qu'il  fût  informé  de  ceux  avec 
lesquels  les  Ministres  du  Roy  Catholique  sont  en 
particulière  correspondance,  afin  qu'agissant  de 
concert  avec  eux  l'on  pût  se  rendre  maître  de 
toute  la  Catalogne.  Par  ce  moyen,  l'on  peut  être 
éclairci  des  intelligences  des  ennemis  qui  nous 
donnent  tant  de  peine,  si  l'on  n'entre  en  soupçon 
qu'il  y  a  de  l'artifice  en  la  réponse. 

i[  Et  parce  que  M.  de  Marsin  ne  veut  pas  que 
son  nom  soit  taché  d'aucune  infamie,  il  veut 
traiter  avec  Palavicini  sous  le  nom  d'Outremont. 
Il  a  voulu  que  je  fusse  témoin  de  ce  procédé  &  que 
je  vous  en  certifiasse  comme  je  fais  par  ces  lignes. 

<(  Je  vous  avois  averti   il  y  a  près  de  deux  mois 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  297 

confiance  à  cause  de  son  origine  étrangère  8<.  de  sa  bravoure,  mais  que  son 
attachement  au  prince  de  Condé  lui  rendait  suspect.  Le  prince,  peu  de  temps 
avant  son  arrestation,  gratifia  son  protégé  du  gouvernement  de  la  place  de 
Bellegarde,  sur  la  frontière  de  Savoie,  ce  qui  augmenta  les  défiances  du  pre- 
mier ministre.  L'intendant  de  l'armée  de  Catalogne,  Bazin  de  Bezons  &  le 
visiteur  général  Pierre  de  Marca,  évêque  de  Couserans,  eurent  ordre  d'ar- 
rêter le  lieutenant  général  qui  se  laissa  surprendre  à  Barcelone  6<  tut  transféré 
dans  la  citadelle  de  Perpignan, 

Les  Espagnols  profitèrent  du  désarroi  que  la  perte  de  son  chef  avait  jeté 
dans  l'armée  française  pour  tenter  quelques  pointes  audacieuses  sur  la  fron- 
tière. Un  de  ces  mouvements  les  rendit  maîtres  de  la  petite  place  de  Castel- 
Léon,  fort  de  la  vallée  d'Aran,  qui  ferme  la  gorge  supérieure  de  la  Garonne. 
Le  sieur  de  Nestier,  qui  en  était  gouverneur,  ne  se  trouvait  pas  dans  la  place 
au  moment  de  la  surprise;  il  obtint  une  lettre  de  cachet  du  roi  qui  lui  per- 
mettait de  se  faire  délivrer  par  la  ville  de  Toulouse  une  pièce  de  canon,  de 
la  poudre,  des  piques,  des  pelles  &  diverses  munitions  de  guerre  pour  aller 
assiéger  &  battre  le  château.  Il  vint  présenter  cet  ordre  aux  capitouls;  mais 
le  matériel  militaire  de  l'hôtel  de  ville  était  dans  un  grand  délabrement;  on 
n'y  pût,  paraît-il,  trouver  un  affût  solide.  On  fit  promener  le  sieur  de  Nes- 
tier dans  l'arsenal  pour  le  convaincre  par  ses  yeux  de  la  pénurie  des  approvi- 
sionnements &  lui  faire  agréer  les  excuses  de  la  ville.  Les  prudents  capitouls 
n'oublièrent  pas  d'ailleurs  de  mentionner  en  leurs  registres  que  le  gouver- 
neur de  Castel-Léon  n'était  porteur  d'aucune  commission  régulière  Si  n'avait 
d'autre  titre  que  sa  lettre  de  cachet  '. 

Tous  les  yeux  étaient  en  ce  moment  dirigés  sur  la  Guienne,  où  les  agita- 
tions insurrectionnelles  devenaient  de  plus  en  plus  sérieuses.  Malgré  une 
infinité  de  querelles  locales,  le  pays  de  Languedoc  jouit,  durant  ces  premiers 
mois,  d'une  tranquillité  relative.  Le  Parlement  continuait  sa  guerre  contre 
les  capitouls  &  ne  cessait  de  les  cribler  d'arrêts,  dont  ils  avaient  l'adresse  de 
se  garantir,  grâce  à  l'intervention  du  conseil  d'État^.  L'évêque  de  Castres 
était  aux  prises  avec  les  jésuites  de  son  diocèse  &  avec  le  comte  de  Biouie, 
l'un  des  trois  lieutenants  généraux  de  Languedoc,  voisin  incommode,  qui 
menaçait  les  fermiers  épiscopaux  de  leur  donner  cent  coups  d'étrivières  par 
jour,  s'ils  avaient  l'audace  de  renouveler  leur  baiP.  L'évêque  d'Albi  luttait 
contre  une  fraction  puissante  de  ses  diocésains.  L'évêque  de  Viviers  portait 

que  M.  de  Marsin   éioit    incommode,   l'ouverture  '  Archives  de  Toulouie.  Z-ivre  J«  ConsfiZj.  Séance 

de   11    tumeur  qui    luy   est    survenue  au    front    ne  du  19  avril  i65o. 

l.iuroit  être  consolidée  de  deux   mois.   Il  ne   reste  '  fièceî;Bjri/ica«iVej,  n'»XCIV,coI.  198,  XCVIII, 

p.is  de  vouloir  se  mettre  en  campagne  dans   huit  col.  3oj. 

jours,  ce  qui  pourroit  lui  nuire.  C'est  pourquoi  il  '  On    trouvera    dans     nos    Pièces    justificatives, 

faut  ordonner  aux  maréchaux  de  camp  de  se  ren-  n.  CVII,  col.  3oo,  une   longue  lettre  de   l'évêque 

dre  promptement  de  deçà  :  il   m'a  dit  qu'il   se  fie  de  Castres  à  l'assemblée  du  clergé  de  France,  rela- 

en    M.   de   Nestier  8c  le   presse  de  venir,   mais    il  tive   à   ses  différends   avec    les    jésuites    &   avec    le 

n'est  p.is  encore  ici'.  »  comte   de   Biouie,  &  les   lettres   de   l'assemblée  du 

clergé  aux   prélats  de  Languedoc  &.  à  l'évêque  de 

'  Bibliothèque  nationale.  Manuscriti.  Papiers  de  Baluze.  Castres,  n.  CXV,  col.  335. 


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i6ôo 


298  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LÂ1<IGUED0C. 

au  conseil  &  à  l'assemblée  du  clergé  de  France  l'amertume  de  ses  ressenti- 
ments contre  les  barons  de  Vivarais,  qui  lui  disputaient  la  préséance  8<.  lui 
refusaient  même  l'entrée  des  assemblées  d'Assiette. 

Cependant,  soit  en  Guienne,  soit  en  Languedoc,  les  intendants  conti- 
nuaient leurs  fonctions,  sans  plus  de  souci  de  la  révocation  solennelle  de 
1648,  à  la  grande  indignation  du  Parlement  de  Toulouse,  qui  ne  cessait  de 
fulminer  contre  Morant  '  &  contre  Breteuil^.  La  cour  jugea  même  opportun 
d'écrire  au  Parlement  de  Paris  que,  si  elle  ne  souffrait  pas  des  hostilités 
directes  comme  celle  de  Bordeaux,  le  mal  que  lui  faisaient  les  intendants, 
par  leurs  chevauchées  à  travers  le  ressort,  n'était  guère  moins  intolérable  que 
la  guerre  ouverte. 

Le  sieur  des  Ouches  reparut  dans  le  pays;  cette  fois,  il  prenait  le  titre 
de  marquis  des  Ouches,  capitaine-colonel  des  gardes  suisses  de  Son  Altesse 
Royale,  conseiller  du  roi  en  ses  conseils,  maréchal  de  camp  dans  ses  camps 
&  armées.  Il  vint  à  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse,  muni  de  lettres  de  créance 
du  roi  8t  du  gouverneur,  apportant  un  nouveau  présent  au  corps  de  ville,  le 
rétablissement  de  l'abonnement  des  tailles,  objet,  avec  l'évocation  générale, 
des  vœux  les  plus  ardents  de  la  bourgeoisie 3. 

L'arrêt,  donné  à  Compiègne  le  28  juin  i65o,  en  présence  de  la  reine  &  en 
considération  de  la  prière  du  duc  d'Orléans,  rétablissait  pour  vingt  ans,  en 
faveur  de  la  ville  de  Toulouse,  l'abonnement  des  tailles  dont  elle  avait  joui 
depuis  Charles  VII  jusqu'à  l'édit  de  Béziers,  81  dont  la  suppression  avait 
causé  l'abandon  de  plusieurs  quartiers.  Toulouse  ne  devait  jouir,  d'ailleurs, 
du  rétablissement  de  ce  privilège  qu'à  la  charge  de  payer  sa  part  des  nouvelles 
impositions  créées  par  l'édit  de  Béziers. 

Les  affaires  de  propagande  religieuse,  qui  avaient  naguère  donné  lieu  à 
l'arrêt  mémorable  de  la  chambre  de  l'édit  de  Castres,  ne  cessaient  pas  d'en- 
tretenir une  vive  effervescence  parmi  les  populations  partagées  entre  les  deux 
cultes.  Les  domestiques,  les  orphelins,  toutes  les  personnes  faibles,  simples  Si 
sans  défense,  étaient  surtout  vigoureusement  disputées,  soit  par  les  ministres 
protestants,  soit  par  les  innombrables  missionnaires  des  communautés  catho- 
liques. Les  évêques  dénonçaient  aux  États  les  progrès  de  la  religion  réformée 
dans  certaines  bourgades,  la  construction  de  nouveaux  temples  ou  le  rétablis- 
sement de  temples  ruinés  depuis  les  guerres;  on  donnait  des  primes  aux 
réformés  qui   se  convertissaient"^.  Un  garçon  de  treize  ans,  nommé  Pierre 

'Pièces  justificatives,    n""  XCVI ,   col.   3o3,   C,  faire    modifier     quelques     expressions,     n.    CVI, 

col.  3ii.  col.   3i8. 

'  Pièces  justificatives,  n.  XCVII,  col.  3o6.  ■•  Les  Etats  votèrent  une  somme  de    trois  cents 

'  On  aura   une  idée  de   la   forme   de   ces   négo-  livres  à  demoiselle  Françoise  de  Mestre,  veuve  de 

dations,   en   lisant,   aux   Pièces  justificatives,   les  M.  Jean  Marcou,   ministre  converti,  en  considé- 

harangues  du  marquis  des  Ouches  à  l'hôtel  de  ville  ration    de    ce   qu'elle  avait   abjuré    l'hérésie    avec 

de  Toulouse,  n"»  Cil,  col.  3i5,   &  ClII ,  col.  3i6,  toute  sa  famille.  Ils  accordèrent  aussi  une  gratifi- 

&  les  décharges  données  aux  capitouls  par  le  même  cation  de  deux  mille  livres  à  un  ancien  ministre, 

ambassadeur,    pour    l'expédition    de    l'arrêt    qu'il  nommé  Dedieu,   qui    s'était   fait  catholique  &  qui 

avait  consenti   à   remporter  à  Paris   à  dessein   d"y  vint  dans  rassemblée  s'asseoir  au  banc  des  consuls 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  299 

Cotelle,  qui  appartenait  à  une  famille  protestante  de  Nimes  &  qui  avait 
perdu  son  père,  fut  converti  au  catholicisme  &,  s'échappant  de  la  maison  de 
ses  tuteurs,  alla  chercher  asile  dans  l'évêché.  Les  protestants  crièrent  à  l'en- 
lèvement, les  catholiques  prétendirent  qu'on  voulait  violenter  la  conscience 
du  ncoiveau  converti.  Après  diverses  de  .ches  qui  n'aboutirent  point,  &  des 
invitations  adressées  aux  magistrats  réformés  de  procéder  à  un  interrogatoire 
en  règle  Si  même  de  placer  l'enfant  dans  une  des  familles  à  qui  des  mariages 
mixtes  permettaient  d'attribuer  une  sorte  de  neutralité,  le  dimanche  4  sep- 
tembre, au  moment  où  l'évêque  &  le  chapitre  venaient  de  chanter  un  Te  Deum 
à  l'occasion  de  la  naissance  du  duc  de  Valois,  &  où  les  réformés  sortaient  de 
la  cène,  une  bande  armée,  d'environ  quatre  cents  personnes,  conduite  par  le 
ministre  Baudan,  qui  tenait  en  main  un  marteau,  se  présenta  aux  portes 
de  l'évêché  &  les  força  :  le  concierge  &  quatre  domestiques  furent  jetés  à 
terre,  on  escalada  l'étage  supérieur,  où  se  trouvait  le  jeune  Cotelle,  &  on 
l'emporta  en  triomphe  à  travers  la  foule  '. 

L'évêque  suspendit  le  service  religieux  dans  la  cathédrale  &  sortit  de  la  ville 
avec  son  chapitre  pour  se  retirera  Beaucaire.  Le  conflit,  soumis  à  la  chambre 
de  l'édit  de  Castres,  y  détermina,  comme  d'habitude,  un  arrêt  de  partage, 
dont  l'évêque  d'Uzès  porta  plainte  aux  États,  réclamant  une  garnison  &  une 
citadelle  pour  garantir  la  sécurité  des  catholiques  &  renouvelant  les  instances 
déjà  faites  en  vue  d'obtenir  la  réunion  de  la  chambre  de  l'édit  de  Castres 
au  Parlement  de  Toulouse^. 

La  capitale  de  la  Province  fut  mise  en  émoi  par  l'arrestation  du  marquis 
de  Rabat.  Ce  gentilhomme  avait  été  décrété  de  prise  de  corps  en  i633,  à 
l'occasion  de  son  duel  avec  M.  de  Gondrin,  sans  qu'on  eût  jamais  donné 
suite  à  cette  mesure.  La  captivité  du  prince  de  Condé  contribua  sans  doute 
à  remettre  en  mémoire  le  décret  longtemps  oublié.  Pour  faciliter  l'opération, 
les  capitouls  avaient  prescrit  la  mise  sur  pied  de  plusieurs  dizaines,  notam- 
ment dans  le  quartier  Saint-Barthélémy;  mais  la  discipline  des  milices  bour- 
geoises de  Toulouse  était  peu  réglée  :  personne  ne  prit  les  armes  8t  pas  un 
dizenier  ne  se  trouva  au  rendez-vous,  ce  qui  fut  dénoncé  au  conseil  de  ville 
comme  un  très-grand  mépris  du  chaperon  ^. 

Pendant  le  siège  de  Bordeaux  par  les  troupes  royales,  Toulouse  avait  prêté, 
sur  l'invitation  de  La  Vrillière,  transmise  par  le  chevalier  de  Terlon,  quatre 
pièces  de  son  artillerie  &  divers  approvisionnements.  En  restituant  à  la  ville 
ses  canons,  le  ministre  lui  annonça  que  les  affaires  de  Bordeaux  étaient  ter- 

de  Carc.issonne  pour  offrir  aux  gens  des  trois  or-  n'abandonnent  pas  ceux  qui  souffrent  pour  s'être 

dres  un  ouvrage  de  sa  composition,  Z.'âmï?ge/i^rcu5e,  convertis,  m 

faisant  un   tableau   pathétique  des  traverses  &  des  '  Pièces  justificatives,  n.  CXIX,  col.  345. 

procès  que  lui  occasionnaient  ses   anciens  coreli-  '  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  3o  décem- 

gionnaires,  en  haine  de  ion  abjuration.  Les  Etats,  bre  16Ô0. 

d'après  le  texte  même  de  la  délibération,  voulaient,  '  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXV, 

«  par  ce  moyen,  inviter  ceux  qui  croupissent  dans  p.  369.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du   1  i  jan- 

l'erreur  à   revenir  à   la    religion   de   leurs   pères,  &  vier  t65l. 

leur  faire  connoître  que  Us  États  de  la   Province 


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i65i 


3oo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

minées  ainsi  qu'on  le  pouvait  désirer  pour  le  bien  de  l'Etat  &  le  repos  des 
peuples,  &  laissa  entrevoir  la  possibilité  d'un  voyage  du  roi  en  Languedoc, 
promesse  qui  ne  devait  se  réaliser  qu'en  lôSç'. 

Cependant,  les  désordres  du  royaume  surexcitaient  toutes  les  ambitions. 
Tandis  que  le  Parlement  de  Toulouse  guerroyait  sans  relâche  contre  les 
intendants  8c  dépêchait  des  commissaires  extraordinaires  dans  les  diverses 
parties  de  la  Province,  les  États,  réunis  à  Pézénas  depuis  le  24  octobre  par 
le  comte  de  Bioule,  laissaient  M.  de  Miroménil,  orateur  du  gouvernement, 
poser  en  principe  que,  «  dans  les  Etats  monarchiques,  le  prince  est  maître 
«  des  biens  &  des  hommes  qui  lui  sont  sujets,  &  qu'il  peut  disposer  de  leur 
«  liberté  8c  de  leur  vie  par  autorité^,  «  8c  n'en  travaillaient  pas  moins  à  tirer 
parti  des  événements  au  profit  de  leur  propre  influence. 

On  put  croire,  d'abord,  que  la  bonne  intelligence  entre  la  cour  de  Tou- 
louse &  l'assemblée  provinciale,  si  pompeusement  exprimée  par  la  députation 
de  1649,  survivrait  aux  nouvelles  crises,  car  les  États  votèrent  une  gratifica- 
tion de  deux  mille  livres  à  M.  de  Vedelly,  conseiller  au  Parlement,  l'un  des 
commissaires  envoyés  dans  le  ressort.  Se  célébrèrent  les  louanges  de  ce  magis- 
trat, qtii  avait  parcouru  les  diocèses  de  Montpellier,  de  Nimes,  d'Uzès,  de 
Viviers,  de  Mende  8c  du  Puy,  au  milieu  des  neiges,  8c  qui,  en  cent  cin- 
quante jours,  avait  fait  soixante-trois  procédures,  entendu  mille  témoins  8c 
arrêté  le  chef  d'une  bande  de  brigands  cantonnée  dans  les  solitudes  fores- 
tières du  Vêlai  ^.  Mais  l'accord  ne  fut  pas  de  longue  durée. 

Le  5  janvier,  les  États,  se  fondant  sur  les  désordres  des  gens  de  guerre  qui 
empêchaient  d'appliquer  les  règlements  de  la  Province,  déférèrent  à  l'arche- 
vêque de  Narbonne  une  sorte  de  dictature,  l'autorisant,  pendant  l'intervalle 
des  sessions,  à  réunir  autour  de  lui  tel  nombre  d'évêques,  de  barons  8c  de 
consuls  qu'il  jugerait  à  propos,  pour  aviser  avec  eux  aux  meilleurs  moyens 
de  faire  valoir  les  délibérations  de  l'assemblée  "*.  Cinq  jours  après,  ils  rappe- 
lèrent la  fameuse  convocation  des  Etats  généraux  de  France,  qui,  après  avoir 
été  du  i5  mars  1649,  renvoyée  d'abord  au  i5  avril,  puis  au  !"■  octobre,  avait 
fini  par  être  indirectement  retirée  dans  une  lettre  du  roi  aux  sénéchaux. 
Une  année  entière  s'était  écoulée  sans  que  l'on  reçût  de  nouveaux  ordres,  8c 
l'assemblée  persistait  à  croire  que  la  réformation  des  abus  de  l'État  exigeait 
un  prochain  accomplissement  de  la  promesse  royale^. 

Le  Parlement  de  Toulouse,  qui  s'était  d'abord  montré  tort  circonspect  sur 
le  chapitre  des  princes  prisonniers,  décida  cependant,  le  6  février,  qu'il  serait 
fait  au  roi  des  remontrances  8c  qu'on  déclarerait  la  liberté  des  illustres  captifs 
utile  au  bien  de  l'État  &c  au  repos  public;  le  lendemain,  il  condamna  les 
exactions  qui  se  commettaient  dans  le  pays  de  Comminges,  où  les  trésoriers 

'  Pièces  justificatives,  n"'  CIX,  col.  325,  &  CX,  «  Pièces  justificatives,  n.  CXXIII,  col.   35(5.  Le 

col.  326.  Parlement  de  Paris   trouvait  que  le  duc  d'Orléans 

"  Pièces  justificatives,  n.  CXII,  col  332.  appuyait  trop  fortement   la  convocation  des   Etats 

'  Pièces  justificatives,  n.  CXXII,  col.  35^.  généraux.    Aubery,  Histoire   du   cardinal  Ma\arin , 

'  Pièces  justificatives,  n.  CXXI,  col.  352.  V,  p.  244. 


LIV.   I,   MINISTERE  DE  MAZARIN.  3oi 

généraux  de  Montauban  avaient  expédié  une  compagnie  de  quatre-vinj^t 
cavaliers-maîtres  allemands,  sous  la  conduite  d'un  commis,  qui,  voyageant 
ordinairement  de  nuit,  allaient  de  village  en  village,  pillaient  tout  sur  leur 
chemin,  vivaient  à  discrétion  &.  contraignaient  les  consuls  à  leur  payer  des 
sommes  énormes. 

Le  16  février,  le  procureur  général  traduisit  les  Etats  de  Languedoc  à  la 
jjarre  du  Parlement  de  Toulouse,  chambres  assemblées.  Son  réquisitoire  tut 
de  la  plus  extrême  violence.  Il  accusa  le  corps  provincial  de  vouloir  usurper 
la  souveraineté  Se  entreprendre  sur  la  justice,  d'avoir  cherché,  par  la  délibé- 
ration du  i5  novembre,  à  limiter  la  juridiction  du  Parlement,  &  par  celle 
du  5  janvier  à  former  des  assemblées  permanentes  sans  autorisation  du  roi.  Il 
reprocha  aux  députés  des  trois  ordres  le  faste  de  leurs  cérémonies,  les  diver- 
tissements auxquels  ils  se  livraient  malgré  la  misère  publique,  «  une  comédie 
«   perpétuelle  stipendiée  S<.  salariée  du  sang  de  la  veuve  8c  de  l'orphelin,  8c 

«  de  la  substance  des  pauvres les  députations  en  cour  réitérées  pour  pro- 

«  roger  les  Etats,  les  monopoles,  les  factions,  les  corruptions  des  voix  8c  des 
«  suffrages...  »  les  faux  emplois  du  fonds  de  l'étape  montant  pour  une  année 
à  dix-huit  cent  mille  livres,  les  impositions  faites  dans  plusieurs  diocèses  au- 
dessus  des  sommes  portées  par  les  commissions.  «  La  fonction  des  États  de 
«  Languedoc  se  borne,  dit-il,  à  une  dispensation  économique,  8c  leur  pou- 
«  voir  cesse  dès  que  les  commissaires  ont  retiré  l'autorité  royale  qui  leiir 
«  donnoit  l'être.  »  La  cour  déclara  nulles  les  délibérations  qui  venaient  de 
lui  être  dénoncées,  ordonnant  qu'elles  seraient  biftées  au  registre  par  un 
commissaire  spécial  8c  qu'il  serait  informé  de  toutes  les  malversations  prati- 
quées dans  les  Etats'. 

Quatre  jours  après,  la  cour,  adhérant  à  la  politique  du  Parlement  de 
Paris,  demandait  l'expulsion  du  cardinal  Mazarin  8c  de  ses  domestiques,  dans 
le  délai  de  quinze  jours,  avec  permission  aux  communes  de  leur  courir  sus, 
une  fois  le  délai  passé,  8c  sollicitait  l'interdiction  des  conseils  du  roi  à  tous 
étrangers,  naturalisés  ou  autres,  qui  auraient  juré  fidélité  à  d'autres  princes^. 

La  cour  des  comptes,  aides  8c  finances  de  Montpellier  se  chargea  de 
répondre  au  Parlement,  dont  elle  cassa  l'arrêt  pour  cause  d'incompétence,  se 
déclarant  seule  en  possession  du  droit  «  de  connoître  souverainement  8c  en 
«  dernier  ressort  de  toutes  les  tailles  8c  impositions  tant  ordinaires  qu'extraor- 
«  dinaires.  »  Elle  défendit  à  tous  magistrats  8c  officiers  de  reconnaître  les 
commissaires  du  Parlement  &c  de  leur  exhiber  les  cahiers  des  États  ou  autres 
pièces,  à  peine  de  dix  mille  livres  d'amende.  Grande  perplexité  pour  les 
agents  subalternes,  placés  dans  l'unique  alternative  de  choisir  entre  des  con- 
damnations contradictoires,  prononcées  d'ailleurs  avec  les  formes  les  plus 
majestueuses  de  la  justice. 

Cinq  jours  après,  le  Parlement  riposte  par  un  contre-arrêt  de  cassation 
très-longuement  développé,  où  l'intervention  de  la  cour  des  comptes  est  atta- 

'  Piècei  justifieativei,  n.  CXXV,  col.  357-  '  Pièces  justificatives,  n.  CXXVII,  col.  363. 


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3o2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

quée  en  termes  terribles.  Le  Parlement  reproche  à  la  chambre  des  comptes  8c 
aux  généraux  des  aides  de  Montpellier,  ayant  des  juridictions  tout  à  fait 
distinctes,  de  s'être  illégalement  unis,  de  n'avoir  «  d'autres  pensées  dans  la 
«  fonction  de  leurs  charges,  que  contraires  au  bien  public  »  de  tâcher  «  jour- 
«  nellement  par  des  voies  insidieuses,  d'anéantir  les  privilèges  de  la  Province 
«  pour  établir  les  fondements  de  leurs  fortunes  particiilières.  »  L'arrêt  donne 
ensuite  un  tableau  historique  des  manœuvres  faites  par  les  officiers  des 
comptes  pour  effectuer  cette  union,  &  de  l'opposition  que  leParlement  &  le 
conseil  d'État  y  avaient  mise,  à  la  sollicitation  même  des  Etats  de  la  Pro- 
vince. Il  accuse  hautement  l'avidité  de  cette  cour  qui  «  a  toujours  travaillé 
«  depuis  à  l'augmentation  de  ses  biens  particuliers  »  £c  dénonce  l'exagération 
des  épices  extorquées  pour  la  vérification  des  édits  Si  autres  affaires  publiques, 
s'élevant  jusqu'à  la  somme  de  dix  Si  vingt  mille  livres,  tandis  que  «  la  modé- 
«  ration  des  rapporteurs  de  semblables  affaires  au  Parlement,  fait  qu'ils  se 
o  contentent  d'un  seul  écu.  » 

Le  Parlement  ordonne  que  les  commissaires  de  la  cour  des  comptes,  «  soi- 
«  disant  exécuteurs  dudit  arrêt  si  point  y  en  a,  seront  pris  au  corps  Si  con- 
«  duits  en  bonne  Si  sûre  garde  aux  prisons  de  la  conciergerie,  Si  que  les 
('  détenteurs  des  pièces  pouvant  servir  à  l'information  prescrite  contre  leur 
<i  procédure,  seront  contraints  à  les  exhiber  par  corps,  8i  même  par  fraction 
«  des  portes  de  leurs  maisons  Si  châteaux  si  besoin  est.  «  Le  Parlement 
espérait  atteindre  ainsi  «  les  personnes  de  qualité  »  qui  avaient  retiré  les 
papiers  des  Assiettes,  des  étapes  Si  des  Etats  «  dans  des  miaisons  de  considéra- 
«  tion,  d'accès  difficile,  pour  mettre  à  couvert  ceux  qui  avoient  désolé  la 
«   Province  par  leurs  larcins.  » 

Ces  dernières  mesures  mettaient  la  guerre  dans  la  Province.  Le  passage 
des  commissaires  du  Parlement,  envoyés  avec  charge  expresse  de  briser  les 
portes  qu'on  leur  fermait,  occasionna  une  foule  de  mouvements  locaux,  les 
officiers  de  la  cour  des  comptes,  de  concert  avec  le  comte  de  Bioule  Si  d'autres 
chefs  militaires  ou  gentilshommes  ayant  organisé  la  résistance.  A  l'approche 
des  parlementaires,  les  villes  se  barricadaient,  les  gens  de  guerre  attroupés 
prenaient  les  armes.  Si  des  promoteurs  d'insurrection  parcouraient  les  rues, 
alarmant  le  peuple  par  de  faux  bruits. 

Le  conseiller  de  Forest,  exécutant  sa  commission  au  bas  Languedoc,  se 
vit  menacer  de  mort  à  Béziers,  dans  son  logis.  Si  fut  comme  assiégé  par  près 
de  deux  cents  hommes  qui  lui  enlevèrent  ses  prisonniers,  tandis  qu'une 
troupe  de  soldats  était  subrepticement  jetée  dans  la  place  par  une  porte  de 
l'évêché  '. 

'  Voici   le  texte  d'un  arrêt  du   Parlement,  qui  commissaire    &    auroit    commis    en    son    endroit 

donne  le  détail  des  troubles  de  Béziers  :  beaucoup  d'irrévérences  jusques  avoir  mis  la  main 

«  M.   de    Forest,   conseiller   (en   exécution    des  à  l'épée  contre  lui,  ce  qui  l'auroit  obligé  d'arrêter 

arrêts  des  6  février  &  ii  mars),  s'étant  transporté  ledit  Roux  &  Sabatier  dans  son  logis,  de  quoi   les 

dans  la  ville  de  Béziers  le  28  du  mois  de  mars,  le  nommés  Manse  de  Vieules,  averti  avec  le  nommé 

nommé  Pierre  Roux,  assisté  d'autre  nommé  Saba-  Jean   de  Caylar  sieur  d'Espondeilhan,  Biaise  Pou- 

tier,    notaire,    seroit    venu    au    logis    dudit    sieur  derous  &  Gabriel  Raou,   i'"',  î"  &  5*  consuls  dudit 


LIV.   I.  MINISTÈRE  DE  MAZARIN. 


3o3 


Le  7  février,  un  grand  coup  de  théâtre  s'accomplit  à  Paris.  Le  Parlement 
y  prononce  le  bannissement  à  perpétuité  du  cardinal  Mazarin,  qui,  contraint 
de  s'échapper  pendant  la  nuit,  au  milieu  d'une  violente  agitation,  va  lui- 
même  au  Havre  ouvrir  la  prison  des  princes  5<.  se  retire  à  Cologne  pour  y 
continuer  sa  politique. 

Le  contre-coup  de  ces  événements  se  produit  aussitôt  dans  la  Province.  Des 
lettres  de  félicitations  sont  adressées  aux  captifs  qui  font  une  rentrée  triom- 
phale à  Paris'}  le  cardinal  est  traité  en  ennemi  public;  la  lutte  du  Parle- 
ment Se  des  Etats  redouble  de  violence. 

Le  conseil  du  roi  ayant  annulé  tout  ce  que  la  cour  de  Toulouse  venait  de 
faire  contre  J'assemblée  provinciale,  les  officiers  des  comptes  de  Montpellier  & 
les  intendants,  &  voulu,  suivant  la  vieille  doctrine  monarchique,  restreindre 
le  premier  corps  judiciaire  du  Languedoc  à  ses  véritables  attributions,  le 
Parlement,  dont  les  mots  d'ordre,  envoyés  de  Paris,  surexcitaient  sans 
doute  l'audace,  répondit  à  cet  acte  du  pouvoir  souverain  par  une  nouvelle 
démonstration. 


i65i 


Eéziers  .luroient  excité  sédition  dans  ladite  ville, 
&  accompagnés  de  près  de  deux  cents  hommes 
entre  lesquels  étoient  les  nommés  Bouëde,  Cayln 
sieur  de  Saint-Preignan  &  autres  compris  au  rer- 
lal  dudit  commissaire,  seroient  allés  dans  ledit 
logis  &  lui  auroient  enlevé  lesdits  Roux  &  Saba- 
tier  &  f\on  contents  d'avoir  fait  cette  injure  no- 
table à  la  cour  Se  à  la  justice  souveraine  du  roi, 
ledit  Manse  &  susdits  consuls  auroient  encore, 
par  un  attentat  punissable,  pour  mettre  à  couvert 
les  larcins  8c  malversations...  eu  recours  aux  offi- 
ciers des  comptes  &  aides,  lesquels  en  leur  cause 
propre  pour  éviter  la  punition  que  leurs  crimes 
ont  méritée,  auroient  député  les  nommés  Rignac 
&  Robin,  deux  de  leur  compagnie...  lesquels  assis- 
tés dudit  Manse  &  susd.  consuls,  auroient  excité 
une  nouvelle  sédition  ou  émotion  populaire,  même 
nbusant  de  la  bonté  de  Monsieur  de  Bonsi,  évêque 
de  Béziers,  pratiqué  certains  de  ses  officiers  qui 
auroient  fait  entrer,  par  la  porte  de  l'évêché  qui 
fait  la  muraille  de  la  ville  qui  aboutit  le  fossé, 
grande  quantité  de  gens  de  guerre,  pour  empêcher 
le  cours  de  la  justice,  désautorer  ledit  commissaire 
Si  lui  méfaire  en  sa  personne,  qu'auroit  été  cause 
que  dans  ladite  ville  se  seroit  soulevé  une  grande 
sédition,  ce  que  voyant  ledit  commissaire  auroit 
décrété  contre  ledit  de  Roux,  de  Manse,  Sabatier, 
i'"',  ï'  &  5'  consuls  &  autres  nommés,  &  par  or- 
donnance dudit  jour  i"  d'avril,  fait  fnhibition 
audit  évêque  de  tenir  la  porte  ouverte  ni  laisser 
entrer  &  sortir  personne,  &  lui  auroit  enjoint  de 
remettre  les  clefs  d'icelle  èz  mains  du  sieur  de 
Serignan,  lieutenant  pour  le  roi  en  ladite  ville, 
&  attendu  que  tels  excès. ,,  sont  faites  pour  exciter 
des  tumultes  dans  toute  la  province  de  Langue- 
doc   &C.( 


i<  Vu  le  verbal  du  i8  mars  &  ordonnance  du 
i"'  avril; 

«  La  cour,  chambres  assemblées,  confirme  les 
arrêts  précédents,  ordonne  que  les  décrets  contre 
lesdits  Bieule,  de  Manse,  Roux,  Sabatier  notaire, 
Jean  Caylar,  Pouderoux  &  Raou  seront  exécutés, 
le  com"  fera  le  procès  aux  coupables,  &c...  en- 
joint aux  consuls  de  faire  murer  la  porte  de 
l'évêché  qui  fait  la  muraille  de  la  ville,  défend  au 
sieur  de  Bonsy,  ses  officiers  &  tous  autres  de  tenir 
ladite  porte  ouverte,  laisser  entrer  ni  sortir  per- 
sonne, à  peine  de  dix  mille  livres  d'amende,  dé- 
fend à  tous  officiers  de  reconnoître  lesdits  Robin 
&  Rignac.  —  Bertier.  —  Catellan.  « 

'  Voici  la  réponse  du  prince  de  Condé  aux 
compliments  que  lui  envoyèrent  les  capitouls,  dès 
le  i3  février,  à  l'occasion  de  sa  délivrance  : 

i(  A  Messieurs  les  capitouls  de  la  ville 
de  Tolose, 

«  Messieurs,  la  joye  que  vous  me  tesmoignez 
avoir  de  ma  liberté  m'en  a  causé  une  bien  parti- 
culière me  faisant  cognoistre  par  ce  moien  la  part 
qu'il  vous  plaist  de  prendre  dans  mes  interest.  Je 
vous  prie  de  croire  que  j'en  ay  tout  le  ressenti- 
ment possible  &  que  quand  l'occasion  se  présen- 
tera de  vous  en  faire  paroistre  des  effectz  soit  en 
général  ou  en  particulier,  je  m'y  porteray  avec 
bien  du  plaisir  estant, 

«  Messieurs,  vostre  très  affectionné  à  vous  servir, 

Louis   DE  BOLKEON. 

n  De  Paris  le  19  mars  iû5i  '.  » 

■  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuscrites  de  l'hôtel 
de  ville, Vlli,  p.  190. 


i65i 


3o4  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  i8  avril,  les  chambres  assemblées  rendirent  un  arrêt  très-longuement 
motivé  qui  justifiait  les  mesures  précédemment  prises  comme  étant  «  dans  les 
«  termes  de  la  juridiction  ordinaire  du  Parlement  »  puisqu'il  ne  s'agissait  pas 
des  deniers  de  l'octroi  ou  taille  dont  les  officiers  des  aides  peuvent  être  com- 
pétents, mais  «  seulement  des  larcins  qui  ont  été  faits  par  aucuns  particuliers, 
«  au-dessus  des  tailles,  qui  est  un  crime  de  péculat  commis  en  l'administra- 
«  tion  des  deniers  publics.  »  La  cour  en  appelait  à  la  justice  du  roi  mieux 
éclairé;  elle  attribuait  la  décision  de  la  cour  des  aides  aux  intrigues  de  quel- 
ques membres  des  États  «  appréhendant  la  justice  de  la  cour  £<  les  peines 
(1  qu'ils  avoient  méritées  par  leurs  crimes  «  8i  aussi  à  l'intérêt  particulier 
des  officiers  des  comptes  peu  disposés  à  perdre  les  trois  deniers  pour  livre 
dont  la  tolérance  des  États  les  laissait  bénéficier.  Le  Parlement  faisait  un 
tableau  rapide  des  désordres  occasionnés  à  Béziers,  Nimes  &  Uzès  par  les  com- 
missaires des  aides,  &  des  meurtres  commis  à  Narbonne  «  par  l'assistance  du 
«  nommé  Argencourt,  »  que  les  États  avaient  gratifié  d'un  présent  de  vingt 
mille  livres.  Exposant  ensuite  les  premiers  résultats  des  commissions  données 
le  1 1  mars  à  quelques  conseillers  choisis  dans  son  sein,  le  Parlement  se  plai- 
gnait que  l'autorité  royale  vînt  en  interrompre  l'effet. 

«  Les  bonnes  intentions  de  la  cour  avoient  été  exécutées  si  favorablement, 
«  &  reçues  du  pauvre  peuple  avec  tant  d'applaudissement,  que  nonobstant 
«  les  fuites  des  greffiers,  syndics  des  diocèses,  8c  le  recèlement  injurieux  Se 
«  honteux  que  des  personnes  de  qualité  ont  fait  des  papiers  de  la  Province 
«  8t  des  diocèses,  déjà  les  procédures  de  nos  commissaires  se  trouvoient  com- 
((  posées  de  trois  ou  quatre  cens  témoins  qui  déposent  de  la  levée  des  trois 
(i  deniers  par  livre,...  des  corruptions  des  voix  Se  suffrages  qui  se  pratiquent 
«  auxdits  États,  des  sur-impositions  aux  Assiettes,  &  des  diversions  des  deniers 
«  des  étapes  sous  de  taux  emplois,  dont  l'imposition  &  celle  du  quartier 
«  d'hiver,  garnisons  8c  quelques  autres  contributions  extraordinaires  puis 
«  l'année  1640  reviennent  à  plus  de  trente  millions  de  livres,  sans  à  ce  com- 
u.  prendre  les  autres  charges  ordinaires  de  la  Province. 

«  Et  attendu  qu'il  ne  peut  avoir  été  de  l'intention  du  roi  8c  de  son  conseil 
«  de  donner  protection  à  ceux  qui  par  leurs  larcins  ont  désolé  cette  Province, 
«  moins  empêcher  le  libre  exercice  de  la  justice  souveraine  de  son  Parlement, 
«  pour  la  punition  des  crimes  «  ni  de  ruiner  le  commerce  de  la  ville  de  Tou- 
louse en  portant  condamnation  solidaire  des  habitants  sous  prétexte  d'arré- 
rages ou  subsistances  au  préjudice  de  la  déclaration  du  mois  d'octobre  1648, 
pas  plus  que  de  remettre  les  intendants  dans  l'exercice  de  leurs  charges, 
«  moins  celui  du  Languedoc  auquel  par  son  arrêt  la  cour  a  fait  inhibitions 
«  8c  défenses  de  s'ingérer  dans  aucune  fonction  d'intendant,  »  elle  décide 
d'adresser  des  remontrances  au  roi  8c  à  la  régente  «  sur  les  infractions  faites 
«  par  son  conseil  en  de  semblables  arrêts  à  la  déclaration  d'octobre,  infractions 
«  qui  empêchent  la  punition  des  crimes  capitaux  »  avec  prière  particulière 
«  qu'il  lui  plaise  ne  permettre  pas  que  des  gens  illettrés  tels  que  sont  les 
«  officiers  des  comptes,  soient  juges  de  l'honneur  8c  de  la  vie  de  ses  sujets...» 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  3o5 

«  Ordonne  qu'il  sera  sursis  à  l'exécution  dudit  arrêt,  8c  que  ceux  de  la 
«  cour  seront  exécutés;  avec  injonction  aux  sieurs  de  Forests,  de  Lestang, 
«  de  Gargas,  de  Caulet  8<.  de  Chastenet,  de  s'acquitter  de  leurs  commissions, 
«  8<.  aux  sénéchaux,  gouverneurs  de  places,  gentilshommes,  prévôts,  consuls 
«  &  tous  les  sujets  du  roi  dans  le  ressort,  d'y  prêter  aide  St  main-forte,  à 
<(  peine  de  dix  mille  livres  d'amende  &  d'être  procédé  contre  eux  comme  per- 
ce turbateurs  du  repos  public,  &  défense  particulière  de  reconnaître  les  offi- 
«  ciers  des  comptes  ni  l'intendant.  » 

I,e  même  jour,  un  autre  arrêt  prescrit  des  poursuites  contre  le  cardinal 
Mazarin,  l'accusant  d'avoir  fait  commettre  des  déprédations  par  vaisseaux 
étrangers  sur  la  Méditerranée,  d'avoir  dissipé  les  finances,  transporté  les 
deniers  hors  du  royaume  8t  donné  de  mauvaises  impressions  au  roi.  Les  con- 
seillers de  Forests  8t  de  Lestang  sont  chargés  de  l'instruction  8t  reçoivent 
l'ordre  d'y  comprendre  tous  ceux  qui  ont  été  en  correspondance  avec  le  car- 
dinal. Ils  doivent  également  opérer  la  saisie  de  ses  biens  &  mettre  sous 
séquestre  les  revenus  de  ses  bénéfices  situés  dans  le  ressort'.  Comme  le  car- 
dinal, entre  autres  domaines  ecclésiastiques,  possédait  la  riche  abbaye  de 
Moissac,  cette  dernière  mesure  n'était  pas  purement  comminatoire;  mais  il 
paraît  que  le  chevalier  de  Terlon,  très-dévoué  à  la  fortune  de  Mazarin, 
empêcha,  par  l'influence  de  son  frère,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
la  saisie  de  cet  opulent  bénéfice'. 

Une  nouvelle  déclaration  royale  avait  paru  le  28  mars,  portant  convoca- 
tion des  Etats  généraux  de  France  pour  le  28  septembre.  Les  chefs  de  la 
noblesse  venaient  d'obtenir  de  la  régente  un  écrit  les  autorisant  à  «  se  réunir 
«  à  l'époque  fixée  par  la  déclaration,  quelque  commandement  qu'ils  pussent 
«  recevoir  en  sens  contraire  »  témoignage  sincère  de  la  confiance  qu'on  avait 
alors  dans  la  politique  du  gouvernement. 

Il  se  tint  alors  dans  le  pays  un  grand  nombre  de  réunions  préparatoires  de 
cette  fameuse  assemblée  que  l'on  ne  cessait  de  promettre  en  temps  de  crise,  8c 
que  l'on  ne  tenait  jamais.  Seulement,  en  Languedoc,  les  chapitres  ou  les  gen- 
tilshommes qui  se  réunirent  semblent  avoir  été  principalement  préoccupés  de 
faire  la  guerre  aux  États  de  la  Province;  ainsi  le  chapitre  Saint-Etienne  de 
Toulouse  réclama  contre  la  composition  du  premier  ordre  dans  cette  assem- 
blée, se  plaignant  que  les  évêques  seuls  y  fussent  admis.  Ces  prélats,  disait-on, 
se  trouvant  fréquemment  empêchés  de  répondre  en  personne  aux  convoca- 
tions, se  faisaient  représenter  par  des  étrangers  qui  n'avaient  aucun  intérêt 
aux  affaires  de  la  Province  8<  qui  donnaient  leur  consentement  à  tous  les 
projets  de  nouvelles  impositions.  Le  chapitre  se  mettait,  pour  ainsi  dire,  sous 
la  tutelle  du  Parlement  dont  il  exaltait  le  zèle,  «  cette  cour  employant  tous 
«  les  jours  son  autorité  6c  ses  soins  à  relever  la  gloire  de  Dieu  8c  la  dignité 

■  Pièces  }asiific<ittves,  n.  CXXXII,  col.  3i3.  pnr  une  lettre  de  Colbert  à  Maznrin,  du  16  juillet 

•  En    récompense,    il    sollicita    l'avantnge    d'en  i05i  ', 
être  fermier  à  prix  réduit,  dix-huit  inille  livres, 

au   lieu  de  vingt-deux  mille,  ainsi   qu'on    le  voit  '  Lettres,  vislructiom  &  nicmnires  de  Colbrrt.l,  p. 'o3. 

Xm.  ao 


i65i 


lôài 


3o6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  des  ecclésiastiques  aussi  bien  qu'à  promouvoir  le  service  du  roi  8<.  le  soula- 
«  gement  de  ses  sujets.  »  Il  chargeait  le  grand  archidiacre  Si  trois  chanoines 
d'aller  remercier  le  premier  président  de  ses  bonnes  intentions  &  le  prier 
d'intervenir  auprès  du  roi,  par  la  voie  des  remontrances,  pour  obtenir  l'admis- 
sion du  clergé  du  second  ordre  aux.  Etats  de  la  Province.  En  même  temps,  on 
invitait  tous  les  chapitres  de  Languedoc  à  faire  la  même  démarche'. 

Le  conseiller  de  Forests,  sieur  de  Carlincas,  s'étant  transporté  à  Narbonne 
pour  y  faire  sa  charge  en  qualité  de  commissaire  du  Parlement,  s'en  vit  fermer 
les  portes  par  le  gouverneur  d'Argencourt,  assisté  de  son  lieutenant,  des  con- 
suls, du  viguier  &  des  officiers  de  justice  de  la  ville.  Des  gens  de  guerre 
avaient  été  jetés  dans  la  place  pour  en  interdire  l'accès  à  l'envoyé  de  la  cour, 
qui  fut  réduit  à  battre  en  retraite  Si  à  dresser  procès-verbal  de  sa  mésaven- 
ture. Le  Parlement  prit  l'affaire  au  tragique  :  il  condamna  le  gouverneur, 
son  lieutenant,  La  Ricardelle,  8i  tous  les  consuls,  à  avoir  la  tête  tranchée  à 
Toulouse,  sur  l'échataud  de  la  place  du  Salin;  trois  autres  prévenus,  de  condi- 
tion inférieure,  à  être  attachés  à  des  potences;  les  biens  de  tous  les  coupables 
étaient  confisqués;  le  château  de  Lamothe-Saint-Roman ,  appartenant  à  d'Ar- 
gencourt, ses  autres  maisons  8i  celles  de  La  Ricardelle  devaient  être  démolis 
ras  de  terre  Si  leurs  bois  dégradés.  Le  Parlement  transférait  à  Coursan  toutes 
les  justices  qui  s'exerçaient  dans  la  ville  de  Narbonne,  invitait  le  roi  à  pour- 
voir la  place  d'autre  gouverneur  Si  faisait  défense  aux  particuliers  de  plaider 
ailleurs  qu'à  Coursan,  sous  peine  de  nullité  Si  de  cassation  de  leurs  procé- 
dures. Ce  déploiement  de  fureurs  parlementaires  avait  un  correctif  naturel , 
l'impossibilité  de  l'exécution.  Tous  les  prévenus  étaient  contumaces;  on  dut 
se  contenter  de  les  supplicier  par  effigie^. 

Sur  tous  les  points,  la  colère  du  Parlement  n'aboutissait  qu'à  l'impuissance. 
M.  de  Gargas  avait  fait  arrêter  à  Albi  les  receveurs  des  tailles  Si  les  commis 
de  la  perception,  accusés  de  voleries;  le  premier  consul,  qui  s'était  chargé  de 
les  conduire  en  la  conciergerie  de  Toulouse,  les  laissa  évader 3.  Un  prêtre 
de  Gaillac,  commandeur  de  la  commanderie  de  Saint-Pierre,  poursuivi  par 
l'évêque  d'Albi,  en  haine  de  l'assistance  qu'il  donnait  aux  religieuses  de 
Gaillac  dans  un  procès  de  juridiction,  étant  amené  à  Toulouse  pour  y  com- 
paraître en  justice,  fut  enlevé  sur  le  chemin  par  des  gens  affidés.  Si  conduit 
en  un  lieu  où  on  le  tenait  «  en  détresse,  »  afin  de  lui  arracher  la  résignation 
de  son  bénéfice'*. 

Le  4  mai,  le  Parlement,  faisant  remonter  à  l'archevêque  de  Narbonne 
la  responsabilité  des  événements  qui  s'étaient  produits  dans  sa  résidence, 
ordonna,  sans  plus  de  ménagements,  que  Claude  de  Rebé  serait  pris  Si  saisi 
au  corps,  en  quelque  part  qu'il  fût  trouvé  dans  le  royaume,  Si  conduit  aux 

'  Pièces  justificatives,  n.  CXXVIII,  col.  264.  lement  de  Toulouse.  Chambre  criminelle.  Arréi  de 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-  grand'chambre  du  28  avril  i65i. 

lement  de  Toulouse.  Chambre  criminelle.  Arrêt  de  ■•  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par- 

gr.ind'chambre  du  22  avril  i65i.  lement  de  Toulouse.  Chambre  criminelle.  Arrêt  de 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-  g  and'chambre  du  3  mai   i65i. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  807 

prisons  de  la  Conciergerie'.  Ce  décret  ne  put  avoir  naturellement  plus  de 
suite  que  toutes  les  autres  mesures  de  rigueur  déjà  prises  par  la  cour. 

Un  gentilhomme  de  Languedoc,  le  baron  de  Prat,  s'était  mis  à  la  tête 
d'un  mouvement  analogue  à  celui  qui  avait  inspiré  la  démarche  du  chapitre 
Saint-Etienne.  Certains  personnages  du  pays  lui  avaient  donné  la  qualité  de 
syndic  pour  demander  un  nouveau  mode  de  représentation  de  la  noblesse 
aux  Etats.  Il  en  présenta  requête  au  Parlement,  accusant  les  propriétaires  de 
quelques  baronnies  d'avoir  usurpé  le  droit  d'entrée  aux  États  à  l'exclusion 
des  autres  nobles*.  Cette  réclamation,  d'ailleurs  fondée  sur  des  causes  justes, 
répondait  trop  bien  aux  vœux  du  Parlement  de  Toulouse  pour  n'être  pas 
accueillie  avec  empressement.  Le  jour  de  la  réunion  fut  fixé  à  la  fête  de  Saint- 
Jean,  &  une  circulaire  du  promoteur  y  convoqua  tous  les  gentilshommes  du 
Languedoc  ^. 

Le  même  jour  qu'il  autorisait  l'assemblée  de  la  noblesse,  destinée  à  com- 
battre le  mode  de  représentation  des  Etats,  le  Parlement,  par  deux  autres 
arrêts  donnés  aussi  chambres  assemblées,  continuait  énergiquement  la  lutte. 

Par  le  premier,  il  confirme  les  mesures  rigoureuses  précédemment  pres- 
crites &  qui  venaient  d'être  cassées  par  arrêt  du  conseil  du  10  mai,  déclarant 
que  «  le  procéder  du  Parlement  a  été  plein  de  piété  &  de  justice,  8t  que 
«  l'exercice  de  la  justice  souveraine  doit  être  libre  pour  la  punition  des 
«  crimes.  Se  pour  subvenir  à  l'urgente  nécessité  8c  nourriture  des  pauvres, 
«  dont  la  surséance  leur  est  mortelle,  &  dont  le  patrimoine  qui  leur  est  des- 
(i  tiné  par  les  saints  canons,  consistant  en  la  troisième  partie  des  fruits,  se 
«  trouve  aujourd'huy  diverti  &  profané  par  des  dépenses  vaines  8c  inutiles 
«  que  font  quelques  évêques  de  la  Province.  » 

Le  Parlement  ajoute  que  l'évocation  générale  des  procédures  8c  l'arrêt  du 
10  mai  «  renversent  tous  les  ordres  judiciaires  8c  établissent  l'impunité  des 
«  crimes,  »  prescrit  des  remontrances  ^  Leurs  Majestés  8c,  en  attendant, 
ordonne  de  surseoir  à  l'exécution.  L'arrêt  contient  cette  clause  particulière, 
que  «  les  prisonniers  8c  les  clefs  de  la  porte  de  l'évêché  de  Béziers  aboutissant 
«  à  la  muraille  de  ladite  ville  demeurent  en  l'état.  »  Il  y  a  aussi  nouvelle 
défense  «  audit  Breteuil ,  maître  des  requêtes,  de  s'ingérer  dans  les  fonctions 
H  d'intendant,  8c  au  trésorier  de  la  bourse  des  États  de  faire  des  levées  d'au- 
K  très  sommes  que  de  celles  autorisées  par  la  cour  le  2g  avril. 

L'autre  arrêt  du  même  jour  est  particulièrement  consacré  aux  affaires  du 
diocèse  d'Albi;  mais  le  préambule,  conçu  en  termes  généraux,  attaque  le  corps 
épiscopal  de  Languedoc  presque  tout  entier  : 

«  Depuis  plusieurs  années,  les  abus  qui  se  sont  glissés  aux  États  de  Lan- 
«  gucdoc  par  la  corruption  des  voix  8c  suffrages,  dons  8c  gratifications  im- 
«  menses,  impositions  illégitimes,  qui  ont  réduit  la  Province  à  un  état  de 
«  misère  déplorable,  ont  été  causés  par  la  plupart  des  évêques  qui  y  ont 


■  Pièces  justijficatives,  n.  CXXXIII,  col.  Syo.  .   »  Pièces  justijicatiyes,  n.  CXXXVII,  col.  373. 

'  Pièces  justificatives,  n.  CXXXV,  col.  Syi. 


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3o8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  assisté,  ces  prélats  abusant  des  pouvoirs  qu'ils  avoient  sur  des  âmes  basses 
c(  des  députés  de  leurs  diocèses,  gagnés  par  dons  &  gratifications  qu'ils  leur 
«  font  faire  annuellement  aux  Assiettes,  dans  lesquelles  ils  se  sont  servis 
«  d'eux  pour  autoriser  8c  y  faire  résoudre  tout  ce  que  leur  avarice  &  aftec- 
«  tion  à  gratifier  leurs  agens  &c  domestiques  leur  suggéroit...  »  Passant  à  la 
procédure  faite  à  AIbi  par  M.  Bertrand  de  Gargas,  un  des  conseillers-com- 
missaires, la  cour  établit  les  malversations  qui  s'y  sont  commises,  la  libre  dis- 
position par  l'évêque  des  deniers  des  diocèses,  les  «  injures  graves  &  atroces  » 
de  l'évêque  à  deux  dépvités,  Bages  8<.  Tissier,  moins  complaisants  que  leurs 
prédécesseurs,  la  menace  «de  les  ruiner  par  la  guerre,  «  menaces  suivies 
d'effet,  énumère  tous  les  impôts  arbitraires  établis  par  l'autorité  épiscopale 
&  dénonce  enfin  le  dernier  trait  d'audace  du  prélat,  qui  n'avait  pas  craint  de 
faire  ôter  des  portes  de  la  ville  les  armoiries  du  roi,  comme  si  la  ville  était  à 
lui;  la  cour  ordonne  de  replacer  le  blason  royal,  de  saisir  le  temporel  de 
l'évêque  pour  restitution  de  la  somme  de  quatre-vingt-dix  mille  livres,  prix 
de  la  révocation  du  présidial  d'Albi,  défend  de  taxer  les  députés  à  raison  de 
plus  d'un  mois  de  séjour,  en  attendant  que  le  roi,  faisant  raison  aux  remon- 
trances de  la  cour,  réduise  la  durée  des  Etats  à  quinze  jours,  «  suivant  l'ancien 
«  ordre.  » 

La  guerre  continuait  dans  la  ville  d'Albi  entre  l'évêque  8<  les  consuls.  La 
décision  des  États,  rendue  en  novembre  1649,  qui  interdisait  l'entrée  de 
l'assemblée  provinciale  aux  consuls  d'Albi,  tant  que  les  troubles  n'auraient 
pas  cessé  &  que  les  droits  de  seigneurie  spirituelle  &  temporelle  prétendus 
par  le  prélat  ne  seraient  pas  reconnus,  demeurait  sans  effet. 

L'évêque  se  rendit  plusieurs  fois,  depuis  cette  époque,  dans  ses  maisons  de 
Combefa  Si  d'Albi,  sans  recevoir  de  visite  ni  des  consuls,  ni  d'aucun  envoyé 
de  la  commune.  Ceux  des  babitants  qui  avaient  fait  auprès  de  lui  cette 
démarche  de  civilité  étaient  montrés  au  doigt  &  signalés  comme  suspects  à  la 
cause  publique. 

M.  du  Lude,  passant  le  carême  de  i65i  dans  sa  ville  épiscopale,  voulut  y 
officier  pontificalement  le  dimanche  des  Rameaux,  &  comme  il  était  à  la 
procession,  revêtu  de  ses  ornements  &  entouré  de  sa  famille,  il  s'éleva  une 
grande  émotion. 

Le  prétexte  en  fut  que  les  membres  de  sa  maison  se  trouvaient  placés 
entre  lui  81  les  consuls  8<  portaient  les  objets  du  culte.  La  querelle  fut  si 
violente  que  l'évêque  put  croire  sa  vie  en  danger  &  se  vit  réduit  à  quitter  le 
cortège  8<.  à  s'enfermer  dans  son  palais. 

Deux  barons  des  États  étant  allés  dans  la  ville  d'Albi  n'obtinrent  pas  des 
consuls  le  compliment  81  la  visite  que  les  autres  villes  de  la  Province  avaient 
l'usage  de  faire  en  même  occasion. 

Dès  que  l'arrêt  du  Parlement  contre  les  États  eut  été  rendu,  le  conseil  de 
ville  d'Albi  se  réunit  8t  députa  cinq  ou  six  de  ses  membres  les  plus  ardents 
pour  offrir  son  assistance  à  la  cour  de  Toulouse  81  protester  de  sa  soumission. 

Lorsque  M.  de  Gargas  arriva,  on  alla  au  devant  de  lui,  les  consuls  en 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  809 

tête,  qui  le  reçurent  clans  la  ville  &  l'accompagnèrent  partout;  on  lui  donna 
main-forte  pour  arrêter  le  syndic  du  diocèse,  Pelissery,  député  aux  Etats 
précédents,  qui  fut  promené  en  dérision,  garrotté  comme  un  malfaiteur,  à 
travers  les  rues,  &  conduit  à  Toulouse,  où  il  y  eut  partage  sur  sa  condamna- 
tion. Le  Parlement  lui  reprochait  de  s'être  rendu  dans  son  diocèse  par  ordre 
des  États,  pour  obliger  les  communes  à  payer  l'arriéré  de  leurs  impôts. 

Les  consuls  firent  également  saisir  8t  vendre  les  biens  du  même  Pelissery 
&  ceux  du  receveur,  du  greffier  &  des  autres  officiers  du  diocèse  qui,  pour 
se  mettre  en  sûreté,  étaient  allés  chercher  refuge  à  Montpellier. 

Ils  arrêtèrent  ensuite  l'état  des  impositions  d'après  le  tarif  du  Parlement, 
retranchant  la  moitié  de  celles  qui  avaient  été  ordonnées  par  les  Etats. 

Ils  envoyèrent  néanmoins  le  sieur  Fabre,  marchand  &  quatrième  consul, 
leur  collègue,  à  l'effet  d'entrer  aux  Etats  de  Carcassonne.  Ce  député  se  pré- 
senta le  l'i^août;  mais  à  la  suite  d'une  longue  harangue  où  l'évêque  énu- 
méra  tous  ses  griefs  8c  appuya  ses  plaintes  sur  le  témoignage  de  l'évêque  de 
Comminges  &  du  baron  de  Ganges,  l'assemblée  lui  enjoignit  de  se  retirer, 
avec  interdiction  de  l'entrée  aux  consuls  d'Albi  ou  de  toute  autre  ville  cou- 
pable de  refuser  aux  évêques  ou  barons  les  respects  accoutumés  dans  les  lieux 
de  leur  dépendance  spirituelle  ou  temporelle  81  de  ne  pas  exécuter  avec 
obéissance  les  délibérations  des  Etats,  les  évêques  demeurant  chargés  d'en 
certifier  l'assemblée.  On  délégua  en  même  temps  les  syndics  généraux  pour 
s'informer  si  quelques  villes  jouissant  du  droit  d'entrée  aux  Etats  avaient  pris 
des  délibérations  contre  les  privilèges  de  la  Province'. 

Jamais  le  Parlement  de  Toulouse  ne  fulmina  plus  d'arrêts  que  durant  cette 
orageuse  période  de  l'année  i65i.  Ses  ordonnances  étaient,  en  réalité,  fort 
contradictoires,  puisque,  tout  en  tonnant  contre  «  les  factieux  8*  séditieux  qui 
n  s'opposoient  à  la  justice  8c  faisoient  des  attroupements  de  gens  de  guerre,  » 
il  prescrivait  lui-même  des  mesures  de  rigueur  inexécutables  sans  le  secours 
de  la  force  armée,  8c  ne  craignait  pas  de  donner  des  ordres  «  aux  gouver- 
«  neurs  des  places,  sénéchaux,  gentilshommes,  magistrats,  prévôts,  consuls 
«  8c  autres  officiers  8c  sujets  de  Sa  Majesté,  »  leur  intimant  d'assister  ses 
commissaires  dans  l'accomplissement  de  leur  mandat^.  Prises  à  la  lettre,  ces 
injonctions  auraient  déchaîné  la  guerre  civile  dans  les  moindres  bourgs  du 
Languedoc. 

Le  comte  de  Bioule,  lieutenant  général,  s'étant  permis  d'envoyer  à  son 

■  Procès-Terbal  des  Etats.  Séance  du  2  août  i65i.  •  Arrêt  du  ii  avril  i65i,  rendu  chambres  assein- 
—  Le  7  août,  il  se  présente  un  sieur  Chambert,  blées.  Entre  autres  prescriptions,  contre  ceux  qui 
syndic  du  diocèse  d'Albi,  portant  procuration  des  faisaient  résistance  aux  commissaires  du  Parle- 
directcun  du  diocèse  demandant  d'être  reçu  aux  ment,  cet  arrêt  commande  l'arrestation  «du  nommé 
Etats  à  la  place  de  Fabre.  Celui-ci  ayant  demandé  n  Balat,  gouverneur  du  château  de  Montferran  <>  & 
quatre  ou  cinq  jours  de  délai  pour  ramener  les  la  comparution  en  personne  de  l'évêque  de  Mont- 
consuls  à  de  meilleurs  sentiments,  on  suspendit  pellier,  Pierre  de  Fenouillet,  cité  à  la  barre  pour 
toute  délibération.  Chambert  y  fut  reçu  le  1 1  août,  avoir  jeté  en  prison  l'huissier  de  la  cour  Gariepuy 
en  considération  de  ce  qu'il  avait  souffert  pour  les  &  les  personnes  qui  l'acccompagnaient. 
intérêts  de  la  Province  en  diverses  occasions. 


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3lO 


ETUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


tour  une  circulaire  pour  ordonner  l'observation  de  l'arrêt  du  conseil  d'État 
du  i8  mars,  contraire  aux  prétentions  du  Parlement,  la  compagnie  riposte 
par  une  cassation  en  forme  de  l'acte  du  lieutenant  général,  comme  rendu  par 
attentat. 

Chaque  communication  faite  à  la  cour  par  les  commissaires  qu'elle  avait 
envoyés  dans  la  Province  donnait  lieu  à  la  publication  de  violents  manifestes, 
soit  contre  les  évêques',  soit  contre  les  agents  subalternes  de  4'adrainistration 
diocésaine. 

Mais  la  plus  grave  de  toutes  les  mesures  du  Parlement  de  Toulouse  fut 
l'arrêt  du  29  avril,  par  où  la  cour  s'attribua  le  droit  de  réglementer  elle- 
même  les  impositions  de  la  Province  Se  en  usa  immédiatement,  autorisant  la 
levée  d'une  partie  des  sommes  qui  avaient  été  votées  par  les  derniers  Etats 
&  défendant  de  lever  toutes  les  autres^.  La  première  phrase  du  préambule  de 
cet  acte  audacieux  permettra  d'en  apprécier  la  vigueur  : 

«  Ores  que  la  recherche  desdits  crimes  ne  soit  que  pour  le  service  du  roy 


'  La  procédure  faite  contre  l'évêque  d'Albi  par 
M.  Bertrand  de  Gargas,  terminée  par  ordonnance 
de  ce  commissaire  en  date  du  i3  avril,  établit  des 
faits  très-graves,  prouvés  par  témoignages,  actes 
divers  &  lettres  missives  (dont  une  lettre  de  l'évê- 
que écrite  à  Salvan,  receveur,  du  7  septembre  1646, 
datée  de  Paris,  prouvant  que  l'évêque  était  l'auteur 
de  la  révocation  du  présidial  d'Albi). 

1°  L'évêque  avait  fait  établir  divers  droits  pour 
servir  de  fonds  à  gratifier  les  députés  du  diocèse  : 
3  sols  pour  livre  pour  l'avance  faite  par  les  rece- 
veurs des  deniers  des  étapes,  quoique  ce  soient  les 
communautés  qui  aient  fait  les  avances  &  non  le 
receveur  (la  commune  de  Cordes  avait  emprunté 
1000  livres  au  sieur  de  Fleyres,  receveur  du  dio- 
cèse, pour  les  avances  qu'elle  était  obligée  de  faire, 
&  Fleyres  avait  stipulé  les  3  sols  pour  livre); 
3  deniers  pour  livre  de  toute  nature  d'imposition. 

2°  L'évêque  avait  fait  imposer  1080  livres  pour 
60  jours  de  vacations  des  députés  du  diocèse,  en- 
voyés aux  Etats  au-delà  du  mois  porté  par  le  der- 
nier ordre  du  roi  j  960  livres  pour  frais  de  dépu- 
tation  aux  Etats  généraux  d'Orléans. 

3°  Il  avait  rejeté  sur  le  diocèse  27541  livres 
p  sols  pour  arrérage  des  tailles  des  lieux  d'Alban 
&  Padiès,  sous  prétexte  d'infertilité  &  de  déguer- 
pissement,  quoique  ces  lieux  eussent  annuellement 
payé  leurs  tailles. 

4"  i3oo  &  tant  de  livres  pour  les  épices  des  offi- 
ciers des  comptes  &  aides  dé  Montpellier,  quoi- 
qu'ils n'en  dussent  avoir  que  400;  4  livres  10  sols 
pour  chaque  quittance,  quoiqu'ils  n'en  dussent 
avoir  que  40  sols. 

5"  90000  livres  imposées  sur  le  diocèse  d'Albi 
pour  la  suppression  du  présidial  d'Albi,  dont  la 
création  avait  été  sollicitée    par  la  ville,  l'évêque. 


ayant  par  la  corruption  d'un  sieur  Dumas,  député 
d'Albi,  obtenu  ladite  somme  8t  l'avait  fait  porter 
par  le  diocèse  &  la  ville  pour  n'avoir  pas  le  prési- 
dial qu'ils  voulaient  avoir. 

6°  La  somme  de  124000  livres  pour  parties 
rayées  par  les  commissaires  de  Sa  Majesté  que 
l'évêque  avait  fait  rétablir  par  les  sieurs  de  Ma- 
chaut  8c  de  Balthazar  (sur  des  traités  clandestins 
faits  par  Salvan  8t  Pech,  ses  domestiques,  jusques 
à  la  somme  de  39000  livres,  augmentée  depuis  à 
5o  000  pour  les  intérêts  de  22  ans  =:  1 24000  liv,). 

7°  L'évêque  a  fait  imposer  sur  le  diocèse  une 
somme  notable,  pour  divers  frais  faits  au  procès 
particulier  qu'il  avait  contre  les  sieurs  de  La  Bas- 
tide &  Roques,  ayant  fait  prendre  au  diocèse  fait 
&  cause  pour  lui  :  procès  gagné  par  l'évêque;  mais 
le  diocèse  n'en  a  pas  moins  payé. 

8°  L'évêque  a  retenu  les  mandes  de  la  dernière 
Assiette  sans  vouloir  les  délivrer,  afin  que  la  plu- 
part de  ces  malversations  demeurassent  incon- 
nues. 

L'ordonnance  de  M.  de  Gargas  casse  partie  de 
ces  impositions,  &  renvoie  les  autres  à  la  cour. 

■  Voici  les  sommes  dont  le  Parlement  autorisait 
la  levée  immédiate  : 

529517  livres  4  sols  4  deniers  de  l'aide, préciput, 
octroi  &  crue  due  au  roi  ;  —  1 65  000  livres  des  de- 
niers du  talllon  &  augmentation;  —  600000  livres 
de  don  ou  octroi  au  roi  accordé  la  présente  année; 

—  les  dons  accordés  au  gouverneur  Se  à  sa  femme; 

—  25 000  livres  pour  l'entretien  de  ses  gardes;  — 
les  appointemenes  des  lieutenants  généraux;  — 
25  000  livres  pour  les  frais  des  États  &  gages  des 
officiers;  — 3oooo  livres  pour  les  morte-payes;  — 
120000  livres  pour  les  garnisons;  —  1  2  000  livres 
pour  les   réparations  des  places  frontières. 


LIV.  I.  MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  3ii 

«  Se  soulagement  de  ses  sujets,  néanmoins  quelques-uns  des  gens  desdits 
Il  États,  même  aucuns  des  sieurs  évêques,  pour  mettre  à  couvert  leurs  suppôts 
«  de  la  peine  que  leurs  crimes  ont  méritée  &  tenir  la  Province  dans  une 
H  continuelle  oppression,  non  contents  d'avoir  opposé  la  force  à  l'exécution 
«  desdits  arrêts,  donné  retraite  aux  coupables,  latité  8<  recelé  les  verbaux 
«  desdites  Assiettes,  comptes  des  étapes  St  autres  actes  dans  leurs  châteaux  8t 
«  maisons  épiscopales,  mais  encore  pour  mettre  de  la  confusion  en  la  levée 
«  des  deniers  de  ladite  Province  8c  fournir  de  prétexte  auxdites  malversations, 
«  font  ordinairement  des  impositions  en  termes  généraux,  sans  que  les  peu- 
«  pies  puissent  savoir  à  quoi  les  sommes  qui  se  lèvent  sur  eux  sont  destinées.  » 
Ainsi,  dans  les  comptes  de  l'année  même  i65i,  on  trouvait  un  article  de  plus 
de  treize  cent  mille  livres,  «  dans  lequel  il  est  dit  vaguement  que  c'est  pour 
«  dettes  &  affaires  de  la  Province,  sans  dire  quelles}  »  à  l'article  des  gratifi- 
cations extraordinaires,  on  porta  plus  de  deux  cent  mille  livres,  sans  «  faire 
«  connoître  aux  peuples  les  personnes  desquelles  par  ces  gratifications  la  Pro- 
«  vince  pouvoit  attendre  protection.  » 

Cependant  les  mesures  violentes  du  Parlement  de  Toulouse  avaient  mis 
toute  l'Eglise  de  France  en  émoi.  L'assemblée  générale  du  clergé  prit  fait  Si 
cause  pour  les  prélats  de  Languedoc  8<.  sollicita  l'intervention  royale  en  leur 
faveur.  Un  des  prélats  qui  se  trouvait  le  plus  directement  intéressé  dans  la 
querelle  par  les  attaques  personnelles  dont  il  avait  été  l'objet,  M.  de  Grille, 
évêque  d'Uzès,  prononça,  en  présence  de  la  Cour,  une  harangue  énergique; 
&  le  7  août,  M.  Godeau,  évêque  de  Grasse  &  de  Vence,  assisté  du  prince 
de  Conti ,  encore  affilié  à  l'Église,  8i  de  tous  les  archevêques  &  évêques  qui 
étaient  alors  à  Paris,  alla  présenter  solennellement  au  roi  Si  à  la  régente  les 
remontrances  du  clergé  de  France. 

Le  discours  du  prélat  fut  très-long  &  très-étudié,  Se  laissa  voir,  à  travers 
le  luxe  des  artifices  oratoires,  l'amertume  des  ressentiments  qu'éprouvait  le 
corps  épiscopal.  «  C'est  au  nom  de  toute  l'Église,  dit-il,  que  je  viens  faire 
«  entendre  la  plus  vive,  la  plus  cruelle  Se  la  plus  inconsolable  douleur  qu'elle 
«  ait  soufterte  il  y  a  longtemps.  »  Il  fait  ressortir  l'énormité  de  l'attaque  dans 
un  pays  où  l'Église  «  a  son  fils  aîné  pour  défenseur  »  8c  dans  une  époque 
où  «  les  lois  sont  armées  pour  la  conservation  de  ses  biens,  de  son  honneur 
«  8c  de  ses  privilèges;  »  Se  il  ajoute  :  «  Sous  un  héritier  de  saint  Louis,  sous 
«  un  roi  de  miracle,  sous  une  régente  dont  la  vie  est  une  loi  de  piété  pour 
<!  les  peuples,  l'Église  vient  de  recevoir  des  injures  qu'elle  ne  devoit  craindre 
c<  que  dans  la  chaleur  des  plus  cruelles  persécutions.  Un  Parlement  de  votre 
«  royaume,  8c  un  Parlement  qui  jusques  icy  disputoit  à  tous  les  autres  la 
«  gloire  du  zèle  pour  la  religion  catholique,  le  Parlement  de  Toulouse, 
<i  sire,  oubliant  ses  premières  maximes  Se  se  démentant  luy-mesme,  par  un 
H  malheur  que  nous  déplorons,  vient  de  flétrir  par  ses  arrêts  l'honneur  du 
«  royaume  très-chrétien;  de  saper  la  religion  que  vous  professez,  par  un  de 
<c  ses  plus  solides  8c  plus  vénérables  fondemens.  Se  de  se  porter  à  une  entre- 
«  prise,  que  non-seulement  tous  les  autres  Parlemens,  comme  ils  sont  sages 


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3i2  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  8c  religieux,  condamnent  avec  des  termes  qui  nous  consolent,  mais  que  la 
«  plus  saine  partie  de  ce  corps,  qui  n'est  pas  maintenant  ni  la  plus  grande 
«  ni  la  plus  forte,  ne  se  peut  empêcher  de  détester.  » 

11  rappelle  les  plaintes  qui  en  ont  été  déjà  portées  au  roi  par  «  une  bouche 
«  éloquente  »  Se  «  le  bruit  de  ce  tonnerre  »  qui  lui  paraît  «  retentir  encore 
«  dans  ce  lieu  auguste,  «  &  il  expose,  dans  un  langage  animé,  les  actes  hos- 
tiles de  la  cour  de  Toulouse  à  l'égard  des  prélats  de  Narbonne,  d'Albi ,  de 
Béziers,  &  justifie  la  démarche  du  clergé  de  France,  dont  il  est  le  représen- 
tant, par  la  solidarité  de  l'épiscopat  : 

«  Tous  les  évêques  ne  faisant  qu'un  évêque,  l'injure  de  l'un  est  l'injure  de 
«  tous,  ou  plustost  de  toute  l'Eglise,  la  tête  ne  pouvant  être  offensée  que  le 
«  corps  ne  se  ressente  de  son  offense;  »  puis  il  montre  que  Dieu  lui-même 
est  intéressé  dans  cette  injure,  &  que  les  armes  canoniques  seraient  une  juste 
réponse  aux  entreprises  du  Parlement. 

«  Nous  pourrions,  poursuit-il,  à  l'exemple  du  Sauveur,  prendre  le  fouet 
«  pour  chasser  de  la  maison  de  Dieu  ceux  qui  traitent  les  pasteurs  de  son 
«  Église  avec  tant  d'ignominie,  &  qui  les  accusent  si  hardiment  d'avarice,  de 
«  larcin,  de  tyrannie  8c  de  corruption.  »  Entrant  ensuite  dans  le  détail  des 
faits,  il  s'élève  avec  vigueur  contre  les  accusations  adressées  à  l'épiscopat  de 
Languedoc  dans  l'arrêt  du  22  mai  : 

«  Pourquoi,  depuis  tant  d'années  que  cette  corruption  commence,  le  Par- 
«  lement  l'a-t-il  soufferte?  Pourquoi  ne  s'est-il  pas  opposé  à  la  naissance 
«  d'un  si  grand  mal?  Pourquoi  ces  pères  du  peuple  ont-ils  enduré  que  leurs 
«  pasteurs  l'ayent  abandonné,  l'ayent  vendu,  l'ayent  dévoré?»  Et  il  s'indigne 
des  termes  vagues  &  généraux  de  l'arrêt  qui  laisse  planer  un  fâcheux  soupçon 
sur  tous  les  membres  du  corps  épiscopal. 

S'emparant  ensuite  avec  habileté  de  quelques-unes  des  récriminations  du 
Parlement,  il  fait  voir  que  le  roi  lui-même  a  profité  des  «  dons  immenses  » 
obtenus  par  l'influence  des  évêques,  &  que  ces  «  sommes  tant  reprochées  soiit 
«  entrées  dans  son  épargne.  » 

Il  raconte  que  deux  conseillers  ont  envoyé  chercher  les  consuls  d'Albi 
«  pour  leur  dire,  de  la  part  de  la  cour,  qu'ils  choquassent  hardiment  leur 
«  évêque  en  toutes  choses,  qu'ils  ne  fissent  jamais  d'accord  avec  lui,  &  qu'ils 
«  auroient  tous  les  arrêts  qui  leur  seroient  nécessaires;  »  qu'un  autre  con- 
seiller a  excité  une  sédition  à  Béziers,  dans  une  ville  remplie  d'hérétiques, 
«  à  qui  on  a  donné,  en  cette  occasion,  un  spectacle  aussi  agréable  pour  eux 
«  que  honteux  à  l'Église;  »  que,  dans  le  diocèse  de  Cahors,  le  Parlement  a 
pris  sous  sa  protection  vingt-cinq  curés  en  révolte  ouverte  contre  leur  évêque, 
8t,  par  cette  solennelle  approbation,  a  occasionné  les  plus  graves  désordres 
dans  le  synode  : 

«  Un  prieur  du  diocèse,  accompagné  des  curés  dont  il  est  syndic.  Se  de 
«  plusieurs  hommes  armés,  force  la  maison  de  son  évêque.  Il  entre  dans  la 
«  salle,  où  il  y  avoit  huit  cents  prêtres,  8c  presque  à  la  vue  de  M.  de  Cahors, 
«  qui  étoit  dans  une  chambre  prochaine,  il  monte  sur  son  trône,  il  publie 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  3i3 

«  des  ordonnances,  il  établit  des  officiers  &,  pour  mettre  le  comble  à  cette 
<i  entreprise  inouïe,  il  bat  le  secrétaire  de  son  prélat,  son  aumônier  8t  son 
«  promoteur,  envoyés  séparément  pour  les  faire  retirer.  Après  ces  excès,  le 
«  Parlement  de  Toulouse  décrète  un  ajournement  personnel  contre  ceux  qui 
«1  ont  été  outragés.  Il  donne  un  autre  évêque  8t  un  autre  officiai  à  des  prê- 
«  très  séditieux,  qui  ont  commis  un  attentat  si  horrible,  » 

Le  décret  de  prise  de  corps  contre  M.  de  Rebé  arrache  surtout  à  l'orateur 
un  vif  mouvement  d'éloquence  :  «  Qui  ne  croira,  sire,  par  les  termes  d'un 
«  arrêt  si  fulminant,  ou  que  M.  l'archevêque  de  Narbonne  a  voulu  faire 
«  soulever  le  Languedoc  contre  Votre  Majesté,  ou  qu'il  a  eu  dessein  de  le 
«  livrer  aux  Espagnols,  ou  qu'il  a  commis  quelque  autre  crime  qui  fait  hor- 
«  reurau  ciel  &  à  la  terre?  Mais  si  on  veut  s'informer  de  la  vérité,  il  se  trou- 
«  vera  coupable  d'avoir  servi  Votre  Majesté  dans  les  derniers  Etats,  d'avoir 
«  conservé  leur  autorité  contre  les  entreprises  du  Parlement,  d'avoir  refusé 
«  d'ouvrir  les  portes  de  Narbonne  à  deux  commissaires  interdits  par  un  arrêt 

«  de  votre  conseil Je  frémis  d'horreur  quand  je  pense  qu'il  ne  s'en  est 

«  guère  fallu  qu'on  n'ait  vu  arracher  un  archevêque  de  sa  maison,  de  son 
«  siège,  de  son  église,  de  l'autel,  pour  le  conduire,  lié  &  garrotté,  par  une 
«  province  où  il  a  si  glorieusement  maintenu  les  peuples  dans  votre  obéis- 
«  sance,  8c  où  il  est  si  recommandable  par  sa  condition,  par  ses  emplois  Si 
«  par  sa  vertu.  Quel  deuil  pour  l'Eglise!...  quelle  victoire  pour  l'hérésie!  » 

L'évêque  de  Vence  termina  ce  réquisitoire  passionné  en  faisant  appel  aux 
intérêts  politiques  du  souverain,  8c  en  mettant  dans  toute  leur  lumière  les 
dangers  de  la  conduite  du  Parlement  au  point  de  vue  de  l'autorité  royale  : 

«  Vous  ne  pouvez  ni  ne  devez  souffrir  que  ceux  qui  tiennent  de  vous  le 
«  pouvoir  de  juger  vos  sujets  de  Languedoc,  deviennent  vos  juges.  N'aurez- 
«  vous  donc  reçu  de  Dieu  cette  puissance  indépendante  sur  la  terre  de  toute 
«  autre  que  de  la  sienne,  qu'afin  de  la  soumettre  à  leurs  passions?  En  les 
«  revêtant  de  la  pourpre,  vous  en  êtes-vous  dépouillé?...  Si  ce  désordre  est 
«  souffert,  il  faut  craindre,  Sire,  que  pensant  avoir  fait  des  ministres  de  jus- 
«  tice  dans  le  Languedoc,  vous  n'ayez  fait  des  destructeurs  des  libertés  de 
«  l'Église,  des  censeurs  de  votre  vie,  des  arbitres  de  votre  autorité.  —  Vous 
«  auriez  un  vain  titre  de  royauté  8c  ils  en  auroient  l'effet.  Vous  en  porteriez 

«  les  ornements,  8c  ils  en  exerceroient  la  puissance Vous  voyez,  Sire, 

ti  comme  les  intérêts  de  la  royauté  sont  joints  en  cette  occasion  avec  ceux 
«  de  l'Église,  8c  comme  en  vous  demandant  qu'il  vous  plaise  de  réparer  les 
«  injures  qu'elle  a  reçues  par  les  arrêts  du  Parlement  de  Tolose,  nous  deman- 
«  dons  à  Votre  Majesté  qu'elle  relève  son  sceptre  foulé  aux  pieds,  qu'elle 
«  raffermisse  son  trône  ébranlé,  qu'elle  fasse  justice  à  son  autorité  méprisée.  » 

Quelques  phrases  d'indulgence  pastorale  couronnèrent  la  péroraison  ani- 
mée d'une  longue  prosopopée,  où  l'Eglise  en  personne,  «  l'épouse  de  Dieu 
«  qui  vous  prépare,  dit  l'orateur  à  Louis  XIV,  un  royaume  éternel  si  vous 
«  avez  soin  de  la  faire  régner  dans  le  vôtre  »  implorait  la  justice  du  souve- 
rain, 8c  le  prélat  finit  en  demandant  «  un  remède,  plutôt  qu'une  punition, 


i65i 


i65r 


3i4  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  pour  ceux  que  nous  voudrions  de  tout  notre  cœur  n'avoir  jamais  été  con- 
«  traints  d'accuser  comme  coupables  '.  » 

Le  conseil  de  régence  n'avait  pas  attendu  la  dénonciation  des  évêques  pour 
comprendre  les  dangers  qui  pouvaient  naître  de  la  situation  intérieure  du 
Languedoc.  Si  les  factions  entre  lesquelles  se  partageait  la  Cour  de  France 
comptaient  trouver  un  point  d'appui  dans  les  grands  corps  de  la  Province,  la 
tournure  qu'y  prenaient  les  événements  indiquait  assez  que  les  intérêts  par- 
ticuliers &  les  intrigues  locales  l'emportaient  de  beaucoup  sur  les  visées  poli- 
tiques. Chacun  luttait  pour  la  domination,  &,  comme  le  désordre  était  par- 
tout, au  milieu  de  la  confusion  d'arrêts  contradictoires  qui  ne  cessaient  de  se 
croiser,  la  perception  des  impôts  devenait  impraticable  8c  l'épargne  royale, 
déjà  si  fort  épuisée,  courait  risque  de  perdre  ses  dernières  ressources. 

MM.  d'Aubijoux,  de  Sève  Si  Boucherat  eurent  ordre  du  roi  de  se  rendre  à 
Toulouse  afin  d'y  régler  le  différend  survenu  entre  le  Parlement  &  la  Pro- 
vince. Avant  de  quitter  Carcassonne  ils  demandèrent  d'être  informés  exacte- 
ment de  ce  qui  s'était  passé  &c  en  conférèrent  avec  les  évêques  d'Agde  8i  de 
Comminges,  les  barons  de  Castries  &  de  Ganges  8c  les  députés  diï  Puy,  de 
Viviers,  d'Agde  8c  de  Lodève,  commissaires  nommés  par  les  Etats. 

Ils  quittèrent  Carcassonne  le  lendemain  de  la  procession,  8c  avant  de  partir 
ils  firent  promettre  à  l'assemblée  que,  pendant  toute  la  durée  de  leurs  négo- 
ciations, il  serait  sursis  aux  délibérations  que  l'on  pourrait  prendre  contre  le 
Parlement.  Tout  en  acceptant  cette  trêve  «  à  la  prière  des  commissaires  du 
((  roi  »  comme  il  fut  dit  expressément  dans  le  procès-verbal,  on  eut  soin  de 
stipuler  que,  si  la  négociation  devenait  trop  longue,  il  serait  écrit  par  les  États 
pour  reprendre  leur  liberté,  8c  qu'en  attendant,  on  continuerait  de  rassem- 
bler des  actes  justifiant  des  entreprises  du  Parlement. 

Tout  en  traitant  avec  les  parlementaires,  les  commissaires  du  roi  ne  négli- 
geaient rien  pour  affaiblir  leur  cause.  Par  une  exception  bien  rare  dans  les 
annales  du  pays,  le  corps  capitulaire  tenait  le  parti  de  la  cour  de  Toulouse 
qui  lui  avait  promis  de  garantir  le  rétablissement  de  plusieurs  privilèges 
injustes  8c  de  faire  rejeter  sur  le  reste  de  la  Province  des  impôts  assez  onéreux. 
Les  magistrats  municipaux,  en  reconnaissance  d'un  tel  bienfait,  s'étaient  hâtés 
d'offrir  au  Parlement  la  somme  de  douze  mille  écus  dont  la  demande  venait 
de  leur  être  faite,  8c,  en  même  temps,  suivant  les  protestations  passionnées 
du  chef  du  consistoire  Jougla,  «  leurs  biens,  leurs  vies,  8c  généralement  tout 
«  ce  qui  dépendoit  d'eux  »  sans  oublier  l'engagement  de  ne  rompre  jamais 
leurs  attaches  avec  la  cour  8c  de  mépriser  toutes  les  avances  des  États*. 

■  Remontrance  iu  clergé  de  France,  faite  au  roy,  vez  à  Paris.  —  A  Carcassonne.  m.dc.li.  —  Jouxte 

la   reyne  régente  sa  mère  présente  le  7  août  i65i,  la   copie  imprimée.  A  Paris,  chez  Antoine  Vitré, 

sur  le  sujet  des  arrests  que  le  Parlement  de  Tolose  imprimeur  ordinaire  du   roy,  de  la   reyne  régente 

a  donnez  contre   l'honneur  des   Estats  de  la  Pro-  jnere  de  Sa  Majesté  &  du  clergé  de  France,  i65i. 

vince   de  Languedoc.    Par  R.   P.  en   Dieu   messire  Avec  permission '. 

A.  Godeau,  evesque  de   Grasse  &  Vence.  Assisté  de  '  Pièces  justificatives,  n.  CXXVI,  col.  362. 

monseigneur    le   prince   de   Conty,   &    de   messei-  ,  ■    o.   /»     i,-        j    i    u     .    <-  r-     j 

°  r  J'  12).  pages  m-8».  (Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds 

gneurs  les  archevesques  &  evesques  qui  se  sont  trou-       de  l'cvCché  de  Ricu.t,  5). 


LIV,   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  3i5 

Déjà,  au  commencement  de  mars,  le  duc  d'Orléans  avait  écrit  aux  capitouls 
pour  leur  recommander  l'union,  se  vantant  de  retenir  les  requêtes  présentées 
au  conseil  du  roi  par  le  syndic  général  de  la  Province  pour  obtenir  cassation 
des  arrêts  du  Parlement  8c  de  faire  surseoir  par  cette  cour  à  l'exécution  des 
mesures  prescrites  sur  le  même  sujet  '. 

MM.  de  Sève  &  Boucherat  eurent  plusieurs  conférences  avec  la  municipa- 
lité. Ils  offraient  d'accorder  à  la  ville  de  Toulouse  tout  ce  qu'elle  demandait 
contre  les  États,  à  condition  qu'elle  séparerait  ses  intérêts  de  ceux  du  Parle- 
ment Se  qu'elle  enverrait  ses  députés  à  Carcassonne  suivant  les  formes  accou- 
tumées. 

Le  corps  capitulaire  s'y  refusait,  en  se  fondant  sur  le  droit  reconnu  par 
lettres  patentes  du  roi,  de  ne  pas  se  faire  représenter  aux  États,  par  suite  de 
l'exemption  des  impositions  provinciales  &  sur  ce  qu'elle  ne  pouvait  détacher 
sa  cause  de  celle  du  Parlement. 

Les  commissaires  du  roi  voulurent  voir  les  titres  des  archives  municipale? 
qu'on  leur  citait  en  toute  occasion. 

Ils  vinrent  à  l'hôtel  de  ville  où  une  collation  leur  fut  servie  dans  le  petit 
consistoire. 

Il  paraît  qu'ils  insistèrent  encore  dans  cette  visite  pour  que  la  ville  ne 
laissât  point  sa  place  vide  aux  Etats ^. 

Le  II  août  les  États  expédièrent  à  Toulouse  M.  de  la  Guymerie,  envoyé 
de  Couffoulens,  pour  savoir  du  comte  d'Aubijoux  si  le  Parlement  observait 
de  son  côté  la  trêve  qu'on  lui  avait  promise  8i  si  les  poursuites  contre  M.  de 
La  Forest  Toyras  étaient  comprises  dans  cette  trêve. 

M.  de  la  Guymerie  était  de  retour  à  Carcassonne  le  i8  août. 

Le  comte  d'Aubijoux  8c  ses  deux  collègues  y  rentrèrent  dix  jours  après  Gc 
parurent  à  l'assemblée  le  i"  septembre. 

L'archevêque  de  Toulouse,  Charles  de  Montchal,  s'était  rendu  à  Carcas- 
sonne, pour  l'assemblée  des  États,  où  il  travaillait  de  son  mieux,  malgré  la 
surexcitation  des  sentiments  hostiles  qui  les  agitaient,  à  ménager  un  accom- 
modement durable  entre  le  Parlement  de  Toulouse  8c  les  représentants  de  la 
Province,  lorsque  la  mort  vint  le  surprendre  le  22  août  i65i.  Ce  prélat, 
originaire  du  Vivarais,  avait  possédé  pendant  vingt-trois  ans  l'archevêché  de 
Toulouse,  y  étant  parvenu  en  1628,  8c  jouissait  en  outre  de  deux  importants 
bénéfices  ecclésiastiques,  l'un  8c  l'autre  fort  éloignés  de  son  diocèse  :  l'abbaye 
de  Saint-Amant-de-Boisse  au  diocèse  d'Angouliine,  8c  l'abbaye  de  Saint-Sau- 
veur-le-Vicomte  au  diocèse  de  Coutances.  Par  son  testament,  il  demanda  que 
l'on  inscrivît  sur  son  tombeau  cette  simple  phrase  :  «  Charles  de  Montchal, 
«  archevêque  de  Toulouse,  attend  ici  la  résunection  des  morts;  »  précaution 
de  modestie  qui  ne  devait  être  qu'à  demi  observée. 

■  La  lettre  est  du  4  mars  i65i.  Le  prince,  qui  tisfaction  commune.  Pièfej;HS«i)îc(i«iV«,n.CXXIX, 

marque  un   grand  désir  de  conciliation,  demande  col.  366. 

l'envoi   d'une  députation  spéciale   par  le  corps  de  '    Archives    de   Toulouse.    Annales    manuscrites^, 

ville,  afin  de  trouver  des  tempéraments  pour  la  sa-  VIII,  ipS.  Histoire  de  l'an  i65o-i65i. 


i65i 


iCSi 


3i6 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


Le  corps  du  prélat  séjourna  quelque  temps  à  Villefranche  de  Lauragais 
puis  fut  transporté  à  Toulouse,  d'après  le  désir  qu'il  en  avait  exprimé,  pour 
y  être  déposé  dans  les  caveaux  de  sa  cathédrale.  Au  moment  de  sa  mort,  l'ar- 
chevêque se  trouvait  débiteur  envers  le  chapitre  Saint-Étienne  de  son  droit 
d'entrée  &  de  sa  quote-part  des  dépenses  faites  pour  la  réparation  de  l'autel 
du  chœur  8<.  le  renouvellement  du  rétable.  M.  de  Montchal ,  maître  des 
requêtes,  frère  du  prélat,  offrit  toute  satisfaction  aux  chanoines'. 

Le  chapitre  métropolitain  Se.  les  diverses  communautés  ecclésiastiques  allè- 
rent attendre  le  corps  à  l'église  Saint-Michel  Si  l'accompagnèrent  au  palais  de 
l'archevêché,  où  il  demeura  exposé  trois  jours  dans  la  salle  basse;  la  grosse 
cloche  de  Cardaillac  sonnait  un  quart  d'heure  chaque  matin  &  chaque  soir\ 


'  Les  débats  du  chapitre  avec  la  famille  de 
l'archevêque  remplirent  plusieurs  conférences.  Le 
maître  des  requêtes  offrait  en  représentation  de  la 
chapelle  de  son  frère  la  somme  de  neuf  mille  li- 
vres, à  laquelle  avaient  été  condamnés  les  héritiers 
de  monseigneur  de  Foix.  Les  chanoines  jugeaient 
la  somme  insuffisante,  rappelant  que  le  cardinal 
de  Lavalette  avait  payé  une  chapelle  la  somme 
de  douze  mille  livres,  que  d'autres  étaient  montés 
à  dix-huit  mille,  &  même  que  le  cardinal  de 
Joyeuse  avait  atteint  près  de  cinquante  raille  li- 
vres. Il  Néanmoins,  à  raison  des  grands  biens  que 
la  ville,  le  diocèse  &  la  Province  ont  reçus  de 
l'archevêque  qui  avoit  donné  assiduement  ses  soins 
à  sort  église,  pendant  l'espace  de  vingt-trois  ans 
qu'il  avoit  résidé  sans  discontinuation,  &,  par 
sa  sollicitude  &  glorieux  exemple,  beaucoup  pro- 
fité à  son  clergé,  &  à  raison  des  grandes  aumônes 
qu'il  avoit  secrètement  faites  aux  pauvres  honteux 
&  de  la  douceur  &  intelligence  »  où  l'on  avait 
vécu  avec  lui,  le  chapitre  demandait  seulement  à 
n'être  pas  moins  libéralement  traité  que  par  le 
cardinal  de  Lavalette,  à  moins  que  l'héritier  n'ai- 
mât mieux  céder  la  chapelle  même  de  son  frère 
(I  que  le  chapitre  désiroit  avoir  pour  la  mettre  en 
son  trésor  &  la  conserver,  afin  de  faire  vivre  éter- 
nellement sa  mémoire,  8c  de  rappeler,  par  la  vue 
des  armes  qui  s'y  trouvoient  gravées,  les  éminentes 
qualités  du  prélat.  «  M.  de  Montchal  choisit  ce 
dernier  parti  &  donna  la  chapelle  qui  fut  évaluée 
s  douze  mille  cinq  cent  quatre-vingt-dix  livres. 
Cette  chapelle  comprenait  la  croix  archiépiscopale, 
la  crosse,  la  croix  &  les  six  grands  chandeliers  de  ' 
l'autel,  le  calice  &  la  patène,  la  cuvette  &  les  bu- 
rettes, deux  bassins  en  ovale  dans  un  vase,  la  boîte 
à  hosties  avec  la  paix,  le  bénitier  avec  le  gou- 
pillon, les  chrêmières,  l'encensoir  &  la  navette,  la 
clochette  8t  le  bougeoir.  Toutes  ces  pièces  étaient 
le  en  argent  ciselé,  vermeil  doré  »  sauf  l'encensoir, 
le  bougeoir  &  la  navette  en  argent  blanc  '. 

^  »  Archives  de  la  H<aiitc-G.Tronne.  F'onds  du  chapitre  Saiiit- 
ÉlKiUK.  Dclibcralioiis.  Siiaiiccs  des  7  cX  9  octobre  i05i. 


*  Le  16  août,  le  chapitre  Saint-Etienne,  se  réu- 
nit pour  nommer  les  quatre  vicaires  généraux 
destinés  à  «  occuper  »  durant  la  vacance  du  siège 
métropolitain.  On  élut  l'archidiacre  de  Caumelz, 
conseiller  au  Parlement,  les  chanoines  de  Flous  & 
de  Lafont.  Il  y  eut  partage  pour  la  quatrième 
place  entre  M.  de  Ciron,  chancelier,  &  le  grand 
archidiacre  de  Maran,  qui  obtinrent  neuf  voix 
chacun.  On  se  contenta  de  trois  vicaires  géné- 
raux. 

L'évêque  de  Rieux,  prévôt  du  chapitre,  publia 
dans  le  chœur  &  au  grand  autel  de  la  cathédrale 
la  nomination  de  ces  dignitaires  &  celle  de  tous 
les  officiers  de  l'archevêché. 

Voici  le  détail  de  ce  personnel  qui  donnera 
l'idée  de   l'organisation  ecclésiastique  du    temps  : 

Juge  métropolitain,  M.  de  Boullay;  —  officiai, 
seds  vacante,  M.  de  Catel;  —  lieutenant  principal 
du  métropolitain  ,  M.  de  la  Bourgade;  —  lieute- 
nant principal  de  l'officialité,  le  sieur  de  Martel; 

—  lieutenant  particulier  du  métropolitain,  Simon 
Peyronet;  —  lieutenant  particulier  en  l'officialité, 
Emmanuel  Louis  de  Cantuer; —  procureur. fiscal, 
le  sieur  de  Barrassy;  —  substitut,  messire  Arnal; 

—  procureur  des  âmes,  messire  Jean  Germain,  pré- 
bendier;  —  promoteur  aux  causes,  messire  Bé- 
renguier,  avocat;  —  greffier  du  métropolitain, 
messire  Hugues  Brassac,  notaire;  —  greffiers  de 
l'officialité,  ledit  sieur  Brassac  &  messires  Pierre 
Dauxion  &  Pierre  Boudet;  —  Georges  Jonquet, 
notaire  &  greffier  de  la  chambre  du  clergé. 

Officiers  de  la  temporalité  :  juge,  M.  Jean  de 
Jougla  ;  —  lieutenant,  Nicolas  de  Bonassié;  — 
lieutenant  local  à  Verfeil,  Lafont;  —  procureur 
juridictionnel,  Jean  Solier;  —  greffier.  Potier  de 
Castelnouvel  '. 

La  temporalité  des  archevêques  de  Toulouse  com- 
prenant quatre  baronnies,  confisquées  sur  les  albi- 
geois, occupait  une  partie  des  vallées  de  l'Hers  & 
du  Gnou. 

'  Arcliiscs  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  chapitre  Saint- 
Kticune.  Dclibcralions.  Séance  du  26  août  i65i. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  817 

Les  funérailles  de  l'archevêque,  malgré  le  rôle  de  médiateur  qu'il  s'était 
donné  aux  États  de  la  Province  &  les  efforts  qu'il  avait  tentés  pour  amener 
l'apaisement  des  rivalités  locales,  servirent  encore  de  prétexte  à  de  nouvelles 
aigreurs  &  à  des  contestations  irritantes  entre  le  Parlement  8<.  le  Consistoire 
toulousain. 

Le  jour  même  des  funérailles,  le  conseil  de  bourgeoisie  était  assemblé  pour 
régler  le  rôle  que  la  ville  devait  accepter  dans  la  cérémonie,  à  la  suite  d'une 
invitation  de  l'archevêché,  transmise  à  la  maison  commune  par  deux  prében- 
diers  &  deux  prêtres  de  chœur  de  Saint-Etienne,  lorsque  maître  Bonassier, 
avocat,  se  fit  introduire,  S;  annonça  qu'il  venait  «  de  la  part  de  Messieurs  les 
«  héritiers  de  l'archevêque  8c  de  M.  de  Flous,  vicaire  général,  pour  prier  les 
«  capitouls  de  ne  se  vouloir  pas  trouver  à  la  sépulture  &  honneurs  funèbres, 
«  à  cause  que  Messieurs  du  Parlement  avoient  dit  que  si  les  capitouls  parois- 
«  soient  à  cette  action,  le  Parlement  n'y  vouloit  pas  aller.  «  En  guise  de 
consolation,  l'ambassadeur  officieux  était  chargé  de  «  remercier  fort  Messieurs 
«   les  capitouls  de  leur  bonne  volonté.  »  Cette  communication  n'étonna  per- 
sonne; déjà  les  projets  d'abstention  hautaine  des  membres  du  Parlement,  en 
cas  de  présence  des  capitouls,  avaient  été  dénoncés  aux  conseils  de  ville,  Se  le 
sieur  de  Jougla,  chef  du  consistoire,  savait,  pour  l'avoir  appris  de  la  bouche 
même  du  premier  président,  que  telle  était  la  résolution  de  la  cour.  Natu- 
rellement, l'orgueil  municipal  se  révolta  contre  cette  condition  injurieuse,  St 
l'on  décida  sur-le-champ  que  les  huit  magistrats  portant  leurs  chaperons 
capitulaires  Si  leurs  manteaux,  accompagnés  du  plus  grand  nombre  de  bour- 
geois que  l'on  pourrait  réunir  Se  de  la  famille  du  guet  tout  entière,  vêtue  de 
ses  plus  belles  casaques  rouges,  se  rendraient  en  corps  à  l'archevêché  avec 
un  drap  noir  décoré  des  armoiries  du  prélat.  Le  cortège  communal  se  mit 
donc  en  marche,  précédé  de  sa  musique  8c  de  son  verguier.  Le  Parlement 
était  déjà  réuni  dans  la  chapelle  de  l'archevêché.  On  reçut  les  capitouls  Se  la 
bourgeoisie  dans  une  vaste  salle,  où  le  prélat  avait  coutume  de  prendre  ses 
repas.  Se  qu'on  appelait  la  Salle  des  Roses,  à  cause  d'une  ancienne  décora- 
tion héraldique  laissée  par  un  des  prédécesseurs'  de  l'archevêque;  à  la  nou- 
velle de  leur  arrivée,  les  parlementaires  s'émurent  Se  refusèrent  de  sortir.  11 
fallut  retarder  la  levée  du  corps  pour  attendre  une  transaction.  Des  délégués 
furent  nommés  de  part  Se  d'autre  afin  de  vider  ce  redoutable  différend.  Cinq 
conseillers  :  Caumels,  Vedelly,  Dumay,  Lafont  8c  Terlon,  commissaires  de 
la  cour,  Se  six  représentants  de  la   bourgeoisie  :  Jougla,  Duperrier,  Figuier, 
Durtaud,  Boyer  Se  Cathelan,  firent  valoir  les  raisons  des  deux  parties,  8c 
après  de  laborieuses  négociations,  il  fut  décidé  que  le  Parlement  se  relâche- 
rait de  ses  exigences  premières  8c  tolérerait  les  officiers  de  ville  dans  le  cor- 
tège, mais  que  les  capitouls  marcheraient  avant  le  corps,  autour  du  drap 
mortuaire  porté,  selon  l'usage,  par  quatre  archidiacres  de  Saint-Étienne. 

Les  quatre  confréries  des  Pénitents,  ([ui  débattaient,  avec  une  égale  viva- 
cité, l'éternelle  question  de  la  préséance,  furent  moins  conciliantes  :  deux 
d'entre  elles,  celles  des  Pénitents  noirs  Se  des  Pénitents  bleus  crurent  leur 


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3 18  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dignité  amoindrie  si  elles  acceptaient  le  rang  que  l'on  prétendait  leur  assi- 
gner, &  quittèrent  l'archevêché  sans  vouloir  assister  aux  funérailles. 

Quand  ces  pourparlers  furent  terminés,  la  pompe  funèbre  s'ébranla.  Deux 
réveilleurs  de  ville  ouvraient  la  marche,  avec  les  gardes  de  la  santé  8c  ceux 
de  la  police;  derrière  eux  s'avançaient  douze  femmes  portant  de  grandes 
corbeilles  de  pain,  puis  cent  pauvres  vêtus  de  robes  de  deuil  en  drap  noir 
&  ayant  aux  mains  des  flambeaux  de  cire  aux  armes  de  l'archevêque.  Les 
consuls  des  trente-six  communes  comprises  dans  les  quatre  baronnies  de  la 
temporalité  épiscopale,  Castelmaurou,  Balma,  Verfeil  &  Montbrun,  venaient 
à  la  suite  avec  leurs  cierges  armoriés,  suivis  de  quatre  réveilleurs  agitant 
leurs  cloches.  Puis  se  déroulait  la  longue  série  des  corporations  religieuses  : 
pénitents  gris  8c  blancs,  pèlerins  de  Saint-Jacques,  capucins,  religieux  de 
Saint-Antoine-du-Salin,  de  Saint-Roch,  religieux  des  Tiers-Ordres,  de  Sainte- 
Eulalie,  de  la  Trinité,  augustins,  carmes  du  Grand-Couvent,  cordeliers, 
jacobins,  prêtres  des  paroisses  de  Saint-Nicolas,  de  Saint-Pierre-des-Cuisines, 
du  Taur,  de  la  Dalbade,  de  Saint-Sernin  ;  bénédictins,  chapitre  de  Saint- 
Étienne.  La  livrée  rouge  des  soldats  du  guet  interrompait  cet  appareil  ecclé- 
siastique 8c  annonçait  la  présence  des  huit  capitouls,  marchant  autour  du 
drap  mortuaire  que  portaient  les  quatre  archidiacres.  La  grande  croix  de 
paroisse  les  suivait,  précédant  la  croix  primatiale  8c  la  crosse  de  l'archevêque, 
le  groupe  des  conseillers  «  qui  avaient  prié  le  convoi,  «  8c  les  domestiques  de 
M.  de  Montchal.  Enfin  paraissait  le  corps  du  prélat  porté  par  des  prêtres,  les 
huissiers  du  Parlement  en  grand  costume.  Messieurs  de  la  cour  en  robe  noire, 
escortés  par  les  secrétaires,  les  membres  de  la  famille  de  Montchal  conduits 
par  les  trésoriers  généraux  de  France  8c  par  les  bourgeois,  8c  enfin  le  convoi 
des  femmes. 

Ce  long  cortège  se  déploya  lentement  au  sortir  de  l'archevêché  en  gagnant 
la  place  Rouaix,  le  marché  de  la  Pierre,  la  rue  des  Changes,  se  resserra  au 
pied  des  hautes  murailles  coupées  de  contreforts  du  couvent  des  Augustins, 
puis  chemina  le  long  de  la  rue  Boulbonne  vers  la  cathédrale,  où  il  fit  son 
entrée  par  la  grande  porte,  entre  les  deux  figures  épiscopales  de  Pierre  8c 
Denys  Dumoulin.  On  déposa  le  corps  dans  une  magnifique  chapelle  ardente 
élevée  au  milieu  du  chœur,  8c  le  service  commença.  L'évêque  de  Rieux  offi- 
ciait. L'évêque  de  Pamiers  prononça  l'oraison  funèbre.  Pierre  de  A'Iarca , 
évêque  de  Couserans,  récemment  arrivé  de  Catalogne,  assistait  à  la  cérémonie 
avec  l'évêque  de  Lombez  8c  celui  de  Castres. 

C'est  sur  Marca  principalement  que  s'arrêtait  l'attention  du  peuple.  Sa 
haute  réputation,  le  rôle  politique  qu'il  venait  de  remplir  en  Espagne  le  dési- 
gnaient naturellement  à  tous  les  regards.  D'ailleurs,  une  rumeur  annonçait 
déjà  qu'il  était  choisi,  dans  les  conseils  du  roi,  pour  succéder  à  M.  de 
Montchal.  On  savait  que  le  prélat  défunt  éprouvait  pour  lui  des  sentiments 
d'estime  8c  d'affection  tout  particuliers,  8c  qu'il  avait  voulu  avoir  son  portrait, 
dans  sa  grande  8c  riche  bibliothèque,  au  milieu  des  images  d'hommes  illustres 
qu'il  s'était  plu  à  rassembler. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  319 

Les  restes  de  Charles  de  Montchal ,  enfermés  dans  un  cercueil  de  plomb, 
furent  descendus  au  caveau  des  archevêques. 

La  dalle  funéraire 'dont  cette  nouvelle  tombe  fut  scellée  est  aujourd'hui 
conservée  dans  le  cloître  du  Musée  de  Toulouse,  où  elle  a  pris  place  quand 
un  des  successeurs  de  Montchal,  le  cardinal  de  Clermont-Tonnerre,  a  cru 
devoir  remplacer  par  un  dallage  uniforme  les  vieilles  pierres  épigraphiques 
de  son  église.  C'est  une  plaque  de  marbre  gris,  d'un  travail  très-simple, 
presque  grossier,  portant  gravées  au  trait  les  armoiries  héréditaires  de  Mont- 
chal, «  de  gueules  au  chef  d'or  chargé  de  trois  molettes  d'azur.  «  Au-dessus 
on  lit  l'épitaphe  recommandée  par  le  prélat  dans  son  testament,  mais  accom- 
pagnée d'un  commentaire  laudatif,  où  l'on  célèbre  «  le  courage,  la  science  8c 
«  la  piété  de  l'archevêque,  les  services  rendus  par  lui  à  l'État,  son  dévouement 
«  aux  privilèges  de  l'Église  Se  aux  intérêts  du  diocèse.  » 

Pierre  de  Marca,  dont  tout  le  monde  annonçait  la  promotion  certaine  à 
l'archevêché  de  Toulouse,  était  alors  dans  la  plénitude  de  sa  renommée.  h'His- 
to'ire  de  Bécirn,  son  pays  natal,  qu'il  avait  publiée  en  1640,  &  ses  grands 
travaux  d'érudition  ecclésiastique,  avaient  donné  à  son  nom  une  juste  & 
lointaine  célébrité. 

Il  n'appartenait  à  l'Église  que  depuis  l'année  1642,  époque  où  il  perdit  sa 
femme,  mère  d'un  fils  qui  fut  président  au  Parlement  8<  d'une  fille  mariée  à 
M.  d'Esquilles,  magistrat  de  la  même  cour.  Il  prétendait  faire  remonter  sa 
famille  aux  temps  les  plus  reculés,  cherchant  une  réminiscence  gauloise  dans 
le  cheval  d'or,  gai  81  effrayé,  qui  figurait  en  champ  de  gueules  dans  ses 
armoiries. 

S'il  faut  l'en  croire,  ses  ascendants  directs  auraient  servi  avec  réputation  les 
princes  de  Béarn  dans  les  premières  charges  de  la  guerre  depuis  la  prise  de 
Jérusalem  par  Godefroi  de  Bouillon  jusqu'à  l'année  1460,  où  leurs  héritiers 
embrassèrent  le  service  dans  les  offices  de  robe,  8t  pendant  deux  siècles 
entiers  servirent  les  rois  de  Navarre,  avec  le  même  honneur,  dans  tous  leurs 
conseils.  Lui-même  se  vantait  d'être  entré,  sans  argent,  dès  l'âge  de  vingt- 
deux  ans,  dans  le  parlement  de  Navarre. 

D'abord  conseiller,  puis  président,  il  avait  été  le  premier  intendant  de 
justice  de  la  province  de  Béarn. 

Pierre  de  Marca,  très-dégoûté  de  ses  fonctions  de  visiteur  général  en  Cata- 
logne, se  trouvait  à  Toulouse  depuis  quelques  jours  au  moment  de  la  mort 
de  l'archevêque.  Il  était  évêque  de  Couserans,  par  nomination  royale,  depuis 
neuf  ans  j  mais  le  Saint-Siège  lui  avait  fait  attendre  ses  bulles  pendant  cinq 
années,  cédant  peut-être,  comme  l'affirme  un  de  ses  historiens,  aux  intrigues 
de  l'ambassade  espagnole,  qui  redoutait  l'influence  du  titre  épiscopal  sur  les 
dévotes  populations  de  Catalogne  Se  peut-être  aussi  répondant,  par  cette  défa- 
veur, à  l'attitude  qu'avait  prise  l'écrivain  dans  la  querelle  du  sacerdoce  81  de 
l'empire. 

Le  cardinal  de  Sainte-Cécile,  qui  jouissait  d'une  grande  influence  en 
Espagne  8c  qui  vivait  avec  lui  en  très-mauvaise  intelligence,  le  prétendant 


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320 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


homme  de  lettres  éminent  mais  incapable  aux  affaires  politiques,  s'était  abso- 
lument refusé  à  le  sacrer,  comme  il  le  désirait,  dans  l'abbaye  de  Montserrat, 
bien  que  le  délai  déterminé  par  le  concile  de  Trente  pour  le  sacre  des  évo- 
ques, à  dater  de  la  réception  de  la  bulle,  fût  à  la  veille  d'expirer. 

Marca  s'était  vu  obligé  de  faire  le  voyage  de  Narbonne,  en  1648,  pour  y 
recevoir  la  consécration  épiscopale.  Travaillé  depuis  longtemps  du  désir  de 
remettre  ses  fonctions,  il  rentra  en  France  au  mois  de  juillet  i65i,  la  tenue 
des  États  de  Comminges,  où  son  titre  d'évêque  de  Couserans  lui  donnait  le 
droit  de  présider,  offrant  un  prétexte  convenable  pour  quitter  Barcelone,  qui 
était  en  ce  moment  désolée  de  la  peste". 

Il  fit,  le  3  août,  son  entrée  solennelle  dans  sa  cathédrale  de  Saint-Lizier, 
sans  arriver  à  temps  pour  les  États  de  Comminges,  dont  on  avait  refusé  de 
retarder  l'ouverture,  malgré  une  lettre  de  cachet  du  roi,  le  parti  du  prince 
de  Condé,  qui  y  dominait,  considérant  l'évêque  de  Couserans  comme  dévoué 
au  ministère  &  à  la  personne  de  Mazarin  '■. 


'  II  paraît  qu'un  médecin  de  Castelnaudary 
avait  offert  ses  services  à  la  ville  de  Barcelone,  à 
l'occasion  de  cette  peste.  Voici  ce  que  lui  écrit 
Marca  : 

«  i7  juin  i65i . 

«  Pour  M.  Fabre,  médecin  de  Castelnaudary. 

«  Monsieur,  estant  en  conférence  avec  Messieurs 
les  conseillers  de  la  ville  de  Barcelone  sur  la  vio- 
lence de  la  peste  qui  les  afflige.  Monsieur  Dom 
Philippe  de  Copons,  Conseiller  du  Conseil  royal, 
fit  lecture  de  deux  lettres  que  vous  lui  écriviez, 
offrant  à  la  cité  vos  médicamens  pour  remédier  à 
cette  maladie,  &  Monsieur  votre  fils  pour  les  tri- 
buer.  La  nécessité  où  sont  réduits  ces  Messieurs 
les  oblige  à  se  rendre  importuns  en  votre  endroit 
pour  vous  prier  par  mon  entremise  de  vouloir  les 
assister  en  diligence  des  médicamens  &  de  la  pré- 
sence de  Monsieur  votre  fils.  Je  vous  envoie  la 
lettre  qu'ils  m'ont  écrite  sur  ce  sujet  en  date  du 
16  de  juin,  vous  assurant  que  ce  sont  des  person- 
nes qui  traitent  les  affaires  avec  honneur  &  qu'ils 
vous  donneront  toute  sorte  de  satisfaction.  » 

'  En  annonçant  à  Le  Tellier  l'avis  de  son 
vicaire  général  sur  la  tenue  de  ces  Etats  de  Com- 
minges, Marca  donne,  le  14  mai  i65i,  quelques 
renseignements  curieux  relatifs  à  cette  assemblée, 
réunie  en  vue  de  la  fameuse  députation  aux  Etats 
généraux  de  Tours  : 

K  L'évêque  de  Couserans  est  président-né  des 
Etats,  &  en  son  absence  l'évêque  de  Lombez;  celui 
de  Comenge  n'y  a  jamais  eu  d'entrée,  mais  bien 
en  ceux  de  Languedoc.  Il  prétend  y  entrer  main- 
tenant en  vertu  d'un  arrêt  du  conseil  qu'il  a  fait 
donner  sur  requête,  auquel  je  prétends  m'opposcr 
pour  la  conservation  des  droits  honorifiques  de 
mon  évêché,  comme  feront  aussi   les  Etats  du  pays 


qui  ne  veulent  point  souffrir  cette  nouveauté.  Je 
veux  me  persuader  que  M.  l'évêque  de  Comenge 
ne  se  soucie  pas  beaucoup  de  cette  entrée,  excepté 
pour  l'occasion  présente,  afin  d'être  député  aux 
Etats  généraux,  &  peut-être  pour  exclure  M.  l'évê- 
que de  Lombez  que  l'on  dit  avoir  été  prié  par 
S.  A.  R.  de  procurer  cette  députation  pour  soi  ou 
pour  l'abbé  de  Beauregard.  Je  pense  que  ma  pré- 
sence aux  Etats  généraux  seroit  aussi  avantageuse 
pour  le  service  du  roi  que  celle  de  ces  autres  Mes- 
sieurs. » 

La  lettre  adressée  par  l'évêque  de  Couserans  à  Le 
Tellier,  le  3o  juillet  i65i,  contient  encore  des  dé- 
tails assez  intéressants  sur  les  Etats  de  Comminges  : 
«  Le  roi,  dit-il,  les  avoit  différés  par  lettre  écrite 
au  juge-mage  jusqu'au  i"  aoiit  afin  de  me  donner 
le  moyen  d'y  être  présent,  &  y  présider  suivant  le 
droit  de  mon  évêché.  Les  amis  de  M.  l'évêque  de 
Lombez  ont  supprimé  cette  lettre  &  pour  anticiper 
le  temps  de  mon  arrivée  ont  fait  l'assemblée  des 
États  au  10  de  juillet,  &  pour  faire  députer  M.  de 
Lombez  pour  les  Etats  généraux,  ils  y  ont  intro- 
duit plusieurs  gentilshommes  qui  n'y  ont  point 
d'entrée  au  préjudice  de  l'usage  ancien  fondé  s;ir 
un  arrêt  du  conseil  de  l'an  1607.  Les  députés  du 
tiers  ordre  &  mon  vicaire  général  s'opposite  .t  à 
cette  nouveauté,  aussi  bien  que  le  syndic  du  pays. 
Le  procès  verbal  a  été  porté  au  conseil  qui  ser:i 
sans  doute  jugé  au  conseil  des  dépêches,  où  je  vous 
supplie  de  vouloir  appuyer  cet  ancien  usage  &  de 
faire  ordonner  que  l'on  procédera  à  une  nouvelle 
assemblée  suivant  l'arrêt  du  conseil.  Je  ne  dois 
pas  vous  dissimuler  que  le  sieur  de  Maseroles, 
gentilhomme,  a  voulu  pratiquer  les  députes  pour 
donner  leur  suffrage  à  M.  de  Lombez,  disant  que 
c'étoit   l'intention   de  M.   le    Prince,   &   pour   les 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  3:1 

En  arrivant  à  Toulouse,  Pierre  de  Marca  poussa  un  cri  de  délivrance  de 
se  voir  éloigné  de  ses  chagrins,  &,  comme  il  disait,  tiré  de  la  servitude  de 
Catalogne. 

Remerciant,  le  lendemain,  la  reine  Anne  d'Autriche  de  son  congé,  il  lui 
renouvelait  des  protestations  de  dévouement  que  l'incertitude  des  temps  & 
les  agitations  de  la  France  pouvaient  faire  paraître  plus  méritoires  '. 

Le  Parlement  de  Toulouse  ne  s'était  pas  contenté  de  mettre  en  cause 
plusieurs  membres  de  l'épiscopat  languedocien*}  il  crut  devoir,  le  i3  juin, 
nommer  dix  commissaires  extraordinaires  ^  avec  mandat  de  se  transporter  dans 
toutes  les  sénéchaussées  de  la  Province  de  Languedoc  &  en  général  dans 
l'entier  ressort  de  la  cour  pour  procéder  à  l'exécution  de  ses  arrêts,  en  donner 
de  nouveaux  en  matière  criminelle,  connaître  de  tous  les  abus  ou  malversa- 
tions dont  les  officiers  se  trouveraient  chargés  au  fait  de  leurs  offices,  &  pour- 
suivre les  coupables  «  de  quelque  qualité  8t  condition  qu'ils  pussent  être.  » 

Le  préambule  prenait  expressément  à  partie  le  comte  de  Bioule,  qui,  ayant 
été  plusieurs  fois  requis  de  faire  le  devoir  de  sa  charge  en  assurant  l'exécution 
des  arrêts  de  justice,  avait  au  contraire  pris  la  tête  de  la  résistance,  attroupé 
des  gens  de  guerre,  excité  des  tumultes,  tenu  des  assemblées  illicites  contre 
l'autorité  de  la  cour,  poursuivi  les  conseillers  &c  commissaires  à  main  armée 
St  intimidé  les  témoins  pour  empêcher  la  punition  de  crimes  capitaux. 

Le  conseil  d'État  répondit  par  un  arrêt  de  cassation  conçu  dans  les  formes 
les  plus  sévères,  où  le  Parlement  était  accusé  en  propres  termes  d'attenter  sur 
la  puissance  royale  Se  de  n'observer  aucunes  lois'*.  Le  conseil  ordonnait  à 
tous  les  lieutenants  du  roi  d'opposer  leur  autorité  aux  entreprises  du  Parle- 
ment, &  à  tous  les  gouverneurs  de  villes,  officiers  de  justice  ou  consuls,  de 
fermer  leurs  portes  aux  commissaires  de  la  cour  de  Toulouse,  sous  peine  d'être 
traités  en  criminels  de  lèse-majesté. 

Les  autorisations  données  à  la  noblesse  &  aux  chapitres  pour  délibérer  sur 

dirertir  de  me  nommer,  il  disoit  que  je  dépendois  m.i    fidélité  inébranlable  pour  son   service  lui  est 

du  ministère  &  étoif  un  mazarin.  Vous  me  cog-  également  connue;  de  laquelle  je  suis  plus  obligé 

noissez   mieux  que    personne    &  savez  que   je   n*  maintenant  de  lui  rendre  des  preuves  par  les  cfTeis 

prends  jamais  autre  party  que  celui   du    roi  &  que  que   les   diverses    intrigues    du    temps    semblent    le 

je  suis  sans  réserve,  &c.  désirer.  Si  Votre  Majesté  me  fait  l'honneur  de  me 

(I  Je  viendrai    bientôt  à  Paris,  soit  q.ie   je   sois  départir  ses  commandemens  pour  se  servir  du  peu 

député  ou  non.  —  A  M.  Le  Tellier.  »  d'industrie  que  l'expérience  m'a    pu   acquérir  dans 

'  Voici   la   lettre  de  Marca  à  la   reine,  datée  de  le  maniement  des  affaires  publiques,  elle  trouvera 

Toulouse  le  3i  juillet  i65i  :  en   moi    la    fidélité,   la    fermeté   &  le  désintéresse- 

II   Madame,  comme  Votre  Majesté  m'avoit   or-  ment  qui    sont   nécessaires   en  ces    occasions,  avec 

donné  de  sa    propre   bouche  d'aller  en  Catalogne  les  respects  &  l'obéissance  que  mon  devoir  m'oblige 

pour  y  servir  en   qualité  de  visiteur  général,  elle  de    rendre   à  Votre   Majesté,  de  qui    je    suis    très- 

a  eu    la    bonté  de  me  permettre  après  sept  années  humble,  très-obéissant   &  très-fidèle   serviteur",  u 
de  services  que  j'y  ai    rendu,  de  revenir  en   France  '  Pièces  justificatives,  n°'  CXXXIV,  col.  ijo,  & 

où   je  suis  à  présent,  me  témoignant  par  sa   dcr-  CXXXV'I,  col.  $72. 

nière  dépêche,  comme  par  toutes  les   précédentes,  '  On  en  trouvera   les  noms  aux  Pièces  justijîca- 

qu'elle  avoit  eu  agréable  ma  conduite  en   une   si  tives,  n.  CXXXIX,  col.  Syô. 
fâcheuse    &  si    longue    négociation.   Si    mes   soins  '  Pièces  justificatives,  n.  CXL,  col.  378. 

pour  la  direction  des  affaires  de  ce  pays  ont  donné 
de  la    satisfaction  à  Votre  Majesté,  je   pense  que  •  Bibliothiquc  iialioiialc.  ^/s.  Papier»  de  Baliizc. 

XIII,  " 


lOii 


i6oi 


32  3  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  divers  projets  de  réformes  représentatives  ne  furent  pas  mieux  traitées  par 
le  conseil  d'État  '. 

Cela  n'empêcha  point  la  cour  de  faire  acte  législatif,  le  12  juillet,  en  modi- 
fiant de  son  chef  le  mode  de  représentation  de  la  noblesse  aux  États  pro- 
vinciaux, &C  en  ordonnant  aux  gens  des  trois  ordres  de  recevoir  dans  leur 
assemblée  vingt-deux  gentilshommes  élus  par  les  nobles  qui  avaient  pris  part 
à  la  réunion  de  Toulouse,  un  pour  chaque  diocèse,  avec  entrée  aux  Assiettes 
de  la  Province.  Cette  innovation  était  d'ailleurs  uniquement  présentée  comme 
un  palliatif  temporaire,  en  attendant  que  «  les  usurpateurs  des  droits  de  la 
Il   noblesse  »  fussent  déboutés  de  leur  injuste  possession^. 

Sur  ces  entrefaites  arriva  une  lettre  du  prince  de  Condé,  donnant  les  motifs 
de  son  éloignement  de  la  Cour,  &  annonçant  qu'il  était  prêt  à  continuer  ses 
soins  auprès  de  Leurs  Majestés,  dès  que  «  les  sieurs  Servien,  Le  Tellier,  8c 
«  Lionne  n'y  seroient  plus.  »  Aussitôt  remontrances  au  roi  pour  le  retour  du 
prince  de  Condé,  la  réunion  de  la  maison  royale,  l'éloignement  des  suppôts 
du  cardinal  Mazarin,  Si  prière  au.  duc  d'Orléans  d'employer  son  autorité  pour 
procurer  «  une  réunion  si  nécessaire  à  la  France-^.  » 

D'autres  remontrances,  encore  plus  solennelles,  furent  faites  leSi  juillet 
sur  l'arrêt  du  conseil  du  iS  juin.  Le  Parlement  y  rappelait  l'ordonnance  de 
Louis  XII,  prescrivant  aux  cours  de  Toulouse  &  de  Bordeaux  de  tenir  les 
grands  jours  de  deux  en  deux  ans  dans  leur  ressort  pour  y  assurer  l'exécution 
de  la  justice,  &  toutes  les  délégations  spéciales  de  commissaires  qui  avaient 
été  faites  dans  le  cours  du  seizième  &  du  dix-septième  siècle  pour  assurer  la 
punition  des  criminels.  Evoquant  des  souvenirs  encore  plus  récents,  il  s'ap- 
puyait sur  la  déclaration  du  mois  de  juillet  1648  pour  justifier  l'envoi  de  ses 
délégués  dans  le  territoire  de  la  Province,  en  vue  d'y  assurer  l'exécution  des 
arrêts  Se  le  châtiment  des  coupables.  Il  refusait  de  croire  que  l'intention  du 
roi  fût  d'opposer  la  force  8<.  de  fermer  les  portes  des  villes  aux  commissaires 
députés  pour  l'exercice  de  la  justice  souveraine;  8c  comme  preuve  pratique  de 
son  incrédulité,  il  désignait  encore  dix  commissaires  pour  se  transporter  dans 
la  province  de  Languedoc,  partout  où  besoin  serait,  avec  ordre  à  tous  offi- 
ciers, gentilshommes  ou  magistrats  de  leur  prêter  assistance'^. 

Ce  fut  au  milieu  de  ce  déchaînement  des  passions  que  les  Etats  s'ouvrirent, 
à  la  fin  du  mois  de  juillet;  le  comte  d'Aubijoux  y  figurait  comme  premier 
commissaire  du  roi.  Le  discours  de  l'archevêque  de  Narbonne,  Claude  de 
Rebé,  fut  empreint  d'une  violente  amertume  contre  le  Parlement  de  Tou- 
louse, dont  il  accusait  l'incompétence  en  matière  d'administration  provinciale, 
Se  contre  les  gentilshommes  de  Languedoc  qui  avaient  pris  part  à  la  réunion 
de  la  noblesse,  8<.  auxquels  il  reprochait  d'avoir  oublié  la  dignité  de  leur 
'irdre  en  se  laissant  présider  par  un  simple  magistrat-', 

.    '  On   en  jugera   par  les  arrêts   de  cassation  que  '  Arrêt  du  i5  juillet  i65i.   Pièces  justificatives, 

nous  publions  aux  Pièces  justificatives,  n.  CXLIII,  n.  CXLVI,  col.  Spo. 

col.  384,  &  CXLIV,  col.  386.  ^  Pièces  justificatives,  n.  CXLVII,  col.  391. 

"  Pièces  justificatives,  n.  CXLV,  col.  387.  '  pa-ces  justificatives,  n.  CXLVllI,  col.    3o(5. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN. 


323 


i65i 


Quelques  jours  après,  le  syndic  général  de  la  Province  obtenait  du  con- 
seil d'Etat  un  arrêt  d'évocation,  avec  renvoi  au  Parlement  de  Dijon  &  à  la 
chambre  de  l'édit  de  Grenoble,  de  tous  les  procès  civils  &  criminels  que  pour- 
raient avoir  devant  le  Parlement  de  Toulouse  ou  la  chambre  de  l'édit  de 
Castres  les  évêques,  barons,  consuls  8i  députés  des  diocèses,  villes  &  com- 
munes ayant  assisté  aux  Etats  de  Pézénas  en  i65o,  le  sénéchal,  les  consuls 
&  conseillers  de  Montpellier,  le  gouverneur,  les  officiers  &  consuls  de  Nar- 
bonne  '. 

Le  i'^"'  septembre,  les  États  firent  une  protestation  en  forme  contre  les  pro- 
cédés du  Parlement  de  Toulouse  ^5  le  6,  ils  reconnurent  la  majorité  du  roi^; 
quelques  jours  après,  comme  la  qtiestion  du  don  gratuit  était  réglée,  le  comte 
d'Aubijoux,  qui  ne  voyait  pas  d'autre  motif  à  la  réunion  des  États,  crut  pou- 
voir se  permettre  de  leur  rappeler  la  longueur  de  la  session  &  les  invita  poli- 
ment à  se  séparer.  Mais  cette  invitation  fut  mal  accueillie,  &  après  de  longs 
pourparlers,  le  premier  commissaire  royal  finit  par  faire  une  sorte  de  rétracta- 
tion, en  déclarant  que  son  intention  n'avait  jamais  été  d'empêcher  l'assemblée 
de  travaillera  ses  affaires'*. 

Cependant,  le  prince  de  Condé,  parti  de  Paris  la  veille  de  la  majorité  du 
roi,  s'était  retiré  dans  son  gouvernement  de  Guienne  avec  des  intentions 
manifestement  hostiles.  Les  effets  ne  s'en  firent  pas  attendre. 

Le  4  octobre,  l'archevêque  de  Narbonne  apporta  une  communication  inat- 
tendue. 11  résuma  brièvement  les  bruits  qui  couraient  sur  la  faction  en  train 
de  se  former  dans  le  royaume,  les  armements  en  Guienne,  en  Provence,  en 
Auvergne,  la  défection  du  comte  de  Marsin^,  indiqua  les  dangers  qui  enve- 


'  Archives  de  la  Haiite-Gnronne.  Fonds  de  l'ivè- 
ché  de  Rieux,  n.  5. 

'  Pièces  justificatives,  n.  CXLIX,  col.  4o5. 

•  ponces  justificatives,  n.  CLI,  c.  410. 

*  Pièces  justificatives,  n.  CLII,  col.  411. 

'  Voici  la  lettre  que  rcjut  à  ce  sujet  la  munici- 
palité de  Toulouse  : 

«  A  nos  tres-chers  &  hien  amés  les  Capitouls 
de  nostre  ville  de   Tolo^e, 

n  De  par  le  Roy, 

«  Très  chers  &  bien  amés,  la  lettre  que  vous 
nous  avez  escritc  du  quatriesme  de  ce  mois  sur  le 
subject  de  la  défection  de  Marsin  &  des  troupes 
qu'il  a  débauchées  de  nostre  service,  nous  feust 
rendue  avant-hier  seulement,  &  quoyque  nous  en 
eussions  été  informé  quelques  jours  auparavant, 
néanmoings  nous  avons  eu  bien  agréable  le  soin 
que  TOUS  avez  pris  de  nous  en  donner  advis  & 
d'apprendre  le  bon  ordre  que  vous  avez  mis  dans 
nostre  ville  de  Toulouse  pour  la  maintenir  & 
conserver  en  nostre  obéissance,  dont  ayant  toute 
satisfaction,  nous  avons  désiré  vous  le  faire  cog- 
noistre  par  cette  lettre  8c  vous  exhorter  de  conti- 
nuer en  la    fidélité  &  affection  que  vous  avez  pour 


nostre  dict  service,  &  à  nous  en  rendre  des  preuves 
aux  occasions  qui  s'en  pourront  offrir,  ainsin  que 
nous  nous  le  promettons.  Cependant,  comme  nos- 
tre cousin  le  prince  de  Condé  a  formé  un  party 
pour  troubler  le  repos  de  cet  estât,  nous  vous  man- 
dons &  ordonnons  de  ne  recevoir  de  sa  part  au- 
cuns ordres  en  cas  qu'il  vous  en  envoyé  ny  de  les 
recognoistre  &  y  déférer  soubz  quelque  cause  & 
prétexte  que  ce  soit,  vous  assurant  que  vous  con- 
formant à  nostre  intention  nous  aurons  à  plaisir 
de  vous  en  recognoistre  lorsqu'il  s'en  présentera 
subject. 

«  Donné  à  Bourges,  le  neuvième  octobre  i65i. 
«  Louis,  —  &  plus  bas:  Phelypeaux*.  » 

La  dépêche  du  roi  était  accompagnée  d'une  lettre 
de  M.  de  LaVrillière  qui  en  reproduisait  le  contenu 
sous  une  autre  forme  en  faisant  ressortir  l'ordre 
Il  de  ne  point  recevoir  ny  reconnoistre  ceux  de 
monsieur  le  prince  de  Condé.  i> 

i<  Nous  serons  encore  icy  quelques  jours  pour 
assurer  le  pays,  ajoutait  le  ministre,  &  après  l'on 
faict  estât  d'en  partir  pour  aller  du  costé  de  Poic- 

>  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuscrites, \']\l,  p.  203. 


iô5i 


—  3:4  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

loppaient  la  Province  8<.  fit  ressortir  la  nécessité  de  donner  des  marques  de 
zèle  &  de  fidélité  au  service  du  roi. 

Le  comte  de  Marsin,  commandant  l'armée  française  en  Catalogne,  avait 
subi,  par  suite  de  son  attachement  au  prince,  une  captivité  de  plusieurs  mois 
au  château  de  Perpignan  &  n'en  était  sorti,  en  même  temps  que  les  princes 
du  Havre,  que  pour  reprendre  le  commandement  des  troupes  avec  le  titre  de 
vice-roi.  Dès. qu'il  sut  le  prince  de  Condé  à  portée  de  la  frontière,  il  s'em- 
pressa de  négocier  avec  l'armée  espagnole  qui  l'assiégeait  dans  Barcelone, 
traversa  librement  le  camp  ennemi  8c,  suivi  d'une  partie  de  ses  régiments 
débandés,  pénétra  en  France. 

D'après  les  bruits  qui  coururent  aussitôt  dans  la  Province,  il  amenait  avec 
lui  environ  deux  mille  hommes  de  pied  8c  cinq  cents  chevaux'. 

Un  capitaine  qui  commandait  le  régiment  de  Balthazar,  nommé  La  Serre, 
se  distingua,  au  milieu  de  cette  débâcle,  par  sa  fidélité  à  la  cause  royale,  en 
refusant  de  céder  aux  sollicitations  du  général  8c  à  l'entraînement  des  soldats-'. 

Après  le  discours  de  l'archevêque,  les  Etats  se  rendirent  en  corps  auprès  des 
commissaires-présidents.  M.  de  Rebé  leur  exposa  la  délibération  qui  venait 
d'être  prise  «  d'une  obéissance  aveugle  8c  d'une  fidélité  entière,  »  avec  offre 
d'employer  de  bon  cœur  leurs  biens  8c  leurs  vies  pour  le  maintien  de  la  paix 
publique,  &c  prière  de  concerter  ensemble  les  meilleurs  moyens  de  contenir 
les  peuples  8c  de  s'opposer  aux  entreprises  des  rebelles. 

Au  moment  où  les  commissaires  du  roi  répondaient  à  ces  ouvertures  par 
des  promesses  de  concours  empressé,  on  apporta  la  nouvelle  que  les  troupes  de 
Marsin,  ayant  passé  de  Catalogne  en  France,  approchaient  déjà  de  Limoux. 

Aussitôt  le  comte  d'Aubijoux  fit  monter  à  cheval  la  noblesse  qui  l'accompa- 
gnait 8c  la  plupart  des  gentilshommes  qui  se  trouvaient  aux  Etats,  8c  marcha 
vers  les  Corbières  afin  de  lui  barrer  le  passage;  précaution  inutile,  car  l'armée 
rebelle,  évitant  le  territoire  de  Languedoc,  dont  les  dispositions  lui  parais- 
saient douteuses,  s'était  hâtée  de  se  jeter  dans  le  gouvernement  de  Guienne. 
Elle  y  était  passée  déjà  quand  les  cavaliers  du  comte  d'Aubijoux  occupèrent 
la  vallée  supérieure  de  l'Aude^. 


tiers  afin   de  donner  vigueur  à  l'armée  que  M.  le  o  Dans  peu  de  jours  vous  recevrez  des  effects  de 

comte  d'Harcourt  va  commander  en  Guyenne  pour  l'affection  que  j'ay  pour  vous.  Je  suis  si   persuadé 

s'opposer  aux  entreprises  que  celle  de  M.  le  prince  du  zèle  que  vous  avez  pour   le    bien  de  l'Estat  & 

pourroit   faire.  Je   prie  Dieu    de   luy  donner   des  vous  m'en   avez  donné  tant  de  véritables  preuves 

pensées  conformes  à  son  devoir  '.  »  qu'il  ne  se  présentera  de  mesrae  à  l'avenir  aucune 

La   lettre  du  duc  d'Orléans,  datée  de  Paris  cinq  occasion  de  vous   faire  paroistre   le  souvenir  que 

jours  plus  tôt  que  celle  du  roi,  gardait  un  silence  j'en  ay  que  je  ne  le  fasse  très-volontiers, 
absolu    sur   la   rébellion   du   prince  de  Condé;  le  .  p^^j,^  .^  octobre  i65i... 

gouverneur  se  contentait  de  remercier  les  capitouls 

de  lui   avoir  envoyé  un    courrier  pour  l'informer  '  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  ComeiU,  XXV, 

n  du  passage  du    sieur  de  Marsin  u    &    les    priait  p.   ii8.  Séance  du   lo  octobre  i6;)i. 
de  veiller  à   la   conservation  de   leur  ville.   Il  ter-  *  Procès-verbal    des    Etats.    Séance    du    9    octo- 

minait  par  cette  promesse  énigmatiquc  ;  bre    i65i. 

'  Livre  des  Conseils  de  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse^ 

'  Annales  manuscrites,  \'\\l,  p.  2o'i.  XXV,  p.   128. 


LIV.   I,   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  SiS 

Les  Etats  firent  imprimer  leur  délibération  8i  l'envoyèrent  dans  toutes  les 
villes  capitales,  avec  ordre  de  la  transmettre  aux  communes  de  chaque  diocèse 
Se  d'y  faire  renouveler  les  mêmes  protestations  dans  les  assemblées  locales. 

En  même  temps,  les  Etats  étaient  avertis  de  l'impuissance  de  leurs  efforts, 
La  plupart  des  diocèses,  au  rapport  du  sieur  de  Pveicli,  trésorier  de  la  bourse, 
refusaient  de  payer  leur  quote-part  d'impositions,  déclarant  qu'ils  ne  pou- 
vaient trouver  d'huissier  pour  porter  les  contraintes  dans  les  communes;  on 
n'en  trouvait  pas  davantage  pour  taire  signifier  les  arrêts  du  conseil  contre 
le  Parlement  de  Toulouse  ou  d'autres  puissances,  par  suite  de  l'intimidation 
de  ce  personnel  subalterne,  habitué  à  vivre  dans  la  dépendance  du  corps 
judiciaire.  Le  secours  des  gardes  que  l'on  demandait  au  comte  de  Bioule  8t 
l'espérance  hypothétique  &  lointaine  d'obtenir  du  roi  des  lettres  de  provision 
pour  trois  huissiers  spéciaux,  un  dans  chaque  sénéchaussée,  à  la  nomination 
de  la  Province,  comme  on  pria  les  députés  en  Cour  d'en  solliciter,  ne  répon- 
daient point  à  la  grandeur  &  à  l'imminence  du  péril  '. 

Les  membres  influents  des  États  comprirent  que  leur  querelle  avec  le  Par- 
lement favorisait  seulement  les  entreprises  des  rebelles,  &  se  résolurent  à  une 
démarche  décisive. 

Il  fut  décidé,  le  6  octobre,  sous  la  présidence  de  l'archevêque  de  Narbonne, 
qu'en  considération  des  levées  de  gens  de  guerre  annoncées  de  toutes  parts  & 
de  la  défection  de  Marsin,  la  nécessité  d'une  entente  avec  le  Parlement  deve-. 
nait  pressante.  «  Messieurs  du  Parlement  de  Toulouse,  que  leur  condition 
«  engage  le  plus  au  service  du  roi,  ont,  en  de  pareilles  occasions,  contribué 
«  à  maintenir  l'autorité  en  cette  Province.  »  On  ajouta  qu'il  serait  à  désirer 
de  voir  cesser  ou  du  moins  suspendre  la  mésintelligence  qui  existait  avec  cette 
compagnie,  afin  que  «  les  serviteurs  de  Sa  Majesté  Se  les  bien  intentionnés 
«  étant  rendus  plus  forts  par  leur  union,  la  tranquillité  de  la  Province  en  fût 
«   mieux  entretenue.  » 

On  résolut  donc,  à  l'unanimité,  de  solliciter  la  médiation  des  commissaires- 
présidents  en  vue  d'obtenir  entre  les  deux  compagnies  une  trêve  qui  durerait 
jusqu'à  la  tenue  des  prochains  Etats,  8<  pendant  laquelle  on  travaillerait  à  un 
«  ajustement  général*.  » 

L'archevêque  de  Narbonne  alla  en  personne,  avec  les  membres  de  la  com- 
mission nommés  la  veille  pour  traiter  des  affaires  politiques,  annoncer  aux 
représentants  du  roi  ces  dispositions  conciliantes.  Les  commissaires-présidents 
louèrent  fort  leur  amour  du  bien  public,  mais  ne  voulurent  pas  donner  de 
réponse  avant  le  retour  de  M.  de  Breteuil  &  l'arrivée  du  courrier. 

On  revint  à  la  charge  deux  jours  après,  le  9  octobre.  Cette  fois,  les  commis- 
saires, plus  explicites,  refusèrent  nettement  leur  médiation.  Ils  ne  croyaient 
pas  nécessaire  de  travailler  à  la  surséance  demandée,  puisque  les  arrêts  du 
conseil  devaient  avoir  terminé  le  différend. 


'  Procès-verbal    des    États.    Séance    du    5    oc!o-  '  Procès-verbal    des  États.    Séance    du    6    octo- 

bre i(i3i.  bre  i65i. 


i65i 


i65i 


326  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  États  ne  partagèrent  pas  cette  opinion;  ils  prirent  le  parti  d'agir  pouï 
leur  compte  8c  de  se  mettre  directement  en  rapport  avec  le  Parlement  de 
Toulouse  en  écrivant  à  la  cour  &  au  premier  président.  M.  de  la  Guymerie, 
que  l'on  avait  déjà  chargé  d'une  ambassade  pareille  au  mois  d'août  précédent, 
partit  aussitôt  pour  Toulouse  avec  les  deux  dépêches. 

Le  10  octobre,  le  premier  président  Bertier  de  Montrabe  se  rendit  à  l'hôtel 
de  ville  de  Toulouse  où  le  conseil  de  bourgeoisie  fut  tenu  en  sa  présence.  Le 
procureur  8c  l'avocat  général,  MM.  de  Fieubet  &c  Marmiesse,  y  assistaient 
aussi,  avec  les  conseillers  Frezals  Se  Caumels.  M.  de  Jougla,  chef  du  consis- 
toire, parla  des  levées  de  gens  de  guerre  qui  se  faisaient  en  Guienne  8c  aux 
environs  mêmes  de  Toulouse,  sans  commission  du  roi,&c  des  sorties  de  mous- 
quets, de  piques,  de  poudre,  de  plomb  Se  d'autres  munitions  de  guerre  qui 
avaient  été  signalées.  Il  indiqua  sommairement  les  ressources  de  la  ville  en 
fait  d'armement,  —  ressources  très-médiocres,  puisqu'on  n'avait  pas  trouvé 
dans  l'arsenal  ou  les  tours  plus  de  cinquante  quintaux  de  poudre  en  bon 
état,  ni  plus  de  huit  cent  trente-quatre  mousquets  la  plupart  gâtés  Se  de 
huit  cents  piques  presque  toutes  hors  de  service,  —  les  précautions  prises 
pour  la  défense  Se  les  dangers  nouveaux  que  créait  le  passage  des  troupes 
commandées  par  Marsin. 

Le  premier  président  demandait  une  escorte  pour  MM.  de  Lestang  8c 
•Montrabe,  commissaires  de  la  cour  à  Muret  où  ils  avaient  fait  arrêter  le  sieur 
d'Aldéguier. 

Le  conseil  ordonna  une  exacte  recherche  des  armes  8c  munitions  de  guerre 
dans  l'hôtel  de  ville  8c  les  tours  de  l'enceinte  Se  dans  les  maisons  des  particu- 
liers, autorisant  un  emprunt  de  trente  mille  livres  sous  le  nom  du  syndic, 
pour  l'achat  de  mousquets,  de  piques  8c  de  salpêtre,  8c  pour  la  réparation  des 
portes  8c  des  murailles.  Il  fut  décidé  en  outre  que  la  garde  bourgeoise  serait 
mise  sur  pied,  qu'on  fermerait,  pour  la  plus  grande  commodité  des  habitants, 
les  portes  de  Montoulieu,  de  Montgaillard,  du  Bazacle  Se  de  Muret,  8c  que 
deux  capitouls  iraient  en  personne  à  Muret,  avec  le  plus  de  soldats  gagés 
qu'ils  pourraient  trouver '. 

Le  duc  d'Orléans  qui  affectait  à  cette  époque  le  rôle  de  médiateur  entre 
les  partis,  faisait  agir  avec  instances  auprès  de  la  ville  de  Toulouse  pour  la 
résoudre  à  députer  aux  Etats.  Il  en  écrivit  lui-même  aux  capitouls  Se  leur 
envoya  son  capitaine  des  gardes  suisses,  le  sieur  des  Ouches,  muni  d'une 
lettre  de  créance. 

Cet  ambassadeur  fut  reçu  au  consistoire  le  24  novembre  i65i  8c  prit  place 
aux  sièges  supérieurs,  à  la  suite  des  gens  du  roi.  M.  de  Montrabe  assistait  à 
l'assemblée  avec  MM.  de  Frezals,  Caumels,  Fieubet  Se  Marmiesse.  Le  sieur 
des  Ouches  fit  valoir  la  peine  que  s'était  donnée  le  duc  d'Orléans  pour  obtenir 
du  roi   les  lettres  patentes  d'abonnement  des  tailles  si  vivement  désirées  par 

'  Archives  de  Toulouse.  Liyfc  Jcs  Conseils,  XXV,  p.  4:8.  Conseil  de  bourgeoisie.  Sianca  du  ic  cc- 
lobre   i65i. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  827 

la  ville  de  Toulouse,  annonça  qu'il  était  porteur  de  ces  lettres  Si  qu'il  n'avait 
rien  négligé  pour  en  presser  l'expédition. 

Le  lendemain  il  eut  avec  les  capitouls  une  longue  conférence  à  laquelle 
prit  part  M.  Boucherat,  mais  où  ne  parurent  ni  M.  de  Montrabe  ni  les  com- 
missaires de  la  cour.  Le  corps  capitulaire  n'osa  rien  décider  sans  la  présence 
des  magistrats  qui  assistèrent  au  conseil  du  26. 

Le  sieur  des  Ouches  y  prit  de  nouveau  la  parole,  exhortant  la  ville  ti 
l'obéissance. 

Le  titre  de  l'abonnement  des  tailles  portait  une  clause  conditionnelle  tout 
à  fait  particulière  :  il  ne  devait  être  valable  que  si  la  ville  envoyait  des  députes 
aux  Etats. 

M.  de  Ferrières  fît  ressortir  la  nouveauté  de  cette  disposition  dont  on  ne 
trouvait  l'équivalent  dans  aucun  des  actes  antérieurs  Se  montra  qu'en  s'y  con- 
formant la  ville  semblerait  abandonner  ses  prétentions  dans  les  différends 
qu'elle  avait  avec  la  Province  au  sujet  de  l'étape  S<.  de  la  surcharge  d'alivrc- 
ment.  M.  Boucherat  repartit  que  les  lettres  patentes  seraient  réformées  d'ajirèi 
les  désirs  de  la  ville  8<.  qu'il  avait  ordre  du  roi  de  terminer  par  voie  d'accom- 
modement les  autres  affaires;  donnant  sa  parole  que  l'on  obtiendrait  justice; 
mais  il  insista  sur  la  nécessité  d'envoyer  la  députation  ordinaire  aux  États. 

Il  fut  décidé  le  26  qu'on  députerait  en  la  forme  accoutumée  avec  adjonc- 
tion de  deux  bourgeois  de  chaque  robe  pour  conférer  avec  Messieurs  des  Etats 
Si  qu'auparavant  deux  capitouls  81  les  commissaires  déjà  nommés  se  concer- 
teraient avec  le  premier  président  pour  avoir  de  la  cour  des  éclaircissements 
particuliers  '. 

L'affaire  traîna  près  d'un  mois  par  suite  des  retards  apportés  à  la  confé- 
rence du  Parlement.  Enfin  le  conseil  général  fut  convoqué  le  20  décembre 
pour  nommer  la  députation.  M.  de  Montrabe  s'y  trouvait. 

Les  sieurs  d'Espaigne  8c  de  Cbassan  réunirent  la  majorité  des  suffrages-. 

La  ville  de  Castelsarrasin,  placée  aux  avant-postes  de  la  Province  S<.  la 
plus  exposée  du  côté  de  Guienne,  s'était  empressée  d'obéir  à  l'invitation 
des  États  en  prêtant  le  serment  d'union  S<.  en  réparant  ses  murailles  Si  se 
mettant  en  état  de  défense. 

Le  comte  de  Marsin,  avec  les  débris  de  l'armée  de  Catalogne,  occupait 
fortement  Moissac,  dont  le  cardinal  Mazarin  était  abbé.  Si  de  là  menaçait  la 
frontière  de  Languedoc. 

Le  conseil  général  de  Castelsarrasin,  que  ce  voisinage  inquiétait,  décida, 
le  7  novembre,  que  la  ville  solliciterait  le  secours  de  la  Province,  81  son 
député  Verdier-Cabasse  en  présenta  requête  onze  jours  après.  Les  États  louè- 
rent fort  les  habitants  de  Castelsarrasin  de  leur  fidélité,  les  encouragèrent  à 
la  persévérance,  promirent  de  les  assister  en  cas  d'attaque,  sans  aborder  I;i 
question  d'argent,  qui  était  pourtant  la  principale,  le  député  ayant  beaucoup 

'L'ivre   ie%  Conseils,  XXV,  p.  449.  Séaiicî  i\)  'L'ivre  Jes    Coitu'ils ,   XKVI ,   p.    3.    Srii'ice   'lu 

ï6  novembre  i65i.  20  dire-nbre  if;)i. 


iCjôi 


lÙJl 


3:8  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

parlé  de  l'extiême  pauvreté  du  lieu,  épuisé  déjà  par  les  frais  des  réparatiom 
&  hors  d'état  d'approvisionner  ses  magasins  pour  un  siège.  On  recommanda 
Castelsarrasin  au  comte  d'Aubijoux,  qui  promit  d'en  écrire  au  duc  d'Orléans  ' . 

Le  8  novembre  on  annonçait  à  Toulouse  le  passage  de  quatre  mille  Espa- 
gnols  vers  Saint-Béat,  allant  en  Guienne*. 

A  la  faveur  des  troubles,  la  Province  voyait  avec  effroi  une  sorte  de  réveil 
des  mœurs  féodales.  Plusieurs  gentilshommes  de  Languedoc  élevaient  des 
travaux  de  défense  autour  de  leurs  habitations  &  les  transformaient  en  cita- 
delles, défaisant  l'œuvre  salutaire  de  Richelieu,  qui  avait  assuré  le  repos  du 
plat  pays  par  tant  de  démolitions  à  main  armée. 

Le  vieux  château  de  Léran  fut  un  des  premiers  à  reprendre  sa  physio- 
nomie guerrière.  M.  de  La  Forest-Toyras  le  signala  aux  États  dans  la  séance 
du  17  novembre,  8c  M.  de  La  Guymerie,  qui  était  leur  ambassadeur  ordinaire, 
fut  député  vers  le  comte  de  Bioule,  dans  le  département  duquel  se  trouvait 
Léran,  avec  prière  d'intervenir  8t  d'arrêter  ces  essais  de  fortification  inquié- 
tants. On  parla  dans  le  même  sens  aux  comtes  d'Aubijoux  &  du  Roure^. 

Les  commissaires  du  roi  entrèrent  aux  Etats  le  28  novembre.  <i  La  volonté 
«  de  Sa  Majesté,  dit  le  comte  d'Aubijoux,  est  que  cette  province  soit  dans  un 
«  plein  repos  &  tranquillité,  8c  que  les  affaires  qu'a  cette  assemblée  avec  le 
<i  Parlement  se  terminent  en  douceur.  »  Il  ajouta  que  le  roi  lui  en  avait 
donné  l'ordre  exprès  ainsi  qu'aux  autres  lieutenants  généraux,  avec  injonction 
d'employer  son  autorité  tout  entière  pour  le  faire  valoir. 

On  lut  ensuite  des  lettres  du  roi  8c  du  duc  d'Orléans.  M.  Boucherat,  déve- 
loppant la  pensée  du  premier  commissaire,  loua  l'assemblée  des  marques  de 
fidélité  qu'elle  avait  données  8c  provoquées  dans  toutes  les  villes,  protcsia 
de  l'ardent  désir  du  roi  de  procurer  du  soulagement  à  la  Province  8c  de  la 
maintenir  dans  ses  privilèges,  fit  voir  combien  la  querelle  du  Parlement  pou- 
vait occasionner  de  désordres,  8c  termina  en  disant  que  Sa  Majesté  lui  avait 
commandé  de  dire  aux  Etats  qu'elle  désirait  voir  ce  différend  assoupi  par  des 
voies  d'accommodement. 

Il  était  facile  à  l'archevêque  de  Narbonne  de  flétrir  la  politique  tortueuse 
du  duc  d'Orléans,  en  rappelant  aux  commissaires  du  roi  qu'ils  avaient  eux- 
mêmes  quelques  jours  plus  tôt  refusé  le  rôle  de  médiateurs  que  leur  proposait 
la  Province.  Mais  l'intérêt  public  l'emportant  sur  un  juste  ressentiment, 
M.  de  Rebé  se  contenta  de  répondre  que,  malgré  les  mauvais  traitements 
subis  par  l'assemblée,  elle  était  toujours  prête  à  faire  paraître  sa  soumission 
81  son  désir  de  mériter  la  protection  du  gouverneur. 

Les  commissaires  ayant  quitté  la  salle,  suivant  l'usage,  M.  de  La  Guymerie 
rapporta  la  réponse  du  Parlement.  La  cour  ne  croyait  pas  pouvoir  accorder 
la  trêve  sollicitée  jusqu'à  la  tenue  des  États  prochains,  mais  elle  deman- 

■  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séances  '  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.   Séance 
des  18  &  20  novembre  i65i.  du  28   novembre    i65r.  Le  baron  de  Léran,  de  la 
Livre  des  Conseils,  XXV,   p.  ^^0.    Conseil  de  maison    de  Lévis,   appartenait   à   la    religion    ré- 
bourgeoisie. Séance  du  8  novembre  i65i.  formée. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  829 

clait  une  conférence,  où  les  deux  compagnies  tâcheraient  de  s'accorder  immé- 
diatement. Le  premier  président,  outre  sa  lettre  officielle  à.  l'assemblée,  en 
avait  écrit  une  autre  dans  le  même  sens  au  coadjuteur  de  Montauban,  Pierre 
de  Bertier,  son  parent.  A  la  suite  des  nouvelles  verbales  qu'on  venait  de 
recevoir  de  la  députation  envoyée  en  Cour,  les  Etats  accordèrent  la  confé- 
rence. M.  de  La  Guymerie  repartit  pour  Toulouse  afin  d'en  donner  avis  au 
Parlement. 

On  forma  aussitôt  la  députation  qui  devait  prendre  part  à  la  conférence, 
Si.  l'on  résolut  d'y  mettre  deux  évêques,  deux  barons  &  quatre  députés  du 
tiers.  On  les  nomma  au  scrutin  secret,  &  ce  furent  les  évêques  d'Uzès  8c  de 
Comminges,  les  barons  de  Calvisson  81  de  Ganges,  les  sieurs  d'Alzonne, 
de  Plantier,  de  Rochepierre,  Ferrand,  députés  de  Carcassonne,  d'Uzès,  de 
Vivarais,  de  Castelnaudary,  Se  M.  de  Lamamye,  syndic  général  de  Lan- 
guedoc '. 

Le  Parlement  répondit  à  cette  démarche  en  nommant  de  son  côté  un  égal 
nombre  de  commissaires,  qui  étaient  le  premier  président  de  Montrabe,  le 
président  de  la  Terrasse,  les  conseillers  de  Papus,  Frezals,  Caumels,  Fermât 
Se  Lafont,  81  le  président  aux  requêtes  de  Torreil. 

M.  de  La  Guymerie,  rentré  à  Carcassonne  pour  annoncer  aux  États  la 
«  très-honorable  députation,  »  dut  en  repartir  aussitôt  pour  s'enquérir  du 
lieu  8c  du  temps  de  la  conférence,  qui  n'avaient  pas  été  précisés. 

Des  ordres  avaient  été  donnés  pour  rappeler  une  partie  des  troupes  royales 
servant  en  Italie,  Se  les  diriger  sur  la  Guienne.  En  apprenant  la  nouvelle  de 
leur  marche,  les  États  espérèrent  en  tirer  parti  pour  contraindre  au  payement 
des  impositions  les  villes  qui  s'autorisaient  des  arrêts  du  Parlement  8c  refu- 
saient d'acquitter  leur  quote-part.  On  pria  donc  le  comte  d'Aubijoux  de  faire 
séjourner  les  troupes  dans  tous  les  lieux  qui  ne  s'étaient  pas  libérés  envers  la 
Province,  en  ayant  soin  de  n'envoyer  ni  soldat  ni  cavalier  aux  habitants  qui 
se  seraient  conformés  aux  injonctions  des  Etats*. 

Le  comte  d'Aubijoux  promit  tout  ce  qu'on  voulut 3.  Mais  on  ne  tarda  pas 
k  savoir  que  les  chefs  n'en  tenaient  nul  compte  8c  ne  s'inquiétaient  guère, 
dans  la  répartition  des  logements,  de  la  distinction  réclamée  par  les  Etats. 
Les  villes  les  plus  fidèles  à  la  cause  royale  :  Alet,  Limoux,  Fanjeaux,  Mont- 
réal ,  étaient  encombrées  de  gens  de  guerre,  tandis  que  les  places  rebelles  s'en 
trouvaient  soulagées. 

L'assemblée  fit  dire  alors  (11  décembre)  à  M.  de  Breteuil,  comme  représen- 
tant le  corps  des  commissaires  du  roi,  qu'elle  demandait  l'entière  exécution 
des  promesses  faites;  faute  de  quoi,  elle  était  prête  à  interdire  l'imposition 
des  sommes  votées  pour  le  don  gratuit  8c  même  à  révoquer  les  délibérations 
de  l'octroi. 

■  Procès-verbal  des   États.  Séance  du  29  décem-  '  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  i3  novem- 

bre i65i .  bre  16Ô1 . 

'  Procès-verbal  des   Etats.  Séance  du  9   novem- 
bre i65i. 


i65i 


i65i 


33o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

M.  de  Bieteuil  annonça,  comme  toujours,  qu'il  en  écrirait  aux  lieutenants 
généraux,  &  protesta  de  son  attachement  à  la  Province. 

Pour  encourager  les  villes  à  l'obéissance,  on  décida  aussi  que  les  lieux 
qui  feraient  apparoir,  dans  six  jours,  du  paiement  intégral  de  leurs  impôts 
seraient  indemnisés  par  la  Province  de  leurs  avances  pour  le  logement  des 
gens  de  guerre,  d'après  le  tarif  de  l'étape  (trente  livres  par  jour  pour  compa- 
gnie d'infanterie,  &  cent  quatre-vingt-sept  livres  pour  compagnie  de  cava- 
lerie) ' . 

Le  régiment  de  Bretagne  8c  plusieurs  compagnies  du  régiment  de  Nor- 
mandie s'étaient  cantonnés  dans  les  villes  d'Alet,  Limoux,  Montréal  &  Fan- 
jeaux,  pour  y  passer  le  quartier  d'hiver,  suivant  les  ordres  du  roi  &  du  duc 
d'Orléans.  Les  consuls  des  quatre  villes  présentèrent  requête  aux  États,  en 
allégant  leur  pauvreté;  mais  le  trésorier  de  la  bourse  ayant  déclaré  que  les 
arrêts  du  Parlement  rendaient  sa  caisse  vide,  on  autorisa  seulement  les  villes 
à  contracter  des  emprunts,  avec  promesse  de  les  rembourser  plus  tard  sur  les 
deniers  du  don  gratuit^. 

Les  habitants  de  Villasavary  eurent  k  loger  pendant  six  jours  huit  compa- 
gnies du  régiment  de  Normandie  dont  les  officiers  les  contraignirent  avec 
toute  sorte  de  violences  à  payer  quarante-trois  livres  par  jour  à  chaque  com- 
pagnie, outre  le  foin  8c  l'avoine  pour  cinquante-cinq  chevaux. 

Des  troupes  indisciplinées  de  cavalerie  8c  d'infanterie  désolaient  en  même 
temps  le  pays  autour  de  Villepeinte,  Montréal,  Fanjeaux,  Trèbes,  La  Grasse, 
Villesecque,  Labastide-Esparbairenque,  Villeneuve -les- Chanoines,  Cesse- 
non,  Olonzac,  Dagne,  Saint-Chinian,  Saint-Pons, exigeant  des  sommes 

immenses,  violant  les  femmes,  commettant  des  meurtres.  A  Fanjeaux  les  sol- 
dats tuèrent  deux  personnes,  8c  trois  à  La  Grasse. 

Le  23  décembre,  le  régiment  de  cavalerie  de  Pardaillan,  fort  de  quatre 
compagnies,  qui  devait  loger  à  Azillanet,  d'après  la  ligne  d'étape,  alla  s'ins- 
taller de  force  à  Oupian  au  diocèse  de  Saint-Pons;  il  enfonça  la  porte  du 
bourg,  démolit  la  maison  des  lépreux  qui  y  était  contiguë,  battit  les  bourgeois 
8c  leur  fit  souftrir  mille  pilleries.  Dans  tous  les  petits  lieux,  on  voyait  se  pro- 
duire les  excès  qu'entraîne  d'habitude  l'occupation  étrangère. 

L'évêque  de  Comminges  8c  le  syndic  général  Lamamye  se  firent  l'écho  de 
ces  plaintes  devant  les  t,tats.  Mais  que  pouvait  vme  assemblée  dépouj'vue  de 
moyens  d'action?  Présenter  requête  à  l'intendant  pour  en  obtenir  informa- 
tion contre  les  coupables  &c  faire  vérifier  les  dommages,  promettre  le  rem- 
boursement des  sommes  extorquées  par  les  chefs  de  corps;  faible  remède  à 
une  situation  pleine  de  péril  8c  d'angoisse''. 

M.  de  Breteuil  ne  répondit  pas  k  la  requête  8c  se  contenta  de  rendre  une 
ordonnance  en  termes  généraux  qui  prescrivait  aux  gens  de  guerre  de  vivre 

'  Procès-verbal  clés  États.  Séance  du   il   décom-  ^  Procès-verbnl  des  Etats.  SJance  du   17  ilovem- 

ôre  i65i.  bre  i65i. 

'  Procès-verbal  des   Etats.  Séance  du   i3  décem- 
ire  i6ji  . 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  33i 

dans  l'ordre  fixé  par  les  règlements  de  Sa  Majesté,  sans  vouloir  désigner  de 
magistrat  pour  la  vérification  des  dommages. 

Les  violences  ne  Cessaient  pas  dans  les  diocèses  de  Béziers,  Narbonne,  Saint- 
Pons,  Alet  St  Limoux,  Carcassonne  Se  Saint-Papoul. 

«  L'impunité,  déclara  le  syndic  général  Lamamye  aux  Etats,  fait  vivre  les 
«  troupes  dans  une  licence  si  affreuse  qu'il  est  difficile  de  les  distinguer  des 
«  ennemis.  « 

L'intendant  refusant  d'agir,  restait  le  recours  au  roi.  Les  députés  du  pays 
en  Cour  eurent  charge  d'y  demander  justice,  8c  l'évêque  Gilbert  de  Choiseul 
fut  nommé  avec  M.  de  La  Forest  Toyras  8c  les  députés  de  Toulouse  8c  de 
Montpellier  pour  faire  la  vérification  des  dégâts  déniée  par  l'intendant'. 

M.  des  Ouches  avait  pourtant  réussi  à  entraîner  les  capitouls  à  Car- 
cassonne. M.  de  Rebé  convoqua  extraordinairement  les  États  le  dimanche 
24  décembre.  Il  annonça  que  le  duc  d'Orléans  avait  considéré  la  querelle  de 
la  ville  avec  les  États  comme  très-préjudiciable  au  service  du  roi  8c  à  la  tran- 
quillité de  la  Province,  &c  que  les  capitouls  venaient  d'arriver  par  ses  ordres 
avec  le  capitaine  des  cent  suisses  de  Son  Altesse,  pour  reprendre  la  place  de 
leurs  devanciers.  Il  se  promettait,  dit-il,  qu'en  cette  rencontre  la  compagnie 
donnerait  des  preuves  de  sa  générosité  8c  prudence  ordinaire. 

L'assemblée  ayant  unanimement  résolu  qu'en  considération  de  Son  Altesse 
Royale,  8c  par  amour  pour  la  paix  publique,  le  passé  devait  être  oublié,  les 
deux  députés  de  Toulouse  furent  introduits  par  le  syndic  général  Lamamye 
Se  prirent  possession  de  leurs  sièges  à  la  tête  du  tiers  état,  non  sans  essuyer 
une  remontrance  de  l'archevêque  de  Narbonne. 

La  procuration  dont  ils  étaient  porteurs  contenait  des  clauses  restrictives 
que  l'assemblée  rejeta;  il  leur  fut  donné  huit  jours  pour  la  faire  réformer*. 

Enfin  le  6  janvier,  entrant  pour  la  dernière  fois  aux  États,  les  commis- 
saires-présidents, qui  revenaient  de  Toulouse,  annoncèrent  la  conclusion 
définitive  de  l'accord  avec  le  Parlement. 

Le  comte  d'Aubijoux  parla  du  déplaisir  extrême  qu'éprouvait  Son  Altesse 
Royale  de  ne  pouvoir  procurer  la  paix  à  tout  le  royaume,  comme  ses  volontés 
venaient  de  la  rendre  au  Languedoc. 

M.  de  Sève  ajouta  qu'il  rapportait  le  consentement  de  la  cour  de  Toulouse 
à  l'exécution  en  tous  ses  chefs  de  l'arrêt  accepté  par  les  États. 

«  Ainsi,  dit-il,  c'est  une  affaire  achevée;  vos  contestations  avec  cette  com- 
«  pagnie  demeurent  assoupies  sans  crainte  de  retour.  Nous  en  avons  pris 
«  d'elle  toutes  les  assurances;  nous  vous  les  donnons  au  nom  du  roi-*.  » 

M.  de  la  Guymerie  confirma  ces  déclarations  8c  remit  une  lettre  fort  cour- 
toise écrite  par  M.  de  Montrabe  le  3o  décembre,  en  réponse  à  celle  de  l'ar- 
chevêque-présidenf*.  Cette  lettre  fut  insérée  au  procès-verbal. 

■  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  2  jan-  '  Procès-vcrtal  des  Étals.  Séance  du  6  jan- 
vier   l6:)2.  vier   |652. 

'  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du   24   dccem-  ■*  Voir    aux    Pièces    justificatives,   n.    CLXXIV, 

bre  i6âi.  p.  445,  Procès-verb.il.  Séance  du    7   janvier    |652. 


i65l 


i65z 


332  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  Je  crois  la  paix  faite,  disait  le  premier  président,  en  voyant  vos  bonnes 
«  volontés  &  la  sincérité  de  vos  cœurs;  Se  puisqu'il  n'y  a  rien  de  plus  utile 
«  au  service  du  roi  que  cette  paix,  il  faut  que  notre  amitié  l'affermisse  St  que 
«   nous  tenions  à  l'avenir  pour  ennemis  tous  ceux  qui  l'ébranleront.  » 

Le  même  jour,  on  donna  lecture  en  pleins  Etats  des  délibérations  prises 
dans  plusieurs  lieux  de  la  Province,  d'après  l'invitation  du  4  octobre,  pour 
protester  de  leur  fidélité  envers  la  cause  royale'. 

L'évêque  d'Albi,  le  baron  de  Calvisson,  les  sieurs  Cassaigne,  de  Saint- 
Palais,  Roux  Se  Reicli  nommés  pour  porter  le  cahier  des  doléances  au  roi 
furent  aussi  chargés  par  les  Etats  de  se  présenter  aux  Etats  généraux  du 
royaume  convoqués  à  Tours,  avec  une  procuration  spéciale,  5c  de  prier  les 
députés  de  chaque  ordre  nommés  par  les  sénéchaussées  de  la  Province  de  leur 
donner  séance  dans  leurs  chambres  pour  y  travailler  ensemble  à  l'avantage  du 
pays.  On  eut  soin  de  stipuler  que  cette  députation  spéciale  ne  donnerait  droit 
à  aucun  supplément  de  gratification. 

On  ne  cessait  point  de  parler  des  États  généraux.  Le  28  décembre,  M.  de 
Cornusson,  sénéchal  de  Toulouse,  avait  écrit  aux  capitouls  qu'il  recevait 
commandement  du  roi  d'assembler  la  sénéchaussée  pour  compléter  d'un  gen- 
tilhomme la  députation  nommée  à  Gaillac  en  1649.  Il  annonçait  que  cette 
assemblée  se  tiendrait  à  Toulouse,  St  leur  communiquait  en  même  temps 
l'ordre  du  roi  qui  épargnait  aux  électeurs  la  difficuté  du  choix  en  leur  dési- 
gnant le  comte  d'Aubijoux. 

L'affaire  fut  portée  le  2  janvier  au  conseil  de  bourgeoisie.  Le  sieur  de 
Montagut,  chef  du  consistoire,  y  donna  communication  des  deux  documents. 
«  Le  roi  veut,  dit-il,  qu'on  dçpute  M.  le  comte  d'Aubijoux.  » 

Le  conseil  n'y  fit  pas  d'opposition;  ou  du  moins  n'osa  pas  en  laisser  trace 
au  registre,  8<.  se  contenta  de  délibérer  comme  il  suit  :  «  Quoyque  les  ordres 
«  de  cette  maison  soient  de  traiter  de  pareilles  affaires  en  conseil  général, 
«  néanmoins,  attendu  que  la  chose  presse,  8<.  sans  que  cette  délibération  puisse 
«  faire  conséquence  à  l'avenir,  suivant  l'expresse  volonté  du  roi,  M.  de  Mon- 
«  tagut,  commissaire-né  en  toutes  assemblées  qui  se  font  à  Toulouse,  est  prié 
«  de  se  trouver  à  l'assemblée  de  la  sénéchaussée  avec  tel  de  Messieurs  les 
«  capitouls  de  robe  courte  qu'il  lui  plaira  prendre  avec  lui  pour  en  icelle 
«  assemblée  députer  M.  le  comte  d'Aubijoux^.  » 


'Le   procès-verbal  parle  de  cinquante  villes  &  de -Pompidou  ,    —  Sainte-Croix-de-Valfrancis- 

lieiix,  &  en  nomme  la  plus  gra\ide  partie:  que,   —  Saint- Julien-d'Arpaon ,   —    Frolssinet, 

Narbonne, —  Le  Puy,  —  Bèziep.s,  —  Roque-  —  Frugères,  —  Dezes  en  Cévenncs,  —  Saint- 
maure, —  Saint-Esprit, —    Barjac, —  Montfrin,  Roman-d«-Bosque,  —  Saint-Andéol-de-Clergue- 

—  Les  Vans,   —  Aramon,  —    Saint-Ambroix,  —  mort,  —  Saint-Michel,  —  Lodève,  —  Clermont, 
Vallabrègues,  —  Bagnols,  —  Nuirs,  —  Le  Vigan,  —  Lavaub,  —  Fanjaux,  —  Villefranche,  —  Va- 

—  Meyrueis,  —  Le  Grand   [Gallargiies],  —  Mar-  leniine,  —  Castelsarrasin '. 

sillargues,  —  Sauve,  —  Mende,  —  Marvéjols,  —  '  Livre  des  Conseils,  XXVI,  p.  5.  Conseil  de  bour- 

Saint-Germain,  —   Cassaignes,  —  Les  Balmes.  —  geoisie.  Séance  du  2  janvier  i6âi. 
Montleson,    —    Gabriac,    —    Barre,    —    Flornc, 

—  Saint-Martin-dc-Campcelade, —   Saint-Flour-  '  ['roccs-vcrbal  des  lîtats.  Siiancc  du  6  janvier  lûSs. 


LIV.   I.  MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  333 

Cette  façon  expéditive  de  préparer  la  formation  d'une  assemblée  nationale, 
chargée  d'accomplir  les  plus  grandes  réformes  dans  l'État,  indique  suffisam- 
ment ce  qui  serait  advenu  si  elle  avait  été  réunie  dans  les  conditions  où  se 
trouvait  alors  la  France.  On  peut  être  assuré  que  les  gens  de  guerre  placés 
sous  l'autorité  des  princes  n'auraient  jamais  laissé  arriver  aux  Etats  généraux 
les  députés  dont  l'esprit  d'indépendance  eût  excité  les  moindres  craintes.  On 
ne  voulait  pas  une  représentation  exacte  du  pays  ni  une  transmission  fidèle  de 
ses  vœux,  mais  bien  une  sorte  de  légalité  extraordinaire  permettant  de  violer 
la  légalité  courante  &  d'autoriser  les  plus  audacieuses  entreprises.  D'ailleurs, 
le  peu  de  sécurité  des  chemins  n'aurait  pas  même  permis  aux  députés  de  se 
rassembler. 

Peu  s'en  est  fallu  que  les  provinces  méridionales  n'aient  vu  reparaître  k 
cette  époque  toutes  les  horreurs  de  la  Ligue;  les  émissaires  des  princes  ne 
négligeaient  rien  pour  rallumer  le  feu  des  discordes  religieuses,  &,  toutes  les 
inimitiés  particulières  s'autorisant  du  désordre  général  pour  se  donner  libre 
cours,  la  campagne  était  incessamment  battue  par  des  bandes  désordonnées 
qui  commettaient  les  plus  grands  excès. 

C'est  ainsi  que  l'on  vit,  dans  \es  environs  d'Ouveillan,  au  diocèse  de  Nar- 
bonne,  une  petite  maison  seigneuriale  subir  un  véritable  siège.  Le  proprié- 
taire de  ce  manoir,  Jean  de  Goudal ,  sieur  de  Graines,  s'était  attiré  l'inimitié 
d'un  Italien  établi  dans  le  pays;  ce  personnage,  qui  s'appelait  Alexandre 
Fregoso,  mit  en  campagne  ses  deux  fils  Jean-Jacques  8<.  César,  &  les  fit  courir 
pendant  six  mois  dans  le  Roussillon  Se  les  Corbières,  pour  y  ramasser  tous  les 
étrangers,  vagabonds  Se  déserteurs  qui  roulaient  dans  la  contrée  par  suite  de 
la  désorganisation  de  l'armée  de  Catalogne'.  Il  en  forma  une  troupe  de  cent 
cinquante  hommes,  tant  de  pied  que  de  cheval,  qu'il  hébergea,  le  6  mai  i65i, 
dans  sa  métairie  d'Ouveillan,  où  il  leur  avait  préparé  vivres  &  fourrages,  Se 
avec  laquelle  il  vint  à  minuit  investir  la  maison  du  sieur  de  Graines,  menant 
à  sa  suite  un  convoi  de  mulets  chargés  de  poudre  à  canon.  La  famille  était 
couchée  :  père,  femme,  trois  petits  enfants,  nourrice,  servante,  valets.  Les 
aventuriers  forcèrent  les  portes,  pénétrèrent  dans  la  salle  basse,  y  étalèrent 
leur  poudre  &,  après  avoir  tout  bouleversé,  y  mirent  le  feu.  Les  victimes  de 
ce  guet-apens  furent  retirées  à  demi-brûlées  de  sous  les  ruines*. 

'  Plerr»  de  Marca,  dans   une  de  ses  lettres,  fait  juillet  de   la  même  année    il  écrivait  à  Mararin  ; 

le  tableau   le   plus  affligeant  de   l'indiscipline  des  »  Les    peuples   sont    las  des  avances  qu'ils  font  à 

troupes    en    Catalogne.    «   Les    officiers    &   soldais  l'armée   depuis    dix   mois,   ils    font    éclater    leurs 

catalans,  écrivait-il  dès  le  5  mai  1649,  après  avoir  plaintes  «n  divers  lieux,  quelques-uns  refusent  de 

eu  la   hardiesse  d'enlever  à  force  ouverte,  avec  ar-  continuer  à  fournir  des  vivres  à  nos  troupes'.  » 

mes  à  feu,  en  plein   jour,  sur  le  milieu  de   la   ru»  '  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  9  août  i65i. 

de  cette  ville,  un   soldat  que   le    sous-veguer  avoit  En  suite  d'une  sentence  rendue  prévotalement  par 

fait  prisonnier,  sont  venus  à  un   tel  degré  d'inso-  le  présidial  de    Carcassonne,  avec    l'assistance  de 

lence  qu'ils   se  promènent  de  jour  &  de  nuit  avec  M.  de  Breteuil,  les  auteurs  de  l'attentat  d'Ouvcil- 

armes  à  feu,  battent,  tuent  &   font  d'autres  excès  lan  furent  condamnés  à   la  roue,  à  des  amendes  & 

qui  mettent  la  ville  en  confusion.  L'insolence  des  dommages, 
gens   de   guerre   pourroit  causer  du   tumulte  entre 

eux  &    le    peuple   s'il   n'y    étoit   remédié.   «   Le   26  '  Bibliotlij^uc  nationale.  .Us.  Papiers  de  Baluze. 


l65i 


i6âî 


334  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Des  scènes  non  moins  terribles  avaient  marqué  l'époque  des  élections  consu- 
laires de  Béziers.  La  ville  se  trouvait  alors  affligée  par  la  peste.  Le  baron  de 
Maureillan  ayant  été  nommé  premier  consul,  divers  particuliers  firent  appel 
au  Parlement  contre  cette  nomination.  Comme  les  consuls  sortants  avaient 
hâte  de  poser  le  chaperon  pour  s'éloigner  d'un  lieu  où  l'épidémie  faisait  des 
ravages,  la  cour  de  Toulouse,  sans  régler  le  tond,  décida  que  provisionnelle- 
ment  le  baron  de  Maureillan  &  ses  collègues  entreraient  en  exercice  S<.  prête- 
raient le  serment  d'entrée.  Ce  procédé  ne  satisfit  pas  la  faction  contraire,  qui 
fît  arriver  huit  escadrons  composés  avec  des  cavaliers  du  régiment  de  Mercœur 
5c  nombre  d'aventuriers,  ramassés  çà  St  là  dans  la  Province.  Ces  cavaliers 
essayèrent  de  pénétrer  dans  la  ville  pour  y  installer  cinq  nouveaux  consuls 
nommés  d'office  par  arrêt  du  conseil.  A  leur  approche,  on  avait  eu  le  soin  de 
fermer  les  portes,  en  vertu  de  ce  privilège  des  chefs-lieux  de  diocèse  de  la 
Province  qui  permettait  de  refuser  l'entrée  aux  gens  de  guerre,  s'ils  n'étaient 
porteurs  d'ordre  exprès  du  roi. 

Les  cavaliers  se  répandirent  dans  la  campagne  8t  y  commirent  les  plus 
affreux  désordres.  Les  habitants  qu'ils  rencontrèrent,  travaillant  leurs  champs 
ou  ramassant  leurs  olives,  furent  brutalisés;  ils  violèrent  les  femmes,  enle- 
vèrent le  bétail  de  labourage.  Pendant  quatre  jours,  la  ville  demeura  comme 
assiégée,  personne  n'osant  paraître  sur  les  murailles.  Deux  escadrons,  qui 
s'étaient  détachés  du  gros  de  la  troupe,  allèrent  attaquer  une  métairie  qui 
appartenait  au  sieur  de  Sartre,  doyen  des  conseillers  du  présidial  ;  ils  la  rédui- 
sirent en  cendres,  ne  laissant  debout  que  les  quatre  murs,  Se  enfoncèrent  les 
portes  d'une  chapelle  isolée,  dont  ils  abattirent  l'autel  &  emportèrent  les  orne- 
ments. Une  autre  maison  des  champs,  propriété  du  sieur  de  Lalle,  procureur 
du  roi,  fut  également  saccagée;  on  renversa  les  toitures,  Se,  dans  les  jardins, 
tous  les  arbres  furent  coupés  au  ras  du  sol. 

Le  syndic  du  chapitre  de  Béziers,  qui  essavait  de  pénétrer  en  ville  &  d'y 
faire  entrer  quelques  grains,  reçut  trois  balles  de  mousquet  dans  le  corps  à 
trois  pas  des  portes  ' . 

Lors  même  que  la  conduite  des  gens  de  guerre  ne  prenait  point  ce  carac- 
tère tragique,  leur  présence  n'en  était  pas  moins  à  charge  aux  populations. 
Il  s'était  établi,  parmi  les  vagabonds  8c  coureurs  de  grands  chemins,  une  sin- 
gulière industrie,  celle  des  passe-volants.  Ces  aventuriers  ne  faisaient  autre 
métier  que  d'aller  de  village  en  village  figurer  comme  soldats  dans  les  revues 
de  compagnies  incomplètes,  afin  de  leur  donner  l'apparence  d'un  effectif 
normal  Se  d'obliger  les  communes  à  payer  aux  capitaines  les  subsistances 
d'hommes  qui  n'existaient  pas.  La  revue  passée,  les  passe-volants  disparais- 
saient, emportant  une  mince  gratification  de  l'officier  Se  allaient  recommencer 
le  même  jeu  quelques  lieues  plus  loin^. 


'  Procès-verbal    des    États.    Séance   du   îo    mai       connus.   Mais  cet   arrêt  fut    cassé    par  le  conseil 
lôSi.  Le  Parlement  condamna  à  mort  par  contu-        d'État, 
mace  tous  les  coupables  qui   avaient   pu  être   re-  °  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  12  mai  1602. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  335 

Le  Parlement  de  Paris  avait,  le  29  décembre  i65i,  mis  à  prix  la  tête  du 
cardinal  Mazarin.  Cette  mesure,  que  l'archevêque  de  Rouen  alla  dénoncer 
au  roi  comme  un  prodige  de  cruauté,  fut  imitée  du  Parlement  de  Toulouse", 
sur  l'invitation  expresse  du  duc  d'Orléans.  Le  mobile  Gaston  venait,  encore 
une  fois,  de  changer  de  parti.  Il  écrivait  à  la  cour  que  la  rentrée  du  cardinal 
Mazarin  dans  le  royaume  allait  produire  une  conflagration  générale  si  les 
magistrats  n'y  mettaient  bon  ordre.  Une  lettre  du  Parlement  de  Paris  con- 
firmait sa  déclaration.  La  cour  de  Toulouse,  en  fidèle  imitatrice,  enjoignit 
aux  communes  de  courir  sus  au  cardinal  £c  à  ses  complices  au  son  du  tocsin. 
Se  ofhit  une  somme  de  cent  cinquante  mille  livres  à  quiconque  représenterait 
Mazarin  mort  ou  vif  ^.  Cette  somme  devait  être  prise,  outre  les  fonds  affectés 
déjà  par  l'arrêt  du  Parlement  de  Paris,  sur  les  revenus  de  l'abbaye  de  Moissac 
&  sur  les  biens  de  toutes  les  personnes  qui,  dans  le  ressort  de  la  cour,  don- 
neraient aide  ou  assistance  au  cardinal.  Le  Parlement  s'engageait  même  à 
solliciter  la  grâce  des  criminels  qui  réussiraient  à  prendre  ou  à  tuer  Mazarin, 
pourvu  que  leurs  crimes  antérieurs  ne  fussent  pas  de  lèse-majesté. 

Cependant  la  guerre  qui  désolait  la  Guyenne  se  rapprochait  de  Toulousej 
tous  les  avis  qui  arrivaient  de  la  campagne  annonçaient  le  voisinage  de  la 
gendarmerie  dont  les  éclaircurs  poussaient  chaque  jour  des  pointes  plus  auda- 
cieuses. On  songea  sérieusement  à  mettre  la  ville  en  défense;  mais  tout  man- 
quait à  la  fois,  le  matériel  8t  l'argent.  Les  capitouls  qui  firent  l'inspection  de 
l'arsenal  n'osèrent  pas  dire  au  conseil  le  nombre  de  mousquets  qu'ils  y  avaient 
trouvés.  Quelques  piques  dont  le  bois  était  vermoulu,  d'autres  sans  fer;  point 
de  hallebardes. 

Interpellés  sur  l'emploi  des  trente  mille  livres  qui  avaient  été  empruntées 
pour  achat  d'armes,  les  capitouls  de  l'année  précédente  dirent  avoir  fait  l'ac- 
quisition de  mille  mousquets  qui  n'étaient  pas  encore  arrivés. 

On  décida  de  presser  les  approvisionnements  d'armes  Se  de  munitions,  de 
fermer  les  portes  de  Muret,  du  Bazacle,  de  Montoulieu  &  de  Montgaillard, 
sans  les  pouvoir  rouvrir,  sur  quelque  supplication  que  ce  fût,  à  moins  d'une 
délibération  expresse  du  conseil.  Aux  cinq  portes  demeurées  ouvertes,  on  éta- 
blit des  postes  de  garde  bourgeoise  pour  surveiller  les  gens  qui  entreraient  en 
ville.  Ordre  fut  donné  aux  dizeniers  de  procéder  au  dénombrement  des  étran- 
gers &  à  la  perquisition  des  armes  que  les  habitants  avaient  chez  eux.  On 

Les  États  firent  imprimer  une  délibération  obli-  &  que  c'étoit   s<   comporter  à   peu  près  comme  le 

gennt    tous    les    consuls    qui     reconnaîtraient   des  perfide   Judas  qui    n'auroit  pas  trahi  le    sang  du 

passe-volants    dans    les    troupes    de    cavalerie    ou  Juste  sans  le   prix  de  trente  deniers  dont   il   fut 

d'infanterie   d'en    poursuivre   la    punition   auprès  leurré...   que,  supposé  même  que  le  cardinal  fût 

de   l'intendant  de  la    Province.  coupable  tu  delà  de  tout  ce  qu'on  lui  imputoil  & 

'  Pièces  justificatives,  n.  ChWV,  co\.  4^6,  qu'il    méritât    d'être    comparé    au    maudit    Caïn  , 

'  C'était  la  clause  même  du   Parlement  de  Paris  l'Ecriture  Sainte  nous  apprenoit  qu'il  lui  fût  laissé 

que  l'archevêque  de  Rouen,  parlant  devant  le  roi,  un   caractère  qui    le  dêfendoit   des  insultes  &  des 

caractérisait  en  disant  «  qu'à  la  cruauté  on  y  avoit  voyes  de  fait  '.  u 
joint  l'avarice,  y  ayant  «u  promesse  d'argent  pour 

commettre  un  sacrilège  par  le  meurtre  du  cardinal  .  .\ubcry.  Histoire  du  c.ndinal  M.T.arin.  V,  p.  343. 


lôSz 


336  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

enjoignit  à  ceux  qui  n'avaient  pas  d'armes  d'en  acheter  pour  la  défense  com- 
mune. On  organisa  des  patrouilles,  8<,  afin  de  soulager  le  guet,  on  prit  cent 
soldats  salariés  pour  un  mois.  La  sortie  des  armes  fut  prohibée.  Les  cabare- 
tiers  8c  aubergistes  ne  purent  plus  recevoir  d'étranger  sans  en  donner  aussitôi 
avis  au  capitoul  du  quartier. 

La  sécurité  de  l'hôtel  de  ville  se  trouvait  elle-même  fort  peu  garantie.  Sut 
plusieurs  points,  notamment  du  côté  des  religieuses  de  Sainte-Catherine,  l'en- 
clos municipal  n'était  protégé  que  par  une  muraille  de  torchis.  Plusieurs 
habitations  particulières  y  avaient  accès.  On  vota  l'acquisition  d'une  petite 
maison  Si  d'une  grange,  dont  la  possession  semblait  nécessaire  pour  fortifier 
les  abords.  Il  restait  encore  un  peu  plus  de  quatorze  mille  livres  de  l'em- 
prunt du  lo  octobre.  Le  conseil  de  bourgeoisie  les  affecta  à  cette  dépense,  avec 
recommandation  d'employer  le  reste  en  achat  de  hallebardes'. 

Le  prince  de  Condé  s'était  rendu  en  Guienne;  il  dépêcha  le  chevalier  de 
Rivière  au  Parlement  de  Toulouse,  avec  des  lettres  de  créance  8t  obtint  une 
démonstration  de  la  cour  en  sa  faveur*.  Le  Parlement  ne  s'inquiéta  pas  de 
l'inconséquence  du  prince  qui,  en  Provence,  comme  le  lui  reprochait  le  minis- 
tère, avait  soutenu  le  gouverneur  contre  les  magistrats,  tandis  qu'à  Bordeaux 
il  prenait  parti  pour  les  magistrats  contre  le  gouverneur.  La  requête  de  Condé, 
offrant  un  thème  à  de  nouvelles  récriminations  à  l'adresse  de  Mazarin,  fut 
accueillie  avec  faveur  Si  traduite  en  arrêt,  puis  quelques  jours  plus  tard,  déve- 
loppée en  longues  remontrances^. 

Le  comte  d'Harcourt,  commandant  les  troupes  royales  en  Guienne,  envoya 
le  président  de  Pontac,  intendant  de  cette  Province,  demander  à  Toulouse 
un  renfort  de  matériel  d'artillerie  Si  de  siège.  L'émissaire,  porteur  d'une 
lettre  de  créance,  arriva  le  ii  mars.  Il  sollicitait  l'envoi  de  deux  canons  de 
gros  calibre  avec  leurs  affûts,  huit  milliers  de  poudre,  un  approvisionnement 
de  boulets,  trois  cents  pics  Si  trois  cents  pelles. 

Le  conseil  de  bourgeoisie  fut  immédiatement  convoqué  Si  ne  put  prendre 
de  résolution.  Le  lendemain  matin,  le  Parlement  s'occupa  de  l'affaire  Si 
pencha  pour  la  négative.  Cathelan,  commissaire  de  la  cour,  en  fit,  par  ordre, 
la  déclaration  au  conseil  de  ville,  non  sans  l'atténuer  de  quelques  réserves. 
«  Les  sentiments  du  Parlement,  dit-il,  sont  de  ne  point  bailler  de  canons, 
«  mais  on  ne  prétend  pas  ôter  au  conseil  la  liberté  d'agir  comme  il  l'en- 
((  tendra.  » 

La  ville  s'excusa  sur  sa  faiblesse  Si  son  impuissance'*.  Dix  jours  après,  à  la 
suite  d'une  nouvelle  lettre,  on  fit  partir  deux  députés  pour  le  camp  de  l'armée 
royale,  le  capitoul  Queyratz  Si  un  membre  de  la  bourgeoisie^.  Le  Parle- 
ment envoya  de  son  côté  le  greffier  civil  Malenfant  de  Pressac.  Ils  trouvèrent 

*  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conjei/j,  XXVI,  *  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XX^■I, 
p.  îo.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  28  jan-  p.  35.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  12  m.irs 
vier  i652.                                                                              1602. 

*  Pièces  justificatives,  n.  CLXXIX,  col.  431.  '   Livre  des    Conseils,  XXVI,  p.    42.    Conseil    de 
-  Pièces  justificatives,  n.  CLXXXI,  col.  4.').).                  bourgeoisie.  Séance  du  22  mars  i652. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  33/ 

l'armée  royale  campée  à  Bruch.  Le  comte  d'Harcourt  eut  avec  les  délégués 
une  longue  conférence,  Se  leur  donna  un  valet  de  pied  du  roi  pour  assurer 
leur  sécurité  à  travers  ses  lignes.  Ils  gardèrent  cette  escorte  jusqu'à  Toulouse'. 

Le  prince  de  Condé,  qui  était  pressé  par  Chavigny  de  quitter  la  Guienne 
pour  reprendre  le  commandement  de  l'armée  rebelle,  8<.que  la  faiblesse  numé- 
rique de  ses  troupes  contraignait  à  céder  le  terrain  au  comte  d'Harcourt,  se 
sépara  du  prince  de  Conti  à  Agen,  sous  prétexte  d'un  voyage  à  Bordeaux 
qui  devait  durer  deux  ou  trois  jours.  Il  partit  le  jour  des  Rameaux,  à  midi , 
avec  le  duc  de  La  Rochefoucauld,  le  prince  de  Marsillac,  Guitaut,  Chava- 
gnac,  &  un  valet  de  chambre.  Le  marquis  de  Lévis,  qui  avait  obtenu  du 
comte  d'Harcourt  un  passeport  pour  se  retirer  dans  ses  terres  d'Auvergne  avec 
son  train  ordinaire,  attendait  le  prince  à  Langon,  où  il  avait  amené  des  che- 
vaux. Condé  &  sa  suite  passèrent  pour  ses  domestiques. 

La  petite  troupe  marcha  nuit  &  jour,  sans  presque  changer  de  montures, 
restant  à  peine  deux  heures  au  même  lieu  «  pour  dormir  &  repaître.  »  On 
traversa  la  vicomte  de  Turenne,  Charlus  en  Auvergne,  &  l'on  arriva  le  soir 
du  samedi  de  Pâques  au  bac  d'Allier,  à  deux  heures  de  l-a  Charité,  où  la  Loire 
fut  franchie  sans  obstacle. 

Condé  rejoignit  l'armée  des  ducs  de  Nemours  8c  de  Beaufort  vers  Lorris, 
près  de  la  forêt  d'Orléans,  &  après  avoir  pris  Montargis,  alla  se  faire  battre 
à  Bleneau,  le  7  avril,  prélude  de  la  défaite  du  faubourg  Saint-Antoine. 

Le  duc  d'Orléans  faisait  alors  cause  commune  avec  les  princes  révoltés.  Le 
Parlement  de  Paris  lui  donna,  le  21  juillet,  le  titre  de  lieutenant  général 
du  royaume,  &  au  prince  de  Condé  la  qualité  de  généralissime  des  armées 
sous  l'autorité  du  duc  d'Orléans.  Deux  jours  après,  le  conseil  d'Etat  annulait 
«  cette  entreprise  sur  l'autorité  royale  »  Si  déclarait  que  le  Parlement  ne  s'en 
serait  jamais  rendu  coupable  s'il  avait  pu  délibérer  en  liberté.  Le  procureur 
général  présenta  cet  arrêt  au  Parlement  de  Toulouse  avec  des  lettres  patentes 
de  commandement  qui  prescrivaient  l'enregistrement  immédiat  St  la  publi- 
cation dans  le  ressort,  sous  peine  «  d'être  déclarés  criminels  de  lèse-majesté  & 
«   perturbateurs  du  repos  public.  » 

Le  Parlement  s'exécuta,  défendit  de  reconnaître  le  duc  d'Orléans  8<  le 
prince  de  Condé  81  de  déférer  à  leurs  ordonnances,  8c,  en  même  temps,  renou- 
vela ses  instances  pour  l'éloignement  du  cardinal  Mazarin,  considéré  comme 
responsable  de  tous  les  troubles  du  royaume^. 

Pendant  ces  graves  conjonctures,  les  agitations  locales  ne  cessaient  pas.  La 
ville  de  Carcassonne,  entre  autres,  fut  en  proie  à  de  violentes  émotions  à 
l'occasion  du  renouvellement  des  consuls. 

La  peste  qui  régnait  dans  le  pays  8t  la  misère  qu'elle  y  produisait  aigris- 
saient le  peuple  Se  le  mettaient  à  la  merci  des  intrigants.  Le  i5  août,  au 
moment  où  l'on  allait  procéder  à  l'élection  consulaire,  une  troupe  de  sédi- 

'  Livre    des   Conseils,  XXVI,   p.    5i.    Conseil   de  '  Arrêt    du    9    août    \65z.    Pièces    justificatives j 

bourgeoisie.  Séance  du  8  avril  |652.  n.   CLXXXVI,  col.    466. 

XIII.  21 


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338  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

lieux,  conduite  par  Marion  de  Roux,  trère  du  juge-mage,  vint  occuper  les 
portes  de  l'hôtel  de  ville  £<.  en  exclut  dix-sept  conseillers  politiques  sur  vingt- 
quatre  qui  devaient  prendre  part  à  la  nomination.  Tous  leurs  efforts  pour 
pénétrer  dans  la  salle  ayant  été  inutiles,  les  consuls  sortant  de  charge  protes- 
tèrent contre  la  violence  8c  se  retirèrent.  Leur  départ  n'empêcha  point  le 
juge-mage,  François  de  R.oux,  qui  présidait  l'assemblée,  de  faire  achever 
l'élection  par  les  sept  conseillers  présents,  gens  entièrement  à  sa  discrétion. 
Une  aussi  flagrante  illégalité  ne  pouvait  manquer  d'être  dénoncée  au  Parle- 
ment de  Toulouse,  qui  cassa  les  opérations  &  ordonna  de  les  recommencer 
hors  de  la  ville,  afin  de  garantir  les  électeurs  de  tout  danger, 

François  de  Roux  fut  assez  adroit  pour  suspendre  l'exécution  de  l'arrêt  Se 
maintenir  les  élections  dérisoires  qu'il  avait  faites. 

Un  malheureux  sergent  royal,  nommé  Jean  Savy^,  qui  avait  signifié  au 
juge-mage  l'arrêt  du  Parlement,  paya  de  sa  vie  l'accomplissement  de  son 
devoir.  Roué  d'abord  de  coups  de  canne  par  Marion  de  Roux,  les  nouveaux 
consuls  se  hâtèrent  de  le  poursuivre  comme  «  semeur  de  peste,  »  &  soulevè- 
rent contre  lui  la  fureur  populaire.  Il  alla  se  réfugier  au  couvent  des  Carmes; 
mais  Pierre  de  Roux,  premier  consul  8c  oncle  du  juge-mage,  l'arracha  de  son 
asile  8c  le  livra  au  tribunal,  La  plupart  des  sièges  étaient  déserts,  à  cause  de 
l'épidémie,  nombre  d'officiers  du  présidial  ayant  gagné  la  campagne.  Marion 
de  Roux,  qui  avait  hâte  d'obtenir  un  jugement,  se  met  en  route  sans  perdre 
une  heure  8c  recrute  sept  conseillers. 

Il  y  eut  partage  entre  la  mort  8c  les  galères;  8c  pour  trancher  la  difficulté 
on  fit  entrer  au  conseil,  avec  droit  d'opiner,  deux  avocats  de  choix,  qui  optè- 
rent pour  la  mort. 

Cette  condamnation  était  si  odieuse  8c  si  peu  légale  que  l'exécuteur,  à  qui 
le  malheureux  fut  immédiatement  livré,  refusa  son  service  au  juge-mage. 
Mais  on  trouva  deux  paysans  espagnols  qui  se  chargèrent  de  la  besogne.  On 
pendit  le  sergent  à  l'un  des  ormeaux  plantés  près  de  la  porte  de  Toulouse, 

La  veuve  du  condamné  recourut  au  Parlement,  qui  prononça  la  peine  de 
mort  contre  le  président  du  présidial.  Le  juge-mage  eut  encore  l'adresse  de 
paralyser  l'action  de  la  justice.  Il  fit  enlever  la  pauvre  femme  par  un  valet 
de  chambre  d'un  de  ses  frères,  nommé  Lacombe,  qui  la  conduisit  au  château 
du  Mas-des-Cours.  Là,  on  lui  fit  signer  tout  ce  que  l'on  voulut;  8c  la  décla- 
ration qu'on  lui  arracha  par  contrainte  servit  à  faire  casser  devant  le  conseil 
d'Etat  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  Rendue  plus  tard  à  la  liberté,  la 
veuve  du  sergent  royal  voulut  aussi  plaider  devant  le  conseil;  mais  elle  était 
trop  pauvre  pour  soutenir  l'instance,  8c  se  laissa  mourir  de  chagrin'. 

Dans  la  partie  orientale  de  la  Province,  quelques  lieux  se  prononcèrent 
en  faveur  de  Gaston  d'Orléans,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  quelques 

'«  La  nécessité  de  l'histoire,  écrit  le  p.  Bouges,       faites    par    Paul    Pelletier,    conseiller    an    p;ési- 

après  avoir  raconté  ce  trait  de  mœurs   judiciaires,       dial'.u 

nous    a   contraint   de   rapporter   ce    fait    qu'on    a  ,  „  „•  ,  .  ,i  ■    .■        „    •  .,     ^ 

.   ,    ,  ,  ,     /  ,      .         .  .  .       ^        ,  '  Bouges,  Histoire  ecclésiastique  &  civile  de  la  ville  & 

tire  des  actes  du  procès  &  des  inquisitions  secrètes       diocèse  de  Carcassonne,  p.  443. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  SSq 

chefs  militaires,  avec  les  garnisons  placées  sous  leurs  ordres,  prirent  parti  pour 
le  prince  rebelle;  car,  dans  cette  dernière  équipée,  ainsi  que  dans  l'aventure 
plus  tragique  de  i632,  les  populations  demeurèrent  absolument  étrangères 
au  mouvement,  &  le  peu  qui  se  fit  venait  seulement  des  commandants  de 
places.  Le  comte  d'Aubijoux,  fidèle  à  son  passé,  utilisa  comme  il  put  le  gou- 
vernement de  Montpellier,  dont  il  occupait  la  citadelle.  Le  comte  du  Roure, 
le  marquis  de  Castries,  M.  d'Entraigues,  les  commandants  d'Aigues-mortes, 
du  Saint-Esprit,  de  Bagnols,  des  forts  de  Saint-André,  de  Brescou,  de  Pec- 
cais,  de  Sommières,  du  château  de  Corcone,  imitèrent  son  exemple  &  se 
mirent  en  défense.  Mais  tout  se  borna  de  leur  part  à  des  actes  d'intimidation 
envers  le  pays,  à  l'exécution  de  quelques  travaux  de  fortification,  —  princi- 
palement autour  de  Montpellier,  où  l'on  éleva  des  retranchements  extérieurs 
&C  des  demi-lunes  autour  de  la  citadelle,  —  8c  à  des  exploits  de  grand  chemin 
pour  l'enlèvement  des  courriers'.  M.  de  Choisy,  chancelier  du  duc  d'Orléans, 
avait  été  expressément  envoyé  en  Languedoc  avec  la  mission  de  faire  des 
levées  de  gens  de  guerre  6c  d'amasser  de  l'argent^.  De  son  côté,  le  roi  fit 


i652 


'  On  en  trouvera  un  exemple  aux  Pièces  justi- 
ficatives, n.  CLXXXIII,  col.  461. 

'  Voici  un  imprimé  fort  curieux  qui  fut  ré- 
pandu dans  le  public  à  l'occasion  de  la  dernière 
volte-face  de  Gaston  d'Orléans,  &  dont  nous  de- 
vons communication  à  l'obligeance  de  M.  Charles 
Barry  : 

Récit  viritahle  de  ee  jal  s'est  fuit  &  passé  en  la 
province  Je  Languedoc,  &  du  nombre  de  forteresses 
^ui  se  sont  déclarées  pour  Son  Altesse  Royale. 

Jamais  la  France  ne  s'est  vue  dans  l'extrême 
misère  où  elle  est  réduite  à  présent,  &  jamnis  elle 
n'a  plus  de  sujet  de  louer  Dieu  d'avoir  de  si  puis- 
sants libérateurs. 

Son  A.  R.  prévoyant  l'incendie  du  retour  du 
cardinal  Mazarin  employé  toute  son  authorité 
pour  le  chasser,  &  pour  plus  de  consolation  tous 
les  princes  du  sang  n'ont  qu'une  mesme  intention, 
comme  ils  ne  sont  guidez  que  par  le  même  génie. 

Messieurs  de  la  Religion  causent  des  troubles 
de  conscience  bien  plus  dangereux  que  ceux  de  la 
guerre  civile,  c'est  un  combat  de  foy,  &  l'on  voit 
que  le  fils  de  leur  premier  destructeur  leur  redonne 
la  première  liberté. 

Par  effect.  Sa  Majesté  a  mandé  en  Dauphiné 
un  commissaire  de  la  Religion  pour  rétablir  le 
presche  dans  tous  les  lieux  où  il  se  disoit  lort  de 
l'Edict  de  Nantes.  Dans  le  Languedoc,  ceux  qui 
s'y  opposent  en  ont  du  pire.  M.  le  .commandeur 
de  la  Rouviire  &  les  officiers  de  M.  le  comte  du 
Roure  n'ont  pu  dans  leur  terre  empêcher  ce  dé- 
sordre. 

Pour  plus  d'affliction,  c'est  que    la    peste  est  à 


Souvieres,  à  trois  lieues  de  Montpellier,  dont  l'on 
craint  un  plus  grand  ravage  &  que  Dieu,  lassé  de 
nos  crimes,  ne  se  serve  de  son  épée  flamboyante 
pour  abattre  le  genre  humain. 

La  citadelle  de  la  ville  du  Saint-Esprit,  Bagnols, 
le  fort  Saint-André,  le  fort  de  Peccais,  la  tour  8c 
la  ville  d'Aigues-mortes,  le  fort  de  Brescou,  le 
château  de  Sommières,  le  fort  de  Corconne  &  la 
citadelle  de  Montpellier  attendent  de  se  défendre 
contre  les  mazarins,  &  ne  veulent  point  d'ordre 
que  ceux  de  S.  A.  R.  estant  très  certains  qu'il 
n'entreprend  la  guerre  que  pour  chasser  l'ennemy 
commun,  pacifier  tout  le  Royaume,  &  empeschcr 
qu'on  ne  se  prévaille  plus  de  l'innocence  des  ans 
de  Sa  Majesté. 

M.  de  Choisy,  chancelier  de  Son  Altesse  Royale, 
est  arrivé  à  Montpellier  le  premier  de  ce  mois,  & 
s'est  saisi  des  finances  pour  fournir  aux  troupes 
qui  se  lèveront  dans  ce  pais.  Il  sort  tous  les  jours 
des  nouveaux  officiers,  &  l'artillerie  de  la  citadelle, 
chargée  à  balle,  regarde  le  reste  de  la  ville  pour 
tvit.-r  un  contraire  sentiment. 

M.  d'Aubijoux  s'est  emparé  de  l'isle  de  Mague- 
lonne,  résolu  de  périr  pour  le  salut  du  peuple 
sous  l'obéissance  de  messieurs  les  princes. 

M.  le  comte  du  Roure  est  arrivé  au  Saint-Esprit 
8c  porte  une  commission  de  S.  A.  R.  pour  lever 
deux  régiments  d'infanterie  &  un  de  cavalerie. 

M.  le  baron  d'Antragues  a  mis  sur  pied  qua- 
torze cens  fantassins  qui  prennent  leur  marche 
du  costé  de  Montpellier  pour  y  prendre  les  or- 
dres. 

M.  le  marquis  de  Castries  lève  une  compagnie 
de  gens  d'armes  pour  S.  A.  R.  Tournon  8c  La 
Voûte  sont  à  la  discrétion  de  messieurs  les  Princes, 


l6J2 


340  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

partir  pour  Montpellier  M,  de  Froulay,  avec  des  dépêches  destinées  au  comte 
d'Aubijoux,  &  entre  autres  l'ordre  aux  receveurs  de  se  retirer  à  Frontignan 
afin  de  mettre  les  deniers  royaux  en  sûreté.  Le  gouverneur,  averti  de  la  mis- 
sion, avait  aposté  sur  la  route  des  soldats  qui  se  saisirent  de  l'envoyé  du  roi,  le 
conduisirent  à  la  citadelle  &,  six  jours  après,  dans  le  château  d'Aigues-mortes. 

La  peste  ajoutait  par  ses  ravages  à  la  désolation  de  la  Province.  Elle  fit 
des  victimes  dans  le  bas  Languedoc,  dans  la  vallée  supérieure  de  l'Aude,  où 
l'évêque  d'Alet,  Nicolas  Pavillon,  mit  au  service  de  ses  diocésains  la  plus 
ardente  charité.  Se  revint  encore  visiter  Toulouse,  depuis  longtemps  habituée 
à  voir  l'épidémie  accompagner  la  guerre. 

Un  conseil  de  santé  fut  réuni  à  l'hôtel  de  ville.  M.  de  Montrabe,  le  pro- 
cureur général  Fieubet,  le  juge-mage  s'y  étaient  rendus.  Les  docteurs  régents 
en  médecine  &  les  maîtres  chirurgiens,  appelés  en  consultation,  déclarèrent 
que  «  les  présages  de  la  plupart  des  maladies  qu'ils  avoient  observées  étoient 
«  des  charbons  ou  pourpres  pestilentiels  qui  pouvoient  avoir  des  suites  très- 
«  dangereuses,  »  &  qu'il  importait  au  plus  tôt  d'éloigner  les  malades. 

La  ville  fit  un  emprunt  pour  subvenir  aux  frais  de  nourriture  &  d'entre- 
tien des  pestiférés  '. 

La  contagion  avait  produit  dans  les  environs  de  Toiilouse  une  si  grande 
terreur  que  les  campagnards  cessaient  d'y  porter  des  vivres;  S<  même,  dans 
plusieurs  communes  avoisinantes,  les  consuls  avaient  fait  publier,  à  son  de 
trompe,  défense  de  recueillir  &  d'héberger  les  gens  qui  viendraient  de  la  ville 
&  de  leur  vendre  des  denrées.  Le  Parlement  interdit  ces  prohibitions  bar- 
bares, sous  peine  de  la  vie,  &  enjoignit  «  d'administrer  des  vivres  aux  allants 
«   8<.  venants  de  Toulouse,  »  sous  peine  de  quatre  mille  livres  d'amende^.  » 

Tous  les  pestiférés  de  Toulouse,  «  les  infects,»  comme  on  les  appelait, 
avaient  été  internés  en  dehors  de  la  ville,  dans  des  barraquements  établis  au 
milieu  du  pré  communal  des  Sept-Deniers,  ancien  lieu  de  réunion  des  milices 
urbaines  au  moyen  âge,  dans  l'enclos  de  Lancefoc  &  au  faubourg  Saint- 
Cyprien,  Un  personnel  spécial  d'hospitaliers,  de  chirurgiens,  de  gardes  S<.  de 
«  corbeaux  »  chargés  des  transports  funèbres,  était  attaché  à  ce  campement.^. 

n  celle  fin  d'empescher  que  l'on  n'amène  sur  le  pour  découvrir  dans  sa  minorité  les  perturbateurs 
Rhosne  du  secours  aux  troupes  mazarines.  de  son  règne  &  lui  donner  un  royaume  aussi  pâ- 
li s'agit  maintenant  de  couronner;  la  fin  doit  cifique  qu'il  est  fidèle". 
estre  heureuse,  puisque  tous  les  courageux,  tous  '  Archives  de  Toulouse.  iiVre  </cj  Conjfi7j, XXVI, 
les  nobles  &  tous  les  fidèles  sont  unis.  p.  3^.  Séance  du  14  juillet  lôSz.  Assistaient  au 
C'est  ce  que  doivent  souhaiter  les  véritables  conseil  :  les  sieurs  de  Purpan,  Lecoq,  Queyratz  & 
François,  c'est  à  quoi  doivent  songer  les  plus  Galtier,  docteurs  régents  en  médecine;  Losialet, 
désintéressés,  8c  c'est  le  profit  des  ennemis  mêmes  Lubet  &  Lacoste,  maîtres  chirurgiens, 
du    repos.  '  Arrêt  du    i3    août    i65z.    Pièces  justificatives. 

Personne  ne   doit  épargner  ses  vœux  &  ses  bras  n.  CLXXXVII,   col.  467. 

pour  l'exécution  d'une  si  belle  entreprise.  Je  m'en  'Ce  personnel   se  composait    du   capitaine,   du 

remets  à  la  volonté  du  Souverain  Arbitre  lequel  a  commis  &  des  quatre  gardes  de  la  santé,  du  juge 
eu  de  tout  temps  un  soin  tout  particulier  pour   la 

France;  il   nous  a  donné   un   Roy,  sans  doute,  ce  .  A  Paris,  chez  Jacob  Chevalier,  ruii  Saint-Jcan-de-Lairan, 

n'est   pas  pour   avoir    une   guerre  intestine;  mais  m.dc.lii.  (Bibliothique  de  M.Cliarlcs  Barry,à  Toulouse.) 


LÎV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  841 

Ces  mesures  d'isolement  se  prolongèrent  durant  plus  de  deux  années  : 
l'effroi  causé  par  la  contagion  avait  fait  le  vide  dans  la  capitale  de  la  Pro- 
vince, où  le  défaut  d'arrivages  amenait  fréquemment  la  famine.  La  plupart 
des  officiers  royaux,  le  sénéchal,  le  viguier,  le  maître  des  eaux  &  forêts,  le 
trésorier  du  domaine  &  presque  tous  les  bourgeois  du  conseil  de  ville  s'étaient, 
sauvés  en  lieux  sûrs  '. 

La  proximité  des  troupes  royales  &  des  troupes  rebelles  qui,  sous  les  ordres 
du  comte  d'Harcourt  &  du  prince  de  Conti,  continuaient  d'être  en  présence 
dans  les  vallées  de  la  Save  St  de  la  Gimone,  causait  de  vives  inquiétudes. 
Pour  se  débarrasser  de  ces  hôtes  incommodes,  les  villes  de  Beaumont  &  de 
Grenade  avaient  consenti  à  payer  l'une  au  prince  de  Conti,  l'autre  au  comte 
d'Harcourt,  une  contribution  de  guerre  de  quinze  mille  livres.  Des  difficultés 
s'élevèrent  pour  le  payement,  &  le  Parlement,  qui  redoutait  de  voir  les  belli- 
gérants se  rapprocher  de  Toulouse,  intervint  pour  ratifier  les  traités  conclus 
le  3  &  le  10  juillet,  par  l'intermédiaire  de  MM.  de  Terlon  81  de  Salinier,  Si 
enjoignit  aux  consuls  de  faire  le  versement  immédiat  des  sommes,  sauf  à 
rembourser  les  avances  par  une  imposition  répartie  en  trois  années  consé- 
cutives^. 

Cependant  la  désorganisation  s'était  mise  dans  le  parti  des  frondeurs.  Une 
déclaration  du  roi  venait  d'interdire  le  Parlement  de  Paris  &  de  le  transférer 
à  Pontoise.  Quinze  membres  de  cette  cour  avaient  obéi,  &,  sous  la  présidence 
de  Mathieu  Mole,  enregistraient  les  actes  du  ministère.  Le  Parlement  de 
Toulouse  recevait  le  contre-coup  de  ces  fluctuations  St  le  groupe  ministériel 
y  reprenait  de  plus  en  plus  l'avantage. 

Le  26  août  i652,  Louis  XIV  accorda  une  amnistie  générale  à  tous  ceux 
qui  avaient  trempé  dans  les  troubles;  le  prince  de  Condé  refusa  de  s'y  sou- 
mettre Se  passa  au  service  du  roi  d'Espagne.  Cette  résolution  pouvait  être 
dangereuse  pour  le  Languedoc,  d'autant  plus  que  le  sieur  de  Saint-Aunez, 
gouverneur  de  Leucate,  malgré  les  traditions  héroïques  de  sa  famille  Se  de  la 
place,  avait  eu  la  faiblesse  de  se  déclarer  pour  les  princes  Se  de  traiter  avec 
don  Juan  d'Autriche,  fort  empressé  de  saisir  une  aussi  bonne  fortune  8c  de 
s'ouvrir  les  portes  du  Languedoc.  La  tournure  des  affaires  ne  tarda  pas  à 
convaincre  de  sa  faute  ce  gouverneur  infidèle  &  il  s'estima  trop  heureux  de 


&   des  quatre  gardes  de  la  police,  de  sept  n  cour-  tiens    renfermait   de    huit  à  quinze   malheureux, 

beaux,»  &c.  Au    |3  juin    i65i,   il   y  avait  au    pré  quatre  cent 

Les  lieux  d'internement  des  pestiférés  sont  dési-  trente-cinq    personnes,    tant    malades    que    pré- 

gnés  sous  le  nom  de  huttes  vieilles  (probablement  posés". 

des  baraques  demeurées  debout  depuis  la  dernière  '  Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  du  26  no- 
épidémie)  &  de  tinel  Sainte-  Marie ,  tincl  Saint-  vembre  i652.  Pièces  justificatives ,  n.  CLXXXIX , 
Pierre,    tinel   Saint~Pol ,   tinel  Saint-André j    tinel  col.    469. 

Saint- Jacijues,   tinel  Saint-Philippe,  tinel   Saint-  '  ArTÎt  iu  Ç)  septemhre  i65i.  Pièces  justificatives, 

Simon,  tinel  Saint-Barthélémy,  tinel  Saint-Barnahé,  n,  CLXXXVIII,  col.  469. 
tinel    Saint  -  Laurent ,    tinel    Saint- François ,    tinel 

Saint-Antoine,  tinel  Saint-Félix,  tinel  Sainte-Anne,  ■  Archives  de  Toulouse.  Registre  de  distribution  de  pain 

tinel    Sainte-Catherine.    Chacune    de    ces    habita-  aux  pestiférés  des  Sepl-Deniers,  1 65 1. 


i6â2 


i6ôj 


3^2  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

négocier  son  pardon  avec  le  maréchal  de  La  Mothe-Houdancourt,  comman- 
dant en  chef  des  forces  royales  dans  la  Catalogne. 

Pour  faire  une  concession  provisoire  à  l'opinion  publique,  le  cardina^ 
Mazarin  s'était  retiré  à  Sedan,  d'où  il  ne  cessait  pas,  d'ailleurs,  de  présider  au 
•gouvernement  du  royaume. 

A  dater  de  ce  moment,  il  ne  se  produisit  plus  que  des  troubles  partiels, 
dernier  retentissement  des  orages  de  la  régence. 

Pendant  la  nuit  du  17  octobre,  le  baron  de  Léran,  de  la  maison  de  Lévis, 
se  présenta  subitement  avec  deux  cents  chevaux  au  port  de  Pinsaguel  sur  la 
Garonne,  passa  la  rivière  &  se  jeta  dans  la  plaine  de  la  rive  gauche.  Un  gen- 
tilhomme du  pays,  le  sieur  de  Maureville,  lui  servait  de  guide.  Il  était  minuit 
lorsque  la  troupe  arriva,  pour  prendre  ses  logements,  dans  le  petit  village  de 
Villeneuve-Tolosane,  bâti  sur  le  bord  d'une  longue  terrasse,  autrefois  boisée, 
qui  longe  à  distance  le  cours  de  la  Garonne.  Les  portes  des  maisons  furent 
enfoncées,  les  métairies  envahies;  cavaliers  8c  montures  s'installèrent  pour 
passer  la  nuit,  comme  en  un  pays  de  conquête.  Puis  le  lendemain,  au  point 
du  jour,  ils  décampèrent,  laissant  des  traces  de  dévastation  &  de  pillage  & 
continuèrent  leur  expédition  du  côté  de  la  Gascogne.  Un  certain  Saint-Pierre 
de  Roques  était  venu  les  joindre  pour  les  conduire  Se  s'associer  à  leurs  aven- 
tures. 

Tous  les  villages  dispersés  au  bord  de  la  Garonne  ou  sur  les  plateaux  étages 
de  l'Ardenne  haute,  Portet,  Roques,  Frousins,  Villeneuve,  épouvantés  de 
cette  brutale  apparition,  se  hâtèrent  d'envoyer  à  Toulouse  prévenir  le  procu- 
reur général  des  malheurs  qui  les  menaçaient.  L'affaire  fut  portée  devant  la 
la  cour  le  22  octobre,  chambres  assemblées,  en  présence  du  premier  président. 
Le  Parlement  renouvela  les  défenses  antérieurement  faites  aux  gentilshommes 
de  quelque  qualité  8c  condition  qu'ils  pussent  être,  de  s'attrouper,  de  porter 
les  armes,  de  faire  des  levées  de  gens  de  guerre  sans  expresse  permission  du 
roi  8c  de  prendre  logements  sans  ordre  souverain  dans  les  villages  du  ressort, 
sous  peine  d'être  traités  en  criminels  de  lèse-majesté  8c  en  perturbateurs  du 
repos  public.  Il  lança  en  outre  un  décret  de  prise  de  corps  contre  Léran,  Maii- 
reville  8c  Saint-Pierre,  ordonnant  de  saisir  leurs  biens,  à  titre  de  dédommage- 
ment des  violences  8c  des  extorsions  qu'ils  avaient  commises,  8c  afin  d'étouifer 
dans  son  germe  le  danger  de  guerre  civile,  la  cour  enjoignit  aux  magistrats 
8c  même  aux  simples  bientenants  des  campagnes,  de  faire  lever  les  communes 
au  son  du  beffroi,  d'opposer  la  force  à  la  force,  8c  de  courir  sus  au  baron  de 
Léran  pour  le  tailler  en  pièces  ainsi  que  toutes  les  bandes  militaires  qui  tra- 
versaient le  pays  sans  l'ordre  du  roi'. 

La  veille  du  jour  où  le  Parlement  de  Toulouse  cherchait  à  réprimer  cette 
dernière  équipée  du  parti  féodal,  le  roi  Louis  XIV  8c  Anne  d'Autriche  fai- 
saient leur  rentrée  à  Paris  avec  une-escorte  militaire  commandée  par  Turenne. 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlement  de  Toulouse,  Affaires  da  roi  &  du  public,  II, 
p.  293. 


LIV.    I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  343 

Le  duc  d'Orléans,  toujours  en  proie  à  ses  chimères,  s'était  mis  en  tête  que  sa 
qualité  de  iils  d'Henri  IV  lui  assurait  l'aftection  &  le  dévouement  des  Pari- 
siens, Se  qu'avec  leur  appui,  il  pourrait  encore  tenter  la  fortune.  On  prétend 
qu'il  eut  un  instant  la  pensée  de  tenir  ferme,  malgré  le  retour  du  roi  dans  sa 
capitale,  &  de  se  cantonner  au  Luxembourg,  avec  ses  amis  8c  ses  partisans} 
mais  il  n'y  donna  pas  suite. 

Le  jeune  roi  lui  fit  entendre  qu'il  ne  le  souffrirait  pas  à  Paris.  Gaston 
partit  le  22  octobre,  de  grand  matin,  &  se  retira  d'abord  à  Limours. 

Il  reçut  la  visite  du  secrétaire  d'État,  Le  Tellier,  qui  lui  fit  comprendre  les 
justes  motifs  du  ressentiment  royal.  Sa  faute,  lui  dit  le  ministre,  était  plus 
grave  que  celle  du  prince  de  Condé,  qui  n'avait  pas,  comme  lui,  assisté  à 
l'acte  de  majorité  du  roi  &  contrevenu  à  son  serment.  Le  duc  d'Orléans  accepta 
l'amnistie  8t  s'obligea  de  se  retirer  au  château  de  Blois,  principale  résidence 
de  son  apanage,  &  de  n'en  plus  sortir  pour  retourner  à  la  Cour  sans  un  ordre 
écrit  du  roi'.  Cette  soumission,  renouvelée  après  bien  d'autres,  était  cette 
fois  définitive  Se  terminait  la  carrière  politique  du  prince,  marquée  par  tant 
d'intrigues  81  de  folies.  Il  n'en  conserva  pas  moins  le  gouvernement  de 
Languedoc,  8c  n'ayant  plus  d'autorité  sur  les  affaires  générales  de  l'État,  se 
plut  encore  à  retrouver,  dans  ses  rapports  avec  les  députés  de  la  Province, 
une  ombre  de  ce  pouvoir  souverain  qu'il  avait  si  longtemps  8t  si  vainement 
poursuivi. 


CHAPITRE  VI 

Démolition  du  château  de  Termes.  —  Mort  du  premier  président  Jean  de  Bertier.  —  Désordres  dans 
les  pays  de  montagnes.  —  Le  baron  de  Léran.  —  Affaire  de  l'étape.  —  Mouvements  militaires. 
Les  frères  Aostine.  —  Troubles  de  Carcassonne.  —  Mort  du  comte  d'Aubijoux.  —  Pierre  de  Marca 
&  François  Fouquet.  —  Voyage  de  Louis  XIV  en  Languedoc.  —  Séjour  à  Toulouse.  —  Mort  de 
Gaston  d'Orléans.  —  Rectification  de  la  frontière  de  Catalogne.  —  Affaires  de  Nimes.  —  Traité  des 
Pyrénées.  —  Canal  de  Beaucaire.  —  Fêtes  de  la  paix.  —  Mort  du  cardinal  Mazarin. 

La  paix  était  faite  à  la  Cour;  le  duc  d'Orléans  avait  pris  le  chemin  de  son 
exil;  le  Parlement  de  Paris  s'associait  à  toutes  les  mesures  de  rigueur  prises 
par  le  ministère  contre  les  fauteurs  de  révolte,  sans  oublier  les  anciens  géné- 
raux de  ses  propres  armées;  le  cardinal  Mazarin  préparait  sa  rentrée  dans  la 
capitale  du  royaume,  où  un  brillant  feu  d'artifice  devait  saluer  le  retour  de 
l'ancien  ennemi  public;  nombre  de  grands  seigneurs  se  réconciliaient;  mais 
ces  jeux  de  princes,  prompts  à  terminer  au  lieu  même  où  résidait  le  pouvoir, 
devaient  laisser  dans  les  provinces  lointaines  un  retentissement  douloureux 
&  prolongé.  Il  fallut  beaucoup  de  temps  pour  que  l'ordre  qui  régnait  au  siège 
de  la  royauté  s'étendît  jusqu'aux  extrémités  du  territoire. 

En  réalité,  ce  que  l'on  avait  fait  de  plus  clair  durant  ces  dix  années  de 

'  Aubery,  Histoire  da  earjinal  Mazarin,  V,  p.  422. 


i65 


~ 344  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

minorité  turbulente,  c'était  la  désorganisation  générale.  Il  serait  fort  inexact 
d'attribuer  aux  diverses  factions  qui  venaient  de  bouleverser  la  France  un 
plan  politique  suivi;  on  retrouve  sans  doute,  à  l'état  flottant,  si  l'on  peut 
ainsi  parler,  certaines  aspirations  de  justice  au  milieu  des  revendications 
confuses  dont  la  lutte  remplit  cette  période;  mais  la  puissance  des  intérêts 
particuliers  étouffe  tout,  &  si  les  mesures  despotiques  changèrent  souvent  de 
forme,  elles  ne  changèrent  jamais  de  nature. 

La  fin  des  troubles  civils  laissait  à  la  province  de  Languedoc  une  sorte  de 
liquidation  terrible  :  toutes  les  énergies  surexcitées  par  les  partis  demeuraient 
sans  emploi  ;  une  multitude  de  gens  qui  s'étaient  habitués  à  vivre  de  la  guerre, 
s'il  est  permis  d'appliquer  ce  nom  à  de  véritables  actes  de  banditisme  local, 
couvrirent  alors  les  grands  chemins  de  leur  misère  provoquante;  la  discipline, 
déjà  fort  imparfaite  dans  les  troupes  formées  à  l'école  de  la  guerre  de  Trente 
ans  s'était  encore  amoindrie  par  tous  ces  funestes  exemples  de  chefs  quittant 
leurs  drapeaux,  traitant  avec  l'ennemi,  livrant  leurs  places,  dans  ce  conflit  de 
commissions  contraires,  délivrées  au  même  officier,  à  quelques  jours  de  dis- 
tance, au  nom  du  roi  de  France  8c  au  nom  du  roi  d'Espagne.  Il  y  eut  donc 
encore  pour  le  pays  des  années  terribles.  Le  Languedoc  ayant  toujours  au 
flanc  son  inguérissable  plaie  de  la  guerre  de  Catalogne,  eut  longtemps  occa- 
sion de  se  demander,  si,  comme  on  l'affirmait,  la  France  était  pacifiée.  Les 
désertions,  les  passages  des  troupes,  les  quartiers  d'hiver  ruineux  contrastaient 
étrangement  avec  les  assurances  de  tranquillité  prochaine  tant  de  fois  répétées 
par  les  commissaires  du  roi. 

Nous  avons  rapporté  comment  M.  de  Saint-Aunez,  gouverneur  de  Leucate, 
entraîné  par  la  défection  du  prince  de  Condé,  s'était  laissé  aller  à  ouvrir  des 
négociations  avec  don  Juan  d'Autriche,  sans  souci  de  donner  aux  armées 
étrangères  un  point  d'appui  sur  la  côte  de  Languedoc.  Cette  trahison  ne  fut 
pas  de  longue  durée.  Le  maréchal  de  La  Mothe  Houdancourt,  à  qui  M.  de 
Saint-Aunez,  «  ayant  reconnu  sa  faute  »  était  allé  témoigner  le  déplaisir  qu'il 
en  avait  8c  promettre  une  entière  fidélité,  obtint  en  sa  faveur  des  lettres  de 
grâce  qui  furent  signées  au   mois  de  décembre  i652  ',  8c  qui,  moyennant  le 

'  Le  préambule  des   lettres   de   grâce   de   M.   de  tion,  notredit  cousin  se  seroit  chargé  d'obtenir  de 

Saint-Aunez  est  ainsi  conçu  :  nous  en  sa   faveur  nos  lettres  de  grâce  ou   pardon 

<(  Le   sieur  de  Sainl-Aiilnez,   gouverneur   de   la  sur  ce  nécessaires,  lesquelles   il  nous  a   très-hum- 

forteresse  de   Leucate  en    notre   province  de   Lan-  blement  supplié   lui  vouloir  accorder,  à  ces  causes 

guedoc,  s'étant  laissé  emporter  aux  présents  mou-  &  autres  à  ce  nous  mouvant,  voulant  user  de  notre 

vements    &   aux    persuasions  de   nos  ennemis,    se  clémence  &  bonté  envers  ledit  sieur  de  Saint-Aul- 

seroit  mis  du   parti  des  princes   &  pour  favoriser  nez  qui  a  d'ailleurs  renoncé  à  tous  les  traites  par 

d'autant  plus  leurs  desseins  auroit,  il  y  a  quelques  lui   faits  tant  avec  le  roi  d'Espagne,  le  sieur  don 

jours,  traité  avec  les  Espagnols  au  désavantage  de  Jean  d'Autriche  &  ses  ministres,  qu'avec  les  auteurs 

notre   service   &   contre   son    propre   devoir,  mais  des  présents  troubles,  &  fait  donner  des  assurances 

ayant  depuis  peu   reconnu   sa    faute,  il   se   seroit  de  ne  se  départir  jamais  de  notredit  service...  avons 

retiré  vers  notre  lieutenant  général  en  nos  armées,  audit  sieur  de  Saint-Aulnez  &  à  tous  ceux  qui  ont 

auquel  après  avoir  fait  connoître  le  déplaisir  qu'il  suivi   son   parti,    remis,   pardonné   &  aboli...   les 

avoit  de  s'être  départi  de  la  fidélité  qu'il  nous  doit  fautes,  crimes  &  offenses  par  eux  commises,  &c.  » 
&  le  désir  qu'il  a  de  se  remettre  en   notre   obéis-  Ces  lettres  furent  enregistrées  au   Parlement  de 

sance,  pour  nous  donner  des  preuves  de  son  affec-  Toulouse  le  28  juillet  i653. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  845 

désaveu  de  tous  les  traités  conclus  avec  le  roi  d'Espagne,  don  Juan  d'Autriche, 
les  ministres  du  roi  catholique  &.  les  princes  rebelles  de  la  maison  de  France, 
désaveu  appuyé  de  solides  garanties,  absolvaient  l'officier  8t  toutes  les  per- 
sonnes placées  sous  son  commandement  du  crime  de  lèse-majesté  qu'il  avait 
commis  en  faisant  accord  avec  l'ennemi,  en  occupant  &  fortifiant  des  places 
contre  le  service  du  roi,  faisant  des  levées  de  gens  de  guerre,  achetant  des 
armes  &  levant  des  contributions  sur  le  pays. 

La  soumission  du  gouverneur  de  Leucate  eut  pour  le  territoire  des  Cor- 
bières  une  heureuse  conséquence  :  elle  le  délivra  d'un  fantôme  féodal  auquel 
l'impunité  des  guerres  civiles  avait  rendu  comme  une  seconde  vie,  cet  antique 
château  de  Termes,  illustré  par  son  héroïque  résistance  à  Simon  de  Montfort, 
S<.  devenu  pendant  les  agitations  de  la  Fronde  une  aire  de  brigandage. 

Le  traité  conclu  par  M.  de  Saint-Aunez  avec  le  maréchal  de  La  Mothe 
Houdancourt  renfermait  cette  clause  expresse  que  le  château  de  Termes,  dont 
ce  gentilhomme  était  gouverneur  au  moment  de  sa  défection  8c  où  il  avait 
laissé  une  garnison  de  soldats  allemands  qui  faisaient  la  terreur  du  pays  8t 
détroussaient  les  voyageurs,  serait  remis  entre  les  mains  de  l'archevêque  de 
Narbonne  avec  tout  le  matériel  de  guerre. 

Le  23  novembre  lôôi,  le  roi  avait  donné  le  gouvernement  du  château, 
vacant  par  la  trahison  de  M.  de  Saint-Aunez,  à  un  autre  capitaine  d'aven- 
ture, Guizard  de  Saint-Jean  de  Moussoulens,  seigneur  de  La  Garde  &  baron 
de  Bouisse,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre,  qui  avait  fait  une  assem- 
blée d'amis  pour  s'emparer  de  la  place  Se  qui  y  avait  réussi  après  un  siège  en 
règle.  Moins  d'un  mois  après  sa  commission,  le  20  décembre,  une  lettre  de 
cachet  du  roi  allait  annoncer  au  nouveau  capitaine  le  traité  du  maréchal  de  La 
Mothe  8t  lui  intimait  l'ordre  de  remettre  incontinent  le  château  de  Termes 
aux  envoyés  de  l'archevêque  de  Narbonne.  En  même  temps,  le  roi  écrivait  à 
M.  de  Rebé,  lui  déclarant  qu'il  considérait  la  place  comme  «  inutile  à  son 
«  service  Se  à  charge  à  ses  sujets,  »  qu'il  en  avait  résolu  la  démolition.  Se  qu'il 
lui  confiait  le  soin  de  la  faire  exécuter  par  corvées,  de  façon  à  n'y  pas  laisser 
«   pierre  sur  pierre.  » 

Depuis  la  conquête  du  Roussillon,  qui  rejetait  les  limites  de  l'Espagne  der- 
rière les  Pyrénées,  le  château  de  Termes,  autrefois  posé  en  sentinelle  au  seuil 
de  la  Cerdagne ',  avait  eftectivement  perdu  l'importance  de  place  frontière 
qui  lui  avait  valu  son  nom  {castriim  de  Terminis),  Se  qui  lui  méritait,  au 
seizième  siècle,  la  sollicitude  des  Etats  de  Languedoc  8e  ne  justifiait  plus  les 
dépenses  nécessitées  par  l'entretien  des  bâtiments,  les  gages  du  châtelain  Se 
les  trais  de  garde,  sans  compter  que,  par  sa  forte  position,  il  devenait,  comme 
on  venait  de  le  voir  pendant  la  Fronde,  un  danger  redoutable  pour  les  popu- 
lations voisines. 

Ce  tut  le  12  mars  de  l'année  suivante  que  l'archevêque  donna  ses  pouvoirs 
à  Louis  de  Bellissens,  major  de  la  ville  de  Narbonne,  pour  aller  prendre  pos- 

B  ,, .Termes  quel  el  cap  de  Serdanha.  »  {Canso  Je  la  crosada  cçntr'els  eretgei  i'Alhcges,  y.  1075.) 


i65i 


i6ô3 


lOôî 


j.,6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

session  du  château  8c  dresser,  en  présence  de  l'archiprêtre  des  Corbières,  du 
bayle  &  des  consuls  de  Termes,  l'inventaire  de  toutes  les  munitions  de  guerre 
&  de  bouche,  armes  8c  canons  qui  pouvaient  se  trouver  dans  la  vieille  for- 
teresse. Une  ordonnance  du  comte  de  Bioule,  lieutenant  général,  datée  du 
même  jour,  prescrivait  aux  habitants  des  lieux  voisins  de  travailler  à  la 
démolition. 

Le  4  avril,  M.  de  Bellissens  était  k  Villerouge,  où  il  donnait  l'ordre  à  vingt- 
neuf  paroisses  ou  villages  de  la  châtellenie  de  Termes  d'envoyer  chacun  un 
député,  le  1 5  du  mois,  pour  concerter  8c  arrêter  entre  eux  les  moyens  les  plus 
prompts  8c  les  moins  onéreux  de  raser  le  château,  8c  procéder  au  département 
des  ouvriers  8c  des  outils,  d'après  l'allivrement  de  chaque  commune.  Peu  de 
)ours  avant,  M.  de  Rebé  avait  pris  la  peine  d'annoncer  lui-même,  par  lettre 
missive,  le  voyage  du  major  au  viguier  de  Villerouge,  en  lui  recommandant 
d'v  donner  toute  assistance  8c  de  stimuler  le  zèle  des  paroisses.  «  Toutes  les 
«  communautés,  lui  disait-il,  doivent  obéir  avec  plaisir,  car  elles  y  trouvent 
«  leur  sûreté  entière;  il  faut  que  celle  de  Villerouge  montre  l'exemple  aux 
«  autres.  » 

Malgré  toutes  ces  précautions,  les  communes  témoignèrent  peu  d'empres- 
sement à  fournir  les  gens  de  corvée;  il  fallut  contremander  l'assemblée 
du  i5  avril,  la  renvoyer  au  22,  puis  au  25,  8c  y  convoquer,  outre  la  châ- 
tellenie de  Termes,  toute  la  haute  8c  basse  Corbière  depuis  la  montagne 
jusqu'à  la  mer. 

M.  de  Bellissens  prit  possession  du  château  le  i5  mai.  Il  n'y  trouva  que 
deux  petits  canons,  pesant  environ  quatre  ou  cinq  quintaux  chacun,  qu'il  fit 
mettre  en  sûreté  à  Villerouge,  sous  la  garde  des  consuls,  8c  qui  furent,  deux 
ans  plus  tard,  par  ordre  de  l'archevêque,  rendus  à  M.  de  Saint-Aunez,  8c 
emportés  dans  son  gouvernement  de  Leucate. 

Cependant  on  avait  reconnu  que  la  démolition  par  corvées  serait  extrême- 
ment difficile  8c  très-coûteuse,  la  dépense  en  étant  évaluée  à  plus  de  vingt 
mille  livres.  Alors  M.  de  Rebé  prit  le  parti  de  la  faire  exécuter  par  voie 
d'entreprise,  aux  frais  du  diocèse.  Les  commissaires  ordinaires  &c  députés  du 
diocèse  en  firent  l'adjudication  au  prix  de  six  mille  deux  cents  livres  à  un 
maître  maçon  de  Limoux. 

On  dut  en  outre  payer  six  mille  huit  cents  livres  au  sieur  de  La  Garde,  à 
titre  d'indemnité,  8c  pour  le  dédommager  de  l'entretien  de  la  garnison  pen- 
dant sept  ou  huit  mois. 

La  dépense  totale  atteignit  quatorze  mille  neuf  cent  vingt-deux  livres  dix 
sols.  Elle  fut  votée  sans  hésitation  par  l'assemblée  du  diocèse  qui,  dans  la 
séance  du  18  juin,  remercia  M.  de  Rebé  d'une  opération  aussi  avantageuse 
pour  le  pays,  «  telles  forteresses  ji'estant  d'ordinaire  conservées  que  pour 
«  l'oppression  des  peuples.  » 

Ce  fut  un  ingénieur  du  nom  de  Séguier  qui  fut  chargé  de  procéder  à  la 
visite  du  château  avant  la  démolition. 

On  n'exécuta  point  d'ailleurs  à  la  lettre  les  prescriptions  de  l'ordonnance 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  847 

royale  qui  commandaient  de  ne  pas  laisser  pierre  sur  pierre,  S<.  l'on  se  contenta 
de  mettre  la  vieille  citadelle  hors  d'état  de  nuire.  Il  en  reste  encore  quelques 
ruines  couronnant  un  monticule  escarpé  dont  la  petite  rivière  du  Sou,  pro- 
fondément encaissée  dans  un  lit  de  roches,  contourne  la  base  au  midi  8t  au 
levant.  On  y  reconnaît  aisément  la  trace  de  deux  grandes  enceintes  concen- 
triques suppléant  à  la  défense  naturelle  dans  la  partie  la  plus  accessible  du 
monticule  &  un  polygone  irrégulier  flanqué  de  deux  tours  qui  occupe  l'angle 
nord-est  du  promontoire. 

Le  nom  8c  le  ressort  de  l'ancienne  viguerîe  de  Termenois  survécurent  seuls, 
avec  un  maigre  village,  à  la  destruction  du  château.  Cette  circonscription 
judiciaire  qui,  dès  iSiy,  avait  été  unie  à  celle  du  pays  de  Fenouillèdes,  sub- 
sistait encore  en  1790.  Elle  comprenait  douze  justices'  Si  cent  trente  villages, 
8c  appelait  au  présidial  de  Liraoux.  Mais  l'ancienne  capitale  du  ressort  était 
tellement  déchue  que  les  officiers  royaux  siégeaient  à  Félines. 

Le  Parlement  de  Toulouse  avait  terminé  l'année  i652  par  un  de  ces  coups 
d'autorité  où  il  se  complaisait.  La  ville  était  encore  affligée  par  l'épidémie; 
beaucoup  de  personnages  de  marque  ne  l'habitaient  plus.  Le  collège  élec- 
toral ordinaire  n'étant  pas  en  nombre,  le  juge-mage  pria  la  cour  de  pourvoir 
à  l'élection;  elle  n'eut  garde  de  s'y  refuser  ^. 

La  prestation  de  serment  des  nouveaux  magistrats  municipaux,  entravée 
par  le  mauvais  vouloir  des  capitouls  sortants,  qui  se  trouvaient  ainsi  frustrés 
de  leur  droit  de  présentation,  ne  put  s'accomplir  dans  la  maison  de  la  viguerie^ 
infectée  de  peste.  Se  se  fit,  après  de  très-longs  pourparlers,  dans  la  chapelle 
du  collège  Saint-Martial  3, 

Mais  les  temps  devenaient  peu  favorables  aux  usurpations  parlementaires. 
Aussitôt  après  l'acte  du  Parlement,  les  députés  de  la  ville  étaient  partis  en 
poste,  avec  ordre  de  «  prendre  la  traverse  à  Limoges,  «  pour  aller  rejoindre 
le  duc  d'Orléans  en  son  château  de  Blois  8c  lui  porter  plainte  de  la  nouvelle 
offense  faite  aux  privilèges  de  la  ville,  8c  de  se  rendre  ensuite  à  la  Cour  afin 
d'intéresser  à  leur  cause  le  secrétaire  des  commandements  de  Sa  Majesté'*. 

La  réponse  arriva  le  2  janvier.  C'était  un  arrêt  du  conseil  d'Etat,  ramenant 
le  Parlement  de  Toulouse  à  sa  compétence,  qui  ne  lui  permettait  d'intervenir 
dans  les  élections  capitulaires  que  sur  appel  ou  en  cas  de  délit.  Le  conseil 
obviait  aux  inconvénients  signalés  par  la  cour  de  Toulouse  en  prorogeant 
purement  8c  simplement  les  capitouls  de  l'année  précédente  ». 

Dès  le  21  octobre,  le  Parlement  de  Paris  avait  reçu  défense  de  prendre  à 
l'avenir  aucune  connaissance  des  affaires  générales  de  l'Etat  8c  des  questions 
de  finances.  Les  déductions  de  ce  principe  rationnel  furent  appliquées  en 
Languedoc.  La  cour  de  Toulouse,  entre  autres  empiétements,  s'y  était  permis 
plusieurs  fois  d'intervenir  dans  les  affaires  d'administration  diocésaine,  de 

'  Bouisse,  CoustOMge,  Davejan,  Dernecucillette,  '  Pièces  justificatives,  n.  CLXXXIX,  col.  46p. 

Duilhac,  Félines,  La  Bastide  de  Surlat  en  Val,  La  '  Pièces  justificatives,  n.  CXC,  col.  470. 

Roque  de  Fa,  Massac,  Maisons,  Termes  &  Vigne-  *  Pièces  justificatives,  n.  CXCI,  col.  47"). 

»ieille.  '  Pièces  justificative!,  n.  CXCII,  col.  476. 


iCj 


i63S 


048  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE    LANGUEDOC. 

réglementer  les  assemblées  d'Assiette,  d'y  déterminer  le  droit  d'entrée,  les 
préséances,  &  de  juger  les  différends  qui  s'y  produisaient.  Le  syndic  général 
de  la  Province  ne  cessait  d'invoquer  au  bénéfice  des  Etats  les  nombreuses 
décisions  qui,  depuis  le  commencement  du  siècle,  avaient  fixé  la  jurispru- 
dence; il  obtint,  le  i3  mars,  un  arrêt  de  confirmation  '. 

Au  moment  où  le  pouvoir  royal  faisait  ainsi  rentrer  la  cour  souveraine 
dans  les  limites  de  ses  devoirs  judiciaires,  le  Parlement  de  Toulouse  perdit 
Son  chef.  Le  premier  président,  Jean  de  Bertier,  seigneur  de  Montrabe, 
mourut  le  28  avril  i653.  Il  avait  été  mis  à  la  tête  de  la  puissante  compagnie 
par  le  cardinal  de  Richelieu,  &  s'était  recommandé  au  ministère  par  sa  fidélité 
81  son  énergie  au  moment  de  la  défection  de  Gaston  d'Orléans. 

Ses  funérailles,  célébrées  avec  grande  pompe,  le  2g,  dans  l'église  des  béné- 
dictins de  la  Daurade,  furent  marquées  par  un  de  ces  incidents  qui  sem- 
blaient l'accessoire  obligé  de  toutes  les  cérémonies  publiques.  Les  capitouls 
voulaient  marcher  au  devant  du  corps,  avec  le  poêle  de  deuil  qu'ils  avaient 
apporté  de  l'hôtel  de  ville.  Se  attendaient  le  départ  du  convoi  dans  une  salle 
basse  de  la  maison,  quand  MM.  de  Caumels  &  de  Lafont,  vicaires  généraux, 
vinrent  leur  notifier  que  l'Eglise  ne  pouvait  souttrir  qu'un  corps  civil  prît 
place  entre  le  cortège  ecclésiastique  8t  le  cercueil.  On  offrait  aux  magistrats 
municipaux  de  marcher  autour  des  porteurs,  si  bon  leur  semblait.  La  bour- 
geoisie tint  conseil,  8<.  après  des  essais  d'accommodement  tentés  par  M.  de  Mar- 
miesse,  avocat  général ,  la  municipalité  se  retira,  sans  assister  aux  obsèques, 
après  avoir  délibéré,  dans  l'hôtel  même  du  premier  président,  qu'elle  ne  se 
trouverait  plus  en  de  pareilles  occasions,  son  assistance  a  étant  un  honneur 
«  que  la  ville  fait  aux  héritiers  du  défunt  &c  non  qu'elle  en  reçoit.  « 

Comme  les  États  de  Languedoc  siégeaient  alors  à  Pézénas ,  un  service 
solennel  y  fut  célébré  en  l'honneur  du  premier  président,  dans  l'église  collé- 
giale, sur  la  proposition  du  député  de  Toulouse  Queyratz. 

Le  remplacement  de  M.  de  Montrabe  n'était  point  un  médiocre  objet  de 
souci  pour  le  ministère.  Dans  les  époques  de  crises,  le  caractère  du  premier 
président,  sans  modifier  entièrement  les  dispositions  de  la  cour,  pouvait  du 
moins  en  amortir  les  effets,  &  l'on  avait  pu  voir,  au  moment  des  grands  trou- 
bles, ce  que  la  présence  d'un  homme  déterminé  pouvait  prévenir  d'impru- 
dences &  de  folies. 

Il  était  d'usage  que  le  Parlement  présentât  au  roi  une  liste  de  trois  candi- 
dats à  la  première  présidence.  Les  magistrats  s'assemblèrent  pour  la  dresser, 
&  la  répartition  des  suffrages  indique  nettement  les  divisions  qui  travaillaient 
la  cour.  Sur  cent  quatre-vingts  votants,  le  candidat  le  plus  favorisé  n'ob- 
tint que  trente-six  voix;  ce  fut  le  président  Philippe  Gaubert  de  Cami- 
nade;  Etienne  de  Garaud-Duranti,  sieur  de  Donneville,  en  eut  trente-cinq; 
&  Etienne  Pottier,  sieur  de  la  Terrasse,  dix-huit.  Les  autres  votes  s'étaient 
partagés  entre  dix-neuf  candidats  ^. 

'  Pièces  justificatives,  n.  CXCIV,  col.  479.  '  Voici   le  détail  des  suffrages  obtenus  par  les 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  34g 

Le  roi  trancha  la  difficulté  en  donnant  la  première  présidence  au  procureur 
général  Gaspard  de  Fieubet. 

Du  reste,  si  l'action  politique  échappait  au  Parlement,  les  occasions  d'exercer 
la  puissance  judiciaire  ne  lui  faisaient  point  défaut.  Dans  le  plat  pays,  où  les 
communications  étaient  faciles,  le  rétablissement  de  l'ordre  &  la  sécurité  des 
chemins  pouvaient  être  à  peu  près  assurés  par  la  cessation  des  hostilités;  mais 
dans  les  régions  de  montagnes  il  en  était  autrement.  Ces  repaires  naturels 
s'étaient  repeuplés  depuis  que  l'occupation  des  gens  de  guerre  empêchait  toute 
surveillance,  &  les  vieilles  bandes,  qui  avaient  fait  tant  de  mal  pendant  les 
dernières  guerres  de  religion,  semblaient  ressuscitées  pour  la  désolation  du 
pays.  Ce  n'est  pas  une  des  moindres  responsabilités  du  prince  de  Condé  8c 
des  autres  grands  seigneurs  rebelles  que  d'avoir  attisé  sans  scrupule  le  feu  des 
haines  assoupies,  encouragé,  par  leurs  relations  avec  Cromwell,  les  plus  folles 
espérances,  coloré  d'un  prétexte  de  foi  des  actes  de  violence  exécrables  &  paré 
du  titre  de  belligérants  des  coureurs  de  grands  chemins. 

Afin  d'atténuer  l'effet  des  criminelles  pratiques  faites  par  les  princes  dans 
les  pays  protestants,  en  vue  d'ébranler  la  fidélité  des  peuples  8c  d'y  recruter 
des  auxiliaires  pour  leur  faction,  le  roi  Louis  XIV  avait  ordonné,  par  décla- 
ration spéciale,  que  tous  les  sujets  de  la  religion  seraient  maintenus  en  la 
jouissance  des  édits  consacrant  la  liberté  circonscrite  de  leur  culte.  C'était 
conforme  à  la  politique  de  Mazarin,  telle  que  nous  l'avons  vue  s'affirmer  au 
début  de  la  régence.  Se  conforme  aussi  aux  traditions  de  Richelieu  qui,  tout 
en  brisant  l'organisation  militaire  des  réformés,  ne  voulait  point  leur  imposer 
le  sacrifice  de  leur  conscience.  Se  savait,  au  besoin,  s'appuyer  sur  eux  par 
nécessité  d'équilibre  8c  faire  de  leurs  bonnes  dispositions  un  élément  d'ordre 
public.  Mais  combien  l'application  de  ces  mesures  générales  n'était-elle  point 
difficile  dans  un  pays  morcelé,  tiraillé  en  tous  sens  comme  était  alors  la 
France,  où  les  puissances  féodales  semblaient  grandies  de  toute  la  diminution 
de  la  royauté!  La  mésintelligence  entre  les  deux  communions  se  rejetait  sur 
l'interprétation  géographique  de  l'édit  de  Nantes,  sur  le  nombre  8c  la  situa- 
tion des  églises  protestantes,  sur  les  annexes  où  l'exercice  du  culte  pouvait 
être  toléré.  On  voulut  interdire  cette  liberté  aux  réformés  de  Vais  en  Vivarais; 
ils  prirent  les  armes;  mais  les  troubles  furent  de  courte  durée;  l'insuccès  de 
l'entreprise  des  princes  eut  pour  résultat  de  hâter  la  pacification.  Les  envoyés 
du  roi  ayant  obtenu  des  réformés  du  bas  Languedoc,  du  Dauphiné,  du  Viva- 
rais 8c  des  Cévennes  «  toutes  les  sovimissions  qu'ils  pouvaient  désirer,  avec 

candidats  à  la    première  présidence  :  M.  de  Cami-  doyen,  4;  —  M.  de  Long,    père,  3;  —  M.  de  Ve- 

nade,    36   yoix  ;  —   le  président  de  Garaud-Du-  delly,  M.  de  Garibald,  M.  Caulet  des  Augiistins,  i; 

ranti,   35  j  —  M.  de    Pottier   la   Terrasse,   i8j  —  — M.  d'Olivier,  M.  de  Fermât,  M.  Boysset,  M.  de 

M.   de    Papus,    14;  —   M.    de    Prohenqiies,    12;  Reich,  M.  de  Tolosani,  1 . —  Total:  180  votants'. 

—  M.  d'Advisard,  10  j  —  M.  de  Marmiesse,  avo-  Voir  aussi   Pièces  justificatives,  n.  CCII ,  col.  Sot. 
cat  général,   8j  —  M.  de  Gineste,   président  des 


i653 


enquêtes,  8  ;  —  M.  de  Caumels,  6  ;  —  M.  de  Fieu- 
bet, procureur  général,  5}  —  M.  de  Cambolas,  5j 
—  le  président  de  Caulet,  5  ;  —  M.  d«  Cathelan,        tulijn,  ses  officiers,  ses  actes,  &c. 


,  ''ic  n>ij<~i.i<:  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par  cmcnt  de 

bet,  procureur  gênerai,  5;  —  M.  de  Cambolas,  5:       -r„.,i    ,  „    d.  ..,1  _     j     j  ,  .  •     ,■ 

'  r  6  •      »  '  "»       Aoa)oaiC.  Recueil  ms.  de  documents  concernant  son  inslt- 


i653 


35o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

«  protestation  de  fidélité  8<.  d'obéissance,  »  un  acte  royal  ordonna  que  la 
mémoire  de  ces  désordres  fût  éteinte  &  supprimée,  accordant  l'amnistie  à 
quiconque  déposerait  les  armes,  8c  annulant  comme  non-avenus  tous  les 
arrêts  que  le  Parlement  &  la  chambre  de  l'édit  avaient  pu  rendre  sur  la 
matière  Si  toutes  les  commissions  décernées  par  ces  compagnies  souveraines. 
Cette  déclaration  fut  donnée  au  mois  d'octobre  i653;  mais  elle  contrariait 
trop  les  prétentions  du  Parlement  de  Toulouse  pour  que  cette  cour  se  hâtât 
de  l'enregistrer;  elle  ne  s'y  résigna  que  plus  de  cinq  ans  après,  au  mois  de 
mars  1659  '. 

Le  Parlement  se  trouvait,  en  effet,  directement  atteint  par  cet  acte  royal, 
ayant  chargé,  le  23  août  i653,  deux  conseillers,  MM.  de  Guillermin  &  de 
Comère  de  se  transporter  dans  le  pays  des  Cévennes  Si  d'y  interdire  les 
assemblées  illicites,  levées  de  gens  d'armes,  achats  de  munitions  81  les  tenta- 
tives faites  «  pour  rétablir  le  prêche  au  lieu  de  Vals^. 

Dans  le  Gévaudan,  la  sécurité  publique  était  journellement  coinpromise 
par  les  brigandages  d'hommes  armés  qui  ne  cessaient  de  parcourir  les  che- 
mins Si  de  s'embusquer  dans  les  passages  difficiles  pour  y  détrousser  81  assas- 
siner les  voyageurs.  Ils  formaient  deux  bandes  principales,  à  la  tête  desquelles 
marchaient  plusieurs  gentilshommes,  Si  qui  avaient  leurs  repaires  dans  deux 
vieilles  constructions  féodales,  le  château  de  Montjezieu  81  la  tour  de  Saint- 
Germain. 

Montjezieu  Si  Saint-Germain  du  Teil  sont  situés  à  l'extrémité  des  mon- 
tagnes d'Aubrac,  vers  le  sud-est,  sur  la  rive  droite  du  Lot.  Saint-Germain 
occupe  le  plateau,  Montjezieu  est  sur  le  penchant  des  croupes  escarpées  qui 
bordent  la  rivière,  commandant  la  route  de  Mende  81  Marvéjols  à  Rodez. 
C'est  de  là  que  les  bandits  rayonnaient  dans  la  contrée,  jetant  la  désola- 
tion dans  les  campagnes  8t  ruinant  le  commerce.  11  y  avait  deux  ans  que  le 
pays  souffrait  de  ce  dangereux  voisinage  quand  le  syndic  Joubert  en  porta 
plainte  aux  États  de  Pézénas,  81  fut  chargé  par  l'assemblée  provinciale  d'inter- 
venir à  la  fois  auprès  du  Parlement  de  Toulouse  pour  l'instruction  judiciaire, 
81  auprès  des  lieutenants  généraux  pour  l'exécution  des  arrêts  3. 

Déjà  les  États  particuliers  de  Gévaudan,  au  mois  de  février  1602,  avaient 
appelé  la  protection  des  pouvoirs  publics. 

On  mena  les  poursuites  avec  vigueur.  Trente-sept  prévenus,  dont  quatre 
seigneurs  de  villages  Si  un  notaire,  furent  condamnés  à  être  rompus  vivants 
sur  la  place  du  Salin.  La  cour  ordonna  le  rasement  de  la  tour  de  Saint-Ger- 
main 81  du  château  de  Montjezieu,  la  confiscation  des  biens  de  tous  les  cou- 
pables, dix  mille  livres  d'amende  à  l'ordonnance  du  Parlement,  8c  dix  mille 
livres  au  profit  de  la  province  de  Languedoc.  Par  une  clause  expresse,  l'arrêt 
devait  être  mis  aux  mains  du  lieutenant  général  pour  l'appuyer  de  son  auto- 


'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-  '  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance 

Tient  de  Toulouse.  Edits  &  déclarations.'  du  3o  mai  i653. 

''iiçes  jun'tjicatiyes,  n.  CCVII,  col.  5io. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  35 1 

rite,  «  afin  que  la  torce  en  demeure  au  roi  8c  à  la  justice,  »  avec  ordre  aux 
communes  de  fournir  des  hommes  d'escorte  Si  de  corvée  pour  les  démolitions, 
sous  peine  de  quatre  mille  livres  d'amende  '. 

A  cause  des  frais  considérables  auxquels  donna  lieu  l'exécution  de  cet 
arrêt,  tant  pour  le  rasement  des  maisons  que  pour  la  capture  &  conduite 
des  prévenus,  la  Province  renonça  aux  vingt  mille  livres  qui  lui  revenaient, 
suivant  l'arrêt  de  la  cour,  &  en  fit  cession  à  la  partie  civile^. 

Les  gorges  austères  du  plateau  central  n'étaient  point  l'unique  théâtre  des 
scènes  sanglantes  qui  ramenaient  le  pays  aux  périodes  anarcliiques  du  moyen 
âge.  Dans  le  massif  de  montagnes  qui  s'étendent  depuis  la  haute  vallée  de 
l'Aude  jusqu'à  celle  de  la  Garonne,  des  troupes  d'aventuriers,  racolées  par 
de  puissants  personnages,  battaient  incessamment  l'estrade  £<.  commettaient 
d'affreuses  violences.  Benjamin  de  Lévis,  baron  de  Montmaur,  dont  le  père 
avait  eu  de  longs  démêlés  avec  le  baron  de  Léran,  son  neveu,  fut  assassiné 
sur  le  grand  chemin;  un  gentilhomme  &  sa  femme  périrent  dans  leur  lit, 
égorgés  par  leurs  vassaux;  le  juge  de  Comminges,  faisant  une  chevauchée  en 
compagnie  d'un  commissaire  du  Parlement,  reçut  onze  coups  de  fusil  8t  resta 
mort  en  pleine  route;  le  sieur  de  Labatut,  consul  de  Martres,  tomba  égale- 
ment victime  de  bandits  attroupés. 

Le  12  décembre  i653,  le  procureur  général,  entrant  à  la  grand'chambre, 
réunie  à  la  chambre  criminelle,  y  déclara  que  «  le  désordre  du  temps  avait 
»  donné  une  si  grande  licence  qu'elle  passait  jusques  à  l'extrémité,  n'y  ayant 
H  plus  de  sûreté  publique.  »  Il  rappela  les  nombreux  arrêts  qui  avaient  été 
rendus  contre  les  assassins,  «  arrêts  qui  demeurent  en  inexécution  Se  les  crimes 
«  en  impunité,  à  cause  de  la  faveur  8c  des  retraites  que  les  coupables  trou- 
«  vent  dans  ce  pays  inaccessible.  Ces  assassins  marchent  par  troupes  Se  en 
«  armes;  il  est  du  tout  impossible  de  les  arrêter  si  la  cour  n'y  porte  l'autorité 
(i  de  ses  commandements,  pour  qu'ayant  la  main- forte,  ses  arrêts  soient 
«  exécutés.  »  C'est  encore  aux  forces  militaires  du  gouverneur  de  la  Pro- 
vince que  le  Parlement  fit  appel  pour  obtenir  une  répression  efficace.  Il 
prescrivit,  en  outre,  qu'on  proclamerait,  à  son  de  trompe,  dans  les  villes  de 
Mirepoix,  de  Saint-Girons  &  de  Saint-Lizier,  la  défense  faite  aux  consuls, 
gentilshommes,  habitants  quelconques  des  lieux,  maisous  8c  châteaux  du 
ressort,  de  donner  asile,  faveur  ou  retraite  aux  gens  d'autorité  qu'allait 
atteindre  la  justice  du  roi  3. 

Le  conseiller  Bertrand  de  Gargas  avait  été  chargé  d'instruire  le  procès  contre 
le  baron  de  Léran  &c  contre  le  vicomte  son  fils  qui  furent  l'un  8c  l'autre  con 
damnés  à  mort. 

Jean-Claude  de  Lévis,  baron  de  Léran,  après  avoir  longtemps  échappé  aux 
poursuites,  finit  par  être  capturé;  mais  la  puissance  dont  il  jouissait  dans  le 

■  Pièces  justificatives,  n.  CCXIII,  col.  Szô.  lement  de  TovXouit.  Arrêts  de  la  chambre  criminelle, 

'  Procès-verbal  des  Etats    de  Languedoc.  Séance  p.  3i2.  —  L'arrêt,  signé  Caulct  &  Gargas,  est  du 

du  27  février  1654.  12  décembre  i653. 
'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par- 


i6â3 


i6.î3 


352  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


pays,  où  il  faisait  figure  comme  chef  du  protestantisme  belliqueux,  inspirait 
de  vives  appréhensions.  La  veuve  du  cousin  assassiné,  Magdelaine  deCiran, 
qui  ne  cessait  de  réclamer  vengeance  auprès  du  Parlement  de  Toulouse,  fit 
représenter  à  la  cour  que  le  vicomte  de  Léran,  condamné  comme  son  père, 
«  pourrait,  avec  l'assistance  de  divers  brigands  de  montagne,  »  tenter  de  sous- 
traire le  coupable  au  châtiment  de  ses  crimes.  Un  nouvel  arrêt  prescrivit  donc 
à  toutes  les  communes  du  parcours  de  fournir  des  hommes  armés  pour  escorter 
le  prisonnier  de  lieue  en  lieue  jusqu'aux  prisons  de  la  Conciergerie,  sous 
peine  de  quatre  mille  livres  d'amende  Se  de  poursuites,  comme  fauteurs  £< 
complices  des  meurtriers'. 

Le  baron  de  Léran  arriva  enfin  à  la  Conciergerie  &  parut  sur  la  sellette. 
La  prévention  l'accusait  «  du  crime  de  lèse-majesté  divine  &  humaine,  soit  à 
«  raison  de  la  démolition  par  lui  faite  d'une  église  pierre  à  pierre,  ayant 
«  enlevé  les  fruits  &(.  revenus  d'icelle,  d'avoir  fabriqué  la  fausse  monnaie,  & 
«  porté  les  arines  contre  le  service  de  Sa  Majesté,  sans  s'être  servi  de  l'am- 
«   nistie,  » 

Le  baron  insista  d'abord  pour  être  renvoyé,  comme  protestant,  devant  la 
chambre  de  l'édit  de  Castres;  on  lui  dénia  cette  faveur;  il  épuisa  ensuite 
toutes  les  ressources  de  la  procédure  pour  prolonger  le  débat  S<  faire  valoir 
sa  qualité  de  belligérant,  mais  il  refusa  obstinément  de  répondre  sur  les  divers 
chefs  de  l'accusation.  Les  deux  commissaires  de  la  cour,  Christophe  de  May- 
nard  Lestang  &  Bertrand  de  Gargas  qui  avaient  eu  mission  d'achever  l'en- 
quête sur  les  lieux,  continuèrent  l'instruction  à  Toulouse,  menaçant  de  faire 
le  procès  «  comme  muet  »  sur  les  documents  écrits.  A  la  dernière  audience, 
Jean-Claude  de  Lévis  renouvela  devant  la  grand'chambre,  ses  dénégations  de 
compétence, 
ijjj  Le  Parlement  passa  outre  &  ordonna,  le  21  janvier,  que  le  baron  de  Léran 

aurait  la  tête  tranchée  sur  la  place  du  Salin.  Ses  biens  étaient  confisqués,  saui 
quinze  mille  livres  allouées  à  Magdelaine  de  Ciran  à  titre  de  dommages,  trois 
mille  à  l'ordonnance  de  la  cour,  Si  cinq  cents  «  pour  faire  prier  Dieu  pour 
«  l'âme  de  feu  messire  Benjamin  de  Lévis  en  l'église  où  son  corps  a  été 
«  enseveli  ^.  » 

■  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-  à  ce  commis  &  députés  à  messire  Jean-Claude  de 

lement  de  Toulouse.  Arrêt  du.  6  janvier  1654,  rendu  Lévy,  baron  de  Léran,  prisonnier  à  la  Conciergerie 

«en    la    grand'chambre,    icelle   &    la    criminelle  à  la  requête  &  poursuite  tant  de  dame  Magdaleyne 

assemblées;  »  signé  Guillermin,  Gargas.  de  Ciran,  vefve  a   deffunt  M.  Benjamin  de   Levy, 

'  Voici    l'arrêt   de  condamnation   du    baron   de  baron  de  Montmaur,  &  Bouscaut,  que  du  prccu- 

Léran  :  reur  général  du    roy,  charges  &  informations,  in- 

Mercredi  xxi"  janvier  1654  en   la   grand'cham-  terrogations  faictes  audit  prévenu  où    sont    insérés 

bre    icelle   &    la    criminelle    assemblées;    présents,  les  refus  &  les  insistances  par  luy  faites  de  n'avoir 

MM.    de    Fieubet,    premier    président,  de  Ciron,  vouleu  respondre  ,  arrest  rendu  par  la  cour  le  sei- 

président,  Guillermin,   Dulong,   Papus,  Masnau,  zième  de  ce  mois,  portant  que,  nonobstant  &  sans 

Olivier,  Comere,  Lestang,  Vedelly,   Demay,  Mar-  égard   à   ses   insistances,  il  répondroit,  autrement 

rast,  Turle,   Fermât,  Boisset,  Madron,    Focaud,  de  que    le  procès   luy  seroit    faict   &  parTiict,  comme 

Gargas,  sur  la  procédure  extraordinairement  faicte  muect,   avec    les   actes    csnoncés    au   veu    d'iceluy; 

d'aulhorité  de  la  cour  par  les  commissaires  par  elle  autre  arrest  du   xvij*^  de    ce  mois   qui   desmet   ledit 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  353 

L'exécution  eut  lieu  comme  elle  avait  été  ordonnée.  Ce  n'était  pas  un 
médiocre  symptôme  de  la  police  nouvelle  qui  allait  régner  dans  le  royaume, 
grâce  à  l'apaisement  des  troubles  civils.  Quelques  semaines  auparavant,  le 
prince  de  Condé,  dont  la  rébellion  persistante  autorisait  seule  les  chefs  de 
bandes  irrégulières  à  revendiquer  la  qualité  de  belligérants,  recevait  du  roi 
Philippe  IV  le  titre  de  généralissime  de  ses  armées. 

Le  père  du  prince  avait,  en  1628,  comme  lieutenant  général  pour  le  roi  en 
Languedoc,  prescrit  la  démolition  du  château  fort  de  Castelfranc,  situé  dans 
la  baronnie  de  Montredon.  A  la  faveur  des  troubles,  ces  ruines  se  relevèrent; 
elles  appartenaient  à  Philippe  de  Nautonnier,  sieur  de  Las  Planes,  ministre 
de  la  religion  réformée,  qui,  suivant  l'exemple  des  protestants  montalbanais 
&  les  instructions  mêmes  du  parti  féodal,  faisait  exécuter  des  travaux  défen- 
sifs.  Le  Parlement  de  Toulouse  y  coupa  court  par  un  arrêt  spécial  &  enjoignit 
de  raser  tout  ce  qui  avait  été  reconstruit  '. 

Ces  dérogations  matérielles  aux  édits  de  paix  étaient  relativement  faciles  à 
réprimer;  du  moment  que  le  pouvoir  royal  allait  commander  le  respect  d'une 
extrémité  de  la  France  à  l'autre  Se  que  le  ministère  aurait  en  main  les  com- 
mandants de  la  force  armée,  une  direction  vigoureuse  ne  pouvait  manquer  de 
décourager  les  entreprises.  Mais  ce  qui  présentait  des  difficultés  presque  insur- 
montables, c'était  l'antagonisme  infinitésimal,  si  l'on  peut  ainsi  parler,  qui 
dans  les  moindres  communes,  mettait  aux  prises,  avec  une  fougue  &  une 
injustice  égales,  les  membres  des  deux  communions.  L'esprit  de  tolérance 
n'était  nulle  part;  la  majorité,  à  quelque  culte  qu'elle  appartînt,  se  montrait 
exclusive  &  tyrannique  à  l'égard  de  la  minorité.  Il  faudrait  une  histoire  par- 
ticulière, histoire  aussi  uniforme  que  riche  de  faits,  pour  raconter  toutes  les 
querelles  locales,  souvent  accompagnées  d'effusion  de  sang,  auxquelles  donnait 

preYcnu  des  lettres  de  requête  civile  par  luy  obte-  dcinpne  ledit  Claude  de  Leyy  a  estre  mis  8c  livré 
nues  contre  le  précédent,  &  ordonne  qu'il  respon-  en  mains  de  l'exécuteur  de  la  haulte  justice  lequel, 
droit,  autrement  que  le  procès  luy  seroit  faict  8t  monté  sur  un  tombereau  ou  charrette  ayant  la  hart 
parfaict;  encore  autre  arrest  du  xx'  du  même  au  col,  luy  fera  fere  le  cours  par  les  rues  &  carre- 
mois  qui  le  desmet  des  lettres  en  opposition  par  fours  acostumés  de  la  présent  ville,  l'admènera  à 
lui  obtenues  envers  les  précédents  arrêts  j  autre  la  place  du  Salin  où  sur  un  eschafault  qui  sera 
arrest  sur  la  deuxième  requête  civile  par  lui  im-  illec  dressé  luy  tranchera  la  teste,  ses  biens  acquis 
petrée  ,  interrogatoires  &  injonctions  à  luy  faictes  &  confisqués  au  roy,  distrait  la  troisième  partie 
de  nouveau  de  respondre,  avec  le^  refus  &  insis-  d'iceulx  à  ses  femme  &  enfants  sy  point  en  a,  des- 
tances par  luy  faictes  de  ne  vouloir  respondre,  quels  biens  confisqués  sera  distrait  la  somme  de 
recolement  des  tesmoins  &  confrontations  faites  cinq  cens  livres  pour  faire  prier  Dieu  pour  l'àme 
audit  prévenu,  objets  &  reproches  par  ledit  pre-  dudit  feu  messire  Benjamin  de  Lévy  en  l'esglise  où 
venu  proposez  en  l'encontre  desdiis  tesmoings,  &  son  corps  a  esté  ensevely,  ensemble  la  somme  de 
autres  actes  remis  en  ladite  procédure,  dires  &  quinze  mille  livres  au  proffit  de  ladite  de  Ciran 
conclusions  dudit  procureur  général  du  roy,  &  pour  ses  dommages  &  intérêts,  trois  mille  livres 
le  dit  Jean  Claude  de  Levy,  ouy  en  la  grand  pour  être  employées  à  l'ordonnance  de  la  cour, 
chambre.  ensemble    les    despens    &   frais  de   justice,  la    taxe 

Il  sera  dit  que    la    cour,  la  grand'chambre  &  la  réservée.  —  De  FieudEt,  Gakuas'. 
criminelle  assemblées,  déclare    le  procès    en    estât  '  Pièces  justificatives,  n.  CCXIX ,  col.  ;").(;. 

de  juger  deffinitivement  sans  s'enquérir  de  la   vé- 
rité desdits  objects  &  reproches,  ce  faisant  pour  les  ■  Archives  de  la  Haule-Garoiiiie.  Fonds  du  Pa.Iuncnt  de 

cas   résultant  dudit    procès   a    condempné  &   con-  Toulouse.  Arrêts  Je  ta  chambre  criminelle. 


1654 


XIII. 


ï» 


1634 


354  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

lieu  la  dispute  du  chaperon  consulaire,  des  offices  de  judicature,  Se  jusqu'à 
l'exercice  des  plus  modestes  métiers  d'artisans.  Catholiques  ou  protestants,  la 
préoccupation  constante  8c  acharnée  du  parti  qui  dominait  dans  la  ville  ou 
dans  le  village,  était  de  chasser  le  culte  rival,  de  le  blesser,  de  l'atteindre  par 
des  distinctions  humiliantes,  de  le  frustrer  de  tout  ce  qui  pouvait  donner 
honneurs  ou  bénéfice.  S'exclure  des  magistratures  municipales,  des  tribunaux, 
des  ateliers,  se  traiter  en  étrangers  81  en  ennemis,  telle  est  la  passion  dont  le 
témoignage  se  révèle  à  chaque  instant,  soit  dans  les  procès-verbaux  des  Etats 
de  Languedoc,  où  la  Province  prend  invariablement  parti  pour  les  catholiques 
syndiqués,  soit  dans  les  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  Si  de  la  chambre  de 
l'édit  de  Castres,  soit  enfin  dans  les  délibérations  des  simples  consulats  où  ces 
sentiments  se  traduisent  avec  une  naïveté  peut-être  plus  éloquente  '. 

Depuis  que  les  Etats  de  Languedoc  avaient  institué  un  service  régulier 
d'étapes,  afin  d'obvier  aux  calamités  du  passage  des  troiipes,  la  ville  de  Tou- 
louse s'était  constamment  refusée  à  payer  sa  part  de  la  cotisation  établie  sur 
les  vingt-deux  diocèses  de  la  Province.  Elle  fondait  sa  prétendue  exemption 
sur  divers  actes  de  faveur  accordés  par  les  rois  de  France  &  sur  son  titre  de 
capitale  qui  devait,  disait-on,  lui  assurer  certaines  prérogatives.  Ses  avocats 
ajoutaient  qu'elle  repoussait  uniquement  la  charge  commune  afin  de  se 
recueillir  S<.  d'être  capable  de  plus  grands  efforts  quand  les  occasions  impor- 
tantes se  présenteraient 5  qu'elle  avait  maintes  fois  donné  au  roi  des  preuves 
notoires  de  dévouement,  soit  en  levant  elle-même  des  troupes,  soit  en  four- 
nissant de  l'artillerie,  de  la  poudre  Se  toute  espèce  de  matériel  de  guerre.  Ils 
se  plaignaient  encore  que  la  part  de  la  ville  Si  de  sa  banlieue,  dans  la  répar- 
tition des  autres  impositions  provinciales,  était  très-disproportionnée, 
puisqu'on  lui  faisait  porter  un  vingt-huitième  environ  de  la  somme  totale, 
tandis  qu'elle  n'en  devrait  légitimement  subir  qu'un  cent  cinquantième;  que 
cette  surcharge,  acceptée  dans  des  temps  plus  heureux,  avec  un  commerce 
étendu,  une  industrie  active,  des  écoles  florissantes,  était  devenue  insoute- 
nable depuis  que  la  ville,  accablée  de  dettes,  désolée  par  la  peste,  aban- 
donnée de  la  plupart  de  ses  artisans,  était  pauvre  &  presque  dépeuplée. 

De  leur  côté,  les  Etats  répondaient  avec  raison  qu'il  n'y  aurait  plus  de 
Province  ni  de  satisfaction  des  intérêts  généraux  si  chaque  diocèse  ou  ville 
particulière  pouvait  faire  valoir  des  motifs  d'exemption  8c  se  dérober  aux 
obligations  communes;  que,  jusqu'à  la  révision  du  cadastre,  il  fallait  bien, 
sous  peine  de  renoncera  toute  règle,  observer  le  tarif  ancien  Se  que  d'ailleurs 
l'assemblée  provinciale  avait  seule  qualité  pour  introduire  les  modifications 
opportunes.  Ils  écartaient  l'analogie  que  les  Toulousains  voulaient  établir 
entre  le  taillon  8c  l'étape.  Le  taillon,  dont  certaines  lettres  patentes  les  avaient 
affranchis  moyennant  un  abonnement,  était  une  taxe  destinée  à  la  solde  des 

■  Voir  aux  Pièces  justificatives  les  documents  re-  l'exercice  du  culte  réformé  dans  la  ville  de  Floren- 

latifs  aux  affaires  municipales  de  Lunel,  n.  CXCVI,  sac,  n.  CCXXVII,  col.  553,  &  n.  CCXXXI,  col.  àSj; 

col.  483;  — de  Montpellier,  n.  CCXVII,  col.  539;  _    à    l'office   de   juge   de    Castres,    n.    CCXLIIT, 

—   de    Bédarieux,    n.   CCXVIII,    col.    540;  —  à  col.   59'î. 


LIV.  I.   MINISTERE  DE  MAZARIN,  355 

armées,  tandis  qvie  l'étape  se  réduisait  à  la  fourniture  de  vivres  aux  troupes 
de  passage. 

Ils  taisaient  ressortir  aussi  que  le  titre  de  capitale,  loin  de  créer  des  immu- 
nités en  fait  d'impôts,  augmentait,  au  contraire,  les  obligations,  puisque  la 
ville  se  trouvait  à  la  fois  siège  de  Parlement,  d'université,  d'archevêché,  de 
généralité,  d'une  des  plus  grandes  sénéchaussées  de  Languedoc,  que  la  fer- 
tilité de  son  terroir  &  le  cours  de  son  fleuve  y  entretenaient  un  mouvement 
continuel  de  transactions,  S<.  qu'il  serait  inique  d'affranchir  la  première  ville 
de  la  Province  d'une  cotisation  que  l'on  obtenait  sans  difficulté  des  moindres 
communes. 

Ce  débat  donna  lieu  à  de  longues  procédures.  Plusieurs  arrêts  du  conseil 
furent  obtenus  par  la  Province  de  1642  à  1645. 

Le  8  juin  1647,  une  transaction  fut  passée  à  Montpellier,  par-devant 
notaire,  entre  les  syndics  de  la  Province  &  les  députés  de  Toulouse  Ferrières, 
Pvibes  81  Paulo.  La  ville  devait  payer  aux  trésoriers  de  la  bourse  une  somme 
de  vingt  mille  livres,  recevoir,  à  ce  prix,  quittance  de  tous  les  arrérages  dus 
jusqu'au  jour  de  la  transaction  Se,  à  dater  de  la  même  époque,  supporter  sa 
part  de  l'étape.  Cette  transaction  ne  fut  pas  exécutée;  les  poursuites  &  les 
saisies  recommencèrent. 

Les  dettes  de  la  ville  de  Toulouse  s'élevaient  à  plus  de  deux  millions.  Le 
menu  peuple  était  dans  une  misère  extrême.  La  plupart  des  maisons  des  fau- 
bourgs se  trouvaient  abandonnées,  &  dans  l'intérieur  même  de  la  ville  on  en 
comptait  beaucoup  de  vides,  par  suite  du  taux  écrasant  des  impôts  que  l'ava- 
rice des  membres  du  Parlement  8c  des  privilégiés  de  tout  ordre  rejetait  en 
entier  sur  les  petits  bourgeois  Se  les  artisans. 

A  la  suite  d'une  lettre  pressante  du  syndic  général  Lamamye  81  de  la  dépu- 
tation  aux  États,  il  fut  fait  choix  d'un  groupe  de  personnages  considérables 
du  corps  de  bourgeoisie  pour  aviser  à  une  conciliation.  L'archevêque  de  Nar- 
bonne  les  y  encouragea  même  par  lettre;  mais  les  dispositions  furent  trop 
tardives;  la  session  finissait  à  Pézénas.  Il  fallut  renvoyer  à  l'année  suivante'. 

Cependant,  les  difficultés  empiraient  toujours.  «  Nous  sommes  au  port, 
«  disait  le  chef  du  consistoire  Montagut  dans  son  testament  capitulaire,  avec 
«  ce  regret  de  ramener  un  navire  qui  tait  eau  de  toutes  parts  ^.  » 

Enfin,  après  de  longs  pourparlers,  les  bases  d'un  accord  définitif  furent 
arrêtées.  Le  14  mai  1654,  les  trois  syndics  généraux  de  la  Province  signèrent, 
avec  les  commissaires  toulousains,  une  transaction  qui,  sans  décider  la  ques- 
tion au  fond  8c  en  réservant  les  droits  des  parties,  établissait  du  moins  une 
trêve  notable.  Le  syndic  de  Toulouse  devait  verser  aux  prochains  États,  entre 
les  mains  du  trésorier  de  la  bourse,  une  somme  de  dix  mille  livres,  acceptée 
par  la  Province  pour  tenir  lieu  des  trais  d'étapes  durant  une  période  de 
vingt  ans,  de  i65o  à  1670.  La  ville  s'engageait  aussi  à  payer,  avant  le  i"  mai 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  tles  Conseili^XWl,  '  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXVI, 

p.  3c2,  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  i3  jan-  page  zpo.  Conseil  général,  Séance  du  16  décembre 
vier  i(}')^.  i653. 


1654 


i654 


Jj6  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  l'année  courante,  tous  les  arrérages  des  autres  impositions  dont  elle  se 
trouvait  redevable  depuis  1648  jusqu'en  i653,  &  dont  la  liquidation  serai- 
faite  par  les  trésoriers  de  la  bourse,  des  garnisons  Se  des  mortes-payes  8<.  pai 
le  fermier  de  l'équivalent. 

Cette  transaction  fut  ratifiée  par  le  conseil  de  bourgeoisie  le  24  mars,  & 
pour  remercier  l'archevêque  de  Narbonne  des  soins  qu'il' avait  donnés  à  l'ac- 
commodement, on  lui  dépêcha  une  ambassade.  Se  l'on  se  promit  de  lui  rendre 
les  plus  grands  honneurs  lorsqu'il  viendrait  à  Toulouse.  Pareille  démarche 
fut  faite  auprès  du  premier  président,  afin  de  rendre  grâce  à  la  cour  de  son 
intervention  '. 

Armand  de  Bourbon,  prince  de  Conti,  qui,  loin  de  suivre  l'exemple  de  son 
frère,  s'était  réconcilié  avec  la  Cour  par  un  traité  particulier  8c,  rompant  pour 
jamais  avec  la  cléricature  Si  l'espoir  de  la  pourpre  romaine,  avait  épousé  la 
nièce  du  cardinal  Mazarin,  traversa  la  Province  au  mois  de  juin  1654,  en 
allant  rejoindre  l'armée  de  Catalogne.  Il  passa  deux  jours  à  Montpellier;  le 
Parlement  de  Toulouse  l'envoya  saluer  par  députation. 

Le  i"août,  il  était  à  Belcaire,  dans  le  pays  de  Sault,  avec  plusieurs  lieute- 
nants généraux  placés  sous  ses  ordres,  l'infanterie  &  les  gendarmes.  Bussv- 
Pv^abutin,  avec  toute  la  cavalerie,  occupait  Verges.  Il  y  fut  rejoint  par  quinze 
cents  chevaux  venant  de  Saint-Pierre-Pescador.  Le  même  jour,  Gaston  de 
Nogaret,  duc  de  Caudale,  colonel  général  de  l'infanterie  de  France,  arriva  à 
Belcaire  avec  MM.  de  Vardes  8<.  de  Comminges. 

Peu  de  temps  après,  le  régiment  d'infanterie  de  la  Reine  81  le  régiment 
de  cavalerie  d'Harcourt,  venant  de  Foix  pour  rallier  l'armée.  Se  marchant 
sans  précautions  dans  les  montagnes  du  Capsir,  avec  la  sécurité  de  gens  qui 
savaient  être  sur  le  territoire  français,  furent  attaqués  S<  défaits  par  la  gar- 
nison de  Puycerda,  qui  n'avait  pas  craint  de  faire  une  pointe  audacieuse  à 
dix  lieues  de  distance  en  avant  de  ses  murailles.  «  Ce  fut,  dit  le  comte  de 
«  Rabutin,  une  belle  action  à  don  Pedro  de  las  Valanconelas,  gouverneur 
de  cette  place*.  » 

La  révocation  des  intendants  qui  n'avait  jamais  été  prise  au  sérieux  en 
Languedoc,  malgré  la  profusion  d'arrêts  lancés  contre  eux  au  Parlement  de 
Toulouse,  se  trouva  définitivement  annulée  grâce  au  rétablissement  de  l'au- 
torité royale;  c'est  même  à  dater  de  cette  confirmation  que  l'institution  de 
Richelieu  prit  un  caractère  d'administration  fixe  Se  régulière  Se  accrut  rapide- 
ment l'étendue  de  ses  attributions. 

Il  est  nécessairement  assez  difficile  de  marquer  l'heure  précise  où  s'accom- 
plissent des  évolutions  de  cette  nature;  cependant  on  peut  reconnaître  que 
l'extension  d'autorité  de  ces  représentants  du  pouvoir  central  coïncide  avec 
l'arrivée  en  Languedoc  d'un  ancien  intendant  des  armées  de  Catalogne, 
Claude  Bazin  de  Bezons,  qui  avait  pris  possession  de  ses  fonctions  sur  la  fin 

■  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXV'I,  *  Mégioires  du  comte  de  Bussy  Rahutin,  I,  p.  32  r . 

p.  327.  Conseil  de  bourgeoisis.  Séance  du  24  mars 
i654. 


LIV.  I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  35 7 

:1e  i653,  Si  qui  conservait  encore  à  cette  époque  le  titre  de  visiteur  général  de 
Catalogne,  précédemment  porté  par  l'évêque  de  Couserans,  Pierre  de  Marca; 
M.  de  Bezons  succédait  à  Le  Tonnelier  de  Breteuil,  rappelé  le  12  août  de  la 
même  année  à  la  généralité  de  Paris.  Durant  l'interrègne  qui  sépare  les  deux 
intendants,  deux  commissaires  extraordinaires  avaient  fait  une  apparition 
rapide  dans  la  Province  :  Alexandre  de  Sève,  sieur  de  Chantignouville,  & 
Louis  Boucherat. 

Le  nouveau  délégué  ministériel  fut,  à  proprement  parler,  l'organisateur  de 
l'intendance  administrative  en  Languedoc;  il  occupa  cette  charge  pendant 
vingt  ans  Se  prépara,  par  son  assiduité,  par  sa  connaissance  du  pays,  l'envahis- 
sement à  peu  près  complet  de  tous  les  pouvoirs  dans  l'ensemhle  de  la  Province 
St  dans  les  communes  &  les  grandes  intendances  de  d'Aguesseau  Si  de  Bâvillc. 
C'est  donc  lui  qui  marque  la  transition  entre  les  commissaires  départis  perpé- 
tuellement contestés,  durant  la  première  période  de  l'institution,  81  les  petits 
ministres  provinciaux  dont  l'autorité,  à  la  fois  administrative  8c  judiciaire, 
devait  exagérer  les  défauts  du  gouvernement  ahsolu,  pousser  à  ses  dernières 
limites  l'esprit  de  réglementation  S<.  de  contrôle,  8<  préparer,  par  un  excès  de 
tension,  la  grande  dislocation  de  la  fin  du  siècle. 

La  métamorphose  qui  s'opérait  dans  les  intendants  allait  aussi  atteindre  gra- 
duellement la  représentation  provinciale,  &c,  en  lui  taisant  perdre  tout  carac- 
tère politique,  la  transformer  en  instrument  d'administration  perfectionné. 

Nicolas  Pavillon  porta  plainte  aux  États  de  i655  contre  Pierre  &  Bernard 
Aostène,  receveurs  des  tailles,  dont  les  concussions  &  les  voleries  désolaient  le 
diocèse  d'Alet  8c  toute  la  province  de  Languedoc.  Pierre  Aostène  avait  cru 
s'assurer  l'impunité,  en  épousant  la  fille  de  M.  de  Cironis,  président  aux 
requêtes  du  Parlement  de  Toulouse  8c  en  achetant  l'office  de  président  juge- 
mage  au  sénéchal  8c  siège  présidial  de  Limoux. 

Les  deux  frères  étaient  le  fléau  des  pauvres  communes  de  la  haute  vallée  de 
l'Aude.  Ils  faisaient  imposer  tout  ce  que  bon  leur  semblait,  contre  les  formes 
&c  les  ordres  des  États,  inscrivaient  dans  leurs  comptes  des  sommes  immenses, 
sous  des  prétextes  imaginaires,  soumissionnaient  la  fourniture  de  l'étape  à 
un  taux  très-supérieur  à  celui  de  la  Province  8c  s'autorisaient  de  cette  exagé- 
ration pour  extorquer  tout  l'argent  qu'ils  voulaient,  à  titre  de  gratification  ou 
de  dédommagement.  Us  s'étaient  pourvus  de  trois  offices  de  receveurs,  de 
façon  à  pouvoir  toujours  faire  appréhender  les  consuls  qui  ne  se  prêtaient  pas 
à  leurs  désirs  dans  les  assemblées  d'Assiette,  en  facilitant  leurs  malversations. 

Les  États  s'émurent  des  remontrances  de  l'évêque  8c  chargèrent  le  syndic 
général  de  prendre  l'aftaire  en  main.  Elle  présenta  les  plus  grandes  difficultés. 
Pavillon  contribua  de  ses  soins  5c  de  sa  peine  à  l'instruction  du  procès'.  Il  dut 
même  donner  une  singulière  preuve  d'énergie  en  taisant  arrêter  le  juge-mage 
en  son  siège  de  Limoux.  Il  l'enferma  dans  le  château  épiscopal  de  Cor- 
nandon,  où  une  troupe  considérable  de  gentilshommes,  amis  du  prisonnier, 

'  Suite  des  Mémoires  pour  servir  à  la  Vie  de  messire  Nicolas  Pavillon,  ivèque  d'Alet, 


i(<:. 


i65.} 


358  ÉTUDES  HISTORIQUES  t>V\\  LE  LANGUEDOC. 

essaya  de  l'enlever.  Cette  entreprise  coûta  la  vie  à  l'un  des  muletiers  de 
i'évêque,  au  moment  où  il  essayait  d'introduire  des  vivres  dans  le  château,  & 
le  viguier  d'Alet,  très-dévoué  à  l'évêché,  eut  son  cheval  tué  sous  lui  '. 

Après  des  traverses  infinies,  les  deux  receveurs  furent  condamnés  par  la 
cour  des  aides  de  Montpellier,  l'un  à  la  mort,  l'autre  au  bannissement,  8< 
tous  les  deux  à  restituer  deux  cent  soixante-quatorze  mille  livres  au  diocèse 
d'Alet  ou  à  la  Province. 

Les  États  ne  cessaient  point  d'ailleurs  d'être  un  foyer  d'intrigues  où  les  per- 
sonnages les  plus  respectables  se  trouvaient  circonvenus  sans  ménagements. 
Ce  fut  une  des  causes  qui  éloignèrent  Nicolas  Pavillon  de  ces  assemblées.  Ce 
pieux  évêque,  sachant  que  ses  diocésains  se  plaignaient  de  son  inassiduité 
aux  États,  par  suite  des  charges  qui  retombaient  sur  eux,  fit  un  effort  pour  y 
assister.  Mais  des  personnes  très-puissantes  l'ayant  sollicité  de  donner  son 
suffrage  pour  la  députation  d'un  haut  dignitaire  ecclésiastique,  il  s'y  refusa 
absolument.  «  Dès  qu'il  avoit  été  fait  évêque,  disait-il,  il  s'étoit  proposé  de 
«  n'engager  jamais  sa  parole  pour  tout  ce  qui  regarderoit  l'intérêt  général, 
«  mais  de  conserver  sa  liberté  tout  entière  pour  ne  faire  que  ce  qu'il  croiroit 
«  plus  avantageux  au  public.  «  Cette  noble  résolution  devait  lui  attirer  bien 
des  disgrâces^. 

Le  sieur  de  Cornillon  de  Gouvernet,  envoyé  de  la  comtesse  d'Alais,  vint 
dénoncer  un  jour  à  l'assemblée  des  actes  de  corruption  qui  avaient  été 
commis  durant  le  cours  de  la  session,  sur  une  affaire  très-importante.  Il  dit 
crûment  que  plusieurs  suffrages  avaient  été  achetés.  Le  syndic  général  Jou- 
bert  demanda  que  le  registre  demeurât  chargé  de  la  plainte.  Si  l'on  exprima 
dans  le  procès-verbal  le  désir  qu'avaient  les  Etats  d'infliger  aux  coupables  une 
punition  exemplaire,  afin  que  l'impunité  de  quelques-uns  ne  fît  pas  retomber 
l'infamie  sur  le  corps  entier  de  la  Province.  On  écrivit  même  à  la  comtesse 
d'Alais  pour  la  remercier  d'avoir  donné  sa  procuration  à  un  gentilhomme 
«  aussi  généreux;  »  on  décida  par  provision  que  tous  membres  des  États  con- 
vaincus du  crime  d'avoir  pris  de  l'argent  pour  donner  leurs  suffrages,  étaient, 
de  ce  fait,  déclarés  indignes  d'entrer  jamais  aux  assemblées  provinciales, 
diocésaines  ou  municipales,  &  qu'on  avertirait  leurs  commettants  de  n'avoir 
plus  à  se  faire  représenter  par  des  hommes  déshonorés,  incapables  d'occuper 
à  l'avenir  un  emploi  public. 

L'archevêque  de  Toulouse,  président,  nomma  aussi,  sur  l'invitation  de 
l'assemblée,  des  commissaires  chargés  de  procéder  aux  poursuites  &  afin  de 
garantir  le  révélateur  des  vexations  &  des  violences  que  pouvait  lui  attirer 
sa  franchise,  on  décida  que  la  Province  prendrait  fait  8c  cause  pour  lui. 

Le  choix  du  pieux  8c  rigide  évêque  d'Alet,  placé,  avec  son  collègue  de 

■  Ce  viguier  était  un   galant   homme  de  Sain-  ché,  &  mangeait  à  la  table  du  prélat,  portant  tou- 

toiige,    venu  auprès   de   l'évéque   d'Alet   dans   une  jours  l'épée'. 

pensée  de  retraite.  Pavillon,  le  voyant  capable  de  '  Suite  des  Mémoires  pour  servir  k  h  Fie  de  mes- 

remplir   la    charge  de  viguier  épiscopal  qui    était  sire  Nicolas  Pavillon,  évêque  d'Alet. 

vacante,  le  retint  auprès  de  lui.  Il  habitait  Tévè-  .  ReLUio»  d un  myaife dAleth,  p.  loS. 


LIV.  I.   MINISTÈRE  DE  MAZARiN.  35g 

Béziers,  à  la  tête  de  cette  commission,  permettait  d'espcrer  qu'elle  remplirait 
son  devoir  en  conscience,  &  que  l'assemblée  couperait  court,  par  une  répres- 
sion énergique,  aux  pratiques  honteuses  qui  attaquaient  la  considération  des 
États.  Mais  on  avait  compté  sans  la  Cour. 

Le  prince  de  Conti  apprit  à  Pierre  de  Marca  le  désir  qu'il  avait  de  se 
réserver  la  connaissance  de  l'affaire,  «  prévoyant  les  suites  fâcheuses  qui  pour- 
«  roient  arriver  de  la  dénonciation,  »  8c  le  pria  de  pressentir  l'assemblée  sur 
ce  point.  Cela  se  fit  à  la  séance  suivante,  où  du  Mény,  capitaine  des  gardes  du 
prince,  vint  au  nom  de  son  maître  en  faire  la  proposition  formelle.  Les  Etats 
n'eurent  garde  de  refuser  l'intervention  que  sollicitait  le  premier  commissaire 
du  roi,  &  la  session  s'acheva  sans  que  l'on  entendît  plus  parler  de  rien  '. 

Les  démarches  faites  pour  recommander  le  respect  des  usages  municipaux 
n'eurent  pas  plus  de  succès.  Les  coutumes  locales  étaient  chaque  jour  violées, 
grâce  à  l'industrie  de  gens  qui  arrachaient  par  importunité  des  lettres  de 
cachet  pour  être  mis  en  possession  des  charges  consulaires.  Les  États  s'étaient 
déjà  inutilement  expliqués  sur  ce  point  en  1648  &  1649.  A  la  suite  d'une 
motion  du  syndic  général  Lamamye,  ils  revinrent  à  la  charge  au  mois  de 
novembre  i655,  81  prirent  une  résolution  qui  eût  été  fort  grave,  si  l'on  avait 
jamais  pu  l'appliquer  sérieusement.  Afin  que  les  particuliers  perdissent  la 
fâcheuse  habitude  d'intriguer  auprès  des  puissances  pour  se  faire  installer  de 
force  dans  les  charges  municipales,  on  déclarait  qu'à  l'avenir  les  capitouls 
ou  consuls  nommés  par  lettres  de  cachet  qui  se  présenteraient  aux  États  pour 
y  prendre  leur  siège  en  seraient  impitoyablement  exclus.  Comme  la  députa- 
tion  aux  États  était  une  des  principales  causes  qui  faisaient  délivrer  des  lettres 
de  cachet,  8c  que  ces  actes  sommaires  de  la  volonté  royale  suffisaient  même 
à  éloigner  de  l'assemblée  les  prélats  ou  les  gentilshommes  dont  les  dispositions 
paraissaient  suspectes,  on  ne  peut  guère  voir  dans  la  délibération  des  États 
qu'une  affirmation  de  droit  8c  une  protestation  théorique,  sans  illusion  sur 
les  conséquences  réalisables. 

Les  fraudes  qui  gênaient  la  perception  de  l'impôt  du  sel  ayant  déterminé 
le  conseil  d'État  à  prescrire,  par  deux  arrêts  consécutifs,  une  visite  générale 
dans  la  ville  de  Carcassonne,  Louis  Massant,  fermier  général  des  gabelles, 
s'y  rendit  pour  diriger  cette  opération.  Les  deux  arrêts  furent  signifiés  aux 
consuls,  qui  réunirent  le  conseil  général  pour  en  délibérer.  La  nouvelle  se 
répandit  aussitôt,  8c  une  foule  tumultueuse  courut  à  l'hôtel  de  ville,  inter- 
rompit la  séance  par  ses  clameurs  8c  contraignit  le  conseil  de  se  séparer,  sans 
que  le  juge-mage,  président  de  l'assemblée,  8c  les  consuls  qui  siégeaient 
auprès  de  lui  pussent  arrêter  le  désordre. 

Devant  ces  démonstrations,  le  fermier  général  battit  en  retraite  S<.  se  contenta 
d'envoyer  à  la  cour  un  procès-verbal  de  rébellion.  Peu  de  temps  après,  un 
nouveau  délégué,  nommé  Amaury,  capitaine  aux  gardes  du  gouverneur,  fut 
expédié  pour  l'exécution  des  mêmes  ordres;  il  annonça  à  l'hôtel  de  ville  l'ar- 

'  Procis-vcrbnl  des  États.   Séance  du   i8  février  i655. 


16Ô.J 


lOjî) 


i65j 


36o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

rivée  d'un  conseiller  à  la  cour  des  aides  de  Montpellier,  Reignac,  envoyé  en 
qualité  de  commissaire,  en  vue  de  terminer  le  conflit. 

Le  juge-mage  estima  prudent  de  partir  au  point  du  jour  &  d'aller  pré- 
sider une  élection  consulaire  au  lieu  d'Azille.  Le  premier  &t  le  deuxième 
consul  de  Carcassonne  se  trouvant  déjà  absents,  tout  le  poids  de  la  responsa- 
bilité retomba  sur  les  deux  derniers,  qui  s'appelaient  Pierre  Turle  &  Etienne 
Hortal,  l'un  marchand,  l'autre  procureur. 

Le  commissaire  royal  avait  à  peine  pénétré  en  ville  qu'une  troupe  de 
factieux  prit  les  armes.  On  contraignit  un  capitaine  de  quartier,  nommé 
Dumons,  à  donner  son  tambour  pour  battre  le  rappel.  Des  bandes  se  formè- 
rent alors  sur  plusieurs  points  &  se  partagèrent  les  divers  rôles  d'insurrection. 
Les  uns  s'emparèrent  des  clochers  pour  y  sonner  le  tocsin,  d'autres  allèrent 
chercher  deux  canons  à  l'hôtel  de  ville  &  les  mirent  en  batterie  contre  la 
maison  ou  était  descendu  le  commissaire,  tandis  que  certains  furieux  cou- 
raient par  les  rues,  criant  à  tue-tête  :  «  Vive  le  roi,  sans  visite  8t  sans  gabelle!  » 
8c  que  d'autres  affichaient  des  placards  où  l'on  avait  écrit  les  mêmes  paroles. 
Le  consul  Turle,  qui  n'était  ni  énergique  ni  éloquent,  vint  se  montrer  aux 
séditieux,  &  leur  laissa  comprendre,  par  l'épouvante  qui  paraissait  dans 
son  maintien,  toute  la  gravité  de  leur  entreprise.  Il  obtint  qu'on  ne  tirerait 
pas  le  canon.  Se  gagna  du  temps.  La  nuit  dispersa  les  insurgés.  Au  point  du 
jour,  le  commissaire  royal,  voyant  les  abords  de  sa  maison  dégagés,  s'échappa 
de  la  ville  basse  &  alla  s'enfermer  dans  la  cité,  où,  protégé  par  la  double 
enceinte,  il  put  verbaliser  à  son  aise. 

En  même  temps,  le  juge- mage  revenait  d'Azille  8c  prescrivait  quelques 
poursuites.  On  arrêta  un  certain  Cailhau,  qui  fut  interrogé  par  le  conseiller 
8<  qui  fit  prendre  trois  de  ses  complices,  Bertrand  Febvrier,  Paul  Olive  8c 
Claude  Moret.  Le  conseiller  Pveignac  les  dirigea  sur  les  prisons  de  Mont- 
pellier, 8c,  après  une  instruction  sommaire,  quitta  Carcassonne,  avertissant 
les  consuls  qu'il  se  proposait  d'attaquer  le  corps  de  ville  en  justice. 

On  choisit  pour  défendre  la  cause  commune  un  avocat  du  nom  d'Aussenac, 
qui  refusa  de  se  présenter.  Le  commissaire  royal  dut  le  remplacer  par  un 
syndic  d'office. 

Les  procédures  traînèrent  longtemps  8c  ne  furent  terminées,  par  un  arrêt 
de  la  cour  des  aides,  que  le  i6  avril  1657. 

Cet  arrêt,  d'une  sévérité  peu  commune,  rendait  toute  la  ville  basse  respon- 
sable de  l'insurrection  8c  la  punissait  par  la  suppression  de  tous  ses  privilèges; 
il  en  détruisait  la  constitution  municipale,  les  livrées  consulaires,  les  foires  8c 
marchés,  ordonnait  la  démolition  de  l'hôtel  de  ville,  condamnait  au  feu  la 
porte  du  pont,  transférait  la  chambre  à  sel  dans  la  ville  haute,  où  devaient 
être  aussi  amenés  les  canons  enlevés  par  les  rebelles;  prescrivait  de  mettre  en 
pièces  8c  de  jeter  à  la  fonte  les  cloches  qui  avaient  servi  à  sonner  le  tocsin, 
les  habitants  demeurant  chargés  d'en  fournir  d'autres  aux  églises,  8c  de  payer 
en  outre  vingt  mille  livres  d'amende  au  Trésor,  dix  mille  au  fermier  des 
gabelles  8c  dix  mille  à    la  cour  des  aides  pour  la  réparation  du  nouveau 


LIV.    1.   MIKi^rÈRE  DE  MAZAKIN.  36 1 

palais,  sans  oublier  les  dépens.  Le  droit  de  visite  des  officiers  de  gabelles 
était  de  plus  confirmé.  Enfin,  le  consul  Hortal,  un  marchand  de  fer  nommé 
Gau,  &  deux  autres  habitants,  Pruniet  8t  Guériguet,  devaient  être  rompus 
vivants  8(.  attachés  à  la  roue,  tandis  que  le  troisième  consul  Turle,  les  sieurs 
Barrière,  Blanc  Se  autres,  au  nombre  de  vingt-cinq,  étaient  condamnés  à  la 
potence. 

Un  article  spécial  appelait  à  comparaître  devant  la  cour  maître  François 
de  Roux,  président  Si  juge-mage  au  siège  présidial  de  Carcassonne,  pour  y 
répondre  de  sa  conduite. 

Ce  personnage  qui,  d'après  un  historien  local,  «  possédoit  infiniment  d'es- 
«  prit,  »  en  eut  assez  pour  se  tirer  d'affaire,  &  toute  la  ville  avec  lui,  de  sorte 
que  pas  une  des  terribles  sentences  de  l'arrêt  ne  fut  mise  à  exécution.  Sans 
attendre  l'heure  de  son  ajournement,  le  juge-mage  s'était  rendu  à  Béziers,  où 
les  États  siégeaient  depuis  le  17  novembre.  Après  quelques  conférences  avec 
le  commissaire  royal  S<.  les  intéressés  aux  gabelles,  tout  tut  arrangé.  Une 
somme  de  trente-cinq  mille  livres  payée  au  fermier  général  lui  ferma  la 
bouche.  Il  se  chargea  même  d'obtenir  une  rémission  générale,  tant  pour  ia 
ville  que  pour  les  particuliers. 

Rassuré  par  ces  conventions  secrètes,  maître  Roux  put  affronter  impuné- 
ment le  tribunal  de  la  cour  des  aides,  6t  revint  absous.  En  même  temps,  on 
donna  contre-ordre  à  cinq  mille  hommes  de  troupes  régulières  qui  marchaient 
sur  la  ville  pour  faire  exécuter  les  diverses  condamnations'. 

Cette  émotion  populaire  a  été  l'une  des  dernières  effervescences  produites 
en  Languedoc  par  l'esprit  de  rébellion  que  les  troubles  de  la  régence  avaient 
développées. 

Le  9  novembre  i656  mourut  au  château  de  Graulhet,  en  Albigeois,  un  gen- 
tilhomme dont  le  nom  a  souvent  figuré  dans  notre  histoire,  le  dernier  héritier 
d'une  des  plus  illustres  maisons  de  la  monarchie,  François-Jacques  d'Amboise, 
comte  d'Aubijoux,  gouverneur  particulier,  au  nom  du  duc  d'Orléans,  de  la 
ville  St  citadelle  de  Montpellier,  Se  chambellan  de  Son  Altesse  Royale*. 

Ce  personnage,  qui  ne  s'était  point  marié  Se  en  qui  finissait  le  nom  d'Am- 
boise, outre  son  héroïque  lignée  paternelle,  avait  dans  les  veines  le  sang  d'un 

'    Bouges,   Histoire  tcelésiastiifue  &  civile  Je  la  Castelnet,  de  Sainte-Croix  &  autres  lieux,  lieute- 

yillc  G-  diocèse  de  Carcassonne,  p.  444.  Le  P.  Bouges  nant  général   pour  le  roi  en  ses  armées  &  pays  de 

déclare    s'être   senri    des   mémoires   de    défunt  Jac-  Languedoc,  gourcrneur   particulier  de    la  Yille   8c 

ques  Murât,   notaire  &  témoin    oculaire,  qui    lui  citadelle  de  Montpellier  pour  Son  Altesse  Royale, 

.iTaient   été    communiqués    par    le    sieur    Bernard  fils  de  François  d'Amboise,  capitaine  de  cent  hom- 

Murat,  son    petit-fils,  arec    les    pièces    justifica-  mes  d'armes    des   ordonnances   du    roi    &    colonel 

tives.  des    légionnaires  de  Languedoc,  &  d'Elisabeth    de 

'  Voici   l'ensemble  des  titres  sous  lesquels  figure  Lévis  d'Audon. 

le  comte  d'Aubijoux  dans  le  recueil  héraldique  de  "  Armes  :  paie  d'or  &  de  gueules  de  six  pièces  : 

Béjard  :  supports,  deux  sauYages  de  carnation,  ceints  d'un 

s  François-Jacques  d'Amboise,  comte  d'Aubijoux,  feuillage  de  sinople,  tenant  chacun  une  massue; 

baron  des  baronnies  de  Caslelnau   de  Bonnefous,  cimier,  un  sauvage  de  même".  » 
de  Graulhet,  de  Bélesta,  de  Sauveterre,  seigneur  de 

la  Bastide  d'Audon   &  de   la   Bastide  de  LcTis,  de  '  Armoriai  det  Élat$  de  Languedoc,  par  Bé'inri.  1654. 


i656 


16515 


362  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

des  plus  aventureux  capitaines  huguenots  du  seizième  siècle,  le  sire  de  Lévïs 
d'Audon,  qui  fut,  pendant  des  années,  la  terreur  du  pays  de  Foix.  De  sa 
mère,  Isabelle  de  Lévis,  Jacques  d'Amboise  tenait  les  terres  du  redoutable  chef 
de  bandes  protestantes,  à  l'extrémité  du  diocèse  de  Mirepoix,  les  forêts  de 
sapins  de  Bélesta  &  La  Bastide-d'Audon. 

Des  trois  branches  qu'avait  formées  la  maison  d'Amboise,  celle  d'Aubijoux 
était  la  dernière,  la  laranche  de  Chaumont  ayant  fini  dans  le  désastre  de 
Pavie,  &  celle  de  Bussy  dans  la  victoire  de  Marignan.  Du  reste,  cette  vaillante 
race  avait  de  tout  temps  semé  ses  fils  avec  une  prodigalité  insouciante  sur  tous 
les  champs  de  bataille. 

Les  d'Amboise  d'Aubijoux,  qui  avaient  pris  le  surnom  d'une  terre  située  en 
Auvergne,  au  diocèse  de  Clermont,  érigée  plus  tard  en  marquisat',  s'étaient 
détachés  de  la  maison  d'Amboise  au  quinzième  siècle  par  un  fils  de  Pierre 
d'Amboise,  chambellan  des  rois  Charles  VII  &  Louis  XI  Si  ambassadeur  à 
Rome,  marié  à  la  fille  d'un  grand  maître  des  arbalétriers  de  France. 

Ce  fils,  qui  s'appelait  Hugues,  était  frère  du  cardinal  Georges,  premier 
ministre  du  roi  Louis  XII,  Se  d'un  grand  maître  des  chevaliers  de  Rhodes.  Il 
était  capitaine  de  cent  gentilshommes  de  la  maison  du  roi,  s'illustra  à  For- 
noue  Se  se  fit  tuer  à  Marignan.  C'est  lui  qui  apporta  le  nom  d'Amboise  en 
Languedoc,  ayant  été  fait  lieutenant  général  au  gouvernement  de  la  Pro- 
vince, capitaine  d'Aiguës- mortes  &  sénéchal  de  Beaucaire.  A  partir  de  ce 
moment,  les  liens  qui  rattachèrent  le  Languedoc  à  cette  illustre  maison  fran- 
çaise se  resserrèrent  de  plus  en  plus.  Elle  s'allia  tour  à  tour  aux  Voisins  d'Am- 
bres &aux  Lévis  de  Ventadour,  donna  une  prieure  Se  une  religieuse  à  l'abbaye 
de  Prouille,  une  autre  à  un  couvent  d'Albi ,  deux  colonels  aux  légionnaires 
de  Languedoc  Se  un  gouverneur  aux  diocèses  d'Albi,  de  Castres  Se  de  Lavaur, 
qui  fut  en  même  temps  sénéchal  d'Albi  Se  chevalier  des  ordres  du  roi. 

Jacques  d'Amboise,  baron  d'Aubijoux,  qui   mourut  en  i536  au  siège  de 
Marseille,  posséda  la  baronnie  languedocienne  de  Castelnau-de-Bonnefous, 
vieille  forteresse  féodale  dont  la  tour  démantelée  commande  encore  l'horizon- 
d'Albi;  c'est  à  ce  titre  qu'il  prit  place  aux  Etats  de  la  Province. 

Son  petits-fils  Jacques  mourut  à  Coutras. 

D'une  famille  de  six  entants,  le  dernier  des  Aubijoux  se  trouvait  seul  de 
son  nom  :  il  avait  perdu  une  sœur  Se  deux  frères  dans  une  extrême  jeunesse. 
Son  troisième  frère  Louis,  qu'on  appelait  le  comte  d'Aubijoux,  mourut  d'une 
blessure  à  la  jambe  gagnée  au  siège  de  Leucate^. 

Héritier  de  tant  de  grandeurs  Se  de  traditions  glorieuses,  il  eut  le  malheur 
de  passer  sa  vie  au  service  d'un  prince  dont  toute  la  carrière  ne  fut  qu'une 
suite  d'agitations  stériles.  Réfugié  en  Angleterre  à  la  suite  du  complot  de 
Cinq-Mars,  auquel  il  s'était  activement  associé,  il  avait  dû  encore,  dans  les 
dernières  années  de  sa  vie,  quitter  le  royaume,  s'étant  battu  en  duel  avec  le 

'  Au  mois  d'août  i565,  en  faveur  de  Louis  d'Ain-  '  Dictionnaire  historique  Je  Morèri,  y"  Araboise. 

boise. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  363 

comte  de  Biissac,  au  milieu  de  la  place  Royale,  au  moment  même  oîi  le  roi 
venait  de  rendre  un  nouvel  édit  contre  les  combats  singuliers.  La  Cour  tout 
entière,  qui  s'était  employée  pour  obtenir  sa  grâce,  n'avait  pu  fléchir  les 
rigueurs  du  souverain  '. 

Le  comte  d'Aubijoux  laissa  son  héritage  à  ses  deux  sœurs. 

L'aînée,  qui  s'appelait  Louise,  était  mariée,-  depuis  1637,  à  Jacques  de 
Crussol,  marquis  de  Saint-Sulpice.  Elle  se  fit  ensevelira  Toulouse,  dans  la 
chapelle  de  Sainte-Catherine  de  Sienne,  près  de  sa  mère,  qui  était  du  tiers- 
ordre  de  Saint-Dominique  8c  que  les  jacobins  révéraient  comme  bienfaitrice 
de  leur  maison  de  Bruguières^. 

La  seconde,  nommée  Elisabeth,  mariée,  en  1645,  à  Louis  de  Bermond  du 
Caylar,  marquis  de  Thoiras,  seigneur  de  Saint-Bonnet,  neveu  du  maréchal 
de  France,  eut  en  partage  les  terres  d'Aubijoux,  de  Bélesta  &  de  Sauveterre. 
Ce  fut  par  sa  petite-fille  que  ces  domaines  entrèrent  dans  la  maison  de  La 
Rochefoucauld  3. 

La  Province  atteignait  en  ce  moment  une  de  ces  phases  où  la  mort  semble 
seconder  les  révolutions  politiques,  en  éliminant  de  la  scène,  à  de  courts 
intervalles,  les  personnages  qu'on  s'était  habitué  à  y  voir  jouer  le  plus  grand 
rôle.  Après  le  premier  président  Bertier  de  Montrabe,  après  le  comte  d'Au- 
bijoux, le  vieil  archevêque  de  Narbonne,  fatigué  &  malade,  fut  contraint 
d'abandonner  au  nouveau  métropolitain  de  Toulouse  la  présidence  tempo- 
raire des  États  de  Languedoc.  Dans  les  dernières  sessions  où  il  avait  figuré, 
Claude  de  Rebé  s'était  signalé  encore  par  une  assez  grande  vigueur  de  lan- 
gage en  combattant  les  prétentions  exagérées  des  commissaires  du  roi  8t  en 
flétrissant  les  violences  des  gens  de  guerre,  objet  à  pevi  près  constant  de  ses 
récriminations.  Les  orateurs  du  gouvernement  lui  rendaient  quelquefois  la 
tâche  facile  par  l'étrangeté  des  arguments  dont  ils  appuyaient  leurs  demandes. 
L'un  des  plus  curieux  exemples  de  leurs  paradoxes  est  sans  contredit  ce  pas- 
sage d'un  discours  de  M.  de  Vertamon,  où  ce  délégué  du  conseil  d'Etat  cherche 
à  consoler  la  Province  de  la  mortalité  qui  la  désolait  &  de  l'extrême  cherté 
des  vivres  en  indiquant  que  les  funérailles  nombreuses  sont  au  moins  profi- 
tables à  beaucoup  d'héritiers  &  que  le  haut  prix  des  denrées  enrichit  ceux  qui 
les  vendent '*. 

Pierre  de  Marca  était,  par  la  maladie  de  l'archevêque  de  Narbonne  qui 
lui  donnait  la  direction  des  États,  sinon  arrivé  au  but  de  ses  rêves,  du  moins 
rapproché  du  terme  que  son  ambition  s'était  proposé.  Depuis  bien  longtemps 
il  poursuivait  l'espérance  d'obtenir  quelque  bénéfice  considérable,  dans  une 


'  Mémoires  de  messire  Roger  de  Ralutin,  comte  née  le  20   décembre  1691,  épousa  Alexandre,  duc 

de  Bussy,  I,  p.  481.  de  La  Rochefoucauld  &  de  La  Roche-Cuyon,  pair 

'  Elle  légua  trois  mille  livres  tournois  à  la  de  France,  prince  de  Marsillac,  chevalier  des  or- 
chapelle  Notre-Dame  de  Bruguières.  —  Pcrci;i,  dres  du  Roi,  brigadier  de  cavalerie,  grand-maître 
Monumcnta  conventus  Tolosan'i,  p.  lârt.  de    la  garde-robe,   mort   à  Paris   le   4   mars    ijôz. 

'  Elisabsth-Marie-Louise-Nicole  de  Bermond  du  —  Expilly,  v"  Aubijoux. 
Caylar  de  Thoiras  d'Amboise,  comtesse  d'Aubijoux,  ■*  Pièces  justificatives,  W  CXCVIII,  col.  486. 


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364  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

province  d'États  ou  dans  un  siège  de  Parlement,  afin  d'avoir  l'occasion  de 
s'y  employer  utilement  pour  le  public.  «  Je  ne  serois  point,  écrivait-il  un 
tt  jour  à  Le  Tellier,  en  lui  demandant  l'évêché  de  Beauvais  ou  celui  de  Char- 
«  très,  une  pièce  inutile  dans  le  Parlement  de  Paris,  au  lieu  que  si  l'on 
«  donne  cet  évêché  à  un  simple  théologien,  le  droit  d'opiner  aux  chambres, 
«  attaché  à  cette  dignité,  devient  inutile',  »  La  présidence  des  États  appar- 


'  La  correspondance  de  M.nrca,  conservée  à  la 
Bibliothèque  nationale,  dans  les  papiers  de  Ba- 
luze,  contient  sur  cette  question  de  la  recherche 
des  bénéfices,  une  foule  de  renseignements  cu- 
rieux. 

Du  milieu  des  Catalans,  les  yeux  constamment 
tournés  vers  la  France,  Marca  surveillait  toutes  les 
vacances  faites  par  la  mort  ou  les  mutations. 

Tantôt  il  rappelle  à  Le  Tellier  qu'avant  de  l'en- 
voyer en  Catalogne  on  lui  a  promis  de  le  déchar- 
ger d'une  pension  de  trois  mille  livres  assignée 
sur  l'évêché  de  Couserans  au  profit  de  l'archevêque 
de  Reims,  &  il  signale  une  bonne  occasion  pour 
son  indemnité,  en  la  vacance  de  l'abbaye  bénédic- 
tine de  Saint-Vincent  de  Luc,  au  diocèse  d'Olo- 
ron,  du  revenu  de  quatre  mille  livres,  dont  le  titu- 
laire vient  de  mourir'.  Après  avoir  dit  que  cette 
abbaye  appartenait  à  l'évêque  d'Oloron,  le  visiteur 
général  ajoute  :  n  Sa  Majesté  pourroit  nommer  à 
l'évêché  M.  l'abbé  de  Gassion  &  réserver  pour  moy 
cette  abbaye,  en  attendant  ce  qu'il  plaira  à  Son 
Eminence  de  me  donner  pour  raison  des  services 
de  Catalogne.  Le  feu  seigneur  évesque  étoit  aussi 
pourvu  d'une  autre  petite  abbaye  de  Notre-Dame  de 
Sauvelade,  au  diocèse  de  Lescar,  du  revenu  de  six 
ou  sept  cents  livres.  C'est  la  plus  petite  abbaye  de 
France,  de  laquelle  j'ose  vous  supplier  de  vouloir 
demander  le  don  pour  le  seigneur  de  Faget,  mon 
cousin  germain,  qui  m'assiste  en  ce  pays  en  beau- 
coup d'occasions.  Il  seroit  pour  lors  effectivement 
l'abbé  du  Faget,  au  lieu  qu'il  n'en  a  maintenant 
que  le  nom,  8c  auroit  l'entrée  dans  les  Etats  de 
Béarn,  où  il  pourroit  servir  Sa  Majesté.  « 

Tantôt  il  songe  à  l'évêché  du  Mans,  dont  la 
proximité  de  Paris  augmente  la  valeur,  &  qu'il 
échangerait  sans  conditions  contre  son  évêché  de 
Couserans,  ou  bien  à  l'archevêché  d'Aix.  Mais 
comme  ce  bénéfice  ne  vaut  que  vingt-quatre  mille 
livres  quittes,  revenu  insuffisant  pour  entretenir 
«  la  dignité,  »  l'évêché  de  Couserans  ne  saurait 
être  abandonné  sans  en  retirer  quelque  récom- 
pense'. 

D'autres  diocèses  le  préoccupent  longtemps  avec 
aussi  peu  de  succès.  Il  en  écrit  encore  au  ministre, 
du  fond  d'une  chétive  hôtellerie  d'Ostalric,  appelée 
las  Maillorijuinas,  tout  en  faisant  une  excursion  de 

•  Lettre  à  Le  Tellier,  du  27  juin  1646. 

»  Lettre  à  Le  Tellier,  du  3o  septembre  1648. 


reconnaissance  sur  la  côte  de  Catalogne,  par  une 
route  inconnue  aux  carrosses'. 

A  chaque  instant,  son  ambition  est  éveillée  par 
quelque  nouveau  mirage.  On  annonce  que  le  roi 
va  gratifier  l'évêque  d'Aire  de  l'évêché  d'Evreux  : 
or  le  siège  d'Aire,  situé  à  une  journée  de  marche 
de  la  maison  de  Marca,  est  de  quinze  mille  livres, 
tandis  que  celui  de  Couserans  n'en  vaut  que  dix. 
Quinze  mille  livres  ne  suffiraient  pas  à  l'évêque 
pour  vivre  selon  sa  condition,  qui  en  demande 
bien  vingt-cinq,  libres  de  toutes  charges;  mais  Sa 
Majesté  pourrait  compléter  ce  qui  manque  en  lui 
faisant  don  de  quelque  abbaye  considérable,  à 
moins  qu'Elle  ne  préfère  lui  réserver  le  premier 
archevêché  ou  évêché  de  bon  revenu  qui  viendra  à 
vaquer  en  Languedoc,  en  Guienne  ou  proche  de 
Paris.  Son  âge  de  cinquante-cinq  ans  &  ses  tra- 
vaux dans  l'étude  8c  le  service  ne  lui  permettent 
pas  d'attendre  plusieurs  vacations. 

Plus  tard,  on  annonce  que  le  vieil  évêque  de 
Montpellier,  Pierre  de  Fenouillet,  qui  avait  en- 
core pour  trois  ans  de  vie,  est  malade  à  toute 
extrémité.  Aussitôt,  lettre  à  Mazarin,  lettre  à  Le 
Tellier'.  La  maladie  se  prolonge.  Un  an  après, 
on  en  parle  encore.  Colbert,  qui  vient  de  Nar- 
bonne,  raconte  qu'elle  est  vraiment  gravej  mais 
l'affaire  s'est  compliquée.  L'abbé  de  Beauregard 
témoigne  des  prétentions  qui  ont  chance  d'être  sé- 
rieuses. Marca  s'empresse  de  solliciter  un  bref  de 
réserve  pour  le  même  siège.  De  cette  façon,  il 
pourrait  céder  son  droit  à  l'abbé  8c  recevoir  en 
échange  l'abbaye  de  Saint-Sernin  de  Toulouse, 
qui  est  de  huit  mille  livres,  8c  qui  serait  fort  à  sa 
bienséance,  étant  voisine  du  diocèse  de  Couserans*. 

Quelque  temps  après,  Beauvais  Se  Chartres  sont 
vacants  :  le  duc  de  Mercœur,  vice-roi  de  Catalo- 
gne, en  a  porté  la  nouvelle.  Marca  reprend  la 
plume.  Il  las,  dit-il,  d'attendre  8c  plus  encore  d'im- 
portuner. »I1  voudrait,  ou  l'un  de  ces  deux  sièges, 
ou  quelques-unes  des  abbayes  que  possédaient  les 
titulaires^. 

On  lui  donne  à  connaître  que,  d'après  la  pré- 
tention des  Parisiens,  ces  bénéfices  leur  appartien- 
nent par  bienséance.  Marca  fait  valoir  les  raison* 


'  Lettre  à  Le  Tellier,  du  4  novembre  1648. 

'  Lettres  à  Mazaiiii  &  à  Le  Tellier,  du  19  octobre  1649, 

3  Lettre  à  Le  Tcllior,  du  22  novembre  i6Jo. 

<  Lettre  à  Le  Tellier,  du  9  mars  i65o. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  Sô^ 


i6J6 


tenant  à  l'archevêque  de  Narbonne,  c'est  seulement  comme  intérimaire  que 
Marca,  promu  en  1602  au  siège  métropolitain  de  Toulouse,  se  trouvait  investi 
de  ces  hautes  fonctions;  mais  il  en  usa  comme  on  avait  le  droit  de  l'attendre 
d'un  homme  politique  imbu  des  maximes  de  Richelieu  &  plaçant  la  raison 
d'État  au-dessus  de  toute  considération. 

Dans  les  harangues  qu'il  prononça  au  nom  de  l'assemblée  provinciale, 
pour  répondre  aux  commissaires  du  roi,  on  reconnaît  les  marques  d'un  esprit 
cultivé,  nourri  de  fortes  études  historiques  81  cherchant  habilement  dans  la 
science  du  passé  des  arguments  pour  la  conduite  à  suivre  dans  le  présent'. 

Si  Claude  Bazin  de  Bezons  attache  son  nom  au  développement  de  l'inten- 
dance provinciale,  on  peut  dire  que  le  souvenir  de  Marca  se  lie  aussi  étroite- 
ment à  la  diminution  du  rôle  politique  des  Etats.  Mais  la  transition  ne  se  lit 
pas  sans  d'assez  vifs  tiraillements 

La  reproduction  de  certains  faits  particuliers  que  nous  avons  eu  déjà  l'occa- 
sion de  caractériser  8c  dont  les  détails  seuls  varient,  nous  permet  de  passer 
rapidement  sur  diverses  agitations  locales  dont  les  villes  de  Saint-Pons,  de 
Nimes,  de  Montpellier,  d'Uzès,  furent  le  théâtre.  Les  prétentions  rivales  des 
grandes  compagnies  judiciaires,  du  Parlement,  de  la  cour  des  comptes,  des 
trésoriers  de  France,  les  exigences  des  acquéreurs  du  domaine  ou  des  traitants 
d'impositions  &  les  actes  d'indiscipline  des  troupes  en  étaient  la  cause  inva- 
riable. 

Le  prince  de  Conti  exposa  en  termes  brefs  8c  résolus  la  nouvelle  manière 
de  comprendre  le  rôle  des  Etats,  dont  on  ne  voulait  pas  que  les  formes  même 
trahissent  un  reste  d'indépendance^. 

Une  nouvelle  députation  de  l'assemblée  provinciale  au  Parlement  de  Tou-  JTsT" 
louse^,  pour  recommander  à  ses  soins  la  misère  des  peuples  &c  les  désordres 
des  gens  de  guerre,  l'envoi  de  magistrats  de  la  cour  aux  Etats"*  pour  leur 
donner  des  assurances  de  dévouement,  8c  l'intervention  de  divers  conseillers 
commissaires  dans  les  lieux  de  garnison  qui  souffraient  le  plus  de  la  mauvaise 
conduite  des  troupes,  indisposèrent  le  cardinal  Mazarin  qui  s'en  expliqua, 
ilans  un  langage  fort  sévère  avec  le  baron  de  Lanta^. 

Dans  une  audience  que  ce  député  obtint  au  Louvre,  avec  l'assistance  de 

qui    recommandent    sa    candidature,    mais    il    ne  Brienne,  en  priant  l'un  ou  l'autre  de  céder  quel- 

s'obstine  point;   peu   lui    importe    le    lieu,  pourvu  que  abbaye  à  M.  de  Choiseul,  à  titre  d'indemnité, 

qu'on  le  «  console  de  quelque  récompense'.  »  Il  a  dans  le  cas  oii   les   revenus   du   siège   de   Beauvais 

conçu   un   plan   qui   permettra   de   tout  concilier.  n'égaleraient  pas  ceux  de  Saint-Bertrand '. 

Que    l'on    donne    l'évêché    de    Beauvais   à    M.    de  '  Voir  aux  Pièces  justificatives  les  discours  pro- 

Choiseul,   évêque  de  Comminges ,  8c  la   dépouille  nonces  par  l'archevêque  de  Toulouse  aux  Etats  de 

de  Comminges   à  Marca.   Il  s'y   trouvera    rappro-  i655,  n.  CCXXXIX,  col.  582,  n.  CCXLIV,  col.  694, 

ché  de  son  pays  &  en  possession  d'un  assez  beau  n.  CCXLVII,  col.  601. 

revenu  pour  n'être  pas  contraint  à  diminuer  après  '  Pièces  justificatives,  n.  CCXLV,  col.  SçS. 

sa  retraite  la  maison  qu'il  avait  en  Catalogne,  en  '  On  en  trouvera  le  détail  aux  Pièces  justifica- 

qualité  de  ministre  du   roi.   On    pourrait   donner  tives,  n.  CCXL,  col.  586. 

l'évêché  de  Couserans  soif  à  l'abbé  de  Carbon,  soit  ■*  Pièces  justificatives,  n.  CCLXIII,  col.  636. 

à  l'abbé   de   Pompone,   cousin   de   la   comtesse   de  '  Pièces  justificatives,  n.  CCLXV,  col.  640.                              » 

'  Lettres  à  Le  Tellier,  du  3o  août  &  du  11  octobre  i65o.  ■  Lettre  au  cardinal  Mazarin,  du  26  juillet  i65o. 


tCày 


i658 


366  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

M.  Goulas,  attentif  à  servir  encore  les  intérêts  de  son  maître,  le  cardinal  qui 
avait  auprès  de  lui,  outre  Le  Tellier,  les  maréchaux  de  Villeroy  &  d'Etampes, 
discuta  les  droits  des  Etats,  affirma  la  nécessité  de  maintenir  le  quartier  d'hivei 
dans  la  Province,  condamna  d'une  manière  absolue  les  unions  de  compagnies 
supérieures,  les  ambassades  extraordinaires,  8c  l'immixtion  des  officiers  de 
justice  dans  les  affaires  qui  regardaient  seulement  les  lieutenants  généraux  & 
les  chefs  d'armée.  Cette  mercuriale  se  renouvela  dans  d'autres  entrevues,  81 
tout  ce  que  les  États  purent  obtenir  fut  une  réduction  sur  l'effectif  des  forces 
cantonnées  en  Languedoc  &  l'adoption  de  certaines  mesures  administratives 
pour  régulariser  la  surveillance  des  logements  militaires. 

Pour  vaincre  les  dernières  résistances  des  États,  un  des  lieutenants  géné- 
raux commandant  en  Languedoc,  le  comte  de  la  Serre,  entra  lui-même  dans 
l'assemblée  &  lui  signifia  que  si  la  Province  ne  faisait  pas  de  sacrifices  nota- 
bles, étant  dans  l'impuissance  de  solder  les  hommes  placés  sous  ses  ordres,  il 
ne  répondrait  plus  des  excès  auxquels  ils  pourraient  se  livrer'. 

Au  cours  de  ses  entretiens  avec  le  baron  de  Lanta,  Mazarin  menaça  la 
Province  d'une  visite  armée  du  roi,  qui,  accompagné  de  régiments,  viendrait 
établir  en  Languedoc  l'ordre  obtenu  dans  les  autres  parties  de  la  France. 

Le  prince  de  Conti,  étant  venu  prendre  possession  de  son  gouvernement 
de  Guienne,  voulut  faire  une  entrée  solennelle  à  Toulouse.  On  lui  rendit  les 
mêmes  honneurs  que  la  ville  avait  décernés  en  161 1  au  prince  de  Condé. 

Deux  capitouls  l'allèrent  saluer  à  Agen.  Il  arriva  à  Toulouse  le  mardi  6  août. 
Les  capitouls  avaient  renouvelé  tous  les  uniformes  de  leur  escorte;  les  trom- 
pettes portaient  des  casaques  de  velours,  les  officiers  du  guet  81  les  hautbois, 
de  brillantes  écharpes  armoriées,  &  l'écusson  de  la  ville,  en  broderie  d'or, 
resplendissait  sur  le  damas  rouge  des  étendards. 

Le  prince  arriva  de  Saint-Jory  vers  trois  heures  de  l'après-midi;  dès  qu'il 
parut  à  la  maison  de  Mazade,  petite  construction  en  brique  rouge,  que  l'on 
reconnaît  encore  au  blason  de  pierre  sculpté  au-dessus  de  la  porte,  &  qui 
était,  depuis  le  seizième  siècle,  le  lieu  de  halte  des  illustres  visiteurs,  dix-huit 
pièces  de  canon  firent  une  salve.  Un  bataillon  de  huit  compagnies,  fort  de 
cinq  à  six  mille  hommes,  était  sous  les  armes,  commandé  par  le  capitoul 
JuUiard.  Le  prince  passa  cette  troupe  en  revue,  puis  il  fut  conduit  dans 
l'église  des  Minimes  où  le  président  Pottier  de  la  Terrasse  lui  présenta  les 
hommages  du  Parlement. 

On  avait  élevé  une  tribune  aux  harangues  le  long  de  la  muraille  qui  fer- 
mait l'enclos  des  religieux.  C'est  là  que  le  prince  reçut  les  félicitations  de 
l'université  8c  du  présidial.  Les  trésoriers  de  France  qui  avaient  voulu  pro- 
noncer leur  discours  dans  l'église,  à  la  suite  du  Parlement,  se  voyant  privés 
de  cet  honneur,  refusèrent  de  prendre  la  parole  8c  se  retirèrent.  Les  capitouls 
considérèrent  comme  un  grand  triomphe,  dont  on  fit  mention  dans  leurs 
annales,  cette  particularité  flatteuse  que  les  intendants  de  Guienne  n'avaient 

'  Pièces  justifcativesj  n.  CCLXXII,  col.  660. 


i658 


LIV.   I.    MINISTERE  DE  MAZARIN.  367 

pu,  malgré  mille  instances,  les  écarter  de  la  personne  du   prince  pendant 
toute  la  cérémonie. 

Aux  portes  de  la  ville,  décorées  d'arcs  de  triomphe,  le  gouverneur  rencontra 
les  capitouls,  à  cheval,  vêtus  de  leurs  robes.  M.  de  Caumels  qui  prononça  le 
discours,  mit  en  lumière,  entre  autres  mérites,  les  sentiments  religieux  du 
prince  de  Conti,  prétendant  qu'il  ajoutait  aux  qualités  héréditaires  de  la 
maison  de  Condé  les  vertus  chrétiennes  de  saint  Louis. 

Après  cette  nouvelle  harangue,  les  capitouls  mirent  pied  à  terre,  s'habillè- 
rent de  leurs  manteaux  8c  présentèrent  le  dais  de  drap  d'or,  aux  armes  de 
Conti  Si  de  Toulouse. 

Le  cortège,  égayé  par  la  musique  des  hautbois  &  prolongé  par  une  suite 
d'anciens  capitouls  à  cheval,  ne  s'arrêta  qu'à  l'église  Saint-Etienne  où  se  fît 
la  réception  du  chapitre. 

Le  prince  descendit  dans  la  maison  du  président  de  Ciron,  Se  y  demeura 
huit  jours.  Le  chroniqueur  ajoute  que  ce  temps  ne  fut  point  perdu,  Son 
Altesse  ayant  terminé  plusieurs  démêlés,  accommodé  de  grandes  querelles  St 
fait  un  nombre  infini  d'actions  de  piété.  Les  membres  du  corps  de  ville  pro- 
fitèrent de  sa  présence  pour  faire  confirmer  le  privilège  qui  les  exemptait  du 
logement  des  gens  de  guerre. 

Cependant  la  guerre  d'Espagne  touchait  enfin  à  son  terme,  81  la  Cour  de  ~ 
France  était  appelée  dans  le  Midi  par  l'heureux  succès  des  conférences  com- 
mencées au  mois  d'août  i6j6  entre  le  cardinal  Mazarin  81  don  Louis  de  Haro, 
plénipotentiaire  du  roi  catholique.  La  conclusion  du  traité  se  trouvant  retardée 
par  diverses  difficultés  diplomatiques,  il  fut  décidé  que  Louis  XIV  St  sa  mère 
ne  rentreraient  point  à  Paris  St  qu'ils  parcourraient  la  Guienne,  le  Lan- 
guedoc &  la  Provence  afin  d'en  terminer  la  pacification. 

A  l'occasion  de  ce  voyage,  la  session  des  Etats  fut  avancée  8c  se  tint  dans  la 
capitale  de  la  Province,  au  grand  réfectoire  des  Augustins. 

L'assemblée  s'ouvrit  le  i"  octobre;  le  comte  de  Bioule  y  remplissait  l'office 
de  premier  commissaire  du  roi. 

Le  nouvel  archevêque  de  Narbonne,  François  Fouquet,  écrivit  au  secrétaire 
d'Etat  La  Vrillière  pour  s'enquérir  des  honneurs  à  rendre  au  roi.  Le  ministre 
lui  répondit  que  Louis  XIV  ne  voulait  pas  d'autres  devoirs  des  États  que  ceux 
que  l'assemblée  lui  rendrait  à  Toulouse  après  son  arrivée,  qu'il  refusait  toute 
députation  des  villes  hors  de  chez  elles  8c  défendait  à  ses  maréchaux  des  logis 
8c  fourriers  de  déloger  les  députés.  En  communiquant  cette  réponse  aux 
trois  ordres,  l'archevêque  protesta  qu'il  ne  négligerait  rien  pour  empêcher 
les  députés  d'être  incommodés  en  leurs  logements'. 

La  Cour  partit  de  Bordeaux  le  6  octobre  Se  voyagea  par  la  Garonne  jusques 
à  Cadillac,  où  l'on  passa  la  nuit.  Cette  navigation  se  fit  dans  une  galiotte 
peinte  d'azur  8c  semée  de  fleurs  de  lis  d'or.  On  dîna  sur  l'eau  8c  l'on  coucha 
dans  le  magnifique  château  du  duc  d'Épernon.  On  prit  ensuite  la  route  de 

'  Procès-verbal  des  Et.'its.  Séance  du  lo  octobre  \65<). 


309 


368  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

terre  par  Bazas,  Castel jaloux,  Nérac,  où  l'on  passa  la  nuit  au  château 
d'Henri  IV,  non  sans  admirer  «  la  rusticité  des  jardins  &  mille  restes  de  vieux 
tt  ajustemens.  »  Le  ii  octobre  on  fit  halte  à  Lectoure,  que  l'on  quitta  le 
lendemain;  la  galante  compagnie  goûta  une  collation  au  milieu  des  prés, 
dormit  à  Mauvezin  le  12  &  à  l'IIe-Jourdain  le  i3,  &  entra  le  14  octobre  à 
Toulouse. 

A  la  nouvelle  d'une  prochaine  visite  du  souverain,  le  conseil  de  ville, 
jaloux  d'imiter  le  Parlement,  avait  décidé  d'envoyer  une  députation  à  la 
Cour;  une  lettre  de  La  Vrillière  aux  capitouls,  datée  du  6  octobre,  suspendit 
ces  préparatifs  81  apprit  aux  habitants  de  Toulouse  que  Louis  XIV  ne  voulait 
point  d'ambassade.  Il  n'acceptait  pas  davantage  la  réception  militaire  qu'on 
lui  préparait,  défendait  aux  milices  bourgeoises  de  prendre  les  armes  pour 
son  entrée,  &  demandait  seulement  que  les  magistrats  municipaux  vinssent 
lui  présenter  les  clés  à  la  porte  de  la  ville,  revêtus  de  leurs  manteaux  capitu- 
laires  &.  assistés  du  corps  de  bourgeoisie. 

Trente  canons  sortirent  de  l'arsenal  8c  furent  amenés  hors  des  murs  pour 
saluer  le  royal  cortège,  &t  l'on  tapissa  toutes  les  rues  depuis  la  porte  de  Saint- 
Cyprien  jusqu'à  l'archevêché,  où  étaient  préparés  les  appartements  de  la 
Cour. 

Une  foule  énorme  encombrait  les  abords  du  faubourg  Saint-Cyprien  lorsque 
le  cortège  royal  descendit  le  plateau  de  Lardenne. 

Ce  fut  à  une  heure  après  midi  que  le  carrosse  du  roi  s'arrêta  entre  les  deux 
portes,  près  de  la  barrière  de  l'Isle-Jourdain;  la  route  était  bordée  d'une  foule 
nombreuse,  à  travers  laquelle  les  capitouls  avaient  de  la  peine  à  se  frayer  un 
passage.  Le  jeune  prince  présenta  à  la  portière  son  visage  encadré  d'abondantes 
boucles  de  cheveux.  Louis  XIV  avait  auprès  de  lui  la  reine  Anne  d'Autriche, 
la  princesse  palatine,  Mademoiselle  de  Montpensier  8c  d'autres  dames.  Les 
magistrats  municipaux  se  mirent  à  genoux,  81  le  chef  du  consistoire,  Anne 
de  Ferrières,  prononça  le  discours  de  bienvenue. 

Les  premiers  mots  n'étaient  qu'une  protestation  de  fidélité  81  d'obéissance 
inviolable;  l'orateur  priait  ensuite  le  fils  de  Louis  XIII  de  jurer,  comme,  son 
père  81  comme  les  rois  ses  aïeux,  «  sur  la  croix  figurée  de  Notre-Seigneur,  » 
qu'il  conserverait  la  ville  en  ses  «  droits,  exemptions  8c  privilèges.  »  En  même 
temps,  il  offrait  au  prince  les  clés  de  Toulouse  8c  lui  présentait  un  missel 
ouvert  à  l'image  du  crucifix.  Louis  XIV  s'informa  si  le  roi  son  père  avait  prêté 
en  cette  forme  le  serment  qu'on  lui  demandait.  Se,  sur  la  réponse  affirmative, 
il  en  répéta  la  formule,  la  main  étendue.  Puis  il  dit  aux  capitouls,  d'une  voix 
douce  8c  avec  la  majesté  précoce  qui  le  distinguait,  qu'il  avait  pour  agréables 
leur  devoir  8c  leur  fidélité  bien  connue,  qu'il  leur  en  savait  bon  gré  8c  leur 
ferait  ressentir  son  aftection  dans  les  rencontres. 

Les  trente  canons  ayant  alors  donné  leur  salve,  le  carrosse  reprit  sa  marche, 
escorté  des  gardes  à  pied  Se  à  cheval ,  des  mousquetaires,  des  gendarmes  8c  des 
chevau-légers,  traversa  le  pont  de  pierre  sur  la  Garonne,  puis,  tournant  à 
droite,  se  dirigea,  par  la  Dalbade,  la  place  du  Salin,  Nazareth  8c  Saintes- 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  869 

Scarbes,  à  la  porte  de  l'église  Saint-Etienne,  où  M.  de  Marca,  revêtu  de  ses 
ornements  épiscopaux,  attendait  le  souverain  à  la  tête  de  son  chapitre. 

Le  Te  Deum  fut  chanté  avec  accompagnement  de  la  musique  métropo- 
litaine} puis  le  roi  se  retira  dans  l'archevêché,  où  la  reine-mère  &  le  duc 
d'Anjou  trouvèrent  aussi  leurs  appartements.  Ils  y  eurent  leur  a  Louvre,  » 
suivant  l'expression  du  temps,  pendant  deux  mois  81  quatorze  jours. 

Des  baraquements  avaient  été  construits  dans  la  cour  pour  loger  les  com- 
pagnies des  gardes  françaises,  écossaises  &  suisses,  attachées  à  la  personne  du 
roi,  tandis  que  divers  détachements  étaient  répartis  dans  les  villages  des  envi- 
rons de  Toulouse,  afin  de  mettre  la  ville  à  l'abri  de  toute  surprise. 

Depuis  l'arrivée  du  roi  jusqu'à  son  départ,  la  place  Saint-Etienne,  dont  la 
fontaine  venait  d'être  restaurée,  ne  cessa  d'être  piétinée  par  les  mousquetaires, 
les  gardes,  le  nombreux  personnel  des  cuisines  du  roi.  La  boue  fut  bientôt  si 
épaisse  aux  environs  de  l'archevêché  Se  aux  avenues  des  portes  que  Louis  XIV 
dut  en  porter  plainte  aux  capitouls,  8c  leur  faire  dire  que  «  son  Louvre  »  était 
inabordable.  Il  y  avait  aussi  dans  les  rues  un  tel  va-&i-vient  de  piétons 
&  de  carrosses  que  Mademoiselle  de  Montpensier  s'émerveillait  d'y  retrouver 
le  mouvement  de  Paris  81  de  ne  point  voir  de  quartiers  déserts  comme  dans  la 
plupart  des  villes  de  province  '. 

Le  16  octobre,  Louis  XIV  envoya  Saintot,  maître  des  cérémonies,  prévenir 
l'archevêque  de  Narbonne  qu'il  donnerait  audience  aux  Etats  le  même  jour, 
entre  dix  8c  onze  heures  du  matin.  Les  députés  partirent  en  corps,  ordre  par 
ordre,  les  ordres  séparés  par  un  des  syndics  généraux,  8c  les  autres  officiers  de 
la  Province  ouvrant  la  marche.  Les  prélats  portaient  le  rochet  8c  le  camail. 
A  la  première  porte  de  l'archevêché,  on  trouva  les  archers  de  la  garde  du  roi 
sous  les  armes  8c  un  exempt  des  gardes  qui  mena  les  députés  à  la  chapelle. 
Après  un  demi-quart  d'heure  d'attente,  le  maître  des  cérémonies,  un  enseigne 
des  gardes  du  corps  Se  un  exempt  les  vinrent  quérir  Se  les  menèrent  au  haut 
du  degré.  Les  gardes  du  roi  formaient  la  haie  dans  la  première  salle,  où 
attendait  le  secrétaire  d'Etat  La  Vrillière,  qui  introduisit  l'assemblée  dans  la 
salle  d'audience. 

Le  roi  avait  autour  de  lui  les  princes  8c  les  grands  seigneurs  de  la  Cour. 
Les  députés  du  tiers  s'agenouillèrent,  8c  l'archevêque  de  Narbonne  débita  son 
compliment. 

Il  félicita  le  prince  d'apporter  en  Languedoc,  à  sa  première  entrée,  l'heu- 
reuse nouvelle  de  la  paix,  «  le  plus  riche  présent  que  le  ciel  lui  pût  faire.  » 

«  Vous  aviez,  sire,  dit-il,  deux  portes  pour  entrer  dans  l'Espagne  8c  jeter 
«  la  terreur  Se  l'effroi  de  vos  armes  parmi  vos  ennemis;  l'une,  du  côté  de 
«  Guienne,  mais  la  conduite  de  ce  peuple  ne  mérite  qu'un  silence  éternel; 
«  l'autre,  sur  nos  frontières.  Nous  ne  nous  sommes  pas  contentés  d'empêcher 
«  qu'elle  ne  fût  forcée,  mais  nous  en  avons  fait  l'ouverture  glorieuse  8c  le 
«  passage  libre  aux  troupes  victorieuses  de  Votre  Majesté.  C'est  par  cette  porte 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Comeils,  XXVIII.  —  Annales  manuscrites,  VIII,  p.  456. 

XIIl,  24 


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— 3/0  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

<(  que  la  réputation  de  vos  armes  a  pénétré  jusques  dedans  Madrid,  &  que  la 
«  gloire  &  l'éclat  de  votre  nom  a  rempli  l'Escurial  d'épovivante.  » 

L'archevêque  rappela  les  fréquents  passages  de  prisonniers  espagnols  qu' 
avaient  annoncé  à  la  Province  les  victoires  de  Catalogne,  &  termina  en 
exprimant  le  désir  de  voir  arriver,  par  cette  route  de  triomphe,  l'infante 
merveilleuse  qui  faisait  en  ce  moment  les  délices  du  cœur  de  Sa  Majesté'. 

Le  procès-verbal  ne  mentionne  pas  la  réponse  de  Louis  XIV. 

Les  États  furent  reconduits  avec  le  même  cérémonial  jusqu'à  la  chapelle, 
où  ils  se  séparèrent. 

Le  même  jour,  à  trois  heures,  pareille  visite  fut  faite  k  la  reine  mère. 
L'archevêque  Fouquet  lui  répéta  sous  une  autre  forme  le  souhait  qu'il  avait 
exprimé  au  roi. 

«  Autrefois,  à  Rome,  dit-il,  pour  arriver  au  temple  de  la  Concorde  &  de  la 
«  Paix,  il  falloit  passer  par  celui  de  la  Victoire.  C'étoit  le  chemin  ordinaire 
(1  des  césars.  Faites,  Madame,  que  cette  infante  merveilleuse  monte  sur  le 
«  trône  du  roi  par  les  degrés  de  sa  gloire,  que  ses  trophées  soient  les  marches 
ti  de  son  élévation,  je  veux  dire  que  cette  Province,  qui  a  été  le  théâtre 
a  le  plus  célèbre  des  victoires  du  roi,  soit  celui  du  triomphe  de  vos  désirs.  » 

Cette  invitation  ne  paraît  pas  avoir  obtenu  meilleur  accueil  auprès  d'Anne 
d'Autriche  que  de  son  fils.  La  réponse  de  la  reine  n'est  pas  mentionnée. 

Le  2  1  octobre,  une  commission  de  vingt  membres,  dont  l'évêque  de  Mon- 
tauban,  salua  le  duc  d'Anjou,  qui  écouta  les  députés  debout  &  nu-tête  &  les 
assura  de  sa  protection.  Les  mêmes  civilités  se  renouvelèrent  à  l'égard  des 
principaux  personnages  de  la  Cour.  Le  nombre  seul  des  commissaires  variait. 
Il  en  fut  envoyé  seize  à  Mademoiselle  de  Montpensier,  douze  à  la  princesse 
de  Conti,  huit  au  duc  d'Arpajon,  quatre  à  La  Vrillière. 

Le  comte  de  Bioule  s'était  offert  pour  présenter  les  capitouls  au  roi.  Ils 
déclinèrent  cet  honneur  en  disant  qu'ils  étaient  en  droit  de  se  présenter 
d'eux-mêmes  8c  sans  intermédiaire,  suivant  l'ordre  ancien  de  la  ville.  Ne  se 
tenant  pas  pour  battu,  le  lieutenant  général  envoya  son  capitaine  des  gardes 
auprès  du  maître  des  cérémonies.  M.  de  Saintot  lui  exprima  le  désir  qu'avait 
le  roi  de  ne  rien  changer  aux  traditions. 

L'audience  des  capitouls  eut  lieu  le  i8,  entre  neuf  &  dix  heures  du  matin. 
Anne  de  Ferrières  porta  la  parole.  Il  témoigna  le  regret  de  n'avdir  pu  pré- 
parer au  roi  de  France  une  pompeuse  &  magnifique  entrée,  tout  en  le  remer- 
ciant de  l'avoir  interdite  par  compassion  pour  l'état  déplorable  des  deniers 
municipaux;  il  ajoiita  quelques  flatteries  classiques,  empruntées  au  st)  le  lapi- 
daire des  empereurs  romains,  qualifiant  Louis  XIV  des  noms  de  Victorieux, 
Magnifique,  toujours  Auguste  8c  arbitre  de  toutes  les  souverainetés  de  la  terre; 
vanta  sa  magnanimité  8c  sa  clémence,  rappelant  que  la  massue  d'Hercule,  ce 
grand  dompteur  de  monstres,  était  de  bois  d'olivier,  pour  nous  apprendre  que- 
la  force  doit  être  unie  à  la  douceur. 

'  Procès-verbnl  des  F»a<s  de  Languedoc.  Séance  du  i<5  octobre  1659. 


LIV.  I.  MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  Syi 

Une  allusion  aux.  bienfaits  de  la  paix,  désonnais  certaine,  8c  des  souhaits 
de  bonheur  à  l'occasion  du  mariage  avec  l'infante,  terminèrent  cette  harangue 
après  laquelle  les  capitouls  offrirent  les  présents  de  la  ville. 

Le  même  jour,  à  trois  heures,  la  cérémonie  fut  renouvelée  auprès  de  la 
reine-mère }  M.  de  Ferrières  lui  rendit  grâce  des  bienfaits  que  Toulouse  avait 
reçus  d'elle  pendant  sa  régence,  &  la  félicita  des  soins  qu'elle  avait  pris  de 
l'éducation  du  prince,  la  comparant  à  «  la  déesse  Isis  »  qui  épurait  par  le  feu 
le  corps  de  son  nourrisson  8c  le  dégageait  de  tout  élément  mortel  '. 

Anne  d'Autriche  se  souleva  légèrement  de  son  siège  8c  remercia  l'orateur 
par  quelques  mots  accompagnés  d'un  sourire. 

Le  roi  était  en  ce  moment  tout  chagrin  de  la  rupture  que  lui  imposaient 
les  nécessités  de  la  politique  avec  Marie  Mancini.  Malgré  les  instances  de 
Mazarin  qui  avait  défendu  à  sa  nièce  de  répondre  aux  lettres  du  roi,  pour 
faire  cesser  entre  eux  tout  commerce,  Louis  XIV  continuait  d'écrire  à  la  jeune 
florentine  8c  lui  faisait  passer  de  petits  présents  par  l'intermédiaire  de  Colbert 
deTerron.  C'était  l'objet  d'une  correspondance  active  entre  le  cardinal  8c  son 
intendant,  Mazarin  s'inquiétant  surtout  du  bruit  que  faisait  ce  manège  en 
France  8c  du  peu  de  convenance  qu'on  y  trouvait  avec  les  négociations  de 
mariage  alors  pendantes^. 

Peu  de  temps  après,  les  capitouls  visitèrent  le  duc  d'Anjou,  avec  masses  8c 
hautbois.  M.  d'Olivier  lui  promit  la  conquête  de  l'Orient.  M.  de  Galien 
harangua  Mademoiselle  de  Montpensier. 

Quelques  jours  plus  tard  arrivèrent  le  duc  8c  la  duchesse  d'Arpajon.  L'af- 
fluence  causée  par  la  présence  de  la  Cour  devint  bientôt  si  considérable  que 
les  vivres  8c  les  fourrages  enchérirent  dans  des  proportions  inusitées.  Le  grand 
prévôt  de  l'hôtel  en  porta  plainte  8c  y  remédia  par  ordonnance,  en  établissant 
une  taxe  concertée  avec  les  capitouls. 

La  Cour  avait  de  grands  embarras  d'argent.  Le  jeune  roi  qui  jouait  beau- 
coup, perdit,  pendant  ses  loisirs  de  Toulouse,  des  sommes  considérables  qu'il 
fallut  emprunter  pour  contenter  les  gagnants.  Tout  le  personnel  de  la  suite, 
le  confesseur  du  roi,  son  premier  médecin,  les  gardes  du  corps,  les  gardes  de 
la  prévôté  de  l'hôtel,  les  pourvoyeurs,  les  chevau-légers,  les  gardes  françaises 
8c  suisses  se  plaignaient  journellement  de  n'être  point  payés  8c  réclamaient 
leurs  gages.  Le  surintendant  Fouquet  poursuivait  Mazarin  de  ses  lettres  pour 
savoir  quels  créanciers  on  devait  d'abord  satisfaire,  mais  il  plaçait  au  premier 
rang  les  compagnies  des  gardes  qui^  perdaient  patience^. 

Le  3ô  octobre,  comme  le  roi  passait  dans  une  rue,  il  s'enquit  de  la  cause 

'  "  Imitant  en  cela  la  déesse  Isis,  laquelle  nour-  '  Lettres,  instructions  &  mémoires  Je  Colhert,  I, 

rissant  le  fils  du  roi   Méléandre,  prenoit  soing  de  p.  5i6.  Lettre  de  Mazarin  à  Colbert,  du  I2  octo- 

briisler  &  de  consommer  tout  ce  qui  estoit  de  mer-  bre  lôSp. 

tel  en  son  corps,  de  mesme.  Madame,  ayant  prins  *  Lettre  de  Fouquet  à  Mazarin,  datée  de  Tou- 
la conduite  de  nostre  jeune  roy,  vous  en  avez  louse  le  i<j  octobre  iCSp,  conservée  aux  archives 
espuré  tout  ce  qu'il  eust  peu  retenir  de  la  foiblesse  des  affaires  étrangères,  France,  vol.  iC)8,  p.  107. 
humaine'.  »  —  Lettres,  instructions   &  mémoires   Je  Cçlicrt,  I, 

'  Annale!  manuscrites  de  l'hôtel  de  ville,  Vlll ,  p.  ii~.  p-  5:5. 


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372  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'un  grand  concours  de  peuple  qui  s'acheminait  vers  la  place  du  Salin. 
C'étaient  un  parricide  8c  un  voleur  de  tabernacles,  des  environs  de  Beau- 
mont-de-Lomagne,  que  l'on  conduisait  à  la  potence.  Louis  XIV  fit  arrêter  le 
chariot  par  un  de  ses  gentilshommes,  interrogea  les  capitouls  qui  chevau- 
chaient avec  le  cortège  pour  présider  à  l'exécution  Si  accorda  leur  grâce  aux 
condamnés. 

Le  premier  novembre,  jour  de  la  Toussaint,  le  roi,  qui  avait  jeûné  la 
veille,  communia  dans  la  cathédrale.  A  huit  heures  du  matin,  il  toucha  les 
malades  dans  le  cloître  de  Saint-Etienne  &  passa  tout  le  reste  de  la  journée 
en  retraite  ou  aux  offices  de  la  paroisse. 

Le  second  dimanche  du  mois,  Louis  XIV  fit  donner  le  pain  bénit  à  Saint- 
Étienne,  au  bruit  des  tambours  8t  des  trompettes  qui  firent  le  tour  du  chœur 
8t  allèrent  se  ranger  devant  l'autel  de  paroisse  où  la  messe  était  célébrée. 
L'abbé  de  Coislin,  aumônier  de  la  maison  du  roi,  présenta  l'otfrande,  qui 
consistait  en  un  grand  cierge  de  cire  blanche  tout  enguirlandé  d'écus  sol. 

La  même  cérémonie  se  renouvela  le  dimanche  suivant;  mais  ce  fut  Anne 
d'Autriche  qui  fit  donner  le  pain  bénit;  «  en  quoi,  dit  le  chroniqueur  de 
«  l'hôtel  de  ville,  tous  les  habitants  admirèrent  la  piété  de  la  mère  &  du  fils 
«  61  l'attachement  qu'ils  avoient  à  la  paroisse  ' .  » 

Cependant  on  apprit  que  les  conférences  étaient  terminées.  Le  cardinal 
Mazarin  avait  pris  la  route  de  Bayonne  pour  venir  rejoindre  la  Cour.  Le 
conseil  de  ville  l'envoya  saluer  à  Auch  par  six  députés  auxquels  il  donna 
audience,  le  soir  de  leur  arrivée,  sans  quitter  son  lit. 

Mazarin  entra  à  Toulouse  le  22  novembre.  Le  roi  qui  était  allé  à  la  chasse 
vers  la  frontière  de  Gascogne,  avec  sa  mère,  se  trouva  sur  le  chemin  du  car- 
dinal qui  monta  auprès  de  lui,  dans  le  carrosse  de  la  reine.  C'est  ainsi  que  le 
cardinal  parut  en  ville,  précédé  des  mousquetaires  du  roi,  des  gendarmes  & 
des  chevau-légers,  &  accompagné  de  la  suite  nombreuse  qu'il  avait  traînée 
après  lui  jusqu'à  la  Bidassoa. 

Le  cardinal  reçut  les  capitouls  le  25.  Ils  se  présentèrent  au  nombre  de  six, 
accompagnés  de  toute  la  bourgeoisie  81  revêtus  de  leurs  manteaux  capitulaires 
qu'ils  avaient  tait  apporter  d'avance  dans  une  maison  voisine  de  l'archevêché. 

■  La   congrégation    du    Pain-Bénit    de   Saint-  &  accompagnés  de  grand  nombre  de  tambours  & 

Etienne   avait    imposé   cette    libéralité   au    roi    en  fiffres  qui  entrèrent  avec  grand  bruit  8c  sans  faire 

allant  lui  offrir,  avec  grand   cortège  de   marguil-  halte   dans   l'église   posèrent   les  pains  sur  quatre 

liers    &   de   paroissiens,  défilant   «   deux  à   deux,  bancs    devant    la    table    ordinaire    qui    avoit    été 

comme  aux  marches  de  l'hôtel  de  ville,  »  le  chan-  allongée, 

teau  de  pain  bénit  dans  un  bassin  d'argent.  «  Après   cette   fanfare  entra    l'abbé   de  Coislin, 

Les  marguilliers  dressèrent  un  procès-verbal   de  aumônier  de  Sa  Majesté,  en  habit  abbatial  &  sur- 

l'offrande  :    k   Le   dimanche    7    novembre    furent  plis,  ayant  à  droite  le  maître  d'hôtel  de  Sa  Majesté 

portés  à   la   messe   parrochielle   six  grands   pains  avec  son  bâton  de  commandement,  &  à  sa  gauche 

pour  bénir,  chacun  sur  deux  hallebardes  que  qua-  le  contrôleur.  Estant  remarquable  que  lesdits  pains 

tre  suisses   portoient   sur   leurs    épaules,  ornés  de  éloient   pétris   avec    quantité    de    lait '&  quelques 

grand  nombre  de  bnnderolles  de  taffetas  bleu  tur-  œufs'.  » 

quin,   avec   l'escu    de    France    en    or,   les   suisses  .  Archives  de  la  Haute-Garonne.  E.  865.  Registre  de  la 

étoient  devancés  par  les  trompettes  de  Sa  Majesté,  confrérie  du  Pain-Bénit  de  Saint-Étienne. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  87 3 

L'orateur,  qui  fut  Anne  de  Ferrières,  appela  Mazarin  «  le  vray  artisan  des 
«  conquêtes  du  roi  &  le  génie  de  la  France  »  &i  lui  attribua  la  plus  grande 
part  d'honneur  dans  la  conclusion  de  la  paix. 

M.  de  Ferrières  a  raconté  lui-même  dans  la  chronique  municipale  de 
l'année  que  le  ministre  «  fut  fort  satisfait  de  ce  discours,  l'écouta  avec  atten- 
«  tion,  tenant  toujours  le  chapeau  à  la  main,  &.  qu'après  avoir  promis  son 
«  assistance  à  la  ville,  il  fit  quelques  pas  vers  la  porte,  puis  s'en  retourna  & 
«  se  retira  de  la  salle.  » 

Quelques  jours  après,  un  des  assesseurs  alla  lui  présenter  le  présent  de 
bienvenue. 

Parmi  les  questions  que  l'habileté  de  Mazarin  avait  eues  à  débattre  8<  à 
discuter  pied  à  pied  dans  les  célèbres  conférences  de  la  Bidassoa,  une  des  plus 
importantes,  la  délimitation  des  frontières  de  France  S<.  d'Espagne  dans  la 
partie  orientale  des  Pyrénées  touchait  directement  la  province  de  Languedoc. 
Mazarin  attachait  un  grand  intérêt  à  revendiquer  pour  la  France  les  comtés 
de  Confient  8c  de  Capsir  &  la  partie  du  pays  de  Cerdagne  située  en  deçà  des 
monts.  Le  plénipotentiaire  espagnol  opposait  de  sérieuses  difficultés,  ou  met- 
tait à  cette  cession  de  territoire  des  conditions  onéreuses  pour  la  France, 
demandant  en  compensation  tantôt  Béthune  &  Saint-Venant,  tantôt  des 
faveurs  excessives  pour  le  prince  de  Condé,  telles  que  la  propriété  de  la  ville 
8c  de  la  citadelle  de  Stenay,  ou  le  gouvernement  de  Champagne  pour  le  duc 
d'Enghien,  Mazarin  feignait  une  grande  indignation  pour  chacune  de  ces 
exigences,  menaçait  de  tout  rompre  8c  de  quitter  Saint-Jean-de-Luz,  mais 
n'en  témoignait  pas  moins,  dans  sa  correspondance  avec  la  Cour,  la  confiance 
la  plus  complète  dans  le  succès  définitif  des  négociations. 

«  Don  Louis  ne  veut  pas  céder  la  partie  de  la  Cerdagne  qui  est  en  deçà 
«  des  monts,  écrivait-il  à  Le  Tellier  dès  le  16  septembre,  mais  j'ose  répondre 
«  à  Leurs  Majestés  qu'il  relâchera.  Se  le  roy  peut  compter  dès  à  présent  ce 
«  pays  comme  étant  à  luy.  » 

Dans  la  même  lettre,  il  expliquait  au  secrétaire  d'État  les  avantages  de  cette 
acquisition  :  »  Le  docteur  Trobat  qui  est  ici  8c  qui  me  donne  des  mémoires 
«  des  attaires  de  ce  quartier-là,  m'a  assuré  que  presque  toute  la  Cerdagne  est 
«  de  notre  côté,  qu'elle  consiste  en  un  fort  Se  fertile  pays,  8c  qu'il  y  a  plus 
«  de  trois  cents  villages,  de  manière  que  cette  comté  jointe  au  Confient  8c  au 
«  Roussillon  composeront  une  province  fort  jolie  Se  de  plus  grande  étendue 
«  que  le  Lyonnais,  avec  les  trois  places  de  considération  que  sont  Perpi- 
«  gnan,  CoUioure  Se  Salses,  sans  qu'il  nous  reste  plus  aucun  sujet  d'appré- 
M  hender  que  les  Espagnols,  comme  autrefois,  entreprennent  rien  sur  le 
«  Languedoc,  qui  est  une  des  plus  grandes  8c  importantes  provinces  du 
K  royaume,  8c  qui  étoit  fort  exposé  auparavant  qu'il  fût  couvert  par  une  côte 
«  comme  celle-là.  » 

Ces  pourparlers  traînèrent  encore  fort  longtemps.  Don  Louis  de  Haro 
inventait  toutes  sortes  de  subterfuges  pour  échapper  aux  obsessions  du  car- 
dinal. Tantôt  il  prétendait  craindre  les  reproches  de  la  Cour  de  Madrid, 


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~ 374  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tantôt  il  assurait  que  la  Cour  de  Madrid  elle-même,  hésitait  à  mécontenter 
le  conseil  d'Aragon  toujours  «  fort  âpre  à  la  conservation  du  moindre  village 
«  de  la  frontière  de  Catalogne'.  »  Ou  bien  il  voulait  employer  dans  la 
rédaction  du  traité  des  formules  vagues,  sans  expresse  désignation  topogra- 
phique,  ce  dont  Mazarin  se  plaignait  fort,  soupçonnant  que  le  ministre 
espagnol  «  y  entendoit  quelque  finesse.  » 

Don  Louis  mettait  surtout  une  insistance  particulière  à  ne  pas  nommer  le 
Confient,  voulant  dire  simplement  que  l'Espagne  céderait  à  la  France  tout 
le  pays  situé  en  deçà  des  monts.  Grâce  au  docteur  Trobat  &  à  la  carte  de 
Catalogne,  Mazarin  s'aperçut  que  l'assiette  de  ces  montagnes  était  «  fort 
«  embrouillée  »  qu'il  existe  une  petite  chaîne  du  côté  de  Leucate,  une  autre 
entre  le  Roussillon  &  la  France,  une  autre  entre  le  Confient  61  le  Rous- 
sillon;  &  qu'il  fallait  bien  s'entendre  sur  les  monts  dont  on  voulait  parler, 
qui  sont  la  grande  chaîne  pyrénéenne  8c  ne  pas  «  faire  passer  plus  tard  pour 
«  montagne  ce  qui  n'est  à  proprement  parler  que  des  collines.  » 

Enfin,  à  force  de  persistance,  de  retraites  simulées,  de  manœuvres  diplo- 
matiques, où  la  finesse  italienne  du  cardinal  trouva  mainte  occasion  de  se 
déployer,  il  parvint  à  obtenir  une  solution  conforme  à  ses  vues,  &  il  put  écrire 
le  7  octobre  à  Le  Tellier  : 

«  Il  m'a  réussi  de  faire  couler  à  l'égard  des  terres  qui  nous  doivent  demeurer 
«  du  côté  du  Rovissillon,  de  certains  mots  que  j'espère  qui  ne  seront  pas  inu- 
«  tiles,  puisqu'en  parlant  des  monts  j'ai  fait  expliquer  :  «  Ce  sont  ceux  qui 
«  séparent  de  toute  ancienneté  les  Gaules  d'avec  l'Espagne.  » 

Ainsi  ce  fut  la  séparation  antique  des  deux  provinces  qui,  du  consentement 
des  plénipotentiaires,  fut  adoptée  en  principe  pour  servir  de  base  aux  nouvelles 
délimitations. 

Il  fallut  donc  faire  étudier  sur  les  lieux,  en  s'aidant  de  tous  les  secours  de 
l'histoire  &.  des  éléments  d'information  que  les  textes  des  auteurs  &  la  tradi- 
tion des  peuples  pouvaient  fournir,  cette  question  délicate  81  complexe  où 
toutes  les  conséquences  antérieures  de  la  politique  81  de  la  guerre,  &  tous  les 
hasards  des  alliances  81  des  transformations  féodales  jetaient  tant  d'obscurités. 
On  décida  que  les  deux  puissances  enverraient  chacune  deux  commissaires, 
hommes  d'érudition  8c  d'expérience,  pour  opérer  de  concert  ces  reconnaissances 
de  topographie  rétrospective.  Dès  le  7  octobre  i65g,  le  cardinal-ministre  écri- 
vait à  Le  Tellier,  en  lui  annonçant  le  résultat  des  dernières  conférences  :  «  J'ai 
«  insisté  que  l'on  nomme  dès  à  présent  les  commissaires  afin  qu'ils  puissent 
«  commencer  à  travailler  à  cela  dans  un  mois  à  compter  du  jour  de  la  signa- 
«  ture  du  traité;  8c  il  ajoutait  :  «  Il  m'a  semblé  que  les  deux  personnes  qui 
«  seroient  plus  propres  pour  cet  employ  sont  monsieur  l'évêque  d'Orange  8c 
«  monsieur  l'évêque  de  Tholose,  8c,  si  Sa  Majesté  le  trouve  bon,  l'on  pour- 
«  roit  dès  à  présent  les  avertir  de  se  tenir  prêts,  8c  particulièrement  monsieur 
«  de  Tholose,  afin  qu'il  se  dispose  à  se  rendre  à  Perpignan,  ce  qu'il  pourra 

■  Lettres  du  cardinal  de  Mai[r-rin,  Amsterdam,   1694, 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  SyS 

«  faire  encore  assez  à  temps  après  qu'il  aura  servi  le  roi  clans  les  États  de 
«   Languedoc.  » 

Pendant  son  séjour  à  Toulouse,  Mazarin  annonça  lui-même  à  l'archevêque 
Pierre  de  Marca,  récemment  arrivé  d'Espagne,  que  le  roi  avait  jeté  les  yeux 
sur  lui  pour  cette  importante  mission.  Le  long  séjour  que  l'ancien  visiteur 
général  avait  fait  en  Catalogne,  ses  fréquents  voyages  aux  Pyrénées,  les 
mémoires  qu'il  avait  envoyés  à  la  Cour  sur  la  situation  politique  de  la  con- 
trée, la  connaissance  qu'il  avait  prise  des  anciens  dépôts  d'archives  conservés 
par  les  chapitres  ou  les  monastères,  &  les  ébauches  de  travaux  déjà  préparés 
par  lui  sur  le  passé  de  cette  région,  garantissaient  sa  partaite  compétence;  sa 
carrière  antérieure  répondait  aussi  de  son  dévouement. 

On  lui  donna  pour  collègue,  conformément  à  l'avis  de  Mazarin,  un  autre 
prélat,  Hyacinthe  Serroni,  ce  même  évêque  d'Orange  qu'il  avait  si  souvent 
rencontré  en  Catalogne  8i  dont  l'antagonisme  a  laissé  dans  sa  correspondance 
de  si  fréquents  témoignages  d'amertume.  La  politique  &  les  habitudes  de  la 
vie  de  Cour  devaient  effacer  au  moins  extérieurement  les  marques  de  ces 
anciennes  divisions. 

C'est  pendant  le  séjour  du  roi  à  Toulouse  que  pour  récompenser  le  cardinal- 
ministre  négociateur  de  la  paix  des  Pyrénées,  fut  signé  l'édit  qui  érigeait  en 
fief,  sous  le  titre  de  duché  Mazarin,  les  territoires  de  Ferrette,  Belfort,  Délie, 
Thann,  Altkirch  &  Dissenheim,  formant  près  d'un  sixième  de  la  haute  Alsace. 

La  présence  des  gens  de  guerre  qui  formaient  l'escorte  du  roi  n'était  pas 
sans  causer  à  Toulouse  de  notables  désordres.  Le  bourreau  fut  assassiné  le 
6  novembre  sur  la  place  du  Salin.  Vers  sept  heures  du  soir,  comme  le  cadavre 
gisait  encore  sur  le  pavé,  le  duc  d'Arpajon  envoya  un  de  ses  officiers  prévenir 
les  capitouls.  Mais  quelles  que  fussent  les  instances  des  magistrats  pour  faire 
aller  leur  capitaine  du  guet  sur  le  lieu  du  meurtre,  cet  agent  ne  put  s'y 
résoudre,  à  cause  de  l'heure  avancée  8*.  du  danger  qu'il  craignait  pour  sa 
propre  vie.  Il  ne  paraît  pas  que  les  capitouls  aient  jugé  opportun  de  s'y 
rendre  eux-mêmes.  Ils  se  contentèrent  de  destituer  leur  capitaine  qui  propo- 
sait d'obéir  le  lendemain  matin;  mais  trois  jours  après,  mieux  informés,  ils 
rétractèrent  leur  délibération  &  remirent  le  capitaine  en  sa  charge  '. 

Le  25  novembre,  le  roi  signa  une  lettre  de  cachet  que  le  viguiér  présenta 
aux  capitouls  dans  le  petit  consistoire.  Elle  portait  que  Sa  Majesté  se  trou- 
vant k  Toulouse  au  moment  de  la  mutation  capitulaire  avait  estimé  à  propos 
de  nommer  d'autorité  les  magistrats  de  la  ville,  en  vue  d'éviter  les  brigues  Se 
monopoles  de  certains  particuliers,  8c  que,  d'ailleurs,  cette  dérogation  aux 
usages  locaux  ne  tirerait  point  à  conséquence.  Suivait  une  liste  de  huit  per- 
sonnes, parmi  lesquelles  se  trouvait  l'historien  Lafaille  avec  deux  autres  avo- 
cats, un  procureur,  deux  marchands  5<.  deux  écuyers  *. 

Le  conseil  de  bourgeoisie  se  trouva  fort  blessé  de  la  prévenance  du  monarque, 

'   Archives    de    Toulouse.     Livre    Jes    Conseils,  '  La    reine  Anne  d'Autriche  avait   pour   secr^'- 

XXVH ,  p.  44^.  Consistoire.  Séances  des  6  &  lo  tair»  de  ses  commandements  un  frère  du  premier 
novembic  i^..')^-.  président  Fieubet  qu'on  appelait  M    de  Cauniont. 

XIII.  24* 


i6j 


io;jp 


076  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

&c  principalement  de  l'élévation  du  sieur  de  Castet  au  rang  de  chef  dii  consis- 
toire, dignité  que  la  tradition  réservait  aux  anciens  capitouls.  Néanmoins,  il 
fut  délibéré  d'obéir  à  la  volonté  du  roi,  &  la  réception  des  nouveaux  officiers 
fut  célébrée  avec  grande  pompe  le  lendemain. 

Aussitôt  après  avoir  prêté  le  serment  devant  le  viguier,  les  capitouls  se  ren- 
dirent à  l'archevêché,  où  M.  de  Saintot,  grand  maître  des  cérémonies,  les 
introduisit  dans  l'antichambre  du  roi.  C'est  là  que  le  jeune  prince  leur  donna 
audience;  ils  se  mirent  à  genoux  devant  lui,  parés  de  leurs  chaperons  noirs, 
symbole  incomplet  des  fonctions  municipales  qui  n'atteignaient  le  degré  de 
iierfection  qu'après  l'installation  à  l'hôtel  de  ville,  8t  le  chef  du  consistoire 
prononça  un  discours  de  remercîment,  où  il  se  glorifiait,  au  nom  de  ses  collè- 
gues, de  tenir  leurs  pouvoirs  de  la  main  du  roi. 

({  Nous  avons  cru,  dit-il,  qu'encore  que  nous  ne  soyons  pas  revêtus  de  la 
«  livrée  consulaire  St.  que  nous  ne  portions  pas  les  marques  de  cette  magistra- 
le ture.  Votre  Majesté  reconnoîtra  facilement  son  ouvrage.  Nous  nous  faisons 
H  gloire  de  publier  partout  que  notre  promotion  au  capitoulat  est  l'ouvrage 
f(   de  ces  mains  augustes  qui  ont  donné  la  paix  à  toute  la  chrétienté.   » 

Les  capitouls  passèrent  ensuite  dans  l'appartement  de  la  reine,  qui  leur 
répondit,  comme  son  fils,  par  quelques  mots  de  courtoisie.  Dans  la  journée, 
six  d'entre  eux  allèrent  saluer  le  duc  d'Anjou  &i  Mademoiselle  de  Montpen- 
sier,  qui  durent  subir  les  harangues  de  Lafaille  Se  de  M.  d'Aste. 

Le  lendemain,  ce  fut  le  tour  du  prince  de  Conti,  du  cardinal  Mazarin,  du 
maréchal  de  Villeroy,  des  secrétaires  d'Etat  Se  des  grands  seigneurs  de  la 
Cour;  personne  ne  fut  épargné,  les  capitouls  s'estimant  trop  heureux  de 
iiouvoir  offrir  de  leur  bouche  des  civilités  qui  se  transmettaient  habituelle- 
ment par  correspondance. 

Le  soir  même  de  ces  démonstrations,  les  capitouls  reçurent,  parla  main  de 
deux  huissiers,  la  traduction  pratique  des  promesses  d'affection  &  de  bien- 
veillance qu'Anne  d'Autriche  &  Louis  XIV  leur  avaient  adressées.  C'étaient 
deux  arrêts  du  conseil,  dont  l'un  révoquait  l'abonnement  des  tailles.  Se  l'autre 
cassait  les  délibérations  de  la  ville  concernant  l'établissement  du  droit  de 
subvention.  Ce  fut  donc  par  des  actes  de  protestation  que  les  nouveaux  capi- 
touls durent  inaugurer  leur  magistrature. 

Cette  révélation  inattendue  fut  un  coup  de  foudre  pour  le  conseil  de  ville, 
d'autant  plus  que  l'acte  royal  reprochait  aux  Toulousains  d'avoir  manqué  de 
reconnaissance  pour  les  grâces  qu'ils  tenaient  de  Sa  Majesté. 

Quatre  capitouls  S<.  huit  bourgeois  furent  dépêchés  au  cardinal  Mazarin. 
Le  chef  du  consistoire  lui  représenta,  en  termes  fort  vifs,  la  douleur  8<.  la  cons- 

Ce   personage   suivait   In    cour.    Ce  fut   lui    qui,  à  gêné  par  quelque  engagement  avec  le  maréchal  da 

l'instigation  de  son  frère,  dressa  une  liste  de  can-  Turenne,  alors  très-puissant  auprès  du  roi. 
didats   extrêmement  dévoués  aux  intérêts  du  pro-  Dès  ce  jour,  &.  pour  de  longues  années,  les  élec- 

iiiier  président,  &  la   présenta    à   la    signature  du  tions  municipales  de  Toulouse  furent  entièrement 

roi.  Les  capitouls  furent  ainsi  nommés  par  lettre  à  la  discrétion  de  Fieubet  '. 

de  cachet.  Le  premier  président  recherchait  ardem-  ...         ,    ...     ,  ^    .         .         _,.,,.,. 

,     ,         ,,  .,  .  '  Arcluves  de    loulouse.  Testament  syndical  de  ,\f.  de 

ment  le  concours  de  la  ville  parce  qu  il  so  trouvait        1  afciUe   m'-     p    iS 


LIV.   I,   MINISTERE  DE  MAZARIN.  877 

ternation  de  l'assemblée;  il  rappela  que,  dans  toutes  les  occasions  où  les  rois 
de  France  avaient  porté  leurs  armes  en  deçà  la  Loire,  Toulouse  leur  avait 
ouvert  son  arsenal,  fourni  des  canons,  des  munitions  ik  des  hommes,  8t  que 
la  ville  gardait  soigneusement  dans  ses  archives  la  lettre  même  de  Son  Emi- 
nence,  tlatée  de  Libourne,  qui  portait  les  remercîments  du  roi.  11  fit  ressortir 
que  dans  un  temps  obscur  Se  difficile,  durant  l'insurrection  de  Bordeaux,  les 
capitouls  n'avaient  point  hésité  à  faire  leur  devoir,  mettant  leur  artillerie  au 
service  de  la  couronne,  sans  se  préoccuper  du  ressentiment  des  Bordelais,  dont 
les  effets  s'étaient  pourtant  rendus  si  notoires  qu'il  avait  fallu  faire  renvojer 
au  Parlement  de  Dauphiné  tous  les  procès  pendants  à  la  cour  de  Gtiienne. 

Il  invoqua  particulièrement  la  bienveillance  du  jeune  roi,  que  l'on  voyait 
tous  les  jours  faire  ouvrir  les  portes  de  son  palais,  admettre  le  peuple  dans 
ses  divertissements,  Se  dépouiller  tout  l'appareil  de  la  royauté  pour  honorer 
de  sa  présence  les  assemblées  particulières,  ayant  dit  souvent  que  dans  Tou- 
louse il  n'avait  que  faire  de  ses  gardes. 

L'orateur  ajouta  que  les  arrêts  du  conseil  avaient  été  probablement  surpris 
par  des  ennemis  de  la  ville,  à  l'insu  de  Sa  Majesté;  que  l'abonnement  des 
tailles  était  de  tradition  séculaire  à  Toulouse,  n'ayant  subi  d'interruption  qu'à 
l'époque  de  l'édit  de  Béziers,  édit  funeste  à  la  Province  entière,  mais  que  la 
ville  avait  effacé,  pour  ainsi  dire,  avec  le  sang  de  ses  meilleurs  citoyens, 
sacrifiés  volontairement  à  l'honneur  de  la  France  sur  les  remparts  de  Leucate, 
dans  cette  nuit  fameuse  qui  renversa  tous  les  desseins  de  l'Espagne  61  fixa  la 
vlv:Loire,  jusqu'alors  indécise  entre  les  deux  couronnes. 

La  question  du  droit  de  subvention  fournit  au  chef  du  consistoire  l'occasion 
de  rappeler  les  services  militaires  de  la  ville  au  siège  de  Montauban,  la  peste 
de  1628,  qui  dura  quatre  ans  £<  coûta  des  sommes  incroyables  pour  faire 
subsister  les  religieux  mendiants,  les  artisans  Se  le  pauvre  peuple,  6t  dont  la 
reprise,  en  i652,  emporta,  dans  l'espace  de  quinze  mois,  plus  do  vingt- 
cinq  mille  personnes.  Il  justifia  l'établissement  du  nouvel  impôt  parla  néces- 
sité de  payer  les  dettes  communales,  dont  le  fardeau  devenait  chaque  jour 
plus  pesant. 

L'orateur  termina  par  un  appel  direct  à  la  bienveillance  du  roi.  «  Nous 
(I  avons  vu,  dit-il,  qu'à  son  arrivée  il  a  fait  ouvrir  les  portes  des  prisons  8t 
<i  donner  la  liberté  aux  misérables  qui  gémissoient  dans  les  cachots;  nous  lui 
Il  avons  vu  donner  la  vie  à  de  pauvres  malheureux  qui  étaient  déjà  entre  les 
«  mains  de  la  mort.  Quoi,  Monseigneur,  après  que  les  criminels,  les  par- 
<'  ricides  Se  les  sacrilèges  ont  éprouvé  les  effets  de  la  grâce  Se  de  la  bonté 
'    du  prince,  pourrait-on  croire  que  Sa  Majesté  voulût  traiter  avec  quelque 

rigueur  les  habitants  de  Toulouse  qui  n'ont  point  failli?   » 

Le  cardinal,  qui  se  trouvait  alors  indisposé  Se  qui  avait  écouté  toute  la 
l.juangue  assis  dans  son  lit  Se  tenant  son  bonnet  à  la  main,  répondit  qu'il 
é;:iit  convaincu  de  la  nécessité  de  la  subvention  Se  du  bon  emploi  des  deniers 
(j.n  en  provenaient;  mais  que  les  lois  du  royaume  ne  pouvaient  pas  souffrir 
q.i'un  établissement  de  cette  nature  fût  fait  sans  la  permission  du  prince; 


1639 


~ 378  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

qu'ainsi  il  fallait  rectifier  les  choses  en  conservant  le  droit  Se  l'autorité  du 
roi,  sans  ôter  à  la  ville  le  secours  c|u'elle  en  devait  retirer.  Il  promit  d'ailleurs 
ses  bons  offices,  offrant  de  favoriser  en  toute  occasion  la  cause  8<.  les  intérêts 
d'une  ville  qui  avait  toujours  bien  mérité  du  roi  &  de  l'Etat. 

Quelques  jours  après  parut  une  lettre  de  cachet  qui  chargeait  quatre  com- 
missaires de  procéder  à  la  vérification  des  dettes  de  la  ville.  Ces  commissaires 
étaient  l'intendant  de  la  Province,  M.  de  Vertamon,  sieur  de  Bréau,  maître 
des  requêtes  ordinaires  de  l'hôtel,  8<.  MM.  de  Masnau  &  de  Prohenque,  con- 
seillers au  Parlement. 

L'indiscipline  de  la  plupart  des  troupes  de  la  garde  du  roi  était  affreuse. 
On  n'avait  pas  voulu  les  cantonner  dans  la  campagne  par  crainte  de  la  dévas- 
tation &.  de  la  licence  que  leur  isolement  aurait  favorisé;  mais  cette  précaution 
fut  sans  résultat.  Logés  dans  les  capitoulats  de  Saint-Pierre  5c  de  Saint-Sernin 
Se  dans  les  faubourgs  de  Saint-Cyprien  Si  de  Saint-Etienne,  les  gens  de  guerre 
que  l'on  espérait  contenir  dans  le  devoir  par  la  présence  de  la  Cour,  des 
chefs  militaires  Se  du  Parlement,  s'abandonnèrent  à  leurs  excès  avec  si  peu  de 
mesure  qu'en  peu  de  temps  les  quartiers  qu'ils  habitaient  devinrent  déserts; 
le  ravage  des  maisons  &  des  propriétés,  la  désolation  des  familles,  les  violences 
contre  les  personnes  jetèrent  l'effroi  dans  toute  la  ville.  Il  fallut  en  porter 
plainte  aux  puissances  qui  firent  siéger  le  conseil  de  guerre.  Plusieurs  soldats 
furent  passés  par  les  armes  '. 

Les  hommes  du  régiment  des  gardes  arrachèrent  tous  les  mûriers  du  jardin 
d'Arnaud-Bernard,  créé  aux  frais  de  la  ville  pour  l'élève  des  vers  à  soie,  6c 
ruinèrent  entièrement  la  maison  qui  demeura  inhabitable  pendant  plusieurs 
années^. 

Les  commissaires  du  roi  profitèrent  du  voisinage  incommode  de  ces  troupes 
pour  appuyer  leurs  exigences  fiscales  auprès  des  Etats  qu'ils  menacèrent  même 
du  rétablissement  de  l'édit  de  Béziers.  L'assemblée  renouvela  à  cette  occasion 
ses  anciennes  protestations  contre  cet  acte  de  sévérité^. 

Le  duc  d'Orléans  avait  consenti  à  se  faire  l'interprète  du  vœu  des  Étais 
contre  la  réalisation  de  cette  menace,  en  écrivant  lui-même  sur  ce  sujet  au 
cardinal  Mazarin,  tandis  que  les  derniers  travaux  de  la  contérence  le  rete- 
naient encore  à  Saint-Jean-de-Luz.  La  lettre  lui  fut  remise  par  M.  de  Saiiit- 
Quentih  le  6  novembre,  veille  de  la  signature  du  traité  de  paix  Se  du  contrat 
de  mariage.  La  vivacité  des  expressions  du  prince  causa  quelque  surprise  au 
ministre  qui  l'attribua  aux  instances  de  l'assemblée.  Il  pria  Le  Tellier  de 
donner  directement,  au  nom  du  roi,  des  explications  au  gouverneur  de  Lan- 
guedoc, si  Ton  prenait  la  dernière  résolution  pour  le  rétablissement;  dans  le 
cas  contraire,  si  l'entière  soumission  des  Etats  aux  demandes  qui  leur  étaient 
faites,  permettait  de  se  relâcher  d'une  pareille  restauration,  on  ne  devait  pas 

■   Archives    de  Toulouse.   Annales    manuscrites,  '  On    trouvera    les  détails  de   cette  affaire  aux 

VIII,  p.  462.  Pièces   justificatives,    n"    CCXC\'I ,    col.    719;    -— 

'  Livre  des  Conseils.  XXVIII,  p.  228.  Conseil  do  CCXCVIÎ,  col.  ■•23;  -    CCXCVIII,  col.  TÎo, 
bourgeoisie.  Séance  du    l'i  novembre  1661. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  379 

oublier  de  faire  honneur  de  cette  grâce  k  l'intervention  personnelle  de  Son 
Altesse  '. 

L'affaire  s'arrangea  par  transaction. 

La  présentation  de  l'octroi  qui  se  faisait  chaque  année  au  premier  com- 
missaire royal,  par  le  corps  entier  des  Etats,  s'accomplit,  le  27  décembre,  à  la 
fin  de  la  session*  avec  un  cérémonial  plus  majestueux.  Ce  fut  le  roi  même 
qui  la  reçut. 

L'assemblée,  après  avoir  tenu  sa  dernière  séance  aux  Augustins,  se  rendit 
ordre  par  ordre  à  l'archevêché  où  M.  de  Saintot,  maître  des  cérémonies, 
l'attendait  au  bas  de  l'escalier  &  fit  entrer  le  cortège  dans  la  chapelle.  Il  alla 
aussitôt  prévenir  le  roi  qui  vint  prendre  place  sur  un  fauteuil,  dans  la  chambre 
de  la  reine,  où  les  membres  des  États  furent  introduits  par  le  secrétaire  d'État 
Duplessis-Guénégaud.  Messieurs  de  l'Eglise  &  de  la  noblesse  restèrent  debout, 
tandis  que  les  députés  du  tiers  81  les  officiers  de  la  Province  s'agenouillaient. 
L'archevêque  de  Toulouse  harangua  le  roi  en  lui  offrant  le  don  gratuit, 
Pierre  de  Guilleminet  lut  le  texte  de  la  délibération,  &  après  un  remercie- 
ment du  jeune  prince,  les  députés  défilèrent,  accompagnés  jusques  aux  degrés 
par  leurs  deux  introducteurs^. 

Anne  d'Autriche  avait  signalé  son  séjour  à  Toulouse  par  un  grand  nombre 
d'exercices  de  piété  dans  les  églises  81  les  couvents^. 

La  reine  &  son  fils  visitèrent  la  chapelle  des  Pénitents-Bleus,  association 
aristocratique  de  Toulouse  qui  prenait  le  titre  de  confrérie  impériale  81  royale 
81  faisait  remonter  son  origine  à  Charlemagne.  Anne  d'Autriche  portait  à 
cette  église  un  intérêt  particulier,  pour  l'avoir  visitée  bien  des  années  aupa- 
ravant, en  compagnie  de  Lotiis  XIII  8<.  du  prince  de  Condé  8c  y  avoir  fait  un 
vœu  quand  elle  attendait  la  naissance  d'un  fils^. 

'  Lettres  Ju  cardinal  Ma^arin.  de   leur  église,   &    qu'il    leur  avait    donné,   pour 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  aider  aux  travaux  de  construction,  une  somme  de 

du  27  décembre  lôSp.  i5ooo   livres,    libéralité    demeurée    sans    effet.    Le 

'  Voir  aux  Pièces  just'ifieatlvei  les  démarches  qui  roi    leur   fit  don    par  lettres   patentes  du  mois  de 

furent  faites  au  nom  d'Anne  d'Autriche  auprès  des  décembre  de  cent  «  pagelles  »  de  bois  de  chauff.ige 

capitouls  de  Toulouse  en  faveur  de  l'hôpital  de  la  de  la  forêt  de  Bouconne,  à  délivrer  annuellement 

Grave,  n.  CCC,  col.  yîS.       '  par  les  grands  maîtres  &  maîtres  particuliers  des 

Les  capitouls,  sur  la    recommandation    du    roi,  eaux  &  forêts,  coupé  aux  endroits   les  plus  com- 

habillèrent  complètement  deux   orphelins,  natifs  modes  &  les  moins  dommageables,  &  accorda,  en 

d'Avignon,  qui  s'appelaient  Louis  Houber  &  Jac-  outre,  au  couvent,  la    faculté   de  prendre  chaque 

ques  Gazier.  On  leur  fit  deux  habits  &  deux  casa-  année  au  grenier  à  sel  de  Toulouse,  la  quantité  de 

qûes,  ornés  de  galon  &  de  filet  de  Paris,  &  on  les  dix   minots  de   sel   en    payant   seulement   le   prix 

entretint  trente-deux  jours  chez  un  pâtissier  qui  du  marchand'. 

les  nourrit,  les  «  fit  saigner  »  &  leur  procura  tous  '  Après  la  naissance  de  Louis  XIV,  le  prince  de 

les  remèdes  nécessités  par  leur  état  de  maladie '.  Condé  écrivit   aux    Pénitents-Bleus    de   Toulouse 

Les   carmélites    de   Toulouse,   dont   la    commu-  la  lettre  suivante  : 

nauté  se  trouvait  alors  très-nombreuse,  représen-  «  Messieurs,  enfin  le  Ciel  a  exaucé  les  vœux  de 

tèrent  au  Jeune  roi  que  Louis  XIII  avait  posé,  en  votre   sainte  confrérie.  La    reyne  a  accouché  d'un 

1622,  la  première  pierre  de  leur  couvent  le  jour  dauphin  avec  un  bonheur  extrême,  ce  qui  fait 
de  la   canonisation   de   sainte   Thérèse,  patronne 

■  Archives  de  la  Hautc-G,ironne.  FnnJs  du  Parlement  de 
Toulouse.  Edits  ^  lettres  yatentes.  L'enicgUlreiucnt  est 

'  Archives  de  Toulouse,  Pièces  li  l'aryui  de^  comptes.  i  t  s  mii  ici'.... 


1609 


i659 


38o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


A  la  fin  de  décembre,  la  Cour  se  divisa.  Les  fêtes  du  mariage  devant  être 
encore  différées  de  plusieurs  mois,  parce  que  Philippe  IV  ne  voulait  pas 
quitter  Madrid  avant  le  i*"'  avril,  le  roi  décida  de  pousser  jusqu'en  Provence, 
tandis  que  la  plus  grande  partie  de  sa  suite  rentrait  à  Paris  pour  y  attendre 
un  nouveau  rendez-vous. 

Fouquet  partit  de  Toulouse  avant  la  Cour,  cherchant  à  battre  monnaie.  A 
Montpellier,  il  emprunta  quatre-vingt  mille  livres  au  denier  dix  «  pour  sub- 
«  venir  aux  dépenses  les  plus  pressées  de  Toulouse,  »  &  il  proposait  au  cardinal 
d'emprunter  trois  cent  mille  livres  à  quinze  pour  cent  sur  le  don  gratuit  de 
Languedoc,  en  retirant  de  gré  à  gré  les  quittances  en  bonne  forme  des  tréso- 
riers de  la  Province,  à  la  décharge  des  receveurs  de  Montpellier'. 

Louis  XIV  se  mit  en  route  le  28*  &  fit  en  trois  étapes  le  trajet  de  Toulouse 
à  Carcassonne,  avec  couchée  à  Villefranche  Si  à  Castelnaudary^.  L'église  des 
Augustins  de  Carcassonne  reçut  plusieurs  fois  sa  visite.  Il  alla  y  entendre  la 
messe  avec  nombreuse  compagnie,  y  fit  ses  dévotions  &  se  prosterna,  dans 
une  chapelle  construite  en  1640  par  l'évêque  Vital  de  Lestang,  devant  un 
fragment  du  Saint-Suaire  qui  passait  pour  avoir  été  conservé  en  Orient  dans 
une  famille  juive  81  apporté  de  Saint-Jean-d'Acre  par  deux  religieux  augus- 
tins'^. Le  roi  toucha  dans  le  cloître  près  de  qi.atre  cents  malades  auxquels  on 
distribua  des  aumônes  considérables.  Un  chroniqueur  local  a  remarqué,  sans 
en  donner  la  raison,  que  les  étrangers  eurent  plus  de  part  à  ses  largesses  que 
les  Français. 
,660  Le  second  jour  de  l'année  1660  vit  partir  la  Cour  de  Carcassonne;  elle 

que   le  roy   est   dans  des  joyes   qu'on   ne  sçaiiroit  sur  parchemin  dans  le  neuvième  livre  des  Annales 

exprimer;  Sa  Majesté   m'a  ordonné  de  vous  faire  de  l'hàtel  de  ville,  dont  il  avait  décoré  le  frontis- 

part  de  cette  agréable  nouvelle,  afin  que  vous  en  pice.   Tous   ces   travaux   furent  payés  au   prix   de 

rendiez  grâce  à  Dieu  &  que  la  compagnie  aille  en  200  livres. 

procession  à  Saint-Sernin  pour  accomplir  le  vœu  Après  le  départ  de  la  Cour,  les  capitouls  en- 
que  nous  avons  fait  ensemble  avec  Leurs  Majestés,  voyèrent  démolir  les  baraquements  qu'ils  avaient 
attendant  qu'EUes  aillent  l'accomplir  elles-mêmes  fait  construire  par  ordre  du  roi  dans  la  cour  de 
en  personne.  Le  roy  m'a  parlé  du  sacre  &  de  la  l'archevêché.  On  trouva  des  compagnies  françaises 
dotation  de  votre  chapelle,  &  m'a  témoigné  qu'il  &  suisses,  restées  à  l'arrière-garde,  qui  abattaient 
étoit  toujours  dans  de  fort  bons  sentimens  pour  elles-mêmes  ces  constructions  &  en  brûlaient  les 
votre  royale  confrérie.  Pour  moi,  si  je  puis  quel-  matériaux,  sous  prétexte  que  ic  la  dépouille  »  leur 
que  chose  en  mon  particulier,  ne  m'épargnez  pas,  appartenait.  Pour  rentrer  en  possession  du  bois 
&  je  vous  feray  connoître  que  je  suis,  Messieurs,  fourni  par  la  ville  &  le  faire  rentrer  à  l'arsenal, 
votre  très-affectionné  confrère  à  vous  servir,  Henry  il  fallut  en  payer  la  rançon  aux  troupes'. 
DE  Boup.BON. —  A  Paris,  ce  16  septembre  i638'  »,  Le  jardin  des   mûriers   demeura    inculte  depuis 

'  Lettre  de   Fouquet  à  Mazarin,  datée  de  Mont-  cette  époque  &  fut  cédé,  cinq  ans   plus  tard,  aux 

pellier,  le  1  1  décembre.  Archives  des  affaires  étran-  chartreux,  ainsi  que  la  maison,  en  indemnité  de  cer- 

gères,  France,  vol.  168,  p.   160.   Lettres,    instruc-  tains  dommages  auxquels  la  ville  avait  été  condam- 

tions  &  mémoires  de  Colbert,  I,  p.  5o6.  née  pour  droits  de  subvention  indûment  perçus'. 

"  Jean-Pierre  Rivalz  fut  chargé  par  les  capitouls  '  Pièces  fugitives  du.  mar(juis  d'Auhais,  I,  p.  i38. 

de  perpétuer   le  souvenir  de  l'heureux  événement  Voyages  &  itinéraires  des  rois  de  France. 

qui  rendait  la  paix  à  l'Europe,  en  représentant  le  *  Bouges,    Histoire   ecclésiastique   &   civile   de    la 

mariage  du  roi  &  le  traité  des  Pyrénées,  au  milieu  ville  &   diocèse  de  Carcassonne ,  pp.  216,  267,  440. 

des  portraits  capitulaires,  dans  un  tableau  destiné  ,     ,•        j     t     1  , .-         j^,   /-„_„.•;,    wirm 

•^  /     .  '  '  Arcluvcs  de  Toulouse.   Livre  des   Conseils,  XaVIII  , 

au  grand  consistoire.  Il  en  exécuta  une  réduction       p,  ,3.  Consistoire.  Séance  du  3o  décembre  lôSg. 

3  Arcliives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXiX,  p.  11. 

'  Cartulaire  des  Pcn^tenls-Bleus  de  Toulouse.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  3  décembre  1664. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  38 1 

coucha  successivement  à  Pujols,  à  Béziers  &  à  Mèze  &  entra  à  Montpellier 
le  5  janvier.  Elle  séjourna  dans  le  chef-lieu  de  la  généralité  jusqu'au  8. 

Il  y  eut  bal  à  Montpellier  chez  Madame  La  Mothe-Argencourt,  mère  d'une 
des  filles  d'honneur  de  la  reine.  Monsieur  s'y  rendit  ainsi  que  Mademoiselle 
d'Orléans  qui  raconte  s'y  être  beaucoup  ennuyée.  On  lui  avait  vanté  l'esprit 
&c  la  beauté  des  femmes  du  pays.  Elle  prétend  leur  avoir  trouvé  trop  de  rouge 
&.  un  air  enjoué  qui  ne  lui  plaisait  pas. 

Pour  voir  la  ville,  il  fallut  quitter  les  carrosses.  Les  rues  étaient  si  étroites 
qu'on  n'y  pouvait  circuler  qu'à  pied  ou  en  chaise. 

I>a  Cour  passa  la  nuit  du  8  janvier  à  Lunel.  Mazarin,  devançant  le  roi  de 
vingt-quatre  heures,  tut  reçu  à  Nimes  le  même  jour  &  harangué  à  la  porte 
de  la  Couronne,  par  l'évêque  Denys  Cohon,  suivi  de  tout  son  clergé. 

Le  cardinal  trouva  toute  la  ville  dans  la  joie,  à  cause  d'une  abondante 
pluie  qui  venait  de  mettre  fin  à  une  sécheresse  prolongée  depuis  la  fin  de 
l'été  Se  de  combler  jusqu'aux  bords  les  réservoirs  de  la  fontaine. 

L'entrée  de  Louis  XIV  se  fit  en  grande  pompe  le  lendemain;  deux  batail- 
lons de  bourgeoisie  étaient  rangés  à  la  porte  de  la  Couronne.  Les  consuls 
s'avancèrent,  avec  un  dais  magnifique,  jusqu'à  la  porte  couverte  qui  aboutis- 
sait au  chemin  de  Montpellier. 

Le  lo  janvier,  la  Cour  alla  voir  le  pont  du  Gard,  puis  1  amphithéâtre  8c 
les  autres  antiquités  de  Nimes.  Le  lendemain,  qui  était  un  dimanche,  on 
entendit  la  messe  à  l'église  des  Jésuites,  puis  le  roi  joua  à  la  paume. 

La  tranquillité  qui  régnait  à  Nimes,  après  de  violents  orages,  était  une 
éclatante  justification  de  la  politique  conciliante  du  cardinal  Mazarin.  Le 
premier  ministre  avait,  en  effet,  quelques  mois  auparavant,  sur  la  sollicita- 
tion de  l'Angleterre,  présenté  à  la  signature  du  roi  des  lettres  d'amnistie  à 
la  suite  d'événements  qui  méritent  d'être  résumés  en  peu  de  mots: 

On  désignait  à  Nimes  par  le  nom  de  grande  &  de  petite-croix  les  deux 
principales  factions  qui  se  partageaient  la  ville.  Les  catholiques  appartenaient 
à  la  première,  les  protestants  à  la  seconde.  Une  double  élection  consulaire 
ayant  eu  lieu  en  lôây,  la  liste  de  la  grande-croix  fut  confirmée  par  arrêt  du 
conseil  d'État,  8c  l'autre  par  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse.  Le  comte  de 
Bioule  8c  M.  de  Bezons  se  rendirent  à  Nimes,  le  3i  décembre,  avec  des  troupes, 
pour  installer  la  municipalité  ministérielle.  Les  consuls  en  charge  s'étaient 
barricadés  à  l'hôtel  de  ville  8c  en  refusèrent  l'entrée  au  lieutenant  général, 
qui  se  présentait  avec  l'évêque,  le  sénéchal,  le  prévôt  de  la  cathédrale  8c  la 
faction  protégée.  Les  gardes  du  comte  ayant  ouvert  le  feu,  une  décharge  géné- 
rale leur  répondit  des  fenêtres  voisines,  tua  deux  gardes,  blessa  mortellement 
le  prévôt  8c  atteignit  de  trois  balles  le  sénéchal.  Bezons  8c  Bioule  s'enfermè- 
rent à  temps  dans  une  maison,  &c  l'évêque  s'enfuit  rapidement  dans  son 
palais,  au  milieu  de  la  mousqueterie  8c  des  clameurs  de  la  foule  protestante, 
qui  le  désignait  aux  tireurs  en  criant  :  «  Au  violet,  au  violet'  !  » 

■  Ménard,  Histoire  Je  la  ville  Je  Nimes. 


i66o 


i66o 


382  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Aussitôt  que  ces  événements  furent  connus,  on  assembla  des  forces  mili- 
taires pour  réduire  la  vieille  ville  réformée,  qui  déjà  s'était  mise  en  défense 
&  qui  avait  appelé  à  son  aide  les  contingents  des  Cévennes.  Une  répression 
sanglante  paraissait  prochaine;  mais  elle  fut  évitée  grâce  à  l'intervention  de 
Cromwell,  qui  recommanda  la  clémence.  L'évêque  d'Albi,  le  duc  d'Orléans 
s'étaient  interposés  dans  le  même  esprit.  A  la  suite  d'une  conférence  tenue  à 
Tarascon  entre  les  principaux  officiers  royaux  &  les  députés  des  deux  factions, 
la  tranquillité  fut  rétablie,  &  l'affaire  se  termina  par  des  lettres  de  grâce,  don- 
nées à  Lyon  au  mois  de  décembre  i658. 

Ces  lettres,  accordées,  suivant  le  préambule,  à  l'intercession  des  ducs  d'Or- 
léans 8<.  de  Mercœur,  cotivraient  de  la  même  «  abolition  »  tout  ce  qui  s'était 
fait  depuis  le  i*"^  janvier  i656,  nommément  les  8  février,  25  juin  &  dernier 
décembre  i65j. 

Les  méfaits  qui  s'y  trouvent  énumérés  sont  les  «  contraventions  faites  aux 
«  arrêts  du  Conseil  8c  du  Parlement,  attaques,  prises  d'armes,  meurtres  & 
«  blessures  arrivés  lesdits  jours  25  juin  &  3i  décembre,  émotion  populaire, 
«  son  du  tocsin ,  résistance  au  comte  de  Bioule  &  de  Bezons  8c  autres  com- 
«  missaires,  clôture  des  portes;  guet  8c  garde;  levée,  inscription  8c  enrôle- 
«  mens  de  gens  de  guerre;  logement  d'iceux;  achats  8c  amas  d'armes  8c 
«  munitions  de  guerre,  établissement  de  consuls  Se  d'officiers,  conférences 
(1  8c  assemblées  générales  &c  particulières  tenues  sans  permission,  lettres-cir- 
((  culaires  8c  autres  escrits,  envoyés  8c  reçus,  communications  8c  associations 
«  entre  les  habitans  de  ladite  ville  8c  autres  nos  sujets,  non  plus  que  pour 
Cl  avoir  eu  recours  à  l'intercession  des  princes  8c  Etats  étrangers  alliés.  » 

L'amnistie  était  aussi  complète  que  possible.  Une  clause  expresse  portait 
que  les  habitants  de  Nimes  qui  avaient  contribué  k  ces  mouvements  ne 
seraient  point  exclus  des  charges  municipales  Se  fonctions  en  dépendant, 
telles  que  sont  l'entrée  aux  États  Se  Assiettes,  nonobstant  toutes  les  délibéra- 
tions qui  pourraient  avoir  été  prises  au  contraire  par  les  Etats  de  la  province 
de  Languedoc '. 

Le  12  janvier,  la  Cour  traversa  le  Rhône  à  Beaucaire  pour  entrer  sur  les 
terres  de  Provence.  Mademoiselle  de  Montpensier  s'était  détachée  du  cor- 
tège à  Montpellier,  avec  la  duchesse  d'Orval ,  femme  du  premier  écuyer,  8c 
M'^«  d'Armentières^,  à  la  fois  pour  visiter  Avignon  8c  pour  éviter  la  largeur 
du  fleuve,  dont  elle  était  effrayée.  Le  gouverneur  de  Villeneuve-Saint-André 
fit  tirer  le  canon  pour  Mademoiselle  d'Orléans,  qui  s'impatienta  fort  d'avoir  à 
subir  des  harangues  Se  répéta  vivement  aux  orateurs  déconcertés  :  «  Je  ne  suis 
«  pas  Mademoiselle,  je  suis  inconnue.  »  Elle  alla  rejoindre  la  reine  à  Arles, 
par  un  bateau  du  vice-légat. 

Près  des  trois  mois  qui  suivirent  se  passèrent  en  Provence,  Pendant  ce 
séjour,  Gaston  d'Orléans  mourut  au  château  de  Blois,  le  2  février  1660. 


'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-  '  Mémoires  Je  Mademoiselle  Je  Montpensier. 

lementde  Toulouse.  Recueil  des  édits  &  dédnrations. 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  383 

La  mort  du  fils  crHenii  IV  déconcerta  beaucoup  d'ambitions,  dérangea  bien 
des  intrigues,  mais  laissa  peu  de  regrets  en  Languedoc.  On  rendit  au  gou- 
verneur, par  ordre  du  roi,  tous  les  honneurs  que  demandaient  sa  naissance 
6<.  sa  charge,  &  son  oraison  funèbre  fut  prononcée  dans  les  principales  villes 
de  la  Province.  Le  titre  le  plus  sérieux  qu'il  eût  acquis  à  la  reconnaissance 
du  pays  était  l'indécision  de  son  caractère,  qui  l'empêcha  de  se  jeter  avec 
passion  &  opiniâtreté,  comme  d'autres  princes,  dans  les  mouvements  armés  de 
la  Fronde.  Grâce  à  ses  perpétuelles  tergiversations,  à  l'incapacité  qu'il  avait 
de  mettre  quelque  suite  dans  l'exécution  de  ses  desseins,  la  province  de  Lan- 
guedoc, placée  entre  la  Guienne  8c  la  Provence,  où  la  guerre  faisait  rage,  put 
demeurer  au  moins  en  dehors  des  grands  événements  militaires.  Nos  lecteurs 
ont  vu,  par  le  récit  qui  précède,  combien  cette  tranquillité  était  fragile  8c 
comment  elle  fut  troublée,  à  diverses  reprises,  par  des  agitations  locales;  mais 
quelque  gravité  qu'aient  eue  ces  agitations,  elles  ne  sauraient  être  comparées 
aux  scènes  de  dévastation  dont  les  provinces  voisines  furent  le  théâtre. 

La  Cour  était  en  Provence  lorsque  le  gouvernement  de  Languedoc,  vacant 
par  le  décès  de  l'oncle  du  roi,  fut  donné  au  prince  de  Conti.  Les  lettres 
patentes  qui  lui  confèrent  cette  importante  charge  sont  datées  d'Aix,  le 
26  février  1660;  le  Parlement  de  Toulouse  les  enregistra  le  3  avril  de  la 
même  année.  Dans  le  préambule,  le  roi  déclare  avoir  fait  choix  d'une  per- 
sonne d'éminente  qualité  8t  recommandable  par  ses  vertus,  à  cause  des  diffi- 
cultés de  ce  gouvernement,  «  la  province  de  Languedoc  étant  de  plus  grande 
«  étendue  qu'aucune  autre,  y  ayant  assemblée  tous  les  ans,  8c  pour  l'exer- 
«  cice  de  la  justice  un  Parlement  de  grand  ressort,  une  cour  des  comptes 
«  8c  finances,  8c  bon  nombre  de  sièges  royaux,  remplie  de  belles  8c  bonnes 
«  villes,  de  vingt-deux  diocèses,  8c  d'ailleurs  abondante  en  habitans,  les  uns 
«  catholiques,  les  autres  de  la  religion  prétendue  réformée'.  » 

Ces  quelques  lignes  résument,  en  effet,  toutes  les  causes  qui  rendaient 
l'administration  de  la  Province  particulièrement  épineuse  :  dans  l'ordre  civil, 
l'éternel  antagonisme  des  Etats  8c  des  compagnies  supérieures;  dans  l'ordre 
religieux,  le  conflit  de  plus  en  plus  ardent  des  deux  communions  chrétiennes. 

Pendant  le  séjour  de  Louis  XIV  à  Âix,  le  ministère  essaya  de  trancher  une 
question  qui  était  pendante  depuis  plus  de  cinquante  ans,  8c  dont  les  résis- 
tances locales  8c  le  mauvais  vouloir  des  Etats  avaient  constamment  empêché 
la  solution,  bien  qu'elle  fût  d'un  grand  intérêt  pour  l'avenir  agricole  8c  com- 
mercial de  la  Province.  Il  s'agissait  d'un  canal  de  navigation  8c  de  dessèche- 
ment à  établir  dans  les  basses  plaines  de  la  rive  droite  du  Rhône,  entre 
Beaucaire  &c  Aigues-mortes.  Ces  territoires  malsains,  à  peu  près  incultes  ou 
couverts  de  maigres  pâturages  8c  désolés  par  la  fièvre,  avaient  tout  à  gagner 
aux  travaux  de  canalisation  proposés.  Mais  les  intérêts  d'un  petit  nombre  de 
particuliers,  privilégiés,  tout-puissants  sur  les  décisions  de  l'assemblée  provin- 
ciale, suffisaient  à  paralyser  les  plus  utiles  desseins. 

'  ArchWes  de   la   Haute-Garonne.  Fonds  du   Parlement  de  Toulouse.  Recueil  des  éjits  &  déclarations. 


1660 


—^ 384  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  première  idée  pratique  du  dessèchement  des  marais  de  Languedoc 
remontait  au  règne  d'Henri  IV,  ce  prince  en  ayant  fait  l'objet  d'une  conces- 
sion spéciale  à  Humfroy  Bradley,  dont  les  plans  demeurèrent  sans  exécution. 

Dès  la  seconde  année  de  la  régence  d'Anne  d'Autriche,  l'affaire  avait  été 
reprise,  grâce  à  un  stimulant  énergique,  la  pénurie  du  trésor  royal  ;  les  pro- 
priétaires des  salins  de  Peccais  &  les  fermiers  des  gabelles  de  Languedoc,  de 
Dauphiné  &  de  Lyonnais,  se  plaignaient  de  la  difficulté  croissante  du  tirage 
des  sels  8i  de  l'augmentation  des  frais  de  transport  occasionnée  par  les  atter- 
rissements  qui  comblaient  de  jour  en  jour  le  bras  du  Rhône  aboutissant  aux 
marais  salants.  Pendant  plus  de  six  mois  de  l'année  S<  dans  la  saison  la  plus 
favorable  au  commerce  du  sel,  les  eaux  étaient  si  basses  que  la  navigation 
devenait  presque  impossible  j  les  voituriers  étaient  contraints  de  mettre  douze 
ou  quinze  barques  pour  porter  la  charge  d'une  seule,  de  tripler  le  nombre 
d'hommes  &  de  chevaux  &  d'employer  quinze  ou  vingt  jours  à  un  voyage 
qui  n'en  devait  consommer  que  trois.  Dans  ces  conditions,  on  prévoyait 
l'époque  où  les  salins  de  Peccais,  regardés  comme  «  les  plus  beaux  8<  les 
«  meilleurs  de  l'Europe,  «  tomberaient  en  une  ruine  irréparable.  On  rappe- 
lait que,  pour  aviser  à  ce  péril,  le  roi  Louis  XIII  avait,  à  trois  reprises  dittc- 
rentes,  établi  un  impôt  de  cinquante  sols  par  minot  sur  les  sels  de  Peccais, 
de  Narbonne,  de  Peyriac  &  de  Sigean,  à  seule  fin  d'avoir  un  fonds  disponible 
pour  la  construction  d'un  canal.  Cette  entreprise  n'ayant  pas  eu  plus  de 
succès  que  celle  d'Henri  IV,  un  Provençal,  nommé  Jacques  Brun,  habitant  de 
Brignolles,  offrit  au  conseil  du  roi  d'exécuter  en  six  ans  un  canal  navigable, 
ayant  sept  toises  de  largeur  &  la  profondeur  nécessaire  pour  porter  des  bateaux 
d'environ  cent  milliers  pesant.  Ce  canal  devait  s'ouvrir  dans  le  Rhône,  au- 
dessous  de  Beaucaire,  &  joindre  le  marais  de  Peccais  par  la  robine  d'Aigues- 
mortes,  vers  la  «  Peyrade  »  du  canal  de  Bourgidou  ;  on  se  proposait  de  le 
mettre  en  communication  avec  le  port  d'Agde  par  le  grau  de  Palavas.  Brun 
s'engageait  à  construire  à  ses  frais,  outre  le  lit  du  canal ,  les  ponts,  les  écluses, 
les  digues,  les  chaussées  &  un  certain  nombre  de  maisons,  de  moulins  Se 
d'hôtelleries  nécessaires  pour  le  trafic.  Par  cette  création,  il  assurait  un  tirage 
facile  pendant  le  temps  des  basses  eaux,  il  ouvrait  des  rapports  directs  entre 
le  bas  pays  de  Languedoc  &  les  villes  du  Pvhône  &  de  la  Saône,  il  assainissait 
de  vastes  étendues  de  terres  inondées,  les  rendait  à  la  culture  &  en  chassait 
les  maladies  pestilentielles. 

En  1644,  l'heure  n'était  guère  propice  à  des  conceptions  de  ce  genre,  &.  le 
personnel  de  la  Cour  se  prêtait  peu  à  la  reprise  des  grandes  vues  de  Sully; 
cependant,  les  otlres  de  Brun,  soumises  au  conseil  de  régence,  où  assistaient 
la  reine  Anne  d'Autriche,  le  duc  d'Orléans,  le  prince  de  Condé  &  le  car- 
dinal Mazarin,  turent  acceptées.  FJes  lettres  patentes,  données  à  Paris  au  mois 
de  mars  1644,  autorisèrent  Jacques  Brun  &.  ses  associés  à  dessécher  tous  les 
étangs,  marais  &  terres  inondées  de  la  côte  de  Languedoc,  entre  Beaucaire  Se 
Agde,  par  un  canal  navigable  Si  divers  canaux  de  dérivation;  à  prendre  pour 
cet  eftet  tous  les  terrains  &  eaux  nécessaires  appartenant  au  roi,  aux  ecclésias- 


LIV.   I.   MINISTÈRE  DE  MAZARIN.  385 

tiques  ou  aux  particuliers,  sauf  dédommagement  aux  propriétaires  sur  rapports 
d'experts. 

En  considération  de  l'importance  du  travail  &  de  la  grandeur  de  l'entre- 
prise, le  roi  accordait  à  Jacques  Brun  le  lit  de  l'ancien  bras  du  Rhône  inutilisé 
pour  la  navigation,  avec  ses  îles  &  créments,  depuis  le  point  de  bifurcation 
en  amont  de  Fourques  jusques  à  la  mer,  pour  en  jouir  en  toute  justice,  les 
mettre  en  terres  labourables  Si  en  prairies.  Ces  terres  devaient  être  dispensées 
de  la  dîme  pendant  dix  ans.  Se,  passé  ce  terme,  la  dîme  y  devait  être  réduite 
k  raison  d'une  gerbe  sur  cinquante. 

Pareille  concession  lui  était  faite  d'une  zone  d'étangs,  marais  Si  terres 
inondées,  de  dix  lieues  de  large,  à  droite  Si  à  gauche  du  nouveau  canal 
entre  Beaucaire  Si  Agde;  les  domaines  que  les  travaux  de  dessèchement  per- 
mettraient de  conquérir  sur  les  eaux  seraient  constitués  en  franc-alleu,  avec 
même  délai  Si  même  réduction  pour  les  dîmes;  l'entrepreneur  garantirait 
seulement  aux  propriétaires  dépossédés  une  valeur  en  terre  cultivée  égale  à  la 
valeur  en  marais  qu'ils  auraient  perdue.  Durant  les  six  ans  de  construction  Si 
les  dix  ans  de  jouissance,  toute  autre  entreprise  de  dessèchement  était  interdite 
dans  la  même  zone  de  dix  lieues.  Afin  de  faciliter  la  construction,  les  droits 
d'équivalent  étaient  supprimés,  pendant  la  durée  des  travaux,  sur  le  vin,  la 
viande  Si  le  poisson  qui  serviraient  à  la  nourriture  des  ouvriers;  l'entrepre- 
neur n'était  tenu  à  payer  les  immeubles  qu'un  an  après  la  prise  de  posses- 
sion, sauf  à  servir  l'intérêt  au  denier  dix-huit.  Si  il  était  exempt  des  droits 
de  franc-fief  Si  nouvel  acquêt  pour  les  terres  nobles  dont  l'acquisition  lui 
aurait  été  nécessaire. 

Après  l'exécution  de  tous  ses  engagements,  la  compagnie  devenait  proprié- 
taire à  perpétuité  du  canal,  des  pêcheries,  des  bâtiments  d'exploitation  Si  de 
trois  perches  de  terre  hors-d'œuvre  des  chaussées,  à  droite  Si  à  gauche  du 
canal,  dans  toute  sa  longueur;  les  censives  Si  mouvances  de  quelque  seigneur 
que  ce  pût  être  demeurant  supprimées. 

Elle  avait  aussi  la  jouissance  d'un  droit  de  navigation  Si  de  péage  sur 
toutes  sortes  de  marchandises,  droit  fixe  Si  unique  pour  la  longueur  entière 
du  parcours,  payable  à  l'entrée. 

Pendant  dix  ans,  l'entrepreneur  devait  bénéficier  de  la  différence  des  prix 
de  voiture  abaissés  par  la  facilité  nouvelle  des  communications,  prix  à  régler 
par  les  soins  de  commissaires  royaux. 

Nul  ecclésiastique,  noble,  bourgeois  ou  commune  ne  pourrait  user  du  canal 
sans  payer  les  droits,  sous  peine  de  confiscation  des  barques  Si  de  la  cargaison. 

L'entretien  restait  à  la  charge  des  associés,  autorisés  à  exécuter  tous  travaux 
utiles  sur  le  Rhône,  le  Vistre  Si  le  Vidourle,  pourvu  que  la  navigation  de  ces 
cours  d'eau  n'en  fût  pas  interrompue,  avec  défense  aux  propriétaires  de  laisser 
ouvertes  les  saignées  du  grand  Rhône  de  Beaucaire  à  Fourques  Si  de  «  la 
«  Brassière  »  jusqu'à  Peccais,  dans  la  direction  du  nouveau  canal,  sous  peine 
de  dix  mille  livres  d'amende. 

«  Pour  donner  plus  de  courage  aux  associés,  ajoutaient  les  lettres  patentes, 

xni.  j5 


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i66o 


386  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  nous  avons  déclaré  &  déclarons  notre  vouloir  8c  intention  être  de  gratifier 
«  St  honorer  du  titre  de  noblesse  six  d'entre  eux  de  ceux  qui  ne  le  sont  par 
«  naissance,  voulant  qu'eux  Si  leurs  enfans  nés  &  à  naître  jouissent  de  tout 
«  privilège  de  noblesse,  à  condition  que  ceux  qui  auront  été  honorés  de  ce 
«  titre  ne  feront  après  ledit  anoblissement  acte  dérogeant  à  ladite  qualité,  le 
«  tout  après  qu'ils  auront  rendu  quatre  lieues  françoises  de  longueur  dudit 
«  canal  en  si  bon  état  qu'il  puisse  porter  bateaux  chargés  de  cent  milliers 
«  pesant,  &  si,  dans  ledit  temps  de  six  années,  ils  ne  rendent  le  canal  navi- 
«  gable,  ils  seront  déchus  du  titre  de  noblesse.  » 

Une  disposition  spéciale  permettait  à  Jacques  Brun  d'associer  à  son  entre- 
prise toutes  personnes,  ecclésiastiques,  nobles,  officiers  de  Parlement,  de 
chambres  des  comptes,  trésoriers  de  France  ou  autres,  sans  dérogeance  ni 
préjudice  à  leurs  charges  &  dignités. 

Le  rédacteur  de  cet  intéressant  contrat,  qui  promettait  une  prolongation  de 
délai  dans  le  cas  d'empêchements  légitimes,  croyait  sans  doute  avoir  atteint 
les  dernières  bornes  de  la  prévoyance  en  stipulant  que  les  oppositions  à  inter- 
.venir  seraient  examinées  par  commissaires  du  roi,  jugeant  sans  appel,  afin  de 
ne  point  retarder  les  travaux,  mais  il  avait  compté  sans  la  coalition  d'in- 
térêts qui  mit  à  profit  la  mobilité  des  influences  de  cour  pour  paralyser  les 
efforts  de  l'entrepreneur. 

Le  plus  redoutable  obstacle  qu'il  rencontra  fut  la  résistance  des  États  de 
Languedoc.  L'assemblée  provinciale,  qui,  dans  le  cours  du  dix-huitième 
siècle,  devait  s'honorer  par  son  application  aux  travaux  publics  Si  son  ardeur 
à  seconder  le  progrès  économique,  n'avait  pas  encore  l'esprit  ouvert  à  ces 
généreuses  conceptions;  les  mobiles  inférieurs,  dont  nous  avons  déjà  signalé 
tant  de  traces  dans  la  suite  de  cette  histoire,  pesaient  sur  les  États  de  toute 
la  force  acquise  pendant  des  siècles. 

Les  raisons  que  fit  valoir  le  syndic  général  de  la  Province  auprès  du  conseil 
du  roi,  dont  les  arrêts  contradictoires  se  multiplièrent,  de  1646  à  lÔDy,  pour 
obtenir  la  cassation  du  privilège,  sont  caractéristiques'. 

Il  y  a  d'abord  des  arguments  de  pure  forme  :  la  concession  est  contraire 
aux  franchises  de  la  Province,  puisque  nulle  chose  nouvelle  ne  peut  être  faite 
sans  le  consentement  des  Etats;  puis,  des  préjugés  peu  dignes  de  supporter  la 
discussion  :  le  canal,  prenant  le  Rhône  à  Beaucaire,  où  ses  eaux  sont  très- 
rapides,  inondera  le  pays  &  causera  d'inestimables  dommages  aux  particuliers; 
le  dessèchement  ruinera  les  pâturages  «  qui  sont  très-exquis,  «  &  par  consé- 
quent la  manufacture  des  laines,  principal  objet  du  commerce  de  la  Province. 
D'autres  motifs,  plus  réels,  touchent  au  vif  de  la  question  8c  montrent  les 
«  pères  de  la  patrie  »  comme  on  se  plaisait  à  les  appeler,  dans  les  harangues 
officielles,  sous  un  jour  assez  fâcheux.  L'un  des  grands  inconvénients  que 

'  Voici  la  série  des  actes  officiels  sur  la  matière  :  sion  ; —   arrêt  du   conseil  du    il    septembre  11548 

édit   de   jnars  1644   portant   concession   à   Jacques  cassant  la   révocation; —  arrêts  du  conseil  des  z8 

Brun;  —  arrêt  du    conseil    du    21  février  1 Û46 ,  &  octobre    1648,  27  août  1649,   '4  '"3'    Il355,  17  fé- 

déclaration  de  janvier  1^47,  révoquant  In  conccs-  vrier  81  6  juin  1667  confirmant  la  concession. 


LIVI  I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  38/ 

l'on  reproche  au  futur  canal,  c'est  qu'il  facilitera  l'importation  des  grains  & 
que,  par  suite,  il  abaissera  les  prix  sur  les  marchés  de  Languedoc.  L'autre 
calamité  prévue,  c'est  que,  la  stérilité  &  la  fièvre  étant  bannies  des  marais, 
«  la  plupart  des  sujets  des  lieux  voisins  déserteront  &  quitteront  leurs  anciens 
«  seigneurs  pour  aller  cultiver  les  terres  desséchées.  » 

La  nature  de  ces  sentiments  explique  à  merveille  l'âpreté  que  mirent  les 
États  à  combattre  Jacques  Brun,  «  blessé,  comme  ils  disaient,  de  la  fantaisie 
«  de  faire  un  canal  au-dessous  de  Beaucaire,  »  Si  cette  délibération  étrange 
où  furent  déclarés  indignes  d'entrer  jamais  dans  l'assemblée  des  trois  ordres 
Si  d'en  recevoir  aucune  grâce,  utilité,  faveur  ni  émolument,  tous  les  consuls 
ou  particuliers  reconnus  coupables  d'avoir  donné  assistance  à  l'entrepreneur 
Se  d'avoir  favorisé  son  travail  '.  La  crainte  de  vendre  leur  blé  moins  cher  ou 
de  perdre  leurs  vassaux  pouvait  seule  inspirer  aux  puissants  personnages  qui 
dominaient  dans  les  États  un  tel  déchaînement  d'hostilité. 

Cependant  M.  de  Bezons  avait  fait  une  descente  sur  les  lieux*.  Les  députés 
des  bourgs  les  plus  intéressés  dans  l'affaire,  ceux  de  Beaucaire,  de  Fourques, 
de  Bellegarde,  de  Saint-Gilles,  d'Aigues-mortes,  de  Saint-Laurens,  loin  de  se 
laisser  impressionner  par  les  prohibitions  de  l'assemblée  provinciale,  insis- 
tèrent fortement  auprès  du  conseil  du  roi  pour  obtenir  la  reprise  des  travaux. 

Ils  remontrèrent,  d'accord  avec  le  fermier  des  gabelles,  que  le  bras  de  Four- 
ques, par  suite  d'ensablements  progressifs,  en  était  venu  à  n'avoir  plus  qu'un 
demi-pied  d'eau  dans  plusieurs  endroits,  Si  qu'il  devenait,  comme  le  grand 
Rhône,  impraticable  pour  le  tirage  de  sels,  que  ces  ensablements  entraînaient 
des  conséquences  très-dangereuses  à  l'époque  des  fortes  crues,  les  eaux  se 
créant  alors  des  passages  nouveaux  avec  une  extrême  rapidité  Si  submergeant 
de  vastes  étendues.  En  ouvrant  le  canal  au  point  de  dérivation  projeté  où  le 
Rhône  se  trouvait  contenu  dans  son  lit  par  les  roches  opposées  de  Beaucaire 
Si  de  Tarascon,  les  mêmes  caprices  n'étaient  pas  à  craindre;  on  espérait  que, 
par  le  courant  continuel  qui  se  trouverait  ainsi  entretenu,  on  pourrait  faire 
du  grau  d'Aigues-mortes  un  très-bon  port  de  refuge  pour  les  navires  surpris 
par  la  tempête,  entre  la  Catalogne  Si  la  Provence,  contre  les  vents  de  mer 
qui  rendent  ces  côtes  dangereuses.  Le  conseil  du  roi  comptait  aussi  que  la 
ferme  des  gabelles  augmenterait  de  cent  cinquante  mille  livres  par  an  par  la 
suppression  des  embuscades  qu'entraînerait  le  défrichement  des  terres  cou- 
vertes de  roseaux  grands  Si  touffus  où  les  contrebandiers  abritaient  leurs 
fraudes.  Il  évaluait  à  cent  mille  livres  l'augmentation  des  fermes  de  la  patente 
de  Languedoc  Si  de  Provence  par  suite  de  l'activité  donnée  au  commerce;  Si 
enfin,  —  nous  reconnaissons  ici  déjà  comme  un  avant-coureur  des  vastes 
desseins  de  Colbert,  alors  intendant  général  des  affaires  de  Ma/arin,  —  on 
espérait  voir  bientôt  descendre  par  le  canal  «  grande  quantité  de  bois  pour 

'  Délibération  du  i5  novembre  i655.  Pièces  jus-  des  Etats  qui,  après  avoir  obtenu  «  quelque  émo- 

tificatives,  n.  CCXLI,  col.  Spo.  Pour  compléter  ces  lument  »  auraient  négligé  de  s'opposer  à  la  cons- 

mesures    de   violence,   le  syndic   général    recevait  truction  du  cannl. 
même    l'ordre  de   faire   rendre  gorge   aux  députés  "  Il  en  dressa  procès-verbal  le  |5  mai   1(554. 


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388  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  faire  Jes  bateaux,  galères  Se  autres  navires,  sans  être  obligé  d'en  aller  cher- 
«  cher  dans  les  pays  étrangers  &  y  faire  passer  gens  de  guerre,  canons  Se 
«  munitions,  sans  craindre  de  les  perdre  par  les  naufrages  qui  arrivent  à 
«  l'embouchure  du  grand  Rhône.  » 

C'est  en  vue  de  ces  résultats,  les  grandes  contestations  que  Brun  avait  eues 
pendant  quinze  ans  avec  les  Etats  l'ayant  non-seulement  empêché  de  con- 
duire l'ouvrage,  mais  réduit  à  l'impuissance  de  l'accomplir,  qu'une  concession 
nouvelle  fut  faite  à  Marc  Paulet,  bourgeois  de  Paris.  Celui-ci  devait  exécuter 
le  canal  en  quatre  ans  Se  l'entretenir  navigable  à  ses  frais. 

Pour  désarmer  le  mauvais  vouloir  des  grands  propriétaires  de  Languedoc, 
un  tiers  seulement  des  terres  desséchées  serait  consacré  à  la  culture  du  blé,  Se 
le  reste  mis  en  prairies,  pâturages  Se  jardins.  «  Ceux  qui  s'opposent,  disait 
«  l'acte  royal,  ne  se  pourront  plus  servir  du  prétexte  que  la  trop  grande 
(i  quantité  de  blés  que  produiront  les  marais  desséchés  les  rendroit  à  vil  prix 
K  Se  diminueroit  les  ventes,  puisque  les  deux  tiers  seront  réservés'.  » 

Le  titre  de  concession,  dans  ses  considérants,  indiquait  les  plus  riantes 
perspectives.  Les  mariniers  allaient  trouver  un  passage  libre  pour  venir  de 
toutes  parts  à  la  foire  de  Beaucaire,  passage  qui,  n'étant  plus  «  interrompu 
«  par  les  vents  contraires,  les  bancs  de  sable  S<.  les  arrêts  du  Parlement 
«'  d'Aix,  »  apportera  de  très- grandes  commodités  à  la  ville  Se  à  toute  la 
Province.  Le  pays  sera  soulagé  des  inondations.  Les  marais,  qui  ne  produi- 
sent à  présent  que  des  grenouilles,  sangsues,  moucherons  Se  sauterelles  dont 
les  habitants  des  lieux  voisins  sont  ordinairement  affligés,  aussi  bien  que 
«  de  grièves  Se  dangereuses  maladies,  »  conséquence  des  mauvaises  vapeurs 
Se  brouillards,  donneront  abondance  de  laitage,  de  beurre,  de  viande,  de 
laines  Se  pourront  être  consacrés  à  l'élève  des  chevaux  Se  du  bétail. 

L'édit  portait  qtie  Marc  Paulet  devait  être  subrogé  à  Jacques  Brun,  en  exé- 
cution de  l'édit  de  mars  1644  Se  de  la  déclaration  de  juin  i653.  La  subroga- 
tion fut  beaucoup  plus  parfaite  que  ne  le  supposaient  les  rédacteurs  de  l'acte 
royal.  Toutes  les  instances  du  bourgeois  de  Paris,  comme  les  eftorts  des  com- 
missaires du  gouvernement  se  heurtèrent  contre  l'inexorable  résistance  des 
intéressés.  L'édit  de  mars  1660,  combattu,  suivant  toutes  les  règles  d'une  pro- 
cédure raffinée,  par  le  syndic  général  de  la  Province,  alla  rejoindre,  dans  les 
limbes  des  lois  inexécutées,  les  innombrables  arrêts  que  le  second  concession- 
naire avait  obtenus  en  faveur  de  son  entreprise.  Se  les  «  grenouilles,  sang- 
«  sues,  moucherons  Se  sauterelles  »  jouirent  sans  trouble  de  leur  domaine 
jusqu'aux  dernières  années  du  règne  de  Louis  XV. 

Le  I"  avril  1660,  la  Cour  franchit  le  P\.hône  au  pont  de  Villeneuve-Saint- 
André,   pour  traverser  de   nouveau   la   Province   Se  aller  rejoindre   l'infante 

'  Le  Conseil   du  roi  observe  aussi   que   les  Etats       de  tout  temps,  »  citant  à  l'appui  des  actes  authen- 

ne  pourront  se  plaindre  qu'on  blesse   leurs  privi-        tiques  du  sénéchal  de   Beaucaire  des   années   i3o(j, 

léges  ,  puisque    ce   n'est  pas   une  affaire    nouvelle,         i339  &  i5^8'. 

comme  ils  l'ont  voulu   dire,  «  ledit  canal  n'étant  ,»i-        jiii./~  i^jjni         .j 

_       ,.  '  .  '  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlement  de 

que  le  rétablissement  de  celui    que  nous  nvons   eu        Toulouse.  Recueil  des  éJils  &  déclarations. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  889 

espagnole  à  Saint-Jean-de-Luz.  Le  même  jour,  on  visita  la  chartreuse  !k  l'on 
arriva  à  Nimes  dans  la  soirée.  Ce  fut  le  prince  de  Conti  qui  reçut  Louis  XIV, 
en  sa  qualité  de  gouverneur  de  Languedoc'.  Après  de  courtes  haltes  à  Mont- 
pellier, à  Pézénas,  à  Narbonne,  le  cortège  royal  se  détourna  de  sa  route  pour 
aller  voir  Perpignan,  conquête  de  Louis  XIII,  dont  la  paix  des  Pyrénées 
assurait  à  la  France  la  possession  définitive.  A  Leucate,  le  roi  &  sa  mère 
furent  régalés  par  le  marquis  de  Saint-Avinez,  rétabli  dans  sa  charge  depuis 
ses  lettres  d'amnistie. 

Louis  XIV  rentra  à  Carcassonne  le  17  avril;  pendant  les  deux  jours  qu'il 
y  passa,  on  a  seulement  noté  les  dévotions  qu'il  vint  faire  avec  Anne  d'Au- 
triche dans  l'église  des  Augustins,  comme  à  son  premier  passage*. 

Il  arriva  à  Toulouse  le  20  avril,  sur  les  trois  heures  de  l'après-midi,  8c  fut 
accueilli  par  les  capitouls  à  la  porte  du  Château-Narbonnais.  Il  se  trouvait 
dans  le  même  carosse  que  sa  mère,  son  frère  8t  sa  cousine.  Le  discours  que 
prononça  M.  Jean  Castel,  avocat  en  Parlement,  chef  du  consistoire,  contint 
des  félicitations  au  sujet  du  mariage  de  Louis  XIV  avec  une  princesse  qui 
avait  l'avantage,  comme  lui,  de  compter  parmi  «es  aïeux  «  le  grand  Henry, 
«  le  pieux  saint  Louis  8t  l'invincible  Charlemagne.  » 

Les  capitouls  n'oublièrent  pas  de  mettre  à  profit  la  présence  du  roi  pour 
solliciter  le  rétablissement  de  l'abonnement  des  tailles  &t  l'autorisation  de  la 
subvention.  Toutes  les  démarches  qu'ils  tentèrent  demeurèrent  sans  résultat. 
Au  moment  du  départ,  le  cardinal  Mazarin,  qui  avait  semblé  encourager 
leurs  espérances,  les  renvoya  au  prince  de  Conti,  chargé  de  leur  faire  con- 
naître les  volontés  de  Sa  Majesté. 

Ces  volontés  portaient  sur  une  demande  d'argent.  M.  de  Bezons,  que  les 
capitouls  rencontrèrent  chez  le  gouverneur,  leur  déclara  que  le  roi  consentait 
à  faire  justice  à  leurs  requêtes  au  prix  d'une  somme  de  deux  cent  mille  livres, 
destinée  avec  d'autres  offrandes  considérables  faites  par  toutes  les  villes  nota- 
bles du  royaume  à  payer  les  dépenses  de  la  paix  Se  du  mariage. 

Le  conseil  de  bourgeoisie  fut  si  fort  épouvanté  de  cette  exigence  qu'il 
envoya  aussitôt  le  chef  de  consistoire  avec  MM.  de  Franqueville^  &  de  Goy- 
rans"*,  en  députation  à  Saint-Jean  de  Luz,  pour  supplier  le  roi  de  se  contenter 
de  soixante-quinze  mille  livres. 

Les  députés  furent  reçus  en  plein  conseil,  sous  la  présidence  du  prince  de 
Conti,  mais  ne  purent  rien  obtenir;  il  fallut  faire  partir  une  nouvelle 
ambassade  qui  suivit  la  Cour  à  Bordeaux  8<.  à  Paris,  8c  qui  finit  par  transiger 
avec  le  roi  au  prix  de  cent  quarante  mille  livres.  En  échange  de  cette  somme, 
des  lettres  patentes,  signées  le  i5  novembre,  accordèrent  à  la  ville  de  Tou- 
louse toutes  les  confirmations  désirées.  On  fit  encore  quelques  difficultés  pour 
les  remettre  aux  ambassadeurs,  sous  prétexte  d'exiger  des  cautions  à   Paris 

■  Ménard,  Histoire  de   la   ville   de  Nimes,   VI,  '  Antoine  de  Ljgurrigue,  avocat  en  parlement, 

p.   i^^,  seigneur  de  FranquevtllL',  capitoul  de  Tannée  1  644. 

'  Bouges,  Histoire  ecclésiastique  &  civile  de  la  ville  *  Biaise  de  Briigères,  baron  de  Goyrans,  capitoul 

&■  diocèse  dt  Carcassonne,  p.  449.  de  l'année  i65i. 


1660 


~ 390  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

pour  garantir  le  payement  de  la  somme  convenue;  mais  l'intervention  tlu 
prince  de  Conti  acheva  de  lever  tous  les  obstacles  Se  ce  fut  de  la  main  du 
gouverneur  que  les  capitouls  reçurent  leurs  précieux  parchemins'. 

Avant  de  quitter  Toulouse,  le  roi  avait  signé,  le  21  avril,  en  faveur  des 
capucins  de  Castres,  un  brevet  de  concession  de  l'emplacement  des  fortifi- 
cations de  Lombers,  brevet  qui  fut  remplacé  le  18  mai  suivant,  à  Saint-Jean- 
de-Luz,  par  un  titre  plus  régulier.  Cet  acte  de  munificence  était  destiné  à 
récompenser  les  capucins  «  du  bien  qu'ils  avoient  déjà  fait  à  Castres  pour 
o  l'avancement  des  catholiques,  »  &  à  les  dédommager  de  l'insuffisance  des 
aumônes^.  Le  don  du  roi  comprenait  la  propriété  des  esplanades  Se  terrages 
qu'occupaient  les  fortifications  de  la  place  avant  la  démolition  de  162 1,  les 
fossés  situés  au  dedans  &  au  dehors  de  la  ville,  le  bastion  anciennement 
appelé  le  Boulevard,  les  masures  des  murailles  de  l'enceinte,  les  pièces  de 
terre  du  Coustou,  assiette  du  château  royal  &  tous  les  matériaux  provenant 
des  démolitions^. 

Le  voyage  sur  Saint-Jean-de-Luz  fut  repris  le  28  avril,  &  se  fit  par  Auch, 
Vic-Fezenzac,  Nogaro,  Mont-de-Marsan,  Tartas,  Dax  Si  Bayonne.  Le  8  mai, 
le  cortège  royal  atteignait  la  petite  ville  choisie  par  les  négociateurs,  &  le 
mariage  se  célébra  le  9  juin. 

Cette  fois,  enfin,  les  promesses  de  pacification,  dont  on  n'avait  pas  cessé 
d'entretenir  la  Province  depuis  dix-huit  ans,  presque  à  chaque  tenue  d'États, 
se  trouvaient  heureusement  réalisées.  La  France  perdait  la  Catalogne;  mais 
comme  la  possession  de  ce  territoire  n'avait  occasionné  en  Languedoc  que  des 
accroissements  de  charges,  l'établissement  d'une  solide  frontière  de  montagnes 
y  parut  sans  doute  une  meilleure  garantie.  La  conclusion  du  traité  de  l'île 
des  Faisans  délivrait  le  pays  de  ces  onéreux  passages  de  troupes,  de  ces  quar- 
tiers d'hiver,  de  ces  exactions  de  toute  nature,  dont  les  procès-verbaux  des 
États  avaient  si  souvent  renouvelé  l'affligeant  tableau.  En  même  temps,  les 
auteurs  de  la  guerre  civile  perdaient  leurs  plus  redoutables  appuis. 

Le  rétablissement  de  la  paix  Se  le  mariage  du  roi  donnèrent  lieu,  dans  toute 
la  Province,  à  des  réjouissances  publiques.  Le  Te  Deiim  fut  chanté  dans  les 
églises  cathédrales.  Se  des  feux  de  joie  allumés  partout. 

On  éleva  sur  la  place  Saint-Étienne  de  Toulouse  un  grand  théâtre  entouré 
de  balustrades,  où  figuraient,  plus  grands  que  nature,  le  roi  Louis  XIV,  armé 
de  toutes  pièces,  l'épéeà  la  main  Se  foulant  aux  pieds  des  trophées  d'armes;  la 
jeune  reine,  couverte  du  manteau  royal  parsemé  de  fleurs  de  lis  d'or  Se  tenant 
à  sa  main  droite  une  branche  d'olivier  Se  à  la  gauche  une  poignée  d'épis;  le 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuscrites  de  '  L'acte  royal  ajoute  que  ces  divers  biens,  appar- 

l'hôtel  de  ville,  IX,  p.  20.  tenant  de  droit  au  domaine,  avaient   été   usurpés 

'  "  &  aussi  à  cause  qu'ils  reçoivent  fort  peu  sans  titre  par  ceux  de  la  religion  prétendue  réfor- 

de  chantés  8c   n'ont  eu  jusqu'à  présent  moyen  de  mée.    Les    terrains   &  les    matériaux   donnés   aux 

bâtir  leur  église  &  leurs  logements.  —  Lettres  pa-  capucins  devaient  être  par  eux  vendus,  à  charge 

tentes  du  18  mai  1660'.  d'en  employer  le  produit  à  la    reconstruction   de 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlement  de  église. 

Toulouse.  Recueil  des  édits  &  déclaralioin. 


LIV.   I.   MINISTERE  DE  MAZARIN.  891 

vieil  Henri  IV,  exprimant  la  joie  de  voir  «  son  sang  se  réunir  à  son  sang  par  ce 
«  sacré  mariage;  »  l'Espagne;  le  dieu  Hyménée,  portant  un  écusson  mi-parti 
aux.  armes  des  deux  nations;  la  Paix;  Sv  enfin  l'Hérésie  qui  paraissait  déses- 
pérée par  les  promesses  de  l'alliance  espagnole.  Des  devises  latines  commen- 
taient cet  ingénieux  symbolisme".  Celle  de  l'Hérésie  annonçait  que  le  sort 
de  Troie  lui  était  réservé.  Aussi,  quand  le  feu  d'artifice  fut  terminé,  cette 
figure,  qu'on  avait  remplie  de  fusées,  fut  seule  réduite  en  cendres,  tandis 
que  les  autres  demeuraient  entières  8c  debout,  «  comme  victorieuses  de  ce 
«  monstre  ^.  » 

En  célébrant,  dans  son  discours  de  cérémonie  aux  États,  les  bienfaits  & 
les  promesses  de  la  paix,  François  Fouquet,  archevêque  de  Narbonne,  qui  ne 
devait  pas  tarder  d'être  emporté  dans  la  disgrâce  du  surintendant,  mais  qui 
semblait  avoir  porté  sur  son  siège  métropolitain  l'orgueil  &  les  ambitieuses 
visées  de  sa  famille 3,  ne  manqua  pas  de  mettre  en  lumière  l'action  décisive 
qu'avait  eue  le  cardinal  Mazarin  sur  les  négociations.  Il  rappela  les  fatigues 
que  Son  Éminence  venait  d'essuyer,  «  aux  dépens  d'une  santé  si  chère  8c  si 
«  précieuse  à  toute  la  France  »  8c  les  droits  du  premier  ministre  aux  béné- 
dictions de  la  chrétienté,  à  l'estime  du  monde,  aux  acclamations  des  peuples 
8c  à  la  reconnaissance  de  tous  les  corps  de  l'Etat. 

Quelques  mois  après  le  grand  événement  qui  terminait  la  période  orageuse 
du  règne  de  Louis  XIV,  le  cardinal  Mazarin  s'éteignait  à  Vincennes.  Dans 


1660 


'  Voici  le  détail  de  ces  devises  :  Louis  XIV  :  Sic 
oscula  conjugis  em't;  —  la    reine  :  Hac  dote  nupsi ; 

—  Henri  IV  :  Sunguis  uter^ue  meus;  —  l'Espagne  : 
Vectigal  lieritx  confert  Augustas;  —  l'Hymen  :  Fa- 
ciam  eos  in  gentem  unam ;  —  les  armes  de  France 
&  d'Espagne  :  Aeterno  haee  stemmata  nexu  junxit 
amor;  —  la  Paix  :  Toto  faeiam  commereia  mundo; 

—  l'Hérésie  :  Soli  mihi  Pergama  restant. 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuscrites  de 
Vhàtelde  ville,  IX,  p.  i8. 

'  L'historien  des  archevêques  de  Narbonne, 
Besse,  venait  de  flatter,  en  1660,  les  prétentions 
de  François  Fouquet,  en  lui  attribuant  la  qualité 
de  duc,  comme  attachée  à  son  siège  métropoli- 
tain. 

Dans  son  n  Epistre  à  Monseigneur  l'Illustris- 
sime &  Révérendissime  Messire  François  Fouquet, 
archevêque,  duc  de  Narbonne,  »  il  lui  dit  :  «  De 
grands  princes,  illustres  par  leur  naissance  &  par 
leur  vertu,  ont  fait  gloire  de  se  dire  vassaux  de 
vos  illustres  prédécesseurs  archevêques  de  Nar- 
bonne, non-seulement  par  la  soumission  que  les 
grands  doivent  à  l'Église  comme  les  moindres 
de  leurs  sujets,  mais  même  par  la  considération 
des  droits  temporels  des  archevêques,  auxquels, 
comme  aux  véritables  ducs  de  Narbonne,  ils  ont 
rendu  hommage  &  obéissance...  &  s'il  y  a  encore 
dans  la  mesme  province  des  prélats  qui  portetit 
lant  contredit  la  qualité  de  comtes  du   Puy,  de 


Gévaudan  &  d'Agde,vous  trouverez,  Monseigneur, 
que  ce  n'est  pas  avec  moins  de  raison  que  vos 
prédécesseurs  ont  pris  la  qualité  de  ducs  de  Nar- 
bonne. » 

Ailleurs  il  ajoutait,  au  sujet  de  la  dignité  de 
président-né  des  Etats  :  «  Il  se  voit  dans  l'ordre 
des  assemblées  des  Etats  généraux  de  la  province 
de  Languedoc,  dont  les  archevêques  de  Narbonne 
sont  présidents-nés,  qu'ils  y  ont  toute  l'autorité 
que  nous  avons  représentée  que  les  préteurs,  pro- 
consuls &  présidents  de  Narbonne  sous  les  Ro- 
mains avaient  dans  de  telles  assemblées  &  que, 
tant  pour  avoir  succédé  à  la  dignité  de  ces  anciens 
magistrats  des  Romains,  que  nous  avons  dit  avoir 
esté  appelés  praesules,  comme  nous  appelons  en- 
core les  prélats,  que,  pour  avoir  depuis  possédé 
en  fief  la  plus  grande  partie  du  comté  de  Nar- 
bonne &  avoir  partagé  avecque  le  duc  &  comte 
métropolitain  de  Narbonne  la  dignité  ducale  8c 
comtale  de  cette  ville,  le  titre  de  duc  est  aujour- 
d'hui légitimement  dû  aux  archevêques  de  Nar- 
bonne, qui  doivent  être  désormais  appelez  arche- 
vêques-ducs de  Narbonne'.  n 


•  Histoire  des  Ducs,  Marquis  &  Comtes  de  Wirboniie, 
autrement  appelai  Princes  des  Gotfts,  Ducs  de  Scftimatiie 
(^  Marquis  Je  Golhie,  JcJiiJ  i  monseigneur  Tarchevcsquc 
duc  de  Narboiuie,  par  le  sieur  Besse.  A  Paris,  clic/  Anroiiie 
de  Soimnaville,  au  Palais,  sur  le  second  perron  nioiiMut  à  la 
Sainte  Chapelle,  i  l'£scii  de  France,  huclx. 


~^^ 392  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  dernières  instructions  verbales  qu'il  donna  au  roi,  on  put  retrouver,  sous 
une  forme  synthétique,  l'impression  qu'il  avait  gardée  de  la  longue  résistance 
des  Parlements. 

«  Pour  la  magistrature,  dit-il  au  jeune  prince,  il  est  juste  de  la  faire 
«  honorer,  mais  il  est  très-important  d'empêcher  que  ceux  de  cette  profession 
«  ne  s'émancipent,  &  de  les  obliger  de  se  tenir  dans  les  bornes  de  leur  devoir, 
«  sans  songer  à  autre  chose  qu'à  rendre  également  à  tous  les  sujets  la  justice 
o  qui  leur  est  due  '.  » 

'  Lettres,  instructions  &  mémoires  de   Colhert,!,  les  tailles.  Dans  une  lettre  du  9  septembre  ifiSç, 

p.  535.  Mémoire  dont  le  roy  mesme  dicta  la  sub-  il   expose    la    nécessité   de   réprimer  la   licence  de 

stance  au  sieur  Rose,  secrétaire  de  son  cabinet,  &  ceux  «  qui   empêchent  le  payement  des   tailles,  " 

relut  tous  les  articles  après  les  avoir  fait  entendre  &  parle  de  réunir  des  troupes  pour  presser  les  re- 

en  sa  présence,  &c.  tardataires  &  pour  empêcher   les  violences  de    la 

Au   milieu   des    négociations  de   Saint-Jean  de  noblesse  qui   les  protège  &  surtout  celles  des  con- 

Luz,  Mazarin   s'inquiétait  encore  de  l'insubordi-  seillers  de  Toulouse", 

nation  des  parlementaires  &  de  leur  refus  de  payer  ■  Lettres,  instructions  &  Mémoires  de  Colberl,  I.  p.  363. 


tst^t^t^t?^:?^^:^?:^^:^^:^^^^^^^:^^^^^ 


LIVRE    DEUXIEME 


ADMINISTRATION    DE    COLBERT 


CHAPITRE  PREMIER 


GouTtrnement  Ai\  prince  d«  Conti.  —  Ln  Grange  des  Prés.  —  Voyages  d'AIef._  ^  Assises  du  Puy. 
Commission  ces  froniières.  —  ÉléTation  &  mort  de  Pierre  de  Marca.  —  Episcopai  de  Nicolas 
PaTilIon.  —  Ses  missions  de  femmes.  —  Ses  luttes  avec  les  gentilshommes  &  les  réguliers  Je  son 
diocèse.  —  Affaire  de  la  commutation  de  Toulouse.  —  Droit  d'asile  réclamé  par  les  parlementaires. 

ARMAND  DE  BOURBON,  prince  de  Conti,  pair  de  France,  conu^ 
de  Pézénas,  baron  de  la  Fère-en-Tardenois,  seigneur  de  l'Isle-Adam, 
pourvu  du  gouvernement  de  Languedoc  après  la  mort  de  Gaston 
d'Orléans,  était  fils  puîné  d'Henri  de  Bourbon,  prince  de  Condé,  &  de  Char- 
lotte-Marguerite de  Montmorency,  &  frère  du  grand  Condé.  Il  avait  eu  pour 
parrain  le  cardinal  de  Richelieu,  &  s'était  vu,  dans  sa  jeunesse,  destiné  par 
sa  famille  aux  plus  grandes  dignités  ecclésiastiques.  Abbé  de  Saint-Denis  en 
France,  de  Cluny,  de  Lérins  &  de  Molesme,  élevé  dans  l'espoir  d'atteindre 
la  pourpre  romaine,  puis  sacrifié  à  l'abbé  de  La  Rivière  pendant  les  troubles 
de  la  régence,  il  s'était  jeté  dans  les  armes,  quoique  sa  constitution  physique 
ne  l'y  disposât  guère,  car  il  avait  la  taille  contrefaite.  Nous  l'avons  rencontré 
guerroyant  en  Guienne  contre  le  comte  d'Harcourt,  8c  mêlé  d'une  façon  très- 
active  à  tous  les  événements  de  la  Fronde. 

Le  comte  de  Bussy-Rabutin,  qui  le  fréquenta  beaucoup  6<.  fit  avec  lui  plu- 
sieurs campagnes,  lui  a  consacré  dans  ses  mémoires  quelques  lignes  de  por- 
trait. '(  Le  prince  avoit,  dit-il,  la  tête  fort  belle,  tant  pour  le  visage  que  pour 
«  les  cheveux,  8c  c'étoit  un  très-grand  dommage  qu'il  eût  la  taille  gâtée;  car. 


1661 


— 394  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  à  cela  près,  c'étoit  un  prince  accompli.  »  Engagé  clans  le  métier  de  la  guerre 
par  les  traverses  de  sa  maison,  il  y  avait  pris  tant  de  goût  qu'il  n'en  était  pas 
revenu;  cependant  il  avait  «  étudié  avec  un  progrès  admirable,  ayant  l'esprit 
«  vif,  net,  gai,  enclin  à  la  raillerie,  avec  un  courage  invincible;  s'il  y  avoit 
«  quelqu'un  au  monde  aussi  brave  que  le  prince  de  Condé,  c'étoit  son  frère, 
«  Jamais  homme  n'a  eu  l'âme  plus  belle  sur  l'intérêt  que  lui  :  il  comptoit 
«  l'argent  pour  rien' » 

A  la  suite  de  son  accommodement  avec  la  Cour,  il  avait  épousé  l'une  des 
nièces  du  cardinal  Mazarin,  Anne-Marie  Martinozzi,  alors  âgée  de  dix-sept 
ans.  Le  prince  aimait  cette  jeune  femme  avec  passion  &  la  tourmentait  de 
ses  assiduités,  au  point  que  les  médecins  la  déclarèrent  perdue,  en  i656,  si 
l'on  ne  la  séparait  pas  de  son  mari^.  Elle  devait  pourtant  lui  survivre  de 
six  ans. 

Pendant  que  Gaston  était  gouverneur  de  Languedoc,  le  prince  de  Conti 
avait  été  plusieurs  fois  délégué  pour  faire  l'ouverture  des  Etats  de  la  Province 
en  qualité  de  premier  commissaire  du  roi.  Il  possédait  un  riche  domaine  dans 
le  pays,  La  Grange  des  Prés,  situé  à  peu  de  distance  de  Pézénas,  dont  il 
était  comte  engagiste,  comme  héritier  des  Montmorency^.  C'est  dans  ce 
domaine  qu'étaient  nés  sa  mère  &  son  oncle,  le  duc  Henri  de  Montmorency, 
décapité  à  Toulouse,  l'un  8c  l'autre  enfants  du  connétable.  L'acquisition  de 
cette  terre  datait  d'Antoinette  de  La  Marck,  première  femme  d'Anne  de 
Montmorency,  &  la  famille  ducale  s'y  était  fixée,  après  avoir  abandonné  le 
vieux  château  de  Pézénas,  élevé  du  temps  des  Anglais,  dans  l'enceinte  même 
de  la  ville.  Le  prince  en  fit  sa  résidence  habituelle  en  Languedoc  Se  il  en 
augmenta  les  bâtiments  d'une  manière  notable,  afin  d'y  loger  toute  sa  maison. 
On  y  admirait  un  vaste  jardin  décoré  de  bassins,  de  fontaines,  de  grottes 
artificielles  tapissées  de  rocaille  &  d'eaux  jaillissantes,  avec  de  larges  allées 
d'orangers,  des  parterres  couverts  de  fleurs  6t  des  cyprès  dont  le  feuillage  était 
taillé  en  mille  figures  bizarres'^. 

Cette  habitation  seigneuriale  est  demeurée  célèbre  dans  l'histoire  littéraire 
de  la  France  par  le  séjour  qu'y  fit  Molière  durant  la  session  des  États  de  i655, 
grâce  à  l'hospitalité  du  prince  de  Conti,  alors  très-dominé  par  le  goût  des 
choses  du  théâtre,  une  des  passions  caractéristiques  de  sa  jeunesse^. 

•  Mémoires  du  comte  de  Bussy-Raiutin,  I,  p.  492.  '  M.  Lacour  de  la  Pijardiire,  archiviste  de  l'Hé- 

'  Lettrede  Mazarin  à  Colbert  du  3i  juillet  i656.  rault,  a    retrouvé,  dans   une   liasse   de  quittances 

Lettres, Instructions  &  mémoires  de  Colliert,ï,  f,  j^ç6.  provenant  du   fonds   des  trésoriers  des  États,  un 

'  Les    lieux   de  Languedoc   dont    le    prince   de  reçu  autographe  de  Molière  ainsi  conçu  : 

Conti   se  trouvait  seigneur  en   qualité   d'engagiste  «  J'ay   receu  de  Monsieur  le  Secq  thresorier  de 

du  domaine,  étaient  Pézénas,  Montagnac,  — Ces-  la   bource   des   Estats   du    langueJoc   la   somme  de 

senon,  Berlou,  Ferrières,  Fraisse,  Premiant,  Peire-  six  mille  liures  a  nous  accordez  par  messieurs  du 

Rue,  —  Alignan-du-Vent,  Caiix,  Causse  &  Vey-  Bureau  des  comptes  de  laquelle  somme  ie  le  quitte 

ran  ,   Lieuran    de   Cabrières,   Montblanc,   Musq,  faict  a  Pezenas  ce  vingt  quatriesme  iour  de  febu- 

Roiijean,    Roquebrun,    Servian,    Saint- Nazaire,  rier  i656 

Tourbes,  Vendres,  Vabros,  Vieussan.  MOLIERE  .;. 

■•Bibliothèque   de   Toulouse,    Description   de   la  quittance  de  six  mille  liures.  u 

province  de  Languedoc,  ms.,  p.  33i.  Ces  lignes,  écrites  sur   une  feuille  de  papier  de 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  396 

En  devenant  gouverneur  de  Languedoc,  Armand  de  Bourbon  hérita  d'une 
partie  du  personnel  attaché  à  Gaston  d'Orléans  :  il  eut  M.  de  Choisy  pour 
chancelier,  8c  M.  de  Goulas  pour  secrétaire  des  commandements  à  Paris, 
tandis  que  M.  de  Guilleragues  occupait  la  même  charge  dans  la  Province'. 

La  confrérie  des  Pénitents  Bleus  de  Toulouse,  dont  le  prince  avait  autre- 
fois consenti  à  faire  partie,  ainsi  que  son  père  Se  son  frère,  se  hâta,  pour  se 
l'attacher  plus  étroitement  &  s'assurer  sa  protection  d'une  manière  plus  effi- 
cace, de  lui  offrir  la  charge  de  prieur  qu'il  accepta,  avec  M.  de  Cathelan  pour 
vice-régent;  mais  il  ne  tarda  pas  à  s'en  démettre,  sous  prétexte  qu'il  ne  pou- 
vait l'exercer  en  résidant  hors  de  Toulouse^. 

Lorsque  l'effervescence  de  son  tempérament  fut  un  peu  amortie,  le  prince 
revint  à  la  dévotion  Si  aux  études  de  théologie  qui  avaient  été  l'objet  de  ses 
premiers  entraînements.  Sous  l'empire  de  ces  sentiments,  on  le  vit  tous  les 
ans  passer  quinze  jours  dans  la  petite  ville  d'Alet,  avec  sa  femme,  auprès  de 
Nicolas  Pavillon.  11  logeait  à  l'évêchéj  mais,  rigide  observateur  des  lois  ecclé- 
siastiques, l'évêque  obligeait  la  princesse  à  coucher  dans  le  séminaire  des  filles 
régentes.  On  a  retenu  de  ces  visites  le  souvenir  d'une  autre  exigence  disci- 
plinaire. Pavillon  ne  permit  jamais  au  prince  du  sang,  gouverneur  de  la 
Province,  d'entrer,  pendant  l'office,  dans  le  chœur  de  l'église,  où  siégeaient 
seulement  les  prêtres  en  surplis.  Il  le  plaçait  dans  la  nef,  au  lieu  marqué 
pour  les  hommes-^. 


1661 


vingt  &  un  centimètres  cnriron  de  large  sur  vingt- 
neuf  de  hauteur  &  occupant  la  moitié  supérieure 
de  U  feuille,  forment  jusqu'à  ce  jour,  l'autographe 
1<  plus  long  &  le  plus  ancien  que  l'on  connaisse 
du  grand  comique  français. 

A  cette  largesse  provinciale  imposée  au  bureau 
des  comptes  par  le  prince  de  Conti  se  rattache 
directement  la  délibération  suivante  des  Etats 
prise    le    i6  décembre    iâ56  : 

i<  Sur  les  plaintes  quy  ont  esté  portées  aux 
Estats  par  plusieurs  depputez  de  l'Assemblée  que 
la  trouppe  des  Comédiens  quy  est  dans  la  ville  de 
Beziers  faict  distribuer  plusieurs  billets  aux  dep- 
putez de  ceste  compaignie  pour  les  faire  entrer  à 
la  comédie  sans  rien  payer,  dans  l'espérance  de 
retirer  quelque  gratification}  a  esté  arresté  qu'il 
leur  sera  notifié  par  Loyseau ,  archer  des  gardes 
du  Roy,  en  la  prevosté  de  l'hostel,  de  retirer  les 
billets  qu'ils  ont  distribué  &  de  faire  payer,  si 
bon  leur  semble,  les  depputez  quy  yront  à  la  co- 
médie, l'assemblée  ayant  resoleu  &  arresté  qu'il 
ny  sera  faict  aulcune  considération  &  deffendeu 
par  exprés  à  Messieurs  du  bureau  des  comptes  de 
directement  ny  indirectement  leur  accorder  aul- 
cunes  sommes,  ny  au  trésorier  de  la  bource  de  les 
payer,  à  peine  de  pure  perte  &  d'en  respondre  en 
ion  propre  &  privé  nom,  » 

M.  Léon  Galibert,  dans  son  Histoire  des  péri'gri~ 
nations  de  Molière  dans  le  Languedoc,  a  montré,  en 


outre,  qu'après  cette  même  session,  au  mois  de  fé- 
vrier i656,  le  prince  de  Conti  fit  donner  à  la 
troupe  de  Molière  un  mandat  de  cinq  mille  livres 
sur  le  fonds  des  étapes  de  la  Province,  dont  le 
payement  donna  lieu  à  de  grandes  complications. 

Enfin,  les  pièces  à  l'appui  des  comptes  du  tré- 
sorier provincial  ont  fourni  à  M.  Lacour  de  la 
Pijardière  une  quittance  du  camarade  de  Molière, 
Béjart,  pour  son  recueil  de  blasons  dcdiés  à  mes- 
sieurs des  Etats  : 

«  Jay  receu  de  Monsieur  le  Secq  la  somme  de 
quinze  cent  liures  qui  ma  esté  accordée  par  la 
délibération  des  Estats,  pour  la  composition  dun. 
liure  que  jay  présenté  a  Li  prouince  de  laquelle 
somme  ie  quite  ledit  Monsie"'  Le  Secq.  fait  a  Pe  • 
zenas  ce  24''  feburier  \656,  BEJAR. 
pour  i5oo   liures  '.  « 

'  Procès-verbal  des  Etats.    Séance  du  21  févrie: 

i6r,6. 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  des  Pé- 
nitents-Bleus. Cartulaire  de  la  compagnie  royale 
des  Pénitents-Bleus.  Lettre  du  prince  de  Conti  aux 
vice-régent,  syndics  &  confrères,  datée  de  Pézénas 
le  28  octobre  i(5ûo. 

'  Le  prince  de  Conti  disait  à  ce  propos,  que 
tout  l'honneur  que   lui   faisait  M.  d'Alet  était  de 

'  Rapport  au  prilct  Je  l'Hcraull  par  M.  L.  de  la  F^ijardicrc, 
du   25  avril   1873.  publié  dans  le  Messager  liu  MUi,  de 

Montpellier,  du  J  mai  de  la  luéiiic  uiince. 


i66i 


396  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'influence  de  ce  pieux  évêque  ne  fut  point  inutile  pour  donner  au  prince 
de  Conti  une  idée  sérieuse  des  devoirs  que  lui  imposait  sa  charge  de  gouver- 
neur. Il  s'inquiéta  surtout,  lors  de  la  session  des  Etats  qu'il  ouvrit  le  24  jan- 
vier 1661 ,  dans  l'église  des  Pénitents  Noirs  de  Pézénas,  de  seconder  les  efforts 
du  roi  pour  faire  abandonner  à  la  noblesse  le  funeste  usage  des  combats  sin- 
guliers. Dans  son  discours  inaugural,  il  traita  lui-même  ce  sujet  avec  quel- 
ques développements,  invitant  les  barons  de  l'assemblée  à  lui  donner  assistance 
pour  concourir  à  l'observation  de  l'édit  du  roi  contre  les  duels,  Se  pour  «  déra- 
«  ciner  des  esprits  des  gentilshommes  de  Languedoc  les  misérables  maximes 
«du  faux  honneur  qui  sont  désormais,  dit-il,  absolument  bannies  de  la 
«  Cour  8<.  qui  sont  venues  se  cantonner  dans  les  provinces  éloignées'.  » 

On  retrouve  du  reste,  dans  cette  harangue,  quelque  chose  de  l'esprit  réfor- 
mateur qui  devait  marquer  la  plus  grande  &  la  plus  féconde  période  du  règne 
de  Louis  XIV.  Il  est  facile  d'y  reconnaître  que  le  gouvernement  voulait  alors 
vraiment  mettre  la  paix  à  profit  &  que  le  désir  de  corriger  les  anciens  abus 
n'était  point  un  pur  ornement  oratoire.  Le  prince  parle  de  mettre  l'ordre 
dans  les  affaires  des  communes  qui  étaient,  en  effet,  singulièrement  embar- 
rassées, il  espère  que  «  chaque  personne,  soit  publique,  soit  particulière, 
«  goûtant  la  liberté,  la  délivrance  des  misères,  n'aura  devant  les  yeux  pour 
«  la  conduite  de  sa  vie  que  ces  fondemens  inébranlables,  la  religion  envers 
«  Dieu  81  la  fidélité  envers  le  roi^.  « 

Mais,  si  les  grandes  agitations  politiques  étaient  réellement  finies  &  si, 
partout  où  devait  atteindre  l'action  du  pouvoir  central,  l'ordre,  si  longtemps 
ébranlé,  commençait  à  renaître,  la  pacification  définitive  du  pays,  la  répres- 
sion des  violences  locales  étaient  bien  loin  de  répondre  aux  vœux  du  roi. 
L'on  avait  désarmé  les  puissances  collectives,  découragé  les  tentatives  de  coali- 
tion, rétabli,  dans  une  certaine  mesure,  le  cours  de  la  justice,  interrompu 
par  tant  d'aventures;  combien  de  tyrannies  particulières  ne  demeuraient  pas 
moins  debout,  protégées  par  les  mœurs,  par  la  tradition,  mises  à  l'abri  de  la 
surveillance  &  du  châtiment  par  la  distance  ou  par  l'âpreté  des  lieux!  Les 
intendants  de  cette  période  eurent  un  rôle  laborieux  &  difficile  pour  forcer 
au  respect  de  l'autorité  ces  résistances  qui  n'avaient  rien  de  commun  avec 
l'amour  de  la  liberté  &  qui  n'étaient  qu'un  héritage  des  temps  féodaux,  si 
malheureusement  ressuscites  à  la  faveur  des  guerres  civiles. 

Le  gouverneur  de  Languedoc  à  qui  quelques  hommes  vigilants  dénon- 
çaient les  entreprises  des  gens  de  main-forte,  envoyait  souvent  ses  gardes 
dans  les  régions  tourmentées  pour  y  forcer  l'obéissance.  Tout  rentrait  dans 
l'ordre  à  leur  approche,  mais  quand  le  maître  était  reparti  pour  la  Cour,  les 
désordres  recommençaient. 

le   mettre   au    rang    des    Pénitents.    Les  chanoines  "  V'oiraussi  aux  Pièces  justificatives  les  discours 

punis  de  quelque  faute  se   plaçaient   en  effet   sans  prononcés   à    la    même    occasion    par   l'intendant 

surplis  dans  la  nef  auprès  des  laïques'.  Claude   Bazin    de   Bezons ,   n"  CCCXI,  col.  762   & 

'  Piices  justificatives,  11.  CCCX,  col.  761.  par  l'archevêque   de  Narbonne   François  Fouquet, 

'  Relation  d'un  voyage  d'AU-th.  p.  5t).  n.  CCCXII ,  col.  77  1 . 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  897 

Le  prince  de  Conti  fit  un  voyage  en  Vêlai  au  mois  de  mai  1661  &  séjourna 
dans  la  ville  du  Puy.  Il  avait  reçu  l'ordre  du  roi  d'aller  terminer,  par  délé- 
gation souveraine,  quelques  graves  difficultés  dont  les  domaines  de  l'Hôtel- 
Dieu  du  Puy  étaient  l'origine. 

Cette  maison  possédait,  dans  les  plus  hautes  montagnes  de  la  Margeride, 
en  Gévaudan,  sur  la  frontière  de  l'Auvergne  &  du  Vêlai,  de  vastes  prai- 
ries qui  dépendaient  de  la  métairie  noble  de  Sauvage'  Se  qui  occupaient 
la  ligne  de  faîte  entre  les  bassins  de  la  Truyère  &  de  l'Allier.  Dès  avant 
l'année  1610,  les  «  herbages  &  forestages  »  de  ce  domaine  avaient  été  affermés 
aux  «  hommes  de  La  Roche-Redonde,  »  petit  village  de  la  paroisse  de  Saint- 
Alban,  dont  le  territoire  était  contigu.  Il  existait  en  ce  pays  un  gentilhomme 
fort  dangereux,  portant  un  nom  qui  a  été  plus  tard  tristement  célèbre  dans 
les  Cévennes,  Balthasar  de  Langlade,  sieur  du  Cheylar.  Ce  personnage,  qui 
avait  acheté  en  i652,  les  prairies  de  l'hôpital  du  Puy  à  Seysac*,  se  mon- 
trait voisin  fort  incommode,  troublait  incessamment  l'exploitation  par  ses 
violences,  enlevait  les  récoltes  à  main  armée  &  privait  l'Hùtel-Dieu  de  tout 
revenu.  Les  directeurs  de  l'hôpital,  jaloux  de  se  débarrasser  des  frais  de  cul- 
ture d'une  propriété  improductive,  persuadèrent  alors  aux  gens  de  La  Roche- 
Redonde  de  prendre  tout  le  domaine  à  titre  d'inféodation  au  prix  d'une  rente 
annuelle  de  cinq  cents  livres^. 

A  peine  ce  marché  était-il  conclu  que  les  excès  de  Langlade  recommencè- 
rent. La  petite  garnison  qu'il  tenait  dans  sa  maison  forte  était  employée  à 
battre  les  bergers,  enlever  les  foins,  voler  les  troupeaux.  Les  hommes  de  La 
Roche  implorèrent  la  protection  du  Parlement  de  Toulouse,  qui  fit  faire  une 
information  &  lança  un  décret  de  prise  de  corps  contre  le  criminel"*.  A  l'égard 
de  tels  coupables,  &  dans  une  contrée  pareille,  ces  sortes  de  décrets  étaient 
illusoires,  8c  les  poursuites  n'aboutissaient  pas.  Le  gentilhomme  n'eut  donc 
pas  de  peine  à  s'y  soustraire,  8c  profitant  de  l'avantage  que  lui  donnait  sa 
situation  sur  la  frontière  du  ressort,  il  alla  lui-même  commencer  des  procé- 
dures au  sénéchal  de  Riom,  qui  dépendait  du  Parlement  de  Paris,  8c  voulut 
contraindre  l'Hôtel-Dieu  à  lui  abandonner  certaines  terres  ou  à  éteindre  des 
rentes,  s'il  n'aimait  mieux  le  substituer  comme  fermier  aux  gens  de  La  Roche- 
Redonde.  Le  recours  des  administrateurs  au  roi,  l'autorité  du  prince  de  Conti, 
les  ordonnances  de  la  cour  de  Toulouse  demeurèrent  sans  résultat,  Se  le  Par- 
lement fut  réduit  à  condamner  par  défaut  le  sieur  du  Cheylar  à  six  ans  de 
galères  8c  à  trois  mille  livres  d'amende  5. 

'  Entre  BriYat-du-Vent ,    Sainte-Eulalie ,    La  7  mai  1660.  Lej  informations  avaient  été  faites  le 

Roche-Redonde,  La  Rougière,  Chanaleilles,  Cha-  19  arril  précédent, 

tal  &  Madreyres.  Le  sieur  du  Cheylar  fut  encore  poursuivi  devant 

'  Contrat   de   vente  du    1"   mai   i652,   des   prés  la  cour  par  les  habitants  de  Mialannes,  Fraissinet 

situés  à  Seysac,  à  derai-Ujue  du   Puy,  moyennant  &    la  Vialette,   avec    quelques    autres   aventuriers 

11000  livres.  nommés  Masse,  Faure,  La  Fortune,  Pontie'. 

'  Actedu  9  janvier  1660  ;  Manson,  notaire  royal,  'Arrêt   du   Parlement  de  Toulouse,   rendu   par 

*  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par- 
lement de  Toulouse,   Arrêt    de  grand'chambre  du  '  Arrêt  de  grand'chambredu  2  5  mai  iCCo. 


1661 


~^^         398  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Cependant,  l'Hôtel-Dicu  avait  consenti  à  prendre  le  gentilhomme  pour 
fermier,  malgré  le  bail  des  hommes  de  La  R.oche,  qui  se  virent  contraints  à 
plaider  au  sénéchal  de  Riom.  Ce  fut  pour  mettre  fin  à  ces  différends  que  le 
roi  fit  passer  des  ordres  au  prince  de  Conti. 

Le  gouverneur  tint,  le  g  mai  1661,  dans  l'hôtel  de  l'évêché  du  Puy,  une 
sorte  d'audience  souveraine  qui  rappelait  les  anciennes  cours  féodales;  il 
avait  avec  lui  le  conseiller  Le  Mazuyer,  du  Parlement  de  Toulouse  '.  Henry 
de  Maupas  du  Tour,  évêque  &  seigneur  du  Puy,  comte  de  Vêlai ,  abbé  de 
Saint-Denis  de  Rennes,  présidait  le  bureau,  qui  était  composé  de  deux  admi- 
nistrateurs de  l'Hôtel-Dieu,  chanoines  de  la  cathédrale,  du  juge-mage,  de 
l'avocat  8c  du  procureur  du  roi  à  la  sénéchaussée,  du  premier  &  du  second 
consul,  8c  d'un  bourgeois  de  la  ville  du  Puy*. 

Les  gens  du  roi  firent  un  rapide  exposé  de  la  délégation  donnée  au  prince, 
Se  supplièrent  Son  Altesse  d'employer  son  autorité  à  l'apaisement  de  la  querelle. 

Le  prince  de  Conti  écouta  les  divers  membres  du  bureau,  à  commencer 
par  l'évêque;  mais,  ne  se  trouvant  pas  suffisamment  éclairé,  il  chargea 
Le  Mazuyer  d'ouïr  les  parties  8c  de  lui  faire  son  rapport. 

Le  rapport  fut  présenté  dans  une  seconde  séance,  tenue  le  même  jour.  On 
y  prononça  la  nullité  du  bail  de  Langlade  8c  la  légitimité  des  droits  de  La 
Roche-Redonde ;  mais,  pour  faire  la  condition  des  pauvres  meilleure,  on 
décida  que  les  parties  renonceraient  à  leurs  contrats  par  acte  notarié,  8c  que 
le  fermage  serait  mis  à  nouvelles  enchères  par  quatre  dimanches  consécutifs. 
Ce  fut  sous  cette  forme  que  la  rivalité  des  hommes  de  La  Roche  8c  du  gen- 
tilhomme se  donna  carrière.  Malgré  sa  condamnation  aux  galères,  le  sieur  du 
Cheylar,  représenté  par  son  procureur,  fit  rude  concurrence  à  ses  adversaires. 

Le  prince  parti ,  les  scènes  violentes  se  renouvelèrent.  Il  avait  donné  des 
pouvoirs  pour  terminer  le  débat  au  vicaire  général  Amable  de  Pradier  d'Agrain, 
seigneur  du  Mollar,  dont  un  parent,  le  baron  d'Agrain,  était  alors  premier 
consul  du  Puy.  Celui-ci  ne  trouva  d'autre  solution  que  d'atfermer  le  Sauvage 
au  frère  même  du  condamné,  Jean  de  Langlade,  sieur  de  Villaret,  stipulant 
«  pour  lui  8c  les  siens  ou  pour  son  ami  élu  ou  à  élire  3.  «  Les  habitants  de 

défaut,  le  i3  juillet  1660  contre   Balthasar  Lan-  du   Puy.  Le   prix  du  bail  fut  de  940  livres  paya- 

glade  dit  Fargette,  sieur  du  Cheylar.  blés,  moitié  à  la  Toussaint,  moitié  à  la  Saint-Jean. 

'  Henry  Le  Mazuyer,  conseiller  aux  requêtes  le  Les  administrateurs  se  réservaient  seulement  la  Jus- 

17  novembre  i65o,  conseiller  en  la  cour  le  2  avril  tice  &  le  droit  de  loger  avec  leurs  chevaux  &  d'être 

1664,  procureur  général  le  i3  mars  1669'.  nourris  aux   frais  du  fermier,  trois  jours   par  an, 

*  Balthazar  de  Ravissac  &  Jean  d'Asquemye,  lorsqu'ils  allaient  sur  le  domaine  faire  tenir  la 
chanoines;  de  Filière,  juge-mage j  Maurice  Le  cour  ou  visiter  le  bien.  On  voit  paraître  dans 
Blanc  &.  Pons  Picot,  avocat  &  procureur  du  roi;  l'acte,  outre  divers  personnages  déjà  connus,  Pierre 
Guillaume  Bridel,  sieur  de  Brive,  &  Ignace  Pas-  Le  Blanc,  docteur  en  théologie,  grand  vicaire,  pré- 
cal,  premier  &  second  consul;  Ginestet,  bour-  sident  du  bureau;  Jean  Jaquet,  curé  de  l'Hôtel- 
geois.  Dieu;  messire   Jean   de    Pradier  d'Agrain,  baron 

^  Bail  du  16  mai  1664.  Manson,  notaire  royal  dudit  lieu  &  autres  places,  premier  consul;  Vidal 

Bertrand,  marchand,  bourgeois  du  Puy,  deuxième 

•Archives,  du  Parlement  de  Toulouse.  Liste  des  officiers  consul,  &.  Gabriel   Bernard,  notaire   royal,  aussi 

de  la  cour.  Edils  &  déclarations,  XIX,  p.  141;  XXI,  p.  73.  consul. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  899 

La  Roche-Redonde  ne  se  firent  point  d'illusions  sur  l'identité  de  l'inconnu 
qui  se  dissimulait  derrière  cette  formule.  Le  prince  de  Conti  se  trouvait  alors 
à  la  suite  de  la  Cour,  Quand  les  cinq  ans  de  prescription  accordés  par  l'ordon- 
nance criminelle  furent  écoulés,  le  sieur  du  Cheylar  reparut  dans  le  pays  Se 
finit  par  obtenir  un  arrêt  de  relaxe,  en  même  temps  que  par  ses  procédures 
au  sénéchal  de  Riom,  il  cherchait  à  faire  naître  un  conflit  de  juridiction 
entre  les  Parlements  de  Paris  &.  de  Toulouse. 

Deux  ans  après,  les  procureurs  grossoyaient  encore. 

Nous  avons  raconté  comment  l'archevêque  de  Toulouse,  Pierre  de  Marca, 
fut  désigné  par  le  cardinal  Mazarin  pour  travailler  à  la  rectification  de  la 
frontière  d'Espagne.  Le  prélat  prit  avec  lui  Baluze,  son  secrétaire  &  le  confi- 
dent de  tous  ses  travaux  d'érudition.  Ils  firent  un  voyage  de  savants  :  à 
Carcassonne,  à  la  Livinière,  à  Narbonne,  à  Leucate,  à  Salses,  ils  saluaient 
au  passage  des  noms  bien  connus  des  auteurs  antiques'. 

Hyacinthe  Serroni  habitait  alors  Perpignan.  Il  vint  au  devant  de  l'arche- 
vêque jusqu'à  Salses  Se  lui  fit  une  magnifique  réception.  Toute  la  ville  de 
Perpignan  se  mit  sur  pied  8c  vint  à  sa  rencontre  à  grande  distance.  Nombre 
de  Catalans  y  accoururent  aussi,  voulant  donner  des  preuves  de  souvenir  & 
d'affection  à  celui  qui  avait  si  longtemps  étudié  la  condition  politique  de 
leur  pays.  Avertis  par  l'abbé  d'Arles  des  mouvements  de  leurs  collègues 
d'Espagne,  les  deux  commissaires  français  s'acheminèrent  vers  les  Pyrénées 
&  firent  halte  dans  la  petite  ville  de  Céret,  où  ils  demeurèrent  près  de 
quatre  jours  sans  nouvelles.  Enfin,  le  quatrième  jour,  parurent  les  envoyés 
espagnols.  L'un  était  un  homme  triste  6c  sévère,  le  visage  empreint  d'une 
gravité  solennelle;  il  s'appelait  Michel  Salba,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 
Jacques.  L'autre,  d'un  caractère  plus  alerte  6c  d'un  esprit  plus  ouvert,  était 
Joseph  Roméo,  de  Tortose,  membre  du  conseil  de  Catalogne.  Baluze  nous 
apprend  qu'il  avait  autrefois  fait  sa  cour  aux  Muses*. 

Les  commissaires  parcoururent  ensemble  tous  les  territoires  litigieux  qui 
forment  les  confins  de  l'antique  Provincia  8c  de  la  Tarragonaise,  étudiant  le 
sol,  les  versants  des  monts,  la  direction  des  eaux,  discutant  les  textes,  appe- 
lant à  l'aide  de  leurs  prétentions  Strabon  8c  Pomponius  Mêla,  Dolabella  6c 
Sœculus  Flaccus,  sans  oublier  Eginhard  6c  les  chroniques  carlovingiennes. 

L'exploration  commença  par  l'ancien  promontoire  de  Vénus,  où  finit  la 
Gaule,  d'après  les  géographes  antiques.  Marca  fit  rejeter  l'opinion  tout  espa- 
gnole de  certain  commentateur,  dont  le  patriotisme  avait  faussé  le  texte  de 
Mêla.  On  agita  la  question  de  savoir  si  le  monastère  San  Pedro  de  Roda 
était  en  Espagne  ou  en  France.  Puis  on  passa  au  comté  de  Confient,  que 
les  Espagnols  prétendaient  rattacher  à  la  Cerdagne  :  Marca  soutint  que  ce 
fief  avait  toujours  fait  partie  du  diocèse  d'Elne  8c  du  comté  de  Roussillon. 

■   (I  Carcassonem,  Livianam,  Narbonem,   Leu-  '  «  Ingeniosissimo  viro  &  fesiiyo,  utpote  D»r- 

tatam   ac  Salsulas,   nota   priscis  scriptoribus  no-       tosensi,  &  salutaverat  musas'.  « 

mina  '.  » 

'  Baluze,  Vila  Pctri  de  Marca,  p,  78. 
'  Baluze,  Vila  Peir'de  Marca,  p-  74. 


1661 


i66i 


400  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  Capsir,  petit  coin  de  terre  aux  sources  de  l'Aude,  souleva  aussi  dei 
contestations.  Le  courant  de  la  rivière  française  fournissait  à  l'archevêque 
son  meilleur  argument.  Il  y  ajouta  cette  considération  historique  que  le 
territoire  avait  anciennement  relevé  du  diocèse  de  Narbonne,  81  qu'en  ce 
moment  même  il  faisait  partie  du  diocèse  d'Alet. 

En  Cerdagne,  nouvelle  question.  Faut-il  croire,  suivant  la  version  de 
Guillaume  Xylander,  que  les  Cerretani  de  Strabon  appartiennent  tous  à 
l'Espagne?  Marca  réfute  l'interprétation  du  commentateur,  Se,  recourant  au 
texte  grec,  en  tire  cette  conclusion  que  la  majeure  partie  de  ces  peuples  est 
espagnole,  mais  qu'une  portion  appartient  à  la  Gaule. 

On  arrive  à  la  grande  vallée  d'Urgel.  Malgré  la  géographie  6t  la  direction 
des  eaux  de  la  Sègre,  qui  en  font  un  versant  franchement  espagnol,  l'arche- 
vêque la  revendique  pour  la  France,  en  s'appuyant  sur  le  témoignage 
d'Éginhard  8c  du  poëte  saxon.  Il  fait  voir  qu'un  diplôme  de  Charles  le 
Chauve,  conservé  aux  archives  de  l'église  d'Urgel,  comprend  ce  territoire 
dans  la  Septimanie,  8<.  que  la  même  affirmation  se  retrouve  dans  un  titre  de 
Louis  le  Débonnaire  en  faveur  du  couvent  de  Sainte-Grate. 

Si  l'on  en  croit  Baluze,  toujours  enclin  à  une  sorte  de  partialité  affec- 
tueuse pour  son  protecteur,  son  mécène,  comme  il  l'appelle  le  plus  souvent, 
les  envoyés  espagnols,  s'apercevant  à  quel  rude  antagoniste  ils  avaient  à 
faire,  ne  songèrent  qu'à  suspendre  toute  solution,  en  déguisant  leur  dépit 
sous  les  dehors  d'une  scrupuleuse  déférence  pour  l'initiative  des  ministres 
du  roi. 

Marca  rédigea  un  mémoire  détaillé  de  son  voyage  8<  le  transmit  à  Michel 
Le  Tellier.  Revenu  en  Roussillon,  où  le  résumé  des  opinions  avait  été  envoyé 
dans  le  prieuré  de  Notre-Dame  du  Camp,  l'archevêque  fut  surpris  à  Perpi- 
gnan par  une  maladie  grave,  que  les  habitudes  laborieuses  de  sa  vie  8c  les 
fatigues  du  voyage  avaient  peut-être  causée.  Mais  l'irrésistible  activité  de  sa 
nature  le  dominait  tellement  que,  pendant  l'intervalle  de  ses  accès  de  fièvre, 
il  trouva  le  loisir  de  composer  une  dissertation  sur  des  reliques  de  saint  Jean- 
Baptiste  conservées  dans  l'église  des  Dominicains  de  Perpignan,  mémoire 
qu'il  remit  à  ces  religieux  le  jour  même  de  son  départ  pour  Toulouse. 

Arrivé  dans  sa  métropole  à  la  fin  de  mai,  il  ne  se  sentit  pas  assez  de  forces 
pour  continuer  le  voyage  jusqu'à  Saint-Jean  de  Luz,  où  il  devait  présenter 
au  roi  8c  au  cardinal  les  résultats  de  sa  mission.  Il  chargea  son  fidèle  Baluze 
d'aller  les  porter  pour  lui. 

Le  savant  annaliste  raconte,  avec  une  sorte  de  joie  naïve,  quel  désarroi  son 
arrivée  jeta  brusquement  dans  les  prétentions  des  plénipotentiaires  espagnols, 
qui  s'apprêtaient  déjà  à  dévorer  toute  la  Cerdagne.  Il  dit  que  l'érudition  de 
Marca,  tenue  en  haute  estime  par  le  cardinal  Mazarin,  réussit  à  faire  adopter 
la  nouvelle  interprétation  de  Strabon,  dont  les  conséquences  inattendues 
étaient  de  conservera  la  France  dans  leur  intégrité  les  comtés  de  Roussillon, 
de  Confient  8c  de  Capsir,  avec  la  vallée  de  Carol  8c  une  grande  partie  de  la 
Cerdagne.  • 


LIV.  II,  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  401 

De  retour  à  Toulouse,  Baluze  y  retrouva  l'archevêque  en  pleine  conva- 
lescence. Pour  se  délasser  de  ses  fatigues  Se  se  soustraire  aux  rudes  chaleurs 
de  leté,  le  prélat  s'établit  alors  au  château  de  Balma,  paisible  retraite  à 
demi  cachée  dans  la  verdure,  sur  les  croupes  boisées  des  coteaux  de  l'Hers. 
Ce  fut  là  que,  reprenant  &  agrandissant  un  ancien  projet,  il  rédigea  son 
important  ouvrage  sur  la  «  Marche  d'Espagne.  »  Pendant  son  séjour  en 
Catalogne,  il  avait  eu  primitivement  le  dessein  d'écrire  l'histoire  de  cette 
province  &,  dans  la  retraite  d'un  monastère,  il  en  avait  même  composé 
quatre  livres  qu'il  voulait  intituler  Catalonïa  ïllustrata.  Sa  mission  aux 
Pyrénées,  en  modifiant  la  direction  de  ses  idées,  lui  fournit  l'occasion  de 
changer  aussi  le  plan  de  son  livre,  81  comme  il  avait  rencontré  dans  Eginhard 
8<.  dans  les  autres  écrivains  de  la  période  carlovingienne  l'expression  «  Marca 
«  Hispanica  »  pour  désigner  la  frontière  d'Espagne,  le  rapport  fortuit  de  cette 
formule  avec  son  propre  nom  de  famille  lui  sembla  piquant,  8c  il  résolut  d'en 
faire  le  titre  définitif  de  son  ouvrage. 

Ce  rude  labeur  terminé  8<.  les  ardeurs  du  soleil  amorties,  l'archevêque 
songea  à  regagner  Paris  où  déjà  la  politique  le  rappelait,  8<.  il  regagna  la 
Cour  en  passant  par  Bordeaux,  où  l'archevêque,  Henri  de  Béthune,  le  reçut 
avec  distinction  8<.  le  retint  deux  jours  entiers  au  milieu  des  prévenances  de 
la  plus  somptueuse  hospitalité. 

Depuis  la  mort  de  Mazarin,  la  France  n'avait  plus  de  premier  ministre; 
le  roi,  instruit  par  l'exemple  de  Louis  XIII  8c  d'Anne  d'Autriche,  refusait  de 
se  mettre  dorénavant  en  tutelle,  8c  les  soins  de  la  politique  intérieure  81  des 
relations  étrangères  demeuraient  divisés  entre  les  divers  secrétaires  d'État. 
Pierre  de  Marca,  revenu  à  Paris  dès  le  mois  de  septembre  de  l'année  précé- 
dente, au  retour  de  sa  mission  aux  Pyrénées,  reçut,  en  même  temps  que 
l'évèque  de  Rennes,  Henri  de  la  Mothe  Houdancourt,  l'évêque  de  Rodez, 
Hardouin  de  Péréfixe,  81  le  père  jésuite  Annat,  la  charge  de  traiter  directe- 
ment avec  le  roi  des  affaires  ecclésiastiques.  C'était  une  haute  situation,  qui 
assurait  une  influence  considérable  sur  l'Église  de  France  8c  qui  répondait 
bien  aux  vues  ambitieuses  du  prélat,  en  même  temps  que,  par  la  multiplicité 
des  intérêts  à  conduire,  elle  pouvait  satisfaire  l'infatigable  activité  de  son 
esprit.  Ce  fut  au  milieu  de  ces  nouvelles  fonctions  que  l'archevêque  de  Tou- 
louse passa  une  partie  de  l'automne  de  1661  à  Fontainebleau,  où  le  roi 
l'avait  chargé  de  conférer  avec  le  nonce  Celio  Piccolomini.  Après  la  fin  de 
ces  négociations,  le  prélat  fut  atteint  d'une  maladie  très-grave,  qui  mit 
quelque  temps  ses  jours  en  danger  Se  dont  la  guérison  ne  devait  pas  être 
complète.  II  employa  les  loisirs  de  sa  convalescence  à  composer  son  dernier 
ouvrage,  un  traité  en  français  de  l'infaillihilïté  du  pape,  que  Baluze  écrivit 
sous  sa  dictée. 

Cependant  des  circonstances  inattendues  préparaient  à  cette  vie  de  mou- 
vement 8c  de  labeur  un  suprême  couronnement.  Depuis  des  années,  le 
cardinal  de  Retz,  archevêque  de  Paris,  expiait  par  l'exil  le  rôle  orageux 
qu'il  s'était  donné  pendant  les  troubles  de  la  régence.  Quand  la  fougue  de 

Xlli.  26 


1661 


i66i 


402  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sa  jeunesse  fut  amortie,  il  désira  se  réconcilier  avec  le  roi  &  chargea  quelques 
amis  d'essayer  en  ce  sens  une  démarche  discrète.  Louis  XIV  parut  disposé  à 
la  clémence  &  à  l'ovibli  du  passé;  mais  la  renonciation  à  l'archevêché  de 
Paris  devait  être  une  condition  du  rapprochement.  Le  4  mars  1662,  la  mère 
du  cardinal,  Françoise-Marguerite  de  Silly,  duchesse  de  Retz,  vint  présenter 
au  roi  un  acte  authentique,  signé  de  son  iils,  donné  à  Commercy  vers  la  fin 
de  février,  contenant  la  cession  pure  &  simple  de  l'archevêché  de  Paris. 

Immédiatement,  Louis  XIV  fit  mander  l'archevêque  de  Toulouse  à  Fon- 
tainebleau. Marca  n'avait  encore  aucune  connaissance  de  l'événement;  intro- 
duit dans  la  chambre  du  roi,  qui  l'attendait  sans  témoins,  il  y  trouva  le  plus 
obligeant  accueil.  Louis  XIV  lui  annonça  en  quelques  mots  qu'il  était  maître 
de  placer  à  la  tête  du  diocèse  de  Paris  telle  personne  que  bon  lui  semblerait. 
Il  ajouta  que  nulle  dignité  ecclésiastique,  en  France  ou  à  l'étranger,  ne 
pouvait  être  comparée  à  l'archevêché  de  Paris,  8<  qu'il  était  résolu  d'en  faire 
don  à  Marca,  assuré  d'avance  que  ses  vertus  lui  assuraient  le  premier  rang 
parmi  les  évêques  de  l'Église  gallicane,  8t  sachant,  par  l'histoire  de  toute  sa 
vie,  que  la  famille  régnante  pouvait  compter  sur  son  dévouement.  En  même 
teinps,  le  roi  lui  remettait  entre  les  mains  l'acte  de  cession  du  cardinal 
de  Retz. 

Marca  se  confondit  en  remerciements.  Il  avoua  qu'il  n'eût  jamais  osé  solli- 
citer ce  présent  royal,  craignant  qu'une  pareille  prétention  ne  trahît  une 
trop  haute  opinion  de  ses  mérites,  mais  qu'enfin,  puisque  l'Eglise  avait  confié 
au  roi  le  droit  de  nommer  les  évêques,  c'était  sans  doute  la  volonté  de  Dieu 
dont  Sa  Majesté  venait  de  se  faire  l'interprète.  Aussi  n'avait-il  garde  de  se 
soustraire  à  ces  nouvelles  dignités,  le  choix  d'un  aussi  grand  prince  suffisant 
à  rassurer  sa  conscience.  Il  termina  son  compliment  par  des  promesses  de 
fidélité  Si  d'obéissance,  ne  demandant  qu'une  occasion  prochaine  de  montrer 
son  dévouement  aux  ordres  du  roi. 

«  L'obéissance  vous  sera  facile,  lui  répondit  Louis  XIV  en  le  congédiant, 
«  car  mes  volontés  ne  s'écarteront  jamais  de  la  justice.  » 

Le  roi  s'empressa  d'écrire  au  pape  Alexandre  VI  pour  lui  annoncer  la 
nomination  qu'il  venait  de  faire,  II  s'étendit  longuement  sur  les  mérites  de 
l'archevêque  de  Toulouse,  &  n'oublia  pas  de  laisser  pressentir  les  services 
qu'on  avait  le  droit  d'attendre  de  lui  contre  les  jansénistes.  De  son  côté, 
Pierre  de  Marca,  dont  la  situation  de  fortune  était  toujours  délabrée  &  qui 
ne  négligeait  point  le  menu  détail  de  ses  intérêts,  écrivait  en  cour  de  Rome 
pour  solliciter  la  dispense  de  la  taxe  d'expédition  de  ses  bulles. 

L'ancien  président  du  Parlement  de  Pau  s'était  donc  élevé  en  quelques 
années  à  la  plus  haute  dignité  de  l'Église  de  France.  Il  n'avait  que  soixante- 
huit  ans  &  pouvait  se  promettre  une  carrière  nouvelle,  quand  une  maladie 
soudaine  vint  renverser  le  laborieux  édifice  de  son  ambition. 

Le  5  mai  1662,  après  s'être  longuement  promené  dans  son  jardin,  où  il 
avait  montré,  par  sa  conversation,  la  plus  grande  liberté  d'esprit,  Pierre  de 
Marca  témoigna  quelque  fatigue  &  se  coucha  vers  quatre  heures,  sous  l'im- 


LIV.    II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  408 

pression  d'une  fièvre  légère;  deux  jours  après,  il  se  crut  guéri;  mais  l'illusion 
ne  dura  guère,  &  le  mal  se  développa  avec  une  telle  rapidité  que  médecins  & 
familiers  commencèrent  à  concevoir  des  craintes.  L'archevêque  fit  appeler  un 
vicaire  de  Saint-Sulpice  pour  écouter  sa  confession  &  reçut  le  viatique.  Dès 
ce  moment,  il  ne  voulut  voir  personne,  &  comme  si  l'approche  de  ce  coup 
inattendu  lui  eût  soudainement  révélé  le  néant  de  toutes  les  grandeurs 
humaines  dont  la  recherche  avait  tenu  tant  de  place  dans  sa  vie,  il  se  ren- 
ferma dans  un  morne  silence  que  rien  ne  put  interrompre;  les  reproches 
affectueux  de  ses  médecins  ne  réussirent  pas  à  lui  ouvrir  la  bouche  ni  à  le 
distraire  par  quelques  conversations  d'amis,  de  la  sombre  méditation  où  il 
demeurait  invinciblement  plongé.  Seulement,  dans  les  intervalles  de  calme, 
il  se  faisait  lire  par  Baluze  le  livre  de  VJmour  de  Dieu  de  saint  François 
de  Sales. 

Au  commencement  du  mois  de  juin,  il  eut  une  telle  faiblesse,  suivie  de 
rigidité  des  membres,  qu'on  le  crut  mort;  puis  il  se  ranima  pour  quelques 
jours.  Au  milieu  de  la  nuit,  il  fit  appeler  Baluze,  qui  avait  été  son  secrétaire 
intime  depuis  longues  années,  6i  qui  l'avait  accompagné  dans  ses  voyages 
politiques.  Il  déclara  qu'il  lui  laissait  toutes  ses  notes  &  manuscrits,  lui  con- 
fiant la  mission  expresse  de  publier  ceux  qui  se  trouvaient  assez  avancés,  8c, 
dans  les  instructions  qu'il  lui  donna,  il  témoigna  assez  de  liberté  d'esprit 
pour  s'occuper  des  moindres  détails  de  l'impression. 

Ce  fut  au  milieu  de  ses  préoccupations  dernières  qu'arrivèrent  les  lettres 
du  Pape  confirmant  la  nomination  de  Marca  à  l'archevêché  de  Paris.  Alexan- 
dre VI  annonçait  au  prélat  mourant,  par  un  bref  daté  de  Sainte-Marie- 
Majeure  le  5.  juin,  que  cet  acte  désiré  s'était  accompli,  en  consistoire  secret, 
dans  la  matinée  du  même  jour.  11  rappelait  à  l'archevêque  de  Toulouse  les 
grandes  choses  que  l'on  attendait  de  son  zèle,  de  ses  vertus  Si  de  son  auto- 
rité sur  le  siège  de  Paris,  où  l'absence  prolongée  du  titulaire  Se  les  agita- 
tions du  jansénisme  lui  préparaient  de  si  pénibles  travaux.  Il  le  félicitait  de 
l'applaudissement  universel  qui  avait  accueilli  son  élévation.  II  lui  donnait 
avis,  en  outre,  qu'eu  égard  à  ses  mérites  8c  au  désir  obligeant  du  souverain 
pontife,  le  sacré  collège  avait  consenti  à  lui  accorder  les  plus  larges  facilités 
pour  le  règlement  des  taxes.  Il  terminait  en  donnant  au  nouveau  métropo- 
litain la  bénédiction  apostolique.  Se  en  appelant  la  faveur  du  ciel  sur  les 
labeurs  de  son  épiscopat. 

Une  autre  lettre  de  Pvome,  de  la  même  date,  écrite  par  le  cardinal  Chigi, 
renfermait  quelques  détails  sur  la  séance  du  sacré  collège.  On  y  avait  fait, 
disait-il,  certaines  difficultés  relativement  à  la  question  des  taxes,  plusieurs 
cardinaux  ne  voyant  pas  de  motifs  graves  pour  s'écarter  des  constitutions,  La 
modicité  de  ces  droits  comparés  aux  revenus  annuels  de  l'archevêché  de  Paris, 
la  tranquillité  du  diocèse  qui  n'avait  depuis  longtemps  éprouvé  de  calamités 
publiques,  l'exemple  des  évêques  antérieurs  uniformément  soumis  à  la  règle, 
6c  la  pénurie  du  trésor  apostolique  fournissaient  autant  d'objections  sérieuses 
dont  le  nom  8c  les  mérites  du  prélat  avaient  pu  seuls  triompher. 


1662 


i662 


404  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Pierre  de  Marca  écouta  de  son  lit,  avec  de  grandes  marques  d'attention,  la 
lecture  de  ces  missives.  Puis  il  les  fit  apporter  par  Baluze  aux  chanoines  de 
Notre-Dame  de  Paris,  qui  ordonnèrent  aussitôt  des  prières  solennelles  usitées 
dans  cette  église  pendant  le  danger  de  mort  des  archevêques.  Ce  fut  ainsi 
qu'il  prit  possession  de  sa  cathédrale. 

L'exemple  des  chanoines  de  Paris  fut  suivi  dans  un  grand  nomhre  d'églises. 
L'abbé  de  Saint-Germain  des  Prés,  Henri  de  Bourbon,  fit  chanter  des  orai- 
sons en  grande  pompe.  On  en  usa  pareillement  au  chapitre  Saint-Etienne  de 
Toulouse. 

Après  quarante-trois  jours  de  maladie,  le  jour  de  la  fête  de  Saint-Pierre,  vers 
onze  heures  du  matin,  tandis  que  Baluze  se  promenait  au  jardin  avec  Samuel 
de  Sorbière,  on  le  fit  venir  en  toute  hâte  au  chevet  de  son  protecteur.  Il 
trouva  l'archevêque  respirant  à  peine,  &  le  vit  s'éteindre  sous  ses  yeux. 

Comme  les  médecins  n'étaient  pas  d'accord  sur  la  nature  de  la  maladie,  on 
fit  l'autopsie  du  cadavre,  8c  le  siège  du  mal  fut  découvert  dans  le  foie  &  dans 
le  poumon. 

Le  corps  de  l'archevêque  fut  enfermé  dans  un  cercueil  de  plomb.  On  y  posa 
une  lame  de  bronze  inscrite  où  on  lui  conserva  le  double  titre  d'archevêque 
de  Paris  8c  de  Toulouse.  Cette  inscription,  qui  donne  la  date  exacte  de  sa 
mort,  porte  qu'il  avait  vécu  soixante-huit  ans  cinq  mois  81  six  jours. 

Baluze,  chargé  de  l'héritage  littéraire  du  prélat,  s'acquitta  scrupuleusement 
de  cette  mission.  Il  a  écrit  en  latin,  sous  la  forme  d'une  lettre  à  Samuel  de 
Sorbière,  une  vie  de  Pierre  de  Marca,  imprimée  à  Paris  l'année  suivante'. 

C'est  à  l'envoi  de  cet  ouvrage,  empreint  d'une  pieuse  reconnaissance,  que 
l'évêque  de  Montpellier,  François  Bosquet,  ancien  condisciple  de  Marca  au 
collège  de  Foix  &  demeuré  fidèle  à  son  amitié,  répondit  par  une  longue 
épître  latine  que  Baluze  a  insérée  en  tête  de  sa  seconde  édition  du  livre 
De  concordia.  Il  y  rappelle  en  termes  touchants  les  liens  d'affection  qui 
l'avaient  uni  à  l'archevêque.  Si  la  tristesse  de  leur  dernière  séparation  à 
Fontainebleau,  où  en  faisant  l'échange  de  leurs  portraits,  Pierre  de  Marca 
n'avait  pu  retenir  ses  larmes*. 

((  Votre  plume  élégante,  poursuivait  l'évêque,  a  su  être  plus  fidèle  encore 
K  à  représenter  son  âme  que  le  pinceau  de  votre  peintre  hollandais  à  repro- 
(  duire  les  traits  de  son  visage^.  » 

'«  Stephnni  Balvzii  Tvtelensis,  canonici  Remen-  expressif,  quibusque   me   lotiim   perfiidit;  easqiie, 

sis,  Epistola  ad  clarissimvra  &  ervditissiinvm  virvm  dum  in  memoriam  revoco  ,  vix   ipse  a  lacrymit  & 

Samvelem  Sorberivm  de  vita,  rebvs  gestis,  moribvs  gemitibus  abstineo'.  u 

&  scriptis  lUvstrissimi  viri  Pétri  de  Marca  archie-  '  «  Ejus  animi  imaginem  elegantiori  stilo  vérins 
piscopi  Parisiensis.  —  Parisiis,  apvd  Franciscvm  dcpingis  quam  ille  tiius  pictor  Batavus  vultum  ejus 
Mvgvet,  typographvm  regivm ,  via  Cithare,  ad  &  habitiim  corporis  ea  in  tabula  quam  mihi  dis- 
insigne adorationis  Trivm  Regvra  M.DC.LXiii,  cessuro  Marca  noster  dédit,  meam  vicissim  acci- 
cvm  privilegio  Régis.  »  piens  penicillo  suo  delineavit. 

'    i<  Meministi    earum    lacrymarum    quas    inter 

amplexus  mutuos,  dum  valc  ultimiiin  apud  fontem  ,  n.  ,„  ,„   v,  j  ,■■  r  ■  ■■   ,    ..      j    r- 

„,,.■,■  '^  '^'-  concordia  saccrJotn  S-  tm/ren:.  Lettre  de  François 

Bclhaudi  diceremiis,  praesagtis   futiiri    lUiiis  aiiior        Bosquet  à  Baluze.  Monlpcllier,  décembre  1662. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  4o5 

Le  24  &  le  25  mars  1662,  la  petite  ville  de  Pézénas  fut  le  théâtre  d'une  de 
ces  fêtes  où  se  déployaient  les  magnificences  extérieures  de  la  royauté.  Une 
promotion  de  chevaliers  du  Saint-Esprit  avait  été  faite  par  le  roi  le  i'"'  janvier. 
Le  prince  de  Conti  s'y  trouvait  compris,  ainsi  que  six  membres  des  Etats  de 
Languedoc  ;  le  marquis  de  Polignac,  le  comte  de  Mérinville  de  Rieux,  le 
marquis  de  Castries,  l'évêque  d'Albi,  les  comtes  de  Bioule  Si  du  Roure.  Ces 
deux  derniers  étant  à  la  Cour  au  moment  de  la  promotion  reçurent  en  per- 
sonne le  cordon  bleu  des  mains  du  roi.  Les  autres,  qui  résidaient  alors  dans 
la  Province,  comme  le  prince-gouverneur,  furent  réunis  à  Pézénas  afin  d'y 
recevoir  l'investiture. 

On  ne  négligea  rien  pour  donner  à  cette  cérémonie  tout  l'éclat  qu'elle 
comportait.  Le  duc  d'Arpajon,  chargé  de  remettre  les  insignes,  fit  le  voyage 
de  Languedoc  avec  tous  les  officiers  du  Saint-Esprit,  expressément  délégués 
par  le  chapitre,  aux  frais  de  l'ordre'. 

En  revêtant  le  manteau  semé  de  flammes  d'or,  les  grands  seigneurs  de 
Languedoc  prenaient  place  dans  la  hiérarchie  régulière  organisée  au-dessous 
du  trône  &  marquaient  la  fin  de  l'ère  de  turbulence  où  la  plupart  d'entre 
eux  avaient  figuré. 

Le  prince  de  Conti,  dont  les  scrupules  de  conscience,  longtemps  étouffés 
par  le  bruit  des  armes,  se  réveillaient  de  jour  en  jour,  ne  cessait  de  travailler 
avec  beaucoup  d'application  à  faire  observer  la  déclaration  du  roi  contre  les 
duels.  Pendant  qu'il  était  à  Toulouse,  il  fut  averti  qu'un  démêlé  s'était  élevé 
entre  les  sieurs  de  Saint-André  81  de  Soulery,  8c  que  l'on  prévoyait  une  ren- 
contre. Il  leur  fit  enjoindre  d'y  renoncer  8t  d'accepter  l'accommodement  amiable 
qu'il  entendait  faire  de  leur  querelle.  Malgré  cette  défense  formelle,  Soulery 
alla  un  dimanche  matin,  le  3o  avril  1662,  avec  deux  hommes  armés  d'épées, 
attendre  son  adversaire  à  la  porte  de  la  Dalbade.  Ils  se  jetèrent  sur  lui  à  la 
sortie,  81I  l'auraient  tué  si  le  peuple,  assemblé  à  la  messe  de  paroisse,  n'était 
venu  l'arracher  de  leurs  mains.  Les  deux  complices  de  Soulery,  Latgié  & 
Saint-Geniès,  appartenaient  au  corps  privilégié  des  bourgeois  de  Toulouse, 
&,  à  ce  titre,  se  trouvaient  abrités  contre  les  poursuites  du  Parlement  par 
l'évocation  générale  du  23  février.  On  jugea  que  la  répression  des  actes  crimi- 
nels deviendrait  illusoire  si  les  coupables  se  trouvaient  soustraits  à  leurs 
juges  naturels  Se  si  les  décrets  .de  prise  de  corps  rendus  par  la  cour  de  Tou- 
louse étaient  sans  effet  sur  eux;  81,  par  une  disposition  spéciale,  le  conseil 
d'État,  dans  son  arrêt  du  19  mai  1662,  réserva  expressément  du  privilège 
d'évocation  &  de  renvoi  au  Parlement  de  Grenoble  les  cas  de  duel  Si  d'assas- 
sinats commis  par  les  bourgeois  de  Toulouse  ou  par  leurs  enfants*. 

Tandis  que  des  prélats  de  cour,  mêlés  à  toutes  les  intrigues  de  la  politique 
8i  considérant  les  grands  bénéfices  comme  des  moyens  d'avancement  Se  de 
fortune,  s'éloignaient  de  plus  en  plus  des  mœurs  évangéliques,  un  modeste 

'  Bibliothèque  de  Toulouse.  Description  manus-  '  Archives  de  la  ville  de  Toulouse.  Recueil  J  ar- 

erite  de  la  province  de  Languedoc.  rets,  ms.,  VI,  p.   i.'îr^. 


i66z 


i662 


406 


ÉTUDES  FIISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


diocèse  de  Languedoc,  perdu  dans  les  montagnes,  avait  l'étrange  fortune  de 
voir  pratiquer  chaque  jour  les  vertus  d'un  véritable  apôtre. 

La  grande  figure  de  Nicolas  Pavillon  se  détache,  avec  une  singularité  d'ana- 
chronisme, au  milieu  du  personnel  ecclésiastique  du  temps.  Cet  évêque  était 
né  à  Paris  le  17  novembre  1097;  fils  d'un  auditeur  à  la  chambre  des  comptes, 
il  avait  fait  ses  études  au  collège  de  Navarre  &  en  Sorbonne,  s'était  tout 
d'abord  signalé  par  ses  bonnes  œuvres,  qui  le  désignèrent  à  la  bienveillance 
de  saint  Vincent  de  Paul  &  le  firent  admettre  aux  célèbres  conférences  de 
Saint-Lazare.  Ce  fut  saint  Vincent  de  Paul  qui  le  désigna  pour  l'épiscopat; 
l'influence  du  cardinal  de  Richelieu  lui  donna  le  siège  d'Alet,  où  il  s'inquiéta 
de  mettre  en  pratique  tout  ce  qu'il  avait  médité  pendant  une  austère  prépara- 
tion, tant  au  point  de  vue  de  la  charité  que  de  la  discipline  cléricale  ' .  A  ren- 
contre des  hardis  solliciteurs  qui  briguaient  les  dignités  de  l'Eglise  comme  des 
pensions,  Pavillon  avait  montré  une  très-grande  répugnance  pour  la  charge 
épiscopale,  qu'il  regardait  seulement  comme  un  fardeau.  La  peste  de  i65i,  la 
guerre  d'Espagne,  les  luttes  locales^  &  tous  les  malheurs  qui  affligèrent  la 
contrée,  exercèrent  son  dévouement  sans  l'épuiser  jamais. 

Durant  tout  son  épiscopat,  Nicolas  Pavillon  ne  mit  pas  une  seule  fois  les 
pieds  à  la  Cour  ni  même  à  Paris,  où  il  avait  été  élevé  6t  où  il  comptait 
nombre  de  parents  8c  d'amis.  A  peine  s'il  sortait  de  son  diocèse  une  fois  par 
an  pour  assister  aux  États,  où  l'appelait  le  seul  désir  de  secourir  les  pauvres 


'  Pavillon  avait  distribué  son  diocèse  en  sept 
cantons  ou  districts  de  conférence  où  il  envoyait 
chaque  mois  un  questionnaire  pour  les  curés,  leur 
donnant  ses  réponses  à  la  séance  suivante.  Ces 
questionnaires  servaient  de  canevas  pour  les  ins- 
tructions paroissiales.  L'évèque  tenait  lui-même, 
autant  que  possible,  la  conférence  d'Alet,  &  en- 
voyait son  arcliiprêtre  ou  son  théologal  tenir  les 
autres  '. 

'  Il  y  avait  de  vieille  date  rivalité  entre  les  deux 
villes  d'Alet  &  de  Limoux,  la  bourgade  industrielle 
déniant  à  la  cité  épiscopale  sa  part  d'influence 
dans  les  affaires  communes.  Les  consuls  de  Limoux, 
en  pleine  assemblée  diocésaine,  enlevèrent  à  l'évè- 
que le  droit  d'opiner,  &  prétendirent  en  même 
temps  donner  voix  délibérative  au  viguier  de  Li- 
moux. Cette  exclusion  de  l'évèque  avait  pour  motif 
la  crainte  de  le  voir  trancher  le  partage  entre  les 
deux  villes,  dans  un  sens  favorable  à  celle  d'Alet 
pour  l'élection  des  commis  au  droit  de  subvention, 
qu'ils  voulaient  prendre  entièrement  de  Limoux. 
Ils  comptaient  aussi  renoncer  au  suffrage  collectif 
des  consuls  d'une  même  ville,  pour  voter  indivi- 
duellement. En  vue  d'empêcher,  au  moins  de  fait, 
l'intervention  ds-l'évêque,  ils  avaient  soin  de  con- 
voquer les  assemblées  diocésaines  sans  le  prévenir 
à  temps.  Les  receveurs  des  tailles  s'appuyaient,  de 

■  Rchitwn  d'un  voyage  dAletIt,  p.  83. 


leur  côté,  d'un  arrêt  obtenu  sur  requête  pour  s'at- 
tribuer voix  délibérative. 

Les  Etats  condamnèrent  ces  diverses  prétentions, 
sur  les  plaintes  de  l'évèque,  &  décidèrent  que  les 
barons  seraient  avertis  des  assemblées,  au  moins 
huit  jours  à  l'avance,  &  que  les  receveurs  des  tailles 
n'entreraient  aux  assiettes  que  pour  rendre  leurs 
comptes  &  satisfaire  au  payement  des  avances  '. 

En  1660,  le  territoire  de  Limoux  qui,  jusqu'à 
cette  époque,  tout  en  dépendant,  au  spirituel,  du 
diocèse  de  Narbonne,  faisait  partie  du  diocèse 
temporel  d'Alet,  obtint  d'en  être  démembré  &  de 
former  un  diocèse  particulier  ayant  ses  dettes  dis- 
tinctes, son  assemblée  d'assiette  81  ses  imposition! 
séparées. 

L'acte  de  séparation,  agréé  par  les  Etats,  porta 
que  les  deux  diocèses  enverraient  chacun  le  député 
de  la  ville  principale  aux  Etats,  les  deux  n'ayant 
qu'un  suffrage,  &  qu'ils  alterneraient  pour  le  dé- 
puté diocésain  d'une  année  à  l'autre, 

Ce  système  se  perpétua  jusqu'en  lySî,  époque 
où  fut  appliqué  aux  députés  diocésains  le  mode 
adopté  pour  les  deux  villes,  Alet  &  Limoux  se 
plaignant  que  l'alternance  privait  chaque  année 
l'un  des  deux  diocèses  de  faire  soutenir  ses  intérêts 
dans  l'assemblée  provinciale*. 


'  Procès-verbal  des  États.  SJance  du  28  novembre  1642. 
'  Proccs-verbal  des  États.  Scancc  du  2  5  février  17?-'. 


LIV.  II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  407 

8v  de  protéger  les  opprimés.  La  vigueur  qu'il  y  déploya  dans  une  occasion, 
au  début  de  son  épiscopat,  lui  attira  du  cardinal  Richelieu  une  lettre  de 
cachet  pour  venir  rendre  compte  à  la  Gourde  sa  conduite;  mais  il  se  contenta 
de  répondre  que  sa  présence  dans  son  diocèse  était  indispensable  8c  qu'il  était 
prêt  à  satisfaire  le  roi  sur  place.  Le  ministre  n'insista  point. 

Pendant  les  dernières  années,  il  cessa  de  paraître  aux  assemblées  provin- 
ciales, ayant  reconnu  qu'il  avait  plus  de  chances  de  s'y  commettre  que  d'en 
tirer  avantage.  On  l'avait  d'ailleurs  averti  sous  main  que  le  roi  désirait  qu'on 
ne  l'y  vît  point. 

Quand  il  prit  possession  de  son  siège,  Pavillon  trouva  son  chapitre  en 
grande  discorde.  Il  y  avait  au  chœur  un  parti  romain  6t  un  parti  narbon- 
nais,  chacun  s'acharnant  pour  son  rite,  &  les  uns  chantant  le  bréviaire  de 
Narbonne,  tandis  que  les  autres  répondaient  à  l'usage  de  Rome.  Nombre 
de  chanoines  s'adonnaient  à  la  chasse  &  manquaient  régulièrement  l'othcc. 
L'évêque  se  trouva  quelquefois  seul  dans  sa  stalle  avec  le  semainier  pour 
vis-à-vis.  Quand  il  voulut  faire  la  visite  capitulaire,  il  se  rencontra  que  dans 
le  pays  personne  n'avait  jamais  entendu  parler  de  cette  formalité. 

Nicolas  Pavillon  institua  dans  son  diocèse  un  séminaire  de  filles  régentes 
chargées  de  répandre  l'instruction  £<,  la  piété  parmi  les  peuples  des  campagnes. 
Il  leur  avait  donné  une  règle  inspirée  surtout  des  constitutions  de  Port-Roval. 
La  plupart  d'entre  elles  étaient  demoiselles,  quelques-unes  de  très-bonne 
maison,  &  l'on  comptait  dans  le  nombre  une  sœur  de  l'évêque  de  Ramiers, 
veuve  du  baron  de  Mirepoix.  Ces  religieuses  ne  faisaient  point  de  vœux, 
mais  vivaient  dans  une  parfaite  régularité.  Elles  avaient  dans  la  ville  épisco- 
pale  une  maison  fort  simple,  n'habitant  pas  de  cellules,  mais  des  dortoirs 
communs,  avec  chaise  8c  table  dans  la  ruelle  pour  travailler,  chambre  de 
lecture  meublée  de  bancs  de  bois.  C'est  là  qu'elles  passaient  une  partie  de 
l'année.  A  la  fin  de  septembre  8c  pendant  l'hiver,  époque  où  les  travaux 
des  champs  laissaient  le  plus  de  loisir,  l'évêque  les  envoyait  en  mission  dans 
les  divers  cantons  qu'il  leur  assignait.  Elles  se  dispersaient  deux  par  deux 
dans  chaque  village,  61  ne  retournaient  à  Alet  que  la  semaine  avant  Pâques. 
Elles  trouvaient  partout  une  maison  préparée  pour  les  recevoir,  où  elles 
réunissaient  matin  81  soir  toutes  les  filles  8<.  les  femmes  du  village  pour  les 
instruire,  8<.  faisaient  l'école  aux  petites  filles,  leur  apprenant  à  lire,  à  écrire 
S*,  à  compter,  8c  développant  de  leur  mieux  leur  intelligence,  très-vive  8c 
très-déliée". 

L'instruction  portait  à  la  fois  sur  la  religion  8c  sur  la  morale.  Chaque  mis- 
sionnaire avait  en  main  un  programme  détaillé,  «  le  papier  de  Monseigneur,  » 
dont  elle  ne  pouvait  s'écarter  en  ce  qui  touchait  le  dogme.  Toute  fréquenta- 
tion du  clergé  local  leur  était  interdite,  avec  défense  expresse  de  blanchir  le 

'  n  En  ce  pays-là,  fout  le  monde  a  de  l'esprit,  &  les  paysans  même;  d'où  rient  que  M.  d'Aleih  dit 
qu'ils  n'ont  de  grossier  que  la  cape'.  » 


'  Relation  d'un  voyage  d'Aleih,  p.  73. 


i6(jz 


lùùz 


408  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

linge  de  l'église  ou  de  raccommoder  les  ornements,  afin  d'éviter  les  occasion; 
de  familiarité.  Tout  en  parcourant  les  hameaux,  elles  prenaient  note  de: 
besoins  les  plus  pressants  &  en  envoyaient  un  mémoire  à  la  supérieure,  qui 
puisait  aussitôt  dans  son  magasin  d'Alet,  fourni  de  vêtements,  de  chausses,  dt 
couvertures,  &  leur  en  faisait  l'envoi.  Les  dépenses  de  ces  aumônes  étaieni 
couvertes  par  l'évêque. 

Une  fois  par  mois,  les  filles  missionnaires  disséminées  dans  un  même  canton 
se  réunissaient  pour  conférer  de  l'œuvre  commune.  Après  deux  ou  trois  mois 
d'enseignement  dans  un  village,  quand  elles  reconnaissaient  avoir  obtenu  de 
bons  résultats,  elles  établissaient  quelque  honnête  fille  du  pays  pour  continuel 
le  mouvement  8c  passaient  dans  un  autre  lieu. 

Ces  filles  n'avaient  aucun  fonds  &  ne  possédaient  rien  en  commun.  L'évêque 
n'avait  même  pas  voulu  obtenir  de  lettres  patentes  pour  leur  établissement.  Il 
se  défiait  des  abus  qu'aurait  pu  produire  cette  vie  de  déplacements  perpétuels 
sous  une  direction  moins  assidue  Se  moins  sévère  que  n'était  la  sienne,  8c  ne 
voulait  ni  obliger  son  successeur  à  se  charger  des  régentes,  ni  les  régentes  à 
lui  obéir  si  elles  ne  reconnaissaient  pas  en  lui  un  véritable  évêque'. 

Dans  le  courant  des  mois  d'août  8c  de  septembre  de  l'année  1661,  Nicolas 
Pavillon  poursuivait  ses  visites  pastorales  au  milieu  des  solitudes  monta- 
gnevises  qui  séparent  la  haute  vallée  de  l'Aude  des  gorges  de  l'Orbieu  8c  de 
la  Têt,  quand  son  honnêteté,  révoltée  par  la  vie  scandaleuse  de  quelques 
gentilshommes  de  la  contrée,  l'entraîna  à  des  mesures  de  rigueur  devenues 
bien  rares  à  cette  époque,  mais  dont  le  retentissement  devait  se  prolonger 
pendant  des  années.  Il  y  avait  longtemps  que  l'attention  du  prélat  avait  été 
appelée  sur  les  désordres  de  la  noblesse.  Dans  cette  région  sauvage,  d'accès 
difficile,  pays  de  retraite  8c  de  chasse,  de  contrebandiers  8c  de  bêtes  fauves, 
entièrement  isolé  du  courant  de  négoce  8c  du  mouvement  communal  des 
plaines  de  Languedoc,  il  s'était  perpétué,  au  fond  de  petits  manoirs  de 
maigre  apparence,  une  sorte  de  féodalité  d'ordre  inférieur  qui,  faute  d'un 
honorable  emploi  de  sa  vaillance,  semblait  n'avoir  conservé  des  ancêtres  que 
leurs  défauts.  Consumant  leurs  journées  dans  l'oisiveté  d'une  vie  brutale, 
qu'interrompaient  à  peine  pour  quelques-uns  les  fatigues  de  la  chasse  à  tra- 
vers les  monts,  ces  hobereaux  étaient  par  la  dépravation  de  leurs  moeurs  le 
fléau  des  familles  agricoles  de  la  contrée. 

Ne  connaissant  pas  de  frein  à  leurs  passions,  ils  n'en  prétendaient  pas 
moins  figurer  ostensiblement  aux  places  d'honneur  dans  les  cérémonies 
religieuses,  afficher  leurs  armoiries  aux  murs  des  églises;  malgré  l'éclat  du 
scandale  que  leur  conduite  occasionnait  dans  tout  le  pays,  ils  prétendaient 
participer  aux  sacrements,  soit  en  taisant  dans  leurs  confessions  les  fautes  les 
plus  graves  dont  la  notoriété  était  constante  Se  publique,  soit  en  recourant  à 
des  directeurs  de  morale  facile  qu'ils  savaient  découvrir  parmi  les  prêtres 
nomades  accidentcllonent  égarés  dans    le  diocèse  ou   chez   les  réguliers  de 

'  Relation  il  un  voyage  d'Ah'thj  p.  76. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  409 

quelques  petits  couvents  du  voisinage,  augustins  de  Caudiès,  capucins  de 
Limoux  &c  de  Chalabre,  jacobins  de  Quillan.  Lorsque  cette  ressource  leur 
manquait,  ils  essayaient  d'arracher  par  la  violence  à  leurs  curés  ce  que  la 
complaisance  leur  refusait,  &,  à  l'occasion  du  jubilé  universel  de  1661,  -quel- 
ques-uns eurent  l'impudence  de  se  présenter  au  confessionnal,  escortés  de 
notaires  8c  de  sergents,  afin  de  faire  constater,  par  une  sorte  de  procès-verbal 
juridique,  un  refus  d'absolution  dont  leur  existence  désordonnée  justifiait 
trop  bien  la  rigueur.  Par  la  sévérité  de  ses  principes,  par  la  pureté  de  sa  vie 
qui  formait  un  si  honorable  contraste  avec  les  moeurs  amollies  de  tant  de  pré- 
lats contemporains,  Nicolas  Pavillon  était  l'adversaire  naturel  de  toutes  ces 
hypocrisies  :  aussi  rencontrait-il  dans  quelques  familles  nobles  de  son  diocèse 
une  hostilité  acharnée.  Biaise  d'HautpouI,  baron  de  Rennes,  sa  femme, 
Marie  Lucrèce  du  Vivier;  Henri  d'HautpouI,  seigneur  d'Auxillonj  François 
d'Isafn,  seigneur  du  Vila  Pomène;  Marc- Antoine  de  Mauléon,  baron  de 
Nébias;  Antoine  d'HautpouI,  seigneur  de  Montferran,  chanoine  d'Alet,  &  les 
frères  du  Vivier,  étaient  à  la  tête  des  mécontents  8c  faisaient  la  terreur  des 
presbytères. 

En  général,  toute  la  noblesse  du  pays  faisait  des  dépenses  au-delà  de  son 
bien  8<  se  tirait  d'embarras  en  ne  payant  pas  les  ouvriers  qu'elle  employait 
ou  les  marchands  dont  elle  prenait  la  marchandise  à  crédit.  Ces  gens  s'en 
plaignaient  aux  curés  ou  au  prélat,  qui,  en  véritable  défenseur  des  pauvres, 
ne  négligeait  rien  pour  leur  faire  obtenir  justice. 

M.  de  Rasiguières  était  l'un  des  seigneurs  les  plus  riches  8c  les  plus  puis- 
sants du  diocèse  d'Alet.  Il  menait  une  vie  de  débauche,  8c,  dans  les  quatre 
villages  où  s'étendait  sa  seigneurie,  passait  tout  son  temps  à  séduire  les  filles  £< 
les  femmes.  Les  efforts  de  Pavillon  pour  le  faire  rentrer  en  lui-même  furent 
inutilement  répétés  pendant  douze  ou  quatorze  ans;  8c  enfin,  le  28  jan- 
vier 1661,  l'évêque  rendit  une  ordonnance  en  forme  de  monitoire  qui  fut 
publiée  en  chaire,  par  quatre  dimanches  consécutifs,  dans  les  églises  du 
Vivier,  de  Puylaurens,  de  Rasiguières  8c  de  Montfort".  Ce  monitoire  avait 


■  Voici    les   chef»  du   monitoire   du    18    janvier  elles-mêmes  à  ces  personnes,  leur  ont  encore  prot- 

1661  publié  dans  les  paroisses  du  Vivier,  Puylau-  titué  leurs  propres  filles...  s'il  n'est  pas  public  que 

rcns,  Rasiguières  &  Montfort  :  ces  personnes  d'autorité  ont  malversé  arec  les  mè- 

n   1°  Quelles   sont  les   personnes  d'autorité  qui,  res  &  les  deux  soeurs  leurs  filles....; 
dans  lesdites  paroisses,  se  servent  de   leur  pouvoir  «  5°  Si  ces    femmes  prostituées   n'ont  pas  attiré 

pour  séduire  les  filles  8c  les  femmes;  dans  leurs    maisons  des   filles   &  des  fer.. mes  tant 

Il  î"  Qui   sauroit   pour  l'avoir  vu,  ouï  dire  ou  desdites    paroisses    que  d'autres   lieux,  si  ces  per- 

autrement,  que  ces  personnes  ont  usé  de  menaces,  sonnes  d'autorité   ne  s'y  sont   pas   rendues,  8c  s'il 

vexé,-battu,  chassé  8l  maltraité  les  pères  &.  mères,  n'est    pas   vrai   que   ces    femmes,    sortant    de    leurf 

frères  ou  autres  parens  des   filles  81  femmes  qu'ils  maisons,  les  y  enfermo'ient  avec  les  filles  ou   fem- 

vouloient  séduire,  lorsqu'ils  s'en  sont  plaints,  &c.;  mes  qu'elles  y  avoient  attirées  ; 

Il  3°  Quelles  sont   les   femmes    perdues  dont    ils  n  6"  Enfin  s'il  n'est  pas  véritable  que  ces  person- 

$e  servent,  8c    les    hommes  ou   garçons  qu'ils  em-  nés  d'autorité,  après  avoir  abusé  de  quelques  filles, 

ployent  à  cet  effet;  les  ont  mariées  par  leur  autorité  avec  leurs  valets, 

II  ^'-  S'il   n'est    pas   véritable  que   quelques-unes  8c  qu'ils  ont  continué  leurs  malversations  avec  ces 

desdites  femmes  perdues,  après  s'être  abandonnées  filles  depuis   leur  mariage,  81  si  faisant  absenter 


1662 


~^ —  410  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

pour  objet  d'obtenir  des  témoignages  sur  les  nombreux  actes  de  corruption, 
de  prostitution  Si  de  proxénétisme  auxquels  avaient  donné  lieu  les  passions  du 
seigneur.  On  y  remarquait,  entre  autres  détails,  ce  fait  particulier  qu'après 
avoir  séduit  certaines  filles,  les  u  personnes  d'autorité  n  les  mariaient  à  leurs 
valets  pour  continuer  des  relations  avec  elles,  à  la  faveur  d'absences  forcées  de 
leurs  maris,  commandés  pour  des  messages  lointains. 

Les  témoins  affluèrent  à  la  suite  des  publications  &  fournirent  des  preuves 
manifestes.  Pavillon  fit  adresser  au  coupable  trois  monitions  canoniques  par 
le  curé  du  Vivier  qui  le  sommait  de  renoncer  k  ses  débordements,  s'il  ne  vou- 
lait voir  procéder  contre  lui  selon  la  rigueur  des  lois  de  l'Eglise;  toutes  les 
démarches  étaient  demeurées  infructueuses. 

Nicolas  Pavillon  passa  au  Vivier  le  11  septembre;  il  y  recueillit  tous  les 
renseignements  qui  pouvaient  former  sa  conviction  sur  le  genre  de  vie  de 
l'incorrigible  débauché,  8<  se  résignant  enfin,  après  douze  années  d'ater- 
ïTioiements  &  d'hésitations,  à  user  des  dernières  ressources  que  les  canons  de 
l'Eglise  mettaient  en  ses  mains,  il  prononça,  le  jour  même,  contre  Henri  du 
Vivier,  sieur  de  Rasiguières,  une  sentence  formelle  d'excommunication. 

Ce  fut  alors  une  explosion  de  haine  contre  le  prélat.  L'excommunié  se 
pourvut  au  Parlement  qui  le  renvoya  devant  l'archevêque  de  Toulouse,  à 
l'effet  d'obtenir  l'absolution  provisoire.  Le  vicaire  général  &  officiai  du  métro- 
politain consentit  à  donner  au  plaignant  l'absolution  ad  cautelam,  afin  qu'il 
ne  demeurât  point  privé  pendant  le  procès  de  l'entrée  de  l'église  Si  de  la 
participation  aux  sacrements.  On  avait  seulement  exigé  que  le  sieur  de  Rasi- 
guières se  mît  à  genoux  pour  solliciter  cette  faveur,  formalité  à  laquelle  il 
s'était  aisément  soumis,  n'éprouvant  aucune  répugnance,  comme  la  plupart 
de  ses  pareils,  à  concilier  les  pratiques  du  culte  extérieur  avec  les  excès  de 
la  vie  la  moins  régulière. 

Devant  ces  profanations,  la  conscience  de  l'évêque  se  souleva;  81  par  ordon- 
nance du  29  novembre,  il  défendit  au  recteur  du  Vivier  Si  à  tous  autres  de 
son  diocèse,  sous  peine  de  suspension  ipso  facto,  de  continuer  le  service  divin 
toutes  les  fois  que  le  sieur  de  Rasiguières  se  présenterait  dans  son  église. 
L'ordonnance  épiscopale  fut  ponctuellement  suivie.  Henri  du  Vivier  courut 
vainement,  de  village  en  village,  chercher  une  messe.  Il  alla  tour  à  tour  au 
Vivier,  à  Rasiguières,  à  Puylaurens,  à  Montfort.  Partout,  dès  qu'il  paraissait 
au  seuil  de  l'église,  le  prêtre  descendait  de  l'autel,  le  sacrifice  était  suspendu, 
les  cloches  se  taisaient. 

Ce  fut  encore  au  Parlement  de  Toulouse  qu'il  s'adressa.  Cette  fois,  la  cour 
souveraine  prit  le  parti  du  gentilhomme.  Elle  commença  par  enjoindre  aux 
curés  de  célébrer  la  messe  en  présence  de  l'interdit  Si  de  lui  administrer  les 
sacrements,  sous  peine  de  saisie  de  leur  temporel  ;  chargeant  le  juge  royal 

leurs  maris,  sous  prétexte  de  leur  faire  porter  des       ainsi  mariées,    &  avec  d'autres  qu'ils  avoient  dé- 
messages, ils  ne  sont  pas  allez  publiquement  cou-       bauchées  '.  » 
cher  dans  les  maison»  de  ces  femmes  qu'ils  avoient  •  Suite  des  mémoires,  &c.,  p.  lo. 


LIV.  II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  411 

d'informer  des  contraventions.  Quatre  curés  turent  mis  en  prison  pour  avoir 
obéi  à  leur  évêque,  &  le  19  juin  de  l'année  suivante,  dans  un  arrêt  rendu  par 
défaut,  le  Parlement  alla  même  jusqu'à  déclarer  qu'il  y  avait  abus  en  l'excom- 
munication &  condamna  l'évêque  aux  dépens;  en  même  temps,  par  une  con- 
tradiction assez  flagrante,  la  cour  enjoignait  au  procureur  général  d'informer 
du  détail  des  faits,  procédure  longue  &  laborieuse  qui  devait,  pendant  des 
années  encore,  prolonger  les  déchirements  intérieurs  &  redoubler  la  surexci- 
tation des  esprits  dans  le  diocèse  d'Alet. 

M.  de  Rasiguières  comptait  des  parents  au  sein  du  Parlement  de  Toulouse 
où  l'évêque  d'Alet  n'était  pas  bien  vu,  à  cause  de  l'affaire  Aostènes.  Il  se 
hâta  d'appeler  comme  d'abus  81  obtint  arrêt  sur  requête  qui  le  renvoyait  à 
l'archevêque  de  Toulouse  ou  à  tout  autre  prélat  pour  recevoir  l'absolution 
conditionnelle.  L'ofHcial  de  Toulouse  s'en  acquitta. 

Outre  cette  première  satisfaction,  le  Parlement  de  Toulouse  donna  une 
commission  pour  faire  entendre  à  nouveau  les  témoins  qui  avaient  déposé 
dans  l'information.  Sans  perdre  de  temps,  du  Vivier  menaça  de  les  faire 
pendre,  les  contraignit  à  se  dédire  6c  à  déclarer  que  les  révélations  leur 
avaient  été  extorquées  par  les  curés.  Plus  de  trente  de  ces  malheureux,  tout 
honteux  de  leur  rétractation,  vinrent  en  porter  plainte  à  l'évêché. 

Alors  Pavillon  interdit  aux  curés  de  célébrer  aucun  office  en  présence  de 
l'excommunié.  Celui-ci  leur  fit  donner  par  la  cour  un  ajournement  per- 
sonnel à  Toulouse  pour  refus  d'exercice  religieux.  Le  Parlement  de  Toulouse 
ordonna  même  que  les  défenses  de  l'évêque  seraient  levées,  sous  peine  de 
saisie  du  temporel. 

L'évêque  agit  auprès  du  roi  &  obtint  un  arrêt  d'évocation  qui  renvoya  la 
cause  au  Parlement  de  Grenoble.  Cette  évocation  mit  fin  à  l'instance,  car  le 
sieur  de  Rasiguières  n'ayant  à  Grenoble  ni  parents  ni  amis  &  n'y  pouvant 
compter  que  sur  la  justice,  renonça  de  lui-même  à  pousser  plus  loin  8t  finit 
par  quitter  le  pays. 

M.  de  Coustaussa,  propriétaire  de  biens  ruraux,  refusait  obstinément  de 
payer  la  taille  qu'il  faisait  retomber  sur  les  pauvres  gens.  Usurpateur  des 
bois  du  roi,  il  avait,  sans  autre  forme  de  procès,  enlevé  de  force  &  jeté  dans 
un  cachot  le  lieutenant  du  gratid  maître  des  eaux  &c  forêts,  qui  voulait,  en 
vertu  de  sa  charge,  défendre  les  droits  du  domaine.  Il  percevait  indûment  les 
revenus  d'une  fabrique  d'église  située  sur  ses  terres,  8c  s'était  emparé  des  trou- 
peaux d'un  paysan  qui  avait  cherché  refuge  à  l'abri  de  son  château  pendant 
la  guerre  de  Catalogne.  Des  témoins  employés  par  lui  dans  un  procès  s'étaient 
vus  convaincre  de  faux.  Il  détenait  les  fruits  de  plusieurs  cures,  héritage  de  sa 
grand'mère,  sans  en  vouloir  consentir  aucune  restitution.  Enfin,  possédant 
les  droits  de  justice,  il  n'entretenait  aucun  officier  dans  ses  terres,  où  le  bri- 
gandage obtenait  l'impunité. 

M.  de  Rennes  prêtait  à  usure  8c  commettait  mille  exactions.  Il  se  faisait 
payer  une  rente  pour  laisser  passer  les  gardes  des  gabelles  sur  ses  domaines; 
ce  fut  lui  qui,  accompagné  d'un  notaire  8c  de  témoins,  alla  sommer  son  curé 


1O62 


i66i 


412  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  l'entendre  en  confession.  Après  trois  tentatives  inutiles,  il  présenta  requête 
au  Parlement  de  Toulouse,  sous  prétexte  qu'on  lui  refusait  l'absolution  pour 
quelques  motifs  d'intérêt,  8c  demandant  que  le  curé  fût  assigné. 

Le  Parlement  de  Toulouse  admit  la  requête,  £<  commit  M.  de  Frezals  pour 
entendre  les  parties.  Mais  le  curé  déclina  la  compétence  de  la  cour  &  opposa, 
d'ailleurs,  l'inviolabilité  du  secret  de  la  confession. 

Le  gentilhomme  ne  se  décourageait  pas.  11  profita  d'une  visite  pastorale  de 
Pavillon  pour  le  sommer  de  lui  faire  donner  l'absolution  ;  le  curé  de  Rennes 
l'interdit  pour  n'avoir  pas  satisfait  au  devoir  pascal  dans  les  quinze  jours 
marqués  par  l'ordonnance.  Le  Parlement,  toujours  facile,  prescrivit  l'absolu- 
tion, qui  fut  prononcée  par  le  grand  vicaire  de  Toulouse. 

Comme  l'évêque  d'Alet  ne  se  relâchait  pas  de  ses  rigueurs,  un  nouvel  arrêt 
du  Parlement  le  somma  de  retirer  son  ordonnance,  avec  la  menace  accoutumée 
de  saisir  son  temporel.  Sans  s'émouvoir,  Pavillon  répartit  que  son  ordonnance 
était  canonique  8<.  qu'il  en  déduirait  les  preuves  en  temps  81  lieu.  Ce  fut  alors 
contre  le  curé  que  Rennes  tourna  ses  batteries,  en  lui  suscitant  un  procès 
criminel  au  Parlement  de  Toulouse,  instance  demeurée  sans  effet  par  suite 
de  l'arrêt  d'évocation. 

M.  d'Escouloubre  occupait  plus  de  quatre  lieues  de  bois  du  domaine,  ainsi 
que  des  biens  appartenant  au  chapitre  de  Saint-Paul  8c  à  l'archiprêtré  de 
Fenouillèdes.  Il  prit  à  ferme,  régulièrement,  pendant  près  de  quarante  an- 
nées, pour  une  somme  dérisoire,  les  dîmes  du  chapitre  de  Narbonne  dans  les 
paroisses  d'Escouloubre  8c  du  Bousquet,  décourageant  les  enchérisseurs  par 
ses  menaces  &c  empêchant  les  chanoines  de  faire  directement  la  perception  '. 

Pendant  la  guerre  de  Catalogne,  M.  de  Sourniac  exigeait  des  sommes 
considérables  de  tous  les  marchands  qui  passaient  sur  ses  terres,  sous  prétexte 
de  la  protection  qu'il  leur  assurait.  Il  s'était  aussi  emparé  d'un  prieuré,  sous 
le  nom  d'un  de  ses  enfants  qui  n'en  possédait  pas  le  moindre  titre.  Si  il  se 
refusait  obstinément  à  réparer  ces  injustices. 

M.  de  Nébias,  quand  l'étape  se  trouvait  dans  son  village,  s'était  fait  donner 
beaucoup  d'argent  pour  dédommager  ses  vassaux  de  leurs  dépenses  lors  du 
passage  des  troupes,  8c  gardait  tout  pour  lui.  Grossier  dans  son  langage,  il 
affectait  de  tourner  en  dérision  les  ordonnances  de  l'évêque,  déclarant  qu'il 
voulait  pouvoir  se  damner  à  sa  fantaisie  sans  que  personne  eût  à  s'en  mêler. 
Il  prenait  surtout  plaisir  à  faire  tenir  les  cabarets  ouverts  les  jours  de  fête  Se 
à  favoriser  la  danse.  Le  jour  de  Saint-Louis,  se  trouvant  à  Rouvenac  avec 
quatre-vingts  personnes,  il  organisa  une  véritable  saturnale,  qu'il  inaugura 
par  une  scène  grotesque  en  ouvrant  le  bal  avec  une  femme  boiteuse  comme 
il  l'était  lui-même. 

La  scène  fit  tant  de  bruit  que  le  promoteur  d'Alet  en  informa,  8c  le  Parle- 


'  Durant  sa  dernière  maladie,  M.  d'Escoulou-       à  raison  de  200  livres   par  an  de  1609  à  i63o,  8c 
bre  accepta  l'arbitrage  de  l'évêque  pour  la  restitu-        de  400  livres  par  an  de  i63o  à  1646. 
tion  de  ces  dîmes  qui  fut  liquidée  à  ic6oo  livres, 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  413 

ment  de  Grenoble  confirma  une  ordonnance  du  sénéchal  de  Limoux  du  25  sep- 
tembre 1660  qui  défendait  les  danses  &  la  fréquentation  des  cabarets  les  jours 
de  fêtes  chômées  par  l'Eglise. 

M.  d'Axat,  qui  avait  aussi  usurpé  des  bois  du  roi,  refusait  de  restituer  les 
dîmes,  comme  l'y  obligeait  le  testament  de  son  père,  ne  payait  pas  ses  dettes 
Si  détenait  injustement  les  biens  de  ses  vassaux.  Ayant  obtenu  contre  un  curé 
de  ses  terres,  sur  de  fausses  informations,  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 
il  enleva  ce  prêtre  par  violence,  le  traîna  de  château  en  château  &  s'empara 
des  fruits  de  sa  cure. 

Pavillon  prit  courageusement  la  défense  de  l'ecclésiastique  81  finit  par  arra- 
cher une  réparation  au  gentilhomme,  qui  se  soumit  à  demander  publique- 
ment pardon  dans  une  assemblée  des  curés  du  diocèse. 

M.  du  Vila  de  Commesourde  prêtait  à  usure  &  s'était  rendu  notable  par  la 
violence  de  ses  blasphèmes.  Comme  les  curés  lui  refusaient  l'absolution  à 
cause  de  ses  bénéfices  illégitimes,  il  venait  chaque  année,  aux  approches 
de  Pâques,  faire  une  sommation  au  contessionnal,  avec  un  notaire  81  deux 
témoins.  Fatigué  de  ces  manœuvres,  le  curé  l'interdit.  Du  Vila  porta  plainte 
à  l'évêque.  Pavillon  le  renvoya  à  celui  des  deux  curés  voisins  qu'il  choisirait 
pour  se  faire  relever  de  l'interdit.  Le  refus  de  satisfaction,  maintenu  par  le 
pénitent,  eut  les  mêmes  suites,  &  une  nouvelle  plainte  fut  écartée  par  l'offi- 
cial  d'Alet. 

Le  gentilhomme  eut  recours  à  l'official  métropolitain,  devant  qui  le  pro- 
moteur fut  assigné.  Contre  toute  attente,  l'official  métropolitain  donna  raison 
au  gentilhomme  St  condamna  les  deux  curés  Se  le  promoteur  aux  épices,  bien 
que  les  curés  eussent  déclaré  qu'ils  ne  pouvaient  faire  connaître  les  motifs  de 
leur  refus  sans  trahir  le  secret  de  la  confession. 

Le  promoteur  d'Alet  n'eut  plus  d'autre  ressource  que  d'en  appeler  à  Rome. 

En  "visitant  Saint-Paul-de-Fenouillèdes,  Pavillon  reçut  la  plainte  d'un  mari 
contre  le  chanoine  d'Hautpoul,  du  chapitre  de  Saint-Paul,  qui  lui  avait 
enlevé  sa  femme  S<.  qui  vivait  publiquement  avec  elle.  L'évêque  ayant  acquis 
les  preuves  du  fait,  manda  le  chanoine  8c  le  retint  dans  une  chambre. 
M.  d'Axat  vint  aussitôt  réclamer  le  coupable,  usant  de  paroles  fort  insolentes, 
8(,  sur  le  refus  de  l'évêque,  l'assiégea  dans  sa  maison  pendant  tout  un  jour, 
menaçant  d'assommer  le  premier  des  prêtres  ou  des  domestiques  de  l'évêché 
qui  sortirait.  Pavillon  défendit  à  tout  son  monde  de  mettre  le  pied  dehors, 
barricada  soigneusement  ses  portes  61  attendit  jusq\i'au  lendemain.  L'assié- 
geant perdit  patience  &  se  retira  ;  mais  il  fut  dans  la  suite  un  des  plus  violents 
pour  décrier  la  conduite  du  prélat. 

Un  certain  Alexandre  Bernard,  prétendu  syndic  de  la  jeunesse,  fut  suscité 
par  les  gentilhommes  pour  protester  en  justice  contre  la  sévérité  de  l'évêque. 

Cependant  le  roi  évoqua  en  son  conseil  l'affaire  de  la  noblesse  syndiquée 
81  nomma  des  commissaires  pour  examiner  les  plaintes. 

Les  gentilshommes  députèrent  alors  quelques-uns  d'entre  eux  à  Paris  8c 
présentèrent  de  nouveaux  griefs  contre  le  prélat. 


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-^^ 414  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Us  lui  reprochaient  d'étendre  outre  mesure  la  notoriété  des  faits  pour  les- 
quels on  refusait  l'absolution,  au  lieu  de  se  contenter  des  actes  punis  par 
iugement;  d'interdire  ceux  qui  n'avaient  pas  rempli  le  devoir  pascal;  d'entrer 
dans  le  secret  des  familles,  en  obligeant  les  débiteurs  à  satisfaire  les  créan- 
ciers; de  refuser  l'absolution  aux  joueurs  de  violon  qui  ne  consentaient  pas  à 
se  défaire  de  leurs  instruments,  de  soumettre  les  danseurs  à  la  pénitence 
publique,  8t  d'avoir  interdit  une  paroisse  pour  avoir  dansé  un  jour  de  fête, 
d'entreprendre  sur  l'autorité  des  magistrats  en  obligeant  les  plaideurs  à  s'ac- 
commoder ou  à  recevoir  des  arbitrages,  en  connaissant  de  la  légitimité  des 
contrats  Se  en  tenant,  sous  le  nom  de  congrégation,  une  assemblée  où  l'on 
traitait  de  toutes  sortes  d'affaires. 

L'évêque  se  justifia  point  par  point  sur  les  chefs  de  ce  long  réquisitoire; 
fit  voir  l'exagération  de  la  plupart  des  plaintes  Si  le  tour  déloyal  qu'on  avait 
donné  au  récit  de  certains  faits. 

Sur  le  chapitre  de  la  danse,  il  reconnut  qu'il  se  montrait  exigeant,  mais  en 
se  fondant  sur  le  caractère  licencieux  des  danses  du  pays,  où  les  jeunes  gar- 
çons se  donnaient  mille  libertés  Si  faisaient  souvent,  à  bras  tendus,  pirouetter 
les  filles  au-dessus  de  leurs  têtes,  avec  un  grand  étalage  de  jupes.  Ce  détail 
de  mœurs  était  confirmé  par  des  attestations  de  MM.  de  Choiseul ,  de 
Caulet,  de  La  Valette  Se  de  Ventadour,  évêques  de  Comminges,  de  Pamiers, 
de  Carcassonne  Si  de  Mirepoix,  Si  par  celles  du  juge  de  Limoux  61  de  l'of- 
fîcial. 

Quant  au  fait  de  diminuer  les  procès,  il  n'y  avait  guère  que  les  officiers 
du  présidial  Si  autres  gens  vivant  de  la  justice  qui  pussent  l'imputer  à  crime, 
81  l'on  en  pouvait  dire  autant  des  restitutions  imposées  aux  détenteurs  de 
biens  mal  acquis. 

Les  gentilshommes  qui  adhérèrent  aux  poursuites  contre  l'évêque  d'Alet 
furent  les  sieurs  de  Rasiguières,  de  Sournia,  de  Nébias,  de  Coustaussa,  de 
Rennes,  syndics;  d'Escouloubre,  d'Axat,  de  Bélesta,  de  Sarraute,  de  Perles, 
de  la  Serpent,  d'Ax,  du  Vila  de  Commesourde,  de  Saint-Louis,  d'Espe- 
ronnat;  tous  interdits  ou  exclus  de  l'Eglise  pour  injustices  manifestes. 

Tous  ces  gentilshommes  formaient  un  syndicat  dont  l'emploi  était  de  courir 
de  village  en  village  pour  exciter  les  habitants  à  se  plaindre  contre  l'évêque 
Si  contre  les  curés.  Ils  fortifièrent  leur  cabale  de  plusieurs  réguliers  à  qui 
Pavillon  n'avait  pas  cru  devoir  accorder  la  permission  de  confesser,  81  de 
quelques  ecclésiastiques  rebutés  de  la  vigoureuse  discipline  observée  dans  le 
diocèse. 

Ils  rédigèrent  un  cahier  de  plaintes  qui  fut  envoyé  au  père  Annat,  avec 
une  lettre  signée  de  quinze  ou  seize  gentilshommes.  C'était  un  tissu  d'exagé- 
rations 81  d'impostures. 

Ils  dépeignaient  Pavillon  comme  un  prélat  despotique,  privant  des  sacre- 
ments ceux  qui  appelaient  de  ses  ordonnances,  faisant  refuser  l'absolution 
pour  des  causes  légères,  rendant  les  églises  désertes  depuis  plusieurs  années 
par  l'excès  de  sa  sévérité,  interdisant  les  bénéficiers  qui  résignaient  sans  avoir 


LIV,   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  415 

son  agrément,  faisant  la  teneur  des  sergents  Se  des  notaires,  qui  n'osaient 
plus  instrumenter  par  crainte  des  censures  ecclésiastiques,  Si  empêchant  le 
cours  de  la  justice  8t  l'exécution  des  arrêts  du  Parlement. 

Le  père  Annat  présenta  le  libelle- au  roi  en  l'appuyant  de  ses  recomman- 
dations. 

Louis  XIV  communiqua  tout  à  l'archevêque  de  Paris,  Hardouin  de  Péré- 
fixe,  avec  ordre  d'en  écrire  à  Pavillon  &  de  lui  envoyer  copie  du  pamphlet. 
Pavillon  répondit  une  longue  lettre  qui  fut  imprimée,  où  il  réfutait  l'une 
après  l'autre  les  accusations  des  gentilshommes,  St  le  fit  avec  plein  succès.  Sa 
lettre  examinée  au  conseil,  l'archevêque  de  Paris  l'informa  de  l'entière  satis- 
faction du  roi,  qui  se  recommandait  à  ses  prières. 

Ce  n'est  pas  seulement  de  la  part  des  gentilshommes  que  Nicolas  Pavillon 
eut  à  souffrir  de  rudes  traverses.  Divers  religieux,  prenant  le  parti  de  la 
noblesse,  mirent  à  l'épreuve  la  patience  &  la  fermeté  du  prélat. 

Il  n'existait  que  deux  maisons  de  réguliers  dans  le  diocèse  d'Alet  :  les  domi- 
nicains non  réformés  de  Quillan  Si  les  ermites  de  Saint-Augustin  de  Caudiès. 
Ces  couvents,  où  la  morale  relâchée  était  en  honneur,  devinrent  des  foyers 
de  résistance  contre  la  rigoureuse  discipline  que  Nicolas  Pavillon  cherchait  à 
établir  dans  son  diocèse.  On  ne  s'y  montrait  pas  difficile  sur  le  chapitre  de 
la  confession,  81  les  pécheurs  les  moins  convertis  y  obtenaient  sans  peine  les 
sacrements. 

L'évêque,  devinant  combien  son  œuvre  serait  compromise  par  l'enseigne- 
ment public  d'une  pareille  doctrine  Si  s'apercevant  que  la  connivence  des 
réguliers  mettait  en  péril  le  bon  ordre  des  paroisses,  ne  crut  pas  devoir 
approuver  ces  moines  comme  confesseurs  ni  comme  prédicateurs, 

Le  prieur  de  Caudiès  s'insurgea  le  premier  contre  cette  décision.  La  vingt- 
troisième  ordonnance  synodale  d'Alet  révoquait  expressément  les  pouvoirs 
antérieurement  donnés.  Il  n'en  tint  pas  compte  81  prétendit  que  ses  anciennes 
approbations  devaient  être  considérées  comme  indéfiniment  valables. 

Pavillon  fit  alors  publier  au  prône  de  l'église  paroissiale  de  Caudiès  la 
liste  des  prêtres  approuvés. 

Le  prieur  demeura  quelque  temps  en  repos,  mais,  à  la  fête  de  Saint-Thomas 
de  Villeneuve,  il  confessa  huit  ou  neuf  personnes  d'une  inconduite  notoire 
81  dont  certaines  avaient  encouru  publiquement  l'interdit, 

L'évêque  répondit  à  cette  entreprise  en  refusant  aux  augustins  la  permis- 
sion de  quêter.  C'était  le  moyen  de  couper  les  vivres  au  couvent  qui  se  débar- 
rassa aussitôt  de  son  prieur. 

Son  successeur  quêta,  mais  ne  put  ni  confesser  ni  prêcher,  n'ayant  pas 
voulu  se  soumettre  aux  exigences  du  prélat  qui  entendait  donner  une  appro- 
bation limitée,  conformément  à  la  décision  d'Alexandre  VII  sur  le  différend 
des  réguliers  d'Angers,  Se  qui  demandait  un  désaveu  formel  des  propositions 
soutenues  par  les  moines  angevins,  Cette  hostilité  sourde  dura  trois  ans,  la 
période  entière  d'un  priorat. 

En  1662,  le  nouveau  titulaire,  Hilarion  Lavaur,  sollicita  les  trois  permis- 


i66a 


i662 


416  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sions.  Pavillon  autorisa  la  quête,  mais  demanda  du  temps  pour  le  reste,  dési- 
rant d'abord,  dit-il,  entendre  prêcher  le  père  dans  sa  cathédrale  d'Alet. 

Le  9  octobre  de  la  même  année,  comme  l'évêque  traversait  Caudiès,  il 
reçut  sio-nification  d'un  acte  qui  le  mettait  en  demeure  de  s'exécuter.  Les 
aupustins  se  plaignaient  que  depuis  cinq  ans  le  refus  épiscopal  tarissait  la 
principale  source  des  atimônes  de  leur  monastère;  que  cette  exclusion  bkssail 
l'honneur  de  leur  ordre  81  renversait  des  privilèges  de  quatre  siècles.  Le 
prieur  requérait  les  autorisations  pour  lui-même  &  pour  les  frères  Devaux  & 
Neblon,  menaçant  de  passer  outre  si  elles  n'étaient  pas  accordées. 

Six  jours  après,  le  prieur  monta  en  chaire.  Cette  prédication,  qui  était  un 
défi  à  l'adresse  de  l'évêque,  avait  été  annoncée  longtemps  d'avance.  A  la  fin 
de  son  sermon,  Hilarion  avertit  l'assistance  de  ne  point  s'étonner  s'il  avait 
prêché  malgré  l'évêque.  Les  privilèges  de  son  ordre  lui  prescrivaient  d'en  agir 
ainsi,  &  le  refus  de  l'évêque  valait  une  approbation.  Il  ajouta  qu'il  répondait 
âme  pour  âme  de  la  validité  de  ses  absolutions,  qu'on  ne  pouvait  contredire 
les  privilèges  de  l'ordre  sans  être  hérétique,  8c  que  M.  d'Alet  les  contredisait 
depuis  cinq  ans.  Ce  discours  causa  dans  le  pays  un  très-grand  émoi.  Le  pro- 
moteur demanda  qu'on  informât. 

Hilarion  s'enfuit  à  Toulouse,  prit  des  lettres  de  chancellerie  &  obtint  de 
Rome  un  rescrit,  à  la  date  du  21  février  i663,  qui  renvoyait  la  querelle  aux 
évêques  d'Agde,  de  Vabre  ou  de  Lavaur,  au  choix  du  plaignant. 

Le  moine  choisit  l'évêque  de  Vabre  qui  justifia  sa  préférence.  Il  donna  au 
prieur  toutes  les  approbations  qu'il  voulut  dans  le  diocèse  d'Alet,  à  Neblon  Se 
Devaux  le  droit  de  se  présenter,  pour  en  obtenir  autant,  devant  un  des 
évêques  de  la  Province,  8{.  condamna  le  promoteur  d'Alet  à  trois  cents  livres 
de  dépens  8c  à  trente  écus  pour  la  visite  du  procès. 

Le  promoteur  fit  appel  à  Rome  Se  obtint  renvoi  devant  l'évêque  de  Rieux 
8c  deux  autres  prélats;  mais  les  augustins  n'en  continuaient  pas  moins  leurs 
insolences,  outrageaient  publiquement  l'évêque  8c  son  clergé;  l'un  d'eux  se 
vantait  même  de  succès  galants.  L'évêque  de  Rieux  n'étant  pas  d'humeur 
aussi  facile  que  celui  de  Vabre,  les  augustins  réussirent  par  leurs  intrigues  à 
s'en  débarrasser  8c  firent  désigner  à  sa  place  l'évêque  d'Albi. 

C'est  alors  que  le  promoteur,  effrayé  des  conséquences  de  l'affaire  8c  du 
trouble  qu'elle  jetterait  dans  le  diocèse  si  elle  n'était  promptement  terminée, 
en  demanda  la  jonction  avec  celle  des  gentilshommes. 

Deux  couvents  étrangers  au  diocèse  causèrent  aussi  de  grandes  traverses  à 
Nicolas  Pavillon.  Les  capucins  de  Limoux  8c  ceux  de  Chalabre  venaient 
quêter  dans  le  diocèse  d'Alet  Se  ne  manquaient  pas  d'y  décrier  la  conduite  de 
l'évêque  8c  de  ses  prêtres,  le  représentant  comme  un  hérétique  Se  comme  un 
tyran  qui  troublait  les  âmes.  Dans  le  cours  de  ses  visites  pastorales,  Pavillon 
recevait  partout  des  plaintes  sur  ces  intempérances  de  langage. 

Il  eut  recours  aux  gardiens  des  couvents,  mais  sans  succès.  En  parcourant 
le  Roquefortois,  il  rencontra  le  gardien  de  Chalabre  qu'on  lui  avait  signalé 
comme  un  charlatan  fort  avant  dans  la  société  des  femmes,  8c  très-irrévé- 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  417 

rencieux  pour  la  discipline  diocésaine  dans  les  maisons  des  gentilshommes. 
Pavillon  le  manda  devant  lui  &  fit  exposer  en  sa  présence,  par  un  ecclésias- 
tique, les  divers  sujets  de  plainte.  Peu  satisfait  de  ses  réponses  &  surtout  de 
son  refus  exprès  d'adhérer  au  bref  d'Angers,  l'évêque  interdit  la  quête. 

Aussitôt  les  capucins  mirent  leurs  amis  en  campagne  &  obtinrent  deux 
arrêts  sur  requête,  sans  entendre  les  parties,  l'un  au  Parlement  de  Toulouse, 
l'autre  au  conseil.  Ces  arrêts  les  dispensaient,  pour  quêter,  de  la  permission 
épiscopale,  8c,  comme  les  moines  avaient  eu  l'adresse  d'y  insérer  qu'il  serait 
«  informé  des  contraventions,  »  sitôt  qu'un  curé  témoignait  quelque  étonne- 
ment  de  voir  quêter  des  religieux  sans  licence  de  l'évêque,  on  s'empressait  de 
verbaliser,  8c  les  ajournements  personnels  du  Parlement  de  Toulouse  dépeu- 
plaient à  chaque  instant  les  presbytères.  Partout  où  passaient  les  capucins, 
ils  colportaient  leurs  arrêts  8c  les  lisaient  sur  les  places  publiques  avec  force 
brocards. 

Le  Parlement  de  Toulouse,  dont  la  partialité  s'était  révélée  d'une  façon  si 
éclatante  dans  les  démêlés  de  l'évêque  d'AIet,  ne  montrait  pas  un  amour  plus 
rigoureux  de  la  justice  dans  ses  rapports  avec  la  capitale  de  la  Province. 

La  ville  de  Toulouse,  ne  pouvant  subvenir  à  ses  charges,  avait  établi  en 
i558  un  droit  sur  le  vin  Se  les  denrées  8c  marchandises  qui  entraient  en  ville, 
droit  désigné  sous  le  nom  de  commutation  8c  approuvé  par  lettres  patentes 
d'Henri  II  du  16  juin  de  la  même  année.  A  cinq  reprises  différentes,  cet  éta- 
blissement fut  confirmé  par  l'autorité  royale.  Lors  de  la  construction  du  pont 
sur  la  Garonne,  les  capitouls  prélevèrent  d'abord  une  somme  de  dix  mille  livres 
sur  le  produit  de  la  commutation,  puis  ils  finirent  par  consacrer  à  ces  tra- 
vaux, sous  la  direction  des  commissaires  nommés  par  le  roi,  l'entier  produit 
de  l'impôt.  Les  dettes  énormes  dont  la  ville  se  trouvait  obérée,  8c  qui  ne 
montaient  pas  à  moins  de  deux  millions  de  livres,  déterminèrent  la  création 
d'une  nouvelle  taxe,  sous  le  nom  de  subvention  ou  réserve,  qui  atteignait  les 
denrées  destinées  à  la  consommation  de  la  ville  8c  de  la  banlieue. 

Comme  cette  ressource  était  insuffisante,  les  capitouls  finirent  par  obtenir 
que  l'entière  disposition  de  la  commutation  leur  tût  rendue,  ce  qui  arriva  par 
l'arrêt  du  conseil  du  i5  novembre  1660,  avec  injonction  à  toutes  personnes, 
exemptes  8c  non  exemptes,  privilégiées  8c  non  privilégiées,  de  payer  cet  impôt. 

Depuis  plusieurs  années,  le  Parlement  de  Toulouse  s'était  attribué  la  jouis- 
sance des  droits  de  commutation,  bien  qu'ils  eussent  été  créés  pour  l'avantage 
exclusif  de  la  ville.  La  cour  se  trouva  donc  atteinte  par  le  résultat  des  démar- 
ches du  corps  municipal,  8c  comme  elle  avait  pris  l'habitude  d'employer  ces 
fonds  à  ses  usages  particuliers,  elle  en  conçut  un  redoublement  de  haine 
contre  les  capitouls,  8c  ne  laissa  plus  échapper  aucune  occasion  de  les  persé- 
cuter. Elle  trouva  un  prétexte  pour  faire  emprisonner  plusieurs  bourgeois. 

La  ville  députe  auprès  du  roi  Jean  de  Roquette,  avocat,  seigneur  d'Amades 
81  l'un  des  capitouls.  Un  arrêt  du  conseil  du  23  février  1662  cassa  les  empri- 
sonnements, donna  main-levée  des  marchandises  saisies,  avec  contrainte  par 
corps  contre  les  débiteurs,  8c  prescrivit  de  biffer  l'écrou. 

XIII.  »7 


1662 


~^ —  418  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Deux  des  victimes  de  la  persécution  du  Parlement,  Ferrier  8c  Charlary, 
anciens  capitouls,  allèrent  aussi  trouver  le  roi,  &  obtinrent  plusieurs  arrêts 
favorables.  Ils  firent  entendre  à  Louis  XIV  que  la  colère  du  Parlement  n'avait 
d'autre  cause  que  la  perte  de  la  commutation,  rendue  à  la  ville  pour  le 
payement  de  ses  dettes  ' . 

Les  arrêts  d'évocation  générale  obtenus  par  les  capitouls  de  Toulouse  avaient 
aussi  accru  l'animosité  du  Parlement,  qui  s'étudiait  à  troubler  par  mille  moyens 
l'exercice  de  leur  juridiction. 

La  prétendue  inviolabilité  des  maisons  habitées  par  les  présidents  &  les 
conseillers  avait  celte  singulière  conséquence  d'assurer  l'impunité  aux  crimi- 
nels, les  magistrats  refusant  absolument  à  la  main-forte  des  capitouls  l'auto- 
risation d'arrêter  les  fugitifs  qui  étaient  venus  s'abriter  dans  leurs  hôtels. 
Le  i3  juin  1662,  un  vol  ayant  été  dénoncé  à  la  maison  de  ville,  le  capitoul 
Bergeron  se  mit  en  quête  du  voleur  avec  le  capitaine  &  une  escorte  du  guet. 
Le  voleur  se  sauva  dans  la  maison  autrefois  habitée  par  le  premier  président 
Bertier  de  Montrabe,  &  qui  appartenait  à  ses  héritiers.  Bergeron  essaya  d'y 
pénétrer  avec  son  valet,  laissant  respectueusement  sa  compagnie  à  la  porte, 
mais  se  vit  outrageusement  chassé  par  Bertier  de  Saint-Geniès,  conseiller  au 
Parlement,  qui  l'accabla  d'injures,  le  mit  dehors  &  fit  évader  le  larron. 

Comme  d'usage,  les  magistrats  municipaux  recoururent  au  conseil  privé 
qui  condamna  en  termes  formels,  par  son  arrêt  du  i5  décembre  1662,  les 
prétentions  exorbitantes  du  Parlement.  Ces  prétentions  y  étaient  qualifiées 
d'abusives  &  d'extraordinaires.  On  y  faisait  ressortir  combien  il  était  insoute- 
nable que  des  présidents  ou  des  conseillers  fussent  en  possession  d'un  privi- 
lège refusé  par  le  roi  aux  princes  du  sang  8<.  aux  maisons  religieuses,  &  que 
nul  endroit  de  France  n'étant  considéré  comme  lieu  d'asile,  on  attribuât  ce 
titre  aux  hôtels  de  simples  magistrats.  L'évocation  générale  au  Parlement.de 
Grenoble  n'était  même  qu'un  remède  insuffisant  81  d'une  application  peu  pra- 
tique, puisqu'à  la  moindre  poursuite  criminelle  il  fallait  envoyer  en  Dau- 
phiné  &  en  faire  venir  un  conseiller  pour  procéder  à  l'information.  C'était 
un  surcroît  de  dépenses  très-lourd  81  une  grande  chance  d'impunité  pour  les 
coupables,  parce  qu'en  attendant,  les  éléments  de  l'instruction  disparaissaient. 
De  son  côté,  le  sénéchal  à  qui  les  causes  des  capitouls  étaient  renvoyées  en 
première  instance,  refusait  de  recevoir  leurs  plaintes. 

Le  conseil  privé,  tout  en  confirmant  l'évocation  générale  suivant  les  arrêts 
du  3o  août  81  i5  septembre  1661  &  du  10  janvier  81  26  mai  1662,  avec  renvoi 
en  première  instance  au  sénéchal  de  Toulouse  8c  par  appel  au  Parlement  de 
Grenoble,  maintint  aux  capitouls  le  droit  d'entrer  «  dans  toutes  sortes  de 
a  maisons,  même  dans  celles  des  officiers  du  Parlement  »  pour  y  capturer  les 
malfaiteurs,  avec  défense  aux  magistrats  de  la  cour  d'y  porter  aucun  trouble. 

Cet  arrêt  fut  publié  dans  tous  les  carrefours  de  Toulouse*. 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  manasentes,lX,  '  Archives  de  Toulouse,  Recueil  d'arrêts  manus- 

p.  39.  Recueil  J'arrcts.Vl,  p.  86;  en   1564,  iSyS,        crlt,  VI,  f"  182. 
i583,  1696  &  1610. 


LIV.  II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  419  — 7^ 


CHAPITRE  II 


Affaires  de  religion.  —  Démarches  âe  l'épiscopat. —  Remontrances  de  l'évêque  de  Nimes. —Commission 
de  redit  de  Nantes.  —  Le  prince  de  Conti  théologien.  —  Lutte  de  l'archevêque  de  Toulouse  &  de 
l'évéque  d'Albi  aux  États.  —  Souscription  pour  la  compagnie  des  Indes.  —  Suppression  des  évoca- 
tions générales.  —  Testament  &  mort  du  prince  de  Conti. 

Nos  lecteurs  n'ont  pas  oublié  que,  dans  le  feu  d'artifice  de  Toulouse,  des- 
tiné à  célébrer  le  traité  de  la  Bidassoa  &  le  mariage  de  Louis  XIV,  au  milieu 
des  images  allégoriques  représentant  les  fléaux  dont  la  Province  avait  été 
longtemps  affligée,  une  seule  demeura  debout  pour  être  réduite  en  cendres 
aux  applaudissements  de  la  foule j  c'était  l'Hérésie.  Malgré  la  forme  frivole 
de  cette  démonstration,  elle  n'en  traduisait  pas  moins  une  idée  sérieuse  & 
redoutable,  une  réalité  pleine  de  menaces,  &  les  événements  ne  tardèrent  pas 
à  prouver  que  l'inventeur  de  ce  motif  de  spectacle  connaissait  à  merveille  les 
dispositions  des  puissances  k  l'égard  de  la  religion  dissidente. 

L'un  des  premiers  usages  que  l'on  comptait  faire  de  la  paix  extérieure  était 
en  effet  de  reprendre  contre  les  réformés  la  guerre  de  Louis  XIII,  d'anéantir 
l'œuvre  salutaire  d'Henri  IV,  de  rétablir  ce  qu'on  appelait  l'unité  de  foi, 
c'est-à-dire  la  persécution  de  toute  croyance  autre  que  celle  du  souverain. 

On  a  prétendu  que  les  assemblées  provinciales  n'avaient  rien  négligé  pour 
précipiter  la  royauté  dans  cette  voie  funeste  qui  devait  aboutir  à  la  révoca- 
tion de  l'édit  de  Nantes;  le  fait  est  matériellement  vrai,  puisque  les  procès- 
verbaux  des  États  de  Languedoc  contiennent  fréquemment  l'expression  de  ce 
vœu,  du  du  moins  un  grand  nombre  de  suppliques  de  détail  qui  en  sont  à 
peu  près  l'équivalent.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  assemblées  n'étaient 
rien  moins  qu'une  représentation  fidèle  du  pays,  que  les  évêques  y  domi- 
naient en  maîtres,  tant  par  leur  place  prééminente  que  par  leur  action  sur 
les  élections  municipales,  8c  qu'indépendamment  de  leur  influence  person- 
nelle sur  l'ensemble  de  la  compagnie,  ils  disposaient  des  voix  d'une  foule 
d'obscurs  députés  du  tiers  état,  nommés  à  la  faveur  de  leur  protection  8<.  trop 
heureux  d'obtenir  à  la  fin  de  la  session  la  gratification  des  montres  de  grâce, 
récompense  promise  aux  votes  complaisants. 

La  période  d'agitations  5c  de  guerre  qui  finit  à  la  paix  des  Pyrénées  n'avait 
pas  été  défavorable  aux  protestants  de  Languedoc.  Occupé,  comme  on  était, 
de  luttes  politiques  ou  d'événements  militaires,  on  ne  s'inquiétait  pas  d'eux, 
8c  comme  chaque  parti,  sans  oublier  celui  du  roi,  croyait  avoir  intérêt  à  les 
ménager,  ils  profitaient  silencieusement  d'une  tolérance  de  fait,  que  l'ab- 
sence des  troupes  8c  l'insuffisance  des  moyens  de  répression  rendaient  presque 
obligatoire. 

Avec  la  paix,  les  hostilités  se  réveillèrent.  L'épiscopat,  tout  en  félicitant  le 


i062 


420  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

roi  de  son  mariage  Si  de  l'heureux  succès  de  ses  armes,  affecta  de  lui  rappeler 
que  la  principale  gloire  de  son  père  était  d'avoir  terrassé  l'hérésie,  &  l'invita 
sans  détour  à  reprendre  la  campagne  interrompue. 

L'évêque  de  Nimes,  Cohon,  fut  un  des  plus  ardents  à  réclamer  cette  reprise 
d'armes.  Il  adressa  au  roi  un  cahier  de  remontrances  qui  forment  un  véritable 
réquisitoire  contre  les  protestants  de  son  diocèse.  Cette  démarche  ne  tendait 
à  rien  moins  qu'à  la  destruction  de  l'hérésie  :  le  prélat  rappelait  au  fils  de 
Louis  XIII,  «  les  sentiments  de  piété  qui  avoient  fait  entreprendre  à  son  père 
«  Se  accomplir  heureusement  l'humiliation  de  cette  secte,  fortifiée  dans  son 
e(  État  pour  y  faire  un  parti.  Elle  agonise  maintenant,  ajoutait-il,  S<.  désor- 
ti mais  il  n'y  a  plus  d'effort  à  faire  pour  la  mener  à  ses  dernières  défaillances.  » 
Ainsi  commençait  autour  du  trône,  plus  de  vingt  ans  avant  i685,  ce  concert 
d'affirmations  illusoires  sur  la  prétendue  faiblesse  de  la  communion  dissidente 
&  sur  la  facilité  qu'on  aurait  à  la  faire  disparaître  du  royaume.  Toutes  les 
persécutions  religieuses  du  règne  de  Louis  XIV  &  de  Louis  XV  sont  en  germe 
dans  cette  théorie.  Le  haut  clergé  se  persuada  6t  fit  croire  aux  conseillers  de 
la  couronne  que  l'influence  des  opinions  réformées  était  artificielle  Si  sans 
consistance  &  qu'il  suffirait  d'un  acte  énergique  de  volonté  pour  l'anéantir. 

Malgré  ces  conclusions,  l'évêque  de  Nimes  gémissait  sur  le  grand  nombre 
de  prêtres  81  de  moines  que  «  la  tentation  du  mariage  »  entraînait  au  protes- 
tantisme. Si  qui  choisissaient  d'ordinaire  la  Genève  languedocienne  comme  le 
plus  éclatant  8<.  le  plus  illustre  théâtre  pour  la  solennité  de  leur  apostasie 
81  pour  celle  de  leurs  noces.  Il  demandait  qu'on  n'abusât  point  de  l'édit  de 
Nantes  pour  permettre  aux  catholiques  de  quitter  leur  foi  81  que  le  change- 
ment de  religion  leur  fût  défendu  sous  de  grièves  peines,  afin  de  «  les  mettre 
«  dans  une  heureuse  impuissance  de  se  pervertir*.  » 

Il  dénonçait  la  mobilité  de  certaines  femmes  protestantes  qui,  après  avoir 
écrit  Si  signé  une  profession  solennelle  d'abjuration  8c  fait  acte  de  catholicité 
durant  plusieurs  mois  pour  pouvoir  épouser  un  catholique,  retournaient  au 
prêche  dès  le  lendemain  de  leur  mariage. 

Il  demandait  que  le  bénéfice  de  la  prescription  fût,  par  une  exception  for- 
melle, enlevé  aux  protestants  pour  les  biens  d'Église  dont  ils  se  trouvaient 
détenteurs; 

Que  les  hôpitaux  d'ancienne  fondation  fussent  exclusivement  administrés 
par  des  conseils  catholiques,  avec  obligation  d'en  rendre  compte  par-devant  les 
évêques,  accusant  la  majorité  protestante  de  plusieurs  communes  d'écarter 
systématiquement  les  catholiques  de  la  direction  d'hospices  fondés  longtemps 

«  '  L'édit  de  Nantes,  dont  ces  sacrilèges  se  cou-  royaume,   ecclésiastiques   &   séculiers,  signeroient 

vrent,  ajoutait  l'évêque,   n'a   esté   faict  qu'en  fa-  de   leur  sang   une  très-humble   requesie   à  Vostre 

veur  de  ceux  qui  estoient  actuellement  séparés  de  Majesté  pour  la  supplier  de  les  mettre  dans   une 

l'Eglise,  ...&  ne  peut  estre  estendu  au  delà  de   la  heureuse  impuissance  de  se  pervertir,  en  leur  def- 

lettre    ny   tiré   par   interprétation   à   une    funeste  fendant  le  changement  de  religion  sous  de  grièves 

liberté  de  conscience  que  les  catholiques  n'ont  ja-  peines".  » 

mais  demandée  &  qu'ils  ne  demandent  point  en-  ,  ,,,       .    „.  .   •       .    ,       .„     j    ...  ,,,    „ 

.         —  .  '^  '  Menard,  Histoire  de  la  vxtle  de  Nîmes,  IV,  Preuves, 

core,  tant  s  en    faut.  Tout  ce  qu'il  y  en  a  dans   le       p.  74. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  421 

avant  la  naissance  de  l'hérésie,  &  de  divertir  le  bien  des  pauvres  pour  l'em- 
ployer à  l'entretien  de  leurs  ministres  &  aux  affaires  secrètes  de  leurs  consis- 
toires 5 

Que  dans  les  communes  protestantes  tout  prêtre  ou  clerc  fût  investi ,  par 
arrêt  de  commandement,  du  droit  d'informer,  comme  personne  judiciaire,  de 
tous  les  délits  commis  contre  la  religion  catholique,  tels  qu'impiétés,  vio- 
lences ou  assemblées  illicites,  les  officiers  de  justice  des  lieux  refusant  de 
s'acquitter  de  leurs  charges  dans  ces  occasions,  soit  par  pusillanimité,  soit  par 
fanatisme,  &  laissant  les  coupables  impunis  '. 

Il  réclamait,  en  outre,  contre  la  jurisprudence  du  Parlement  de  Toulouse, 
qui  condamnait  les  ecclésiastiques  à  rebâtir  à  leurs  frais  les  églises  81  mai- 
sons presbytérales  démolies  par  les  protestants,  sans  imposer  à  ceux-ci  d'autre 
charge  que  le  transport  des  matériaux  Se  le  service  des  manœuvres.  L'usur- 
pation de  la  plupart  des  bénéfices,  dont  les  titres  étaient  perdus,  mettait, 
disait-il,  le  clergé  de  Languedoc  hors  d'état  de  supporter  cette  dépense,  & 
il  proposait  de  restreindre  les  obligations  des  bénéficiers  à  la  construction 
Si  à  l'entretien  des  maisons  presbytérales  dans  les  lieux  où  il  ne  se  trouvait 
pas  de  seigneur  temporel  pour  y  subvenir,  &  de  mettre  à  la  charge  des  com- 
munes la  reconstruction  des  nefs  d'églises  détruites  St  les  menues  réparations 
d'entretien. 

Il  dénonçait  les  abus  qui  s'étaient  introduits  dans  la  direction  &  l'adminis- 
tration des  léproseries,  encore  nombreuses  en  Languedoc.  Ces  établissements, 
disait-il,  étaient  occupés  pour  la  plupart  8c  régis  par  des  personnes  scanda- 
leuses, qui  se  disent  frappées  de  la  lèpre  5t  qui  ne  le  sont  pasj  dans  le  diocèse 
de  Nimes,  les  consuls  protestants  avaient  fini  par  devenir  seuls  ordonnateurs 
du  bien  dépendant  de  ces  fondations.  Les  majoraux,  ou  directeurs  de  lépro- 
series, supposés  lépreux,  se  mariaient,  une  fois  en  possession  de  cette  charge, 
èi.  bénéficiaient  avec  leur  famille  des  revenus  attachés  à  la  maison  dans  une 
pensée  de  charité*.  Pour  obvier  à  ces  dérèglements,  Cohon  sollicitait  un  arrêt 

'  Cette  malheureuse  immixtion  du   clergé  dans  Voici  une  provision  de  majorale  à  la  maladreric 

les  fonctions  judiciaire!   ou  même  dans  l'office  de  de  Saint-Cyprien  : 

la  maréchaussée  devait  être,  comme  on  le  rerra  «  Les  capitouls,  &c.,  sur  la  requête  à  nous  pré- 
dans la  suite,  une  des  causes  de  l'explosion  des  sentée  par  le  syndic  des  maladreries  de  la  présent 
Cévennes,  certains  curés  des  paroisses  ayant  trop  ville  à  ce  que  Anne  Durenne,  lépreuse,  nommée  & 
pris  à  la  lettre  le  conseil  de  révêque  de  Nimes  de  élue  pour  majorale  en  la  maladrerie  Saint-Cypricn 
poursuivre  &  d'arrêter  eux-mêmes  les  délinquants.  de  la   présent  ville,  pour  régir  conjointement  avec 

'  Il  y  avait  encore  à  Toulouse  quatre  maladre-       Pierre   Ségala,  majorai  en    icelle, Nous   avons 

ries  en    1643;  chaque  année  les  capitouls,  accom-  ordonné  que  ladite  Durenne  sera    reçue  dans   la- 

p.ignés  des    soldats  du    guet,   allaient   écouter   les  dite  maladrerie  tout  ainsi  que  les  autres  majorales 

quatre  sermons  généraux,  pendant  le  carême,  aux  font  es  autres   maladreries,  faisant   défense   audit 

maladreries  du  Château-Narhonnols,  d'Arnaud-Ber-  Ségala  &  à   tous  autres  de  la   troubler,  à  peine  de 

narii  (hors  la  porte),  de  5aint-5auveur  (hors  la  porte  5oo  livres,  &  à  ces   fins  qu'elle  sera    installée   en 

Saint-Etienne)  &  de  Saint-Cyprien.  En  chaque  lieu        ladite  maladrerie  par  ledit  syndic Tholose,  le 

les  soldats  du  guet  faisaient  la  recherche,  n  le  tout  23''  décembre  lôSg'.  » 

suivant  la  coutume  »,  besogne  qui  leur  était  payée  Un  certain  Pierre  Grilhe,  lépreux  en  la  mal.i- 

à  raison  de  5  livres  pour  chaque  sermon  '.  drerie  à^Arnaud-Bernard  de  Toulouse  «  s'étant  ha- 

'  Archives  de  Toulouse.  Contrôle.  16)4-45.  '  Archives  de  Toulouse.  Petit  livre  des  provisions. 


1662 


~^ 422  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

du  conseil  qui  défendît  aux  consuls  du  diocèse  de  Nimes,  sans  distinction  de 
religion,  de  prendre  connaissance  de  l'administration  des  maladreries  &  de  la 
confier  à  un  lépreux  véritable  ou  prétendu,  &  qui  enjoignît  de  rétablir  les 
chapelles  spéciales  partout  ruinées,  d'y  faire  célébrer  régulièrement  les  exer- 
cices du  culte  catholique  par  les  soins  d'un  prêtre  gagé  au  choix  des  évêques. 
Les  évêques  seuls,  en  qualité  de  vicaires-nés  des  grands  aumôniers  de  France, 
devaient  avoir  l'inspection  des  léproseries  de  Languedoc,  cette  province  étant 
trop  éloignée  de  la  Cour  pour  être  efficacement  visitée  des  officiers  de  la 
couronne. 

Un  autre  grief  portait  sur  l'usurpation  faite  par  les  protestants  des  cime- 
tières catholiques;  on  reprochait  aux  gentilshommes  réformés  d'abuser  de  leur 
autorité  pour  placer  leur  sépulture  dans  les  dépendances  des  églises  démolies 
]:iar  eux-mêmes  ou  par  leurs  devanciers. 

Sur  la  question  des  hôpitaux,  qui  avaient  été  dédoublés  à  Nimes  8c  affectés 
séparément  aux  deux  communions,  l'évêque  réclamait  d'abord  que  les  enfants 
trouvés  fussent  exclusivement  élevés  dans  l'hôpital  catholique  8c  dans  la  reli- 
gion du  prince,  n'ayant  ni  père  ni  mère  qui  les  avoue;  puis  il  arrivait  à  se 
plaindre  de  la  séparation,  comme  ayant  de  mauvaises  suites,  contribuant  à  la 
propagation  de  l'hérésie,  permettant  aux  réformés  d'établir  légalement  des 
contributions  dont  ils  faisaient  le  plus  funeste  emploi,  8c  il  proposait  de  tout 
simplifier  en  révoquant  l'arrêt  qui  avait  autorisé  le  dédoublement  de  l'hôpital 
8c  celui  du  collège. 

Malgré  le  soin  jaloux  que  les  catholiques  mettaient  partout  à  ne  pas  laisser 
tomber  leurs  offices  héréditaires  ou  vénaux  entre  les  mains  de  réformés, 
Cohon  s'indignait  de  voir  les  procureurs  8c  notaires  protestants  user  de  la 
même  précaution  8c  transmettre  soigneusement  leurs  charges  à  des  personnes 
qui  partageaient  leur  foi. 

Les  secours  spirituels  donnés  par  les  ministres  à  leurs  coreligionnaires  dans 
les  hôpitaux  8c  dans  les  prisons  fournissaient  aussi  matière  à  d'amères  do- 
léances. On  accusait  les  pasteurs  réformés  de  profiter  des  entretiens  qui  leur 
étaient  permis  avec  les  malades  pour  faire  de  véritables  prédications,  8c  d'uti- 
liser les  agonies  dans  un  intérêt  de  prosélytisme.  Le  Parlement  de  Toulouse 
ou  la  chambre  de  l'édit,  ayant  eu  plus  d'une  fois  à  prononcer  sur  des  cas 
semblables,  s'étaient  ingéniés  à  trouver  des  expédients  en  vue  de  restreindre 
autant  que  possible  la  faveur  accordée  aux  ministres,  leur  défendant  de  prê- 
cher dans  la  conciergerie  8c  d'y  conduire  avec  eux  plus  d'une  ou  deux  per- 
sonnes. Se  les  obligeant  plus  tard  de  monter  dans  une  chambre  haute  avec  le 
prisonnier,  8c  de  le  consoler  à  voix  basse  afin  de  ne  pouvoir  être  entendus  au 
dehors.  Cohon  faisait  appel  à  l'autorité  royale  pour  réprimer  «  l'insolence  » 

«   bitiié  en    icelle  par   le   mariage  contracté   avec  le  6  juin  1640,  la  permission  d'aller  s'éiatlir  pour 

«  Jeanne  Failcaille,  Z^preu^e,  avoit  quitté   la  ma-  y   finir  ses   jours    en    la    maladrerie  de    Revel  ou 

n   ladrerie  de   Cordes,  en  laquelle  il  était  né.  11  A   la  autre,  à    condition    de    n'aller    loger    en    aucune 

suite  de  dissentiments  avec  le  majorai  de  la  mala-  maison    particulière  '. 
drerie  d'Arnaud-Bernard,  il  obtint  des  capitouls,  ■  Archives  de  Toulouse.  Pclit  livre  des  yrorisioiis. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  428 

qu'avaient  les  ministres  protestants  d'aller  consoler  les  malades  8c  les  captifs; 
il  voulait  également  que  l'épiscopat  eût  un  droit  d'examen  sur  les  maîtres 
d'écoles  dans  les  lieux  appartenant  aux  deux  communions'. 

Enfin,  il  s'élevait  avec  une  extrême  vigueur  contre  l'érection  de  l'académie 
de  Nimes,  l'établissement  d'une  classe  de  théologie,  devenue,  dit-il,  «  un 
«  séminaire  de  ministres,  où  les  écoliers,  qu'ils  nomment  proposans,  viennent 
ft  de  Hollande,  d'Allemagne,  St  de  toutes  les  provinces  du  royaume;  »  la  col- 
lation des  grades  universitaires,  &  en  particulier  des  lettres  de  maîtres  ès-arts, 
faite  par  des  consuls  huguenots,  terminant  le  tableau  des  entreprises  «  de  la 
«  religion  »  par  l'indication  d'attentats  journaliers  à  la  vie  des  prêtres,  d'em- 
pêchements mis  par  la  force  armée  à  la  perception  des  dîmes  8t  à  la  culture 
des  domaines  ecclésiastiques  &  des  projets  de  persécution  contre  les  catho- 
liques «  secrètement  délibérés  »  dans  les  synodes^. 

Du  reste,  ces  dénonciations  de  l'évêque  de  Nimes  n'étaient  point  un  fait 
isolé. 

Il  y  avait  déjà  de  longues  années  que  le  clergé  catholique  &  les  États  de 
la  Province  accusaient  les  protestants  de  Languedoc  auprès  du  gouvernement, 
de  dépasser  les  limites  de  tolérance  que  l'édit  de  Nantes  avait  posées  à  l'exer- 
cice de  leur  culte.  Les  engagements  secrets  que  le  duc  d'Orléans,  à  l'époque 
de  ses  menées  ambitieuses,  avait  noués  avec  plusieurs  gentilshommes  protes- 
tants, les  enrôlant  pour  ainsi  dire  à  son  service  Se  leur  assurant  des  pensions 
en  cas  d'insuccès,  les  rêves  de  reconstitution  du  protestantisme  français  à 
l'état  de  parti  politique,  encouragés  par  certains  négociateurs  de  la  conspira- 
tion de  Cinq  Mars^,  la  réaction  féodale  des  premières  années  de  la  régence, 
&,  peut-être,  ce  qui  restait  encore  d'anciennes  attaches  personnelles  au  der- 
nier gouverneur,  avaient  contribué  à  produire  une  sorte  de  renouveau  dans 
l'Eglise  réformée. 

Au  fond  des  vallées  solitaires  des  Cévennes,  dans  les  gorges  du  Gévaudan 
comme  sur  les  plateaux  ondulés  des  diocèses  de  Nimes  Se  d'Uzès,  de  nou- 
veaux temples  s'édifiaient  en  dehors  des  lieux  autorisés  par  l'édit  de  Nantes; 
St  il  ne  se  passait  guère  de  session  où  les  États  ne  vinssent  dénoncer  au  roi, 
avec  une  vigilance  inquiète,  la  multiplication  de  ces  édifices. 

En  1649,  c'était  Mandegouts  Se  le  Gros,  au  diocèse  de  Nimes;  Saint-Jean 

'  Arrêt  de  la  chambre  de  l'édit  de  Castrei,  du  des    religionnaires  dans    la   ville    &  le  diocèse  de 

18  février  1661,  motivé  pnr   une  prétendue  prédi-  Nîmes'. 

cation  faite  dans   la  conciergerie,  par  M.  de  La-  '  Mémoires  de  Monsieur  Je  Montrésor,  I,  p.  179. 

eaux,  ministre,  en  présence  de  sept  ou  huit  per-  Lettre  de  M.  Des  Noyers  au  cardinal  de  Richelieu  : 
sonnet.  On  y   rappelle  un  arrêt  antérieur  du  28  o  Deux  pères  jésuites  m'ayant  dit  merveille  des 

juillet  i656,  rendu  sur  le  rapport  de  Vedelly.  espérances  des  huguenots  de  ce  quartier-là  sur  la 

On  trouvera,  du  reste,  dans  la  Table  chronolo-  chimère  de  Chavagnac,  j'en  ai  fait  rapport  au  roy 

gique  mise   en   tête  de  notre  histoire,  la    série  des  qui   l'a    escouté  avec  plaisir,  8e  m'a   dit  qu'il  croit 

arrêts  restrictifs   de  toute  nature  qui    ont  atteint  que  M.  le   Grand   auroist  été  capable  de  se   faire 

les  réformés  de  Languedoc  jusqu'à  la  révocation  de  huguenot.  —  Bagnols,  3o  juin   1642.  » 
l'édit  de  Nantes. 

'  Remontrances  de  l'évéqiie  de  Nimes,  Anthyme-  '  '^'-"'',-!'  l'i^">i<-_\dcla  ville  Je  Nimev   V",  Pre.ncs, 

_  .^  '  p.  7.)..  —  voir  aussi  A.  Germain,  HtUotre  de  Ihgnse  lie 

Denys  Cohon,au  roi  Louis  XIV,  sur  les  entreprises  Aïmcs,  II,  p.  3  ij. 


1662 


i663 


424  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  Marvéjols  8c  Moussac,  dans  rUzége:  le  diocèse  de  Narbonne,  malgré  le 
voisinage  de  l'archevêque,  souffrait  lui-même  quelques  atteintes,  Se  l'on  y 
voyait  un  gentilhomme,  M.  de  Saix,  faire  exercer  le  culte  dans  sa  maison  8t 
y  réunir  plus  de  deux  cents  personnes,  d'une  lieue  à  la  ronde  autour  de  la 
Bastide  de  Paulinan  8t  de  Jouarres'. 

Afin  de  substituer  une  action  administrative  plus  énergique  Si  plus  prompte 
aux  lenteurs  judiciaires,  &  d'enlever  la  répression  à  l'initiative  du  Parlement, 
le  roi  nomma,  le  i5  avril  1661,  deux  commissaires  exécuteurs  de  l'édit  de 
Nantes,  l'un  catholique,  l'autre  protestant,  avec  mission  spéciale  d'informer, 
dans  la  province  de  Languedoc  8t  le  pays  de  Foix,  de  toutes  les  contraven- 
tions commises  contre  les  édits  de  i5g8  St  de  1629,  &  de  recevoir  les  plaintes 
des  habitants  qui  appartenaient  aux  deux  religions.  Le  concert  des  deux 
commissaires  devait  donner  force  de  loi  à  leurs  ordonnances.  En  cas  de  désac- 
cord, le  roi  se  réservait  la  décision  souveraine,  après  avoir  fait  examiner  leurs 
procès-verbaux  en  conseil  d'État. 

Le  commissaire  catholique  fut  l'intendant  de  la  Province  Bezons;  Si  le 
commissaire  protestant  un  lieutenant  particulier  au  siège  présidial  de  Nimes, 
qui  s'appelait  le  sieur  de  Peyremale. 

Aussitôt  constituée,  la  commission  fut  assaillie  de  réclamations  de  la  part 
du  clergé  catholique,  qui  se  fit  représenter  par  des  syndics  diocésains.  Ces 
démarches  tendaient  au  rétablissement  des  églises  démolies  dans  les  Cévennes 
lors  de  la  dernière  prise  d'armes  du  duc  de  Rohan,  St  surtout  à  l'-interdiction 
de  l'exercice  du  culte  réformé  &  à  la  destruction  des  temples  dans  tous  les 
lieux  qui  n'étaient  pas  couverts  par  la  garantie  de  l'édit  de  Nantes.  En  prin- 
cipe, la  décision  paraissait  facile,  l'observation  rigoureuse  de  l'édit  devant 
servir  de  règle  à  la  commission,  à  qui  ses  instructions  enjoignaient  de  pros- 
crire toutes  les  innovations  avec  une  impartiale  sévérité.  Mais  dans  l'appli- 
cation, les  questions  de  fait  devenaient  singulièrement  épineuses.  La  tolérance 
de  l'édit  de  Nantes  était  une  tolérance  géographique.  Autorisé  dans  certaines 
paroisses,  le  culte  protestant  n'en  pouvait  sortir,  l'immobilité  des  limites  terri- 
toriales, telles  c[ue  les  avait  surprises  la  conclusion  de  la  paix,  interdisait 
toute  propagande.  Or,  malgré  les  terribles  répressions  de  162g,  malgré  les 
colonies  de  missionnaires  que  Louis  XIII  avait  expédiées  dans  les  Cévennes, 
la  Réforme  y  régnait  en  souveraine  presque  absolue.  Plus  d'une  centaine 
de  temples  s'y  étaient  construits  qui  ne  pouvaient  invoquer  de  titre  pri- 
mordial. 

Les  gorges  les  plus  sauvages  de  l'Espérou  &  de  la  Lozère,  les  vallons 
abruptes  du  Tarn  supérieur,  de  l'Hérault,  du  Vidourle,  du  Gardon  81  de  la 
Cèze,  avaient  vu  surgir  à  profusion,  par  l'effet  de  cotisations  volontaires  que 
la  menace  de  persécution  rendait  plus  abondantes,  ces  petites  constructions 
nues  Se  sévères  qui,  presque  partout,  remplaçaient  quelque  prieuré  ou  quelque 
chapelle  détruite.  Tous  les  vieux  centres  protestants  du  pays,  consacrés  par 

'  Procès-verbal   des  Etats.  Séance  du    29  juillet  1649. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  425 

.  edit  de  Nantes,  projetaient  autour  d'eux  comme  une  sorte  de  rayonnement 
qui  faisait  naître  les  temples  sur  les  roches  les  plus  ingrates. 

Il  y  en  avait  à  Lanuéjols,  à  Dourbies,  à  Saint-Sauveur-des-Pourcils,  dans 
ces  tristes  montagnes  qui  marquent  la  frontière  du  Rouergue.  Roquedur, 
Pommiers,  Saint-Bresson,  Saint-Julien  de  la  Nef  formaient  un  réseau  serré 
près  du  Viganj  un  autre  groupe  cernait  la  montagne  d'Anduze;  Alais,  Saint- 
Ambroix,  Vézénobres,  Villefort  possédaient  aussi  leur  ceinture  d'avant-postes, 
dont  les  avancées  descendaient  jusqu'aux  assises  supérieures  des  coteaux  du 
Rhône  &  jusqu'à  la  plaine  de  Nimes. 

Les  travaux  de  la  commission  durèrent  plus  de  deux  ans.  Cette  minutieuse 
enquête,  qui  remettait  en  question  l'exercice  même  du  culte  public  au  milieu 
du  plus  ardent  foyer  de  protestantisme,  St  dans  une  région  où  la  Réforme 
victorieuse  avait  laissé  tant  de  marques  d'intolérance,  ne  pouvait  manquer 
d'éveiller  des  inquiétudes  &t  d'être  dénoncée  comme  un  présage  de  persécution. 

Les  alarmes  se  manifestèrent  ouvertement  le  23  mai  i663,  dans  un  synode 
tenu  à  Saint-André  de  Valborgne,  au  cœur  des  Cévennes.  Il  y  fut  longue- 
ment délibéré  sur  les  périls  qui  menaçaient  la  confession  réformée;  on  y 
laissa  pressentir  une  sorte  de  conspiration  romaine  contre  les  édits  de  pacifi- 
cation. Se,  pour  en  prévenir  le  succès,  on  décida  d'exhorter  les  gentilshommes, 
les  magistrats  &  tous  les  fidèles  élevés  en  dignité  à  se  soumettre  avec  respect 
aux  ministres  de  l'Evangile  qui  portaient  les  clés  du  royaume  des  cieux,  & 
à  protéger  les  Anciens  contre  toute  vexation  de  la  part  des  personnes  réfrac- 
taires  à  la  discipline;  on  pria  Dieu  d'aifermir  la  volonté  du  roi  dans  le 
maintien  des  édits,  &  il  fut  ordonné  que  tous  les  membres  du  synode,  tant 
ministres  qu'Anciens,  jureraient  d'observer  la  délibération  &,  de  retour  dans 
leurs  églises,  feraient  prêter  le  même  serment  par  le  consistoire  &  par  tout  le 
peuple,  St  célébrer  un  jeûne  général  qui  serait  précédé,  dans  toutes  les  églises 
de  la  province  des  Cévennes,  par  la  lecture  publique  de  la  décision  synodale, 
faite  pendant  deux  dimanches  consécutifs.  Cette  résolution  devait,  en  outre, 
être  enregistrée  dans  tous  les  actes  des  consistoires. 

Le  modérateur  du  synode,  qui  était  un  ministre  de  Durfort,  appelé  Méjaul, 
termina  la  séance  en  faisant  jurer  les  membres  de  l'assemblée. 

Quelques  jours  après,  à  l'issue  du  prêche,  M.  de  Serville,  ministre  du 
Vigan,  demanda  au  peuple  de  prêter  le  serment  prescrit  par  le  synode,  comme 
un  renouveau  d'alliance  avec  Dieu,  malgré  la  résistance  du  lieutenant  de  la 
viguerie'. 

L'affaire  fut  portée  au  conseil  d'État,  qui  qualifia  très-sévèrement  la  mani- 
festation, tout  en  protestant  de  la  volonté  du  roi  d'observer,  sans  innovation, 
les  édits  accordés  aux  réformés,  déclara  que  cette  manière  d'exiger  le  serment 
de  tout  un  peuple  était  une  pratique  inouïe,  procédant  de  la  cabale  &  du 
monopole  des  ministres  contre   l'autorité  souveraine.  Si  n'avait  jamais  été 

■  Procès-Terbal  de  maître  de  Lautal,  lieutenant  Ser»ille  par-devant  M"  de  Ginestoux,  yiguier,  du 
en  la  viguerie,  du  lo  juin  i663j  plainte  de  M'  de        17  juin  |663. 


i663 


i6â3 


426  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

qu'un  prélude  d'insurrection;  c'était,  en  même  temps,  une  contravention  for- 
melle aux  lois  de  l'État  que  l'on  prétendait  défendre,  puisque  l'article  84  des 
particuliers  de  l'édit  de  Nantes  définissait  exactement  le  rôle  des  synodes  Se 
ne  leur  permettait  de  traiter  que  des  règlements  de  discipline. 

La  délibération  fut  donc  cassée  comme  séditieuse,  &  le  serment  annulé;  le 
synode  &  tous  les  consistoires  de  la  Province  reçurent  l'ordre  de  détruire 
dans  leurs  actes  le  procès-verbal  de  la  séance  81  d'inscrire  à  la  place  l'arrêt  de 
condamnation,  qui  devait  recevoir,  à  l'issue  du  prêche,  la  même  publicité.  Le 
conseil  d'État  confiait  aux  procureurs  du  roi  près  les  diverses  sénéchaussées 
le  soin  de  poursuivre  les  ministres  coupables  d'avoir  exigé  le  serment.  Un 
délai  de  six  semaines  était  accordé  au  modérateur  du  synode  pour  venir,  à  la 
suite  du  conseil,  rendre  compte  de  sa  conduite'. 

Cependant,  la  procédure  des  commissaires  avait  ramené  devant  la  juridic- 
tion souveraine  un  certain  nombre  de  questions  litigieuses  qui  reçurent  leur 
solution,  le  5  octobre,  au  château  de  Vincennes.  En  général,  le  commissaire 
protestant  ne  faisait  point  ditficulté  de  reconnaître  qu'un  très-grand  nombre 
de  temples  n'avaient  pas  d'existence  légale  &  que  l'exercice  du  culte  y  devait 
être  interdit.  Ainsi  consentait-il  à  en  supprimer  quatre-vingt-huit,  la  plupart 
situés  dans  les  montagnes  Si  appartenant  aux  diocèses  d'Uzès,  de  Nimes  8c 
de  Mende.  Les  avis  des  deux  commissaires  ne  différaient  que  sur  le  mode  du 
sacrifice,  Bezons  demandant  que  les  protestants  fissent  eux-mêmes,  dans  hui- 
taine, la  démolition  de  leurs  temples  jusqu'à  hauteur  de  clôture,  &  que, 
passé  ce  délai,  il  fût  permis  aux  catholiques  de  procéder  à  l'exécution,  aux 
frais  des  habitants  réformés,  tandis  que  Peyremale  voulait  seulement  déna- 
turer le  caractère  des  édifices  pour  les  convertir  à  d'autres  usages,  sans  leur 
laisser  aucune  marque  ni  figure  de  temple,  en  autorisant  toutefois  la  démoli- 
tion, si  les  travaux  nécessaires  n'étaient  pas  terminés  dans  l'espace  d'un  mois. 
Le  conseil  du  roi  n'admit  pas  que  cette  transformation  matérielle  offrît  des 
garanties  suffisantes  pour  la  suspension  du  culte,  8c,  redoutant  la  permanence 
d'une  enceinte  protégée  par  des  souvenirs  dangereux,  il  enchérit  même  sur 
la  décision  du  commissaire  catholique  8c  ordonna  que  les  temples  seraient 
démolis  jusqu'aux  fondements. 

Les  divergences  furent  plus  sérieuses  sur  d'autres  points  ;  les  temples  de 
Boisset,  de  Saint-Martin-de-Camcelade,  de  Taraux  8c  de  Fontarèches,  que 
l'intendant  voulait  détruire,  étaient  défendus  par  le  commissaire  protestant, 
qui  sollicitait  en  leur  faveur  une  protection  souveraine  contre  les  poursuites 
du  clergé  catholique.  Le  conseil  d'État  donna  raison  à  l'intendant. 

Le  sieur  de  Peyremale  ne  fut  pas  plus  heureux  en  essayant  de  sauver 
treize  autres  temples  bâtis  dans  le  territoire  de  paroisses  où  le  culte  protestant 
était  permis  8c  dépendant  des  consistoires  de  Calvisson,  de  Valleraugue,  de 
Nages,  d'Aulas  8c  de  Nimes.  Il  soutint  vainement  que  la  liberté  du  culte 

■  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  de  l'Ar-       donné  à  Paris,  Sn  Majesté  y  étant,  le  9  Juillet 
cheYeché  de  Toulouse.   Arrêt   du  Conseil  d'Etat,       i663,  imn. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT,  427 

dans  le  périmètre  de  ces  districts  pouvait  comprendre  implicitement  la  faculté 
d'y  élever  des  temples  sur  un  point  quelconque  de  la  paroisse.  Le  conseil  se 
montra  impitoyable  dans  l'interprétation  littérale  des  prohibitions.  Il  trancha 
dans  le  même  sens  certaines  dithcultés  que  le  commissaire  protestant  lui  avait 
spontanément  renvoyées  concernant  les  lieux  de  Montredon,  Lecques,  Sali- 
nelle,  le  petit  Gallargues,  Aspères  &  Vilatelle,  Si  l'autorité  d'un  arrêt  de  la 
chambre  de  l'édit  de  Castres',  rendu  trente-trois  ans  plus  tôt  en  faveur  du 
temple  de  Busignargues,  n'en  put  empêcher  la  destruction^. 

Enfin,  la  liberté  d'exercice  provisoire  que  le  sieur  de  Peyremale  sollicitait 
pour  le  temple  de  Générac  lui  fut  refusée,  malgré  les  précédents  favorables 
d'une  décision  du  conseil  d'État^  &  un  arrêt  de  partage  rendu  par  la  chambre 
de  l'édit  de  Castres'*,  sans  toutefois  que  la  démolition  fût  ordonnée,  l'attaire 
étant  soumise  à  une  instruction  nouvelle,  avec  celles  des  temples  de  Ribaute, 
de  Saint-Côme  8c  de  Saint-Romain  de  Valfrancisque.  Quant  à  ce  dernier 
lieu,  défense  formelle  était  faite  au  ministre  de  Notre-Dame  de  Valfrancisque 
d'y  venir  prêcher. 

Le  conseil  réserva  aussi  à  un  nouvel  examen  la  question  du  rétablissement 
de  l'église  8c  de  la  maison  claustrale  de  Saint-Geniès  de  Malgoires,  démolies 
en  1628,  rétablissement  qui  était  sollicité  par  le  syndic  du  clergé  d'Uzès,  8c 
fit  recommencer,  devant  des  commissaires  mi-partis,  une  enquête  antérieure 
qui  avait  été  dirigée  par  maître  Cottelier,  conseiller  au  présidial  de  Nimes. 

Toutes  ces  procédures  8c  ces  divisions  ne  favorisaient  guère  l'essor  indus- 
triel que  l'influence  de  Colbert,  désormais  prépondérante  dans  les  conseils  du 
roi,  cherchait  à  stimuler  par  mille  moyens.  Ce  n'eût  pas  été  trop  de  réunir 
toutes  les  forces  du  pays  pour  cette  glorieuse  entreprise;  mais  les  vues  géné- 
rales faisaient  défaut,  8t,  durant  les  premières  années,  la  Province,  minée 
par  ses  maux  intérieurs,  suivit  d'assez  loin  le  mouvement  qui  se  produisait 
dans  d'autres  parties  du  royaume,  sous  l'action  féconde  du  ministère. 

Cependant,  de  loin  en  loin,  quelque  tentative  marquait  le  commencement 
de  l'évolution  8c  l'application  aux  intérêts  positifs  des  énergies  qui  s'étaient  si 
longtemps  gaspillées  à  l'occasion  de  vaines  querelles. 

Le  président  Donneville,  commissaire  général  de  la  navigation  au  ressort 
du  Parlement  de  Toulouse,  publia,  le  1"  octobre  i663,  des  règlements  géné- 
raux pour  la  liberté  de  la  batellerie  sur  la  Garonne,  la  Dordogne,  le  Tarn  8t 
les  autres  rivières  navigables  de  la  contrée. 

Ces  règlements,  entre  autres  prescriptions,  imposaient  aux  propriétaires 
des  moulins  l'obligation  de  maintenir  un  chenal  suffisamment  large,  avec  le 
nombre  d'hommes  nécessaires,  à  résidence  fixe,  pour  monter  6c  descendre  les 

■  Arrêt  de-  la   chambre  de  l'Edit  de  Castres,  du  de  Nismes,  d'Usez  &  de  Mende.  Donné  à  Paris  le 

i5  septembre  1617.  5  octobre  |663'. 

'  Arrêt  du   conseil   d'Estat,   rendu   sur    le  p:ir-  '  Arrêt  du  conseil   d'État  du  6  novembre  i6^5. 

tag«  de  Mîssieurj    les  commissaires  exécuteurs  de  ■*  Arrêt  de   la   chambre  de   l'Edit  de  Castres  du 

l'édit  de   Nantes,  qui    ordonne    la    démolition    de  26  janvier  i65î. 

Vingt  temples    de    la    R.   P.    R.   dan»    les  diocèses  ■  Ardiivcs  de  Toulouse.  Fonds  de  l'Arclievcchi  de  Toulouse. 


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428  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

bateaux  &  radeaux  à  mesure  qu'ils  se  présenteraient,  sous  peine  de  dommages 
en  cas  de  retard. 

M.  Langeois,  intendant  de  Montauban ,  renouvela  ces  ordonnances  le 
27  juillet  17 16.  Elles  furent  occasionnellement  confirmées  en  1735  par  le 
conseil  d'État,  au  sujet  dps  obstacles  que  M.  de  Puget,  président  à  mortier  au 
Parlement  de  Toulouse,  apportait  avant  cette  époque  à  la  navigation  du  Tarn 
en  défendant  aux  bateliers  d'ouvrir  le  glacis  de  son  moulin  lorsque  les  eaux 
n'étaient  pas  assez  fortes  pour  le  garantir  de  tout  froissement;  prétention  fort 
incommode  à  tout  le  commerce  albigeois,  &  en  particulier  aux  vins  de  Gaillac, 
fréquemment  condamnés  par  ces  retards  à  ne  point  profiter  de  leur  privilège 
d'entrer  à  Bordeaux  le  lendemain  de  la  Saint-Martin,  par  préférence  aux  vins 
de  Cahors  qui  n'y  pouvaient  pénétrer  que  le  lendemain  de  la  Noël  '. 

Pendant  l'été  de  1664,  le  prince  de  Conti  habitait  Noisy-le-Roi ,  sur  la 
lisière  de  la  forêt  de  Marly,  &  s'y  livrait  à  peu  près  exclusivement  à  la  lecture 
des  auteurs  ecclésiastiques  8c  à  l'étude  des  questions  de  controverse  qui  pas- 
sionnaient en  ce  moment  les  théologiens.  Il  avait  conservé  de  la  première 
période  de  sa  vie  une  connaissance  très-approfondie  &  très-familière  des  lettres 
sacrées  &  parlait  le  langage  scolastique  avec  une  singulière  aisance.  Dans  le 
courant  du  mois  d'août,  il  reçut  la  visite  de  son  ancien  maître,  le  père  jésuite 
Etienne  de  Champs,  qui  lui  avait  fait  faire  autrefois  ses  thèses  en  Sorbonne* 
&  qui  était  alors  recteur  du  collège  de  Clermont.  La  conversation  s'engagea 
sur  les  sentiments  des  thomistes  &  sur  les  moyens  de  concilier  la  prédétermi- 
nation  physique  avec  le  libre  arbitre  de  l'homme,  condition  indispensable  du 
mérite  &  du  démérite  personnel.  Le  jésuite  ayant  opposé  au  prince,  qui  se 
déclarait  franchement  thomiste,  quelques  objections  auxquelles  le  royal  théo- 
logien ne  pouvait  répondre  immédiatement,  il  en  résulta  une  correspondance 
suivie  qui  se  prolongea  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  septembre. 

Le  prince  y  soutenait  énergiquement  la  doctrine  de  saint  Augustin  &  de 
saint  Thomas  &  s'y  montrait  adversaire  déclaré  des  molinistes.  Il  manoeuvrait 
avec  une  étrange  dextérité  au  milieu  des  subtilités  les  plus  ardues,  raisonnant 
en  docteur  du  moyen  âge,  dans  une  prose  hérissée  d'expressions  latines,  sur 
la  vision  béatifique,  l'indéfectibilité  des  bienheureux,  le  sens  composé  £c 
divisé.  «  Sans  mentir,  lui  écrivait  le  père  de  Champs,  c'est  grand  dommage 
«  que  Votre  Altesse  n'a  régenté  la  théologie,  elle  nous  auroit  donné  les  plus 
«  beaux  ouvrages  du  monde...  »  A  quoi  le  prince  répondait  modestement  : 
«  C'est  une  entreprise  assez  hardie  à  un  homme  de  ma  profession  d'avoir  à 
V  soutenir  tous  ces  assauts  contre  un  des  maîtres  du  métier.  »  Néanmoins,  il 
se  défend  de  son  mieux  des  reproches  d'hérésie  que  le  jésuite  adresse  à  la 
doctrine  des  thomistes,  &  il  repousse  bravement  les  prétendues  analogies  que 

■  Recueil  des  éd'its  &  arrêts  de  Languedoc,  lySS.  sous  la  présidence  du  cardinal  de  Retz,  arche- 
Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  donné  à  Versailles  le  29  vêque  de  Corinthe  &  coadjuteur  de  Paris.  Les 
novembre  1735.  sujets  en  étaient  :  la  Grâce,  la   Pénitence  &  l'Eu- 

'  Les  thèses  de  tentative  du  prince  de  Conti  fu-  charistie.   Avertisiement  de   l'édition   des   Lettres, 

rent   soutenues  en   Sorbonne    le   10    juillet    1646,  de  1773. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  42g 

son  adversaire  cherche  à  établir  entre  cette  doctrine  &  l'opinion  des  calvinistes 
8<  des  astrologues  qui,  sous  prétexte  de  prédestination  ou  d'influence  des  pla- 
nètes, faisaient  si  bon  marché  de  la  liberté  humaine.  Le  père  de  Champs 
avoue  lui-même  l'énergie  de  la  résistance  :  «  En  vérité,  jamais  Nugnez  Cabc- 
«  zudo  n'a  si  bien  défendu  la  prédétermination  physique  que  Votre  Altesse. 
«  Si  ces  deux  lettres  tombent  entre  les  mains  de  quelque  jacobin,  il  ne  man- 
<i  quera  pas  de-  les  iaire  imprimer  avec  un  défi  à  tous  les  molinistes  d'y 
«  répondre.  » 

Le  prince  n'est  pas  un  champion  moins  zélé  des  maximes  gallicanes.  «  A 
«  quelque  sauce  que  vous  mettiez  l'inquisition,  écrivait-il  dans  sa  troisième 
«  réponse,  vous  ne  nous  en  ferez  jamais  reconnaître  l'autorité  :  &  tout  ce  que 
«  nous  vous  pouvons  accorder,  c'est  que  vous  avez  un  tribunal  qui  intitule 
«  ses  décrets  du  nom  du  Pape,  &  qui  ne  veut  pas  qu'on  ajoute  foi  à  ce  qui 
«  est  imprimé  sans  sa  permission,  par  une  police  qui  n'est  pas  reconnue  de 
«  deçà  les  monts.  »  Il  ajoute  que  «  le  refus  d'admettre  cette  juridiction  en 
«  France  ne  procède  d'aucune  rébellion  à  l'Eglise,  mais  de  nos  libertés  qui 
«  ne  sont  autres  que  l'observation  des  saints  canons  anciens.  » 

De  son  côté,  le  père  de  Champs  raille  agréablement  l'opinion  exagérée  que 
l'on  se  faisait  déjà  de  l'influence  des  jésuites  en  leur  attribuant  une  action 
directe  sur  tous  les  événements  de  la  terre.  «  J'ai  lu,  dit-il,  dans  un  auteur 
«  de  réputation,  que  les  diables  qui  tentèrent  les  premiers  hommes  étoient 
«  jésuites  »  &  cite  à  l'appui  un  quatrain  qui  avait  cours  dans  les  écoles  de  la 
compagnie  '. 

Les  deux  correspondants  traitent  d'ailleurs  assez  cavalièrement  certains  pro- 
cédés d'exorcisme  qui  se  pratiquaient  à  cette  époque.  «  Sans  doute,  écrit  le 
n  père  de  Champs,  Votre  Altesse  s'est  fait  thomiste  par  dévotion,  8c  parce 
«  qu'elle  croit  qu'ils  sont  tous  des  anges.  Or  je  l'avertis  en  ami  que  cela  n'est 
«  pas.  Car  on  écrivit  la  semaine  passée  de  Barcelone  qu'un  cordelier  exorci- 
«  sant  une  possédée,  8c  lui  commandant  de  sortir  au  nom  de  l'Immaculée- 
«  Conception  de  Notre-Dame,  le  diable  lui  répondit  :  «  Tu  ne  tiens  rien,  je 
«  suis  thomiste.  «  A  cette  anecdote,  le  prince  en  oppose  une  autre  qui  lui 
vient  de  son  gouvernement  :  «  Des  capucins  attachèrent,  cet  hiver,  à  Pézénas, 
«  des  billets  où  l'oraison  de  la  Conception  étoit  écrite,  au  bras  d'une  pré- 
ci  tendue  possédée,  8c  le  diable  de  Pézénas  fut  aussi  opiniâtre  que  celui  de 
«  Barcelone.  » 

Cette  controverse  sur  l'accord  de  la  grâce  8c  de  la  liberté  donna  matière  à 
dix-huit  lettres  que  le  prince  de  Conti  recueillit  soigneusement,  ayant  fait 
copier  ses  réponses  à  la  suite  des  originaux  du  père  de  Champs  8c  pour  les- 
quelles il  écrivit  en  forme  d'introduction  un  exposé  succinct  du  sujet  de  la 

'  Voici  ce  quatrain,  cité  par  le  père  de  Champs  dans  sa  sixième  lettre  du  3o  août  1664  ; 

Pomum  marito  Jesuitis  credulo 
Porrcxil  Eva  Jesuitis  crcdula; 
Fratrem  Cainus  Jesuitis  credulus 
Occidit  Abel  Jesuitis  crcdulum. 


1664 


~^ 480  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dispute.  Ces  lettres  ont  été  publiées  pour  la  première  fois  en  1689  &  réim- 
primées en  1773  dans  le  recueil  du  père  Dufour'. 

Dans  le  courant  du  mois  de  septembre,  la  peste  fit  quelques  ravages  en 
Provence.  La  nouvelle  s'en  transmit  de  proche  en  proche  dans  toutes  les 
villes  de  Languedoc.  Les  consuls  d'Aigues-mortes  8c  de  Saintes-Mariés  don- 
nèrent les  premiers  l'éveil  à  leurs  voisins  de  Montpellier  qui  en  écrivirent  à 
Toulouse  le  27  septembre.  Les  consuls  de  Narbonne  apprenant  que  le  mal, 
d'abord  circonscrit  aux  environs  de  Toulon,  s'était  avancé  jusqu'à  Aix,  pri- 
rent aussitôt  des  mesures  de  précaution  en  faisant  garder  leur  territoire,  & 
firent  appel  à  la  vigilance  de  leurs  confrères^. 

A  Toulouse,  le  conseil  fut  assemblé.  On  publia  une  ordonnance  qui  expul- 
sait immédiatement  de  la  ville  tous  les  vagabonds,  sous  peine  du  fouet,  avec 
défense  de  leur  donner  asile.  On  prescrivit  aux  habitants  qui  entretenaient 
des  oies  ou  des  pourceaux  dans  leurs  maisons  de  s'en  défaire  dans  trois  jours, 
sous  peine  de  confiscation;  on  nettoya  les  rues  Se  l'on  fit  réparer  les  brèches 
des  murailles,  afin  de  rendre  efficace  la  surveillance  des  portes. 

Comme  les  fonds  manquaient,  il  fut  décidé  que,  jusqu'à  nouvel  ordre,  tout 
remboursement  de  capitaux  aux  créanciers  de  la  ville  serait  suspendu^. 

On  parla  aussi  d'augmenter  la  troupe  du  guet  &  de  mettre  des  soldats  aux 
portes  de  la  ville. 

Les  Etats  s'ouvrirent  à  Béziers  le  4  décembre.  A  la  première  séance,  trois 
prélats  seulement  vinrent  siéger,  M.  de  Bourlemont,  à  qui  la  relégation  de 
Fouquet  maintenait  la  présidence  &  qui  n'avait  garde  de  manquer  aux  pre- 
miers travaux;  Hyacinthe  Serroni,  l'homme  de  Colbert  comme  il  avait  été 
celui  de  Mazarin,  &  Joseph  de  Montpezat  de  Carbon,  évêque  de  Saint-Papoul 
qui  était  aussi  noté  dans  les  correspondances  du  ministère  comme  entière- 
ment dévoué  au  gouvernement  &  prêt  à  donner  tous  les  votes  qui  lui  seraient 
demandés  au  nom  du  roi.  Ce  milieii  était  on  ne  peut  plus  favorable  à  pré- 
parer une  heureuse  8c  courte  session.  Le  capitoul  de  Toulouse,  toujours 
dangereux,  parce  que  ces  magistrats  s'étaient  accoutumés  à  prendre  la  tête  du 
tiers  état  8c  à  se  donner  le  rôle  de  harangueurs  8c  de  tribuns  du  peuple,  avait 
été  soigneusement  choisi  par  le  premier  président  Fieubet  qui  répondait  de 
sa  fidélité'*,  8c  qui  avait  fait  envoyer  de  Cintegabelle  un  député  du  meilleur 
caractère,  disposé  à  «  obéir  avec  une  soumission  absolue  aux  ordres  de  Sa 
«  Majesté^.  « 

L'archevêque  de  Toulouse  sut  habilement  profiter  de  la  solitude  des  bancs 
supérieurs  pour  agir  isolément  sur  les  divers  membres  du  tiers  état  8c  les  dis- 
poser à  d'importantes  largesses.  Dès  le  12  décembre,  il  écrivait  à  Colbert  que 

■  Bihliothè<iue  intéressante   ou   recueil  de  mono-  p.  3.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  <3u   17  octobre 

jjJcnts  qui  servent  a  démontrer  le    suprême  empire  de  1664. 

Dieu  sur  la  volonté  de  Vhomme.  Francfort,  1773.  *  C'était  M.  de  Torreil,  frère  du    procureur  gé- 

'  Archives  de  Toulouse.  Lettre  du  10  octobre  1664  néral. 

aux  capitouls  de  Toulouse.  ^    Depping,     Correspondance     administrative    de 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Co/uc/h.XXIX,  Louis  XIV,  I,  66.  Lettre  de  Fieubet  à  Colbert. 


LIV.  II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  481 

la  session  s'annonçait  très-bien,  tout  en  lui  exprimant  le  regret  de  n'avoir 
à  donner  aux  députés  que  des  marques  de  civilité  &  des  caresses,  8t  de  ne 
pouvoir  point,  par  l'espérance  de  récompenses  plus  positives,  s'assurer  des 
dévouements  incertains.  L'ombre  des  Fouquet  l'inquiétait  aussi.  Le  coup  de 
tonnerre  qui  avait  renversé  la  fortune  de  cette  puissante  maison  avait  été  si 
rapide  Se  tellement  inattendu,  que  beaucoup  de  gens  s'obstinaient  à  ne  pas 
le  croire  définitif.  Chaque  jour  on  s'attendait  à  voir  les  portes  de  Pignerol 
s'ouvrir  au  surintendant,  &  l'archevêque  de  Narbonne  revenir  de  son  exil 
d'AIençon.  Un  homme  de  confiance  de  François  Fouquet,  qui  avait  été  son 
maître  d'hôtel  8c  qu'il  avait  fait  nommer  huissier  des  États,  contribuait  à 
entretenir  &  à  propager  ces  illusions,  répandant  parmi  les  membres  du  tiers 
état,  auprès  de  qui  sa  charge  lui  donnait  de  grandes  familiarités,  des  lettres 
de  son  maître  Se  de  l'évêque  d'Agde,  qui  tourmentaient  singulièrement  M.  de 
Bourlemont. -L'archevêque  de  Toulouse  s'en  plaignait  à  Colbert,  témoignait 
grande  envie  de  chasser  l'huissier,  mais  n'osait  s'y  résoudre,  à  cause  des  fortes 
attaches  que  la  dynastie  des  Fouquet  conservait  encore  dans  la  Province. 

Au  bout  de  quelques  séances,  les  bancs  du  clergé  se  peuplèrent,  &  bientôt, 
par  le  grand  nombre  de  maisons  que  les  évêques  avaient  fait  retenir  pour  eux 
à  Béziers,  on  put  prévoir  que  l'assemblée  serait  une  des  plus  complètes  qui 
se  fût  réunie  depuis  fort  longtemps.  Les  premiers  travaux  marchèrent  sans 
encombre.  M.  de  Bourlemont  remplissait  en  conscience  son  rôle  d'agent 
déguisé  de  Colbert,  &  le  comte  du  Roure,  principal  commissaire  aux  États, 
en  félicitait  le  ministre,  lui  disant  n'avoir  «  jamais  vu  personne  qui  agît  avec 
«  autant  de  zèle  Se  d'honneur  pour  le  service  du  roi ,  que  Monsieur  l'arche- 
«  vêque  de  Toulouse.  » 

Mais  lorsque  M.  du  Lude,  évêque  d'Albi,  l'antagoniste  acharné  de  M.  de 
Bourlemont,  eût  pris  séance  dans  l'assemblée,  &  avec  lui  le  vieil  évêque  de 
Viviers,  M.  de  Suze,  qui  subissait  entièrement  son  influence,  les  choses  chan- 
gèrent de  face  :  les  résistances  du  tiers  état,  qui  trouvèrent  alors  un  point 
d'appui,  devinrent  plus  accentuées,  &  les  orages  se  multiplièrent,  jusqu'à  la 
tempête  finale,  une  des  plus  violentes  qui  eussent  jamais  éclaté  dans  l'en- 
ceinte des  États. 

Au  début  de  la  session,  l'archevêque  de  Toulouse  s'était  flatté  d'obtenir  un 
don  gratuit  qui  dépassât  de  quelques  centaines  de  mille  francs  celui  de  l'année 
précédente  voté  en  présence  du  prince  de  Conti.  Sans  doute,  la  Province  était 
épuisée,  &  la  perte  de  diverses  récoltes,  entre  autres  celle  des  oliviers,  si  con- 
sidérable au  bas  Languedoc,  pouvait  rendre  la  victoire  difficile;  mais  le  succès 
n'en  paraissait  aussi  que  plus  glorieux,  &  la  pensée  de  remporter  un  pareil 
triomphe,  lorsque  aucun  prince  du  sang  n'assistait  à  l'assemblée  &  n'imposait 
à  ses  membres  par  le  prestige  de  sa  naissance  &  l'autorité  de  sa  parole,  plaisait 
singulièrement  à  l'amour-propre  du  prélat. 

Malheureusement,  une  circonstance  l'inquiétait.  Dès  avant  la  réunion,  l'on 
avait  fait  courir  le  bruit  qu'il  serait  obligatoire  de  ne  pas  dépasser  le  chiffre 
accordé  aux  derniers  Etats.  I,a  somme  de  quatorze  cent  mille  livres  ayant  été' 


1Û64 


— 4^2  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

votée  sous  les  yeux  &  par  l'influence  directe  du  prince  de  Conti,  donner 
davantage  en  l'absence  du  gouverneur  serait  une  offense  grave  à  sa  per- 
sonne. On  rendrait  sa  condescendance  suspecte  aux  yeux  du  roi  8c  l'on  témoi- 
gnerait d'une  étrange  irrévérence  pour  la  famille  royale  si  l'on  accordait  à  la 
seule  action  d'un  sujet  ce  que  les  désirs  d'un  prince  du  sang  n'auraient  pu 
réaliser.  Cette  théorie,  si  ingénieusement  appropriée  au  soulagement  de  la 
Province,  avait  eu  grande  faveur  à  Toulouse,  &  le  capitoul,  qui  en  avait  fait 
part  à  l'archevêque,  avouait  la  tenir  «  du  dévot  Ciron.  «  Plusieurs  députés, 
dont  l'évêque  d'Albi  était  le  chef,  s'emparèrent  de  cette  doctrine,  les  uns 
animés  d'un  désir  sincère  de  ménager  les  finances  de  la  Province  dont  la 
détresse  était  connue,  les  autres  cédant  à  des  sentiments  d'animosité  person- 
nelle contre  l'archevêque  &  désirant  enlever  à  sa  présidence  l'éclatant  succès 
qu'il  s'en  était  promis. 

Ce  fut  dans  la  séance  du  3o  décembre  que  les  hostilités  se  firent  jour.  Une 
première  offre  de  don  gratuit  de  douze  cent  mille  livres,  faite  par  les  États, 
ayant  été  rejetée,  selon  l'usage,  par  les  commissaires  du  roi,  8t  l'assemblée 
procédant  à  une  nouvelle  délibération,  les  efforts  de  M.  de  Bourlemont  pour 
faire  élever  la  somme  à  seize  cent  mille  francs  échouèrent  devant  l'interven- 
tion énergique  de  l'évêque  d'Albi. 

M.  du  Lude,  en  votant  pour  quatorze  cent  mille  livres,  motiva  longuement 
son  opinion.  Il  déclara  que  Son  Altesse  ayant  accepté  cette  somme  aux  der- 
niers Etats  avait  posé  des  colonnes  d'Hercule  qu'on  ne  devait  jamais  franchir. 
Il  ajouta  que,  sans  doute,  les  choses  de  gouvernement  ressemblaient  à  une 
horloge  dont  le  peuple  devait  seulement  lire  les  heures  &  ne  pas  voir  les  res- 
sorts, mais  que,  dans  cette  assemblée,  il  était  permis  d'ouvrir  l'enveloppe  pour 
se  rendre  compte  du  mouvement;  que,  dans  le  moment  présent,  les  guerres 
étant  finies,  on  ne  voyait  point  d'occasion  de  dépenses  extraordinaires,  ni 
rien  qui  pût  légitimer  une  augmentation  de  don  gratuit. 

L'avis  de  l'évêque  d'Albi  rallia  la  grande  majorité  des  suffrages,  &.,  à  part 
trois  voix  rebelles,  celles  des  députés  de  Carcassonne,  de  Béziers  &  d'Alet,  on 
vota  quatorze  cent  mille  livres. 

MM.  du  Lude  St  de  Suze  voulaient  même  faire  écrire  une  lettre  collec- 
tive des  Etats  au  prince  de  Cx)nti,  afin  d'obtenir  une  réduction,  alléguant 
l'extrême  pauvreté  de  la  Province,  8c  cette  mesure  menaçait  d'être  favorable- 
ment accueillie  du  tiers  état,  quand  M.  de  Bourlemont,  pour  y  couper  court, 
désigne  précisément  ses  deux  adversaires  pour  aller  porter  au  comte  du  Roure 
la  nouvelle  offre  du  don  gratuit.  Le  droit  du  président  était  formel  :  les  deux 
évêques  obéissent  Si  sortent  de  l'assemblée. 

Pendant  leur  absence,  l'archevêque  de  Toulouse  précipite  les  affaires  8c  se 
hâte  de  lever  la  séance.  Il  s'était  déjà  déshabillé,  8c  quelques-uns  des  prélats 
avec  lui,  quand  reparaissent  MM.  du  Lude  8c  de  Suze.  Lorsqu'ils  virent  la 
chaise  du  président  déserte  8c  la  plupart  des  bancs  dégarnis,  quoiqu'il  fût 
d'usage  d'attendre  en  séance  les  délégués  des  trois  ordres,  l'emportement  de 
•l'évêque  d'Albi  tut  extrême.  Il   court  à  la  chambre  des  comptes,  somme  les 


LIV.    II,   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  433 

prélats  de  reprendre  leurs  habits  &  de  rentrer  à  leurs  places.  «  Quand  une 
fois  les  séances  sont  levées,  répondit  fièrement  l'archevêque  de  Toulouse, 
«  on  ne  les  recommence  pas  ainsi;  »  pour  se  délivrer  de  ces  obsessions,  il 
ajouta  que  «  si  la  chose  lui  paroissoit  convenable,  on  seroit  toujours  à  temps 
«  de  se  réunir  après  dîner.  * 

Il  comptait  bien  n'en  rien  faire,  &  peu  d'instants  après  cette  scène,  en  écri- 
vant à  Colbert  le  détail  de  ce  qui  venait  de  se  passer,  il  terminait  en  disant  : 
«  Je  suis  résolu  de  ne  pas  entrer  cette  après-dînée,  ni  demain,  ni  après,  qui 
«  sont  têtes,  afin  de  leur  donner  le  temps  de  s'apaiser.  «  Il  se  plaignait  amè- 
rement de  son  adversaire.  «  C'est  merveille,  poursuivait-il,  que  le  parterre  se 
«  maintienne  encore  en  si  bonnes  intentions,  ayant  un  homme  dans  le  pre- 
«  mier  banc  qui  le  détourne  autant  qu'il  peut.  » 

L'homme  du  premier  banc  fit  si  bien,  communiqua  si  adroitement  sa  pas- 
sion à  la  plus  grande  partie  de  l'assemblée,  menaçant  de  tenir  séance  malgré 
l'absence  du  président  8c  de  monter  lui-même  à  sa  chaise  si  M.  de  Suze, 
doyen  des  évêques,  refusait  de  s'y  mettre,  qu'en  dépit  de  toutes  ses  résolutions 
8c  de  ses  promesses  à  Colbert,  M.  de  Bourlemont,  pour  éviter  un  plus  grand 
éclat  8c  la  chance  possible  de  délibérations  contradictoires,  se  vit  contraint 
d'entrer  en  séance  après  dîner. 

Comme  on  pouvait  s'y  attendre,  les  récriminations  éclatèrent.  M.  du  Lude 
reprocha  hautement  à  l'archevêque  d'avoir  levé  la  séance  avant  le  retour  des 
délégués.  «  Si  l'assemblée  m'eût  dit  de  vous  attendre,  répond  le  président, 
«  je  l'aurois  fait.  —  Elle  vous  l'a  dit,  réplique  brusquement  M.  du  Lude. 
«  —  Tout  le  monde,  ici,  m'est  témoin,  reprend  l'archevêque,  qu'elle  ne  me 
«  l'a  point  dit.  »  A  cette  dénégation,  la  colère  de  l'évêque  d'Albi  ne  connaît 
plus  de  bornes.  «  On  vous  l'a  dit!  on  vous  l'a  dit!  »  répéta-t-il  à  plusieurs 
reprises,  6c  comme  Bourlemont,  qui  avait  hâte  d'arrêter  l'orage,  se  contentait 
d'ajouter  :  »  Laissons  tout  cela  8c  faisons  nos  affaires,  »  M.  du  Lude  lui  jeta 
cette  brutale  apostrophe  :  «  Vous  êtes  indigne  d'occuper  la  place  où  vous  êtes!  » 

La  lettre  au  prince  de  Conti  fut  votée  8c  rédigée,  «  assez  mal  tissue,  »  s'il 
faut  en  croire  M.  de  Bourlemont.  On  n'y  ajouta  pas  cette  clause  que  deman- 
dait l'évêque  d'Albi,  qu'avant  la  réponse  toute  délibération  serait  suspendue. 
L'archevêque  de  Toulouse  était  certain  que  le  prince  de  Conti  n'aurait  con- 
naissance de  la  missive  des  États  qu'après  leur  séparation.  En  sortant  de  la 
séance,  des  amis  communs  s'empressèrent  autour  des  deux  prélats  Se  les 
contraignirent  à  s'embrasser. 

Quelques  jours  après,  M.  du  Lude  alla  souper  chez  M.  de  Bourlemont; 
mais  personne  ne  croyait  à  une  réconciliation  sincère.  Quelques  instants 
avant  de  se  mettre  à  table,  l'archevêque  de  Toulouse  écrivait  à  Colbert  : 
(i  Vous  savez.  Monsieur,  que  lorsqu'en  un  chariot  il  y  a  des  chevaux  qui 
<(  reculent  8c  d'autres  qui  veulent  avancer,  on  ne  fait  pas  grand  chemin, 
«  quelque  peine  que  prenne  le  cocher.  » 

Cependant,  les  exigences  des  commissaires  du  roi  augmentaient,  selon  la 
coutume,  avec  les  condescendances  de  l'assemblée.  Ils  demandèrent  que  la 

XIII.  j8 


1664 


i66a 


434  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Province  se  chargeât  des  frais  de  transport  du  don  gratuit  à  Paris  81  consentît 
à  payer  d'avance  par  mois.  C'était  un  surcroît  de  dépenses  de  cinquante 
mille  livres.  La  délibération  en  fut  renvoyée  au  11  février.  Toute  la  nuit,  il 
y  eut  grand  mouvement  chez  les  adversaires  de  l'archevêque.  Il  fut  tenu  des 
conciliabules,  dont  M.  du  Lude  était  l'âme  &  où  quelques  évêques  «  haus- 
«  soient  le  menton  à  ceux  du  parterre  pour  tout  refuser.  »  Grâce  à  la  vigi- 
lance de  sa  police  particulière,  M.  de  Bouilemont  était  averti  de  tout.  En  se 
rendant  aux  Augustins,  il  passa  chez  l'intendant,  &.  lui  dit  :  «Je  vais  aux 
«  États  avec  l'assurance  de  ne  rien  obtenir  ce  matin,  à  cause  des  cabales  qui 
«  se  sont  faites  toute  la  nuit,  ■»  &  il  n'oublia  pas  de  lui  nommer  l'instigateur 
de  ces  émotions. 

En  effet,  l'effervescence  était  extrême  ;  tous  les  consuls,  échauffés  par  les 
entretiens  de  la  nuit,  ne  parlaient  de  rien  moins  que  de  rejeter  les  deux 
propositions.  Quand  il  fallut  en  venir  aux  voix,  le  capitoul  de  Toulouse 
lui-même,  choisi  par  Fieubet,  déclara  que  l'affaire  ne  lui  semblait  pas  bien 
éclaircie  Se  qu'il  demandait  du  temps  pour  y  songer.  Cette  opinion  entraîna 
le  vote  de  tous  les  bancs  inférieurs.  Bourlemont,  reconnaissant  qu'il  ne 
pouvait  attaquer  de  front  une  résistance  aussi  bien  concertée,  changea  de 
tactique.  Il  mit  en  question  diverses  affaires  particulières  de  mince  impor- 
tance, afin  de  laisser  tomber  la  première  fougue;  puis,  revenant  au  sujet 
principal  :  «  Je  me  suis  bien  aperçu,  dit-il,  que  vous  avez  pris  de  méchants 
«  conseils  pendant  la  nuit;  puisque  vous  voulez  différer  les  affaires  du  roi, 
«  je  vais  envoyer  un  courrier  à  la  Cour,  &  avant  qu'il  revienne,  je  n'en 
«  mettrai  aucune  en  délibération.  »  Il  ajouta  qu'il  était  marri  que  cette 
mauvaise  conduite  gâtât  tout  ce  qu'ils  avaient  fait  de  bien  jusqu'à  cette 
heure. 

La  question  écartée",  les  députés  du  tiers  état  deînandèrent  que  l'assemblée 
leur  votât  la  montre  de  grâce  :  c'était  une  indemnité  de  séjour  supplémen- 
taire, que  les  règlements  des  Etats  laissaient  à  la  disposition  du  président  & 
qui  était  entre  ses  mains  un  des  moyens  d'action  les  mieux  appréciés  des 
consuls  &  des  diocésains.  L'évêque  d'Albi  8c  ses  partisans  avaient  promis  aux 
intéressés  de  faire  voter  en  séance  la  montre  de  grâce.  L'archevêque  de  Tou- 
louse renversa  brusquement  leurs  illusions.  A  la  réquisition  formelle  qui  lui 
fut  adressée,  il  se  contenta  de  répondre,  sans  s'émouvoir,  qu'il  n'y  avait  pas 
là  matière  à  délibération  Sx.  qu'on  n'obtiendrait  rien  de  lui  par  ces  voies-là. 
Comme  le  règlement  des  Etats  le  voulait  ainsi,  les  réclamations  du  parterre 
n'eurent  point  d'écho. 

Lorsque  les  consuls  s'aperçurent  qu'ils  avaient,  par  leur  imprudence,  com- 
promis leur  indemnité,  ils  commencèrent  à  envisager  la  question  sous  un 
jour  nouveau.  Les  susceptibilités  ombrageuses  de  leur  patriotisme  s'apaisè- 
rent, la  misère  de  la  Province  leur  parut  moins  écrasante,  &  au  sortir  de  la 
séance  ils  allèrent  tous  au  logis  de  l'archevêque  lui  demander  pardon  de  leur 
faute  Si  solliciter  la  montre  de  grâce,  à  cause  de  la  longueur  des  États  qui 
avaient  duré  vingt-cinq  jours  de  plus  que  les  précédents. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  435 

IjS.  situation  était  trop  belle  pour  que  M.  de  Bourlemont  se  dessaisît  de  ses 
avantages.  Il  répondit  à  Messieurs  du  tiers  état  :  «  Tant  que  vous  croirez  de 
«  mauvais  conseils,  vous  n'avez  rien  à  espérer  j  il  faut  songer  à  faire  les  affaires 
«  du  roi,  St  après  je  penserai  aux  vôtres.  » 

Le  lendemain  matin,  toutes  les  exigences  des  commissaires  furent  votées 
d'enthousiasme  Se  presque  à  l'unanimité.  L'archevêque  se  hâta  d'annoncer  à 
Colbert  ce  nouveau  triomphe. 

Dans  l'après-dînée,  nouvelle  séance.  Cette  fois,  il  s'agissait  d'obtenir  des 
États  une  somme  de  quarante  mille  livres  pour  rendre  navigables  les  graux 
de  la  Méditerranée.  Ce  fut  l'occasion  de  nouveaux  orages, 

M.  de  Suze,  qui  vota  le  premier,  refusa  les  fonds.  L'archevêque  l'avait 
annoncé  d'avance  à  Colbert.  Le  comte  de  Polignac  &  le  baron  de  Florac,  l'un 
gendre,  l'autre  fils  du  comte  du  Roure,  premier  commissaire  du  roi ,  opinè- 
rent pour  la  négative,  au  grand  scandale  du  président.  Le  capitoul  qui 
avait  inspiré  tant  d'illusions  suivit  l'exemple  de  l'évêque  &  des  deux  barons. 
Enfin,  le  consul  de  Montpellier,  à  qui  M.  de  Bourlemont  avait  enseigné  sa 
harangue,  ouvrit  le  premier  l'avis  d'accorder  quarante  mille  livres  pour  la 
réparation  des  graux.  Alors  M.  du  Lude  fut  hors  de  lui  5  il  s'exclama  qu'il 
ne  pouvait  comprendre  qu'on  fît  voter  après  dîner  sur  une  affaire  de  cette 
importance,  8c  comme  il  était  fort  tard,  qu'il  commençait  à  faire  nuit  dans  la 
salle  8c  que  la  livrée  des  États  venait  d'apporter  des  flambeaux  :  «  Je  vois  bien, 
«  dit  l'évêque  d'Albi,  que  nous  allons  faire  les  funérailles  de  la  Province!  « 
Il  ajouta  que  c'était  une  ineptie  &c  une  illusion  de  vouloir  faire  accorder  de 
l'argent  l'année  même  de  la  demande,  &  qu'il  suffisait  d'envoyer  des  commis- 
saires visiter  les  lieux  Se  préparer  un  rapport  aux  États  prochains. 

M.  de  Bertier,  évêque  de  Montauban,  soutint  la  proposition}  il  exposa, 
dans  un  beau  langage,  qu'en  matière  de  commerce  le  temps  était  précieux,  8c 
que  de  tels  établissements  ne  devaient  point  se  remettre.  Se  relevant  la  méta- 
phore de  M.  du  Lude  ;  «  Ces  flambeaux  ne  sont  pas  ici,  dit-il,  pour  faire  les 
Cl  funérailles  de  la  Province,  mais  pour  assister  de  lumières  ceux  qui  en  ont 
«  besoin.  » 

Le  baron  de  Calvisson,  qui  lui  succéda,  «  parla  fièrement  contre  les  graux.  » 
Comme  il  s'exprimait  en  phrases  redondantes  8c  cadencées,  M.  de  Bertier  dit 
tout  bas  k  son  voisin  :  «  Il  parle  en  rimes.  »  —  u  II  parle  en  gentilhomme  8c 
a  en  homme  d'honneur,  8c  non  point  en  flatteur!  »  s'écria  M.  du  Lude.  On 
fit  signe  à  M.  de  Bertier  de  ne  pas  répondre,  8c  les  opinions  continuèrent. 
Trois  évêques  seulement  furent  favorables  :  Carbon  Se  les  deux  Bertier.  Pas 
un  seul  baron  ne  les  suivit.  M.  de  Bourlemont,  qui  avait  les  meilleures  rai- 
sons du  monde  pour  être  sûr  du  parterre  depuis  l'affaire  des  montres  de 
grâce,  crut  remarquer  pourtant  que  l'unanimité  des  barons  8c  la  presque 
unanimité  des  évêques  pouvaient  amener  quelque  défection  aux  bancs  infé- 
rieurs. Il  défendit  donc  au  greffier  de  compter  les  voix  8c  de  prononcer  le 
résultat  du  vote;  8c  prenant  lui-même  la  parole,  il  représenta  à  la  compagnie 
combien  l'affaire  était  importante,  combien   le  roi   l'avait  à  cœur,  8c  que, 


1664 


i66.} 


436  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

s'agissant  de  plaire  à  Sa  Majesté  &.  de  lui  donner  satisfaction,  il  croyait  devoir 
les  avertir  de  la  liberté  qu'avait  chacun  de  se  réduire  avant  la  publication  des 
opinions.  Cela  dit,  il  fit  lire,  l'un  après  l'autre,  tous  les  noms  des  votants. 
Deux  barons  seulement  se  rétractèrent  :  MM.  de  Lanta  Si  de  La  Gardiolle. 
Les  évêques  de  Viviers  Se  d'Albi  jetèrent  les  hauts  cris,  disant  qu'ils  ne  se 
réduiraient  jamais;  le  tiers  état,  qui  avait  compris  l'allusion  délicate  de  l'ar- 
chevêque, vota  tout  entier,  à  l'exception  de  deux  ou  trois  consuls  qui  dépen- 
daient de  l'évêque  d'Albi,  l'emprunt  de  quarante  mille  livres  destiné  à  la 
réparation  des  graux  &  la  nomination  des  commissaires  pour  en  ordonner 
l'emploi  de  concert  avec  les  agents  de  Sa  Majesté,  avec  prière  au  roi  d'ajouter 
à  cette  somme  vingt  mille  livres  prises  sur  la  Foraine. 

a  Messieurs,  dit  alors  M.  de  Bourlemont,  la  sérénité  du  triomphe  sur  le 
visage,  nous  pourrons  finir  après-demain  &  donner  la  bénédiction;  «  Se  se 
tournant  du  côté  des  évêques  8<.  des  barons  :  «  Et  demain  matin,  poursuivit-il, 
ft  avec  votre  permission,  nous  donnerons  la  montre  de  grâce  à  ces  Messieurs, 
«   qui  ont  bien  servi  le  roi  &  la  Province.  « 

A  cette  brusque  déclaration,  un  frémissement  de  surprise  parait  sur  les 
bancs  du  clergé  Se  de  la  noblesse.  Il  fait  nuit  noire;  l'archevêque  se  lève  pour 
quitter  sa  place.  «  Je  vous  en  empêcherai,  «  lui  crie  M.  du  Lude.  Bourlemont 
secoue  la  tête  sans  répondre,  6t  se  dirige  vers  la  chambre  des  comptes.  Quand 
il  passa  devant  l'évêque  d'Albi,  celui-ci  lui  dit  en  face  ;  «Vous  êtes  un  fripon! 
«  ce  sont  là  des  tours  de  fripon!  »  Le  bruit  qui  se  faisait  dans  l'assemblée  Se 
la  surdité  de  l'archevêque  l'empêchèrent  de  distinguer  ces  paroles.  Se  il  con- 
tinua sa  marche,  suivi  des  officiers  de  la  Province  Se  de  tout  le  parterre,  à 
l'exception  des  consuls  d'Albi. 

Le  clergé  Se  la  noblesse  étaient  demeurés  à  leurs  places,  au  milieu  d'une 
extrême  agitation.  On  se  plaignait  que  la  montre  de  grâce  eut  été  accordée 
aussi  despotiquement  par  l'archevêque,  sans  communication  préalable-  aux 
titulaires.  L'évêque  d'Albi  profite  de  ce  mécontentement;  il  entraîne  M.  de 
Suze  au  siège  de  la  présidence  Se  l'y  fait  asseoir;  la  séance  va  continuer;  on 
veut  défaire  ce  qui  vient  d'être  fait. 

Cependant  les  amis  de  l'archevêque  venaient  de  lui  rapporter,  tandis  qu'il 
se  déshabillait  dans  la  chambre  des  comptes,  les  paroles  outrageantes  de  son 
rival.  Il  remet  son  camail  à  la  hâte  Se  rentre  dans  la  salle.  Monté  sur  les 
bancs  d'en  haut,  il  aperçoit  un  évêque  dans  sa  chaise.  Se  le  prenant  pour 
M.  du  Lude,  il  court  à  lui  en  lui  criant  d'une  voix  furieuse  :  «  Sors  de  là, 
«  infâme  coquin  !  «  puis,  reconnaissant  M.  de  Suze,  il  se  radoucit  Se  lui  dit  d'un 
ton  plus  modéré  :  «  Monsieur,  vous  êtes  dans  ma  place!  »  —  «  Elle  est  à  moi 
«  comme  à  vous,  répond  le  vieillard,  parce  qu'elle  est  du  clergé.  »  —  «  Cela 
«  est  vrai,  répond  l'archevêque,  quand  je  n'y  suis  pas  ou  que  je  n'y  veux  pas 
«  être.  »  M.  de  Suze  lui  répliqua  :  «  Si  la  place  étoit  à  disputer  entre  nous 
«  deux,  je  vous  la  ferois  bien  quitter.  «  Mais  Bourlemont  l'enlaça  doucement 
avec  ses  deux  bras  Se  l'aida  à  descendre  de  sa  place.  L'évêque  d'Albi  qui  se 
Tenait  derrière  M.  de  Suze  allongea  le  bras  vers  M.  de  Bourlemont  Se  lui  pré- 


LIV.   II,   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  487 

senta  le  poing  au  visage.  Tous  ces  mouvements  se  firent  avec  tant  de  violence 
que  le  camail  tle  l'archevêque  en  tut  déboutonné.  «  Vous  devriez  avoir  honte, 
<i  criait  Bourlemont,  de  faire  des  actions  de  traître  &  de  coquin!  » 

Le  trésorier  des  États,  Reich  de  Pennautier,  sortit  à  la  hâte  pour  aller 
avertir  les  commissaires  du  roi.  Lorsque  le  comte  du  Roure  arriva  avec  l'inten- 
dant, nombre  d'évêques  St  de  barons  s'étaient  interposés  entre  les  trois  prélats 
&  avaient  mis  fin  à  la  lutte.  L'archevêque  de  Toulouse  avait  repris  place  dans 
sa  chaise.  L'entrée  des  commissaires  du  roi  rétablit  un  peu  de  calme  dans 
l'assemblée;  ils  furent  remerciés  de  leurs  bons  offices,  8t  pour  donner  un  gage 
de  satisfaction  aux  deux  premiers  ordres,  on  mit  en  délibération  la  montre 
de  grâce  du  tiers  état  qui  fut  votée  avec  le  consentement  des  titulaires.  La 
«  comédie  »  comme  Bourlemont  l'écrivit  lui-même  à  Colbert,  se  termina  par 
des  embrassements  réciproques. 

Le  lendemain  on  traita  de  la  question  du  dessèchement  des  marais  d'Aigues- 
mortes  j  mais  les  esprits  étaient  tellement  surexcités  par  les  scènes  de  la  veille, 
qu'il  fut  impossible  de  rien  obtenir.  M.  de  Grignan,  évêque  d'Uzès,  sur  le 
rapport  duquel  on  avait  sérieusement  compté,  parla  en  sens  contraire.  L'ar- 
chevêque de  Toulouse  qui  avait  hâte  de  mettre  fin  à  cette  orageuse  session, 
leva  la  séance.  Se,  suivant  l'usage,  donna  la  bénédiction  à  l'assemblée. 

M.  de  Bezons,  dans  une  lettre  confidentielle  à  Colbert,  exprima  le  regret 
que  le  président  eût  donné  trop  tôt  la  montre  de  grâce  qu'il  aurait  pu  différer 
après  le  vote  d'Aigues-mortes.  Quant  à  l'archevêque,  il  rendit  compte  au 
ministre  de  tout  ce  qui  s'était  passé.  «  En  vérité.  Monsieur,  lui  disait-il  en 
«  terminant,  je  vous  prie  de  me  faire  cette  grâce  de  représenter  au  roi  qu'il 
<c  est  impossible  que  je  le  serve  bien  dans  les  Etats,  quand  Monsieur  d'Albi  y 
«  sera.  Pour  l'autre,  comme  il  n'y  a  que  de  la  foiblesse,  cela  ne  me  met 
«   point  en  peine  !  » 

Le  commencement  de  l'année  i665  fut  marqué  à  Toulouse  par  de  grands 
désordres.  Des  assassinats  8c  des  vols  se  commettaient,  de  jour  comme  de  nuit, 
dans  la  ville  Si  dans  les  faubourgs.  Des  vagabonds,  des  gens  sans  aveu,  des 
écoliers  querelleurs,  des  boursiers  de  collège  portant  l'épée  Se  battant  l'estrade 
cherchaient  querelle  aux  passants,  enfonçaient  les  portes,  daubaient  sur  les 
bourgeois  paisibles,  insultaient  les  femmes.  On  renouvela  les  anciennes 
ordonnances  qui  défendaient  le  port  d'armes.  Si  les  capitouls  parcoururent 
la  ville  Si  visitèrent  les  collèges  pour  ôter  l'épée  à  quiconque  n'était  pas 
gentilhomme  ou  n'avait  pas  servi  le  roi  dans  ses  armées'.  La  main-forte 
capitulaire,  composée  seulement  de  quarante  hommes  Si  très-souvent  réduite 
par  des  maladies  ou  par  le  service  de  la  levée  des  tailles,  ne  suffisait  pas  au 
maintien  de  l'ordre,  81  plus  d'une  fois  le  corps  de  garde  se  trouva  vide  quand 
les  capitouls  voulurent  faire  le  guet.  La  troupe  de  police  fut  augmentée  de 
dix  soldats*. 


■  Annales  manuscrites,  IX,  p.  73.  p.  369.   Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du   3  jan- 

'  A11.I11VCS  de  Toulouse.  Livre  des  Conjei/j,  XXIX,        yier  166Ô. 


i66j 


i665 


i665 


.(38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Un  arrêt  du  grand  conseil  ordonna  l'arrestation  de  M.  de  Chastenet,  con- 
seiller au  Parlement  de  Toulouse.  L'exécution  de  cet  arrêt,  accompagné  de 
lettres  patentes  d'attache  du  prince  deConti,  fut  confiée  à  un  groupe  d'hom- 
mes qui  se  présentèrent,  le  26  janvier  i665,  armés  d'épées  8c  de  pistolets,  au 
domicile  du  magistrat.  Le  greffier  criminel  Percin  qui  eut  d'abord  affaire  à 
eux,  courut  se  plaindre  aux  capitouls  qu'on  avait  tenté  de  l'assassiner.  La 
main-forte  surprit  les  six  estafiers  dans  une  auberge  du  quartier  de  la  Dal- 
bade,  à  l'enseigne  de  la  ville  de  Perpignan.  A  peine  avait-on  écroué  les  pri- 
sonniers, que  le  président  de  Donneville  vint  les  réclamer  avec  éclat,  déclarant 
les  avoir  chargés  de  l'ordre  d'arrestation  contre  le  conseiller  Chastenet.  De 
son  côté,  le  greffier  81  sa  mère  demandaient  justice.  Tiraillés  en  sens  contraire, 
les  capitouls  furent  obligés  de  se  rendre  lorsqu'on  leur  présenta  des  lettres  de 
chancellerie  obtenues  par  les  captifs  à  l'adresse  du  grand  conseil,  avec  défense 
de  passer  outre;  8c,  quand  le  chef  de  la  bande  exhiba  l'arrêt  Se  l'ordonnance 
du  gouverneur,  il  y  eut  encore  quelques  débats  de  forme,  les  capitouls  deman- 
dant une  requête  de  mise  en  liberté,  à  quoi  le  président  ne  voulut  consentir, 
sous  prétexte  qu'on  avait  manqué  de  respect  à  sa  qualité. 

L'élargissement  des  prisonniers  fut  décidé  en  conseil  de  bourgeoisie,  8c  une 
députation  de  six  membres,  dont  deux  capitouls,  dut  aller  présenter  ses  excuses 
au  président  8c  déclarer  qu'on  n'avait  agi  que  par  mouvement  de  justice  8c 
qu'on  serait  toujours  prêt  à  donner  assistance  pour  l'exécution  des  arrêts  du 
grand  conseil  8c  des  ordonnances  du  gouverneur'. 

Colbert,  en  quête  de  fonds  pour  la  compagnie  des  Indes  qu'il  essayait 
d'établir,  pria  les  capitouls  de  Toulouse  d'exhorter  les  marchands  à  prendre 
intérêt  dans  cette  entreprise.  Les  consuls  de  la  bourse  furent  assemblés;  mais 
le  commerce  toulousain  était  si  pauvre  8c  si  peu  audacieux  qu'on  ne  put  rien 
obtenir  de  la  réunion.  Prieurs  8c  consuls  s'excusèrent  sur  leur  impuissance  Se 
sur  la  ruine  du  négoce. 

Le  premier  président  Fieubet,  qui  prenait  l'affaire  fort  à  cœur,  vint  assister 
plusieurs  fois  au  conseil  de  bourgeoisie  avec  ses  avocats  8c  procureurs  géné- 
raux, deux  conseillers  commissaires  8c  le  viguier  de  Toulouse. 

Douze  commissaires,  chargés  d'étudier  les  ressources  du  pays  8c  de  proposer 
un  système  de  cotisation,  tinrent  plusieurs  séances  8c  n'aboutirent  pas.  On 
ne  pouvait  compter  sur  des  souscriptions  volontaires  de  la  part  des  officiers 
royaux  ou  des  simples  particuliers,  à  cause  de  l'insuffisance  de  leur  fortune, 
8c  le  peu  qu'ils  auraient  fourni  par  forme  de  capitation  ou  de  taxe  devait 
entraîner  des  difficultés  de  perception  dont  on  s'effrayait. 

Faute  de  mieux,  il  fut  décidé  que  la  ville  souscrirait  en  corps  pour  une 
somme  importante. 

Le  chef  du  consistoire  Caumels  parla  chaleureusement  devant  le  conseil, 
rappelant  les  bienfaits  du  roi  8c  la  nécessité  de  lui  plaire.  Anne  de  Ferrières, 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX,  p.  24.  Consistoire.  Séance  du  27  janvier  \665. 
Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du   28   j.mvier   i665. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  489 

rapporteur  de  la  commission,  fit  Valoir  l'utilité  que  tirait  la  ville  de  la  confir- 
mation de  ses  privilèges,  de  l'abonnement  des  tailles,  du  maintien  des  droits 
de  commutation  8c  de  subvention  St  déclara  que,  malgré  les  dettes  dont  elle 
se  trouvait  obérée,  elle  ne  pouvait  refuser  son  concours  à  l'extension  du  com- 
merce français. 

On  débattit  longuement  la  somme,  les  avis  variant  de  soixante  k  cent  mille 
livres,  Se  les  moyens  de  la  réunir,  les  uns  voulant  qu'elle  fût  prise  sur  la 
recette  des  impôts,  les  autres  qu'on  fît  un  emprunt. 

La  pluralité  des  voix  fut  pour  une  souscription  de  cent  vingt  mille  livres 
payables  en  trois  ans  par  termes  égaux.  On  devait  demander  d'abord  dix  mille 
livres  à  la  caisse  de  la  commutation  &  trente  mille  à  celle  de  la  subvention. 
6c  se  procurer  le  reste  par  emprunt  ou  par  impôt  sur  toutes  personnes  privi- 
légiées &c  non  privilégiées;  on  chercberait  surtout  à  trouver  des  fonds  en 
levant  rigoureusement  les  arrérages  des  tailles.  Cette  opération  était  d'autant 
plus  nécessaire  que  les  deniers  de  la  commutation  8c  de  la  subvention  se 
trouvaient  réservés  de  droit  pour  les  créanciers  de  la  ville  8c  que  les  réponses 
du  roi  au  cahier  de  1660  défendaient  d'en  faire  aucun  divertissement'. 

Dès  le  i3  avril,  les  commissaires  qui  tenaient  les  clefs  des  coffres  avaient 
l'ordre  de  faire  partir  quarante  mille  livres  par  le  prochain  courrier,  pour  le 
versement  du  premier  terme*. 

Il  fallut  alors  aborder  l'épineuse  affaire  des  arrérages. 

Les  sommes  dues  pour  les  tailles  se  répartissaient  sur  une  période  de  huit 
ans,  depuis  1643  jusqu'en  i65i,  l'année  164g  n'y  était  pas  comprise  parce 
qu'on  n'y  avait  levé  aucune  imposition. 

Les  membres  du  Parlement  8c  les  anciens  capitouls  tenaient  une  grande 
place  parmi  ces  débiteurs  attardés,  justifiant  une  fois  de  plus  les  réflexions 
sévères  de  Mazarin  8c  de  Colbert  sur  l'égoïsme  des  privilégiés. 

On  fit  dresser  un  état  de  tous  ces  débiteurs  en  mettant  à  part  la  liste  des 
officiers  de  la  cour  8c  celle  des  bourgeois.  Faute  de  satisfaction  volontaire,  on 
devait  procéder  par  voie  d'exaction. 

Il  s'éleva  une  discussion  assez  orageuse  pour  savoir  si  la  dette  des  retarda- 
taires ne  devait  pas  être  réduite.  Plusieurs  pensaient  que  pareille  réduction 
serait  de  fâcheux  exemple  &c  semblerait  donner  un  encouragement  aux  mau- 
vais payeurs.  Ils  condamnaient  d'autant  plus  cette  espèce  de  gratification 
accordée  à  l'inexactitude  que  la  ville  avait  dû  emprunter  pour  combler  ce 
déficit  Se  qu'elle  payait  chaque  jour  les  intérêts  de  ces  emprunts. 

D'autres  au  contraire  soutenaient  que,  par  suite  du  temps  écoulé,  maint 
débiteur  comptait  sur  l'abandon  de  la  créance,  que  le  temps  était  rude  Se 
l'année  stérile,  qu'on  rencontrerait  beaucoup  de  résistance,  qu'il  faudrait  faire 
des  saisies  8c  des  procédures  sans  fin,  tandis  qu'une  honnête  remise  dispose- 


'  ArchiTes  de  Toulouse.  Livre  Jes  Conseils,  XXIX,  '  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX, 

p.  32.  Conseil  de    bourgeoisie.  Séance  du  3   mars       p.  35   Conseil  de  bourgeoisie.  Sianco  du   i3  avril 
i6â3.  i665. 


1065 


i665 


440  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

rait  chacun  à  faire  un  effort.  La  présence  du  premier  président  Se  des  magis- 
trats qui  l'entouraient  assurait,  d'ailleurs,  disait-on,  un  caractère  de  légalité 
aux  réductions  que  l'assemblée  consentirait'. 

Ce  dernier  avis  l'emporta,  &  l'on  réduisit  les  arrérages  du  tiers.  Les  paye- 
ments volontaires  qui  devaient  être  faits  entre  les  mains  du  trésorier  de  la  ville 
Dalbière  furent  échelonnés  en  trois  termes  Si  fixés  au  i"  août,  i^"^  décembre 
Se  I"  mars.  Passé  ce  délai,  on  userait  de  contrainte. 

Le  terme  du  i"  août  fut  prorogé  au  i5  septembre;  mais  très-peu  de  débi- 
teurs s'exécutèrent.  Au  19  décembre,  il  n'y  avait  que  trois  mille  cinq  cents 
livres  dans  la  caisse  du  trésorier.  On  accorda  un  nouveau  délai  jusqu'au  i^"'  jan- 
vier, en  promettant  force  rigueurs  pour  qui  le  dépasserait.  Se  l'on  décida  que 
les  poursuites  commenceraient  par  les  dix  plus  forts  reliquataires  de  chaque 
capitoulat  dont  la  liste  serait  lue  en  plein  conseil.  On  en  fit  autant  de  la  liste 
des  anciens  capitouls  qui  dut  être  affichée  dans  le  consistoire.  On  poussa 
même  la  sévérité  jusqu'à  résoudre  que  le  refus  de  payer  emporterait  la  pri- 
vation de  toutes  les  prérogatives  de  l'hôtel  de  ville  St  même  de  l'entrée  aux 
conseils^. 

Ces  mesures  comminatoires  n'eurent  point  d'effet.  Si  nous  ne  voyons  pas 
qu'il  en  ait  été  reparlé. 

Trois  ans  après,  n'ayant  encore  payé  que  le  premier  terme  de  la  souscrip- 
tion, la  ville  déchira  son  engagement  Si  fit  l'abandon  des  quarante  mille  livres 
versées  pour  se  dispenser  de  fournir  le  reste 3. 

Le  27  avril  i665,  le  conseil  d'État  rendit  un  arrêt  qui  suspendit  toutes  les 
évocations  accordées  par  le  roi  tant  aux  communautés  qu'aux  particuliers  dans 
le  ressort  du  Parlement  de  Toulouse.  Cette  décision,  qui  remettait  chacun 
sous  la  juridiction  de  ses  juges  territoriaux,  fut  publiée  en  audience  prési- 
diale,  le  11  mai  suivant,  dans  la  capitale  de  Languedoc  Si  y  causa  une  vive 
émotion. 

Le  corps  de  ville  tout  entier  y  jouissait,  en  eftet,  du  privilège  de  faire 
plaider  ses  causes  devant  des  parlements  étrangers,  depuis  les  mémorables 
luttes  qu'il  avait  soutenues  contre  la  cour  souveraine. 

On  chargea  immédiatement  le  conseil  de  robe  longue  de  rassembler  les 
éléments  d'une  requête,  Si  l'on  fit  partir  pour  Paris  Jean  de  Costa"*. 

Ce  député  vit  à  la  Cour  l'archevêque  de  Toulouse  Si  le  chancelier,  visita 
Colbert  81  La  Vrillière,  obtint,  le  26  août,  un  arrêt  qui  renvoyait  l'affaire  à 
Bezons  pour  donner  son  avis.  Si  qui,  provisionnellement,  prorogeait  l'évo- 
cation pendant  une  année.  Ce  délai  de  faveur  fut  prolongé  de  six  mois  le 
16  août  1666  \ 

'Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX,  p.  2(53.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du   22  oc- 

p.  38.    Conseil   de    bourgeoisie.  Séance  du   4   mai  tobre  1668. 

i(>('^'  ^  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX, 

'Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX,  p.  39.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  1  imai  i665. 

p.   79.  Conseil  de  bourgeoisie.   Séance  du   19  dé-  '  Archives  de  Toulouse.  livre  ieî  ConieiZi,  XXIX, 

cembre  i6ù5.  p.  |y,.  Conseil   de  bourgeoisie.  Séance  du    21  mai 

'  A.chives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX,  1667. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  441 

La  principale  cause  de  l'évocation  générale  obtenue  par  les  capitouls  était 
le  refus  que  taisaient  les  membres  du  Parlement  de  payer  leurs  tailles.  Les 
capitouls  se  trouvant  sujets  à  leur  juridiction  n'osaient  pas  agir  contre  eux 
par  voie  de  rigueur  pour  les  contraindre  à  payer.  Outre  cela,  ils  détenaient 
les  deniers  de  la  commutation  dont  l'emploi  leur  avait  été  confié  pour  un  but 
spécial,  à  l'époque  de  la  construction  du  pont.  Se  par  suite  de  l'aigreur  que 
leur  causait  la  demande  en  restitution  portée  devant  le  conseil  par  le  corps 
de  ville,  ils  avaient  lancé  plusieurs  décrets  d'arrestation  contre  les  principaux 
des  anciens  capitouls,  décrets  cassés  par  arrêt  du  conseil  comme  injurieux, 
tortionnaires  &  déraisonnables,  procédures  que  les  capitouls  considéraient 
comme  une  atteinte  à  la  liberté  de  leurs  suffrages.  Enfin  les  conseillers  & 
présidents  s'affranchissaient  eux-mêmes  des  droits  de  subvention  &  s'autori- 
saient de  leurs  charges  pour  prétendre  que  leurs  terres  étaient  nobles  8c,  par 
suite,  dégrevées  d'impôts  '. 

Le  conseil  d'Etat  termina  enfin,  le  3  mars  1667,  l'affaire  de  l'évocation  en 
repoussant  la  requête  des  capitouls  de  Toulouse  St  maintenant  la  suppression 
générale  portée  par  l'arrêt  du  27  avril  i665.  La  ville  en  fut  quitte  pour  ses 
frais  de  députation.  Se  Jean  de  Costa  pour  ses  fréquents  voyages  à  Fontaine- 
bleau Se  à  Saint-Germain  Se  ses  importunités  auprès  de  Colbert. 

Le  régime  des  évocations,  souvenir  d'une  époque  de  trouble  Se  de  justice 
incertaine,  devenait  incompatible  avec  la  régularité  que  Louis  XIV  préten- 
dait établir  dans  les  corps  judiciaires.  Se  le  retour  au  droit  commun  était  une 
conséquence  naturelle  de  l'ordonnance  de  réformation. 

Les  capitouls  de  Toulouse  levaient,  depuis  une  époque  reculée,  un  droit  de 
péage  sur  les  bois  flottés  qui  descendaient  la  Garonne.  Ce  péage  se  levait  au 
glacis  du  moulin  du  Bazacle.  Il  avait  été  compris  dans  l'impôt  désigné  sous 
le  nom  de  réserve,  qui  fut  autorisé  par  lettres  patentes  du  i5  novembre  1660. 

Le  9  juillet  i665,  un  arrêt  du  conseil  d'Etat  prescrivit  aux  capitouls  de 
remettre  devant  Colbert  les  titres  originels  de  leur  péage,  avec  défense  de 
prélever  aucun  droit  sur  les  bois  des  Pyrénées.  Le  premier  président  était 
chargé  d'informer  des  contraventions. 

L'arrêt  qualifiait  la  perception  de  ce  droit  d'attentat  à  l'autorité  royale  Se 
déniait  aux  capitouls  la  faculté  d'imposer  des  péages  sur  les  denrées  qui  pas- 
saient dans  leur  juridiction. 

Le  corps  municipal  intercéda  auprès  de  Fieubet  pour  s'épargner  une  signi- 
fication rigoureuse,  Se  proposa  d'affranchir  de  tout  droit,  non-seulement  les 
bois  destinés  à  la  marine  royale,  mais  tous  les  bois  flottés  que  les  particuliers 
feraient  descendre  par  la  Garonne  pour  servir  à  la  construction  de  navires.  Il 
y  eut  à  cet  égard  échange  de  correspondance  entre  Fieubet  Se  Colbert,  qui 
finit  par  accepter  la  transaction,  en  exigeant  un  consentement  en  bonne 
forme  des  capitouls  pour  les  deux  cas  de  franchise  proposés.  Il  voulait  bien 

•  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Consiils,  XXIX,  p.  58.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  5  septem- 
bre i665. 


i665 


~. 442  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

leur  laisser  la  jouissance  du  reste  en  considération  de  la  bonne  volonté  qu'ils 
avaient  montrée  dans  l'affaire  de  la  Compagnie  des  Indes'. 

M.  de  Seuil,  envoyé  par  le  roi  pour  visiter  les  forêts  des  Pyrénées,  se  trou- 
vait à  Toulouse  dans  les  premiers  jours  de  septembre.  Il  apprit  à  Fieubet  que 
l'intention  du  roi  était  de  faire  exempter  du  droit  de  commutation  les  toiles 
à  voiles  pour  l'équipage  des  vaisseaux  qui  passeraient  par  Toulouse. 

Le  conseil  de  bourgeoisie  se  défendit  d'avoir  jamais  prétendu  atteindre  les 
bois  destinés  aux  constructions  navales,  8c  accorda  sans  résistance  la  franchise 
réclamée  par  le  sieur  de  Seuil,  en  demandant  qu'il  fût  arrêté  une  forme  de 
certificats  de  destination  afin  d'éviter  les  fraudes^. 

A  dater  de  ce  moment,  les  bois,  toiles,  goudrons  Se  autres  matières  utiles  à 
la  marine  furent  déclarés  exempts  dans  les  contrats  des  fermiers  de  la  commu- 

tation^. 

16Û6  Anne  d'Autriche  mourut  à  Saint-Germain  en  Laye,  le  20  janvier  1666, 

vers  six  heures  du  matin.  Des  lettres  circulaires,  datées  du  3o,  furent 
adressées  à  tous  les  prélats,  grands  dignitaires  8c  compagnies  du  royaume, 
pour  leur  annoncer  l'événement  8c  prescrire  des  prières  publiques.  Louis  XIV 
mentionnait  dans  cette  épître  la  longue  8c  douloureuse  maladie  qui  avait 
tourmenté  sa  mère,  maladie  si  fort  augmentée  depuis  quelque  temps  que  les 
remèdes  humains  semblaient  plutôt  l'irriter  que  l'adoucir.  Se  rappelait  aussi, 
en  peu  de  mots,  les  soins  que  la  reine  avait  pris  de  son  éducation  8c  du 
gouvernement  pendant  sa  minorité,  8c  de  la  tendresse  qu'elle  avait  toujours 
montrée  pour  son  fils  8c  pour  ses  peuples"^. 

Il  était  d'usage  qu'une  missive  semblable  fût  adressée  au  corps  de  ville  de 
Toulouse  pour  tous  les  événements  qui  intéressaient  l'État  Se  la  famille 
royale.  Le  ministère  se  départit  de  cette  coutume  courtoise.  Se  après  avoir 
longtemps  attendu  l'accomplissement  d'une  formalité  que  le  député  Costa 
leur  avait  annoncée  de  la  Cour,  les  capitouls  se  virent  appeler  chez  le 
conseiller  du  Parlement  Cambolas,  où  étaient  réunis  plusieurs  commissaires 
5c  trésoriers  de  France,  en  vue  de  s'entendre  sur  le  service  funèbre.  Le  corps 
municipal  ne  voulant  pas  marcher  sans  ordre  direct  émané  du  roi,  le  Parle- 
ment verbalisa  contre  lui,  ce  qui  fut  rapporté  le  lendemain  au  conseil  de 
bourgeoisie.  On  y  décida  de  porter  plainte  à  La  Vrillière,  8c  cela  se  fit 
séance  tenante. 

Les  capitouls  se  disculpaient  du  reproche  de  mauvaise  volonté  Se  priaient 
le  ministre  de  les  justifier  auprès  du  roi.  «  Messieurs  du  Parlement,  disaient- 
«  ils,  sont  les  dépositaires  de  la  justice  qu'il  rend  à  ses  sujets,  mais  le  zèle 
«  de  son  service  n'est  pas  tout  renfermé  chez  le  magistrat  souverain;  il  se 

'Lettre  de   Colbert   à   Fieubet   du    4   septembre  '  Archives  de  Toulouse.  LiVre  c/fs  ConseiZj^  XXIX, 

l6âS.    Archives    de  Toulouse.    Livre    des   Comeils ,  p.   1 85.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du    !"■  sep- 

XXIX,  p.  62.  tembre  1667. 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX,  *  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX, 

■p.  59.  Conseil  de  bourgeoisie.   Sénnce  du   i5  sep-  p.  t)^.  Conseil  de  bourgeoisie.   Séance  du   8   mars 

tembre  i665.  iû66. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  443 

«  répand  chez  les  subalternes,  &  nous  pouvons  dire  que  nous  y  avons 
o  grande  part.  Nous  exécuterons  les  ordres  que  Sa  Majesté  nous  envoyera 
«  par  votre  conseil,  &.  la  pauvreté  de  la  ville  8c  les  dettes  qui  l'accablent  ne 
«   retrancheront  rien  de  la  pompe  &  de  la  dépence  de  cette  cérémonie'.  » 

Quelques  jours  après  arriva  la  lettre  royale  désirée  qui  fut  transmise  aux 
capitouls  par  le  premier  président.  On  l'avait  datée  du  3o  janvier  comme  les 
autres  circulaires,  mais  la  réponse  du  ministre  portait  la  date  du  27  février^. 

On  débattit  ensuite  avec  le  chapitre  Saint-Etienne  les  conditions  du 
service.  Les  capitouls  donnèrent  six  cents  livres  aux  chanoines,  dont  cent 
pour  la  musique,  8<,  à  ce  prix,  restèrent  maîtres  du  matériel,  tapisseries  de 
la  nef  Se  du  chœur,  lés  de  velours,  charpente  de  la  chapelle.  Les  deux  draps 
mortuaires,  celui  du  cénotaphe  8t  celui  du  convoi,  que  portaient  les  capi- 
touls, furent  prêtés  par  le  chapitre.  La  ville  fournit  le  matériel,  bois,  tentures, 
armoiries  peintes,  ainsi  que  les  flambeaux  &  les  robes  81  voiles  de  deuil  des 
pauvres  filles  qui  figuraient  au  cortège,  6t  paya  la  main  d'oeuvre  de  tous  les 
travaux  de  décoration^. 

Le  gouverneur  de  Languedoc  ne  devait  pas  tarder  à  suivre  la  reine  mère 
dans  la  tombe;  ses  dernières  années  s'étaient  écoulées  dans  les  pratiques 
d'une  piété  rigoureuse.  Sa  conscience,  entièrement  attachée  aux  maximes 
des  docteurs  étroits,  lui  reprochait  avec  obsession  les  entraînements  de  sa 
jeunesse  mondaine,  ainsi  que  les  actes  de  violence  &  les  déprédations  mili- 
taires qui  avaient  été  commis  par  ses  ordres  ou  avec  sa  tolérance  pendant  les 
guerres  de  la  Fronde.  Pour  etfacer  le  souvenir  des  folies  de  sa  jeunesse,  il 
s'était  condamné  aux  exercices  d'une  dévotion  sévère,  8t  il  avait  écrit  un 
Traité  contre  la  Comédie,  désirant  faire  oublier,  par  ce  désaveu  éclatant,  la 
passion  qu'il  avait  autrefois  témoignée  pour  ce  genre  de  spectacle.  Mais  les 
dommages  qu'il  avait  causés  ou  permis  dans  les  provinces  du  nord  Se  du 
sud-ouest,  si  rudement  foulées  par  les  gens  de  guerre  pendant  la  régence 
d'Anne  d'Autriche,  excitaient  surtout  ses  inquiétudes.  Il  voulut  se  faire 
rendre  un  compte  exact  des  pertes  que  les  peuples  pouvaient  avoir  essuyées 
par  sa  faute  en  Guienne,  en  Saintonge,  en  Berry,  dans  le  comté  de  la 
Marche,  en  Champagne  8<  au  voisinage  de  Dampvilliers.  Son  trésorier, 
Jasse,  dont  la  probité  8c  la  fidélité  peu  commune  lui  étaient  particulièrement 
chères,  recueillit  avec  soin  les  informations  les  plus  détaillées  Se  fut  chargé 
de  restituer  plusieurs  sommes  en  Guienne  8c  en  Berry.  Comme  les  répara- 
tions à  faire  étaient  considérables,  s'agissant  de  sièges  81  de  pillages,  de  villes 
incendiées  ou  démolies,  le  prince  ne  tarda  pas  à  reconnaître  que  ce  ne  serait 
pas  trop  que  d'y  consacrer  sa  fortune  entière.  Se  il  exprima  à  plusieurs  prélats 
8c  docteurs  dont  il  recherchait  les  avis  le  désir  de  vendre  tout  son  bien  pour 
satisfaire  plus  largement,  étant  prêt  à  se  réduire  à  une  existence  privée.  Ses 

'  Ktch'irti  itTo\i\ouu,  Livre  des  Conseili,Wl\,  p.  93.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance   du    8    mars 

p.  89.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  17  février  i66â. 
:  ''166.  '  Archires  de  Toulouse.  Livre  Jes  Conseils,  XXIX, 

'  Archttes  d*  Toulouse.  Livre  des  Cçrneils,  XXIX,  p. 95.  Conseilde bourgeoisie. Séancedu  îj^matsi666. 


1666 


i666 


444  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

conseillers  lui  répondirent  qu'il  devait  servir  Dieu  dans  la  condition  où  sa 
naissance  l'avait  placé;  alors  il  se  contenta  de  retrancher  toutes  les  dépenses 
superflues,  faisant  sur  ses  revenus  des  économies  annuelles  qu'il  employait 
aux  restitutions. 

Quand  on  ouvrit  son  testament,  qu'il  avait  écrit  de  sa  main,  dans  sa 
maison  de  Paris,  le  24  mai  1664,  on  y  retrouva  des  marques  éclatantes  de 
ces  préoccupations.  Ses  exécuteurs  testamentaires,  qui  furent  la  princesse  sa 
femme,  la  duchesse  de  Longueville  &  le  premier  président  Lamoignon, 
reçurent  l'ordre  exprès,  à  titre  d'obligation  de  conscience,  d'éviter  dans  ses 
funérailles  tout  luxe  de  cérémonies  inutiles,  cet  usage  étant  absolument 
éloigné  de  l'esprit  du  christianisme,  &  les  dépenses  de  telle  nature  «  estant 
«  un  superflu  que  l'on  oste  aux  pauvres.  »  Le  prince  leur  prescrivait  aussi 
de  continuer  le  système  d'épargnes  qu'il  avait  adopté  8c  de  réduire  &  modérer 
autant  que  possible  la  dépense  de  ses  enfants,  afin  de  poursuivre  les  restitu- 
tions, jusqu'à  réparation  complète  des  dommages  de  la  guerre.  Si  ses  héritiers 
directs  obtenaient  des  bontés  du  roi  ou  autrement  assez  de  bien  pour  sub- 
sister honnêtement,  ils  devaient  vendre  la  succession  entière  81  en  distribuer 
le  prix  dans  les  provinces  foulées.  Il  ordonnait  le  même  emploi  de  son  héri- 
tage dans  le  cas  où  ses  enfants  mourraient  sans  lignée,  ses  héritiers  collaté- 
raux ayant  suffisance  de  bien  d'ailleurs. 

Des  mémoires  particuliers,  annexes  au  testament,  réglaient  avec  le  plus 
grand  soin  divers  détails  des  restitutions'.  Appliquant  à  cette  œuvre  de 
réparation  chrétienne  les  procédés  d'administration  qu'il  avait  eu  l'occasion 
d'étudier  dans  son  gouvernement  de  Languedoc,  le  prince  ordonnait  que  la 
répartition  du  fonds  se  iît  au  sol  la  livre,  élection  par  élection,  en  commen- 
çant par  la  plus  pauvre  8c  n'en  secourant  qu'une  chaque  année,  après  avoir 
toutefois  indemnisé  d'abord  les  lieux  «  dont  les  ruines  avoient  esté  plus 
«  grandes  8c  publiques.  »  11  se  déclarait  d'ailleurs  solidairement  responsable 
de  tous  les  maux  causés  par  les  désordres  généraux  de  la  guerre,  lors  même 
qu'il  n'y  aurait  pas  eu  de  participation  directe,  mais  sous  la  réserve  de 
réparer  d'abord  les  excès  commis  d'après  ses  ordres  ou  seulement  par  ses 
troupes. 

Certaines  prescriptions  étaient  particulières  à  la  province  de  Languedoc. 
Le  prince  reconnaissait  être  obligé  en  conscience  de  payer  à  la  décharge  de 
la  commune  de  Pézénas  la  taille  des  biens  roturiers  qu'il  possédait  à  la 
Grange-des-Prés,  conformément  à  un  arrêt  de  la  cour  des  aides  de  Mont- 
pellier qui  devait  régler  la  question  de  nobilité,  longtemps  indécise  entre  la 
ville  8c  les  acquéreurs  de  ces  biens.  Ces  arrérages  devaient  être  payés  à 
compter  du  jour  de  l'acquisition  8c  sans  que  la  prescription  pût  être  invoquée 
en  faveur  des  héritiers  du  prince,  la  prescription,  dit-il,  ne  devant  pas  avoir 

^'  Ordre  que  je  désire  estre  gardé  dans   les  resti-  Mémoire  des  choses  que  je  désire  estre  examinées 

tutions    que  je    suis   obligé   de   faire  en   Guienne,  &  acquittées  par  les  exécuteurs  de  mon  testament, 

Xaintonge,    la     Marche,     Berry,    Champagne    &  en  cas  qu'elles  ne  se   trouvent  l'avoir  esté  aupara- 

Dampvilliers,   &c.  vant  ma  mort. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  445 

Heu  dans  le  for  intérieur  pour  un  seigneur  contre  ses  vassaux,  qui,  selon 
les  apparences,  n'ont  pas  eu  la  liberté  nécessaire  pour  oser  la  prévenir. 

Diverses  questions  douteuses  étaient  soumises  au  jugement  des  docteurs 
«  habiles  &  point  relaschés.  »  Le  prince  avait-il  quelque  obligation  envers 
la  veuve  &  les  héritiers  de  Dubac,  juge  de  Baignols,  pour  avoir  pendant  plu- 
sieurs années,  afin  de  favoriser  le  viguier,  refusé  son  agrément  à  des  gens 
qui  voulaient  traiter  de  la  charge?  Devait-il  restituer  une  dépense  excessive 
qui  avait  été  faite  à  Baignols  en  i653,  lors  de  sa  première  entrée?  C'est  ce 
qu'il  abandonnait  à  la  décision  du  conseil. 

Ce  testament  rendait  un  hommage  mémorable  à  l'illustre  évêque  d'Alet, 
Nicolas  Pavillon.  «  Si  lors  de  mon  decedz,  écrivait  le  prince.  Monsieur  l'évesque 
«  d'Alet  est  encore  en  vie,  je  prie  mes  exécuteurs  de  le  consulter  sur  les  points 
«  de  conscience  qui  regardent  l'exécution  desdits  mémoires,  &  de  tous  les 
«  autres  que  je  pourrois  laisser  cy-après;  &  s'il  est  mort,  je  les  prie  de  prendre 
«  ceux  qui  seront  les  plus  habiles  d'entre  les  docteurs  &  qui  auront  réputa- 
«  tion  de  suivre  les  maximes  plus  étroites'.  » 

Une  dernière  note,  expression  d'une  réminiscence  tardive,  concerne  un 
marchand  de  Toulouse,  nommé  Rougieri,  à  qui  l'on  prit  cinq  cents  écus  à 
Montrond,  en  i65i,  lorsque  le  prince  y  commandait  les  troupes  de  la  Fronde. 
«  Il  les  lui  faut  restituer,  recommande-t-il  expressément,  si  cela  n'a  esté  faict 
«  avant  mon  decedz.  » 

Le  testament  du  prince  de  Conti  a  été  imprimé  à  Paris  en  1667,  à  la  suite 
de  son  traité  sur  les  Devoirs  des  grands,  par  les  soins  de  la  princesse  sa  veuve, 
avec  une  approbation  de  M.  de  Choiseul,  évêque  de  Comminges,  digne  col- 
lègue de  Nicolas  Pavillon,  6c  deux  autres  signées  de  six  docteurs  en  Sorbonne*. 

Le  prince-gouverneur  était  encore  à  la  Cour  dans  le  commencement  de 
septembre  i665.  Il  rentra  en  Languedoc  par  Lyon  à  peu  près  vers  la  fin  du 
mois,  déjà  très-affaibli  par  la  maladie  qui  devait  l'emporter. 

Il  se  soutenait  à  peine  lorsqu'il  reçut,  à  Pézénas,  la  visite  de  l'évêque 
d'Alet.  Il  lui  soumit  divers  points  de  conscience  que  l'affaiblissement  graduel 
de  sa  santé  rendait  urgents  &,  entre  autres  choses,  il  lui  exprima  un  très-vif 
désir  de  se  démettre  du  gouvernement  de  Languedoc  pour  songer  unique- 
ment à  faire  pénitence.  Pavillon  combattit  avec  énergie  ce  projet  de  retraite 
Stditau  gouverneur  qu'il  devait  faire  une  pénitence  de  prince,  en  redoublant 
de  soins  &  de  vigilance  dans  l'exercice  de  sa  charge.  Le  prince  de  Conti 
insistait  Se  le  prélat  repartit  pour  sa  ville  épiscopale,  où  le  rappelaient  les 
affaires  diocésaines,  sans  avoir  rien  terminé.  Le  soir  même  de  son  départ, 
comme  le  gouverneur  projetait  lui-même  d'aller  deux  jours  après  en  Bour- 
gogne, aux  eaux  de  Sainte-Reine,  l'abbé  de  Ciron  arriva  du  haut  Lan- 
guedoc^. Il  reprit  l'entretien  où  Pavillon   l'avait  laissé  5  mais  le  débat  cessait 

'  Ce  mémoire  est  daté  du  i8  mai  1664.  Tellier,  abbé  de  Saint-Bénigne  de  Dijon  &  grand 

"La  première, du  1  "  septembre  1666,  est  signée  :  maître  de  la  chapelle  du  roi. 
de  Bréda,  Boileau,  Ribeyran,  Malet,  de  Graville,  '  L'abbé  de  Ciron  était  dejyiis  plusieurs  années, 

Drubec.  La  seconde,  du  2  septembre,  est  de  M.  Le  à  la  prière  de  l'évêque  d'Alet,  le  directeur  de  cons- 


1666 


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446  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'être  opportun,  car  le  mal  empirait  visiblement.  Le  chancelier  de  l'Uni- 
versité de  Toulouse  n'eut  que  le  temps  de  préparer  le  pénitent  à  la  mort.  Il 
reçut  sa  confession  dernière,  lui  administra  les  sacrements  &  demeura  près  de 
lui  jusqu'à  l'heure  où  il  rendit  l'âme'. 

La  mort  l'atteignit  à  la  Grange-des-Prés  le  20  février  1666;  il  n'était  âgé 
que  de  trente-sept  ans. 

D'après  sa  volonté  formelle,  dont  sa  femme  était  dépositaire,  le  corps  du 
prince  devait  être  enseveli  dans  la  chartreuse  la  plus  voisine  du  lieu  de  son 
décès.  On  le  transporta  chez  les  chartreux  de  Villeneuve-lès-Avignon,  où  il 
fut  enterré  dans  le  chœur  de  l'église,  sous  une  tombe  de  marbre  noir,  élevée 
de  terre  d'un  demi-pied^. 

La  mort  du  prince  de  Conti  fut  une  perte  irréparable  pour  le  monde 
janséniste,  ou  plus  exactement,  pour  le  parti  religieux  que  la  Cour  &  les 
ecclésiastiques  en  faveur  affectaient  de  compromettre  sous  ce  nom  3. 

Les  rares  évêques  languedociens  qui  combattaient  encore  le  progrès  crois- 
sant des  casuites  Se  de  la  morale  relâchée  se  trouvèrent  désormais  privés  d'un 
protecteur,  dont  l'appui  leur  avait  été  souvent  indispensable  contre  de  puis- 
sants ennemis. 


CHAPITRE  TII 

Le  duc  de  Verneuil.  —  Recherche  des  faux  nobles.  —  Bezons  à  Toulouse.  —  Affaire  des  lépreux. 
Le  canal  des  deux  mers.  —  Proposition  de  Riquet.  —  Résistance  des  Etats.  —  Adjudication  8c 
commencement  des  travaux.  —  Réformation  des  forêts.  —  Nouvelles  divisions  territoriales.  —  Che- 
min d'Auvergne.  — -  Etudes  du  cours  supérieur  de  la  Loire. 

Le  gouvernement  de  la  Province,  vacant  par  la  mort  du  prince  de  Conti, 
passa,  le  22  mars  1666,  au  duc  de  Verneuil,  Henri  de  Bourbon.  C'était  un 
fils  naturel  d'Henri  IV,  auquel  on  avait  donné  le  nom  de  sa  mère,  la  mar- 
quise de  Verneuil.  Cette  promotion  marque  une  phase  nouvelle  dans  l'admi- 

cience  du  prince  de  Conti.   Félix  Vialart,  évéque  Le  roi  accorda,  le   19  septembre  \666,  au  sieur 

de  Châlons,  a  rappelé,  dans  une  lettre  à  l'évéque  de  Vigan,  gouverneur  des  pages  du  feu   prince  de 

de  Lectoure,  qu'il  fut  témoin   de  l'extrême   résis-  Conti,  le    privilège  de  faire   imprimer  8t  vendre 

tance  opposée  d'abord  par  l'abbé  de  Ciron  :  pendant  dix  ans  le  Traité  des  Devoirs  des  Grands 

<•  Je  le    portai,   dit-il,  autant  que  je   le  pus,  avec  le  testament.  Ce  privilège  fut  cédé  par  le  titu- 

B   In   surmonter.    Il    le    fit  si   chrétiennement,    &  laire  à  Denys  Thierry  &  Claude  Barbin,  libraires 

Dieu    lui   donna   tant   de   lumières   pour  la   con-  de  Paris.  —  Les  Devoirs  des  Grands^  par  monsei- 

duite  de  ce  prince    si    admirable,   qu'on   ne  peut  gneur  le  prince  de  Conty,  avec  son  testament, 

dire  lequel   des   deux  dans   la   suite  reçut  plus  de  A  Paris,  chez  Denis  Thierry,  rue  Saint-Jacques, 

consolation   de  ce  commerce  tout  spirituel  &  tout  à  l'enseigne  de  la  Ville  de  Paris,  m.dc.lxvii. 

saint.  iJ  ^  Le  maréchal  d'Harcourt  disait  :   «  Un    jansé- 

'  L'Innocence  opprimée  par  la  Calomnie  ou  l'His-  niste  n'est  le  plus  souvent  qu'un   homme  que  l'on 

toire  de  la  Congrégation  des  Filles  de  l'Enfance,  p.  29.  veut  perdre  à  la  cour  '.  » 

*  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  de  la  maison 

de  France,  I,  p.  345.  >  Œuvres  du  chancelier  d'Aguesseau,  XIII. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  447 

nistration  provinciale.  Le  duc  de  Verneuil,  prince  goutteux,  aimant  la  chasse 
8c  s'y  livrant  avec  abandon  toutes  les  fois  que  ses  douleurs  le  lui  permettaient, 
inaugure  la  série  des  gouverneurs  nommés  à  peu  près  exclusivement  pour 
la  décoration.  On  l'envoyait  ouvrir  les  Etats,  on  lui  faisait  rendre  les  plus 
grands  honneurs,  mais  on  ne  négligeait  rien  pour  l'annuler.  C'était  comme 
un  intermédiaire  gênant  que  la  royauté  n'osait  pas  supprimer  par  respect 
pour  la  tradition,  mais  dont  elle  neutralisait  l'influence  en  lui  laissant  les 
hommages  8c  retenant  le  pouvoir.  Pendant  le  gouvernement  du  prince  de 
Conti,  le  ministère  avait  eu  souvent  des  occasions  de  mécontentement.  Depuis 
surtout  que  le  frère  de  Condé  s'était  jeté  dans  les  pratiques  d'une  dévotion 
étroite  8t  méticuleuse,  on  ne  trouvait  plus  en  lui  l'instrument  docile  8<.  muet 
dont  le  système  de  Louis  XIV  avait  besoin.  11  se  permettait  d'avoir  des  scru- 
pules sur  l'équité  des  instructions  qu'il  recevait  de  la  Cour;  il  cédait  aux 
réclamations  qui  lui  paraissaient  fondées,  se  laissait  peut-être  envelopper  par 
les  empressements  de  courtisans  habiles  qiii  flattaient  ses  préoccupations  reli- 
gieuses &  feignaient  de  les  partager,  &  ne  soutenait  pas  toujours  les  intérêts 
du  roi  dans  les  assemblées  provinciales  avec  l'autorité  81  l'énergie  que  son 
rôle  de  premier  commissaire-président  aurait  exigé.  Aussi,  quand  il  lut  mort, 
eut-on  à  cœur  de  ne  lui  donner,  pour  ainsi  dire,  qu'un  successeur  honoraire, 
Si  l'on  peut,  sans  exagération,  regarder  le  prince  de  Conti  comme  le  dernier 
gouverneur  de  Languedoc  ayant  exercé  une  action  personnelle  sur  les  affaires 
de  la  Province. 

A  dater  de  sa  mort,  tout  se  traite  entre  les  secrétaires  d'État  8c  les  inten- 
dants. Le  gouverneur,  autour  de  qui  les  sollicitations  ne  tarissent  pas,  se 
trouve  réduit  à  la  charge  de  dispensateur  de  grâces  individuelles  8c  à  la  repré- 
sentation extérieure  de  la  royauté  dans  les  grandes  cérémonies,  mais  il  n'in- 
tervient plus  efficacement  dans  les  rapports  du  pays  avec  le  conseil  du  roi. 

M.  de  Bezons  n'était  pas  seul  à  cette  époque  pour  supporter  le  faix  de 
l'intendance  de  Languedoc,  d'autant  plus  lourd  par  l'effacement  du  gouver- 
neur. Charles  de  Tubeuf,  chevalier,  conseiller  du  roi,  maître  des  requêtes 
ordinaires  de  l'hôtel,  avait  aussi  la  qualité  d'intendant  de  justice,  police  8c 
finances  dans  la  Province.  Nous  le  voyons  figurer  avec  la  qualité  de  com- 
missaire-président pour  le  roi  dans  plusieurs  sessions  des  États,  8c  recevoir 
môme,  quoique  absent,  une  gratification  de  sept  mille  livres,  en  reconnais- 
sance (<  des  soins  extraordinaires  qu'il  prend  pour  procurer  du  soulagement 
«au  pays  ' .  » 

La  recherche  des  usurpations  de  titres  de  noblesse  est  un  des  faits  carac- 
téristiques de  cette  période.  Déjà,  cinq  ans  auparavant,  le  Parlement  de 
Toulouse  avait  été  saisi  de  l'affaire,  le  procureur  général  du  roi  étant  venu 
représenter  que  les  barons,  comtes  8c  marquis  se  multipliaient  sans  mesure 
dans  le  ressort  de  la  cour,  où  de  simples  gentilshomrhes,  propriétaires  de 

'  Procès-verbal  dei  Etats.  Séance  du  7  mai  1667,  assista  également  à  ceux  de  i66j-68.  Son  secrô- 
Tubeuf  avait  déjà  paru  aux  Etats  de  i66!i-''>6  8c  il       taire  s'appelait  Maréchal. 


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^48  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

droits  de  justice  mais  ne  remplissant  aucune  des  conditions  requises  par  les 
ordonnances,  au  point  de  vue  de  l'étendue  des  domaines  ou  de  la  qualité  des 
terres,  rehaussaient  à  plaisir  leur  dignité'.  La  vérification  prescrite  par  le 
conseil  du  roi  fut  plus  rigoureuse  j  elle  atteignait  l'usurpation  de  la  simple 
qualité  de  noble,  le  titre  le  plus  modeste  de  la  hiérarchie.  Mais  il  s'agissait 
moins  de  rétablir  la  vérité  historique  &  de  mettre  ordre  aux  prétentions  des 
familles,  que  de  créer  une  source  nouvelle  de  revenus  pour  l'État,  par 
l'invention  de  procédures  onéreuses,  de  significations,  d'exploits,  &  la  profu- 
sion souvent  arbitraire  des  amendes. 

La  recherche  des  usurpateurs  du  titre  de  noblesse  ayant  été  confiée  à 
des  officiers  subalternes,  dont  le  désintéressement  ne  paraissait  pas  à  toute 
épreuve,  occasionnait  des  plaintes  violentes;  on  reprochait  aux  agents  d'user 
de  chicanes,  de  retenir  pendant  huit  ou  dix  mois  de  vrais  gentilshommes  à 
la  suite  des  cours,  pour  reconnaître  enfin  la  validité  de  leurs  titres,  tout  en 
les  accablant  de  frais. 

Ces  réclamations  semblèrent  tellement  fondées  qu'un  arrêt  du  conseil, 
donné  le  i"  juin  i665,  suspendit  toute  opération  jusqu'à  nouvel  ordre. 

On  s'enquit  alors  des  moyens  de  rendre  la  recherche  à  la  fois  moins  vexa- 
toire  &  plus  efficace.  Il  fut  décidé  que  la  représentation  des  titres  serait  faite 
sans  frais  dans  chaque  généralité  devant  les  commissaires  départis;  qu'il 
serait  dressé  un  catalogue  contenant  les  noms,  surnoms,  armes  &  domicile 
des  gentilshommes,  pour  être  enregistré  dans  les  bailliages.  Les  États  de 
Bourgogne,  dans  le  cahier  de  leurs  doléances,  proposèrent  cette  innovation. 

Un  arrêt  du  conseil,  donné  à  Saint-Germain  en  Laye,  le  22  mars  1666, 
prescrivit  la  reprise  de  l'enquête. 

Les  commissaires  devaient  assigner  toutes  les  personnes  prenant  la  qualité 
de  nobles  à  produire  leurs  titres  de  toute  nature,  pour  les  soumettre  à  une 
exacte  vérification,  &  les  leur  rendre  incontinent  8c  sans  frais,  quand  la 
preuve  de  noblesse  en  ressortirait  incontestable.  Dans  le  cas  contraire,  le 
greffier  des  commissions  extraordinaires,  François  Rozée,  demeurait  charp-c 
de  rassembler  les  documents  litigieux  &  d'en  faire  rapport  au  conseil,  où 
devaient  être  vidées  aussi  les  contestations  relatives  aux  jugements  Je  main- 
tenue. 

Les  commissaires  départis  pouvaient  prononcer  des  jugements  définitifs 
contre  les  contumaces  ou  les  usurpateurs  de  titres  qui  s'en  désisteraient. 

Le  fait  d'avoir  pris  indûment,  dans  un  acte  de  partage,  de  donation,  de 
mariage  ou  de  testament  ou  dans  d'autres  contrats,  la  qualité  de  chevalier 
ou  d'écuyer  constituait  un  délit  d'usurpation.  Tous  les  notaires  Se  détenteurs 
d'actes  publics  étaient  tenus,  sous  peine  de  trois  cents  livres  d'amende,  de 
communiquer  leurs  minutes  &  registres  au  préposé  de  la  recherche. 

Etaient  également  déclarés  usurpateurs  ceux  qui,  par  autorité,  s'étaient 

'    Voir    aux    Pièces    justificatives,  n.    CCCXX,       de  dix  mille  livres  l'usurpation  des  titres  de  mar- 
col.  790,    l'arrêt   du    Parlement   de   Toulouse    du       quis,  comtes,  vicomtes  ou  barons. 
3i   mars  1661,  concluant  à   frapper  d'une  amende 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  449 

fait  mettre  au  nombre  des  exempts  dans  les  rôles  des  tailles  &.  avaient  pris 
la  qualité  de  chevalier  ou  d'écuyer  dans  un  seul  acte  signé  de  leur  main. 

Les  veuves  8t  enfants  des  prévenus  d'usurpation  devaient  déclarer  dans 
quinzaine  s'ils  entendaient  soutenir  la  qualité  de  nobles. 

Ceux,  qui  n'étant  pas  nobles  de  race,  mais  anoblis  par  des  charges  de  la 
maison  du  roi,  seraient  convaincus  d'avoir  pris  la  qualité  d'écuyer  avant 
leur  réception  ou  l'avoir  conservée  après  leur  démission,  étaient  également 
punis  comme  usurpateurs.  Il  en  était  de  même  pour  les  maires  &  échevins 
des  villes  jouissant  du  privilège  de  noblesse. 

Reprendre  le  métier  de  procureur  en  postulant  pour  les  parties  ou  conti- 
nuer le  commerce  après  avoir  été  anobli  par  l'exercice  d'une  charge  munici- 
pale constituait,  aux  yeux  du  conseil  du  roi,  un  acte  véritable  de  dérogeance 
&  faisait  de  l'homme  de  loi  ou  du  marchand  qui  persisterait  à  prendre  la 
qualité  de  noble  un  usurpateur  de  titre  justiciable  des  commissaires  enquê- 
teurs'. 

Cette  disposition  jeta  un  grand  trouble  dans  le  monde  capitulaire  toulou- 
sain. Non-seulement  beaucoup  d'anciens  capitouls  qui  prenaient  chaque 
jour  la  qualité  de  noble  dans  les  actes  publics  étaient  revenus  au  palais  ou 
au  comptoir  8c  tombaient  par  suite  sous  le  coup  de  la  loi,  mais  tous  les 
capitouls  sortis  du  commerce  étaient  rentrés  au  consistoire  en  s'autorisant  de 
leur  condition  de  marchand,  remplissant  les  places  que  le  dernier  arrêt  du 
conseil  attribuait  aux  gens  de  négoce  dans  le  corps  municipal. 

L'affaire  fut  portée,  le  10  mai,  au  conseil  de  bourgeoisie.  On  se  hâta 
d'écrire  au  député  de  la  ville  en  cour,  M.  de  Costa,  pour  s'enquérir  de  la 
gravité  réelle  du  péril,  Se  l'on  dépêcha  des  ambassades  aux  intendants  des 
deux  provinces,  afin  de  se  les  rendre  favorables}  Cathelan,  Lafaille  Se 
Duperrier  allèrent  trouver  Pellot  en  Guienne,  tandis  que  Dulaurens, 
d'Olive  Se  Souterrène  étaient  expédiés  auprès  de  Bezons^. 

L'intendant  de  Guienne  reçut  les  députés  dans  la  ville  d'Agen  ;  il  leur 
promit  que  les  commissaires  subdélégués  se  contenteraient  de  recevoir  les 
productions,  sans  donner  ni  ordonnances  ni  avis,  &  que  lui-même  ne  juge- 
rait pas  avant  d'en  prévenir  les  capitouls.  Il  traita  d'ailleurs  la  députation 
avec  égards,  la  retint  à  dîner  S<.  lui  rendit  sa  visite.  Malgré  ces  assurances, 
deux  subdélégués,  les  sieurs  de  Lucas  Si.  Duplan,  juge  de  Samatan,  com- 
mencèrent d'instrumenter  contre  plusieurs  anciens  capitouls^. 

M.  de  Bezons  visita  Toulouse,  dans  le  courant  du  mois  d'août  1666,  par 
ordre  exprès  du  roi,  8<  y  fit  quelque  séjour.  L'un  des  motifs  principaux  de  sa 
mission  était  l'interminable  querelle  de  l'évocation  générale,  toujours  pen- 
dante entre  la  ville  8c  le  Parlement,  la  cour  supérieure  ne  cessant  de  réclamer 

'  Archives    de   Toulouse.    Copie    ninnuscrite    de  p.  io3.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  i"juil- 

l'.'irrét,  avec  ordonnance  de  Claude  Fellot,  inien-  let  1666. 

dam  en  Guienne,  commissaire  départi  pour  l'exé-  '  Archives  deToulouse.  Livre  Jes  Consf/is,XXIX, 

cution  de  l'arrêt.  p.  1  o3.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du   1"  juillet 

'  Archives  de  Toulouse.  Liyre  des  Conseils,  XXIX,  1666. 

XIII.  »9 


1666 


1666 


45o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

contre  ce  qu'elle  appelait  une  atteinte  aux  droits  de  la  justice  &  à  l'autorité 
royale,  les  bourgeois  affirmant  avec  une  égale  ténacité  que  le  ressentiment 
des  conseillers  &  présidents  aurait  pour  leurs  procès  particuliers  les  consé- 
quences les  plus  désastreuses. 

L'intendant  annonça  qu'il  venait  mettre  fin  aux  divisions  dont  la  ville  était 
troublée,  demanda  des  commissaires  aux  deux  parties  8c  eut  avec  eux  de  très- 
longues  conférences.  On  lui  remit  des  mémoires  détaillés  pour  soutenir  8t 
combattre  la  prérogative  en  litige.  Il  réunit  les  éléments  d'un  rapport  des- 
tiné au  grand  conseil,  mais  refusa  de  laisser  connaître  ses  conclusions'.  Col- 
bert  n'était  guère  plus  favorable  aux  prétentions  outrées  des  magistrats  que 
n'avaient  pu  l'être  avant  lui  Richelieu  8<  Mazarinj  mais  à  cause  des  grands 
besoins  du  Trésor,  toute  question  se  compliquait  alors  de  préoccupations 
financières,  &  il  n'y  avait  pas  de  privilège  qui  n'eût  son  importance,  par  le 
prix  que  le  ministère  comptait  en  tirer. 

Durant  son  passage  à  Toulouse,  Bezons  termina  une  assez  curieuse  affaire 
intéressant  les  lépreux. 

Le  patronat  des  maladreries  de  la  ville  avait  été  acheté  par  les  capitouls, 
en  i337,  pour  le  prix  de  six  cents  deniers  d'or,  à  un  particulier  nommé 
Lemol  qui  le  tenait  lui-même  du  connétable  Raoul.  Des  lettres  patentes  du 
dauphin  Jean  &du  roi  Charles  V  garantissaient  cette  acquisition.  Cependant 
les  capitouls  virent  paraître  un  certain  Lésinier,  qui,  sous  prétexte  d'être 
substitué  aux  droits  du  grand  aumônier  de  France,  prétendit  avoir  l'admi- 
nistration des  trois  léproseries,  en  s'autorisant  de  quelques  arrêts  du  conseil 
obtenus  par  importunité;  8i,  comme  les  lépreux  refusaient  de  lui  reconnaître 
la  qualité  d'administrateur,  il  fit  saisir  tous  leurs  revenus.  Les  malheureux 
dépossédés  recoururent  à  l'assistance  de  leurs  patrons.  Il  y  eut  commencement 
de  procédure  au  Parlement,  &  arrêt  de  mainlevée  en  faveur  des  lépreux, 
puis  on  profita  de  la  présence  de  l'intendant  à  Toulouse  pour  lui  soumettre 
l'affaire.  Bezons  conseilla  une  transaction  amiable,  qui  consistait  à  payer  la 
renonciation  du  soi-disant  administrateur,  sous  forme  d'indemnité  des  frais 
qu'on  lui  avait  occasionnés  en  portant  au  Parlement  une  querelle  qui  était 
de  la  juridiction  du  grand  conseil.  Moyennant  trois  cents  livres,  Lésinier  se 
désista  de  toutes  ses  prétentions.  La  misère  des  lépreux  était  si  grande  qu'ils 
ne  purent  se  procurer  la  somme j  mais  la  ville  leur  en  fit  l'avance,  &,  deux 
ans  plus  tard,  l'entier  abandon^. 

Le  perfectionnement  des  voies  de  communication,  que  le  défaut  d'entre- 
tien, durant  les  guerres  civiles,  avait  mises  dans  un  état  déplorable,  fut  un 
des  principaux  objets  de  l'application  de  Colbert.  On  ne  mesurera  jamais 
complètement  le  pas  en  arrière  que  firent  faire  à  la  France  les  luttes  reli- 
gieuses &  politiques  du  seizième  &  du  dix-septième  siècle.  Le  mouvement 

'Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Cortsei'Zs,  XXIX,  p.  io8.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  il  juin 

p.  lîû.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  ii  sep-  1666;    p.    129.   Conseil  des  Seize,  du   20  septem- 

tembre  166Û5  p.  195.  Séance  du  8  novembre  1667.  bre   1666;  p.  190.  Conseil  de   bourgeoisie.  Séance 

'  Archives  de  Toulouse. /-.ivre  (fei  Consei7j,  XXIX,  du   26    septembre   1667. 


LIV,   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  45 1 

que  le  premier  essor  des  voyages  avait  donné  se  trouva  comme  enrayé  subite- 
ment; outre  les  entraves  nouvelles  que  des  péagiers  improvisés  créaient,  à 
la  faveur  du  désordre,  sur  les  grandes  lignes,  l'entière  incurie  des  officiers 
du  domaine  ou  des  seigneurs  préposés  à  la  conservation  des  routes,  l'avidité 
des  propriétaires  riverains,  la  misère  des  communes,  ruinaient  de  jour  en 
jour  l'antique  réseau  des  grands  chemins.  D'abord,  les  tentatives  du  minis- 
tère furent  timides;  il  se  contentait  de  rappeler  les  agents  royaux  au  respect 
des  ordonnances,  de  dicter  aux  cours  de  justice  ou  aux  municipalités  des 
mesures  de  conservation,  de  favoriser  des  entreprises  particulières,  destinées  à 
rendre  les  communications  plus  faciles  &  plus  régulières';  puis,  à  mesure  que 
l'influence  de  Colberl  grandissait  8c  qu'une  connaissance  plus  approfondie 
des  nécessités  de  la  France  ajoutait  à  son  autorité,  ses  conceptions  acquirent 
plus  de  hauteur  £<.  de  hardiesse,  81  l'heureuse  impulsion  qu'il  sut  donner  à 
l'initiative  des  hommes  de  finance  détermina  cet  élan  vigoureux  dont  les 
résultats  eussent  accéléré  le  développement  de  la  civilisation  française,  sans 
les  guerres  de  la  fin  du  règne. 

Au  mois  d'octobre  1666,  le  grand  ministre  attacha  son  nom  à  l'acte  le  plus 
mémorable  qui  recommande  au  pays  le  souvenir  de  Louis  XIV,  «  l'édit  du 
tt  roi  pour  la  jonction  des  mers  Océane  &  Méditerranée  par  un  canal  de 
a  communication^.» 

La  pensée  de  percer  l'isthme  py^rénéen  au  moyen  d'une  large  voie  navi- 
gable qui  permît  de  passer  de  la  Méditerranée  dans  l'Océan  sans  affronter 
les  périls  du  détroit  de  Gibraltar  81  les  courses  des  pirates,  n'était  point 
nouvelle.  Se  avait,  à  plusieurs  reprises,  préoccupé  les  conseils  du  roi.  Sous 
le  règne  de  François  I,  la  fréquentation  des  ingénieurs  italiens  Se  les 
voyages  militaires  au  delà  des  Alpes  ayant  rendu  familière  en  France  la 
connaissance  des  canaux  du   Milanais  èi  de   la  Vénétie,  la  pensée  d'unir 


'  Au  mois  d'octobre  1660,  Pierre  Raffanel,  gen-  payerait    proportionnellement    au    chemin    par- 

darme,  81  Louis  Barbier,  l'un  des  grands  valets  de  couru. 

pied  de  la  reine-mère,  obtinrent  l'autorisation  L'acte  de  concession  imposait  aux  entrepreneurs 
d'établir  six  bateaux  de  poste  sur  la  Garonne,  l'obliguion  de  payer  aux  trésoriers  du  domaine 
entre  Toulouse  &  Bordeaux,  à  l'instar  de  ceux  delà  sénéchaussée  de  Toulouse  une  somme  de  dix 
qui  existaient  déjà,  «  attendu  qu'a  faute  de  cette  livres,  «  pour  entrée  u  8c  trente  sols  d'albergue 
commodité  ceux  qui  veulent  faire  ce  voyage  par  par  an.  Le  roi  ne  créait  pas  d'ailleurs  de  mono- 
eau  sont  obligés  de  retarder  plus  de  huit  jours  pôle  8t  stipulait  formellement  qu'il  n'entendait 
dans  la  ville  pour  attendre  le  bon  vouloir  des  ba-  empêcher  les  particuliers  de  louer  des  bateaux  si 
teliers.  »  Les  nouvelles  barques  de  poste  devaient  bon  leur  semblait,  ni  les  autres  bateliers  de  pren- 
partir  régulièrement  de  Toulouse  &  de  Bordeaux  dre  des  voyageurs  &  des  marchandises,  pourvu  que 
les  dimanche  8t  jeudi  de  chaque  semaine,  avec  leur  départ  n'eût  pas  Heu  les  dimanches  8t  les  jeu- 
ou  sans  voyageurs,  conduites  par  un  bon  pilote  dis.  Ces  lettres  patentes  furent  enregistrées  au  Par- 
Si  six  rameurs,  couvertes  d'ais  pour  garantir  du  lement  de  Toulouse  le  1 1  mars  1661  '.  , 
mauvais  temps  les  personnes  81  les  paquets.  Le  *  On  trouvera  le  texte  de  cet  édit  dans  nos  Pièces 
prix  de  la  place  était  fixé  à  trois  livres  par  per-  justificatives,  n.  CCCXLVII,  col.  921,  ainsi  que  le 
sonne  de  Toulouse  à  Bordeaux,  avec  faculté  de  devis  du  chevalier  de  Clerville  &  le  bail  d'adjudi- 
prendre  dix  livres  de  bagages,  &  le  port  des  excé-  cation  des  travaux  à  Pierre-Paul  Riquet. 

dants  de  baera«es  &  des  marchandises  à  six  deniers  .,.•       jiu.o               r-i.r,.         .  j 

°  °  '  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlement  de 

par  livre.  Pour    les    stations    intermédiaires,    on  Tou\oa^t.  Recueil  des  édils  6  déclarations. 


i6ù6 


i666 


402  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

l'Aude  à  la  Garonne  prit  une  certaine  consistance  &.  donna  lieu  à  des 
ébauches  d'études. 

Deux  commissaires  du  roi,  l'évêque  de  Sisteron  &  le  sieur  de  Franc-Conseil, 
seigneur  de  Saint-Romain,  furent  désignés  pour  instruire  l'affaire.  Le  pro- 
gramme était  de  tracer  un  canal  entre  Narbonne  8c  Toulouse,  &  de  l'ali- 
menter par  la  dérivation  des  eaux  de  la  Garonne.  Les  commissaires  du  roi 
chargèrent  trois  experts  de  prendre  les  niveaux  Si  de  faire  les  reconnaissances 
sur  le  terrain. 

Ces  experts,  dont  le  plus  connu  est  le  «  maistre  maçon  de  Toulouse,  » 
Nicolas  Bachelier,  architecte  &  sculpteur  de  grand  renom,  proposèrent  de 
couper  la  Garonne  en  amont  du  domaine  de  Braqueville,  près  Toulouse, 
par  une  forte  retenue  oblique  d'une  rive  à  l'autre,  fermant  les  deux  bras  du 
lleuve,  &  continuée  sur  le  sol  de  l'île  médiane  au  moyen  d'une  levée,  de  façon 
à  rehausser  le  niveau  général  des  eaux  Se  à  diminuer  d'autant  la  profondeur 
de  la  tranchée  nécessaire. 

Cette  tranchée  devait  s'ouvrir  dans  les  vignes  du  premier  gradin  des  coteaux 
de  Pech-David  Se  en  contourner  la  base,  en  descendant  jusqu'à  Montgiscard  , 
passer  àVillenouvelle,  Villefranche,  Avignonet  &  atteindre  le  col  de  Naurousc, 
reconnu  dès  lors  comme  le  passage  forcé  de  tout  canal  reliant  les  deux  bassins. 
Mais,  par  suite  de  l'imperfection  de  leurs  procédés  géodésiques,  les  experts  ne 
se  rendirent  pas  un  compte  exact  de  la  différence  de  niveau  entre  le  col  8t  le 
lit  de  la  Garonne  à  Toulouse  j  leur  imagination  d'amener  les  eaux  du  fleuve 
par  une  pente  continue  depuis  Braqueville  jusqu'au  point  de  partage  était 
purement  chimérique.  A  Naurouse,  ils  prétendaient  donner  seulement  à  leur 
canal  une  profondeur  maxima  de  «  4  cannes  7  palmes  »  (5  mètres  yS  c), 
tandis  que  l'altitude  des  deux  points  diffère  de  soixante  mètres. 

Au  débouché  du  col  de  Naurouse,  le  canal  devait  suivre,  pour  éviter  une 
pente  trop  rapide,  la  direction  sur  le  Mas-Saintes-Puelles  £<.  Villepeinte,  puis 
emprunter  le  lit  du  Fresquel  jusqu'à  l'Aude,  à  demi-lieue  en  aval  de  Carcas- 
sonne,  en  construisant  à  droite  Si  à  gauche  des  levées  pour  contenir  les  eaux 
de  cet  affluent.  A  partir  de  l'entrée  du  Fresquel  dans  l'Aude,  cette  dernière 
rivière  devait  être  canalisée  S<.  rendue  navigable  par  le  dégagement  des  roches 
81  l'enlèvement  des  moulins  Se  autres  obstacles  de  toute  nature. 

Afin  que  la  ligne  de  navigation  fût  complètement  libre  entre  Narbonne  Si 
Bordeaux,  Si  pour  obvier  aux  inconvénients  des  barrages  des  moulins  du  Châ- 
teau Si  du  Bazacle  de  Toulouse,  un  embranchement  devait  être  percé  sur 
la  rive  gauche  de  la  Garonne,  en  amont  de  la  retenue  du  grand  canal,  81, 
suivant  la  corde  de  l'arc  formé  par  le  faubourg  Saint-Cyprien,  rejoindre  le 
fleuve  au  pied  de  la  montée  de  Saint-Michel-Ferrery,  à  peu  près  vis-à-vis 
le  point  où  Riquet  a  établi  plus  tard  l'embouchure  du  canal  de  Languedoc. 
Les  auteurs  du  projet  plaçaient  des  écluses  à  l'entrée,  au  milieu  81  à  l'issue 
de  l'embranchement,  pour  retenir  les  eaux  81  permettre  aux  embarcations  de 
passer  sans  décharger. 

L'affaire  fut  exposée  aux  États  de  Béziers  dans  le  courant  d'octobre  i53g 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  453 

8<.  donna  même  lieu  à  un  commencement  d'enquête  par  diocèse,  mais  n'eut 
point  de  suite'. 

Près  de  soixante  ans  plus  tard,  on  y  revint.  Henri  IV,  dans  une  audience 
de  congé  donnée  au  cardinal  de  Joyeuse,  archevêque  de  Narbonne,  partant 
pour  sa  métropole,  lui  recommanda  expressément  de  recueillir  des  informa- 
tions certaines  «  sur  le  sujet  du  canal  d'eau  »  qui  lui  avait  été  proposé  «  pour 
«  joindre  les  deux  mers.  »  Le  cardinal  s'aida  des  conseils  de  l'ingénieur  Louis 
de  Foix,  interrogea  un  niveleur  dont  le  maître,  appelé  Grappone,  avait  fait 
un  dessein  de  canal  présenté  à  la  reine-mère,  &  conclut  que  toute  la  diffi- 
culté de  l'entreprise  était  d'amener  le  canal  jusqu'aux  pierres  de  Naurouse. 
Le  niveleur  Pierre  Reneau,  reconnaissant  l'impossibilité  d'y  faire  monter  la 
Garonne,  parlait  d'y  employer  l'Ariége  en  la  prenant  de  très-haut,  sauf  à 
faire  communiquer  la  Garonne  avec  son  canal  au  moyen  d'une  écluse  :  «  Ce 
«  qui  est  assez  croyable,  ajoutait  le  cardinal,  à  ceux  qui  ont  été  sur  le  canal  de 
«  Venise  à  Padoue,  qui  vous  diront  que  les  bateaux  montent  bien  plus  haut 
«  par  le  moyen  d'une  tour  qu'on  ferme,  que  ceux  qui  auront  ici  à  monter.  » 

En  1604,  le  connétable  Anne  de  Montmorency  prescrivit  de  nouveau  l'exa- 
men des  lieux. 

En  1614,  les  députés  de  la  noblesse  de  Languedoc  demandèrent  au  roi  de 
reprendre  la  pensée  d'établir  un  canal  en  Lauragais,  comme  il  en  avait  été 
parlé,  disaient-ils,  sous  le  règne  de  Charles  IX,  pour  rendre  les  deux  mers 
navigables*. 


1666 


■  Voici  le  texte  de  la  délibération  des  États  re- 
latif à  ce  projet  : 

11  Le  dict  jour  (18  octobre  1639)  de  relevée,  où 
(au  couTent  des  Jacobins  de  la  ville  de  Béziers)  & 
devant  que  dessus,  en  ladicte  assemblée  M.  de  Cis- 
teron,  présent  tuessire  Franc  Conseil,  greffier  pour 
le  roy  auxdtct»  Estats  &  des  experts  à  ce,  a  dict 
estre  venu  en  ceste  assemblée,  remonstrer  que  le 
roi  ayant  entendu  la  comodité  que  stroit  au  pais 
en  foisant  venir  la  rivière  de  Garonne  ou  partie 
d'icelle  despuis  au-dessus  de  Tholose  jusques  à  Nar- 
bonne luy  avoit  adressé  commission  pour  aller  sur 
les  lieux  &  appelés  experts  veoir  si  ce  dessus  se 
pourroit  faire  &  de  la  comodité  sur  ce  du  pais, 
suivant  lequel  mandement  il  s'estoit  transporté  sur 
les  lieux,  appelés  lesdits  Conseil  &  maistres  ingé- 
nieurs qui  avoient  «reuvé  ladicte  entreprise  possi- 
ble comme  par  leur  rapport  que  fust  leu  en  ladicte 
assemblée... 

«  Et  faict  le  rapport  par  les  experts  en  ladicte 
assemblée  de  la  facilité  de  faire  venir  la  Garonne 
joindre  à  la  rivière  d'Aude  fust  conclud  que  ches- 
cun  en  son  diocèse  y  adviseroit  pour  le  bien  de  la 
chose  publicque  &  en  viendroit  dire  son  advis  aux 
prochains  Estats,  &  en  seroit  escript  à  monsei- 
gneur le  connestable  '.  » 

'  Procis-vcrbal  des  États.  Séance  du  18  octobre  iSSg. 


Les  trois  experts  étaient  :  Nicolas  Bachelier  & 
Arnauld  de  Casanovc,  maîtres  maçons,  &  Jehan 
Boudet,  «  maître  terralhon.  » 

Le  texte  de  l'avant-projet,  dressé  par  les  trois 
experts,  transcrit  en  tête  du  second  livre  des 
Conseils  ele  l'hôtel  de  ville  Ae  Toulouse ^  a  été  publié 
par  Lafaille,  aux  Preuves  du  second  livre  de  ses 
Annales,  p.  19,  avec  quelques  erreurs  de  lecture. 
L'une  des  plus  graves  est  d'avoir  imprimé  Pierre 
Encouse  pour  Naurouze,  tandis  que  le  texte  porte 
très-clairement  «  la  montagne  de  pierre  Eno- 
rouse.  n  Lafaille  a  également  biffé  de  sa  main, 
dans  le  registre  original,  le  mot  de  i<  maistres 
massons  »  attribué  aux  deux  premiers  niveleurs, 
ne  le  jugeant  pas  sans  doute  assez  noble,  &  l'.i 
remplacé  deux  fois  en  surcharge  &  en  marge  par 
celui  d'experts.  Son  imprimeur  s'est  conformé  à 
cette  leçon  amendée;  c'est  avec  une  pensée  analo- 
gue que,  dans  ses  listes  de  capitouls  il  a  générale- 
lement  écrit  n  bourgeois  )i  partout  où  l'original 
porte  «  marchands  ».  Il  est  vrai  que,  dans  ce  der- 
nier cas,  la  recherche  du  style  noble  se  compli- 
quait de  prudence  fiscale.  Le  mot  de  n  terralhon  » 
terrassier,  qui  suit,  dans  le  texte,  le  nom  de  Pierre 
Boudet  a  été  omis  &  laissé  en  blanc. 

'  <i  Du  règne  de  Charles  IX  fut  proposé,  au 
conseil  de  Sa  Majesté,  de  rendre  les  deux  mers 
navigables  par  le   moyen  d'un    canal    fait  par   le 


i666 


■   454  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  mêmes  raisons  qui,  d'après  les  gentilshommes  languedociens,  avaient 
empêché  de  mettre  à  exécution  cette  «  chose  trouvée  faisable  &  très-facile,  » 
les  embarras  des  guerres  intérieures,  condamnèrent  leurs  doléances  à  demeurer 
sans  réponse. 

En  161 8,  un  entrepreneur,  Bernard  Aribal,  vint  offrir  aux  États,  de  la 
part  du  roi,  de  commencer  les  travaux  à  ses  frais  &  de  ne  rien  demander  à  la 
Province  que  tout  ne  fût  terminé.  L'assemblée  répondit  qu'elle  n'avait  pas  le 
temps  de  délibérer  à  ce  sujet  &  que  Sa  Majesté  pouvait  en  user  selon  son  bon 
plaisir. 

Tichot,  ingénieur  du  roi,  &  Beauveau,  maître  des  œuvres  royales  en  Lan- 
guedoc, rirent,  en  i633,  de  nouvelles  propositions,  &  trois  ans  après  un  bail 
fut  même  passé  à  Jean  Le  Maire  par  le  conseil  d'État  pour  la  construction 
du  canal. 

En  i65o,  il  fut  encore  question  d'emprunter  les  eaux  de  l'Ariége  à  Cinte- 
gabelle  Se  de  les  conduire  à  Toulouse  par  les  coteaux  de  Pech-David,  afin 
d'atteindre  l'inévitable  point  de  partage. 

Ainsi,  durant  près  d'un  siècle  8c  demi,  on  peut  dire  que  la  pensée  du  canal 
de  navigation  par  le  Lauragais  &  le  bassin  de  l'Aude  était  demeurée  en  Lan- 
guedoc à  l'état  d'obsession. 

Toutes  les  fois  que  les  guerres  laissaient  quelque  repos,  on  y  revenait;  on 
avait  conscience  des  biens  infinis  que  cette  création  devait  procurer  à  la  Pro- 
vince, on  la  pressentait  possible;  mais  jamais  un  plan  pratique  ne  s'était 
montré,  jamais  une  volonté  soutenue  n'avait  cherché  à  triompher  des  obsta- 
cles que  la  nature  Se  les  hommes  promettaient  d'opposer  à  l'entreprise. 

Lorsque  le  ministère  de  Colbert  eut  donné  le  branle  à  toutes  les  intel- 
ligences, 8c  suscité,  sur  les  divers  points  du  territoire,  un  véritable  réveil 
économique,  l'idée  fut  reprise  par  un  traitant  de  la  ferme  des  gabelles  de 
Languedoc,  Pierre-Paul  Riquet.  Ce  personnage,  dont  les  premières  années 
sont  demeurées  obscures,  était  né  à  Béziers  en  1604. 

Il  possédait  un  domaine  à  Bonrepos,  dans  la  temporalité  des  archevêques 
de  Toulouse.  Habitué  aux  affaires  d'argent,  condamné  par  les  soins  de  sa 
ferme  à  de  fréquents  voyages  dans  les  diverses  parties  de  la  Province,  expert 
à  tirer  d'un  pays  tout  ce  qu'il  pouvait  donner,  répandu  dans  le  monde  des 
Etats,  Riquet,  en  abordant-  le  problème  que  tant  d'autres  avaient  touché 
sans  le  résoudre,  s'en  laissa  complètement  dominer,  s'y  absorba,  y  dévoua  sa 
vie,  8c  dépensa  pour  réussir  une  puissance  de  volonté  dont  l'histoire  des  tra- 
vaux publics  n'avait  pas  encore  donné  d'exemple. 

pays  &  comté  de  Lauragais,  d'étendre  ledit  canal  ce  ieau  &  royal  dessein,  &,  pour  ce  faire,  députer 
d  environ  treize  lieues,  chose  qui  a  été  souvent  commissaire  pour  de  nouveau  en  connoître  l'uti- 
agitée  &  toujours  trouvée  faisable  &  très-utile.  lité  &  ensuite  pourvoir  à  l'accomplissement  dudit 
Depuis,  les  guerres  civiles  en  ont  ôté  le  moyen.  ouvrage  '.  » 
Maintenant,  sous  le  règne  paisible  de  Votre  Ma- 
jesté, ce  bien  public  semble  plus  que  jamais  dési-  ,  '  ^''''i"  f ^^"'"''Ji'f  .™^  '"  '''''"'"'  '*'  '"  ""l^'f  ^^'^<= 
,,  ^  J  u»  ijut  ,am.ii5  ucji  Laiiguedoc  à  lassemblée  dcs  Etats  généraux,  tenue  en  la  ville 
rabie,  partant  Elle  est   suppliée   d'avoir   agréable  de  Paris  en  l'année  1 6 14. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT. 


455 


1666 


Il  fit  ses  premières  ouvertures  à  l'évêque  de  Castres,  Charles- François 
d'Anglure  de  Bourlemont,  nommé  en  juillet  1662  archevêque  de  Toulouse. 
Ce  prélat,  dont  Riquet  était  vassal  comme  propriétaire  de  Bonrepos,  alla  con- 
férer avec  lui  dans  son  domaine  &  s'enquit  des  moyens  qu'il  avait  en  tête 
pour  réaliser  le  fameux  canal  dont  tout  le  monde  parlait.  Riquet,  appelé  en 
Roussillon  par  ses  gabelles,  prit  rendez-vous  avec  l'archevêque  pour  l'époque 
de  son  retour,  l'alla  cherchera  Castres,  le  mena  sur  les  lieux  avec  l'évêque  de 
Saint-Papoul  8c  quelques  autres  gens  de  qualité  &  leur  révéla  les  réserves 
d'eaux  inépuisables  qu'il  se  flattait  d'avoir  découvertes. 

M.  de  Bourlemont,  que  la  disgrâce  de  Fouquet  faisait  président  des  États 
de  Languedoc,  qui  correspondait  régulièrement  avec  le  ministère  &  qui,  mêlé 
à  toutes  les  choses  de  la  politique,  avait  l'esprit  ouvert  aux  grandes  entre- 
prises, loua  fort  le  financier,  l'encouragea,  l'exhorta  à  dresser  un  mémoire 
sommaire  de  son  projet  &  à  l'envoyer  à  l'homme  de  France  qui  pouvait  le 
mieux  comprendre  &  le  mieux  soutenir  ces  heureuses  hardiesses,  à  Colbert. 

Ce  fut  donc  de  sa  terre  de  Bonrepos  que  Riquet  écrivit  au  contrôleur 
général  sa  première  lettre,  accompagnée  d'un  mémoire  où  il  résumait  les 
points  principaux  du  projet,  tant  pour  la  direction  du  tracé,  que  pour 
l'établissement  des  canaux  de  dérivation  8t  des  réservoirs'. 


'Voici  le  texte  de  cette  lettre  qui  a  été  plusieurs 
fois  publiée,  mais  qui  est  trop  curieuse  pour  ne 
point  trouver  place  ici  : 

n  Bonrepos,  26  novembre  1661. 

n  Monseigneur,  Je  vous  écris  de  ce  village  sur 
le  sujet  d'un  canal  qui  pourroit  se  faire  dans  cette 
province  de  Languedoc  pour  la  communication 
des  deux  mers.  Vous  vous  étonnerez  que  j'entre- 
prenne de  parler  d'une  chose  qu'apparemment  je 
ne  connois  pas,  &  qu'un  homme  de  gabelle  se 
mesle  de  nivelage;  mais  vous  excuserez  mon  en- 
treprise lorsque  vous  sçaurez  que  c'est  de  l'ordre 
de  Monseigneur  de  Toulouse  que  je  vous  écris. 

«  Il  y  a  quelque  temps  que  ledit  seigneur  me  fit 
l'honneur  devenir  en  ce  lieu,  soit  parce  que  je 
luv  suis  voisin  &  hommager,  ou  pour  sçavoir  de 
moy  les  moyens  de  faire  ce  canal,  car  il  avoit  ouy 
dire  que  j'en  avois  faict  une  étude  particulière.  Je 
luy  dis  ce  que  j'en  sçavois  &  luy  promis  de  l'aller 
voir  à  Castres,  à  mon  retour  de  Perpignan,  &  de 
le  mener  de  là  sur  les  lieux  pour  luy  en  faire  voir 
ra  possibilité.  Je  l'ay  fait,  &  ledit  seigneur,  en 
compagnie  de  M.  l'évesque  de  Saint-Papoul  &  de 
plusieurs  autres  personnes  de  condition,  a  esté 
visiter  toutes  choses  qui,  s'estant  trouvées  comme 
je  les  avois  dites,  ledit  seigneur  archevesque  m'a 
chargé  d'en  dresser  une  relation  &  de  vous  l'en- 
TOyer.  Elle  est  cy-incluse,  mais  en  assez  mauvais 
ordre,  car,  n'entendant  ni  grec  ni  latin  &  à  peine 
sachant    parler  le  françois,   il    n'est   pas   possible 


que  je  m'explique  sans  bégayer.  Aussy  ce  que  j'en- 
treprends c'est  pour  obéir  &  non  de  mon  propre 
mouvement.  Toutefois,  s'il  vous  plaist  de  lire  ma 
narration,  vous  jugerez  que  ce  canal  est  faisable; 
qu'il  est,  à  la  vérité,  difficile  i  cause  du  coust,  mais 
qu'en  regardant  le  bien  qui  en  doit  arriver,  l'on 
doit  faire  peu  de  cas  de  la  dépense. 

n  Jusqu'à  ce  jour,  on  n'avoit  pas  pensé  aux  ri- 
vières propres  à  servir,  ni  sçu  trouver  des  routes 
aysées  pour  ce  canal,  car  celles  qu'on  s'estoit  ima- 
ginées estoient  avec  des  obstacles  insurmontables 
de  rétrogradations  de  rivières  &  de  machines  pour 
élever  les  eaux.  Aussy,  croyez  que  ces  difficultés 
ont  toujours  causé  le  dégoust  &  reculé  l'exécution 
de  l'ouvrage;  mais  aujourd'huy.  Monseigneur, 
qu'on  trouve  des  routes  aysées  &  des  rivières  qui 
peuvent  estre  aysément  détournées  de  leurs  .nncicns 
lits,  &  conduites  dans  ce  nouveau  canal  par  pente 
naturelle  &  de  leur  propre  inclination  ,  toutes 
difficultés  cessent,  excepté  celle  de  trouver  un 
fonds  pour  subvenir  aux  frais  du  travail. 

i(  Vous  avez  pour  cela  mille  moyens.  Monsei- 
gneur, &  je  vous  en  présente  encore  deux  dans 
mon  mémoire  ci-joint,  afin  de  vous  porter  plus 
facilement  à  cet  ouvrage  que  vous  jugerez  très- 
avantageux  au  roy  &  à  son  peuple,  quand  il  vous 
plaira  de  considérer  que  la  facilité  &  l'assurance 
de  cette  navigation  fera  que  le  détroit  de  Gibr.iliar 
cessera  d'estre  un  passage  nécessaire,  que  les  reve- 
nus du  roy  d'Esp.Tgne  à  Cadix  en  seroiit  diminués, 
&  que  ceux  de  nostre  roy  augmenteront  d'aut.mt 


~^ 456  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

S'il  fallait  en  croire  une  anecdote  naïve  qui  a  été  fréquemment  répétée, 
c'est  en  voyant  les  eaux  de  la  fontaine  de  la  Grave,  située  sur  la  ligne  de 
faîte,  entre  le  versant  océanique  Se  le  versant  méditerranéen  de  l'isthme,  se 
diviser  en  deux  ruisseaux  coulant  l'un  vers  la  Garonne,  l'autre  vers  l'Aude, 
que  Riquet  aurait  eu  la  première  pensée  d'établir  le  point  culminant  de  son 
canal.  Il  est  fort  difficile  d'admettre  cette  historiette,  si  l'on  se  rappelle  que, 
dès  iSSg,  les  maîtres  niveleurs  employés  par  l'évêque  de  Sisteron  pour  le 
premier  projet  de  communication  des  deux  mers,  avaient  désigné  en  propres 
termes  «  la  prairie  qui  est  autour  de  la  montagne  des  pierres  de  Naurouse 
a  comme  le  plus  hault  lieu  que  soit  sur  le  chemin  dudit  canal  6c  où  les 
«  eaues  se  despartent  prenant  leur  chemin  devers  Thoulouse  5c  devers  Car- 
«  cassonne.  »  La  célébrité  légendaire  des  pierres  de  Naurouse  Se  l'expérience 
des  gens  du  pays  empêchaient  cette  particularité  d'être  une  révélation  pour 
personne  ;  tout  canal  entre  Toulouse  Se  Narbonne  devant  avoir  une  double 
pente,  il  était  difficile  d'en  chercher  le  point  culminant  ailleurs  que  sur  la 
ligne  de  partage  des  deux  bassins,  8c  la  nécessité  de  réduire  autant  que 
possible  les  dépenses  déjà  très-considérables  de  l'entreprise  n'obligeaient  pas 
moins  rigoureusement  de  le  chercher  à  l'endroit  le  plus  bas  de  cette  arête. 

Ce  qui  fut  une  conception  originale  8c  féconde,  ce  n'est  pas  d'avoir  trouvé 
la  direction  du  canal  Se  son  plan  d'eau  supérieur,  déjà  reconnu  depuis  le 
seizième  siècle,  Se  d'une  démonstration  empirique  relativement  aisée,  c'est 
d'avoir  songé  à  choisir  le  majestueux  massif  granitique  de  la  montagne 
Noire,  dont  les  plateaux  semblent  s'abaisser  à  plaisir  au  bord  de  la  ligne  de 
navigation,  pour  l'alimenter  de  sources  intarissables,  c'est  d'avoir  transformé 
en  réservoirs  qui  ne  craignent  pas  la  sécheresse  les  gorges  de  ces  montagnes 
Se  d'y  avoir  emmagasiné  les  torrents. 

«  Toute  la  difficulté,  écrivait  le  cardinal  de  Joyeuse,  est  d'amener  l'eau 
«  jusqu'aux  pierres  de  Naurouse.  «  En  effet,  à  partir  de  ce  point,  une  pente 
naturelle  devait  la  conduire  jusqu'aux  étangs  de  la  côte  de  Languedoc.  Le 
projet  présenté  à  Colbert  par  Riquet  supprimait  cette  difficulté,  en  créant, 
*  avec  les  sources  de  la  montagne  Noire,  une  rivière  artificielle,  sur  un  plan 
de  beaucoup  supérieur  au  niveau  du  point  de  partage.  Ce  résultat  obtenu, 
tout  se  réduisait  à  une  affaire  d'argent,  des  séries  d'écluses,  comme  il  en 
existait  déjà  en  Hollande  Se  en  Italie,  devant  permettre  d'établir  tous  les 
plans  d'eau  nécessaires  pour  faire  monter  Se  descendre  les  barques  sur  l'un  Se 
l'autre  versant. 

Du  côté  du  nord,  la  montagne  Noire  envoie  toutes  ses  eaux  vers  l'Agout, 

par   les   fermes   des   trésoriers   &    des   entrées    des  plaire,  je  vous   renverrai   figuré,  arec  le  nombre 

marchandises  en  ce  royaume,  outre  les  droits  qui  des  écluses  qu'il  conviendra   de  faire,  &  des  cal- 

se  prendront  sur  ledit  canal,  qui   se  monteront  à  culs  exacts  des  toises  dudit  canal  soit  en  longueur 

des   sommes    immenses,    &   que    les    sujets    de    Sa  soit  en  largeur '  » 

Majesté  profiteront  de  mille  nouveaux  commerces 

&  tireront  de  grandi  avantages  de  cette  naviga-  '  Archives  du  canal  du  Midi,  A,  BB,  n.  4.  Histoire  du 

jion_  canal  de  Languedoc ,  par  les  descendants  de  Riquet,  p.  10. 

!,         .  .,               ,                    ,        .       ,    .  —  Pierre  Clément,  Lettres,  instructions  &  mémoires  de 

n  l^ue  SI  j  apprends  <jue  ce  dessein   doive  vous  Colbert,  IV,  p.  3o3. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  457 

affluent  du  Tarn,  soit  par  l'Arnette  &  le  Thoré,  soit  par  le  Laudot  &  le  Sor, 
dont  les  courbes  sinueuses,  brusquement  infléchies  vers  l'est,  après  avoir 
suivi  d'abord  une  direction  contraire,  dessinent  à  un  étage  inférieur  de  cinq 
cents  mètres,  le  contour  du  massif  d'où  elles  tirent  leur  origine.  Ces  eaux 
vives,  limpides,  courantes,  incessamment  alimentées  par  les  neiges  8<.  les 
pluies  d'hiver  qui  s'amassent  sur  les  larges  plates-formes  de  la  montagne, 
parurent  au  créateur  du  canal  la  source  miraculeuse  qui  devait  remplir  ses 
tranchées  &  rendre  la  navigation  possible  en  toute  saison.  C'est  pour  avoir 
fait  ainsi  jaillir  la  vie  &  le  mouvement  de  ces  roches  solitaires,  que  Riquet 
devait  se  laisser  appeler,  sans  trop  de  fausse  modestie,  le  Moïse  du  Languedoc. 

La  petite  rivière  du  Fresquel ,  qui  naît  au  pied  du  dernier  contrefort 
occidental  de  la  montagne  Noire  &  qui  va  se  jeter  dans  l'Aude  aux  environs 
de  Conques,  reçoit  sur  sa  rive  gauche  un  assez  grand  nombre  d'affluents,  à 
peu  près  parallèles  entre  eux  &  descendant  tous  des  plateaux  supérieurs  par 
des  dépressions  ou  courbes  généralement  perpendiculaires  à  la  direction  de 
la  chaîne.  Un  canal  de  dérivation,  tracé  sur  les  crêtes  dont  il  suit  les 
inflexions,  —  la  rigole  de  la  montagne,  —  fut  destiné  à  retenir  une  partie 
des  eaux  de  ces  affluents  Se  à  les  concentrer,  avec  celles  du  Sor  8c  du  Laudot, 
dans  un  vaste  magasin  commencé  par  la  nature  8c  achevé  par  l'industrie  de 
l'homme,  le  bassin  de  Saint-Ferréol. 

Cette  puissante  réserve  d'eau  a  été  obtenue  au  moyen  du  barrage  d'un 
vallon  très-encaissé  que  traversait  la  petite  rivière  du  Laudot;  c'est  une  sorte 
de  cuvette  naturelle  dont  les  parois  sont  formées  pour  la  plus  grande  partie 
par  les  croupes  même  de  la  montagne,  8c  dont  une  forte  digue  diagonale 
ferme  l'issue. 

Quel  a  été  exactement  le  rôle  de  Riquet  dans  cette  grande  œuvre,  si  féconde 
en  résultats?  Quelle  part  lui  revient  dans  la  conception  proprement  dite  de 
la  dérivation  des  eaux  de  la  montagne  Noire  pour  la  création  du  canal  navi- 
gable? Il  y  a  là  un  problème  historique  dont  la  solution  est  jusqu'à  ce  jour 
demeurée  incomplète.  Faut-il  croire  à  un  trait  de  génie,  suppléant  au  défaut 
de  connaissances  techniques,  affirmé  par  Riquet  lui-même  dans  sa  première 
lettré  à  Colbert,  8c  admettre  que  les  ingénieurs  n'ont  eu  qu'à  traduire,  par 
les  moyens  du  métier,  la  pensée  créatrice  de  l'inventeur?  Est-ce  avec  son 
mauvais  compas  de  fer,  dont  parle  le  chancelier  d'Aguesseau  dans  la  biogra- 
phie de  son  père',  que  le  seigneur  de  Bonrepos  a  tracé  les  contours  du  canal 
d'amenée  jusqu'à  Naurouse?  Rien  n'est  facile  à  contester,  après  coup,  comme 

■  n  M.  Riquet  étoit  un  de  ces  hommes  en  qui  le  vaste  projet  d'unir  l'Océan  k  la  Méditerranée  par 

génie  tient  la  place  de  l'art.  Eleré  pour  la  finance,  un  canal  de  plus  de  quarante  lieues,  qui  en  valent 

sans  jamais  avoir  eu  la   moindre  teinture  des  ma-  au  moins  quatre-vingts  de  ce  pays-ci;  projet  dont 

thématiques,    il    n'avoit    pour    tout    instrument,  l'exécution  étoit  encore  plus  difficile  par  la  séche- 

comme  je  l'ai  entendu  dire   plusieurs  ("ois  à  mon  resse  &  l'inégalité  du   terrain  par  lequel  il  falloit 

père,  qu'un  méchant  compas  de  fer;  &  ce  fut  avec  faire  passer  ce  canal,  que  par  la   longueur  '.  » 
si    peu    d'instruction   &    de    secours   que,  conduit 

seulement    par    un    instinct    naturel,   qui    réussit  .  Œuvre,  de  M.  le  chancelier  dAgues,eau.XlU,  p.  34. 

souvent  mieux   que   la    science,   il   osa   former   le  (Discours  sur  la  vie  &  la  mort  de  M.  d'Aguesseau.) 


1666 


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4:'58  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

la  propriété  d'une  idée,  rien  n'est  aussi  difficile  à  démontrer.  Dans  ses  pre- 
mières communications  à  Colbert,  Riquet,  avec  vine  humilité  affectée,  se 
vante  presque  de  ne  savoir  ni  grec  ni  latin,  &  de  pouvoir  à  peine  balbutier 
en  français.  Il  y  a  là  évidemment  une  exagération  languedocienne;  dans  tous 
les  cas,  s'il  n'avait  point  fait  d'humanités,  8c  si  sa  culture  littéraire  était  nulle, 
le  directeur  des  gabelles  possédait  un  esprit  très-actif,  très-délié,  une  ardente 
ambition,  un  désir  acharné  de  grandir  sa  famille;  &  s'il  est  vrai,  ce  qui  n'a 
point  été  démontré,  qu'il  se  soit  approprié  une  conception  appartenant  à  l'in- 
génieur Andréossy,  employé  dès  1664,  par  la  commission  mixte,  à  la  recon- 
naissance des  lieux  &  aux  premiers  travaux  de  nivellement,  on  peut  affirmer, 
du  moins,  qu'en  se  l'appropriant  il  a  donné  à  cette  conception  féconde,  par 
son  activité  infatigable,  sa  souplesse  &  son  habileté,  un  véhicule  qu'elle  n'au- 
rait jamais  eu  sans  lui. 

Colbert,  dans  une  heure  de  mécontentement,  a  jugé  Riquet  avec  une 
extrême  amertume.  Son  témoignage,  bien  qu'il  ne  soit  pas  suffisamment 
explicite,  ne  saurait  être  négligé  de  l'histoire. 

«  Cet  homme,  dit-il,  a  fait  comme  les  parfaits  menteurs  qui,  après  avoir 
«  trois  ou  quatre  fois  avancé  un  mensonge,  se  le  persuadent  à  eux-mesmes 
«  comme  une  vérité.  Il  s'est  dit  tant  de  fois  à  luy-mesme  qu'il  estoit  l'inven- 
«  teur  de  ce  grand  ouvrage,  8t  la  complaisance  que  j'ay  eue  pour  luy,  de  le  luy 
«  laisser  dire  mesme  en  ma  présence,  a  esté  si  grande  qu'à  la  fin  il  a  cru  qu'il 
«  en  estoit  le  véritable  auteur.  Et  sur  la  grandeur  de  cet  ouvrage  il  a  fondé 
«  la  grandeur  du  service  qu'il  rendoit  à  l'État  &  la  grandeur  de  sa  fortune'.  » 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  mystère  originel,  qui  demeurera  probablement  à 
jamais  impénétrable  &:  dont  les  revendications  du  général  Andréossy  en  faveur 
de  son  aïeul  n'ont  pas  réussi  à  dissiper  l'obscurité^,  c'est  de  Riquet  seul  que 
les  premières  communications  du  «  grand  dessein  n  arrivèrent  à  Colbert,  8c 
c'est  avec  lui  que  le  ministre  ne  cessa  de  correspondre  jusqu'à  la  complète 
exécution  du  travail. 

Colbert  avait  goûté  le  Mémoire,  8c  l'étudiant  avec  la  précision  8c  la  lucidité 
ordinaire  de  son  esprit,  qui  excellait  à  discerner  les  choses  possibles  sans  se 
laisser  effrayer  des  obstacles,  il  fit  connaître  l'idée  au  roi. 

Un  arrêt  du  conseil  du  18  janvier  i663  renvoya  l'affaire  aux  commissaires 
du  gouvernement  près  les  États  de  Languedoc,  les  chargeant  de  s'entendre 

'  Pierre  CUinent,  Lettres,  instructions  &  mimoi-  Ferr^ol  &  de  Lampy,  écluses,  aqueducs,  déversoirs, 

res  de  Colbert.  -  épanchoirs,  pontons),  d'une  «  carte  pour  le  canal 
'  Le  général  d'artillerie  Andréossy,  membre  de  de  communication  des  mers  Océane  &  Méditerranée, 
l'Institut  d'Egypte,  a  publié  en  1804  une  Histoire  dressée  en  1664  &  donnant  la  direction  des  ca- 
iu  Canal  du  Midi  (Paris,  Crapelet,  2  vol.  in-4''),  naux  de  dérivation  depuis  la  montagne  Noire  jus- 
où  il  réclame,  pour  l'ingénieur  François  An-  qu'au  point  de  partage,  la  position  de  ce  point, 
dréossy,  son  ascendant,  en  s'appuyant  sur  l'auto-  son  élévation  au-dessus  des  deux  mers,  le  nombre, 
rué  de  manuscrits  de  famille,  l'honneur  d'avoir  l'emplacement  des  écluses  &  les  longueurs  des  re- 
conçu la  première  idée  du  canal  de  navigation  tenues.  »  Dans  ce  projet,  le  canal  suit  le  vallon 
alimenté  par  les  eaux  de  la  montagne  Noire.  Son  du  Fresquel,  ainsi  que  l'avait  indiqué  Bachelier 
ouviage  est  accompagné,  outre  les  plans  des  divers  en  liSp,  au  lieu  de  passer  par  le  vallon  du  Tré- 
travdux  d'art  (profils  du  canal,  réservoirs  de  Saint-  boul,  définitivement  adopté  dans  la  construction. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  459 

avec  les  délégués  élus  par  cette  assemblée,  de  faire  choix  d'experts  8c  de  tra- 
vailler à  la  vérification  des  lieux. 

Encouragé  par  ses  premiers  rapports  avec  le  ministre,  exhorté  par  lui  à 
serrer  la  question  de  plus  près  St  à  présenter  un  plan  moins  sommaire,  Riquet 
se  mit  à  l'œuvre  à  la  fin  du  mois  d'avril  i663,  recueillit  les  éléments  d'un 
projet  détaillé  où  se  trouvaient  indiqués  les  passages,  les  distances,  le  nombre 
des  plans  d'eau  à  obtenir  par  le  moyen  des  écluses,  la  nature  du  sol,  les 
moulins  échelonnés  sur  la  route'. 

Dès  les  premiers  jours  d'octobre,  en  le  félicitant  «  d'avoir  encore  mieux 
«  réussi  qu'il  ne  se  l'étoit  promis  »  81  considérant  désormais  comme  démontrée 
la  possibilité  de  l'entreprise,  Colbert  invitait  Riquet  à  se  concerter  avec  les 
intendants  pour  un  projet  d'affiche  d'adjudication^. 

Le  4  octobre  1664,  les  Etats,  présidés  par  M.  de  Bourlemont,  nommèrent 
les  délégués  qui  devaient,  avec  les  commissaires  du  roi,  vérifier  le  projet  de 
canal  pour  la  jonction  des  mers.  Cette  commission  fut  très-nombreuse  :  elle 
comprenait  cinq  évêques  ou  vicaires  généraux  8c  cinq  barons  ou  envoyés,  plus 
les  syndics  généraux  de  la  Province  8c  les  secrétaires  des  États 3. 

Riquet  se  rendit  à  Paris,  fut  présenté  à  Colbert  par  l'archevêque  de  Tou- 
louse 8c  rentra  en  Languedoc  plein  de  confiance.  Au  commencement  d'avril, 
ses  agents  allèrent  jalonner  le  canal  de  dérivation  depuis  Durfort  jusqu'à 
Naurouse.  Lui-même,  arrivé  à  Toulouse  avant  la  commission,  perfectionnait 
son  projet  de  concert  avec  un  homme  expérimenté  en  ces  matières,  Hector  de 
Boutheroue,  sieur  de  Bourneuf,  l'un  des  intéressés  du  canal  de  Briare. 

L'assemblée  provinciale,  toujours  alarmée  du  projet  de  canaliser  les  marais 
d'Aigues-mortes,  était  loin  d'éprouver  pour  la  nouvelle  entreprise  les  senti- 
ments de  Colbert;  elle  affectait  de  n'y  voir  qu'une  spéculation  particulière, 
onéreuse  à  la  Province,  8c  il  n'est  point  douteux  que  sans  la  pression  de  l'ar- 
chevêque de  Toulouse,  fidèle  interprète  du  ministre,  8c  la  vigilance  des  inten- 
dants, l'affaire  n'eût  pas  mieux  réussi  que  la  ligne  de  Beaucaire  aux  étangs. 

Les  commissaires  des  Etats  se  réunirent  avec  ceux  du  gouvernement  chez 
le  prince  de  Conti,  8c  prirent  rendez-vous  à  Toulouse  pour  le  1"  octobre.  Ils 
décidèrent,  en  outre,  que  des  avis  d'adjudication  du  travail  seraient  publiés 
dans  tout  le  royaume  8c  dans  les  pays  étrangers,  avec  invitation  aux  soumis- 
sionnaires de  se  rendre  à  Toulouse  pour  y  faire  leurs  offres.  Quelque  temps 

'  Lettre  Au  29  mai  i663,  k  M.  d'Anglure  de  les  évêques  de  Montaub.in,  de  Mende  &  de  Saint- 
Bourlemont.  Riquet  dit  aToir  «  passé  partout  avec  Papoul;  MM.  de  Chambonns  &  d'Agrain,  vicaire» 
le  compas,  le  niveau  &  la  mesure  »  &  promet  "  un  généraux  de  Viviers  &  du  Puy;  les  barons  de  Cas- 
calcul  de  ce  que  ce  travail  pourra  coûter',  u  tries,    de  Lanta    &    de    Canges;    M.   de  Brestols, 

'  Lettre  du  9  octobre  i663.  Lettres^  instructiont  envoyé  de  Polignac;  de  Canes,  envoyé  de  Coufibu- 
£•  mcmo/rej  </£•  Co.'ierr.  On  trouvera  le  texte  de  cette  lens;  les  députés  municipaux  de  Toulouse,  Car- 
première  affiche  d'adjudication,  datée  du  5  février  cassonne,  Narbonne,  le  Puyj  les  syndics  du  Vivn- 
1664,  la  veille  de  la  clôture  des  États,  dans  nos  rais,  des  diocèses  de  Toulouse,  de  Saint-Pons  &  de 
Pièces  justificatives,  n.  CCCXXXVIII,  col.  83o.  Saint-Papoul'. 

'  Voici  la    liste  complète   de  ces  commissaires  : 

'  Procès-verbal  des  Etat»  de  Languedoc.  Sc'ance  du  4  fé- 

'  Hitloire  du  canal  de  Languedoc,  p.  19.  vrier  1664. 


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460  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

plus  tard,  le  prince  rassembla  chez  lui,  par  ordre  du  roi,  tous  les  commis- 
saires qui  se  trouvaient  alors  à  Paris,  &  résolut  avec  eux  de  retarder  la  date 
de  la  vérification  des  lieux  au  4  novembre.  On  fit  placarder  aux  portes  des 
églises  &  aux  carrefours  de  Paris  la  nouvelle  ordonnance  &  l'appel  «  aux 
«  ouvriers  capables  »  qui  voudraient  se  mettre  sur  les  rangs  '. 

La  commission  commença  ses  opérations  à  Toulouse.  Sur  les  réquisitions 
du  syndic  général  Boyer,  elle  s'adjoignit  dix  experts,  dont  un  intéressé  du 
canal  de  Briare,  un  directeur  des  gabelles,  l'ingénieur  Andréossy,  qui  avait 
précédemment  visité  les  canaux  de  la  Brenta,  de  l'Adda  Si  du  Tessin,  S<.  ie 
géographe  Cavalier,  auteur  d'une  carte  de  la  Province  exécutée  aux  trais 
des  États*. 

Tout  le  monde  se  rendit,  sous  la  conduite  de  Riquet,  au  point  où  son 
projet  plaçait  l'embouchure  du  canal  dans  la  Garonne.  Ce  point  fut  fixé  à 
cent  toises  (ig5  mètres),  en  aval  de  l'île  du  Bazacle.  C'est  là  que  les  premiers 
jalons  furent  plantés  à  travers  la  plaine,  en  allant  rejoindre  la  vallée  de 
l'Hers.  La  pensée  de  rendre  cette  rivière  navigable  étant  écartée,  l'on  suivit 
les  larges  prairies  qu'elle  arrose,  puis  on  remonta  les  pentes  du  Lauragais 
jusqu'à  Naurouse.  Avant  de  s'engager  sur  le  versant  méditerranéen,  la  compa- 
gnie jugea  utile  de  se  transporter  dans  la  montagne  Noire,  d'où  Riquet  avait 
annoncé  qu'il  tirerait  toute  l'eau  nécessaire  pour  le  canal.  Cette  visite  dura 
cinq  jours.  On  aborda  la  montagne  par  Revel  &  le  vallon  du  Sor,  poussant 
la  reconnaissance  jusqu'à  Durfort  &  au  moulin  du  Purgatoire.  A  Durfort, 
où  la  rivière  tombe  entre  deux  montagnes  très-élevées,  les  consuls,  les  princi- 
paux habitants  &  le  seigneur  appelés  en  témoignage  déclarèrent  que  pendant 
les  mois  d'août,  septembre  Se  octobre,  époque  des  plus  basses  eaux,  le  débit 
du  Sor  ne  diminuait  jamais  de  plus  d'un  tiers;  la  commission  s'assura  ensuite 
des  niveaux  jusqu'à  l'arête  de  partage,  &  reconnut  que,  malgré  les  sinuosités 
du  terrain,  la  pente  permettrait  de  conduire  les  eaux  jusqu'à  Naurouse. 

Comme  le  projet  de  Riquet  utilisait  aussi,  pour  grossir  le  contingent  du 
Sor,  les  eaux  du  Rieutort,  du  Lampy,  du  Lampillon,  de  la  Bernassonne  8c 
de  l'Alzau,  les  experts  parcoururent  ces  divers  vallons  Se  se  convainquirent  de 
la  possibilité  de  faire,  en  effet,  converger  les  cinq  affluents. 

La  suite  de  la  vérification,  qui  dura  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  décembre, 
fut  entièrement  favorable  à  l'entreprise. 

Dans  le  cours  de  cette  enquête,  diverses  questions  accessoires  furent  agitées 
qui  font  bien  voir  comme  les  idées  de  progrès  s'enchaînent  :  c'est  ainsi  qu'au 
début  même  de  l'opération,  en  signalant  l'insuffisance  de  la  haute  Garonne 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  sieur  de  Guitaud,   maréchal   de   camp  des  armées 

du  22  janvier   i665.  du  roi,  lieutenant  de  Sa  Majesté  à  Aigues-mortes; 

'Voici   la    liste    complète  des   experts   nommés  — Jean   d'Avessens,  sieur  de  Tarabel  ;  —  François 

par  la   commission  :  Hector  de   Boutheroue,  sieur  Andréossy,    Pélafique,    Jean    Cavalier,    ingénieur 

de  Bourneuf,  actionnaire  du  canal  de  Briare  &  du  géographe  du    roi   &   contrôleur  des  fortifications 

canal  de  la   Loire  à  la  Seine;  —  Etienne   Jacqui-  en  Languedoc,  Bressieux,  géomètre'. 

not,    sieur  de  Vaurose,   directeur   général    des    gn-  n-  .-i  ■  r   ,.  •     .       .■        i-      ■      ■         j 

.     ,      °  °  '  Pierre  Clément,   Lettres,  tnstructtons  S  mémoires  de 

belles  de  Provence  &  Dauphiné;  —  Marc  de  Noé,       Colbert,  IV,  p.  3o6. 


LIV.  II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  461 

comme  voie  navigable,  à  cause  des  bas- fonds  qui  la  rendent  périlleuse,  on 
indiqua  nettement  la  pensée  d'ouvrir  un  canal  latéral  depuis  Ondes,  confluent 
de  l'Hers,  jusqu'à  la  pointe  de  Moissac,  afin  de  permettre  aux  embarcations 
arrivant  de  la  Méditerranée  par  Naurouse  Si  le  vallon  de  l'Hers  d'atteindre  un 
point  où  les  eaux  du  fleuve  tussent  assez  fortes  pour  les  porter  en  toute  saison. 

De  son  côté,  M.  de  Bezons  fit  ressortir  l'avantage  que  l'on  aurait  à  créer 
une  voie  d'eau  pour  amener  en  Languedoc  les  marchandises  venant  du  Lyon- 
nais par  le  Rhône  sans  les  exposer  aux  périls  du  golfe  Si  montra  que  si  l'on 
réussissait  à  conduire  cette  voie  par  l'étang  de  Thau,  les  bassins  de  l'Hérault 
Si  de  l'Orb  jusqu'au  grand  canal  de  Languedoc,  «  on  pourroit  aller  de  Bour- 
"  g^g"^  ^  Bordeaux  par  lesdits  fleuves  Si  canaux  sans  aucun  risque,  Si  ce 
«  seroit  un  ouvrage  autant  utile  qu'admirable.  » 

Il  est  difficile  de  ne  pas  songer,  au  sujet  de  cette  grande  conception  dont 
l'ensemble  ne  devait  être  réalisé  que  de  notre  temps,  combien  les  vues  du 
pouvoir  central  étaient  alors  supérieures  à  celles  des  administrateurs  provin- 
ciaux. Colbert  avait  réussi  à  développer  dans  son  entourage  Si  dans  ses  agents 
directs  une  véritable  ferveur  de  progrès  économique  Si  cette  passion  des  belles 
œuvres  qui  rend  le  souvenir  des  gouvernements  durable.  La  petite  oligarchie 
des  États  répondait  à  ces  espérances  d'un  caractère  vraiment  national  par  une 
incrédulité  intéressée,  par  des  préoccupations  de  mercuriales  fort  peu  intelli- 
gentes, puisque  les  mêmes  voies  qui  taisaient  redouter  l'importation  des  grains 
étrangers  assuraient  aussi  l'exportation  des  excédants  de  récoltes. 

Mais  il  est  vrai  d'ajouter  que  l'autorité  royale,  quand  elle  rencontrait  ces 
résistances  mesquines,  recueillait  ce  qu'elle  avait  semé.  Son  intervention  n'était 
pas  innocente  de  la  prédominance  des  intérêts  particuliers  dans  des  assemblées 
d'où  toute  représentation  sincère  avait  fini  par  être  bannie.  On  s'était  uni- 
quement inquiété  d'avoir  des  députés  dociles,  sans  les  chercher  ni  intelligents 
ni  instruits.  Les  personnages  importants  abusaient  de  cette  docilité  à  leur 
prr^t,  81  l'habitude  de  suivre  aveuglément  les  ordres  de  quelques  puissants 
patrons  entraînait  la  clientèle  à  ces  votes  contre  nature,  dont  les  partisans  de 
rautorité  absolue  ont  trop  abusé,  puisqu'ils  sont  la  conséquence  non  pas  d'une 
délibération  libre,  mais  de  l'absence  même  Si  de  l'inexpérience  de  la  liberté. 

«  Maintenant,  dit  le  comte  du  Roure  en  ouvrant  les  États  à  Béziers  le 
«  4  décembre  1664,  le  roy  ne  s'applique  pas  seulement  à  rétablir  le  commerce 
«  que  nos  désordres  avoient  détruit;  il  veut  encore  l'augmenter  81  enrichir 
«  particulièrement  cette  Province  par  la  jonction  des  deux  mers,  à  quoy  votre 
Cl  illustre  président  Si  les  autres  Messieurs  vos  commissaires  viennent  si  utile- 
«  ment  de  s'employer'.  » 

L'archevêque  de  Toulouse,  Charles  d'Anglure  de  Bourlemont,  toujours 
président  des  États  par  suite  de  la  disgrâce  de  Fouquet,  dans  sa  réponse  aux 
commissaires  du  roi,  s'étendit  longuement  sur  la  grande  entreprise. 

Après  avoir  rappelé  les  soins  que  le  ministère  se  donnait  pour  développer 

'  Procès-verbal  des  Etats  dt  Languedoc.  Séance  du  4  dicembrc  1664. 


1666 


i666 


463  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

le  commerce  extérieur  8c  mentionné  l'établissement  de  deux  compagnies  pour 
le  commerce  des  Indes  orientales  &  des  Indes  occidentales,  il  ajouta  : 

«  Sa  bonté  pour  nous  ne  se  borne  pas  dans  le  bienfait  général;  elle  a  conçu 
«  un  dessein,  le  plus  grand  8(.  le  plus  glorieux,  mais  aussi  le  plus  utile  pour 
«  cette  Province  que  jamais  monarque  eût  eu  dans  l'âme;  il  veut,  par  la 
«  jonction  de  l'Océan  à  la  Méditerranée,  transporter  dans  le  Languedoc  ces 
((  fameuses  colonnes  d'Hercule  plus  connues  par  le  débris  &  le  naufrage  d'une 
«  infinité  de  vaisseaux  &  par  les  pirateries  des  corsaires  de  Tunis  81  d'Alger 
«  que  par  les  écrits  des  poëtes  &  des  historiens;  Sa  Majesté  veut  enrichir  les 
(c  marchands  en-  abrégeant  le  cours  de  la  navigation  de  près  de  deux  mille 
«  lieues,  en  les  garantissant  également  des  dangers  ordinaires  de  la  mer  dans 
«  un  si  grand  trajet,  comme  des  embûches  des  corsaires.  » 

Le  i5  décembre,  les  commissaires  du  gouvernement  étant  rentrés  aux  États 
pour  leur  demander  un  don  gratuit  de  deux  millions  quatre  cent  mille  livres, 
M.  de  Bezons  appuya  avec  une  particulière  insistance  sur  le  projet  de  canal. 
Comme  il  venait  de  faire  appel  aux  souscriptions  individuelles  des  membres 
de  l'assemblée  pour  les  deux  compagnies  des  Indes,  faisant  ressortir  avec 
beaucoup  d'habileté,  devant  les  évêques  de  Languedoc,  l'avantage  que  la  foi 
catholique  allait  recueillir  de  l'extension  de  la  France  coloniale,  il  indiqua 
le  canal  de  Languedoc  comme  un  moyen  recherché  par  le  roi  pour  faire  par- 
ticiper les  villes  de  l'intérieur  à  la  prospérité  des  ports  maritimes. 

«  C'est  ici,  dit-il,  où  paroit  admirable  le  désir  de  notre  monarque  pour 
«  l'avantage  Si  la  gloire  de  cette  Province,  lorsqu'il  songe  à  communiquer  les 
«  deux  mers  par  un  canal  navigable  en  toutes  les  saisons.  Ce  dessein,  qui  a 
«  donné  de  l'étonnement  à  toute  l'antiquité,  se  trouve  facile  d'exécuter,  8c  il  y 
«  a  lieu  d'espérer  que  Sa  Majesté  sera  satisfaite  de  l'application  avec  laquelle 
«  on  en  a  connu  la  possibilité.  Ainsi  toutes  les  grandes  villes  de  cette  Pro- 
«  vince  se  trouvant  sur  le  rivage  ou  proche  de  ce  canal  profiteront  aussi  avan- 
«  tageusement  de  ce  commerce  comme  si  elles  étoient  des  villes  maritimes, 
<(  semblables  à  la  composition  du  corps  humain  dont  la  philosophie  nous 
«  apprend  que  la  beauté  ne  consiste  pas  dans  la  simple  conformation  des 
«  parties,  mais  dans  la  circulation  du  sang  qui  par  ce  mouvement  perpétuel 
«  communique  6c  porte  les  esprits  dans  toutes  les  parties  Se  fait  qu'elles  tirent 
«  un  mutuel  secours  les  unes  des  autres'.  » 

En  lui  répliquant  &c  en  exposant,  suivant  l'usage,  la  pauvreté  de  la  Pro- 
vince, l'archevêque  de  Toulouse  releva  son  tableau  d'un  trait  qui  rendait 
saisissante  l'utilité  du  projet  royal.  «  Les  denrées  que  la  dernière  récolte  nous 
«  a  données,  dit-il,  pourrissent  8c  se  gâtent,  faute  de  débit,  sans  pouvoir  faire 
«  d'argent.  « 

Lorsque  M.  de  Bezons,  à  la  fin  de  la  session,  partit  pour  la  Cour,  il 
emporta,  outre  l'avis  des  commissaires,  le  plan  8c  le  devis  de  l'œuvre.  La  pos- 
sibilité du  succès  était  reconnue;  on  n'avait  plus  d'incertitude  sur  l'alimenta- 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du   i5  décembre  K564. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  463 

tion  du  bief  supérieur;  la  commission  s'était  écartée  du  projet  de  Riquet,  en 
refusant  de  canaliser  l'Hers  &  l'Aude,  à  cause  de  la  sinuosité  ou  de  l'inégalité 
ie  fonds  de  ces  rivières,  mais  le  point  capital  demeurait  incontesté.  Le  relevé 
ittentif  des  niveaux  sur  tout  le  parcours  ne  laissait  aucune  place  au  doute; 
;e  n'est  donc  point  pour  se  donner  une  démonstration  rendue  inutile  par  la 
vérification  des  experts,  mais  plutôt  pour  réduire  au  silence  les  incrédulités 
locales  St  fonder  le  renom  populaire  de  l'œuvre,  que  l'on  décida,  sur  l'avis  des 
:ommissaires,  d'établir  un  canal  d'essai  pour  amener  l'eau  du  Sor  au  point  de 
partage  Se  la  faire  descendre  de  là  jusqu'à  Toulouse  8t  à  Carcassonne. 

La  rigole  fut  creusée  &  réussit,  comme  on  en  devait  être  assuré  d'avance. 
Commencée  au  mois  de  mai  i665,  elle  fut  terminée  en  octobre;  Bezons  8t 
Tubeuf  allèrent  en  personne  en  constater  la  perfection. 

Le  gouvernement  comptait  sans  doute  sur  cette  preuve  matérielle  84  mani- 
feste pour  vaincre  le  mauvais  vouloir  des  États.  M.  de  Bezons,  en  réclamant 
le  concours  financier  de  la  Province,  invoqua  habilement  la  démonstration 
empirique  qui  venait  d'être  faite  : 

«  L'on  a  discuté,  dit-il,  la  possibilité  de  la  jonction  des  mers.  Cette  pensée 
a  hardie,  qui  a  été  l'objet  des  souhaits  de  quantité  de  princes  depuis  plusieurs 
«  siècles,  se  trouve  une  chose  facile  dans  l'exécution.  Il  a  déjà  été  dépensé 
«  cent  mille  livres  pour  en  faire  l'essai,  èi.  convaincre,  par  une  expérience  sen- 
«  sible,  de  la  possibilité  de  l'ouvrage  que  nous  avions  déjà  reconnu  faisable.  » 

L'intendant  ajouta  que  le  canal  de  Languedoc  allait  avoir  un  complé- 
ment indispensable.  Le  cap  de  Cette  fournissait  un  lieu  avantageux  pour  la 
sûreté  des  vaisseaux;  ce  port  n'étant  séparé  des  étangs  que  par  une  langue  de 
terre  Se  n'étant  communicable  que  par  un  canal  pour  les  barques,  la  Province 
en  devait  recueillir  tous  les  avantages  sans  en  redouter  les  inconvénients. 

Ces  efforts  d'éloquence  furent  inutiles.  Sans  compter  l'antipathie  natu- 
relle qvi'une  entreprise  formée  par  un  traitant  inspirait  aux  membres  des 
États  de  Languedoc,  le  haut  personnel  épiscopal  était  beaucoup  plus  préoc- 
cupé de  la  question  religieuse  que  de  la  prospérité  commerciale  du  pays.  On 
avait  entendu  l'évêque  de  Viviers,  à  l'ouverture  de  la  session,  célébrer  avec 
un  enthousiasme  presque  lyrique  l'arrêt  qu'il  avait  «  plu  au  conseil  de 
«  rendre,  sur  les  avis  des  États,  enjoignant  aux  protestans  de  Privas  de 
«  vider  incessamment  la  ville.  »  Et  il  avait  ajouté,  en  se  réjouissant  de  cette 
épuration  de  son  diocèse  :  «  Maintenant  le  corps  de  ce  monstre  n'aura  plus 
«  que  de  foibles  mouvements,  puisque  la  tête  en  est  écrasée;  8c.  si  les  armes 
M  de  Louis  le  Juste  avoient  abattu  ses  forces  en  rasant  les  murailles  de  cette 
«  ville  opiniâtre,  la  justice  de  Louis  Dieudonné  lui  a  arraché  le  cœur  en 
«  chassant  ceux  qui  s'y  étoient  établis'.  » 

Encouragé  par  ce  succès,  on  s'inquiétait  avec  infiniment  plus  d'ardeur, 
dans  les  hauts  bancs  des  États,  d'obtenir  un  nouvel  arrêt  du  conseil  frappant 
de  peines  sévères  les  conversions  de  catholiques  au  protestantisme,  dont  le 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  28  novembre  i665. 


i666 


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464 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


nombre  croissait  de  jour  en  jour,  8c,  pour  y  arriver,  on  cherchait  à  suscitai 
dans  toute  la  Province  un  mouvement  général  de  supplications  au  roi,  sous 
l'impulsion  des  syndics  généraux'. 

Les  passions  religieuses  avaient  déjà  paralysé  par  deux  fois  les  projets 
féconds  de  François  I"  &  d'Henri  IV  pour  la  canalisation  du  Languedoc. 
Peu  s'en  fallut  qu'elles  ne  produisissent  les  mêmes  résultats  sous  Louis  XIV; 
&  il  est  certain  que,  sans  la  vigueur  Se  la  ténacité  de  Colbert,  l'entreprise  de 
Riquet  n'eût  pas  eu  meilleure  fin  que  celles  de  Bradiey,  de  Brun  8t  de 
Paulet. 

L'article  de  la  délibération  des  Etats,  relatif  aux  propositions  pressantes  des 
commissaires  royaux,  mérite  d'être  textuellement  rapporté  : 

«  Les  États,  répondant  aux  demandes  qui  leur  ont  été  faites  de  la  part  du 
«  roy  par  messieurs  ses  commissaires  d'un  don  gratuit  pour  la  présente  année 
«  1666  &  de  contribuer  aux  ouvrages  que  Sa  Majesté  a  résolu  de  faire  tant 
«  d'un  port  au  cap  de  Cette  que  d'un  canal  de  communication  des  deux 
»  mers,  &  considérant  que  les  ouvrages  proposés  par  mesdits  sieurs  les  com- 
(i  missaires  sont  des  ouvrages  royaux,  même  que  le  roy  Henry  le  Grand 
«  l'avoit  ainsi  jugé  pour  le  port  du  cap  de  Cette  en  l'année  1602,  pour  la 
<(  construction  duquel  Sa  Majesté  n'avoit  demandé  que  la  somme  de  trente 
«  mille  livres  une  fois  payée  que  la  Province  n'avoit  pas  cru  devoir  accorder, 
«  ont  délibéré  qu'ils  ne  peuvent  contribuer  de  présent  ni  à  l'avenir  à  la 
«  dépense  desdits  ouvrages*.  » 

Cependant  le  ministre  ne  doutait  plus  de  la  réussite  &  ne  cessait  d'encou- 
rager Riquet,  l'assurant  de  la  protection  du  roi  pour  faciliter  l'entreprise. 
t(  Vous  n'avez,  lui  disait-il,  qu'à  bien  faire  &  à  vous  reposer  du  reste  sur 
«  votre  très-aftectionné  serviteur^.  » 

Quelques  jours  après,  il  lui  donnait  la  certitude  que  le  roi  était  résolu  à 


■  Le  II  février  i665,  les  Estais,  «  voyant  avec 
douleur  le  désordre  commis  par  ceux  de  la  R.  P.  R. 
lesquels,  par  argent,  sous  promesse  de  mariage  ou 
autres  choses  illicites,  séduisent  les  pauvres  catho- 
liques ignorants  &  les  obligent  d'abjurer  scanda- 
leusement leur  religion  pour  embrasser  la  pré- 
tendue réformée  »,  avaient  donné  mandat  à  leurs 
députés  en  cour  de  solliciter  un  arrêt  défendant 
aux  catholiques  d'abjurer  leur  religion,  &,  pour 
l'obtenir  avec  plus  de  facilité,  d'intéresser  à  leurs 
démarches  l'Assemblée  générale  du  clergé  de  France 
convoquée  pour  le  mois  de  mars  suivant.  Afin  de 
«  faire  mieux  voir  à  Sa  Majesté  que  tous  les  ca- 
tholiques de  la  Province  souhaitaient  avec  passion 
que  la  faculté  de  se  faire  de  la  R.  P.  R.,  soufferte 
par  abus  &  contre  les  édits,  fût  retranchée,  a  on 
prescrivit  aux  syndics  généraux,  chacun  dans  son 
département,  de  faire  prendre  dans  toutes  les 
assemblées  d'assiettes  diocésaines  des  délibérations 
conformes.  Cet  ordre  fut  exécuté  partout,  mais  la 
manifestation  ne   paraissant  pas  assez  imposante, 


on  décida,  le  3o  décembre  i665,  qu'il  était  néces- 
saire de  faire  ratifier  la  même  délibération  par 
toutes  les  communes  de  Languedoc,  «  pour  con- 
sommer la  preuve  du  désir  commun  que  tous  les 
catholiques  avaient  de  voir  supprimer  cette  fausse 
liberté,  contraire  au  droit  divin  &  humain,  ne  se 
pouvant  tolérer  que  les  catholiques  se  pervertis- 
sent sans  châtiment.  »  Tous  les  catholiques  de  l'un 
&  de  l'autre  sexe  furent  donc  invités  à  faire,  par 
acte  public,  dans  des  assemblées  ordonnées  par 
les  évêques,  une  renonciation  expresse  à  la  pré- 
tendue &  fausse  liberté  de  changer  de  religion,  se 
soumettant  d'avance  à  toutes  les  peines  qu'il  plai- 
rait au  roi  de  leur  infliger  '. 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance 
du   26  février   1666. 

'  Lettre  de  Colbert  à  Riquet  du  17  juillet  |665. 
Archives  du  canal  du  Midi. 


'  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  3o  H 
cembre  i6(J5. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  460 

faire  exécuter  la  jonction  des  mers  8c  qu'il  n'aurait  pas  d'autre  entrepreneur 
que  Riquet '. 

«  Vous  trouverez  en  la  personne  du  roi  toute  sorte  de  protection,  non- 
«  seulement  pour  la  suite  de  ce  grand  ouvrage,  mais  même  pour  vos  affaires 
«  particulières^.  » 

Ce  n'étaient  point  de  vaines  promesses.  Le  5  octobre  1666,  au  château  de 
Vincennes,  le  chevalier  de  Clerville,  directeur  des  fortifications,  signait  un 
devis  des  travaux  du  canal  de  Languedoc,  prescrivant  de  travailler  avant 
toute  chose  à  la  rigole  de  dérivation  Si  aux  réservoirs,  puis  à  la  ligne  navi- 
gable de  Toulouse  à  Trèbes,  &  enfin  de  Trèbes  à  Narbonne^. 

La  publication  de  l'édit  royal  pour  la  jonction  des  mers  suivit  de  près'*. 
Le  canal  à  construire  était  érigé  en  fief  relevant  immédiatement  de  la  cou- 
ronne, sous  l'obligation  de  foi  &c  hommage  &  la  redevance  d'un  louis  d'or  à 
chaque  mutation,  payable  entre  les  mains  du  trésorier  domanial  en  la  séné- 
chaussée de  Carcassonne;  à  ce  fief  étaient  attachés  les  droits  de  haute, 
moyenne  8c  basse  justice  sur  le  lit  8c  les  berges  du  canal,  les  chaussées,  les 
écluses,  réservoirs,  bâtiments  8c  dépendances,  avec  faculté  d'élever  un  châ- 
teau seigneurial  avec  tours  8c  créneaux,  des  moulins  en  nombre  suffisant  8c 
tous  les  bâtiments  d'exploitation  nécessaires. 

Le  14  octobre  1666,  Pierre-Paul  Riquet,  sieur  de  Bonrepos,  fut  déclaré 
adjudicataire  de  l'entreprise,  ayant  consenti  à  l'exécuter  à  forfait,  dans 
l'espace  de  huit  années,  à  dater  du  i"  janvier  1667,  pour  la  somme  de  trois 
millions  six  cent  trente  mille  livres,  que  le  roi  devait  lui  faire  verser  en  huit 
payements  annuels  égaux^. 

Des  lettres  patentes  furent  données,  le  18  novembre,  sur  le  bail  d'adjudi- 
cation dont  elles  ratifiaient  les  termes<5.  Une  clause  spéciale  accordait  à 
l'entrepreneur,  à  sa  femme,  8c  à  leurs  enfants  nés  ou  à  naître,  la  réhabilita- 
tion de  noblesse,  pour  jouir  du  privilège  à  perpétuité,  sans  pouvoir  être 
réputés  nouveaux  nobles.  Cette  forme  d'anoblissement  était  connue  dans  les 
pratiques  de  la  chancellerie;  on  l'accordait  aux  personnages  très-favori  ses 
qui  voulaient  laisser  croire  à  une  ancienne  illustration  de  leur  famille,  6c  à 
des  actes  de  dérogeance  plus  ou  moins  prouvés.  Ce  n'était  pas  simplement  une 
satisfaction  d'amour-propre,  mais  un  dégrèvement  des  taxes  assez  lourdes  qui 
frappaient  les  anoblis  quand  il  plaisait  au  roi  d'ordonner  un  nouveau  droit 
de  confirmation. 

Dès  ce  moment,  Riquet  put  considérer  la  grandeur  de  son  entreprise  8c 
celle  de  son  œuvre  comme  assurées;  il  avait  acquis,  par  des  enchères  dis- 
tinctes, au  prix  de  deux  cent  mille  livres,  la  seigneurie  du  canal  8c  les  droits 
de  péage;  il  se  mit  à  l'œuvre,  8c  au  mois  de  janvier  1667,  deux  mille 
ouvriers  se  trouvaient  déjà  sur  le  terrain. 

•  Lettre  du  14  août  i665.  *  Piècet  juitificaùves,  n.  CCCXLVII,  col.  921. 

*  Lettre  du   16  septembre  i6â5.  '  Nous  publions  le  bail  d'adjudication  du  canal 
'  On    trou»era    le   texte  de    ce    devis   dans    nos       aux  Pièces  justificatives,  n.  CCCXLIX,  col.  946. 

Pièces  justificatives ,  n.  CCCXLVUI,  col.  932.  '  Pièces  justificatives,  n,  CCCL,  col.  çSo. 

xin.  3o 


1666 


i6G6 


466  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

De  tous  les  éléments  de  la  richesse  nationale  que  l'administration  de 
Louis  XIV  cherchait  à  vivifier  pour  en  faire  sortir  de  nouvelles  ressources  8c 
subvenir  aux  charges  croissantes  de  l'Etat,  il  n'en  était  pas  de  plus  compromis 
que  les  forêts  du  domaine  royal.  Ces  précieuses  propriétés  de  la  couronne 
avaient  particulièrement  souffert  des  guerres  civiles  Se  du  désordre  intérieur 
occasionné  par  les  dernières  divisions  de  la  monarchie.  Outre  les  actes  d'hos- 
tilité qui  en  détruisireîit  un  grand  nombre,  l'exagération  des  droits  d'usage, 
les  usurpations  des  corporations  religievises,  des  seigneurs  6t  des  communes, 
favorisées  par  la  tolérance  ou  par  la  complicité  des  agents  royaux,  l'insuffi- 
sance ou  l'improbité  du  personnel  forestier,  qui,  n'étant  soumis  à  aucun 
contrôle  sérieux,  semblait  ne  voir  dans  ses  fonctions  qu'un  moyen  de  s'enri- 
chir aux  dépens  du  Trésor  en  traitant  le  bien  de  l'Etat  comme  le  sien  propre, 
avaient  presque  absolument  ruiné  ces  nobles  &  magnifiques  futaies  françaises 
qui  faisaient  l'orgueil  8c  la  décoration  du  pays. 

La  province  de  Languedoc,  comprise  dans  le  ressort  de  la  grande  maî- 
trise de  Toulouse,  avait  trop  directement  participé  à  toutes  les  agitations  du 
royaume  depuis  les  grandes  luttes  religieuses  pour  que  ses  bois  n'en  fussent 
pas  appauvris  8t  en  partie  dévastés. 

Dès  l'année  i665,  MM.  de  Bezons  8c  de  Tubeuf,  commissaires  départis  pour 
l'exécution  des  ordres  du  roi  en  Languedoc,  reçurent  le  mandat  spécial  de 
préparer  une  réforme  d'ensemble  du  régime  forestier  '.  Cette  inspection  devait 
se  faire  en  dehors  de  la  hiérarchie  régulière,  puisqu'un  de  ses  principaux 
objets  était  de  réprimer  les  malversations  des  officiers  du  domaine.  Aussi  les 
commissaires  du  roi  étaient-ils  autorisés,  par  le  texte  même  de  leurs  pouvoirs, 
à  se  donner  des  subdélégués  de  leur  choix  pour  l'instruction  des  affaires  8c  à 
désigner  les  arpenteurs  pour  travailler  sous  leurs  ordres.  Ils  devaient  se  faire 
représenter  les  titres  originaux  de  toutes  les  personnes  jouissant  de  droits 
d'usage,  régler  les  coupes  de  bois,  juger  les  procès  pendants  entre  les  adju- 
dicataires des  ventes  8c  les  officiers  de  la  maîtrise,  réprimer  toutes  les  usurpa- 
tions 8c  mettre  fin  aux  déprédations  des  agents  du  domaine,  qui  tantôt  s'étaient 
arrogé  des  droits  illicites  sur  les  forêts  de  la  couronne,  tantôt  avaient  aliéné 
sans  autorisation  8c  sous  le  titre  menteur  de  terres  vagues  8c  vaines  des  pâtu- 
rages excellents  ou  des  champs  de  labour  d'un  grand  revenu. 

L'information  de  toutes  ces  fraudes  était  recommandée  soigneusement  à 
MM.  de  Bezons  8c  de  Tubeuf.  On  leur  confiait  aussi  le  soin  de  juger  sou- 
verainement les  différends  8c  procès  intentés  contre  les  seigneurs  8c  gen- 
tilshommes par  leurs  vassaux  pour  cause  d'usurpation  d'usages,  8c  pour  l'éta- 
blissement de  garennes  non  autorisées,  dont  les  lapins  ravageaient  les  cultures 
avoisinantes. 

Quant  aux  agents  de  la  réformation,  ils  pouvaient  être  attaqués  seulement 
devant  le  grand  conseil  du  roi  ou  devant  les  requêtes  de  l'hôtel,  à  leur  choix, 

'  Commission  datée  de  Saint-Germain  en  Laye  le  2  juin  i665.  Bibliothèque  de  ToulouK.  Manuscrits 

de  Froiiour,  cjiiatrième  recueil. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  467 

une  disposition  spéciale  interdisant  à  toute  autorité  judiciaire,  de  quelque 
ordre  &  de  quelque  dignité  qu'elle  pût  être,  d'intervenir  dans  les  questions 
de  forêts. 

Afin  de  hâter  les  bons  résultats  que  l'on  attendait  de  la  réformation,  un 
arrêt  du  conseil  du  12  août  de  la  même  année  chargea  les  deux  commissaires 
départis  de  suspendre  les  ventes  ordinaires  de  l'année,  8c  de  les  remplacer  par 
un  abatage  général  des  bois  abroutis  &  des  futaies  sur  le  retour  qui  dépéris- 
saient journellement  &  menaçaient  de  pourrir  sur  pied, 

La  tâche  confiée  à  MM.  de  Bezons  Si  de  Tubeuf  était  longue  81  laborieuse; 
les  autres  emplois  qu'ils  remplissaient  dans  la  Province  ne  leur  permettant 
pas  d'y  suffire,  en  même  temps  qu'ils  recevaient  du  roi  l'ordre  de  prerfdre  la 
direction  des  travaux,  une  commission  particulière  était  expédiée  de  Saint- 
Germain  à  Louis  de  Froidour,  seigneur  de  Serizy,  lieutenant  général  civil  8c 
criminel  au  bailliage  de  Marie  8c  la  Fère. 

Ce  personnage,  qui  devait  séjourner  longtemps  en  Languedoc  8c  y  jouer 
un  rôle  considérable,  était  un  Picard  fort  intelligent,  très-actif  &c  habile 
observateur,  qui  avait  fait  ses  preuves  comme  forestier  dans  la  réformation 
générale  des  bois  de  l'Ile-de-France,  de  la  Brie,  du  Perche,  de  la  Picardie  8c 
des  territoires  désignés  à  cette  époque  sous  le  nom  de  pays  reconquis. 

On  lui  donna  le  pouvoir  d'instruire  8c  de  juger  les  instances,  soit  avec  les 
commissaires  départis,  soit  isolément,  en  se  faisant  assister  par  le  nombre  de 
gradués  prescrit  dans  les  ordonnances. 

Un  autre  Picard,  Julien  de  Héricourt,  conseiller  au  présidial  de  Soissons, 
fut  attaché  à  la  mission  de  son  compatriote  en  qualité  de  procureur  du  roi,  8c 
une  ordonnance  du  même  jour  nomma  Valentin  Prioux  greffier  de  la  réfor- 
mation. 

Comme  l'arrondissement  forestier  de  la  grande  maîtrise  de  Toulouse  dépas- 
sait de  beaucoup,  du  côté  de  l'ouest  8c  du  sud,  les  limites  de  la  province  de 
Languedoc,  M.  Pellot,  intendant  de  Guienne,  eut  l'ordre  de  remplir  les  fonc- 
tions de  MM.  de  Bezons  8c  de  Tubeuf  dans  les  territoires  qui  dépendaient, 
au  point  de  vue  administratif  8c  financier,  des  généralités  de  Bordeaux  8c  de 
Montauban  '. 

Les  commissaires  parcoururent  à  cheval,  avec  une  petite  escorte  qui  se  ren- 
forçait dans  les  passages  dangereux,  tous  les  pays  forestiers  de  leur  ressort, 
tenant  leurs  assises  dans  les  principaux  centres  de  population,  vérifiant  l'état 
des  lieux,  faisant  comparaître  à  leur  barre  les  propriétaires  riverains,  les  con- 
suls, les  agents  intérieurs  du  domaine,  exigeant  présentation  des  titres  6c 
rendant,  sur  les  questions  de  propriété,  de  bornage  8c  d'usages  communaux, 
des  jugements  souverains  qui  font  encore  autorité  dans  la  matière. 

Des  procès-verbaux  descriptifs  très-étendus  furent  rédigés  k  cette  occasion, 
suivant  pas  à  pas  la  commission  royale  dans  son  laborieux  itinéraire;  ils  for- 
ment une  portion  considérable  des  archives  de  la  grande  maîtrise  des  eaux  8c 

'  Commifsion  dat^e  de  Versailles  le  8  arril  1666. 


1666 


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468  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

forêts  conservées  aujourd'hui  dans  le  palais  de  justice  de  Toulouse  avec  les 
registres  du  Parlement,  &  sont  une  source  d'informations  des  plus  curieuses 
sur  l'état  territorial  de  la  Province  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle. 

Le  pays  d'Angles,  situé  dans  la  région  la  plus  élevée  de  la  montagne  Noire, 
présenta  au  commissaire  enquêteur  un  spectacle  décourageant.  Les  usurpations 
commises  par  les  habitants  étaient  si  considérables,  que  de  plusieurs  grandes 
forêts  étalées  sur  les  plateaux,  il  restait  seulement  de  misérables  broussailles 
8c  des  buissons  rabougris.  Les  droits  d'usage  prétendus  par  diverses  communes 
riveraines  &  par  nombre  de  particuliers  avaient  servi  de  prétexte  k  une  dévas- 
tation générale.  L'impunité  assurée  à  ceux  qui  s'emparaient  des  portions  de 
bois  ftlacées  à  leur  convenance  était  si  grande  que  non  contentes  de  ruiner 
entièrement  les  futaies,  les  populations  voisines  s'y  taillaient  de  véritables 
domaines  &  en  défrichaient  le  sol.  Le  Parlement  de  Toulouse  favorisait 
même  ces  entreprises,  en  maintenant  aux  colons  aventureux  la  possession  des 
terres  qu'ils  avaient  mises  en  culture  &  en  cassant  les  procédures  des  officiers 
des  eaux  &  forêts.  Pour  arrêter  les  effets  de  cette  jurisprudence  désastreuse, 
Colbert  fit  évoquer  au  conseil  du  roi  les  procédures  de  la  réformation  en  pre- 
nant le  soin  d'avertir  les  communes  8t  les  propriétaires  du  pays  qu'ils  devaient 
s'attendre  à  payer  au  trésor  des  sommes  considérables,  si  l'on  réglait  la  puni- 
tion sur  le  pied  du  délit  avec  la  sévérité  des  ordonnances'. 

Du  reste,  la  répression'des  coupables  fut  poursuivie  sur  tous  les  points  avec 
une  inflexible  rigueur.  Les  attentats  de  la  comtesse  de  Bioule  sur  la  forêt  de 
la  Grésigne  &  autres  bois  voisins  lui  ayant  attiré  deux  condamnations  de 
trois  mille  livres  d'amende  chacune*,  cette  dame,  hautement  apparentée,  eut 
assez  de  crédit  pour  surprendre  un  arrêt  de  cassation ^5  mais  l'inadvertance 
fut  signalée  au  conseil  d'État,  Si  une  nouvelle  décision  confirma  la  sentence 
des  premiers  juges,  en  ordonnant  de  saisir  les  biens  de  la  comtesse  jusques  à 
complet  payement  des  six  mille  livres"*. 

L'affaire  ne  se  termina  qu'au  mois  de  décembre  167 1.  La  commune  d'An- 
gles, qui  produisit  des  titres  anciens  &  particulièrement  une  ordonnance  de 
Guillaume  de  Fontaines,  réformateur  des  eaux  8c  forêts  de  Languedoc  datée 
du  7  novembre  1341  Se  portant  règlement  des  droits  d'usage,  fut  condamnée 
à  verser  à  titre  de  restitution,  dans  le  délai  de  trois  mois,  la  somme  de  six 
mille  livres  aux  mains  de  maître  Etienne  Jehannot,  sieur  de  Partillac.  On 
laissa  aux  habitants  la  faculté  de  prendre  du  bois  de  chauffage  &  de  con- 
duire leurs  porcs  à  la  glandée,  en  se  conformant  aux  ordonnances  de  canton- 
nement Se  de  coupes  réglées  &  à  la  charge  expresse  de  faire  receper  tous  les 
bois  royaux  de  leur  territoire  dont  l'état  de  dépérissement  exigeait  cette  pré- 
caution, de  comprendre  dans  le  nouveau  bornage  tous  les  défrichements,  d'en 
faire  labourer  annuellement,  à  leurs  frais,  une  contenance  d'au  moins  vingt- 

'  Arrêt  du   conseil   d'Etat,  donné   à    Paris  It  9  '  Arrêt  du  conseil  d'État  du  z6  août  1669. 

octobre  1669.  *  Arrêt  du  conseil  d'Etat  donné  à  Saint-Germain 

'    Ordonnances   des    commissaires    réformateurs  en  Laye  le  6  janvier  1670. 
du    z8    mars   1667. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  469 

cinq  arpents  pour  les  replanter  ou  semer  en  l'essence  la  plus  convenable 
d'après  le  jugement  du  grand  maître  6c  enfin  de  payer,  de  moitié  avec  le  roi, 
le  traitement  de  trois  gardes  forestiers. 

Depuis  les  grands  efforts  d'administration  unitaire  tentés  par  les  rois  de 
France  à  dater  des  règnes  de  saint  Louis  &  de  Philippe  le  Bel,  il  avait  été 
fait  bien  des  règlements  8c  ordonné  bien  des  réformations  en  vue  de  con- 
. server  les  richesses  forestières;  mais  que  d'ordonnances  pompeusement  édictées 
n'avaient  laissé  de  traces  que  dans  les  archives  des  juridictions!  Que  d'offices 
honorifiques  ou  lucratifs,  seulement  utiles  à  ceux  qui  en  étaient  pourvus  8c 
qui  ne  connaissaient  le  plus  souvent  ni  les  limites  de  leur  territoire  ni  celles 
de  leur  autorité! 

Au  moment  où  l'activité  de  Colbert  voulut  introduire  dans  le  régime  des 
eaux  Se  forêts  l'esprit  d'économie  8c  de  direction  qu'il  appliquait  à  toutes  les 
forces  productives  du  royaume,  il  n'était  rien  de  plus  confus  8c  de  plus  sujet 
à  contestation  que  le  ressort  8c  les  attributions  des  maîtrises  forestières  de 
Languedoc. 

Ces  maîtrises,  au  nombre  de  cinq,  dépassaient  de  beaucoup,  par  l'étendue 
de  leur  ensemble,  les  frontières  de  la  Province  Se  comprenaient  tout  le  pays 
situé  entre  le  Rhône  8c  le  bassin  de  l'Adour  dont  elles  envahissaient  même 
quelques  affluents  supérieurs.  Elles  étaient  d'ailleurs  très-inégales  d'âge  Se  de 
superficie,  ayant  été  créées  pour  ainsi  dire  au  jour  le  jour,  à  mesure  que  la 
géographie  politique  se  modifiait  8c  que  la  naissance  de  nouveaux  fiets  ou 
la  constitution  d'apanages  opéraient  le  démembrement  des  anciennes  unités 
administratives. 

Il  avait  existé  dans  le  cours  du  moyen  âge  une  maîtrise  générale  des  eau:? 
8c  forêts  de  toute  la  Province  de  Languedoc;  mais  cette  dignité,  dont  nous 
connaissons  seulement  quelques  titulaires,  n'existait  plus  depuis  longtemps; 
8c  si  les  officiers  de  la  maîtrise  de  Toulouse  prétendaient  avoir  hérité  des 
anciens  grands  maîtres  provinciaux  8c  réclamaient  à  ce  titre,  comme  étant  de 
leur  ressort,  l'entière  sénéchaussée  de  Carcassonne  8c  généralement  tous  les 
pays  pour  lesquels  il  n'avait  pas  été  créé  de  maîtrise  particulière,  cette  pré- 
tention paraissait  exorbitante  8c  ne  reposait  sur  aucun  titre  précis. 

Réduite  à  son  arrondissement  direct,  la  maîtrise  de  Toulouse  n'embrassait 
pas  moins  un  territoire  considérable.  C'était  l'ancienne  sénéchaussée  toulou- 
saine moins  le  Lauragais,  augmentée  des  trois  sénéchaussées  de  Bigorre,  de 
Rouergue  8c  de  Querci.  Tout  le  haut  bassin  de  la  Garonne  lui  appartenait, 
avec  sa  riche  ceinture  de  forêts  pyrénéennes,  le  bassin  de  l'Ariége  tout  entier, 
moins  la  terre  privilégiée  de  Mirepoix,  les  vallées  de  Baréges  8c  de  Lavedan. 
Du  côté  de  l'est,  elle  atteignait  les  contre-forts  de  la  montagne  Noire  dominés 
par  le  château  d'Hautpoul,  8c  atteignait  les  lignes  de  l'Agout,  tandis  qu'au 
nord  elle  poussait  jusqu'à  celles  de  la  Trueyre  Se  de  la  Dordogne. 

Mais  cette  grande  autorité  était  purement  nominale.  Paisiblement  installé 
en  son  hôtel  de  Toulouse  ou  même  en  quelque  château  domanial,  le  maître 
des  eaux  8c  forêts  ne  savait  même  pas  les  noms  des  bois  dont  son  office  lui 


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470  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

attribuait  la  surveillance.  Non-seulement  les  officiers  de  la  table  de  marbre 
de  Toulouse  n'avaient  jamais  pris  la  peine  de  visiter  les  forêts  du  pays  de 
Foix,  si  nécessaires  pourtant  au  développement  de  l'industrie  minière,  mais 
ils  ne  s'étaient  même  pas  préoccupés  de  savoir  s'il  en  existait.  Ils  prétendaient 
gouverner  aussi  la  vallée  supérieure  de  l'Aude  &  toutes  ces  grandes  forêts  qui 
débouchent  à  Quillan,  sans  les  traiter  d'une  façon  moins  sommaire,  se  con- 
tentant d'étaler  des  prétentions  hiérarchiques  &  ne  faisant  rien  pour  remplir 
les  obligations  de  leurs  charges. 

Ceux  de  la  maîtrise  de  Montpellier,  englobant  la  sénéchaussée  de  Beau- 
caire  &  Nimes,  ne  connaissaient  pas  mieux  la  situation  des  forêts  disséminées 
dans  les  montagnes  de  l'Ardèche  &  dans  les  hautes  vallées  de  la  Loire,  de 
l'Allier  &  du  Lot,  sur  lesquelles  s'étendait  pourtant  leur  juridiction. 

En  regard  de  ces  deux  maîtrises,  si  peu  informées  de  leurs  richesses  Se  de 
leurs  devoirs,  8<.  incapables  de  déterminer  d'une  manière  certaine  les  bornes 
de  leur  circonscription,  mais  comprenant  l'une  8t  l'autre  le  territoire  de  plu- 
sieurs diocèses,  les  maîtrises  de  l'Isle-Jourdain,  de  Lauragais  &  du  comté  de 
Castres  présentaient  une  étrange  disproportion.  On  les  avait  instituées  afin 
que  le  domaine  des  princes  gratifiés  de  ces  apanages  fût  régi  d'une  façon 
distincte  8t  n'eût  pas  à  subir  l'intervention  des  agents  royaux,  81  la  routine 
les  maintenait,  lors  même  que  les  motifs  de  leur  création  avaient  disparu. 

Celle  de  l'Isle-Jourdain,  d'origine  ancienne,  faite  exclusivement  pour  la 
forêt  de  Bouconne  &  pour  quelques  bois  de  communautés  ecclésiastiques  & 
séculières  en  très-petit  nombre,  comprenait  seulement  le  comté  de  l'Isle  Se  la 
vicomte  de  Gimoez,  c'est-k-dire  une  très-minime  portion  des  vallées  moyennes 
de  la  Gimone  &  de  la  Save. 

Celle  de  Lauragais,  dont  le  siège  était  fixé  à  Castelnaudary,  était  un  peu 
plus  étendue,  mais  encore  fort  médiocre,  datant  de  la  création  du  présidial 
dont  on  lui  avait  attribué  le  ressort,  81  comprenant  uniquement  les  vallons 
situés  entre  l'Ariége,  le  Grand-Hers  &  le  Girou,  avec  les  premières  pentes  du 
bassin  de  l'Aude. 

Enfin  la  maîtrise  du  comté  de  Castres  n'avait  guère  qu'une  existence 
idéale.  Elle  ne  possédait  pour  tout  personnel  qu'un  seul  officier,  portant  le 
titre  de  maître  particulier,  n'ayant  sous  ses  ordres  ni  lieutenants,  ni  garde 
marteau,  ni  procureur  du  roi,  ni  greffier.  On  ne  connaissait  pas  d'exemple 
d'un  maître  des  forêts  du  comté  de  Castres  qui  eût  jamais  rempli  les  moindres 
fonctions.  Son  arrondissement,  borné  par  le  Tarn  &.  l'Agout,  n'offrait  d'ail- 
leurs à  sa  surveillance  que  le  buisson  de  Frégerolles,  situé  près  d'Albi,  à  cinq 
grandes  lieues  de  la  ville  de  Castres,  tous  les  autres  bois  &  forêts  apparte- 
nant à  des  seigneurs  engagistes  ou  étant  tenus  à  titre  d'inféodation,  &  même 
presque  toujours  usurpés  par  les  communes. 

Un  ensemble  de  circonscriptions  territoriales  aussi  vague  8t  aussi  mal 
équilibré,  était  trop  défavorable  aux  intérêts  du  domaine  pour  trouver  grâce 
devant  l'esprit  net  &  rigoureux  des  envoyés  de  Colbert. 

Aussi    les  commissaires  du  roi   préparèrent-ils  une  refonte  générale  des 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  471 

arrondissements  forestiers  pour  tout  le  ressort  du  Parlement  de  Toulouse.  La 
nouvelle  division,  établie  d'après  leurs  procès -verbaux,  devait  être  sanc- 
tionnée par  lettres  patentes  données  à  Saint-Germain  en  Laye,  au  mois  de 
mars  167 1. 

Pour  la  détermination  de  leur  tracé,  les  réformateurs  se  laissèrent  guider 
par  des  considérations  topographiques,  cherchant,  autant  que  possible,  à 
rapprocher  les  agents  du  domaine  des  bois  principaux  ou  des  points  d'exploi- 
tation les  plus  importants.  Ils  portèrent  à  onze  le  nombre  des  maîtrises  parti- 
culières découpées  dans  le  ressort  du  Parlement,  tranchant  de  larges  échan- 
crures  dans  celles  dont  l'étendue  contrariait  le  bien  du  service,  St  faisant  des 
annexions  considérables  à  celles  dont  l'exiguité  produisait,  en  sens  contraire, 
les  mêmes  inconvénients. 

On  réduisit  la  maîtrise  de  Toulouse  à  la  portion  de  la  viguerie  située  sur 
la  rive  droite  de  la  Garonne,  aux  judicatures  de  Villelongue,  de  Verdun  8t 
d'Albigeois,  8<.  au  Querci  tout  entier. 

Le  Rouergue,  le  comté  de  Foix  81  le  pays  de  Bigorre  en  furent  distraits 
pour  constituer  trois  maîtrises  dont  les  sièges  furent  établis  à  Rodez,  à 
Pamiers  &  à  Tarbes. 

On  en  détacha  également,  pour  agrandir  la  maîtrise  de  l'Isle-Jourdain, 
toute  la  portion  gasconne  de  la  viguerie  de  Toulouse  Si  de  la  judicature  de 
Verdun,  les  vicomtes  de  Lomagne  &  d'Auvillars,  les  comtés  de  Gaure  8t  de 
Fezensac,  les  vicomtes  de  Fezensaguet  &  de  Bruillois,  les  seigneuries  de  Lec- 
toure  81  d'Astaffort  avec  toute  la  partie  septentrionale  du  comté  de  Com- 
minges  comprenant  les  châtellenies  de  Muret  &  de  Samatan,  8c  celle  de 
Saint-Julien,  du  côté  de  Gascogne. 

Le  démembrement  de  toute  la  région  occidentale  de  l'ancienne  grande  maî- 
trise de  Toulouse,  comprenant  les  hautes  vallées  du  Gers,  de  la  Baïse  8c  de 
l'Àdour  servit  à  constituer  le  département  de  Tarbes,  formé  de  la  province  de 
Bigorre  8c  des  pays  de  bas  Armagnac,  Rivière-Basse  8c  de  Pardiac,  contrée 
riche  en  forêts,  mais  sans  relations  naturelles  avec  Saint-Gaudens  Se  l'Isle- 
Jourdain,  Se  très-appauvrie  par  le  défaut  absolu  de  surveillance  forestière  81 
par  le  dérèglement  des  coupes  faites  sans  direction  ni  contrôle. 

L'ancienne  maîtrise  du  comté  de  Comminges,  qui  n'avait  point  de  siège 
déterminé  8c  ne  représentait  qu'un  souvenir,  fut  maintenue  pour  toute  la 
région  méridionale  du  comté  comprenant  le  bassin  supérieur  de  la  Garonne, 
avec  Saint-Gaudens  pour  résidence. 

Un  département  nouveau  fut  constitué  avec  le  pays  de  Foix  où  l'on  plaça 
le  siège  de  la  maîtrise  à  Pamiers.  Outre  l'ancien  comté  dont  i|  engloba  tout 
le  territoire  à  l'exception  d'un  quartier  peu  important  du  sud-est,  rattaché 
par  la  nature  au  bassin  de  l'Aude,  la  maîtrise  de  Pamiers  embrassa  les  parties 
des  judicatures  de  Rieux  Se  de  Saint-Julien  situées  à  droite  de  la  Garonne, 
la  châtellenie  de  Roquefixade  Se  une  fraction  de  celle  de  Montréal,  adoptant 
pour  limite  la  ligne  de  partage  des'  eaux  entre  le  bassin  de  la  Garonne  8c 
celui  de  l'Aude. 


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472  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'importance  tout  exceptionnelle  des  forêts  situées  k  l'est  du  pays  de  Foix, 
sur  les  versants  qu'alimentent  les  affluents  supérieurs  de  l'Aude,  forêts  exploi- 
tées depuis  longtemps  &  fournissant  tous  les  bois  de  construction  employés 
dans  les  pays  de  Sault  &  de  Fenouillèdes,  le  Razès,  le  Terménez,  la  plaine 
de  Carcassonne  8c  le  bas  Languedoc,  ainsi  que  la  mâture  des  petits  bâtiments 
de  pêche  8c  de  transport  &c  le  matériel  des  galères  royales,  commandaient  la 
création  d'une  maîtrise  particulière  à  Quillan.  Dès  une  époque  très-reculée, 
les  officiers  chargés  de  la  direction  des  forêts  en  Languedoc  avaient  établi 
dans  cette  petite  ville,  assise  au  pied  des  Pyrénées  8c  sur  le  cours  même  de 
l'Aude,  un  agent  du  domaine  destiné  à  percevoir  quelques  menus  droits  réglés 
d'après  la  nature  des  bois  exportés;  mais  cet  agent  n'avait  aucun  pouvoir  pour 
la  conservation  des  forêts;  8c  comme  la  présence  d'un  seul  homme  n'opposait 
qu'un  obstacle  illusoire  aux  fraudes  8c  aux  gaspillages  de  l'exploitation,  la 
table  de  marbre  avait  institué  dans  le  même  but  quelques  autres  préposés 
sous  le  titre  de  lieutenant-visiteur,  procureur  du  roi,  garde-marteau  8c  gref- 
fier; toute  l'autorité  de  ces  agents  se  bornait  à  donner  la  permission  de  couper 
dans  les  forêts  8c  à  marquer  du  marteau  du  roi  tout  le  bois  qui  en  descendait 
au  port  de  Quillan.  Le  receveur  du  domaine  de  Carcassonne  désignait  lui- 
même  un  percepteur  ou  mettait  la  levée  des  droits  aux  enchères;  mais  les 
conflits  de  juridiction  qui  s'étaient  élevés  entre  divers  pouvoirs,  loin  de  sti- 
muler l'activité  des  prétendants,  n'avaient  fait  que  les  rendre  plus  inertes  8c 
plus  inutiles. 

On  attribua  au  département  de  Quillan  la  vallée  supérieure  de  l'Aude  jus- 
qu'aux limites  de  la  châtellenie  de  Montréal  8c  tout  le  pays  compris  entre  la 
rive  droite  de  l'Aude,  la  Méditerranée  8c  la  Têt,  avec  la  terre  privilégiée  du 
diocèse  de  Mirepoix  (Bélesta,  Sainte-Colombe,  Puyvert  8c  Chalabre),  les 
bailliages  de  Montaulieu  Se  Prades,  8c  les  forêts  de  Serrenègre  8c  de  Rabenty, 
au  consulat  d'Ax,  qui  dépendaient  du  comté  de  Foix,  mais  qui  ne  pouvaient 
être  exploitées  qu'en  s'aidant  des  cours  d'eau  du  versant  méditerranéen. 

L'ancienne  maîtrise  de  Castres  ne  pouvait  garder  sa  constitution  dérisoire. 
Elle  fut  agrandie  de  tout  le  pays  de  la  montagne  Noire  sur  ses  deux  versants 
8c  poussée  jusqu'à  l'Aude  8c  jusqu'à  la  mer,  embrassant  la  viguerie  de  Béziers 
tout  entière  8c  empruntant  à  la  jugerie  de  Villelongue,  saillie  écartée  de  la 
sénéchaussée  de  Toulouse,  le  vallon  supérieur  du  Thoré  avec  Saint-Amans, 
Hautpoul,  Mazamet,  Aiguefonde  8c  Auxillon.  Mais  on  résolut  de  ne  point 
laisser  à  Castres  le  siège  de  la  maîtrise,  parce  que  cette  ville  se  trouvait  trop 
éloignée  des  principales  régions  forestières,  situées  dans  les  montagnes  voi- 
sines du  Roue^ue,  où  les  plus  graves  usurpations  s'étaient  commises  faute  de 
surveillance.  On  songea  d'abord  à  choisir  la  petite  ville  d'Angles,  du  diocèse 
de  Saint-Pons,  bâtie  sur  les  plateaux  qui  séparent  les  bassins  de  l'Orb  Se  de 
l'Agout,  Se  c'est  là  que  furent  centralisées  les  premières  procédures  Se  installés 
les  subdélégués  qui  préparèrent  l'ordonnance  de  réformation.  Ce  lieu  occu- 
pait une  position  à  peu  près  centrale  entre  les  deux  versants  sur  lesquels 
devait  s'étendre  la  juridiction  des  agents  royaux.  Se  l'on  avait  trouvé  d'ailleurs. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  473 

dans  les  registres  de  la  table  de  marbre,  qu'il  servait  autrefois  de  résidence  à 
un  capitaine  châtelain,  pourvu  de  quelque  autorité  en  matière  d'eaux  8c 
forêts.  Pourtant,  après  quelques  mois  de  séjour,  les  officiers  de  la  réformation 
réclamèrent  énergiquement  une  translation  du  siège,  fondée  sur  ce  que  la 
ville  d'Angles,  étant  exclusivement  habitée  par  des  protestants,  ils  ne  pou- 
vaient y  remplir  leurs  devoirs  de  catholiques,  qu'il  n'y  existait  pas  d'hôtel- 
lerie ni  de  facilités  de  logement  d'aucune  espèce  pour  eux  ou  pour  les  plai- 
deurs, 81  que  d'ailleurs  la  montagne  d'Angles,  atteignant  presque  la  hauteur 
des  Pyrénées,  les  neiges  rendaient  le  pays  inaccessible  pendant  sept  mois  de 
l'année. 

Ces  plaintes  firent  transférer  le  siège  à  La  Bastide-Saint-Amans,  dans  le 
vallon  du  Thoréj  mais  à  la  suite  d'un  voyage  de  M.  de  Froidour,  chargé 
de  vérifier  l'état  des  lieux,  il  fut  reconnu  qu'au  point  de  vue  religieux  La 
Bastide  présentait  les  mêmes  inconvénients  que  la  ville  d'Angles,  n'ayant 
qu'une  population  réformée,  &  que  la  pauvreté  de  cette  bourgade  ne  per- 
mettait guère  d'espérer  des  candidats  convenables  lorsque  la  maîtrise  serait 
vacante. 

Alors  on  prit  définitivement  le  parti  d'établir  le  chef-lieu  dans  la  ville 
épiscopale  de  Saint- Pons,  peuplée  de  catholiques,  8c  assez  favorablement 
située  à  la  naissance  du  vallon  de  l'Orb  pour  commander  toutes  les  forêts  du 
département. 

La  maîtrise  de  Montpellier  continua  de  s'étendre  jusqu'au  Rhône,  8c  on 
lui  laissa  même  le  pays  de  Gévaudan;  mais  on  jugea  nécessaire  d'en  arrêter 
les  limites  à  l'Allier  8c  à  l'Ardèche;  la  côte  de  la  Méditerranée,  les  marais  8c 
les  étangs  qui  la  bordent,  d'Agde  à  la  Camargue,  paraissaient  mériter  trop 
d'attention  de  la  part  des  officiers  du  domaine  pour  leur  laisser  le  temps  de 
remplir  leurs  charges  à  l'égard  du  Vivarais  8c  du  Vêlai. 

Il  n'existait  aucune  forêt  royale  dans  ces  deux  derniers  pays,  où  la  pro- 
priété conservait  un  caractère  féodal  très-accentué;  mais  comme  les  bois 
appartenant  aux  particuliers  8c  aux  communautés  y  étaient  vastes  8c  beaux, 
8c  que  le  gouvernement  comptait  en  tirer  de  grands  avantages  pour  la  mâture 
des  navires  8c  pour  les  constructions  de  terre  8c  de  mer,  ayant  déjà  dans  ce 
but  rendu  l'Ardèche  navigable  8c  ouvert  un  nouveau  chemin,  spécialement 
destiné  à  l'exploitation  des  forêts  de  l'abbaye  de  Mazan,  on  décida  qu'il  serait 
fait  une  maîtrise  particulière  avec  les  territoires  situés  entre  l'Allier,  le  Gard, 
le  Rhône  8c  la  frontière  de  Forez,  comprenant  les  diocèses  d'Uzès,  du  Puy, 
de  Viviers  8c  la  portion  languedocienne  du  diocèse  de  Valence,  le  Rhône 
compris.  La  froide  altitude  de  ces  régions,  l'âpreté  des  lieux  où  l'on  comptait 
peu  de  chemins  praticables  8c  l'abondance  des  neiges  qui  en  défendaient 
l'accès,  favorisant  les  désordres  8c  les  méfaits  de  toute  nature,  exigeaient  une 
surveillance  permanente  8c  prochaine;  on  l'établit  à  Villeneuve  de  Berg,  dans 
la  partie  supérieure  du  bassin  de  l'Ardèche,  afin  de  rendre  moins  illusoire 
une  action  que  la  nature  du  sol  8c  la  persistance  du  système  féodal  devaient 
condamner  longtemps  encore  à  l'impuissance. 


1666 


~^ 474  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  réorganisation  forestière  du  pays  de  Languedoc  ne  se  borna  pas  à  la 
création  des  onze  maîtrises.  Des  motifs  géographiques  déterminèrent  les 
commissaires  du  roi  à  établir  dans  cinq  de  ces  départements  six  résidences 
d'officiers  secondaires,  auxquelles  on  maintint  la  vieille  appellation  de 
sièges  de  grueries,  &  qui  furent  destinées  à  rendre  le  service  plus  facile  & 
plus  rapide,  en  rapprochant  les  agents  des  cantons  forestiers  qu'ils  devaient 
régir. 

C'est  ainsi  que  fut  instituée,  dans  la  maîtrise  de  Villemur,  la  gruerie 
d'Albi,  pour  la  conservation  des  forêts  ou  buissons  de  Berens,  de  Saint-Félix, 
de  Valence,  de  Thuries,  de  Frégerolles  &  de  la  Forestète  ; 

Dans  la  maîtrise  de  Saint-Gaudens,  la  gruerie  de  Saint-Girons,  pour  les 
bois  du  Couserans,  du  Castillonnez  &  de  la  châtellenie  de  Salies;  5t  celle 
d'Arreau,  pour  les  vallées  d'Aure,  de  Lauron  &  de  Bareilles} 

Dans  la  maîtrise  de  l'Isle-Jourdain,  la  gruerie  de  Fleurance,  qui  était 
d'origine  ancienne,  mais  dont  on  agrandit  le  ressort  en  ajoutant  aux  forêts 
du  Ramier  &  de  Réjaumont,  qui  en  faisaient  partie,  les  bois  de  Clarac, 
d'Ordan  &  quelques  bouquets  épars  dans  les  comtés  de  Gaure  &  de  Fezen- 
sac,  la  seigneurie  de  Lectoure  &  les  collectes  d'Auch,  Vie  &  Jegun; 

Dans  la  maîtrise  de  Tarbes,  la  gruerie  de  Nogaro,  pour  les  bois  du  bas 
Armagnac  j  &  enfin  dans  la  maîtrise  de  Montpellier,  la  gruerie  de  Mende, 
chargée  des  forêts  du  Gévaudan  &.  des  hautes  Cévennes. 

Le  personnel  de  chaque  gruerie  fut  composé  d'un  officier  titulaire,  rele- 
vant du  maître  particulier  &  portant  le  nom  de  gruyer,  d'un  substitut  du 
procureur  du  roi  &  d'un  greffier,  tous  les  trois  astreints  à  la  résidence  8c 
nommés  par  commission  royale. 
~^j  Cependant  Riquet   ne   négligeait   rien  de  ce  qui  pouvait  augmenter  la 

célébrité  de  son  ouvrage. 

Le  premier  président  du  Parlement  &  l'archevêque  de  Toulouse  agirent 
auprès  des  capitouls  pour  donner  un  grand  éclat  à  l'inauguration  des  travaux 
du  canal.  Gaspard  de  Fieubet  vint  en  personne  au  consistoire,  avec  trois 
conseillers  députés  de  la  cour,  &  fit  représenter  par  Lafaille  au  conseil  de 
bourgeoisie  le  prix  qu'attachait  le  roi  au  succès  de  l'entreprise. 

On  décida  que  les  fondations  de  la  première  écluse  seraient  jetées  en 
grande  cérémonie,  que  les  capitouls  y  assisteraient  en  corps,  que  l'on  ferait 
sortir  les  canons  8c  qu'il  serait  frappé  des  médailles  pour  répandre  parmi  les 
étrangers  le  souvenir  de  l'événement. 

Une  chapelle  fut  élevée  dans  la  prairie  des  Sept-Deniers;  l'archevêque  de 
Toulouse  y  célébra  la  messe,  assisté  des  évêques  de  Comminges,  de  Lectoure 
8i  de  Saint-Papoul.  Près  de  six  mille  travailleurs  avaient  été  rangés  en 
bataille  8i  s'alignaient  au  bruit  des  tambours;  on  fit  passer  le  cortège,  où 
figuraient  le  Parlement  8c  les  capitouls,  au  fond  même  de  la  tranchée  du 
canal,  dont  une  toule  immense  couvrait  les  bords. 

Une  des  pierres  inaugurales  de  l'écluse  de  Garonne  fut  posée  par  le  premier 
président  Fieubet,  8c  la  seconde  par  les  capitouls  Lafaille  &c  Dumeynial.  La 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  475 

fête  s'acheva  au  bruit  de  la  mousqueterie,  tandis  que  Riquet  faisait  faire 
aux  ouvriers  des  distributions  de  vivres  81  de  vin  '. 

Le  duc  de  Verneuil  annonça  aux  députés  de  Toulouse,  pendant  la  session 
des  États,  qu'il  comptait,  immédiatement  après  la  séparation  de  l'assemblée, 
visiter  la  capitale  de  son  gouvernement.  Avis  en  arriva  aux  capitouls  dès  le 
commencement  de  février.  Un  de  leurs  premiers  soins  fut  de  réparer  les  affûts 
de  leurs  canons,  presque  tous  hors  d'état  de  rouler.  Le  6  on  reçut  au  consis- 
toire le  sénéchal  de  Toulouse  Cornusson,  chargé  par  le  duc  de  s'entendre  avec 
la  ville  pour  le  fait  de  son  entrée.  Dans  la  lettre  de  créance  dont  le  sénéchal 
était  porteur,  le  fils  d'Henri  IV  se  disait  trop  persuadé  des  honneurs  que  les 
capitouls  désiraient  rendre  au  roi  en  sa  personne  pour  avoir  rien  à  leur  en 
écrire  de  particulier. 

La  nomination  des  capitaines  de  compagnies  bourgeoises  chargées,  suivant 
l'usage,  de  rendre  les  honneurs  militaires  au  gouverneur,  subit  d'assez  longs 
retards.  On  y  procéda  le  6  février,  en  conseil  de  bourgeoisie,  au  scrutin  secret. 
Sur  huit  capitaines  élus,  quatre  se  firent  excuser,  l'un  parce  qu'il  venait  d'être 
pourvu  d'un  office  de  trésorier  de  France  à  Montauban,  &.  qu'il  était,  en  outre, 
commis  à  la  recette  du  droit  annuel  &.  de  la  gabelle;  le  deuxième  parce  qu'il 
était  fils  de  famille  non  émancipé;  le  troisième  parce  qu'il  exerçait  un  office 
de  contrôleur  général  des  tailles;  ôc  le  quatrième  comme  incapable  de  remplir 
Ja  charge. 

Le  conseil  les  remplaça  le  i3  février;  mais  trois  des  nouveaux  élus  se  récu- 
sèrent, celui-ci  objectant  son  âge  &  sa  pauvreté  :  il  avait  été  contraint  de 
fermer  sa  boutique  &  demeurait  chargé  de  cinq  filles*.  Un  autre  n'habitait 
la  ville  que  depuis  deux  ans,  &  se  voyant  traité  en  étranger  pour  l'entrée  de 
son  vin,  qui  payait  le  droit  de  subvention,  il  voulait  au  moins  échapper  aux 
corvées  de  la  bourgeoisie  privilégiée^. 

La  troisième  élection  ne  fut  pas  plus  heureuse  que  les  deux  autres'*.  Les 
capitaines  désignés  s'excusaient  sur  l'insuffisance  de  leur  fortune,  sur  leurs 
charges  de  famille  ou  sur  les  offices  dont  ils  étaient  titulaires;  un  des  quatre 
premiers  élus,  qui  avait  déjà  prêté  serment,  vint  même  retirer  sa  parole 5.  On 
l'avait  inscrit  comme  marchand  du  quartier  Saint-Barthélémy;  mais  étant 
maître  boutonnier  &.  bayle  de  sa  corporation,  il  ne  pouvait  trouver  personne 
qui  consentît  à  lui  servir  d'enseigne  ni  de  lieutenant. 

Une  quatrième  élection  eut  lieu  le  18  février,  81,  pour  couper  court  aux 
difficultés,  on  décida  qu'il  ne  serait  plus  accepté  d'excuse  81  qu'on  subirait  le 
grade  sous  peine  de  payer  trois  cents  livres  à  la  ville''. 

'  Il  fut  rédigé  un   procès-verbal  d«  ces  réjouit-  '' ArchiTcs  de  Toulouse. /^iVre  </»  Coniri7i,  XXIX, 

tances   transcrit  dans    les  Annales  manuscrites  Je  p.  lâi.  Conseil  de  bourgeoisie.   Séance  du    i3   fé- 

Toulouse.  —  Voir  Pièces  justificatives,  n.  CCCLII,  vrier  1667. 
col. 957.  —  Voir  aussi  Archives  de  Toulouse.  Livre  '  Lacroix,  marchand. 

des    Conseils,    XXIX,   p.    içS.    Conseil    de    bour-  '  Archives  de  Toulouse,  ii'vre  </«  ConieiZs,  XXIX, 

geoisie.  Séance  du    8    novembre  1667.  p.  i63.  Conseil  de   bourgeoisie.    Séance  du    18  fé- 

•  Campmartin.  vrier  1667. 

'  M.  de  Falguière-Blancal. 


1667 


1667 


476  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Mais  les  capitouls  n'étaient  pas  encore  au  bout  de  leurs  peines.  Deux  des 
capitaines  qu'ils  venaient  de  nommer  se  pourvurent  au  Parlement,  6c  il  fallut 
une  cinquième  élection  pour  remplacer  le  sieur  des  Innocens,  qui  avait  quitté 
la  ville  pour  un  long  voyage.  Cette  laborieuse  opération  ne  fut  terminée  que 
le  27  février'. 

M.  Dumeynial  fut  nommé  major  de  la  troupe. 

Le  duc  de  Verneuil  alla  de  Carcassonne  à  Toulouse  par  Auterive  &  la  rive 
gauche  de  la  Garonne.  Il  avait  avec  lui  le  marquis  de  Grignan,  lieutenant 
du  roi  en  la  Province  &  l'intendant  de  Languedoc.  La  noble  compagnie 
arriva  le  16  mars  dans  le  village  de  Roques  où  elle  coucha.  Une  députation 
était  venue  l'y  attendre  en  carrosse  à  six  chevaux,  sans  oublier  de  niveler  som- 
mairement la  route  en  comblant  les  fondrières  avec  des  fagots  de  sarments. 

Le  lendemain  le  duc  prit  les  deux  capitouls-députés  dans  sa  voiture  5c.  se 
dirigea  vers  la  porte  de  Muret.  A  Braqueville,  il  rencontra  le  bataillon  de 
bourgeoisie,  fort  d'environ  six  mille  hommes  &  monta  aussitôt  à  cheval  pour 
le  passer  en  revue.  Le  bataillon  fit  une  décharge  générale  de  mousqueterie, 
tandis  qu'une  batterie  de  dix-huit  pièces  établie  sur  le  chemin  tirait  à  toute 
volée.  Entre  les  deux  portes  parurent  six  capitouls  à  cheval  vêtus  de  leurs 
robes.  Après  le  discours  du  chef  du  consistoire,  ils  firent  mine  de  mettre  pied 
à  terre  pour  prendre  les  bâtons  du  dais;  mais  on  avait  arrêté  d'avance  que 
le  prince  n'accepterait  pas,  ce  qui  fut  scrupuleusement  exécuté.  Les  quatre 
assesseurs,  le  greffier  8c  le  contrôleur,  habillés  des  soutanes  de  la  ville,  s'avan- 
cèrent alors  avec  le  dais  qui  était  en  brocart  d'argent  8c  taffetas  tapissé  avec 
crépine  d'or  fin  St  que  décoraient  quatre  grands  écussons  brodés  aux  armes  de 
la  ville  8c  à  celles  du  gouverneur.  Le  duc  refusa  le  dais  en  disant  que  cet 
honneur  n'était  dû  qu'au  roi,  &c  le  cortège  se  mit  en  marche. 

Il  y  eut  quelque  difficulté  avec  le  marquis  de  Grignan  qui  voulait  mar- 
cher immédiatement  après  le  gouverneur  entre  deux  capitouls;  mais  on  le  fit 
renoncer  à  sa  prétention  en  lui  citant  l'exemple  du  connétable  Anne  de 
Montmorency  81  du  duc  de  Ventadour. 

Le  prévôt  de  la  Province  avec  ses  archers  formait  la  tête  de  la  colonne,  où 
figuraient  les  soldats  du  guet  armés  de  hallebardes  &  tout  parés  de  rubans 
blancs  8c  couleur  de  feu;  les  hautbois  portaient  de  brillantes  écharpes,  8c  les 
trompettes  d'argent,  refaites  à  neuf,  laissaient  tomber  des  panonceaux  de 
velours  cramoisi  où  le  blason  municipal  reluisait  en  broderie  d'or.  Chacune 
des  huit  compagnies  bourgeoises  avait  son  drapeau  de  soie  de  couleur  diffé- 
rente, rouge  de  feu,  violet,  gris  de  lin,  noir,  incarnat,  jaune,  bleu,  vert, 
chargé  d'une  grande  croix  blanche. 

En  passant  sous  l'arc  du  Pont-Neuf,  le  prince  put  lire  en  lettres  d'or  huit 
hexamètres  mythologiques  où  la  gloire  de  son  entrée  était  associée  aux  souve- 
nirs récents  de  la  paix  des  Pyrénées  8c  du  voyage  de  Louis  XIV. 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXIX,  p.  164.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du 
27  féyrier    1667. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  477 

Le  duc  de  Verneuil,  après  la  visite  à  Saint-Etienne,  descendit  à  l'hôtel  de 
Caminade  où  il  logea.  Les  compagnies  allèrent  encore  brûler  de  la  poudre 
devant  sa  porte. 

Quelques  jours  après,  il  reçut  les  honneurs  de  la  collation  à  l'hôtel  de  ville, 
où  toutes  les  dames  de  qualité  furent  invitées. 

Il  s'embarqua  le  lendemain  sur  la  Garonne,  rentrant  à  Paris  par  Bordeaux'. 

Le  duc  de  Verneuil  vint  à  Montpellier,  sur  la  fin  de  l'année  1667,  ouvrir 
l'assemblée  des  Etats,  qui  se  réunit  le  5  décembre  Se  se  sépara  le  24  février. 
Le  prince,  qui  amenait  avec  lui  toute  sa  petite  cour,  était  descendu  dans  la 
maison  de  madame  d'Audessans.  C'est  là  qu'il  reçut  les  visites  officielles  du 
corps  de  Province. 

Douze  prélats  Se  sept  barons  assistaient  en  personne  à  l'assemblée  qui 
fut  présidée  par  M.  de  Bourlemont.  Denys  Cohon,  Philippe  de  Bertier, 
Hyacinthe  Serroni ,  François  Bosquet  8c  Michel  Tubeuf  étaient  du  nombre 
des  évêques  présents.  Parmi  les  députés  du  tiers  état  se  trouvait  l'historien 
Lafaille.  M.  de  Bezons  qui,  avec  son  collègue  Charles  Tubeuf,  maître  des 
requêtes  ordinaires  de  l'hôtel,  accompagnait  le  duc  de  Verneuil  en  qualité 
de  commissaire  du  roi,  prononça  deux  longs  discours  où,  fidèle  à  ses  tradi- 
tions d'éloquence  parlementaire,  il  trouva  l'art  de  citer  tour  à  tour  Seth  8c 
les  Prophètes,  Babylone  8c  les  Péripatéticiens,  8c  d'exposer  une  grande 
théorie  sur  la  justice  légale  8c  la  justice  originelle,  digression  verbeuse  dont 
le  but  principal  était  de  rappeler  aux  États  les  importantes  réformes  que 
venait  d'opérer  Louis  XIV  dans  l'administration  de  la  justice  par  la  publica- 
tion de  ses  ordonnances. 

Ces  effets  d'éloquence  ne  furent  point  inutiles.  L'assemblée  accorda  le  don 
gratuit  de  seize  cent  mille  livres,  payables  mois  par  mois  en  douze  termes 
égaux,  d'après  le  désir  qu'en  avaient  exprimé  les  commissaires  du  roi. 

Les  acquisitions  de  baronnies  donnant  entrée  aux  États,  qui  devenaient 
de  plus  en  plus  fréquentes  8c  qui  jetaient  une  extrême  instabilité  dans  la 
représentation  féodale  du  pays,  donnèrent  à  l'assemblée  l'occasion  d'arrêter 
un  règlement  perpétuel  8c  irrévocable,  en  vue  de  sauvegarder  le  caractère 
nobiliaire  du  second  ordre  de  la  Province.  Il  fut  décidé  qu'aucun  acquéreur 
ne  serait  admis  à  siéger,  s'il  n'avait  fait,  avant  toute  œuvre,  les  preuves  d'une 
noblesse  de  quatre  générations,  conformément  aux  délibérations  de  i656.  Se 
s'il  ne  justifiait  point,  par  titres  originaux,  qu'il  fût  gentilhomme  d'extrac- 
tion, de  nom  Se  d'armes.  Ces  preuves  devaient  être  soumises  à  des  commis- 
saires de  tous  les  ordres  expressément  délégués;  le  syndic  général  de  la 
Province,  à  qui  serait  donnée  communication  de  tous  les  titres  produits, 
pourrait  se  livrer  à  une  contre-enquête.  Se  le  résultat  du  travail  des  commis- 
saires étant  apporté  en  pleine  assemblée  d'États,  le  baron  présenté  devrait 

'  Archives  de  Toulouie.  Annales  manascritts,  IX,  p.  8i.  Pièce»  à  l'appui  de»  compte»,  ann^c  1666-1667. 
—  La  dépense  totale  de  l'entrée  i'éleva  à  6699  lirrei  i5  sols  3  deniers  '. 

■  Uvre  det  Conseils,  XXIX,  p.  306.  Conseil  de  bourgoisie.  Si!ance  du  3  décembre  t667. 


1Û67 


— 47^  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

réunir  les  trois  quarts  des  suffrages  pour  être  reçu.  Cette  première  épreuve 
accomplie,  la  défiance  de  l'assemblée  n'était  pas  encore  satisfaite.  Il  fallait 
que  le  nouveau  titulaire  déposât  au  greffe,  signée  de  sa  main,  une  copie  de 
tous  les  titres  produits  à  l'appui  de  ses  prétentions.  Les  Etats  se  réservaient 
jusqu'à  la  fin  de  la  prochaine  assemblée,  c'est-à-dire  à  peu  près  pendant  une 
année  entière,  le  droit  de  contrôler  tous  les  documents,  &  si,  dans  le  nombre 
des  pièces,  on  découvrait  un  acte  faux  ou  seulement  altéré,  l'admission 
provisoire  était  nulle  &  le  baron  se  trouvait  définitivement  exclu.  Ces  pré- 
cautions minutieuses  témoignent  de  la  méfiance  légitime  qu'inspiraient  déjà 
les  généalogistes. 

La  difficulté  qu'éprouvaient  les  collecteurs  de  tailles  à  faire  payer  les  gens 
«  de  main-forte  »  fut  une  des  principales  préoccupations  de  l'assemblée.  On 
signala  surtout  les  violences  du  sieur  de  Fournier,  seigneur  de  Puech-Salo- 
mon,  au  diocèse  de  Limoux,  qui,  depuis  longues  années,  se  montrait  com- 
plètement intraitable;  secondé  par  son  gendre  d'Auriol  &  par  ses  valets,  il 
battait  quiconque  lui  parlait  d'impôts,  &  le  collecteur  Deumier  ayant  obtenu 
pour  lui  &  les  siens  la  protection  spéciale  du  duc  de  Verneuil,  le  seigneur 
exaspéré  avait  grièvemeut  frappé  ses  pâtres  6i  enlevé  ses  meilleurs  moutons, 
dont  il  avait  fait  chère  lie  en  son  château.  Des  résistances  analogues  furent 
reprochées  aux  seigneurs  de  Boussac,  de  Durfort  &  de  Puibusque  du  diocèse 
de  Lavaur.  En  ordonnant  des  poursuites  criminelles  contre  Puech-Salomon, 
les  États  firent  demander  au  duc  de  Verneuil  dix  de  ses  gardes  pour  protéger 
les  collecteurs,  &  enjoignirent  aux  consuls  &.  aux  syndics  de  diocèses  de 
rapporter  au  plus  tôt  la  liste  des  gens  «  de  main-forte  »  qui,  dans  les  diverses 
parties  du  Languedoc,  refusaient  de  payer  leurs  tailles,  afin  qu'il  pût  être 
pris  une  mesure  générale. 

Comme  d'habitude,  diverses  illégalités  furent  dénoncées  en  matière  d'élec- 
tions municipales;  on  se  plaignit  particulièrement  que,  dans  plusieurs  com- 
munes, les  personnes  «  de  crédit  8c  d'autorité  »  faisaient  nommer  consuls  des 
gens  qui  n'avaient  ni  la  propriété  foncière  ni  le  délai  d'habitation  exigés  par 
les  règlements. 

Les  sentiments  d'hostilité  contre  les  protestants  se  firent  jour  par  quelques 
votes.  Les  catholiques  d'Anduze  s'étant  plaints  que  les  réformés  affectaient 
de  nommer  un  de  leurs  coreligionnaires  à  l'emploi  de  commis  au  bureau  de 
la  messagerie,  malgré  la  déclaration  du  roi  du  2  avril  1666  qui  réservait  aux 
catholiques  seuls  les  charges  municipales  uniques;  le  syndic  général  Joubert 
appuya  vivement  ces  réclamations  &  ajouta  que  le  grand  soin  qu'avaient  les 
gens  de  la  religion  de  se  faire  pourvoir  de  tous  les  emplois  de  commis  aux 
messageries,  aux  recettes  générales  &  particulières,  aux  fermes  des  gabelles, 
h  la  douane,  à  la  foraine  8c  en  général  à  toutes  les  charges  qui  touchent  aux 
deniers  du  roi,  pouvait  paraître  justement  suspect  aux  catholiques.  Afin  d'y 
remédier,  on  proposa  d'interdire  aux  protestants  l'accès  de  tous  ces  emplois. 

Les  Etats  résolurent  de  se  pourvoir  en  opposition  contre  l'établissement 
d'un  pont  de  bateaux  sur  le  Rhône,  récemment  concédé  à  Mathieu  Grasset, 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  479 

habitant  de  Tarascon,  à  cause  des  dommages  que  cette  innovation   pouvait 
causer  au  commerce  de  Languedoc  8t  particulièrement  à  la  foire  de  Beaucaire. 

M.  de  Bourlemont  fit  voter  une  somme  de  sept  mille  livres  pour  dégager 
l'embouchure  de  l'Hérault  des  bancs  de  sable  Se  des  alluvions  qui  l'obs- 
truaient. Le  travail  devait  être  fait  par  deux  pontons  construits  aux  frais  du 
roi,  6c  les  diocèses  d'Agde  61  de  Lodève  offraient  une  somme  égale  à  celle 
que  fournissait  la  Province. 

On  accorda  quarante  mille  livres  à  Charles  de  Saint-Aunez,  fils  de  l'ancien 
gouverneur  de  Leucate,  pour  achat  d'armes  &  de  chevaux  d'une  compagnie 
de  cavalerie  qu'il  se  proposait  de  mettre  au  service  du  roi.  Cette  somme 
n'était  d'ailleurs  qu'une  avance  sur  les  cent  mille  livres  que  lui  devait  la 
Province,  à  cause  de  l'extinction  de  la  charge  de  gouverneur  obtenue  par  les 
États,  en  même  temps  que  la  démolition  du  château  6t  de  la  forteresse  de 
Leucate. 

Un  conseiller  au  sénéchal  de  Béziers,  nommé  Bernard,  reçut  mille  livres 
«  pour  la  peine  qu'il  avait  prise  de  recueillir  toutes  les  plaintes  des  catho- 
«  liques  contre  les  gens  de  la  religion  prétendue  réformée,  »  &  on  donna 
six  cents  livres  à  Tournier,  secrétaire  de  M.  de  Bezons,  pour  services  rendus 
à  la  foi,  en  travaillant  avec  les  commissaires  chargés  de  l'exécution  de  l'édit 
de  Nantes. 

Denys  Cohon,  évêque  de  Nimes,  obtint  une  pension  annuelle  de  six  cents 
livres  pour  l'hôpital  qu'il  avait  formé  6t  où,  d'après  les  conseils  de  la  prin- 
cesse de  Conti,  il  avait  appelé  des  religieuses  de  Saint-Joseph,  transformant 
ainsi  «  un  lieu  d'horreur  8c  de  dérèglement  en  un  séminaire  de  vertu  8c  un 
«  modèle  de  pureté.  » 

Hyacinthe  Serroni  fit  un  rapport  très-favorable  sur  une  pancarte  conte- 
nant l'histoire  abrégée  de  la  province  de  Languedoc  que  le  sieur  de  Boyer 
avait  présentée  aux  États.  On  vota  huit  cents  livres  à  l'auteur,  en  recomman- 
dant le  mérite  de  son  ouvrage  8c  le  fruit  que  les  particuliers  en  pouvaient 
tirer  pour  leur  instruction  61  pour  le  soulagement  de  leur  mémoire. 

M.  d'Albertas,  maître  des  requêtes  ordinaires  de  l'hôtel,  obtint  l'autorisa- 
tion d'acheter  pour  les  moulins  à  papier  établis  en  Provence  tous  les  vieux 
linges  8c  drapeaux  qui  ne  seraient  point  consommés  dans  les  papeteries  de 
Languedoc. 

Enfin  les  États  accordèrent  une  gratification  de  deux  cents  livres  à  maîtres 
Voisins  8c  Vial,  opérateurs  de  la  pierre,  en  récompense  de  leur  habileté  8c 
des  cures  gratuites  qu'ils  avaient  faites. 

Durant  la  session,  le  cardinal  de  Vendôme,  petit-fils  d'Henri  IV  8c  de 
Gabrielle  d'Estrée,  qui  avait  été  vice-roi  de  Catalogne  6c  mari  de  Laure 
Mancini,  sous  le  nom  de  duc  de  Mercœur,  passa  quelques  jours  à  Montlpél- 
lier,  étant  légat  du  pape  Clément  V  près  la  Cour  de  France.  Il  se  logea  chez 
M.  de  Soûlas.  Les  États  le  firent  visiter  solennellement  par  une  députation 
composée  de  cinq  évêques,  de  cinq  barons  8c  de  dix  membres  du  tiers  état. 
Ce  fut  M.  de  Bertier  qui  présenta  au  cardinal  les  hommages  de  la  Province. 


1667 


—^ —  480  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'impulsion  puissante  que  l'administration  de  Colbert  donnait  à  l'industrie 
française  sur  tous  les  points  du  royaume  &  les  encouragements  dont  elle  se 
plaisait  à  rémunérer  les  efforts  sérieux  semblaient  faire  renaître  à  plaisir 
l'esprit  de  spéculation  que  les  malheurs  politiques  de  la  France  &  la  triste 
influence  des  guerres  civiles  avaient  si  longtemps  paralysé.  Les  entreprises  Se 
les  projets  se  multipliaient  sous  cette  action  fécondante;  &  il  n'était  pas  de 
point  si  reculé  du  territoire  où  quelque  audacieux  novateur  ne  s'évertuât  à 
découvrir  des  besoins  à  satistaire  &  des  profits  à  gagner. 

Tandis  que  la  création  de  Riquet  allait  porter  le  travail  &  la  vie  dans  les 
plaines  du  haut  81  du  bas  Languedoc,  la  région  volcanique  du  Vêlai,  qui 
demeurait  étrangère  à  ce  grand  mouvement  Se  qui  semblait  condamnée  par 
la  nature  à  n'y  participer  jamais,  attira  les  préoccupations  d'un  commerçant 
français  nommé  Antoine  Polge,  qui  se  proposa  d'en  faire  le  théâtre  de  son 
industrie. 

Il  adressa  trois  requêtes  au  conseil  d'Etat,  de  qui  émanait  toute  initiative, 
la  première  en  son  nom  seul,  les  deux  autres  de  concert  avec  un  maître 
ouvrier  de  Paris,  nommé  Charles  Sinson,  qui  prenait  le  titre  de  charpentier 
des  bâtiments  du  roi. 

Le  premier  projet  concernait  le  rétablissement  des  manufactures  de  la  ville 
du  Puy;  le  second,  la  réparation  d'une  ancienne  voie  de  communication  entre 
l'Auvergne  &  le  bas  Languedoc,  à  travers  le  Vêlai  &  le  Gévaudan  ;  le  troi- 
sième, des  travaux  à  exécuter  sur  la  haute  Loire  pour  la  rendre  flottable. 

Trois  arrêts  séparés,  donnés  à  Saint-Germain  en  Laye  le  28  mai  1668,  sur 
le  rapport  de  Colbert,  donnèrent  une  première  sanction  gouvernementale  à 
ces  propositions  8c  en  confièrent  l'étude  aux  intendants  de  Languedoc  8< 
d'Auvergne. 

M.  de  Bezons,  que  d'autres  nécessités  du  service  retenaient  dans  le  bas  pays, 
se  déchargea  de  la  commission  royale  sur  le  réformateur  des  eaux  &  forêts  de 
la  grande  maîtrise  de  Toulouse,  Louis  de  Froidour,  qui  était  accoutumé  à 
ces  sortes  de  voyages,  8t  le  dépêcha  dans  le  Vêlai,  muni  d'une  subdélégation 
en  forme,  pour  y  voir  toutes  choses  de  ses  propres  yeux  &  donner  son  avis  au 
conseil  d'État.  Ayant  à  suivre,  pour  se  rendre  à  destination ,  la  route  même 
que  se  proposaient  de  rétablir  8c  d'améliorer  les  entrepreneurs,  M.  de  Froi- 
dour utilisa  son  voyage  en  accomplissant  d'abord  cette  partie  de  sa  mission. 

En  1668,  la  grande  muraille  de  montagnes  qui  sépare  l'Auvergne  du  bas 
Languedoc,  uniquement  traversée  par  des  sentiers  de  mulet,  formait  une 
barrière  inaccessible  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année  8c  maintenait 
toute  la  région  des  Cévennes  dans  un  isolement  également  funeste  à  l'activité 
commerciale  8c  à  la  sécurité  du  pays.  Au  double  point  de  vue  de  la  facilité 
des.transactions  8c  de  la  surveillance  militaire,  particulièrement  commandée 
par  l'état  religieux  des  Cévennes,  que  l'on  regardait  depuis  longtemps  comme 
le  plus  ferme  boulevard  du  protestantisme  en  Languedoc,  le  conseil  du  roi 
ne  pouvait  laisser  passer  inaperçu  le  projet  d'établir  une  voie  carrossable  entre 
Alais  8c  Brioude,  en  perçant  de  part  en  part  tout  le  massif  des  Cévennes,  dans 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  481 

la  direction  du  sud  au  nord,  &  créant  ainsi  une  communication  facile  du 
bassin  de  la  Loire  au  versant  de  la  Méditerranée.  Le  principal  but  des  deux 
entrepreneurs  Polge  S<  Sinson  était,  disaient-ils,  de  rendre  à  la  ville  du  Puy 
la  vie  industrielle  qui  s'y  était  depuis  longtemps  éteinte,  d'y  relever  les  manu- 
factures abandonnées  &  d'y  faciliter  le  transport  de  toutes  les  denrées  du 
Levant  St  du  Midi.  Grâce  à  la  nouvelle  route,  les  produits  si  variés  8<,  si 
nombreux  du  bas  Languedoc,  les  étoffes  de  laine  &  de  soie,  les  blés,  les  vins, 
les  builes,  le  miel,  le  savon,  les  oranges  de  l'Espagne,  l'important  commerce 
du  sel  provenant  des  greniers  de  la  Province,  trouveraient  un  débouché  com- 
mode dans  tout  le  pays  des  Cévennes,  le  Gévaudan,  le  Vêlai,  le  haut  Viva- 
rais,  8c  se  déverseraient  aisément  dans  le  bassin  de  l'Allier,  sans  recourir  au 
système  onéreux  &  lent  des  transports  à  dos  de  mulet  ou  à  la  navigation  du 
Rhône,  qui,  outre  le  détour  considérable  qu'elle  imposait  aux  marchandises, 
les  condamnait  à  des  droits  de  péage  très-élevés  &  à  des  chances  de  naufrage 
fort  périlleuses.  Par  la  même  voie,  tout  le  haut  pays  serait  ouvert  au  trafic 
des  épiceries,  des  fers,  des  cuivres,  des  denrées  de  toute  nature  qui  remon- 
taient l'Allier  jusqu'à  Mérigues.  Outre  son  utilité  commerciale,  la  route  d'Au- 
vergne acquerrait  une  haute  importance  militaire  que  le  roi  ne  pouvait 
dédaigner,  puisqu'elle  lui  permettrait,  pour  la  première  fois,  de  faire  voiturer 
toute  sorte  d'artillerie  à  travers  une  région  sauvage,  prompte  à  la  révolte  8c 
jusqu'alors  regardée  comme  inaccessible. 

Pour  obtenir  ces  résultats,  les  entrepreneurs,  qui  connaissaient  le  pays, 
se  proposaient  simplement  de  rétablir  un  ancien  chemin  auquel  la  tradition 
populaire  attribuait  une  origine  romaine  Se  qu'on  appelait  la  Regordane. 

L'affaire  traîna  jusqu'au  mois  de  septembre,  par  suite,  sans  doute,  des 
mouvements  que  s'étaient  donnés  les  Etats  de  Languedoc,  toujours  inquiets 
du  maintien  de  leurs  prérogatives. 

M.  de  Froidour,  subdélégué  de  l'intendant',  se  fit  accompagner  d'un  de 
ses  subordonnés,  le  sieur  d'Oriples,  d'Aubenas,  maître  particulier  des  eaux  6c 
forêts  aux  diocèses  de  Viviers,  du  Puy  8c  d'Uzès,  qui  devait  à  ses  fonctions 
8c  à  ses  fréquents  voyages  une  parfaite  connaissance  de  tout  le  pays.  Se  partit 
le  3  novembre  de  Montpellier  avec  Claude  Polge,  sieur  d'Alègrc,  maître 
d'hôtel  du  roi.  Se  le  charpentier  Sinson. 

Le  voyage  dura  neuf  jours*. 

Le  14  novembre,  le  commissaire-enquêteur  passait  à  Clermont,  où  il  con- 
férait avec  M.  de  Fortia,  puis  allait  à  Riom  y  rédiger  ses  procès-verbaux. 

La  Regordane,  qui  n'était  autre  chose  que  la  voie  antique  menant  de  Nimes 
aux  pays  des  Cabales  8c  des  Arvernes,  passait  au  bas  de  la  Tour  Magne,  dans 
la  direction  du  nord-ouest,  traversant  le  massif  de  collines  qui  séparent  le 

■  La  $ubJéUgation  est  datée  de   Montpellier    le  au    logis    du   Luxembourg  d'Ahiis,  le  quatrième  à 

î  novembre  1668.  Bibliothèque  de  Toulouse.  Ma-  Notre-Dame   de  Genouillac,  le  cinquième  à   l'Kcu 

auscrlts  Je  Froidour.  Chemin  Jei  Sevenes.  de   France   de  Villefort ,  le  sixième   à   Rasch.is,  le 

'  Le  premier  jour  on  coucha  à  Quissac,  à  l'hôtel  septième  à  Pradelles,  le  huitième  à  Saint-Louis  du 

des  Trois-Rois,  le  seconda  Vezenobre,  le  troisième  Puy,  le  neuvième  à  Brioude. 

XIII.  3i 


16Û8 


|663 


1S2  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUELOC. 

bassin  du  Vistre  de  celui  du  Rhône,  coupait  une  plaine  profondément  ravi- 
née, puis  courait  vers  les  Cévennes  en  remontant  le  Gardon  qu'elle  suivait  à 
distance  sur  sa  rive  droite  jusqu'au  pont  de  Ners  &  sur  sa  rive  gauche  jus- 
qu'au-dessus d'Alais;  elle  gravissait  les  hauteurs  du  Pradel,  passait  dans  la 
région  supérieure  du  bassin  de  la  Cèze,  à  travers  les  montagnes  sévères  de 
Portes  Si  de  Chamborigaud,  pénétrait  dans  le  vallon  du  Chassezac  qu'elle 
franchissait  à  Raschas,  puis,  atteignant  vers  l'hôtellerie  solitaire  de  la  Molette 
l'arête  centrale  qui  divise  les  versants  de  la  Méditerranée  &  de  l'Océan,  des- 
cendait dans  le  vallon  de  l'Allier,  dont  elle  adoptait  le  cours  jusqu'au  petit 
village  de  Luc,  considéré  dans  le  pays  comme  un  des  plus  anciens  lieux  de 
la  Province,  côtoyant  à  l'ouest  la  muraille  de  rochers  d'où  descendent  quel- 
ques affluents  torrentiels  de  l'Ardèche,  puis,  longeant  le  flanc  oriental  de  la 
montagne  de  l'Espéron,  gagnait,  vers  la  Sauvetat  en  Vêlai,  la  ligne  de  faîte 
entre  l'Allier  &  la  vallée  de  la  Loire  où  elle  pénétrait  en  rasant  la  naissance 
des  Hautes-Combes  pour  aller  rallier  la  petite  rivière  de  Borne  sous  le  Puy, 
percer  les  montagnes  limitrophes  du  Vêlai  8c  de  l'Auvergne  Si  rentrer  dans 
le  vallon  de  l'Allier  jusqu'à  Brioude. 

A  cette  grande  ligne  venait  se  souder,  au  seuil  même  des  Cévennes,  sous 
les  murs  d'Alais,  un  embranchement  qui  sortait  de  Montpellier  par  le  Pila- 
Saint-Géry,  franchissait  le  Lez  à  Castelnau,  ondulait  à  travers  les  petits 
coteaux  sillonnés  de  ravins  qui  descendent  à  la  mer,  coupait  les  collines  de 
Fontanez,  puis  le  vallon  de  Vidourle,  traversait  cette  rivière  à  Quissac,  le 
Gardon  d'Anduze  au  pont  de  Lézan  Si  se  terminait  au  delà  du  Gardon  d'Alais. 

En  1668,  ces  chemins,  qui  étaient  seulement  fréquentés  par  les  cavaliers  8c 
les  bêtes  de  somme,  présentaient  sur  plusieurs  points  des  vestiges  très-visibles 
de  chaussées  antiques,  &  même  quelques  traces  de  roues';  mais  ils  étaient 
extrêmement  étroits  81  témoignaient,  par  leur  délabrement,  d'un  abandon 
séculaire. 

Les  ponts  de  Ners  81  de  Lézan,  renversés,  d'après  la  tradition  locale,  par  la 
grande  inondation  de  1410,  n'avaient  pas  été  relevés.  Du  premier  il  ne  sub- 
sistait plus  que  des  restes  de  piles  8c  quelques  ruines  de  culées  du  côté  de 
Nimes;  de  l'autre,  dont  les  arches  avaient  été,  disait-on,  emportées  par  les 
troncs  d'arbres  que  charriait  le  courant,  on  voyait  encore  une  construction  de 
quatre  toises  de  long,  un  débris  d'éperon,  8c  la  base  de  deux  piles  ensablées 
que  l'eau  recouvrait.  A  Ners  Se  à  Lézan  on  avait  établi  des  bacs;  comme  dans 
cette  région  de  montagnes  la  transition  est  brusque  de  la  sécheresse  à  l'inon- 
dation, les  eaux  se  trouvaient  presque  toujours  trop  basses  ou  trop  fortes,  8c 
le  bac  demeurait  oisif.  Le  pont  d'Assas,  ceux  de  Brestalou  8c  de  l'Avenne 
n'étaient  pas  en  meilleur  état.  On  en  montrait  un  autre,  au  bas  de  la  mon- 
tagne de  Portes,  dont  les  pierres  se  disjoignaient  sous  l'effort  de  deux  gros 
figuiers  qui  avaient  jeté  leurs  racines  dans  les  fissures  de  la  maçonnerie;  81 

■  Au-dessus  du  petit  village  de  l'Estrade ,  près  roues  dans  le  roc  &  qu'il  y  avait  de  l'une  à  l'autre 
de  Villefort,  MM.  d'Alègre  &  d'Oriples  reconnu-  quatre  pieds  de  largeur,  mais  que  ledit  cheinin 
rent  pendant  huit  à  dix  toises  les  traces  de  deux       était  entièrement  ruiné. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  488 

tout  auprès,  les  décombres  d'une  chapelle,  entièrement  démolie,  témoignaient 
de  la  même  puissance  de  végétation. 

Quant  à  la  chaussée  elle-même,  elle  offrait  partout  un  spectacle  uniforme 
de  ruine  £<.  d'abandon.  Tantôt  les  galets  roulés  par  les  torrents  &  les  débris 
de  pavé  antique  la  rendaient  impraticable,  tantôt  les  blocs  éboulés  de  la  mon- 
tagne y  barraient  le  passage,  ou  bien  les  grandes  crues  périodiques,  accumu- 
lant dans  les  bas-fonds  la  terre  légère  &  friable  dérobée  aux  croupes  voisines, 
y  déposaient  une  épaisse  couche  de  boue.  Ici,  les  paysans  des  terres  voisines, 
peu  soucieux,  d'encombrer  la  voie,  s'y  débarrassaient  de  toute  la  pierre  qu'ils 
étaient  de  leurs  garrigues  ou  de  leurs  olivettes;  ailleurs,  la  pente  était  si 
rapide  8t  si  peu  ménagée  que  les  bêtes  de  somme  n'y  pouvaient  grimper  sans 
péril.  Sur  plusieurs  points,  les  rivières  avaient  emporté  le  chemin.  Aux  abords 
d'Alais  on  signalait  un  passage,  où  la  roche  serrait  le  Gardon  de  si  près  que 
plusieurs  muletiers  s'y  étaient  noyés;  mais  la  partie  la  plus  mauvaise  S<  la 
plus  dangereuse  se  trouvait  comprise  dans  le  massif  des  hautes  Cévennes, 
entre  Alais  6<.  la  Garde-Guérin.  C'est  là  que  se  trouvaient  les  rampes  les  plus 
abruptes,  les  pierres  mouvantes  qui  roulaient  sous  les  pieds,  les  escarpements 
donnant  le  vertige.  Plus  d'une  fois,  le  commissaire  enquêteur  &  son  escorte 
durent  mettre  pied  à  terre.  De  la  Garde-Guérin  jusqu'en  Auvergne,  les  diffi- 
cultés matérielles  étaient  relativement  modérées. 

Chemin  faisant,  le  subdélégué  recueillait  sur  son  passage,  de  la  bouche  des 
syndics  du  diocèse,  des  consuls  de  village,  des  métayers  du  pays  qu'il  prenait 
pour  guides,  des  muletiers  rencontrés  en  route,  toutes  les  indications  qui  pou- 
vaient l'éclairer  sur  l'origine  8c  l'utilité  de  la  voie  antique. 

Un  nouvel  arrêt  du  conseil,  rendu  le  27  septembre,  avait  appelé  les  syn- 
dics particuliers  des  six  diocèses  de  Montpellier,  Nimes,  Uzès,  Mende,  Viviers 
&  le  Puy,  pour  prendre  part,  chacun  dans  son  ressort,  aux  travaux  de  vérifi- 
cation des  lieux. 

Il  résulta  de  cette  longue  8c  laborieuse  information  que  dans  tout  le  pays 
une  tradition  constante  désignait  les  Romains  comme  créateurs  de  la  Regor- 
dane,  M.  de  Froidour  n'ayant  pas  traversé  un  seul  village  dont  les  habitants 
ne  tinssent  les  mêmes  propos,  justifiés  d'ailleurs  par  certains  vestiges  maté- 
riels. Ils  affirmaient,  en  outre,  que  la  Regordane  avait  été,  pendant  des  siè- 
cles, un  chemin  de  charroi,  8c  que  le  défaut  d'entretien  avait  seul  dégradé  la 
voie  au  point  de  la  rendre  inutile. 

Quoi  qu'il  en  fût  de  cette  légende,  que  l'enquêteur  ne  croyait  pas  sérieuse 
8(.  qu'il  regardait  plutôt  comme  l'expression  d'espérances  longtemps  caressées, 
la  vérification  des  lieux,  faite  en  très-grand  détail,  ne  fut  point  favorable  au 
projet.  M.  de  Froidour  trouva  le  pays  si  âpre,  si  difficile,  le  chemin  dans 
un  tel  état  de  ruine  8c  de  destruction,  8c  si  dangereux  même  pour  les  gens  de 
pied,  qu'il  s'étonnait  de  voir  des  personnes  assez  hardies  pour  y  entreprendre 
le  moindre  charroi,  surtout  en  hiver,  quand  les  neiges  ajoutaient  aux  périls 
du  passage.  En  résumé,  il  fut  effrayé  de  l'énorme  dépense  que  nécessite- 
rait une  entreprise  qui  devait  être,  non  pas  la  réparation,  comme  on  l'avait 


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484  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

annoncé,  mais  bien  la  reconstruction  de  la  voie  antique,  ne  croyant  pas  que 
les  résultats  de  l'œuvre,  dans  l'intérêt  général  du  royaume,  pussent  compenser 
jamais  l'importance  des  sacrifices. 

La  ville  du  Puy,  que  l'on  croyait  la  principale  intéressée,  témoignait  beau- 
coup de  froideur.  Les  consuls,  appelés  par  le  commissaire  du  roi,  lui  déclarè- 
rent qu'ils  avaient  réuni  le  conseil  de  ville  pour  y  prendre  l'avis  des  officiers, 
des  magistrats,  des  bourgeois,  des  gens  de  négoce  Si  de  métier;  que,  sans 
doute,  la  création  qu'on  avait  en  vue  «  pourroit  être  de  quelque  utilité,  mais 
(c  que  le  cbemin  le  plus  nécessaire  pour  leur  commerce  &  pour  le  débit  de 
«  toutes  leurs  manufactures,  était  celui  qui  alloit  rallier  la  ligne  du  Rhône 
(1  à  Audance,  à  travers  treize  lieues  de  pays  seulement,  d'autant  plus  qu'une 
«.  o-rande  quantité  de  marchandises  locales  alloient  se  débiter  en  Allemagne, 
«  en  Suisse  &  en  Savoie.  » 

Cependant,  M.  de  Froidour  ne  pouvait  s'empêcher  de  faire  observer  que  si, 
plus  de  seize  cents  ans  peut-être  avant  Louis  XIV,  on  avait  jugé  convenable 
d'établir  dans  ces  contrées  une  communication  directe  entre  l'Auvergne  Si  les 
côtes  de  la  Méditerranée,  les  avantages  n'en  seraient  pas  moindres  en  un 
temps  où  la  population  avait  augmenté  Si  où  le  commerce  prenait  de  l'essor. 
Il  conseillait  donc  de  faire  au  moins  les  réparations  indispensables  pour  que 
la  voie  ne  fût  pas  entièrement  perdue,  d'en  porter  la  largeur  à  seize  ou  vingt 
pieds,  proposant  d'indemniser  seulement  les  propriétaires  des  cultures  sans 
rien  payer  pour  les  garrigues  Si  les  terres  vagues,  61  de  contraindre  les  voisins 
qui  avaient  usurpé  ou  encombré  la  route  à  restituer  le  terrain  ou  à  le  déblayer. 

Il  avertissait,  d'ailleurs,  que  dans  tout  le  bas  pays,  où  l'on  rencontrait  un 
si  grand  nombre  de  torrents  presque  toujours  à  sec,  on  pourrait  éviter  de 
construire  beaucoup  de  ponts,  à  cause  du  peu  de  temps  qu'y  séjournaient  les 
eaux,  rapidement  emportées  à  la  mer,  81  qu'en  outre  les  frais  de  construction 
seraient  sensiblement  diminués  par  l'abondance  de  la  pierre  Si  par  la  facilité 
que  donneraient  les  garrigues  de  faire  de  la  chaux  partout. 

La  traversée  des  Cévennes  inspirait  au  réformateur  ses  plus  graves  inquié- 
tudes; elle  lui  aurait  paru  impossible  sans  l'expérience  récente  de  la  route 
forestière  de  Vivarais,  qui  ne  présentait  guère  moins  de  difficultés. 

Quant  à  la  région  de  montagnes,  depuis  la  Garde-Guérin  jusqu'en  Auver- 
gne, elle  promettait  beaucoup  moins  de  peine.  Si  les  seuls  travaux  dispendieux 
qu'on  y  prévoyait  étaient  les  descentes  de  Raschas  81  de  Saint-Benoît'. 

Personne  ne  contestait  que  l'industrie  de  la  ville  du  Puy  ne  fût  depuis 
longtemps  en  décadence.  La  fabrication  des  cadis,  des  bas  Si  bonnets  de 
laine,  des  dentelles  de  fil  Si  de  soie,  des  rubans,  des  aiguilles,  des  épingles, 
les  tanneries,  les  manufactures  de  cuirs  bouillis  y  avaient  été  très-florissantes 
."k  y  trouvaient  d'importants  débouchés,  soit  dans  les  foires  du  pays,  soit  en 
Espagne,  en  Suisse,  en  Allemagne  61  en   Italie.   Dans  tous  les  genres  de 

■  Le  procès-verbal  de  la  vérification  du  chemin  des  Cévennes,  terminé  k  Riom  le  21  novembre  1668, 

forme  un  manuscrit  de  yij  pages  in-;<i". 


LIV.   II,  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  485 

Droduction,  la  diminution  était  sensible.  Au  lieu  de  quatre-vingts  tanneries 
que  l'on  comptait  anciennement  dans  la  capitale  du  Vêlai,  on  n'en  trouvait 
plus  qu'une  quinzaine  en  activité;  pour  les  manufactures  de  cadis  &.  d'étoffes 
diverses,  la  décroissance  était  proportionnelle;  la  fabrication  des  épingles, 
des  aiguilles  Sv  des  ouvrages  d'orvillerie  en  fil  d'arcbal,  que  l'on  se  rappelait 
avoir  été  fort  active  &  qui  donnait  lieu  à  un  commerce  étendu,  n'occupait 
plus  qu'un  épinglier  Se  deux  ou  trois  orvilleurs.  Le  seul  commerce  qui 
survivait,  bien  que  l'importance  en  tût  réduite,  était  celui  des  menues  den- 
telles &  des  bas  Se  bonnets  de  laine  vendus  à  bas  prix,  qu'on  débitait  aux 
marchands  d'Espagne,  de  Savoie,  de  Suisse  &  d'Allemagne.  L'exportation 
des  dentelles  en  Espagne  rapportait  à  la  ville  environ  six  cent  mille  livres 
par  an.  Se  c'était  l'industrie  qui  faisait  vivre  le  plus  de  monde  dans  tout  le 
pays  avoisinant. 

Antoine  Polge  attribuait  la  décadence  générale  des  manufactures  du  Puy 
aux  divisions  continuelles  qui  s'étaient  produites  en  divers  temps  parmi  les 
gens  de  métier.  Il  accusait  les  maîtres  jurés  d'avoir,  dans  des  vues  d'égoïsme 
personnel,  stérilisé  l'industrie  locale,  en  rendant  l'accès  de  la  maîtrise  de 
plus  en  plus  difficile-Se  en  imposant  aux  apprentis  des  conditions  pécuniaires 
tellement  onéreuses  qu'ils  n'osaient  plus  aborder  l'épreuve  du  chef-d'œuvre 
Se  désertaient  le  pays,  où  personne  n'était  tenté  de  venir  s'établir  du  dehors, 
tant  on  y  savait  les  corporations  inhospitalières. 

Pour  remédier  à  ce  dépérissement,  Polge  avait  le  dessein  de  fonder  lui- 
même  des  manufactures  où  il  emploierait  à  son  gré  des  ouvriers  du  pays 
ou  des  étrangers,  pour  lesquels  il  sollicitait  les  mêmes  privilèges  qu'avaient 
les  maîtres  de  la  ville,  avec  une  indépendance  complète  de  leur  juridiction, 
c'est-à-dire  sans  maîtrise,  sans  chet-d'œuvre  Se  sans  visite. 

Quand  M.  de  Froidour  convoqua  les  consuls  en  l'hôtellerie  de  Saint- 
Louis,  où  il  était  descendu,  il  les  trouva  fort  en  défiance  :  une  première 
conférence  avec  M.  de  Fortia,  l'intendant  d'Auvergne,  venu  quelques  jours 
auparavant  dans  le  pays,  les  avait  mis  sur  la  défensive.  Pressentant  leurs 
dispositions,  le  commissaire  enquêteur  les  avertit  que  le  roi  savait  combien 
la  fabrication  de  leurs  dentelles,  de  leurs  bas  Se  bonnets  de  laine  était  défec- 
tueuse Se  grossière.  Se  que,  pour  éviter  que  cette  industrie  ne  se  perdît  com- 
plètement comme  les  autres,  il  avait  dessein  d'y  favorise»"  un  établissement 
nouveau.  En  leur  ordonnant  d'assembler  le  conseil  de  ville,  il  leur  recom- 
manda de  ne  point  confondre  l'intérêt  général  avec  celui  de  quelques  artisans. 
Il  ne  doutait  pas  que  les  gens  qui  avaient  dans  leurs  mains  tout  le  commerce 
local  ne  fissent  une  violente  opposition,  mais  il  les  exhortait  à  se  dégager 
de  toute  préoccupation  personnelle  Se  à  s'inquiéter  uniquement  du  bien 
public.  Les  consuls  promirent  d'appeler  à  leur  conseil  le  juge-mage  Se  les 
autres  officiers  judiciaires  qui  n'avaient  aucun  intérêt  dans  la  question. 

Ils  revinrent  le  lendemain,  apportant  non  pas  une  réponse,  mais  une 
chicane  de  formalisme.  Il  fallait  au  conseil  de  ville  une  signification  en 
règle  de  l'arrêt  du  conseil  d'Etat.  M.  de  Froidour  leur  fit  observer  que  la 


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■  668 


|86  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR    LE  LANGUEDOC. 

communication  qu'il  leur  en  avait  faite  personnellement  &.  la  copie  qu'il 
leur  avait  remise  valaient  bien  un  exploit  d'huissier  ou  de  sergent,  mais  pour 
ne  pas  prolonger  des  préliminaires  inutiles,  connaissant  la  ténacité  de  ces 
sortes  de  personnages,  il  leur  fit  remettre  une  sommation  formelle  par  les 
mains  d'un  archer  de  la  connétablie. 

Le  papier  timbré  fut  rendu  un  jour  après,  portant  au  bas,  sans  plus  de 
façon,  la  délibération  du  conseil  :  on  avait  décidé  que  la  ville  du  Puy  étant 
d'accès  difficile  offrait  peu  d'aisance  pour  le  commerce,  que  les  gens  de 
négoce  y  gardaient  souvent  leurs  marchandises  des  années  entières,  que 
des  fabrications  autrefois  exclusivement  particulières  à  la  capitale  du  Vêlai 
s'étaient,  depuis  quelque  temps,  naturalisées  dans  diverses  villes  voisines,  8c 
que  l'établissement  de  nouvelles  manufactures,  en  multipliant  les  ouvriers, 
serait  une  surcharge  pour  le  pays  &  achèverait  de  ruiner  l'industrie  locale. 

Cette  fois,  ce  fut  à  l'enquêteur  de  réclamer  sur  la  question  de  forme.  Il  se 
plaignit,  comme  d'un  procédé  inouï,  de  cette  sorte  d'annotation  cavalière  au 
bas  d'un  acte  de  justice  que  l'on  remettait,  en  guise  de  réponse,  à  un  com- 
missaire départi  venu  au  nom  du  roi  pour  s'informer  du  véritable  intérêt 
des  peuples,  &  sans  insister  davantage,  il  fit  subir  aux  consuls  un  interroga- 
toire détaillé. 

Ils  se  défendirent  vivement,  &  non  sans  quelque  aigreur,  des  reproches 
indirects  que  l'arrêt  du  conseil  d'Etat  semblait  contenir  à  leur  adresse,  en 
parlant  du  désordre  des  arts  &  métiers.  D'après  eux,  la  seule  &  sérieuse 
cause  de  la  décadence  commerciale  était  la  misère  générale  du  pays.  La 
ruine  était  partout}  les  acheteurs  n'avaient  pas  d'argent,  demandaient  sou- 
vent crédit  ou  n'achetaient  plus.  Quant  aux  produits  qui  se  débitaient 
encore,  la  grossièreté  même  qu'on  leur  reprochait  en  assurait  seule  l'écoule- 
ment. Si,  d'après  le  désir  du  roi,  on  fabriquait  des  marchandises  plus  belles 
ou  plus  solides,  les  prix  en  deviendraient  plus  élevés,  &  les  marchands 
étrangers  qui  trouvaient  leur  compte  à  ce  commerce  ne  reviendraient  plus. 
Telle  qu'elle  était,  la  petite  production  du  pays  faisait  vivre  les  gens  Se 
donnait  les  moyens  de  payer  la  taille.  Toutes  les  innovations  qui  pourraient 
l'interrompre  n'auraient  d'autre  résultat  que  de  précipiter  la  ruine  univer- 
selle'. 

Le   syndic  du  diocèse  de  Montpellier  déclara   que  le  rétablissement  du 


'  Les  consuls  de  la  ville  An  Puy  qui  prirent  part  bibliothèque  de  Toulouse.  Ce  volume  contient  le 

à  ces  conférences  étaient  :  noble  Louis  Dulac,  sei-  texte  des  quatre  arrêts  du  conseil  d'État  du  28  mai 

gneur    de    Gratus     &    Feugère,     premier    consul;  &    du    17   septembre,  les   trois   procès-verbaux   du 

Etienne  Treneis,    greffier    en    chef  des   présenta-  commissaire-enquêteur  avec  toutes  les  pièces  acces- 

tions   au    sénéchal    du    Puy;    Pierre   Filère,  bour-  soires  de  procédure  &   une   carte  de   la    route  pro- 

geois;  Raymond  Eyraud,  marchand  ;  Jean  Arnaud,  jetée  avec   cette   légende:  «  Chemin   de   la    Regor- 

notaire  royal;  Georges  Viviers.  dane,  ou  pour  mieux  dire,  route  qu'il   faut  tenir 

L'ensemble  des  documents  relatifs  à   la  mission  pour  faire  un  chemin  de  charroy  depuis  les  villes 

de  Froidour  en  Vêlai,  au  mois  de  novembre  1668,  de  Montpellier  &  Nismes  jusques  à  Vieille-Brioude, 

forme   un   volume  relié   de   141    feuillets  qui   fait  en  Auvergne,  pour  aller  prendre  la  rivière  d'Allier 

partie  de  la  collection  Froidour  &  appartient  à  la  passant  par  les  Sevenes.  » 


LIV.    II.    ADMINISTRATION   DE   COL3ERT.  487 

chemin  serait  utile  à  la  Province  &  particulièrement  à  la  ville  de  Mont- 
pellier, pour  le  débit  des  couvertures,  futaines  &  basins  qui  s'y  faisaient, 
pour  l'exportation  des  figues,  des  raisins,  des  olives,  de  l'huile,  du  vermillon 
&  du  vert  de  gris,  comme  aussi  pour  l'exportation  des  légumes,  des  toiles  Se 
chanvres  qu'on  recevait  d'Auvergne'. 

Les  consuls  de  Quissac  confirmèrent  l'existence  de  la  tradition  populaire 
sur  l'origine  romaine  de  la  Regordane^,  ajoutant  que  c'était  à  peu  près 
depuis  trois  cents  ans  que  cette  ancienne  voie  avait  cessé  d'être  carrossable 
&  ne  servait  plus  qu'aux  bétes  de  somme;  ils  se  plaignirent  surtout  de  la 
rupture  du  pont  de  Lésan,  qui  arrêtait  entièrement  le  commerce. 

Les  consuls  d'Alais  confirmèrent  ce  témoignage,  en  ajoutant  qu'il  subsistait 
sur  plusieurs  points  des  vestiges  de  la  voie  antique,  venant  d'Auvergne  par 
le  Puy,  Pradelles,  Villefort  5t  Genouillac,  81  qu'elle  envoyait  deux  branches 
au  sortir  de  leur  ville,  l'une  sur  Nimes,  l'autre  sur  Montpellier.  Ils  insistèrent 
pour  le  rétablissement  du  pont  de  Nevs. 

Le  juge  8c  plusieurs  habitants  de  Genouillac  signalèrent  comme  une 
preuve  visible  de  l'ancien  transit  des  charrettes  quatre  vieilles  maisons,  dont 
la  façade  présentait  de  grandes  arcades  murées  dans  lesquelles  étaient  prati- 
quées de  petites  portes.  C'est  par  là,  disaient-ils,  qu'entraient  autrefois  les 
voitures  toutes  chargées. 

Les  habitants  de  Bayard  racontèrent  que,  depuis  trois  ou  quatre  mois,  le 
marquis  de  Morangé,  dont  le  château  était  tout  voisin,  avait  fait  visiter  la 
montagne  par  quatre  maçons  du  pays,  en  vue  d'y  établir  un  chemin  carros- 
sable tournant  la  croupe  des  hauteurs  jusqu'à  la  Garde-Guérin,  ce  qu'ils 
offraient  d'entreprendre  au  prix  de  trois  mille  livres,  sans  aucun  travail  de 
maçonnerie. 

Le  syndic  du  diocèse  de  Nimes  fit  ressortir  l'importance  du  projet,  qui 
n'intéressait  pas  seulement  le  Languedoc  8c  l'Auvergne,  mais  une  grande 
partie  du  royaume,  puisqu'il  ouvrait  à  la  Province  les  débouchés  de  la  Loire 
8c  de  l'Allier  8c  qu'il  renouerait  des  relations  établies  douze  ou  quinze  siècles 
plus  tôt.  A  son  point  de  vue  particulier,  il  rappelait  le  grand  commerce  de 
fruits  méridionaux  que  la  ville  de  Nimes  envoyait  dans  les  Cévennes,  d'oii 
elle  tirait  en  échange  les  châtaignes,  les  marrons,  le  charbon  de  terre, 
ajoutant  que  plusieurs  drapiers  nimois  avaient  des  magasins  au  Puy  8c 
trouveraient  grand  avantage  à  la  facilité  des  communications. 

En  rapporteur  fidèle,  M.  de  Froidour  signala  quelques  variantes  au  tracé 
antique  dont  la  proposition  lui  avait  été  faite.  Les  deux  plus  importantes 
avaient  pour  but  d'éviter  le  rude  massif  des  montagnes  de  Portes  &c  Genouillac. 

L'une  8<  l'autre  s'écartaient  de  l'ancienne  ligne  en  sortant  d'Alais,  du  côté 
du  levant,  pour  aller  se  raccorder  :  la  première  à  Vielvic,  la  seconde  à  l'Espéron 
en  avant  de  Pradelles.  Toutes  les  deux  se  confondaient  jusqu'à  Saint-Ambroix. 

'  Il  indiqua  une  route  carrossable  de  Montpel-  '  A  Raschas,   au   cœur    des   montagnes,  le  nom 

lier  à  Fontanez,  passant  par  la   porte  des  Carmes,       de  la  Regordane  était  populaire. 
par  Montftrritr,  Prades  &  Truyez. 


1Û68 


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488  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  projet  de  M.  d'Alègre,  sur  Vielvic,  empruntait  le  vallon  de  la  Cèze  qu'il 
remontait  jusqu'à  sa  source.  De  ce  côté  la  route  était  incomparablement  plus 
facile,  mais  on  privait  du  transit  plusieurs  centres  de  population  qui  en  jouis- 
saient de  toute  ancienneté,  &  qui,  se  trouvant  fort  chargés  de  tailles,  ne  man- 
queraient pas  d'opposer  une  vive  résistance. 

Le  projet  sur  Pradelles,  qui  avait  été  inspiré  à  M.  de  Fortia  par  les  juges- 
mages  du  Puy  dans  leurs  conférences  avec  les  consuls  &  les  notables  du  pays, 
quittant  la  vallée  de  la  Cèze  au  nord  de  Saint-Ambroix,  traversait  celle  du 
Chassezac  aux  Vans,  longeait  sur  les  plateaux  le  vallon  de  Thinette  par  Paire 
8c  le  Petit-Paris,  entrait  dans  les  bois  de  l'abbaye  de  Chambon  au-dessus  des 
sources  de  la  Borne,  8c  descendait  par  la  combe  de  Mas  Méjan  de  Bes  à  Saint- 
Etienne  de  Lucdarès,  par  Saint-Ambroix,  les  Vans,  Paire,  le  Petit-Paris,  la 
Loubaresse,  Bes,  Saint-Etienne  8c  l'Espéron.  Cette  ligne  était  de  trois  ou 
quatre  lieues  plus  longue  que  le  tracé  antique;  elle  franchissait  un  pays 
presque  désert,  où  les  bonnes  villes  8t  les  prairies  productives  faisaient  égale- 
ment défaut;  mais  elle  avait  surtout,  comme  l'affirmèrent  les  voituriers  qui  se 
trouvaient  au  marché  de  Pradelles,  «  l'inconvénient  d'être  impraticable  pen- 
«  dant  l'hiver,  traversant  la  grande  forêt  de  Loubaresse  où  la  neige  s'amassoit 
«  chaque  année  jusqu'à  la  hauteur  de  dix-huit  à  vingt  pieds  8c  ne  fondoit  pas 
«  de  quatre  mois;  »  8c  cet  inconvénient  était  d'autant  plus  grave  que  le  nou- 
veau chemin  ayant  surtout  pour  objet  d'alimenter  la  batellerie  de  la  haute 
Loire  8c  de  l'Allier,  on  ne  pouvait  songer  à  laisser  la  circulation  interrompue 
pendant  la  seule  saison  où  ces  deux  rivières,  encore  trop  voisines  de  leur 
source,  étaient  sérieusement  navigables. 

Le  projet  de  rendre  la  haute  Loire  flottable  depuis  sa  source  jusqu'au  pont 
de  Brives,  à  hauteur  de  la  ville  du  Puy,  avait  été  inspiré  aux  entrepreneurs 
par  les  informations  qu'ils  avaient  recueillies  sur  la  rareté  8c  la  cherté  du  bois 
de  construction  8c  de  chauffage  dans  la  capitale  du  Vêlai.  Toutes  les  monta- 
gnes qui  avoisinent  le  Puy  étant  dépouillées  des  hautes  futaies  qui  en  avaient 
autrefois  revêtu  les  pentes,  on  ne  pouvait  utiliser,  pour  les  usages  domesti- 
ques, dans  les  environs  immédiats  de  la  ville,  qu'un  peu  de  menu  bois  fourni 
par  les  plantations  de  saule,  de  peuplier  8c  d'autres  essences  légères  qui  tapis- 
saient le  creux  du  vallon,  8c  pour  la  bâtisse,  quelques  solives  triées  à  grand 
peine  au  milieu  des  maigres  buissons  de  sapin  &c  de  pin  qui  avaient  encore 
survécu  au  déboisement,  8c  il  fallait  s'approvisionner  à  quatre  8c  six  grandes 
lieues  de  distance,  dans  les  vastes  forêts  de  Bauzon,  d'où  l'on  tirait  le  gros 
bois  de  hêtre,  employé  à  peii  près  exclusivement  au  chauffage,  8c  d'où  arri- 
vaient, soit  à  dos  de  mulet,  soit  en  traîneau,  les  planches  de  sapin,  les  soli- 
veaux 8c  les  poutres  destinés  à  la  construction.  Le  mauvais  état  des  chemins, 
l'aspérité  du  sol  &c  la  multiplicité  de  montées  8c  de  descentes  qui  harassaient 
les  bêtes  de  somme,  rendaient  ces  transports  singulièrement  lents  8c  coûteux; 
le  port  d'une  charge  d'âne  se  payait  de  quinze  à  seize  sous;  celui  d'une  charge 
de  cheval,  de  vingt-quatre  à  vingt-cinq. 

Or  les  forêts  de  Bauzon  qui  couronnent,  dans  la  partie  occidentale  du 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  489 

Vivarais,  tout  ce  massif  de  plateaux  élevés  S<  solitaires  formant  la  séparation 
des  bassins  de  l'Allier,  de  la  Loire  81  de  l'Ardèche,  étalent  leurs  derniers  bou- 
quets au-dessus  même  du  vallon  encaissé  où  les  eaux  de  la  Loire,  à  peine 
échappées  de  leur  source,  se  fraient  une  route  capricieuse  à  travers  les  roches. 
Aussi  la  pensée  de  faire  servir  la  Loire  comme  un  véhicule  naturel  à  l'exploi- 
tation forestière,  n'était  pas  nouvelle.  D'après  les  souvenirs  locaux,  l'initia- 
tive en  avait  été  prise,  sous  Louis  XIII,  par  un  marchand  d'Orléans,  appelé 
Guignard,  qui,  de  concert  avec  un  certain  Barthélémy,  trafiquant  indigène, 
avait  entrepris  le  transport  du  bois  flotté,  pour  le  chauffage  seulement,  &  en 
avait  fait  l'objet  d'un  traité  avec  les  consuls  du  Puy,  à  des  conditions  plus 
avantageuses  pour  la  ville  que  pour  lui-même,  Ce  bonhomme  fit  un  premier 
envoi  très-considérable  qui  arriva  heureusement  &c  vint  se  ranger  en  bel  ordre 
le  long  du  barrage  de  retenue  qu'il  avait  établi  au  pont  de  Brives;  mais  l'en- 
trepreneur, tout  entier  à  la  joie  de  sa  victoire,  négligea  de  faire  tirer  son  bois 
à  sec  à  mesure  que  l'eau  l'amenait,  &  passa  la  nuit  à  boire.  Le  lendemain 
matin,  il  ne  retrouva  plus  ni  bois  ni  barrage.  Les  troncs  d'arbres  accumulés 
&  pressés  contre  l'obstacle  par  la  violence  du  courant,  avaient  fait  l'office  de 
bélier.  Si  enfoncé  les  pièces  de  retenue;  le  tout  descendait  grand  train  au  fil 
de  l'eau.  Maître  Guignard  ne  renouvela  pas  son  expérience. 

Dix  ans  après,  l'idée  fut  reprise  par  une  société  de  quatre  marchands,  dont 
l'un,  Claude  Merle,  habitait  Montpellier,  Se  les  trois  autres,  Lantenas,  Jou- 
mart  8c  Monsat,  résidaient  dans  la  ville  du  Puy.  Ceux-ci  ne  furent  pas  plus 
heureux;  mais  leur  insuccès  tint  à  d'autres  causes.  Dans  ces  régions  agrestes 
8c  désolées,  la  féodalité  gardait  encore  ses  allures  du  moyen  âge.  La  Loire 
était  bordée  de  terres  seigneuriales.  Les  gentilshommes  qui  les  possédaient  ne 
se  firent  pas  faute  de  rançonner  Se  de  piller  publiquement  les  convoyeurs. 
De  leur  côté,  les  consuls  du  Puy,  sous  prétexte  de  police,  établirent  une  taxe 
onéreuse  sur  le  bois  flotté  8c  suscitèrent  mille  embarras.  Pour  sortir  d'affaire, 
les  quatre  marchands  durent  associer  à  leur  entreprise  un  des  consuls  ainsi 
qu'un  chanoine  de  la  cathédrale  qui  avait  grand  crédit  dans  la  contrée;  mais 
la  mort  leur  ayant  enlevé  ces  protecteurs,  tout  fut  abandonné,  Se  la  compa- 
gnie s'estima  satisfaite  de  pai-venir  à  rentrer  dans  ses  déboursés. 

Une  dernière  tentative  fut  interrompue  par  la  justice;  sous  prétexte  que 
l'on  n'avait  pas  obtenu  l'autorisation  du  roi,  les  juges  de  la  ville  firent  saisir 
tout  le  bois  flotté  :  ce  tut  une  perte  de  six  mille  livres  pour  les  sociétaires. 
Dès  lors  personne  ne  songea  plus  à  la  Loire. 

Les  choses  en  étaient  là,  quand  M.  de  Froidour  vint  commencer  son 
enquête,  en  exécution  de  l'arrêt  du  28  mai. 

Sinson  Se  Polge  avaient  remonté  la  Loire  depuis  le  pont  de  Brives  jusqu'à 
sa  source,  en  compagnie  de  «  gens  experts  au  fait  de  la  navigation  des  rivières,  » 
qui  étaient  unanimes  à  conchire  qu'il  y  avait  lieu  de  nettoyer  le  lit  du  fleuve 
8c  le  rendre  propre  au  flottage  de  toute  sorte  de  bois.  Ils  offraient  au  conseil 
du  roi  de  faire  à  leurs  frais  l'entière  dépense,  pourvu  que  Sa  Majesté  leur 
accordât  la  faculté  exclusive  du  transport  des  bois  flottés  entre  la  montagne 


1668 


i668 


490  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  Bauzon  &  le  pont  de  Brives,  sous  peine  de  confiscation  &  d'amende  de 
deux  mille  livres. 

Les  consuls  du  Puy  témoignèrent  quelque  inquiétude  au  sujet  de  l'établis- 
sement du  monopole  que  semblait  leur  annoncer  le  conseil  d'Etat;  ils  crai- 
gnaient que  l'on  n'abusât,  ainsi  qu'il  était  souvent  arrivé,  des  termes  d'une 
faveur  royale,  Se  ils  eurent  le  soin  de  faire  observer  que  l'entreprise  projetée 
n'aurait  d'avantages  pour  la  ville  que  si  l'on  voulait  bien  laisser  aux  habitants 
la  liberté  de  s'approvisionner  de  bois  partout  où  bon  leur  semblerait,  sans  les 
contraindre  à  n'employer  que  du  bois  flotté,  s'engageant  d'ailleurs  à  ne  point 
établir  de  taxe  qui  pût  gêner  le  commerce  des  trains  arrivés  par  cette  voie.  Ils 
ne  voyaient  point,  du  reste,  qu'aucun  intérêt  particulier  pût  être  lésé  par 
l'exécution  des  travaux  que  l'on  proposait.  Sur  tout  le  cours  de  la  Loire, 
depuis  le  pont  de  Brives  jusqu'à  la  source,  il  n'avait  existé  qu'un  seul  moulin 
qui  appartenait  à  la  dame  de  Soubres  &  qu'une  terrible  inondation  avait 
emporté. 

Le  conseil  de  ville,  appelé  à  délibérer,  parut  vouloir  participer  à  la  réserve 
cauteleuse  dont  les  cinq  consuls  avaient  fait  preuve.  Il  se  contenta  de  déclarer 
que  l'entreprise  annoncée  pouvait  être  utile  à  la  ville  £<  au  pays,  sans  vouloir 
ajouter  un  mot  de  plus.  Seulement,  lorsqu'ils  apportèrent  au  commissaire- 
enquêteur  le  texte  de  cette  délibération  concise,  dont  le  laconisme  lui  semblait 
mal  répondre  aux  intentions  du  conseil  d'Etat,  les  consuls  l'accompagnèrent 
d'un  commentaire  verbal  avec  la  précaution  expresse  d'avertir  l'agent  du  roi 
qu'il  pouvait  citer  leurs  paroles  dans  son  rapport  à  titre  de  conversation,  mais 
qu'ils  ne  consentiraient  point  à  les  écrire  &  à  les  signer,  devant  s'en  tenir 
étroitement  aux  décisions  du  conseil  de  ville.  Ils  affirmaient  donc,  en  leur 
particulier,  que  les  travaux  de  la  Loire  étaient  ardemment  désirés  par  tous  les 
habitants  du  Puy,  que  leurs  auteurs  pouvaient  se  promettre  toute  sorte  de 
protection  de  la  part  des  magistrats  &  des  consuls,  &  ils  présageaient  d'heu- 
reux résultats  à  l'entreprise,  en  se  fondant  surtout  sur  ce  qu'elle  était  conduite 
par  des  étrangers,  tandis  qu'entre  les  mains  de  gens  du  pays  elle  n'aurait 
obtenu  aucun  succès,  par  suite  de  la  jalousie  qui  divisait  les  habitants. 

M.  de  Froidour,  apprenant  qu'il  y  avait  encore  au  Puy  un  des  anciens 
entrepreneurs  du  flottage,  Gabriel  Lantenas,  &  un  valet  de  ville  nommé 
Claude  Chambon,  qui  avait  été  conducteur  de  trains,  les  fit  venir  en  son 
hôtel  pour  les  interroger,  81  apprit  de  leur  bouche  l'histoire  des  tentatives 
antérieures.  Ils  ajoutèrent  que,  dans  l'état  où  elle  se  trouvait,  la  Loire  pou- 
vait être  bonne  au  flottage  à  bois  perdu  poiir  le  chauffage  seulement,  en 
établissant  une  retenue  au  pont  de  Brives.  Quant  au  bois  à  bâtir  Si  aux  mâts 
de  navire,  on  n'en  pourrait  amener  qu'en  rompant  les  roches  qui,  sur  plu- 
sieurs points,  obstruaient  son  cours.  Depuis  six  mois,  un  certain  Pointier, 
qui  avait  entrepris  d'y  faire  passer  des  arbres  pour  la  marine,  s'y  voyait  empêtre 
sans  trouver  moyen  d'en  sortir,  gêné  à  la  fois  par  les  blocs  de  rocher  Si  par 
l'insuffisance  de  l'eau. 

Cependant,  le  charpentier  des  bâtiments  du  roi,  qui  était  allé  reconnaître 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBEKT.  491 

les  lieux,  annonça  qu'il  diviserait  le  cours  de  la  haute  Loire  en  deux  sections 
pour  l'établissement  de  son  entreprise  &  qu'il  en  fixerait  la  limite  au  lieu 
d'Issarles,  premier  village  de  Vivarais.  Entre  ce  point  &  le  pont  de  Brives,  il 
mettrait  la  rivière  en  état  de  porter  les  trains;  depuis  Issarles  jusqu'aux  sources 
de  la  Loire,  il  se  contenterait  d'y  faciliter  le  flottage  à  bois  perdu,  les  obsta- 
cles naturels  étant  trop  nombreux  &  trop  considérables  pour  espérer  de  mieux 
faire,  à  moins  de  dépenses  disproportionnées  avec  ses  moyens.  Il  proposait 
même  de  prolonger  la  première  section  jusqu'à  trois  ou  quatre  lieues  au-des- 
sous de  Brives,  voyant  combien  la  pénurie  de  bois  était  grande  dans  le  pays, 
81  même  d'améliorer  la  petite  rivière  de  Borne  qui  vient  se  jeter  dans  la  Loire 
en  aval  du  pont,  de  façon  à  faire  remonter  les  trains  jusqu'à  l'entrée  des  fau- 
bourgs du  Puy. 

Le  25  novembre,  M.  de  Froidour  se  mit  en  route  pour  suivre  le  vallon  de 
la  Loire  jusqu'à  la  montagne  d'Issarles.  Comme  il  avait  fait  toute  l'année  une 
sécheresse  extrême,  la  rivière  était  fort  basse  &  partout  guéable,  &  paraissait 
complètement  impropre  au  flottage  des  trains.  Le  commissaire-enquêteur  nota 
soigneusement  au  passage  tous  les  travaux  qui  lui  semblaient  indispensables. 

Ces  travaux  étaient  : 

Du  pont  de  Brives  à  Bousolles,  le  percement  de  plusieurs  roches  &  l'éta- 
blissement d'une  chaussée  de  quarante  à  cinquante  toises  pour  resserrer  le  lit 
de  la  rivière; 

De  Bousolles  à  Coubon,  nouvelle  percée  81  déblaiement  d'un  passage  sur 
l'emplacement  du  moulin  ruiné  de  la  dame  de  Soubres; 

De  Coubon  à  Farges,  un  nivellement  général  81  une  chaussée  de  cinq  toises; 

Près  l'église  de  Saint-Biaise,  plusieurs  roches  à  percer  Si  de  grands  amas  de 
sables  à  nettoyer; 

De  Saint-Biaise  à  Soulignac,  beaucoup  de  blocs  à  détruire  Se  un  étalement 
subit  de  la  rivière  qui  lui  faisait  perdre  toute  profondeur  Si  qui  demandait 
une  chaussée  d'environ  soixante  toises; 

De  Soulignac  jusqu'au  lieu  d'Arlenc,  le  lit  de  la  Loire  devenait  de  plus  en 
plus  étroit  8t  obstrué;  plusieurs  passages  devaient  y  être  élargis. 

Entre  Arlenc  Sx.  Issarles,  il  n'existait  plus  d'obstacle. 

De  ce  voyage,  qui  dura  deux  jours,  le  commissaire  du  roi  rapporta  cette 
conclusion  que,  non-seulement  la  ville  du  Puy  8t  ses  environs,  mais  tout  le 
pays  en  amont,  à  droite  Si  à  gauche  de  la  Loire,  se  trouvaient  dans  une 
extrême  disette  de  bois,  qu'il  serait  très-avantageux  pour  le  public  qu'un 
flottage  régulier  pût  y  être  établi,  Si  que  la  possibilité  d'y  faire  voiturer  des 
mâts  de  navire  intéressant  d'une  façon  particulière  le  service  de  Sa  Majesté, 
il  croyait  de  son  devoir  de  la  signaler  au  conseil  d'État. 


1668 


492  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


CHAPITRE  IV 


Les  biens  de  mainmorte.  —  Le  droit  d'asile.  —  Pierre  Bonzi.  —  Intendance  d'Henri  d'Aguesseau. 
Querelle  de  la  régale.  —  Mort  de  Nicolas  Pavillon.  —  Guerre  d'Espagne.  —  Affaire  du  Valespir. 
Mort  de  Riquet.  —  Ouverture  du  canal  à  la  navigation.  —  Voyage  de  Louvois.  —  Mort  du  duc  de 
Verneuil.  —  Le  duc  du  Maine.  —  Commandement  de  Noailles.  —  Mesures  de  rigueur  contre  les 
protestants.  —  Prise  d'armes  en  Vivarais.  —  Découragement  &  rappel  de  d'Aguesseau. 

,6i5n  Tandis  que  la  grande  entreprise  du  canal,  très-corabattue  en  Languedoc, 

attirait  l'attention  des  étrangers  &  concentrait  les  préoccupations  de  l'inten- 
dance, l'esprit  de  réforme  qui  possédait  Colbert  se  traduisait  dans  la  Province 
par  une  foule  d'actes  particuliers.  Les  tentatives  qui  furent  faites  pour  établir 
partout  l'ordre  que  le  contrôleur  général  cherchait  à  mettre  dans  les  finances 
mériteraient  une  histoire.  Dans  la  mesure  que  les  limites  de  notre  cadre 
nous  imposent,  nous  sommes  condamné  à  indiquer  simplement  ces  efforts, 
surtout  quand  ils  sont  demeurés  sans  résultats  ou  n'ont  produit  que  des 
conséquences  éphémères.  La  puissance  de  Louis  XIV  n'était  pas  tellement 
irrésistible  qu'elle  ne  se  soit  heurtée  contre  bien  des  oppositions  sans  réussir 
à  les  vaincre. 

On  peut  ranger  hardiment  parmi  les  peines  perdues  la  tentative  de  réfor- 
mation des  universités,  qui  donna  lieu  à  une  vérification  attentive  des  insti- 
tutions, des  hommes  8t  des  bâtiments,  mais  qui  ne  réussit  point  à  vivifier 
des  corps  d'où  l'âme  s'était  retirée  Se  à  rendre  quelque  éclat  aux  anciens 
foyers  d'études  autrefois  fréquentés  de  l'Europe  entière'.  Non  moins  vaines 
furent  les  démarches  du  Parlement  de  Toulouse  en  vue  de  restreindre 
l'accroissement  des  biens  de  mainmorte,  l'abus  des  largesses  faites  par  les 
malades  aux  maisons  ecclésiastiques,  &  de  réprimer  l'instinct  processif  des 
couvents. 

M.  de  Maniban  s'efforça  de  rappeler  aux  réguliers  que  leur  «  véritable 
«  caractère  devoit  être  un  parfait  détachement  de  toutes  les  choses  de  la  terre 
«  &  une  indifférence  pour  acquérir  du  bien;  »  il  leur  reprocha  d'oublier 
trop  souvent  ce  principe,  d'importuner  tous  les  jours  les  particuliers  sans 
nécessité,  d'utiliser  pour  l'intérêt  de  leurs  maisons  «  l'autorité  que  le  tribunal 
«  de  la  confession  leur  donne  «  de  venir,  sur  le  moindre  prétexte,  porter 
leurs  querelles  au  palais,  &  de  se  rendre  maîtres  des  plus  belles  terres  &  des 
domaines  les  plus  considérables  qui  fussent  dans  le  ressort  de  la  cour.  Il 
réclama  contre  la  multiplicité  des  monastères  &  l'encombrement  qu'on  y 
remarquait,  dénonça  les  procédés  employés  pour  tirer  de  l'argent  des  filles  de 

'On  trouvera  aux  Pièces/ujti/îciitivcs.n.CCCLXV,  de    l'université    de   Toulouse   avec    la    visite    des 

toi.  997,  le  procès-verbal  de  visite  dressé  par  M.  de  divers  collèges  du  ressort.  C'est  un  tableau  attris- 

Bourlemont,  archevêque  de  Toulouse,  &  M.   de  tant  de  la   décadence  où  était  tombée  l'anciennt 

Bezons,  commissaire  du   roi,  pour  la    réformation  université. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  498 

bonne  maison  entraînées  dans  les  couvents,  traitant  de  pactes  simoniaques 
les  contrats  qui  se  faisaient  à  l'occasion  des  prises  de  voile'. 

Ces  sentiments  de  réaction  contre  l'envahissement  de  la  propriété  foncière 
par  les  corporations  religieuses  n'étaient  point  nouveaux.  A'ialgré  le  courant 
de  dévotion  qui  s'était  manifesté  depuis  la  régence  d'Anne  d'Autriche,  les 
conseils  des  villes  se  plaignaient  souvent,  soit  dans  leurs  cahiers  de  doléances, 
soit  dans  leurs  délibérations  particulières,  de  voir  les  biens  les  plus  productifs 
mis  hors  du  commerce,  8t  l'antipathie  excitée  par  les  privilèges  séculaires  des 
maisons  conventuelles  se  révélait  quelquefois  avec  une  extrême  vivacité. 

On  en  eut  un  exemple  à  Toulouse  au  mois  de  juillet  1669.  Un  prévenu 
s'étant  échappé  des  prisons  avait  trouvé  refuge  dans  le  couvent  des  augustins. 
Comme  le  droit  d'asile  avait  cessé  d'être  légalement  reconnu  aux  maisons 
ecclésiastiques,  le  chef  du  consistoire  Raymond  d'Aldéguier,  seigneur  d'Ai- 
guesvives,  qui  fut  plus  tard  président  aux  requêtes  du  palais,  se  transporta 
aux  augustins  avec  son  escorte,  occupa  le  cloître  &  les  issues  8<.  se  saisit  de 
plusieurs  jeunes  gens  qui  furent  conduits  à  l'hôtel  de  ville.  Quatre  religieux 
s'étant  démontrés  par  la  vigueur  de  leur  résistance,  le  capitoul  les  fit  aussi 
appréhender.  S'il  faut  en  croire  le  syndic  des  augustins,  ces  quatre  religieux 
furent  traînés  par  les  rues  comme  des  scélérats  8c  assommés  en  chemin  à 
coups  de  poing  &  de  manches  de  hallebardes,  sous  les  yeux  de  plus  de  deux 
mille  personnes.  Un  chroniqueur  du  couvent  rapporte  que  cette  scène  vio- 
lente eut  lieu  à  l'heure  de  vêpres,  le  mardi  9  juillet  1669,  pendant  que 
toute  la  communauté  était  réunie  à  l'office.  Il  ajoute  que  l'archevêque  de 
Toulouse  excommunia  les  capitouls  èi.  leurs  adhérents,  prit  l'affaire  en  main 
&  en  écrivit  au  roi.  Louis  XIV,  après  la  lecture  de  son  compte-rendu,  dit 
à  haute"  voix,  suivant  la  même  autorité  :  «  Ce  capitoul  a  plus  fait  que  je 
«  n'aurois  voulu  &  osé  taire.  » 

Cependant  l'archevêque  leva  l'excommunication.  Le  Parlement  dépêcha 
l'un  de  ses  conseillers  clercs,  Victor  de  Frézals,  affilié  aux  augustins,  qui 
prit  deux  carrosses  vides,  alla  chercher  les  quatre  religieux  dans  les  prisons 
de  la  maison  de  ville  8c  les  ramena  triomphalement,  portières  ouvertes, 
jusqu'au  couvent,  avec  une  grande  suite  de  peuple  qui  criait  :  Toile!  toile! 
contre  les  capitouls. 

Il  paraît  que  le  corps  de  ville  eut  à  subir  une  réprimande  du  conseiller 
clerc,  qui  les  obligea  de  faire  leurs  excuses  aux  religieux  8c  de  les  accompa- 
gner jusqu'en  dehors  du  grand  portail  de  l'hôtel  de  ville,  le  chaperon  sur 
l'épaule  8c  la  compagnie  du  guet  formant  la  haie. 

('  Depuis  cet  accident,  ajoute  le  chroniqueur,  nous  finies  résolution  de  ne 
«  donner  refuge  à  personne  à  l'avenir,  faute  de  quoi  aussi  plusieurs  ont  été 
H  pendus  8c  ont  eu  la  tête  tranchée  qui  ne  l'auroient  pas  eu,  &c  faut  toujours 
(I  s'en  tenir  là  pour  éviter  de  tels  désordres^.  » 

'  Nouî  publions  le  text»  intégral  de  l'arrêt  du  "  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  des  Au- 

6  décembre  1667,  qui  est  un  document  d'un  haut  gustins  de  Toulouse.  Registre  Je  Notre-Dame, 
intérêt,  Pièces  justificatiyei,  n.  CCCLIII,  col.  960.        p.  203.    —    Voici    le  texte  du    chef  de    monitoirc 


1669 


1669 


494  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

M.  de  Bourleinont  survécut  seulement  de  quelques  mois  à  cet  esclandre', 
&  sa  mort  amena  sur  la  scène  politique  vin  personnage  destiné  à  y  taire 
grande  figure,  avec  des  fortunes  bien  diverses,  le  florentin  Pierre  de  Bonzi. 

Les  Bonzi,  venus  en  France  à  la  suite  &  par  la  faveur  des  Strozzi  8t  des 
Médicis  leurs  parents,  s'étaient  rendus  comme  héréditaires  sur  le  siège  épis- 
copal  de  Béziers,  où  le  cardinal  Laurent  Strozzi  avait  appelé  comme  coadju- 
teur  le  premier  de  la  dynastie*. 

Neveu  du  cinquième  des  évêques  de  son  nom  qui  se  succédèrent  à  Béziers, 
Pierre  y  fit  son  éducation  auprès  de  son  oncle,  prélat  opulent  qui  s'était  aussi 
chargé  d'une  nièce,  mariée  depuis  au  marquis  de  Castries.  Le  jeune  homme 
était  destiné  à  l'Église;  mais  il  eut  quelque  temps  la  pensée  de  changer  de 
voie  Se  se  rendit  en  Italie,  portant  l'épée  &  le  plumet,  comme  un  cadet  de 


publié  dans  toutes  les  églises  de  Toulouse,  à  l'oc- 
casion de  cette  aventure  : 

Chef  de  monîtoire  que  met  &  haille  pardevant  Vous^ 
Nosseigneurs,  tenans  la  souveraine  cour  de  Parle- 
ment de  Toulouse,  le  syndic  des  religieux  augus- 
tins  de  Tolose,  pour  estre  puhlié  &■  signifié. 

Contre  toute  personne,  de  quelque  estât,  qualité 
&  condition  qu'elle  soit,  qui  sçauroit  de  certaine 
science,  pour  l'avoir  veu,  ouy  dire  ou  autrement 
qu'environ  les  trois  heures  de  relevée  du  mardy 
p"  de  juillet  1669  certain  personnage,  pendant  que 
la  communauté  estoit  à  l'office  des  vespres  dans  le 
chœur,  seroit  venu  d'authorité  heurter  à  la  porte 
du  cloistre;  laquelle  luy  ayant  esté  librement  ou- 
verte, auroit  esté  suivy  d'une  troupe  de  gens  armez 
qu'il  avoir  apostez ,  lesquels  estans  entrez  avec 
impétuosité,  auroit  à  l'instant  arraché  avec  vio- 
lence les  clefs  des  mains  du  frère  portier,  &  se  se- 
roit rendu  maistre  des  portes. 

Qui  sçauroit  que  ledit  personnage,  se  prévalant 
de  l'authorité  &  de  la  force,  auroit  fouillé  &  suivy 
tout  ledit  couvent,  dans  lequel  il  auroit  trouvé 
trois  jeunes  hommes  qui  y  estoient  entrez  par 
forme  de  visite  particulière,  lesquels  il  auroit  fait 
saisir  &  conduire  en  prison  luy-raesme,  accom- 
pagné d'une  partie  de  ses  gens  armez,  le  reste 
estant  demeurez  dedans  avec  ses  confédérés. 

Qui  sçauroit  que  ledit  personnage  estant  peu  de 
temps  après  revenu  sur  ses  pas,  avec  élévation  de 
voix,  accompagné  de  plus  grand  nombre  de  genj 
armez,  portant  aussi  de  leviers  &  maillets  de  fer 
pour  briser  &  forcer  les  portes  du  cloîtrej  mais 
n'y  ayant  point  trouvé  de  résistance,  il  seroient 
entrés  dedans  une  seconde  fois,  où,  s'estant  unis 
avec  les  autres,  qui  estoient  demeurés,  ils  auroient 
exercé  toute  sorte  de  violence  &  d'emportement, 
comme  dans  une  maison  de  désordre,  jusques-là 
que  s'estant    saisis  de   quatre  desdits    religieux,  ils 


les  auroient  avec  violence  sortis  du  cloistre  & 
traînez  contre  terre  par  les  rues  comme  des  scélé- 
rats, battus  &  assomés  à  coups  de  manche  d'haie- 
barde  &  à  coups  de  poings  &  de  pieds,  &  en  cet 
estât  conduits  en  prison  avec  le  plus  grand  scan- 
dale qui  soit  jamais  plus  arrivé  dans  Tolose,  à  la 
veue  de  plus  de  deux  mille  personnes,  qui  auroient 
esté  tous  effrayés  d'un   si  horrible  spectacle. 

Qui  sçauroit  que  lesdits  quatre  religieux,  tous 
meurtris  8c  assomez,  auroient  esté  tellement  serrez 
en  prison,  qu'il  auroit  esté  impossible  de  les  tirer 
pour  leur  donner  du  secours  &  soigner  leurs  bles- 
sures qu'ils  auroient  reçues  dans  leur  scandaleuse 
conduite,  dont  ils  auroient  esté  griesvemcnt  ma- 
lades &  en  danger  de  mort,  &  le  tout  à  cause 
de  leur  capture  &  mauvais  traitement,  &  du  refus 
fait  aux  chirurgiens  qui  y  avoient  estez  envoyez 
pour  les  soigner. 

Contre  tous  sçachants  &  consentans,  ayent  à 
révéler  au  greffe  de  Jonquet,  à  peine  d'excommu- 
nication. 

Mabtin  Serres,  substitut  du  syndic. 

Autorisé  par  la  cour,  27  juillet  1669. 

A.  DE  Pins,  Lemazlyer. 

'  L'épi  ta  phe  de  l'archevêque  de  Toulouse,  Charles 
d'Anglure  de  Bourlemont,  gravée  sur  une  dalle  de 
marbre  rectangulaire,  est  conservée  aujourd'hui 
dans  le  musée  de  Toulouse,  n°  662.  Le  texte  en  a 
été  publié  '. 

'  Le  musée  de  Toulouse  possède  également  une 
série  d'inscriptions  consacrées  par  Clément  de 
Bonzi,  oncle  de  Pierre,  à  ses  prédécesseurs  sur  le 
siège  de  Béziers,  Thomas  I"  (1576-1596),  Jean 
{1596-1621),  Dominique,  coadjuteur  (1621),  Tho- 
mas II  (1621-1628)". 

'  Gallia  Chrisliana,  XII,  p.  70.  Roschach,  Musée  de  Tou- 
louse. Catalogue  des  Antiquités  &  des  Objets  d'art,  p.  233. 

"  Roschach,  Musée  de  Toulouse.  Catalogue  des  Anti- 
quités &  des  Objets  d'art,  p.  3 14. 


LIV,   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  495 

famille,  avec  la  pensée  de  revendiquer  certains  biens  qui  avaient  appartenu  à 
sa  maison.  Cette  démarche  ne  réussit  pas,  St  Pierre  Bonzi,  renonçant  à  la  car- 
rière des  armes,  quittant  le  nom  de  baron  de  Castelnau  qu'il  avait  pris  dans  le 
monde,  alla  reprendre  l'habit  ecclésiastique  &  suivre  les  conseils  de  son  oncle. 

Il  obtint  de  bonne  heure  la  protection  du  cardinal  Mazarin  qui  appréciait 
en  lui  un  esprit  plein  de  souplesse  &  de  grâce,  une  grande  facilité  de  parole, 
un  extérieur  aimable  Se  un  air  de  dignité  précoce.  Il  semblait  né  pour  le  rôle 
d'ambassadeur. 

Il  commença  par  être  envoyé  du  grand  duc  de  Toscane  pour  la  paix  des 
Pyrénées  8t  en  cette  qualité  assista  aux  conférences  de  Saint-Jean-de-Luz  8c 
de  Fontarabie.  C'est  là  qu'il  fut  gratifié  de  l'évêché  de  Béziers  &  de  l'abbaye 
d'Aniane.  Entfé  alors  au  service  de  France,  il  eut  des  missions  diplomatiques 
importantes 5  chargé  de  conclure  le  mariage  du  grand  duc  de  Toscane  avec 
une  fille  de  Gaston  d'Orléans  qu'il  conduisit  lui-même  à  Florence.  On  l'en- 
voya en  Pologne  auprès  du  roi  Jean-Casimir,  mari  de  la  princesse  de  Clèves, 
&,  après  son  abdication,  pour  rompre  les  intrigues  des  impériaux  81  faire  élire 
Michel  Wiesnowieski.  Il  revenait  de  cette  dernière  ambassade  quand  il  reçut 
la  succession  de  M.  d'Anglure". 

Pierre  de  Bonzi  avait  été  naturalisé  Français  par  lettres  patentes  du  mois 
d'avril  lôSj,  &  le  2'i  septembre  1654,  sur  la  requête  de  son  oncle,  des  lettres 
de  dispense  spéciale  avaient  suspendu  en  sa  faveur  l'ordonnance  qui  défen- 
dait aux  évêques  étrangers  de  prendre  des  grands  vicaires  qui  ne  fussent  pas 
«  Français  naturels^.  » 

L'archevêché  de  Toulouse,  au  moment  où  Bonzi  en  reçut  l'investiture,  était 
de  fait  la  première  dignité  ecclésiastique  de  la  Province.  François  Fouquet 
continuait  de  vivre  en  exil,  St  comme  le  roi  ne  pouvait  disposer  de  son  siège, 
la  présidence  des  Etats  de  Languedoc  appartenait  de  droit  au  second  arche- 
vêque de  la  Province. 

Nos  lecteurs  connaissent  le  rôle  prépondérant  qu'avait  le  président  des  Etats, 
par  suite  de  l'autorité  à  peu  près  sans  contrôle  dont  il  était  revêtu.  Cette  quasi- 
omnipotence  fut  encore  outrée  par  Bonzi  qui,  pendant  vingt  ans  environ, 
exerça  en  Languedoc  une  véritable  royauté.  Royauté,  vis-à-vis  des  évêques, 
des  barons,  des  députés  du  tiers  Si  des  officiers  de  la  Province,  car  à  l'égard 
du  ministère,  Bonzi  témoignait  au  contraire  une  soumission  à  toute  épreuve 
8c  se  faisait  l'instrument  docile  de  ses  volontés.  Il  fut  un  des  hommes  qui 
contribuèrent  le  plus  à  l'effacement  provincial,  n'étant  guère  qu'un  commis- 
saire du  gouvernement  sur  le  fauteuil  de  la  présidence  St  n'employant  son 
ascendant  personnel,  son  éloquence  81  ses  façons  courtoises  qu'à  faire  réussir 
les  demandes  de  fonds  faites  par  le  roi,  St  n'usant  de  son  droit  de  harangue 
à  l'ouverture  des  assemblées  que  pour  répéter,  sous  des  formes  d'une  variété 
inépuisable,  les  louanges  hyperboliques  tlu  souverain. 

'  Mémoires  de  Saint-Simon,  \,  p.  22.  lement  de  Toulouse.   Recueil  des  éJits  &  déclara- 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par-       tions. 


1669 


— 49^  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Dans  le  courant  de  l'année  1670,  les  vexations  des  traitants  &i  des  com- 
missaires exacteurs  déterminèrent  un  soulèvement  dans  les  montagnes  du 
Vivarais.  Un  homme  du  pays,  Jacques  Roure,  se  mit  à  la  tête  de  l'insurrec- 
tion, mit  en  fuite  les  commis  des  gabelles  &  se  saisit  de  quelques  positions 
importantes.  Deux  lieutenants  généraux,  le  comte  du  Roure  &.  le  marquis 
de  Castries,  assemblèrent  des  forces,  tant  de  troupes  régulières  que  de  milices, 
&  débusquèrent  les  révoltés  de  divers  postes  vers  la  fin  du  mois  de  juillet.  La 
sédition  fut  promptement  découragée,  8c  le  11  août  les  curés  de  la  contrée 
servirent  de  parlementaires  pour  la  cessation  des  hostilités.  M,  de  Bezons  alla 
juger  prévôtalement  les  coupables  à  Aubenas,  avec  les  officiers  du  présidial 
de  Nimes. 

Seize  prévenus  furent  condamnés  à  mort.  Jacques  Roure,  qui  s'était  dérobé 
par  la  fuite,  traqué  à  travers  la  province,  finit  par  être  arrêté  sur  la  frontière 
de  Navarre,  8>c,  traîné  par  les  gardes  du  marquis  de  Castries,  eut  les  membres 
rompus  sur  la  roue.  La  foule  le  considéra  comme  un  martyr  8<.  se  disputa  les 
lambeaux  de  ses  vêtements.  Il  fallut  des  ordonnances  de  l'évêque  £<.  de  l'inten- 
dant pour  empêcher  la  propagation  de  ces  nouvelles  reliques. 

Le  3o  octobre,  les  catholiques  obtinrent  un  grand  triomphe  par  la  transla- 
tion de  la  chambre  de  l'édit  de  Castres  à  Castelnaudary.  C'était  un  achemi- 
nement vers  l'entière  suppression  de  cette  cour.  Créée  par  la  politique  de 
conciliation  d'Henri  IV  dans  l'intérêt  des  réformés,  cette  chambre  avait  été 
naturellement  placée  au  milieu  du  pays  où  les  protestants  se  trouvaient  en 
plus  grand  nombre.  Ceux  qui  tendaient  ouvertement  à  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes  se  contentèrent  du  moyen  terme  de  la  translation,  avec  l'arrière- 
pensée  de  pousser  plus  loin  leur  victoire  aussitôt  que  les  circonstances  le  per- 
mettraient. 

En  167 1,  l'assemblée  provinciale  reçut  des  plaintes  nombreuses  contre  les 
excès  des  gens  de  main-forte  qui  se  refusaient,  comme  d'habitude,  au  payement 
de  leurs  tailles.  Il  ne  paraît  pas  que  les  réclamations  aient  eu  des  conséquences 
bien  graves  pour  ceux  qui  les  avaient  provoquées.  La  lutte  des  communes 
était  trop  inégale  contre  des  personnages  bien  apparentés,  qui  trouvaient  des 
défenseurs  officieux  aux  Etats  6c  des  juges  prévenus  au  Parlement,  8c  à  qui  les 
artifices  d'une  procédure  interminable  permettaient  d'éluder  la  répression'. 

Cette  même  année,  la  formule  du  serment  que  prêtaient  les  membres  des 
États  fut  modifiée  8c  mise  mieux  en  rapport  avec  les  maximes  de  la  monar- 
chie. Le  ministère  détestait  les  assemblées,  bien  que,  depuis  longtemps,  elles 
eussent  cessé  d'être  redoutables,  8c  tout  ce  qui  pouvait  rappeler  le  vieil  esprit 
républicain  de  l'époque  des  communes  devenait  suspect.  Tout  évêque,  baron 
ou  député  du  tiers,  dut  promettre  de  procurer  de  tout  son  pouvoir  le  bien 
du  service  du  roi  Se  le  soulagement  de  la  Province,  8c  s'engager  à  garder  un 
secret  absolu  sur  les  délibérations  dont  la  publicité  pourrait  avoir  des  incon- 
vénients*. L'habitude  des  négociations  mystérieuses  s'introduisait  de  plus  en 

'  Pièccijuitificaùrci,  n.  CCCLXXVIII,  col.  1081.  '  Pièces  justificatira,  n.  CCCLXXXI,  col.  1086. 


167 


1672 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  497  J^ 

plus  dans  l'assemblée,  &  les  moyens  que  les  commissaires  du  roi  employaient 
pour  gagner  les  suffrages  étaient  de  nature  à  ne  pouvoir  être  mieux  défendus 
que  par  le  silence. 

De  loin  en  loin,  des  scènes  de  violence  ou  de  désordre  se  reproduisaient 
dans  les  parties  de  la  Province  où  les  mœurs  turbulentes  du  seizième  siècle 
régnaient  encore.  L'abbesse  de  Rieunette,  qui  était  de  la  maison  de  Lévis, 
allant  reprendre  possession  de  biens  usurpés  dans  le  diocèse  de  Carcas- 
sonne,  en  compagnie  d'un  commissaire  exécuteur  d'arrêt  du  grand  conseil, 
fut  attaquée  sur  la  route  par  six  hommes  apostés  qui  la  tuèrent  à  coups  de 
fusil'. 

Dans  le  marquisat  de  Roquefeuil,  au  diocèse  de  Mimes,  appartenant  à  la 
marquise  d'Allègre,  on  dénonça  les  actes  de  brigandage  des  frères  d'Arre,  qui, 
non  contents  de  refuser,  comme  bien  d'autres  gentilshommes,  le  payement 
de  leurs  tailles,  avaient  formé  une  troupe  de  partisans  &  se  rendaient  la  ter- 
reur du  pays,  enlevant  à  main  armée  les  récoltes  &  les  troupeaux,  s'attribuant 
la  levée  des  impositions,  faisant  nommer  les  consuls  suivant  leur  caprice  & 
commettant,  en  un  mot,  les  plus  grands  excès.  On  les  accusait,  en  particu- 
lier, d'avoir  assassiné  un  prêtre  Se  d'en  avoir  fait  promener  un  autre  autour 
de  l'église,  revêtu  de  ses  habits  ecclésiastiques  Se  la  tête  enveloppée  d'une 
peau  de  renard;  un  jeune  homme,  qui  se  récriait  devant  cette  odieuse  scène, 
aurait  eu  les  yeux  crevés  d'un  coup  de  feu,  &  une  bande  de  violons  serait 
entrée  dans  l'église  pour  y  conduire  la  danse.  On  parlait  aussi  d'enlèvements 
de  nouveaux  convertis  commis  en  plein  jour  sur  les  chemins  par  des  troupes 
d'aventuriers*.  Le  caractère  spécial  des  exploits  reprochés  aux  frères  d'Arre  St 
à  leur  clientèle  indique  d'une  façon  assez  claire  que  ces  gentilshommes  étaient 
les  continuateurs  de  ces  hardis  capitaines  protestants  de  Languedoc,  triste- 
ment illustrés  pendant  les  guerres  de  religion.  Ces  petites  campagnes  par- 
tielles, Se  bien  d'autres  que  l'histoire  a  négligées  ou  dont  il  ne  reste  que  des 
mentions  incomplètes  dans  les  documents  locaux,  relient  aux  grandes  luttes 
du  siècle  précédent  le  soulèvement  des  Cévennes,  déterminé,  comme  on  le 
verra  plus  loin,  par  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 

Les  orateurs  du  gouvernement  parlaient  d'ailleurs  avec  un  profond  mépris 
de  ces  épisodes.  «  Les  désordres  arrivés  dans  une  partie  de  cette  Province, 
«  disait  M.  de  Bezons,  ne  pourront  arrêter  le  cours  des  grâces  que  vous 

o  recevez  tous  les  ans Le  cri  des  animaux  de  la  Fable  n'a  pas  monté 

«  jusqu'au  trône  de  Jupiter;  l'assemblée  de  quelques  voleurs  Se  de  quelques 
«  sacrilèges  n'a  pu  altérer  les  sentimens  d'amour  que  le  roi  a  pour  vous,  Se 
«  ces  vapeurs  élevées  de  la  plus  basse  région  de  la  terre  n'empêcheront  pas 
«  qu'un  ciel  serein  ne  verse  sur  vous  d'aussi  bénignes  influences^.  » 

Les  grâces  ne  cessaient  pas,  en  effet,  de  pleuvoir  dans  les  zones  lumi- 
neuses où,  négligeant  les  ombres  du  tableau,  les  hauts  personnages  de  la 

'  /'(«fj /mfi/îfalivf»,  n.  CCCLXXXII,  col.  1087.  'Procès-verbal    des    Etnts.    Séiince    du    17    no- 

'  Piècei  juii't/icativci,n.  CCCLWX1\,  col.  \io3,        vembrc  J670. 

XIII.  3i 


~^ 4y8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Province  voyaient  grandir  leur  fortune.  Une  dignité  nouvelle  rehaussa  la 
qualité  du  nouveau  président  des  Etats.  Pierre  Bonzi  reçut,  en  1672,  du  pape 
Clément  X,  le  chapeau  de  cardinal  au  titre  de  Saint-Onuphre. 

Ce  ne  fut  qu'à  la  suite  de  cette  élévation,  Si  trois  ans  après  avoir  été  nommé 
archevêque  de  Toulouse,  que  le  cardinal  alla  prendre  possession  de  son  siège 
métropolitain. 

Les  capitouls,  avertis  de  sa  prochaine  arrivée  par  son  grand  vicaire,  M,  de 
Lafont,  se  disposaient  à  renouveler  en  son  honneur  les  démonstrations  qui 
avaient  accueilli  le  cardinal  de  Joyeuse  8c  les  autres  princes  de  l'Église.  Mais 
Bonzi  leur  écrivit  de  Montpellier  pour  se  soustraire  k  ces  hommages,  &  refusa 
même  leur  députation  qui  devait  le  saluer  à  Carcassonne. 

Il  fit  le  voyage  de  Toulouse  avec  sa  sœur  aînée  Elisabeth  '  8t  son  beau- 
frère  le  marquis  de  Castries,  lieutenant  général  de  la  Province,  qui  profita 
de  l'occasion  pour  réclamer  les  hommages  dus  par  la  ville  aux  commandants 
militaires. 

Six  députés  capitulaires  se  rendirent  à  Villefranche  &  présentèrent  à  la  fois 
leurs  civilités  au  cardinal-archevêque  8c  aux  Castries. 

A  Saint-Papoul,  où  il  s'arrêta,  le  cardinal  signa  un  mandement  qui  ordon- 
nait une  procession  générale  pour  le  10  août  8c  qui  convoquait  tous  les  corps 
ecclésiastiques  8c  laïques  dans  l'église  Saint-Etienne.  Il  arriva  la  veille  au  soir 
à  Toulouse,  sans  se  taire  connaître  ni  recevoir  personne,  8c  se  montra  pour  la 
première  fois  à  ses  nouveaux  diocésains,  revêtu  de  ses  ornements  pontificaux, 
sous  le  dais  armorié  dont  les  capitouls  en  robe  tenaient  les  bâtons. 

La  procession,  qu'avait  annoncée  le  9  une  salve  d'artillerie  municipale,  fit 
une  station  dans  le  couvent  des  Grands-Augustins. 

Dans  la  journée,  on  apporta  au  cardinal  le  présent  des  princes  8c  on  lui 
offrit  la  collation,  qu'il  n'accepta  pas^. 

Avant  de  quitter  Toulouse,  où  il  ne  séjourna  que  quelques  jours,  il  alla 
visiter  l'hôtel  de  ville  8c  y  fut  reçu  au  bruit  des  hautbois,  des  trompettes  8c  de 
la  raousqueterie.  En  entrant  dans  son  palais,  il  y  trouva  deux  grands  bassins 
remplis  des  plus  délicates  confitures  qu'on  avait  pu  découvrir,  pesant  plus  de 
cinquante  livres  chacun,  que  les  capitouls  lui  envoyaient  pour  tenir  lieu  de  la 
collation  3. 

Le  18  août,  pendant  que  le  cardinal  8c  le  marquis  de  Castries  étaient 
encore  à  Toulouse,  un  incendie  terrible  y  dévora  plus  de  cent  maisons  du 
faubourg  Saint-Michel,  qu'il  fallut  abattre  à  coups  de  canon  pour  empêcher 
la  communication  du  feu.  Quatre  ou  cinq  cents  familles  furent  jetées  clans  la 
dernière  détresse  par  la  perte  de  tous  leurs  biens,  . 

Les  capitouls  allèrent  à  l'archevêché  supplier  le  cardinal  8c  son  heau-frère 

■  Le  cardinal  avait  deux  sœurs  :  Elisabeth,  ma-  '  Archives  de  Toulouse.  Centrale  Jes  dépenses  Ju 

née  à  Rene-Gaspard  de  la  Croix,  marquis  de  Cas-  trésorier  pour  l'année  1672.  Voyages  &  chevauchées, 

tries,    morte  à   quatre-vingt-deux  ans,   le    i3   no-  n.   29. 

vembre    1708,    &   Marie,   femme   du-  marquis   de  *  Archives -de  Toulouse.  Annales  manuscrites  de 

Caylus,  baron  des  États  de  Languedoc.  Ihotel  de  ville  de  Toulouse,  IX,  p.   146. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  499  — 

d'employer  leur  crédit  en  faveur  de  ces  malheureux,  tant  auprès  des  Etats 
qu'auprès  du  roi. 

Bonzi  écrivit,  en  effet,  deux  lettres  pressantes  à  Colbert  pour  solliciter 
quelques  secours'.  La  réponse  du  contrôleur  général,  qui  ne  perdait  jamais 
de  vue  les  intérêts  politiques  supérieurs,  dut  donner  à  penser  aux  Toulousains 
sur  la  valeur  de  ces  fameux  privilèges  qu'ils  défendaient  avec  tant  d'acharne- 
ment, 8c  qui  n'étaient,  en  bonne  justice,  qu'une  façon  fort  égoïste  de  se  sous- 
traire aux  obligations  de  l'Etat. 

«  J'ay  bien  du  regret,  disait  le  ministre,  qu'une  ville  aussi  considérable 
e(  ayt  souffert  un  si  grand  mal;  mais,  sur  la  proposition  que  vous  me  faites 
«  de  tirer  quelque  assistance  du  roy  pour  ceux  qui  ont  le  plus  souffert  dans 
«  cet  embrasement,  je  vous  diray  que  la  ville  de  Toulouse  ne  contribuant 
«  point  aux  grandes  dépenses  de  l'Estat  comme  les  autres  du  royaume,  il 
«  semble  que  les  capitouls  8c  le  corps  de  ville  devroient  bien  plutost  recher- 
«  cher  les  moyens  de  secourir  ceux  des  habitans  qui  sont  intéressés  dans 
«  cette  perte,  que  d'avoir  recours  à  Sa  Majesté.  Je  ne  doute  pas  que  vous  ne 
«  les  y  engagiez^.  » 

On  ne  peut  nier  que  le  contrôleur  général  n'exprimât  ainsi  une  opinion 
conforme  aux  vrais  principes  du  gouvernement.  Ces  privilèges  locaux  reje- 
taient, en  effet,  par  une  injustice  flagrante,  une  exagération  de  charges  sur 
les  autres  habitants  du  pays,  81  l'on  ne  saurait  y  voir  qu'un  vestige  des  âges 
de  violence  où  les  communes  les  plus  fortes  s'inquiétaient  peu  d'accroître  leur 
bien-être  au  détriment  de  leurs  voisines.  Malheureusement,  le  ministère,  qui 
se  faisait  une  idée  si  juste  de  l'iniquité  des  privilèges,  les  entretenait  avec 
soin  dans  un  intérêt  purement  fiscal,  quand  il  voyait  l'occasion  d'en  retirer 
un  bénéfice  immédiat;  il  ne  balançait  môme  pas  qtielquefois  à  en  créer  de 
nouveaux,  ce  qui  était  une  manière  de  battre  monnaie,  8c  cette  politique  à 
contre-sens,  qui  se  démentait  chaque  jour,  ne  contribuait  pas  médiocrement 
à  maintenir  le  pays  dans  l'ignorance  des  pratiques  franches  8c  saines  d'admi- 
nistration. 

Du  reste,  si  l'on  croyait  incorrect  à  la  Cour  de  donner  assistance  aux  incen- 
diés de  Toulouse,  on  jugeait  les  achats  de  suffrages  avec  moins  de  rigorisme. 
Nos  lecteurs  se  rappellent  de  quels  vigoureux  anathèmes  les  États  de  Lan- 
guedoc se  glorifiaient  de  frapper  ceux  de  leurs  membres  qui  ne  craindraient 
pas  de  souiller  leurs  mains  par  «  tel  sale  commerce.  » 

Nous  voyons  pourtant  Colbert  écrire  à  M.  de  Bezons  le  3o  novembre  1672  : 

«  Sa  Majesté  vous  permet  de  distribuer  jusqu'à  la  somme  de  vingt  mille 
«  livres  dans  le  parterre  (le  tiers  état),  pour  faciliter  cette  délibération  (il 
«  s'agissait  d'un  emprunt  pour  les  travaux  du  canal),  8c  faire  en  sorte  qu'elle 
«  passe  tout  d'une  voix  s'il  est  possible.  Mais  elle  désire  que  vous  en  fassiez 
«  la  distribution  de  concert  avec  M.  le  cardinal  de  Bonzi,  8c  même  que  vous 

■  M.  Depping  a  publié  le»  deux  lettres  du  car-  '  Pierre  Clément,  Lettres,  instructions  &  mémoires 

iinal   dans    sa    Correspondance   administrative   sous        de  Colbert,  IV',  p.  y^. 
Louis  X/r,  I,  p.  857. 


1672 


1673 


5oo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  ne  la  fassiez  qu'en  cas  que  vous  jugiez  que  cela  soit  absolument  nécessaire, 
«  Sa  Majesté  ne  voulant  pas  remettre  les  députés  dans  l'habitude  de  recevoir 
«  des  gratifications  pour  faire  les  choses  qu'Elle  peut  désirer'.  » 

Les  distributeurs  de  ces  libéralités  se  montrèrent  économes  des  deniers  du 
roi,  car  ils  ne  dépensèrent  pas  plus  de  sept  mille  livres  pour  obtenir  l'una- 
nimité. 

L'entente  était  médiocre,  du  reste,  entre  le  cardinal-archevêque  81  l'inten- 
dant. Bezons  ne  manquait  ni  d'adresse  ni  de  talents;  mais  il  avait  une  vivacité 
d'humeur  qui  ne  s'accommodait  pas  toujours  de  l'autorité  de  Bonzi,  déve- 
loppée outre  mesure  par  les  prévenances  des  Etats. 

Le  prélat  s'était  habitué  à  ne  rencontrer  aucune  contradiction.  Les  plus 
grands  personnages  de  la  Province,  comme  les  plus  humbles,  semblaient  uni- 
quement préoccupés  du  désir  de  lui  faire  leur  cour.  La  marquise  de  Castries, 
sa  sœur,  tenait  le  fil  de  toutes  les  intrigues  &  avait  donné,  en  mainte  occa- 
sion, les  preuves  d'un  esprit  politique  très-supérieur  à  celui  de  son  frère. 

D'ailleurs,  le  crédit  que  le  cardinal  avait  à  la  Cour,  par  la  faveur  de  la 
reine,  dont  il  était  grand  aumônier,  Si  par  la  protection  du  grand  duc  de 
Toscane,  rendait  la  lutte  trop  inégale.  Bezons  eut  plus  d'une  fois  sujet  de 
s'en  apercevoir;  quelque  aigreur  subsista  toujours  à  la  suite  de  ces  contradic- 
tions. On  racontait  en  Languedoc  qu'ils  se  faisaient  souffrir  alternativement. 
L'union  apparente  qui  régnait  entre  eux  n'était  qu'une  paix  armée,  Si  lors 
même  qu'ils  agissaient  de  concert,  ils  gardaient  de  part  &  d'autre  des  senti- 
ments de  défiance  Si  des  soupçons  que  le  moindre  incident  suffisait  à  réveiller*. 

Enfin,  de  guerre  lasse,  l'intendant,  fatigué  d'administrer  depuis  vingt  ans 
la  province  de  Languedoc,  demanda  de  rentrer  au  conseil  d'Èiat.  Colbert  lui 
donna  pour  successeur  Henri  d'Aguesseau,  maître  des  requêtes,  alors  inten- 
dant de  Guienne  après  l'avoir  été  de  Limousin,  homme  de  mérite  81  de  carac- 
tère, qui  s'était  fait  apprécier  dans  l'exercice  de  ses  diverses  magistratures. 

Henri  d'Aguesseau  était  le  fils  d'un  ancien  premier  président  du  parlement 
de  Bordeaux.  Il  avait  fait  ses  études  au  collège  de  Navarre  Si  ses  débuts  admi- 
nistratifs au  conseil  du  roi.  L'intendance  de  Bordeaux,  qu'il  régissait  au 
moment  de  sa  promotion,  était  alors  l'une  des  plus  importantes  du  royaume, 
n'ayant  pas  encore  perdu  le  pays  de  Gascogne  qui  servit  plus  tard  à  former 
l'intendance  d'Auch.  Placé  dans  une  situation  difficile,  dans  une  ville  popu- 
leuse où  résidaient  côte  à  côte  un  Parlement  Si  un  gouverneur,  d'Aguesseau 
y  avait  donné  des  preuves  d'habileté  81  de  modération ,  particulièrement 
remarquées  après  le  régime  rigoureux  de  Claude  Pellot. 

Il  vint  prendre  possession  de  l'intendance  de  Languedoc  sur  la  fin  de  l'an- 
née 1673,  laissant  à  Paris  vme  famille  nombreuse  qui  s'était  accrue  de  cinq 
enfants  pendant  son  séjour  à  Limoges  81  à  Bordeaux. 

Les  États  allaient  ouvrir  leur  session.  D'Aguesseau  n'eut  que  le  temps  de 

'  Pierre  Clément,  Lettres,  Instructions  &■  mémoires  p.  29.  Discoun  sur  la  vie  &  la  mort  de  M.  d'A- 
tie  Colhert,  IV,  p.  82.  guesseau. 

'  (Ruvres  Je  M.  le  chancelier  d'Aguesseau,  XIII, 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5oi 

s'informer  des  détails  d'une  administration  provinciale  dont  les  formes  lui 
étaient  nouvelles  Si  des  obligations  particulières  que  lui  imposait  la  consti- 
tution du  pays. 

Il  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  que  les  États  de  Languedoc,  depuis  la  majo- 
rité du  roi,  ne  gardaient  plus  qu'une  apparence  de  liberté,  8i  que,  sous  les 
dehors  du  formalisme  traditionnel,  on  pouvait  les  utiliser  comme  un  instru- 
ment docile  de  la  volonté  ministérielle;  mais  il  reconnut  que,  pour  en  tirer 
tous  les  avantages,  il  fallait  que  l'intendant  établît  un  parfait  accord  entre 
lui,  le  gouverneur  de  la  Province  Si  le  président  des  États. 

Le  temps  n'était  plus  où  l'intendant  suivait  les  armées,  avec  une  sorte  de 
commission  subalterne,  derrière  le  gouverneur.  11  se  trouvait  investi  de  l'au- 
torité la  plus  étendue  &  la  plus  réelle,  tout  en  gardant  l'infériorité  hiérar- 
chique. Sa  principale  obligation  consistait  à  rassasier  le  gouverneur  d'hom- 
mages pour  le  tenir  dans  sa  dépendance,  &  à  lui  donner,  au  point  de  vue  de 
la  représentation  extérieure,  toutes  les  satisfactions  désirables.  Ce  n'était  point 
le  fait  d'une  usurpation  bureaucratique  personnelle,  mais  l'objet  même  des 
vœux,  du  ministère.  L'histoire  du  dernier  règne  avait  trop  bien  révélé  le  péril 
des  gouverneurs  de  Province  prenant  leur  puissance  au  sérieux  pour  que  les 
conseillers  de  la  couronne  n'eussent  pas  à  cœur  de  les  annuler  courtoisement. 

Avec  le  duc  de  Verneuil ,  cette  tâche  était  facile.  Le  fils  d'Henri  IV  ne 
paraissait  dans  la  Province  que  pour  y  tenir  les  États;  les  réceptions,  les  par- 
ties de  chasse  remplissaient  tous  ses  moments  8c  le  tenaient  éloigné  des  affaires. 
Il  fut  bientôt  en  excellents  termes  avec  le  nouvel  intendant,  très-exact  dans 
l'accomplissement  de  ses  devoirs  &  très-correct  dans  les  marques  de  déférence 
que  le  prince  attendait  de  lui. 

D'Âguesseau  se  concilia  également  les  bonnes  grâces  du  cardinal-président. 
Les  instructions  royales  lui  recommandaient,  tout  en  bien  servant,  de  ménager 
l'archevêque  de  Narbonne;  &  ce  qu'il  apprit  dans  la  Province  des  tiraille- 
ments qui  avaient  existé  entre  le  chef  des  trois  ordres  &  l'intendant  Bezons 
le  fit  redoubler  de  prudence  pour  en  éviter  le  retour.  Par  suite  d'une  réserve 
intentionnelle,  &  aussi  par  caractère,  ayant  pris  des  goûts  tout  différents 
dans  une  vie  simple  &  grave,  il  se  tint  toujours  à  distance  du  milieu  brillant 
mais  frivole  où  se  trouvait  l'archevêque,  &  ne  se  mêla  point  aux  divertisse- 
ments qui  faisaient  le  charme  de  sa  cour.  Il  rachetait  d'ailleurs,  par  l'amé- 
nité de  ses  relations  8(.  par  la  grâce  de  son  accueil,  ce  que  l'éloignement  des 
sociétés  de  plaisir  aurait  eu  d'inquiétant  pour  certains  esprits. 

Son  fils,  le  chancelier  de  France,  a  raconté  dans  sa  biographie  qu'il  n'affecta 
jamais  «  les  airs  militaires  »,  si  communs  plus  tard  chez  les  intendants,  qu'on 
le  voyait  toujours  vêtu  comme  un  magistrat  &  que  l'oubli  qu'il  faisait  de  son 
épée  était  devenu  proverbial  dans  la  Province  '. 

'  11  était  pasié  en  proverbe  de  dire,  en  parlant  d'un»  chose  perdue,  qu'elle  étoit  avec  l'épie  Je  M.  l'In- 
tendant '. 

■  Discours  sur  la  vie  &  la  mort  de  M.  d'Aguesscau,  p.  3o. 


1673 


"7^^^         5o2  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Sa  femme,  née  de  Périgny,  d'une  conversation  agréable,  tenait  table 
ouverte,  sans  étalage,  &  donnait  très-rarement  à  jouer. 

Dans  le  courant  des  affaires  &  dans  les  rapports  journaliers,  il  étudiait  son 
monde.  11  trouvait  les  Languedociens  «  légers,  flatteurs,  courtisans  &  inté- 
«  ressés;  »  mais  il  appréciait  la  souplesse  &  la  vivacité  de  leur  esprit.  Se  tenait 
compte  de  leurs  bonnes  qualités.  Sa  maxime  était  de  leur  laisser  d'abord 
patiemment  jeter  tout  leur  feu,  puis  de  les  reprendre  à  froid  pour  les  con- 
vertir à  ses  intentions.  «  Il  n'avoit  pas  connu,  disait-il,  de  pays  où  il  fût  si 
«  aisé  à  un  intendant  de  faire  le  bien.  » 

Néanmoins,  sa  cbarge  devenait  journellement  plus  difficile.  Les  dépenses 
du  roi  augmentant  de  jour  en  jour,  il  fallait  aussi  augmenter  chaque  année 
les  demandes  de  fonds.  Il  ne  négligeait  rien  du  moins  pour  atténuer  autant 
qu'il  était  en  lui  la  rigueur  de  ses  exigences,  &  ne  se  rebutait  point  de  plaider 
auprès  du  ministère  la  cause  de  la  Province. 

La  sincérité  de  ses  bonnes  dispositions  était  si  bien  reconnue  que  les  États 
mirent  son  désintéressement  k  l'épreuve.  Il  n'était  pas  rare  de  voir  l'assemblée 
provinciale  accorder  à  contre-cœur  aux  divers  fonctionnaires  royaux  les  grati- 
fications que  l'usage  consacrait  8c  qui  faisaient  partie  de  leurs  appointements. 
A  l'égard  de  l'intendant  d'Aguesseau  les  rôles  furent  renversés.  Vainement  les 
Etats  lui  offrirent  d'augmenter  en  sa  faveur  le  présent  annuel;  malgré  les  brè- 
ches que  sa  fortune  avait  souffertes,  &  le  peu  de  proportion  qui  existait  alors 
entre  les  émoluments  de  l'intendance  de  Languedoc  &  la  dépense  attachée  à 
une  telle  charge,  il  refusa  obstinément  l'avantage  qu'on  lui  voulait  faire,  se 
déclarant  trop  payé  de  ses  services  par  l'affection  qu'on  lui  témoignait. 

Les  auteurs  du  projet  s'adressèrent  alors  à  la  femme  de  l'intendant,  suppo- 
sant qu'en  bonne  ménagère  elle  serait  plus  sensible  à  l'intérêt  de  sa  nom- 
breuse famille,  augmentée  de  trois  enfants  durant  sa  résidence  en  Languedoc. 
Madame  d'Aguesseau  n'eut  pas  le  cœur  moins  bien  placé  que  son  mari,  8c 
découragea  l'insistance  par  la  netteté  de  ses  refus. 

D'Aguesseau  fut  en  Languedoc  le  digne  interprète  des  pensées  de  Colbert 
pour  le  développement  du  commerce  Se  de  l'industrie.  C'est  lui  qui,  servant 
l'initiative  du  ministre,  parvint  à  utiliser  le  mécanisme  des  États  pour  faire 
participer  la  Province  aux  bienfaits  d'une  activité  qui  réveillait  alors  toutes 
les  forces  productives  du  royaume. 

De  son  intendance  date  l'action  salutaire  de  l'assemblée  des  trois  ordres  sur 
le  travail  Se  le  négoce  des  Languedociens. 

Il  fit  les  premiers  établissements  des  manufactures,  8c  comme  il  avait  l'in- 
telligence fort  exacte  8c  fort  appliquée,  il  ne  craignit  point  d'approfondir  les 
connaissances  techniques  des  diverses  industries,  8c  acquit  ainsi,  par  cette 
seconde  éducation,  une  compétence  qui  devait  se  manifester  sur  un  plus  vaste 
théâtre,  quand  il  eut  à  diriger  les  travaux  du  conseil  de  commerce.  Il  paraît 
que  les  intéressés  des  nouvelles  entreprises  briguaient  ses  conseils  non  moins 
que  sa  protection,  Se  qu'ils  sortaient  de  ses  entretiens,  émerveillés  de  la  jus- 
tesse de  ses  vues  Se  de  sa  science  des  détails. 


LIV.  II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5o3 


1673 


Sous  une  direction  aussi  intelligente,  la  prospérité  de  la  Province,  com- 
promise par  tant  d'épreuves,  aurait  pu  se  développer  rapidement,  sans  les 
exigences  croissantes  du  trésor  &  sans  les  déplorables  querelles  intérieures 
auxquelles  donnaient  lieu  les  affaires  de  religion. 

Outre  la  guerre  aux  protestants  qui  empirait  de  jour  en  jour,  le  gouver- 
nement soutenait  la  lutte  contre  les  jansénistes,  St  les  divisions  du  clergé  de 
France  se  trouvaient  encore  compliquées  par  la  question  de  la  régale. 

Le  roi  fit,  le  10  février  1673,  une  déclaration  qui  étendait  le  droit  de 
régale,  c'est-à-dire  la  perception  des  revenus  de  bénéfices  vacants,  sur  tous  les 
archevêchés  &  évêchés  du  royaume,  8c  enjoignit  aux  prélats  qui  lui  avaient 
déjà  prêté  serment  de  fidélité,  d'obtenir  des  lettres  de  mainlevée  &  de  les 
faire  enregistrer  dans  deux  mois  à  la  chambre  des  comptes,  sous  peine  devoir 
la  régale  ouverte  dans  leurs  diocèses. 

Tous  les  prélats  de  Cour  se  soumirent.  D'autres,  voulant  sauvegarder  les 
intérêts  de  leurs  églises  où  la  régale  était  une  nouveauté,  sans  se  compro- 
mettre par  une  opposition  manifeste,  se  contentèrent  de  rédiger  des  actes  de 
protestation  qu'ils  laissèrent  dormir  dans  leurs  archives.  Cet  expédient  ne 
pouvait  satisfaire  les  consciences  rigidesj  aussi  les  évêques  d'Alet  8<.  de  Pamiers, 
malgré  le  souvenir  des  traverses  qu'ils  avaient  déjà  essuyées,  n'hésitèrent-ils 
pas  à  braver  l'orage  ' . 

Au  mois  de  mai  1675,  la  trésorerie  de  l'église  cathédrale  d'Alet  se  trouvant  jj^ 
vacante,  un  clerc  tonsuré  de  Toulouse,  nommé  La  Gorrée,  fut  pourvu  en 
régale  de  ce  bénéfice  &  se  présenta  pour  en  prendre  possession.  Le  chapitre 
réconduisit  Se  le  renvoya  au  prélat  qui  poursuivait  en  ce  moment  le  cours  de 
ses  visites  pastorales.  La  Gorrée  actionna  par  trois  fois  le  syndic  du  chapitre, 
puis  se  fit  installer  par  un  prêtre  du  diocèse  de  Narbonne  avec  l'assistance 
d'un  notaire. 

En  rentrant  dans  sa  ville  épiscopale,  Pavillon  rendit,  le  3o  mai,  une 
ordonnance  contre  La  Gorrée  8c  le  déclara  intrus,  en  se  fondant  d'abord 
sur  ce  que  la  régale  n'avait  jamais  été  observée  dans  le  diocèse  d'Alet  8c 
ensuite  sur  ce  que  pendant  ses  trente-six  ans  d'épiscopat  il  avait  constamment 
conféré  les  bénéfices  de  son  église  cathédrale  sans  aucun  trouble.  L'ordon- 
nance concluait  à  l'excommunication  conditionnelle  de  La  Gorrée,  avec 
défense  au  chapitre  de  le  recevoir  sous  peine  d'interdit.  Le  régaliste  s'éloigna 
d'Alet. 

Pavillon  écrivit  le  8  juillet  suivant  à  l'assemblée  générale  du  clergé  de 
France,  convoquée  à  Saint-Germain,  pour  solliciter  son  intervention.  Outre 
l'affaire  La  Gorrée,  il  lui  dénonçait  le  visa  d'une  chanoinie  de  l'église  collé- 

'  Nous  avons  raconté  précédemment  les  longues  gral    de    l'arrêt   du    conseil   d'État,  du    23    juillet 

luttes  soutenues   par  Nicolas    Pavillon  contre   les  1666,   où    se    trouvent   visés    &  analysés    avec   de 

gentilshommes  &  les  réguliers  de  son  diocèse.  Nos  grands  détails  tous  les  actes  de  cette  interminable 

lecteurs  pourront  se  faire   une  idée  assez  complète  procédure.    C'est    un   document    des    plus  curieux 

Je   ces  querelles  en    parcourant,  dans   nos  Pièces  pour  l'histoire  des  juridictions  ecclésiastiques,  &, 

\ustifieatiyes,  n.  CCCXLVI,  col.  SSç,  le  texte  inté-  en  même  temps,  un  tableau  de  moeurs  original. 


■JT^ 5o4  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

giale  de  Saint-Paul  de  Fenouillèdes  donnée  par  le  grand  vicaire  de  Mirepoix, 
sur  le  refus  de  l'évêque  d'Alet  8c  du  grand  vicaire  de  Narbonne. 

Le  prélat  s'adressait  en  même  temps,  par  missives  particulières,  à  l'arche- 
vêque de  Paris,  président  de  l'assemblée,  au  cardinal  Bonzi  &  aux  évoques 
de  Montpellier  &  de  Béziers  députés  de  la  Province.  Ceux-ci  ne  songèrent 
qu'à  étouffer  la  réclamation,  Si  l'évêque  de  Béziers  répondit  au  nom  de  tous 
que  l'arrêt  du  conseil  8t  la  déclaration  du  roi  ayant  réglé  !a  question  après 
intervention  des  agents  généraux  du  clergé  dans  l'instance,  toute  nouvelle 
démarche  était  inutile,  offrant  seulement  à  l'évêque  d'Alet  d'obtenir  de  la 
Cour  en  sa  faveur  un  délai  de  six  mois  pour  faire  enregistrer  son  serment  Si 
la  révocation  du  trésorier  régaliste. 

Pavillon  vit  bien  qu'on  affectait  de  ne  pas  le  comprendre,  en  préjugeant 
son  adhésion  à  la  formalité  d'enregistrement.  11  écrivit  donc  un  mémoire  8i 
insista  derechef  pour  que  la  lettre  fût  communiquée. 

Elle  eut  les  honneurs  de  la  lecture  81  rencontra  quelque  approbation.  Mais 
l'archevêque  de  Paris  arrêta  la  discussion,  offrant  d'en  parler  au  roi.  Il  manda 
ensuite  à  l'évêque  d'Alet  qu'il  s'était  acquitté  de  sa  promesse  81  qu'une  per- 
sonne de  confiance  allait  faire  le  voyage  d'Alet  pour  expliquer  de  vive  voix  le 
résultat  des  n«égociations.  Cet  ambassadeur  ne  parut  jamais. 
"~7T  Au   commencement   de   l'année    1676,  il    fut  expédié   des   provisions  du 

doyenné  d'Alet  81  de  plusieurs  chanoinies  de  la  cathédrale  81  de  la  collégiale 
de  Saint-Paul.  Durant  la  convalescence  d'une  grave  maladie  qui  mit  ses 
jours  en  danger,  au  mois  d'octobre  lôyS,  Pavillon  avait  longuement  médité 
sur  l'affaire  de  la  régale  81  s'était  encouragé  dans  ses  résolutions  de  fermeté 
en  lisant  la  vie  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry. 

Il  publia  une  nouvelle  ordonnance  conforme  aux  conclusions  de  la  pre- 
mière 81  précédée  d'un  exposé  des  motifs  où  il  déclarait  que  la  province  ecclé- 
siastique de  Narbonne  n'avait  jamais  été  sujette  à  la  régale,  ni  avant  ni 
depuis  sa  réunion  à  la  couronne,  que  saint  Louis  l'avait  maintenue  dans 
toutes  ses  immunités,  Si  que  Philippe  le  Bel  avait  confirmé  ses  privilèges  par 
ses  lettres  patentes  de  i3o3. 

Cependant  le  sieur  de  Foix,  pourvu  en  régale  du  doyenné,  Si  un  certain 
Rodeille,  pourvu  au  même  titre  d'un  canonicat,  dépêchèrent  un  fondé  de 
pouvoirs  qui  se  présenta  au  chapitre  d'Alet,  le  i5  mars,  81  se  vit  signifier, 
pour  toute  réponse,  l'ordonnance  épiscopale.  Il  répliqua  par  un  acte  de  pro- 
cédure 81  se  retira. 

La  démonstration  de  l'évêque  faisait  grand  bruit.  A  la  sortie  des  États,  le 
cardinal  Bonzi  envoya  l'un  de  ses  grands  vicaires  à  Pavillon  pour  l'exhorter  à 
révoquer  son  ordonnance,  81,  avant  de  partir  pour  la  Cour,  il  fit  renouveler 
auprès  de  lui  les  mêmes  instances,  lui  annonçant  qu'en  cas  de  refus,  il  se 
verrait  obligé,  en  sa  qualité  de  métropolitain,  de  lever  les  censures  décernées. 

M.  de  Bezons,  conseiller  d'État,  lui  écrivit  en  termes  pressants  pour  lui 
arracher  son  désistement,  lui  rappelant  combien  la  paix  de  son  diocèse  lui 
avait  coûté  81  à  quelles  épreuves  il  courait  risque  de  s'exposer. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5o5 

La  constance  de  Nicolas  Pavillon  n'était  pas  de  celles  qui  se  pouvaient 
désarmer  par  des  motifs  d'intérêt.  A  ces  arguments  personnels  il  opposait  le 
décret  du  concile  général  de  Lyon,  reçu  8c  autorisé  dans  le  royaume,  les 
titres  de  la  chambre  des  comptes  de  Paris,  les  arrêts  du  Parlement  rendus 
pendant  près  de  trois  siècles.  Il  soutenait  que  les  immunités  des  églises  de 
Languedoc  n'étaient  point  des  privilèges  octroyés,  mais  des  libertés  natu- 
relles où  elles  s'étaient  toujours  maintenues;  que  telle  était  d'ailleurs  l'opi- 
nion de  la  plupart  des  prélats  de  la  Province,  des  raisons  particulières  les 
ayant  seules  empêchés  d'en  témoigner  autre  part  que  dans  leurs  archives. 

«  Pour  les  suites  que  cette  affaire  peut  avoir,  écrivait-il  au  cardinal  Bonzi, 
«  j'en  laisse  le  succès  à  Dieu,  me  contentant  de  faire  ce  que  ma  conscience 
«  &c  le  devoir  de  ma  charge  demandent  de  moi.  J'ai  bien  prévu  que  je  pour- 
«  rois  m'attirer  par  là  une  grande  affaire;  mais  une  affaire,  quelque  grande 
«  qu'elle  soit,  n'est  point  à  craindre,  lorsqu'elle  est  dans  l'ordre  de  Dieu.  On 
«  ne  peut  me  reprocher  que  je  sois  allé  au  devant  de  celle-ci.  Je  n'ai  parlé 
«  que  lorsqu'il  ne  m'étoit  plus  permis  de  me  taire.  » 

Pavillon  écrivit  en  môme  temps  au  roi,  qui  se  trouvait  alors  à  la  campagne 
de  Flandre,  une  belle  lettre  où  il  citait  ses  autorités,  depuis  Philippe  le  Bel 
jusqu'à  Louis  XII  8c  où  il  faisait  ressortir  la  gravité  de  l'innovation  qui  per- 
mettait de  déposséder  les  principaux  bénéficiers  d'un  diocèse  par  des  provi- 
sions en  régales  subrepticement  obtenues. 

Cette  lettre  adressée  à  M.  de  Châteauneuf,  le  21  juin,  n'était  pas  encore 
arrivée  que  le  tonnerre  éclata.  Au  milieu  du  bruit  des  armes,  au  camp  de 
Keurin,  le  28  juin  1676,  le  roi  contresigna  un  arrêt  du  conseil  qui  cassait  8c 
annulait  les  ordonnances  de  l'évêque  d'AIet  «  comme  ayant  été  faites  par 
«  attentat  8c  au  préjudice  de  ses  déclarations,  »  avec  menace  de  traiter  les 
contrevenants  en  perturbateurs  du  repos  public.  Il  enjoignait  aux  chapitres 
d'AIet  8c  de  Saint-Paul  de  recevoir  les  nouveaux  pourvus  8c  de  remettre  dans 
trois  jours,  pour  être  envoyé  au  roi,  l'acte  d'enregistrement  de  l'arrêt  entre 
les  mains  de  l'intendant. 

Un  garde  du  gouverneur  alla  signifier  la  décision  royale  à  l'évêque,  avec 
une  ordonnance  de  M.  d'Aguesseau  8c  une  lettre  de  cachet  qui  reléguait  à 
Brives  M.  Ragot,  chanoine  8c  archidiacre  d'AIet.  La  lettre  de  cachet  donnait 
à  M.  Ragot  le  titre  de  promoteur  qu'il  n'avait  jamais  porté.  Il  réclama;  on 
rectifia  l'adresse,  mais  on  maintint  la  peine,  8c  une  seconde  lettre  de  cachet 
vint  reléguer  à  Saint-Affrique,  dans  le  diocèse  de  Vabre,  le  véritable  pro- 
moteur qui  se  nommait  Digeon  8c  qui  était  des  familiers  de  l'évêque. 
Pavillon  se  trouva  ainsi  privé  de  ses  plus  fidèles  collaborateurs. 

Le  i5  octobre,  le  sieur  de  Foix  arriva  du  fond  de  ses  montagnes  de  Cou- 
serans  pour  prendre  possession  du  doyenné.  Il  avait  deux  frères  jésuites  qui 
s'étaient  fort  intéressés  à  sa  nomination  8c  qui  lui  firent  obtenir  plus  tard 
une  pension  de  cinq  cents  écus  sur  l'évêché  d'AIet.  Pavillon  essaya  de  le  per- 
suader par  un  long  8c  bienveillant  entretien,  non  sans  quelque  allusion  aux 
influences  qui  l'avaient  suscité.  Foix  alla  chercher  un  notaire  8c  un  sergent 


1676 


1676 


:,o6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


à  Limoux,  &  fit  instrumenter  contre  le  chapitre.  Sur  cinq  chanoines  capitu- 
lants, trois  se  prononcèrent  pour  la  soumission,  &  le  nouveau  venu,  en  sur- 
plis, flanqué  d'un  notaire  &  de  deux  témoins,  alla  s'asseoir  au  choeur,  à  la 
place  du  doyen.  Pavillon  donna  une  nouvelle  ordonnance,  à  la  suite  de 
laquelle  le  sieur  de  Foix  battit  en  retraite. 

Ce  fut  l'occasion  d'une  nouvelle  lettre  au  roi,  où  l'évêque  d'Alet  se  justi- 
fiait d'avoir  agi,  par  scrupules  de  conscience,  contre  la  volonté  du  souverain. 
Il  se  défendait  d'avoir  subi  aucune  pression  &  revendiquait  pour  lui  seul  la 
responsabilité  de  ses  actes.  «  Je  prendrai,  sire,  ajoutait-il,  la  liberté  de  dire  à 
«  Votre  Majesté  qu'ayant  eu  l'année  dernière  une  grande  maladie  qui  me 
«  conduisit  jusqu'aux  portes  de  la  mort,  je  fus  fortement  touché  de  cette 
«  pensée  que  je  devois  consacrer  à  Dieu  les  moments  de  vie  qu'il  m'accordoit 
«  encore,  en  lui  témoignant  une  fidélité  nouvelle  dans  l'exercice  de  ma  charge 
«  &  spécialement  dans  l'affaire  de  la  régale.  » 

M.  de  Châteauneuf,  chargé  de  rendre  la  lettre  au  roi,  répondit  que  Sa  Ma- 
jesté n'en  avait  pas  été  satisfaite. 

Il  y  eut  discussion  au  conseil  du  roi  sur  les  mesures  à  prendre  contre 
l'évêque.  Certains  voulaient  qu'il  fût  mandé  à  la  Cour  St  parlaient  même  de 
saisie  du  temporel  &  de  relégation.  Mais  le  secrétaire  d'Etat  Le  Tellier  s'éleva 
fortement  contre  ces  desseins  &  fit  résoudre  qu'on  n'en  viendrait  pas  à  de 
pareilles  extrémités.  Il  fut  décidé  seulement  que  les  régalistes  se  pourvoiraient 
par-devant  le  métropolitain. 

Un  arrêt  du  conseil  du  4  novembre  1676  adjugea  les  revenus  du  doyenné 
d'Alet  au  sieur  de  Foix,  absent  ou  présent,  ce  qui  lui  donna  lieu  de  faire 
saisir  une  des  dîmes  capitulaires.  Le  titulaire  du  bénéfice,  malgré  les  exhor- 
tations de  l'évêque,  finit  par  se  démettre  en  faveur  du  régaliste  moyennant 
une  pension  81  un  bénéfice  simple. 

Deux  canonicats  de  Saint-Paul  furent  envahis  à  la  même  époque  avec  le 
secours  d'un  notaire. 
1^  Le  I  2  juillet  1677,  Rodeille,  prêtre  du  diocèse  de  Toulouse,  tenta  une 

prise  de  possession,  mais  dut  s'éloigner,  sur  la  sommation  personnelle  de 
Nicolas  Pavillon,  qui  fit  interrompre  l'office  &  menaça  de  dénoncer  publi- 
quement l'excommunication. 

Le  conseil  d'Etat  éprouva  d'abord  quelque  hésitation  à  renvoyer  la  querelle 
devant  la  juridiction  ecclésiastique.  Mais  les  métropolitains  de  Narbonne  & 
<le  Toulouse,  de  qui  relevaient  Alet  Si  Pamiers,  n'étaient  pas  faits  pour  ins- 
pirer d'inquiétude  aux  officiers  royaux.  On  commença  par  s'assurer  d'eux,  & 
il  fut  envoyé  de  Paris  à  l'archevêque  de  Toulouse,  Montpezat  de  Carbon,  un 
jugement  tout  dressé,  daté  du  i^"' septembre,  qui  déclarait  nulles  les  censures 
épiscopales. 

Le  22  septembre,  un  jugement  analogue  fut  rendu  par  l'official  de  Nar- 
bonne, Dumas,  qui  reprochait  aux  ordonnances  d'Alet  d'être  contraires  aux 
lois  du  royaume  observées  dans  l'Église  gallicane  &  de  troubler  le  repos  des 
consciences  &  l'ordre  ecclésiastique  de  la  Province. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5o7 

Pavillon,  relevant  à  peine  d'une  attaque  d'apoplexie  qui  l'avait  frappé  le 
i5  octobre  en  le  privant  momentanément  de  la  parole  8c  qui  se  changea 
plus  tard  en  une  paralysie  du  côté  gauche,  rendit,  dès  le  22  octobre,  une 
ordonnance  très-développée  dont  il  fit  lui-même  la  publication  dans  sa 
chambre,  ayant  mandé  près  de  lui  les  chanoines  de  sa  cathédrale.  Il  y  sou- 
tenait l'incompétence  du  juge  &  l'irrégularité  de  la  procédure,  &  maintenait 
de  plus  fort  ses  injonctions  contre  les  régalistes  d'Alet  8c  de  Saint-Paul.  Il 
en  écrivit  aussi  longuement  au  cardinal  Bonzi,  8c  adressa,  le  28,  une  lettre- 
circulaire  aux  évêques  de  la  Province  pour  se  plaindre  de  l'injure  taite  à 
l'épiscopat. 

Cependant  ses  forces  diminuaient  si  visiblement  que  le  lendemain,  il 
demanda  les  derniers  sacrements. 

Le  cardinal  Bonzi  quitta  les  États  de  Pézénas  le  4  novembre  pour  aller 
confirmer  à  Narbonne  le  jugement  de  son  officiai.  Comme  on  craignait  que 
cet  acte  n'arrivât  pas  à  temps,  on  passa  toute  la  nuit  à  l'imprimer,  81  le  6  no- 
vembre un  messager  parti  en  poste  signifiait  l'ordonnance  au  moribond. 

Bonzi  couvrait  son  officiai  8c  reprochait  à  l'évêque  d'Alet  de  vouloir  intro- 
duire dans  la  Province  les  appels  comme  d'abus  qu'il  n'avait  jamais  pu  souf- 
frir dans  son  diocèse.  Il  lui  défendait  de  faire  à  l'avenir  de  pareilles  censures 
sous  peine  de  procéder  contre  lui  suivant  les  canons. 

L'infatigable  vieillard  répondit  au  porteur  qu'il  en  appelait,  mais  le  mes- 
sager partit  sans  en  attendre  la  déclaration  écrite.  Pavillon  dépêcha  un  archer 
à  Narbonne;  on  mit  l'archer  en  prison,  sous  prétexte  que  ses  pouvoirs  n'étaient 
pas  en  forme. 

La  maladie  de  l'évêque  d'Alet,  chaque  jour  plus  menaçante,  ne  devait  pas 
lui  permettre  de  continuer  la  lutte. 

Dès  le  26  octobre,  sentant  la  vie  lui  échapper,  il  avait  écrit  deux  lettres, 
l'une  au  pape  Innocent  XI,  l'autre  au  roi. 

Il  expliquait  sa  démarche  comme  un  témoignage  d'union  très-étroite  avec 
le  Saint-Siège  8c  recommandait  à  la  vigilance  du  pape  l'immunité  de  la  Pro- 
vince ecclésiastique  de  Narbonne  en  fait  de  régale,  qui  allait  perdre  un  de  ses 
plus  zélés  défenseurs.  «  Je  prévois,  disait-il,  qu'après  ma  mort  qui  s'approche, 
«  on  ne  tardera  guères  à  l'assujettir  à  ce  droit.  » 

Il  se  plaignait  ensuite  de  la  censure  prononcée  par  les  inquisiteurs  de  Rome 
contre  le  rituel  d'Alet,  suppliant  Innocent  XI  de  révoquer  cette  censure  «  si 
«  atroce  8c  si  injurieuse,  »  voyant  avec  douleur  que,  «  sous  prétexte  de  cette 
M  condamnation  vague  8c  indéfinie  du  rituel,  la  plupart  des  vérités  de  la 
«  morale  chrétienne  sont  partout  traitées  indignement  par  ces  docteurs  relâ- 
«  chés  qui  exercent  une  fausse  8c  trompeuse  domination  sur  le  peuple  de 
K  Dieu.  » 

Dans  la  lettre  au  roi.  Pavillon  protestait  des  sentiments  de  fidélité  dont  il 
ne  s'était  jamais  départi,  «  encore  que  par  l'obligation  de  son  ministère  il  eût 
('  été  engagé  en  quelque  rencontre  à  ne  pas  déférer  à  tous  les  ordres  qui  lui 
«  étoient  venus  de  la  Cour.  »  Il  implorait  la  bonté  du  prince  en  faveur  des 


1677 


~ 5o8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

trois  ecclésiastiques  de  sa  maison  qui  souffraient  la  peine  de  l'exil  sans  avoir 
commis  d'autre  méfait  que  d'obéir  à  leur  supérieur  légitime. 

Depuis  plusieurs  jours,  le  pieux  évêque  ne  parlait  plus,  mais  son  intelli- 
gence étant  demeurée  très-lucide,  il  se  faisait  entendre  par  signes.  L'évêque 
de  Saint-Pons  accourut  le  voir,  à  la  première  nouvelle  de  son  état.  Quand  il 
arriva.  Pavillon  pouvait  encore  prononcer  quelques  mots.  Son  visiteur  lui 
demandant  s'il  n'avait  pas  hâte  de  voir  finir  ses  épreuves,  il  répondit  cette 
seule  parole  :  soumission.  Il  supportait,  en  effet,  avec  une  patience  admirable, 
les  souffrances  de  son  agonie.  Le  26  novembre  il  reçut  un  bref  du  Pape, 
rempli  de  paroles  affectueuses. 

Quatre  jours  après,  le  malade  fut  saisi  d'un  grand  frisson,  il  eut  un  redou- 
blement de  fièvre  le  lendemain  matin  &  tomba  dans  une  léthargie  qui  ne  se 
termina  que  par  la  mort,  le  8  décembre.  Quand  on  lava  son  corps,  on  trouva 
qu'il  avait  les  épaules  £*.  le  dos  complètement  écorchés,  bien  qu'il  ne  s'en  fût 
jamais  plaint. 

L'évêque  de  Pamiers,  qui  l'avait  constamment  assisté  dans  sa  maladie,  lui 
rendit  les  derniers  devoirs. 

Nicolas  Pavillon  était  âgé  de  quatre-vingts  ans;  il  en  avait  passé  trente-neuf 
sur  le  siège  d'Alet. 

Les  témoignages  de  douleur  &  de  vénération  qui  entourèrent  sa  dépouille 
furent  la  plus  digne  récompense  d'une  vie  d'abnégation  &  de  vertu,  &  ven- 
gèrent sa  mémoire  des  traverses  de  sa  vie. 

Toute  la  ville  accourut  auprès  du  lit  de  campagne,  dressé  dans  la  salle  de 
l'évêché.  On  présentait  des  médailles,  des  chapelets,  des  livres  de  prière  pour 
leur  faire  toucher  le  corps.  Les  funérailles  se  firent  le  9  décembre.  On  y  était 
venu  des  lieux  les  plus  reculés  du  diocèse  &  de  celui  de  Narbonne.  La  ville 
de  Limoux  en  demeura  presque  déserte. 

François  de  Caulet  prononça  l'oraison  funèbre  avec  une  éloquence  pas- 
sionnée. On  étouffait  dans  l'église;  l'orateur  dut  abréger  à  cause  des  évanouis- 
sements qui  se  produisaient  dans  la  foule. 

Il  fallut  dérober  le  corps  à  la  dévotion  fougueuse  du  peuple,  qui  menaçait 
de  briser  les  balustres;  on  l'enferma  à  clé  dans  la  chambre  du  chapitre;  mais 
les  réclamations  furent  telles  qu'on  dut  le  rendre  aux  regards  en  l'exposant 
dans  la  sacristie. 

Le  trajet  de  l'église  au  cimetière  fut  des  plus  pénibles,  chacun  se  pressant 
pour  arracher  des  morceaux  de  l'habit  pontifical. 

Pavillon  fut  enseveli,  selon  son  désir,  au  pied  de  la  croix  du  cimetière.  Il 
n'avait  pas  voulu  être  enterré  dans  sa  cathédrale  ni  qu'on  mît  d'épitaphe  sur 
son  tombeau  '. 

Par  son  testament,  daté  du  9  octobre  1676,  il  légua  au  chapitre  les  quatre 

'  Nicolas  Pavillon  fut  déposé  clans  un  cercueil  de  plomb  enchâssé  dans  un  sarcophage  de  pierre.  On 
tnsevelit  avec  lui  une  plaque  de  cuivre  gravée  d'une  inscription  '. 

'  Relation  dt  la  mort  de  Monseigneur  l'évêque  d'Aleth. 


LIV.  II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  Bog 

chandeliers  8t  le  petit  bassin  en  vermeil  de  sa  chapelle,  mille  livres  au  sémi- 
naire d'Alet,  sa  fondation,  pour  l'entretien  des  pauvres  séminaristes  qui  s'y 
trouveraient  lors  de  son  décès;  deux  cents  livres  à  chacune  des  plus  anciennes 
régentes  de  la  maison  d'Alet,  pour  continuer  d'enseigner  en  leurs  écoles,  sup- 
pliant les  futurs  évêques  de  maintenir  cet  établissement. 

Pour  tous  ses  autres  biens,  il  faisait  ses  héritiers  universels  les  pauvres  de 
son  diocèse,  avec  ordre  de  n'en  pas  retarder  la  distribution  au  delà  des  deux 
années  qui  suivraient  sa  mort. 

Nicolas  Pavillon  avait  eu  pour  sa  part  un  patrimoine  de  quarante  mille  écus; 
mais  ses  aumônes  l'avaient  presque  entièrement  consommé'. 

Nous  avons  raconté  comment  la  rélégation  de  François  Fouquet  avait  assuré 
au  cardinal  Pierre  Bonzi  la  présidence  des  Etats  de  Languedoc.  Le  frère  du 
surintendant  étant  mort  le  ig  octobre  1678,  le  cardinal  obtint  à  sa  place  le 
premier  siège  métropolitain  de  la  Province  dans  le  courant  du  même  mois. 
Bonzi  prit  possession  du  fauteuil  présidentiel  le  17  novembre.  Il  déclara  qu'il 
se  regardait  comme  définitivement  lié  au  pays  de  Languedoc  par  la  nouvelle 
grâce  que  le  roi  venait  de  lui  faire  81  qu'étant  destiné  à  présider  l'assemblée 
des  trois  ordres  pendant  toute  sa  vie,  il  mettrait  tous  ses  soins  à  défendre  les 
intérêts  des  États  8t  rendrait  à  la  Province  tous  les  services  qu'il  lui  devait. 

Les  États  célébrèrent,  avec  la  pompe  ordinaire,  le  9  janvier  1674,  un  ser- 
vice funèbre  en  l'honneur  de  François  Fouquet,  dont  les  armoiries,  depuis 
longtemps  proscrites,  reparurent,  peintes  &  dorées,  sur  le  velours  noir  des 
tentures.  Le  cardinal  officia  en  personne,  8c  l'oraison  funèbre  fut  prononcée 
par  l'évêque  de  Mende,  Hyacinthe  Serroni,  qui  devait,  deux  ans  après,  passer 
sur  le  siège  d'Albi,  érigé  pour  lui  en  archevêché. 

Des  temps  assez  tristes  recommençaient  du  reste  pour  la  Province.  Si,  pen- 
dant les  quatorze  ans  écoulés  depuis  la  paix  des  Pyrénées,  les  charges  fiscales 
n'avaient  pas  épargné  le  Languedoc,  le  pays  jouissait  au  moins  d'une  sécurité 
parfaite  sur  ses  frontières  £<.  les  soulèvements  partiels  occasionnés  par  les  excès 
des  traitants  l'exposaient  seuls  à  des  mouvements  de  troupes.  La  déclaration 
de  guerre  faite  par  l'Espagne  à  la  France,  au  mois  d'octobre  1673,  changea 
soudainement  ces  conditions  8c  renouvela  tous  les  maux  dont  le  tableau  a  été 
plus  d'une  fois  présenté  dans  cette  histoire.  Occupation  de  places  fortes,  tra- 
vaux de  défense,  passage  de  régiments,  mobilisation  des  milices,  fournitures 
de  vivres  81  de  charrois,  dépenses  extraordinaires  mises  à  la  charge  de  la  Pro- 
vince, des  diocèses  81  des  communes,  grossirent  journellement  les  cahiers  de 
doléances  8c  amoindrirent  d'une  façon  sensible  les  avantages  que  la  région 
commençait  à  tirer  des  heureuses  réformes  de  Colbert. 

Nous  ne  recommencerons  pas  le  récit  de  toutes  les  mesures  de  détail  aux- 
quelles donna  lieu  cette  reprise  des  hostilités.  Il  semblait  que  l'on  eût  reculé 
de  vingt  ans.  Le  quartier  d'hiver,  qui  avait  fait  déployer  tant  d'éloquence, 

*  Il  nomma   pour  i*t  exécuteurs  testamentaires       noine  &  théologal,  &  Charles  Feydeau,  ecclcsiat- 
Simon  Pélissier,  archiprétre  d'Alet,  Jean    Ragot,       tique', 
chanoine  &  archidiacre,  Louis  de  Vaucclle,  cha-  ■  Relation  d'un  voyage  d'AMh,  p.  117. 


1677 


1077 


OIO 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


pendant  la  présidence  de  Rebé,  reparut  sous  l'administration  de  Bonzi.  Les 
Espagnols  menaçaient  le  Roussillon.  Ce  petit  pays  ne  pouvait  suffire  à  l'en- 
tretien des  troupes  chargées  d'en  protéger  l'intégrité.  Le  roi  écrivit  au  duc  de 
Verneuil  qu'il  était  indispensable  de  loger  en  Languedoc  quatre  régiments 
d'infanterie  &  deux  régiments  de  cavalerie  qui  passeraient  la  mauvaise  saison 
à  portée  de  la  frontière  de  Catalogne,  prêts  à  se  porter  sur  les  points  faibles. 
Leurs  cantonnements  durent  être  pris  dans  les  diocèses  de  Narbonne,  de 
Béziers  &.  de  Carcassonne '. 

Les  levées  de  milices  provinciales  soulevèrent  de  vives  plaintes.  Ces  troupes, 
mal  équipées,  mal  instruites,  marchaient  à  contre-cœur;  les  désertions  y 
étaient  fréquentes,  les  colonnes  se  fondaient  en  route.  Se  le  peu  de  miliciens 
valides  Se  braves  qui  arrivaient  jusqu'à  l'armée  se  voyaient  souvent  incorporés 
de  force  dans  les  bataillons  réguliers.  On  reprochait  aussi  à  beaucoup  d'offi- 
ciers recruteurs  d'enlever  des  hommes  dans  les  rues,  de  les  mettre  en  prison, 
de  les  séquestrer  &  de  les  pousser  à  la  frontière  comme  des  forçats^. 


■   Pièces  justificatives,    n.    CCCCIV,  col.    iiSp. 

Voir  aussi  la  lettre  de  Louvois  à  Bonzi  sur  le 
même  sujet  n.  CCCCV,  col.  i  141  &  une  autre 
missive  spéciale  du  roi  au  cardinal,  datée  comme 
les  deux  autres,  du  lu  novembre  1674,  n.  CCCCVI, 
col.  I  142. 

'  Pièces  justificatives,  n.  CCCCVII,"  col.  1  148,  & 
■CCCCIX,  col.  1149.  —  Voici  un  exemple  de  ces 
sortes  d'aventures  tiré  des  Manuscrits  de  Froideur, 
auxquels  nous  avons  déjà  fait  quelques  emprunts: 

Commission  de  l'intendant  a.  M,  de  Froidour.  — 
Henry  d'Aguesseau,  &c.,  sur  les  plaintes  qui  nous 
ont  été  faites  par  diverses  personnes  de  la  ville  de 
Toulouse  &  des  lieux  circonvoisins  que  M.  Moy- 
nier,  capitaine  dans  le  régiment  Dauphin,  fait 
journellement  des  enrôlements  par  force  &  vio- 
lence, &  enlève  par  surprise,  non  seulement  des 
habitants  de  ladite  ville,  mais  encore  les  particu- 
liers qui  y  viennent  de  la  campagne  pour  leurs 
affaires,  lesquels  il  enferme  dans  des  maisons  sans 
qu'ils  aient  la  liberté  de  parler  à  personne, 
d'autres  qu'il  met  dans  des  prisons,  disant  qu'ils 
sont  des  déserteurs  ou  qu'ils  veulent  déserter,  quoi- 
qu'ils ne  soient  pas  engagés;  d'autres  qu'il  attire 
dans  sa  maison  sous  des  prétextes  affectés,  &  les 
retient  enfermés,  sans  qu'on  sache  ce  qu'ils  de- 
viennent, à  quoi  étant  nécessaire  de  pourvoir. 

Nous  ordonnons  que,  par  le  sieur  de  Froidour, 
grand  maître  des  eaux  &  forêts  de  Toulouse,  que 
nous  avons  commis  Se  subdélégué,  il  sera  informé 
des  faits  ci-dessus,  circonstances  &  dépendances, 
pour  l'information  faite,  &  à  nous  rapportée,  être 
ordonné  ce  qu'il  appartiendra.  Mandons  au  pre- 
mier des  gardes  de  Sa  Majesté  en  la  prévoté  de 
son  hôtel,  servant  près  de  Nous,  ou  autre  huissier 
ou  sergent  sur  ce  requis,  de  faire  pour  l'exécution 


de  notre  présente  ordonnance  tous  actes  &  exploits 
nécessaires.  Fait  à  Toulouse,  ce  12  avril  1678.  — 
Daguesseau.  —  Par  mon  dit  sieur,  de  Christot. 

Mémoire  de  ce  qui  s'est  fait  en  exécution  de  cette 
commission.  —  M.  l'intendant  ra'ayant  fait  déli- 
vrer cette  commission,  le  sieur  Moynier,  homme 
de  peu,  de  la  ville  de  Toulouse,  qui  n'avoit  fait 
autre  métier  que  celui  de  musicien,  en  eut  l'avis 
&  employa  ses  amis  pour  m'obliger  à  lui  être  fa- 
vorable. Je  fus  dans  la  maison  où  il  tenoit  ses 
soldats,  &  ceux  que  j'y  trouvai  étoient  tous  volon- 
taires qui  étoient  enrôlés  de  bonne  foi;  mais  il 
en  avoit  auparavant  fait  évader  cinq  autres  qu'il 
avoit  traduits  en  une  maison  voisine  que  l'on 
m'indiqua,  où  je  ne  voulus  point  aller,  pour  ne 
point  faire  d'affaire  à  de  bons  bourgeois  que  l'on 
auroit  pu  inquiéter.  Je  reconnus  à  l'air  des  soldats 
aussi  bien  qu'à  l'air  du  capitaine,  qu'il  avoit  fait 
quelque  friponnerie;  mais  comme  tout  vilain  cas 
est  reniable,  il  jura  &  protesta  avec  des  jurements 
exécrables  qu'il  n'avoit  point  eu  d'autres  soldats 
que  ceux  que  j'avois  vus,  &  qu'il  n'en  avoit  tra- 
duit aucun.  Je  l'avertis  de  son  salut,  &  de  m'avouer 
la  vérité.  Il  n'en  voulut  rien  faire.  Je  lui  deman- 
dai son  rôle;  je  le  fis  retirer,  j'entendis  l'hôte  & 
les  soldats  sommairement  sans  rien  écrire  &  je 
trouvai  une  conviction  manifeste  de  la  traduction 
de  cinq  soldats  pris  par  force,  les  ayant  fait  appor- 
ter, les  uns  de  la  Salade  &  les  autres  des  Frans 
chez  lui,  parmi  lesquels  il  y  en  avoit  trois  de 
mariés,  qui  avoient  nombre  d'enfants.  Il  eut 
l'impudence  de  soutenir  encore  son  mensonge,  & 
comme  j'avois  ordre  de  M.  l'intendant  de  le  faire 
arrêter  si  je  le  jugeois  à  propos,  je  le  fis  à  l'ins- 
tant conduire  dans  les  prisons  des  Hauts-Murats, 
où  il  ne  fut  pas  plutôt  que  ses  amis,  &  entr'autres 


LIV.  II,  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5ii 

En  1670,  le  service  du  ban  &  de  l'ariière-ban,  vieille  tradition  féodale  qui 
ne  donnait  plus  de  résultats  militaires  appréciables  par  suite  des  transforma- 
tions de  l'art  de  la  guerre,  fut  commué  contre  une  prestation  en  argent 
destinée  à  mettre  sur  pied  des  compagnies  régulières  de  chevau-légers '.  La 
même  année,  pour  régulariser  le  service  des  étapes  dans  toute  l'étendue  de  la 
Province,  les  États  instituèrent  un  commissaire-inspecteur  chargé  de  parcourir 
le  pays  8c  de  recueillir  auprès  des  consuls  des  informations  exactes  sur  le 
passage  des  troupes^. 

A  mesure  que  les  charges  augmentaient,  la  guerre  tarissait  les  sources  de 
revenus.  Il  fut  dénoncé  aux  Etats  que,  depuis  le  commencement  des  hostilités 
avec  l'Angleterre  &  la  Hollande,  les  denrées  de  Languedoc  8t  particulièrement 
les  vins  cessaient  d'avoir  aucun  débit  à  Bordeaux^. 

En  1676,  la  Province  dut  mettre  sur  pied  un  régiment  de  dragons  de  dix- 
sept  compagnies  dont  l'organisation  avait  été  réglée  par  Louvois.  Les  frais  de 
levée,  d'armement  81  d'équipement  de  cette  troupe  obligèrent  les  Etats  à  con- 
tracter un  emprunt.  Les  conventions  arrêtées  avec  les  commissaires  du  roi  8< 
ceux  de  la  Province  portaient  que  le  régiment  des  dragons  de  Languedoc 
dispenserait  le  pays  du  service  des  miliciens. 

Les  travaux  du  canal  dévoraient  des  sommes  énormes.  Riquet,  avec  cette 
âpreté  impitoyable  de  l'inventeur  que  possède  une  idée  fixe  8<.  qui  sacrifie 
tout  au  succès,  uniquement  préoccupé  de  s'assurer  des  ressources,  ne  reculait 
pas  devant  les  moyens  les  plus  terribles  pour  amasser  de  l'argent.  Ses  propres 
lettres  rendent  témoignage  des  dispositions  où  son  entreprise  l'avait  mis.  Peu 
lui  importe  que  le  sang  coule,  pourvu  que  les  regrattiers  de  sa  ferme  de 
Valespir,  Gonflent  &  Cerdagne  vendent  beaucoup  de  seH,  8c  de  fait  le  sang 
coula  pendant  plus  de  deux  années  dans  ces  montagnes  du  Roussillon,  dont 
les  populations  s'irritaient  de  la  violation  de  privilèges  séculaires  8c  répon- 
daient aux  brutalités  des  commis  de  Riquet  par  des  coups  de  fusil.  Plus  d'une 
fois  Colbert  se  plaignit  de  la  «  mauvaise  conduite  »  de  ces  agents,  pensant 
qu'elle  contribuait  considérablement  aux  désordres  du  pays.  «  Il  est  à  propos, 
«  lui  écrivait-il,  que  vous  vous  y  en  alliez,  8c  que  vous  y  mettiez  l'ordre  une 

Ramondi  le  substitut,  &  Daguin,  greffier  du   bu-  *    «    Tout  ce  que  je    puis  en    ce   pays-là,  c'est 

reau    des    finances,  vinrent  me  demander  miséri-  opposer  le   meurtre  au   meurtre  &  y  vendre  tout 

corde.  On   me   représenta    les    cinq    soldats,    &   le  autant  de   sel   qu'il  me   sera    possible...  Les  meur- 

capitaine    en    fut    quitte    pour   une    réprimande  très  en   Roussillon   sont  familiers  comme  le  pain 

sévère   &    une  nuit  de   prison.  Les  soldats  furent  &   le   vin.  Le  voisin  tue  le  voisin,  &  le   frère  le 

renvoyés  en  liberté'.  frère.   Enfin,    toutes   les   puissances  humaines    ne 

'  On  trouvera  le  détail  de  cette  opération  dans  sauroient    einpescher   que    ces    sortes    de    gens    ne 

les  instructions  adressées  par  le  roi  à    l'intendant  s'entretuent,  &  de  là  vous  pouvez  inférer  que  les 

d'Aguesseau,  le  24  janvier    1670.  Pièces  justifica-  gardes  des  gabelles  sont  sujets  au  mesm*  sort 

tiyes,  n.  CCCCXII,  col.  1 156.  Les  employés  des  gabelles  en  ce  pays-là  sont  tou- 

'  On  trouvera  le  texte  des  intructions  données  jours  sur  leurs  gardes  :  ils  tuent  comme  on  les  tue, 

à  ce   commissaire   dans     nos    Pièces  justificatives,  &  c'est  seulement  de  cette  manière  que  la  gabelle 

n.  CCCCXIII,  col.   Il 58.  y  peut  être  exercée'.  » 

'  Pièces  justificatives^  n.  CCCCXIV,  col.  1  170, 

'  Archives  du  canal  du  Midi.  Cet  extrait  a  Hi  pub!i<  par 
M.  Guibal  :  Pierre-Paul  de  Riquet,  étude  historique.  Revue 
>  Manuscrits  de  Froidour,  III,  p.  56.  de  Toulouse,  avril  1866. 


1677 


1677 


5i2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  fois  pour  toutes,  s'il  est  possible,  sinon  le  roi  sera  obligé  d'y  envoyer  des 
«  troupes  pour  punir  sévèrement  les  coupables,  ce  qui  ne  feroit  pas  de  bien 
«  à  votre  ferme  ' .  » 

Cette  triste  affaire  du  Valespir  revient  à  chaque  instant  dans  la  correspon- 
dance de  Riquet  avec  le  contrôleur  général;  les  miquelets  ayant  pris  les 
armes,  l'intendant  de  Roussillon  proposait  d'offrir  leur  grâce  à  ceux  qui 
feraient  soumission,  à  condition  de  livrer  leurs  complices*,  ainsi  que  la  chose 
se  pratiquait  en  Catalogne.  Les  moyens  faisant  défaut  pour  arrêter  les  assas- 
sinats, Riquet  dut  entrer  en  négociation  avec  les  montagnards  du  Valespir, 
qui  lui  envoyèrent  un  député;  une  amnistie  royale  apaisa  momentanément 
les  troubles,  &  l'on  put  croire  que  les  communes  soulevées  renonçaient  à  la 
résistance.  Colbert  ne  cessait  d'exhorter  Riquet  à  maintenir  une  bonne  disci- 
pline parmi  ses  agents.  «  Il  faut,  lui  écrivait-il,  que  vos  commis  agissent  si 
«  bien  dans  ces  pays  de  frontière  que  nous  ne  retombions  plus  dans  un  pareil 
«  événement'.  » 

Avec  les  maximes  larges  que  professait  l'entrepreneur  du  canal  sur  la  néces- 
sité «  d'opposer  le  meurtre  au  meurtre  »  8c  de  faire  tuer  les  contrebandiers 
par  les  commis  comme  les  commis  étaient  tués  par  les  contrebandiers,  ces 
conseils  de  modération  avaient  peu  de  chances  d'être  suivis.  «  Il  faut  user  de 
«  douceur  envers  les  habitans  du  Roussillon,  répétait  Colbert  le  3o  novem- 
«  bre  1669,  d'autant  que  c'est  le  meilleur  moyen  de  bien  établir  Se  conserver 
«  la  ferme  des  gabelles"*.  »  Peine  inutile!  les  révoltes  recommencèrent,  &  l'on 
fut  contraint  de  faire  marcher  des  troupes.  M.  de  Chamilly  occupa  le  pays 
avec  des  forces  &.  rétablit  par  les  armes  les  bureaux  des  gabelles  de  Rous- 
sillon. Ce  fut  grâce  aux  mêmes  moyens  que  Riquet  put  tirer  des  fonds  du 
Vivarais  8t  du  haut  Languedoc,  en  faisant  exécuter  avec  rigueur  l'édit  créant 
une  taxe  nouvelle  sur  les  cabaretiers. 

Toutes  ces  circonstances  ne  contribuaient  pas  à  relever  Riquet  dans  l'opi- 
nion de  la  Province,  où  l'on  mettait  son  nom  à  côté  de  ceux  des  Langlois, 
des  Belleguise  8c  de  tous  les  autres  fameux  traitants  poursuivis  de  la  haine 
populaire.  Il  se  plaignait  souvent  à  Colbert  de  l'acharnement  de  ses  ennemis. 
Par  malheur,  l'ambition  qu'il  avait  de  prendre  rang  parmi  la  haute  aristo- 
cratie languedocienne,  en  abusant  peut-être  des  lettres  de  réhabilitation  de 
noblesse  qui  faisaient  partie  de  son  marché,  n'était  pas  de  nature  à  corriger 
ces  fâcheuses  impressions.  Il  .y  eut  un  redoublement  de  récriminations  contre 
lui  quand  on  le  vit,  non  content  de  rattacher  son  origine  à  la  famille  iia- 

'  Vxerr*  CUmtnt,  Lettres,  instructions  &  mémoires  faits  peuvent  causer,  &   qu'il   ne  désabuse  si  bien 

de  Colhert,  IV,  p.  337.  Lettre  du  i5  octobre  1669.  les  peuples  des  mauvaises  impressions  qu'il  leur  a 

•  Lettre  i»  Colbert  »  Riquet  du  1  mats  1668.  données  que  vous  aurez  lieu  d'en  esire  satisfait; 
Archives  du  canal  du  Midi.  mais  de   quelque   façon   que  ce  soit,  je  vous   puis 

'  Lettre  du  17  mai  1669.  assurer  qu'il   connoîtra   bien    qu'il  est  dangereux 

*  Le  contrôleur  général  écrivait,  le  24  janvier  de  parler  de  la  sorte  dans  une  affaire  qui  est  d'uno 
1670  :  «  Je   ne  doute  pas  que,  par  la  conduite  que       aussy  grande  conséquence  que  celle-li  '.  « 

1*  sieur  de  Lafont  tiendra  à  l'avenir  &  les  discours 
u'il  fera,  il    ne  réparc   le   mal  que  ceux  qu'il  a  •  Archives  du  canal  du  Midi. 


LIV.  II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5i3 

lienne  des  Riquetti  de  Provence,  chercher  à  introduire  son  fils  parmi  les 
barons  des  États  &  lui  faire  acquérir  le  comté  de  Caraman  &C  la  baronnie  de 
Saint-Félix. 

Ces  fiefs,  qui  avaient  appartenu  à  la  maison  de  Monluc,  étaient  passés 
par  mariage  dans  celle  d'Escoubleau  de  Sourdis.  Mais  le  marquis  de  Sourdis, 
accablé  de  dettes,  ne  pouvait  depuis  longtemps  satisfaire  ses  créanciers.  Riquet 
offrit  de  les  désintéresser  à  condition  de  garder  les  biens,  faisant  l'acquisition 
sous  le  nom  de  son  fils,  capitaine  aux  gardes.  Ces  contrats,  dont  l'exécution 
donna  lieu  à  des  contestations  prolongées,  furent  sévèrement  jugés  de  Col- 
bert.  «  L'air  que  cet  homme  a  pris,  écrivait-il  à  d'Aguesseau,  de  faire  son  fils 
«  maître  des  requêtes,  d'acheter  une  terre  pour  être  baron  des  Etats  &  autres 
«  dépenses  de  cette  nature,  qui  sont  peut-être  plus  fondées  sur  sa  vanité 
«  naturelle  que  sur  des  richesses  réelles  8c  solides,  toutes  ces  choses  n'ont  pas 
«  répandu  dans  le  public  l'opinion  qu'il  n'ait  pas  gagné  dans  ses  travaux,  8c 
«  ce  sera  assurément  ces  productions  de  sa  vanité  qui  agiront  plus  contre  lui 
«  dans  cette  affaire  que  toute  autre  chose  '.  » 

Malgré  les  accès  de  mauvaise  humeur  qui  se  laissent  voir  dans  la  cor- 
respondance de  Colbert  à  l'égard  de  Riquet,  le  ministre  savait  oublier  la 
personne  pour  s'occuper  ardemment  de  l'œuvre,  stimuler  le  zèle  du  président 
des  États  8c  de  l'intendant,  arracher  à  la  Province  des  secours  importants 
sous  forme  de  don  gratuit  ou  d'emprunt.  Pendant  plusieurs  années,  le  per- 
cement du  canal  de  Languedoc  demeura  l'ouvrage  le  plus  considérable  du 
royaume  Se  recommanda  le  pays  où  il  s'opérait  à  l'attention  de  la  France 
entière. 

Lorsque  M.  de  Bezons  revint  à  Paris,  les  travaux  n'étaient  pas  encore  très- 
avancés;  la  partie  comprise  entre  l'embouchure  dans  la  Garonne  Se  le  col  de 
Naurouse,  complètement  creusée,  avait  cependant  reçu  les  eaux  de  la  rigole 
qui  la  remplirent  en  six  jours,  au  commencement  de  l'année  1672.  L'année 
suivante,  une  maladie  grave  de  Riquet  jeta  quelque  interruption  dans  la 
marche  de  l'entreprise  8c  y  causa  des  lenteurs.  Le  créateur  du  canal  obtint 
de  substituer  à  son  bail,  en  cas  de  mort,  son  fils  aîné,  Jean-Mathias  Riquet 
de  Bonrepos,  qui  était  déjà  son  associé.  Au  moment  où  d'Aguesseau  prit  pos- 
session de  l'intendance,  le  bassin  de  Naurouse  avait  été  revêtu  de  pierres  de 
taille,  8c  l'on  travaillait  à  compléter  la  ligne  entre  Castelnaudary  8c  Trèbes. 
Casteinaudary,  qui  ne  se  trouvait  point  sur  le  parcours  du  canal  d'après  le 
plan  primitif,  devait  à  un  traité  particulier  l'avantage  de  posséder  une  station. 
Le  nouvel  intendant  était  destiné  à  voir  la  ligne  entière  s'achever  8c  devenir 
navigable  durant  le  cours  de  son  administration. 

D'Aguesseau  traita  l'entreprise  avec  le  soin  8c  le  zèle  qu'elle  méritait,  8c 
seconda  énergiquement  les  vues  de  Colbert.  Il  avait  un  rôle  d'arbitrage  sou- 
vent assez  difficile  entre  les  divers  ingénieurs  que  l'on  envoyait  de  la  Cour  8c 

■  Lettre  de  Colbert  k  d'Aguesicau  du  6  septembre  1679.  —  Pierre  Clément,  Lettres,  initructiom  & 
mémoires  Je  Coliert,  IV,  p.  387. 

XIII.  33 


1680 


i68o 


5 14  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

qui  ne  s'entendaient  pas.  L'opposition  de  leurs  vues  allait  jusqu'à  la  guerre 
déclarée.  Le  chancelier  raconte  avoir  été  plusieurs  fois  témoin  de  leurs  luttes. 
Deux  surtout  semblaient  beaucoup  plus  préoccupés  de  se  décrier  réciproque- 
ment que  d'avancer  le  succès  de  l'entreprise'.  D'Aguesseau  jouait  au  milieu 
d'eux  le  rôle  de  conciliateur,  s'éclairant  de  leurs  contradictions  sans  épouser 
leur  animosité.  Il  se  transportait  fréquemment  sur  le  terrain,  étudiait  les 
ouvrages,  donnait  son  avis  &  terminait  des  querelles  dont  l'effet  ordinaire 
était  de  ralentir  les  travaux. 

Une  vérification  générale  de  l'état  des  ouvrages  fut  faite  par  l'intendant 
sur  l'ordre  du  roi  &  terminée  au  mois  de  septembre  lôyS.  D'Aguesseau  eut 
lieu  de  reconnaître  que,  sur  bien  des  points,  Riquet  avait  modifié  &  amélioré 
le  tracé  de  M.  de  Clerville.  Outre  la  section  de  Trèbes  à  l'étang  de  Thau, 
dont  Riquet  était  déjà  adjudicataire,  un  troisième  bail,  ratifié  par  arrêt  du 
conseil  du  26  avril  1677  lui  confia  la  construction  du  port  de  Cette  &  du 
canal  de  jonction  entre  ce  port  &  l'étang.  Une  mission  spéciale  avait  été 
donnée  à  M.  de  La  Feuille  pour  étudier  les  procédés  de  désensablement  pra- 
tiqués à  Gênes  &  à  Savone.  Une  avance,  demandée  par  l'intendant  aux  États 
en  faveur  de  Riquet,  ne  fut  pas  accordée  directement,  sous  prétexte  que  l'en- 
trepreneur n'offrait  pas  de  garanties  suffisantes  à  la  Province  j  mais  la  somme 
fut  prêtée  au  roi,  8t  par  la  vertu  de  cette  forme  indirecte,  reçut  l'emploi  que 
voulait  Colbert. 

L'entrepreneur  du  canal  &  ses  descendants  ont  beaucoup  parlé  des  tiraille- 
ments, des  traverses  &  des  mécomptes  de  toute  nature  que  l'œuvre  lui  suscita 
jusqu'à  la  fin.  Soit  à  cause  de  sa  qualité  de  traitant,  soit  par  l'effet  de  la 
jalousie  qu'inspirait  son  merveilleux  ouvrage,  Riquet  ne  jouissait  point  de  la 
faveur  publique.  M.  de  Froideur  qui  a  publié,  en  trois  lettres  adressées  à 
M.  de  Barillon,  intendant  de  Picardie,  le  compte  rendu  descriptif  des  tra- 
vaux du  canal,  vante  Riquet  comme  un  «  homme  d'un  très-bon  sens  8c 
«  d'un  esprit  fort,  8t  appliqué  aux  choses  qu'il  entreprend.  »  Il  attribue  aux 
mérites  de  sa  création  «  la  jalousie  &  la  censure  de  tant  d'esprits  mal  tournés 
«  &  malintentionnés  »  &  ne  doute  pas  que  la  terminaison  de  l'œuvre  n'amène 
enfin  l'heure  de  la  justice.  Le  réformateur  des  forêts  se  déclare  heureux,  pour 
son  compte  personnel,  d'être,  par  la  publication  de  ses  lettres,  un  défenseur 
charitable  de  Riquet  &  d'avoir  fait  «  venir  à  son  secours  la  vérité  contre  la 
«  calomnie.  » 

D'après  le  même  témoignage,  les  Languedociens  s'obstinèrent  longtemps 
dans  leurs  préventions.  L'ignorance,  dit-il,  entrait  pour  beaucoup  dans  ces 
dispositions  malveillantes,  &,  de  plus,  nombre  de  gens  n'ayant  pas  été  dédom- 
magés au  double  &  au  triple,  comme  ils  l'espéraient,  «  des  morceaux  de  terre 

'  (Suvresda  chancelier  d'Agaesseaa.  (T)'iscouts  sut  M.  de  La    Feuille,  envoyé  pour   exercer  une  sur- 
la  vie  &  la   mort  de   M.   d'Aguesseau,  p.  34.)  Les  veillance  générale  des  travaux.  Il  est  fréquemment 
deux  ingénieurs,  dont  il  est  ici  question  &  que  le  parlé  de  l'un  &  de  l'autre  dans  la  correspondance 
fils  de  l'intendant  ne  nomme  pas,  sont  probable-  de  Colbert. 
ment  le  chevalier  de  Clerville,  auteur  du  devis,  & 


LIV.   II,   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5iJ 

«  qu'on  leur  avoit  pris,  »  ne  pouvaient  pardonner  à  l'entrepreneur  cette 
déception, 

Riquet  ne  cessait  pas  de  lutter  avec  une  indomptable  énergie;  aux  néga- 
tions des  incrédules,  il  opposait  les  faits,  &  aux  reproches  de  malversation 
qui  ne  lui  étaient  pas  épargnés,  il  répondait  en  faisant  appel  au  témoignage 
des  ingénieurs  royaux  &  de  l'intendant  chargés  de  liquider  les  dépenses  de 
l'entreprise,  &  en  protestant  de  son  parfait  désintéressement, 

«  Je  regarde,  disait-il  dans  une  de  ses  lettres,  mon  ouvrage  comme  le  plus 
a  cher  de  mes  enfansj  ce  qui  est  si  vrai,  qu'ayant  deux  filles  à  établir,  j'aime 
«  mieux  les  garder  encore  chez  moi  quelque  temps,  Si  employer  aux  frais  de 
«  mes  travaux  ce  que  je  leur  avois  destiné  pour  dot'.  » 

Par  une  étrange  8<.  cruelle  coïncidence,  Riquet  mourut  le  i'""  octobre  1680, 
six  mois  avant  l'ouverture  de  la  navigation.  Ses  deux  fils  assistèrent  à  la  véri- 
fication générale  des  travaux,  qui  fut  faite  par  MM.  d'Aguesseau,  de  La  Feuille 
&  le  père  Mourgues,  jésuite,  commissaires  royaux.  La  commission  partit  de 
Béziers  le  2  mai  168 1  81  parcourut  le  canal  à  sec  jusqu'à  son  embouchure 
dans  la  Garonne,  examinant  avec  le  plus  grand  soin  tout  le  détail  des  tra- 
vaux d'art.  A  mesure  qu'elle  s'avançait,  on  remplissait  les  biefs  derrière  elle. 

Le  i5  mai,  l'eau  étant  partout,  les  commissaires  s'embarquèrent  à  Toulouse 
dans  un  grand  bateau  richement  décoré,  8c  refirent  leur  voyage  en  sens  con- 
traire. Le  cardinal  de  Bonzi  81  plusieurs  évêques  s'étaient  rendus  à  Castel- 
naudary,  où  fut  célébrée  une  grande  cérémonie.  L'archevêque  de  Narbonne 
donna  la  bénédiction,  &  la  foule  amassée  sur  les  berges  vit  défiler  un  convoi 
de  vingt-trois  barques  chargées  de  marchandises  françaises,  anglaises  8c  hol- 
landaises, destinées  à  la  foire  de  Beaucaire.  En  tête  du  convoi  figurait  une 
sorte  de  galère  pleine  de  musiciens,  remorquant  le  bateau  des  commissaires 
du  roi. 

Quelques  travaux  qui  restaient  encore  à  terminer  pour  assurer  la  perfec- 
tion de  l'oeuvre  furent  poussés  avec  activité  par  M.  de  Bonrepos  dans  le  cou- 
rant de  l'année  suivante,  81  les  commissaires  royaux  purent  en  faire  une 
dernière  vérification  •". 

L'ensemble  des  travaux  du  canal  avait  coûté  plus  de  quatorze  millions, 
dont  sept  millions  fournis  par  le  roi,  cinq  par  la  Province  8t  le  reste  par 
l'entrepreneur. 

On  a  justement  remarqué  le  ton  de  sécheresse  avec  lequel  Col bert  men- 
tionne dans  une  de  ses  lettres  la  fin  prématurée  de  l'homme  dont  il  avait  si 
longtemps  encouragé  les  espérances,  v  La  mort  du  sieur  Riquet,  écrivait  le 
«  ministre  à  d'Aguesseau,  me  donne  un  peu  de  crainte  que  nos  travaux  du 

'  Archives  du  canal   du   Midi,  A.   CC.  Histoire  Jes  mers  en  Languedoc,  que  M.  d'Aguesseau  a  faite 

du  Canal  de  Languedoc,  p.  89.  en  avril    i683,  par  ordre  du    roi,   accompagné  du 

•  Le  père  Mourgues,  l'un  des  trois  commissaires,  sieur  de  La    Feuille,  inspecteur  du  canal    pour  le 

a  écrit  &  publié  un  itinéraire  de  cette  vérification,  roi,  &  du   père  Mourgues,  jésuite,  envoyée  par  ce 

sous  le  titre  suivant  :  Relation  de  la  seconde  navi-  père  à  M.  Colbert.  A  Toulouse,  chez  Jean  Boude, 

gatian  solennelle  du  Canal  royal  de  communication  i683. 


1680 


i68o 


5l6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  canal  ne  soient  retardés.  «  Telle  est  l'unique  oraison  funèbre  consacrée  par 
le  contrôleur  général  au  créateur  du  canal  de  Languedoc. 

Le  Mercure  de  France  fut  plus  généreux,  &  publia  une  courte  note  nécro- 
logique où  étaient  résumés  les  services  de  l'illustre  financier.  A  la  fin  de  cet 
article,  on  ne  dédaigna  pas  d'imprimer  une  épitaphe  en  vers,  composée  par 
M.  de  Cassand,  à  la  louange  de  Riquet.  Le  poëte  y  reprenait,  en  la  rajeu- 
nissant, l'image  déjà  classique  du  Moïse  languedocien". 

Un  des  premiers  emplois  que  l'on  fit  de  la  nouvelle  voie  de  communication 
pour  le  service  de  l'État  fut  le  passage  du  matériel  de  guerre  destiné  au  bom- 
bardement de  Gênes.  Le  canal  des  deux  mers  devait,  en  moins  d'un  siècle, 
opérer  une  véritable  révolution  économique  en  Languedoc. 

Vers  la  fin  du  printemps  de  1680,  une  circonstance  fortuite  valut  à  quel- 
ques parties  du  Languedoc  la  rapide  visite  de  Louvois.  Le  puissant  ministre 
s'était  cassé  la  jambe  droite  au  mois  d'août  1679.  Pour  achever  sa  guérison, 
les  médecins  lui  conseillèrent  les  eaux  de  Baréges.  Il  résolut  d'utiliser  son 
voyage  en  visitant  avec  Vauban  les  places  fortes  du  Roussillon  &  emmena  le 
chevalier  de  Nogent.  Le  secrétaire  d'Etat  8c  sa  suite  descendirent  en  Lan- 
guedoc par  le  Rhône,  ils  remplissaient  quatre  bateaux  j  la  petite  flotille  vint 
aborder  à  Beaucaire  où  les  personnages  de  qualité  des  deux  provinces  limi- 
trophes s'étaient  donné  rendez-vous.  D'Aguesseau  y  était,  avec  les  lieutenants 
généraux,  M.  de  Grignan  &  M.  de  Montanègre,  ainsi  que  le  marquis  de 
Vardes,  que  sa  disgrâce  tenait  éloigné  de  la  Cour.  Louvois  dut  essuyer  beau- 
coup de  présentations,  «  une  infinité  de  gens,  écrit-il  à  son  cousin  Tilladet, 
«  dont  on  me  dit  le  nom  que  j'oublie  un  moment  après.  »  Au  bout  de  deux 
heures  d'entretien,  le  ministre  monta  en  carrosse  &  alla  coucher  à  Génerac 
où  l'on  ne  put  trouver  une  poignée  de  paille  pour  les  chevaux,  au  grand 
scandale  du  chevalier  de  Nogent.  La  troupe  en  partit  au  point  du  jour  Sx. 
dîna  dans  l'abbaye  de  Valmagne,  appartenant  au  cardinal  de  Bonzi  qui  en  fit 
lui-même  les  honneurs  avec  sa  magnificence  accoutumée*.  Après  une  station 
à  Narbonne,  on  gagna  le  Roussillon  par  Salses,  8t  plusieurs  jours  furent  con- 
sacrés à  visiter  la  côte  &  les  places  du  Valespir,  Perpignan,  Collioure,  Port- 
Vendres,  Bellegarde,  le  Fort-des- Bains,  Prats-de-Mollo,  puis  la  Cerdagne 
française,  le  Confient  &  le  Capsir. 

A  Mont-Louis,  création  nouvelle  du  roi  de  France^,  Louvois  trouva  quatre 
mille  hommes  campés  dans  des  huttes  couvertes  de  sapin,  bâties  de  gazon  &  de 
clayonnages  &  pourvues  d'une  cheminée  5  deux  allées  de  sapins  étaient  plan- 
tées devant  le  front  du  camp,  où  l'on  remarquait  une  fontaine  &  un  bassin. 

«  Cy  gît  qui  vint  à  bout  de  ce  hardi  dessein  'Camille   Rousiet,    Histoire    ie    Louvois,    lit. 

De  joindre  des  deux  mers  les  liquides  campacnes,  ^    .,    ,  j     -  ■  ■     i     r»^n    , 

Et  delà  terre  ouvrant  le  sein  P-  5'3.  Lettre  de  Louvois  au  marquis  de  Tilladet, 

Applanit  même  les  montagnes;  du   18  mai   1680. 

Pour  foire  couler  l'eau,  suivant  lordre du  roy,  ,  Montlouis  s'appelait  le  Villars  ayant  la  cria- 

11  ne  manqua  jamais  de  foy,  ,                                  '^" 

Comme  lit  une  fois  Moïse  ;  tion  d'une  place  forte  par  Louis  XIV  '. 

Cependant  de  tous  deux  le  destin  fut  égal  : 

L'un  mourut  près  d'entrer  dans  la  terre  promise; 

L'autre  est  mort  sur  le  point  d'entrer  dans  son  canal.  '  Voit  Pièces  justificatives,  n.  CCCCXLIV,  col.  I33i. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  Siy 

En  traversant  le  Capsir,  le  ministre  fut  frappé  de  la  physionomie  de  son 
escorte  de  fadrins,  gens  «  que  je  ferois,  dit-il,  toujours  marcher  devant  moi, 
«  si  je  n  etois  le  plus  fort  avec  eux.  »  On  lui  signala  au  passage  le  capitaine 
Labry,  «  si  honnête  homme  que  pour  faire  plaisir  à  un  de  ses  amis,  il  ne  fait 
«  point  difficulté  d'assassiner  un  homme  qui  ne  lui  a  point  fait  de  mal.  » 

A  la  sortie  du  Capsir,  cent  paysans  de  Quérigut,  coittés  de  toques  bleues, 
viennent  relever  les  fadrins  de  M.  de  Noailles.  «  Ceux-ci,  écrit  le  ministre, 
«  me  paroissent  bonnes  gens;  mais  je  crois  que  les  autres  les  battroient  bien.  » 

On  descend  à  Mirepoix,  puis  à  Rieux'j  on  traverse  Saint-Gaudens,  où  se 
trouvent  l'intendant  de  Montauban  &  lévêque  de  Comminges  &  où  le  double 
passage  de  la  Garonne  en  bateau  oblige  de  démonter  les  chaises^.  A  demi- 
lieue  de  Bagnères  attendaient  deux  carrosses  à  six  chevaux  de  la  livrée  du 
comte  de  Gramont. 

Après  sa  cure,  Louvois  ne  passa  point  en  Languedoc  pour  regagner  Paris; 
il  avait  pris  goût  d'éviter  les  grandes  villes  &  suivit  la  route  de  Langon. 

La  malheureuse  querelle  de  la  régale  ne  cessait  pas  d'entretenir  l'agitation 
dans  quelques  diocèses.  Les  troubles  furent  graves  surtout  dans  le  diocèse  de 
Pamiers,  dont  l'évêque,  François  Caulet,  déjà  depuis  longtemps  en  guerre 
avec  les  jésuites,  s'était  attiré  une  nouvelle  persécution  par  la  rigueur  qu'il 
mettait  à  défendre  les  droits  de  son  église. 

Comme  une  partie  des  domaines  de  l'évêché  de  Pamiers  était  située  dans 
le  territoire  de  Languedoc,  lorsque  la  saisie  du  temporel  fut  prononcée  par 
arrêt  du  conseil  d'Etat,  d'Aguesseau  eut  à  procéder,  en  qualité  de  commis- 
saire royal,  à  l'exécution  de  ces  ordres,  &  fit  mettre  tous  les  revenus  entre  les 
mains  de  l'archevêque  de  Toulouse,  Joseph  de  Montpezat  de  Carbon,  demeuré 
célèbre  par  la  docilité  avec  laquelle  il  se  prêta  aux  mesures  violentes  de  cette 
époque,  tant  contre  les  jansénistes  que  contre  les  antirégaliens'. 

Quelques  épisodes  suffiront  à  montrer  le  caractère  de  cette  lutte. 

Le  père  Jean  Cerle,  chanoine  de  Pamiers'*,  Se  l'un  des  plus  fervents  colla- 
borateurs de  l'évêque,  en  l'absence  duquel  il  avait  fréquemment  présidé  la 

'  Le  voyage  aux  environs  de  Rienx  fut  mar<tiié  '  Ces  bateaux  étaient  >i  étroits  que,  pour  y  pla- 

par  un  accident  où  Louvois  faillit  périr  :  cer  les  chaises  démontées,  on  dut  les  couvrir  d'une 

«  A  deux  lieues  de  Rieux,  une  espèce  de  bouvier  plate-forme    débordant  de  cinq   ou  six    pieds  de 

qui  menoit  ma  chaise,  ayant  voulu   tourner  court  chaque  côté.  Ce  mince  détail  indique  à  quel  point 

dans  une  descente,  lâcha   la  longe  avec  laquelle  il  les  communications  étaient  imparfaites  près  de  la 

tenoit  mon   cheval,   lequel,  au   lieu    de  suivre   le  petite  capitale  du  Nébouzan. 

chemin,    prit   le   plus  court   &   me  descendit  par  '  On    trouvera   dans    nos   Pièces  justificatives  la 

monts  &  parvaux;  il  ne  rompit  point  pourtant  ma  lettre  sévère  du   pape  Innocent  XI  à  l'archevêque 

chaise,  &,  Dieu  merci,  &  aux  rênes  que  j'avois,  de  Toulouse,  relativement  à  ses  procédés  envers  les 

avec  lesquelles  j'évitois  les  plus  grands  trous,  ne  religieuses  de   Sainte-Claire,   n.    CCCCXXXIX, 

versa   point.   Une  douzaine  de  consuls  qui    mar-  col.   1222. 

choient  à  ma   suite,  accoururent,  pied  à  terre,  &  'Il  était  né  en   1634,  à  Aubin,  en  Rouergue,  fit 

retinrent  si  bien   ma   chaise,  que  le  cheval,  ne  se  ses  études  à  l'université  de  Toulouse,  fut  quelque 

sentant  plus  chargé  &  étant  assez  étroitement  tenu  temps,  à  Tarascon,  vicaire  du   prieur  de  Caulet, 

par  les  guides,  eut  la  bonté  de  s'arrêter*.  »  frère  de  l'évêque,  8t  passa  son  noviciat  à  l'abbayo 

de  Chancelade,  avant  de  prendre  possession  de  son 

'  Camille  Roasset,  Histoire  de  Louvois,  111.  p.  5i3.  canonicat  de  Pamiers. 


1680 


i68o 


1681 


5i8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

conférence  des  ctirés  du  diocèse,  avec  une  grande  réputation  de  doctrine,  fut 
nommé  vicaire  général  de  Pamiers,  le  siège  vacant,  le  3i  août  1680,  &  peu  de 
jours  après  officiai. 

L'attitude  qu'il  avait  prise  dans  l'affaire  de  la  régale  avait  surexcité  contre 
lui  les  haines  furieuses  qui  poursuivaient  le  chapitre  de  Pamiers.  A  l'instiga- 
tion des  jésuites,  l'archevêque  de  Toulouse  cassa  la  nomination,  81  comme 
tous  les  autres  membres  du  chapitre  étaient  en  prison  ou  en  exil,  le  père 
Cerle  se  trouva  seul  en  état  de  protester  contre  la  mesure  violente  du  prélat, 
qui  avait  sacrifié  à  la  passion  le  respect  des  règles  canoniques. 

II  appela  au  Saint-Siège,  par  un  acte  du  27  septembre  1680,  &  appuya  sa 
démarche  par  des  ordonnances  très-érudites  qui  firent  alors  beaucoup  de  bruit. 

L'archevêque  de  Toulouse,  exaspéré  de  la  résistance,  recourut  au  bras  sécu- 
lier. Il  entra  au  Parlement,  où  sa  dignité  lui  donnait  un  siège,  &  déclara 
que  les  intentions  du  roi  étaient  que  l'on  condamnât  le  père  Cerle  au  dernier 
supplice. 

Le  Parlement,  redo\itant  derrière  l'archevêque  la  puissance  mystérieuse 
dont  il  était  le  docile  instrument,  rendit  le  16  avril  1681,  sur  le  seul  vu  des 
ordonnances  &  lettres  pastorales,  un  arrêt  condamnant  le  père  Cerle  à  avoir 
la  tête  tranchée  sur  un  échafaud,  dans  une  des  places  de  Toulouse. 

Le  père  Cerle  s'était  dérobé  par  la  fuite.  Il  fut  exécuté  en  effigie  à  Tou- 
louse &  à  Pamiers  le  2 1  avril.  Dans  cette  dernière  ville,  la  sentence  avait  paru 
si  atroce  que  le  bourreau  se  cacha  pour  n'avoir  pas  à  l'exécuter. 

Le  condamné  se  réfugia  dans  les  montagnes,  traqué,  sans  demeure  fixe. 
Au  milieu  de  ses  vicissitudes,  exalté  par  la  persécution,  il  ne  cessait  d'adresser 
aux  diocésains  de  Pamiers  des  lettres  pastorales  où  ils  croyaient  retrouver  le 
souffle  de  leur  évêque. 

Une  nouvelle  sentence,  rendue  à  Marseille  le  18  février  1689,  prononça 
contre  lui  la  peine  des  galères.  Il  mourut  dans  la  retraite  le  16  août  i6gi. 

Vers  la  même  époque  s'éteignait  dans  le  fort  de  Peccais  une  autre  victime 
de  la  persécution  régalienne,  le  père  François  Cariât  de  la  Queille,  cha- 
noine de  Pamiers'.  Il  s'était  attiré  la  foudre  en  publiant,  au  nom  du  cha- 
pitre, le  20  juin  1677,  une  protestation  qui  mettait  les  devoirs  de  conscience 
au-dessus  de  l'autorité  des  hommes.  Une  lettre  de  cachet  le  bannit  à  Jargeau; 
la  paralysie  qui  lui  tenait  la  moitié  du  corps,  jointe  à  la  pauvreté  du  cha- 
pitre, qui  ne  pouvait  fournir  à  sa  subsistance,  ayant  empêché  son  départ,  le 
marquis  de  Mirepoix,  gouverneur  du  pays,  eut  ordre  de  le  faire  prendre  à 
main  armée.  Des  soldats  l'enlevèrent  de  sa  chambre  &  le  conduisirent  sur 
la  triste  plage  de  Peccais,  où  l'air  malsain  des  marais  précipita  sa  mort.  Les 
moucherons,  qui  pullulent  dans  la  contrée,  s'étaient  acharnés  sur  son  visage 
&  l'avaient  couvert  d'ulcères.  Il  mourut  sur  la  fin  de  septembre,  âgé  de  plus 

■  Il   était  de   l'Isle-Jourdain   &  avait   suivi   ses  que,  président-né  des  Etats  de  Foix,  dans  ses  luttes 

cours  de   théologie   à  l'université  de  Toulouse.   Il  contre  les   injustices   &  les  violences  des  gouver- 

exerça   pendant  plus   de  quinze  ans  les   fonctions  neurs. 
d'cfficial  de  Pamiers,  &  seconda  souvent  son  évê- 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  Sig 

de  soixante-quinze  ans,  sans  avoir  obtenu  les  consolations  religieuses  qu'il 
réclamait  avec  instances'. 

Un  troisième  chanoine  de  Paraiers,  le  père  Jean-Michel  d'Astorg  d'Auba- 
rède,  élève,  comme  ses  deux  confrères,  de  l'université  de  Toulouse  8<.  relégué 
d'abord  à  Jargeau  comme  le  père  de  la  Queille,  ayant  résisté  aux  sollicita- 
tions du  secrétaire  d'Etat  Châteauneuf,  qui  lui  faisait  les  plus  brillantes  pro- 
messes &  jusqu'à  celle  d'un  évêché,  fut  jeté  sur  une  charrette,  mené  à  Paris 
dans  cet  état,  puis  livré  aux  mains  d'un  huissier  qui  le  conduisit  au  château 
de  Caen.  Il  y  habita  pendant  plusieurs  années  une  chambre  tellement  percée 
de  gouttières  qu'il  fut  obligé  de  tendre  une  toile  au-dessus  de  son  lit  pour  se 
préserver  de  la  pluie  ^. 

Cependant,  les  affaires  des  protestants  devenaient  de  plus  en  plus  délicates 
&  dangereuses.  Le  culte  réformé  continuait  d'être  permis,  conformément  aux 
édits,  en  un  certain  nombre  de  lieux  déterminés;  mais  la  pensée  de  ramener 
la  France  à  l'unité  de  foi  prenait  chaque  jour  de  la  consistance  dans  les  con- 
seils du  gouvernement.  D'Aguesseau  eut  l'occasion  de  s'en  apercevoir  lors  du 
séjour  qu'il  fit  à  Paris  pendant  l'automne  de  l'année  1681. 

Les  principes  qu'il  avait  précédemment  appliqués  à  l'égard  des  protestants 
commençaient  à  n'être  plus  de  saison.  Catholique  dévoué,  mais  sans  fana- 
tisme, d'Aguesseau  s'était  attiré  par  sa  modération  la  sympathie  Se  le  respect 
des  réformés  de  Languedoc.  Il  semble  avoir  partagé  l'illusion  du  temps  sur 
la  possibilité  de  réunir  les  deux  communions,  mais  il  n'y  voulait  pas  arriver 
par  des  moyens  de  violence.  Les  sentiments  qu'il  manifestait  à  l'égard  des 
dissidents  satisfaisaient  peu  le  parti  d'action.  Les  membres  du  haut  clergé 
languedocien  raillaient  quelquefois  cette  charité  apostolique.  D'Aguesseau, 
disaient-ils,  avait  manqué  sa  vocation  en  ne  se  faisant  pas  évêque  au  lieu 
d'intendant.  Et,  de  fait,  il  s'occupait  beaucoup  de  conversions,  mais  non  pas 
comme  on  l'aurait  voulu.  Il  catéchisait  lui-même  ceux  des  protestants  dont  la 
résistance  faiblissait,  leur  procurait  des  entretiens  avec  les  docteurs  les  plus 
renommés,  en  s'attachant  surtout  aux  ministres,  à  cause  de  l'autorité  qu'avait 
leur  exemple. 

Du  reste,  la  répugnance  qu'il  éprouvait  pour  les  moyens  de  compression 
tenait  plutôt  à  la  douceur  de  son  caractère  qu'à  son  impartialité;  car,  étant 
persuadé  de  l'erreur  des  protestants,  il  ne  croyait  pas  s'écarter  des  règles  de  la 
justice  en  souscrivant  à  diverses  innovations  qui  avaient  pour  but  d'exclure 
les  dissidents  des  fonctions  publiques  ou  de  la  participation  à  certains  privi- 
lèges. Son  fîls  croit  même  qu'il  inspira  plusieurs  de  ces  édits  restrictifs.  Il 
avait  pour  maxime  que  le  prince  étant  maître  de  ses  grâces  pouvait  très-juste- 
ment ne  les  pas  faire  tomber  sur  ceux  qui  étaient  suspects  à  l'État,  soit  par  la 

'  Relation  Je  la  vie  des  principaux  chanoines  Je  '  Michel  d'Astorg  était  n^  au  château  d'Aiiba- 

Pamiers  qui   ont  eu  part   a   la  persécution   suscitée  rède,  dans    le  diocèse   deT.trbes.  Un   de  ses  frères 

contre  M.  Je  Pamiers  au   sujet  de  la  régale.   Suite  fut  gouverneur  de   l'île  de   Ré,  &  le  cadet  lieute- 

des  mémoires  sur  la  vie  &  la  mort  de  messire  Ni-  nant  de  roi  à  Blaye. 
colas  Pavillon,  évéque  d'Alet,  p.  175. 


1681 


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D20 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 


i68z 


différence  de  religion,  soit  par  une  pente  secrète  à  la  révolte,  soit  par  un 
esprit  de  parti  qui  se  conserve  toujours  dans  les  sectes'. 

Il  ne  s'apercevait  pas  que  ces  mesures  d'exclusion,  sorte  de  persécution 
indirecte,  équivalente  dans  bien  des  cas  à  des  peines  afflictives,  —  puisqu'en 
interdisant  certaines  fonctions,  elles  privaient  les  titulaires  de  leurs  moyens 
d'existence  &  plaçaient  les  consciences  dans  une  alternative  odieuse  —  con- 
duiraient fatalement  à  la  persécution  déclarée  &  qu'elles  dérogeaient  d'une 
façon  absolue  à  l'esprit  d'apaisement  &.  de  conciliation  manifesté  par  l'édit  de 
Nantes. 

L'intendant  ne  s'autorisait  pas  moins  des  dispositions  particulières  de  cet 
édit  pour  réprimer  les  infractions  qu'en  avaient  faites  les  protestants.  C'est  à 
ce  titre  que  furent  démolis,  en  vertu  de  ses  ordonnnances,  un  grand  nombre 
de  temples  édifiés  pendant  la  minorité  du  roi  ou  pendant  l'absence  des  troupes. 

Ainsi  l'on  ramenait  les  réformés  à  l'observation  de  la  loi  lorsqu'ils  tentaient 
de  s'en  écarter,  8c  l'on  s'en  écartait  chaque  jour  pour  l'aggraver  &  la  rendre 
presque  illusoire. 

C'est  alors  que  deux  intendants  inaugurèrent  le  traitement  de  l'hérésie  par 
logements  militaires,  «  faisant  au  soldat  un  mérite  des  vexations  que  l'on 
«  punissoit  partout  ailleurs^.  »  On  désavoua  ce  zèle  prématuré,  mais  on  retint 
la  méthode  ^. 

Le  vieux  gouverneur  de  Languedoc,  qui  demeurait  de  plus  en  plus  étranger 
aux  affaires  de  la  Province,  &  dont  la  résidence  habituelle  était  à  Verneuil 
&  à  Fontainebleau,  mourut  sur  la  fin  du  mois  de  mai  1682.  La  politique  de 
la  Cour  à  l'endroit  des  gouvernements  provinciaux  était  désormais  tellement 


'  Voici  en  quels  termes  d'Aguesseau  annonça 
aux  États  la  suppression  de  la  chambre  de  l'édit  de 
Castelnaudary,  ordonnée  au  mois  de  juillet  1679  : 

K  II  y  avoit  encore  quelques  restes  d'une  autre 
guerre  d'autant  plus  difficile  à  étouffer  qu'elle 
avoit  pris  sa  source  des  troubles  que  la  différence 
de  religion  a  excités  autrefois  dans  le  royaume. 
Sa  Majesté  a  effacé  par  un  mouvement  de  sa  piété 
ce  qui  restoit  de  ce  malheureux  temps  en  suppri- 
mant les  chambres  de  l'édit  qui  conservoient  en- 
core l'apparence  de  parti,  de  division  &  d'animo- 
sité,  &,  retranchant  afin  qu'il  ne  manquât  rien  à 
notre  bonheur  cette  diversité  de  tribunaux  où  les 
enfans  d'une  même  province,  d'une  même  ville, 
d'une  même  famille  étoient  obligés  de  recourir, 
nous  n'aurons  qu'à  ramener  à  l'avenir  par  nos 
prières,  par  nos  bons  exemples  &  par  nos  exhor- 
tations ceux  que  le  malheur  de  leur  naissance  ou 
leur  mauvaise  éducation  ont  engagé  dans  l'erreur. 
Vous  avez,  Messieurs,  plus  de  part  que  personne 
à  ce  grand  ouvrage,  puisque  vous  en  avez  été  les 
solliciteurs',  u 


'  <Savrej  Je  M.  U  chancelier  d'Aguesseau,  XIII, 
p.  38. 

'  Louvois  écrivait,  le  18  mars  1681,  à  M.  de 
Marillac,  intendant  de  Poitou,  qui  avait  inventé 
le  système  des  logements  militaires  chez  les  pro- 
testants : 

Il  Cette  ordonnance  pourroit  causer  beaucoup  de 
conversions  dans  les  lieux  d'étape,  si  vous  teniez 
la  main  à  ce  qu'elle  soit  bien  exécutée,  &  que 
dans  les  répartimens  qui  se  feront  des  troupes 
qui  y  passeront,  il  y  en  ait  toujours  la  plus 
grande  partie  logée  chez  les  plus  riches  des  reli- 
gionnaires.  Mais  S.  M.  désire  que  vos  ordres  sur 
ce  sujet  soient,  par  vous  ou  par  vos  subdélégués, 
donnés  de  bouche  aux  maires  &  échevins  des 
lieux,  sans  leur  faire  connottre  que  S.  M.  désire 
par  là  violenter  les  huguenots  à  se  convertir,  & 
leur  expliquant  seulement  que  vous  donnez  ces 
ordres  sur  les  avis  que  vous  avez  eus,  que,  par  le 
crédit  qu'ont  les  gens  riches  de  la  religion  dans 
ces  lieux-là,  ils  se  font  exempter  au  préjudice  des 
pauvres'.  » 


■  Procès-verba!  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  27  no- 
vembre 1679. 


'  Camille  Rousset,  Histoire  de  Louvois,  111,  p.  444. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  5:1 

fixée,  qu'à  ce  vieillard,  octogénaire  Si  malade,  le  roi  donna  pour  successeur 
un  enfant  de  douze  ans,  le  duc  du  Maine. 

Louis-Auguste  de  Bourbon,  prince  de  Dombes,  duc  du  Maine,  né  le 
3o  mars  1670,  était  un  fils  naturel  de  Louis  XIV  8t  de  Madame  de  Mon- 
tespan,  légitimé  trois  ans  après  sa  naissance  par  un  acte  de  cette  volonté  sou- 
veraine qui  ne  reconnaissait  plus  désormais  d'autre  loi  que  ses  caprices. 

Un  choix  pareil,  pour  une  province  difficile  8c  tourmentée,  au  moment  de 
la  recrudescence  des  persécutions  religieuses,  indiquait  suffisamment  l'inten- 
tion arrêtée  du  ministère  de  ne  plus  laisser  au  gouverneur  qu'une  autorité 
nominale  Si  des  avantages  pécuniaires.  On  n'osa  point  faire  figurer  le  nom 
de  l'enfant  de  douze  ans  dans  le  préambule  du  procès-verbal  des  États,  avec 
la  qualité  de  premier  commissaire  de  la  couronne;  mais  on  l'inscrivit  à  la  fin 
dans  le  chapitre  des  gratifications,  pour  une  somme  de  soixante  mille  livres, 
«  les  Etats  voulant  témoigner  combien  ils  étoient  sensibles  à  l'honneur  de 
«  l'avoir  pour  gouverneur,  Si  le  remercier  par  avance  des  bons  offices  qu'il 
«  ne  manqueroit  pas  de  rendre  à  la  Province'.  » 

Pourtant,  les  vues  qu'on  avait  sur  le  pays,  en  matière  de  religion,  exigeaient 
un  représentant  énergique  81  actif  de  la  puissance  royale.  Un  commandant 
en  chef  fut  désigné  :  c'était  Anne-Jules,  duc  de  Noailles,  pair  de  France,  pre- 
mier capitaine  des  gardes  du  corps  du  roi,  gouverneur  8c  lieutenant  général 
des  comtés  de  Roussillon,  Confient  81  Cerdagne,  capitaine  général  desdits 
pays,  gouverneur  particulier  de  la  ville  81  citadelle  de  Perpignan,  lieutenant 
général  des  armées  du  roi*. 

Le  duc  de  Noailles  était  né  en  i65o.  Il  avait  donc  alors  trente-deux  ans. 
Ses  premières  années  s'étaient  écoulées  à  la  Cour,  au  moment  de  la  brillante 
jeunesse  de  Louis  XIV.  Il  avait  commandé  quatre  compagnies  de  gardes  du 
corps  à  la  conquête  de  la  Franche-Comté,  Se  servi  en  Hollande  comme  aide 
de  camp  du  roi.  En  1678  il  eut  le  gouvernement  du  Roussillon  Se  celui  de 
Perpignan.  Il  avait  épousé  en  1671  la  fille  unique  d'Ambroise,  duc  de  Bour- 
nonville,  gouverneur  de  Paris,  qui  lui  donna  vingt  8c  un  enfants. 

Le  roi  exprimait,  dans  ses  lettres  patentes  du  29  mai,  la  nature  des  services 
qu'il  attendait  du  nouveau  commandant  en  chef. 

«  Nous  avons  jugé  à  propos  d'y  établir  une  personne  de  dignité  8c  d'auto- 
«  rite,  pour  y  commander  durant  trois  ans,  afin  d'y  maintenir  nos  sujets  dans 
«  le  devoir  8c  dans  l'obéissance  qui  nous  est  due.  Sur  quoi  nous  avons  estimé 
«  ne  pouvoir  faire  un  meilleur  choix  que  de  vous,  pour  l'entière  confiance 
«  que  nous  prenons  en  votre  fidélité,  valeur,  prudence,  8c  affection,  dont,  à 
«  l'exemple  de  vos  ancêtres,  qui  depuis  plusieurs  siècles  ont  servi  l'État  8c 
<(  nos  prédécesseurs  rois,  vous  nous  avez  donné  des  preuves  tant  dans  les 
«  armées  qu'auprès  de  notre  personne,  8c  en  toutes  autres  occasions  qui  se 
«  sont  présentées^...  » 

■  Ptocès-rerbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  "  Procès-verbal  de»  États  de  Lanpaedoc.  Séance 

du  12  décembre  i68z.  du  22  octobre  1682. 

>  Millot,  Mémoires  du  iuc  Je  Noailles,  p.  229. 


1682 


i682 


52  2  ÉTUDES   HISTORIQUES   SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'assemblée  du  clergé  de  France,  tenue  extraordinairement  en  1682,  après 
avoir  rédigé  sa  déclaration  fameuse  contre  les  ultramontains,  au  sujet  de  l'au- 
torité du  pape,  crut  devoir  donner  des  gages  de  catholicité  en  adressant  une 
exhortation  aux  réformés.  Cet  acte,  écrit  dans  un  langage  très- passionné, 
avait  pour  but  de  montrer  aux  protestants  l'injustice  de  leurs  griefs  contre  la 
communion  romaine  &  de  les  inviter  à  l'union.  Les  termes  de  cet  appel  à  la 
concorde  offraient  quelque  contradiction.  Les  évêques  se  présentaient  aux  dis- 
sidents comme  leurs  «  véritables  frères,  »  mais  les  souvenirs  qu'ils  évoquaient 
dans  leur  adjuration  marquaient  plus  de  ressentiment  que  d'indulgence. 

«  Nous  vous  exhortons,  disaient-ils,  par  ces  entrailles  de  miséricorde  que 
«  vous  avez  déchirées  jusqu'à  présent,  par  ce  sein  de  l'Eglise  notre  mère  que 
«  vous  avez  divisée,  par  cette  charité  fraternelle  que  vous  avez  si  souvent 
<(  violée,  par  ces  divins  sacremens  que  vous  avez  méprisés,  par  ces  autels  du 
«  Seigneur  que  vous  avez  mis  en  pièces".  » 

Imprimé  en  latin  &  en  français,  l'avertissement  aux  protestants,  que  les 
contemporains  appelèrent  souvent  le  Commonitoire  en  mémoire  d'un  ouvrage 
de  Vincent  de  Lérins,  fut  expédié  par  le  roi  à  tous  les  prélats  8c  à  tous  les 
intendants  du  royaume,  avec  ordre  de  le  faire  lire  dans  chaque  consistoire, 
en  présence  d'un  commissaire  ecclésiastique  désigné  par  l'évêque  diocésain, 
8t  de  dresser  procès-verbal  de  la  réponse  des  consistoires. 

D'Aguesseau  ne  s'abusa  point  sur  l'inutilité  d'une  pareille  démonstration. 
Il  comprenait  que  ce  coup  de  théâtre  n'aurait  point  d'effet  sans  l'adhésion 
préalable  des  ministres,  qu'il  se  flattait  toujours  d'obtenir  &  que  d'ailleurs  la 
succession  de  ces  lectures,  annoncée  de  proche  en  proche,  amènerait  simple- 
ment un  concert  entre  les  différents  consistoires  Se  une  organisation  de  la 
résistance. 

Néanmoins,  il  dut  obéir  &  se  rendit  en  personne  dans  les  consistoires  les 
plus  importants  pour  y  présider  la  cérémonie^. 

Elle  eut  lieu  à  Nimes  le  dimanche  4  juillet,  vers  dix  heures  du  matin, 
en  présence  des  consuls,  d'un  vicaire  général,  de  deux  chanoines  délégués  du 
chapitre,  du  promoteur  de  l'officialité,  de  trois  membres  du  présidial  &  de 
quelques  autres  officiers  royaux.  L'intendant  exprima  les  souhaits  du  roi  Se 
communiqua  la  lettre  du  clergé.  Aucun  ministre  ne  fit  défection.  Les  assis- 
tants laissèrent  lire  le  manifeste  catholique,  protestèrent  de  leur  fidélité  au 
service  du  roi,  sans  aborder  les  questions  de  doctrine.  Se  se  bornèrent  à  dire 
que  leur  croyance  était  suffisamment  expliquée  dans  leur  profession  de  foi 
Se  dans  leurs  livres  de  controverse.  Il  en  fut  de  même  partout.  Quelques  jours 
après  cette  inutile  représentation,  ceux  qui  prétendaient  en  espérer  des  effets 
merveilleux  n'y  songeaient  plus. 

Au  mois  d'août  1682,  la  cour  de  Versailles  fut  tout  entière  occupée  d'un 
heureux  événement  qui,  par  l'accroissement  de  la  famille  royale,  semblait 

'Germain,  Histoire  de  l'Eglise  de  Nîmes,  II,  (Discours  sur  la  vie  &  la  mort  de  M.  d'Aguesseau, 
p.  382.  p,  ^o.) 

'  (Ewvrei  de  M.  le  chancelier  d'Aguesseau,  XIII. 


LIV.  II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  523 

donner  à  la  monarchie  de  nouveaux  gages  de  paix  &  de  stabilité.  Le  grand 
dauphin  venait  d'avoir  un  fils.  Le  même  jour,  le  roi  envoyait  les  ordres  dans 
toute  la  France  pour  faire  chanter  le  Te  Deum,  allumer  des  feux  de  joie  8< 
tirer  le  canon  en  signe  d'allégresse  publique,  c  Après  les  grands  succès  dont 
«  il  a  plu  à  Dieu  de  favoriser  la  justice  de  nos  armes  durant  le  temps  de  nos 
«  guerres,  écrivait  Louis  XIV  aux  principaux  officiers  de  la  Province,  la  paix 
«  qu'il  a  bien  voulu  que  nous  donnassions  à  l'Europe  &  le  choix  qu'il  a 
«  faict  pour  nostre  fils  le  dauphin  d'une  espouse  selon  son  cœur,  nous  ne 
«  pouvions  rien  désirer  de  plus  avantageux  à  nostre  Estât  que  la  naissance 
«  d'un  petit-fils  dont  nostre  fille  la  dauphine  vient  d'estre  heureusement  déli- 
M  vrée,  que  nous  avons  nommé  le  duc  de  Bourgogne...  Cette  dernière  faveur 
«  est  une  nouvelle  marque  de  la  protection  visible  que  nous  avons  reçue  de 
«   la  bonté  divine'...  » 

Toute  la  Province  rivalisa  de  zèle  pour  imiter,  selon  ses  moyens,  la  spl^- 
deur  des  fêtes  de  Versailles. 

Les  capitouls  de  Toulouse,  dès  la  première  nouvelle  de  l'événement,  dési- 
rant «  enchérir  sur  tout  ce  qui  pouvoit  avoir  été  fait  en  semblable  occasion^,  » 
ordonnèrent  d'illuminer  l'hôtel  de  ville,  &  firent  monter  plusieurs  faucon- 
neaux par  l'escalier  tournant  qui  menait  à  la  plate-forme  de  leur  donjon,  afin 
d'annoncer  le  royal  entant  par  des  salves  d'artillerie.  Les  grosses  cloches  de  la 
cathédrale  &  du  Parlement  prirent  aussitôt  le  branle  &  donnèrent  l'éveil  à 
tous  les  carillons  de  la  ville. 

Les  fêtes  de  Toulouse  durèrent  trois  jours. 

Le  samedi  matin,  un  corps  d'infanterie  de  quatre  mille  hommes,  divisés 
en  deux  régiments,  fournis  par  les  corps  de  métiers,  tous  lestement  vêtus, 
chamarrés  de  rubans  de  couleurs  diverses  qui  servaient  à  distinguer  les  cor- 
porations, commandés  par  deux  capitouls,  MM.  de  La  Garrigue  Si  d'Espaigne, 
se  forma  en  bataille  sur  la  place  Saint-Georges,  Se  défila  en  grande  pompe  à 
travers  la  ville  pour  faire  la  haie  au  devant  de  l'église  Saint-Sernin,  où  l'ar- 
chevêque avait  ordonné  de  faire  sortir  en  procession  les  châsses  de  l'abbaye. 
Les  capitouls  y  prirent  place  autour  de  la  Sainte-Épine,  portée  par  quatre 
dominicains,  81  allèrent,  précédés  du  clergé  de  toutes  les  paroisses  Se  du  long 
cortège  des  reliques,  assister  au  Te  Deum  de  Saint-Étienne,  qui  fut  entonné 
par  l'archevêque  de  Toulouse  81  par  les  évêques  de  Comminges  8t  de  Béziers. 

A  quatre  heures  de  l'après-midi,  un  feu  de  joie  fut  allumé  devant  le  porche 
de  la  cathédrale  pendant  que  dix-huit  pièces  de  canon  tonnaient  sur  les  rem- 
parts Si  que  la  fontaine  Saint-Etienne  versait  du  vin  par  toutes  ses  bouches  : 
largesse  traditionnelle  qui  fut  renouvelée  les  jours  suivants  à  l'entrée  du  pont 
81  aux  deux  côtés  du  portail  de  l'hôtel  de  ville. 

A  l'archevêché,  à  l'hôtel  du  premier  président  81  à  celui  du  procureur 
général,  des  distributions  de  pain  furent  faites  au  peuple,  81  des  tonneaux  de 

'  Archives  de  Toulouse.  Lettres  missives  des  sou-  '  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXXI, 

vtrains.  p.  354.  Séance  du  zz  août  1682. 


i68z 


i68i 


524  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

vin  mis  en  perce.  Toute  la  cour  de  l'archevêché  était  tendue  de  riches  tapis- 
series avec  des  portiques  de  verdure  chargés  d'inscriptions  &  de  devises;  le 
soir,  l'édifice  fut  brillamment  illuminé;  les  maisons  du  baron  de  Lanta  &  du 
trésorier  de  France,  Lombrail ,  situées  sur  la  place  Saint-Etienne,  se  faisaient 
remarquer  par  l'éclat  de  leurs  décorations.  Les  hautes  &  massives  construc- 
tions de  la  trésorerie,  la  tour  des  chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  étin- 
celaient  de  flammes.  On  tira  aussi  de  nombreux  feux  d'artifice.  L'archevêque, 
le  premier  président,  la  duchesse  d'Arpajon,  le  marquis  d'Antin,  rivalisèrent 
de  magnificence.  Les  dizeniers  de  la  ville  avaient,  d'ailleurs,  enjoint  aux 
Toulousains,  par  ordre  des  capitouls,  d'avoir  à  manifester  leur  satisfaction  en 
mettant  des  chandelles  à  leurs  fenêtres  &.  en  allumant  un  feu  de  joie  chacun 
devant  la  porte  de  sa  maison. 

Le  dimanche  il  y  eut  une  superbe  collation  chez  M.  de  Fieubet,  premier 
président,  où  prirent  place  nombre  de  dames  Si  de  gens  de  qualité,  avec  un 
concert  de  voix  Se  de  symphonie;  un  grand  dîner  fut  servi  au  public  dans  la 
cour  du  procureur  général  Le  Masuyer. 

Le  peintre  Se  architecte  de  la  ville,  Jean-Pierre  Rivalz,  avait  dressé,  au 
milieu  de  la  Garonne,  sur  les  ruines  isolées  d'un  vieux  pont  de,  brique,  une 
sorte  de  théâtre,  orné  de  figures  en  relief,  où  fut  tiré  le  feu  d'artifice.  La 
statue  de  Jupiter,  tenant  un  foudre  qui  brûlait  sans  se  consumer,  dominait 
l'ensemble  de  la  composition;  des  tritons  se  jouaient  à  ses  pieds,  vomissant 
des  flammes.  Des  soleils  ardents,  des  carrelets,  des  fusées,  des  lances  à  feu 
s'allumaient  incessamment  à  l'entour  du  groupe,  jaillissaient  entre  les  per- 
sonnages Se  retombaient  en  pluie  d'étoiles  6c  de  fleurs  de  lys. 

Sous  les  arches  du  Pont-Neuf,  on  avait  installé  des  orgues  d'artillerie,  sorte 
de  batterie  de  six  fauconneaux  liés  ensemble,  qu'on  faisait  partir  à  la  fois  & 
dont  l'écho  des  voûtes  redoublait  la  sonorité. 

Toute  la  nuit,  la  ville  parut  en  feu  :  la  haute  aiguille  des  Récollets-,  la 
tour  du  Parlement,  le  grand  dôme  des  Carmes,  la  tour  de  Saint-Jean,  le 
clocher  de  la  Dalbade,  les  tours  de  Tourreil  &.  d'Assézat,  la  maison  professe 
des  Jésuites,  les  vastes  bâtiments  des  Bénédictins  de  la  Daurade,  le  dôme  des 
Chartreux,  les  deux  tours  du  pont,  étaient  enveloppés  de  lumières,  Si  les 
pièces  de  canon  du  chapitre  de  Saint-Sernin,  braquées  au-dessus  des  voûtes 
de  cette  église,  unissaient  leurs  notes  bruyantes  au  retentissement  des  salves 
municipales. 

Pendant  la  journée  du  lundi,  les  capitouls  donnèrent  un  dîner  dans  la 
grande  galerie  de  l'hôtel  de  ville.  Il  y  eut  trois  tables  de  trente  couverts  cha- 
cune, où  prirent  place  les  anciens  capitouls  Se  diverses  personnes  de  condi- 
tion. Le  même  jour,  les  jésuites  offrirent  dans  leur  collège  le  spectacle  d'une 
«  célèbre  déclamation,  »  dont  la  naissance  du  duc  de  Bourgogne  avait  fourni 
l'argument,  &  les  doctrinaires  firent  jouer  à  l'Esquille  une  tragédie  sur  le 
même  sujet,  avec  prologue  en  musique  Se  entrées  de  ballet  à  tous  les  entr'actes. 
Ce  fut  un  jésuite,  le  Père  Roques,  «  bien  connu,  écrit  Lafaille,  de  tous  les 
«  gens  de  lettres  par  la  bonté  de  son  esprit  S<.  par  l'étendue  de  son  érudi- 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  525 

«  tion,  »  qui  composa  pour  les  capitouls  toutes  les  inscriptions  8t  devises 
destinées  à  la  machine  du  feu  d'artifice  '. 

Les  diverses  mesures  prises  par  le  gouvernement  de  Louis  XIV  pour  res- 
treindre progressivement  Si  rendre  de  plus  en  plus  difficile  l'exercice  du  culte 
réformé  étaient  combinées  avec  tant  de  prévoyance  8t  d'habileté  qu'elles  se 
multipliaient  pour  ainsi  dire  naturellement;  toute  aggravation  en  entraînait 
une  nouvelle,  le  réseau  se  resserrait  chaque  jour,  &  les  protestants  se  voyaient 
engagés  dans  une  sorte  d'engrenage  inévitable  d'où  aucune  puissance  humaine 
n'était  désormais  capable  de  les  retirer. 

Il  faut  avouer  que  le  parti  catholique  excellait  à  marcher  ainsi,  de  déduc- 
tion en  déduction,  à  l'anéantissement  complet  de  la  communion  dissidente. 
Un  principe  n'était  pas  posé  qu'on  savait  en  étendre  Si  en  appliquer  immé- 
diatement les  conséquences. 

Nous  avons  raconté  comment  les  évêques  de  Languedoc  obtinrent  qu^  la 
législation  interdît  aux  catholiques  romains  la  faculté  de  changer  de  religion, 
ou,  suivant  l'expression  consacrée,  la  liberté  de  se  pervertir.  Il  semblait  à  pre- 
mière vue  que  cette  prohibition  n'atteignît  les  protestants  que  d'une  façon 
indirecte  en  modérant  leur  ardeur  de  prosélytisme;  mais  la  sanction  pénale 
qui,  en  vertu  de  la  déclaration  de  1680,  frappait  les  cas  d'apostasie,  ne  se 
limitait  pas  au  principal  coupable,  au  catholique  devenu  réformé,  elle  fou- 
droyait aussi  81  surtout  les  auteurs  de  la  conversion,  le  ministre  qui  l'avait 
provoquée  8c  jusqu'aux  pierres  du  temple  où  elle  s'était  accomplie.  Ainsi  la 
prétendue  renonciation  volontaire  à  la  liberté  de  conscience  que  les  États  de 
Languedoc  avaient  fait  souscrire  par  ordre,  dans  toutes  les  communes  de  la 
Province,  avec  le  concours  des  syndics  généraux,  était  de  fait  un  moyen  très- 
sûr  de  ruiner  la  liberté  de  conscience  des  protestants.  La  ville  de  Montpellier, 
dont  la  résidence  fixe  de  l'intendant  commençait  à  faire  la  capitale  adminis- 
trative de  la  Province,  eut  bientôt  un  exemple  mémorable  de  cette  puissance 
de  déduction.  Il  fut  dénoncé  au  Parlement  de  Toulouse  qu'une  catholique 
avait  abjuré  la  confession  romaine  entre  les  mains  du  ministre  Bordieu;  la 
cour,  par  son  arrêt  du  i6  octobre  1682,  s'autorisant  de  la  contravention  for- 
melle faite  aux  volontés  du  roi,  interdit  le  ministre  &  ordonna  la  démolition 
du  temple  de  Montpellier.  De  cette  façon,  un  acte  individuel,  dont  la  sincé- 
rité fut  d'ailleurs  contestée,  permettait,  sans  autre  forme  de  procès,  une  viola- 
tion déclarée  de  l'édit  de  Nantes  81  la  suppression  intégrale  du  culte  réformé 
dans  l'une  des  plus  grandes  81  des  plus  populeuses  villes  de  Languedoc. 

Du  reste,  le  Parlement  de  Toulouse  n'était  que  l'exécuteur  des  ordres  sou- 


'  Larnille  noui  apprend,  dans  sa  relation  ma-  Toulouse  pour  la  naissance  de  monseigneur  le  Juc 

nuscrite,  qu'il  avait  été  fait  une  description  par-  Je  Bourgogne,  faite  par  M.  de  Lafaille,  syndic  de 

ticulière  de  la   «  machine  de   feu  u  composée   par  la  ville,  ms.  iz  p.  in-8°.  Archives  de  Toulouse. 

Rivalz  &   qu'il   se   proposait  de    l'attacher  à  ton  Les    premières   pages  de   cette    relation   ont  ét^ 

compte  rendu  j  mais   il  n'en  est   resté  de  trace  ni  transcrites  dans  les  Annales  manuscrites  de  l'hôtel 

dans  son  manuscrit  ni  dans  les  Annales.  —  Rela-  de  yille,  IX,  p.  1Ù6, 
lion  des  réjouissances  publiques  ^ui  ont  esté  faites  a 


lâSz 


i6S2 


526  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

verains  partis  de  la  Cour  où  soufflait  un  vent  de  colère.  L'évêque  de  Mont- 
pellier demanda  qu'on  lui  fit  présent  du  temple  pour  le  transformer  en  église. 
Le  marquis  de  Châteauneuf,  secrétaire  d'État,  refusa  cette  largesse;  il  écrivit 
au  duc  de  Noailles  que  la  démolition  du  temple  serait  un  acte  plus  éclatant 
«  Si  ôteroit  aux  religionnaires  toute  espérance  d'y  rentrer'.  » 

Chargé  de  cette  pénible  mission,  le  duc  de  Noailles,  à  qui  les  réformés 
avaient  adressé  déjà  leurs  protestations,  manda  auprès  de  lui  les  ministres  & 
les  anciens  du  consistoire,  les  exhorta  à  la  soumission,  écouta  leurs  remon- 
trances Se  les  explications  qu'ils  donnaient  du  fait  incriminé,  s'en  fît  donner 
un  mémoire  écrit,  avec  promesse  de  le  transmettre  à  la  Cour,  &  consentit 
à  différer  la  démolition  jusqu'au  retour  du  courrier^.  Les  protestants  qui 
savaient  à  quoi  s'en  tenir  sur  les  dispositions  de  l'entourage  royal,  se  retirè- 
rent consternés.  Ils  comprenaient  que  la  modération  relative  de  Noailles, 
repdue  d'ailleurs  moins  méritoire  par  le  défaut  de  troupes,  cesserait  quand 
les  circonstances  auraient  changé. 

Une  nouvelle  démarche  fut  pourtant  essayée  auprès  de  lui;  on  lui  dépêcha 
deux  gentilshommes  calvinistes  qui  sollicitèrent  sans  détour  le  libre  exercice 
de  leur  religion  conformément  aux  édits.  Comme  ces  envoyés  s'exprimaient 
avec  chaleur,  le  commandant,  redoutant  l'effet  de  leur  éloquence  sur  la  popu- 
lation, jugea  prudent  de  les  retenir,  St  fit  appeler  une  seconde  fois  les  minis- 
tres. Exaltés  par  le  sentiment  de  la  persécution  prochaine,  ceux-ci  parlèrent 
en  hommes  résignés  au  martyre. 

«  Vous  êtes  les  maîtres  de  nos  vies,  dirent-ils,  mais  notre  mission  vient  de 
«  Dieu,  Si  la  crainte  de  la  mort  ne  nous  en  fera  pas  cesser  l'exercice 3.  « 

Le  bruit  de  ces  allées  &  venues  s'était  répandu  dans  la  foule  protestante  & 
y  causait  une  vive  fermentation;  un  peuple  considérable  s'était  porté  sur  le 
temple,  en  remplissait  l'enceinte  &  couvrait  les  rues  avoisinantes.  On  atten- 
dait les  ministres  pour  le  prêche;  ils  arrivent,  8c,  au  milieu  de  l'enthousiasme 
populaire,  ils  déclarent  que  si  l'on  empêche  les  assemblées  dans  le  temple, 
ils  sont  prêts  à  prêcher  l'Évangile  sur  les  places  publiques;  que  si  l'on  veut 
les  chasser  des  villes,  ils  poursuivront  leur  apostolat  dans  les  campagnes;  que 
la  cause  de  Dieu  trouvera  près  de  deux  millions  de  défenseurs. 

Le  duc  s'aperçoit  du  péril  de  ces  excitations,  se  rappelle  qu'il  est  en  pays 
où  les  guerres  de  religion  ont  laissé  des  traces  terribles,  fait  saisir  les  orateurs 
&  ordonne  de  les  conduire  sans  bruit  à  la  citadelle.  Il  n'avait  à  sa  disposition 
que  deux  compagnies,  dont  plusieurs  officiers  &c  soldats  appartenaient  à  la 
religion  réformée.  Inquiet  des  dispositions  des  catholiques,  amassés  au  bruit 
du  tumulte  8c  prêts  à  se  porter  aux  plus  grands  excès,  Noailles  fait  placer 
des  gardes  aux  abords  du  temple,  avec  mission  expresse  de  protéger  les  protes- 
tants contre  la  violence  de  leurs  ennemis  8c  d'empêcher  qu'on  ne  leur  dise 
d'injures.  Puis  il   fait  intimer  à  tous  les  réformés  qui  sont  dans  le  temple 

■  Lettre  du  marquis  de  Châteauneuf  au  duc  de  '  Lettre  du  duc  de  Noailles  au  marquis  de  Châ- 

Noailles,  du  23   septembre  1682.  Mémoires  du  due       teauneuf,  du  25  novembre  1682.  Mémoires,  p.  234. 
de  Noailles,  p.  233.  ^  Mémoires  du  duc  de  Noailles,  p.  235. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  527 

l'ordre  de  l'évacuer,  la  volonté  du  roi  étant  irrévocable.  On  obéit,  l'assem- 
blée du  prêche  se  retire,  détendue  contre  les  outrages  par  les  gardes  du 
commandant. 

Un  acte  d'opposition  par  voie  légale  à  la  destruction  du  temple  fut  pré- 
senté, ainsi  qu'une  requête  aux  fins  d'être  maintenu  «  en  l'ancienne  liberté.  » 

Noailles  y  répondit  en  communiquant  aux  principaux  membres  du  consis- 
toire les  ordres  précis  &  définitifs  qu'il  avait  reçus  de  la  Cour. 

La  démolition  commença  le  2  décembre.  Le  même  jour  parut  une  ordon- 
nance qui  défendait  à  tout  catholique  d'offenser  les  protestants,  soit  de  bouche, 
soit  par  écrit,  8c  de  leur  faire  aucun  déplaisir  en  leurs  personnes  ou  en  leurs 
biens,  6c  qui  enjoignait  aux  uns  8c  aux  autres  de  vivre  en  paix  8c  en  bonne 
intelligence. 

Noailles  attendit  que  le  dimanche  fût  passé  pour  élargir  les  ministres;  puis 
il  leur  ordonna  de  quitter  la  ville,  un  arrêt  du  conseil  ne  leur  permettant 
pas  d'habiter  les  lieux  où  l'exercice  du  culte  était  interdit.  Un  des  ministres 
des  plus  modéré  fut  seul  autorisé  à  rester  encore  trois  mois  à  Montpellier,  sous 
prétexte  d'affaires  de  famille,  pour  y  baptiser  les  enfants  des  calvinistes. 

Le  Parlement  de  Toulouse,  encouragé  par  ce  brillant  succès,  avait  com- 
mencé des  procédures  analogues  contre  les  réformés  de  Montauban.  Le  minis- 
tre, un  peu  alarmé  du  retentissement  de  l'affaire  de  Montpellier,  écrivit  au 
premier  président  de  ne  pas  précipiter  l'exécution.  On  ne  devait  pas,  dit-il, 
«  mettre  trop  de  bois  au  feu  à  la  fois  ' .  » 

Après  la  tenue  des  Etats,  le  duc  obtint  diverses  faveurs  de  la  Cour  en  faveur 
des  nouveaux  convertis  de  qualité.  En  même  temps  qu'on  usait  de  rigueur 
contre  les  esprits  obstinés,  on  espérait  obtenir  beaucoup  des  esprits  faibles 
par  les  libéralités  8c  les  honneurs.  Plusieurs  personnages  considérables  de  la 
Province  ne  résistèrent  point  à  ces  avances;  la  politique  avait  jeté  beaucoup 
de  grands  seigneurs  dans  la  Réforme;  elle  en  ramena  beaucoup  dans  la  reli- 
gion romaine,  tandis  que  les  hommes  de  foi  se  préparaient  à  l'exil. 

Un  catholique  convaincu,  nommé  Boudon,  proposa  à  cette  époque  des 
conférences  publiques  pour  convertir  les  ministres.  Noailles  approuva  l'idée, 
mais  fit  observer  qu'on  aurait  besoin  de  très-habiles  gens  pour  se  tirer  avec 
honneur  de  ces  controverses,  sans  quoi,  dit-il,  au  lieu  de  bien  on  n'en  ver- 
rait arriver  que  du  mal.  Il  jugeait  d'ailleurs  fort  sévèrement  le  personnel 
ecclésiastique  des  deux  cultes  :  reprochant  avec  amertume  aux  évêques  8c  aux 
prêtres  de  négliger  entièrement  les  moyens  de  conversion;  8c  quant  aux  minis- 
tres, il  croyait  ne  remarquer  en  eux  «  qu'une  indifférence  de  religion,  »  8c 
parlait  de  la  nécessité  de  les  gagner,  «  en  les  achetant,  écrivait-il,  plus  cher 
«  qu'ils  ne  valent,  pour  éviter  le  mal  qu'ils  sont  capables  de  faire*.  » 

Voilà  dans  quel  milieu  se  préparait  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  cou- 
ronnement de  la  politique  suivie  par  la  Cour  depuis  la  mort  du  cardinal 

■  Lettre  du  7  décembre  i68ï.  '  Lettre  du  duc  de   Noailles  à  M.   Boudon,  du 

17  février  i683. 


1682 


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528  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Mazarin.  C'est  un  fait  digne  de  mémoire  que  la  disparition  de  ce  prince  de 
l'Église,  imbu  des  maximes  de  la  politique  de  Richelieu,  coïncide  précisé- 
ment avec  le  pro.grès  de  plus  en  plus  menaçant  de  l'esprit  d'intolérance. 

Le  clergé,  comme  le  lui  reprochait  Noailles,  faisait  peu,  du  reste,  pour 
ramener  les  dissidents  à  la  foi  par  l'enseignement  5<  la  persuasion.  Dans  le 
massif  protestant  des  Cévennes,  il  était  surtout  d'une  insuffisance  notoire. 
Une  cathédrale,  des  collégiales,  des  cures  nombreuses,  des  bénéfices  de  tout 
ordre  fournissaient  à  peine  aux  catholiques  un  sermon  par  mois,  tandis  que 
les  calvinistes  du  même  lieu  en  avaient  un  par  jour,  sans  compter  cependant 
plus  de  deux  ou  trois  ministres  '. 

D'Aguesseau,  découragé  de  ces  tristes  exemples,  ne  voyait  de  remède  que 
dans  l'intervention  du  roi  &  proposait  de  soumettre  l'épiscopat  au  contrôle 
des  chefs  militaires.  <■<  Il  faudroit,  écrivait-il  à  Noailles,  le  9  mars  i683,  que 
«  le  roi  écrivît  aux  évêques  de  Languedoc.  Le  désir  qu'ils  auroient  de  plaire 
«  à  Sa  Majesté  les  engageroit  assurément  à  faire  plus  d'efforts  qu'ils  ne  font; 
«  il  sera  même  bon  qu'ils  soient  persuadés  que  Messieurs  les  lieutenans  du 
«  roi  &  moi  avons  ordre  d'observer  leur  conduite*.  » 

Des  conférences  mi-parties  devaient  se  tenir  à  Nimes.  Noailles  pressait 
d'Aguesseau  de  les  faire  ouvrir;  aucun  sujet  de  valeur  ne  se  présentait  à  l'in- 
tendant. Détrompé  par  ses  informations,  le  duc  lui  écrivit  que  puisqu'on  ne 
trouvait  pas  de  docteurs  catholiques  assez  savants  pour  soutenir  la  cause  de 
Dieu  dans  ces  entretiens,  on  devait  profiter  du  refus  que  les  religionnaires 
faisaient  d'y  entrer  &  rompre  les  conférences  avec  honneur  plutôt  que  de  les 
tenir  avec  déshonneur  pour  la  religion. 

L'échec  de  ces  tentatives  impressionna  péniblement  le  duc,  très-mécontent 
du  clergé  local.  Ce  fut  lui  qui  mit  en  avant  l'idée  d'envoyer  en  quelques 
endroits  des  prêtres  de  Saint-Lazare,  dont  le  bon  exemple  servirait  d'exemple 
aux  autres,  &  qui,  suivant  les  règles  de  leur  institut,  iraient  préciser  de 
village  en  village.  Le  salaire  des  cures  de  campagne  était  tellement  minime, 

une  cinquantaine  d'écus  par  an,  le  plus  clair  revenu  des  paroisses  allant 

au  bénéficier,  seigneur  spirituel  ou  curé  primitif  —  qu'on  n'avait  pour  les 
remplir  que  des  hommes  sans  instruction  &  souvent  sans  mœurs,  dont  l'igno- 
rance 8t  la  conduite  favorisaient  trop  bien  les  dispositions  malveillantes  des 
réformés. 

Le  manifeste  du  clergé  aux  protestants  de  France  était  généralement  consi- 
déré parles  membres  de  l'Église  réformée  comme  le  signe  avant-coureur  d'une 
prochaine  tempête.  Des  mouvements  d'inquiétude  coururent  dans  le  royaume. 
Comme  la  présence  des  commissaires  du  roi,  qui  rapportaient  à  la  Cour  tout 
le  détail  des  séances,  rendait  les  assemblées  synodales  presque  illusoires  & 
que,  d'ailleurs,  l'intervalle  des  sessions  laissait  libre  carrière  aux  événements 
imprévus,  les  protestants  avaient  confié  leurs  intérêts  à  six  directeurs  choisis 

■  Mémoires  Ja  duc  de  Noailles,  p.  238.  *  Lettre  de  M.  d'Aguesseau   au  duc  de  Noailles, 

du  9  mars  i683.  Mémoires,  p.  ïSçj. 


LIV.   II,  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  Sig 

dans  chaque  province.  Le  bruit  se  répandit  que  seize  de  ces  directeurs  s'étaient 
réunis  secrètement  à  Toulouse,  durant  l'année  i683,  pour  y  arrêter  les  termes 
d'une  requête  au  roi  &  appuyer  les  termes  par  l'action.  Le  projet  qu'on  leur 
attribuait  était  de  faire  tenir  des  assemblées  dans  tous  les  lieux  où  les  temples 
avaient  été  détruits  ou  interdits,  comme  aussi  d'organiser  une  résistance  géné- 
rale des  ministres  aux  lois  rigoureuses  qui  réglaient  la  police  extérieure  de 
leurs  églises.  Le  procureur  général  du  Parlement  de  Toulouse  se  donna  beau- 
coup de  mouvement  pour  acquérir  la  preuve  de  ces  démarches,  mais  ne  réussit 
à  rien  découvrir. 

L'intendant  se  rendit  à  Toulouse  pendant  le  carême  j  il  y  séjourna  deux 
mois,  avec  toute  sa  maison,  Se  y  perdit  une  de  ses  filles. 

Au  bout  de  ce  temps,  il  traversa  tout  le  Languedoc  pour  se  rendre  au  Puy 
par  le  Vivarais. 

Il  était  dans  la  capitale  du  Velai,  au  mois  de  juillet,  lorsque  les  premiers 
troubles  éclatèrent.  On  s'assembla  d'abord  à  Saint-Hippolyte,  dont  le  temple 
avait  été  récemment  démoli,  puis  dans  quelques  lieux  de  Vivarais,  théâtre 
de  semblables  exécutions,  6c  bientôt,  le  mouvement  gagnant  de  proche  en 
proche,  les  réformés  dauphinois  commencèrent  à  s'attrouper. 

L'émotion  fut  vive  entre  les  montagnes  d'Auvergne  8c  les  Alpes.  Catholi- 
ques 8c  protestants  prenaient  les  armes.  Il  semblait  que  l'ère  désastreuse  des 
guerres  civiles,  marquée  dans  tout  le  pays  par  tant  de  ruines,  fût  à  la  veille 
de  renaître. 

Les  ministres  prêchaient  sur  la  persécution,  comparaient  la  destinée  de 
leurs  fidèles  à  celle  de  la  primitive  Eglise,  condamnée  à  fuir  la  lumière  dans 
les  catacombes  8<.  poursuivie  par  les  édits  des  empereurs  8c  la  justice  tracassière 
des  magistrats.  Ils  promettaient  la  couronne  du  martyre  à  ceux  qui  se  mon- 
treraient fermes  dans  leur  foi  8c  qui  sauraient  affronter  la  mort. 

A  la  faveur  de  cette  exaltation,  des  bandes  armées  étaient  signalées  sur 
divers  points.  Nos  lecteurs  savent  que  le  brigandage  n'avait  jamais  été  com- 
plètement réprimé  dans  les  pays  montagneux  de  Languedoc;  les  voleurs  de 
grand  chemin  qui  ne  prenaient  aucun  intérêt  à  la  question  religieuse,  mais 
qui  mettaient  à  profit  toute  occasion  de  désordre,  commencèrent  à  pulluler. 
D'Aguesseau  dénonça  l'insuffisance  de  la  maréchaussée  pour  tenir  les  routes 
nettes  8c  demanda  des  troupes.  Noailles  lui  répondit  qu'il  avait  lui-même 
prévu  le  mal  depuis  fort  longtemps,  qu'il  en  avait  souvent  parlé,  proposant 
des  remèdes  convenables,  8c  qu'on  ne  pouvait  se  passer  de  punir  quelques 
coupables  «  afin  d'empêcher  mille  autres  de  le  devenir'.  » 

La  fermentation  fut  augmentée  par  quelques  arrêts  du  conseil  qui  éloi- 
gnaient les  ministres.  A  Nimes,  on  eut  surtout  des  craintes  sérieuses.  Le 
consistoire  y  jouissait  d'une  très-grande  autorité,  la  population  protestante  y 
était  nombreuse,  les  moindres  artisans  accoutumés  au  maniement  des  armes 
k  feu,   par  suite  du  droit  de  chasse,  commun  par  privilège  à  tous  les  habi- 

'  Lettre  du  duc  de  Noailles  à  M.  d'Aguesseau.  Mémoires,  p.  240. 

XIII.  34* 


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àSo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tants;  la  plupart  des  hommes  faits  avaient  servi  dans  les  troupes;  enfin  les 
Cévennes  tenaient  à  portée  une  inépuisable  réserve  d'hommes  vigoureux, 
exaltés,  presque  sauvages,  toujours  prêts  à  descendre,  aux  jours  d'émeute,  de 
leurs  retraites  inaccessibles  pour  grossir  les  attroupements  populaires. 

Une  affaire  d'intérêt,  où  la  religion  n'était  qu'un  prétexte,  causa  dans  la 
vieille  ville  réformée  la  plus  violente  agitation.  La  fabrication  des  taffetas  Su. 
d'autres  petites  étoffes  de  soie  qui  occupait  à  Nimes  un  véritable  peuple  d'ou- 
vriers &i  dont  le  commerce  rapportait  plus  de  deux  millions  par  an,  la  matière 
première  étant  tirée  du  pays  même,  se  partageait  inégalement  entre  les  pro- 
testants &  les  catholiques.  Les  premiers,  plus  riches,  mieux  accrédités  dans 
les  États  étrangers,  excitaient  la  jalousie  de  leurs  concurrents.  Ceux-ci,  pour 
se  débarrasser  d'émulés  incommodes,  jugèrent  opportun  de  solliciter  l'établis- 
sement d'une  maîtrise  pour  les  manufactures  de  soie;  ayant  à  choisir  entre 
Içs  règlements  qui  existaient  dans  d'autres  villes,  on  ne  manqua  pas  de  pré- 
férer ceux  de  la  maîtrise  de  Lyon  dont  un  article  spécial  excluait  les  protes- 
tants. La  découverte  de  cet  artifice  causa  parmi  les  manufacttiriers  catholiq-ues 
une  explosion  de  joie;  on  leur  fournissait  le, moyen  de  plaire  au  roi,  de  servir 
la  religion  8t  d'hériter  en  même  temps  de  tous  les  bénéfices  que  les  plus 
grandes  maisons  de  Nimes  réalisaient  chaque  année;  ils  devenaient  maîtres 
de  la  place  commerciale  tout  en  contribuant  à  expulser  l'hérésie;  le  bien 
spirituel  8c  le  bien  temporel  se  trouvaient  ainsi  conciliés  par  un  merveilleux 
accord.  Un  arrêt  du  conseil,  des  lettres  patentes,  des  règlements  furent  pré- 
parés sans  bruit,  8c  les  manufacturiers  protestants  qvii  n'avaient  été  informés 
de  rien,  apprirent  à  la  fois  que  leur  industrie  était  constituée  en  maîtrise  fie 
qu'on  ne  la  pouvait  plus  exercer  si  l'on  ne  révinissait  à  la  qualité  d'habile 
ouvrier  celle  de  catholique,  apostolique  8c  romain. 

L'effet  produit  par  cette  nouveauté  fut  immense.  Les  protestants  se  récrient, 
déclarent  que  la  liberté  est  l'âme  du  commerce,  que  l'exigence  inattendue 
dont  ils  sont  victimes  va  causer  la  ruine  de  leurs  établissements.  Si  pour- 
suivent la  cassation  des  règlements  de  maîtrise.  Les  catholiques  font  valoir 
la  nécessité  d'obéir  à  la  loi  Se  demandent  que  l'application  soit  immédiate.  La 
seule  annonce  de  ces  graves  changements  avait  porté  atteinte  au  crédit  des 
industriels  menacés;  la  production  diminue;  l'esprit  de  représailles  se  réveille. 
Les  ouvriers  catholiques  employés  en  assez  grand  nombre  par  les  manufac- 
turiers protestants  sont  expulsés.  Beaucoup  de  familles  qui  étaient  venues 
d'Avignon,  appelées  par  la  prospérité  croissante  des  soieries,  se  voient  con- 
traintes d'y  retourner. 

Cependant  les  procédures  ordinaires  du  conseil  d'État  suivaient  leur  cours; 
les  réformés  obtinrent  un  arrêt  de  renvoi  par-devant  l'intendant  de  la  Pro- 
vince. D'Aguesseau  ayant  à  transmettre  un  avis  motivé  à  la  Cour,  pensa 
qu'on  ne  pouvait  trop  s'appliquer  à  maintenir  8c  même  à  augmenter  le  com- 
merce de  Nimes,  que  la  prudence  en  réclamait  le  maintien  aux  mains  des 
protestants,  puisqu'ils  avaient  l'argent,  le  crédit,  l'expérience  &.  les  relations 
nécessaires;  que  les  catholiques  se  nourrissaient  de  chimères  en  s'imaginant 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  53 1 

s'établir  sur  ies  ruines  de  leurs  rivaux,  qu'il  y  avait  surtout  dans  cette  affaire 
un  antagonisme  d'intérêts  particuliers,  6c  que  l'avantage  de  quelques  fabri- 
cants ne  pouvait  compenser  le  dommage  fait  au  public.  Toutefois  il  ne  con- 
cluait pas  à  l'annulation  des  mesures  prises,  il  en  sollicitait  seulement  la 
surséance.  L'arrêt,  inexécuté,  mais  ayant  toujours  force  de  loi,  pourrait 
exercer  une  utile  influence  comminatoire.  «  Il  est  bon,  disait  l'intendant,  de 
«  faire  savoir  aux  marchands  huguenots  que  Sa  Majesté  n'en  veut  qu'à  leur 
«  religion  &  conserve  toujours  pour  eux  les  sentimens  d'une  bonté  pater- 
«  nelle;  ils  en  seront  plus  disposés  à  renoncer  à  cette  religion  pour  embrasser 
«  la  catholique.  »  D'Aguesseau  voyait  aussi,  dans  la  solution  proposée,  un 
excellent  moyen  d'empêcher  les  expulsions  d'ouvriers  qui  causaient  la  détresse 
de  tant  de  familles.  On  pouvait  faire  du  retrait  de  cette  rigueur  la  condition 
même  de  la  surséance.  Noailles  partagea  ces  sentiments  Si  les  fît  valoir  auprès 
de  la  Cour.  La  conclusion  fut  conforme  aux  vœux  de  l'intendant  &  du  lieu- 
tenant général. 

Mais  cette  atténuation  ne  réparait  pas  les  maux  accomplis;  le  temple  de 
Nimes  venait  d'être  démoli  comme  celui  de  Montpellier;  les  protestants  s'en- 
fermaient dans  leurs  maisons  pour  y  porter  le  deuil  de  leur  culte;  le  travail 
des  manufactures  était  suspendu. 

L'audace  des  ministres  croissait  d'ailleurs  avec  la  persécution.  Les  lieux  où 
le  prêche  avait  été  interdit  semblaient  plus  particulièrement  désignés  à  l'em- 
pressement religieux,  &  les  fidèles  y  accouraient  en  foule.  Les  ministres  ne 
marchaient  guère  sans  escorte;  un  coup  de  sifflet  suffisait  souvent  pour  faire 
accourir  auprès  d'eux  des  centaines  d'hommes  disposés  à  les  défendre. 

Tout  le  pays  était  en  alarmes.  On  savait  que  des  députés  protestants  de 
Languedoc  avaient  paru  à  l'assemblée  de  Chalencon,  qu'il  s'y  était  pris  des 
résolutions  violentes,  que  plusieurs  gentilshommes  de  marque  semblaient  dis- 
posés à  prendre  la  tête  du  mouvement. 

Noailles  ne  cessait  d'invoquer  ses  inutiles  prophéties.  «  J'avois  prévu  dès  cet 
«  hiver,  écrivait-il,  &  dit  plusieurs  fois  tout  ce  qui  est  arrivé;  je  n'ai  cessé 
«  de  le  représenter;  j'en  parle  à  tous  moments;  on  ne  me  répond  rien,  8c  on 
«  est  toujours  occupé  à  de  plus  grandes  choses,  qui  empêchent  qu'on  n'ait 
«  attention  à  d'autres  qui  ne  sont  pas  considérées  si  importantes  qu'elles  le 
«  sont  en  effet.  » 

La  rumeur  publique  grandissait  le  danger.  Se  tout  le  monde  annonçait 
l'imminence  de  la  guerre  civile. 

D'Aguesseau,  qui  était  un  esprit  calme  Se  froid,  s'attacha  d'abord  à  com- 
battre les  craintes  exagérées  8c  l'excès  des  précautions  qui,  sous  ombre  d'em- 
pêcher le  mal,  pouvait  avoir  pour  effet  de  le  rendre  irréparable'.  Il  résolut 
de  se  transporter  de  sa  personne  en  Vivarais,  au  foyer  de  l'agitation,  8c  partit 
du  Puy  en  litière,  sans  escorte,  avec  sa  femme  8c  ses  trois  fils. 

'  «  Des  ecclésiastiques  se  montrèrent  si  emportés       massent  leur  faux  zèle  &  cherchassent  en   secret 
en  Vivarais  qu'on  fut  obligé  d'écrire  aux  princi-        les  moyens  de  servir  la    religion  &  le  roi  '.  " 
paux  gentilshommes  du   p.iys    pour  qu'ils   répri-  •  Mémoires  du  duc  de  Noailles,  p.  141. 


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532  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Comme  il  quittait  la  frontière  vellave,  il  vit  arriver  une  troupe  de  gen- 
tilshommes en  armes,  fort  bien  montés,  qui  lui  offrirent  de  protéger  son 
voyage  jusqu'à  Tournon.  Ils  lui  firent  un  tableau  très-chargé  de  l'état  du 
pays,  du  danger  d'être  enlevé  &  retenu  en  otage,  &  de  tous  les  maux  que  l'on 
pouvait  craindre  parmi  des  montagnards  soulevés.  D'Aguesseau  répondit  qu'il 
ne  craignait  rien  ni  pour  lui,  ni  pour  sa  famille,  que  ce  n'était  pas  à  lui 
qu'en  voulaient  les  religionnaires  &  qu'il  ne  comptait  pas  donner  de  l'impor- 
tance à  une  petite  troupe  de  mutins  en  déployant  un  appareil  militaire,  que 
le  meilleur  service  que  pussent  lui  rendre  des  gentilshommes  dévoués  au  roi 
était  de  rentrer  dans  leurs  terres  8c  d'y  maintenir  les  esprits  en  paix. 

Il  arriva  à  Tournon  sans  encombre  &  trouva  la  ville  fort  inquiète.  On  ne 
parlait  que  de  garde  aux  portes  8c  de  sentinelles  pour  prévenir  les  surprises. 
L'intendant  prohiba  ces  démonstrations  &c  ne  se  départit  point  de  sa  tran- 
quillité, malgré  les  objurgations  quotidiennes  d'un  trésorier  de  France, 
compagnon  ordinaire  de  ses  voyages,  8c  ancien  officier  de  la  reine  Christine 
de  Suède,  qui  se  mourait  de  peur  8c  l'accusait  d'indolence  ou  de  témérité. 
D'Aguesseau  redoutant  que  son  effroi  ne  devînt  contagieux,  fut  trop  heu- 
reux de  le  voir  s'embarquer  sur  le  Rhône  pour  regagner  Montpellier.  A  quel- 
ques lieues  au-dessous  de  Tournon,  le  prudent  trésorier  essuya  le  feu  de  deux 
troupes  qui  occupaient  les  berges  opposées  du  fleuve}  mais  il  en  fut  quitte 
pour  le  bruit. 

La  grande  préoccupation  de  l'intendant  était  d'apaiser  l'émotion  sans  avoir 
recours  aux  armes.  Il  comprenait  combien  la  voix  de  la  poudre  serait  dan- 
gereuse dans  une  région  où  toutes  les  mémoires  étaient  peuplées  de  tradi- 
tions sanglantes,  8c  ne  négligeait  rien  pour  faciliter  l'apaisement.  Il  travaillait 
journellement  à  détacher  les  personnages  les  plus  influents  du  parti,  à  les 
détourner  des  voies  de  fait,  à  les  employer  comme  agents  de  conciliatiori , 
déclarant  à  sa  famille  qu'il  regarderait  comme  le  plus  grand  bonheur  de  sa 
vie  de  pouvoir  terminer  les  troubles  en  sollicitant  la  grâce  des  rebelles. 

Le  comte  du  Roure,  lieutenant  de  la  Province,  qui  vint  le  rejoindre  à 
Tournon,  entra  dans  les  mêmes  sentiments.  C'était  un  homme  doux  8c  lettré, 
qui  passait  sa  vie  à  relire  Horace  8c  Virgile.  Il  unit  ses  efforts  à  ceux  de  l'in- 
tendant, Se  grâce  à  la  médiation  des  protestants  du  bas  Languedoc,  moins 
exaltés  que  ceux  des  Cévennes,  on  réussit  à  faire  déposer  les  armes.  Le  culte 
public  cessa  dans  les  lieux  interdits.  Une  déclaration  fut  signée,  portant 
soumission  absolue  à  la  volonté  du  roi  8c  recours  à  sa  clémence. 

En  même  ten>p?,  d'Aguesseau  agissait  énergiquement  auprès  de  la  Cour 
pour  faire  prévaloir  les  voies  de  douceur  8c  sollicitait  une  amnistie  générale. 
Malheureusement  les  conseils  de  modération  n'étaient  guère  en  faveur  dans 
l'entourage  du  roi.  L'intendant  —  son  propre  fils  le  rapporte  —  redoutait 
plus  la  politique  emportée  des  courtisans  que  la  fureur  des  factieux'.  Tandis 

'  (Burres  d»  M.  U  chancelier  d'Aguesseau,  t.  |3.  Discours  sur  la  vit  &  la  mort  de  M.  d'Aguesseau, 
p.  46. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  533 

qu'il  continuait  ses  instances  pour  ramener  le  ministère  à  ses  vues  8t  pour 
retarder  l'entrée  des  troupes  dans  la  Province,  des  régiments  pénétrèrent  en 
Dauphiné,  Se  quelques  escadrons  de  dragons  ayant  rencontré  une  troupe  de 
rebelles  qui  allait  aux  assemblées  du  désert,  passèrent  deux  cents  hommes 
au  fil  de  l'épée,  après  une  vigoureuse  résistance. 

Dès  lors  fut  perdu  tout  le  fruit  des  peines  que  l'intendant  s'était  données 
pour  empêcher  une  collision.  Les  protestants  du  Vivarais,  qui  avaient  posé 
les  armes,  les  reprirent,  Se  il  ne  resta  plus  d'expédient  pour  empêcher  l'entrée 
des  troupes  en  Languedoc. 

L'amnistie  arriva  pourtant,  sauf  pour  un  petit  nombre  d'agitateurs. 
D'Aguesseau  ne  perdit  pas  un  instant  pour  la  faire  publier,  en  y  ajoutant 
quelques  adoucissements  dont  il  espérait  obtenir  la  ratification. 

Les  bandes  qui  s'étaient  mises  sur  pied  étaient  à  peu  près  exclusivement 
composées  de  paysans  que  la  misère  contribuait  à  jeter  dans  les  entreprises 
les  plus  hasardeuses.  Les  habitants  des  villes  ne  faisaient  aucun  mouvement, 
obéissaient  à  toutes  les  ordonnances  S*,  donnaient  des  marques  de  consterna- 
tion. Les  rapports  faits  à  l'intendant  St  au  commandant  en  chef  accusaient  seu- 
lement les  réformés  de  Nimes  8<.  de  Saint-Hippolyte  d'entretenir  la  révolte  par 
des  messages  secrets  j  on  parlait  aussi  de  sommes  importantes  qui  auraient  été 
envoyées  de  Lyon  aux  montagnards  du  Vivarais.  Plusieurs  gentilshommes 
conseillèrent  la  modération  8c  décidèrent  certaines  bandes  à  se  dissoudre;  ce 
fut  sur  les  exhortations  du  marquis  de  la  Tourrette,  dont  les  terres  avaient 
fourni  l'effectif  de  vingt  compagnies,  que  les  officiers  qui  les  commandaient 
se  résignèrent  à  rentrer  chez  eux. 

Les  députés  que  reçut  d'Aguesseau,  appuyèrent  vivement  sur  la  fidélité 
qu'ils  ne  cessaient  de  garder  au  roi  '.  Ils  se  disaient  prêts  à  verser  leur  sang 
pour  son  service.  S'ils  avaient  eu  le  malheur  de  lui  déplaire  dans  l'exercice 
de  leur  religion,  cela  ne  s'était  fait  que  par  un  motif  de  conscience;  quant 
aux  armes,  ils  n'avaient  eu  d'autre  dessein  en  les  prenant  que  de  se  protéger 
contre  les  menaces  des  garnisons  soudoyées  par  les  seigneurs  catholiques.  Ils 
demandaient  pardon  au  roi  d'avoir  contrevenu  à  ses  'ordres,  St.  leur  prière 
d'amnistie  générale  se  fondait  sur  l'innocence  de  leurs  intentions. 

D'Aguesseau,  en  sollicitant  un  pardon  presque  universel,  d'où  il  n'exceptait 
que  quelques  ministres  ou  chefs  influents,  avait  compté  &  pris  même  l'engage- 
ment, au  nom  des  insurgés,  que  toutes  les  assemblées  prendraient  fin,  8c  que 
l'on  mettrait  bas  les  armes  huit  jours  après  la  publication  de  l'amnistie.  Les 
réserves  furent  beaucoup  plus  graves  qu'il  ne  l'espérait;  tous  les  ministres 
qui  avaient  prêché  dans  les  lieux  défendus  Se  environ  cinquante  autres  per- 
sonnages très-compromis  restèrent  exposés  aux  rigueurs  de  la  répression  , 
tandis  que  la  démolition  des  temples  de  Chalencon,  de  Saint-Fortunat  8c  du 
Pousin  était  ordonnée,  avec  défense  de  faire  en  ces  endroits  aucun  exercice 
de  religion  sous  peine  de  mort. 

'  Lettre  de  M.  d'Aguesseau  au  duc  de  Noailles,  du  3i  août  |683.  Mémoires,  p.  2^5. 


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534  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

De  pareilles  aggravations  réduisaient  singulièrement  la  portée  de  l'am- 
nistie. Les  ministres  en  prirent  texte  pour  prêcher  dans  les  campagnes  que 
le  prétendu  pardon  du  roi  n'était  qu'un  piège,  &  que  les  ennemis  de  la 
réforme  poursuivaient,  sans  se  laisser  dévier,  leur  campagne  de  destruction. 
Une  lettre  du  ministre  Homel  fut  interceptée  j  elle  était  écrite  au  nom  des 
protestants  de  Chalencon,  annonçait  le  désir  de  tenir  ferme  Si  demandait 
assistance. 

Averti  de  la  découverte  de  sa  dépêche,  Homel  accepta  noblement  la  res- 
ponsabilité de  la  fausse  démarche  dont  il  avait  pris  l'initiative.  «  S'il  ne  faut 
«  d'autre  victime  que  moi  pour  donner  la  paix  à  nos  églises,  mandait-il  quel- 
«  ques  jours  après,  je  consens  qu'on  me  livre.  Vous  savez  que  j'ai  toujours 
«  donné  la  main  à  tout  ce  qui  regarde  l'autorité  du  roi,  je  seroi  toujours 
«  dans  les  mêmes  dispositions'.  » 

Malgré  l'amnistie,  plusieurs  attroupements  d'insurgés  étaient  demeurés  en 
armes.  L'intendant  ne  désespérait  pas  de  les  réduire  par  la  persuasion  8c  lut- 
tait de  tous  ses  moyens  contre  l'impatience  des  chefs  militaires  que  l'amour 
du  métier  &  le  désir  d'avancement  poussaient  à  prendre  l'offensive.  Ces  tem- 
porisations déplurent  à  la  Cour,  où  dominait  l'esprit  de  violence,  &  le  secré- 
taire d'État  de  la  guerre,  Louvois,  les  reprocha  en  termes  assez  durs  à 
d'Aguesseau  &  donna  des  ordres  d'action  immédiate^. 

Néanmoins,  l'intendant  garda  la  conviction  qu'il  eût  peut-être  réussi  à  pré- 
venir les  événements  tragiques,  s'il  avait  eu  affaire  au  seul  comte  de  Tessé, 
plus  tard  maréchal  de  France,  qui  commandait  alors  les  dragons.  Mais  le 
marquis  de  Saint-Rhue,  homme  de  guerre  sans  entrailles,  regardant  l'expé- 
dition comme  une  partie  de  chasse  qui  devait  le  délasser  des  ennuis  de  la 
paix, —  ce  sont  les  propres  paroles  du  chancelier  d'Aguesseau,  —  ne  cessait 
de  s'irriter  des  lenteurs  administratives.  Il  ne  pouvait  supporter  d'avoir  fait 
un  voyage  inutile  en  Languedoc  8t  s'autorisait  de  l'exemple  du  Dauphiné 
pour  agir  sans  ménagement. 

Le  duc  de  Noailles  était  à  la  Cour  pendant  cette  première  phase  des  évé- 
nements de  Vivarais  dont  il  suivait  anxieusement  la  marche,  &  entretenait 
une  correspondance  suivie  avec  d'Aguesseau.  Il  descendait  en  Languedoc  par 
la  vallée  du  Rhône  pour  faire  l'ouverture  des  États  lorsqu'il  apprit  à  Tournon 
qu'une  nouvelle  prise  d'armes  venait  d'avoir  lieu. 

On  était  au  24  septembre.  Sans  perdre  de  temps,  Noailles,  résolu  à  prendre 
en  personne  le  commandement  des  troupes,  dépêche  deux  gentilshommes  cal- 
vinistes aux  insurgés,  avec  mandat  de  les  avertir  qu'il  leur  donnait  jusqu'au 
lendemain  pour  profiter  de  la  clémence  royale.  Les  insurgés  ne  firent  point 
de  réponse.  Le  lendemain,  le  commandant  en  chef  &  l'intendant  se  rendent 

■  Lettre  du  5  septembre  i683,  à  M.  de  Verclose.  peuples  n'étant  bonnes  que  pour  les  rendre  plus 

'  CI  L'on    ne    peut    rien    faire    de    plus    préjiidi-  insolents'.   » 
ciable  que   tout  ce  que  vous  avez   exigé  de   M.  de 

Saint-Rhue,  depuis  qu'il  a  passé  le  Rhône,  toutes  .   Lettre   de    Louvois   à   d'Aguesseau.  Camille    Roussel, 

négociations   de    la    part    du   souverain   avec    des  Histoire  de  Louvois. 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  535 

ensemble  au  camp  de  l'armée  royale,  entre  Charmes  Se  Beauchastel  sur  le 
Rhône.  Trois  régiments  de  dragons  y  étaient  rassemblés,  ainsi  que  trois 
bataillons  d'infanterie,  sous  les  ordres  de  Saint-Rhue. 

On  voyait  sur  les  hauteurs  voisines  les  compagnies  protestantes  s'exercer 
journellement  à  la  manœuvre;  leurs  tirailleurs  s  aventuraient  à  proximité  du 
camp  St  y  tuaient  même  quelques  dragons.  Saint-Rhue  maudissait  l'ordre  qui 
lui  interdisait  de  faire  un  mouvement  offensif  avant  l'expiration  du  délai  de 
huit  jours  porté  par  l'amnistie. 

Noailles  monta  à  cheval  pour  reconnaître  les  passages  des  montagnes; 
quand  il  eut  vu  par  lui-même  les  dispositions  agressives  des  insurgés,  il 
n'hésita  plus  Se  prescrivit  l'attaque  pour  le  lendemain,  27  septembre. 

Après  quelques  heures  de  marche,  on  rencontra  cinq  ou  six  cents  hommes 
dans  un  poste  avantageux  au-dessus  de  Pierregourde;  quelques  dragons 
mirent  pied  k  terre  8c  commencèrent  d'escarmoucher,  tandis  que  l'infanterie 
se  déployait  pour  envelopper  l'ennemi.  Il  y  eut  un  moment  de  mêlée  assez 
vive;  mais  les  insurgés,  débandés,  n  eurent  bientôt  d'autre  ressource  que  de 
se  sauver  à  travers  les  bois  dont  on  n'avait  pas  réussi  à  fermer  tous  les  pas- 
sages. Les  dragons  se  jetèrent  à  la  poursuite  des  fuyards  &  en  massacrèrent 
un  grand  nombre.  On  avait  fait  une  douzaine  de  prisonniers  qui  furent 
immédiatement  condamnés  à  mort,  8t  l'on  contraignit  un  de  leurs  camarades 
à  les  pendre. 

D'Aguesseau,  témoin  oculaire,  vit  dans  ce  rapide  engagement,  dont  le 
marquis  de  Saint-Rhue  avait  le  regret  de  ne  pouvoir  s'attribuer  l'honneur, 
plutôt  une  déroute  St  une  boucherie  qu'un  véritable  combat.  Comme  l'inten- 
dant n'avait  point  dissimulé  aux  chefs  des  troupes  royales  les  sentiments  de 
douleur  que  lui  inspirait  ce  réveil  de  guerre  civile,  les  officiers  ne  lui  épar- 
gnèrent point  d'abord  les  plaisanteries  sur  la  tendresse  de  son  cœur;  mais 
quand  ils  le  virent,  pendant  le  feu,  les  suivre  partout  sur  le  terrain  de  l'ac- 
tion Se  donner  des  preuves  d'un  courage  calme  Se  d'une  parfaite  présence 
d'esprit,  ils  furent  contraints  de  reconnaître  que  son  humanité  n'avait  rien 
de  commun  avec  la  faiblesse. 

On  arriva  le  soir  à  Chalencon,  8c  l'on  s'empressa  d'en  occuper  le  château. 
Les  fuyards  s'étaient  jetés  dans  la  ville  d'oîi  s'élevait  le  bruit  d'un  effroyable 
tumulte;  ils  se  dérobèrent  pendant  la  nuit  à  la  faveur  des  précipices.  Le  len- 
demain, on  démolit  le  temple,  pendant  que  la  colonne  poursuivait  sa  marche 
sur  Saint-Fortunat.  Rien  de  ce  que  l'on  rencontrait  sur  !a  route  n'obtenait 
quartier.  Cette  seconde  journée,  où  l'on  ne  se  battit  point,  causa  aux  insurgés 
autant  de  pertes  que  la  première.  Les  vaincus,  entièrement  dominés  par 
l'exaltation  religieuse,  étonnèrent  le  commandant  en  chef  du  spectacle  de 
leur  constance. 

«  Ces  misérables,  dit-il,  alloient  au  gibet  avec  une  ferme  assurance  de 
«  mourir  martyrs  Se  ne  demandoient  d'autre  grâce  sinon  qu'on  les  fît  mourir 
«  promptement.  Ils  demandoient  pardon  aux  soldats,  mais  il  n'y  en  eut  pas 
«  un  seul  qui  voulût  demander  partlon  au  roi.  » 


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536  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

Noailles  renvoya  les  prisonniers  qu'on  lui  amenait,  les  chargeant  de  dire 
aux  rebelles  que  le  roi  leur  faisait  grâce  à  condition  de  poser  les  armes  &  de 
reprendre  leur  travail  ordinaire.  Le  temple  de  Vernoux  ifut  démoli. 

Le  I"  octobre,  Louvois  adressa  au  commandant  en  chef  des  instructions 
détaillées  sur  la  conduite  à  tenir  à  l'égard  des  insurgés  de  Languedoc.  Le 
ministre  blâmait  Saint-Rhue  d'avoir  accédé  pendant  plusieurs  jours  aux  con- 
seils de  temporisation  de  l'intendant,  l'amnistie  n'étant  pas  valable  pour  les 
peuples  de  Vivarais. 

Il  ajoutait  :  «  Sa  Majesté  désire  que  vous  ordonniez  à  M.  de  Saint-Rhue 
«  d'établir  des  troupes  dans  les  lieux  que  vous  jugerez  à  propos,  de  faire 
«  subsister  lesdites  troupes  aux  dépens  du  pays;  de  se  saisir  des  coupables  8t 
«  de  les  remettre  entre  les  mains  de  M.  d'Aguesseau  pour  leur  faire  leur 
«  procès;  de  raser  les  maisons  de  ceux  qui  ont  été  tués  les  armes  à  la  main 
«  &  de  ceux  qui  ne  reviendront  pas  chez  eux  après  qu'il  aura  été  publié  une 
«  ordonnance;  que  vous  lui  donniez  ordre  de  faire  raser  les  dix  principaux 
»  temples  du  Vivarais  &,  en  un  mot,  de  causer  une  telle  désolation  dans 
«  ledit  pays,  que  l'exemple  qui  s'y  fera  contienne  les  autres  religionnaires  St 
«  leur  apprenne  combien  il  est  dangereux  de  se  soulever  contre  son  roi.  » 

L'amnistie  devait  avoir  lieu  dans  les  Cévennes  potKVU  qu'on  exécutât  les 
édits;  &  le  port  d'armes  était  également  défendu  aux  deux  partis,  sous  peine 
•de  fortes  amendes.  Noailles  ajouta  de  son  chef  que  la  découverte  d'armes  chez 
les  particuliers  entraînerait  condamnation  aux  galères,  avec  amende  de  cent 
écus,  dont  cinquante  seraient  donnés  en  prime  au  dénonciateur.  Celui  qui 
pourrait  être  convaincu  de  n'avoir  pas  dénoncé  l'existence  d'armes  cachées 
encourrait  la  même  peine  que  le  propriétaire. 

Six  ou  sept  cents  insurgés  en  armes  s'étaient  cantonnés  dans  les  montagnes 
de  Saint-Hippolyte.  D'Aguesseau  réussit  à  obtenir  de  la  déférence  du  com- 
mandant en  chef  qu'on  ne  marcherait  pas  contre  eux  avant  d'avoir  tenté  des 
négociations.  Ces  négociations  réussirent. 

Le  pays  n'en  fut  pas  cependant  à  l'abri  des  violences  de  l'armée  d'occupa- 
tion. La  discipline  des  troupes  royales,  une  fois  en  campagne,  était  encore 
très-imparfaite,  5c  bien  qu'aucun  acte  d'hostilité  ne  fût  ordonné  ni  même 
toléré,  les  populations  eurent  beaucoup  à  souffrir.  Dans  toutes  les  plaintes  qui 
se  produisaient,  8<.  dont  il  était,  par  sa  charge,  le  dépositaire  naturel,  l'inten- 
dant trouvait  la  justification  du  peu  d'empressement  qu'il  avait  témoigné  pour 
la  venue  des  gens  de  guerre.  Il  est  beaucoup  plus  aisé,  pensait-il,  de  ne  les 
point  appeler  à  son  secours,  que  de  les  contenir  lorsqu'on  les  y  a  une  fois 
appelés  '. 

Après  le  combat,  commença  l'œuvre  judiciaire.  Elle  se  fit  sous  la  direction 
de  l'intendant,  assisté  des  officiers  du  présidial. 

Une  députation  de   l'assemblée  protestante  d'Anduze  présenta  requête  à 

'  <B.uvres  de  M.  U  chancelier  d'Aguesseau,  «.  i3.  Discours  sur  la  vie  &  la  mort  de  M.  d'Aguesseau, 
p.  48. 


LIV.   II.   ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  53] 

Noailles,  sollicitant  de  la  bonté  &  de  la  justice  du  roi  une  amnistie  générale, 
8c  le  rétablissement  de  l'exercice  du  culte  réformé  à  Saint-Hippolyte,  où 
quatre  mille  personnes  le  réclamaient.  Ces  malheureux  étaient  singulièrement 
arriérés  :  ils  s'autorisaient  encore  de  l'édit  de  Nantes,  dont  ils  demandaient 
l'exécution. 

Le  duc  n'en  croyait  pas  ses  oreilles  :  invoquer  l'édit  de  Nantes  au  mois  d'oc- 
tobre i683,  c'était  le  comble  de  l'anachronisme^  l'acte  conciliateur  d'Henri  IV 
avait  bien  figuré  à  tout  propos  dans  les  affaires  de  religion  depuis  la  majorité 
de  Louis  XIV,  mais  c'était  uniquement  pour  en  poursuivre  les  infractions  de 
la  part  des  réformés  &  y  chercher  prétexte  à  rigueurs  nouvelles.  Ce  lent  tra- 
vail accompli,  l'on  n'avait  plus  rien  à  tirer  de  l'édit  de  i5g8. 

Le  commandant  en  chef  fut,  comme  il  l'avoue  lui-même  dans  une  de  ses 
lettres,  tellement  «  surpris  de  la  hardiesse  ou  plutôt  de  l'extravagance  de  ces 
«  pauvres  misérables  »  qu'il  se  demanda  s'il  ne  devait  pas  les  traiter  en  fous. 
Il  prit  pourtant  le  parti  de  les  envoyer  tous  prisonniers  dans  la  citadelle  du 
Saint-Esprit,  mais  en  leur  disant  que  s'il  connaissait  «  des  petites  maisons  en 
«  Languedoc,  »  il  ne  les  expédierait  pas  dans  une  forteresse. 

Voilà  donc  à  quel  point  les  esprits  en  étaient  venus  au  sujet  de  cette  liberté 
de  conscience  établie  après  tant  de  luttes  &c  au  prix  de  tant  de  sang.  Un  duc 
Se  pair  regardait  comme  des  insensés  les  gens  qui  avaient  encore  des  illusions 
sur  la  valeur  légale  d'un  édit  perpétuel  non  abrogé,  considéré  par  l'Europe 
entière  comme  le  fondement  de  l'état  des  protestants  de  France. 

La  passion  religieuse  était  d'ailleurs  tout  à  fait  étrangère  à  ces  sentiments 
qui  procédaient  d'une  adoration  démesurée  de  la  puissance  royale. 

Noailles  s'est  vivement  défendu,  dans  sa  correspondance,  d'avoir  «  agi  par 
«  haine  contre  les  huguenots.  »  Il  déclarait  ne  haïr  que  leur  rébellion,  &  se 
disait  prêt  à  prendre  en  horreur,  en  pareil  cas,  les  plus  zélés  catholiques. 
Aussi,  tout  en  demandant  la  démolition  de  quelques  temples  comme  châti- 
ment des  insurgés  Si  la  punition  des  ministres  séditieux,  recommandait-il 
aux  bonnes  grâces  de  la  Cour  les  ministres  qui  lui  paraissaient  les  mériter; 
il  sollicita  la  conservation  du  temple  du  Pousin,  parce  qu'aucun  désordre  ne 
s'était  produit  dans  cette  bourgade.  On  devait  montrer  au  pays  que  le  roi 
n'en  voulait  qu'aux  séditieux  8c  aux  rebelles. 

L'affaire  de  Saint-Hippolyte,  qui  fut  le  dernier  de  ces  mouvements  avant- 
coureurs  de  la  terrible  guerre  des  Cévennes,  donna  lieu  à  quelques  épisodes 
notables.  Une  lettre  surprise  par  les  dragons  du  comte  de  Tessé  mention- 
nait des  réjouissances  faites  dans  la  ville  à  l'occasion  d'une  prétendue  défaite 
essuyée  par  Saint-Rhue,  où  Noailles  lui-même  aurait  été  blessé.  On  y  vantait 
la  régularité  des  exercices  militaires,  la  vaillance  de  «  l'illustre  capitaine  » 
Nouguier,  la  bonne  volonté  des  soldats  tous  «  braves,  lestes  8c  bien  armés.  » 
On  y  annonçait  la  résolution  d'attendre  de  pied  ferme  quatre  mille  hommes 
de  troupes  royales.  «  Nous  voulons  même,  poursuivait  le  correspondant,  leur 
«  faire  l'honneur  d'aller  au-devant  d'eux,  s'il  plaît  à  l'Éternel,  avec  une 
«  entière  confiance  que,  faisant  la  guerre  pour  sa  gloire,  nos  ennemis  dispa- 


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:.38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

«  roîtront  devant  nous  comme  la  fumée  se  perd  en  l'air  par  l'agitation  des 
«  vents.  Gloire  à  l'Éternel  !  » 

Tessé  eut  ordre  de  faire  marcher  ses  dragons  le  lendemain,  &  l'on  écrivit 
au  juge  du  lieu  qu'à  moins  de  soumission  immédiate,  les  maisons  seraient 
rasées,  les  biens  confisqués  &  les  personnes  punies  du  dernier  supplice. 

Le  chef  des  compagnies  protestantes  fit  dire  à  Tessé  qu'on  savait  trop  bien 
la  guerre  pour  rester  dans  Saint-Hippolyte,  qu'on  allait  prendre  le  chemin  de 
la  montagne,  qu'on  espérait  l'y  voir  Se  qu'on  serait  prêt  à  lui  faire  accueil. 
Ces  menaces  étaient  tort  aventurées,  car,  à  la  seule  vue  des  grenadiers,  les 
insurgés  prirent  la  fuite  sans  que  l'on  eût  échangé  plus  de  cinq  ou  six  coups 
de  fusil. 

La  soumission  de  Saint-Hippolyte  fut  acceptée;  on  rasa  deux  maisons, 
l'une  employée  au  culte,  l'autre  appartenant  à  quelque  chef,  &  l'on  démolit 
six  nouveaux  temples  en  Vivarais. 

Cet  ébranlement  des  instincts  belliqueux  dans  un  pays  tel  que  le  Vivarais 
produisit  beaucoup  de  désordres  partiels.  Les  meurtres,  les  actes  de  brigan- 
dage devinrent  fréquents;  plusieurs  châteaux  servirent  de  retraite  aux  coupa- 
bles. Il  fallut  déclarer  par  arrêt  du  conseil  que  tout  gentilhomme  convaincu 
d'avoir  donné  asile  aux  scélérats  ou  d'en  avoir  empêché  la  recherche,  serait 
privé  de  tous  ses  droits  de  justice,  &  que,  s'il  n'était  pas  justicier,  on  raserait 
sa  maison. 

On  s'occupa  aussi  d'établir  en  lyanguedoc  des  prévôts  chargés  de  veiller  à 
la  sécurité  des  grands  chemins,  avec  pouvoir  de  saisir  les  coupables  8c  de  les 
juger  en  dernier  ressort. 

Le  désarmement  des  protestants  de  Nimes  s'opéra  sans  résistance;  on  re- 
cueillit douze  cents  mousquets  ou  fusils,  cinq  cents  piques  ou  hallebardes  Se 
un  grand  nombre  de  pistolets  6<.  d'épées  qui  furent  déposés  dans  la  citadelle 
de  Montpellier. 

Le  procès  fait  aux  ministres  amena  quelques  abjurations.  Parmi  les  captifs 
se  trouvait  un  illuminé,  du  nom  de  Payrols,  qui  prétendait  «  agir  par  le 
«  mouvement  de  l'esprit  de  Dieu  »  Se  recevoir  directement  l'inspiration 
divine.  Il  était  de  ceux  qu'on  nommait  «  les  saints  »  &  fut  condamné  à  la 
réclusion. 

Le  ministre  Homel,  pris  les  armes  à  la  main  8c  considéré  comme  l'un  des 
instigateurs  du  mouvement,  ne  put  échapper  à  la  peine  capitale;  il  expira 
sur  la  roue;  on  exposa  sa  tête  à  Chalencon  8c  son  corps  à  Beauchastel  où  les 
séditieux  avaient  occupé  les  passages  du  Rhône.  Un  second  ministre,  arrêté 
aussi,  abjura  le  protestantisme  dans  sa  prison  Se  obtint  sa  grâce  par  l'inter- 
vention de  l'intendant.  Quant  aux  autres  membres  du  clergé  réformé  que 
l'on  accusait  d'avoir  eu  grande  part  à  la  révolte,  ils  réussirent  à  tromper 
les  poursuites,  8c  d'Aguesseau  s'estima  heureux  de  n'avoir  à  les  juger  que  par 
contumace. 

La  session  des  États  interrompit  le  cours  de  ces  procédures.  Ce  fut  dans 
une  cellule  du  couvent  des  carmes  de  Tournon  que   l'intendant  improvisa, 


■  683 


LIV.   II.  ADMINISTRATION  DE  COLBERT.  539 

un  matin,  entre  sept  heures  8c  midi,  sa  harangue  de  commissaire  du  roi,  qui 
passa  pour  une  des  plus  parfaites'. 

Après  les  procédures  contre  les  insurgés,  il  en  fallut  commencer  d'autres 
contre  les  soldats,  car  les  réclamations  affluaient  de  toutes  parts  Si  la  licence 
des  troupes,  favorisée  quelquefois  par  l'imprudence  des  habitants,  créait  mille 
sujets  de  tourment. 

Un  événement  grave  marqua  l'automne  de  cette  année.  Colbert  mourut  le 
6  septembre.  Cette  perte  livrait  la  France  à  l'humeur  despotique  de  Louvois. 

Dès  ce  moment,  l'intendant  de  Languedoc  put  mesurer  l'étendue  des  con- 
séquences qu'une  politique  de  compression  militaire  devait  amener  pour  la 
Province.  Deux  ans  avant,  le  parti  des  catholiques  exaltés,  rêvant  la  destruc- 
tion du  protestantisme,  comptait  déjà  sur  Louvois  Su  opposait  son  ardeur 
orthodoxe  à  l'indifférence  de  Colbert*. 

Aussi  d'Aguesseau  n'eut-il  plus  dès  lors  d'autre  préoccupation  qvie  de  quitter  ,^3^ 
un  pavs  où  sa  volonté  se  trouvait  impuissante  à  prévenir  d'épouvantables 
malheurs.  Aussi,  lui  qu'on  avait  à  peine  vu  s'absenter  deux  fois,  pendant  le 
cours  de  son  intendance,  pour  passer  quelques  jours  à  Paris,  ne  cessa  plus  de 
solliciter  son  rappel.  Le  successeur  de  Colbert,  Le  Pelletier,  le  fit  nommer 
conseiller  d'Etat,  avec  l'assistance  du  chancelier  de  France  Le  Tellier.  Dans 
la  lettre  de  remerciements  qu'il  écrivait  au  roi,  l'intendant  manifesta  d'une 
façon  indirecte  le  désir  qu'il  avait  de  retourner  à  Paris.  On  le  lui  laissa 
réitérer  pendant  deux  années  entières  sans  y  donner  suite.  L'état  de  santé  de 
sa  femme,  qui  ne  pouvait  supporter  le  climat  de  Languedoc  &  que  trois 
maladies  graves  avaient  failli  enlever,  les  soins  réclamés  par  l'éducation  de 
ses  enfants  lui  fournissaient  autant  de  motifs  honorables.  La  tournure  que 
prirent  subitement  les  affaires  de  la  religion  rendit  ses  instances  plus  pres- 
santes Se  en  assura  le  succès. 

Châteauneuf  n'était  plus  seul  chargé  des  questions  religieuses.  Louvois  y 
intervenait  directement  8c  y  apportait  ses  principes  d'autorité. 

Les  premières  conversions  militaires  furent  opérées  dans  la  province  de 
Poitou.  L'intendant  qui  l'administrait,  Marillac,  était  un  homme  d'humeur 
facile,  d'esprit  cultivé,  dont  le  caractère  8c  les  habitudes  semblaient  peu  conci- 
liables  avec  une  mission  de  sang.  Mais  le  désir  de  faire  sa  cour&c  l'obéissance 

*  L'archevêque  de  Toulouse,  répondant  au  duc  tage  pour  l'Églite  ce  temps  bienheureux  dont  elle 

de  Noailles,  dans  la  séance  d'ouverture,  fit  ressor-  jouissoit    sous    le    règne    des    empereurs    les    plus 

tir  les  actes  du    roi  pour  l'avancement  de  la    foi  pieux  &  les  plus  chrétiens.  » 

catholique.   Il    n'est    point   de  monarchie,  dit-il,  "  Colbert,  qui  s'était   initié  à  la   politique  inté- 

oti   la    religion  «  règne   plus  glorieusement  qu'en  rieure  tous  la  direction   de  Mazarin,  connaissait 

ce  royaume  par  la    piété  de   nostre    incomparable  trop  bien   les  avantages  de  la  paix  &  de  la  bonne 

monarque...  »  ...  «  cette   sainte   application   avec  intelligence   entre   les   sujets  du    roi  pour  toucher 

laquelle  il  travaille  pour  bannir  l'impiété  de  la  aux  affaires  de  religion.  Accroître  la  prospérité  de 

France...  cette   puissante    protection    qu'il   donna  la  France  lui  paraissait  une  tâche  suffisante,  &  il 

aux  sacrez  ministres  des  autels  pour  la    réforma-  n'ambitionnait    pas    la    gloire  d'apôtre  &  de  des- 

tion  des  moeurs  &  pour  l'extirpation  de  l'hérésie...  tructeur  d'hérésies.  Le  chancelier  d'Aguesseau  ob- 

tant    de    temples   abattus   &    tant    de   conversions  serve  lui-même    que    la    mort    du    grand    ministre 

éclatantes...  » ...  «  il  a  fait  revivre  avec  plus  d'avan-  marque  la  date  des  premières  persécutions. 


— 540  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

aveugle  aux  ordres  du  ministre  l'emportèrent  sur  son  naturel.  Il  fit  déclaret 
publiquement  que  le  roi  ne  voulait  plus  souffrir  qu'une  seule  religion  dans 
ses  États  8c  mit  les  troupes  en  marche.  Aussitôt  les  abjurations  se  firent  en 
masse,  devançant  les  étapes  des  régiments. 

D'Aguesseau,  qui  était  lié  d'amitié  avec  l'intendant  de  Poitou,  ne  se  fit 
point  d'illusion  sur  la  portée  des  événements  qui  s'accomplissaient.  Il  prévit 
qu'une  intervention  aussi  brutale  aurait  pour  suite  nécessaire  l'émigration 
d'un  grand  nombre  de  protestants,  que  l'industrie  française  en  serait  singu- 
lièrement appauvrie,  que  les  Etats  voisins  s'enrichiraient  de  nos  pertes  & 
perfectionneraient  leurs  manufactures  au  détriment  des  nôtres,  que  nos  émi- 
grés apporteraient  des  semences  de  haine  chez  les  puissances  protestantes  8c 
les  fortifieraient  contre  nous.  Au  point  de  vue  chrétien,  il  n'était  pas  moins 
alarmé;  outre  que  l'action  du  glaive  en  matière  de  foi  alarmait  sa  conscience, 
il  devinait  ce  qu'il  y  avait  d'imaginaire  &  de  faux  dans  ces  conversions  d'of- 
fice 81  s'épouvantait  de  voir  le  gouvernement  préparer  pour  l'avenir,  par  une 
politique  à  contre-sens,  des  générations  entièrement  dépourvues  de  sentiments 
religieux,  étrangères  à  toute  espèce  de  culte.  Se  d'autant  plus  susceptibles  de 
céder  aux  entraînements  de  leurs  passions. 

Attristé  jusqu'au  fond  de  l'âme  par  la  prévision  des  malheurs  qui  allaient 
fondre  sur  la  Province,  il  ne  voulut  pas  être  l'instrument  d'une  œuvre  d'ini- 
quité; 8<.,  tout  en  prétextant  l'état  de  sa  santé  qui  était  en  effet  très-altérée, 
il  sollicita  son  rappel  avec  un  redoublement  d'énergie,  sans  se  mettre  en  peine 
de  laisser  paraître  la  raison  véritable  qui  allait  lui  rendre  le  séjour  de  Lan- 
guedoc odieux. 

Cette  fois  on  ne  lui  résista  plus.  Peut-être  même  eût-on  prévenu  son  ini- 
tiative. Il  n'était  pas  l'homme  qu'il  fallait  pour  servir  de  complice  Se  de  guide 

aux  exécuteurs  militaires. 

i685  Au  mois  d'août  i685,  le  roi  lui  fit  écrire  qu'il  cédait  à  ses  prières  réitérées 

8c  qu'il  lui  accordait  la  permission  de  venir  le  servir  dans  son  conseil.  Il 
l'obligeait  seulement  à  garder  son  poste  jusqu'à  l'arrivée  de  son  successeur, 
pour  le  mettre  au  courant  des  affaires  de  Languedoc. 

L'affliction  fut  générale  dans  la  Province  quand  on  y  apprit  la  retraite 
d'un  intendant  qui  devait  emporter  avec  lui  ses  maximes  d'administration. 
Le  nom  de  Lamoignon  de  Bâville,  que  l'on  savait  devoir  lui  succéder,  était 
connu  pour  celui  d'un  homme  de  mérite,  mais  aussi  d'un  magistrat  rigou- 
reux, 8c  le  bruit  qu'il  venait  de  faire  en  Poitou  par  ses  conversions  laissait 
pressentir  ce  qu'il  ménageait  au  Languedoc. 

Déjà  les  troupes  entraient  par  colonnes  dans  le  haut  pays,  8c  cette  avant- 
garde,  présage  d'un  nouveau  régime,  augmentait  les  regrets  8c  les  alarmes. 

Bâville  arriva  au  mois  de  septembre  à  Montpellier,  précédé,  accompagné 
de  fusiliers  8c  de  dragons,  comme  s'il  fût  venu  faire  la  conquête  de  la  Pro- 
vince'. D'Aguesseau,  navré  de  tout  cet  appareil,  abrégea  du  mieux  qu'il  pût 

'  Discours  sur  la  vie  &  la  mort  de  M.  d'Aguesseau,  p.  04. 


LIV.  II.   ADiMINISTRATION  DE  COLBERT.  541 

tes  conférences.  Il  avait  la  poitrine  très-délicate  &  souffrait  d'un  rhume  qui 
ne  lui  laissait  qu'un  filet  de  voix  :  Bâville  était  déjà  très-sourd.  Ce  fut  le 
jeune  d'Aguesseau,  le  futur  chancelier  de  France,  qui  servit  d'interprète  à 
son  père. 

Celui-ci  avait  hâte  de  partir,  une  fois  ses  pouvoirs  remis;  mais  l'état  de 
convalescence  de  sa  femme  qui  sortait  d'une  grave  maladie,  le  retint  encore 
quelques  jours.  Il  eut  le  temps  de  voir  la  ville  de  Montpellier  inondée  de 
dragons. 

La  famille  d'Aguesseau  partit  vers  le  milieu  du  mois  d'octobre,  la  femme 
de  l'intendant,  malgré  son  extrême  faiblesse,  ayant  pris  sur  elle  de  hasarder 
le  voyage  pour  se  dérober  aux  impressions  de  douleur  qui  l'assaillaient  autant 
que  son  mari.  Nombre  de  gens  de  bien,  appartenant  aux  deux  religions,  les 
accompagnèrent  de  leurs  regrets.  En  passant  à  Nimes,  les  voyageurs  appri- 
rent qu'en  trois  jours  il  s'y  était  fait  soixante  mille  catholiques.  On  enten- 
dait raconter  des  faits  analogues  sur  toute  la  route.  D'Aguesseau  ne  pouvait 
regarder  sans  serrement  de  cœur  ce  pays  où  il  avait  exercé  l'autorité  pendant 
douze  ans,  dans  des  principes  si  opposés.  Quand  sa  litière  8c  les  carrosses  qui 
la  suivaient  eurent  traversé  le  Rhône  au  pont  Saint-Esprit,  pour  entrer  en 
Dauphiné,  il  éprouva  une  sorte  de  soulagement  de  n'être  plus  en  terre  lan- 
guedocienne, témoin  impuissant  de  malheurs  qu'il  n'avait  pu  détourner. 

Comme  l'intendance  ne  possédait  pas  de  dépôt  d'archives,  d'Aguesseau 
emportait  avec  lui  toutes  les  minutes  de  sa  correspondance  administrative  Se 
les  nombreux  mémoires  qu'il  avait  dressés  sur  mille  sujets  de  finances,  d'in- 
dustrie, de  commerce  St  de  travaux  publics.  Ces  précieux  documents  périrent 
à  Paris,  en  1714,  dans  un  incendie,  du  vivant  même  de  l'ancien  intendant, 
par  la  faute  d'un  secrétaire  qui  avait  le  défaut  de  s'enivrer  &  que  l'on  retrouva 
carbonisé  au  milieu  des  cendres'. 

Pendant  son  séjour  en  Languedoc,  d'Aguesseau  avait  beaucoup  étudié  les 
questions  d'impôt,  comparant  le  système  local  des  tailles  réelles  à  celui  des 
tailles  personnelles  pratiqué  dans  les  autres  provinces  81  donnant  la  préfé- 
rence au  premier,  comme  plus  équitable,  moins  nuisible  aux  intérêts  de 
l'industrie  &c  de  l'agriculture,  6c  moins  lourd  en  frais  de  perceptions. 

Avec  un  esprit  généralisateur  tel  que  celui  de  l'intendant,  de  semblables 
observations  ne  pouvaient  demeurer  improductives;  aussi  l'ensemble  de  ces 
remarques  avait  tormé  la  matière  de  mémoires  étendus  soumis  à  Colbert,  Se 
le  point  de  départ  d'une  grande  enquête  prescrite  par  ce  ministre,  avec  le 
concours  des  intendants  de  Bordeaux,  de  Montauban,  de  Dauphiné  8c  de 
Provence,  qui  eurent  ordre  de  se  réunir  à  Montpellier  &c  d'y  préparer  un 
règlement  d'ensemble. 

D'Aguesseau  ayant  fait  tout  le  travail  qui  résulta  de  ces  conférences,  sa 
réputation  d'administrateur  s'en  accrut  sensiblement. 

En  1687  il  fut  envoyé  en  qualité  de  commissaire  du  roi  da-ns  les  généralités 

'  Discourj  sur  la  vie  8c  la  mort  de  M.  d'Aguesseau,  p.  pS. 


■  685 


i685 


542  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  Tours  8c  d'Orléans  pour  réformer  le  mode  de  perception  des  revenus  du 
domaine,  &  en  1687  il  alla  en  Bourbonnais,  en  Auvergne,  en  Dauphiné  8t 
en  Provence  recueillir  les  éléments  d'un  projet  relatif  à  la  gestion  des  cinq 
grosses  fermes. 

D'Aguesseau  devint  plus  tard  directeur  général  du  commerce  &  des  manu- 
factures de  France  avec  l'inspection  des  affaires  du  duc  du  Maine,  précédem- 
ment exercée  par  M.  de  Fieubet,  Se  mourut  en  17 16,  membre  du  conseil  des 
finances. 


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LIVRE   TROISIEME 


REVOCATION    DE    L'EDIT   DE    NANTES 


CHAPITRE  PREMIER 


Siiuation  des  protrstnnts.  —  Lois  restrictives  de  la  liberté  de  conscience,  —  Conversinns  p.Tr  logements 
inilii.iires.  —  Liimoig:ion  de  BàviUe.  —  Abjurations  générales  en  Languedoc.  —  Missions  Ai 
Noailles.  —  Édit  de  réTocation.  —  Édit  de  Postdam.  —  Etnigration  des  réformés  en  Allemagne, 
en  Suisse,  en  Hollande,  en  Angleterre.  —  Statue  équestre  de  Louis  XIV.  —  Affaire  des  Filles  du 
l'Enfance.  —  L'archevêque  Montpezat  de  Carbon  &  le  Saint-Siège.  —  Mort  du  premier  président 
Fieubet.  —  Révolution  municipale  à  Toulouse. 

PEU  d'actes  de  gouvernement  ont  donné  lieu  k  autant  de  controverses, 
de  commentaires  Se  de  jugements  passionnés  que  la  révocation  de 
Tédit  de  Nantes.  Au  milieu  de  ce  conflit  d'opinions  qui  se  sont  modi- 
fiées selon  les  temps  8t  selon  les  besoins  de  la  politique,  l'histoire  impartiale 
doit  garder  sa  liberté  d'appréciation  &  se  préserver  des  exagérations  de  parti. 
Nous  n'avons  pas  à  juger  ici  la  question  de  principe  ni  le  droit  d'inter- 
vention de  la  puissance  royale  dans  le  domaine  de  la  conscience}  mais  si  l'on 
examine  l'édit  d'octobre  au  point  de  vue  des  résultats,  si  l'on  recherche 
quelles  ont  été  les  suites  de  cette  mesure,  longuement  préparée,  que  les 
courtisans  de  Louis  XIV  exaltaient  comme  le  plus  grand  ouvrage  du  règnei 
l'incertitude  n'est  guère  permise  :  le  désespoir  jeté  dans  les  familles,  l'émigra- 
tion d'une  foule  d'hommes  intelligents  &  laborieux  qui  portèrent  à  l'étranger, 
avec  les  fruits  de  leur  industrie,  un  ressentiment  durable  contre  la  France, 
la  prise  donnée  aux  ennemis  extérieurs  sur  des  populations  mécontentes,  la 
nécessité  de  répressions  terribles  pour  assurer  le  respect  d'une  telle  loi,  le 
désordre  mis  dans  les  conditions  mêmes  de  la  vie  de  société,  par  suite  de  la 


iâ85 


■  685 


544  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

malheureuse  fiction  qui  fit  considérer  tous  les  réformés  demeures  en  France 
comme  des  nouveaux  catholiques,  &.  les  mariages  protestants  comme  des  unions 
illicites  sans  valeur  au  point  de  vue  de  l'hérédité  &.  de  l'état  civil  des  enfants; 
enfin,  les  révoltes  partielles  noyées  dans  le  sang,  les  échafauds,  les  gibets,  les 
galères  peuplées  de  prisonniers,  &  cette  lamentable  insurrection  des  Cévennes 
qui  inspira  tant  d'espérances  à  l'Europe  en  armes,  détourna  de  champs  de 
bataille  plus  glorieux  plusieurs  maréchaux  de  France,  &  ne  put  être  étouffée 
qu'au  prix  d'exécutions  sans  exemple  dans  les  guerres  des  peuples  civilisés  : 
le  seul  aperçu  de  tels  résultats  ne  permet  pas  seulement  le  doute  sur  le  carac- 
tère de  l'acte  public  qui  a  suffi  à  les  produire. 

Peu  importe  que  les  réformés,  traités  avec  tant  de  rigueur  par  Louis  XIV, 
se  fussent  montrés  intolérants  S<.  persécuteurs  à  leur  tour  pendant  les  guerres 
du  seizième  &  du  dix-septième  siècle  ;  qu'ils  eussent  abusé  de  la  puissance 
du  nombre  dans  la  plupart  des  lieux  où  ils  étaient  en  majorité,  St  qu'ils 
eussent  traité  les  églises  6c  le  personnel  de  la  religion  romaine  comme  leurs 
temples  &.  leurs  ministres  furent  traités.  La  vie  des  peuples  serait  un  éternel 
recommencement  de  barbaries,  si  la  loi  du  talion  devait  en  être  à  jamais  la 
règle.  D'ailleurs,  les  deux  partis  n'avaient  rien  à  se  reprocher.  Si  l'on  établis- 
sait l'inventaire  rigoureux  des  scènes  de  meurtre,  d'incendie  St  de  pillage  qui 
ont  marqué  la  triste  époque  des  guerres  de  religion,  les  comptes  se  trouveraient 
bientôt  en  balance.  Presque  tous  les  narrateurs,  sans  distinction  de  drapeau, 
ont  fait  ce  qu'ils  ont  pu  pour  dissimuler  cette  conclusion  amère;  par  des 
prétéritions  volontaires  ou  inconscientes,  ils  n'ont  regardé  les  morts  que  d'un 
côté  du  champ  de  bataille.  Ce  sont  là  procédés  d'apologistes.  Celui  dont  le 
seul  but  est  la  recherche  de  la  vérité,  dédaigne  ces  ménagements  qui  ne 
seraient  qu'une  prolongation  à  travers  l'histoire  des  injustices  de  la  vie,  & 
signale  le  bien  &  le  mal  où  il  les  rencontre,  sans  s'inquiéter  du  mot  d'ordre 
des  combattants. 

Il  ne  faudrait  pas  croire,  par  les  désastreuses  conséquences  de  l'acte  de 
i685,  que  l'édit  de  Nantes  fût  une  bonne  loi,  ni  un  règlement  définitif  des 
affaires  de  religion.  S'il  avait  été  un  bienfait  inappréciable  de  la  politique 
d'Henri  IV,  en  faisant  tomber  les  armes  des  mains  aux  deux  partis,  il 
conservait  le  défaut  grave  d'une  simple  trêve  de  belligérants  transformée 
en  statut  constitutionnel.  L'édit  de  Nantes  ne  consacrait  pas  la  liberté  de 
conscience  dans  cette  plénitude  féconde,  sans  laquelle  elle  n'est  ni  solide  ni 
durable.  Il  impliquait  une  multitude  de  restrictions  d'application  difficile  & 
une  délimitation  géographique,  source  de  querelles,  de  procès  &  d'arbitrages 
sans  fin. 

Les  articles  de  l'édit  étaient  immuables  :  la  vie  ne  l'est  pas;  les  hasards  des 
alliances  de  famille,  des  mutations  domaniales,  dérangeaient  à  tout  instant  le 
statu  quo  de  la  trêve,  rationnelle  au  moment  de  sa  promulgation,  souvent 
illogique  8c  embarrassante  après  une  centaine  d'années. 

Le  tort  du  gouvernement  de  Louis  XIV  fut  de  prendre  exactement  le 
contre-pied  des  réformes  que  nécessitaient  les  incessantes  métamorphoses  du 


LIV.   III   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  546 

temps.  L'édit  de  Nantes  se  révélait  insuffisant  par  la  multitude  des  conflits 
qui  en  naissaient  chaque  jour  6*.  qui  donnaient  lieu  à  d'interminables  procé- 
dures &  à  des  superpositions  d'arrêts,  au  milieu  desquels  les  gens  de  loi  ne 
parvenaient  plus  à  se  reconnaître. 

Le  dualisme  judiciaire  des  Chambres  mi -parties  entretenait  un  esprit 
d'antagonisme  &  d'animosité  nuisible  à  la  concorde  publique,  Sv  toutes  les 
mesures  adoptées  pour  régler  d'après  des  lois  de  proportion  la  place  due  aux 
représentants  des  deux  cultes  dans  les  municipalités  de  certaines  villes  sti- 
mulaient aussi,  par  une  perpétuelle  concurrence,  des  sentiments  de  rivalité 
que  le  devoir  de  l'autorité  royale  eût  été  d'assoupir.  Les  vrais  ministres  d'Etat 
ne  s'y  étaient  pas  trompés,  Si  l'on  se  rappelle  avec  quelle  instance  le  cardinal 
Mazarin  voulait  que  l'on  évitât  toute  espèce  d'aigreur  envers  Messieurs  de  la 
religion. 

l/e  solution  pratique  à  ces  innombrables  difficultés  eut  été  d'abolir  l'édit 
de  Nantes  comme  trop  restrictif,  d'en  effacer  les  distinctions  embarrassantes, 
81  d'y  substituer  la  liberté  de  conscience,  telle  qu'il  devait  être  donné  au 
roi  Louis  XVI  d'en  poser  les  premières  bases  en  reconnaissant  l'état  civil 
des  protestants.  Mettre  la  question  religieuse  en  dehors  de  la  politique  8c 
ne  pas  s'inquiéter  des  convictions  religieuses  pourvu  que  l'ordre  public  n'en 
fût  pas  troublé,  le  gouvernement  royal  n'avait  pas  d'autres  ressources  pour 
sortir  du  labyrinthe  à  peu  près  inextricable  où  l'observation  de  l'édit  de 
Nantes  l'avait  égaré.  Il  n'y  a  rien,  en  effet,  à  dissimuler  sur  ce  point  :  la 
juxtaposition  des  deux  cultes  en  Languedoc  à  l'état  de  neutralité  armée, 
avec  des  inégalités  locales  résultant  de  la  situation  numérique  des  deux 
Églises  au  moment  de  la  trêve  d'Henri  IV,  était  une  cause  constante  de 
malaise  8<.  de  divisions.  La  prépondérance  des  évêques  dans  les  États  de  la 
Province,  dans  les  assemblées  diocésaines  d'Assiette  dont  ils  étaient  les  prési- 
dents-nés, 8<.  dans  les  conseils  de  ville  de  leurs  résidences,  y  contribuait  aussi 
pour  une  bonne  part. 

D'ailleurs,  combien  de  mobiles  intérieurs  s'autorisaient  du  prétexte  de 
religion  pour  se  donner  libre  carrière!  Quand  le  conseil  du  roi  interdisait 
aux  réformés  l'exercice  de  telle  charge  ou  l'accès  de  telle  industrie,  il  croyait 
peut-être  travailler  uniquement  pour  le  bien  de  la  foi  catholique,  tandis  que, 
de  fait,  il  satisfaisait  des  ambitions  ou  des  cupidités  privées.  Ces  faits  sont 
trop  conformes  à  la  nature  pour  avoir  besoin  de  démonstration  ;  mais  les 
preuves  contemporaines  abondent  : 

«  Je  ne  puis  être  plus  en  garde  que  je  le  suis  contre  tous  les  avis  que  l'on 
«  me  donne,  écrivait  Noailles  au  marquis  de  Seignelay,  par  l'expérience  que 
«  j'ai  que  la  plupart  des  gens  de  ce  pays,  8<.  surtout  les  prêtres,  agissent  par 
«   passion  8<.  pour  satisfaire  des  ressentimens  particuliers'.   » 

Le  même  duc  de  Noailles  déclarait  aussi,  dans  une  lettre  à  Louvois  du 


'  Lît!re  dii  duc  de  Nnaiiles  au  marquis  de  Sei-       dans    ses    Mémoires    du    duc   de    Noailles,  puhliis 
gnelay,  de  l'année    i685,  citée   par  l'abbé  Millot       en   1777. 

xni.  35* 


i68â 


|685 


546  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

jnois  d'octol^re  i685,  le  peu  de  confiance  qvi'il  avait  dans  la  gestion  des  som- 
mes destinées  par  le  roi  à  l'extirpation  de  l'hérésie  : 

«  Je  suis  obligé  de  vous  dire  pour  l'intérêt  de  la  religion  &  pour  celui  du 
«  service  du  roi  qui  s'y  trouvé  mêlé,  que  si  les  fonds  des  missions  sont  donnés 
«  à  messieurs  les  évêques  &  qu'on  les  laisse  faire  à  leur  fantaisie,  je  vous 
«  réponds  bien  assurément  que  les  choses  iront  mal;  Si.  le  roi  ne  sauroit 
«  mieux  faire  que  de  charger  M,  de  Bâville  d'une  inspection  générale  sur  ces 
«  missions  Se  de  la  distriliution  des  fonds  à  mesure  que  l'on  en  aura  besoin. 
«  Les  missionnaires  ne  laisseront  pas  de  rendre  compte,  pour  le  spirituel, 
«  aux  évêques  dans  le  diocèse  desquels  ils  seront  employés.  Je  crois  que  la 
«   même  chose  est  nécessaire  pour  la  réédification  des  églises'.  » 

Des  jugements  aussi  peu  voilés  sur  les  principaux  instigateurs  de  la  révo- 
cation écartent  toute  idée  de  passion  religieuse  dans  les  conseils  de  I/Ouis  XIV; 
l'entraînement  ne  se  concilierait  guère  avec  une  telle  impartialité  d'apprécia- 
tion. Il  faut  donc  voir  plutôt  dans  l'entreprise  funeste  du  monarque  une  sorte 
d'infatuation  de  sa  propre  autorité  qui  ne  lui  permettait  plus  de  douter  du 
succès  des  tentatives  les  plus  extraordinaires.  Du  reste,  la  question  du  salut 
tient  peu  de  place  dans  les  correspondances  des  hauts  dignitaires  :  l'affaire 
est  traitée  à  un  point  de  vue  tout  politique  Se  matériel.  C'est  à  la  religion 
du  roi  qu'il  s'agit  d'obtenir  obéissance,  Si  les  réfractaires  sont  uniquement  des 
sujets  rebelles.  Des  troubles  de  conscience  on  ne  paraît  pas  avoir  le  moindre 
soupçon.  Les  abjurations  sont  traitées  comme  des  capitulations  de  places 
impossibles  à  défendre;  on  récompense  les  hommes  de  bonne  composition  qui 
se  soumettent  sans  résistance,  de  la  même  façon  qu'on  assure  des  pensions 
aux  capitaines  de  forteresse  qui  n'ont  pas  attendu  l'assaut  pour  livrer  les  clés. 

Pvien,  dans  la  manière  dont  l'opération  est  conduite,  n'éveille  l'idée  d'une 
ferveur  religieuse  puissante.  On  n'y  voit  guère  que  le  fonctionnement  d'un 
système  administratif  impérieux,  &  une  passion  de  régularité  impitoyable  qui 
ne  veut  pas  souffrir  plus  d'une  foi  dans  le  royaume  puisqu'il  n'y  a  qu'un  roi. 
La  religion,  qui  paraît  tout  diriger  dans  ce  mouvement,  n'est  en  réalité  qu'un 
élément  de  l'omnipotence  monarchique. 

Si  la  préoccupation  d'autorité  domine  dans  les  régions  supérieures,  au-des- 
sous, l'intérêt  particulier  apporte  ses  excitations.  On  n'a  pas  tenu  assez  de 
compte  de  ce  dernier  coefficient  dans  l'histoire  des  luttes  religieuses  de  la 
France,  61  l'on  a  certainement  grandi  la  lutte  en  outrant  l'influence  des 
idées.  Les  intérêts  temporels  eurent  sans  contredit  une  très-puissante  action 
sur  le  développement  de  la  réforme  dans  diverses  parties  du  Languedoc.  Les 
questions  de  croyance,  toujours  obscures  Se  difficilement  saisissables,  n'au- 
raient pas  suffi  à  écarter  de  la  communion  romaine  nombre  de  montagnards 
ignorants,  s'ils  n'avaient  pas  vu  comme  une  conséquence  naturelle  de  leur 
séparation  la  suppression  de  lourdes  charges  fiscales  dont  l'exercice  du  culte 
était  le   prétexte,    mais   dont  profitaient   uniquement  de  riches  bénéficiers. 

'  Lettre  du  duc  de  Noailles  au  marquis  de  I.ouvois,  du  27  octobre  i685.  Mémoires,  p.  281. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÈDIT  DE  NANTES.  647 

D'ailleurs,  la  géographie  du  protestantisme  en  Languedoc  correspond  à  très- 
peu  près  à  celle  des-  domaines  féodaux  possédés  par  de  grands  personnages 
qui  avaient  eux-mêmes  embrassé  la  réforme.  La  possession  de  la  terre  était 
encore  un  moyen  d'action  si  efficace  que  presque  partout  les  petits  ont  suivi 
la  religion  des  puissants;  Se  la  volonté  de  tel  ou  tel  seigneur  qui  démolit  les 
églises  dans  ses  juridictions  &c  les  remplaça  par  des  temples  a  plus  fait  pour 
conquérir  des  âmes  à  la  religion  réformée  que  beaucoup  de  considérations 
d'un  ordre  plus  élevé  invoquées  souvent  par  les  historiens  d'imagination. 

Il  faut  bien  que  les  agents  de  conversions  de  Louis  XIV  eussent  cette 
opinion  assez  terre  à  terre  des  causes  déterminantes  de  la  foi  du  peuple, 
pour  avoir  brutalement  inscrit,  comme  ils  l'ont  fait,  les  gratifications,  8c  des 
gratifications  bien  modestes  —  on  n'en  compte  guère  qui  dépassent  cent 
livres,  dans  les  registres  du  diocèse  de  Nimes  —  au  nombre  de  leurs  procédés 
de  propagande  les  plus  ordinaires.  C'était  la  contre-partie  des  divers  expé- 
dients appliqués  pour  ôter  aux  protestants  leurs  moyens  d'existence. 

Il  serait  difficile  de  faire  un  état  complet  de  toutes  les  mesures  législatives 
dirigées  contre  les  protestants,  qui,  durant  cinq  ou  six  années,  préparèrent 
l'édit  de  révocation;  mais  un  coup  d'œil  rapide  sur  la  plupart  de  ces  actes 
suffit  à  montrer  avec  quelle  méthode  le  travail  se  poursuivait.  De  jour  en 
jour,  les  réformés  voyaient  se  resserrer  autour  d'eux  le  cercle  des  prohibitions. 

Les  déclarations,  édits,  lettres  patentes  Se  arrêts  du  conseil  d'État,  promul- 
gués pendant  cette  période,  en  vue  de  contribuer  à  l'extirpation  de  l'hérésie, 
peuvent  se  ramener  à  quelques  types  principaux. 

Les  uns  atteignaient  directement  le  culte  8c  avaient  pour  but  d'en  paralyser 
l'exercice,  en  multipliant  les  cas  de  dérogation  aux  franchises  consacrées  par 
l'édit  de  Nantes  8c  en  accumulant  les  exceptions  restrictives;  les  autres  visaient 
spécialement  la  propagande  8c  tendaient  à  rendre  impossible  toute  extension 
du  protestantisme.  Une  troisième  série,  la  plus  considérable  de  toutes,  frap- 
pait les  réformés  dans  leurs  intérêts,  leur  défendant  l'abord  d'une  foule  de 
carrières  ou  de  métiers,  afin  de  les  prendre  par  la  famine  ou  tout  au  moins 
de  leur  dérober  la  part  d'influence  qui  s'attache  d'ordinaire  à  la  possession 
des  charges  publiques. 

Au  premier  groupe  appartiennent  l'arrêt  du  conseil  du  3i  juillet  1679,  qui 
interdit  aux  ministres  de  faire  le  prêche  8c  aux  protestants  de  s'assembler  les 
jours  de  visite  pastorale  des  évêques,  sous  peine  d'être  traités  en  perturbateurs 
du  repos  public;  l'arrêt  du  21  février  1682,  qui  supprime  indistinctement 
tous  les  temples  situés  à  moins  de  cent  pas  des  églises  catholiques,  la  proxi- 
mité des  deux  communions  étant  considérée  comme  une  occasion  de  trou- 
bles fréquents;  l'édit  du  mois  d'août  1684,  qui  ne  permet  pas  aux  ministres 
d'exercer  leurs  fonctions  plus  de  trois  ans  dans  un  même  lieu,  afin  d'éviter 
qu'ils  ne  prennent  trop  d'empire  sur  leurs  ouailles;  la  déclaration  du  26  décem- 
bre 1684,  qui  interdit  l'exercice  public  dans  les  lieux  où  il  se  trouvera  moins 
de  dix  familles;  cette  défense  montre  avec  quelle  partialité  l'on  traitait  les 
dissidents;  l'édit  de  Nantes,  regardé  comme  immuable  en  ce  qui  limitait  la 


i685 


— — 548  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

liberté  de  conscience  des  protestants,  cessait  de  l'être  pour  ce  qui  la  proté- 
geait; on  n'admettait  pas  que  l'accroissement  de  la  population  protestante 
donnât  le  droit  d'ériger  des  temples  hors  des  lieux  marqués  par  1  edit,  mais 
on  s'autorisait  de  la  diminution  des  habitants  en  un  lieu  d'exercice  public 
pour  y  prononcer  l'interdiction  ;  l'arrêt  du  3o  avril  i685,  défendant  aux  minis- 
tres de  continuer  leurs  fonctions  dans  les  lieux  dont  les  temples  auront  été 
démolis;  celui  du  i8  juin  de  la  même  année,  prescrivant  la  démolition  Se 
suppression  définitive  de  tous  les  temples  où  auront  été  tenus  des  discours 
séditieux  ou  célébrés  des  mariages  entre  catholiques  Se  protestants;  l'interdic- 
tion générale,  prononcée  le  3o  juillet  suivant,  de  l'exercice  du  culte  dans 
toutes  les  villes  épiscopales,  avec  démolition  immédiate  des  temples;  après  ce 
dernier  coup,  annulant  la  liberté  de  conscience  dans  toutes  les  villes  un  peu 
importantes  qui  ne  l'avaient  pas  déjà  perdue  pour  une  autre  cause,  il  ne 
restait  plus  qu'à  simplifier  les  prohibitions  par  l'édit  final  du  mois  d'octobre. 

Parmi  les  actes  du  deuxième  groupe,  visant  surtout  la  propagande  réformée, 
nous  citerons  l'arrêt  de  juin  1680,  punissant  toute  abjuration  du  catholicisme 
de  bannissement  perpétuel  Se  de  confiscation  des  biens,  avec  interdiction  du 
culte  réformé  Si  révocation  perpétuelle  des  ministres;  la  défense  faite,  le 
II  janvier  i683,  aux  gens  de  la  religion  de  tenir  école  en  dehors  des  lieux 
d'exercice  public;  la  déclaration  du  iS  janvier  i683,  qui  ne  permet  pas  aux 
mahométans  ou  idolâtres  voulant  se  faire  chrétiens  d'être  instruits  dans  une 
autre  communion  que  la  communion  romaine;  l'édit  de  mars  i683,  condam- 
nant au  bannissement  perpétuel  les  ministres  coupables  d'avoir  entraîné  des 
catholiques  à  faire  abjuration  de  leur  foi;  l'interdiction  aux  protestants  de 
prendre  des  catholiques  à  leur  service  en  qualité  de  domestiques,  datée  du 
9  juillet  i685,  Se  l'acte  du  14  août  de  la  même  année,  qui  ne  permet  pas  que 
les  orphelins  appartenant  à  la  Réforme  par  leur  naissance  aient  des  tuteurs 
protestants. 

Quant  aux  mesures  édictées  pour  atteindre  les  réformés  dans  leurs  inté- 
rêts matériels,  l'énumération  en  serait  singulièrement  fastidieuse;  c'est  ainsi 
qu'on  voit,  le  a3  août  1680,  tous  les  officiers  de  justice  subalternes  apparte- 
nant à  la  communion  protestante  destitués  en  masse  par  arrêt  du  Parlement; 
le  6  avril  1682,  les  avocats  réformés,  exclus  à  jamais,  quoique  plus  anciens, 
du  droit  de  porter  la  parole  au  nom  du  corps  des  avocats;  les  officiers  des 
maréchaussées,  receveurs  des  consignations  8e  commissaires  aux  saisies  réelles 
contraints,  le  29  septembre  1682,  à  se  démettre  de  leurs  offices  en  faveur  de 
catholiques;  les  officiers  protestants  ayant  charge  dans  la  maison  du  roi  ou 
dans  celles  des  princes  du  sang  obligés,  au  mois  de  mars  i685,  de  donner 
leur  démission;  les  conseillers  protestants  du  Parlement  de  Toulouse  réduits, 
le  25  juin  i685,  à  se  défaire  de  leurs  offices,  dans  le  délai  de  trois  mois, 
entre  les  mains  de  personnes  «  agréables  à  Sa  Majesté  '  »  ;  l'interdiction  faite 

'  On  trouvera  le  texte  d»  cet  arrêt  dans  nos  un  extrait  des  Annales  manuscrites  de  l'hôtel  de 
Pièces  justificatives,   n.   CCCCLXV,   col,    i3i2,   &       ville  relatif  à  la  démolition  du   temple  de  Portet, 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  549 

le  II  juillet  i685,  de  recevoir  à  l'avenir  aucun  avocat  protestant,  8t  la  défense 
faite  la  veille  aux  juges  ou  avocats  d'employer  des  clercs  professant  la  religion 
réformée;  les  veuves  protestantes  des  officiers  de  la  maison  du  roi,  dépouillées 
le  i3  juillet  i685,  de  tous  les  privilèges  attachés  aux  charges  de  leurs  maris; 
la  défense  faite,  le  6  août  suivant,  de  recevoir  des  médecins  de  la  religion 
réformée;  les  fonctions  de  sages-femmes  interdites  aux  protestantes  par  décla- 
ration du  roi  du  20  février  1680;  l'interdiction,  signée  le  i3  mai  1681,  aux 
maîtres  artisans  professant  la  religion  réformée  de  faire  aucun  apprenti  du 
même  culte  ainsi  que  d'en  prendre  de  catholiques;  une  décision  spéciale  du 
9  mars  1682  portant  que  les  catholiques  qui  voudront  se  charger  de  la  four- 
niture des  chevaux  de  louage  seront  préférés  aux  réformés;  la  défense  de 
prendre  des  protestants  pour  experts,  en  date  du  mois  d'août  1684;  les  impri- 
meurs Se  libraires  protestants  sommés,  le  9  juillet  i685,  d'avoir  à  cesser 
immédiatement  leur  industrie. 

L'esprit  demeure  confondu  de  cette  malheureuse  fécondité  législative. 
Encore  n'étaient-ce  là  que  les  vexations  ouvertes  St  déclarées,  celles  qui  pou- 
vaient paraître  au  grand  jour,  avec  la  majesté  du  formalisme  royal.  Mais 
combien  d'autres  se  prescrivaient  mystérieusement,  par  correspondance 
secrète,  ou  même  de  bouche,  ainsi  que  Louvois  conseillait  à  M.  de  Marillac 
d'en  user  à  l'égard  des  échevins!  Combien  d'injustices  commandées! 

Les  ministres  de  Louis  XIV  avaient  conscience  des  iniquités  qu'ils  pres- 
crivaient, comme  ils  ne  se  méprenaient  pas  sur  la  valeur  morale  des  achats 
de  consciences  faits  par  leurs  ordres;  mais  le  motif  sauvait  tout.  Louvois 
recommandait  à  l'intendant  de  Languedoc  de  tenir  absolument  secrètes  les 
distributions  d'argent  qu'il  avait  charge  de  faire  aux  gentilshommes  religion- 
naires  ou  aux  ministres  pour  faciliter  leur  conversion  :  il  donne  deux  raisons 
de  ce  mystère  :  la  première,  que  la  notoriété  de  ces  largesses  royales  inciterait 
les  hommes  intéressés  à  se  montrer  opiniâtres  afin  d'être  payés  plus  cher;  la 
seconde,  que  les  hommes  de  bonne  foi,  choqués  par  les  causes  réelles  des 
conversions,  en  deviendraient  plus  obstinés  &l  plus  inébranlables.  «  Aussi, 
«  concluait  Louvois,  Sa  Majesté  croit-elle  que  cet  argent  ne  pourroit  être 
«  utilement  employé  qu'autant  qu'il  en  seroit  distribué  avec  secret,  &  de 
Il  manière  que  personne  ne  pût  avoir  connoissance  que  ceux  qui  auroient  été 
«  portés  à  se  convertir  eussent  reçu  aucune  gratification  de  Sa  Majesté  '.  » 

où  l'exercice  du  culte  réformé  avait  été  autorisé  assez  considérables,  si  elle  pouToit  espérer  que, 
depuis  la  réunion  au  Parlement  des  officiers  de  la  étant  distribuées  secrètement  •  ceux  de  la  Pro- 
chambre de  l'Edit,  n.  CCCCLXVI,  col.  i3i3.  Nous  vince  en  qui  la  noblesse  d*  celte  religion  a  plu» 
publions  aussi,  n.  CCCCXLIII ,  col.  1229,  l'or-  de  créance,  la  distribution  qui  en  seroit  faite  par 
donnance  du  roi  qui  avait  permis,  avec  beaucoup  vous  put  être  suivie  d^un  nombre  considérable  de 
de  réserves,  l'exercice  du  culte  à  Portet,  datée  du  conversions.  Sa  Majesté  connoît  bien  que,  si  l'on 
5  novembre  1671;,  ainsi  que  la  lettre  de  transmis-  pouvoit  savoir  que  les  j^niikliommes  ou  minis- 
«ion  de  M.  d'Aguesseau.  très,   qui    seroient   convenus   de   se  convertir,   au- 

'  Voici    les    principaux    passages  de  cette    lettre  roient     reçu    des    gratifications    en    argent    de    Sa 

de  Louvois  à  Bàville,  du  5  mars  i685,  publiée  par  Majesté,  bien  loin  que  ces  conversions  eussent  le» 

M.  C.  Roussel  dans  son  Histoire  Je  Louvois,  p.  469  :  suites  que  Sa  Majesté  en  attend,  les  autres  demeu- 

tt   Sa   Majesté  ne  plaindroit  point  des  sommes  reioient  plus  opiniâtres  dan»  leur  erreur,  les  uns 


i685 


1685 


550  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Un  très-grand  nombre  de  faits  particuliers  de  cette  mémorable  révolution 
échapperont  toujours  à  l'histoire,  par  suite  du  mystère  dont  s'enveloppaient 
les  agents  du  roi  dans  le  cours  de  leurs  négociations.  C'est  à  peine  si,  de  loin 
en  loin,  quelque  lumière  jaillit,  soit  des  correspondances,  soit  des  archives  de 
famille,  &.  permet  d'entrevoir  le  réseau  de  ces  intrigues.  ■ 

On  faisait  intervenir  le  roi  dans  les  affaires  les  plus  intimes,  dans  les  rap- 
ports des  pères  de  famille  avec  leurs  enfants.  Ainsi,  une  lettre  de  cachet 
enjoint  à  un  gentilhomme  du  pays  castrais,  M.  de  Genibrouze  de  Saint- 
Amans,  de  continuer  à  son  fils  une  pension  annuelle  de  deux  mille  livres 
qu'il  lui  avait  supprimée  depuis  son  abjuration'.  Le  détail  de  ces  opérations 
individuelles  était  infini.  Avant  de  porter  au  protestantisme  le  coup  de  massue 
destiné  à  l'anéantir,  on  semblait  avoir  à  cœur  d'y  préparer  les  esprits  par 
une  recrudescence  de  vexations,  &.  l'on  ressuscitait  les  actes  les  plus  surannés 
pour  y  trouver  matière  à  de  nouvelles  rigueurs^. 

Louvois  avait  eu  la  précaution  de  se  faire  adresser  par  les  intendants  une 
statistique  de  la  population  religionnaire.  D'après  les  documents  recueillis 
par  d'Aguesseau,  la  province  de  Languedoc  comprenait  plus  de  cent  quatre- 
vingt-deux  mille  protestants,  très-inégalement  répartis  sur  la  surface  du  pays. 
Le  massif  des  Cévennes,  les  ramifications  de  montagnes  qu'il  projette  sur  ses 
deux  flancs,  quelques-unes  des  plaines  du  bas  Languedoc,  &  les  dernières 
ondulations  du  relief  pyrénéen  dans  les  diocèses  de  Rieux  &  de  Mirepoix 
comptaient  la  population  réformée  la  plus  dense  ^.  Dans  le  haut  Languedoc, 
elle  était  généralement  peu  nombreuse. 

Une  ordonnance  du  roi,  donnée  à  Chambord  le  i5  septembre  i685,  enjoi- 
gnit à  tous  les  protestants  établis  dans  la  ville  de  Toulouse  d'en  sortir  pendant 
les  huit  jours  qui  suivraient  la  publication;  la  désobéissance  devait  être  punie 
d'une  amende  de  trois  mille  livres  &  de  poursuites  extraordinaires.  Chargés 
par  délégation  expresse  du  marquis  de  Châteauneuf  de  veiller  à  l'exécution 
de  cette  ordonnance,  les  capitouls  firent,  chacun  dans  son  quartier,  un  recen- 

poiir  avoir  part  aux  mêmes  gratifications,  &  les  gentilshommes,  exciter  contre  les  gens  de  qualité 

autres  qui  seroient  plus  sincères,  par  la  connois-  les   rivalités    de  voisinage,   leur   donner   toujours 

sance    qu'ils    auroient    du    mauvais    (biffé   sur   la  tort,  s'ils  se  plaignent,  &  s'ils  se  font  justice  eux- 

minute)    motif  qui    auroit    porté   ceux   qui   sont  mêmes,  informer  contre  eux'.  » 

présentement  accrédités  parmi  eux  à  quitter  leur  '  Voici,  dans  l'ordre  de  progression  décroissante, 

religion.  «  l'état  du  nombre  des  protestants  de  Languedoc  en- 

On  remarquera  l'étrange  scrupule  de   la   rature.  voyé  à  Louvois  par  l'intendant  d'Aguesseau  : 

D'instinct,  le   rédacteur  de  la   dépêche  avait  qua-  Diocèse  de  Nimes,  81,400.  —  Uzès,  23, 112.  — 

lifié  de  mauvais  l'acte  de  vénalité  religieuse  encou-  Mende,    18,189.   —  Viviers,    13,199.   —   Castres, 

ragé  par  le  ministère.  Mais,  comme  le  roi  ne  sau-  12,557.  —  Montpellier,  10,348.  —  Lavaur,  5,32o. 

rait   vouloir   une    chose    mauvaise,   Louvois    biffe  —  Valence,  en  Vivarais,  4,263.  —  Rieux,  4,160. 

l'épithète.  —   Béziers,  2,5o5.  —  Agde,   1,514.  —  Bas-Mon- 

'  Voir  aux  Pièces /usti/îtatives,  n.  CCCCLXVIII,  tauban,  1,240.  —  Mirepoix,  i,i65.  —  Saint- 
col.  i3i4.  Pons,    1,024.  —  Vienne,  en  Vivarais,  979.  —  Le 

'  Certaines  des  instructions  de  Louvois  au  duc  Puy,  974.  —  Toulouse,  497.  —  Lodève,   336.  — 

de  Noailles  dépassent,  en  fait  de  hardiesse,  tout  ce  Total  :  182,785', 

que  l'on  peut  imaginer.  Telles  sont,  par  exemple,  .  f,^^^^^^  p^^^^^,_  ^,.^,^;^^  ^^  j^^^^,.^^  jlj_  p_  ^^^_ 

les  suivantes  :  «  mettre  garnison  chez  les  petit!  'Ibidem,  p.  473. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  55 1 

sèment  minutieux  des  personnes  qui  appartenaient  à  la  religion  réformée, 
8c,  pendant  plusieurs  jours,  les  dizeniers  parcoururent  les  maisons  pour  y 
recueillir  des  renseignements. 

Cette  recherche  ne  produisit  qu'un  épisode  marquant  :  Un  hôtelier  de  la 
place  des  Pénitents-Blancs,  nommé  Pillore,  ayant  dénoncé  au  capitoul  de 
Saint-Etienne  un  étranger  logé  chez  lui  qui  refusait  de  faire  connaître  son 
nom  &  sa  religion,  M.  d'Azémar  se  transporta  dans  l'hôtellerie  avec  la  troupe 
du  guet.  Lorsque  les  soldats  furent  montés  dans  son  logis,  ils  aperçurent  un 
homme  qui  s'enfuyait  par  les  toits,  se  jetèrent  à  sa  poursuite,  &  n'eurent 
point  de  peine  à  le  ramener.  On  trouva  dans  ses  papiers,  avec  des  lettres 
sans  importance,  un  décret  de  prise  de  corps  lancé  par  M.  de  la  Berchère, 
intendant  de  Montauban,  contre  un  gentilhomme  de  la  jugerie  de  Verdun, 
nommé  Doux,  seigneur  d'Ondes,  6t  contre  son  fils;  le  captif  avoua  être  le 
principal  personnage  désigné  dans  ce  décret.  Son  voyage  à  Toulouse  n'avait 
d'autre  motif  que  l'espoir  de  se  soustraire  aux  poursuites.  On  le  retint  pri- 
sonnier dans  l'hôtel  de  ville.  L'intendant,  consulté  par  les  capitouls,  avait 
donné  l'ordre  de  le  faire  partir  sous  bonne  garde  pour  Montauban,  lorsque 
M.  Morel,  grand  vicaire  de  l'archevêque  de  Toulouse,  vint  annoncer  à  l'hôtel 
de  ville  que  le  sieur  d'Ondes  était  disposé  à  se  faire  catholique.  L'abjuration 
fut  en  effet  célébrée  dans  la  chapelle  municipale,  St  l'on  remit  le  captif  en 
liberté,  d'après  l'ordre  de  l'intendant. 

Le  gentilhomme  ne  survécut  pas  longtemps  à  ces  émotions.  Il  mourut  dans 
son  manoir  d'Ondes,  au  mois  de  février  suivant,  au  milieu  des  pratiques  du 
culte  catholique,  après  avoir  déclaré  publiquement,  si  nous  en  croyons  la 
chronique  toulousaine,  qu'il  éprouvait  «  un  sensible  regret  d'avoir  demeuré 
u  si  longtemps  dans  son  erreur  8t  qu'il  étoit  très-obligé  au  roi  de  sa  con- 
«  version  ' .  » 

Ce  fut  le  lundi  i3  août  i685  que  furent  signées  au  château  de  Versailles 
les  commissions  rappelant  d'Aguesseau  au  conseil  d'État  &  lui  donnant  pour 
successeur  Nicolas  de  Lamoignon  de  Bâville,  à  qui  l'intendant  de  Béarn  allait 
succéder  à  Poitiers*. 

Le  nouvel  administrateur  de  la  Province  était  un  homme  de  trente-sept  ans, 
appartenant  à  l'une  des  plus  grandes  familles  de  robe  de  la  monarchie.  Né  le 
26  avril  1648,  il  était  le  cinquième  fils  de  Guillaume  de  Lamoignon,  premier 
président  au  Parlement  de  Paris,  &  de  Magdeleine  Potier,  fille  elle-même 
d'un  secrétaire  d'Etat^;  mais  il  avait  perdu  trois  de  ses  frères  extrêmement 
jeunes,  entre  deux  &  six  ans,  &  survivait  seul  de  la  lignée  masculine  avec  ce 
Chrétien  de  Lamoignon,  avocat  général,  puis  président  à  mortier,  qui,  pen- 
dant les  vacances  du  palais,  faisait  chevaucher  Boileau  dans  ses  prés,  ou 
devisait  avec  lui  près  des  rives  mythologiques  de  Polycrène,  se  dérobant  de 
son  mieux  aux  volées  de  solliciteurs  &  de  clients  accoutumés  à  venir  chaque 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuscrites,  X,  '  Journal  de  Dangeau,  I,  p.  io6. 

p.  10.  i  Moréri.  v°  Lamoignon. 


i68j 


i685 


552  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

année,  par  devoir  ou  par  intérêt,  poursuivre  le  magistrat  dans  sa  j^etraite  & 
assiéger  les  avenues  de  son  parc'.  De  cinq  soeurs  qu'il  avait  eues,  il  lui  en 
restait  quatre,  dont  deux  religieuses  aux  filles  Sainte-Marie  du  faubourg  Saint- 
Jacques,  une  mariée  au  comte  de  Broglie,  plus  tard  maréchal  de  France,  8c 
l'autre  au  président  Achille  de  Harlay,  qui  devait  occuper  un  jour,  au  Parle- 
ment de  Paris,  la  haute  dignité  de  son  beau-père*. 

Il  portait  dans  le  monde  le  nom  de  Bâville  à  cause  d'une  terre  qu'il  ne 
possédait  pas  personnellement,  mais  qui  appartenait  à  son  frère,  &  que  le  roi 
avait  récemment  érigée  en  marquisat  pour  récompenser  les  services  du  premier 
président 5.  Dans  les  actes  officiels,  il  s'intitulait  comte  de  Launay-Courson, 
seigneur  de  Briis,  Vaugrigneuse,  Chavagne,  La  Mothe-Champdenier,  Beuxe 
&  autres  lieux. 

Le  comté  de  Launay-Courson  n'était  pas  de  plus  vieille  date  que  le  mar- 
quisat de  Bâville,  Louis  XIV  l'ayant  créé  par  lettres  patentes  distinctes,  dans 
le  courant  du  même  mois;  mais  le  domaine,  situé  près  de  Montlhéry,  se 
trouvait  déjà  depuis  longtemps  dans  la  famille  Lamoignon,  qui  l'avait  obtenu, 
au  seizième  siècle,  des  libéralités  de  François  de  Clèves,  duc  de  Nivernais. 

Toutes  ces  terres,  Launay-Courson,  que  le  père  Vanière  a  chanté,  Briis, 
Vaugrigneuse,  unies  au  comté  voisin,  se  trouvaient  disséminées,  au  nord  de 
Bâville,  dans  une  situation  charmante,  à  sept  lieues  de  Paris  8c  cinq  de  Ver- 
sailles, au  milieu  de  cette  région  boisée  8c  coupée  de  collines  qui  forme  le 
bassin  de  l'Orge,  8c  où  semblent  rassemblés  à  plaisir,  dans  un  étroit  espace, 
quelques-uns  des  noms  les  plus  expressifs  de  la  France  féodale  8c  monar- 
chique, Bruyères-le-Châtel,  les  Vaux-de-Cernay,  Chevreuse,  Dampierre, 
Rambouillet,  Port-Royal. 

Quant  au  domaine  de  La  Mothe-Champdenier,  qui  devint  plus  tard  un 
marquisat,  il  était,  comme  Chavagne  8c  Beuxe,  dans  la  campagne  poitevine, 
en  plein  pays  d'éleveurs,  8c  valait  surtout  par  ses  foires,  où  les  muletiers 
d'Espagne  8c  de  Languedoc  vont  encore  s'approvisionner. 

Grâce  à  la  haute  fortune  de  son  père,  à  de  puissantes  alliances  8c  à  des 
qualités  d'esprit  peu  communes,  le  jeune  Bâville  n'avait  pas  tardé  à  faire  figure 
dans  la  société  choisie  où  le  premier  président,  ami  de  Bourdaloue,  de  Rapin 
&c  de  Boileau,  savait  oublier  si  à  propos  les  grandeurs  8i  les  sévérités  de  la 
magistrature'^.  Son  enfance  s'était  écoulée  à  Paris,  dans  l'enclos  du  palais,  à 
l'ombre  de  la  Sainte-Chapelle^. 

■  Boileau,  épitre  VI,  1677.  A  M.  de  Lamoignon,  Boissy;    enregistrées    au    parlement    de    Paris    le 

avocat  général.  La  Campagne  &  la  Ville.  S   décembre    de   la   méine  année,   &  à    la    chambre 

'  V^oici  les  noms  des  frères  &  sœurs  de  Bâville  :  des  comptes  le  20  janvier  1671, 

Chrétien-André,   1641-^3;  Chrétien-André,  1643-  ,       q^,^  gâviUe  me  semble  aimable, 

44i    Chret.en-François,    ,644-1709;    René,    ,646-  Quand  des  magistrats  le  plus  grand 

52  i  (lu,-mème,  Nicolas,  1 648-,  724)  ;  Marie,  1645,  p,„„„  q„,  gacchu.  à  sa  table 

mariée  en    1666  à  V.ctor-Mnurlce  comte  de   Bro-  goit  notre  premier  président'! 
glie,  morte  en  1733  ;  Magdelaine  (M""=  de  Harlay), 

morte  en  1 67 1  ;  Elisabeth  &  Anne,  religieuses.  '  Félibien,  Histoire  Je  Paris.  Preuves,  II,  p.  222. 

-Lettres   patentes   du    mois   de    décembre    1670  ,  „  .,         „,  -  l         «  ■.    i  d-    h      ^  i.  ■. , 

,  .  '^  .  '  '  Boileau,  Chanson  a  boire  faite  à  BavilIe  ou  était  le  père 

érigeant  en   marquisat  les   terres  de   Baville  &  d«       Bourdaloue.  1072. 


LIV.  III.  REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  553 

Dès  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  se  faisait  recevoir  au  barreau  de  Paris,  Se, 
tandis  qu'il  débutait  dans  les  charges  en  devenant  officier  de  la  couronne 
comme  bailli  d'épée,  gouverneur,  capitaine  des  chasses  8c  gruyer  du  comté  de 
Limours,  domaine  royal  situé  non  loin  de  Bâville,  aux  environs  de  la  forêt 
de  Rambouillet,  il  appelait  l'attention  publique  sur  son  talent  par  une  plai- 
doirie éclatante,  où,  en  défendant  le  sculpteur  Girard  Van  Obstal  contre  une 
assimilation  injurieuse,  il  soutint  les  droits  de  l'art  avec  tant  d'élévation  &  de 
succès,  que  l'Académie  de  peinture  8c  de  sculpture,  se  croyant  l'obligée  du 
jeune  avocat,  envoya  Lebrun  lui  offrir  la  faveur  de  faire  exécuter  son  buste 
par  Girardon  8c  son  portrait  par  Philippe  de  Champaigne.  Bâville  eut  la 
modestie  de  décliner  cet  honneur  8c  de  l'attribuer  à  son  père'. 

Deux  ans  après,  il  était  reçu  conseiller  au  Parlement  de  Paris;  cinq  ans 
plus  tard,  maître  des  requêtes,  8c  l'on  ne  peut  dire  à  quelles  dignités  il  fût 
parvenu,  avec  la  sagacité,  l'instruction,  l'énergie  de  travail  qui  le  distin- 
guaient, s'il  n'était  allé  enfouir  dans  l'administration  provinciale  des  facultés 
éminentes,  trop  justement  appréciées  8c  redoutées  des  ministres  pour  qu'ils 
lui  permissent  désormais  de  les  venir  déployer  sur  un  plus  large  théâtre*. 

Il  était  marié  depuis  treize  ans  à  la  fille  du  marquis  de  Chalucet,  lieute- 
nant de  roi  au  gouvernement  de  Nantes,  8c  d'Urbaine  de  Maillé-Brézé^. 

Au  moment  où  la  commission  royale  vint  enlever  M.  de  Bâville  à  son 
intendance  de  Poitou,  il  était  en  train  de  parcourir  la  campagne  dans  le  bas 
pays  pour  y  terminer  le  grand  œuvre  de  la  conversion  des  protestants,  où  il 
avait  déployé  une  activité  singulière.  On  racontait  avec  admiration  que  pen- 
dant les  trois  années  passées  en  Poitou,  sur  un  terrain  préparé  par  son  pré- 
décesseur Marillac  8c  par  l'évêque  diocésain,  il  avait  ramené  au  catholicisme 
plus  de  douze  mille  dissidents,  y  compris  cent  familles  de  gentilshommes  dont 
celle  du  marquis  de  Vérac  était  la  plus  considérable.  Le  détail  des  moyens 
employés  pour  activer  ces  conversions  ne  laissait  pas  que  d'être  inquiétant 
pour  les  réformés  de  Languedoc.  On  savait  que  Bâville  avait  pris  l'initiative 
de  plusieurs  mesures  rigoureuses,  qu'il  avait  inspiré  au  conseil  d'État  certain 
arrêt  prescrivant  de  signifier  aux  ministres  les  noms  des  nouveaux  convertis 
8c  de  démolir  les  temples  où  un  seul  protestant  aurait  été  reçu  après  son 
abjuration.  Des  libéralités  royales  habilement  placées,  l'exercice  d'une  nou- 
velle juridiction  criminelle  dont  l'intendant  était  l'âme  unique,  se  faisant 
seulement  aider  dans  les  procédures  par  le  présidial  de  Poitiers,  concouraient, 
avec  les  mouvements  du  régiment  d'Asfeld,  arrivé  dans  la  Province  vers  la  fin 
du  mois  d'août,  à  précipiter  la  conversion  générale.  On  vantait  surtout  les 
merveilles  de  la  dernière  tournée  de  l'intendant  :  la  meilleure  partie  de  la 

'  Mémoires  de  Trévoux,  1710,  p.  694.  Errata  a  ^  Anne-Louise  Bonnin    de  Chalucet,  mariée  le 

la  fin   du   mois  de  juin.  L'œuvre  de    Girardon   &  18  avril    1671,  morte  le  4  janvier    I73i,  fille  de 

celle    de    Champaigne    décoraient    le    châtesu    de  Jean-François  Bonnin,  marquis  de  Chalucet-Mes- 

Courson.  signac,  comte  &  vicomte  du  grand  &  petit  Mon- 

"  Journal  de  Dangeau,  XVII,  p.  324.  Additions  trevaux,  baron  de  Bohardi,  d'Artron,  Thimart  & 

de  Saint-Simon,  du  Vau  de  Chavaignes. 


i685 


~^^ 554  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

noblesse  ralliée',  Saint-Maixent  converti  en  trois  jours,  Niort  abjurant  à 
l'apparition  du  régiment  d'Asfeld^,  les  paroisses  du  bas  Poitou  rétablissant 
la  messe  au  premier  signal.  C'est  à  peine  s'il  en  restait  à  convertir  quinze  ou 
seize  lorsque  Bâville  fut  appelé  en  Languedoc 3, 

Ce  fut  avec  cette  réputation  de  missionnaire  irrésistible  qu'il  arriva  dans  sa 
nouvelle  intendance,  &,  dès  ses  premiers  actes,  il  laissa  comprendre  qu'il 
n'aurait  garde  de  se  montrer  inférieur  à  son  passé. 

En  traversant  Revel  pour  se  rendre  à  Montpellier,  il  adressa  une  lettre 
impérieuse  aux  consuls  de  Castres.  Il  leur  enjoignait  d'assembler  les  protes- 
tants, de  leur  dire  que  le  temps  de  leur  conversion  était  arrivé,  Si  qu'ils  ne 
pouvaient  mieux  faire  que  d'être  les  premiers  à  donner  l'exemple  à  toute  la 
Province,  où  l'on  s'attendait  à  ne  pas  rencontrer  moins  de  déférence  qu'en 
Guienne  pour  les  volontés  du  roi.  L'intendant  souhaitait  que  la  première 
lettre  qu'il  écrirait  à  la  Cour  contînt  la  nouvelle  de  leur  abjuration. 

Castres  se  résigna,  81  une  copie  de  la  délibération,  signée  des  principaux 
habitants,  alla  rejoindre  Bâville  à  Montpellier.  Le  lendemain  de  son  entrée 
dans  cette  capitale  administrative,  l'intendant  y  conféra  avec  le  cardinal  de 
Bonzi  &  le  maréchal  de  Noailles.  On  s'occupa  sans  délai  de  la  conversion  de 
Montpellier. 

En  vingt-quatre  heures,  tous  les  chefs  de  familles  protestantes  s'étaient 
décidés.  Ils  proposèrent  une  formule  d'abjuration  par  laquelle  ils  promet- 
taient «  de  renoncer  en  général  à  toutes  les  hérésies  8c  d'embrasser  la  religion 
«  catholique  conformément  à  la  doctrine  des  apôtres;  n  mais  on  trouva  que 
cette  expression  était  trop  vague  &  pouvait  donner  carrière  à  des  réserves 
mentales  dangereuses  81  à  des  interprétations  équivoques.  Il  fallut  dire  en 
propres  termes  :  «  Je  renonce  à  l'hérésie  de  Calvin  81  j'embrasse  tous  les 
«  dogmes  de  la  religion  catholique,  apostolique  &i  romaine.  » 

Pendant  trois  jours,  la  maison  de  l'évêque  81  toutes  les  églises  de  Mont- 
pellier où  se  devaient  faire  les  abjurations,  furent  encombrées  de  catholiques 
improvisés. 

Quand  l'obéissance  du  roi  y  fut  assurée,  Bâville  marcha  sur  Sommières, 
qui  se  convertit  à  la  première  réquisition,  puis  sur  Nimes,  où  il  fut  accom- 
pagné du  maréchal  de  Noailles.  Cette  ville  riche  81  laborieuse,  qui  tient  une 
si  grande  place  dans  l'histoire  du  protestantisme  français,  n'opposa  point  de 

'  Bâville  usait  habilement,  en  Poitou,  comme  jesté,  &  ne  souffrira  point  que  les  gens  qui  sont 
moyen  de  conversion,  de  la  vérification  des  titres  sous  sa  charge  fassent  autre  chose  que  ce  que  vous 
de  noblesse,  en  montrant  une  rigueur  particulière  estimerez  utile  pour  la  conversion  des  religion- 
aux  gentilshommes  protestants  qui  refusaient  d'ab-  naires  chez  lesquels  il  sera  logé... 
jurer  &  une  facilité  engageante  à  ceux  qui  vou-  [  «  Il  ne  convient  point  au  service  de  Sa  Ma- 
laient bien  se  faire  catholiques.  —  Voir,  à  cet  jesté  qu'il  se  fasse  aucune  violence  pareille  à  celles 
^gard,  Camille  Rousset,  Histoire  de  Louvois,  III,  dont  on  s'est  plaint  du  temps  de  M.  de  Maril 
p.  462.  lac,  »  ]  Biffé  à  la  minute', 

*  Louvois  écrivait  à  Bâville,  le  5  mars  i685  ;  '  Histoire  du  calvinisme,  par  M.  Soulier,  prêtre, 

«   Le  régiment  d'Asfeld  (annoncé    deux  mois  à  Paris,  Edme  Conterot,  1686. 
l'avance)    est    commandé    par   un    homme   qui    ne 

s'attachera  qu'à  l'exécution  des  ordres  de  Sa  Ma-  '  Camille  Rousset,  Histoire  de  Louvois,  Jll.  p.  460. 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  555 

résistance.  Les  chefs  de  famille  firent  leur  soumission  dans  l'église,  en  pré- 
sence de  l'intendant  Se  du  maréchal.  L'évêque  diocésain,  Jean-Jacques  Séguier 
de  la  Verrière,  donna  du  haut  de  la  chaire  une  absolution  générale,  &  des 
cérémonies  analogues  furent  accomplies  dans  toutes  les  autres  églises.  On 
compta  deux  ministres  parmi  les  nouveaux  convertis  :  ils  s'appelaient  Cheiron 
&  Paulian. 

Après  Nimes,  les  deux  hauts  dignitaires  allèrent  visiter  Uzès.  Le  soir 
même,  le  ministre  Thomas  vint,  à  la  tête  des  principaux  habitants,  remettre 
son  acte  d'abjuration. 

Le  lendemain,  on  reçut  la  délibération  d'Alais  qui  fut  bientôt  suivie  de 
celles  de  Sauve,  d'Anduze,  de  Saint-Hippolyte,  de  Saint-Jean  de  Gardon- 
nenque.  La  tournée  de  l'intendant  8c  du  maréchal  dans  toute  la  province  des 
Cévennes  &  du  Vivarais  produisit  partout  des  résultats  aussi  rapides.  Les 
réformés  du  haut  Languedoc  suivirent  le  mouvement,  Si  dans  les  colloques 
d'Albigeois,  de  Lauragais  Se  de  Foix,  la  transformation  s'accomplit. 

Afin  de  la  mieux  seconder,  des  troupes  envahissaient  la  Province  par  plu- 
sieurs points.  Castres,  Montpellier  Si  Nimes  furent  occupées.  Mais,  en  géné- 
ral, la  soumission  devançait  l'arrivée  des  régiments. 

On  raconta  qu'en  dix-huit  jours  deux  cent  vingt-cinq  mille  protestants 
s'étaient  convertis ',  au  nombre  desquels  figuraient  cinquante-deux  ministres. 
Tous  les  temples  furent  abattus. 

Près  de  deux  cents  missionnaires  envoyés  par  le  roi  eurent  charge  d'ins- 
truire les  nouveaux  catholiques;  6<.  l'intendant  s'occupa  de  la  reconstruction 
des  églises  que  les  protestants  avaient  abattues  pendant  les  guerres  civiles  S< 
qui,  malgré  certaines  déclarations  royales,  ne  s'étaient  jamais  relevées  que  sur 
le  papier.  Trois  cent  vingt-cinq  de  ces  édifices  devaient  être  assez  rapidement 
construits  pour  que  l'on  y  pût  dire  la  messe  avant  la  fin  de  l'année  1686. 

On  installa  aussi  un  grand  nombre  de  maîtres  St  de  maîtresses  d'école,  8t 
cent  vingt-cinq  missionnaires  furent  chargés  de  passer  un  an  auprès  des  curés 
afin  de  faciliter  les  instructions  paroissiales. 

Les  contemporains.  Si  surtout  le  clergé  catholique  St  les  gens  de  cour,  sem- 
blent s'être  fait  la  plus  parfaite  illusion  sur  la  réalité  Si  la  durée  de  cette 
brusque  métamorphose. 

On  s'explique  sans  peine  l'impression  de  terreur  causée  dans  tout  le  pays 
par  la  seule  menace  des  logements  militaires,  si  l'on  se  rappelle  avec  quelle 
insistance,  durant  les  périodes  antérieures,  les  Etats  de  Languedoc  implo- 
raient la  protection  des  commissaires  du  roi,  de  l'intendant  Si  du  ministère 
contre  l'indiscipline  des  troupes  Si  la  rapacité  de  leurs  chefs*.  Si  en  pleine 
paix  intérieure,  dans  les  temps  calmes,  St  lorsque  les  instructions  de  la  Cour 
prescrivaient  aux  officiers  le  respect  des  ordonnances,  le  passage  d'une  colonne 
armée  soulevait  de  telles  alarmes  81  donnait  lieu  presque  invariablement  à 

'  Quarante-trois    mille  convertis   de    plus    que       à  la  fois  dans  les  pages  qui  précèdent  &  dans  nos 

d'Aguesseau  n'avait  trouvé  de  protestants.  Pièces  justificatives,  où  nous  avons  transcrit  plu- 

'  On  «n   trouvera  des  preuves  très-nombreuses       sieurs  délibérations  des  Etats  sur  cet  éternel  sujet. 


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556  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  graves  réclamations,  il  est  aisé  de  comprendre  quels  sentiments  devait 
éveiller  l'approche  de  soldats  envoyés  expressément  avec  la  mission  de  se 
rendre  incommodes  ik  de  faire  en  terre  protestante  ce  qu'on  leur  interdisait 
partout  ailleurs.  Sauf  le  meurtre  &i  le  viol,  tous  les  actes  de  brutalité  leur 
étaient  permis  &  des  fanatiques  se  rencontraient  même  pour  encourager  les 
actes  de  violence  comme  des  moyens  méritoires  de  contribuer  à  la  grande 
entreprise  du  roi. 

Après  la  première  stupeur  qui  détermina  l'abjuration  de  Nimes,  le  duc  de 
Noailles  crut  reconnaître  quelques  symptômes  de  refroidissement.  Un  certain 
nombre  de  dragons,  installés  à  propos  dans  les  maisons  «  des  plus  opiniâtres  » 
coupèrent  court  à  ces  velléités  d'opposition  &  rétablirent  l'unité  de  foi  déjà 
compromise  '. 

Dans  le  Gévaudan,  l'effet  fut  encore  plus  rapide.  «  Je  ne  sais  plus  que 
«  faire  des  troupes,  écrivait  Noailles,  parce  que  les  lieux  où  je  les  destinois 
«  se  convertissent  tous  généralement  &  si  vite,  que  tout  ce  que  peuvent  faire 
«  les  troupes  est  de  coucher  une  nuit  dans  les  endroits  où  je  les  envoie.  » 

L'affaire  la  plus  pressante,  pour  ces  pauvres  communes  des  montagnes,  était 
de  se  débarrasser  au  plus  vite,  n'importe  à  quel  prix,  des  hôtes  encombrants 
qu'on  leur  infligeait.  Les  abjurations  se  faisaient  à  la  hâte,  pour  prévenir 
un  mal  immédiat,  une  ruine  certaine,  avec  l'arrière-pensée  de  laisser  passer 
l'orage.  Les  lectures  bibliques  où  leur  piété  naïve  retrouvait  tant  d'exemples 
de  persécutions  passagères  8c  de  vexations  du  peuple  de  Dieu  par  les  infidèles, 
encourageaient  ces  populations  à  se  courber  sous  l'épée  du  roi  comme  le 
roseau  sous  le  vent,  sauf  à  relever  la  tête  lorsque  la  tourmente  serait  éloignée. 

Cependant  toutes  les  natures  ne  se  prêtaient  pas  à  ces  accommodements  & 
ne  se  berçaient  pas  des  mêmes  espérances.  Les  esprits  plus  clairvoyants,  com- 
parant leur  détresse  à  la  puissance  formidable  de  la  monarchie,  reconnais- 
sant que  depuis  des  années,  l'anéantissement  de  leur  confession  avait  été 
poursuivi  avec  une  méthode,  une  suite  8c  une  constance  irréprochables,  ne 
comptaient  plus  sur  un  retour  de  fortune,  &c  prenaient  le  parti  de  l'émigra- 
tion. Les  récits  de  la  vie  pastorale  des  livres  hébreux  où  les  déplacements  de 
tribus  fuyant  à  travers  les  déserts  sont  des  épisodes  fréquents,  avaient  depuis 
longtemps  frappé  les  imaginations  protestantes  8c  les  prédisposaient  à  cette 
douloureuse  résolution.  Aussi  l'exode  du  peuple  réformé  commence  avec  les 
premières  conversions  militaires. 

Tandis  que  les  paroisses  abjuraient  en  bloc,  se  faisaient  donner  l'absolution 
générale,  6c  que,  dans  les  grandes  villes,  la  foule  encombrait  les  églises 
catholiques,  beaucoup  de  fuyards  quittaient  mystérieusement  leurs  foyers  & 
se  hâtaient  de  gagner  la  frontière*. 

'  Millot,  Mémoires  du  iuc  Je  Noailles,  p.  270,  &  même,  par  un  article  secret,  de  députer  vers  les 

'  Plusieurs  ministres  de  Languedoc  se  trouvaient  rois  &  les  princes   réformés  de  l'Europe  &  de  les 

déjà  au  synode  national  des  protestants  de  Suisse,  prier  d'intervenir  auprès  de  Louis  XIV  en   faveur 

en    1685.  On  y  résolut  de   recevoir  tous  ceux  qui  de  ses  sujets  persécutés. 

se  retireraient  de  France  pour  cause  de  religion, 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES,  SSy 

En  bien  des  lieux,  les  dragons  arrivant  munis  de  leurs  billets,  frappaient 
a  des  portes  de  maisons  abandonnées,  &,  quand  ils  y  pénétraient  de  force, 
n'y  trouvaient  pas  plus  de  meubles  que  d'habitants.  Cela  devint  un  nouveau 
délit;  on  affecta  de  croire  que  ces  désertions  n'avaient  d'autre  motif  que  le 
désir  d'échapper  à  l'obligation  des  logements  militaires.  Si  l'on  s'en  autorisa 
pour  les  frapper  d'une  amende  de  mille  livres,  plus  trente  livres  par  jour 
jusqu'à  la  rentrée  des  propriétaires  &  à  la  remise  en  état  des  habitations. 

Vers  la  mi-octobre,  Noailles  était  à  Florac,  menant  toujours  avec  lui  les 
dragons  de  Barbezières  «  pour  faire  ses  missions.  »  Il  annonçait  qu'un  tiers 
du  Gévaudan  était  déjà  converti  Si  proposait  un  expédient  nouveau  pour 
triompher  des  dernières  hésitations.  Il  pensait  que  des  réductions  suu  les 
tailles  produiraient  un  bon  effet.  Elles  ne  seraient  pas  non  plus  inutiles  pour 
aider  les  peuples  à  vivre,  car,  ajoute  le  commandant  en  chef,  quoiqu'on  les 
ait  fort  ménagés  à  cause  de  leur  prompte  obéissance  aux  ordres  du  roi,  il  ne 
se  peut  qu'ils  n'aient  souffert.  Les  logements  avaient  été  doublés  dans  toute 
l'étendue  de  la  Province. 

Tout  en  poursuivant  son  expédition  à  travers  les  Cévennes,  Noailles  se 
plaignait  parfois  de  l'empressement  de  nouvellistes  trop  prompts,  pour  se 
rendre  agréables,  à  faire  à  la  Cour  des  récits  de  conversions  imaginaires,  & 
s'excusait  de  mettre  plus  de  lenteur  dans  ses  communications.  Il  avait  à  cœur 
de  n'annoncer  rien  avant  l'événement,  &  ne  cherchait  pas  à  se  donner  pour 
meilleur  apôtre  qu'il  n'était. 

Néanmoins,  sa  course  de  montagnes  lui  paraissait  un  merveilleux  triomphe. 
Il  ne  croyait  pas  que  jamais  intendant  ou  gouverneur  se  fût  aventuré  dans 
des  régions  si  peu  abordables,  Se  pensait  que  sa  marche  à  la  tête  de  troupes 
réglées  au  milieu  de  ces  solitudes  suffisait  à  frapper  les  populations  de  stu- 
peur. Elles  ne  s'étaient  point  figuré  que  les  soldats  du  roi  pussent  pénétrer 
dans  leurs  retraites.  La  démonstration  qu'elles  subissaient,  en  détruisant  le 
prestige  des  Cévennes,  devait  aussi  décourager  définitivement  les  tentatives  de 
résistance.  Ces  prédictions,  auxquelles  l'avenir  réservait  un  sanglant  démenti, 
semblaient  justifiées  par  l'attitude  presque  universelle  des  Cévenols. 

En  cheminant  à  travers  les  gorges  avec  sa  colonne,  Noailles  voyait,  à  quel- 
ques lieues  en  avant  de  chaque  paroisse,  arriver  des  groupes  d'hommes  abattus 
8c  respectueux  apportant  des  certificats  de  conversion  générale  signés  des 
curés  ou  des  missionnaires.  Il  fallait  donc  modifier  les  ordres  &  chercher 
ailleurs  des  insoumis. 

Le  commandant  n'en  croyait  pas  ses  yeux. 

«  Les  conversions  qui  ont  suivi  depuis  le  i5  octobre,  écrivait-il  à  Louvois, 
«  ont  été  avec  une  si  grande  vitesse  que  l'on  n'en  sauroit  assez  remercier 
«  Dieu,  ni  songer  trop  sérieusement  aux  moyens  d'achever  entièrement  cet 
«  ouvrage,  en  donnant  à  ces  peuples  toutes  les  instructions  dont  ils  ont  besoin 
«  &  qu'ils  demandent  avec  instance.  Il  est  certain  que  vous  pouvez  ajouter 
«  bien  près  d'un  tiers  au  moins  à  l'état  qui  vous  fut  donné  des  gens  de  la 
«  religion,  du  nombre  de  cent  quatre-vingt-deux  mille  hommes,  &  quand  je 


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558  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  vous  ai  demandé  jusqu'au  25  du  mois  prochain  pour  leur  entière  conver- 
«  sion,  j'ai  pris  un  terme  trop  long;  car  je  crois  qu'à  la  fin  du  mois  cela  sera 
«  expédié.  » 

Cette  fantasmagorie  d'une  conversion  instantanée  était  du  reste  indispen- 
sable; car  l'édit  de  révocation,  déjà  préparé  depuis  plusieurs  mois  Se  notifié 
d'avance  au  commandant  en  chef,  s'appuyait  précisément  sur  cette  révolution. 
Par  un  artifice  qui  peint  bien  l'époque  &  qui  complète  la  série  des  manœu- 
vres dirigées  contre  les  protestants,  l'édit  de  i685  ne  se  présente  point  comme 
un  acte  d'initiative  royale,  déclarant  la  guerre  à  l'hérésie  &  tendant  à  l'ex- 
tirper du  royaume.  Il  suppose  que  le  protestantisme  n'existe  plus  qu'à  l'état 
d'exceptions  insignifiantes.  Si  conséquemment  que  les  garanties  &  les  privi- 
lèges assurés  aux  réformés  par  l'édit  de  Nantes  n'ont  plus  de  raison  d'être, 
puisqu'il  ne  reste  presque  personne  pour  en  jouir.  L'antagonisme  des  deux 
communions  ne  doit  pas  plus  laisser  de  traces  qu'un  mauvais  rêve.  De  cette 
façon  l'abrogation  des  lois  de  iSçB,  qui  devait  entraîner  de  si  grandes  cala- 
mités, coûter  tant  de  sang  St  tant  de  larmes,  est  censée  perdre  son  caractère 
de  mesure  offensive  pour  n'être  qu'un  retour  au  droit  commun,  une  consta- 
tation légale  de  l'oubli  des  anciennes  querelles,  &,  mieux  encore  que  l'édit 
abrogé,  un  gage  de  «  bonne  &  perdurable  paix  »  &,  pour  tous  les  sujets 
du  roi,  «  le  principal  fondement  de  leur  union,  concorde,  tranquillité  Se 
«  repos,  Si  du  rétablissement  de  l'Etat  en  sa  première  splendeur,  opulence 
«  Se  force.  » 

Singulière  contradiction  !  Le  préambule  de  i685,  où  il  est  dit  en  propres 
termes  que  l'édit  de  Nantes  «  demeure  inutile  «  par  suite  de  la  conversion  des 
protestants,  exprime  le  désir  du  roi  d'«  effacer  entièrement  la  mémoire  des 
«  troubles,  de  la  confusion  Se  des  maux  »  que  les  passions  religieuses  avaient 
causés  dans  le  royaume.  Se  le  premier  article  renouvelle  le  fait  le  plus  écla- 
tant de  cette  période  de  guerres,  en  ordonnant  la  démolition  immédiate  de 
tous  les  temples,  La  ruine  des  édifices  consacrés  aux  deux  cultes  avait  inva- 
riablement marqué  le  triomphe  de  l'un  Se  de  l'autre  parti,  8c  c'est  par  une 
pareille  résurrection  des  procédés  les  plus  violents  de  la  réforme  que  s'inau- 
gure la  prétendue  loi  de  pacification. 

L'article  second  interdisait  d'une  manière  absolue  toute  assemblée  de  reli- 
gion même  dans  les  maisons  particulières,  supprimant  à  la  fois  les  innombra- 
bles arrêts  du  conseil  qui,  en  exécution  de  l'édit  de  Nantes  ou  de  celui  donné 
à  Nimes  en  162g,  avaient  si  soigneusement  déterminé  les  lieux  d'exercice. 

L'article  trois  défend  aux  seigneurs  de  faire  l'exercice  dans  leurs  fiefs,  sous 
peine  de  confiscation  de  corps  Se  de  biens. 

Puis  viennent  les  ordres  d'exil  pour  tous  les  ministres  qui  ne  seront  pas 
convertis  dans  le  délai  de  quinze  jours  à  dater  de  la  publication  de  l'édit. 
Ceux  qui  continueront  à  séjourner  dans  le  royaume  après  ce  terme  ou  qui, 
pendant  la  quinzaine  de  tolérance,  feront  prêche,  exhortation  ou  autre  fonc- 
tion religieuse,  seront  condamnés  aux  galères. 

L'édit  assure,  leur  vie  durant,  aux  ministres  qui  se  convertiront,  les  privi- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  55cj 

léges  fiscaux  dont  ils  jouissaient,  avec  une  pension  d'un  tiers  plus  forte  que 
leurs  appointements  de  ministres. 

Des  facilités  particulières  leur  seront  données  pour  se  taire  avocats  ou 
prendre  les  degrés  de  docteurs  es   lois. 

Les  écoles  spéciales  aux  entants  des  réformés  sont  supprimées,  ainsi  que 
tout  établissement  impliquant  l'idée  de  concession. 

Le  baptême  des  enfants  des  réformés,  par  le  curé  de  la  paroisse,  devient 
obligatoire  sous  peine  de  cinq  cents  livres  d'amende;  les  juges  locaux  étant 
chargés  d'y  tenir  la  main. 

La  confiscation  atteint  les  biens  de  tous  les  protestants  absents  du  royaume 
qui  n'y  seront  pas  rentrés  dans  l'espace  de  quatre  mois  après  la  publication 
de  l'édh. 

L'émigration  Se  le  transport  des  biens  à  l'étranger  sont  interdits  aux  réfor- 
més sous  peine  de  galères  pour  les  hommes,  de  confiscation  de  corps  8c  de 
biens  pour  les  femmes. 

Le  onzième  Si  dernier  article  renouvelle  toutes  les  anciennes  déclarations 
rendues  contre  les  relaps,  frappant  de  peines  terribles  ceux  qui,  après  avoir 
fait  une  profession  de  foi  catholique,  étaient  convaincus  de  revenir  aux  doc- 
trines condamnées. 

Telles  furent  les  dispositions  de  l'édit  de  Fontainebleau  dont  l'Europe 
entière  devait  être  émue. 

Par  une  étrange  aventure,  cette  loi  rigoureuse,  qui  allait  faire  en  France 
un  peuple  de  proscrits,  causa  une  déception  aux  grands  fonctionnaires  charo-és 
d'en  poursuivre  l'application.  Elle  leur  parut  manquer  de  décision  &  de  fran- 
chise St  n'être  pas  suffisamment  péremptoire.  Avec  leurs  théories  d'obéissance 
illimitée  à  la  volonté  du  roi,  théories  qu'autorisaient  d'ailleurs  toutes  les  pra- 
tiques récentes  du  gouvernement  à  l'égard  des  réformés,  ils  ne  comprenaient 
pas  que  Louis  XIV  n'eût  pas  purement  S<.  simplement  interdit  à  ses  sujets  de 
faire  profession  de  la  religion  protestante. 

Il  y  avait  surtout,  à  la  fin  de  l'article  onze,  une  clause  qui  inspirait  au  duc 
de  Noailles  les  plus  vives  alarmes. 

Cette  clause  portait  que  les  réformés  non  convertis,  en  attendant  qu'il 
plût  à  Dieu  de  les  éclairer  comme  les  autres,  pourraient  demeurer  dans  le 
royaume,  y  continuer  leur  commerce  Si  jouir  de  leurs  biens,  sans  pouvoir 
être  troublés  ou  empêchés,  sous  prétexte  de  la  religion,  à  condition  de  ne 
point  faire  d'exercice,  ni  de  s'assembler  pour  des  prières  ou  pour  tout  autre 
motif  religieux,  les  infractions  de  ce  genre  étant  punies  des  mêmes  peines 
que  l'exercice  public. 

Il  serait  difficile  d'imaginer  une  tolérance  moins  large  &  moins  compro- 
mettante. Pourtant  le  duc  de  Noailles  croyait  y  voir  une  annulation  indirecte 
de  tous  les  succès  qu'il  avait  remportés  pendant  sa  campagne  de  conversions. 

D'après  le  commandant  en  chef,  l'édit  de  révocation  était  inférieur,  comme 
moyen  d'obtenir  l'unité  religieuse,  à  l'idée  que  les  peuples  s'en  étaient  faite 
sur  les  premières  rumeurs.  Ils  avaient  d'abord  compris  que  le  roi  ne  voulait 


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ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


plus  souffrir  de  protestants  en  France,  8c  ils  en  prenaient  leur  parti.  La 
violence  même  faite  à  leur  conscience  par  la  volonté  souveraine,  appuyée 
d'une  force  matérielle  irrésistible,  devenait  à  leurs  yeux  leur  propre  excuse  S< 
les  déchargeait  de  responsabilité.  Noailles  poussait  l'illusion  jusqu'à  penser 
qu'à  la  faveur  de  cette  opinion,  le  Languedoc  n'aurait  bientôt  plus  compté 
un  seul  religionnaire.  La  réserve  finale,  en  autorisant  pour  ainsi  dire  une 
sorte  de  culte  mental  &  n'en  réprimant  que  les  manifestations  extérieures, 
avait  pour  effet  de  remettre  tout  en  question.  Beaucoup  de  nouveaux  convertis 
se  désespéraient  de  s'être  trop  pressés  &  d'avoir  devancé  une  persécution  qui 
devait  respecter  du  moins  le  sanctuaire  de  leur  conscience.  Le  duc  signalait 
à  cette  occasion,  avec  beaucoup  de  justesse  Se  de  prévoyance,  les  conséquences 
désastreuses  de  ces  abjurations  de  bouche  auxquelles  le  cœur  restait  étranger, 
la  vanité  des  démonstrations  de  catholicisme  qu'on  exigerait  des  protes- 
tants, l'état  singulier  d'une  population  contrainte  à  pratiquer  des  croyances 
opposées  aux  siennes  avec  la  ressource  de  se  croire  fidèle  à  son  culte  de  pré- 
dilection ;  puis  il  indiquait  un  certain  nombre  de  questions  embarrassantes 
soulevées  par  le  nouvel  édit.  Il  communiqua  ses  appréhensions  au  marquis 
de  Châteauneuf  Si  en  fit  l'objet  d'un  mémoire  adressé  au  roi'. 

Si  un  père,  après  avoir  fait  baptiser  son  fils  à  l'église  catholique,  le  faisait 
élever  dans  une  autre  croyance,  faudrait-il  le  lui  laisser  Se,  dans  le  cas  con- 
traire, exiger  une  pension  d'entretien?  L'édit  défend-il  de  mettre  des  troupes 
chez  les  protestants,  «  la  chose  du  monde  qui  les  trouble  davantage?  «  Doit-on 
considérer  comme  exercice  du  culte  les  prières  en  commun  faites  par  un  pro- 
testant dans  sa  maison  avec  sa  famille  Si  ses  domestiques,  usage  qui  transfor- 
mera les  habitations  particulières  des  réformés  en  autant  de  temples? 


'  Voici  le  texte  de  ce  mémoire,  publié  par  l'abbé 
Millot  : 

Mémoire  pour  le  Roi, 

«  L'édit  du  mois  d'octobre  i6S5,  pour  la  révo- 
cation de  celui  de  Nantes,  défend  bien  l'exercice 
public  de  la  R.  P.  R.,  mais  il  permet  à  ceux  qui 
eu  sont  de  la  garder,  pourvu  qu'ils  n'en  fassent 
pas  une  profession  publique.  Le  bruit  de  cette 
révocation,  qui  s'est  répandu  par  diverses  copies 
imprimées,  a  extrêmement  changé  les  dispositions 
des  peuples  :  ils  étoient  persuadés  que  le  roi  ne 
vouloit  qu'une  religion  dans  ses  Etats;  &  cette 
seule  opinion,  qui  avoit  fait  des  conversions  in- 
nombrables, déterminoit  tous  les  jours  les  plus 
opiniâtres,  croyant  qu'il  n'y  avoit  plus  d'espé- 
rance; de  sorte  qu'en  très-peu  de  temps,  il  ne 
scroit  pas  resté  un  seul  religionnaire  dans  tout  le 
Languedoc.  Mais  depuis  qu'ils  ont  vu  la  liberté 
ïtui  l2ur  est  accordée  par  l'édit,  j'apprends  qu'ils 
changent  de  résolution  &  préfèrent  de  demeurer 
dans  leur  religion  sans  exercice,  au  parti  qu'ils 
ctoic;it  sur  le  point  de  prendre. 


«  Ceux  qui  ont  fait  abjuration  par  les  loge- 
mens,  &  pour  obéir  à  ce  qu'on  leur  faisoit  en- 
tendre de  la  volonté  du  roi,  &  qui  ne  songeoient 
plus  qu'à  s'instruire  des  vérités  qu'ils  doivent 
croire,  consternés  de  douleur  &  de  repentir,  pa- 
roissent  regretter  leur  premier  état,  &  seront 
autant  de  relaps  dans  le  cœur,  qui  n'iront  point 
à  l'église,  ou  s'ils  y  sont  contraints,  n'useront  des 
sacremens  que  pour  les  profaner.  Il  ne  faut  plus 
mettre  en  doute  qu'un  père  de  la  R.  P.  R.  n'élè- 
vera pas  ses  enfans  dans  les  sentimens  de  la  reli- 
gion catholique  :  ils  se  trouveront  obligés  de  pro- 
fesser une  religion  qu'ils  détesteront,  &  privés  de 
l'exercice  de  celle  qu'ils  voudroient  embrasser;  ce 
qui  tend  à  une  irréligion  pire  que  l'hérésie. 

n  II  est  certain  que  la  dernière  clause  de  l'édit, 
qui  défend  d'inquiéter  les  gens  de  la  R.  P.  R.,  va 
faire  un  grand  désordre,  en  arrêtant  les  conver- 
sions, ou  en  obligeant  le  roi  de  manquer  à  la 
parole  qu'il  vient  de  donner  par  Tédit  le  plus 
solennel  qu'on  pût  faire'.  » 

'  .Millot,  Mémoires  du  duc  de  NoaiUfs,  p.  2-G. 


LIV.   III.  REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  56i 

Laissons  le  duc  de  Noailles  continuer  les  calculs  8c  les  hypothèses  de  son 
étrange  casuistique  8t  rechercher  ce  qui  manquait  à  l'édit  de  révocation  pour 
en  faire  une  loi  irréprochable,  &  suivons  à  travers  l'Europe  la  dispersion  des 
groupes  d'émigrés  qui  passèrent  la  frontière  de  Languedoc,  malgré  les  obsta- 
cles Se  les  dangers  accumulés  sur  leur  route. 

Ces  fugitifs  trouvèrent  presque  partout  un  terrain  préparé  à  les  recevoir. 
L'intérêt  religieux  était  pour  beaucoup  dans  l'accueil  que  leur  firent  les  pays 
protestants,  l'intérêt  politique  aussi,  car  les  grandes  guerres  de  Louis  XIV 
avaient  irrité  contre  la  France  toutes  les  puissances  étrangères,  &  les  divisions 
qui  pouvaient  affaiblir  la  monarchie  se  trouvaient  recommandées  d'avance  à 
leurs  encouragements. 

Le  contre-coup  de  la  révocation  ne  se  fit  pas  attendre.  L'acte  royal,  signé 
à  Fontainebleau,  avait  été  enregistré  au  Parlement  de  Paris  le  22  octobre. 
Le  29  octobre,  à  Postdam,  Frédéric-Guillaume,  margrave  de  Brandebourg, 
archi-chambellan  8c  prince  électeur  du  Saint-Empire,  promulguait  un  édit 
assurant  aux  réfugiés  français  qui  s'établiraient  dans  ses  Etats  un  ensemble 
d'avantages  Se  de  privilèges  importants'. 

Le  désir  de  l'électeur  de  Brandebourg  d'attirer  des  Français  dans  les  terres 
de  son  obéissance  n'était  point  nouveau.  Quand  il  ceignit  la  couronne  élec- 
torale, Frédéric-Guillaume  reconnut  les  traces  terribles  que  la  guerre  avait 
laissées  dans  son  pays.  La  désertion  des  campagnes,  la  ruine  du  commerce  Se 
de  l'industrie  ajoutaient  à  la  tristesse  de  ces  landes  monotones  qui  s'étendent 
vers  la  Baltique  avec  l'uniformité  d'un  désert  de  sable.  Dès  que  les  persécu- 
tions du  roi  de  France  commencèrent  contre  les  protestants,  l'électeur  comprit 
qu'il  pourrait  habilement  dériver  sur  ses  Etats  ces  populations  laborieuses  8c 
riches  qu'une  politique  inintelligente  éloignait  de  leur  patrie.  Le  ministre  de 
Brandebourg  à  Versailles,  Schwerin,  s'occupait  déjà  en  1661  à  nouer  des  rela- 
tions avec  les  réformés  français.  Se  ce  fut  à  la  suite  de  ses  démarches  qu'un 
certain  nombre  de  familles,  devançant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  dont 
elles  avaient  deviné  les  symptômes,  se  fixèrent  sur  les  bords  de  la  Sprée  8c 
fondèrent  la  colonie  de  Berlin. 

L'édit  de  Postdam  transformait  en  protection  déclarée  la  faveur  discrète 
que  les  émigrants  français  avaient  obtenue  jusqu'alors  du  prince-électeur. 
Frédéric-Guillaume  annonçait,  par  ce  document,  que  les  persécutions  8c  les 
rigoureuses  procédures  exercées  depuis  quelque  temps  en  France  contre  ceux 
de  la  religion  réformée  ayant  obligé  plusieurs  familles  à  sortir  de  ce  royaume 
Se  à  chercher  asile  dans  les  pays  étrangers,  il  voulait  bien,  touché  d'une  juste 
compassion  envers  les  victimes  de  la  foi  évangélique,  offrir  aux  Français  une 
retraite  sûre  8c  libre  dans  toutes  les  terres  8c  provinces  de  sa  domination.  Se 
leur  notifier  les  droits  Se  franchises  dont  il  entendait  les  faire  jouir. 

Par  ses  ordres,  les  sieurs  Diest  Se  Romswinckel,  l'un  envoyé  extraordinaire 

'  Histoire  de  l'établissement  des  Français  réfugiés  1690,  p.  19.  —  Histoire  Jet  réfugiés  protestants  Je 
en    Brandebourg,    par  Charles   Ancillon;    Berlin,       /rancf,  par  Ch.  Weiss,  Paris,  1 853,  II,  p.  400. 

XIII.  36 


1683 


i685 


562  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

auprès  des  États  généraux  de  Hollande,  l'autre  commissaire  électoral  dans  la 
ville  d'Amsterdam,  avaient  charge  de  fournir  aux  émigrants  les  bâtiments  & 
vivres  nécessaires  pour  le  transport  de  leurs  personnes  61  de  leurs  biens  depuis 
la  Hollande  jusque  dans  la  ville  de  Hambourg  où  M.  de  Gerike,  conseiller 
d'État  8c  président  au  cercle  de  la  Basse-Saxe,  devait  leur  assurer  les  moyens 
de  se  rendre  dans  la  ville  ou  province  qu'ils  choisiraient  des  États  de  Bran- 
debourg. 

Pour  les  émigrés  de  la  France  orientale,  du  nombre  desquels  se  trouvaient 
ceux  du  Languedoc,  qui  se  seraient  échappés  de  France  par  terre,  leur  point 
de  concentration  était  fixé  à  Francfort-sur-le-Mein,  où  le  conseiller-président 
Merian  &  l'agent  électoral  Leti  les  attendaient  pour  leur  délivrer  de  l'argent, 
des  passeports,  &  mettre  à  leur  disposition  les  bateaux  du  Rhin.  Descendus 
dans  le  duché  de  Clèves,  ils  auraient  affaire  au  personnel  de  la  régence  qui 
les  établirait  dans  les  pays  de  Clèves  ou  de  La  Marck  ou  faciliterait  leur 
voyage  81  leur  installation  dans  les  autres  parties  de  l'électorat. 

Le  prince  désignait  ensuite  aux  émigrés  les  villes  où  la  vie  leur  serait 
moins  chère  8t  où  leurs  entreprises  d'industrie  Si  de  négoce  auraient  plus  de 
chances  de  prospérer.  C'étaient,  dans  la  Marche  électorale,  Stendal,  Werbe, 
Rathenow,  Brandebourg  Si  Francfort;  dans  le  pays  de  Magdebourg,  la 
ville  capitale,  celles  de  Halle  St  de  Calbe,  81  dans  la  province  de  Prusse, 
Kœnigsberg. 

Les  biens,  meubles  81  marchandises  des  émigrés  étaient  absolument  déchar- 
gés de  péages  81  de  toute  nature  d'impositions. 

Les  maisons  abandonnées  qui  se  rencontreraient  dans  les  lieux  où  ils 
auraient  dessein  de  fonder  un  établissement  leur  seraient  assignées  en  pleine 
propriété,  dégagées  des  charges  hypothécaires  qui  pourraient  encore  peser 
sur  elles,  &  exemptes  pendant  six  ans  d'impôts,  de  logements  militaires  Si 
de  toutes  obligations  onéreuses.  La  concession  gratuite  de  matériaux,  bois 
chaux,  pierres,  briques,  diminuerait  les  frais  de  réparations  81  en  faciliterait 
l'achèvement. 

Quant  aux  constructions  nouvelles  qu'entreprendraient  les  colons,  elles 
jouiraient  d'une  franchise  générale  d'impôts  durant  dix  années,  81  se  feraient 
aussi  avec  des  matériaux  concédés  gratuitement. 

Une  fois  établis  dans  un  lieu  quelconque  de  l'État  électoral,  les  Français, 
privés  de  patrie  par  l'édit  de  Fontainebleau,  devenaient  de  droit  sujets  du 
margrave  de  Brandebourg,  sans  être  assujettis  au  droit  d'aubaine  81  avec  la 
faculté  d'entrer,  selon  leur  qualité,  soit  dans  les  corps  de  bourgeoisie,  soit 
dans  les  corporations  d'arts  81  métiers. 

L'électeur  promettait  en  outre  aux  industriels  qui  voudraient  fonder  quelque 
manufacture  ou  fabrique,  soit  de  draps,  d'étoffes,  de  chapeaux  ou  de  tout 
autre  produit,  outre  les  exemptions  fiscales  qu'ils  pourraient  souhaiter,  les 
assistances  d'argent  ou  de  matériel  utiles  à  la  prospérité  de  leurs  établissements. 

Aux  paysans  cultivateurs  il  offrait  une  étendue  de  terres  en  friche  à  ouvrir, 
avec  des  secours  de  vivres  81  d'argent  pour  le  temps  des  premiers  travaux,  ainsi 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  563 

qu'on  l'avait  pratiqué  k  l'égard  d'un  grand  nombre  de  familles  suisses  habi- 
tuées dans  le  margraviat. 

Dans  toutes  les  villes  où  plusieurs  familles  françaises  seraient  fixées,  elles 
auraient  la  faculté  d'élire  un  magistrat  arbitral,  chargé  de  régler  les  diffé- 
rends à  l'amiable  sans  formes  de  justice,  &  de  choisir  aussi  un  magistrat  judi- 
ciaire qui  déciderait  en  cas  d'appel  &.  qui  siégerait,  pour  les  causes  mixtes,  à 
côté  du  magistrat  allemand. 

Chaque  colonie  devait  aussi  avoir  un  ministre  &  un  lieu  d'exercice  où  la 
religion  serait  pratiquée  selon  les  coutumes  &  avec  les  mêmes  cérémonies 
usitées  en  France  depuis  la  réforme. 

Frédéric-Guillaume  rappelait  ensuite  que  plusieurs  gentilshommes  français 
avaient  été  déjà  élevés  aux  premières  charges  de  la  Cour  Se  au  commande- 
ment de  ses  troupes,  £<.  s'engageait  à  continuer  les  mêmes  grâces  aux  membres 
de  la  noblesse  qui  faisaient  partie  de  l'émigration,  leur  donnant  les  charges, 
honneurs  8i  dignités  dont  ils  seraient  reconnus  capables,  &  les  assimilant  à 
la  noblesse  indigène  dans  la  possession  des  fiefs  8i  terres  nobles  dont  ils 
deviendraient  acquéreurs. 

Une  disposition  spéciale  étendait  les  privilèges  de  l'édit  de  Postdam  à  tous 
les  Français  établis  dans  l'État  électoral  antérieurement  à  l'année  i685,  pourvu 
qu'ils  eussent  été  exilés  de  France  à  cause  de  la  religion  réformée. 

Enfin  le  dernier  article  annonçait  l'établissement  de  commissaires  dans 
chaque  province  de  l'électorat,  auxquels  les  réformés  français  pourraient  avoir 
recours  dans  toutes  leurs  nécessités,  chacun  des  gouverneurs  &  conseillers  de 
régence  avant  en  outre  mission  particulière  de  les  prendre  sous  sa  protection, 
de  les  maintenir  dans  tous  leurs  privilèges,  &  de  ne  pas  souffrir  qu'il  leur  fût 
fait  aucun  tort  ou  injustice. 

Telle  est  la  réponse  qui,  du  fond  des  marais  du  Brandebourg,  à  quelques 
jours  de  distance,  déduisit  les  conséquences  de  l'édit  de  Fontainebleau. 

La  Cour  de  Versailles  sentit  le  coup  8c  ne  négligea  rien  pour  en  atténuer 
la  portée.  Les  intendants  donnèrent  la  chasse  aux  exemplaires  du  manifeste, 
en  détruisirent  le  plus  qu'ils  purent  8c  voulurent  les  faire  passer  pour  des 
pièces  apocryphes,  tandis  que  l'on  redoublait  de  surveillance  aux  frontières, 
que  l'on  mettait  des  gardes  Ji  tous  les  passages  du  Rhône,  à  tous  les  cols  des 
montagnes  8c  que  l'on  épiait  étroitement  les  moindres  bateaux.  Vaines  pré- 
cautions! Les  émigrants  se  déguisaient  en  colporteurs,  en  portefaix,  en  mar- 
chands de  bétail.  Les  uns  endossaient  l'habit  du  chasseur  ou  la  jaquette  du 
courrier,  les  autres  défiaient  l'œil  des  espions  sous  les  galons  du  valet  de  pied 
8c  traversaient  les  chaînes  de  sentinelles. 

Le  landgrave  de  Hesse  imita  l'exemple  de  l'électeur  de  Brandebourg,  promit 
des  emplacements,  du  bois  de  ses  forêts,  de  la  pierre  8c  du  sable  pour  bâtir  la 
maison  des  exilés,  offrit  dix,  douze  ou  quinze  ans  d'immunités  fiscales,  d'après 
des  conditions  déterminées,  aux  protestants  qui  établiraient  des  manufactures'. 


i685 


'  Weiss,  Histoire  des  réfugiés  protestants  de  France,  II,  p.  411. 


~^^ ,"554  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

En  Hollande,  en  Suisse,  en  Angleterre,  il  y  eut  comme  une  rivalité  de 
bons  offices  à  l'égard  des  proscrits;  aussi  des  milliers  d'hommes,  de  femmes, 
d'enfants  ne  tardèrent  pas  à  se  répandre  sur  tous  les  grands  chemins  de  l'Eu- 
rope &  répondirent  aux  appels  que  leur  adressaient  les  puissances  étrangères. 

Le  Languedoc,  pays  à  la  fois  industriel  &  agricole,  figure  pour  un  contin- 
gent considérable  dans  cette  émigration. 

Dans  le  Brandebourg,  Gautier  de  Saint-Blancard,  qui  avait  été  pasteur  à 
Montpellier,  Se  qui  devint  prédicateur  de  la  Cour  de  Berlin,  fut  chargé  de 
présider  à  l'installation  des  Languedociens,  dont  il  présentait  les  plus  mar- 
quants à  l'électeur.  Plusieurs  jeunes  gens  de  la  noblesse  entrèrent  dans  les 
compagnies  formées  par  Frédéric-Guillaume  à  l'imitation  des  cadets  de  Lou- 
vois,  d'autres,  dans  la  marine  qui  se  créait.  Louis  de  Montagnac,  ancien 
conseiller  au  présidial  de  Béziers;  Henri  de  Mirmand,  président  à  Nimes;  le 
baron  de  Faugières,  sorti  des  Narbonne-Pelet,  devinrent  conseillers  d'ambas- 
sade; Jean-Baptiste  de  Rocoules,  de  Béziers,  fut  nommé  historiographe  de 
la  maison  de  Brandebourg;  Antoine  Teissier,  de  Nimes,  fils  d'un  receveur 
général  de  Languedoc,  traduisit  en  français  les  mémoires  de  Rocoules  sur  la 
vie  de  Frédéric-Guillaume;  les  sieurs  d'Auterive  &  Rose!  de  Beaumont  obtin- 
rent de  leurs  compagnons  d'exil  la  charge  de  juges  des  Français  à  Brande- 
bourg; Jacques  de  Gaultier,  frère  du  ministre  de  Berlin  &  ancien  docteur  de 
l'Université  de  Montpellier,  fut  attaché  comme  médecin  à  la  personne  de 
l'électeur;  Barthélémy  Pascal  de  Viviers,  Paul  Batigne,  de  Montpellier,  con- 
tribuèrent à  la  création  du  collège  supérieur  de  médecine  fondé  par  Frédéric- 
Guillaume  en  i685. 

L'émigration  industrielle  du  Languedoc  fut  surtout  considérable.  L'édit 
de  Postdam  avait  été  répandu  par  milliers  en  Suisse  où  les  premiers  réfugiés 
s'étaient  arrêtés  d'abord,  vme  fois  échappés  aux  dragons  de  Noailles  &  de 
Bâville.  Frédéric-Guillaume  faisait  surtout  appel,  comme  on  l'a  vu,  aux 
manufacturiers  d'étotfes  &  de  chapeaux,  industries  particulièrement  floris- 
santes dans  la  province.  L'invitation  électorale  ne  tomba  point  dans  le  vide. 

André,  Pierre  &  Antoine  du  Bosc,  sortis  de  Nimes,  Jean  Rafinesque  d'Uzès 
&.  Jean-Maffre  de  Saint-Ambroix,  se  fixèrent  à  Magdebourg,  où  le  cours  de 
l'Elbe  assurait  un  large  débouché  sur  la  Hollande  &  y  fondèrent  une  manu- 
facture de  draps,  de  serge  de  Rouen,  d'espagnole'ltes  &  de  droguets.  La  fabri- 
cation des  étoffes  de  laine  fut  importée  dans  la  même  ville  par  André  Valentin 
de  Nimes  Se  Pierre  Claparède,  de  Montpellier,  tandis  que  Pierre  Labry,  avec 
six  autres  réfugiés  qu'il  avait  emmenés  du  Vigan,  acclimatait  l'industrie  des 
bas.  Guillaume  Douillac,  de  Revel,  établit  à  Berlin  une  fabrique  de  cha- 
peaux français  qui  devint  bientôt  célèbre  dans  l'électorat,  Se  dont  les  plus 
élégants  gentilshommes  de  Pologne,  de  Lithuanie  8<.  de  Russie  ne  tardèrent 
pas  à  rechercher  les  produits.  Des  fabriques  de  soieries  Si  de  velours  s'impro- 
visèrent également.  De  nombreux  monteurs  de  pierres  fines,  venus  de  Lan- 
guedoc, contribuèrent  à  perfectionner  la  bijouterie  berlinoise  dont  d'autres 
réfugiés  avaient  transformé  le  style. 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  565 

En  un  mot,  ce  fut  une  véritable  ruche  de  travailleurs  &  de  producteurs 
de  tout  ordre  qui  se  transplanta  dans  la  monarchie  naissante  du  Brande- 
bourg, encore  toute  meurtrie  des  rudes  coups  de  la  guerre  de  Trente  Ans;  les 
ruines  se  relevèrent,  les  terres  incultes  furent  défrichées;  un  actif  commerce 
d'exportation  développa  dans  quelques  années  les  villes  mornes  Se  muettes 
de  Francfort-sur-l'Oder,  de  Halle,  de  Prentzlau,  de  Stettin,  de  Magdebourg 
&  de  Kœnisberg.  Tandis  que  le  désert  se  faisait  dans  les  cités  manufacturières 
de  Languedoc,  les  étrangers  voyaient  avec  joie  la  vie  française  se  répandre 
dans  leurs  solitudes  &  transformer  la  rudesse  originelle  des  populations. 

La  Suisse  qui  était  sur  l'itinéraire  le  plus  naturel  des  émigrés  languedo- 
ciens de  terre  ferme,  en  retint  un  assez  grand  nombre,  surtout  dans  le  pays 
de  Vaud  ou  se  fixèrent  principalement  les  agriculteurs.  La  grande  fuite  des 
protestants  n'entraînait  pas  en  effet  que  des  hommes  de  qualité,  des  indus- 
triels ou  des  trafiquants;  les  paysans  aussi  prenaient  part  au  mouvement, 
emportatit  avec  eux  leurs  procédés  de  culture.  Plusieurs  cantons  suisses 
durent  à  l'arrivée  de  ces  colons  des  perfectionnements  dans  la  culture  de  la 
vigne  8c  du  mûrier,  8c  l'acclimatation  des  légumes  les  plus  recherchés  dans 
le  midi  de  la  France.  Les  jardins  potagers  8c  les  pépinières  se  multiplièrent 
bientôt  près  de  Lausanne  8c  sur  les  bords  du  lac  de  Genève.  Aux  environs  de 
Berne,  Barutel  de  la  Rivière,  originaire  de  Montpellier,  obtint  un  vaste  ter- 
rain où  il  établit  une  plantation  de  mûriers  apportés  de  Languedoc. 

Diverses  manufactures  furent  aussi  créées  à  Berne,  à  Zurich  8c  à  Genève. 
A  Neufchâtel,  Jacques  Pourtalès,  du  Vigan,  fonda  une  maison  de  commerce 
qui  prospéra  très-rapidement  8c  d'où  est  sortie  l'une  des  plus  puissantes  for- 
tunes de  l'Europe. 

La  plupart  des  ouvriers  languedociens  installés  en  Suisse  travaillaient  la 
soie  ou  la  laine,  fabriquaient  les  draps  8c  les  velours.  D'autres  se  placèrent 
comme  simples  garçons  ou  hommes  de  peine  chez  divers  artisans;  de  ce 
nombre  fut  un  jeune  homme  des  Cévennes,  appelé  Jean  Cavalier,  qui 
servit  quelque  temps  dans  des  boulangeries  de  Lausanne  8c  de  Genève  8c  qui 
devait,  à  vingt  8c  un  ans,  devenir  redoutable  chef  de  bandes  8c  traiter  avec 
un  maréchal  de  France. 

Parmi  les  réfugiés  de  Languedoc  établis  en  Suisse,  on  ne  doit  pas  oublier 
Abauzit  d'Uzès,  qui,  enlevé  tout  enfant  à  sa  mère,  au  moment  de  la  révoca- 
tion, pour  être  enfermé  dans  un  collège  catholique,  en  fut  retiré  8c  conduit  à 
Genève,  où  il  fit  ses  études  8c  acquit  une  grande  réputation  de  philosophe 
8c  de  penseur.  On  l'a  cité  comme  un  des  esprits  les  plus  complets  8c  les  plus 
richement  doués  de  son  temps. 

En  Hollande,  Jacques  Saurin,  de  Nimes,  qui  avait  passé  quelque  temps 
dans  le  régiment  levé  par  le  marquis  de  Ruvigny  au  service  du  duc  de 
Savoie,  se  consacra  au  culte  réformé  8c  acquit  une  réputation  de  prédicateur 
éminent.  Barbeyrac,  de  Béziers,  professa  le  droit  8c  l'histoire  à  Groningue 
avec  éclat.  Quant  à  Pierre  Bayle,  fils  d'un  ministre  protestant  du  pays  de 
Foix,  après  avoir  abjuré  le  protestantisme  à  Toulouse  en  1669,  sous  l'impul- 


i6S5 


i68£ 


566  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sion  des  jésuites,  &  être  retourné  ensuite  à  la  religion  de  sa  famille,  il 
n'avait  pas  attendu  l'édit  de  révocation  pour  quitter  la  France,  8c  enseignait 
dès  1681  dans  «  l'école  illustre  »  fondée  par  la  ville  de  Rotterdam.  C'est  de 
là  qu'il  lança  les  écrits  philosophiques,  politiques  &  littéraires  qui  assurèrent 
sa  célébrité.  Il  publia  trois  lettres  véhémentes  sur  la  persécution  des  réformés 
de  France  &  les  conversions  militaires;  il  y  déclarait  à  Louis  XIV  que  ses 
triomphes  étaient  plutôt  ceux  du  déisme  que  ceux  de  la  vraie  foi  8c  que  sa 
prétention  de  rendre  toute  la  France  catholique  sous  son  règne  portait  au 
contraire  un  coup  terrible  au  catholicisme,  en  faisant  retomber  sur  la  reli- 
gion les  sentiments  d'horreur  qu'inspiraient  les  actes  de  cruauté  commis  en 
son  nom. 

Un  petit  nombre  de  cultivateurs  pauvres  du  Languedoc  se  fixèrent  dans 
l'ancienne  baronnie  de  Bréda  8c  dans  la  Frise. 

Quelques  réfugiés  de  Nimes  avaient  déjà  établi,  en  1684,  dans  la  ville 
d'Amsterdam,  une  manufacture  de  serges  qui  prit  un  développement  rapide 
8c  qui  fut  soutenue  par  les  secours  d'argent  de  la  municipalité.  Le  magistrat 
d'Amsterdam  céda  même  gratuitement  à  Pierre  Baille,  ancien  directeur  de  la 
manufacture  de  Clermont-Lodève,  un  vaste  terrain  situé  près  de  la  porte  de 
Weteringen,  avec  le  titre  de  marchand  8c  directeur  général  des  manufactures. 
Pierre  Baille  y  installa  cent  dix  métiers  pour  la  fabrication  de  la  soie,  de  la 
laine  8c  des  chapeaux. 

L'Angleterre  possédait  une  église  française  de  réfugiés  protestants  depuis 
le  milieu  du  seizième  siècle.  Mais,  dès  que  les  dragons  commencèrent  d'être 
employés  en  Poitou  comme  missionnaires,  le  gouvernement  britannique  mani- 
festa l'intention  de  recueillir  les  réformés  qui  voudraient  quitter  la  France. 
Charles  II  déclara,  par  l'édit  d'Hamptoncourt,  daté  du  28  juillet  1681,  qu'il 
se  croyait  obligé  par  son  honneur  8c  par  sa  conscience  de  secourir  les  victimes 
de  la  persécution.  Scieur  garantit  des  facilités  de  toute  nature  pour  l'exercice 
de  leur  commerce  8c  de  leur  industrie,  avec  lettres  de  naturalisation.  Après  la 
révocation,  Jacques  II  signa  un  nouvel  édit  où  il  se  disait  forcé,  par  les  lois 
de  la  charité  chrétienne  8c  les  devoirs  de  l'humanité,  d'offrir  aux  réformés 
proscrits  l'appui  de  sa  compassion  royale.  Diverses  familles  languedociennes 
répondirent  à  cet  appel  8c  passèrent  la  Manche.  Nous  citerons  Paul  de  Rapin, 
seigneur  de  Thoiras,  né  à  Castres  en  1661,  fils  d'un  avocat  à  la  chambre  de 
l'édit,  à  la  fois  homme  de  guerre  8c  littérateur;  le  Nimois  Graverol,  érudit, 
poëte  8c  légiste,  l'un  des  fondateurs  de  l'Académie  de  Nimes  ',  8c  l'auteur  d'une 

'  L'académie  de  Nimes,  après  plusieurs   années  les  conférences  de  la  société  sous  le  nom  d'Académie 

d'efforts  infructueux,  avait  été  fondée  à  Nimes  en  royale  de  Nimes  &  permirent  à  Tévéque  de  Nimes, 
i68i,  par  l'initiative  du  marquis  de  Péraud,  ma-  .    Jacques  Séguier,  de  s'en  dire  le  chef  &  le  protec- 

réchal  de  camp.  La   première  séance  en  fut  tenue  teur.  Ces  lettres  accordaient  aux  vingt-six  acadé- 

le  i"  avril  1682;  on  arrêta  les  statuts  le  29  avril,  miciens  les  mêmes  honneurs,  privilèges,  franchises 

&  le  27  mai   l'on  choisit  la   devise   proposée   pnr  Sa  libertés    dont    jouissaient    ceux  de    l'Académie 

Graverol  :  une  couronne  de  palme  avec  les  mots  française.  —   Le  premier  directeur   fut   M.  de  La 

MMVLJi   LAoni.  Baume,  le  premier  secrétaire  M.  de  Péraud,   &  le 

Des  lettres  patentes  du  10  août  1682  autorisèrent  premier  chancelier  l'abbé  d'AigUm. 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  LEDIT  DE  NANTES.  Sôy 

histoire  de  sa  ville  natale,  publiée  en  Angleterre,  avec  une  épître  adressée 
à  «  Messieurs  les  réfugiés  de  Nimes  qui  sont  établis  dans  Londres;  »  les 
Romilly,  de  Montpellier,  qui  ont  donné  à  la  Grande-Bretagne  des  hommes 
de  lettres,  des  avocats,  des  diplomates  8c  des  officiers  de  mérite;  les  Saurin, 
fixés  en  Irlande  sous  Guillaume  IIÏ;  les  Labouchère,  sortis  des  environs  de 
Toulouse,  &  dont  un  descendant  a  fait  partie  du  ministère  anglais  sous  la 
reine  Victoria. 

Enfin  d'autres  émigrés  de  Languedoc  allèrent  jusqu'en  Amérique,  8(.  par- 
ticulièrement dans  la  Caroline,  chercher  un  retuge  contre  les  abjurations 
forcées  ' . 

Quatre  jours  à  peine  avant  la  promulgation  de  l'édit  de  Postdam,  le  duc  de 
.  Noailles  ouvrait  à  Montpellier  l'assemblée  des  trois  ordres,  dont  il  devançait 
régulièrement  l'époque,  ne  voulant  pas  manquer  son  quartier  de  capitaine 
de  la  première  compagnie  de  gardes  du  corps,  commençant  au  i"  janvier^. 

L'assemblée  provinciale  ne  parut  guère  se  douter  de  l'émotion  qu'avait 
produite  en  Europe  l'édit  de  révocation  Se  des  conséquences  désastreuses  qui 
allaient  en  résulter  pour  la  France.  Elle  fut  tout  entière  à  la  joie  du  triomphe 
que  le  roi  venait  de  remporter  sur  l'hérésie,  8c  crut  pouvoir  s'en  attribuer  le 
mérite  pour  une  notable  part.  En  effet,  les  Etats  avaient  demandé  avec  insis- 
tance la  démolition  des  temples  de  Nimes,  d'Uzès  8c  de  Castres,  exprimé  le 
vœu  que  les  ministres  fussent  ambulatoires  8c  ne  pussent  demeurer  plus  de 
trois  ans  dans  le  même  endroit,  avec  obligation  d'être  placés  à  vingt  lieues 
au  moins  de  leur  dernière  résidence  Se  de  n'y  pas  entrer  avant  le  délai  de 
douze  années.  On  trouvait  aussi  dans  leurs  cahiers  une  foule  d'autres  suppli- 
ques destinées  à  rendre  la  situation  des  protestants  de  plus  en  plus  insuppor- 
table, Se  entre  autres,  la  prière  au  roi  d'annuler  les  dispositions  testamentaires 
des  réformés  en  faveur  de  leurs  enfants  convertis,  nouveauté  si  fort  audacieuse, 
que  le  chancelier  de  France,  malgré  son  bon  vouloir,  y  «  trouvoit  beaucoup 
«  de  difficultés.  » 

Après  avoir  tant  fait  pour  détruire  l'œuvre  d'Henri  IV,  l'assemblée  des 
trois  ordres  trouvait  dans  l'édit  de  Fontainebleau  la  réalisation  de  ses  vœux 
les  plus  chers. 

Dans  la  séance  du  3i  octobre,  le  cardinal  de  Bonzi  prit  la  parole  avant  le 

L'objet  principal  de  la  compagnie  «tait,  d'après  tenir  te»  (éances,  mais  elle  ne  put  l'obtenir,   la 

le  préambule  même  des  lettres  patentes,  «  l'étude  roi  ayant  disposé  de  cet  édifice  en   faveur  des  au- 

de  l'antiquité  pour  l'intelligence  de  ce  qu'il  y  a  gustins  qui  en  firent  une  église. 

de  plus   rare  &  de  plus  obscur  dans  les  débris  qui  En    i683,    l'Académie   de    Nimes    contracta    une 

leur  restent  des  Romains,  dont  les  fameux  monu-  sorte  d'alliance  arec  celle  d'Arles,  établie  «n  1668. 

mens    attirent    dans    ladite   ville   des    curieux    de  Le»  séances  continuèrent  régulièrement  jusqu'à 

toutes    parts.    »   Les    académiciens,    ajoute    l'acte  -l'année  i685,  où  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes 

royal,  «  ont  cru   qu'il  étoit  de   leur   honneur  de  dispersa    plusieurs  académiciens    &    suspendit   les 

joindre  la   pureté  du    langage   françoi»  à  la  con-  travaux  de  la  compagnie'. 

noissance  de  l'ancienne   histoire,  &  de  parler  le  '^eia,  Histoire  des  réfugiés  protestants  de  france, 

langage  de  notre  cour  comme  leurs  ancêtres  par-  *  Millot,  Mémoires  du  duc  de  Noailles. 
loient  le  langage  de  Rome.  » 

L'Académie  demandait  la  Maison  Carrée  pour  y  '  Mémoiret  dt  lAcaJémie  du  Gard,  Année  i85iJ-5o. 


168 


i685 


568  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

vote  du  don  gratuit.  Il  déclara  que  si  la  compagnie  avait  eu,  dans  le  passé, 
beaucoup  de  soumission  &  d'empressement  pour  plaire  au  roi,  elle  ne  pouvait 
rien  omettre  en  cette  occasion  pour  témoigner  son  zèle  &  son  obéissance; 
que  la  reconnaissance  des  Etats  ne  devait  point  avoir  de  bornes  8c  que,  si  Sa 
Majesté  n'avait  pas  la  bonté  d'en  mettre  à  ses  demandes,  il  serait  juste  que 
ses  sujets  de  Languedoc  lui  ouvrissent  leurs  bourses  comme  leurs  cœurs  pour 
lui  marquer,  en  lui  offrant  tout  ce  qu'il  leur  reste  de  bien,  jusqu'à  quel 
point  ils  étaient  sensibles  à  l'avantage  que  le  roi  venait  de  procurer  à  la  reli- 
gion par  la  conversion  générale  de  tous  les  calvinistes  de  la  Province.  Un 
pareil  succès  était  dû  aux  soins  infatigables  de  M.  le  duc  de  Noailles,  à  la 
vigilance  de  M.  de  Bâville,  &  au  zèle  &  à  l'application  de  Messieurs  les  pré- 
lats. Cette  assemblée  toujours  catholique  avait  désiré  longtemps  &  sollicité 
sans  cesse  dans  ses  cahiers  tout  ce  qui  pouvait  affaiblir  l'hérésie;  on  n'eût 
jamais  osé  aspirer  à  en  voir  l'entier  anéantissement;  ce  miracle  était  réservé  à 
Louis  le  Grand,  à  qui  rien  ne  résiste. 

Là-dessus,  on  vota  le  don  gratuit  de  deux  millions  deux  cent  mille  livres, 
réclamé  par  les  commissaires  du  roi,  en  y  mettant,  suivant  le  conseil  du  pré- 
sident, «  la  manière  honnête  que  l'assemblée  avoit  accoutumée.  « 

Immédiatement  après  le  vote,  le  cardinal  reprit  le  fil  de  sa  harangue.  Les 
Etats,  dit-il,  venaient  de  donner  une  marque  passagère  de  leur  zèle  pour  le 
service  du  roi  en  lui  accordant  la  somme  demandée  par  ses  commissaires. 
L'assemblée  ne  pouvait  se  porter  avec  moins  de  plaisir  à  en  laisser  un  témoi- 
gnage durable  à  la  postérité  en  élevant  à  Sa  Majesté  une  statue  équestre  dans 
l'une  des  villes  de  la  Province.  Il  fallait  faire  par  un  esprit  de  justice  &  de 
reconnaissance  ce  que  les  Grecs  &  les  Romains  ne  donnaient  qu'à  la  flatterie. 
Si  les  États  avaient  été  plutôt  assemblés,  ils  ne  se  seraient  pas  laissé  pré- 
venir par  les  provinces  &  les  villes  du  royaume  qui  venaient  de  prendre  une 
pareille  résolution;  mais  le  pays  de  Languedoc  avait  cet  avantage  particulier 
qu'il  voyait  l'hérésie  détruite  par  les  soins  du  roi,  en  l'endroit  du  royaume  où 
elle  avait  pris  de  plus  profondes  racines.  Le  Languedoc  aurait  donc  l'occasion 
de  consacrer  à  la  piété  du  roi,  pour  l'intérêt  de  la  religion,  ce  que  les  autres 
pays  de  France  faisaient  pour  la  mémoire  de  ses  triomphes  militaires. 

Les  Etats  saluèrent  les  paroles  du  cardinal  des  acclamations  qu'il  attendait, 
Si  décidèrent,  sans  passer  aux  voix,  qu'une  statue  équestre  de  Louis  le  Grand 
serait  élevée  par  la  Province  dans  telle  ville  que  Sa  Majesté  choisirait.  On 
pria  le  président  de  donner  des  ordres  pour  accélérer  cet  ouvrage,  8c  les 
députés  en  Cour  eurent  charge  d'en  apporter  la  nouvelle  au  roi,  en  même 
temps  que  le  don  gratuit'. 

Louis  XIV  répondit  le  g  novembre  au  cardinal  une  lettre  de  remercie- 
ments. Le  roi  disait  n'être  pas  moins  touché  de  la  démarche  des  États  que 
s'ils  avaient  été  les  premiers  à  lui  rendre  cet  honneur;  «  mais,  ajoutait-il,  leur 
«  bonne  volonté  me  sera  encore  plus  agréable,  s'ils  veulent  employer  le  fonds 

■  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  3i  octobre  i685. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  569 

«  de  la  première  année  de  cette  dépense  à  faire  promptement  quelques  églises 
«  dans  les  lieux  de  la  Province  qui  en  ont  le  plus  de  besoin.  C'est  à  quoy  je 
«  vous  recommande  de  les  porter  81  par  la  considération  pressante  du  bien 
«  de  la  religion,  &c,  si  je  l'ose  dire,  aussi  par  le  mérite  beaucoup  plus  sen- 
ti sible  qu'ils  en  auront  envers  moi.  » 

Dans  une  lettre  datée  du  lendemain,  le  roi  annonça  au  cardinal  qu'ayant 
été  informé  par  le  marquis  de  Châteauneuf  de  la  délibération  des  États  & 
sachant  que  tous  les  membres  de  l'assemblée  y  avaient  participé  par  une 
acclamation  générale,  il  recevait  avec  beaucoup  de  plaisir  ces  nouveaux  témoi- 
gnages de  leur  affection,  &  qu'il  faisait  choix  de  sa  ville  de  Montpellier  pour 
placer  cette  statue,  comme  étant  la  ville  de  Languedoc  où  il  convoquait  le 
plus  souvent  les  États. 

Pareille  missive,  conçue  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes,  était  adressée 
aux  gens  des  trois  ordres.  Le  roi  déclarait  qu'il  désirait  voir  placer  sa  statue 
dans  la  résidence  ordinaire  des  États,  afin  que  ce  fût  une  marque  éclatante 
de  leur  zèle;  «  mais,  ajoutait-il,  nous  aurons  très-agréable  que  l'on  n'y  tra- 
«  vaille  que  dans  un  an,  pour  que  vous  ajoutiez  à  ce  que  vous  avez  destiné 
«  pour  les  missions  8c  pour  bâtir,  augmenter  &  réparer  des  églises,  le  fonds 
«  que  vous  auriez  fait  cette  année  pour  cet  ouvrage'.  » 

Il  y  avait  une  contradiction  singulière  entre  les  démonstrations  de  recon- 
naissance publique  faites  au  nom  &  aux  frais  de  la  Province  8c  l'état  réel  du 
pays,  où  la  misère  de  plusieurs  diocèses,  occasionnée  par  la  sécheresse^, 
aggravée  par  le  séjour  des  troupes  8c  le  rétablissement  du  quartier  d'hiver, 
gagnait  de  proche  en  proche  Si  témoignait  de  jour  en  jour  des  tristes  effets 
de  l'édit  de  révocation.  Les  mesures  militaires,  les  arrestations,  les  poursuites, 
les  saisies  de  biens  avaient  jeté  une  telle  perturbation  dans  les  affaires  des 
particuliers  8c  si  fort  atteint  le  crédit  des  principales  maisons,  que  le  com- 
merce en  fut  comme  paralysé,  8c  le  duc  de  Noailles,  attribuant  ce  malaise  à 
l'émigration  des  protestants,  rendit  une  ordonnance  qui  enjoignait  aux  fugi- 
tifs de  rentrer  dans  quinzaine,  avec  leurs  femmes  8c  enfants,  sous  peine  d'être 
poursuivis  comme  criminels  d'État.  Ces  menaces  ne  découragèrent  qu'un  très- 
petit  nombre  d'émigrants  8c  augmentèrent  chez  les  étrangers  l'émotion  pro- 
duite par  la  persécution  religieuse  de  France.  On  voyait  paraître,  de  loin  en 
loin,  des  lettres  violentes  contre  le  catholicisme,  8c  l'on  citait  plusieurs  mou- 
rants qui,  malgré  la  vigilance  d'une  véritable  inquisition,  repoussaient  les 
sacrements  jusqu'à  la  dernière  heure. 

Néanmoins,  les  comptes  rendus  officiels  fatiguaient  la  Cour  du  récit  des 
conversions.  On  écartait  tous  les  épisodes  importuns  pour  présenter  un  tableau 
flatté  de  la  soumission  des  calvinistes.  Au  23  novembre,  le  chiffre  adopté  des 
abjurations  s'élevait  à  près  de  deux  cent  cinquante  mille.  Dans  cette  foule  de 
nouveaux  catholiques  se  trouvaient,  disait-on,  cinquante-quatre  ministres, 

■  Procès-Terbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  '  Voir  aux  Pièces  justificatives,  n.  CCCCLXXI, 

du  17  novembre  i685.  col.   \ii6,  le  rapport  fait  aux  Etats  sur  la  détresse 

générale  du  Narbonnais  &  du  Gévaudan. 


i685 


i68â 


570  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tous  honnêtement  récompensés  8c  plus  de  trois  cent  cinquante  gentilshommes. 
Plusieurs  d'entre  eux,  d'après  le  témoignage  de  Noailles,  luttaient  en  vain 
contre  l'opiniâtreté  de  leurs  femmes  qui  refusaient  de  les  suivre  à  l'église'. 
Il  y  avait  d'autres  protestants  de  qualité,  qui,  après  avoir  promis  de  donner 
satisfaction  au  roi,  s'autorisaient  de  la  liberté  du  culte  intérieur  respectée  par 
l'édit  pour  rétracter  leur  promesse.  Ils  consentaient  à  ne  plus  faire  d'exercice 
public  mais  entendaient  conserver  leurs  croyances.  Noailles  ne  savait  quel 
parti  prendre;  la  lettre  de  la  loi  étant  conforme  à  ces  prétentions,  il  consulta 
la  Cour  qui  n'hésitait  jamais  à  interpréter  les  textes  d'une  façon  extensive. 
On  lui  répondit  qu'il  fallait  multiplier  les  logements  de  dragons,  ce  qui  fut 
exécuté.  Quelques  personnages  marquants  n'eurent  pas  moins  de  cent  hommes 
à  entretenir  chez  eux.  Des  oppositions  par  voie  légale  furent  hasardées.  Se 
certains  consuls  reçurent,  de  la  main  d'officiers  publics,  des  sommations  judi- 
ciaires d'avoir  à  se  conformer  aux  prescriptions  de  l'édit;  mais  l'autorité  n'en 
tint  pas  compte.  Une  ordonnance  royale  défendait  de  contribuer  directement 
ou  indirectement  aux  évasions  des  réformés,  sous  peine  de  trois  mille  livres 
d'amende  au  moins,  Se  de  punition  corporelle  en  cas  de  récidive.  L'ardeur  de 
l'émigration  n'en  fut  pas  ralentie. 

Tout  en  s'applaudissant  de  la  destruction  de  l'hérésie,  les  États  ne  pou- 
vaient s'empêcher  de  constater  les  souffrances  produites  par  l'occupation  mili- 
taire dans  diverses  parties  de  la  Province.  Les  rapports  présentés  par  les 
syndics  diocésains  &  les  dépositions  des  consuls  étaient  unanimes.  On  exposa 
au  duc  de  Noailles  que  les  communes  religionnaires  étaient  ruinées  par  les 
logements^,  qu'elles  souffraient  depuis  deux  ans  sans  relâche,  que  les  étapes 
montaient  à  des  sommes  considérables  qui  seraient  encore  plus  fortes  cette 
année,  aussi  bien  que  les  quartiers  d'hiver;  que  les  missions  Sa.  les  répara- 
tions des  églises  leur  feraient  une  nouvelle  surcharge.  Le  commandant  en 
chef  promit  d'appuyer  les  requêtes  de  la  Province  auprès  du  roi^. 

Cette  affaire  des  missions  causait  de  grandes  difficultés,  L'usage  s'en  était 
répandu  dans  la  Province  pendant  les  années  qui  précédèrent  l'édit  de  révo- 
cation"*; lorsque  les  abjurations  se  produisirent  par  milliers,  il  fallut  aussi 

'  Millot,  Mémoires  du  duc  de  Noailles^  p.  280.  ''  «  Sur  la  fin  de  l'année  i683,  il  s'est  fait  une 
'  Voici  la  liste  des  régiments  cantonnés  en  Lan-  mission  célèbre  à  Montpellier  par  le  R.  P.  Honoré 
guedoc  pendant  l'hiver  de  i685-86  :  de  Caunes,   accompagné   du  V.  P.   Clément  de   la 
Régiment  à'Hudicourt,   cavalerie.  —   Régiment  Canourgue,  avec  autant  ou  plus  d'éclat  &  de  succès 
des   dragons   de  Fimarcon.  —  Sept  compagnies  du  que  celle  qui   se  fit   à  Tolose   l'année  1678;  aussi 
régiment  de  dragons  de  Bariesières.  le  R.  P.  Gaspard,  provincial,  y  présida,  y  donna 
Infanterie  :  régiment  de  La  Fère,  —  Régiment  tous  les  ordres  nécessaires  après  y  avoir  appelé  un 
de  Zurlauhen,  —  Régiment  de  Beauyoishi,  —  Six  grand  nombre  de  missionnaires  qui  estoient  tous 
compagnies  de  Koenigsmiirck,  des  gens  à  caractère,  des  ex-provinciaux,  des  ex- 
Dépense  pour  cinq  mois  :  178000  livre»,   sans  définiteurs,  des  gardiens,  des  ex-gardiens,  lecteurs 
compter  les  officiers  réformés,  les  états-majors,  les  ex-lecteurs  &  autres  jusqu'au  nombre  de  trente j 
places  des  commissaires  &  quelques  autres  frais  à  on  ne  met  pas  ici  le  détail  de  cette  missionj  on  le 
régler  par  l'intendant".  trouvera    dans    les    relations    qu'on    en    a    fait    & 
'  Millot,  Mémoires  du  duc  de  Noailles,  p.  280.  remis  dans  les  archives".  « 

■  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  7  dé-  "  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Mémoires  des  capucins 

cembre  i685.  de  Toulouse,  p.  2o5. 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  671 

multiplier  les  apôtres.  L'archevêque  de  Paris,  François  de  Harlay-Champ- 
vallon,  fit  partir  pour  le  Languedoc  une  troupe  de  bons  prédicateurs  destinés 
à  compléter  la  conversion}  mais,  comme  il  les  avait  choisis  sans  consulter  le 
père  de  la  Chaise,  Si  que,  dans  le  nombre  se  trouvaient  plusieurs  religieux 
de  l'Oratoire,  le  confesseur  du  roi  en  éprouva  un  vif  mécontentement  &  s'en 
plaignit  à  l'intendant  de  Languedoc  par  une  lettre  pleine  d'humeur.  D'autre 
part,  Bâville  6t  Noailles  craignaient  un  mauvais  emploi  des  fonds  par  les 
évêques  :  les  membres  du  haut  personnel  ecclésiastique  ne  vivaient  pas  en 
parfaite  intelligence;  on  avait  vu,  aux  Etats,  une  lutte  scandaleuse  s'élever 
entre  deux  prélats  qui  se  disputaient  la  députation  à  la  Cour,  Se.  il  n'était  pas 
rare  que  des  pamphlets  fussent  envoyés  au  ministère  pour  dénoncer  des  abus 
plus  ou  moins  réels. 

Le  cardinal  de  Bonzi,  toujours  fidèle  interprète  des  volontés  souveraines, 
avait  demandé,  au  nom  du  roi,  une  subvention  extraordinaire  de  cent  mille 
livres,  destinée,  moitié  «  à  la  construction  d'églises  qu'on  devoit  faire  ou 
«  agrandir  dans  les  diocèses  où  le  nombre  des  nouveaux  convertis  étoit  si 
«  grand  qu'il  n'y  pouvoit  contenir,  »  81  moitié  à  la  subsistance  des  missions 
employées  pour  les  instruire.  Le  cardinal  expliquait  à  l'assemblée  que  cette 
dernière  somme  était  très-minime  comparée  à  celles  que  le  roi  Se  le  clergé  de 
France  consacraient  au  même  objet,  qu'il  ne  fallait  pas  confondre  avec  les 
anciennes  missions  le  service  de  ces  prédications  exceptionnelles  rendues 
nécessaires  par  le  grand  nombre  de  nouveaux  catholiques  qu'on  était  forcé 
d'instruire  tous  à  la  fois  dans  un  changement  de  religion  pour  les  mettre  en 
état  de  pouvoir  bientôt  participer  aux  sacrements.  Les  commissaires  du  roi 
avaient  eu  d'ailleurs  le  soin  d'insister  auprès  du  cardinal  en  le  priant  d'assurer 
à  l'assemblée  que  cette  demande  serait  sans  conséquence  &  n'engagerait  pas 
l'avenir,  soit  pour  les  églises,  soit  pour  les  missions.  L'assemblée  vota  la 
somme. pour  une  année  seulement,  &  autorisa  le  trésorier  de  la  bourse  à 
donner  les  fonds  sur  des  mandats  signés  par  le  cardinal  à  qui  les  évêques  des 
divers  diocèses  fourniraient  l'état  des  églises  à  réparer  8t  des  missionnaires  à 
entretenir'. 

L'insuffisance  des  églises  ne  tenait  pas  seulement  à  l'affluence  des  fidèles 
que  les  ordonnances  du  roi  venaient  de  conquérir  à  la  foi  catholique  St  dont 
elles  prescrivaient  l'assiduité  aux  offices,  mais  aussi  aux  grandes  démolitions 
d'édifices  religieux  qui  avaient  été  faites  par  les  protestants  à  l'époque  de 
leurs  triomphes,  durant  les  périodes  orageuses  du  seizième  6t  du  dix-septième 
siècle.  Rien  n'était  plus  commun  que  les  oratoires  ruinés  dans  les  montagnes 
de  rUzège  &  du  Gévaudan, 

Diverses  mesures  avaient  été  prises  en  divers  temps  pour  relever  ces  ruines. 
Roux  de  Montbel,  l'un  des  syndics  généraux  de  Languedoc,  rappela  aux 
Etats  qu'un  arrêt  du  conseil  du  10  décembre  1634,  rendu  au  nom  des  curés 
8t  vicaires  perpétuels  des  diocèses  de  Nimes,  Uzès,  Viviers  &  Mende,  sur  la 

■  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  lo  noyembre  i685. 


irtSà 


i685 


572  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


requête  d'un  particulier,  &  homologué  par  les  États  le  22  février  1661,  avait 
établi,  dans  ces  quatre  diocèses,  un  droit  de  deux  deniers  sur  chaque  livre  de 
viande  vendue  Si  consommée,  pour  en  faire  un  fonds  destiné  à  la  réédifica- 
tion des  églises  démolies  par  les  protestants j  que  cette  résolution  n'avait  pas 
eu  de  suite,  &  que  le  moment  semblait  venu  de  la  faire  revivre  afin  d'obvier 
aux  grandes  nécessités  des  nouvelles  conversions.  Les  États  déclarèrent  ne  pas 
s'opposer  à  l'établissement  du  droit,  s'il  était  du  bon  plaisir  de  Sa  Majesté,  en 
exprimant  le  vœu  que  la  dépense  pût  être  faite  en  moins  de  deux  années'. 
On  s'occupa  aussi,  d'une  façon  spéciale,  de  la  nouvelle  cathédrale  de  Mon- 
tauban,  ce  diocèse  étant  un  de  ceux  où  le  nombre  des  catholiques  avait  aug- 
menté dans  les  plus  grandes  proportions  à  la  suite  des  vigoureuses  démarches 
de  l'intendant.  L'évêque  ayant  sollicité  la  construction  d'une  église  mieux 
en  rapport  avec  la  population  qui  devait  la  fréquenter,  M.  de  la  Berchère, 
maître  des  requêtes  &  commissaire  départi  dans  la  généralité  de  Montauban, 
fit  dresser  les  devis  de  cet  édifice  dont  la  dépense  totale  se  trouva  fixée  à  cent 
quarante-quatre  mille  livres.  Un  arrêt  du  conseil  d'État,  daté  du  7  août  i685, 
autorisa  pour  faire  face  à  ces  dépenses  la  levée  pendant  douze  ans  consécutifs^ 
«  conjointement  avec  la  taille  &  sans  retardation  d'icelle,  »  d'une  somme  de 
douze  mille  livres,  dont  huit  mille  prises  dans  les  communes  du  pays  d'élec- 
tion appartenant  à  la  Guienne,  8c  quatre  mille  dans  les  paroisses  situées 
en  Languedoc  8t  formant  le  diocèse  bas  Montauban,  disposition  approuvée 
par  les  États  dans  la  séance  du  3  novembre  sur  la  requête  de  l'évêque  de 
Montauban. 
1686  Plus  on  avançait,  d'ailleurs,  dans  la  malheureuse  politique  de  répression 

adoptée  à  l'égard  des  réformés,  plus  on  était  contraint  d'aggraver  leurs  condi- 
tions d'existence,  par  suite  des  nécessités  inattendues  qui  se  révélaient.  La 
révocation  de  l'édit  de  Nantes  avait  supposé  une  conversion  miraculeuse, 
un  anéantissement  absolu  de  la  volonté  des  protestants  devant  les  exigences 
du  roi.  Comme  il  n'en  était  pas  ainsi,  une  foule  de  difficultés  d'exécution 
auxquelles  on  n'avait  point  songé  surgirent  chaque  jour,  81  l'on  n'y  portait 
remède  qu'en  compliquant  &  en  rendant  plus  insupportable  encore  le  régime 
contre  nature  que  l'on  avait  adopté. 

Ainsi  l'année  1686  vit  paraître  un  nouvel  édit  royal  qui  tendait  «  à  sup- 
«  pléer  au  défaut  des  parens  encore  malheureusement  engagés  dans  l'hérésie 
«  qui  ne  pouvoient  faire  qu'un  mauvais  usage  de  leur  autorité  naturelle  pour 
«  l'éducation  de  leurs  enfans.  »  L'édit  ordonnait  que  tous  les  enfants  âgés 
de  cinq  à  seize  ans  accomplis,  seraient  mis  entre  les  mains  de  leurs  parents 
catholiques,  s'ils  en  avaient  qui  voulussent  se  charger  d'eux,  8<  dans  le  cas 
contraire,  entre  les  mains  d'étrangers  catholiques,  choisis  par  les  juges,  qui 
fixeraient  aussi  le  chiffre  de  leur  pension.  Si  les  pères  ou  mères  étaient,  par 
insuffisance  de  fortune,  dans  l'incapacité  de  payer  les  frais  de  pension,  les 
enfants  seraient  mis  dans  les  hôpitaux  les  plus  voisins  de  leur  habitation. 

■  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  18  novembre  iâ85. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  SyS 

Huit  jours  étaient  donnés  pour  l'exécution  complète  de  la  nouvelle  ordon- 
nance; on  y  procéda  avec  rigueur.  Les  couvents,  les  collèges,  les  hôpitaux 
furent  remplis  de  jeunes  réformés  enlevés  à  leurs  familles,  &  beaucoup  de 
catholiques  se  virent  imposer  malgré  eux  des  pupilles  à  élever  &  k  nourrir. 

Les  protestants  n'étaient  pas  l'unique  objet  des  sévérités  du  gouvernement 
qui  ne  se  montrait  guère  moins  impitoyable  à  l'égard  des  jansénistes.  La  Pro- 
vince de  Languedoc  en  eut  un  exemple  mémorable  dans  la  destruction  de 
l'institut  des  Filles  de  l'Enfance,  dont  la  maison-mère  fut  traitée  avec  autant 
de  rigueur  qu'un  temple  calviniste. 

Cet  institut  avait  été  fondé  à  Toulouse  en  1661  par  une  veuve  de  qua- 
lité, Jeanne  de  Juliard  de  Mondonville,  fille  d'un  conseiller  au  Parlement'. 
C'était  une  personne  d'une  assez  grande  fortune  &  d'une  ardente  charité, 
qui,  ayant  résolu  de  rompre  avec  le  monde,  s'était  consacrée  à  l'instruction 
des  jeunes  filles  Se  au  soulagement  des  pauvres.  Elle  commença  par  entretenir 
cliez  elle  un  certain  nombre  de  nouvelles  converties,  elle  y  appela  aussi  d'au- 
tres écolières  de  diverses  conditions,  qu'elle  formait  à  la  vie  chrétienne.  Elle 
faisait  faire  également  des  écoles  dans  sa  maison  Se  dans  différents  quartiers 
de  la  ville  où  l'on  apprenait  gratuitement  aux  jeunes  filles  à  lire,  à  écrire,  à 
compter,  à  coudre  &  à  filer;  elle  prenait  un  soin  particulier  des  pauvres 
malades,  leur  fournissant  des  bouillons,  des  médicaments,  des  secours  de 
toute  nature  Se  les  faisant  visiter  par  un  médecin  8t  un  chirurgien  dont  elle 
soldait  régulièrement  les  honoraires. 

Le  succès  de  cette  première  entreprise  détermina  Madame  de  Mondonville 
à  faire  œuvre  plus  durable,  en  créant  une  congrégation  de  filles  où  fussent 
perpétués  les  principes  qu'elle  avait  inculqués  à  ses  élèves. 

Dans  le  cours  de  la  dernière  maladie  de  son  mari,  elle  avait  eu  l'occasion 
d'apprécier  au  chevet  du  mourant  les  qualités  éminentes  d'un  ecclésiastique 
de  renom,  qui  s'était  distingué  par  son  zèle  Si  son  courage  à  servir  les  pes- 
tiférés pendant  l'épidémie  de  Toulouse;  l'abbé  de  Ciron,  chancelier  de 
l'église  métropolitaine  de  Saint-Etienne  Se  de  l'Université,  qui  avait  assisté 
M.  de  Mondonville  pendant  toute  son  agonie,  devint  le  confident  des  projets 
de  sa  veuve,  Se  dressa  les  constitutions  de  l'ordre  qu'elle  voulait  fonder. 

L'abbé  de  Ciron  appartenait  à  l'école  de  l'évêque  d'Alet;  il  poursuivait 
l'idéal  d'un  christianisme  épuré,  dégagé  de  toutes  les  innovations  Se  de  toutes 
les  petites  pratiques  extérieures  où  les  esprits  sévères  croyaient  retrouver  une 

'  Gilles  de  luliard,  conseiller  au   Parlement  de  de  Juliard,   prêtre,   docteur   en   théologie,   prévôt 

Toulouse,  &  sa  femme,  Jeanne  de  Puymisson,  dont  de    l'église    métropolitaine    de    Toulouse,    sur    la 

la  bienfaisance  fut  longtemps  célèbre  dans  le  pays,  plainte  par  lui   portée  au  sujet  d'un  libelle  diffi- 

eurent  deux  enfants.  Madame  de  Mondonville  &  matoire   publié  contre    la   mémoire  de   feue  Ma- 

Denys   de  Juliard,   président  aux   enquête»,   père  dame    de    Mondonville,    sa    tante,    sous    le    titre 

d'un    abbé   de  Juliard   qui    publia,   en    I735,    une  d'Histoire  Je  la  congrégation  des  filles  Je  l'Enfance, 

apologie  de  la   congrégation   fondée  par  sa   tante,  avec  l'arrêt  du   Parlement  de  Toulouse  du  25  mai 

sous  le  titre  :  Histoire  Je  la  congrégation  Jes  filles  1735,    qui    condamne    ledit    libelle    au    feu,    &   le 

Je  l'Enfance,  contenue  dans  un   mémoire  présenté  procès-verbal  d'exécution  dudit  arrêt.  A  Toulouse, 

au   Parlement  de  Toulouse  par  messire  Guillaume  chez  Jean  Guillemette,  lySS. 


1686 


i686 


574  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tendance  lointaine  à  l'idolâtrie.  Il  voulut  traduire  ses  sentiments  personnels 
en  maximes  de  conduite  à  l'usage  de  la  congrégation  nouvelle,  &  en  fit  le 
fond  de  son  plan  d'institut,  approuvé  en  1662  par  l'archevêque  de  Toulouse, 
Pierre  de  Marca,  &  confirmé  le  9  novembre  de  la  même  année  par  un  bref 
du  pape  Alexandre  VII. 

Un  des  traits  caractéristiques  de  ces  constitutions  est  l'aversion  la  plus 
marquée  pour  la  mise  en  scène,  l'appareil  extérieur  &  les  pratiques  supersti- 
tieuses. Le  fondateur  semble  redouter  toute  déviation  de  l'esprit  religieux,  il 
ne  veut  pas  que  le  respect  des  formes  puisse  tenir  lieu  de  vertu,  que  l'on 
matérialise  la  piété,  ni  que  l'on  se  paye  de  paroles;  il  s'attache  au  fond  8c  non 
aux  formules. 

Le  chapitre  XVI  est  intitulé  «  de  l'exclusion  de  toute  singularité;  d  sous  la 
plume  de  l'abbé  de  Ciron,  ce  mot  de  singularité  prend  l'acception  la  plus 
étendue.  Point  de  chapelle  extérieure,  de  clocher,  ni  de  cloches  plus  grandes 
qu'il  ne  les  faut  pour  être  entendues  de  la  maison.  Point  d'assemblées  le  jour 
de  la  réception  &  de  l'engagement  des  filles;  jamais  d'exposition  du  Saint- 
Sacrement  ni  d'indulgences  accessibles  au  public. 

Les  filles  ne  changent  ni  leur  nom  de  baptême  ni  leur  nom  de  famille; 
elles  demeurent  ce  qu'elles  sont,  sans  chercher  à  se  travestir  en  aucune  sorte. 
Elles  ne  doivent  pas  non  plus  s'appeler  sœurs  entre  elles,  se  contentant  de 
«  l'être  par  les  œuvres  &  par  la  pratique  d'un  support  &  d'une  patience  infa- 
«  tigable'.  »  Il  leur  est  également  interdit  d'accepter  l'obligation  d'offices 
ou  de  prières  de  communauté  en  faveur  des  particuliers.  Les  ennemis  de 
l'institut  ne  manquèrent  pas  d'exploiter  ces  prescriptions  &  de  les  dénoncer 
comme  une  satire  indirecte  à  l'adresse  des  maisons  conventuelles. 

Pour  leur  costume,  le  fondateur  ne  veut  pas  qu'elles  affectent  d'étoffe  par- 
ticulière; elles  se  serviront  indifféremment,  suivant  les  saisons,  de  celles  qui 
seront  au-dessous  de  la  pure  soie;  honnêtes,  simples  &  unies;  point  de  bro- 
deries, de  passements,  de  garnitures  d'or  ou  d'argent.  Si  les  étoffes  modestes 
viennent  à  la  mode,  on  attendra  que  la  première  chaleur  de  cette  mode  ait 
passé,  &  que  ces  étoffes  aient  perdu  l'attrait  accidentel  que  l'inconstance  du 
goût  leur  a  donné. 

Toutes  les  couleurs  sont  reçues  pourvu  qu'elles  soient  obscures  ou  neutres; 
noir,  gris,  feuille  morte,  blanc;  la  supérieure  étant  libre  de  régler  ces  détails 
d'après  lage,  le  caractère  &  la  qualité  des  personnes. 

i)es  gants  &  des  manchons  simples,  sans  ruban  ni  garniture;  des  coiffes  de 
taffetas,  de  crêpe  ou  de  tout  autre  tissu  commun;  des  souliers  sans  passement 
ni  broderie,  bordés  d'un  seul  galon  de  couleur  non  éclatante;  point  de  coupe 
particulière,  ni  d'uniforme,  mais  un  caractère  de  modestie.  La  gorge  doit  être 
bien  couverte,  le  col  &  les  bras  fermés.  Le  linge  fin  81  empesé  est  permis 
pourvu  qu'il  ne  soit  ni  transparent  ni  brodé.  En  tout  ce  qui  concerne  les 
vêtements,  il  est  expressément  recommandé  de  garder  une  juste  mesure,  pour 

■  Constitutions  de  lu  congrégation  des  filles  de  l'Enfance,  p.  32.  (Chap.  xvi.) 


LIV.  III.   RÉVOCATION  DE  L'ÊDIT  DE  NANTES.  SyS 

ne  point  faire  rire  les  fous  &  ne  point  contrister  les  sages,  &.  de  s'éloigner 
également  de  la  frivolité  des  modes  nouvelles  8c  du  ridicule  des  modes 
surannées'. 

La  même  simplicité  doit  se  retrouver  dans  les  meubles;  pas  d'autre  tapis- 
serie que  la  bergame  ou  autre  étoffe  commune,  avec  une  natte  au-dessous 
quand  la  rigueur  du  froid  l'exige. 

S'éloigner  à  la  fois  de  la  vanité  mondaine  &  de  la  singularité  des  cloîtres, 
telle  est  la  pensée  dominante  de  l'abbé  de  Ciron.  Il  proscrit  les  dortoirs,  les 
réfectoires,  les  cellules,  non  moins  que  les  pavillons,  les  galeries  &  les  salons. 
Il  ne  veut  pas  que  l'on  construise  des  bâtiments  monastiques  ou  des  palais, 
mais  que  l'on  achète,  autant  que  possible,  des  habitations  privées,  &,  si  l'on 
bâtit,  qu'on  imite  «  les  maisons  des  bons  bourgeois,  dans  les  limites  de  la 
«  simplicité  chrétienne^.  » 

L'esprit  de  corps,  si  puissant  dans  les  ordres  religieux,  ne  trouve  pas  grâce 
devant  le  pieux  réformateur,  qui  ne  néglige  rien  pour  en  préserver  sa  com- 
munauté. Se  qui  en  signale  les  abus  avec  une  sagacité  remarquable. 

«  Il  ne  faut  point  se  persuader,  dit-il,  qu'on  puisse  être  humble,  patient 
«  &  désintéressé  pour  soi,  superbe,  vindicatif  8c  intéressé  pour  la  congréga- 
«  tion...  Il  n'y  a  pas  deux  Evangiles,  l'un  pour  elle  8c  l'autre  pour  eux,... 
«  un  Évangile  qui  commande  aux  particuliers  de  faire  l'aumône  8c  qui  en 
«  dispense  les  communautés.  »  Prétendre  intéresser  Dieu  aux  affaires  tem- 
porelles de  la  congrégation,  croire  qu'on  ne  saurait  acquérir  trop  de  biens 
parce  que  tout  lui  appartient,  qu'on  peut  plaider  pour  des  vétilles,  8c  peu 
charitablement  pour  les  choses  considérables,  incommoder  le  prochain  pour 
s'accommoder  soi-même,  laisser  mourir  des  malheureux  dans  la  nécessité,  en 
ayant  des  maisons  où  règne  le  superflu,  exercer  des  vengeances  8c  des  inimi- 
tiés sous  prétexte  de  le  faire  au  nom  de  Dieu  qu'on  prétend  attaqué  en  sa 
personne,  lui  paraissent  autant  d'horreurs  monstrueuses  dont  il  veut  garantir 
sa  congrégation. 

Il  défend  que  l'on  plaide  pour  des  intérêts  peu  considérables,  recomman- 
dant l'arbitrage  toutes  les  fois  qu'il  sera  possible;  qu'on  s'attache  trop  à 
la  fortune  pour  la  réception  des  filles.  S'il  s'en  présente  de  pauvres,  qui 
aient  une  vocation  marquée,  on  en  recevra  autant  que  les  revenus  permet- 
tront d'en  entretenir.  «  S'il  n'y  a  de  logement  que  pour  une,  on  recevra  la 
pauvre,  «  à  l'exclusion  ou  au  retardement  de  celle  qui  portera  du  bien  à  la 
«  maison.  » 

Au  temps  des  nécessités  publiques,  lorsque  le  blé  est  très-cher  8c  qu'il  y  a 
grand  nombre  de  pauvres,  la  communauté  ne  craindra  pas  d'employer,  outre 
le  superflu  des  revenus  de  l'année  courante,  la  réserve  des  années  antérieures, 
6c  même  d'emprunter  des  sommes  médiocres,  suivant  les  facultés  de  la  maison, 
pour  être  employées  au  soulagement  des  misérables 3. 

■  Constltat'ions    de    la   congrégation    des  filles   de  '  Constitutions   de    la   congrégation    des   filles    de 

l'Enfance.    (Chap.    xvii.    Des    habits   tant    en    leur       VEnfance.  (Chap.  xix.  Des  bâtiments.) 
nature  (ju'en  leur  forme.)  '  Idem.  Chap.  xxil.  Des  vertus  de  communauté. 


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5^6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Comme  on  le  voit,  le  but  de  l'abbé  de  Ciron  Se  de  Madame  de  Mondonville 
avait  été  d'assurer  à  leur  œuvre  les  avantages  de  l'association  Se  les  mobiles 
généreux  du  sentiment  chrétien,  tout  en  la  préservant  des  travers  de  l'esprit 
de  corps  Si  du  matérialisme  des  pratiques  extérieures.  De  tels  principes  se 
trouvaient  en  contradiction  trop  directe  avec  les  maximes,  moins  religieuses 
que  politiques,  de  la  compagnie  dont  l'écrasement  des  réformés  rehaussait  en 
ce  moment  la  puissance,  pour  ne  pas  soulever,  dès  le  début,  de  redoutables 
inimitiés.  La  fondatrice  de  l'institut  s'était  aliéné  d'avance  les  sympathies 
des  communautés  en  laissant  écrire  par  ses  premières  compagnes  qu'elle  n'en- 
tendait point  faire  de  sa  congrégation  une  n^aison  religieuse  ni  la  soumettre 
aux  exagérations  d'austérités  £>i  aux  minuties  de  la  plupart  des  couvents'.  On 
affecta  de  voir  dans  son  entreprise  une  conspiration  janséniste;  il  n'en  fallait 
pas  davantage  pour  amasser  contre  elle  des  hostilités  violentes  qui  pendant 
plus  de  vingt-quatre  ans  l'attaquèrent  sans  relâche  &  finirent  par  triompher. 

La  guerre  commença  de  bonne  heure,  &  se  fit  d'abord  par  voie  détournée, 
sur  la  fin  même  de  l'année  1662,  malgré  les  garanties  de  durée  que  le  bref  du 
pape  Alexandre  VII  semblait  assurer  à  l'institution*.  Pendant  la  vacance  du 
siège  métropolitain  de  Toulouse,  une  lettre  de  cachet  enjoignit  aux  vicaires 
généraux,  dont  l'abbé  de  Ciron  faisait  précisément  partie,  d'empêcher  touie 
innovation  dans  le  diocèse  jusqu'à  la  nomination  d'un  nouvel  archevêque,  S.i 
l'on  s'autorisa  de  ce  que  l'approbation  de  l'institut,  préparée  du  vivant  de 
Marca,  n'avait  été  publiée  qu'après  son  départ  de  Toulouse  &  signée  de  son 
vicaire  général,  pour  comprendre  l'établissement  au  nombre  des  innovations 
interdites  Si  prescrire  la  suspension  de  tout  exercice. 

Le  coup  fut  évité  par  la  production  de  plusieurs  documents  décisifs,  l'inter- 
vention du  chapitre  de  Saint-Etienne,  des  capitouls  8<.  du  sénéchal  qui  don- 
nèrent des  certificats  de  notoriété.  Une  seconde  lettre  de  cachet  détruisit  l'effet 
de  la  première;  les  grands  vicaires  durent  rétracter  leur  ordonnance ■'',8<.  le 

'  On  lit  dans  la  requête  présentée  à  l'archevêque  '  n  ...praerata  statuta  seu  constitiitiones...  auctc- 
<Je  Toulouse  par  Madame  de  Mondonville,  en  son  ritate  apostolica  tenore  praesentium  confirmanus 
nom  personnel  &  au  nom  d'Isabeau  de  Belleville,  &  approbamus,  illisque  invlolabilis  apostolicae 
Françoise  de  Chambert,  Jeanne  Donnadieu,  Marie  firmiiatis  robiir  adjicimus,  ac  omnes  &  singulos 
d'Ortis  &  Françoise  de  Costos,  pour  solliciter  l'ap-  juris  &  facti  defectus,  si  qui  super  quomodolibet 
probation  des  règlements  de  l'institut,  que  le  suc-  intervenerint  supplemus,  decernentes  statuta  seu 
ces  des  premiers  exercices  de  charité  conduits  par  constitutiones  hiijusmodi,  necnon  praesentes  lit- 
la  suppliante,  avec  le  concours  de  ses  associées  teras  seraper  firma  ,  valida  8t  efficacia  existere  Se 
volontaires,  l'aurait  n  engagée  à  regarder  cette  stare,  suosque  plenarios  &  intègres  effectus  sortir! 
correspondance  desdites  filles  comme  un  effet  d'une  &  obtinere,  ac  ab  illis  ad  quos  seu  quas  spectat, 
grâce    particulière,    8c    comme    une    marque    que  &    pro    tempore    spectabit,    inviolabiliter    obser- 

Dieu   demandoit  d'elle,   que   pour  favoriser   leurs  vari 

bonnes  intentions,  elle  se  rendît  fondatrice  &  insti-  u   Datum  Romae  apud  Sanctam  Mariam  Majo- 

tutrice  d'une  congrégation  de  filles,  non  toutefois  rem,  sub  annule  Piscatoris,  die  6"  novembris  1662, 

religieuse,  sous  le  titre  de  l'enfance  de  Notre-Sei-  pontificatus  nostri  anno  octavo'.u 
gneur  Jésus-Christ,  à  laquelle  elles  ont  une  singu-  '  L'ordonnance  prohibitive  était  datée  du  4  juil- 

lière  dévotion,  pour  y  vivre  &  servir  Dieu  dans  le  let    i663j    la    rétractation    parut   le    18    août   sui- 

célibat,  8c  sous  le  vœu  simple  de  stabilité '  n  vant. 

•  Mémoire  pour  mcssirc  Guiiîaumc  de  JuliarJ,  p.  14.  '  Mémoire  pour  messire  Guillaume  de  Juliard.  p.  20. 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  5/7 

Parlement  de  Toulouse  à  qui  la  fondatrice,  alarmée  par  ces  démarches,  avait 
demandé  une  sanction  judiciaire,  confirma  de  son  autorité  les  règlements  de 
l'institut,  avec  défense  d'y  porter  obstacle,  sous  peine  de  quatre  mille  livres 
d'amende  '. 

Pour  comble  de  sécurité,  des  lettres  patentes  du  roi,  données  au  mois  d'oc- 
tobre i663,  approuvèrent  la  congrégation,  autorisant  la  directrice  8c  les  per- 
sonnes qui  lui  succéderaient  à  recevoir  «  toute  sorte  de  legs  pieux,  donations 
«  Si  testamens,  acheter  &  acquérir  les  biens  &  possessions  qui  pourroient 
«  contribuer  à  faire  ou  à  augmenter  les  fonds  8c  revenus  pour  l'entretien  de 
«  la  congrégation^.  » 

A  la  suite  de  ces  approbations,  confirmées  par  d'autres  témoignages  non 
moins  explicites,  la  maison  de  Toulouse  fut  bientôt  en  état  de  fonder  trois 
succursales,  l'une  à  Saint-Félix  de  Caraman,  l'autre  à  Montesquieu  de  Vol- 
vestre,  8c  la  dernière  à  Pézénas. 

M.  de  Bertier,  évêque  de  Rieux,  en  permettant  aux  filles  de  l'Enfance  de 
s'établir  dans  son  diocèse,  où  elles  devaient  vaquer  aux  soins  des  malades  8c 
des  nouvelles  converties,  rendit  un  éclatant  hommage  à  leurs  services.  «  Elles 
«  pratiquent,  dit-il,  ce  qu'il  y  a  de  plus  sublime  dans  la  vie  religieuse  sous 
«  un  habit  séculier,  qu'elles  ont  gardé  seulement  pour  vaquer  avec  plus  de 
«   facilité  à  toutes  les  œuvres  de  charité  où  le  bien  du  prochain  les  appelle''.  » 

L'évêque  d'Agde,  Louis  Fouquet,  ne  fut  pas  moins  expressif;  il  déclara 
qu'en  étudiant  les  constitutions  de  l'Enfance  avec  le  plus  grand  soin,  il  v 
avait  vu  «  un  dépôt  admirable  des  vertus  solides  de  la  véritable  piété  »  sans  y 
pouvoir  découvrir,  après  un  rigoureux  examen,  rien  de  contraire  à  la  tradi- 
tion des  apôtres,  à  l'usage  5c  à  la  discipline  de  l'Église;  il  reconnaissait  au 
nouvel  institut  l'avantage  de  «  ramasser  tout  ce  qu'il  y  a  de  pur  8c  de  parfait 
«  dans  les  cloîtres  Se  d'utile  dans  les  vertus  des  familles  vraiment  chré- 
«  tiennes.  »  Le  prélat  ne  laissait  pas  d'ailleurs  que  de  traduire  d'une  façon 
assez  transparente  les  inquiétudes  que  lui  inspirait  l'avenir  de  la  fondation. 
Il  exhortait  «  ces  saintes  vierges,  consacrées  à  honorer  l'enfance  d'un  Dieu 
«  dont  le  berceau  a  été  si  violemment  agité  par  les  persécutions  des  ennemis 
«  de  son  Evangile,  d'avoir  bon  courage  8c  de  ne  pas  se  troubler  s'il  les  hono- 
«  roit  du  même  sort,  »  espérant  que  «  ce  saint  germe  qui  est  d'en  haut  » 
ne  serait  ni  «  étouffé  par  l'esprit  du  mensonge,  ni  détruit  par  l'ouvrier 
«  d'iniquité  ^.  » 

L'extension  de  l'œuvre  ne  décourageait  pas  la  persévérance  de  ses  ennemis. 
Le  crédit  qu'ils  avaient  auprès  de  M,  de  Bourlemont  leur  permit  d'obtenir 
deux  arrêts  du  conseil  d'Etat,  à  la  suite  desquels  Madame  de  Mondonville  fut 

'  L'arrêt  du   Parlement  de  Toulouse,  rendu   sur  des  biens  qu'elle  possédait  &  de  ceux  qu'elle  pour- 
requête  de  Madame  de  Mondonville  &  conclusions  rijit   acquérir   par  contrats,   testaments,  codicilles, 
du    procureur   général,   fut    prononcé   le   3i    août  dojiations,  légats  ou  autre  manière. 
i663.  '  Approbation  donnée  à  Rieux  le  2J  mars  |665. 

*  Ces    lettres    furent   enregistrées  au    Parlement  *  Approbation   donnée  au   séminaire   de   Notre- 

Jc  Toulouse  le  17  novembre    i66'i,  sous   la  réserve  Dame,  près  Villefranchc-de-Rouergue,  le  22  juin 

que  Madame  de  Mondonville  payerait  les  charges  i66,j. 

XIII.  3? 


168Û 


i686 


5/8  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

contrainte  de  fermer  ses  classes  dans  le  printemps  de  l'année  1666.  Comme 
plusieurs  pauvres  filles  qui  fréquentaient  ces  écoles  s'habituèrent  alors  dans 
un  couvent  de  religieuses,  on  tira  habilement  parti  de  l'ignorance  &  de  la 
timidité  de  ces  enfants  pour  leur  arracher  diverses  dépositions  qui,  enrichies 
de  commentaires,  purent  être  présentées  à  la  Cour  comme  des  preuves  mani- 
festes du  caractère  janséniste  de  l'enseignement.  L'affaire  eut  un  certain  éclat. 
M.  de  Bourlemont,  M.  de  Montpezat,  alors  évêque  de  Saint-Papoul,  M.  de 
Bezons  s'en  occupèrent;  mais  le  travail  n'était  pas  encore  à  point,  Si  la  mine 
fut  éventée.  L'archevêque  de  Toulouse  répara  même  l'effet  de  ces  démarches 
en  publiant  une  nouvelle  approbation  des  statuts'. 

Le  cardinal  de  Bonzi,  arrivé  au  siège  métropolitain  de  Toulouse,  montra 
d'abord  des  dispositions  très-favorables.  Dans  le  procès-verbal  de  visite  qu'il 
dressa  le  14  septembre  1672,  après  avoir  étudié  l'établissement  dans  tous  ses 
détails,  il  se  plaisait  à  reconnaître  qu'on  n'y  pouvait  trouver  que  des  sujets 
d'édification. 

Il  louait  la  vie  retirée  des  filles  de  l'Enfance,  les  soins  qu'elles  donnaient 
aux  malades,  leur  distribuant  les  bouillons  &  les  remèdes  préparés  de  leurs 
mains,  leur  fournissant  des  matelas  &  des  couvertures  pendant  leurs  mala- 
dies; la  sage  direction  des  écoles  établies  dans  trois  quartiers  différents  de  la 
ville,  oïl  les  filles  de  toute  condition  étaient  instruites  gratuitement  dans  la 
piété  &  dans  les  bonnes  œuvres,  apprenaient  à  lire,  écrire,  compter  &.  tra- 
vailler de  leurs  doigts;  l'établissement  des  pensionnaires,  &  les  retraites  que 
faisaient  souvent  dans  la  maison  des  filles,  des  femmes  mariées  ou  des  veuves, 
ayant  leurs  quartiers  à  part. 

Ce  fut  à  peu  près  vers  le  même  temps  que  le  cardinal  Grimaldi,  arche- 
vêque d'Aix,  autorisa  la  fondation  d'une  autre  succursale  dans  sa  ville 
métropolitaine  ^. 

La  protection  du  prince  de  Conti,  la  bienveillance  particulière  de  la  reine 
Marie-Thérèse  qui  chargea  Madame  de  Mondonville  de  l'accomplissement 
d'un  vœu  qu'elle  avait  fait  pour  ses  enfants,  les  préférences  d'un  grand 
nombre  de  familles  distinguées,  qui  mettaient  leurs  filles  dans  le  pensionnat 
de  Toulouse  —  l'intendant  d'Aguesseau  &  le  premier  président  Fieubet  y 
tenaient  les  leurs  —  avaient  notablement  accru  dans  le  pays  la  réputation 
de  l'institut,  lorsqu'en  i683  un  éclat  se  produisit,  qui  précipita  la  catastrophe 
finale. 

Le  20  novembre,  Guillemette  de  Prohenques,  professe  de  la  maison  depuis 
environ  quinze  ans,  quitta  subitement  la  congrégation,  en  alléguant  les 
mauvais  traitements  qu'elle  y  avait  reçus.  Elle  s'était  échappée  par  une 
fenêtre  qui  donnait  sur  le  jardin  S<  qu'elle  avait  forcée  à  l'aide  d'un  marteau 
employé   par  ses   compagnes  dans    leurs    travaux  de   reliure.  L'archevêque 

'  Cette  approbation,  datée  du  6  avril  1667,  an-  '  Ordonnance  donnée  à  Aix  le  iï  janvier  1674. 
nulait  expressément  les  ordonnances  rendues  par  L'établissement  d'Aix  fut  confirmé  par  lettres  pa- 
les vicaires  généraux  le  22  mars  &  le  23  mai  de  tentes  du  mois  de  juillet  1678,  enregistrées  au 
la  même  année.  Parlement  de  Provence  le  14  octobre  1678. 


LIV,   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  Syç 

Montpezat  de  Carbon,  fit  une  enquête  minutieuse,  vérifia  l'inexactitude  de 
certaines  calomnies  relatives  à  la  prétendue  imprimerie  clandestine  de  livres 
jansénistes  que  les  ennemis  de  Madame  de  Mondonville  disaient  établie  dans 
sa  maison.  La  fugitive,  qui  finit  par  se  marier,  s'était  rendue  à  Paris  où  l'on 
utilisa  ses  dépositions.  Alors  les  inimitiés  qui  menaçaient  l'ordre  depuis  sa 
naissance  redoublèrent  de  vigueur. 

Pierre  de  La  Broue,  évêque  de  Mirepoix,  a  raconté  qu'en  1682  ou  i683, 
étant  logé  à  Toulouse,  dans  le  séminaire  de  Caraman,  il  y  reçut  la  visite  de 
deux  religieux  qui  le  prièrent  d'autoriser  de  sa  signature  divers  mémoires 
contre  Madame  de  Mondonville,  ce  qu'il  refusa  de  faire,  ne  se  regardant  pas 
comme  suffisamment  informé. 

La  situation  des  filles  de  l'Enfance  était  déjà  très-compromise  avant  que 
d'Aguesseau  ne  quittât  l'intendance  de  Languedoc.  Le  chancelier  son  fils 
raconte  qu'à  l'époque  où  sa  sœur,  emportée  par  une  vocation  irrésitible,  entra 
dans  cette  communauté,  la  crainte  des  périls  qui  la  menaçaient,  dans  un 
avenir  prochain,  malgré  la  protection  de  «  deux  puissances  »  contribuait  à 
rendre  plus  vifs  les  regrets  de  la  famille. 

La  foudre  commença  d'éclater  au  mois  d'octobre  i685.  Il  parut  un  ordre 
du  roi  défendant  par  provision  à  Madame  de  Mondonville  de  recevoir  aucune 
novice  dans  la  communauté'. 

Trois  mois  après,  le  subdélégué  Mariotte,  qui  était  l'exécuteur  ordinaire 
des  volontés  de  Bâville,  présenta  une  nouvelle  prohibition  encore  plus  éten- 
due. Celle-ci  défendait  de  recevoir  aucune  pensionnaire^. 

Avertie  par  ce  contre-temps.  Madame  de  Mondonville  crut  devoir  se  rendre 
à  Paris,  où  une  commission  composée  de  l'archevêque  de  Harlay,  du  mar- 
quis de  Châteauneuf,  du  père  de  la  Chaise  8c  de  l'official  Chéron  avait  été 
nommée  pour  examiner  les  plaintes  portées  contre  elle.  On  l'amusa  par  de 
bonnes  paroles,  on  l'empêcha  d'obtenir  une  audience  du  roi  qu'elle  sollicitait 
pour  s'expliquer  ouvertement,  8c  le  28  avril  1686,  elle  reçut  une  lettre  de 
cachet  qui  lui  ordonnait  de  se  rendre  incessamment  à  Coutances  en  basse 
Normandie  8c  d'y  attendre  de  nouvelles  instructions 3. 

'  «  De  par  le  Roi,  Sa  Majesté  désirant  pour  *  «  Considérant  qu'il  est  encore  nécessaire  pour 
quelques  considérations,  que  le  nombre  des  filles  les  mêmes  raisons,  que  l'on  ne  prenne  point  dans 
de  la  communauté  de  Toulouse,  dite  vulgairement  cette  communauté  des  pensionnaires  pendant  quel- 
de  l'Institut  fondé  par  la  dame  de  Mondonville,  que  temps,  Sadite  Majesté  mande  &  ordonne  très- 
ne  puisse  être  présentement  augmenté,  Elle  mande  expressément  tant  à  la  supérieure  qu'autres  per- 
&  ordonne  tant  à  la  supérieure  qu'autres  per-  sonnes  qu'il  pourroit  appartenir,  de  ne  recevoir 
sonnes  qu'il  appartiendra,  de  ne  recevoir  dans  dans  ladite  maison  aucune  pensionnaire,  jusqu'à 
ladite  communauté  aucune  fille  jusqu'à  nouvel  ce  que  par  Elle  il  en  ait  été  autrement  ordonné, 
ordre  de  la  part  de  Sa  Majesté,  sur  peine  de  déso-  sur  peine  de  désobéissance.  Fait  à  Versailles,  ce 
béissance.  ip*  jour  de  janvier  1686.  » 

«  Fait  à  Fontainebleau,   le  24'   jour   d'octobre  '  D'Aguesseau    écrivait    à   sa    fille    le    29   avril 

i685.  1686  : 

«  Louis.  —  Phelïpeaux'.  »  <i  Vous  avez  sans  doute  appris,  ma  chère  fille, 

l'ordre  que   Madame  de   Mondonville  a   reçu   du 

'  Hémoire  de  l'abbé  Je  Juliard,  p.  86.  roi  de  îe  rendre  à  Coutances  en  basse  Normandie. 


1686 


i6i6 


58o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Pvien  n'empêchait  plus  alors  de  compléter  la  victoire. 

L'arrêt  de  suppression,  poursuivi  depuis  tant  d'années  par  des  haines  infa- 
tigables, fut  prononcé  au  conseil  du  roi  le  12  mai  1686.  Il  y  était  dit  que  le 
roi,  s'étant  fait  représenter  toutes  les  pièces  relatives  à  la  congrégation,  révo- 
quait les  lettres  patentes  de  i663,  que  les  filles  de  l'Enfance  devraient  se 
disperser  avant  la  fin  du  mois  de  décembre,  avec  permission  de  se  retirer  où 
il  leur  plairait  &  que  les  biens  donnés  à  la  communauté  seraient  remis  en 
la  possession  de  ceux,  qui  les  y  avaient  apportés;  réservant  aux  supérieurs 
ecclésiastiques  territoriaux  le  soin  de  pourvoir  au  spirituel  en  ce  qui  touchait 
la  dissolution  de  l'institut. 

L'arrêt  du  conseil  fut  signifié  à  la  maison  de  l'Enfance  par  le  subdélégué, 
le  i^""  juin. 

Le  2,  l'archevêque  rendit  son  ordonnance,  dont  les  termes  lui  avaient  été, 
disait-on,  imposés,  à  son  grand  regret,  par  le  père  Pvoques  &  les  autres  jésuites 
de  Toulouse.  Le  prélat  s'appuyant  sur  les  réserves  contenues  dans  le  bref 
apostolique  de  1662,  sur  l'avis  des  docteurs  qui  déclarait  l'institut  contraire 
aux  maximes  ecclésiastiques,  8t  sur  l'arrêt  du  conseil,  prescrivait  d'enlever 
le  Saint-Sacrement  des  chapelles  8c  de  célébrer  une  messe  dans  laquelle  on 
consumerait  les  hosties  consacrées,  £<.  d'enlever  les  tabernacles,  les  vases,  les 
reliques  &  tous  les  objets  du  cuite. 

La  cérémonie  s'accomplit  dans  son  entier.  Un  grand  vicaire  de  l'arche- 
vêque, accompagné  du  promoteur,  d'un  notaire  apostolique  8c  de  plusieurs 
prêtres,  rassembla  la  communauté  dans  la  chapelle.  Il  exhorta  les  filles  à  la 
résignation  8c  leur  fit  donner  lecture  des  actes  publics.  11  monta  ensuite  à' 
l'autel  pour  dire  la  dernière  messe,  triste  comme  un  service  funèbre.  Toutes 
les  assistantes  sanglotaient.  Le  spectacle  de  cette  douleur  toucha  le  vicaire 
général,  qui  leur  adressa,  avant  de  les  quitter,  une  allocution  émue.  Il  se  fit 
remettre  les  objets  du  culte.  Le  parti  vainqueur  tira  grand  avantage  de  ce 
qu'on  n'avait  pas  trouvé  un  seul  reliquaire  dans  la  maison.  Depuis  vingt- 
quatre  ans  que   l'institut  existait,  on  disait  qu'il   n'eût  pas  été  difficile  à  la 

où  elle  se  dispose  d'aller  incessamment,  &  je  crois  comme  j'ai  fait,  n'ayant  eu  garde  de  m'y  employer 

même    qu'elle    partira    demain,    afin    d'obéir   avec  que  sous  cette  condition,  à  laquelle  je  l'ai  trouvée 

toute   la  diligence  &  l'exactitude  qu'elle  doit  à  la  tiès-Jisposée  d'elle-même',..  » 

volonté  de  Sa   Majesté.  Je  ne  doute   pas  que  cette  MademoiselIed'Agucsseau,  qui  avait  auprèsd'elle 

nouvelle  ne  vous  cause  une  très-sensible  douleur,  une  de  ses  sœurs,  âgée  de  six  ou   sept  ans,  mariée 

&  vous  jugez  à  mon  égard  que,  quand  je  n'en  se-  plus  tard  au  maître  des  requêtes  Le  Guerchois,  alla 

rois  pas   touché   par  l'estime  que   j'ai   pour  Ma-  se  réfugier  à  Paris  dans  la   maison  paternelle,  où 

dame  de  Mondonville,  je   le  serois  pour  toujours  elle  mena  jusqu'à  sa  mort  une  vie   très-austère  & 

extrêmement  par  rapport  à  vous.  Mais  je  dois  vous  très-retirée.  Elle  ne  mangeait  pas  à  la  table  de  ses 

dire,  pour  votre  consolation,  qu'elle  ne  s'est   pas  parents,  venait  seulement  les  voir  après  les  repas, 

attiré  ce  malheur  par  la  conduite  qu'elle  a   tenue  prompte  à  disparaître  aussitôt  qu'une  visite  était 

depuis    qu'elle    est   à  Paris,    n'ayant   reconnu    en  annoncée,  ne  sortant  que  pour  aller  à  l'église,  sans 

elle  que  des  sintimens  de  soumission  pour  tout  ce  autre  société  que  sa  sœur  &  une  fille  de  l'Enfance 

qu'on   trouveroit  juste  d'ordonner  sur  ses  consti-  qui  la  servait", 
tutions. 

-  CVst  ce  qu'elle  a  déclaré  à  tous  Messieurs  ses  .  y^^^^,-;  ^/^ftècw,  &c.,  I,  p.  169. 

commissaires,    &  qu'elle    m'a    prié    de    leur  dire,  »  Discours  sur  la  vie  &  la  mort  de -M.  d'Aguesseau,  p.  24. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  58i 

fondatrice  d'acquérir  des  reliques,  «  si  elle  avoit  été  bien  persuadée  du  crédit 
Il   des  saints  auprès  de  Dieu'.  » 

Les  mêmes  formalités  furent  suivies  dans  les  maisons  d'Aix,  de  Pézénas  & 
de  Montesquieu. 

A  Toulouse,  tous  les  exercices  de  l'institut  avaient  cessé  &  la  cloche  de- 
meurait muette.  Les  filles  de  l'Enfance  hasardèrent  quelques  démarches  pour 
obtenir  un  adoucissement  aux  rigueurs  qui  les  frappaient.  Elles  demandaient 
qu'il  leur  fût  permis  d'achever  leurs  jours  dans  la  maison,  promettant  de  n'y 
plus  recevoir  de  postulantes.  Elles  faisaient  valoir  l'engagement  qui  les  liait, 
&  la  misère  où  allaient  tomber  celles  qui  avaient  été  admises  sans  dot  8<.  dont 
les  familles  ne  pourraient  assurer  l'existence. 

L'archevêque  de  Toulo^ise  se  fit  généreusement  leur  intermédiaire;  mais 
des  raisons  de  cet  ordre  n'avaient  pas  chance  de  désarmer  leurs  ennemis.  Le 
père  de  la  Chaise  répondit  au  prélat,  le  3  juillet,  qu'on  «  regardoit  cela 
«  comme  une  chose  faite,  »  8c  le  pria  de  ne  pas  renouveler  des  tentatives  qui, 
venant  de  sa  part,  ne  seraient  pas  bien  reçues^. 

Alors  les  filles  de  l'Enfance  recoururent  au  pape.  Elles  lui  adressèrent  deux 
lettres  fort  touchantes  qui  furent  publiées,  mais  qui  n'eurent  pas  de  suite 
effective,  Innocent  XI  s'étant  contenté  de  blâmer  par  un  bref,  qui  parut  deux 
ans  après,  la  conduite  de  l'archevêque. 

Elles  firent  aussi  deux  actes  d'opposition  datés  du  14  septembre,  l'un  contre 
l'arrêt  du  conseil,  l'autre  contre  l'ordonnance  métropolitaine. 

Comme  elles  ne  trouvèrent  personne  pour  signifier  leur  opposition  au 
prélat,  elles  se  rendirent,  au  nombre  de  vingt-cinq,  à  l'archevêché  8c  décla- 
rèrent de  bouche  qu'elles  faisaient  appel  au  Saint-Siège. 

Une  autre  lettre,  portant  trente-neuf  signatures,  fut  adressée  à  Bâville  8c 
courut  en  Languedoc.  Elles  écrivirent  aussi  au  roi. 

Mais  l'acharnement  de  leurs  persécuteurs  ne  se  lassait  point.  On  les  accusa 
de  cabaler  avec  les  ennemis  de  la  religion  8c  de  l'Etat,  de  tenir  leur  maison 
ouverte  à  tout  ce  qu'il  y  avait  de  jansénistes  dans  la  ville,  8c  d'admettre 
encore  des  novices,  malgré  l'arrêt  de  suppression.  Une  lettre  de  Madame  de 
Mondonville,  qui  se  répandit  k  cette  époque,  empreinte  des  sentiments  de 
résignation  les  plus  exaltés,  ne  servit  guère  leurs  intérêts.  «  Je  serois  trop 
«  heureuse,  écrivait  la  fondatrice,  si  je  croyois  avoir  mérité  l'honneur  que 
«  Dieu  me  fait  sur  la  fin  de  mes  jours.  C'est  à  présent  que  le  ciel  verse  ses 
«  faveurs  sur  moi  avec  abondance.  »  On  avait  hâte  d'en  finir  avec  des  vic- 
times qui  parlaient  un  tel  langage. 

L'archevêque  de  Toulouse,  Joseph  de  Montpezat  de  Carbon,  dont  le  pape 
avait  si  rudement  caractérisé  la  conduite  à  l'égard  des  religieuses  de  Sainte- 
Claire,  répondit  par  des  marques  de  faiblesse  aux  inutiles  tentatives  que  les 
filles  de  l'Enfance  hasardèrent  auprès  de  lui.  L'abbé  de  Juliard,  neveu  de  la 

'  Histoire  ie  la  congrégation  Jes  filles  de  l'Enfance,  '  Histoire  île  la  congrégation  des  filles  de  l'Enfance, 

II,  p.  3i2.  II,  p.  317. 


1686 


i68ô 


582  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

fondatrice,  qui  essaya  de  plaider  la  cause  de  l'institut  en  faisant  appel  aux 
anciennes  sympathies  du  prélat,  s'aperçut  bientôt  qu'on  ne  devait  plus  compter 
sur  sa  protection.  Les  jésuites  avaient,  pour  ainsi  dire,  mis  garnison  à  l'ar- 
chevêché, surveillant  de  très-près  l'exécution  des  mesures  de  rigueur  qui  s'ac- 
complissaient par  leur  influence.  M.  de  Montpezat  cherchait  à  se  disculper 
indirectement,  soit  par  des  lettres  privées,  soit  par  des  conversations  dont 
Madame  de  Mariotte  se  faisait  l'interprète  auprès  des  membres  de  la  commu- 
nauté. Les  félicitations  &  les  encouragements  du  père  de  la  Chaise  triom- 
phèrent sans  peine  de  ses  premières  répugnances,  Se.  il  souscrivit  à  tout  ce 
que  l'on  voulut. 

Le  subdélégué  Mariotte  commença  par  faire  expulser  de  la  maison  toutes 
les  postulantes,  au  nombre  de  dix-neuf,  qui  comptaient  s'y  être  données  pour 
leur  vie  entière,  &  qui  laissèrent  voir  les  marques  de  la  plus  vive  douleur. 

Il  mit  ensuite  les  scellés  partout,  en  commençant  par  les  chapelles,  ce  qui 
dura  jusqu'à  la  nuit.  L'inventaire  fut  dressé  des  moindres  objets  avec  une 
extrême  rigueur.  Si  se  prolongea  pendant  huit  jours,  sans  laisser  un  coffre  ni 
un  cabinet  qui  ne  fût  cacheté.  Le  bruit  de  ces  procédures  entraînait  dans  la 
maison  une  foule  de  visiteurs  dont  les  compliments  de  condoléances  redou- 
blaient l'empressement  que  l'on  avait  d'en  finir.  En  vérifiant  les  papiers  de 
l'institut,  le  commissaire  s'étonna  du  grand  nombre  de  filles  pauvres  que 
Madame  de  Mondonville  avait  reçues.  Il  croyait,  sur  la  foi  des  ennemis  de  la 
maison,  n'y  rencontrer  que  des  personnes  de  grande  fortune  St  pouvoir  mettre 
la  main  sur  des  sommes  considérables.  On  institua  un  économe  pour  régir 
les  biens  jusqu'à  la  liquidation  définitive. 

L'institut  possédait  un  domaine  à  Saint-Orens,  où  résidaient  quelques 
filles;  on  se  hâta  de  les  en  chasser;  mais  quelque  vigilance  que  montrât  le 
commissaire  dans  l'exécution  de  son  mandat,  comme  ses  deux  filles  étaient 
pensionnaires  de  l'Enfance,  il  fut  dénoncé  auprès  de  la  Cour  Se  accusé  de 
mollesse.  Une  lettre  que  le  marquis  de  Châteauneuf  transmit  à  Bâville  par- 
lait de  grains  &.  de  troupeaux  détournés  à  la  faveur  de  ces  ménagements.  La 
fausseté  de  l'accusation  fut  démontrée;  mais  le  subdélégué  ne  négligea  rien 
pour  ne  pas  s'exposer  aux  mêmes  reproches. 

Quatre  filles  de  qualité  furent  cependant  envoyées  à  l'archevêque  :  c'étaient 
Mesdemoiselles  de  Chaunes,  de  Ciron,  d'Aguesseau  8<.  de  Fieubet;  la  con- 
versation dura  une  heure  mais  n'eut  pas  de  conclusion,  le  prélat  cherchant 
presque  à  se  justifier  en  invoquant  l'obéissance  qu'il  avait  dû  rendre  aux 
ordres  du  roi. 

Le  personnel  de  la  communauté  se  composait  alors  de  soixante-cinq  per- 
sonnes, outre  dix  ou  douze  valets  employés  à  la  campagne. 

Tout  ce  monde  dut  vivre  sur  les  soixante  livres  par  semaine  que  l'on  avait 
assignées  de  pension  provisoire  à  l'institut.  La  misère  devint  extrême,  8c  à 
chaque  requête  nouvelle  l'économe  répondait  par  une  menace  d'expulsion. 

Bientôt  l'on  apprit  que  la  chapelle  était  condamnée  à  la  démolition,  &, 
malgré  toutes  les  instances  que  l'on  fit  auprès  de   l'archevêque,  une   lettre 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  583 

expresse  de  Bâville  enjoignit  au  commissaire  d'y  procéder  sans  retard.  Pen- 
dant une  douzaine  de  jours,  l'enceinte  de  l'édifice,  qui  avait  été  décoré  à 
grands  frais  8c  orné  de  reliefs  &  de  peintures,  retentit  du  bruit  des  mar- 
teaux &  du  chant  grossier  des  maçons.  Renfermées  dans  leurs  chambres,  les 
pauvres  filles,  en  écoutant  ces  bruits  qui  leur  déchiraient  le  cœur,  pensaient 
aux  grandes  destructions  d'églises  que  les  protestants  avaient  faites  pendant 
le  seizième  siècle  8c  peut-être  aussi  aux  temples  réformés  qui  s'écroulaient  de 
toutes  parts  depuis  l'édit  de  révocation.  L'autel,  le  rétable,  le  lambris  furent 
mis  en  pièces,  8c  l'on  arracha  les  tableaux  enchâssés  dans  des  encadrements 
de  pierre  taillée  qui  revêtaient  la  muraille.  Dans  l'ardeur  de  la  démolition, 
on  enleva  quelques  assises  dont  le  déplacement  compromettait  la  solidité  du 
plancher  voisin;  supplié  d'arrêter  ce  travail,  le  commissaire  répondit  que  tout 
devait  être  arraché  jusqu'à  la  racine. 

A  la  suite  de  ce  dernier  éclat,  les  familles  des  congréganistes  s'émurent 
8c  réclamèrent  leurs  enfants.  La  persécution  surexcitait  les  résistances.  Le 
premier  président  qui,  dans  le  fond  du  cœur,  était  favorable  à  l'institut,  mais 
qui  se  croyait  obligé  de  montrer  des  sentiments  conformes  à  sa  fonction, 
pressa  énergiquement  sa  fille  de  quitter  une  retraite  où  les  traces  de  la  foudre 
étaient  visibles,  8c  ne  put  rien  obtenir;  il  recourut  à  M.  de  Montpezat,  qui 
ne  fut  pas  plus  heureux  8c  dont  toutes  ces  agitations  augmentaient  les  alarmes. 
Le  prélat  se  consolait  en  disant  :  «  Je  ne  vois  rien  dans  ces  filles  qui  ait  pu 
«  obliger  le  roi  à  les  traiter  comme  on  fait;  mais  c'est  un  grand  monarque 
«  qui  voit  les  choses  par  des  lumières  supérieures  aux  miennes.  » 

Cependant,  Madame  de  Mondonville,  âgée  8c  southante,  était  tenue  à 
Coutances  dans  une  étroite  captivité.  L'intendant  de  Normandie  l'avait  con- 
duite dans  la  maison  des  hospitalières,  en  remettant  à  la  supérieure  une  lettre 
de  cachet  qui  lui  enjoignait  de  garder  sa  prisonnière  sans  lui  permettre  de 
parler  à  aucun  étranger,  d'écrire  ni  de  recevoir  aucune  lettre.  Elle  s'était  fait 
suivre  d'une  des  filles  de  la  maison  qui  fut  envoyée,  avec  deux  de  ses  compa- 
gnes arrivées  de  Paris,  auprès  de  l'intendant  de  Caen.  Ce  magistrat  les  fit 
enfermer  dans  le  couvent  de  la  Propagation  de  la  Foi,  sous  une  surveillance 
aussi  rigoureuse  que  celle  que  subissait  leur  maîtresse. 

Dans  les  premiers  jours  de  septembre  arrivèrent  de  nouveaux  ordres  du  roi 
pour  expulser  quelques-unes  des  rebelles  de  Toulouse  sans  attendre  les  délais 
portés  par  l'arrêt  de  suppression.  L'archevêque  fit  faire  des  démarches  parti- 
culières auprès  de  Mademoiselle  de  Fieubet,  qui  tint  ferme,  objectant  ses 
vœux  dont  elle  ne  se  croyait  pas  déliée.  Le  premier  président  prit  alors  le 
parti,  d'accord  avec  les  autres  pères  de  famille  qui  appartenaient  à  la  cour, 
d'obtenir  un  arrêt  de  la  grand'chambre.  Le  Parlement  députa  deux  commis- 
saires, MM.  de  la  Font  8c  de  Sevin,  pour  réclamer  Mesdemoiselles  de  Fieubet, 
de  Burta,  de  Maran  8c  les  deux  sœurs  de  Cathelan.  A  la  nouvelle  de  cette 
députation,  les  jeunes  filles  se  réfugièrent  dans  un  galetas  où  l'on  ne  pouvait 
arriver  que  par  une  échelle  8c  y  demeurèrent  obstinément  tapies, 

M  Nous  venons  ici  avec  douleur,  dit  M.  de  Sevin  à  Mademoiselle  Gautier; 


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584  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  tout  le  monde  vous  plaint.  On  n'a  point  vu  le  mal  que  vous  avez  fait, 
«  &  on  a  vu  le  bien.  »  Néanmoins,  comme  on  ne  lui  remettait  pas  les  per- 
sonnes qu'il  avait  ordre  de  ramener,  il  s'impatienta  &.  envoya  quérir  une 
vingtaine  de  soldats  à  la  maison  de  ville.  Les  gens  du  guet  parcoururent  tous 
les  coins  de  la  maison,  comme  s'ils  eussent  été  à  la  chasse  de  malfaiteurs. 
Leurs  fouilles  ayant  été  infructueuses,  on  leur  donna  l'ordre  d'aller  visiter 
les  combles.  Les  fugitives  furent  ainsi  contraintes  de  quitter  leur  cachette; 
on  enleva  la  fille  du  premier  président  pour  la  jeter  dans  le  carrosse  de  son 
père,  tandis  qu'elle  criait  de  toutes  ses  forces  :  «  Mesdemoiselles,  je  vous 
«  prends  à  témoin  de  la  violence  qu'on  me  fait,  &  je  renouvelle  mes  vœux 
«  tout  de  nouveau.  » 

Des  scènes  analogues  se  produisirent  pour  l'enlèvement  de  Mademoiselle  de 
Burta  &  de  sa  cousine  de  Cathelan. 

Le  lendemain  de  cette  exécution,  qui  eut  lieu  le  12  septembre,  le  subdé- 
légué fit  assembler  ce  qui  restait  de  la  communauté  &  menaça  de  punir  l'obs- 
tination par  des  exemples  terribles.  La  congrégation  fit  appel  à  Rome,  & 
comme  on  ne  pouvait  pas  trouver  un  seul  notaire  qui  osât  signifier  l'acte  à 
l'archevêque,  ce  furent  trois  filles  qui  se  chargèrent  elles-mêmes  de  ce  soin, 
non  sans  exciter  force  railleries. 

Une  exaltation  singulière  continuait  à  régner  parmi  les  victimes;  atten- 
dant le  dernier  coup,  dont  l'imminence  était  assurée,  elles  passaient  leurs 
nuits  en  prières,  agenouillées  sur  les  masures  de  la  chapelle,  comme  les  pro- 
testants des  Cévennes  sur  les  ruines  de  leurs  temples  démolis. 

Le  23  septembre,  Mariotte  reparut,  investit  les  abords  de  la  maison,  y 
pénétra  avec  une  douzaine  de  soldats,  &.  s'étant  saisi  des  clés,  qu'il  mit  aux 
mains  de  l'économe,  trouva  une  vingtaine  de  filles  réunies  au  milieu  des 
décombres.  Il  apportait  un  ordre  spécial  de  sortie  pour  quarante  personnes. 
Celles  qui  n'étaient  pas  désignées  furent  ramassées  dans  une  chambre  avec 
une  sentinelle  à  la  porte.  Quant  aux  autres,  on  les  jeta  dehors  sans  ménage- 
ment. Les  soldats  du  guet,  habitués  aux  captures  des  rondes  de  nuit,  traî- 
naient brutalement  les  pauvres  filles  avec  force  injures.  Ils  avaient  formé  la 
chaîne  dep\iis  les  salles  intérieures  jusqu'à  la  porte  d'entrée  &  se  faisaient 
passer  les  malheureuses,  toutes  en  pleurs  Si  les  vêtements  déchirés.  L'économe 
entr'ouvrait  la  porte  pour  les  pousser  dans  la  rue,  où  d'autres  soldats  avaient 
ordre  de  les  disperser. 

La  fille  d'un  président  à  mortier  du  Parlement  de  Provence,  que  l'on  fai- 
sait avancer  à  force  de  coups,  implorait  la  foule  en  criant  qu'elle  se  sentait 
mourir.  «  Mourez  si  vous  voulez,  repartirent  les  gens  du  guet  :  nous  ne 
«  sommes  pas  des  porteurs  de  chaise  pour  vous  porter.  » 

Il  y  eut  plusieurs  évanouissements  dans  les  rues;  81  l'on  dut  donner  les 
premiers  secours  aux  malades  dans  quelques  églises  voisines,  aux  Chartreux, 
aux  Capucins,  aux  Cordeliers. 

Cette  expulsion  fut  tellement  lamentable  que  le  subdélégué,  en  levant  les 
arrêts  des  dernières  filles  de  la  maison,  leur  offrit  ses  excuses,  déclarant  con- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  585 

naître  leur  innocence  mieux  que  personne  du  monde,  mais  être  contraint  de 
faire  ce  que  l'intendant  eût  fait  lui-même,  s'il  s'était  trouvé  en  ville. 

Il  ne  restait  plus  à  l'institut  que  vingt-sept  personnes  de  qualité,  sans 
aucune  servante;  elles  se  virent  réduites  à  préparer  leurs  aliments  de  leurs 
mains  Si  à  se  livrer  aux  plus  pénibles  besognes,  n'ayant  pour  tout  moyen 
d'existence  que  vingt  livres  par  semaine,  dont  elles  savaient  encore  assister 
quelques-unes  de  leurs  anciennes  protégées. 

Le  dénoûment  approchait  :  un  garde  de  l'intendant  fut  expédié  à  Tou- 
louse pour  achever  l'œuvre  que  Mariotte  avait  si  bien  commencée.  Il  se 
présenta  le  dimanche  20  octobre,  à  huit  heures  du  matin,  à  la  maison  de 
l'Enfance,  accompagné  de  plusieurs  soldats,  &,  bien  que  la  dispersion  défini- 
tive de  la  congrégation  eût  été  fixée  au  mois  de  décembre  par  l'arrêt  de 
suppression,  il  exhiba  une  lettre  de  cachet  qui  prescrivait  la  séparation 
immédiate.  Mademoiselle  de  Gautier,  lui  répondit,  avec  les  protestations  ordi- 
naires d'obéissance,  qu'aux  termes  de  l'arrêt,  la  communauté  devait  attendre 
pour  se  disperser  que  l'autorité  épiscopale  eût  pourvu  au  spirituel.  Le  garde 
refusa  d'accéder  à  ces  raisons  &  consentit  à  peine  à  prendre  patience  pendant 
le  temps  d'unç  messe.  Les  malheureuses  filles,  tout  en  larmes,  déclarèrent 
qu'ayant  fait  des  vœux  dans  cette  maison,  elles  ne  pouvaient  la  quitter  sans 
crime.  En  même  temps,  refusant  de  prendre  aucune  nourriture,  elles  sorti- 
rent de  la  salle  des  visites  8c  allèrent  se  réfugier  dans  les  ruines  de  leur  cha- 
pelle. Pour  les  forcer  dans  ce  dernier  réduit,  le  garde  fut  contraint  d'appeler 
les  soldats,  &  s'avança  à  leur  tête  parmi  les  décombres  oii  la  plupart  des  filles 
s'étaient  mises  à  genoux.  Les  soldats  les  jetèrent  brutalement  au  milieu  de 
la  rue.  Trois  d'entre  elles,  gravement  malades,  étaient  contraintes  de  garder 
le  lit;  on  les  força  de  se  lever  8c  de  monter  dans  une  chaise,  qu'il  fallut 
arrêter  jusqu'à  six  fois,  à  cause  de  leur  état  de  faiblesse  8c  de  leurs  évanouis- 
sements. Ce  triste  voyage  se  faisait  par  une  pluie  battante.  Se  à  travers  une 
foule  considérable  que  le  bruit  de  l'événement  avait  amassée,  8c  que  l'aspect 
de  ces  violences  8c  de  ces  pleurs  agitait  profondément'. 

Toutes  les  filles  qui  n'avaient  pas  leurs  parents  à  Toulouse  allèrent  chercher 
asile  dans  la  maison  où  étaient  leurs  compagnes,  8c  y  vécurent  quelques  jours, 
en  attendant  leurs  familles,  des  aumônes  que  les  voisins  leur  apportaient. 

Cela  même  fut  incriminé.  Les  capitouls  reçurent  un  ordre  du  roi,  donné 
à  Fontainebleau  le  20  octobre,  qui  leur  enjoignait  d'empêcher  les  filles  de 
l'Enfance  de  se  réunir  dans  une  maison  qu'on  les  accusait  d'avoir  louée  pour 
y  continuer  leurs  exercices*. 

■  Voici  en  quels  termes  l'annaliste  municipal  de  les  en  faire  sortir.  On  a  oliéi  aux  ordres  de  Sa  Ma- 

Toulouse,  qui   éiait   le  chef  du  consistoire,  men-  jesté".  » 

tionne  la  participation  des  capitouls  aux  mesures  '  Relation  de  l'étahVniement  de  l'Institut  des  filles 

de  rigueur  prises  contre  les  filles  de  l'Enfance  :  de  l'Enfance  de  Jésus,  avec  le  récit  fidèle  de  tout  ce 

«  C'est  durant  le  temsde  nostre  capitoulat,  dit-il,  f  ai  s'est  passé  dans  le  renversement  du  même  Institut, 

que  Madame  de  Mondonville  ayant  été  reléguée, 

ses  filles  aiant  resté  dans  la  maison  de  l'Enfance,  ,  u-  .  •     j  •.     i    j    i.       ,      ^„c  „^    . 

,.  ,,.,,,•  ,  '  Histoire  des  capitouls  de  1  année  1685-86.  v4niia/«  m<J- 

nous  rcfumes  oiYcrs  ordres  de  M.  1  intendant  pour       nuscriles,  X,  p.  21. 


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586  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Alors  la  communauté  se  dispersa  définitivement.  Ses  membres  se  retrou- 
vaient à  peine  dans  les  églises  où  une  surveillance  inquiète  épiait  leurs 
moindres  mouvements. 

Mesdemoiselles  de  Gautier  8c  de  Chaunes,  à  qui  la  fondatrice  avait,  depuis 
son  départ,  laissé  la  direction  de  l'institut,  étaient  surtout  l'objet  d'un  espion- 
nage perpétuel.  On  les  accusait  de  tenir  des  assemblées  secrètes  &  de  contre- 
venir aux  ordres  du  roi.  Les  délations  qui  les  poursuivaient  obtinrent  enfin 
une  dernière  victoire. 

Le  17  avril  1687,  vers  dix  heures  du  soir,  le  capitaine  du  guet  investit  le 
logis  de  Mademoiselle  de  Chaunes  &(.  la  conduisit  à  l'hôtel  de  ville  où  elle 
trouva  une  lettre  de  cachet  qui  la  reléguait  à  Viviers  dans  un  couvent  de 
religieuses.  Mademoiselle  de  Gautier,  qui  se  rendit  le  lendemain,  après  une 
nuit  de  perquisitions  inutiles,  eut,  de  son  côté,  l'ordre  d'aller  s'enfermer  dans 
un  couvent  de  Mende. 

Les  bâtiments  de  la  congrégation  furent  mis  en  vente  8c  achetés  à  très-bas 
prix  par  les  jésuites  qui  complétèrent  leur  triomphe  en  prenant  matérielle- 
ment possession  de  la  place.  Ils  en  firent  un  séminaire  diocésain. 

Quant  à  Madame  de  Mondonville,  les  nouveaux  ordres  du  roi,  qu'on  lui 
avait  prescrit  d'attendre,  n'arrivèrent  jamais;  elle  mourut  à  Coutances,  loin 
de  tous  les  siens,  après  quinze  ans  de  détention. 

A  l'égard  des  protestants,  les  sévérités  administratives  ne  diminuaient  pas, 
Se  l'intendant  justifiait  toutes  les  espérances  que  le  ministère  avait  conçues 
de  son  activité  8c  de  sa  vigueur.  «  C'étoit,  a  dit  le  duc  de  Saint-Simon,  une 
«  tête  de  fer,  beaucoup  d'esprit,  de  savoir  8c  de  capacité,  de  travail  8<.  d'in- 
«  dustrie,  d'un  manège  infini  8c  à  qui  rien  ne  coûtoit  pour  venir  à  bout  de 
«  ce  qu'il  avoit  résolu.  »  D'après  le  même  auteur,  «  la  révocation  de  l'édit 
«  de  Nantes  8c  les  dragonnades  lui  ouvrirent  un  vaste  chemin  de  faire  sa 
«  cour'.  » 

Mais  le  succès  menaçait  de  coûter  cher.  L'application  de  toutes  les  mesures 
de  détail  qui  se  faisait  chaque  jour,  en  suite  ou  en  contradiction  de  l'édit, 
produisait  une  vive  effervescence,  principalement  dans  le  bas  Languedoc  8c 
les  Cévennes,  où  les  assemblées  mystérieuses  étaient  fréquentes.  Les  temples 
étant  détruits  8c  les  pratiques  du  culte  réformé  interdites  même  à  domicile, 
les  populations  demeurées  fidèles  à  la  religion  de  leurs  pères  commençaient  à 
prendre  le  chemin  des  lieux  écartés,  d'aller  «  au  désert  »  suivant  l'expression 
iDiblique  employée  par  les  ministres.  Partout  où  l'on  croyait  être  à  l'abri  de 
la  vigilance  des  espions,  les  prières  se  disaient  en  famille  avec  un  redouble- 
ment de  ferveur.  Les  ministres  qui  n'avaient  pas  cédé  aux  tentations  pécu- 
niaires 8c  qui  étaient  restés  dans  le  pays,  surexcitaient  secrètement  l'enthou- 
siasme de  leurs  ouailles.  Les  correspondances  continues  qu'ils  entretenaient 
avec  les  émigrés,  malgré  mille  périls,  8c  qui  fomentaient  les  ressentiments  8c 

par  une  des  filles  de  cette  congrégation  de  la  mai-  '  Journal  de  Dangeau,  IX,  \6  juillet  lyoS.  Notes 

son    de  Toulouse.  A  Toulouse,  chez   Pierre   de   la        de  Saint-Simon, 
Noue,   1689. 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÈDIT  DE  NANTES.  SSy 

les  désirs  de  vengeance  contre  les  persécuteurs,  altéraient  graduellement  l'es- 
prit national,  rejetaient  l'idée  de  patrie  au  second  plan  &  autorisaient  des 
espérances  d'intervention  étrangère.  On  se  laissait  dire  que  l'Allemagne 
entière  allait  se  liguer  pour  arracher  au  roi  de  France  le  rétablissement  de 
l'édit  de  Nantes.  La  proscription  avait  poussé  dans  les  régiments  ennemis 
une  foule  de  réformés  aigris  par  l'injustice,  qui  oubliaient  pour  la  plupart 
leur  nom  de  Français  &  qui  se  distinguaient  par  leur  acharnement  quand  le 
hasard  des  batailles  les  mettait  en  face  de  leurs  compatriotes. 

Des  troubles  eurent  lieu  au  Vigan  :  Bâville  les  réprima;  deux  frères,  offi- 
ciers de  dragons,  y  furent  tués. 

La  suppression  du  culte  régulier  avait  d'ailleurs  donné  naissance  à  des 
missionnaires  protestants  d'un  nouvel  ordre,  moitié  charlatans,  moitié  illu- 
minés, victimes  peut-être  de  leur  imagination,  hallucinés  par  les  nuits  sans 
sommeil,  les  terreurs  folles,  les  courses  à  travers  bois,  les  bruits  de  supplices, 
&  aussi  par  la  majesté  de  ces  grandioses  solitudes  cévenoles  qui,  sur  bien  des 
points,  semblent  avoir  conservé  l'éloquence  intime  &  pénétrante  des  sanc- 
tuaires druidiques.  Ils  se  croyaient  ou  se  disaient  agités  de  l'esprit  de  Dieu, 
prêchaient  d'abondance,  racontaient  les  calamités  présentes  61  les  justifica- 
tions futures.  On  les  appelait  prophètes  ou  prédicants.  De  simples  artisans, 
des  femmes,  des  filles,  des  enfants  se  livraient  à  cette  étrange  folie.  Des  gens 
qui  n'avaient  jamais  probablement  compris  d'autre  idiome  que  le  patois  lan- 
guedocien 8c  quelque  peu  de  français,  entendant  ces  inspirés  prononcer  des 
syllabes  dénuées  de  sens,  leur  attribuaient  naïvement  le  don  des  langues  & 
répétaient  que  ces  coureurs  de  montagne  jouissaient  du  don  miraculeux  de 
converser  avec  tous  les  peuples  de  l'univers. 

Cette  exaltation  inquiétait  le  duc  de  Noailles.  Il  rendait  compte  à  Louvois 
de  ces  prédications  bizarres  qui  jetaient  le  trouble  dans  les  pauvres  villages 
des  Cévennes  &  il  ajoutait  :  «  On  ne  sait  quel  parti  prendre  pour  ramener 
«  ces  misérables  &  pour  accorder  les  sentiments  de  la  bonté  Si  de  la  clémence 
«  du  roi  pour  ses  sujets  avec  ce  qu'il  doit  à  son  autorité  '.  » 

Le  ministre  ordonnait  une  répression  terrible.  En  effet,  les  dragons  char- 
geaient la  foule;  on  menait  à  l'intendant  tous  les  prisonniers  qu'on  pouvait 
faire;  il  les  jugeait  sommairement,  envoyant  les  uns  au  gibet,  les  autres  aux 
galères*. 

Les  femmes  assistaient  en  grand  nombre  aux  assemblées  du  désert;  les 
plus  compromises  furent  condamnées  à  mort;  on  n'osait  guère  infliger  aux 
autres  de  trop  graves  peines;  mais  Louvois  prescrivit,  sous  prétexte  de  ne  pas 
encourager  l'impunité,  de  fouetter  publiquement  toutes  celles  qui  n'étaient 
pas  de  famille  noble  St  de  leur  imprimer  la  fleur  de  lys  avec  le  fer  rouge^. 

Bientôt  cela  môme  parut  trop  doux,  &  une  nouvelle  déclaration  royale, 
expédiée  le  i5  juillet,  enjoignit  de  punir  indistinctement  de  mort  toutes  les 

'  Millot,  Mémoires  du  duc  de  'Nouilles,  p.  284.  '  Lettre  de  Louvois  au  marquis  de  La  Trousse, 

"  C.  Rousset,  Histoire  de  Louvois,  III,  p.  496.  commandant  en  Languedoc,  du  10  juin  1686. 


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ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


personnes  qui  seraient  prises  dans  les  assemblées,  sans  épargner  le  sexe  ni 
l'âge.  Cette  simplification  de  régime,  qui  abrogeait  tous  les  systèmes  précé- 
demment usités,  n'eut  pas  les  résultats  que  l'on  attendait,  &  Bâville  s'en 
montra  surpris.  Il  écrivit  à  Louvois  le  29  octobre  1686  : 

«  Je  viens  d'apprendre,  que  dimanche  dernier,  17  de  ce  mois,  il  y  a  eu 
«  une  assemblée  de  près  de  quatre  cents  hommes,  dont  plusieurs  étoient 
«  armés,  dans  le  diocèse  de  Mende,  au  pied  de  la  montagne  de  Lozère.  Bien 
«  que  cette  assemblée  se  soit  tenue  à  près  de  douze  lieues  de  l'endroit  où  a 
«  été  la  dernière,  je  ne  puis  m'empêcher  d'être  fort  surpris  d'un  pareil  événe- 
«  ment.  Je  croyois  que  le  grand  exemple  que  j'ai  fait  au  Vigan  &.  à  Anduze, 
«  mettroit,  au  moins  pour  quelque  temps,  les  Cévennes  en  tranquillité. 
(1  Mais,  puisque  ce  dernier  n'a  de  rien  servi,  je  ne  crois  pas  que  l'on  puisse 
«  rien  espérer  par  ce  genre  de  peine  à  l'avenir;  je  crois  même  qu'il  sera  à  la 
«  fin  dangereux  de  le  continuer;  8<.  je  crains  que  tant  de  condamnations  à 
c<  mort,  dans  une  affaire  mêlée  de  religion,  n'irritent  les  esprits  &  n'endur- 
(i  cissent  tous  les  mauvais  convertis  par  un  si  méchant  exemple.  Il  est  vrai 
«  que  l'on  ne  peut  assez  s'étonner  que  ces  mêmes  gens,  qui  s'exposent  à  être 
«  tués  par  les  troupes,  ou  à  être  pendus,  pour  aller  aux  assemblées,  meurent 
«  catholiques  la  plupart,  ainsi  que  dix  sont  morts  de  onze  des  derniers  qui 
«  ont  été  condamnés;  ce  qui  fait  connoître  que,  dans  leur  conduite,  il  y  a 
«  plus  de  légèreté  &  d'inclination  à  la  révolte  que  d'attachement  sincère  à 
«  leur  ancienne  religion.  Néanmoins,  si  ce  feu  ne  peut  s'éteindre  après  tant 
«  de  châtimens,  dans  un  temps  qu'il  n'est  soutenu  par  aucun  chef,  même 
«  par  aucun  ministre  au  milieu  des  troupes,  il  est  aisé  de  voir  qu'il  devien- 
«  droit  bien  plus  grand  s'il  y  avoit  quelque  secours  étranger,  ou  d'hommes 
«  que  l'on  pourroit  faire  entrer  dans  le  pays,  ou  d'argent.  » 

L'inconséquence  que  l'intendant  reprochait  à  ces  malheureux,  condamnés 
au  dernier  supplice  pour  cause  de  protestantisme  &  mourant  catholiques  à 
peu  d'exceptions  près,  ne  suffisait  point  à  l'éclairer  sur  le  caractère  artificiel 
de  cette  révolte  que  les  excès  de  l'autorité  avaient  produite,  ni  à  chercher  des 
voies  d'indulgence.  On  s'ingéniait  au  contraire  à  découvrir  de  nouveaux 
moyens  pour  assurer  la  victoire  du  roi  sur  ces  montagnards  sans  culture 
intellectuelle,  sans  idée  fixe  en  religion  ou  en  politique,  gens  que  l'on  tra- 
quait en  bêtes  fauves  &  à  qui  l'on  s'étonnait  d'avoir  fait  perdre  la  raison. 

C'est  alors  qu'on  eut  la  pensée  d'expatrier  en  bloc  une  partie  des  habitants 
des  Cévennes.  Comme  toujours,  l'affaire  paraissait  fort  simple  au  ministère; 
on  s'était  habitué  à  regarder  l'omnipotence  du  roi  comme  supérieure  aux  plus 
grandes  difficultés.  Aussi  Louvois  n'hésitait-il  pas  à  réclamer  une  déportation 
générale.  «  Le  roi,  disait-il,  va  se  résoudre  à  changer  tous  les  peuples  des 
«  Cévennes;  c'est  son  intention  si  l'on  continue  à  y  faire  des  assemblées,  n'y 
«  ayant  point  de  parti  que  Sa  Majesté  ne  prenne  pour  mettre  ce  pays-là  sur 
«  le  pied  d'être  soumis  à  ses  ordres  '.  » 


'  Lettre  de  Louvois  à  Bâville,  du  21  octobre  1686.  Archives  du  Dépôt  de  la  Guerre. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÈDIT  DE  NANTES.  689 

Noailles,  qui  était  sur  les  lieux,  jugeait  l'opération  plus  compliquée;  la 
ilépopulation  universelle  étant  impossible,  il  proposait  de  commencer  par  les 
gens  qui  ne  faisaient  aucun  commerce  &  qui  habitaient  des  montagnes  inac- 
cessibles, où,  d'après  lui,  la  «  rudesse  du  climat  &  la  température  de  l'air  leur 
<i  inspiroient  un  esprit  sauvage;  »  mais,  en  réduisant  même  l'entreprise  à  ces 
proportions,  il  déclarait  qu'elle  donnerait  de  très-grands  embarras,  surtout 
pendant  l'hiver.  Si  qu'il  faudrait  au  moins  quatre  bataillons  pour  l'effectuer. 
En  attendant,  le  duc  allait  entrer  au  cœur  du  pays,  faire  une  battue  dans 
tous  les  villages  &  hameaux  séparés,  dans  les  bois  &  dans  les  montagnes, 
11  pour  tâcher  de  prendre  ces  malheureux  prédicans  qui  lui  causoient  tant 
«  de  peine.  Si  nous  n'y  réussissons  pas,  poursuivait-il,  nous  leur  donnerons 
<i  au  moins  une  si  grande  alarme  que  je  crois  qu'ils  se  tiendront  en  repos 
«  ([uelque  temps  '.  » 

M.  de  Tessé  fit  avec  ses  dragons  une  pointe  dans  les  régions  les  plus  écar- 
tées des  hautes  Cévennes,  que  les  cavaliers  jugeaient  moins  propres  à  nourrir 
des  hommes  que  des  ours;  plusieurs  communes  s'engagèrent  solidairement 
à  interdire  toute  espèce  d'assemblées,  à  livrer  les  coupables  &  à  raser  leurs 
maisons.  Ces  délibérations  par  ordre  se  prenaient  sous  la  surveillance  d'un 
officier  assisté  de  sa  troupe,  mais  n'ofhaient  pour  l'avenir  qu'une  médiocre 
garantie.  Les  agents  du  roi  s'inquiétaient  surtout  de  répandre  dans  le  pays  la 
déclaration  du  1"  juillet  1686,  qui  prononçait  la  peine  de  mort  contre  tout 
ministre  français  ou  étranger  rentré  dans  le  royaume,  défendait  de  lui  donner 
retraite  ou  assistance,  sous  peine,  pour  les  hommes,  d'aller  aux  galères,  & 
pour  les  femmes  d'être  rasées  Se  enfermées  jusqu'à  la  fin  de  leurs  jours,  avec 
confiscation  générale  des  biens,  tant  des  galériens  que  des  recluses.  Le  même 
acte  offrait  une  prime  de  cinq  mille  cinq  cents  livres  comptant  à  quiconque 
procurerait  la  capture  d'un  ministre,  condamnait  au  dernier  supplice  les 
sujets  du  roi  qui  seraient  surpris  assistant  à  une  assemblée  ou  prenant  part 
à  l'exercice  d'une  religion  autre  que  la  catholique;  une  disposition  dernière 
contenait  la  promesse  de  ne  pas  disposer  des  biens  des  émigrés  avant  le 
i"mars  1687  8c  de  ne  point  inquiéter  ceux  d'entre  eux  qui  rentreraient  en 
France,  pourvu  qu'ils  fissent  abjuration  dans  la  huitaine  qui  suivrait  leur 
retour. 

Cette  triste  législation  fut  rigoureusement  appliquée.  Bâville  fit  mettre  à 
mort,  dans  un  délai  assez  court,  une  vingtaine  de  protestants  que  leurs  core- 
ligionnaires honorèrent  comme  des  martyrs;  on  mena  la  poursuite  des  fugi- 
tifs d'une  manière  impitoyable.  Pour  y  intéresser  l'avidité  des  soldats,  on 
leur  promettait  trois  ou  quatre  pistoles  par  personne  prise,  &  pour  acheter  la 
connivence  des  communes,  on  leur  offrait  de  notables  décharges  d'impositions, 
h  condition  de  livrer  douze  proscrits.  Sur  certains  points,  on  se  faisait  fournir 
lies  hommes  par  les  villages,  comme  pour  la  chasse  au  loup. 

Noailles  81  Bâville  parcoururent  ensemble  toute  la  contrée,  notant  au  pas- 

'  Millot,  Mémoires  du  duc  de  Nouilles,  p.  284. 


1687 


~ 590  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sage  tous  les  lieux  dont  il  importait  de  conserver  la  population  sur  place,  ceux 
que  l'on  croyait  devoir  dépeupler,  Si  préparant  le  tracé  d'un  réseau  de  chemins 
qui  permît  de  faire  avancer  des  troupes  à  travers  ces  cantons  impraticables. 

Louvois,  détrompé  par  les  rapports  du  commandant  en  chef,  reconnut  qu'il 
serait  extrêmement  difficile  d'opérer  la  transportation  universelle  &  de  rem- 
placer les  transportés  pour  ne  point  laisser  le  pays  inculte.  Alors  il  réduisit 
ses  prétentions,  se  bornant  à  demander  que  l'on  choisît,  dans  les  endroits  où 
les  communes  étaient  «  moins  bien  converties  »  81  où  «  l'âpreté  du  pays  les 
«  rendait  plus  disposées  à  se  soulever,  »  les  gens  qui  paraîtraient  avoir  le 
plus  de  crédit  &  les  plus  capables  de  commencer  des  séditions.  On  en  pren- 
drait ainsi  cent  ou  cent  cinquante,  parmi  les  habitants  des  Cévennes,  que 
l'on  internerait  d'abord  dans  les  différents  châteaux  de  la  Province.  Deux 
vaisseaux  de  la  marine  royale,  armés  à  Marseille,  auraient  charge  de  les 
transporter  ensuite  dans  les  îles  de  l'Amérique  81  dans  le  Canada,  où  leurs 
femmes  pourraient  les  suivre.  On  espérait  ainsi  purger  le  pays  des  hommes 
les  plus  dangereux  8c  frapper  les  autres  habitants  par  la  crainte  d'un  exil 
éternel  8c  d'un  lointain  voyage  au  delà  des  mers'. 

La  Trousse  &c  Bâville  se  mirent  immédiatement  à  l'œuvre  pour  dresser  la 
liste  de  déportation.  Louvois  les  stimulait  avec  ses  impatiences  ordinaires. 
Placés  plus  près  de  la  réalité,  l'intendant  Se  l'officier  ne  pouvaient  échapper 
à  quelques  scrupules  8c  se  justifiaient  du  reproche  de  lenteur.  Il  s'agissait  de 
l'état  de  plusieurs  familles;  on  devait  éviter  les  surprises,  les  fausses  dénon- 
ciations dictées  par  des  haines  particulières,  les  manoeuvres  de  gens  qui  vou- 
laient profiter  de  l'occasion  pour  éloigner  des  personnes  embarrassantes;  on 
faisait  donc  le  triage  en  conscience,  cherchant,  comme  disait  le  marquis  de 
la  Trousse,  à  ne  faire  tomber  la  punition  que  sur  les  coupables.  La  mobilité 
du  caractère  languedocien  ne  cessait  d'ailleurs  de  l'étonner. 

((  J'ai  affaire,  disait-il,  à  des  peuples  les  plus  légers  8c  les  plus  fous  qu'il  y 
«  ait  au  monde.  Les  habitans  de  Nîmes  ont  une  telle  peur  qu'ils  courent  en 
«  foule  aux  églises;  ils  demandent  8c  voudroient  que  l'on  leur  donnât  tous 
«  les  sacremens  en  un  même  jour,  croyant  par  là  se  mettre  à  couvert  de 
«  l'orage^.  » 

Tout  compte  fait,  les  épurateurs  conclurent  qu'il  fallait  au  moins  déporter 
trois  cents  personnes  de  la  Province,  en  se  limitant  à  celles  dont  l'esprit 
mutin  8c  dangereux  pourrait  y  entretenir  la  fermentation.  Une  première 
voiture  de  cent  déportés,  à  destination  des  îles  du  Nouveau-Monde,  fut  prête 
le  10  janvier  1687.  On  la  dirigea  sur  Aigues-mortes,  où  les  prisonniers  furent 
embarqués  pour  Marseille.  D'autres  convois  suivirent,  à  quelque  intervalle 3. 

La  docilité  avec  laquelle  l'archevêque  de  Toulouse,  Joseph  de  Montpezat 

'  C.  Roussel,   Histoire  de  Louvois,    III,    p.  499.  des  canailles  dans   le  fond,  qui   ne  valent  rien  & 

Lettre  de  Louvois  à  Bâville,  du  3o  novembre  1686.  qui  sont  malintentionnés,  u 

'  Lettre  du  marquis  de  La  Trousse  à  Louvois,  du  '  Lettre  du  marquis  de  La  Trousse  à  Louvois,  du 

7  janvier  1687.  Le  marquis  ajoute,  après  avoir  ra-  10  janvier  1Û87. 
conté  la  panique  des  réformés  de  Nimes  ;  «  Ce  sont 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÈDIT  DE  NANTES.  691 

de  Carbon,  s'était  fait  l'instrument  de  la  volonté  royale  l'exposait  depuis 
longues  années  au  ressentiment  du  Saint-Siège.  Dès  167g,  une  lettre  mémo- 
rable du  pape  Innocent  XI  avait  exprimé  au  prélat  le  blâme  le  plus  sévère 
de  sa  conduite  à  l'égard  des  religieuses  de  Sainte-Claire  de  Toulouse  &.  de 
l'évêque  de  Pamiers.  Le  Souverain  Pontife  y  annonçait  avoir  appris  avec 
horreur  ce  qui  venait  de  s'accomplir  dans  le  couvent  de  Toulouse,  pour 
l'installation  d'une  abbesse  à  main  armée,  l'effraction  des  portes,  l'introduc- 
tion violente  des  gens  de  guerre  au  mépris  de  la  clôture,  &  le  scandale  de  la 
prise  de  possession  d'une  dignité  ecclésiastique,  en  vertu  d'une  simple  nomi- 
nation royale.  Il  reprochait  amèrement  à  l'archevêque,  dont  le  devoir  eût  été 
«  d'opposer  sa  poitrine  pastorale  aux  loups  ravisseurs,  »  d'avoir  au  contraire 
favorisé  l'entreprise  Si  ordonné  aux  religieuses  d'ouvrir  leurs  portes.  «  Malgré 
«  toutes  les  confirmations  qui  nous  arrivaient  de  ces  faits  étranges,  nous 
«  pouvions  à  peine  nous  persuader,  poursuivait  Innocent  XI,  qu'un  arche- 
K  vêque  de  Toulouse,  sous  les  yeux  des  plus  pieux  évêques  français  Si  de  la 
«  France  entière,  poussât  l'oubli  de  ses  obligations  Si  négligeât  le  souci  de 
«  sa  renommée,  la  crainte  des  censures  ecclésiastiques  81  de  la  colère  céleste, 
a  jusqu'à  se  rendre  complice  d'un  pareil  attentat.  »  Il  rappelait  ensuite  les 
ordonnances  rendues  par  l'archevêque,  dans  l'affaire  de  la  régale,  contre  la 
cause  de  la  justice,  les  règles  du  droit,  les  privilèges  de  l'Eglise  81  de  la  Pro- 
vince, en  un  cas  où  tant  d'autres  évêques  avaient  mieux  aimé  encourir  l'indi- 
gnation du  souverain  que  de  trahir  le  service  de  Dieu,  Si  l'invitait  à  réfléchir 
sur  la  gravité  de  sa  faute,  à  redouter  les  punitions  éternelles  Si  le  crédit  que 
ne  pouvaient  manquer  d'obtenir  au  ciel  les  gémissements  de  tant  de  vierges 
innocentes,  fortes  de  la  pureté  de  leurs  mœurs  Si  de  leurs  vertus'. 

On  a  pu  voir  dans  le  récit  de  la  catastrophe  des  filles  .de  l'Enfance  que 
les  avertissements  pontificaux  étaient  demeurés  sans  résultat,  81  que  l'arche- 
vêque de  Toulouse,  après  avoir  marqué  des  sentiments  de  bienveillance 
envers  Madame  de  Mondonville  81  sa  fondation,  s'associa  pourtant  à  toutes 
les  autres  mesures  de  violence  dont  Bâville  81  Mariotte  furent  les  exécuteurs. 

Dans  le  mois  de  juillet  1687,  sachant  que  l'état  de  santé  du  prélat,  très- 
compromis  depuis  longtemps,  s'était  aggravé,  le  pape  lui  écrivit  de  nouveau 
pour  le  ramener  à  résipiscence,  en  lui  présentant  un  tableau  fort  sombre  de 
ses  actions.  «  Vénérable  frère,  lui  disait-il,  nous  avions  résolu  de  ne  plus 
«  vous  écrire  81  de  ne  plus  vous  donner  aucun  autre  signe  de  notre  commu- 
«  nion.  Nous  espérions  que  cette  peine,  réputée  très-grave  de  tous  les  catho- 
«  ques,  vous  induirait  à  réparer  vos  fautes.  On  nous  a  rapporté  que  vous 
«  souffriez  depuis  longtemps  81  que  vous  étiez  en  danger  de  la  vie.  La  cha- 
<(  rite  du  Christ  qui  nous  presse.  Si  le  souci  que  nous  avons  de  votre  salut 
«  éternel,  nous  fait  un  dernier  devoir  de  réveiller  en  vous  l'espoir  de  la 
«  miséricorde  divine,  si,  comme  nous  l'espérons,  votre  cœur  n'est  pas  encore 
tt  entièrement  endurci.  Mais  comme  l'espérance  est  vaine,  qui  ne  porte  point 

■  Pièces  justificatives,  n.  CCCCXXXIX,  col.  iiii. 


1687 


1687 


■  092  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  de  fruit,  nous  vous  exhortons  derechef  à  rentrer  en  vous-même,  à  repasser 
«  dans  votre  conscience  toutes  les  offenses  que  vous  avez  commises  contre  le 
(c  Siège  apostolique,  les  droits  St  la  liberté  des  églises,  pour  en  ressentir  un 
«  juste  regret;  mieux  encore,  à  réparer  suivant  vos  forces  le  mal  que,  pour 
(c  plaire  aux  hommes,  vous  avez  fait  aux  religieuses  de  Sainte-Claire  8<.  aux 
«  filles  de  l'Enfance  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  L'institut  de  ces  der- 
«  nières  avait  été  approuvé  de  vous-même,  comme  de  vos  prédécesseurs,  tenu 
(1  partout  en  très-haute  estime,  appuyé  de  la  confirmation  apostolique  j  vous 
«  n'avez  pas  moins  tenté  de  le  détruire,  par  la  dispersion  de  deux  maisons 
«  qui  remplissaient  à  la  louange  universelle,  d'après  nos  informations,  les 
«  devoirs  de  la  charité  chrétienne  dans  votre  diocèse.  Il  importe  surtout  que 
<(  vous  révoquiez  toutes  les  mesures  que  vous  avez  prises,  dans  l'affaire  de  la 
((  régale,  contre  l'évêque  de  Pamiers,  de  pieuse  mémoire,  contre  son  chapitre 
«  &  son  diocèse;  tout  ce  pays  est  affligé  d'un  schisme  honteux  que  vous  avez 
«  causé,  écrasé  sous  le  poids  des  crimes  &  des  sacrilèges,  St  vous  avez  attenté 
<i  aux  droits  de  votre  propre  église.  En  toutes  ces  choses,  vous  devez  plutôt 
<(  écouter  notre  voix  &  les  reproches  de  votre  conscience  que  les  mauvais 
<c  conseils  des  hommes,  qui  en  cherchant  à  excuser  leurs  fautes,  se  ferment 
<(  la  voie  du  pardon.  Devant  le  tribunal  du.  Christ,  rien  ne  vous  servira 
«  mieux  que  la  pénitence  8c  la  réparation  de  vos  fautes.  Pour  y  parvenir, 
«  sollicitez  principalement  l'intercession  de  tant  de  pieux  prêtres  Se  de  vierges 
«  que  vous  avez  accablés  de  persécutions  Se  d'outrages,  soit  par  votre  action 
«  directe,  soit  par  votre  complicité.  C'est  la  grâce  que  nous  attendons  pour 
«  vous  de  la  bonté  de  Dieu  '.  » 

Les  exhortations  du  Saint-Siège,  quand  elles  arrivèrent  à  Toulouse,  n'y 
trouvèrent  qu'un  cadavre.  Au  moment  où  Innocent  XI  scellait  sa  menaçante 
épître,  l'archevêque  était  déjà  mort  depuis  vingt  jours,  ayant  rendu  l'âme 
le  27  juin  1687. 

On  l'enterra  devant  le  grand  autel  de  l'église  Saint-Etienne,  à  côté  de  ses 
prédécesseurs,  avec  cette  épitaphe  : 

«  Sous  cette  pierre,  attend  la  résurrection,  très-révérend  père  en  Dieu, 
«  messire  Joseph  de  Montpezat  de  Carbon,  archevêque  de  Toulouse,  mort 
«  le  27  juin  1687,  dans  la  soixante-douzième  année  de  son  âge  &  la  qua- 
«  torzième  de  son  pontificat.  Que  son  âme  repose  en  paix^.  » 

Le  roi  nomma  le  t5  août  suivant,  à  l'archevêché  de  Toulouse,  Jean-Bap- 
tiste-Michel Colbert  de  Villacerf,  évêque  de  Montauban,  &  abbé  comraenda- 
taire  de  Saint-Pierre  de  la  Cour  :  c'était  un  prélat  opulent,  qui  avait  joui  de 


■  Ce  bref  est  daté  de  Rome  le  i5  juillet  1687.  On  simus  in  Christo  Pater  Jominus  Joscphus  de  Mont- 

cn  trouvera  le  texte  latin  dans  nos  Pièces  justijica-  pe-^at   Ae   Carbon  Tolosanus   archiepiscopus   ijui  obiit 

tives,  n.  CCCCXCI,  col.   i356.  die  XXVll  junii  anno  MDCLXXXriI  aetatis  suae 

'  La  dalle  funéraire  de  M.  de  Montpezat  figure  LXXII  pontificatus  vero  XIV,  Cujus  anima   in  pace 

aujourd'hui  au  Musée  de  Toulouse  sous  le  n*^  663.  rcquiescat  '. 

Voici  le  texte  latin  de  l'épitaphe  :  ,  „      11.,.,^,          n  t  1          j      1   •■     -,• 

'■        "      ,                             .  ^  Roscuixcn^  Musée  de  Touîoïise.  Catalogue  aes  Antiqnilcs 

Expectat  sut  hoc  lapide  reiurrectionem  reverendii-  &  Objets  d'art. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  5()3 

la  faveur  du  chancelier  Le  Tellier  Se  qui  possédait  entièrement  celle  de  Lou- 
vois;  mais  on  lui  fit  attendre  très-longtemps  ses  bulles,  &  ce  n'est  qu'en  lôgS 
qu'il  put  occuper  son  siège  où  l'attendaient  de  graves  démêlés  avec  le  chapitre 
métropolitain  '. 

La  mort  du  premier  président  Fieubet,  arrivée  sur  la  fin  de  l'année  1686, 
entraîna  une  révolution  assez  notable  dans  le  monde  municipal  de  Tou- 
louse. Pendant  toute  la  durée  de  ses  fonctions,  ce  magistrat  n'avait  cessé 
d'être  le  grand  électeur  des  capitouls;  il  s'était  habilement  servi  du  crédit  de 
son  frère  à  la  Cour  &  du  passage  de  Louis  XIV  à  Toulouse  pour  faire  nom- 
mer, par  lettre  de  cachet,  huit  sujets  à  sa  discrétion,  8c  comme  chaque  année 
la  liste  de  présentation  était  dressée  par  les  capitouls  en  charge,  il  suffisait 
de  se  trouver  maître  du  point  de  départ  &  de  surveiller  régulièrement  ses 
créatures  pour  disposer,  sans  contestation,  de  tous  les  choix  ultérieurs.  Si  la 
première  présidence  du  Parlement  eût  été  aux  mains  d'un  personnage  moins 
dévoué,  le  ministère  n'aurait  pas  toléré  une  pareille  domination.  Mais 
Fieubet,  protégé  de  Colbert,  dont  il  servait  docilement  toutes  les  volontés, 
faisait  un  tel  usage  de  son  influence  qu'on  jugea  inutile  de  l'amoindrir.  Il 
ne  négligeait,  du  reste,  aucune  espèce  de  moyen  pour  bien  asseoir  son  auto- 
rité dans  les  affaires  urbaines,  ayant  fait  donner  la  charge  de  syndic  de  la 
ville  à  l'annaliste  Germain  Lafaille,  le  plus  soumis  &  le  plus  dévoué  de  ses 
clients,  Se  ne  dédaignant  pas  même  de  s'assurer  une  connaissance  exacte  de 
tous  les  petits  secrets  de  la  maison  commune,  en  mariant  son  valet  de 
chambre  avec  la  fille  du  concierge.  Ce  menu  détail  indique  mieux  que 
de  longs  commentaires  à  quel  degré  d'abaissement  étaient  descendues  les 
moeurs  municipales  St  combien  il  restait  peu  à  faire  à  Louis  XIV  pour 
achever  l'anéantissement  de  libertés  qui  n'existaient  plus  que  de  nom. 

Pendant  vingt-cinq  ans,  Fieubet  fut  donc  le  maître  à  l'hôtel  de  ville  de 
Toulouse.  Il  faisait  &  défaisait  les  officiers  subalternes,  il  stimulait  ou 
décourageait  à  son  gré  l'ambition  des  aspirants,  il  avait  voix  prépondérante 
dans  toutes  les  délibérations  du  consistoire.  La  députation  à  Paris,  qui  était 
extrêmement  briguée,  celle  que  l'on  envoyait,  sous  des  prétextes  divers, 
aux  intendants  des  provinces  voisines  ou  aux  gouverneurs,  celle  qui  se 
faisait  régulièrement  chaque  année  aux  États  de  Languedoc,  ne  dépen- 
daient que  du  premier  président. 

Quand  il  fut  mort,  le  ministère  ne  voulut  pas  courir  les  hasards  d'une 
nouvelle  intrigue  parlementaire  &  jugea  plus  simple  de  confisquer  la  nomi- 
nation des  capitouls.  On  a  surfait  l'importance  de  ce  changement,  8c  les 
déclamations  qui  ont  dénoncé  plus  tard  cette  violation  des  prétendues  liber- 
tés municipales,  témoignent  seulement  d'une  connaissance  bien  superficielle 

'  Archives    de  Toulouse.    Testament    syndical   Je  notre  archevêque,  qui  avoit  toujours  employé  ses 

M.   de  Lafaille,  p.    61.    L'auteur  de   ce    mémoire  bons  offices  aux   Etats   pour  soulager  notre  ville 

écrit,  à  l'occasion   de    la  mort  du   prédécesseur  de  &  qui  avoit  toujours  vécu   en   bonne  intelligence 

Michel  Colberi  :  avec  Monsieur  le  premier  président  &  avec  le  Par- 

<■  Nous  perdîmes  M.  de  Montpezai  de  Carbon,  lement.  u 

XIIl.  38 


1687 


1687 


094 


ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


de  ce  qu'était  le  régime  communal  k  Toulouse,  malgré  ses  splendeurs  d'appa- 
rat 6<.  ses  habiletés  de  mise  en  scène. 

Rien  ne  ressemblait  moins  à  un  libre  choix  que  l'élection  des  capitouls  de 
Toulouse.  On  peut  dire  que  le  roi  Philippe  le  Bel  avait  posé  la  base  de 
l'intrigue  toulousaine,  en  décidant  que  les  consuls  en  charge  proposeraient 
une  liste  de  candidats  aux  otriciers  royaux.  A  travers  les  temps,  ce  principe 
avait  subi  diverses  variations  de  forme,  sans  que  le  fond  même  fût  altéré. 
Comme  il  dépendait  de  la  bonne  volonté  des  capitouls  en  charge  d'ouvrir  ou 
de  fermer  la  carrière  aux  aspirants,  ils  se  trouvaient  naturellement  en  butte 
aux  sollicitations  les  plus  pressantes,  aux  manœuvres  mystérieuses  &  aux 
tentatives  de  corruption.  Les  preuves  abondent  pour  démontrer  que,  fort 
souvent,  l'admission  d'un  nom  sur  la  liste  capitulaire  faisait  l'objet  d'un 
véritable  marché.  Quelquetois  même  le  candidat  favorisé  s'engageait  à  ne 
tenir  la  charge  qu'à  titre  de  fidéicommis'. 

Beaucoup  de  causes  contribuaient  à  augmenter  le  nombre  des  aspirants. 
L'anoblissement,  qui  s'acquérait  par  une  seule  année  de  fonctions,  tentait 
la  vanité  d'un  grand  nombre  de  marchands  enrichis  ou  de  petits  rentiers; 
les  avocats  trouvaient  dans  le  titre  d'ancien  capitoul  une  sorte  de  prestige 
personnel  qui  les  recommandait  au  choix  des  plaideurs,  une  occasion  de 
prononcer  des  harangues  dans  les  conseils  de  ville  &  d'être  députés  à  Paris 
ou  aux  États;  en  un  mot,  le  capitoulat  était  considéré  comme  le  premier 
échelon  vers  les  grandeurs  publiques*. 


■  Voici  un  arrêt  du  parlement  de  Toulouse  qui 
donnera  une  idée  de  ces  étranges  manipulations  : 

n  Sur  la  requeste  présentée  par  le  procureur  gé- 
néral du  Roy,  contenant  qu'il  arrive  annuelle- 
ment de  grands  inconvéniens  aux  élections  des 
capitouls  de  cette  ville,  sur  ce  qu'on  ne  met  point 
dans  icelles  de  personnes,  tant  de  robe  longue  que 
de  robe  courte,  suivant  l'ancienne  coustume,  qui 
aient  esté  d'autres  fois  capitouls,  pour  apprendre 
aux  nouveaux  Us  ordres  qu'ils  ont  à  tenir  en 
cette  charge  ou  à  cause  des  grandes  brigues  que 
ceux  qui  y  prétendent  font  pour  y  parvenir  jus- 
ques  à  s'obliger  à  le  tenir  par  fidei-commis  &  à 
donner  des  récompenses;  ce  que  ceux  qui  ont  esté 
d'autres  fois  en  charge  ne  font  pas,  &  d'autant 
qu'il  importe  de  corriger  tels  abus,  &  remettre 
telle  élection  dans  l'ancien  ordre,  requérant  y 
estre  pourveu,  La  Coub,  ayant  égard  à  ladite  re- 
queste, a  ordonné  &  ordonne  que  les  capitouls  de 
cette  ville  qui  sont  à  présent  en  charge  ou  le 
seront  à  l'avenir,  mettront  dans  leur  nomination 
des  trois,  pour  le  moins  deux  bourgeois  de  robe 
longue  &  deux  de  robe  courte  qui  auront  été 
d'autres  fois  capitouls,  afin  que  par  les  officiers 
qui  procéderont  à  l'élection  nouvelle,  il  en  puisse 
du  moins  estre  choisi  &,  élu  par  lesdits  officiers 
un   de  ch:ique  condition   qui   ait   esté  autres   fois 


en  ladite  charge,  à  peine  de  nullité.  Ordonne 
néanmoins  ladite  Cour  que  des  promesses  illicites, 
fidei-commis  &  autres  malefaçons  dont  mention 
est  faite  en  ladite  requête  en  sera  enquis,  permet- 
tant à  ces  fins  audit  procureur  général  d'en  faire 
publier  chef  de  monitoire  en  termes  généraux,  & 
néanmoins  que  l'arrest  de  la  Cour  du  20"  octobre 
dernier  sera  exécuté.  Prononcé  k  Tholose  en  Par- 
lement levingtiesme  novembre  mil  six  cent  trente 
sept.  —  M.  ToRREiL,  rapporteur'.  « 

'  n  La  plupart  des  hommes,  dit  l'auteur  du 
Testament  syndical  de  M.  de  Lafaille,  sont  d'un 
tempérament  irascible,  c'est-à-dire  ambitieux  : 
ceux-ci,  lorsqu'ils  sont  riches  à  Toulouse,  pren- 
nent d'abord  des  charges  au  Parlement,  aux  tré- 
soriers, au  sénéchal  &  ailleurs,  suivant  leur  for- 
tune; mais  les  écuyers  ou  faisant  profession  de 
porter  l'épée,  les  avocats,  les  bourgeois  vivant  de 
leurs  rentes  &  les  marchands  pensent  au  capitou- 
lat; les  uns  y  attirent  les  autres  par  émulation, 
les  femmes  y  portent  souvent  leurs  maris,  &  lors- 
qu'ils ont  pris  ce  dessein,  il  n'est  chose  au  monde 
qui  les  en  puisse  détourner*.  » 


'  Archives  de  Toulouse,  229.  5«  livre  des  arrêts^  ("  77. 
'  Archives  de  Toulouse.  Testament  syndical  de  M.  de  La- 
faille, p.  20, 


LIV.   IH.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  SgS 

«  Un  des  plus  charmans  agrémens  du  capitoulat,  écrit  un  contemporain 
«  très  au  courant  des  mystères  de  l'hôtel  de  ville,  c'étoit  de  tenir  caché  son 
«  marché,  6i  de  faire  accroire  qu'on  y  étoit  parvenu  par  d'autres  considéra- 
«  tions  8<  d'autres  moyens  que  son  argent.  »  On  invoquait  la  faveur  toute 
puissante  de  tel  ou  tel  haut  personnage,  de  telle  dame  de  qualité;  mais  on 
taisait  discrètement  les  sommes  déboursées  qui  avaient  tenu  lieu  de  ces 
interventions  chimériques. 

Une  seule  fois,  pourtant,  ces  tristes  opérations  furent  divulguées.  Un  capi- 
toul  du  nom  de  Sède  avait  été  contraint  de  consigner  quatre  mille  livres  au 
moment  de  son  élection,  pour  sûreté  de  sa  parole.  Cette  somme  devait  lui 
être  rendue  à  la  fin  de  son  année,  quand  il  aurait  désigné  pour  ses  succes- 
seurs les  candidats  qu'on  lui  indiquerait.  Il  tint  ses  engagements  avec  une 
parfaite  exactitude  Se  ne  manqua  point  d'inscrire  sur  la  liste  les  noms  dési- 
rés. Mais  le  consignataire,  peu  scrupuleux,  crut  pouvoir  exploiter  l'aventure, 
£<,  comme  le  capitoul  s'était  engagé,  selon  l'usage,  à  couvrir  ses  conventions 
d'un  secret  éternel,  il  refusa  de  restituer  les  quatre  mille  livres,  comptant  sur 
l'impunité.  Le  capitoul  fut  plus  soucieux  de  son  argent  que  de  sa  renommée 
&c  porta  l'affaire  devant  le  Parlement,  comme  s'il  se  fût  agi  d'une  dette  ordi- 
naire. On  plaida  sa  cause  à  la  grand'chambre,  8c,  au  milieu  de  l'audience, 
jugeant  que  son  avocat  ne  s'était  pas  exprimé  en  termes  assez  clairs,  il  cria 
tout  haut  que  le  chaperon  lui  avait  coûté  sept  mille  livres,  sans  compter  la 
consignation.  Cette  franchise  fit  beaucoup  rire,  tandis  que  les  gens  de  bien 
s'en  indignaient;  mais  le  capitoul  rentra  dans  ses  déboursés'. 

On  peut  deviner  ce  qu'était  l'administration  municipale  formée  de  pareils 
éléments;  elle  a  laissé  des  marques  frappantes  de  sa  nullité  dans  la  capitale 
du  Languedoc,  qui  n'a  pu  même  être  dotée  d'un  hôtel  de  ville  complet, 
malgré  plusieurs  siècles  de  capitoulat,  tandis  que  les  moindres  cités  des 
Flandres  ont  leur  palais  communal. 

Il  était  donc  fort  naturel  que  l'intendant,  éclairé  par  le  soin  de  ses  subdé- 
légués des  pitoyables  intrigues  qui  se  brassaient  à  Toulouse,  n'éprouvât 
aucun  respect  pour  cette  comédie  électorale  &  traitât  les  prétendus  héritiers 
de  la  curie  antique  d'une  façon  fort  cavalière.  Il  ne  pouvait  d'ailleurs 
prendre  au  sérieux  un  collège  d'électeurs  formé  d'officiers  royaux  ou  de  capi- 
touls  vendant  leurs  suffrages,  &  se  fût  sans  doute  émerveillé  d'apprendre 
qu'on  l'accuserait,  dans  l'avenir,  d'avoir  porté  atteinte  aux  libertés  muni- 
cipales. Ces  libertés  étaient  depuis  longtemps  illusoires,  &  l'oligarchie 
remuante  qui  s'accroissait  annuellement  par  l'élection  de  nouveaux  privi- 
légiés, ne  rappelait  en  rien  les  anciens  corps  de  ville  de  la  période  consu- 
laire. 

Un  esprit  réformateur  aurait  eu  beaucoup  à  changer  dans  une  pareille 
organisation;  mais  ce  n'est  pas  au  moment  où  les  dépenses  des  armées  Se  les 
embarras  innombrables  créés  pai   la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  absor- 

■  Archives  de  Toulouse,  Testament  tyndlcal  de  M.  tte  LafailU,  p.  Si. 


1687 


1687 


5(^6  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR    LE  LANGUEDOC. 

baient  l'attention  du  ministère  qu'une  amélioration  du  régime  municipal 
était  jDOSsible. 

Le  changement  introduit  par  le  conseil  d'Etat  dans  la  forme  des  élections 
capitulaires  avait,  disait-on,  pour  but  de  mettre  fin  aux  «  brigues  8c  mono- 
«  pôles  qui  se  formoient  dans  la  ville  de  Toulouse  à  l'occasion  du  capi- 
«  toulat;  »  si  telle  était  vraiment  la  pensée  du  législateur,  le  résultat  ne 
répondit  guère  à  ses  espérances.  On  déplaça  le  théâtre  de  l'intrigue  en  le 
transportant  à  Paris,  mais  on  n'arrêta  point  la  vénalité. 

Une  ordonnance  du  roi,  cjui  fit  grand  bruit  dans  la  maison  de  ville,  ren- 
voya, sur  la  fin  de  l'année  1686,  le  choix  définitif  des  capitouls  au  ministère. 
Les  magistrats  sortant  de  charge  devaient  présenter  chacun  trois  sujets;  la 
liste  des  vingt-quatre  noms  étant  adressée  au  marquis  de  Châteauneuf,  il 
était  censé  que  le  roi  désignerait  lui-même  les  huit  titulaires.  Pure  fiction  : 
car  comment  supposer  que  le  souverain  d'un  grand  royaume,  occupé  de  tant 
8<  de  si  vastes  affaires,  pût  descendre  à  une  connaissance  personnelle  des  titres 
particuliers  de  simples  officiers  municipaux?  Le  secrétaire  d'Etat  lui-même  ne 
s'abaissait  pas  à  de  tels  détails.  Si  tout  devait  aboutir  à  des  intrigues  de  bureau. 

Le  rédacteur  de  l'ordonnance  royale'  avait  compté  sans  le  sénéchal  8c  le 
viguier.  Ces  deux  officiers,  qui  tiraient  des  élections  municipales  certains 
menus  avantages,  outre  les  pots-de-vin  des  candidats  favorisés,  firent  valoir 
à  la  Cour  qu'on  les  dépouillait  d'émoluments  attachés  à  leur  charge  8c  obtin- 
rent une  modification  de  la  nouvelle  jurisprudence. 

Ils  opérèrent  si  bien  qu'au  moment  où  les  élections  allaient  s'ouvrir,  parut 
un  ordre  du  roi  qui  prescrivait  d'y  surseoir*. 

Bientôt,  en  effet,  fut  envoyé  un  règlement  qui  conciliait  les  prétentions 
des  officiers  dépossédés  avec  la  politique  du  ministère.  Pour  ménager  tous  les 
intérêts,  le  sénéchal,  le  viguier  8c  les  autres  membres  du  collège  électoral 
continuaient  d'intervenir  dans  l'opération,  en  faisant  un  premier  choix  de 
vingt-quatre  noms  sur  la  liste  des  quarante-huit  candidats  dressée  par  les 
capitouls  sortants.  C'est  sur  cette  liste  réduite,  expédiée  au  marquis  de  Châ- 
teauneuf, que  devait  porter  le  choix  du  roi^. 

'  Ordonnance  du  25  novembre  1686  :  capitoul.  Enjoint  Sa   Majesté  au  sieur  intendant 

n  De  par  le  Roy,  Sa  Majesté  ayant  esté  informée  de  justice  de  la   province  de  Languedoc  de   tenir 

des  brigues  &  monopoles  qui  se  forment  dans  la  la   main  à  l'exécution  de  la  présente  laquelle  sera 

ville  de  Toulouse  pour  parvenir  au  capitoulat  &  registrée  ez  registres  de  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse 

estimé  à  propos  d'y  pourvoir  par  son  autorité  pour  pour  estre  à  l'advenir  observée  &  y  avoir  recours 

prévenir  les  suites  qui  en  pourroient  arriver.  Sa  quand  besoin   sera.  Fait  à  Versailles  le  vingt-cin- 

Majesté  a  ordonné  &  ordonne,  veut  &  entend  que  quiesme   jour  de   novembre  mil  six  cent  quatre- 

doresnavant  à  commencer  la  présente  année  1686,  vingt-six.  —  Louis.  —  Phrlyteaux  '.  » 

il  soit   procédé  en   la    manière  accoustumée  à   la  *  On  en  trouvera  le  texte  aux  Pièces  justificati- 

noinination  de  trois  personnes  de  chaque  quartier  v«,  n.  CCCCXCÏI,  col.   1  S.^j. 

ou  paroisse  de  ladite  ville  de  Toulouse  pour  entrer  'Voici  les  dispositions  du  règlement  du  10  no- 
audit  capitoulat  &  ladite  nomination  ainsi   faite  veinbre  1687  : 

estre  envoyée  au    sieur  marquis  de   Chasteauneuf  k  Le  viguier  de  Tolose  ira  en  la  manière  nccous- 
secrétaire  d'Estat  pour  la   présenter  à  Sa  Majesté  tumée   le   zj"  jour  de  novembre  sommer  les  capi- 
afin  d'estre  par  elle  fait  choix  d'un  des  trois  nom- 
més de  chaque  quartier  de  ladite  ville  pour  estre  '  Archives  de Toultiuse. Livre rffsConsei7s,XXXlI, p.  ig6. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  Sgy 

A  dater  de  ce  moment,  les  élections  municipales  de  Toulouse  ne  furent  ni 
plus  ni  moins  sincères  que  par  le  passé,  mais  elles  se  traitèrent  à  Paris,  où, 
suivant  le  mémoire  déjà  cité,  «  il  n'étoit  pas  difficile  de  se  faire  choisir 
«  avec  un  présent  de  cent  pistoles  à  celui  qui  avoit  quelque  récompense  à 
«  demander".  » 

Plus  tard,  AT.  de  Bâville  se  fit  attribuer  le  droit  de  donner  son  avis  au 
ministère  sur  les  mérites  des  vingt-quatre  candidats  proposés. 

Un  des  principaux  résultats  du  système  tut  d'attirer  beaucoup  de  candidats 
étrangers  à  la  Province.  Lorsque  l'on  sut  à  Paris  que  le  capitoulat  de  Tou- 
louse fournissait  les  moyens  d'acquérir  la  noblesse  à  très-bon  compte,  les 
prétendants  affluèrent,  surtout  parmi  les  habitants  des  pays  de  taille  person- 
nelle, qui,  grâce  à  un  léger  sacrifice  &  à  des  obligations  peu  gênantes, 
parvenaient  ainsi,  au  bout  d'un  an,  à  dégrever  les  propriétés  d'impôts  S<  à 
s'affranchir  du  droit  de  franc-fief.  Voilà  de  quels  étranges  abus  la  réforme 
de  1687  aggrava  «  les  brigues  &  monopoles  qui  se  faisoient  dans  les  élections 
«  de  Toulouse.  » 


1687 


touls  de  procéder  à  la  nomination  de  leurs  suc- 
cesseurs; après  quoy  chacun  des  huit  capitouls, 
sans  l'assistance  ny  conseil  d'aucuns  anciens 
bourgeois  appelés  Pères,  nommera  par  escrit  six 
personnes  de  son  quartier  au  capitoulat,  qui 
ayent  toutes  les  qualités  requises  pour  estre  rete- 
nus capitouls,  conformément  aux  statuts,  laquelle 
nomination  ainsi  faite,  lesdits  capitouls  iront  en 
corps  le  lendemain  matin  26  dudit  mois  de  no- 
vembre la  remettre  close  &  cachetée  ainsi  qu'il 
s'est  toujours  pratiqué,  entre  les  mains  dudit 
vigiiier  pour  la  porter  au  sénéchal  de  ladite  ville, 
lequel  avec  ledit  viguier  nommeront  chacun  neuf 
électeurs  suivant  le  droit  &  la  possession  qu'ils 
en  ont,  &  avec  les  autres  officiers  qui  sont  élec- 
teurs à  raison  de  leurs  charges,  examineront  la 
nomination  des  six  personnes  que  chaque  capitoul 
aura  faite  pour  voir  si  dans  icelle  il  y  a  des  nul- 
lités ou  des  personnes  incompatibles,  afin  d'en 
faire  mettre  d'autres  de  la  qualité  requise  suivant 
les  règlemens,  &  ensuite,  sur  la  nomination  de 
quarante-huit  personnes  portée  par  le  procureur 
du  Roi  en  ladite  sénéchaussée  au  sieur  archevêque 
de  Toulouse  ou  en  son  absence  à  son  grand 
vicaire  pour  prendre  l'attestation  de  religion  de 
ceux  qui  auront  esté  nommés,  conformément  à 
l'arrest  du  conseil  du  dernier  Juin  1640,  après 
quoy  il  sera  par  lesdits  sénéchal,  viguier  Sa  élec- 


teurs procédé  par  pluralité  de  suffrages  à  la  réduc- 
tion de  ladite  nomination  de  quarante-huit  à 
vingt-quatre,  savoir  trois  pour  chaque  quartier 
au  capitoulat  de  la  ville,  &  ladite  réduction  ainsi 
faite,  elle  sera  envoyée  avec  les  procès-verbaux 
desdits  sénéchal  &  viguier  ou  de  leurs  lieutenants, 
tenant  leur  place  en  leur  absence,  au  sieur  mar- 
quis de  Châteauneuf,  secrétaire  d'Estar,  pour  la 
présenter  à  Sa  Majesté,  afin  d'estre  par  elle  fait 
choix  d'un  des  trois  de  chaque  quartier  pour  estre 
capitouls;  ordonne  en  outre  Sa  Majesté  que  l'élec- 
tion qu'elle  aura  faite  de  huit  personnes  pour 
estre  capitouls  sera  envoyée  au  sénéchal  deTolose, 
St  qu'après  qu'il  en  aura  fait  la  publication  dans 
son  siège  en  la  forme  ordinaire,  &  qu'ils  auront 
preste  le  serment  accoustumé  entre  les  mains  du 
viguier,  ils  soient  admis  &  installés  dans  lesdites 
charges,  &  sera  le  présent  arrest  enregistré  es  re- 
gistres tant  de  la  sénéchaussée  &  de  la  viguerie  de 
Tolose  que  de  l'hostel  de  ville,  &  iceluy  exécuté 
nonobstant  oppositions  ou  appellations  quelcon- 
ques, dont  si  aucunes  interviennent,  Sa  Majesté 
s'en  réserve  la  connoissance  &  icelle  interdit  à 
toutes  ses  cours  &  juges'.  >» 

'  Archives   de   Toulouse.   Testament  syndical   Je 
M.  Je  La/aille,  p.  66. 

'  Archives  de  Toulouse,  i'  livre  des  arrêts,  f"  63. 


SçS  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


IÛ88 


CHAPITRE  II 


Construction  des  forts  de  Nimes ,  d'Alais  &  de  Saint-Hippolyte. —  Chemins  royaux  des  Cévennes. 
Réformes  administratives.  —  Nouvelle  organisation  des  milices.  —  Prophètes  du  Vivarais.  —  Ré- 
pression militaire.  —  Astier,  Vivens,  Brousson.  —  Mesures  fiscales.  —  Epreuves  des  anoblis 
municipaux  de  Toulouse.  —   Création    des  mairies.   —   Erection   de   l'évêché  d'Alais. 

Chaque  jour  démontrait,  avec  une  évidence  plus  complète,  l'inanité  de  la 
conversion  générale  des  protestants.  La  déclaration  du  roi,  qui  prononçait  la 
peine  de  mort  contre  les  prisonniers  faits  par  les  troupes  dans  les  assemblées 
de  religion,  ne  produisait  point  l'effet  d'intimidation  sur  lequel  on  avait 
compté.  Les  exécuteurs  mêmes  des  ordres  rigoureux  du  ministère  hésitaient 
devant  l'opiniâtreté  populaire  &  se  demandaient  s'ils  devaient  prendre  à  la 
lettre  une  pareille  législation.  La  sévérité  de  Louvois  ne  fléchissait  point. 
Comme  un  assez  grand  nombre  de  personnes  des  deux  sexes  avait  été  enlevé, 
dans  les  environs  de  Nimes,  surpris  en  flagrant  délit  d'assemblée,  8c  qu'on 
ne  pouvait  songer  à  pendre  tout  le  monde,  le  secrétaire  d'État  prescrivit  à 
Bâville  de  faire  exécuter  au  moins  les  deux  plus  coupables  &  d'envoyer  tous 
les  autres  hommes  aux  galères.  Si  les  preuves  manquaient  pour  établir  sûre- 
ment le  degré  de  culpabilité,  le  roi  voulait  que  l'on  tirât  au  sort,  afin  qu'il  y 
eût  toujours  deux  pendus  '. 

Louvois  indiquait,  d'ailleurs,  au  marquis  de  La  Trousse,  dans  une  autre 
occasion,  le  moyen  assuré  d'éviter  de  tels  embarras.  Il  fallait  faire  aussi  peu 
de  prisonniers  que  l'on  pourrait  &  donner  l'ordre  aux  troupes  de  «  mettre 
«  beaucoup  de  gens  sur  le  carreau,  n'épargnant  pas  plus  les  femmes  que  les 
«  hommes^.  »  Le  ministre  comptait  que  cet  exemple  donnerait  de  meilleurs 
résultats  que  les  sentences  de  la  justice  ordinaire,  &  ne  pouvait  seulement 
tolérer  l'expression  d'un  sentiment  de  pitié  envers  les  victimes^. 

'  Dépôt  de  la  Guerre,  797.  —  C.  Rousset,  His-  '  Lettre  de   Louvois  au  marquis  de  La  Trousse, 

to'tre  de  Louvois,  III,  p.  5oo.  Lettre  de  Louvois  à  du  25  août  1688  ; 

Bâville,  du  10  janvier  1687  ;  «  Sa  Majesté  désire  que  vous  donniez  ordre  aux 

«  Sa   Majesté  n'a   pas  cru   qu'il   convînt  à   son  troupes    qui    pourront    tomber    sur    de    pareilles 

service  de  se  dispenser  entièrement  de  l'exécution  assemblées  de  ne  faire  que  fort  peu  de  prisonniers, 

de   la   décLiralion  qui   condamne  à  mort  ceux   qui  mais  d'en  mettre  beaucoup  sur  le  carreau,  n'épar- 

assisteront    à    des    assemblées.    Elle    désire    que    de  gnant  pas  plus  les  femmes  que  les  hommes;  &  cet 

ceux  qui   ont  été  à  l'assemblée  d'auprès  de  Nimes,  exemple  fera  assurément  beaucoup  plus  d'effet  que 

deux  des  plus  coupables  soient  condamnés  à  mort,  celui  que  pourroit  ordonner  la  justice  ordinaire '.  » 

&  que  tous  les  autres    hommes    soient  condamnés  '  Lettre  au   marquis  de  La  Trousse,  du  28  jan- 

aux  galères.  Si  les  preuves  ne  vous  donnent  point  vier   1687  : 

lieu   de  connoître  qui   sont  les   plus  coupables,  le  «  Je  n'ai  rien  à  vous  dire  sur  l'état  où  vous  me 
Roi   dés'ire  que  vous  les   fassiez  tirer  au  sort,  pour 

que  deux  d'iceux  soient  exécutés  à  mort.  »  '  Dépôt  de  la  Guerre,  n»  836. 


LIV.    III.    RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  699 

Cette  manière  de  pratiquer  la  réunion  des  dissidents  n'était  pas  faite  pour 
encourager  les  abjurations  sincères}  aussi,  le  premier  moment  de  surprise 
passé,  il  se  produisit  un  grand  relâchement  dans  la  ferveur  des  nouveaux  con-- 
vertis.  Ceux  de  Nimes  cessèrent  généralement  d'aller  à  la  messe  &c  empê- 
chèrent leurs  enfants  de  fréquenter  les  écoles  catholiques,  des  prédicants 
•étrangers  se  répandirent  en  Languedoc,  des  assemblées,  de  plus  en  plus 
fréquentes,  furent  tenues  en  plein  jour.  Tous  les  hommes  de  sens  purent 
s'apercevoir  bientôt  que  la  soumission  dépendait  uniquement  de  la  présence 
des  troupes  £<.  prévirent  un  avenir  très-sombre,  dans  le  cas  où  les  nécessités 
de  la  guerre  européenne  dégarniraient  les  pays  occupés. 

Ainsi,  pour  soutenir  cette  fiction  de  l'anéantissement  du  protestantisme,  à 
laquelle  pas  un  observateur  de  bonne  foi  ne  pouvait  croire,  on  dut  répudier 
le  système  de  Richelieu  qui  ne  voulait  plus  de  forteresses  à  l'intérieur,  n'y 
voyant  que  des  instruments  de  guerre  civile,  &  consacrer  des  sommes  consi- 
dérables à  l'édification  de  citadelles  uniquement  destinées  à  contenir  les 
peuples  Su.  dépourvues  d'utilité  pour  la  défense  de  la  frontière.  Voilà  com- 
ment les  déductions  inévitables  d'une  politique  fausse  aggravaient  de  jour 
en  jour  les  charges  publiques,  ruinaient  les  résultats  de  l'administration  de 
Colbert,  Se,  en  accroissant  le  malaise  général,  livraient  une  partie  de  la 
France  aux  intrigues  de  l'étranger. 

La  construction  des  trois  forts  de  Nimes,  d'Alais  &  de  Saint-Hippolyte, 
établis  comme  bases  d'opérations  St  lieux  de  refuge  des  troupes  employées  à  la 
surveillance  des  Cévennes,  montra  que  le  duc  de  Noailles  &.  le  ministère  ne 
se  méprenaient  point  sur  les  dispositions  du  pays  8c  qu'ils  estimaient  à  sa 
valeur  la  tranquillité  artificielle  qu'on  était  parvenu  à  y  maintenir. 

L'ensemble  de  ces  trois  forts  constitua  un  triangle  irrégulier  dont  l'angle 
nord,  par  Alais,  pénétrait  dans  le  massif  des  hautes  Cévennes  &  fermait  les 
gorges  étroites  du  Gardon,  l'un  des  principaux  débouchés  du  Gévaudan  & 
du  Vêlai,  tandis  que  l'angle  ouest,  par  Saint-Hippolyte,  gardait  la  vallée 
supérieure  du  Vidourle,  la  route  du  Vigan,  les  premières  assises  de  l'Espérou 
Se  les  avenues  du  Rouergue,  Si  l'angle  sud-est,  fixé  à  Nimes,  occupait  le 
point  de  rencontre  des  voies  de  communication  du  bas  pays,  commandait  la 
plaine  jusqu'au  Rhône  8c  jusqu'aux  étangs,  6c  permettait  de  tenir  des  troupes 
à  portée  de  l'oasis  protestante  de  la  Vannage  8c  des  garrigues  suspectes  de 
Vauvert. 

Le  fort  de  Nimes  fut  édifié  au  nord  de  la  ville,  à  moins  de  deux  cents 
mètres  du  rempart,  8c  en  contre-bas  du  plateau  de  la  Tour-Magne  qui  en  est 
distant  d'environ  cinq  cents  mètres  '.  On  lui  donna  la  forme  d'un  parallélo- 
gramme, flanqué  de  quatre  bastions  avec  une  enceinte  étoilée,  protégée  à 

mandcR  qu*  iont  1*>  C^vcnnet,  parce  q ut  riert  ne  manier*  que  l'état  où  ils  demeureront  serve  d'exem- 

convient  moins  an  service  du   roi  ni  au  bien  de  la  pie  à  tous  les  autres  nouveaux  convertis.  » 
Province  que  de   témoigner  que  l'on   soit  capable  '  La   portée  efficace  du   mousquet  n'était  encore 

d'avoir  pitié  de  gent  qui  ae  sont  conduits  comme  que  de  cent  vingt  toises  (223  mètres  88). 
ont  fait  ceux-là,  lesquels  doivent  être  abimés  de 


i6f 


i688 


600  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

l'est  8c  à  l'ouest  par  des  demi-lunes.  Il  surveillait  la  porte  d'Alais  8c  la  des- 
cente des  Cévennes,  route  ordinaire  par  où  les  contingents  montagnards 
étaient  venus,  dans  les  époques  de  troubles,  apporter  leur  appoint  aux  fac- 
tions de  l'intérieur. 

Ces  travaux  furent,  pour  la  Province,  une  occasion  de  grosses  dépenses. 
Bâville  avait  enjoint,  par  simple  ordonnance,  aux  diocèses  de  Montpellier,  • 
de  Nimes  8c  d'Uzès,  de  fournir  les  voitures  nécessaires  pour  le  transport  des 
matériaux.  Ces  trois  diocèses  ne  purent  y  suffire  qu'à  l'aide  d'un  emprunt  de 
quatre-vingt-dix  mille  livres.  Les  États  durent  aussi  donner  plus  de  cent 
quinze  mille  livres  pour  le  même  objet,  sur  la  demande  des  commissaires  du 
roi  8c  les  instances  particulières  du  marquis  de  Seignelay  qui  en  avait  écrit 
au  cardinal. 

L'intendant,  de  plus  en  plus  habitué  à  battre  monnaie  sur  la  docilité  des 
États,  réclamait  aussi  leur  libéralité  pour  le  dédommagement  des  proprié- 
taires du  sol.  On  lui  représenta  que  la  Province  n'avait  jamais  contribué  à 
des  dépenses  de  cette  nature,  8c  que  les  biens  confisqués  sur  des  protestants 
fugitifs  donnaient  des  ressources  naturelles  pour  un  pareil  emploi ,  sans 
accabler  le  pays  de  nouvelles  impositions';  mais  ces  remontrances  ne  tou- 
chaient guère  le  rigoureux  administrateur.  Outre  la  valeur  du  terrain,  il 
fallut  payer  aussi  les  droits  seigneuriaux  qui  le  grevaient.  On  ne  jugea  pas 
néanmoins  que  la  Province  dût  rembourser  la  dîme  ni  indemniser  les  parti- 
culiers des  dommages  causés  par  le  transport  des  matériaux. 

Quant  à  la  taille,  il  fut  décidé  qu'elle  serait  rejetée  sur  les  communes  dans 
le  territoire  desquelles  le  sol  occupé  se  trouvait  compris,  8c  qu'elles  devaient 
se  substituer  aux  anciens  propriétaires   pour  en  payer  la  quotité  au  Trésor^. 

Un  arrêt  du  conseil  d'État,  rendu  sur  le  rapport  du  contrôleur  général 
Le  Pelletier,  ratifia  les  résolutions  de  l'assemblée  provinciale  8c  renvoya  à 
l'intendant  les  contestations  occasionnées  par  le  remboursement,  sauf  réserve 
de  la  décision  au  conseil. 

Pour  éviter  les  conflits  de  juridiction,  le  roi  défendait  expressément,  sous 
peine  de  nullité  8c  de  dommages,  de  faire  aucune  poursuite  devant  tout  autre 
magistrat^. 

Il  ne  suffisait  pas  d'établir  des  places  d'armes  à  portée  du  massif  monta- 
gneux, que  l'on  considérait  avec  raison  comme  le  plus  redoutable  foyer  de 
résistance  en  Languedoc;  il  fallait  aussi  assurer  des  communications  rapides 
8c  faciles  avec  tous  les  points  importants  du  pays.  C'est  à  quoi  Bâville  s'em- 
ploya très-activement,  faisant  exécuter,  d'après  les  projets  d'ensemble  arrêté* 
par  le  duc  de  Noailles  au  cours  de  ses  tournées,  un  réseau  de  chemins  royaux 
qui  permettaient  de  faire  passer  les  troupes  8c  l'artillerie  dans  des  régions 
jusqu'alors  réputées  inaccessibles. 

Cette  partie  du  territoire  de  la  Province  avait  été,  en  effet,  constamment 

'  Pièces  justificatives,  n.  CCCCXCIV,  col.    i  35çi.  '  Recueil   des    édits,   déclarations,  arrêts   &   Or- 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  donnances  de  Languedoc.  Arrêt  du  conseil  d'État 
du  p  décembre  i683.  du  23  juillet  1689. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  601 

négligée  dans  les  travaux  de  viabilité  qui  favorisaient  le  mouvement  commer- 
cial. On  rt'y  pouvait  circuler  que  par  des  sentiers  de  mulets,  souvent  tracés 
au  hasard  à  travers  les  roches,  offrant  des  pentes  affreuses,  mal  entretenus 
&  absolument  impraticables  pour  les  attelages.  Comme  on  admettait  que  le 
caractère  énergique  &  indépendant  des  populations  cévenoles  trouvait  son 
principal  appui  dans  les  défenses  naturelles  du  sol,  l'intendant  ne  doutait 
pas  qu'en  découvrant  entièrement  le  pays  &.  en  le  perçant  de  part  en  part 
de  voies  carrossables,  il  ne  rendît  les  soulèvements  impossibles. 

Vingt-deux  chemins  royaux  furent  donc  ouverts  à  travers  les  hautes  81  les 
basses  Cévennes,  &<  si  soigneusement  nivelés  qu'on  y  pouvait  partout  conduire 
le  canon.  Les  lignes  maîtresses,  qui  avaient  près  de  cinq  mètres  de  large, 
étaient  reliées  entre  elles  par  des  chemins  de  traverse  larges  de  moitié. 

Ce  vaste  travail,  exécuté  uniquement  avec  les  ressources  de  la  Province, 
sous  la  direction  de  l'intendant  &  sans  aucune  allocation  du  Trésor  royal,  se 
subdivisait  en  trois  parties. 

Le  réseau  principal,  qui  était  celui  du  massif  cévenol  proprement  dit,  se 
rattachait  à  la  grande  ligne  de  poste  de  Toulouse  au  Pont-Saint-Esprit, 
artère  transversale  de  la  Province,  par  Montpellier,  Nimes  &  Uzès.  Il  s'éten- 
dait vers  le  nord  jusqu'au  Causse  du  Tarn  supérieur  8c  aux  premières  assises 
de  la  Lozère,  atteignant  Meyrueis,  Florac,  Villetort,  Si  la  vallée  du  Chassezac 
aux  Vans.  Tout  ce  pays,  terriblement  accidenté,  qui  comprend  les  hautes 
vallées  de  l'Hérault,  du  Lez,  du  Vidourle,  des  deux  Gardons  Se  du  Céze,  se 
trouva  ainsi  enveloppé  dans  une  sorte  de  chemin  de  ronde  qui  empruntait  la 
ligne  de  poste  entre  Montpellier  Si  Uzès,  Se  qui  passait  ensuite  par  Lussan, 
Brisson,  Saint-Ambroix,  les  Vans,  Genouillac,  Fraissinet-de-Lozère,  Florac, 
Meyrueis,  le  Vigan,  Ganges  &  Saint-Hippolyte. 

L'intérieur  de  ce  polygone  irrégulier  était  quadrillé  de  lignes  secondaires 
qui  mettaient  en  communication  tous  les  vallons  les  uns  avec  les  autres, 
profitant  du  cours  des  moindres  affluents  pour  s'insinuer  au  cœur  des  mon- 
tagnes, cernant  les  points  les  plus  abrupts  de  façon  à  les  isoler  Si  à  permettre 
de  les  investir,  81  atteignant  dans  leurs  solitudes  les  petites  paroisses  les  plus 
reculées.  Quatre  routes  stratégiques  servaient  à  relier  entre  eux  les  forts 
nouvellement  construits  de  Nimes,  d'AIais  81  de  Saint-Hippolyte,  placés  sous 
l'autorité  d'un  même  gouverneur,  8t  établissaient  une  double  communication 
avec  Montpellier. 

Le  tracé  de  ce  réseau  compliqué,  dont  les  sinuosités  se  mêlent  81  s'entre- 
croisent, sans  autre  utilité  possible  que  d'éclairer  les  derniers  recoins  du 
pays,  fait  songer  aux  allées  d'un  labyrinthe.  C'était  bien  un  échiquier  de 
guerre  que  l'intendant  croyait  préparer,  81  l'on  s'explique,  lorsqu'on  examine 
la  carte  des  chemins  royaux  des  Cévennes  qui  accompagne  les  exemplaires 
manuscrits  du  Mémoire  de  Bâville,  la  sécurité  que  l'entier  accomplissement 
de  cet  ouvrage  inspirait  au  rigide  administrateur. 

La  seconde  partie  du  réseau  comprenait  la  grande  route  parallèle  au 
Rhône  qui  conduisait  du  Pont-Saint-Esprit  à  Lyon  par  Bourg-Saint-Andéol, 


1688 


i688 


602 


ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


La  Voûte,  Tournon,  Andance,  ligne  d'étapes  très-importante  pour  les  troupes 
venant  de  la  frontière  de  l'Est,  8c  permettant  de  surveiller  le  débouché  des 
vallées  de  l'Ardèche,  de  l'Eyrieu  &  du  Doux. 

Enfin,  un  embranchement,  qui  partait  du  Pousin  61  qui  remontait  le  cours 
de  rOuvèze  jusqu'à  Privas,  jetait  sur  ce  point  deux  rameaux,  dont  le  pre- 
mier, tournant  à  l'ouest,  courait  sur  les  Vans  par  Aubenas  &  Joyeuse,  &  tra- 
versait les  collines  du  bas  Vivarais,  tandis  que  l'autre,  tourné  vers  le  nord, 
poussait  jusqu'à  Saint-Agrève,  par  Saint-Pierreville  &  le  Chaylar,  en  éclai- 
rant la  haute  vallée  de  l'Eyrieu  &c  le  désert  suspect  des  Boutières. 

Bâville  paraît  s'être  fait  longtemps  illusion  sur  l'efficacité  de  ces  travaux 
qui  devaient,  d'après  lui,  enlever  toute  chance  de  durée  aux  insurrections.  Il 
en  parle  dans  ses  Mémoires  avec  un  accent  particulier  de  satisfaction  Se  de 
confiance.  «  Le  pays  des  Cévennes  81  du  Vivarais,  dit-il,  autrefois  imprati- 
«  cable,  nourrissoit  des  peuples  enclins  à  la  révolte,  mais  à  présent  rendus 
«  très-soumis  par  les  grandes  routes,  faites  depuis  quelques  années,  qui  pénè- 

«  trent  tous  les  coins  des  montagnes  les  plus  inaccessibles Ce  pays  est 

«  découvert  de  manière  qu'il  ne  s'y  peut  rien  faire  au  préjudice  de  l'Etat, 
Il  qu'on  ne  le  sache  8t  à  quoy  l'on  ne  remédie  d'abord  ' .  » 

Les  événements  donnèrent  un  cruel  démenti  à  ces  prévisions. 

Les  embarras,  chaqvie  jour  croissants,  que  la  politique  religieuse  de  la 
Cour  lui  suscitait,  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'étranger,  ne  pouvaient  manquer 
d'entraver  le  mouvement  de  réformes  administratives  commencé  par  Colbert. 
Les  mesures  de  répression  &  de  prudence  absorbaient  les  heures  des  agents 
royaux,  8t  ce  n'est  que  par  échappées  que  l'intendant  pouvait  se  dérober  à  la 


'  Bâville  revient  sur  ce  sujet  dans  un  autre  pas- 
sage de  son  Mémoire,  où  il  parle  de  «  plus  de  cent 
chemins  de  douze  pieds  de  large,  qui  percent  tout 
au  travers  des  Cévennes  ou  du  Vivarais,  &  qui  ont 
si  bien  réussi,  que  toutes  sortes  de  voitures  vont 
maintenant  très-commodément  dans  tous  ces  lieux 
qui  estoient  auparavant  presque  impraticables  & 
inaccessibles,  &  il  n'y  en  a  point  où  on  ne  fît 
rouler  du  canon  &  porter  des  bombes  si  cela  étoit 
nécessaire.  Rien  ne  rendoit  ces  peuples  plus  inso- 
lents Se  plu»  disposés  à  se  révolter  que  l'opiniori 
où  ils  étoient  qu'on  ne  pouvoit  pénétrer  dans  leur 
pays  qu'avec  beaucoup  de  peine'.  »  [Mémoire  his- 
torique &  politique  sur  la  province  de  Languedoc, 
contenant  son  état  présent,  son  gouvernement 
ecclésiastique,  civil  &  militaire,  son  commerce, 
les  différents  droits  &  impositions  que  le  roy  lève 
sur  cette  province,  avec  un  précis  de  tout  ce  qui 
l'y  est  passé  de  plus  mémorable,  avant  &  après  sa 
réunion  à  la  couronne  de  France,  par  M.  de  La- 
moignon  de  Bâville,  intendant  en  ladite  province. 
—  A  Montpellier,  en  l'année  1698.) 

'  État  de  la  religion  à  l'cgard  des  nouveaux  convertis. 


Diverses  copies  manuscrites  du  mémoire  de  Bâ- 
ville existent  dans  les  collections  publiques  ou 
privées.  Nous  avons  eu  entre  les  mains  un  très-bel 
exemplaire,  copié  en  1718  &  signé  P.  Serre,  qui 
a  appartenu  à  la  bibliothèque  de  monseigneur  de 
Beauvau,  archevêque  de  Narbonne. 

Cet  exemplaire  contient  une  carte  des  grands 
chemins  royaux  des  Cévennes  &  VivaraiSy  à  l'échelle 
de  j^^j^j,  exécutée  avec  beaucoup  de  soin.  Le  re- 
lief du  terrain  est  lavé  à  l'encre  de  chine,  les 
construction  tracées  au  carmin,  les  cours  d'eau 
teintés  en  vert.  Les  voies  de  communications  sont 
indiquées  par  des  lignes  ponctuées,  une  teint* 
bistre  distinguant  les  k  grands  chemins  royaux  de 
vingt  pnms  ou  de  quinze  pieds  de  large,  »  &  une 
teinte  jaune,  les  «  chemins  de  traverse  de  dix 
pams   ou   de   Sept  pieds    &  demi   de   large.  )> 

On  peut  voir  dans  nos  Pièces  justificatives , 
n.  DCLXI,  col.  1710,  ce  que  pensait  le  maréchal 
de  Montrevel  des  routes  militaires  construites  par 
Bâville  dans  les  Cévennes.  La  précision  de  ces  dé- 
tails fait  assez  voir  dans  quelle  erreur  sont  tombés 
les  historiens  qui  ont  contesté  la  réalité  de  ces 
travaux. 


LIV.    III,   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  6o3 

surveillance  quotidienne  des  pays  protestants,  si  gratuitement  mécontentés  &(. 
observés  de  toutes  les  puissances  hostiles  comme  un  élément  de  faiblesse  pour 
la  monarchie  française  au  milieu  des  grandes  guerres  de  l'Europe. 

Dans  le  cours  d'une  de  ces  diversions,  que  la  gravité  des  événements  géné- 
raux devait  rendre  de  plus  en  plus  rares,  Bâville  alla  visiter  la  capitale  de  la 
Province  &  mettre  ordre,  avec  son  énergie  8t  sa  lucidité  habituelles,  à  un 
grand  nombre  d'abus  tolérés  par  l'administration  inerte  &  négligente  des 
capitouls. 

L'intendant  vint  à  Toulouse  au  mois  de  juin  1688  Se  y  demeura  quinze 
jours.  Il  était  accompagné  de  sa  femme,  qui  alla  visiter  avec  lui  l'hôtel  de 
ville,  suivie  d'un  nombreux  cortège  de  dames  de  qualité,  y  fut  reçu  au  bruit 
des  tambours,  des  trompettes  &  de  la  mousqueterie,  visita  la  galerie  des  pein- 
tures &  les  autres  salles  récemment  décorées,  8t  goûta,  dans  le  petit  consis- 
toire, les  macarons,  les  massepains,  les  biscuits,  la  limonade  81  le  vin  blanc 
de  l'hospitalité  municipale". 

Mais  Bâville  n'était  pas  homme  à  se  laisser  éblouir  par  des  marques  d'hon- 
neur ni  aveugler  par  des  civilités.  Il  voulut  prendre  par  lui-même  une  entière 
connaissance  des  affaires  de  l'hôtel  de  ville.  Il  assembla  les  capitouls  presque 
tous  les  jours  dans  son  cabinet,  où  ils  se  rendaient  avec  Lafaille  81  son  neveu 
Bailot,  syndic  de  la  ville.  Ces  conférences  duraient  quatre  heures,  8c  les 
officiers  municipaux  de  Toulouse  ne  pouvaient  s'émerveiller  assez  de  voir 
un  si  grand  magistrat  descendre  aux  plus  minces  détails  de  leur  besogne 
journalière. 

Le  capitoulat  étant  surtout  recherché  en  vue  de  la  satisfaction  d'intérêts 
personnels  Su  dans  le  but  à  peu  près  exclusif  d'acquérir  la  noblesse  hérédi- 
taire, la  petite  oligarchie  bourgeoise  qui  dirigeait  tout  s'inquiétait  moins 
d'un  judicieux  emploi  des  deniers  publics  que  des  moyens  d'assurer  la  con- 
servation de  privilèges  douteux,  perpétuellement  compromis. 

Bâville  avait  préludé  à  sa  visite  par  un  rapport  très-sévère  au  conseil  d'État 
sur  la  perception  des  impôts  à  Toulouse  8c  sur  la  gestion  des  finances  muni- 
cipales, dénonçant  l'inefficacité  de  tous  les  règlements  antérieurs  dressés  par 
les  commissaires  liquidateurs  ou  par  d'Aguesseau,  les  injustices  criantes  qui 
se  faisaient  dans  la  levée  des  tailles,  les  lenteurs  apportées  dans  le  renouvelle- 
ment du  cadastre,  commencé  depuis  neuf  ans.  Aucune  base  sérieuse  n'exis- 
tait pour  la  répartition  des  charges;  les  personnages  les  plus  riches  8c  les  plus 
marquants  n'étaient  pas  inscrits  ou  ne  payaient  rien  Se  achetaient  la  tolé- 
rance des  capitouls  au  prix  de  faveurs  individuelles.  Cinquante  mille  livres 
avaient  été  dépensées  pour  le  nouveau  cadastre  sans  qu'il  fût  encore  en  état 
de  servir.  L'amortissement  de  la  dette  municipale  était  presque  entièrement 
négligé;  la  ville  devait  plus  d'un  million  de  livres;  on  employait  annuelle- 

'  C'est  ce  qu'on  appelait  la  collation  ordinaire.        nommés   Joseph    Paget   &    Antoine    Barte.    On   fit 

Pendant  que   les  convives  étaient  à  table,  les  six       aussi  à  Bâville  un  présent  de  confitures". 

hautbois  de  la  ville  jouaient  dans  le  petit  consis-  ,  a     i-        j     t     i  i-        j  .    -,        j      /oq 

'  .  "^  .  Ardiives  de   luulousc.  Livre  du  contrôleur  de  lOss, 

toire,  ainsi  que  deux  «  maîtres  de  symphonie,  n       p.  n^, 


i683 


i688 


604  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ment  de  fortes  sommes  en  réparations  à  peu  près  inutiles,  à  seule  fin  de 
placer  des  cartouches  armoriés  &  des  inscriptions  commémoratives;  les  octrois, 
tenus  en  régie,  au  lieu  d'être  affermés,  ne  donnaient  que  des  produits  insi- 
gnifiants, la  caisse  des  amendes  se  gaspillait  Se,  enfin,  les  capitouls  abusaient 
annuellement  de  leur  autorité  sur  les  commis  de  la  recette  pour  divertir  des 
fonds  considérables. 

Sur  cet  exposé,  le  conseil  d'Etat  s'était  empressé  de  rendre  un  arrêt  qui 
transformait  l'administration  financière  de  Toulouse  en  établissant  un  tréso- 
rier unique,  &  défendant  au  corps  de  ville  d'avoir  aucuns  agents  particuliers 
pour  le  maniement  des  fonds,  ordonnait  la  mise  en  fermage  de  tous  les 
biens  Si  revenus  communaux,  8<.  prescrivait,  en  un  mot,  toutes  les  mesures 
d'ordre  nécessaires  pour  garantir  une  perception  équitable  des  taxes  en  même 
temps  qu'un  emploi  rationnel  des  fonds'. 

L'arrêt  du  conseil  autorisait  la  bourgeoisie  à  présenter  au  roi  six  candidats 
pour  la  charge  de  trésorier;  Bâville  en  fit  pourvoir  son  subdélégué  Mariotte, 
dont  la  nomination  fut  confirmée  par  arrêt  du  24  avril  1688^. 

C'est  avec  le  concours  de  ce  collaborateur,  dont  il  connaissait  le  dévoue- 
ment, que  Bâville  s'appliqua  aux  réformes  de  l'administration  capitulaire, 
résumées  en  une  série  d'ordonnances  destinées  à  soulever,  de  la  part  du 
corps  municipal,  une  très-longue  mais  très-inutile  opposition. 

L'intendant  commença  par  exiger  une  vérification  minutieuse  des  titres  de 
tous  les  habitants  de  Toulouse  qui  se  prétendaient  exempts  de  l'impôt  connu 
sous  le  nom  d'industrie,  représentant  un  tiers  des  tailles  frappées  sur  la  ville 
8<.  le  gardiage^. 

Trois  jours  après,  il  modifiait  le  système  de  perception  des  tailles  elles- 
mêmes.  La  multiplicité  des  commis  que  les  capitouls  chargeaient  de  la  levée, 
Si  qui  n'étaient  pas  toujours  très-exacts  dans  leurs  versements,  donnait  lieu  à 
des  contestations  fréquentes  61  produisait,  pour  l'ensemble  de  l'opération,  un 
défaut  d'uniformité  favorable  aux  abus.  Bâville  ordonna  qu'à  l'avenir  cette 
levée  serait  mise  en  adjudication,  ainsi  que  cela  se  pratiquait  dans  toutes  les 
communes  de  la  Province,  S<  serait  l'objet  d'entreprises  particulières'* 

En  même  temps,  il  contraignait  le  receveur  des  deniers  d'octroi,  d'Albière, 
d'avoir  à  rendre  compte,  dans  le  délai  d'un  mois,  de  ses  recettes  Si  de  ses 
dépenses,  par-devant  des  commissaires  spéciaux,  sauf  à  y  pourvoir  en  cas  de 
refus.  Divers  arrêts  portant  règlement  pour  l'administration  de  la  ville  de 
Toulouse  prescrivaient  déjà  ces  mesures  Si  obligeaient  le  receveur  des  droits 
de  subvention,  commutation,  réserve  Si  autres  octrois  à  présenter  un  état 
mensuel  de  sa  caisse  Si  un  compte  général  à  la  fin  de  chaque  année;  mais  la 
mauvaise  volonté  de  cet  agent  Si  l'apathie  des  commissaires   chargés  de  ce 

'Arrêt  du  conseil  d'Etat  portant  règlement  pour  la  charge  de  trésorier  de  l'hôtel  de  ville,  donné  à 

l'administration   des  affaires   de    la   ville   de  'Tou-  Versailles,  le  14  avril  1688. 

louse,  donné  à  Versailles,  le  3  février   1688.  '  Ordonnance  du  25  juin  1688. 

'  Arrêt   du   conseil   d'État   portant   nomination  '  Ordonnance  du  28  juin  1688. 
de  M.  Mariotte,  escuyer  &  ancien  capitoul,  pour 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


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contrôle,  laissaient  la  loi  sans  application,  ce  qui  jetait  la  confusion  dans  les 
finances  5c  facilitait  le  divertissement  des  deniers'. 

Un  arrêt  du  conseil  du  14  décembre  167  i  autorisait  les  capitouls  à  consa- 
crer annuellement  une  somme  de  six  mille  livres  aux  réparations  des  bâti- 
ments communaux  j  le  plaisir  qu'avait  chaque  municipalité  à  laisser  des 
souvenirs  de  son  passage,  lui  taisait  souvent  entreprendre  des  ouvrages  inu- 
tiles, afin  de  pouvoir  graver  noms  &  armoiries  sur  quelque  muraille.  Bâville 
défend  que  l'on  dépense  plus  de  cent  livres  en  travaux  publics  sans  obtenir 
de  lui  une  permission  écrite,  comme  aussi  que  l'on  place  les  écussons  capitu- 
laircs  sur  aucune  construction,  sans  autorisation  préalable  de  l'intendance*. 

Il  coupe  court,  avec  la  même  rigueur,  à  l'usage  où  l'on  était  d'envoyer  h 
tout  propos,  aux  frais  du  public,  des  dépurations  à  Paris  ou  auprès  des 
grands  personnages  en  divers  lieux,  &  de  faire  partir  des  courriers -exprès 
chargés  de  dépêches  ou  de  mémoires.  Ces  ambassades,  qui  grevaient  lourde- 
ment la  caisse  municipale  8c  se  traduisaient,  à  la  fin  de  chaque  année,  par  de 
gros  états  de  frais,  ne  devaient  plus  se  produire  sans  cause  urgente,  réservée 
h  l'appréciation  de  l'intendant^. 

L'état  matériel  des  rues  ne  fut  pas  non  plus  négligé.  Il  y  avait  tout  à  faire 
pour  les  rendre  nettes,  aucun  des  règlements  de  police  qui  ordonnaient  l'en- 
lèvement des  boues  n'étant  exécuté.  Bâville  commande  que  ce  service  soit 
donné  en  adjudication  à  huit  entrepreneurs,  un  pour  chaque  capitoulat,  sous 
la  surveillance  particulière  du  capitoul  locaH. 

Le  mauvais  état  du  pavé,  que  l'on  n'entretenait  pas  8c  qui  rendait  la  circu- 
lation très-pénible  principalement  sur  les  ponts  8c  sur  les  places  publiques, 


'  Ordonnance  du  î8  juin  1688.  On  lit  dans  le 
testament  syndical  de  Lafaille,  p.  43  : 

«  Il  y  avoit  dans  une  autre  occasion  une  somme 
de  douze  ou  quatorze  mil  livres  dans  Us  coffres  du 
bureau  qui  avoit  iié  pratiqué  dans  les  galeries 
hautes  de  l'hôtel  de  ville  par  le  moyen  d'une 
bonne  cloison  de  charpente.  D'Albicre,  l'aîné, 
était  alors  commis  des  capitouls  pour  faire  la  re- 
cette dans  ce  bureau,  &  il  était  logé  assez  loin  de 
l'hôtel  de  ville.  Un  jour,  étant  venu  à  ton  ordi- 
naire pour  faire  sa  fonction,  il  fut  bien  surpris 
de  trouver  son  bureau  ouvert,  ses  coffres  crochetés 
&  plus  encore  de  voir  qu'on  lui  avoit  enlevé  l'ar- 
gent du  public.  Il  descendit  sur-le-champ,  il  ap- 
pela du  monde  pour  voir  l'état  de  son  bureau,  & 
requit  les  capitouls  de  venir  faire  leur  verbal; 
toute  la  bourgeoisie  fut  étonnée  de  cet  accident, 
principalement  les  plus  habiles  ménagers  qui  des- 
tinoient  celte  sommes  quelque  bon  emploi  pour 
la  ville,  non  pas  posirtant  au  payement  des  dettes 
ni  à  des  ouvrages  publics,  mais  pour  la  conser- 
vation de  ce  qu'on  appeloit  Us  privilèges  de  la 
ville  auxquels  ils  appréhendoient  d'être  encore 
troublés. 


n  On  mit  d'Albière  aux  arrêts;  on  fit  ouïr  tout 
ce  qui  avoit  couché  dans  l'hôtel  de  ville  la  nuit 
du  vol  &  les  précédentes.  On  fit  publier  un  moni- 
toire  dans  toutes  Us  paroisses,  &  enfin  on  bâtit 
à  mon  nom  une  grande  procédure  aux  dépens  de 
la  ville;  mais  tout  cela  fut  inutile,  car  on  n'en 
put  tirer  aucune  sorte  de  preuve  contre  ceux  qui 
avoient  commis  le  vol.  D'Albière  fut  élargi  & 
même  continué  dans  sa  charge.  On  changea  le 
bureau  où  il  est  aujourd'hui.  D'Albière  ne  fut 
point  soupçonné    &   continua    encore    longtemps 

de  faire   la    charge  de  receveur  &  de  payeur Il 

fut  prévenu,  plusieurs  années  après,  d'avoir  volé 
à  la  ville  ou  prêté  la  main  au  vol  d'une  somme 
considérable.  Je  n'ai  jamais  su  à  quoi  elle  pouvoit 
monter;  mais  il  se  cacha  8t  ne  parut  plus  :  il  fut 
condamné  par  contumace  aux  peines  de  péculat 
8t  néanmoins  il  vécut  encore  quelques  années 
exilé  de  la  ville,  n'ayant  découvert  le  secret  de  ce 
vol  à  personne  que  je  sache;  il  est  mort  infime, 
sans  avoir  laissé  aucune  postérité.  )> 

■  Ordonnance  du  1  juillet  1688. 

'  Ordonnance  du  1  juillet  1688. 

*  Ordonnance  du  29  juin   1688. 


i688 


606  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


inspire  à  Bâville  une  autre  ordonnance  qui  rappelle  leur  devoir  aux  officiers 
municipaux  &  qui  leur  enjoint  de  préparer  un  nivellement  général  '. 

Toutes  ces  mesures,  dont  la  sagesse  ne  saurait  être  contestée,  ne  pouvaient 
manquer  de  blesser  les  susceptibilités  de  l'hôtel  de  ville  &.  y  furent  très-mal 
accueillies.  La  signification  des  ordonnances  se  fit  par  le  ministère  d'un 
garde  du  roi  en  la  prévôté  de  l'hôtel  &  grande  prévôté  de  France,  servant 
près  M.  de  Bâville,  ou  par  un  huissier  aux  finances.  Le  conseil  de  bour- 
geoisie se  donna  beaucoup  de  mal  pour  faire  annuler  des  actes  d'intervention 
qui  blessaient  son  orgueil,  mais  que  son  incurie  &  sa  paresse  héréditaire 
avaient  trop  bien  justifiés. 

L'intendant  s'était  aperçu  que  les  assemblées  de  la  maison  de  ville  se 
tenaient  souvent  sans  ordre,  secrètement,  d  une  façon  tumultueuse,  81  qu'on 
ne  voyait  pas  de  traces  dans  les  registres  de  plusieurs  délibérations  impor- 
tantes, ceux  qui  les  prenaient  s'étant  engagés  par  serment  à  n'en  rien  révéler. 
Il  transmit  ces  détails  au  ministère,  &,  peu  de  jours  après,  parut  un  arrêt  du 
conseil  d'État  qui  établissait  une  discipline  correcte. 

Défense  était  faite  aux  capitouls  &  bourgeois  de  Toulouse  de  s'assembler 
sans  la  présence  des  officiers  royaux  désignés  par  les  coutumes  locales,  sous 
peine  de  nullité  des  délibérations  &  de  responsabilité  des  assistants;  défense 
d'exiger  aucun  serment  extraordinaire,  sous  peine  de  quinze  cents  livres 
d'amende;  ordre  de  procéder  au  vote  avec  régularité,  les  assesseurs  honoraires 
votant  les  premiers,  &  après  eux  les  membres  du  conseil  de  bourgeoisie,  par 
rang  d'ancienneté,  sans  tenir  compte  de  la  qualité  des  personnes,  l'appel 
nominal  étant  fait  par  le  greffier;  ordre  d'inscrire  en  tête  de  chaque  délibé- 
ration les  noms  de  tous  les  assistants,  8c  à  l'officier  royal  président,  ainsi 
qu'aux  capitouls,  d'en  signer  le  procès-verbal^. 

Ainsi  s'introduisaient,  au  milieu  de  la  confusion  d'un  régime  oligarchique, 
les  principes  de  régularité  81  d'exactitude  que  le  temps  a  consacrés;  l'inter- 
vention de  l'intendant,  repoussée  d'abord  comme  une  atteinte  à  des  libertés 
qui  n'existaient  plus  de  fait,  ramenait  la  municipalité  à  ses  obligations  8c  sau- 
vegardait les  intérêts  généraux. 
~^  Mais  le  temps  allait  manquer  pour  mener  à  bien  les  utiles  œuvres  de  la 

paiîç  :  une  conflagration  générale  embrasait  l'Europe,  où  la  révocation  de 
1  edit  de  Nantes  venait  de  susciter  à  la  France  d'ardents  ennemis,  &  où  le 
protestantisme  belliqueux  avait  trouvé  son  chef  dans  la  personne  de  Guillaume 
de  Nassau,  prince  d'Orange,  gendre  du  roi  d'Angleterre  Jacques  IL  Bientôt 
les  hostilités  durent  commencer  sur  toutes  nos  frontières. 

On  se  battait  vigoureusement  dans  la  vallée  du  Rhin,  lorsque  le  duc  de 
Noailles  fit  l'ouverture  des  États  de  Languedoc.  Il  y  exposa  comment  le  roi 
avait  repris  les  armes  Se  s'était  vu  contraint  de  refuser  la  médiation  du  pape, 
engagé  avec  ses  ennemis;  il  insista  sur  le  caractère  purement  temporel  de  la 

'  Ordonnance  du  19  juin   1688.  assemblées  de  la  ville  de  Toulouse.  Pièces  justifica- 

'  Arrêt  du  conseil  d'Etat  portant  règlement  des        tiyes,  n,  DV,  col.    i38i. 


LIV.   m.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  607 

puissance  pontificale  en  fait  d'alliances  politiques,  cherchant  à  prémunir  la 
dévotion  des  méridionaux  contre  l'impression  exagérée  d'un  antagonisme  avec 
le  Saint-Siège;  il  fit  ressortir  la  différence  qu'on  devait  reconnaître  «  entre 
<i  ces  jugemens  redoutables  à  tous  les  chrétiens,  que  l'Église  a  le  droit  de 
«  prononcer,  8<  les  foudres  injustes  qui  ne  sont  que  l'ouvrage  de  la  passion 
«  de  ses  pontifes  '.  » 

Dans  les  premiers  jours  de  décembre,  toutes  les  villes  de  laProvince  enten- 
dirent proclamer,  avec  le  cérémonial  qui  accompagnait  habituellement  ces 
actes,  la  déclaration  de  guerre  de  Louis  XIV  à  la  Hollande^.  Le  roi  se  louait 
de  n'avoir  rien  négligé  depuis  le  traité  de  Nimègue,  pour  assurer  la  tran- 
quillité de  l'Europe;  mais,  depuis  plusieurs  mois,  des  avis  inquiétants  lui 
étaient  parvenus  sur  les  dispositions  que  manifestaient  les  Etats  généraux  des 
Provinces-Unies  des  Pays-Bas.  Leurs  armements  81  leurs  levées  extraordi- 
naires, leurs  engagements  avec  les  princes  de  l'Empire  pour  traverser  l'éta- 
blissement du  cardinal  de  Furstemberg  dans  l'électorat  de  Cologne,  l'inuti- 
lité des  réclamations  portées  par  le  comte  d'Avaux,  menaçant  de  considérer 
comme  une  entreprise  directement  hostile  à  la  France,  tout  ce  qui  pourrait 
être  tenté  contre  l'électeur,  nécessitaient  un  recours  aux  armes.  Le  roi  enjoi- 
gnait donc,  suivant  la  vieille  formule,  à  tous  ses  sujets,  vassaux  81  serviteurs 
de  courre  sus  aux  Hollandais,  tant  par  mer  que  par  terre,  avec  défense  très- 
expresse  d'avoir  avec  eux  aucune  communication,  commerce  ni  intelligence,  à 
peine  de  la  vie. 

Louis  XIV  oubliait,  dans  ce  manifeste,  que,  depuis  la  paix  de  Nimègue, 
un  événement  capital,  l'interdiction  du  culte  réformé  en  France,  avait  changé 
l'état  de  l'Europe  8c  donné  naissance  à  la  ligue  d'Augsbourg. 

Au  mois  d'avril  1689,  déclaration  de  guerre  à  l'Espagne  :  les  ministres  du 
roi  catholique  dans  toutes  les  cours  étrangères,  se  sont  appliqués  à  exciter 
des  inimitiés  contre  la  France;  ils  ont  contribué  à  l'union  des  princes  protes- 
tants, favorisé  l'attentat  de  Guillaume  d'Orange  sur  la  couronne  d'Angleterre, 
refusé  toutes  les  propositions  qui  tendaient  à  la  restauration  du  souverain 
légitime  de  la  Grande-Bretagne.  Les  projets  de  ce  rétablissement,  commu- 
niqués au  mois  de  novembre  1688  8c  reçus  d'abord  avec  faveur  tant  que  le 
succès  des  orangistes  semblait  douteux,  ont  été  abandonnés  dès  qu'on  a  su  à 
Madrid  le  roi  d'Angleterre  sorti  de  son  royaume.  Se  l'on  n'a  plus  parlé  que  de 
guerre  à  la  France.  Le  gouverneur  des  Pays-Bas  espagnols  lève  des  troupes 
8c  sollicite  l'envoi  d'un  corps  d'armée  en  Flandre,  tandis  que  l'ambassadeur 
de  la  même  couronne  stimule  journellement  les  visées  ambitieuses  de  l'usur- 
pateur. Les  agents  du  prince  d'Orange  ont  touché  des  sommes  considérables 
à  Cadix  8c  à  Madrid  ;  les  troupes  de  Hollande  8c  de  Brandebourg  sont  entrées 
dans  les  principales  places  flamandes  des  Espagnols,  8c  les  Etats  généraux 

'  Pièces  }astifieat'ives,  n.  DVI,  col.   i382.  tume,  précédés  du  verguier  à  maste  d'argent  &  des 

'  A  Toulouse,  cette  proclamation  fut  faite  à  tra-  deux  trompettes  jiirés,   avec   une  escorte  du   guet 

vers  les  rues,  en    présence  de  quatre   capitouls  &  en  casaques  rouges. 

deux  assesseurs  à  cheval,  portant   leur  grand  cos- 


1689 


lôSp 


•  608  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sont  invités  à  faire  avancer  une  armée  sovis  Bruxelles.  Le  roi  croit  ne  devoir 
pas  perdre  de  temps  pour  prévenir  ces  mauvais  desseins. 

Ainsi  le  cercle  de  feu  se  fermait  autour  de  la  France.  Le  chef  avoué  des 
protestants  d'Europe,  Guillaume  d'Orange,  était  maître  de  la  couronne  £<, 
allait  disposer  des  flottes  britanniques;  à  l'est  la  coalition  des  princes  de 
l'Empire,  au  sud  la  guerre  d'Espagne,  divisaient  les  forces  françaises  &  les 
appelaient  simultanément  sur  les  champs  de  bataille  les  plus  éloignés. 

La  situation  devint  particulièrement  difficile  pour  le  pays  de  Languedoc, 
où,  depuis  la  persécution  des  protestants,  l'ordre  ne  pouvait  être  maintenu 
qu'à  grand  renfort  de  troupes,  de  surveillance  &  de  tournées  perpétuelles. 
La  nécessité  d'envoyer  tous  les  régiments  en  état  de  servir  au  Rhin,  aux 
Alpes  8c  aux  Pyrénées,  dégarnissait  les  postes  de  l'intérieur.  11  fallut  aviser 
au  plus  vite.  On  commença  par  organiser  un  corps  de  quatre  mille  hommes 
de  milice  dont  la  dépense  dut  être  supportée  par  la  ville  de  Toulouse  &  par 
les  vingt-deux  diocèses  de  la  Province,  Si  immédiatement  couverte  au  moyen 
d'un  emprunt  '. 

Chaque  compagnie  était  rassemblée  pour  la  revue  &  l'exercice  tous  les 
dimanches,  les  hommes  demeurant  libres,  les  autres  jours  de  la  semaine,  de 
vaquer  à  leurs  occupations. 

Les  sergents  avaient  la  hallebarde  &  l'épée;  les  soldats,  le  fusil,  l'épée,  le 
ceinturon  Si.  la  gibecière.  Les  armes,  les  butfleteries  8c  les  tambours  restaient 
en  dépôt  dans  la  maison  commune  du  lieu  d'assemblée  8c  n'en  pouvaient 
sortir  que  les  dimanches,  par  l'ordre  du  capitaine,  ou  lors  des  expéditions 
régulièrement  commandées. 

Les  syndics  diocésains  furent  invités  à  solliciter  des  prêts  volontaires  d'armes 
pour  diminuer  les  frais,  avec  promesse  de  restitution  en  nature  ou  en  valeur, 
sous  la  garantie  des  consuls,  quand  les  milices  seraient  congédiées. 

La  détresse  était  si  grande  qu'il  fallait  même  accepter  des  armes  dét-ério- 
rées,  sauf  à  les  réparer  du  mieux  qu'on  pourrait. 

Le  ministère  se  chargeait  de  fournir  la  poudre  8c  le  plomb. 

Le  comte  de  Broglie,  lieutenant  général  pour  le  roi  dans  la  Province,  avait 
ordre  de  faire  pourvoir  par  les  étapiers  à  la  subsistance  des  milices  en  marche 
le  long  des  routes  prescrites.  Une  paye  extraordinaire  était  assurée  aux  offi- 
ciers 8c  aux  soldats  tout  le  temps  que  durerait  leur  séjour  dans  des  postes 
éloignés  de  leurs  quartiers^,  8c  les  instructions  faisaient  défense  expresse  aux 
consuls  d'aggraver   les   charges   de   leurs   communes   en    consentant   aucune 

■  La   solde  des  officiers,  sergents  &  soldats  de  ce  Voici  la  solde  extraordinaire  en  campagne  : 

corps  était  évaluée,  pour  les  quatre  premiers  mois,  Colonel,  3  livres   par  jour;   lieutenant-colonel, 

à  74,286  livres.  5o  sols;  major,  40  sols;  capitaine,  3o  sols;   lieii- 

*  Voici   le    tarif  de   la   solde  ordinaire   pour  les  tenant,  20  sols;    sergent,   10   sols,  dont  il   baillera 

officiers,  sergents  &  soldats  :  g  sols  pour  sa  subsistance;  soldat,  5  sols,  dont  4  à 

Colonel,  5o  livres  par  mois;  lieutenant-colonel,  déduire  pour  subsistance. 

45  livres;  major,  40  livres;  aide-major,  3o  livres;  Les  officiers  devaient  s'entretenir  Si   s'iqiiiper  à 

capitaine,   3o  livres;   lieutenant,    i5  livres;   ser-  leurs  frais. 
gent,  4  sols  par  jour;  soldat,  2  sols. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  609 

dépense  irrégulière  pour  les  milices,  sous  prétexte  d'enrôlement  ou  de  tout 
autre  motif'. 

Le  but  unique  de  cette  formation  était  de  maintenir  les  religionnaires  de 
Languedoc,  tant  on  avait  peu  de  confiance  dans  cette  fameuse  conversion 
de  tous  les  protestants  de  France,  dont  les  orateurs  officiels  osaient  encore 
féliciter  le  roi  dans  leurs  harangues  de  cérémonie! 

Les  principales  instructions  ou  correspondances  du  commandant  militaire 
8<.  de  l'intendant,  relatives  à  l'organisation  de  la  milice,  furent  datées  des 
Cévennes,  où  l'imminence  de  nouveaux  troubles  venait  de  les  appeler. 

Depuis  plusieurs  mois,  un  vent  de  folie  soufflait  sur  les  montagnes  du 
Vivarais.  On  n'y  parlait  que  de  prophètes,  d'inspirés,  de  gens  en  communi- 
cation avec  l'Esprit;  des  vieillards,  des  femmes,  de  jeunes  enfants  tombaient 
en  convulsions,  récitant  des  passages  de  la  Bible,  des  fragments  de  prédica- 
tions protestantes,  exhortant  les  peuples  à  s'amender,  à  faire  pénitence,  à 
expier  leurs  apostasies,  à  fuir  la  messe  8<.  les  prêtres  catholiques,  paraphrasant 
les  prédictions  de  Jurieu  sur  la  victoire  définitive  de  l'Eglise  réformée  &  pro- 
menant à  travers  les  solitudes  les  plus  sauvages  les  manifestations  d'un  délire 
religieux  qui  se  traduisait  par  mille  singularités. 

On  prétendait  que  cette  contagion  était  venue  du  Dauphiné,  où  un  vieux 
calviniste  nommé  du  Serre,  qui  habitait  une  verrerie  dans  les  montagnes  & 
qui  allait  quelquefois  à  Genève,  aurait  surexcité  l'imagination  de  plusieurs 
malheureux  jeunes  gens  des  deux  sexes  8c  les  aurait  portés  à  se  répandre  dans 
le  Languedoc  pour  y  propager  leur  nionomanie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  des  émotions  de  ce  genre  étaient  dénoncées  par  Noailles, 
dès  1688,  dans  le  diocèse  de  Castres.  Une  jeune  paysanne  prétendait  avoir 
des  visions  &  converser  avec  des  anges  qui  lui  traduisaient  surtout  les  menaces 
de  la  colère  céleste  contre  les  protestants  coupables  d'apostasie.  Elle  courait 
les  campagnes  Se  prêchait  à  travers  les  villages,  anathématisant  les  nouveaux 
convertis,  Se  faisant  si  bien,  par  ses  adjurations  passionnées,  qu'un  grand 
nombre  d'entre  eux  se  rétractèrent.  On  employa,  pour  arrêter  le  cours  de 
cette  propagande  qui  avait  déjà  donné  lieu  à  plusieurs  attroupements,  le 
remède  appliqué  alors  à  tous  les  entraînements  religieux  :  on  fit  marcher  une 
compagnie  de  dragons.  Les  cavaliers  ayant  investi  une  maison  où  se  trouvait 
la  possédée,  le  capitaine  y  pénétra,  pistolet  au  poing.  Plusieurs  paysans  y 
étaient  réunis;  l'un  d'eux  saisit  à  la  gorge  &  culbute  l'officier,  qui  le  tue  à 
bout  portant;  le  second,  prêt  à  décharger  un  coup  de  levier  de  fer  sur  la  tête 
du  lieutenant,  est  fusillé  par  les  dragons;  le  reste  se  sauve  par  les  fenêtres. 
On  enlève  la  fille,  on  la  conduit  en  prison^. 

'  Nous  publions  aux  Pièces  justificatives  une  causa  quelques  désordres.  Les  capitouls  s'en  plai- 
ordonnance  particulière  du  comte  de  Broglie  pour  gnirent  au  ministre  &  réclamèrent  un  désarme- 
la  formation  de  trois  compagnies  d'anciens  catho-  ment  qui  fut  refusé  par  Louvois.  Pièces  juilificc- 
liques,  de  cinquante  hommes  chacune,   n.  DVII,  tives,  n.  DVIII,  col.   i385. 

col.  j384.  On    levait  en   même   temps   des    compa-  '  Millot,  Mémoires  du   duc  de   Noailles,  p.  290. 

gnies  de  troupe»  réglées  dont  le  séjour  a  Toulouse  Lettre    de   Noailles   à    Louvois,    du    1")    novembre 

XIII.  3,; 


1689 


lôSp 


6io 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


Le  lieutenant  criminel  de  Castres  se  transporta  sur  les  lieux  pour  informer 
du  double  meurtre;  mais  on  déclara  que  les  deux  paysans  tués  passaient  pour 
les  plus  méchants  Si  les  plus  séditieux  de  la  contrée;  que  d'ailleurs  ils  avaient 
pris  l'offensive,  Se  que  les  dragons,  chargés  d'enlever  militairement  la  vision- 
naire, étaient  couverts  par  leur  consigne.  Louvois  manda  au  duc  de  Noailles 
de  ne  pas  souffrir  que  les  poursuites  fussent  continuées.  Tous  les  chefs  mili- 
taires avaient  Tordre  de  traquer  vigoureusement  les  assemblées;  mais  bientôt 
on  ne  compta  plus  assez  de  compagnies  de  dragons  pour  arrêter  les  éclosions 
de  prophéties  qui  se  produisaient  dans  les  parties  montagneuses  de  la  Pro- 
vince Si  principalement  dans  les  contre-forts  des  Cévennes  qui  s'abaissent  vers 
le  Rhône. 

Les  démonstrations  de  ces  possédés  ressemblaient  à  celles  des  illuminés  de 
tous  les  temps,  rappelant  les  extases  des  takirs  &  les  mouvements  désordonnés 
des  derviches  tourneurs.  La  plupart  d'entre  eux  se  disposaient  à  leur  apostolat 
par  une  préparation  appropriée.  Ils  suivaient  religieusement  les  assemblées  qui 
se  tenaient  au  désert,  faisant  de  longues  courses,  de  paroisse  en  paroisse,  au 
milieu  d'une  nature  âpre  &  grandiose,  où  le  bruit  du  vent  dans  les  arbres, 
la  voix  des  torrents,  les  épouvantes  mystérieuses  qui  passent  à  travers  les  ténè- 
bres, jetaient  le  désordre  dans  leur  intelligence.  Le  retentissement  des  coups 
de  feu,  l'arrivée  subite  des  dragons,  les  cris  d'eftroi ,  les  malédictions  farou- 
ches qui  répondaient  aux  décharges,  cette  existence  de  bêtes  fauves  incessam- 
ment poursuivies  par  le  Chasseur,  les  heures  de  refuge  dans  les  cavernes,  une 
nourriture  insuffisante,  qui  n'était  souvent  composée  que  de  pommes  &  de 
noix',  quelquefois  même  de  longs  jeûnes  volontaires  ou  commandés  par  le 


1688.  —  Ces  faits  se  passèrent  à  la  Capelle.  D'après 
Brueys,  l'ange  était  un  petit  garçon  de  sept  à  huit 
ans,  habillé  de  blanc,  qu'on  avait  posté  derrière 
un  buisson,  sur  la  route  que  la  jeune  fille  suivait 
en  allant  garder  ses  vaches,  &  qui  lui  aurait  dé- 
bité une  leçon  apprise  par  cœur,  contre  les  nou- 
veaux convertis  coupables  d'assister  à  la  messe. 

L'apparition  fit  grand  bruit  dans  les  environs 
&  attira  les  habitants  de  Viane,  la  Caune  &  au- 
tres villages. 

La  jeune  fille,  conduite  à  la  tour  Caudière  de 
Castres,  y  fut  interrogée  par  le  subdélégué  Bar- 
bara. Elle  finit  par  déclarer  que  l'ange  lui  avait 
conseillé,  en  la  quittant  pour  la  dernière  fois,  de 
fréquenter  l'église  catholique. 

L'année  suivante,  on  parla  encore  d'apparitions 
d'anges  dans  le  diocèse  de  Castres,  &  deux  grandes 
figures  voilées  se  montrèrent  à  l'assemblée  de  la 
grange  deTalpayrac  (février  1689).  Elles  passèrent 
parmi  la  foule,  une  lanterne  à  la  main,  annon- 
çant en  patois  du  pays  qu'elles  allaient  chasser 
les  indignes'. 

'  Brueys,  Histoire  du  fanatisme  de  notre  temvs.t.  I, 
p.  164. 


'  L'observation  est  de  Fléchier  :  «  Ces  pauvres 
gens,  dit  l'évêque  de  Niraes,  n'entendoient  parler 
que  d<  ces  sortes  de  dévotions,  leur  imagination 
en  étoit  remplie;  ils  voyoient  dans  les  assemblées 
ces  représentations  dont  ils  s'entretenoient  sans 
cesse  eux-mêmes.  On  leur  ordonnoit  de  jeiiner 
plusieurs  jours,  ce  qui  leur  affoiblissoit  le  cer- 
veau, 8c  les  rendoit  plus  susceptibles  de  ces  visions 
creuses  &  de  ces  vaines  créances.  Les  courses  qu'ils 
faisoient  de  paroisse  en  paroisse,  de  montagne  en 
montagne,  pour  y  passer  les  jours  &  les  nuits, 
sans  prendre  d'autre  nourriture  que  quelques  pom- 
mes ou  quelques  noix;  les  spectacles  &  les  exhor- 
tations continuelles  de  tout  quitter  pour  se  trouver 
dans  l'assemblée  des  élus  &  des  fidèles,  &  d'y  faire, 
comme  les  autres,  des  prédictions  imaginaires;  la 
petite  gloire  d'être  élevé  sur  un  théâtre,  d'être 
écouté  comme  un  oracle,  de  faire  tomber  d'un  seul 
mot  mille  personnes  à  la  renverse,  de  consacrer 
pour  ainsi  dire,  ses  extravagances,  8c  rendre  sa 
folie  vénérable  par  le  mélange  de  qaelques  textes 
mal  appliqués  de  l'Ecriture,  c'étoient  autant  d» 
causes  de  cette  corruption  presque  générale'.  1» 

'  Fléchier,  Lettres  choisies,  1,  p.  370. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  6ii 

ministre,  l'écho  de  ces  prédictions  que  les  voyageurs  apportaient  de  Genève  8<. 
de  Rotterdam,  annonçant  le  renversement  prochain  du  papisme,  la  ruine 
de  l'empire  antichrétien,  le  châtiment  de  Louis  XIV,  la  victoire  du  roi  d'An- 
gleterre, protecteur  Si  champion  de  tous  les  protestants  d'Europe;  ce  mélange 
de  souffrances  réelles,  de  conceptions  imaginaires,  de  terreurs  &  d'espérances, 
agissant  sur  des  corps  débiles,  avait  plus  de  puissance  qu'il  n'en  fallait  pour 
déranger  de  pauvres  têtes  assez  mal  meublées,  nourries  des  paraphrases  de 
l'Apocalypse  Se  des  plus  violentes  inspirations  de  la  poésie  hébraïque. 

Ces  infortunés  se  mettaient  dans  un  tel  état  d'exaltation  qu'ils  tremblaient 
de  tous  leurs  membres,  se  jetaient  à  la  renverse,  écumaient,  versaient  d'abon- 
dantes larmes,  tombaient  en  syncope,  tournaient  avec  précipitation  jusqu'à 
perdre  haleine,  puis  prononçaient  des  sermons  assez  uniformes,  promettant 
tous  le  triomphe  des  enfants  de  Dieu,  la  justification  de  son  Eglise,  l'anéan- 
tissement de  la  nouvelle  Babylone,  en  un  mot  tout  ce  qui  se  répétait  jour- 
nellement dans  les  assemblées  protestantes.  Ils  témoignaient,  du  reste,  pen- 
dant ces  heures  d'égarement,  de  cette  insensibilité  à  la  douleur  physique  tant 
de  fois  signalée  chez  les  hommes  que  maîtrise  la  folie;  on  les  voyait  alors 
mépriser  le  fer  Se  le  feu,  souffrir  des  blessures  d'instruments  tranchants  sans 
se  plaindre,  se  donner  eux-mêmes  des  coups  violents,  se  rouler  comme  des 
pelotons  au  milieu  des  roches  ou  des  souches  de  vigne,  se  jeter  en  bas  du 
haut  des  arbres. 

Quant  aux  discours  particuliers  qu'ils  tenaient  aux  assemblées  8c  à  leurs 
prédictions  épisodiques,  le  texte  n'en  variait  guère.  Ils  annonçaient  qu'il  y 
avait  des  traîtres  dans  la  réunion,  ce  qui  était  à  peu  près  immanquable,  parce 
que  l'intendance,  avec  le  concours  des  curés,  entretenait  des  espions  partout; 
que  les  enfants  de  Dieu  seraient  surpris  par  les  soldats  Se  leur  échapperaient, 
ce  qui  était  toujours  vrai  pour  la  plupart.  Enfin,  ils  criaient  «  miséricorde,  » 
ils  gémissaient  sur  les  calamités  présentes,  ils  excitaient  au  repentir,  à  la  con- 
fiance en  Dieu,  à  la  haine  des  prêtres  catholiques.  Demi-oracles,  demi-poëtes, 
ils  célébraient  la  persécution  8t  la  ruine  des  temples,  comme  ces  improvisa- 
teurs qui,  dans  certains  pays  méridionaux,  entonnent  auprès  des  morts  la 
cantilène  des  funérailles. 

Ces  étranges  personnages  se  multiplièrent  en  quelque  temps  dans  des  pro- 
portions effroyables.  Étaient-ils  de  bonne  foi  Se.  vraiment  du|>es  de  leur  inspi- 
ration? N'aurait-on  pu  trouver  parmi  eux  des  émissaires  étrangers,  cherchant 
à  produire  une  sédition  en  France,  comme  nous  avons  vu  des  Arabes  prêcher 
la  guerre  sainte  en  Algérie  pour  le  compte  de  puissances  européennes?  Ces 
sortes  de  négociations,  quand  elles  ont  lieu,  ne  se  font  pas  de  façon  à  laisser 
de  traces;  la  coïncidence  de  l'éclosion  des  prophètes  avec  une  conflagration 
générale  du  continent,  Se  les  rapports  constants  des  réformés  de  France  avec 
les  émigrés  Se  les  chefs  du  mouvement  évangélique  en  Allemagne,  en  Hollande 
Se  en  Angleterre,  sont  les  seuls  indices  qui  autorisent  l'hvpothèse  d'une  inter- 
vention extérieure. 

Au  milieu  de  la  multitude  des  illuminés,  quelques  figures  plus  marquantes 


1689 


i68p 


6i2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

se  détachèrent.  La  belle  Isabeau,  bergère  de  Cret,  qui  eut  l'honneur  d'être 
citée  avec  éloge  par  Jurieu  Se  de  préoccuper  les  docteurs  de  Rotterdam,  rem- 
plit le  Dauphiné  de  ses  prédications,  Si  finit  par  se  faire  catholique  dans  les 
prisons  de  Grenoble. 

En  Vivarais,  Gabriel  Astier,  Dauphinois  comme  Isabeau,  acquit  un  renom 
plus  éclatant.  C'était  un  jeune  homme  de  vingt-cinq  ans,  originaire  de  Clieu, 
qui  s'établit  d'abord  à  Bressac,  dans  les  coteaux  du  Rhône,  entre  Baix  Se 
Cruas,  &  commença  d'y  prophétiser.  Il  y  trouva  ses  premiers  disciples,  Se  fit 
retentir  les  granges  du  bruit  de  son  inspiration.  Mais  bientôt  des  perquisitions 
de  justice  ayant  été  faites  dans  ce  village,  dont  plusieurs  habitants  furent  incar- 
cérés à  Privas  Si.  au  château  de  La  Voûte-de-Ventadour,  Astier  se  déroba  par 
la  fuite  Si  gagna  le  pays  des  Boutières,  asile  plus  sûr  Si  théâtre  mieux  disposé. 

C'est  une  région  sauvage  &  triste  du  haut  Vivarais,  qui  occupe  les  vallées 
supérieures  de  l'Eyrieu  S<.  du  Doux,  sur  les  confins  du  Vêlai  :  plateaux  élevés, 
incultes,  ensevelis  sous  les  neiges  pendant  l'hiver,  dépouillés  pendant  l'été, 
éloignés  des  voies  de  communication.  L'esprit  prophétique  s'acclimata  rapide- 
ment dans  ces  solitudes,  &  les  inspirés  y  fourmillèrent.  Chaque  montagne 
devint  un  Thabor. 

On  prétendait  que  le  prophète  pouvait  communiquer  son  inspiration  à  qui 
bon  lui  semblait,  soit  en  lui  donnant  un  baiser,  soit  en  lui  soufflant  dans  la 
bouche.  Astier  pratiquait  surtout  le  premier  système  à  l'égard  des  femmes, 
qu'il  embrassait,  la  nuit,  dans  les  assemblées,  en  leur  disant  :  «  Je  vous  donne 
«  le  Saint-Esprit  '.  » 

Des  troupes  très-nombreuses  se  formèrent  Si  allaient  tenir  leurs  assises  sur 
les  points  les  plus  élevés,  qui  offraient  au  prophète  une  mise  en  scène  majes- 
tueuse, des  analogies  naturelles  avec  les  sommets  de  la  tradition  biblique. 
Se  aussi  des  postes  d'observation  favorables  pour  se  garder  de  l'approche  des 
dragons. 

A  peu  d'intervalle,  des  réunions  de  quatre  à  cinq  cents  personnes  furent 
convoquées  dans  les  plus  solitaires  paroisses  de  l'Eyrieu,  à  Saint-Cierge,  à 
Pransle,  à  Tauzuc,  à  Saint-Sauveur,  à  Saint-Michel,  à  Gluyras^. 

Un  jour  qu'il  y  avait  assemblée  près  de  Saint-Sauveur-de-Montagut,  un 
capitaine  du  régiment  de  Flandres,  nommé  Tirbon,  eut  la  témérité  de  l'abor- 
der avec  dix  hommes  seulement  de  sa  compagnie.  11  intima  aux  attroupés 
l'ordre  de  se  séparer;  puis,  comme  ils  n'obéissaient  pas,  fit  tirer  sur  eux.  Trois 
restèrent  sur  place;  mais  les  autres  enveloppèrent  la  petite  troupe  &  l'assom- 
mèrent à  coups  de  pierre.  Cet  événement,  que  la  supériorité  du  nombre 
expliquait  de  reste,  fut  exploité  comme  une  marque  de  la  protection  divine; 
Si,  dès  ce  moment,  les  prophètes  n'eurent  plus  de  peine  à  faire  croire  que 
les  vrais  enfants  de  Dieu  étaient  invulnérables  Si  que  les  balles  devaient 
glisser  sur  eux  sans  les  atteindre. 

'  Déposition   d'une  femme,  citée   par   Fléchier.  '  Brueys,  Histoire  du  fanatisme  de  notre  temps. 

Lettres  choisies,  I,  p.  36 1.  1,  p.  12^. 


1,1V.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  6i3 

Quand  une  convocation  était  annoncée,  le  prophète  faisait  battre  le  pays  à 
trois  ou  quatre  lieues  à  la  ronde  par  quelques  émissaires  qui  donnaient  le 
mot  d'ordre  jusque  dans  les  moindres  hameaux  8c  dans  les  fermes  isolées.  A 
l'heure  fixe,  on  voyait  affluer  par  tous  les  chemins,  cherchant  autant  que 
possible  les  lieux  écartés,  des  paysans,  des  femmes,  des  entants,  tous  empressés 
d'entendre  la  parole  miraculeuse.  Le  prophète  se  plaçait  sur  une  éminence, 
tombait  à  genoux  8t  criait  :  «  Miséricorde!  »  L'assistance  entière  l'imitait 
Ensuite  il  récitait  la  prière  usitée  dans  les  temples,  à  l'ouverture  des  exer- 
cices, &  entonnait  un  psaume  de  Marot  ou  de  Bèze,  accompagné  de  tous  les 
fidèles.  C'est  à  la  suite  de  ces  chants  que  se  produisaient  les  convulsions,  les 
chutes  à  la  renverse,  les  évanouissements,  les  sanglots  {k  les  prédictions. 

Habituellement,  les  prophètes  recommandaient  la  pénitence,  annonçaient  la 
fin  du  monde,  le  jugement  dernier  dans  trois  mois,  le  châtiment  des  nouveaux 
convertis  qui  avaient  assisté  à  la  messe.  Souvent  aussi  ils  annonçaient  que  les 
ternples  allaient  se  relever,  Si  que  les  églises  catholiques,  surtout  les  plus 
voisines,  étaient  à  la  veille  d'un  écroulement  surnaturel;  d'autres  fois,  ils 
prédisaient  que  les  prêtres  même  les  plus  ardents  seraient  touchés  de  Dieu  & 
deviendraient  ministres  de  l'Evangile.  D'autres,  plus  obstinés,  seraient  frappés 
comme  persécuteurs. 

Bientôt,  l'audace  augmentant,  les  assemblées  cessèrent  de  rechercher  les 
ténèbres.  Il  y  en  eut  une  en  plein  jour,  le  36  janvier  1689  &  le  12  février, 
tous  les  curés  &  agents  royaux  furent  en  alarmes,  à  cause  de  la  multiplicité 
des  manifestations  que  l'on  signalait  sur  tous  les  points  du  pays.  Quelques 
gens  d'église  ou  de  robe  ayant  essayé  d'intervenir,  se  virent  repousser  avec 
des  huées,  8c  réclamèrent  des  troupes. 

M.  de  Folville,  colonel  du  régiment  de  Flandres,  se  mit  en  campagne 
avec  quatre  compagnies.  Il  traita  ces  malheureux  suivant  le  remède  indiqué 
par  Louvois,  dissipant  les  attroupements  par  la  force  8c  faisant  tirer  dessus'. 

Cependant  le  duc  de  Noailles  avait  été  chargé  du  commandement  de 
l'armée  d'Espagne  8c  ne  s'occupait  plus  des  affaires  de  la  Province  où  le 
comte  de  Brogiie  exerçait  l'autorité  militaire.  Ce  lieutenant  général  8c  l'in- 
tendant se  trouvaient  à  Montpellier  lorsque,  le  16  février  à  minuit,  des 
exprès  leur  annoncèrent  la  conflagration  du  Vivarais.  Ils  partirent  le  lende- 
main, après  avoir  invité  M.  de  la  Garde  de  Chambonas,  évêque  de  Lodève, 
à  revenir  les  joindre,  à  cause  des  relations  de  ce  prélat  dans  le  pays,  où  il 
avait  longtemps  servi  auprès  de  son  oncle,  évêque  de  Viviers. 

La  situation  de  l'Europe,  les  succès  du  prince  d'Orange  en  Angleterre, 
la  coalition  des  protestants  d'Allemagne  inspiraient  en  ce  moment  les  plus 
vives  inquiétudes.  On  se  demandait  si  les  pays  réformés  du  Languedoc, 
aigris  par  l'édit  de  révocation,  n'étaient  pas  un  point  vulnérable,  dont  les 
ennemis  extérieurs  sauraient  profiter.  Il   n'y  avait  dans  tout  le  Vivarais  que 

'  «  Cette  saignée,  dit  Brueys,  p.  i  3i,  ne  fit  qu'ir-  faisoit  couper  à  cette  hydre,  il  en  voyoit  aussitôt 
riter  le  mal,  &,   pour   une  tète  qu'il  (le  colonel)        renaître  vingt  autres,  sans  qu'il  le  put  empêcher.» 


1689 


1689 


6i4  ETUDES   HISTORIQUES   SUR  LE  LANGUEDOC. 

quatre  compagnies  de  dragons  Si  quatre  compagnies  d'infanterie  assez  mal 
en  ordre. 

Broglie  &  Bâville,  s'étant  rendus  tout  d'abord  à  Pont-Saint-Esprit,  envoyè- 
rent l'ordre  aux  communes  du  Vivarais  de  lever  promptement  des  milices 
d'anciens  catholiques,  Se  au  colonel  Folville  de  rassembler  tous  les  gens  de 
guerre  que  l'on  pourrait  trouver  dans  le  pays,  d'en  former  un  corps  &  de 
refouler  autant  que  possible  les  attroupés  dans  les  montagnes  avant  de  les 
investir  &  de  les  isoler  de  la  vallée  du  Rhône. 

La  mobilisation  s'exécuta  dans  moins  de  vingt-quatre  heures,  &  les  hosti- 
lités purent  s'ouvrir. 

Aussitôt  que  le  colonel  de  Folville  était  averti  de  la  présence  des  attroupés 
sur  un  point,  il  s'y  transportait  avec  sa  colonne  pour  les  forcer  à  battre  en 
retraite.  Ces  mouvements  de  troupes  ne  produisirent  pas  d'abord  les  effets 
qu'on  espérait.  L'ardeur  des  prophètes  en  paraissait  augmentéej  ils  répétaient 
aux  paysans  que  les  enfants  de  Dieu  étaient  invulnérables  &  qu'il  suffisait 
de  souffler  sur  les  troupes  en  leur  criant  :  «  Tartara  !  »  pour  les  mettre 
en  fuite. 

Broglie  &.  Bâville  s'avancèrent  dans  la  haute  vallée  de  i'Ardèche  jusqu'à 
Aubenas,  afin  de  surveiller  l'opération  de  plus  près.  Folville,  ayant  sous  ses 
ordres,  lé  comte  de  Vabres,  M.  de  Mirabel  81  M.  de  Prau,  capitaine  de  dra- 
gons du  régiment  Dauphin,  marchait  à  la  tête  des  milices  de  Privas,  de 
Bologne,  d'Aubenas,  de  Rochemaure,  d'Entraigues  &  de  Saint-Laurens,  avec 
un  petit  corps  de  troupes  réglées.  Les  avis  d'assemblées  arrivaient  de  toutes 
parts  j  on  en  signalait  cinq  dans  la  paroisse  de  Gluyras,  une  à  Cruas,  une 
autre  au  coteau  de  La  Fare,  dans  la  paroisse  de  Pransle  où  ne  se  trouvaient 
pas  moins  de  deux  mille  personnes,  d'autres  enfin  à  Saint-Cierge,  à  Saint- 
Michel,  à  Saint-Maurice,  à  Saint-Genieys-la-Chan.  Il  n'y  avait  pas  un  lieu 
de  ces  plateaux  désolés  des  Boutières  qui  ne  servît  de  théâtre  aux  emporte- 
ments des  fanatiques. 

Voilà  donc  ce  que  la  politique  royale  &  cette  chimère  d'une  conversion 
universelle  avaient  fait  d'un  pays  si  longtemps  ménagé,  au  milieu  des  plus 
grandes  crises  de  guerre  civile,  par  l'heureuse  habileté  de  Mazarin.  En  détrui- 
sant les  temples,  on  avait  montré  aux  peuples  les  chemins  du  désert;  en 
interdisant  les  pratiques  régulières  d'un  culte  chrétien,  on  avait  fait  éclore 
ces  exercices  bizarres  dont  certains  traits  semblaient  empruntés  aux  supersti- 
tions orientales;  en  chassant  les  ministres,  on  avait  livré  la  crédulité  des 
foules  au  prestige  des  enchanteurs.  Puis,  comme  l'étranger  veillait,  comme 
la  coalition  européenne  réclamait  une  sédition,  beaucoup  d'éléments  suspects 
se  mêlaient  aux  multitudes  égarées^  on  leur  donnait  des  conseils  de  lutte 
ouverte,  on  leur  enseignait  des  moyens  de  résistance  plus  efficaces  que  le 
souffle  des  prophètes  &  leurs  imprécations  cabalistiques,  on  réveillait  le  vieil 
instinct  militaire  du  Vivarais,  en  apprenant  aux  attroupés  à  choisir  de  fortes 
positions,  à  s'éclairer,  à  poser  des  sentinelles. 

Folville,  hors  d'état   d'attaquer  simultanément   tous   les  groupes  hostiles 


LIV,   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  6i5 

qu'on  lui  signalait,  résolut  d'aborder  en  premier  lieu  une  forte  assemblée 
réunie  sur  la  montagne  de  Cheylaret,  dans  le  massif  qui  sépare  les  vallons 
supérieurs  de  l'Ardèche  &  de  l'Eyrieu,  entre  Gluyras  8t  Saint-Geniès.  Des 
masses  nombreuses  y  étaient  concentrées  Se  faisaient  retentir  de  leurs  cla- 
meurs les  collines  avoisinantes.  Tout  les  défilés  ayant  été  occupés  par  les 
milices,  divers  petits  corps  exécutèrent  un  mouvement  convergent  sur  l'as- 
semblée. En  gravissant  les  pentes  abruptes,  les  dragons  Si  les  fusiliers  furent 
accueillis  par  une  grêle  de  pierres  Si  salués  de  quelques  coups  de  feu  ;  des 
hommes,  des  femmes,  en  proie  à  une  sorte  de  délire,  s'avançaient  sur  le  front 
des  troupes,  gonflant  les  joues  pour  souffler  de  toutes  leurs  forces,  &  répétant 
la  fameuse  formule  d'anathème  :  «  Tartara  !  tartara  !  »  les  soldats  marchaient 
toujours,  renversant  devant  eux  prophètes  &  prophétesses  Se  tirant  sur  cette 
foule  de  maniaques.  Lorsque  les  colonnes  d'attaque  eurent  atteint  le  bord  du 
plateau,  la  panique  devint  générale;  tout  ce  qui  restait  debout  gagna  préci- 
pitamment les  forêts,  à  travers  des  précipices  où  les  seules  gens  du  pays  pou- 
vaient se  frayer  un  passage;  on  fit  une  cinquantaine  de  prisonniers  &  l'on 
compta  près  de  trois  cents  cadavres  disséminés  le  long  des  pentes. 

Après  cette  sanglante  exécution,  il  fallut  se  mettre  en  route  pour  en  recom- 
mencer de  nouvelles;  tantôt  les  assemblées  se  dissipaient  à  la  seule  approche 
des  gens  de  guerre,  tantôt  elles  attendaient  les  premières  décharges  pour 
prendre  la  fuite,  abandonnant  leurs  morts  sur  le  terrain. 

L'assemblée  qui  fut  surprise  sur  le  coteau  du  Besset,  près  de  Saint-Geniès, 
offrit  le  plus  douloureux  spectacle.  Le  colonel  de  Folville,  peu  glorieux  de 
remporter  des  victoires  sur  des  gens  qui  ne  se  battaient  pas,  St  désireux 
d'éviter  une  autre  boucherie,  fit  dire  aux  attroupés  de  lui  envoyer  un  parle- 
mentaire. Cet  homme  arrivé,  Folville  le  chargea  de  promettre  une  amnistie 
universelle  à  condition  que  chacun  rentrerait  chez  soi.  La  réponse  fut  néga- 
tive; alors  le  colonel  envoya  un  notaire  de  La  Voûte,  très-connu  dans  le 
pays,  pour  ouvrir  de  nouvelles  négociations.  Quand  les  fanatiques  le  virent 
paraître,  ils  le  saluèrent  du  nom  de  Satan  &  lui  enjoignirent  de  se  retirer. 
Un  troisième  ambassadeur  fut  expédié  :  ils  le  reçurent  k  coups  de  pierre  : 
alors  on  fit  avancer  quelques  pelotons  de  tirailleurs,  avec  ordre  de  ne  pas 
ajuster  8<.  de  faire  plus  de  bruit  que  de  mal.  Les  malheureux  ne  bronchèrent 
pas  avant  qu'on  ne  les  eût  sérieusement  chargés  &  se  firent  tuer  encore  une 
centaine  de  personnes. 

Tandis  que  M.  de  Folville  poursuivait  cette  sanglante  tournée,  l'inten- 
dant tenait  ses  assises,  jugeant  prévôtalement  les  prisonniers  qui  lui  arri- 
vaient, sous  escorte,  de  tous  les  points  du  territoire,  6c  le  comte  de  Broglie 
faisait  une  inspection  des  communes,  afin  de  les  maintenir  dans  le  devoir, 
d'annoncer  l'envoi  de  forces  militaires  considérables  6t  d'empêcher  toute  com- 
munication avec  le  Dauphiné. 

M.  de  la  Garde  de  Chambonas,  accouru  en  toute  hâte,  visitait  de  son  côté 
les  paroisses,  pour  y  porter  des  paroles  de  consolation  6c  de  paix,  arrêter  la 
brutalité  des  troupes  6c  tempérer  les  rigueurs  de  la  répression. 


1689 


1689 


6i6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Ces  terribles  événements  ne  décourageaient  pas  l'enthousiasme  des  pro- 
phètes &  la  constance  de  leurs  fidèles.  Un  certain  Paul  Beraud,  que  l'on 
appelait  communément  l'Apôtre-Saint-Paul,  avait  réuni  une  cinquantaine  de 
personnes  dans  un  hameau  de  Pourchères,  lorsque  Broglie  Se  Bâville  pas- 
sèrent avec  leur  troupe  sur  le  grand  chemin  de  Privas.  Avis  ayant  été  donné 
de  l'assemblée,  que  le  marquis  de  Vogué  alla  reconnaître,  on  se  hâta  de  l'in- 
vestir. L'Apôtre-Saint-Paul  sortit  le  premier,  à  la  tête  de  ses  gens,  &  com- 
mença de  jeter  des  pierres.  Sa  fille  Sara,  qui  n'avait  que  dix-huit  ans  &  qui 
comptait  déjà  pour  une  grande  prophétesse,  parut  bientôt  à  côté  de  lui, 
criant  :  «  Tartara  !  »  Il  y  eut  un  rapide  engagement  où  l'Apôtre  finit  par 
être  tué  avec  dix  ou  douze  de  ses  compagnons.  Sa  fille,  blessée  en  faisant 
une  furieuse  résistance,  fut  enlevée  St  conduite  à  Privas,  où,  pendant  trois 
jours,  elle  affirma  être  en  possession  du  Saint-Esprit.  Les  soins  que  les 
médecins  lui  donnèrent  finirent  par  triompher  de  son  égarement. 

A  force  de  battre  le  pays,  de  fusiller  les  attroupés,  de  les  emprisonner  &  de 
les  pendre,  on  réussit  enfin  à  rétablir  le  calme  en  Vivarais.  Toutes  les  com- 
munes où  dominait  la  population  réformée,  craignant  d'être  enveloppées  dans 
les  conséquences  de  cette  triste  aventure,  multiplièrent  les  protestations  de 
fidélité  &  d'obéissance.  Broglie  &  Bâville  organisèrent,  dans  les  diverses 
paroisses,  des  corps  de  milice  catholiques  placés  sous  le  commandement  des 
marquis  de  Vogué,  de  la  Tourrette,  de  Chambonas  &  de  M.  de  Bavas.  En 
quittant  le  pays,  le  lieutenant  général  &  l'intendant  passèrent  par  les  Cé- 
vennes  afin  d'y  étouffer,  s'il  y  avait  lieu,  les  moindres  tentatives  d'agitation. 

Quant  au  promoteur  de  l'émotion  prophétique  du  Vivarais,  on  n'en  savait 
plus  de  nouvelles.  Gabriel  Astier  n'avait  été  reconnu,  ni  parmi  les  morts  des 
champs  de  bataille  ni  dans  les  prisons,  &c  l'on  faisait  courir  son  signalement 
dans  toute  la  France.  Il  s'était  habilement  dérobé  aux  poursuites  en  s'enga- 
geant  comme  soldat,  sous  un  faux  nom,  dans  le  régiment  de  Saulx.  Un  jour 
que  l'on  passait  la  revue  de  ce  corps  à  Montpellier,  quelqu'un  appela  l'atten- 
tion sur  la  physionomie  de  l'ancien  prophète  :  on  le  pressa  de  questions;  il 
finit  par  avouer  sa  qualité,  fut  conduit  à  Baix,  jugé  par  M.  de  Bâville  8( 
attaché  à  la  potence,  dans  le  lieu  même  qui  avait  été  témoin  de  ses  premières 
prédications. 

Broglie  8t  Bâville,  dans  leur  rapide  inspection  des  Cévennes,  après  la  sou- 
mission du  Vivarais,  n'eurent  à  signaler  qu'un  incident  digne  de  mémoire. 
Ils  apprirent  que  l'on  voyait  circuler  en  plein  jour,  entre  Florac  &  Pom- 
pidou, sur  les  plateaux  qui  séparent  le  bassin  du  Tarn  de  celui  du  Gardon, 
une  troupe  d'environ  quatre  cents  hommes  armés,  marchant  sous  les  ordres 
d'un  chef  nommé  Vivens. 

Ce  personnage  était  un  cardeur  de  laine  du  village  de  Valeraugue,  situé 
dans  les  hautes  Cévennes,  au  pied  de  la  montagne  de  l'Espérou.  Petit,  boi- 
teux de  naissance,  mais  alerte,  endurci  à  la  fatigue,  d'un  esprit  audacieux  8t 
entreprenant,  il  s'était  distingué  dans  sa  jeunesse  par  mille  aventures,  sui- 
vant les  assemblées  avec   une  assiduité  infatigable,  &  y   faisant  au  besoin 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  LEDIT  DE  NANTES.  617    "T 

'  1685 

l'office  de  prédicant.  Il  avait  d'ailleurs  l'habitude  des  armes  &  connaissait  si 
bien  les  moindres  détours  du  pays  sauvage  où  s'était  écoulée  son  enfance,  que 
pendant  longtemps  il  avait  défié  toutes  les  poursuites.  Cependant,  sous  le 
commandement  du  marquis  de  La  Trousse,  se  voyant  serré  de  près  &  crai- 
gnant de  ne  pouvoir  plus  tenir  la  campagne,  il  s'était  résolu  à  entrer  en 
négociation  avec  un  maréchal  de  camp  des  armées  royales  qui  lui  permit  de 
se  retirer  en  Hollande,  sous  l'engagement  formel  de  ne  plus  remettre  les 
pieds  en  I/anguedoc. 

L'explosion  de  la  guerre  générale  parut  à  Vivens  un  motif  suffisant  pour 
violer  sa  promesse,  6t  il  réussit  à  rentrer  dans  les  Cévennes;  il  y  arrivait 
avec  un  titre  nouveau  qui  ne  pouvait  manquer  de  lui  assurer  une  autorité 
plus  grande  sur  l'esprit  des  peuples,  ayant  été  nommé,  en  Hollande,  ministre 
du  saint  Évangile. 

Sa  vocation  guerrière  n'en  était  pas  d'ailleurs  diminuée  ;  il  fit  des  amas 
d'armes,  de  poudre  Se  de  plomb,  Se  commença  de  réunir  autour  de  lui  les 
enthousiastes  qui  voulaient  combattre  pour  leur  foi  Se  les  maraudeurs  qui 
rêvaient  des  coups  de  main. 

Averti  de  la  présence  de  cette  petite  troupe  dans  les  cantons  qu'il  traver- 
sait, le  comte  de  Broglie  courut  à  elle  avec  son  escorte.  Il  réussit  à  l'atteindre 
dans  les  gorges  du  Tarn,  au  confluent  du  Tarnon,  Se  la  chargea  vigoureu- 
sement. Les  insurgés  se  jetèrent  en  désordre  dans  les  bois  de  Rampon,  sur 
les  flancs  de  la  montagne  du  Bougez,  où  ils  furent  bientôt  relancés.  Il  en 
périt  un  certain  nombre,  on  fit  aussi  quelques  prisonniers  que  l'on  exécuta 
le  lendemain,  à  Saint-Jean  de  Gardonnenque.  La  garde  du  pont  de  Florac 
avait  été  confiée  aux  habitants  de  ce  bourg,  faute  de  troupes  suffisantes;  ils 
facilitèrent  l'évasion  des  fugitifs.  Vivens  gagna  la  montagne  Se  ne  put  être 
retrouvé. 

Il  continua  d'y  faire  résidence,  se  dérobant  à  toutes  les  poursuites.  La 
complication  des  affaires  de  l'Europe  devait  lui  envoyer  bientôt  un  ardent 
collaborateur. 

L'obscur,  mais  énergique  instigateur  de  la  ligue  d'Augsbourg  Se  de  la  coali- 
tion des  puissances  protestantes  contre  Louis  XIV,  était  un  réfugié  langue- 
docien, originaire  de  Nimes.  Claude  Brousson,  d'abord  avocat  près  la  chambre 
de  l'édit  de  Castres  Se  de  Castelnaudary,  Se  plus  tard  près  le  Parlement  de 
Toulouse,  passionné  pour  la  défense  de  sa  religion,  avait,  dès  les  premières 
tentatives  de  conversion  générale,  pris  la  tête  de  la  résistance.  On  disait  que 
diverses  délibérations  s'étaient  tenues  par  son  initiative,  à  Toulouse,  en 
Poitou,  en  Vivarais,  en  Dauphiné  Se  dans  plusieurs  villes  des  Cévennes.  Le 
but  en  était  de  protester  contre  les  prohibitions  royales,  d'invoquer  l'exécu- 
tion de  l'édit  de  Nantes,  Se  de  continuer  partout  les  assemblées,  sans  se  laisser 
décourager  ni  par  les  menaces  ni  par  les  violences. 

Retiré  à  Lausanne,  après  l'expédition  du  duc  de  Noailles  dans  les  Cé- 
vennes, Brousson  y  était  devenu  l'âme  de  ce  groupe  de  réfugiés  à  qui  le 
ressentiment  de  la  persécution  faisait  oublier  leur  qualité  de  Français.  Il  fut 


1689 


6i8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


député  par  ses  compagnons  d'exil  vers  les  puissances  protestantes  du  nord  de 
l'Europe  &  entra  en  négociations  actives  avec  l'électeur  Frédéric-Guillaume, 
le  pensionnaire  Fagel  &  surtout  le  prince  d'Orange.  Ce  fut  lui  qui,  à  Berlin, 
communiqua  aux  deux  princes  un  projet  de  confédération  des  réformés  contre 
le  roi  de  France,  point  de  départ  de  tous  les  événements  qui  mirent  l'Europe 
en  feu. 

Un  grand  nombre  d'ofiîciers  protestants  réfugiés,  parmi  lesquels  on  comp- 
tait Jacques  de  Banne,  baron  d'Avéjan,  M.  de  Belcastel,  le  baron  d'Entragues, 
les  frères  de  Batz,  firent  partie  de  l'armée  de  débarquement  qui  gagna  la 
couronne  d'Angleterre  au  prince  d'Orange'.  Bientôt  les  forces  mêmes  de  la 
Grande-Bretagne  furent  ouvertement  tournées  contre  la  France. 

Le  roi  Guillaume  lança,  le  17  mai  1689,  une  déclaration  de  guerre  contre 
Louis  XIV.  La  Cour  de  Versailles  y  répondit,  cinq  semaines  après,  par  un 
manifeste  dont  la  publication  se  fit  dans  toutes  les  villes  avec  le  cérémonial 
accoutumé*. 

Le  roi  semblait  s'excuser  dans  cet  écrit  de  n'avoir  pas  immédiatement 
répondu  à  la  révolution  de  1688  par  une  intervention  armée,  &  se  justifiait 
de  ce  retard  en  avouant  les  illusions  qu'il  s'était  faites  sur  la  conduite  des 
«  honnêtes  gens  de  la  nation  angloise.  »  Mais,  reconnaissant  la  complicité 
des  Anglais  Se  des  Écossais  avec  l'usurpateur  du  trône,  il  n'hésitait  pas  à  se 
présenter  en  champion  du  souverain  légitime. 

Quelques  jours  après  cette  déclaration  de  guerre,  Brousson  quittait  Lau- 
sanne, &  à  la  fin  de  l'année  il  rejoignait  Vivens  dans  les  Cévennes,  avec  la 
pensée  d'y  attendre  les  événements, 
jg  Ainsi,  de  jour  en  jour,  la  situation  empirait. 

Pour  suppléer  au  manque  de  troupes,  la  Cour  résolut  de  créer  des  forces 
territoriales  exclusivement  composées  d'anciens  catholiques.  On  en  forma  cin- 
quante-deux nouveaux  régiments  de  milices  qui  n'étaient  point  payés  par  la 
Province  &  qui  devaient  être  prêts  à  marcher  au  premier  ordre.  Ces  régi- 
ments, dont  l'effectif  variait  suivant  la  population  des  lieux  où  ils  étaient 
levés,  comprenaient  depuis  deux  jusques  à  vingt-neuf  compagnies;  ils  avaient 

'  Weiss,    Histoire    des    réfugiés    protestants    de  dix-septiesme  du  mois  de  may  dernier.  Sa  Majesté 

France,  II,  p.  296.  A  ORDONNÉ  ET  ORDONNE  à  tous  ses  sujets,  vassaux 

•  Voici  le  texte  de  cette  déclaration  :  &  serviteurs,  de  courre  sus    aux  Anglois  &  Ecos- 

«  De  par   lb  Roy,  Sa  Majesté  auroit  déclaré  la  sois,  fauteurs  de  l'Usurpateur  des  royaumes  d'An- 

guerre    à    l'Usurpateur    d'Angleterre    dès    que   son  gleterre   &   d'Ecosse,  &.  leur  a  deffendu    &   deffend 

entreprise  a  éclaté,  si  Elle  n'avoit  appréhendé  de  d'avoir    cy-après    aucune    communication,    com- 

confondre  avec  les  adhérens  dudit  Usurpateur  les  merce  ni   intelligence  à  peine  de  la  vie,  &  à  cette 

sujets  fidèles  de  Sa  Majesté  Britannique  &  qu'ElIe  fin  Sa  Majesté  a  dès  à  présent  révoqué  toutes  per- 

n'eût  toujours   espéré  que   les   honnestes    gens   de  missions,  passeports,  sauvegardes   &  saufconduits 

la   nation   angloise,   ayant  horreur  de  ce  que  les  qui  pourroient  avoir  esté  accordés  par  Elle  ou  par 

fauteurs  du   prince  d'Orange    leur    ont  fait   faire  ses   lieutenants    généraux    &    autres    ses   officiers, 

contre  leur  Roy  légitime,  pourroient  rentrer  dans  contraires   à  la   présente,  &  les  a  déclarés  nuls  & 

leur    devoir   &    travailler   à  chasser    ledit    prince       de  nulle  valeur,  &c Fait  à  Marly,  le  20'  juin 

d'Orange  d'Angleterre   8c.  d'Ecosse;    mais   Sa    Ma-  1689'.  » 

iesté  ayant   esté   informée  que  le   prince   d'Orange  ,    ,     .  ■         j     ■,-     ,  ■>■,    r,         -,   j-       '.    x- 

'  ,,  ,      /   ,  Archives  de   roulouse,  ms.  n.  233.  Recueil  a  arrêts  S- 

luy  a   déclare  la   guerre   par  son   ordonnance  du       dordo.nnances,  p.  io3. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


6ig 


1690 


pour  colonels  des  gentilshommes  de  marque  de  la  Province,  &  pour  capi- 
taines 8c  lieutenants,  soit  des  nobles  ayant  reçu  une  éducation  militaire,  soit 
des  officiers  retirés  du  service,  soit  de  riches  bourgeois  distingués  dans  leurs 
paroisses.  Les  régiments  s'assemblaient  tous  les  huit  jours  pour  l'exercice  8c 
la  revue.  Chaque  colonel  était  dépositaire  d'une  quantité  de  poudre  Se  de 
plomb  suffisante  pour  les  premières  nécessités,  en  cas  d'ordre  de  marche  subit. 
Comme  les  miliciens  avaient  tous  des  occupations  manuelles  qui  remplis- 
saient leurs  journées,  on  choisissait  dans  toutes  les  compagnies  dix  hommes 
que  leur  condition  permît  de  mobiliser  plus  aisément  8c  l'on  en  formait  un 
détachement  volant  qui  devait  être  le  premier  employé. 

La  répartition  de  ces  troupes  s'étendait  à  tous  les  diocèses,  de  façon  à  n'en 
laisser  aucune  partie  découverte  en  cas  de  troubles.  Les  milices  de  la  seconde 
levée  n'étaient  point  destinées  à  servir  sur  la  frontière,  mais  simplement  à 
contenir  les  mouvements  intérieurs  des  réformés.  Les  commissions  d'officiers 
avaient  été  d'abord  données  par  le  commandant  en  chef;  plus  tard,  elles 
furent  transformées  en  titres  d'offices,  8c  les  colonels,  capitaines  8c  lieute- 
nants, qui  en  étaient  déjà  pourvus,  achetèrent  la  confirmation  de  leurs  grades 
au  prix  de  petites  sommes,  ce  qui  valut  près  de  deux  cent  mille  livres  au 
trésor  ' . 


f 


'  Carte  des  régiments  de  milice  bourgeoiie  de  la 
province  de  Languedoc,  divisez  par  diocèses  &  mis 
sur  pied  en  1690,  suivant  les  ordres  du  roy,  par 
M.  le  comte  de  Broglio,  lieutenant  général  des 
armées  de  Sa  Majesté  &  commandant  pour  son 
service  en  ladite  Province. 

Diocèse  de  Mont\uban  :  régiment  de  M.  de 
Beaucayre,  |3  compagnies;  déiachement,  i3o  hom- 
mes. 

Diocèse  d'ALBi  :  régiment  de  M.  de  Marliave, 
i5  compagnies;  détachement,  i5o  hommes; —  ré- 
giment d«  M.  de  Cordes,  1  1  compagnies;  détache- 
ment, I  10  hommes. 

Diocèse  de  TouLOtSE  :  régiment  de  M.  de  Cler- 
mont,  19  compagnies;  déiachement,  190  hommes; 
—  régiment  de  Puyiaroque,  12  compagnies;  déta- 
chement, 120  hommes. 

Diocèse  de  LjtVAUR  :  régiment  de  M.  de  Bélesta, 
1 1  compagnies;  détachement,  1 10  hommes;  —  ré- 
giment de  M.  de  Viviers,  12  compagnies;  détache- 
ment, 120  hommes. 

Diocèse  de  CastbES  :  régiment  de  M.  du  Bosc, 
23  compagnies;  détachement,  z3o  hommes. 

Diocèse  de  RiEtx  :  régiment  de  la  Boulbène, 
9  compagnies;  détachement,  90  hommes. 

Diocèse  de  Pamibbs  :  3  compagnies  qui  sont  du 
régiment  ci-contre  de  M.  de  Gaja. 

Diocèse  de  Miaetoix  :  régiment  de  M.  de  Gaja, 
i5  compagnies,  détachement,  i5o  hommes. 

Diocèse  de  Saint-Papoli  :  régiment  de  M.  de  las 
Bordes,   5  compagnies)   détachement,  âo  hommes. 


Diocèse  de  Carcassoxnb  :  régiment  de  M.  de 
Charmois,  12  compagnies;  détachement,  120  hom- 
mes. 

Diocèse  d'ALET  ;  régiment  de  M.  de  Villemar- 
tin,  9  compagnies;  détachement,  90  hommes. 

Diocèse  de  Nabbonse  :  régiment  de  M.  d'Aydé, 
8  compagnies;  détachement,  80  hommes. 

Diocèse  de  Saint-Pons  :  régiment  de  M.  de  Fon- 
tez,   i3  compagnies;  détachement,  i3o  hommes. 

Diocèse  de  Bëziers  ;  régiment  de  M.  de  Gaujac, 
6  compagnies;  détachement,  60  hommes;  —  régi- 
ment de  M.  de  Rossignol,  6  compagnies;  détache- 
ment, 60  hommes;  —  régiment  de  M.  Barres, 
3  compagnies;  détachement,  3o  hommes. 

Diocèse  de  Lodëve  :  régiment  de  M.  de  Saint- 
Maurice,  i3  compagnies;  détachement,  i3o  hom- 
mes. 

Diocèse  d'AcDB  :  régiment  de  M.  de  Nisas, 
8  compagnies;  détachement,  80  hommes;  —  régi- 
ment de  M.  Cavalier,  6  compagnies;  détachement, 
60  hommes. 

Diocèse  de  Montpellier  :  régiment  de  M.  de 
Montbasin,  7  compagnies;  détachement  70  hom- 
mes; —  régiment  de  M.  de  Guilleminet,  10  com- 
pagnies; détachement,  100  hommes;  —  régimert 
de  M.  de  Fontanez,  12  compagnies;  détachement, 
120  hommes;  —  la  ville  de  Montpellier,  14  com- 
pagnies; déiachement,  140  hommes. 

Diocèse  d'AtAis  :  régiment  de  M.  de  Gabriac, 
29  compagnies;  détachement,  290  hommes;  —  la 
ville  d'Alais,  6  compagnies;  détachement,  60  hom- 


lôpo 


620 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


Du  reste,  les  services  que  rendirent  ces  troupes  improvisées  furent  médio- 
cres :  elles  manquaient  d'instruction,  de  solidité,  de  tenue;  le  sentiment  de 
l'honneur  militaire  y  parut  peu  développé.  La  vente  des  brevets  par  le  trai- 
tant remplit  les  cadres  de  personnages  sans  aptitude,  manquant  à  la  fois  de 
savoir,  de  prestige  &  d'autorité". 

Le  comte  de  Broglie  trouva  particulièrement  beaucoup  de  difficulté  à 
obtenir  de  la  ville  de  Toulouse  un  corps  de  mille  hommes.  La  capitale  de  la 
Province  comptait  au  nombre  de  ses  privilèges  celui  de  ne  point  servir,  &  le 
métier  des  armes  n'y  était  pas  en  honneur.  Le  commandant  se  plaignait  que 
l'on  eût  affecté  d'enrôler  «  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  gueux  &  de  misérables.  » 
Bâville  n'était  pas  moins  sévère  :  «  C'est  une  honte,  disait-il,  que  la  ville  de 
Toulouse  donne  un  si  mauvais  exemple^.  »  On  accusait  surtout  les  capitouls 
d'avoir  cherché  à  épargner  &  à  favoriser  leurs  amis,  8c  d'avoir  traité  cette 
affaire  comme  les  autres,  dans  un  esprit  de  particularisme  local  des  plus  étroits. 

Ce  qui   tourmentait   le   plus   le  gouvernement,  dans   cette  malheureuse 


mes;  —  régiment  de  M.  de  Coste,  6  compagnies; 
détachement,  60  hommes. 

Diocèse  de  Nîmes  :  régiment  de  M.  de  Saint- 
Cosme,  I  r  compagnies;  détachement,  1  10  hommes; 

—  régiment  de  M.  de  ViUevieilie,  4  compagnies; 
détachement,  40  hommes;  —  régiment  de  M.  de 
Ledenon,  9  compagnies;  détachement,  yo  hom- 
mes. 

Diocèse  de  Mende  :  régiment  de  M.  de  Pauliac, 
i3  compagnies;  détachement,  i3o  hommes;  —  ré- 
giment de  M.  de  Corsac,  4  compagnies;  détache- 
ment, 40  hommes;  —  régiment  de  M.  de  Mirai, 
11  compagnies;  détachement,  i  10  hommes;  —  ré- 
giment de  M.  de  Serres,  8  compagnies;  détache- 
ment, 80  liommes. 

Diocèse  d'Uzfts  :  régiment  de  M.  de  Lesauge, 
22  compagnies;  détachement,  220  hommes;  —  ré- 
giment de  M.  de  Saint-Gervais,  6  compagnies; 
détachement,  60  hommes;  —  régiment  de  M.  de 
Saint-Paulet,  i  1  compagnies;  détachement,  1  10  h.; 

—  régiment  de  M.  de  Montalet,  i5  compagnies; 
détachement,  i5o  hommes;  —  régiment  de  M.  Dor- 
nac,  12  compagnies;  détachement,  120  hommes. 

Diocèse  du  PuY  :  régiment  de  M.  d'Apchier, 
|5  compagnies;  détachement,  i5o  hommes;  —  ré- 
giment de  M.  de  Clavières,  10  compagnies;  déta- 
chement, 100  hommes. 

Diocèse  de  Viviers  :  régiment  de  M.  de  Cham- 
bonas,  3  compagnies;  détachement,  3o  hommes; 
•—  régiment  de  M.  d'EIse,  4  compagnies;  détache- 
ment, 40  hommes;  —  régiment  de  M.  de  Colomna, 
7  compagnies;  détachement,  70  hommes;  —  régi- 
ment de  M.  de  Gasqiie,  6  compagnies;  détachement, 
60  hommes; —  régiment  de  M.  d'Estables,  6  com- 
pagnies; détachement,  60  hommes  ;  —  régiment  de 
M.  de  la   Corse,   7   compagnies;   détachement,  70 


hommes;  —  régiment  de  M.  de  Saint-Genest,  6 
compagnies;  détachement, 60  hommes; —  régiment 
de  M.  de  Brisson,  6  compagnies;  détachement,  60 
hommes;  —  régiment  de  M.  de  Gourdan,  3  com- 
pagnies; détachement ,  3o  hommes  ;  —  régiment  de 
M.  de  Vocance,  2  compagnies;  détachement,  20 
hommes. 

Total  des  régiments,  5i  ;  des  compagnies,  5i4; 
des  soldats,  26700;  des  détachements,  6140. 

Chaque  compagnie  de  5o  hommes  bien  armés, 
deux  sergents  &  un  tambour,  commandés  par  un 
capitaine  &  un  lieutenant,  8c  comme  les  hommes 
qui  composent  ces  compagnies  sont  tous  artisans 
ou  laboureurs,  lesquels  étant  occupés  à  leur  vaca- 
tion ne  seroient  pas  toujours  assez  à  temps  pour 
être  assemblez  aussi  promptement  qu'il  seroit  à 
désirer,  il  a  été  jugé  à  propos  d'établir  une  espèce 
de  piquet  de  10  hommes  par  compagnie  dans  cha- 
que régiment,  choisis  &  le  moins  nécessaires  à 
leurs  familles,  desquels  on  forme  des  troupes  de 
5o  hommes  commandés  par  le  nombre  d'officiers 
nécessaire,  ayant  leurs  lieux  d'assemblée  marquez  : 
ainsy  i4  y  a  toujours  un  nombre  de  troupes  prêtes 
à  marcher  au  premier  ordre  pour  s'opposer  aux 
mouvements  des  rellgionnaires  pendant  que  les 
corps  s'assemblent  peu  de  temps  après'. 

■  Pièces  justificatives ,  n.  DXXV,  col.  I4i3. 
Lettre  du  comte  de  Broglie  aux  capitouls,  du 
18  août  1691. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DXXVI,  col.  141.5. 
Lettre  de  l'intendant  aux  capitouls,  du  18  août 
1691.  Voir  aussi,  pour  le  même  sujet.  Pièces  justi- 
ficatives, n.  DXXVII,  col.  1416.  Cadres  des  com- 
pagnies bourgeoises  de  Toulouse. 

■  Mémoire  de  Bâville.  Manuscrit  Beauvan. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  621 

affaire  des  troubles  religieux,  c'est  l'attention  qu'y  donnaient  les  puissances 
ennemies.  Au  nombre  des  émigrés  de  i685,  il  ne  pouvait  manquer  de  se 
trouver  des  intrigants  ou  des  fanatiques  dont  les  Cours  étrangères  savaient 
exploiter  les  passions.  Les  agents  de  France  avaient  ordre  de  suivre  leurs 
menées,  £<.  les  rapports  qu'ils  expédiaient  à  Versailles  ne  laissaient  pas  que 
d'éveiller  quelques  alarmes. 

La  correspondance  de  Louvois  nous  apprend  qu'un  personnage  originaire 
du  pays  de  Foix,  nommé  Cabralles,  passait  pour  avoir  proposé  au  prince 
d'Orange,  devenu  roi  d'Angleterre,  un  projet  de  guerre  civile  dans  le  Midi. 
Cet  aventurier  se  faisait  fort  de  promettre  que  les  religionnaires  du  diocèse 
de  Montauban,  du  Castrais  Si  du  comté  de  Foix  seraient  en  état  de  fournir 
un  corps  de  douze  mille  hommes,  prêts  à  marcher,  pourvu  que  l'Espagne 
leur  procurât  des  vivres  Se  assurât  leur  retraite  sur  les  Pyrénées}  on  ajoutait 
que  l'ambassadeur  espagnol  s'y  était  engagé. 

Quant  aux  protestants  armés  du  bas  Languedoc,  des  Cévennes  61  du 
Vivarais,  ils  devaient  torcer  les  passages  du  Rhône  pour  s'unir  à  leurs  coreli- 
gionnaires de  Dauphiné  Si  grossir  avec  eux  les  contingents  du  duc  de  Savoie. 

On  racontait  aussi  que  le  frère  du  ministre  de  Nimes,  Bruguier,  était  allé 
porter  des  propositions  analogues  au  gouverneur  de  Milan  '.  Le  ministère  se 
disait  également  informé  que,  durant  deux  ou  trois  mois  de  la  campagne 
de  1690,  le  prince  d'Orange  avait  tenu  un  émissaire  en  Vivarais,  avec  la 
pensée  d'y  faire  concorder  une  sédition  avec  le  mouvement  offensif  des 
troupes  de  son  maître.  Ce  soulèvement  devait  éclater  au  moment  où  le  corps 
d'armée  ducal  envahirait  le  Dauphiné*.  Les  savantes  opérations  de  Catinat, 
qui  empêchèrent  la  frontière  française  d'être  entamée,  ne  permirent  pas  de 
savoir  ce  que  l'on  devait  penser  de  ces  prétendus  projets. 

Mais  il  n'est  pas  douteux  que  l'existence  d'un  foyer  de  rébellion  dans  le 
massif  montagneux  du  plateau  central,  à  une  si  faible  distance  de  la  princi- 
pauté d'Orange,  peuplée  de  réformés,  61  des  Etats  du  duc  de  Savoie  fortement 
engagé  dans  la  coalition  européenne,  créait  un  danger  sérieux  Si  permanent. 
Comme  pour  rendre  plus  saisissante  la  politique  de  Louis  XIV,  la  première 
des  puissantes  catholiques,  l'Espagne,  ne  craignait  pas  d'offrir  sa  protection 
aux  sujets  persécutés  du  roi  de  France  81  d'encourager  leur  révolte  où  elle 
voyait  une  cause  d'attaiblissement  pour  la  monarchie. 

Le  ministère  s'épuisait  en  conceptions  pour  décourager  la  passion  irrésis- 
tible qui  poussait  la  population  protestante  vers  les  assemblées  du  désert.  Il 
croyait  la  grandeur  81  la  réputation  du  roi  engagées  à  maintenir  ce  que  les 
courtisans  appelaient  la  merveille  du  règne,  quand  ils  comparaient  Louis  XIV 
à  Constantin,  à  Théodose,  à  Marcien,  à  Charlemagne^,  Si  il  se  serait  gardé 

'  Lettre  de   Louvoi»  à   l'intendant  de  Langue-  '  Ce  sont  les  expressions  de  Bossuet,  dans  l'Orai- 

doc,    du    19    novembre    1690.    Pièces  justificatives,  son  funètre  de  Le  Tellier  : 
n.  DXVI,  col.   1397.  «  Poussons  jusqu'au   ciel    nos   acclamations,   & 

'  Pièces  justificatives,  n.  DXIX,  col.   i^oû.  Let-  disons   3   ce    nouveau   Constantin,   à   ce   mouvenu 

tre  du  4  décembre  1690.  '  Théodose,  à   ce   nouveau   Marcien,   à  ce   nouveau 


1686 


1690 


62  2  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'adopter  l'unique  moyen  de  mettre  fin  aux  assemblées,  qui  était  de  rouvrir 
les  temples.  Il  aimait  mieux  lutter  à  la  fois  contre  la  nature  8c  contre  les 
hommes,  disputer  le  terrain  aux  fugitifs,  fetiguer  les  milices  par  d'incessantes 
promenades  à  travers  les  plus  sauvages  contrées. 

Parmi  les  communes  du  diocèse  de  Castres,  où  les  réunions  illicites  don- 
naient le  plus  de  mal  aux  agents  de  l'intendance  8c  nécessitaient  fréquem- 
ment des  contre -marches  de  cavalerie,  on  signalait  depuis  plusieurs  années  la 
petite  ville  de  Saint-Amans.  Ce  lieu  est  situé  sur  le  versant  septentrional  de 
la  Montagne-Noire,  auprès  de  la  rivière  du  Thoré  qui  en  rassemble  toutes 
les  eaux  pour  les  porter  à  l'Agout.  Au-dessus,  s'étendent  de  vastes  solitudes 
boisées.  Dans  un  territoire  de  quatre  lieues  de  circuit,  dépendant  du  même 
taillable,  il  n'existait  encore,  à  la  fin  du  dix-septième  siècle,  aucune  trace  de 
culture  8c  aucune  habitation.  Aussi  la  désolation  de  cette  contrée  perdue 
avait-elle  paru  favorable  aux  prédicants  pour  y  convoquer  les  fidèles  dissé- 
minés dans  le  voisinage,  Se,  malgré  les  dragons  8c  la  justice  prévôtale,  le 
chant  des  psaumes  s'y  élevait  souvent  au  milieu  des  rochers.  Les 'assemblées 
du  Banquet,  point  reculé  de  ces  plateaux,  avaient  déjà  une  célébrité  légen- 
daire parmi  les  protestants  de  Languedoc. 

La  seigneurie  de  la  terre  appartenait  à  un  gentilhomme  de  famille  réfor- 
mée', converti  depuis  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  :  Bernard  de  Geni- 
brouze,  dont  nous  avons  mentionné  plus  haut  les  démêlés  avec  son  père,  à 
l'occasion  même  de  son  abjuration,  possédait  dans  le  terroir  de  Saint-Amans 
un  domaine  considérable,  mais  en  grande  partie  stérile,  qui  couvrait  le  massif 
montagneux  sillonné  par  le  cours  du  Thoré,  de  l'Arn  8c  de  l'Agout. 

L'intendant  fit  prendre  à  ce  gentilhomme  l'engagement  formel  d'empê- 
cher tout  rassemblement  religieux  dans  l'étendue  de  sa  seigneurie;  8c,  pour 
garantir  l'exécution  de  cette  promesse  8c  faciliter  au  vicomte  de  Boissezon  les 
moyens  de  surveiller  efficacement  un  pays  âpre  Se  sauvage,  semé  de  bouquets 

Charlemagne,  ce  que   les  six  cent  trente  pères  di-  dans  leur  esprit  de  mouvement,  ces  gentilshommes 

rent  autrefois   dans    le   concile   de    Chalcédoine  :  s'attachèrent  à  la  cause  de  Gaston  d'Orléans.  Ni- 

Vous  avez  affermi   la  foi,  vous  avez  exterminé  les  colas  de  Genibrouse,  que  le  duc  avait  nommé  en 

hérétiques;  c'est  le  digne  ouvrage  de  votre  règnej  i63i  son  conseiller   &  premier  chambellan,  s'ex- 

c'en  est  le  propre  caractère.  Par  vous  l'hérésie  n'est  posa  si  bien   à   son   service,   que   le   25   septembre 

plus,  a  lôSz,  à  Béziers,  au   retour  de   la   triste  affaire  de 

'  Pendant  les  guerres  de  religion  du  seizième  &  Castelnaudary,  le  prince  crut  devoir  lui  accorder 

du  dix-septième  siècle,  les  Genibrouse,  qui  étaient  sur  sa  cassette  une  pension  de  quatre  mille  livres. 

issus  d'un  marchand  de  Castres,  &  à  qui  Philippe  La  précaution  n'était  point  Inutile,  car  la  rébel- 

de  Vendôme  vendit,  en  1481,  la  moitié  de  la  sei-  lion  coiîtait  cher.  Ce  fut  seulement  en   1637  que 

gneurie  de   Saint-Amans,  avaient   joué   un    rôle  le  baron  de  Saint-Amans  rentra  en  possession  de 

considérable  dans  le  parti  protestant,  &  pris  une  ses  biens,  confisqués  pour  cause   de   religion.  Son 

part  active  aux  campagnes  du  prince  de  Condé  &  fils  Jacques,  marié  à   Isabeau  de   la  Tour  Gouver- 

du  duc  de  Rohan  ;  l'un  d'entre  eux,  Sébastien,  fut  net,  &  allié   à  la  maison  royale  de   France  par  le 

même  improvisé  gouverneur  de  Saint-Pons  par  le  mariage  de  sa  tante  maternelle  avec  Henri  de  Bour- 

sieur  d'Assier;   pendant  deux  fois,  le  château   de  bon,  marquis   de   Malause,   continua,  comme   sa 

Saint-Amans  porta   la   peine  des  grandeurs  guer-  femme,  de  vivre  en  zélé  protestant;  mais  son  petit- 

rières  de  ses  maîtres  &  fut  dévasté  &  brûlé  par  les  fils,  Bernard,  céda  au  grand  mouvement  de  con- 

bandes  ennemies.  Un  peu  plus  tard,  incorrigibles  versions  suscité  par  Louis  XIV. 


LIV.   III,  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  023 


1690 


de  bois  Se  inhabité,  ne  trouva  rien  de  mieux  que  d'organiser  un  système  de 
colonisation. 

Ne  pouvant  empêcher  les  protestants  d'aller  au  désert,  on  voulait  supprimer        ^^ 
le  désert  lui-même,  en  appelant  le  travail  6c  la  vie  dans  ces  cantons  déshé- 
rités, mettre  des  agriculteurs  à  la  place  des  prophètes,  favoriser  les  défriche- 
ments &  multiplier  les  centres  d'exploitation. 

Le  i3  décembre  i6gi,  Bâville  signa  une  ordonnance  qui  permettait  aux 
anciens  catholiques,  nobles  ou  roturiers  indistinctement,  d'aller  habiter  la 
montagne  de  Saint-Amans  &  d'y  ouvrir  les  terres  pour  leur  subsistance,  à 
condition  d'y  payer  la  taille  ainsi  que  les  droits  seigneuriaux  proportionnels. 
On  espérait  créer  ainsi  une  population  catholique,  dont  la  présence  rendrait 
les  attroupements  plus  ditficiles,  &  en  qui  le  sentiment  de  la  propriété  81 
l'intérêt  personnel  fortifieraient  l'antagonisme  religieux.  Afin  de  ne  point 
faire  surgir  de  contestations  en  inquiétant  les  habitations  qui  pouvaient 
exister  dans  le  voisinage,  il  fut  prescrit  aux  nouveaux  colons  de  laisser  un 
quart  de  lieue  de  distance  entre  leurs  bâtiments  8<.  les  constructions  anciennes'. 

Par  la  même  ordonnance,  l'intendant  exhortait  le  vicomte  de  Boissezon  à 
faire  élever  des  habitations  dans  les  sites  les  plus,  avantageux  pour  faciliter  la 
police  de  la  montagne.  Ce  projet  de  détail  se  rattache  directement  à  l'en- 
semble de  combinaisons  assez  peu  pratiques  dont  nous  avons  déjà  vu  Louvois 
entretenir  les  agents  royaux  de  Languedoc.  Aucune  résolution  n'effrayait  le 
ministre;  il  parlait  de  changer  les  habitants  des  pays  malintentionnés,  comme 
d'une  opération  facile,  sans  tenir  compte  des  obstacles  locaux  &  de  la  situa- 
tion précaire  81  périlleuse  qui"  attendait  les  nouveaux  venus  au  milieu  de 
populations  ennemies. 

Les  résultats  ne  répondirent  pas  plus  aux  espérances  de  la  Cour  dans  la 
montagne  de  Saint-Amans  que  dans  les  gorges  des  Cévennes,  Si  le  rêve  de 
l'extinction  du  protestantisme  en  Languedoc  ne  bénéficia  point  des  ces  tenta- 
tives de  colonisation. 

Mais  les  démonstrations  avaient  beau  se  multiplier  &  faire  éclater  à  tous 
les  yeux  l'énormité  de  l'erreur  royale;  près  d'un  siècle  devait  s'écouler  avant 
que  l'on  osât  répudier  le  mensonge  officiel  de  la  conversion  unanime  des 
réformés. 

En  attendant,  le  Trésor  se  vidait;  l'imagination  des  financiers  aux  abois, 
ne  sachant  plus  sous  quelle  forme  atteindre  l'épargne  publique,  s'égarait  en 
des  inventions  invraisemblables,  St  chaque  année  voyait  paraître  de  nouveaux 
édits  bursaux,  tour  à  tour  révoqués  ou  rétablis,  suivant  que  l'on  espérait  tirer 
plus  d'argent  de  leur  suppression  ou  de  leur  maintien. 

Tout  devenait  matière  à  impôt  :  il  n'y  avait  pas  de  propriété,  d'industrie, 
de  vanité,  qui  ne  fût  atteinte.  Les  agents  du  fisc  ne  cessaient  d'inventer  des 
charges  inattendues.  On  posait  en  principe  que  la  puissance  royale  était 
comme  la  dépositaire  souveraine  de  toute  activité,  de  tout  droit  8c  de  tout 

'  Nous  publions  le  texte  de  cette  curieuse  ordonnance  aux  Piècet  justificatives,  n.  DXXX,  col.  1423. 


—^ 624  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

avantage;  dès  lors  le  roi  pouvait  aisément  battre  monnaie  en  cédant,  à  prix 
d'argent,  une  part  quelconque  d'initiative  ou  d'autorité.  11  était  censé  le 
propriétaire  universel  de  l'aptitude  au  travail  public  ou  privé;  il  faisait  par- 
ticiper ses  sujets  à  cette  propriété  par  aliénation  onéreuse. 

Ainsi  fut  créée  cette  multitude  d'offices  contre  lesquels  ne  cessaient  de 
réclamer  les  intéressés.  Les  revenus  que  le  Trésor  en  tirait  étaient  de  deux 
sortes.  Tantôt  l'édit  de  création  s'appliquait  sérieusement,  &  alors  le  traitant 
des  offices  n'avait  fait  qu'une  avance  au  roi  &  rentrait  dans  ses  déboursés  par 
suite  des  acquisitions  de  particuliers;  tantôt,  —  ce  cas  même  était  le  plus 
fréquent,  —  la  création  nouvelle  paraissait  tellement  gênante,  tellement 
insupportable,  soit  aux  villes,  soit  aux  provinces,  soit  aux  diocèses,  soit  aux 
corporations  spéciales,  que,  pour  en  être  débarrassé,  l'on  offrait  au  ministère 
une  somme  plus  ou  moins  forte.  On  débattait,  on  marchandait  longuement, 
le  fisc  insistant  sur  la  valeur  des  offices  créés,  les  imposables  sur  la  difficulté 
de  trouver  preneurs,  St,  après  des  négociations  laborieuses,  on  finissait  par 
payer  comptant  un  bel  édit  de  suppression  qui  remettait  toutes  choses  en  l'état. 

De  cette  manière,  la  Cour  réussissait  à  tirer  des  revenus  d'une  propriété 
absolument  idéale  &  à  se  faire  racheter  des  valeurs  qu'il  lui  était  presque 
toujours  impossible  de  placer. 

La  Province  de  Languedoc  eut  à  subir  tous  ces  expédients.  Durant  bien 
des  années,  les  procès-verbaux  des  États  offrent  un  tableau  monotone  de 
protestations  contre  les  nouveaux  édits  St  de  capitulations  finales;  ce  dia- 
logue, toujours  renaissant,  avait  une  conclusion  unique  ;  le  roi  voulait  bien 
décharger  les  peuples  d'un  établissement  qui  leur  déplaisait;  mais  il  avait 
déjà  reçu  des  fonds  du  traitant,  8t  il  ne  pouvait  s'empêcher  de  le  dédom- 
mager, ce  que  la  nécessité  de  l'Etat  &  les  dépenses  de  guerre  ne  permettaient 
pas  de  réaliser  avec  les  ressources  ordinaires  du  Trésor'. 

Nous  ne  suivrons  pas  ici  le  détail  de  ces  opérations,  dont  le  mécanisrne  est 
connu,  &  dont  l'évolution  se  répète  avec  une  invariable  uniformité,  quels  que 
soient  le  titre  &  la  qualité  des  offices. 

Mais  le  fisc  ne  se  contentait  pas  de  frapper  les  fonctions  &  les  industries  ; 
il  atteignait  aussi  les  privilèges  honorifiques.  Les  capitouls  de  Toulouse  eurent 
l'occasion  d'en  faire  l'expérience. 

C'est  une  curieuse  histoire  que  celle  des  tribulations  imposées  par  les  exi- 
gences du  fisc  aux  anoblis  municipaux  de  Toulouse.  A  force  de  persistance, 
d'habileté  &  surtout  de  largesses  opportunes  envers  le  Trésor,  les  capitouls 
avaient  réussi  à  se  faire  attribuer  le  privilège  de  la  noblesse  héréditaire, 
qu'obtinrent  également  les  échevins  de  Lyon,  Bordeaux,  Poitiers,  Angou- 
lême,  Tours  61  ceux  de  quelques  autres  villes.  Mais,  plus  adroits  ou  plus 

'  Voir   aux    Pièces  justificatives  les    rapports  ou  tiens,  experts,    priseurs,  arpenteurs  jurés,   crieurs 

mémoires  relatifs  à  quelques-unes  de  ces  innova-  d'enterrements,    courtiers,    commissionnaires    des 

tiens  fiscales,  n.  DXXIX,  col.  I4i8(terresd'assisc);  vins,   &€.);   n.    DXXXII,   col.    1431    (offices   créés 

n.   DXXXI,  col.   1425  (offices  de   greffiers,   gardes  en     la    chambre    des    comptes    de    Montpellier); 

de»  archives,   départeurs   des    rôles   des   contribu-  n.  DXXXIII,  col.   1443  (affaire  des  francs  fitfs). 


LIV.    III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  6:5 

heureux  que  leurs  collègues,  ils  eurent  l'art  de  dénaturer  8<.  de  travestir  ce 
fait  normal  d'anoblissement,  d'en  noyer  les  origines  réelles  dans  un  véritable 
roman  historique,  8t  de  témoigner  le  plus  grand  mépris  pour  la  noblesse  de 
cloche,  qui  était  la  leur,  en  rattachant  leur  privilège  à  l'antiquité  romaine 
par  un  lien  de  continuité  absolument  fabuleux. 

Les  traitants  des  taxes  ne  se  laissaient  guère  toucher  de  pareils  arguments, 
8c  le  conseil  de  ville  finissait  toujours  par  capituler;  mais  sa  défaite  même 
prenait  le  caractère  d'une  victoire,  grâce  à  l'adresse  d'un  procédé  qui  se  renou- 
vela fréquemment.  Dans  toute  cette  aftaire,  l'unique  intérêt  du  Trésor  ro)al 
était  d'obtenir  le  plus  d'argent  possible,  sans  trop  s'inquiéter  du  prétexte.  Or, 
pour  se  dispenser  de  payer  individuellement  les  taxes,  les  capitouls  offraient 
à  l'Etat  une  somme  considérable,  prise  sur  les  tonds  de  la  caisse  municipale. 
Comme  cette  somme  était  supérieure  à  ce  que  les  receveurs  auraient  pu  tirer 
de  chaque  anobli,  un  grand  nombre  d'entre  eux  étant  complètement  dépourvus 
de  fortune,  le  ministère  n'avait  garde  de  refuser  la  transaction;  èi.  les  magis- 
trats municipaux  y  trouvaient  l'avantage  de  satisfaire  leurs  vanités  de  famille 
sans  bourse  délier  &  de  rafraîchir  leur  noblesse  aux  frais  du  public.  Le 
malheur  était  que,  le  système  une  fois  connu  des  financiers  royaux,  ils  y 
recouraient  souvent,  &  usaient  sans  ménagements  ni  scrupules  de  l'effet 
moral  que  produisaient  leurs  menaces. 

Les  avocats  de  l'hôtel  de  ville  savaient  trop  bien  qu'on  n'avait  rien  à  gagner 
à  dissiper  les  obscurités  légendaires  de  la  question;  ils  ne  manquaient  pas 
néanmoins  de  faire  un  grand  étalage  de  textes  &  de  citations,  affaire  de  pure 
forme,  utile  aux  capitouls  pour  Hatler  l'orgueil  du  conseil  de  ville  &  lui  arra- 
cher les  largesses  onéreuses  qui  fermaient  la  bouche  aux  agents  du  Trésor. 

Rien  n'est  plaisant,  du  reste,  comme  les  raisons  accumulées  dans  les 
mémoires  envoyés  k  la  Cour  pour  soutenir  cette  mauvaise  cause. 

Celui  qui  fut  rédigé  en  1668,  à  l'occasion  de  la  recherche  des  faux  nobles 
81  confié  aux  soins  de  trois  délégués'  chargés  d'en  donner  connaissance  aux 
ministres,  commence  par  la  pompeuse  déclaration  suivante  : 

«  La  ville  de  Tolose,  qui  est  plus  ancienne  que  Rome  de  cinq  cent  qua- 
<i  rante-trois  ans,  au  dire  de  l'historien  Roderic,  archevesque  de  cette  ville ^, 
"  S<  qui,  à  raison  de  son  immense  fidélité  &  obéissance  à  son  prince,  a  été 
«  communément  appelée  le  rempart  8<.  la  protection  des  François,  a  été  tou- 
«  jours  réputée  6<.  nommée  franche  Se  libérale,  à  cause  des  grands  privilèges 
«  de  ses  capitouls,  qui  étaient  jadis  le  conseil  des  comtes  8c  qui,  depuis 
«  l'union  du  comté  à  la  couronne,  ont  été  considérés  comme  l'ancien  Sénat 
«  de  la  Province  de  Languedoc,  d'où  vient  que  Nicolas  Bertrandi,  dans  son 
n  Histoire  de  Toulouse^  les  appelle  comilium  lingiiae  occitanae^.  » 

'Ces  délégués  étaient  MM.  de  Couderc,  capi-  touls,  tous  intéressés  nu  maintien  du  privilépe. 
toul,  de  Braisac,  avocat,  &  André,  marchand,  in-  '  Il  s'agit  Ici  de  l'archevêque  de  Tolède;  l'avocat 

ciens  capitouls,  élus  par  délibération  du  conseil  de  municipal  confond  Tolède  avec  Toulouse, 
bourgeoisie,  du  7  juin  1668.  Le  conseil  de  bour-  '  Archives   de   Toulouss,    ms.    n.    333.    Recueil 

geoisic  était  uniquement  composé  d'anciens  capi-  d'orAonrunca  lapitulaires,  p.  i6i. 

XIII.  40 


ifiçi 


i6oi 


626 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


La  critique  n'a  rien  à  voir  dans  de  pareilles  rêveries;  le  syndic  de  la  ville, 
Germain  Lafaille,  qui,  dans  cette  circonstance,  agit  en  avocat  St  non  pas  en 
liistorien,  composa,  sur  ce  périlleux  sujet,  une  sorte  de  plaidoyer  apologé- 
tique, publié  d'abord  sans  nom  d'auteur  par  le  libraire  toulousain  Raymond 
Bosc,  avec  dédicace  aux  capitouls  de  1668,  &  réédité  plusieurs  fois,  dans  la 
suite,  avec  diverses  confirmations  officielles  du  privilège  '. 

La  tentation  de  faire  perdre  la  trace  réelle  des  origines  en  les  enveloppant 
de  fables  n'a  rien,  d'ailleurs,  qui  puisse  surprendre.  Le  corps  capitulaire^ 
dans  son  ensemble,  ne  faisait  qu'emprunter  un  travers  très-commun  aux  par- 
ticuliers, quand  il  essayait  de  dissimuler  les  actes  de  concession  primitive. 
Une  fois  entrés  dans  !a  caste  privilégiée. par  cette  modeste  avenue,  les  ano- 
blis n'avaient  rien  de  plus  pressé  que  de  bénéficier  du  titre  en  répudiant  le 


'  "  L'auteur,  dit  Raymond  Eosc  dans  sa  dédi- 
cace, n'avoit  pensé  qu'à  faire  de  simples  mémoires 
pour  l'instruction  des  Messieurs  de  vostre  corps 
qui  furent  députés  à  Paris  pour  !.•  soutien  de 
vostre  noblesse.  J'ose  dire  pourtant  que  c'est  un 
ouvrage  accomply  pour  son  sujet,  plein  d'un  sa- 
voir singulier  &  de  recherches  aussy  curieuses  & 
aussy  surprenai'ites  qu'elles  sont  honorables  à  vos 
charges.  C'est  le  Jugement  qu'en  a  fait  un  des  sça- 
vans  Se  judicieux  hommes  de  France,  M.  Chape- 
lain, dans  une  lettre  que  j'ay  vue  de  iuy  écrite  à 
un  de  ses  amis  de  cette  ville.  » 

^'oici  la  lettre  de  Chapelain  dont  il  est  ici  ques- 
tion; elle  était  adressée  à  Lafaille,  8c  nous  l'avons 
retrouvée  dans  les  papiers  de  l'ancien  syndic  ; 

«  A  Monsieur  Monsieur  De  la  Faillie  conseiller 
du  Roy  &  Capitoul  de  la  ville  de  Tolose  à  Tou- 
louze. 

n  Monsieur,  si  le  malheur  pouvoit  rendre  un 
homme  coupable,  ce  seroit  bien  plus  moy  que 
vous  qui  le  serois  de  ne  m'estre  pas  rencontré  ches 
moy  les  deux  fois  que  vous  pristes  la  peine  d'y 
venir  pour  me  dire  Adieu  &  pour  m'honnorer  des 
deux  exemplaires  de  vostre  discours  sur  la  noblesse 
des  Capitouls  de  vostre  ancienne  &  fameuse  ville. 
Je  fus  en  effet  asses  malheureux  pour  me  porter 
bien  lorsque  vous  vous  donastes  cette  peine,  Se  je 
vous  avoue  qu'en  cette  occasion  je  trouvay  la  santé 
pire  que  la  maladie,  qui  me  retient  du  moins  au 
logis  quand  elle  me  visite,  &  qui  m'eust  fait  rece- 
voir la  consolation  de  vous  embrasser  à  vostre  dé- 
part. Je  me  consolay.  Monsieur,  de  cette  disgrâce 
de  l'avoir  manquée  par  la  lecture  du  beau  discours 
que  nous  avions  leu  ensemble,  &  il  me  remit  si 
bien  tous  les  traits  de  vostre  esprit  &  do  vostre 
sçavoir  que  je  me  persuaday  en  le  lisant  &  reli- 
sant d'estre  tousjours  en  conversation  avec  vouft. 
Je  demeuray  seulement  incertain  du  succès  d'une 
affaire  si  juste  &  si  bien  soutenue,  laquelle  je 
souhaitois  heufèuse  autant  pour  votre  gloire  que 
pour  l'avantage  du  corps  qui  vous  en  avuit  confié 


la  conduite,  comme  à  celuy  d'entre  tous  qui  étoit 
le  plus  capable  d'y  réussir.  Mais,  Monsieur,  en 
récompense  de  ce  que  vous  aves  oublié  à  m'appren- 
dre  quelle  en  a  esté  l'issue,  vous  vous  estes  obli- 
geamment souvenu  de  ces  trois  imprimés  que  vous 
vous  estiés  volontairement  obligé  à  me  faire  voir, 
&  je  jouis  maintenant  de  ces  curieuses  pièces  qui 
feront  le  principal  ornement  de  mon  cabinet,  sans 
parler  des  lumières  de  l'instruction  8t  du  plaisir 
que  m'en  apportera  la  lecture.  Je  vous  en  rcns 
mille  très  humbles  grâces  &  je  les  mets  au  nombre 
des  plus  particulières  faveurs  que  j'eusse  pu  rece- 
voir de  vous.  J'ay  ouy  dire,  il  y  a  quelques  .in- 
nées, que  Monsieur  de  Cascneuve  avoit  prest  a 
donner  quand  il  mourut  un  Etymologicon  de  la 
langue  françoise  rempli  de  mille  choses  non  com- 
munes, lesquelles  si  on  les  publioit  feroient  hon- 
neur à  la  Nation.  Qu'est  devenu  un  si  utile  travail, 
&  s'il  est  encore  en  nature,  a  quoy  tient-il  qu'on 
ne  le  mette  pas  au  jouri*  Le  soin  en  seroit  digne  de 
vostre  vertu  ou  de  celle  de  Monsieur  de  Medon, 
8t  encore  qu'il  au  paru  q'uelque  ouvrage  sur  la 
mesme  matière,  cela  no  devroit  pas  en  rebuter  les 
Amis  du  Défunt,  car  les  esprits  de  leurs  autheurs 
estant  de  génies  différons,  ils  ne  se  seront  rencon- 
tres qu'aux  choses  communes,  8c  pour  les  exquises 
8c  abstruses  il  y  a  apparence  qu'ils  y  auront  suyvi 
de  différons  chemins.  Je  liray  avec  plaisir  la  vie 
de  celuy  cy  8c  pour  l'amour  de  Iuy  8t  pour  l'amour 
de  l'excellent  eicrivain  qui  nous  l'a  recueillie. 
Assures  le  je  vous  supplie  de  mon  souvenir  8i  de 
la  singulière  estime  que  je  fais  de  son  mérite  Se 
vous  assures  de  la  mesme  chose  pour  vous  de  qui 
je  suis, 

<c   Monsieur, 

«  Très  humble  Se  très  obéissant  serviteur. 


«  CiiArEHis 


n  Do  Paris,  ce  21  septembre  1668  ' 


Arcliives  de  Toulouse.  Papiers  de  Lafaille. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  627 

souvenir  importun  du  mode  d'acquisition.  «  Ceux  mesme  qui  ont  acquis  la 
«  noblesse  par  cette  voye,  qu'on  appelle  communément  de  la  cloche,  remarque 
«  Messire  Gilles-André  de  la  Roque,  seigneur  de  la  Lontière,  ne  veulent 
«  plus  entendre  parler  de  ce  principe,  aussitôt  qu'ils  ont  quelques  degrés  de 
«  filiation  '.  » 

Le  principal  objet  de  Lafaille  est  de  prouver  que  l'anoblissement  par  le 
capitoulat  n'a  point  d'analogie  avec  les  autres  privilèges  de  ce  genre  dont  les 
rois  de  France  récompensèrent  la  fidélité  d'un  assez  grand  nombre  d'autres 
villes  du  royaume,  surtout  à  l'époque  de  la  guerre  contre  les  Anglais,  mesure 
essentiellement  politique,  destinée  à  stimuler  le  zèle  S<.  les  libéralités  des 
communes,  à  rattacher  plus  étroitement  les  villes  à  la  cause  de  la  couronne, 
en  même  temps  qu'à  diminuer  l'autorité  de  l'ancienne  noblesse  féodale. 

Dans  le  cours  des  siècles,  les  consuls  de  Toulouse  avaient  obtenu  des  rois 
un  certain  nombre  de  distinctions  ou  d'exemptions  particulières,  acquises  à 
prix  d'argent,  mais  qui  ne  constituaient  pas  un  anoblissement  formel.  C'est 
en  procédant  par  assimilation  8c  surtout  par  extension  que  ces  magistrats  par- 
vinrent à  établir  leur  noblesse,  &  la  tolérance  royale  fut  d'autant  plus  facile 
que  les  conditions  de  la  propriété  foncière  en  Languedoc  faisaient  perdre  au 
privilège  tout  caractère  onéreux  pour  le  trésor.  En  effet,  l'exemption  de  la 
taille  dans  cette  province  étant  attachée  à  la  qualité  du  sol  8c  non  à  celle  du 
propriétaire,  tant  que  les  administrateurs  municipaux  continuèrent  d'être  pris 
exclusivement,  d'après  les  anciens  statuts,  parmi  les  habitants  de  la  ville, 
leur  anoblissement  fut  sans  conséquence  pour  le  fisc^. 

Au  moment  de  la  plus  grande  détresse  du  royaume,  en  1420,  Charles  VII, 
encore  dauphin  6c  régent  de  France,  qui  s'était  rendu  à  Carcassonne  pour 
y  terminer  de  graves  affaires,  gratifia  le  corps  capitulaire  toulousain  d'une 
faveur  qui  a  été  le  point  de  départ  de  toutes  ses  prétentions  ultérieures.  En 
confirmant  le  droit  précédemment  concédé  aux  roturiers  habitants  de  Tou- 
louse d'acquérir  des  biens  nobles,  sans  avoir  à  payer  de  taxes  spéciales,  il 
décida  que,  par  une  grâce  nouvelle,  tous  les  capitulaires  de  Toulouse,  à 
compter  de  l'année  1419,  quoique  n'étant  pas  de  naissance  noble,  seraient 

'  Traité  Je  la  Noblesse  S- du  SCS  différentes  espèces,  publication  de  l'édit.  Il  n'est  pas  douteux  que  la 

par  messire  Gilles-André  de  la  Roque,  chevalier,  plupart  de  ces  anoblissements  municipaux  ont  été 

seigneur  de  la  Lontière.   A   Paris,    chez    Estienne  conférés  à  l'occasion  de  la  guerre  de  l'indépendance 

Michallet,   MDCLxxviii,  p.   i56.  &  des  services   rendus  contre  les  Anglais.  Les  let- 

'  Ledit  du   7   juin   1Û71  mentionne  au   nombre  très  patentes  de  Charles  V,  en  faveur  du  maire  & 

des   magistrats    municipaux,    à    qui    l'exercice    de  des  échevins  de   Poitiers,  désignent   expressément 

leiirs  charges  procurait   l'anoblissement,   ceux  de  ce  motif  (18  janvier  iSyi).  Celles  de  La  Rochelle 

Lyon,   Toulouse,   Bordeaux,   Angouléme,  Cognac,  sont  de   la    même    année,  celles  d'Angoiilême,  de 

Poitiers,  Niort,  La  Rochelle,  Saint-Jean  d'Angely,  l'année   suivante.    Charles  VII,  en    1^44,  anoblit 

Angers,   Bourges,  Tours,  Abbeville,   Nantes.  Leurs  les    magistrats    municipaux    de    Saint-Maixent  • 

privilèges,  révoqués  par  l'édit  de  mars  1667,  furent  Louis  XI,  ceux  de  Tours,  de  Niort,  de  Cognac,  de 

rétablis  moyennant  finance,    les  anoblis  gardant  Bourges,  d'Angers;   Charles  VHI,  ceux  de  Lyon; 

cependant   le  droit  de  s»  soustraire  à   la    taxe  en  François    I",  ceux    de    Péronne,   en    mémoire   de 

déclarant  qu'ils  renonçaient  à  la  qualité  de  noble  leur    courageuse    défense    contre    Charles-Quint; 

-devant  un  greffier  royal,  six  semaines  après  la  François  II,  ceux  de  Nantes. 


1691 


lOrfi 


6:8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dispensés  de  payer  des  droits  au  trésor  pour  les  acquisitions  de  domaines  avec 
justice  &  liomniage  au  roi;  ce  privilège  était  fondé,  d'ailleurs,  comme  tous  les 
autres  anoblissements  municipaux,  sur  la  fidélité  de  la  ville  8t  sur  les  services 
qu'elle  avait  rendus  au  prince  régnant  &  à  ses  prédécesseurs'.  En  réalité,  il 
nV  avait  là  qu'un  dégrèvement  fiscal,  8c  nullement  une  affiliation  des  bour- 
geois de  Toulouse  à  la  noblesse  de  France. 

Lafaillc,  à  qui  sa  qualité  de  syndic  de  l'hôtel  de  ville  donnait  la  disposi- 
tion des  archives  communales,  ayant  sous  ses  yeux  tous  les  monuments  qui 
pouvaient  lui  permettre  d'élucider  la  question,  n'aurait  eu  qu'à  feuilleter  ses 
parchemins  pour  y  suivre  de  siècle  en  siècle  la  progression  des  empiétements 
capitulaires;  il  aima  mieux  amasser  des  nuages  8c  brouiller  à  plaisir  les  dates 
8c  les  faits  pour  éblouir  la  crédulité  des  naïfs  Se  déconcerter  la  pénétration 
des  habiles. 

Il  crée  une  obscurité  qui  n'existait  pas  pour  tout  observateur  conscien- 
cieux, afin  de  se  donner  le  plaisir  d'assimiler  l'anoblissement  municipal  à  la 
noblesse  d'extraction  «  qu'on  a,  dit-il,  justement  comparée  au  Nil,  parce  que 
(i  comme  ce  fleuve  cache  sa  source  8c  se  fait  voir  d'une  pareille  grandeur 
<■  dans  toute  l'étendue  de  son  cours,  ainsy  cette  noblesse  se  laisse  difficilc- 
»  ment  pénétrer  dans  son  origine,  8c  se  montre  la  même  d'aussy  loin  qu'il 
«  est  possible  de  l'apercevoir.  » 

Dans  ce  principe,  Lafaille  invoque  les  exploits  «  de  ces  fameux  Tectosages 
<(  qui  conquirent  l'Asie,  »  la  monarchie  des  Goths,  le  royaume  d'Aquitaine, 
la  fausse  médaille  de  Goltzius,  les  duumvirs  8c  les  décurions,  toutes  choses 
d'un  rapport  lointain  avec  la  constitution  de  la  propriété  féodale  8c  les  ano- 
blissements municipaux  du  quinzième  siècle.  Il  ne  manque  pas  de  soutenir 
l'étymologic  mensongère  du  mot  de  capitouls,  expression  bâtarde  8c  patoisc, 
dont  les  origines  romanes  sont  aujourd'hui  parfaitement  connues,  8c  qu'il  fait 
dériver  du  Capitole  antique.  Il  rattache  sans  plus  de  façons  au  droit  d'images 
des  patriciens  de  Rome  l'usage  adopté  par  les  capitouls  de  se  faire  peindre 

'  «    Nos    supplication!    dictorum    cxponcntiiim  jvisticia,  vtl  sine  justicin   qiismvis  dicta  feudn  seu 

inclinât!,  attentis   fidelitate  &  servitiis   dicto    do-  retrofeiida  a   dicto   domino   ineo   in    homagiiirn  te- 

mino  meo  &  praedecessoribiis  suis  pcr  dicios  ex-  neantur  &  pro  quibus   juramentum  £delitatis  est 

ponentes   semper  servatis,  necnon    obedientia   per  praeitari  solitum  8t  ipsa  feuda  &  retrofeuda  pfr  se 

ipsos    nobis    impensa,    ceterisque   aliis    cai)sis    &  &  successores   suos   tenere   &   possidere,  absque  eo 

considerationibus,  ad   hoc   animum   nostrum   mo-  quod  dicto  domino  meo  aut  nobis  seu  a  nobis  dc- 

ventibus,   cisdem   exponentibus   confirmavimus  &  putandis    aliquam    financiam    solvere    teneantur, 

tcnore   praesentium    auctoritate    rcgia    qua    fungi-  reservatis  tamen   dicto  domino  meo  jure  dicti    ho- 

inur    giatinque     spécial!     dictum    privilegium     in  mngii    &   juramenti    fidelitatis,   cum  aliis   deveriis 

quantum   rite   8t  débite  us!    sunt  confirmamus,  &  que  pro  dtctis  feudis  seu  retrofeudis  sibi  dcbentiir 

iniupcr  ex  J'tcta   auctoritate  aniplioriijuc  gratta   ets-       seu  prestari  est  sohtum 

dem    exponentibus    concessimus    &•    conccdtmus    per  <i  Datum    in    civitate    Carcassone  mcnse   martii 

praeientes   ^uod   illi    ^ui   anno    noy'tsshne  praeterito  anno  Domin!  millcsimo  quadringentesimo  dccimo 

capitularii  dicte  ville  Tholose  fuerunt,  illi  (jui  nunc  nono.   l'er   dominum    Regentem   &  Delphinum  in 

sunt  &•  alii   ^ui  pro  tempore  futuro   erunt ,  licct  ex  suo  consilio. 

nobili  parentela  non  sint  aut  fuerint  procrcati,  pos-  «  J.  ^'ILLEDliESMI:  '.  n 

sint    &    valeant    de    cetero    acquirere    quaecumque 

feuda   ik  retrofeuda    nobilia   cum   juridictione   &  ■  Archives  de  Toulouse,  tiirc  rfcs  rW/miis,  f"  35.i. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


629 


1691 


aux  frais  de  la  ville,  pour  conserver  le  souvenir  de  leur  passage  aux  affaires; 
il  confond  l'ancien  chapitre  des  Nobles  de  Toulouse,  cour  aristocratique  & 
militaire  du  moyen  âge,  avec  le  corps  municipal  du  dix-septième  siècle, 
composé  en  grande  partie  de  marchands  Se  de  procureurs;  de  ce  fait  particu- 
lier qu'à  diverses  époques  les  hommes  de  race  noble,  les  chevaliers,  sont  entrés 
dans  les  charges  consulaires  de  Toulouse,  comme  ils  entraient  dans  celles 
d'Italie,  il  conclut  que  tous  leurs  collègues  acquéraient  leur  qualité,  assertion 
contraire  à  cent  témoignages  historiques,  où  la  distinction  des  titres  pour  les 
nobles,  les  docteurs  &  les  marchands  est  parfaitement  marquée;  en  un  mot, 
il  entremêle  si  bien  les  renseignements  les  plus  disparates,  que  la  question, 
compliquée  à  plaisir,  en  devient  à  peu  près  inintelligible. 

L'emploi  qu'il  fait  des  documents  positifs  n'est  pas  moins  artificieux;  l'en- 
treprise semblerait  puérile  si  le  syndic  de  Toulouse  n'avait  pas  compté  sur 
l'efficacité  d'arguments  plus  solides;  mais  il  savait  que  l'offre  d'une  somme 
Importante  vaudrait  mieux  que  les  raisons,  &  il  visait  moins  à  convaincre  le 
conseil  d'État  qu'à  rehausser  dans  l'esprit  des  bourgeois  l'opinion  qu'ils 
avaient  de  leur  privilège,  afin  de  les  disposer  à  puiser  largement  dans  la 
caisse  municipale  '. 

A  cette  époque,  le  ministère  était  sérieusement  préoccupé  de  trouver  des 
fonds  pour  la  Compagnie  des  Indes.  Il  pensa  que  l'un  des  meilleurs  moyens 


'  Le  testament  syndical  de  Lafaille  contient  sur 
celle  question  de  la  noblesse  capltulaire,  des  aveux 
pleins  d'intcrct  qui  méritent  d'être  reproduits  : 

n  Nous  nous  défendîmes  par  l'antiquité  de  cette 
noblesse  que  nous  fesions  venir  des  Romains.  Je 
consultai  les  avocats  du  conseil  qui  avaient  été 
capitouls.  On  ne  trouva  pas  que  M.  Catel  eut 
éclairci  cette  matière;  les  traitants,  au  contraire, 
&  ceux  qui  étaient  chargé»  des  recouvrement!,  sou- 
tenaient que  c'était  un  véritable  privilégj  accordé 
par  Louis  XI  ou  par  Charles  VII.  11  n'étoit  pas 
sûr  de  trop  caver  cette  matière;  enfin  nous  con- 
vînmes à  une  grosse  somme  moyennant  laquelle 
on  laissa  tous  les  bourgeois  en  repos.  Il  est  vrai 
que  nous  sacrifiâmes  le  véritable  intérêt  de  la  ville 
pour  les  marchands  qui  étaient  teus  coupables  de 
dérogeance,  8c  l'on  enveloppa  cette  confirmation 
sous  d'autres  prétextes.  Je  fis  imprimer  un  petit 
traité  Je  la  noblesse  des  capitouls  qui  fut  bientôt 
contredit  par  M.  de  la  Roque,  sieur  de  la  Lon- 
tière,  mais  mon  livre  fit  toujours  le  même  effet  sur 
l'esprit  des  bourgeois  &  du  peuple  de  Toulouse. 

«  J'avoue  qu'alors  je  n'étois  pas  instruit  de  la 
véritable  source  de  cette  noblesse  &  que  depuis, 
quoique  bien  tard,  on  m'a  fait  ouvrir  les  yeux 
pour  voir  que  tout  cela  tire  son  origine  des  biens 
allodiaux  dont  le  droit  n'est  point  contesté  à  la 
ville  de  Toulouse  ni  au  Languedoc.  Il  est  permis 
par  l'ancienne  coutume  de  cette  ville  à  qui  que  ce 
soit  indistinctement  de  bailler  son  bien  allodial  à 


titre  d'emphitéose  &  de  fief  avec  les  clauses  &  con- 
ditions convenues.  Charles  VU,  considérant  que 
ces  clauses  donnoi^ent  au  seigneur  directe  quelque 
relief  de  justice,  ne  voulut  pas  que  toute  sorte  de 
personnes  pussent  tenir  d'ores  en  avant  des  fiefs 
avec  ce  relief.  Il  le  permit  seulement  à  la  noblesse 
&  à  ceux  qui  auroient  passé  par  la  charge  de  con- 
sul à  Toulouse,  parce  qu'il  crut  que  la  justice  ne 
pouvoit  émaner  que  du  roi;  mais  à  l'égard  de  la 
directe  &  de  l'emphltéose,  il  confirma  tous  les  ha- 
bitants indistinctement  dans  la  faculté  de  tenir 
&  posséder  des  fiefs  sans  payer  aucune  finance, 
comme  j'ai  dit  dans  mes  annales.  Néanmoins,  il 
me  souvient  que  les  capitouls  &  bourgeois  de  ce 
temps  là  qui  se  tiroient  des  mains  du  traitant  par 
le  moyen  de  l'argent  de  la  ville  souffrirent  que 
beaucoup  de  particuliers  fussent  inquiétés  à  cause 
de  leurs  directes  8c  empkitéoses.  Ils  vouloient  trou- 
ver dan»  cette  injustice  des  marques  de  leur  dis- 
tinction, tant  la  vanité  cause  de  mésintelligence 
parmi  les  habltans  d'une  même  ville.  Il  est  vrai 
qu'à  la  fin  la  ville  traita  en  leur  faveur,  après  que 
le  traitant  eût  reconnu  que  ce  qui  étolt  entre  ie» 
mains  des  simples  habitants  étolt  peu  de  chose; 
j'appréhende  même  que  ce  privilège  de  noblesse 
des  capitouls  n'attire  la  ruine  entière  ou  du  moins 
de  fâcheuses  affaires  à  cette  aimable  ville',  'i 


<  Archives  d«  Toulouse.  Testament  syndical  de  M.  Jt 
l..i/aille,  p.  39. 


I09I 


63o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'y  intéresser  la  ville  de  Toulouse  était  de  passer  condamnation  sur  la 
noblesse  au  prix  d'une  forte  souscription.  Cette  combinaison,  dont  M.  de 
Fieubet  avait  été  le  principal  négociateur,  réussit  pleinement',  &  pendant 
plusieurs  années,  on  ne  parla  plus  de  rien. 

Les  embarras  financiers  de  i6gi  forçant  la  Cour  à  battre  monnaie  de  mille 
façons,  la  ville  de  Toulouse  fut  comprise  parmi  celles  dont  les  anoblis  muni- 
cipaux 5c  leurs  descendants  devaient  payer  une  taxe  de  confirmation. 

I/édit  du  mois  de  juin  1691  s'appliquait  à  toute  la  noblesse  de  cloche  du 
rovaume.  On  y  rappelait  que  l'édit  de  mars  1667,  portant  révocation  des  pri- 
vilèges de  plusieurs  municipalités,  n'avait  reçu  qu'une  exécution  incomplète, 
par  suite  d'omissions  nombreuses  dans  les  rôles  arrêtés  au  conseil,  que  beau- 
coup de  contribuables  inscrits  n'avaient  pas  pa)é  leurs  taxes  8c  continuaient 
de  jouir  du  privilège,  «  à  la  surcharge  des  autres  sujets  tail labiés,  «  qu'il  en 
était  de  même  de  personnes  ayant  renoncé  au  titre,  actuellement  disposées  à 
payer  leur  cotisation  &  leurs  arrérages.  Injonction  était  faite  à  tous  les  offi- 
ciers municipaux  des  villes  privilégiées  depuis  l'année  1600  8c  k  leurs  héri- 
tiers de  s'acquitter  envers  le  trésor,  suivant  un  tarif  proportionnel  qui  serait 
dressé  au  conseil  d'Etat,  les  renonciations  formelles  au  titre  pouvant  être 
reçues  aux  greffes  des  élections  dans  le  délai  de  six  semaines  à  compter  de  la 
publication  de  l'édit^. 

Restait  à  faire  un  recensement  exact  de  ces  innombrables  anoblis,  pas- 
sibles des  taxes;  opération  laborieuse  8c  difficile,  à  cause  de  la  dispersion  des 
familles  8c  de  l'obscurité  qu'elles  aimaient  à  jeter  sur  leur  origine.  Le  con- 
seil d'État  décida,  le  14  juillet  i6gi,  que  les  officiers  municipaux  des  villes 
privilégiées  produiraient  dans  trois  jours  par-devant  les  intendants  des  pro- 
vinces ou  leurs  subdélégués,  les  registres  des  élections  faites  dans  les  hôtels 
de  ville,  depuis  le  1"  janvier  1600  jusqu'au  3i  décembre  1687;  que  les 
agents  royaux  relèveraient  soigneusement  tous  les  noms  Se  en  dresseraient 
procès-verbal,  avec  injonction  aux  municipalités  de  fournir  des  notes  8c  ren- 
seignements sur  la  qualité,  la  fortune  8c  le  domicile  de  tous  les  inscrits,  de 
leurs  veuves  ou  de  leurs  descendants.  La  représentation  des  registres  munici- 
paux était  déclarée  obligatoire  pour  cette  recherche,  comme  «  pour  les  deniers 
«  8c  affaires  de  Sa  Majesté  3,  » 

L'avocat  de  la  ville  au  conseil  d'État  s'était  hâté  d'annoncer  aux  capitouls 
i'orage  qui  les  menaçait,  en  insistant  sur  la  nécessité  d'envoyer  au  plus  vite 

'  Nous   publions  aux   Pièces  justificatives ,  nu-  '  Arrest    dii    Conseil    d'Estat   du    roy,    portant 

iiiéro  CCCLXXIV,  col.  1074,  une  lettre  de  Colbert  qu'en  exécution  de  l'édit  du  mois  de  juin  dernier, 

à  Fieubet  expliquant  en  termes   très-nets  que  «  la  les    Maires,    Jurais,    Capitouls    &    Eschevins    en 

décharge  de  la    recherche 'de   la  noblesse  avait  été  charge   des  Villes  y  dénoininées,  jouissant  du  pri- 

acoordée  aux  capitouls  de  Toulouse,  en  considéra-  vilége   de  Noblesse,  représenteront  par-devant  les 

tion    de    'intérêt   que    la    ville    avait  pris   dans  la  sieurs  Intendans  ou  leurs  subdélégués,  les  registres 

Compagnie  des  Indes  orientales.  »  des  élections  &  nominations,  &c.,  du  14'"  joifr  de 

'  Edit  du  roy  portant  confirmation  de  noblesse  juillet  1691. 
aux  Officiers  de  plusieurs  Villes.  (Vérifié  au  Par- 
lement de  Paris,  le  7  juillet  1691.) 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


63i 


1691 


une  députation  à  la  Cour.  L'importance  de  l'affaire  exigeait,  disait-il,  «  des 
«  négociations  &  des  soins  extraordinaires  auxquels  un  homme  de  Paris  ne 
<i  pourroit  pas  vaquer  si  utilement  qu'un  député.  «  11  recommandait  de 
choisir  pour  cette  amhassade  quelque  personne  de  distinction,  qui  fût  en  état 
de  soutenir  l'éclat  du  privilège  par  sa  dignité,  en  ayant  soin  de  ne  point  le 
faire  partir  sans  la  permission  de  l'intendant'. 

Bâville  s'excusa  sur  son  impuissance  d'autoriser  une  députation  spéciale  à 
Paris  sans  ordre  du  contrôleur  général,  &.  désigna  pour  exécuter  l'arrêt  du 
conseil,  à  titre  de  subdélégué,  Timoléon  Le  Gras,  seigneur  de  Maisonbelle 
èi.  de  Baspré,  grand-maitre  enquêteur  8<  général  réformateur  des  eaux  & 
forêts  au  département  de  Languedoc  81  Guienne.  Cet  ofiicier  fît  comparaître 
par-devant  lui,  en  son  hôtel,  le  24  septembre  1691,  deux  des  capitouls^  qui 
lui  représentèrent,  en  présence  du  fondé  de  pouvoir  nommé  par  le  traitant 
Simonneau,  deux  registres  contenant  les  procès-verbaux  des  élections  capitu- 
lai res-^. 

Il  y  fit  copier  les  noms  de  tous  les  capitouls  élus  depuis  1600  pour  en 
remettre  la  liste  au  conseil  d'État,  chargé  de  déterminer  la  taxe  de  chaque 
famille.  Le  travail  de  transcription  dura  trois  jours  &  ne  comprit  pas  moins 
de  sept  cents  noms. 

Cette  besogne  accomplie,  l'agent  de  Simonneau  réclama  des  capitouls, 
conformément  à  l'arrêt,  la  déclaration  de  l'état  de  fortune  8t  du  domicile  de 
tous  leurs  prédécesseurs,  depuis  le  commencement  du  siècle,  &  de  tous  les 
descendants  de  leur»  prédécesseurs.  Les  capitouls,  qui  avaient  ouvert  la  séance 
par  un  long  exposé  de  leurs  chimères,  suivant  le  système  de  Lafaille,  se 
récrièrent,  disant  qu'une  pareille  procédure  exigerait  un  temps  considérable, 
qu'il  y  aurait  une  grande  &t  pénible  recherche  à  faire  pour  retrouver  les 
descendants  de  plus  de  cinq  cent  cinc[uante  chefs  de  famille,  nombre  de 
lignées  capitulaires  se  trouvant  éteintes,  d'autres  disséminées  en  divers  lieux 
de  la  Province  &  même  hors  du  ro\aume,  d'autres  tombées  dans  la  plus 
complète  misère. 


■  Archives  de  Toulouse.  Livre  dti  Conseils, 
XXXIII,  p.  z88.  Conseil  de  bourgeoisit.  Séance 
du  22  juillet  1691. 

'  Maître  Jacques  de  Lespinasse,  avocat  en  Par- 
lement, coseigneur  de  Colomiers,  &  Noël-Etienne 
Soleilhavolp,  cctiyer. 

'  «  Ont  représenté  un  registre  en  parchemin 
in-folio,  contenant  129  feuillets  escrits,  commen- 
çant par  ces  mots  :  Elections  des  nouveaux  capi- 
touls de  la  rille  de  Toulouse  de  l'année  mil  quatre 
cent  huiianie-un;  finissant  par  ces  autres  :  Pro- 
noncé à  Toulouse,  en  Parlement,  le  28*^  novembre 
162.5,  de  Malenfant,  ainsy  signé,  lequel  ayant  exa- 
miné depuis  le  premier  feuillet,  nous  avons  trouvé 
au  10  1  &  aux  suivants,  jusques  au  dernier,  les  élec- 
tions capitulaires  faites  depuis  &  compris  I  année 
lioo  jusques  en  l'année  iCiS  inclusivement 


•1  Un  registre  in-folio,  relié  de  bazane  rousse, 
contenant  167  feuillets  de  parchemin  escrits,  com- 
mençant par  cei  fnois  :  Livre  second  des  Elections 
capitulaires,  &  finissant  par  ces  autres  :  A  esté 
rapporté  par  Messieurs  les  Capitouls  à  Monsieur 
le  Viguier,  dans  son  siège  le  susdit  jour,  lequel 
ayant  examiné  depuis  le  premier  feuillet,  nous 
aurions  trouvé,  jusques  au  149",  les  élections  ca- 
pitulaires faites  depuis  &  compris  l'année  1626 
jusques  en  l'année  1671   inclusivement,  &c.  '  « 

Ces  registres  d'élections  ont  été  détruits  en  1793, 
ce  qui  rend  d'autant  plus  précieux  le  protès-vcrbal 
d,e  Tuuoléon  Le  Gras. 


'  Arcliivcs  de  Touloasc.  SobU-.sa  cttpiliiUiirc.  l'iuc 
v.;ibal  de  TimoitoD  I.c  Ciras,  du  :|  n'ptcnibic  i6'ji. 


i6j)i 


63  1  ÉTUDES   FIISTOKIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  contrôleur  général  ne  se  laissa  point  désarmer  par  ces  raisons,  & 
demanda  impérieusement  les  notes  individuelles  qui  devaient  permettre  d'as- 
seoir les  taxes  '. 

Il  y  avait  naturellement  une  grande  diversité  de  situations  entre  les 
familles  des  capitouls  anoblis  par  leur  charge  depuis  le  commencement  du 
siècle.  Ce  privilège,  qui  faisait  le  principal  attrait  de  l'hôtel  de  ville,  &  que 
les  flatteries  intéressées  des  érudits  municipaux  rehaussaient  au  delà  de  toute 
mesure,  était  même  en  général  plutôt  funeste  qu'utile  aux  lignées  bour- 
geoises qui  s'en  décoraient,  en  les  dégoûtant  du  travail,  unique  source  de  la 
richesse,  &  en  les  réduisant  à  une  sorte  de  misère  vaniteuse*.  On  pouvait 
citer,  il  est  vrai,  certaines  races  de  marchands  qui,  après  avoir  acquis  la 
noblesse  par  le  capitoulat,  s'étaient  peu  à  peu  grandies  par  de  hautes  charges, 
alliées  à  l'ancienne  aristocratie  ou  au  monde  parlementaire  &  finissaient  par 
former  souches  de  gentilshommes;  mais  c'était  là  une  exception  assez  rare. 
Parmi  la  multitude  d'avocats,  de  procureurs  au  Parlement  ou  au  sénéchal, 
de  négociants,  de  petits  bourgeois  vivant  de  leurs  rentes  qui  revêtaient  le 
chaperon  pendant  une  année  de  leur  vie,  la  plupart  étaient  dans  l'impossi- 
bilité matérielle  de  «  vivre  noblement  »  c'est-à-dire  sans  tirer  aucun  bénéfice 
de  leur  activité.  Marchands,  ils  croyaient  déroger  en  continuant  leur  com- 
merce; gens  de  robe,  ils  sacrifiaient  leur  clientèle  &  laissaient  tomber  le 
crédit  de  leur  cabinet;  simples  rentiers,  ils  achevaient  rapidement  leur  patri- 
moine par  les  dépenses  exagérées  que  la  vanité  nobiliaire  leur  inspirait. 
Quant  aux  étrangers  qui  se  faisaient  affilier  au  capitoidat  dans  l'unique  but 
d'acquérir  la  noblesse,  comme  c'étaient  de  riches  propriétaires  fonciers  des 
pays  de  taille  personnelle,  une  fois  satisfaits,  ils  n'avaient  rien  de  plus  pressé 

'   Archives    de    Toulouse.    Livre    des    Conseils,  voisinage  de  l'Espagne,  l'influenre  même  des  eaux 

XXXin,  p.  3 12.  Séance  du  conseil  de  bourgeoisie  de  la  Garonne,  tout  concourt  à  exalter  leur  iina- 

du     19    novembre    1691.    Les     capitouls,    à    bout  gination   ardente   &  à    leur   faire   la   plus  funeste 

d'excuses,   prétendaient  alors   que   leurs    commis-  illusion.  La  contagion  gagne  &  pénètre  prompte- 

saires  n'avaient  pu  travailler  à  la  déclaration  de-  inent   dans   les    tètes    même    les   mieux    organisées, 

mandée,  à  cause  des  vendanges  qui   les   retenaient  de  telle  sorte  que    sur  sept  consuls  qui    entrent  en 

à   la   campagne.   Ils  continuaient  d'ailleurs  de  se  exercice   chaque   année,    il    n'en   échappe   pas    un 

lamenter  sur  n  les  grandes  difficultés  qu'il  y  avoit  seul  qui  n'en  ait  reçu  quelque  atteinte » 

de  descouvrir  &  déterrer  les  nom^  des  descendants  ''■igs  14=  "  H  est  convenu,  parmi  les  négociants 

des  anciens  Capitouls  &   leurs   facultés  depuis  un  de  Toulouse  qui   ont   quelques  vues,   que  le  capi- 

si  long  temps.  11  toulat  y  est   un   des   premiers  &  des   plus  anciens 

"  Archives  de  Toulouse.  Manuscrit  n.  3^5.  Mé-  obstacles  au  commerce.  » 
woire  prouvé  par  Us  faits   sur  l'administration  yi-  P^'ge  4^  :  «  Un  homme  n'a  pas  plus  tôt  ramassé 

cicusc  du  corps  de  ville  de  Toulouse  :  une  fortune  de  soixante  à  quatre-vingt  mille  francs, 

Page  6   :   «    L'avantage  de    commander   despoti-  qu'il  cherche  à  se  faire  capitoul;  des  gens  de  la  plus 

quement    une   nombreuse   soldatesque,   la    facilité  basse  extraction,  des  anciens  laquais des  arti- 

d'exercer  sur  le  bas  peuple  une  justice  bottée  &  sans,  qui  ont  exercé  les  professions  les  plus  viles.  » 
arbitraire,  le  droit  d'image  &  de  faire  graver  leurs  Page  46  :  «  On  rencontre  à  chaque  pas  des  des- 
larges écussons  en  tous  lieux  &  à  tout  propos,  la  cendants  des  capitouls  retombés  dans  la  misère  & 
coutume  puérile  de  ne  sortir  jamais  de  l'hôtel  de  l'obscurité  d'où  une  vanité  mal  combinée  les  avoit 
ville  qu'au  son  des  trompettes  &  hautbois,  &  au  fait  sortir,  &  qui,  par  une  fausse  délicatesse  refu- 
bruit  d'une  mousqueterie  qu'on  redouble  à  cha-  sent  encore  de  remplir  des  postes  &  des  professions 
que  carrefour,  en  un  mot  la  nature  du  climat,  le  qui  seroient  utiles  à  la  société.  >i 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


633 


1691 


que  de  jouir  chez  eux  de  leur  dégrèvement,  &  ne  paraissaient  jamais  à  Tou- 
louse, où  des  contrats  de  louage  simulés  leur  avaient  seulement  donné 
l'apparence  du  domicile. 

On  voit  que  les  malheureux  capitouls  de  1691  n'exagéraient  point  quand 
ils  alléguaient  la  difficulté  de  réunir  les  informations  généalogiques  réclamées 
par  le  ministère. 

Cependant  il  fallut  s'exécuter;  Si  pour  proportionner  la  charge  aux  res- 
sources des  imposables,  on  établit  onze  catégories  d'anoblis,  classés  autant 
que  possible  d'après  leur  fortune,  8c  l'on  échelonna  les  taxes  depuis  deux 
cents  livres  jusqu'à  huit  mille. 

Quand  il  fallut  passer  à  la  perception,  les  obstacles  se  multiplièrent  : 
chacun  prouva  que  les  évaluations  étaient  exagérées,  chacun  dissimula  son 
bien;  d'ailleurs,  la  ville  n'était  pas  riche,  &  nombre  d'anoblis  se  trouvaient 
réellement  hors  d'état  de  payer. 

On  redoubla  d'instances  auprès  de  tous  les  personnages  marquants;  on 
implora  Bâville,  on  sollicita  l'appui  de  l'archevêque  de  Toulouse,  du  premier 
président,  de  l'évêque  de  Rieux,  8t  enfin  l'affaire  se  termiira,  comme  toutes 
les  autres  créations  fiscales,  par  le  don  d'une  somme  au  roi  '. 

Le  :o  mai  1692,  M.  d'Ambelot,  chef  du  consistoire,  annonça  au  conseil 
de  bourgeoisie  les  dernières  communications  de  l'intendant.  M.  de  Bâville 
avait  fait  l'honneur  aux  capitouls  de  leur  représenter  le  grand  besoin  qu'avait 
Sa  Majesté  d'être  secourue  d'argent  par  ses  sujets  pour  subvenir  à  l'entretène- 
ment  de  ses  grandes  armées  de  terre  &  de  mer.  Une  ville  si  distinguée  par 
son  zèle  8c  sa  fidélité,  ne  pouvait  manquer  de  se  rendre  agréable  en  accor- 
dant un  secours  volontaire,  au  milieu  des  nécessités  pressantes  de  l'Etat. 
Sa  Majesté  reconnaîtrait  d'ailleurs  un  pareil  service  par  des  effets  sensibles 
de  sa  bonté. 

Le  conseil  accorda  une  somme  de  deux  cent  cinquante  mille  livres  Se 
décida  que  M.  de  Bâville  serait  très-humblement  supplié  de  départir  à  la 
ville  ses  bons  offices  pour  obtenir  du  roi  les  grâces  qu'elle  pourrait  lui 
demander. 


'  n  On  avoit  aussi,  l'année  précédente,  jeté  des 
taxes  saches  sur  tous  les  anciens  capitouls  &  leurs 
descendant  depuis  l'année  1600.  Ces  taxes  reve- 
noient  »  quatre  ou  cinq  cent  mille  livres;  il  y  en 
aToit  de  différentes  classes,  savoir  de  8000,  de 
6000,  de  5,  de  4,  de  3  000  livres,  de  2  590,  de 
I  Soo,  de  I  000,  de  5oo,  3oo  &  200,  moyennant  le 
payement  desquelles  taxes  ils  dévoient  jouir  du 
privilège  de  noblesse  dans  tout  le  royaume.  On 
leur  fit  commandement  de  payer;  on  fit  des  saisies 
sur  plusieurs,  aux  uns  sur  leur  récolte  que  la 
taille  absorboit,  aux  autres  sur  leurs  meubles  qui 
n'étoient  pas  de  grande  valeur  à  cause  qu'on  avoit 
caché  les  plus  riches  ;  mais  comme  ces  taxes 
avoient  pour  motif  le  privilège  de  la  noblesse  & 
que  les  capitouls  &  bourgeois  croyoient  que   leur 


noblesse  n'étoit  pas  une  noblesse  de  concession, 
comme  je  leur  avois  enseigné  dans  mon  traité  de 
la  Noblesse,  ils  étoient  résolut  de  souffrir  toutes 
choses  plutôt  que  de  payer  ces  taxes,  &,  pour 
dire  la  véritable  raison,  c'est  qu'ils  n'étoient  pat 
en  état  de  les  payer,  si  l'on  en  exceptoit  quel- 
ques-uns, en   fort   petit  nombre Les  capitouls 

offrirent  à  M.  l'Intendant  pour  les  arts  &  mé- 
tiers &.  les  marchands  2.00000  livres  à  condition 
que  la  demande  qu'on  leur  faisoit  à  l'égard  de 
la  noblesse  demeureroit  assoupie,  ce  qu'il  ne  vou- 
lut point  accorder;  mais  il  accepta  les  25oooo  li- 
vres ' u 


'  Archives  de  Toulouse.  Testament  tynJictil  de  SI.  de 
[.ti/aille.  p.  75. 


lÔpl 


1652 


684  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Trois  mois  après,  parut  un  cdit  royal'  qui  consacrait  les  théories  de 
Lafaille  sur  l'anoblissement  capitulaire,  laissait  dire  aux  capitouls  que  leur 
noblesse  ne  provenait  d'aucune  concession,  &  visait  les  diverses  prétentions 
de  leurs  mémoires.  Le  roi  déclarait  «  n'avoir  entendu  comprendre  dans  ses 
«  édits  de  mars  1667  &  de  juin  1691  les  capitouls  de  Toulouse,  leurs  enfans 
«  8t  descendans  8<.  vouloit  qu'ils  jouissent  à  l'avenir,  comme  par  le  passé, 
«  des  prérogatives,  prééminences,  &  de  tous  les  autres  avantages  dont  jouis- 
«c  sent  les  nobles  d'extraction  &  de  parenté.  »  Une  allusion  discrète  rappelait 
seulement  que  la  ville  s'était  signalée  des  premières  à  donner  des  marques  de 
zèle  &  de  fidélité  pour  le  service  du  roi  &.  le  bien  de  l'État  dans  les  occasions 
qui  s'étaient  présentées. 

C'est  ainsi  que  la  paix  fut  rendue  aux  familles  anoblies.  11  ne  fut  plus 
question  du  procès-verbal  de  Timoléon  Le  Gras,  de  la  volumineuse  statis- 
tique capitulaire  &.  des  saisies  déjà  commencées,  &  le  corps  municipal  put 
ajouter  un  titre  de  plus  à  son  livre  d'or  en  attendant  que  la  guerre  de  la 
succession  d'Espagne,  8<  la  pénurie  croissante  du  Trésor,  obligea:;sent  le 
ministère  à  renouveler  l'expérience. 

La  nécessité  de  créer  de  nouvelles  ressources  fiscales,  qui  inspirait  tant 
d'inventions  singulières,  fit  naître  en  1692  un  vaste  projet  de  transformation 
des  institutions  municipales  dans  tout  le  royaume.  Ce  coup  d'Etat,  que  la 
décadence  universelle  des  communes  &  l'extinction  progressive  des  libertés 
publiques  devaient  rendre  relativement  peu  sensible,  ne  tendait  à  rien  moins 
qu'à  supprimer  le  principe  de  l'élection,  conservé  encore,  avec  mille  rései^ves 
&t  mille  précautions  outrées,  pour  le  remplacer  par  le  système  de  la  vénalité 
des  charges,  appliqué  depuis  longtemps  aux  offices  de  judicature. 

La  cause  vraie  de  l'innovation  était  le  besoin  d'argent;  mais  le  ministère 
avait  pris  l'habitude  de  dissimuler  ce  motif  avec  adresse  Si  de  couvrir  ses  actes 
des  prétextes  les  plus  élevés.  Ce  déguisement  ne  fit  point  défaut  à  la  méta- 
morphose municipale  inaugurée  par  l'édit  du  mois  d'août  1692. 

Le  roi  se  donnait  la  peine  de  rappeler  dans  le  préamlnile  qu'il  n'avait  rien 
négligé  pour  choisir  sur  les  listes  de  présentation  à  la  charge  de  maire  les 
noms  des  sujets  les  plus  recommandables  ;  mais  ses  efforts  n'empêchaient 
point  la  cabale  &  la  brigue  d'avoir  grande  part  aux  élections.  Presque  tou- 
jours, les  officiers  élus,  afin  de  ménager  les  particuliers  auxquejs  ils  étaient 
redevables  de  leur  emploi,  &  de  se  concilier  d'avance  leurs  successeurs  éven- 
tuels, surchargeaient  les  autres  habitants  de  leur  ville,  surtout  ceux  qui  leur 
avaient  refusé  leurs  suffrages;  dans  d'autres  lieux,  les  prétentions  des  juges 
cherchant  à  s'attribuer  les  fonctions  de  maire,  entraînaient  des  contestations 
sans  cesse  renaissantes. 

Par  le  nouvel  édit,  on  se  flattait  de  mettre  ordre  à  ces  divers  abus.  Les 
maires  en  titre,  ne  devant  plus  leur  charge  aux  suffrages  des  particuliers  S< 

'  Édit  du  Roi,  qui  maintient  les  Capitouls,  leurs  dont  jouissent  les  Nobles  d'extraction  &  de  p,-.- 
enfans  nez  ou  à  naître  &  leurs  descendans  dans  rente  ;  Donné  à  VersaUUs,  au  inois  de  septeribrc 
les  mêmes  prérogatives,  prééminences  &  avantages        i6p2. 


LIV.   111.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  635 

n'ayant  plus  occasion  de  craindre  la  malveillance  de  leurs  successeurs,  ne 
pouvaient  manquer  de  remplir  leurs  devoirs  sans  passion,  avec  toute  la  liberté 
nécessaire  pour  conserver  l'égalité  dans  la  distribution  des  charges  publiques. 
Étant  perpétuels,  ils  acquerraient  une  connaissance  plus  sûre  &  plus  complète 
des  affaires  de  leurs  communes,  Se,  par  une  longue  expérience,  ils  se  ren- 
draient plus  capables  de  satisfaire  aux  obligations  attachées  à  leur  ministère. 

La  prévenance  du  roi  ne  se  bornait  pas  à  doter  les  villes  d'un  maire  perpé- 
tuel; elle  donnait  à  cet  officier  plusieurs  auxiliaires,  pourvus  d'après  la  même 
méthode,  &  mis  en  possession,  à  prix  d'argent,  d'offices  héréditaires.  Ces 
conseillers  ou  assesseurs  seraient  tirés  d'entre  les  plus  notables  bourgeois,  8<. 
assisteraient  les  maires,  dans  les  travaux  compliqués  de  l'administration,  avec 
une  compétence  éprouvée.  Deux  villes  seulement  furent  exceptées,  Paris  & 
Lyon,  dont  les  prévôts  des  marchands  devaient  garder  leur  caractère  électil 
traditionnel. 

L'édit  attribuait  aux  acquéreurs  des  oflîces  de  maires  tous  les  droits  utiles 
&  honorifiques  dont  jouissaient  les  officiers  municipaux  élus  de  l'ancienne 
organisation.  Ils  en  exerceraient  les  fonctions  dans  les  hôtels  de  ville,  y  con- 
voqueraient toutes  les  assemblées  générales  &  particulières,  pour  les  affaires 
de  l'Etat  comme  pour  celles  de  la  commune;  ils  en  auraient  la  présidence, 
recevraient  le  serment  des  officiers  électifs,  dont  la  nomination  se  ferait  en 
leur  présence;  ils  présideraient  à  la  reddition  des  comptes,  signeraient  tous 
les  mandats  pour  le  payement  des  dettes  Se  des  autres  dépenses  communales, 
ouvriraient  les  dépêches  de  service,  garderaient  une  clef  des  archives,  allume- 
raient les  feux  de  joie,  porteraient  la  robe  &  les  autres  insignes  accoutumés, 
même  la  robe  rouge  dans  les  villes  où  les  officiers  des  présidiaux  jouissaient 
de  cette  distinction.  Ils  auraient  en  outre  le  titre  de  députés-nés  de  la  com- 
mune dans  les  assemblées  provinciales  des  pays  d'Etat. 

Le  privilège  de  la  noblesse  était  attaché  à  la  charge  de  maire,  dans  les 
villes  où  cette  faveur  se  trouvait  déjà  confirmée;  Se  les  titulaires  conserve- 
raient cette  qualité,  sans  avoir  à  payer  aucune  finance,  mais  à  condition  de 
remplir  leurs  fonctions  pendant  vingt  années.  Ils  ne  transmettraient  la  no- 
blesse à  leurs  entants  que  s'ils  mouraient  dans  l'exercice  de  la  charge. 

Diverses  immunités  complétaient  cette  prérogative  :  dispense  des  devoirs  de 
tutelle  8c  de  curatelle,  exemption  de  la  taille  personnelle  dans  les  villes 
taillables,  dispense  du  service  de  guet  Se  garde,  du  logement  des  gens  de 
guerre,  des  autres  espèces  de  contributions,  8t  même  des  taxes  levées  dans 
les  villes  abonnées.  Les  denrées  8c  provisions  destinées  à  leur  usage  étaient 
également  affranchies  des  droits  d'octroi. 

Un  mois  après  la  publication  de  l'édit,  tous  officiers  revêtus  de  fonctions 
électives  devaient  en  cesser  l'exercice  Si  aucun  genre  d'élection  n'était  plus 
autorisé  dans  l'étendue  entière  du  royaume.  Une  amende  de  trois  mille  livres 
menaçait  les  magistrats  qui  troubleraient  les  acquéreurs  d'offices  dans  leurs 
fonctions. 

Avec  l'élection   disparaissait  la  gratuité  des  charges  municipales.   Le  roi 


i6f)i 


i6i;2 


636  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

assurait  un  traitement  annuel  aux  pourvus,  d'après  un  état  proportionnel  qui 
serait  dressé  au  conseil.  Ce  traitement  représentait,  d'une  certaine  façon,  les 
intérêts  du  prix  d'achat,  à  un  taux  d'ailleurs  assez  modéré.  Les  fonds  en 
seraient  prélevés,  par  préférence  à  toutes  autres  dettes  ou  charges,  dans  les 
caisses  municipales,  Se  pourraient  être  demandés  tant  aux  deniers  communs 
&  patrimoniaux,  &  aux  recettes  d'octroi,  (ju'aux  impôts  levés  dans  diverses 
provinces  ou  villes  sous  le  titre  de  gages  d'otficiers. 

Quant  aux  conseillers  assesseurs,  l'édit  en  créait  douze  dans  la  ville  de 
Paris,  douze  à  Lyon,  8c  un  nombre  variable  dans  les  autres  villes,  à  régler 
en  conseil  d'État.  Ces  assesseurs  étaient  destinés  à  former  une  pépinière  de 
sujets  privilégiés  pour  remplir  la  moitié  des  places  électives  d'officiers  muni- 
cipaux. Ainsi,  non-seulement  les  maires  ne  devaient  jamais  être  élus,  mais 
la  moitié  des  échevins,  capitouls  ou  jurats  placés  sous  leur  présidence  ne  serait 
plus  éligible  qu'à  la  condition  d'avoir  acquis  déjà  un  office  d'assesseur. 

Afin  de  faciliter  le  placement  des  charges  municipales,  l'accès  en  était 
ouvert  à  toute  sorte  de  personnes,  graduées  ou  non  graduées,  même  aux  offi- 
ciers royaux,  avec  licence  d'en  exercer  les  fonctions  sans  incompatibilité.  Les 
titulaires  venant  à  mourir,  la  charge  passait  à  leurs  veuves,  héritiers  ou  ayant 
cause  qui  pouvaient  disposer  à  leur  gré  des  lettres  de  provision  en  faveur  de 
sujets  capables.  Dans  aucun  cas,  ces  offices  ne  seraient  déclarés  domaniaux, 
ni  sujets  à  revente. 

Les  parlements  étaient  désignés  pour  recevoir  le  serment  des  acquéreurs 
d'offices  de  maires,  8<.  les  maires  pour  recevoir  le  serment  des  conseillers  asses- 
seurs. 

L'édit,  signé  à  Versailles,  dans  le  courant  du  mois  d'août  1692,  fut  enre- 
gistré au  parlement  de  Paris  le  27  du  même  mois,  &  publié  dans  toutes  les 
provinces  par  les  soins  des  intendants. 

Cette  révolution  municipale,  si  elle  eût  été  prise  au  sérieux,  si  l'on  avait 
pu  croire  à  la  volonté  formelle  du  gouvernement  d'en  appliquer  les  principes, 
aurait  causé  dans  le  pays  une  violente  émotion.  Ce  n'est  pas,  on  le  sait,  que 
la  liberté  des  élections  y  fût  réelle.  Nos  lecteurs  ont  déjà  vu  combien  d'in- 
fiuences  ouvertes  ou  cachées  pesaient  sur  les  collèges  électoraux,  d'ailleurs 
forts  restreints,  qui  choisissaient  le  personnel  administratif.  Dans  les  petites 
communes,  où  se  rencontraient  peu  de  personnes  éclairées,  le  seigneur  de 
paroisse  ou  principal  propriétaire  faisait  à  peu  près  la  loi  :  dans  les  villes 
importantes,  le  ministère  s'était  attribué  le  droit  de  nomination  &  ne  laissait 
aux  oligarchies  privilégiées  que  la  faculté  de  présenter  des  candidats,  8t  des 
satisfactions  d'étiquette  8<.  de  cérémonial  rappelant  des  mœurs  disparues. 
Mais,  au  milieu  de  cette  dégénérescence  de  l'esprit  municipal,  un  fait  survi- 
vait encore  :  la  durée  annuelle  de  la  magistrature  consulaire.  Cette  mobilité, 
qui  n'était  pas  sans  inconvénients  au  point  de  vue  de  la  bonne  gestion  des 
affaires  &  de  la  suite  des  entreprises,  avait  du  moins  l'avantage  de  tempérer, 
dans  la  pratique,  les  mauvais  effets  de  l'arbitraire  originel.  Assuré,  comme 
on  Tétait,  d'avoir  à  déposer  le  chaperon  &  la   robe  mi-partie,  au   bout  des 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  687 

douze  mois  traditionnels,  on  avait  beau  devoir  sa  charge  à  la  faveur,  k  l'im- 
portunité,  ou  même  à  la  corruption,  la  nécessité  de  rentrer  à  courte  échéance 
dans  la  condition  commune  était  un  puissant  correctif.  Les  habitants  accep- 
taient avec  plus  d'aisance  des  magistrats  imposés  qu'ils  savaient  du  moins 
éphémères,  &c  ces  rapides  changements  de  visages  empêchaient  les  antago- 
nismes de  s'invétérer.  L'édit  de  1692  créait  une  situation  tout  à  fait  nouvelle 
£<  ouvrait  devant  les  villes  des  perspectives  peu  rassurantes. 

Exécuté  à  la  lettre,  il  marquait  un  mouvement  rétrograde  de  plusieurs 
siècles.  La  royauté  qui  avait  tant  combattu  l'extension  du  droit  de  propriété 
sur  les  fonctions  publiques,  caractère  de  l'époque  féodale,  &  qui  s'était  vu 
contrainte  à  reconquérir  pièce  à  pièce  les  droits  de  l'Etat  confisqués  par  des 
usurpateurs  sans  nombre,  semblait  reconstituer  imprudemment  ce  morcelle- 
ment anarchique,  en  créant  les  mairies  héréditaires.  Non-seulement  il  ne 
serait  plus  question  de  libres  suffrages,  système  depuis  longtemps  oublié, 
jTiais  les  recommandations  elles-mêmes  deviendraient  inutiles.  Maître  Antoine 
Gattc,  bourgeois  de  Paris,  traitant  des  nouveaux  offices,  allait  être  le  dispen- 
sateur des  charges  municipales.  On  n'aurait  qu'à  couvrir  la  plus  forte  enchère, 
d'après  la  mise  à  prix  réglée  au  conseil,  pour  exercer  les  fonctions  de  maire 
à  perpétuité,  &  les  transmettre  à  ses  enfants  &  petits-enfants. 

Les  communes  souffraient  déjà  beaucoup  de  la  féodalité  nouvelle  qu'im- 
provisaient les  embarras  financiers  du  trésor  par  les  ventes  du  domaine.  Cha- 
cune de  ces  aliénations  d'un  bien  si  péniblement  amassé  par  les  agents  de  la 
couronne  suscitait  des  réclamations  St  des  tiraillements  sans  fin.  C'était  un 
contre-sens  dont  les  populations  avaient  conscience.  Dans  les  conseils  du  roi, 
le  besoin  d'argent  l'emportait  sur  la  logique.  On  ne  s'inquiétait  pas  de  savoir 
si  la  royauté  trahissait  son  devoir  séculaire  en  démembrant  elle-même  ses 
possessions,  parce  c|ue  l'on  ne  voyait  dans  l'acte  qu'une  oj^ération  bursalc  : 
l'avantage  d'encaisser  immédiatement  la  consignation  de  l'acquéreur  ou  d'ob- 
tenir plus  tard  le  rachat  des  intéressés,  à  force  de  tracasseries  8c  de  vexations, 
faisait  écarter  toute  autre  considération. 

Cette  féodalité  nouvelle,  qui  s'établissait,  ne  ressemblait  en  rien  par  son 
origine  à  la  noblesse  militaire  8<  conquérante  du  moyen  âge.  Ce  n'était 
point  une  aristocratie  de  race.  Elle  se  composait,  en  majeure  partie,  de  gens 
de  robe,  magistrats  ou  procureurs  enrichis,  de  marchands  qui  avaient  fait 
fortune,  de  bourgeois  qui  avaient  grossi  leur  patrimoine  ])ar  des  entreprises 
de  travaux  publics,  des  fermages  d'impôts,  des  maniements  d'argent  plus  ou 
moins  avouables,  &  qui,  une  fois  élevés  au-dessus  du  commun,  n'avaient 
d'autre  ambition  que  de  se  transformer  en  seigneurs.  La  recette  en  était 
facile,  grâce  aux  fréquentes  aliénations  du  domaine.  Les  Etats  généraux  de 
France,  toutes  les  fois  qu'on  les  avait  rassemblés,  ne  s'étaient  fait  faute  de 
protester  contre  cette  politique  rétrograde;  mais  Louis  XIV  sauvait  la  diffi- 
culté en  ne  les  convoquant  pas;  Se  chaque  guerre  malheureuse,  chaque  pro- 
digalité royale  avait  pour  effet  de  multiplier  ces  enchères  £t  de  couvrir  le  sol 
d'une  fourmilière  de  propriétaires  féodaux,  recrutés  en  grande  partie  dans  le 


1692 


i 


lôt^i 


638  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


tiers  état,  mais  tout  aussi  insupportables  par  leurs  prétentions  8c  leurs  exi- 
gences que  les  barons  de  1  âge  héroïque. 

Ce  fut  ce  personnel  qui  se  jeta  avec  le  plus  d'empressement  sur  les  charges 
de  maires.  Dans  la  plupart  des  communes  de  Languedoc,  il  y  avait  contesta- 
tion entre  le  seignevir  engagiste  &c  les  habitants,  au  sujet  de  la  qualité  des 
terres,  nombre  de  propriétaires  fonciers,  qui  ne  possédaient  que  des  biens 
ruraux,  ayant,  à  diverses  époques,  usé  de  leur  influence  pour  altérer  le 
cadastre  à  leur  profit.  Celui  qui  acquérait  au  bureau  du  domaine  un  petit 
fief  noble,  ne  manquait  guère  d'en  grossir  l'importance  5t  d'en  reculer  les 
limites.  La  possession  de  la  mairie,  surtout  de  la  mairie  héréditaire,  parais- 
sait un  moyen  très-efficace  pour  asseoir  de  plus  en  plus  l'autorité  des  petites 
dynasties  locales  qui  se  fondaient  de  tous  côtés  à  beaux  deniers  comptants. 

Cette  tendance  était  naturellement  fort  antipathique  aux  populations  des 
communes;  aussi  le  ministère  crut-il  devoir  l'encourager,  pensant  avec  raison 
que,  plus  l'innovation  serait  onéreuse,  plus  le  pays  ferait  de  sacrifices  pour 
s'en  affranchir. 
"j^Tâ  Un  arrêt  du  conseil  d'Etat,  rendu  le  2  juin  1693,  permit  aux  seigneurs  de 

la  province  de  Languedoc  d'acquérir  les  offices  de  maires  dans  leurs  domaines 
&  d'en  faire  exercer  les  fonctions  par  leurs  officiers  dans  l'étendue  de  leur 
juridiction.  C'était  le  dernier  mot  de  la  révolution  municipale.  Le  roi  détrui- 
sait l'œuvre  de  ses  prédécesseurs. 

L'application  de  cette  mesure  mit  le  désordre  partout.  Les  communes,  qui 
souffraient  avec  peine  la  résurrection  de  la  propriété  féodale,  dont  les  titres 
renaissaient  journellement  dans  les  bureaux  du  domaine,  furent  en  proie 
aux  plus  vives  agitations.  Il  fallait  à  tout  prix  empêcher  l'établissement  de 
ces  petits  despotismes  locaux.  La  jurisprudence  indiquait  un  procédé  unique, 
le  rachat  des  offices  vendus.  Ce  fut  aussi  le  parti  que  prirent  tous  les  centres 
de  population  assez  riches  pour  en  faire  les  frais;  &,  durant  quelques  années, 
on  ne  vit  qu'un  chassé-croisé  de  contrats  d'acquisitions  de  mairies  par  des  sei- 
gneurs ou  de  riches  bourgeois,  &  de  contrats  de  surenchère  par  les  habitants 
pour  obtenir  l'extinction  de  l'office  8<.  sa  réunion  au  patrimoine  de  la  com- 
munauté. On  désintéressait  l'acquéreur  en  lui  payant  son  capital  d'ac^iat  Se 
les  intérêts  de  la  somme,  &,  en  fin  de  compte,  le  trésor  gardait  le  prix  de  la 
vente  sans  avoir  rien  vendu. 

Il  ne  saurait  entrer  dans  notre  plan  de  donner  ici  le  détail  de  ces  innom- 
brables opérations,  qui  consommèrent  une  quantité  prodigieuse  de  papier 
timbré.  Un  épisode  assez  curieux  est  celui  de  l'acquisition  de  la  mairie 
d'Albi  par  l'archevêque  Le  Goux  de  la  Berchère,  à  la  suite  d'un  traité  conclu 
avec  M.  de  A'Iarliave,  premier  acquéreur.  L'arrêt  du  conseil  qui  ratifia  cette 
transaction  déclara  que  la  mairie  de  la  ville  demeurait  «  à  l'avenir  unie  Si 
«  incorporée  à  l'archevêché.  »  Rien  de  plus  étrange  que  ce  retour  en  arrière 
sous  un  régime  de  centralisation  bureaucratique.  Le  prélat,  du  reste,  dans 
la  requête  qui  servit  de  base  à  l'arrêt  du  conseil,  indiquait  très-nettement  le 
caractère  du  fait.  Il  avait  cru,  disait-il,  être  d'autant  plus  obligé  de  solliciter 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  689 

cette  incorporation,  que  «  par  plusieurs  titres  incontestables  &  une  posses- 
<i  sion  immémoriale,  ses  officiers  jouissaient  de  tous  les  droits  attribués  aux 
■<  maires,  notamment  de  recevoir  le  serment  des  consuls  6c  de  présider  à 
«  toutes  les  assemblées  tenues  dans  l'hôtel  de  ville.  »  Par  un  privilège  spécial, 
l'archevêque  fut  dispensé  du  serment  que  la  loi  imposait  aux  acquéreurs  des 
oftîces  municipaux,  St  le  conseil  d'Etat  décida  que  les  autres  archevêques 
d'Albi,  ses  successeurs,  ne  prêteraient  qu'un  seul  serment  de  fidélité  entre 
les  mains  du  roi,  tant  comme  prélats  que  comme  maires'.  Qvielques  années 
plus  tard,. la  mairie  de  Monestier  tut  également  unie  à  l'archevêché  d'Albi^. 

Dans  la  capitale  de  la  Province,  l'innovation  mit  le  monde  capitulaire  en. 
grand  émoi,  La  bourgeoisie  se  faisait  une  si  haute  idée  de  ses  privilèges 
qu'elle  ne  pouvait  croire  au  renversement  de  l'ordre  ancien.  Les  bruits  les 
plus  contradictoires  se  répandirent  :  on  attribuait  à  divers  grands  seigneurs 
méridionaux  l'intention  d'acquérir  la  charge,  que  l'importance  de  la  ville  £c 
les  rapports  journaliers  avec  le  Parlement  rendaient  considérable.  Un  person- 
nage de  haut  rang  pouvait  seul,  disait-on,  accepter  le  rôle  de  maire  de  Tou- 
louse S<  l'exercer  avec  le  prestige  obligé. 

Ce  fut  un  membre  du  Parlement,  nommé  Jean  Daspe,  qui  s'offrit  au  con- 
seil des  finances.  Il  proposait  de  verser  quatre-vingt  mille  livres,  à  condition 
d'obtenir  une  déclaration  du  roi  qui  lui  attribuerait  un  logement  dans  l'hôtel 
de  ville,  le  droit  de  participer  à  la  nomination  des  capitouls,  six  mille  livres 
de  gages  annuels,  avec  les  autres  avantages  communs  au  corps  capitulaire  81 
le  privilège  de  la  noblesse.  Le  conseil  des  finances,  prévoyant  les  protesta- 
tions qui  lui  arriveraient  de  Toulouse,  éprouvait  quelque  embarras;  mais  les 
rapports  de  Bâville  sur  la  gestion  des  capitouls  étaient  si  peu  flatteurs,  &  les 
preuves  de  leur  négligence  administrative  si  éclatantes  que  l'on  passa  outre. 


i6p3. 


'  Arrêt  du  conseil  d'État  du  |3  juillet  1694, 
portant  ratification  du  traité  conclu  par  l'arche- 
vcque  avec  M.  de  Marliave.  Lettres  patentes  don- 
nées à  Fontainebleau  au  mois  d'octobre  1694', 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Par- 
lement de  Toulouse.  EJits  &  déclarations,  XXVIII, 
P  68,  février  1699.  Union  de  la  mairie  de  Mones- 
tiès  à  l'archevêché  d'Albi. 

Voici,  relevés  dans  les  registres  du  Parlement  de 
Toulouse,  où  étaient  transcrits  les  contrats  d'ac- 
quisition, les  noms  de  quelques  maires  perpétuels 
pourvus  en  vertu  de  l'édit  du  mois  d'août  1692. 

Annonay  :  Jean -Joseph  Androl,  avocat  en  la 
cour  (240  livres  de  gages). 

BELBtRAiiD  :  François  Dulaur,  seigneur  du  lieu 
(27  livres  10  sols). 

Belcaire  :  François  Folquier. 

Belpecii  de  Gabxagois  ;  Charles  Banhe. 

BessiEres  :  Antoine  de  Manse. 


'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlomcnl  do 
Toulouse.  Édils  &  déclaration:,  XXVll,  f°  3oX. 


Cabcassonniî  :  Antoine  Danly. 

CoRUAiuEu  :  Antoine  Bourilhou. 

Colusaîi  :  François  Delon,  sieur  de  Tarrailhon. 

CuQ-TouizA  :  Henry  Lemasuyer,  procureur  gé- 
néral au  Parlement  de  Toulouse,  coseigiieur  du 
lieu. 

FosTES  :  Jean-Pons  de  La  Tude,  seigneur  du 
lieu. 

L'IsLE  n'ALtiGEOis  :  Jean  Rnynal,  puis  Jacques 
de  Foucaud. 

Mauvaizin  :  Sylvestre  Darquier  de  Mauléon. 

MoMEsyuiEU  :  Louis  de  Pailhcs,  notaire  royal. 

Saim-Gebmaim  de  CALnEr.TE  &  SAiN-r-ANnr.É  de 
Lascize  :  David  de  la  Fabrégue,  juge  desdits  lieux. 

Saint-Juery  :  Antoine  de  Gontier. 

Saint-Papoul  :  Bertrand  Molinier. 

Tet.sac  :  Bertrand  de  Nupces. 

■Villefranche  de  Roiergue  :  Guillaume  d'Ar- 
ribat,  sieur  de  Salvaignac. 

N'illeneuve  :  Jean  Martin  '. 

'  liecueil  des  l'dils  ô  déclarations,  XXVII. 


—^ 640  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  députés  de  la  ville,  ayant  donné  l'alarme,  on  porta  l'affaire,  le  27  fé- 
vrier i6g3,  devant  le  conseil  de  bourgeoisie.  M.  d'Ambelot,  chef  du  consis- 
toire, demanda  si  la  ville  de  Toulouse,  qui  s'était  distinguée,  dans  toutes  les 
rencontres,  par  son  zèle  Se  son  attachement  aux  intérêts  de  Sa  Majesté,  8c 
qui,  depuis  trois  ans,  l'avait  particulièrement  assistée  de  secours  extraordi- 
naire, ne  devrait  point  solliciter  la  révocation  de  l'édit. 

On  écrivit  des  lettres  pressantes  à  l'intendant  afin  de  l'intéressera  la  cause. 
Toulouse  ne  pourrait-elle  obtenir  une  exception  pareille  à  celle  dont  jouis- 
saient Paris  8c  Lyon?  Si  ^a  charge  devait  nécessairement  être  vendue,  la  ville 
n'aurait-ellc  pas  la  préférence? 

Ce  projet  d'acquisition  par  la  commune,  en  vue  d'obtenir  la  réunion  8c 
l'extinction  de  la  charge,  fut  débattu  dans  les  conseils,  mais  avec  mollesse. 
Plus  tard,  on  accusa  le  chef  du  consistoire  d'avoir  retenu  la  lettre  d'avis  du 
traitant  dans  un  intérêt  particulier,  ce  qui  empêcha  le  corps  municipal  d'agir 
en  temps  utile  8c  de  surenchérir  efficacement.  On  délibéra  pourtant  d'offrir 
au  roi  dix  mille  livres  de  plus  que  l'acquéreur  n'en  avait  payé.  Mais 
M.  Daspe  tenait  à  sa  charge;  il  contre-battit  vigoureusement  à  la  Cour  les 
démarches  capiiulaires,  8c  ne  négligea  rien  pour  s'assurer  la  possession  de  la 
mairie. 

Le  7  avril  1698  parut  une  déclaration  du  roi  expressément  destinée  à 
régler  les  attributions  du  maire  de  Toulouse.  On  y  reconnaissait  que  l'édit 
de  1692  avait  besoin  d'interprétation  dans  les  villes  du  royaume  qui  jouis- 
saient d'usages  particuliers,  concernant  l'administration  de  la  police  8c  la 
nomination  des  officiers  municipaux.  La  capitale  du  Languedoc  se  trouvait 
en  possession  de  plusieurs  prérogatives  qui  pouvaient  donner  lieu  à  des  con- 
flits entre  le  maire  perpétuel  8c  les  capitouls.  Le  roi  voulait  prévenir  ces  que- 
relles en  déterminant  avec  précision  les  droits  de  chacun. 

La  déclaration  commençait  par  écarter  l'opposition  du  corps  capitulaire 
contre  le  principe  d'un  établissement  commun  à  la  France  entière.  Toulouse 
aurait  son  maire  perpétuel,  comme  toutes  les  autres  villes  de  la  Province.  Ce 
maire  présiderait  les  assemblées  électorales  tenues  dans  l'hôtel  de  ville  pour 
le  renouvellement  de  l'administration  :  il  ferait,  par  dérogation  expresse  à 
l'arrêt  du  10  novembre  1687,  la  réduction  à  vingt-quatre,  des  quarante-huit 
candidats  proposés  pour  les  huit  places  de  capitouls,  ayant  voix  prépondé- 
rante en  cas  de  partage.  Les  élections  capitulaires  devaient  à  l'avenir  se  faire 
le  f^mars,  la  date  traditionnelle,  qui  était  celle  du  26  novembre,  coïncidant 
avec  la  session  des  Etats  où  le  maire  avait  rang  comme  premier  député  de  la 
ville.  Dans  les  assemblées  générales  8c  particulières  de  la  maison  commune, 
cju'il  pouvait  seul  convoquer,  le  inaire  prendrait  place  8c  opinerait  immédia- 
tement après  l'avocat  8c  le  procureur  général  du  Parlement;  il  présiderait 
aux  jugements  des  procès  civils  8c  criminels  de  la  compétence  des  capitouls. 
S'il  était  membre  du  Parlement,  il  aurait  la  faculté  de  se  joindre  à  ses  collè- 
gues dans  les  processions  8c  autres  cérémonies  publiques,  même  en  l'absence 
du  corps  municipal.  Il   porterait  le  manteau  comtal  dans  les  audiences  de 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  641 

l'hôtel  de  ville,  8c  marcherait  seul  à  la  tête  des  capitouls.  Son  nom  figurerait 
en  première  ligne  au  frontispice  des  ordonnances  &  placards.  Il  commande- 
rait au  capitaine  de  la  santé,  au  commissaire  des  visites  8<  à  leurs  gardes,  aux 
dizainiers,  officiers  &  soldats  de  la  compagnie  du  guet,  dans  toute  l'étendue 
de  la  ville  &  du  gardiage,  8c  participerait  à  leur  nomination  8c  à  leur  desti- 
tution. Il  aurait  entre  ses  mains  une  clef  des  archives  8c  une  clef  de  l'arsenal. 
II  jouirait  d'un  logement  à  son  choix  dans  l'hôtel  de  ville,  même  avec  faculté 
d'en  faire  déguerpir,  sur  première  réquisition,  l'officier  dont  l'appartement 
lui  conviendrait.  Il  percevrait  le  droit  de  robe  attribué  aux  capitouls  8c  atta- 
cherait comme  eux  à  sa  personne,  aux  frais  de  la  ville,  un  sergent  8c  un 
valet.  Il  présiderait  à  l'audition  des  comptes,  prendrait  part  à  la  collation  des 
lettres  de  maîtrise  8c  pourrait  assister  aux  assemblées  des  hôpitaux;  sa  pré- 
sence serait  nécessaire  dans  les  adjudications  des  divers  impôts,  8c  quatre 
archers  du  guet  demeureraient  constamment  à  sa  disposition. 

Tous  les  termes  de  cette  déclaration  répondaient  aux  désirs  du  conseiller 
Daspe.  Au  bout  de  peu  de  jours  il  conclut  son  marché',  8c  comme  le  syndic 
de  la  ville  protestait,  en  invoquant  la  surenchère  de  dix  mille  livres,  un  arrêt 
du  conseil  déclara  cette  opposition  nulle  8c  non  avenue^.  Au  mois  de  sep- 


'  Voici  le  texte  de  la  quittance  : 

«  J'ay  receu  de  M.  Jean  Daspe,  conseiller  au 
Parlement  de  Toulouse,  la  somme  de  cent  mil 
livres  pour  la  finance  de  conseiller  du  roy  maire 
de  la  ville  &  communauté  de  Toulouse,  créé  héré- 
ditaire par  édit  du  mois  d'aoust  1(192,  pour  en 
jouir  par  le  pourveu  aux  gaigfS  de  cinq  1T11I  livres 
par  an,  à  prendre  par  préférence  à  tous  debtes  & 
charges  sur  les  deniers  communs,  patrimoniaux 
&  d'octroy  de  ladite  ville,  aux  honneurs,  droits, 
prééminences,  privilèges,  fonctions,  attributions, 
exemption  de  tutelle,  curatelle,  guet  &  garde,  ban 
&  arrière-ban,  tailles,  taillon,  logement  des  gens 
de  guerre,  esmolumenis  des  Estats  &  autres,  le  tout 
ainsi  qu'il  est  plus  au  long  rapporté  par  ledit  édit 
&  par  la  déclaration  du  7'  avril  dernier. 

<i  Fait  à  Paris,  le  20'  jour  de  may  1693. 

«  Quittance  du  trésorier  des  revenus  casucU  de 
la  somme  de  cent  mil  livres. 

n  Signé  Bebtin  '.  u 

'  Il  Le  roy  ayant  accepté  les  offres  faites  par  le 
tieur  Daspe,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
de  payer  entre  les  mains  d'Antoine  Gatte  sur  les 
quittances  du  trésorier  des  revenus  casuels  la 
somme  de  cent  mil  livres  pour  la  finance  princi- 
pale de  l'office  de  maire  de  ladite  ville  de  Tolose 
créé  héréditaire  par  l'édit  du  mois  d'aoust  1692  8t 
celle  de  dix  mil  livres  pour  les  deux  sols  pour 
livre  de  ladite  finance  sur  la  quittance  dudit 
Gatte,   ledit  office    auroit   esté  comprins   au    rôle 

'  Archives  de  Toulouse.  Lirre  des  comeils,  XXXIV,  p.  5O 

xni. 


arresté  au  conseil  le  présent  mois  de  may  pour 
ladite  somme  de  cent  mil  livres  &  les  deux  sols 
pour  livre;  en  conséquence  duquel,  ledit  sieur 
Daspe  auroit  vouleu  obtenir  des  provisions  dudit 
office,  ce  qu'il  n'auroit  pu  faire,  attende»  une 
opposition  formée  entre  les  mains  du  garde  des 
rôles  à  cause  d'une  prétendue  enchère  de  dix  mil 
livres  au  pardessus  de  la  finance  du  rôle,  faite  à 
la  requête  du  syndic  de  ladite  ville  de  Toulouse  le 
9  du  présent  mois,  sans  aucune  consignation  au 
bureau  dudit  Gatte,  ce  qui  ne  peut  partir  que 
d'une  mauvaise  intention  &  dans  le  dessein  de 
fatiguer  &  esloigner  ledit  sieur  Daspe,  à  quoy 
estant  nécessaire  de  pourvoir,  ouy  le  rapport  du 
sieur  Phelypeaux  de  Pontchartrain,  conseiller  or- 
dinaire au  conseil  royal,  contrôleur  général  des 
finances,  S\  Majesté  en  son  conseil  a  ordonné  81 
ordonne  que,  sans  s'arrester  à  la  prétendue  en- 
chère de  la  somme  de  dix  mil  livres  faite  par  le 
syndic  de  la  ville  de  Tolose  au  pardessus  de  celle 
de  cent  mil  livres  ii  laquelle  l'office  de  maire  de 
ladite  ville  est  porté  au  rôle  arresté  au  conseil  le 
12^  may  de  la  présente  année,  que  les  provisions 
dudit  office  seront  expédiées  au  profit  dudit  sieur 
Daspe  pour  ladite  somme  de  cent  mil  livres  &  les 
deux  sols  pour  livre,  nonobstant  toutes  enchères 
faites  &  à  faire,  quoy  faisant,  les  gardes  des  rôles 
&  tous  autres  seront  &  demeureront  bien  8c  vala- 
blement déchargés. 

«  Fait  au  conseil  d'Etat  du    roy  tenu  à  Paris  Is 
26'  jour  de  may  1693 

«  Signé  DujABDiN.  » 

4« 


l6i;J 


642 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


tembre  suivant,  le  ministère  modifia,  dans  la  même  forme,  le  droit  de  suf- 
frage accordé  au  maire  en  toutes  les  assemblées  de  l'hôtel  de  ville'. 

Le  maire  de  Toulouse  fut  donc  installé,  8<  jouit  de  tous  les  avantages  que 
lui  assuraient  l'édit  Sî.  la  déclaration,  sans  oublier  sa  place  perpétuelle  aux 
États  de  Languedoc^. 

L'historien  Lafaille  avait  obtenu  de  la  libéralité  des  capitouls  une  petite 
maison  renfermée  dans  l'enclos  de  l'hôtel  de  ville,  dont  il  s'était  plu  à  décorer 
les  appartements.  M.  Daspe  n'eut  rien  de  plus  pressé  que  d'en  exiger  l'éva- 
cuation, ainsi  que  l'acte  royal  l'y  autorisait.  Lafaille  fit  quelque  résistance; 
les  capitouls  offrirent  de  construire  ailleurs,  dans  les  bâtiments  communaux, 
un  logis  digne  de  leur  nouvel  hôte;  mais  on  dut  céder,  &  l'annaliste  toulou- 
sain, à  qui  l'on  vota  une  indemnité  de  cinq  mille  livres,  fut  contraint  d'aller 
s'établir  ailleurs. 

Quand  M.  Daspe  voulut  prendre,  avec  ses  anciens  confrères  du  Parlc- 


■  «  Le  roy  s'estant  fait  représenter  en  son  con- 
seil la  déclaration  de  Sa  Majesté  du  septième  avril 
1693  servant  de  règlement  pour  les  fonctions, 
droits  8c  prérogatives  du  maire  de  la  ville  de  To- 
lose,  par  laquelle  Sndite  Majesté  veut  que  ledit 
maire  convoque  les  assemblées  générales  &  parti- 
culières qui  seront  tenues  pour  les  affaires  de 
ladite  ville  dans  l'hostel  &  maison  commune 
d'icelle  &  qu'il  y  ait  rang,  séance  &  opinion  en 
la  manière  portée  par  ladite  déclaration,  &  Sa 
Majesté  ayant  esté  informée  que  les  capitouls, 
quoyqu'ils  assistent  auxdites  assemblées  générales 
qui  se  tiennent  trois  ou  quatre  fois  l'année,  n'y 
ont  point  de  suffrages,  mais  que  l'usage  est  que 
chacun  desdits  capitouls  nomme  quatre  habitans 
domiciliés  dans  son  capitoulat,  qu'il  appelle  ses 
envoyés,  lesquels  ont  séance  8c  opinion  èsdites 
assemblées,  &  Sa  Majesté  ne  voulant  pas  qu'il 
soit  innové  audit  usage,  ouy  le  rapport  du  sieur 
Phelypeaux  de  Pontchartrnin ,  conseiller  ordi- 
naire au  conseil  royal,  contrôleur  général  des 
finances, 

«  Le  Roy  en  son  conseil  a  ordonné  8c  ordonne 
qu'au  lieu  8c  place  du  droit  d'opiner  qu'Elle  avait 
accordé  par  sa  déclaration  du  septième  avril  itpj 
au  maire  de  Toulouse  èsdites  assemblées  générales, 
ledit  maire  y  puisse  appeler  8c  faire  entrer  un 
habitant  de  chacun  des  huit  quartiers  ou  capi- 
toulats  de  la  ville,  lesquels  auront  rang,  séance  8c 
opinion  èsdites  assemblées  générales,  tout  ainsi 
qu'en  jouissent  les  quatre  envoyés  de  chaque  capi- 
toul,  8c  en  la  même  forme  8c  manière  qu'il  est 
pratiqué  à  leur  esgard.  Enjoint  Sa  Majesté  au 
sieur  de  Lamoignon  de  Basvilie,  conseiller  d'Etat, 
intendant  de  justice,  police  8c  finances  de  la  pro- 
vince de  Languedoc,  de  tenir  exactement  la  main 
h.  l'exécution    du  présent  arrest. 

fr  Fait  au  conseil  d'Etat  du  roy,  tenu  à  Versail- 


les le  quinzième   jour  de  septembre   lûpj.   CoUa- 
tionné.  —  Ranciiin  '.  » 

'  Les  maire  8c  capitouls  Je  Toulouse,  juges  es 
causes  civiles,  criminelles  8c  de  la  police  en  ladite 
ville  8c  gardiage  d'icelle,  à  tous  ceux  qui  ces  pré- 
sentes verront,  salut.  Sçavoir  faisons  8c  attestons 
comme  en  conséquence  de  la  délibération  tenue 
aujourd'hui  en  conseil  général  dans  l'hostel  de 
ville.  Nous  avons  constitué  8c  par  ces  présentes 
constituons  pour  nos  procureurs  Messire  Ji;an 
Daspe,  conseiller  du  Roy  au  Parlement  de  Tou- 
louse, maire  de  la  ville,  8c  M.  Guillaume  de  Pra- 
dines,  avocat,  capitoul  8c  assesseur,  comme  ayant 
droit,  sçavoir  Messire  Jean  Daspe,  en  qualité  de 
maire,  suivant  l'édit  de  Sa  Majesté  du  mois  d'aoust 

1692,  8c  ledit  sieur  de  Pradines,  comme  assesseur, 
suivant  la  déclaration  de  Sa  Majesté  du  4  octobre 

1693,  d'assister,  avoir  rang,  séance  8c  opinion 
dans  l'assemblée  des  Estats  généraux  de  la  pro- 
vince de  Languedoc,  mandés  par  le  Roy  à  Nar- 
bonne,  au  26'  du  présent  mois,  pour,  dans  ladite 
assemblée,  dire,  proposer  8t  remontrer  leurs  plain- 
tes 8c  doléances  8c  ce  qu'il  conviendra  faire  pour 
le  service  de  Sa  Majesté  8c  utilité  de  la  Province 
en  général  8c  en  particulier  de  ladite  présente 
viUe,  consentir,  dissentir,  accorder,  discorder  8c 
faire  tout  ainsi  en  ladite  charge  comme  nous  fai- 
rions  si  en  personne  y  estions,  promettant  avoir 
pour  agréable  tout  ce  que  par  lesdits  sieurs  Daspe 
8c  de  Pradines  sera  fait,  géré  8c  négocié  sous  l'obli- 
gation des  biens  patrimoniaux  de  la  ville.  En  té- 
moin de  quoy  nous  avons  fait  expédier  cesdites 
présentes  par  nostre  greffier  £c  secrétaire,  d.uem.ent. 
de  nous  signées  Se  scellées  de  nostre  scel  ordin.iire. 
A  Tolose,  ce   16''  novembre  1694'. 

'  Archives  de  Toulouse.   Livre   des   couseîlF,   XXXI V, 
f-121. 
»  Archives  de  Tnnlou'ic.  Livre  lies  caries,  p.  212. 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  648 

ment,  les  façons  hautaines  dont  il  usait  à  l'égard  du  corps  municipal,  il 
trouva  forte  partie.  Il  commença  d'indisposer  l'irascible  compagnie  en  dispu- 
tant la  présidence  à  ses  commissaires  dans  les  assemblées  de  l'hôtel  de  ville  8c 
en  se  faisant  accompagner  à  travers  les  rues  par  les  hallebardiers  qui  mar- 
chaient autour  de  sa  chaise.  On  l'accusa  bientôt  d'avoir  trempé  dans  des 
négociations  peu  délicates  avec  des  marchands  de  grains,  &  de  s'être  prêté  à 
faire  sortir  secrètement  du  blé  pendant  la  nuit,  ce  qui  avait  causé  ime  hausse 
soudaine;  des  attroupements  se  produisirent  aux  portes  des  boulangers  qui, 
assaillis  par  une  foule  de  pauvres,  n'osaient  plus  exposer  de  pain  en  vente. 

La  cour  manda  le  maire  au  palais  Si  le  fit  expliquer  sur  sa  conduite.  II 
déclara  n'avoir  agi  que  d'après  les  ordres  de  l'intendant.  La  multitude  s'était 
amassée  sur  la  place  du  palais  &  sur  celle  du  Salin,  Deux  présidents  &  les 
gens  du  roi  furent  contraints  de  faire  monter  M.  Daspe  dans  leur  carrosse  Se 
de  l'accompagner  jusqu'à  l'hôtel  de  ville.  Partout,  sur  son  passage,  on  le 
huait.  Les  capitouls  chevauchaient  auprès  du  carrosse  avec  la  troupe  du  guet  : 
on  commença  de  faire  voler  des  pierres.  L'un  des  capitouls,  pour  écarter  la 
presse,  fit  tirer  deux  coups  de  mousquet  sans  balle  qui  redoublèrent  l'em- 
portement &  les  clameurs,  5c  se  vit  réduit,  pour  se  défendre,  à  décharger  son 
pistolet  sur  un  grand  laquais,  qui  était  précisément  au  service  du  syndic 
iîailot.  Cette  émotion  populaire  fut  longtemps  connue  à  Toulouse  sous  le 
nom  de  sédition  de  Lafaille,  à  cause  du  triste  rôle  qu'y  avait  joué  le  valet  de 
son  neveu. 

Le  lendemain  de  cette  émeute,  les  mêmes  scènes  turbulentes  se  renouvelè- 
rent sur  le  Pont-Neuf,  à  la  sortie  de  l'assemblée  de  l'hôpital.  Plus  de  deux 
mille  personnes  étaient  accourues  pour  assister  au  défilé  du  maire;  on  envoya 
quérir  le  guet  &  les  gardes  bourgeoises,  qui  protégèrent  sa  voiture  8t  lui  per- 
mirent de  s'enfermer  sain  8>t  sauf  dans  l'hôtel  de  ville,  malgré  une  grêle  de 
pierres  8c  les  clameurs  de  la  foule,  qui  criait  à  gorge  déployée  :  «  Le  voilà! 
«  le  voilà!  »  8c  menaçait  de  le  mettre  en  pièces. 

Quelques  jours  après,  M.  Daspe  s'alla  plaindre  à  Montpellier,  auprès  de 
Bàville,  du  mépris  qu'on  faisait  de  sa  charge  8c  de  sa  personne.  L'intendant 
écrivit  au  Parlement  que,  suivant  la  volonté  du  roi,  le  maire  devait  jouir  de 
tous  les  droits  attachés  à  son  office.  A  son  retour,  le  malheureux  magistrat 
modéra  pourtant  ses  prétentions  :  il  cessa  de  contester  la  présidence  aux  com- 
missaires de  la  cour  dans  le  bureau  des  comptes  8c  finit  par  supprimer  son 
escorte  de  hallebardiers,  sans  rien  diminuer  d'ailleurs  de  l'autorité  absolu» 
qu'il  avait  prise  dans  l'hôtel  de  ville'. 

La  construction  de  forts,  l'armement  de  châteaux  de  garde,  l'ouverture  des 
chemins  royaux  Se  l'organisation  des  milices  ne  furent  pas  les  seuls  expé- 
dients imaginés  par  le  ministère  pour  venir  à  bout  de  la  sourde  résistance 
des  Cévennes.  Le  conseil  du  roi  forma  le  dessein  de  créer  une  nouvelle  cir- 
conscription territoriale,  à  la  fois  religieuse  8c  administrative,  qui  permît  de 

Archives  de  Toulouse.   Testnment  syitJtcal  Ae  M.  de  I.afct'dlc,  p.  79. 


1693 


-^^ 644  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

surveiller  de  plus  près  l'état  spirituel  8<.  temporel  du  massif  des  montagnes 
situées  entre  le  diocèse  d'Uzès  &  le  Rouergue. 

Au  point  de  vue  religieux,  les  rapports  de  l'intendant  8c  des  commandants 
militaires  étaient  unanimes.  La  foi  catholique  n'avait  pas  tait  le  moindre 
progrès  dans  le  cœur  des  nouveaux  convertis.  La  crainte  seule  les  ren- 
dait sages;  mais  ils  montraient  une  indiftérence  austère  pour  les  cérémonies 
de  rÉoTise  romaine.  «  Il  est  impossible,  disait  Bâville,  qu'ils  demeurent  sans 
«  culte  &.  sans  exercice  de  religion  '.  »  Il  espérait  bien  que  les  chefs  de 
famille  les  plus  opiniâtres  mourant  tous  les  jours,  ainsi  que  les  principaux 
ministres,  réfugiés  à  l'étranger,  la  volonté  du  roi  aurait  plus  de  prise  sur  les 
nouvelles  générations,  élevées  loin  des  temples  &  des  pasteurs;  il  comptait 
sur  la  diffusion  des  écoles  pour  opérer  cette  métamorphose,  mais,  par-dessus 
tout,  il  réclamait  l'épuration  du  clergé. 

«  liC  plus  grand,  écrivait-il,  le  plus  solide  8<,  je  puis  le  dire,  l'unique 
<(  expédient  efficace  est  de  former  de  bons  prêtres  pour  être  curés  &  vicaires 
«  dans  les  paroisses.  Lors  de  la  conversion  générale,  il  s'est  trouvé  de  fort 
<c  mauvais  sujets  pour  remplir  la  plupart  de  ces  places.  On  a  ôté  la  plupart 
<(  des  mauvais;  maintenant  il  faut  penser  aux  moyens  d'y  en  mettre  de  bons 
«  S<.  qui  sachent  prêcher;  car  toute  la  dévotion  des  gens  de  la  religion  consiste 
<i  à  entendre  la  parole  de  Dieu.  On  ne  réussira  jamais  auprès  des  nouveaux 
<(  convertis,  si  l'on  n'a  pas  quelques  talents  pour  prêcher.  »  La  direction  des 
maisons  d'enseignement,  des  missions  de  prédicateurs  périodiquement  envoyés 
dans  les  Cévennes  &,  plus  que  toutes  choses,  l'inspection  des  curés  dissé- 
minés dans  ces  pays  perdus,  au  milieu  de  populations  hostiles  ou  méfiantes, 
réclamaient  une  vigilance  plus  prochaine  que  celle  de  l'évêque  de  Nimes. 

Le  diocèse  de  Nimes,  fort  étendu  en  longueur,  dans  la  direction  du  sud- 
est  au  nord-ouest,  comprenait  en  réalité  deux  régions  distinctes  :  les  plaines 
basses  &  les  plateaux  ondulés  qui  s'étendent  entre  le  Gardon,  le  Rhône,  le 
Vidourle  &  la  mer  &  le  réseau  de  gorges  protondes  qui  s'élèvent  graduelle- 
ment jusqu'à  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  le  bassin  de  la  Méditerranée 
&  de  l'Océan,  sur  les  confins  du  Gévaudan  &c  du  Rouergue.  C'est  de  cette 
partie  nord -occidentale  du  diocèse,  la  plus  âpre,  la  plus  difficile,  la  plus 
obstinée  dans  son  attachement  à  la  Réforme,  que  l'on  proposa  de  former  une 
nouvelle  circonscription.  On  lui  laissait  pour  limites,  dans  la  majeure  partie 
de  son  périmètre,  celles  des  diocèses  d'Uzès,  de  Mende,  de  Vabre,  de  Lodève 
&  de  Montpellier,  81  la  ligne  de  séparation  du  diocèse  de  Nimes  allait.relicr 
les  sources  du  Lez  au  confluent  des  deux  Gardons,  les  deux  premières 
paroisses  du  nouveau  diocèse,  du  côté  de  Nimes,  étant  celles  de  Sauve  &  de 
Vezenobre. 

Pour  capitale  du  diocèse,  on  choisit  Alais,  centre  de  population  le  plus 
important  de  la  contrée,  siège  d'un  chapitre  collégial. 

■  Mémoire  hlstorlijue  &  polit!<jae  sur  la  province  de  Languedoc.  Estât  de  la  religion  à  l'égard  des 
nouveaux  convertis. 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  640  ~T 

II  fallait  asseoir  les  revenus  de  1  evêclié  sur  un  tonds  suffisant.  Le  conseil 
pensa  que  les  domaines  de  l'antique  abbaye  de  Psalmodi,  sécularisée  depuis 
le  seizième  siècle  par  le  pape  Paul  III,  Si  transférée,  à  la  même  époque,  dans 
la  ville  d'Aigues-mortes,  povivaient  être  employés  à  cette  destination'.  Le 
chapitre  de  Saint-Pierre  de  Psalmodi,  en  quittant  les  atterrissements  mal- 
sains des  étangs  pour  la  cité  de  saint  Louis,  n'y  avait  guère  trouvé  meilleur 
climat  8c  ne  se  piquait  point  de  régularité.  Comme  tant  d'autres  créations 
de  l'âge  de  ferveur  monastique,  ce  corps,  d'où  la  vie  s'était  retirée,  attendait 
sa  métamorphose.  La  suppression  en  fut  décidée,  &  l'on  obtint  l'adhésion  de 
l'abbé  de  Calvière,  dernier  titulaire  de  la  commende. 

Le  siège  épiscopal  des  Cévennes  demandait  \\n  prélat  zélé.  Le  choix  du  roi 
s'arrêta,  dès  l'année  1687,  sur  François  Chevalier  de  Saulx,  noble  poitevin, 
docteur  de  Sorbonne,  qui  avait  été  employé  depuis  longtemps  à  convertir  les 
montagnards  de  Languedoc  8c  que  l'on  disait  y  avoir  donné  des  preuves  de 
sagesse'. 

Plusieurs  années  s'écoulèrent  avant  que  l'évêque  d'Alais  ne  pût  recevoir  la 
consécration  ecclésiastique.  Louis  XIV  avait  chargé  le  cardinal  de  Janson, 
évêque  Se  comte  de  Beauvais,  pair  de  France  8c  commandeur  du  Saint-Esprit, 
de  traiter  l'affaire  avec  le  pape,  à  cause  du  démembrement  spirituel  du  dio- 
cèse, de  la  nouvelle  attribution  des  bénéfices  8c  de  la  suppression  du  titre 
abbatial. 

Les  transformations  de  ce  genre  étaient  nécessairement  fort  compliquées, 
par  suite  de  la  multiplicité  des  intérêts  qui  se  trouvaient  atteints.  Il  fallait 
désintéresser  de  nombreux  usufruitiers,  déplacer  des  juridictions,  modifier  un 
cérémonial  séculaire  8c  porter  atteinte  à  des  prérogatives  honorifiques  dont 
les  communautés  ne  cessaient  pas  de  se  montrer  jalouses,  lors  même  qu'elles 
déployaient  le  moins  d'exactitude  dans  l'accomplissement  de  leurs  obligations. 

Au-dessus  de  ces  difficultés  de  détail  reparaissait  d'ailleurs  l'éternelle  que- 
relle du  sacerdoce  8c  de  l'empire,  8c  cet  antagonisme  de  droits  assez  mal 
définis  que  les  concordats  n'avaient  pas  réglés. 

L'érection  de  l'évêché  d'Alais  donna  lieu  à  quelques  négociations  délicates 
avec  le  Saint-Siège.  Le  pape  Innocent  XII  prétendait  que  les  informations 
préliminaires  ordonnées  par  les  lois  de  l'Eglise  devaient  être  faites  devant  le 
nonce  apostolique.  Le  gouvernement  royal,  toujours  préoccupé  d'éviter  les 
interventions  administratives  de  la  cour  romaine  dans  les  affaires  du  clergé 
de  France,  refusait  d'accepter  ce  mode  de  procédure.  Après  de  longs  pourpar- 
lers, le  souverain-pontife  8c  le  roi  terminèrent  la  querelle  par  un  accommo- 
dement. Il  fut  décidé  que  le  cardinal  de  Bonzi  dirigerait  lui-même  l'enquête. 
Sa  double  qualité  d'archevêque  métropolitain  8c  de  prince  du  sacré-col lége 
conciliait  les  droits  de  la  couronne  8c  ceux  de  la  tiare. 

Le  prélat,  nommé  commissaire  du  Saint-Siège,  avec  délégation  spéciale 
pour  le  démembrement  du  diocèse  de  Nimes,  fit  comparaître  en  sa  présence 

'  Gall'ii  Chr'titiana.  Eccletia  Ncmauscnsis.  *  Gallia  Christiana.  Ecclesia  Alesientis. 


—^ 646  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dix  témoins,  dont  six  ecclésiastiques,  8<  les  interrogea  tour  à  tour  sur  treize 
chefs. 

Ces  témoins  étaient  i'évêque  d'Uz.ès,  Michel  Poncet,  à  qui  sa  résidence 
dans  un  diocèse  limitrophe  avait  permis  d'acquérir  une  connaissance  person- 
nelle du  paysj  l'abbé  de  la  Roche-Jacquelin,  docteur  de  Sorbonne,  mission- 
naire royal  en  Languedoc,  instruit  des  besoins  de  la  contrée  par  de  fréquents 
voyages  à  travers  les  Cévennes;  l'abbé  Robert  Pocquelin,  autre  docteur  de 
Sorbonne;  l'abbé  Mathias  Pecquot,  maître  de  théologie  8c  commandeur  du 
prieuré  de  Saint-Pierre  de  Rrige;  l'abbé  Desnault,  prêtre  d'Alais,  prieur 
de  Notre-Dame  de  Laval;  l'abbé  Pontier,  protonotaire  apostolique;  Jean 
d'Audibert,  comte  de  Lussan,  gentilhomme  d'Uzès,  chevalier  des  ordres  du 
roi;  Antoine  Vallin,  avocat  au  Parlement;  Jean  Alizon,  conseiller  au  sénéchai 
de  Nimes;  Jean  de  La  Tour,  habitant  de  Nimes. 

Tous  confirmèrent,  dans  leurs  dépositions,  l'exactitude  des  motifs  allégués 
par  le  gouvernement  royal  pour  }ustifier  la  création  d'un  nouvel  évêché.  Ils 
insistèrent  sur  le  grand  nombre  des  nouveaux  convertis  répandus  dans  la 
partie  occidentale  du  diocèse  de  Nimes,  &.  sur  les  difficultés  que  rencontrait 
I'évêque  à  y  remplir  ses  devoirs  pontificaux.  Sept  lieues  d'un  pays  sauvage, 
escarpé,  coupé  de  hautes  montagnes,  le  séparaient  de  ses  diocésains.  C'était 
assez,  pour  occuper  son  activité,  de  surveiller  les  quarante  mille  protestants 
devenus  catholiques,  soit  dans  la  ville  de  Nimes,  soit  dans  les  plaines  avoi- 
sinantes.  Les  cinquante  mille  autres,  répandus  dans  toutes  les  vallées  des 
Cévennes,  échappaient  nécessairement  à  sa  vigilance. 

La  ville  désignée  pour  servir  de  capitale  au  nouveau  diocèse  était  la  pre- 
mière ville  du  pays.  Suffisamment  spacieuse  &  bien  construite,  elle  possé- 
dait tout  ce  qui  pouvait  garantir  la  sécurité  du  siège  épiscopal  ;  de  bonnes 
murailles,  un  fort,  un  gouverneur,  une  garnison;  il  s'y  comptait  près  de 
dix-huit  cents  familles,  dont  plusieurs  de  gentilshommes,  presque  toutes  con- 
verties à  la  religion  romaine  depuis  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes'. 

L'exercice  du  culte,  conforme  à  la  dignité  des  cathédrales,  y  trouverait  des 
facilités  particulières  :  l'église  collégiale  Saint-Jean-Baptiste,  par  sa  vaste  nef, 
ses  six  chapelles  convenablement  décorées,  son  clocher,  ses  fonts  baptismaux, 
son  cimetière,  se  prêtait  à  devenir  église  épiscopale. 

Le  chef  religieux  du  futur  diocèse  ne  courait  pas  le  risque  d'être  isolé 
{^ans  sa  résidence;  trois  couvents  d'hommes,  l'un  de  dominicains,  l'autre  de 
cordeliers,  le  troisième  de  jacobins,  &  deux  couvents  de  femmes,  Sainte- 

'  Alesiense  oppidum,  Gebennarum   primarium,  iomos  seu  familias  continet  cirtiter  1796,  qiiarum 

capax,    elegans,   muro  cinctum,    arce   munitum,  miiltae    nobiles,    pleraeque   autem    e    Calviniana 

pra.'sidio  instriictum,  praefecto  ornatum,  familias  haeresi  recens  emersae;  urbs  est  aliunde  situ  pul- 

1796  circiter  continet,  inter  eas  compUires  nobi-  chra,  arce,  praesidio  &  praefecto  conspicua '.... 
litate  insignes  siint,  sed  omrtes  fere  ad   fidem  ca-  (Déposition  de  l'abbé  de  La  Roche  Jatijuelin.) 

Jholicara  ex  haeresi  Calviniana  conversae. 

'Déposition  de  I'évêque  d'Usés.)  '  Gallia   Chriitiartn.   Instrumenta   Ecclesiae  Alcsicnsis, 

col.   225.  Tesliliattioncs  de  utililalo  cicctionis  episcopatus 
Oppidum   Alesiense,   Gebennarum   primarium,       Alcsicnsis. 


LIV.   IH.  REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  647 

Ursule  &  Sainte-Claire,  cette  dernière  maison  honorée  du  titre  d'abbaye, 
faisaient  l'ornement  de  la  cité,  où  l'on  remarquait  aussi  une  confrérie  de 
pénitents-blancs,  une  association  du  Saint-Sacrement  &  un  hôpital  pour  les 
pauvres. 

Le  territoire  dont  le  roi  proposait  le  démembrement  était  évalué  à  dix  lieues 
de  large  sur  seize  lieues  de  long,  mesure  de  Francej  on  y  comptait  trente- 
six  bourgs  8<.  quarante-cinq  villages,  en  tout  quatre-vingt-neuf  paroisses.  Les 
témoins  s'accordaient  à  reconnaître  que  la  plupart  des  nouveaux  catholiques 
disséminés  dans  ces  divers  lieux  étaient  d'une  foi  vacillante,  mais  d'une  intel- 
ligence ouverte  &c  déliée,  très-aptes  à  recevoir  les  instructions  pastorales.  La 
parole  de  l'évêcjue  devait  les  fixer  d^ns  une  doctrine  certaine  &  les  arracher  à 
l'influence  des  prédications  dangereuses. 

Le  prélat  ne  trouverait  point  de  maison  ecclésiastique  en  état  de  lui  servir 
de  résidence,  mais  il  pourrait  en  louer  iine  qui  conviendrait  à  sa  qualité;  Si 
lorsque  le  diocèse,  suivant  l'usage  observé  en  Languedoc,  serait  disposé  à  faire 
les  frais  d'un  évêché,  l'on  connaissait  un  terrain,  appartenant  à  l'Eglise,  qui 
semblait  choisi  pour  cette  destination. 

Il  ne  serait  pas  plus  difficile  de  trouver,  à  proximité  de  la  cathédrale,  un 
emplacement  pour  établir  le  séminaire,  où  l'évêque,  par  ses  exhortations, 
raffermirait  les  vocations  douteuses. 

L'enquête  portait  également  sur  le  chapitre  de  Psalmodi,  dont  l'union  k 
l'évêché  d'Alais  faisait  partie  du  projet  royal.  Cette  abbaye  séculière  8c  collé- 
giale, dont  le  siège  avait  été  transféré  dans  la  ville  d'Aigues-mortes  8t  dont 
la  nomination  appartenait  au  roi  de  France  &  la  provision  au  pape,  formait 
un  chapitre  de  quinze  chanoines,  avec  doyen,  prévôt  &  archidiacre.  Les 
revenus  annuels  en  étaient  de  dix-huit  mille  livres,  provenant  de  dîmes,  de 
censives  &  de  biens-fonds,  en  prés  Se  en  salines.  Ces  chanoines  n'assistaient 
point  aux  offices  St  ne  résidaient  même  pas  durant  une  grande  partie  de 
l'année,  le  climat  insalubre  d'Aigues-mortes  &  les  chaleurs  de  l'été  leur 
imposant  des  voyages  obligatoires. 

Par  l'union  des  deux  collégiales  d'Alais  &  de  Psalmodi  en  une  cathédrale, 
on  aurait  l'avantage  d'assurer  à  l'évêché  des  revenus  convenables  Se  de  per- 
mettre la  résidence  aux  chanoines. 

L'assentiment  de  l'abbé,  du  chapitre,  de  l'évêque  de  Nimes,  le  vœu  des 
prélats  du  voisinage,  le  désir  personnel  de  l'archevêque  métropolitain  s'unis- 
saient à  la  volonté  du  roi. 

Le  23  septembre,  le  chapitre  de  Psalmodi  renouvela,  en  l'interprétant 
dans  le  sens  le  plus  large,  le  consentement  qu'il  avait  déjà  donné  l'année 
précédente  au  projet  de  translation.  On  avait  réussi  à  rassembler  dix  cha- 
noines pour  signer  cet  acte,  les  autres  se  trouvant  dispersés  à  Salinelle,  à 
Montpellier,  à  Avignon  &  même  à  Paris. 

Le  5  octobre,  une  convention  fut  conclue,  à  Nimes,  entre  le  cliapitrc 
d'Alais  8c  celui  de  Psalmodi,  réglant  les  clauses  de  l'union. 

11  fut  décidé  que  tout  service  capituiaire  cesserait  dans  l'cidisc  Saint-Picrrc 


i6y3 


~.         648  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  Psalmodi  à  Aigues-mortes  pour  n'être  plus  célébré  que  dans  l'église  Saint- 
Jean-Baptiste  d'Alais;  mais  que,  les  deux  chapitres  étant  unis  en  un  seul  cha- 
pitre cathédral,  leurs  menses  demeureraient  cependant  distinctes  8<  seraient 
gérées  séparément,  tant  que  la  valeur  des  canonicats  d'Alais  n'égalerait  pas 
celle  des  canonicats  d'Aigues-mortes.  Quant  au  rituel  St  à  la  discipline,  on 
devait  se  conformer  aux  usages  de  la  cathédrale  de  Nimes.  Des  dispositions 
détaillées  déterminaient  les  préséances,  les  sièges  au  chœur,  les  titres  &  qua- 
lités des  dignitaires,  la  suppression  du  doyenné  d'Alais  8<.  la  création  d'un 
grand  archidiacre.  Chacun  des  chapitres  gardait  la  disposition  des  vicariats  & 
autres  bénéfices  de  sa  dépendance.  Les  dépenses  du  service  religieux  dans  la 
cathédrale  devaient  être  supportées  à  frais  communs,  proportionnellement  à 
l'apport  des  deux  collégiales.  Les  difficultés  d'application  qui  pourraient  se 
présenter  à  l'avenir  étaient  soumises  d'avance  à  l'arbitrage  amical  de  trois 
chanoines  de  Nimes  dont  les  parties  feraient  le  choix.  En  garantie  de  l'exé- 
cution fidèle  de  leurs  engagements,  les  deux  chapitres  donnaient  réciproque- 
,  ment  hypothèque  sur  tous  leurs  biens. 

Le  lendemain,  le  cardinal -archevêque  dressa  un  mémoire  explicatif  en 
réponse  aux  objections  de  la  chancellerie  romaine,  qui,  attachée  à  ses  usages 
de  procédure  minutieuse  8c  compliquée,  s'était  plainte  du  caractère  vague  81 
général  de  l'enquête. 

Il  fallut  promettre  que  le  futur  évêque  pourvoirait  sa  cathédrale  de  tout  le 
matériel  nécessaire,  orgue  8*.  ornements,  8c  comblerait  les  autres  lacunes  de 
l'église  d'A-lais.  On  annonçait  que  les  diocésains  se  chargeraient  de  la  cons- 
truction; mais  avait-on  leur  consentement  ou  pouvait-on  les  obliger?  Le  car- 
dinal répondait  qu'en  attendant  l'évêque  s'installerait  au  doyenné,  vacant 
par  la  suppression  du  titulaire,  8c  produisait  une  attestation  du  syndic  général 
Joubert,  collationné  par  l'intendant,  déclarant  que  les  diocèses  de  la  Province 
avaient  coutume  de  bâtir  les  palais  épiscopaux,  que  l'évêque  d'Alais  serait  en 
droit  d'en  faire  la  demande,  8c  que  les  États  cle  Languedoc  ne  refusaient 
jamais  ces  sortes  d'impositions. 

La  cour  de  Rome  réclamait  une  défimitation  précise  :  Bonzi  transmet  une 
carte  du  nouveau  diocèse,  divisé  en  sept  archiprêtrés,  avec  l'état  des  paroisses 
comprises  dans  chacune  de  ces  circonscriptions. 

L'archiprêtré  d'Alais  occupe  la  lisière  du  diocèse  d'Uzès  Se  le  confluent  des 
deux  Gardons;  l'archiprêtré  d'Anduse  prend  la  vallée  du  Gardon  occidental; 
l'archiprêtré  de  Saint-Hippolyte,  la  partie  supérieure  du  bassin  du  Vidourle, 
dont  les  plateaux  les  plus  élevés  sont  attribués  à  l'archiprêtré  de  La  Salle; 
l'archiprêtré  de  Sumène  8c  celui  du  Vigan  embrassent  le  haut  bassin  de 
l'Hérault;  8c  enfin  l'archiprêtré  de  Meyrueis  emprunte  au  bassin  du  Tarn  les 
districts  montagneux  de  l'Espérou  8c  de  l'Aygoal'. 

•Voici    le  détail  des  paroisses   comprises  dans  Vezenobre,  Saint-Sauveur  de  Ribaufe,  Saint-Chrls- 

les  sept  nrchiprêtrés  :  ,ophe  de  Vermeil,  Saint-Martin   d'Arènes,  Saint- 

Arch. prêtre  d'Ai^is   :  Saint-Jean-Baptiste  d'A-  Jean  de  Pin,   Notre-Dame  de  Puech  de  Cendras, 

lais,  Saim-Hilaire  i»e   Brethmas,  Saint-André  de  Saint-Pierre  de  Sousteile,  Saint-Paul  de  la  Coste. 


LIV.  m.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  649 

Il  faut  aussi  justifier  par  le  menu  des  ressources  qu'apportent  les  deux 
compagnies  :  le  chapitre  d'Alais,  composé  d'un  doyen,  d'un  sacristain  8c  de 
huit  chanoines,  possède  un  nombre  de  prébendes  proportionné,  dont  deux 
sont  affectées  au  doyen,  outre  le  bénéfice  de  Malsos,  Si  jouit  des  bénéfices  de 
Saint-Jean-Baptiste  d'Alais,  de  Saint-Marcel  de  Fonttouiliouse,  de  Saint- 
Martin  de  Rousson  &  de  Saint-Paul-le-Froid,  dont  le  revenu  total  s'élève 
à  deux  mille  quatre  cent  trente  livres. 

Au  chapitre  de  Psalmodi  appartiennent,  outre  les  fonds  de  terre  &  les 
droits  seigneuriaux  représentant  vingt  à  vingt-deux  mille  livres  par  an,  sui- 
vant le  prix  des  grains  8c  l'abondance  des  récoltes,  8c  les  prébendes  valant 
sept  à  huit  cents  livres  pour  chaque  chanoine,  le  prieuré  de  Saint-Bonnet, 
attaché  à  la  prévôté,  celui  de  Salinelle,  attribué  à  l'archidiacre,  le  prieuré  de 
Valergues,  au  chantre,  8c  celui  de  Saucines  au  sous-chantre.  Quant  au  revenu 
abbatial  de  dix-huit  mille  livres  par  an,  il  est  absolument  distinct  des  rentes 
capitulaires. 

Outre  ces  renseignements,  la  chancellerie  du  Vatican  exigea  la  production 
de  toutes  les  fondations  faites  dans  l'abbaye  de  Psalmodi,  8<  l'engagement 
que  le  chapitre  transféré  laisserait  à  Aigues-mortes  le  curé  8c  les  prêtres  néces- 
saires pour  le  service  des  fonctions  curiales.  Les  chanoines  de  Psalmodi 
offrirent  en  outre  d'abandonner  tous  les  fruits  décimaux  dont  ils  jouissaient 
dans  la  paroisse  d'Aigues-mortes,  si  ce  sacrifice  paraissait  nécessaire,  promet- 
tant de  se  concerter  à  cet  égard  avec  l'évêque  de  Nimes. 

Toutes  les  réparations  à  la  charge  de  l'abbé  de  Psalmodi  passaient  de 
droit  à  l'évêque  d'Alais;   8c  quant  à  celles  de  l'église  d'Aigues-mortes,  les 


1693 


Andvzb  :  Saint-Etienne  d'Anduze,  Saint-Satur- 
nin de  Boisset,  Saint-Saturnin  de  Bagars,  Notre- 
Dame  de  Gaiijac,  Snint-Pierre  de  Civignnc  de  Tor- 
nac,  Saint-Baudile  de  Tornac,  Saint-Martin  de 
Soussenac  de  Vibrac,  Saint-Félix  de  Palièrcs,  Saint- 
Michel  de  Corbes,  Saint-Jean  de  Gardonenque, 
Saint-André  de  Miallet,  Notre-Dame  de  Générar- 
gues,  Saint-Sébastien  d'Aigrefeuille. 

La  Salle  :  Saini-Pierre  de  La  Salle,  Sainte- 
Croix  de  Caderles,  Saint-Jacques  de  Toiras,  Saint- 
André  de  Vabres,  Saint-Bonet  de  Salendrenqiies, 
Snint-Bris  de  Colognac,  Notre-Dame  de  Soudor- 
eiies,  Sainte-Marguerite  d'Ayroles,  Saint-Martin 
de  Corconac,  Notre-Dame  de  Saumane,  Saint- 
Marcel  de  Fontfouillouse,  Saint-André  de  Val- 
borgne. 

SxiNT-HiPPOLYTE  :  Sa int-Hippoly te  de  Roque- 
forcade,  Saint-Vincent  du  Gros,  Saint-Martin  de 
Manoblet,  Saint-Thomas  de  Durfort,  Saint- 
Pierre  de  SauYe,  Saint-André  de  Conqueirac,  Saint- 
Martin  d'Agiizan,  Saint-GiUes  de  Ceyrac,  Saint- 
Saturnin  de  Pompignan,  Saint-Jean-Baptiste  de 
Ferreires,  Saint-Jean-Bapiiste  de  Baussels,  Saint- 
Etienne  de  MontolJeu,  Saint-Michel  de  la  Ca- 
dière. 


Sf.MÈNE  :  Notre-Dame  de  Sumène,  Saint-Martin 
de  Cesas  &  Saint-Pierre  de  Cambon,  annexej 
Saint-Romain  de  Caudières,  Saint-Martial,  No- 
tre-Dame de  la  RouYière,  Saint-Martin  de  Valle- 
raugue,  Ardeliers  &  Taleirac,  annexes,  Saint-An- 
dré de  Magencoules,  Saint-Pierre  de  Novilles  ou 
de  Roquedur,  Saint-Julien  de  la  Nef,  Saint-Lau- 
rent le  Minier. 

Le  Vigan  :  Saint-Pierre  du  Vigan,  Saint-Gri- 
goire  de  Mandagout,  Saint-Bris  de  Saint-Bresson 
d'Hierle,  Notre-Dame  d'Arèze ,  Saint-André  de 
Sommières,  Saint-Martin  de  Montdardier,  Saint- 
Félix  de  Rogues  &  Soubeiras,  annexe,  Saint-Bau- 
dile de  Blandas,  Notre-Dame  ou  Saint-Biaise  de 
Vissée,  Saint-Jean-Baptiste  de  Campestre,  Notre- 
Dame  de  Luc,  Saint-Martin  d'Alzon,  Saint-Ge- 
niès  d'Arrigas,  Sainf-Hilaire  d'Aumessas,  Saint- 
Biaise  d'Arre,  Saint-Martin  de  Bez,  Saint-Véran 
d'Esparron,  Saint-Jean-Baptiste  de  Molière,  Saint- 
Martin  d'AuIas,  Bres,  annexe. 

Meyp-ueis  :  Saint-Pierre  de  Meyrueis,  Saint- 
Laurent  de  Marvéjols,  Saint-Pierre  de  Ressen , 
Notre-Dame  de  Trêves,  Saint-Sauveur  de  Pourcils. 
Notre-Dame  de  Bonheur  ou  de  l'Espéron,  Notre- 
Dame  de  Gatuzières. 


lôpS 


1694 


630  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

chanoines  continueraient  d'y  participer,  avec  leurs  paroissiens,  comme  par 
le  passé. 

Le  mémoire  du  cardinal  de  Bonzi,  où  chacun  des  points  indiqués  par  la 
cour  de  Rome  était  soigneusement  éclairci,  ne  détermina  pas  une  solution 
immédiate.  La  congrégation  consistoriale  crut  devoir  différer  encore  l'érection 
sollicitée  par  le  roi  de  France,  à  cause  de  cinq  signatures  de  chanoines  qui 
manquaient  à  l'acte  de  consentement  du  chapitre  de  Nimes,  &  aussi  parce 
que  le  chapitre  d'Alais  réclamait  le  droit  d'entrée  aux  assemblées  de  son 
ancien  diocèse. 

Les  chanoines  de  Nimes  furent  convoqués,  le  16  janvier  1694,  dans  la 
salle  capitulaire  de  leur  cathédrale  pour  mettre  ordre  à  ces  deux  difficultés. 
Quatre  des  chanoines  absents  commencèrent  par  déclarer  qu'ils  approuvaient 
toutes  les  démarches  antérieures  de  leurs  collègues.  Quant  au  cinquième, 
l'abbé  de  Tiauloy,  il  était  hors  d'état  de  prendre  part  à  aucune  délibération, 
ayant  été  frappé,  à  Beaucaire,  d'une  attaque  de  paralysie  depuis  l'automne. 
Trois  médecins  en  témoignèrent  pour  dissiper  les  scrupules  du  Vatican. 

Sur  la  question  des  assemblées  du  clergé,  le  chapitre  se  tint  ferme.  11  fit 
valoir  qu'avant  l'érection  du  diocèse  d'Alais,  il  jouissait  de  la  préséance  sur 
tous  les  corps  &  bénéfices  diocésains,  ainsi  que  de  la  juridiction  spirituelle  Si 
temporelle,  pendant  la  vacance  du  siège  épiscopalj  &  du  droit  de  collation 
des  bénéfices  &  cures  dans  les  mêmes  conditions;  qu'il  se  dépouillait  de  tous 
ces  avantages  pour  répondre  aux  pieux  desseins  du  roi;  mais  qu'il  entendait 
au  moins  conserver  une  marque  honorifique  de  son  ancienne  domination. 

Le  même  jour,  le  précenteur  de  Nimes  renonça  en  faveur  de  l'évêque 
d'Alais  au  droit  de  nomination  des  maîtres  d'école  du  diocèse. 

Cette  dernière  satisfaction  donnée  aux  exigences  de  la  congrégation  con- 
sistoriale, une  troisième  supplique  fut  dressée  par  le  promoteur  de  la  cause, 
&  enfin,  le  17  mai,  parut  la  bulle  de  sécularisation. 

Le  pape  rendait  hommage  aux  efforts  du  roi  pour  l'extirpation  de  l'hérésie 
8c  la  confusion  des  hérétiques,  le  félicitant  d'avoir  soustrait  aux  suggestions 
de  Satan  plusieurs  milliers  de  ses  sujets;  il  accordait  à  la  ville  d'Alais  le  titre 
de  cité,  transformait  l'église  Saint-Jean-Baptiste  en  cathédrale,  unissait  les 
deux  chapitres  d'Alais  &  de  Psalmodi,  tout  en  laissant  les  canonicats  distincts 
jusqu'à  extinction  par  mort  ou  démission  volontaire,  supprimait  l'ancienne 
abbaye  pour  en  affecter  les  revenus  à  l'évêché.  L'évêque  d'Alais  demeurait 
soumis  à  l'archevêque  de  Narbonne,  en  qualité  de.suffragant.  Innocent  XII 
exposait  que  l'abbé  de  Psalmodi,  Louis  de  Calvière,  avait  fait  cession  de 
tous  ses  droits  sur  l'administration  abbatiale,  en  vue  de  l'érection  projetée. 
On  laissait  à  l'église  Saint-Pierre  d'Aigues-mortes,  dépouillée  de  son  titre  de 
collégiale,  la  qualité  de  paroisse,  à  la  nomination  du  roi  de  France,  d'après 
les  règles  établies  par  le  concordat  de  François  I^^  Toutes  les  dignités  du 
chapitre  d'Alais  étaient  maintenues,  sauf  celle  de  doyen;  douze  prêtres,  deux 
acolytes  8<.  un  clerc,  amovibles  au  gré  du  prévôt  Sv  du  chapitre,  formaient  le 
personnel   subalterne  attaché   au  service  de  l'église.   Le   chapitre  de  Nimes 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  65 1 

n'obtint  pas  les  préséances  qu'il  avait  réclamées  :  dans  le  cas  où  celui  d'Alais 
aurait  à  se  faire  représenter  par  députation  dans  les  assemblées  capitulaires 
de  Nimes,  pour  l'imposition  des  dîmes  ou  pour  la  reddition  des  comptes,  le 
pas  était  donné  aux  députés  sur  les  chanoines,  à  charge  de  réciprocité. 

La  bulle  d'Innocent  XII  fut  confirmée  par  lettres  patentes  du  mois  de 
juin  1694,  données  à  Versailles.  Un  article  spécial  attribuait  à  François 
Chevalier  de  Saulx,  premier  évêque  d'Alais,  le  droit  d'entrer  aux  États  de  la 
Province  &  à  l'Assiette  diocésaine,  dont  jouissaient  les  autres  évêques  de  Lan- 
guedoc. Par  arrêt  du  4  octobre  1694,  le  conseil  du  roi  chargea  les  commis- 
saires du  gouvernement  81  ceux  des  Etats  de  préparer,  dans  le  courant  de  la 
session,  tous  les  détails  de  la  nouvelle  organisation  administrative,  de  pro- 
poser le  nombre  des  personnes  qui  devaient  entrer  aux  assemblées  d'Assiettes 
ou  aux  États  provinciaux,  ainsi  que  la  solution  des  difficultés  qui  pourraient 
provenir  du  démembrement. 

La  création  de  l'évêché  d'Alais,  en  portant  à  vingt-trois  le  nombre  des 
diocèses  languedociens,  dérangeait  la  symétrie  de  la  représentation  des  trois 
ordres  dans  les  États.  Pour  que  le  nombre  des  barons  continuât  d'être  égal 
à  celui  des  évêques,  le  roi  concéda  la  qualité  de  baronnie  fixe  à  la  terre  de 
Tornac,  possédée  par  le  marquis  Henri  de  La  Fare.  Comme  les  nouveaux 
titulaires  avaient  hâte  d'entrer  en  jouissance  de  leurs  prérogatives,  le  car- 
dinal de  Bonzi  fut  invité  par  lettre  du  roi  à  précipiter  la  procédm^e.  11  enjoi- 
gnit donc  au  syndic  général  Joubert  d'avoir  à  terminer  rapidement  l'enquête 
secrète  des  quartiers  de  noblesse  exigée  par  les  règlements  des  États  '. 

L'évêque  de  Béziers  fut  en  état  de  présenter  son  rapport  dès  l'ouverture  de 
la  session.  L'enquête  secrète  prouvait  la  noblesse  de  la  maison  de  La  Fare, 
depuis  quinze  générations,  en  remontant  jusques  à  Raymond  de  La  Fare,  qui 
vivait  au  douzième  siècle.  Cette  filiation  s'appuyait  sur  des  contrats  de  ma- 
riage, des  testaments,  des  hommages,  des  transactions  &  autres  actes  authen- 
tiques. Dans  ces  divers  documents,  les  commissaires  observaient  que  la  famille 
n'avait  jamais  porté  d'autre  nom  que  celui  de  La  Fare,  81  que  les  qualifica- 
tions de  messire,  de  noble,  de  magnifique  &  puissant  seigneur,  de  chevalier, 
damoiseau,  seigneur  Se  baron  de  La  Fare,  attribuées  à  ses  divers  membres, 
témoignaient  d'une  origine  distinguée.  Ces  présomptions  se  confirmaient 
encore   par  la    justification   des   plus   hautes   alliances,  qui    rattachaient   la 

'Comme  exemple  du  formulaire  provincial,  nous  sieur  le  marquis  de  La  Fare  Tornac,  pour,  ladite 
transcrivons  ici  l'ordre  de  l'archeTèque  de  Nar-  enqueste  rapportée  aux  premières  séances  des  pro- 
bonne au  syndic  général  :  chains   Estais,   avec   les    preuves   de    noblesse  que 

Pierre  de  Bonsy,  cardinal  de  la  Sainte  Eglise  ledit  sieur  marquis  de  La   Fare  doit    remettre,  le 

Romaine  du   titre  de  Salnt-Eusèbe,  arclievesque  &  tout  examiné   par  des  commissaires  desdits  Estais, 

primat  de  Nnrbonne,  président-né  des  Estais  gêné-  estre  délibéré  sur  la  réception  dudii  sieur  marquis 

raux  de  la   province  de  Languedoc,  commandeur  de  La  Fare. 

des  ordres  du  Roy,  &c.  A  Valmagne,  le  21  septembre  1694. 

Ayant   reçu    les   ordres  du    Roy   dont  copie   est  »  j-      ,         n  .  •,        ■ 

'  '  ,      ,  ^^  cardinal  de  Bonsï,  président  . 

cy-dessus,  nous  ordonnons  au  sieur  Joubert,  syn- 
dic général  de  la  Province,  de  procéder  incessam-  ,  procès.vcrbal  Jcs  tuts  de  Languedoc.  Séance  du  27"°- 
ment  à  l'enqueste  secrète  de  la  noblesse  de  Mon-       vgmbrc  1694. 


iCi;4 


lôp^ 


652  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

maison  de  La  Fare  k  celles  d'Apchier,  du  Rouie,  de  Portes,  de  Narbonne  & 
à  d'autres  illustres  lignées  de  la  Province.  ' 

Quant  à  la  famille  maternelle  du  baron,  dont  la  mère  était  née  d'Audibert 
de  Lussan,  elle  prouva  sans  peine  les  quatre  générations  réglementaires,  8c 
en  eût  prouvé  bien  davantage,  si  les  papiers  importants  de  la  maison  ne 
s'étaient  trouvés  alors  à  Paris,  à  l'occasion  de  la  réception  du  marquis  de 
Lussan,  nommé  chevalier  des  ordres  du  roi. 

Rien  ne  s'opposant  plus  à  l'entrée  des  titulaires,  le  premier  évêque  d'Alais 
St  le  premier  baron  de  Tornac  furent  introduits  dans  l'assemblée  des  Etats 
par  un  des  syndics  généraux,  prêtèrent  le  serment  traditionnel,  l'évêque 
debout,  à  sa  place,  la  main  sur  la  poitrine,  8c  le  baron  à  genoux  devant  son 
évêque,  la  main  sur  le  livre  des  Evangiles  '. 

Restait,  pour  compléter  la  symétrie,  à  régler  la  représentation  du  tiers  état. 
Il  paraît  que  le  ministère  n'y  avait  point  songé.  Le  6  décembre,  l'assemblée 
provinciale  reçut  une  requête  du  sieur  de  Mandajors,  maire  d'Alais ^j  la  place 
due  au  tiers  état  ne  pouvait,  d'après  cet  officier,  appartenir  qu'au  maire  de  la 
nouvelle  ville  épiscopale.  Les  Etats  en  décidèrent  ainsi,  8c  M.  de  Mandajors 
prit  siège  dans  le  parterre,  à  la  suite  du  maire  de  Rieux.  Six  jours  après  cette 
cérémonie,  l'évêque  d'Alais  ayant  transmis  au  conseil  du  roi  les  détails  de 
son  installation,  des  lettres  de  cachet  furent  signées  à  Versailles  pour  l'arche- 
vêque de  Narbonne  8c  pour  les  Etats  de  Languedoc,  afin  de  régulariser  la 
situation  du  maire  d'Alais.  «  Comme  il  est  convenable  qu'il  entre  quelqu'un 
«  pour  le  tiers  état,  ainsi  qu'il  en  est  usé  dans  les  autres  diocèses  «,  le  roi 
ordonnait  la  réception,  déjà  faite,  avec  participation  du  titulaire  à  tous  les 
avantages  dont  jouissaient  déjà  les  maires  des  autres  villes  épiscopales  de  la 
Province^. 

'  Pièces  justificatives^  n.  DXXXVII,  col.   1462;  en  ses  Conseils,  abhé  Je  Psalmodi,  &c.,  parM.  Pon- 

n.  DXXXVIII,  col.   1463.   Lettres  du   roi  au  car-  tier,  protonotalre  du  Saint-Siège.  In-12,  à  Paris, 

dinal    de   Bonzi  &   aux   Etats    de   Latiguedoc,    du  chez  Guillaume  de  Luynes,  au  Palais.  M.  de  Man- 

8  septembre  &  du  4  octobre  1694.  dajors  acquit,  quelques  années  plus  tard,  un  autre 

"Ce  M.  de  Mandajors  était  un  personnage  sin-  genre  de  célébrité  par  l'intérêt  très-vif  qu'il  té- 
golier  qui  se  piquait  d'érudition.  Aveuglé  par  le  moigna  à  une  jeune  prophétesse  des  Cévennes,  in- 
patriotisme  local,  il  croyait  retrouver  dans  Alais  carcérée  dans  les  prisons  d'Alais.  «  Après  plusieurs 
l'Alesia  des  Commentaires  Ae  César,  prétendant  que  mois,  écrit  le  maréchal  de  Villars,  cette  fille  pa- 
les deux  rivières  mentionnées  par  le  conquérant  raissant  revenue  de  ses  égarements,  &  par  les  soins 
des  Gaules  étaient  le  Gardon  &  le  Grosbieu,  que  8c  avis  du  sieur  de  Mandajors,  qui  la  fréquentait, 
le  nom  des  Lingones  revivait  dans  celui  de  Lan-  on  la  laissa  en  liberté.  De  cette  liberté  &  de  celle 
gogne,  &  que  Mende  rappelait  les  Mandubii.  Il  que  le  sieur  de  Mandajors  prenait  avec  .elle,  il 
défendit  cette  thèse  insoutenable  dans  une  disser-  s'en  est  ensuivy  que  cette  prophétesse  est  grosse  '.  » 
tation  dont  le  Journal  des  Savants,  du  9  mai  169$,  '  Pièces  justificatives,  n.  DXL,  col.  1466. 
résume  les  points   principaux,  à  l'occasion   d'une 

Lettre  a  Monseigneur  Messire  François  Chevalier  de  ,  Lettre  du  niarcchal  de  Villars.  du  14  novembre  '1704. 

Saulx ,  premier  Evêque  d'Alais,  Conseiller  du  Roi  Dépôt  de  la  Guerre,  vol.  1797, 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  653 


CHAPITRE  III 


Création  de  racadémie  des  jeux  floraux.  —  Tentaiives  de  mouvement  littéraire  à  Toulouse.  —  Nouvelles 
charges  fiscales.  —  Etablissement  de  la  cnpitation.  —  Taxes  de  l'armoriai  général.  —  Mémoire  de 
Bâville  sur  la  province  de  Languedoc.  —  L'archevêque  de  Narbonne  8c  l'évètiuc  de  Montpellier. 
Particularités  économiques. 

Malgré  les  métamorphoses  successives  qui  avaient  transformé  son  ancienne 
constitution,  Toulouse  conservait  encore,  à  la  fin  du  dix-septième  siècle, 
quelques  manifestations  extérieures  de  la  vie  communale  du  quatorzième. 
L'une  des  plus  originales  &  des  plus  connues  était  cette  fête  du  gai  savoir, 
de  la  gaie  science,  de  la  rhétorique  Se  poésie  française,  des  jeux  floraux,  qui, 
sous  des  noms  divers,  s'était  perpétuée  depuis  plus  de  trois  cents  ans.  Se  qui, 
chaque  printemps,  amassait  la  foule  aux  alentours  de  l'hôtel  de  ville. 

Il  y  avait  déjà  fort  longtemps  que  ces  luttes  poétiques  étaient  à  peu  près 
nulles  au  point  de  vue  de  l'influence  littéraire;  on  ne  les  voyait  guère  aborder 
que  par  des  écoliers;  mais  la  réjouissance  publique,  dont  elles  étaient  le  pré- 
texte, continuait  d'être  célébrée  avec  grand  éclat.  L,e  corps  capitulaire  prêtait 
ses  splendeurs  municipales,  sa  compagnie  du  guet,  ses  hautbois,  au  cortège 
qui  allait  processionnellement,  à  travers  les  rues,  chercher  les  fleurs  sur  l'autel 
de  Notre-Dame  dt;  la  Daurade;  les  consistoires  de  l'hôtel  de  ville  se  jonchaient 
de  rameaux  verts,  des  bouquets  de  fleurs  se  distribuaient  par  centaines  aux 
dames  de  l'assistance;  trois  collations  5t  un  somptueux  banquet  réunissaient 
autour  de  tables  richement  décorées  le  corps  séculaire  des  sept  mainteneurs, 
les  maîtres  du  gai  savoir,  les  poètes  lauréats,  les  capitouls  Si  les  grands  per- 
sonnages de  la  ville  ou  les  étrangers  de  distinction  qui  devaient  à  leur  qualité 
le  droit  d'y  prendre  place  '. 

'  Le  dîner  du  3  mai,  dont  l'origine  précise  n'est  nar  am   les  manteniJos  Je  la  gaya  scienss'ia  sur  so 

pas  connue,  est  d'institution  fort  ancienne.  Tous  que  apunteren  las  joyas  de  la  gaya  sciencia  a  qui 

les  documents  de  l'hôtel  de  ville  démentent  l'as-  foron  donadas...  » 

sertion  de  M.  de  Ponsan,  historien  de  l'Académie,  Comptes  de    1403-1.^04  :  <i  A   11  de  présent   1res 

qui   s'est  mis  en   tète  d'établir  un   dualisme  tout  à  de  may  per  lo  dinnar  fayt   lo   dit   jorn   als  senhns 

fait    imaginaire  entre  la    gaie  science  &  les   jeux  bayles    e   accosselhiers    mantenidos   &   autres   cfli- 

floraQX  81  qui,  pour  justifier  la   fondation  de  Clé-  ciers  de   la  gaya   scienia   scgon  ques   acostumat   de 

mence  Isaure,  retarde  l'usage  du   festin  au  quin-  far  segon    las  ordenansas  sus  10   faytas.  i>  (3  may 

zième  siècle.  M^^O 

Nous  nous  contenterons  de  rapprocher  ici  quel-  Comptes  de  1411   :  n  Per  los  despens  del  dinnar 

ques  extraits  des  comptes  municipaux  qui  mon-  fayt   le  dimenge  a    un   de  may   l'an    iii|C  xxi   als 

trent    à    la    fois    la    date    reculée    du    banquet,    la  senhors  maatenedors  de  la  gaya  scicnsa.  » 

continuité  de  la   tradition  8c  l'identité  de  la   gaie  Comptes  de  1445  :  «  Lo  dinar  loqual  es  accostu- 

science  8i  des  jeux  floraux  :  mat  de  far  cascun   an  als  senhors   manienidors  de 

Comptes   de    |383    :  «   A  mestre   Johan    Lequoc,  la  guaya  sciensa  &  autres.  i> 

per  son  treballs  del  dynar  del  fayt  de  la  violeta...  »  Comptes  de    1449-1  Joo  :  «  Lo  dinar  del  gay  sa~ 

Comptes  de  1390-1391  :  «  An  Bernât  de  Malhor-  ier  ansi  coma   81  acostumat  de    far  cascun    an    lo 

qua  e  an  Peyre  Jorda  a  très  de  may  per  far  le  din-  jorn  de  sancta  Crot^  de  may.  :i 


iC)94 


If. 


'^4 


654  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

Le  corps  des  mainteneurs  ne  ressemblait  guère  du  reste,  par  sa  compo- 
sition, au  groupe  de  lettrés  du  verger  des  Augustines,  où  se  confondaient 
damoiseaux,  bourgeois,  marchands  Se  changeurs,  dans  l'aimable  désordre 
hiérarchique  autorisé  par  la  communauté  des  goûts  St  par  vm  égal  amour  de 
la  poésie. 

Depuis  bien  des  années,  le  Parlement  avait  envahi  ce  corps,  comme  il 
envahissait  toutes  choses  à  Toulouse.  Le  chancelier  n'était  plus,  ainsi  qu'au 
temps  de  Guillaume  Molinier,  un  rimeur  capable  de  codifier  les  «  Lois 
d'amour,  »  mais  quelque  grave  magistrat,  gardant  sa  préséance  aux  fêtes  du 
3  mai  comme  il  la  gardait  à  la  chambre  dorée  ou  aux  rentrées  solennelles  de 
la  cour".  A  force  d'être  occupées  par  des  gens  de  robe,  les  places  de  mainte- 
neurs, qui  étaient  toujours  au  nombre  de  sept,  en  mémoire  des  sept  poëtes 
de  Toulouse,  avaient  même  fini  par  être  considérées  comme  des  espèces 
d'offices  qui  se  dérobaient  à  l'élection,  que  le  titulaire  résignait  à  un  succes- 
seur de  son  choix  &  qui  pouvaient  devenir  objet  de  commerce,  jusqu'à  faire 
partie  d'une  constitution  de  dot,  ni  plus  ni  moins  qu'une  charge  de  prési- 
dent ou  de  conseiller^. 

On  devine  ce  que  la  littérature  devait  gagner  à  une  pareille  dégénéres- 
cence. La  libre  élection  bannie  même  de  la  république  des  lettres,  le  prin- 
cipe héréditaire  introduit  dans  un  collège  de  poëtes,  comme  si  le  don  des 
vers  était  transmissible  de  mâle  en  mâle  par  rang  de  primogéniture,  il  n'en 
fallait  pas  davantage  pour  ruiner  dans  l'opinion  l'autorité  de  la  compagnie. 
Aussi  faisait-on  peu  de  cas  de  ses  arrêts. 

On  aimait  à  rappeler  que  Goudelin,  honoré  par  Lafaille  d'une  place  dans 
la  galerie  des  hommes  illustres  de  Toulouse  &  par  M.  de  Médon  d'une 
louangeuse  épigraphe,  n'avait  jamais  été  maître  des  jeux  floraux;  qu'il  n'y 
obtint  qu'une  seule  fleur  &  qu'il  se  rebuta  d'affronter  des  juges  dont  la  juri- 
diction lui  semblait  contestable;  que  Bovidet,  «  excellent  poëte  latin,  françois 
&  gascon,  >)  n'avait  pas  été  plus  heureux,  comme  aussi  Gautier,  poëte  patois, 
dont  Goudelin   prétendait   reconnaître   la   supériorité  3;  grâce  au   mode  de 

Comptes  de  1620  :  «  Le  grant  disner  de  la  gaye  juge;  des  jeux  floraux  avoient  leur  place  avec  les 

science  le  jour  de  saincte  Croix  troisiesme  jour  de  capitouls.   Ceux  qui   aspiroient  aux  fleurs,  c'est- 

may  i5io.  «  à-dire  les  poëtes,  &  tous  les  officiers  de  l'hôtel  de 

Comptes  de  i563-i5(54  :  «  Le  bancjuet  ordonné  ville  avoient  quelque  part  à   cette   fête.   On    leur 

cstre  faict   le  jour  de  hier  S"  du   présent  mois  de  donnoit   aussi    des   gâteaux;   &,   parmi    plusieurs 

may  &  feste  saincte  Croix  en  la  maison  de  la  ville  poëtes   sérieux,    il  y   en    avoit   de  divertissans    & 

par  Messieurs  de  Cappitoulz,  bailles  dés  Jus  fiu-  admirables  dans  la  langue  toulousaine',  u 

reaulx  &  aultres  segnieurs  mainteneurs  de  la  gaye  °  On  lit  à  l'article  XXVI  des  statuts  de  1694  : 

science.  >i  «  Quand    une   place   de    mainteneur  viendra    à 

'  <c  Les  jeux  floraux  furent  fort  riants  cette  an-  vaquer,  elle  sera   remplie  aussi  à  la  pluralité  des 

née;   ils   concoururent  à  la    joye  publique  de   la  suffrages,  par  élection  &  par  scrutin,  &  sans  avoir 

paix  des  Pyrénées  dont  la   France  jouissoit  alors.  égard    ny   à   vente,    ny   à    résignation,    de    quoy 

Il   faut   avouer,   en   l'honneur   de   la    mémoire    de  l'usage  demeurera  aboly.  » 

M.   de   Fieubet,  qu'il    étoit  né    pour  bien    diriger  ^  Testament  syndical  de  M.  de  Lafaille,  p.  67. 
une  fête  comme  celle-là,  où  toute  la  ville  de  Tou- 

louse  &  quantité  d'étrangers  se  rendoient  en  foule.  .  ^^^,,i^^^  ^^  Toulouse.  Testament  syndical  de  M.  de  La- 

On  donnoit  un  grand  repas  où  les  mainteneurs  &  fMlle,  p.  ip. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  655 

recrutement  des  mainteneurs,  il  s'établissait  ainsi  une  tradition  de  médio- 
crité normale  qui  éloignait  les  gens  de  mérite.  Du  reste,  les  mainteneurs  8t 
les  poëtes  lauréats,  qualifiés  de  maîtres,  comme  au  temps  des  Lois  d'amour, 
n'avaient,  dans  le  courant  de  l'année,  aucune  réunion  littéraire  8c  ne  s'occu- 
paient point  de  travaux  d'esprit.  Ils  ne  fonctionnaient  que  le  !"■  avril,  pour 
venir  faire  la  semonce  aux  capitouls,  c'est-à-dire  les  sommer  de  se  conformer 
à  l'usage  &  de  donner  ordre  aux  dispositions  matérielles  de  la  fête,  &  le 
i^""  S<.  le  3  mai,  pour  se  mettre  à  table,  écouter  lire  les  ouvrages  des  candidats 
&  décerner  les  fleurs. 

Mais  si  la  culture  littéraire  profitait  peu  de  la  transformation,  les  ques- 
tions d'étiquette  avaient  acquis  une  importance  extraordinaire  ;  on  se  que- 
rellait pour  des  conflits  de  préséance,  aux  fêtes  du  3  mai,  avec  autant  de 
vigueur  qu'aux  processions.  L'antagonisme  du  Parlement  &  du  corps  muni- 
cipal s'y  donnait  carrière,  avec  ses  alternatives  d'aigreur  St  d'apaisement, 
selon  les  circonstances  8<.  les  hommes.  Il  n'y  avait  pas  jusqu'au  piédestal  des 
fleurs  d'argent  destinées  aux  lauréats,  la  violette,  l'églantine,  le  souci  8i 
l'œillet,  qui  ne  fût  matière  à  querelle.  Les  capitouls  s'acharnaient  à  y  faire 
graver  leurs  armoiries  personnelles,  à  l'indignation  des  mainteneurs  qui 
portaient  l'affaire  en  justice.  L'esprit  de  contrôle  8c  d'économie  que  les 
intendants  essayaient  d'introduire  dans  la  gestion  des  revenus  dommunaux 
s'attaqua  aux  fêtes  de  la  gaie  science  comme  aux  autres  expansions  coûteuses 
de  la  vie  municipale,  8c  commença  d'en  restreindre  les  prodigalités.  Cepen- 
dant, comme  cette  réjouissance  avait  un  caractère  historique  local  assez  inté- 
ressant, on  n'osa  pas  d'abord  la  supprimer,  malgré  l'ennui  des  conflits 
d'amour-propre  8c  des  contestations  de  tout  ordre  auxquels  elle  donnait  lieu, 
8c  l'on  se  contenta  de  fixer  à  quatorze  cents  livres,  par  arrêt  du  conseil,  le 
maximum  de  la  dépense  permise'.  Ces  prescriptions  furent  observées  pen- 
dant vingt-trois  ans.  Mais  les  principes  d'exactitude  8c  de  sévérité  adminis- 
trative que  Bâville  cherchait  à  faire  entrer  dans  les  mœurs  municipales  ne 
pouvaient  longtemps  s'accommoder  d'une  prétendue  fête  littéraire  réduite  à 
n'être  plus  guère  qu'un  grand  dîner,  8c,  comme  l'intendant  s'efforçait  de 
rabattre  toutes  les  dépenses  inutiles,  l'institution  dégénérée  des  sept  poëtes 
de  Toulouse  courut  un  danger  sérieux. 

Cependant  les  goûts  de  littérature  semblaient  se  réveiller  dans  la  capitale 
de  la  Province.  La  société  parlementaire  8<  les  gentilshommes  qui  la  fré- 
quentaient, se  piquant  d'imiter  la  Cour  de  Versailles  en  toutes  choses, 
recherchèrent  les  gens  de  lettres.  On  fit  donner  un  appartement  par  la  ville 
dans  une  des  maisons  voisines  du  pont  neuf,  à  un  vieux  pensionnaire  du 
collège  des  Quatre  Nations,  l'abbé  Maury,  qui  avait  longtemps  vécu  au 
milieu  des  plus  beaux  esprits  de  France  8c  à  qui  les  misères  du  temps  8c  les 
nécessités  de  la  guerre  venaient  de  faire  perdre  sa   rente*.  Ce  personnage 

'  Arrêt  dii  conseil  d'État  du   14  décembre  1671.  '  Picccs   justificatives,   n.   CCCCLV,   roi.    1267; 

n.  CCCCLXIII,  col.   1309. 


1694 


1094 


656 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


composa  des  vers  latins  à  la  gloire  de  Toulouse,  reçut  chez  lui  toutes  les  per- 
sonnes qui  s'intéressaient  aux  choses  de  l'esprit,  &  dirigea  des  conférences  où 
l'on  s'occupait  des  sciences  les  plus  variées. 

Ce  fut  le  noyau  de  réunions  académiques  fréquentes,  qui  firent  bientôt 
songer  à  une  organisation  régulière,  à  une  constitution  de  société  par  lettres 
patentes,  analogue  à  l'académie  de  Nimes'.  Comme  quelques  écrits  avaient 


'  Dix  ans  avant  la  publication  des  lettres  pa- 
tentes qui  ont  créé  l'académie  des  jeux  floraux,  le 
poète  Jean  de  Palaprat,  chef  du  consistoire  en 
1684,  entretenait  le  conseil  des  Seize  du  projet  de 
rajeunir  l'institution  de  la  gaie  science. 

Cl  Cette  ville,  dit-il,  a  eu  des  rhéteurs  &  des 
poètes  fameux;  ses  universités  &  ses  jeux  floraux 
la  distinguoient  bien  avantageusement  sur  toutes 
les  grandes  villes  ses  rivales;  l'un  &  l'autre  es- 
toient  un  peu  déchus  à  la  vérité;  mais  le  roy 
ayant  daigné  jeter  un  regard  favorable  sur  nos 
universités,  elles  commencent  à  refleurir.  Il  y  a 
de  quoy  espérer  que  les  Jeux  floraux  auront  le 
mesme  succès;  mais  ce  n'est  pas  assez  encore  pour 
soustenir  ce  grand  nom  &  cette  haute  réputation 
que  Tolose  a  eu  de  tout  temps  pour  les  lettres; 
nous  sommes  dans  le  siècle  le  plus  délicat  &  le 
plus  poly  qui  ayt  esté  depuis  la  naissance  du 
monde;  il  est  JListe  de  le  singulariser  par  cet  en- 
droit. Si  l'on  a  trouvé,  en  des  temps  grossiers 
pour  ainsi  dire,  d'assez  généreux  citoyens  pour 
désirer  de  faire  régner  la  politesse,  tels  que  furent 
ces  huit  hommes  illustres  qui  jetèrent  le  premier 
fondement  des  jeux  floraux,  ne  seroit-ce  pas  une 
honte  pour  nous  de  n'y  vouloir  pas  contribuer 
en  cet  âge  8t  sous  le  règne  du  plus  grand  roy  qui 
fust  jamais!'  Nous  voyons  de  quel  effet  a  esté 
l'exemple  de  ce  grand  cardinal  qui  institua  à  Pa- 
ris la  célèbre  Académie  qui  fait  l'admiration  de 
tous  les  pays  estrangers.  Arles  le  suivit  de  bien 
près,  plusieurs  autres  vilfes  de  ce  royaume  en  ont 
fait  de  mesme.  Nismes,  depuis  quelques  années, 
en  a  fait  autant;  les  lettres  en  ont  esté  registrées 
au  Parlement  depuis  peu.  Il  ne  faut  pas  doubter 
que  Tolose  n'eust  précédé  toutes  ces  villes,  si  elle 
n'avoit  cru  que  ses  jeux  floraux  luy  tenoient  lieu 
d'académie.  Ils  le  pourroient  faire  véritablement 
pour  peu  qu'on  y  adjoutât.  Et  comme  ils  ont  esté 
sujets  à  la  révolution  du  temps,  il  ne  faut  pas 
doubter  qu'ils  ne  se  ressentent  bien  tost  de  cette 
prophétie    d'un    poëte    :    Multa    renascentur   ijuae 

jam  cecidere Cependant  il   ne  seroit  pas  juste 

que  Tolose  demeurât  seule  oiseuse,  pendant  que 
partout  ailleurs  on  s'occupe  si  dextrement  de  la 
belle  matière  que  donne  cet  heureux  règne  pour 
exercer  l'esprit.  Plusieurs  personne»  ont  formé 
le  dessein  d'une  académie.  Monsieur  le  premier 
président  [Fieubet],  Monsieur  le  président  Donne- 


ville,  Monsieur  Ranchin,  Monsieur  Fermât,  Mon- 
sieur Salvagniac,  Monsieur  Lafaille,  le  père  Mour- 
gues,  jésuite,  &  Monsieur  Maury  m'ont  souvent 
fait  l'honneur  de  m'en  parler.  11  faut  dire  les 
choses  de  bonne  foy  :  on  ne  doit  guère  attendre 
que  les  jeux  floraux  produisent  cet  effet  eux- 
mesmes  en  Testât  qu'ils  sont,  parce  qu'ils  n'ont 
plus  tout  à  fait  cette  première  affluence  d'illustres 
prétendants  à  leurs  prix  qui  les  rendoient  célèbres 
par  tout  le  monde,  &,.en  effet,  de  tant  de  beaux 
esprits  dont  cette  ville  est  remplie,  on  n'en  voit 
pas  en  foule  qui  nous  fassent  l'honneur  de  venir 
à  nos  jeux.  Il  est  vray  que  depuis  peu,  nous  avons 
acquis  deux  personnes  qui  peuvent  nous  consoler 
de  tout  le  reste.  Pour  espargner  donc  cette  petite 
honte  qu'ont  des  personnes  d'un  mérite  consommé 
d'entrer  en  concurrence  avec  les  personnes  d'un 
âge  &  d'un  mérite  bien  au-dessous  du  leur,  on 
pourrolt  cstablir  une  académie  pour  toutes  sortes 
d'ouvrages  de  prose  &  de  vers.  Cela  seroit  aisé 
pour  peu  qu'on  adjoutât  aux  jeux  floraux  mesme, 
sans  en  augmenter  la  dépense,  tâchant  seulement 
à  la  convertir  à  de  meilleurs  usages.  Comme  les 
commencements  de  toutes  choses  sont  toujours 
bien  accueillis,  cette  académie  ne  sauroit  manquer 
d'estre  bien  reçue  &  ramèneroit  à  mesme  temps  le 
premier  hisire  de  nos  jeux.  Monsieur  le  premier 
président  en  seroit  le  protecteur,  comme  il  est  déjà 
le  chancelier  de  la  gaye  science.  Et  là,  il  faudroit 
tous  les  ans  à  perpétuité  qu'on  choisît  une  action 
de  nostre  invincible  prince  pour  le  sujet  de  la 
prose  &  des  vers.  Une  seule  année  de  son  règne 
est  capable  d'en  fournir  pour  des  siècles  entiers; 
une  de  ses  campagnes  feroit  l'argument  de  plu- 
sieurs poèmes  plus  grands  que  VlUade.  Le  monde 
finira  plus  tôt  qu'un  pareil  sujet  soit  épuisé. 
C'est  donc  la  gloire  du  roy  qui  est  le  premier 
motif  qui  nous  anime,  afin  que  ses  louanges 
soient  chantées  jusques  à  la  consommation  des 
siècles. 

«  Dans  cette  vue,  nous  crûmes  qu'il  falloit  pro- 
fiter de  la  conjoncture  des  ouvertures  des  jeux  flo- 
raux pour  faire  ces  propositions.  Nous  mîmes  tout 
en  usage  pour  y  attirer  beaucoup  de  monde;  nous 
ne  réussîmes  que  trop,  &  la  foule  du  peuple,  tou- 
jours amoureux  de  nouveautés,  empêcha  qu'on  ne 
pût  bien  entendre  tous  les  moyens  dont  nous  nous 
servîmes  pour  prévenir  les  gens  en  faveur  de  l'es- 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  65? 

remis  en  honneur  les  traditions  longtemps  oubliées  du  collège  de  la  gaie 
science,  les  promoteurs  de  la  création  pensèrent  à  rajeunir  ce  vieux  corps,  à 
le  vivifier  en  le  transformant.  Ce  fut  un  membre  de  l'Académie  française  8< 
de  l'académie  des  inscriptions,  Simon  de  la  Loubère,  ancien  envoyé  extraor- 
dinaire du  roi  de  France  à  Siam  8\  auteur  d'un  traité  de  l'origine  des  jeux 
floraux  de  Toulouse,  qui  prit  l'initiative  de  ces  démarches.  Il  intéressa  à  son 
dessein  le  chancelier  Boucherat  &  lui  fit  agréer  le  rôle  de  protecteur  de  la 
future  académie. 

Restait  à  conquérir  l'assentiment  des  capitouls,  qui  payaient  les  frais  de  la 
fête  sur  les  revenus  de  la  ville  &  qui  jouaient  un  rôle  important  dans  la  céré- 
monie. Bâville  leur  écrivit  dans  des  termes  pressants.  Plusieurs  personnes  de 
distinction  désiraient  remettre  les  jeux  floraux  dans  leur  premier  lustre  & 
demandaient  des  assemblées  hebdomadaires  ;  le  garde  des  sceaux  acceptait 
d'être  le  patron  de  l'académie.  Le  corps  municipal,  qui  s'était  fait  honneur  de 
célébrer  constamment  «  ces  beaux  8t.  nobles  exercices  »  dans  l'hôtel  de  ville, 
ne  pouvait  refuser  aux  nouveaux  académiciens  un  lieu  d'assemblée'. 


i6p4 


tabllssement  de  cette  académie  à  la  gloire  du  roy. 
Nous  accompagnâmes  cette  feste  de  tous  les  agré- 
ments dont  nous  pûmes  nous  adviser  pour  faire 
approuver  nostre  dessein;  nous  n'y  espargnàmes 
ny  la  symphonie,  ny  les  choeurs  de  musique,  & 
le  sieur  Aphrodise,  maistre  de  la  chapelle  de 
Saint-Sernin,  s'en  estant  acquitté  avec  un  succès 
surprenant,  l'assemblée  est  priée  de  vouloir  déli- 
bérer sur  la  récompense  qu'il  est  juste  que  la  ville 
luy  donne,  cette  action  estant  d'ailleurs  toute  sé- 
parée des  jeux  floraux  &  n'ayant  de  conforme 
avec  eux  que  la  concurrence  du  jour  des  ouver- 
tures', w 

'  «  Par  le  sieur  Daspe  conseiller  du  roy  au 
parlement  &  maire  de  la  ville,  a  esté  dit  que  ce 
conseil  avoit  esté  convoqué  pour  donner  connois- 
sance  à  l'assemblée  d'une  lettre  que  M.  l'inten- 
dant de  Languedoc  a  escrit  *u  sujet  des  jeux  flo- 
raux, dans  laquelle  il  nous  marque  que  plusieurs 
personnes  de  distinction  ayant  eu  dessein  de  tra- 
vailler à  remettre  lesdits  jeux  floraux  dans  leur 
premier  lustre  &  en  restablir  l'exercice  avec  éclat, 
&  que  le  désir  de  tout  ce  qu'il  y  a  de  gens  de 
lettres  cstoit  que  pour  la  solennité  desdits  jeux  il 
fût  tenu  des  assemblées  chaque  semaine,  pour  y 
juger  des  ouvrages  que  les  hommes  d'estude  & 
d'esprit  pourroient  y  porter,  ce  qu'ayant  esté  con- 
neu  par  Monseigneur  le  chancelier,  il  auroit  bien 
voulu  faire  l'honneur  à  la  ville  de  témoigner  qu'il 
vouloit  estre  le  protecteur  desdits  jeux,  &  à  cet 
effet  obtenir  de  Sa  Majesté  des  lettres  patentes 
portant  confirmation  desdits  jeux  &  par  ce  moyen 


'  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XXX II,  p.  60. 
Conseil  des  Seize.  Séance  du  .\  mai  1684. 


donner  à  ces  jeux  un  nouvel  éclat  &  faire  qu'ils 
respondent  à  la  grandeur  de  la  seconde  ville  du 
royaume,  &  à  leur  antiquité,  qui,  dans  les  siècles 
les  plus  reculés,  n'ont  pas  seulement  rendu  nostre 
ville  de  Toulouse  &  la  province  de  Languedoc 
recommandables  par  les  belles-lettres,  mais  encore 
tout  le  royaume  qui  en  a  ressenti  les  effets,  par 
l'émulation  que  ces  jeux  donnoient  aux  beaux 
esprits  &  aux  gens  savans  qui  estoient  attirés  de 
toutes  parts  à  cause  des  prix  &  de  la  réputation 
qu'on  y  acquérait;  &  d'autant  que  ces  beaux  & 
nobles  exercices  ont  accoutumé  d'être  faits  dans 
l'hostel  de  ville,  il  estoit  de  l'honneur  de  cette 
maison  que  les  assemblées  qu'on  désire  que  Mes- 
sieurs les  juges  &  mainteneurs  tiennent  chaque 
semaine  fussent  faites  dans  l'hostel  de  ville,  au- 
quel effet  il  seroit  bon  d'assigner  à  ces  Messieurs 
une  chambre  dans  cette  maison  pour  tenir  lesdites 
assemblées,  &  si  vous  ne  trouveriez  pas  à  propos. 
Messieurs,  de  leur  indiquer  par  provision  celle 
qui  est  au  bout  de  la  galerie  des  Illustres,  &  que, 
pour  le  surplus  de  cette  affaire,  il  soit  nommé  des 
commissaires.  Ce  sera  à  vous.  Messieurs,  de  déli- 
bérer ce  que  vous  trouverez  à  propos. 

«t  Sur  quoy,  les  voix  recueillies, 

<i  A  esté  délibéré  que  Messieurs  les  maire  &  ca- 
pitouls feront  de  très-humbles  remerciements  de  I.i 
part  de  la  ville  à  Monseigneur  le  chancelier  de  la 
protection  dont  il  veut  honorer  nos  jeux  floraux 
&  de  la  grâce  qu'il  veut  nous  faire  d'obtenir  do 
Sa  Majesté  des  lettres-patentes  pour  la  confirma- 
tion desdits  jeux,  &  par  là  leur  donner  un  nou- 
veau lustre,  afin  qu'ils  puissent  respondre  à  leur 
antiquité,  puisque  dans  les  siècles  précédents  ils 
ont  rendo   nostre  viJle  recommandable  par  l'excr- 


XIII. 


1694 


658 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


La  question  fut  débattue  par  des  commissaires  du  conseil  de  bourgeoisie; 
on  dut  reconnaître  que  les  jeux  floraux  étaient  en  pleine  décadence  S<  que  la 
rénovation  proposée  pouvait  leur  rendre  la  valeur  littéraire  qu'ils  avaient 
perdue;  on  fit  donc  le  sacrifice  du  brillant  festin  du  3  mai,  Se  l'administra- 
tion capitulaire  consentit  à  figurer  dans  le  préambule  des  lettres  patentes,  à 
la  suite  du  chancelier  &  des  mainteneurs  en  exercice  dont  on  avait  eu  la 
précaution  de  s'assurer  le  concours. 

Les  lettres  patentes  furent  signées  à  Fontainebleau,  au  mois  de  septembre 
1694,  St  accompagnées  de  statuts  en  trente-cinq  articles'. 


cice  des  Belles-lettres,  auquel  effet  il  sera  assigné  à 
Messieurs  les  mainteneurs  &  juges  destlits  jeux 
une  chambre  dans  l'hostel  de  ville  pour  y  tenir 
leurs  jeux,  leur  indiquant  par  provision  la  cham- 
bre qui  est  au  bout  de  la  galerie  des  Illustres,  & 
que,  pour  tesmoigner  à  Monseigneur  le  chancelier 
que  la  ville  n'a  rien  tant  à  cœur  que  l'exécution 
de  ses  ordres  &  qu'elle  respondra  toujours  à  ses 
intentions  avec  toute  la  soumission  possible,  & 
qu'il  sera  nommé  des  commissaires  pour  conjoin- 
tement avec  Messieurs  les  maire  &  capitouls  tra- 
vailler incessamment  à  l'exécution  des  ordres  de 
Sa  Majesté,  à  l'accomplissement  des  désirs  de 
Monseigneur  le  chancelier  &  du  surplus  de  la 
présente  délibération. 

Il  Et  à  l'instant,  par  Monsieur  le  président  ont 
esté  nommés  pour  commissaires  Messieurs  de  La- 
sesquière  &  de  Guibbert,  avocats,  d'Espaigne  & 
Papus  Lacassaignère,  escuyers  &  anciens  capitouls. 

Il  De  Gacii.  Dasve,  maire  de  Toulouse.  Blandi- 
MÈRES,  premier  capitoul  de  robe.  Clauzade  Gak- 
notjSTE,  capitoul.  Borkell,  capitoul.  Méia,  capi- 
toul.  Pabaire,  capitoul.  De  la  Brosse,  capitoul  '.  n 

'  Lettres  patentes  du  roy  portant  le  rétablisse- 
ment des  jeux-floraux  en  une  académie  de  belles- 
lettres. 

II  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France 
&  de  Navarre,  à  tous  présents  &  à  venir  salut. 
Comme  les  belles-lettres  tiennent  le  premier  rang 
entre  tous  les  arts,  d'autant  qu'éclairant  l'esprit 
&  élevant  les  sentimens,  elles  sont  également  pro- 
pres à  la  paix  &  à  la  guerre.  Nous  avons  toujours 
cru  les  devoir  favoriser,  soit  en  gratifiant  de  nos 
libéralités  plusieurs  personnes  qui  se  sont  distin- 
guées par  leurs  études,  tant  dans  nos  Etats  que 
dans  les  pays  étrangers,  soit  en  permettant  & 
autorisant  l'établissement  de  plusieurs  académies 
de  divers  genres  de  littérature  dans  plusieurs  villes 
de  notre  obéissance.  Ces  dispositions  que  Nous 
avons  toujours  témoignées  ont  porté  les  chance- 
lier, mainteneurs   &  maîtres  des  jeux  floraux  de 


'  Archives   de  Toulouse.  Litre   des  cotiseils,   XXXIV, 
p.  109.  Conseil  de  bourgeoisie.  Séance  du  S  août  1693. 


notre  ville  de  Toulouse,  &  les  maire  &  capitouls 
de  liidite  ville,  à  Nous  représenter  que  les  belles- 
lettres  &  surtout  la  poésie  y  ayant  esté  toujours 
cultivées,  la  coutume  y  est  établie,  depuis  plu- 
sieurs siècles,  de  célébrer  tous  les  ans,  le  premier 
&  le  troisième  jour  du  mois  de  may,  dans  le 
grand  consistoire  de  l'hôtel  de  ville  &  à  huis  ou- 
verts, une  fête  poétique,  sous  le  nom  de  jeux  flo- 
raux; que  tous  les  poètes  y  sont  reçus  à  y  réciter 
leurs  vers  publiquement  :  &  que  l'on  y  donne 
trois  fleurs  d'argent,  savoir  une  violette,  une 
églantine  &  un  soucy  aux  trois  poètes,  qui,  au 
jugement  desdits  chancelier,  mainteneurs  &  maî- 
tres, y  ont  porté  les  meilleurs  poèmes  :  que  néan- 
moins ces  jeux  n'ont  pas  esté  de  tout  tems  une 
simple  fête,  comme  aujourd'huy,  mais  une  véri- 
table école  ou  académie,  où  l'on  faisoit  des  bache- 
liers &  des  docteurs  en  poésie,  qu'ils  appeloient 
gaye  science  ;  que  cette  école  ou  académie  estoit 
plus  ancienne  que  l'an  i323,  comme  il  paroît  par 
un  regître  qui  commence  en  ladite  année  &  qui 
est  conservé  dans  ledit  hôtel  de  ville;  ce  qui  doit 
en  faire  rapporter  l'origine  à  la  naissance  des 
universitez  &  des  titres  de  bachelier  &  de  docteur  : 
que  les  professeurs  de  cette  école  estoient  les  main- 
teneurs, dont  le  nombre  a  toujours  esté  limité  à 
sept;  &  qu'à  l'exemple  de  toutes  les  universitez, 
ils  avoient  non-seulement  leur  chancelier  &  autres 
officiers,  mais  encore  une  maison  publique  dans 
l'un  des  faubourgs  de  ladite  ville  où  ils  tenoient 
leurs  assemblées  ordinaires,  jusqu'à  ce  que  cette 
école  eût  passé  de  cette  maison,  qui  lui  estoit 
propre,  à  l'hôtel  de  ville,  &  ce  peu  après  l'an 
i356.  Environ  lequel  tems  les  fauxbourgs  de  ladite 
ville  furent  détruits,  en  conséquence  d'une  déli- 
bération publique,  à  cause  de  la  guerre  avec  les 
Anglois,  alors  maîtres  de  la  Guienne;  que  néan- 
moins elle  n'interrompit  pas  d'abord  ses  exercices 
ordinaires  après  avoir  esté  reçue  dans  l'hôtel  de 
ville,  mais  qu'elle  les  y  continua,  &  même  avec 
éclat;  puisque  trente-deux  ans  après,  sçavoir  en 
i388,  Jean,  roy  d'Aragon,  envoya  une  célèbre 
ambassade  au  roy  Charles  VI  comme  pour  ses  plus 
grandes  affaires,  pour  luy  demander  des  poètes  de 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


659 


L'ancien  collège  de  la  gaie  science  était  entièrement  réformé  Si  constitué 
en  académie.  Suppression  complète  du  festin.  Les  quatorze  cents  livres  ins- 


1(594 


Languedoc,  qui,  sur  l'espérance  des  récompenses 
&  des  honneurs  qu'il  leur  promettoit,  allassent 
établir  des  écoles  de  gaye  science  dans  ses  Etats. 
Ainsi  lesdits  chancelier,  mainteneurs  &  maîtres, 
maire  &  capitouls,  Toyant  que  ces  jeux  ont  été 
réduits  d'une  académie  ordinaire  à  une  simple 
fête,  &  considérant  d'ailleurs  que  cette  fête  a  sou- 
vent reçu  des  oppositions  qui  ont  failli  à  la  dé- 
truire, nonobstant  sa  grande  ancienneté,  &  l'ému- 
lation qu'elle  a  toujours  inspirée  aux  meilleurs 
esprits  des  provinces  de  Languedoc  &  de  Guienne, 
&  quelquefois  aux  plus  célèbres  du  royaume,  ils 
ont  cru  devoir  prévenir  les  contradictions  encore 
plus  grandes  auxquelles  lesdits  jeux  pourroient 
cstre  exposez  dans  la  suite,  si  Kous  n'y  pour- 
voyions de  remède  convenable,  &  si  Nous  n'ache- 
vions ce  que  Nous  avons  commencé  par  l'arrêt  de 
notre  conseil  du  4  décembre  1671,  en  consé- 
quence d'un  règlement  fait  par  nos  commissaires 
le  2Z  novembre  Je  la  même  année;  par  lequel 
Nous  aurions  jugé  à  propos  de  permettre  la  dé- 
pense de  quatorze  cens  livres  par  an,  à  prendre 
sur  les  revenus  ordinaires  de  la  ville  de  Toulouse, 
pour  la  célébration  desdits  jeux.  Et,  dans  cette 
vue,  ils  Nous  ont  très-humblement  supplié  de 
leur  accorder  nos  lettres,  pour  affermir  de  plus 
en  plus  lesdits  jeux  &  leur  rendre  leur  premier 
lustre. 

Il  Sur  quoy,  ayant  égard  à  l'utilité  &  à  l'an- 
cienneté d'un  établissement  si  honorable  aux  bel- 
les-lettres, dont  la  réputation  s'est  étendue  depuis 
plus  de  trois  siècles  chez  les  étrangers,  &  inclinant 
à  la  très-humble  supplication  desdits  chancelier, 
mainteneurs  &  maîtres,  maire  &  capitouls  ;  A  ces 
CAUSES,  de  l'avis  de  notre  conseil,  qui  a  vu  l'arrêt 
du  14  décembre  1671,  cy-attaché  sous  le  contre- 
scel  de  notre  chancellerie.  Nous  avons  de  notre 
grice  spéciale,  pleine  puissance  &  autorité  royale, 
approuvé  &  autorisé,  en  tant  que  de  besoin,  ap- 
prouvons &  autorisons  par  ces  présentes,  signées 
de  notre  main,  lesdits  jeux  floraux  de  Toulouse; 
les  avons  mis  &  mettons  sous  la  protection  de 
notre  très-cher  &  féal  chevalier,  chancelier  de 
France,  le  sieur  Boucherai,  commandeur  de  nos 
ordres,  &  après  luy  de  ses  successeurs  en  l'office 
de  chancelier;  avons  rétabli  &  rétablissons  les 
assemblées  ordinaires  desdits  chancelier  &  main- 
teneurs en  forme  d'académie.  Et  pour  les  rendre 
plus  utiles,  avons  augmenté  &  augmentons  jus- 
qu'à trente-cinq  le  nombre  desdits  mainteneurs. 
A  cet  effet,  lesdits  maire  &  capitouls  prêteront 
auxdits  jeux,  selon  la  coutume,  autant  qu'il  plaira 
auxdiis  chancelier  &  mainteneurs,  le  grand  con- 
sistoire dudit   hôtel  de  ville,  pour  y  faire  la   se- 


monce, pour  y  entendre  réciter  les  ouvrages  de 
vers  &  de  prose,  composez  pour  les  prix,  &  pour 
distribuer  lesdits  prix.  Les  capitouls  y  assisteront, 
sous  le  titre  ordinaire  de  bayles  des  jeux,  dans 
l'ordre  &  au  nombre  accoutumez,  pour  y  recevoir 
&  accompagner  ceux  du  corps  des  jeux  floraux,  & 
leur  faire  les  honneurs  de  l'hôtel  de  ville,  comme 
il  a  esté  pratiqué  cy  devant;  de  quoy  le  maire 
perpétuel  de  ladite  ville  sera  dispensé,  &  ne  se 
trouvera  pas  à  la  tête  desdits  capitouls  bayles; 
mais  sera  ledit  maire  mainteneur  né  desdits  jeux, 
&  en  cette  qualité  aura  en  tout  &  partout  rang, 
séance  &  suffrage  parmi  les  autres  mainteneurs, 
comme  l'un  d'entre  eux,  sans  néanmoins  y  porter 
aucune  marque  de  distinction,  robe  de  cérémonie 
ny  autre  ornement  appartenant  à  sadite  charge 
de  maire.  Prêteront  en  outre  lesdits  maire  &  capi- 
touls, dans  deux  ans  au  plus  tard  après  la  pré- 
sente guerre,  &  autant  qu'il  plaira  auxdits  chan- 
celier &  mainteneurs,  une  salle  dans  ledit  hôtel 
de  ville,  qui  soit  commode,  pour  y  tenir  leurs- 
dites  assemblées  ordinaires,  &  toutes  autres  assem- 
blées particulières  &  à  huis  clos,  qu'il  conviendra 
tenir  pour  lesdits  jeux,  la  meubleront  &  entre- 
tiendront de  meubles  &  des  réparations  nécessai- 
res, &  ce  aux  frais  de  ladite  ville;  &  dès  à  pré- 
sent, &  par  provision,  fourniront  ainsi  meublée 
&  entretenue  celle  qui  est  au  bout  de  la  galerie 
appelée  des  hommes  illustres  &  destineront  un 
serviteur  dudit  hôtel  de  ville,  pour  faire  les  fonc- 
tions de  bedeau  desdits  jeux.  Fourniront  lesdits 
maire  &  capitouls,  tous  les  ans  8c  à  perpétuité, 
des  revenus  ordinaires  de  ladite  ville,  la  somme 
de  quatorze  cens  livres,  suivant  la  modération  qui 
en  a  esté  faite  par  ledit  arrêt  de  notre  conseil,  du 
14  décembre  1671,  pour  les  frais  desdits  jeux,  sans 
que  pour  quelque  cause  que  ce  soit,  ladite  somme 
de  quatorze  cens  livres  puisse  estre  divertie  ny  en 
tout  ny  en  partie  à  d'autres  usages,  mais  seule- 
ment employée  comme  s'ensuit  :  sçavoir,  trois 
cens  livres  aux  frais  courans  desdites  assemblées 
ordinaires  81  des  autres  à  huis  clos,  qui  se  tien- 
dront pour  lesdits  jeux,  &  onze  cens  livres  qui 
seront  employées  à  l'achat  de  quatre  fleurs,  pour 
servir  de  prix.  Et  seront  lesdites  fleurs,  une  ama- 
rante d'or  que  Nous  instituons  81  ordonnons  par 
cesdites  présentes,  pour  estre  le  premier  prix,  8i 
une  violette,  une  églantine  8c  un  soucy  d'argent, 
qui  sont  les  prix  ordinaires;  8c  l'une  desquelles 
sera  désormais  le  prix  d'un  ouvrage  en  prose, 
pour  exciter  l'étude  de  l'éloquence  dans  les  jeux, 
comme  le  tout  est  plus  amplement  expliqué  dans 
les  statuts  cy-attackez,  sous  ledit  contre-scel  de 
notre  chiinceilerie.  En  conséquence  de  quoy  lesdits 


1694 


66o 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


crites  au  budget  de  la  ville  par  l'arrêt  du  conseil  de  167 1  demeuraient  affec- 
tées aux  jeux  floraux,  mais  consacrées  expressément  aux  dépenses  des  réunions 
ordinaires  &  au  payement  des  trois  fleurs  d'argent,  augmentées  d'une  ama- 
rante d'or  pour  le  prix  de  l'ode'. 

Le  roi  portait  à  trente-cinq  le  nombre  des  mainteneurs  qui  devaient  l'être 
à  vie  &  rétablissait  le  principe  de  l'élection,  comme  dans  toutes  les  académies 
de  littérature.  Des  dispositions  minutieuses  étaient  prises  pour  éviter  le  retour 
des  anciennes  querelles;  ainsi  le  pied  des  fleurs  ne  pouvait  porter  aucune 
armoirie;  &,  dans  les  assemblées  ordinaires,  tous  les  assistants  devaient  s'es- 
timer égaux  entre  eux,  8c  prendre  place,  sans  distinction,  à  mesure  qu'ils 
entreraient  dans  la  salle. 

Les  statuts  consacraient  l'abandon  de  tous  les  anciens  genres  poétiques  pour 


maire  &  capitouls  délivreront  dès  le  premier  jour 
de  chaque  année  ladite  somme  de  trois  cens  livres 
au  mainteneur  élu  dispensateur,  &  celle  de  onze 
cens  livres  à  l'ouvrier  ou  marchand  desdites  quatre 
fleurs,  après  qu'il  les  aura  délivrées  aux  trois 
mainteneurs  élus  économes,  &  en  donneront  les- 
dits  dispensateur,  ouvrier  ou  marchand,  leurs 
quittances  visées  par  lesdits  économes  :  &  moyen- 
nant ces  deux  quittances  visées,  l'une  du  dispen- 
sateur, pour  la  somme  de  trois  cens  livres,  & 
l'autre  de  l'ouvrier  ou  marchand,  pour  celle  de 
onze  cens  livres,  seront  lesdits  maire  &  capitouls 
valablement  déchargez  de  ladite  somme  de  qua- 
torze cens  livres.  Auront  lesdits  jeiax  un  scel, 
dont  la  marque  &  l'inscription  sont  expliquées 
dans  lesdits  statuts;  &  seront  lesdits  statuts  exac- 
tement observez  suivant  leur  forme  &  teneur.  Fai- 
sons très-expresses  inhibitions  8c  défenses  de  faire 
à  l'avenir,  dans  lesdits  jeux  ou  pour  lesdits  jeux, 
aucuns  autres  statuts  ou  règlemens.  Et  en  cas  de 
contestation  sur  le  contenu  desdits  statuts,  ou  des 
présentes,  voulons  qu'elle  soit  incessamment  réglée 
par  la  grand'chambre  de  notre  cour  de  parlement 
de  Toulouse,  à  laquelle  Nous  en  avons  attribué  & 
attribuons  par  ces  présentes  toute  cour,  juridiction 
&  connoissance;  &  icelle  interdisons  à  tous  autres 
nos  cours  8c  juges,  à  peine  de  nullité.  Et  afin  que 
ceux  qui  composeront  ledit  corps  des  jeux  floraux 
soient  connus,  tant  ceux  que  Nous  avons  confir- 
mez que  ceux  que  Nous  avons  nommez  de  nou- 
veau ,  Nous  les  avons  tous  compris  dans  notre 
brevet  cy-attaché,  sous  le  contre-scel  de  notre 
chancelier.  Si  donnons  en  mandeme.nt  à  nos  amez 
8c  féaux  conseillers  les  gens  tenant  notredite  cour 
de  parlement  8c  tous  autres  nos  officiers  qu'il 
appartiendra,  que  ces  présentes  8c  lesdits  statuts 
ils  fassent  lire,  publier  8c  registrer  partout  où  il 
appartiendra,  garder  8c  observer  selon  leur  forme 
8c  teneur;  8c  que  des  choses  y  contenues  ils  fassent 
jouir  8c  user  pleinement,  paisiblement  8c  perpé- 


tuellement lesdits  chancelier,  mainteneurs  8c  maî- 
tres desdits  jeux  floraux  8c  leurs  successeurs;  à 
commencer  la  première  publication  du  sujet  de 
l'ouvrage  en  prose  le  troisième  may  prochain,  8t 
la  première  semonce,  le  premier  dimanche  de  l'an 
1696;  8c  la  première  fête  pour  la  distribution  des 
prix,  les  premier  8c  troisième  jours  de  may  de 
ladite  année;  8c  les  assemblées  ordinaires  Se  élec- 
tion des  officiers  desdits  jeux,  d'abord  après  la 
publication  des  présentes;  faisant  cesser  tous  trou- 
bles 8c  empêchemens  s'il  y  en  a.  Voulons  qu'aux 
copies  des  présentes  8c  desdits  statuts,  bien  8c  due- 
ment  collationnées  foy  soit  ajoutée  comme  aux 
originaux;  dérogeant  pour  cet  effet  à  tous  édits, 
déclarations,  arrêts,  règlemens  8c  autres  lettres  qui 
pourroient  être  contraires  aux  présentes  :  Car  tei. 
EST  NOTBE  PHisiR.  Et  afin  que  ce  soit  chose  ferme 
8c  stable  à  toujours,  Nous  avons  fait  mettre  notre 
scel  à  ces  présentes.  Donné  à  Fontainebleau,  au 
mois  de  septembre,  l'an  de  grâce  rail  six  cens 
quatre  vingt  quatorze,  8c  de  notre  règne  le  cin- 
quante unième.  —  Signé  Louis.  —  Fisa  BotciiE- 
nAT.  —  Par  le  rot,  Phelypealx.  » 

'  Il  Article  III  :  L'amarante,  qui  sera  le  pre- 
mier prix,  sera  d'or,  comme  la  violette  étoit  au- 
trefois, 8c  de  la  valeur  de  quatre  cens  livres,  la 
façon  y  comprise.  La  violette,  l'églaniine  8t  le 
soucy  seront  d'argent.  La  violette  8c  l'églaniine 
du  prix  chacune  de  deux  cens  cinquante  livres  8c 
le  soucy  du  prix  de  deux  cens  livres,  la  façon  y 
comprise;  lesquelles  façons  seront  au  meilleur 
marché  qu'il  sera  possible,  sans  rechercher  ny  né- 
gliger la  beauté  de  l'ouvrage.  Chaque  fleur  aura 
un  pied;  mais  ny  les  fleurs  ny  leurs  pieds  ne 
seront  ornez  d'armoiries.  » 

L'article  VI  permet  d'employer  les  économies  de 
la  dépense  courante  à  acheter  un  ou  deux  œillets 
d'argent,  destinés  à  récompenser  un  sonnet,  un 
rondeau,  un  triolet,  une  épigramme,  un  madrigal, 
un  ou  deux  couplets  de  chanson. 


LIV.   111.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


66] 


lesquels  avaient  été  créées  les  fleurs  de  la  gaie  science,  &  sacrifiaient  même  le 
chant  royal,  d'invention  plus  moderne,  mais  passé  de  mode,  comme  une  poésie 
trop  gênante.  Ils  admettaient  seulement  l'ode,  le  poërae  de  soixante  vers  au 
moins  ou  de  cent  vers  au  plus,  tous  alexandrins  8c  suivis,  ou  à  rimes  plates, 
«  8c  dont  le  sujet  fût  héroïque,  comme  par  exemple  l'éloge  de  l'amitié,  ou 
«  la  description  d'une  action  vertueuse  ou  d'un  grand  exploit  militaire,  » 
l'élégie,  l'églogue  8c  l'idylle.  La  prose,  qui  n'avait  jamais  été  reçue  dans  les 
anciens  concours,  y  prenait  un  rang  honorable;  l'églantine  devant  être 
adjugée  à  un  discours  d'un  quart  d'heure  ou  d'une  petite  demi-heure  de  lec- 
ture «  pour  exciter  dans  les  jeux  floraux  l'étude  de  l'éloquence  qui  y  a  esté 
«  négligée  faute  de  prix.  » 

Pour  la  première  t'ois  8c  «  sans  conséquence  «  le  roi  nommait  les  trente- 
cinq  mainteneurs,  du  nombre  desquels  se  trouvaient  les  sept  en  exercice,  8c 
confirmait  les  poëtes  lauréats  qui  avaient  obtenu  des  lettres  de  maîtrise'.  Il 
voulait  que  le  chancelier  fût  électif,  à  la  pluralité  des  suffrages,  mais  que 
l'élection  tombât  toujours,  soit  sur  le  premier  président,  soit  sur  un  président 
a  mortier,  membre  ou  non  de  l'académie. 

Les  statuts  des  jeux  floraux  furent  l'œuvre  de  Simon  de  la  Loubère.  Comme 
cet  académicien  avait  cherché  dans  les  documents  positifs  l'origine  de  l'insti- 
tution toulousaine,  8c  qu'il  connaissait  à  fond  les  premiers  livres  du  gai  savoir, 
où  l'histoire  réelle  en  est  contenue,  il  n'eut  pas  à  se  préoccuper  des  préten- 
dues largesses  de  Clémence  Isaure,  8c  l'on  ne  trouve  ni  dans  les  lettres  pa- 
tentes, ni  dans  les  règlements,  aucune  allusion  à  cette  fondation  chimérique. 
Pourtant  la  Loubère  ne  poussa  pas  le  courage  jusqu'au  bout,  8c  ne  put  refuser 


1694 


'  Voici  la  composition  de  l'académie  des  jeux 
floraux  portée  par  le  breret  dii  roi,  donné  à  Fon- 
tainebleau le  26  septembre  1694. 

Chancelier  :  Le  sieur  de  Maniban,  président  à 
mortier  au  parlement  de  Toulouse,  confirmé  dans 
sa  charge  de  chancelier  des  jeux,  «  en  considéra- 
tion de  son  mérite  personnel  &  du  zèle  avec  lequel 
il  a  poursuivi  l'établissement  &  la  réformation 
desdils  jeux.  » 

Sept  MAINTENEURS  anciens,  confirmés  :  les  sieurs 
de  Saint-Laurent,  d'Auterire,  de  Terlon,  de  Fer- 
mat,  de  Fieubet,  conseillers  au  Parlement;  de  Ber- 
tier,  avocat  général;  Puget  de  Saint-Alban. 

Vingt-huit  MAiisTENEL'RS  nommés  par  le  roi  : 
les  sieurs  Morant,  premier  président;  de  Mont- 
brun  8c  Caulet,  présidents  à  mortier;  Pierre  de  la 
Broue,  évéque  de  Mirepoix;  Valette,  Mauriac, 
d'Aldéguier,  Lombrail  de  la  Salvetat,  &  d'Assézat, 
conseillers  en  la  cour; 

L'abbé  To\irnier  &  Daspe,  conseillers  aux  en- 
quêtes; d'Aldéguier  &  Nolet,  trésoriers  généraux 
de  France;  l'abbé  d'Auterive,  chancelier  de  l'Uni- 
versité; Compain,  chanoine  de  l'église  métropo- 
litaine;   Malepeyre,    conseiller    au    présidial;    La 


Faille,  Maleprade,  Nupces,  Massoc  &  Palaprat, 
avocats; 

La  Croisete;  Campistron  l'aîné;  Tourreil,  de 
l'Académie  françoise;  l'abbé  Drulhet  ;  le  chevalier 
de  Catelan;  Bayle,  docteur  en  médecine;  Daspe, 
conseiller  au  Parlement  8t  maire  perpétuel  de  la 
ville,  mainteneur-né  en   ladite  qualité  de  maire. 

Maîtres  anciens,  confirmés  :  les  sieurs  de  Res- 
séguier  &  de  Burta,  conseillers  en  la  cour;  de  Pu- 
get, chanoine  de  l'église  de  Saint-Sernin  ;  d'Olive 
&  Ramondy,  substituts  du  procureur  général  ;  de 
Pradines,  père  &  fils;  Jonque»,  Magnan  &  d'Ab- 
bassia,  avocats;  d'Olive  Saint-Sauveur;  d'Ardenne, 

curé  de ;  Vincent,  curé  de  Caragoude;  Pages, 

curé  de  Muret;  Laborie,  prêtre;  Ranchin  de 
Montredon  ;  Cironis  de  Beaufort;  le  chevalier  de 
La  bat;  Pader  &  Daubian'. 

'  Traite  Je  l'origine  des  jeux  floraux  de  Toulouse;  let- 
tres patentes  du  roy,  portant  rétablissement  des  jeux  floraux 
en  une  académie  de  belles-lettres,  brevet  du  roy,  qui  porte 
confirmation  des  chancelier,  mainteneurs  &  maîtres  des  jeux 
floraux,  &  nomination  de  nouveaux  mainteneurs  ;  statuts 
pour  les  jeux  floraux.  —  A  Toulouse,  chez  Claude-Gilles  Le- 
camus,  imprimeur  du  roi  &  de  l'acadiimie  des  jeux  floraux. 
M.  Dec.  XV. 


i694 


662  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

une  concession  à  la  croyance  populaire,  mais  il  la  fit  aussi  discrète  que  pos- 
sible, en  écrivant  à  l'article  XXIII  que,  dans  la  dernière  séance  de  la  solen- 
nité du  mois  de  mai,  pendant  qu'on  irait  quérir  les  fleurs  à  l'église  de  la 
Daurade,  l'éloge  de  «  dame  Clémence  «  serait  tait  «  en  peu  de  mots  »  par 
l'un  des  mainteneurs  ou  maîtres.  Le  législateur  de  l'académie  ne  voulait  pas 
exposer  ses  futurs  confrères  à  blesser  trop  ouvertement  la  vérité  historique  en 
essayant  des  développements  hasardés  sur  les  mérites  d'une  bienfaitrice  idéale 
que  ses  défenseurs  les  plus  convaincus  font  voyager  à  travers  les  siècles  sans 
avoir  jamais  réussi  à  lui  assigner  une  date  certaine  Se  constante. 

La  transformation  des  jeux  floraux  en  académie  réglée  ne  laissa  pas  que 
d'éveiller  quelques  regrets  chez  les  vieux  Languedociens  qui  voyaient  dispa- 
raître à  la  fois  la  coutume  du  joyeux  festin  cher  à  leur  jeunesse  Se  l'usage  de 
leur  idiome  national  comme  langue  littéraire.  11  faut  reconnaître  du  reste 
que,  depuis  le  milieu  du  seizième  siècle,  l'invasion  du  français  avait  été  de 
plus  en  plus  générale.  Se  que  les  rédacteurs  des  Lois  d'amour,  grammairiens 
si  scrupuleux  &  versificateurs  si  exigeants  en  fait  de  métrique,  auraient  eu 
grand'peine  à  reconnaître  leur  langue  romane,  savante  Se  musicale,  dans  le 
patois  dégénéré,  corrompu,  encombré  d'expressions  Se  de  formes  étrangères, 
(ju'employaient  leurs  derniers  successeurs. 

«  Toulouse,  écrit  un  contemporain,  a  perdu  par  cette  nouveauté  Se  par  le 
«  sérieux  de  notre  académie,  ce  beau  jour  de  fête  que  nous  célébrions  autre- 
<i  fois  avec  tant  de  joie'.  » 

Le  dernier  festin  des  jeux  floraux. avait  eu  lieu  le  3  mai  1694^.  La  distri- 
bution des  fleurs,  d'après  le  nouveau  règlement,  se  fit  au  printemps  de  l'année 
suivante. 

Pour  s'assurer  la  bonne  volonté  de  Lafaille,  maître  des  jeux  depuis  plu- 
sieurs années,  Se  capable,  par  son  influence,  d'entraîner  les  capitouls  dans 


'  Testament  syni'ical  de  M.  de  Lafaille,  p.  70.  804  livres  5  sols  à  luy  ordonnée  pour  les  gâteaux 

'  Nous  relevons  dans  les  comptes  du  trésorier  de  qu'il  a   fournis  pour  les  collations   des  jeux  flo- 

l'hctel  de  ville  les  dépenses  faites  pour  la  dernière  raux. 

fête  des   jeux    floraux,   célébrée  au   mois  de    mai  «  Au  sieur  Bourguignon,  marchand,  la   somme 

1694,  d'après  l'ancien  rite  :  de  191  livres  18  sols  à  luy  ordonnée  pour  les  con- 

«  Au    sieur   Codaute,   orphevre,    la    somme   de  fitures  qu'il  a  fournies  aux  susdites  collations  des 

173  livres  à  luy  ordonnée,  pour  le  prix  des  fleurs  jeux  floraux. 

d'argent   qu'il   a    fourny   pour   les   jeux   floraux;  n  A  Pierre  Cadau,  traiteur,  la  somme  de  53o  li- 

appert  du  rôle  mandement  &  quittance  du  i5°may  vres  à  luy  ordonnée  pour  le  festin  qu'il  a  donné 

1694.  à  l'assemblée  des  jeux  floraux. 

«   Au  sieur  Begué,  secrétaire  des   jeux   floraux,  «   Audit  Cadau,  la    somme   de   144  livres  à  luy 

la  somme  de  5  livres,  à  luy  ordonnée  en  la  susdite  ordonnée   pour  les  trois  collations  des   jeux   flo- 

qualité,  suivant  la  coutume.  raux. 

«   Au  sieur  Guitard,  la  somme  de  5  livres  à  luy  «   Au  sieur  Durand,  capitaine  de   la    santé,   la 

ordonnée  pour  le  discours  latin  qu'il  a  fait  sui-  somme  de  19  livres   |5   sols  à  luy  ordonnée  pour 

Tant  l'usage  à  l'ouverture  des  jeux  floraux.  l'achapt  des   bouquets  distribués  dans  l'assemblée 

n   A    Laurent    Laforgue,    verguier    de    la    gaye  des  jeux  floraux'.  « 

science,   la    somme   de   20   livres   à   luy   ordonnée 

pour  ses  eapes  de  l'année  entière  i6o4,  .*i-         ^    t-     1           n        .j           ..     oj 

■^               °  °  .                           "isic  luy.^.  ,  Archives  de  Toulouse.  Comptes  de  recette  &  despenses 

«   A  Anthoine  Roques,  boulanger,  la  somme  de  de  Christophe  MarioUc,  pour  l'année  Uxji. 


LIV,  ïll.  RÉVOCATION  DE  L'ÈDIT  DE  NANTES. 


663 


des  voies  d'opposition,  les  organisateurs  de  l'académie  s'étaient  empressés 
d'offrir  à  l'ancien  syndic  de  la  ville,  à  l'annaliste  de  Toulouse,  la  charge  de 
secrétaire  perpétuel.  On  fit  tout  le  bruit  que  l'on  put  autour  du  berceau  de 
la  compagnie,  l'on  y  attira  le  plus  de  poëtes  français  qu'il  fut  possible.  Mais 
ce  renouveau  ne  fut  pas  de  longue  durée.  En  quelques  années,  on  avait 
épuisé  la  veine;  les  écrivains  d'outre-Loire  cessèrent  d'atflueraux  concours,  8c 
aucune  production  éclatante  ne  justifia  les  espérances  que  quelques  gens  de 
lettres  avaient  fondées  sur  le  rajeunissement  du  gai  savoir'. 

Des  préoccupations  d'une  nature  plus  sévère  continuaient  d'ailleurs  à  peser 
sur  la  Province.  La  guerre  extérieure  se  prolongeait,  imposant  des  charges 
nouvelles  &  créant  des  servitudes  inaccoutumées.  Les  déplacements  de  troupes 
étaient  si  fréquents  Se  entraînaient  des  conséquences  si  onéreuses  pour  les 
pauvres  habitants,  obligés  de  loger  les  soldats  dans  leurs  maisons  Se  d'inter- 
rompre leur  travail  pendant  des  journées  entières,  que  les  Etats  s'inquiétèrent 
avec  un  soin  particulier  d'y  porter  remède.  Non  contents  de  régler  rigoureu- 
sement, étape  par  étape,  les  itinéraires  des  colonnes  qui  avaient  à  traverser  le 
Languedoc  pour  se  rendre  en  Roussillon,  en  Provence  ou  en  Dauphiné*,  ils 
proposèrent  de  supprimer  d'une  manière  absolue  les  logements  chez  l'habi- 
tant &  d'établir  des  casernes  Se  des  écuries  dans  tous  les  lieux  de  passage. 
Ces  logements  étaient  d'autant  plus  lourds  qu'ils  retombaient  généralement 
sur  les  familles  gênées,  au  moins  dans  les  villages,  où  toute  personne  possé- 


1694 


■  L'historiographe  officiel  de  l'hôtel  de  ville 
apprécie  dans  Us  termes  suivants  la  transforma- 
tion des  jeux  floraux. 

Il  Cette  année  sera  à  jamaii  remarquable  dans 
nostre  histoire  par  l'establissement  de  l'académie 
des  jeux  floraux  dont  le  public  a  raison  de  se 
promettre  de  très-grands  avantages,  puisqu'elle  a 
pour  but  non-seulement  de  perfectionner  la  lan- 
gue françoise,  mais  plus  particulièrement  de  rec- 
tifier le  goût  pour  les  ouvrages  d'esprit.  C'est  une 
institution  très-ancienne  qui  reçoit  seulement  de 
nof  jours  une  nouvelle  forme,  car  elle  est  rap- 
portée au  premier  registre  de  ces  jeux  en  langue 
provençale  dès  l'année  i324,  où  l'on  voit  qu'ils 
prirent  leur  origine  dans  une  assemblée  savante 
de  sept  personnes  de  qualité  de  cette  ville,  très- 
distinguées  par  leur  érudition  &  par  l'amour  des 
belles-lettres,  de  sorte  que,  sans  avancer  icy  des 
choses  incertaines  &  sans  faire  honneur  de  cet 
establissement  à  la  mémoire  de  la  princesse  Clé- 
mence Isaure  dont  on  prétend  que  la  statue  se 
conserve  encore  dans  nostre  Capitole,  &  sans  aller 
chercher  enfin  cette  Clémence  énigmatique  dans 
un»  certaine  ordonnance  de  l'empereur  Constan- 
tin qui  commence  par  ces  paroles  ;  Placu:t  Cle- 

HEXTIAE   iVOSTRAE   MAJUMA  CELEBBARI,    il  Suffit  d'une 

ancienneté  incontestable  de  près  de  quatre  siècles 
pour  faire  voir  à  la   gloire  de  cette  ville  qu'elle  a 


fondé  la  première  académie  d'esprit  &  de  politesse 
qui  se  soit  conservée  jusques  à  ce  temps,  soit  en 
France  soit  dans  le  reste  de  l'Europe.  Le  fonds 
considérable  qui  luy  fut  de  plus  attribué  &  que 
Messieurs  les  capitouls  nos  prédécesseurs  ont  con- 
servé avec  une  espèce  de  religion  dans  les  plus 
grandes  nécessites  de  la  ville,  nous  fournit  de 
quoy  récompenser  icy  les  beaux  esprits  beaucoup 
plus  honorablement  que  dans  nulle  autre  ville  du 
royaume,  &  afin  que  le  corps  de  ville  puisse  se 
glorifier  de  loger  ces  illustres  académiciens  dans 
son  hostel,  il  leur  a  esté  assigné  par  provision  la 
chambre  qui  est  appelée  des  Illustres  pour  leur 
assemblée,  suivant  la  désignation  qui  en  a  esté 
faite  par  une  délibération  du  conseil  de  bour- 
geoisie, à  quoy  Monsieur  le  maire  &  Messieurs 
les  capitouls  ont  contribué  avec  plaisir  puisqu'ils 
ont  droit  d'assister  aux  assemblées  de  cette  com- 
pagnie &  que  Monsieur  Daspe,  en  qualité  de 
maire,  a  l'honneur  d'estre  mainteneur-né  &  qu'il 
veut  bien  donner  en  cette  occasion  des  marques 
de  son  zèle  8i  de  son  estime  pour  les  belles-lettre; 
&  pour  ceux  qui   les  cultivent',  j» 

"  On   trouvera   le  détail   de  ces   itinéraires  dans 
nos  Pièces  justificatives,  n.  DXXXV,  col.  14Ô7. 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuicritcs,  X,  f°  97. 


— 66i  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dant  quel([ue  bien  avait  l'adresse  de  se  dérober  par  l'acquisition  de  charges 
privilégiées.  Un  détail  de  la  supplique  des  Étals  trahit  d'une  manière  saisis- 
sante la  détresse  du  pays.  Il  y  est  dit  que  «  ces  pauvres  gens  chez  qui  on 
«  loge,  ayant  souvent  faim,  prennent  une  portion  de  l'étape,  soit  des  vivres, 
«  soit  du  fourrage,  en  l'allant  chercher  durant  la  nuit,  ce  qui  occasionne  des 
«  querelles  avec  les  soldats'.  »  On  expose  aussi  qu'il  est  facile  de  trouver, 
dans  presque  tous  les  villages,  quelques  maisons  abandonnées  propres  à  être 
transformées  en  casernes^. 

Au  mois  d'août  1694,  la  Province  eut  à  fournir  un  fort  convoi  de  mulets 
pour  l'armée  royale  qui  opérait  dans  le  Piémont.  Le  roi  n'avait  demandé  que 
quinze  cents  bêtes;  mais  Bâville,  en  administrateur  prudent,  se  défiant  des 
non  valeurs,  en  réclama  plus  de  deux  mille  qui  furent  levés  rapidement  dans 
les  diocèses  de  Montpellier,  Nimes,  Uzès,  Viviers,  le  Puy,  Mende,  Agde, 
Lodève,  Béziers,  Saint-Pons  Se  Castres,  conduits  à  la  frontière  du  Vivarais 
par  des  brigades  de  muletiers  diocésains  &  rassemblés  à  La  Voulte.  Le  comte 
de  Bourg,  maréchal  de  camp,  fit  une  revue  générale  du  convoi,  &  retint  seu- 
lement le  nombre  réglementaire,  en  ayant  soin  d'éliminer  les  bêtes  les  moins 
robustes;  un  millier  environ  de  ces  animaux  mourut  pendant  la  campagne. 
Les  États  payèrent  cent  quarante  livres  par  tête  aux  propriétaires  pour  les 
indemniser.  Si  quatre-vingts  livres  à  ceux  qui  rentrèrent  en  possession  de 
ieurs  mulets^. 

Mais  le  fait  financier  le  plus  considérable  de  l'époque  fut  la  proposition 
vjue  l'assemblée  provinciale  adressa  au  roi  d'établir  un  impôt  universel  ou 
capitation,  atteignant  tous  les  ordres  de  citoyens  8<  réglé  proportionnellement 
à  leur  fortune.  La  résolution  en  fut  prise  dans  la  séance  du  10  décembre  1694, 
sous  l'inspiration  du  cardinal  président  Si  des  commissaires  du  roi. 

Dix  jours  auparavant,  les  Etats  avaient  accordé  le  don  gratuit  de  trois 
millions  réclamé  par  le  ministère,  à  la  suite  d'un  discours  où  l'archevêque  de 
Toulouse  représenta  la  pauvreté  de  la  Province,  éprouvée  par  la  perte  de  ses 
récoltes  Si  réduite  à  une  entière  impuissance  par  les  sommes  extraordinaires 
déjà  votées  pour  le  service  du  roi;  l'archevêque  de  Narbonne  déclara  qu'il 
était  impossible  de  rien  ajouter  au  tableau  des  maux  du  pays,  si  fidèlement 
tracé  par  son  collègue;  mais  que  les  besoins  de  l'État,  qui  passait  avant  tout, 
étaient  fort  pressants;  le  rachat  de  la  taxe  des  francs-fiefs,  au  prix  de  deux 
cent  mille  livres,  avait  été  également  obtenu  par  la  décision  du  président,  qui 
couronna  l'œuvre  en  faisant  prendre  à  l'assemblée  l'initiative  du  projet  de 
capitation. 

Dans  la  délibération  qui  fut  rédigée  à  cet  effet,  les  États  rappelaient  l'em- 
pressement qu'ils  avaient  toujours  mis  à  supporter  les  plus  lourds  sacrifices. 
La  passion  qu'ils  ressentaient  pour  le  service  du  roi  81  pour  le  bien  du 
loyaume  croissait  avec  les  nécessités  publiques.  Ils  avaient  à  cœur  de  montrer 

'  Pièces  juitificatives.  n.  DXXXVI,  col.   14Ô9.  ^  Pièces  justifitative s,  n.  DXXXIV,  col.   1450. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DXLII,  col.    1468. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  665  " 

aux  ennemis  de  la  France  que  son  zèle  8c  ses  forces  étaient  inépuisables  en 
créant  un  nouveau  subside  qui  durerait  aussi  longtemps  que  l'obstination  des 
puissances  coalisées  à  refuser  la  paix.  Cette  charge,  fixe  &  certaine,  pendant 
toute  la  durée  de  la  guerre,  aurait  l'avantage  de  fournir  des  secours  abon- 
dants sans  grever  les  particuliers,  à  cause  du  nombre  considérable  des  per- 
sonnes qui  devraient  y  participer. 

Les  États  demandaient  que  la  levée  de  la  capitation  se  fît  d'après  les  formes 
usitées  dans  la  Province,  Se.  que  les  rôles  en  fussent  dressés,  de  concert  avec 
l'intendant,  par  six  commissaires  au  plus,  pris  parmi  les  évêques,  les  barons, 
les  députés  du  tiers  &  les  officiers  accoutumés  à  régir  les  affaires  des  diocèses 
pendant  l'intervalle  des  sessions'. 

Un  courrier  partit  en  poste  pour  aller  porter  à  la  Cour  la  bonne  nouvelle. 
Il  était  de  retour  à  Narbonne,  le  17  janvier,  chargé  d'une  lettre  de  remercie- 
ments du  roi  8c  d'une  lettre  de  Pontchartrain. 

Louis  XIV  écrivait  au  cardinal  : 

«  Mon  cousin,  je  n'ay  pas  esté  surpris  de  la  délibération  des  États  de  Lan- 
(i  guedoc  que  vous  m'avez  envoyée  par  ce  courrier,  ni  de  ce  que  vous  m'avez  , 
«  escrit  de  leur  zèle  exemplaire  pour  mon  service  8c  pour  le  bien  de  l'État.  Je 
«  suis  seulement  persuadé  de  plus  en  plus  qu'il  n'y  a  rien  que  je  ne  puisse 
«  me  promettre  de  l'assemblée  8c  du  président,  comme  ils  le  doivent  estre 
«  aussy  qu'il  ne  se  peut  rien  ajouter  au  gré  que  je  leur  en  sçay,  ny  à  l'affec- 
«  tion  particulière  que  j'ay  pour  toute  la  Province.  C'est  ce  que  je  vous 
«  recommande  de  leur  bien  témoigner  derechef  8c  de  croire  que  je  rends 
«  justice  à  vostre  application  6c  à  vos  soins.  Je  me  remets  du  surplus  à  ce  que 
«  j'ay  commandé  au  sieur  de  Pontchartrain  de  vous  escrire  sur  cette  délibé- 
n  ration,  8c  prie  Dieu  qu'il  vous  ait,  mon  cousin,  en  sa  sainte  Se  digne  garde. 
V  A  Versailles,  le  ix  de  janvier  1695.  Louis^.  » 

Après  communication  de  la  dépêche  de  Pontchartrain  8c  des  instructions 
reçues  par  Bâville,  les  États  décidèrent  immédiatement  que  les  assemblées 
d'assiettes  diocésaines  seraient  convoquées  dans  le  courant  du  mois  de  février 
pour  prendre  les  dispositions  préliminaires.  Les  gens  des  trois  ordres  qui 
assistaient  à  la  session  de  Narbonne  8c  qui  entreraient  aux  assiettes,  s'atta- 
cheraient surtout  à  faire  comprendre  la  nature  du  nouvel  impôt  8c  à  étudier 
les  moyens  d'en  assurer  l'équitable  perception.  Le  nombre  des  commissaires 
directeurs  ayant  été  limité  à  six  par  la  délibération  du  10  janvier,  8c  l'impor- 
tance de  l'établissement  rendant  peut-être  ce  nombre  insuffisant,  l'assemblée 
provinciale  autorisa  les  assiettes  à  faire  choix  de  personnes  intelligentes  pour 
travailler  aux  rôles  conjointement  avec  l'intendant^. 

Le  principal  mérite  de  l'innovation  était  de  ramener  l'impôt  à  une  forme 
franche  8c  naturelle,  beaucoup  plus  honnête  que  les  créations  d'offices  8c 

'  Voir  le  texte  de  la  délibération  des  Etats  dans  '  Nous  publions  aux  Pièces  justificatives  la  cir- 

nos  Pièces  justificatives,  n.  DXXXIX,  col.  1460.  culaire  du   23  décembre  lôpS  po*ir  la   levée  de  la 

*  Procès-verbal  des   Etats  de  Languedoc.  Séance  capitation,  n.  DXLV,  col.  14Î0. 
du  17  janvier  iCyii. 


1694. 


lôyj 


1695 


666  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

autres  systèmes  de  contributions  déguisées,  de  frapper  indistinctement  tous 
les  Français,  sans  comporter  d'exemption  d'aucune  espèce,  &  d'assurer,  après 
quelques  tâtonnements,  des  résultats  moins  aléatoires  que  les  taxes  empi- 
riques dont  on  avait  tant  abusé  depuis  longues  années.  La  Province,  qui  ne 
connaissait  pas  encore  les  détails  de  l'opération,  y  voyait  du  moins  l'avan- 
tage d'échapper  à  l'intervention  toujours  détestée  des  traitants  8c  d'effectuer 
le  recouvrement  par  les  soins  de  ses  officiers  ordinaires,  sans  avoir  à  se 
débattre  avec  la  nuée  d'agents  subalternes  qui  dévoraient  le  plus  clair  de  son 
revenu. 

Cependant,  il  n'est  point  douteux  que,  même  dans  le  milieu  particulier 
des  États  «  l'application  &  les  soins  »  du  président  avaient  heureusement 
secondé  l'initiative  provinciale. 

La  déclaration  du  roi  portant  établissement  d'une  capitation  générale,  par 
feux  ou  familles,  payable  chaque  année,  en  deux  termes  égaux,  pendant  la 
durée  de  la  guerre,  dans  toute  l'étendue  de  l'ancienne  France  &  des  pays 
conquis,  parut  à  Versailles,  le  18  janvier  i6g5'. 

Louis  XIV  résumait  dans  le  préambule  les  divers  expédients  financiers 
auxquels  l'avaient  successivement  condamné  les  dépenses  d'un  armement  for- 
midable. 

«  Depuis  que  la  gloire  de  notre  Etat  &  les  prospérités  dont  le  ciel  a  béni 
«  notre  règne  ont  excité  contre  nous  l'envie  d'une  partie  des  Puissances  de 
«  l'Europe  &  les  ont  engagées  à  se  liguer  entr'elles  pour  nous  faire  injuste- 
«  ment  la  guerre,  la  sincérité  de  nos  intentions  8c  les  avantages  que  nous 
«  avons  remportés  d'année  en  année  nous  faisant  toujours  espérer  une  paix 
«  prochaine,  nous  avons  tâché  de  n'employer,  pour  nous  mettre  en  état  de 
«  repousser  les  efforts  des  Etats  ligués  contre  nous  que  les  moyens  qui  étoient 
«  le  moins  à  charge  à  nos  sujets.  » 

C'est  dans  cette  vue  qu'on  avait  aliéné  des  rentes  dont  le  payement  était 
assigné  sur  les  revenus  ordinaires  de  la  couronne,  8^  créé  des  charges  dont  les 
gages  figuraient  sur  les  états  des  finances.  Si,  dans  la  suite,  le  roi  s'était  vu 
contraint  de  pratiquer  quelques  autres  moyens  plus  à  charge  aux  peuples,  on 
n'en  pouvait  attribuer  la  cause  qu'à  la  nécessité  d'assurer,  dans  des  termes 
fixes,  les  fonds  convenables  au  bien  de  l'État.  Cependant  les  ennemis  parais- 
saient insensibles  à  leurs  pertes,  &c,  loin  de  se  montrer  touchés  de  la  misère 
des  peuples,  semblaient  même  tirer  avantage  de  l'inclination  que  le  roi  de 
France  témoignait  pour  la  paix.  Leur  endurcissement  l'obligeait  à  faire  de 
nouveaux  préparatifs  de  guerre.  Il  espérait  faire  connaître  à  toute  l'Europe 
que  les  forces  de  la  France,  bien  ménagées,  sont  inépuisables,  6c  que  le  zèle 

'  n  Déclaration  du  Roy  pour  l'établissement  de  Cour,  du   Clergé,  de  l'Université  &  des  Estats  de 

la  capitation  avec  le  tarif  contenant  la  distribii-  Foix".  » 

tion  des  vingt-deux  classes.  Donnée  à  Versailles,  L'arrêt  d'enregistrement  du  parlement  de  Paris, 

le  |3  janvier  lôçS;  registrée  en  Parlement.  Jouxte  sur   réquisition    du    procureur  général  du   roi,   est 

la  copie  imprimée  a  Paris.  A  Toulouse,  chez  Boude,  du  21   janvier  lôpS. 

imprimeur  du  Roy,  des  Estats  de  Languedoc,  de  la  ■  Archives  de  la  Haute-Garonne.  A.  i5. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  C67 

des  Fiançais  pour  le  service  du  roi  8c  pour  la  gloire  de  la  nation  lui  assu- 
raient des  ressources  certaines.  Cette  confiance  lui  avait  inspiré  la  pensée  de 
soumettre  tous  ses  sujets,  sans  aucune  distinction,  à  un  nouvel  impôt  destiné 
à  durer  aussi  longtemps  que  l'aveuglement  des  ennemis  à  refuser  la  paix. 
Les  plus  zélés  &  les  plus  éclairés  sujets  des  trois  ordres  composant  l'Etat  sem- 
blaient avoir  prévenu  la  résolution  royale.  Louis  XIV  rappelait  que  les  Etats 
de  Languedoc,  se  trouvant  assemblés  suivant  l'usage  ordinaire,  après  avoir 
accordé  le  don  gratuit  de  trois  millions  ik  pourvu  aux  autres  charges  consi- 
dérablement augmentées  par  la  guerre,  portant  leur  prévoyance  81  les  témoi- 
gnages de  leur  zèle  &  de  leur  affection  au  delà  de  tout  ce  que  l'on  en  pouvait 
attendre,  avaient  pris  une  délibération  expresse  pour  proposer  l'établissement 
de  la  capitation,  8c  marqué  les  raisons  qui  devaient  faire  préférer  ce  mode 
d'impôt  à  tous  les  autres  procédés  extraordinaires. 

En  effet,  cette  capitation,  se  répandant  proportionnellement  sur  tous  les 
Français,  serait  peu  à  charge  à  chaque  particulier,  8c,  jointe  aux  revenus 
réguliers,  produirait  des  fonds  suffisants,  dont  le  recouvrement  se  faisant  sans 
frais  8c  sans  remise,  rendrait  le  secours  beaucoup  plus  prompt,  plus  facile  8c 
plus  effectif.  Si  ce  recouvrement  réussissait,  comme  on  avait  sujet  de  l'espérer, 
on  pouvait  croire  qu'il  permettrait  à  l'avenir  la  suppression  des  charges  extraor- 
dinaires nécessitées  par  le  malheur  des  temps;  le  souverain  promettait  d'ail- 
leurs, «  en  foy  8c  parole  de  roy,  »  de  faire  cesser  cette  capitation  générale 
trois  mois  après  la  publication  de  la  paix. 

Aucun  des  sujets  du  roi,  de  quelque  qualité  8c  condition  qu'ils  pussent 
être,  ecclésiastique,  séculier  ou  régulier,  noble,  militaire  ou  autre,  ne  devait 
être  exempt  de  la  capitation.  La  seule  cause  d'exception  admise  était  l'im- 
puissance :  elle  ne  s'appliquait  qu'aux  habitants  cotisés  à  la  taille  au-dessous 
de  quarante  sols,  aux  ordres  mendiants  8c  aux  misérables  sans  ressources, 
dont  les  curés  des  paroisses  donneraient  des  rôles  certifiés  8c  signés,  sous  la 
garantie  de  leur  honneur  8c  de  leur  conscience. 

Afin  que  le  produit  de  la  capitation  fût  immédiatement  applicable  aux 
dépenses  de  la  campagne,  les  termes  des  deux  payements  annuels  étaient  fixés 
au  i"  mars  8c  au  i"  juin.  Un  tarif  arrêté  en  conseil  des  finances  distribuait 
toute  la  société  française,  moins  le  clergé,  en  vingt-deux  classes,  dont  la  coti- 
sation s'échelonnait  graduellement,  depuis  deux  mille  livres  jusqu'à  vingt 
sols.  Ce  tarif  devait  servir  de  règle  aux  intendants  8c  commissaires  départis 
dans  les  provinces,  de  concert  avec  les  députés  ordinaires  ou  syndics  des 
États,  pour  arrêter  les  rôles  de  répartition  des  imposables. 

Bien  que  les  ecclésiastiques  fussent  mentionnés  expressément  dans  l'exposé 
des  motifs  comme  sujets  à  la  capitation,  on  ne  les  voit  point  figurer  dans  le 
tarif;  un  article  spécial  de  la  déclaration  explique  cette  omission  volontaire. 
Le  roi  se  dit  persuadé  de  la  bonne  disposition  des  ecclésiastiques  :  ils  se  sou- 
mettront d'autant  plus  volontiers  à  cette  contribution  qu'outre  que  l'intérêt 
de  la  religion  8c  le  zèle  qu'ils  ont  toujours  fait  paraître  pour  le  service  du 
prince  les  y  engagent,  leur  profession  les  empêchant  de  servir  dans  les  armées, 


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i6p5 


668  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

où  la  plupart  seraient  appelés  par  leur  naissance,  ils  ne  peuvent  que  pai 
cette  voie  contribuer,  en  cette  occasion,  à  la  défense  de  l'Etat  dont  ils  com- 
posent le  premier  corps}  mais  l'assemblée  générale  du  clergé  devant  se  tenir 
dans  le  courant  de  l'année,  on  comptait  en  obtenir,  sous  la  forme  de  don 
gratuit,  des  secours  proportionnés  aux  besoins  de  l'Etat  &  l'on  ne  croyait  pas 
juste  d'exiger  simultanément  la  capitation.  Le  roi  prévenait  aussi,  par  quel- 
ques paroles  flatteuses,  les  scrupules  des  gentilshommes  à  se  voir  compris  dans 
les  rôles  des  intendants  :  «  Nous  ne  doutons  pas,  dit-il,  que  la  noblesse  de 
«  notre  royaume,  qui  expose  tous  les  jours  sa  vie  &  qui  verse  si  généreuse- 
ci  ment  son  sang  pour  notre  service  8t  pour  le  soutien  de  l'Etat,  ne  sacrifie 
«  avec  le  même  dévouement  une  aussi  légère  portion  de  ses  revenus  que  celle 
«  à  laquelle  la  taxe  des  gentilshommes  sera  réglée.  »  Pour  leur  donner  une 
satisfaction  d'amour  propre,  la  déclaration  prescrivait  aux  intendants  &  com- 
missaires départis  chargés  de  dresser  les  rôles  de  la  capitation  des  nobles,  de 
s'adjoindre  à  cet  eftet  un  gentilhomme  de  chaque  bailliage,  à  la  nomination 
du  roi.  L'intendant  choisirait,  de  concert  avec  ce  gentilhomme,  un  receveur 
qui  remettrait  ses  deniers  entre  les  mains  du  trésorier  général  des  États. 

Le  tarif  des  vingt-deux  classes  offre  un  tableau  intéressant  du  groupement 
de  la  société,  d'après  la  fortune  présumée  de  tous  les  ordres  de  citoyens.  Le 
dauphin  de  France  figure  en  tête  de  la  première  classe,  avec  tous  les  princes 
du  sang,  les  ministres  8t  les  fermiers  généraux.  Les  ducs,  les  maréchaux,  les 
gouverneurs  de  provinces  sont  dans  la  seconde;  les  lieutenants  généraux  & 
les  premiers  présidents  des  parlements  dans  la  troisième;  les  intendants  con- 
seillers d'État  dans  la  quatrième  ;  les  premiers  présidents  des  cours  des  aides 
dans  la  cinquième.  Les  marquis,  comtes,  vicomtes  &  barons  se  trouvent  ras- 
semblés sans  distinction  dans  la  septième  classe,  &  cotisés  à  deux  cent  cin- 
quante livres,  en  compagnie  de  diverses  espèces  de  receveurs  &  de  sous-trai- 
tants; les  gentilshommes  seigneurs  de  paroisses  sont  dans  la  dixième,  à  cent 
vingt  livres;  les  gentilshommes  possédant  fief  &  château,  dans  la  quin- 
zième, à  quarante  livres,  fort  au-dessous  des  chauffe-cire,  des  porte-coffres 
8<  d'une  foule  de  commis;  enfin  les  gentilshommes  n'ayant  ni  fief,  ni  château 
descendent  à  la  dix-neuvième  catégorie,  &  sont  cotés  à  six  livres,  ni  plus  ni 
moins  que  les  bedeaux  des  universités,  les  huissiers  des  présidiaux  Si  les 
cabaretiers'. 


'  A  cause  de  la  rareté  de  la  pièce,  nous  croyons  de  Guise. —  M.  le  prince  de  Condé.  —  M.  le  duc 

devoir   publier  l'ensemble  du  tarif  imprimé  à  la  de  Bourbon.  —  Madame  la  princesse  de  Coniy  la 

suite  de  la  déclaration.  douairière.  —  M.   le   prince  de   Conty.  —  M.  le 

duc  du    Maine.  —  M.    le  comte  de  Toulouse.  — 

Tarif  contenant  la  distrièutlon  des  classes  &  le  règle-  Madame  la  duchesse  de  Verneuil.  —  M.  le  chan- 

ment  des  taxes  de  la  capitation  générale,  ordonnée  celier.  —  Le  chef  du  conseil  royal  des  finances. — 

par  la  déclaration  du  Roy  de  ce  jourdhuy.  Les  ministres  d'Estat Les  secrétaires  d'Estat.  — 

Le  controlleur  gênerai  des  finances.  —  Les   rardes 
ruEuiERE  CLASSE  :  Dcux  mil  livres.  .  ,  ,  ,  .       ■  ,     ,, 

du    trésor   royal.  —  Les    trésoriers   de   lextraordi- 

Monseigneur   le   Dauphin.   —   Monsieur,    duc       naire  de  la  guerre.  —  Les  trésoriers  de  la  marine. 

d'Orléans.  —  M.  le   duc  de  Chartres.  —  Madame       —  Les  fermiers  généraux. 


LIV,   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


669 


Rien  ne  marque  mieux  que  cette  hiérarchie  spéciale  les  houleversements 
introduits  par  les  révolutions  de  la  fortune  dans  les  classifications  de  la  société; 


1695 


DEUXIÈME  CLASSE  :  Quinze  ccks  livres. 

Les  princes.  —  Les  ducs.  —  Les  mareschaiix  de 
France.  —  Les  officiers  de  la  couronne.  —  Le  pre- 
mier président  du  Parlement  de  Paris.  —  Les  gou- 
Terneurs  des  provinces.  —  Les  conseillers  au  con- 
seil royal  des  finances.  —  Lc3  trésoriers  des  revenus 
casuels. 

TROISIÈME  CLASSE  :  ,\til   livrc!. 

Les  chevaliers  &  grands  officiers  de  l'ordre  du 
Saint-Esprit.  —  Les  lieutenants  généraux  des  pro- 
vinces. —  Les  vice-amiraux.  —  Les  premiers  pré- 
sidens  des  cours  supérieures  de  Paris.  —  Les  prési- 
dens  à  mortier  de  Pans.  —  Les  premiers  présidens 
des  parlemens  des  provinces.  —  Les  secrétaires  du 
conseil.  ■ —  Les  receveurs  généraux  des  finances. — 
Les  trésoriers  des  pays  d'Esiats.  —  Les  trésoriers 
des  galères.  —  Les  receveurs  des  consignations  de 
Paris. 

QUATRIÈME  CLASSE  :  Cini]  ccHs  Hvrcs. 

Les  conseillers  d'Estat.  —  Les  procureur  &  avo- 
cats généraux  du  parlement  de  Paris.  —  Le  gref- 
fier en  chef  du  parlement  de  Paris.  —  Les  prési- 
dens de  la  chambre  des  comptes  de  Paris,  cour  des 
aydes  &  grand  conseil.  —  Le  prévost  de  Paris.  — 

Le  lieutenant  civil.  —  Le  lieutenant  de  police 

Le  prévost  des  marchands.  —  Les  capitaines-lieu- 
tenans  des  compagnies  des  gensdarmes  &  de  che- 
»aux-legers.  —  Le  receveur  général  du  clergé.  — 
Les  grands  audienciers.  —  Les  gardes  des  rolles. 
—  Les  controUeurs  généraux  de  la  grande  chan- 
cellerie. —  Les  trésoriers  du  sceau.  —  Les  tréso- 
riers de  l'artillerie. —  Les  commissaires  aux  saisies 
réelles  de  Paris. 

CINQUIÈME  CLASSE  :  Quatre  cent  livres. 

Les  maistres  des  requestes,  titulaires  &  vétérans, 
81  les  conseillers  d'honneur  du  parlement  de  Pa- 
ris. —  Le  procureur  général  de  la  chambre  des 
comptes  de  Paris.  —  Les  procureurs  &  avocats  gé- 
néraux du  grand-conseil  &  de  la  cour  des  aydes  de 
Paris,  Si  les  greffiers  en  chef.  —  Les  premiers  pré- 
sidents des  chambres  des  comptes  &  cours  des  aydes 
des  provinces.  —  Les  intendants  de  marine  &  des 
provinces,  qui  ne  sont  pas  maistres  des  requestes. 
.—  Les  gouverneurs  des  places  frontières.  —  Les 
greffiers  du  conseil,  &  le  garde  des  minutes  du 
conseil.  —  Le  greffier  en  chef  de  la  chambre  des 
comptes  de  Pans.  —  Les  trésoriers  des  fortifica- 
tions. —  Les  trésoriers  des  bastimens.  —  Les  tré- 
soriers des  ligues  suisses.  ^  Les  cautions  des  trai- 
tez arrestez  au  conseil.  ^ 


SIXIÈME  CLASSE  :  Trois  cens  livres. 

Les  lieutenans  généraux  des  armées  du  roy.  — 
Les  lieutenans  généraux  de  la  marine  &  des  ga- 
lères. —  Les  lieutenans  généraux  d'artillerie.  — 
Les  lieutenans  de  roy  des  provinces  créés  en  titre 
d'office.  —  Les  gouverneurs  des  places  du  dedans 
du  royaume.  —  Les  sous-lieutenans  des  compa- 
gnies des  gensdarmes  &  de  chevaux-légers.  —  Les 
premiers  présidens  des  conseils  supérieurs  des  pro- 
vinces. —  Les  présidens  à  mortier  des  parlemens 
des  provinces.  —  Les  présidens  des  enquestes  & 
requestes  du  parlement  de  Paris.  —  Les  lieutenans 
particulier  &  criminel,  &  procureur  du  roy  du 
Chastelet  de  Paris.  —  Les  greffi'ers  en  chef  civil  & 
criminel  du  Chastelet  de  Paris.  —  Les  trésoriers 
du  marc  d'or.  ^  Les  fermiers  généraux  des  postes. 

SEPTIÈME  CLASSE  :  Deux  cent  cinquante  livres. 

Les  marquis,  comtes,  vicomtes  &  barons.  —  Le 
prévôt  de  l'Isle,  le  lieutenant  criminel  de  robe 
courte  &  le  chevalier  du  guet.  —  Le  procureur  du 
roy,  le  greffier  &.  le  receveur  de  l'hôtel  de  ville  de 
Paris.  —  Les  greffiers  commis  au  greffe  de  la 
grand'chambre  du  parlement  de  Paris.  —  Les 
payeurs  des  rentes.  —  Les  receveurs  des  taUles.  — 
Les  receveurs  du  domaine.  —  Les  receveurs  des 
amendes,  receveurs  des  épices  &  vacations,  rece- 
veurs des  consignations  &  les  commissaires  aux 
saisies  réelles  des  villes  oii  il  y  a  parlement,  cham- 
bre des  comptes  ou  cour  des  aydes.  —  Les  trésoriers 
des  ponts  &  chaussées.  —  Les  receveurs  des  ami- 
rautez.  —  Les  contrôlleurs  des  postes.  —  Les  con- 
troUeurs des  ligues  suisses.  —  Les  payeurs  des  ga- 
ges des  compagnies  supérieures.  —  Les  directeurs 
des  fermes.  —  Les  caissiers  des  aydes  &  des  gabelles. 
—  Les  sous-traitans  &  sous-fermiers. 

HUITIÈME  CLASSE  :  Dcux  ceus  livres. 

Les  mareschaux  des  camps  &  armées  du  roy.  

Les  chefs  d'escadres  des  vaisseaux  &  des  galères. 

Les  mareschaux  généraux  des  logis  des  camps  & 
années  du  roy.  —  Les  enseignes,  cornettes  &  gui- 
dons des  compagnies  de  gensdarmes  &  de  chevaux 
légers.  —  Les  conseillers  des  cours  supérieures  de 
Paris.  —  Les  grands  baillifs  d'épée.  —  Les  mais- 
tres de  la  chambre  des  comptes  de  Paris,  —  Le 
procureur  général  des  requestes  de  l'hostel.  —  Le 
lieutenant  général  de  la  table  de  marbre.  —  Les 
grands  maistres  des  eaux  8c  forests.  —  Les  secré- 
taires du  roy  de  la  grande  chancellerie.  —  Les 
présidens  &  trésoriers  de  France  de  Paris.  —  Les 
greffiers  des  présentations  &  affirmations  du  par- 
lement de  Paris.  — Les  premiers  commis  des  secré- 


1695 


670 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


la  vieille  ordonnance  des  rangs  perdait  de  plus  en  plus  son  immobilité  8<  se 
déformait  au  hasard  d'un  nivellement  capricieux.  La  progression  du  tiers 


taires  d'État,  du  contrôlleiir  général  des  finances, 
du  trésor  royal  &  des  revenus  casuels. 

NEUVIÈME  CLASSE  :  Cciit  cinquante  livres. 

Les  brigadiers  des  armées  du  roy.  —  Les  mares- 
chaux  généraux  de  la  cavalerie.  —  Les  majors 
généraux  d'infanterie  &.  de  cavalerie  des  armées  du 

foy.  Les  capitaines  des  vaisseaux  &  des  galères 

Jii  foy.  —  Les  maistres  des  chambres  des  comptes 
des  provinces.  —  Les  correcteurs  &  auditeurs  des 
comptes  de  Paris.  —  Les  conseillers  chevaliers 
d'honneur,  procureurs  &  avocats  généraux  des 
cours  supérieures  des  provinces.  —  Les  greffiers 
des  commissions  extraordinaires.  —  Les  commis 
au  contrôlle  général  des  finances.  —  Les  contrôl- 
leurs  généraux  des  gabelles.  —  Les  commis  des  se- 
crétaires &  greffiers  du  conseil. 

DIXIÈME  CLASSE  !  Cent  vingt  livres. 

Les  colonels,  mestres  de  camp  d'infanterie,  ca- 
valerie &  dragons  des  armées  du  roy,  &  autres 
officiers  ayant  rang  de  colonels.  —  Les  lieutenans 
de  roy  des  frontières.  —  Les  colonels  des  archers 
de  la  ville  de  Paris.  —  Les  gentilshommes  seigneurs 
de  paroisses.  —  L'avocat  général  des  requestes  de 
l'hostel.  —  Les  échevins  &.  conseillers  de  ville  de 
Paris.  —  Les  notaires  &  secrétaires  des  cours  supé- 
rieures de  Paris.  —  Les  huissiers  du  conseil  &  de 
la  grande  chancellerie.  —  Les  présidens,  trésoriers 
de  France,  avocats,  procureurs  du  roy  &  greffiers 
des  bureaux  des  provinces.  —  Les  avocats  du  roy 
du  Chastelet  de  Paris.  —  Les  con'rôlleurs  du  marc 
d'or.  —  Le  directeur  général  des  monnoyes.  —  Les 
notaires  du  Chastelet  de  Pans.  —  Les  banquiers 
expéditionnaires  en  cour  de  Rome.  —  Les  ban- 
quiers &  agens  de  change.  —  Les  garde-livres  & 
le  contrôlleur  général  des  restes  de  la  chambre  des 
comptes  de  Paris. 

ONZIÈME  CLASSE  :  Cent  livres. 

Les  commissaires  des  guerres.  —  Les  commissai- 
res de  la  marine.  —  Les  contrôlleurs  généraux  de 
l'ordinaire  &  extraordinaire  des  guerres.  —  Les 
Correcteurs  &  auditeurs  des  chambres  des  comptes 
des  provinces.  —  Les  lieutenans  généraux,  parti- 
culiers &  criminels,  procureurs  du  roy  &  greffiers 
en  chef  des  bailliages  &  sénéchaussées  ressortissans 
aux  parlemens.  —  Le  chevalier  d'honneur  &  les 
conseillers  au  Chastelet  de  Paris.  —  Les  maires  des 
villes  où  il  y  a  parlement  ou  autre  compagnie  su- 
périeure. —  Les  secrétaires  du  roy  des  petites 
chancelleries.  —  Les  receveurs  des  amendes,  épices 
&  vacations,  —  Les  receveurs  des  consignations  & 


les  commissaires  aux  saisies  réelles  où  il  y  a  bu- 
reau des  finances  ou  présidial,  —  Les  commis  des 
secrétaires  d'Etat  8c  contrôleur  général  des  finan- 
ces, —  Les  contrôleurs  des  payeurs  des  gages  des 
compagnies  supérieures.  —  Les  marchands  faisant 
commerce  en  gros.  —  Les  premiers  huissiers  du 
parlement  &  autres  cours  supérieures  de  Paris. 

DOUZIÈME  CLASSE  ;  Quatre  vingt  livres. 

Les  chevaliers  d'honneur,  avocats,  procureurs 
du  roy  &  greffiers  en  chef  des  présidiaux  des  pro- 
vinces. —  Les  chaufTecires ,  portecoffres  &  autres 
petits  officiers  de  la  grande  chancellerie. 

TREIZIÈME  CLASSE  :  Soixante  livres. 

Les  lieutenans  de  roy  &  majors  des  places.  — 
Les  ingénieurs  directeurs  des  fortifications.  —  Les 
présidens  &  lieutenans  criminels  des  élections  & 
greniers  à  sel.  —  Les  lieutenans  généraux  de  la 
connestablie  &  des  amirautez.  —  Les  échevins, 
procureurs  du  roy,  greffiers,  receveurs  des  deniers 
communs  des  villes  ou  il  y  a  parlement  ou  autre 
compagnie  supérieure.  —  Les  maires  des  villes  du 
second  ordre.  —  Les  juges  gardes  de  la  monnoye 
de  Paris.  —  Les  substituts  des  gens  du  roy  des 
cours  supérieures  de  Paris.  —  Les  contrôlleurs  des 
payeurs  des  gages  des  cours  supérieures.  —  Les 
commis  des  intendans  des  finances,  du  trésor  royal 
&  des  revenus  casuels.  —  Les  receveurs  généraux 
des  gabelles.  —  Les  bourgeois  des  grosses  villes  vi- 
vant de  leurs  rentes. 

QtjATORZiÈME  CLASSE  :  Cinquante  livres. 

Les  lieutenans  d'artillerie.  —  Les  contrôlleurs 
de  l'ordinaire  &  de  l'extraordinaire  des  guerres. — 
Les  substituts  des  gens  du  roy  des  cours  supérieures 
des  provinces.  —  Les  commissaires  du  Chastelet  de 
Paris.  —  Les  sous-fermiers  des  postes. 

QUINZIÈME  CLASSE  :  Qu.^ronte  livres. 

Les  prévosts  des  mareschaux.  —  Les  gentilshom- 
mes possédant  fiefs  &  chasteau.  — Les  mareschaux 
des  logis  des  compagnies  de  gendarmes  &  des  che- 
vaux-légers. —  Le  lieutenant  des  archers  de  la 
ville  de  Paris.  —  Les  substituts  du  procureur  du 
roy  du  Chastelet  de  Paris.  —  Les  contrôlleurs  des 
rentes  de  l'hostel  de  ville  de  Paris.  —  Les  greffiers 
des  présidiaux  &  autres  justices  royales.  —  Les 
quarteniers  de  la  ville  de  Paris. —  Les  commis  re- 
ceveurs des  fermes.  —  Les  bourgeois  des  villes  du 
second  ordre  vivant  de  leurs  rentes.  —  Les  inten- 
dans des  affaires  &  maisons  particulières.  —  Les 
fermiers  des  terres  &  biens  dont  les  baux  excèdent 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  671 

état,  enrichi  de  jour  en  jour  par  les  diverses  applications  de  l'activité,  devient 
surtout  sensible.  Sans  parler  des  innombrables  officiers  de  judicature  &  de 


1695 


trois  mil  livres.  —  Les  fermiers  des  moulins  dont 
les  baux  excèdent  deux  mil  livres. 

SEIZIÈME  CLASSE  :  Trente  livres. 

Les  professeurs  en  droit. —  Les  grands  maistres, 
proviseurs  &  principaux  des  collèges.  —  Les  offi- 
ciers des  bailliages  royaux  des  élections,  greniers  à 
sel,  des  eaux  &  forests,  de  la  connestablie,  des 
amirautez  &  les  juges  des  traites.  —  Les  lieutenans 
généraux,  procureurs  fiscaux  &  greffiers  des  ducliez 
&  pairies.  —  Les  échevins,  procureurs  du  roy, 
greffiers  &  receveurs  des  deniers  communs  des  villes 
du  second  ordre.  —  Les  substituts  des  procureurs 
du  roy  des  villes  où  il  y  a  parlement  ou  autres 
compagnies  supérieures.  —  Les  maires  des  petite^ 
villes.  —  Les  payeurs  &  contrôlleurs  des  gages  des 
présidiaux. —  Les  avocats  au  conseil.  —  Les  offi- 
ciers des  petites  chancelleries.  —  Les  premiers  huis- 
tiers  des  compagnies  supérieures  des  provinces.  — 
Les  huissiers  audienciers  du  Chastelet  de  Paris.  — 
Les  gros  marchands  tenant  boutiques.  —  Les  mar- 
chands de  bled,  de  vin  &  de  bois.  —  Les  secrétaires 
des  conseillers  d'Etat,  maistres  des  requestes,  des 
intendans,  des  gouverneurs  des  provinces,  des  ma- 
reschaux  de  France,  généraux  d'armée,  lieutenans 
généraux  de  terre  &  de  mer,  des  lieutenans  civil, 
de  police,  criminel,  du  procureur  du  roy  au  Chas- 
telet de  Paris,  du  prévost  des  marchands  &  des 
procureurs  &  avocats  généraux  des  cours  supé- 
rieures.—  Les  traiteurs.  —  Les  messagers  des  villes 
où  il  y  a  parlement  ou  autres  cours  supérieures. 
—  Partie  des  fermiers  &  laboureurs. 

Dix-SEPTicuE  CLASSE  :  Vingt  livret. 

Les  lieu<enans  &  enseignes  des  vaisseaux  &  des 
galères  du  roy.  —  Les  colonels  &  majors  des  bour- 
geoisies.—  Les  commissaires  d'artillerie. —  L'exempt 
des  archers  de  la  ville  de  Paris.  —  Les  professeurs 
du  collège  royal  de  Pans,  8c  autres  tant  de  Paris 
que  des  provinces  qui  reçoivent  gages  &  pensions 
du  roy.  —  Les  médecins,  chirurgiens  &  apothi- 
caires de  Paris.  —  Les  notaires  des  villes  où  il  y  a 
parlement  &  autres  cours  supérieures. —  Les  juges 
gardes  des  monnoyes  des  provinces.  —  Les  avocats 
des  cours  supérieures.  —  Les  huissiers  des  cours 
supérieures  &  requestes  du  palais.  —  Les  crieurs 
des  corps  &  de  vins  de  Paris.  —  Les  directeurs  par- 
ticuliers des  monnoyes.  —  Partie  des  aubergistes 
de  Paris.  —  Partie  des  fermiers  &  laboureurs. 

DIX-HUITIÈME  CLASSE  :  Dix  Uvrss. 

Les  capitaines  &  lieutenans  des  bourgeoisies.  — 
Les  commissaires  aux  revues.  —  Les  capitaines  & 


majors  de  cavalerie  &  dragons.  —  Les  ingénieurs 
des  places.  —  Les  ayde-majors  &  capitaines  des 
portes.  —  Les  recteurs,  chanceliers,  procureurs 
des  nations  &  supposts  des  universitez.  —  Les 
substituts   des  procureurs   du    roy  des   présidiaux. 

—  Les  médecins,  chirurgiens  &  apothicaires  des 
villes  du  premier  &  du  second  ordre.  —  Les  avo- 
cats &  procureurs  du  Chastelet  de  Paris.  —  Les 
contrôleurs  des  taxes  de  dépens  des  conseils,  par- 
lemens  &  autres  cours  supérieures.  —  Les  notaires 
des  villes  du  second  ordre.  —  Les  contrôlleurs  des 
deniers  patrimoniaux  &  d'ociroy  des  villes  du 
premier  ordre.  —  Les  huissiers  à  verge,  à  cheval 
8c  à  la  douzaine  du  Chastelet  de  Paris.  —  Les 
dizainiers  de  la  ville  de  Paris.  —  Les  experts  & 
greffiers  de  l'Ecritoire  de  Paris.  —  Les  jurez  ar- 
chitectes. —  Les  mesureurs  de  bois,  de  charbon, 
courtiers,  jaugeurs  &  autres  officiers  de  police  St 
des  ports.  —  Les  barbiers  8c  perruquiers  des  villes 
du  premier  8l  du  second  ordre.  —  Les  artisans  des 
grosses  villes  tenant  boutiques  8t  employant  des 
garçons.  —  Partie  des  aubergistes  de  Paris.  — 
Partie  des  fermiers  8i  laboureurs.  —  Partie  des 
vignerons. 

Dix-NEuviÊHE  CLASSE  :  Six  Uvrcs. 

Les  capitaines  8(  majors  d'infanterie.  —  Les 
gentilshommes  n'ayant  ny  fief  ny  chasteau.  — 
Les    regens,  bedeaux  8c  hiessagers  des   universitez. 

—  Les  échevins,  procureurs  du  roy,  greffiers  8i 
receveurs   des  deniers  communs  des  petites  villes. 

—  Les  maires  des  bourgs  clos.  —  Les  receveurs 
des  consignations  &  amendes  8c  Us  commissaires 
aux  saisies  réelles  des  justices  royales.  —  Les  no- 
taires des  petites  villes.  —  Les  contrôlleurs  des 
deniers  patrimoniaux  8c  d'octrois  des  villes  du 
second  ordre.  —  Les  huissiers  audienciers  des  pré- 
sidiaux. —  Les  bourgeois  des  petites  villes  vivant 
de  leurs  renies.  —  Partie  des  aubergistes  de  Paris 
8t  ceux  des  villes  fermées.  —  Les  cabaretiers  don- 
nant à  manger  à  pot  8c  à  assiettes.  —  Les  artisans 
des  villes  du  second  ordre,  tenant  boutiques  8( 
employant  des  garçons.  —  Les  messagers  des  peti- 
tes villes  8c  bourgs  clos.  —  Les  maistres  des  postes. 

VINGTIÈME  CLASSE  i  Trots  Uvrcs. 

Les  lieutenans,  sous-Iieutenans  8c  enseignes  d'in- 
fanterie. —  Les  cornettes  de  cavalerie  8c  dragons. 

—  Les  écrivains  principaux  des  vaisseaux  &.  des 
galères.  —  Les  mareschaux  de  logis  de  la  cavalerie 
8c  dragons.  —  Les  lieutenants  8c  exempts  des  ma- 
reschaussées.  —  Les  gardes  magasins  d'artillerie. 

—  Les  gardes  marine.  —  Les  archers  de  l'hostel 


i6pj 


672  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

finances  sortis  de  ce  milieu,  on  voit  grandir  l'importance  financière  des  gens 
de  négoce  &  de  métiers.  Les  marchands  faisant  commerce  en  gros  sont  inscrits 
dans  la  onzième  classe,  à  cent  livres.  Les  bourgeois  vivant  de  leurs  rentes 
dans  les  grosses  villes  sont  cotisés  à  soixante  livres  8<  appartiennent  à  la  trei- 
zième classe;  dans  les  villes  de  second  ordre  ils  sont  attribués  à  la  quinzième 
81  doivent  payer  quarante  livres;  dans  les  petites  villes  ils  descendent  à  la 
dix-neuvième,  comme  de  simples  gentilshommes. 

Quant  aux  fermiers,  la  plus  haute  classe  à  laquelle  ils  s'élèvent  est  la 
quinzième;  les  gros  marchands  tenant  boutiques  sont  un  rang  plus  bas,  avec 
les  riches  laboureurs,  cotisés  à  trente  livres.  Les  artisans  des  grosses  villes, 
tenant  boutiques  &  employant  des  garçons,  prennent  la  tête  des  ouvriers,  dans 
la  dix-huitième  classe,  à  dix  livres;  les  autres  s'échelonnent  dans  les  catégo- 
ries suivantes,  d'après  l'importance  des  centres  de  population  dans  lesquels  ils 
vivent.  La  dernière  classe,  à  vingt  sols,  comprend  outre  les  simples  soldats  S<. 
les  journaliers,  tous  les  habitants  des  bourgs  8t  villages  qui,  payant  au  moins 
quarante  sols  de  taille,  n'étaient  pas  compris  dans  les  classes  précédentes. 

Un  article  particulier  de  la  déclaration  visait  les  gens  qui  ne  se  trouveraient 
pas  précisément  désignés  dans  les  catégories  pourtant  si  nombreuses  du  tarit 
S<  chargeait  les  commissaires  répartiteurs  de  les  cotiser  sur  le  pied  des  classes 
avec  lesquelles  ils  auraient  le  plus  de  rapport  par  leur  profession  ou  leur 
qualité,  les  commissaires  devant  suivre  régulièrement,  d'année  en  année,  les 
mutations  qui  pourraient  se  produire  dans  la  condition  des  personnes. 

de  ville  de  Paris,  du  prevost  de  l'Isle  &  du  lieuic-  noyés.  —  Les  changeurs.  —  Les  artisans  des  petl- 

nant  de  robe  courte.  —  Les  juges  des  justices  sei-  tes   villes    &   bourgs  clos    tenant  ménage.   —   Les 

gneuriales.  —  Les  avocats  &  procureurs  des  pré-  hôteliers    &   cabaretiers   des    bourgs   clos.    —   Les 

sidiaux    &    autres    justices    royales.   —   Les    tiers  meuniers  dont  les  baux  sont  au-dessous  de  deux 

référendaires  des  présidiaux  &  autres  justices  roya-  rail  livres.  —  Partie  des  fermiers  &  laboureurs.  — 

les.  —   Les  contrôUeurs  des   taxes  de  dépens   des  Partie  des  vignerons. 

présidiaux,  bailliages  &  autres  justices  royales.  — 

Les  échevins,  procureurs  du  roy,  greffiers  &  rece-  vingt-unième  classe  :  Dcuk  livres. 

veurs  des   deniers   communs   des   petites   villes   &  Les  gensdarmes  &  chevaux-légers,  les  timbaliers 

bourgs  clos.  —  Les  médecins,  chirurgiens  &  apo-  &  trompettes  desdites  compagnies.  —  Les  sergens 

thicaires   des    petites   villes    &  bourgs   clos.  —  Les  d'infanterie.  —  Les  archers  des  raareschaussces. 

greffiers  collecteurs  en  Languedoc.  —  Les  greffiers  Les  sergens  des  justices  seigneuriales.  —  Les  arti- 

des  rolles  des   tailles  &  autres  impositions.  —  Les  sans  des  bourgs  &  villages.  —  Partie  des  vignerons, 
procureurs  fiscaux  &  greffiers  des  justices  seigneu- 
riales. —  Les  huissiers,  procureurs   &  sergens  des  vinct-deuxiè.«e  &  dernière  classe  :  Vingt  sols. 
justices  royales.  —  Les  crieurs  des  corps  &  de  vins           Les  soldats,  cavaliers,  dragons  &  matelots,  trom- 

des  provinces,  —  Les  jurez  aulneurs  de  toile  &  le  pettes,  timbaliers,  tambours  &  fiffres.  —  Les  sim- 

concierge  de  la    halle  aux   toiles  à  Paris.  —  Les  pies  manœuvres  &  journaliers.  —  Et  généralement 

controlleurs  des  fermes.  —  Les  experts  &  greffiers  tous  les  habitants  des   bourgs  &  villages  cotisez  à 

de  l'Ecritoire  des  provinces.  —  Les  arpenteurs  des  la  taille  à  quarante   sols  &.  au-dessus,  qui   ne  sont 

eaux   &  forests.  —  Les   notaires  &  praticiens  des  point  compris  dans  les  classes  précédentes. 

bourgs   Se  villages.  —  Les  contrôUeurs  des  deniers  r   ■     c               .-                      -i             1    j        /• 

.          .            „      ,  Fait   &   arreste   au    conseil    royal   des    finances, 

patrimoniaux    &    d  octroy    des    petites    villes    &  ■  -.r         m       1     j       1.    ■  ■■        ■         1     ■ 

,                 ,                ,                  .  tenu  a  Versailles,  le  dix-huitieme  jour  de  janvier 

bourgs   clos.  —  Les   substituts   des   procureurs   du  -,      ■                         .         ■      .        ■             c-       ■   n 

,..,,„                          '^  mu   six   cent  quatre-vingt-quinze,   ùignc  Piiely- 

roy  des  petites  villes  &  communautez.  —  Les  ser-  ,           , 

gens  gardes  des  eaux  &  forêts.  —  Les  essayeurs  & 

graveurs  des  monnoyes.  —  Les  commis  des  mon-  ■  Archivw  de  I.t  Haute-Garonne.  A.  i5, 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  v    678 

Quand  un  imposable,  réunissant  plusieurs  qualités,  donnerait  lieu  de  l'ins- 
crire en  diverses  classes,  il  ne  serait  capité  qu'une  fois,  mais  d'après  le  taux 
le  plus  élevé.  Les  fils  de  famille,  mariés  ou  pourvus  de  charges,  devaient 
être  cotisés  k  part  dans  les  rôles,  bien  qu'habitant  la  maison  paternelle;  les 
enfants  de  famille,  majeurs  ou  mineurs,  jouissant  du  bien  acquis  par  le  décès 
de  leurs  pères  ou  de  leurs  mères,  payeraient  le  quart  de  ce  que  leur  père 
aurait  dû  payer;  les  veuves  &  les  femmes  séparées,  la  moitié  de  la  taxe 
imposée  à  leurs  maris.  Les  receveurs  ne  pouvaient  exiger  aucun  droit  de 
quittance,  sous  peine  de  concussion,  8c  par  dérogation  spéciale  aux  édits, 
toutes  les  procédures  relatives  à  la  perception  étaient  dispensées  du  timbre. 

Enfin  les  contestations  qui  pourraient  s'élever  pour  le  fait  de  l'imposition 
&  du  recouvrement,  devaient  être  jugées  sommairement  &  sans  frais  par  les 
intendants  8c  commissaires  départis. 

L'affaire  de  la  capitation  des  ecclésiastiques,  réservée  par  l'acte  royal,  fut 
débattue  au  mois  de  juin  i6g5,  dans  l'assemblée  du  clergé  de  France,  sous  la 
présidence  de  l'archevêque  de  Paris,  François  de  Harlay  Champvallon.  L'as- 
semblée examina  la  déclaration  du  18  janvier,  8c  jugea  qu'il  ne  serait  pas 
honorable  pour  les  ecclésiastiques  d'être  confondus  avec  les  autres  sujets  de 
Sa  Majesté;  qu'il  valait  mieux  prévenir  les  désirs  du  roi  par  une  offre  volon- 
taire, 8c  que  si  la  levée  des  taxes  était  commise  à  d'autres  officiers  qu'à  ceux 
du  clergé,  on  pouvait  craindre  que  ses  droits  8c  ses  biens  ne  fussent  pas  assez 
ménagés. 

L'archevêque  conféra  de  cet  important  sujet  avec  Louis  XIV,  à  Trianon, 
8c  supplia  le  prince  de  convertir  la  capitation  en  don  gratuit  pendant  toute  la 
durée  de  la  guerre. 

Louis  XIV  répondit  qu'il  souhaiterait  pouvoir  se  passer  des  secours  que 
l'assemblée  lui  offrait,  mais  que  l'état  de  ses  affaires  ne  lui  permettait  pas  de 
suivre  en  cela  son  inclination,  qu'il  convertissait  avec  plaisir  la  capitation  en 
offre  volontaire,  moyennant  une  somme  de  quatre  millions  qui  lui  serait 
payée  jusqu'à  la  paix.  Se  dont  le  clergé  ferait  le  recouvrement  lui-même,  étant 
bien  aise  de  donner  au  premier  corps  de  son  royaume  cette  marque  de  dis- 
tinction 8c  de  reconnaître  son  dévouement. 

L'archevêque  de  Paris  eut  ensuite  divers  entretiens  avec  Pontchartrain  pour 
régler  les  détails  de  l'opération.  Comme  les  intendants  taxaient  divers  mem- 
bres du  clergé  qui  se  trouvaient,  pour  d'autres  raisons,  compris  dans  les  classes 
du  tarif,  des  réclamations  furent  expédiées  au  ministre  qui  répondit  le  12  juin  : 

«  Le  roi  se  contente  toujours  des  quatre  millions  8c  consent  que  le  clergé 
«  en  fasse  la  répartition;  il  consent  qu'il  fasse  le  recouvrement  sans  que  les 
«  officiers  de  Sa  Majesté  s'en  mêlent.  Il  consent  que  vous  y  compreniez  même 
«  les  ecclésiastiques  non  payant  décimes  qui  sont  du  clergé  de  France;  ainsi 
«  tout  ce  que  vous  demandez  vous  est  accordé.  Mais  quand  vous  dites  qu'on 
«  taxe  cependant  les  ecclésiastiques  qui  ne  sont  pas  bénéficiers,  j'ai  ordre  de 
«  vous  répondre  qu'il  est  vrai;  mais  que  cela  ne  regarde  en  rien  le  clergé, 
«  puisqu'ils  ne  sont  point  taxés  comme  ecclésiastiques,  mais  comme  officiers 

XIII.  4^ 


169Ô 


169a 


674  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  de  robe  ou  officiers  de  la  maison  du  roi,  ou  seigneurs  de  fiefs,  terres  titrées 
«  ou  autres  biens  purement  séculiers  St  de  patrimoine  exprimés  dans  le  tarif.  » 

Le  lendemain,  les  prélats  &  les  députés  du  second  ordre  votèrent  tout 
d'une  voix  la  somme  de  quatre  millions  de  livres,  pour  tenir  lieu  de  la  capi- 
tation  payable  tous  les  ans  jusqu'à  la  conclusion  de  la  paix,  &  levée  exclu- 
sivement par  les  soins  des  officiers  du  clergé'. 

Dans  la  province  de  Languedoc,  quelques  escadrons  de  dragons  furent  mis 
en  mouvement  pour  faciliter  le  recouvrement  du  nouvel  impôt.  Bâville  alla 
lui-même  stimuler  par  sa  présence  le  zèle  des  répartiteurs.  Il  visita  tour  à 
tour  la  plupart  des  villes,  où  les  bourgeois  en  usèrent  avec  beaucoup  de  pru- 
dence dans  la  déclaration  de  leurs  biens. 

Quand  il  se  rendit  à  Toulouse  pour  y  faire  exécuter  l'édit,  toutes  les  cor- 
porations taxées  l'envoyèrent  saluer  par  députation  à  l'archevêcbé,  &  les  reli- 
gieux propriétaires  de  fieis  lui  adressèrent  des  harangues.  La  bourse  des  mar- 
chands se  montra  des  plus  empressées  à  l'occasion  de  certains  offices  d'auditeurs 
des  comptes  qu'on  voulait  lui  faire  prendre.  Les  artisans  furent  assemblés  par 
un  officieux  à  l'hôtel  de  ville,  mais  s'excusèrent  sur  leur  pauvreté.  Les  mar- 
chands offrirent  sept  à  huit  mille  livres;  leur  prieur,  qui  voulait  faire  sa 
cour,  engagea  le  corps  de  la  bourse  jusqu'à  seize  mille  cinq  cents  livres  8<. 
s'attira  de  la  part  de  l'intendant  les  démonstrations  d'amitié  les  plus  gra- 
cieuses. Peu  de  jours  après,  il  sollicita  quelque  modération  de  taxe  pour  lui- 
même  81  pour  sa  parenté,  faveur  que  Bâville  refusa  péremptoirement. 

Les  bureaux  des  commissaires  furent  installés  à  l'archevêché  au  nombre  de 
quatre;  le  premier  était  tenu  par  le  maire  &  deux  capitouls,  les  autres  par 
deux  capitouls  seulement,  mais  à  chacun  s'adjoignaient  sept  à  huit  bourgeois. 
Malgré  ses  précisions,  le  tarif  laissait  encore  une  assez  large  place  à  l'arbi- 
traire, à  cause  de  la  difficulté  de  classer  exactement  beaucoup  de  particuliers. 
L'intendant,  qui  voulait  de  fortes  taxes,  8c  qui  avait  composé  chaque  bureau 
de  gens  à  sa  discrétion,  se  promenait  d'une  table  à  l'autre,  8<.  résolvait  toutes 
les  questions  douteuses  dans  le  sens  du  maximum.  Il  paraît  que  beaucoup 
d'iniquités  s'accomplirent  dans  cette  répartition.  Les  commissaires  ne  man- 
quèrent jamais  de  classer  parmi  les  pauvres  presque  tous  les  bourgeois  leurs 
confrères  8c  de  placer  même  les  plus  opulents  au  rang  des  médiocres.  Par 
contre,  ceux  qui  n'avaient  point  de  protecteurs  dans  les  bureaux  étaient 
réputés  fort  riches,  8c  l'on  compensait  à  leurs  dépens  les  diminutions  dont  les 
autres  bénéficiaient.  Les  taxes  de  la  capitation  à  Toulouse  dépassèrent  d'abord 
quatre-vingt  mille  livres,  à  la  grande  satisfaction  de  l'intendant^. 

Mais  la  perception  fut  lente;  on  appréhendait  beaucoup  de  mauvais  vou- 
loir; il  se  produisit  même  quelques  désordres,  il  fallut  retenir  les  gages  des 

■  Collection  des proces-verhaax  des  assemhlêes  gé~  fut  alors  confirmé  dans  l'opinion  qu'il  avait  «  du 

nérales  du  clergé  de  France,  VI,  c.   i55.  Séance  du  caractère  des  Toulousains,  qui  est  d'avoir  beaucoup 

|3  juin   1695.  de  jalousie  ou  d'émulation  les  uns  pour  les  autres, 

'  D'après  le  Testament  syndical  de  Lafaille,  au-  de    ne   s'aimer   pas    beaucoup   &  de   favoriser  plus 

quel  nous  empruntons  ces  détails  (p.  83),  Bâville  volontiers  les  étrangers  que  leurs  compatriotes.  » 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  676 

officiers  &  les  rentes  des  créanciers  de  la  ville,  &,  comme  la  misère  était 
grande,  les  non-valeurs  prirent  des  proportions  considérables.  C'est  dans  la 
salle  des  jeux  floraux,  autour  du  tapis  vert  des  académiciens,  que  s'assem- 
blaient les  commis,  sous  la  conduite  des  directeurs.  Ce  qui  rendait  surtout  la 
taxe  odieuse,  avec  les  gens  chargés  de  la  percevoir,  c'est  que  les  prescriptions 
de  la  déclaration  royale  &  du  tarif  étaient  impudemment  violées.  Ainsi,  tel 
pauvre  gentilhomme  sans  terres,  qui,  d'après  le  règlement  du  conseil  des 
finances,  devait  être  taxé  à  six  livres,  n'ayant  pas  d'ami  dans  le  bureau,  se 
voyait  cotisé  à  soixante  livres,  comme  un  grjos  bourgeois  vivant  de  ses  rentes; 
&  tel  opulent  personnage  qui  possédait  lief,  château  Se  seigneurie  de  paroisse, 
Se  qui  à  ce  titre  se  rangeait  de  droit  dans  la  dixième  classe  8c  devait  payer 
cent  vingt  livres,  était,  grâce  à  la  complaisance  des  répartiteurs,  rejeté  dans 
la  dix-neuvième  &  ne  payait  que  six  livres.  Il  se  faisait  d'ailleurs,  parmi  les 
commissaires,  un  véritable  commerce  de  voix.  Ainsi  l'indélicatesse  8c  la  véna- 
lité d'agents  subalternes  détruisait  l'effet  des  vues  équitables  du  monarque  8c 
compromettait  cette  proportion  des  ressources  aux  charges  qui  avait  inspiré 
la  nouvelle  création  fiscale'. 

L'établissement  de  la  capitation,  véritable  impôt  proportionnel  à  la  fortune 
présumée  de  tous  les  Français,  sans  distinction  de  qualité  ni  d'origine,  n'em- 
pêchait point  le  conseil  du  roi  de  pratiquer  simultanément  tous  les  autres 
systèmes  connus  d'imposition  8c  de  continuer  des  appels  de  fonds  sous  les 
formes  les  plus  diverses. 

Les  aliénations  du  domaine  royal  se  poursuivaient,  au  grand  mécentente- 
ment  des  peuples  qui  aimaient  infiniment  mieux,  pour  mille  raisons,  être  les 
vassaux  directs  du  souverain,  c'est-à-dire  de  l'Etat,  que  d'un  gentilhomme  de 
province  ou  d'un  bourgeois  enrichi.  Les  contrats  que  signaient  les  commis- 
saires du  Louvre  pour  reconstituer  des  seigneuries  particulières  par  le  démem- 
brement de  fiets  depuis  longtemps  réunis  aux  possessions  de  la  couronne,  s'ils 
rehaussaient  la  vanité  de  certains  personnages  qui  ne  tardaient  pas  à  dissi- 
muler leur  caractère  de  simples  engagistes  pour  affecter  le  rôle  de  petits 
dynastes  territoriaux,  étaient,  aux  yeux  du  pays,  une  des  expressions  les  plus 
désagréables  de  la  détresse  financière.  Si  Louis  XIV  eût  convoqué  les  États 
généraux,  il  n'est  point  douteux  que  les  vieilles  protestations  des  trois  ordres 
contre  les  ventes  8c  reventes  du  domaine  royal  ne  se  fussent  énergiquement 
renouvelées.  Le  silence  imposé  à  la  nation  pouvait  seul  préserver  le  ministère 
de  ces  remontrances  importunes. 

Du  reste,  la  nécessité  de  battre  monnaie,  à  quel  prix  que  ce  pût  être,  l'en- 
traînait à  d'étranges  conceptions,  8c,  pour  les  justifier,  il  ne  craignait  pas 
d'affirmer  des  propositions  quelque  peu  dangereuses  8c  médiocrement  con- 

'  On  lit  à  ce  propos  dans  le  Testament  syndical,  cadence  du    capitoulat,   qui    étoit    tombé  dans    la 

p.  34  :  décrépitude.    En    effet,    tous    ceux    qui    entroient 

«  Je  me  suis  si  fort  étendu  sur  le  procédé  du  dans  ces  charges,  depuis  quelque  temps,  ne  son- 
maire,  assesseurs,  capitoult  &  commissaires  de  la  geoient  qu'à  se  refaire  &  nullement  aux  affaires 
bourgeoisie,   pour  vous    faire  voir   la   grande   dé-  de  In  ville.  » 


1695 


1696 


1696 


6-]6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

formes  aux  principes  de  stabilité  de  la  monarchie.  C'est  ainsi  que  l'édit  du 
mois  de  mars  1696,  «  pour  l'anoblissement  de  cinq  cents  personnes,  »  en 
d'autres  termes,  pour  la  mise  en  vente  de  cinq  cents  lettres  de  noblesse,  débute 
par  la  déclaration  suivante  : 

«  Si  la  noble  extraction  &  l'antiquité  de  la  race  qui  donnent  tant  de  dis- 
«  tinction  parmi  les  hommes  n'est  que  le  présent  d'une  fortune  aveugle,  le 
«  titre  8c  la  source  de  la  noblesse  est  un  présent  du  prince  qui  sait  récom- 
«  penser  avec  choix  les  services  importants  que  les  sujets  rendent  à  leur  patrie. 
«  Ces  services,  si  dignes  de  la  reconnoissance  des  souverains,  ne  se  rendent 
«  pas  toujours  les  armes  à  la  main.  Le  zèle  se  signale  de  plus  d'une  manière 
«  &  il  est  des  occasions  où  en  sacrifiant  son  bien  pour  l'entretien  des  troupes 
<(  qui  défendent  l'Etat,  on  mérite  en  quelque  sorte  la  même  récompense  que 
«  ceux  qui  prodiguent  leur  sang  pour  le  défendre.  C'est  ce  qui  nous  a  fait 
«  prendre  la  résolution  d'accorder  cinq  cents  lettres  de  noblesse  dans  notre 
«  royaume  pour  servir  de  récompense  à  ceux  de  nos  sujets  qui  en  les  acqué- 
«  rant  par  une  finance  modique  contribueront  à  nous  fournir  les  secours 
<i  dont  nous  avons  besoin  pour  repousser  les  efforts  obstinés  de  nos  ennemis'.  » 

On  voit  que  le  gouvernement  royal  se  faisait  révolutionnaire  sous  l'ai- 
guillon de  la  nécessité  &  qu'il  n'attendait  pas  Beaumarchais  pour  traiter 
fort  cavalièrement  les  distinctions  de  la  naissance.  Entre  «  le  présent  d'une 
«  fortune  aveugle  »  &  «  s'être  donné  la  peine  de  naître  »  il  n'y  a  qu'une 
différence  de  formule  &  de  ton,  l'un  étant  de  style  noble  &  l'autre  de  style 
tempéré 5  mais  le  prestige  du  second  ordre  de  l'Etat  ne  laisse  pas  que  d'être 
également  atteint  par  les  deux  apophtegmes.  Quant  à  l'assimilation  des  ser- 
vices rendus  par  l'homme  d'épée  qui  paie  de  sa  vie  l'illustration  de  sa  race 
aux  secours  d'argent  fournis  par  le  financier  qui  profite  des  embarras  du  trésor 
pour  acquérir  des  distinctions  héréditaires  au  détriment  de  ses  compatriotes, 
elle  n'est  pas  non  plus  d'une  moralité  très-haute;  mais  elle  trahit  surtout  la 
décadence  de  la  noblesse,  le  déplacement  des  influences  &  la  constitution 
encore  confuse  d'une  nouvelle  aristocratie. 

Les  acquéreurs  des  cinq  cents  lettres  d'anoblissement  de  1696  pouvaient 
prendre  la  qualité  d'écuyer  h.  la  transmettre  à  leurs  descendants,  avec  les 
autres  privilèges  de  l'ordre.  Comme  on  avait  à  cœur  de  tirer  un  bon  prix  de 
cette  vente,  &  que  l'argent  se  trouvait  principalement  dans  les  familles  de 
commerce,  il  fut  déclaré,  par  un  article  exprès,  que  les  négociants  &  mar- 
chands en  gros  pourraient  continuer  leur  profession  sans  déroger.  On  crai- 
gnait que  l'obligation  de  «  vivre  noblement  »  &  de  renoncer  à  des  bénéfices 
considérables  n'éloignât  du  marché  nobiliaire  les  chalands  les  plus  capables 
d'en  rehausser  les  cours. 

Vers  la  fin  de  la  même  année,  &  sous  l'impulsion  de  causes  identiques,  on 
s'avisa  d'une  autre  invention,  celle  d'une  taxe  proportionnelle  sur  les  armoi- 

'  Édit   du    roy    pour    l'anoblissement    de   cinq        Fonds  du   Parlement  de  Toulouse.  Èditi  &■  dédu- 
cents  personnes.  Arehiyes  de  la   Haute-Garonne.       rations.  XXX,  f  io5. 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  677 

ries.  Depuis  le  commencement  du  siècle,  l'usage  des  écus  armoriés  s'était 
beaucoup  répandu.  Sans  parler  de  l'ancienne  noblesse  militaire,  qui  gardait 
religieusement  les  emblèmes  teints  du  sang  de  ses  aïeux,  l'innombrable  famille 
des  anoblis,  tant  de  judicature  que  de  noblesse  ou  de  cloche,  faisait  grand 
usage  d'insignes  héraldiques  Si  il  n'était  guère  de  personnage  élevé  au-dessus 
du  commun  par  son  emploi  ou  sa  fortune  qui  ne  se  piquât  d'imiter  aussi  les 
gentilshommes. 

Il  parut  donc,  au  contrôleur  des  finances,  toujours  en  quête  d'expédients, 
qu'on  pourrait  créer  une  nouvelle  source  de  revenus  en  exigeant  l'enregistre- 
ment de  toutes  les  armoiries,  &  ce  fut  l'objet  de  l'édit  de  novembre  1696'. 

Comme  d'habitude,  le  but  réel  de  l'opération  était  déguisé.  L'exposé  des 
motifs  mentionnait  les  efforts  tentés  sous  plusieurs  règnes  «  pour  retrancher 
'<  les  abus  qui  s'étoient  glissés  dans  le  port  des  armoiries  8c  prévenir  ceux  qui 
«  s'y  pourroient  introduire  dans  les  suites;  »  la  création  d'un  maréchal 
d'armes,  en  1487,  par  le  roi  Charles  VIII,  «  pour  écrire,  peindre  81  blasonner 
"  dans  des  registres  publics  le  nom  8c  les  armes  de  toutes  les  personnes  qui 
«  avoient  droit  d'en  porter;  »  la  requête  adressée  en  1614  au  roi  Louis  XIII 
par  la  noblesse  de  France,  sollicitant  une  enquête  «  de  ceux  qui  auroient 
«  usurpé  des  armoiries  au  préjudice  de  l'honneur  8c  du  rang  des  grandes 
i(  maisons  8c  anciennes  familles;  »  l'établissement  d'un  juge  d'armes  fait 
en  i6i5,  à  la  suite  de  ces  démarches,  8c  conformément  aux  ordonnances  de 
Charles  IX  8c  d'Henri  III,  des  années  i56o  8c  1579;  ce  juge  d'armes,  qui 
était  chargé  de  «  dresser  des  registres  universels  dans  lesquels  il  emploieroit 
<t  les  noms  8c  les  armes  des  personnes  nobles,  »  avec  le  concours  des  baillis 
8c  sénéchaux  départis  dans  les  provinces,  n'avait  pu  réussir,  faute  d'autorité 
suffisante  sur  ces  officiers,  à  établir  des  recueils  assez  authentiques  «  pour 
«  conserver  le  lustre  des  armes  des  grandes  8c  anciennes  maisons  8c  donner 
«  de  l'éclat  à  celles  des  autres  personnes  qui,  par  leur  naissance,  leurs  charges 
«  8c  emplois,  leurs  services  ou  leur  vertu,  ont  le  droit  d'en  porter.  »  L'œuvre 
n'était  donc  pour  ainsi  dire  qu'ébauchée,  8c  le  roi  se  proposait  d'y  mettre  la 
dernière  main. 

Il  créait  une  grande  maîtrise  générale  8c  souveraine  chargée  de  régler  sans 
appel  toutes  les  questions  héraldiques.  Cette  compagnie,  organisée  sur  le  pied 
des  autres  juridictions  exceptionnelles,  comprenait,  outre  le  grand-maître  8c 
le  grand-bailli  8c  sénéchal,  quinze  officiers  portant  le  titre  de  conseillers  du 
roi  8c  vingt  agents  subalternes.  Elle  devait  avoir  au-dessous  d'elle  le  nombre 
de  maîtrises  particulières  «  qui  seroit  jugé  à  propos  »  composées  chacune  de 
dix  officiers. 

La  charge  de  juge  d'armes  était  supprimée. 

Le  roi  ordonnait  que,  dans  le  délai  de  deux  mois  après  la  publication,  ses 

'  Edit   du    roy   portant   création   d'une    grande       compagnies,  corps   &   communautés   du    royaume 

maistrise  souveraine,  avec  un  armoriai  général  ou        &  des  maistrises  qui  seront  jugées  à  propos'. 

dépôt    publia   des   armes    &   blasons   de   toutes    les  ,  .     u-        j    t    u     •    r-  c     j     j     r>    i  _  „.  j„ 

r        r         T  «  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Fonds  du  Parlement  d« 

personnes,   provinces,  villes,  terres,  seigneuries,       Toa\ouf.e.  Éditt  6  déclaraliom.  XXX,  f°  m. 


1696 


—^ —  678  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

propres  armes,  celles  du  dauphin,  des  princes  du  sang,  des  grands  officiers 
de  la  couronne,  des  gentilshommes,  provinces,  villes,  terres,  seigneuries, 
corps  Si  communautés  du  royaume  seraient  présentées  aux.  maîtrises  particu- 
lières, puis  transmises  à  la  grande-maîtrise  pour  être  enregistrées. 

Tous  les  officiers  d'épée,  de  rohe  ou  de  finances,  les  membres  des  munici- 
palités, les  ecclésiastiques,  les  gens  du  clergé,  les  bourgeois  des  villes  franches 
8c  les  diverses  personnes  ((ui  jouissaient  à  cause  de  leurs  emplois  de  quelques 
exemptions,  privilèges  ou  droits  publics,  jouiraient  aussi  du  droit  de  porter 
des  armes,  à  condition  de  remplir  la  même  formalité,  sous  peine  de  déchéance. 

«  Et,  continue  le  texte  de  ledit,  pour  ne  pas  priver  de  cette  marque  d'hon- 
a  neur  nos  autres  sujets  qui  possèdent  des  fiefs  8c  terres  nobles,  les  personnes 
«  de  lettres  8c  autres  qui,  par  la  noblesse  de  leur  profession,  de  leur  art  ou 
«  par  leur  mérite  personnel,  tiennent  un  rang  d'honneur  8c  de  distinction 
«  dans  nos  États  &c  dans  leur  corps,  compagnies  8c  communautés  8c  généra- 
«  lement  tous  ceux  qui  se  seront  signalés  à  notre  service  dans  nos  armées, 
«  négociations  8c  autres  emplois  remarquables,  voulons  que  les  officiers  de  la 
«  grande-maîtrise  leur  en  puissent  accorder  lors([u'ils  en  demanderont,  eu 
<(  égard  à  leurs  états,  qualités  &c  professions;  nous  nous  réservons  le  droit  de 
<i  donner  8c  octroyer  de  nouvelles  pièces  d'honneur  8c  de  distinction  pour 
Il  ajouter  aux  anciennes  de  ceux  de  nos  sujets  que  nous  en  jugerons  dignes 
«  sur  le  rapport  (jui  nous  en  sera  fait  par  les  officiers  de  la  grande-maîtrise.  » 

Passé  le  délai  prescrit,  défense  était  faite  à  gens  de  toute  condition  de 
porter  publiquement  armoiries  non  enregistrées,  à  peine  de  trois  cents  livres 
d'amende,  dont  un  tiers  applicable  au  dénonciateur,  8c  de  confiscation  des 
meubles  ou  effets  armoriés. 

La  même  peine  était  réservée  à  ceux  qui  usurperaient  les  armes  d'autrui 
ou  qui,  après  avoir  fait  recevoir  8c  enregistrer  les  leurs,  en  changeraient  les 
partitions,  écartelures  8c  émaux,  augmenteraient  ou  diminueraient  les  pièces 
ou  figures,  en  pervertiraient  les  positions  8c  situations. 

Toutes  les  armoiries  enregistrées  dans  le  dépôt  public  désigné  sous  le  nom 
d'armorial  général,  devaient  en  outre  être  expédiées  en  brevets,  à  destination 
des  titulaires,  contenant  l'explication  écrite  8c  la  représentation  coloriée  des 
blasons.  Ces  brevets,  dont  les  bureaux  des  maîtrises  particulières  feraient  la 
remise  aux  intéressés,  seraient  de  simples  certificats  d'enregistrement  8c  ne 
pourraient,  en  aucun  cas,  être  tirés  à  conséquence  pour  preuve  de  noblesse; 
réserve  curieuse  qui  montre  bien  que,  tout  en  affectant  la  prétention  de  créer 
un  livre  d'or  du  royaume,  les  inventeurs  de  l'institution  ne  s'en  exagéraient 
pas  la  valeur. 

Les  armoiries  ainsi  réglées  devenaient  patrimoniales  8c  pouvaient  être 
mises  sur  les  édifices,  les  tombeaux,  les  chapelles,  sur  les  vitraux  8c  les  litres 
funèbres  des  églises  paroissiales  où  les  usages  particuliers  autorisaient  ce  pri- 
vilège, comme  aussi  employées  à  la  décoration  des  meubles  8c  des  tentures  8c 
servir  en  guise  de  cachets. 

Un   tarif  particulier,  annexé  k   l'édit,  détcnninaii    les  droits  d'enregistré- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÈDIT  DE  NANTES,  670    TT" 

'  '  1690 

ment,  qui  varaient  de  quinze  livres  à  trois  cents.  La  plus  haute  taxe  était 

réservée  aux  armoiries  des  provinces  &  des  grands  gouvernements;  les  villes 

épiscopales,  les  archevêchés,  les  universités,  les  maisons  chefs  d'ordres,  les 

compagnies  supérieures,  parlements  ou  cours  des  comptes,  devaient  payer 

cent  livres.  Au  dernier  rang  figuraient  les  simples  fiefs  Se  les  simples  héné- 

fices.  Outre  le  tarif,  deux  sols  pour  livre  étaient  imposés  au  contribuable'. 

Le  roi  attribuait  les  droits  d'enregistrement  aux  acquéreurs  des  divers  offices 
de  la  grande-maîtrise  8c  des  maîtrises  particulières,  plus  cent  cinquante  mille 
livres  de  gages  annuels  à  répartir  entre  eux.  Il  leur  assurait  l'anoblissement 
ainsi  que  l'hérédité,  moyennant  le  payement  du  vingtième  denier  de  la  pre- 
mière finance  à  chaque  mutation  de  titulaire. 

Il  en  arriva  de  ces  offices,  comme  de  toutes  les  autres  créations  analogues, 
si  fréquentes  durant  cette  période  d'embarras  financiers.  Ce  fut  un  traitant 
qui  en  fit  l'acquisition  en  bloc.  Maître  Adrien  Vanier  se  chargea  d'exploiter 
la  nouvelle  ferme,  d'établir  des  bureaux  dans  les  provinces  Se  d'opérer,  par 
l'intermédiaire  de  ses  agents,  l'immatriculation  de  toutes  les  armoiries  du 
royaume. 

Dans  la  séance  du  22  janvier  1697,  qui  fut  la  dernière  de  la  session,  le  j^TT" 
cardinal-président  annonça  aux  Etats  que,  par  son  édit  du  mois  de  novembre 
précédent,  le  roi  avait  ordonné  l'établissement  d'un  armoriai  général  où 
devaient  être  enregistrées  toutes  les  armoiries,  tant  des  provinces  &  corpora- 
tions que  des  particuliers.  Le  pays  de  Languedoc  ayant  toujours  donné 
l'exemple  aux  autres  parties  du  royaume  &  s'étant  constamment  distingué 
par  son  zèle  dans  toutes  les  occasions  qui  intéressaient  le  service  du  roi,  l'ar- 
chevêque de  Narbonne  ne  doutait  pas  cjue  l'assemblée  ne  se  portât  volontiers 

'  Tabif  its  sommes  ^ue  le  roi  en  son  conseil  veut  cathédrales   &  abbayes,  53   1.  —   Pour  celles  des 

&  orAonne  estre  payées  pour  le  droit  d'enregistrement  autres  chapitres,   des    prieures,   maisons    convcn- 

des   armoiries,   en    exécution   de   l'éiit   du   présent  tuelles  &  régulières,  commanderies  &  autres  béné-' 

mois  :  fices  qui  ont  droit  de  nomination  ou  autres  droits 

Pour  l'enregistrement  des  armoiries  de  chacune  publics,   25  1.  —  Pour  l'enregistrement  de   celles 

psrsonne,  20   livres.  —  Pour  l'enregistrement  de  de  tous  autres  bénéfices,  s'il  est  demandé,  i5  1.  — 

celles  des  pro-rinces,  pays  d'Estats  &  grands  gou-  Pour  l'enregistrement  des   armoiries  des   corps   & 

vcrnemens,  3oo  1.  —  Pour  celles  des  Tilles  où    il  compagnies  supérieures,  s'il  est  demandé,  lool..^ 

y  a  archevesché,  évesché  ou  compagnie  supérieure.  Pour  pareil  enregistrement  de  celles  des  corps  de 

iQO  1. —    Pour  celles  des   autres  villes,   5^   1.  —  ville,  offices  &  communautés   laïques  &  séculières 

Pour  l'enregistrement  des  armoiries  des  duchés  &  8t  des  arts  &  métiers  établis  dans  les  villes  où   il 

pairies  s'il   est  demandé,  5o  1.  —  Pour  semblable  y   a   archeveschés,  éveschés   ou  compagnies  supé- 

tnregistrement  de  celles  des  comtés  &  marquisats,  rieures,  5o  1.  —  Et  pour  l'enregistrement  de  celles 

^o  1.  —  Pour  semblable  enregistrement  de  celles  des  autres  compagnies,  corps  &  communautés,  s'il 

des   vicomtes,   baronnies    ou    vidamies,    3o   1.   —  est  aussi  demandé,  25  1. 

Pour  semblable  enregistrement  de  celles  des   fiefs  Outre  lesquelles  sommes  ci-dessus  il  sera  encore 

&  terres  qui  ont   haute,  moyenne  &  basse  justice,  payé  pour  le  premier  enregistrement  les  deux  sols 

2o  1.  —  Pour  semblable  enregistrement  de  ceux  pour  livre  d'icelles. 

qui  ont  moyenne   &   basse  justice,  i8  1.  —  Pour  Fait   &  arresté    au    conseil    royal    des    finances 

l'enregistrement  de  celles  de  simples  fiefs  s'il   est  tenu    par  Sa  Majesté   à  Versailles   le  20'  jour  de 

pareillement  demandé,    i5   1.  —   Pour  celles   des  novembre  1696'. 

«rchevéchés,  maisons  chefs  d'ordre  &  universités,  ,   ,     •         j    1     u     .    /-  •■     j    x    r,    ,         .  <„ 

'  .  '  '  Archive*  de  I»  Haute-Garonne,  ronds  du  Parlement  Je 

100  I.  —  Pour  celles  des  éveschés,  chapitres  des       Tou\ouic.  Édils  &  ttcclaralions.  XXX,  {'  m. 


1697 


68o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

à  suivre  en  cela  l'intention  royale  &  à  payer  la  première  la  somme  de  trois 
cents  livres  suivant  le  tarif  arrêté  au  conseil.  Les  États  n'eurent  garde  de 
refuser  cette  faible  contribution  &  ordre  fut  donné  au  trésorier  de  la  bourse 
d'en  faire  le  versement  Se  d'en  rapporter  quittance  à  la  prochaine  assemblée'. 

Cette  institution  de  l'armoriai  général,  si  elle  eût  été  autre  chose  qu'une 
opération  purement  fiscale  8c  si  des  héraldistes  instruits  en  avaient  reçu  la 
direction,  aurait  pu  laisser  à  la  postérité  un  monument  historique  digne  d'in- 
térêt. Malheureusement  la  question  de  blason  n'était  qu'un  prétexte;  l'unique 
affaire  dont  le  conseil  eût  souci  dans  cette  opération  était  le  payement  des 
taxes.  En  obligeant  quiconque  usait  d'armoiries  à  les  faire  peindre  &.  décrire 
moyennant  finances  dans  un  registre  officiel,  on  n'avait  pour  but  que  d'ajouter 
une  forme  nouvelle  d'imposition  à  toutes  celles  qui  existaient  déjà,  sans 
aucune  préoccupation  de  critique  ni  d'art,  8t  l'on  ne  s'inquiétait  point  de 
l'exactitude  des  indications  fournies  par  les  intéressés,  pourvu  qu'il  y  eût 
matière  à  quittance.  Aussi  l'autorité  de  ce  vaste  recueil,  dont  les  volumes 
remplissent  plusieurs  rayons  de  la  Bibliothèque  nationale,  est-elle  fort  con- 
testable. Il  n'est  pas  rare  que  des  armes  très-connues  y  soient  absolument 
dénaturées,  soit  dans  leurs  émaux,  soit  dans  leurs  pièces. 

D'ailleurs,  comme  on  témoignait  peu  d'empressement  pour  se  soumettre  à 
la  taxe  &  que  d'innombrables  catégories  de  personnes  étaient  condamnées  de 
par  l'édit  à  faire  enregistrer  un  blason  quelconque,  les  commis  chargés  de 
cette  besogne  finirent  par  attribuer  des  armoiries  d'office  à  tous  les  contri- 
buables qui  ne  se  présentaient  pas,  &,  pour  s'épargner  des  efforts  d'imagina- 
tion, ils  jugèrent  ingénieux  d'établir  un  système  de  roulement  régulier  d'après 
lequel  se  combinaient  mathématiquement  par  séries  toutes  les  charges  5c  tous 
les  émaux  usités  en  héraldique.  Dès  lors,  inutile  de  chercher  aucune  appro- 
priation des  armes  officielles,  au  nom,  à  la  qualité,  aux  services  de  la  per- 
sonne qui  en  est  affublée.  C'est  une  véritable  loterie  où  le  hasard  seul  de 
l'inscription  décide.  Tel  jour,  le  commis  ne  distribue  que  des  fasces,  fasce 
d'or  sur  gueules,  sur  azur,  sur  sinople,  sur  pourpre,  sur  sable,  sur  hermine, 
sur  contre-hermine,  sur  vair,  sur  contre-vair;  puis  fasce  de  gueules  sur  or, 
sur  argent,  sur  hermine,  sur  contre-hermine,  sur  vair,  sur  contre-vair;  puis 
fasce  d'azur,  &  ainsi  de  suite  jusqu'à  complet  épuisement  des  combinaisons 
possibles.  Peu  importe  que  le  personnage  doté  de  ces  armoiries  à  la  douzaine 
soit  militaire,  magistrat,  bourgeois,  ecclésiastique;  les  communes  elles-mêmes 
&  les  corporations  n'échappent  point  à  la  tyrannie  égalitaire  de  la  série  ^. 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  La  commune  de  Mazerettes  :  tiercé  en  pal  d'or, 

du  21  janvier  1697.  de  sable  &  d'argent.  (XIV,  895.) 

'Les   types   suivants,  pris  au    hasard,  permet-  Les  cordonniers  de  Castres  :  tiercé  en  pal  d'azur, 

:ront  d'apprécier  cette  étrange  répartition  de  bla-  d'or  &  de  sable.  (XIV,  896.) 

sons  similaires  entre  corporations  fort  disparates  :  La  commune  d'Argut  :  tiercé  en  pal  de  sinople. 

Le   collège    Saint-Bernard    de  Toulouse   :    tiercé  de  sable  &  d'argent.  (XIV,  896.) 

en  pal  de  gueules,  d'or  &  de  sinople.  (XIV,  890.)  La   commune  de  Huos  :  tiercé  en   pal   d'or,   de 

Les   religieuses  de  Notre-Dame  du   Sac  :   tiercé  sinople  &  d'argent.  (XIV,  897.) 

en  pal  de  sable,  d'or  &  d'azur.  (XIV,  893.)  Nous  avons  relevé  aussi  plus  de  trente  commu- 


LIV.   IIi.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  68i 

Pourvu  qu'en  regard  du  nom  de  l'individu  ou  de  l'être  collectif  imposable 
figure  un  écu  enluminé  8<.  une  description  conforme  à  la  terminologie  des 
héraldistes,  le  commis  est  satisfait  8c  le  but  de  l'édit  se  trouve  atteint.  Assi- 
gnation en  payement  de  taxe  peut  être  transmise  aux  défaillants  :  le  traitant 
de  l'armoriai  ne  souhaite  rien  de  plus. 

Cette  façon  arbitraire  de  répartir  charges  &  couleurs  qui  se  révèle  par  une 
inspection  un  peu  attentive  des  registres  de  l'armoriai,  explique  à  merveille 
les  contradictions  que  divers  historiens  ou  archéologues  provinciaux  ont  plus 
d'une  fois  signalées  entre  les  armes  de  certaines  communes  telles  que  les 
donne  le  recueil  officiel  &  telles  que  les  montrent  les  documents  locaux  8c 
authentiques.  Il  n'y  a  pas  à  hésiter  entre  les  deux  types,  lorsque  le  type 
indigène  présente  une  particularité  caractéristique  8c  que  l'armoriai  offre  au 
contraire  un  blason  banal.  La  seule  conclusion  à  tirer  de  ce  dualisme,  c'est 
que  la  commune  n'avait  présenté  elle-même  aucune  peinture  ou  description 
d'armoiries  à  l'enregistrement  8c  que  le  commis  s'est  borné  à  lui  décerner 
l'écusson  du  jour,  sans  autre  enquête  ni  forme  de  procès. 

Ainsi  se  manifeste,  jusque  dans  ces  menus  détails,  la  décadence  des  mœurs 
passées  8i  le  progrès  croissant  de  la  routine  des  bureaux.  Même  dans  ces 
questions  d'armoiries  qui  semblent  être  un  hommage  aux  traditions  féodales, 
on  reconnaît  les  marques  d'une  société  qui  disparaît,  8c  la  brutalité  des 
enlumineurs  fiscaux  laisse  comprendre  que  l'âge  d'or  des  hérauts  Se  des  juges 
d'armes  est  envolé  sans  retour. 

Les  membres  du  Parlement,  qui  ne  négligeaient  aucune  occasion  de 
rehausser  leur  dignité  particulière  avec  celle  de  leur  compagnie,  résolurent 
de  faire  enregistrer  en  corps  leurs  armes  personnelles  à  côté  de  celles  de  la 
cour. 

Les  trésoriers  de  France  agirent  de  même.  Le  maire  de  Toulouse  pro- 
posa au  corps  capitulaire  d'imiter  cet  exemple;  mais  le  conseil  de  bourgeoisie 
se  contenta  de  voter  les  cent  dix  livres  de  taxe  fixées  par  le  tarif  pour  les 
villes  pourvues  de  compagnies  supérieures',  8i  d'exhorter  les  capitouls  en 

lies   auxquelles    furent   donnés    des   écus   chargés  Bureau  &  présenté     les     Armes  pour  être  enregis- 

d'une   fasce   losangée   à    deux    émaux  :   argent    &  trées  à  l'Armoirial  gênerai,  &  m'a  payé,  SçaToir, 

sinople,  argent  &  sable,  sur  or  :  or  &  azur,  or  &  pour  les  Droits  d'Enregistrement  suivant  le  Tarif 

gueules,  or  &  sinople,  or  &  sable,  argent  &  azur,  cent  livres          pour    les  deux  sols  pour  livre       dix 

argent   &   gueules,    argent    &  sinople,    argent  &  livres          &  trente  sols   pour   tous  les  autres  frais 

sable,  sur  gueules,  &c.,  &c.  (XV,   iSSi-iSSy.)  réglez  par  Arrest  du  Conseil  du  ïo  Novembre  der- 

'  Voici    la   formule  de  quittance  de  l'Armoriai  nier,   promettant       luy      délivrer  le   brevet   dudit 

délivrée  au  syndic  de  la  ville  de  Toulouse  :  Enregistrement  en  me  rapportant  le  présent.  Fait 

à      Toulouse      le      vingt-sixième     jour  d  e  février 

REG.      Armoiries  des  Domaines,  Communautcz  &  Gens  mil  six  cens  quatre-vingt     dix  sept. 
Art.  I                                  de  Main-Morte. 

DE    PARAIGE. 

JE  Commis  à  la  Recepte  des  Droits  d'Enregistré-  Récépissé    de  iti'  to: 

ment  des  Armoiries  ordonné  estre  fait  par  Edit  n     ,    ul  <           <•  ■             j- 

.                                           .                       '^  .  Conlrollé  les  an  &  ;our  susdit  '. 
du    mois    de    Novembre    dernier  f    Reconnois   que 

M.'     yi"  Pierre  Bailot  cncien  Capitoul,  &  sindia  de  ,  a..^i,-.-    j    t     i       ^     i»  ■        •  c  ■  j  .      j 

'^      ,    '  '  '  Archives  de  Toulouse.  Piecet  a  l  appui  des  complet  de 

la  ville  de  Toulouse  a       ce  jourd'hui  apporté  en  ce       l'année  tOgj. 


1697 


~ 682  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

charge  8c  les  anciens  à  grouper  leurs  armoiries  à  la  suite  du  blason  muni- 
cipal, en  payant  chacun  les  vingt  livres  d'ordonnance'. 

La  communauté  des  maîtres  marchands  de  Toulouse  fit  inscrire  un  magni- 
fique écusson  «  d'azur,  au  navire  d'or,  équipé  d'argent,  ayant  sur  la  poupe 
«  une  corne  d'abondance  d'or  &c  une  main  de  carnation  mouvante  du  flanc 
«  senestre,  qui  tient  trois  branches  d'olivier  de  sinople^.  » 

Quant  aux  corps  de  métiers,  quoique,  en  général,  ils  fussent  très-jaloux 
de  toutes  les  distinctions  extérieures  &  marques  d'honneur  pouvant  contri- 
buer à  relever  l'éclat  de  leurs  réunions,  il  ne  paraît  pas  qu'ils  se  soient  mon- 
trés fort  empressés  à  payer  l'impôt  héraldique,  si  l'on  en  juge  par  le  caractère 
des  armes  qui  leur  furent  attribuées.  Quelques-uns,  il  est  vrai,  ont  des 
emblèmes  qui  se  rattachent  d'une  façon  plus  ou  moins  directe  à  leur  profes- 
sion} ainsi  les  maîtres  tonneliers  de  Toulouse  portent  «  d'argent  à  un  taille- 
«  fond  de  gueules,  un  compas  d'azur  8t  un  maillet  de  gueules  rangés  en 
«  fasce;  »  les  maîtres  vitriers  &  peintres,  «  d'azur  à  une  fleur  de  lis  d'or 
«  posée  en  cœur  accompagnée  de  trois  écussons  d'argent,  deux  en  chef  Se  un 
«  en  pointe,  »  allusion  à  la  peinture  d'armoiries  qui  faisait  la  principale 
besogne  de  ces  artistes;  les  pâtissiers  8c  rôtisseurs  de  Montpellier  portent 
«  d'azur  à  un  saint  Laurent  de  carnation  vêtu  d'argent,  la  dalmatique  d'or, 
«  tenant  de  sa  main  dextre  un  gril  d'argent  8c  de  la  senestre  une  palme  d'or, 
«  au  chef  cousu  de  gueules,  chargé  d'un  couteau  d'argent,  accosté  de  deux 
«  pâtés  à  la  cardinal  d'or;  »  les  bonnetiers  du  Puy,  d'azur  à  une  paire  de 
«  ciseaux  d'argent  surmontée  d'un  chardon  de  même;  »  les  cordonniers  de 
Pamiers,  «  de  sable  à  un  tranchoir  d'argent  en  chef  Se  un  soulier  de  même 
«  en  pointe,  «  les  marchands  de  soie  de  Nimes,  «  d'azur  à  deux  vers  à  soie 
«  d'argent  en  papillon,  sortant  de  leurs  coques  d'or;  »  les  marchands  de  toile 
de  la  même  ville,  «  de  gueules  à  un  rouleau  de  toile  d'argent  mis  en  fasce, 
«  accompagné  d'un  soleil  d'or  en  chef,  accosté  de  deux  étoiles  de  même,  8c 
«  en  pointe  d'une  demi -aune  d'argent  couchée  en  fasce,  les  divisions  de 
«  sable;  »  les  tondeurs  de  drap,  «  d'argent  à  des  forces  de  tondeur  de  sable, 
«  l'écu  semé  de  fleurs  de  lis  d'argent.  »  Quelquefois  aussi  les  corporations 
industrielles  se  sont  contentées  d'arborer  pour  armoiries  l'image  du  saint  dont 
elles  honoraient  le  patronage  8c  dont  la  fête  servait  de  prétexte  à  leurs  réjouis- 
sances annuelles^;  mais  un  très-grand  nombre  de  métiers  ne  figurent  à  l'ar- 

'  Archives    de   Toulouse.     Livre    des    Conseils,  '  II  y  a  aussi  des  armes  mixtes,  où  les  figures 

XXXIV,    p.   270,   Conseil  de  bourgeoisie.    Séance  pieuses  se  combinent  avec  les  attributs  profession- 

du  8  février  1697.  —  Indépendamment  des  armes  nels.   Quelques-unes   sont  d'une  extrême  compli- 

de  la   ville,    nous   voyons    par   VArmorial  général  cation.  Nous  citerons  particulièrement  celles  de  la 

que  l'on    inscrivit  un  blason   particulier  sous   le  communauté  des  maîtres  chirurgiens  de  Montpel- 

nom  de  «  la  Communauté  des  habitants  de  la  ville  lier  (XV,  63)  ;  d'or  à  saint  Cosme  &  saint  Damien 

de  Toulouse,  i>   afin  d'avoir  occasion  de  percevoir  de  carnation  habillez  de  gueules,  la  chemise  d'ar- 

cmquante  livres  de  plus.  On  leur  donna  :   «  d'or  gent,  le  bonnet  de  sable,  saint  Cosme  tenant  de  la 

à  une  billette  de  sable.  »  main  senestre  un   estuy  de  sable  garni  de  rasoirs, 

'  Bibliothèque  naiioniAe,  Armoriai  général, WV ,  lancettes  &  ciseaux  de  même,  saint  Damien  tenant 

f*"  463.  de   la  main  dextre  une   boîte  d'azur,  accostez  des 


LIV.    III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


683 


morial  qu'avec  des  blasons  purement  arbitraires,  qui  ne  rappellent  ni  un 
détail  de  culte  ni  un  instrument  de  travail  :  bandes,  barres,  chefs,  pals, 
sautoirs,  lozanges,  se  sont  répartis  au  hasard,  sans  autre  loi  que  l'ordre  de 
série. 

Les  communautés  ecclésiastiques  échappent  généralement  à  ces  caprices  $ 
elles  ont  presque  toutes  des  emblèmes  particuliers,  souvent  très-complexes. 
Celles  qui  sont  d'ancienne  fondation  reproduisent  d'ordinaire,  adaptées  tant 
bien  que  mal  au  cadre  héraldique,  les  figures  ou  les  symboles  de  leurs  sceaux 
dont  elles  copient  assez  fréquemment  la  légende  en  forme  de  devise'.  Celles 


1697 


quatre  lettres  S.  C.  S.  D.  de  sable;  sous  la  terrasse 
d'argent  1692  de  sable,  &  autour  un  cordon  de 
feuilles  d'or,  l'inscription   scel  pocb   les  m"  Clii- 

r.lRGIENS    DE    MONTPELLIER    ET    SV    SÉNÉCHAUSSÉE. 

Les  apothicaires  de  Montpellier  (XV,  627)  : 
d'aziir  à  un  saint  Roch  de  carnation,  le  manteau 
d'or,  habillé  de  gueules,  le  rochet  de  sable,  le 
chapeau  d'argent,  tenant  en  sa  main  dextre  une 
coupe  couverte  de  même,  pleine  de  médicaments; 
en  sa  senestre  un  bourdon  aussi  d'argent,  sortant 
de  sa  bouche  un  rouleau  de  même  avec  ces  mots  : 
NIHIL  PBECiosiis,  un  chien  assis  sur  ses-  pieds  de 
derrière  sur  un  livre,  la  tête  contournée,  tenant 
un  pain  à  sa  gueule;  le  tout  d'argent  enfermé 
d'un  grénetis  d'or,  écrit  autour  sur  argent  sigil- 

LCM    FACVLTiTIS    PHARMACIE    MONSFELII    de    sable    & 

un  cordon  de  feuilles  d'or. 

Les  paveurs  &  plâtriers  de  Montpellier  (XV, 
871)  :  d'argent  à  une  N.  D.  de  carnation,  vêtue 
d'une  robe  de  pourpre  81  d'un  manteau  d'azur 
tenant  en  sa  main  dextre  un  sceptre  d'or  accom- 
pagnés en  chef  de  deux  plombs  volants  de  sable 
attachez  à  un  cordeau  d'or  &  en  pointe  de  deux 
truelles  de  sable  emmanchées  d'or. 

'  Nous  ne  croyons  pas  sans  intérêt  de  donner 
ici,  d'après  l'Armoriai  général,  la  description  des 
armes  de  quelques  chapitres  importants  de  Lan- 
guedoc : 

Chapitre  de  l'église  métropolitaine  de  la  ville 
d'Albi  (XIV,  219)  :  de  gueules  à  une  croix  pattée 
&  ancrée  à  l'extrémité  d'en  haut  &  au  pied  fiché 
d'or  chargée  d'une  agate  ovale  &  de  pierreries  de 
diverses  couleurs  sommée  d'un  globe  d'argent,  en- 
touré d'un  cercle  bordé  de  huit  perles  d'argent 
accompagnées  de  quatre  croix  d'or,  deux  enhen- 
dées  Si  à  double  traverse  suspendues  au  bout  de 
son  ancre  avec  des  chaînettes  de  même  &  deix 
anglées  de  perles  &  bourdonnées  suspendues  à  sa 
traverse,  accostées  de  deux  lozanges  d'or  aussy 
suspendues  avec  des  chaînettes  de  même  aux  ex- 
trémités de  la  croix. 

Chapitre  de  l'église  métropolitaine  piimatiale 
cathédrale  Saint-Just  &  Saint-Pasteur  de  Nar- 
bonne  (XV,  73)  :  d'argent  à  une  croix  de  gueules. 


Chapitre  Saint-Étienne  de  Toulouse  (XIV,  168); 
de  pourpre  à  une  croix  fleuronnée  d'argent  can- 
tonnée de  douze  cailloux,  trois  à  chaque  canton 
posés  deux  &  un  de  même,  parti  de  gueules  à  une 
demi  croix  de  Toulouse  qui  est  vuidée,  cléchée  & 
pommetée  d'or. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  d'Alais(XV,6(5(5)  : 
d'azur  à  deux  clefs  d'argent  passées  en  sautoir, 
surmontées  d'une  tiare  d'or. 

Chapitre  d'Agde  (XV,  556)  :  d'azur  k  un  anne- 
let  d'or. 

Chapitre  de  Carcassonne  (XIV,  524)  :  d'or  à 
deux  saints  martyrs  de  carnation  habillez  de  gueu- 
les, celuy  à  dextre,  tenant  de  sa  main  dextre  une 
palme  de  sinople,  &  de  sa  senestre  un  livre  ouvert 
d'or  &  soutenu  d'une  N  de  gueules;  celuy  à  se- 
nestre tenant  de  sa  main  dextre  un  livre  ouvert 
d'or,  &  de  sa  senestre  une  palme  de  sinople,  & 
soutenu  d'un  C  de  gueules  &  une  bordure  d'azur 
chargée  de  ces  mots  en  caractères  de  sable  Capitu- 
LtM    ECCLBSIAE   CarCASS. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Castres  (XIV, 
53i)  :  écartelé  au  premier  &  quatrième  d'azur  à 
une  tour  d'argent  maçonnée  de  sable,  au  deuxième 
&  troisième  de  gueules  à  un  B  d'or. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Saint-Alain  de 
la  ville  de  Lavaur  (XIV,  555)  :  d'azur  à  une  tour 
crénelée  &  couverte  d'argent,  maçonnée  de  sable, 
sommée  de  trois  donjons  ouverts,  crénelée  &  ma- 
çonnée de  même,  celuy  du  milieu  supérieur  aux 
deux  autres. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Lodève  (XV, 
3o6)  :  d'azur  à  une  croix  d'or. 

Chapitre  de  la  cathédrale  de  Mende  (XVI,  SîS)  : 
d'or  à  quatre  pals  de  gueules  &  un  chef  d'azur 
chargé  d'un  buste  d'évêque  mitre  d'or. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Mirepoix  (XV, 
407)  :  d'azur  à  trois  poissons  d'argent  posés  en 
fasce  l'un  sur  l'autre. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Montauban 
(XV,  I  137)  :  écartelé  au  premier  &  quatrième  d'or 
à  un  lion  de  sable,  couronné,  lampassé  &  armé 
de  gueules,  au  deux  &  trois  d'azur  à  un  bâton  écoté 
de  cinq  pièces,   trois  dessus  &  deux  dessous  posé 


1097 


684 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


qui    sont  d'institution   plus  récente    multiplient   ces  emblèmes  de  dévotion 
moderne  qui  marquent  dans  l'iconographie  chrétienne  une  évolution  aussi 


en  fasce,  alaise  d'or,  accompagné  en  chef  de  trois 
étoiles  rangées  de  même  &  en  pointe  d'une  hure 
de  sanglier  aussi  d'or. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Saint-Pierre 
de  Montpellier  :  de  gueules  à  une  main  dextre 
cherée  d'argent  habillée  de  mesme  mouvant  du 
flanc  senestre  de  l'écu  &  tenant  de  sa  main  deux 
clefs  l'une  d'or  &  l'autre  d'argent  posées  en  pal. 
(XV,  57.) 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Nimes  (XV, 
742)  :  de  gueules  à  une  croix  vuidée,  clechée  & 
pommelée  d'or. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Notre-Dame 
du  Puy  (XV,  367)  :  d'argent  à  la  figure  de  la  sainte 
Vierge  tenant  sur  les  genoux  le  petit  Jésus,  l'un 
&  l'autre  vêtus  &  ayant  leurs  visages  de  sable  ou 
noir  sous  un  trône  d'or  comblé  d'une  couronne  de 
même. 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Rieux  (860)  : 
d'azur  à  une  Notre-Dame  tenant  le  petit  Jésus 
d'or  &  assise  sur  une  chaise  de  même  sur  des  ondes 
d'argent. 

Chapitre  de  la  cathédrale  de  Saint-Papoul  :  de 
gueules  à  la  figure  de  Saint-Papoul  d'argent,  por- 
tant une  palme  de  même  à  sa  main  gauche. 
(XIV,  95.) 

Chapitre  de  l'église  cathédrale  de  Saint-Pons  : 
d'azur  à  une  croix  perlée  d'or  (XV,   i56i). 

Chapitre  de  la  cathédrale  d'Uzès  (XV,  1637)  : 
de  gueules  à  trois  roses  d'or,  deux  &  une. 

Chapitre  de  Viviers  (XV,  SSp)  :  d'azur  semé  de 
fleurs  de  lis  d'or  à  l'image  de  saint  Vincent,  mar- 
tyr, d'or,  revêtu  d'une  dalmatique  de  même,  te- 
nant de  sa  main  senestre  un  livre  ouvert  d'argent, 
la  droite  étendue  &  un  peu  élevée. 

Chapitre  collégial  de  Saint-Gilles  (XV,  iSû)  . 
d'azur  à  un  saint  Gilles  au  naturel  crosse  &  mitre 
d'or. 

Chapitre  Saint-Paul,  collégiale  de  Narbonne 
(XV,  553)  :  de  gueules  à  un  agneau  pascal  couché 
&  diadème  d'argent,  tenant  une  croix  d'or  dont  la 
banderolle  est  chargée  d'une  croix  de  sable  au 
chef  d'azur  chargé  de  trois  fleurs  de  lis  d'or. 

Chapitre  de  l'église  de  Saint-Sernin  de  Tou- 
louse (846)  :  de  gueules  à  un  taureau  furieux  d'or, 
accolé  d'un  ornement  pour  le  sacrifice  avec  deux 
cordes  pendantes  à  ses  cornes  de  même. 

Chapitre  de  l'église  collégiale  de  Montréal  (XV, 
170)  :  de  gueules  à  un  saint  Vincent  de  carna- 
tion, ses  cheveux  d'or,  vestu  d'une  aube  d'argent 
&  d'une  dalmatique  d'or,  posé  debout  sur  une 
motte  de  sable  &  tenant  à  sa  main  dextre  une 
palme  de  sinople  &  de  sa  gauche  un  gril  d'argent 


appuyé  sur  la  motte,  l'écu  avec  une  bordure  J'ar- 
gent  chargée  de  cette  légende  en  caractères  de  sa- 
ble   :    SlGILLLM    VE,\ERABIL1S    CapiTULI    MoNTlS    I;E- 


Voici  encore  les  armes  de  quelques  abbayes  : 

Aniane  :  parti  d'or  à  un  aigle  à  deux  têtes  de 
sable  &  d'azur  à  trois  fleurs  de  lis  d'or  posées  deux 
&  un.  (XV,  902.) 

Belleperche  :  d'or  à  une  sainte  Vierge,  les 
mains  jointes  de  carnation,  vêtue  d'azur  sur  gueu- 
les, posant  les  pieds  sur  une  terrasse  de  sinople, 
de  laquelle  sont  mouvantes  deux  fleurs  de  gueules, 
tigées  de  sinople,  brochantes  sur  l'or  &  posées  une 
8  chaque  côté  de  la  Vierge.  (XV,  1  161.) 

Bonnefont  :  d'azur  à  une  fontaine  d'argent, 
jaillissante  du  milieu  d'un  bassin  de  même.  (XV, 
1210.) 

BoNNEVAL  :  d'azur  à  une  Notre-Dame  d'argent. 
(XV,  1090.) 

CalerS  :  d'or  à  un  aigle  à  deux  têtes  de  sable, 
couronné  de  même.  (XV,  867.) 

Candeil  :  d'azur,  à  trois  chandeliers  d'or  posés 
en  pal,  deux  en  chef  &  un  en  pointe.  (XIV,  68.) 

La  Capelle  :  d'or,  à  une  Vierge  de  carnation, 
sa  robe  de  gueules,  son  manteau  d'azur,  couron- 
née d'or,  tenant  à  sa  main  dextre  un  sceptre  d'or 
&  sur  son  bras  senestre  l'enfant  Jésus  de  carnation 
couronné  d'or,  tenant  un  monde  d'azur,  &  autour 
cette   inscription   :  Sigiiium  Bae  Mariae   de  Ca- 

PEI-LA.  (XV,    1023.) 

FoNTFBOiDE  :  d'azur  à  une  fontaine  jaillissante 
d'argent  accompagnée  en  chef  de  deux  FF  de  même. 
(XV,  78.) 

Grandselve  :  d'azur  à  une  Notre-Dame  d'or. 
(XV,  1160.) 

La  Grasse  :  d'or  à  trois  bandes  de  sable  char- 
gées chacune  d'une  étoile  d'argent,  posée  en  barre. 
(XV,  ,72.) 

Mas-Grenier  :  d'argent  à  un  saint  Pierre  de 
carnation  sur  une  terrasse  de  sinople,  sa  robe 
d'or,  son  manteau  d'azur,  tenant  de  sa  main  dextre 
deux  clefs  en  pal,  une  d'or  &  l'autre  d'argent, 
accosté  en  chef,  au  côté  senestre,  d'un  croissant 
de  gueules,  &  en  fasce  d'une  étoile  d'azur  à  dextre 
&  d'une  fleur  de  lis  à  senestre.  (XV,  1021). 

MoNTOLLiEU  :  d'argent  à  deux  saints  de  carna- 
tion affrontés,  saint  Jean-Baptiste  à  dextre,  vêtu 
de  gueules  81  de  sinople,  tenant  de  sa  main  dextic 
sa  longue  croix  d'or,  8c  de  sa  senestre  caressant 
son  agneau  d'argent  rampant  contre  ses  genoux, 
St  saint  Benoît  à  senestre,  vêtu  de  l'habit  de  son 
ordre  de  sable,  tenant  sa  crosse  d'or  un  peu  périe 


LIV.  III.  REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES. 


68c 


profonde  que  dans  les  croyances.  On  y  voit  abonder  les  cœurs  enflammés 
traversés  de  flèches,  les  couronnes  d'épines,  les  larmes  de  sang,  les  clous  de 
la  passion  8t  les  monogrammes  célèbres  qui  ont  remplacé  8c  fait  oublier  le 
chrisme  de  la  primitive  église'.  Il  est  facile  de  reconnaître  qu'une  symbolique 
spéciale  est  née  pour  traduire  les  métamorphoses  du  mysticisme  catholique. 
Les  armoiries  des  communes  sont  celles  c[ui,  dans  les  registres  de  1696, 
offrent  le  moins  d'intérêt  parce  qu'elles  sont  aussi  les  plus  mal  traitées.  Tous 
les  centres  de  population  ayant  consulat  ont  dû  subir  la  taxe  de  l'armoriai  ; 
mais  beaucoup  d'entre  eux  n'ont  jamais  eu  d'armoiries  &  acceptent  telles 
quelles  celles  que  veut  bien  leur  décerner  le  commis  j  beaucoup  d'autres  n'ont 
pas  consei^vé  mémoire  de  leurs  vieux  symboles  municipaux  ou  n'en  ont  gardé 
qu'un  souvenir  incomplet  8c  un  type  dégénéré.  Cela  ne  veut  pas  dire  que  les 
indications  de  l'armoriai  général  doivent  être  absolument  dédaignées,  comme 
étant  de  nulle  valeur;  mais  il  n'en  faut  tenir  compte  que  sous  bénéfice  d'in- 
ventaire, 8c,  après  avoir  écarté  toutes  les  innovations  des  bureaux,  il  reste 


1697 


en  barre,  tous  deux  la  tête  nue,  &  une  champogne 
d'azur  partie  d'un  trait  d'or  8c  chargée  à  dextre  de 
ces  trois  lettres  capitales  S.  I.  C.  &  à  senestre  de 
ces  trois  autres  S.  B.  E.  ces  six  lettres  d'or  ran- 
gées en  fasce.  (XIV,  5io.) 

Saint-Gemès  :  d'azur,  à  une  crosse  d'argent, 
accostée  de  la  lettre  S  à  dextre  &  de  la  lettre  G  à 
senestre  d'or.  (XV,  834.) 

Saixt-Hicaire  :  de  gueules  à  un  demi-orle  d'or. 
(XV,  166.) 

SAiNT-THiBtRY  :  d'or  à  trois  mouchetures  d'her- 
tnine  de  sable  &  un  chef  d'azur  chargé  de  trois 
étoiles  d'or.  (XV,  iji). 

SoRÈzE  :  d'azur  à  une  assomption  de  Notre- 
Dame  d'or.  (XIV,  855). 

Valmagne  :  de  gueules  à  une  maison  ou  sainte 
Case  d'argent,  entre  deux  rochers  de  même  portant 
plusieurs  arbrisseaux  au  naturel,  8c  surmonté  d'une 
Notre-Dame  tenant  l'enfant  Jésus,  rayonnée  8c 
enrironnée  d'une  gloire  à  sept  tètes  de  chérubin, 
le  tout  d'argent,  8c  autour  de  l'écu  est  écrit  en 
lettres  de  sable  :  Notre  Dame  de  Valmagne.  (XV, 
i555.) 

ViELMUR  :  écartelé  au  premier  de  gueules  à  une 
croix  Tuidée,  cléchée  8c  pommelée  d'or,  au  deuxième 
d'or  à  cinq  pals  de  gueules,  au  troisième  de  gueu- 
les à  une  harpe  d'or,  au  quatrième  d'azur  à  trois 
fleurs  de  lis  d'or  posées  deux  8c  une,  brisé  en  cœur 
d'un  bâton  péri  en  barre  de  gueules,  8c  sur  le  tout, 
de  gueules  à  une  croix  d'argent.  (XIV,  647.) 

ViGxOGOil.  :  d'azur  à  une  crosse  d'argent  accolée 
d'un  sarment  de  vigne  de  sinople,  fruité  de  deux 
raisins  de  sable.  (XV,  791.) 

V|LLEMAG^•E  :  d'azur  à  une  rille  d'argent,  som- 
mée d'une  croix  8c  de  deux  girouettes  de  même, 
surmontée  d'une    fleur    de    lis    d'argent,    sommée 


d'une  mitre  de  même  accostée  de  deux  crosses  d'or 
au  pied  fiché  dans  ladite  ville.  (XV,  1276.) 

'  Quelques  exemples  rendront  plus  sensible  cette 
métamorphose  iconographique  : 

Les  religieuses  chanoinesses  de  Saint-Sernin  de 
Toulouse  :  d'azur  semé  d'étoiles  d'argent  à  la 
Champagne  cousue  de  sable  8c  un  taureau  furieux 
d'or,  ayarkt  deux  cordes  attachées  8c  pendantes  à 
des  cornes  de  même  brochant  sur  le  tout.  (XI V,  4 1 .) 

Les  religieuses  de  la  Grâce-Dieu,  ordre  de  Fon- 
tevrault  :  d'azur  à  un  crucifix  d'or  sur  une  croix 
de  même  accostée  d'une  Vierge  8c  d'un  saint  Jean 
d'argent,  le  tout  sur  une  terrasse  de  sinople  avec 
cette  devise  autour  :  EccE  FiLltS  TUts  ECCE  mateb 
TLA.  (XIV,  553.) 

Religieuses  du  tiers  ordre  de  Saint-François  de 
la  ville  de  Toulouse  :  de  gueules  à  une  colombe 
gémissante  d'argent  surmontée  de  cinq  larmes  de 
même  posées  deux  8c  trois,  l'écu  entouré  d'une 
couronne  d'épines  de  sinople.  (XV,  5o3.) 

Toutes  les  maisons  de  la  Visitation  :  d'or,  à  un 
coeur  de  gueules  percé  de  deux  flèches  d'or  empen- 
nées d'argent,  passées  en  sautoir  au  travers  du 
cœur  chargé  du  nom  de  Jésus  d'or,  le  tout  enfermé 
dans  une  couronne  d'épines  de  sinople,  les  épines 
ensanglantées  de  gueules  8c  une  croix  de  sable 
fichée  dans  l'oreille  du  cœur.  (XIV,  33,  575  XV, 
517,  682,  1239,  i325.) 

Les  maisons  de  Jésuites  :  d'azur  à  un  nom  de 
Jésus  d'or,  soutenu  des  trois  clous  de  la  passion  de 
même,  le  tout  entouré  de  rayons  aussi  d'or. 

Le  couvent  des  religieuses  de  Sainte-Marie  d'Is- 
singeaux  :  d'azur  à  un  Ave  Maria  d'or,  surmonté 
d'une  croix  de  même,  8c  un  cœur  d'or  en  pointe, 
percé  de  trois  clous  de  sable,  le  tout  enfermé  dans 
un  cercle  rayonné  d'or.  (XV,  1252.) 


1697 


686  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

encore  bien  des  réserves  à  faire  sur  les  armoiries  qui  ont  un  caractère  ori- 
ginal'. 


'  Parmi  les  armoiries  de  communes  qui  ne  por- 
tent pas  de  simples  pièces  héraldiques  sans  signi- 
fication, il  est  aisé  d'établir  diverses  catégories. 

Beaucoup  d'entre  elles  offrent  des  images  de 
dévotion,  figures  de  patron,  emblèmes  de  culte 
local. 

L'image  du  Christ  est  une  des  plus  rares;  nous 
ne  la  rencontrons  guère  qu'à  Saint-Sauveuk  des 
PounciLS  :  d'azur  à  un  Jésus  de  carnation.  (XV, 
841.) 

L'agneau  pascal  se  montre  plus  fréquemment. 
EscoussENS  :  d'azur,  à  un  agneau  pascal  d'argent 
portant  une  longue  croix  d'or  avec  sa  banderole 
de  même  (XIV,  SSy);  Méze  :  d'azur,  à  un  agneau 
passant  d'argent,  tenant  de  son  pied  senestre  de 
devant  une  longue  croix  de  sable  avec  une  ban- 
derole d'or  marquée  d'une  petite  croix  pattée  de 
gueules,  la  banderole  attachée  &  pendante  de  la 
longue  croix  avec  des  cordons  d'azur,  d'argent  & 
de  gueules  (XV,  642);  RiEux  :  de  gueules  à  un 
agneau  pascal  d'argent  avec  la  croix  &~son  gui- 
don qu'il  tient  d'un  pied  de  devant,  en  barre,  le 
tout  d'argent,  &  un  chef  cousu  d'azur  chargé  de 
trois  fleurs  de  lis  d'or.  (XIV,  868.) 

Les  représentations  de  la  Vierge  sont  assez  mul- 
tipliées. On  les  retrouve,  outre  le  blason  bien 
connu  de  Montpellier,  dans  les  armes  de  Mont- 
LAun  :  d'or  à  une  sainte  Vierge  de  carnation  vêtue 
d'azur  &  de  gueules,  foulant  un  dragon  de  sinople 
attaché  avec  une  chaîne  d'argent  (XV,  902);  No- 
TRE-DAME  DE  LONDBES  :  de  sinople  à  une  Notre- 
Dame  d'or  (XV,  907);  Galargues  :  d'azur  à  une 
Notre-Dame  d'argent  (XV,  912);  La  Cauiêue  : 
d'azur  à  une  Notre-Dame  d'argent  assise  dans  une 
chaise  à  dossier  d'or.  (XV,  841.) 

Les  grandes  figures  de  l'épopée  chrétienne,  saint 
Michel,  saint  Jean-Baptiste,  saint  Pierre,  saint 
Etienne,  saint  Martin  décorent  aussi  beaucoup 
d'armoiries  municipales.  Brig.vemost  :  d'azur  semé 
d'étoiles  d'argent  à  une  image  de  saint  Michel 
d'or  (XV,  1027);  GuzARGUES  :  d'azur  à  un  saint 
Michel  d'or  terrassant  le  diable  de  même.  (XV, 
905.) 

Castelnau  :  d'azur  à  un  saint  Jean-Baptiste  de 
carnation,  vêtu  d'une  peau  de  chameau  d'or,  sa 
croix  de  même  &  son  agneau  d'argent  (XV,  979); 
MiinviEL  :  de  sinople  à  un  saint  Jean-Baptiste 
d'argent  (XV,  iSSy);  Saussan  :  de  sinople  à  un 
saint  Jean  d'or  (XV,  r558);  sans  compter  la  foule 
de  lieux  qui  portent  le  nom  du  saint. 

Lirac  :  d'azur  à  un  saint  Pierre  d'or,  tenant  en 
sa  main  dextre  deux  clefs  de  même  (XV,  iSji); 
Pechabou  :  de  sable  à  un  saint  Pierre  d'argent 
(XV,  i558);  Pecii   S.UNT-PiERRE  ;  de  gueules  à  un 


rocher  d'argent  surmonté  d'un  saint  Pierre  d'or, 
la  tête  environnée  d'une  gloire  aussi  d'argent, 
(XIV,  58 1.) 

Argeliers  :  de  gueules  à  un  saint  Etienne  vêtu 
en  diacre,  d'argent,  la  dalmatique  d'azur  bordée 
d'or,  tenant  en  sa  main  dextre  une  palme  de 
même,  de  sa  senestre  trois  cailloux  d'argent  en- 
sanglantés de  gueules  (XV,  978);  Castkies  :  d'or 
à  un  saint  Etienne  de  sable  (XV,  i558);  Le  Fa- 
GET  :  d'azur  à  un  saint  Etienne  de  carnation 
tenant  une  pomme  (?)  de  gueules  à  la  main 
(XIV,  478);  M0NTFERR1ER  :  d'azur  à  un  saint 
Etienne  de  carnation,  vêtu  en  diacre,  d'or,  tenant 
trois  cailloux  d'argent  entre  ses  mains  (XV,  912); 
Saussines  :  d'azur  à  un  saint  Etienne  de  carna- 
tion, vêtu  en  diacre,  l'aube  d'argent  &  la  dalma- 
tique de  gueules  bordée  d'or,  tenant  d'une  main 
une  palme  aussi  d'or  &  de  l'autre  trois  cailloux 
de  même.  (XV,  977.) 

Cassagnelle  :  d'azur  à  un  saint  Martin  au  na- 
turel à  cheval,  donnant  la  moitié  de  son  manteau 
à  un  pauvre  de  carnation  (XV,  iSzo);  La  Bois- 
sÈr.E  :  de  gueules,  à  un  saint  Martin  à  cheval 
d'or  (XV,  1557);  SussAROuES  :  d'azur  à  un  saint 
Martin  à  cheval  donnant  son  manteau  à  un  pau- 
vre, le  tout  d'or  (XV,  978);  Trévieiîs  :  de  sable  à 
un  saint  Martin  d'or.  (XV,   1557.) 

Nous  signalerons  encore  saint  André  à  Verar- 
gues,  avec  sa  croix  d'or  (XV,  977);  saint  Brice  à 
Lauret  (XV,  980);  saint  Fay,  martyr,  n  d'argent 
tenant  en  sa  main  une  palme  d'or  d  à  Valjausquet 
(XV,  980);  saint  Julien  à  Baillargues  (XV,  i558) 
&  à  Combalioux  (XV,  979)  saint  Just;  saint  Lau- 
rent, tenant  son  gril,  saint  Martial;  à  Balaruc, 
saint  Maurice,  à  cheval,  d'or,  en  champ  de  gueu- 
les, tenant  une  bannière  d'argent  chargée  d'une 
croix  de  gueules  (XV,  979);  à  Miraval,  un  saint 
Hilaire  d'azur,  en  champ  d'or,  surmonté  d'un  so- 
leil d'église  ou  saint-sacrement  de  gueules,  &  le 
mot  MiRAVAi  écrit  autour  de  l'êcu  en  lettres  de 
sable  (XV,  1657);  à  Bkzignargles,  saint  Nazaire, 
martyr,  d'or  en  champ  d'azur  (XV,  980);  Agonnes 
porte  d'azur  à  une  montagne  d'argent,  sommée 
d'un  saint  Saturnin,  évêque,  à  genoux  dans  une 
grotte  d'or  (XV,  899);  Pérols,  de  gueules  à  un 
saint  Sixte  d'or  (XV,  1  559);  Lcnelviel,  de  gueules 
à  un  saint  Vincent  vêtu  en  diacre,  d'argent,  & 
tenant  en  sa  main  dextre  une  palme  d'or.  (XV, 
978.) 

D'autres  rappellent  un  édifice  important,  église, 
château,  pont,  une  production  naturelle  caracté- 
ristique, ou  un  trait  particulier  du  site  :  pic,  val- 
lée profonde,  rivière  ou  fontaine  : 

AsDi'SE  :  d'az»r,  à  un  château  d'argent  ouvert  St 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


687 


En  ce  qui  touche  la  capitale  de  la  Province,  dont  le  blason  historique  avait 
été  défiguré  à  plaisir,  depuis  le  seizième  siècle,  à  la  fois  par  l'esprit  laïque  de 


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ajouré,  donjonné  de  trois  tours  crénelées  de  même, 
le  tout  maçonné  de  sable.  (XV,  201.) 

BfAi'CAir.E  :  d'azur  à  un  château  d'argent  bâti 
sur  un  rocher  de  même  au  pied  duquel  passe  une 
rivière  de  sinople.  (XV,  819.) 

Carcassonne  :  d'azur  semé  de  fleurs  de  lis  d'or  à 
un  grand  mur  de  même,  maçonné  de  sable  derrière 
trois  tours  rondes  pavillonnées  aussi  d'or  &  ma- 
çonnées de  sable,  celle  du  milieu  plus  grosse  que 
les  deux  autres  ayant  une  grande  porte  ou  arcade 
sur  laquelle  il  y  a  un  agneau  pascal  d'argent. 
(XIV,  874.) 

CoRCONE  :  d'azur  à  deux  montagnes  d'or,  mou- 
vantes des  deux  flancs  de  l'écu,  celle  à  dextre  som- 
mée d'une  croix  d'argent,  &  celle  à  senestre  d'un 
château  de  même  maçonné  de  sable,  (XV,  i33i.) 

DoMESSARGUES  :  d'azur  à  un  château  à  trois  tours 
d'argent,  la  porte  ouverte,  sous  l'arcade  de  laquelle 
il  y  a  un  lion  rampant  d'or.  (XV,  çSô.) 

Dbrfort  :  d'argent  à  un  château  à  trois  tours 
de  sinople,  crénelées  &  maçonnées  de  même,  la 
tour  du  milieu  plus  haute  que  les  autres.  (XIV, 
564.) 

PuicELST  :  d'azur  à  un  château  donjonné  de 
Irois  tours  d'argent.  (XIV,  85o.) 

La  Salie  :  de  gueules,  au  château  d'or.  (XV, 
85o.) 

SoRÈZE  :  d'azur  à  un  château  d'argent,  maçonné 
de  sable,  sommé  de  trois  tours  crénelées  aussi  d'ar- 
gent, accompagnées  en  chef  d'une  colombe  éployée 
d'argent  &  en  pointe  d'une  guivre  de  même.  (XIV, 
56,.) 

Vezenobrb  :  d'argent  à  un  château  de  gueules. 
(XV,  853.) 

Arre  :  de  sinople  à  une  tour  d'argent  senestrée 
d'un  avant-mur  de  même  maçonné  de  sable.  (XV, 
853.) 

Castelnacdaet  :  de  gueules  à  une  tour  d'argent, 
donjonnée  de  trois  tours  de  même,  maçonnée  de 
sable  8c  un  chef  d'azur,  chargé  de  trois  fleurs  de 
lis  d'or.  (XIV,  577.) 

SuMÈNE  :  de  gueules  à  une  tour  crénelée  d'ar- 
gent. (XX,  809.) 

La  Grasse  :  d'azur  à  un  pont  d'argent  d'une 
seule  arche,  maçonné  de  sable,  supportant  trois 
tours  crénelées  de  même  &  une  rivière  ondoyante 
d'argent  ombrée  d'azur  posée  en  pointe,  (XIV, 
.525.) 

SoMMiËRES  :  de  gueules,  à  un  pont  â  cinq  arches 
d'argent,  maçonné  de  sable  sur  une  rivière  d'ar- 
gent, ombrée  d'azur,  supportant  une  croix  d'ar- 
gent, accostée  de  deux  tours  crénelées  de  même  & 
maçonnées  de  sable.  (XV,  734.) 

ViLLEUAGNB  :  d'azur,  à  un  portail  d'argent  avec 


ses  colonnes  &  pilastres  de  même,  maçonné  de 
sable  &  sommé  d'une  Vierge  à  genoux  d'or,  soute- 
nue de  deux  anges  de  même,  ces  trois  figures  en- 
tourées d'un  nuage  d'argent.  (XV,  899.) 

AuBAix  :  de  sable  à  une  montagne  d'or,  sommée 
d'une  croix  de  même,  soutenue  d'un  ruisseau  de 
sinople.  (XV,  1347.) 

Arfons  :  d'argent  à  un  chevreuil  rampant  de 
sable,  broutant  des  ronces  à  l'entrée  d'un  bois  de 
sinople.  (XIV,  564.) 

BoisSEZo.N  :  d'or  à  un  buis  de  sinople,  &  un 
chef  d'azur  chargé  de  trois  trèfles  d'or.  (XV,  812). 

Carmaux  :  d'azur  à  trois  rochers  d'argent  posés 
deux  &  un.  (XIV,  5o6.) 

La  RotJViÈRE  :  d'or  à  trois  chênes  de  sinople, 
posés  deux  &  un,  (XV,  846.) 

Sauve  :  de  gueules  au  mont  ou  rocher  d'argent 
à  six  coupeaux  arrondis  mis  en  pyramide,  accos- 
tés de  deux  tours  crénelées  d'or  &  maçonnées  de 
sable,  appuyées  sur  chaque  côté  du  rocher  du  som- 
met duquel  sort  une  plante  de  sauge  de  sinople, 
avec  ces  mots  :  sal,  sal.  (XV,  210.) 

Langlade  :  d'argent  à  trois  échalas  de  sinople. 
(XV,  ,349.) 

MiURENS  :  d'or  à  un  raisin  de  pourpre.  (XV, 
1027.) 

D'autres  sont  de  simples  armes  parlantes,  une 
traduction  graphique  du  nom,  mais  une  traduc- 
tion, souvent  hasardée  &  qui  n'étant  pas  toujours 
fondée  sur  une  étymologie  vraie  dégénère  plus 
d'une  fois  en  jeu  de  mots  puéril  &  sans  portée  : 

Aramon,  d'azur  à  une  montagne  d'argent  som- 
mée d'un  autel  d'or  enflammé  de  gueules;  Aspbt, 
d'or  à  l'aspic  de  sable;  Bourret,  d'argent  au  ca- 
non de  sable  posé  en  bande;  Brèau,  de  sinople,  à 
un  taureau  furieux  d'or  (Brau);  Camcon  (Cam- 
bou),  d'argent  à  un  chien  &  un  bouc  affrontés  de 
sable;  Conques,  de  gueules  à  trois  conques  d'ar- 
gent; Cabaman  (Carmain),  d'or  à  un  visage  de 
carnation,  coupé  d'azur  à  une  main  d'argent; 
DnÊMiL,  de  sable  à  trois  cosses  de  millet  d'or,  cell* 
du  milieu  la  pointe  en  bas;  Ferrures,  d'or  à  six 
fers  de  cheval  de  sable,  posés  trois,  deux  &  un; 
Saint-Marcel  de  Fontfouliousb,  d'azur  à  un« 
fontaine  d'argent  accostée  de  deux  arbre»  d'or  sur 
une  terrasse  de  sable;  Merville,  d'azur  à  une  mer 
d'argent  sur  laquelle  est  bâtie  une  ville  de  gueule» 
maçonnée  d'argent;  Pechoubsy,  d'argent  à  un 
ours  de  sable  sur  un  petit  mont  de  sinople  &  un 
chef  d'azur  chargé  d'une  fleur  de  lis  d'or;  Penne 
d'Albigeois,  d'azur  à  une  plume  ou  n  pennache  » 
d'or  &  un  chef  de  gueules  chargé  de  trois  fleurs  de 
lis  d'or;  PeyrOLIES,  de  sable  à  trois  chaudrons 
d'or,  posés  deux   &  un;  Poi'SSAN,  d'argent,   à  un 


1697 


688  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

la  réforme  Se  par  le  romanisme  chimérique  des  érudits,  l'armoriai  ne  fait  que 
consacrer  l'erreur  que  les  annalistes  gagés  de  l'hôtel  de  ville  avaient  mise  en 
circulation.  Au  lieu  des  deux  édifices  classiques  du  sceau,  des  poids  &  de  la 
bannière  de  Toulouse,  le  château  Narbonnais  Si  l'église  abbatiale  de  Saint- 
Sernin,  emblèmes  de  la  cité  Si  du  bourg,  l'héraldiste  officiel  accoste  la  hampe 
de  la  croix  de  deux  «  tours  ou  châteaux  d'argent,  chacun  donjonné  d'une 
«  autre  tour  du  même,  »  annulant  par  cette  uniformité  toute  la  signification 
du  rapprochement,  81  il  substitue  à  l'agneau  pascal,  symbole  de  paix  du  trei- 
zième siècle  (Agnus  Dei  dona  nohis  pacem)  «  un  bélier  d'argent,  la  tête  con- 
«  tournée,  «  qui  n'est  autre  que  la  prétendue  idole  des  Tectosages,  fameuse 
par  les  rêveries  des  historiens  légendaires  de  Toulouse. 

Les  préposés  de  maître  Adrien  Vanier,  traitant  de  l'armoriai,  déployèrent 
dans  le  recouvrement  des  taxes  toute  l'âpreté  que  l'on  reprochait  à  leurs 
pareils  chargés  de  l'exécution  des  autres  édits  bursaux.  Ils  donnaient  littéra- 
lement la  chasse  aux  contribuables  Si  se  livraient  aux  plus  minutieuses  per- 
quisitions. Pas  un  cachet  blasonné,  pas  un  bout  de  tenture,  pas  un  coin  de 
vitrail  ne  leur  échappait.  Fidèles  à  leur  consigne,  qui  était  d'arracher  le  plus 
d'argent  possible,  ils  ne  négligeaient  aucun  moyen  de  procédure  pour  accroître 
les  frais.  Les  plaintes  qu'ils  soulevèrent  en  Languedoc  devinrent  même  si 
générales  que  l'intendant  se  vit  obligé  d'intervenir.  On  leur  reprochait  de 
multiplier  sans  raison  les  commandements  Si  les  saisies  Si  d'exiger,  sous  pré- 
texte de  dépens,  des  sommes  arbitraires  qui  aggravaient  notablement  la  charge 
de  l'impôt.  Par  une  ordonnance  spéciale,  Bâville  mit  une  limite  aux  préten- 
tions de  ces  agents'. 

11  fut  aussi  contraint  d'en  rendre  une  pour  protéger  les  malheureux  curés  Se 
vicaires  vivant  à  la  portion  congrue  contre  le  ruineux  honneur  qu'on  voulait 
leur  faire  de  les  inscrire  à  l'armoriai  81  de  leur  expédier  un  brevet  richement 
enluminé.  On  sait  combien  était  précaire  la  situation  de  ces  desservants  du 


pou  de  sable  &  un  chef  cousu  de  gueules  chargé  &  un  chef  cousu  d'azur  chargé  de  trois  fleurs  de  lis 

des  trois  lettres   S  A  N;  Semalens  ,   d'azur   à    un  d'or  (XIV,  586);   Revel,  d'azur  à  un  R  couronné 

u  semail  ou  comporte  »  d'or  chargée  d'un   raisin  d'or  (XIV,  55i;).  Mais  le  plus  souvent,  l'alphabet 

d'argent  &  surmonté  de  trois  fleurs  de  lis  d'or  po-  fait  tous  les  frais  de  ces  sortes  d'armoriaux.  Citons 

sées  en  chef  une  &   deux;  Tauriac,  d'azur  à   un  entre  autres  :    Beali-ly  en   Rolais,  d'argent  au  B 

taureau  de  gueules;  Tréces  (Très   Bes),  d'argent  à  d'azur;  Gabidech,  d'argent  au  G  d'azur;  Gargas, 

trois  B  d'azur;  Vauvert,  d'argent  à   un   veau  de  d'or  au  G  de  gueules;  Lalzerville,  de  gueules  à 

gueules,  passant  sur  une  terrasse  de   sinople,  ac-  l'L  d'argent;  La  Peyrocse,  d'azur  au   P  d'argent; 

costé  d'un  saule  de  même;  Verfeil,  d'argent  à  trois  Portet,  d'or  au  P  d'azur;  ViviÈS,  d'or  au  V  de 

feuilles  de  figuier  de  sinople,  posées  deux  8c  une.  sinople, 

La  dernière  série  comprend  les  armes  puremert  Un  très-petit  nombre  sont  accompagnées  de  de- 
alphabétiques,  les  plus  pauvres  de  toutes.  Il  en  vises,  d'invention  assez  moderne.  On  connaît  celle 
est  où  l'initiale  est  accompagnée  de  quelques  orne-  de  Montpellier  :  Virgo  mater  natlm  ora  ut  nos 
ments.  Ainsi  :  juvet  om.m   hora;  &  celle  d'Albi   :   Stat  baculis 

MeiVde  :  d'azur  à  un  grand  M  gothique  d'or  sur-  vigilatque  leo  turresqle  tletur.  Jonquières  porte 

monté  d'un  soleil  rayonnant  de  même  (XV,  426);  d'argent  à  une  botte  de  joncs  de  sinople,  liée  d'or, 

Meyrueis,  d'azur  à  un  M  d'argent  supporté   par  avec  ces  mots  autour  :  J'en  tiens  deux  mille,  en 

un  lion  d'or  lampassé  de  gueules  (XV,  3i2);  Ren-  caractères  de  sable.  (XV,  i335.) 
NEViLLE,  de  gueules  à  un  R  capitale  couronné  d'or  '  Pièces  justljicatiyes,  n.  DLIV,  col.  iSo?. 


LIV.  III.  REVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  689 

bas  clergé 5  grâce  à  l'organisation  demeurée  féodale  des  bénéfices,  le  plus  clair 
revenu  des  domaines  ecclésiastiques  appartenait  aux  seigneurs  spirituels, 
décimateurs  ou  curés  primitifs,  tandis  que  les  prêtres  chargés  des  fonctions 
curiales  étaient  réduits  à  vivre  d'une  pension  annuelle  insignifiante.  Comme 
l'édit  de  novembre  classait  au  nombre  des  personnes  stisceptibles  de  porter 
armoiries  quiconque  remplissait  un  emploi  d'un  caractère  relevé,  les  préposés 
du  traitant  n'oublièrent  pas  de  frapper  k  la  porte  des  presbytères.  11  se  ren- 
contra donc  que  des  curés,  obligés  de  subsister  toiite  l'année  avec  une  misé- 
rable rente  de  soixante  à  quatre-vingts  livres,  eurent  à  se  débattre  contre  les 
exigences  d'huissiers  qui  leur  présentaient  des  quittances  de  vingt-trois  livres 
pour  droit  d'armorial  &  d'enregistrement.  Le  prélèvement  d'une  pareille 
somme  sur  un  aussi  maigre  budget  mettait  les  desservants  des  campagnes  hors 
d'état  de  vivre.  Devant  cette  nouvelle  forme  de  persécution,  dont  les  assem- 
blées générales  du  clergé  de  France  ne  pouvaient  les  garantir,  ils  recoururent 
à  l'intendant  qui,  reconnaissant  la  justesse  de  leurs  griefs,  arrêta  les  pour- 
suites des  receveurs.  Bâville  interdit  d'une  manière  générale  de  comprendre 
parmi  les  contribuables  sujets  à  l'édit  tous  les  ecclésiastiques  vivant  à  la  por- 
tion congrue'.  On  peut  juger,  d'après  ces  particularités,  combien  les  vices 
d'organisation  de  la  société  française  devenaient  manifestes  81  à  quel  point 
l'application  des  moindres  mesures  mettait  en  lumière  les  contre-sens  &  les 
injustices  accumulées  depuis  plusieurs  siècles  par  la  dégénérescence  des  insti- 
tutions. Pourtant  près  de  cent  ans  devaient  s'écouler  encore  avant  que  l'on 
osât  porter  la  main  sur  cet  édifice  vermoulu. 

A  travers  les  contre-temps  &  les  entraves  de  toute  nature  que  la  guerre 
étrangère  opposait  au  développement  intérieur  de  la  France,  il  est  impossible 
de  méconnaître,  dans  ces  dernières  années  du  dix-septième  siècle,  un  mou- 
vement important  de  l'esprit  qui  tendait  à  introduire  la  logique  Si  le  calcul 
dans  les  choses  du  gouvernement.  C'est  comme  un  prélude  du  grand  courant 
philosophique  dont  le  siècle  suivant  devait  recevoir  la  commotion.  La  notion 
de  l'État,  de  ses  droits,  de  ses  devoirs,  se  fortifiait;  le  sentiment  du  bien 
public  commençait  à  se  traduire  avec  plus  de  précision;  on  essayait  une  sorte 
de  codification  inconsciente  des  principes  de  l'administration;  l'économie  poli- 
tique hasardait  ses  premières  ébauches,  8c  la  statistique,  science  encore  neuve, 
apparaissait  déjà  comme  un  élément  précieux  d'informations. 

Louis  XIV,  à  qui  l'on  ne  peut  contester  le  mérite  d'avoir  pris  au  sérieux 
sa  tâche  de  roi  8t  deviné  les  obligations  de  travail  8<.  d'étude  qu'imposait  le 
pouvoir  suprême,  cherchait  à  rendre  les  princes  de  sa  maison  dignes  d'occuper 
le  rang  que  l'avenir  semblait  leur  promettre.  Afin  de  compléter  l'éducation 
du  duc  de  Bourgogne,  l'élève  de  Fénelon,  par  une  connaissance  exacte  8c 
détaillée  des  diverses  parties  du  royaume,  les  intendants  provinciaux  furent 
invités  à  rédiger  des  mémoires  d'ensemble  8t  à  y  réunir  les  observations  les 
plus  intéressantes  qu'ils  avaient  recueillies  dans  leurs  départements. 

'  Pièces  fustificatives,  n.  DLIV,  col.   iSoy. 

XIII.  ^^ 


1697 


1697 


690 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


1O93 


Aucun  de  ces  fonctionnaires  n'était  plus  capable  que  Bâville  d'offrir  un 
tableau  curieux  de  son  intendance.  Il  l'administrait  depuis  treize  ans,  il 
l'avait  plusieurs  fois  parcourue,  dans  toutes  les  directions,  en  paix  comme  en 
guerre.  Un  commerce  assidu  avec  les  prélats,  les  barons,  les  députés  des  prin- 
cipales villes  &  les  officiers  permanents  des  États  de  Languedoc,  où  il  rem- 
plissait chaque  année  le  rôle  de  second  commissaire  du  roi,  lui  donnait  les 
moyens  de  voir  par  lui-même  Si  d'apprécier  tme  foule  de  détails  qu'un  obser- 
vateur vulgaire  aurait  négligés;  ses  rapports  journaliers  avec  les  subdélégués 
qu'il  entretenait  sur  les  divers  points  de  ce  vaste  territoire  lui  assuraient  mille 
facilités  matérielles  pour  combler  les  lacunes  de  sa  propre  expérience'. 

Aussi  le  travail  qui  fut  composé  par  Bâville,  pour  répondre  aux  invitations 
de  la  Cour,  est-il  une  œuvre  de  grande  importance  où  la  sagacité,  l'exacti- 
tude &  l'application  de  l'intendant  se  révèlent  avec  éclat.  Le  style  en  est 
sobre  8c  clair,  la  méthode  rigoureuse,  tout  y  trahit  l'homme  de  gouverne- 
ment, ménager  de  son  temps  &  du  temps  d'autrui. 

Le  mémoire  de  Bâville,  terminé  en  1698,  &  qui  nous  fournit  l'occasion 
d'une  halte  naturelle  sur  le  seuil  du  dix-huitième  siècle,  comprend  cinq  par- 
ties :  géographie  physique  &  politique  Si  histoire  de  la  Province;  gouverne- 
ment du  pays  étudié  au  point  de  vue  ecclésiastique,  militaire,  judiciaire  Si 
administratif;  droits  du  roi,  embrassant  les  impôts  Si  le  domaine;  industrie 
81  commerce  avec  une  statistique  par  diocèses;  travaux  publics^. 


'  Le  mémoire  de  Bâville,  dont  il  existe  plusieurs 
copies  manuscrites,  a  été  imprimé,  en  1734,  sous 
le  titre  :  Mémoires  pour  servir  a  l'histoire  de  Lan- 
guedoc, par  feu  M.  de  Basville,  intendant  de  cette 
province.  A  Amsterdam,  chez  Pierre  Boyer,  im- 
primeur &  marchand  libraire.  M.  DCC.  XXXIV. 

Cette  édition  est  très-défectueuse.  Les  noms  pro- 
pres surtout  y  sont  cruellement  défigurés. 

Nous  avons  entre  les  mains  un  manuscrit  qui  a 
appartenu  à  l'archevêque  de  Toulouse  &  de  Nar- 
bonne,  Beauvau,  &  qui  est  relié  à  son  chiffre. 

Ce  manuscrit,  copié  en  1718  &  signé  P.  SEnr.E, 
est  d'une  belle  exécution  calligraphique,  mais 
n'est  pas  exempt  de  fautes.  Il  contient,  outre  les 
divers  états  dç  statistique  publiés  dans  l'imprimé, 
les  pièces  suivantes  : 

1°  Carte  des  costes  du  Languedoc  depuis  l'em- 
bouchure du  Rhône  jusques  en  Catalogne,  qui 
marque  tous  les  ports  qui  sont  sur  cette  coste,  & 
ceux  qu'on  y  peut  faire,  toutes  les  descentes  aisées 
&  difficiles  pour  l'aborder,  tous  les  étangs  8c  ma- 
rais dont  on  se  sert  pour  la  navigation  sans  se 
communiquer  à  la  mer,  &  enfin  tous  les  canaux 
faits  à  présent  pour  la  navigation,  &  le  projet  de 
ceux  qui  peuvent  servir  à  l'avenir  pour  la  perfec- 
tionner. 

2"  Carte  des  régiments  de  milice  bourgeoise  de 
la  province  de  Languedoc  divisez  par  diocèses  8t 
mis  ivr  pied  en   1690  suivant  les  ordres   du    Roy 


par  M.  le  comte  de  Broglio,  lieutenant  général 
des  armées  de  Sa  Majesté,  &  commandant  pour 
son  service,  en  ladite  province. 

3"  Carte  de  la  jonction  des  deux  mers  par  le 
canal  royal  de  la  province  de  Languedoc. 

4°  Carte  de  l'isle  de  Cette. 

5"  Carte  des  grands  chemins  royaux  des  Céven- 
nes  8t  Vivarais. 

6°  Carte  particulière  du  port  d'Agde. 

7°  Desseins  de  la  Maison  Quarrée  de  Nismes. 

8"  Le  temple  de  Diane. 

9°  Amphithéâtre  de  Nismes. 

10"  Pont  du  Gard. 

11°  Pont  du  Saint-Esprit. 

12°  Pont  de  Toulouse. 

1  3°  Les  huit  écluses  de  Foncerar.o. 

14"^  Ecluse  ronde  d'Agde. 

1  5°  Pont  de  Cesse. 

16"  Plan  &  profil  des  aqueducs  du  canal   royal. 

17°  Plan  des  vieux  &  nouveau  crochets  au  bout 
du  grand  môle  du  port  de  Cette. 

Plus  81  échantillons  de  draps  mahons,  londrins 
premiers,  londrins  seconds,  londres  larges  &  lon- 
dres,  fabriqués  en  Languedoc  pour  le  commerce 
du  Levant. 

'  Il  existe  à  la  Bibliothèque  de  Toulouse  un 
mémoire  manuscrit,  grand  in-4'',  de  421  feuillets, 
intitulé  Description  de  la  Province  de  Languedoc, 
qui  a   été  fait   pendant   l'intendance  de  d'Agues- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  691 

Dans  le  coup  d'œil  rapide  que  l'intendant  promène  sur  la  contrée,  on  cher- 
cherait vainement  des  effets  descriptifs  j  mais  on  y  remarquera  quelques  traits 
où  se  reconnaît  l'observateur  synthétique.  Ainsi  Bâville  indique  d'un  mot 
l'avantage  des  étangs  ou  graux  pour  la  défense  du  littoral.  «  C'est,  dit-il, 
«  une  chose  singulière  que  la  nature  ait  mis  cette  province  en  sûreté  du  côté 
«  de  la  mer  par  ces  estangs  qui  font,  depuis  Aiguestnortes  jusqu'à  Leucate, 
«  une  ligne  de  circonvallation  qui  met  le  pays  à  couvert.  »  Cette  préoccupa- 
tion des  intérêts  généraux  de  l'Etat  domine  partout.  Les  forêts  de  la  vallée 
supérieure  de  l'Aude  sont  «  de  belles  forêts  de  sapin  pour  la  marine.  »  Dans 
la  maîtrise  de  Quillan,  elles  sont  détruites  6c  toutes  les  autres  de  cette  espèce 
ne  sont  bonnes  qu'à  faire  «  de  petits  avirons  »  &  du  bois  à  brûler.  Les  chê- 
naies du  diocèse  de  Mirepoix  peuvent  donner  des  pièces  de  «  bordage  8c  des 
<i  quilles.  » 

L'auteur  oppose  le  caractère  des  peuples  du  haut  8c  du  bas  Languedoc. 
Dans  le  premier,  les  habitants  «  sont  grossiers,  peu  industrieux  8c  peu  labo- 
K  rieux  :  qualités  ordinaires  à  tous  ceux  qui  naissent  dans  un  terroir  gras  8c 
«  fertile  8c  qui  s'occupent  à  labourer  la  terre;  comme  si  la  nature  récompen- 
<i  soit  par  l'industrie,  par  l'inclination  8c  par  les  talens  propres  au  commerce, 
<c  la  perte  que  souffrent  les  habitans  dont  les  terres  sont  stériles  8c  ingrates.  » 
Dans  le  bas  Languedoc,  au  contraire,  Bâville  signale  beaucoup  d'esprit, 
d'activité  8c  d'industrie,  une  aptitude  particulière  au  commerce,  aux  arts  8c 
aux  manufactures;  une  grande  ténacité  pour  arriver  à  ses  fins,  mais  peu  de 
mémoire  des  services  rendus;  «  il  semble  que  ce  ne  soit  point  parmi  eux 
K  une  vertu  ni  un  devoir  d'être  reconnoissans  des  bienfaits  qu'ils  reçoivent. 
<i  Quoique  l'intérêt  règne  dans  le  monde,  on  peut  dire  qu'il  est  dans  ce  pays 
«  plus  vif  que  partout  ailleurs.  Se  que,  pour  un  petit  profit  l'on  y  manque  à 
«  des  devoirs  essentiels,  qu'on  ne  voit  point  abandonner  dans  les  autres  pays 
«  pour  les  plus  grandes  fortunes.  »  L'intendant  attribue  à  ces  tendances 
intéressées  le  peu  de  goût  du  pays  pour  les  lettres  8c  les  sciences  :  on  les  y 
considère  «  comme  un  métier  stérile,  8c  qui  ne  produit  qu'une  réputation 
«   infructueuse.  » 


seau.  Ce  trar.iil,  -pTécéié  d'une  tatle  des  Lieux  tic  L'ordre  qu'on   fient  le   jour  de   l'ouverture  des 

la   province   de   Languedoc  par   lettre  alphabétique.  Estais  généraux  de  la  Province. 

comistant  en  la  généralité  de  Tholo^e  &  de  Mont-  L'ordre  qu'on  tient  dans  l'assemblée  des  Estais 

pcllicr,  comprend  les  divisions  suivantes  .  lorsqu'on   opine    pour   faire   la    députation    pour 

L'Estat  des  Romains  dans  le  Languedoc.  porter  le  cahier  des  doléances  au  Roy. 

La   province   de   Languedoc    tous    les   Gots    ou  L'ordre  qu'on   tient   quand    la    bénédiction   est 

Visigotz.  donnée,  pour  porter  l'octroy  au  gouverneur  de  la 

Estât  du  Languedoc  soulz  les  Roys  d'Aquilnine  Province. 

8c  la  race  de  Charlemngne.  Règlement   pour    les   députés   aux   comptes   des 

Gouverneurs  &  heutenans  généraux  de  la  pro-  testais  généraux. 

vince  de  Languedoc.  Estât  des  lieux  qui  ne  sont  point  dans  la  tailla- 

Despartement  de  Messieurs  Us  lieutenans  gêné-  bilité. 

raux  de  la  province  de  Languedoc.  Cours  du  canal  royal.  —  Rivières. 

L'ordre  &  le  rang  que  les  députés  de   la   pro-  Description  particulière  de  chaque  diocèse  :  fiefs, 

vince  tiennent  dans  l'assemblée  des  Estats productions,  mesures  locales. 


1698 


~^ 692  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Au  contraire  les  travaux  agricoles  se  succèdent  presque  sans  interruption  : 
au  mois  de  mai,  les  vers  à  soie  Se  la  toison  des  bêtes  à  laine;  ensuite  les  toins, 
qui  sont  assez  raresj  puis  les  menus  grains  en  juin  &  juillet;  les  vendanges 
en  septembre,  donnant  de  très-bons  vins  &  en  grande  abondance;  en  no- 
vembre les  châtaignes  dans  les  pays  de  montagne,  &.  en  décembre  les  olives 
dans  toute  la  plaine. 

La  population  totale  du  Languedoc,  en  1698,  est  évaluée  par  Bâville  à 
1,545,442  âmes,  composant  842,758  familles  réparties  entre  2,547  communes 
ou  paroisses. 

L'intendant  divise  cette  population  en  cinq  classes  :  gentilshommes,  bour- 
geois, marchands,  artisans  8t  laboureurs. 

Il  compte  4,485  gentilshommes,  10,800  bourgeois,  6,833  marchands, 
76,700  artisans  &  91,148  laboureurs,  plus  32,8o5  mendiants.  Le  nombre  des 
femmes  était  de  802,162,  8c  celui  des  enfants  de  1,020,509.  On  peut  conclure 
de  ces  chiffres  que  les  nobles  formaient  la  quarante-huitième  partie  de  la 
population  virile. 

Quant  à  la  proportion  numérique  de  ces  diverses  classes  entre  elles,  on  voit 
dans  l'état  de  détail  dressé  par  Bâville  qu'elle  variait  de  diocèse  à  diocèse, 
sans  s'écarter  pourtant  de  certaines  lois  générales.  Ainsi  les  bourgeois  sont 
partout  plus  nombreux  que  les  nobles  &  moins  nombreux  que  les  artisans  & 
les  laboureurs.  Ils  l'emportent  sur  les  marchands  dans  tous  les  diocèses,  saut' 
ceux  de  Lodève  (i74<267),  de  Lavaur  (335<374),  de  Rieux  (i63<2i6), 
d'Alet  (i35<i74),  de  Comminges  (ii<;28)  8c  de  Carcassonne  (239<3i6). 
Parmi  les  travailleurs  manuels,  la,  prépondérance  appartient  généralement 
aux  laboureurs  sur  les  artisans.  Cet  ordre  se  trouve  renversé  dans  les  diocèses 
de  Toulouse  (7383  >  1746),  d'Agde  (2425  >  1775),  de  Mende  (6192  >  45 16), 
de  Nimes  (3937>246o),  d'Alais  (7264>3704),  de  Saint-Pons  (2398>229i) 
&  de  Saint-Papoul  (i28i>7o8)  où  la  population  industrielle  prédomine'. 

Par  l'inégalité  de  la  population  des  diocèses,  qui  présente  les  écarts  les  plus 
considérables,  depuis  209,115  habitants  (le  Puy)  jusqu'à  8,699  (Comminges), 
on  peut  juger  combien  l'assemblée  des  États,  où  chaque  diocèse  comptait  le 
même  nombre  de  députés  des  trois  ordres,  était  inexactement  représentative, 
81  l'on  s'explique  à  merveille  que  le  vœu  de  refondre  entièrement  la  constitu- 
tion des  États  provinciaux  tînt  une  si  grande  place  dans  les  préoccupations  du 
pays.  Le  simple  alignement  de  chiffres  présentés  par  colonnes  dans  les  états 
de  Bâville  en  dit  plus  à  cet  égard  qu'une  longue  dissertation.  Il  suffisait  de  pro- 
jeter un  peu  de  lumière  sur  l'antique  édifice  pour  en  faire  ressortir  les  défauts. 

'Voici   comment    Bâville,   en    1698,  évalue   la                Castres 1975  familles. 

population  des  principales  villes  de  Languedoc  :                Albi i  637  — 

Narbonnc 1 626  — 

Toulouse 18040    familles.                         Agde i  |53  — 

Montpellier i3  8o3         —                               Mende 1127  — 

Nimes 12590         —                               Lavaur gpS  — 

B^z'«" 3  639        —                             Lodève 847  — 

Carcassonne 2018         —                             Uzès 794  — 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  698 

L'histoire  abrégée  de  la  Province,  conteniie  dans  le  mémoire  de  Bâville, 
est  naturellement  trop  sommaire  &  trop  superficielle  pour  offrir  beaucoup 
d'intérêt.  L'intendant,  qui  n'était  pas  un  érudit  de  profession,  n'avait  eu  ni 
le  loisir,  ni  les  moyens  d'approfondir  une  foule  de  problèmes  dont  on  aurait 
mauvaise  grâce  à  lui  demander  la  solution.  Cependant  la  rectitude  de  son 
esprit  &  l'avantage  d'échapper,  par  son  origine,  à  l'obsession  des  préjugés 
locaux,  lui  ont  permis  de  voir  clair  en  bien  des  matières  &  de  soumettre  à 
l'épreuve  de  la  critique  beaucoup  de  prétentions  mal  fondées. 

C'est  ainsi  qu'il  tait  justice  des  conditions  imaginaires  sous  lesquelles  aurait 
eu  lieu  l'annexion  du  Languedoc  au  domaine  de  la  couronne  :  consentement 
des  impositions  par  les  Etats,  gouvernement  d'un  prince  du  sang  royal,  usage 
du  droit  écrit.  11  montre  que  cette  synthèse  est  de  beaucoup  postérieure  aux 
guerres  du  treizième  siècle,  &  qu'elle  a  été  inventée  après  coup;  que  les  rois 
de  France  ont  possédé  le  Languedoc  par  droit  de  conquête  61  par  héritage, 
comme  la  Bourgogne  ou  la  Champagne;  que  le  droit  écrit  était  parfaitement 
oublié  dans  l'ancienne  Narbonnaise  au  moment  de  la  renaissance  du  roma- 
nisme  8c  de  l'enseignement  des  Pandectes  florentines,  &  que  la  continuité  de 
la  tradition  romaine  depuis  la  chute  de  l'Empire  d'Occident  est  une  chimère. 

Quant  au  franc-alleu,  forme  naturelle  de  la  propriété  territoriale  qui  n'est 
ni  dominante,  ni  asservie,  Bâville  n'en  reconnaît  pas  plus  de  titre  originel 
qu'on  n'en  découvre  à  l'usage  du  droit  écrit.  On  est  revenu  à  la  définition 
romaine  de  la  propriété  quand  on  est  revenu  au  droit  romain;  mais  c'est 
l'appauvrissement  de  la  noblesse  féodale  8c  l'enrichissement  de  la  bourgeoisie 
qui  ont  opéré  une  révolution  dans  le  régime  domanial. 

Bâville  rappelle  que  l'arrêt  du  conseil  d'Etat,  du  22  mai  1667,  supprima  le 
franc-alleu  noble,  comme  une  inconséquence  8c  une  usurpation  sur  les  droits 
de  l'État.  «  Une  justice  tenue  en  franc-alleu  seroit,  dit-il,  une  espèce  de  sou- 
ci veraineté,  la  souveraineté  ne  consistant  proprement  qu'à  rendre  la  justice 
H  aux  peuples.  »  D'ailleurs,  tout  bien  noble  est  féodal,  8c  qui  dit  fief  dit 
exclusion  de  franc-alleu. 

A  propos  de  ces  détails  sur  l'organisation  de  la  propriété,  le  mémoire  nous 
apprend  qu'il  restait  encore  en  Languedoc,  à  la  fin  du  dix-septième  siècle, 
quatre  cent  trente-quatre  terres  ou  seigneuries,  soumises  à  la  coutume  de 
Paris.  Ces  domaines,  dont  le  plus  grand  nombre  était  situé  dans  le  comté  de 
Castres  8c  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  provenaient  ou  des  inféodations 
de  Simon  de  Montfort  à  la  suite  de  la  conquête,  ou  des  confiscations  faites 
sur  les  hérétiques  8c  placées  par  saint  Louis,  à  titre  d'assise,  entre  les  mains 
de  divers  seigneurs  français. 

L'état  de  la  propriété  féodale  en  Languedoc  fait  l'objet  d'une  statistique 
intéressante.  Bâville  compte  dans  la  Province  cinq  mille  trois  cent  quarante- 
trois  fiefs  ou  domaines  nobles,  dont  trois  mille  deux  cent  soixante-trois 
dépourvus  de  droits  de  justice,  dix-sept  cents  pourvus  de  ces  droits  Se  non 
titrés,  8c  trois  cent  quatre-vingts  domaines  titrés  ou  fiefs  de  dignité. 

Ces  derniers  se  décomposent  ainsi  :  trois  duchés-pairies,  Toulouse,  compté 


1698 


lôpS 


694  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

seulement  pour  mémoire,  étant  réuni  à  la  couronne,  Uzès  8c  Joyeuse;  cin- 
quante-cinq marquisats,  dix-sept  comtés,  vingt-deux  vicomtes  8c  deux  cent 
quatre-vingt-trois  baronnies. 

Bâville  observe  que,  sur  quatre  mille  quatre  cent  quatre-vingt-six  familles 
de  gentilshommes  établies  dans  la  province  de  Languedoc,  à  la  fin  du  dix- 
septième  siècle,  on  n'en  trouvait  pas  quinze  qui  eussent  vingt  mille  livres  de 
rente.  Sauf  quelques  grands  seigneurs  vivant  à  la  Cour,  la  noblesse  n'y  était 
pas  riche.  A  la  différence  de  celle  des  autres  provinces,  on  ne  la  voyait  point 
faire  sa  principale  résidence  à  la  campagne,  se  visiter  8c  mener  grand  train. 
Ceux  qui  habitaient  les  villes,  surtout  dans  le  bas  Languedoc,  n'entrete- 
naient pas  d'équipage,  évitaient  toutes  les  occasions  de  dépense  8c  faisaient 
notoirement  profession  d'économie.  Ils  ne  passaient  pas  non  plus  pour  être 
fort  attachés  au  métier  de  la  guerre.  Après  avoir  satisfait  aux  obligations  de 
leur  qualité  en  faisant  quelques  campagnes,  la  plupart  rentraient  dans  leurs 
domaines;  aussi  n'y  comptait-on  que  fort  peu  d'officiers  généraux,  8c  seule- 
ment cinq  maréchaux  de  France  depuis  le  seizième  siècle',  tandis  que  la 
Guienne  en  avait  fourni  vingt-trois  8c  deux  connétables. 

L'intendant,  mieux  placé  que  personne  pour  apprécier  ces  matières,  par  la 
connaissance  qu'il  avait  des  titres  des  familles,  juge  sévèrement  les  recherches 
de  la  noblesse  opérées  en  divers  temps  par  les  commissaires  du  roi.  Elles  ont 
fait,  dit-il,  «  plus  de  mal  que  de  bien,  d  II  blâme  la  facilité  avec  laquelle  des 
jugements  de  maintenue  furent  accordés  à  des  familles  qui  ne  les  méritaient 
pas  8c  dont  la  basse  extraction  était  encore  parfaitement  connue,  &c  reproche 
aux  enquêteurs  d'avoir  compromis,  par  ces  mélanges,  la  dignité  d'un  corps 
«  qui  devroit  être  plus  pur  8c  moins  rempli.  »  La  raison  que  l'on  alléguait 
pour  justifier  ces  faiblesses  est  la  même  que  nous  avons  vu  invoquer  à  propos 
de  la  tolérance  obtenue  par  les  capitouls.  La  taille  étant  réelle,  il  importe 
peu,  disait-on,  de  faire  beaucoup  de  nobles,  puisqu'ils  la  payent  de  même 
que  les  roturiers.  Bâville  s'élève  avec  raison  contre  ce  mauvais  principe  qui, 
en  subordonnant  tout  à  la  question  fiscale,  avait  pour  résultat  de  consacrer 
une  fraude  8c  d'établir  des  distinctions  sociales  réelles  sur  un  mensonge. 

L'étude  de  l'organisation  ecclésiastique  fournit  à  Bâville  l'occasion  de  pré- 
senter, selon  son  habitude,  un  état  fort  clair  des  établissements  religieux  de 
toute  nature,  avec  leurs  revenus  8c  le  chiffre  de  leur  personnel.  Il  compte 
deux  cent  trente-cinq  couvents  d'hommes  8c  cent  trois  couvents  de  filles,  8c 
évalue  la  totalité  des  revenus  de  l'église  en  Languedoc  à  deux  millions  cinq 
cent  soixante-neuf  mille,  quatre-vingt-sept  livres  par  an. 

Quelques  détails  historiques  sur  les  universités  de  Toulouse  8c  de  Mont- 
pellier amènent  l'intendant  à  constater  la  décadence  de  ces  deux  célèbres 
corporations.  Il  reconnaît  qu'elles  ont  beaucoup  perdu  de  leur  ancien  lustre, 
soit  par  le  peu  de  capacité  des  maîtres,  soit  pour  le  nombre  8c  par  le  peu 

■  Le  maréchal  de  Montpezat  en  t'>^3,  les  ma-  le  maréchal  de  Lauzières  Thémines  sous  Henri  IV 
réchaiix  du  Bouchage  &  de  Joyeuse  sous  Henri  III,       &  le  maréchal  de  Thoiras  sous  Louis  XIII. 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  ôgS 

d'application  des  écoliers.  «  11  seroit  à  souhaiter,  dit-il,  qu'on  ne  consultât 
«  que  le  mérite  pour  le  choix  des  professeurs.  »  Il  rappelle  qu'un  arrêt  du 
conseil  du  mois  d'avril  1687  avait  confié  à  ces  universités  le  droit  de  pro- 
poser trois  sujets  élus  «  après  la  dispute,  »  entre  lesquels  le  roi  devait  choisir. 
Cette  fiction  d'un  choix  personnel  du  roi  qui  ahoutissait  à  une  lutte  de 
recommandations,  donnait  des  résultats  médiocres,  car  l'intendant  conclut 
par  une  réflexion  significative  :  «  Avant  ce  temps,  l'élection  étoit  libre,  elle 
«  se  faisoit  avec  assez  de  justice,  &  ordinairement  celui  qui  étoit  le  plus 
«  distingué  par  son  mérite  l'emportoit.  » 

Passant  à  la  revue  des  collèges,  Bâville  nous  en  montre  quinze  en  Lan- 
guedoc, dont  dix  occupés  par  les  jésuites  (Toulouse,  Albi,  Castres,  Carcas- 
sonne,  Bcziers,  Montpellier,  Nimes,  Tournon,  le  Puy,  Aubenas),  quatre  par 
les  pères  de  la  Doctrine  chrétienne  (Toulouse,  Beaucaire,  Lavaur  Se  Nar- 
bonne),  un  par  les  pères  de  l'Oratoire  (Pézénas). 

Il  est  d'avis  que  tous  les  petits  collèges  devraient  être  supprimés  pour  for- 
tifier ceux  des  grandes  villes.  Partout  ailleurs  ils  sont  mauvais.  Les  compa- 
gnies qui  les  dirigent  n'ont  pas  assez  de  sujets  pour  y  pouvoir  placer  de  bons 
maîtres,  S<  le  petit  nombre  des  écoliers  fait  languir  l'enseignement}  «  s'il  n'y 
«  avoit  que  de  grands  collèges,  les  parens  feroient  des  efforts  pour  y  envoyer 
«  leurs  enfans  5c  ils  n'auroient  pas  le  déplaisir  qu'ils  ont  souvent  de  voir 
M  que  leurs  enfans  sont  très-incapables  après  avoir  fait  leurs  études  dans  ces 
«  petits  collèges.  L'Etat  &  l'Eglise  se  trouvent  privés  en  même  temps  des 
«  sujets  qui  se  pourroient  former  ailleurs,  s'ils  étoient  bien  élevez.  » 

L'intendant  loue  au  contraire  l'organisation  des  établissements  hospitaliers 
fondés  dans  les  principales  villes  de  Languedoc,  5<.  cite  comme  très-bien  gou- 
vernés ceux  de  Toulouse,  de  Montpellier  &  de  Nimes.  L'intervention  royale 
n'avait  pas  été  inutile  pour  accroître  les  ressources  de  ces  fondations  en  sup- 
primant une  foule  de  petits  hospices  isolés  8c  de  maladreries  répandus  dans 
les  campagnes,  qui  subsistaient  depuis  le  moyen  âge,  sans  surveillance,  8c  qui 
très-souvent  avaient  fini  par  se  transformer  en  simples  bénéfices,  ne  remplis- 
sant plus  aucun  devoir  d'hospitalité,  au  mépris  de  la  volonté  des  fondateurs'. 


'  La  déclaration  du  12  octobre  i6cf6  pmcrivit  Dame  du  Mont-Carmel  Se  de  Saint-Lazare  Us 
rétablissement  d'un  hôpital  général  dans  toutes  maladreries,  léproseries  &  autres  fondations  châ- 
les villes  &  gros  bourgs  du  royaume,  où  «  les  pau-  ritables.  L'hospitalité  /ut  rétablie  dans  celles  de 
n  vres  de  chaque  ville,  faubourg  &  consulat  tant  ces  maisons  dont  les  revenus  se  trouvèrent  suffi- 
«  sains  que  malades,  devaient  être  instruits  de  la  sants,  &  les  autres  furent  unies  à  de  grandi  hô- 
«   religion  catholique  Se  secourus,  u  pitaux  plus  anciens  ou  de  nouvelle  création. 

Le  père  Dunot,  jésuite,  fut  commis  par   le  roi  L'hôpital   général   de  Montpellier  hérita   ainsi 

pour   présider   à    la    création    de   ces    hôpitaux    en  des  maladreries   de   Baillargues,   Fabrègues,  Mau- 

Languedoc,   8t    te   transporta    tour  à   tour,   muni  guio  8t  des  hôpitaux  de  Lattes,  Castelnau,  Le  Crès, 

d'une  commission  spéciale  de  l'intendant,  sur  les  Saint-Siméon  de  Salafons  (arrêt  du  10  juin  légS); 
divers  points  de  la  Province.  L'Hôtel-Dieu  de  Carcassonne,   des  hôpitaux  de 

Une  série  d'arrêts  du  conseil   régularisa   l'orga-  Sainte-Croix  de  Carcassonne,  de  Pennautier,  d'Aï- 

nisation  en   prononçant   la   suppression  ou   l'an-  zonne,  de  Trèbes,  de  Capendu,  de  Barbelrac  &  de 

nexion  de  toutes  les  maisons  inutiles.  la   maladrerie  de  la  Magdelainc  (arrêt  du   11  jan- 

L'édit  de  mars   1693   désunit  de  l'ordre   Notre-  vier  lôpS); 


1698 


—^ 696  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Du  Parlement,  Bâville  nous  apprend  qu'on  y  comptait  de  son  temps  cent 
trente-deux  officiers,  dont  neuf  présidents  à  mortier,  huit  présidents  aux 
enquêtes  ou  requêtes,  cent  douze  conseillers,  deux  avocats  généraux,  un  pro- 
cureur général.  Les  sénéchaussées  étaient  au  nombre  de  huit,  celles  de  Cas- 
telnaudary,  de  Limoux,  de  Béziers,  de  Nimes,  de  Montpellier  &  du  Puy 
ayant  été  démembrées  des  trois  anciennes  sénéchaussées  historiques  de  Lan- 
guedoc. Il  restait  encore  vingt-neuf  vigueries. 

Le  personnel  de  la  prévôté  générale  pour  le  maintien  de  l'ordre  &  la  sur- 
veillance des  routes  était  très-faible.  On  ne  comptait  que  cent  hommes  pour 
toute  la  Province.  Le  prévôt  général  résidant  à  Montpellier  n'avait  sous  ses 
ordres  que  treize  archers,  les  capitaines-lieutenants  de  Toulouse  &  de  Nimes 
81  les  lieutenants  particuliers  de  Carcassonne  &  d'Albi,  chacun  dix  archers, 
celui  de  Limoux  quatre  8c  celui  de  Vivarais  quinze. 

Un  trait  qui  marque  bien  la  décadence  des  charges  des  sénéchaux,  autre- 
fois si  considérables  en  Languedoc,  où  ces  officiers  représentaient  le  pouvoir 
royal  dans  sa  plénitude,  c'est  la  nécessité  que  l'on  avait  reconnue  de  trans- 
porter à  Montpellier  les  titres  du  domaine  conservés  aux  archives  des  trois 
anciennes  sénéchaussées.  Ce  précieux  dépôt  était  tombé  dans  un  tel  abandon 
8t  si  complètement  livré  aux  commis  «  qu'on  y  jetoit  indifféremment  des 
«  actes  faux  tandis  que  l'on  en'voloit  les  véritables.  »  Ce  fut  pour  empêcher 
la  perte  entière  de  ces  titres,  qui  se  dissipaient  de  jour  en  jour,  que  le  roi 
prescrivit,  en  i6go,  de  les  concentrer  dans  le  dépôt  de  la  chambre  des  comptes 
de  Montpellier,  où  la  surveillance  était  organisée.  Bâville  raconte  en  avoir 
transmis  un  inventaire  à  Pontchartrain,  qui  le  fit  déposer  aux  archives  de  la 
chambre  des  comptes  de  Paris. 

Après  quelques  généralités  substantielles  sur  le  commerce  de  la  Province, 
l'irKlustrie  des  draps  8c  celle  de  la  soie,  Bâville  promène  son  royal  lecteur  de 
diocèse  en  diocèse,  à  travers  tout  le  pays,  signalant  au  passage,  avec  infini- 
ment de  justesse  8c  de  vérité,  les  particularités  dignes  d'intérêt,  tant  sous  le 

L'hôpital  de  Béziers,  de  la  maladrerie  de  Béziers  tal  de  Sainte-Radegonde  &  des  maladreries  d'Ar- 

&  des  hôpitaux  de  Thésan,  Saint-Génies,  Mont-  naud-Bernard,    de    Saint-Cyprien    &   de    Saint- 

blnnc,  Puissalier,  Miirviel,  Magalas,  Cazouls-lès-  Michel  ; 

Béziers,  Saint-Nazaire,   Pouzols,   Maraussan,  Bo-  L'hôpital  de  Castanet,  des  maladreries  de  Portet 

hian,  Villemagne,  Boiissargue,  Alignan-du-Vent,  &  de  Castanet  &  des  hôpitaux  de  Pibrac  &  d'Es- 

Gabian,    Roquebrun,    Colombiers,    Nizas,    Cor-  calquens  ; 

neilhan,    Roujan    &    Gignac   (arrêt    du    lo    juin  L'hôpital  de  CasteInau-d'Estrètefons,  des  hôpi- 

'690);  taux  de  Bouloc,  Saint-Alban,  Castelginest,  Gar- 

L'hôpital  d'Uzès,  de  la  maladrerie  d'Uzès  &  des  gas,  Vacquiers  ; 

hôpitaux  de   Saint-Quentin,   Montaron,   Lacal-  L'hôpital    d'Albi,    des    maladreries    d'Albi,    de 

mette,    Boucoiran,    Remoulins,    Saint-Hilaire   &  Castelviel  &  de  Lescure  &  de  l'hôpital  de  Lescurej 

CoUias  (arrêt  du  22  avril  lôçS);  L'hôpital    deVerfeil,    des    hôpitaux   de   Saint- 

L'hopital    de    Castelnaudary,    des    hôpitaux    de  Sulpice  de  la  Pointe,  Bessières  &  MontastruC  ; 

Saint-Martin   de  la   Lande,  de   Bram   &   de   Las-  Citons   encore,   parmi    les   maladreries   suppri- 

bordes  ;  mées,  celles  de  Lodève,  Mèze,  Narbonne,  Loupian, 

L'hôpital  de  Pézénas,  des  maladreries  de  Saint-  Saint-Montan,  Frontignan,  Revel,   Lavaur,   Lu- 

Tibéry  &  de  Montagnac  ;  nel,   Clermont-Lodère,    Gaillac,  Villefranche-de- 

L'hôpital  des  incurables  de  Toulouse,  de  l'hôpi-  Lauragais,  Montpezat. 


LIV.   111.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES,  697 

rapport  des  productions  naturelles  Si  de  l'industrie  que  du  caractère  des  habi- 
tants. 

Les  belles  plaines  à  blé  qui  régnent  depuis  Toulouse  jusqu'à  Montauban, 
les  prairies  de  l'Hers  &  des  autres  petites  rivières  de  la  contrée,  les  champs 
de  maïs  du  Toulousain  passent  d'abord  dans  ce  rapide  panorama.  L'intendant 
donne  deux  mots  de  regret  à  la  culture  du  pastel,  qui  produisait  naguère  plus 
d'un  million  &  qui,  depuis  plusieurs  années,  était  abandonnée  par  suite  de 
l'importation  de  l'indigo.  Il  fait  ressortir  tous  les  avantages  de  la  situation  de 
Toulouse  pour  le  commerce  &  les  manufactures  :  bon  marché  des  vivres, 
eaux  excellentes,  distance  égale  des  deux  mers,  transport  facile  des  matières 
premières  par  la  Garonne  61  l'Ariége,  établissement  du  canal.  Pourtant  on 
n'y  fait  guère  d'autre  trafic  que  celui  des  laines  d'Espagne  venant  de  la  vallée 
d'Andorre  par  Ax  &c  Saint-Béat,  de  Castille  par  Bagnères  de  Luchon,  d'Aragon 
81  de  Navarre  par  Arreau.  Le  commerce  y  est  à  peu  près  nul.  «  Le  génie  des 
«  habitans,  dit  Bâville,  ne  les  y  porte  pas.  Ils  ne  peuvent  d'ailleurs  souffrir 
«  les  étrangers.  Les  couvents  des  religieux  &  des  religieuses  occupent  la  moitié 
«  de  la  ville.  »  Il  attribue  la  principale  cause  de  cette  inertie  à  l'existence  du 
Parlement  St  au  privilège  de  l'anoblissement  capitulaire.  «  Tous  les  enfans 
«  des  gros  marchands  aiment  mieux  s'anoblir  &  entrer  en  charge  que  de  con- 
((  tinuer  8c  soutenir  le  commerce  de  leurs  pères.  »  Quelques  bergames,  des 
tapisseries  de  peu  de  valeur,  de  petites  étoffes,  moitié  soie  moitié  laine,  don- 
nées à  bas  prix  81  fabriquées  par  des  artisans  tourangeaux  établis  dans  l'île 
de  Tounis,  forment  à  peu  près  les  seuls  produits  de  l'industrie  locale. 
«  Quoique  cette  ville  soit  une  des  plus  grandes  du  royaume,  on  peut  dire 
«  qu'elle  est  une  des  moins  riches  »  &  des  moins  peuplées. 

Dans  le  bas  Montauban,  au  contraire,  les  habitants  sont  fort  aisés  :  pays 
gras,  abondant  en  blé,  en  pastel;  le  tabac  se  cultive  à  Finhan,  Escatalens  & 
Saint-Porquier;  la  plupart  des  vins  se  convertissent  en  eau-de-viej  on  élève 
des  chevaux  qui  vont  se  vendre  aux  foires  de  Grisolles. 

Nous  traversons  le  diocèse  de  Rieux,  pays  pauvre,  où  les  habitants  ont 
peine  à  vivre,  pour  atteindre  l'enclave  de  Seix,  limitrophe  du  port  d'Aula,  où 
sont  les  masures  d'un  château  «  qu'on  dit  avoir  été  bâti  par  Charlemagne.  » 
Bâville  pense  que  les  comtes  de  Toulouse  voulurent  garder  ce  passage  en  pro- 
priété pour  la  communication  avec  l'Aragon.  Il  mentionne  le  pic  81  l'étang 
du  Montvallier  «  qu'on  découvre  de  Gascogne  à  plus  de  trente  lieues,  »  les 
inscriptions  antiques  de  Saint-Lizier,  &  les  séries  de  tours  à  signaux,  éche- 
lonnées le  long  de  la  chaîne  des  Pyrénées,  d'une  mer  à  l'autre,  pour  avertir 
par  des  feux  de  l'approche  de  l'ennemi. 

A  propos  du  Comminges  &  du  passage  de  Saint-Béat,  où  une  colonne  de 
marbre  «  parfaitement  belle,  »  du  temps  des  Romains,  trahit  l'ancienne  im- 
portance de  ce  poste,  Bâville  reproche  assez  durement  à  Marca  d'avoir  laissé 
soustraire  à  la  France  la  vallée  d'Aran,  qu'on  était  en  droit  de  revendiquer  au 
traité  des  Pyrénées;  faute  considérable,  dont  l'archevêque  de  Toulouse  était, 
dit-il,  plus  responsable  qu'un  autre,  ayant  donné  beaucoup  de  mémoires. 


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—^ 698  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Dans  le  pays  de  Mirepoix,  qui  fait  très-peu  d'exportation,  les  forges  de 
Conosouls,  Sainte-Colombe,  Quillan,  Bélesta,  les  raines  de  jayet  de  Léran 
&(.  de  Lavelanet,  la  fabrication  du  savon  blanc  &  noir  pour  nettoyer  les  draps, 
&  des  peignes  de  buis  dont  il  se  fait  un  grand  débit  en  Espagne  &  en  Italie, 
disputent  l'attention  à  la  fontaine  intermittente  de  Bélesta. 

Le  diocèse  d'Alet  &  Limoux  nous  montre  les  paysans  dans  la  neige  la 
moitié  de  l'année;  du  bétail,  assez  de  denrées  pour  la  subsistance;  les  traces 
d'anciennes  exploitations  minières,  8c  une  petite  industrie  d'orpailleurs.  Une 
compagnie,  formée  en  1672  '  par  Colbert,  pour  reprendre  le  travail  de  ces 
mines,  avec  le  concours  de  mineurs  suédois,  n'a  pas  réussi  :  on  n'a  découvert 
que  quelques  veines  de  cuivre,  bientôt  perdues,  &,  qui  n'ont  pas  payé  les 
frais.  Bâville  vante  les  vins  blancs  de  Limoux,  mais  dit  qu'ils  ne  se  trans- 
portent pas.  On  fait  aussi  des  draps  8c  des  ratines,  8c  les  fers  préparés  dans 
les  forges  du  voisinage  y  sont  concentrés  dans  des  entrepôts. 

Les  terres  fertiles  reparaissent  dans  les  belles  plaines  de  Castelnaudary  8c 
de  Revel;  quelque  peu  de  vins,  qui  se  consomment  sur  place. 

Dans  le  Castrais,  mêlé  de  montagnes  cultivées  8c  de  petites  plaines,  beau- 
coup de  bestiaux,  assez  de  denrées  pour  la  subsistance  aisée  des  habitants, 
Se  un  grand  nombre  de  manufactures  où  l'on  travaille  en  petites  étoffes  de 
laine,  comme  ratines,  burats,  cordelats,  bayettes,  serges  8c  crêpons. 

Le  diocèse  d'Albi,  qui,  vingt  ans  plus  tôt,  passait  pour  un  des  meilleurs 
pays  du  royaume,  était,  en  1698,  un  des  plus  pauvres  du  Languedoc.  Beau- 
coup d'habitants  avaient  péri,  en  1693,  dans  une  épidémie;  la  mortalité  du 
bétail,  l'exagération  des  charges  depuis  la  guerre,  l'établissement  du  canal 
des  deux  mers  qui-  supprima  le  commerce  d'entrepôt  d'Albi,  où  les  huiles  du 
bas  Languedoc  affluaient  à  dos  de  mulets,  ces  bêtes  de  somme  rapportant 
au  retour  les  denrées  de  l'Albigeois,  avaient  presque  entièrement  ruiné  la 
contrée.  On  y  comptait  beaucoup  de  terres  abandonnées.  Le  pastel,  le  safran, 
les  prunes  sèches  faisaient  le  principal  objet  du  commerce,  avec  les  vins 
de  Gaillac,  transportés  à  Bordeaiix  par  la  Garonne  8c  très-recherchés  des 
Anglais.  Pas  d'autres  manufactures  que  celles  de  Pvéalmont  8c  d'Albi,  fabri- 
quant des  crêpons,  des  burats,  des  bayettes  8c  des  razes. 

A  Saint-Pons  8c  à  Saint-Chinian,  quelques  fabriques  de  draps  grossiers  Se 
peu  estimés;  du  bétail  dans  les  montagnes;  à  peine  assez  de  blé  pour  payer 
les  tailles,  les  habitants  vivant  «  d'une  manière  fort  dure  avec  du  millet;  » 
d'assez  beaux  marbres  dans  la  partie  rocheuse  du  diocèse,  dont  Bâville 
dénonce  la  capitale  comme  «  un  très-vilain  séjour.  » 

Le  Narbonnais  se  trouvait  alors  en  aussi  triste  état  que  l'Albigeois,  par 
l'effet  d'une  succession  de  mauvaises  récoltes.  Les  dettes  du  pays  étaient 
considérables,  8c  les  habitants  fort  pauvres.  On  y  recueillait  encore  peu  de 
vins,  &c  les  oliviers  formaient  la  richesse  naturelle  la  plus  importante. 
Comme  productions  accessoires,  l'intendant  cite  les  sels  de  Peyrlac,  qui  se 

'  Nous  rétablissons  la  date  d'après  le  manuscrit  Beauvau  :  l'édition  de  1784  porte,  par  erreur,  1692. 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  699 

consommaient  dans  le  haut  Languedoc,  8c  le  salîcor  des  plages,  plante 
marine  que  l'on  faisait  sécher,  puis  brûler  sous  terre  &  dont  la  cendre  s'uti- 
lisait dans  les  verreries  de  Languedoc  8c  d'Italie. 

La  création  du  canal  des  deux  mers  avait  formé  à  Narbonne  un  grand 
entrepôt  du  commerce  des  blés.  C'est  là  que  se  concentraient  tous  les  grains 
du  haut  Languedoc  8c  ceux  des  plaines  de  l'Aude;  on  les  conduisait  par  le 
canal  de  la  Robine  jusqu'à  la  mer,  où  de  grosses  barques  pontées  en  faisaient 
le  transport  aux  côtes  de  Provence  8c  de  Roussillon  8t  même  en  Italie,  quand 
la  récolte  y  avait  été  maigre. 

Bâville  cite  le  diocèse  de  Carcassonne  comme  une  démonstration  écla- 
tante de  l'utilité  des  établissements  industriels  8c  de  la  richesse  que  l'activité 
humaine  peut  donner  à  un  pays  peu  fertile.  La  ville  de  Carcassonne  n'est, 
dit-il,  à  proprement  parler,  qu'une  manufacture  de  toutes  sortes  de  draps. 
«  Les  gros  marchands  y  font  travailler  un  certain  nombre  d'ouvriers  81  de 
«  familles  qui  leur  sont  attachées.  »  Les  uns  filent,  les  autres  cardent,  les 
autres  tissent  8c,  comme  ce  travail  se  répand  dans  les  paroisses  voisines, 
presque  tout  le  monde  en  profite. 

A  Béziers,  au  contraire,  point  de  manufactures;  les  habitants  n'y  sont  pas 
disposés  8c  les  tentatives  qu'on  y  a  faites  n'ont  point  réussi;  mais  la  produc- 
tion agricole  est  importante.  Les  vins,  assez  bons  déjà  sur  les  coteaux  du 
Carcasses,  sont  excellents  dans  le  Biterrois;  le  blé  dépasse  la  consommation 
ainsi  que  l'huile,  8c  la  proximité  de  la  mer,  jointe  à  la  traverse  du  canal, 
maintient  les  denrées  à  bon  prix.  Les  seules  industries  locales  que  mentionne 
Bâville  sont  les  fabriques  de  droguets  de  Bédarieux,  très-appréciés  en  Alle- 
magne, 8c  la  clouterie,  qui  faisait  vivre  tous  les  habitants  des  six  petits  bourgs 
du  canton  de  Graissessac. 

Dans  le  diocèse  de  Lodève,  les  manufactures  de  draps  8c  de  chapeaux  com- 
pensent l'aridité  du  sol,  trop  sec  8c  trop  aride  pour  suffire  à  la  subsistance. 
«  Il  n'y  a  point  de  diocèse  qui  paye  mieux  la  taille,  quoiqu'il  n'y  en  ait 
«  point  où  le  terroir  soit  plus  stérile.  » 

Le  diocèse  d'Agde,  l'une  des  plus  riches  contrées  du  royaume,  exporte  ses 
laines,  d'excellente  qualité,  ses  vins,  ses  blés,  ses  huiles  8c  jusqu'à  ses  légumes, 
cultive  des  mûriers,  élève  des  vers  à  soie,  exploite  le  salicor.  L'intendant 
signale,  au  sujet  de  ce  pays,  un  trait  caractérisque  de  monopole.  Plusieurs 
petits  étangs  y  produisaient  du  sel  qu'on  pouvait  utiliser;  mais  le  fermier  des 
gabelles  avait  soin  de  les  tenir  artificiellement  submergés,  afin  qu'ils  ne  nui- 
sissent pas  au  débit  des  salins  ordinaires. 

Bâville  s'étend  avec  beaucoup  de  détails  sur  l'état  du  commerce  8c  de  l'in- 
dustrie de  Montpellier.  Il  place  en  première  ligne  la  fabrication  du  vert  de 
gris  dont  il  décrit  minutieusement  les  procédés.  La  matière  première  venait 
d'Allemagne  8c,  depuis  quelques  années,  de  Salé,  sur  la  côte  du  Maroc.  Le 
travail  en  était  réservé  aux  femmes;  elles  coupaient  le  cuivre  rouge  en  mor- 
ceaux de  l'épaisseur  d'une  pièce  de  dix-huit  sols  8c  de  la  grandeur  d'une 
carte  à  jouer,   mettaient  dans  un   pot  de  terre  deux  pintes  de   vin  pur; 


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700  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

au-dessus,  des  bâtons  en  croix,  puis  une  couche  de  grappes  de  raisin  sécliée? 
sur  lesquelles  elles  disposaient  leurs  morceaux  de  cuivre  isolés  les  uns  de', 
autres,  &  ainsi  couche  par  couche  jusqu'au  couvercle  de  paille,  épais  d'un 
demi-pied,  hermétiquement  fermé  pour  empêcher  l'action  de  l'air.  On  laissait 
opérer  l'oxydation  pendant  dix  ou  douze  jours,  suivant  la  saison,  le  temps 
chaud  étant  plus  favorable;  ensuite,  on  faisait  sécher  les  pièces  de  cuivre  à 
l'air  &  l'on  obtenait  le  vert  de  gris  en  les  raclant.  Chaque  opération  donnait 
une  livre  de  produit.  Les  femmes  des  artisans,  celles  mêmes  des  marchands  & 
des  bons  bourgeois  se  livraient  à  ce  travail  avec  grand  profit,  l'une  préparant 
cent  pots,  l'autre  cent  cinquante.  11  s'en  fabriquait  à  Montpellier  deux  mille 
quintaux  par  an.  Ce  vert  de  gris  s'emballait  dans  des  sacs  de  peaux  de  mouton 
du  poids  de  cinquante  livres  &  s'expédiait  en  Angleterre,  en  Allemagne  S<.  en 
Italie  pour  servir  à  la  fabrication  des  couleurs. 

Plus  de  deux  cents  familles  de  Montpellier  s'occupaient  à  faire  des  futaines, 
étoffes  mêlées  de  fil  81  de  coton,  le  fil  venant  de  la  Bresse  Si  le  coton  du 
Levant.  La  production  annuelle  s'élevait  à  quatre  mille  pièces,  valant  dix- 
sept  livres  chacune. 

Le  commerce  de  la  laine  était  considérable.  Les  marchands  de  Montpellier 
achetaient  à  Marseille  des  laines  en  suint,  originaires  d'Espagne,  de  Salé,  de 
Tunis,  de  Constantinople  8c  de  Smyrne;  ils  les  faisaient  nettoyer  dans  la 
petite  rivière  du  Lez,  puis  les  serraient  en  de  grands  sacs  de  trois  ou  quatre 
quintaux  qui  se  transportaient  aux  foires  de  Pézénas  8c  de  Montagnac  pour 
se  répandre  ensuite  dans  les  manufactures  de  la  Province  ou  à  la  foire  de 
Beaucaire  d'où  elles  allaient  à  Genève,  en  Allemagne  8c  en  Italie.  D'autres 
laines  s'employaient  sur  place  à  faire  des  couvertures  de  différents  prix  qui 
avaient  souffert  de  la  concurrence  des  toiles  indiennes  piquées  de  coton  8c 
donné  lieu  à  la  prohibition  de  ces  étoffes.  Bâville  compte  que  la  laine  faisait 
vivre  à  Montpellier  plus  de  deux  mille  personnes  8c  rapportait  quatre  cent 
mille  livres  par  an. 

I,a  cire  jaune  du  Levant  se  blanchissait  dans  la  même  ville  pour  plus  de 
cent  mille  livres;  on  la  préférait  à  celle  de  Hollande,  parce  que  l'ardeur  du 
soleil  languedocien  rendait  inutile  l'emploi  de  la  graisse  8c  de  la  céruse. 

Les  cuirs  se  tannaient  à  Montpellier  8c  à  Ganges,  8c  le  commerce  en  dépas- 
sait deux  cent  mille  livres  en  Espagne  8c  en  Italie,  outre  la  consommation 
provinciale.  Aniane  préparait  le  cristal  de  tartre,  exporté  en  Angleterre  8c  en 
Hollande. 

Les  Génois  enlevaient  pour  Livourne  les  vins  rouges  8c  blancs  du  diocèse; 
le  vin  muscat  de  Frontignan  s'expédiait  à  Lyon  pour  l'Allemagne  8c  à  Bor- 
deaux pour  l'Angleterre  8c  la  Hollande.  On  faisait  aussi  beaucoup  d'eau-de- 
vie  8c  de  liqueurs  aromatiques,  eau  de  la  reine  de  Hongrie,  eau  de  Cette, 
eau  de  canelle.  Le  débit  des  vins  8c  de  ces  liqueurs  était  évalué,  malgré  la 
guerre,  à  cinq  cent  mille  livres  par  an.  Avant  l'ouverture  des  hostilités,  les 
vaisseaux  anglais  venaient  prendre  à  Cette  des  vins  de  la  contrée  qui  rece- 
vaient à  Londres  le  meilleur  accueil. 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  701 

Bâville  signale  encore,  parmi  les  produits  de  Montpellier,  la  préparation 
du  kermès  qui  s'exportait  en  Hollande. 

Le  rigide  exécuteur  des  lois  de  proscription  contre  les  réformés,  contraint 
de  reconnaître  que  «  généralement  parlant,  tous  les  nouveaux  convertis  sont 
n  plus  à  leur  aise,  plus  laborieux  &  plus  industrieux  que  les  anciens  catho- 
«  liques,  »  ne  fait  pas  difficulté  d'assigner  le  premier  rang  à  la  ville  de  Nimes 
pour  le  commerce  de  la  draperie  &  de  la  soie.  Il  vante  l'application  de  ses 
marchands,  leur  habileté,  l'heureuse  hardiesse  de  leurs  entreprises;  ce  sont 
eux  qui  font  subsister  une  infinité  de  familles  en  leur  achetant  les  petites  81 
les  grosses  étoftes,  expédiées  par  leur  entremise  dans  toutes  les  directions. 
«  Ce  sera  toujours,  écrit-il,  un  point  très-important  au  commerce,  de  con- 
«  server  la  ville  de  Nimes,  qui  en  est  comme  le  centre,  &  d'y  protéger  les 
«  gros  marchands.  »  Il  ajoute,  prenant  sans  doute  ses  désirs  pour  des  réalités, 
qu'on  y  a  réussi  dans  les  derniers  temps,  malgré  le  «  changement  de  reli- 
»  gion.  »  Le  commerce  n'y  est  point  changé;  il  y  fleurit  mieux  que  jamais, 
81  «  si  tous  ces  marchands  sont  encore  mauvais  catholiques,  du  moins  ils 
«  n'ont  pas  cessé  d'être  très-bons  négocians.  » 

l/eau  de  la  reine  de  Hongrie  se  fabriquait  aussi  à  Nimes,  ainsi  que  le 
muscat  &  l'eau-de-vie.  Dans  le  terroir  du  grand  Galargues,  on  cultivait  la 
maurelle  ou  tournesol  qui  s'employait  en  Hollande  pour  la  teinture  des  toiles 
rouges  &  bleues  8c  pour  la  coloration  des  fromages. 

Dans  le  diocèse  d'Uzès,  s'étendant  du  Rhône  aux  Cévennes,  81  l'un  des 
plus  vastes  du  Languedoc,  outre  une  production  suffisante  de  céréales,  Bâville 
mentionne  les  vins  de  Jusclan,  de  Tavel,  de  Roquemaure  8c  de  Laudun;  la 
soie  s'ouvrait  dans  plusieurs  manufactures,  8c  l'on  fabriquait  de  petites  étoffes 
de  laine  qui  répandaient  beaucoup  d'argent  dans  le  pays.  Les  eaux  miné- 
rales froides  d'Yeuset  avaient  grande  réputation. 

L'intendant  distingue  trois  zones  très-différentes  dans  le  Vivarais  :  les 
Boutières,  pays  coupés  de  petites  montagnes  coniques  fort  stériles  8c  propres 
à  l'élève  du  bétail;  la  Montagne,  région  voisine  du  Vêlai,  froide,  mais  fertile 
8c  bien  cultivée,  produisant  toutes  les  denrées,  sauf  le  vin;  le  Pays-Bas  ou 
les  coteaux  du  Rhône,  dont  les  vins  allaient  jusqu'à  Paris;  les  soies,  le  com- 
merce des  cuirs  8c  des  châtaignes  sèches  y  portaient  la  richesse;  les  cultiva- 
teurs excellaient  à  tirer  parti  des  moindres  espaces,  soutenant  des  terrasses 
artificielles  au  moyen  de  petites  murailles  échelonnées  8c  faisant  ainsi  croître 
des  grains  8c  des  vignes  sur  les  pentes  les  plus  raides  8c  au  milieu  des  rochers. 
Les  châtaignes  formaient  à  peu  près  l'unique  fortune  des  Boutières  dont  elles 
étaient  le  principal  objet  d'échange,  avec  le  chanvre  employé  à  la  fabrication 
de  toiles  grossières  débitées  dans  le  voisinage. 

Le  Gévaudan,  partagé  entre  les  montagnes  de  la  Margeride  8c  d'Aubrac  8c 
les  Cévennes,  pays  stérile,  sujet  à  la  grêle,  ne  produisant  que  du  seigle,  des 
châtaignes  8c  presque  pas  de  vin,  n'avait  d'autre  moyen  d'existence  que  ses 
manufactures  de  cadis  8c  de  serges;  tous  les  paysans  possédaient  des  métiers 
chez  eux  8c  employaient  à  ce  travail  le  temps  que  la  longue  durée  des  neiges 


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702  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

laissait  disponible.  On  y  voyait  des  enfants  filer  dès  l'âge  de  quatre  ans  8c 
les  familles  entières  s'y  trouvaient  occupées.  Salaire  médiocre  du  reste,  la 
journée  des  fileuses  se  payant  deux  sols,  celle  des  cardeurs  cinq,  celle  des 
tireurs  de  laine  dix,  celle  des  tisserands  huit.  La  modicité  de  ces  prix  empê- 
chait la  fabrication  de  ces  étoffes  dans  les  contrées  voisines  où  les  artisans  ne 
se  voulaient  pas  contenter  d'un  si  mince  bénéfice  Su  où,  par  suite,  le  prix  de 
revient  aurait  augmenté.  On  avait  les  meilleurs  cadis  pour  douze  sols  l'aune, 
les  autres  pour  dix;  les  serges  coûtaient  un  peu  plus  cher.  Ces  manufactures 
n'en  rapportaient  pas  moins  deux  millions  par  an,  ayant  leur  débit  en  Suisse, 
en  Allemagne,  sur  la  côte  d'Italie,  à  Malte  &  jusqu'en  Orient.  Mende  & 
Saint-Léger  en  étaient  les  deux  entrepôts  :  c'est  là  que  les  gros  marchands 
les  concentraient  &  les  faisaient  teindre,  en  gardant  pour  eux  le  principal 
profit.  Le  bas  prix  de  la  main  d'oeuvre  &  la  nécessité  d'acquérir  des  farines 
étrangères,  le  pays  ne  produisant  pas  la  dixième  partie  de  celles  qu'on  em- 
ployait, empêchaient  les  habitants  d'arriver  à  l'aisance,  malgré  les  efforts 
d'un  travail  opiniâtre. 

Bâville  observe  que  cette  fabrication  des  cadis  du  Gévaudan  avait  dû  être 
soustraite  à  la  réglementation  générale  des  manufactures.  «  Ce  seroit,  dit-il, 
«  vouloir  la  perdre  entièrement  que  de  vouloir  y  introduire  de  nouvelles 
«  règles,  soit  pour  la  largeur,  soit  pour  la  bonté  des  étoffes.  »  Les  paysans, 
accoutumés  à  leurs  métiers  81  à  leurs  usages,  ne  se  prêtaient  pas  aux  chan- 
gements'. D'ailleurs,  les  étrangers  prenant  les  cadis  tels  qu'ils  étaient  &  ne 
s'en  plaignant  pas,  on  ne  comprenait  point  l'utilité  d'innover.  La  seule  obli- 
gation indispensable  était  d'éviter  le  mélange  des  laines,  celles  du  Levant, 
plus  grossières,  prenant  inégalement  la  teinture.  Depuis  quelques  années,  on 
commençait  à  faire  des  meubles  de  ces  petites  étoffes,  &.  le  débit  en  France 
en  augmentait;  mais  il  ne  se  consommait  pas  dans  le  royaume  un  sixième 
de  la  production. 

Les  montagnes  du  Gévaudan  recevaient  chaque  année,  vers  la  Saint-Jean, 
l'émigration  habituelle  des  troupeaux  du  bas  Languedoc  chassés  par  la  cha- 
leur. Les  habitants  nourissaient  ce  bétail,  sans  autre  bénéfice  que  le  fumier 
pour  l'engrais  de  leurs  terres.  L'intendant  signale  l'adresse  des  cultivateurs  à 
répandre  l'eau  dans  leurs  cham.ps,  à  l'aide  d'une  foule  de  canaux  &  de  petits 
aqueducs. 

Les  Cévennes  méridionales,  comprises  dans  le  diocèse  d'Alais,  montraient 
des  vallons  bien  cultivés,  portant  toute  sorte  de  grains,  même  des  oliviers  & 
des  mûriers.  On  y  fabriquait  des  cadis,  plus  forts  S\  plus  chers  que  ceux  du 
Gévaudan,  &  plusieurs  espèces  de  ratines.  L'intendant  avait  été  frappé  de 
l'animation  des  marchés  d'Anduze,  où  chaque  jeudi  les  négociants  de  Nimcs 
apportaient  vingt-cinq  à  trente  mille  livres,  argent  comptant.  Ces -sommes  se 
partageaient  entre  les  marchands  facturiers  qui  les  distribuaient  à  leur  tour 

■  Voir,  à  ce  sujet,  le  rapport  présenté  aux  États  Languedoc.  Pièces  justificatives,  n.  DXLIII, 
en    1695   sur    la    situation    des    manufactures    de       col.   1473, 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  yoS 

aux  artisans,  ce  qui  répandait  l'aisance  dans  toute  la  contrée.  Malgré  la  stéri- 
lité des  fonds  6<.  les  mouvements  occasionnés  par  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  l'activité  du  commerce  avait  réparé  rapidement  toutes  les  pertes.  On 
ne  voyait  guère  de  pauvres  dans  le  pays,  mais  partout  des  gens  bien  vêtus, 
actifs  &  laborieux.  Bâville  leur  reconnaît  de  l'esprit,  «  mais  peu  de  bonne 
«  foi  &  encore  moins  de  religion  »  &  rappelle  que  le  duc  de  Rohan  les  disait 
<i  bons  huguenots  &  très-mauvais  chrétiens.  »  11  croyait  lui-mc'me  les  Céve- 
nols plus  faciles  à  entraîner  que  les  peuples  du  Vivarais,  mais  aussi  moins 
opiniâtres  &  prompts  à  rentrer  dans  leur  devoir. 

La  révision  sommaire  du  Languedoc  se  termine  par  les  montagnes  du 
Vêlai,  où  règne  la  neige  pendant  six  mois  de  l'année.  Pourtant,  la  produc- 
tion du  blé  y  dépassait  la  consommation,  quand  la  récolte  était  bonne,  8c 
l'excédant  s'échangeait  en  Vivarais  contre  des  châtaignes.  L'élève  du  bétail 
faisait  la  principale  richesse  de  la  contrée;  on  vendait,  aux  foires,  beaucoup 
de  mulets,  8c  l'on  y  portait  des  cuirs  de  tous  les  points  du  pays.  La  véritable 
industrie  nourricière  était  la  fabrication  des  dentelles,  dont  le  centre  le  plus 
important  se  trouvait  au  Puy,  8c  qui  se  débitaient  en  Espagne,  en  Allemagne 
8c  dans  les  autres  parties  de  l'Europe. 

Bâville  rapporte  que  le  Vêlai  était  riche  avant  l'année  i6go;  mais  la  mor- 
talité générale  qui  atteignit  alors  hommes  8c  bêtes  compromit  gravement  cette 
prospérité. 

Après  avoir  indiqué  ainsi  toutes  les  sources  de  la  production  languedo- 
cienne, l'intendant  consacre  quelques  mots  aux  principaux  marchés,  qui 
étaient  les  foires  de  Pézénas  8c  de  Montagnac,  8c  surtout  celle  de  Beaucaire, 
dans  la  prairie  du  Rhône,  où  l'on  faisait  en  trois  jours  plus  d'affaires  que 
durant  tout  le  reste  de  l'année,  8c  où  l'on  renjontrait  habituellement,  sans 
compter  les  négociants  de  la  France  entière,  des  Italiens,  des  Espagnols,  des 
Allemands,  des  Grecs,  8c  même  des  Turcs  8c  des  Américains. 

Il  s'élève  contre  le  droit  de  réappréciation  établi  en  i632  8c  contre  le  droit 
d'abonnement  exigé  par  les  fermes,  taxes  d'up  produit  médiocre,  mais  désa- 
gréables aux  négociants,  comme  une  cause  d'embarras  matériels  8c  comme 
une  violation  du  privilège  de  franchise  accordé  par  les  comtes  de  Toulouse 
8c  confirmé  par  les  rois  de  France. 

L'intendant  cherche  ensuite  à  évaluer  les  exportations  du  Languedoc,  en 
reconnaissant  qu'il  n'avait  pas  les  éléments  d'une  statistique  complète,  aucun 
bureau  de  péage  pour  la  sortie  n'existant  sur  la  frontière  d'Auvergne,  de 
Rouergue,  de  Guienne  8c  du  pays  de  Foix,  8c  les  expéditions  faites  à  la 
foire  de  Beaucaire  ne  laissant  pas  de  traces.  Les  droits  de  sortie,  depuis  la 
côte  du  Rhône  jusqu'en  Roussillon,  donnaient  trois  cent  soixante  mille 
livres  par  an.  D'après  l'avis  des  principaux  négociants  8c  l'examen  des  recettes 
de  Beaucaire,  Bâville  pense  qu'il  sortait  de  Languedoc,  années  communes 
des  denrées  8c  marchandises  pour  une  somme  de  seize  millions  cinq  cent 
quarante- neuf  mille  livres.  L'importation  annuelle  était,  sous  les  mêmes 
réserves,  de  cinq  millions  cent  quatre-vingt-dix  mille  deux  cent  vingt-cinq 


1698 


i6p8 


yo4  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

livres,  ce  qui  fait  pour  l'exportation  un  excédant  de  onze  millions  trois  cent 
cinquante-huit  mille  sept  cent  soixant-quinze '. 

S'occupant  des  moyens  d'accroître  ces  transactions,  l'intendant  émettait  le 
vœu  de  voir  diminuer  les  entraves  fiscales.  Il  ne  pensait  pas  qu'on  dût  rien 
ajouter,  en  fait  de  règlements,  pour  les  manufactures,  à  ceux  de  Colbert,  ce 
grand  ministre  ayant,  dit-il,  épuisé  la  matière,  mais  il  recommandait  ce 
qu'il  appelle  «  les  trois  grandes  règles  de  commerce,  »  qui  consistent  à  dimi- 
nuer les  droits  d'entrée  &  de  sortie,  à  donner  protection  aux  négociants  &  à 
les  laisser  dans  une  liberté  entière  de  faire  le  commerce  qui  convient  le 
mieux  à  leur  goût  &  à  leur  génie.  Parmi  les  plus  fâcheux  obstacles  qui 
contrariaient  le  commerce  du  Languedoc,  Bâville  énumère  : 

L'obligation  pour  tous  les  navires  de  faire  quarantaine  à  Marseille  & 
d'y  opérer  le  transl)ordement  des  marchandises  destinées  au  port  de  Cette, 
exigence  tyrannique  provenant  de  l'ancienne  &  jalouse  domination  de  Mar- 
seille sur  la  Méditerranée  ; 

La  non-exécution  de  la  paix  des  Pyrénées  en  matière  de  tarifs.  Cette 
convention  portait  que  les  marchandises  françaises  entrant  en  Espagne 
seraient  traitées  sur  le  pied  des  nations  les  plus  favorisées;  cependant  elles 
payaient  dix  pour  cent,  tandis  que  les  autres  nations,  8c  les  Espagnols  eux- 
mêmes  dans  les  ports  de  France,  ne  payaient  que  cinq  ; 

L'absence  d'entrepôt  dans  le  port  de  Celte,  concession  faite  aux  fermiers 
du  roi,  causant  mille  traverses  aux  négociants; 

La  confusion  des  tarifs  pour  les  droits  royaux  dans  tous  les  bureaux  de 
foraine,  certaines  marchandises  payant  trop  cher,  d'autres  pas  assez,  £<  beau- 
coup de  taxes  étant  à  la  discrétion  des  commis  ; 

L'exagération  des  droits  d'entrée  sur  les  laines  d'Espagne,  matière  première 
des  plus  belles  manufactures  de  Languedoc.  Les  Anglais  &  les  Hollandais 
n'avaient  rien  négligé  pour  nous  enlever  cet  élément  de  richesse  :  étant  plus 
près  qu'eux  de  l'Espagne,  il  semblait  facile,  en  abaissant  les  droits,  de  rendre 
leur  concurrence  impuissante.  Les  négociants  languedociens,  dégrevés  des 
charges  douanières,  pourraient  alors  payer  les  laines  plus  cher  aux  produc- 
teurs espagnols  &  obtenir  ainsi  la  préférence; 

•  Éyaluation  des  importations  en  la  province                                                  Report 2180000' 

de  Languedoc  (1698)  :  Bœufs  &   moutons,  par  l'Auvergne,  le 

Limousin  &  le  Rouergue i  240000 

Toiles  de  Normandie,  Bretagne  &  An-  Quincaillerie  de  Forez  &  d'Auvergne.  Soooo 

)ou 400000'        Epiceries  de  Bordeaux 471  oon 

Toiles  de  Lyonnais 400  000  Fer  de  Bourgogne  81  comté  de  Foix.  .  .  100000 

Toiles  d'Auvergne,  Rouergue,  Quercy  Mercerie  d'Allemagne^  par  Lyon.  .  .  .  5oooo 

&  Vêlai 600000  Laines  d'Espagne  (5  000  quintaux).  .  .  35oooo 

Toiles  de  Suisse,  par  Lyon 460000  Laines  de  Constantinople,  Salé,  Alger 

Marchandises     des     Indes     orientales                                  &  tous  les  lieux  de  Barbarie 400000 

(avant  la  guerre) 3oo  000  Poisson  salé  de  Marseille  &  Bordeaux.  349225 

Toiles  de  Hollande,  par  Bordeaux.  .  .         3o  000 


5  190225' 
A  reporter 2  180000'        Différence  en  faveur  des  exportations.    11  358  775' 


LIV.  III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  yoa 

La  prohibition  du  cours  des  piastres  usitées  en  Espagne,  en  Italie  &  dans 
le  Levant;  cette  mesure  rigoureuse  obligeait  le  commerce  d'exportation  à  ne 
recevoir  en  payement  que  des  lettres  de  change,  ce  qui  entraînait  des  retards 
&  des  pertes  considérables.  Bâville  proposait,  après  plusieurs  expériences  & 
une  étude  attentive  de  la  matière,  d'accepter  trois  espèces  de  piastres  :  celles 
du  poids  d'un  écu,  au  prix  de  trois  livres;  celles  du  poids  de  quatre  pistolcs 
d'Italie,  au  prix  de  cinquante-huit  sols,  &  toutes  les  autres,  destinées  à  la 
monnaie,  à  raison  de  vingt-sept  livres  le  marc.  Dût-on  même  transformer 
toutes  les  piastres  en  monnaies  françaises,  le  trésor  ne  perdrait  pas  à  l'opé- 
ration. 

L'histoire  ne  doit  pas  négliger,  si  minimes  qu'elles  paraissent,  toutes  les 
preuves  du  penchant  naturel  de  l'esprit  humain  vers  les  solutions  ration- 
nelles. Sur  quelques-uns  de  ces  points,  Bâville,  tout  autoritaire  qu'il  se  mon- 
trât dans  l'exercice  de  ses  fonctions,  se  trouvait  devancer  les  cahiers  de 
doléances  de  1789,  tant  il  est  vrai  que  les  vœux  de  cette  époque  mémorable, 
loin  d'être,  comme  on  l'a  prétendu  quelquefois,  l'effet  d'un  entraînement 
passager,  traduisaient  fidèlement  dans  leur  ensemble  les  désirs  de  réforme 
les  plus  légitimes. 

C'est  ainsi  qu'une  tentative  avait  été  faite  aux  Etats  de  Languedoc,  en 
1697,  pour  réaliser  cette  unification  des  poids  &  mesures  dont  l'honneur 
devait  être  réservé  à  l'Assemblée  nationale,  tentative  infructueuse,  mais  digne 
d'attention,  comme  un  symptôme  du  travail  inconscient  qui  s'opérait  dans 
les  intelligences'. 

Les  idées  économiques  de  Bâville  sont  justes  &  larges.  L'intendant  termine 
son  chapitre  sur  le  commerce  de  Languedoc  en  exposant  un  projet  d'abolition 
générale  des  péages,  à  commencer  par  ceux  du  Rhône.  «  Cette  rivière,  dit-il, 
(1  est  faite  pour  procurer  l'abondance  dans  le  ro>aume;  mais  on  a  trouvé  le 
«  moyen,  en  la  chargeant  de  plus  de  soixante  péages,  de  la  rendre  si  fâcheuse 
«  St  si  incommode  aux  négocians  qu'il  n'est  pas  possible  qu'elle  n'en  rebute 
<i  un  grand  nombre.  » 

Il  recherche  comment  on  pourrait  détruire  ces  entraves  sans  porter  atteinte 
au  droit  de  propriété,  &  recommande  deux  systèmes,  ou  bien  le  rachat  direct 
des  péages  par  l'Etat  ou  bien  la  concession  du  droit  de  navigation  pendant 
douze  ans  à  une  compagnie  qui  serait  chargée,  durant  cette  période,  d'opérer 
elle-même  le  rachat. 

Dans  le  premier  système,  il  propose  d'imposer  un  million  sur  toute  la 
Fiance  &  de  l'affecter  au  remboursement  des  seigneurs  péagers  dont  la  liqui- 
dation pourrait  être  faite  en  vingt  ans  sur  le  pied  du  denier  dix-huit. 

Il  évalue  à  cent  soixante  mille  neuf -cents  livres  de  rente  annuelle  le  pro- 
duit des  péages  appartenant  aux  particuliers  &  aux  engagistes  du  domaine,  à 
vint^t-cinq  mille  livres  ceux  du  roi,  &c  à  cinquante  mille  ceux  de  l'Eglise. 
Les  premiers  seraient  remboursés  directement  moyennant  un  million  deux 

'  P.l-cci  Juitificat'tvci,  n.  DLIII,  col.   i5dC. 

XIII.  45 


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1698 


7o6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

cent  quatre-vingt-sept  mille  deux  cents  livres.  Le  roi  «  aurait  la  bonté  de 
«  remettre  les  siens  au  public,  »  ce  qui  ferait  augmenter  la  douane  de  Valence 
8c  les  autres  droits  de  ses  fermes;  &  quant  aux  péages  des  ecclésiastiques  ne 
pouvant,  de  leur  nature,  être  remboursés,  on  en  ferait  payer  le  revenu  par 
les  provinces  de  Languedoc,  Provence,  Dauphiné  &  Lyonnais.  «  Si,  par  cette 
((  proposition,  on  fait  entrer  tout  le  royaume  dans  ce  remboursement,  c'est 
«  qu'on  suppose  qu'après  avoir  supprimé  les  péages  du  Rbône,  on  suppri- 
«  meroit  de  la  même  manière  les  péages  qui  se  lèvent  sur  toutes  les  autres 
«  rivières.  » 

On  venait  de  voir  paraître  une  marque  de  l'esprit  d'ordre  &  de  régularité 
qui  tendait  à  renouveler  l'administration,  dans  une  grande  ordonnance 
dressée  par  les  commissaires  du  roi  &  ceux  des  États  £<.  confirmée  par  décla- 
ration royale,  portant  règlement  pour  les  affaires  des  communautés. 

Ce  serait,  du  reste,  une  assez  grave  erreur,  que  de  croire,  comme  on  l'a 
trop  souvent  avancé,  que  cette  intervention  du  pouvoir  central  dans  l'éco- 
nomie intérieure  des  municipalités,  fût  une  réelle  innovation.  Elle  avait  été 
de  tout  temps  rendue  nécessaire  par  les  désordres  financiers  des  petites  oligar- 
chies locales;  dès  que  l'autorité  des  rois  de  France  fut  solidement  constituée, 
elle  fit  exercer  un  contrôle  par  ses  officiers  sur  tous  ceux  qui  avaient  un 
maniement  de  deniers  publics.  Mais,  comme  il  est  de  l'essence  du  temps 
d'altérer  toutes  choses,  il  arriva  que  les  instruments  d'abord  employés  par  le 
pouvoir  central  furent  divertis  de  leur  destination  &  devinrent  inutiles.  C'est 
parce  que  les  successeurs  nominaux  des  anciens  sénéchaux  de  Languedoc, 
transformés  en  officiers  héréditaires  &  rabaissés  par  la  coexistence  du  Parle- 
ment, avaient  absolument  perdu  leur  rôle  d'administrateurs  royaux,  qu'il 
fallut  reconstituer,  sous  le  nom  des  intendants,  toute  une  nouvelle  sur- 
veillance administrative.  II  y  eut  donc  déplacement  d'autorité  &  renaissance 
beaucoup  plus  que  création. 

Ajoutons,  en  ce  qui  concerne  les  communes,  que  la  suppression  à  peu  près 
complète  des  élections,  la  vénalité  des  charges  municipales  &  la  dégradation 
qui  en  résultait  rendaient  plus  urgente  encore  la  répression  des  abus  signalés 
de  tous  côtés  dans  la  gestion  financière  des  consuls.  Plus  la  condition  des 
gérants  devenait  anormale  &  précaire,  plus  il  était  indispensable  de  se 
garantir  contre  leurs  malversations.  C'est  à  quoi  tendirent  les  membres  de  la 
commission  mixte,  qui  étaient  le  marquis  de  Calvisson,  lieutenant  général; 
l'intendant  Lamoignon  de  Bâville;  les  trésoriers  de  France  d'Aldéguier  Se 
Masclary.  Il  n'est  pas  difficile  de  comprendre,  sous  ce  nom  collectif,  à  quelle 
influence  prépondérante  revenait  l'initiative  de  la  mesure. 

Le  nouveau  règlement  exigeait  qu'il  fût  rendu  un  seul  compte  pour 
chaque  imposition  par  le  collecteur  qui  en  aurait  fait  la  levée;  il  interdisait 
d'une  manière  absolue  aux  maires  &  consuls  de  se  faire  délivrer  les  revenus 
patrimoniaux  des  communes,  ces  fonds  devant  être  mis  aux  mains  des  col- 
lecteurs qui  en  déduiraient  le  montant  du  rôle  des  impositions,  suivant 
l'ordonnance  du    1"  décembre    1687.    Il   défendait  également  aux  officiers 


LIV.   III,   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  707 

municipaux  de  se  charger  des  sommes  imposées  pour  les  dépenses  ordinaires 
ou  imprévues. 

II  coupait  court  aux  exigences  des  collecteurs  en  supprimant  ou  restrei- 
gnant les  remises  qu'ils  s'attribuaient  pour  frais  d'expédition  ou  de  levure  Si 
soumettait  les  reprises  à  un  contrôle  sévère  en  demandant  une  vérification 
faite  dans  le  temps  de  la  récolte  par  un  député  de  la  commune,  avec  mandat 
de  justifier  que  les  biens  cotisés  n'avaient  porté  aucun  fruit  &  que  le  proprié- 
taire n'avait  d'ailleurs  aucuns  meubles  ni  autres  effets  exploitables  dont  la 
vente  pût  lui  permettre  de  satisfaire  aux  exigences  du  fisc. 

Il  autorisait  l'expédition  sous  seing-privé  des  quittances  des  particuliers 
employés  dans  l'état  des  dépenses  ordinaires  ou  assignés  sur  les  imprévues 
6c  de  celles  des  intérêts  d'emprunts;  les  créanciers  illettrés  faisant  certifier  le 
paiement  par  les  maires  &  consuls  ou  par  le  curé  des  lieux.  Quant  aux  quit- 
tances des  capitaux  de  dettes,  elles  devaient  être  expédiées  par  un  notaire 
8<.  mentionnées  en  marge  des  obligations. 

Les  sommes  empruntées  en  vertu  d'ordonnances  de  permission  devaient 
être  employées  sur-le-champ  à  leur  destination,  l'acte  d'emprunt  contenant 
l'indication  de  l'emploi.  Une  seule  exception  était  faite  à  cette  règle,  pour  les 
frais  de  procès,  dont  la  liquidation  ne  pouvait  raisonnablement  s'accomplir 
qu'après  la  terminaison  de  l'affaire. 

Dans  le  cas  où  le  premier  emprunt  était  insuffisant,  il  fallait  en  justifier 
par  le  compte  rendu  exact  de  l'état  des  fonds  &  procéder  ensuite  à  une  déli- 
bération nouvelle  8c  à  une  demande  d'autorisation. 

Les  fonds  étaient  alors  envoyés  au  procureur  de  la  commune  ou  remis  au 
député  chargé  de  la  poursuite  du  procès,  avec  défense  de  dépasser  en  aucune 
façon  les  sommes  autorisées,  soit  pour  les  frais  du  procureur,  soit  pour  les 
journées  du  député. 

Les  officiers  municipaux,  promoteurs  d'un  emprunt,  étaient  obligés  d'en 
poursuivre  la  vérification  pendant  leur  année  8c,  s'ils  ne  pouvaient  l'achever, 
d'en  donner  connaissance  à  leurs  successeurs  dans  une  assemblée  de  com- 
mune, avec  l'exposé  des  motifs  8c  la  remise  de  toutes  les  pièces  justificatives. 
L'assemblée  confiait  alors  aux  nouveaux  consuls  la  suite  de  l'opération;  faute 
d'obéir  à  cette  règle,  les  anciens  8c  les  nouveaux  magistrats  seraient  tenus  de 
payer  en  leur  propre  8c  privé  nom  les  intérêts  dus  jusqu'à  la  vérification  8c 
les  frais  exposés  par  les  créanciers. 

Conformément  à  l'arrêt  du  conseil  du  28  novembre  1648,  défense  était 
faite  aux  créanciers  dont  les  dettes  n'auraient  pas  été  vérifiées  de  faire  aucune 
poursuite  pour  s'en  procurer  le  payement,  &c  aux  maires  8c  consuls  d'opposer 
d'autres  défenses  devant  les  juges  que  le  défaut  de  vérification,  à  peine  de 
radiation  8c  de  perte  des  frais.  Les  créanciers  devaient  adresser  une  somma- 
tion en  vérification  aux  consuls  8c  leur  remettre  les  actes  nécessaires  8c,  faute 
par  eux  d'y  satisfaire,  poursuivre  eux-mêmes  la  vérification  aux  frais  des 
officiers  municipaux. 

Les  capitaux  des  dettes  vérifiées  seraient  imposés  dans  le  nombre  d'années 


1698 


1698 


7o8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

porté  par  l'arrêt  du  conseil  qui  permettait  l'imposition.  Les  maires  S<.  consuls 
avaient  charge  de  dénoncer  par  acte  aux  créanciers  l'imposition  faite  en  leur 
faveur  81  de  leur  indiquer  le  nom  S<  l'adresse  du  collecteur  chargé  de  les 
payer.  Les  commissaires  du  roi  aux  États  étaient  seuls  compétents  pour  pro- 
noncer sur  la  requête  des  créanciers. 

Les  délibérants  poursuivis  pour  le  payement  des  dettes  rayées  &.  cjui 
auraient  des  moyens  de  rétablissement  à  proposer,  les  remettraient  au  greffe 
du  roi,  quinzaine  après  les  assignations,  St  demanderaient  sursis  à  l'inten- 
dant jusqu'après  jugement  de  la  contestation  par  les  commissaires  royaux. 

Le  dernier  article  de  la  déclaration  défendait  très-expressément  aux  offi- 
ciers du  Parlement  de  Toulouse  81  de  la  Cour  des  comptes  de  Montpellier  ik 
à  tous  autres  juges  d'y  contrevenir  à  peine  d'interdiction  de  leur  charge  '. 

La  sagesse  de  ces  diverses  dispositions  ne  saurait  être  contestée;  elles  res- 
treignaient heureusement  les  chances  de  gaspillages  publics  dont  les  admi- 
nistrations municipales  se  rendaient  fréquemment  coupables  ;  mais  elles 
montraient  aussi  l'inanité  des  avantages  que  le  ministère  s'était  promis,  au 
moins  pour  la  forme,  en  créant  les  offices  héréditaires. 

La  paix  qui  s'était  conclue  avi  château  de  Ryswyck  en  1697,  &  qui  marque 
le  terme  des  prospérités  de  Louis  XIV,  avait  été  accueillie  sans  enthousiasme, 
à  cause  du  haut  prix  qu'elle  coûtait.  La  première  conséquence  qu'elle  eut  en 
Lano-uedoc  fut  une  recrudescence  de  rigueurs  contre  les  protestants. 

Parmi  les  concessions  que  l'orgueil  du  roi  de  France  venait  de  faire  aux 
puissances  coalisées,  le  gouvernement  britannique  avait  stipulé  le  rétablisse- 
ment du  culte  réformé  dans  la  principauté  d'Orange.  Grave  motif  d'inquié- 
tude pour  Bâville,  qui  ne  pouvait  voir  sans  appréhension  des  pratiques  reli- 
gieuses, prohibées  sous  peine  de  mort  d'un  côté  du  Rhône,  devenir  licites  de 
l'autre  côté. 

Mais  à  peine  le  traité  avait-il  été  signé  qu'une  déclaration  royale  défendait 
aux  protestants  de  s'établir  à  Orange  Si  d'y  faire  aucun  exercice  de  leur  culte. 

L'intendant  faisait  surveiller  les  passages  du  Languedoc  sur  cette  frontière 
avec  une  exactitude  inquiète.  Il  se  préoccupait  surtout  d'un  ministre  dont 
nous  avons  exposé  plus  haut  la  participation  énergique  à  toutes  les  tentatives 
de  résistance  contre  l'édit  de  révocation.  La  capture  de  l'ancien  agitateur  du 
Vivarais,  de  Claude  Brousson,  était  devenue  son  idée  fixe.  «  Il  est  certain, 
«  écrivait-il  le  3  mai  1698,  que  cet  homme  fait  des  maux  infinis-.  «  Des 
émissaires  avaient  été  envoyés  à  Orange  pour  se  mettre  sur  ses  traces.  Traqué 
de  villar^e  en  village,  Brousson  réussit  à  pénétrer  en  Languedoc  8c,  trompant 
les  poursuites,  se  jeta  dans  le  Béarn;  mais  on  avait  mis  sa  tête  à  prix,  er  à 
Oloron  un  dénonciateur  voulut  gagner  trois  mille  livres  en  livrant  le  pros- 

■  Archives  de  Toulouse.   Recueil   d'imprimés,  V,  '  Fragments  inèJits  Je  la  correspondance  àe  La- 

p.  549.  —  L'ordonnance  des  commissaires  fut  ren-  moignon  de  Basville  avec  Flcchier,  1698-1  70  i .  Com- 

due  le  22   janvier  1697,   8c  la   déclaration   confir-  munication  de  M.  Boissy  d'Anglas.  —  Bulletin  de 

mative,  datée  de  Versailles  le  3o  avril  de  la  même  la   sociiêté   de   l'histoire   du  protestantisme  fran(;ais. 

année.  XV,  p.  |33. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  709 

dit  aux  agents  de  l'intendance.  Averti  par  une  dépêche  de  son  collègue  de 
Pau,  Bâville  se  hâta  d'annoncer  »  la  bonne  nouvelle  »  à  l'évêque  de  Nimes. 
Il  ajoutait  quelques  lignes  singulièrement  expressives,  «  J'envoie  aujourd'hui 
«  à  M.  Pinon  (intendant  du  Bcarn)  tout  ce  qu'il  faut  pour  luy  faire  son 
«  procès  en  deux  heures.  Je  meurs  de  peur  que  ce  malheureux,  qui  est  bien 
<s  tin,  n'eschappe.  11  a  fait  bien  du  mal  Se  en  eût  beaucoup  fait  encor.  Jamais 
«   fanatique  n'a  esté  plus  dangereux'.  » 

Brousson,  dont  le  portrait  avait  été  envoyé  dans  toute  la  France,  arrêté  à 
l'hùtellerie  de  la  poste  d'Oloron,  puis  transféré  à  Lescar,  fut  conduit  à  Mont- 
pellier par  ordre  de  la  Cour.  On  l'enferma  dans  la  citadelle,  S<  Bâville  eut 
charge  de  l'y  juger. 

L'intendant  gardait  en  son  pouvoir,  depuis  six  ans,  une  terrible  pièce  de 
conviction  qui,  entre  ses  mains,  valait  une  condamnation  à  mort.  C'était  un 
itinéraire  détaillé  dressé  par  Brousson  pour  introduire  les  armées  étrangères 
dans  les  Cévennes,  Se  destiné  au  comte  de  Schomberg,  commandant  alors  en 
Piémont  pour  le  duc  de  Savoie.  Cette  pièce,  accompagnée  d'une  lettre  de 
Vivens,  datée  du  Désert  le  8  mars  i6gi,  avait  été  saisie  sur  un  guide  d'émi- 
grés, nommé  Gabriel  Picq,  qui  fut  arrêté  8t  fouillé  aux  portes  de  Genève,  8c 
qui  l'avait  cousue  dans  ses  vêtements.  Le  résident  français,  M.  d'Iberville, 
s'était  hâté  d'expédier  l'écrit  &  le  porteur  à  l'intendant,  qui  fit  pendre  Picq 
Si  conserva  l'itinéraire. 

L'auteur  de  ce  plan  y  représentait  au  général  étranger  combien  il  impor- 
tait de  se  rendre  maître  des  Cévennes.  «  Si  nos  ennemis,  »  disait-il ,  désignant 
par  cette  expression  les  troupes  françaises,  tant  la  passion  religieuse  jetait  de 
confusion  dans  les  idées  81  dans  le  langage,  «  si  nos  ennemis  y  avoient  une 
o  fois  jeté  dix  ou  douze  mille  hommes,  8<  qu'ils  y  fussent  fortifiés,  il  ne 
«  seroit  plus  possible  de  les  en  chasser,  &  ils  rendroient  presque  inutile  tout 
«  ce  qu'on  pourroit  faire  dans  la  plaine;  car  de  là  ils  désoleroient  tout  le 
Il  pays.  )>  Brousson  indiquait  ensuite  l'état  des  forces  royales  dans  ces  mon- 
tagnes :  deux  régiments  de  milice,  pouvant  faire  en  tout  douze  ou  quinze 
cents  hommes;  quatre  à  cinq  compagnies  de  cavalerie,  quelques  compagnies 
d'infanterie  dans  les  forts  d'Alais  Se  Saint-Hippolyte,  faisant  des  courses  &  des 
recherches  continuelles.  Il  montrait  l'impossibilité  d'une  insurrection  locale 
sans  secours  de  l'extérieur.  «  Ce  peuple  ne  sauroit  rien  entreprendre,  quand 
«  même  on  y  envoyeroit  des  officiers,  si  l'on  ne  jetoit  dans  les  montagnes 
<(  quelques  troupes  qui  occupent  un  peu  les  milices,  8c  qui  donnent  aux  habi- 
«  tans  du  pays  le  moyen  d'agir.  »  11  demandait  un  secours  de  deux  mille 
hommes,  ou  de  mille,  ou,  v  au  pis,  »  de  cinq  cents,  bien  choisis,  «  armés  de 
<(  fusils  8c  de  baïonnettes,  parmi  lesquels  il  y  eût  un  bon  nombre  d'officiers 
<i  surnuméraires,  des  plus  vigoureux,  pour  commander  les  gens  du  pays.  » 
l>'entrée  de  ce  secours  dans  les  Cévennes  aurait  dû  précéder  un  mouvement 
offensif  de  l'armée  protestante  de  Schomberg  sur  la  vallée  du  Rhône. 

'  Lettr»  du  3  octobre  i6g8. 


1698 


1698 


7IO  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Voici  la  route  que  proposait  le  ministre  :  Débarquement  de  nuit  entre 
Montpellier  8c  Aygues- mortes;  marche  nocturne,  par  la  rive  gauche  du 
Vidourle,  sur  Calvisson;  halte  à  la  petite  montagne  de  Canes,  près  Vie,  où 
un  bois  assez  épais  donnerait  abri;  marche  d'une  lieue  environ,  à  travers  des 
plateaux  presque  déserts,  entre  Durfort  81  Saint-Félix.  A  partir  de  ce  point, 
la  troupe  devait  atteindre,  sans  difficulté,  grâce  aux  bois  8<  aux  rochers,  le 
vallon  supérieur  du  Gardon  d'Anduze,  par  la  Salle  &  Saumane,  où  elle  se 
trouverait  «  au  cœur  des  Cévennes  »  8c  où  le  peuple  se  ramasserait  de  tous 
côtés.  Brousson  regardait  l'entreprise  comme  certaine;  pour  peu  de  diligence 
qu'on  fît,  les  milices  du  pays  n'auraient  pas  le  temps  de  se  rassembler;  d'ail- 
leurs, en  leur  donnant  l'attaque,  il  suffirait  d'annoncer  l'approche  d'une 
armée  régulière  pour  dissiper  facilement  ces  compagnies,  dont  le  peu  de  soli- 
dité était  connu.  Le  ministre  recommandait  pourtant  de  jeter  d'abord  dans 
les  Cévennes  autant  de  monde  que  l'on  pourrait,  afin  de  s'assurer  des  monta- 
gnes 8c  d'y  mettre  les  habitants  en  état  de  défense,  après  quoi  les  troupes 
auraient  la  faculté  de  descendre  dans  la  plaine  '. 

On  devine  que  la  possession  d'un  tel  document  dispensa  de  longues  procé- 
dures. Brousson  avoiiait  tout;  mais  Bâville  prétend,  dans  une  lettre  à  Flé- 
chier,  que  le  prévenu  lui  donnait  «  assez  de  peine,  non  par  son  habileté, 
«  mais  par  une  prolixité  épouvantable  dans  ses  réponses.  ->  On  sait  que 
Brousson,  ancien  avocat  au  Parlement,  était  doué  d'une  grande  facilité  ora- 
toire; quel  plus  triste  sujet  d'ailleurs  8c  plus  riche  en  développements  que 
cette  politique  de  persécution,  qui,  en  créant  des  crimes  imaginaires,  finissait 
par  en  susciter  de  réels  8c  qui  changeait  les  sujets  en  traîtres  pour  les  avoir 
trop  longtemps  traités  en  ennemis  1 

Le  jugement  fut  prononcé,  dans  la  citadelle  de  Montpellier,  le  4  novembre, 
Bâville  exerçant  la  justice  prévôtale,  à  la  tête  des  officiers  du  présidial.,  en 
vertu  de  ses  arrêts  d'attribution.  Brousson  reconnut  qu'il  avait  été  l'insti- 
gateur des  résolutions  prises  à  Toulouse  en  i683  pour  continuer  l'exercice 
du  culte  protestant  dans  les  lieux  interdits,  qu'il  avait  rédigé  le  projet  d'opé- 
ration militaire  sur  les  Cévennes  pour  le  comte  de  Schomberg  8c  s'était 
tenu  en  relations  secrètes  avec  ce  général,  8c  enfin  qu'il  avait  encouragé 
les  mouvements  religieux  du  Vivarais.  Il  ajouta  que  les  clauses  du  traité 
de  Ryswyck,  en  mettant  fin  à  la  guerre  de  religion,  amnistiaient  les  actes 
du  passé. 

Le  ministre  fut  condamné,  tout  d'une  voix,  à  être  rompu  vif.  Bâville  fit 
ajouter  à  l'arrêt  que  Brousson  serait  étranglé,  «  afin  de  finir  promptement  le 
«  spectacle.  »  Il  redoutait  l'impression  que  la  mort  calme  Se  courageuse  de  ces 
hommes  produisait  sur  l'esprit  des  peuples,  8c  les  commentaires  qui  s'en  fai- 
saient. 

Le  jour  même  du  jugement,  Bâville  en  rendit  compte  à  Fléchier  par  lettre 

■  Brueys,  Histoire  du  fanatisme  de  notre  temps,       pellicr,  p.  809.  —  Lettre  de  Bâville  à  Fléchier,  du 
I,  p.  174.  —  Corbière,  Histoire  de  l'Eglise  de  Mont-       4  novembre  1698. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  711 

&  lui  raconta  sommairement  les  principaux  faits  de  l'audience.  <c  II  y  a  vingt 

«  ans,  dit-il,  que  Brousson   ne  pensoit  qu'à  soulever  les  peuples Je  vous 

«  puis  assurer  que  si  l'on  en  veut  faire  un  martyr,  il  sera  d'une  nouvelle 
«  espèce,  toujours  respirant  le  fer,  le  teu  &  la  sédition.  » 

L'agitateur  des  Cévennes  fut  exécuté  le  même  jour.  «  Les  dévotes  pleure- 
«  ront  Brousson,  écrivit  Bâville  à  l'évêque  de  Nimes,  mais  il  ne  fera  plus 
«  de  mal.  » 

Le  supplice  du  ministre  eut,  en  effet,  dans  l'Europe  entière,  un  grand 
retentissement.  Comme  il  arrive  toujours,  dans  ces  lamentables  affaires,  la 
légende  défigura  quelque  peu  l'histoire;  on  nia  l'authenticité  du  projet  d'in- 
vasion, bien  que  l'auteur  en  fût  lui-même  convenu;  l'émigration  réformée 
répandit  un  récit  de  l'exécution  avec  ce  titre  :  Le  glorieux  martyre  de 
Monsieur  Brousson,  &  M.  de  Superville,  pasteur  de  Rotterdam,  le  défendit 
énergiquement  du  reproche  de  haute  trahison  dans  ses  Lettres  sur  les  devoirs 
de  l'Eglise  affligée  ' . 

L'édit  de  révocation  de  i685  venait  d'être  renouvelé  avec  énumération  de 
toutes  les  peines  que  le  roi  promettait  aux  infracteurs  de  ses  ordonnances.  La 
déclaration  du  11  février  169g  remit  en  vigueur  les  prescriptions  sévères  qui 
punissaient  l'émigration  des  galères  perpétuelles  pour  les  hommes,  de  la  déten- 
tion pour  les  femmes,  avec  confiscation  générale  des  biens. 

Le  marquis  de  Chàteauneuf  expédia  à  tous  les  évêques  de  Languedoc  les 
nouveaux  actes  royaux  avec  une  instruction  sur  la  conduite  à  tenir  à  l'égard 
des  «  nouveaux  convertis  »  dont  Sa  Majesté  désirait  «  ardemment  le  salut  8c 
«  la  conversion.  » 

11  paraît,  par  une  lettre  de  Fléchier,  que  ce  prélat,  consvilté  avant  la  rédac- 
tion de  ces  pièces,  avait  demandé  un  régime  plus  sévère;  «  j'ai  pourtant  loué, 
H  dit-il,  la  bonté  &  la  sagesse  du  roi,  &  je  n'ai  pas  eu  peine  à  m'accommoder 
«  aux  voyes  de  douceur  auxquelles  il  s'est  déterminé  par  lui-même,  8c  que 
c(  j'ai  toujours  suivies  à  l'égard  des  nouveaux  convertis,  par  devoir  8c  par 
«  inclination^.  » 

La  déclaration  du  i3  décembre  fut  envoyée  dans  toutes  les  paroisses;  les 
curés  durent  la  publier  8c  la  commenter  en  chaire;  8c  les  évêques,  dans  leurs 
tournées,  s'en  firent  les  propagateurs. 

On  avertissait  les  protestants  que  le  temps  était  venu  de  rentrer  dans  le 
sein  de  l'Eglise;  que  les  intentions  du  roi  étaient  manifestes.  S'il  ne  faisait 
que  les  exhorter  d'assister  à  la  messe  8c  aux  autres  exercices  de  la  religion 
catholique,  ses  exhortations  ne  devaient  pas  être  moins  efficaces  sur  de  fidèles 
sujets  que  ses  commandements,  puisqu'il  leur  marquait  par  là  ses  volontés  8c 
leurs  devoirs;  si  l'on  ne  les  forçait  point,  c'était  pour  avoir  la  satisfaction  de 
les  attirer  par  cette  bonté  paternelle.  Se  pour  leur  donner  occasion  à  eux- 
mêmes  de  se  convertir  librement;  ils  devaient  profiter  de  la  clémence  du  roi 

'  Court  de  Gébelin,  Histoire  des  troubles  des  Ce-  '  Lettres    choisies    Je   M.   Fléchier,    1,    p.    i3o. 

yennes,  I,  p.  t2.  Lettre  au  marquis  de  Chàteauneuf,  du  4  juin  1699. 


1658 


1699 


i6p9 


712  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

&  ne  pas  lui  faire  perdre  par  leur  opiniâtreté  les  sentiments  de  tendresse  & 
de  charité  qu'il  avait  pour  eux. 

Le  rapport  que  l'évêque  de  Nimes  adressa  au  marquis  de  Châteauneuf  sur 
l'exécution  des  nouvelles  mesures,  montre  que  la  prétendue  conversion  des 
réformés  ne  faisait  aucun  progrès.  Comme  on  ne  les  pressait  plus  d'aller  à  la 
messe,  ils  en  concevaient  l'espérance  d'une  plus  grande  liberté.  Fléchier  se 
plaignait  de  les  trouver  «  ombrageux  8c  fiers,  s'effarouchant  de  tout,  &  tirant 
«  avantage  de  tout.  »  Il  signalait  beaucoup  de  relâchement  dans  leurs  pra- 
tiques religieuses,  une  grande  résistance  de  la  part  des  parents  à  laisser  leurs 
enfants  fréquenter  les  écoles  &  les  églises  catholiques.  «  Tantôt,  dit-il,  ils 
«  prétextent  la  nécessité  qu'ils  ont  d'avoir  leurs  enfans  auprès  d'eux  pour  les 
«  faire  travailler  à  la  subsistance  domestique;  tantôt  ils  allèguent  que  leurs 
«  enfans  ont  quatorze  ans  &  que,  selon  la  déclaration,  ils  ne  sont  plus  sujets 
«  à  l'instruction,  ni  à  la  discipline  de  l'école.  Les  amendes  les  ramènent 
«  quelquefois;  mais  il  faut  toujours  avoir  les  yeux  sur  eux.  » 

Il  insiste  sur  l'utilité  de  mettre  les  jeunes  filles  protestantes  dans  les  cou- 
vents pendant  quelques  mois,  mesure  particulièrement  redoutée  des  parents 
«  mal  convertis.  » 

La  fermeté  précoce  de  quelques  enfants  l'étonné.  Un  jeune  garçon  de  qua- 
torze à  quinze  ans  &  une  jeune  fille  à  peu  près  du  même  âge,  étant  fort 
malades,  &  les  curés  étant  allés  les  visiter  pour  leur  proposer  de  recevoir  les 
sacrements,  l'un  &  l'autre  répondirent  avec  beaucoup  de  hardiesse  qu'ils  vou- 
laient mourir  dans  la  religion  réformée,  quoiqu'ils  eussent  fréquenté  l'école 
&  répondu  plus  d'une  fois  au  catéchisme.  Fléchier  propose  de  rendre  les 
parents  responsables  de  leurs  enfants  &  de  les  punir  dans  ces  occasions,  si 
l'on  ne  veut  pas  que  l'exemple  devienne  contagieux. 

L'évêque  avoue  l'inanité  des  tentatives  qu'il  a  faites  pour  ramener  les 
réformés  par  des  instructions.  Il  a  installé  dans  sa  cathédrale  un  très-habile 
missionnaire  qui  prêche  toutes  les  fêtes  &  les  dimanches  après  diner.  Ils  l'ont 
loué  &  approuvé  quand  ils  l'ont  entendu;  mais  tout  d'un  coup  ils  ont  laissé 
l'auditoire  libre  aux  anciens  catholiques.  C'est  aussi  parmi  les  catholiques 
seuls  qu'une  mission  envoyée  sur  divers  points  du  diocèse,  a  obtenu  quelques 
succès. 

Un  chapitre  particulièrement  navrant  est  celui  des  moribonds.  Ordre  avait 
été  donné  aux  curés,  suivant  la  volonté  du  roi,  «  d'être  attentifs  sur  les  nou- 
«  veaux  convertis  malades.  «  Ils  en  trouvaient  plusieurs  qui  refusaient  de  les 
écouter  &  qui  manifestaient  l'intention  de  mourir  dans  la  religion  où  ils 
étaient  nés.  Quand  le  prêtre  avait  épuisé  tous  ses  efforts,  on  appelait  le  juge. 
La  plupart  disaient  qu'on  n'avait  pas  plus  de  raison  de  les  contraindre  à  la 
mort  que  pendant  leur  vie.  Si  l'on  craignait  de  leur  voir  profaner  les  mystères 
en  y  assistant,  il  semblait  plus  à  craindre  encore  qu'ils  ne  commissent  des 
sacrilèges  en  recevant  les  sacrements  à  l'extrémité,  n'y  ayant  point  été  accou- 
tumés, ni  préparés  auparavant.  Fléchier  observe  à  ce  propos  :  «  Il  y  a  dix  ou 
«  douze  affaires  de  cette  nature  prêtes  à  juger;  mais  les  procédures  sont  Ion- 


LIV.   m,  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  yiS 

«  gués;  il  faut  avoir  recours  au  Parlement,  &  le  mal  croît  &  se  multiplie 
«  avant  qu'on  y  ait  apporté  les  remèdes,  qui  sont  le  châtiment  8c  l'exemple 
«  qu'on  en  veut  faire.  » 

L'évêque  déplore  qu'avec  toutes  les  bonnes  intentions  du  roi  l'œuvre  fasse 
si  peu  de  progrès.  Il  se  plaint  particulièrement  des  gentilshommes,  8c  encore 
plus  de  leurs  femmes,  qui  donnent  sur  la  religion  de  très-mauvais  exemples 
dans  les  villages,  ne  vont  presque  point  à  l'église  8c  répondent  aux  exhorta- 
tions que  le  roi  ne  l'ordonne  pas.  I/CS  juges  établis  par  eux  dans  leurs  terres 
ne  sont  pas  mieux  disposés  8c  favorisent  secrètement  ceux  qui  contreviennent 
«  aux  déclarations.  Plusieurs,  jouissant  de  biens  des  fugitifs,  font  aussi  peu 
de  cas  de  la  religion  que  s'ils  étaient  à  Genève  ou  en  Hollande.  «  Le  roi. 
Il  remarque  Fléchier,  condamne  tous  ces  gens-là  dans  ses  instructions,  8c  je 
«  ne  sais  pourquoi  ou  comment  tout  cela  subsiste  sans  être  puni  ou  cor- 
«  rigé  ' .  » 

Voilà  dans  quelles  dispositions  s'inaugurait  le  dix-huitième  siècle  8c  quel 
étrange  contraste  les  lois  commençaient  de  présenter  avec  les  moeius. 

Le  i3  septembre  1699,  il  fut  publié  une  nouvelle  déclaration  ordonnant 
de  faire  leur  procès,  tant  aux  gens  qui  auraient  été  arrêtés  sortant  du  royaume, 
qu'à  ceux  qui  auraient  essayé  de  le  taire  sans  avoir  réussi,  quoiqu'ils  n'eus- 
sent pas  été  arrêtés. 

Une  autre  déclaration,  à  la  date  du  5  décembre,  prescrivit  la  confiscation 
des  bâtiments  français  ou  étrangers  à  bord  desquels  seraient  trouvés  des  nou- 
veaux convertis  émigrant. 

Défense  fut  encore  faite  aux  protestants  de  vendre  leurs  biens  immeubles, 
durant  trois  années,  ainsi  que  la  totalité  de  leurs  meubles,  8c  d'en  disposer 
d'une  autre  manière,  à  peine  de  nullité  8c  même  de  confiscation. 

Enfin,  pour  répondre  au  vœu  exprimé  par  Fléchier,  un  dernier  acte  de  la 
volonté  royale  ordonna  que  les  malades  qui  recouvreraient  la  santé,  après 
avoir  refusé  les  sacrements,  seraient  condamnés,  les  hommes  aux  galères,  8t 
les  femmes  à  la  perte  de  leurs  biens,  à  l'amende  honorable  8c  à  la  clôture 
perpétuelle;  quant  à  ceux  qui  mourraient  dans  ces  dispositions,  la  mort 
même  ne  les  garantissait  pas  d'une  persécution  impitoyable;  leurs  corps 
devaient  être  traînés  sur  la  claie  8c  jetés  à  la  voirie. 

C'est  ainsi  que  les  dépositaires  de  l'autorité  croyaient  rétablir  l'ordre  dans 
les  consciences  8c  réprimer  les  instincts  de  désaffection  qui  se  traduisaient 
depuis  i685  par  de  si  déplorables  effets. 

La  petite  féodalité  que  les  nécessités  fiscales  improvisaient  à  chaque  vente 
du  domaine  royal,  malgré  le  caractère  transitoire  8c  précaire  qu'elle  emprun- 
tait à  la  nature  même  de  ses  contrats,  n'en  était  pas  moins  excessive  dans  ses 
exigences,  8c  ne  témoignait  guère,  par  ses  ménagements  envers  les  peuples, 
qu'elle  parût  se  souvenir  de  l'humilité  de  son  origine. 

Ce  fut  encore  au  pouvoir  ro^al,  qui  avait  autrefois  défendu  les  communes 

'  Lettre  du  4  juin  169g. 


iCpp 


1700 


1700 


714  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

contre  l'ancienne  féodalité  de  race,  de  les  garantir  des  vexations  ingénieuses 
Se  persévérantes  de  la  féodalité  d'argent. 

Tous  les  prétextes  étaient  bons  aux  nouveaux  seigneurs  pour  extorquer 
quelque  finance  des  communes  qu'un  acte  notarié  mettait  provisoirement  sous 
leur  dépendance.  Mais  parmi  les  motifs  les  plus  fréquemment  mis  en  usage, 
il  n'en  était  pas  de  plus  puissant  que  l'épouvantail  du  papier  terrier.  Cette 
opération  coûteuse  avait  été  renouvelée,  pour  le  domaine  royal,  depuis 
l'année  1667,  dans  la  plupart  des  villes  Se  lieux  de  Languedoc.  Néanmoins, 
les  acquéreurs  de  terres  du  domaine,  aliénées  en  vertu  de  l'édit  de  mars  i6g5, 
exploitaient  habilement  la  crainte  des  frais  qu'aurait  occasionnés  aux  com- 
munes la  confection  d'un  nouveau  papier  terrier,  source  inépuisable  de  procès, 
pour  leur  arracher  des  compositions  onéreuses.  Se  leur  faire  abonner  leurs 
droits  seigneuriaux  à  un  prix  de  beaucoup  supérieur  au  revenu  légitime. 

Ces  exigences  furent  dénoncées  au  conseil  d'Etat  par  le  syndic  général  de 
la  Province.  L'intention  de  Sa  Majesté,  affirmait-il,  n'avait  pu  être,  en  alié- 
nant son  domaine,  d'exposer  ses  sujets  à  la  vexation  des  seigneurs  particu- 
liers, ni  de  les  assujettir  à  de  plus  grands  droits  que  ceux  qu'ils  avaient 
accoutumé  de  payer  avant  l'aliénation. 

Le  contrôleur  général  des  finances,  Chamillart,  qui  fit  le  rapport  à  Ver- 
sailles, le  23  mars  1700,  donna  des  conclusions  favorables,  Se  le  conseil  fit 
défense,  au  nom  du  roi,  à  tous  les  particuliers  qui  avaient  acquis  des  terres  Se 
seigneuries  du  domaine  à  titre  d'inféodation,  par  suite  de  l'édit  de  mars  i6g5, 
d'obliger  leurs  tenanciers  Se  censitaires  k  renouveler  leurs  reconnaissances  s'il 
ne  s'était  écoulé  au  moins  trente  ans  depuis  que  les  dernières  reconnaissances 
avaient  été  faites. 

Cette  mesure  protectrice  donna  quelque  allégement  aux  malheureux  tenan- 
ciers que  la  crainte  du  papier  terrier  tenait  toujours  en  haleine,  Se  paralysa 
pour  un  temps  l'âpreté  des  feudataires  royaux'. 

L'arrêt  du  conseil  d'Etat  du  26  septembre  1699  ayant  autorisé  le  rembour- 
sement des  offices  de  maire,  la  ville  de  Montpellier  se  hâta  de  se  débarrasser 
ainsi  du  sieur  de  Belleval  qui  avait  possédé  la  mairie  pendant  six  ans  Se  fait, 
avec  ce  titre,  les  fonctions  de  premier  consul. 

Le  I"  mars  1700,  comme  l'on  procédait,  selon  l'usage,  aux  élections  con- 
sulaires, il  s'éleva  de  vives  contestations.  Plusieurs  habitants,  à  la  discrétion 
des  compagnies  de  justice,  voulaient  en  nommer  un  officier  à  la  première 
place  de  consul.  Les  gentilshommes  de  Montpellier,  qui  prétendaient  avoir 
un  droit  exclusif  à  cette  fonction,  s'en  alarmèrent  Se  adressèrent  leur  somma- 
tion aux  consuls  d'avoir  à  proposer  une  liste  de  trois  noms  choisis  dans  la 
noblesse.  Cette  querelle  donna  l'éveil  à  tous  les  corps  de  professions  libérales. 
Les  conseillers  au  présidial,  les  avocats,  les  professeurs  en  droit  Se  les  méde- 
cins firent  entendre  leurs  réclamations,  disant  avoir  un  droit  égal  à  celui  des 
gentilshommes  d'occuper  la  première  place  consulaire. 

'  Arrêt  du  conseil  d'État,  donné  à  Versailles  le  28  mars  1700.  Recueil  de  Languedoc. 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  yiS 

L'aftaive  portée  au  conseil  d'État,  on  fit  une  révision  des  titres.  Les  lettres 
patentes  de  François  I"  en  1644,  d'Henri  II  en  1547,  d'Henri  IV  en  iSçô, 
furent  compulsées;  on  examina  la  liste  des  premiers  consuls  de  Montpellier, 
depuis  1559  jusqu'en  1693,  époque  de  l'acquisition  de  l'office  par  le  sieur  de 
Belleval,  8c  comme  on  trouva  que  pendant  trente-six  ans,  depuis  l'année  lôSy 
où  un  trésorier  de  France,  nommé  Baudan,  fut  premier  consul,  la  place  avait 
été  invariablement  occupée  par  un  gentilhomme,  le  conseil  d'Etat  transforma 
en  loi  ce  qui  n'avait  été  qu'un  usage,  &  ordonna  que  la  place  de  premier 
consul  à  Montpellier  serait  toujours  remplie  par  un  gentilhomme  ou  noble 
faisant  profession  des  armes  '. 

La  plupart  des  expédients  imaginés  par  le  ministère  pour  réparer  les 
embarras  de  finances,  étaient  si  malheureusement  conçus  qu'on  ne  cessait 
d'osciller  entre  les  créations  Se  les  suppressions,  le  lendemain  défaisant  l'œuvre 
de  la  veille. 

L'édit  du  mois  d'août  1696  avait  créé  un  gouverneur  en  titre  d'office  héré- 
ditaire dans  chacune  des  villes  closes  du  royaume  où  n'existait  pas  déjà  un 
gouverneur  pourvu  par  le  roi  8c  jouissant  d'appointements  annuels  d'au 
moins  quatre  cents  livres,  en  attribuant  aux  nouveaux  gouverneurs  une 
somme  de  deux  cent  quarante  mille  livres  à  distribuer  entr'eux,  sous  forme 
de  gages,  à  raison  du  denier  vingt  ou  vingt-cinq  du  prix  d'acquisition. 

Charles  de  La  Cour  de  Beauval,  bourgeois  de  Paris,  s'était  chargé  du 
recouvrement  de  cette  finance,  moyennant  six  millions  de  livres,  à  la  remise 
ordinaire  du  sixième^. 

Le  marché  ne  fut  pas  heureux.  Quatre  ans  après  le  traité,  La  Cour  de 
Beauval  avait  déjà  payé  au  trésor  plus  de  trois  millions  deux  cent  mille  livres, 
8c  le  produit  des  offices  qu'il  avait  vendus  dépassait  à  peine  un  million  qua- 
rante-trois mille  livres.  Le  traitant  proposa  divers  expédients  à  la  couronne 
pour  activer  le  débit. 

L'établissement  des  nouveaux  offices  avait  causé  beaucoup  de  troubles  en 
diverses  villes.  Plusieurs  d'entre  elles  offraient  de  rembourser  les  acquéreurs 
en  pure  perte. 

Le  traité  de  La  Cour  fut  donc  révoqué,  les  offices  non  vendus  supprimés 
8c  les  villes  autorisées  à  racheter  les  offices  vendus,  en  payant  à  l'acquéreur 
le  prix  d'achat  8c  les  frais.  En  môme  temps,  le  conseil  d'État  prononça  la 
suppression  de  tous  les  gouverneurs  8c  capitaines  châtelains  dont  les  gages 
n'atteignaient  pas  quatre  cents  livres,  leur  enjoignant  d'avoir  à  vider,  dans 
six  semaines,  les  maisons  8c  châteaux  dont  ils  jouissaient  par  suite  de  cette 
qualité,  sous  peine  de  trois  mille  livres  d'amende^. 

'  Recueil    dei    trrSts    Je    Languedoc.    Arrêt    du  roy,  qui   supprime  les  offices   de  gouverneurs  des 

conseil  d'Etat,  donné  à  Versailles  le  zi  mars  1700.  villes  créez  par  édit  du  mois  d'aoust  1696  qui  res- 

—  Règlements  des  États  de  Languedoc,  confirimés  tent  à    lever.    Permet   aux   villes    où    ils    ont  esté 

par  arrêt  du  conseil  du  17  décembre  lôST».  levez  de  les   réunir  à  leur  corps,  en   remboursant. 

'  Traité  fait  au  conseil  d'État,  le  21  août  1696.  Et  supprime  les  charges  de  gouverneurs  &  capi- 

'  Recueil   des    éiits    de    Languedoc.  —  Edit   du  taines    chastelains    cy-devant    establies,   dont    le» 


1700 


fjoo 


716  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Ce  même  La  Cour  de  Beauval  était  préposé  à  la  recherche  des  usurpateurs 
du  titre  de  noblesse  en  Languedoc.  Dans  le  cours  de  cette  opération,  il  eut 
d'assez  vifs  démêlés  avec  les  capitouls  de  Toulouse,  qui  ne  négligeaient  aucun 
moyen  d'amplifier  à  leur  profit  les  avantages  de  la  tolérance  royale.  Il  se 
plaignit  surtout  à  l'intendant  de  l'abus  qu'ils  faisaient  de  leur  privilège 
d'anoblissement. 

Il  leur  reprochait  d'expédier  des  certificats  inexacts,  où  les  véritables  qua- 
lités des  anciens  capitouls  étaient  supprimées,  afin  d'éviter  la  dérogeance 
qu'ils  encouraient  par  leur  profession.  11  citait  pour  exemple  une  attestation 
])ar  eux  donnée,  portant  que  «  noble  Jean  Lcspinasse  «  avait  été  capitoul  en 
l'année  1641-42,  &  une  autre  où  le  môme  personnage,  pour  la  même  année, 
était  appelé  «  sire  Jean  Lespinasse,  marchand,  »  désignation  conforme  aux 
traditions  de  l'hôtel  de  ville. 

Les  magistrats  municipaux  de  Toulouse  donnaient  ainsi  occasion,  d'après 
le  traitant,  à  plusieurs  particuliers  de  se  mêler  dans  les  familles  des  anciens 
capitouls  8<  à  d'autres  de  se  faire  maintenir  dans  une  noblesse  qu'ils  n'avaient 
jamais  acquise,  n'en  remplissant  pas  les  conditions. 

Bâville  ordonna  qu'à  l'avenir  les  attestations  capitulaires  mentionneraient 
exactement  les  qualités  des  anciens  capitouls,  avant  &  pendant  leur  magistra- 
ture, «  soit  marchands,  bourgeois,  procureurs,  notaires,  avocats  ou  autres,  » 
à  peine  de  deux  mille  livres  d'amende  8c  d'être  déchus  du  privilège'. 

Un  conseil  de  commerce  avait  été  établi  pour  tout  le  royaume^  dans  le 
dessein  d'étudier  &  d'examiner  les  questions  de  négoce  par  terre  &  par  mer, 
l'état  des  fabriques  &  manufactures,  Side  proposer  à  l'autorité  royale  les  moyens 
qui  paraîtraient  les  plus  favorables  pour  accroître  la  prospérité  publique. 

Ce  conseil  fut  primitivement  composé  de  six  conseillers  d'Etat  qui  étaient 
d'Aguesseau,  Chamillart,  Pontchartrain ,  Amelot,  d'Hernotton  &  Bauyn 
d'Argevilliers,  &  de  douze  des  principaux  négociants  du  royaume,  dont  deux 
appartenant  à  la  ville  de  Paris,  &  les  dix  autres  à  celles  de  Rouen,  Bor- 
deaux, L)on,  Marseille,  la  Pv.ochelle,  Nantes,  Saint-Malo,  Lille,  Rayonne  & 
Dunkerque. 

Par  un  oubli  singulier,  aucune  ville  de  Languedoc  n'avait  trouvé  place 
dans  cette  représentation  du  grand  commerce  français. 

Les  députés  de  la  Province  en  portèrent  plainte  au  conseil  d'État,  faisant 
observer  que  le  pays  de  Languedoc  devait  d'autant  moins  être  exclu,  qu'il 
possédait  plusieurs  ports  de  mer,  un  nombre  de  fabriques  &  de  manufactures 
supérieur  à  celui  des  autres  provinces,  &  qu'il  avait  journellement  besoin  de 
protection  contre  les  prétentions  des  villes  de  Lyon,  Bordeaux  &.  Marseille. 

Le  conseil  d'Etat  prêta  l'oreille  à  ces  réclamations,  &  décida  que  la  Pro- 
vince serait  représentée  au  Conseil  j  c'est  aux  États  provinciaux  que  fut  confié 

gages  ne  sont  pas  employez  sur  les  Etnts   du    roy  '  Archives  de  Toulouse.  Documents  concernant 

Ou    qui   y   sont    employez    pour   moins    de    quatre  l'anoblissement   capitulaire.    Ordonnance   de    Bâ- 

cens   livres,  donné   à  Versailles  au   mois   de  juin  ville,  du  2  mai  -ôçS. 

'7°°*  '  Arrêt  du  conseil  d'Etat  du  29  juin   ifjpç. 


LIV.  III.   REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES,  717 

le  soin  de  désigner  ce  député  qui  devait  être  un  négociant  de  marque,  fai- 
sant encore  ou  ayant  fait  longtemps  le  commerce. 

Comme  la  première  séance  du  conseil  de  commerce  devait  être  tenue 
le  I"  octobre  1700,  S<.  que  l'assemblée  des  Etats  de  Languedoc  n'ouvrait  pas 
avant  cette  époque,  il  fut  décidé  que  pour  une  année  seulement,  les  députés 
de  la  Province  8c  le  syndic  général  nommeraient  un  négociant,  d'intelli- 
gence &  de  probité  reconnues,  qui  représenterait  au  conseil  le  commerce 
languedocien  '. 

Les  députés  8t  le  syndic  de  Languedoc  choisirent  un  ancien  négociant  de 
Nimes,  nommé  Mourgues,  qui  alla  passer  neuf  mois  à  Paris  &  prendre  part 
à  toutes  les  délibérations  du  conseil.  Comme  il  avait  demandé  la  permission 
de  se  retirer  chez  lui,  les  Etats  obtinrent  de  faire  remplir  sa  place  par  le 
syndic  général  de  la  Province  en  se  réservant  la  faculté  d'envoyer  un  négo- 
ciant, s'ils  le  jugeaient  convenable^. 

Le  cardinal  de  Bonzi,  dont  la  santé  s'affaiblissait  de  plus  en  plus,  n'eut 
pas  la  force  de  paraître  à  la  session  de  novembre  1700.  Les  chagrins  se  joi- 
gnaient à  la  décadence  physique  pour  consommer  sa  ruine.  Ce  prélat,  que 
Saint-Simon  a  cité  comme  un  exemple  mémorable  de  la  puissance  croissante 
des  intendants,  n'était  plus  que  l'ombre  de  lui-même.  Dans  la  tristesse  pro- 
fonde où  s'écoulèrent  les  dernières  années  de  sa  vie,  on  aurait  eu  peine  h 
reconnaître  l'ancien  vice-roi  du  Languedoc.  L'éclat  donné  à  sa  liaison  avec 
Madame  de  Ganges  8t  le  bruit  qui  s'en  était  fait  à  la  Cour  comme  en  pro- 
vince, avaient  brisé  son  courage  Se  condamnaient  sa  vieillesse  au  désespoir. 

Saint-Simon  n'a  voulu  voir,  dans  les  plaintes  portées  par  Bâville  à  la  Cour, 
sur  la  vie  privée  du  cardinal,  (jue  les  marques  d'une  ambition  impatiente  8c 
jalouse  de  l'intendant  contre  un  homme  très-influent  £<.  trop  aimé.  Comme 
on  ne  peut  refuser  à  Bàville  une  véritable  inclination  pour  le  bien  du  ser- 
vice, dans  un  temps  où  les  mesures  de  rigueur  appliquées  contre  les  protes- 
tants faisaient  d'autant  plus  ressortir  les  faiblesses  des  grands  dignitaires  de 
l'Église,  on  a  tout  lieu  de  croire  que  l'explication  est  injuste.  C'était  une 
assez  triste  légende  pour  la  Province  que  l'histoire  de  cette  longue  intrigue 
du  cardinal  avec  Mademoiselle  de  Gévaudan,  mariée  tardivement,  pour  sauver 
les  apparences;  les  bénéfices  de  toute  nature  que  Madame  Mariotte,  sœur  de 
cette  jeune  femme,  avait  retirés  de  sa  complaisante  initiative,  la  construction 
d'un  élégant  hùtel  sur  l'emplacement  même  du  temple  démoli  des  protestants, 
d'où  l'on  avait  dû  écarter  une  croix  de  pierre  élevée  en  mémoire  de  l'édit  de 
révocation-*,  la  mauvaise   intelligence  où  vivait  la  favorite  avec  son  mari, 

'  Recueil  Jes  arrêts  Je  Languedoc.  Arrêt  du  répandit  en  Languedoc  un  quatrain  qui  nous  u 
conseil  d'iv.nt,  donné  à  Versailles   le  7  septembre       été  conservé  par  Madame  Dunoyer  ; 

'7°°-  ,  Vénus,  ô  triste  Croix,  n'a  rien  qui  vous  ressemble, 

'  Procès-verbal  des  Etats  de   Languedoc.  Séance  Cependant  près  de  vous  on  bâtit  son  palais. 

du   12  ianvier  lyoS.  —  Recueil  des  arrêt,  de  Lan-  Î!"'".'^°"V;  '';'  "■'■■"■  l"'"":'"  P"'"-  h>""'^- 

'  .      ,  ,1,'.  ,  .    .    ,«      ,  Lar  Venus  &  la  Croix  ne  sciuroiiiiit  ctre  ensemble'. 

gucJoc.   Arrêt  du   conseil   d  r.tat,  donne  a   Marly 

I  -•,  ,,,3  ' /^''rfs /ii.7ori.;ucs  lî  ^a;.i«(ej  de  deux  Dames  Je  coiiJi- 

^  '      '  .  tion,  dont  l'une  éloit  à  Paris  &  l'aulre  en  province.  Amslcr- 

'  A  l'occasion   de  ce  déplacement  de  croix,  on       dam.  Pierre  Bruncl.  .M.  DCCXX.  1.  p.  36S. 


1700 


1700 


7i8  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

obligé  de  quitter  les  troupes  à  cause  du  fâcheux  renom  de  cette  alliance,  le 
bruit  accrédité  en  Languedoc  que  pas  une  affaire  d'argent  ne  se  pouvait 
traiter  aux  États  sans  la  médiation  intéressée  des  deux  femmes,  tous  ces  éga- 
rements expliquaient  les  doléances  de  Bâville  &  les  avis  sévères  que  l'arche- 
vêque reçut  de  la  Cour,  par  la  plume  du  père  La  Chaise  8c  du  marquis  de 
Châteauneuf. 

Mandé  à  Versailles,  Bonzi  avait  eu  une  explication  personnelle  avec  le  roi, 
qu'il  trouva  fort  instruit  de  toutes  choses  &  qui,  trop  éclairé  par  sa  propre 
expérience,  refusait  de  prendre  au  sérieux  l'aveuglement  volontaire  du  mari. 
Une  lettre  de  cachet  s'en  suivit,  exilant  Madame  de  Ganges,  événement  qui 
défraya  la  malignité  publique,  sans  relever  la  considération  de  l'archevêque. 
A  partir  de  ce  moment,  Bonzi  assista,  pour  ainsi  dire,  à  l'annulation  pro- 
gressive de  son  autorité. 

Voyant  que  tous  les  appuis  lui  faisaient  défaut,  il  rechercha  le  secours 
d'une  grande  alliance  de  famille  8c  l'obtint  par  le  mariage  de  son  neveu 
Castries  avec  une  fille  du  maréchal  duc  de  Vivonne,  nièce  de  Madame  de 
Montespan.  Mademoiselle  de  Vivonne  n'avait  rien  que  sa  naissance,  mais 
l'accès  que  cette  naissance  pouvait  donner  auprès  de  la  maison  royale  com- 
pensait le  défaut  de  biens,  aux  yeux  du  cardinal  8c  de  sa  sœur,  préoccupés 
avant  tout  de  se  donner  une  défense  contre  Bâville. 

La  négociation  ayant  été  conduite  par  le  duc  du  Maine,  sur  les  instances 
du  prélat,  les  noces  furent  célébrées  chez  Madame  de  Montespan  dans  son 
domaine  de  Saint-Joseph,  où  les  mariés  s'installèrent.  M.  de  Castries,  qui 
passait  à  la  Cour  pour  homme  d'honneur,  s'était  fort  distingué  dans  les 
guerres  8c  se  recommandait  par  mille  qualités  aimables.  Mais  l'espérance  que 
sa  mère  avait  fondée  sur  sa  nouvelle  condition  ne  se  réalisa  point.  Le  duc  du 
Maine,  après  avoir  ébloui  ses  nouveaux  alliés  par  les  plus  brillantes  pro- 
messes, s'inquiéta  peu  de  tenir  parole.  Ménager  de  son  crédit  8c  des  bonnes 
grâces  du  roi,  il  n'avait  guère  de  zèle  à  réagir  contre  les  mauvaises  impres- 
sions que  les  galanteries  du  cardinal  avaient  produites  dans  l'esprit  de 
Louis  XIV,  alors  très-soucieux  de  réformer  les  moeurs  d'autrui. 

Après  cette  déception,  l'archevêque  de  Narbonne  s'abandonna  de  plus  en 
plus  au  sentiment  de  sa  propre  déchéance,  8c  tomba  dans  des  humeurs  noires 
auxquelles  sa  tête  ne  put  résister. 

Il  avait  de  fréquentes  attaques  d'épilepsie  ;  sa  mémoire  se  brouillait.  Quand 
il  fit  sa  dernière  apparition  à  la  Cour,  où  il  ne  s'était  pas  montré  depuis 
plusieurs  années,  on  le  trouva  méconnaissable.  Il  semblait  même  rapetissé. 
Rien  ne  restait  plus  de  sa  vivacité,  de  sa  grâce  8c  de  ses  beaux  yeux  noirs, 
que  Saint-Simon  appelait  «  les  plus  parlans,  les  plus  perçans  8c  les  plus  lumi- 
ÏA  neux  du  monde".  » 

A  force  de  lui  reprocher  ses  faiblesses,  on  avait  jeté  l'épouvante  dans  sa 
conscience,  8c  cet  homme  si  brillant,  dont  les  plus  grands  seigneurs  admi- 

'  Mémoires  ic  Saint-Simon,  I,  p.  22  &  suiv. 


LIV.   m,  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  719 

raient  la  noblesse  &  la  dignité,  n'osait  plus  se  présenter  nulle  part  sans 
traîner  avec  lui  son  médecin  &  son  confesseur  qu'il  faisait  passer  pour  un 
aumônier.  C'est  avec  cette  escorte  inséparable  qu'il  vint  à  l'audience  du  roi  '. 
Son  aspect  était  si  lamentable  que  Louis  XIV  en  oublia  son  ressentiment  8c 
traita  le  vieillard  découragé  avec  plus  de  bonté  qu'il  ne  s'y  attendait^. 

Malgré  son  affaiblissement,  il  avait  conscience  de  sa  défaite  &  la  rappelait 
parfois  avec  amertume.  L'évêque  de  Noyon,  dans  une  querelle  de  préséance 
au  lit  de  justice  du  roi,  dit  un  jour,  à  propos  du  cardinal  Bonzi  6c  du  car- 
dinal de  Bouillon,  qu'ayant  tenu  tête  à  des  cardinaux  qui  gouvernaient  tout, 
il  ne  céderait  pas  à  des  cardinaux  qui  ne  gouvernaient  rien;  Bonzi,  que  son 
collègue  voulait  exciter  contre  l'évêque,  se  contenta  de  répondre  froidement  : 
«  Ce  qu'il  y  a  de  pis,  dans  ce  propos,  c'est  que  ni  vous  ni  moi  ne  gouvernons 
«  pas,  en  effet,  grand  chose  ^.  » 

Il  finit  par  tomber  presque  en  enfance  8c  ne  s'occupa  plus  d'affaires.  En  169g, 
il  avait  encore  'présidé  l'assemblée  des  Etats;  mais  cette  même  année  il  se  fit 
dispenser  du  voyage  de  Rome,  où  se  rendaient  les  autres  cardinaux  français. 

Le  mercredi  i*'  décembre  1700,  comme  l'assemblée  provinciale  était  rassem- 
blée sous  la  présidence  de  l'archevêque  de  Toulouse,  on  vint  annoncer,  vers 
la  fin  de  la  séance,  que  Son  Eminence  désirait  communier  en  viatique  8<  que 
l'évêque  de  Montpellier  se  disposait  à  lui  porter  les  sacrements. 

Aussitôt,  les  trois  ordres  se  levèrent  pour  assister  en  corps  à  1^  cérémonie, 
où  l'on  invita  les  commissaires  du  roi.  Tout  le  cortège  se  rendit  à  l'église 
Notre-Dame,  8c  accompagna  l'évêque  dans  la  maison  du  malade.  En  tête 
marchaient  deux  à  deux,  un  cierge  à  la  main,  les  valets  de  pied  8c  les 
domestiques  du  cardinal,  puis  divers  membres  du  clergé  8c  les  aumôniers  de 
Son  Eminence;  les  consuls  de  Montpellier,  vêtus  de  leurs  robes  rouges, 
portaient  le  dais  autour  duquel  psalmodiaient  les  prêtres.  Derrière  l'évêque 
s'avançaient  les  commissaires  du  roi,  que  les  marquis  de  Rouairoux  8c  de 
Villeneuve,  neveux  du  cardinal,  avaient  personnellement  priés,  8c  enfin  les 
députés  des  trois  ordres,  portant  tous  des  cierges.  Cette  longue  procession 
pénétra  dans  les  appartements  du  cardinal,  où  l'on  avaitdressé  un  autel  pour 
la  cérémonie.  Le  moribond  fut  invité  par  l'évêque  de  Montpellier  à  faire 
amende  honorable  de  son  passé  devant  les  trois  ordres,  8c  parut  s'y  prêter  avec 
une  entière  soumission.  Les  circonstances  de  cette  confession  publique,  où 
l'évêque  officiant  dépassa  peut-être,  dans  ses  interprétations,  la  volonté  du 
malade,  trop  affaibli  pour  avoir  pleine  conscience  de  ses  gestes,  8c  la  demi- 
rétractation  qui  s'ensuivit,  quand  le  cardinal  eut  repris  ses  forces,  défrayé-- 
rent  longtemps  les  conversations  de  la  province  Se  de  la  Cour''.  Le  premier 

■  Saint-Simon  caractérise  l'influence  de  Bâville  '  Journal  Je  Dangeau,  7  juin   1696. 

sur  les  dernières  années  de  l'archevêque  de   Nar-  '  Journal   de   Dangeau,  23    mai    1698.    Note  de 

bonne   par   une   expression   singulièrement   cner-  Saint-Simon. 

giqiie   :    "    Il    mourut,   dit-il,    bientôt    après   son  ■*  L'évêque   de   Nimes   écrivait  à  Le    Pelletier   le 

retour  en   Languedoc,  consommé  par  Basville,  de-  20  décembre  1700  j 

Tenu  tyran  de  la  Province.  •>  «  Nous  avons   presque  vu   mourir  notre   prési- 


17CO 


1700 


720  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

courrier  qui  porta  de  Languedoc  à  Versailles  les  nouvelles  des  Etats  y  annonça 
que  l'archevêque  de  Marbonne  se  trouvait  à  l'agonie,  &  le  bruit  de  sa  mort 
fut  répandu,  mais  ce  n'était  qu'une  alerte;  trois  années  d'une  existence  de 
plus  en  plus  éteinte  &  affaissée  étaient  réservées  encore  au  vieux  prélat. 

Ce  n'est  pas,  du  reste,  une  figure  indifférente,  dans  l'histoire  du  dix-hui- 
tième siècle,  que  celle  de  l'évoque  janséniste  qui  nous  apparaît  pour  la  pre- 
mière fois,  en  cet  appareil  solennel,  au  chevet  du  cardinal.  Entre  ces  deux 
expressions  du  catholicisme  si  peu  semblables,  entre  la  facilité  complaisante 
de  l'homme  de  cour  &  la  rigidité  hautaine  de  l'homme  d'église,  il  y  a  presque 
la  distance  de  deux  religions  ennemies. 

Bonzi  a  personnifié,  dans  sa  grâce,  dans  sa  bonté  un  peu  banale,  dans  sa 
facilité  de  grand  seigneur,  mais  aussi  dans  l'abandon  8c  dans  les  faiblesses  de 
sa  vie,  les  mœurs  du  haut  clergé  italien  de  la  Renaissance,  comme  l'évêque 
de  Montpellier  représente  l'esprit  vigoureux  Se  droit,  mais  intolérant,  de  cette 
forte  Église  nationale  qui  visait  à  renouer  les  traditions  de  la  primitive 
Église  ëi  qui  voulait  rendre  à  l'épiscopat  son  ancien  rôle  de  surveillant  &  de 
redresseur. 

Charles-Joachim  Colbert,  élevé  depuis  1697  sur  le  siège  épiscopal  de 
Montpellier,  était  fils  du  marquis  de  Croissy  81  neveu  du  grand  Colbert.  Né 
à  Paris  le  11  juin  1667,  il  avait  passé  une  partie  de  son  enfance  en  Angle- 
terre, où  son  père  était  ambassadeur.  Le  climat  de  Londres  ne  lui  pouvant 
convenir,  on  le  ramena  en  France,  où  il  fit  ses  études  au  collège  de  la 
Marche.  S'étant  résolu  à  embrasser  la  carrière  ecclésiastique,  il  s'établit  dans 
l'abbave  de  Sainte-Geneviève,  où  son  père  lui  avait  loué  un  appartement. 
11  y  fréquenta  assidûment  les  religieux  de  cette  maison,  Sc*ce  fut  dans  leur 
bibliothèque  qu'il  apprit  à  aimer  8<.  à  connaître  les  livres.  Des  conférences 
lhéologi((ues  se  tenaient  chez  lui;  dans  les  grandes  fêtes,  il  s'acquittait  des 
fonctions  de  ses  ordres  à  l'église  de  Saint-Etienne-du-Mont.  A  dix-sept  ans, 
il  obtint  du  roi  l'abbaye  de  Froidmont,  où  il  rencontra  M.  Hermant,  cha- 
noine de  Beauvais.  L'abbé  Renaudot  8<.  le  père  Mabillon  eurent  une  place 
distinguée  dans  ses  affections.  A  la  mort  du  pape  Innocent  XI,  l'abbé  de 
Croissy  obtint  d'aller  à  Rome  en  qualité  de  conclaviste  du  cardinal  de  Furs- 
temberg.  Comme  il  traversait  le  Milanais  pour  rentrer  en  France,  après 
l'élection  d'Alexandre  VIII,  le  jeune  conclaviste,  qui  n'avait  pas  voulu 
prendre  la  route  de  mer,  malgré  les  conseils  de  ses  amis,  tomba  dans  un 
parti  espagnol  8<.  fut  enfermé  au  château  de  Milan,  où  le  comte  de  Fuensa- 
lida  le  retint  prisonnier.  L'abbé  de  Croissy  profita  des  loisirs  de  sa  captivité 

dent  dans  des  accidens  qui  naturellement  dcvoient  tances.   Présentement   il   se   porte  r.sscz  bien.  Il  a 

l'emporter.  Dieu   lui   a   fiiit   la    grâce   pourtant  de  payé  toutes  ses  dettes.  11  a   remis  à  M.  son   neveu 

recevoir  les  sacremens  avec  toute  l'édification  que  l'abbé   la    jouissance  des    revenus  de  son  abbaye, 

son  état  lui  pouvoit  permettre.  On  voits  aura  sans  Heureux   qui    sçait   se    retirer   à   tems   &  songer   i 

Joute  mandé  ce  qui  s'est  passé  dans  la  suite  &  qui  bien  vivre  ou  du  moins  à  bien  mourir'.  » 
a  donné  lieu  à  plusieurs  raisonnemens ,   ici  &   à 

Parii  même,  à   ce  que  j'apprends.  J'airrai   l'hon-  ,  j,^.,,,.^^  ^,,^.,,^^   ,^  „   F'cchicr,  ivcque  de  Nimes,  I, 

ncur  de  vous  raconter  un   jour  toutes  ces  circons-  p.  iJ:'. 


LIV.  III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  721 

pour  apprendre  l'espagnol.  Rendu  à  la  liberté  à  la  suite  des  démarches  de 
son  père  8c  par  l'entremise  du  marquis  de  Leganez,  ministre  d'Espagne,  il 
arriva  à  point  pour  soutenir  en  Sorbonne  ses  thèses  de  licence.  L'archevêque 
de  Rouen,  son  cousin-germain,  le  fit  alors  grand  vicaire  de  Pontoise 
(février  1692)  &  lui  laissa  la  disposition  de  tous  les  bénéfices  qui  viendraient 
k  vaquer  à  sa  nomination.  Ce  fut  là  qu'il  apprit  les  devoirs  de  l'administra- 
tion ecclésiastique.  Il  les  remplissait  avec  exactitude  &  scrupule,  donnant  une 
particulière  attention  à  tout  ce  qui  regardait  l'instruction  &  la  discipline  du 
jeune  clergé.  En  1694,  le  chapelain  de  l'hôpital  ayant  succombé  dans  une 
épidémie,  ce  fut  l'abbé  de  Croissy  qui  se  chargea  de  remplir  ses  fonctions. 
Il  les  exerça  toutes,  jusqu'aux  plus  pénibles.  On  le  vit,  trois  fois  dans  une 
journée,  traverser  le  pont  de  la  ville  pour  se  rendre  au  cimetière,  seul  avec 
deux  domestiques  qui  portaient  les  morts.  Le  tour  de  nommer  à  l'agence  du 
clergé  étant  arrivé  pour  la  province  de  Rouen,  l'abbé  de  Croissy  fut  désigné. 
Il  occupait  cette  haute  situation  quand  le  choix  du  roi  l'appela  à  l'évêché  de 
Montpellier,  Malgré  le  peu  de  temps  que  dura  son  passage  aux  affaires  du 
clergé  de  France,  il  s'y  était  fait  remarquer  par  un  inébranlable  attachement 
au  devoir.  Dans  l'assemblée  de  1690,  M.  de  Harlay,  archevêque  de  Paris, 
dont  le  crédit  était  considérable  à  la  Cour,  S<.  qui  avait  excédé  ses  pouvoirs 
en  une  négociation  d'emprunt  taite  au  nom  du  clergé,  trouva  dans  l'abbé  de 
Croissy  un  adversaire  déterminé.  C'était  le  suffrage  de  la  province  de  Rouen 
qui  devait  lever  le  partage,  certains  membres  voulant  ratifier  la  conduite  de 
l'archevêque,  tandis  que  d'autres  s'y  refusaient  obstinément.  Tous  les  efforts 
de  M.  de  Harlay  échouèrent  contre  l'énergie  du  jeune  Colbert,  qui  parla 
si  haut  8t  si  bien  que  les  prétentions  de  l'archevêque  furent  écartées  8c  les 
règles  remises  en  honneur. 

Pour  se  préparer  aux  fonctions  nouvelles  qui  l'attendaient  Se  qui  devaient 
consumer  sa  vie,  au  milieu  des  plus  pénibles  traverses,  il  se  mit  en  retraite 
dans  la  maison  de  l'Oratoire  de  Saint-Honoré.  «  L'action  est  si  grande  8c  si 
«  sérieuse,  écrivait-il  le  6  mars  1697,  que  j'ai  cru  qu'il  falloit  prendre  au 
«  moins  quelques  jours  pour  ne  penser  qu'à  cela  uniquement.  »  11  fut  sacré 
par  l'archevêque  de  Rouen,  le  dimanche  10  mars  1697,  dans  l'église  des 
Feuillants  de  Paris. 

Aussitôt  qu'il  arriva  dans  son  diocèse,  il  laissa  comprendre  que  les  fonc- 
tions de  l'épiscopat  ne  seraient  point  pour  lui  un  honneur,  mais  une  charge. 
Il  tenait  de  sa  naissance  8c  des  constantes  habitudes  de  sa  vie  une  grande 
magnificence  extérieure,  que  la  grandeur  de  sa  fortune  autorisait.  Mais  la 
discipline  ecclésiastique  n'en  souffrait  point.  Afin  de  mieux  connaître  dans 
les  détails  l'administration  de  son  diocèse,  il  voulut  faire  tout  par  lui-même 
8c  n'eut  point  d'abord  de  grand  vicaire.  Il  se  contentait,  pour  les  affaires 
difficiles,  de  prendre  l'avis  d'un  conseil,  dont  le  père  Pouget,  supérieur  du 
séminaire,  était  un  des  membres  les  plus  influents. 

Une  déclaration  royale,  du  3i  août  1699,  soumettait  le  commerce  des  grains 
dans  tout  le  territoire  du  royaume  à  une  série  de  formalités  vexatoires  8c 

XIII.  éfi 


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17°' 


722  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

coûteuses.  Nul  ne  pouvait  faire  trafic  de  blé,  de  seigle,  d'avoine,  sans  en 
avoir  obtenu  l'autorisation  des  officiers  de  justice  ordinaires,  prêté  serment, 
fait  enregistrer  ses  nom  &  adresse,  &  payé  trente  sols  aux  juges  &  vingt  sols 
aux  greffiers.  Cette  innovation  produisit  beaucoup  de  mécontentement  en 
I/anguedoc.  Elle  y  était  surtout  sensible  par  suite  de  la  constitution  de  la 
propriété  plus  morcelée  que  dans  les  autres  provinces  de  France.  Il  y  avait 
toute  une  classe  de  laboureurs  indépendants  &  de  cultivateurs  propriétaires 
qui  n'avaient  de  ressources  que  dans  la  vente  de  leurs  grains.  Ceux  de  leurs 
voisins  qui  se  trouvaient  en  possession  d'argent  comptant,  achetaient  souvent 
ces  denrées  pour  les  revendre  avec  les  leurs,  sans  vouloir  passer  cependant 
pour  marchands  de  blé,  étant  différenciés  des  négociants  proprement  dits  par 
la  médiocrité  de  leurs  bénéfices  qui  ne  montaient  pas  quelquefois  à  deux 
pour  cent. 

Les  députés  des  États  firent  valoir  ces  raisons  au  conseil  du  roi.  Ils  expo- 
sèrent que,  grâce  à  ces  pratiques  traditionnelles,  les  grains  étaient  plus  ras- 
semblés Si  mieux  à  portée  des  acheteurs  qui  venaient  s'approvisionner;  les 
pauvres  laboureurs  y  trouvaient  leur  compte  en  se  débarrassant  aisément  de 
leurs  petites  récoltes;  les  acquéreurs  officieux  n'étant  pas  disposés  à  s'afficher 
en  titre  de  commerçants  par  la  déclaration  légale  &c  la  prestation  de  serment, 
ne  manqueraient  pas  de  suspendre  leurs  opérations,  au  détriment  des  culti- 
vateurs propriétaires  qui  se  ruinaient  en  frais  de  transport  &  en  perte  de 
temps,  &  qui  souvent  ne  trouvaient  pas  d'acheteurs. 

On  se  plaignait  en  même  temps  des  dommages  qu'éprouvait  la  Province 
par  suite  de  la  défense  d'exportation  en  Provence  8c  à  l'étranger,  &  de  l'in- 
troduction des  blés  exotiques  de  la  compagnie  du  Cap-Nègre.  On  prétendait 
prouver  par  l'exemple  de  l'année  lôgS,  qu'à  l'époque  même  des  disettes  géné- 
rales, le  pays  de  Languedoc  n'avait  pas  besoin  de  recourir  aux  importations 
étrangères. 

En  conséquence,  on  réclamait  deux  mesures  contradictoires,  mais  conver- 
gentes :  liberté  d'exportation  en  Provence,  Roussillon,  Avignon,  Comtat 
Venaissin  8c  même  dans  les  pays  étrangers;  prohibition  d'importer  en  Lan- 
guedoc les  blés  du  Cap-Nègre. 

Après  avis  de  Bâville  8c  rapport  de  Chamillart,  le  conseil  d'État  se  prononça, 
le  14  mai  1701,  à  Versailles,  dans  un  sens  favorable  à  ces  diverses  requêtes. 
Les  habitants  de  Languedoc  furent  dispensés  des  formalités  prescrites  par  la 
déclaration  de  1699  pour  la  vente  des  grains,  mais  demeurèrent  passibles  des 
pénalités  portées  par  la  même  ordonnance  contre  ceux  qui  achèteraient  les 
blés  8c  autres  grains  en  vert,  en  pied  8c  avant  la  récolte.  Interdiction  fut 
donnée  à  la  compagnie  du  Cap-Nègre  d'introduire  en  Languedoc  des  blés 
de  provenance  étrangère,  à  moins  d'en  être  expressément  requise  par  les  États 
de  la  Province. 

Une  défiance  séculaire  armait  le  commerce  bordelais  contre  l'invasion  des 
vins  de  Languedoc.  Vainement  le  cours  de  la  Garonne,  secondé  par  le  canal 
des  deux  mers,  ouvrait  une  voie  naturelle  &c  facile  aux  produits  des  vignobles 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  728 

de  l'Albigeois  Se  du  Narbonnais;  la  corporation  puissante  qui  s'enrichissait 
journellement  par  l'exportation  des  crus  du  Bordelais,  multipliait  les  obstacles 
&  s'ingéniait  de  mille  manières  à  paralyser  une  concurrence  inévitable.  Les 
contestations  entre  la  ville  de  Bordeaux  &,  la  province  de  Languedoc,  dont 
les  vins  formaient  aussi  une  des  principales  richesses,  remontaient  jusqu'à 
l'époque  de  la  domination  anglaise,  &  s'étaient  perpétuées  à  travers  les  temps 
avec  des  recrudescences  intermittentes.  Le  2  décembre  i5oo,  il  était  intervenu 
une  transaction  entre  les  députés  de  Languedoc  81  ceux  de  la  sénéchaussée  de 
Bordeaux  &  province  de  Guienne.  Cet  accord  tolérait  le  commerce  des  vins 
de  Languedoc  par  Bordeaux,  mais  avec  de  nombreuses  restrictions.  Ainsi,  l'on 
ne  pouvait  les  faire  descendre  au  quai  des  Chartreux  qu'après  la  Saint-Martin 
d'hiver,  c'est-à-dire  le  n  novembre,  &  les  y  mettre  en  vente  qu'après  la  fin 
du  mois,  jour  de  Saint-André.  Avant  le  11  novembre,  il  n'était  pas  permis 
de  dépasser  l'Etay-Saint-Martin,  en  amont  de  la  ville  de  Saint-Macaire,  à 
trente-sept  kilomètres  environ  au-dessus  du  port  de  Bordeaux.  Après  ce  terme 
les  commerçants  languedociens  pouvaient  faire  embarquer  leurs  vins  pour  les 
transporter  en  Bretagne  ou  en  Normandie,  mais  pas  en  Angleterre;  Si  les 
marchands  de  Bordeaux  qui  faisaient  venir  des  produits  de  Languedoc  étaient 
soumis  à  la  même  loi.  L'exportation  en  Angleterre  ne  devenait  permise  qu'a- 
près la  fête  de  Noël,  parce  que  l'époque  de  ces  fêtes,  si  populaires  chez  les 
Anglais,  clôturait  la  période  la  plus  favorable  au  commerce.  Quand  les  Lan- 
guedociens arrivaient,  tous  les  crus  de  Guienne  étaient  vendus.  D'un  autre 
côté,  la  provenance  des  vins  de  Languedoc  débarqués  aux  Chartreux  devait 
être  affirmée  par  serment  81  justifiée  par  certificat  des  consuls  ou  juges  locaux. 
On  vécut  sur  cet  accord  pendant  deux  siècles.  Mais  les  Bordelais,  quoique 
jaloux  de  leur  monopole,  ne  se  faisaient  point  scrupule  d'opérer  toutes  sortes 
de  mélanges  St  de  donner  pour  crus  de  Guienne,  grâce  à  d'habiles  falsifica- 
tions, les  produits  qu'ils  amenaient  du  haut  Si  du  bas  Languedoc.  Cet  abus 
donna  lieu  à  quelques  mesures  répressives  du  parlement  de  Bordeaux,  qui 
frappa  les  coupables  d'une  amende  de  mille  livres,  de  la  déchéance  du  droit 
de  bourgeoisie  Se  même  de  peines  corporelles,  Se  qui,  pour  prévenir  toute 
confusion,  prescrivit  de  respecter  les  formes  Se  les  dimensions  traditionnelles 
des  barriques  Se  le  mode  de  cerclage  particulier  aux  diverses  juridictions'. 

La  province  de  Languedoc  s'émut  de  cette  dernière  injonction  Se  fit  recon- 
naître à  ses  négociants  Se  patrons,  transportant  les  crus  du  pays  par  le  canal 
des  deux  mers,  le  droit  d'employer  tel  genre  de  tonneaux  que  bon  leur  sem- 
blerait, pourvu  que  les  intérêts  du  trésor  fussent  sauvegardés  par  une  juste 
application  des  tarifs*.  Les  jurats  de  Bordeaux  répondirent^  en  défendant  de 
couper  ou  transvaser  les  vins  qui  descendaient  du  haut  pays  ou  qui  venaient 
par  la  Dordogne.  Des  précautions  très-minutieuses  permirent  de  constater 
les  quantités  de  vins  apportées  par  chaque  bateau.  Ces  vins  ne  purent  être 

'  Arrêt  du  Parlement  de  Bordeaux,  i(5marj  i683.  '  Ordonnance  de»  maire  &  jurais  de  Bordeaux, 

'  Arrêt  du  conseil  d"Ktat,  du   lo  octobre  168:).  du  i3  octobre  iflSTi. 


1701 


1701 


724  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

emmagasinés  que  dans  l'espace  compris  entre  l'esplanade  du  Château-Trom 
nette  6c  la  rue  du  Saint-Esprit,  c'est-à-dire  en  dehors  de  l'enceinte  de  la  ville, 
60US  peine  de  confiscation  &  d'une  amende  de  mille  cinq  cents  livres;  on 
imposa  aux  propriétaires  de  celliers  l'obligation  de  fournir  aux  commissaires 
des  iurats  les  indications  les  plus  précises  sur  l'origine  &  la  destination  des 
produits  qu'ils  abritaient,  le  nom  des  vendeurs  &  des  acheteurs,  sans  oublier 
celui  du  navire  d'exportation,  qui  devait  être  signalé  dans  le  délai  de  vingt- 
quatre  heures  après  la  sortie  des  tonneaux.  En  outre,  il  fut  défendu  de  loger 
dans  un  même  cellier  les  vins  de  provinces  étrangères  8<.  ceux  de  la  séné- 
chaussée de  Bordeaux,  ces  derniers  devant  être  exclusivement  admis,  à  peine 
de  trois  mille  livres  d'amende,  dans  les  magasins  situés  en  aval  de  la  rue 
Saint-Esprit.  En  même  temps  des  oppositions  étaient  présentées  contre  la 
faculté  accordée  aux  Languedociens  de  choisir  à  leur  gré  la  forme  £<.  la  capa- 
cité de  leurs  barriques'. 

Ces  oppositions  donnèrent  lieu  aux  habitants  de  Gaillac  &  de  Rabastens 
d'obtenir,  pour  eux-mêmes  &  pour  toute  la  Province,  la  confirmation  de  cette 
licence^. 

Il  en  résulta  un  redoublement  d'hostilités  qui  se  traduisirent  par  deux 
longues  requêtes  contradictoires  présentées  au  conseil  du  roi,  au  nom  de  la 
ville  de  Bordeaux  Si  de  la  province  de  Languedoc.  L'aftaire  demeura  sus- 
pendue près  de  quatorze  ans.  Enfin,  le  17  mai  1701,  sur  le  rapport  de  Cha- 
millart,  le  conseil  d'Etat  rendit  un  arrêt  qui  régla  d'une  manière  définitive 
le  commerce  des  vins  de  Languedoc  par  Bordeaux 3. 

Le  principe  des  types  obligatoires  de  futailles  fut  consacré,  aucun  Langue- 
docien ne  pouvant  employer  celles  de  la  sénéchaussée  de  Bordeaux,  dont  la 
contenance  était  de  trente-deux  verges  ou  cent  douze  pots. 

Deux  types  étaient  imposés  aux  marchands  de  vin  de  Languedoc  :  la  pîpe 
pour  les  vins  de  Gaillac,  Rabastens  &  autres  crus  du  haut  pays;  le  muid 
pour  les  vins  de  Carcassonne  Si  du  bas  Languedoc.  La  contenance  de  la  pipe 
pouvait  varier  de  cinquante-quatre  à  cinquante-six  verges;  celle  du  muid 
était  de  quatre-vingt-dix.  L'unité  albigeoise  n'admettait  qu'une  fraction,  la 
demi-pipe,  de  vingt-sept  à  vingt-huit  verges.  Pour  les  muids,  la  division  était 
plus  compliquée;  outre  les  demis  &  les  quarts  il  y  avait  des  tiercerolles  de 
trente  verges  &  des  doubles  tiercerolles  de  soixante.  Le  bas  Languedoc  pou- 
vait, du  reste,  employer  des  tutailles  d'une  capacité  supérieure  à  celle  des 
muids,  pourvu  que  la  forme  de  ces  vases  &  la  disposition  des  cercles  ne 
permît  pas  de  les  confondre  avec  les  produits  de  la  sénéchaussée  de  Bordeaux. 

Le  conseil  d'Etat  maintint  l'isolement  des  crus  en  magasin;  les  celliers  du 
faubourg  des  Chartreux,  compris  entre  l'esplanade  du  Château-Trompette  & 
la  rue  Saint-Esprit  durent  être,  à  partir  de  la  Saint-Martin  d'hiver,  exclusi- 
vement réservés  aux  Languedociens,  l'autorité  municipale  demeurant  chargée 

■  Acte   d'opposition    formée    pni-    le    procureur-  '  Arrêt  du  conseil  d'État,  du  i!)  septembre  1687. 

syndic   de   la   ville  de   Bordeaux,   le   20   décembre  '  Recueil    des    arrêts    Je    Languedoc.    Arrêt     du 

i6l56.  conseil  d'Etat  donné  à  Versailles  le  17  mai   1701. 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÊDIT  DE  NANTES.  7:3 

d'en  feire  évacuer  toute  autre  marchandise  avant  cette  époque.  En  cas  d'in- 
suffisance des  locaux,  les  vins  de  Languedoc  devaient  s'étendre  au  delà  de  la 
rue  Saint-Esprit.  L'admission  dans  un  même  cellier  de  vins  originaires  des 
deux  provinces  entraînait  pour  le  propriétaire  une  amende  de  mille  livres, 
dont  moitié  au  dénonciateur  &  moitié  aux  pauvres  de  l'hôpital  de  Bordeaux. 

Quant  au  simple  transit,  il  continua  d'être  autorisé,  à  dater  de  la  Saint- 
Martin  d'hiver,  pour  toute  destination  autre  que  les  ports  d'Angleterre,  mais 
la  Province  ne  put  obtenir,  ainsi  qu'elle  l'avait  sollicité,  la  faculté  de  trans- 
bordement. 

Les  vins  destinés  à  l'exportation,  sans  être  contraints  de  séjourner  à  Bor- 
deaux, durent  néanmoins  y  être  déchargés  sur  les  quais  pour  y  subir  l'opé- 
ration de  la  marque,  avant  d'être  installés  à  bord  des  navires'. 

Les  députés  de  la  Province  demandaient  aussi  la  faveur  d'entreposer  leurs 
vins  à  Lormont  &  à  Blaye,  en  aval  du  port  de  Bordeaux;  mais  comme  une 
pareille  installation,  sur  le  passage  de  tous  les  bâtiments,  aurait  rendu  presque 
illusoires  toutes  les  précautions  prohibitives  des  Bordelais,  elle  fut  vigoureu- 
sement combattue,  &  le  conseil  la  rejeta,  étendant  même  la  défense  à  tout 
autre  lieu  de  la  sénéchaussée  de  Bordeaux. 

La  Province  fut  plus  heureuse  pour  la  suppression  de  l'impôt  arbitraire 
que  les  jurats  avaient  établi  sur  son  vin  blanc.  Ils  durent  cesser  d'en  prélever 
quatre  douzaines  de  bouteilles  par  bateau  chargé. 

Le  conseil  accorda  également  aux  Languedociens  la  liberté  de  transformer 
en  eau-de-vie  leurs  vins  déposés  à  Bordeaux  que  l'exportation  n'aurait  pas 
enlevés  ou  qui  se  seraient  gâtés  en  magasin,  à  la  condition  d'accepter  le  con- 
trôle des  jurats  8c  de  soumettre  la  vente  de  l'eau-de-vie  aux  règles  fixées  par 
la  transaction  de  i5oo. 

On  voit  que  l'arrêt  de  1701,  qui  devait  régler  les  conditions  d'un  com- 
merce important  jusqu'à  l'époque  des  grandes  réformes  douanières  de  Turgot, 
n'était  qu'une  sorte  de  compromis  par  où  le  conseil  du  roi  essayait  de  con- 
cilier, dans  un  esprit  de  bienveillance  impartiale,  des  intérêts  absolument 
contraires  Se  d'adoucir  l'àpreté  d'un  système  de  protection  poussé  à  l'excès'. 

Les  commis  des  fermes  du  roi  pour  la  perception  des  droits  de  foraine  aux 
bureaux  de  Frontignan,  Mèze  &  Marseillan,  sur  l'étang  de  Thau,  introdui- 
sirent la  coutume  de  ne  laisser  embarquer  aucune  marchandise  à  destination 
de  Cette  sans  acquitter  auparavant  ces  droits  d'exportation.  La  navigation  des 
étangs  s'en  trouvait  interrompue  8c  les  approvisionnements  diminués  au  détri- 
ment du  commerce  provincial.  Dès  1698,  le  cahier  des  doléances  appela  sur 
cette  difficulté  l'attention  du  gouvernement. 

'  Le  droit  de  marque  à  Bordeaux  était  de  quatre  en  venait  une  très-grande  quantité  de  la  généralité 

sols  tournois  par  tonneau,  contenant  quatre  bar-  de  Montauban    &  de    la    province  de   Languedoc, 

riques.  C'est  surtout  pendant  la  foire  du  i5  octobre  que  le: 

*  D'après  Expilly,  il  se  chargeait  tous  les  ans  à  étrangers  venaient  acheter  &  charger  des  vins  en 

Bordeaux    environ    cent   mille    tonneaux    de  vin  leur  primeur.  On  voyait  alors  dans  le  port  de  Bor- 

que   l'on    transportait  hors  du   royaume.  Ces  vins  deaux  quatre  ou  cinq  cents  vaisseaux  de  diverses  na- 

n'étaient  pas  tous  du   cru  de  la  généralité,  car  il  tions,dontplusieursétaientdecinq  cents  tonneaux. 


1701 


1701 


7:6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  députés  des  États  sollicitaient,  pour  les  négociants  de  Languedoc, 
l'autorisation  de  faire  porter  les  marchandises  à  Cette  dans  des  entrepôts  ou 
magasins  sans  payer  les  droits  de  sortie  qu'au  moment  de  la  sortie  réelle, 
c'est-à-dire  de  l'embarquement  au  port  de  Cette  à  bord  de  navires  d'exporta- 
tion. Dans  cette  hypothèse,  les  bureaux  de  passage  devaient  simplement 
exiger  des  patrons  &  conducteurs  de  barques  l'obligation  de  rapporter  un 
certificat  des  commis  de  Cette  attestant  le  déchargement  de  leurs  denrées. 

Cette  requête  donna  lieu  à  de  longues  contestations.  Le  fermier  général 
prétendait  que  le  port  de  Cette,  étant  ouvert  de  toutes  parts,  sans  murs,  sans 
fort,  sans  chaînes,  n'offrait  aucun  moyen  de  surveillance  comparable  à  ceux 
des  autres  places  maritimes;  que  l'établissement  d'un  système  de  gardes,  ana- 
logue à  celui  de  la  Rochelle,  fermé  de  tours  8t  de  chaînes,  ou  le  mouillage 
de  pataches  de  vigie,  consommerait  tout  le  produit  des  droits  de  sortie.  Il 
rappelait  que  l'ordonnance  de  1687  prescrivait  l'acquittement  des  droits  au 
plus  prochain  bureau  pour  l'entrée  8t  pour  la  sortie.  Les  stations  d'Agde, 
Marseillan,  Mèze  8t  Frontignan,  disposées  en  demi-cercle  autour  de  Cette, 
répondaient  à  ces  conditions.  Il  s'appuyait  aussi  sur  un  règlement  de  1607 
qui  défendait  les  entrepôts  sur  les  frontières  au  delà  des  bureaux  ajoutant 
que,  si  les  marchands  languedociens  n'avaient  pas  l'intention  de  frauder,  peu 
leur  importait  de  payer  ces  droits  à  quelques  lieues  en  deçà  de  Cette. 

A  cela  le  syndic  général  répondait  qu'on  ne  pouvait  sans  injustice  sou- 
mettre aux  droits  de  sortie  les  marchandises  qui  n'étaient  pas  réellement 
exportées;  que  le  fermier,  dès  les  premiers  mouvements  de  commerce  au  port 
de  Cette,  y  avait  établi  un  bureau  de  contrôle  transformé,  depuis  l'accroisse- 
ment des  transactions,  en  bureau  de  recette,  à  la  date  du  20  septembre  i685. 
Il  rejetait  l'application  à  la  province  de  Languedoc  du  règlement  de  1607, 
fait  pour  la  régie  des  cinq  grosses  fermes,  &t  montrait  d'ailleurs  que  ces 
règlements  concernaient  exclusivement  les  marchandises  vendues  avant  que 
d'être  enlevées  du  lieu  de  départ.  Les  entrepôts  dont  il  demandait  l'établisse- 
ment seraient,  à  proprement  parler,  de  véritables  magasins  où  les  habitants  de 
Languedoc  transporteraient  leurs  vins  &  leurs  marchandises,  à  leurs  risques 
8c  périls  &  le  rassemblement  dans  ces  magasins  du  port  de  Cette,  des  vins, 
des  eaux-de-vie,  des  draps,  des  étoffes  diverses  &  des  produits  manufacturés 
de  la  Province  pourrait  y  augmenter  l'affluence  des  étrangers  8<.  donner  de 
l'extension  au  commerce.  Ce  serait  un  légitime  dédommagement  des  sacrifices 
qu'imposerait  journellement  au  pays  l'entretien  du  port  de  Cette.  L'obliga- 
tion pour  les  négociants  de  prendre  des  acquits-à-caution  aux  bureaux 
d'Agde,  de  Mèze,  de  Marseillan  8t  de  Frontignan  constituerait  une  pré- 
caution suffisante  pour  assurer  le  payement  des  droits  des  fermes  sur  les 
marchandises  qui  seraient  vendues  à  Cette  Se  qui  sortiraient  pour  l'expor- 
tation. 

Chargé,  par  arrêt  du  10  octobre  i6g8,  d'ouvrir  une  enquête  sur  les  pré- 
tentions contradictoires  du  fermier  général  &  des  négociants  languedociens, 
M.  de  Bâville  exprima  l'avis  que  l'ordonnance  de  1687  n'avait  pas  d'applica- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  727 

tion  dans  l'espèce  6t  qu'il  s'agissait  uniquement  de  concilier  les  intérêts  du 
commerce  provincial  &.  ceux  des  fermes  du  roi.  Il  reconnut  que  la  création 
d'entrepôts,  destinés  à  faciliter  l'exportation  des  denrées  &  des  produits  manu- 
facturés de  Languedoc,  serait  avantageuse  au  pays  &  qu'elle  devait  être  auto- 
risée en  prenant  les  mesures  nécessaires  pour  prévenir  la  fraude. 

L'affaire  fut  présentée  à  Marly,  le  16  août  1701,  par  Chamillart,  8c  ter- 
minée par  une  satisfaction  provisoire  aux  requêtes  du  syndic  général. 

Pendant  trois  années,  à  dater  du  1"  octobre  1701,  les  bateaux  cbargés  à 
destination  de  Cette  furent  exemptés  de  payer  les  droits  de  sortie  aux  bureaux 
des  étangs,  sous  la  condition  d'y  prendre  des  acquits-à-caution  portant  enga- 
gement de  déposer  leurs  cargaisons  dans  deux  grands  magasins  communs, 
construits  en  deçà  du  port  de  Cette,  le  long  du  canal  communiquant  à  l'étang 
de  Thau.  L'un  de  ces  magasins  devait  recevoir  les  vins  &  les  eaux-de-vie, 
8c  le  second  toutes  les  autres  denrées.  Un  délai  suffisant  était  accordé  aux 
patrons  de  barques  pour  rapporter  le  certificat  du  bureau  de  Cette  attestant 
le  déchargement  des  denrées  en  magasin  8c  annulant  les  acquits-à-caution. 
Une  clé  des  entrepôts  de  Cette  devait  demeurer  aux  mains  du  commis  des 
fermes. 

Le  conseil  d'État  prit  la  peine  de  déterminer  les  heures  d'ouverture  des 
magasins,  fixées  pour  l'été  de  sept  heures  du  matin  à  midi  8c  de  deux  heures 
à  sept,  8c  pour  l'hiver  de  huit  à  midi  8c  de  deux  à  cinq. 

Obligation  fut  imposée  aux  vendeurs  de  déclarer  au  bureau  de  Cette  les 
denrées  vendues  pour  l'exportation  8c  d'y  acquitter  les  droits  de  sortie  ou 
foraine  de  Languedoc  avant  d'opérer  les  chargements. 

Afin  d'éviter  les  fraudes  que  redoutait  le  fermier  général,  on  établit,  aux 
frais  de  la  Province,  des  barrières  sur  les  avenues  des  magasins  8c  l'on  tendit 
deux  chaînes  sur  le  canal,  l'une  en  deçà  des  magasins,  l'autre  en  delà,  sous 
le  pont. 

Le  conseil  permit,  en  outre,  aux  propriétaires  des  vins  entreposés  de  les 
convertir  en  eau-de-vie,  mais  seulement  dans  l'étendue  des  magasins,  &c  sous 
charge  expresse  de  déclarer  à  l'agent  des  termes,  avant  l'opération,  la  quantité 
des  vins  qu'ils  auraient  l'intention  d'y  soumettre,  8c  ensuite  la  quantité  des 
caux-de-vie  qui  en  seraient  provenues. 

La  foire  de  Bcaucaire,  véritable  caravansérail  du  commerce  méditerranéen, 
qui  se  tenait,  pendant  huit  jours,  à  la  fin  du  mois  de  juillet,  dans  un  pays 
brûlé  du  soleil,  exposé  aux  souffles  ardents  du  vent  du  sud-est,  occasionnait 
une  grande  consommation  de  glace,  les  peuples  méridionaux,  très-assidus  à 
ces  réunions,  étant  surtout  avides  de  boissons  froides.  Chaque  année,  des 
monceaux  de  glace,  recueillis  dans  les  montagnes  du  Dauphiné,  descendaient 
le  Rhône  par  grands  bateaux  8c  se  débitaient  à  bas  prix.  Par  exception,  &c 
en  conséquence  des  privilèges  particuliers  de  la  foire,  le  commerce  de  la  glace 
était  libre  pendant  ces  huit  jours;  aussi  le  prix  en  était-il  inférieur  de  moitié 
au  cours  ordinaire  de  la  Province.  Mais  cette  dérogation  au  système  du 
monopole  ne  laissait  pas  que  d'exciter  des  récriminations.  Jean  Le  Fcbvrc, 


1701 


lyoi 


738  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sieur  du  Fresnoy,  propriétaire  du  privilège  des  glacières  de  Languedoc,  fai- 
sait une  rude  guerre  aux  marchands  ambulants  qui  débitaient  la  glace  par 
les  rues. 

Quatre  fois  en  dix  ans,  MM.  d'Aguesseau  &  de  Bâville,  devant  qui  les 
consuls  de  Beaucaire  avaient  dû  se  pourvoir  &  faire  production  de  leurs 
titres,  condamnèrent  les  prétentions  du  traitant,  qui  eut  recours  au  conseil 
d'Etat,  sans  toutefois  poursuivre  le  jugement  de  l'affaire'. 

Mais,  en  1702,  le  roi  ayant  fait  un  nouveau  don  du  privilège  de  vendre  la 
glace  8c  l'adjudication  de  la  ferme  étant  en  train  de  s'accomplir,  le  syndic 
général  de  la  Province,  comme  conservateur  naturel  des  franchises  d'une  foire 
qui  offrait  au  pays  de  Languedoc  la  plus  grande  ressource  pour  le  débit  de 
ses  marchandises  Si  l'introduction  de  l'argent  étranger,  sollicita  &  obtint  du 
conseil  d'État  la  confirmation  des  lettres  patentes  de  septembre  i632  &  de 
février  1660,  ainsi  que  des  ordonnances  des  intendants  de  Languedoc,  sur 
lesquelles  était  fondée  la  liberté  du  commerce  de  la  glace  pendant  la  durée 
de  la  foire. 

Fleuriau  d'Armenonville,  directeur  des  finances,  qui  fit  le  rapport,  admît 
l'allégation  du  syndic  général ,  que  «  la  foire  ne  pouvoit  subsister  sans  le 
«  secours  de  la  glace,  dans  un  pays  aussi  chaud  que  le  Languedoc  Si  dans 
«  la  saison  de  l'année  la  plus  fâcheuse.  »  Il  reconnut,  en  outre,  que  la  vente 
y  était  si  considérable  que  toutes  les  réserves  du  fermier  81  tous  ses  commis 
n'y  pourraient  suffire,  ainsi  que  l'affirmait  M.  de  Bâville,  tandis  que  la 
batellerie  dauphinoise,  de  tradition  séculaire,  y  apportait  l'abondance  Si  le 
bon  marché  ^. 

En  vue  de  développer  la  production  des  fers  français,  en  facilitant  la  com- 
munication des  provinces  entre  elles,  un  règlement  général  avait  modéré  les 
anciens  droits  d'entrée  sur  les  fers  bruts  ^.  Mais,  en  même  temps,  les  droits 
locaux  de  sortie  payés  en  Languedoc  d'après  le  tarif  de  la  foraine  se  trouvè- 
rent augmentés  dans  une  proportion  considérable,  le  cent  pesant,  qui  ne 
devait  que  huit  sols  quatre  deniers  d'après  l'ancien  tarif,  étant  grevé  d'un 
droit  de  quarante  sols. 

Cette  innovation  ruineuse  causa  grande  émotion  parmi  les  maîtres  de 
forges  de  Languedoc  81  de  Roussillon.  Elle  avait  pour  principal  résultat 
d'empêcher  le  commerce  des  fers  avec  la  Provence,  S<  surtout  avec  Mar- 
seille, où  les  constructions  navales  en  assuraient  une  active  consommation. 
C'est  en  vue  de  cet  usage  particulier  que  les  maîtres  serruriers  Si  forgerons 
tiraient  de  Languedoc  la  plupart  de  leurs  produits,  donnant  au  métal  les 
dimensions  les  plus  convenables  pour  servir  à  la  ferrure  des  bâtiments  de 
mer.  Le  prix  de  revient  du  fer  brut  se  trouvant  exagéré  par  la  nouvelle 
modification  des  tarifs,  on  n'avait  pas  de  peine  à  prévoir  que  les  maîtres  for- 
gerons de  Marseille,  de  Toulon   81  des  autres  villes  Si  ports  de  Provence, 

'  Ordonnnnces  de  l'intendnnt  de  Languedoc,  du  '  Recueil  des  arrêts  de  Languedoc  de  l'année  1 702. 

;6   juin    1679,    23    juillet    1682,    12    avril    1687,        Airêt  du  conseil  d'État,  du  14  février  1702. 
21  juillet  1689.  ■*  Arrêt  du  conseil  d'Etat,  du   2  avril   1701. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  7:9 

abandonneraient  les  fers  de  Languedoc  &  de  Roussillon  pour  leur  préférer 
ceux  d'Espagne  &  d'Allemagne,  qui  coûtaient  moins  cher. 

Les  maîtres  de  forges  languedociens  &  roussillonnais  en  portèrent  plainte 
au  conseil  d'État,  annonçant  que  l'aggravation  des  droits  de  sortie  les  con- 
damnerait à  éteindre  la  plupart  de  leurs  fourneaux. 

Sur  le  rapport  de  Chamillart,  le  conseil  déclara  que  le  roi  n'avait  point  eu 
l'intention  d'augmenter  les  droits  des  marchandises  de  fer  transportées  d'une 
province  dans  une  autre,  mais,  au  contraire,  d'en  favoriser  le  commerce,  8c 
décida  que  les  droits  de  sortie  sur  les  fers  transportés  de  Roussillon  &  de 
Languedoc  à  Marseille  Sv  dans  les  autres  villes  de  Provence  seraient  réglés 
d'après  le  tarif  de  foraine  ou  patente  de  Languedoc. 

Ces  droits  étaient  de  huit  sols  quatre  deniers  par  quintal  de  fer  en  barre, 
&  de  dix  sols  par  quintal  de  fer  ouvré  en  bandes,  essieux  de  charrettes,  pots, 
gonds  &  cloutailles,  y  compris  la  réappréciation  '. 

L'été  de  l'année  1702  fut  signalé  par  divers  malheurs  publics. 

La  rivière  du  Sor,  qui  descend  des  gorges  occidentales  de  la  Montagne- 
Noire  &  vient  se  jeter  dans  l'Agout,  déborda  si  furieusement  le  16  juin  que 
l'inondation  démolit  un  grand  nombre  de  maisons,  emporta  les  moulins  8c 
causa  de  sérieux  ravages  dans  les  terres  au  point  d'y  rendre  la  culture  long- 
temps impossible. 

Les  sieurs  Basset,  juge  de  Revel,  8c  Besse,  juge  de  Puylaurens,  dressèrent 
les  procès-verbaux  des  dommages,  que  les  experts  évaluèrent  à  la  somme  de 
deux  cent  quarante-sept  mille  quatre  cent  vingt-cinq  livres. 

Le  syndic  du  diocèse  de  Lavaur  sollicita  auprès  du  conseil  d'État  la  décharge 
de  la  taille  8c  de  la  capitation  pour  trois  ans  en  faveur  des  communes  rava- 
gées, afin  de  leur  donner  moyen  de  rétablir  leurs  biens  8c  les  mettre  en  état 
de  payer  a  l'avenir  les  deniers  royaux.  Cette  faveur  représentait  plus  de 
soixante-dix-sept  mille  livres.  Chamillart,  qui  avait  pris  l'avis  de  Bâville, 
ne  crut  pas  que  le  trésor  pût  se  permettre  une  pareille  largesse,  mais  il 
fit  accorder  aux  communes  inondées  du  diocèse  de  Lavaur  une  réduction 
annuelle  de  dix  mille  livres  pendant  trois  années  sur  le  département  des 
tailles.  Les  commissaires  ordinaires  du  diocèse  eurent  mandat  de  régler  ces 
décharges  proportionnellement  aux  dommages  éprouvés  par  les  communes*. 

'  Recueil  Jes  arrêts  Je  Languedoc  de  l'année  170Ï.  'Recueil  det  arrêts  de  Languedoc  de  l'année  tyoï. 

Arrêt    du    conseil   d'Etat    donné    à  Versailles,    le       Arrêt   du    conieil    d'État    donné    à   Versaillei,    le 
i5  mars  1701.  î5  novembre  1702. 


1702 


V7°'- 


ySo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

t 

CHAPITRE  IV 


Premiers  troubles  dans  les  Cévenncs.  — r  Assemblées  &  prophètes.  —  Violence  de  la  répression.  —  Rôle 
du  clergé.  —  Événements  du  Pont-de-Montvert.  —  Insurrection  générale.  —  Attentats  centre  les 
prêtres  &  les  catholiques.  —  Commandement  du  comte  de  Broglie.  —  Roland  &  Cavalier.  —  Intrigues 
des  puissances  étrangères.  —  Le  maréchal  de  Montrevel.  —  Massacre  de  Nimes.  —  Dévastation  des 
hautes  Cévennes.  —  Défaite  des  troupes  de  la  marine.  —  Commandement  du  maréchal  de  Villars. 
Nouveau  plan  de  conduite.  —  Soumission  de  Cavalier.  —  Pacification  de  la  Province. 

L'heure  approchait  d'une  des  plus  terribles  crises  dont  l'histoire  de  la  Pro- 
vince puisse  conserver  le  souvenir.  Rien  n'avait  pu  détourner  le  gouverne- 
ment royal  de  la  funeste  politique  religieuse  où  il  se  trouvait  engagé.  Personne 
n'était  dupe  du  prétendu  miracle  de  conversion  dont  les  prédicateurs  S<.  les 
nouvellistes  de  la  Cour  avaient  fait  tant  de  bruit.  Bâville  avouait  que,  sur 
près  de  deux  cent  mille  protestants  demeurés  en  Languedoc,  on  en  trouvait 
peu  qui  fussent  effectivement  catholiques,  malgré  leur  titre  officiel  de  nou- 
veaux convertis.  Il  reconnaissait  que  presque  tous  gardaient  au  fond  du  cœur 
«  leur  mauvaise  religion  »  &  en  souhaitaient  le  rétablissement.  Durant  la 
dernière  guerre,  ils  s'étaient  flattés  de  la  fausse  espérance  qvie  quelque  grand 
événement  européen  contraindrait  Louis  XIV  à  leur  rendre  la  liberté  de 
conscience.  Les  ministres  français,  émigrés  dans  différents  États,  entretenant 
une  correspondance  suivie  avec  leu:s  coreligionnaires,  encourageaient  les  illu- 
sions, promettaient  un  changement  prochain,  8i  ne  négligeaient  rien  pour 
aigrir  l'antipathie  naturelle  des  réformés  contre  les  pratiques  du  catholicisme. 

Les  prières  secrètes  se  continuaient  dans  les  familles;  les  assemblées  au 
désert  se  multipliaient,  des  mouvements  locaux,  promptement  réprimés,  soit 
dans  les  Cévennes,  soit  dans  le  Vivarais,  montraient  que  les  vieilles  haines 
n'étaient  point  éteintes.  On  avait  compté  jusqu'à  six  prêtres  assassinés  dans 
les  paroisses  cévenoles.  L'intendant  ne  dissimulait  pas  que  beaucoup  de  cures 
ne  fussent  mal  desservies.  Au  moment  de  la  révocation,  le  culte  catholique 
n'existait  pas  dans  vm  grand  nombre  de  ces  communes  de  montagne  où  la 
réforme  régnait  sans  partage.  11  avait  donc  fallu  improviser  tour  un  personnel 
ecclésiastique,  &,  suivant  le  mot  de  Bâville,  il  s'était  trouvé  «  de  fort  méchants 
«  sujets  pour  remplir  la  plupart  de  ces  places.  »  L'évêque  d'Alais  venait  d'éta- 
blir un  séminaire  diocésain  afin  d'y  former  des  prédicateurs  &  de  faciliter  le 
recrutement  du  clergé.  L'intendant  s'imaginait  qu'avec  du  temps,  de  la  per- 
sévérance 8<.  du  dévouement  de  la  part  des  prêtres,  on  finirait  par  vaincre  les 
dernières  résistances.  «  Lorsqu'il  s'est  trouvé,  disait-il,  un  très-bon  prêtre 
«  dans  une  paroisse,  on  a  vu  qu'elle  n'a  pu  résistera  ses  soins  assidus  &  qu'il 
«  a  enfin  déterminé  tous  les  nouveaux  convertis  à  taire  leur  devoir.  «  Bâville 
pensait  que,  la  paix  se  prolongeant  8c  les  chances  d'un  revirement  politique 
ayant  disparu,  les  réformés  passeraient  d'abord  par  une  phase  d'abattement. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  ySi 

de  découragement  Se  de  tristesse,  comme  gens  forcés  d'abandonner  une  espé- 
rance chèrement  caressée,  qu'un  petit  nombre  succomberait  même  à  la  tenta- 
tion de  quitter  le  royaume,  mais  qu'ensuite  ils  prendraient  leur  parti  d'une 
nécessité  inéluctable  &  deviendraient  bons  catholiques. 

Il  se  plaignait  cependant  que  l'on  mît  trop  d'ardeur  à  presser  les  néophytes 
pour  l'usage  des  sacrements.  «  Les  missionnaires  qui  l'ont  fait  par  un  excès 
«  de  zèle,  s'en  sont  mal  trouvés,  &  les  lieux  où  l'on  a  eu  cette  conduite  dans 
«  les  commencements  sont  ceux  où  l'on  a  le  moins  avancé.  Les  nouveaux 
«  convertis  se  confesseront  8c  communieront  tant  que  l'on  voudra,  pour  peu 
«  qu'ils  soient  pressés  &.  menacés  par  les  puissances  séculières.  Mais  cela  ne 
«   produit  que  des  sacrilèges.  » 

On  voit  que  Bâville  comptait  principalement  sur  la  durée  de  la  paix  pour 
ruiner  les  espérances  des  réformés.  La  certitude  où  ils  devaient  être  que  le 
régime  imposé  aux  consciences  en  i685  ne  serait  pas  un  orage  passager,  suffi- 
rait, d'après  lui,  à  forcer  leur  résignation. 

Fiécliier  paraît  avoir  partagé  un  instant  la  même  illusion.  Il  écrivait  à 
l'abbé  Menard,  sur  la  fin  d'avril  1700  :  «  Il  s'est  fait  un  mouvement  parmi 
«  nos  nouveaux  convertis,  qui  nous  fait  espérer  que  l'on  pourra  enfin  les 
n  ramener.  »  L'évêque  de  Nimes  pensait  que  la  lassitude  de  vivre  sans  reli- 
gion, la  nécessité  d'en  avoir  une  8<.  de  prendre  la  catholique,  les  fréquentes 
instructions  St  le  désir  même  du  repos  déterminaient  plusieurs  conversions 
sincères. 

Ainsi  l'on  s'acharnait  dans  le  système  de  la  contrainte,  attribuant  à  des 
causes  extérieures  Se  aux  chances  de  la  guerre  l'attachement  dont  les  réformés 
faisaient  preuve  pour  la  religion  de  leurs  aïeux. 

Cette  paix  européenne,  que  l'on  regardait  comme  le  remède  universel,  ne 
devait  pas  être  de  longue  durée.  On  sait  que  la  mort  du  roi  d'Espagne  Se 
l'acceptation  de  son  héritage  par  le  petit-fils  de  Louis  XIV  réveillèrent  toutes 
les  susceptibilités  des  puissances  S<  aboutirent  à  une  nouvelle  coalition. 

Pour  le  Languedoc,  la  reprise  des  hostilités  devenait  particulièrement  cri- 
tique, puisqu'elle  ne  pouvait  manquer  de  ressusciter  la  question  religieuse. 
C'en  était  donc  fait  de  cette  période  d'affaissement  8t  de  résignation  sur 
laquelle  on  avait  compté.  Le  protestantisme  ne  finirait  point  par  extinction. 
La  mort  des  vieux  huguenots,  l'avènement  de  générations  nouvelles  qui  n'au- 
raient jamais  connu  le  culte  public  des  temples,  l'influence  d'un  milieu  disci- 
pliné, toutes  ces  causes  d'un  retour  définitif  à  l'union,  rêvées  par  l'intendant 
S<.  par  les  évêques,  se  trouvaient  neutralisées  par  l'état  de  guerre.  L'Europe 
en  armes  contre  la  France  ne  négligeait  pas  ce  précieux  foyer  de  discordes  Se 
d'agitations  intérieures  que  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  maintenait  au 
cœur  du  royaume.  Au  lieu  de  l'apaisement  par  fatigue  on  devait  se  préparer  k 
la  lutte  S<  recommencer  l'interminable  duel,  le  duel  de  chaque  jour,  contre  un 
ennemi  insaisissable,  ranimé  Se  grandi  à  ses  propres  yeux  par  la  persécution. 

Dès  le  milieu  de  l'année  1701,  la  contagion  prophétique  avait  reparu  entre 
le  Gardon  Se  le  Cèze.  Des  garçons,  des  filles,  d'une  extrême  jeunesse,  tom- 


lyoi 


lyot 


■jZi  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

baient  en  extase,  annonçaient  la  délivrance  &  se  disaient  inspirés  du  Saint- 
Esprit. 

Quelques  scènes  de  ce  genre  se  produisirent  à  Valerargues;  le  curé  du 
lieu,  accompagné  de  deux  autres  prêtres  du  voisinage,  s'étant  avisé  d'arrêter 
lui-même  le  prophète  au  milieu  d'un  groupe  &  de  le  traîner  à  Lussan  pour 
l'y  faire  enfermer,  sans  autre  escorte  que  ses  deux  collègues,  fut  poursuivi 
par  un  attroupement  d'enfants  8<.  de  femmes  qui,  à  coups  de  pierres,  le  con- 
traignirent de  lâcher  prise.  Arraché  aux  mains  des  trois  curés,  le  prophète  ne 
tarda  point  à  prendre  sa  revanche  :  il  entraîna  la  foule  passionnée  qui  lui  fai- 
sait cortège,  courut  droit  à  l'église,  en  enfonça  les  portes,  démolit  l'autel, 
renversa  le  crucifix  &  enleva  les  ornements.  La  nouvelle  de  ces  violences 
s'étant  aussitôt  répandue,  un  juge  d'Uzès  qui  se  trouvait  à  la  campagne,  dans 
une  de  ses  métairies,  ramassa  une  poignée  de  gens  de  bonne  volonté  &  vint 
à  leur  tête  enlever  une  vingtaine  de  personnes,  hommes  8c  femmes.  Un  lieu- 
tenant de  milice,  avec  quelques  soldats,  se  mit  aussi  à  battre  l'estrade  Si  s'em- 
para du  prophète,  qui  fut  enfermé  dans  les  prisons  d'Uzès  en  compagnie 
d'une  quarantaine  de  malheureux.  Le  présidial  de  Nîmes  se  transporta  immé- 
diatement sur  les  lieux  pour  instrumenter;  le  comte  de  Broglie,  lieutenant 
général,  y  courut  en  poste.  La  grande  préoccupation  des  gens  du  roi  était 
de  découvrir  le  nom  du  ministre  ou  du  prédicant  dont  ils  soupçonnaient 
l'influence  occulte;  mais  ils  jugeaient  eux-mêmes  le  problème  fort  difficile. 
«  Ces  gens,  écrivait  Broglie  au  ministre,  souffrent  tout  plutôt  que  d'accuser 
«  leurs  complices.  »  Pour  les  châtier,  il  ne  demandait  pas  moins  que  le  rase- 
ment  du  village,  comprenant  quarante  feux,  tous  de  la  religion  protestante'. 

Au  mois  d'août  de  la  même  année,  les  exemples  faits  dans  le  diocèse 
d'Uzès  n'ayant  pas,  suivant  l'expression  de  Broglie,  désabusé  les  nouveaux 
convertis  de  donner  dans  le  fanatisme.  Si  les  inspirés  continuant  à  courir  les 
villages,  le  lieutenant  général  sollicita  l'autorisation  d'emprunter  un  déta- 
chement de  vingt  hommes  à  la  garnison  du  Pont-Saint-Esprit  pour  «  donner 
«  la  chasse  aux  prédicans  »  8c  «  tomber  sur  les  faux  prophètes^.  » 

Quelques  jours  après,  un  détachement  de  milice  bourgeoise,  qui  venait  de 
conduire  une  prophétesse  dans  les  prisons  d'Uzès,  fut  attaqué,  au  retour,  à 
coups  de  pierres,  par  une  quarantaine  de  villageois  des  deux  sexes.  L'un 
d'entre  eux,  armé  d'un  fusil,  tira  même  sur  la  troupe,  qui  riposta  Se  blessa 
six  personnes  dont  un  prédicant.  En  exposant  le  fait  au  ministre,  Broglie 
incriminait  les  dispositions  générales  des  réformés  qui  se  ressentaient  déjà  de 
la  guerre  d'Italie.  Mais  il  avait  l'imprudence  d'ajouter  que  la  bonne  organisa- 
tion des  milices  mettait  les  malintentionnés  hors  d'état  de  rien  entreprendre 
de  considérable.  «  C'est  de  quoy,  disait-il,  j'ose  me  faire  fort^.  » 

Plusieurs  exécutions  sanglantes  s'accomplirent  à  la  suite  de  ces  premiers 
mouvements.  Les  prédicants  que  l'on  arrêtait  furent  roués  vifs  ou  pendus. 

■  Pièces  justificatives,  n.  DLXIX,  col.  iSSy.  '  Pièces  justificatives^  il.  DLXXI,  col.  154c. 

*  Pièces  justificatives,  n.  DLXX,  col.   1539. 


LIV,   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  ySS 

Tsaac  Salonion,  pris  dans  les  environs  de  Chalencon,  en  Vivarais,  après 
avoir  reçu  un  coup  de  feu  dans  le  bras  &  s'être  rendu  sans  résistance,  périt 
sur  la  roue  à  Vernoux,  en  compagnie  d'un  homme  8i  d'une  femme  condamnés 
aussi  comme  fanatiques. 

Claude  Maire,  de  la  Bastide  de  Crussol,  enveloppé  à  Vernoux  par  un  déta- 
chement, tua  d'un  coup  de  couteau  le  premier  soldat  qui  vouliit  l'approcher, 
fut  terrassé  par  les  autres,  garrotté,  conduit  à  Montpellier,  où  il  expira  sur  la 
potence  après  avoir  eu  le  poing  coupé. 

Daniel  Raoul,  simple  laboureur  de  Vagnas,  qui  ne  savait  pas  lire,  s'était 
fait  une  grande  réputation  de  prédicant.  Il  ne  cachait  point  son  ignorance 
&  en  tirait  au  contraire  des  effets  saisissants  pour  émouvoir  les  foules.  Le 
peuple,  disait-il,  ayant  continué  de  suivre  son  mauvais  train,  malgré  les 
exhortations  de  ministres  instruits,  aurait  mérité  d'être  abandonné  de  Dieu, 
qui  lui  faisait  pourtant  un  suprême  appel  en  lui  envoyant  de  nouveaux  mes- 
sagers. «  Ce  sont  des  ignorans  qui  n'ont  d'autres  connoissances  que  celles 
«  que  Dieu  répand  dans  leur  esprit.  Vous  en  voyez  un  en  moi,  jusque-là 
«  que  je  ne  sais  pas  lire  :  je  suis  une  de  ces  pierres  dont  parle  l'Ecriture,  qui 
«  crient,  dans  le  temps  que  ceux  qui  dévoient  vous  réveiller  de  votre  assou- 
«  pissement  se  sont  tus.  » 

Surpris  dans  le  bois  de  Tornac  avec  ses  trois  disciples,  le  jeune  Floutier, 
âgé  de  vingt  ans,  Bonaventure  Rey  8c  Bourelly,  Daniel  Raoul  monta  sur 
l'échafaud,  le  9  septembre,  à  Nimes,  où  il  reçut,  dit-on,  cent  trois  coups  de 
barre  avant  de  rendre  l'âme.  La  bouche  pleine  de  sang,  il  protestait  encore 
de  sa  foi  8c  de  son  éloignement  pour  les  pratiques  romaines'. 

Parmi  les  exaltés  qui  exhortaient  les  peuples  à  la  pénitence,  au  repentir 
de  leur  infidélité,  à  la  haine  des  églises  catholiques  Se  des  prêtres,  on  comp- 
tait un  très-grand  nombre  d'enfants.  Les  soldats  les  enlevaient  8c  les  met- 
taient en  prison.  L'intendant  ne  savait  que  faire  de  ces  étranges  prévenus.  Il 
chargea  la  faculté  de  médecine  de  Montpellier  d'examiner  leur  état  mental. 
Les  savants  docteurs  déclarèrent  ces  enfants  atteints  de  fanatisme. 

Alors  Bâville  décida  que  les  parents  de  ces  petits  prophètes  seraient  respon- 
sables de  leur  éloquence  81  qu'ils  paieraient  des  amendes  avec  les  frais  des 
procédures.  La  fureur  de  prêcher  ou  l'esprit  d'imitation  étaient  si  puissants 
chez  ces  pauvres  créatures  qu'on  vit  des  pères  de  famille,  impuissants  à 
réprimer  ce  zèle  indiscret,  livrer  eux-mêmes  leurs  entants  aux  magistrats 
pour  s'en  décharger,  avec  prière  de  leur  faire  passer  «  l'envie  de  prophétiser.  « 

Une  vingtaine  de  paroisses  des  hautes  Cévennes  se  trouvèrent  ainsi  écra- 
sées de  taxes  arbitraires  8c  de  logements. 

Sur  la  fin  de  septembre,  une  assemblée  fut  tenue  à  demi-lieue  de  Nimes. 
Deux  détachements  l'investirent,  prirent  quinze  ou  seize  femmes,  deux  ou 
trois  hommes  8c  blessèrent  le  prédicant.  Pareille  scène  à  Caderles,  dans  les 
environs  de  Saint-Hippolyte,  où  le  prédicant  fut  tué.  Toutes  les  fois  qu'une 

'  Court  de  Gébïlin,  Histoire  des  troubles  des  Civcnnes.  t.  i,  p.  17. 


170 


lyc 


784  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

paroisse  avait  été  convaincue  d'assemblée,  on  y  mettait  une  compagnie  qui 
vivait  à  ses  dépens.  C'est  ce  qu'on  appelait  «  châtier  par  une  pure  perte.  » 
A  ce  moment  déjà  la  sécurité  de  Broglie  semble  ébranlée.  Il  accuse  les  pro- 
testants d'avoir  toujours  été  malintentionnés  en  temps  de  guerre,  d'être  entre- 
tenus dans  l'esprit  de  révolte  par  les  chefs  de  la  secte  habitant  les  grandes 
villes  £<,  par  leur  correspondance  continue  avec  les  réfugiés  de  Genève,  de 
Hollande  &  d'Angleterre'.  Bientôt  il  propose  de  lever  huit  compagnies  tie 
milice  soldée,  de  trente  hommes  chacune,  dont  on  mettrait  la  moitié  en 
Vivarais  Se  la  moitié  dans  les  Cévennes,  les  milices  bourgeoises  commençant 
à  se  rebuter  des  courses  qu'on  leur  faisait  faire  pour  donner  la  chasse  aux 
assemblées  &  de  l'interruption  de  leurs  travaux  ordinaires^. 

La  sévérité  dont  on  usait  à  l'égard  des  nouveaux  convertis,  loin  de  rétablir 
le  calme  dans  la  contrée  8c  d'assurer  l'obéissance,  avait  pour  effet  de  surexciter 
les  imaginations  &  de  réveiller  à  travers  les  Cévennes  l'ardeur  du  prosély- 
tisme &  du  martyre.  Mais  rien  ne  pouvait  ramener  les  dépositaires  de  l'au- 
torité royale  à  une  politique  plus  humaine.  Dans  la  multiplicité  des  infrac- 
tions qui  se  produisaient  chaque  jour,  ils  voyaient  un  motif  d'exagérer  la 
répression.  «  Malis  ingravescent'ibus,  écrivait  Bâville  à  l'évêque  de  Nimes, 
«  poenae  exacerhandae.  «  Dans  cette  même  lettre,  datée  du  4  novembre  1701, 
l'intendant  annonçait  à  Fléchier  l'intention  d'«expédier  »  promptement  un 
prophète  que  ce  prélat  venait  d'interroger.  Une  escorte  était  allée  le  prendre  à 
Sommières  Se  un  commissaire  s'apprêtait  à  le  condamner;  Bâville  voulait  faire 
un  exemple  qui  contînt  tout  le  pays,  en  punissant  la  paroisse  mutine 
d'Uchau3, 

Du  reste,  les  compagnies  de  milice  lancées  à  la  poursuite  des  fanatiques 
ne  chômaient  pas.  En  rentrant  de  la  session  des  États  qui  s'était  tenue  à  Car- 
cassonne,  Bâville  trouva  plus  de  quatre  cents  prévenus  dans  les  prisons  de 
Montpellier.  Il  se  vantait,  dans  une  de  ses  lettres  à  Chamillart,  que  pas  un 
prophète  ne  pût  paraître  sans  être  pris  "*.  Il  avait  condamné  à  mort  une 
malheureuse  femme  qui  prétendait  verser  des  larmes  de  sang  Se  qui  arguait 
de  ce  phénomène  pour  établir  la  divinité  de  sa  mission.  Mais  le  nombre  des 
coupables  devenait  si  grand  que  l'on  craignait  de  manquer  de  bras  pour  ks 
saisir.  Bâville  insiste  sur  le  découragement  des  compagnies  de  milice,  fati- 
guées d'être  mises  sur  pied  en  toute  occasion  8<.  de  faire  gratuitement  le 
métier  d'archers.  Faute  de  troupes  régulières,  on  réclamait  au  moins  quelques 
compagnies  soldées  pour  faire  le  service  journalier  de  surveillance  Se  donner 
le  temps  aux  régiments  de  milice  d'être  rassemblés  lorsque  la  gravité  du  cas 
le  requerrait. 

Ces  inquiétudes,  qui  reviennent  fréquemment  dans  les  correspondances  de 
Bâville  Se  du  comte  de  Broglie,  montrent  bien  que  la  grande  insurrection  des 
Cévennes  n'a  pas  été  un  événement  fortuit,  déterminé  par  l'initiative  isolée 

■  Pièces /usj/^cadVes,  n.  DLXXVI,  col.   i55o.  ùsme  fran<;!ils,   XV,    p.   137.    Communication    de 

'  Pièces  justificatives,  n.  DLXXIX,  col.  1554.  M.  Boissy  d'Anglas. 

'  Bulletin  de  la  société  de  l'histoire  du  protestan-  "  Pièces  justificatives,  n.  DLXXX,  col.  IÔ35. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÈDIT  DE  NANTES.  735 

lie  quelques  hommes  &  qu'elle  s'annonçait  de  loin,  comme  une  explosion 
inévitable  par  suite  de  l'exaspération  du  pays. 

Chamillart  déclarait,  de  son  côté,  qu'on  devait  se  tirer  d'affaire  avec  des 
milices  &  que  le  roi  n'entendait  pas  amoindrir  ses  armées  de  la  frontière 
pour  maintenir  les  nouveaux  convertis  dans  leur  devoir.  Pendant  tout  le 
printemps  de  l'année  1702,  Bâville  se  montre  exclusivement  préoccupé  de 
ramasser  quelques  forces  militaires,  proposant  tantôt  de  supprimer  la  garde 
d'Orange,  tantôt  de  rappeler  le  détachement  des  garnisons  de  Languedoc 
employé  dans  le  comtat  d'Avignon". 

Vers  le  milieu  du  mois  de  mai,  vingt  hommes  armés  enlevèrent  une  pro- 
phétesse  que  l'on  menait  en  prison.  Le  chef  de  la  bande  fut  pris  &  pendu 
sur  le  lieu  même  où  l'attaque  avait  eu  lieu. 

Une  assemblée  de  plus  de  cinq  cents  personnes  se  tint,  de  nuit,  à  Vauvert, 
dans  la  plaine  de  Nimes,  au  milieu  des  champs.  Les  soldats  arrivèrent  à  l'im- 
proviste  5c  firent  feu  sur  l'assistance.  On  procéda  de  même  toutes  les  fois 
que  les  dénonciations  parvinrent  à  temps.  Les  dépêches  du  comte  de  Broglie 
au  ministre  ne  font  guère  que  relater  ces  tristes  exploits.  Outre  les  gens  qui 
étaient  tués  sur  place,  au  hasard  des  balles,  on  réservait  quelques  prisonniers 
pour  le  bourreau,  toujours  sous  prétexte  d'exemple;  on  condamnait  les  femmes 
au  fouet  &  l'on  envoyait  les  hommes  aux  galères.  Nous  ne  connaissons  pas 
de  témoignage  plus  accablant  que  ces  rapports  officiels,  dont  la  froide  exacti- 
tude 81  l'origine  écartent  toute  pensée  d'exagération. 

Suivant  l'expression  même  du  lieutenant  général,  les  religionnaires  ne 
pouvaient  être  une  heure  ensemble  sans  qu'on  ne  les  chargeât*.  Cette  décla- 
ration laisse  deviner  à  quel  point  les  instincts  d'espionnage  étaient  encou- 
ragés dans  le  pays  Se  quelle  intensité  de  haine  devait  produire  la  prolongation 
d'un  pareil  régime. 

Cette  haine  s'adressait  surtout  aux  ecclésiastiques,  parce  qu'ils  étaient 
généralement,  chacun  dans  sa  cure,  les  correspondants  les  plus  redoutés  de 
l'intendance.  C'est  par  leur  intermédiaire  qu'arrivaient  à  Montpellier  les 
listes  de  nouveaux  convertis  coupables  d'infractions  quelconques  aux  ordon- 
nances religieuses.  Ils  apportaient  dans  cette  surveillance  une  passion  parti- 
culière, où  la  ferveur  dominait  sans  doute,  mais  où  l'intérêt  personnel  avait 
bien  quelque  part,  la  question  spirituelle  se  compliquant  presque  toujours 
d'une  question  temporelle  dans  ce  pays  où  les  biens  d'église  avaient  été 
l'objet  de  nombreuses  usurpations,  6t  où  plusieurs  seigneuries  dépendaient 
soit  d'un  évêché,  soit  d'une  abbaye  ou  d'un  simple  prieuré. 

Depuis  1686,  le  gouvernement  avait  placé  à  la  tête  du  clergé  militant  des 
Cévennes,  avec  le  titre  d'inspecteur  des  missions  du  Gévaudan,  un  ecclésias- 
tique très-zélé  qui  personnifiait,  pour  ainsi  dire,  aux  yeux  des  religionnaires, 
toutes  les  rigueurs  de  la  persécution. 

François  de  Langlade  du  Chayla,  archi prêtre  des  Cévennes,   prieur  de 

■  Piicetjaitifieatives,  n.  DLXXXII,  col.  iSSy,  •  Pièces  justlficallyes,  n.  DLXXXV,  col.  i^Sp. 


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Ijoî 


736  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Laval,  après  avoir  essayé  de  convertir  les  païens  dans  le  royaume  de  Siam, 
était  venu  continuer  le  même  office  à  l'égard  des  calvinistes.  Il  avait  appar- 
tenu au  séminaire  des  Missions  étrangères  de  Paris.  Les  catholiques  vantaient 
son  activité,  sa  dévotion,  les  austérités  de  sa  vie,  les  soins  qu'il  se  donnait 
pour  l'éducation  de  la  jeunesse  8c  pour  la  surveillance  du  personnel  ecclésias- 
tique. C'était,  disait-on,  un  esprit  très-délié,  habile  à  trouver  des  expédients 
dans  les  difficultés  les  plus  épineuses;  il  excellait  à  terminer  les  procès;  on 
lui  attribuait  une  culture  intellectuelle  étendue,  une  grande  facilité  de  parole, 
&  l'on  donnait  des  éloges  à  sa  libéralité.  Les  protestants,  au  contraire,  accu- 
saient l'archiprêtre  de  se  conduire  en  véritable  inquisiteur,  de  donner  le 
branle  à  toutes  les  troupes  qui  fusillaient  les  assemblées,  d'être  un  commis- 
saire de  répression  plutôt  qu'un  apôtre  &  de  faire  régner  la  terreur  dans  sa 
juridiction.  D'après  les  bruits  qui  couraient  parmi  les  réformés,  l'abbé  du 
Chayla  aurait  pris  un  plaisir  barbare  à  créer  de  lui-même  des  tortures  pour 
arracher  les  aveux  qu'on  lui  refusait,  8c  s'en  serait  fait  un  spectacle  favori, 
inventant  des  raffinements  de  cruauté  qui  semblaient  empruntés  au  martyro- 
loge des  premiers  chrétiens. 

Rien  n'est  plus  difficile  que  de  dégager  la  vérité  du  milieu  de  ces  témoi- 
gnages contradictoires;  mais  si  la  légende  a  peut-être  noirci  outre  mesure  la 
mémoire  de  l'archiprêtre  en  imaginant  des  atrocités  épisodiques,  un  fait  n'en 
demeure  pas  moins  hors  de  contestation,  c'est  que  l'abbé  du  Chayla,  comme 
supérieur  du  clergé  cévenol,  exerçait  une  action  prépondérante  sur  toutes  les 
affaires  de  religion ,  que  la  plupart  des  emprisonnements  8c  des  procédures 
criminelles  se  faisaient  par  son  initiative. 

L'archiprêtre  des  Cévennes,  dont  il  était  titulaire,  comprenait  précisément 
le  cœur  des  montagnes,  le  plus  solide  rempart  de  la  Réforme  dans  la  France 
entière;  désirant  terminer,  sur  ce  champ  de  bataille,  les  dernières  années  de 
son  aventureuse  existence,  l'abbé  du  Chayla  taisait  sa  résidence  habituelle  à 
Saint-Germain  de  Calberte,  gros  bourg  situé  sur  les  gradins  méridionaux  du 
Bougés,  dans  le  bassin  supérieur  du  Gardon  de  Mialet,  8c  il  avait  préparé 
depuis  quatre  ans  son  tombeau,  à  l'entrée  du  chœur,  dans  la  vaste  église 
paroissiale  dont  on  attribuait  la  construction  au  pape  Urbain  V.  De  ce  quar- 
tier général,  l'abbé  rayonnait  dans  tout  le  pays,  prêchant  jusques  à  quatre 
fois  par  jour,  stimulant  le  zèle  des  prêtres,  Se  faisant  rude  guerre  aux  pro- 
phètes 8c  aux  prédicants. 

Une  fille  du  Pont-de-Montvert,  qui  avait  été  servante  à  Alais  pendant  une 
dizaine  d'années,  parcourait,  vers  le  commencement  de  1702,  les  paroisses  de 
Saint-Andéol  de  Clerguemort  8c  de  Saint-Frézal  de  Ventalon,  en  répétant 
les  déclamations  passionnées  qui  étaient  familières  aux  prophétesses.  Elle 
gourmandait  surtout  les  nouveaux  convertis  qui  avaient  communié  dans 
l'Eglise  catholique,  les  accusant  <■'  d'avoir  avalé  un  morceau  aussi  venimeux 
«  qu'un  basilic  8c  d'avoir  fléchi  les  genoux  devant  Eaal.  »  Cette  fille  fut  prise 
8c  conduite  à  Montpellier;  on  y  instruisit  son  procès  dans  les  formes;  puis 
on  la  ramena  dans  sa  paroisse,  où  elle  mourut  sur  la  potence.  Cette  exécu- 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  787 

tion  d'une  femme  qui,  jusqu'au  dernier  soutfle,  persista  dans  ses  emporte- 
ments contre  les  pratiques  de  l'Eglise  romaine,  eut  un  retentissement  durable 
au  milieu  des  populations  protestantes  disséminées  sur  les  contre-forts  de  la 
Lozère.  L'aspect  du  supplice,  autrement  saisissant  que  le  récit  des  expiations 
lointaines,  accrut  encore  les  pensées  de  vengeance,  mais  n'entraîna  pas  une 
seule  conversion. 

Dans  le  courant  du  mois  de  janvier,  l'abbé  du  Chayla  commença  une 
tournée  d'inspection  à  travers  les  paroisses  des  hautes  Cévennes  où  il  reconnut 
les  dispositions  les  plus  hostiles.  Les  assemblées  s'y  multipliaient,  les  prédi- 
cants  ne  cessaient  d'entretenir  l'espérance  d'événements  prochains  qui  devaient 
rendre  aux  protestants  la  liberté  de  leur  culte.  Ces  prédictions  prenaient  sou- 
vent une  forme  naïve  ou  merveilleuse.  Tantôt,  on  taisait  croire  k  ces  pauvres 
gens  que  Dieu  allait  susciter  en  France  quarante  mille  prophètes  ou  prophé- 
tesses  pour  affranchir  son  peuple,  ou  l'on  annonçait  l'avènement  d'un  puis- 
sant prince  qui  écraserait  les  persécuteurs;  tantôt,  on  racontait,  au  milieu 
des  larmes  &  des  sanglots  de  la  foule,  qu'un  dragon  de  feu  s'apprêtait  k 
punir  la  tiédeur  des  fidèles  8<.  leur  inassiduité  aux  assemblées,  ou  qu'un  beau 
temple  de  marbre  blanc  relevé  de  filets  d'or,  tombant  du  ciel  au  milieu  du 
vallon  de  Saint-Privat,  devait  remplacer,  pour  la  consolation  des  Cévennes, 
les  édifices  démolis  en  vertu  de  l'édit  de  révocation. 

L'abbé  du  Chayla  se  tenait  en  rapports  constants  avec  l'intendance  &  lui 
dénonçait  les  infractions  qu'il  découvrait  chaque  jour  parmi  les  nouveaux 
convertis i  prêches,  baptêmes  8<.  mariages  au  désert,  refus  des  sacrements, 
résistance  aux  ordres  du  roi,  qui  rendaient  l'enseignement  catholique  obliga- 
toire, tentatives  d'émigration.  Sur  les  avis  de  l'inspecteur  ecclésiastique,  le, 
subdélégué  de  l'intendant  dressait  des  procédures  contre  les  prévenus  &  fai- 
sait opérer  des  arrestations  par  les  soldats  attachés  k  sa  personne. 

Ces  perquisitions  rigoureuses,  plus  conformes  k  l'office  d'un  grand  prévôt 
qu'à  celui  d'un  prêtre,  ne  tardèrent  pas  d'exciter  une  vive  explosion  de  haine 
dans  la  montagne.  Parmi  les  punitions  que  Bâville  infligeait  aux  condam- 
nés, l'incorporation  dans  les  compagnies  de  nouvelle  levée  qui  se  formaient 
k  Montpellier  pour  être  envoyées  k  la  frontière,  n'était  pas  une  des  moins 
odieuses  k  la  population  cévenole,  vaillante  sans  doute,  mais  attachée  au 
sol  natal,  S<  peu  jalouse  d'aller  grossir  les  armées  d'un  prince  ennemi  de 
l'Évangile. 

L'abbé  avait  appelé  auprès  de  lui  plusieurs  auxiliaires  entre  lesquels  il 
partageait  les  travaux  de  la  prédication.  Les  abbés  Comte  &  Boulet,  prêtres 
missionnaires,  S<  deux  pères  capucins,  faisaient  partie  de  l'expédition,  rece- 
vant leur  direction  de  l'archiprêtre,  &  se  dispersant  dans  les  paroisses  qu'il 
leur  assignait. 

Cette  compagnie  opéra  pendant  les  mois  de  mars  &  d'avril,  dans  les  con- 
tre-forts accidentés  que  sillonnent  le  Gardon  de  Saint-Jean  Si  le  Gardon  de 
Mialet.  Les  églises  de  Saint-Roman  Si  de  Moissac  entendirent  les  premiers 
sermons;  mais  le  fruit  en  fut  médiocre.  Si  dans  les  assemblées  protestantes 


l'JOl, 


738  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

qui  se  réunirent  à  peu  de  distance  du  champ  de  la  mission,  la  dureté  de 
l'abbé  du  Chayla  servit  de  thème  à  l'éloquence  passionnée  des  prophètes. 

Il  paraît  que  des  projets  d'embuscade  furent  alors  agités.  Du  moins,  un 
bourgeois  du  pays  avertit  secrètement  le  père  Louvreleuil,  doctrinaire,  curé 
de  Saint-Germain  de  Calberte,  que  la  vie  de  l'archiprêtre  était  menacée. 
L'abbé  du  Chayla  ne  tint  pas  compte  des  avertissements  de  son  confrère. 

Aux  fêtes  de  Pâques,  les  églises  furent  désertes;  les  curés  comptèrent  moitié 
moins  de  communions  que  l'année  précédente. 

En  même  temps,  l'esprit  violent  du  seizième  siècle  se  réveillait,  Se  la  pas- 
sion iconoclaste  répondait  aux  plantements  de  crucifix.  Dans  le  village  de  la 
Melouze,  qui  est  au  bas  d'un  des  derniers  rameaux  du  Bougés,  un  dimanche 
matin,  le  prieur  se  rendant  à  son  église  aperçut  un  chien  mort  cloué  sur  la 
croix  du  cimetière.  Plainte  en  fut  portée  à  l'abbé  du  Chayla,  qui  prescrivit 
des  poursuites  &  ordonna  une  réparation  publique  du  sacrilège.  Il  alla 
ensuite  continvier  sa  mission  dans  la  vallée  profonde  qui  sépare  les  éperons 
de  l'Aigoual  du  Causse  Méjan.  La  paroisse  de  Vébron,  située  au  milieu  de 
ce  fossé  où  le  Tarnon  serpente  entre  des  montagnes  surélevées  de  cinq  cents 
mètres,  fut,  pendant  les  mois  de  mai  Si  de  juin,  le  quartier  général  des  mis- 
sionnaires. De  là,  ils  descendirent  à  Florac  pour  tourner  le  massif  du  Bougés 
Si  remonter  le  long  du  Tarn. 

Au  sortir  des  gorges  de  Malpertus,  où  il  prend  sa  source,  le  Tarn  s'engage 
dans  une  vallée  tortueuse  Si  profonde  que  dominent  d'un  côté  les  croupes 
granitiques  de  la  montagne  de  Lozère,  Si  de  l'autre,  les  pentes  boisées  de 
la  chaîne  du  Bougés.  Le  premier  bourg  que  rencontre  la  rivière  dans  ces 
régions  agrestes  s'appelle  Pont-de-Montvert  ;  il  est  situé  dans  une  sorte  de 
carrefour  où  descendent  face  à  face,  par  deux  torrents,  les  eaux  des  cimes 
voisines.  Si  il  emprunte  son  nom  à  l'arche  de  pierre  qui  porte  une  ancienne 
route  de  montagne,  conduisant  d'Alais  à  Mende  à  travers  les  Cévennes  Si 
formant  la  communication  la  plus  directe  entre  le  bas  Languedoc  Si  le 
Gévaudan. 

Ce  fut  dans  ce  réduit,  dont  le  fond  a  près  de  neuf  cents  mètres  d'altitude 
Si  demeure  pourtant  comme  enfoui  entre  les  hauts  sommets  latéraux,  que 
l'abbé  du  Chayla  passa  le  dernier  mois  de  sa  mission.  Il  occupait  la  maison 
d'un  zélé  protestant  nommé  d'André,  qui  avait  perdu  la  vie  pour  sa  religion. 
Depuis  l'arrivée  des  missionnaires,  le  rez-de-chaussée  de  cette  maison  était 
transformé  en  prison  Si  en  chapelle;  la  chapelle  servait  aux  abjurations.  Si  la 
prison  était  un  lieu  de  dépôt  pour  les  prévenus  que  l'on  expédiait  ensuite  à 
l'intendance.  Deux  soldats  avaient  la  garde  des  prisonniers. 

Dans  les  premiers  jours  du  mois  de  juillet,  une  compagnie  de  milice  bour- 
geoise qui  battait  le  pays,  sous  le  commandement  du  capitaine  d'Escalier, 
arrêta  un  guide  Si  sept  émigrants.  Ce  guide,  nommé  Massip,  avait  fait  plu- 
sieurs fois  le  voyage  de  Genève  Si  connaissait  les  routes  les  plus  secrètes  pour 
gagner  la  frontière.  On  sait  de  quelles  peines  terribles  les  or<lonnances  de 
Louis  XIV  frappaient  quiconque  favorisait  l'émigration  des  nouveaux  con- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  789 

vertis.  Les  miliciens  amenèrent  leur  capture  à  l'archiprêtre  qui  fit  enfermer 
les  fugitifs  Se  le  guide  dans  la  salle  basse  de  sa  maison.  Afin  de  se  dispenser 
d'une  garde  trop  nombreuse,  tous  les  prévenus  turent  entravés  par  les  pieds, 
au  moyen  de  deux  pièces  de  bois  entaillées  Se  réunies  que  l'on  appelait  ceps. 
Cet  appareil  empêchait  les  prisonniers  de  faire  un  seul  pas  Se  ne  leur  per- 
mettait pas  non  plus  de  se  coucher'.  Au  nombre  de  ces  malheureux  se  trou- 
vaient, travesties  en  homme  pour  le  voyage,  trois  jeunes  filles  appartenant  à 
la  famille  Sexti,  de  Moissac,  petite  paroisse  cachée  dans  la  vallée  du  Gardon 
de  Saint-Jean. 

Cette  arrestation  fit  beaucoup  de  bruit  dans  la  contrée.  On  racontait  que 
l'abbé  donnait  chaque  jour  les  étrivières  à  ses  captifs;  à  supposer  que  l'ima- 
gination du  peuple,  très-excitée  contre  l'archiprêtre  des  Cévennes",  lui 
attribuât  gratuitement  ces  actes  de  cruauté,  des  faits  d'une  nature  positive 
Se  indubitable  justifiaient  les  plus  douloureuses  appréhensions.  Personne 
n'ignorait  qu'une  ordonnance  de  l'intendant,  proclamée  à  son  de  trompe 
dans  toutes  les  villes  de  la  Province,  avait  promis  trente  louis  d'or  à  ceux  qui 
livreraient  des  guides  8c  la  peine  de  mort  sans  rémission  à  ceux  qui  facilite- 
raient la  retraite  des  nouveaux  convertis  hors  du  royaume,  soit  en  les  con- 
duisant eux-mêmes,  soit  en  leur  indiquant  des  routes  ou  des  guides  pour  les 
faire  sortir^.  L'arrivée  du  subdélégué  Le  Blanc  qui  avait  été  mandé  pour 
dresser  la  procédure  criminelle  laissait  prévoir  l'issue  de  l'affaire.  On  fit  des 
démarches  pressantes  auprès  de  l'abbé  en  faveur  des  prévenus,  on  lui  offrit 
même  de  fortes  sommes  pour  leur  rançon;  il  se  montra  inflexible. 

Sur  ces  entrefaites,  eut  lieu  la  foire  de  Barre,  qui  se  tenait  le  22  juillet,  81 
qui  était  une  occasion  de  rassemblement  pour  les  montagnards  du  canton. 
Le  cas  des  prisonniers  du  Pont-de-Montvert  fit  l'objet  de  toutes  les  conver- 
sations, 8t  l'on  y  agita  les  premiers  projets  d'enlèvement.  Le  lendemain, 
dimanche,  une  assemblée  fut  tenue,  dans  la  paroisse  Saint-Maurice  de  Vcn- 
talon,  sur  les  plateaux  désolés  du  Bougés.  C'est  une  montagne  considérable, 
qui  s'élève  à  l'est  de  Florac,  formant  un  des  pitons  des  Cévennes,  Se  qui 
envoie  ses  eaux,  d'un  côté  vers  l'Océan  par  le  Mimente  81  le  Tarn,  de  l'autre 
vers  la  Méditerranée  par  le  Gardon.  La  hauteur  des  sommets  varie  de  treize 
à  quatorze  cents  mètres,  81  quelques  bouquets  de  bois  tapissent  les  combes, 

■  Le  père  Louvreleuil,  curé  de  Saint-Germain  gens  à  coups  de  bâton,  enfermé  une  fille  dans  une 

de    Calberte,    auteur    du    Fanatisme    renouvelé,   8c  espèce  d'étui    qui    tournait   >ur  deux    pivots  avec 

témoin    peu    suspect,   avoue    l'existence   des    ceps  une  extrême  rapidité,  jusqu'il  faire  perdre  la   rc>- 

dans  les  termes  suivants  :  «  Six   prisonniers  qu'il  piration,  fustigé  un  enfant  jusqu'au  sang,  mutilé 

tenait  dans  les  ceps  (instrument  fait  de  deux  piè-  son    frère,  &  l'on  prétendait  qu'il   arrachait   lui- 

ces  de  bois  entaillées).  »  Le  comte  de  Peyre,  dans  même,  avec  une  pince,  les  poils  de  In  barbe  à  cer- 

son  rapport  à  Chamillart,  attribue  l'invention  du  tains  prisonniers,  dont  il   brûlait  les  doigts  après 

procédé   à    l'abbé   du    Cbayla  :  ii  II   avoit   inventé  les  avoir  enduits  de  graisse  '. 

un   supplice  qu'il   leur  faisoit  souffrir,  leur  met-  ^  iious  puhlïom  avit.  Piices  justificatives,  n.ï)W, 

tant  les  pieds  au  milieu  d'un   gros  poutre  qui  les  col.  i38o,  le  texte  de  cette  ordonnance,  datée  de 

obligeoit  k  dormir   debout.  »  —  Voir  aux  Pièces  Nimes  le  i5  décembre  1687. 

just.ficatiyes.  n.  DXCVII,  col.  1 582.     ^          _  .  (-^^^  ^^  g^^u^   „,,,^,.^^  ^^,  ,^^„j,^^  ^^^  cévenstf, 

'  On  accusait  l'abbé  d'avoir  assommé  des  jeunes  liv.  i,  p.  33. 


1702 


i-joi 


740  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Là  s'étaient  donné  rendez-vous  quelques-uns  des  plus  sauvages  habitants  de 
la  Lozère,  de  l'Argoual  8c  de  l'Espérou.  La  proposition  d'affranchir  les  pri- 
sonniers à  main  armée  y  fut  débattue.  Quelques-uns  de  leurs  parents  s  y 
trouvaient  &  suppliaient  les  assistants  de  tenter  l'aventure.  Un  particulier, 
revenant  de  la  foire  de  Barre,  déclara  que  l'abbé  du  Chayla,  qui  s'y  était 
rendu,  avait  annoncé  l'exécution  immédiate  du  guide,  aussitôt  après  son 
propre  retour  au  Pont-de-Montvert. 

Les  esprits  étaient  fort  ébranlés  par  ces  divers  propos,  lorsque  les  prophètes 
se  mirent  en  scène.  Pierre- Esprit  Séguier,  Salomon  Couderc,  Abraham 
Mazel,  qui  jouaient  un  grand  rôle  dans  ces  réunions,  comme  médiateurs 
entre  le  ciel  &  la  terre  Se  correspondants  habituels  du  Saint-Esprit,  manifes- 
tèrent l'inspiration  d'en  haut  qui  leur  ordonnait  d'affranchir  les  prisonniers. 
Parmi  les  auditeurs,  se  trouvaient  plusieurs  échappés  des  ceps,  animés  contre 
l'archiprêtre  d'un  sentiment  de  haine  &  de  vengeance  personnelle,  &  aussi 
quelques  jeunes  gens,  recrutés  de  force  pour  les  compagnies  de  nouvelles 
levées,  qui  étaient  parvenus  à  déserter  en  emportant  leurs  armes. 

Le  lendemain,  quarante  à  cinquante  hommes,  armés  de  faux,  d'épées,  de 
vieilles  hallebardes,  héritage  des  guerres  civiles,  quelques-uns,  portant  des 
fusils  8t  des  pistolets,  s'assemblèrent  à  la  nuit  tombante,  à  l'entrée  de  la  forêt 
d'Altefage,  dont  les  masses  obscures  couronnent  la  plus  haute  cime  du  Bougés 
&  dominent  le  village  de  Grizac,  berceau  du  pape  Urbain  V.  La  prière  fut 
faite  en  commun,  8t  des  exhortations  bibliques  rappelèrent  aux  partisans  le 
souvenir  des  entreprises  audacieuses  que  les  livres  saints  ont  célébrées.  Vers 
neuf  heures  du  soir,  la  petite  colonne,  qui  avait  dépêché  huit  hommes  en 
avant-garde,  commença  de  descendre  les  pentes  vers  le  village,  où  elle  pénétra 
au  cri  de  «  tue!  tue!  »  &  au  bruit  des  coups  de  feu.  En  quelques  instants, 
la  maison  de  l'archiprêtre  fut  investie.  Les  insurgés  qui  avaient,  dit-on, 
entonné  un  psaume  8t  sommé  bruyamment  les  bourgeois  d'avoir  à  se  tenir 
clos  en  leurs  logis  &  de  ne  point  se  présenter  aux  fenêtres  sous  peine  de 
mort,  heurtent  à  la  porte  &  demandent  la  liberté  des  captits.  Un  des  soldats 
qui  habitaient  la  maison,  déchargea  son  fusil  sur  les  assaillants  :  la  porte  fut 
enfoncée  à  coups  de  hache;  l'abbé  du  Chayla,  fuyant  de  chambre  en  chambre, 
alla  s'enfermer  dans  un  cabinet  voûté  de  l'étage  supérieur.  Le  premier  soin 
des  insurgés  fut  de  briser  les  entraves  de  leurs  coreligionnaires  qu'ils  trouvè- 
rent en  tort  mauvais  état,  dans  la  salle  basse,  par  suite  des  brutalités  qu'ils 
avaient  subies.  Le  maître  d'école,  un  ecclésiastique  du  nom  de  Roux,  reçut 
dans  les  reins  un  coup  de  hallebarde  dont  il  mourut.  Comme  les  attroupés 
gravissaient  rapidement  l'escalier  pour  aller  relancer  l'archiprêtre  dans  sa 
retraite,  ses  gens  qu'il  préparait  à  la  mort  tirèreat  sur  eux  &  blessèrent  un 
homme  à  la  joue.  Aussitôt  on  prit  le  parti  de  mettre  le  feu  à  la  maison  :  les 
meubles,  les  bancs  de  la  chapelle,  le  bois  de  chauffage  S<  jusqu'aux  paillasses 
des  soldats  de  garde  furent  amoncelés,  &,  en  peu  de  temps,  la  flamme 
atteignit  81  renversa  la  toiture.  Comme  la  chapelle  avait  été  entièrement 
brûlée  Si  que  la  chaleur  devenait  insupportable,  l'abbé  se  fît  une  corde  des 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  741 

draps  de  son  lit,  Se,  par  une  fenêtre,  se  laissa  glisser  dans  le  jardin  5  mais  il 
tomba  assez  malheureusement  pour  se  casser  la  cuisse  Se  ne  put,  qu'avec 
l'aide  de  son  valet,  se  blottir  dans  une  haie  de  buissons  formant  la  clôture 
du  jardin.  Les  flammes  qui  dévoraient  la  maison  répandaient  partout  de  vives 
lueurs.  On  découvrit  d'abord  le  soldat  qui  s'était  sauvé  par  la  fenêtre  comme 
l'abbé  &  réfugié,  comme  lui,  dans  les  buissons.  La  troupe  ameutée  le  couchait 
en  joue,  quand  le  prophète  Séguier,  au  nom  du  Saint-Esprit,  ordonna  qu'on 
lui  fît  grâce.  Bientôt  après,  on  aperçut  l'archi prêtre.  Les  assaillants  se  ruèrent 
sur  lui  en  criant  :  «  Voilà  le  persécuteur  des  enfans  de  Dieu  !  » 

Alors  commença  une  longue  &  douloureuse  agonie.  Esprit  Séguier  porte  le 
premier  coup  au  blessé,  qui  n'essaie  plus  d'opposer  de  résistance.  Puis  chacun 
frappe  à  son  tour,  accablant  le  malheureux  de  malédictions  8c  d'injures,  8c 
lui  reprochant  tous  les  actes  rigoureux  de  son  apostolat.  Comme  on  le  traitait 
de  damné,  il  répondit  à  ses  assassins  :  «  Si  je  me  suis  damné,  voulez-vous  en 
«   faire  autant?  » 

Bientôt  tout  son  corps  ne  présenta  plus  qu'une  plaie.  Il  avait  reçu,  dit-on, 
cinquante-deux  blessures,  la  plupart  mortelles.  Le  cuisinier,  le  fermier  de  la 
maison  périrent  également.  On  n'épargna  que  le  soldat  8c  le  valet,  d'après 
la  recommandation  des  prisonniers,  qui  avaient  eu,  paraît-il,  à  se  louer  de 
leurs  bons  offices. 

Tandis  que  s'accomplissaient  tous  ces  crimes,  le  subdélégué  de  l'intendant 
8c  son  greffier,  avertis  par  le  chant  des  psaumes  8c  par  la  clarté  de  l'incendie, 
s'étaient  sauvés  à  la  hâte  dans  la  montagne,  tandis  que  les  deux  capucins 
missionnaires,  logés  à  l'autre  extrémité  du  bourg,  allaient  chercher  un  refuge 
au  milieu  des  blés. 

Au  point  du  jour,  les  meurtriers,  enivrés  de  leur  vengeance,  pensèrent  à 
quitter  la  place;  chemin  faisant,  ils  passèrent  à  Frugères,  où  était  l'église 
paroissiale  du  Pont-de-Montvert,  8c  ils  y  mirent  le  feu. 

L'abbé  Reversât,  curé  du  lieu,  essaya  de  leur  échapper  par  la  fuite,  mais 
ils  l'atteignirent  d'un  coup  de  fusil.  On  raconta  qu'on  avait  trouvé  dans  ses 
vêtements  une  lettre  désignant  vingt  de  ses  paroissiens  aux  sévérités  de  l'ar- 
chi prêtre. 

Les  attroupés  gagnèrent  ensuite  une  grange  des  plateaux  supérieurs,  d'où 
ils  purent  voir  l'émotion  qu'avait  produite  dans  le  pays  leur  exploit  nocturne; 
toute  la  milice  du  canton  était  sur  pied,  Se,  commandée  par  le  colonel  Mirai, 
battait  infructueusement  les  taillis.  La  bande  prit  alors  le  parti  de  chercher 
une  retraite  plus  sûre,  8c  s'achemina  vers  les  monts  de  Lozère,  où  une  vaste 
forêt,  connue  sous  le  nom  de  Faux-des-Armes,  lui  promettait  le  mystère  de 
ses  impénétrables  ombrages. 

Le  prieur  de  Saint-Maurice  de  Ventalon,  qui  aperçut  la  troupe  d'assez  loin, 
se  jeta  sur  un  cheval  8c  fut  assez  heureux  pour  s'échapper. 

Le  corps  de  l'abbé  du  Chayla,  traîné  sur  le  pont  du  Tarn  avec  celui  des 
autres  victimes,  fut  relevé  après  la  retraite  des  assassins  8c  recueilli  d'abord 
dans  une  maison.  Il  était  percé  de  plusieurs  coups  de  feu  dans  le  ventre  8c 


1702 


lyoj 


742  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  reins,  &  criblé  de  coups  de  poignard  :  le  poignet  de  la  main  gauche  ne 
tenait  plus  que  par  la  peau,  &  quatre  doigts  de  la  même  main  étaient  à 
demi-coupés  d'un  autre  coup  de  sabre.  La  passion  fanatique  semblait  setre 
acharnée  sur  ce  qui  rappelait  le  caractère  du  prêtre;  on  avait  déchiqueté  sa 
tonsure  comme  à  plaisir  &  ses  lèvres  étaient  percées. 

Un  exprès  ayant  été  envoyé  à  Saint-Germain  de  Calberte,  le  père  Louvre- 
leuil  se  hâta  de  convoquer  tous  les  curés  voisins  pour  faire  à  Tarchiprêtre  de 
pompeuses  funérailles;  les  maires,  les  consuls,  les  principaux  paroissiens  s'y 
rencontrèrent.  Le  corps  fut  apporté  à  découvert  sur  un  brancard,  le  26  juillet, 
jour  de  Sainte-Anne.  Lorsque  l'abbé  Mingaud,  curé  de  Saint-Etienne  de  Val- 
francesque,  qui  était,  avec  le  prieur  de  Baumes,  l'un  des  exécuteurs  testa- 
mentaires, voulut  coiffer  la  tête  du  mort,  il  s'aperçut  qu'on  ne  pouvait  tou- 
cher aux  cheveux  sans  lever  la  peau  du  crâne,  à  peine  maintenue  par  le  sang 
figé.  L'abbé  du  Chayla  fut  exposé  dans  l'église  de  Saint-Germain,  revêtu  de 
ses  habits  sacerdotaux,  ainsi  qu'il  en  avait  exprimé  le  désir  de  son  vivant". 

Le  père  Louvreleuil  prononça  le  panégyrique.  Il  avait  pris  pour  texte  ce 
passage  tiré  du  livre  des  Rois  St  consacré  à  la  mémoire  d'un  officier  de  David 
massacré  en  essayant  de  réprimer  une  rébellion  :  Ama-:^a  conspersus  sanguine 
jacebat  in  média  via.  Après  avoir  énuméré  les  qualités  du  défunt,  l'orateur 
fit  connaître  a  l'assistance  les  dispositions  que  l'on  avait  trouvées  dans  son 
testament. 

L'abbé  du  Chayla  donnait  à  l'église  de  Saint-Germain  sa  chapelle  de  ver- 
meil, estimée  deux  mille  livres;  deux  ornements  complets,  l'un  de  brocart, 
l'autre  de  moire,  qui  en  valaient  mille;  quelques  tableaux  8c  «  diverses  nippes 
«  de  sacristie.  »  Il  léguait  sa  bibliothèque  à  deux  curés  qui  lui  étaient  entiè- 
rement dévoués,  &.  la  moitié  de  sa  maison  au  curé  &  au  vicaire  de  Saint- 
Germain.  Toutes  les  provisions  qui  se  trouvaient  chez  lui  au  jour  de  son 
décès  étaient  destinées  aux  nécessiteux  de  la  paroisse,  St  cinq  cents  écus 
répartis  entre  les  bureaux  de  charité  établis  dans  l'étendue  de  l'archiprêtré 
des  Cévennes,  proportionnellement  au  nombre  des  indigents. 

La  cérémonie  ne  se  termina  qu'à  trois  heures  de  l'après-midi,  &  peu  s'en 
fallut  que  le  cercueil  ne  pût  trouver  place  dans  le  tombeau;  car  la  bande 
insurgée,  avertie  du  rassemblement  des  prêtres,  s'était  mise  en  route  pour  les 
charger.  La  tempête  fut  détournée  par  l'adresse  d'un  homme  de  Saint-Ger- 
main, qui,  ayant  rencontré  les  bandits  sur  sa  route,  parvint  à  leur  faire  croire 
qu'une  troupe  de  bourgeois  bien  armés  &  deux  compagnies  de  milice  escor- 
taient le  convoi  funèbre.  Les  prêtres  se  séparèrent  fort  émus.  En  quittant  le 
curé  de  Saint-Etienne,  auquel  il  avait  servi  de  sous-diacre  dans  le  service, 
l'abbé  Boissonnade,  curé  de  Saint-André  de  Lancize,  disait  à  son  collègue, 

'  Ces  détails  sont   fournis  par  le   prêtre  même  que,  comme  il  m'avoit  souvent  dit  pendant  sa  vie, 

qui  officia  aux  funérailles,  ami   particulier  de  la  &  recommandé'.  » 
victime  :  «  Je  peux  rendre  un  tesraoignage  fidèle  de 

ces  blessures,  puisque  j'ai  eu  l'honneur  de  vestirce  ,  ■,M'"">^"''t  ds  J-abbé  Mmgaud,  curd  de  Saint-Etienne  dt 

,  ■    1      .     .•  1  ■  Valfrancesque,  publii;  par  M.  Gustave  de  Burdm.  Z)ocKm?n/i 

bon  ami  des  habitz  sacerdotaux,  suivant  la  rubn-  historiques  sur  la  province  de  Gévaudan,  \,  p.  3o5. 


LIV.  m.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  7.] 3 

les  larmes  aux  yeux,  qu'il  s'estimerait  heureux  s'il  pouvait  mourir  de  la  mort 
de  son  inspecteur. 

Dix  heures  après,  cet  ecclésiastique,  rentré  dans  sa  paroisse,  qui  était  à 
moitié  chemin  du  Bougés,  entendit  un  grand  tumulte  dans  la  campagne  8c 
gagna  le  haut  du  clocher;  comme  il  se  montrait  imprudemment  pour  observer 
les  attroupés,  il  fut  reconnu  8t  précipité  sur  le  sol.  On  lui  coupa  le  nez  &  la 
mâchoire,  &.  on  lui  déchargea  un  fusil  sur  la  gorge,  dont  il  eut  la  figure 
toute  brûlée;  puis  on  incendia  les  croix  Se  le  mobilier  de  l'église. 

A  cinq  lieues  au  sud  du  Bougés,  sur  le  penchant  d'un  petit  vallon  qui 
décharge  ses  eaux  dans  le  Gardon  de  Mialet,  une  famille  catholique,  de  la 
paroisse  de  Molezon,  habitant  le  château  de  Ladevèze,  donnait  fréquemment 
l'hospitalité  aux  prêtres  du  canton  &  passait  pour  conserver  un  dépôt  d'armes. 
Ce  double  motif  lui  attira  la  visite  des  montagnards  insurgés.  Après  les  crimes 
dont  ils  s'étaient  rendus  coupables,  ils  savaient  n'avoir  plus  de  grâce  à  espérer 
8<.  cherchaient  les  moyens  de  prolonger  leur  défense.  Le  château  fut  investi 
le  28  juillet,  avant  l'aube.  Sommé  de  livrer  tous  les  fusils  qu'il  possédait, 
M.  de  Ladevèze  fit  sonner  le  tocsin  8c  tenta  d'opposer  quelque  résistance. 
Des  coups  de  feu  tirés  sur  les  assaillants  en  tuèrent  un.  Ils  forcèrent  les 
portes,  s'emparèrent  d'une  vingtaine  de  fusils;  £c  tous  les  membres  de  la 
famille  furent  impitoyablement  égorgés.  Il  y  avait  une  vieille  mère,  âgée  de 
plus  de  soixante-dix  ans,  sa  fille  Marthe,  âgée  de  vingt-cinq,  ses  deux  fils, 
qu'on  appelait  MM.  de  Ladevèze  8<.  de  Nougueyrol,  &  un  oncle.  Le  fils  aîné 
fut  assassiné  le  premier,  puis  son  frère,  son  oncle  8c  son  fermier.  La  jeune 
fille,  à  genoux  6c  tout  en  larmes  demanda  vainement  la  vie;  on  l'égorgea 
comme  ses  parents,  sous  les  yeux  de  sa  mère  sur  qui  tombèrent  les  derniers 
coups.  Tous  les  recoins  du  château  furent  explorés  8c  pillés,  on  emporta  la 
vaisselle  d'étain  destinée  à  fondre  des  balles,  8c  la  fumée,  s'élevant  au-dessus 
des  combles  du  château,  révéla  aux  habitants  des  paroisses  voisines  la  tra- 
gédie qui  venait  de  s'accomplir. 

Ces  audacieux  coups  de  main  produisirent  la  terreur  parmi  la  popvilation 
catholique  des  Cévennes.  Dans  tous  les  lieux  isolés,  où  nulle  protection 
n'était  possible,  les  prêtres  prirent  le  parti  de  la  retraite.  Les  uns  se  réfu- 
gièrent dans  le  château  du  marquis  de  Portes,  à  l'est  des  hautes  montagnes, 
entre  le  Gardon  8c  le  Cèze,  les  autres  dans  le  château  de  Saint-André  de 
Valborgne,  au  pied  des  contre-forts  de  l'Aigoual.  Les  bourgeois  de  Saint-Ger- 
main de  Calberte  supplièrent  le  père  Louvreleuil,  leur  curé,  de  se  retirer 
en  lieu  sûr,  n'ayant  pas  assez  d'armes  ni  de  munitions  pour  tenir  tête  aux 
fanatiques,  81  comprenant  bien  que  la  qualité  de  prêtre  était  une  désignation 
naturelle  à  leurs  vengeances.  L'abbé  alla  s'enfermer  dans  la  ville  d'Alais,  où 
plusieurs  autres  ecclésiastiques  cévenols  avaient  également  cherché  asile,  8c 
où  le  juge  8c  le  subdélégué  de  l'intendance  pourvurent  à  leur  sécurité. 

Des  appels  pressants  avaient  été  donnés  à  Montpellier.  Le  comte  de  Bro- 
glie  résolut  de  se  transporter  en  personne  sur  les  lieux  8c  fixa  son  départ  au 
28  juillet.  Ignorant  encore  la  force  8c  la  composition  de  la  troupe  qui  rem- 


1 702 


IJOZ 


744  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

plissait  la  montagne  du  bruit  de  ses  entreprises,  il  déplorait  amèrement  l'in- 
suffisance de  l'effectif  dont  il  pouvait  disposer.  La  connivence  des  habitants 
du  Pont-de-Montvert  lui  semblait  probable,  &.  il  attribuait  la  même  compli- 
cité à  tous  les  protestants  des  Cévennes.  Pour  maintenir  la  paix  dans  un 
vaste  territoire,  horriblement  accidenté  &  d'un  accès  difficile,  le  commandant 
en  chef  n'avait  sous  la  main  que  huit  compagnies  de  fusiliers,  forte  chacune 
de  trente  hommes j  deux  cent  quarante  hommes  en  tout  pour  contenir  le 
pays,  depuis  les  causses  du  Rouergue  jusqu'à  la  vallée  du  Rhône.  Au  moment 
de  se  mettre  en  route,  Broglie  dépeignait  au  ministre,  en  termes  fort  vifs,  la 
mauvaise  composition  des  compagnies  de  nouvelles  levées  qui  venaient  d'être 
faites  dans  la  Province  :  pas  un  homme  acceptable,  «  des  figures  de  Callot, 
<c  &.  encore  plus  monstrueuses;  »  on  avait  ramassé  tous  les  gueux  qui  s'étaient 
pu  rencontrer  sur  le  chemin  des  recruteurs'.  Le  commandant  oubliait  que 
la  prolongation  de  guerres  sans  fin  Si  l'épuisement  du  pays  rendaient  trop 
aisément  raison  d'un  aussi  triste  état  militaire. 

Broglie  partit  de  Montpellier  avec  deux  compagnies  seulement  de  fusiliers; 
il  en  rallia  deux  autres  sur  sa  route  Si  fit  mettre  en  marche  diverses  milices 
bourgeoises  qui  étaient  à  portée.  Le  trajet  de  Montpellier  au  Pont-de-Mont- 
vert s'effectua  rapidement.  Broglie  passa  le  29  juillet  à  Saint-Germain  de 
Calberte  Si  arrivait  sur  le  théâtre  du  premier  crime,  le  3o  juillet,  à  six  heures 
du  matin.  A  la  nouvelle  de  son  approche,  les  habitants  du  bourg  s'étaient 
portés  à  sa  rencontre  avec  leurs  enfants  Si  leurs  femmes.  Si  se  jetèrent  à  ses 
pieds  en  protestant  de  leur  innocence.  Les  deux  missionnaires  qui  étaient 
restés  cachés  dans  les  blés,  le  subdélégué  de  l'intendance  81  son  secrétaire, 
appuyèrent  ces  protestations  de  leurs  témoignages  Si  désarmèrent  les  préven- 
tions du  commandant. 

Broglie  paraît  alors  avoir  cru  que  les  événements  du  24  au  28  étaient 
l'œuvre  d'une  troupe  de  bandits  sans  consistance,  désavoués  par  les  popula- 
tions environnantes.  Se  il  se  préoccupa  de  calmer  les  alarmes  des  catholiques^. 

Au  premier  bruit  de  la  catastrophe,  le  comte  de  Peyre,  l'un  des  lieutenants 
généraux  de  Languedoc^,  qui  habitait  le  château  de  la  Baume,  en  Gévaudan, 
s'était  hâté  de  ramasser  une  troupe  de  cent  cavaliers  Si  de  deux  cents  fantas- 
sins dans  les  quartiers  de  Marvéjols,  la  Canourgue,  Chirac  S<.  Serverette,  Si 
s'était  dirigé  sur  la  Lozère.  Hyacinthe  de  Langiade,  seigneur  de  Saint-Paul, 
frère  de  l'archiprêtre.  Si  son  neveu,  le  marquis  du  Chayla,  étaient  arrivés 
de  leur  côté  avec  quatre-vingts  cavaliers  rassemblés  à  Saugues  ou  dans  leurs 
terres;  le  comte  de  Morangiès  amenait  deux  compagnies  de  cavalerie  levées  à 
Saint-Auban  Si  au  Maizieu,  81  enfin  la  ville  de  Mende,  par  les  ordres  de  son 
évêque  Si  seigneur  messire  François-Placide  de  Baudry  de  Piencourt,  avait 

■  Pièces  justificatives,  n.  DXCI,  col.   1564.  coseigneiir  avec   le   roi   de   la  ville  de  Marvéjols, 

"  Pièces  justificatives,  n.  D\Clll,  col.   iSyi.  ancien   premier  chambellan   de  Gaston   d'Orléaas, 

'  César  de  Grolée  Virville,  comte  de   Peyre,  ba-  lieutenant-général  pour  le  roi  en  Languedoc,  avait 

ron  de  Montbreton,  Burzet,  Marchastel,  seigneur  fait  l'ouverture  des  États  de  la  Province  le  3i  août 

de   la    Baume,  le  Vivier,   Baldasse   &   Beauregard,  1701,  en  qualité  de  premier  commissaire  royal. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  746 

fait  marclier  sa  noblesse  à  la  tête  de  trois  compagnies  d'intanterie  de  cin- 
quante hommes. 

Le  comte  de  Peyre  fit  une  course  infructueuse  sur  les  pentes  de  la  Lozère 
à  la  poursuite  des  bandits  8c  retourna  coucher  au  Pont-de-Montvert,  où  se 
concentrèrent  les  divers  contingents  amenés  par  les  gentilshommes. 

Broglie  fut  médiocrement  satisfait  de  l'arrivée  de  ces  renforts.  Habitué  à  ne 
compter  que  sur  des  troupes  réglées,  il  appréciait  peu  le  concours  du  ban 
féodal,  S<.  la  présence  de  plusieurs  parents  de  la  principale  victime  à  la  tête 
des  forces  lui  inspirait  plutôt  des  inquiétudes.  Chose  étrange!  Ce  lieutenant 
général  qui  appliquait  avec  tant  de  rigueur  les  plus  cruelles  ordonnances 
contre  les  réformés,  avait  à  cœur  de  ne  pas  voir  l'affaire  des  Cévennes  dégé- 
nérer en  guerre  de  religion;  il  voulait  laisser  aux  faits  le  caractère  d'actes  de 
banditisme  local,  &,  en  évitant  les  démonstrations  à  grand  effet,  calmer 
l'épouvante  qui  s'était  répandue  à  vingt  lieues  à  la  ronde,  dans  toute  la  con- 
trée. Aussi,  après  avoir  dépêché,  de  Barre,  le  major  de  Saint-Hippolyte  au 
comte  de  Peyre  pour  sonder  ses  dispositions,  il  le  remercia  le  lendemain  de 
sa  bonne  volonté,  dès  son  arrivée  au  Pont-de-Montvert,  Se  le  pria  de  faire 
retirer  tout  son  monde,  n'ayant  besoin  de  personne  pour  réprimer  une 
révolte  qui  n'existait  pas,  8c  se  promettant  de  rentrer  à  Montpellier  dès  le 
lendemain. 

Le  comte  de  Peyre,  s'apercevant  que  son  initiative  avait  été  mal  vue  8c  ne 
voulant  donner  lieu  à  aucun  conflit,  eut  soin  de  faire  camper  ses  gardes  dans 
une  prairie,  avec  défense  de  se  présenter  8c  ne  souffrit  point  de  sentinelle  à 
sa  porte.  11  battit  en  retraite  le  lendemain  avec  sa  troupe,  sans  pouvoir  lui 
trouver  des  vivres,  le  commandant  en  chef  ayant  défendu  aux  consuls  d'en 
délivrer,  même  à  prix  d'argent'. 

Pendant  trois  jours  le  commandant  en  chef  8c  sa  petite  troupe  ne  cessèrent 


'  Cet    épisode    de    l'intervention    du    comte    de  les  devoir  congédier  &.  renvoyer  chez  eux  des  gent 

Peyre  présente  des   particularités  assez  curieuses.  qui  y  étoient   nécessaires  &  doi^t  il  n'avoit  plus 

Voici  ce  qu'en   dit  Brueys  :  «  M.  de  Broglie,  qui  besoin. 

par  la   raison   que   nous   avons    déjà   dite,  croyoit  " Il  y  eut  des  gens  qui,  quelque  temps  après, 

dangereux  de  trop  allarmer  le   pays,  fut  extrême-  blâmèrent    M.    de    Broglie    de    s'être    privé    de    ce 

ment  surpris,  à  son   retour  de  Sanit-Germain,  de  secours;  mais,  quoi   qu'on   ait  pu  dire,  il  est  cer- 

trouver    au    Pont-de-Montvert    M.    le    comte    de  tain  que  la  prudence  voiiloit  alors  qu'on  renvoyit 

Peyre,    lieutenant    général    de    la    Province,  avec  des  gens  qui  étoient  à  charge  au  pays,  &  qui  par 

toute  la    noblesse  de  ces  cantons,  à  la    tête  d'une  leur   nombre    répandoient  dans    la    Province   une 

petite  armée  de  deux  mille  hommes,  dont  la  ma r-  image  de   guerre  civile,  que   les  malintentionnés 

che    pouvoit    avoir   contribué    à   faire    cacher    les  rcgardoient  avec  plaisir  dans  le  cœur  du  royaume, 

révoltés;  mais    qui,   pourtant,  quoiqu'ils  eussent  tandis    que    les     armées     étoient    aux    mains    au 

accouru   au    secours   avec   toute  la   diligence   pos-  dehors'.  » 

sible,   n'étoient   arrivés   que    dans    le   temps   qu'il  On  trouvera  aux  Pièces  yujtj/îcaliVej,  n.  DXCIV, 

n'y  avoit  plus  d'ennemis  en  campagne.  col.   1 574,  une  interprétation  différente  du   même 

1  On  étoit  alors  dans  le  fort  de  la  moisson;  la  fait  &  une  expression  assez  vive  du  mécontente- 
plupart  de  ces  troupes  en  avoient  été  tirées;  elles  ment  éprouvé  par  le  comte  de  Peyre,  jaloux  d'ac- 
étoient  absolument  inutiles,  &  foulaient  les  lieux  quérir  des  titres  personnels  à  la   bienveillance  du 
oii    elles    passoient;    ainsi    M.   de    Broglie,  après  roi. 
avoir  remercié  ceux  qui  les  avoient  amenées,  crut  ■  Hhtoire  du  fanatisme  de  notre  temps,  l.  p  207. 


1702 


lyoi 


746  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  battre  le  pays  dans  tous  les  sens,  touillant  les  bois,  parcourant  les  gorges 
les  plus  affreuses.  Ils  ne  rencontrèrent  personne  :  on  eût  dit  que  les  bandits 
étaient  rentrés  sous  terre.  En  réalité,  les  habitants  de  la  montagne,  exaspérés 
par  les  traitements  rigoureux  qu'on  leur  infligeait  pour  cause  de  religion, 
loin  de  faciliter  les  perquisitions  du  comte  de  Broglie,  faisaient  passer  des 
avis  secrets  aux  révoltés  81  les  avertissaient  de  l'approche  des  fusiliers. 

Une  compagnie  qui  avait  été  envoyée  faire  une  battue  dans  la  vallée  du 
Tarnon  fut  plus  heureuse.  Elle  était  commandée  par  un  hardi  capitaine  du 
nom  de  Poul,  originaire  de  Villedubert  au  diocèse  de  Carcassonne,  vétéran 
des  guerres  de  Piémont,  d'Allemagne  &  de  Hongrie.  Ce  personnage,  a  qui 
sa  voix  rauque,  sa  mine  guerrière,  son  grand  sabre  d'Arménie,  son  adresse 
à  monter  un  cheval  d'Espagne,  &  la  rumeur  d'exploits  légendaires  contre 
les  Barbets  donnaient  une  autorité  singulière  sur  ses  hommes,  parvint  à 
rejoindre,  non  loin  de  Barre,  une  petite  troupe  qui  occupait  le  plateau  de 
Fontmorte,  hauteur  isolée,  entre  deux  vallons,  sur  la  route  de  Saint- 
Germain  de  Calberte.  Poul  essuya  le  premier  feu,  puis  chargea  vivement, 
au  son  du  tambour,  St  sabra  les  fugitifs  qui  se  dispersèrent  dans  les  bois, 
laissant  quelques  blessés  sur  la  place  8c  un  certain  nombre  de  prisonniers. 
Parmi  eux  se  trouvait  l'un  des  prophètes,  Pierre  Séguier,  qu'un  soldat  de 
Florac  venait  de  découvrir,  blotti  dans  les  genêts.  Poul  se  chargea  de  l'es- 
corter lui-même  à  Florac,  avec  ses  complices,  8c  comme,  chemin  faisant,  il 
lui  demandait  :  «  Eh  bien,  malheureux,  comment  t'attends-tu  d'être  traité?» 
—  «  Comme  je  t'aurais  traité  toi-même,  si  je  t'avois  pris,  »  repartit  le  mon- 
tagnard. 

Ce  Pierre  Séguier,  que  l'on  surnommait  Esprit,  avait  alors  cinquante  ans  : 
c'était  un  ancien  cardeur,  du  hameau  de  Magistavols,  petit  groupe  de  mai- 
sons suspendu  aux  flancs  d'un  mamelon  élevé,  à  gauche  du  Mimente,  dans 
la  paroisse  de  Cassagnas.  On  le  reconnaissait  à  sa  physionomie  sauvage,  à 
son  corps  long  Se  maigre,  à  son  visage  noir  &  à  sa  mâchoire  édentée.  S'il  faut 
en  croire  le  père  Louvreleuil,  ce  premier  chef  des  Cévenols  avait  été  con- 
damné à  la"  potence,  dans  sa  jeunesse,  pour  viol  d'une  petite  fille,  81  plus 
tard  aux  galères  pour  ses  larcins.  Depuis  un  an,  il  s'était  séparé  de  sa  femme 
8c  courait  le  pays  en  compagnie  d'une  aventurière. 

M.  de  Bâville,  relevant  alors  d'une  grave  maladie,  n'avait  pas  tardé  à 
Suivre  le  comte  de  Broglie  dans  les  Cévennes;  il  établit  son  tribunal  dans 
la  ville  d'Alais,  8c  chargea  une  commission  ambulatoire  du  présidial  de 
Nimes  qui  allait  tenir  ses  assises  à  Marvéjols,  suivant  l'usage  observé  en 
Gévaudan,  de  s'arrêter  à  Florac  pour  y  juger  les  prévenus  qu'on  lui  amè- 
nerait. 

C'est  dans  cette  bourgade,  chef-lieu  d'une  baronnie  appartenant  au  comte 
du  Roure,  que  furent  condamnés  à  mort  les  prisonniers  du  capitaine  Poul. 
Comme  d'habitude,  on  voulut  répartir  les  exécutions  sur  les  divers  points  de 
la  contrée  où  les  crimes  s'étaient  accomplis. 

Séguier   fut   brûlé  vif  au    Pont-de-Montvert,    après   avoir   eu    le    poing 


LIV.   III.  REVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  747 

coupé;  Pierre  Nouvel,  de  Vialas',  périt  sur  la  roue  devant  le  château  de 
Ladevèze,  8c  Moyse  Bonnet,  de  Peyremale^,  que  l'on  regardait  comme  moins 
coupable,  fut  simplement  attaché  à  la  potence,  en  vue  du  clocher  de  Saint- 
André  de  Lancise^. 

Quand  le  capucin  qui  accompagna  le  prophète  au  bûcher  voulut  lui  parler 
de  religion,  Séguier  refusa  de  l'entendre,  8t  lorsqu'on  lui  ordonna,  suivant 
le  style  des  arrêts  criminels,  de  demander  pardon  à  Dieu,  au  roi  Se  à 
justice,  il  retrancha  obstinément  la  justice  &  le  roi,  81  ne  consentit  qu'à 
demander  grâce  à  Dieu. 

Le  comte  de  Broglie,  qui  était  encore  au  Pont-de-Montvert,  le  3  août,  8c 
qui  s'apprêtait  à  regagner  Montpellier,  après  avoir  fait  transférer  à  Mais  une 
quinzaine  de  prisonniers,  prescrivit  quelques  dispositions  militaires  appro- 
priées au  faible  effectif  dont  il  disposait.  Il  mit  une  compagnie  de  fusiliers 
au  Pont-de-Montvert  pour  surveiller  les  gorges  du  Tarn,  la  Lozère  8c  le  ver- 
sant nord  du  Bougés,  une  aux  Ayres  pour  avoir  l'œil  sur  le  flanc  méridional 
de  cette  montagne,  une  au  Collet  de  Dèze  pour  garder  le  vallon  supérieur 
du  Gardon  d'Alais,  une  au  Pompidou  pour  tenir  nettes  les  avenues  de  l'Ay- 
goual,  8c  une  dernière  à  Barre,  afin  de  commander  à  la  fois  les  Cévennes 
centrales  8c  la  longue  vallée  du  Tarnon.  Le  commandement  général  de  ces 
forces  détachées  fut  confié  à  Poul,  dont  l'affaire  de  Fontmorte  avait  augmenté 
le  prestige.  En  même  temps,  des  munitions  8c  des  armes  furent  envoyées  aux 
villages  les  plus  exposés  avec  ordre  de  mettre  sur  pied  les  catholiques,  si  la 
nécessité  l'exigeait,  8c,  comme  l'occupation  des  troupes  dans  la  montagne 
avait  favorisé  la  tenue  d'assemblées  dans  la  plaine  de  Nimes,  quelques  déta- 
chements furent  empruntés  aux  garnisons  de  Nimes,  de  Sommières,  d'Aigues- 
mortes  8c  de  Montpellier,  8c  placés  dans  les  paroisses  de  Calvisson,  de  Cou- 
dognan,  d'Uchau  Se  du  Cayla,  afin  de  contenir  les  populations  protestantes 
de  la  Vaunage  8c  les  bords  du  Vistre.  Broglie  donna  l'inspection  de  toutes 
les  paroisses  situées  entre  Beaucaire,  Saint-Gilles,  Aigues-mortes  8c  le  grand 
chemin  de  Nimes,  à  un  gentilhomme  du  pays,  nommé  M.  de  Saint-Côme, 
sieur  de  Boissières,  qui  avait  des  biens  près  de  Calvisson  8c  de  Saint-Gilles, 
8c  qui  était  colonel  d'un  régiment  de  milice. 

Tandis  que  les  compagnies  de  Poul  battaient  les  Cévennes,  8c  que  la  jus- 
tice prévchale  de  Bâville  fonctionnait  énergiquement,  jugeant  sans  cesse  les 
prisonniers  qu'on  amenait  de  toutes  parts,  M.  de  Saint-Côme  s'acquittait  de 
sa  mission  avec  beaucoup  de  zèle.  Parent  du  comte  de  Calvisson,  gratifié  par 
le  roi  d'une  pension  de  deux  mille  livres,  il  ne  négligeait  rien  pour  se  faire 
bien  venir  de  la  Cour,  Se  exerçait  dans  tous  ses  quartiers  une  surveillance 
impitoyable.  Par  ses  soins,  les  assemblées  de  Saint-Côme,  de  Candiac  8c  des 
Garrigues  de  Vauvert  furent  surprises,  8c  il  avait  opéré  le  désarmement  des 

'  Vialas   est   au    pied    du    massif  sud-est   de    la  tourné   par   le  cours  sinueux  du   Cèze,  au    nord- 
Lozère,    dans    le   vallon    du    ruisseau    de    Luech,  ouest  de  Bességes. 
affluent  du  Cèze.  '  Pièces  justificatives,  n.  DXCVI,  col.   i58i,  & 

'  Peyremale  occupe   un   petit  cap  rocheux  con-  DXCVII,  col.   i582. 


1  702 


1702 


748  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

nouveaux  convertis,  humiliant  &  ruinant  à  la  fois  le  pays  d'Aymargues  k 
Saint-Gilles,  peuplé  de  chasseurs  de  marais. 

Le  dimanche  i3  août,  Saint-Côme,  toujours  préoccupé  de  la  paroisse  de 
Vauvert,  s'y  était  arrêté  en  visitant  les  postes,  81  y  avait  dîné.  11  en  partit  sur 
le  soir,  en  chaise  roulante,  &  fut  suivi  à  pied  de  loin  par  huit  paysans  sans 
armes.  Une  première  halte  qu'il  fit  au  moulin  de  Candiac,  pour  y  semoncer 
le  meunier,  suspect  de  fanatisme,  permit  aux  piétons  de  se  rapprocher,  &, 
quand  il  s'arrêta  une  seconde  fois  pour  une  cause  moins  noble,  ils  prirent 
la  course  &  se  jetèrent  sur  lui,  quatre  d'entre  eux  s'étant  mis  au  devant  de  la 
chaise.  Le  gentilhomme  n'avait  avec  lui  qu'un  laquais  à  cheval  Se  son  cocher, 
qui  ne  purent  faire  de  résistance;  les  paysans  lui  écrasèrent  la  tête  entre  deux 
pierres,  &  prenant  ses  pistolets  dans  sa  chaise,  les  lui  déchargèrent  sur  la 
gorge  à  bout  portant.  Le  cadavre  fut  abandonné  sur  la  route  &  les  assassins 
disparurent  '. 

Ce  nouveau  meurtre,  qui  venait  de  s'accomplir  à  quinze  lieues  des 
Cévennes,  causa  dans  le  pays  grande  émotion  :  des  détacliements  battirent 
la  campagne;  le  prévôt,  le  lieutenant  criminel  se  transportèrent  sur  les  lieux; 
huit  ou  dix  personnes  furent  arrêtées;  on  suspecta  des  jeunes  gens  de  Vau- 
vert 8c  du  Cayla  que  l'on  soupçonnait  animés  de  ressentiments  contre  le 
colonel  des  milices.  On  roua  vif  à  Nimes  un  prophète  du  Cayla,  nommé 
Pierre  Bousanquet,  dont  le  corps  fut  exposé  sur  la  route  de  Montpellier,  mais 
on  ne  mit  la  main  ni  sur  les  frères  David,  du  Cayla,  ni  sur  Rancillon  Si 
Benezet  de  Vauvert,  ni  sur  Boudon  de  Bernis,  ni  sur  Abdias  Morel,  du  Cayla, 
ancien  soldat  revenu  du  service,  qui  avait  rapporté  de  ses  campagnes  le  sobri- 
quet de  Catïnat,  8<.  qui  devait  un  peu  plus  tard,  sous  ce  nom  d'emprunt, 
jouer  un  rôle  considérable  dans  l'histoire  militaire  des  Cévennes. 

On  doit  remarquer,  du  reste,  que  l'attentat  de  Vauvert,  comme  ceux  du 
24  au  28  juillet,  avait  un  caractère  exclusivement  local.  Dans  la  plains  du 
Vistre,  comme  dans  les  gorges  du  Tarn  81  du  Gardon,  c'étaient  des  gens 
du  pays,  à  proximité  de  leur  village,  qui  avaient  assouvi  des  vengeances  par- 
ticulières^. Ce  détail  n'est  pas  indifférent,  parce  qu'il  écarte  la  pensée  d'un 
concert,  qui  ne  s'était  pas  encore  produit,  mais  qui  n'allait  pas  tarder  à 
naître  sous  les  rigueurs  de  la  répression. 

Ces  rigueurs  dépassèrent,  en  effet,  toute  mesure.  Les  arrestations,  les  puni- 
lions  arbitraires,  les  pillages  de  miliciens  ne  cessaient  pas.  Brueys,  écrivain 
catholique  Si  chroniqueur  presque  officiel,  avoue  que  les  exécutions  terribles 
sur  lesquelles  on  avait  compté  n'avançaient  à  rien  :  «  Les  gibets,  les  roues  ni 
n  les  bûchers  »  ne  pouvaient  inspirer  la  sagesse.  «  On  apprit  même,  par  la 
«  suite,  ajoute-t-il,  qu'on  avoit  par  là  irrité  le  mal  au  lieu  de  le  guérir,  ces 
«  furieux  s'allant  mettre  en  tête  qu'ils  étoient  en  droit  d'user  de  représailles 
«  sur  tous  les  catholiques  qui  tomboient  entre  leurs  mains  3.  » 

■  Pièces  justificatives,  n.  DXCVI,  col.   i58r.  —  Voir  Pièces  justificatives,  n.  DXCV,  col.   iSyS. 

'  Après  les  premiers  crimes,  le  comte  de  Broglie  '  Brueys,  Histoire  du  fanatisme  de  notre  temps, 

laisait   lui-même    cette    observation    au    ministre.        I,  p.  jop. 


LIV.   Iir.   REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  749 

Les  perquisitions  &  les  emprisonnements,  qui  jetaient  le  désespoir  dans  les 
familles  protestantes  du  pays,  atteignant  plus  d'une  fois  l'innocent  à  la  place 
du  coupable,  avaient  fait  momentanément  disparaître  de  la  scène  les  auteurs 
des  attentats  que  nous  avons  racontés.  Cachés  dans  les  cavernes  &  dans  les 
bois,  ils  ne  songeaient  qu'à  se  dérober  aux  poursuites  &,  comme  le  calme 
semblait  rétabli  partout,  la  plupart  des  prêtres  réfugiés  dans  les  villes  catho- 
liques allèrent,  sur  l'invitation  expresse  du  comte  de  Broglie,  reprendre  pos- 
session de  leurs  paroisses.  Le  commandant  en  chef  ne  doutait  pas  que  les 
mutins  ne  fussent  désormais  hors  d'état  de  nuire  :  les  précautions  qu'il  venait 
de  prendre  pour  protéger  les  anciens  catholiques  &  les  curés  défiaient  toutes 
les  entreprises;  des  travaux  défensifs  allaient  couvrir  les  abords  des  villages 
les  plus  exposés,  &  les  petites  colonnes  mobiles  qui  ne  cesseraient  de  sillonner 
la  montagne  dans  tous  les  sens  décourageraient  les  malintentionnés  ou  les 
châtieraient'. 

Pendant  que  l'on  vivait  dans  cette  assurance,  la  petite  troupe  de  séditieux 
qui  s'était  formée  sous  les  futaies  d'Altefage  se  recrutait  d'hommes  déterminés 
Si  préparait  de  nouvelles  aventures.  Les  conférences  qui  se  tinrent  alors 
entre  eux,  au  milieu  des  solitudes  les  plus  sauvages,  tendaient,  paraît-il,  à 
une  véritable  prise  d'armes  dont  le  but  avoué  devait  être  de  reconquérir  la 
liberté  de  conscience.  Les  prophètes,  les  inspirés  y  prenaient  la  parole,  8c  l'on 
raconte  qu'Abraham  Mazel ,  s'inspirant  des  formes  bibliques,  vint  y  donner 
l'interprétation  d'un  songe. 

Il  prétendait  avoir  vu  un  beau  jardin  verdoyant  dans  lequel  broutaient 
des  bœufs  noirs,  gros  &  gras.  Une  voix  inconnue  l'avait  sommé  de  mettre 
ces  animaux  en  fuite.  Le  beau  jardin  représentait  l'église,  les  bœufs  noirs, 
le  clergé  qui  la  dévorait,  8c  la  voix,  descendant  du  ciel,  prédisait  qu'Abraham 
était  destiné  à  mettre  en  fuite  ce  troupeau  vorace*.  Parmi  les  habitués  de  ces 
réunions  se  trouvaient  Salomon  Couderc,  Laporte,  de  Brenoux,  ancien  soldat, 
son  neveu  Roland,  qui  avait  été  dragon  Se  qui  avait  acquis  au  service  quelque 
expérience  de  la  guerre,  Se  Castanet,  garde  forestier  de  l'Aygoual,  homme 
énergique  8c  contemplatif,  qui  avait  fait  de  la  théologie  protestante  au  milieu 
des  bois  Se  composé  des  sermons  pendant  ses  longues  heures  de  rêverie  soli- 
taire. Tels  furent  les  premiers  éléments  de  la  révolte  cévenole.  Ceux  qui 
avaient  porté  le  mousquet  dans  les  armées  du  roi  se  firent  les  instructeurs  de 
leurs  camarades,  leur  apprirent  les  formations  régulières,  la  manière  de  se 
garder  Se  de  s'éclairer,  8c  s'efforcèrent  de  donner  une  sorte  d'organisation 
militaire  à  ce  qui  n'avait  été  d'abord  qu'une  bande  désordonnée.  Dès  la  fin 
du  mois  d'août,  Laporte,  qui  semble  avoir  été  le  premier  chef,  se  qualifiait 
de  »  colonel  des  Enfants  de  Dieu  qui  cherchent  la  liberté  de  conscience,  » 
8c  datait  ses  lettres  «  du  camp  de  l'Éternel.  » 

Roland,  qui  avait  de  l'intelligence,  de  la  tournure,  un  air  naturel  de  com- 
mandement 8c  une  intrépidité  froide,  bravant  le  danger  comme  la  fatigue, 

'  Lo'.ivrcleuil,  I,  p.  46.  '  Court  de  Gébelin,  I,  p.  59. 


1702 


17"* 


750  ÉTUDES  IllSTOKIQURS  SUU  l.K  I.AN(;UF.r)(V\ 

l'ocoupii  ilp  rcnulcr  des  hommes,  do  cbdisir  îles  ot'ficieis,  6<  parcourut  secrète- 
ment, de  nuit,  toute»  le»  pamisses,  dans  »iu  circuit  do  sept  h  liuit  lieues,  en 
vue  de  coi\«tituer  une  torte  tnuipe  de  puiiisai\s. 

t^cttc  troupe  ne  tard:»  pas  h  taire  parler  d'elle,  i  i>m->  h.iii[..i;  uu  s  ili  iu.ui- 
g«()lsio  du  ri'j.i;iiuent  du  Ntiral  étaient  allées  taire  une  Imttue  dans  la  vallée 
du  Tarnonj  comme  elle»  «e  repliaient  »ur  KIorac,  emmenant  des  prisonniers, 
\ii\  l>utin  considérable  ik  beaucoup  vie  bétail,  l.aporte  les  nssaillit  au  pont  de 
N'ébron,  lovir  tuu  du  monde,  les  n\it  en  fuite,  délivra  les  prisonnitis  S<  rendit 
nux  prote»tHt\t»  spoliés  le  bétail  Si  les  clïets  t|u'i>n  leur  avait  pris. 

l*ou  de  jours  «près,  h  l'autre  extrémité  du  pavs,  l'église  de  Saint-Haul  de 
Lacoste,  paroisse  limliropbr  d'Aluis,  lut  pillée  par  un  rassen\blement. 

Dans  son  expédition  de  \ebion,  l.apvute  avait  adressé  par  lettre  des  juc- 
naces  do  mort  à  «  ceux  qui  taisoiont  garde  contre  les  Knt'ans  de  Dieu,  •> 
promettant  d'oter  la  vie  «ux  gens  »jui  retiraient  les  prêtres  dans  leurs  mai- 
sons îk  désignant  nominativement  (|\iel(|\ies  personnes  comme  destinées  îi 
périr  sur  le  bi\cbero\i  sur  lu  u>ue', 

Le  9  septembre,  le  mt^me  chef  Ht  donner  nu  sieur  de  C-Rbrlères,  capitaine 
de  fusilicts  commanilant  n\»  (.'ollet  île  Dèie,  tin  taux  avis  d'assemblée.  Ce 
lieu  était  le  seul  des  t.'éveiu\es  dont  le  tentple  n'el^t  |\!is  été  rasé,  parce  que 
la  nmrquiso  d«  l'ortes  en  avait  iJ»tenu  la  conservation  dHt\s  le  dessein  île  le 
trunsfiMmer  en  hôpital.  Lorsque  C«briè>res  se  (m  éloigné  en  quête  de  l'assem- 
blée iii\agitu»ire,  Laporte  entra  au  (.'ollet  ik  fit  prêcher  dans  le  temple.  On 
pilla  la  maison  du  premier  consul,  la  chambre  de  l'ot'ficier  îk  le  presbvtère. 
l)u  milieu  de*  vignes,  (hi  II  s'émit  caché  en  compasjnie  du  prieur  de  Saint- 
Michel,  son  voisin,  le  cvirè  du  Collet  put  cixtendre,  pendant  ut»e  partie  de 
la  nuit,  les  chants  Ôt  les  danseur*  vie  la  bai\de.  A  une  heure  du  matii\,  les 

Kntants  ilc  l^'un  in'av-n.^-ii'iu  t-i  li.iiM,-  m,  vil  11  V  ii(>  n;n  !<>  ,licmîii  Je  ( 'oii-l.n.'- 
Ils  venaient  à  peine  de  se  mettre  en  mnix^he  (|ue  l'alarme  *tait  donnét  h 
«on  lie  caisse  daits  les  rues  vie  Saint-Cîermain.  Poul  y  arriva  pendant  les  p^ 
miers  pit^pai-atits,  avec  niissiv»n  de  raser  la  maisim  vie  deux  tVéres  qui  s'éuiuiu 
ent^Més  pnul  les  rebelles.  Il  mennit  avec  lu»  doute  hommes}  Il  chvMsit  vingt- 
doux  jeunes  gens  vig^ntreux  dv»  bvn>rg,  les  arma  de  fusils,  dépêcha  un  exprés 
au  capitaine  des  Ayns  pv»ur  le  t'ai»^  marcher  sur  le  Collet,  l'y  ralli.n  ainsi  ijxic 
la  Cvuupagt>io  de  t'abriérci  <|ui  y  était  rentrée  S<,  avec  vjuelques  vv>lvMUaitcN, 
se  mit  h  la  pout^utte  des  attroupés. 

.Api^s  deux  hevMVs  de  matvhe,  on  les  atteigi\it  parmi  les  chv^tai^neraies,  sur 
\tt\  plateau  élevé,  entre  les  souives  du  tîaulon  Jk  le  vallon  du  Luecb.  1  et 
Knfants  de  IHeu,  commauvlés  jwtr  I*apot~te,  wcupient  une  petite  hauuui 
dominant  la  plaine  de  Camp-Domergue  {  ils  ouvrîrei^t  le  feu  avec  vij»\»eur. 
Houl  avait  fait  cimcher  ses  hv>mmes  îk  les  abritait  de  son  mieux    '  \< 

arbres^  K's  amiis  i»b<»t;iv-U-i  n.Mfott'Ii.   \iM^^>i  ;»vv>ii  tîiînl'i'  ;i>i<(»  \   ,.  ,  '.^ 


MV.   m.    RKVOCATION   VV.  l/liDIT  ni".  NANTIS.  75» 

iiMiuf^L^'t  se  rcjctiii'ciit  svii'  les  liautcur»  où  l'un  iic  lu^'.i-a  puit  pruiUiu  ilt-  U  ■ 
suivie.  C*i  |)i'cinict  cngugcincnt  n'eut  puiitt  do  làxuliuis  ii|i|ncciul>lcx,  tk  le 
(.hiHVc  lies  pcitc»  lie  part  ix  il'autic  ne  peut  Ctic  ili)',ii)',i'  tlo  ti'iiu>ij',nn).',c!i  lun- 
trailictuirc!!'.  l<o  bruit  cuurut  que  Suluinon  (.>uuik'u  eUiit  ilu  nombre  ilvn 
ntuits,  pai'ini  lcs(|uels  on  lolcvii  une  l'cniiuu  liubilUt  en  hoinino}  lutti»  ce  |>iu- 
ilicant  ilcvait  écliuppcr  aux  bullcit  tk  tromper  penilunt  i|ut(tio  Hniiée»  oneuiu 
lii  vif/ilaïue  ilcs  j^ciis  ilu  toi.  l'n  ^;entilhuiiime  viil(intaiit',ilu  nom  de  Ciibertiii, 
lut  blesse  ilans  le  lombat. 

Hrof'Jio  luconta  au  ministre  qiio  l'on  retrouvait  journellement  ilci  eHiliivrcN 
clans  Icit  bois  tk  (jue,  selon  toute  appareme,  les  attroupé»  n'oxeiaivnti  ilu 
lonj'Itemp»,  se  remettre  ennemblc.  Mais,  ilt-s  ce  moment,  il  appréiialt  le  véri- 
table larailcMe  île  lu  lutte.  On  n'avait  pai»  allairo  h  un  ennemi  permanent  tk 
toujours  sous  les  armes.  Les  baniles  pouvaient  se  lomlre  tk  se  rclormcr  iiipi- 
dément,  étant  composées  d'bommes  du  pavs  (|ui  K-ntniicnt  iber,  eux  luns 
ditiiculté,  ^ràce  Ix  la  l'onnivenec  universelle,  tk  (|ui  se  leliouvuient  tk  l'Iicuiu 
des  coups  de  main.  Des  battues  încesianteH,  diiif'.ées  avec  inielli^'.enco  tk  acti- 
vité, assuraient  seules  lo  moyen  do  neutraliser  leurs  uvanla{,',es|  mais,  observe 
le  lieuteitant  ^^énéral,  ces!  une  espèce  de  miruclu  (|uand  on  peut  les  sur- 
prendre. Tout  le  pays  est  pour  eux'. 

11  fut  bientôt  évident,  par  la  simultanéité  des  attentats  commis  t  d'ussoi 
grandes  distances,  (|ue  plusieurs  bandes  opéraient  ilani  les  Clévvnncs,  suivant 
un  mot  d'ordre  commun.  l'res(|uc  partout,  les  rciiHeii'nemtitls  (|ue  l'on  pou- 
vait obtenir  sur  la  composition  de  ces  baudet,  y  dénoni^uicnt  vin  double  élé» 
ment  ;  des  inconnus,  (|u'une  autorité  sccriilc  avait  dirigés,  (k  des  gens  appar- 
tenant aux  paroisses  mOmcs  où  s'nccom|>lissaicnt  les  violences.  Ainsi  lo  noyau 
de  la  l'orce  insurrectionnelle  était  iiirmé  d'un  ceiialn  nombre  d'aventuriers,  U 
(|ui  les  longues  {^uertes  de  Louis  XIV  avaient  iotirni  l'occasion  d'apprendru 
lo  métier  des  armes  ou  (|ui,  par  l'oxorcice  de  proicssions  pénibles,  forgerons, 
bîkcberons,  braconniers,  se  trouvaient  depuis  longtemps  préparés  aux  lutigucs 
de  la  guerre;  autour  d'eux  venaient  se  f;i(>uper,  au  jour  lu  jour,  des  volon- 
taires d'occasion  empruntés  U  la  population  rurale  de  toutes  les  paroisiei  (|ul 
souffraient  lu  persccuiioit  depuis  i6H5.  C.eux-lti,  victimes,  parents  {.lu  victimes 
ou  témoins  personnels  d(  les  odieuses  prescrites  par  l'iiilcnilance  pour 

rétablir  l'unité  de   loi,  |m  icnt   mpidemenl  les   pelotons  de  giaiuls  cou- 

reurs (|ui  se  hasardaient  sur  leurs  terres  fit  leur  piCtaient  main-furtc  pour 
exercer  des  vengeances  privées, 

Invuriablemeni,  le  piincipal  objet  de  ics   Iuhik  ,,  .im    ..    u.iduisireiii  | 


i.ii 


'  Bnifyi  priftnil  qii*  Iti  man|ii||nnrili  p«rilir*n(  tnnrt  it  inn  d  ii>iii|ili«  K<  il»  diiiimiiUr  m  |<*rli<, 

iint  irtniniit*  <l*  morii  Bi  |itiiii»iiri  hUiili  |   liro-  rninntin   ift  priiprii  muni  Ik   !••  pnrlit  duni   tint 

||li«  pnrU  lit  viiigl-tiN  mcirti)  tt  ioml*  il«  l'tyi*  innlinn   «liumpltri  nb   II   mil   U   tiu,   v  qui    In) 

•  Il  mtniionn*  vii))|i  ou  vii))|i'(:ini|  |  Loiivtfliuil  )iiriiiii  lU  Iti  •iiril<ii*r  à  l'fnnimi '■ 

qninia,   Ik   «itfiii    Court  ilt   (iMolin    nrAriiii  qu'il  '  l'it'tti  }utt\finl'ivn,  \\.  DC.t,  toi.   l'iHO. 
n'y  «Il   iiil  qiK   Iroii  8(  niiiiiiM  ilf   priinKiiiari,  Il 

njoiiU  mémt  qii*   Puni,  iilin  <l>  rtliiiiititr  l'iinpoi  -  '  lllilnlr^  titi  Ituuhlct  iht  Ct'VfHHtt,  I,  p,  7A. 


1701 


ySî  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

une  foule  de  crimes,  était  le  clergé  catholique.  Il  y  avait  à  la  fois,  dans  l'em- 
portement que  l'on  témoignait  contre  ce  clergé  St  contre  les  édifices  religieux 
8t  le  matériel  du  culte,  fanatisme  d'illuminés,  qui  regardaient  les  pratiques 
de  la  religion  romaine  comme  une  idolâtrie  &  croyaient  faire  acte  méritoire 
en  renversant  les  crucifix  Si  les  images  de  la  Vierge,  comme  autrefois  les  pre- 
miers chrétiens  en  brisant  les  statues  de  Jupiter  &  d'Apollon,  St  ressentiment 
d'hommes  aigris,  exaspérés  par  un  régime  contre  nature,  tourmentés  dans 
leurs  croyances,  dans  leurs  traditions  de  famille,  dans  leur  innocente  manie 
pour  les  longues  paraphrases  de  l'Écriture  8c  les  commentaires  des  scènes 
bibliques;  comment  les  notions  du  sens  commun  n'auraient-elles  pas  été 
bouleversées  chez  des  gens  qui  voyaient  chaque  jour  une  disproportion  si 
révoltante  entre  les  fautes  &  les  peines,  le  simple  fait  de  désobéissance  aux 
ordonnances  royales  sur  la  religion  puni  comme  crimes  qualifiés,  des  pères 
de  famille  mis  en  prison  pour  n'avoir  pas  fait  baptiser  leurs  enfants  à  l'église, 
ou  pour  s'être  mariés  au  désert,  d'autres  envoyés  aux  galères  pour  avoir  été 
surpris  dans  les  assemblées?  Louvois  ne  leur  avait-il  pas  enseigné  le  mépris 
de  la  vie  humaine,  quand  il  enjoignait  aux  commandants  en  chef  de  faire 
tirer  sur  les  protestants  réunis  en  plate  campagne  pour  chanter  les  psaumes, 
&  la  fréquence  des  supplices  par  le  feu,  par  la  roue,  par  le  gibet,  n'habituait- 
elle  pas  les  esprits  &  les  yeux  aux  scènes  sanglantes? 

Ces  considérations,  que  l'histoire  impartiale  ne  saurait  négliger,  n'empê- 
chent pas  de  juger  les  réalités  de  la  guerre  des  Cévcnnes  comme  elles  sont  8c 
ne  permettent  pas  plus  d'idéaliser  les  hommes  que  de  transformer  le  caractère 
de  leurs  actes. 

La  cause  de  la  liberté  de  conscience,  que  les  attroupés  cévenols  avaient 
la  prétention  de  servir,  était  grande  8c  belle,  mais  ils  la  servaient  fort  mal; 
ils  ne  faisaient  guère  que  ressusciter  les  horribles  guerres  de  religion  du  sei- 
zième siècle,  Se  leurs  destructions  d'églises  succédant  aux  destructions  de 
temples  menaçaient  d'éterniser  ce  va-8c-vient  de  violences  réciproques  dont 
nos  annales  sont  attristées. 

D'ailleurs,  il  est  toujours  imprudent  de  faire  appel  à  la  force;  une  fois 
déchaînée,  la  sauvagerie  humaine  n'appartient  plus  ni  à  un  parti  politique, 
ni  à  une  opinion  religieuse;  elle  fait,  si  l'on  peut  ainsi  parler,  de  l'art  pour 
l'art,  8c  l'ivresse  du  sang  versé  réveille  la  bête  fauve. 

C'est  une  prétention  puérile  que  de  déguiser,  dans  un  intérêt  de  secte, 
ces  vérités  affligeantes.  Il  n'est  pas  plus  possible  de  nier  les  cruautés  8c  les 
actes  de  banditisme  des  Cévenols,  que  de  fermer  les  yeux  sur  les  actes  de 
barbarie  officielle  inspirés  par  la  politique  religieuse  de  Louis  XIV.  D'au- 
tant plus  que,  de  part  Se  d'autre,  bien  des  mobiles  particuliers  étaient  iden- 
tiques. Pour  un  certain  nombre  de  natures  vraiment  dominées  par  l'obsession 
d'une  foi  ardente,  combien  d'autres  poussées  aux  délations,  aux  violences, 
aux  meurtres,  par  des  causes  d'un  ordre  moins  relevé,  combien  de  ressenti- 
ments individuels,  ou  d'avidités  misérables!  Parmi  les  acteurs  de  ce  triste 
drame,  que  d'hommes  n'eu«ent  été  dignes  de  donner  la  chasse  aux  protcs- 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  ySS 

tants  dans  les  rangs  des  compagnies  franches,  s'ils  ne  l'avaient  pas  donnée 
aux  catholiques  dans  les  rangs  des  montagnards  attroupés! 

Les  historiens  d'imagination,  qui  ne  craignent  pas  de  plier  les  faits  à  leurs 
rêves,  ont  l'art  de  jeter  l'ombre  8c  la  lumière  sur  leurs  tableaux  de  façon  à 
produire  des  effets  d'apothéose.  La  franche  recherche  de  la  vérité  ne  s'accom- 
mode point  de  ce  manège,  &.  n'attache  aucun  prix  à  des  conclusions  dont  les 
prémisses  sont  incomplètes  ou  faussées. 

Tout  l'automne  de  l'année  de  1702  fut  marqué  par  des  attaques  à  main 
armée,  des  dévastations  &  des  incendies  d'églises. 

Les  insurgés,  dont  les  troupes  battaient  le  pays,  courant  à  la  fois  les 
hautes  8<.  les  basses  Cévennes,  brûlèrent  les  églises  &  les  presbytères  de 
Saint-Julien  d'Arpaon,  de  Saint-Laurent  de  Trêves,  de  Saint-Paul  de  Lacoste, 
de  Soustelle,  de  Bagard,  de  la  Melouze,  de  Saint-Frézal  8c  de  Saint-Privat. 

Un  ancien  secrétaire  de  l'abbé  du  Chayla,  Salomon  Gardez,  nouveau 
converti,  qui  avait  servi  de  greffier  au  subdélégué  de  l'intendance  8<.  qui 
travaillait  précisément  à  des  procédures  contre  le  guide  Massip  &.  les  émigrés, 
lors  de  l'attentat  du  Pont-de-Montvert ',  fut  chargé  par  Bâville  de  lever  sur 
les  paroisses  les  plus  compromises  une  somme  de  deux  mille  trois  cents  livres 
pour  frais  de  justice  occasionnés  par  le  meurtre  de  l'archiprètre.  Une  nuit 
d'octobre,  comme  il  était  déjà  couché  dans  la  maison  d'un  habitant  de  Saint- 
Julien  d'Arpaon,  quelques  gens  armés  se  présentèrent  à  la  porte  :  Gardez 
sauta  de  son  lit  8t  courut,  un  flambeau  à  la  main,  voir  ce  qui  se  passait;  on 
le  saisit  à  la  gorge  Se  on  lui  cassa  la  tête. 

L'abbé  de  la  Pize,  prieur  de  Saint-Martin  de  Bobaux,  qui  était  rentré 
dans  son  prieuré  avec  les  troupes  royales,  mais  qui,  peu  de  temps  après,  en 
avait  obtenu  le  rappel,  pour  soulager  sa  paroisse,  reçut  la  visite  d'une  bande 
qui  lui  demanda  des  fusils  8c  des  vivres.  Il  céda  quelques  armes  aux  attroupés 
8c  leur  fit  servir  à  boire;  mais,  comme  ils  lui  reprochèrent  de  rester  «  dans 
«  une  église  qui  était  la  Babylone  8c  la  prostituée  dont  parle  saint  Jean  dans 
«  l'Apocalypse  »  8c  de  croire  à  la  parole  des  hommes,  ce  vieillard  septuagé- 
naire trouva  quelque  vigueur  pour  leur  répondre  qu'il  aimait  mieux  mourir 
que  de  préférer  la  parole  des  hommes  à  celle  de  Dieu.  On  lui  tira  trois  coups 
de  fusil  dans  l'estomac  8c  on  l'acheva  à  coups  de  sabre*. 

Le  3  octobre,  le  village  de  Bagard  qui  est  au  seuil  même  des  montagnes, 
entre  Alais  8c  Anduze,  sur  des  coteaux  à  peine  élevés  au-dessus  de  la  plaine 
du  Gardon,  fut  assailli,  vers  sept  heures  du  soir,  par  une  forte  troupe  qui 
pénétra  chez  un  capitaine  de  milice  nommé  Jourdan.  Ce  personnage  avait 
quelque  célébrité  dans  le  pays,  comme  ayant  commandé  plusieurs  fois  le  feu 
sur  des  assemblées.  On  lui  reprochait  aussi  d'avoir  tué  de  sa  main  le  chef  des 
insurgés  du  Vivarais,  Vivens.  Surpris  dans  sa  maison,  il  fut  violemment 
séparé  de  sa  femme  8c  de  ses  enfants  que  l'on  enferma  dans  une  chambre,  8c 

■  Nous    publions   dans    les   Pièces  iust'ificaiives,  '  Mémoire  de  l'abbé  Mingnud,  publié  dans  les 

n.   DXCII,  col.    lâyo,   la    déposition   de   Salomon        Documents    historiques    sur  la  province   de    Gêvau- 
Gardez  surles  événemenis  du   Pont-dc-Montvert.        tlan^  I,  p.  3|3. 


lyoi 


XIII. 


48 


I  702 


7^4  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

eut  la  tête  cassée.  L'exécution  faite,  les  insurgés  rendirent  la  liberté  à  la 
famille  &.  lui  enlevèrent  une  assiette  d'étain,  voulant  remplacer,  dirent-ils, 
les  balles  qu'ils  laissaient  dans  le  corps  du  capitaine. 

Au  fond  des  gorges  sauvages  de  l'Aigoual,  le  forestier  Castanet  s'occupait 
à  faire  des  vivres,  arrêtant  les  mulets  chargés  de  ces  outres  en  peau  de  bouc 
où  l'on  transportait  alors  les  vins  de  Languedoc,  Si  immolant  sans  pitié  les 
gens  qu'il  soupçonnait  d'espionnage.  On  trouva  sur  le  chemin  royal  d'Alais, 
entre  Saint-Laurens  de  Trêves  5i  la  Barraque,  le  cadavre  d'un  homme  avec 
un  billet  sur  la  poitrine,  disant  que  sa  curiosité  avait  été  cause  de  sa  mort'. 

Le  comte  de  Broglie,  averti  par  l'épouvante  générale,  fut  obligé  de  se 
remettre  en  route,  &  fit  une  nouvelle  promenade  militaire  dans  les  hautes 
Cévennes.  E'âville  publia  une  ordonnance  qui  rendait  les  communes  respon- 
sables de  la  vie  des  prêtres  &  envoya  des  fusils  dans  toutes  les  cures,  avec 
ordre  d'y  former  des  gardes  locales. 

De  leur  côté,  les  insurgés  firent  quelques  pointes  dans  le  diocèse  d'Alais; 
ils  paraissaient  exclusivement  préoccupés  de  s'y  procurer  des  armes  &c  de  l'ar- 
gent, ce  qui  faisait  croire  à  l'organisation  d'un  mouvement  général.  Broglie 
commençait  à  se  désespérer.  L'inutilité  de  ses  efforts  devenait  évidente.  Pen- 
dant qu'il  courait  dans  les  montagnes  du  Gévaudan,  des  incendies  s'allu- 
maient à  dix  lieues  en  arrière  de  lui  au  delà  d'Anduze.  «  Dès  qu'une  pareille 
<c  bande,  disait-il,  a  quatre  heures  d'avance,  elle  se  dérobe  aisément  8i  il  n'y 
«  a  plus  moyen  de  la  joindre.  »  Toujours  même  connivence  inerte  de  la 
part  des  populations.  Menaces  &  promesses  d'argent  n'y  faisaient  rien.  Au 
o  octobre,  le  commandant  en  chef  évaluait  à  cent  cinquante  hommes  l'effectif 
de  la  principale  bande;  mais  il  jugeait  nécessaire  de  remplir  le  pays  de 
troupes  pendant  l'hiver.  Il  avait  parlé  très-fermement  aux  communes  qui 
promettaient  de  faire  leur  devoir;  mais  il  redoutait  que  les  attroupés  ne  par- 
vinssent à  remporter  quelque  avantage  partiel  dont  les  conséquences  pou- 
vaient être  désastreuses  par  les  fortes  recrues  dont  elles  auraient  grossi  les 
bandes^. 

Le  comte  de  Peyre,  qui  ne  pardonnait  pas  à  Broglie  d'avoir  refusé  ses 
services  au  Pont-de-Montvert,  l'accusait  ouvertement  auprès  du  ministre  de 
la  guerre,  &  lui  reprochait  de  s'être  vanté,  dans  sa  seconde  expédition,  de 
«  chasser  tous  ces  gueux  avec  son  fouet,  »  menace  peu  justifiée  par  l'événe- 
ment''. Broglie  se  plaignait  d'avoir  affaire  à  un  ennemi  insaisissable  qui  ne 
voulait  point  se  mettre  ensemble  pour  en  finir  8c  qui  se  coulait  sous  les  bois, 
dans  le  lit  des  torrents,  s'éparpillait,  se  rejoignait,  défiant  les  poursuites.  On 
ordonnait  de  noter  les  absents  dans  toutes  les  communes,  de  faire  le  guet 
sur  les  points  élevés  afin  de  donner  l'alarme,  d'indiquer  les  routes  parcourues 
par  les  insurgés.  Le  commandant  en  chef  défendait  sa  conduite.  Il  ne  vou- 
lait pas  exposer  des  compagnies  de  milice  à  se  laisser  enlever  dans  quelque 

'  Louvreleuil,  I,  p.  52.  '  Pièces  justificatives,  n.  DCIV,  col.   ijpo. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCV,  col.   i  SçS. 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  -jSo 

masure  isolée,  au  coin  d'un  bois,  loin  de  tout  secours.  Ce  serait  le  moyen 
d'augmenter  l'armement  des  révoltés.  On  devait  craindre,  d'ailleurs,  en  dégar- 
nissant les  diocèses  voisins,  d'y  appeler  les  bandits.  Il  avait  pourtant  fait 
venir  deux  bataillons  de  milice  réglée  des  diocèses  d'Agde,  de  Béziers  &  de 
Nimes,  pour  donner  le  temps  à  quatre  bataillons  en  formation  d'aller  s'éta- 
blir dans  les  villes  d'Alais,  d'Anduze,  d'Uzès  &  de  Saint-Hippolyte,  &  pour 
calmer  les  impatiences  &  les  terreurs  des  évêques  d'Alais  8(.  d'Uzès,  qui 
auraient  voulu  avoir  des  troupes  partout.  Broglie  revient  à  plusieurs  reprises 
sur  les  difficultés  que  lui  donnaient  ces  prélats,  aussi  ardents  k  réclamer  des 
garnisons  dans  la  Province  qu'ils  l'avaient  été  jadis  à  en  solliciter  l'éloigne- 
ment.  Ils  ajoutaient  à  l'épouvante  générale  par  l'expression  de  leur  propre 
inquiétude,  ne  se  croyant  pas  en  sûreté  dans  des  villes  fortes  St  bien  murées. 
«  Si  j'avois  voulu  les  satisfaire,  dit  le  commandant  en  chef,  j'aurois  levé 
«  toutes  les  milices  bourgeoises  de  la  Province  pour  les  entasser  autour 
«  d'eux  '.  » 

Dès  ce  moment,  du  reste,  un  trait  distingue  toutes  les  correspondances 
relatives  à  cette  malheureuse  guerre,  c'est  la  mésintelligence  des  diverses 
autorités.  Évêques,  officiers,  gentilshommes,  personne  n'est  satisfait.  Chacun 
rejette  sur  autrui  des  responsabilités  qui  remontaient  bien  plutôt  à  la  politique 
générale  &  aux  folles  instructions  de  la  Cour.  Les  agents  du  pouvoir  royal, 
engagés  dans  une  lutte  funeste,  s'accusent  mutuellement;  on  parle  d'éléments 
nouveaux  qui  compliqueraient  le  péril  :  le  mot  de  capitation  a  été  lancé  ^; 
bientôt  ce  ne  sera  pkis  seulement  pour  défendre  sa  foi  qu'on  prendra  les 
armes,  mais  pour  s'-affranchir  de  l'impôt;  on  les  prendra  aussi  en  vue  de  se 
dérober  aux  recruteurs  qui  lèvent  des  hommes  pour  renforcer  l'armée  d'Italie. 

M.  de  Marcilly,  colonel  d'un  régiment  de  son  nom,  employé  sous  les 
ordres  du  comte  de  Broglie,  Se  correspondant  directement  avec  le  ministre 
de  la  guerre,  témoigne  beaucoup  de  scepticisme  sur  les  exploits  du  capitaine 
Poul  St  sur  les  nouvelles  que  l'on  recevait  journellement  de  défaites  infligées 
aux  révoltés.  A  propos  de  l'une  des  rencontres  citées  comme  les  plus  meur- 
trières, il  déclare  que  personne,  à  l'exception  de  Poul,  n'est  parvenu  à  voir 
les  cadavres  de  l'ennemi.  Pendant  que  l'on  remporte  ainsi  des  succès  imagi- 
naires, les  églises  catholiques  ne  cessent  de  flamber,  l'exercice  du  culte  est 
interrompu,  St  la  plupart  des  curés,  épouvantés  par  les  massacres,  n'osent  pas 
reparaître  dans  leurs  paroisses. 

Marcilly  juge  fort  sévèrement  les  compagnies  de  fusiliers  levées  par  la  Pro- 
vince qu'il  appelle  à  deux  reprises  des  troupes  pillardes.  Elles  ne  lui  sem- 
blent bonnes  qu'à  fouler  le  pays  Se  augmenter  le  désordre,  étant  fort  mal 
conduites  Si  ne  faisant  aucun  service  utile. 

L'avis  du  colonel  était  d'organiser  contre  les  Cévenols  une  campagne 
méthodique,  en  prenant   pour  base  d'opérations  cinq  ou  six  quartiers  bien 

'  Pièces  jastificatives,  n.  DCVII,  col.  CÛ99.  *  Voir  la  lettre  de  l'évêque  d'Alais,  du  6  octobre 

noî.  Pièce!  justificatives,  n.  DCII,  col.   iTiSy. 


1702 


736  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

choisis  où  l'on  aurait  établi  solidement  les  compagnies  dans  des  maisons  ou 
des  granges,  d'avoir  toujours  deux  bons  guides  de  garde  à  chaque  poste, 
capables  de  se  diriger  au  milieu  du  labyrinthe  de  montagnes,  de  gorges  Se 
de  torrents,  d'amasser  des  approvisionnements  de  pain  afin  de  pouvoir  faire 
des  expéditions  secrètes  plus  ou  moins  prolongées,  d'exiger  des  consuls  un 
rapport  régulier  sur  l'état  de  la  population  &.  sur  les  absences,  de  partir  sans 
bruit  de  temps  en  temps  pour  des  tovirnées  ou  des  embuscades,  de  décimer 
immédiatement  les  villages  convaincus  de  complicité  avec  les  bandits  &  de 
raser  les  maisons  isolées  qui  leur  auraient  donné  asile.  En  appliquant  ce 
programme,  il  se  projnettait  de  faire  merveille,  pourvu  que  le  roi  lui  permît 
de  compléter  son  régiment  aux  dépens  des  compagnies  de  fusiliers'. 

Broglie,  qui  se  trouvait  à  Saint-Jean  de  Gardonnenque  le  21  octobre, 
venant  de  faire  enlever  les  habitants  d'un  hameau  où  les  attroupés  avaient 
passé  deux  nuits,  invoquait  la  nécessité  de  faire  de  rudes  exemples  sur  les 
communes.  Il  demandait  l'autorisation  de  dépeupler  celles  dont  la  complicité 
serait  prouvée  Se  d'en  faire  partir  les  principaux  habitants  pour  les  îles  du 
Nouveau-Monde,  ne  voyant  pas  d'autre  moyen  de  réduire  leur  opiniâtreté  : 
«  On  ne  peut,  dit-il,  faire  pendre  tous  ceux  qui  le  méritent;  on  les  met  en 
«  prison,  &  ils  en  sortent  plus  endiablés  que  lorsqu'ils  y  sont  entrés;  on  les 
«  met  aux  galères  8c  on  les  relâche;  on  les  exile  6<.  relègue,  ils  trouvent  des 
«  amis  qui  intercèdent  pour  eux-.  » 

Le  commandant  en  chef  se  vantait  de  connaître  le  pays  &  d'en  savoir  gou- 
verner les  habitants,  mais  il  ne  répondait  pas  d'empêcher  quelques  coureurs 
d'assassiner  un  homme  dans  une  métairie  ou  de  brûler  une  église  sur  une 
montagne. 

En  effet,  les  coureurs  ne  se  lassaient  point  :  le  17  octobre,  ils  étaient 
venus  dans  la  paroisse  de  Molezon,  au-dessous  de  Barre,  8c  comme  le  sieur 
Molherac  qui  en  était  consul,  avait  fait  parvenir  des  avis  aux  troupes  royales, 
ils  le  massacrèrent.  Puis  ils  allèrent  enlever  les  munitions  au  poste  du  Pom- 
pidou^. Presque  partout,  d'ailleurs,  les  habitants  se  prêtaient  à  ces  entreprises 
qui  accroissaient  le  matériel  de  gueTre  des  révoltés.  Louvreleuil  raconte  que 
la  plupart  de  ses  paroissiens  de  Saint-Etienne,  commandés  à  tour  de  rôle 
pour  faire  sentinelle  auprès  de  la  cure,  ne  mancfiiaient  point  d'ùter  la  charge 
de  leurs  fusils  avant  de  quitter  la  garde,  afin  de  livrer  à  l'ennemi  la  poudre 
&  les  balles  qu'on  leur  avait  données"^. 

Avec  de  pareilles  dispositions  8c  en  tenant  compte  de  la  faiblesse  des  effec- 
tifs 81  de  la  nullité  militaire  des  compagnies  de  milice  opposées  aux  révoltés, 
il  n'est  pas  besoin  de  chercher  de  cause  surnaturelle  à  la  longue  résistance 
des  Cévennes,  ni  de  voir  un  miracle  dans  les  actes  d'heureuse  audace  commis 
par  des  gens  qui  combattaient  chez  eux,  qui  connaissaient  à  fond  le  terrain 
Se  que  tout  le  pays  soutenait. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCVI,  col.  1396.  cuments   historiques   sur  la   province   de    GévauAan, 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCVII,  col.    1599.  p.  3  16. 

'  Manuscrit  de  l'abbé   Mingaud,  dans  les  Do-  ^  Louvreleuil,  I,  p.  53. 


LIV.   III.   REVOCATION   DE  L^EDIT  DE  NANTES.  757 

Quand  les  espions  des  troupes  royales  taisaient  adroitement  leur  métier  & 
que  les  chefs  en  dirigeaient  les  mouvements  avec  intelligence,  les  révoltés 
n'étaient  guère  défendus  par  l'inspiration  de  leurs  prophètes.  C'est  ce  qui 
arriva,  le  dimanche  22  octobre,  à  Laporte,  que  le  capitaine  Poul  ne  cessait 
de  traquer  au  milieu  des  bois.  On  apprit  que  le  Cévenol  s'était  retiré  sur  une 
hauteur  comprise  entre  le  vallon  de  Sainte-Croix,  le  château  du  Mazel  8c  le 
chemin  de  Thémelac.  Poul,  menant  avec  lui  vingt  dragons  &  trente  fusi- 
liers, divisa  sa  petite  troupe  en  deux  corps  qu'il  fit  défiler  par  le  chemin  de 
Thémelac  Si  par  le  bord  du  Gardon.  Laporte,  se  voyant  investi,  fit  d'abord 
quelque  résistance;  mais  sa  poudre  avait  été  mouillée  par  une  longue  pluie, 
Se  trois  fusils  seulement  furent  en  état  de  tirer.  Il  commença  de  battre  en 
retraite  à  travers  les  rochers,  S<,  tandis  qu'il  exécutait  cette  fuite  périlleuse, 
il  reçut  une  balle  qui  le  renversa  raide  mort.  Sa  troupe  hanchit  le  ruisseau 
de  la  Tillade  avant  que  la  convergence  prescrite  ne  tût  opérée  Si  réussit  à 
disparaître  sous  bois. 

On  trouva  neut  cadavres  sur  le  terrain.  Laporte  avait  dans  ses  vêtements 
soixante  louis  d'or  &^  un  calice  enlevé  à  quelque  tabernacle  8t  dont  il  usait 
comme  de  verre  à  boire.  Le  comte  de  Broglie,  irrité  de  l'incrédulité  publique 
à  l'endroit  des  avantages  remportés  par  ses  troupes,  avait  ordonné  que  l'on 
coupât  la  tête  de  tous  les  révoltés  qui  seraient  tués  dans  les  combats'.  Poul 
exécuta  scrupuleusement  cette  prescription  &  remplit  deux  paniers  de  tro- 
phées sanglants  qu'il  présenta  lui-même  à  Bâville  8t  qui  furent  promenés 
avec  grand  spectacle  dans  les  principales  villes  des  Cévennes,  exposés  sur  le 
pont  d'Anduze,  le  25  octobre,  le  lendemain  à  Saint-Hippolyte  S<,  deux  jours 
après,  sur  l'esplanade  «le  Montpellier.  S'il  faut  en  croire  Court  de  Gébelin, 
qui  avait  recueilli  les  traditions  locales,  Poul  grossit  encore  par  une  fraude 
l'importance  de  son  triomphe.  II  ajouta  les  têtes  de  trois  soldats  qu'il  avait 
perdus  à  celles  des  révoltés,  afin  de  parfaire  la  douzaine^. 

Le  jour  même  oîi  s'accomplissait  sur  le  pont  d'Anduze  cette  barbare  exhi- 
bition, empruntée  aux  mœurs  de  l'Orient,  un  nouveau  chef  venait  de  surgir 
dans  la  vallée  du  Gardon  pour  remplacer  Laporte,  comme  Laporte  avait  rem- 
placé Séguier. 

Ce  nouveau  chef  s'appelait  Jean  Cavalier.  C'était  un  jeune  paysan,  à 
presse  tête,  k  cheveux  blonds,  d'assez  piètre  mine  Se  de  petite  taille,  n'ayant 
guère  que  vingt  Se  un  ans  8c  paraissant  plus  jeune  que  son  âge.  Il  était  né  à 
Ribaute,  paroisse  champêtre  située  dans  un  repli  de  ces  basses  collines,  à 
l'est  d'Anduze,  formant  le  promontoire  triangulaire  au  pied  duquel  se  joi- 
gnent les  deux  bras  du  Gardon.  Dans  son  enfance  il  avait  rempli  l'office  de 
valet  de  berger  8c  passé  de  longues  journées  solitaires,  avec  ses  bêtes,  sur  le 
fîanc  des  mamelons  boisés  de  Vézenobre.  Ensuite  il  était  devenu  garçon 
apprenti   chez  un   boulanger  d'Anduze.   C'est  dans  cet  état  que   le   prit  le 

■  Lettre  du  ï6  octobre  1702.  Pièces  justificatiytSj  '  Court  de  Gébelin.  Histoire  des  troulles  des  Ce- 

n.  DCVIII,  col.   1600.  yennes,  I,  p.  88. 


1702 


17°* 


758  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

mouvement  d'émigration  qui  entraînait  vers  la  frontière,  à  l'occasion  des 
rigueurs  administratives  de  Bâville,  un  si  grand  nombre  de  protestants  lan- 
guedociens. Pour  gagner  sa  vie,  Cavalier  continua  son  métier  d'Anduze  dans 
des  boulangeries  de  Genève  &  de  Lausanne.  On  n'a  pas  déterminé  exacte- 
ment sous  quelle  influence  le  jeune  Cévenol  quitta  brusquement  la  Suisse, 
pénétra  en  France  par  le  Jura  &  réussit  à  se  couler  au  pied  de  ses  montagnes 
natales  au  moment  où  la  révolte  y  promenait  ses  ravages.  Cavalier,  qui  devait 
être  plus  tard  officier  au  service  de  la  Hollande  &  de  l'Angleterre,  mais  qui, 
alors  inconnu  8c  sans  prestige,  ne  pouvait  guère  compter  aux  yeux  des 
ennemis  de  la  France  comme  un  chef  bien  redoutable,  est-il  rentré  de  lui- 
même  en  Languedoc,  par  nostalgie  &  par  esprit  d'aventures,  ou  bien  doit-on 
croire  que  sa  facilité  d'élocution,  son  mysticisme  enthousiaste  &  les  aptitudes 
qu'on  pouvait  lui  reconnaître  au  rôle  de  prédicant  le  désignèrent  aux  meneurs 
de  l'étranger  comme  un  homme  capable  de  prêcher  titilement  la  guerre  sainte? 
Avait-il  été  mandé  par  Roland  pour  amasser  des  forces  parmi  les  paysans  de 
la  plaine  ou  envoyé  par  quelques-uns  de  ces  réfugiés  ardents  qui  remplis- 
saient certains  régiments  du  roi  d'Angleterre  &  qui  se  battaient  contre  les 
troupes  françaises  avec  un  acharnement  désespéré  ? 

Ce  problème  se  rattache  à  l'une  des  questions  générales  les  plus  délicates 
8<.  les  plus  importantes  de  cette  douloureuse  histoire,  &,  jusqu'à  ce  jour,  la 
solution  n'en  est  pas  certaine.  Les  catholiques  affirment  la  connivence  origi- 
nelle &  permanente  de  l'étranger,  les  protestants  la  nient  :  les  documents 
publiés  ne  tranchent  pas  la  difficulté  d'une  manière  définitive.  Mais  il  est 
bien  invraisemblable,  quand  on  voit  une  partie  des  réfugiés  français  figurer 
dans  les  rangs  ennemis  en  plus  d'une  bataille  historique,  à  Nerwinde  ou 
Almanza,  que  certains  d'entre  eux  n'aient  pas  compté  sur  le  mouvement  des 
Cévennes  comme  sur  une  diversion  favorable  Se  'n'aient  pas  cherché  tous  les 
moyens  d'entretenir  au  cœur  du  royaume  cette  insurrection  populaire  aussi 
redoutable  qu'une  armée. 

Cependant  les  ministres  de  Genève  ne  cessaient  de  condamner  vigoureu- 
sement dans  les  temples  les  massacres  de  prêtres,  les  incendies  Se  toutes  les 
violences  qui  se  commettaient  au  cœur  des  Cévennes.  La  présence  du  rési- 
dent de  France  qui  avait  toujours  l'œil  sur  les  rapports  des  émigrés  avec  leurs 
compatriotes,  n'était  peut-être  pas  absolument  étrangère  à  ces  démonstrations, 
mais  Brueys  s'est  vu  forcé  de  reconnaître  que  «  cette  sage  république,  » 
quelque  zèle  qu'elle  ait  toujours  eu  pour  les  progrès  de  sa  religion,  n'avait 
jamais  approuvé  les  rébellions  des  religionnaires  de  France,  ni  caché  l'hor- 
reur que  lui  inspiraient  les  excès  des  fanatiques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Jean  Cavalier  commença  de  prêcher,  vers  la  fin  d'oc- 
tobre, dans  la  plaine  du  Gardon.  Il  proposa  à  des  jeunes  gens,  ses  camarades 
d'enfance,  de  prendre  les  armes  à  l'imitation  de  leurs  frères  des  Cévennes, 
de  les  r-ejoindre  au  cœur  des  montagnes  ou  de  concerter  avec  eux  des  expé- 
ditions, Se  de  travailler  ensemble  à  délivrer  leurs  parents  qui  étaient  dans  les 
prisons  Se  à  rétablir  le  libre  exercice  de  leur  culte. 


LIV.    III.   RÉVOCATION  DE  L'ÈDIT  DE  NANTES.  709 

Un  premier  attroupement  se  réunit  clans  une  grange  entre  Alais  &  Anduze. 
Le  moment  semblait  peu  favorable  à  une  nouvelle  levée  de  boucliers,  car  le 
pays  tout  entier  se  trouvait  alors  sous  l'impression  du  spectacle  des  têtes  cou- 
pées. On  annonçait  que  plusieurs  jeunes  gens  se  retiraient  secrètement  dans 
leurs  maisons,  désabusés  par  les  mauvais  succès  Se  rebutés  par  la  misère  8t 
par  le  péril,  8c  l'on  comptait  sur  la  terreur  pour  assurer  la  tranquillité. 

Néanmoins  la  bande  naissante  essaya  une  première  expédition  en  vue  de 
se  procurer  des  armes.  Elle  visita  le  prieur  de  Saint-Martin  de  Durfort,  entre 
Saint-Hippolyte  8c  Anduze.  Ce  prêtre,  qui  n'avait  jamais  quitté  sa  paroisse 
au  moment  de  la  plus  grande  panique,  livra  sans  résistance  une  vingtaine 
de  fusils,  autant  d'épées  8c  quelques  paires  de  pistolets  dont  il  avait  le  dépôt, 
à  la  suite  de  saisies  opérées  sur  les  protestants  du  canton'. 

Au  moment  même  où  l'agitation  se  propageait  dans  le  bas  pays,  des  bandes 
nouvelles  étaient  formées  au  milieu  des  liantes  Cévennes  où  Roland,  neveu 
de  Laporte,  exerçait  d'ailleurs  une  autorité  prépondérante.  Nicolas  Joany,  de 
Genolbac,  ancien  maréchal-des-logis,  8c  Couderc,  de  Mazel-Rosade,  sur- 
nommé La  Fleur,  prirent  le  commandement  de  deux  troupes,  qui  tantôt 
allèrent  opérer  isolément,  tantôt  se  joignirent  aux  autres  bandes.  Il  est  à  peu 
près  impossible  de  suivre,  à  travers  un  pays  aussi  accidenté,  les  évolutions  de 
ces  petites  colonnes  dont  les  itinéraires  comme  les  effectifs  se  modifiaient  à 
tout  instant.  Le  journal  exact  de  ces  marches  8c  de  ces  coups  de  main  n'a 
jamais  été  dressé,  8c  les  historiens  qui  ont  écrit  sur  cette  période  se  sont  vus 
réduits,  le  plus  souvent,  à  des  énumérations  d'incendies  5c  de  meurtres  d'une 
désolante  uniformité.  Le  fer  8c  le  feu  furent  ainsi  promenés  dans  les  bassins 
supérieurs  de  l'Hérault  8c  du  Gardon. 

Dans  le  plat  pays,  la  troupe  de  Cavalier  faisait  parler  d'elle.  Du  12  au 
19  novembre,  elle  battit  la  plaine  du  Vistre,  au  sud  de  Nimes,  8c  la  paroisse 
de  Caissargues,  voisinp  des  garrigues  de  Vauvert,  eut  son  église  en  flammes 
8c  son  curé  tué. 

Vers  la  même  époque,  une  assemblée,  tenue  par  le  jeune  chef  dans  les 
environs  d'Aiguesvives,  sur  le  seuil  même  de  la  Vaunage,  eut  un  grand  reten- 
tissement. Cavalier  y  discourut  longuement,  avec  les  agitations  extatiques 
familières  aux  prophètes,  8c  fascina  son  auditoire  par  la  vigueur  d'une  élo- 
quence inculte  8c  passionnée.  Il  a  prétendu  plus  tard,  à  Londres,  que  sa 
volonté  était  étrangère  à  ces  actes  de  prédication  farouche  où  perçait  une 
haine  implacable  contre  le  clergé  catholique.  Il  ne  pouvait,  disait-il,  regarder 
une  église  sans  frissonner;  il  dédaignait  les  plaisirs  8c  les  divertissements  de 
son  âge  pour  s'abandonner  à  l'obsession  de  sa  colère  contre  les  papistes,  8c  se 
croyait  dominé  par  une  puissance  supérieure.  Les  paroles  qu'il  proférait  se 
formaient  sans  dessein  arrêté  de  sa  part  8c  découlaient  inopinément  de  sa 
bouche  sans  que  son  esprit  participât  à  cette  opération  merveilleuse  par 
aucune  préparation  ni  par  aucun  désir  de  parler^, 

'  Mhnelret  Je  Cavalier,  p.  07.  '  Théâtre  sacré  des  Cévennes,  p.  46. 


1702 


lyoi 


760  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Qu'il  fût  sincère  ou  non,  les  gens  de  sa  troupe  &  les  populations  des 
campagnes  l'écoutaient  bouche  béante,  prenant  ses  prédications  pour  des 
oracles;  &,  comme  les  noms  des  héros  de  la  Bible  étaient  familiers  à  tous  les 
religionnaires,  on  se  plaisait  à  saluer  dans  le  berger  de  Ribaute  un  nouveau 
Gédéon  ou  un  Macchabée,  désigné  par  le  ciel  pour  délivrer  le  peuple  de 
Dieu.  Les  réformés  qui  avaient  des  lettres  ou  que  les  gazettes  tenaient  au 
courant  des  affaires  européennes,  disaient  que  le  Languedoc  venait  de 
trouver  son  Ziska  &  son  Ragotzi, 

A  la  nouvelle  de  l'émotion  qui  se  produisait  dans  la  plaine  du  Vidourle, 
le  comte  de  Broglie,  qui  était  le  26  octobre  à  Anduze,  le  9  novembre  à  Saint- 
Hippolyte,  &  le  12  a  Alais,  partit  précipitamment  pour  faire  l'inspection  des 
communes.  Il  les  trouva  fort  mal  disposées  &  plaça  des  détachements  dans 
celles  qui  lui  parurent  les  plus  suspectes.  Le  jour  même  de  son  arrivée  à 
Aiguesvives,  le  i5  novembre,  une  assemblée  venait  d'y  être  tenue  &  l'on  avait 
envoyé  des  convocations  à  tout  le  pays  pour  une  seconde  réunion  qui  devait 
avoir  lieu,  le  soir,  dans  l'église.  En  effet,  au  moment  où  le  commandant  en 
chef  fit  son  entrée,  le  village  paraissait  en  fête,  les  habitants,  qui  ne  portaient 
pas  leurs  vêtements  de  travail,  circulant  par  les  rues  comme  un  jour  de  réjouis- 
sance. 

Broglie  leur  dit  qu'il  avait  à  leur  parler  &  qu'il  souhaitait  une  assemblée 
générale.  Quand  il  vit  près  de  deux  cents  personnes  réunies,  il  les  fit  entrer 
dans  l'église,  mit  une  garde  à  l'intérieur  &  une  au  dehors  &  dépêcha  au 
présidial  de  Nimes  l'ordre  d'arriver  en  toute  hâte  pour  instrumenter.  En 
attendant,  le  lieutenant  général  faisant  l'office  de  juge  d'instruction,  com- 
mença d'interroger  les  particuliers.  On  arrêta  un  garçon  de  quatorze  ans  qui 
prêchait,  entonnait  les  psaumes  &  tombait  en  extase,  &c  une  jeune  fille,  sa 
sœur,  qui  jouait  le  même  rôle.  Ces  malheureux  avouaient  hardiment  leurs 
prédications  8<.  s'en  faisaient  gloire.  En  donnant  le  premier  avis  au  ministre 
de  ce  qui  s'était  passé,  Broglie  exprimait  l'espoir  qu'on  verrait  dans  un  jour 
ou  deux  plus  de  vingt  de  ces  coquins  condamnés  à  mort  ou  aux  galères.  Se  un 
procès  criminel  fait  à  l'ensemble  de  la  commune,  rigueur  nécessaire  pour 
réprimer  son  insolence  &  couper  court  à  la  contagion.  Il  se  félicitait  d'avoir 
été  présent  pour  faire  travailler  sous  ses  yeux  à  l'instruction,  sans  quoi  les 
preuves  auraient  été  supprimées  &  l'affaire  n'eût  pas  abouti  '. 

Quatre  hommes  furent  condamnés  à  mort  par  l'intendant  8c  le  présidial; 
on  les  pendit,  devant  la  porte  de  l'église,  aux  branches  d'un  amandier;  d'au- 
tres furent  fouettés  par  la  main  du  bourreau,  &  douze  partirent  pour  aller 
servir  le  roi  sur  ses  galères  :  de  ce  nombre  était  le  premier  consul,  dont  la 
maison  fut  rasée,  comme  celles  de  plusieurs  de  ses  compatriotes.  Enfin  on 
frappa  le  village  d'une  amende  de  mille  livres,  pour  frais  de  justice^. 

L'insuccès  des  mesures  c[ue  le  commandant  en  chef  avait  prises  pour  pré- 
venir ces  désordres,  les  reproches  qu'on  lui   faisait  dans  le  pays  de  ne  pas 

■  Pièces  justificatives,  n.  DCXIII,  col,   1607,  *  Court  de  Gébelin,  I,  54,  ^  - 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  761 

mieux  protéger  la  sécurité  publique,  Si  le  démenti  donné  par  les  événements 
à  tant  de  promesses  d'une  prompte  pacification,  aigrissaient  de  jour  en  jour 
son  caractère;  ne  prenant  plus  conseil  que  de  son  dépit,  le  comte  de  Broglie 
en  venait  à  proposer  des  peines  si  terribles  que  le  ministère  les  repoussait. 

Depuis  que  les  attentats  contre  les  ecclésiastiques  se  multipliaient,  les 
prêtres  n'osaient  plus  aller  à  l'église  sans  escorte,  8c  cette  situation  extraordi- 
naire, que  l'on  sentait  ne  pouvoir  indéfiniment  se  prolonger,  autorisait  la 
pensée  d'un  rétablissement  de  la  liberté  de  conscience.  Au  lieu  de  ce  remède 
unique,  à  la  fois  le  plus  simple  8c  le  plus  équitable,  Broglie  avait  conçu  le 
projet  suivant  qu'il  soumit  au  ministre  dans  sa  lettre  du  9  novembre  :  faire 
tirer  au  sort  les  nouveaux  convertis  de  toute  paroisse  où  un  prêtre  ou  un 
ancien  catholique  aurait  été  assassiné,  8c,  sans  autre  forme  de  procès,  en 
pendre  deux  pour  chaque  meurtre.  11  songeait  aussi  à  dépayser  toute  la 
population  de  sept  ou  huit  communes  incorrigibles'. 

Ce  programme  fut  présenté  au  roi  qui  refusa  d'y  donner  son  assentiment. 
Il  jugeait  suffisant  de  rendre  les  religionnaires  responsables  des  désordres 
commis  dans  leurs  paroisses  8c  de  dédommager  aux  dépens  des  nouveaux  con- 
vertis les  anciens  catholiques  qui  auraient  souffert^. 

En  même  temps,  Broglie  qui  s'apercevait  de  son  impuissance  à  dominer 
une  révolte  si  étendue,  avait  demandé  un  maréchal  de  camp  pour  être  allégé 
d'une  partie  de  la  charge.  Le  roi  lui  accorda  un  maréchal  de  camp  8c  un 
brigadier,  Julien  8c  Paratte^. 

De  son  côté,  Bâville,  afin  d'abréger  les  opérations  judiciaires,  avait  obtenu 
un  arrêt  du  conseil  d'Etat  qui  lui  attribuait  la  connaissance  de  tous  les 
crimes  relatifs  au  soulèvement,  avec  le  pouvoir  de  mettre  tels  juges  qu'il 
trouverait  à  propos  pour  faire  faire  le  procès  aux  prévenus  8c  les  juger  en 
dernier  ressort. 

Mais  la  Province  s'impatientait  de  la  prolongation  des  troubles.  Des  avis 
désobligeants  pour  le  comte  de  Broglie  parvenaient  au  ministère.  L'insuccès 
persistant  avait  de  jour  en  jour  diminué  son  crédit.  Le  comte  de  Calvisson 
qui  tint  la  session  des  Etats  en  qualité  de  premier  commissaire  royal,  8c  qui 
possédait  la  seigneurie  d'Aiguesvives,  se  montra,  dit-on,  tellement  blessé  de 
la  conduite  du  lieutenant  général  dans  cette  paroisse,  qu'il  menaça  de  l'en 
faire  repentir,  8c  appuya  probablement,  auprès  de  la  Cour,  les  démarches 
tentées  par  diverses  gens  pour  obtenir  son  rappeH. 

Les  États  accordèrent  d'ailleurs,  sur  les  pressantes  instances  des  commis- 
saires royaux,  la  levée  d'un  régiment  de  dragons  8c  de  trente-trois  compa- 
gnies de  fusiliers  déclarées  nécessaires  pour  la  sûreté  de  la  Province,  mais  ils 
protestèrent  contre  le  recrutement  de  nouveaux  renforts  destinés  à  l'armée 
d'Italie  5. 

Sur  la  fin  du  mois  de  décembre,  de  faux  avis  furent  donnés  au  grand 

■  Pièces  justificatives,  n.  DCX,  col.  1602.  '  Court  de  Gébelin,  I,  96. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCXV,  col.   1614.  '  Pi!;ces  justificatives,    n.    DCXIV,   col.   1609,  & 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCXXXI,  col.    1640.  n.  DCXVI,  col.   1614. 


1702 


1702 


762  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

vicaire  d'Alais  que  les  fanaliques  se  proposaient  de  célébrer  les  fêtes  de  Noël 
avec  beaucoup  de  solennité,  à  quatre  lieues  en  avant  dans  les  montagnes  8< 
que  tous  les  villages  protesta,  ts  étaient  convoqués  à  une  assemblée.  Le  grand 
vicaire  se  hâta  de  transmettre  ces  renseignements  au  comte  de  Broglie,  qui, 
le  24  décembre,  partit  d'Alais  avec  trente  dragons  &.  cinquante  fantassins, 
pour  faire  une  battue  de  quatre  jours,  M.  de  Marcilly  marchant  par  une 
autre  route  avec  quatre-vingts  hommes  de  son  régiment.  Ces  deux  recon- 
naissances ne  rencontrèrent  personne,  &,  tandis  qu'elles  fouillaient  inutile- 
ment le  pays.  Cavalier  réunissait  une  noinbreuse  assistance,  au  sud  de  la 
prairie  d'Alais,  dans  une  grange  de  la  terre  de  Saint-Christol,  sur  la  rive 
droite  du  Gardon,  juste  à  l'opposite  de  la  direction  que  venait  de  prendre  le 
comte  de  Broglie. 

Ce  général  était  parti  depuis  trois  heures,  lorsqu'un  berger,  faisant  le 
métier  d'espion,  alla  dénoncer  le  rassemblement  au  chevalier  d'Aiguines, 
commandant  la  garnison  d'Alais.  Celui-ci,  fort  empressé  de  tomber  sur  les 
rebelles,  réunit  à  la  hâte  quelques  soldats  du  régiment  de  Marcilly,  quelques 
recrues  du  fort,  des  compagnies  bourgeoises,  près  de  quatre-vingts  volontaires 
à  cheval,  parmi  lesquels  se  trouvaient  plusieurs  officiers  disponibles  ou  en 
semestre,  8t  enfin  un  certain  nombre  de  gentilshommes.  Cette  troupe  sortit 
en  désordre  8c  s'avança  à  travers  la  prairie  d'Alais,  comme  s'il  se  fût  agi  de 
surprendre  une  assemblée  de  chanteurs  de  psaumes.  Mais  à  l'approche  des 
troupes.  Cavalier  avait  congédié  les  simples  fidèles  &  les  femmes,  &  divisant 
sa  bande  en  quatre  petits  corps,  marchait  sur  la  foule  désordonnée,  en  fai- 
sant un  feu  très-vif.  A  la  première  décharge,  la  cavalerie  tourna  bride  8c 
rentra  dans  Alais  de  toute  la  vitesse  de  ses  chevaux.  L'infanterie,  se  croyant 
perdue,  suivit  le  mouvement,  sans  tenir  compte  des  objurgations  du  che- 
valier d'Aiguines  qui  voulait  la  ramener  à  la  charge.  Ce  fut  une  déroute 
complète,  8c  si  rapide  que  douze  ou  quinze  hommes  seulement  des  troupes 
royales  restèrent  sur  le  terrain.  Le  reste  courut  prestement  se  renfermer  dans 
Alais,  suivi  l'épée  dans  les  reins  par  une  trentaine  d'insurgés  qui  s'avancè- 
rent jusqu'à  une  portée  de  mousquet  des  portes.  Les  Cévenols  eurent  tout 
le  loisir  de  ramasser  les  armes  qui  jonchaient  le  champ  de  bataille  8c  d'y 
entonner  leurs  psaumes  '. 

Lorsque  le  comte  de  Broglie,  rentrant  de  sa  promenade  infructueuse  aux 
environs  de  Genolhac,  apprit  cette  triste  aventure,  sa  colère  ne  connut  point 
de  bornes,  8c  il  en  laissa  percer  toute  l'amertume  dans  sa  dépêche  au  ministre. 
11  se  plaignait  que  l'on  n'eût  pris  aucune  disposition  militaire,  que  l'on  eût 
fui  honteusement  sans  oser  se  retourner,  que  l'on  eût  poussé  la  peur  jusqu'à 

'  Nous  publions  aux  Pièces  justificatives  le  rap-  rois   entièrement  détruits;   w   &  M.  de    Brogli»  : 

port  du  chevalier  d'Aiguines,  écrit  le  lendemain  de  «  Si   j'avois  été   assez   heureux  pour  me   trouver  à 

l'action,  n.  DCXXX,  col.   lôSp,  &  celui  du  comte  Alais  dans   le   temps  que   cette  nouvelle  arriva,  je 

de   Broglie,  écrit   trois   jours  après,   n.  DCXXXII,  crois  que  j'aurois  finy  ce  jour  là  cette  affaire...  il 

col.  1641.  M.  d'Aiguines  dit  :  «  J'ay  eu  le  dernier  ne  falloit  pas  être   habile  homme  pour  faire  cette 

chagrin  de  n'avoir  pas  été  secondé,  car  je  les  au-  expédition.  » 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  763 

aller  s'enfermer  dans  un  château  au  milieu  de  la  campagne.  On  pouvait 
attendre  un  poste  de  soixante  hommes  qui  n'était  qu'à  un  quart  de  lieue 
&  un  autre  de  cent  à  une  lieue.  Pourtant  il  y  avait  dans  la  troupe  deux 
lieutenants  colonels  d'infanterie,  quatre  ou  cinq  capitaines  de  cavalerie  ou 
carabiniers,  un  capitaine  de  grenadiers,  plusieurs  gentilshommes.  «Voilà  dix 
i(  fois,  écrivait  le  lieutenant  général,  qu'on  a  manqué  de  battre  ces  gens  par 
«  la  poltronnerie  des  officiers;  elle  va  en  ce  pays  au  dernier  degré,  &  ceux 
«  qui  reviennent  des  armées  y  gagnent  ce  mal  à  un  point  que  l'on  ne  sau- 
((  roit  supporter.  »  Broglie  observait  à  ce  propos  qu'il  n'avait  rien  négligé 
pour  relever  le  moral  de  son  monde,  affectant  de  marcher  nuit  8t  jour  avec 
un  parti  de  soixante  hommes  au  plus.  Il  avouait  pourtant  que  des  bourgeois 
ou  des  soldats  qui  venaient  d'être  enrôlés  «  tout  nus  Se  malingres,  »  n'étaient 
guère  propres  à  soutenir  le  feu. 

Ce  qui  l'irritait  le  plus,  c'était  de  voir  rehausser  par  de  pareils  avantages 
la  confiance  des  rebelles,  à  qui  la  faiblesse  des  officiers  Si  l'insuffisance  des 
troupes  allaient  donner  la  réputation  d'invincibles.  Le  bruit  grossissait  de 
jour  en  jour  que  le  roi  serait  impuissant  à  étouffer  le  mouvement  8i  se  ver- 
rait contraint  de  rétablir  la  liberté  religieuse'. 

En  effet,  la  facile  victoire  des  prairies  d'Alais  redoubla  l'audace  de  Cava- 
lier Se  de  sa  bande,  qui  commençait  à  marcher  de  jour,  à  découvert,  8t  tam- 
bour battant,  comme  une  véritable  armée.  Ce  chef  fit,  le  27  décembre,  une 
tentative  des  plus  hardies  sur  la  petite  ville  de  Sauve,  place  fermée,  dans  le 
vallon  du  Vidourle,  au  sud-est  de  Saint-Hippolyte.  Le  coup  de  main  avait 
été  concerté  avec  Roland.  Un  détachement  alla  brûler  à  quelque  distance, 
dans  le  massif  des  basses  Cévcnnes,  l'église  de  Monoblet,  afin  d'y  attirer  les 
troupes  Se  de  faire  ainsi  une  diversion.  Une  cinquantaine  d'hommes,  déguisés 
sous  des  habits  d'ordonnance,  qu'on  avait  pris  dans  quelques  rencontres 
heureuses,  se  présentèrent  avec  deux  officiers,  à  la  porte  de  la  ville,  feignant 
d'être  une  compagnie  royale  à  la  poursuite  des  fanatiques.  La  petite  troupe 
entra  sans  résistance  81  alla  se  ranger  en  bataille  sur  la  place,  tandis  que  les 
deux  chefs  se  faisaient  conduire  chez  M.  de  Vibrac,  un  des  coseigncurs  de 
Sauve.  Le  gentilhomme  allait  se  mettre  à  table  avec  sa  famille  :  il  y  fait 
asseoir  les  officiers,  les  traite  de  son  mieux,  envoie  des  rafraîchissements  à 
leurs  hommes,  Se  converse  longuement  avec  eux  de  la  situation  des  Cévennes 

'  Les  actes  de  faiblesse  de  la    part  des  officiers  Un    capitaine    du    régiment    Du    Gast,   détaché 

avaient  été  en  effet  très-nombreux,  &  la   timidité  avec  cinquante  hommes  dans  un  poste,  laissa  brû- 

d.'S    compagnies    de    milices    n'inspirait    aucune  1er  une  église  à  portée  de  canon  sans  faire  un  pas, 

crainte  aux  insurgés.  Deux   jours   après,   un  capitaine  de  milice  bour- 

M.  de  Marcilly  raconte  qu'une  femme,  séparée  geoise.qui  avait  entendu  chanter  les  psaumes  tonte 

de  lui    par  le  vallon   d'un    gros   ruisseau,  avertit  la    nuit,    regagnant   ton    quartier  sur    le   matin, 

en   i-\  présence   une   troupe  qui  se   trouvait  dans  tomba  dans  une  troupe  ennemie,  &  ne  fit  que  crier 

le  village   de   Brugerolles  &  lui  permit  de  se  sau-  sauve  qui  peut!  &  prendre  la  fuite.  Il  fut  tué  tout 

vcc*.  en  courant,  avec  un  autre  officier'. 

•  Pièces  juiUncatives,  n.  DCXXV,  col.  i63o.  '  Piicet  jttttificatives,  n.  DCXXVl,  col.  i63i. 


1702 


1702 


764  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

&  du  mouvement  des  révoltés.  Les  deux  étrangers  ne  se  faisaient  faute  de 
maltraiter  les  incendiaires  &  promettaient  d'en  purger  la  montagne.  Cepen- 
dant la  jeune  femme  du  gentilhomme,  qui  les  observait  avec  attention  St  que 
leurs  manières  affectées  avaient  mise  en  défiance,  apprenant  qu'on  signalait 
dans  la  campagne  une  troupe  de  Cévenols,  supplia  ses  hôtes  de  courir  aux 
remparts  pour  repousser  l'ennemi.  Les  deux  chefs,  qui  ne  croyaient  pas 
l'instant  propice  pour  se  démasquer,  descendirent  aussitôt,  8t  la  jeune  femme, 
les  accompagnant  au  bas  de  l'escalier  avec  son  beau-père  8c  son  mari,  se  hâta 
de  refermer  sur  elle  &  les  siens  une  lourde  porte  de  fer. 

La  garnison  avait  pris  les  armes  &  les  bourgeois  couraient  aux  murailles, 
quand  le  faux  colonel  déclina  sa  qualité  &  somma  les  catholiques  de  se 
rendre.  En  même  temps,  le  gros  de  la  bande  pénétrait  en  ville.  Un  malheu- 
reux capucin,  qui  était  venu  prêcher  aux  soldats,  fut  renversé  à  terre  d'un 
coup  de  feu.  Les  Cévenols  se  répandirent  dans  les  rues  &  visitèrent  toutes 
les  maisons  des  catholiques  pour  y  faire  provision  d'armes.  Quelques  officiers 
8c  plusieurs  ecclésiastiques  furent  faits  prisonniers,  8c  l'on  mit  le  feu  à  l'église. 
La  petite  garnison  s'était  laissé  désarmer  sans  résistance.  En  quittant  la  place 
avec  leur  butin  8c  les  approvisionnements  de  vivres  qu'ils  s'étaient  fait  livrer, 
les  Cévenols  emmenèrent  leurs  prisonniers  en  dehors  des  murs;  là  ils  en 
élargirent  le  plus  grand  nombre,  mais  ils  cassèrent  la  tête  à  trois  prêtres  dont 
ils  prétendaient  avoir  à  se  plaindre'.  L'occupation  de  Sauve  par  les  révoltés 
dura  quatre  heures;  les  protestants  de  la  ville  demeurèrent  impassibles. 

Le  bruit  de  l'événement  arriva  bientôt  à  Saint-Hippolyte,  que  deux  lieues 
seulement  séparent  de  Sauve,  8c  M.  de  la  Haye,  gouverneur  du  fort,  ramas- 
sant toutes  les  troupes  qu'il  eut  à  portée,  se  mit  en  campagne  pour  donner  la 
chasse  aux  rebelles.  Il  atteignit  leur  arrière-garde  près  du  château  de  Saba- 
tier,  bâti  sur  un  monticule  boisé,  à  gauche  du  Vidourle  8c  en  amont  de 
Quissac.  Il  leur  tua  huit  hommes,  leur  prit  un  cheval,  un  tambour  8c  trente 
fusils;  mais  le  gros  de  la  troupe  se  déroba  8c  parvint  à  gagner  les  bois  de 
Cannes^  qui  la  mirent  à  l'abri  de  toute  poursuite. 
~l  Le  3  janvier,  comme  la  petite  garnison  du  château  de  Mandajors,  situé 

dans  une  gorge  de  la  montagne  au  nord-ouest  d'Alais,  manquait  de  vivres 
depuis  deux  jours,  M.  de  Marcilly,  chargé  d'en  opérer  le  ravitaillement,  sortit 
d'Alais  avec  cent  huit  hommes  de  son  régiment,  escortant  un  convoi  de  pain. 
Cette  troupe  rencontra  les  insurgés  dans  un  défilé  dangereux  8c  fut  contrainte 
de  leur  disputer  le  passage  durant  trois  quarts  d'heure  à  coups  de  fusil.  Au 
bout  de  ce  temps,  les  cartouches  étant  épuisées,  Marcilly  commanda  de  charger 


'C'étaient   les  abbés  Boiseaii,  ancien   prieur  de  Rniiret,   Sauve,    Baussel,    Durfort    &   Saint-Jii- 

Eragassargues,  Combes,  ancien  vicaire  de  Quissac,  lien  '. 

&  Massan,  sacristain    de  Sauve.  A  la   suite  de  ce  'A   l'est   de   Bragnssargiies,  entre  le   ruisseau   de 

triple  meurtre,  tous   les   presbytères   des   environs  Crieulon  &  la  vallée  de  la  Courme,  &  en  face  des 

se    dépeuplèrent,   &    le    fort    de    Saint-Hippolyte  grands  bois  de  Lens,  célèbres  dans  l'histoire  mili- 

abrita    les   curés   de   Saint-Romans    de  Codières,  taire  des  Cévennes. 

Cros,  Monoblet,   Cezas,  Lacadière,  Conqueyrac,  '  Court  de  Gébclin.  I,  p.  i2î. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  765 

à  la  baïonnette  &  parvint  à  se  jeter  dans  la  place,  d'où  un  capitaine,  averti 
par  le  bruit  des  détonations,  venait  de  sortir  à  la  tête  d'une  cinquantaine 
d'hommes.  Celui-ci  parut  à  propos  pour  repousser  un  renfort  de  montagnards 
qui  arrivaient  au  secours  de  leurs  camarades.  Le  ravitaillement  effectué,  Mar- 
cilly  retrouva  encore  les  insurgés  sur  son  chemin,  avantageusement  postés; 
mais  il  fit  bonne  contenance  Se  rentra  dans  Alais  tambour  battant,  la  baïon- 
nette au  bout  du  fusil,  non  sans  avoir  fait  des  pertes  assez  notables'. 

Peu  de  jours  après,  le  comte  de  Broglie  adressa  au  ministre  de  la  guerre 
une  longue  lettre  apologétique,  où,  dans  un  langage  assez  embarrassé  81  enve- 
lojTpé  de  circonlocutions,  il  concluait  à  demander  un  autre  commandement. 

Il  rappelait  ses  trente-sept  ans  de  services,  &  l'obéissance  dont  il  n'avait 
jamais  cessé  de  faire  preuve.  Il  n'avait  point  sollicité  de  commandement  en 
Languedoc,  s'étant  contenté  d'aller  où  le  roi  l'envoyait.  Il  avait  contenu  les 
religionnaires  dans  le  devoir  tant  qu'il  s'était  trouvé  à  la  tète  de  troupes  suffi- 
santes, &  même  à  l'époque  du  mouvement  de  l'armée  de  Savoie  sur  Gap.  Il 
prétendait  avoir  constamment  prévu  les  événements  qui  devaient  se  produire, 
une  fois  la  Province  dégarnie  de  forces,  8c  croyait  avoir  beaucoup  fait  en 
maintenant  la  trancjuillité  dans  les  grosses  villes,  &  en  les  empêchant  de  se 
déclarer  pour  les  rebelles*. 

Broglie  venait  d'écrire  au  ministre  sa  lettre  décourageante,  lorsqu'il  apprit 
que  le  froid  S<  les  neiges  rendant  les  hautes  montagnes  inhabitables  avaient 
jeté  dans  la  plaine  une  forte  troupe  de  fanatiques.  Il  partit  précipitamment 
d'Anduze  le  1 1  janvier  &  se  porta  sur  Caveirac,  à  une  lieue  de  Nimes,  vers 
le  débouché  de  la  Vaunage.  Il  y  coucha,  8c  apprit  que  les  rebelles  étaient 
allés  passer  la  nuit  au  château  de  Candiac,  sur  la  rive  gauche  du  Vistre,  pays 
couvert  par  un  petit  bois. 

Le  lendemain,  12  janvier,  à  trois  heures  du  matin,  Broglie  se  mit  en 
marche  avec  soixante  dragons  des  compagnies  de  Poul  8c  de  La  Dourville, 
commandés  par  leurs  capitaines.  Il  courut  d'abord  à  Candiac,  d'où  les 
insurgés  avaient  décampé  dès  minuit,  par  la  plaine  du  Vistre,  en  remontant 
cette  rivière.  Il  visita  tour  à  tour  inutilement  Vauvert,  Beauvoisin,  Générac, 
Aubord,  sans  parvenir  à  les  atteindre.  Enfin,  sur  les  cinq  heures  du  soir, 
quelques  coureurs  envoyés  en  reconnaissance  autour  d'une  grosse  métairie 
isolée  dans  les  bruyères,  qu'on  nommait  le  mas  de  Gaffarel,  signalèrent  la 


'  Marcilly  ne  donne  pas  le  chiffre  4e  ses  pertes,  mi.Ietiers  pour  avoir  essayé  de  faire  passer  du  pain 

&  dit  avoir  eu  affaire  à  trois  cents  hommes.  Lou-  à  la  garnison.  Le  rapport  de  Marcilly,  sans  être 

vreleuil  prétend  que   le  colonel   leur  en    tua   une  parfaitement  clair,  indique  le  contraire', 

quarantaine  &  perdit  seulement  sept  soldats  &  un  '  Pièces  justificatives,  n.  DCXXXVIII,  col.  i653. 

sergent.  Court  de    Gébelin    raconte,  au   contraire,  Broglie  se  plaint  dans  cette  lettre  qu'on  eût  laissé 

que  les   insurgés  tuèrent  quatre-vingts  hommes  &  rentrer  en   Languedoc,  sans  son   assentiment,  des 

n'en   perdirent  que  six,  &  qu'ils   empêchèrent  le  gentilshommes    relégués  qui    étaient    en    relations 

ravitaillement.  suivies  avec  les  étrangers,  &  aussi  des  gens  envoyés 

Dans  tous  les  cas,  le  château  de  Mandajors  était  aux   galères   pour  avoir  convoqué   des  assemblées 

serré  de  très  près;  car,  quelques  jours  auparavant,  avec  port  d'armes. 

Us  montagnards  assommèrent  ou   pendirent  deux  .  Pièces  jusiijicalives,  n.  DCXXV,  col.  1648. 


1703 


~~^ 766  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

présence  de  l'ennemi.  Au  bruit  des  coups  de  feu,  les  deux  détachements  de 
dragons,  sous  les  ordres  du  commandant  en  chef,  coururent  soutenir  leur 
avant-garde.  Une  forte  troupe  était  sortie  des  bâtiments  de  la  ferme,  tambour 
battant  8c  au  chant  des  psaumes.  Ravanel,  qui  la  commandait  8t  qui  comp- 
tait sur  la  supériorité  du  nombre,  lui  fit  prendre  position,  genou  en  terre, 
sur  le  bord  d'une  faible  éminence  dominant  le  val  de  Bane,  &  attendit  de 
pied  ferme. 

Les  forces  étaient  tellement  disproportionnées  qu'il  y  eut  un  moment  d'hé- 
sitation chez  les  troupes  royales.  Poul  lui-même,  malgré  sa  réputation  de 
liardiesse,  était  d'avis  de  ne  pas  tenter  l'attaque  avant  d'avoir  demandé  des 
renforts  à  Nimes.  Mais  le  comte  de  Broglie,  impatient  de  combattre  les  Céve- 
nols qu'il  n'avait  jamais  rencontrés  en  face,  &  croyant  n'avoir  affaire  qu'à  des 
paysans  indisciplinés  &  peu  aguerris,  ordonna  de  les  charger  immédiatement. 

Il  se  mit  au  centre  avec  le  chevalier  son  fils,  8c  donna  la  droite  à  Poul. 
Les  insurgés  soutinrent  le  choc  sans  s'ébranler  8c  l'accueillirent  d'un  feu  si 
nourri  que  les  dragons,  qui  étaient  de  formation  nouvelle  8c  qui  n'avaient 
point  l'habitude  de  cette  musique,  voyant  rouler  à  leurs  pieds  quatre  de  leurs 
camarades,  un  maréchal  des  logis,  le  capitaine  La  Dourville  8c  le  redoutable 
Poul,  perdirent  la  tête  8c  se  replièrent  en  désordre.  Par  trois  fois,  le  comte  de 
Broglie  essaya  de  les  ramener  à  la  charge  8c  ne  parvint  pas  k  les  rassurer. 
Les  Cévenols,  que  la  mort  de  Poul,  tué  le  sabre  à  la  main,  à  la  tête  de  sa 
compagnie,  remplissait  de  joie,  restèrent  quelque  temps  sur  la  hauteur,  chan- 
tant leurs  psaumes,  puis  disparurent  dans  les  bois  de  Saint-Gilles.  Le  comte 
de  Broglie  se  retira  d'abord  à  Vauvert,  d'où  il  expédia  un  exprès  à  Nimes 
chercher  une  centaine  d'hommes  du  régiment  de  Tournon,  unique  ressource 
disponible  '. 

D'après  certains  historiens,  la  mort  de  Poul  aurait  été  entourée  de  circons- 
tances romanesques,  fort  appropriées  à  ce  type  légendaire.  Un  jeune  garçon, 
nommé  Samuelet,  aurait  démonté  le  vainqueur  de  Barnabaga  ^  d'un  coup 
de  pierre  à  la  tête,  8c  se  serait  précipité  sur  ce  nouveau  Goliath  pour  l'achever, 
s'emparer  de  son  cheval  8c  de  son  sabre.  Cet  épisode  a  un  caractère  biblique 
dont  les  imaginations  durent  être  séduites;  mais  le  rapport  de  Broglie  parle 
seulement  de  la  vivacité  du  feu,  8c  cette  explication,  confirmée  par  les  témoi- 
gnages de  Brueys  8c  de  Louvreleuil,  est  si  naturelle,  qu'on  n'a  guère  besoin 
d'en  chercher  d'autre.  Le  charme  de  l'antithèse  entre  un  vieil  officier  de  for- 

■  P:èces  justificatives,  n.   DCXXXIX,  col.  16^6.  lui   promit  que  dans  moins  de  quatre  jours  il  au- 

Le  rapport  du  comte  de  Broglie  est  daté  de  Vau-  roit  sa   revanche  &  lui   porteroit  sa  tête.  Poul  en 

vert,  le  12  janvier,  date  même  de  l'action.  fut  averti,  &   le   lendemain,  avec   vingt  hommes 

"  La  mort  de  ce  Barnabaga  était  le  titre  de  gloire  seulement,   il  alla    surprendre  de   nuit  ce   rodo- 

le  plus  connu  du  capitaine  Poul.  L'affaire  s'était  mont,  dans   un  village  où  il  se  croyoit  en  sûreté, 

passée    en    Piémont.    'V'oici    comment   la    raconte  ayant  plus  de  deux  cens  soldats,  mais  dispersés; 

Brueys  ;  &  Poul  fit  effectivement  ce  que  l'autre  s'étoit  vanté 

o  Un   capitaine   des  Barbets   des   Ennemis,   fa-  défaire',  u 
meux  partisan  nommé  Barnabaga,  ayant  été  grondé 

par  son  général  de  s'être  laissé  battre  par  Poul,  il  '  Histoire  du  fanatisme  de  notre  temps,  I,  p.  2o3. 


LIV.  III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  767 

tune  blanchi  clans  les  batailles  &  un  jeune  pâtre  armé  de  sa  fronde  a  proba- 
blement inspiré  cette  réminiscence  de  David. 

En  réalité,  le  comte  de  Broglie  s'était  justement  attiré  sa  mésaventure  par 
l'imprudence  de  son  attaque.  Il  prétend  que  les  insurgés  qui  sortirent  de  la 
ferme  de  Gaftarel  étaient  au  nombre  de  quatre  cents  Se  qu'ils  furent  ren- 
forcés par  toute  la  jeunesse  des  villages  voisins.  Court  de  Gébelin,  d'après 
des  informations  protestantes,  soutient  qu'ils  ne  dépassaient  pas  deux  cents 
hommes;  mais  comme  Broglie  n'en  avait  pas  plus  de  soixante,  la  partie  était 
dans  tous  les  cas  fort  inégale  '. 

On  ne  doit  pas  d'ailleurs  se  laisser  prendre  au  mot  de  dragons.  Les  soldats 
de  La  Dourville  &  de  Poul  portaient  bien  l'uniforme  de  dragon,  mais  ils 
ne  le  portaient  pas  depuis  longtemps,  ces  compagnies  étant  de  formation 
nouvelle,  &  la  plupart  d'entre  eux  n'avaient  guère  vu  le  feu.  Au  contraire, 
les  bandes  insurgées  renfermaient  beaucoup  d'anciens  soldats,  de  déser- 
teurs, de  braconniers  &  de  chasseurs  de  marais  très-experts  dans  l'usage  de 
leurs  armes,  &  fort  en  état  d'en  tirer  parti  avec  l'avantage  du  nombre  &  de 
la  position. 

Cette  observation  n'est  pas  indifférente,  parce  qu'elle  s'applique  k  une  foule 
d'autres  épisodes  de  cette  malheureuse  campagne.  L'horreur  légitime  qu'ins- 
pire la  politique  religieuse  de  Louis  XIV  ne  dispense  pas  de  critique  dans 
l'appréciation  des  opérations  militaires.  Si  ces  opérations  ont  mal  réussi  pen- 
dant deux  ans,  c'est  qu'elles  étaient  mal  conduites  8c  que  les  troupes  placées 
sous  la  main  des  lieutenants  généraux,  très-insuffisantes  comme  effectifs,  à 
peine  instruites,  &.  poussées  au  feu  à  mesure  qu'on  venait  de  les  équiper,  ne 
pouvaient  raisonnablement  tenir  tête  à  de  hardis  partisans,  rompus  aux  fati- 
gues &c  placés  dans  l'inévitable  alternative  de  la  victoire  ou  de  la  mort.  Il  n'y 
a  donc  rien  de  merveilleux  dans  ces  événements  que  la  légende  a  trop  idéa- 
lisés Se  qui,  vus  de  près,  n'échappent  en  rien  aux  lois  ordinaires. 

De  Vauvert,  Broglie  s'était  porté  sur  Bernis  où  les  cent  hommes  du  régi- 
ment de  Tournon  vinrent  le  rejoindre;  mais  quand  il  voulut  prendre  sa 
revanche  de  l'échec  du  12  janvier,  il  ne  rencontra  plus  personne.  Les  insurgés 
avaient  passé  le  Gardon  Si  s'étaient  jetés  dans  le  diocèse  d'Uzès.  En  traver- 
sant la  plaine  à  droite  de  Nimes,  ils  se  vengèrent  de  la  frayeur  que  Poul  leur 
avait  causée  dans  les  Cévennes,  par  l'incendie  du  village  catholique  de  Pouls 
qu'une  homonymie  des  plus  fortuites  désignait  à  leur  ressentiment.  L'église 
&  quatorze  maisons  furent  réduites  en  cendres.  Se  huit  ou  dix  catholiques, 
hommes,  femmes  ou  enfants,  payèrent  de  leur  vie  cette  malheureuse 
coïncidence. 

Les  révoltés  remontèrent  ensuite  le  Gardon  par  la  rive  gauche.  Se  le  sieur 
de  Saint-Chatte  qui  commandait  un  détachement  à  Moussac,  ayant  essayé 

'  L'abbé    Mingaud,   curé    de    Saint-Etienne    de       plaine,    porte    à    sept    cents    le    nombre    des    at- 

Valfrancesqiie,  au  diocèse  de  Mende,  fort  éloigné       troupes'. 

du    théâtre  de  l'action,  8t  n'ayant    recueilli    que  ,  ,,  .     ,•        . 

,       ,    ,  ,^,  '  Documents  liittoriJucs  sur  la  province  de  Oi'iau.ian, 

les   nouvelles  courantes   sur  les  événements  de  la        |,  p.  3iS. 


1703 


——^ 768  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

de  tomber  sur  eux,  perdit  presque  tout  son  monde  par  le  feu  ou  dans  la 
rivière,  &  ne  se  sauva  lui-même  qu'à  grand'peine. 

Ces  catastrophes  mirent  l'épouvante  à  son  comble  dans  toute  la  plaine  du 
Gard.  On  avait  vu  arriver  à  Nimes,  tête  nue  &.  sans  armes,  quelques  fuyards 
du  val  de  Bane,  apportant,  suivant  l'usage,  des  nouvelles  désespérées  : 
d'après  eux,  le  comte  de  Broglie  était  du  nombre  des  morts,  &  les  Barbets,  en 
marche  sur  la  capitale  du  diocèse,  allaient  y  paraître  d'une  heure  à  l'autre. 
Cavalier,  entré  la  veille  à  Nimes,  sous  un  déguisement,  pour  y  faire  provi- 
sion de  poudre,  profita  de  cette  panique;  plusieurs  de  ses  amis  obtinrent,  à 
la  faveur  de  la  confusion  générale,  des  munitions  qu'ils  n'auraient  pas  osé 
solliciter  en  un  temps  plus  calme. 

Les  lettres  de  Fléchier  témoignent  éloquemment  de  l'état  des  esprits.  11 
écrivait  à  un  curé,  le  jour  même  du  combat  :  «  Les  dangers  deviennent  tou- 
«  jours  plus  grands,  &  il  semble  qu'on  ait  toujours  plus  de  peine  à  être 
«  assisté.  Rien  ne  coûte  à  ces  scélérats  pour  faire  du  mal,  8c  tout  coûte 
«  quand  il  faut  secourir  des  gens  de  bien.  Ceux  qui  gouvernent  sont  bien 
«  embarrassés,  quelque  bonne  intention  qu'ils  aient.  Il  sort  des  ennemis  de 
«  tous  côtés,  &  il  n'y  a  ni  assez  de  troupes,  ni  assez  d'argent  pour  les 
«  réprimer  "...  » 

Fléchier  traversait  précisément,  se  rendant  à  Nimes,  le  village  de  Bernis, 
quant  on  y  porta  le  corps  de  Poul.  Il  fut  donc  témoin  de  l'émotion  produite 
par  la  perte  d'un  chef  sur  qui  les  catholiques  avaient  fondé  les  plus  hautes 
espérances.  Aussi  écrivait-il,  sous  cette  impression  :  «■  On  ne  peut  assez 
«  déplorer  les  malheurs  qui  nous  affligent.  Mais  Dieu  ne  permettra  pas  que 
<c  l'enfer  prévale.  Voici  des  troupes  qui  arrivent  de  tous  côtés,  de  Provence, 
«  de  Catalogne,  d'Allemagne,  d'Italie,  Si  j'espère  que  nous  serons  en  sûreté. 
<i  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  cherchons  d'où  nous  peut  venir  le  secours.  Si  il 
«  nous  doit  venir  du  Seigneur.  Auxilium  nostrum  a  Domino^.  » 

Quelques  jours  auparavant,  les  agents  de  l'intendance  avaient  saisi  un 
avis  aux  protestants  de  Castres  où  l'on  disait  :  «  Elevez  vos  cœurs  vers  ces 
«  montagnes  saintes  d'où  vous  viendra  tout  votre  secours.  L'Éternel  a  déjà 
«  exaucé  vos  prières,  puisqu'il  arme  toutes  les  nations  pour  vous  délivrer  de 
«  la  captivité  de  Babylone  8<.  de  la  domination  tyrannique  des  monstres 
«  d'enfer.  » 

L'auteur  inconnu  ajoutait  qu'on  allait  bientôt  voir  paraître  un  chef  digne 
de  commander,  qui  rétablirait  les  temples  8c  restituerait    les  coupes  de  la 

'  Lettres  choisies  de  M.  Fléchier,  I,  p.  209.  Cette  l'attens   tous  les  jours   ici   &  je  renouvellerai   mes 

lettre,  datée   de   Nimes,   le   12    janvier  lyoS,  com-  instances   pour  vous  mettre   en    sûreté.    11   Un   peu 

mcnce  ainsi  ;  plus  loin,   l'évêque  de  Nimes  ajoute  :  «  En  atten- 

i(  Je  ne   manquay  pas    de  solliciter  M.  de  Bas-  dant  que  M.  l'Intendant  vous  envoie  des  troupes, 

ville.  Monsieur,  de  vous  envoyer  les  secours  dont  à  quoi    je  travaillerai   efficacement,  je  vous   envoie 

vous   pouvez  avoir  besoin.  Il  me  promit  de   cher-  dix  louis  d'or,  dont  vous  vous  servirez  pour  païer 

che'  quelque  moyen   de  païer  votre  garde  pour  le  vos  soldats,  u 

passé,  &  de  vous  fournir  un  déiachcment  de  trou-  '  Lettres  choisies  Je  M.  Fléchier,  I,  p.  212.  Lettre 

pes   pour  vous  garder  à  l'avenir.  Il  est  à   Usez,  je  du   17  janvier  lyoS. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  769  T 

'    '         1703 

Cène.  La  promesse  formelle  en  était  faite,  de  la  part  de  Dieu,  par  le  pro- 
phète Daniel  '. 

Ainsi,  des  deux  côtés  &  presque  dans  les  mêmes  termes,  on  prenait  des 
engagements  au  nom  du  ciel,  sans  dédaigner  les  auxiliaires  humains. 

Ce  dont  Bâville  s'inquiétait  le  plus,  c'était  de  connaître  la  portée  possible 
des  événements  qui  jetaient  alors  la  désolation  dans  la  Province  &  l'étonne- 
ment  dans  le  royaume^.  A  première  vue,  le  soulèvement  des  Cévennes  pré- 
sentait une  différence  caractéristique  avec  les  anciennes  guerres  de  religion 
qui  avaient  désolé  le  Midi.  Sans  doute,  les  massacres  d'ecclésiastiques,  les 
incendies  d'églises  Se  de  presbytères  rappelaient  à  s'y  méprendre  les  exploits 
de  maint  capitaine  huguenot  du  seizième  siècle;  mais,  pendant  cette  période 
terrible,  ce  n'étaient  pas  des  gardes  forestiers,  des  soldats  déserteurs  ou  des 
paysans  transformés  en  généraux  qui  conduisaient  les  bandes  religionnaires; 
des  personnages  de  marque,  les  plus  grands  seigneurs  du  pays,  combattaient 
ouvertement  pour  la  Réforme;  des  villes  entières,  des  places  fortes  s'étaient 
mises  à  leur  discrétion,  soit  par  la  libre  décision  de  leurs  consuls,  soit  par 
l'effet  d'heureux  coups  de  main.  En  1708,  rien  de  pareil.  Parmi  les  gentils- 
hommes de  haute  naissance  que  l'édit  de  révocation  avait  trouvés  protestants, 
les  plus  fei-vents  8c  les  plus  hardis  s'étaient  hâtés  de  gagner  la  frontière  :  ils 
habitaient  le  Brandebourg,  la  Hollande,  l'Angleterre,  ou  servaient  dans  les 
régiments  étrangers  que  les  princes  ennemis  de  Louis  XIV  avaient  créés  pour 
eux,  jaloux  d'utiliser  le  ressentiment  d'une  aussi  vaillante  noblesse;  les  autres, 
—  &  c'étaient  de  beaucoup  les  plus  nombreux,  —  avaient  courbé  la  tête  sous 
le  vent  &  laissaient  passer  l'orage.  Ainsi  le  protestantisme  perdait  son  esprit 
féodal  par  la  soumission  ou  l'indittérence  des  héritiers  de  ses  anciens  chefs 
militaires.  Quant  aux  villes,  pas  une  seule  ne  bougeait.  Le  sentiment  de 
l'autorité  royale  était  devenu  si  puissant  81  l'anéantissement  progressif  de  la 
vie  personnelle  des  communes  si  complet  que  l'idée  ne  vint  certainement  à 
personne,  dans  les  villes  où  dominait  l'élément  réformé,  de  prendre  une  de 
ces  délibérations  d'union  pour  la  défense  de  l'Evangile  dont  l'histoire  du  sei- 
zième siècle  offre  tant  d'exemples.  Quelques  années  avant  l'explosion,  l'in- 
tendant s'était  demandé  si  la  noblesse  protestante  de  Languedoc,  qu'il  évaluait 
à  quatre  cent  quarante  chefs  de  famille,  répartis  principalement  dans  les  dio- 
cèses d'Alais,  de  Nimes,  de  Lavaur,  de  Castres  &  d'Uzès,  serait  exposée  à  y 
jouer  un  rôle  considérable.  Il  ne  le  pensait  pas  Se  fondait  judicieusement 
cette  opinion  sur  la  médiocrité  générale  de  leur  état.  Une  seule  maison  lui 
semblait  désignée  par  le  haut  rang  qu'elle  tenait  dans  le  royaume  :  c'était 
celle  du  marquis  de  Malause;  mais  on  ne  doutait  pas  de  la  sincérité  de  sa 
soumission,  &.  ses  alliances  avec  des  tamilles  catholiques  prouvaient  que  l'esprit 
de  secte  avait  cessé  de  la  dominer.  Quant  aux  autres  nobles,  Bâville  en 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCXXXIV,  col.  1648.  22    décembre    1702.    Dans    sa    lettre    d'envoi,    du 

*  Voir  aux   Pièces  justificatives,  n.  DCXXVIII,  même  jour  {IHJ.  n.  DCXXVII,  col.  i633.),  l'in- 

col.   i635,  le  Mémoire  de  Bâville  sur  l'état  présent  tendant  explique  qu'il  y   a  résumé  les  indications 

des  affaires  ies  Cévennes,  daté  de  Montpellier,  le  de  sa  correspondance  antérieure. 

XIII.  ^r; 


—^ 770  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

comptait  à  peine  quinze  qui  eussent  de  cinq  à  douze  mille  livres  de  rentes; 
tout  le  reste  était  au-dessous,  Se  la  plus  grande  partie  n'en  avait  pas  trois. 

Avec  d'aussi  faibles  revenus,  il  n'était  permis  à  personne  de  faire  grande 
figure  81  d'être  chef  de  parti'.  C'était  un  immense  avantage  pour  la  cause 
royale,  car  il  n'est  point  douteux  qu'au  seizième  siècle  la  forte  organisation 
territoriale  de  la  féodalité  n'ait  largement  contribué  à  l'importance  militaire 
des  mouvements.  Un  parti,  dont  les  membres  possédaient  à  titre  de  propriété 
nombre  de  châteaux  faciles  à  défendre,  dans  les  positions  les  plus  avanta- 
geuses, avait,  par  ce  fait  seul,  une  avance  formidable.  Et  quand  on  voit  tout 
le  mal  qu'eurent  à  se  donner  les  généraux  de  Louis  XIV  pour  réduire  une 
insurrection  populaire,  privée  de  chefs  des  hautes  classes  &.  de  places  fortes,  il 
est  aisé  de  comprendre  ce  qu'aurait  pu  être  la  guerre  des  Cévennes,  sans  les 
transformations  de  l'état  social  81  sans  la  démolition  méthodique  de  châteaux 
opérée  sous  le  ministère  de  Richelieu.  Pour  les  négociants  de  Nimes  &  de 
quelques  autres  villes,  qui  avaient  à  la  fois  beaucoup  d'argent  &  beaucoup 
de  moyens  de  communication  avec  l'étranger,  Bâville  ne  s'était  point  trompé 
en  supposant  que  les  intérêts  de  leur  commerce  effaceraient  les  autres  consi- 
dérations. Si  la  noblesse  avait  perdu  son  ancienne  vigueur  8t  son  humeur 
indépendante  en  recevant  des  pensions  &  des  charges  de  cour,  le  tiers  état 
s'éloignait  aussi  de  plus  en  plus  de  l'esprit  aventureux  des  vieilles  communes. 
Ainsi  nobles  &  bourgeois  demeuraient  prudemment  à  l'écart  de  l'insurrection 
qui  était  le  fait  exclusif  de  gens  du  peuple,  n'ayant  rien  à  perdre  que  la  vie, 
&,  la  menant  assez  misérable  pour  en  faire  bon  marché. 

Mais  de  cet  éloignement  des  réformés  nobles  ou  riches  pour  toute  partici- 
pation directe  au  soulèvement,  fallait-il  conclure  à  un  désaveu  formel  de  la 
prise  d'armes?  Bâville  ne  le  pensait  point.  Il  croyait  que  tous  les  protestants 
«  raisonnables  »  condamnaient  les  actes  de  cruauté  commis  par  les  attroupés 
des  Cévennes,  qu'ils  étaient  opposés  aux  meurtres  &  aux  incendies;  mais  il 
ne  doutait  pas  qu'au  fond  du  cœur  les  plus  modérés  ne  fissent  des  vœux  pour 
le  succès  de  l'entreprise.  Ils  attendaient  de  la  fatigue  des  troupes  Si  de  l'im- 
puissance du  roi  la  mesure  salutaire  qui  devait  laisser  la  révolte  sans  prétexte 
&  sans  excuse,  le  rétablissement  de  l'édit  de  Nantes  8t  la  réouverture  des 
temples. 

Plusieurs  écrits,  circulant  dans  la  Province,  témoignaient  d'une  intention 
arrêtée  de  présenter  aux  yeux  de  l'Europe  le  mouvement  des  Cévenols  comme 
une  véritable  guerre  de  religion  tendant  à  reconquérir  le  libre  exercice  du 
culte.  D'autres  documents,  d'une  origine  probablement  plus  élevée  Si  de 
forme  plus  circonspecte,  tendaient  surtout  à  ruiner  dans  l'esprit  des  peuples 

'  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  Languedoc,  Diocèse  d'Alais  :  çrt.   —  Lavaur  :   79.   —  Cas- 

p.  78.  très  :  72.  —  Nîmes  :  Sç.  —  Uzès  :  44.  —  Mont- 

Voici  comment  les  440  gentilshommes,  chefs  de  pellier   :   29.   —  Vivarais  :  zS.  —  Albi   :    18.  — 

famille  nouveaux  convertis,  se  répartissaient  entre  Mende  :   14.  —  Rieux  :  3.  —  Narbonne  :  1. 
on:se  diocèses  de  Languedoc,  d'après  les  états  dres-  La  population  totale  des  nouveaux  convertis  de 

ses  par  l'intendant  ;  Languedoc,  en   1698,  était  de   198478  personnes. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  771 

la  fameuse  fiction  d'une  conversion  générale  des  réformés  à  la  religion  ro- 
maine. Tel  était  le  but  d'un  Avis  aux  protestants  de  France  dont  l'intendant 
donna  communication  au  ministre  de  la  guerre'. 

L'auteur  inconnu  de  cet  écrit,  qui  recommandait  d'en  étendre  la  publicité, 
engageait  ses  coreligionnaires  à  tenir  ferme  dans  leurs  croyances  &  leur  pro- 
mettait le  triomphe  prochain  de  la  vérité. 

Si,  dans  le  Conseil  du  roi,  la  pensée  de  retirer  les  édits  de  persécution  était 
combattue,  c'est  que  l'on  ajoutait  foi  à  la  sincérité  des  conversions.  Supposant 
qu'une  minorité  infime  restait  seule  attachée  aux  maximes  de  la  Réforme,  on 
jugeait  inutile  d'accéder  à  ses  réclamations.  Il  fallait  prouver  que  la  bonne 
foi  du  roi  avait  été  surprise,  &  que  ni  la  perte  des  biens,  ni  l'exil,  ni  même 
la  mort  n'ébranleraient  la  solidité  de  convictions  immuables.  On  disait  aux 
nouveaux  convertis  :  C'est  votre  faiblesse  même  qui  vous  a  perdus.  Si,  dans 
le  commencement  de  vos  malheurs,  vous  aviez  témoigné  de  la  fermeté,  l'on 
ne  vous  aurait  point  poussés  à  bout.  Le  roi  lui-même  a  montré  que  la  persé- 
vérance des  hommes  résolus  commandait  son  estime,  &c  la  facilité  de  certaines 
soumissions  a  été  traitée  de  lâcheté. 

Le  mystérieux  correspondant  ne  voyait  qu'une  réparation  à  ces  fautes  : 
c'était  de  donner  des  marques  certaines  de  constance  &  de  foi.  Tous  les 
réformés  de  la  terre  avaient  contemplé  avec  douleur  la  grande  défaillance  du 
protestantisme  français;  en  reprenant  courage,  en  affirmant  hautement  qu'on 
n'avait  péché  que  des  lèvres  &  qu'on  avait  cédé  à  la  contrainte,  sans  se  con- 
vertir de  cœur,  on  réveillerait  des  sympathies  languissantes  ou  découragées, 
on  retrouverait  des  avocats  auprès  du  roi,  81  l'on  réussirait  peut-être  à  dissiper 
l'erreur  de  la  Cour. 

Des  communications  d'un  autre  style,  mais  animées  du  même  esprit,  vin- 
rent au  comte  de  Brogiie  du  milieu  même  des  montagnes  où  flamboyait 
l'incendie. 

Deux  personnages  qui  s'intitulaient  «  généraux  de  l'assemblée  des  fidèles» 
&  qui  signaient  «  Jean  la  Pierre  roulante  »  &  a  la  Rivière  de  Gardon  »,  adres- 
sèrent au  commandant  en  chef  un  manifeste  où  ils  exposaient  le  but  de  la 
prise  d'armes*.  Ce  but  était  le  rétablissement  des  libertés  religieuses  que 
leurs  pères  avaient  conquises  au  prix  de  leur  sang. 

Les  édits  ayant  défendu  les  assemblées  &C  les  prières  publiques,  il  avait 
fallu  se  retirer  «  dans  les  déserts,  par  les  montagnes  £<.  dans  les  trous  de  la 
«  terre.  »  Messieurs  de  l'Église  romaine  s'étaient  acharnés  à  la  poursuite  des 
fidèles,  les  faisant  fusiller  sur  place  ou  les  condamnant  à  la  roue,  au  gibet, 
au  bûcher,  envoyant  les  autres  en  exil  ou  sur  les  galères.  Ces  actes  de  rigueur 
avaient  occasionné  beaucoup  de  faiblesses  :  les  âmes  s'étaient  perdues  comme 
les  corps,  mais  l'heure  de  la  résurrection  avait  sonné.  Les  fils  allaient  faire 
oublier  la  lâcheté  de  leurs  pères,  en  retournant  dans  le  sein  de  l'Église,  aban- 

'  Pièces  just'tjicatives,  n.  DCXXII,  col.   i6î2.  par  l'intendant  Bâville,  le  12  décembre  1701.  Le 

'  Pièces  justtficativei ,  n.  DCXXIII,  col.  1624.  manifeste  est  daté  du  i5  décembre,  sans  désigna- 
Ce  document  fut  transmit  au  ministre  de  la  guerre       tion  de  lieu. 


1703 


";■"[ 772  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

donnée  par  crainte  des  hommes.  Ils  étaient  prêts  à  verser  leur  sang  pour  la 
cause  de  l'Évangile. 

Le  manifeste  se  terminait  par  une  protestation  de  fidélité  envers  le  roi.  Les 
généraux  se  déclaraient  sujets  dévoués,  disposés,  comme  leurs  pères,  à  donner 
leur  vie  pour  la  défense  du  royaume.  Ils  offraient  d'ailleurs  des  éclaircisse- 
ments, si  l'on  voulait  bien  entrer  en  négociation  avec  eux. 

Cette  tentative  n'eut  point  de  suite.  La  guerre  n'avait  pas  encore  duré  assez 
longtemps  ni  fait  assez  de  victimes  pour  que  l'on  crût  pouvoir,  sans  humilia- 
tion, entretenir  des  pourparlers  avec  les  rebelles. 

La  seule  conclusion  que  Bàville  tirait  de  ces  démarches,  c'est  que  «  la 
«  cabale  huguenotte  commençoit  à  se  déclarer  &  à  faire  paroître  son  dessein.  •> 

Pour  lui,  il  ne  vovait  pas  d'autre  remède  que  de  faire  arriver  promptement 
de  bonnes  troupes.  Il  avait  remarqué  que  les  fanatiques  affectaient  de  répondre 
à  toutes  les  exécutions  sanglantes  par  des  représailles,  ce  qui  lui  paraissait 
marquer  l'esprit  de  révolte  poussé  à  son  comble.  Des  milices  timides  ou  des 
réo^iments  inexpérimentés  ne  pouvaient  suffire.  De  tels  secours  étaient  même 
plutôt  nuisibles  qu'utiles,  parce  qu'ils  fournissaient  aux  rebelles  des  occasions 
de  victoires  d'une  influence  déplorable  sur  l'opinion.  «  Les  nouveaux  régi- 
«  mens,  écrivait  Bâville,  sont  plus  méprisés  que  craints  par  les  fanatiques.  » 

Son  avis  était  de  terminer  l'affaire  pendant  l'hiver,  époque  de  l'année  où 
l'on  avait  le  plus  de  troupes  disponibles  :  il  redoutait  qu'au  moment  où  les 
armées  rentreraient  en  campagne  sur  les  frontières,  la  sédition  ne  fît  des 
progrès  dans  une  province  renfermant  plus  de  quarante  mille  nouveaux 
convertis  en   état  de  porter  les  armes. 

L'intendant  désignait  lui-même  au  ministre  les  corps  qu'il  jugeait  utile 
d'appeler  :  il  comptait  principalement  sur  un  bataillon  du  régiment  des  Vais- 
seaux en  quartier  d'hiver  dans  les  évêchés  de  Toulon,  de  Marseille  Se  d'Aix, 
vieux  soldats  dont  l'intrépidité  &  l'expérience  rendraient  les  plus  grands  ser- 
vices. Il  avait  aussi  demandé  des  miquelets  de  Roussillon,  habitués  à  la 
guerre  des  montagnes.  Enfin,  il  souhaitait  l'arrivée  d'un  régiment  irlandais 
cantonné  à  Finale.  Ces  derniers  soldats  étaient  d'ardents  catholiques.  Si  leur 
qualité  d'étrangers  les  recommandait  à  Bàville,  trop  bien  éclairé  déjà  sur  la 
répugnance  Si  le  dégoût  qu'inspirait  aux  officiers  français  cette  triste  guerre 
intérieure. 

Le  14  janvier  vit  arriver  à  Pont-Saint-Esprit  le  maréchal  de  camp  désigné 
Tjar  le  ministre  pour  servir  en  Languedoc  sous  les  ordres  du  comte  de 
Broglie  ' . 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCXL,  col.    1657.   Il  son  diocésain,  que  Fléchier  écrivait  de  Nimes,  le 

est  éTident,  d'après  la  lettre  de  Julien,  que  ce  ma-  lî  janTier  : 

réchal  de  camp  faisait  son  entrée  dans  la  PrOTince  b  Les  troupes  d'ici  8c  d'ailleurs  ont  marche  vers 

par  le  Pont  Saint-Esprit,  &  qu'il  en  partit  sans  Uïès   &  »ers  le  Saint-Esprit,    pour    toml>er   sur 

troupes,    en    chaise   de    poste,  pour    se    rendre   i  cette  troupe  audacieuse   jue   M.   de   Julien  pour~ 

Montpellier,  y  conférer  avec  Broglie  &  Bâville  &  suit',  u 
prendre   possession  de  son  commandement.    C'est 

donc  par  anticipation  &  pour  rassurer  un   curé,  .  Lettres  ckoisiet  de  M.  FUchier,  I,  p.  Jio. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  773 

M.  de  Julien  était  un  ancien  protestant  de  la  principauté  d'Orange,  passé 
à  l'étranger  au  moment  de  l'édit  de  révocation;  non  content  de  quitter  alors 
la  France  comme  les  autres  émigrés,  il  avait  pris  du  service  en  Angleterre  Si 
en  Irlande  81  porté  les  armes  contre  son  pays.  Il  fut  tour  à  tour  page  du 
prince  d'Orange,  puis  colonel  d'un  régiment  à  sa  solde.  Le  duc  de  Savoie 
ayant  demandé  des  secours  à  l'Angleterre  8c  à  la  Hollande,  on  envoya  Julien 
en  Piémont.  II  défendit  Coni  contre  les  Français  81  se  conduisit  avec  tant  de 
vigueur  Se  d'intelligence  que  l'armée  royale  fut  contrainte  de  lever  le  siège. 
Rien  ne  faisait  encore  prévoir,  dans  cet  officier  de  fortune  vainqueur  des 
troupes  de  Louis  XIV,  le  futur  exterminateur  des  Cévenols.  Mais  la  dispro- 
portion qu'il  trouva  entre  ses  exploits  à  la  défense  de  Coni  8c  la  récompense 
qu'il  en  reçut,  disposa  son  esprit  à  considérer  la  religion  romaine  sous  un 
jour  nouveau.  Comme  il  s'était  retiré  à  Genève  8c  qu'il  n'y  faisait  point 
mystère  de  son  mécontentement,  la  Cour  de  France,  avertie  par  son  résident, 
lui  fit  offrir  de  l'emploi  8c  une  pension.  Dès  lors,  ses  yeux  se  désillèrent.  Il 
devint  en  même  temps  catholique  Se  brigadier  des  armées  du  roi'.  Soit  qu'il 
l'eût  demandé,  soit  que  l'on  voulût  éprouver  son  zèle  de  néophyte,  le  pre- 
mier emploi  qu'on  lui  donna  fut  de  combattre  les  Vaudois  dans  la  vallée  de 
Barcelonette  8c  plus  tard  de  surveiller  les  avenues  de  la  principauté  d'Orange, 
où  l'exercice  du  culte  réformé  avait  été  autorisé  en  vertu  de  la  paix  de  Rys- 
wyck,  81  d'en  interdire  l'accès  aux  protestants  de  Provence,  de  Languedoc  8c 
de  Dauphiné.  Julien  s'était  acquitté  de  ses  diverses  missions  à  la  satisfaction 
du  ministre  8c  de  façon  à  ne  permettre  aucun  doute  sur  la  sincérité  de  sa 
conversion. 

Dès  qu'il  mit  le  pied  en  Languedoc,  il  fut  frappé  de  l'impression  d'épou- 
vante que  le  soulèvement  des  Cévennes  y  produisait.  Depuis  le  premier  gen- 
tilhomme jusqu'au  dernier  paysan,  tout  le  monde,  dans  la  vallée  du  Rhône, 
en  parlait  avec  effroi.  Le  maréchal  de  camp  ne  pouvait  comprendre  qu'une 
bande  d'environ  neuf  cents  scélérats,  tant  fanatiques  qu'autres  gens  de  sac  8c 
de  corde,  se  fît  craindre  ainsi  des  trois  ordres  d'une  grande  Province.  Il 
comptait  y  ramener  la  confiance  Se  témoignait  des  dispositions  les  plus  belli- 
queuses, excitées  par  le  récit  qu'on  lui  avait  fait  des  violences  commises  dans 
les  montagnes.  «  Tout  humain  que  je  suis,  »  écrivait-il  au  ministre  avant  de 
quitter  Bagnols  pour  Montpellier,  «  je  prendray  un  cœur  de  tigre  pour 
«  exterminer  ces  scélérats,  sans  en  laisser  aucunes  graines.  » 

*  Julien  fut  nomm^  maréchal  Ae  camp  à  la  pro-  reiirs   du   calvinisme.   II    changea    de   religion   en 

motion    du    22    décembre    1702,    &    devint    aussi  changeant  de  maître.  Dès  qu'il  se  vit  catholique 

chevalier  de  Saint-Louis.  Le  père  Louvreleuil,  qui  &  brigadier  d'armée,  il  se  dévoua  aux  exercices  de 

lui  a  dédié  le  second  volume  de  son  Fanatisme  re-  l'Église  romaine  &  au  service  du  roi.  »  Louvreleuil 

nouvelé,  dans  une  épître  où   il   l'appelle  un  autre  conclut  par  l'observation  suivante  :  «  La  rapidité 

Hercule  8t  un  second  Alexandre,  raconte  avec  assez  de  sa  fortune  est  une  preuve  bien  forte  de  son  mé- 

de  na'ivelé  les  changements  de  religion  &de  patrie  rite  extraordinaire,  surtout  sous  un  règne  oii  l'on 

de  cet  officier,  &  les  étapes  correspondantes  de  sa  ne  s'attache  qu'à  récompenser  la  râleur*.  » 
conscience  &  de  son  avancement,  n  La  miséricorde 

de  Dieu,  dit-il,  voulait  par  là  le  retirer  des  cr-  ■  Le  Fanatisme  renouvelé,  1,  p.  65. 


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774  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Dès  les  premières  conférences  que  Julien  eut  avec  Broglie,  le  cominandant 
en  chef.  &  son  subordonné  se  trouvèrent  en  désaccord.  Julien  arrivait  avec  un 
plan  de  guerre  générale,  II  aurait  voulu  faire  évacuer  tous  les  postes  des 
Cévennes,  réunir  les  troupes  dans  le  plat  pays  &  commencer  ensuite  une 
opération  militaire  selon  les  règles  autour  de  la  région  soulevée.  Son  zèle  ne 
reculait  pas  devant  les  rigueurs  les  plus  terribles.  Broglie  repoussait  absolu- 
ment cette  théorie.  S'il  l'eût  adoptée,  disait-il,  dès  le  début  de  l'insurrection, 
il  ne  serait  plus  maître  que  de  Montpellier,  de  Nimes,  d'Uzès,  d'Alais  &  de 
Saint-Hippolyte.  La  campagne  tout  entière  appartiendrait  aux  rebelles,  éta- 
blis si  fortement  sur  les  Cévennes  qu'on  n'en  pourrait  forcer  l'entrée  qu'à 
coups  de  canon.  D'ailleurs,  tous  les  petits  centres  de  population  que  l'on 
dégarnissait,  fournissaient  des  renforts  aux  révoltés,  leur  donnaient  des  vivres, 
assistaient  aux  assemblées  Se  contribuaient  à  propager  l'excitation  religieuse. 
Plusieurs  villages  avaient  déclaré  que,  si  les  troupes  royales  se  retiraient,  ils 
se  verraient  contraints  d'entrer  dans  la  révolte  sous  peine  d'être  égorgés  fit 
incendiés.  L'exercice  de  la  religion  catholique  ne  se  faisait  plus  qu'à  l'abri  de 
ces  garnisons  &  aurait  entièrement  cessé  après  leur  retraite.  Broglie  ajoutait 
que  l'important  n'était  pas  d'exécuter  de  grandes  opérations,  mais  d'avoir 
beaucoup  de  forces.  Le  système  de  guerre  adopté  par  les  révoltés  ne  se 
prêtait  point  aux  mouvements  de  corps  d'armée  qui  n'auraient  eu  personne  à 
combattre'.  Mais  la  situation  du  commandant  en  chef  était  de  plus  en  plus 
compromise  :  on  l'accusait  de  mollesse  81  d'imprévoyance*;  les  projets  les  plus 
violents  se  débattaient  chaque  jour;  on  ne  parlait  de  rien  moins  que  d'exter- 
miner Se  de  détruire  des  villages  entiers,  &  de  rendre  inhabitable  le  foyer  de 
l'insurrection  3. 

Les  bataillons  du  régiment  de  Hainaut  que  Broglie  attendait  étant  arrivés, 
le  commandant  en  chef  donna  le  choix  à  Julien  du  terrain  &  des  troupes 
dont  il  voudrait  se  charger.  Julien  choisit  le  pays  compris  entre  le  Gardon  & 
l'Ardèche,  depuis  Genolhac  au  pied  de  la  Lozère,  jusqu'à  Uzès,  avec  Alais 
pour  quartier  généraH.  Comme  le  maréchal  de  camp  persistait  à  croire  que 
des  opérations  stratégiques  seraient  possibles  contre  les  révoltés  8c  qu'on  pour- 
rait les  obliger  à  une  action  générale,  il  avait  eu  soin  de  se  réserver  une 
région  où,  sans  être  facile,  son  plan  lui  semblait  plus  réalisable,  grâce  à  la 
hauteur  moindre  des  montagnes  Se  à  l'étendue  des  plaines.  Pour  opérer  dans 
cette  région,  qui  renfermait  la  rive  gauche  du  Gardon  d'Alais  &  des  bassins 
du  Cèze  &  du  Chassezac,  Julien  prit  les  bataillons  des  régiments  de  Hainaut, 
de  Marcilly,  de  La  Fare,  de  Tournon  Se  de  Tarnaut. 

Ces  arrangements  étaient  à  peine  terminés,  qu'on  eut  vent  de  la  présence 
des  insurgés  au  château  de  Rochegude,  sur  le  bord  des  coteaux  du  Cèze. 
Julien  partit  le  28  janvier  pour  Saint-Ambroix  avec  quatre  cents  hommes, 
espérant    surprendre    l'ennemi    dans  son    repaire.   Mais   les  Cévenols,   qui 

■  Lettre  iu  comte  de^to^Vie,  Pièces  justificatives,  '  Court  de  Gébelin,   I,  p.  i65.  —  Bnieys,  III, 

n.  DCXLII,  col.  1661.  p.  35. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCXXIX,  col.  i638.  ■•  Pièces  justificatives,  n.  DCXLII,  col.   1660. 


l.IV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES,  77 j 

s'éclairaient  toujours  très-prudemment,  sortirent  de  Rochegude  une  demi- 
heure  avant  l'arrivée  des  troupes  royales,  passèrent  le  Cèze  sur  un  bateau  8c 
allèrent  incendier  l'église  8t  quelques  maisons  dans  le  village  de  Saint-Jean 
de  Maruéjols.  Trouvant  le  gîte  abandonné,  Julien  allait  tristement  faire 
rafraîchir  son  monde  à  la  rivière,  quand  le  bruit  des  tambours  lui  arriva  du 
côté  de  Saint-Jean.  Le  maréchal  de  camp  voulut  faire  passer  l'eau  à  sa 
colonne;  mais  le  bateau  avait  été  laissé  sur  l'autre  rive;  la  femme  du  bate- 
lier profita  d'un  gué  pour  l'aller  prendre;  pendant  ces  retards,  les  insurgés, 
qui  vinrent  faire  quelques  démonstrations,  eurent  le  temps  de  se  mettre  à 
couvert.  Julien,  désespérant  de  les  atteindre,  rentra  dans  Alais,  tandis  que 
les  Cévenols  brûlaient  l'église  d'Avejan,  8t  la  maison  du  prieur. 

Ils  ouvrirent  le  caveau  des  seigneurs  du  comté,  croyant  y  trouver  une 
cachette  d'armes  qui  n'y  était  point  8c  manifestèrent  leur  dépit  en  mettant  le 
feu  à  un  cercueil.  Des  prédications  furent  faites  dans  le  château;  comme 
toute  la  population  du  pays  était  protestante,  cette  incursion  ne  donna  pas 
lieu  aux  violences  8c  aux  scènes  de  sang  qui  se  produisaient  en  terre 
catholique  '. 

Quelques  jours  après,  un  poste  de  soixante-cinq  hommes  du  régiment  de 
Marcilly,  qui  occupait  la  petite  place  de  Genolhac,  fut  attaqué,  au  point  du 
jour,  par  une  forte  bande  d'insurgés  à  laquelle  s'était  réuni  tout  le  menu 
peuple  de  la  paroisse,  de  Vialas,  de  Castagnols,  8c  des  divers  villages  éche- 
lonnés, à  droite  8c  à  gauche  du  Luech,  sur  les  premières  assises  de  la  Lozère 
8c  du  Bougés.  M.  de  Montlibert,  commandant  du  poste,  se  défendit  vaillam- 
ment, toute  la  matinée,  dans  une  maison  située  au  milieu  du  village  8c  qui 
recevait  le  feu  de  toutes  les  maisons  voisines.  A  midi,  cet  officier  fut  tué,  8c 
comme  l'incendie,  que  les  insurgés  avaient  allumé  aux  trois  portes  de  la 
maison,  commençait  de  la  rendre  intenable,  le  lieutenant,  avec  une  poignée 
d'hommes,  essaya  de  se  frayer  un  passage  l'épée  à  la  main  8c  de  gagner  la 
campagne.  Saluée  par  la  fusillade  qui  partait  de  chaque  fenêtre,  cette  petite 
troupe  était  réduite  à  cinq  hommes  quand  elle  parvint  à  se  mettre  en  sûreté*. 

Lorsque  ces  tragiques  événements  s'accomplirent,  Julien  était  précisément 
en  marche  sur  Genolhac,  avec  mission  d'y  installer  dix  compagnies  du 
régiment  de  Hainaut,  d'en  placer  trois  au  Collet  de  Dèze  8c  de  retirer  les 
postes  de  Brenoux,  de  Peyremale  8c  de  Mandajors.  A  une  lieue  de  Genolhac, 
il  rencontra  les  cinq  hommes  qui  avaient  échappé  au  massacre  8c  recueillit 
de  leur  bouche  la  confirmation  de  sa  théorie  sur  le  danger  des  petites  garni- 
sons. Quand  il  pénétra  dans  le  bourg,  qui  faisait  partie  des  possessions  dii 
prince  de  Conti,  il  n'y  rencontra  pas  un  seul  protestant.  Tous  avaient  gravi 
la  montagne  de  Castagnols,  pour  se  mettre  sous  la  protection  des  insurgés. 
La  pluie  n'avait  cessé  de  tomber  toute  la  journée.  Les  troupes,  harassées  do 
fatigue,  8c  trempées  jusqu'aux  os,  bivouaquèrent  pendant  la  nuit.  Elles 
étaient  arrivées  à  cinq  heures  du  soir,  8c  comme  on  se  trouvait  alors  au 

■  Pièces  juitificative:,  n.  DCXLVII,  col.  1674.  '  Pièces  juitificatiyes,  n.  DCXLIV,  col.   iiû5. 


J702 


-—^ 776  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

commencement  de  février  St  qu'il  ne  cessait  de  pleuvoir,  l'obscurité  comman- 
dait la  plus  extrême  prudence.  Quant  le  jour  parut,  on  s'assura  que  la  popu- 
lation valide  avait  abandonné  les  maisons,  8c  bien  que  Julien  n'eût  point 
ordonné  ni  permis  le  pillage,  les  soldats  se  portèrent  à  de  grands  excès. 

Julien  justifia  leur  conduite,  dans  son  rapport  au  ministre,  en  rappelant 
que,  dans  l'espace  de  peu  de  jours,  le  même  lieu  avait  vu  massacrer  deux 
capitaines  &  soixante-deux  hommes,  sans  compter  beaucoup  de  catholiques 
inoffensifs,  femmes  ou  enfants,  qui  avaient  été  égorgés,  soit  dans  les  villages, 
soit  dans  les  maisons  de  campagne.  Cette  guerre  prenait  d'ailleurs  un  carac- 
tère de  plus  en  plus  atroce.  L'affaire  de  religion  devenait  prétexte  à  des 
actes  de  pur  brigandage,  &  les  haines  locales  ou  individuelles  s'accumulant 
menaçaient  le  pays  d'une  entière  conflagration.  Déjà  l'on  reprenait  d'instinct 
les  funestes  traditions  du  seizième  siècle.  Le  secours  des  forces  régulières  se 
montrant  impuissant,  des  ligues  de  villages  catholiques  s'organisaient,  sous 
l'impulsion  du  clergé  &  de  quelques  gentilshommes. 

Comme  Genolhac  était  un  lieu  ouvert,  enfoui  au  fond  d'un  creux,  dans 
le  vallon  de  la  Gardonnelle,  8c  commandé,  dans  toutes  les  directions,  par  des 
hauteurs  considérables,  Julien,  qui  en  reconnut  les  abords  le  lendemain 
matin  de  son  arrivée,  n'avait  pas  cru  devoir  y  laisser  les  dix  compagnies  de 
Hainaut  désignées  par  le  comte  de  Broglie,  pas  plus  qu'en  établir  trois  au 
Collet  de  Dèze,  &c  ramassant  en  chemin  divers  petits  postes,  il  s'était  replié 
sur  Alais  avec  tout  son  monde. 

Cette  retraite,  dont  on  avait  pu  suivre  les  phases  de  tous  les  points  d'obser- 
vation de  la  montagne,  ne  fut  pas  plus  tôt  connue  que  les  populations  réfor- 
mées descendirent  en  masse  de  leurs  refuges  8c  rentrèrent  dans  Genolhac. 
On  y  avait  déjà  incendié  l'église  &c  le  couvent  des  dominicains;  on  y  prêcha, 
on  y  chanta  les  psaumes,  on  y  tint  des  assemblées  où  se  rencontrèrent  plus 
de  deux  mille  personnes,  on  se  confirma  dans  la  pensée  que  les  temps  du  duc 
de  Rohan  étaient  revenus  8c  que  la  réforme  allait  triompher  par  les  armes. 

Alors  eurent  lieu  diverses  courses  dans  celles  des  paroisses  voisines  où  habi- 
taient des  populations  catholiques.  La  vallée  du  Luech,  à  Chamborigaud, 
fut  le  théâtre  de  sanglantes  exécutions.  Le  récit  de  ces  événements  lasse  par 
la  monotonie  de  l'horreur;  on  n'y  parle  que  de  gens  brûlés  dans  leurs  mai- 
sons, d'enfants  égorgés,  d'yeux  crevés,  de  langues  coupées;  on  se  croit  trans- 
porté au  milieu  de  peuplades  sauvages,  8c  il  faut  un  véritable  effort  de  pensée 
pour  se  rappeler  que  pareilles  abominations,  commises  de  part  &c  d'autre  au 
nom  de  la  foi,  étaient  contemporaines  de  la  Cour  la  plus  délicate  &c  la  plus 
élégante  qui  fut  jamais. 

C'est  en  réponse  à  ces  attentats  que  se  formèrent  les  premières  fédérations 
catholiques.  Elles  se  recrutèrent  principalement  sur  le  flanc  oriental  de  la 
Lozère  8c  dans  le  massif  de  montagnes  qui  sépare  les  hautes  vallées  du  Cèze 
8t  du  Chassezac.  C'étaient,  au  nord  de  Genolhac,  les  lieux  de  Concoules, 
Vielvic,  Saint-André  de  cap  Cèze,  Ponteils,  Malons;  au  sud,  Chamborigaud 
8c  Chambon;  à  l'est,  Aujac  8c  Sénéchas.  Les  petits  pelotons  d'hommes  de 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  777 

main  fournis  par  ces  divers  villages,  formèrent  une  troupe  de  quatre  ou  cinq 
cents  enfants  perdus  qui  se  mirent  à  battre  le  pays,  à  ravager  les  propriétés, 
à  brûler  les  maisons  de  campagne  des  protestants  8c  à  massacrer  quelques 
malheureux  '. 

Sur  le  flanc  occidental  des  Cévennes,  les  insurgés  ne  cessaient  pas  leurs 
entreprises.  Les  postes  royaux  du  Pompidou  &  de  Sainte-Croix  avaient  dû 
être  évacués,  de  sorte  que  la  haute  montagne  appartenait  presque  entière- 
ment à  la  révolte.  Il  devenait  évident  que  les  petites  garnisons  placées  dans 
les  villages,  à  seule  fin  de  garder  les  églises  81  de  protéger  l'exercice  du  culte 
catholique,  mission  rendue  inutile  par  la  retraite  de  la  plupart  des  curés, 
n'avaient  aucune  utilité  militaire,  ayant  été  disposées  sans  choix  &  sans 
connaissance  du  terrain.  Aucune  prudence  n'avait  d'ailleurs  dirigé  l'établis- 
sement de  ces  postes.  Ils  occupaient,  en  général,  une  maison  au  milieu  du 
village,  entourée,  dominée  souvent  par  les  habitations  voisines  où  les  insurgés 
avaient  aisément  accès.  Julien  prétend  que  les  plus  déterminés  soldats  de 
l'Europe  ne  se  seraient  pas  crus  en  sûreté  dans  des  positions  aussi  défavo- 
rables; à  plus  forte  raison  ne  pouvait-on  compter  sur  aucun  service  utile  de 
la  part  de  ces  pauvres  compagnies  de  bourgeoisie,  désolées  d'avoir  été  tirées 
de  leurs  champs  ou  de  leurs  boutiques  pour  faire  la  guerre,  8c  conduites  par 
des  officiers  sans  expérience  8c  sans  courage. 

Du  reste,  la  sollicitation  de  rappel  que  le  comte  de  Broglie  avait  adressée 
au  ministère  8c  toutes  les  plaintes  qui  arrivaient  de  Languedoc  contre  le 
malheureux  commandant  en  chef  finirent  par  être  écoutées.  Le  3o  janvier, 
le  roi  désigna  le  maréchal  de  Montrevel  pour  prendre  le  commandement 
supérieur  en  Languedoc  Se  fit  expédier  par  le  Rhône,  au  Pont-Saint-Esprit, 
vingt  grosses  pièces  de  canon,  cinq  mille  boulets,  quatre  mille  mousquets  8c 
cinquante  milliers  de  poudre,  annonçant  l'intention  formelle  de  réduire  la 
rébellion  par  un  coup  d'éclat. 

Avant  que  le  nouveau  chef  ne  fût  venu  relever  Broglie,  Cavalier  tenta  un 
mouvement  sur  le  Vivarais.  Il  avait  des  intelligences  dans  cette  terre  classique 
des  guerres  de  religion,  8c  il  comptait  que  sa  présence  en  armes  suffirait  à  y 
rallumer  des  feux  mal  assoupis.  Après  avoir  brûlé  le  château  de  Labas- 
tide,  avançant  sous  bois,  à  la  faveur  de  la  petite  chaîne  des  montagnes 
d'Uzège,  qui  forme  un  trait  d'union  entre  le  Cèze  Se  le  Chassezac,  il  porta  la 
désolation  dans  les  villages  de  Grospierres  8c  de  Sampzon.  La  ville  des  Vans, 

■  Brueys  dit  à  ce  sujet  :  •<  Véritablement  ce  qu'ils  l'on  crut  même  qu'il  pourroit  serrir  à  la  réduction 

entreprirent  étoit  contre  les  lois  de  l'Etat,  qui  ne  des  rebelles,  &  on  jugea  à  propos  de  leur  permettre 

permettent  point  aux  particuliers  de  prendre  les  de  se  joindre  aux  troupes  du  Roi,  &  de  courir  sur 

armes   sans    la    permission   du    Roi,   &  contre  les  les  fanatiques,  quand   l'occasion  s'en  présenteroit, 

préceptes  de  l'Évangile,  qui   défendent  aux   chré-  afin  qu'ils  pussent  continuer,  sans  crime,  ce  qu'un 

tiens  de  se  venger  eux-mêmes Mais  leurs  égli-  premier  mouvement  de  désespoir  &  de  vengeance 

ses  brûlées,   leurs  curés  massacrés,   leurs   familles  leur  avoit  fait  d'abord  entreprendre  contre  les  lois 

saccagées,  l'impossibilité  même  qu'il  y  avoit  à  les  de  l'État  8c  de  la  Religion  '.  « 

pouvoir  garantir,  avec  le  peu  de  troupes  que  l'on 

ayoït firent  que  l'on  excusa  leur  soulèyeraent  :  ■  II,  p.  36. 


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778  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

le  château  de  Bane,  appartenant  au  comte  du  Roure,  furent  mis  en  défense. 
L'intérêt  de  maintenir  le  Vivarais  à  l'abri  de  la  contagion  était  trop  consi- 
dérable pour  que  l'on  n'eût  pas  assuré  la  défense  des  lignes  de  l'Ardèche. 
Cavalier  ne  put  réussir  à  passer  cette  rivière,  Si  comme  les  incendies  &  les 
meurtres  multipliés  sur  sa  route  avaient  permis  de  le  suivre  à  la  piste,  il  ne 
put  rentrer  dans  les  Cévennes  sans  combattre. 

Le  premier  engagement,  qui  eut  lieu  le  10  février,  à  l'entrée  des  bois  de 
Vagnas,  ne  fut  pas  favorable  aux  troupes  du  roi.  Le  comte  du  Roure,  l'un 
des  lieutenants  généraux  de  Languedoc,  se  trouvant  alors  à  Barjac,  avait 
assemblé  les  gentilhommes  du  voisinage  &  quelque  milice.  Se  donné  l'ordre 
à  M.  Joviac,  posté  sur  l'Ardèche  avec  quatre  compagnies,  de  venir  lui  prêter 
main-forte.  Cette  petite  troupe  commit  la  faute  d'aborder  imprudemment  les 
rebelles,  qui,  massant  de  fortes  réserves  dans  le  bois,  présentèrent  d'abord 
une  avant-garde  insignifiante.  Gentilshommes  Si  milices  coururent  au  piège 
èi  ne  tardèrent  pas  à  voir  devant  eux  un  front  formidable,  pendant  que  des 
détachements,  sortant  de  leurs  abris,  attaquaient  la  colonne  par  le  flanc.  Le 
bruit  d'un  feu  terrible,  qui  tua  sur  place  le  marquis  de  La  Gorce  &  quelques 
autres  officiers,  produisit  une  telle  impression  sur  les  miliciens  qu'ils  lâchè- 
rent pied  sans  même  tirer  un  coup  de  fusil  Sise  laissèrent  poursuivre  jusqu'à 
Salavas,  au  bord  de  l'Ardèche.  Julien  occupait  alors  Lussan,  de  l'autre  côté 
du  Cèze.  Le  comte  du  Roure  lui  expédia  un  exprès  pour  l'appeler  à  l'aide. 

Julien  ne  perdit  pas  de  temps  61,  malgré  la  neige  qui  couvrait  tous  les 
chemins,  franchit  les  coteaux  du  Cèze,  amenant  avec  lui  un  bataillon  de 
Hainaut,  le  régiment  de  Tournon,  81  deux  cent  cinquante  hommes  des 
troupes  de  la  marine.  Il  passa  par  Saint-Jean  Si  Barjac,  où  il  arriva  au  point 
du  jour.  Le  comte  de  Florac  vint  l'y  rejoindre  avec  cinquante  soldats.  Les 
insurgés  occupaient  encore  les  abords  du  bois  de  Vagnas.  Ils  attendirent  la 
première  décharge  avec  leur  intrépidité  habituelle;  mais  Julien  ayant  pris 
d'habiles  dispositions  Si  organisé  une  embuscade,  quand  les  Cévenols  se 
virent  chargés  à  la  bayonnette,  ils  se  dispersèrent  81  allèrent  s'éparpiller 
dans  les  taillis.  La  neige  qui  rendait  partout  leurs  traces  visibles  permit  de 
les  poursuivre  fort  loin.  Ils  firent  des  pertes  considérables,  dont  le  chiffre 
exact  n'est  pas  facile  à  déterminer,  mais  paraît  avoir  atteint  cent  cinquante 
ou  deux  cents  hommes.  Beaucoup  de  mulets  81  de  chevaux,  ainsi  qu'un 
grand  nombre  d'armes,  fusils,  bayonnettes,  haches  81  faux  ramassés  sur  le 
champ  de  bataille,  furent  le  prix  de  cette  rencontre.  Ceux  qui  échappèrent 
franchirent  le  Cèze  à  gué,  sur  divers  points,  81  parvinrent  à  se  dérober  aux 
recherches,  étant  rentrés  chacun  dans  son  village  pour  y  reprendre  leurs 
occupations  ordinaires'.  Afin  d'empêcher  l'insurrection  d'envahir  à  nouveau 
la  rive  gauche  du  Cèze,  Julien  fit  garder  fortement  le  pont  de  la  Roque  par 
des  compagnies  bourgeoises  de  Saint-Esprit,  81  couler  à  fond  les  bacs  de 
Goudargues,  de  Saint-André  Si  de  Montclar^. 

'  Pièces  justificatives,  n,  DCXLVII,  col.  1674.  '  Brueys,  I,  p.  igo. 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  779 

Le  i5  février,  le  nouveau  commandant  en  chef  de  Languedoc  fit  son 
entrée  à  Nimes.  Nicolas-Auguste  de  La  Baume  Montrevel,  le  plus  jeune  fils 
du  comte  Ferdinand  de  Montrevel,  appartenait  à  une  ancienne  Si  illustre 
famille  de  la  Bresse.  Maréchal  de  camp  en  1688,  lieutenant  général  en  lôgS, 
il  avait  reçu  le  bâton  de  maréchal  de  France  le  14  janvier  1703.  Son  appa- 
rition dans  la  Province  fut  saluée  par  les  espérances  des  catholiques.  On 
aimait  à  croire  que  l'insuccès  des  précédentes  opérations  provenait  de  l'inha- 
bile direction  des  troupes  &  que  la  mauvaise  fortune  attachée  aux  mouve- 
ments du  comte  de  Broglie  s'éloignerait  avec  lui. 

«  Le  roi  a  eu  enfin  pitié  de  nous,  écrivait  Fléchier  à  cette  occasion,  & 
«  nous  a  envoyé  des  troupes  réglées  St  un  maréchal  de  France  pour  les 
Il  commander.  Nous  espérons  que  Dieu  bénira  ses  armes  81  nous  rendra 
«  notre  première  tranquillité'.  » 

Bâville  était  venu  à  Nimes  recevoir  le  maréchal,  avec  Julien  5c  Paratte, 
afin  de  conférer  avec  lui  sur  les  premières  dispositions,  tandis  que  Broglie, 
profondément  blessé  de  n'avoir  pas  été  compris  dans  la  dernière  promotion 
de  maréchaux  6c  d'assister  à  l'entrée  en  charge  de  son  successeur,  attendait 
avec  impatience  l'autorisation  de  quitter  la  Province*. 

Tout  le  monde  comptait  que  la  nomination  du  maréchal  ne  serait  pas  un 
simple  changement  de  personne,  mais  de  tactique,  £<.  l'on  peut  penser  que 
les  conseils  ne  firent  point  défaut  au  nouveau  commandant.  C'était  un 
homme  faible,  indécis,  ami  du  plaisir,  superstitieux,  violent  par  accès,  mais 
incapable  d'une  volonté  suivie  &  d'une  étude  sérieuse. 

Ceux  qui  reprochaient  au  comte  de  Broglie  de  ne  les  avoir  pas  préservés 
d'un  danger  permanent,  Si  que  l'excès  de  la  crainte  avait  rendus  féroces, 
n'eurent  plus  d'autre  pensée  que  de  conquérir  le  maréchal  à  leurs  vues  &  de 
lui  faire  exécuter  leurs  projets. 

Julien  lui  communiqua  ses  appréciations  personnelles,  dont  il  avait  déjà 
entretenu  le  ministre,  car  les  exigences  de  la  hiérarchie  étaient  alors  si  mal 
observées  qu'on  voyait  un  simple  maréchal  de  camp,  un  brigadier,  même  un 
colonel  passer  par-dessus  la  tête  de  ses  chefs  8c  correspondre  directement  avec 
la  Cour.  Le  programme  de  l'ancien  huguenot  ne  péchait  point  par  excès 
d'indulgence.  Julien,  tout  en  se  défendant  d'aucun  sentiment  de  haine  8c  de 
cruauté,  8c  protestant  qu'il  donnerait  sa  vie  pour  ramener  les  fanatiques  à  leur 
devoir,  partait  de  ce  principe  que  tout  le  menu  peuple  nouveau  converti  des 
Cévennes  trempait  dans  la  révolte,  8c  qu'on  ne  courait  point  le  risque  de  se 
tromper  en  frappant  au  hasard  :  le  châtiment  tomberait  toujours  sur  des  cou- 
pables, puisqu'on  y  aurait  vainement  cherché  des  innocents. 

De  ces  prémisses,  Julien  tirait  deux  conclusions  :  désespérant  de  ramener 
le  haut  pays,  on  devait  le  vider  par  une  dépopulation  générale,  afin  d'en- 
lever aux  insurgés  les  renforts  8c  les  secours  de  toute  nature  qu'ils  en  tiraient. 
Quant  aux  villages  où  des  bandes  seraient  allées  incendier  une  église  ou 

'  Fléchier,  Lettres  ehtisiesj  I,  p.  121.  '  Pièces  juitificatiyes,  n.  DCLV,  col.  1690. 


1703 


—^ 780  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

commettre  quelques  meurtres,  il  fallait  les  investir  aussitôt  avec  un  gros  déta- 
chement, faire  sortir  tous  les  anciens  catholiques  Si  les  nouveaux  convertis  de 
condition  supérieure  à  celle  des  paysans.  Se  passer  tout  le  reste  au  fil  de 
l'épée  «  sans  distinction  de  sexe  ni  d'âge.  »  Cette  exécution  sommaire  parais- 
sait légitime  à  l'ancien  officier  orangiste,  parce  qu'à  ses  yeux,  depuis  les 
enfants  de  sept  ans  jusqu'aux  octogénaires,  on  ne  pouvait  trouver  dans  le  bas 
peuple  de  la  montagne  que  des  criminels  de  lèse-majesté. 

Il  faisait  lui-même  un  tableau  saisissant  de  l'effet  qu'un  traitement  pareil 
produirait  sur  les  révoltés.  En  rentrant  chez  eux,  ils  y  verraient  le  cadavre 
de  leurs  femmes,  de  leurs  sœurs,  de  leurs  enfants,  de  leurs  vieux  pères,  Se 
un  tel  spectacle  les  ramènerait  nécessairement  à  l'obéissance.  Il  croyait  la 
recette  assurée,  8t  allait  jusqu'à  offrir  un  peu  imprudemment  de  se  laisser 
couper  la  tête  si,  à  la  troisième  exécution  Se  peut-être  à  la  première,  tout  ne 
rentrait  pas  dans  l'ordre'. 

Montrevel,  très-embarrassé  au  milieu  des  excitations  qu'il  trouvait  dans 
son  entourage  Se  de  l'effarement  des  hauts  dignitaires  du  pays,  cherchait 
pourtant  à  se  rendre  compte  de  la  réalité.  Le  manque  de  troupes  ne  lui  per- 
mettant pas  de  commencer  des  opérations  importantes,  il  fut  contraint  de 
passer  quelques  jours  à  Nimes  en  attendant  des  renforts,  8c  il  employa  ce 
temps  à  s'éclairer  sur  la  nature  de  la  révolte. 

On  n'a  pas  lieu  de  penser,  d'après  sa  correspondance,  qu'il  fût  préoccupé 
de  la  question  religieuse.  Il  recherchait  plutôt  les  causes  politiques  du  soulè- 
vement, Se  croyait  en  trouver  le  secret  dans  une  intervention  active  des  puis- 
sances étrangères.  Il  avait  eu  connaissance  d'un  projet  d'insurrection  générale 
qui  devait  éclater  au  printemps  8c  qui  serait  appuyé  par  un  débarquement  de 
troupes  anglaises  8c  de  réfugiés  français.  Soixante-quatre  capitaines,  de  cette 
double  origine,  étaient  déjà  entrés  dans  la  Province,  non  pour  se  mêler  aux 
révoltés  des  Cévennes,  mais  pour  entretenir  le  courage  Se  la  confiance  des 
réformés,  en  vue  de  la  grande  explosion.  Certains  prisonniers  avaient  reconnu 
que  les  petits  attroupements  qui  se  promenaient  d'un  point  à  l'autre  du  pays, 
brûlant  ici  une  église,  là  une  grange,  ailleurs  désarmant  un  poste  ou  enle- 
vant un  convoi,  n'avaient  pour  but  que  de  tenir  les  troupes  en  haleine,  de 
perpétuer  l'agitation  Se  de  fatiguer  le  pays.  Quant  aux  grands  événements, 
ils  étaient  subordonnés  au  destin  des  guerres  extérieures.  Que  la  suite  d'une 
campagne  malheureuse  conduisît  Une  armée  ennemie  dans  la  vallée  du 
Rhône,  Se  le  mot  magique  de  liberté  de  conscience,  habilement  placé  par  un 
général  vainqueur,  mettrait  tout  une  partie  du  Languedoc  à  sa  discrétion  *. 

Montrevel,  pas  plus  que  Bâville,  pas  plus  que  Broglie,  pas  plus  que  tous 
les  autres  grands  personnages  du  temps,  ne  songeait  à  se  demander  si  le 
meilleur  moyen  de  couper  court  à  ces  périls  n'était  pas  d'en  supprimer  la 
cause  en  retirant  le  funeste  édit  de  i685.  Il  savait  qu'une  telle  proposition 
n'avait  aucune  chance  d'être  accueillie  de  la  Cour,  obstinée  dans  son  entête- 

■  Pièces  justificatives,  n.  DCXLIV,  col.  i665.  '  Pièces  justifientives,  n.  DCXLIX,  col.  1678. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  781 

ment;  &  il  se  bornait  à  combiner  les  procédés  de  répression  qu'on  lui  suggé- 
rait de  toutes  parts  avec  ses  propres  idées. 

En  attendant,  les  Cévenols  continuaient  leurs  exploits;  quand  ils  étaient 
supérieurs  en  nombre,  ils  écrasaient  les  détachements  qui  se  trouvaient  à  leur 
portée;  quand  ils  se  voyaient  numériquement  plus  faibles,  ils  disparaissaient 
à  travers  les  bois. 

Le  maréchal,  s'inspirant  de  la  théorie  de  Julien,  fit  annoncer  que  tout 
village  où  l'on  aurait  commis  des  meurtres  sur  la  personne  des  anciens  catho- 
liques, serait  entièrement  brûlé  le  lendemain;  8c  cette  menace  fut  immé- 
diatement exécutée  à  la  suite  d'une  surprise  où  avait  péri  un  capitaine  du 
régiment  de  La  Fare  avec  tous  ses  hommes. 

Montrevel  s'inquiéta  aussi  du  rôle  de  la  noblesse,  qui  s'était  paisiblement 
retirée  dans  les  villes  «  voyant  pour  ainsi  dire  toutes  ces  horribles  tragédies 
«  avec  un  entier  désintéressement.  »  Il  fit  assembler  les  gentilshommes  de 
chaque  diocèse,  pour  conférer  avec  eux  Si  les  invita,  s'ils  voulaient  marquer 
leur  bonne  volonté,  à  rentrer  dans  leurs  châteaux,  à  s'y  tenir,  en  surveillant 
les  populations  avoisinantes,  à  y  rassembler  toutes  les  armes  Su.  tous  les  grains, 
pour  en  faire  la  distribution  journalière  aux  paysans  suivant  leurs  besoins, 
8c  empêcher  qu'il  n'en  tût  livré  aux  coureurs.  En  même  temps,  les  seigneurs 
de  paroisse  auraient  mission  de  contrôler  le  mouvement  de  la  population,  de 
s'opposer  aux  enrôlements  de  la  jeunesse  8c  d'obliger  les  habitants  à  reprendre 
leurs  occupations  ordinaires. 

Le  jour  même  où  le  maréchal  adressait  de  Sommières  ses  communications 
au  ministre  sur  les  premières  impressions  qu'il  avait  recueillies  en  Lan- 
guedoc, le  roi  signait  à  Versailles  une  ordonnance  contre  les  insurgés  des 
Cévennes'. 

Un  trait  assez  caractéristique  de  ce  document  est  l'affectation  que  mettait 
la  Cour  à  méconnaître  la  véritable  cause  du  soulèvement.  On  ne  voulait  pas 
avouer  que  les  violences  faites  à  la  liberté  de  conscience  eussent  déterminé 
l'explosion,  ni  laisser  supposer  une  connexité  d'intérêts  entre  les  anciens 
réformés  8c  les  Cévenols.  La  fiction  de  l'unité  de  foi  obtenue  par  les  conver- 
sions générales  continuait  d'avoir  force  de  loi,  8c,  malgré  les  rapports  de  l'in- 
tendant Se  des  chefs  militaires  qui  ne  permettaient  aucun  doute  sur  la  réalité, 
on  s'efforçait  de  présenter  les  événements  de  Languedoc  comme  des  actes  de 
pur  brigandage.  Aussi  les  hardis  coureurs  qui  remplissaient  la  Province  du 
bruit  de  leurs  entreprises  sont-ils  désignés,  dans  l'ordonnance  royale,  par  cette 
expression  singulière  :  «  Quelques  gens  sans  religion,  »  expression  difficile- 
ment conciliable  avec  le  titre  de  «  fanatiques  »  dont  le  rédacteur  officiel, 
emporté  par  l'usage,  s'était  servi  quelques  lignes  plus  loin  pour  qualifier  les 
révoltés.  «  Quelques  gens  sans  religion  n  désignant  des  hommes  qui  s'intitu- 
laient eux-mêmes  les  enfants  de  Dieu,  qui  faisaient  intervenir  le  Saint-Esprit 
dans  toutes  leurs  cruautés,  qui  marchaient  entourés  de  prophètes  8c  de  pro- 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCXLVIII,  col.   1677. 


lyoS 


-~^ 782  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

phétesses  &  qui  ne  prononçaient  pas  vingt  paroles  sans  citer  l'Ancien  ou  le 
Nouveau  Testament',  ce  contraste  marque  bien  la  confusion  où  une  situa- 
tion fausse  avait  jeté  les  esprits.  Ce  n'était  pas  la  religion  qui  manquait  à  ces 
insurgés,  puisqu'ils  puisaient  au  contraire  dans  l'énergie  de  leurs  croyances 
le  zèle  farouche  déployé  par  les  Hébreux  contre  les  Amalécites  ou  par  les 
musulmans  contre  les  chrétiens.  Victimes  de  leur  exaltation  religieuse,  ils  en 
devenaient  bourreaux;  mais,  comme  on  refusait  de  confesser  que  la  persécu- 
tion leur  eût  fait  perdre  le  sens,  en  surexcitant  à  la  fois  chez  eux  le  mysti- 
cisme &  l'esprit  de  vengeance,  on  croyait  habile  de  les  présenter  comme  de 
vulgaires  malfaiteurs. 

Du  reste,  le  public,  dans  son  langage  ordinaire,  indiquait  aussi,  par  les 
hésitations  de  la  synonymie,  l'originalité  de  cette  lutte.  Pendant  les  premiers 
temps,  on  n'employa  que  les  mots  d'attroupés,  de  révoltés,  de  rebelles  8t  de 
fanatiques,  sans  user  jamais  des  termes  de  huguenots  ou  de  religionnaires  si 
répandus  pendant  les  guerres  du  seizième  8c  du  dix-septième  siècle.  Le  motif 
en  était  certainement  dans  l'abstention  8c  la  neutralité  de  la  noblesse  8c  de 
la  bourgeoisie.  Tous  les  protestants  aisés  8c  les  habitants  des  villes  demeurant 
étrangers  au  mouvement  8c  manifestant  une  entière  soumission  aux  volontés 
du  roi,  8c  les  bandes  militaires  des  Cévennes  que  l'on  avait  vu  commander 
autrefois  par  la  noblesse  féodale  n'étant  plus  dirigées  que  par  des  paysans  ou 
d'anciens  soldats,  les  appellations  historiques  n'étaient  plus  appropriées.  La 
physionomie  populaire  8c  rustique  du  soulèvement  fut  imliquée,  d'instinct, 
par  un  de  ces  mots  familiers  8c  nouveaux,  qui  naissent  on  ne  sait  quand  ni 
comment,  pour  désigner  des  choses  nouvelles.  On  a  beaucoup  disserté  Se 
divagué  sur  l'origine  du  mot  de  camisards  qui,  employé  d'abord  dans  le  lan- 
gage vulgaire "=,  finit  par  prévaloir,  même  dans  le  style  officiel,  8c  supplanta 
toutes  les  autres  appellations.  Sans  s'égarer  dans  des  étymologies  plus  ou 
moins  invraisemblables,  8c  surtout  sans  recourir  aux  idoles  du  Japon 3,  il  est 

'  On  trouvera  aux  Pièces  justificatives,  n.  DCL,  magne,  où  les  housards  s'étaient  fait  une  répiita- 
col.  1682,  une  curieuse  pièce  qui  fut  ramassée  sur  tion  légendaire  d'audace  &  de  cruauté;  l'autre,  en 
le  champ  de  bataille  de  La  Calmette,  &  qui  est  mémoire  des  montagnards  vaudois. 
une  paraphrase  de  l'Apocalypse  appliquée  à  la  ^  Un  érudit  s'était  mis  en  tête  l'explication  sui- 
guerre  des  Cévennes,  &  accompagnée  de  prophé-  vante  du  mot  de  camisards,  qui  est  assez  bizarre 
t'ss.  pour  mériter  une  mention.  Il  supposait  que  quel- 
le commentateur  annonçait  de  sanglantes  lut-  que  chef  cévenol  ayant  rencontré  à  Nimes,  dans  le 
tes  de  religion  dans  toute  l'Europe,  &,  comme  dictionnaire  de  Moréri,  le  mot  de  Camis,  qui  en 
conclusion,  la  réduction  de  la  France  à  l'unité  de  un  nom  d'idole  au  Japon,  il  se  fit  une  habitude 
foi  protestante.  Une  assemblée  générale  du  clergi,  d'appeler  ainsi  les  images  qu'ils  brûlaient  dans 
tenue  en  présence  de  la  Cour,  devait  juger  le  débnt  les  églises;  de  sorte  que,  dans  leur  langage,  ardte 
entre  papistes  &  réformés,  donner  raison  aux  der-  les  camis  signifiait  brûler  des  églises,  ou  plutôt  les 
mers  &  préparer  un  édit  qui  révoquerait  toute;  objets  que  la  superstition,  selon  eux,  y  adorait; 
les  nouveautés  contraires  à  l'Evangile  &  qu'on  ns  &  que  des  mots  camis-arjs,  idoles  brûlées,  vient  le 
pourrait  enfreindre  sans  encourir  la  peine  di  nom  de  camisards  ou  brûleurs  d'idoles.  L'imagi- 
"""■'•  nation    des   étymologistes    ne   s'est    probablement 

Les  premiers   noms  populaires  que  l'on  donna  jamais  élevée  plus  haut, 
aux   insurgés  cévenols  furent  ceux  de  housards  &  Cavalier,   de   son    côté,   prétend    que    le   nom    de 

de  barbets;   l'un    en   souvenir  des   guerres  d'Allé-  camisards  est  venu  de  la  quantité  de  chemises  que 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  783 

plus  naturel  d'admettre  que  les  grandes  blouses  d'étofte  noire,  taillées  à  peu 
près  en  forme  de  chemise,  que  portaient  communément  les  montagnards  des 
Cévennes,  leur  valurent  ce  sobriquet  dont  l'usage  devint  général,  à  cause  de 
la  brièveté  &c  de  l'assonnance  expressive  du  mot. 

Pour  en  revenir  à  l'ordonnance  du  23  février,  elle  prescrivait  à  tous  les 
sujets  du  roi  «  de  courre  sus  »  aux  révoltés,  elle  autorisait  l'exécution  som- 
maire de  quiconque  serait  pris  les  armes  à  la  main  ou  seulement  dans  les 
rangs  des  attroupés,  le  rasement  de  leurs  maisons,  la  confiscation  de  leurs 
biens,  &  la  démolition  de  tous  les  édifices  où  l'on  aurait  tenu  des  assemblées. 

Le  roi  défendait  aux  parents  des  attroupés  de  leur  donner  asile  ou  assis- 
tance, enjoignant  à  l'intendant  de  les  poursuivre  comme  complices. 

Ordre  était  également  donné  à  tous  les  habitants  de  Languedoc  qui  ne  se 
trouvaient  pas  dans  leur  domicile  d'y  rentrer  avant  huit  jours.  Ceux  que 
leurs  affaires  contraindraient  à  dépasser  ce  délai  seraient  obligés  d'en  faire  la 
déclaration  au  commandant  en  chef  ou  à  l'intendant,  8c  ne  seraient  admis 
chez  eux  qu'en  présentant  un  certificat. 

Des  précautions  non  moins  rigoureuses  étaient  ordonnées  pour  empêcher 
l'introduction  en  Languedoc  des  Français  appartenant  aux  autres  provinces 
61  des  étrangers.  Les  Français  devraient  se  munir  de  laisser-passer  des  gou- 
verneurs, intendants  ou  juges  du  lieu  de  leur  résidence,  &  les  étrangers,  de 
passeports  délivrés  par  les  ambassadeurs  ou  résidents  du  roi.  Quant  à  ceux 
que  l'on  arrêterait  en  Languedoc,  dépourvus  de  pareils  certificats,  ils  seraient 
d'office  assimilés  aux  fanatiques  81  révoltés,  conduits  au  sieur  de  Bâville  81 
punis  de  mort. 

Ces  menaces,  dont  l'application  était  destinée  à  faire  beaucoup  de  victimes, 
n'auraient  pu  être  efficaces  qu'à  la  condition  de  s'exécuter  à  la  fois  sur  tous 
les  points,  8t  si  les  forces  royales  s'étaient  trouvées  assez  nombreuses  pour 
exercer  une  telle  surveillance  dans  le  moindre  village,  il  n'aurait  pas  été 
nécessaire  de  la  prescrire. 

Aussi  l'effet  d'intimidation  que  l'on  avait  cherché  à  produire  fut-il  absolu- 
ment nul. 

Il  semblait  même  que  l'arrivée  du  maréchal  de  Montrevel  6c  l'annonce  de 
nombreux  renforts  eût  redoublé  l'ardeur  guerrière  des  Cévenols;  car,  depuis 
quelques  jours,  on  signalait  de  tous  cotés  de  nouveaux  méfaits. 

Un  de  leurs  coups  de  main  qui  firent  le  plus  de  bruit  fut  l'occupation  du 
village  catholique  de  Fraissinet  de  Fourques,  situé  dans  le  bassin  supérieur 
du  Tarnon,  sur  le  flanc  oriental  du  Causse.  Les  insurgés  reprochaient  aux 
habitants  de  ce  lieu  d'avoir  commis  divers  excès  contre  les  protestants  du 
canton,  8c  particulièrement  contre  des  filles  surprises  au  retour  des  assem- 
blées. Sous  prétexte  de  venger  ces  injures,  les  camisards  qui,  le  lo  février, 

ses  soldats   enlerirent  à  Ganges;    mais   Court   de  &   l'afTaire  de  Ganges   n'est  que  du  ^  mars  lyoS. 

Gébelin  a  trouvé  le  sobriquet  employé  dès  le  mois  Court  expliquait  le  mot  par  l'expression  militaire 

de  décembre  1702,  dans   un  journal  manuscrit,  &  de    camisade,    usitée    pour    désigner    les    surprises 

dans  l*t  nouTcllei  publiqun  If  6  janvier  tuiTant,  nocturnes. 


170J 


—^ 784  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

avaient  brûlé  l'église  Se  la  maison  curiale  de  Vébron,  Se  prêché  publiquement 
au  milieu  d'une  grande  réunion,  attaquèrent  Fraissinet  de  Fourques  douze 
jours  plus  tard,  sous  le  commandement  de  Castanet.  La  bande  partie  tle 
Vébron,  où  elle  coucha  par  billets  de  logement  chez  les  habitants,  comme 
une  troupe  régulière,  se  présenta  devant  Fraissinet  vers  midi  St  somma,  de 
la  part  de  Dieu,  les  deux  corps  de  garde  d'avoir  à  déposer  les  armes.  Comme 
dans  tous  les  centres  de  population  des  Cévennes,  quelques  précautions  mili- 
taires avaient  été  prises  par  ordre  du  commandant  en  chef  8c  de  l'intendant'. 
Le  poste  catholique,  se  faisant  sans  doute  illusion  sur  la  force  de  ces  petits 
travaux  défensifs,  essaya  de  soutenir  la  lutte  &  répondit  aux  sommations  par 
des  coups  de  fusil.  Castanet  mit  alors  le  feu  à  toutes  les  maisons  Se  passa  au 
fil  de  l'épée  les  habitants  qui  eurent  le  malheur  de  se  trouver  sur  son  che- 
min. On  a  raconté  plusieurs  épisodes  saisissants  du  sac  de  Fraissinet.  Une 
mère,  en  essayant  de  protéger  son  fils  contre  la  férocité  d'un  camisard,  se 
coupa  elle-même  les  doigts  en  saisissant  à  pleines  mains,  pour  la  détourner, 
l'épée  du  sicaire  Se  périt  du  même  coup  qui  transperça  son  enfant*.  Une 
femme  enceinte  de  huit  mois  fut  éventrée,  St  la  créature  incomplète  qu'elle 
portait  dans  son  sein  clouée  sur  la  pointe  d'un  piquet-^.  En  se  compliquant 
de  ressentiments  personnels  Se  de  haines  de  village,  la  guerre  prenait  de  plus 
en  plus  un  caractère  de  sauvagerie  qui  défie  souvent  toute  expression. 

Les  esprits  étaient  tellement  égarés  par  le  tableau  de  ces  violences  Se  par 
la  terreur  générale,  qu'on  voulait  voir  dans  les  actes  criminels  des  camisards 
l'exécution  d'un  plan  d'extermination  des  catholiques.  Se  l'imagination  dévoyée 
en  trouvait  parfois  d'étranges  preuves.  Quelques  monnaies  de  billon  suédoises 
avant  été  trouvées  dans  les  poches  d'inconnus  suspects,  venus  de  Hollande  Se" 
arrêtés  au  bac  de  Roquemaure,  on  se  mit  en  tête  que  les  flèches  en  sautoir 
qui  figurent  sur  ces  pièces  marquaient  un  projet  d'immolation,  dressé  à  La 
Hâve,  que  les  animaux  chimériques  du  blason  royal  de  Suède  avaient  une 
signification  non  moins  homicide.  Se  l'on  découvrit  dans  les  initiales  c.  r.  s. 
'Carolus  Rex  Sueciae)  une  invitation  au  meurtre  des  papistes  :  Christiani 
Romanos  sacrïficate,  tandis  que  la  légende  également  inoffensive  du  revers 
aurait  donné  le  même  conseil  sous  une  autre  forme  :  Juvenes  offerte  verae 
religionï  sacrificium  magnum.   De  graves   commentaires   furent  consacrés  à 

■  Louvreleuil  raconte  que,  dans  sa  paroisse  de  ravelins,  les  courtines,  les  portes,  les  herses,  les 
Saint-Germain  de  Calberte,  on  avait  employé  les  fossés,  les  fausses  braies,  les  murailles,  les  tours, 
habitants  à  faire  des  barrières,  des  fossés,  des  re-  '«  remparts,  les  parapets,  les  guérites;  on  fit  une 
tranchements,  &  d'autres  ouvrages  de  pierre  &  de  provision  abondante  de  poudre,  de  balles  &  de 
bois,  à  l'entrée  &  aux  endroits  les  plus  faibles  de  lusils » 

leur  bourg".  '  Mémoire  de  Vahhé  Mingaud. 

Quelques  lignes  plus  haut,  il  énumère,  avec  un  '  C°"'''   ^'   Gébelin    désigne    l'auteur    de   cette 

grand  luxe  de  termes  techniques,  les  précautions  ""^uté,  qui  était  originaire  de  Meyrueis.  La  vic- 

que  l'on  prit  à  Mende  :  ''"'*  ^'^''  f""™'  d'un   lieutenant  de  milice  bour- 

,,   r\n    w,;.    o«    i,«„    '.  .    1  .  1  geoise,  nommé  Antoine  Mazauric '. 

«  un   mit   en    bon   état   les  contrescarpes,   les        °         ' 

■  Le  fanatisme  renouvelé,  I,  p.  65.  '  H's'<"><?  </«  camisards,  I,  p.  i85. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  nSB  T 

'  1703 

cette  numismatique  imaginaire  81  contribuèrent  à  maintenir  dans  l'opinion 
publique  des  erreurs  peu  favorables  au  rétablissement  de  la  paix'. 

On  n'avait  pas  besoin  d'ailleurs  de  forger  des  chimères  pour  justifier  l'in- 
quiétude universelle  :  les  réalités  suffisaient.  La  guerre  de  représailles  mul- 
tipliait partout  les  ruines.  Malgré  la  sauvagerie  de  leurs  procédés  ordinaires, 
les  camisards  étaient  même  parveniis  à  constituer  une  sorte  d'organisation 
militaire  assez  bien  réglée,  calquée  sur  le  modèle  des  troupes  du  roi.  Ils 
avaient  des  agents  spéciaux  chargés  des  approvisionnements  de  matériel  81 
de  vivres.  L'ensemble  des  forces  était  divisé  en  brigades  de  quarante  hommes 
auxquels  leurs  chefs  faisaient  les  répartitions  de  subsistances,  de  vêtements  8t 
d'armes,  après  en  avoir  eu  livraison  de  la  main  des  trois  préposés  Jonquet, 
Claris  8c  Gui.  Tous  ces  approvisionnements,  obtenus  par  voie  de  réquisi- 
tion ou  enlevés  par  violence  dans  les  maisons  des  prêtres,  des  officiers  de 
bourgeoisie  &  des  anciens  catholiques,  se  concentraient  au  fond  de  magasins 
naturels,  soigneusement  dissimulés  dans  les  creux  des  rochers  ou  dans  les 
forêts. 

Les  achats  de  poudre  se  faisaient  un  peu  partout  dans  la  Province,  grâce 
à  la  connivence  d'amis  déguisés.  Plus  d'une  fois  aussi,  les  correspondants 
grossirent  ces  approvisionnements  en  corrompant  des  soldats  du  roi.  On  en 
vit  quelques-uns  payer  de  leur  tête  cet  acte  de  vol  8<.  de  trahison.  Mais 
comme  ces  divers  moyens  ne  suffisaient  pas,  les  camisards  finirent  par  établir 
de  vrais  ateliers  de  fabrication.  Ils  recueillaient  le  salpêtre  dans  les  caves  8c 
les  souterrains;  les  saules  qui  couvrent  les  berges  des  cours  d'eau  dans  toutes 
les  vallées  basses,  leur  donnaient  une  provision  inépuisable  de  charbon;  8c 
ils  n'avaient  qu'à  se  procurer  le  soufre  dans  les  villes  par  l'entremise  de  leurs 
affidés.  La  mobilité  de  ces  ateliers,  qu'il  fallait  pouvoir  soustraire  rapidement 
aux  perquisitions  des  troupes  royales,  interdisait  l'usage  d'appareils  fixes  8c 
condamnait  les  poudriers  aux  procédés  les  plus  rudimentaires,  les  plus  longs 
8c  les  plus  dangereux. 

La  pulvérisation  s'opérait  à  la  main,  dans  des  mortiers,  avec  de  simples 
pilons;  le  séchage  se  taisait  au  soleil,  sur  une  aire  bien  battue  ou  sur  le 
sommet  de  quelque  montagne.  Quand  le  produit  semblait  propre  à  sa  desti- 
nation, il  était  enfermé  dans  des  barrils  ou  dans  de  petits  sacs  de  toile,  8c 
voiture  fort  secrètement  jusqu'au  fond  des  cachettes  que  l'on  avait  choisies. 

Quant  à  la  fabrication  des  balles,  qui  était  très-active,  la  matière  première 
ne  coûtait  guère.  La  plomberie  des  maisons  8c  des  églises  en  faisait  les  frais; 
on  jetait  aussi  à  la  fonte  la  vaisselle  d'étain  que  les  maraudeurs  avaient 
enlevée  dans  les  habitations. 

Les  ambulances  étaient,  comme  les  magasins  d'approvisionnement,  cachées 
au  cœur  des  forêts  ou  dans  des  cavernes;  une  foule  d'infirmiers  volontaires 
en  faisaient  le  service,  8c  comme  le  sort  des  blessés  inspire  une  compassion 

■  Court  de  Gébelin,  I,  p.  i85.  Voir  aussi  Mis-  tout  ce  jai  regarde  l'état  extraordinaire  des  Cévenols, 
son,  Mélange  de  littérature  kiitori^ue  &  criti<juc  sur       appelés  Camisards.  Londres,  Candide  Alethin,  1707. 

xin.  5o 


~^ —   786  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

particulière,  on  n'avait  point  de  peine  à  obtenir  dans  les  villes,  auprès  des 
coreligionnaires,  des  secours  en  nature  ou  en  argent. 

Nous  avons  déjà  exposé  en  quoi  la  guerre  des  camisards  différait  de  toutes 
les  luttes  religieuses  antérieures  qui  ont  désolé  la  jnême  région.  Le  foyer  de 
la  résistance  était  au  désert,  comme  les  assemblées  &  les  prêches.  Durant 
tout  le  cours  des  hostilités,  les  Cévenols  n'ont  pas  possédé  une  seule  place, 
fût-ce  même  une  bicoque,  8c  les  occupations  momentanées  qu'ils  firent  de 
quelques-unes  n'avaient  qu'un  but  de  vengeance  ou  de  rapine.  Certes,  à 
divers  moments  de  la  lutte,  il  n'eût  pas  été  difficile  aux  insurgés  de  s'établir 
fortement  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  petits  bourgs  féodaux  où  leurs  pères 
avaient  si  longtemps  combattu  8t  où  la  population  était  à  peu  près  exclusi- 
vement réformée.  La  prudence  avec  laquelle  ils  évitèrent  une  tentation  si 
naturelle,  celle  de  conquérir  des  places,  nous  paraît  être  un  des  plus  forts 
arguments  qui  démontrent  l'intervention  étrangère  dans  les  affaires  des 
Cévennes  ou  du  moins  l'action  d'hommes  supérieurs,  en  connaissances  mili- 
taires, aux  chefs  avoués  de  l'insurrection.  De  simples  soldats,  qui  ne  connais- 
saient du  service  que  le  détail,  pouvaient  bien  copier  avec  plus  ou  moins 
d'exactitude,  dans  leurs  brigades,  ce  qu'ils  avaient  vu  pratiquer  au  régiment, 
commander  l'exercice,  faire  des  revues,  ordonner  des  réquisitions,  distribuer 
des  billets  de  logement,  représenter  en  un  mot  une  parodie  à  peu  près  com- 
plète des  armées  du  roi.  Mais  la  pensée  stratégique,  d'où  venait-elle?  Est-ce 
uniquement  par  intuition  de  bon  sens  que  les  Cévenols  évitèrent  de  «  se 
mettre  «  ensemble  pour  en  finir»?  comme  le  regrettait  naïvement  le  comte  de 
Broglie,  ou  bien  faut-il  croire  que  des  instructions  positives  leur  avaient  été 
données,  8c  que  les  principaux  chefs  exécutaient  un  plan  de  campagne  pré- 
paré pour  eux  8c  merveilleusement  approprié  à  la  nature  du  terrain?  Les 
récits  épisodiques  multipliés  par  les  historiens  à  l'occasion  de  cette  triple 
campagne  ont  peut-être  empêché  de  dégager  clairement  l'idée  directrice.  Les 
uns  n'ont  vu  que  des  assassinats,  les  autres,  des  prodiges  opérés  par  le  Saint- 
Esprit  en  faveur  de  héros  chrétiens,  d'autres  encore,  des  services  rendus  par 
Satan  aux  plus  abominables  hérétiques.  Cette  manière  trop  restreinte  ou  trop 
idéale  d'envisager  les  faits  ne  rend  raison  de  rien. 

Nous  avons  démontré  comment  les  succès  partiels  des  camisards  s'expli- 
quaient, sans  aucune  action  surnaturelle,  par  la  supériorité  du  nombre  8c 
par  la  qualité  des  troupes  qu'ils  combattaient.  Cela  écarte  toute  idée  de 
miracle  dans  la  prolongation  de  la  lutte.  Mais  le  talent  d'opposer  partout  des 
forces  supérieures  à  l'ennemi,  est,  en  fin  de  compte,  le  dernier  mot  de  l'habi- 
leté stratégique;  8c  il  est  difficile  d'admettre  que  les  petites  troupes,  opérant 
à  propos,  d'une  extrémité  des  Cévennes  à  l'autre,  sous  la  direction  de  chefs 
particuliers  fort  obscurs,  eussent  assez  bien  réussi  à  concerter  leurs  mouve- 
ments pour  mettre  en  défaut  des  officiers  expérimentés,  si  le  principe  même 
des  opérations  n'avait  pas  été  arrêté  par  un  homme  sachant  la  guerre.  Autant 
nous  jugeons  absurdes  les  rêveries  de  certains  historiens  sur  une  prétendue 
conspiration   protestante  8c  sur  le   projet  de  faire  une  Saint-Barthélemv  de 


LIV.  III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  787 

catholiques,  autant  il  nous  paraît  rationnel  de  penser  que,  dans  un  but 
purement  politique,  les  chefs  militaires  des  puissances  européennes  alors  en 
guerre  contre  la  France  ne  dédaignèrent  pas  daider  de  leurs  conseils  les 
insurgés  des  Cévennes,  8c  qu'à  défaut  des  armées  dont  Brousson  préparait 
autrefois  l'itinéraire,  ils  assistèrent  d'avis  utiles  une  insurrection  dangereuse 
pour  la  puissance  de  Louis  XIV,  &  secondèrent  l'inspiration  des  prophètes. 
On  s'est,  croyons-nous,  dans  cette  affaire,  un  peu  trop  préoccupe  de  la  mise 
en  scène  8c  du  merveilleux,  Se  pas  assez  de  la  vraisemblance. 

La  première  occasion  qu'eut  le  maréchal  de  rencontrer  les  rebelles  lui 
montra  que  son  arrivée  ne  leur  faisait  point  perdre  courage  :  car  c'est  à  deux 
lieues  seulement  de  Nimes  qu'ils  s'étaient  aventurés.  Le  but  de  cette  pointe 
audacieuse  faite  par  Ravanel,  le  20  février,  était  de  compléter  quelques  appro- 
visionnements. Un  détachement  de  dragons  5c  de  soldats  de  marine,  qui  bat- 
tait le  pays,  ayant  aperçu  trois  ou  quatre  cents  hommes  dans  les  environs  de 
la  Calmette,  au  milieu  des  coteaux  qui  bordent  la  rive  droite  du  Gardon, 
dépêchèrent  à  la  hâte  un  cavalier  au  maréchal.  Celui-ci  jugea  que  l'honneur 
du  commandement  l'obligeait  de  punir  en  personne  cette  bravade,  fit  monter 
à  cheval  toute  la  noblesse.  Se,  prenant  avec  lui  le  régiment  de  Fimarcon  8c 
quelque  infanterie,  se  porta  rapidement  au  nord  de  la  ville.  L'engagement 
eut  lieu  dans  les  collines  boisées  du  bord  de  l'eau,  à  l'est  de  Dions  St  de  la 
Calmette,  près  d'une  ferme  appelée  le  Mas  de  Seirières.  Enveloppés  par  les 
dragons  qui  les  attaquaient  de  plusieurs  points  à  la  fois,  les  camisards  firent 
bonne  contenance,  8c,  après  deux  charges  infructueuses,  battirent  en  retraite 
8c  réussirent  à  regagner  les  Cévennes,  non  sans  laisser  une  centaine  de  morts 
sur  le  terrain  '. 

Du  reste,  presque  tous  les  combats  qui  se  livrèrent  alors  prêtèrent  à  des 
appréciations  très-différentes.  Il  n'y  avait  jamais  d'action  décisive,  8c,  comme 
les  insurgés  ne  gardaient  point  de  positions  fixes  8c  que,  vainqueurs  ou 
vaincus,  ils  finissaient  toujours  par  disparaître  au  fond  des  bois,  leur  vrai 
quartier  général,  le  pays  ne  savait  guère  ce  qu'il  devait  penser  de  l'événe- 
ment. 

Nous  n'énumérerons  pas  ici  les  épisodes  insignifiants  de  cette  lutte  qui  se 
prolongea  pendant  plusieurs  mois,  sans  rien  changer  à  l'état  général  des 
affaires  6c  sans  diminuer  la  terreur  publique. 

La  Cour,  après  avoir  traité  fort  légèrement  l'insurrection  des  Cévennes, 
commençait  de  s'en  alarmer  8c  demandait  de  tous  côtés  des  rapports  confiden- 
tiels sur  la  situation.  Bâville  lui  en  faisait  un  tableau  très-sombre^.  Il  admet- 
tait que  le  mal  avait  toute  chance  d'empirer;  pas  un  gentilhomme  nouveau 
converti  ne  prêtait  la  moindre  assistance.  Ils  demeuraient  tous  enfermés  dans 
les  villes,  n'ayant  de  rapports  qu'entre  eux  8c  paraissaient  attendre  quelque 
grande  révolution.  Le  Vivarais  8c  le   haut  Languedoc  ne  bougeaient  pas, 

'  Court  de  Gébelin,  I,  p.  190.  —  Lettres  choisies       toujours  même  contradiction,  en   ce  qui    concerne 
Je  M.  Fléchier,  I,  p.  222.  —  Brueys,  II,  p.  41.  —       le  chiflrc  des  pertes. 
Le»  témoignages   des  divers    historiens  présentent  '  Pièces  justificatives,  n.  DCLIX,  col.   1700. 


'7 


o3 


-^^ 788  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

mais  l'inquiétude  y  était  générale;  peut-être  l'explosion  se  ferait-elle  au  prin- 
temps, quand  les  armées  rentreraient  en  campagne.  L'intendant  prétendait 
que  l'insurrection  pourrait  disposer  au  besoin  de  cinquante  mille  hommes  en 
état  de  porter  les  armes.  Les  promenades  militaires  &.  les  petits  combats  ne 
décidaient  rien.  A  peine  une  troupe  avait-elle  été  battue  qu'on  en  voyait 
surgir  sept  ou  huit  autres  sur  des  points  différents,  &,  dans  vingt-quatre 
heures,  les  vides  causés  par  le  feu  se  trouvaient  comblés,  grâce  à  d'incessantes 
recrues.  Bâville  n'était  pas  moins  frappé  de  l'aisance  avec  laquelle  on  rem- 
plaçait les  chefs  morts  sur  le  champ  de  bataille  ou  sur  la  roue.  Dans  toute 
action  un  peu  meurtrière,  il  avait  péri  quelque  prophète  ou  quelque  officier; 
mais  ni  les  prophéties,  ni  le  commandement  n'en  souffraient. 

Une  autre  cause  d'alarmes  était  la  disposition  des  anciens  catholiques. 
Bâville  la  jugeait  peu  sûre.  Ils  se  trouvaient  excédés  par  les  charges  fiscales 
Se  profiteraient  peut-être  des  malheurs  de  la  guerre  pour  ne  point  payer.  On 
signalait  de  tous  côtés  de  grands  embarras  dans  la  levée  de  la  capitation.  Si 
le  soulèvement  se  prolongeait,  la  perception  des  impôts  deviendrait  imprati- 
cable. 

Le  théâtre  de  la  guerre  était  sans  doute  restreint,  si  l'on  s'en  tenait  aux 
lieux  fréquentés  ordinairement  par  les  rebelles,  mais  autour  du  pays  com- 
battant, l'intendant  constatait  l'esprit  de  révolte  dans  une  vaste  zone.  L'occu- 
pation militaire  des  villes  protestantes  était  indispensable,  si  l'on  n'y  voulait 
voir  les  catholiques  exposés  aux  plus  sanglantes  représailles. 

On  ne  devait  donc  pas  traiter  le  mouvement  cévenol  comme  une  mutinerie 
sans  conséquence,  ni  comme  le  fait  de  paysans  indisciplinés.  Il  y  avait  une 
direction  à  l'étranger  &  des  opérations  concertées  habilement. 

Le  ministre  n'en  viendrait  à  bout  que  par  l'envoi  de  forces  considérables, 
dont  Bâville  indiquait  lui-même  l'emploi.  Il  demandait  huit  bataillons  pour 
garder  les  villes  de  Nimes,  Alais,  Uzès,  Saint-Hippolyte,  Anduze,  le  Vigan, 
les  Vans  &  Saint-Jean  du  Gard;  deux  bataillons  pour  opérer  dans  la  Vau- 
nage  ou  sur  la  côte  d'Aigues-mortes;  deux  bataillons  pour  surveiller  la  rive 
gauche  du  Gardon  8t  le  bord  du  Rhône  entre  le  Cèze  &  l'Ardèche;  deux 
bataillons  pour  agir  dans  les  montagnes  d'Alais  81  dans  le  bassin  supérieur  de 
l'Hérault;  enfin  un  bataillon  pour  tenir  le  pays  entre  le  Pompidou  &  Florac. 

L'intendant  insistait  sur  la  nécessité  d'avoir  beaucoup  d'espions  :  c'était  la 
seule  manière  d'être  averti  du  mouvement  des  rebelles  &  de  parvenir  à  les 
surprendre.  Il  ne  croyait  pas  à  l'utilité  d'une  forte  artillerie  contre  des  bandes 
qui  combattaient  en  ordre  dispersé;  mais  il  pensait  que  six  petits  canons 
tirés  de  l'arsenal  de  Perpignan  pourraient  rendre  quelques  services.  Les 
approvisionnements  de  poudre  seraient  assurés  par  les  achats  commandés 
dans  le  comtat  d'Avignon;  mais  il  était  important  de  faire  venir  du  plomb 
de  Marseille  &  de  Bordeaux'. 

Le  combat  de  Pompignan,  qui  se  donna  le  6  mars,  deux  jours  après  l'exé- 

'  Pièces  justiftcativss,  n.  t>CL\l,  col.  \6()2. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  780  T 

'    ■'         1703 

cution  du  camisard  Rastelet,  major  général  de  l'armée  insurrectionnelle, 
causa  quelques  illusions  dans  la  Province,  parce  que  les  bandes  de  Roland 
8c  de  Cavalier  y  subirent  un  échec  sérieux.  Elles  venaient  de  commettre 
divers  dégâts  dans  les  Cévennes  occidentales  &  de  se  ravitailler  dans  la  petite 
ville  de  Ganges,  brûlant  en  chemin  plusieurs  églises  8c  tuant  des  individus 
isolés,  lorsqu'elles  tentèrent  une  attaque  contre  le  village  catholique  de  Pom- 
pignan,  où  elles  comptaient  augmenter  leurs  approvisionnements  d'armes.  Le 
maréchal  apprit,  à  Saint-Hippolyte,  que  les  Cévenols  rôdaient  sur  les  hau- 
teurs de  Ferrières  8c  se  proposaient  de  brûler  Pompignan.  Il  feignit  d'emme- 
ner tout  son  monde  vers  le  Vigan  8c  prescrivit  à  MM.  de  Paratte  8c  de  la 
Haye  un  mouvement  de  convergence  sur  le  village  menacé.  Paratte  gagna 
parClaret  les  bois  qui  dominent  la  plaine  de  Pompignan,  y  plaça  son  infan- 
terie &c  ses  miquelets,  tandis  que  la  Haye,  arrivant  droit  de  Saint-Hippolyte, 
s'apprêtait  à  couper  la  retraite.  Cavalier,  qu'une  maladie  écartait  momenta- 
nément des  champs  de  bataille,  ne  put  prendre  part  à  l'action,  où  ses  lieute- 
nants Catinat  8c  Ravanel  donnèrent  des  preuves  de  vaillance.  On  combattit 
plusieurs  heures  avec  beaucoup  d'acharnejnent  ;  mais  la  troupe  de  Roland 
étant  tombée  dans  une  embuscade  y  fit  de  grandes  pertes  8c  entraîna  la 
déroute  générale.  Les  fuyards  se  dérobèrent  à  la  faveur  des  bois  8c  gagnè- 
rent la  haute  montagne. 

Le  bruit  courut,  à  la  suite  de  ce  combat,  que  l'un  des  principaux  chefs  de 
l'insurrection  y  avait  trouvé  la  mort.  Montrevel  annonça  au  ministre  que  le 
fameux  «  comte  Roland  »  venait  d'être  reconnu  parmi  les  cadavres,  nouvelle 
dont  l'inexactitude  ne  tarda  pas  d'être  démontrée.  Depuis  qu'il  exerçait  le 
commandement  supérieur  des  camisards,  l'ancien  dragon,  neveu  de  Laporte, 
s'attribuait  le  titre  de  comte',  afin  sans  doute  d'augmenter  son  prestige  sur 
l'imagination  des  Cévenols,  que  dominait  encore  le  souvenir  de  la  puissance 
féodale.  Ce  titre,  que  Roland  portait  avec  aisance,  ayant  mine  de  gen- 
tilhomme, ennoblissait  la  légende  qui  commençait  à  se  faire  autour  de  son 
nom  8c  obtenait  grand  succès  en  Angleterre.  On  y  racontait  que  le  chef 
cévenol  était  un  seigneur  catholique,  ancien  colonel  des  armées  du  roi,  qui 
avait  pris  à  cœur  la  cause  des  réformés,  dans  un  emportement  d'indignation 
généreuse,  8c  qui  se  faisait  le  champion  des  persécutés. 

Comme  la  ville  de  Ganges  avait  accueilli  les  camisards  à  bras  ouverts, 
égorgé  8c  jeté  dans  la  rivière  un  détachement  du  régiment  de  la  marine  8c 
fourni  plusieurs  recrues  aux  rebelles,  Montrevel  s'y  rendit  en  personne,  y 
établit  des  dragons  chez  les  habitants  8c  fit  pendre,  au  milieu  de  la  place, 
quatre  hommes  de  la  ville  qui  étaient  du  nombre  des  prisonniers. 

Il  se  dirigea  ensuite  sur  le  Vigan,  pour  y  installer  un  poste  considérable*. 

■  Court  de  Gébelin  (I,  p.   171)  cite,  d'après   La  que  vous  ayez  à  congédier  dans   trois  jours   tous 

Baume,  le  texte  d'une  lettre  adressée  par  Roland  les    prêtres    &    les    missionnaires    qui    sont    chee 

aux  habitants  de  Saint-André  de  Valborgne  :  tous,   sous  peine    d'être   brûlés   tout  vifs,  vous  & 

II  Nous    comte    81   seigneur   Roland,   généralis-  eux.  » 

«ime    des    protestans    de    France,  vous    ordonnons  '  On  trouvera  aux  P/«« /ujti/îfatiV«j  n.  DCLX, 


i7o3 


700  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Dès  le  milieu  de  février  1708,  les  Etats  généraux  de  Hollande  s'étaient 
occupés  dans  leurs  délibérations  secrètes,  des  troubles  qui  désolaient  le  Lan- 
guedoc. La  lettre  d'un  inconnu,  sur  les  affaires  des  Cévennes,  qui  avait  été 
adressée  à  cette  assemblée,  donna  lieu  à  diverses  communications  au  gouver- 
nement anglais,  par  l'intermédiaire  de  l'ambassade  néerlandaise'. 

Un  peu  plus  tard,  81  tandis  que  Montrevel  &.  Bâville  faisaient  une  tournée 
à  travers  les  montagnes  &  que  Julien,  poursuivant  inutilement  les  camisards, 
noyait  les  provisions  de  blé  &.  de  châtaignes  qu'il  trouvait  dans  les  habita- 
tions du  haut  pays,  &  faisait  répandre  le  vin  à  terre,  afin  d'enlever  toute 
subsistance  aux  révoltés,  deux  écrits  parurent  en  Hollande,  sans  nom  d'au- 
teur, avec  l'intention  évidente  d'appeler  les  sympathies  de  l'Europe  sur  le 
soulèvement  des  camisards.  La  coïncidence  de  ces  publications  avec  les  pour- 
parlers secrets  du  gouvernement  britannique  8c  de  l'ambassade  hollandaise 
ne  permet  pas  de  douter  qu'elles  ne  fussent  destinées  à  préparer  l'opinion  en 
faveur  d'une  intervention  déclarée.  C'étaient  de  ces  mémoires  officieux  que 
les  diplomates  ne  dédaignaient  pas  de  mettre  en  circulation,  quand  ils  vou- 
laient rendre  une  question  populaire  &c  créer  une  sorte  de  pression  morale. 

Le  premier  de  ces  documents  était  un  encouragement  aux  puissances 
maritimes  d'Angleterre  Si  de  Hollande  à  prendre  en  considération  l'affaire 
des  camisards  8<.  à  soutenir  la  révolte  par  une  intervention  armée.  L'écrivain 
faisait  ressortir  avec  un  grand  luxe  de  développements  historiques,  les  avan- 
tages militaires  des  positions  dans  les  Cévennes  81  la  facilité  qu'aurait  un 
officier  habile,  avec  cent  hommes,  à  en  battre  des  milliers.  Il  exaltait  la  bra- 
voure des  Cévenols,  leur  intrépidité  au  feu,  leur  adresse  au  tir,  leur  expé- 
rience du  service  dans  les  armées  régulières,  où  la  plupart  d'entre  eux  avaient 
passé,  le  nombre  de  leurs  officiers.  11  rappelait  les  faits  de  guerre  dont  l'his- 
toire de  ces  montagnes  était  semée,  8c  les  mémorables  campagnes  du  duc  de 
Rohan  qui,  avec  de  faibles  effectifs,  mais  un  talent  merveilleux  d'utiliser  h:s 
qualités  du  terrain,  avait  tenu  en  échec  les  armées  de  Louis  XHL  II  ne 
négligeait  pas  non  plus  de  rendre  les  Cévennes  chères  à  tous  les  peuples 
réformés,  en  célébrant  ce  pays  comme  une  sorte  de  terre  sainte  où  les  apôtres 
de  la  réforme  avaient  commencé  leurs  prédications.  C'était,  disait-il,  dans  une 
caverne  de  ces  montagnes,  au-dessous  du  hameau  d'Aigladine,  dans  la  vallée 
du  Gardon  de  Mialet,  que  quatorze  ou  quinze  ministres,  chassés  des  villes 
par  les  soldats  du  comte  de  Villars,  avaient  tenu,  en  i56o,  le  premier  synode 
protestant  &  s'étaient  partagé  la  mission  évangélique  dans  le  bas  Languedoc, 
le  Vivarais,  le  Gévaudan  8c  le  Rouergue.  Il  signalait  la  profusion  des  noms 
lie  saints  dans  la  géographie  cévenole,  pour  y  chercher  une  preuve  de  l'esprit 
envahissant  de  l'Église  romaine,  81  enfin,  il  citait  l'exemple  des  Vaudois,  qui, 

col,  1705,  le  rapport  de  Montrevel  sur  ces  opéra-  nes^  mededeellng  ann  Je  Amh.  în  Engeîand. —  Nous 

tiens,  daté  du  Vigan  le  9  mars  lyoj.  devons  la  communication   de  ce   renseignement  à 

'  Archives   du    royaume   des    Pays-Bas.    Secrète  l'obligeance  de  M.  P.  Th.  C.  Van  den  Bergh,  ar- 

Resolutien  der  Statcn  Generaal.  \-i  fehr.  lyoS.  iWiî-  chiviste  général   du    royaume  des  Pays-Bas,  à  La 

sivc  van  e'in  onèekinde  over  de  Zaken  van  de  Seven-  Haye. 


LIV.  m.  RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  791 

trois  ans  £<.  demi  après  avoir  été  chassés  de  leurs  vallées,  y  étaient  rentrés 
en  1689,  sous  la  conduite  du  ministre  Arnaud  8t  d'un  simple  potier  de  terre. 
La  conclusion  était  de  nature  à  soutenir  le  courage  des  insurgés.  En  voici 
les  termes  : 

«  Aujourd'hui  que  la  Providence  met  les  armes  à  la  main  des  réformés  des 
«  Cévennes,  après  avoir  essuyé,  pendant  dix-sept  ans,  la  plus  cruelle  &  la 
«  plus  barbare  persécution  qui  se  puisse  imaginer,  &  qu'il  paroît  que  la 
«  résolution  Si  l'intrépidité  de  ces  gens-là  déconcertent  leurs  ennemis,  il  faut 
«  espérer  que  Dieu  qui  peut,  avec  peu  comme  avec  beaucoup,  combattra 
«  pour  eux,  comme  il  fit  autrefois  pour  les  Macchabées,  &  comme  il  l'a  fait, 
«  de  nos  jours  pour  les  Vaudois;  &  qu'il  les  conservera  dans  leur  pays, 
«  malgré  tous  ces  préparatifs  de  guerre,  81  ce  grand  nombre  de  troupes 
«  réglées  dont  on  les  menace.  » 

Le  second  écrit  pouvait  passer  pour  un  manifeste  des  camîsards  justifiant 
leur  prise  d'armes.  Les  rédacteurs  de  cette  pièce  représentaient  les  protestants 
des  Cévennes  comme  les  sujets  les  plus  fidèles  81  les  plus  attachés  au  service 
du  roi.  Ils  rappelaient  qu'en  i632  le  duc  de  Montmorency,  agissant  au  nom 
de  Gaston  d'Orléans,  avait  échoué  dans  ses  tentatives  de  corruption.  Vaine- 
ment s'était-il  engagé  à  rendre  aux  réformés  de  Languedoc  leurs  anciennes 
places  de  sûreté  &  l'accès  à  toutes  les  charges  de  l'Etat,  suivant  les  prescrip- 
tions de  l'édit  de  Nantes,  aucune  de  ces  promesses  n'avait  pu  les  résoudre  à 
s'écarter  du  devoir  8c  à  trahir  leur  légitime  souverain.  Sans  la  constance  iné- 
branlable dont  ils  firent  preuve,  la  guerre  civile  se  serait  rallumée  dans  ces 
dangereuses  montagnes  8c  propagée  peut-être  à  travers  tout  le  royaume.  On 
n'avait  pas  montré  moins  de  loyauté  81  de  bon  sens  à  l'époque  des  guerres  de 
la  Fronde.  Toutes  les  intrigues  du  prince  de  Condé,  appuyé  par  quelques 
puissants  seigneurs,  celles  du  duc  d'Orléans,  gouverneur  de  la  Province,  8<. 
du  comte  d'Aubijoux,  son  familier,  étaient  demeurées  impuissantes^  8<  quoique 
leurs  émissaires  n'eussent  rien  négligé  pour  acheter  l'adhésion  des  Cévenols, 
leur  offrant  de  rebâtir  leurs  murailles  démolies  par  Richelieu,  8t  de  les  faire 
rentrer  en  possession  du  consulat,  dont  on  les  avait  dépouillés  malgré  les 
édits  de  pacification,  ils  s'étaient  tenus  fermement  attachés  à  la  cause  royale. 

La  paix  des  Pyrénées  avait  ouvert  l'ère  des  persécutions.  D'après  les  auteurs 
du  manifeste,  les  moines  se  seraient  vantes  hautement  que  cette  paix  n'était 
conclue  qu'en  vue  d'avoir  une  plus  grande  liberté  d'action  contre  les  protes- 
tants &  de  les  anéantir.  Suivait  un  tableau  très-noir  des  traitements  essuyés 
par  les  religionnaires.  Cette  description,  composée  évidemment  en  vue  de 
frapper  les  imaginations  8<  d'exciter  des  sentiments  d'horreur,  énumérait  une 
foule  de  supplices  invraisemblables  :  gens  pendus  par  les  cheveux  ou  par  les 
pieds  aux  planchers  des  chambres  ou  aux  crochets  des  cheminées,  enfumés 
avec  des  bottes  de  foin  mouillées,  jetés  dans  de  grands  feux  8<  retirés  à  demi- 
rùtis,  plongés  dans  des  puits  d'où  ils  sortaient  h  moitié  noyés,  roués  de  coups 
de  bâton,  privés  de  sommeil  pendant  des  semaines  entières,  soit  en  leur  jetant 
des  aiguières  d'eau  sur  le  visage,  soit  en  leur  tenant  sur  la  tête  des  chaudrons 


1703 


—^ 792  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

renversés  où  l'on  faisait  un  continuel  charivari;  tambours  battant  la  caisse  au 
chevet  des  malades;  épilateurs  arrachant  les  cheveux  81  les  barbes;  femmes 
ou  filles  violées  sous  les  yeux  de  leurs  parents  attachés  aux  colonnes  de  leurs 
lits;  prisonniers  lardés  d'épingles  ou  enflés  avec  des  soufflets  jusqu'à  crever. 
Toutes  ces  atrocités,  empruntées  pour  la  plupart  aux  légendes  des  martyrs, 
n'étaient,  suivant  l'avocat  des  camisards,  qu'un  «  échantillon  des  terribles 
«  prodiges  de  fureur  »  dont  on  les  avait  accablés. 

«  Jamais,  disait-il,  l'enfer  dans  les  plus  rudes  persécutions,  n'inventa  &  ne 
«  se  servit  de  moyens  si  diaboliques  &  si  barbares  que  ceux  dont  les  dragons 
«  Si  les  moines  qui  les  conduisoient  se  sont  servis  pour  nous  détruire.  » 

La  révocation  de  l'édit  de  Nantes  &  toutes  ses  conséquences  étaient  ensuite 
racontées  dans  le  même  langage;  naturellement,  les  actes  de  violence  commis 
par  les  camisards,  les  incendies  Si  les  meurtres  qui  désolaient  la  Province 
étaient  passés  sous  silence  ou  dissimulés  par  des  euphémismes. 

Après  avoir  exposé  les  mesures  prises  pour  empêcher  l'émigration,  les  arres- 
tations de  malheureux  envoyés  aux  galères  ou  détenus  dans  les  prisons  d'Etat, 
l'embarquement  de  transportés  destinés  à  vivre  dans  les  colonies  américaines, 
81  le  naufrage  du  premier  vaisseau  dans  les  parages  de  la  Martinique,  l'au- 
teur ajoutait  :  «  puisqu'on  employoit  la  force  des  armes  pour  nous  détruire, 
«  sans  que  nous  eussions  rien  fait  pour  nous  rendre  coupables  d'aucun  crime, 
«  nous  avions  aussi  un  droit  incontestable  d'employer  les  armes  pour  notre 
«  légitime  défense,  81  d'opposer  la  force  à  la  force,  qui  est  un  droit  de  la 
«  nature  autorisé  par  les  lois  divines  81  humaines.  » 

Cependant,  on  avait  longtemps  balancé;  on  se  cachait  dans  les  bois  Si  dans 
les  cavernes,  où  «  quelques  bons  personnages,  pleins  de  piété,  sans  lettres  81 
«  sans  études,  comme  les  Apôtres  de  Jésus-Christ,  donnoient  des  consola- 
«  tions  dans  les  maisons  ou  dans  les  cavernes.  C'étoient  des  gens  simples, 
«  cardeurs,  tisserans  81  maîtres  d'école,  dont  les  peuples  se  montroient  édi- 
«  fiés » 

Le  manifeste  racontait  ensuite,  en  le  dénaturant,  l'assassinat  de  l'abbé  du 
Chayla,  ainsi  que  la  prise  d'armes  générale  qui  avait  accompagné  cet  événe- 
ment, 81  se  terminait  par  la  déclaration  suivante  :  «  Ce  n'est  point  ici  une 
«  révolte  ni  une  rébellion  des  sujets  contre  leur  souverain.  Nous  lui  avons 
V  été  toujours  soumis  8c  fidèles,  81  on  a  vu  pendant  tout  le  traitement  qu'on 
«  nous  a  fait,  une  obéissance  si  profonde,  qu'elle  a  été  en  admiration  à  toute 
«  la  terre;  mais  c'est  un  droit  de  la  nature  qui  nous  oblige  en  conscience  de 
«  nous  armer,  pour  repousser  la  force;  autrement  nous  serions  complices  de 
«  nos  propres  malheurs,  traîtres  à  nous-mêmes,  81  à  notre  patrie. 

«  Nous  savons  que  notre  pauvre  France  est  désolée  81  ruinée  dans  toutes 
•!(  ses  provinces;  que  les  peuples  y  crient  81  gémissent  [sous  l'oppression,  81 
<(  que  la  justice  81  la  bonne  foi  en  sont  bannies.  Nous  ne  voyons  plus  par- 
ti tout  que  violences,  81  nous  ne  savons  ceux  qui  gouvernent  la  France;  nous 
«  n'y  comprenons  plus  rien;  car  jamais  un  bon  Roi,  comme  le  nôtre,  n'a 
«  pris  plaisir  à  détruire  ses  sujets  innocens,  ni  à  les  pendre  81  à  les  massacrer, 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  798 

«  parce  qu'on  les  trouve  priant  Dieu  dans  leurs  maisons,  ou  dans  des  trous 
«  de  la  terre.  Peut-on  inspirer  à  un  roi  la  résolution  de  devenir  l'ennemi 
"  d'un  peuple,  dont  il  avoit  juré  qu'il  seroit  le  père  &  le  protecteur  1 

«  Nous  voyons  tous  les  préparatifs  de  guerre  qu'on  fait  contre  nous,  8c 
«  que  le  maréchal  de  Montrevel  nous  menace  d'un  grand  nombre  de  troupes 
«  réglées,  pour  nous  détruire.  Notre  résolution  8t  notre  intrépidité  a,  jusques 
<c  à  présent,  déconcerté  nos  ennemis;  nous  ne  serons  point  épouvantés  de  leur 
«  grand  nombre,  nous  les  poursuivrons  partout,  sans  pourtant  faire  du  mal  à 
«  ceux  qui  ne  nous  en  veulent  point;  mais  nous  ferons  de  justes  représailles 
«  contre  les   persécuteurs,  en  vertu  de  la  loi  du    talion,  ordonnée  par  la 

«  parole  de  Dieu  &  pratiquée  par  toutes  les  nations  du  monde 8c  nous 

«  ne  mettrons  jamais  bas  les  armes,  que  nous  ne  puissions  professer  publi- 
«  quement  notre  religion,  pour  faire  revivre  les  édits  8c  les  déclarations  qui 
«  en  autorisoient  le  libre  exercice'.  » 

Tandis  que  la  publication  de  ces  manifestes  entretenait  les  espérances  des 
révoltés,  Montrevel  ne  négligeait  rien  pour  stimuler  la  bonne  volonté  des 
gentilshommes  protestants.  Il  commençait  à  mettre  en  doute  la  possibilité  de 
réduire  la  sédition  par  des  faits  de  guerre  Se  par  la  seule  puissance  des  troupes 
du  roi.  Se  n'était  pas  loin  de  juger  les  expédients  plus  utiles  que  les  victoires. 
En  exhortant  la  noblesse  nouvelle  convertie  des  six  diocèses  atteints  par  la 
guerre  à  rentrer  dans  ses  châteaux  pour  y  user  de  son  influence  dans  un 
esprit  de  pacification,  il  s'engageait  sur  l'honneur  à  pardonner  tous  les 
rebelles  qui  viendraient,  avec  leurs  armes,  se  remettre  entre  les  mains  de 
leurs  seigneurs.  Il  conseillait  aussi  à  ces  gentilshommes  de  concentrer  dans 
leurs  maisons-fortes  tous  les  approvisionnements  nécessaires  à  la  subsistance 
de  leurs  vassaux,  afin  d'empêcher  les  réquisitions  forcées  qui  entretenaient 
l'abondance  parmi  les  bandes  rebelles,  8c  il  offrait,  pour  défendre  les  châ- 
teaux, les  secours  en  hommes  qu'on  lui  demanderait.  Afin  de  mieux  disposer 
son  auditoire,  le  maréchal  faisait  même  une  concession  dont  les  dévots  de  la 
Cour  se  seraient  montres  fort  scandalisés  :  la  question,  disait-il,  avait  cessé 
d'être  religieuse.  Sans  doute,  il  aurait  préféré  voir  tous  les  Français  catho- 
liques; mais  il  ne  prétendait  contraindre  personne,  81  désirait  seulement  que 
l'on  fût  fidèle  au  roi  ^. 

Il  y  avait,  dans  cette  déclaration,  une  lueur  de  sagesse,  &i  comme  un 
prélude  du  système  qui  devait  plus  tard  être  adopté;  mais  le  maréchal,  assez 
intelligent  pour  comprendre  où  était  le  nœud  de  la  difficulté  8c  pour  indiquer 
le  moyen  de  la  trancher,  n'avait  ni  assez  de  suite  dans  les  idées  ni  assez 
d'énergie  pour  mettre  à  exécution  une  théorie  aussi  judicieuse,  8c  ses  éclairs 
de  bon  sens  furent  bientôt  obscurcis  par  les  emportements  8c  la  terreur  du 
haut  personnel  ecclésiastique  8c  militaire  dont  il  subissait  la  pression. 

D'ailleurs,  la  noblesse  protestante  avait  singulièrement  compromis  son 
prestige  aux  yeux  des  populations  rurales,  par  la  docilité  avec  laquelle  elle 

'  Court  de  Gébelin,  1,  p.  218,  '  Court  de  Gibelin,  I,  p.  229. 


1703 


-^ —   794  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

s'était  résignée  h  jouer  la  comédie  de  la  conversion  générale  ou  même  à 
quitter  franchement  8i  sans  arrière-pensée  la  religion  de  ses  pères.  Cette 
noblesse,  traitant  les  matières  de  religion  d'une  autre  manière  que  les  prédi- 
cants  des  Cévennes,  éprouvait  une  véritable  horreur  pour  les  incendies,  les 
massacres  &  autres  atrocités  iournellement  commises  par  les  bandes  mon- 
tagnardes. Elle  partageait  les  idées  exprimées  avec  beaucoup  de  vigueur  dans 
une  lettre  synodale  que  plusieurs  ministres  protestants  avaient  rédigée  8c  qui 
flétrissait  les  crimes  sans  aucun  ménagement. 

Reprocher  aux  insurgés  des  Cévennes  d'avoir  dans  leurs  rangs  «  des  incen- 
«  diaires  Si  des  meurtriers,  »  tels  qu'on  n'en  voyait  pas  parmi  les  infidèles  & 
les  idolâtres,  d'y  tolérer  «  des  filles  libertines  travesties  en  garçons,  contrefai- 
«  sant  les  fanatiques  d'Ecosse,  »  5c  des  troupes  de  furieux,  se  vantant  d'être 
inspirés  du  Saint-Esprit  8c  de  professer  la  religion  réformée,  tout  en  courant 
chaque  nuit,  le  fer  8c  le  feu  à  la  main  pour  se  venger  de  leurs  ennemis;  dire 
aux  prétendus  enfants  de  Dieu  qu'en  approuvant  les  folies  de  «  ces  nouvelles 
«  bacchantes  8c  de  ces  furieux,  »  ils  profanaient  «  les  choses  saintes  par  une 
«  fiction  sacrilège,  déshonoroient  la  foi  protestante  8c  l'exposoient  aux  médi- 
«  sances  de  toutes  les  nations  »  n'était  guère  une  recette  assurée  pour  recon- 
quérir quelque  autorité  sur  les  montagnards. 

Aussi  la  noblesse,  comme  la  haute  bourgeoisie  des  villes,  dépourvue  de  tout 
crédit,  fut-elle  absolument  impuissante  à  remplir  le  rôle  que  Montrevel  lui 
destinait.  La  distinction  que  l'on  essayait  d'établir,  dans  la  lettre  synodale, 
entre  l'exercice  du  culte  public,  laissé  à  la  discrétion  du  pouvoir  civil,  8c  les 
assemblées  privées,  faites  dans  les  maisons,  sans  convocation  générale,  sans 
bruit  8c  sans  tumulte,  à  l'imitation  des  premiers  chrétiens,  ne  pouvait  tou- 
cher des  enthousiastes  rêvant  le  rétablissement  des  temples.  Ils  s'imaginaient 
renouveler  les  exploits  du  peuple  juif  contre  les  infidèles,  8c  servir  la  cause 
de  Dieu  par  des  massacres,  ainsi  que  les  Livres  hébraïques  en  donnaient 
plusieurs  exemples,  8c  leur  synode  disait  : 

«  Que  vous  êtes  éloignés  de  la  conduite  de  Jésus- Christ,  malheureux 
«  incendiaires,  cruels  meurtriers,  hommes  sanguinaires,  femmes  8c  filles 
«  aveuglées  par  le  démon  d'orgueil  8c  par  la  langue  de  malice!  Que  vous 
«  savez  mal  de  quel  esprit  vous  devez  être  animés,  vous  qui  portez,  contre  les 
«  règles  de  la  charité  l'épée  Se  le  flambeau  chez  vos  ennemis  8c  même  chez 
«  des  personnes  qui  ne  vous  ont  fait  aucun  mal...  Craignez  l'accomplisse- 
«  ment  de  la  prédiction  du  Fils  de  Dieu  qui  porte  :  que  ceux  qui  se  servent 
«  du  glaive  périront  par  le  glaive  '  !  » 

Deux  jeunes  gentilshommes  nouveaux  convertis,  MM.  de  Cadoine  8c  de 
Cabiron,  s'étant  décidés,  d'après  le  conseil  de  Montrevel,  à  regagner  leurs 
domaines,  dans  le  territoire  de  Saint-Étienne  de  Valfrancesque,  furent  ren- 
contrés par  la  troupe  de  Roland  près  du  pont  de  Salindres.  Le  premier  par- 

■  Loiivieleiiil  publie  (1.  I,  p.  127)  le  texte  de  la  vennes,  «  d'où  nous  avons  extrait  les  divers  pas- 
lettre  pastorale  d'un  synode  «  aux  fidèles  des  Ce-       sages  cités 


LIV,   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  796 

vint  à  se  sauver;  quant  k  l'autre,  dont  le  père  avait,  paraît-il,  déployé 
beaucoup  de  zèle  pour  la  défense  de  son  village,  on  le  retint,  8<  le  traite- 
ment qu'on  devait  lui  faire  subir  fut  assez  longuement  débattu.  Il  était  fort 
jeune,  8c  sa  physionomie  douce  inclinait  déjà  les  Cévenols  à  l'épargner,  quand 
une  prophétesse,  tombant  à  terre  avec  force  convulsions,  fît  entendre  un  cri 
terrible,  puis,  s'étant  relevée,  prononça  la  sentence  de  mort.  «  L'Esprit-Saint, 
«  dit-elle,  vouloit  qu'on  égorgeât  cette  victime  pour  expier  les  péchés  de  la 
«  jeunesse  qui  faisoit  la  guerre  aux  enfants  de  Dieu.  »  L'arrêt  fut  immédia- 
tement exécuté,  8<.  le  cadavre  abandonné  sur  la  route  '. 

De  tels  exemples  n'étaient  pas  faits  pour  encourager  la  noblesse  protes- 
tante à  quitter  les  villes.  Aussi  les  exhortations  du  maréchal  n'eurent-elles 
point  de  résultat.  Les  hostilités  continuèrent,  de  part  8c  d'autre,  avec  une 
complète  réciprocité  d'excès  8c  de  barbarie. 

Nous  n'énumérerons  pas  les  assassinats  d'hommes  isolés,  les  effractions  à 
main  armée,  les  enlèvements  de  petits  postes  qui  s'accomplirent  pendant  tout 
le  printemps;  Se  nous  nous  contenterons  de  rappeler  les  épisodes  qui  se  dis- 
tinguent par  quelque  particularité  digne  de  mémoire^. 

Le  1"  avril  1708,  qui  était  le  dimanche  des  Rameaux,  cent  cinquante 
réformés  de  Nimes,  dont  beaucoup  de  vieillards,  de  femmes  8c  d'enfants, 
s'assemblèrent  à  deux  heures  après  midi,  dans  un  moulin  du  faubourg  des 
Carmes,  pour  y  écouter  des  prédications.  Cette  réunion  n'était  point  armée 
8c  ne  ressemblait  en  rien  aux  attroupements  séditieux  des  Cévenols.  Mais 
comme  le  maréchal  se  trouvait  précisément  à  Nimes  ce  jour-là,  le  fait  d'avoir 
convoqué  une  assemblée  de  religion  illicite  à  quelques  pas  de  sa  résidence, 
le  jeta  dans  une  violente  colère.  On  lui  reprochait  déjà,  comme  jadis  au 
comte  de  Broglie,  de  manquer  de  vivacité  pour  la  répression  8c  de  ne  pas 
soutenir  l'autorité  royale  8c  la  foi  catholique  avec  assez  de  vigueur.  Il  se  leva 
de  table,  où  la  nouvelle  était  venue  le  surprendre  en  joyeuse  compagnie,  fit 
monter  ses  dragons  à  cheval  Se  résolut  de  se  venger  sur  les  malheureux  de 
tous  les  ennuis  que  la  révolte  lui  occasionnait. 

Le  moulin  fut  investi  :  des  sentinelles  placées  devant  les  portes  8c  les  fenê- 
tres, rendaient  impossible  toute  tentative  d'évasion.  Pour  accélérer  le  châti- 
ment, on  mit  le  feu  au  moulin  8c  l'assistance  entière  y  périt,  soit  dans  les 
flammes,  soit  par  les  mains  des  dragons.  Le  maréchal  avait,  dit-on,  balancé 
un  quart  d'heure  entre  la  compassion  que  lui  inspirait  cette  foule  inoffen- 
sive 8c  le  dépit  de  s'être  vu  braver  par  des  enfants  8c  des  femmes  si  près  de 
son  quartier-généraP. 

Pendant  le  même  mois  d'avril,  on  s'occupa  beaucoup  de  transportalions. 
En  un  seul  jour,  des  enlèvements  furent  faits  dans  vingt-quatre  paroisses  8c 

■  Mou»   empruntons   le  détail  de  cette   scène  à  tre  de  la  guerre,  que  nous  avons  cru  devoir  insérer 

Louvreleuil.  aux  Piccej /asuyicutiVcs  parce  qu'elles  donnent  cn- 

"  Consulter,  pour  le   détail  des   faits,  les  nom-  tièrement  la  physionomie  de  la  lutte. 

breuses  lettres  de  Montrevel,  de  Julien,  de  Bàville  '  Court  de  Gébelin,  I,  p.  23o. Fléckicr,  Ut- 

&  de  quelques  correspondants  éventuels  du  minis-  très  choisie!,  t.  1. 


1703 


— jc)6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

donnèrent  trois  cents  personnes  que  l'on  dirigea  par  mer  sur  le  Pv.oussi!lon. 
Le  but  de  cette  mesure  était  surtout  de  frapper  les  imaginatioiis.  Deux,  jours 
après,  deux  cent  trente  personnes  furent  encore  enlevées;  on  y  comptait  des 
familles  entières  dont  quelques  membres  faisaient  partie  des  bandes.  Ces 
transportés  devaient  rester  en  Roussillon  jusqu'à  la  pacification  complète  des 
Cévennes  &  se  voir  rétablir  alors  dans  leur  domicile.  Cet  expédient  nouveau 
ne  produisit  pas  plus  d'effet  que  les  autres;  il  donna  lieu  au  contraire  à 
répandre  le  bruit  qu'on  voulait  dépeupler  entièrement  les  montagnes  &  en 
transporter  les  habitants  au  delà  des  mers,  Si  cette  crainte,  jointe  à  l'impres- 
sion qu'avait  causée  l'horrible  exécution  du  moulin  des  Carmes,  jeta  quelques 
centaines  d'hommes  de  plus  dans  les  troupes  de  Roland  Si  de  Cavalier.  Ce 
fut  dans  les  paroisses  de  Mialet  &  de  Saumane  que  se  firent  les  premiers 
enlèvements;  puis  il  en  fut  opéré  dans  la  Vaunage,  Si  pour  compléter  l'œuvre, 
on  procéda  au  désarmement  général  des  protestants,  qui  s'accomplit  à  Nimes 
au  milieu  de  la  plus  profonde  terreur  Si  dans  l'appréhension  d'une  Saint- 
Barthélemy. 

L'incendie  du  village  catholique  de  Moulezon,  dans  le  bassin  du  Vidourle, 
sur  la  lisière  du  bois  de  Lens,  ou  quarante-deux  maisons  furent  brûlées  Si 
nombre  d'habitants  égorgés,  la  dévastation  d'Aurillac  Si  de  la  Salle  par  la 
troupe  de  Cavalier  témoignèrent  du  peu  de  fruit  qu'avaient  les  exemples. 

M.  de  Planque,  brigadier  des  armées  du  roi,  se  mit  en  mouvement  avec 
environ  douze  cents  hommes  pour  donner  la  chasse  aux  bandes  qui  commet- 
taient ces  ravages.  Il  surprit  d'abord  les  camisards  au  Collet  de  Dèze,  sans 
réussir  à  leur  infliger  de  pertes  sérieuses,  mais  fut  plus  heureux  à  la  tour  de 
Billot,  entre  Alais  Si  Anduze,  où  il  parvint  à  les  envelopper,  dans  la  nuit  du 
29  avril.  Sans  la  clarté  de  la  lune  qui  révéla  son  approche  aux  grand-gardes 
des  camisards,  commandées  par  Montbonnoux  Si  Boulidou,  la  bande  entière 
aurait  été  prise  entre  les  trois  corps  de  troupes  royales  postés  sur  le  liaut 
chemin  d'Anduze,  sur  le  chemin  bas  de  la  métairie  de  Vermeil  Si  sur  la  rive 
gauche  du  Gardon.  Le  combat  dura  depuis  minuit  jusqu'à  cinq  heures  du 
matin,  Si  ce  ne  fut  qu'après  l'avoir  criblée  de  grenades  Si  incendiée  qu'on  se 
rendit  maître  de  la  tour  de  Billot,  dont  les  défenseurs  périrent  tous  par  le  feu 
ou  par  l'épée.  Cavalier,  avec  le  gros  de  sa  troupe,  réussit  à  se  dérober  à  la 
faveur  des  bois  de  Saint-Bénézet '. 

On  vécut  quelque  temps  sur  cette  victoire.  Le  bruit  de  la  mort  de  Cavalier 
s'était  répandu,  Si  des  forces  nouvelles  arrivaient  dans  la  Province.  Julien 
continuait  de  circuler  dans  les  hautes  Cévenne's;  le  colonel  de  Villars  gardait 
le  pied  de  la  Lozère;  Gévaudan,  maréchal  de  camp,  occupait  le  diocèse  d'Uzès, 
S*,  enfin  les  passages  du  Vivarais  étaient  soigneusement  surveillés. 

Outre  les  forces  régulières  dont  il  disposait,  le  maréchal  avait  autorisé 
certains  attroupements  de  paysans  catholiques.  Si  donné  des  commissions  à 
quatre  partisans  :  l'un  était  un  ancien  capitaine  dauphinois,  qui  s'était  fait 

■  Pièces  just'ifcatives,  n.  DCLXXIII,  col.  1733. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


797 


1703 


ermite  dans  les  environs  de  Sommières,  81  dont  les  camisards  avaient  incendié 
l'ermitage;  le  second,  un  meunier  de  Générac  près  Nimes,  nommé  Flori- 
mond,  homme  d'une  violence  &  d'une  vigueur  extraordinaires;  celui-ci  Sises 
deux  autres  confrères,  Lefèvre  Si  Alary,  furent  placés  sous  l'autorité  de  l'Er- 
mite. Les  excès  de  ces  bandes  ne  le  cédèrent  en  rien  à  ceux  des  insurgés. 

Dans  les  premiers  jours  de  mai,  l'on  arrêta  le  baron  de  Saïgas,  gentilhomme 
protestant,  que  l'on  accusait  d'avoir  pactisé  avec  le  chef  camisard  Castanet  Si 
suivi  ses  prédications,  81  qui  disait  s'y  être  vu  contraint  par  la  force.  On  le 
jugea  sur  un  seul  témoignage,  81  il  fut  condamné  aux  galères".  Diverses 
exécutions  eurent  lieu  dans  les  villes  de  Nimes  Si  d'Alais.  Louvreleuil,  qui 
assista  Jacques  Pontier,  des  Rousses,  condamné  à  périr  sur  la  roue,  a  fait  un 
tableau  saisissant  des  derniers  moments  de  ce  malheureux,  qui  ne  cessa  de 
réciter  des  psaumes,  «  les  yeux  fixés  en  haut,  avec  une  gravité  stoïcienne^.  » 

Les  rencontres  des  mois  de  juin  81  de  juillet  n'eurent  pas  d'importance; 
81  l'un  des  événements  qui  firent  le  plus  de  bruit  fut  la  malheureuse  aven- 
ture de  deux  corps  de  troupes  royales  qui  se  fusillèrent  sans  se  reconnaître. 
Le  premier  était  un  détachement  de  miquelets,  servant  d'escorte  à  une  jeune 
femme,  nommée  Madame  de  Soustelle,  pour  qui  le  maréchal  avait  les  plus 
grandes  prévenances.  Elle  avait  voulu  voyager  de  nuit  pour  profiter  de  la 
fraîcheur,  81  s'en  allait  prendre  les  eaux  dans  quelque  village.  Près  de  Saint- 
Jean  de  Gardonnenque,  les  miquelets  avisèrent  une  troupe  armée  qui  venait 


'  Pièce!  jutùficat'tves,  n.  DCLXXVII,  col.  1745; 
j).  DCLXXXIV,  col.  1759. 

'  LouTrelsuil,  I,  p.  118.  Le  récit  du  curé  de 
Saint-Germain  de  Calberte  a  l'accent  de  la  Terité  : 
«  Lorujue  je  m'approchai  de  lui,  dès  qu'on  lui  eut 
lu  sa  sentence,  il  me  rejeta  &  me  dit  :  Arrière  de 
moi.  Moniteur,  vous  m'êtes  un  Satan,  retirez-vous. 
Je  lui  répondis  :  Mon  très-cher  frère,  je  viens  au 
nom  de  Dieu,  par  un  principe  de  charité,  vous  con- 
soler dans  votre  affliction ,  &  vous  donner  secours 
contre  l'horreur  d'une  mort  violente.  11  me  répli- 
qua :  Je  n'ai  nullement  besoin  de  vous,  ce  n'est  pas 
dans  les  hommes  jue  je  dois  mettre  ma  confiance 
dans  mon  malheur,  mais  en  Dieu  seul;  ensuite  le- 
Tant  les  yeux  au  ciel  il  s'écria  :  Cest  a  toi.  Sau- 
veur du  monde,  ^ue  j'ai  recours,  regarde-mot  avec 
pitié  en  ce  jour  de  trihulation.  Tu  ne  m'as  point 
commandé  de  m'adresser  a  aucun  ministre;  mais  ta 
m'as  dit,  &  à  tes  fidèles  enfans  :  Vene^  'a  moi,  vous 
tous  fui  êtes  chargés  &  opprimés,  &  je  vous  soulage- 
rai. Use  donc  à  cette  heure.  Christ  débonnaire.  Fils 
de  David,  de  ta  plus  grande  miséricorde  envers  moi! 
Dès  lors  qu'il  eut  fini  ces  premières  exclamations, 
je  voulus  prendre  la  parole;  aussitôt  il  m'inter- 
rompit par  la  répétition  d'un  psaume  entier  qu'il 
prononça,  les  yeux  fixés  en  haut,  avec  une  gravité 
stoïcienne.  Après  l'avoir  écouté  environ  pendant 
une  heure,  sans  avoir  pu  être  écouté  de  lui,  je  fis 


semblant  de  prendre  congé,  &  je  lui  dis  :  Mon 
très-cher  frère,  puisque  je  vous  suis  inutile  pour  le 
salut  de  votre  âme,  je  vous  offre  mes  soins  pour  l'as- 
sistance de  votre  famille,  qui  va  être  privée  de  vos 
biens  par  la  confiscation,  &  je  vous  promets  de  faire 
en  sa  faveur  tout  ce  <jue  vous  souhaitere^.  Il  fut 
attendri,  &  me  répondit  :  Vous  save^  que  Notre- 
Seigneur  a  dit  :  Ce  que  vous  fere^  au  moindre  des 
miens,  je  le  tiens  pour  fait  à  moi-même.  Je  veux 
croire  que  vous  exécuterez  votre  promesse;  ainsi,  écri- 
ve^,  s'il  vous  plaît,  deux  lignes  sur  une  demi-feuille 
de  papier  qui  soit  timbré.  J'accomplis  sa  volonté.  Se 
je  marquai  dans  ce  mémoire  :  qu'il  donnoit  sa  bé- 
nédiction à  sa  femme  &  à  ses  enfants;  qu'il  les 
recommandoit  »  Dieu,  &  qu'il  prioit  certaines  per- 
sonnes, qu'il  nommoit,  de  leur  remettre,  ou  à  moi, 
ce  qu'il  leur  avoit  prêté  sans  billet,  &  sur  leur 
parole,  aux  uns  en  argent,  aux  autres  en  denrées  ; 
ensuite  il  fit  un  don  de  quelques  setiers  de  blé, 
qui  lui  étoient  dus  par  un  de  ses  amis,  aux  pau- 
vres, &  il  signa  ee  petit  testament,  comme  il  put 
avec  ses  mains  liées. 

«  M.  le  juge,  à  qui  je  le  montrai,  me  permit  de 
le  garder  &  d'en  procurer  l'exécution;  mais  il  lui 
fut  impossible  de  l'obliger  à  avouer  les  faits  pour 
lesquels  il  l'avoit  condamné,  &  à  moi,  de  lui  per- 
suader qu'il  seroit  hors  du  paradis  s'il  mouroit 
hors  du  sein  de  l'Eglise  catholique,  » 


170 


jcjS  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

en  sens  contraire;  on  commença  par  se  charger,  &  après  le  premier  feu  on 
reconnut  que  c'était  un  détachement  de  grenadiers  Si  une  compagnie  du  régi- 
ment de  Tarnaud  allant  faire  une  arrestation. 

Cette  méprise  fit  le  plus  grand  tort  à  la  réputation  du  maréchal.  On  lui 
reprocha  de  mettre  les  troupes  au  service  de  ses  galanteries,  de  mener  une 
vie  de  plaisir  &  d'inaction,  de  laisser  les  officiers  s'endormir  dans  leurs  postes 
8c  d'éterniser  la  guerre  des  Cévennes,  afin  de  prolonger  la  durée  des  avan- 
tages matériels  qu'elle  lui  procurait  comme  chef  d'une  armée  en  campagne'. 

Enfin,  dans  le  courant  de  l'été,  à  bout  d'expédients,  voyant  que  les  sup- 
plices n'avançaient  à  rien  Se  que  les  troupes  se  consumaient  dans  de  petits  com- 
bats sans  triompher  d'une  résistance  opiniâtre,  on  reprit  l'étude  d'un  projet 
de  dépopulation  générale  des  hautes  Cévennes,  dont  la  première  pensée  appar- 
tenait à  Bâville.  L'intendant,  regardant  ce  pays  comme  incorrigible,  voulait 
le  rendre  momentanément  inhabité  6c  inhabitable,  faire  conduire  toute  la 
population  dans  des  casernes,  des  manufactures  ou  des  hôpitaux  de  diverses 
villes  de  la  Province,  éloignées  du  théâtre  de  la  guerre,  8c  renverser  les 
toits  &c  les  planchers  des  maisons.  Bâville  avait  l'esprit  trop  pratique  pour 
admettre  l'idée  d'une  dévastation  définitive  :  il  croyait  seulement  que  la  lutte 
serait  promptement  terminée  lorsque  les  troupes  pourraient  opérer  en  pleine 
liberté  dans  les  hautes  Cévennes  Se  que  les  insurgés  n'y  trouveraient  plus  ni 
abri  ni  secours.  Ce  dernier  effort  accompli  8c  la  pacification  obtenue,  les 
transportés  devaient  être  ramenés  dans  leurs  villages,  8c  comme  on  y  aurait 
laissé  debout  les  murailles  de  toutes  les  maisons,  les  réparations  pourraient 
s'y  faire  avec  une  promptitude  relative^. 

Ces  projets,  après  d'assez  longues  tergiversations  dont  la  correspondance 
ministérielle  garde  les  traces,  8c  diverses  recherches  statistiques,  furent  adoptés 
par  la  Cour,  Se  le  14  septembre  lyoS  parut  une  ordonnance  du  maréchal  de 
Montrevel  annonçant  que  le  roi  lui  avait  commandé  de  dépeupler  8c  de 
détruire  trente  Se  une  paroisses  des  hautes  Cévennes. 

Le  territoire  condamné  comprenait  tout  ce  massif  de  montagnes  que  l'on 
regardait  comme  le  foyer  permanent  de  l'insurrection.  Le  périmètre  en  était 
limité  à  l'ouest  par  cette  sorte  de  fossé  profond  8e  abrupt  qui  amène  au  Tarn 
les  eaux  du  Tarnon  Se  de  quelques  autres  torrents  anonymes  Se  qui  cerne  de 
ses  découpures  sinueuses  la  grande  plate-forme  calcaire  du  Causse  Méjean; 
au  nord  par  la  chaîne  de  la  Lozère,  dérobant  les  sources  du  Lot  Se  de  l'Allier; 
à  l'est  par  les  gorges  d'Alais;  au  sud  par  les  contre-forts  de  l'Aygoal  8e  de 
l'Espérou  Se  par  les  ravins  granitiques  d'où  descendent  quelques  obscurs 
affluents  de  l'Hérault  Se  du  Gard.  C'était  toute  cette  région  stérile  Se  sauvage 
où  s'emplissent,  pendant  la  saison  des  neiges,  les  réservoirs  qui  alimentent 
quelques-unes  de  nos  plus  grandes  rivières  françaises,  l'Allier,  le  Lot,  le 
Tarn,  l'Hérault;  tristes  8e  solennelles  solitudes,  où  des  centaines  de  hameaux 

'  On  trouvera  plusieurs  variantes  de  ces  accusa-  publions  à  la  suite  tous  les  rapports  de  détail  du 
lions  dans  nos  Pièces  justificatives.  brigadier  Julien  sur  la  dévastation  des  hautes  Cé- 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCXC,  col.  1778.  Nous       vennes. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  799  — 

Se  de  villages,  entourés  de  maigres  cultures,  s'éparpillaient  entre  les  bois  S< 
les  roches,  les  uns  perchés  sur  des  plateaux  comme  des  aires  d'oiseaux  de 
proie,  les  autres  suspendus  aux  pentes  ou  à  demi-enfouis  dans  la  profondeur 
des  gorges.  Les  sommets  historiques  du  Bougez,  la  forêt  d'Altefage,  témoin 
des  premiers  complots,  le  Fau  des  Armes,  retraite  des  premiers  coupables, 
se  trouvaient  enfermés  dans  ces  lignes  de  dévastation. 

Comme  tout  le  pays  de  Gévaudan,  cette  région  avait  conservé  un  grand 
caractère  féodal.  Plusieurs  paroisses  faisaient  partie  du  domaine  temporel  des 
évêques  de  Mende  :  Saint-Laurent  de  Trêves,  Saint-Martin  de  Campcelade, 
Saint-Flour  du  Pompidou,  Saint-Martin  de  Bobeaux,  Saint-Hilaire  de  Lavit 
étaient  de  ce  nombre.  D'autres,  situées  au  sud,  dans  la  vallée  du  Gardon  de 
Mialet,  dépendaient  du  comté  d'Alais  :  c'étaient  Saint-Etienne  &  Sainte- 
Croix  de  Val  Francesque.  Les  héritiers  du  marquis  de  Portes  avaient  Saint- 
Germain  de  Calberte;  le  comte  de  Roure  possédait  Grizac  &  Fraissinet,  ainsi 
que  la  terre  de  Florac,  une  des  baronnies  représentatives  de  Gévaudan'. 
Saint-Frézal  de  Ventalon  appartenait  au  prieur  du  Bousquet,  &  quelques 
terres  de  la  vallée  du  Tarn  relevaient  du  chapitre  collégial  de  Bédouez,  fondé 
par  le  pape  Urbain  V,  non  loin  de  l'humble  village  où  il  était  né*.  Tous  les 
autres  lieux  formaient  de  petites  seigneuries  distinctes  que  se  partageaient 
des  familles  nobles  d'âge  &  de  renom  fort  divers.  Il  y  avait  encore  des  Ga- 
briac  à  Saint-Maurice,  bien  que  leur  château  d'origine  fût  démoli,  des  Du 
Bouchet  à  Vébron,  des  Raimond  à  Saint-Etienne  possédant  à  des  titres  diffé- 
rents, soit  comme  coseigneurs,  soit  par  sous-inféodation,  des  domaines  déta- 
chés d'autres  fiefs  plus  importants^. 

Il  fut  décidé  de  ne  laisser  subsister  que  dix  centres  d'habitation  dans  cette 
vaste  étendue,  &  de  raser  toutes  les  autres  constructions,  granges  ou  métai- 
ries, pour  faire  du  pays  un  désert  8c  le  mettre  hors  d'état  de  donner  asile 
aux  rebelles  attroupés,  6c  de  leur  fournir  des  vivres  ou  des  secours.  Le  14  sep- 
tembre, par  une  ordonnance  datée  d'Alais,  le  maréchal  de  Montrevel  publia 
la  liste  des  paroisses  8c  villages  qui  devaient  être  détruits,  8c  enjoignit  à  tous 
les  habitants  de  la  contrée  proscrite  d'avoir  à  se  retirer,  dans  le  délai  de  trois 

■  La  naissance  du  pape  Urbain  V  jGrisacavait  quitti   sint   &    immunes.  »  (Archives   nationales, 

valu  à  cette  communauté  le  priyilége  d'être  exempte  H.  1095.) 

de  toute  imposition  royale.  Ce  fut  le  roi  Jean  qui,  '  Description  Je  la  province  Je  Langue  Joe ,  ms. 

par  lettres  patentes  du  mois  de  mai  |363,  en  mé-  Bibliothèque  de  Toulouse.  —  Almanach  historique 

moire  des  services  rendus  à  la  France  par  le  pon-  Je  la  province  Je  LangueJoc, 

tife,  octroya  cette  faveur  au  père  du  pape,  Cri-  '  Pièces  fugitives  Ju  marijuis  J'Auhaïs,  II.  On 
monrd,  seigneur  de  Grisac,  chevalier,  &  aux  remarque  parmi  les  jugements  de  maintenue  de 
hommes  du  château  &  mandement  de  Grisac,  Bel-  noblesse  de  M.  de  Bezons,  publics  par  le  marquis 
legarde,  Bédouez...  «  ipsi  &  suis  heredibus  &  ho-  d'Aubaïs,  deux  Antoine  du  Bouchet  successive- 
minibus  in  Castro  &  mandamento  &  pertinentiis  ment  coseigneurs  de  Vébron,  en  i6(55  &  1668,  un 
locorum  de  Grisaco,  de  Bellagarda,  ville  de  Bedo-  Jacques  Raimond,  seigneur  de  Saint-Étienne  de 
vesco  &  mansorum  de  Montebello,  de  Grisaco  vii-  Valfrancesqu»,  du  Vilar,  du  Masel  &  du  château 
lato  dioecesis  Mimatensis,  ad  numerum  ce  focorum  d»  Calberte,  en  1669;  un  Ducros,  seigneur  do 
ab  omnibus  subventionibus,  impositionibuJ,  tal-  Saint-Germain  de  Calberte. 
liis,  focagiis,  calvatiis,  ang.iriis  &  aliis  oneribu» 


~ 800  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

jours,  à  dater  de  la  signification  faite  aux  consuls,  dans  les  divers  lieux  de 
refuge  qui  leur  étaient  assignés,  en  y  menant  avec  eux  leur  bétail  &  y  char- 
riant tous  leurs  effets. 

Les  bourgs  ou  villages,  qui  avaient  trouvé  grâce  devant  la  justice  royale  81 
obtenu  provisoirement  permission  de  vivre,  étaient  Vébron,  Florac,  Pont-de- 
Montvert,  Genolhac,  Collet  de  Dèzes,  Saint-Germain  de  Calberte,  Saint- 
Etienne  de  Valfrancesque,  Saint-Roman,  le  Pompidou  &  Barre. 

A  l'exception  de  ces  points  de  retraite,  épargnés  comme  des  témoins  dans 
le  nivellement  terrible  qui  se  préparait,  la  destruction  devait  être  générale  £<. 
ne  pas  laisser  pierre  sur  pierre.  La  prévoyance  administrative  des  organisa- 
teurs de  cette  dévastation  méthodique  avait  d'ailleurs  soigneusement  indiqué 
aux  émigrants  leur  itinéraire.  Ainsi  tous  les  villages  de  l'Aygoal ,  de  l'Es- 
pérou,  des  sources  de  l'Hérault  &  des  pentes  du  Causse  Méjean,  devaient 
refluer  à  Vébron;  ceux  des  vallées  du  Mimente  &  du  Tarn,  à  Florac;  ceux 
des  plateaux  de  Lozère  &  du  Bougés,  à  Pont-de-Montvert;  Barre,  Saint-Ger- 
main, Saint-Etienne  étaient  assignés  aux  riverains  des  divers  Gardons. 

L'opération  présentait,  du  reste,  en  tous  ses  détails,  un  singulier  contraste 
de  barbarie  61  d'humanité.  Si,  au  moment  de  l'arrivée  des  milices  chargées 
du  travail  de  démolition,  sous  la  protection  des  troupes  réglées,  quelques 
habitants  se  trouvaient  encore  dans  les  villages  condamnés,  les  officiers  placés 
à  la  tête  du  mouvement  avaient  ordre  de  les  rassembler,  de  faire  le  dénom- 
brement de  leurs  personnes,  de  leurs  bestiaux  8c  de  leurs  grains  8<.  d'en 
envoyer  l'état  exact  à  M.  de  Bâville.  Ils  devaient  en  outre  donner  l'assurance 
à  ces  malheureux  retardaires  qu'on  ne  leur  voulait  faire  aucun  mal,  8t  que 
bien  au  contraire  l'intention  du  roi  était  de  prendre  soin  de  leurs  intérêts, 
puis  les  envoyer,  sous  la  conduite  du  personnage  le  plus  considérable  de  leur 
troupe,  dans  les  lieux  de  refuge  déterminés  par  l'ordonnance.  Le  bétail  qui 
s'y  pourrait  aussi  rencontrer  serait  laissé  à  ses  gardiens,  mais  avec  l'ordre  de 
suivre  immédiatement  l'itinéraire  indiqué.  Les  commandants  militaires  pou- 
vaient toutefois  réserver  momentanément  les  bêtes  de  somme  pour  accélérer 
le  transport  des  grains  hors  du  pays  dépeuplé,  8c  faire  donner  des  ânes  aux 
vieillards  81  aux  femmes  enceintes.  Que  si  des  villageois  s'obstinaient  à 
demeurer  dans  les  lieux  où  la  démolition  8c  l'incendie  seraient  commencés, 
il  fallait  leur  lire  l'ordonnance  qui  leur  défendait  de  retourner  dans  leurs 
habitations,  mais  ne  leur  faire  aucune  violence,  «  le  roi  n'ayant  pas  voulu 
«  entendre  parler  d'effusion  de  sang.  »  C'est  seulement  par  des  paroles  8c  des 
menaces  qu'on  devait  les  déterminer  à  quitter  la  place,  en  ayant  soin  d'affi- 
cher le  placard  royal  sur  un  pan  de  mur  ou  sur  un  tronc  d'arbre. 

La  plupart  de  ces  précautions  furent  inutiles.  La  grande  mesure  que  l'on 
méditait  pour  arracher,  disait-on,  les  dernières  racines  du  mal,  avait  été 
annoncée  dans  le  pays  comme  un  projet  de  massacre  universel;  aussi  tous  les 
hommes  en  état  de  porter  les  armes  allèrent  se  jeter  dans  les  troupes  de 
rebelles  qui  battaient  la  campagne  8c  se  préparer  à  de  nouvelles  vengeances, 
tandis  que  le  reste  de  la  population  courait  chercher  asile  dans  les  bourgades 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  801 

voisines.  Lorsque  soldats  &  miliciens  vinrent  entreprendre  leur  triste  besogne, 
le  pays  n'était  déjà  plus  qu'un  désert. 

L'œuvre  de  dévastation,  commencée  le  29  septembre  au  matin,  se  continua 
cans  interruption  pendant  soixante-seize  jours.  Elle  ne  fut  complètement  ter- 
minée que  dans  la  soirée  du  14  décembre. 

Le  26  septembre,  le  maréchal  de  Montrevel  était  parti  d'Alais  en  compa- 
gnie de  l'intendant  de  la  Province  &  de  deux  brigadiers  d'infanterie,  MM.  de 
Vergetot  &  de  Marcilly,  escortés  par  deux  bataillons  de  Royal-Comtois,  deux 
bataillons  de  Soissonnois  &  deux  cents  dragons  détachés  des  régiments  de 
Fimarcon  8c  de  Languedoc.  Il  alla  établir  son  quartier  général  à  Barre-des- 
Cévennes,  au-dessus  de  la  montagne  où  le  Gardon  de  Mialet  prend  sa  source. 
C'est  un  point  culminant,  élevé  de  plus  de  mille  mètres,  qui  domine  une 
des  avenues  importantes  du  haut  pays,  la  route  de  Mende  à  Nimes,  8c  qui 
commandait  toute  la  région  sud-ouest  du  territoire  condamné. 

En  même  temps  s'opérait  un  grand  mouvement  de  concentration.  Au  nord, 
M.  de  Julien,  maréchal  de  camp,  venait  occuper  le  Pont-de-Montvert  avec 
les  deux  bataillons  du  régiment  de  Hainaut.  A  l'extrême  gauche,  dans  la 
vallée  du  Tarnon,  le  marquis  de  Canillac,  brigadier  d'infanterie,  entrait  à 
Vébron  avec  deux  bataillons  de  son  régiment,  venant  de  Rouergue,  tandis 
que  le  comte  de  Peyre,  lieutenant  général,  arrivait  à  Florac  par  la  route  de 
Mende,  avec  un  grand  cortège  de  cavaliers  8c  une  longue  file  d'hommes  8c  de 
mulets  chargés  de  pioches,  de  leviers  8c  de  haches;  le  marquis  de  Montarnal, 
neveu  du  comte  de  Peyre  Se  commandant  général  des  milices,  parti  de  Mende 
comme  son  oncle,  cheminait  de  son  côté  vers  le  Pont-de-Montvert  avec  une 
autre  colonne.  Il  n'y  avait  pas  moins  de  quarante-cinq  compagnies  de  mili- 
ciens du  Gévaudan,  fortes  chacune  de  cinquante  hommes. 

Ce  fut  le  27  septembre  ([ue  le  maréchal  fit  la  répartition  entre  les  divers 
commandants  de  toutes  les  paroisses  à  dévaster  8c  donna  à  chacun  la  liste 
définitive  des  villages  8c  hameaux  qui  devaient  être  détruits.  On  avait  dis- 
tribué aux  chefs  de  corps  une  carte  des  Cévennes  nouvellement  dressée  à 
Paris,  d'après  les  plans  levés  sur  le  terrain,  secours  indispensable  au  milieu 
du  labyrinthe  de  gorges  8c  de  plateaux  qui  découpent  en  tous  sens  ce  terri- 
toire tourmenté.  Les  officiers  avaient  ordre  d'éparpiller  habilement  les  troupes 
dans  les  meilleurs  postes  d'observation,  de  façon  à  surveiller  le  plus  grand 
espace  possible  8c  à  protéger  utilement  les  détachements  de  miliciens  qui 
étaient  seuls  chargés  du  travail  de  démolition.  On  recommandait  d'opérer 
cette  besogne  de  la  façon  la  plus  expèditive,  afin  d'abréger  l'opération,  soit 
en  faisant  entamer  plusieurs  hameaux  dont  la  proximité  rendait  la  sur- 
veillance facile  par  un  même  corps  de  troupes,  soit  en  attaquant  les  maisons 
par  le  pied,  ou  même  en  recourant  à  l'incendie  pour  les  rendre  inhabitables, 
lorsque  la  démolition  régulière  présentait  de  trop  graves  difficultés.  Le  sort 
des  habitations  qui  appartenaient  à  d'anciens  catholiques  demeurait  réservé. 
En  attendant  de  connaître  la  volonté  du  roi,  on  devait  les  faire  garder  par 
quelques  hommes  sous  le  commandement  d'un  officier. 

XIII.  '->> 


1703 


i7o3 


802  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  maréchal  divisa  tout  le  pays  en  trois  lots.  Sur  sa  gauche,  il  confia  au 
marquis  de  Canillac  le  soin  de  protéger,  avec  ses  deux  bataillons,  mille 
hommes  de  la  milice  de  Languedoc  occupés  à  ravager  les  pentes  de  l'Aygoual 
Se  de  l'Espérou  &  toute  la  vallée  du  Tarnon  jusqu'en  amont  de  Florac;  sur 
sa  droite,  il  chargea  M.  de  Julien,  avec  trois  bataillons  de  Hainaut  &  de 
Beaujolais,  quinze  compagnies  de  miquelets  &.  huit  cents  hommes  de  la  milice 
de  Gévaudan,  de  raser  deux  cent  six  villages  ou  hameaux  éparpillés  dans  les 
hautes  vallées  des  Gardons,  du  Luech  &  du  Tarn,  en  décrivant  un  vaste  arc 
de  cercle  qui  s'appuyait  au  midi  sur  Saint-Etienne  de  Valfrancesque,  attei- 
gnait le  Collet-de-Dèze,  Vialas,  Fraissinet-de-Lozère  Se  venait  finir  au  nord 
de  Florac,  dans  les  dépendances  de  la  commune  de  Bédouez.  Le  troisième 
lot  se  composait  des  positions  du  centre,  situées  au  sud  du  Bougez,  dans  la 
vallée  du  Mimente,  sur  la  ligne  de  faîte  dont  le  village  de  Barre  occupe  un 
des  pitons.  Se  dans  la  vallée  supérieure  du  Gardon  de  Mialet.  M.  de  Mon- 
trevel  s'était  réservé  cette  partie  du  grand  œuvre. 

M.  de  Julien  commença  l'opération  dans  la  matinée  du  2g  septembre,  en 
attaquant  les  hautes  montagnes  qui  dominent  la  rive  droite  du  Tarn.  Les 
difficultés  furent  beaucoup  plus  sérieuses  que  le  conseil  du  roi  ne  l'avait 
prévu.  L'importance  des  précautions  militaires  qu'on  venait  de  prendre  suffit 
sans  doute  à  décourager  toute  résistance.  Se  nulle  part  les  troupes  n'eurent 
d'ennemis  à  combattre}  mais  ces  montagnes  désolées,  vraies  forteresses  de 
l'insurrection,  n'en  demeurèrent  pas  moins  redoutables  pour  avoir  perdu  leurs 
défenseurs.  L'âpreté  du  sol  les  protégeait,  Se  la  nature  des  constructions  en 
rendait  la  ruine  singulièrement  lente  Se  difficile.  C'était  déjà  une  rude  corvée 
que  de  découvrir  dans  les  replis  des  vallées,  à  l'ombre  des  bois  ou  dans  le 
désert  des  grands  plateaux,  tous  les  groupes  d'habitations  que  l'on  avait  à 
détruire.  Les  nécessités  de  la  culture,  dans  iin  pays  avare  où  le  travail  de 
l'homme,  impuissant  à  lutter  contre  l'infertilité  des  roches,  ne  peut  laisser 
improductive  la  moindre  parcelle  de  terre  végétale,  avaient  disséminé  des 
bâtiments  dans  les  situations  les  plus  diverses  Se  les  plus  inaccessibles.  Cer- 
taines communes,  d'une  étendue  considérable,  dont  la  plus  grande  surface 
n'offrait  que  des  pentes  pierreuses  ou  des  solitudes  boisées,  comptaient  plus 
de  cent  hameaux  ou  écarts  éparpillés  dans  leur  territoire,  quelques-uns  si 
audacieusement  posés  sur  des  corniches  de  basalte  ou  de  granit,  que  l'on  n'y 
pouvait  même  arriver  à  dos  de  mulet,  malgré  l'assurance  qu'ont  ces  bûtes 
montagnardes  dans  les  sentiers  les  plus  difficiles.  D'ailleurs,  toutes  ces  cons- 
tructions, dont  ,1a  montagne  même  avait  fourni  les  matériaux  Se  dont  les 
masses  brunes,  souvent  lavées  par  l'orage,  se  confondaient  avec  la  base  qui  les 
portait,  avaient  été  faites  pour  résister  aux  rigueurs  d'un  ciel  inclément,  pour 
soutenir  l'effort  des  neiges,  des  vents  d'hiver,  des  longues  pluies  automnales, 
Se  présentaient  une  solidité  qui  défia  souvent  toute  l'énergie  des  bataillons 
démolisseurs.  Les  murs  étaient  épais,  profondément  scellés  dans  le  roc,  la 
plupart  des  chambres  voûtées.  Après  de  longues  marches  Se  des  ascensions 
fatigantes,  rendues  plus  pénibles  encore  par  le  transport  du  matériel,  il  fallait 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  8o3 

s'acharner  contre  ces  bâtisses  vicies  dont  chacune  exigeait  plusieurs  heures  de 
travail.  Les  nuages  de  poussière  qui  s'élevaient  sous  le  pic  des  miliciens  leur 
attaquaient  les  yeux  &  les  poumons,  &  les  fatigues  de  cette  besogne  ingrate, 
dont  les  troupes  étaient  dégoûtées  d'avance  parce  qu'elles  en  comprenaient 
l'inanité  8c  qu'elles  n'avaient  pas  même  l'émotion  du  danger  &  l'ardeur  du 
combat  pour  les  soutenir,  ne  tardèrent  pas  à  multiplier  dans  le  corps  expédi- 
tionnaire les  maladies  8i  les  désertions.  D'ailleurs,  la  subsistance  &  le  campe- 
ment des  colonnes  avaient  été  fort  mal  ménagés.  Les  soldats  de  milice  ne 
recevaient  que  deux  livres  de  pain  par  jour,  avec  un  morceau  de  viande  de 
porc  ou  de  mouton,  &  seulement  de  l'eau  à  boire.  La  soupe  même,  cet  élé- 
ment essentiel  de  l'alimentation  militaire  8c  agricole,  leur  faisait  défaut,  car 
on  n'avait  point  eu  la  précaution  de  les  munir  de  marmites.  Après  des  jour- 
nées de  labeur,  ils  couchaient  sur  la  paille  dans  quelques  granges  que  l'on 
avait  épargnées.  Pour  rendre  ces  privations  plus  pénibles,  la  mauvaise  saison 
avançait  rapidement.  A  ces  altitudes  élevées,  les  froids  sont  précoces,  Se  déjà, 
au  commencement  d'octobre,  s'amoncellent  ces  brumes  épaisses,  qui,  matin 
8v  soir  Se  quelquefois  pendant  des  journées  entières,  enveloppent  montagnes 
fie  vallées  d'un  impénétrable  rideau. 

Pour  comble  de  malheur,  il  arriva  de  mauvaises  nouvelles  du  bas  pays. 
Profitant  de  l'occupation  que  les  ordres  du  roi  venaient  d'assurer  aux  troupes, 
les  bandes  insurrectionnelles,  renonçant  à  défendre  des  habitations  rurales 
dont  la  conservation  ne  les  touchait  guère,  avaient  abandonné  la  haute 
montagne  pour  se  jeter  dans  la  plaine  si  imprudemment  découverte  par  la 
manœuvre  du  maréchal.  Du  haut  des  maisons  de  Nimes  on  voyait  flamber 
au  loin  des  métairies  Se  courir  des  groupes  d'incendiaires,  armés  de  torches, 
qui  vengeaient  leurs  compatriotes  des  Cévennes  en  ravageant  la  région  la 
plus  fertile  du  diocèse.  Averti  du  danger  pressant  qui  menaçait  les  catholiques, 
M.  de  Montrevel  commença  par  détacher  M.  de  Marcilly  qui  fut  envoyé  à 
Nimes  avec  son  régiment.  Les  communications  étaient  si  peu  sûres,  même  le 
long  des  lignes  fréquentées  par  les  troupes,  que  quatorze  malheureux  pay- 
sans, requis  avec  leurs  bêtes  de  somme  pour  porter  les  bagages  du  régiment, 
furent  surpris  au  retour  par  les  révoltés,  sur  le  grand  chemin  de  Nimes  à 
Uzès,  Se  presque  tous  égorgés.  En  mêrne  temps,  on  signalait  l'apparition  de 
navires  ennemis  à  deux  lieues  de  Maguelonne. 

Le  maréchal  de  Montrevel  s'apprêtait  à  entamer  son  lot  de  dévastation  en 
commençant  à  démolir,  dans  les  défilés  du  Mimente,  les  hameaux  de  Saint- 
Julien  d'Arpaon,  quand  le  bruit  de  ces  alarmes  inattendues  vint  tout  à  coup 
l'interrompre.  Des  lettres  pressantes,  dont  quelques-unes  venaient  de  l'évêque 
de  Nimes,  le  déterminèrent  à  modifier  son  plan  Se  à  descendre  des  hauteurs 
avec  ses  troupes,  pour  aller  donner  la  chasse  aux  rebelles.  Alors  M.  de  Julien 
demeura  chargé  du  commandement  général  de  l'opération. 

Cet  officier  n'avait  qu'une  médiocre  confiance  dans  le  succès  de  l'entreprise 
dont  la  direction  lui  était  abandonnée.  Homme  de  guerre,  il  répugnait  à  ce 
travail  de  démolisseur,  8c  pensait  avec  raison  que  le  grand  châtiment  prescrit 


17c3 


-^^ 804  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

par  le  roi,  ferait  plus  de  bruit  &  d'éclat  dans  le  monde  qu'il  n'apporterait 
d'adoucissement  à  la  révolte  &<.  d'utilité  au  service.  Il  s'indignait  de  ne  ren- 
contrer personne  à  combattre  dans  tous  ces  défilés  périlleux  où  des  tacticiens 
de  bonne  école  n'eussent  point  manqué  de  lui  tuer  du  monde  sans  hasarder 
le  leur.  Pourtant  il  continuait  à  exécuter  sa  consigne.  Mais  le  travail  mar- 
chait fort  péniblement.  Le  service  des  miliciens  était  tellement  mauvais  que, 
sur  deux  mille  hommes  qu'on  lui  avait  laissés,  M.  de  Julien  en  renvoya 
douze  cents  chez  eux,  se  trouvant  plus  embarrassé  de  leur  présence  qu'il 
n'était  aidé  de  leur  secours.  Des  huits  cents  qu'il  garda,  il  en  mit  deux  cents 
à  Barre,  deux  cents  à  Vébron,  &  en  employa  le  reste  à  démolir.  La  nécessité 
de  couvrir  le  haut  Gévaudan,  pays  entièrement  catholique.  Si  de  le  mettre  à 
l'abri  d'un  coup  de  main  des  rebelles,  décida  le  maréchal  de  camp  à  se  priver 
de  la  plus  grande  partie  des  troupes  réglées  placées  sous  ses  ordres.  Il  détacha 
au  Pont-de-Montvert  les  quinze  compagnies  de  miquelets,  à  Florac  le  second 
bataillon  du  régiment  de  Hainaut,  protégeant  ainsi  les  deux  principales  ave- 
nues qui  menaient  à  Mende  &  ne  prit  avec  lui  que  trois  cents  soldats  pour 
éclairer  Se  soutenir  les  démolisseurs. 

Il  ne  fallut  pas  moins  de  sept  jours  pour  achever  l'œuvre  de  destruction 
dans  les  deux  paroisses  de  Fraissinet  de  Lozère  &  de  Saint-Hilaire  de  Lavit, 
la  première  à  droite  du  Tarn,  la  seconde  au  milieu  des  montagnes  qui  com- 
mandent le  Gardon.  Cela  fut  terminé  le  5  octobre;  de  là,  on  passa  à  Saint- 
Privat  de  Vallongue,  en  remontant  par  les  gorges  dont  le  Gardon  rassemble 
les  eaux,  on  y  fut  occupé  jusqu'au  8;  le  lendemain,  on  expédia  Saint-Mau- 
rice de  Ventalon,  bâti  sur  le  versant  opposé  des  grands  massifs  du  Bougez. 
Les  deux  communes  de  Grizac  &.  Saint-Frézal  de  Ventalon  exigèrent  douze 
jours  de  travail.  Découragé  par  les  lenteurs  de  l'opération,  par  le  nombre 
toujours  croissant  de  déserteurs  &  de  malades,  par  l'obligation  de  congédier 
journellement  des  miliciens  inutiles,  M.  de  Julien  suppliait  le  maréchal  Se 
le  ministère  d'autoriser  l'incendie,  déclarant  que  si  l'on  ne  recourait  pas  à  ce 
moyen  extrême,  l'exécution  des  ordres  du  roi  serait  impraticable.  Après  de 
longues  instances,  la  Cour,  qui  avait  d'abord  expressément  défendu  de  brûler, 
permit  cette  mesure  sauvage.  Alors  M.  de  Julien  congédia  tout  ce  qui  lui 
restait  de  milice.  Se,  avec  ses  trois  cents  soldats,  promena  la  flamme  de  cime 
en  cime,  n'épargnant  ni  granges,  ni  bergeries,  ni  barraques  isolées.  Tout 
expéditive  qu'elle  était,  cette  opération  demanda  encore  cinquante-trois  jours. 
Quand  on  aperçut  au  loin,  du  haut  des  montagnes,  la  fumée  qui  s'élevait 
au-dessus  des  toitures  effondrées,  de  vagues  rumeurs  de  résistance  agitèrent 
les  peuples;  on  aperçut  au  bord  des  plateaux  supérieurs  des  groupes  inquiet) 
qui  surveillaient  à  distance  la  marche  des  troupes  royales.  Ce  rassemblement 
fut  évalué  à  quinze  cents  hommes,  dont  près  de  la  moitié  étaient  sans  armes. 
Ils  se  contentèrent  de  suivre  de  l'œil  la  traînée  de  flammes  qui  marquait  la 
place  des  habitations  condamnées  8t  ne  tentèrent  aucun  mouvement  hostile. 
A  la  fin  du  mois  d'octobre,  quatre  nouvelles  paroisses  étaient  brûlées  :  Saint- 
André  de  Lancize,  Saint-Andéol  de  Clerguemort,  Castagnols  Se  Frugères. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  8o5 

Les  méfaits  des  révoltés  dans  les  environs  de  Lunel  interrompirent  un  ins- 
tant la  dévastation  des  hautes  Cévennes,  le  maréchal  de  Montrevel  avant 
appelé  M.  de  Julien  dans  la  plaine  pour  lui  aider,  avec  deux  régiments,  à 
donner  la  chasse  aux  batteurs  d'estrade.  Après  une  pointe  rapide  dans  ces 
cantons,  l'officier  revint  à  son  poste. 

Avec  le  mois  de  novembre,  commencèrent  des  pluies  abondantes  qui  ralen- 
tirent encore  l'opération.  On  était  en  train  de  détruire  les  villages  situés  à 
l'extrémité  occidentale  des  massifs  du  Bougez,  Saliéges,  Rampon,  8c  de  faire 
évacuer  Ruas  &  Chabrières  où  l'on  installa  d'anciens  catholiques  à  la  place 
des  protestants  expulsés.  Ce  fut  pendant  le  même  déluge  &  mouillés  jusqu'aux 
os  que  les  soldats  brûlèrent,  du  3  au  5  novembre,  la  paroisse  de  Prunet- 
Montvaillant  &  toutes  les  dépendances  de  Florac. 

Dans  la  soirée  du  5,  les  espions  annoncèrent  que  sept  à  huit  cents  rebelles 
s'étaient  réunis  dans  le  village  de  Mas-Bonnet,  sorte  de  refuge  naturel  enfoui 
entre  deux  montagnes,  8c  qu'ils  préparaient  une  assemblée  nocturne.  M.  de 
Julien  partit  vers  neuf  heures  pour  les  surprendre.  Mais  l'obscurité  de  la 
nuit,  la  difficulté  des  chemins  qu'une  pluie  continuelle  avait  rendus  plus 
glissants  8c  plus  impraticables  que  d'ordinaire,  ralentirent  la  marche  de  la 
colonne.  On  n'arriva  au  village  qu'une  demi-heure  avant  l'aube;  8c  déjà  les 
sentinelles  posées  en  vigie  aux  abords  du  lieu  d'assemblée  avaient  donné 
l'alarme.  La  réunion  entière  était  dispersée.  On  se  vengea  de  la  déception 
en  cassant  la  tête  à  cinq  ou  six  malheureux  moins  agiles  que  leurs  camarades. 

Le  lendemain,  le  détachement  rentra  k  Florac  où  l'on  prit  du  pain  pour 
quatre  jours,  8c  l'incendie  recommença  sur  la  chaîne  qui  sépare  le  Gardon  de 
Saint-Jean  de  la  vallée  du  Tarnon.  Le  Pompidou  Se  Saint-Martin  de  Camp- 
celade  furent  expédiés  en  trois  jours.  Le  lo,  on  descendit  dans  la  vallée  du 
Tarnon  où  Vébron  fut  consumé,  puis  on  remonta  vers  le  sud,  le  long  du 
torrent,  pour  brûler  le  mandement  des  Rousses  8c  les  villages  disséminés  aux 
flancs  de  l'Aigoual  8c  de  l'Espérou.  L'exécution  était  finie  dans  ces  âpres  soli- 
tudes, lorsque,  le  i")  au  matin,  le  détachement  aperçut  des  groupes  armés 
sur  ses  derrières.  Quatre  ou  cinq  cents  hommes,  commandés  par  Roland, 
vaguaient  dans  la  région  dévastée,  près  des  ruines  encore  fumantes  de  la 
paroisse  des  Rousses.  On  marcha  sur  eux  incontinent;  mais  ils  battirent  en 
retraite  sans  accepter  le  combat  8c,  après  les  avoir  refoulés  de  hauteur  en 
hauteur  pendant  deux  heures,  on  les  perdit  de  vue  derrière  un  rideau  de 
montagnes. 

Une  nuit  de  repos  dans  le  village  de  Barre  permit  aux  troupes  de  rallumer 
l'incendie  le  i6  novembre.  On  le  promena  rapidement  dans  toute  la  vallée 
supérieure  du  Gardon  de  Mialet,  occupée  par  les  dépendances  de  Barre 
8c  par  les  petites  paroisses  de  Baumes,  Bousquet  de  la  Barthe  8c  Molezon; 
le  temps  devenait  de  plus  en  plus  rigoureux  8c  le  froid,  chaque  jour  plus 
intense,  ajoutait  aux  horreurs  de  la  dévastation.  Impatients  d'achever  leur 
triste  besogne,  officiers  8c  soldats  redoublaient  d'activité.  Dans  tout  le  pays 
circulaient  des  bruits  menaçants,   on    parlait  d'appels  réitérés  adressés   par 


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806  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  populations  dont  on  ravageait  les  campagnes  aux  forces  agissantes  du 
parti;  on  recevait  parfois  des  chefs  camisards  quelque  sommation  hautaine 
d'avoir  h  cesser  l'œuvre  de  mort,  paroles  perdues  que  nulle  action  ne  vint 
soutenir. 

Les  gorges  du  Mimente,  Saint-Julien  d'Arpaon ,  Cassagnas,  les  sommets 
arides  qui  sur  ce  point  marquent  la  ligne  de  faîte  entre  le  versant  de  l'Océan 
&  celui  de  la  Méditerranée,  les  nombreux  écarts  de  la  commune  de  Saint- 
Martin  de  Lansuscle,  semés  à  grande  distance  les  uns  des  autres  sur  les  décli- 
vités d'une  sorte  de  promontoire  qui  forme  saillie  entre  deux  torrents,  furent 
tour  à  tour  visités  par  la  flamme.  Le  24  novembre,  on  redescendit  vers  le 
Gardon  pour  brûler  sur  sa  rive  gauche  Sainte-Croix  de  Valfrancesque  & 
Gabriac  sur  la  rive  droite.  Le  27,  on  détruisit  Moissac.  Dans  le  territoire  de 
cette  paroisse  était  bâtie  une  habitation  seigneuriale  qui  appartenait  à  un 
gentilhomme,  nommé  Fontanez,  allié  à  la  famille  de  Ganges.  A  la  nouvelle 
des  rigueurs  qui  menaçaient  la  contrée,  ce  personnage  s'était  hâté  de  faire 
agir  le  marquis  de  Ganges,  auprès  de  Montrevel,  afin  d'exempter  son  château 
de  la  dévastation  générale;  le  maréchal  répondit  qu'il  avait  reçu  des  ordres 
sévères  de  la  Cour  :  le  roi  voulait,  disait-il,  que  le  pays  des  hautes  Cévennes 
fût  inhabité  8c  inhabitable  pour  en  faire  une  marque  éternelle  de  la  révolte 
des  peuples  de  ce  canton. 

Le  3o  novembre,  on  repassa  le  Gardon  pour  se  jeter,  à  l'est,  dans  la  paroisse 
de  Saint-Martin  de  Bobaux.  La  pluie  avait  redoublé;  pendant  neuf  ou  dix 
jours,  des  ondées  continuelles  battirent  ces  montagnes  maudites  &  ajoutèrent 
aux  souffrances  du  corps  expéditionnaire.  Quand  le  5  décembre  au  matin  le 
détachement  atteignit  le  vallon  de  Collet-de-Dèze,  tous  les  hommes  étaient 
à  bout  de  forces.  Malade  lui-même,  mais  soutenu  par  les  devoirs  du  com- 
mandement, M.  de  Julien  vit  sa  troupe  tellement  exténuée  qu'il  la  renvoya 
au  Pont-de-Montvert  d'où  il  fit  venir,  pour  contintier  son  expédition,  pareil 
nombre  de  miquelets  commandés  par  le  sieur  de  Palmerolles. 

Ce  nouveau  contingent  employa  les  journées  du  6  au  8  décembre  à  brûler 
les  paroisses  du  Collet  &  de  Saint-Michel  de  Dèze,  puis,  retournant  vers  le 
sud-ouest,  entreprit  la  destruction  des  nombreux  hameaux  dispersés  dans  le 
territoire  de  Saint-Germain  de  Calberte.  On  n'en  comptait  pas  moins  de  cent 
onze,  dont  quelques-uns  dans  des  sites  fort  escarpés  :  il  y  en  avait  dix-huit 
où  l'on  arrivait  par  des  sentiers  tellement  difficiles  que  l'on  n'y  pouvait  passer 
à  cheval;  &  l'église  de  paroisse,  bâtie  au  centre,  se  trouvait  éloignée  d'une 
lieue  St  demie  de  la  circonférence.  Aussi  l'opération  consuma-t-elle  trois  jour- 
nées entières.  Il  en  fallut  trois  autres  pour  détruire  les  écarts  autour  de 
Saint-Etienne  de  Valfrancesque,  au  cœur  des  hautes  montagnes  qui  viennent 
mourir  au  couchant  d'Alais. 

Ce  fut  par  ce  village,  d'où  le  Gardon  de  Mialet  descend  vers  Anduze,  que 
fut  terminée,  le  14  décembre,  après  soixante-seize  jours  de  labeur,  la  longue 
&  terrible  expédition. 

Dans  tout  le  pays  condamné,  on  n'avait  laissé  debout  que  cinq  bourgades  : 


LIV.   m.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  807   ~ 

Pont-de-Monvert,  au  nord,  à  cause  de  l'importance  militaire  de  la  position 
pour  surveiller  les  communications  entre  Mende  &c  Nimes;  Florac  &  Barre  à 
l'ouest;  Saint-Germain  &  Saint-Etienne  au  sud-est. 

M.  de  Julien  se  hâta  d'en  rendre  compte  au  marquis  de  Chamillart,  décla- 
rant avoir  fait  de  son  mieux  pour  réussir  à  la  satisfaction  du  roi,  mais  ne 
cachant  pas  le  peu  d'espoir  qu'il  fondait  sur  l'utilité  d'une  aussi  grande  me- 
sure. ('  Mon  expédition  est  finie,  écrivait-il  au  ministre;  mais  je  ne  prévois 
«  pas  encore  que  tous  ces  désordres  8c  ces  troubles  soient  près  de  l'être.  »  Il 
ajoutait  que  sa  santé  était  altérée,  comme  celle  de  tous  ses  hommes,  &  termi- 
nait en  disant  :  «  On  ne  peut  pas  souffrir  davantage  que  nous  avons  tous 
«  souffert.  » 

Ce  même  jour,  il  renvoya  au  Pont-de-Monvert  la  moitié  des  miquelets 
avec  leur  chef,  8c  se  fît  escorter  par  les  autres  jusqu'à  Saint-Jean  du  Gard  où 
il  passa  la  nuit.  La  grande  expédition  était  achevée. 

Le  cadre  de  cette  histoire  ne  nous  permet  pas  de  raconter  en  détail  tous 
les  méfaits  accomplis  par  les  camisards  tandis  que  l'on  avait  la  prétention 
d'anéantir  la  révolte  en  démolissant  Se  brûlant  des  maisons  vides.  Toujours 
fidèles  à  leur  tactique,  les  insurgés  s'étaient  gardés  de  se  présenter  en  forces 
aux  troupes  qui  opéraient  l'œuvre  de  dévastation  8c  de  leur  fournir  cette 
occasion  d'une  rencontre  générale  si  soigneusement  évitée  des  chefs  cévenolSé 
Loin  de  perdre  leur  temps  à  disputer  des  masures  aux  soldats  8c  aux  mili- 
ciens, ils  s'étaient  jetés  dans  la  plaine,  visitant  tour  à  tour  le  bassin  du  Cèze, 
celui  du  Gard  8c  ceux  du  Vidourle  8c  du  Vistre.  L'attaque  nocturne  de  la  ville 
de  Sommières,  où  plusieurs  maisons  des  faubourgs  furent  brûlées  8c  où  catho- 
liques 8c  religieux  passèrent  quelques  heures  dans  de  mortelles  angoisses, 
l'occupation  d'Uchau,  du  Caila,  de  Vergèze,  de  Vauvert,  où  les  fortifications 
furent  détruites,  l'incendie  d'un  grand  nombre  d'églises,  les  combats  de  Fan, 
de  Nages,  de  Vergèze,  furent  les  principaux  exploits  de  ces  ennemis  insaisis- 
sables, qui  se  laissaient  rarement  surprendre  8c  jamais  achever'. 

Parmi  les  assassinats  qui  marquèrent  la  même  période,  aucun  ne  fît  plus 
de  bruit  que  celui  de  Madame  de  Miraman.  C'était  une  jeune  femme,  fille 
du  baron  de  Meyrargues,  qui  commit  l'imprudence  de  partir  sans  escorte,  en 
chaise  roulante,  le  23  novembre,  pour  se  rendre  d'Uzès  à  Saint-Ambroix. 
Elle  fut  arrêtée  entre  Lussan  8c  Vendras  par  quatre  brigands  qui  la  firent 
descendre  de  voiture,  la  conduisirent  dans  un  bois  avec  sa  suite  8c  regorgè- 
rent impitoyablement,  ainsi  que  son  cocher  8c  une  nourrice  qui  voyageait 
avec  elle.  Sa  femme  de  chambre,  laissée  pour  morte,  eut  la  force  de  se  traîner 
jusqu'à  Saint-Ambroix,  malgré  plusieurs  blessures,  8c  donna  tous  les  détails 
de  l'horrible  scène  où  elle  avait  failli  perdre  la  vie*.  Comme  les  auteurs  du 

■  On  peut  consulter,  sur  ces  divers  événements,  Nimes,  publiées   par  M.  Edouard  de  Barthélémy, 

les  auteurs  que  nous   avons  déjà   cités  en  mainte  d'après  le  manuscrit  inédit  de  la  Bibliothèque  nn- 

rencontre,  &,  d«  plus,   à  partir  du   ii  mai    1703,  tionale,  dam  lei  Chroniques  de  Languedoc  de  M.  Ae 

les  correspondances  de  M'""  de  Merez  de  l'Incar-  la  Pijard>ère. 
nation,    assistante   au    couvent    des  Ursulines   de  '  Louvreleuil    publie,    un     peu    arrangée    s.nis 


lyo'i 


808 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


crime,  originaires  des  environs  de  Liissan,  s'étaient  joints  plus  d'une  fois  aux 
bandes  camisardes,  &.  que  d'ailleurs  bien  des  personnes  inoffensives  avaient 
péri  par  la  main  des  insurgés,  on  ne  manqua  pas  de  rejeter  la  responsabilité 
du  meurtre  sur  les  chefs  cévenols.  Cependant,  Cavalier  ne  voulut  pas  en 
partager  le  poids,  81  dès  qu'il  eut  connaissance  de  l'attentat,  il  détacha  vingt 
hommes  de  sa  troupe  avec  ordre  d'aller  saisir  les  assassins  dans  le  bois  de 
Bouquet,  où  ils  s'étaient  retirés.  Ceux-ci,  qui  ne  se  figuraient  point  avoir 
mérité  la  colère  de  leur  capitaine  &  qui,  dans  le  cours  de  leur  carrière  aven- 
tureuse, n'avaient  pas  eu  scrupule  de  répandre  le  sang  innocent,  se  laissèrent 
prendre  sans  résistance,  &  trois  d'entre  eux  furent  passés  par  les  armes. 

L'imagination  populaire,  trop  surexcitée  déjà  par  les  catastrophes  de  cette 
abominable  guerre,  fut  particulièrement  frappée  des  circonstances  de  ce 
drame,  dont  la  relation  détaillée  se  répandit  dans  tout  le  royaume.  Le  corps 
de  la  jeune  femme,  qu'il  avait  fallu  chercher  pendant  trois  jours  à  travers  les 
bois,  d'après  les  indications  données  par  la  femme  de  chambre,  fut  rapporté 


doute,  mais  encore  assez  naïve,  la  déposition  de 
cette  femme  de  chambre.  En  voici  les  passages  les 
plus  dramatiques  : 

i(  Ces  malheureux,  nous  ayant  obligées  de  mar- 
cher dans  le  bois  pour  nous  écarter  du  grand  che- 
min, ma  pauvre  maîtresse  se  trouva  si  lasse  &  si 
fatiguée,  qu'elle  pria  le  bourreau  qui  la  condui- 
soit,de  permettre  qu'elle  s'appuyât  sur  son  épaule. 
ji  quoi  il  répondit  ;  Nous  n'irons  guère  plus  loin. 
En  effet,  dès  que  nous  fûmes  arrivées  à  un  petit 
espace  couvert  de  gazon,  qui  devoit  être  le  lieu  de 
notre  martyre,  il  lui  dit  :  Asseyez-vous-là,  Ma- 
dame. Elle  s'assit,  &  nous  nous  assîmes,  la  nour- 
rice &  moi,  auprès  d'elle  pendant  environ  une 
heure.  Ma  chère  maîtresse,  ayant  pris  la  parole, 
dit  à  ces  barbares  des  choses  si  touchantes  &  d'une 
manière  si  douce  qu'elle  auroit  fléchi  peut-être  un 
démon;  elle  leur  donna  sa  ceinture  d'or,  sa  bourse 
&  un  beau  diamant  qu'elle  tira  de  son  doigt;  bien 
davantage,  elle  ouvrit  sa  malle  que  j'avois  portée 
sur  ina  tête  dans  ce  bois,  leur  fit  voir  ses  nippes 
magnifiques,  &  les  leur  offrit.  L'un  d'entre  eux 
prit  une  fontange  d'or,  &  promit  de  nous  garan- 
tir; mais  il  ne  tint   pas  sa  promesse. 

Il  En  ce  même  temps  nous  aperçijmes  quatre  au- 
tres brigands  qui  venoient  à  nous.  Ma  bonne  maî- 
tresse s'effraya  tellement  qu'elle  eut  besoin  de 
sentir  de  l'eau  de  la  reine  de  Hongrie;  &  se  jetant 
à  leurs  pieds  elle  les  conjura  de  lui  donner  la  vie. 
Mais  un  de  ces  tigres  lui  dit  :  Je  veux  tuer  tous 
les  catholiques,  &  vous  tout  à  cette  heure.  —  Et 
donnez-moi  la  vie,  s'il  vous  plaît;  que  vous  re- 
riendra-t-il  de  ma  mort?  répliqua  Madame.  — 
Non,  non,  c'en  est  fait  de  vous,  répondit  ce  brutal 
camisard,  vous  mourrez  de  ma  main;  faites  votre 
prière,  &  ne  songez  plus  à  discourir  :  il  est  déjà 


tard,  il  faut  vous  dépêcher.  Alor»  ma  pauvre  maî- 
tresse, se  mettant  à  genoux,  pria  Dieu  tout  haut 
de  lui  faire  miséricorde  &  à  ces  meurtriers,  & 
comme  elle  continuoit  sa  dévotion,  elle  reçut  un 
coup  de  pistolet  au  teton  gauche,  qui  la  Jeta  par 
terre,  un  coup  de  sabre  qui  lui  coupa  en  travers 
son  beau  visage,  8c  un  coup  d'une  grosse  pierre 
qui  lui  fit  une  grande  blessure  à  la  tête,  d'où  il 
coula  un  ruisseau  de  sang.  Un  autre  de  ces  scélé- 
rats tira  un  coup  de  pistolet  à  la  nourrice  qui  de- 
meura sur  le  carreau,  &  soit  qu'il  n'eussent  plus 
d'armes  chargées,  ou  qu'ils  voulussent  épargner  la 
munition,  ils  se  contentèrent  de  me  percer  de  plu- 
sieurs coups  de  baïonnette,  comme  vous  voyez,  8c 
de  me  donner  un  léger  coup  de  sabre.  Mais  si  je 
n'avois  pas  fait  semblant  d'être  morte  en  fermant 
les  yeux  à  demi,  serrant  les  dents,  écumant,  & 
mettant  une  main  sur  ma  poitrine,  afin  qu'ils  ne 
vissent  pas  la  palpitation  du  cœur,  ils  m'auroient 
sans  doute  achevée.  Croyant  donc  qu'ils  n'avoient 
plus  rien  à  faire,  &  craignant  apparemment  que 
le  laquais  ne  publiât  leur  action,  ils  s'enfuirent 
bien  vite,  &  emportèrent  la  malle. 

i(  Quelque  temps  après,  ne  les  entendant  plus, 
je  me  traînai  vers  M'""  de  Miramand;  je  l'appe- 
lai, 8c  elle  me  répondit  d'abord,  en  me  disant  à 
voix  basse  :  Ne  m'abandonnez  point,  Suzon,  jus- 
qu'à ce  que  j'aie  expiré.  Je  meurs  pour  ma  reli- 
gion, 8c  j'espère  que  le  bon  Dieu  aura  pitié  de 
moi;  dites  à  mon  époux  que  je  lui  recommande 
notre  petite.  Après  cela  elle  ne  s'occupa  que  de 
Dieu  par  des  oraisons  courtes  8c  tendres  jusqu'au 
dernier  soupir  qu'elle  rendit  à  l'entrée  de  la  nuit 
à  mon  côté  '.  » 

'  Louvrcleuil,  11,  p.  98. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  809 

à  Saint-Ambroix  sur  une  civière;  Madame  de  Miraman  avait  été  trouvée 
entièrement  vêtue,  coiffée  Se  gantée,  St  portant  encore  ses  boucles  d'oreilles 
de  diamant. 

Il  était  difficile  de  concevoir  une  démonstration  plus  éclatante  de  l'inanité 
des  opérations  entreprises  dans  les  hautes  Cévennes. 

Du  reste,  le  ministère  n'avait  pas  eu  besoin  de  cette  preuve  pour  pressentir 
les  déceptions  qui  l'attendaient.  Après  avoir  été  fort  inquiet  pendant  quel- 
ques jours  au  sujet  d'une  pointe  essayée  par  les  camisards  dans  le  diocèse  de 
Castres,  tentative  sans  résultat,  Chamillart,  dès  le  22  octobre,  en  accordant 
l'ordre  de  brûler  les  maisons,  sollicité  avec  instances  par  Julien,  exprima  un 
profond  découragement  &  un  doute  amer  sur  les  conséquences  de  l'entre- 
prise. 11  autorisait  l'incendie,  afin  que  la  besogne  se  fît  plus  vite  Se  occupât 
moins  de  troupes;  mais  il  ne  se  permettait  plus  d'illusions  sur  l'inutilité  de 
ces  feux.  «  Cela,  disait-il,  ne  diminuera  en  rien  le  mal  que  ces  gens-là  iront 
«  faire  ailleurs.  »  Il  avertissait  l'intendant  qu'on  parlait  de  nouvelles  recrues 
arrivées  chez  les  camisards  par  l'effet  même  de  la  dévastation  des  montagnes. 
Ainsi,  l'unique  résultat  visible  de  tout  ce  mouvement  était  un  accroissement 
des  forces  de  l'ennemi.  «  Il  auroit  été  à  désirer,  ajoutait  tristement  le  ministre, 
«  que  cette  entreprise  n'eût  été  faite  qu'avec  une  assurance  plus  certaine  de 
Il  succès  ' .  » 

Bâville  sentit  le  reproche  Se  chercha  aussitôt  à  s'en  justifier;  mais  en  se 
justifiant  il  reconnut  que  l'objet  de  l'opération  n'était  pas  atteint.  D'après 
lui,  la  démolition  des  villages  ne  pouvait  avoir  d'utilité  qu'à  la  condition 
d'être  rapidement  faite  6c  appuyée  par  des  troupes  nombreuses.  Le  danger 
d'un  débarquement  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée  ayant  contraint  le  maré- 
chal à  rappeler  ses  forces  dans  le  bas  pays,  tout  le  plan  primitif  était  dérangé. 
Se  l'on  ne  devait  s'en  prendre  qu'aux  événements.  Toutefois,  l'intendant 
contestait  que  la  dévastation  des  liautes  Cévennes  eût  jeté  un  homme  de  plus 
dans  les  bandes  camisardes.  L'entière  population  virile  en  faisait  partie,  Scsi, 
par  intermittences,  elle  rentrait  dans  ses  maisons,  elle  n'en  était  pas  moins 
toujours  prête  à  se  mettre  en  campagne  à  la  première  occasion. 

Bâville  priait  le  ministre  de  suspendre  son  jugement  :  la  guerre  n'était 
point  finie,  mais  facilitée.  Par  la  destruction  de  leurs  abris  dans  la  haute 
montagne,  les  insurgés  seraient  contraints  de  se  maintenir  dans  la  plaine,  où 
l'on  aurait  plus  d'aisance  pour  les  envelopper  St  pour  les  détruire*. 

A  mesure  que  les  ordres  s'exécutaient,  tous  les  avis  arrivés  à  la  Cour  en 
faisaient  ressortir  l'absurdité.  Jamais  faute  politique  n'a  été  plus  rapidement 
jugée. 

Dans  un  mémoire  confidentiel,  recommandant  les  mesures  les  plus  bar- 
bares, comme  l'extermination  en  masse  de  la  population  protestante  de  tous 
les  villages  où  un  seul  crime  aurait  été  commis,  M.  de  Marcilly  reprochait 
aux  dévastateurs  méthodiques  des  hautes  Cévennes  de  travailler  directement 

•  Pièces  justificatives,  n.  DCCVII,  col.  1825.  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCVIII,  col.   iSiS. 


170J 


I  -joj 


8io  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

contre  les  întérêts  du  roi  en  ruinant  le  pays  &  en  y  laissant  le  peuple 
rebelle.  Si  minutieuse  que  fût  la  démolition,  elle  ne  pouvait  faire  disparaître 
les  ruines,  8t,  pour  gens  habitués  à  se  retirer  sous  les  bois  ou  dans  les 
cavernes  des  montagnes  81  à  vivre  de  noix  S<.  de  châtaignes,  les  moindres 
masures  suffiraient  encore  à  donner  abri.  Marcilly  affirmait  d'ailleurs  que, 
dans  plusieurs  villes,  les  protestants  se  cotisaient  déjà  pour  indemniser  les 
propriétaires  d'habitations  ruinées.  Ce  n'est  pas  contre  des  bâtisses  inertes, 
c'est  contre  le  peuple  rebelle  que  Marcilly  voulait  diriger  les  rigueurs  de  la 
justice  royale.  Outre  l'extermination  des  villages  supposés  complices  de  meur- 
tres, il  demandait  que  pour  le  seul  fait  d'une  assemblée  de  prières  tenue 
contrairement  aux  ordonnances,  on  enlevât  toute  la  population  de  la  paroisse, 
que  l'on  jetât  les  hommes  valides  dans  les  armées  de  Flandres,  en  ayant 
soin  de  les  disperser  entre  plusieurs  régiments.  Se  que  le  reste,  vieillards, 
femmes  8t  enfants,  fût  expédié  au-delà  des  mers,  sans  espoir  de  retour,  avec 
confiscation  des  biens.  Ces  biens  seraient  partagés  entre  des  catholiques 
pauvres  qui  cesseraient  ainsi  d'être  à  charge  à  leurs  communes,  ou  placés 
entre  les  mains  d'Irlandais  que  le  sentiment  de  la  propriété,  joint  à  l'ardeur 
religieuse  S<.  à  la  haine  des  protestants,  rendrait  d'excellents  colons. 

Sur  la  question  militaire,  Marcilly  ne  s'accordait  guère  avec  Julien.  On 
avait  accablé  le  comte  de  Broglie  parce  qu'il  multipliait  les  petits  postes; 
l'auteur  du  mémoire  blâmait  Montrevel  de  laisser  sans  garnison  tous  les 
châteaux  que  leur  situation  mettait  hors  d'insulte. 

Il  faut  lire  dans  l'original  ces  consultations  étranges,  rédigées  par  des 
hommes  instruits  fk  courtois,  pour  comprendre  à  quel  degré  d'aveuglement  81 
de  folie  la  passion  d'obéir  peut  pousser  les  courtisans.  Violer  le  droit  de  pro- 
priété, détruire  les  liens  de  la  famille,  envoyer  le  mari  mourir  en  Hollande 
6t  la  femme  en  Amérique,  pour  le  seul  fait  d'avoir  prié  Dieu  dans  une 
langue  &t  selon  des  rites  qui  ne  sont  pas  à  la  convenance  du  souverain,  ne 
paraissent  point  des  énorraités.  Cela  s'expose  St  se  décrit  comme  une  recette 
ordinaire,  8c  l'on  ajoute  paisiblement  :  quand  le  calme  sera  rétabli,  Ton 
pourra  rouvrir  &c  réparer  quelques  églises;  si  elles  sont  brûlées,  on  appli- 
quera le  même  remède.  Ce  que  l'on  juge  de  mieux  pour  «  faire  changer 
«  avantageusement  »  ce  peuple,  c'est  de  le  traiter  sans  miséricorde  8c  de  lui 
ôter  l'espérance  d'aucun  secours  étranger'. 

Cependant  ces  contradictions,  ces  projets  perpétuels  ne  laissaient  pas  que 
d'agir  sur  la  Cour;  on  commençait  à  prêter  plus  d'attention  à  une  foule  de 
rapports,  de  lettres  8c  de  dénonciations  défavorables  au  maréchal^.  Il  y  avait, 
dans  les  reproches  qu'on  lui  adressait  de  divers  points  de  la  Province,  Se  en 
styles  très-différents,  une  concordance  qui  donnait  à  penser. 

Le  ministre  prit  le  parti,  vers  la  fin  de  l'année  8c,  pendant  que  les 
flammes  des  hautes  Cévennes  brûlaient  encore,  de  communiquer  franche- 

'  Pièces  juit'ificaùves,  n.  DCCIX,  col.   1817.  '  Pièces  justificatives,  n.  DCLXXXIX,  col.  1771; 

a.  DCXCV,  col.   1797. 


LIV.   III,   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  8ii 

ment  à  Bâville  ses  incertitudes  8c  ses  craintes.  Il  fit  dresser  un  mémoire  secret 
où  étaient  classées  Se  résumées  toutes  les  accusations  portées  contre  le  maré- 
chal, &  il  en  envoya  copie  à  l'intendant,  avec  prière  de  noter  sur  chaque 
point  ses  observations. 

L'auteur  du  mémoire  mettait  en  opposition  le  petit  nombre  de  rebelles 
marchant  en  troupe.  Se  l'importance  des  forces  occupées  en  Languedoc  : 
vingt-deux  bataillons,  cinq  cents  miquelets  Se  trois  régiments  de  dragons. 

On  attribuait  au  maréchal  la  responsabilité  des  insuccès,  en  lui  reprochant 
de  garder  auprès  de  lui  les  meilleures  troupes,  de  ne  commander  aucun  mou- 
vement utile,  d'avoir  passé  tout  l'été  à  Alais  dans  une  entière  inaction,  de 
décourager  lui-même  ses  officiers,  de  s'être  montré  sévère  pour  ceux  qui 
avaient  voulu  prendre  quelque  initiative,  de  n'avoir  aucune  idée  suivie, 
d'être  extrêmement  jaloux  de  son  autorité,  au  point  de  ne  vouloir  tenir 
compte  d'aucun  avis,  de  ne  posséder  nulle  connaissance  du  pays,  d'être  dis- 
trait Se  paresseux,  de  passer  la  plus  grande  partie  de  son  temps  dans  le  jeu  Se 
dans  la  société  des  femmes,  de  souhaiter  la  continuation  des  troubles  pour 
prolonger  son  commandement,  d'être  méprisé  des  officiers,  de  se  laisser 
impressionner  par  les  fables  des  astrologues,  de  donner  des  exemples  fâcheux 
à  ses  subordonnés,  &  enfin  de  vivre  en  mésintelligence  avec  l'intendant. 
Pour  conclure,  on  déclarait  la  Province  perdue  si  un  nouveau  commandant 
en  chef  n'était  pas  nommé. 

Bâville  reprit,  article  par  article,  ce  violent  réquisitoire.  Se  tout  en  ména- 
geant ses  expressions  8c  enveloppant  sa  pensée  de  formes  respectueuses,  donna 
de  l'ensemble  un  commentaire  accablant  pour  le  maréchal. 

Il  avouait  que  les  troupes  n'avaient  pas  été  commandées  pendant  tout  l'été, 
Montrevel  laissant  commettre  mille  désordres  à  demi-lieue  d'Alais  où  il  fai- 
sait sa  résidence.  Sa  phrase  favorite  était  :  «  C'est  une  guerre  de  moyens  8c 
«  où  l'épée  ne  sert  de  rien.  »  Il  regardait  les  combats  comme  inutiles,  parce 
qu'après  chaque  escarmouche,  les  insurges  se  retrouvaient  aussi  forts  qu'aupa- 
ravant. Il  retenait,  en  effet,  les  meilleures  troupes  auprès  de  sa  personne  :  on 
l'avait  entendu  plus  d'une  fois  dire  aux  officiers  de  détachements  :  «  On 
«  veut  que  je  vous  envoyé  dans  un  tel  lieu?  Allez-y;  mais  je  suis  sûr  que 
«  cela  est  inutile  8<  que  vous  n'y  ferez  rien.  »  Aussi,  toutes  ces  petites  expé- 
ditions se  réduisaient  à  de  simples  promenades  militaires.  Ilarement  les 
troupes  couchaient  dehors.  La  brutalité  du  maréchal  à  l'égard  du  colonel  de 
Fimarcon  qui  s'était  permis  d'assembler  les  quartiers  sans  ordre  pour  courir 
sus  aux  rebelles,  avait  produit  une  impression  très-fâcheuse  sur  les  officiers  5c 
augmenté  leur  paresse.  11  se  montrait  vraiment  jaloux  de  ses  subalternes.  Se 
l'on  ne  pouvait  l'amener  à  suivre  la  pensée  d'autrui  si  l'on  ne  lui  faisait 
croire  qu'il  l'avait  conçue  de  lui-même.  Souvent  il  répondait  au  développe- 
ment d'un  projet  :  »  Je  l'avois  déjà  imaginé,  mais  cela  n'est  pas  possible  »  ou 
bien  encore  :  «  Oui  dà,  cela  est  de  bon  sens,  il  faudra  faire  cela,  cela  est 
(  bon.  »  Puis  il  jetait  le  papier  sur  sa  table  Se  n'y  pensait  plus.  Son  igno- 
rance géographique  du  pays  était  complète;  il  n'en  pouvait  arranger  les  lieux 


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8iî  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dans  sa  tête,  8c  l'on  devait  relever  ses  bévues  à  tout  instant.  Sur  le  chapitre 
des  plaisirs,  Bâville  se  montrait  discret,  mais  de  façon  à  permettre  beaucoup 
d'hypothèses;  tout  en  disant  que  le  maréchal  jouait  moins  qu'on  ne  l'avait 
prétendu,  il  reconnaissait  que  cinq  ou  six  officiers  joueurs  de  profession 
faisaient  son  habituelle  compagnie;  &,  quant  aux  femmes,  il  se  tirait  d'af- 
faire par  des  allusions  polies.  11  nie  le  mépris,  mais  non  pas  les  murmures 
des  bons  officiers.  Les  mouvements  des  anciens  catholiques  «  qui  ne  se 
«  tournoient  qu'à  piller  &  à  voler  »  ont  été  assez  bien  réprimés,  mais  ils 
recommenceront  si  l'on  ne  régularise  pas  ces  forces  qui,  organisées  en  régi- 
ments, peuvent  rendre  des_  services.  Les  faiblesses  astrologiques  du  maréclial 
sont  réelles  :  il  a  raconté  plusieurs  fois  le  discours  d'un  charlatan  qiii  lui 
prédisait  les  plus  hautes  destinées  pourvu  qu'il  sortît  sain  &  sauf  de  sou 
commandement.  C'est  à  la  préoccupation  de  cette  prophétie  qu'on  attribuait 
sa  manie  de  s'entourer  de  troupes  nombreuses.  La  plupart  des  officiers, 
gâtés  par  son  exemple,  ne  songent  qu'à  mener  une  vie  douce  ;  ils  ne 
pillent  pas  la  Province,  mais  ils  ne  font  rien.  Sur  ses  rapports  personnels 
avec  le  maréchal,  Bâville  s'explique  sans  aigreur;  il  a  toujours  trouvé  en 
lui  des  manières  honnêtes  &  cherché  à  les  mériter  par  ses  égards.  11  lui 
a  dit  quelquefois  «  en  bonne  amitié,  h  qu'envoyer  directement  à  la  Cour 
des  mémoires  dont  l'intendant  doit  avoir  communication  est  pure  perte  de 
temps,  à  quoi  Montrevel  répondait  en  riant  qu'il  ne  voulait  pas  d'adjoint  à 
l'empire. 

Le  prudent  administrateur  se  refuse  de  donner  son  avis  sur  l'opportu- 
nité de  nommer  un  nouveau  commandant  en  chef  en  Languedoc  :  «  Cet 
«  article,  dit-il,  est  au-dessus  de  ma  portée.  «  Mais  toute  sa  déposition  &  les 
réflexions  par  où  il  termine  infirment  étrangement  cette  modeste  déclaration. 
Le  maréchal  s'est  mis  en  tête  de  faire  murer  tous  les  gros  lieux,  de  les  fermer 
avec  soin  &  d'y  concentrer  la  population  entière  des  villages  &  des  métairies. 
Il  croit  que,  par  ce  moyen,  les  camisards  réduits  à  errer  dans  un  désert  & 
définitivement  privés  de  vivres,  seront  plus  faciles  à  forcer.  C'est  une  opération 
très-compliquée  &  très-longue,  d'une  efficacité  douteuse;  si  l'on  s'y  condamne, 
on  laissera  passer  les  derniers  mois  d'hiver,  St  la  révolte  prendra  au  printemps 
de  nouvelles  forces.  Bâville  prie  donc  le  ministre  de  désapprouver  ce  projet  & 
d'en  dissuader  le  maréchal.  11  voudrait  aussi  le  voir  renoncer  à  la  dissémina- 
tion des  troupes  en  petits  détachements  oisifs,  concerter  des  mouvements  dans 
toute  l'étendue  des  paroisses  soulevées,  par  une  répartition  exacte  du  pays 
entre  divers  commandants  inspecteurs.  Bref,  il  ne  cache  point  que  le  maré- 
chal ne  doive  changer  de  maxime,  si  l'on  veut  terminer  une  révolte  aussi 
contraire  à  la  prospérité  du  royaume,  8<.  il  émet  l'espérance  qu'une  lettre 
ministérielle,  prescrivant  l'exécution  d'un  nouveau  plan  de  campagne,  suffira 
peut-être  à  réparer  les  fautes  passées.  Il  a  rédigé  lui-même  un  projet  d'opéra- 
tions en  vue  d'utiliser  à  la  fois  les  forces  des  anciens  catholiques  sur  les  quatre 
points  où  elles  peuvent  agir,  dans  le  voisinage  des  basses  Cévennes,  les  vingt 
bataillons  d'infanterie  ik  les  deux  régiments  de  dragons.  Mais  en  tout  cas,  on 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  8i3 

doit  se  hâter  S<  ne  pas  attendre  que  le  printemps  appelle  sur  la  frontière  une 
parlie  des  troupes  employées'. 

Quelque  péremptoires  qu'elles  fussent,  les  déclarations  de  Bâville  n'eurent 
point  de  conséquence  immédiate  Se,  pendant  plusieurs  mois  encore,  le  maré- 
chal de  Montrevel  garda  le  commandement.  Mais  on  ne  saurait  douter  que 
dès  ce  moment  les  dénonciations  qui  venaient  de  Languedoc,  aggravées  par 
le  témoignage  si  peu  déguisé  de  l'intendant,  n'eussent  très-mal  disposé  le 
ministère  Se  préparé  une  disgrâce  prochaine^. 

Les  trois  premiers  mois  de  l'année  1704  s'écoulèrent  au  milieu  des  alarmes 
générales.  On  racontait  que  Cavalier  marchait  à  la  tête  de  quinze  cents 
hommes;  8t,  si  les  grandes  actions  de  guerre  ne  se  multipliaient  pas,  il  ne  se 
passait  guère  de  semaine  où  l'on  n'apprît  la  nouvelle  de  quelque  catastrophe. 
La  dévastation  des  hautes  Cévennes,  loin  d'avoir  découragé  les  bandes,  sem- 
blait au  contraire  avoir  redoublé  l'audace  de  ces  partisans.  Ils  affectaient  de 
donner  aux  habitants  de  la  plaine  le  spectacle  des  incendies  promenés  par 
Julien  sur  les  plateaux  supérieurs.  11  n'y  avait  plus  de  sécurité  pour  les  catho- 
liques Se  pour  les  troupes  royales  que  dans  les  places  fortes  ou  au  moins  dans 
les  villes  murées.  On  vivait  dans  des  angoisses  perpétuelles.  Suivant  les  alter- 
natives des  engagements  ou  les  rumeurs  qui  circulaient  sur  l'état  des  forces 
en  campagne,  la  population  catholique  ou  la  population  protestante  s'atten- 
dait à  des  massacres,  toujours  à  titre  de  représailles.  Des  fenêtres  de  son  palais 
épiscopal,  Fléchier  pouvait  voir  à  l'horizon  des  nuages  de  fumée  montant 
vers  le  ciel,  &,  pendant  la  nuit,  de  grandes  lueurs;  c'étaient  les  maisons  de 
campagne  ou  les  métairies  disséminées  dans  la  plaine  qui  flambaient  impu- 
nément^. 

Les  cadets  de  la  croix,  les  camisards  blancs  ou  les  florentins  (on  leur  don- 
nait encore  ce  dernier  nom  à  cause  du  village  de  Saint-Florent  où  une  forte 


'  Pièces  justificatives,  n.  DCCXIX,  col.  1843.  je  rassure  tantôt   les  uns,  tantôt  les  autres.  Nous 

'  Les  correspondances   que   nous    publions   aux  sommes  ici  comme  bloqués,  &  l'on   ne  peut  sortir 

Pilfces  justificatives  &  surtout  le  rapport  confiden-  de   la    ville   à  cent  cinquante   pas  sans   crainte  & 

tiel   de   BàviHe   tranchent   la   question  agitée  par  sans  danger  d'être   tué.  Il  n'est  pas  permis  de  se 

les   historiens,  de  savoir  si  la  disgrâce  de  Montre-  promener,    ni    de    prendre    l'air.    J'ai    tu    de    mes 

vel   fut  déterminée   par  le   désastre  des  troupes  de  fenêtres   brûler  nos  maisons   de   campagne    impu- 

la    marine   ou    par   l'ensemble   de   la    conduite   du  nément.  Il   ne  se   passe  presque   pas  de  jours,  que 

maréchal.  La  catastrophe  du  Devez  de  Martignar-  je  n'apprenne  à  mon  réveil  quelque  malheur  arrivé 

gucs  acheva    de   ruiner  le  crédit  du   commandant  la   nuit.  Ma  chambre  est  souvent  pleine  de  gens 

en  chef,  mais  la  série  de  ses  mécomptes  antérieurs  qu'on  a  ruinés;  de  pauvres  femmes  dont  on  yient 

l'avait  depuis  longtemps  ébranlé.  de  tuer  les  maris;  de  curés   fugitifs  qui  viennent 

'  Lettres  choisies  de  M.  Fléchier,  I,  p.  167.  —  représenter  les  misères  de  leurs  paroisses.  Tout  fait 
Voici  un  passage  particulièrement  frappant  de  horreur;  tout  fait  pitié.  Je  suis  père,  je  suis  pas- 
cette  correspondance  :  teur;   je  dois  soulager  les   uns,  adoucir  les  autres, 

«  Nous  sommes  dans  une  ville  où  nous  n'avons  les  aider  &  secourir  tous, 
point  de    repos,  ni  de   plaisir,  non  pas   même  de  u  L'exercice  de  notre  religion  est  presque  aboli 

consolation.  Quand   les  catholiques  sont   les   plus  dans    trois    ou    quatre    diocèses;    plus    de    quatre 

forts,   les   autres   craignent  d'être  égorgés;  quand  mille  catholiques   ont  été  égorgés  à  la  campagne. 

les  fanatiques   sont   en    grand   nombre   près   d'ici.  Quatre-vingts    prêtres    massacres,    près    de    deux 

les  catholiques  craignent  à  leur  tour.  Il  faut  que  cents  églises  brûlées.  » 


7o3 


1704 


•7°4 


814  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

bande  s'était  formée)  commettaient  en  même  temps  mille  cruautés  &  rivali- 
saient de  barbarie  avec  les  Cévenols,  ne  se  distinguant  d'eux  que  par  leur 
indifférence  à  piller  également  catholiques  8c  réformés. 

Montrevel  voulut  mettre  un  terme  à  ces  excès  en  essayant  d'organiser  &  de 
diriger  lui-même  l'armement  des  paroisses  catholiques,  en  leur  donnant  des 
chefs  de  son  choix,  en  interdisant  les  rassemblements  tumultueux,  &  pro- 
mettant de  punir  comme  voleur  quiconque  se  livrerait  k  des  actes  de  brigan- 
da 


ee 


Dans  le  courant  du  mois  de  février,  une  troupe  de  camisards  de  cinq  ou 
six  cents  hommes,  manquant  de  vivres  dans  les  Cévennes  ou  comptant  opérer 
une  diversion,  réussit  à  passer  l'Ardèche  81  se  jeta  dans  le  bassin  de  l'Eyrieu, 
où  ils  brûlèrent  les  églises  de  Gluyras,  Saint-Maurice,  Saint-Fortunat,  Saint- 
Julien  le  Roux,  Saint-Jean  Chambre,  Saint-Barthélémy  le  Pin.  Julien,  qui 
occupait  alors  Saint-Ambroix,  reçut  l'ordre  de  passer  en  Vivarais  pour  y 
réprimer  ces  désordres  8c  fît  piller  8c  incendier  le  village  de  Franchessin, 
auprès  duquel  avait  eu  lieu  un  engagement^. 

Cependant,  comme  les  condamnations  criminelles  8c  les  supplices  ne  ces- 
saient point,  8c  qu'après  avoir  tant  de  fois  annoncé  à  la  Cour  l'entière  des- 
truction des  rebelles,  on  était  contraint  d'avouer  à  tout  instant  de  nouveaux 
méfaits,  le  rappel  du  commandant  en  chef  fut  sérieusement  débattu.  Mon- 
trevel en  reçut  probablement  quelque  avis  officieux^  car,  le  14  mars,  il  écrivit 
au  roi  une  lettre  apologétique  de  sa  conduite.  Il  y  rappelait  les  circonstances 
de  sa  nomination;  avant  de  quitter  Paris,  8c  au  sein  même  du  conseil  des 
ministres,  il  avait  toujours  dit  que  l'insurrection  de  Languedoc  était  un  fait 
grave,  loin  de  partager  l'opinion  des  courtisans  qui  la  regardaient  comme  un 
«  feu  de  paille.  »  Son  premier  soin,  une  fois  arrivé  à  Nimes,  avait  été  de 
demander  des  renforts.  Ce  n'était  point  sa  faute  si,  par  suite  des  événements 
extérieurs,  le  duc  de  Vendôme,  au  lieu  d'envoyer  huit  mille  hommes,  ainsi 
qu'il  en  était  convenu,  n'avait  pu  en  détacher  que  trois  mille,  si  les  six  mille 
hommes  de  la  marine  que  l'on  attendait  avaient  été  réduits  à  trois,  venus 
trop  tard  8c  partis  trop  tôt,  8c  enfin  si  les  mouvements  des  forces  considé- 
rables, que  l'on  espérait  tirer  de  Guienne,  de  Franche-Comté  8c  de  Dau- 
phiné,  avaient  été  contrariés  par  des  obstacles  imprévus.  La  déclaration  de 
guerre  du  duc  de  Savoie,  en  pressant  la  marche  des  troupes  vers  la  frontière, 
venait  de  remettre  tout  en  question.  Elle  rendait  le  courage  8c  l'espérance 
aux  insurgés  8c  faisait  perdre  le  fruit  de  tous  les  eftorts  que  l'on  avait  dépensés 
.pour  vaincre  leur  obstination.  Le  maréchal  ne  concluait  pas;  il  se  retran- 
chait seulement  sur  sa  clairvoyance  à  juger  sérieuse,  dès  l'origine,  une  révolte 
imprudemment  méprisée.  Il  demandait  des  ordres  Se  priait  le  roi  de  «  prendre 
a  les  mesures  les  plus  efficaces^.  » 

'  Piiccs  justificatives,  n.  DCCXXXI,  col.  i  878.  que     nous     publions     aux    Pièces    justificatives , 

»  Louvreleuil.  —  Brueys.  —  Court  de  Gébelin.  n.  DCCXXVII,  col.  1  873. 
—  Voir  aussi   l'ordonnance  de  Julien   pour  le   ré-  ^  Pièces  justificatives,  n.  VCCWWl,  co\.  1880. 

otlissement    des    églises    dévastées    de    Vivarais, 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  8i5 

Le  lendemain  du  jour  où  cette  épître  partit  de  Quissac,  survint  une  catas- 
trophe qui  précipita  la  disgrâce  du  maréchal. 

Roland  &  Cavalier,  avec  une  troupe  de  quinze  cents  hommes,  s'étaient 
portés  sur  le  village  de  Saint-Chaptes,  soit  pour  faire  des  vivres  dans  un  nou- 
veau quartier,  soit  pour  donner  la  chasse  aux  cadets  de  la  croix  qui  venaient 
de  commettre  diverses  cruautés  dans  les  environs.  Saint-Chaptes  est  situé  au 
sud-ouest  d'Uzès,  sur  la  rive  gauche  du  Gardon,  à  une  lieue  de  la  rivière, 
dans  une  plaine  basse,  au  pied  de  petites  hauteurs  ondulées.  A.  la  première 
nouvelle  de  ce  rassemblement,  Montrevel,  qui  venait  d'arriver  à  Uzès,  détacha 
M.  de  la  Jonquière  avec  cinq  ou  six  cents  hommes  d'élite  de  la  marine  8t 
deux  compagnies  de  dragons  du  régiment  de  Saint-Sernin.  Comme  on  n'avait 
parlé  que  d'une  force  à  peu  près  égale  d'infanterie  camisarde,  &  d'une  soixan- 
taine de  cavaliers,  le  maréchal  ne  crut  pas,  suivant  son  habitude,  devoir  faire 
l'honneur  k  des  paysans  armés  de  fourches  8c  de  bâtons,  de  marcher  en  per- 
sonne contre  eux';  une  demi-heure  après,  par  un  retour  de  scrupule,  il  fit 
partir  M.  de  Foix  à  la  tète  de  cent  dragons  de  Fimarcon  avec  ordre  de  rallier 
la  colonne,  mais  de  rentrer  au  bout  de  trois  heures^.  Les  Cévenols  avaient 
déjà  quitté  Saint-Chaptes  quand  La  Jonquière  y  pénétra.  Il  refusa  l'assis- 
tance des  dragons  de  Fimarcon  qui  étaient  venus  l'y  joindre  8c  les  pria  de 
s'en  retourner  à  Uzès,  comme  ils  firent,  d'après  les  instructions  du  maréchal. 

La  Jonquière  se  méprenait  autant  que  Montrevel  sur  l'effectif  de  l'ennemi, 
8c  croyait  n'avoir  affaire  qu'à  une  petite  bande;  il  résolut  de  la  poursuivre 
8c,  remontant  le  Gardon,  alla  d'abord  coucher  à  Moussac.  Au  moment  où  il 
y  entrait,  l'arrière-garde  de  Cavalier  sortait  par  l'autre  porte  se  dirigeant  vers 
le  vallon  de  la  Droude.  Les  maisons  de  Moussac  furent  pillées,  les  soldats 
s'y  gorgèrent  de  vin,  s'y  embarrassèrent  de  dépouilles  8c  s'y  endormirent 
d'un  lourd  sommeil.  Les  fumées  de  l'ivresse  n'étaient  pas  encore  dissipées, 
quand  le  lendemain  matin  ils  se  remirent  en  marche  pour  chercher  les 
camisards. 

Ils  visitèrent  d'abord  Brignon,  petite  paroisse  située  sur  un  promontoire 
triangulaire  que  forme  le  confluent  du  Gardon  8c  de  la  Droude  Se  n'y  ren- 
contrèrent personne;  ils  s'engagèrent  ensuite  sur  l'étroite  presqu'île  découpée 
par  les  deux  cours  d'eau  qui,  sur  ce  point,  suivent  des  lignes  à  peu  près 
parallèles,  à  moins  d'une  lieue  de  distance;  ils  pillèrent  Las  Cours  8c  Cru- 
viers,  dépendances  de  la  baronnie  de  Boucoiran,  y  fusillèrent  un  paysan  Se 
trois  paysannes,  8c  reconnurent  bientôt,  sur  le  sol  détrempé  par  les  pluies  de 
la  journée,  les  traces  d'une  troupe  qui  se  dirigeait  vers  Martignargues,  à 
travers  des  coteaux  parsemés  de  bouquets  de  bois. 

Cavalier  avait  en  effet  pris  position,  dans  un  lieu  fort  avantageux,  nommé 
le  Devez  de  Martignargues.  C'était  un  petit  plateau  désert,  bordé  de  ravins^ 
encadré  de  taillis,  protégé  sur  sa  gauche  par  la  Droude,  sur  sa  droite  par  le 
Gardon.  Le  chef  camisard  mit  d'abord  entre  l'ennemi  Se  lui  un  ravin  cjui  lui 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCXXXVIl,  col.  1887.  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCXXXVIII,col.  1891. 


1704 


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8i6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

servait  de  retranchement  naturel  &  posta  des  embuscades  sur  ses  flancs  à 
l'abri  des  bois. 

Il  paraît  que  M.  de  Saint-Chaptes  Piémarcé  qui  marchait  en  éclaireur  avec 
des  dragons  eut  souj>çon  de  quelque  embûche  &  fit  part  à  La  Jonquière  de 
ses  inquiétudes.  Il  supposait  avec  raison  que  des  réserves  étaient  cachées  der- 
rière les  arbres.  Le  commandant  passa  outre  &  ordonna  d'aborder  le  front 
que  l'on  commençait  d'apercevoir  au  delà  du  ravin.  Dès  qu'on  fut  à  portée 
de  fusil,  l'infanterie  royale  fit  une  décharge  générale.  Sur  l'ordre  de  Cava- 
lier, les  camisards  s'étaient  couchés  ventre  à  terre  ik  personne  ne  fut  atteint; 
mais  ce  mouvement  trompa  La  Jonquière  qui,  croyant  les  camisards  décimés, 
commanda  de  charger  à  la  bayonnette.  Tous  les  faux  morts  &  les  faux  blessés 
se  relevèrent  aussitôt.  Se,  chantant  leurs  psaumes,  tombèrent  sur  les  assail- 
lants; au  même  instant,  les  postes  embusqués  se  démasquèrent,  &  la  petite 
armée  se  vit  envelopper  de  toutes  parts.  Les  dragons  commencèrent  à  s'ébranler 
Si  ne  songèrent  plus  qu'à  se  dérober  par  la  fuite.  Les  officiers  mirent  pied  à 
terre  &  firent  tout  ce  qui  dépendait  d'eux  pour  maintenir  leurs  hommes  dans 
le  devoir;  mais  ceux-ci,  alourdis  par  le  vin,  encombrés  du  produit  de  leur 
pillage  dont  ils  s'étaient  chargés,  turent  incapables  de  résistance.  Les  officiers 
8c  les  grenadiers  tinrent  seuls  ferme,  tandis  que  le  reste,  jetant  ses  armes,  se 
précipitait  vers  le  Gardon  ou  vers  la  Droude,  pour  se  sauver  à  la  nage.  Beau- 
coup se  noyèrent  dans  la  retenue  d'un  moulin,  dont  les  eaux  calmes  &  pro- 
fondes les  avaient  trompés.  La  Jonquière,  blessé  légèrement  à  la  joue,  prit  la 
fuite  comme  les  autres,  échappa  aux  poursuites  en  escaladant  un  mur  de 
clôture,  puis  se  jetant  sur  le  cheval  d'un  dragon,  passa  le  Gardon  à  la  nage  8<. 
courut  s'enfermer  dans  Boucoiran.  Ses  officiers  n'imitèrent  pas  son  exemple 
8c  luttèrent  jusqu'à  la  fin.  Vingt-trois  ou  vingt-cinq  d'entre  eux  tombèrent 
mortellement  frappés.  De  ce  nombre  étaient  le  colonel  de  Vaqueville,  M.  de 
Fabrègue,  major  du  régiment  de  Vexin;  La  Borde  8c  Ligondès,  capitaines 
de  grenadiers;  Lissac,  Martin  de  Laval,  Chayius,  Raousset,  le  chevalier  de 
Sabran,  Se  nombre  d'autres  gentilshommes  qualifiés.  Plusieurs  d'entre  eux 
furent  assommés  à  coups  de  hache  ou  de  faux  par  les  paysans  des  environs 
qui  étaient  venus  prêter  main-forte  aux  Cévenols.  Leurs  chevaux,  leurs 
brillants  uniformes,  leurs  épées  à  poignée  d'argent  ciselé  servirent  à  relever 
l'éclat  de  l'état-major  camisard  '. 

Ce  désastre,  qui  n'avait  pas  d'équivalent  depuis  le  commencement  de  la 
révolte,  produisit  une  impression  terrible. 

Après  avoir  recueilli  les  trophées  de  sa  victoire,  Cavalier  se  replia  prudem- 
ment sur  Vezenobre.  Une  heure  après  l'événement,  M.  de  La  Lande  arrivait 

*  La    Baume,  conseiller  au  présidial  de   Nimes,  gens  de  mérite,  mais  encore  parce  qu'elle  fournit 

affirme,  dans  ses  mémoires  manuscrits,  qu'il    n"é-  aux    camisards    un    grand    nombre    de    fusils,    de 

chappa  de  cette  défaite  que  quatre  officiers  &  cent  baïonnettes,  d'épées  &  de  pistolets,  dont  ils  man- 

quatre-vingts  soldats  j  que  cette  perte  fut  très-con-  quoient,    &.   nombre   de    bons   chevaux,   entre   Ics- 

«idérablc,  "  non-seulement  par  le  nombre  des  sol-  quels   celui    de  la  Jonquière,  qui    étoit  .un    clieyal 

dats  &  des   of(ii.iers  presque  tous  gentilshommes  &  de  prix,  u 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  817 

à  Ners,  avec  sept  cents  hommes,  ne  se  doutant  de  rien.  Comme  il  envoya 
relever  le  détachement  de  Soissonnais  qui  était  à  Boucoiran,  La  Jonquière  lui 
fit  part  de  son  malheur,  &  il  alla  visiter  le  champ  de  bataille,  puis  rallier 
cent  cinquante  hommes  qui,  avec  un  seul  officier,  ayant  heureusement 
franchi  la  Droude,  avaient  réussi  à  se  jeter  dans  le  château  de  Saint-Cézaire 
de  Gauzignan. 

Cette  commune,  celles  de  Ners  6c  de  Cruviers  furent  chargées  du  soin 
d'enterrer  les  morts.  Le  maréchal  qui  était  déjà  parti  d'Uzès  pour  Nimes, 
quand  on  lui  apporta  la  nouvelle  de  la  catastrophe,  rebroussa  chemin,  8t 
avec  un  corps  de  douze  cents  hommes,  se  porta  vers  Saint-Chaptes  où  les 
camisards  n'avaient  eu  garde  d'aller  l'attendre,  &  après  une  inutile  battue, 
regagna  ses  quartiers'. 

Le  ministre  écrivit  sévèrement  à  Montrevel  sur  le  désastre  du  Devez.  Le 
maréchal  s'indigna  qu'on  le  rendît  responsable  de  la  faute  de  son  subalterne 
&  donna,  pour  se  justifier,  des  raisons  qui  achevèrent  de  compromettre  sa 
cause  au  Conseil  du  roi.  Il  n'avait  pas  cru,  disait-il,  devoir  se  mettre  en 
marche  avec  les  troupes  qui  se  trouvaient  auprès  de  lui  à  Uzès,  parce  que, 
ses  moindres  mouvements  étant  épiés  61  signalés  aux  rebelles,  il  aurait  craint 
de  perdre  toute  chance  de  les  rencontrer.  D'après  ses  informations,  les  cami- 
sards ne  devaient  pas  avoir  à  Saint-Chaptcs  plus  de  soixante  chevaux  Se  cinq 
ou  six  cents  hommes  mal  armés.  Comment  ne  pas  croire  qu'un  détachement 
de  cinq  cents  soldats  d'élite  8c  deux  compagnies  de  dragons  pouvaient  venir  à 
bout  de  pareilles  forces^?  Le  plus  clair  de  ces  excuses  fut  que  le  maréchal  ne 
savait  jamais  à  quoi  s'en  tenir  sur  les  positions  réelles  des  camisards.  Il  rece- 
vait à  la  fois  des  avis  contradictoires  dont  la  plupart,  selon  toute  apparence, 
venaient  de  l'ennemi,  8c  dans  l'incertitude  où  ces  contradictions  le  jetaient, 
il  se  résignait  à  l'inaction.  En  réalité,  si  Montrevel  n'était  pas  directement 
responsable  de  la  déroute  essuyée  par  La  Jonquière,  il  l'avait  rendue  possible 
en  laissant  se  relâcher  la  discipline,  en  habituant  les  officiers  à  l'indifférence 
dont  il  donnait  lui-mC'me  l'exemple,  8c  en  abandonnant  au  hasard  la  direc- 
tion des  troupes,  sans  concerter  aucun  plan  Se  sans  combiner  les  mouvements 
des  diverses  forces  éparpillées  dans  la  Province. 

Consulté  une  fois  de  plus  par  le  ministre,  avec  l'ordre  de  s'expliquer 
nettement  sur  les  causes  de  la  défaite,  Bâville  n'hésita  point  a  sacrifier  le 
maréchaP.  Il  donna  sur  les  effets  de  sa  conduite  des  renseignements 
curieux.  L'insouciance  du  commandant  en  chef  gagnait  presque  tout  le 
corps  d'officiers.  Installés  dans  de  bons  postes,  les  commandants  de  détache- 
ments n'avaient  guère  d'autre  préoccupation  que  de  s'y  tenir  en  repos  8c  de 
voir  le  moins  possible  de  camisards.  Cette  guerre  intérieure  ne  leur  inspirait 
que  dégoût.  Partageant  sur  les  questions  religieuses  l'indifférence  qui  gagnait 
déjà  la   noblesse  française  8c  qui   régnait  depuis  longtemps  dans  le  monde 

■  Loiivreleuil,  111,  p.   i8.  '  Pifceî/uMÏ/îcnt.Vcj,  n.  DCCXXXVIIl,col.  1888. 

'  Piècet  justificatives,  n.  DCCXXXVII,  col.  1  886. 

XTII.  5, 


1704 


'7°4 


8i8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

militaire,  ils  ne  prenaient  aucun  intérêt  personnel  à  la  conversion  des  Céve- 
nols; ils  savaient  que  les  succès  remportés  sur  ces  montagnards  leur  donne- 
raient peu  de  gloire,  que  l'ennemi  ne  faisait  point  de  quartier,  &  ils  ne  se 
piquaient  point  de  vigilance.  Quant  à  Montrevel,  dont  la  bravoure  était 
connue,  il  ne  croyait  pas  que  sa  dignité  de  maréchal  de  France  lui  permît 
de  paraître  en  personne  sur  de  pareils  champs  de  bataille  &  devant  de  tels 
adversaires,  &  il  se  faisait  toujours  représenter  par  quelqu'un  de  ses  lieute- 
nants. A  Pompignan,  oii  il  vit  presque  un  village  brûler  sous  ses  yeux,  il 
s'était  contenté  de  détacher  M.  de  Paratte  avec  un  gros  de  troupes  Si  s'était 
paisiblement  retiré  à  Saint-Hippolyte  pour  y  attendre  le  résultat.  Au  combat 
de  la  tour  de  Billot,  averti  vers  onze  heures  du  soir  de  la  rencontre,  il  ne 
monta  à  cheval  qu'à  huit  heures  du  matin  &  ne  put  voir  que  les  morts. 
Enfin  ses  hésitations  &.  ses  longs  retards  avaient  largement  contribué  à  la 
dernière  défaite. 

Le  sentiment  exagéré  que  le  maréchal  témoignait  avoir  de  sa  dignité  se 
traduisait  d'ailleurs  par  de  singulières  conséquences.  Lorsque  Bâville  insistait 
pour  faire  organiser  la  population  catholique  en  corps  de  milices  régulières, 
ce  qui  devait  avoir  le  double  avantage  d'augmenter  les  forces  disponibles  &. 
d'empêcher  les  saturnales  des  Cadets  de  la  Croix,  Montrevel  s'y  opposait,  par 
respect  pour  sa  propre  grandeur.  Il  devinait  les  exigences  croissantes  de  la 
guerre  étrangère.  Aussitôt  qu'il  aurait  eu  formé  de  bonnes  milices,  on  n'au- 
rait pas  tardé,  pensait-il,  à  lui  retirer  tous  ses  régiments  pour  les  faire  filer 
sur  la  frontière,  de  sorte  qu'il  aurait  eu  l'humiliation  de  se  trouver  général 
en  chef  d'une  armée  de  miliciens,  condition  tout  à  fait  inacceptable,  quand 
on  avait  l'honneur  de  croiser  les  deux  bâtons  fleurdelisés  derrière  l'écu  de  ses 
armes.  Voilà  comment  la  haute  fortune,  loin  de  les  développer,  diminuait 
les  qualités  de  l'homme  de  guerre  8t  comment  l'orgueil  de  ses  titres  lui 
faisait  oublier  ses  devoirs. 

Bâville  jugeait  ces  dispositions  d'autant  plus  déplorables  qu'il  n'ignorait 
rien  du  projet  des  étrangers  sur  les  Cévennes.  En  Hollande,  comme  eu 
Angleterre,  on  s'occupait  beaucoup  de  l'insurrection.  Dès  le  8  février,  la 
proposition  avait  été  faite  aux  Etats  généraux  de  La  Haye,  d'envoyer  un 
corps  de  trois  mille  hommes  dans  ces  montagnes,  aux  frais  des  Provinces- 
Unies  pour  un  tiers  &  de  l'Angleterre  pour  les  deux  autres.  Les  députés  de 
Frise,  d'Utrecht,  d'Over-Yssel  y  avaient  donné  leur  consentement.  Commis- 
sion était  expédiée  depuis  le  6  mars  pour  recruter  les  trois  mille  hommes. 
Walkenaer  &.  Belcastel  devaient  s'occuper  de  faire  ces  levées  en  Suisse  &  en 
Piémont  '. 

Les  Hollandais,  en  correspondance  secrète  assez  suivie  avec  les  insurgés  des 
Cévennes,  cherchaient  à  transformer  la  physionomie  de  la  guerre;  ils  com- 
prenaient à  quel   point  les  meurtres  &  les  brigandages  rendaient  la  révolte 

'  Archives  générales  du  royaume  des  Pays-Bas  à       8    &  26   février;   6,   7,   10   &  17  mars;   29   avril; 
La  Haye.  Résolutions  secrètes  des  Etats  généraux  :        24  mai.  (Communication  de  M.  Vnn  den  Bergh.) 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  819 

odieuse.  Aussi  ne  cessaient-ils  d'exhorter  les  camisards  à  cesser  leurs  incendies 
&  leurs  destructions  d'églises,  à  ne  plus  massacrer  les  prêtres  &  les  personnes 
inoffensives,  &  à  se  conduire  en  véritables  soldats  de  l'Evangile,  combattant 
à  découvert  pour  la  liberté  de  conscience  &  pour  l'affranchissement  des  peu- 
ples. Il  fallait  intéresser  les  catholiques  eux-mêmes  au  soulèvement,  ce  qu'on 
ne  pourrait  faire  qu'en  respectant  leur  culte  &  en  faisant  luire  à  leurs  yeux 
l'espérance  d'un  allégement  d'impôts. 

A  toutes  les  observations  qu'il  recevait  de  Bâville,  sur  ces  divers  dangers, 
Montrevel  ne  répondait  que  par  des  généralités.  L'inutilité  de  courir  après 
les  camisards,  l'impossibilité  de  réduire  la  révolte  tant  que  la  paix  ne  serait 
pas  rétablie  en  Europe  indiquaient  trop  bien  l'invincible  parti-pris  du  ma- 
réchal. 

«  Il  vous  paroîtra  peut-être  extraordinaire,  écrivait  l'intendant  au  ministre', 
('  qu'un  vieil  conseiller  d'Etat  soit  d'avis  de  se  battre  toujours,  &  que  celui 
«  d'un  maréchal  de  France  soit  contraire;  mais  si  l'on  ne  passe  de  l'inaction 
c(  où  nous  sommes  à  un  mouvement  continuel,  l'affaire  grossira  toujours.  » 

Montrevel,  de  son  côté,  croyait  plus  que  jamais  à  l'efficacité  des  expé- 
dients. Comme  tous  les  chemins  aboutissant  à  Nimes  étaient  devenus  de 
véritables  coupe-gorge,  8c  que  les  camisards  embusqués  derrière  les  murs  y 
tuaient  journellement  des  voyageurs,  le  maréchal  ordonna  de  raser  tous  les 
murs  de  clôture,  à  droite  &  à  gauche  des  chemins,  jusqu'à  une  grande  portée 
de  fusil  &  sur  la  longueur  d'un  grand  quart  de  lieue.  Cette  démolition  se 
rattachait  au  système  des  villes  fermées  qui  abandonnait  la  campagne  entière 
à  l'insurrection.  Se  l'on  devine  comment  fut  accueillie  des  propriétaires  locaux 
cette  obligation  de  livrer  leurs  olivettes  8c  leurs  vignes  à  toutes  les  entreprises 
des  coureurs*. 

En  attendant  qu'un  nouveau  chef  fût  nommé,  Chamillart  prescrivit  à 
Montrevel  d'exécuter  le  projet  du  «  vieux  conseiller  d'Etat,  »  c'est-à-dire  de 
diminuer  le  nombre  des  troupes  immobilisées  dans  les  garnisons  pour  les 
employer  en  campagne. 

Montrevel  se  soumit,  non  sans  aigreur,  8c  n'oublia  pas  de  faire  ressortir  les 
inconvénients  qu'il  voyait  à  dégarnir  de  troupes  certaines  villes  populeuses  8c 
passionnées  sur  le  chapitre  de  la  religion^. 

Mais  déjà  le  parti  de  la  Cour  était  pris.  Trois  jours  avant  que  Bâville  ne 
rédigeât  sa  dernière  consultation  ,  le  ministre  de  la  guerre  lui  annonçait 
l'arrivée  prochaine  du  inaréchal  de  Villars,  désigné  pour  prendre  le  comman- 
dement en  chef  des  troupes  royales  de  Languedoc'*. 

Louis  Hector,  marquis  de  Villars,  maréchal  de  France,  venait  de  s'illustrer 
par  ses  belles  opérations  en  Allemagne.  Ses  victoires  de  Friedlingen,  près  la 
Forêt  Noire,  8c  de  Hochstedt,  en  Bavière,  6c  son  audacieuse  jonction  avec  les 
troupes  de  l'Électeur  lui  avaient  acquis  en  Europe  une  soudaine  réputation. 

•  Pièces  just'tficat'ivei,  n.DCCWWUÏ, col.  1892.  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCXXXIX,  col.  1893. 

•  Pièces  justificatives,  n.  DCCXXXIV,  col.  i883.  *  Pièces  justificatives,  n.  DCCXL,  col.   1894. 


1704 


'704 


820  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  Cour  pensa  que  le  prestige  de  ces  succès  &  l'humeur  alerte  Se  vive  du 
maréchal  viendraient  à  bout  de  la  pénible  entreprise  où  avaient  échoué  Bro- 
glie  8c  Montrcvel. 

En  lui  annonçant  la  résolution  de  l'envoyer  en  Languedoc,  Louis  XIV  lui 
dit  :  «  Des  guerres  plus  considérables  à  conduire  vous  conviendroient  mieux; 
«  mais  vous  me  rendrez  un  service  bien  important  si  vous  pouvez  arrêter  une 
«  révolte  qui  peut  devenir  très-dangereuse,  surtout  dans  une  conjoncture  où, 
«  faisant  la  guerre  à  toute  l'Europe,  il  est  assez  embarrassant  d'en  avoir  une 
«  dans  le  cœur  du  royaume',  » 

Avant  de  quitter  Paris,  Villars,  qui  avait  l'esprit  lucide  S<.  déterminé,  tra- 
vailla d'abord  à  se  former  une  idée  exacte  de  l'état  des  choses.  Il  prit  commu- 
nication d'une  foule  de  correspondances  de  Languedoc,  trouva  beaucoup  de 
contradictions  dans  les  relations  qui  s'en  écrivaient  &  reconnut  bientôt  l'ina- 
nité des  moyens  adoptés  pour  soumettre  les  rebelles,  la  timidité  des  troupes 
impressionnées  par  plusieurs  échecs,  la  détresse  de  certaines  bourgades  dont 
les  approvisionnements  étaient  interceptés,  &  la  nécessité  de  porter  un  prompt 
remède  à  des  maux  aigris  depuis  deux  années.  Dès  le  principe,  le  maréchal 
devina  qu'on  devait,  pour  aboutir,  mener  simultanément  la  guerre  Se  les 
négociations.  Pour  la  guerre,  il  demanda  un  hardi  chef  de  partisans,  nommé 
Lacroix,  qui  s'était  acquis  beaucoup  de  renommée  dans  les  dernières  cam- 
pagnes; pour  les  négociations,  il  recommanda  au  roi  un  gentilhomme  nou- 
veau converti  de  Languedoc,  habitant  d'Uzès,  M.  de  Rossel,  baron  d'Aiga- 
liers,  qui  depuis  longtemps  poursuivait  le  noble  but  de  pacifier  la  Province 
&  qui  s'était  fait  présentera  C"hamillart  par  le  duc  de  Chevreuse.  Du  milieu 
des  témoignages  opposés  qu'il  avait  recueillis,  Villars  réussit,  dès  le  premier 
jour,  à  dégager  une  synthèse  assez  juste  qu'il  résuma,  le  ii  avril,  dans  sa 
lettre  au  ministre  sur  les  affaires  de  Languedoc^.  Sa  conclusion  était  d'une 
grande  nouveauté.  Il  comptait  beaucoup,  disait-il,  sur  les  voies  de  douceur, 
plus  utiles  que  la  violence.  Il  ajoutait,  par  concession  aux  idées  dominantes, 
que  toute  la  raison  était  du  côté  du  roi  8<  presque  tous  les  torts  du  côté  des 
rebelles.  Comme  la  Cour  n'avait  pas  été  habituée  à  un  pareil  langage,  Villars 
se  hâtait  d'en  donner  l'explication.  Ce  «  presque  »  lui  était  inspiré  par  la 
conduite  du  clergé^.  Le  maréchal  jugeait  que  les  prêtres  8c  quelques  évêques 

■  Mémoires  du  maréchal  de  Villars,  p.   iSp.  ceux  qui  ont  encore  quelque  sentiment  de  la  na- 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCXLI,  col.   iSpS.  ture  &   de  la    religion.  Oui,  Monseigneur,  je  dis 

'  Une  lettre  adressée  dans  le  courant  du  mois  qu'ils  en  sont  la  cause,  lorsque   par  un   principe 

de  mars  au    maréchal    de  Montrevel  &   conservée  d'orgueil,  plutôt  que  par  des  motifs  chrétiens,  ils 

par  La  Baume,  représentait  sous  des  couleurs  très-  ont  voulu  dominer  sur  la  foi  d'autrui  &  tyranni- 

sombres  la  conduite  du  clergé.  En  voici   les  prin-  ser  les  consciences.  Que  n'ont-ils  pas  fait  pendant 

cipaux  passages  :  «  Le  plus  grand  malheur  est  que  plusieurs    années  i*    ou    plutôt   qu'ont-ils    faiti"    A 

la  corruption  est  allée  jusque  dans   le  sanctuaire.  quoi    ont    abouti    toutes   leurs   violences?   Ont-ils 

Ce   sont   les   ecclésiastiques   qui   sont   la    cause    de  fait  des  chrétiens  ou,   pour  mieux  dire,  n'ont-ils 

tous  les  désordres.  Ceux  qui  devroient  être  occupés  pas   fait  des  athées,  des  libertins  &  enfin  des   re- 

à  prier  Dieu  sans  cesse  &  à  gémir  à  la  vue  de  tant  belles  i"  Voilà  ce  qu'ont  produit  les  séminaires.  Us 

de  sang   répandu,   s'en    réjouissent,  &   ils  scanda-  couvens,  les  prisons,  les  exils,  les  amendes  &    Us 

lisent,  par  une  conduite  si  éloignée  de  la  charité,  enlèvemens  des  pères  à  leurs  cnfans,  des  cnfans  à 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  821 

avaient  eu  de  grands  torts,  qu'en  abusant  de  l'autorité  qu'on  leur  laissait,  ils 
exaspéraient  les  peuples;  qu'une  trop  grande  liberté  donnée  non  pas  à  leur 
zèle,  mais  à  leur  avidité.  Se  couvrant  d'une  apparence  de  ferveur  des  intérêts 
purement  matériels,  était  cause  de  graves  abus.  La  fréquence  des  supplices, 
la  rigueur  inflexible  déployée  contre  les  rebelles  entretenait  l'irritation  & 
perpétuait  la  guerre. 

La  certitude  qu'avaient  les  camisards  de  perdre  la  vie  sur  la  roue  ou  sur  le 
gibet  s'ils  se  laissaient  prendre  les  portait  naturellement  à  s'exposer  sans 
ménagement  dans  les  combats.  Villars  se  proposa  donc  de  renoncer  au  sys- 
tème d'intimidation  que  ses  prédécesseurs  avaient  adopté,  de  ne  plus  compter 
sur  les  effets  d'exemples  terribles,  les  imaginations  frappées  de  trop  de  scènes 
d'horreur  ayant  depuis  longtemps  cessé  d'en  être  impressionnées,  &  il  voulut 
essayer  une  autre  conduite. 

«  Si  Votre  Majesté  me  le  permet,  dit-il  au  roi  dans  son  audience  de  congé, 
«  j'agirai  par  des  manières  toutes  différentes  de  celles  que  l'on  emploie,  8c  je 
c(  tâcherai  de  terminer  par  la  douceur  des  malheurs  où  la  sévérité  me  paroît 
Il  non-seulement  inutile,  mais  totalement  contraire.  » 

Louis  XIV  lui  répondit  :  »  Je  m'en  rapporte  à  vousj  &  vous  croyez  bien 
«  que  je  préfère  la  conservation  de  mes  peuples  à  leur  perte  que  je  crois  cer- 
«  taine,  si  cette  malheureuse  révolte  continue.  «  Le  roi  ajouta  qu'il  serait 
plus  reconnaissant  au  maréchal  de  terminer  les  affaires  de  Languedoc  que 
de  gagner  trois  batailles.  Peu  de  jours  auparavant,  le  ministre  de  la  guerre 
lui  avait  tenu  à  peu  près  le  même  langage,  égalant  un  succès  définitif  dans 
les  Cévennes  à  quatre  batailles  rangées  sur  la  frontière.  Villars  a  dépeint, 
dans  une  lettre  au  cardinal  de  Janson,  dans  quel  état  d'esprit  il  commença  le 
voyage  de  Languedoc  :  «  Je  me  mis  dans  la  tête  de  tout  tenter,  d'employer 
«  toute  sorte  de  voies,  hors  celle  de  ruiner  une  des  meilleures  provinces  du 
«  royaume;  &  même  que  si  je  pouvois  ramener  les  coupables  sans  les  punir, 
«  je  conserverois  les  meilleurs  hommes  de  guerre  qu'il  y  ait  dans  le  royaume. 
n  Ce  sont,  me  disois-je,  des  François,  très-braves  8c  très-forts,  trois  qualités 
"  à  considérer  '.  » 

Tandis  qu'il  traversait  l'est  de  la  France,  au  milieu  de  l'empressement 
populaire  saluant  le  vainqueur  de  Friedlingen  8c  de  Hochstedt,  qu'il  rece- 
vait de  grands  honneurs  à  Lyon  81  que  le  vice-légat  d'Avignon  allait  l'at- 

leiirs  pères,  des  femmes  à  leurs  maris  &  des  maris  prouvent  &  animent  hautement  ceux  qui,  sous  le 

à   leurs  femmes.    Il   n'est   pas  nécessaire,  Monsei-  nom   de   cadets,  vont  impunément  tuer,  piller  8c 

gneur,  que  je  vous  fasse  le  détail  de  la   conduite  brûler. 

de  quelques  évéques  de  cette  province,  &  des  pré-  n  Après  cela  je  vous  avoue,  Monseigneur,  qu'il 

très  de   leurs  diocèses,  qui,  sous  le   prétexte  spé-  faut  avoir  une  grâce  toute   particulière,   pour  ne 

cieux  de  la    religion,   ont   insolemment  abusé  de  douter  pas  de  la  vérité  de  la  religion  catholique; 

l'autorité  de   l'Eglise,  &  par  leurs  vexations,  ont  &  il   ne  faut  pas  s'étonner  si  ceux  qui  commen- 

jeté  le  monde  dans  le  désespoir  où  vous  le  trouvez.  çoient  d'en   goûter   les  principes  se  sont    rebelles. 

Si  vous  prenez  la  peine  de  vous  informer  des  cho-  lorsqu'ils   ont  vu    des    manières    si    opposées   à   la 

ses,  vous    saurez   que    non-seulement    ils  sont    les  douceur  de  l'Évangile.   » 

auteurs  du    plus  grand  malheur  qui    peut  jam.iis  '  Lettre  du  6  août  1704.  Mémoires  du.  maréchal 

arriver  dans  cette  province,  mais  encore  qu'ils  ap-  de  Villars,  p.  140. 


1704 


•7°4 


822  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tendre  à  la  descente  du  bateau,  hors  de  la  ville,  avec  sa  cavalerie',  le  maré- 
chal de  Montrevel  profondément  blessé  de  sa  disgrâce  &  réveillé  de  sa  torpeur 
par  le  dépit,  méditait  d'user  de  ses  derniers  jours  de  commandement  par  un 
coup  de  maître,  afin  de  montrer  à  la  Cour  de  quel  effort  il  était  encore 
capable  quand  il  voulait  s'en  donner  la  peine.  Pour  arriver  à  son  but,  il  fit 
grand  bruit  de  son  prochain  départ  &  répandit  dans  le  public  la  nouvelle 
qu'une  partie  des  troupes  était  destinée  à  lui  faire  escorte  jusqu'aux  frontières 
de  Guienne,  tandis  que  l'autre  irait  attendre  à  Beaucaire  le  nouveau  com- 
mandant en  chef. 

Cette  rumeur,  habilement  propagée  Si  rapportée  aux  camisards  par  leurs 
correspondants  ordinaires,  obtint  l'effet  qu'on  s'en  était  promis.  Déjà  la  défaite 
des  troupes  de  la  marine,  exaltant  la  confiance  des  Cévenols,  les  poussait  à  se 
départir  de  leur  prudence  habituelle.  Le  succès  avait  grossi  la  troupe  de 
Cavalier  qui  comprenait  alors  près  de  mille  fantassins  Si  deux  cents  cavaliers, 
Si  qui  marchait  en  guerre  au  son  d'une  trompette,  d'un  fifre  Si  de  huit  tam- 
bours. Ce  fut  dans  cet  équipage,  enseignes  déployées,  que  le  jeune  chef  fit 
une  tentative  sur  Boucoiran. 

Boucoiran  est  ce  village,  à  droite  du  Gardon,  oii  La  Jonquière  réussit  à 
s'enfermer  après  sa  défaite.  Les  habitations  sont  rangées  dans  une  plaine 
basse  au  pied  de  collines  dont  le  château  occupait  le  faîte.  La  garnison  s'y 
étant  retirée  fit  un  feu  nourri  Si  repoussa  l'attaque.  Mais  Cavalier,  maître  du 
village,  eut  le  temps  d'en  détruire  les  défenses  Si  d'y  compléter  ses  approvi- 
sionnements. 

De  là  il  se  porta  sur  Saint-Geniès  de  Malgoires,  le  long  du  flanc  oriental 
de  la  même  chaîne  de  collines  qui  s'infléchit  vis-à-vis  Moussac,  élargissant  la 
plaine  du  Gardon.  La  cavalerie  investit  ce  petit  bourg  Si  l'infanterie  enfonça 
l'une  des  portes.  La  garnison,  qui  se  défendit  vaillamment  dans  une  maison, 
ne  put  être  forcée;  mais  le  curé  de  Montignargues  ayant  eu  le  malheur  de 
faire  feu  sur  les  camisards  du  haut  d'une  tour  où  il  s'était  retiré  avec  quelques 
miquelets,  en  fut  précipité  Si  mis  à  mort.  On  brûla  l'église  81  la  maison 
d'un  des  principaux  habitants,  on  abattit  les  murailles  du  bourg  Si  l'on 
enleva  cinq  chevaux,  quelques  armes  Si  des  vivres. 

On  était  alors  au  i3  avril,  le  départ  du  maréchal  de  Montrevel  annoncé 
pour  le  16.  Comptant  sur  la  liberté  que  l'éloignement  des  troupes  devait  lui 
assurer,  Cavalier  méditait  des  expéditions  dans  la  Vaunage.  Il  alla  coucher 
la  nuit  du  i5  au  16  à  Caveirac,  au  débouché  nord-est  de  cette  vallée. 

Montrevel,  averti  de  ses  mouvements  par  l'abbé  Terrien,  curé  de  Mont- 
pezat,  qui  avait  à  son  service  d'adroits  espions,  s'était  rendu  à  Sommières 
avec  quelques  compagnies  de  Fimarcon  Si  de  Saint-Sernin  Si  les  Irlandais  à 
cheval.  Il  donna  l'ordre  à  M.  de  Grandval,  commandant  à  Lunel,  de  mar- 
cher au  point  du  jour  avec  quatre  cents  hommes  du  régiment  de  Charolais 
Si  cinq  compagnies  de  Fimarcon  Si  de  Saint-Sernin,  pour  occuper  les  liau- 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCXLVII,  col.   IçoS.  —  Mémoires  du  maréchal  Je  Villars,  p.   141. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES,  828 

teurs  de  Boissières,  au  sud-est  de  la  Vaunage,  &  à  M.  de  Sandricourt,  com- 
mandant à  Nimes,  d'envoyer  tout  ce  qu'il  pourrait  tirer  de  la  garnison,  tant 
dragons  que  Suisses,  vers  Clarensac  &  Saint-Cosme,  au  nord  de  la  vallée. 

Cavalier,  qui  avait  brisé  les  barrières  de  Caveirac,  démoli  la  muraille  en 
pierres  sèches,  &  logé  son  monde  par  billets  chez  les  habitants,  sans  réussir 
à  forcer  le  château,  détendu  par  une  compagnie  de  fusiliers,  Si  qui  avait 
essuyé  le  feu  de  quelques  habitants  postés,  avec  le  vicaire,  sur  le  clocher  de 
l'église',  s'était  retiré  dans  un  pli  de  terrain  entre  Boissières  8c  le  moulin  à 
vent  de  Langlade,  pour  y  prendre  quelques  instants  de  repos.  Les  fantassins 
étaient  allongés  auprès  de  leurs  armes,  5c  les  cavaliers  au  pied  de  leurs  mon- 
tures, la  bride  au  bras.  C'est  dans  cet  état  que  la  troupe  fut  surprise  par  les 
dragons  de  Grandval.  Les  camisards  se  mirent  promptement  en  selle  8c  char- 
gèrent les  dragons  qui  firent  volte-face  8c  prirent  la  fuite  dans  la  direction 
de  Vergèze.  La  cavalerie  cévenole  se  laissa  entraîner  dans  cette  poursuite 
jusqu'au  moment  où  elle  aperçut,  entre  Vergèze  8c  Boissières,  sur  les  pla- 
teaux, le  régiment  de  Charolais  qui  l'attendait  de  pied  ferme.  L'infanterie 
camisarde  n'avait  pu  suivre  que  de  fort  loin  la  marche  rapide  des  cavaliers. 
Ceux-ci,  ne  se  voyant  pas  soutenus,  commencèrent  à  battre  en  retraite.  Un 
paysan,  consulté  par  Cavalier,  lui  indiqua  le  chemin  de  Soulorgues  à  Nages 
comme  l'unique  voie  de  salut.  Au  point  où  ce  chemin  joint  celui  de  Nimes,  < 
les  camisards  rencontrèrent  le  second  bataillon  de  Hainaut  8c  les  Irlandais  à 
pied  commandés  par  Menou.  Cavalier  réussit  à  passer,  mais  lorsque,  des 
hauteurs  de  Nages,  il  voulut  pénétrer  dans  la  plaine  de  Calvisson,  il  trouva 
toutes  les  avenues  occupées  par  des  troupes.  Les  camisards,  se  voyant  enve- 
loppés, firent  une  charge  vigoureuse  pour  forcer  le  passage  &c  couvrirent  la 
plaine  de  leurs  morts.  Au  pont  du  Rhosny,  défendu  par  des  dragons,  Cava- 
lier faillit  perdre  son  plus  jeune  frère,  âgé  de  dix  ans,  qui  suivait  la  bande, 
monté  sur  un  petit  cheval  de  la  Camargue,  8c  réussit,  par  son  adresse,  à  le 
dégager.  Le  maréchal  combattit  de  sa  personne,  avec  beaucoup  de  vaillance. 
Cavalier  perdit  dans  cette  affaire  au  moins  le  tiers  de  son  effectif;  les  fuyards 
ne  se  dérobèrent  qu'à  la  faveur  du  bois  de  Lens  d'où  leur  chef  les  rallia  sur 
les  hauteurs  de  Puechredon,  dans  le  haut  bassin  du  Vidourle;  il  y  passa  deux 
jours,  recueillant  tout  ce  qui  avait  pu  s'échapper  du  champ  de  bataille;  beau- 
coup de  ses  gens  revenaient  sans  armes;  d'autres,  tellement  éclopés  qu'ils 
étaient  incapables  de  tout  service.  La  plupart  des  cavaliers  avaient  aban- 
donné leurs  montures,  afin  de  profiter  des  larges  fossés  pleins  d'eau  qui  les 
abritaient  contre  la  poursuite  des  dragons.  Comme  les  troupes  royales  conti- 
nuaient leurs  battues,  Cavalier,  comprenant  qu'il  ne  pourrait  tenir  long- 
temps le  pays  sans  courir  le  risque  d'une  rencontre,  prit  le  parti  de  franchir 
le  Gardon  Se  de  gagner  les  bois  d'Euzet,  où  de  nouveaux  mécomptes  lui 
étaient  réservés^. 

Cependant  le  maréchal  de  Montrevel,  très-fier  de  sa  victoire,  en  écrivit  la 

■  Piècet  justificatives,  n.  DCCXLIV,  col,  1900.  '  Court  d«  Gébelin,  II,  p,  238. 


1704 


'7°4 


824  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

nouvelle  au  ministre  de  la  guerre  avec  un  laconisme  affecté,  ne  donnant 
aucun  détail  des  opérations  &.  se  bornant  à  dire  qu'il  avait  été  assez  heureux, 
avant  de  quitter  la  Province,  pour  défaire  entièrement  la  troupe  de  Cavalier 
8c  celle  de  Catinat  jointes  ensemble,  avec  la  principale  jeunesse  des  Céven- 
nes".  Il  adressa  une  lettre  au  roi,  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes,  où  il 
ajoutait  :  «  Les  mesures  que  j'avois  prises  pour  les  envelopper  m'ont  réhussy 
«  comme  je  me  l'étois  proposé,  &  l'action  qui  commença  à  trois  heures  après 
«  midv  a  duré  jusqu'à  neuf  du  soir^.  »  Mais  comme  il  entendait  faire  con- 
naître à  la  Cour  tout  ce  qui  s'était  passé,  il  fit  partir  pour  Versailles  M.  de 
Préfosse,  major  général,  chargé  de  présenter  un  rapport  de  l'action  &  d'expli- 
quer au  ministère  ce  que  le  maréchal  avait  sur  le  cœur.  Le  17  avril,  ayant 
appris  par  Bâville  que  Villars  devait  arriver  sur  le  soir  à  Nimes,  Montrevel 
partit  de  Sommières  dans  la  matinée  pour  aller  prendre  son  commandement 
de  Guienne. 

Les  informations  de  l'intendant  n'étaient  pas  fort  exactes,  car  le  17,  Villars 
se  trouvait  encore  à  Vienne,  sur  le  Rhône,  où  il  était  témoin  de  l'émotion 
causée  par  le  bruit  de  l'arrivée  d'un  corps  d'impériaux  à  Montmélian^.  Deux 
jours  après,  à  Valence,  il  rencontra  M.  de  Préfosse,  chargé  des  dépêches  de 
Montrevel,  &  pria  le  ministre  de  lui  renvoyer  le  major  général  au  plus  vite, 
dès  qu'il  se  serait  acquitté  de  sa  mission'*. 

Le  même  jour,  19  avril.  Cavalier  écrivait  à  son  père,  enfermé  dans  les 
prisons  d'Alais,  une  courte  lettre  datée  du  Désert,  pour  le  rassurer  sur  le 
«  terrible  combat  »  du  i6.  Il  démentait  la  nouvelle  répandue  qu'il  avait  été 
blessé,  8<.  racontait  que,  dans  la  mêlée,  s'étant  trouvé  aux  prises  avec  trois 
dragons,  il  était  parvenu  à  s'en  défaire,  u  Quelque  monde  qui  se  lève,  ajou- 
te tait-il,  je  ne  crains  rien;  car  je  sais  que  Dieu  sera  ma  garde ^.  » 

Peu  d'instants  après  que  cette  lettre  fut  écrite,  la  troupe  camisarde,  encore 
tout  ébranlée  de  sa  défaite,  eut  à  subir  un  second  assaut.  M.  de  Lalande 
revenait  de  Navacelles  £<.  de  Brouzet,  dans  le  bassin  du  Cèze,  avec  un  corps 
de  mille  hommes,  lorsqu'il  fut  averti  par  un  gentilhomme  qua  dix  heures 
du  matin.  Cavalier,  inutilement  cherché  depuis  trente  heures,  était  encore 
dans  le  bois  d'Euzet.  Il  fit  deux  détachements  de  trois  cents  hommes  chacun 
qu'il  envoya  par  les  bois  de  Vacquières,  au-dessus  du  village  signalé,  &  lui- 
même,  avec  le  reste,  s'étendit  dans  la  petite  plaine  qui  règne  au  pied  de  ces 
collines.  L'un  des  détachements,  s'étant  égaré  sur  la  gauche,  du  côté  de 
Fontcouverte,  n'arriva  pas  à  temps  pour  fermer  le  cercle,  mais  l'autre  tomba 
sur  les  camisards  auprès  d'Euzet,  leur  tua  une  centaine  d'hommes,  une 
douzaine  de  femmes  ou  de  filles  qui  les  suivaient  &  leur  enleva  soixante-dix 
chevaux.  Le  gros  de  la  troupe  parvint  à  se  sauver  par  l'intervalle  que  l'erreur 
d'un  guide  avait  laissé  libre  &  disparut  à  travers  bois. 

Le  lendemain  matin,  en  fouillant  le  pays,  on  découvrit  dans  des  rochers 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCXLV,  col.   1901.  ■•  Pièces  justificatives,  n.  DCCXLVIII,  col.  1904. 

"■  Pièces  justificatives,  n.  DCCXLVI,  col.   1902.  =  Pièces  justificatives,  n.  DCCXLIX,  col.  1904. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCXLVII,  col.    1908. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  8:5 

Bt  dans  des  cabanes  de  planches,  une  ambulance  où  se  trouvaient  douze 
blessés  ou  malades,  des  magasins  à  poudre  &  des  vivres.  Parmi  les  effets  on 
reconnut  trois  épées  à  poignée  d'argent  &  plusieurs  justaucorps  du  régiment 
des  vaisseaux  '. 

Villars  débarqua  à  Beaucaire  le  dimanche  20  avril.  L'intendant,  M.  de 
lulien  &  nombre  de  gentilshommes  de  Beaucaire,  de  Tarascon  &  d'Arles 
étaient  allés  à  sa  rencontre.  Bâville  &  Julien  ne  manquèrent  pas  de  se  mon- 
trer fort  incrédules  sur  les  résultats  de  la  victoire  de  Montrevel,  8t  répétèrent 
au  nouveau  commandant  en  chef  tout  ce  qu'ils  avaient  dit  cent  fois  de  l'ai- 
sance avec  laquelle  les  bandes  se  reformaient.  Villars  tenait  ferme,  &  persis- 
tait dans  son  double  dessein  de  déployer  une  grande  activité  militaire  & 
d'user  des  voies  de  douceur.  Après  avoir  passé  la  nuit  dans  la  maison  du 
comte  de  Rochefort,  gouverneur  de  Beaucaire,  le  maréchal  se  rendit  à  Nimes. 

Au  discours  de  bienvenue  du  premier  consul,  il  répondit  en  termes  signi- 
ficatifs 8c  manifesta  un  ardent  désir  d'arriver  rapidement  à  !a  paix.  «  On 
«  étoit,  disait-il,  étonné  à  la  Cour  de  voir  se  prolonger  tant  de  troubles  en 
«  Languedoc;  il  avoit  reçu  du  roi  l'ordre  de  les  finir  Si  d'employer  les  der- 
«  nières  rigueurs  pour  réduire  les  rebelles  à  la  soumission,  si  les  moyens  de 
«  douceur  ne  parvenoient  pas  à  les  ramener.  On  ne  pouvoit  comprendre  que 
«  ces  mutins  eussent  fait  périr  trois  cents  soldats  de  Sa  Majesté  en  une  ren- 
«  contre,  tandis  qu'il  n'en  périssoit  que  très-peu  &  beaucoup  moins  dans  les 
«  plus  grandes  batailles.  On  étoit  surpris  que  dans  une  Province  illustre 
«  8t  florissante,  où  l'on  comptoit  tant  de  braves  gens,  quelques  misérables 
«  paysans  pussent  inspirer  de  pareilles  alarmes.  Ils  ne  se  soutenoient  sans 
(c  doute  depuis  si  longtemps  que  par  le  secours  qu'on  leur  donnoit  8c  les 
«  correspondances  qu'on  avoit  avec  eux.  Il  ne  négligeroit  rien  pour  y  mettre 
.  «  un  terme  ^.  » 

L'arrivée  du  maréchal  fut  diversement  appréciée  en  Languedoc.  «  Nous 
c  allons  voir  une  nouvelle  scène  Si  de  nouveaux  acteurs,  écrivait  Fléchier, 
«  Se  peut-être  des  projets  nouveaux^.  »  Tous  ceux  à  qui  l'excès  de  l'épou- 
vante faisait  désirer  une  extermination  générale,  se  montraient  inquiets  des 
dispositions  bienveillantes  de  Villars.  On  lui  présenta,  dès  les  premières 
entrevues,  une  centurie  de  Nostradamus  annonçant  qu'un  général  entré  en 
Languedoc  par  Beaucaire  finirait  tous  les  malheurs  de  la  Province.  Villars, 
qui  avait  beaucoup  entendu  parler  des  petits  prophètes  cévenols,  ne  fut  pas 
médiocrement  surpris  de  se  voir  tout  d'abord  salué  lui-même  par  des  prophé- 
ties. Mais,  pensant  que  ces  folles  croyances  avaient  quelque  empire  sur  les 
imaginations  méridionales,  il  se  garda  d'y  contredire  81  s'efforça  de  rassurer 
tout  le  monde.  Le  bonheur  qui  s'était  attaché  à  ses  pas  durant  ses  dernières 
campagnes  au  delà  du  Rhin  autorisait  les  plus  belles  espérances  8c  pouvait 
agir  utilement  sur  l'opinion. 

'  Picces  justificatives,  n.  DCCLI,  col.  1906.  »  Lettres  choisies  Je  M.  Fléchier,  I,  p.  i65. 

Lourreleuil,  II,  p.  42- 


1704 


'7°-J 


826  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

En  observant  les  milieux  qui  l'entouraient,  Villars  fut  frappé  du  peu  de 
solidité  des  esprits.  11  ne  trouvait  partout  que  légèreté,  mobilité,  exagération 
&  emportement.  C'étaient,  disait-il,  des  têtes  bien  extraordinaires,  8t  une 
race  qui  ne  ressemblait  en  rien  à  toutes  celles  qu'il  connaissait.  L'exaltation 
religieuse,  également  vive  cbez  les  catholiques  8c  les  protestants,  suscitait  à 
tout  propos  mille  embarras.  Dès  son  arrivée,  le  maréchal  fut  assailli  de  let- 
tres anonymes,  dont  un  grand  nombre  dirigées  contre  l'intendant.  Comme 
Bâville  avait  beaucoup  de  finesse,  d'habileté  &  d'expérience,  il  ne  tarda  pas  à 
se  rendre  nécessaire  &.  à  conquérir  les  bonnes  grâces  du  nouveau  comman- 
dant en  chef  qui  plaida  sa  cause  auprès  du  ministère  dans  les  termes  les  plus 
chaleureux  '. 

Un  des  premiers  soins  de  Villars  fut  de  régler  la  condition  d'une  foule 
considérable  de  prévenus  qui  encombraient  toutes  les  prisons,  quoique  Mon- 
trevel,  avant  son  départ  en  eût  fait  élargir  un  certain  nombre.  Bâville,  avec 
l'assistance  du  présidial,  opéra  une  révision  générale  &  rendit  la  liberté  à 
tous  ceux  contre  lesquels  on  n'avait  aucune  espèce  de  preuves.  Les  autres 
furent  dirigés  sur  l'île  Sainte-Marguerite,  &  faillirent  être  écharpés  au  pas- 
sage par  les  catholiques  de  Fourques  des  mains  desquels  les  officiers  &  soldats 
d'escorte  eurent  grand'peine  à  les  arracher.  On  avait  mis  dans  ce  convoi  des 
gens  convaincus  de  pactiser  avec  l'insurrection  81  de  servir  de  correspondants 
aux  camisards,  soit  pour  les  transmissions  de  fonds,  soit  pour  les  achats  de 
munitions  ou  de  vivres. 

Cette  liquidation  de  prisonniers  était  une  des  clauses  secrètes  arrêtées  par 
je  maréchal  avec  d'Aigaliers,  en  vue  de  faciliter  les  négociations  qu'il  se  pro- 
posait d'entreprendre.  Ce  gentilhomme  détermina  les  protestants  de  Nimes 
à  faire  une  démarche  spontanée  auprès  de  Villars  8c  à  lui  demander  la  per- 
mission de  prendre  eux-mêmes  les  armes  contre  les  rebelles  «  espérant  de  les 
«  ramener  par  leur  exemple  ou  résolus  à  les  combatte  pour  témoigner  leur 
«  fidélité.  »  Leur  requête  écrite,  signée  de  plusieurs  gentilshommes  8c  de 
presque  tous  les  avocats  8c  marchands  de  Nimes,  fut  présentée  à  Villars 
le  22   avril    par  M.   d'Albenas,  à  la  tête  de  sept  à  huit  cents  personnes^. 


'  Mémoires  du  maréchal  de  Villars,  p.  142.  sont  sincères,  &  qu'on  a  tort  de  croire  que  nous 
*  LouvreUuil  (II,  p.  ûp)  a  conservé  la  harangue  sommes  des  fauteurs  de  ces  rebelles.  Il  n'est  rien, 
de  M.  d'Albenas,  dont  voici  les  termes  :  .Monseigneur,  que  nous  ne  soyons  en  état  de  faire 
•(  Monseigneur,  les  nouveaux  convertis  de  la  pour  effacer  un  soupçon  si  injurieux  &  qui  de- 
ville  d*  Nimes  viennent  vous  réitérer  les  assuran-  vroit  tomber  de  lui-même.  Car  enfin  il  faudroit 
ces  de  leur  inviolable  fidélité  pour  le  service  du  avoir  perdu  tout  sentiment  de  religion  &  d'huraa- 
roi,  &  vous  protester  qu'ils  ne  se  départiront  ja-  nité  pour  seconder  une  troupe  de  scélérats,  qui 
mais  d'un  si  légitime  devoir.  Ils  vous  ont  supplié  joignent  à  leur  révolte  l'impiété,  les  sacrilèges,  les 
&  vous  supplient  encore.  Monseigneur,  de  vouloir  meurtres,  les  incendies,  &  mille  autres  cruautés, 
vous  servir  de  leurs  personnes  &  de  leurs  biens  dont  les  démons  seuls  peuvent  être  capables.  II 
pour  exterminer  ces  malheureux  fanatiques,  qui  faudroit  même  avoir  oublié  que  nous  vivons  sous 
ont  eu  la  témérité  de  s'élever  contre  l'autorité  de  le  règne  du  plus  grand  &  du  plus  puissant  roi  du 
Sa  Majesté;  s'il  nous  étoit  permis  de  les  combattre  monde.  L'Europe,  presque  entière  liguée  contre 
avec  les  armes,  nous  le  ferions  avec  tant  d'ardeur,  lui,  est  contrainte  de  céder  à  l'effort  de  ses  armes; 
qu'on  seroit  forcé  d'avouer  que  nos   protestations  que  peut  donc   espérer  une  peignée  de  gens  muti- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  827 

Le  maréchal  leur  fit  un  accueil  obligeant,  se  déclara  persuadé  de  la  sincérité 
de  leurs  protestations  &  annonça  que,  si  leur  secours  lui  était  nécessaire,  il 
les  emploierait  avec  autant  de  confiance  que  les  anciens  catholiques.  Il  les 
chargea  même  d'annoncer  partout  qu'il  offrait  l'amnistie  à  quiconque  dépo- 
serait les  armes  dans  le  délai  de  huit  jours. 

Un  point  essentiel  était  de  ramener  Cavalier,  que  ses  dernières  aventures 
&  surtout  la  défaite  du  bataillon  de  la  marine  avaient  fort  mis  en  lumière, 
8c  qui,  à  la  fois  prophète  8c  capitaine,  exerçait  une  grande  autorité  sur  les 
camisards.  Dès  le  28  avril,  Bâville  le  faisait  sonder  mystérieusement,  sans 
commettre  l'intendance'.  L'intermédiaire  de  ces  négociations  fut  un  certain 
La  Combe  de  Vezenobre,  dont  Cavalier,  avant  ses  grandeurs,  avait  gardé  les 
troupeaux.  L'intendant  pensait  avec  raison  que  les  anciennes  relations  &  les 
souvenirs  d'enfance  qui  liaient  le  chef  camisard  au  bourgeois  de  Vezenobre 
pourraient  avoir  une  utile  influence.  Depuis  la  révolte,  les  deux  hommes 
s'étaient  rencontrés  plusieurs  fois,  81,  comme  ils  professaient  la  même  reli- 
gion, on  racontait  que  Cavalier  avait  patiemment  écouté  les  conseils  de  son 
ancien  maître. 

Ces  premiers  jalons  posés,  Villars  partit  avec  l'intendant  pour  faire  une 
tournée  dans  les  Cévennes.  Il  visita  tour  à  tour  Sommières,  Saint-Hippolyte, 
Anduze,  Uzès.  Partout,  sur  son  chemin,  il  assemblait  les  communes,  8t  leur 
parlait  avec  une  chaleur  communicative^. 

Il  leur  annonçait  qu'il  venait  de  la  part  du  roi  avec  le  dessein  arrêté  de 
finir  promptement  les  troubles,  qu'il  offrait  le  pardon  de  leurs  crimes  aux 
chefs  des  rebelles  8c  à  tous  ceux  qui  les  suivaient,  s'ils  venaient  se  soumettre 
8c  rendre  leurs  armes.  S'ils  s'opiniâtraient  dans  leur  révolte,  il  les  traiterait 
avec  la  dernière  rigueur.  Il  qualifia  de  folie  les  illusions  de  ceux  qui,  après 
les  pertes  essuyées  dans  les  combats  les  plus  récents,  croyaient  pouvoir  prô- 
nés? Nous  Us  avons  en  horreur,  &  notre  indigna-  éloigné  pour  nous,  qui  n'arons  qu'une  faible  voix 
tion  est  d'autant  plus  grande  qu'ils  rendent  odieux  en  partage.  Nous  devons  l'élever  au  ciel,  8c  faire 
le  nom  de  nouveau  converti,  &  avec  la  haine  pu-  des  vœux  pour  l'heureux  succès  de  vos  entreprises, 
blique  attirent  sur  nous  des  maux  qui  ne  devroient  Nous  devons,  quelque  triste  &  déplorable  que  soit 
tomber  que  sur  eux  8t  sur  leurs  complices.  Ce  n'est  notre  état,  calmer  nos  craintes  &  nous  reposer  sur 
pas.  Monseigneur,  la  crainte  &  la  souffrance  de  votre  sagesse,  sur  votre  bonté  naturelle  &  surtout 
tant  de  maux  qui  nous  met  en  mouvement.  Nos  sur  votre  équité,  qui  ne  permettra  pas  que  les  in- 
biens  &  nos  vies  nous  sont  moins  chères  que  notre  nocents  soient  confondus  avec  les  coupables.  Per- 
fidélité,  La  croire  suspecte  est  le  plus  grand  de  mettez.  Monseigneur,  que  nous  vous  suppliions 
tous  nos  malheurs.  Eprouvez-la,  Monseigneur,  avec  un  profond  respect  de  porter  nos  sentiments 
cette  fidélité,  nous  vous  en  prions  de  tout  notre  &  nos  très-humbles  soumissions  au  trône  de  notre 
cœur,  bien  persuadés  que  cette  épreuve  détruira  glorieux  monarque.  Nous  espérons  cette  grâce  de 
les  fausses  idées  qu'on  vous  a  données  de  nous,  l'honneur  de  votre  protection,  dont  nous  vous  de- 
qu'elle  fera  connaître  que  nous  n'avons  que  de  mandons  la  continuation,  &  nous  ne  cesseront 
bonnes  intentions,  qu'une  forte  passion  de  donner  d'adresser  nos  prières  à  Dieu  pour  votre  santé  & 
des  marques  de  notre  soumission  aux  volontés  de       prospérité.  » 

notre  invincible  monarque,  &  un  ardent  désir  de  '  Pièces  justificatives,   n.   DCCLII,  col.  191  r. 

voir   bientôt   la    destruction  de   ces    rebelles,   &   le  *  Pièces  justificatives,   n.   DCCLIII,   col.    191  i- 

rétablissement  du   repos  &  de  la  tranquillité  pu-       n.    DCCLIV,  col.    içiS;    n.  DCCLVI,  col.   i0i4} 
blicj.  'Vous  y  travaillez.  Monseigneur, 'avec  tant       n.  DCCLVII,  col.  1915. 
'.'application  qu'un  bien  si  désirable  ne  peut  être 


1704 


«7°4 


828  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

longer  encore  la  résistance,  &.  leur  citait  l'exemple  des  villages  de  Brenoux, 
de  Saint-Paul  &  de  Soustelle  qui  venaient  d'être  entièrement  détruits  pour 
avoir  donné  asile  aux  camisards.  Ces  terribles  exécutions  se  renouvelleraient 
si  les  peuples  se  refusaient  à  la  clémence  royale'. 

Sur  la  question  religieuse,  Villars  tenait  un  langage  tout  à  fait  nouveau, 
il  ne  parlait  pas  de  conversion  &  s'écartait  entièrement  de  la  thèse  favorite 
des  orateurs  catholiques  sur  la  contrainte  bienfaisante  &  les  violences  salu- 
taires, 11  se  garda  de  leur  citer,  ainsi  qu'on  venait  de  le  faire  dans  un  écrit 
répandu  en  Languedoc,  les  exploits  de  Charlemagne  contre  les  Saxons,  &c  de 
Boleslas  contre  les  infidèles  des  côtes  baltiques^.  «  Adorez  Dieu,  disait-il, 


'  Voir  aux  Pièces  justificatives ,  n.  DCCLXIl, 
col.  1926,  le  texte  d'une  harangue  de  Villars  dont 
il  envoya  copie  au  ministre  &  qui  fut  répandue  en 
Languedoc. 

'  Kous  empruntons  à  Louvreleuil  les  passages 
les  plus  marquants  de  cette  lettre  aux  rebelles  des 
Cévennes  où  se  trouvent  réunis  les  principaux  ar- 
guments adoptés  par  les  apologistes  de  l'édit  de 
i685  : 

«  Le  prétexte  de  votre  rébellion  est  qu'on  vous 
a  faits  catholiques  par  force,  que  rien  ne  doit  être 
plus  libre  que  la  conscience,  qu'on  devait  vous 
laisser  jouir  des  privilèges  des  édits  &  ne  pas  vous 
contraindre  à  changer  de  religion.  Si  vous  en  aviez 
de  la  religion,  vous  ne  tiendriez  pas  ce  langage, 
vous  béniriez  Dieu  plutôt  de  la  violence  salutaire 
qu'on  vous  a  faite;  mais  il  est  aisé  de  combattre 
votre  prévention  :  y  a-t-il  de  l'injustice,  ni  même 
de  la  dureté;  n'y  a-t-il  pas  plutôt  de  la  charité  de 
ramener  à  l'Eglise  par  force  ceux  qui  s'en  sont 
éloignés  par  la  rébellion!'  Quoi  de  plus  conforme 
aux  lois  divines  &  humaines,  que  de  remettre  un 
déserteur  sous  l'étendard  de  son  capitaine,  un  en- 
fant prodigue  dans  la  maison  de  son  père,  un 
peuple  révolté  sous  l'obéissance  de  son  souverain? 
(TertuUien.)  C'est  ainsi  que  Charlemagne,  le  mo- 
dèle des  empereurs  chrétiens,  eut  jusques  à  trois 
guerres  dans  trente  ans  contre  les  Saxons,  &  les 
rangea  enfin  à  la  foi  catholique  qu'ils  avoient 
abandonnée.  C'est  ainsi  que  Boleslas  traita  les 
Prusses  dans  la  Pologne,  heureuse  nécessité  qui  les 
sauva  malgré  eux.  Les  laisser  dans  leur  égarement 
n'auroit-ce  pas  été  une  douceur  cruelle?  (S.  Aug.) 

«  Le  roi  n'est-il  pas  le  maître  dans  son  royaume? 
N'a-t-il  pas  le  droit  d'y  rétablir  l'ancienne  reli- 
gion? Est-il  esclave  des  engagemens  forces  de  ses 
prédécesseurs?  Il  a  révoqué  des  édits  :  n'en  avoit-il 
pas  le  pouvoir?  (S.  Bern.)  des  édits  extorqués  dans 
des  temps  difficiles,  &  comme  arrachés  des  mains 
des  souverains;  des  édits  outrageux  à  la  religion 
du  prince  &  à  la  sûreté  de  la  domination  ;  des 
édits  dont  on  abusoit  tous  les  jours  par  des  entre- 
prises séditieuses. 


Avec  quel  ménagement  de  douceur  s'est  appli- 
quée Sa  Majesté  à  vous  réunir  à  l'Église?  A-t-elle 
épargné  quelque  chose  pour  vous  attirer?  Avant 
que  d'employer  son  autorité,  exhortations,  cares- 
ses, libéralités,  elle  n'a  rien  oublié  pour  gagner 
vos  cœurs,  &  quand  elle  a  joint  le  commande- 
ment, n'a-t-elle  pas  suivi  la  règle  de  l'Evangile, 
qui  ordonne  de  forcer  ceux  que  le  Seigneur  ap- 
pelle, &  qui  refusent  de  venir  volontairement? 

Le  bon  Pasteur  ne  court-il  pas  la  houlette  à  la 
main  après  la  brebis  égarée?  (S.  Luc,  14,  24.)  Et 
si  elle  fait  la  rétive,  ne  la  charge-t-il  pas  sur  ses 
épaules  pour  l'obliger,  malgré  elle,  de  revenir 
dans  le  bercail?  Qu'a-t-on  fait  autre  chose  à  votre 
égard?  Où  est  ce  sang  qu'on  a  versé?  On  a  évité 
bien  mieux  que  vous  le  reproche  que  le  prophète 
fait  à  ceux  qui  bâtissent  Sion  du  sang  des  hom- 
mes, &  Jérusalem  des  fruits  de  l'iniquité.  (Mich. 
3,  10.)  On  voit,  dans  votre  conduite  &  dans  celle 
qu'on  a  tenue  envers  vous,  la  différence  qui  est 
entre  le  zèle  de  la  maison  de  Dieu  &  la  fureur  de 
Babylone.  Est-ce  une  injustice  de  guérir  un  fré- 
nétique malgré  lui?  Les  anges  firent-ils  tort  à 
Loth,  lorsque  le  prenant  par  la  main,  ils  le  for- 
cèrent à  sortir  de  Sodome?  Si  l'on  eût  introduit 
avec  contrainte  dans  l'arche  de  Noé  les  hommes 
qui  périrent  par  le  déluge,  auroient-îls  eu  sujet 
de  se  plaindre.''  Vous  n'avez  pas  plus  de  raison, 
mes  frères,  de  murmurer  contre  la  douce  violence 
qu'on  vous  a  faite  pour  vous  réunir  à  l'Eglise,  en- 
core moins  devez-vous  prendre  de  là  occasion  de 
vous  révolter! 

«  La  révolte  n'est  jamais  permise  contre  les  légi- 
times souverains,  que  dis-je,  ni  même  contre  les 
tyrans.  Saint  Pierre  (S.  Pierre,  2,  18.)  nous  com- 
mande d'obéir  à  nos  maîtres,  même  les  plus  fâ- 
cheux; on  n'a  jamais  vu  parmi  les  vrais  chrétiens 
des  rébellions  contre  l'autorité  royale.  TertuUien 
nous  apprend  que  les  premiers  fidèles,  au  milieu 
même  de  la  persécution,  faisoient  des  vœux  pour 
la  prospérité  des  empereurs,  non  pas  en  public 
seulement  par  un  esprit  de  religion.  Des  sujets  ré- 
voltés sont  exécrables  &  devant  Dieu  St  devant  les 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  829 

«  suivant  l'opinion  que  vous  avez...  Dieu  tout  bon,  tout  juste,  ne  demande 
«  pas  autre  chose.  »  Quant  aux  actes  extérieurs  du  culte,  il  en  expliquait 
1  interdiction  par  des  raisons  de  fait.  La  liberté  des  cultes  publics  n'était  pas 
reconnue  en  Europe;  non-seulement  l'Angleterre,  la  Hollande,  la  Suède,  le 
Danemark  la  proscrivaient,  mais  les  plus  petits  princes  de  l'Empire  8c  jusqu'à 
des  villes  impériales,  placées  cependant  sous  le  protectorat  d'un  souverain 
catholique,  ne  toléraient  pas  l'exercice  public  de  la  religion  romaine.  Une 
troupe  de  mutins  oserait-elle  imposer  «  au  plus  grand  roi  du  monde  »  une 
loi  dont  se  dispensaient  des  Etats  insignifiants.  Villars  essayait  ainsi  de 
reprendre,  dans  un  intérêt  de  pacification,  cette  distinction  entre  la  liberté 
de  conscience  8c  la  liberté  d'exercice,  entre  le  culte  intérieur  Si  les  céré- 
monies extérieures,  que  l'on  avait  bien  érigée  en  théorie  pour  justifier  les 
premières  mesures  contre  les  protestants,  mais  qui,  dans  la  pratique,  8c,  par 
une  pente  tatale,  avait  abouti  aux  conversions  forcées.  Ce  système,  le  seul 
qui  fût  possible,  à  cause  de  l'entêtement  de  la  Cour  à  considérer  la  révoca- 
tion de  l'édit  de  Nantes  comme  le  plus  grand  acte  du  règne,  avait  l'inconvé- 
nient de  reposer  sur  des  subtilités  8c  de  prêter  à  l'équivoque.  «  Adorez  Dieu 
«  suivant  l'opinion  que  vous  avez,  »  ce  principe,  qui  n'est  autre  que  celui  de 
la  tolérance  religieuse,  impliquait  pour  la  plupart  des  auditeurs  l'autorisa- 
tion d'un  culte  public,  sinon  dans  les  villes,  au  moins  au  désert,  8c  la  faculté 
de  s'assembler  dans  les  lieux  isolés  pour  prier  8c  chanter  des  psaumes,  sans 
courir  le  risque  d'être  chargé  par  les  dragons,  tué  sur  place  ou  envoyé  aux 
galères. 

Cette  confusion  était  même  si  naturelle  que  le  bruit  se  répandit  en  Lan- 
guedoc 8c  arriva  jusqu'à  la  Cour,  de  concessions  illicites  faites  par  le  maré- 
chal aux  religionnaires  des  Cévennes.  On  s'est  demandé  si  Villars  avait 
sciemment  trompé  les  camlsards,  pour  précipiter  leur  soumission,  en  leur  pro- 
mettant ce  qu'il  ne  pouvait  pas  tenir.  Nous  ne  doutons  pas  qu'au  fond  du 
cœur  Villars  ne  se  sentît  disposé  à  leur  accorder  la  liberté  de  culte  pleine  8c 
entière,  si  la  chose  avait  dépendu  de  lui.  Une  foule  de  passages  de  ses  lettres 
le  laissent  entendre;  mais  il  était  courtisan,  il  savait  que  le  roi  ne  céderait 
pas  sur  l'article  de  la  religion  ;  8c,  combattu  entre  le  bon  sens,  le  désir  de 
terminer  une  lutte  abominable  8c  la  nécessité  de  ménager  les  idées  régnantes, 
il  se  tirait  d'embarras  par  des  distinctions  que  tous  les  esprits  ne  pouvaient 
saisir  &c  qui,  certainement,  disparaissaient  dans  les  discours  des  négociateurs 
subalternes.  Voilà  comment,  s'il  ne  les  fit  pas  lui-même,  il  encouragea  des 
promesses  qui  dépassaient  les  intentions  du  gouvernement.  Sa  préoccupation 
exclusive  était  de  faire  poser  les  armes  aux  insurgés  8c  de  les  mettre  hors  de 

hommes;  leurs  plus  belles  actions  dans  les  guerres  une  révolte  contre  l'empereur  qui  lui  commandoit 

civiles  sont  honteuses  &  leurs  vertus  mêmes  sont  de  venir  sacrifier  aux  faux  dieux  avec  le  reste  de 

des  crimes.  l'armée  :  il  aime  mieux  mourir  que  lever  le  bras 

«  Considérez  un   saint  Maurice  à  la   tête  d'une  contre  son  maître,  il  se  laisse  égorger  avec  tous  ses 

légion   chrétienne  les  armes  à  la  main,  &  en  état  soldats,  comme  d'innocentes  victimes,  sans  faire  la 

de  défendre  sa  vie  &  de  soutenir  sa   religion,  par  moindre  résistance,  u 


1704 


'7°4 


83o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

France.  Comme  la  guerre  extérieure  consommait  beaucoup  d'hommes  8c  que 
les  camisards,  endurcis  à  la  fatigue,  avaient  donné  des  preuves  incontestables 
de  vaillance,  l'idée  était  venue  de  se  débarrasser  d'eux  en  les  envoyant  aux 
armées,  comme  les  familles  éloignent  un  fils  libertin  en  le  faisant  engager. 

D'Aigaliers  comptait  beaucoup  sur  ce  projet,  qui  pouvait  donner  des  sol- 
dats intrépides,  tout  en  délivrant  la  Province  de  ses  alarmes.  Et,  de  fait, 
après  trois  ans  d'une  vie  d'aventures,  d'émotions,  de  nuits  à  la  belle  étoile, 
de  courses  &  de  campements,  le  noyau  permanent  des  bandes  camisardes  était 
devenu  impropre  à  tout  autre  métier  qu'à  la  guerre.  Aussi,  le  maréchal,  à 
mesure  qu'il  recevait  la  soumission  de  partisans  isolés,  se  hâtait-il  de  les 
engager  au  service  du  roi.  Il  y  avait  parmi  les  Cévenols,  ainsi  que  dans  foutes 
les  bandes  armées,  quantité  de  ces  vagabonds  «  batteurs  de  pavé,  comme  les 
«  appelait  le  marquis  de  Miremont,  fort  brouillés  avec  les  espèces,  &c  par  con- 
«  séquent  propres  à  se  faire  soldats  pour  se  procurer  du  pain.  » 

Dès  le  25  avril,  Villars  annonçait  au  ministre  que  d'Aigaliers  se  faisait 
fort  de  ramasser  dans  les  Cévennes  les  éléments  d'un  régiment  tout  entier 
auquel  il  souhaitait  que  le  roi  donnât  le  nom  du  maréchal.  Celui-ci  trans- 
mettait la  proposition  sans  en  paraître  scandalisé,  malgré  l'étrange  composi- 
tion de  la  troupe  Se  la  qualité  de  ses  états  de  services.  Plus  il  avançait,  plus 
il  jugeait  sévèrement  son  prédécesseur  que  le  massacre  de  tant  de  femmes  & 
d'enfants  au  moulin  de  Nimes  avait  rendu  odieux.  Bâville  racontait  chaque 
jour  des  traits  de  fermeté  presque  incroyables  de  la  part  des  suppliciés.  On 
s'était  vu  contraint  à  faire  battre  le  tambour  pendant  les  exécutions,  afin 
d'empêcher  le  peuple  d'être  bouleversé  par  la  vigoureuse  &  pathétique  élo- 
quence des  mourants.  Le  spectacle  de  ces  agonies  surexcitait  le  fanatisme  & 
donnait  aux  désirs  de  vengeance  un  aliment  sans  cesse  renouvelé.  Il  fallait 
donc  en  finir  avec  ces  violences  inutiles'. 

Au  second  jour  de  la  tournée  de  Villars,  trente  camisards  avaient  déjà 
rapporté  leurs  armes;  &  les  parents  d'hommes  enrôlés  dans  les  bandes,  que  le 
maréchal  rencontrait  un  peu  partout  dans  les  villages,  l'écoutaient  avec  atten- 
tion ,  goûtaient  ses  raisonnements  &.  paraissaient  disposés  à  s'en  faire  les 
interprètes.  Chaque  étape  de  la  route  fut  marquée  par  quelque  soumission. 
A  Navacelle,  on  raconta  que  quatre  cents  hommes  de  la  troupe  de  Cavalier, 
passée  trois  jours  auparavant,  s'étaient  fort  soigneusement  enquisdes  discours 
que  le  maréchal  tenait  aux  communes,  &,  après  le  résumé  qu'on  leur  en  avait 
fait,  il  s'était  produit  une  assez  vive  émotion  dans  les  rangs  pour  que  Cava- 
lier dît  à  sa  troupe  :  «  Ceux  de  vous  autres  qui  veulent  abandonner  Dieu, 
«  je  les  abandonne  moi-même  au  démon;  au  moins  laissez-moi  vos  armes, 
«  car  pour  moi  je  défendrai  seul  la  cause  de  Dieu,  8t  je  mourrai  seul.  »  Puis 
ils  s'étaient  séparés  par  pelotons  de  quinze  à  vingt  hommes. 

A  Moussac,  quinze  cavaliers  étant  venus  à  minuit  demander  du  pain  pour 
Cavalier,  on  les  avertit  qu'ils  allaient  se  faire  prendre,  &  que  le  maréchal 


■  Pièces  justificatives,  n.  DCCLIII,  col.    i 


911. 


LIV.  III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  83 1 

était  en  campagne  avec  to^ltes  les  troupes.  «  Il  vaut  autant,  répondirent-ils, 
«  être  tués  que  de  mourir  de  faim.  Il  y  a  deux  jours  que  nous  n'avons 
«  mangé'.  » 

Ainsi  d'une  part  le  découragement,  la  fatigue,  l'appréhension  des  mouve- 
ments militaires  conduits  par  un  homme  de  guerre  consommé,  d'autre  part 
la  nouvelle  des  mesures  de  clémence  commençaient  d'ébranler  les  cœurs,  8c 
Villars  ne  négligeait  rien  pour  appuyer  ses  sermons  par  de  grands  déploie- 
ments de  forces  &  promettre  une  campagne  terrible,  si  l'on  ne  savait  pas 
accepter  les  voies  de  salut  qu'il  offrait. 

Pour  rendre  les  négociations  plus  fructueuses,  Villars  n'oubliait  point  de 
stimuler  le  zèle  des  officiers.  Il  eut  l'occasion  de  reconnaître  par  lui-même 
les  suites  pernicieuses  qu'avait  eues  pour  le  moral  des  troupes  l'exemple  de 
Montrevel.  Dans  beaucoup  de  corps,  on  s'était  fait  un  article  de  foi  de  sa 
maxime  favorite  que  l'on  perdait  sa  peine  à  chercher  les  camisards  Se  qu'ils 
seraient  toujours  insaisissables.  Demi-plaisant,  demi-sérieux,  Villars  menaçait 
de  faire  pendre  quiconque  répéterait  cet  axiome  décourageant.  Il  en  avait 
usé  ainsi,  avec  succès,  dans  la  dernière  campagne,  sur  l'impossibilité  pré- 
tendue de  joindre  l'électeur  de  Bavière^. 

Un  autre  défaut  que  le  maréchal  rencontra  chez  les  commandants  subal- 
ternes était  de  se  mettre  à  l'aise  dans  leurs  postes,  de  s'y  faire  une  petite 
domination  8<  de  se  complaire  à  la  prolongation  de  la  guerre,  à  cause  des 
bénéfices  professionnels  qu'ils  en  tiraient.  Villars  dérangea  complètement  ces 
mauvaises  habitudes.  Tout  maréchal  de  France  qu'il  était,  il  ne  dédaigna 
point  de  faire  en  personne  le  métier  de  partisan,  &  prit  avec  lui  des  corps  de 
quatre  cents  hommes  au  plus,  afin  de  montrer  que  sa  dignité  n'était  point 
compromise  par  la  faiblesse  des  effectifs,  &  qu'il  ne  mettait  son  point  d'hon- 
neur qu'à  finir  la  lutte. 

Les  troupes  de  Cavalier  6<  de  Roland  se  repliaient  devant  lui;  elles 
demeuraient  soigneusement  cachées  pendant  le  jour,  sous  le  couvert  des 
bois,  8c  marchaient  de  nuit,  pour  gagner  la  haute  montagne.  Les  forces 
rovales,  divisées  en  détachements,  battaient  le  pays  dans  toutes  les  direc- 
tions. Le  27  avril,  M.  de  Menou,  avec  quatre  cents  fantassins  8c  les  Irlandais 
à  cheval,  découvrit  près  de  Puechredon  la  bande  de  Cavalier  qui  marchait 
vers  Saint-Félix.  Mais  les  sentinelles  ayant  donné  l'alarme,  les  camisards 
parvinrent  à  se  dérober  sans  perdre  plus  d'une  trentaine  d'hommes.  M.  de 
Lalande  se  mit  à  leurs  trousses  avec  divers  corps  séparés  8c  apprit  que  Cava- 
lier avait  passé  le  Gardon  aux  Tavernes,  non  loin  du  point  où  les  rivières 
d'Alais  8c  d'Anduze  se  réunissent.  Roland  s'était  jeté  de  l'autre  côté,  sur  la 
gauche,  vers  Saint-Jean  de  Gardonnenque  81  Peyrolles^. 

Le  système  de  Villars  était  de  faire  étendre  les  garnisons  des  petites  villes, 
comme  un  filet,  le  long  des  rivières,  de  garder  les  ponts  8c  les  défilés,  de 

■  Pièces  justificatlvei,  n.  DCCLXII,  col.   1924.  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCLIV,  col.   ipiS. 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCLIX,  col.   1919. 


1704 


'7°4 


832  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

surveiller  les  routes,  de  tenir  les  divers  postes  en  communication  perpétuelle 
par  des  vedettes  de  correspondance,  &  de  faire  marcher  simultanément  des 
colonnes  mobiles  qui  pénétraient  partout,  fouillaient  les  villages,  les  hameaux, 
5c  jusqu'aux  fermes  isolées. 

Le  3o  avril,  Cavalier  prit  une  résolution  que  sa  conduite  antérieure  était 
loin  de  faire  prévoir.  Il  écrivit  au  maréchal  de  Villars  une  longue  lettre 
pleine  de  protestations  de  fidélité.  Ce  n'était  pas  la  première  fois  que  des 
missives  arrivaient  du  camp  cévenol  aux  chefs  des  troupes  royales.  Au  mois 
de  juillet  de  l'année  précédente,  le  comte  du  Pv.oure,  qui  avait  de  grands 
biens  dans  le  pays,  Si  qui  souhaitait  le  rétablissement  de  la  paix,  s'était 
permis  de  faire  demander  aux  rebelles  à  quelles  conditions  ils  voudraient 
déposer  les  armesj  la  réponse  avait  été  un  long  mémoire,  consacré  princi- 
palement à  la  conduite  des  ecclésiastiques  6c  dont  la  conclusion  aboutissait 
à  solliciter  la  liberté  de  conscience.  Comme  les  opinions  régnantes  n'étaient 
pas  alors  favorables  à  des  transactions  St  que  la  politique  de  rigueur  prévalait, 
on  sut  fort  mauvais  gré  au  comte  du  Roure  de  sa  médiation  officieuse  & 
l'affaire  n'eut  pas  d'autres  suites'. 

Les  nouveaux  principes  exprimés  par  le  maréchal  de  Villars  pendant  sa 
tournée  offraient  de  meilleures  chances;  les  défections  partielles  qui  s'étaient 
produites,  les  pertes  essuyées  dans  plusieurs  combats,  le  sentiment  de  l'incon- 
testable habileté  &  de  l'activité  peu  commune  que  Villars  mettait  à  conduire 
les  troupes,  peut-être  aussi  la  vanité,  &  la  promesse  de  certains  avantages 
personnels  dont  les  émissaires  de  l'intendant  ne  s'étaient  pas  montrés  avares, 
agirent  sur  l'esprit  du  chef  camisard  &  le  disposèrent  à  un  acte  qui  fut  le 
premier  pas  dans  la  voie  de  la  soumission. 

Les  termes  de  cette  lettre  étaient  assez  vagues,  &  le  fond  n'en  différait  pas 
sensiblement  de  celle  qu'il  avait  adressée,  vers  la  fin  de  février,  au  maréclial 
de  Montrevel;  mais  on  y  trouvait  beaucoup  plus  de  développement,  des  indi- 
cations de  demandes  précises,  Se  même  un  engagement  de  se  soumettre  au 
roi  &  de  finir  ses  jours  à  son  service,  dès  qu'une  satisfaction  suffisante  aurait 
été  accordée. 

Les  conditions  proposées  par  Cavalier,  noyées  dans  un  langage  verbeux  & 
diffus,  pouvaient  se  réduire  aux  points  suivants  :  liberté  des  prisonniers  & 
des  galériens  qui  avaient  été  condamnés  pour  le  seul  fait  de  la  religion,  per- 
mission aux  attroupés  de  sortir  du  royaume  ou  de  s'assembler  au  désert  pour 
prier  Dieu  suivant  leur  méthode.  On  voit  que  la  liberté  de  conscience  inter- 
prétée de  cette  façon  marquait  déjà  une  modération  notable  des  prétentions 
primitives.  Cavalier  insistait  beaucoup  sur  ce  fait  que  les  Cévenols  ne  s'étaient 
pas  armés  contre  le  roi  &  ne  cherchaient  point  à  secouer  le  joug  d'une  sou- 
veraineté légitime.  Ils  avaient  eu  seulement  pour  but  de  résister  à  l'oppres- 
sion de  leurs  ennemis  qui  leur  rendaient  l'existence  insupportable  &  ne  ten- 
daient ni  à  conquérir  des  terres,  ni  à  gagner  des  richesses.  Il  cherchait  à 

'  Pièce!  just;jlca:;ves.  n.  DCLWWJf,  co\.  .765,   &  n.  DCLXXXVIII,  col.   1771. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  833 

disculper  ses  troupes  d'un  grand  nombre  des  méfaits  que  l'opinion  publique 
leur  avait  reprochés,  se  faisant  honneur  de  n'avoir  jamais  ordonné  le  meurtre 
&  le  pillage;  mais  annonçait  qu'il  ne  déposerait  pas  les  armes  s'il  n'obtenait 
les  grâces  réclamées.  Il  prétendait  d'ailleurs  navoir  pas  autant  souffert  qu'on 
le  disait  Si  poiivoir  continuer  la  guerre,  tout  en  faisant  appel  à  la  bonne 
volonté  du  maréchal  pour  la  tranquillité  du  royaume'. 

Cette  lettre  fut  rendue  à  Villars  le  i'^''  mai.  Il  se  hâta  de  la  transmettre  au 
ministre,  en  indiquant  que  la  seule  proposition  tolérable  faite  par  le  chef 
cévenol  était  l'offre  de  sortir  de  France.  «  Pour  celle-là,  ajoutait-il,  je  ne 
<<  balancerois  pas  à  y  consentir.  «  Il  croyait  les  camisards  dans  l'embarras, 
mais  il  était  peu  satisfait  des  troupes,  les  trouvait  beaucoup  trop  promptes  à 
se  lasser.  Quant  aux  moyens  de  rigueur  que  plusieurs  commandants  £<.  sur- 
tout Julien  continuaient  à  préconiser,  il  déclarait  les  avoir  en  horreur,  &C  se 
plaignait  amèrement  des  excès  commis  par  les  cadets  de  la  croix  qui  se  con- 
duisaient en  pillards,  ravageant  indifféremment  les  biens  des  amis  £v  des 
ennemis. 

Les  troupes  d'Alais  8c  d'Uzès,  partagées  en  cinq  corps  d'environ  trois  cent 
cinquante  hommes  chacun,  se  mirent  en  marche  le  4  mai,  vers  l'entrée  de 
la  nuit,  pour  opérer  une  battue  générale  qui  dura  plusieurs  jours.  Ce  fut 
une  course  très-rude,  «  par  des  pays  horribles  »  où  l'on  n'avait  pas  encore 
pénétré.  Bâville  faisait  partie  de  l'expédition.  Les  villages  les  plus  reculés 
furent  parcourus;  mais  on  ne  fit  que  des  prises  insignifiantes,  sans  pouvoir 
obtenir,  ni  des  paysans,  ni  des  prisonniers,  aucun  renseignement  positifs. 

Les  allées  &  venues  de  Lacomije  ne  cessaient  pas;  quand  les  prélimi- 
naires de  négociations  furent  assez  avancés.  Cavalier  demanda  un  sauf-con- 
duit pour  quelqu'un  de  ses  hommes  qu'il  désirait  envoyer  au  commandant 
des  forces  royales  le  plus  voisin.  M.  de  Lalande,  commandant  à  Alais,  con- 
sentit à  recevoir  le  parlementaire.  Cavalier  choisit  un  de  ses  lieutenants, 
Abdias  Morel,  plus  connu  sous  le  nom  de  Catinat,  qui  avait  passé  toute  sa 
jeunesse  à  dompter  les  chevaux  camargues  81  qui  devait  à  son  audace  Se  à  son 
adresse  la  qualité  de  chef  de  la  cavalerie  camisarde.  Il  s'était  fait,  pendant  la. 
guerre,  une  grande  réputation  de  hardiesse  &  de  cruauté.  Lorsque  Lalande 
vit  paraître  cet  homme  rude,  à  physionomie  sauvage,  qui  se  présentait  avec 
une  importance  affectée,  il  commença  par  lui  demander  so:i  nom.  «  Je  suis 
<(  Catinat,  répondit  le  camisard,  commandant  de  la  cavalerie  de  Cavalier. 
«  —  Ce  Catinat  qui  a  massacré  tant  de  gens  dans  le  terroir  de  Beaucaire?  — 
«  Lui-même;  j'ai  fait  ce  que  vous  dites  81  j'ai  cru  le  devoir  faire.  — Vous 
H  êtes  bien  hardi  d'oser  paroître  devant  moi.  —  J'y  suis  venu,  sur  la  bonne 
«  foi  St  sur  la  parole  que  frère  Cavalier  m'a  donnée  qu'il  ne  me  seroit  fait 
«  aucun  mal.  —  Il  a  eu  raison,  »  répliqua  Lalande,  8<.  il  ouvrit  la  lettre  de 
Cavalier.  Le  chef  cévenol  demandait  une  conférence  au  pont  d'Avesne  pour 
traiter  de  vive  voix  des  propositions  d'arrangement.  Lalande  promit  qu'il  y 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCLVIII,  col.  1917.  '  Pièces  justijîcativcs,  n.  DCCLIX,  col.    1919. 

XIII.  r,3 


1704 


1704 


834  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

serait  dans  deux  heures,  avec  trente  dragons  Se  quelques  officiers,  laissant 
Cavalier  libre  d'y  mener  une  suite  égale.  Catinat  fit  observer  que  son  chef 
ne  voudrait  probablement  pas  aller  au  rendez-vous  avec  si  peu  de  monde; 
désireux  par  dessus  tout  de  faire  réussir  la  conférence,  ainsi  que  le  souhaitait 
Villars,  Lalande  n'opposa  point  de  difficulté.  Cavalier  prendrait  telle  escorte 
qu'il  voudrait;  quant  à  lui,  il  s'en  tiendrait  à  ses  trente  dragons'. 

Le  chef  camisard,  toujours  prudent,  avait  laissé  le  gros  de  sa  troupe  dans 
une  excellente  position,  à  l'abri  des  surprises,  sur  un  petit  monticule  boisé, 
isolé  de  toutes  parts,  qui  domine  le  village  de  Massannes,  &.  dont  trois  flancs 
sont  couverts  par  le  Gardon  &i  la  rivière  d'Anduze. 

Le  lieu  choisi  pour  la  conférence  était  à  un  peu  moins  de  deux  lieues  au 
nord,  sur  la  rive  opposée  du  Gardon,  au  point  oîi  la  route  d'Alais  à  Nimcs 
franchit  le  ruisseau  d'Avesne  qui  descend  des  premières  assises  des  Cévennes, 
entre  la  Grand'-Combe  &  Saint-Florent,  &  qui  se  jette  dans  la  rivière 
en  bordant  une  plaine  basse  encadr-ée  par  les  hauteurs  de  Saint-Hilaire  de 
Brethmas. 

Cavalier,  qui  était  de  bonne  foi,  mais  qui  voulait  sans  doute  faire  montre 
d'une  force  imposante,  amena  soixante  chevaux  &  près  de  quatre  cents  fan- 
tassins, d'une  tenue  assez  correcte.  Lalande  n'avait  pris  que  ses  trente  dra- 
gons &  une  dizaine  d'officiers,  mais  il  s'était  fait  suivre  du  jeune  frère  de 
Cavalier  dont  la  capture  récente  lui  permettait  d'aborder  l'entrevue  avec  un 
avantage  marqué. 

Les  escortes  s'étant  de  part  &.  d'autre  placées  à  l'écart,  l'ancien  garçon 
boulanger  81  l'officier  des  armées  du  roi  se  rencontrèrent  sur  le  pont  &  se 
saluèrent.  La  première  chose  que  fit  Lalande  fut  de  remettre  à  Cavalier 
son  jeune  frère  en  lui  disant  que  le  roi  le  lui  rendait.  La  conférence  dura 
près  de  deux  heures,  &  Cavalier  résuma  ses  propositions  dans  un  écrit 
signé  de  sa  main  qui  fut  bientôt  transmis  par  Villars  au  ministre  de  la 
guerre  ^. 

Le  chef  cévenol  suppliait  très-humblement  Sa  Majesté  de  lui  accorder  S<.  à 
tous  les  siens  une  entière  amnistie,  de  pardonner  également  les  personnes 
arrêtées  à  l'occasion  des  assemblées.  Il  sollicitait  la  permission  de  sortir  du 
royaume  avec  quatre  cents  hommes  de  sa  troupe  qui  recevraient  des  routes 
par  étapes.  Au-dessus  de  ce  nombre,  tous  ceux  qui  voudraient  gagner  la  fron- 
tière pourraient  se  joindre  à  lui,  mais  en  vivant  à  leurs  dépens,  fit  obtien- 
draient seulement  des  passeports  réguliers.  Cavalier  demandait  aussi  la  liberté 
des  prisonniers  pour  cause  de  religion. 

La  déclaration  se  terminait  par  des  excuses  d'un  style  très-soumis,  «  implo- 
«  rant  la  clémence,  la  bonté  8<.  la  charité  de  Sa  Majesté,  lui  demandant  très- 
«  humblement  pardon  de  lui  avoir  pu  déplaire  »  8t  promettant  de  ne  plus 
tomber  en  pareil  cas. 

Un  article  additionnel  stipulait  pour  ceux  qui  voudraient  sortir  la  faculté 

■  Briieys,  II,  p.  1^8.  »  Pièces  justificatives,  n.  DCCLXIII,  col.    19Î0. 


LIV.   III.   RÉVOCATION   DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  835 

de  vendre  leurs  biens  8<  demandait  l'extension  des  grâces  accordées  à  la 
troupe  de  Cavalier  aux  bandes  de  R.oland  Se  des  autres  chets. 

D'autres  questions,  d'un  caractère  plus  personnel,  furent  agitées  dans  cette 
conférence  dont  les  détails  précis  n'ont  jamais  été  connus.  Cavalier  y  parla, 
mais  sans  rien  vouloir  écrire  à  cet  égard,  du  projet  de  former  iin  régiment 
de  Cévenols  qui  iraient  expier  leur  rébellion  en  sacrifiant  leur  vie  pour  le 
roi  dans  tel  pays  qu'on  ordonnerait.  Il  demandait  seulement  que  cette  troupe 
eût  la  permission  de  prier  Dieu  à  sa  guise,  comme  l'avaient  les  régiments 
suisses,  en  vertu  des  capitulations  conclues  avec  les  cantons.  L'armée  offrait 
en  effet,  à  cette  époque,  le  contraste  bizarre  de  ti-oupes  étrangères  pouvant 
faire  impunément  ce  qui  attirait  sur  les  nationaux  les  cbâtiments  les  plus 
rigoureux. 

Avant  de  se  séparer,  Lalande  offrit  une  bourse  à  Cavalier,  qui  la  refusa 
&  dit  n'avoir  pas  besoin  d'argent.  L'officier  en  tira  une  centaine  de  louis 
qu'il  jeta  aux  camisards  d'escorte,  «  pour  boire  à  la  santé  du  roi.  » 

I/C  premier  résultat  de  la  conférence  fut  une  suspension  d'armes.  Lalande 
partit  le  soir  même,  avec  quinze  dragons,  pour  aller  rendre  compte  au  maré- 
chal 8i  à  l'intendant,  alors  à  Nimes,  de  tout  ce  qui  s'était  passé.  Il  y  arriva 
vers  sept  heures  du  matin.  Cavalier  s'en  alla  avec  son  monde  coucher  à  Véze- 
nobres,  où  la  troupe  logea  par  billets.  On  se  réunit  même  dans  le  temple 
pour  le  culte  public,  8c  le  chef  camisard,  encore  tout  ébranlé  des  émotions 
de  la  journée,  y  prononça  une  prière  pathétique  dont  l'auditoire  se  sentit 
ému  jusqu'aux  larmes. 

Le  lendemain  i3  mai,  Villars  rendit  compte  au  roi  de  l'événement  qui 
terminait  la  révolte,  8c  chargea  le  marquis  de  Saint-Pierre,  un  de  ses  aides 
de  camp,  d'en  aller  porter  le  détail  à  la  Cour,  8c  d'y  chercher  des  ordres 
définitifs'. 

En  attendant,  pour  flatter  la  vanité  du  jeune  chef  cévenol  &c  le  soustraire 
à  l'influence  de  ses  compagnons  d'armes,  le  maréchal  £c  l'intendant  l'invi- 
tèrent à  venir  conférer  avec  eux,  aux  portes  de  Nimes,  dans  le  jardin  des 
Récollets. 

La  nouvelle  de  l'armistice,  partout  répandue,  commençait  à  rendre  le 
calme  aux  esprits,  lorsque  l'on  apprit  la  défaite  d'un  détachement  des  troupes 
royales,  dans  les  hautes  Cévennes,  qui  redoubla  toutes  les  appréhensions. 
Le  comte  de  Tournon,  brigadier  des  armées  du  roi,  commandant  à  Florac, 
avait  cru  devoir  aller  rendre  visite  au  maréchal  de  Villars.  Celui-ci  lui  fit  dire 
par  Bâville  qu'il  le  dispensait  de  cette  civilité  8c  le  verrait  avec  plus  de  plaisir 
rester  à  son  poste.  Par  l'effet  d'un  malentendu,  cette  réponse  n'arriva  pas, 
8c  Tournon,  encouragé  par  un  avis  contraire  de  Lalande,  se  mit  en  route 
avec  une  escorte  de  deux  cents  hommes  détachés  des  régiments  de  Tournon, 
de  Froulay,  de  Labour  6c  quelques  miquelets.  Arrivé  à  Anduze,  où  cessait 
le  danger,  le  brigadier  renvoya  l'escorte  sous  le  commandement  de  son  bcau- 

■  Pièces  juitificatives,    n.    DCCLXVI,  col.   içSS. 


1704 


'7°4 


836  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

frère,  M.  de  Courbeville.  Les  camisards  de  Roland,  avertis  de  ces  contre- 
marches, allèrent  se  poster  en  grand  nombre  au  plan  de  Fontmorte,  occupant 
les  bois  du  côté  de  Cassagnas,  le  bord  opposé  du  chemin,  8<.  les  environs  du 
château  de  Ladevèze.  M.  de  Courbeville  tomba  dans  l'embuscade  Si  y  périt 
avec  quatre  capitaines,  six  lieutenants  8c  plus  de  deux  cents  soldats.  Le  sub- 
délégué de  l'intendance,  Viala,  mourut  dans  cette  rencontre,  ainsi  que  son 
fils  &.  son  neveu.  Ce  nouveau  désastre,  arrivé  le  jour  même  où  Cavalier  con- 
férait au  pont  d'Avesne,  faillit  compromettre  tout  le  succès  des  négociations. 
Il  relevait  l'assurance  des  camisards  qui,  depuis  leur  défaite  par  Montrevel, 
ne  s'étaient  pas  encore  remis,  8<  il  donnait  une  ombre  de  raison  aux  défiances 
du  parti  catholique,  très-indisposé  contre  Villars  à  cause  des  projets  de  paci- 
fication. L'affaire  fut  exploitée  comme  une  trahison  des  Cévenols,  bien  que 
les  bandes  des  hautes  Cévennes  eussent  été  dans  l'impossibilité  de  connaître, 
le  12  mai,  la  suspension  d'armes,  au  moment  même  où  elle  allait  se  con- 
clure '. 

Cependant  Cavalier  était  parti  de  Vézenobres,  &.  visitait  tour  à  tour  Saint- 
Jean  de  Ceyrargues,  où  d'Aigaliers  vint  le  rejoindre  avec  sa  petite  troupe  & 
l'encouragea  dans  ses  projets  de  soumission,  puis  Lédignan,  où  les  officiers 
de  la  garnison  lui  donnèrent  une  fête,  Lezan,  où  l'on  fit  la  prière  publique, 
en  présence  des  soldats  du  roi.  C'est  là  qu'il  apprit  la  défaite  de  Courbeville; 
mais,  comme  ses  résolutions  étaient  déjà  prises,  il  n'en  fut  pas  ébranlé  &.  fit 
parvenir  au  maréchal  des  assurances  nouvelles  de  sa  bonne  volonté. 

Il  quitta  Tornac  le  i5  mai,  à  la  tête  d'une  partie  de  son  infanterie  &  de 
cinquante  chevaux,  accompagné  de  son  jeune  frère,  du  baron  d'Aigaliers  Se 
de  Lacombe,  &  coucha  à  Langlade,  d'où,  le  lendemain,  il  prit  la  route  de 
Nimes.  Entre  Caveirac  &  Saint-Cézaire,  Lalande,  qui  venait  à  sa  rencontre, 
lui  remit  en  otages  quelques  officiers  £<.  quelques  dragons.  Un  détachement 
de  sa  cavalerie  s'avança  jusqu'à  une  portée  de  mousquet  de  Nimes  &  campa 
sur  les  hauteurs.  Des  sentinelles  Se  des  vedettes  couvraient  tous  les  abords  de 
la  troupe  Se  s'étendaient  jvisqu'à  la  fontaine  de  Diane  Se  au  jeu  de  mail*. 

Très-enorgueilli  par  la  pensée  de  traiter  d'égal  à  égal  avec  un  maréchal  de 
France,  Cavalier  avait  revêtu  un  costume  magnifique  :  il  portait  le  plumet 
blanc,  le  justaucorps  galonné  &  la  culotte  écarlate.  Il  arriva  au  faubourg  de 
Nimes  en  compagnie  de  son  jeune  frère,  d'Aigaliers,  de  Lacombe,  de  Daniel 
Guy  &  de  dix-huit  cavaliers  lui  servant  de  gardes.  La  population  de  la  ville 
était  dans  une  émotion  extraordinaire;  tous  les  artisans  fermaient  leurs  bou- 
tiques pour  courir  à  la  porte  de  la  Madelaine  8c  voir  Cavalier.  Les  catholi- 
ques n'en  croyaient  pas  leurs  yeux.  Le  gouverneur  Sandricourt  se  fit  l'écho 
de  leurs  sentiments,  en  exprimant  au  maréchal,  dans  le  jardin  des  Récollets, 
où  il  attendait  Cavalier  avec  Bâville  Se  Lalande,  l'étonnement  qu'aurait  la 
postérité  d'un  événement  aussi  extraordinaire  :  un  homme  tel  que  Cavalier, 
de  la  lie  du  peuple,  8c  célèbre  par  ses  crimes  Se  par  sa  révolte,  faisant  la  paix 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCLXXI,  col.   1942.  "  Court  d«  Gébelin,  II,  p.  287. 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  LEDIT  DE  NANTES.  83; 

avec  son  souverain,  8c  la  traitant  dans  une  conférence  avec  le  maréchal  de 
Villars. 

Villars,  trop  homme  d'esprit  pour  s'inquiéter  des  affaires  d'étiquette,  & 
n'ayant  en  vue  c[ue  la  fin  d'une  guerre  lamentable,  releva  ces  raisonnements. 
«  Il  s'agit,  dit-il,  des  sujets  du  roi  qui  sont  fomentés  &  soutenus  par  les 
«  étrangers  pour  diviser  ses  forces...  D'ailleurs,  il  est  question  de  gens  fous 
«  8i  aliénés,  qu'on  ne  peut  ramener  à  leur  devoir  que  par  des  démarches 
«  extérieures  Se  inespérées....  il  est  toujours  digne  d'un  grand  roi  d'user 
«  envers  ses  sujets  plutôt  de  clémence  que  de  rigueur.  Plus  le  sujet  est  bas  & 
«  abject,  plus  la  générosité  y  est  grande^  &,  pour  un  général,  il  est  aussi 
«  glorieux  de  pacifier  les  guerres  civiles  du  royaume  que  de  vaincre  les 
«  ennemis  de  l'État.  » 

Cavalier  mit  pied  à  terre  à  la  porte  du  jardin,  du  côté  des  fossés';  il  prit 
ses  pistolets  d'arçon  8c  les  déposa  aux  pieds  du  maréchal  qui  les  fit  prendre 
par  son  page  &c  remettre  aux  fontes.  Le  jardin  était  entouré  de  hautes 
murailles  8c  ombragé  de  grands  arbres.  Personne  que  les  assistants  ne  connut 
le  détail  des  paroles  qui  s'y  échangèrent.  La  soumission  de  Cavalier  fut 
complète.  Villars  l'avait  ébloui  par  les  formes  gracieuses  de  son  accueil,  8c 
avait  été  étonné  lui-même  de  la  décision,  de  l'intelligence,  de  la  présence 
d'esprit  de  ce  petit  paysan.  Il  acheva  de  le  fasciner  en  lui  faisant  comprendre 
que  le  roi  pourrait  lui  confirmer  le  commandement  qu'il  avait  pris  sur  ses 
hommes,  à  condition  d'aller  servira  l'étranger.  Cavalier  prétendait  que  trois 
mille  camisards  consentiraient  à  suivre  sa  fortune.  Villars  en  rabattait  beau- 
coup, mais  ne  s'estimait  pas  moins  heureux  de  priver  l'insurrection  d'un  tel 
chef  Se  de  ses  principaux  lieutenants.  A  la  fin  de  la  conférence,  il  fut  con- 
venu que  Cavalier  irait,  dès  le  lundi  19  mai,  loger  à  Calvisson  avec  sa  troupe 
8c  qu'il  tâcherait  d'y  rallier  toutes  les  bandes  errantes  pour  en  former  une 
colonne  prête  à  marcher  d'après  les  ordres  du  roi.  Le  chef  camisard  dit  au 
maréchal  que  si  les  Cévenols  étaient  assez  heureux  pour  servir  sous  lui,  il 
jugerait  bientôt  par  leurs  œuvres  s'ils  étaient  bons  Français. 

Louis  XIV  répondit  de  Versailles,  le  18  mai,  à  l'exposé  que  le  maréchal 
lui  avait  fait  de  la  conférence.  Le  roi  se  déclarait  satisfait  des  nouvelles 
apportées  à  la  Cour  par  le  marquis  de  Saint-Pierre  8c  félicitait  Villars  d'avoir 
aussi  promptement  rétabli  la  paix.  Il  ne  voyait  rien  dans  l'écrit  de  Cavalier 
qui  ne  pût  lui  être  accordé,  ainsi  qu'à  ses  compagnons  d'armes,  8c  autorisait 
le  maréchal  à  leur  en  donner  des  assurances  écrites,  pour  garantir  la  vie  de 
ceux  qui  voudraient  rester  dans  le  royaume.  Il  leur  ferait  même  expédier 
une  amnistie  en  forme  s'ils  la  désiraient,  à  condition  que  cet  acte  ne  fût  pas 
rendu  public  8c  ne  pût  être  exploité  par  les  étrangers. 

Le  roi  accordait  la  grâce  de  tous  les  prisonniers  qui  n'étaient  détenus  qu'à 
l'occasion  de  la  révolte  £c  donnait  pouvoir  au  maréchal  de  les  élargir  immé- 

'  Lettm  de  Madame  de  Mcre'^,  dan»  les  Chro-       rapportent    une    foule    de    circonstances    évidem- 
nt^uei  de  Languedoc.  11  a  été  écrit   bien  des  fables        ment  inventées  après  coup, 
sur    cette    entrevue,    &    les    Mémoires    de    Cavalier 


1704 


1704 


d38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

diatement.  Il  permettait  la  vente  des  biens  à  ceux  qui  sortiraient  du  royaume, 
pourvu  qu'ils  n'emportassent  point  en  espèces  l'argent  qui  en  proviendrait, 
mais  seulement  en  lettres  de  change  ou  qu'ils  en  fissent  l'emploi  en  France, 
comme  ils  le  jugeraient  à  propos.  Il  autorisait  Bâville  à  dépenser  trois  ou 
quatre  mille  pistoles. 

Il  exigeait  que  Cavalier  prît  l'engagement  de  partir  le  i^''  juin  &  envoyait 
des  routes  prêtes  que  le  maréchal  remplirait  à  la  convenance  des  camisards. 
Ils  devaient  marcher  sans  armes,  sous  l'escorte  de  dragons  de  Saint-Sernin,  à 
raison  de  vingt  ou  trente  dragons  par  cinquante  hommes,  laissant  la  liberté 
aux  pères  de  famille  d'emmener  avec  eux  leurs  femmes  &  leurs  enfants. 

Pour  rendre  la  tranquillité  durable,  le  roi  exhortait  Villars  à  reprendre 
un  projet  de  redoutes  proposé  depuis  longtemps,  8c  il  lui  annonçait  qu'il 
comptait  déjà  utiliser  son  zèle  dans  une  entreprise  dont  Chamillart  avait 
ordre  de  lui  communiquer  le  dessein.  La  promptitude  avec  laquelle  il  pous- 
serait l'évacuation  du  Languedoc  par  les  troupes  de  Cavalier  8<.  de  Roland 
permettrait  seule  d'y  donner  suite  '. 

Le  nouveau  dessein  était  une  attaque  sur  Villefranche  8c  sur  Nice  afin 
d'ôter  au  duc  de  Savoie  deux  points  dangereux  pour  notre  frontière. 

La  petite  ville  de  Calvisson,  au  cœur  de  la  Vaunage,  où  Cavalier  avait 
ordre  de  concentrer  tout  son  monde  8c  de  se  préparer  au  départ,  offrit,  pen- 
dant quelques  semaines,  un  spectacle  des  plus  étranges  Se  des  plus  nouveaux. 
Le  i8  mai,  deux  bataillons  du  régiment  de  Charolais  qui  tenaient  garnison 
à  Calvisson,  rentrèrent  à  Nimes,  afin  de  laisser  la  place  aux  camisards.  Le 
commissaire  ordonnateur  Winciel  fit  préparer  les  logements  8c  les  vivres  pour 
les  soldats  de  Cavalier  comme  pour  des  troupes  royales,  8c  l'on  vit  arriver  des 
charrettes  chargées  de  farine,  de  blé,  d'avoine,  8c  des  troupeaux  de  bœufs  8c 
de  moutons  destinés  à  la  nourriture  des  Cévenols.  Le  premier  d'entre  eux 
qui  y  parut  fut  Catinat,  suivi  de  douze  hommes.  Il  fit  son  entrée  le  ig  à 
dix  heures  du  matin  :  une  compagnie  de  bourgeoisie  le  reçut  à  la  barrière. 
Le  baron  d'Aigaliers  arriva  dans  l'après-midi,  avec  l'ordonnateur,  trois  offi- 
ciers 8c  six  dragons  livrés  à  Cavalier  à  titre  d'otages. 

Le  jeune  chef  se  montra  lui-même,  vers  six  heures  du  soir,  à  la  tête  de  sa 
cavalerie  que  l'infanterie  suivait  de  près.  On  y  comptait  en  tout  six  cents 
hommes,  dont  quarante  cavaliers,-  Cette  entrée  se  fit  au  chant  des  psaumes, 
en  présence  d'une  foule  considérable  qui  était  accourue  de  tous  les  points  de 
la  vallée. 

Cavalier  prit,  selon  son  habitude,  les  précautions  militaires  les  plus  minu- 
tieuses. 11  posa  des  corps  de  garde  à  toutes  les  portes  du  bourg,  des  senti- 
nelles au  coin  des  rues  &  des  vedettes  à  trois  quarts  de  lieue  de  distance  sur 
les  diverses  avenues.  Après  un  repos  de  deux  heures,  les  protestants  furent 
convoqués  sur  les  masures  du  temple.  On  recommença  les  jours  suivants,  8c 
les  assemblées   qui   s'y  tinrent  réunirent   jusqu'à  cinq   mille  personnes.   La 

■  Pièces  justificatives,  n.  DCCLXXIII,  col.  1947. 


LIV.   m.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  889 

nouvelle  de  cet  événement  extraordinaire  s'étant  l)ientôt  répandue  dans  la 
contrée,  il  y  eut  une  affluence  croissante  aux  assemblées.  Le  mysticisme 
cévenol  s'y  donna  carrière 5  le  chant  des  psaumes,  entonné  par  des  milliers 
de  voix,  alternait  avec  les  sanglots;  la  foule  se  prosternait,  8<.  les  révélations 
rappelaient  les  scènes  les  plus  émouvantes  du  Désert.  La  Baume  prétend 
que,  pendant  le  séjour  des  camisards  à  Calvisson,  il  n'y  vint  pas  moins  de 
quarante  mille  nouveaux  convertis,  &  le  baron  d'Aigaliers  compare  cette 
multitude  enthousiaste  au  peuple  d'une  ville  assiégée  recevant  des  aliments 
après  une  longue  81  cruelle  famine.  Cavalier  ne  négligeait  point,  dans  les 
prières  qu'il  récitait,  de  demander  pardon  à  Dieu  &  au  roi  sur  le  fait  de  la 
guerre.  11  priait  longuement  pour  Sa  Majesté  &  pour  la  famille  royale,  sans 
oublier  le  maréchal  &  l'intendant,  8t  pour  le  succès  des  intercessions  de 
Villars  6c  de  Bâville  en  faveur  des  révoltés'. 

Si  la  population  protestante  était  partout  émue  de  cette  résurrection  du 
culte  public  dans  la  Vaunage,  le  clergé  8c  les  catholiques  ardents  furent  loin 
d'y  demeurer  insensibles.  «  Quelques  curés  indiscrets  prirent  l'alarme  »  fie 
déclamèrent  contre  un  scandale  qui  semblait  méconnaître  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes.  Le  maréchal  porta  la  peine  de  l'équivoque  toléré  par  lui, 
dans  les  pourparlers  préliminaires,  relativement  à  la  liberté  de  conscience.  Il 
y  avait,  comme  nous  l'avons  dit,  bien  des  manières  d'entendre  cette  liberté, 
depuis  le  mystère  du  culte  intérieur  8<.  des  réunions  de  famille  jusqu'aux 
démonstrations  solennelles  du  culte  public.  Plusieurs  camisards,  pour  se 
grandir  eux-mêmes  aux  yeux  de  leurs  compatriotes  8c  pour  rendre  leur  sou- 
mission plus  acceptable,  parlèrent,  dans  les  villages,  de  liberté  de  conscience 
sans  la  définir;  8<  comme  il  n'est  rien  d'aussi  prompt  81  d'aussi  crédule  que 
des  têtes  languedociennes,  cette  rumeur  invraisemblable  obtint  rapidement 
beaucoup  de  crédit.  On  ne  se  doutait  pas  qu'à  la  Cour  de  puissantes 
influences  rendaient  impossible  la  concession  rêvée.  Le  roi  croyait  si  bien  sa 
gloire  engagée  à  maintenir  l'acte  de  i685  qu'il  eût  mieux  aimé  accepter  la 
guerre  civile  dans  tout  le  royaume  que  de  rétracter  une  mesure  célébrée  dans 
les  chaires  comme  le  plus  grand  triomphe  du  règne. 

Le  fait  même  des  nécessités  incroyables  auxquelles  il  avait  dû  se  résoudre 
ne  l'éclairait  pas.  Certes,  c'était  une  nouveauté  bien  singulière  que  de  voir 
des  rebelles,  chargés  d'une  foule  de  crimes,  recevoir  journellement  les  ova- 
tions de  la  multitude;  81  l'on  avait  quelque  peine  à  distinguer  la  cause  qu'ils 
représentaient  des  incendies  8c  des  meurtres  dont  ils  s'étaient  rendus  cou- 
pables. Mais  pour  qui  voulait  remonter  à  l'origine  de  ces  désordres,  quel 
enseignement  ne  donnait  pas  cette  résignation  humiliante  du  pouvoir  royal! 
Pour  avoir  exigé  le  superflu,  l'on  se  voyait  obligé  de  retrancher  le  nécessaire 
8c  de  tolérer  des  inconséquences  aussi  blessantes  pour  le  bon  sens  que  pour 
la  justice. 

Villars  s'indignait  de  l'irritation  du  clergé,  il  recevait  une  profusion  de 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCLXXIV,  col.  1949. 


1704 


lyc 


840  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

lettres  anonvmes  de  gens  exaspérés  par  les  prières  des  camisards,  comme  si 
l'affaire  essentielle  n'était  pas  de  terminer  la  révolte  &  d'éloigner  de  la  Pro- 
vince les  gens  qui  venaient  d'y  commettre  tant  de  ravages;  l'opposition  de 
ceux  qui  avaient  causé  ces  désordres  aux  mesures  prises  pour  les  faire  cesser 
lui  semblait  le  comble  de  l'imprudence;  mais  il  était  trop  bon  courtisan  pour 
oser  aborder  la  vraie  question  auprès  du  roi  &  pour  chercher  à  lui  faire  com- 
prendre, comme  il  le  sentait  lui-même,  que  la  meilleure  manière  d'ôter  toute 
créance  aux  prophètes  &.  tout  prestige  aux  attroupés  était  de  revenir  à  la 
politique  de  conciliation  d'Henri  IV.  11  fit  ce  qu'il  put  pour  réprimer  le  zèle 
inopportun  de  certains  dévots  qui  s'étaient  mis  en  tête  d'aller  convertir  les 
camisards  à  Calvisson  &  d'opposer  des  sermons  à  leurs  prêches,  il  jeta  en 
prison  un  officier  irlandais  qui  s'avisait  de  réclamer  deux  déserteurs  de  sa 
nation  enrôlés  parmi  les  Cévenols;  il  ordonna  des  poursuites  contre  un  catho- 
lique qui  s'était  vanté  de  tuer  Cavalier  de  sa  main. 

Le  nouvel  archevêque  de  Narbonne,  Le  Goux  de  la  Berchère,  successeur 
de  Bonzi,  secondait  de  son  mieux  le  maréchal  pour  tempérer  le  zèle  des 
maladroits  &  engageait  les  bons  chrétiens  à  fermer  les  oreilles,  si  les  prières 
des  camisards  contenaient  quelque  chose  d'hérétique,  &.  à  souhaiter  avant 
tout  qu'on  fît  passer  ces  voisins  dangereux  de  l'autre  côté  du  Rhône.  Fléchier 
partageait  les  mêmes  sentiments  &  les  exprimait,  dans  ses  conversations  avec 
Villars,  de  façon  à  l'encourager. 

Les  jours  qui  s'écoulèrent  depuis  la  soumission  de  Cavalier  jusqu'à  son 
départ  définitif  tinrent  le  maréchal  dans  des  angoisses  perpétuelles'.  Le  parti 
catholique  &.  le  clergé  prenaient  exactement  le  contre-pied  de  tout  ce  qu'ils 
auraient  dû  faire  pour  accélérer  l'apaisement  8c  l'évacuation.  Villars  était 
dénoncé  à  la  Cour  par  les  familiers  de  Madame  de  Maintenon  &  le  marquis 
de  la  Vrillière  se  faisait  l'écho  de  leurs  plaintes. 

L'affectation  que  l'on  mit  à  démentir  l'annonce  de  grâces  81  de  franchises 
exagérées  propagée  par  les  camisards,  les  menaces  de  réaction  terrible  para- 
lysèrent les  heureux  effets  des  négociations. 

Castanet  était  venu  à  Calvisson  avec  une  partie  de  sa  bande;  beaucoup 
de  Cévenols  rejoignaient  isolément,  mais  Roland  ne  se  montrait  pas.  Il  pro- 
fitait pourtant  de  l'armistice  &i  acceptait  les  rafraîchissements  que  lui  offraient 
les  officiers  de  l'armée  royale,  très-prompts  à  traiter  l'ennemi  de  la  veille 
avec  la  cordialité  des  mœurs  militaires.  Cavalier  prit  le  parti  d'aller  le  trouver 
près  d'Anduze,  pour  l'engager  à  imiter  sa  soumission.  Roland  reçut  avec 
hauteur  son  ancien  subordonné,  lui  dit  que  la  tête  lui  tournait,  lui  reprocha 
de  trahir  son  parti,  &  déclara  qu'il  ne  déposerait  jamais  les  armes  avant 
d'avoir  obtenu  l'entière  liberté  de  conscience.  Cependant  Salomon  suivit 
Cavalier  à  Nimes  pour  conférer  avec  le  maréchal  8<.  l'intendant. 

L'absence  de  Cavalier  lui   fut  très-funeste.   Quand    il   alla   rejoindre   sa 

■  On  retrouvera  la  trace  de  ces  émotions,  expri-  de  \^lllars  que  nous  piiblions  aux  Pièces  jusî'ifica-' 
.  ;ées  dans  la  forme  vive  &  saisissante  qui  lui  est  tives,  depuis  le  mois  de  mai  jusqu'à  la  fin  de  juin 
particulière,  dans   la  correspondance  du  maréchal         '7o4- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  841 

troupe,  dont  il  avait  laissé  le  commandement  à  Ravanel,  il  la  trouva  dans 
des  dispositions  hostiles,  pleines  de  défiance  8c  de  menace.  On  commença 
par  lui  demander  d'un  ton  impérieux  quelles  étaient  les  conditions  précises 
de  sa  soumission,  qu'il  avait  encore  tenues  cachées.  Il  essaya  longtemps  de 
s'en  défendre,  mais  lorsque,  contraint  à  parler,  il  avoua  que  l'on  préparait 
des  habits  d'uniforme  pour  aller  faire  la  guerre  en  Portugal  &  que  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes  ne  serait  pas  rapportée,  la  tempête  éclata.  Ravanel, 
Catinat  8c  nombre  d'autres  camisards  accablèrent  leur  chef  des  noms  de 
lâche  8c  de  traître,  lui  reprochèrent  de  les  avoir  vendus,  8c,  après  une  alter- 
cation violente,  où  la  vie  même  de  Cavalier  fut  en  danger,  la  plus  grande 
partie  de  la  troupe  quitta  le  lieu  d'assemblée,  8c  gagnant  d'abord  les  gar- 
rigues, se  retira  du  côté  de  Puechredon.  Une  quarantaine  de  camisards  seu- 
lement restèrent  fidèles  à  Cavalier  qui,  s'étant  d'abord  obstiné  à  suivre  ses 
hommes,  vit  les  fusils  braqués  contre  lui  8c  ne  dut  son  salut  qu'à  l'interven- 
tion d'un  prophète.  « 

Tout  semblait  perdu.  Le  baron  d'Aigaliers  alla  rejoindre  Cavalier  à 
Cardet,  où  il  errait  tristement,  sur  la  rive  droite  du  Gardon,  8c  l'engagea  à 
ne  point  perdre  courage.  Cavalier  écrivit  au  maréchal  que  sa  troupe  refusait 
de  marcher  si  elle  n'obtenait  pas  l'élargissement  de  tous  les  captifs  8c  la  per- 
mission pour  le  peuple  de  prier  Dieu  au  désert.  Villars  venait  précisément, 
à  la  nouvelle  de  la  désertion,  de  signer  une  ordonnance  interdisant  toutes 
les  assemblées  de  religion  8c  ordonnant  aux  troupes  de  faire  main  basse  sur 
les  assistants.  Il  accueillit  favorablement  Cavalier,  qui  vint  à  sa  rencontre  à 
Saint-Geniès  8c  qui  lui  donna  les  plus  formelles  assurances  de  sa  loyauté. 

Villars  ne  renonça  pas  à  regagner  le  terrain  perdu;  mais  il  choisit  un  lieu 
d'assemblée  plus  sûr,  l'île  de  Valabrègue,  au  confluent  du  Rhône  &c  du 
Gard,  où  les  évasions  devaient  être  difficiles.  Les  quarante  camisards  fidèles 
y  furent  envoyés.  Le  maréchal  accorda  un  délai  de  quelques  jours,  jusqu'au 
5  juin,  à  ceux  qui  voudraient  taire  leur  soumission,  soit  à  lui-même,  dans 
son  quartier  général  d'Anduze,  soit  au  marquis  de  Lalande  à  Alais,  à 
M.  de  Menou  à  Saint-Hippolyte  ou  aux  commandants  d'Uzès,  de  Nimes  8c 
de  Lunel.  Passé  ce  délai,  une  guerre  sans  pitié  devait  recommencer. 

Des  mouvements  de  troupes  turent  même  prescrits  pour  suivre  les  insurgés 
sans  relâche  8c  les  investir. 

Mais,  grâce  aux  persistantes  négociations  du  baron  d'Aigaliers,  on  revint 
bientôt  de  l'alarme  causée  par  la  défection  générale.  Beaucoup  de  camisards 
rentrèrent  par  petits  groupes;  de  nouveaux  pourparlers  furent  entrepris  avec 
Roland,  81  la  soumission  de  ce  chef  semblait  certaine,  lorsque  les  prédica- 
tions fanatiques  de  Ravanel  entraînèrent  tout  son  monde  8c  le  rejetèrent 
dans  la  montagne. 

Les  forces  de  l'insurrection  n'en  étaient  pas  moins  dans  une  dissolution 
complète  :  la  reddition  d'un  certain  nombre  de  chefs,  les  soupçons  8c  les 
défiances  qui  divisaient  les  autres,  la  résolution  des  protestants  des  villes,  qui 
voulaient  à  tout  prix  voir  finir  la  lutte  8c  ne  parlaient  de  rien  moins  que  de 


1704 


'7°4 


842  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

contraindre  les  camisards  par  les  armes  à  cesser  la  désolation  de  la  Province, 
enfin  l'épuisement  des  Cévenols,  traqués  depuis  trois  ans  dans  un  pays 
dévasté,  l'emportèrent  sur  le  fanatisme  des  prophètes  &  sur  les  intrigues 
étrangères. 

Villars,  par  la  permission  du  roi,  avait  donné  à  Cavalier  un  brevet  de 
colonel  ik  la  promesse  d'une  pension.  Le  chef  camisard  partit  le  21  juin 
pour  l'Alsace,  où  le  ministère,  après  beaucoup  de  tergiversations  8c  de  con- 
tre-ordres, s'était  décidé  à  l'envoyer,  ne  voulant  pas  donner  à  l'Espagne  le 
spectacle  d'un  régiment  hérétique'.  Il  n'avait  pas  avec  lui  plus  de  cent 
hommes^.  C'est  à  cela  que  se  réduisait  son  ancienne  troupe.  Il  se  dirigea 
sur  Mâcon,  d'où  il  demanda  l'autorisation  d'aller  à  Versailles  8t  eut  un 
entretien  avec  le  ministre  de  la  guerre;  on  le  plaça  même  sur  le  passage  du 
roi  (jui  haussa  les  épaules  en  le  voyant.  Revenu  à  Mâcon,  il  continuait  sa 
route  vers  Brissac;  mais,  dans  les  environs  de  Montbéliard,  trahissant  la 
parole  qu'il  avait  donnée,  il  se  déroba  à  son  escorte  avec  ses  compagnons 
d'armes,  se  jeta  dans  les  traverses  8c  gagna  Lausanne.  Son  rôle  en  Langue- 
doc était  fini.  Les  puissances  alliées  contre  la  France  le  traitèrent  avec  dis- 
tinction, lui  donnèrent  un  régiment  qui  combattit  l'armée  française  à 
Almanza.  Il  parvint  ensuite  au  grade  d'officier  général  dans  les  troupes 
d'Angleterre,  fut  nommé  gouverneur  de  l'île  de  Jersey,  81  mourut  à  Chelsca, 
près  de  Londres,  en  1740. 

Quant  à  Roland,  qui  essaya  encore  de   prolonger  la  lutte,  après  avoir, 
échappé  à  beaucoup  d'aventures,  il  tomba  dans  un  piège  dressé  par  Bâvillc, 
fut  surpris  dans   un  château   où  ses  intrigues  avec   une   jeune   fille   noble 
l'avaient  appelé.  Se  mourut  de  la  main  d'un  dragon^. 

Les  enlèvements,  les  supplices,  les  démolitions  à  main  armée  8c  même  les 
incendies  eurent  raison  des  dernières  résistances.  Ravanel  subit  une  défaite 
qui  acheva  la  ruine  du  parti,  8c,  à  dater  de  ce  moment,  les  bandes  s'épar- 
pillèrent 8c  finirent  par  disparaître.  La  plupart  des  chefs  s'étaient  résignés  à 
sortir  du  royaume  &c  furent  escortés  jusqu'à  la  frontière.  L'année  révolue,  la 
sédition  était  entièrement  domptée,  8c  Villars,  impatient  de  servir  sur  un  plus 
noble  théâtre,  obtenait  l'autorisation  de  quitter  la  Province**. 

'  Pièces  jast'ificat'ives,  n.  DCCXCVII,  col.   1997.  ^  Pièces  justificatives,  n.  DCCCI,  col.  2oo5. 

'  Ou  en  trouvera    la  liste  aux  Pièces  justijicati-  *  Pièces  justificatives,  n.  DCCCII,  col,  2007. 

ves,  n.  DCCXCIX,  col.  2001. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  843 


CHAPITRE  V 

Faits  d'ndministration  intérieure.  —  Gabelles.  —  Conseil  de  commerce.  —  Impôts  sur  la  boucherie. 
Vins  de  Dauphiné.  —  Mystères  des  Etats.  —  Projets  du  marquis  de  Miremont.  —  Complot  de 
Nimes.  —  Querelles  ecclésiastiques.  —  Droit  d'aubaine.  —  Hiver  de  1709.  —  Troubles  de  Vivarais. 
Débarquement  des  Anglais  à  Cette.  —  Etablissement  du  dixième.  —  Travaux  publics.  —  Mort  de 
Louis  XIV. 

L'utilité  de  suivre,  dans  leur  enchaînement,  pour  la  clarté  du  récit,  les 
événements  de  l'insurrection  camisarde  nous  a  contraint  de  négliger  quelques 
faits  intérieurs,  la  plupart  d'ordre  économique,  intéressant  la  Province  St 
dont  il  convient  de  présenter  ici  un  rapide  tableau.  Tandis  que  l'attention 
de  l'Europe  &  les  préoccupations  de  la  Cour  se  concentraient  sur  la  guerre 
des  Cévennes,  la  vie  normale  n'était  pas  interrompue,  8i  l'organisme  admi- 
nistratif continuait  à  trahir  la  lutte,  de  plus  en  plus  sensible,  entre  les  abus 
traditionnels  &  les  principes  de  raison. 

La  ville  de  Lunel  avait  été  autorisée  par  Henri  IV  à  nettoyer  8c  appro- 
fondir le  canal,  connu  sous  le  nom  de  Robine,  qui  la  mettait  en  communi- 
cation avec  les  étangs',  8i  à  percevoir  à  perpétuité,  pour  subvenir  aux  frais 
d'entretien,  un  droit  déterminé  qui  était  de  deux  sols  six  deniers  par  quintal 
de  sel  débité  aux  greniers  de  Lunel  &  de  Sommières,  de  dix  sols  par  muid 
de  vin.  Su  de  deux  sols  six  deniers  par  charge  de  toute  autre  marchandise. 

Les  trésoriers  de  France  &  la  cour  des  comptes  de  Montpellier,  qui  ne 
négligaient  aucune  occasion  d'accroître  leurs  revenus,  imposèrent  au  fermier 
du  canal  de  Lunel,  sous  prétexte  de  la  perception  de  ce  droit,  &  malgré  le 
silence  des  lettres  de  création,  diverses  redevances  abusives.  Les  premiers 
l'obligeaient  à  prendre  une  commission  qu'ils  faisaient  chèrement  payer, 
tandis  que  la  cour  exigeait  une  reddition  de  comptes  non  moins  largement 
rémunérée.  Les  frais  de  commission  &  les  épices  atteignaient,  tous  les  trois 
ans,  plus  de  quatre  cent  cinquante  livres.  Cependant  le  produit  des  droits 
était  insuffisant  pour  maintenir  le  canal  navigable,  Se  la  ville  s'endettait  de 
plus  en  plus. 

Elle  réclama  la  protection  du  conseil  du  roi,  protestant  contre  l'exagéra- 
tion des  frais  de  commission  8c  d'épices,  &  demandant  à  être  traitée  de  la 
même  façon  que  la  marquise  de  Graves  pour  le  canal  de  Lattes  8c  le  prési- 
dent Riquet  pour  le  canal  des  Deux  Mers. 

Le  directeur  des  finances.  Rouillé  du  Coudray,  examina  les  comptes  du 
receveur  du  canal  pour  les  années  1690,  1691  81  1692.  Il  en  résulta  que  la 
dépense  dépassait  la  recette  Se  que  le  tarif  des  épices  exigées  par  la  cour  de 
Montpellier  était  de  beaucoup  supérieur  à  celles  que  l'édit  de  juillet  1690 
avait  réglées  pour  la  cour  des  comptes  de  Paris. 

'  Lettres  patentes  du  i8  septembre  1595. 


1 703 


—^ 844  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  conseil  d'État  ramena  les  comptes  du  canal  de  Lunel  au  régime  uni- 
forme que  l'édit  du  mois  d'août  i66g  avait  établi  pour  toutes  les  chambres  des 
comptes  du  royaume;  la  commission  des  trésoriers  de  France  fut  déclarée 
inutile;  les  comptes  durent  être  présentés  tous  les  trois  ans  à  la  cour  de 
Montpellier,  dont  les  épices  furent  modérées  à  la  somme  de  soixante-dix- 
neuf  livres  dix-huit  sols,  tandis  que  celles  des  trésoriers  étaient  réduites  à 
quinze  livres'. 

I,e  directeur  des  finances  fit  rapport  au  conseil  d'Etat,  tenu  à  Versailles 
le  3  août  1703,  des  contestations  qui  s'élevaient  journellement  au  sujet  de 
l'exécution  des  ordonnances  contre  les  débitants  ou  possesseurs  de  sels  pro- 
hibés. La  querelle  durait  depuis  cinq  ans. 

Le  syndic  général  de  la  Province  se  plaignait  des  excès  &.  des  concussions 
commis  par  les  agents  des  gabelles  dont  l'âpreté  trouvait  le  moyen  d'en- 
chérir sur  les  rigueurs  d'une  législation  impitoyable.  Les  garanties  protec- 
trices que  le  conseil  du  roi  avait  cru  sage  d'établir  contre  le  zèle  des 
gabeleurs  étaient  rarement  respectées.  Non-seulement  les  commis  &  gardes 
de  la  ferme  se  permettaient  de  faire  des  visites  domiciliaires  en  dehors  des 
cas  autorisés,  qui  étaient  le  flagrant  délit  signalé  par  dénonciation  écrite,  ou 
la  retraite  des  faux  sauniers;  mais,  dans  ces  visites,  ils  négligeaient,  au 
mépris  des  injonctions  les  plus  formelles,  d'appeler  le  juge  &  le  consul  ou  à 
leur  défaut,  trois  des  plus  proches  voisins;  ils  refusaient  même  d'accepter  ce 
concours  gênant,  se  faisaient  suivre  de  sergents  ou  de  témoins  à  leur  discré- 
tion &  commettaient  les  exactions  les  plus  impudentes,  pénétrant  de  force 
dans  les  maisons,  sous  prétexte  qu'on  y  consommait  du  sel  prohibé  qu'ils 
ne  craignaient  pas  d'y  introduire  eux-mêmes  frauduleusement  pour  trouver 
matière  à  condamnation.  On  dénonçait  surtout  les  violences  de  toute  espèce 
commises  par  les  agents  d'un  bourgeois  de  Montpellier,  nommé  Fidès,  qui 
avait  signé,  le  3  novembre  1699,  avec  Thomas  Ternplier,  fermier  général  des 
gabelles,  un  traité  particulier  pour  le  submergement  des  sels  de  verrerie  St 
de  salpêtre.  Ce  personnage  devait  retenir  les  deux  tiers  des  amendes  pronon- 
cées, plus  dix  sols  pour  chaque  cent  pesant  de  sel  défendu  qu'il  parviendrait 
à  ramasser.  Excité  par  ces  bénéfices,  il  faisait  une  chasse  infatigable  aux 
contraventions,  La  déclaration  du  22  juin  1678,  rendue  au  sujet  des  gabelles 
de  Languedoc,  en  réglant  la  pénalité  des  diverses  catégories  de  faux  sauniers, 
n'avait  pas  fait  mention  des  personnes  qui,  sans  se  livrer  à  aucune  espèce  de 
commerce,  étaient  trouvées  en  possession  de  sel  prohibé  pour  leur  usage. 
Mais  comme  la  cour  des  aides  de  Montpellier  les  avait  assimilées  à  ceux  qui 
débitaient  du  faux  sel,  8c  condamnées,  comme  eux,  au  carcan  &  à  l'amende 
de  cinquante  livres,  les  gardes  du  sous-fermier,  exploitant  à  leur  profit  cette 
jurisprudence  rigoureuse,  ne  se  faisaient  faute  d'épouvanter  les  simples  con- 
sommateurs par  la  perspective  du  carcan  Se  de  leur  arracher  des  sommes  consi- 
dérables, sous  ombre  d'arrêter  les  poursuites.  Ils  n'hésitaient  pas  davantage  à 

'  Recueil  des  arrêts  de  Languedoc.  Arrêt  du  conseil  d'État  donné  à  Versailles  le  3  mars  1703. 


LIV.  III.   REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  845 

traîner  les  gens  en  prison,  soiis  prétexte  d'avoir  employé  du  sel  défendu  pour 
la  salaison  de  leurs  porcs,  ainsi  qu'il  arriva  en  1702  au  bailli  de  Taraut,  qui 
fut  détenu  sans  cause,  la  vérification  des  experts  ayant  plus  tard  démontré 
son  innocence. 

De  son  côté,  le  fermier  général  accusait  la  Province  de  répéter  inutilement 
des  récriminations  qui  traînaient  depuis  plus  d'un  siècle.  Il  prétendait  que 
la  surveillance  des  taux  sauniers  deviendrait  tout  à  fait  illusoire  si  l'on  vou- 
lait astreindre  les  commis  des  gabelles  à  ne  faire  des  visites  domiciliaires  que 
sur  dénonciation  écrite  Si  avec  autorisation  des  officiers  de  la  ferme.  Bien 
loin  de  consentir  à  donner  leur  signature,  les  dénonciateurs  refusaient 
presque  toujours  de  se  faire  connaître,  &  comme  il  n'y  avait  dans  le  pays  de 
lyanguedoc  que  trois  directions  de  gabelles,  à  Montpellier,  à  Narbonne  £<  à 
Toulouse,  d'où  dépendaient  toutes  les  brigades,  quelques-unes  à  vingt  ou 
trente  lieues  de  distance,  l'obligation  imposée  aux  gardes  d'aller  cbercber  des 
ordres  si  loin  de  leur  résidence,  n'aurait  pour  résultat  que  d'assurer  l'impu- 
nité des  coupables.  Quant  à  l'assistance  d'officiers  municipaux  &  judiciaires 
ou  d'autres  témoins  locaux,  Tbomas  Templier  se  défendait  d'y  être  tenu, 
l'article  417  de  son  bail'  portant  expressément  que  les  gardes  se  feraient 
accompagner  d'un  consul  ou  du  premier  habitant  des  lieux,  obligé  de  s'y 
rendre  sous  peine  de  cinquante  livres  d'amende,  mais  qu'à  défaut  de  cette 
assistance,  les  procès-verbaux  ne  seraient  pas  moins  valables}  cette  dérogation 
aux  anciens  règlements  ayant  pour  cause  la  difficulté  que  l'on  rencontrait 
dans  la  pratique  à  obtenir  la  présence  des  juges.  D'ailleurs  les  ordonnances 
des  gabelles  &  des  aides  de  16S0,  celle  du  tabac  de  1681,  celle  des  cinq 
grosses  fermes  de  1687,  ne  prescrivaient  d'autre  formalité  que  l'assistance 
d'un  garde  ou  de  deux  témoins.  En  exiger  davantage,  serait  encourager  les 
contraventions  qui  se  commettaient  presque  ouvertement  en  Languedoc. 

Sur  le  fait  de  l'assimilation  entre  les  simples  consommateurs  8<  les  débi- 
tants de  sel  prohibé,  le  fermier  général  soutenait,  contrairement  au  syndic 
de  la  Province,  qu'elle  était  légitime  St  nécessaire.  D'après  lui,  ceux  qui 
employaient  le  faux  sel  à  leur  usage  étaient  compris  dans  la  catégorie  des 
complices  S*,  receleurs  atteints  par  la  déclaration  du  22  juin  1678. 

Thomas  Templier  ajoutait  que,  malgré  deux  précédents  arrêts  du  conseil^ 
destinés  à  prévenir  l'entière  ruine  des  salins  de  Narbonne,  le  sel  de  Peccais, 
assimilé  au  faux  sel  dans  le  haut  Languedoc,  8t  désigné  sous  ce  nom  dans  le 
bail  de  la  ferme,  ne  cessait  pas  d'y  être  répandu,  les  visiteurs  8c  juges  des 
gabelles  faisant  difficulté  d'appliquer  les  peines  du  faux  saunage  à  ceux  qui 
en  trafiquaient  dans  le  pays  défendu. 

Le  conseil  d'État  demanda  l'avis  de  "M.  de  Bâville,  qui  dut  conférer  avec  le 
procureur  général  de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier  &  avec  le  fermier 
des  gabelles  &  qui  réunit  tous  les  documents  sur  la  question. 

'  Ce  bail  avait  ité  fait  au   prédécesseur  de  Tem-  *  Arrêts  du  conseil  d'Etat  du  22  septembre  iû85 

plier,  nommé  Domergue,  &  enregistré  le  9  février       &  du   12  janvier  1694. 
169Z  par  la  cour  des  aides  de  Montpellier. 


1703 


17  = 


846  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Il  fut  décidé,  sur  le  rapport  du  directeur  des  finances,  que  les  visites 
domiciliaires  seraient  faites  en  présence  du  consul  ou  de  deux  habitants;  que 
seulement  au  cas  de  refus  constaté,  les  procès-verbaux  seraient  valables;  mais 
que  l'adjudicataire  ne  pourrait,  sous  peine  de  nullité  8c  de  dommages,  em- 
ployer à  l'opération  d'autres  agents  que  des  commis  ou  gardes  de  la  ferme, 
ayant  prêté  serment  à  justice. 

Pour  les  consommateurs  de  sel  prohibé,  le  conseil  d'État  établit  une  péna- 
lité spéciale,  simplement  pécuniaire  &.  d'où  l'infamie  du  carcan  était  écartée. 
Une  première  contravention  entraînait  cent  livres  d'amende,  Se  cette  somme 
devait  être  élevée  progressivement,  d'après  le  nombre  des  récidives,  à  deux 
cents,  cinq  cents,  mille  livres  6c  ainsi  de  suite.  Afin  de  remédier  aux  fraudes 
qui  se  pouvaient  commettre  dans  la  constatation  du  délit,  le  conseil  exigea 
qu'il  serait  pris  deux  échantillons  du  sel  saisi  à  domicile,  qu'on  les  placerait 
chacun  sous  une  enveloppe,  scellée  du  cachet  particulier  des  commis  ou 
gardes  procédant  à  la  saisie.  L'un  des  échantillons  serait  emporté  par  l'agent 
des  gabelles,  l'autre  resterait  entre  les  mains  du  prévenu  qui  aurait  à  le 
représenter  devant  les  experts,  61  la  comparaison  des  deux  types  préviendrait 
toute  supercherie. 

Enfin  la  protection  exclusive  des  sels  du  pays  narbonnais  fut  entièrement 
maintenue.  Dans  toute  l'étendue  du  haut  Languedoc,  tout  autre  sel  que 
celui  de  Mandirac,  de  Peyriac  &  de  Sijan,  dut  être  réputé  faux  sel  8c 
entraîner  l'application  des  peines  rigoureuses  prescrites  par  les  ordonnances. 
Seulement  il  fut  apporté  une  modération  à  l'amende  des  simples  consomma- 
teurs de  sel  de  Peccais.  Celle  du  premier  délit  était  de  cinquante  livres;  celle 
du  second  de  cent,  8c  la  somme  se  doublait  ainsi  à  chaque  nouvelle  récidive'. 

Au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  la  fabrication  des  liqueurs  8c 
des  parfums  prit  à  Montpellier  un  grand  développement.  La  beauté  du  cli- 
mat, la  richesse  de  la  végétation,  l'abondance  des  plantes  odoriférantes  favo- 
risaient d'une  façon  merveilleuse  cette  industrie  délicate  8c  charmante  qui 
devait  donner  à  la  capitale  du  bas  Languedoc  une  nouvelle  célébrité. 

L'eau  de  la  reine  de  Hongrie,  l'eau  de  thym,  l'eau  de  Cette,  le  sirop  de 
grenade  occupaient  le  premier  rang,  8c  la  production  en  était  assez  considé- 
rable pour  captiver  l'attention  du  conseil  d'État.  Comme  ces  liqueurs,  d'in- 
vention récente,  n'étaient  pas  expressément  désignées  dans  les  tarifs  de  la 
foraine  de  Languedoc,  pas  plus  dans  ceux  de  la  douane  de  Lyon  que  du 
pays  des  cinq  grosses  fermes,  les  droits  dont  on  les  frappait  à  la  sortie  du 
royaume  ou  à  l'entrée  de  diverses  provinces  n'avaient  aucune  fixité,  l'inter- 
prétation du  tarif  en  étant  abandonnéQ^aux  agents,  ce  qui  ne  laissait  pas  que 
d'embarrasser  le  commerce  en  l'exposant  aux  plus  extrêmes  variations.  Le 
conseil  d'État  voulut  faire  cesser  toute  incertitude,  en  déclarant  qu'à  dater  du 
i"  décembre  1703  les  liqueurs  parfumées  de  Montpellier  seraient  grevées  d'un 

■  Rccae'tl  des  arrêts  de  Languedoc  âo  l'année  1703.  Arrêt  du  conseil  d'État  donné  à  Versailles   le  3  août 

i7-  :;. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  LEDIT  DE  NANTES.  847    T 

"'  1703 

droit  fixe  de  trente  sols  par  cent  pesant  brut,  tant  à  la  sortie  des  provinces  de 
Languedoc  8t  de  Provence  pour  les  pays  étrangers,  qu'à  l'entrée  des  territoires 
compris  dans  les  limites  de  la  douane  de  Lyon  ou  dans  celles  des  cinq 
grosses  fermes  ' . 

La  passion  de  plaider,  qui  semble  avoir  été  un  des  caractères  distinctifs  de 
la  vieille  société  française  St  dont  notre  littérature  s'est  plu  à  ridiculiser  les 
travers,  n'exerçait  pas  seulement  ses  ravages  dans  les  familles  nobles  ou  bour- 
geoises Su.  dans  les  corporations  religieuses.  Les  communes  en  étaient  surtout 
infectées,  au  grand  préjudice  de  leurs  intérêts,  se  laissant  impunément 
exploiter  par  les  hommes  de  loi,  les  procureurs  &<  tout  le  personnel  qui  vivait 
des  reliefs  de  justice.  Si  s'engageant,  sans  souci  de  l'avenir,  dans  des  actions 
ruineuses  que  les  gens  d'affaires  s'évertuaient  à  éterniser. 

Vainement  l'autorité  royale,  qui,  malgré  l'abus  &  l'excès  de  ses  ingérences, 
n'en  exerçait  pas  moins  une  influence  tutélaire  81  bienfaisante  sur  les  groupes 
municipaux,  avait  multiplié  les  barrières  pour  protéger  les  communes  contre 
leurs  propres  emportements  :  malgré  l'édit  d'avril  i683,  la  déclaration  du 
2  août  1687  Se  les  nombreux  arrêts  du  conseil  qui  défendaient  aux  communes 
d'entamer  aucun  procès  sans  en  avoir  obtenu  le  consentement  des  habitants 
réunis  en  assemblée  générale  8c  la  permission  écrite  des  intendants,  les  admi- 
nistrateurs, abusant  de  leurs  pouvoirs,  ne  cessaient  pas  d'engager  les  com- 
munes dans  des  procès  sans  fin,  qui  n'ayant  presque  jamais  de  fondement 
légitime,  se  terminaient  presque  toujours  d'une  manière  funeste  Su.  consu- 
maient en  frais  les  maigres  finances  municipales. 

Il  fallut  qu'une  nouvelle  déclaration,  donnée  à  Fontainebleau  le  2  octo- 
bre 1703,  sans  se  borner  à  renouveler  les  anciennes  précautions,  essayât  de 
tarir  la  source  du  mal,  en  frappant  dans  leurs  intérêts  privés  ceux  qui  en 
étaient  surtout  responsables.  Les  maires,  syndics  8c  consuls,  coupables  d'avoir 
entrepris  des  procès  sans  le  consentement  de  la  commune  8c  l'autorisatioit  de 
l'intendant,  furent  déclarés  passibles  des  frais  de  la  procédure;  6c  les  procu- 
reurs 8c  premiers  juges  qui  mettaient  la  main  à  la  cause  sans  avoir  la  preuve 
de  l'observation  des  édits,  virent  leurs  actes  Se  jugements  frappés  de  nullité 
8c  eurent  à  répondre  en  leur  nom  des  dommages  causés  aux  parties. 

Cette  loi  protectrice,  qui  tentait  de  mettre  un  terme  aux  embarras  crois- 
sants des  communes,  8c  de  les  arrêter,  malgré  elles,  dans  la  folie  qui  les 
entraînait  à  leur  ruine,  fut  enregistrée  au  Parlement  de  Toulouse  le  22,  8c 
à  la  cour  des  aides  de  Montpellier  le   24  novembre   1703*. 

Le  conseil  de  commerce  établi  en  1700  au  siège  même  du  gouvernement 
pour  le  seconder  dans  la  grande  enquête  qu'il  avait  entreprise  sur  les  moyens 
d'accroître  la  production  Se  la  prospérité  de  la  France,  reçut,  au  bout  de  trois 

'  Recueil  des  arrêts  de  Langaedoe.  Arrêt  du  con-  faire  aucune  députation,  sans  en   avoir  obtenu   la 

seil   d'État  donné  à  Fontainebleau    le  23  octobre  permission  de  M.  l'Intendant  de  la    Province;  & 

1703.  qui  défend  aux   procureurs  d'occuper  pour  lesdites 

'Recueil   de    Languedoc,    Déclaration    du    Roy  communautez,  qu'il  ne  leur  aparoisse  de  ladite  pcr- 

qui   défend   aux  communautez  de  playder,  ny  de  mission.  Donnée  à  Fontainebleau  le  2  octobre  1  ycT. 


—^ 848  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ans,  un  complément  S<.  un  auxiliaire  clans  la  Province,  par  la  création  de 
chambres  particulières  clans  les  centres  les  plus  importants.  Ces  chambres, 
qui  furent  au  nombre  de  dix,  eurent  pour  mission  de  servir  d'intermédiaire 
entre  le  commerce  local  Si  l'État,  de  recevoir,  des  négociants  du  pays,  toutes 
les  communications  8c  tous  les  projets  qui  pouvaient  présenter  quelque  intérêt 
pratique  81  servir  au  bien  du  royaume,  de  les  étudier  81  de  les  discuter  avec 
soin,  d'en  opérer  le  triage  8c  de  transmettre  au  contrôleur  général  les  propo- 
sitions qui  paraîtraient  assez  sérieuses  8c  assez  utiles  pour  être  recommandées 
aux  méditations  du  conseil  supérieur. 

Deux  de  ces  chambres  particulières  furent  établies  en  Languedoc,  l'une  à 
Toulouse,  l'autre  à  Montpellier,  8c  le  ministère  obtint  des  Etats  de  la  Pro- 
vince, en  faveur  de  chacune  d'elles,  une  subvention  annuelle  de  six  cents 
livres  '. 

Afin  de  régler  d'une  manière  plus  conforme  aux  intérêts  du  pays  les 
détails  d'organisation  intérieure  de  ces  deux  chambres,  M.  de  BâviUe  fit 
réunir  à  Toulouse  8c  à  Montpellier  une  assemblée  des  notables  négociants, 
8c  prit  leur  avis  sur  la  composition  du  nouveau  corps  8c  sur  le  mode  d'élection 
des  membres  qui  devaient  en  taire  partie^;  il  en  résulta  une  rédaction  de 
statuts  à  peu  près  identique  pour  les  deux  villes,  qui  reçut  la  sanction  du 
conseil  d'tjtat^. 

Toulouse  8c  Montpellier  possédaient,  depuis  le  seizième  siècle,  sous  le 
nom  de  Bourse  des  marchands,  une  juridiction  purement  commerciale,  pro- 
nonçant des  arrêts  gratuits  sur  toutes  les  contestations  de  négociants  qui  ne 
dépassaient  pas  cinq  cents  livres '*.  Ce  tribunal,  qui  se  renouvelait  par  l'élec- 
tion 8c  qui  avait  été  créé  sur  le  type  de  la  Conservation  de  Lyon,  fournit  un 
élément  important  aux  deux  chambres  de  commerce.  Le  prieur  Se  les  deux 
consuls  de  la  Bourse  en  furent  membres  de  droit,  pendant  le  temps  de  leur 
exercice,  8c  la  présidence  fut  attribuée  au  prieur.  Outre  ces  trois  personnes, 
la  chambre  dut  encore  être  composée  de  quatre  négociants,  faisant  actuelle- 
ment le  commerce  ou  l'ayant  fait  au  moins  pendant  dix  années,  dans  la  ville 
de  leur  résidence.  Ces  membres,  qui  prenaient  le  nom  de  députés  du  com- 
merce, étaient  électifs  8c  demeuraient  deux  ans  en  charge  :  ils  se  renouve- 
laient par  moitié  à  la  fin  de  chaque  année,  l'exercice  commençant  au  premier 
janvierj  mais  on  pouvait  prolonger  leurs  pouvoirs  de  deux  ans,  sans  dépasser 
cette  limite,  8c  les  réélire  après  quelques  années  d'intervalle. 

Les  élections  se  faisaient  à  la  pluralité  des  suffrages,  par  un  seul  tour  de 
scrutin.  En  cas  de  ballottage,  le  sort  décidait. 

La  chambre  de  commerce  devait  s'assembler  un  jour  de  chaque  semaine, 
dans  la  maison  de  la  Bourse. 

'  Les  autres  chambres   furent  établies  à  Lyon,  conseil   d'Etat   donnés  le  2p  décembre   lyoS   &  le 

Uoucn,   Bordeaux,   la   Rochelle,  Nantes,   Lille  &  lô  janvier  1704. 

Rayonne.  <  La    Bourse    de   Toulouse    avait    été    créée    par 

*  Arrêt  du  conseil  d'Etat  du  3o  août  1701.  lettres    patentes    d'Henri   II,   du    mois   de    juillet 

'  Recueil    des    arrêts    de    Languedoc.    Arrêts    du  i549- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  849  ~ 

Le  secrétaire  dressait  le  procès-verbal  des  séances  &  signait  les  expéditions 
de  mémoires.  Tous  les  membres  présents  signaient  au  registre.  En  cas  de 
divergence  d'avis  sur  les  matières  traitées,  les  opinions  contradictoires  devaient 
être  exprimées  au  procès-verbal  avec  le  nom  des  opinants. 

La  chambre  de  commerce  avait  le  droit  exclusif  de  contrôler  Se  de  rendre 
valables  par  son  approbation  les  certificats  connus  sous  le  nom  de  parères, 
délivrés  par  des  négociants  notables  dans  les  questions  contentieuses,  pour 
constater  l'usage  8<.  suppléer  au  silence  ou  à  l'obscurité  de  la  loi. 

La  nouvelle  création  devant  son  existence  à  l'initiative  du  pouvoir  central, 
le  ministère  se  réserva  le  droit  de  la  diriger  en  la  personne  de  son  représen- 
tant le  plus  élevé,  quand  il  le  jugerait  convenable.  L'intendant  de  la  Pro- 
vince eut  la  faculté  d'assister  aux  assemblées  &  d'y  occuper  le  siège  de  la 
présidence.  Le  syndic  général,  agent  permanent  de  l'administration  provin- 
ciale, pouvait  être  admis  dans  les  réunions. 

Deux  articles  spéciaux  réglaient  l'épineuse  question  des  préséances,  tou- 
jours féconde  en  querelles}  ils  établissaient  une  distinction  en  faveur  de  la 
noblesse.  Les  négociants  qui  la  possédaient  eurent  le  privilège  de  siéger  à  la 
droite  du  prieur,  &  en  cas  d'absence  de  cet  officier,  la  présidence  tut  dévolue 
de  droit  à  leur  doyen  d'âge. 

Pour  la  première  année,  le  roi  désigna,  dans  l'une  &  l'autre  ville,  les 
quatre  négociants  qui  durent  occuper  la  place  de  députés  du  commerce.  A 
Toulouse,  ce^  furent  deux  anciens  capitouls,  Colomez  8c  Charlary,  dont  le 
premier  remplit  les  fonctions  de  secrétaire;  &  deux  marchands  nommés 
Antoine  Ricard  8c  Loubaissin,  l'un  8<  l'autre  droguistes.  A  Montpellier,  le 
choix  du  roi  s'arrêta  sur  les  sieurs  Viel,  Clary,  Pioch  8c  Reboul. 

Les  premières  élections  devaient  avoir  lieu  à  la  fin  de  l'année  ijo5  5c 
porter  seulement  sur  la  moitié  des  membres  nommés  par  le  roi;  les  autres 
restaient  en  fonctions  jusqu'à  la  fin  de  l'année  suivante. 

Les  chambres  de  commerce  de  Toulouse  8<  de  Montpellier  se  maintinrent, 
d'après  ces  règles,  jusqu'à  la  Révolution. 

Celle  de  Toulouse  se  donna  plus  tard  un  syndic  8c  un  trésorier,  8c  nomma 
régulièrement  six  commissaires  chargés  de  vérifier  &c  de  parafer  les  livres 
journaux  des  négociants  de  la  ville  8c  du  ressort'. 

Les  Etats  célébrèrent,  le  17  janvier  1704,  le  service  funèbre  du  cardinal 
Bonzi  dans  la  cathédrale  de  Montpellier.  Son  successeur  officiait. 

La  nef  entière  était  tendue  d'une  draperie  noire  de  quatorze  pans  de  hau- 
teur, sur  laquelle  se  détachaient  en  or  &c  en  couleur  les  armoiries  du  prélat. 

On  avait  élevé  au  fond  de  la  nef  un  mausolée  de  forme  octogone,  soutenu 
de  huit  colonnes  8c  décoré  de  peintures  en  grisailles,  avec  quatre,  grandes 
figures  autour  représentant  les  Vertus.  Trois  rangées  de  cierges  brillaient 
autour,  8c  à  l'intérieur  était  dressé  un  lit  de  parade,  portant  sous  un  poêle  de 
velours  noir  la  représentation  de  l'archevêque. 

■  Almanach  hiitori(jue  de  la  Province  Je  Languedoc^  par  M.  Bnoiir. 

XI U.  54 


1704 


'7°4 


85o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  évêques  de  Saint-Pons,  d'Uzès,  de  Mirepoix  &  de  Castres  firent  les 
absoutes,  &  l'oraison  funèbre  fut  prononcée  par  l'abbé  Poncet  de  la  Pv.ivière, 
neveu  &  grand  vicaire  de  l'évêque  d'Uzès.  A  la  prière  du  nouvel  archevêque 
de  Narbonne,  les  États  votèrent  l'impression  de  ce  discours'. 

L'imagination  des  ministres  continuait  à  s'épuiser  en  inventions  de  toute 
espèce  pour  arracher  de  l'argent  au  pays.  Un  édit  de  février  1704  créa  des 
offices  d'inspecteurs  aux  boucheries  dans  toutes  les  villes  &  bourgs  du 
royaume,  en  attribuant  à  ces  étranges  officiers  un  droit  de  trois  livres  sur 
chaque  bœuf  ou  vache,  de  douze  sols  sur  chaque  veau  ou  génisse,  8c  de 
quatre  sols  sur  chaque  mouton,  brebis  ou  chèvre,  destinés  à  la  consomma- 
tion dans  l'intérieur  de  l'enceinte.  Ce  tarif  était  ainsi  réglé  pour  les  villes  de 
Paris,  Toulouse,  Montpellier  &  quelques  autres,  nominativement  désignées 
dans  l'arrêt,  S<.  subissait  une  réduction  partout  ailleurs^.  Les  difficultés  de  la 
perception  firent  transformer  cet  impôt  en  un  droit  unique  de  deux  deniers 
par  livre  de  viande^. 

Les  traitants  ne  manquaient  jamais  à  ces  ruineuses  innovations.  Jacques 
Rocher  signa  avec  M.  de  Bâville  un  bail  pour  six  ans,  au  prix  de  trois  cent 
vingt-cinq  mille  livres,  plus  deux  sols  pour  livre,  payables  en  quatre  frac- 
tions égales,  de  six  en  six  mois.  Le  nouveau  droit  devait  être  levé  dans  toutes 
les  villes  8c  bourgs  de  Languedoc  qui  avaient  entrée  aux  Etats  ou  aux  assem- 
blées d'assiette,  annuellement  ou  par  tour,  dans  celles  qui  possédaient  un 
siège  de  justice  royale,  &c  même  dans  les  lieux  qui,  sans  jouir  d'aucun  de 
ces  avantages,  avaient  le  fâcheux  privilège  d'être  entourés  de  murailles. 
Toutes  ces  villes  étaient  d'ailleurs  frappées  non-seulement  dans  leur  enceinte, 
mais  encore  dans  leurs  faubourgs  8c  même  dans  toute  l'étendue  de  leur  tail- 
lable.  C'était  le  moyen  de  ne  laisser  guère  échapper  personne,  car  il  n'était 
si  maigre  bourgade  qui  ne  gardât  quelque  apparence  de  fossés  ou  de  rem- 
parts. 

Or,  en  Languedoc,  la  viande  de  boucherie  était  déjà  grevée  de  plusieurs 
impôts.  Outre  la  taxe  provinciale  de  l'équivalent,  dont  les  produits  servaient 
à  solder  le  don  gratuit,  il  existait  dans  les  villes  des  droits  locaux  destinés  à 
éteindre  les  dettes.  On  n'eut  pas  de  peine  à  prévoir  les  conséquences  de  la 
nouvelle  création.  La  viande  deviendrait  si  chère  que  la  consommation  en 
diminuerait,  8c  que  par  là  une  des  plus  importantes  sources  de  revenus  serait 
tarie,  tant  pour  le  Trésor  que  poiir  les  caisses  municipales. 

Le  syndic  général  de  la  Province  fit  valoir  ces  raisons  au  conseil  d'Etat, 
non  sans  rappeler  combien  c'était  un  procédé  contraire  aux  traditions  finan- 
cières du  Languedoc  que  d'établir  une  imposition  sans  le  consentement  de 
l'assemblée  des  trois  ordres. 

Fleuriau  d'Armenonville  fit  le  rapport.  Peu  importait  au  Trésor  la  main 
qui  donnait  les  écus  pourvu  qu'ils  tussent  donnés.  La  Province  fut  autorisée 

'  Procès-verbnl  des  Etats  Ae  Languedoc.  Séance  °  Quarante  sols  par  bœuf  ou  vache  au  lieu  de 

du   17  janvier  17^/).  trois  livres. 

'  Arrêt  du  conseil  d'Et.it  du    19  avril  170^. 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  85i 

à  se  substituer  à  l'adjudicataire.  En  payant  en  son  lieu  &  place  à  Jacques  de 
Lavaux,  chargé  du  recouvrement  de  la  finance,  la  somme  consentie  par  le 
traitant,  elle  pouvait  à  son  gré  supprimer  l'impôt  ou  le  percevoir  à  son  profit'. 

Il  s'éleva  une  contestation  entre  les  provinces  de  Languedoc  St  d'Auvergne 
àu  sujet  du  territoire  de  Saint-Privat. 

Ce  petit  pays,  qui  portait  encore  le  titre  de  mandeinent,  était  situé  aux 
confins  de  l'Auvergne  &  du  Vêlai,  sur  la  rive  droite  de  l'Allier,  au  centre 
d'une  région  boisée  que  traverse  la  route  du  Puy  à  Rodez,  &  la  délimitation 
en  était  assez  indécise  pour  que  les  habitants  fussent  à  la  fois  cotisés  à  la 
taille  dans  les  deux  provinces. 

Le  syndic  général  se  fit  auprès  du  conseil  d'État  l'avocat  des  droits  du  Lan- 
guedoc 8<  s'efforça  de  prouver,  par  la  production  de  divers  actes  anciens, 
qu'en  matière  de  juridiction  comme  en  matière  de  taille  le  mandement  de 
Saint-Privat  avait  toujours  été  compris  dans  les  dépendances  du  pays  de  Vêlai. 

Divers  titres,  échelonnés  de  l'année  i3o8  à  l'année  1494  témoignaient  de 
la  soumission  des  habitants  aux  rigueurs  du  bailliage  de  Vêlai  5  une  tran- 
saction conclue  en  1455  entre  le  seigneur  du  lieu  &  ses  vassaux,  au  sujet  de 
la  construction  des  murailles,  prouvait  que  la  querelle,  jugée  d'abord  par  les 
officiers  ordinaires,  était  venue  en  appel  au  Parlement  de  Toulouse.  Il  en 
avait  été  de  même  en  1471,  pour  un  procès  de  dîme  avec  le  prieur  de  la 
Chaise-Dieu,  qui  se  termina  par  transaction,  après  avoir  été  porté  en  pre- 
mière instance  au  sénéchal  de  Nimes.  Enfin  en  1542,  les  habitants  de  Saint- 
Privat  avaient  plaidé  entre  eux,  devant  le  bailli  du  pays  de  Vêlai,  pour  le 
payement  de  leurs  tailles. 

Le  syndic  général  produisait,  en  outre,  quatre  départements  des  tailles  de 
Languedoc,  de  1042  à  i56o,  où  Saint-Privat  se  trouvait  compris,  ainsi  que 
dans  un  état  de  la  recette  du  Puy  en  l'année  1544,  Si  rappelait  qu'en  1693 
une  pareille  usurpation,  commise  au  détriment  de  la  Province  à  l'occasion  du 
territoire  de  Mauriac,  avait  été  réparée  d'après  l'avis  des  deux  intendants. 

Le  conseil  d'État  renvoya  la  requête  à  M,  de  Bâville  81  à  son  collègue 
d'Auvergne,  M.  d'Ormesson^. 

Il  avait  été  rendu  en  i6o5,  au  conseil  d'État,  sur  la  requête  du  syndic  de 
Dauphiné,  un  arrêt  réglant  l'introduction  des  vins  de  cette  province  dans 
le  Vivarais.  D'après  cette  décision,  qui  fut  interprétée  par  le  conseil  le 
7  août  1620,  le  transport  des  vins  de  Dauphiné  sur  la  rive  droite  du  Rhône 
était  autorisé  depuis  l'époque  des  vendanges  jusqu'aux  fêtes  de  Noël  St  pro- 
hibé pendant  le  reste  de  l'année. 

Les  États  demandèrent,  dans  le  cahier  des  doléances  de  1708,  que  ces 
anciennes  prohibitions  fussent  renouvelées,  &.  qu'en  outre  on  assimilât  aux 
vins  de  provenance  dauphinoise,  ceux  d'Avignon,  du  comtat  Venaissin  8i  de 
la  principauté  d'Orange. 

■  Recueil  des  arrêts  Je  Languedoc.  Xrtêt  du  comtW  '  Recueil  des  arrêts  de  Languedor.  Arrêt  du  con- 

d'Etiit,  donné  à  Fontainebleau  le  i  i  octobre  1704.       seil  d'État,  donné  à  Versailles  le  24  mai   1704. 


1704 


>7°4 


852  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

M.  de  Bâville,  consulté  par  le  roi,  donna  son  avis  le  6  avril  1704.  Il 
reconnaissait  que  les  revenus  des  deux  tiers  des  habitants  du  Vivarais  con- 
sistaient en  vins  Si  que  s'ils  n'en  avaient  pas  le  débit,  le  payement  des  impo- 
sitions royales  leur  deviendrait  fort  difficile.  La  libre  importation  des  vins 
de  Dauphiné  compromettant  la  valeur  des  produits  indigènes,  l'intendant  ne 
voyait  pas  d'inconvénient  à  la  restreindre  aux  limites  traditionnelles  dont  le 
Dauphiné  n'aurait  pas  le  droit  de  se  plaindre,  puisque  les  arrêts  de  i6o5  6c 
de  1620  avaient  été  sollicités  par  le  syndic  de  cette  province. 

Quant  a  l'extension  des  prohibitions  à  la  principauté  d'Orange,  au  comtat 
Venaissin  &.  à  la  ville  d'Avignon,  Bâville  ne  s'y  montra  pas  plus  défavo- 
rable, en  se  fondant  sur  ce  qu'on  y  trouvait  un  moyen  assuré  d'accroître  le 
commerce  des  vins  récoltés  en  Vivarais,  Si  d'empêcher  que  l'argent  des  pro- 
vinces voisines  ne  passât  dans  des  pays  qui,  bien  que  régnicoles,  ne  laissaient 
pas  d'être  regardés  comme  étrangers,  attendu  qu'ils  ne  contribuaient  pas  aux 
charges  de  l'État.  Ces  pays,  d'ailleurs,  en  tant  qu'étrangers,  ne  pourraient, 
sans  injustice,  accuser  la  rigueur  de  la  loi  française,  puisqu'ils  seraient  traités 
sur  le  pied  du  Dauphiné.  Le  directeur  des  finances,  Fleuriau  d'Armenon- 
ville,  adopta  les  conclusions  de  l'intendant  de  Languedoc,  Se  un  arrêt,  signé 
à  Versailles  le  10  juin  1704,  défendit  l'importation  en  Vivarais  des  vins  de 
Dauphiné,  d'Avignon,  comtat  Venaissin  &.  principauté  d'Orange  depuis  les 
fêtes  de  Noël  jusqu'au  temps  des  vendanges,  à  peine  de  confiscation  Se  de 
mille  livres  d'amende.  Des  vendanges  à  Noël,  les  habitants  du  Vivarais 
étaient  autorisés  à  faire  venir  des  vins  des  pays  prohibés,  mais  pour  leur 
boisson  seulement  St  sans  pouvoir  en  faire  cpmmerce,  sous  peine  d'encourir 
les  mêmes  rigueurs. 

Ainsi  la  frontière  orientale  de  Languedoc  se  trouva  de  nouveau  défendue 
contre  l'invasion  des  crus  de  la  rive  gauche  du  Rhône'. 

Les  gratifications  que  les  États  accordaient  aux  envoyés  de  la  noblesse 
chargés  d'occuper  la  place  des  propriétaires  de  baronnies,  étaient,  depuis 
longtemps,  d'une  façon  plus  ou  moins  ostensible,  une  sorte  de  prime  ambi- 
tionnée par  les  gentilshommes  pauvres,  plutôt  qu'une  simple  indemnité  de 
vovage  Si  de  séjour,  conformément  à  l'esprit  de  l'institution.  C'était  encore 
là  une  des  formes  de  dégénérescence  que  les  ennemis  des  États  de  Lan- 
guedoc reprochaient  avec  le  plus  d'amertume  à  cette  ancienne  représentation 
provinciale. 

La  baronnie  de  Mirepoix,  dont  le  titulaire  se  trouvait  mineur,  donna  lieu 
à  un  éclat  qui  fit  souhaiter  quelques  mesures  de  répression.  Le  châtelet  de 
Paris,  dans  une  sentence  du  i5  septembre  i7o3,  nommant  des  tuteurs  au 
jeune  marquis  de  Mirepoix,  avait  ordonné  que  le  choix  du  gentilhomme 
député  aux  États  pour  représenter  la  baronnie  serait  fait,  au  plus  grand 
avantage  du  mineur,  par  les  deux  tuteurs  honoraires,  qui  étaient  la  marquise 

'  Recueil  Je  Languedoc.  Arrêt  du  conseil  d'Ktat,  porter  les  vins  de  Dauphiné,  du  comtat  d'Avignon 
donné  i  Versailles  le   lo  juin    1704,  qui   défend  de        &  principauté  d'Orange  en  Vivarais  après  Noël. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  853 

mère'  S<.  le  marquis  de  Léran  ^,  Si  à  défaut  d'accord  entre  les  collateurs  dési- 
gnés, par  le  tuteur  onéraire.  La  mésintelligence  prévue  par  le  tribunal  se 
réalisa.  La  marquise  de  Mirepoix  8c  le  marquis  de  Léran  nommèrent  chacun 
leur  gentilhomme  sans  pouvoir  s'entendre;  Si  M.  de  Léran,  qui  ne  s'inquié- 
tait point  des  déguisements  de  convenance,  ne  se  fit  point  faute  de  répéter 
que  son  candidat  méritait  d'être  choisi,  ayant  fait  des  offres  avantageuses  au 
mineur,  tandis  que  le  protégé  de  la  marquise  n'en  présentait  aucune. 

Cet  aveu  trop  sincère  arriva  aux  oreilles  de  l'assemblée  qui  s'en  irrita,  & 
déclara  ne  pouvoir  supporter  que  la  gratification  accordée  aux  envoyés  des 
barons  pour  leur  défrai,  devînt  un  objet  de  commerce,  8i  que  l'on  vendît  aux 
enchères  le  droit  de  s'asseoir  au  rang  des  représentants  de  la  Province. 

Le  chose  fut  jugée  indigne  8c  des  barons  qui  donnaient  leur  procuration 
8c  des  gentilshommes  qui  la  recevaient,  indigne  surtout  de  l'assemblée  des 
États,  accoutumée,  disait-on,  à  voir  remplir  les  places  des  hauts  bancs  par  les 
gentilshommes  les  plus  qualifiés. 

On  en  fit  la  matière  d'une  requête  du  syndic  général  au  conseil  du  roi, 
8c  le  3o  juin  1704  un  arrêt  du  tribunal  souverain  défendit  aux  tuteurs  du 
marquis  de  faire  aucune  convention  pour  l'entrée  d'un  envoyé  aux  États  8c 
de  recevoir  aucune  offre  de  quelque  personne  que  ce  pût  être.  Les  gen- 
tilshommes coupables  d'avoir  oftert  de  l'argent  pour  obtenir  un  si  honorable 
privilège,  devaient  être  privés  de  l'entrée  ainsi  que  des  émoluments  dont  elle 
était  le  prétexte. 

Cet  arrêt,  d'une  exécution  difficile,  contraignit  du  moins  les  prétendants  à 
mettre  plus  de  mystère  dans  leurs  transactions;  mais  le  fond  même  des  choses 
en  fut  peu  changé,  8c  l'argent  continua  de  donner  accès  aux  bancs  supérieurs 
aussi  bien  qu'à  ceux  du  parterre^. 

Le  collecteur  des  tailles  du  lieu  de  Tuchan,  au  bas  Languedoc,  n'ayant 
pas  fourni  le  paiement  de  l'année  1702,  le  receveur  du  diocèse  le  fit  mettre 
dans  les  prisons  de  Narbonne,  d'où  la  connivence  du  concierge  lui  procura  les 
moyens  de  s'échapper.  La  cour  des  aides  de  Montpellier  instruisit  l'affaire, 
emprisonna  le  concierge  8c  le  substitua  au  collecteur.  Elle  condamna  même 
le  receveur  des  tailles  à  lui  fournir  des  aliments  pendant  sa  captivité,  ce  qui 
était  contraire  au  régime  admis  en  Languedoc  depuis  la  réponse  faite  par  le 
roi  au  cahier  des  États  de  i685,  portant  que  les  receveurs  seraient  déchargés 
de  l'obligation  de  nourrir  leurs  débiteurs"*.  Le  syndic  général  de  la  Province 
recourut  au  conseil  d'État,  qui  cassa  tous  les  arrêts  contraires  de  la  cour  de 
Montpellier  8c  dégagea  complètement  le  receveur.  Le  motif  de  cette  jurispru- 
dence était   que,  dans   les  communes,  où   l'on  était  contraint   d'employer 

'  Anne-GabrielU    d'Olivier,    veuve    de    Pierre-  l'entrée  des  Estafs  de  Languedoc  Us  gentilshommes 

Charles  de  Lévy,  chevalier,  marquis  de  Mirepoix,  envoyez  de   la    noblesse  qui   ont  fait  des  conven- 

maréchal  de  la  Foy.  tions  pour  y  entrer. 

•  Paul  de  Lévy,  marquis  de  Léran.  ■•  Arrêts  de  la  cour  des  aides  de  Montpellier  du 

"  Recueil  de  Languedoc.  Arrêt  du  conseil  d'État,  23  avril  lyoS,  du  i"  février,  de»  i5  mars  &  19  juin 

donné  à  Versailles  le  3o  juin  1704,  qui  exclut  de  ■704. 


1704 


'7°4 


170J 


854  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

seulement  des  collecteurs  forcés,  la  levée  de  la  taille  serait  devenue  complè- 
tement impossible,  si  l'on  avait  observé  la  règle  commune  de  faire  nourrir 
les  débiteurs  prisonniers  par  leurs  créanciers,  plusieurs  de  ces  malheureux 
préférant  vivre  aux  dépens  d'autrui  en  captivité  que  de  prendre  la  peine  de 
lever  les  tailles  '. 

Les  députés  de  la  Province  réclamèrent,  par  l'article  10  de  leur  cahier, 
contre  les  exactions  dont  les  trésoriers  de  France  8c  les  officiers  des  séné- 
chaussées se  rendaient  coupables,  sous  prétexte  des  droits  d'enregistrement 
établis  en  lyoS  sur  les  contrats  d'aliénation  du  domaine  &  des  justices 
royales^  &  sur  les  provisions  d'officiers  jouissant  de  quelque  privilège^. 
D'après  l'esprit  de  la  création,  ces  droits  n'étaient  pas  obligatoires  8t  ne 
devaient  être  perçus  que  dans  le  cas  où  l'enregistrement  était  demandé  par 
les  acquéreurs  8c  les  nouveaux  pourvus.  Le  conseil  d'Etat  maintint  cette 
jurisprudence  en  défendant  expressément  aux  trésoriers  de  France  Se  aux 
officiers  des  sénéchaussées  de  Languedoc  de  continuer  les  poursuites  dont  ils 
avaient  pris  l'initiative,  dans  le  dessein  d'introduire  l'usage  d'un  enregistre- 
ment forcé'*. 

Le  syndic  général  de  la  Province  porta  plainte  au  conseil  du  roi  du  peu 
d'exactitude  que  mettaient  les  traitants  à  régler  leurs  comptes.  Il  y  avait  déjà 
tort  longtemps  que  le  pays  de  Languedoc  avait  pavé  à  ces  entrepreneurs  de 
finances  des  sommes  considérables  pour  le  rachat  des  trois  offices  de  trésoriers 
collecteurs,  de  mouleurs  de  bois,  Si  de  trésoriers,  inspecteurs,  contrôleurs, 
secrétaires  de  l'arrière-ban,  sans  pouvoir  obtenir  aucune  quittance  du  trésor^. 
Les  particuliers  de  la  Province,  frappés  d'une  infinité  de  taxes,  n'étaient  pas 
plus  heureux  Se  n'avaient  entre  leurs  mains  qu'un  simple  reçu  des  commis, 
sans  aucune  preuve  que  les  traitants  eussent  rempli  leurs  engagements  envers 
le  roi.  Le  conseil  d'Etat,  sur  le  rapport  de  Chamillart,  donna  un  mois  aux 
retardataires  pour  livrer  les  quittances  définitives  au  trésorier  de  la  bourse 
de  Languedoc,  ou  pour  remettre  aux  particuliers  celles  du  trésor  royal  ou 
(les  revenus  casuels''. 

Les  puissances  coalisées  contre  la  France  n'avaient  pu  voir  sans  un  vif 
désappointement  l'insurrection  des  Cévennes,  à  demi  domptée  par  la  rigueur 
d'une  répression  impitoyable,  recevoir  les  derniers  coups  des  mains  de  Vil- 
lars ,  8c  s'éteindre  progressivement,  grâce  à  l'habileté  d'un  système  où  la 
clémence  8c  la  sévérité  se  combinaient.  Tous  les  chefs  considérables  s'étaient 
résignés  à  la  soumission  ou  se  voyaient  forcer  dans  leurs  dernières  retraites. 
11  ne  restait  plus  de  cette  violente  émotion,  partagée  de  tout  le  royaume,  que 


■  Recueil  dei  arrêts  de  Languedoc,  Arrêt  du  con-  '  Les  prix  de   rachat  étaient  de  240  33i'  11'  8'' 

seil  d'Etat  donné  à  Fontainebleau   le   11   octobre  pour  l'office   de    trésorier  coUecteurj    de   279400' 

1704*  pour  l'office  de  mouleur  de  bois,  &  de  39000'  pour 

'  Arrêt  du  conseil  du  3  avril  1708.  l'office  de  trésorier,   inspecteur,  contrôleur,  sccié- 

'  Déclaration  du  roi  du   17  juillet  1703.  taire  de  l'arrière-ban. 

•■  Recueil  des  arrêts  de  Languedoc.  Arrêt  du  conseil  ^  Recueil  des  arrêts  de  Languedoc.  Arrêt  du  con- 

d'Etat,  donné  à  Fontainebleau  le  16  octobre  1704.  seil  d'Etat,  donné  à  Marly  le  11  novembre  17C4. 


LIV.   m.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  855 

les  traces  matérielles  tle  dévastations  opérées  soit  par  les  camisards,  soit  par 
les  troupes  royales  Se  qui,  pendant  plusieurs  années  encore,  devaient  tarir 
les  sources  de  l'impôt  dans  un  territoire  assez  étendu'.  La  guerre  finie,  les 
dernières  agitations  se  réduisirent  à  des  actes  de  banditisme  isolés  &  à  des 
exécutions  sanglantes  contre  les  gens  qui  n'avaient  pas  su  profiter  à  temps  de 
l'amnistie  &  sortir  du  royaume. 

L'Angleterre,  la  Hollande  &  le  duc  de  Savoie  dont  la  pacification  du  Lan- 
guedoc dérangeait  les  plans,  8t  dont  les  espérances  pouvaient  être  ranimées 
par  l'évasion  de  Cavalier,  s'inquiétèrent  alors,  sous  l'impulsion  de  quelques 
réfugiés  français,  de  réveiller  les  troubles  &  de  renouveler  cette  diversion  qui 
avait  donné  tant  d'alarmes  à  Louis  XIV. 

Jamais  plus  d'émissaires  ne  furent  mis  en  mouvement  ni  plus  d'argent 
dépensé  par  les  cours  étrangères,  qu'à  l'heure  où  l'insurrection,  au  milieu 
d'une  lassitude  générale,  venait  de  perdre  toutes  chances  de  succès.  Nombre 
d'aventuriers  &  de  chevaliers  d'industrie  qui  se  donnaient  pour  les  correspon- 
dants des  camisards  profitèrent  de  ces  conjonctures  &  parvinrent  à  détourner 
l'argent  qu'on  leur  confiait.  Quelques  agitateurs,  parmi  lesquels  le  marquis 
de  Miremont  &  l'abbé  de  la  Bourîie  tenaient  le  premier  rang,  semaient  l'Eu- 
rope de  manifestes  &  envoyaient  aux  protestants  des  Cévennes  des  promesses 
d'intervention  armée. 

Louis-Armand  de  Bourbon,  marquis  de  Miremont,  de  la  branche  des  Bour- 
bons Malauze,  se  vantait  d'être  le  seul  prince  du  sang  royal  qui  fût  demeuré 
fidèle  à  la  religion  d'Henri  IV,  &,  par  la  vertu  de  ce  titre,  il  prenait  celui  de 
général  en  chef  des  protestants  de  France  &  aspirait  à  jouer  en  Languedoc 
le  rôle  qu'y  avait  tenu  le  duc  de  Rohan. 

Mais,  comme  il  ne  se  dissimulait  pas  les  sentiments  de  répulsion  &  d'hor- 
reur qu'avaient  excités  les  crimes  des  camisards  dans  tous  les  rangs  de  la 
société  française,  &  chez  la  majorité  des  réformés,  il  prescrivait,  par  ses 
instructions  St  ses  communications  secrètes,  de  changer  de  tactique.  On  ne 
devait  plus  songer  à  épouvanter  le  monde  par  des  immolations  religieuses, 
renouvelées  de  l'histoire  du  peuple  juif.  C'est  au  nom  de  la  liberté  générale 
&  des  droits  de  la  conscience  qu'on  devait  combattre.  Toute  violence  était 
défendue  contre  les  ecclésiastiques  inoffensifs  &  les  catholiques  non  mili- 
taires, pourvu  qu'ils  n'eussent  pas  donné,  par  leur  conduite  personnelle,  de 
justes  sujets  de  vengeance.  Quand  une  exécution  paraîtrait  nécessaire,  il  ne 
faudrait  jamais  manquer  de  placer  sur  les  cadavres  un  écriteau  exposant  les 
causes  du  meurtre,  afin  de  montrer  que  ces  actes  émanaient  d'une  justice 
occulte  &  n'étaient  pas  l'entreprise  de  quelques  brigands^.  Le  inarquis  prohi- 
bait également   les   incendies  d'églises;  ces  destructions  que    les  camisards 

'  Divers  arrêts  du  conseil  d'État,  dont  on  trou-  d'Uzès,  de  Nimes  &  de  Viviers  qui  avaient  soDfTi;.:  ' 

vera   la  liste  &  la   date  dans  la  Chronologie  placée  de  la  guerre  des  camisards. 

en  tête  de  cette  histoire,  ou  le  texte  dans  nos  Pii'ces  'Voir  aux  Pièces  justificatives,  n.   DCCCVIU, 

;Bjii^Cfltiv«,  suspendirent  la  perception  des  impôts  col.  ïoîz,  le  texte  d'une  inscription   de  ce  genre, 

dans  les  communes  des  diocèses  de  Mende,  d'Alais,  trouvée  sur  le  cadavre  d'un  sieur  de  Saint-Julien. 


lyoS 


856  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

considéraient  au  contraire  comme  un  de  leurs  exploits  les  plus  méritoires,  8c 
comme  un  sûr  moyen  de  ruiner  l'idolâtrie  &  de  confondre  les  papistes,  le 
chef  politique  du  parti  les  répudiait,  parce  qu'on  avait,  disait-il,  tout  intérêt 
à  ne  point  s'aliéner  les  catholiques,  &  à  les  entraîner  eux-mêmes  dans  la 
révolte,  en  se  fondant  sur  l'exagération  des  charges  fiscales  dont  ils  étaient 
accablés.  Loin  de  les  traiter  en  ennemis,  il  voulait  que  l'on  sollicitât  leur 
assistance  pour  un  soulèvement  général  destiné  à  imposer  au  roi  la  fin  d'une 
guerre  injuste.  S'ils  refusaient  d'y  prendre  part,  mais  ne  commettaient  point 
d'actes  d'hostilité,  l'on  devait  les  laisser  en  paix;  s'ils  prenaient  les  armes 
contre  les  insurgés,  on  tomberait  sur  eux  sans  ménagement,  passant  au  fil 
de  l'épée  tous  les  combattants  &  pillant  leurs  maisons.  Un  article  particu- 
lier des  instructions  de  Miremont  s'appliquait  aux  nombreux  protestants 
convertis  qui  s'étaient  distingués  par  leur  zèle  à  persécuter  leurs  anciens 
coreligionnaires.  Ceux-là  ne  pouvaient  s'attendre  à  aucune  pitié.  Le  mar- 
quis prescrivait  de  ravager  tous  leurs  biens,  8c,  si  l'on  parvenait  à  se 
saisir  de  leurs  personnes,  de  les  brûler  vifs,  pour  servir  d'exemple  à  leurs 
pareils. 

A  l'égard  des  troupes  royales,  il  commandait  de  se  régler  sur  leur  conduite  : 
de  ne  pas  faire  quartier  à  celles  qui  n'en  feraient  pas,  8c  de  garder  comme 
otages  les  militaires  isolés  dont  on  aurait  occasion  de  s'emparer,  8c  de  les  faire 
pendre,  si  l'échange  en  était  refusé  contre  des  prisonniers.  A  défaut  d'exécu- 
teurs, on  choisirait  parmi  les  victimes  quelqu'un  qui  consentît  à  servir  de 
bourreau  pour  racheter  sa  vie;  si  non,  elles  seraient  jetées  dans  une  grange, 
8c  brûlées  en  bloc,  sans  négliger  de  laisser  une  inscription  commémorative 
de  l'événement. 

Afin  d'arrêter  les  supplices  ordonnés  par  l'intendance  ou  le  gouvernement 
militaire,  le  marquis  voulait  y  répondre  par  d'exactes  représailles,  en  tuant 
des  prisonniers  que  l'on  garderait  en  réserve  pour  cet  effet.  Miremont  repre- 
nait ainsi,  à  son  insu,  un  expédient  qui  avait  été  proposé  par  Montrevel 
pour  réprimer  les  assassinats  des  camisards;  mais,  à  défaut  de  cette  autorité, 
il  invoquait  celle  du  duc  de  Rohan. 

Quelques  précautions  minutieuses  étaient  indiquées  pour  éviter  les  déla- 
tions 8c  les  surprises.  Il  fallait  n'accueillir  aucun  déserteur  catholique,  de 
peur  d'en  être  dénoncé,  faire  essayer  tous  les  aliments  que  l'on  prendrait  chez 
des  personnes  suspectes.  Enfin  on  s'inquiétait  d'empêcher  les  tentatives  de 
corruption  ou  de  tromperie  qui  avaient  trop  bien  réussi  pendant  le  cours  de 
la  dernière  campagne.  Chefs  8c  soldats  prêteraient  serment  de  n'accepter 
de  conférence  avec  personne  sans  la  permission  de  la  troupe  8c  sans  un 
exposé  complet  de  l'objet  des  négociations.  Les  promesses  de  l'ennemi  seraient 
reçues  avec  une  entière  défiance,  8c,  prît-il  même  l'engagement  de  rétablir  la 
liberté  de  la  religion  réformée  dans  tout  le  royaume,  on  n'en  tiendrait 
aucun  compte,  à  moins  d'avoir  la  garantie  formelle  de  l'Angleterre,  de  la 
Hollande,  du  roi  de  Prusse  8c  des  autres  États  protestants.  On  couperait 
court  aux  tentatives  de  négociations  frauduleuses  en  menaçant  de  mort,  par 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  857 

écrit  public,  quiconque  s'en  chargerait,  &  en  exécutant  rigoureusement  ces 
menaces  '. 

Par  un  autre  manifeste,  la  portée  politique  du  mouvement  que  l'on  pré- 
parait se  trouvait  indiquée  d'une  façon  encore  plus  nette.  Abandonnant  les 
traditions  du  fanatisme,  la  phraséologie  biblique  &  les  anathèmes  des  prédi- 
cants  contre  la  nouvelle  Babylone  &  les  idoles  de  Baal ,  le  marquis  de  Mire- 
mont,  commandant  général  des  peuples  en  armes  dans  les  Cévennes  &  les 
provinces  voisines,  traçait  le  programme  d'une  grande  révolution.  Il  ne 
visait  à  rien  moins  qu'à  changer  la  nature  même  de  la  royauté,  à  doter  le 
pays  d'institutions  représentatives,  promettant  de  ne  cesser  la  guerre  qu'après 
le  rétablissement  des  Etats  généraux  du  royaume  St  du  Parlement  dans  toute 
l'étendue  de  leurs  anciennes  prérogatives,  après  le  relèvement  de  la  noblesse, 
dégradée  par  le  despotisme  8c  par  la  vénalité  des  anoblissements,  après  la 
suppression  des  impôts  &  charges  contraires  à  la  liberté,  &  après  la  remise 
en  vigueur  de  l'édit  de  Nantes,  sous  la  garantie  de  l'Angleterre  &  des  autres 
puissances  réformées. 

Cette  proclamation  annonçait  en  toutes  lettres  le  retour  en  Languedoc  des 
camisards  qui  en  étaient  sortis  à  la  suite  de  l'amnistie,  &  voici  l'explication 
qu'elle  en  donnait.  Les  promesses  du  maréchal  de  Villars  8t  de  l'intendant 
avaient  fait  espérer  un  adoucissement  dans  la  condition  des  protestants  de 
France  Se  entraîné  la  soumission  des  divers  chefs.  Les  agents  royaux  ne  fai- 
saient pas  honneur  à  leur  parole.  On  s'en  était  aperçu  trop  tard  pour  empê- 
cher l'effet  des  négociations;  mais  une  fois  de  l'autre  côté  de  la  frontière,  les 
scrupules  de  conscience  s'étaient  réveillés.  Les  camisards  sortis  du  royaume, 
endoctrinés  sans  doute  par  la  partie  militante  des  réfugiés  français  St  stimulés 
par  les  gouvernements  coalisés  qui  annonçaient  un  secours  considérable, 
se  préparaient  à  regagner  leurs  montagnes  &  à  recommencer  la  lutte.  Ils 
protestaient  de  ne  vouloir  pas  faire  une  guerre  de  religion  ni  élever  des 
temples  sur  les  ruines  des  églises.  Ils  se  contentaient  de  la  liberté  pour  eux 
&  s'engageaient  à  respecter  celle  d'autrui,  déclarant  «  devant  Dieu,  souverain 
«  juge  de  l'univers,  »  que  les  personnes  de  toute  qualité  8c  de  toute  croyance 
qui  ne  prendraient  pas  les  armes  contre  eux,  pourraient  demeurer  en  sécurité 
dans  leurs  maisons,  sans  avoir  à  redouter  aucune  offense  de  la  part  des  cham- 
pions de  la  liberté  française*. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  faire  ressortir  le  caractère  chimérique  de  ce 
nouveau  plan.  L'insurrection  des  Cévennes,  dans  un  pays  semé  de  ruines  8c 
peuplé  de  haines  par  les  événements  du  seizième  siècle,  ne  pouvait  pas  être 
autre  chose  qu'une  guerre  de  religion.  Le  projet  philosophique  de  verser  son 
sang  pour  la  liberté  de  conscience  n'avait  aucune  chance  de  remplacer,  dans 
le  cœur  des  montagnards,  les  accès  de  fougue  intolérante  qui  leur  faisaient 
traiter  les  catholiques  en  Amalécites  8c  en  Philistins,  8c  renverser  les  églises 
romaines  comme  les  premiers  chrétiens  renversaient  les  sanctuaires  des  faux 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCCIII,  col.  1009.  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCCIV,  col.  2oi3. 


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858  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dieux.  Il  fallait  être  prince  du  sang  royal,  homme  de  cour,  &  plus  versé 
dans  les  affaires  de  cabinet  que  dans  la  connaissance  des  instincts  populaires 
pour  croire  à  la  possibilité  d'une  kitte  maintenue  dans  de  telles  limites  5c 
pour  rêver  cette  espèce  de  chevalerie  consacrée  au  service  des  principes  &  à 
la  défense  des  opprimés.  Les  diplomates  étrangers,  gens  plus  positifs,  voyaient 
surtout  dans  ces  agitations  un  moyen  d'affaiblir  la  France,  d'occuper  les 
troupes  de  Louis  XIV  &  de  prendre  contre  le  puissant  monarque  la  revanche 
de  longues  défaites. 

D'ailleurs,  la  composition  des  bandes  qui  devaient  combattre  pour  ce  grand 
dessein  &  où  pullulaient  les  aventuriers,  les  gens  de  sac  81  de  corde  8c  les 
simples  mercenaires  donnant  leur  sang  pour  avoir  du  pain,  n'était  guère  de 
nature  à  autoriser  d'aussi  hautes  espérances. 

Le  marquis  de  Miremont  pensait  fort  prudemment  quand  il  recommandait 
aux  camisards  de  ne  point  recevoir  de  déserteurs,  ce  qui  leur  arrivait  tous  les 
jours;  car  ce  fut  par  l'entremise  d'un  de  ces  hommes,  du  régiment  suisse  de 
Courten,  que  Bâville  8c  le  duc  de  Berwick  eurent  connaissance  de  la  grande 
conjuration  de  Nimes. 

Ce  complot,  dont  les  principaux  auteurs  étaient  les  camisards  Catinat, 
Ravanel,  Jonquet,  Vilas,  Claris,  tous  rentrés  en  Languedoc  malgré  la  sur- 
veillance de  la  frontière,  avait  pour  objet  de  déterminer  un  soulèvement 
général,  de  concert  avec  les  puissances  coalisées.  On  devait  surprendre  Mont- 
pellier 8c  Nimes,  enlever  Bâville  5c  Berwick,  renvoyer  celui-ci  à  bord  de  la 
flotte  anglaise  que  l'on  attendait,  faire  expier  à  l'intendant  les  rigueurs  de  sa 
justice  prévôtale,  emmener  un  certain  nombre  d'otages,  parmi  lesquels  les 
évêques  de  Nimes  8c  de  Montpellier,  les  principaux  magistrats  8c  les  officiers. 
Se  enfin  s'assurer  du  port  de  Cette,  pour  le  mettre  aux  mains  des  Anglais 
qui  se  proposaient  d'y  tenter  un  débarquement.  Les  diverses  prescriptions  du 
marquis  de  Miremont  devaient  s'appliquer  dans  cette  nouvelle  guerre,  dont 
le  mot  d'ordre  était  :  r  Vive  le  roi  sans  Jésuites  8c  liberté  de  conscience!  « 

Les  premiers  pourparlers  se  tinrent,  entre  Nimes  8c  Montpellier,  dans  une 
maison  appartenant  à  un  certain  Boëton,  qui  avait  longtemps  vécu  en  cap- 
tivité avec  son  jeune  fils  à  Puylaurens,  8c  chez  qui  le  ressentiment  dominait 
toutes  les  autres  impressions.  Ce  Boëton  se  rendit  en  Auvergne,  où  il  com- 
mença de  préparer  des  armes  pour  un  corps  de  quinze  cents  hommes  qu'il 
s'était  chargé  de  lever  8c  qui  devaient  en  joindre  cinq  mille,  rassemblés  par 
les  soins  d'Alison  8c  d'Allègre,  marchands  de  Nimes.  La  prise  d'armes  devait 
coïncider  avec  l'apparition  d'une  flotte  alliée  sur  la  côte  de  Languedoc,  8c, 
clans  tous  les  cas,  ne  se  pas  retarder  au  delà  du  20  avril. 

Les  premiers  bruits  de  la  conjuration  arrivèrent  aux  oreilles  d'un  abbé 
Massélian,  «  prêtre  très-zélé,  très-discret  8c  de  très-bon  sens,  »  que  Bâville 
employait  depuis  longtemps  auprès  des  prisonniers  détenus  à  la  citadelle  de 
Montpellier  5c  qui  s'insinuait  avec  adresse  dans  leur  confiance.  Un  jeune 
homme,  du  nom  de  Chevalier,  ancien  camisard,  lui  révéla,  à  mots  couverts, 
ce  qui  s'apprêtait.  Pressé  de  questions,  il  finit  par  lui  dire  que  plus  de  trente 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ËDIT  DE  NANTES.  SSg 

hommes  étaient  arrivés  déjà  pour  l'enlèvement  de  Bâville  S<  de  Berwick, 
qu'on  devait  d'abord  mettre  le  feu  au  grenier  à  foin  de  l'intendant,  situé  en 
face  de  sa  maison,  &  profiter  du  trouble  occasionné  par  cet  incendie  pour 
s'emparer  de  sa  personne  ou  le  tuer. 

Sur  ces  déclarations,  immédiatement  transmises  par  l'abbé  à  l'intendance, 
des  perquisitions  furent  faites,  simultanément,  de  nuit,  dans  plusieurs  mai- 
sons suspectes  de  Nimes  &  de  Montpellier  8c  amenèrent  des  captures  impor- 
tantes '. 

A  Montpellier,  le  prévôt  diocésain  Jausserand,  pénétrant  dans  un  logis 
avec  son  escorte,  y  trouva  trois  hommes  couchés  sur  un  matelas  &  commença 
de  les  interroger.  L'un  d'eux,  qui  était  un  camisard  très-connu  dans  le  pays, 
nommé  Flessière,  essaya  de  faire  quelque  résistance,  &,  plongeant  la  main 
dans  un  coffre  placé  à  sa  portée,  en  tira  un  pistolet  dont  il  déchargea  deux 
coups  sur  le  prévôt  sans  l'atteindre.  Le  prévôt  riposte,  le  blesse  à  la  tête,  6i, 
au  moment  où,  tout  couvert  de  sang,  Flessières  voulait  fuir  par  l'escalier, 
deux  Irlandais,  placés  en  faction  sur  la  porte  de  la  rue,  achevèrent  de  le  tuer 
à  coups  de  baïonnette.  Les  deux  autres  furent  pris  :  c'étaient  un  ancien  soldat 
du  régiment  de  Hainaut,  8t  un  jeune  déserteur  suisse  de  Courten,  qui  s'était 
sauvé  depuis  dix  jours  de  son  régiment,  à  la  suite  d'une  punition,  8<  que  les 
recruteurs  camisards,  en  quête  d'hommes,  avaient  aussitôt  enrôlé.  Ce  jeune 
homme  éprouva  une  grande  frayeur  quand  il  se  vit  aux  mains  des  archers  & 
s'offrit  à  découvrir  tout  ce  qu'il  avait  eu  le  temps  d'apprendre  du  projet  des 
conjurés.  Grâce  aux  révélations  de  ce  déserteur,  certain  de  sauver  sa  tête  s'il 
disait  tout,  la  retraite  de  Catinat  Se  de  Ravanel  à  Nimes  fut  retrouvée.  Le 
suisse  ne  savait  pas  le  nom  de  la  rue,  mais  il  se  faisait  fort  de  la  reconnaître, 
ainsi  que  la  maison  qui  servait  d'asile  aux  conspirateurs.  On  le  fît  conduire  à 
Nimes,  sous  la  garde  de  six  archers  Se  d'un  lieutenant  de  prévôt,  qui  le  pro- 
menèrent à  travers  la  ville.  Dans  le  quartier  de  Sainte-Eugénie,  il  désigna 
plusieurs  maisons,  qui  furent  investies  pendant  la  nuit.  On  pénétra,  par  une 
porte  ouverte,  dans  les  appartements  du  marchand  de  soie  Alison,  où  Rava- 
nel, Jonquet  8<  le  jeune  Vilas,  émigré  de  Saint-Hippolyte  St  cornette  du 
régiment  anglais  de  Galloway,  causaient  ensemble  de  leur  grande  affaire. 
Ils  n'eurent  pas  le  temps  de  saisir  leurs  armes  &i  furent  enlevés. 

Les  portes  de  la  ville  étaient  hermétiquement  closesj  des  soldats,  la  baïon- 
nette au  bout  du  fusil,  occupaient  toutes  les  rues,  où  l'on  avait  interdit  la 
circulation.  Il  se  fit  beaucoup  d'arrestations.  Allègre,  Alison,  un  fabricant 
de  bas  nommé  Grollier  8c  le  prédicant  La  Jeunesse  furent  du  nombre.  Cati- 
nat, que  l'on  recherchait  activement,  s'était  dérobé  avix  poursuites.  On  le 
savait  dans  Nimes,  mais  on  ignorait  sa  cachette.  Berwick  publia  une  ordon- 
nance promettant  de  donner  cent  louis  d'or  à  celui  qui  livrerait  le  chef  cami- 
sard ou  qui  le  ferait  prendre,  8c  de  faire  grâce  à  celui  (|ui  l'aurait  logé,  s'il  le 
dénonçait  avant  la  perquisition  générale.  Dans  le  cas  contraire,  l'hôte  impru- 

'  Piieei  justificatives,  n.  DCCCV,  col.  2oi6j  n.  DCCCVI,  col.  2019;  n.  DCCCVII,  col.  2021. 


1705 


17°^ 


86o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dent  serait  pendu  sans  rémission  à  sa  porte,  8c  aurait  sa  famille  emprisonnée, 
ses  biens  confisqués  8c  sa  maison  rasée,  sans  autre  forme  de  procès. 

Ces  menaces  produisirent  l'effet  qu'on  avait  attendu.  Catinat,  contraint  de 
quitter  son  gîte,  sortit  furtivement,  alla  se  faire  raser  &c  poudrer  chez  un 
barbier,  &c  se  croyant  assez  travesti,  essaya  de  franchir  la  porte  Saint-Antoine, 
le  chapeau  sur  les  yeux  8c  un  papier  à  la  main,  qu'il  lisait  par  contenance. 
Peu  s'en  fallut  qu'il  ne  trompât  la  surveillance  des  gardes;  mais  un  officier 
eut  des  soupçons  &c  le  fit  conduire  au  poste,  où  l'on  ne  tarda  pas  à  le  recon- 
naître. Il  fut  garrotté  8c  amené  devant  l'intendant  8c  devant  Berwick,  qui  lui 
demanda  pourquoi  il  était  revenu  en  Languedoc  après  la  grâce  que  le  roi  lui 
avait  faite  de  lui  donner  la  vie  8c  de  le  laisser  sortir  de  son  royaume,  malgré 
ses  crimes.  Catinat  éluda  la  réponse,  mais  proposa  un  échange  de  sa  per- 
sonne contre  le  maréchal  de  Tallard,  alors  prisonnier  en  Angleterre,  ajoutant 
que  le  maréchal  recevrait  dans  sa  captivité  le  même  traitement  que  lui.  Ber- 
wick ne  donna  aucune  suite  à  cette  offre  Se  se  contenta  de  dire  :  «  Si  tu  n'as 
«  rien  de  meilleur  à  proposer,  je  te  promets  que  dans  quelques  heures  tu  ne 
«  seras  pas  en  vie.  « 

En  effet,  le  présidial  siégea  immédiatement.  Catinat  8c  Ravanel  furent 
condamnés  à  être  brûlés  vifs.  Les  conseillers  demeurèrent  quelque  temps  en 
désaccord  sur  la  nature  du  supplice;  certains  désiraient  voir  Catinat  tiré  à 
quatre  chevaux;  mais  la  majorité  pensa  que  la  mort  par  le  feu  était  plus 
lente  8c  plus  douloureuse.  Ravanel  supporta  les  épreuves  de  la  torture  sans 
dire  un  seul  mot.  Catinat,  plus  robuste  8c  plus  nerveux,  s'avoua  vaincu  par 
la  souffrance  8c  dénonça  divers  complices.  Jonquet  eut  le  corps  brisé  sur  la 
roue,  ainsi  que  Vilas,  &c  par  privilège,  fut  jeté  vivant  sur  le  bûcher. 

Les  exécutions  se  firent  à  l'extrémité  du  cours,  vis-à-vis  le  glacis  menant 
aux  barrières  de  la  porte  du  fort.  Catinat  8c  Ravanel  étaient  attachés  dos  à 
dos  au  même  poteau  par  une  chaîne  de  fer.  Louvreleuil  raconte  que  plu- 
sieurs veuves,  dont  les  maris  avaient  péri  par  la  main  des  deux  camisards,  se 
firent  une  joie  cruelle  d'alimenter  le  feu  en  y  jetant  des  fagots  de  bois  sec  8c 
que  l'on  vit  remuer  encore,  au  milieu  des  flammes,  les  membres  de  Jonquet, 
retirés  tout  pantelants  de  la  roue. 

Après  ce  quadruple  supplice,  Berwick  alla  inspecter  la  côte  d'Aigues- 
mortes  8c  prescrire  certains  travaux  défensifs,  en  vue  du  débarquement  que 
l'on  craignait.  Puis  le  présidial  jugea  les  négociants  de  Mimes  8c  autres  per- 
sonnages compromis  dans  la  conjuration,  qui  périrent  sur  la  potence  ou  sur 
la  roue.  Pendant  plusieurs  semaines,  les  supplices  ne  cessèrent  point.  La 
défection  de  Cavalier,  le  retour  d'un  grand  nombre  de  camisards  soumis,  le 
complot  de  Nimes  n'étaient  point  faits  pour  remettre  en  faveur  les  maximes 
conciliantes  de  Villars.  Ceux  qui  avaient  constamment  préconisé  la  répression 
à  outrance  triomphaient  de  ces  déceptions  8c  de  la  terreur  que  les  sanglantes 
procédures  répandaient  parmi  les  populations  protestantes. 

Quant  aux  agitateurs,  qui,  de  l'étranger,  avaient  dirigé  tous  ces  mouve- 
ments, ils  éclatèrent   en   récriminations   contre  divers   intermédiaires  qu'ils 


LIV.  III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  86 1 

regardaient  comme  responsables  de  la  découverte  du  complot.  Miremont  8c 
La  Bourlie  se  plaignirent  qu'en  exigeant  des  reçus  de  Ravanel  &  de  Catinat 
pour  les  sommes  envoyées  d'Angleterre  &  de  Hollande,  on  avait  causé  leur 
malheur.  Ces  reproches  donnèrent  lieu  à  une  longue  correspondance  entre 
les  réfugiés,  par  où  l'on  voit  que  la  confiance  des  bailleurs  de  fonds  était 
souvent  trompée,  à  la  faveur  du  mystère  des  transmissions,  &  que  la  plus 
grosse  part  de  l'argent  expédié  n'arrivait  jamais  à  son  adresse. 

Quelques  efforts  furent  encore  tentés  par  l'Angleterre  &i  la  Hollande  pour 
réveiller  l'insurrection  des  Cévennes,  pour  former  des  compagnies  de  cami- 
sards  à  la  solde  des  puissances  coalisées;  mais  l'épuisement  du  pays  8<.  les 
événements  de  guerre  sur  d'autres  théâtres  neutralisèrent  ces  projets;  les 
troupes  faisaient  de  loin  en  loin  des  battues  qui  amenaient  toujours  quelque 
capture  &  qui  avaient  pour  conclusion  certaine  de  nouvelles  exécutions,  les 
derniers  proscrits  ne  songeaient  qu'à  disputer  leur  vie  au  bourreau,  St  la 
majorité  protestante,  appuyée  par  les  consistoires,  condamnait  le  fanatisme 
des  prédicants.  Parmi  les  catholiques,  les  querelles  entre  romains  8c  gallicans 
ne  cessaient  d'entretenir  une  vive  agitation. 

L'attente  d'une  constitution  pontificale  qui  devait,  disait-on,  aplanir  les 
difficultés  entre  le  Saint-Siège  8c  l'Eglise  de  France,  déterminèrent  les  assem- 
blées provinciales  du  clergé  à  donner  en  ijoS  à  leurs  députés  une  procura- 
tion absolue,  tant  pour  le  spirituel  que  pour  le  temporel. 

Cette  proposition  ne  rencontra  de  résistance  que  dans  la  province  ecclé- 
siastique de  Narbonne.  M.  de  Percin  Montgaillard,  évêque  de  Saint-Pons, 
la  combattit  fortement.  Au  point  de  vue  temporel,  il  fit  voir  le  péril  de 
ces  pouvoirs  illimités  qui  permettraient  d'accabler  le  clergé  de  nouveaux 
emprunts,  transformés  bientôt  en  véritables  aliénations.  Ces  emprunts  accu- 
mulés avaient,  disait-il,  pour  résultat  l'anéantissement  des  petits  bénéfices 
qui  étaient  un  puissant  moyen  d'instruction,  servant  à  faire  étudier  de  jeunes 
ecclésiastiques.  Des  retranchements  annuels  sur  le  train  8c  la  dépense  de 
chaque  membre  du  haut  clergé  lui  paraissaient  une  manière  beaucoup  plus 
équitable  de  donner  des  secours  au  roi.  Au  point  de  vue  spirituel,  il  jugea 
le  blanc-seing  encore  plus  périlleux,  rappelant  la  signature  du  formulaire  8c 
la  transaction  connue  sous  le  nom  de  paix  de  Clément  IX.  A  cette  époque, 
le  pape  8c  le  roi  s'étaient  contentés  d'une  soumission  de  respect  pour  le  fait 
de  Jansénius;  cependant  plusieurs  évêques  8c  archevêques  soutenaient  dans 
leurs  mandements  l'intaillibilité  de  l'Eglise  en  ces  sortes  d'affaires. 

A  ce  propos,  l'archevêque  de  Narbonne  interrompit  l'orateur  pour  dire 
.qu'en  effet  certains  évêques  s'étaient  trop  avancés. 

Reprenant  la  parole,  M.  de  Saint-Pons  déclara  qu'ayant  défendu  dans  ses 
écrits  une  opinion  contraire,  il  ne  pouvait  accorder  une  procuration  dont  on 
userait  peut-être  pour  le  démentir.  Il  regardait  la  question  comme  réglée  par 
la  paix  de  Clément  IX  8c  ne  voulait  pas  qu'elle  fût  de  nouveau  posée,  même 
dans  un  sens  favorable  à  ses  propres  vues,  parce  que,  malgré  les  sentiments 
personnels  de  députés  de  la  Province,  l'opinion  opposée  pourrait  prévaloir. 


1705 


1700 


802  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


Les  remontrances  du  prélat  furent  sans  effet,  Se  la  province  de  Narbonne 
donna,  comme  les  autres,  des  procurations  illimitées. 

La  bulle  que  l'on  attendait  parut,  pendant  la  tenue  de  l'assemblée  géné- 
rale; elle  commençait  par  ces  mots  :  Vineam  Domini  Sabaoth. 

L'assemblée  du  clergé  ayant  à  nommer  une  commission  pour  examiner 
cette  bulle,  choisit  l'archevêque  de  Rouen,  comme  doyen  d'âge,  pour  la  pré- 
sider. Le  cardinal  de  Noailles  projetait  d'y  faire  entrer  l'évêque  de  Montpel- 
lier, Colbert  de  Croissy.  L'on  en  porta  plainte  au  roi  avec  grand  scandale. 
Louis  XIV  s'en  expliqua  nettement  avec  le  cardinal.  «  Eh  bien,  Monsieur, 
«  lui  dit-il,  vous  mettez  l'archevêque  de  Pvouen  à  la  tête  de  la  commission 
«  de  la  bulle.  Se  l'évêque  de  Montpellier  sera  un  des  commissaires;  voilà 
«  une  commission  qui  ne  fera  pas  grand  peur  aux  jansénistes.  »  Le  cardinal 
de  Noailles  essaya  quelque  justification  de  l'évêque  de  Montpellier,  mais  le 
roi  lui  coupa  la  parole  en  ajoutant  :  «  Si  je  parlois  à  un  autre  que  vous, 
«  je  lui  défendrois  formellement  de  mettre  un  tel  sujet  dans  une  commission 
c  de  cette  nature;  mais,  pour  vous,  je  suis  persuadé  qu'il  vous  suffit  de  savoir 
«  que  cela  ne  me  fait  pas  de  plaisir  pour  n'y  plus  penser.  »  L'évêque  de 
Montpellier  fut  donc  exclu. 

L'assemblée  du  clergé  de  France  n'était  en  réalité  qu'une  chambre  des 
comptes  ecclésiastique. 

La  cour  de  Rome  se  trouva  violemment  blessée  que  la  constitution,  pré- 
parée avec  l'assentiment  du  roi,  eût  été  renvoyée  à  une  commission.  Si  ne  fit 
aucune  réponse  à  la  lettre  que  l'assemblée  du  clergé  lui  avait  écrite. 

Ce  fut  seulement  pendant  le  carême  de  l'année  1707  que  le  tonnerre 
éclata,  sous  la  forme  de  deux  brefs  adressés  l'un  au  roi,  l'autre  aux  évêques 
de  l'assemblée.  Le  nouveau  nonce  présenta  ce  dernier  au  cardinal  de  Noailles 
qui  refusa  de  le  recevoir,  en  disant  que  sa  présidence  avait  fini  avec  la  sépa- 
ration de  l'assemblée,  Se  qu'il  demeurait  simple  archevêque  de  Paris.  Quant 
au  bref  destiné  au  roi,  il  ne  fut  pas  même  présenté.  Seulement,  on  en 
répandit  des  copies  dans  le  public,  en  latin  Se  en  français. 

Le  Parlement  de  Paris  supprima  le  bref  sur  les  réquisitions xlu  procureur 
général  d'Aguesseau;  mais  par  la  volonté  formelle  du  roi,  l'arrêt  demeura 
secret,  quoique  le  bref  eût  été  public.  A  proprement  parler,  dit  très-juste- 

ment  le  chancelier,  «  c'étoit  l'arrêt  qu'on  suppriraoit  8<.  non  pas  le  bref'.  » 

1706  Dans   le  courant  de   l'année  1706,  le   territoire  du  diocèse  d'Alet  étant 

menacé  par  les  courses  des  miquelets  6c  des  Catalans  révoltés,  il  fut  levé 
quatre  compagnies  pour  la  garde  de  la  frontière.  Elles  commencèrent  leur 
service  le  20  avril.  Un  mois  avant,  Chamillart  avait  eu  le  soin  d'écrire  à 
l'archevêque  de  Narbonne  qu'il  était  nécessaire  que  la  Province  fût  chargée 
de  cette  dépense,  dont  la  durée  ne  dépasserait  pas  celle  de  la  campagne. 
D'après  les  comptes  que  remit  M.  de  Bâville,  à  la  fin  de  l'année,  cette 
dépense  atteignit  la  somme  de  vingt  mille  cent  soixante-seize  livres,  que 

'  Mémoires  sur  les  affaires  de  l'Eglise  de  France.  (Euvres  du  chancelier  d'Aguesseau,  XIII,  p.  262. 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


863 


l'archevêque  de  Narbonne  eut  le  talent  de  faire  accepter  par  les  États, 
en  leur  laissant  entrevoir  combien  la  charge  eût  été  plus  lourde,  si  la 
Province  avait  dii  faire  marcher  ses  milices  pour  garder  les  passages  des 
Pyrénées". 

Les  mesures  de  rigueur  exercées  contre  les  protestants  &  l'émigration  qui 
en  fut  la  suite  avaient  eu  pour  conséquence  de  ramener  la  province  de  Lan- 
guedoc aux  plus  tristes  périodes  de  son  histoire.  Dans  plusieurs  diocèses  la 
dépopulation  était  générale,  comme  la  misère^,  &  rappelait  les  désastres  de 


1706 


'  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  5  janvier 
1707. 

'  Comme  on  faisait  argent  de  tout,  on  vendait 
l'affranchissement  des  tailles,  sacrifiant  l'avenir 
au  présent.  Pour  donner  une  idée  de  cette  opéra- 
tion, nous  transcrivons  ici  la  liste  des  quittances 
de  l'affranchissement  des  tailles,  en  exécution  de 
redit  d'octobre  1701,  expédiées  le  28  mai  1706 
par  le  sieur  Gruin,  garde  du  trésor  royal,  en  faveur 
des  particuliers  suivants  : 

1.  Bénédictins  de  l'abbaye  d'Aniane,  biens 
roturiers  d'Aniane,  863'  19'. 

2.  Jean  Reboul,  —  à  Saint-Martin  de  Lon- 
dres, 793'  7*. 

3.  Louis  Cadole,  capitaine  au  régiment  de 
Maulevrier,  —  à  Lunel,  438'  8'. 

4.  Estienne  Jarlan,  ancien  procureur  de  la 
cour  des  aides  de  Montpellier,  pour  les  fonds 
roturiers  de  Pierre  Roquefeuil,  baron  de  la  Ro- 
quette, major  du  régiment  de  dragons  de  Eou- 
viUe,  —  à  Viols  le  Fort,  4484'  2». 

5.  François  Deffours,  maître  maçon,  —  Mont- 
pellier, 267'  i5". 

6.  Estienne  Flaugergues,  secrétaire  du  roy  en 
la  chancellerie  de  Toulouse,  —  Montpellier, 
767'  1'. 

7.  Pierre  Sabran,  auditeur  en  la  cour  des 
comptes,  aides  &  finances  de  Montpellier,  — 
Montpellier,  439'  7'. 

8.  Antoine  de  Pelissier,  maistre  de  camp  des 
carabiniers  du  roy,  —  Saint-Brez,  3699'  6*. 

9.  Jean  Pierre  de  Sours,  sieur  de  Mandajors, 
juge  du  comté  d'Alais,  —  Servas,  59'  i8'. 

10.  Jean  Baptiste  Gueydan,  pour  fonds  rotu- 
riers sous  le  nom  d'Antoine  Prat,  —  Bagnols, 
I  596'  7'. 

11.  Marc  Plantin  de  Villeperdrix, —  mande- 
ment de  Berrias,  407'  19'. 

li.  Jacques  Fournier,  bourgeois  d'Alais,  — 
Roussan,  329'  i'. 

i3.  Roch  de  Lacroix,  capitaine  au  régiment  de 
Louvigni,  —  Vag^ias,  117' 2*. 

14.  Joseph  Bourges,  —  Bourg-Saint-Andéol, 
1  569'  16'. 

iS.  Guillaume  Barthélémy,  —  Serignan,78'  10'. 


16.  Henri  de  Carion  de  Nizas,  colonel  du  régi- 
ment de  Thiérache,  —  Béziers,  784'  16'. 

17.  Jacques  Rasimbault,  —  le  Mourcayrol, 
1(52'   i". 

18.  Thomas  de  Sarret,  sieur  de  Gaujac,  —  Bé- 
ziers, 209'  4*. 

19.  Thomas  Causse,  pour  Jacques  Causse,  son 
père, —  Hérépian,  334'  i3'. 

20.  Jean  Abeille,  —  Saint-ctienne  de  Gourgas, 
389'  2". 

21.  Charles  Gaules,  —  Lodève,  87'  i5'. 

22.  Fulcrand  Vernet,  —  Olmet,  89'  i3'. 

23.  Jacques  Faurié,  contrôleur  du  grenier  à  sel 
de  Pézénas,  —  Pézénas,  529'  17". 

24.  Anne  Deflottes,  épouse  de  Guillaume  de 
Raynaud,  sieur  de  Pesseplane,  —  la  Salvetat, 
4897'  8». 

25.  Jean  Jacques  de  Bellot,  seigneur  de  la 
Voulte,  —  la  Salvetat,  3298'  18». 

z6.  Anne   Chauchat,  vevive  d'Estienne  Boudet, 

—  Mende,  5o8'  i*. 

27.  Pierre  Chastang,  syndic  du  diocèse  de 
Mende,  &  Pierre  Marcé,  — Vialle-Veillettc  &  les 
Moulins,  239'. 

28.  Pierre  81  Pierre  Charbonnel,  père  &  fils,  — 
Serveirette,  340'  3'. 

29.  Jean   Baptiste  Moure,  sieur  de  Larouvièrc, 

—  Serveirette,  667'  5'. 

30.  Germain  d'Arbon,  conseiller  au  Parlement 
de  Toulouse,  —  Toulouse,  92'  6'. 

3i.  Le  même,  au  nom  des  héritiers  d'Arnaud 
d'Arbon,  ancien  capitoul, .—  Toulouse,  i53'  6*. 

32.  Le  même,  au  nom  de  Guillaume  d'Arbon, 
ancien  capitoul,  .—  Toulouse,  1  18'  12'. 

33.  Pierre  Prieur,  —  Cornebarrieu,  79'  14*. 

34.  Le  trésorier  de  la  Table  de  la  Kativité  de 
Nostre  Dame  de  la  Daurade  de  Toulouse,  —  Au- 
zielle,  143'  i3". 

35.  Jean  Cazals,  docteur  en  médecine,  —  Pom- 
pertuzat,  200'  I  \'. 

3(5.  Guillaume  de  Villeneuve,  sieur  de  Lnroque 
de  Croizillac,  —  Auriac,   1  400'  2'. 

37.  Marie  Luce  de  Geoffroy,  veuve  du  sieur  de 
Butcrne,  ancien   capitoul,  —  Toulouse,    127'    11'. 

38.  La  même,  —  Balma,  66'  16", 


1706 


864  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

l'invasion  anglaise  &  des  guerres  religieuses  du  seizième  siècle.  Comme  à  ces 
époques  néfastes,  ceux  qui  dirigeaient  les  affaires  du  pays  furent  donc  con- 
duits à  chercher  des  moyens  artificiels  pour  ramener  l'activité  &  la  vie  dans 
une  région  qui  possédait  en  elle-même  tous  les  éléments  de  prospérité,  mais 
que  la  folie  des  hommes  avait  rendue  déserte. 

Alors  on  se  rappela  que,  dans  d'autres  temps  où  les  événements  politiques 
produisaient  d'aussi  funestes  résultats,  deux  rois  de  France  avaient  suspendu, 
en  faveur  de  la  Province,  la  loi  brutale  du  droit  d'aubaine  qui  confisquait  au 
profit  du  Trésor  les  biens  des  étrangers  morts  dans  l'étendue  du  royaume. 
Dans  leur  cahier  de  1705,  les  États  demandèrent  au  roi  de  renouveler  ce 
privilège,  dans  l'espoir  d'attirer  en  Languedoc  une  population  nouvelle  des- 
tinée à  combler  les  vides  que  l'émigration  avait  faits'.  Le  conseil  d'État  ren- 
voya la  question  à  M.  de  Bâville  qui  fut  chargé  d'examiner  les  titres  de  la 
Province^. 

L'avocat  du  pays  de  Languedoc  produisit  devant  l'intendant  les  lettres 
patentes  de  Louis  XI,  du  4  juillet  1475,  8t  celles  de  Charles  VIII,  du  8  mars 
1483,  qui  en  étaient  la  confirmation.  Ces  lettres  portaient  en  substance  que, 
pour  favoriser  le  commerce  de  la  Province  Si  y  attirer  les  étrangers,  en  con- 
formité du  droit  écrit,  suivant  lequel  elle  était  régie,  les  émigrants  qui  vien- 
draient s'y  établir  pourraient  disposer  de  leurs  biens  par  testament,  &  que  les 
successions  ab  intestat  auraient  leur  cours  régulier  en  faveur  des  héritiers 
légaux. 

Le  syndic  général  ajoutait  que  ces  manifestations  de  l'autorité  royale  ne 
formaient  pas  l'unique  fondement  de  sa  requête.  Il  en  trouvait  un  autre  dans 
ce  principe,  que  le  droit  d'aubaine  était  une  infraction  aux  règles  du  droit 
écrit,  8c  il  invoquait  à  l'appui  la  jurisprudence  du  Parlement  de  Toulouse 
dont  plusieurs  arrêts  avaient  été  favorables  à  l'exemption. 

L'avocat  du  roi  soutenait  de  son  côté  que   les  privilèges  royaux  étaient 

39.  François   Boisset,  conseiller  au    Parlement  49.  Joseph  Digeon,  —  Alet  &  Limoux,  679'  8". 
de  Toulouse,  —  Toulouse,  SyS'  r 2".  5o.   Jacques    Bergeron,   maire    de    Fanjaux,   — 

40.  Jean     Jacques     Groc,    —     Castelnaudarry,       Fenouillet  en  Razès,  1180' 4'. 

196'  16'.  5|.   Marc-Antoine  Negrié,  —  Alet,  741'  14'. 

41.  Le   marquis    d'Ambres,  —  Saint-Gaudens,  Sz.  Le    même,   au    nom    de    Modeste   Pech,  — 
1941'  10'.  Alet,  176'  I'  '. 

42.  Le  marquis  d'Ambres,  —  Ambres,  8767'  8*.  Ces    quittances,    mises    à    la    poste    de    Paris    le 

43.  Antoine  Carquet,  —  Saint-Gervais,  178' 4*.  14   juin    1706   à   l'adresse  de   M.    de    Bâville,   qui 

44.  Jean   Palanquet,  —  Saint-Gervais  terre  fo-  devait  les  distribuer  aux  particuliers,  se  perdirent 
raine,  70'  i5'.  en   route,  8<.  le  syndic  général. de  la   Province  fut 

45.  Marie  Castel,  —  Caux,  1  309'  1 1'.  contraint  de  se  faire  délivrer  des  extraits  au  con- 

46.  Suzanne  de  Pujol,  veuve  du  sieur  de  Barri,  trôle  général  des   finances,   que   It  conseil   d'Etat 
receveur  des  tailles  au  diocèse  d'Alet  &  Limoux,  valida  le  9  novembre  1706. 

au    nom    de    Jeanne  Vidal,   —    Saint-Martin    de  '  Cahier  des  doléances  de  lyoS,  article  8. 

Villereglan,  3o3'  19'.  ■  Recueil  des  arrêts  Je  Languedoc.  Arrêt  du  con- 

47.  La    même,  au    nom    d'Arnaud  Tuflaud,  au  seil  d'État,  donné  à  Fontainebleau  le  20  décembre 
même  lieu,  1  190' 4».  1705. 

48.  Jean   Fouru,  conseiller  au  sénéchal  de  Li- 
moux, au  nom  de  Louis  Hyacinthe  Daoustene,  —  ,  Recueil  des  arrêts  de  Languedoc.  ArrCt  du  conseil 
Malines,  2  537'  i'.  d'État,  donné  à  Versailles  le  9  novembre  1706. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  865 

d'une  valeur  contestable.  Le  roi  Louis  XI,  quand  il  donna  ses  lettres  patentes, 
n'avait  plus  d'application  à  conserver  les  droits  de  la  couronne;  quant  à 
Charles  VIII,  il  sacrifiait  tout  à  la  passion  de  trouver.de  l'argent  pour  la  con- 
quête du  royaume  de  Naples.  La  prétendue  incompatibilité  du  droit  d'au- 
baine avec  les  maximes  du  droit  écrit,  n'était  qu'un  expédient  de  chancel- 
lerie destiné  à  faciliter  l'obtention  des  lettres  patentes.  Bien  au  contraire,  le 
droit  contesté  prenait  son  origine  de  la  loi  écrite,  &,  comme  ce  droit  faisait 
partie  du  domaine  de  la  couronne,  inaliénable  de  sa  nature,  les  exemptions 
accordées  par  les  rois  ne  pouvaient  que  les  engager  personnellement  pendant 
leur  règne,  sans  demeurer  valables  au  delà,  si  elles  n'étaient  pas  confirmées 
par  leurs  successeurs.  Cette  confirmation  n'avait  pas  eu  lieu  pour  le  droit 
d'aubaine.  La  jurisprudence  du  Parlement  de  Toulouse  n'était  pas  mieux 
traitée  par  le  défenseur  du  domaine.  Il  produisait  un  arrêt  contradictoire, 
du  i3  septembre  iSgj,  qui  consacrait  en  termes  formels  l'existence  du  droit 
d'aubaine  en  Languedoc.  La  chambre  des  comptes  de  Montpellier  s'était  con- 
formée à  ce  principe,  en  n'admettant  jamais  la  succession  des  étrangers  en 
Languedoc. 

M.  de  Bâville  conclut  de  ces  allégations  contraires  que  la  Province  n'avait 
pas  un  droit  incommutablement  acquis  pour  l'exemption  du  droit  d'aubaine; 
mais  comme  il  connaissait  mieux  que  personne  la  dépopulation,  l'état  de 
misère  &  de  délaissement  du  pays,  il  estima  qu'un  renouvellement  de  la 
faveur  accordée  autrefois  par  Louis  XI  8c  par  Charles  VIII  serait  une  juste 
récompense  des  sacrifices  qui  se  faisaient  journellement  en  Languedoc  pour 
le  service  du  roi,  Si  une  sorte  d'indemnité  légitime  des  pertes  d'habitants  que 
les  événements  avaient  causées. 

Chamillart  émit  un  avis  favorable,  8t  le  conseil  d'État  décida  que  les  étran- 
gers non  regnicoles  qui  viendraient,  dans  l'espace  de  vingt  ans,  à  compter 
du  ig  octobre  1706,  s'établir  dans  la  province  de  Languedoc,  ne  seraient 
jamais  soumis  au  droit  d'aubaine  &  pourraient  transmettre  leurs  biens  à 
leurs  héritiers,  soit  par  testament,  soit  ab  intestat.  La  date  de  l'établissement, 
dans  le  délai  des  vingt  années  de  faveur,  dut  être  justifiée  par  une  attestation 
du  juge-mage  ou  du  premier  officier  de  justice  royale,  dans  le  ressort  de 
laquelle  se  trouvait  le  domicile  de  l'étranger'. 

L'évêque  de  Saint-Pons,  que  l'opinion  publique  accusait  de  jansénisme,  8<. 
qui,  par  l'austérité  de  ses  mœurs  devait  tenir  un  rang  distingué  dans  l'église 
de  France,  à  la  suite  de  Pavillon  8c  de  Caulet,  publia  pendant  l'année  1706 
un  mandement  très-étendu  sur  la  bulle  Vineam  Domini,  dont  tout  le  monde 
catholique  était  occupé  depuis  un  an. 

Ce  mandement  concluait  à  l'acceptation  de  l'acte  pontifical,  mais  il  l'ap- 
puyait sur  des  principes  qui  soulevèrent  l'animosité  des  jésuites  8c  de  leur 
parti. 

L'évêque  redoubla  ces  dispositions  par  la  lettre  qu'il  écrivit,  en  1707,  h 

'  Recueil  des  nrrêtt  Je  Languedoc.  Arrêt  du  conieil  d'État,  donné  à  Versailles  le  19  octobre  1706. 
XI  IL  55 


1706 


I  /OÙ 


866  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

l'archevêque  de  Cambrai,  en  vue  de  réfuter  le  nouveau  système  inventé  par 
ce  prélat  pour  soutenir  rinfaillibilité  de  l'Église  dans  les  faits  dogmatiques. 

Les  jésuites  excitèrent  alors  l'évêque  de  Chartres,  qui  avait  des  raisons 
particulières  d'hostilité  contre  celui  de  Saint-Pons,  à  prendre  la  direction  de 
l'offensive.  M.  de  Chartres  agit  fortement  sur  l'esprit  du  roi  &  lui  fit  partager 
son  irritation.  Louis  XIV  engagea  le  cardinal  de  Noailles  à  rassembler  chez 
lui  un  groupe  d'évêques,  dont  serait  celui  de  Chartres,  pour  examiner  avec 
toute  rigueur  le  mandement  de  Saint-Pons. 

Le  cardinal  déclara  qu'il  n'approuvait  pas  la  pièce,  mais  qu'il  ne  se  recon- 
naissait aucune  qualité  pour  juger  l'évêque;  8c  que,  si  un  procès  devait  être 
intenté,  l'archevêque  de  Narbonne  Si  ses  co-provinciaux  étaient  les  seuls  juges 
compétents.  Ainsi  l'assemblée,  tenue  vers  le  commencement  du  carême 
de  1708,  demeura  sans  résultat. 

L'évêque  de  Chartres  résolut  alors  de  tenter  d'autres  moyens,  8t  fit  directe- 
ment au  roi  quatre  propositions  qui  étaient  autant  de  procédés  différents  pour 
sévir  contre  M.  de  Saint-Poni. 

Voici  les  quatre  systèmes  entre  lesquels  il  priait  le  roi  de  se  prononcer  : 
assembler  les  évêques  de  la  province  de  Narbonne  pour  leur  faire  juger  le 
mandement,  —  assembler  les  évêques  qui  se  trouveraient  à  Paris,  —  dénoncer 
le  mandement  au  pape  en  lui  abandonnant  le  soin  de  la  réparation,  —  lui 
demander  des  commissaires  dans  le  royaume. 

Avant  de  prendre  un  parti,  le  roi  fit  communiquer  ces  quatre  projets  par 
le  marquis  de  Torcy  au  procureur  général  d'Aguesseau  8c  au  premier  prési- 
dent de  Harlay,  afin  d'avoir  leur  avis.  Torcy  indiquait  d'ailleurs  dans  sa 
lettre  que,  parmi  les  solutions  proposées,  il  s'en  trouvait  de  contraires  aux 
maximes  de  la  France. 

D'Aguesseau  écarta,  dans  son  mémoire,  l'idée  de  faire  intervenir  le  Saint- 
Siège  en  première  instance;  c'eût  été,  disait-il,  sacrifier  à  «  l'idole  de  la  gran- 
«  deur  romaine'.  »  Si,  dans  les  siècles  de  trouble  &c  de  confusion,  le  pape 
avait  quelquefois  connu  en  première  instance  des  crimes  commis  par  des 
évêques  du  royaume,  c'était  un  abus  8c  non  pas  un  usage,  une  usurpation 
plutôt  qu'une  possession,  une  voie  de  fait  plutôt  que  l'exercice  d'un  droit 
légitime^. 

Il  ajoutait  qu'une  telle  innovation  autoriserait  tous  les  excès  de  la  doctrine 
ultramontaine  relativement  au  temporel  des  souverains,  puisque,  dans  les 
époques  de  désordre  8c  d'ignorance,  on  trouverait  presque  autant  de  sen- 
tences d'excommunication,  d'interdit  8c  même  de  déposition  prononcées  par 
les  papes  contre  les  empereurs  8c  contre  les  rois  que  de  jugements  rendus  en 
première  instance  contre  les  évêques. 

D'Aguesseau  fit  également  ressortir  le  mouvement  considérable  d'opinion 
produit  au  sein  du  clergé  de  France  par  la  demande  qu'adressa  le  cardinal 

'  Mémoire  sur  les  affaires  de  l'Eglise  de  France,  forme  que  l'on  doit  suivre  pour  rendre  un  j"ge- 
p.  384.  ment  sur  le  inandement  de  M,  l'évêque  de  Saint- 

'  D'Aguesseau,    XIII,    p.  383.   Mémoire  sur  In        Pons. 


LIV,   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  867 

de  Richelieu  au  pape  Urbain  VIII  de  nommer  des  commissaires  pour  juger 
les  évèques  de  Languedoc  compromis  dans  la  révolte  de  Gaston  d'Orléans, 
mouvement  qui  s'était  exprimé  d'une  façon  très-énergique,  après  la  mort  du 
cardinal,  dans  les  assemblées  de  1645  &  de  i65o. 

Le  procureur  général  n'était  pas  favorable  à  la  pensée  de  faire  condamner 
isolément  l'œuvre  de  M.  de  Saint-Pons  par  des  mandements  en  forme  d'ins- 
truction aux  fidèles  que  pourraient  écrire  tous  les  évêques  du  royaume,  parce 
qu'il  suffirait  d'une  voix  discordante  pour  jeter  la  division  dans  les  esprits. 

La  réunion  des  évêques  présents  à  Paris  pouvait,  en  des  cas  urgents,  se 
justifier,  malgré  son  caractère  fortuit  :  elle  était  irrégulière  &  inadmissible 
pour  examiner  la  doctrine  d'un  prélat  qui  ne  requérait  point  de  précipitation. 

La  convocation  d'un  concile  national  lui  semblait  être  la  voie  la  plus  régu- 
lière, mais  il  n'osait  la  conseiller,  craignant  de  ne  pouvoir  déplacer  à  la  fois 
tous  les  évêques  de  France  pour  un  jugement  qui  ne  demandait  pas  nécessai- 
rement leur  concours,  &  aussi  d'exciter  la  jalousie  de  la  cour  de  Rome,  peu 
amie  des  assemblées  d'églises  nationales. 

Il  se  décidait  pour  le  concile  provincial,  en  reconnaissant,  comme  toujours, 
le  droit  d'appel  au  Saint-Siège,  si  l'évêque  n'acquiesçait  pas  au  jugement  de 
la  majorité. 

Mais  tout  en  proposant  cette  solution  comme  la  plus  canonique,  la  plus 
facile,  la  plus  sûre,  la  plus  utile  &  la  moins  susceptible  de  donner  de  l'om- 
brage à  la  cour  romaine,  le  procureur  général  ne  s'en  dissimulait  pas  les 
inconvénients.  Il  croyait  digne  de  l'équité  £<  de  la  sagesse  du  roi  de  faire 
communiquer,  avant  toutes  choses,  à  l'évêque  de  Saint-Pons  les  observations 
faites  sur  son  mandement  par  divers  prélats.  Si  l'on  pouvait  l'engager  ainsi  à 
expliquer  ses  sentiments  d'une  manière  contorme  à  la  doctrine  des  autres 
évêques,  on  aurait  prévenu  par  là  toutes  les  suites  d'une  affaire  grave  qui 
menaçait  d'être  exploitée  au  dedans  81  au  dehors  du  royaume. 

Le  premier  président  fut,  dit-on,  d'un  avis  beaucoup  moins  charitable. 
Comprenant,  comme  d'Aguesseau,  tous  les  inconvénients  des  systèmes  pro- 
posés, il  ne  voyait  rien  de  mieux  que  de  trancher  l'affaire  par  voie  d'autorité, 
8t  d'expédier  une  lettre  de  cachet  à  l'évêque  de  Saint-Pons,  soit  pour  le  relé- 
guer dans  son  diocèse,  d'où  il  ne  sortait  que  pour  les  États,  soit  pour  l'exiler 
ailleurs. 

Les  deux  opinions  furent  lues  au  roi  après  les  fêtes  de  Pâques.  Louis  XIV 
se  trouva  tellement  embarrassé  qu'il  décida  de  ne  rien  faire  &  promit  seule- 
ment de  faire  trancher  la  question  dans  la  première  assemblée  du  clergé.  C'est 
une  forme  que  d'Aguesseau  n'avait  pas  omise  dans  son  mémoire,  mais  à 
laquelle  il  ne  s'arrêtait  point,  parce  que  l'assemblée  du  clergé  de  France, 
n'étant  en  réalité  qu'une  chambre  des  comptes  ecclésiastique,  n'avait  pas 
d'autorité  doctrinale  reconnue  par  les  canons  8<  causerait  de  nouveaux 
embarras  à  la  cour  de  Rome.  Du  reste,  la  parole  du  roi  n'était  qu'une  pro- 
messe évasive  ;  car  lorsque  l'assemblée  fut  réunie,  il  n'y  fut  pas  dit  un  mot 
de  l'affaire  de  Saint-Pons. 


70Û 


1707 


868  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Afin  de  mieux  surveiller  les  protestants  du  pays  castrais,  il  fut  décidé 
qu'une  garnison  fixe  de  troupes  royales  y  serait  établie.  Le  gouvernement 
choisit  pour  ce  poste  le  château  de  Ferrières,  ancienne  forteresse  féodale, 
située  à  une  grande  lieue  en  aval  de  Brassac,  sur  la  rive  droite  de  l'Agout,  à 
l'entrée  d'un  petit  vallon  qui  se  décharge  dans  cette  rivière.  Ce  château,  sur 
lequel  l'évêque  de  Castres  prétendait  certains  droits  de  suzeraineté,  contestés 
par  la  Province,  appartenait  à  un  gentilhomme  nommé  Bayard  de  la  Crou- 
zette. 

En  i685,  à  l'époque  des  mesures  militaires  qui  avaient  pour  but  d'accé- 
lérer la  conversion  générale,  le  maréchal  de  Noailles  avait  fait  occuper  Fer- 
rières par  quatre  compagnies,  &  l'usage  s'étant  depuis  perpétué  d'y  mettre 
garnison  dans  les  temps  de  troubles,  le  roi  faisait  payer  annuellement  au 
propriétaire  une  somme  de  douze  cents  livres. 

Chamillart  écrivit  à  l'archevêque  de  Narbonne  que,  le  château  de  Ferrières 
étant  destiné  à  recevoir  désormais  une  garnison  permanente,  le  roi  désirait 
se  décharger  sur  la  Province  des  frais  d'acquisition.  Le  duc  de  Bourgogne  8c 
le  duc  du  Maine  appuyèrent  de  leurs  recommandations  la  demande  impé- 
rieuse du  ministre.  Les  États  présentèrent  timidement  quelques  objections. 
Ils  contestaient  l'utilité  de  l'achat,  disant  que  le  poste,  nécessaire  à  l'heure 
présente,  n'aurait  plus  de  raison  d'être  quand  les  troubles  seraient  apaises, 
que  Ferrières  n'était  pas  le  seul  château  de  la  Province  occupé  par  des  troupes, 
&  que,  dans  les  moments  urgents,  aucun  seigneur  ne  devrait  retuser  sa  maison 
aux  soldats  du  roi  '. 

Néanmoins  ils  se  soumirent.  L'estimation  des  bâtiments  fut  faite  par  trois 
experts  :  l'architecte  de  la  Province  Melair,  le  sieur  Oulez,  habitant  de 
Castres,  choisi  par  le  vendeur,  &  un  architecte  castrais,  nommé  Langon,  que 
M.  de  Bâville  avait  désigné.  L'opération  dura  deux  jours,  6  &  7  octobre 
1707,  &  se  termina  en  présence  de  l'évêque  de  Castres,  du  baron  de  Cas- 
telnau,  de  MM.  David  &  de  Voisins,  maires  d'Albi  &  de  Lavaur,  que  les 
États  avaient  nommés  commissaires. 

La  première  évaluation,  qui  se  montait  à  vingt-huit  mille  sept  cent  cin- 
quante-cinq livres,  fut  d'abord  contestée  par  le  propriétaire,  sous  prétexte  des 
dégradations  considérables  commises  par  la  garnison^.  Mais  comme  il  fut 
démontré  que,  depuis  l'occupation  du  château  par  deux  compagnies  du  régi- 
ment de  Picardie,  à  l'époque  des  derniers  troubles,  il  avait  été  fait  d'impor- 
tantes réparations  aux  frais  de  l'État,  ce  chiffre  subit  une  réduction,  8<.  la 
vente  fut  consentie  par  le  seigneur  au  prix  de  vingt  &  un  mille  cinq  cents 
livres,  dont  quinze  cents  payées  comptant  &  vingt  mille  placées  en  rentes  sur 
la  Province,  au  denier  vingt 3. 

Tout  en  se  résignant  à  cette  dépense  que  la  volonté  du  roi  leur  rendait 

'  Procis-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du    23    décembre    1707.    Rapport    de    l'évêque   de 

du   18  décembre  1706.  Rapport  de  l'archevêque  de  Castres. 

Toulouse.  '  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  29  décembre 

"  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  >7o7-  Rapport  de  l'évêque  de  Lodève. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES. 


86c 


1707 


inévitable,  les  États  crurent  devoir  prendre  quelques  mesures  pour  empêcher 
que  ce  nouveau  sacrifice  ne  devînt  à  l'avenir  le  prétexte  d'une  charge  perpé- 
tuelle. Ils  obtinrent  que  la  Province  ne  pourrait  être  tenue  de  contribuer  aux 
travaux  de  réparation  &  de  fortification  pas  plus  qu'à  l'entretien  des  officiers 
S<  des  troupes,  &  qu'elle  garderait  la  nue  propriété  du  château,  pour  en 
disposer  librement,  dans  le  cas  où  le  roi  jugerait  à  propos  d'en  retirer  le 
poste  '. 

Le  château  de  Ferrières  conserva  toujours  un  gouverneur  81  servit  de  prison 
d'État. 

Le  réseau  de  surveillance  militaire  établi  à  Nimes%  Alais,  Saint-Hippolvte 
8<.  Ferrières  fut  complété  par  des  travaux  de  fortification  à  Pont-Saint-Esprit. 

Cette  petite  ville,  bâtie  à  droite  du  Rhône,  au  sud  du  confluent  de  l'Ar- 


'  Recueil  des  arrêts  de  Languedoc.  Arrêt  du  con- 
seil d'État,  donné  à  Marly  le  îz  janv-ier  1708. 

*  Nimes  était  fort  tranquille  en  1707,  mais  la 
population  catholique  y  prenait  goût  à  quelques 
nouTelles  dévotion»,  entre  autres  aux  confréries 
de  pénitents  blancs.  Fléchier  écrivit  à  Bâville  sur 
ce  sujet  une  lettre  fort  curieuse  qui  mérite  d'être 
reproduite  ici  : 

(I  11  a  pris  ici  à  nos  gens,  Monsieur,  une  nou- 
velle espèce  de  folie,  dont  vous  allez  être  surpris. 
Nous  en  avons  vu  de  fanatiques  ;  d'autres  ont  vécu 
81  vivent  encore  en  athées;  en  voici  qui  veulent, 
à  quelque  prix  que  ce  soit,  se  faire  pénitens  blancs. 
Il  y  a  quelques  années,  dans  le  temps  même  des 
troubles,  on  me  fit  pressentir  si  je  vouloii  établir 
une  confrérie  de  pénitens;  qu'il  étoit  honteux 
que  Nismes  n'eût  pas  des  gens  de  cette  dévotion  8c 
de  cet  habit.  Que  cet  ordre  étoit  fort  du  goût  des 
nouveaux  convertis.  Qu'au  reste,  en  faveur  de 
mon  nom,  on  les  appelleroit  les  confrères  du 
Saint-Esprit.  Comme  c'étoit  alors  la  mode  des 
imaginations  &  des  fantaisies,  je  pardonnai  celle- 
là,  je  me  contentai  de  leur  dire,  que  des  assem- 
blées de  nouvelle  institution,  8c  des  processions 
masquées  n'étoient  guères  de  saison  en  ce  païs-ci. 
J'avois  cru  que  l'affaire  finiroit  là.  J'appris  dans 
la  suite  que  la  ferveur  de  ces  gens  de  bien  ne  fai- 
»oit  que  croître,  qu'ils  tâchoient  sourdement  de 
s'attirer  des  camarades;  qu'ils  avoient  retenu  la 
chapelle  du  présidial;  qu'ils  soUicitoient  une  bulle 
à  Rome,  8c  qu'ils  espéroient  que  le  Saint  Père  au- 
roit  pitié  de  la  ville  de  Nismes,  8t  leur  accorderoit 
pour  la  rendre  sainte,  une  compagnie  de  pénitens. 
J'écoutois  encore  ces  discours  comme  des  contes 
faits  i  plaisir,  lorsque  je  vis  venir  chez  moi  cette 
vénérable  troupe  destinée  à  réparer  par  sa  piété 
tous  les  péchez  commis  par  Us  hérétiques,  8c  même 
par  les  catholiques.  Les  deux  chefs  de  ces  Mes- 
sieurs étoient  M qui   portoit  la   bulle,  8c  qui 

me  la  présenta,  homme  qui  n'avoit  jamais  donné 
de   ces   espérances   de    religion,  qui    n'a    pas    laissé 


d'avoir  ses  aventures  scandaleuses,  8c  dont  la  vie 
auroit  à  la  vérité  besoin   d'être  pénitente.  L'autre 

est  le  sieur qui   n'ayant  pu  vivre  en   repos 

dans  la  confrérie  du  Saint-Sacrement,  dont  il 
étoit,  voudroit  se  faire  fondateur  d'une  autre, 
dont  il  fût  le  maître.  Ils  m'expliquèrent  leurs 
désirs,  8c  je  leur  répondis  qu'on  s'étoit  passé  si 
longtemps  dans  Nismes  de  ces  sortes  de  congréga- 
tions, qu'il  y  avoit  tant  d'autres  moïens  de  se 
sanctifier;  qu'ils  avoient  leurs  paroisses,  où  ils 
pouvoient  assister  aux  saints  offices;  que  le  nom 
de  pénitent  n'étoit  rien,  si  l'on  ne  faisoit  péni- 
tence, 8c  que  pour  se  disposer  à  la  pénitence,  il 
falloit  quitter  les  mauvaises  habitudes  8c  les  mau- 
vais commerces  qu'on  avoit;  qu'à  l'égard  de  la 
compagnie  qu'ils  vouloient  établir,  je  croyois  que 
cet  établissement  ne  convenoit  ni  à  la  religion  de 
mon  diocèse,  ni  peut-être  aux  affaires  présentes 
de  la  ville  8c  de  la  Province.  Je  pris  la  bulle,  où 
le  Pape  leur  accorde  ce  qu'ils  ont  demandé  pour 
l'érection  de  leur  confrérie;  je  la  leur  rendis,  8c 
leur  conseillai  de  n'y  plus  penser.  Depuis  ce 
temps-là,  ils  ont  eu  l'insolence  de  me  faire  faire 
trois  significations,  dont  je  me  suis  moqué.  Mais 
enfin  ce  dernier  acte  que  j'ai  l'honneur  de  vous 
envoyer,  m'a  paru  aller  un  peu  trop  loin.  Je  sais 
bien  que  ni  le  Pape  ni  le  Parlement  ne  me  peu- 
vent obliger  d'établir  une  confrérie  dans  mon 
diocèse  malgré  moi.  Mais  les  tracasseries  sont  tou- 
jours désagréables,  8c  je  crois  que  vous  aurez  la 
bonté  d'arrêter  ces  fous  par  autorité;  citer  inces- 
samment  devant  vous   le  sieur  8c  ceux  qui 

sont  nommez  dans  l'acte,  faire  entendre  que  vous 
vous  informerez  des  autres,  leur  faire  une  bonne 
réprimande,  leur  ordonner  de  me  venir  faire  satis- 
faction, 8c  de  se  désister  de  cette  folle  prétention. 
M.  le  D[uc]  de  R[oquelaure]  voudra  bien,  si  le  cas 

y  échoit,  leur  faire  aussi  sa  petite  correction 

*  <i  A  Nismes  ce  17  novembre  1707.'  u 

'  Lettres  choiiies,  II,  p.  138. 


'7°7 


870  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

clèche,  gardait  la  clef  des  passages  de  Vivarais  &.  de  Dauphiné,  8c  occupait 
l'extrême  droite  de  la  ligne  des  Cévennes,  dont  les  dernières  ramifications 
orientales  viennent  mourir  auprès  de  ses  murs  entre  les  deux  vallées  paral- 
lèles de  l'Ardèche  &  du  Cèze. 

Pour  mettre  la  place  en  état  de  défense,  le  roi  puisa  de  nouveau  dans  les 
coffres  de  la  Province.  Les  Etats  firent  avancer  par  le  trésorier  de  la  bourse 
une  somme  de  vingt-cinq  mille  livres'.  Néanmoins,  ils  représentèrent  au 
conseil  d'État  qu'en  d'autres  occasions,  lorsqu'on  pourvut,  par  des  moyens 
analogues,  à  la  sûreté  du  peuple  de  Languedoc,  le  gouvernement  avait  sup- 
porté seul  la  dépense  des  travaux  exécutés.  C'est  ce  qui  avait  eu  lieu  pour  les 
forts  de  Nimes,  d'Alais  &  de  Saint-Hippolyte.  D'ailleurs,  la  Province  faisait 
déjà  chaque  année  un  fonds  de  douze  mille  livres  pour  la  réparation  des 
places  fortes,  &  la  somme  accordée  par  les  Etats  pour  le  payement  des  garni- 
sons procurait  au  Trésor  royal  un  excédant  annuel  de  soixante  mille  livres^. 
Le  conseil  se  laissa  toucher  par  ces  raisons  8c  décida  que  les  vingt-cinq  mille 
livres  avancées  par  le  trésorier  de  la  Province  lui  seraient  remboursées  dans 
l'espace  de  quatre  années  ^. 

L'année  1707  fut  féconde  en  désastres  atmosphériques;  pendant  l'hiver  des 
pluies  continuelles  désolèrent  les  vallons  du  Jaur  8c  de  l'Ognon,  deux  petites 
rivières  du  Minervois,  dont  l'une  se  jette  dans  l'Orb,  au  pied  du  mont 
Caroux,  8c  l'autre,  dérobée  à  l'Aude,  alimente  le  canal  des  Deux-Mers.  Dans 
le  territoire  d'Olargues,  comme  dans  celui  de  Siran,  d'Azillanet  Se  de  Ces- 
seras, la  persistance  des  pluies  empêcha  les  semailles  sur  beaucoup  de  points 
8c  noya  les  semences  que  l'on  avait  aventurées. 

Au  mois  de  mai,  la  grêle  8c  l'inondation  emportèrent  presque  toute  la 
récolte  dans  trente  8c  une  communes  du  Vivarais'^.  Les  régions  les  plus 
atteintes  furent  les  coteaux  du  Rhône,  à  droite  8c  à  gauche  du  Doux,  entre 
Sécheras  8c  Glun,  avec  quelques-uns  des  petits  vallons  qui  s'y  déchargent; 
le  versant  oriental  de  la  chaîne  des  Routières,  vers  Saint-Pierre  de  Macabeuf, 
le  prolongement  méridional  des  montagnes  du  Coyron  au-dessus  de  Roche- 
maure,  8c  quelques  autres  cantons. 

Le  2  juin,  un  nuage  de  grêle  alla  crever  sur  les  montagnes  du  pays  de 
Sault,  ravageant  la  haute  vallée  de  l'Aude,  les  gorges  sauvages  d'Axat  Se 
d'Artigues,  8c  traversant  de  l'est  à  l'ouest  le  vallon  qui  descend  de  la  crête  de 
Pailhères  entre  Belcaire  8c  Rodome.  Quinze  communes  furent  atteintes 5, 

Deux  jours  après,  l'orage  alla  porter  ses  dévastations  sur  les  coteaux  du 
{Lauragais  8c  du  Razès,  où.  elles  se  renouvelèrent  le  3  juillet  avec  un  redou- 

'  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  7  décembre  Martin    de  Caiix,    Faugières,   Sarremejanne,   Ro- 

'i7°7'  chechérie,  Seaiitres,  Lenyts,  Vion,  Mauves,  Glun, 

'  Cahier  de  doléances  de  1708  (?)  Article  5.  Towrnon,   Iserand,    Sécheras,   Chemina»,   Cintres, 

•  Recueil  des  arrêts  cii:  Languedoc.  Arrêt  du  çon-  Plats,    Mahiin,   Veyrines,    la    Louveze,    Satilieti, 

jeil  d'Etat,  donné  à  Versailles  le   16  octobre  1708.  Saint-Pierre  de  Macabeuf,  Préaux, 

■•Chassât,    Lemourier,    Leplan ,   Saint-Vincent,  'Aunat,    La     Bessède,     Espezel ,    Gallinngues, 

Durfort,    Lespauzes,    Lacombe,    Lesterras,    Saint-  Caillens,   Munens,   Marsa,   Joucou ,    Roquefeuil, 

Fortunat,   Saint-Sauveur    de    Montaigut,    Saint-  Belcaire,  Axât,  Cailla,  la  Prade,  Artigues,  Rodome. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  871 

blement  de  furie.  Dans  ces  deux  attaques,  les  plateaux  élevés  qui  dominent 
je  petit  vallon  de  la  Vixiége  entre  Fanjeaux  &  Belpech,  la  butte  de  Laurac 
le  Grand,  8t  les  pentes  septentrionales  du  mont  Saint-Barthélémy,  que  sil- 
lonnent les  vallées  parallèles  de  l'Hers,  du  Lectouyre  &.  du  Douctou)  re 
furent  battues  par  la  grêle,  qui  détruisit  les  récoltes  de  vingt  8c  une  com- 
munes, appartenant  au  diocèse  de  Mirepoix'. 

Enfin  les  pluies  81  l'inondation  étendirent  leurs  ravages  sur  le  flanc  nord 
de  la  montagne  d'Alaric  &c  sur  toute  la  région  moyenne  de  la  vallée  de 
l'Aude,  où  elles  atteignirent  treize  communes  comprises  dans  un  triangle 
dont  les  points  extrêmes  étaient  Carcassonne,  Saint-Frichoux  8t  Douzens^. 

A  la  suite  des  rapports  de  M.  de  Bâville,  le  conseil  d'État,  pour  donner 
quelque  soulagement  aux  misères  des  pays  dévastés,  accorda  par  cinq  arrêts 
distincts,  aux  communes  qui  avaient  le  plus  souffert,  une  remise  sur  la  taille 
ê<  la  capitation  de  l'année,  atteignant  la  somme  totale  de  soixante  8t  un 
mille  livres,  dont  vingt  mille  pour  le,  Vivarais^,  quinze  mille  pour  chacun 
des  diocèses  d'Alef*  8<  de  Mirepoix  5,  six  mille  pour  le  diocèse  de  Carcas- 
sonne'', 8<  cinq  mille  pour  le  diocèse  de  Saint-Pons  7. 

L'abbaye  de  Boulbonne  possédait  de  vastes  domaines  dans  le  triangle  ver- 
doyant 81  fertile  que  forme  le  confluent  de  l'Ariége  S<.  du  Grand-Hers.  Dans 
cette  région,  les  frontières  de  la  Province  de  Languedoc  8(.  du  comté  de  Foix 
étaient  purement  politiques  &  n'offraient  qu'une  ligne  indécise  8<.  flottante. 
Depuis  la  jonction  des  deux  rivières  jusqu'à  la  butte  de  Montaut  qui  paraît 
émerger  comme  un  témoin  au-dessus  d'une  plaine  aussi  égale  que  la  surface 
d'un  lac,  aucune  limite  naturelle  ne  donnait  aux  confins  un  caractère  de 
durée  81  d'évidence. 

En  1707,  les  habitants  de  Cintegabelle  voyant  avec  regret  qu'une  grande 
partie  du  territoire  de  la  commune  était  possédée  noblement  par  des  gens 
qui  en  avaient  usurpé  la  nobilité,  délibérèrent  la  confection  d'un  nouveau 
cadastre,  afin  d'y  comprendre  tous  les  biens  sujets  à  la  taille  illégalement 
omis  81,  vérifiant  les  titres  qui  en  établissaient  la  roture,  entreprirent  de 
cotiser  un  assez  grand  nombre  de  domaines  prétendus  nobles,  8c  entre  autres, 
six  métairies  qui  appartenaient  à  l'abbaye  de  Boulbonne  &  qui  étaient  situées 
entre  l'Hers  81  l'Ariége  :  Tramesaigues,  le  Baissac,  Artenac,  Ampouillac,  Beau- 
lias-Dessus  81  Beaulias-Dessous.  Ce  fut  l'origine  d'un  grand  procès  qui  dura 
plus   de   soixante  ans,  l'abbaye    prétendant   posséder  noblement  ces   terres 

'  Montf«rrier,  Monis^gur,   Barrineiif,   Fougax,  '  Arrêt  du  conseil  d'État,  donné  à  Versailles  le 

Benaix,  Lesautel,  Laroqiie,  Lafage,  Cazazils.Cahii-  6  décembre  1707. 

zac,    Gaja ,    Riboiiisse,   Saint-Esteffe,    Generville,  *  Arrêt    du    conseil   d'Ktat,   donné  à   Fontaine- 

Vicbram,  Cazalrenoux,  Fonters,  Laurac-le-Grand,  bleau  le  1"  octobre  1707. 

Montcla,  Plaigne,  les  Pujols.  '  Arrêt  du  conseil  d'État,  donné  à  Versailles  le 

'  Barbnira,  Capendii  &  Meyrac,  Comigne,  Dou-  6  septembre  1707. 

sens,    Blomac,    Marseillette,    Aiguesvives,    Saint-  *  Arrêt  du  conseil  d'État,  donné  à  Versailles  le 

Friehoiix,    Badens,    Rustiques,  Trèbes,  Villarzel,  20  décembre  1707. 

Carcassonne.  '  Arrêt   du    conseil    d'État,   donné  à   Foniaine- 

blcau  le  17  septembre  1707. 


1707 


•7=7 


871 


ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


depuis  plus  de  six  siècles  &  soutenant  d'ailleurs  qu'elles  faisaient  partie  du 
comté  de  Foix.  Un  arrêt  de  la  cour  des  aides  de  Montpellier,  du  17  mars 
suivant,  justifia  les  prétentions  de  Cintegabelle.  Les  religieux  recoururent 
alors  au  Parlement  de  Toulouse,  juge  compétent  des  contestations  en  fait  de 
taille  8c  véritable  cour  des  aides  du  pays  de  Foix,  suivant  une  décision  du 
conseil  d'État  du  25  novembre  1687;  ils  exposèrent  qu'ils  devaient  la  fon- 
dation de  leur  abbaye  aux  comtes  de  Foix  81  que  cette  origine  assurait  le 
caractère  noble  des  biens  dont  ils  étaient  devenus  possesseurs  grâce  aux  lar- 
gesses de  ces  grands  feudataires  '. 

Le  Parlement  interdit  par  deux  fois  aux  consuls  de  persévérer  dans  leur 
innovation,  mais  sans  succès^.  Il  finit  par  ordonner  une  enquête  sur  les 
limites  du  pays  de  Foix  81  de  la  province  de  Languedoc.  On  dut  remettre 
tous  les  titres  des  parties  à  plusieurs  experts,  chargés  de  faire  sur  le  terrain 
les  vérifications  nécessaires,  en  présence  d'un  des  substituts  du  procureur 
général  ^. 

Cette  opération  s'accomplit  au  mois  d'avril  81  l'affaire  était  au  moment 
d'être  jugée,  lorsque  le  syndic  de  la  Province,  qui  ne  pouvait  demeurer 
indifférent  à  une  question  de  limites  territoriales,  intei~vint  au  procès  &  fit 
évoquer  la  querelle  au  conseil  d'État '*.  M.  de  Bâville  fut  désigné,  avec 
M.  Legendre,  intendant  de  la  généralité  de  Montauban,  pour  réunir  tous  les 
éléments  d'information.  Les  deux  intendants  se  déchargèrent,  le  i5  juillet, 
sur  leurs  subdélégués,  MM.  Demurat  81  de  Carme,  du  soin  de  poursuivre 
l'affaire.  Ceux-ci  se  rendirent  sur  les  lieux  au  mois  de  septembre,  en  com- 
pagnie des  syndics  de  Languedoc  &  de  Foix.  Ce  dernier  refusa  de  prendre 
des  conclusions  81  d'adhérer  à  celles  des  religieux  de  Boulbonne,  81  les 
experts  qui  procédèrent  à  la  vérification  ne  purent  tomber  d'accord. 

La  province  de  Languedoc  trouvait  un  précédent  favorable  dans  le  dénom- 


'  La  donation  des  six  granges  de  Tramesaygues, 
Baissât,  Artenac,  Ampouillac,  Beaulias-Dessus  & 
B:nulias- Dessous  avait  été  faite  à  l'abbaye  par 
Raymond  Roger,  comte  de  Foix,  en  1198,  puis 
confirmée  par  deux  de  ses  successeurs  en  1222  & 
I  Î41,  autorisée  par  une  bulle  d'Innocent  IV,  datée 
du  4  juillet  1244,  &  depuis,  par  un  arrêt  du  Con- 
seil du  26  juin  160S. 

Les  religieux  prétendaient  que  la  nobilité  de 
ces  fonds  résultait  de  leur  provenance,  ayant  fait 
partie  de  la  fondation  des  comtes  de  Foix,  que 
l'abbaye  en  avait  toujours  payé  les  dîmes.  Ils  pro- 
duisaient, en  outre,  trois  anciens  dénombrements, 
l'un  rendu  au  roi  par  Raymond  Roger  au  mois  de 
septembre  1263,  en  qualité  de  seigneur  suzerain; 
le  second,  par  les  consuls  de  Cintegabelle  le  20  dé- 
cembre i55i  ;  le  troisième,  par  le  syndic  de  l'ab- 
baye le  i5  juillet  1690,  devant  la  chambre  des 
comptes  de  Navarre. 

La  taille  de  ces  divers  biens,  telle  qu'elle  avait 
été  cotisée  au  compoix  de  Cintegabelle,   s'éleyail  à 


la  somme  annuelle  d'environ  i5oo  livres.  Cette 
imposition  fut  payée,  à  titre  de  provision,  depuis 
l'arrêt  de  1708.  En  1737,  le  syndic  de  l'abbaye  en 
portail  plainte  au  conseil  d'Etat,  rejetant  sur  les 
difficultés  que  soulevaient  le  syndic  général  de  la 
Province  8t  celui  de  la  commune  de  Cintegabelle, 
&  sur  le  fréquent  changement  d'intendants  sur- 
venu en  Languedoc  &  en  Roussillon,  la  longue 
suspension  de  l'affaire.  Il  demandait  alors  que  la 
conclusion  fut  prononcée  par  le  Conseil,  sans 
nouvelle  instruction  préalable  des  intendants'. 

'  Arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  du  7  mai, 
!'■''  juillet,  4  août  1707  &  du  6  mai  &  2  août 
1708. 

'  Arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  du  16  février 
1708. 

■•  Arrêt  du  conseil  d'Etat  du  i'^'^  mai  1708. 


'  Recueil  des  éJUs  de  Languedoc,  I73()-  Arrêt  du  con- 
seil dlitat.  doiiiii;  à  Fontainebleau  le  i5  octobre  1737; 
M.  Orry,  rapporteur. 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  8/3 

bremcnt  qu'avait  fourni,  le  28  novembre  1689,  l'abbaye  de  Boulbonne  aux 
commissaires  des  domaines  pour  les  biens  situés  dans  les  sénéchaussées  de 
Limoux  6<.  de  Lauragais.  Quatre  des  métairies  en  litige  figuraient  dans  ce 
document,  où  elles  étaient  désignées  comme  appartenant  à  la  juridiction  de 
Cintegabelle. 

Au  mois  de  septembre  1710,  M.  Gautier,  ingénieur  du  roi,  vint  lever 
la  carte  du  pays,  en  présence  des  parties  &  des  consuls  de  toutes  les  com- 
munes limitrophes  de  Cintegabelle,  dressa  procès-verbal  des  dépositions  de 
témoins  Se  conclut  contre  l'abbaye  de  Boulbonne.  Néanmoins,  il  ne  fut  pris 
aucune  décision.  Près  de  trente  ans  après,  le  débat  était  au  même  point.  Les 
intendants  se  succédaient  en  l'une  &  l'autre  province,  sans  plus  s'occuper 
de  l'affaire.  Des  subrogations  successives,  obtenues  au  conseil  d'Etat  par  le 
syndic  de  Boulbonne,  transmirent  tour  à  tour  le  dépôt  intact  de  Bâville  k 
Bernage,  de  Bernage  à  Le  Nain,  de  Le  Nain  à  Saint-Priest,  de  Legendre  à 
Jallais,  de  Jallais  à  d'Albaret,  de  d'Albaret  à  Bon  '. 

Au  commencement  de  l'année  1768,  M.  de  Saint-Priest,  intendant  de 
Languedoc,  8c  M.  Bon,  premier  président  au  conseil  supérieur  Se  intendant 
de  Roussillon  devaient  recevoir  encore  du  conseil  d'État,  dans  les  mêmes 
termes,  la  mission  confiée  cinquante  ans  plus  tôt  à  leurs  prédécesseurs. 

Le  Parlement  de  Paris  adjugea,  par  arrêt  du  21  juin  1707,  au  célèbre 
financier  Samuel  Bernard,  dont  Saint-Simon  a  raconté  la  puissance,  la  terre 
de  Rieux  en  Languedoc  &  le  titre  de  baronnie  fixe  des  États  provinciaux, 
pour  le  prix  de  cent  quatre-vingt-un  mille  livres.  L'ancien  propriétaire  de  ce 
fief,  érigé  en  comté,  s'était  ruiné  par  les  représentations  fastueuses  attachées 
aux  grandes  charges  dont  il  avait  été  revêtu.  C'était  le  comte  de  Mérinville, 
lieutenant  général  des  armées  du  roi,  commandant  en  chef  dans  la  Province, 
héritier  de  la  terre  languedocienne,  par  suite  de  son  mariage  avec  Margue- 
rite de  la  Jugie,  comtesse  de  Rieux. 

D'après  les  usages  du  Parlement  de  Toulouse,  les  propriétaires  de  biens 
décrétés  étaient  en  droit,  pendant  dix  ans,  de  racheter  ces  domaines  en  rem- 
boursant à  l'acquéreur  le  prix  de  l'adjudication,  augmenté  d'une  somme  qui 
devait  l'indemniser  des  frais  de  justice  8c  des  autres  dépenses  faites. 

Le  règlement  des  États,  fondé  sur  cette  jurisprudence,  ne  permettait  pas 

*  Arrêts  du  conseil  d'État  du    |5  octobre  1837,  La  diversité  des  deux  tracés  consistait  en  ce  que 

du  8  arril  1741,  du  18  octobre  1743  &du  23  férrier  les  syndics  de  Foix  prétendaient,  en   s'autorisant 

1763.  Les  Etats  du  comté  de  Foix  s'occupèrent  de  d'un  acte  de  1272,  prendre  pour  ligne  divisoire  le 

la  question   dans  leur  séance  du  6  mai    1744.  Ils  cours  du  ruisseau  de  Tor,  qui   coule  entre  Caujac 

chargèrent    leurs    syndics    généraux    d'intervenir  8c   Calers,    tandis   que    les    syndics    de    Languedoc 

dans  l'instance  d'oii  ils  prétendaient  que  les   offi-  portaient  leurs  frontières  jusqu'au  ruisseau  qui  va 

ciers  de  la  Province  avaient  affecté  de  les  exclure.  de  Calers  à  Gaillac,  &  en  traçant  une  ligne  fictive 

Après  s'être  fait  communiquer  par  les  religieux  dans  les  territoires  de  Lissac,  Saint-Quirc  &  Sa- 
les actes  de  la  procédure  &  le  plan  du  territoire  Verdun,  agrandissaient  leur  province  d'une  super- 
contesté, ils  prétendirent  que  le   pays  de  Foix  se  ficie  considérable '. 

trouverait  notablement   lésé  si   l'on    admettait  les  .  /j^,„„.,  ^^^  ^^,.„  ^  ^^^.,,  ^„  Parlement,  ,745.  Krûi 

hmites  réclamées  par  les  Ltats  de  Languedoc.  ju  conseil  d'État,  donné  h  Versailles  lu  so  janvier  i-j.\i. 


1707 


i797 


1708 


874  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

que  le  décrétiste  fût  reçu  aux  assemblées  en  qualité  de  baron,  tant  que  cette 
période  n'était  pas  écoulée,  parce  que,  jusqu'à  ce  terme,  la  propriété  du  fief 
ne  pouvait  pas  être  considérée  comme  définitive. 

Chaque  année,  à  l'ouverture  de  la  session,  le  procureur  du  traitant  essaya 
de  combattre  l'usage  languedocien  &  demanda  place  parmi  les  envoyés  de 
la  noblesse.  Les  États  se  montrèrent  intraitables  8c  répondirent  que  Samuel 
Bernard  devait  d'abord  laisser  écouler  la  période  de  dix  ans  pendant  laquelle 
le  rachat  demeurait  possible,  &,  cette  condition  de  la  possession  décennale 
une  fois  remplie,  produire  les  preuves  de  sa  noblesse. 

P'n  attendant,  le  fils  du  gentilhomme  décrété,  Gaspard  Desmontiers,  comte 
de  Mérinville,  brigadier  des  armées  du  roi,  gouverneur  de  la  ville  &  du  dio- 
cèse de  Narbonne,  continua  de  siéger  sur  les  hauts  bancs.  Alors  même  que 
la  période  décennale  fût  écoulée,  il  ne  se  tint  pas  pour  battu.  Se  fit  entendre 
qu'ayant  passé  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  au  service,  il  ne  s'était  pas 
trouvé  en  état  de  mettre  ordre  à  ses  affaires.  La  rareté  de  l'argent  l'avait  privé 
de  ses  revenus,  Se  ne  pouvant  non  plus  réussira  faire  d'emprunts,  il  se  voyait 
contraint  de  laisser  le  domaine  aux  mains  de  l'adjudicataire,  quoique  la  terre 
eût  été  vendue  à  vil  prix. 

Les  Etats  acceptèrent  ces  raisons,  Se  le  manège  des  oppositions  du  financier 
&  de  la  fin  de  non-recevoir  des  barons  continua  de  marquer,  avec  une  régu- 
larité ininterrompue,  les  séances  d'ouverture,  consacrées  à  la  vérification  des 
pouvoirs  '. 

L'année  1708  ne  fut  point  signalée  en  Languedoc  par  des  événements 
notables.  A  la  guerre  civile  avait  succédé  un  calme  absolu;  dans  les  parties 
de  la  Province  qui  venaient  d'être  éprouvées  par  cette  sanglante  lutte,  les 
populations,  n'ayant  plus  à  s'émouvoir  de  scènes  de  carnage,  couraient  au 
plaisir  avec  un  empressement  dont  les  évêques  commençaient  de  s'alarmer. 
«  Les  mœurs  se  relâchent,  écrivait  Fléchier,  même  celles  des  catholiques^';  n 
il  se  plaignait  surtout  des  désordres  occasionnés  par  l'opéra,  dont  le  goût 
se  propageait  rapidement,  St  en  faisait  l'objet  de  sévères  remontrances  dans 
ses  lettres  pastorales.  On  apercevait  du  reste,  déjà,  dans  l'ensemble  de  la 
société,  les  symptômes  d'une  réaction  violente  contre  la  discipline  outrée  par 

'  La    première    opposition    fut    faite    dans    la  finira   dans  la   plupart  de  ces  esprits  préoccupez, 

siance  du  28   décembre    1707,  &  le  conflit  durait  que  lorsque   la   fin  de   la  guerre  leur  ôtera   toute 

encore   en    1712,   époque    où    la    Province    jugea  espérance  de    se   rétablir.   Cependant   les   mœurs, 

nécessaire    d'intervenir   pour   défendre    ses   privi-  même   des  catholiques,  se   relâchent.  Vous  verrez, 

léges.  Monsieur,  par  le  mandement  que  j'ai   l'honneur 

'  Lettres  choisies  de  M.  Fléchier,  II,   p.   198.  —  de   vous    envoyer  que    je    n'ai    pu   dissimuler   les 

Cette  lettre,  datée  de  Nimes  le  3o  septembre  1708,  désordres   que   produisoit   l'opéra  dans  cette  ville 

est  adressée  à  Le  Pelletier.   En  voici  les  passages  en   un   teras   où    nous  avions   ordonné   par  ordre 

les  plus  intéressants  :  même  du  roi,  des  prières  publiques,  dans  l'attente 

«...  Ce  païs-ci  est  devenu  tout  d'un  coup  tran-  d'un    grand    &   terrible    événement.   J'ai    eu    sujet 

quille.  On  n'y  voit  plus  aucune  trace  de  nos  émo-  d'être  satisfait  de  la  docilité  de  mes  diocésains,  Se 

lions   passées,   la  paix  y   règne,   mais   la    foi    n'y  je  ne  crois   pas  qu'on   redresse  ici  des  théâtres  & 

fait  pas  tout  le  progrès  que  nous  souhaitons.  La  qu'on   y   rapporte    de    tels    exemples   &  de   telles 

fureur  a    cessé,   mais   l'erreur   reste   encoïc,    &.  ne  occasions  de  débauches...  u 


LIV.   III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  8/5 

Louis  XIV.  Certes,  quand  on  connaît,  dans  ses  détails,  la  vie  personnelle  du 
grand  roi,  l'on  a  quelque  peine  à  considérer  son  règne  comme  une  période 
de  moralité  bien  rigoureuse,  &,  après  les  complaisances  obtenues  sans  effort 
par  le  monarque  pour  ses  propres  faiblesses,  on  ne  peut  prendre  trop  au 
sérieux  les  lamentations  du  clergé  sur  la  décadence  des  mœurs  publiques.  La 
régence  d'Anne  d'Autriche,  la  jeunesse  de  Louis  XIV  ne  passeront  jamais, 
aux  yeux  de  l'histoire  impartiale,  pour  une  période  puritaine;  on  a  tout  lieu 
de  penser  que  le  mouvement  des  esprits,  surexcité  par  la  politique  à  contre- 
sens adoptée  envers  les  protestants,  était  la  principale  cause  des  inquiétudes 
témoignées  par  le  clergé.  Ces  inquiétudes,  coïncidant  avec  la  victoire  maté- 
rielle remportée  sur  les  hérétiques,  suffisent  à  montrer  dans  tout  son  jour 
l'erreur  gouvernementale.  C'était  une  triste  récompense,  après  tant  de  luttes, 
que  de  constater  l'affaiblissement  de  la  foi  chez  les  orthodoxes,  ou  du  moins 
le  peu  d'harmonie  qu'ils  mettaient  entre  leur  conduite  &  leurs  croyances; 
mais  les  partis-pris  n'en  étaient  point  ébranlés;  &,  si  l'on  avouait  que  l'erreur 
des  protestants  n'avait  pas  cédé  à  la  force,  au  lieu  d'en  déduire  que  la  force 
est  une  mauvaise  arme  pour  agir  sur  les  consciences,  on  aimait  mieux  con- 
clure que  l'obstination  des  réformés  tenait  à  l'espérance  de  secours  extérieurs 
&  ne  survivrait  pas  à  la  pacification  de  l'Europe. 

Cependant  l'esprit  d'investigation  &  de  critique  faisait  des  progrès  sensi- 
bles. Le  goût  des  recherches  curieuses  se  répandait.  La  publication  de  l'His- 
toire de  Bretagne,  premier  recueil  étendu  d'histoire  provinciale,  inspira  au 
président-né  des  États  de  Languedoc  la  pensée  de  faire  entreprendre  une 
œuvre  analogue  pour  le  pays  dont  il  dirigeait  l'administration.  Le  programme 
que  l'archevêque  Le  Goux  de  La  Berchère  fit  adopter  par  les  trois  ordres,  au 
mois  de  janvier  1707,  est  conçu  avec  beaucoup  d'élévation  8c  de  largeur'.  Le 
prélat  voulait  «  une  histoire  complète  où,  en  détaillant  tous  les  faits,  on 
«  n'oublieroit  rien  de  ce  qui  concerne  les  mœurs,  les  coutumes  &  le  gou- 
«  vernement  politique,  «  Cette  seule  indication  permet  de  mesurer  la  révo- 
lution qui  s'accomplissait  dans  les  idées,  la  tendance  à  chercher  le  vrai  par  la 
méthode  de  l'observation,  &  le  besoin  de  synthèses  rationnelles  qui,  de 
déductions  en  déductions,  devaient  conduire  au  renversement  de  l'ancien 
régime. 

Sur  la  fin  de  l'année  1708  commencèrent,  dans  toute  l'étendue  de  la 
France,  les  rigueurs  d'un  hiver  terrible  qui  porta  la  misère  à  son  comble  8< 
fit  des  milliers  de  victimes.  Le  Languedoc  ne  fut  pas  épargné.  Il  eut  ses 
rivières  gelées,  ses  récoltes  détruites,  ses  populations  affamées.  Dans  les 
grandes  villes,  où  une  multitude  de  pauvres,  mourant  de  froid,  donnait  par 
les  rues  le  spectacle  de  sa  détresse,  les  municipalités  faisaient  allumer  de 
grands  feux  au  milieu  des  places*.  Les  châtaigniers,  les  noyers,   les  oliviers 

'  Pifffcj  y'ajri^caf/VeJ,  n.  DCCCXVIII,  col.  2042.  donnée    pour   le    montant    de    Srio   fagots    qu'il   a 

'  Archives    de  Toulouse.    Comptes    du    trésorier  fournis  à   la   ville    pour    le    chauflâge   des    places 

Jacques    Bonnemain    pour   l'année    1709,   p.  46   :  publiques  de  la   présente  ville,  en  conséquence  de 

Au  sieur  Gasc,  la  somme  de  63  livres  à  luy  or-  la  délibération  du  conseil  des  Seize  du  18  janvier 


1708- 


1709 


— ; 876  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1708  ' 

&  les  vignes  périrent  presque  partout,  8c  la  Province  fut  entièrement  privée 
de  blé.  Pour  subvenir  aux.  nécessités  de  l'alimentation  publique,  on  dut 
envoyer  quelques  navires  charger  des  grains  dans  les  ports  du  Levant. 

Les  communes,  que  les  dépenses  de  la  guerre  écrasaient  sous  le  poids  des 
impôts,  furent  attristées  par  les  rigueurs  extraordinaires  de  la  perception. 

Les  prisons  étaient  encombrées  de  collecteurs,  les  maisons  des  particuliers 
de  garnisaires,  &  les  troupes,  dont  la  subsistance  avait  été  assignée  sur  le  don 
gratuit,  ne  trouvaient  de  fonds  ni  chez  le  trésorier  de  la  bourse,  ni  chez  les 
receveurs  des  diocèses. 

Le  mémoire  qui  fut  dressé  par  les  États  sur  la  situation  de  la  Province  à 
la  suite  de  l'hiver  de  1709,  fait  le  tableau  le  plus  navrant  de  la  misère  géné- 
rale. Le  peu  de  grain  que  l'on  avait  récolté  s'était  consommé  pour  la  nour- 
riture, pour  le  payement  de  l'impôt  ou  pour  les  semailles.  Evêques  8c  seigneurs 
de  paroisse  ne  savaient  plus  par  quel  moyen  assister  leurs  pauvres.  On  pré- 
voyait que  des  communes  entières  manqueraient  de  pain  jusqu'à  la  récolte 
suivante.  Parmi  les  gens  riches,  ayant  des  ressources  mobilières,  personne  ne 
jouissait  de  son  revenu;  les  compagnies  de  justice,  les  villes  8c  les  diocèses 
ne  payaient  pas  les  intérêts  de  leurs  dettes,  Se  les  artisans  demeuraient  sans 
travail.  La  production  des  manufactures  était  totalement  interrompue  comme 
le  commerce  8c  laissait  dans  le  désespoir  la  population  ouvrière  qui  n'avait 
plus  d'emploi  de  ses  bras.  Cependant  les  impositions  royales  étaient  augmen- 
tées; elles  atteignaient  près  de  dix  millions.  Les  États  dénonçaient  avec  effroi 
la  désertion  générale  des  terres  qui  ne  manquerait  pas  de  se  produire,  si  les 
cultivateurs,  en  menant  l'existence  la  plus  pénible  8c  la  plus  laborieuse,  ne 
pouvaient  parvenir  à  vivre.  Ils  sollicitèrent  une  remise  sur  les  impositions  de 
l'année  17 10,  une  indemnité  pour  les  communes  ruinées,  8c  la  suppression 
de  toutes  les  mesures  fiscales  désignées  sous  le  nom  d'affaires  extraordinaires'. 

Comme  la  grande  difficulté  du  moment  était  la  perception  des  impôts,  8t 
que  l'on  était  forcé  de  mettre  garnison  chez  la  plupart  des  contribuables, 
l'assemblée  provinciale  arrêta  les  termes  d'un  règlement  minutieux  pour  cette 
forme  de  contrainte,  afin  d'en  réduire  les  rigueurs  au  seul  nécessaire  8c  d'em- 
pêcher les  abus  de  pouvoir  8c  les  vexations  inutiles^. 

Les  États  se  trouvaient  ainsi  dans  une  condition  très-difficile.  Ils  accor- 
daient tout  ce  qui  leur  était  demandé  par  les  commissaires  du  roi,  8c  leur 
unique  ressource,  pour  alléger  les  souffrances  du  pays,  était  de  ménager  la 
répartition  des  charges  avec  le  plus  d'équité  possible  8c  d'atténuer  la  rudesse 
des  actes  coërcitifs  qu'ils  prescrivaient. 


courant,  à  raison  de   i8  lirres   le  cent,  y  compris  de  ville  &  à  la    place  de  Saint-Georges,  à  condi- 

le  port.  Quittance  du  26  janvier  1709.  »  tion  que  la  dépense  n'excéderoit  pas  la  somme  de 

Le  conseil  des  Seize  avait  approuvé,  le  18  jan-  trois  cents  livres'.  » 

yier,  la  dépense  faite  par  les  capitouls   pour  allu-  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCCXXI,  col.  2048. 

mer  des  feux  dans  les  places  publiques,  les  priant  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCCXXII,  col.  20J3, 

de    continuer   tant    que    la    rigueur   de    la    saison  n.  DCCCXXIII,  col.  2o55. 

durerait,  «  même  d'en  faire  allumer  devant  l'hôtel  ■  l.iyre  des  Conseils,  XXXVI,  p.  109. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  877 

La  destruction  des  oliviers,  qui  faisaient  la  principale  richesse  du  bas  Lan- 
guedoc, jeta  une  grande  perturbation  dans  toute  la  contrée.  Beaucoup  de 
rentes  £<  de  redevances  foncières  s'y  payaient  en  huile;  la  rareté  exception- 
nelle de  ce  produit  causa  d'infinies  difficultés. 

Le  roi  confia  d'abord  au  Parlement  de  Toulouse,  par  sa  déclaration  du 
8  octobre,  le  soin  de  régler  ces  différends. 

Puis  il  reconnut  la  nécessité  de  s'expliquer  de  nouveau  sur  la  matière. 
Une  seconde  déclaration,  du  i5  mars  171 2,  décida  que  tous  les  droits  sei- 
gneuriaux &  rentes  payables  en  huile  seraient,  jusqu'en  17 19,  payables  en 
argent,  au  choix  des  débiteurs,  suivant  les  prix  8c  les  mesures  en  usage  dans 
le  diocèse. 

Ce  prix  fut  évalué,  pour  le  diocèse  de  Narbonne,  à  83  livres  la  charge 
pesant  416  livres. 

Les  funestes  effets  de  l'hiver  de  1709  eurent  une  si  longue  durée,  qu'il 
fallut  proroger  tour  à  tour  cette  autorisation  de  dix  ans',  puis  de  six*,  puis 
de  six  encore^. 

L'aridité  du  sol  &  la  violence  des  vents  retardaient  la  végétation,  qui  fut 
de  nouveau  compromise  en  1711  8c  1729  par  de  très-fortes  gelées.  Aussi  le 
prix  de  l'huile  se  maintint  longtemps  à  un  taux  fort  élevé  dans  le  pays  nar- 
bonnais'*. 

La  pacification  de  la  Province  8c  les  exigences  de  la  guerre  étrangère  ame- 
nèrent en  1709  le  désarmement  de  ces  compagnies  de  milices  bourgeoises  qui 
avaient  été  à  peu  près  exclusivement  levées  contre  les  protestants  de  France 
8c  dont  les  commandants  militaires  se  plaignaient  de  tirer  peu  d'utilité.  Les 
fusils  qu'on  leur  enleva  furent  donnés  à  des  troupes  régulières  de  nouvelle 
formation  employées  de  l'autre  côté  des  Pyrénées^. 

Les  réfugiés  français  envoyèrent,  dans  le  courant  de  cette  année,  pour 
ranimer  le  zèle  des  protestants  de  France,  le  prédicant  Pierre  Corteiz,  qui 
avait  quitté  les  Cévennes  au  moment  de  la  pacification,  à  la  faveur  d'un 
passe-port  du  maréchal  de  Villars,  8c  qui  occupait  à  Lausanne  un  emploi  de 
régent. 

Ce  personnage,  sans  avoir  de  titre  officiel  de  l'Église  réformée,  s'était 
fait  remarquer  dans  les  assemblées  qui  précédèrent  l'insurrection  des  canii- 
sards,  en  s'élevant  fortement  contre  les  prophètes  qui  prêchaient  la  guerre 
sainte,  le  massacre  des  prêtres  catholiques  8c  l'incendie  des  églises.  A  partir 
du  moment  oU  il  vint  en  Languedoc  avec  un  mandat  de  ses  coreligionnaires 
il  ne  cessa  de  parcourir  le  pays,  à  travers  mille  dangers,  passant  maintes  fois 

■  Déclaration  clu  roi  du  il  décembre  1718.  '  Ce  désarmement   procura  9189  fu«il»  qui   fu- 

'  Déclaration  du  roi  du  14  juin  1729.  rent  vérifiés  par  le  sieur  Azemar,  lieutenant  d'ar- 

'  Arrêt  du  conseil  d'Etat  du  14  juin  1735.  tiUerie  en    Languedoc,  &  évalués  à  3  livres  cba- 

'  Dans    le  diocèse    de    Narbonne,   en    1735,   les  cun. 

oliviers  ne  donnaient  pas  encore  la  moitié  Je  la  La    liquidation    totale,     réglée    seulement    par 

récolle   ordinaire.   Par  arrêt  du    14  juin    1735,   le  Bernage  en  1712,  s'éleva  à  la   somme  de  275Û7  li- 

conseil  d'Etat  prescrivit  une  nouvelle  prorogation  vres,  arrêtée  au   conseil   d'Etat   le   22  août  de   la 

jusqu'au  i"  janvier  1738.  même  année. 


1709 


1709 


•  878  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

en  Suisse,  traqué,  poursuivi  &  ne  se  décourageant  jamais  de  prêcher,  comme 
il  disait,  «  dans  le  Désert  de  France.  » 

Des  émissaires  d'un  caractère  plus  militant  furent  expédiés  en  Languedoc, 
au  printemps  de  170g,  par  Miremont  &  Cavalier,  qui  rêvaient  encore  une 
descente  armée  dans  la  Province,  avec  le  concours  des  puissances  maritimes. 
L'un  d'entre  eux  était  Abraham  Mazel,  qui  avait  pris  part  aux  premiers 
événements  du  Pont-de-Montvert,  Si  qui,  échappé  avec  seize  autres  captifs 
de  la  Tour  de  Constance,  avait  réussi  à  passer  la  frontière  avec  un  sauf- 
conduit  du  maréchal  de  Villars.  Il  était  à  la  solde  de  la  reine  Anne  Si  détaché 
en  son  nom  dans  les  Cévennes  pour  tenter  d'y  déterminer  un  soulèvement. 
On  espérait  que  la  détresse  des  peuples,  conséquence  du  grand  hiver,  y 
rendrait  l'agitation  plus  facile  Si  permettrait  de  recommencer  les  scènes  de 
violence  de  l'année  1702.  Abraham  Mazel  61  ses  deux  compagnons  de  route, 
Daniel  Guy  Billard,  lieutenant-colonel  de  Cavalier,  81  Dupont,  secrétaire 
du  même  chef,  parvinrent  à  franchir  le  Pv.hône,  vis-à-vis  Soyons,  par  la  com- 
plaisance d'un  batelier.  Ils  se  jetèrent  dans  le  Vivarais,  où  ils  trouvèrent  les 
peuples  fort  abattus  81  firent  partir  deux  prophétesses  pour  les  Cévennes, 
afin  d'y  ranimer  le  zèle  de  Claris  81  d'un  petit  nombre  de  camisards  qui  s'y 
tenaient  cachés  depuis  le  supplice  de  Ravanel  Si  de  Catinat  '. 

Les  désordres  commencèrent  à  Vais,  dans  les  montagnes  de  l'Ardèche.  Un 
ancien  lieutenant  de  Cavalier,  nommé  Justet,  réunit  une  trentaine  de  jeunes 
gens  81  lîattit  le  pays  pour  y  recruter  des  compagnons  d'armes.  M.  de  Vocance, 
gentilhomme  de  la  contrée,  s'étant  mis  en  campagne  avec  quelques  hommes, 
afin  de  réprimer  ces  troubles,  fut  attiré  dans  une  embuscade  81  y  trouva  la 
mort.  Le  bruit  de  ce  meurtre  fit  sortir  de  leur  retraite  plusieurs  camisards 
hésitants,  81  le  10  juin,  la  paroisse  de  Gilhoc,  dans  le  bassin  du  Doux,  vit 
paraître  une  troupe  armée  d'environ  deux  cents  hommes  qui  envahirent  le 
château  de  Bots,  voisin  du  Rhône,  appartenant  au  marquis  de  Brisson,  81  s'y 
emparèrent  d'une  cinquantaine  de  fusils.  Un  détachement  de  Suisses,  en  gar- 
nison à  Vernoux,  essaya  d'aborder  cette  bande  81  en  fut  très-mal  traité. 

Le  duc  de  Roquelaure  qui  avait  succédé  à  Berwick  comme  commandant 
en  chef,  Si  à  qui  la  surprise  de  diverses  correspondances  faisait  redouter  des 

'  Court  de  Gébelin  a  publié  la    lettre   suivante  faudra,  ce  qui   me  paroît  facile.  Si  les  puissances 

de  Billard  qui,  mieux  que  tous  les  commentaires,  protestantes  nous  envoient  de  l'argent,  les  choses 

caractérise  ce   projet  de  soulèvement.   Cette   lettre  réussiront  bien  mieux;  car  je  pourrai  armer  faci- 

était  datée  du   |8  avril  1709  :  lement  les  bienintentionnés,  au  lieu  que  je  serai 

((  Vous  saurez  que  j'ai  fait  le  tour  du  bas  Viva-  contraint  de  faire  désarmer   les   anciens  catholi- 

rnis;   j'y  ai   trouvé   de  bonnes   amcs.   La   jeunesse  ques,  ce  qui  seroit  pour  nous   un   surcroît  d'enne- 

iiie  paroît   toute  de   feu   pour  secouer  le  joug.  Je  mis.  Ainsi  je  suis  persuadé  que  tous   ferez  sentir 

vais  dans   le  haut  Vivarais,  &  si  je  trouve  là  les  aux    personnes   qui   veulent    nous   aider,    le    bien 

mêmes  dispositions  que  dans   le  bas,  je  ne  man-  qu'un  peu  d'argent  produiroit,  si  l'on  nous  l'en- 

querai  pas  d'en   profiter,  d'y  assembler  la   jeunesse  voyoit.  Les  papistes  seroient  les  premiers  à  se  dé- 

&  tous  les  bienintentionnés.  J'en  ai  déjà  une  cen-  clarer;  &  tel  qui  auroit  eu  envie  de  nous  vendre, 

taine    de    prêts    au    premier   signal.    J'envoie    des  nous    recevra    chez    lui,   si    nous    leur   payons   ca 

exprès  à  Clary,  afin  qu'il  travaille  de  son  côté,  8c  qu'il  faudra  prendre  pour  notre  subsistance'.  » 

qu'il   se  dispose  à   se  joindre    à    nous    lorsqu'il    le  '  Hhloire  ili.-s  troubles  des  Cévennes,  lU,  p.  233 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  879 

événements  graves,  partit  le  i5  juin  pour  le  Vivarais,  en  compagnie  de 
Bâville,  afin  d'organiser  &  de  diriger  lui-même  la  répression.  La  pénurie  de 
grains  8c  d'argent  qui  régnait  dans  la  Province  rendait  plus  difficile  &  plus 
onéreuse  la  préparation  de  cette  campagne.  Mais  tous  les  efforts  d'Abraham 
Mazel  n'avaient  pu  réunir  qu'une  poignée  d'aventuriers.  Il  y  eut  des  enga- 
gements partiels  où  les  troupes  royales  éprouvèrent  quelques  désavantages, 
notamment  à  Saint-Fortunat  &  Saint-Pierre-Vilie. 

Comme  toujours,  les  récits  des  écrivains  varient  d'après  leur  religion,  Se  les 
circonstances  d'un  même  fait  se  transforment  sous  leur  plume  de  façon  à 
n'être  plus  reconnaissables.  Brueys  prétend  que  les  Suisses  du  régiment  de 
Courtcn  refusèrent  de  tirer  sur  les  insurgés  qui,  de  leur  côté,  les  épargnèrent 
Se  ne  s'en  prirent  qu'aux  officiers. 

Mais  Poquelaure  avait  pris  des  dispositions  pour  une  grande  concentration 
de  troupes  &  demandé  des  renforts  au  duc  de  Berwick  commandant  en  Dau- 
phiné.  Les  rebelles  ne  tardèrent  pas  d'être  enveloppés  de  toutes  parts.  On  les 
avait  signalés,  le  8  juillet,  sur  la  montagne  des  Isserlets,  près  de  Vernoux. 
Le  chevalier  de  Miroménil,  avec  deux  bataillons  du  régiment  de  Quercy, 
marcha  sur  cette  dernière  place,  les  dragons  de  Languedoc  sur  Saint-Julien, 
8<.  le  duc  de  Roquelaure,  avec  le  reste  des  troupes,  sur  le  ChaylarSc  Gluyras, 
Avant  que  cette  convergence  ne  fût  effectuée,  les  camisards,  avertis  à  temps, 
mirent  en  sûreté  la  cohue  de  femmes  &  d'enfants  qui  était  venue  prendre 
part  aux  exercices  de  religion  des  Isserlets,  &  gagnèrent  pour  s'y  défendre,  la 
montagne  de  Leyris  qui  commande  le  confluent  du  Rhône  8<  de  l'Evrieu. 
Ces  positions  difficiles,  protégées  par  leurs  escarpements  8c  par  la  petite 
rivière  de  Bresson  qui  en  baigne  le  pied,  furent  attaquét^s  le  même  jour, 
vers  six  heures  du  soir,  par  des  forces  très-supérieures  en  nombre,  8c  devin- 
rent le  théâtre  d'une  lutte  acharnée.  Plusieurs  des  camisards  n'étaient  armés 
que  de  faux;  d'autres,  n'ayant  plus  de  munitions,  prolongèrent  le  combat  en 
jetant  des  pierres  sur  les  assaillants. 

Les  troupes  royales  finirent  par  occuper  la  montagne,  non  sans  avoir 
essuyé  des  pertes  sérieuses.  Se  les  insurgés  se  débandèrent. 

Quelques-uns  d'entre  eux  passèrent  l'Eyrieu  pendant  la  nuit,  dans  le? 
environs  de  Pierregourde,  mais  à  la  nouvelle  des  battues  qui  se  faisaient,  ils 
j-egagnèrent  la  rive  gauche  Se  se  tinrent  quelque  temps  cachés  dans  les  bois 
voisins. 

Le  duc  de  Roquelaure,  attentif  à  ne  pas  laisser  pénétrer  l'insurrection 
dans  les  Boutières,  mettait  toutes  ses  troupes  en  mouvement  8c  fouillait  les 
moindres  hameaux.  Les  habitants,  fatigués  de  ces  luttes  sans  espoir,  refu- 
saient de  fournir  des  vivres  à  la  poignée  d'hommes  qui  vaguaient  encore 
autour  d'eux  8c  n'ajoutaient  plus  foi  aux  promesses  de  secours  étrangers  dont 
on  les  avait  si  longtemps  abusés. 

Traqués,  sans  repos  ni  trêve,  les  derniers  camisards  furent  enfin  contraints 
d'accepter  le  combat,  le  19  juillet,  à  Fontréal  près  de  Chalencon,  dans  la 
paroisse  de  Saint-Jean-Chambre.  Ils  y  donnèrent  des  preuves  de  vaillance, 


1709 


1709 


lyio 


880  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

défendirent  chèrement  leur  vie  &  tuèrent  plusieurs  officiers,  mais  fureni 
taillés  en  pièces.  Quelques  fuyards  isolés  parvinrent  seuls  à  se  dérober  sous 
bois.  Cette  date  du  19  juillet  est  mémorable,  parce  qu'après  le  combat  suprême 
de  Fontréal  on  ne  vit  plus  de  camisards  attroupés,  ni  dans  le  Vivarais,  ni 
dans  les  Cévennes.  Plusieurs  d'entre  eux,  retrouvés  à  d'assez  longs  intervalles, 
périrent  dans  les  supplices,  &  l'on  rasa  quelques  maisons,  mais  aucun  fait  de 
guerre  ne  renouvela  les  alarmes  de  la  Province'. 

Rassuré  du  côté  des  hérétiques,  le  pays  eut  alors  plus  de  loisir  pour  s'oc- 
cuper des  querelles  intestines  dont  le  catholicisme  était  agité,  &.  la  résistance 
de  l'évêque  de  Saint-Pons  eut  un  très-grand  retentissement.  Les  ennemis  de 
M.  de  Percin-Montgaillard,  n'ayant  pas  trouvé  auprès  du  roi  l'assistance 
qu'ils  en  attendaient,  ne  s'en  laissèrent  point  décourager,  mais  choisirent  un 
autre  théâtre. 

Le  18  janvier  1710,  parut  un  décret  du  pape  Clément  XI,  qui  condamnait 
le  mandement  de  l'évêque  de  Saint-Pons  &  ses  trois  lettres  à  l'archevêque  de 
Cambrai,  comme  renfermant  des  propositions  «  fausses,  pernicieuses,  scan- 
«  daleuses,  séditieuses,  schismatiques,  erronées,  sentant  l'hérésie  &  tendant 
«  à  éluder  ouvertement  la  dernière  constitution  donnée  pour  extirper  l'hé- 
p  résie  janséniste.  » 

Le  pape  annonçait  que  les  écrits  de  l'évêque  de  Saint-Pons  avaient  été 
déjà  notés  par  l'Inquisition,  Si  que,  malgré  cette  sentence,  ils  continuaient  à 
se  répandre  en  France,  à  l'indignation  des  bons  8c  au  scandale  des  faibles, 
avec  un  péril  évident  pour  le  salut  des  âmes. 

Tout  le  décret  était  rédigé  dans  un  langage  violent  Se  plein  de  mépris. 
''i  La  cour  de  Rome,  a  dit  le  chancelier  d'Aguesseau,  selon  l'usage  des  pol- 
«  trons  qui  se  croient  les  plus  forts,  avoit  cru  pouvoir  abuser  impunément 
î«  de  la  foiblesse  de  son  adversaire^.  » 

Un  acte  d'initiative  pontificale,  qui  choquait  aussi  ouvertement  les  maximes 
de  l'Église  française,  ne  pouvait  passer  inaperçu.  Le  marquis  de  Torcy  en 
parla  au  roi  &  pria  de  sa  part  le  procureur  général  du  Parlement  de  Paris 
d'en  faire  l'objet  d'observations  écrites. 

D'Aguesseau  releva  en  termes  très-nets  l'incorrection  de  la  démarche  Si  le 
'précédent  périlleux  qu'on  en  tirerait,  si  elle  n'était  arrêtée. 

Il  fit  voir  que  le  pape  prétendait  juger  ainsi  en  première  instance  61  de 
son  propre  mouvement,  une  affaire  née  dans  le  royaume,  qu'il  condamnait 
un  évêque  français  sans  l'avoir  entendu  81  sans  lui  avoir  donné  le  temps  Se 
les  moyens  de  se  défendre;  que  cette  condamnation,  conçue  en  termes  géné- 
raux, pouvait  embrasser  aussi  bien  les  maximes  communes  à  toute  l'Eglise 
gallicane  que  les  opinions  particulières  du  prélat;  que  le  style  81  les  clau^r- 
du  décret  blessaient  à  la  fois  les  mœurs  françaises  8<  la  dignité  épiscopale, 
que  le  nom  de  libelle,  donné  avec  affectation  au  mandement  d'un  évêque, 

'  Brueys,  IV,  p.  271.  —  Court  de  Gébelin,  III,  '  (Suvres    du  chancelier  d^Jguesseau.    Mémoire 

jj,  269.  sur  les  affaires  de  l'Eglise  de  France,  p.  3oi. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  881 

la  mention  d'un  décret  de  l'Inquisition  8c  de  la  juridiction  des  inquisiteurs, 
l'usurpation  de  l'autorité  immédiate  manifestée  dans  l'article  qui  ordonnait 
de  supprimer  &  de  livrer  au  feu  les  exemplaires  des  écrits  condamnés,  le 
défaut  d'adresse  du  décret  aux  archevêques  8c  évêques,  comme  si  le  pape  était 
évêque  universel  5i  direct  de  toutes  les  Eglises,  constituaient  autant  d'entre- 
prises insoutenables. 

Passant  à  la  question  de  personne,  le  magistrat  démontrait  que  le  décret 
du  pape,  en  préjugeant  la  décision  des  évêques  provinciaux,  annulait  leur 
compétence  8c  renversait  les  règles  canoniques.  Il  reconnaissait  dans  cette 
extension  d'autorité  les  maximes  de  ces  flatteurs  de  la  cour  de  Rome  aux 
yeux  desquels  le  pape  n'était  «  plus  seulement  le  chef,  mais  le  monarque  de 
«  l'Eglise.  » 

Il  rappelait  que  l'Index  n'avait  aucune  autorité  dans  le  royaume  de  France, 
que  cette  autorité  s'était  avilie,  même  dans  les  nations  étrangères,  par  l'abus 
que  l'on  en  faisait,  citant,  après  Omer  Talon,  parmi  les  ouvrages  défendus 
par  la  congrégation,  l'arrêt  du  Parlement  de  Paris  contre  Jean  Châtel,  auteur 
d'une  tentative  d'assassinat  sur  la  personne  d'Henri  IV. 

C'était  aussi,  disait-il,  une  offense  à  l'épiscopat  français  que  la  prétention 
de  mettre  presque  au  rang  des  évêques  «  les  inquisiteurs  dont  le  nom  8c  le 
a  pouvoir  ont  été  toujours  si  odieux  dans  ce  royaume.  » 

Le  procureur  général  terminait  en  affirmant  la  nécessité  d'opposer  promp- 
tement  une  protestation  forte  8c  efficace  à  la  résolution  que  déclarait  avoir 
prise  le  pape  de  procéder  contre  l'évêque  de  Saint-Pons. 

Les  conclusions  du  premier  président  furent  dans  le  même  sens.  Les  deux 
magistrats  insistaient,  d'ailleurs,  pour  que  l'on  prît  des  précautions  de  forme, 
afin  de  résister  à  l'usurpation  romaine,  sans  paraître  approuver  les  opinions 
particulières  de  l'évêque. 

Il  fut  donc  résolu  au  conseil  du  roi,  sur  le  rapport  du  marquis  de  Torcy, 
que  le  Parlement  de  Paris  supprimerait  par  arrêt  le  décret  pontifical;  mais 
on  adopta  la  voie  la  plus  douce  qui  consistait  à  mettre  en  doute  l'authen- 
ticité du  document  8c  à  le  condamner  comme  pièce  apocryphe,  en  évitant  de 
donner  aucune  approbation  au  mandement.  Par  surcroît  de  prudence,  le  roi 
se  réserva  de  lire,  avant  le  prononcé,  les  conclusions  du  procureur  général, 
le  discours  qui  devait  les  précéder  8c  le  texte  de  l'arrêt. 

Le  discours  fut  rédigé  par  l'avocat  général  Joly  de  Fleury;  on  porta  les 
trois  pièces  à  Versailles,  où  elles  eurent  l'honneur  d'une  lecture  en  plein 
conseil;  le  i"  avril  17 10,  l'arrêt  fut  rendu  en  Parlement,  imprimé  &c  publié'. 
Mais  l'affaire  n'était  point  finie.  Les  jésuites  8c  les  sulpiciens,  appuyés  par 
l'évêque  de  Chartres  8c  le  duc  de  Beauvilliers,  devaient  s'unir  à  la  cour  de 
Rome  pour  causer  encore  de  nouvelles  traverses. 

'  Le  Parlement  ordonnait  qu'il   serait   informé  tenir,  &  enjoignait  d'apporter  les  exemplaires  au 

cor.  tre  ceux  qui  avaient  vendu  &  distribué  II  récrit  greffe  pour  y  être  supprimés;    le  tout  sans  appro- 

•n   forma  de  bref.   »  La   cour  faisait   défenses   de  bation    des   mandements   &  écrit»   de    l'évêque  de 

l'imprimer,  débiter  ou  distribuer,  même  de  le  rc-  Saint-Pons. 

Xlll.  56 


1710 


882  .    ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  guerre  continuait  en  Espagne,  où  l'Europe  coalisée  soutenait  l'archiduc 
Charles  contre  le  petit-fils  de  Louis  XIV.  Le  vieux  roi,  malgré  le  désastre 
d'Oudenarde  &  la  détresse  de  la  France,  n'avait  pu  se  résigner  à  détrôner 
lui-même  Philippe  V,  comme  l'exigeaient  les  alliés  aux  conférences  de  Ger- 
truydenberg,  &  le  duc  de  Noailles  tenait  tête  aux  troupes  palatines  sur  les 
frontières  du  Lampourdan.  L'archiduc  venait  de  recevoir,  à  Barcelone,  le 
secours  d'une  flotte  anglaise;  préparant  un  mouvement  offensif  considérable 
contre  les  armées  de  son  rival  qu'il  se  disposait  à  débusquer  de  Lérida,  il 
comptait  y  employer  toutes  ses  forces,  &  dans  ce  but,  avait  intérêt  à  rappeler 
les  régiments  qui  faisaient  face  à  Noailles;  mais  pour  ne  pas  attirer  le  duc 
à  leur  suite  dans  le  Lampourdan  &  dégager  l'échiquier  du  côté  de  Rous- 
sillon,  une  diversion  était  nécessaire.  Le  conseil  de  l'archiduc  décida  qu'elle 
aurait  lieu  sur  la  côte  de  Languedoc;  M.  de  Saissan,  gentilhomme  de 
fîéziers,  ancien  lieutenant-colonel  qui  avait  quitté  la  France  à  la  suite  d'une 
querelle  avec  le  ministère,  &  qui  servait  dans  l'armée  anglaise  avec  le  titre 
de  lieutenant-général,  faisait  partie  du  corps  expéditionnaire.  Sachant  qu'il 
connaissait  à  merveille  la  plage  languedocienne,  des  bouches  de  l'Orb  à 
celles  du  Lez,  &  qu'il  avait  eu  même  des  possessions  dans  cette  contrée,  on 
le  chargea  de  diriger  des  opérations  de  débarquement. 

Le  24  juillet,  au  point  du  jour,  une  flotte  de  vingt-six  vaisseaux  de  guerre 
8<.  de  plusieurs  bâtiments  de  charge  vint  évoluer  en  face  des  étangs  de  Pérols 
8c  de  Mauguio  81  jeter  l'alarme  parmi  les  populations  riveraines.  Ce  même 
jour,  le  présidial  siégeait  à  Montpellier  pour  juger  deux  malheureux  qui 
avaient  été  pris  dans  une  assemblée  protestante  des  Cévennes.  Du  plateau 
de  l'esplanade,  on  distinguait  à  l'œil  nu  les  voiles  ennemies  qui  présentaient 
un  front  formidable,  dans  l'intention  évidente  d'épouvanter  le  pays.  Eâville, 
qui  cherchait  toujours  quelque  concert  entre  les  mouvements  des  étrangers 
8t  ceux  des  protestants,  repoussa  énergiquement  le  conseil  qu'on  lui  donnait 
de  différer  la  sentence,  8c  en  pressa  au  contraire  l'exécution.  Le  supplice  eut 
lieu  immédiatement  après  le  jugement  8c  put  être  aperçu  du  bord  des  vais- 
seaux. 

La  flotte  demeura  en  panne  jusques  à  trois  heures  de  l'après-midi.  Elle 
était  commandée  par  le  chevalier  Noris,  de  la  marine  anglaise,  8c  avait  pris 
des  troupes  à  Tarragone,  à  Port  Mahon  8c  en  Italie.  Ces  troupes,  qui  ne 
dépassaient  pas  trois  mille  hommes,  se  composaient  des  régiments  de  Stan- 
hope  8c  de  Gouéten,  de  six  cents  fusiliers  8c  de  quinze  cents  soldats  de 
marine,  presque  tous  Anglais. 

Pendant  plusieurs  heures,  tous  les  villages  de  pêcheurs  échelonnés  sur  la 
côte,  entre  l'embouchure  de  l'Orb  8c  les  bras  du  Rhône,  furent  dans  des 
alarmes  continuelles,  ne  sachant  sur  quel  point  devait  aller  fondre  l'orage. 
La  plage  était  entièrement  dégarnie,  sans  une  galère  pour  en  surveiller  les 
approches.  Vers  le  milieu  du  jour,  on  s'aperçut  que  la  flotte,  après  avoir 
longtemps  hésité,  venait  se  ranger  devant  l'étroite  langue  de  terre  qui  ferme 
l'étang  de  Thau  £c  dont  les  deux  pitons  rocheux  portent  les  ville?  d'Agde  5c 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  883 

de  Cette.  Il  fut  bientôt  aisé  de  comprendre  que  l'ennemi  en  voulait  à  cette 
dernière  place,  où  il  se  laissa  porter  par  le  vent  de  sud-est. 

M.  de  La  Vergne,  lieutenant  des  galères,  capitaine  général  des  gardes- 
côtes,  commandait  à  Cette,  mais  n'avait  sous  ses  ordres  que  la  population 
civile  &  un  régiment  de  milices  du  pays,  tout  ce  qui  existait  encore  de 
troupes  réglées  en  Languedoc  étant  occupé  à  surveiller  les  Cévennes  St  le 
Vivarais.  Vainement  l'officier  donna-t-il  des  ordres,  avant  la  nuit  du  24  au 
25,  pour  occuper  les  points  où  l'on  pouvait  s'opposer  au  débarquement. 
L'apparition  des  vaisseaux  avait  jeté  l'épouvante  dans  cette  triste  garnison, 
tk  le  bruit  du  canon  qui,  vers  six  heines  du  soir,  s'était  fait  entendre,  réper- 
cuté par  les  échos  de  l'étang,  suffisait  à  décourager  toute  tentative  de  résis- 
tance. 

Pendant  la  nuit,  Saissan  débarqua  un  corps  de  deux  mille  hommes  au  sud- 
ouest  de  Cette,  sur  une  étroite  plage  appelée  le  vieux  môle,  dérobée  à  la 
vue  du  port  par  les  croupes  arides  de  la  montagne  de  Saint-Clair.  Le  25,  au 
moment  où  le  jour  se  levait,  les  Anglais  pénétrèrent  dans  la  ville,  dépourvue 
de  murailles  6c  ouverte  de  tous  cotés.  La  Vergne  s'était  enfermé  dans  l'église 
avec  quelques  soldats  de  milice  81  quelques  habitants;  mais  après  le  premier 
feu,  cette  faible  troupe  refusa  de  combattre  8c  contraignit  l'officier  à  capi- 
tuler. Saissan  lui  accorda  la  faveur  de  sortir  avec  son  monde  8c  ses  armes. 

Restait  le  petit  fort,  construit  à  4'extrémité  du  nouveau  môle,  8c  défendu 
par  dix  ou  douze  mauvais  canons  de  fer  assez  mal  servis.  Le  commandant 
Dubois  fit  bonne  contenance  pendant  plusieurs  heures  8c  tira  sans  relâche; 
mais  ses  artilleurs,  qui  étaient  de  simples  habitants  de  Cette,  voyant  la  ville 
prise  8c  craignant  pour  leurs  familles,  finirent  par  se  décourager  8c  jetèrent 
leurs  mèches  dans  la  mer,  ce  qui  amena  une  seconde  capitulation. 

Durant  la  journée,  Saissan  se  porta,  avec  environ  huit  cents  hommes,  sur 
l'extrémité  occidentale  de  l'île  que  domine  la  masse  noire  des  maisons  d'Agde. 
Le  capitaine  Guilleminet  voulait  marcher  contre  eux;  mais  la  population, 
inquiète  du  sort  de  ses  barques,  chargées  de  marchandises,  qui  couvraient 
l'Hérault  8c  de  ses  gerbiers  encore  dressés  sur  les  aires,  aima  mieux  fermer 
ses  portes  8c  attendre.  M.  de  Margon,  brigadier  des  armées  du  roi,  qui  com- 
mandait dans  la  ville  épiscopale,  trop  bien  édifié  sur  la  valeur  des  milices, 
laissa  les  habitants  agir  comme  ils  l'entendraient,  8c  gagna  la  terre  ferme  afin 
d'aller  prendre  les  ordres  que  lui  destinait  le  duc  de  Roquelaure. 

Les  portes  étaient  à  peine  fermées  qu'un  tambour  apporta  la  sommation  de 
Saissan.  Elle  ne  fut  pas  écoutée.  Le  tambour  reparut  bientôt  8c  demanda 
que  l'un  des  consuls  vînt  parler  au  commandant,  offrant  en  otage  un  capi- 
taine du  régiment  de  Stanhope.  Saissan  proposa  au  consul  de  rendre  la  place, 
8c  sur  son  refus,  lui  déclara  qu'il  se  contenterait  de  prendre  des  vivres  en 
payant  Se  d'avoir  le  pont  de  l'Hérault  libre  :  à  cette  condition,  il  s'engageait 
à  ne  pas  entrer  dans  la  ville  8c  à  n'y  faire  aucun  dégât. 

Ces  conditions  acceptées  firent  l'objet  d'une  convention  écrite  8c  furent 
exactement   tenues  :  les  soldats  qui    entraient   en   ville  pour  y  acheter  des 


1710 


1716 


884 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


vivres  se  baissaient  désarmer  aux  portes  81  le  corps  de  débarquement  observait 
une  parfaite  discipline.  Dans  les  propos  que  les  étrangers  échangèrent  avec 
les  habitants,  il  ne  fut  parlé  que  d'exemption  d'impôts  Se  du  bonheur  de 
vivre  sous  l'autorité  de  la  reine  Anne  '. 

Cependant  le  duc  de  Roquelaure,  averti  de  l'arrivée  de  la  flotte,  était 
accouru  de  Monlpeliier  pour  prendre  les  dispositions  les  plus  urgentes  £<. 
avait  expédié  des  courriers  au  duc  de  Noailles,  alors  au  camp  du  Boulou,  lui 
demandant  de  prompts  renforts.  Il  n'avait  pas  sous  la  main  des  forces  suf- 
fisantes pour  tenir  tête  à  l'ennemi  &  se  préoccupa  d'abord  d'intercepter  les 
communications  avec  la  terre  ferme.  11  commença  par  organiser  la  défense 
à  Frontignan,  petite  ville  située  à  l'extrémité  orientale  de  l'étang  de  Thau , 
où  la  levée  de  la  Peyrade  reliait  l'île  de  Cette  8<.  la  terre  ferme.  Puis  il  se 
rendit  à  Mèze,  au  nord  de  l'étang,  en  face  de  la  montagne  de  Saint-Clair; 
il  pouvait,  de  ce  point  central,  surveiller  l'ensemble  de  l'opération  8c  mar- 
cher, soit  vers  l'Hérault,  soit  vers  le  Lez,  d'après  les  mouvements  de 
l'ennemi,  ayant  laissé  à  Frontignan  le  lieutenant-colonel  de  Geisen  avec 
quelques  forces  8c  gardant  auprès  de  lui  trois  compagnies  de  cavalerie,  un 
détachement  de  miquelets  Se  un  petit  nombre  de  milices. 

Les  chaloupes  anglaises  ne  cessaient  de  voguer  à  travers  l'étang,  jetant 
partout  la  sonde,  comme  pour  chercher  des  passages  Se  menaçant  tour  à  tour 
les  villages  de  Marseillan,  de  Mèze,  de  Bouzigues  8c  de  Balaruc.  On  fit 
courir  sur  elles  quelques  barques  armées  qui  les  observèrent  de  fort  près  Se 
les  poursuivirent  même  jusque  dans  le  canal  de  Cette. 

Trois  cents  Anglais  se  présentèrent  aussi  au  passage  de  la  Peyrade,  mais  le 
trouvant  bien  gardé,  n'essayèrent  pas  de  le  forcer. 

Le  duc  de  Noailles,  aux  premières  nouvelles  du  danger  qui  menaçait  le 
Languedoc,  quitta  le  camp  du  Boulou  le  25,  à  dix  heures  du  soir,  8c  partit 
en  poste  pour  Mèze  où  il  arriva  le  lendemain  sur  le  midi. 


■  Brueys  reproduit  la  lettre  suivante  que  Saissan 
avait,  dit-il,  écrite  à  l'un  de  ses  amis  de  Béziers  : 

«  A  Agde,  le  26  juillet  1710. 

«  Ma  destinée,  M.,  m'ayant  renvoyé  en  Lan- 
guedoc dans  une  situation  qui  donne  de  l'effroi 
à  tout  le  inonde,  je  vous  prie  de  rassurer  les  lia- 
bitans  de  Béziers,  afin  que,  si  j'étois  obligé  d'aller 
de  ce  côté-là,  ils  soient  persuadés  d'avance  qu'ils 
n'ont  aucun  dommage  à  craindre  des  troupes  que 
je  commande,  &  de  la  discipline  desquels  je  suis 
sans  cesse  occupé.  Les  peuples  de  cette  aimable 
province,  &  surtout  mes  compatriotes,  n'ayant 
aucune  part  à  l'injustice  des  ministres  à  mon 
égard,  je  serois  injuste  moi-même  si  j'avois  quel- 
que volonté  de  leur  nuire.  Les  habitans  de  Cette 
&  ceux  de  cette  ville  n'ont  rien  souffert;  j'espère 
qu'il  en  sera  de  même  de  ceux  de  Béziers.  Les 
dames  d'Agde,  qu'on  m'a  dit  y  être  allées,  peuvent 


revenir  cliez  elles  en  toute  sûreté  avec  leurs  effets; 
vous  pouvez  les  assurer  qu'elles  y  seront  respcL- 
tées  par  un  grand  nombre  d'officiers  polis,  &  fort 
bien  faits.  Mes  voyages  Se  mes  travaux  ne  m'ont 
point  ôté  l'idée  de  celles  de  Béziers;  je  suis,  je 
vous  le  jure,  autant  leur  serviteur,  &  de  tous  les 
honnêtes  gens  qu'il  y  a  dans  cette  ville,  que  je 
l'aie  jamais  été.  Pour  les  en  convaincre,  je  leur 
épargnerai,  si  je  puis,  l'horreur  de  me  voir.  J'étois 
•ssurément  né  pour  la  vertu;  les  ministres  injus- 
tes m'ont  entraîné  dans  le  crime,  avec  une  vio- 
lence à  laquelle  je  n'ai  pu  résister.  Au  reste,  on 
veut  me  régaler  ici  d'une  joute  le  3  du  mois  pro- 
chain, les  dames  de  Béziers  y  peuvent  venir;  si 
ma  présence  leur  fait  de  la  peine,  je  me  priverai 
de  ce  plaisir-là,  81  ne  serai  point  de  cette  fcic. 
Je  suis',  Sic.  » 

'  Brueys,  III,  p.  92. 


LIV.  III.  RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  885 

Tl  avait  mis  en  route  vers  le  bas  Languedoc  une  colonne  de  mille  grena- 
diers, neuf  cents  cavaliers  ou  dragons  &  douze  pièces  de  canon,  avec  ordre 
de  faire  jour  8c  nuit  des  marches  8c  des  haltes  alternées  de  quatre  heures 
jusqu'à  Bcziers. 

Le  lendemain,  Roquelaure  8c  Noailles,  deux  heures  avant  le  lever  du 
soleil,  partirent  de  Mèze  à  la  tête  d'une  reconnaissance  de  cavalerie,  pour 
éclairer  les  environs.  Ces  forces  venaient  à  peine  de  s'éloigner  que  le  village 
de  Mèze  fut  mis  en  alerte  par  des  démonstrations  inquiétantes.  Toutes  les 
chaloupes,  après  avoir  feint  de  se  diriger  sur  Balaruc,  s'étaient  rapidement 
tournées  vers  la  gauche  Se  couraient  à  force  de  rames.  Bâville  était  resté  seul 
à  Mèze  Se  travaillait  dans  sa  chambre,  quand  on  lui  annonça  l'approche  de 
l'ennemi.  En  mettant  le  pied  dehors,  il  vit  les  familles  effrayées  qui  com- 
mençaient à  déménager  avec  leurs  effets,  courut  au  port,  y  ramassa  une 
cinquantaine  de  cavaliers  qu'il  fit  poster,  sabre  en  main,  au  bord  de  l'étang, 
y  plaça  aussi  quelques  détachements  de  milices,  &c  profitant  d'un  pli  de  ter- 
rain, ordonna  à  la  cavalerie  de  passer  8c  repasser  plusieurs  fois,  comme  au 
théâtre,  afin  de  donner  le  change  sur  la  faiblesse  de  son  effectif,  tandis  que 
tambours  Se  trompettes  annonçaient  de  tous  côtés  la  présence  de  troupes 
imaginaires.  Soit  que  l'ennemi  fût  dupe  ou  non  de  ce  manège,  il  ne  prit 
point  l'offensive. 

Le  27,  la  colonne  de  l'armée  de  Roussillon  s'embarqua  sur  le  canal  à 
Béziers  avec  son  artillerie;  le  28,  elle  était  à  Agde,  où  Noailles,  Roquelaure 
Se  Bâville  se  rencontrèrent.  On  lui  donna  cinq  ou  six  heures  de  repos. 
L'attaque  sur  Cette  fut  ordonnée  pour  le  lendemain  matin. 

Dès  quatre  heures,  les  troupes  se  mirent  en  marche  par  la  bande  de  terre 
qui  relie  les  deux  villes.  Le  comte  de  Fimarcon  8c  le  marquis  de  Caylus, 
maréchaux  de  camp,  commandaient  la  cavalerie  :  l'infanterie  était  conduite 
par  MM.  de  Châtillon  8c  d'Estaires,  officiers  du  même  grade,  8c  MM.  de 
Planque,  d'Auseville  8c  de  Sandricourt,  brigadiers.  Le  comte  5c  le  marquis  de 
Noailles  8c  plusieurs  officiers  ou  gentilshommes  volontaires  venus  de  Mont- 
pellier, accompagnèrent  les  ducs  de  Roquelaure  8c  de  Noailles. 

On  suivit  d'abord  le  côté  de  l'isthme  qui  regarde  la  mer,  comme  étant  le 
meilleur  Se  le  plus  court  chemin,  puis,  en  approchant  de  Cette,  on  gagna  la 
route  du  bord  de  l'étang,  pour  se  couvrir  du  feu  violent  de  la  flotte,  embossée 
le  long  de  la  plage. 

L'avant-garde  de  quatre-vingts  dragons,  commandée  par  M.  de  Pierrelevée, 
en  arrivant  à  l'extrémité  de  l'isthme  où  surgissent  les  croupes  de  la  montagne 
de  Saint-Clair,  aperçut  deux  petits  corps  de  cavalerie  postés,  à  droite  8c  à 
gauche,  l'un  vers  la  mer,  l'autre  vers  l'étang.  Il  marcha  au  premier,  qui  se 
déroba  derrière  les  clôtures  des  vignes,  y  laissa  la  moitié  de  sa  troupe  pour  le 
surveiller,  8c  courut  à  l'autre,  qui,  malgré  le  canon  de  deux  frégates  tirant  à 
demi-portée,  fut  promptement  culbuté  à  travers  les  roches  ou  jeté  à  la  mer 
8c  perdit  beaucoup  de  monde.  On  lui  fit  soixante-dix  prisonniers,  dont  un 
capitaine  Se  son  lieutenant,  du  régiment  de  Stanhope. 


17 10 


lyio 


886  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  ducs  de  Roquelaïue  &  de  Noaiiles  étaient  accourus  avec  un  gros  de 
cavalerie  pour  soutenir  les  dragons  de  la  gauche;  les  cavaliers  anglais,  postés 
dans  les  vignes,  se  replièrent  rapidement  sur  la  ville  &  les  ducs  gagnèrent 
le  haut  de  la  montagne.  De  cette  position  élevée,  ils  virent  l'heureuse 
charge  des  dragons  &  le  mouvement  des  chaloupes,  allant  &  venant,  avec 
une  vivacité  extraordinaire,  de  la  terre  aux  vaisseaux,  pour  opérer  le  rem- 
barquement. Néanmoins,  on  tiraillait  dans  l'intérieur  de  la  ville,  les  batte- 
ries du  nouveau  môle  continuaient  le  feu  ainsi  que  la  frégate  mouillée  à 
l'entrée  du  port.  Les  deux  chefs  quittèrent  alors  leur  observatoire  8c  descen- 
dirent jusqu'à  l'église,  bâtie  sur  un  premier  gradin  de  la  montagne  qui 
domine  la  ville. 

En  peu  de  temps,  il  ne  resta  plus  un  Anglais  sur  la  terre  ferme.  Seules,  les 
frégates  les  plus  avancées  faisaient  feu  sur  l'église,  sur  les  maisons  6c  sur  les 
troupes.  Roquelaure  posa  immédiatement  trois  batteries,  qu'il  eut  soin  de 
faire  changer  plusieurs  fois  de  place,  afin  de  faire  croire  qu'il  disposait  d'une 
artillerie  beaucoup  plus  nombreuse.  L'artifice  produisit  son  eftet. 

L'amiral  Noris,  voyant  les  roches  de  Cette  se  couronner  de  fumée  sur  une 
foule  de  points,  rappela  sa  frégate  de  l'entrée  du  port,  8c  gagna  le  large  avec 
tous  ses  vaisseaux. 

L'embarquement  avait  été  si  rapide,  que  le  poste  du  môle  fut  oublié.  Les 
quatre-vingts  soldats  qui  le  composaient,  après  quelques  hésitations,  se  voyant 
définitivement  abandonnés  par  la  flotte,  consentirent  à  se  rendre  prisonniers 
de  guerre,  avec  leur  capitaine  8c  un  ingénieur  faisant  fonction  de  lieutenant. 

Le  lendemain,  Roquelaure,  Bâville  8c  Noaiiles  rentrèrent  à  Montpellier 
Se,  un  jour  après,  la  flotte  ennemie  quitta  les  eaux  de  France.  L'intendant, 
donnant  à  dîner  à  l'un  des  capitaines  qu'on  avait  pris,  lui  demanda  s'ils 
s'imaginaient  s'emparer  du  Languedoc  avec  deux  mille  hommes.  L'officier 
répondit  que  M.  de  Saissan  s'était  fait  fort  de  déterminer  un  soulèvement 
général  dans  le  pays;  illusion  d'émigré  que  l'événement  démentait. 

Ainsi  se  termina  cette  entreprise  qui  aurait  pu  avoir  des  conséquences  ter- 
ribles, si  elle  s'était  produite  quelques  années  plus  tôt,  au  fort  de  la  guerre 
des  Cévennes,  mais  qui,  arrivant  après  la  dispersion  des  insurgés  8c  l'épuise- 
ment de  leur  parti,  ne  pouvait  avoir  d'autre  résultat  que  de  faciliter  momen- 
tanément les  opérations  de  l'archiduc  en  Espagne. 

Quelques  mois  après,  il  fut  encore  tramé  des  projets  d'insurrection  en 
Dauphiné  8c  en  Vivarais,  où  les  puissances  coalisées  entretenaient  d'assez 
actives  correspondances;  mais,  de  plus  en  plus,  elles  étaient  dupes  d'intri- 
gants de  bas  étage  8c  de  chevaliers  d'industrie  qui  leur  arrachaient  de  l'argent, 
sous  prétexte  de  subventionner  des  révoltes  chimériques  8c  de  ranimer  des 
ardeurs  à  jamais  éteintes. 

Deux  hommes  des  vieilles  bandes  gardaient  encore  dans  les  Cévennes 
leurs  incorrigibles  espérances.  C'étaient  Abraham  Mazel  8c  Claris.  Le  pre- 
mier, à  peine  guéri  de  ses  blessures,  avait  quitté  sa  retraite  du  Vivarais  pour 
gagner  les  montagnes  de  l'Uzège,  où   on   lui   faisait  passer  des  secours  de 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  887 

Hollande.  L'intendance  n'avait  pas  cessé  d'entretenir  des  espions  qui  fei- 
gnaient de  pactiser  avec  les  camisards  pour  leur  dérober  leurs  secrets.  Un  de 
ces  hommes  découvrit  que  les  rendez-vous  se  donnaient  dans  une  métairie 
des  environs  d'Uzès,  8c  qu'on  y  devait  recevoir  de  l'argent  apporté  des  Pays- 
Bas  par  un  émissaire  nommé  Saint-Julien. 

M.  de  Lalande  envoya  une  compagnie  investir  la  maison  pendant  que  les 
Cévenols  y  étaient  réunis.  Abraham  essaya  de  se  sauver  par  les  toits,  avec  un 
marchand  d'Uzès  qui  lui  servait  de  correspondant,  mais  il  fut  tué  d'un  coup 
de  fusil.  Claris,  blessé  par  les  miquelets,  tomba  vivant  entre  leurs  mains  au 
moment  où  il  sautait  par  une  fenêtre.  On  saisit  une  somme  de  quatre  cents 
écus  8c  diverses  lettres. 

I.es  procès  furent  faits  aux  cadavres  8c  à  la  mémoire  des  morts.  Claris, 
conduit  dans  la  citadelle  de  Montpellier  8c  jugé  trois  jours  après  par  l'inten- 
dant 8c  le  présidial,  expira  sur  la  roue.  On  exposa  la  tête  de  Coste,  le  mar- 
chand d'Uzès,  sur  la  place  publique  de  cette  ville,  8c  celle  d'Abraham  à 
Vernoux,  8c  l'une  8c  l'autre  furent  ensuite  brûlées. 

Saint-Julien,  qui  avait  fait  plusieurs  voyages  en  Languedoc,  dans  un 
intérêt  de  propagande,  8c  qui  séjournait  habituellement  à  Genève,  fut  sur- 
veillé par  les  espions  de  l'intendance.  Comme  il  était  en  pays  indépendant 
de  la  couronne,  on  eut  grand'peine  à  s'assurer  de  sa  personne;  mais,  un 
jour,  pendant  quelque  voyage  qu'il  taisait  sur  le  lac,  un  lieutenant  d'infan- 
terie, du  nom  d'Arquier,  dont  la  compagnie  était  en  garnison  dans  quelque 
village  voisin,  réussit  à  s'emparer  de  sa  personne.  On  le  conduisit  à  Mont- 
pellier, où  Bâville  le  condamna  au  dernier  supplice. 

A  peu  près  vers  la  même  époque,  l'un  des  instigateurs  des  derniers  troubles 
dans  les  Cévennes,  l'abbé  de  la  Bourlie,  devenu  le  marquis  de  Guiscard,  périt 
à  Londres,  au  milieu  de  circonstances  tragiques  8c  mystérieuses.  On  l'avait 
arrêté,  dans  le  parc  de  Saint-James,  sous  la  prévention  de  connivence  avec  la 
France  8c  de  complot  contre  la  vie  de  la  reine  Anne.  Il  fut  mandé  au  con- 
seil chez  le  secrétaire  d'État  Saint-Jean  8c  en  sortit,  criblé  de  coups  d'épée, 
pour  mourir  dans  les  prisons  de  Newgate.  On  raconta  qu'il  s'était  jeté,  armé 
d'un  canif,  sur  M.  de  Harley,  avec  le  dessein  de  l'assassiner,  8c  que  les 
membres  du  conseil,  tirant  leurs  épées  &c  appelant  à  l'aide  leurs  domestiques, 
avaient  voulu  se  débarrasser  de  ce  prisonnier  dangereux'. 

Un  impôt  d'une  nouvelle  forme,  le  dixième,  fut  établi,  au  mois  d'octobre 
1710,  pour  subvenir  à  l'insuftisance  des  innombrables  taxes  qui  frappaient 
déjà  les  diverses  classes  du  royaume.  On  avait  successivement  exigé  l'assis- 
tance de  tous  les  groupes  de  gens  qui  possédaient  quelque  fortune  ou  qui 
exerçaient  quelque  industrie  productive.  Mais  comme  le  déficit,  occasionné 
par  les  prodigalités  d'un  long  règne  &c  par  les  dépenses  de  la  guerre  générale, 
augmentait  de  jour  en  jour,  le  conseil  des  finances  ne  jugea  pas  qu'un 
impôt  spécial  de  plus  donnât  les  moyens  de  satisfaire  les  créanciers  de  l'État, 

'  Burnet,  Mémoires  de  la  Grande-Bretagne,  t.  VI,  1711.  —  Court  de  Gébslin,  III,  p.  Soy. 


171c 


1710 


888  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

8c  se  prononça  pour  un  appel  à  tous  les  ordres  de  la  société  française  sans 
distinction.  La  déclaration  du  roi  publiée  le  14  octobre  prescrivit  que  la 
dixième  partie  du  revenu  de  tous  les  biens  du  royaume  serait  prélevée  pour 
faire  face  aux  nécessités  de  la  guerre.  La  forme  de  cette  taxe,  appliquée  sans 
différence  aux  nobles  &  aux  roturiers,  hâtait  de  nouveau,  comme  bien  d'au- 
tres symptômes,  la  révolution  latente  qui  se  produisait  dans  l'ancienne  hié- 
rarchie. Une  sorte  d'égalité  fiscale  s'imposait,  par  la  force  des  choses,  entre 
les  possesseurs  quelconques  de  la  richesse,  préparant  l'égalité  politique  dont 
la  fin  du  siècle  devait  assurer  la  reconnaissance. 

Les  Etats  de  Languedoc,  qui  ne  cessaient  pas  de  se  montrer  fort  jaloux  de 
l'originalité  de  leur  système  fiscal,  étaient  cependant  trop  soumis  pour  essayer 
une  résistance  inutile.  Ils  se  contentèrent,  comme  d'usage,  d'accepter  la 
volonté  ministérielle  de  bonne  grâce,  à  condition  d'en  être  eux-mêmes  les 
exécuteurs. 

L'examen  de  la  déclaration  ayant  été  renvoyé  à  la  commission  des  affaires 
extraordinaires,  le  rapporteur  observa  que  ce  qu'il  y  avait  de  plus  difficile  à 
exécuter  était  la  levée  du  dixième  sur  le  revenu  des  biens-fonds,  par  suite 
des  contestations  que  l'appréciation  de  ce  revenu  ne  manquerait  pas  de  sou- 
lever. Les  exécutions  rigoureuses  que  l'on  ferait  pour  la  levée  de  cet  impôt 
mettraient  les  particuliers  hors  d'état  de  payer  la  taille  Se  la  capitation.  Aussi 
la  commission  proposait-elle  d'abonner  le  dixième  du  revenu  des  fonds  de 
terre  8c  des  droits  seigneuriaux  8c  autres  droits  réels. 

Le  revenu  de  ces  biens,  distraction  faite  des  frais  de  culture,  des  semailles, 
de  la  dîme,  de  la  taille,  de  la  capitation  8c  des  autres  taxes  foncières,  était 
évalué  à  trois  millions  de  livres.  Les  arrérages  dus  pour  la  capitation  8c  la 
taille  réduisaient  encore  cette  somme  8c  mettaient  plusieurs  terres  hors  d'état 
de  supporter  leur  quote-part  de  l'abonnement.  Mais  comme  la  levée  du 
dixième  abonné,  fixé  à  trois  cent  mille  livres,  serait  encore  beaucoup  moins 
vexatoire  que  la  perception  directe  par  la  main  des  traitants,  8c  que  l'exten- 
sion du  nouvel  impôt  à  tous  les  biens  nobles  ou  affranchis  devait  soulager 
d'autant  les  biens  roturiers,  la  commission  proposa  un  traité  en  vertu  duquel 
la  Province  payerait  au  roi,  en  représentation  du  dixième,  la  somme  de  trois 
cent  mille  livres,  exigible  en  deux  termes  égaux,  le  i"  juillet  8c  le  dernier 
décembre  171 1  ;  cette  somme  devant  être  répartie  sur  tous  les  biens-fonds  de 
Languedoc,  terres,  maisons,  moulins,  forges,  fours  8c  autres  propriétés  nobles, 
affranchies  ou  roturières,  8c  tous  les  droits  seigneuriaux,  rentes  foncières  ou 
autres  formes  de  revenu. 

Voici  les  divers  points  proposés  par  les  États  pour  régler  le  détail  de  l'opé- 
ration :  Moyennant  la  somme  de  trois  cent  mille  livres  consentie  en  bloc  par 
la  Province,  les  particuliers  étaient  dispensés  de  fournir  la  déclaration  de  leur 
revenu  8c  de  payer  aucune  taxe  nouvelle  pour  les  derniers  mois  de  l'année 
1710.  Conformément  k  l'acte  royal,  la  levée  de  l'impôt  devant  cesser  trois 
mois  après  la  publication  de  la  paix,  la  Province  ne  serait  tenue  à  aufun 
paiement  de  termes  à  échoir  passé  ce  délai.  La  somme  de  trois  cent  mille 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  889 

livres  ne  pourrait  être  augmentée  les  années  suivantes,  ni  continuée  pen- 
dant la  paix,  sous  aucun  prétexte;  réserve  purement  illusoire,  &  inscrite 
pour  la  forme,  les  Etats  n'ayant  pas  les  moyens  de  contraindre  la  Cour  à  res- 
pecter de  tels  engagements.  La  répartition  se  ferait  svir  tous  les  lieux  de  la 
Province,  même  sur  les  villes  franches  qui  ne  contribuaient  pas  au  payement 
de  la  taille  &  sur  les  possesseurs  de  biens  nobles,  roturiers  &  affranchis,  de 
droits  seigneuriaux  Si  autres  rentes  ou  redevances  de  toute  nature.  Comme 
la  répartition  de  l'année  17 11  serait  forcément  très-précipitée,  faute  de  temps, 
l'assemblée  stipulait  que  ce  premier  travail  ne  tirerait  pas  à  conséquence 
pour  les  années  suivantes,  &  conservait  la  faculté  d'opérer  dans  les  rôles  les 
modifications  nécessaires  pour  l'équitable  distribution  des  charges;  mais,  afin 
d'éviter  des  contre-temps  onéreux,  elle  prescrivait  que  les  cotisations  des  par- 
ticuliers se  payeraient  par  provision,  sauf  opposition  ou  appel  ultérieur  & 
remboursement,  s'il  y  avait  lieu.  Ainsi  qu'il  était  d'usage,  dans  toutes  les 
affaires  analogues,  les  Etats  se  déchargeaient  sur  l'intendant  du  soin  de  juger 
sommairement  81  sans  frais  les  oppositions  des  particuliers,  après  communica- 
tion au  syndic  général  du  département.  La  levée  de  la  cotisation  était  confiée 
aux  collecteurs  des  tailles  avec  mandat  d'en  remettre  les  deniers  entre  les 
mains  des  receveurs  diocésains  en  exercice,  quinzaine  après  le  terme  échu.  A 
Toulouse,  le  trésorier  de  la  Ville  tenait  lieu  de  receveur  diocésain.  Ces  divers 
comptables  étaient  chargés  de  transmettre  eux-mêmes  les  fonds  au  trésorier 
de  la  bourse  des  Etats,  dans  un  pareil  délai  de  quinzaine,  avec  les  remises 
accordées  pour  le  recouvrement  de  la  taille.  La  vérification  des  comptes  de  ce 
recouvrement  devait  être  faite,  pour  les  collecteurs,  par  les  auditeurs  ordi- 
naires de  leur  commune;  pour  les  receveurs,  par  les  assemblées  de  l'assiette 
diocésaine;  St  pour  le  trésorier  provincial,  par  les  commissaires  annuels  élus 
aux  Etats  '. 

L'établissement  du  dixième  ne  contrariait  d'ailleurs  en  rien  tous  les  autres 
genres  d'impôts  imaginés  pour  satisfaire  des  besoins  toujours  renaissants.  Le 
doublement  des  droits  d'octroi  81  les  éternelles  créations  Si  suppressions  d'of- 
fices aggravaient  la  misère  générale.  Il  serait  difficile  d'apprécier,  dans  toute 
son  étendue,  la  détresse  de  la  Province  pendant  ces  premières  années  du 
dix-huitième  siècle.  Dès  le  mois  de  décembre  lyoS,  l'évêque  de  Saint-Papoul, 
François  de  Barthélémy  de  Grammont,  écrivait  au  président  Riquet  :  «  Je  ne 
«  comprends  pas  comment  on  pourra  se  tirer  d'affaire  cette  année;  car  les 
«  impositions  ou  la  capitation  iront  à  près  de  onze  millions;  la  seule  pensée 
«  en  fait  trembler.  Mais  si  on  nous  demande  des  choses  impossibles,  n'osant 
«  ni  ne  pouvant  les  refuser,  il  faudra  qu'on  se  contente  de  notre  bonne 
«  volonté  Si  de  prendre  ce  qu'il  y  aura.  La  désolation  va  commencer  dans  les 
«  communautés  pour  la  levée  de  deux  mille  quatre  cents  hommes  de  recrue. 
«  Nous  avons  voulu  donner  cinquante  mil  écus  à  pure  perte  à  M.  de  Bâville 
«   pour  qu'il  fît  cette  levée  ;  il  s'est  moqué  de  nous  Si  nous  a  dit  qu'il  ne  pren- 

'  Procts-Tcrbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  ty  décembre  1710. 


1710 


1710 


890 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


ijt  I 


«  droit  pas  cent  mil  écus'.  »  Sept  ans  s'étaient  écoulés  depuis  cet  aveu  signi- 
ficatif, &,  sous  l'action  des  malheurs  publics,  le  mal  n'avait  fait  qu'empirer. 

Durant  ce  même  mois  d'octobre  17 10,  les  communes  de  Languedoc  se 
rachetèrent  à  prix  d'argent  de  l'obligation  de  fournir  des  hommes  de  milice. 
Le  ministère  se  prêtait  d'autant  mieux  à  cette  combinaison  que  la  nullité  de 
ces  sortes  de  troupes,  même  au  point  de  vue  défensif,  avait  été  trop  bien 
démontrée  dans  des  circonstances  récentes,  soit  pendant  la  guerre  des 
Cévennes,  soit  à  l'époque  du  débarquement  des  Anglais  à  Cette.  L'exoné- 
ration de  ces  communes,  pour  quinze  cents  hommes,  produisit  plus  de  cent 
douze  mille  livres^. 

Il  avait  été  répandu  dans  la  Province  une  si  grande  quantité  de  fausse 
monnaie  d'or,  que  la  levée  des  impositions  s'en  trouvait  interrompue,  les 
receveurs  des  tailles  ayant  admis  en  principe  de  ne  plus  accepter  de  louis, 
sous  prétexte  qu'ils  étaient  de  faux  coin,  M.  de  Bâville,  en  informant  la 
Cour  de  cette  difficulté,  enjoignit  aux  receveurs  de  prendre  tous  les  louis 
d'or  de  poids  qui  leur  seraient  apportés  par  les  collecteurs,  afin  de  ne  point 
retarder  les  payements  de  la  taille  &  de  la  capitation. 

Le  28  juin  171 1,  un  arrêt  du  conseil  d'Etat  régla  la  question  en  prohibant 
le  cours  de  toutes  les  espèces  d'or  8<.  d'argent  non  fabriqués  dans  les  moniiaies 
royales;  mais  il  donna  un  mois  de  délai  à  tous  les  détenteurs  de  louis  d'or  à 
faux  coin,  pour  les  verser  aux  hôtels  des  monnaies  de  Toulouse  &  de  Mont- 
pellier. Le  prix  devait  en  être  payé  sur  le  pied  des  espèces  régulières,  déduc- 
tion faite  des  frais  de  fabrication  &  proportionnellement  aux  altérations 
de  titre. 

Il  fut  fait  deux  versements  de  louis  d'or  par  les  receveurs  des  divers  dio- 
cèses, l'un  le  16  août,  l'autre  le  20  septembre.  Les  pièces  furent  vérifiées  par 
le  graveur  de  la  monnaie  en  présence  de  M.  de  Joubert.  Sur  vingt-six  mille 


'  Archives  du  canal  au  Midi.  Correspondance 
de  la  famille  Riquet. 

'  Ces  sommes  étaient  versées  entre  les  mains  du 
sieur  Lamouroux,  trésorier  des  troupes,  à  raison 
de  75  livres  par  homme.  La  liquidation  définitive 
en  fut  réglée  par  ordonnance  de  l'intendant  du 
8  avril  17 u. 

Voici  le  détail  de  cette  répartition  : 

Nombre  Sommes 

Diocèses  d'hointiics  versées 

Toulouse  ville So''  —  2  25o' 

Toulouse  diocèse 121  —  Ç°7^ 

Montauban 41  —  8075 

Rieux 27  —  2025 

Comminges 4  —  3oo 

Mirepoix 68  —  5  100 

Liraoux 26  —  1  960 

Met 38  —  2  85o 

Lavaur 56  —  4200 

A  reporter.  ...      411''  3o  82.')' 


Nombre 
Dioccses  d'hommes 

Report 411'' 

Alby 90 

Castres 62 

Saint-Papoul 3i 

Carcassonne 72 

Narbonne.   .  • 72 

Saint-Pons 3  1 

Béziers 90 

Lodève 3i 

Montpellier 76 

Nimes 76 

Uzès 122 

Alais 76 

Mendc 49 

Le  Puy 67 

Viviers 1 13 

Agde 3  I 

1  5oo'i 


Sommes 

versiies 

308251 

6-j5o 

■      465o 

•          2  325 

5400 

5400 

■          2  325 

6760 

■           2  325 

5700 

5700 

9  loo 

5  700 

3^75 

5  025 

8475 

2  325 

I  12  5ool 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  891 

deux  cent  quatorze,  il  ne  s'en  trouva  que  trois  mille  cinq  cent  cinquante  £< 
une  de  bon  coin.  Toutes  les  autres  turent  fondues,  &  la  perte  totale  s'éleva 
à  trente-six  mille  huit  cent  vingt-neuf  livres  dix-huit  sols,  que  M.  de  Bâville 
rejeta  sur  la  Province,  sauf  la  chance  d'un  remboursement  ultérieur,  sollicité 
par  la  députation  des  Etats'. 

Les  régiments  de  La  Ferronays  &  Premier-Languedoc  ayant  extrêmement 
souffert  au  siège  de  Girone,  le  ministère  ne  trouva  rien  de  mieux  pour  les 
rétablir  que  de  faire  inviter  la  Province  à  leur  allouer  à  titre  de  revenant-bon 
une  somme  de  deux  mille  livres  par  compagnie.  La  Ferronays  comptait  huit 
compagnies,  Premier-Languedoc  en  avait  douze.  C'étaient  donc  quarante 
mille  livres  que  l'on  demandait  au  pays  en  sus  des  charges  ordinaires. 

L'archevêque  de  Narbonne,  informé  par  Bâville  de  cette  nouvelle  préten- 
tion, représenta  au  ministre  que  la  Province  n'avait  jamais  été  obligée  de 
payer  de  tels  suppléments  à  des  cavaliers  &  dragons,  jouissant  d'une  ration 
de  fourrages  dont  elle  soldait  les  deux  tiers.  M.  Voisin  répondit  que  le  pays 
de  Languedoc  ayant  été  soulagé  pendant  quelques  mois  d'hiver  du  logement 
de  ces  deux  corps,  devait  équitablement  procurer  quelque  moyen  de  les 
remettre  en  bon  état.  Il  ajoutait  que,  si  le  mode  proposé  paraissait  contraire 
aux  privilèges  de  la  Province,  le  roi  n'insisterait  pas,  &  prendrait  seulement 
le  parti  d'élever  de  dix  à  dix-huit  ou  vingt  sols  la  quote-part  provinciale  de 
chaque  ration  de  fourrage*. 

La  perspective  d'une  pareille  compensation  leva  toutes  les  difficultés.  Le 
trésorier  de  la  bourse  paya  les  quarante  mille  livres  qui  furent,  plusieurs 
mois  après,  accordées  par  les  Etats  5. 

Pierre-Louis  de  P».eich  de  Pennautier,  receveur  général  du  clergé  de  France 
8c  trésorier  de  la  bourse  de  la  province  de  Languedoc,  mourut  à  Montpellier 
le  2  août  171 1,  après  une  existence  fort  agitée "*.  Sa  succession  donna  lieu 
à  de  grands  conflits  de  juridiction.  Dès  qu'il  fut  mort,  le  scellé  fut  apposé 
à  sa  maison  de  la  ville,  d'après  la  requête  de  sa  veuve,  par  un  officier  du 
sénéchal. 

Le  même  jour,  la  cour  des  comptes  de  Montpellier  dépêcha  un  commis- 
saire pour  en  faire  autant.  Réclamation  des  syndics  généraux  de  Languedoc, 
prétendant  que,  le  trésorier  de  la  bourse  n'étant  pas  comptable  à  cette  cour, 
elle  n'avait  aucun  droit  de  faire  procéder  à  l'inventaire  de  ses  effets;  requête 

'  Procès-verbal   des  Etats.   Séance  du   5  décem-  avoir  été  accusé  d'empoisonnement;   il  tient  pré- 

bre  1711.  sentement  table  aux  Etats,  &  les  plus  grands  sei- 

'  Lettres  de  M.  Voisin   à  l'intendant  &  à  lar-  gneuts   se    font   honneur  d'y  manger,  lui    de  qui 

chevèque,   19  avril  &  16  mai   171 1.  l'on  disoit,  pendant  qu'il  étoit  en  prison  à  Paris  : 

'  Procès-verbal  des   Etals.    Séance  du    5  décem-  ^.  „,        .      , 

«  Si  Pcnautier  dans  son  anairc 

bre   1711.  ,  i^'a  ^a  trouver  que  des  amis, 

*  11  avait  été  compromis  dans  une  grave  affaire  «  C'est  qu'il  avoit  sçu  se  défaire 

criminelle  &  passa   même  quelque  temps  en    pri-  «  »«  «  l"'»  ".7'  d'ennemis. 

«^  ,  .  '^  J^  «  Si  pour  paroitre  moins  coupable 

son  ;  mais  son  crédit  n'en   souffrit  pas.  M"""  Du-  .  n  f;,it  largesse  de  son  bien, 

noyer  écrit  de  lui,  dans  une  de  ses  lettres  :  «  C'est  qu'il  prévoit  bien  que  sa  lable 

..  M.  Penautier,  trésorier  de  la  province  de  Lan-  "  ^^  '"'  "''^"  i'™"''  "«"  '•  " 

guedoc  &  du   clergé,  est    revenu    sur  l'eau,  après  •  Letires  galantes,  \,  p.  36g. 


1711 


17'  • 


892  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

du  procureur  général,  déclarant  que  cet  inventaire  ne  donne  aucune  atteinte 
aux  privilèges  de  la  Province  par  rapport  à  la  comptabilité  de  la  bourse,  mais 
qu'il  offre  seulement  une  garantie  pour  les  deniers  du  roi  Si  du  public  dont 
M.  de  Pennautier  se  trouvait  dépositaire  au  moment  de  son  décès. 

Les  syndics  généraux  recoururent  au  conseil  d'État  en  déclinant  la  compé- 
tence de  la  cour  des  comptes,  qui  fondait  de  nouvelles  prétentions  sur  ce  fait 
particulier  que  M.  de  Pennautier  était  propriétaire  des  offices  de  receveurs 
des  tailles  de  Vivarais. 

Pour  abréger  les  lenteurs  de  la  procédure,  la  Province  demanda  au  conseil 
de  réunir  devant  les  mêmes  juges  tous  les  procès  que  pourraient  susciter  les 
créanciers  en  diverses  juridictions,  81  de  faire  procéder  à  l'inventaire  en  Lan- 
guedoc par  M.  de  Bâville  81  à  Paris  par  MM.  Dubuisson  &c  d'Ârgenson.  Le 
conseil  d'État  fit  droit  à  cette  requête  par  l'arrêt  du  26  août  17 11  qui  nomma 
sept  commissaires  pour  juger  tous  les  différends  de  la  succession  Pennautier. 
M.  de  Bâville  était  naturellement  à  la  tête  de  ce  tribunal  d'exception,  avec 
quatre  officiers  de  la  coin"  des  comptes  :  les  présidents  de  Montceaux  &  de 
Fonbon  &.  les  conseillers  Perdrix  5c  Loys,  &  deux  officiers  du  présidial,  le 
procureur  royal  Remisse  &  l'avocat  du  roi  Verduron. 

Quelques  jours  auparavant,  le  i3  août,  la  cour  des  comptes  avait  ordonné 
la  saisie  des  effets  afin  de  pourvoir  à  la  sûreté  de  créances  considérables. 
Comme  cette  mesure  était  prescrite  sur  la  requête  du  procureur  général,  les 
héritiers  en  contestèrent  la  légalité,  prétendant  que  la  Province  &  les  créan- 
ciers étaient  seuls  en  possession  d'un  droit  pareil.  Le  conseil  leur  donna 
raison  &  cassa  la  saisie  par  arrêt  du  i3  octobre,  sauf  aux  intéressés  à  se 
pourvoir  devant  les  commissaires  précédemment  désignés. 

Cependant  les  agents  de  la  cour  des  comptes  s'étaient  rencontrés  au  châ- 
teau de  Pennautier  avec  ceux  du  sénéchal  de  la  Province.  Il  y  eut  conflit. 
La  cour  décréta  de  prise  de  corps  maîtres  Bissez  &c  Ugla  ',  8c  il  fallut  qu'un 
nouvel  arrêt  du  conseil,  donné  le  5  septembre,  évoquât  la  cause  &c  toutes  les 
procédures  de  la  chambre  des  comptes  Se  du  sénéchal  pour  les  renvoyer  aux 
sept  commissaires. 

M.  de  Pennautier  n'habitant  pas  ordinairement  la  Province  avait  confié 
sa  procuration  à  M.  de  Sevin  qui  faisait  tout  le  service  de  la  bourse  provin- 
ciale. Les  syndics  généraux  obtinrent  de  M.  de  Bâville  une  ordonnance  pour 
lui  continuer  ses  pouvoirs,  en  attendant  que  les  héritiers  eussent  disposé  de 
l'office.  Cette  ordonnance  8<  celle  des  commissaires  furent  autorisées  par  arrêt 
du  conseil  du  22  novembre  1711^. 

Le  delta  du  Rhône  étant  sujet  à  de  grandes  Se  désastreuses  inondations, 
les  États  avaient  demandé  au  roi  la  création  d'un  canal  percé  dans  cette 
branche  du  grand  Rhône  que  l'on  désignait  sous  le  nom  de  Bras  de  fer^^ 
afin  d'abréger  le  cours  du  fleuve  81  d'en  accroître  la  rapidité.  Ils  affectèrent 

■  Arrêt  de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier  '  Procès-verbal  des  États.  |5  décembre  171 1. 

du  29  août  17  1 1 .  '  Procès-verbal  des  Etats.  9  janvier  1710. 


LIV.   III.  REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  898 

à  ce  travail  une  somme  de  trente  mille  livres  qui  fut  imposée  la  même 
année. 

Un  an  après,  M.  de  Bâville  n'avait  pas  encore  donné  son  avis,  &  l'assem- 
blée provinciale  revenait  à  la  charge  pour  obtenir  du  conseil  d'État  le  règle- 
ment des  portions  qui  se  devaient  assigner  au  roi  &  au  Languedoc  dans  la 
dépense  générale'.  Ce  règlement  fut  déterminé  par  l'arrêt  du  conseil  du 
28  mars  17 11.  L'adjudication  des  ouvrages  du  Bras  de  fer  dut  être  faite  par 
M.  de  Bâville  &  par  M.  Lebret,  intendant  de  Provence.  La  dépense  était 
divisée  en  trois  parts  égales,  attribuées  la  première  au  roi,  la  seconde  au 
Languedoc,  la  troisième  à  la  Provence  81  au  Dauphiné  réunis. 

La  contribution  de  l'Etat  fut  assurée  par  l'abandon  de  ce  qui  restait  h 
lever  d'une  surtaxe  de  cinq  sols  par  minot,  précédemment  établie  sur  les  sels 
de  Peccais.  Pareille  surtaxe  fut  étendue  à  tout  le  sel  qui  se  débitait  dans  les 
greniers  &.  chambres  de  Provence  8c  de  Dauphiné. 

L'affaire  n'était  pas  encore  entrée  dans  la  période  d'exécution  lorsque 
l'intendant  de  Provence  fit  passer  à  M.  de  Bâville  un  mémoire  d'où  il  résul- 
tait que  les  travaux  proposés  seraient  incomplets,  si  l'on  ne  fermait  pas  le 
Trou  de  Launes ,  vaste  ouverture  percée  en  amont  du  Bras  de  fer  8c  par 
laquelle  les  eaux  du  Rhône  se  répandaient  dans  tous  les  étangs  de  Pro- 
vence. 

On  communiqua  ces  objections  à  M.  Niquet,  ingénieur  du  roi,  qui  étudia 
la  question  Se  en  tira  des  conclusions  inattendues.  Il  reconnut  que,  bien 
loin  de  condamner  la  bouche  des  Launes,  on  avait  tout  avantage  à  la  substi- 
tuer au  Bras  de  fer,  puisqu'on  pourrait  la  transformer  en  un  canal  maritime 
par  où  la  navigation  serait  plus  aisée  que  par  le  grand  Rhône.  Ce  change- 
ment de  vues  fit  suspendre  l'adjudication. 

La  cotisation  de  la  province  de  Languedoc  pour  les  ouvrages  du  plan 
primitif,  avait  été  fixée  à  trente  mille  livres  que  le  syndic  général  Joubert 
s'était  assurées  en  retirant  de  M.  de  Sevin  six  assignations  de  cinq  mille 
livres  chacune  sur  les  receveurs  des  tailles*. 

La  commune  de  Coursan,  voulant  garantir  une  partie  de  sa  plaine  des 
inondations  de  l'Aude,  sollicita  de  l'archevêque  de  Narbonne  l'autorisation 
d'élever  une  des  murailles  de  la  chaussée  pour  retenir  les  eaux  dans  les 
parties  les  plus  basses,  8c  de  fermer  certaines  arcades  qui  livraient  passage 
aux  débordements.  La  commune  offrait  de  se  charger  des  frais  d'entretien  8c 
de  répondre  de  tous  les  dommages. 

Deux  riches  habitants  du  lieu,  Espéronnier  8c  Salaman,  dont  tout  le  vil- 
lage se  rendit  caution,  furent  adjudicataires  de  ces  travaux  au  prix  de  quatre 
cent  cinquante  livres  3. 

La  sénéchaussée  de  Carcassonne  vota  trois  mille  livres  pour  l'entretien  des 
chemins  de  traverse  de  six  diocèses.  Sur  cette  somme,  chacun  des  diocèses  de 

'  Procit-Tcrbai  deî  État».  7  jatiTier  171 1.  '  Bail  passi  par  M.  de  Montfcrrier  le  11  octo- 

'  Procès-yerbal  des  Étati.  10  décembre  1711,  bre  171  1. 


1711 


•  712 


&94  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Carcassonnc,  Mirepoix,  Castres  8*  Albi  obtint  six  cents  livres;   il   en  fut 
donné  trois  cents  au  diocèse  d'Alet  &  à  celui  de  Limoux. 

Trois  cents  livres  furent  également  imposées  sur  le  diocèse  de  Saint-Pons 
pour  l'entretien  du  chemin  de  Saint-Pons  à  Saint-Chinian. 

Les  États  célébrèrent  le  12  janvier  1712,  avec  une  grande  pompe,  les  hon- 
neurs funèbres  du  dauphin.  L'église  Notre-Dame  de  Montpellier,  où  s'ac- 
complit cette  solennité,  avait  été  transformée  par  une  décoration  magnifique. 

La  porte  en  était  tendue  de  noir,  avec  trois  litres  de  velours  semées  de 
fleurs  de  lis  d'or  Si  de  dauphins,  &  chargées  d'écussons  accompagnés  de 
trophées.  On  avait  tendu  le  rétable  jusqu'à  la  voûte  avec  des  ornements  si 
bien  ménagés  que,  sans  interrompre  les  deux  ordres  d'architecture,  on  en 
rendait  la  disposition  plus  sensible  par  la  variété  des  ornements.  Une  croix  de 
moire  d'argent,  sur  champ  de  velours  noir  semé  de  fleurs  de  lis  81  de  dau- 
phins, &  cantonnée  des  armoiries  8c  des  chiffres  du  prince,  voilait  le  tableau 
de  l'autel.  Pareilles  tentures  de  velours  noir,  avec  emblèmes  dorés,  envelop- 
paient les  colonnes,  les  entablements  8t  les  piédestaux;  la  frise  était  couverte 
d'hermines.  Des  urnes  accompagnées  d'insignes  de  deuil  surmontaient  la 
corniche  &  des  trophées  d'armes  drapés  d'hermine  en  formaient  le  couron- 
nement. 

La  nef  tout  entière  était  couverte  de  tentures  noires  sur  lesquelles  se 
détachaient  des  pilastres  ioniques,  à  baguettes  d'or,  des  festons  d'hermine, 
des  trophées  d'armes  8c  d'étendards,  8c  un  grand  pavillon  de  velours  bleu 
abritant  l'écu  fleurdelisé. 

Au  bas  de  l'église  régnait  une  estrade  de  quatre  pieds  de  haut,  fermée 
d'un  balustre  dont  les  piédestaux  portaient  des  vases  antiques  enrichis  de 
feuilles  d'acanthe  8c  de  festons  d'or.  Au  milieu  s'élevait  un  grand  mausolée 
d'ordre  composite,  figurant  un  tombeau  de  marbre  à  quatre  faces,  soutenu 
par  quatre  dauphins  de  bronze.  La  Religion,  la  Justice,  la  Sagesse  êc  la 
Force  posaient  tout  autour  sur  des  piédestaux,  chargés  de  bas-reliefs  repré- 
sentant «  quatre  des  événemens  les  plus  remarquables  où  la  France  avoit 
«  triomphé  par  la  valeur  8c  la  conduite  du  prince  défunt.  » 

La  couronne  d'or  fermée  de  dauphins  8c  le  collier  de  l'ordre  du  Saint- 
Esprit  décoraient  le  cénotaphe  placé  au-dessous  d'un  dais  de  velours  orné 
d'armoiries  8c  garni  de  galons  Se  de  franges  d'argent.  Tout  auprès,  on  avait 
représenté  deux  enfants,  qui,  «  par  leur  attitude,  par  leurs  larmes,  8<  par  un 
«  écusson  des  armes  de  la  Province  auquel  ils  servoient  de  supports,  mar- 
«  quoient  la  douleur  des  peuples  du  Languedoc,  n 

La  majesté  du  cortège  des  trois  ordres  qui  vint  prendre  place  dans  le 
chœur  8c  dans  la  nef  répondait  à  ces  magnificences.  Les  prélats  étaient  en 
camail  noir  8c  rochet  uni,  les  barons  en  manteau  traînant,  les  députés  du 
tiers  en  habit  noir.  Ceux-ci  furent  installés  dans  la  nef,  tandis  que  le  clergé 
8c  la  noblesse  occupaient  les  chaires  du  choeur.  Le  duc  de  Roquelaure,  invité 
au  nom  des  États  par  l'un  des  syndics  généraux,  marchait  à  la  tête  des  com- 
missaires du  roi,  le  bonnet  carré  à  la  main,  le  chaperon  renversé  derrière  les 


LIV.   m.  REVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  890 

épaules.  La  queue  de  son  manteau,  longue  de  sept  aunes,  était  portée  par 
trois  gentilshommes. 

L'archevêque  de  Narbonne  officia  pontificalement  &  l'évêque  d'Alet  pro- 
nonça l'oraison  funèbre.  Pendant  les  jours  qui  suivirent,  douze  cents  messes 
furent  célébrées  pour  le  dauphin,  dans  les  diverses  églises  de  Montpellier, 
aux  frais  des  États  '. 

Ces  cérémonies  qui  se  renouvelèrent  dans  les  villes  de  la  Province,  lorsque 
le  duc  de  Bourgogne  devenu  dauphin  &<.  sa  jeune  femme  eurent  rejoint  le 
grand  dauphin  dans  la  tombe,  avaient  pour  but  de  rendre  sensible  aux 
populations  de  la  Province  l'immense  douleur  où  s'achevait  la  vieillesse  du 
grand  roi^;  mais  les  mesquineries  des  querelles  locales,  des  préséances  &  des 
affaires  d'argent  se  mêlèrent  souvent  à  ces  tristes  fêtes  &.  en  diminuèrent  la 
dignité.  Ainsi  la  ville  de  Toulouse  fut  fort  agitée  par  un  conflit  des  péni- 
tents bleus  &  des  capitouls  qui  se  disputèrent  l'honneur  de  porter  le  drap 
mortuaire,  8c  par  les  prétentions  du  chapitre  Saint-Etienne  qui  voulut  s'ap- 
proprier la  cire  fournie  par  la  municipalité^,  contrairement  aux  prescriptions 
de  l'arrêt  du  conseil  de  i683. 

Les  impositions  rentraient  fort  difficilement.  Le  3o  janvier  1712,  le  tréso- 
rier de  la  bourse  dénonçait  un  déficit  de  un  million  deux  cent  vingt  mille 
livres  sur  les  impositions  de  l'année  précédente,  dont  huit  cent  dix  mille 
livres  de  taille  &  quatre  cent  dix  mille  livres  de  capitation.  Les  dettes  les 
plus  considérables  étaient  celles  des  diocèses  d'Albi,  Narbonne,  Saint-Papoul, 
Lavaur,  Mirepoix,  Viviers  ■♦.  La  ville  de  Toulouse,  dont  le  privilège  d'affran- 


lyiz 


'  Procès-Terbal  des  États.  Séance  du  16  janvier 
171  2. 

*  Louis  XIV  écrivait  de  Marly,  le  ïo  février 
1712,  aux  principales  villes  du  royaume  : 

CI  De  par  le  Roy, 

n  Très-chers  &  bien-amés,  nous  venons  de  per- 
dre en  moins  de  six  jours  notre  petit-fils  le  dau- 
phin &  notre  petite-fille  la  dauphine  :  un  coup 
si  accablant  &  si  imprévu  nous  cause  une  afflic- 
tion d'autant  plus  grande  que  ce  prince  joignoit  à 
une  piété  exemplaire  toutes  les  autres  vertus  di- 
gnes de  son  rang,  &  que  la  princesse  sa  femme 
avoit  justement  acquis  &  partageoit  avec  luy  notre 
estime  &  notre  tendresse.  Comme  une  perte  si  irré- 
parable est  générale  pour  tout  notre  peuple,  nous 
devons  joindre  nos  prières  aux  siennes  pour  de- 
mandet  à  Dieu  le  repos  de  leurs  âmes  &  la  conso- 
lation dont  nous  avons  besoin  dans  notre  douleur. 
Aussy  nous  escrivons  aux  Evoques  &  Archevêques 
de  notre  royaume  de  faire  faire  des  prières  publi- 
ques à  cette  intention,  &  vous  faisons  cette  lettre 
pour  vous  mander  8t  ordonner  de  vous  trouver  en 
corps  à  celles  qui  seront  faites  dans  l'église  princi- 
pale de  notre   ville  de &  de   faire   les   choses 

accoutumées  en  tel  cas,  excitant  par  votre  exemple 


le  zèle  &  la  dévotion  de  nos  sujets,  ce  que  nous 
promettant  que  vous  accomplirez,  nous  ne  vous 
en  fairons  la  présente  plus  longue  '.  » 

'  Messieurs  du  chapitre  firent  naître  un  inci- 
dent concernant  la  cire  que  la  ville  fournit  pour 
lesdits  honneurs  funèbres,  prétendant  que  tout  ce 
qui  reste  à  consommer  luy  appartient,  &  après 
plusieurs  contestations,  la  commission  ayant  été 
assemblée  &  trouvé  à  propos  de  consulter  le  con- 
seil de  robe  longue  qui  jugea  la  cause  de  la  ville 
estre  impérissable  &  la  demande  du  chapitre  in- 
juste, &  qu'au  cas  il  voudroit  former  quelque  ins- 
tance, il  falloit  insister  par  fins  de  non  procéder 
&  demander  le  renvoy  devant  le  Roy  &  nossei- 
gneurs de  son  conseil pour  éviter   les    suites 

d'un  procès,  s'agissant  de  peu,  concernant  le  reste 
du  luminaire,  cette  affaire  est  renvoyée  à  la  pru- 
dence de  Messieurs  les  Capitouls  &  Commissaires 
pour  la  terminer  à  l'amiable  par  la  médiation  de 
M.  le  Premier  Président' 

'  En  voici  le  détail.  Tailles  :  Albi,  3ooooo  li- 
vres; —    Narbonne,    iiSooo;   —    Saint-Papoul, 

'  Archives  de  Toulouse.  Liire  des  Conseils,  XXXVI, 
f»2  3o. 

»  Arcllives  de  Toulonsc.  Liire  des  Conseils,  XXXVI, 
f"  24 1- 


tjli 


896  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

chissement  réduisait  la  capitation  à  vingt-deux  mille  livres,  n'avait  pas  encore 
acquitté  cette  faible  somme. 

Il  fut  décidé  par  les  États  que  dans  l'Albigeois  &.  le  Vivarais  les  syndics 
diocésains  se  concerteraient  avec  les  receveurs  &  les  commandants  militaires 
pour  activer  la  perception,  &  que,  dans  les  autres  parties  de  la  Province,  les 
svndics  généraux  iraient  étudier  sur  place  les  causes  de  retards  aussi  préjudi- 
ciables à  la  Province. 

Les  habitants  de  Sainte-Marguerite-la-Figuière  en  Vivarais,  se  plaignirent 
que,  depuis  la  perte  de  leurs  châtaigniers,  ils  étaient  tombés  dans  la  plus 
complète  misère;  ils  menacèrent  d'abandonner  le  pays  si  l'on  ne  réduisait 
pas  la  quote-part  de  leurs  impositions. 

La  perte  des  oliviers,  des  noyers  &  des  châtaigniers  fut  signalée  dans  les 
instructions  aux  députés  comme  une  des  causes  du  ralentissement  de  la  per- 
ception que  l'on  attribuait  aussi  à  la  progression  constante  des  impôts.  On 
se  plaignait  que  la  nouvelle  invention  du  dixième  achevait  d'absorber  tout 
le  revenu  des  fonds  de  terre  &  donnait  lieu  à  de  fréquentes  émigrations. 

Un  pilote  des  vaisseaux  du  roi,  nommé  Jacques  Fillol,  ayant  dressé  une 
carte  du  golfe  de  Lyon  depuis  Marseille  jusqu'à  la  Franqui,  les  États  délibé- 
rèrent qu'en  reconnaissance  du  service  rendu  par  ce  marin  à  la  navigation 
méditerranéenne  &  au  commerce  du  Languedoc,  on  lui  donnerait  mille 
livres  de  gratification  &  une  médaille  d'or.  Cette  pièce,  dont  le  poids  était 
de  cent  livres,  fut  gravée  par  les  soins  du  syndic  général  Joubert.  Elle  por- 
tait d'un  côté  les  armes  de  la  Province  avec  la  légende  :  Comitiorum  Occi- 
tanIjE  donum  1718,  8c  au  revers  une  couronne  de  laurier  entourant  les  mots  : 
Jacobo  Fillol.  Quod  or«  maritime  tabulam  dederit. 

Le  pilote  fut  introduit  en   pleine  séance  d'États  le  i3  décembre  lyiS  Si 
reçut  la  médaille  des  mains  de  l'archevêque  de  Narbonne  qui  lui  adressa  un 
petit  discours  pour  l'exhortera  continuer  le  concours  de  ses  talents  au  service 
de  la  Province  '. 
,,,3  Les  inondations  ayant  fort  endommagé  le  pont  de  Cazères  &  changé  en 

quelques  endroits  le  cours  de  la  Garonne,  on  put  craindre  que  le  flottage  des 
bois  destinés  à  la  marine  royale,  &  le  transport  des  marbres  des  Pyrénées 
employés  dans  les  travaux  de  Versailles  n'en  fussent  interrompus.  M.  de 
Bâville  chargea  le  sieur  de  Servière,  ingénieur  du  roi,  de  visiter  les  lieux, 
de  vérifier  les  dommages  &  de  préparer  le  devis  des  réparations  nécessaires 
pour  assurer  la  solidité  du  pont  &  remettre  la  rivière  dans  son  lit. 

Cet  officier  revint  à  Cazères  le  4  juillet  17 13  avec  les  commissaires  des 
États  de  Languedoc  qui  étaient  l'évêque  de  Comminges,  le  baron  de  Cas- 
telnau  d'Estrétefonds,  le  maire  de  Rieux  &  le  diocésain  de  Montauban. 

La  commission  se  borna,  comme  d'habitude,  à  louer  les  plans  de  l'ingé- 
nieur royal,   tout  en   faisant  quelques  retranchements  dans  l'intérêt  de  la 

55 000;  —  Mirepoix,  41000;  —  Lavaur,  90000.  '  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du   i3  décem- 

Capitation  :  Vivarais,  62000 '.  bre  lyiî. 

•  Procis-vcrbal  des  États.  Siiance  du  .*>  fanvicr  1712. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  897   '^ 

boiiiic  provinciale.  L,a  dépense  en  fut  réduite  à  quatre  mille  livres,  la  séné- 
cliaussée  n'ayant  pas  fait  un  plus  grand  tonds. 

Ce  fut  encore  sur  l'avis  de  M.  de  la  Servière  que  les  travaux  furent 
adjugés,  par  voie  d'enchères  publiques,  à  deux  entrepreneurs  associés.  L'un 
d'entre  eux  avait  déjà  réuni  une  quantité  considérable  de  bois  8c  d'autres 
matériaux  préparés  à  pied  d'oeuvre,  lorsque,  en  une  nuit,  la  Garonne,  enflée 
par  une  de  ces  crues  soudaines,  si  fréquentes  au  voisinage  des  montagnes, 
enleva  tout  l'approvisionnement. 

Néanmoins,  les  travaux  turent  poussés  avec  vigueur;  mais  l'économie 
espérée  par  les  Etats  ne  se  réalisa  point.  M.  de  la  Servière  déclara  qu'il 
n'avait  pu  se  dispenser  de  faire  quelques  additions  à  son  projet  primitit,  sans 
lesquelles  toute  la  dépense  déjà  taite  serait  demeurée  sans  résultat,  s'agissant 
de  rendre  la  réparation  solide  Se  durable,  &  de  neutraliser  pour  longtemps  la 
violence  des  inondations  qui,  par  la  déviation  imprimée  au  cours  des  eaux, 
menaçait  de  détruire  la  ville  de  Cazères  elle-même. 

Le  crédit  supplémentaire  exigé  par  ces  additions  atteignit  mille  quatre 
cent  quarante-trois  livres  '. 

Depuis  les  guerres  civiles,  la  dépense  des  postes  militaires  établis  dans  le 
Vivarais,  le  Vclai,  le  Gévaudan  &  les  diocèses  d'Uzès,  d'AIais  &  de  Nimes, 
était  exclusivement  supportée  par  les  nouveaux  catholiques.  Cette  onéreuse 
préférence,  qui  perpétuait  le  souvenir  des  anciennes  dissensions,  disparut 
en  1713,  sur  la  proposition  des  commissaires  des  États;  à  partir  de  ce  moment, 
les  frais  s'en  trouvèrent  rejetés  sur  l'ensemble  de  la  Province  Se  compris  dans 
l'état  des  dettes  8c  affaires  payées  par  le  trésorier  de  la  bourse^ 

Le  chemin  construit  en  1684  de  la  montagne  de  Cannes  au  canal  roval, 
pour  l'exploitation  des  carrières  de  marbre  rose  cmpIo\é  dans  les  bâtiments 
de  Versailles,  n'ayant  pas  été  entretenu,  se  trouvait  impraticable  quand, 
vingt-neuf  ans  après,  le  roi  fit  de  nouveaux  appels  aux  carrières.  Des  ordres 
furent  expédiés  à  M.  de  Bùville  pour  faire  mettre  la  route  en  bon  état. 
L'archevÊque  de  Narbonne  se  hâta  d'en  demander  un  devis  dont  la  dépense 
fut  fixée  à  deux  mille  six  cents  livres  8c  votée  sans  résistance  par  les  États". 

La  Cour  ne  se  gênait  guère  pour  rejeter  sur  la  Province  les  dépenses  qui 
l'embarrassaient. 

Le  29  novembre  lyiS,  M.  Voisin,  ministre  de  la  guerre,  écrivait  à  l'ar- 
chevêque de  Narbonne  que  le  roi  désirait  faire  payer  par  les  Etats  les  appoin- 
tements des  inspecteurs  de  milices.  L'archevêciue  représenta  que  le  pavs 
de  Languedoc  n'avait  jamais  porté  cette  charge.  Une  seconde  lettre,  du 
16  décembre  suivant,  lui  tcrma  hi  bouche  :  Sa  Majesté  avait  fait  ôter  ce  fonds 
de  l'état  de  ses  dépenses,  £c  s'en  reposait  sur  la  Province  pour  y  subvenir. 
L'archevêque  n'eut  qu'à  communiquer  cette  réponse  aux  États  pour  enlever 
leur  adhésion. 

■  Procès-verbal  des  Etats.   19  aéccmbre  1713.  ^  Procès-vcrb:,!  des  États.  Séance  du  22  tUccm- 

'  Proccs.-verbaI  des  Etais.  20  décembre  lyiS.  bre  171 3. 

XIII.  S7 


898  .    ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOCo 

11  y  avait  trois  inspecteurs  de  milices  en  Languedoc  :  M.  de  Préfosse, 
M.  Durand  Eustache,  M.  Dujnolard.  On  leur  compta  douze  cents  livres  à 
chacun  :  ce  fut  trois  mille  six  cents  livres  de  plus  dans  le  budget  provincial. 
Mais  tout  en  prenant  l'argent  du  pays,  le  ministre  eut  soin  de  réserver  à 
M.  de  Bâville  l'ordonnancement  des  mandats'. 

La  représentation  du  pays  de  Vêlai  aux  États  de  Languedoc  offrait  une 
anomalie  singulière.  Tandis  que  tous  les  autres  diocèses  de  la  Province, 
excepté  ceux  de  Comminges  81  de  Montauban  dont  les  capitales  étaient 
situées  en  Guienne,  avaient  deux  voix  dans  l'assemblée,  l'une  portée  par  les 
deux  députés  de  la  ville  épiscopale,  l'autre  par  le  député  de  celle  des  villes 
maîtresses  qui  se  trouvait  en  tour  d'y  envoyer,  le  Vêlai  n'avait  point  de 
député  diocésain.  Les  États  particuliers  du  pays  en  portèrent  plainte  au  con- 
seil d'État,  lui  demandant  de  rectifier  une  tradition  aussi  injuste^.  Ils  firent 
valoir  que  le  diocèse  du  Puy  supportant  le  dix-septième  des  impositions  pro- 
vinciales, ne  pourrait  être  équitablement  frustré  d'un  droit  que  l'on  reconnais- 
sait aux  autres  circonscriptions  territoriales  de  Languedoc.  L'établissement 
de  l'évêché  d'Alais  avait  donné  l'occasion  de  constater  hautement  ce  droit, 
jHiisqu'on  s'était  empressé,  lors  de  l'érection,  d'assurer  au  nouveau  diocèse  le 
double  suffrage  dans  les  États,  Pourtant  on  ne  demandait  pas  tout  à  fait  pour 
le  Vêlai  l'application  de  la  règle  commune.  Il  n'y  existait  point,  comme  dans 
les  autres  diocèses  de  la  Province,  de  villes  tournelles  dont  le  privilège  fût 
consacré  par  les  siècles.  Se  l'on  ne  Jugeait  pas  opportun  d'éveiller  un  conflit 
de  prétentions  rivales  entre  les  diverses  bourgades.  C'est  au  syndic  du  pays 
lui-même,  rompu  aux  affaires  5<.  habitué,  de  père  en  fils,  au  mécanisme  pro- 
vincial, qu'il  s'agissait  de  confier  la  seconde  voix  réclamée  pour  le  diocèse  du 
Puy.  Cet  agent,  destiné  par  ses  fonctions  à  faire  exécuter  les  décisions  de 
l'assemblée  provinciale,  devait  trouver,  dans  son  assistance  même,  un  moyen 
plus  sûr  d'appliquer  la  volonté  des  États. 

Le  conseil  renvoya  l'examen  de  cette  requête  aux  commissaires  du  roi  & 
des  États  3. 

L'affaire  fut  portée  devant  l'assemblée  qui  émit  un  avis  favorable,  & 
déclara  consentir,  sous  le  bon  plaisir  du  roi,  à  donner  au  syndic  du  Vêlai 
toutes  les  prérogatives  des  autres  députés  diocésains,  avec  le  droit  d'entrée 
périodique  au  bureau  des  comptes"^. 

La  disette  de  blé  fut  extrême  aux  mois  de  mars  &  d'avril.  Les  prix  attei- 
gnirent un  taux  excessif^  &  la  plupart  des  villes  de  la  Province,  craignant  la 
famine,  firent  de  grands  achats  pour  nourrir  leurs  habitants.  Les  populations 
rurales  souffrirent  de  cette  accumulation  de  grains  dans  les  centres  de  com- 
merce. Si  le  blé  devint  si  cher  dans  les  campagnes  qu'il  fut  presque  inacces- 
sible aux  pauvres. 

En  vue  de  remédier  à  cette  détresse,   l'archevêque  de  Narbonne  fit  faire 

■  Procès-verbnl  des  Ktnts.  23  décembre  lyiS.  '  Anôt  du  conseil  d'Elst,  du  4  avril  lyiS. 

"  Et.its  particuliers  du  Vclni.  Séance  du  7  mars  ■*  Procès-verbal   des   Etats.  Séance  du  28  décem- 

1713.  lire  1713. 


17'- 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES.  899 

quelques  approvisionnements  à  Montpellier  sur  le  compte  de  la  Province. 
On  prit  trois  mille  quintaux  de  blé  chez  le  munitionnaire  d'Agde,  à  raison 
de  treize  livres  le  quintal,  81  treize  cent  quinze  setiers  au  sieur  Combes,  à 
raison  de  dix  livres  le  setier.  Tous  ces  grains  furent  confiés  à  un  négociant  de 
Montpellier,  nommé  Goudar,  qui  eut  charge  de  les  vendre  aux  habitants 
de  la  campagne  au-dessous  du  cours.  Cette  concurrence  inattendue  eut 
pour  résultat  de  faire  ouvrir  plusieurs  greniers  &  baisser  les  prix.  Le  tré- 
sorier de  la  bourse,  Bonnier,  paya  comptant  les  fournitures  du  munition- 
naire. Le  second  achat  fut  soldé  par  Goudar  qui  remit  au  trésor  vingt-trois 
mille  huit  cents  livres,  produit  de  ces  ventes.  La  Province  perdit  quinze 
mille  deux  cents  livres  sur  cette  opération,  soit  un  peu  plus  d'un  tiers  de  la 
dépense'.  

Un  édit  du   mois  de   janvier  17 14  frappa  de  taxes  pour  confirmation  de         j^,^ 
noblesse  tous  les  capitouls  de  Toulouse  ou   leurs  descendants  depuis  l'an- 
née 1600. 

Le  conseil  de  ville  députa,  le  12  février,  l'ancien  capitoul  Balbaria  pour 
obtenir  la  décharge  de  ces  taxes.  Des  instructions  secrètes  lui  furent  données 
par  les  commissaires  de  robe  longue.  Il  devait  d'abord  faire  valoir  les  privi- 
lèges S<  les  confirmations  antérieures,  en  s'aidant  de  mémoires  rédigés  par 
maître  Caussade.  Mais  on  n'insistait  pas  sur  ce  point,  dont,  mieux  que  per- 
sonne, les  avocats  de  la  maison  de  ville  pouvaient  apprécier  la  faiblesse. 

On  attaquait  l'affaire  par  le  côté  abordable.  «  Si  monseigneur  l'intendant 
«  ou  les  ministres  ne  sont  pas  touchés  de  nos  titres  S<.  de  nos  raisons,  il  faut 
«  tâcher  de  ménager  que  la  ville  obtienne  la  décharge  à  moins  de  cent  mille 
<■  livres  &  les  deux  sols  pour  livre,  veu  sa  pauvreté  &  l'état  de  ses  affaires, 
«  St  ne  pas  passer  au  delà  de  ladite  somme.  » 

Pour  y  parvenir,  on  devait  représenter  au  traitant  que  l'exécution  rigou- 
reuse de  l'édit  ne  lui  rapporterait  guère;  il  n'atteindrait  pas  plus  de  trente 
familles,  «  parce  que  depuis  1600  toutes  les  familles  des  anciens  capitouls 
«  sont  presque  éteintes  ou  très-pauvres.  Se  de  celles  qui  subsistent,  il  y  en  a 
<i  plus  des  deux  tiers  d'insolvables,  &  les  autres  ne  doivent  pas  leur  noblesse' 
i<  au  capitoulat.  » 

Moyennant  cent  mille  livres  au  plus,  on  espérait  obtenir  du  roi  un  édit 
conforme  aux  précédents,  avec  cette  légère  addition  que  :  «  suivant  les  cons- 
(■  titutions  de  la  ville,  ceux  qui  avant  leur  capitoulat  ont  résidé  cinq  années 
u  à  Toulouse  Se  contribué  aux  charges  publiques,  sont  censés  véritables  habi- 
«   tans  8c  aptes  à  remplir  les  charges  de  capitouls,  quoique  non  originaires 


(i  de  la  ville  ^ 


'  Proccs-vcrbal  des  États.  Sénncc  du  23   Jécem-  di?   ri  du   mois  de  février  coiirnnt  pour  obtenir  la 

tre  1713.  décharge  des   taxes  décernées  contre  MM.  les  an- 

'  Instructions   baillées  par  Messieurs   les   corn-  ciens  capitouls  à  raison  de  ia  noblesse  par  édit  du 

missaires  &  conseil  de   rob«  longue  à  M.  de   Bal-  mois  de  janvier  1714'. 
baria,   ancien    capitoul    député    de    la    ville,    en 

conséquence  de  la  délibération  du  conseil  de  ville  '  A iclii vos  Je  Toulouse.  Wj. 


•7'4 


900  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Nous  ne  suivrons  pas  les  détails  de  cette  négociation  qui  n'était,  pour  le 
ministre,  qu'un  moyen  de  retirer  de  l'argent,  5c,  pour  les  capitouls,  de 
faire  payer  par  l'ensemble  de  la  ville  les  privilèges  personnels  dont  l'oligar- 
chie municipale  était  seule  à  profiter. 

Si  le  gouvernement  royal  rabaissait  les  distinctions  honorifiques  en  se 
prêtant  à  ce  trafic  8<.  préparait  ainsi  le  juste  discrédit  dont  elles  se  trouvèrent 
atteintes  à  la  fin  du  siècle  &  si,  d'ailleurs,  il  manquait  à  son  devoir  de  pro- 
tecteur impartial  en  laissant  grever  la  caisse  municipale  de  dépenses  qui 
n'intéressaient  en  rien  le  bien  de  la  ville,  on  doit  reconnaître  que  la  bour- 
geoisie capitulaire  de  Toulouse  n'avait  point  le  plus  beau  rùle. 

Quoique  la  ville  fût  écrasée  de  dettes  &  ne  pût  satisfaire  ses  créanciers,  les 
capitouls  s'obstinaient  à  puiser  dans  son  épargne  pour  perpétuer  des  pri\i- 
léges  imaginaires  auxquels  ils  ne  croyaient  pas  eux-mC'mes. 

On  voit,  par  une  lettre  du  contrôleur  général  Desmarets  à  Bàville  ',  que  le 
ministre  jugeait  très-sainement  la  question  &  n'était  point  dupe  du  mantge 
des  capitouls.  Il  y  explique  avec  beaucoup  de  clarté  que  l'affaire  est  toute 
entre  les  anoblis  municipaux  Se  le  trésor  royal  &  que  la  commune  n'a  point 
à  s'en  mêler.  Mais  les  nécessités  de  finances  étaient  impérieuses,  la  plupart 
des  familles  de  ces  anoblis  n'avaient  guère  de  fortune,  la  recherche  promet- 
tait d'en  être  longue  Jk  difficile,  &.  le  résultat  fort  incertain.  Aussi,  tout  en 
reconnaissant  l'incorrection  &  l'injustice  du  procédé,  la  Cour  passait  outre 
8c  acceptait  l'offre  collective.  Voilà  comment  s'accumulaient,  par  l'effet  d'une 
tolérance  longtemps  refusée,  ces  actes  de  confirmation  solennelle  qui  ont  fait 
illusion  aux  naïfs  8c  qui  n'étaient,  en  fin  de  compte,  que  la  conclusion  d'un 
marché  ^. 


■  Lettre  de  M.  Desraaretz  à  M.  de  Eâville,  du 
16  juin  1715  : 

«  Je  reponds  à  la  lettre  que  vous  m'aves  écrit  le 
28  janvier  dernier  au  sujet  du  recouvrement  de  la 
fijiance  qui  doit  être  payée  par  les  particuliers  qui 
ont  été  capitouls  ou  leurs  descendans  pour  la  con- 
firmation de  leur  noblesse,  &  je  vous  envoie  un 
arrest  que  le  Roy  a  fait  expédier  au  Conseil  pour 
leur  faire  connoître  qu'ils  ne  doivent  pas  espérer 
d'être  dispensés  du  payement  de  cette  confirma- 
tion. Je  vous  prie  de  donner  vos  ordres  pour  l'exé- 
cution de  cet  arrest,  &  d'accorder  au  commis  qui 
est  chargé  près  de  vous  de  la  conduite  de  ce  recou- 
vrement toute  la  protection  dont  il  aura  besoin. 
Quoyque  S.  M.  eiit  lieu  de  croire  qu'il  luy  en  re- 
viendroit  une  somme  bien  considérable  par  le 
grand  nombre  de  sujets  que  vous  m'aves  mandé 
qui  se  trouveroient  dans  le  cas  de  payer,  Elle  a 
pourtant  bien  voulu  réduire  l'objet  de  cette  affaire 
dans  votre  département  &.  le  fixer  à  36o  ooo  livres 
&  les  2  sols  pour  livre,  afin  de  le  rendre  d'une 
plus  facile  exécution.  Ainsi  vous  prendres  la  peine 
de  régler  ce  que  chacun  paiera  par  rapport  à  ses 
facultés,   8t   en   observant    néanmoins   qu'il    faut 


remplir  cette  somme.  Les  raisons  expliquées  dans 
cet  arrest  font  voir  que  les  capitouls  ne  sont  pas 
en  droit  de  prétendre  cette  exemption  du  paye- 
ment de  la  confirmation,  ny  que  la  ville  de  Tou- 
louse en  doive  faire  son  affaire  propre.  C'est  im 
fait  particulier  qui  ne  la  regarde  point  &  dont 
chacun  doit  sortir  sans  son  secours.  Vous  le  feres, 
s'il  vous  plait,  entendre  au  corps  de  ville  '.  » 

'  Nous  reproduisons  ici  quelques  extraits  de  la 
correspondance  de  M.  de  Eâville  qui  montreront, 
mieux  que  tous  les  commentaires,  comment  se  né- 
gociait cette  affaire  de  la   noblesse  des  Capitouls  : 

22  août  1714.  —  Au  SYNDIC  Bailot  :  Les  Capi- 
touls me  paroissent  assés  difficiles  sur  l'afliiire  de 
la  noblesse.  Ils  devroient,  ce  me  semble,  profiter 
de  la  bonne  volonté  qu'on  a  de  les  tirer  de  cette 
affaire,  en  fusant  quelques  propositions  raisonna- 
bles. Car  je  crains  fort  qu'il  n'y  ait  plus  de  re- 
mède quand  elle  sera  devenue  forcée. 

5  février  1715. —  Aux  Capitouls  :  Messieurs 

J'ai  receu  des  ordres  si  pressants  &  si  souvent  réité- 
rés sur  l'affaire  de  la  noblesse,  que  vous  ne  dcvts 

'  Archives  de  Toulouse.  Correspondance  des  intc.idaiits. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'EDIT  DE  NANTES. 


901 


Pendant  l'automne  de  l'année  17 14,  les  troupeaux  de  la  Camargue  furent 
décimés  par  une  épizootie  qui  atteignait  surtout  les  bœufs  S<.  les  vaches  &  qui 


1714 


p.TS  VOUS  flatter  que  je  pviisse  plus  longtemps  ariè- 
ter  les  poursuites  du  traitant.  Je  vous  en  ay  écrit 
en  ces  termes  par  le  précédent  ordinaire  :  &  votre 
plus  court  est  de  travailler  efficacement  à  vous  sor- 
tir de  cette  affaire 

^i  février,  —  Messieurs,  j'ay  receu  avec  la  lettre 
que  vous  m'avés  écrit  le  2  de  ce  mois,  Textrait  de 
la  délibération  qui  y  étoit  joint,  par  laquelle  il 
est  porté  que  le  sieur  Bnlbaria  sera  député  icy  pour 
l'afTiire  de  la  noblesse;  mais  dans  l'état  où  est 
cette  affaire,  celte  députation  me  paroist  tout  à 
fait  inutile,  parce  que  je  n'aurois  autre  chose  à 
dire  à  votre  député,  que  ce  que  je  vous  ay  déjà 
mandé  plusieurs  fois  sur  ce  sujet,  &  tout  ce  qu'il 
y  auroit  à  faire,  ce  seroit  de  prendre  de  ses  mains 
vos  mémoires  pour  les  envoyer  à  M.  Desmarets. 
C'est  auprès  de  luy  que  vous  devez  prendre  vos 
mesures,  parce  qu'il  m'a  mandé  qu'il  falloit  laisser 
exécuter  le  roUe.  Et  il  ne  dépend  plus  de  moy 
d'accorder  aucun  sursis.  Vous  ne  devés  pas  vous  y 
attendre,  ayant  receu  des  ordres  précis  de  n'en  pluj 
donner,  dont  je  suis  bien  fâché. 

I  2  février.  —  Je  vous  ay  déjà  mandé  que  la  dé- 
pu'ation  de  M.  Balbaria  seroit  icy  fort  inutile, 
car  je  n'aurois  autre  chose  à  lui  dire  que  ce  que  je 
vous  ay  marqué,  &  luy  montrer  les  ordres  réitérés 
que  j'ay  receu  de  M.  Desmarets.  Cependant  si  la 
ville  souhaite  que  ce  député  vienne  icy,  j'y  con- 
sens :  mais  cela  ne  doit  pas  vous  faire  espérer  au- 
cune surséance. 

l'i  février.  —  M.  Balbaria  n'a  qu'à  partir  quand 
il  voudra.  Je  luy  remettray  le  procès  &  je  luy  par- 
leray  en  même  teins  de  l'aff.iire  de  la  noblesse.  Le 
courrier  allant  partir  dans  ce  moment,  je  ne  vous 
en  iliray  pas  davantage. 

?)  mars.  — J'attends  icy  votre  député,  mais  vous 
ne  devés  pas  vous  attendre  à  aucun  sursis  de  ma 
part  sur  l'affaire  de  la  noblesse,  M.  Desmarets 
m'ayant  absolument  défendu  d'en  donner. 

i/i  mars.  —  M.  Balbaria  m'a  rendu  la  lettre 
que  vous  avés  pris  la  peine  de  m'écrirej  nous 
avons  conféré  ensemble  sur  les  affaires  de  la  ville; 
je  luy  ay  fait  connoitrc  ma  bonne  volonté  8c  mon 
zèle  pour  tout  ce  qui  la  regarde,  &  en  même  tems 
les  ordres  fâcheux  que  j'ay  receus  de  ne  plus  don- 
ner de  surséance.  Je  souhaite  que  cette  affaire 
puisse  me  revenir  par  quelque  endroit,  je  seray 
toujours  ravy  de  trouver  occasion  de  faire  plaisir 
à  tous  ceux  qui  y  sont  intéressés  &  en  général  à 
la  ville. 

20  mars,  —  J'ay  dit  à  M.  Balbaria  tout  ce  que 
je  scay  sur  l'affaire  de  la  noblesse,  sur  laquelle 
j'ay  les  mains  absolument  liées.  C'est  à  luy  dans 
son  voiage  à  Paris  à  trouver  les  moyens  de  la  faire 


remettre  s'il  est  possible  sur  un  autre  pié.  Quant 
à  moi,  je  ne  puis  qu'exécuter  les  ordres  qui  me 
sont  envoyés. 

24  mars,  —  Je  n'ay  rien  à  adjouter  à  ce  que  je 
vous  ay  mandé  concernant  l'affaire  de  la  noblesse. 
J'ay  dit  à  M.  Balbaria  ce  qu'il  y  avoit  à  faire  sur 
cela,  &  qu'il  étoit  Inutile  qu'il  demeurât  icy  plus 
longtems  n'y  pouvant  rien  par  moy-méme. 

27  mars.  —  J'ay  lu  en  présence  de  M.  Balbaria 
le  nouvel  arrest  du  conseil  qui  ne  me  donne  nul- 
lement droit  d'envoyer  tous  vos  papiers  à  M.  le 
Controlleur  général.  Il  n'est  pas  question  dans 
cet  arrest  de  justifier  les  privilèges  de  la  ville,  mais 
il  est  porté  seulement  qu'il  faut  examiner  les  ti- 
tres de  ceux  qui  sont  taxés,  &  qui  prétendent  être 
nobles  autrement  que  par  le  capitoulat.  Si  j'écri- 
voissur  un  autre  pié  à  M.  Desmarests,  il  me  man- 
dcioit  que  je  n'ay  pas  lu  n'y  entendu  l'arrest  en 
question. 

3i  mars.  —  Je  n'ay  rien  à  adjouter  à  ce  que  je 
vous  ay  mandé  sur  l'affaire  de  la  noblesse  qui  est 
que,  suivant  ce  qui  est  porté  par  l'arrest  du  con- 
seil, il  n'est  pas  question  de  rapporter  les  titres 
de  la  noblesse  de  la  ville,  mais  seulement  de  justi- 
fier la  noblesse  quand  elle  est  prétendue  par  d'au- 
tres titres  que  par  le  capitoulat.  Il  n'ya  qu'à  lire 
l'arrest  pour  voir  qu'il  n'est  pas  question  d'autre 
chose. 

;8  juin,  —  Pour  répondre  à  votre  lettre  du  22 
de  ce  mois, concernant  l'affaire  de  la  noblesse,  vous 
verres  q\ic  les  ordres  que  j'ay  receus  sur  ce  sujet 
sont  bien  différents  des  espérances  que  l'on  vous 
donne.  J'ay  envoyé  à  M.  Bousquet  la  copie  de  la 
lettre  de  M.  le  Contrôleur  gcnéral  &  de  l'arrest 
ru'il  ne  manquera  pas  de  vous  communiquer. 
J'aurois  fort  souhaité  que  cette  affaire  eust  tourne 
autrement,  mais  après  y  avoir  fait  tout  ce  que  j'ay 
pu  pendant  trois  ans,  il  faut  bien  que  vous  vous 
mettiez  en  état  de  la  finir,  puisqu'il  m'est  impos- 
sible de  donner  aucune  surséance.  Ceux  qui  vou- 
dront avoir  main  levée  de  la  saisie  qui  leur  a  été 
faite,  doivent  donner  une  bonne  caution  de  payer 
dans  un  mois  la  taxe  qu'on  demande,  &  ils  n'au- 
ront qu'à  se  pourvoir  devant  moy  pour  la  modé- 
ration. 

Note  autographe  :  Vous  verres  mes  derniers  or- 
dres entre  les  mains  de  M.  Bousquet.  Je  suis  bien 
fâché  que  cette  affaire  ne  se  tourne  pas  autrement. 

2  juillet.  —  La  députation  que  vous  voulés  faire 
icy  pour  l'affaire  de  la  noblesse  est  bien  inutile. 
•C'est  de  la  peine  &  de  l'argent  perdu;  car  je  vous 
déclare  que  j'ay  fait  de  la  meilleure  foy  du  monde 
tout  ce  que  j'ay  pu  faire.  L'avis  qui  est  énoncé 
dans  l'arrest  est  donné  il   y  a  plus  de  sept  mois; 


'7'4 


ilOÎ 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


causa  des  pertes  considérables.  Dans  le  courant  du  mois  de  septembre,  le 
fléau  passa  le  bras  du  Rhône  qui  séparait  sur  ce  point,  la  Provence  du  Lan- 
guedoc 8c  pénétra  dans  les  basses  plaines  situées  entre  le  Gard,  les  étangs  8c 
le  Vidourle.  On  signala  des  ravages  à  Beaucaire,  k  Fourques,  à  Saint-Gilles, 
Vauvert,  à  Aigues-mortes,  au  Cayla,  &  même,  au  delà  du  Vidourle,  dans  le 
consulat  de  Massillargues,  près  de  Lunel. 

La  Province,  qui  ne  s'était  pas  relevée  du  grand  désastre  de  1709  Se  qui 
succombait,  comme  le  reste  du  royaume,  sous  le  faix  des  impositions,  fut 
alarmée  de  cette  calamité  nouvelle  qui  menaçait  de  compromettre  une  de  ses 
principales  richesses  agricoles.  L'intendant  rendit  le  28  septembre  une  ordon- 
nance prescrivant  un  certain  nombre  de   précautions  essentielles  en  vue  de 


on  en  a  retranché  la  meilleure  partie,  qui  étoit  de 
terminer  cette  affaire  par  un  abonnement,  &  le 
reste  n'est  que  subordonné  au  cas  que  le  conseil  ne 
voulût  pas  entrer  dans  cet  expédient.  Depuis  ce 
tems-là,  i'ay  écrit  plusieurs  lettres  &  j'ay  mis  tou- 
tes les  modifications  que  j'ay  pu,  en  marquant 
néanmoins  les  raisons  de  finir  cette  affaire,  que 
j'ay  soutenue  pendant  trois  ans,  &  qu'il  n'est  plus 
en  mon  pouvoir  de  retarder,  par  les  ordres  réitérés 
que  j'ay  receus.  M.  Bousquet  vous  aura  dit  toutes 
les  instructions  que  j'ay  &  ce  qu'on  prétend  en 
retirer.  J'en  connois  toutes  les  conséquences.  Je  les 
ay  trop  souvent  représentées  pour  n'être  pas  bien 
au  fait.  Ainsy  je  ne  puis  que  vous  plaindre  &  être 
fâché  de  l'événement  auquel  je  ne  puis  apporter 
aucun  remède,  à  moins  que  de  vous-même  vous  ne 
proposiés  à  M.  le  Contrôleur  général  des  expé- 
diens  que  je  ne  scay  point  &.  que  j'ay  toujours 
attendu. 

n  ju'iîlct.  —  Il  est  inutile  de  vous  répéter  ce 
que  je  vous  ay  déjà  mandé  pliisieurs  fois  pour  ce 
qui  regarde  l'affaire  de  la  noblesse.  Comme  je  n"ay 
rien  oublié  jusqu'à  présent  de  tout  ce  que  j'ay  pu 
faire,  &  que  je  n'ay  pu  y  parvenir,  il  est  cert.iin 
qu'il  faut  que  vous  trouviez  le  moyen  de  la  faire 
renvoyer  par  M.  Desmarets. 

20  août,  —  Le  grand  désir  que  j'ay  de  pouvoir 
finir  l'affaire  de  la  noblesse  du  capitoulat  m'oblige 
de  vous  écrire  que  je  ne  désespererois  pas  de  la 
finir  si  vous  pouviez  me  faire  connoître  les  moyens 
dont  vous  prétendez  vous  servir  pour  paier  la 
somme  dont  on  conviendroit ,  qui  sera  beaucoup 
au  delà  de  celle  de  looooo  livres  proposée.  Tra- 
vaillés H  un  plan  pour  les  moiens  afin  que  je 
puisse  juger  s'ils  sont  sûrs,  &  travaillés  ayec  dili- 
gence. Je  ne  veux  rien  proposer  qu'on  ne  puisse 
tenir. 

28  août.  —  Il  ne  faut  pas  que  vous  croies  que 
M.  Desmarets  m'ait  renvoyé  l'affaire  de  la  noblesse 
pour  la  décider  sur  mon  sentiment  particulier.  Ce 
n'est  pas  de  quoy  il  s'agit.  Il  est  vray  que  M.  de 
Caumartin  me  mande  que  je  puis  écouter  des  pro- 


positions pour  accommoder  l'affaire  en  corps,  Si 
m'a  demandé  une  somme  bien  au  delà  de  celle  de 
100000  livres.  C'est  donc  une  affaire  à  négocier, 
non  pas  à  décider.  Il  faut  commencer  par  voir  cil 
la  ville  prendra  de  quoy  payer  la  somme  qu'on  de- 
mande ou  colle  qui  sera  convenue,  s'il  est  possible 
de  la  faire  diminuer,  ce  dont  je  ne  suis  point  ga- 
rant. C'est  sur  quoy  je  vous  ai  écrit  &  j'attends 
votre  réponse,  ne  voulant  rien  promettre  que  je 
ne  sois  en  état  de  tenir.  Vous  savés  tout  ce  que 
j'ay  fait  dans  cette  affaire,  &  que  je  ne  me  suis 
point  rebuté.  Ainsy  il  faut  profiter  de  la  conjonc- 
ture &  me  faire  voir  des  fonds,  sans  quoy  toutes 
mes  bonnes  intentions  seroient  inutiles. 

3i  août.  —  Je  vous  tromperois,  si  je  vous  man- 
dois  que  vous  pouvés  vous  sortir  de  l'affaire  dï  la 
noblesse  pour  looooo  livres,  vous  ne  devés  pas 
vous  y  attendre ,  la  somme  qu'on  demande  étant 
bien  différente  de  celle-là.  Cependant  j'attendray 
la  proposition  que  vous  me  marqués  par  votre  let- 
tre du  28  de  ce  mois  devoir  m'envoyer,  &  je  verray 
s'il  y  a  lieu  de  la  proposer  au  ministre;  mais  ]t 
dois  vous  dire  par  avance  qu'il  faut  qu'elle  scit 
bien  claire  &  bien  nette. 

4  scptcmhrc.  —  J'ay  reçu  votre  lettre  du  3i. 
J'attendray  vos  mémoires  touchant  l'affaire  de  la 
noblesse,  afin  d'être  en  état  de  faire  ma  proposi- 
tion. C'est  à  quoy  vous  ne  devés  pas  perdre  un 
moment  de  tems. 

10  septcmhre,  —  J'attendray  tant  que  vous  vou- 
dras les  propositions  que  vous  devez  faire  concer- 
nant la  noblesse;  mais  si  vous  m'en  croies,  vous 
profiterez  de  la  conjoncture  présente.  De  mon 
côté,  vous  pouvés  compter  que  je  feray  tout  ce  qui 
dépendra  de  moy  pour  en  tirer  le  meilleur  parti 
qui  se  pourra. 

19  septembre.  —  Si  vous  ne  faites  pas  incesram- 
ment  des  propositions  pour  l'affaire  de  la  no- 
blesse, vous  coures  risque  de  n'en  pas  tirer  un  bon 
parti  '. 

■  Arcliives  de  Toulouse.  Corr^;fondanco  des  inte:i.1,T,i!:. 


LIV.   III.   rxÉVOCATIÛN  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  çoS 

conjurer  le  mal.  11  enjoignait  aux  consuls  de  surveiller  attentivement  l'état 
des  bestiaux  qui  existaient  dans  la  juridiction  &  de  donner  avis  de  l'appari- 
tion de  la  maladie,  avec  ordre  d'isoler  les  bêtes  malades  &  d'en  empêcher 
absolument  la  communication.  La  transmission  du  germe  mortel  était  d'au- 
tant plus  à  craindre  en  Languedoc  que,  chaque  année,  à  cause  de  la  séche- 
resse du  bas  pays,  les  troupeaux  émigraient  en  masse  vers  la  montagne  8t 
allaient  y  passer  l'été.  L'expérience  apprenait  que  le  voisinage  d'une  seule 
bète  pouvait  propager  la  contagion.  Aussi  le  déplacement  du  bétail  fut-il 
soumis  à  des  formalités  fort  rigoureuses.  Les  bergers  devaient  se  munir,  pour 
y  procéder,  de  certificats  signés  par  les  curés  &  par  les  consuls.  Malgré  ces 
précautions,  diverses  parties  de  la  Province  eurent  à  souffrir  de  l'épizootie^ 
mais  la  gravité  du  mal  ne  fut  pas  comparable  à  la  peste  bovine  qui  devait 
affliger  le  pays  vers  la  fin  du  siècle  '• 

Ces  dernières  années  du  règne  de  Louis  XIV  sont  tristes  &  monotones. 
Les  traités  d'Utrecht,  de  Rastadt  &  de  Bade  avaient  rendu  la  paix  à  la 
France,  en  sacrifiant  certaines  des  prétentions  chères  au  grand  roi.  La  cause 
des  Stuarts  qu'il  avait  si  longtemps  &  si  vainement  soutenue,  fut  aban- 
donnée; l'Angleterre  commença  l'envahissement  des  possessions  françaises 
d'Amérique,  en  se  faisant  adjuger  l'Acadie  Se  Terre-Neuve  8<.  s'assura  deux 
points  maritimes  importants  de  la  Méditerranée  par  l'acquisition  de  Gibraltar 
&  de  Minorque. 

Philippe  V,  reconnu  roi  d'Espagne,  mais  dépouillé  du  royaume  de  Naples, 
de  la  Sardaigne,  du  Milanais,  de  Mantoue  8<  des  Pays-Bas  livrés  à  l'Empire, 
dépouillé  aussi  de  ses  droits  à  la  couronne  de  France,  perdit  la  reine  Marie- 
Louise  le  14  février,  &,  dans  le  courant  de  la  même  année,  grâce  à  l'in- 
tervention du  cardinal  Albcroni,  épousa  Elisabeth  Farnèse,  héritière  de 
Parme,  de  Plaisance  &  de  Toscane.  La  nouvelle  reine  d'Espagne  traversa  le 
Languedoc  pour  se  rendre  dans  ses  Etats.  Elle  arriva  à  Toulouse  le  18  no- 
vembre 1714,  6<  en  partit  le  22.  Avec  elle  se  trouvaient  la  princesse  de 
Piombino,  M.  de  los  Balbases,  ambassadeur  de  la  cour  de  Madrid,  8c  M.  des 
Granges.  La  ville  leur  offrit  les  présents  accoutumés.  La  reine  habita  l'arche- 
vêché, à  la  porte  duquel  douze  de  ses  gardes  firent  sentinelle,  pendant  tout 
son  séjour,  avec  le  capitaine  &  le  lieutenant  du  guet.  Elle  alla,  avec  sa  suite, 
qui  remplissait  quinze  chaises  à  porteur,  visiter  l'église  Saint-Sernin.  Les 
capitouls  avaient  fait  disposer  des  flambeaux  de  cire  blanche  dans  les  caveaux 
de  l'église  abbatiale,  où  la  princesse  parcourut  les  diverses  chapelles  8i  rendit 
ses  hommages  aux  reliquaires  des  apôtres  8c  des  martyrs^. 

Dès  le  milieu  de  l'année  I7i3,  la  Province  avait  été  délivrée  de  l'occupa- 
ti.)ii  militaire  qui  ajoutait  à  toutes  ses  charges.  Le  syndic  général  Joubert 
s'éiant  trouvé  à  Paris  au  moment  où  avait  lieu  la  publication  de  la  paix  avec 
l'Angleterre,  la  Hollande  8c  la  Savoie,  s'était  empressé  de  mettre  l'occasion  U 

'  Recueil  des  éJits  &  arrêts  Je  Languedoc,   an-  '  Arclilvos  de  Toulouse.  Annales  manuscrites. 

née  I71-4- 


1714 


'7M 


904  rrUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

profit  pour  solliciter  rallégeinent  de  dépenses  ordonnées  pour  la  sûreté  du 
pays  &  devenues  inutiles  grâce  à  la  fin  de  la  guerre.  L'archevêque  de  Nar- 
bonnc,  le  duc  de  Roquelaure  St  Bâville  écrivirent  à  la  Cour  dans  le  même 
sens.  Le  Languedoc  fut  dès  lors  déchargé  de  l'entretien  de  vingt-trois  com- 
pagnies de  fusiliers  qui  étaient  à  sa  solde,  du  supplément  payé  à  dix  autres 
compagnies  qui  étaient  à  la  solde  du  roi,  de  la  garde  des  passages  du  Rhône, 
de  l'entretien  de  trois  compagnies  gardes-côtes  &c  de  la  dépense  des  fourrages 
du  marquis  de  I,alande.  Les  ordres  envoyés  par  le  duc  de  R.oquelaure  ayant 
été  rapidement  exécutés,  tous  ces  trais  cessèrent  dès  le  mois  de  juin,  ce  qui 
valut  aux  finances  provinciales  une  économie  de  plus  de  cent  onze  mille 
livres.  Le  président  des  Etats,  le  commandant  en  chef  &  l'intendant  déclarè- 
rent même  à  la  Cour  que  l'on  pouvait  éloigner  la  cavalerie  sans  danger,  les 
troupes  d'infanterie  suffisant  à  maintenir  la  tranquillité  publique.  L'assem- 
blée leur  vota  des  remerciements  pour  cette  démarche  &  sollicita  la  supprcs- 
sioif  des  frais  que  la  Province  était  obligée  de  faire  pour  l'entretien  de  quatre 
compagnies  du  régiment  de  Languedoc  '. 

Les  malheurs  du  temps  avaient  fait  négliger  l'érection  de  la  statue  équestre 
de  Louis  XIV  votée  par  les  Etats  au  moment  de  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes.  Dans  la  séance  du  4  décembre  1714,  l'archevêque  de  Narbonne 
rappela  que,  depuis  bien  des  années,  le  bronze  attendait  à  Paris,  dans  un 
magasin  loué  aux  frais  de  la  Province,  la  cérémonie  d'inauguration.  La 
guerre,  disait-il,  ayant  toujours  agité  le  royaume,  on  n'avait  pu  répondre  à 
l'empressement  des  peuples  du  Languedoc  en  faisant  conduire  chez  eux  cette 
statue,  tant  à  cause  de  la  dépense  que  des  périls  de  la  mer  par  où  l'on  était 
contraint  de  la  faire  voiturer.  Mais  enfin,  le  roi  ayant  forcé  ses  ennemis  à 
recevoir  une  paix  que  quelques  avantages  passagers  leur  avaient  fait  refuser 
contre  leurs  propres  intérêts,  il  n'existait  plus  d'obstacle  pour  empêcher 
l'érection  de  ce  monument  d'amour  dont  les  peuples  se  disputaient  à  l'envi 
la  possession.  L'assemblée  décida  par  acclamation  que  l'archevêque-président 
était  humblement  supplié  de  profiter  de  son  voyage  à  la  Cour  pour  ordonner 
le  transport  de  la  statue  à  Montpellier  &  pour  faire  travailler  à  un  piédestal 
de  marbre  avec  ornements  de  bronze.  En  même  temps,  les  États  ouvrirent 
un  concours  pour  la  composition  des  inscriptions  qui  devaient  décorer  ce 
piédestal,  offrant  deux  médailles  d'or,  de  cinq  cents  livres  chacune,  au 
rédacteur  du  meilleur  texte  latin  &  français  qu[  serait  jugé  tel  par  l'Aca- 
démie royale  des  inscriptions. 

L'archevêque  de  Narbonne  avait  agité  devant  les  Etats  la  question  de 
"avoir  laquelle  des  deux  langues  devait  être  adoptée.  «  ly'usage,  disait-il, 
'«■'  est,  dans  ces  occasions,  d'employer  une  langue  morte  dont  la  nôtre  s'est 
•V  enrichie;  mais  l'honneur  de  cet  empire,  la  grandeur  du  roi  qui  a  porté  sa 
.<  gloire  si  haut,  mérite  bien  qu'à  l'exemple  des  Romains  nous  employions 
t>   notre    langue   naturelle  à   faire    passer  à   la    postérité    la   mémoire  de  ses 

'  Pioccs-verbal  ici  Et.its  de  Languedoc.  Séance  du  21  novembre  itiS. 


LIV.   III.   REVOCATION  DE  L'ÊDIT  DE  NANTES. 


QOJ 


1714 


«  exploits,  puisque  d'ailleurs  cette  même  langue  est  devenue  presque  celle 
«  Je  toutes  les  nations  de  la  terre'.  » 

Pendant  le  printemps  de  l'année  17  i5,  la  ville  de  Toulouse  fut  agitée  de 
quelque  émotion,  au  sujet  de  l'établissement  d'un  droit  sur  les  farines, 
substitué  à  l'impôt  que  l'on  appelait  taille  d'industrie  &  qui  frappait  surtout 
les  artisans.  Cette  conversion  avait  été  demandée  au  contrôleur  général, 
mais  donnait  lieu  à  beaucoup  de  contradictions,  puisque  les  conseils  de  ville 
la  dénonçaient  comme  favorisant  surtout  les  ricbes,  &  que  l'intendant  la 
disait  inventée  dans  l'intérêt  du  menu  peuple.  On  s'attendait,  paraît-il,  à 
quelque  résistance  de  la  part  des  capitouls,  car  l'attention  que  mettait  le  con- 
trôleur général  à  leur  expliquer  que  l'affaire  avait  été  discutée  avec  beaucoup 
de  soin  S\  que  le  roi  s'attendait  à  trouver  en  eux  toutes  les  dispositions  néces- 
saires, n'est  pas  sans  témoigner  d'une  certaine  appréhension'. 

Quand  les  commis,  chargés  de  la  perception  du  nouveau  droit,  voulurent 
se  faire  installer,  il  y  eut  une  petite  émeute  de  femmes.  Bàville  se  plaignit 
(|uc  le  corps  municipal  n'eût  pas  montré  dans  cette  conjoncture  la  décision  & 
la  franchise  désirables.  Se  manifesta  que  la  volonté  absolue  du  gouvernement 
était  de  faire  lever  le  droit  sur  les  farines,  que  le  duc  de  Roquelaure  avait 
donné  des  ordres  pour  mettre  deux  régiments  de  cavalerie  à  la  disposition  du 
premier  président,  &  que,  si  cela  ne  suttisait  point,  lui-même  était  prêt  à 
marcher  sur  Toulouse  en  si  bonne  compagnie  que  la  ville  en  pourrait  être 
incommodée^.  Devant  des  déclarations  aussi  catégoriques,  le  mauvais  vouloir 


■  Proccs-verli.il  cl;s  Éiais  Je  Ln^ig.icJo-.  Scnnce 
du  4  décembre  1714. 

'  Lettre  de  M.  Drsimrets  aux  cnpito.ils,  con- 
cernant le  droit  sur  les  fjrines  : 

t  A  Versailles,  ce  2'  mars  1715. 

Il  Messieurs,  les  mémoires  &  pièces  qui  m'ont 
c;t^  remises  sur  la  proposition  de  convertir  en  un 
droit  de  subvention  sur  les  farines  la  taille  d'in- 
dustrie, ont  esté  rapportées  au  conseil  dans  toute 
leur  estendue;  Sa  Majesté,  après  avoir  pezé  les 
r.iisons  alléguées  de  part  Se  d'autre,  a  trouvé  à 
propos  de  se  déterminer  en  faveur  de  cette  conver- 
sioii,  qu'elle  a  regardée  comme  une  chose  avanta- 
g:.ise  pour  le  public,  sans  estre  à  charge  aux  par- 
ticuliers; je  croy  pouvoir  vous  dire  que  l'affaire  a 
est;  discutée  avec  beaucoup  d'attention;  &  comme 
Sa  Majesté  ne  l'a  décidée  qu'en  grande  connois- 
sancc  de  cause.  Elle  est  persuadée  que  vous  appor- 
terez de  vostre  part  toutes  les  dispositions  néces- 
saires pour  l'exécution  de  l'arrcst  qui  vient  d'estre 
expédié  &  que  j'envoye  à  M.  de  Basvillc.  Je  suis, 
Messieurs,  vostre  bien  humble  &  très  affectionné 
sirvitîur,  DESMAr.iïTS'.  » 

'  La   lettre  de  Biville  est  trop  curieuse,  comme 

'  Ar;:liivcs  de  Toulouse.  7'  lit rc  des  arn'ls,  f»  Iio. 


exemple  du  ton  impérieux  des  intendants  à  l'égard 
des  officiers  municipaux,  pour  que  nous  n'en  re- 
produisions pas  ici  le  texte  : 

«  Messieurs,  j'ai  appris  ce  qui  est  arrivé  k  Tou- 
loiize  sur  l'établissement  du  droit  des  farines  par 
votre  lettre  du  29  de  ce  mois,  81  par  un  courrier 
que  le  fermier  m'a  envoyé.  Je  suis  fort  surpris 
q:e  vous  n'aies  pas  trouvé  le  moien  de  faire  taire 
une  trentaine  de  femmes  assemblées.  On  ne  peut 
pas  croire  que  cette  émeute  soit  venue  ny  des  mar- 
chands ny  des  artisans,  puisque  cette  affaire  a  été 
fille  pour  eux.  Ce  sont  donc  des  femmes  de  la  lie 
du  peuple  à  qui  l'on  a  à  faire,  suscitées  apparem- 
ment par  de  mauvais  esprits  qui  ne  veulent  &  ne 
connoissent  point  le  véritable  bien  de  la  ville. 
Je  croy  que  si  vous  eussies  voulu  vous  donner 
vous  même  la  peine  d'installer  ces  commis,  comme 
il  étoit  de  l'ordre,  le  désordre  ne  seroit  pas  arrivé. 
Votre  présence  eût  imposé  à  ce  menu  peuple,  ils 
auroicnt  connu  que  cet  établissement  étoit  fait 
par  une  autorité  légitime.  Il  m'a  paru  un  peu 
extraordinaire  que  vous  souhaities  connoître  en 
première  instance  de  cette  affaire,  &  que  vous 
n'aies  pas  voulu  en  faire  l'établissement.  Je  n'ay 
pas  été  moins  surpris  que  vous  n'aies  envoyé 
qu'un  lieutenant  &  quatre  soldats  quand  vous 
vous  êtes  aperçus  de  la   moindre  émotion  ;   il   fal- 


~ 906  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

des  capîtouls  ne  pouvait  durer;  aussi,  peu  de  temps  après,  l'intendant  les 
félicitait-il  de  l'empressement  &  du  zèle  qu'ils  avaient  mis  à  s'acquitter  de 
leur  devoir. 

Un  des  derniers  actes  du  gouvernement  de  Louis  XIV,  qui  exprime  bien 
la  tristesse  8c  le  découragement  de  cette  fin  de  règne,  est  la  déclaration, 
donnée  à  Marly,  le  9  juillet  17 15,  ordonnant  le  maintien  de  la  capitation 
du  dixième,  tout  en  révoquant  les  traités  faits  pour  finances  d'offices,  &  les 
taxes  pour  réunion  d'offices  en  vertu  d'édits  antérieurs  à  l'année  17 13. 

Le  préambule,  empreint  d'une  dignité  mélancolique,  offre  comme  une 
sorte  de  compte-rendu  sommaire  de  l'état  des  finances.  Depuis  qu'il  a  plu  à 
la  divine  Providence  d'accorder  la  paix  à  ses  vœux  &  à  ceux  de  ses  peuples, 
le  roi  a  été  principalement  8<  presque  uniquement  occupé  du  soin  de  sou- 
lager ses  sujets.  Son  premier  acte  fut  de  les  décharger  de  l'ustensile  81  des 
autres  impositions  militaires;  il  a  ensuite  supprimé  le  doublement  des  péages, 
les  doubles  droits  des  inspecteurs  des  boiicheries  8c  des  inspecteurs  des  bois- 
sons 8c  divers  autres  droits  qui  lui  ont  paru  les  plus  onéreux;  il  s'était 
proposé,  pour  taire  goûter  à  ses  peuples  les  fruits  de  cette  paix  si  désirée,  de 
supprimer  la  capitation,  même  le  dixième,  n'en  ayant  ordonné  l'imposition 
qu'après  avoir  fait  toutes  les  avances  8c  toutes  les  démarches  qui  prouvaient  le 
plus  sensiblement  à  ses  sujets  qu'il  préférait  leur  repos  à  ses  propres  intérêts; 
mais  après  l'examen  des  dettes  immenses  qu'il  s'était  vu  forcé  de  contracter 
pendant  deux  guerres  consécutives,  dont  la  durée  a  été  de  vingt-cinq  ans, 
presque  sans  interruption,  il  reconnaissait  avec  douleur  qu'il  ne  pouvait 
encore  remplir  selon  ses  souhaits  la  juste  attente  de  ses  peuples  ni  la  pro- 
messe exprimée  dans  la  déclaration  du  12  mars  1701  contenant  le  rétablisse- 
ment de  la  capitation,  8c  dans  celle  du  14  octobre  17 10  ]5our  la  levée  du 
dixième,  sans  tomber  dans  un  plus  grand  mal,  puisque,  en  faisant  cesser 

lolt  y  aller  vous  même  &  y  mener  toute  la  com-  voulu  que  son  avantage  &  luy  procurer  du  bien 
pagnie  du  guet.  Elle  n'est  faite  que  pour  cela,  &  autant  qu'il  a  été  possible;  je  serois  fâché  qu'il 
c'est  ainsy  que  l'on  apaise  de  pareils  mouvemens.  fallût  prendre  une  autre  conduite.  J'ai  mandé  au 
Vous  êtes  trop  habiles  &  trop  bien  intentionnés  sieur  Flottes  &  ses  associés  que  de  concert  avec 
pour  ne  pas  trouver  le  moien  de  mettre  à  la  rai-  vous  ils  retournassent  dans  leur  établissement 
son  quelques  femmes  mutinées.  Vous  aves  une  aux  moulins;  je  les  ay  assurés  que  je  les  soutien- 
compagnie  entière.  Si  vous  aves  besoin  d'une  plus  drois,  Ce  qu'il  y  a  à  faire,  c'est  de  punir  quelques 
grande  main  forte,  vous  h'aves  qu'à  prendre  des  femmes,  les  laquais  &  les  porteurs  de  chaise,  s'il 
milices  bourgeoises  de  Toulouse,  composées  de  est  vray  qu'il  y  en  ait  eu  dans  cette  cohue.  Le 
marchands  &  d'artisans,  qui  marcheront  de  bon  Parlement  a  fait  dans  cette  occasion,  comme  il 
cœur,  puisque  c'est  pour  leur  interest.  J'ai  mandé  fait  toujours,  avec  beaucoup  de  sagesse  &  de  zèle 
au  prévôt  de  tenir  sa  compagnie  preste  Std'exécu-  pour  le  bien  public,  &  voudra  sans  doute  faire 
ter  tout  ce  que  vous  luy  ordonneres.  Si  tout  cela  exécuter  son  arrest.  Pour  exécuter  de  ma  part 
ne  suffit  pas,  M.  le  duc  de  Roquelaure  envoie  à  celuy  du  conseil  qui  m'a  commis  pour  cette  affaire, 
M.  le  premier  président  les  ordres  pour  faire  j'envoie  une  ordonnance  à  M.  Bousquet.  J'espcie 
marcher  deux  régimens  de  cavalerie  à  Toulouse  que  tout  se  passera  de  manière  que  l'on  n'entendra 
qui  sont  dans  le  haut  Languedoc  &  le  prie  de  plus  parler  des  suites  de  cette  petite  émeute  qui 
s'en  servir  suivant  sa  prudence.  Si  ce  n'est  pas  demande  néanmoins  toute  votre  attention  &  vos 
assés,  je  suis  prest  à  y  marcher  moy  même,  mais  soins.  —  A  Montpellier,  ce  3i  may  lyiû'.» 
en  si  bonne  compagnie,  que  je  crains  que  la  ville 
de  Toulouze  n'en  soit  incommodée.  Je  n'ay  jamais  ■  Archives  de  Toulouse.  CorrcsponJance  des  intendants. 


LÎV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  907 

ces  deux  impositions,  on  ne  pouvait  éviter  de  manquer  en  même  temps  à 
tous  les  engagements  pris  envers  ceux  qui  ont  fourni  leurs  biens  pour  les 
dépenses  de  la  guerre.  On  devait  juger  aisément  à  quel  point  la  stérilité 
des  années  1709  &  1710  8<  les  tristes  événements  de  la  guerre  avaient  dû 
jiorter  ces  engagements,  si  l'on  considérait  qu'il  avait  fallu  pourvoir  à  la 
solde  des  troupes,  à  l'établissement  des  magasins  pour  la  subsistance  des 
armées,  8t  à  toutes  les  autres  dépenses  indispensables,  trois  fois  plus  fortes 
dans  ces  temps  malheureux  que  dans  les  années  communes  &  ordinaires. 

Personne  ne  pouvait  ignorer  que,  pour  ménager  ses  peuples  dans  ces  péni- 
bles conjonctures,  le  roi  avait  aliéné  ses  domaines,  créé  un  grand  nombre 
d'offices  &  constitué  des  rentes  sur  les  revenus  les  plus  clairs  de  sa  couronne  : 
ces  revenus  se  trouvaient  enfin  tellement  chargés  que  la  partie  restée  libre 
ne  pouvait  suffire  qu'au  tiers  des  dépenses  les  plus  nécessaires  de  l'Etat,  8t 
comme  il  jugeait  également  de  son  intérêt  Se  de  celui  de  ses  peuples  de 
rétablir  les  revenus  ordinaires  de  la  couronne  &  de  pourvoir  au  payement  des 
dettes,  après  avoir  cherché  les  moyens  d'y  parvenir,  il  avait  cru  ne  pouvoir 
trouver  de  ressource  plus  assurée  que  dans  le  cœur  de  ses  sujets,  persuadé 
qu'ils  ne  se  porteraient  pas  avec  moins  de  zèle  à  fournir  les  impositions 
nécessaires  pour  le  rétablissement  des  finances  pendant  la  paix,  qu'ils  ne 
l'avaient  fait  pendant  la  guerre  pour  en  soutenir  les  charges.  De  sa  part,  le 
roi  se  proposait  de  réduire  les  dépenses  &  d'employer  ce  qui  proviendrait  de 
la  capitation  Se  du  dixième,  à  payer  les  dettes  contractées  pour  la  guerre,  Se  à 
rembourser  les  officiers  devenus  à  charge  à  ses  sujets  par  les  privilèges  Se  les 
exemptions  qui  leur  avaient  été  attribués,  afin  de  parvenir  à  vine  juste  pro- 
portion de  la  recette  à  la  dépense.  Se  de  pouvoir  ensuite  soulager  ses  peuples 
autant  que  son  affection  pour  eux  Se  la  satisfaction  du  zèle  par  eux  témoigné 
pour  son  service  pendant  toute  la  guerre,  le  lui  faisaient  désirer.  En  ordon- 
nant la  levée  de  la  capitation  Se  du  dixième,  le  vieux  souverain  ajoutait  que 
son  intention  "était  de  faire  cesser  ces  deux  impôts  aussitôt  qu'il  aurait  pu 
pourvoir  au  payement  des  dettes  de  la  guerre  Se  au  dégagement  des  revenus 
aliénés  depuis  l'année  1689,  Se  qu'il  n'avait  rien  plus  à  cœur  que  de  trouver 
le  moyen  de  les  éteindre  Se  d'en  décharger  entièrement  ses  peuples  '. 

Nous  ne  connaissons  pas  de  témoignage  plus  éloquent  sur  la  détresse  glo- 
rieuse du  règile  de  Louis  XIV,  que  cette  espèce  de  confession  testamentaire, 
arrachée  au  monarque,  après  un  règne  si  long  Se  rempli  de  tant  d'événements 
mémorables.  Ce  dernier  aveu,  ce  désir  stérile  de  réduire  les  dépenses  quand 
il  ne  reste  plus  rien  à  dépenser,  est  comme  une  amende  honorable  du  gou- 
vernement absolu,  à  l'article  de  la  mort. 

Le  26  août  1710,  Jean  de  Balbaria,  député  de  la  ville  de  Toulouse  h.  la 
Cour  de  France,  qui  était  à  Paris  depuis  le  mois  de  mai,  poursuivant  diverses 
instances  auprès  des  ministres,  écrivit  aux  capitouls  :  «  Je  crains  que  l'extré- 
«   mité  où  est  la  santé  du  roi,  dont  on   n'espère  rien,  éloignera  toutes  nos 

'  ArchWei  de  Toulouse.  Recueil  d'imprimés,  IV,  p.  ^^p. 


lyiS 


171a 


908  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  affaires.  On  a  ordonné  des  prières  pour  aujourd'lniy  seulement.  J'ai  assisté 
«i  à  un  salut.  Je  gémis  de  son  état;  prions  pour  lui...  » 

Six  jours  après,  le  1"  septembre,  à  huit  heures  du  matin,  les  portes  de  la 
chambre  &  de  l'antichambre  du  roi  s'ouvrirent  à  deux  battants,  Se.  la  nouvelle 
fut  donnée  au  monde  que  Louis  XIV  avait  cessé  de  régner.  Le  député  de 
Toulouse  recueillit  minutieusement  toutes  les  circonstances  grandes  &  petites 
qui  accompagnèrent  ce  mémorable  événement,  pour  en  transmettre  le  détail 
aux  membres  du  corps  de  ville.  Il  leur  raconta  comment  le  jeune  roi 
Louis  XV,  souffrant  d'un  dérangement  d'entrailles,  causé  par  deux  grosses 
dents  qui  venaient  de  percer,  avait  été  conduit  à  Marly;  comment  le  clergé 
prit  les  devants  pour  aller  l'y  complimenter,  le  lendemain  de  la  mort  de  son 
bisaïeul,  8<.  le  Parlement  le  surlendemain;  comment  le  prince  trépassé  devait 
demeurer  encore  quelques  jours  à  Versailles,  gardé  &  servi  comme  s'il  cTit 
été  vivant,  selon  les  prescriptions  du  cérémonial. 

Il  vit  le  duc  d'Orléans  se  rendre  au  Parlement  de  Paris  pour  y  demander 
l'enregistrement  de  sa  régence  &  se  faire  reconnaître.  «  Le  duc,  dit-il,  est 
«  allé  au  palais,  entrant  par  la  porte  de  la  conférence,  le  long  du  quai  du 
«  Louvre,  jusques  au  pont,  du  pont  à  la  place  Dauphine,  où  les  gardes 
«  françoises  &  suisses  l'attendoient  ;  elles  occupoient  la  rue  qui  traverse  au 
«  quai  des  Orfèvres  &  la  cour  de  la  Sainte-Chapelle.  Les  cent  suisses  Se  douze 
«  de  ses  gardes,  car  il  étoit  précédé  par  douze  autres  à  cheval,  avec  ses  pages, 
((  étoient  au  pied  de  ce  perron  jusques  à  la  chapelle  où  il  a  entendu  la 
<(  messe,  après  laquelle  il  a  traversé  les  galeries,  la  salle  du  palais.  Se  a  été 
«  reçu  à  la  grand'chambrc.  Personne  n'a  paru  si  gracieux,  répondant  en 
«  passant  à  tous  les  souhaits  que  les  officiers  &  les  gentilshommes  qualifiés 
<(  qui  se  sont  rangés  sur  son  passage  lui  faisoient.  M.  le  duc  du  Maine  Si 
<(  M.  le  comte  de  Toulouse  étoient  très-affligés  avec  raison  ;  ils  trouvent  des 
«  traverses  sur  tous  les  droits  que  M.  le  duc  du  Maine  croyoit  les  plus 
i'  incontestables.  » 

Pjalbaria  décrivait  ensuite  l'ordre  des  préséances  dans  le  carrosse  du  rép-ent: 
Monsieur  d'Orléans,  au  fond,  avec  son  fils  le  duc  de  Chartres  &  M.  le 
prince,  petit-fils  du  grand  Condé;  vis-à-vis,  le  prince  de  Charolais,  le 
prince  de  Conti  &  le  duc  du  Maine;  à  la  première  portière  le  comte  de  Tou- 
louse, à  la  seconde  le  capitaine  des  gardes  du  régent.  Quand  le  carrosse  a 
paru,  la  garde  a  battu  aux  champs  comme  pour  le  roi.  Monsieur  d'Orléans 
est  entré  à  neuf  heures  &  demie,  sorti  à  une  heure.  Le  duc  du  Maine  &  le 
comte  de  Toulouse  l'ont  quitté;  le  reste  de  la  troupe  l'a  accompagné  au 
Palais-Royal  où  il  a  donné  à  dîner;  il  a  fait  jeter  de  l'or  8c  de  l'argent,  en 
sortant  du  palais,  au  bout  du  pont,  dans  la  rue  Saint-Honoré  &  au-devant 
du  Palais-Royal.  Après  dîner,  il  est  retourné  au  palais  pour  régler  tout,  Se 
principalement  les  contestations  avec  le  duc  du  Maine. 

La  querelle  du  régent  &  des  princes  légitimés,  aussitôt  qu'elle  fut  connue, 
mit  en  grand  émoi  tout  le  monde  politique  du  Languedoc  8t  cette  foule  de 
clients  qui    recouraient  au  gouverneur  comme  au   dispensateur  des  grâces. 


LIV.   III.   RÉVOCATION  DE  L'ÉDIT  DE  NANTES.  909 

L'autorité  de  ce  protecteur  qui  ne  visitait  jamais  la  Province,  mais  qui  en 
recevait  tous  les  courtisans  clans  son  cabinet,  eût  i^ris  en  ettet  un  accroisse- 
ment considérable,  si,  comme  l'avait  prescrit  le  testament  de  Louis  XIV, 
la  garde  du  jeune  roi,  &  le  commandement  des  forces  militaires,  distincts  de 
la  régence,  avaient  été  confiés  au  fils  de  Madame  de  Montespan,  assisté 
du  maréchal  de  Villeroi.  Mais  dès  le  2  septembre,  les  bruits  de  la  Cour 
annonçaient  qu'il  ne  serait  guère  tenu  compte  de  ces  dispositions.  Balbaria, 
qui  s'en  fait  l'écho,  donne  sur  l'état  de  l'opinion  des  informations  intéres- 
santes. 

On  sait  déjà  que  Monsieur  d'Orléans  prétend  donner  l'ordre  pour  la  garde 
du  roi,  ce  qui  n'est  point  contesté.  St.  l'emplacement  de  cette  garde,  comme 
conséquence.  Monsieur  du  Maine  avoue  que  le  régent  doit  ordonner  la  garde, 
en  fixer  le  nombre  &  donner  le  mot  du  guet,  mais  que  lui-même  étant  chargé 
de  la  garde  Se  de  la  personne  du  roi,  doit  placer  8<.  disposer  les  postes  aux 
endroits  qu'il  jugera  convenable  pour  la  plus  grande  sûreté  du  royal  enfant, 
suivant  la  mission  qui  lui  en  a  été  confiée  8c  recommandée. 

De  son  côté.  Monsieur  le  prince  proteste  énergiquement  contre  l'attribu- 
tion de  la  tutelle  &  garde  noble  au  duc  du  Maine.  Le  roi  défunt  n'a  pu 
disposer  de  cette  charge  au  préjudice  du  vrai  titulaire.  Les  lois  qui  permet- 
tent aux  ascendants  de  donner  des  tuteurs  à  leurs  descendants  pupilles,  sont 
bonnes  pour  les  particuliers  &  pour  les  sujets,  S<  non  pour  les  princes,  dont 
les  droits  sont  réglés  par  les  rangs.  Les  eniants  légitimés  ne  peuvent  enlever 
les  droits  dus  aux  membres  de  la  famille.  On  ajoute  «  plusieurs  autres  raisons 
«  désagréables  »  par  lesquelles  on  prétend  prouver  que  le  duc  du  Maine  «  ne 
«  peut  pas  absolument  penser  à  cette  place.  )> 

Les  ducs  ne  se  sont  pas  trouvés  à  la  réception  du  régent,  parce  qu'ils 
repoussent  la  validité  des  déclarations  données  par  Louis  XIV  en  taveur  de 
ses  enfants  naturels.  Déclarer  des  bâtards  habiles  à  succéder  à  la  couronne  Se 
leur  donner  rang  après  les  princes,  est  un  eftet  d'autorité  &  de  puissance  £< 
non  de  justice  Se  de  raison.  Les  ducs  ont  protesté  contre  cet  acte  au  moment 
où  il  s'est  accompli,  S<.  ne  l'eusscnt-ils  pas  fait,  leur  droit  n'en  serait  pas 
diminué.  Un  an  s'est  à  peine  écoulé  depuis  que  le  roi  défunt  leur  a  fait  cette 
violence  Se  comprimé  leur  opposition  par  la  crainte.  Il  faut  examiner  si  la 
chose  est  possible  en  soi  Se  ne  la  pas  juger  légale  parce  qu'elle  a  été  faite. 
<i  Par  complaisance,  on  a  dit  que  le  législateur  étoit  au-dessus  de  la  loi,  mais 
«  en  même  temps,  pour  faire  sentir  qu'il  y  avoit  complaisance  Se  pour  donner 
«  une  plus  grande  idée  de  la  souveraineté,  on  a  ajouté  que  les  princes  dévoient 
«  agir  Se  vivre  selon  les  lois.  Les  lois  réprouvent  ce  que  le  roi  a  fait.  Se  par 
«  conséquent  on  ne  doit  avoir  aucun  égard  à  des  édits  ou  déclarations  que  la 
«  volonté  Se  la  prévention,  8e  non  la  justice,  ont  donnés.  » 

Vn  comnuini(|uant  à  ses  collègues  ces  rumeurs  de  la  Cour  Se  du  palais,  le 
prudent  député  n'enviait  pas  le  sort  des  parlementaires  parisiens  chargés  de 
résoudre  le  problème.  «  Voilà,  Messieurs,  disait-il,  des  questions  qui  embar- 
«  rasseront  messieurs  les  juges.  Je  suis  assuré  que   plusieurs  seroient  bien 


171  j 


17I.J 


>;îO  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

n  aises  d'être  officiers  ailleurs  5c  de  ne  pas  se  trouver  en  de  pareilles  situa- 
«   tiens  ' .  I) 

La  lettre  officielle  de  communication  de  la  mort  du  roi  aux  grands  corps 
&  aux  villes  capitales  des  provinces,  datée  de  Versailles  le  4  septembre,  repro- 
duisit, à  peu  près  dans  les  mêmes  termes,  celle  qui  avait  été  écrite  sur  la 
mort  de  Louis  XIIL  On  y  avait  intercalé  seulement  cette  phrase,  afin  de 
rappeler  la  majesté  des  derniers  moments  du  roi  :  «  Il  a  fini  sa  vie  avec  la 
«  piété  Se  la  fermeté  qu'on  devait  attendre  d'un  aussi  grand  prince*.  »  On 
n'avait  pas  eu  à  modifier  le  passage  relatit  à  l'âge  du  nouveau  roi,  car  Louis  XV 
commençait  de  régner  à  cinq  ans. 

Trois  jours  après,  Balbaria  faisait  savoir  à  Toulouse  que  les  deux  grosses 
dents  du  royal  enfant,  continuant  de  l'inquiéter^  avaient  donné  lieu  de 
contremander  le  premier  lit  de  justice,  quoique  toutes  les  dispositions  eussent 
été  prises,  les  gardes  françaises  &  suisses  rangées  depuis  la  porte  de  la  Confé- 
rence jusques  au  palais,  8c  les  compagnies  des  mousquetaires,  gendarmes, 
chevau  légers,  gardes  du  roi 3,  Si  la  garde  de  la  ville  à  pied  Se  à  cheval, 
échelonnées  entre  Paris  Se  Versailles.  On  ignorait  encore  quel  jour  verrait 
porter  le  corps  de  Louis  XIV  à  Saint-Denis,  mais  le  bruit  courait  qu'on  né 
devait  pas  observer  exactement  le  cérémonial  8c  que  l'on  anticiperait.  L'opi- 
nion publique  se  montrait  favorable  au  duc  d'Orléans  :  «  Monsieur  le  régent 
u  travaille  sans  relâche  à  soulager  le  peuple;  on  se  flatte  qu'il  ménagera  des 
«  fonds  pour  révoquer  l'édit  de  la  capitation.  Il  a  commencé  une  réforme 
0  dans  la  maison  du  roi  qu'il  veut  mettre  sur  le  pied  de  la  minorité  de 
«  Louis  XIV.  Dieu  le  conserve '^.  » 

Le  député  ne  manqua  point  d'assister,  le  9  septembre,  jour  même  où  le 
testament  de  Louis  XIV  avait  été  cassé  par  le  Parlement  de  Paris,  à  la  pompe 
funèbre  du  grand  roi.  On  lui  dit  que  cette  cérémonie  était  loin  d'avoir  la 
magnificence  des  funérailles  de  Louis  XIII.  Il  contempla  le  long  cortège  qui 

'  Xrchiyes  as  Toulouse.  Correspoitilance  des  ilclé-  pour    sortir    par    la    porte    Sairit- Antoine  •    cette 

/ruh  en  Cour,  p.  ïSy.  Lettre  du  z  septembre  lyiô.  marche  fut   sans   beaucoup  de  pompe;   il   n'avoit 

•Archives  deToulouse. /./VrerfeiCo/Mci/j, XXXVI,  pas   plus   de   cent   cinquante  gardes  avec   lui-   en 

P-  '3o.  sortant,  on   ne  tira   pas   le  canon, de  la   Bastille; 

'  Balbaria    revient  sur  ce  contre-ordre  dans  un  il  passa   incognito  iSc  arriva  à  Vincennes  près  de 

récit  annexé  à  sa  lettre  du   14  septembre  :  sept  heures  '.  » 

H  Le  mardi,  le  Roy  devoit  venir  au  Parlement,  •'  Archives  de  Toulouse.  Corrcsponilance  des  iéU- 
tout  étoit  mandé  :  les  gardes  françoises  &  suisses  j<ués  en  Cour,  p.  272.  Lettre  du  7  septembre  lyiô. 
occupoient  depuis  la  porte  de  la  Conférence  jus-  —  Dans  cette  même  lettre,  le  députe  de  Toulouse 
ques  au  palais,  &  les  cours  du  même.  Toute  la  écrit  ;  «  Je  pense,  &  mes  amis,  à  me  procurer 
maison  du  Roy  étoit  à  Versailles  pour  conduire  protection  auprès  de  M.  d'Orléans  auquel  la  ville 
le  Roy.  M.  de  Gesvre,  gouverneur  de  Paris,  avec  trouvera  à  propos  d'écrire.  Si  je  puis  lui  être  prè- 
le prcvost  des  marchands,  les  échevins,  les  officiers  sente,  je  n'oublierai  pas  ce  que  firent  vos  prédé-- 
de  ville  &  leur  garde  à  pied  &  à  cheval  étoient  cesseurs  l'année  dernière,  qui  curent  l'honneur  de 
au-devant  pour  le  recevoir  à  la  porte  ;  le  Roy  eut  lui  écrire  pour  lui  demander  sa  protection,  comme 
un  dévoiement,  &  on  donna  un  contre  ordre  &  en  pressentiment  de  sa  future  élévation,  malgré 
la  cérémonie  fut  renvoyée  au  samedi.  Le  samedi,  toute  la  poUtique  du  siècle  qui  l'improuvoiî  & 
autre  incommodité  qui  remit  le  départ  du  Roy  qui  le  faisoit  trouver  mauvais.  « 
pour  Vincennes  au  lundi;   il   partit  i  une  heure  .     ,. 

a,,','  .u  iLi  .„•  '  Arcluves  de  Toulouse.   Corrcsvondancs  Jcs  délégués 

81  airiva  a  quatre  heures  sur  le  boulevart  de  Pans  en  Cour,  p.  :;S!. 


LIV.   III.  REVOCATION  DE  LEDIT  DE  NANTES.  911 

partit  de  Versailles,  à  sept  heures  du  soir,  pour  conduire  le  corps  aux  caveaux 
de  Saint-Denis  :  tous  les  officiers  des  sept  offices  de  chez  le  roi  8<.  leurs  aides 
ou  valets;  les  grands  officiers,  les  compagnies  de  mousquetaires,  les  chevau- 
légers,  avec  les  carrosses  de  Madame,  de  M.  le  duc  d'Orléans,  de  Madame 
de  Conti,  de  M.  le  duc  du  Maine,  de  M.  le  comte  de  Toulouse,  les  gardes 
du  roi,  les  pages  de  la  grande  &  de  la  petite  écurie  avec  les  écuyers  à  la  tête, 
les  hérauts  d'armes  à  cheval,  les  cent  suisses  à  pied  vêtus  de  noir,  les  valets 
de  pied  autour  du  char  traîné  par  huit  chevaux,  caparaçonnés  depuis  la  tête 
jusqu'à  terre  de  velours  noir  avec  une  bande  de  moire  d'argent;  les  quatre 
grands  aumôniers  &  le  grand  écuyer  à  cheval  en  manteau  long;  le  carrosse 
de  M.  le  prince  St  du  cardinal  de  Soubise,  celui  du  père  Le  Tellier,  assisté 
de  deux  feuillants,  les  gardes  fermant  la  marche  Se  portant  tous  des  flambeaux 
de  cire  blanche. 

Lorsque  le  convoi,  passant  par  Saint-Cloud  &  le  bois  de  Boulogne,  parut 
dans  la  plaine  des  Sablons,  Balbaria  fut  frappé  du  caractère  étrange  de  cette 
cérémonie.  Un  peuple  infini  était  accouru  de  Paris  pour  assister  au  spectacle. 
On  y  comptait  trente  mille  carrosses  de  curieux,  sans  compter  les  piétons. 
Par  cette  belle  nuit  d'automne,  éclairée  d'une  lune  brillante,  la  pompe 
funèbre  était,  dit  le  député,  «  un  objet  lugubre  qui  inspiroit  peu  de  tris- 
tesse. »  On  apercevait  dans  la  plaine  plus  de  cinq  cents  danses  en  rond,  d'où 
s'élevaient  des  chansons  de  joie.  Les  mousquetaires  5t  les  gardes  chantaient 
aussi.  Le  contraste  entre  l'appareil  de  deuil,  les  fictions  de  l'étiquette  qui 
devaient  faire  encore  servir  le  roi  défunt  par  ses  officiers,  pendant  trente 
jours,  comme  s'il  eût  été  encore  en  vie,  &  ces  irrévérences  grossières  de  la 
foule  &  de  l'armée,  oftrait  aux  observateurs  intelligents  une  ample  matière  à 
réflexions'.  Singulier  épilogue  pour  un  règne  qui  avait  outfé  la  majesté  du 
pouvoir  souverain,  divinisé  la  personne  du  roi  Se  recommandé  ses  faiblesses 

'  Voici  dans  quels  termes  concis  &  enveloppés  l'attention    que   vous    y   donnerez    nous    sera    très 

la   cassation   du    testament  de  Louis  XIV  fut  an-  agréable;  8c  que  nous  nous  en   souviendrons  dans 

noncée  aux  capitales  des  provinces  :  les  occasions.    Ecrit  à  Vincennes   le   xii"  septem- 

c(  Très  chers  &  bien  amés,  nous  vous  avons  fait  bre  1715.    Louis,  w 

part  de  la  mort  du  Roy  notre  très  honoré  seigneur  Le  duc  du  Maine,  en   sa   qualité  de  gouverneur 

&   bisayeul  ;    le    lendemain,   tous    les    princes   de  du   Languedoc,  avait  accompagné  cette  missive  de 

notre  sang  &  les  Ducs  &  Pairs  de  notre  royaume  la    lettre    d'attache    suivante,    dont    la    sécheresse 

ont  été  en  notre  cour  de  Parlement  où  l'ouverture  affectée  ne  laisse  pas  que  d'être  expressive  : 

de  son  testament  a  été  faite.  Nous  nous  y  sommes  «   Messieurs   les  Capitoiils   de  la  ville  de  Tou- 

rendu    en    personne    aujourd'huy    &    nous    avons  louse,    cette    lettre    n'est    que    pour   accompagner 

déclaré   notre   très  cher  &  très  amé  oncle   le  duc  celle   du    Roy  que  vous    trouverez   cy   jointe,   par 

d'Orléans    régent  de   notre  royaume.  Nos  peuples  laquelle   Sa    Majesté   vous    donne    part    qu'elle   a 

doivent    attendre    toute    sorte    de    bonheur    &    de  déclaré  M.  le  duc  d'Orléans   régent   du    royaume. 

tranquilité  sous  la    régence  d'un   prince  qui  joint  Comme  vous  y  verrez  do  quelle  façon   vous  devez 

à  toutes  les  grandes  qualités  celles  qui  sont  néces-  vous  comporter  en  cette  occasion,  je  suis  persuadé 

saires  pour  soutenir  le  poids  des  affaires,  &  dont  que  vous  vous  y  conformerez  avec  votre  zèle  ordi- 

Dieu  bénira   sans  doute  les  soins;  &  comme  nous  nairc.  Je  suis,  Messieurs,  votre  meilleur  amy. 

nous  promettons  de  votre  fidélité  &  de  votre  affec-  „   Louis  Auguste  de  Bolklo.n  '.  » 

tion  au   bien   de  cet   Etat  que  vous  serez  toujours 

soigneux   de    contenir   nos   peuples   dans    l'obéis-  ,  ,     u-        j     t-     1  ,■        j      ^        .,     ,.,.,...., 

°  .  ,  .Archives  de  Toulouse.  lure  des  Conseils.  XXXVII, 

s.incc  qu'ils  nous  doivent,  nous  vous  assurons  que       p.  i;t;i. 


171J 


lyi  J 


912  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

mêmes  au  respect  des  peuples.  Celui  que  l'Eglise  avait  célébré  comme  un 
nouveau  Constantin  ou  comme  un  autre  Cliarlemagne  n'obtenait  pas  même 
pour  sa  dépouille,  nous  ne  disons  pas  les  regrets,  mais  le  silence  décent  qui 
honore  les  plus  modestes  funérailles,  Se  le  prince  qui,  un  an  auparavant, 
ordonnait  à  la  France  d'accepter  ses  enfants  naturels  pour  maîtres,  si  les 
héritiers  légitimes  faisaient  défaut,  arrivait  à  Saint-Denis  au  bruit  des  rondes 
6<.  des  chansons  de  soldats.  Ce  fut  dans  la  solitude  £<  au  milieu  de  l'indiffé- 
rence générale  que  le  corps  de  Louis  XIV  attendit,  suivant  les  ancienr.cs 
prescriptions  du  rituel  de  la  Cour,  l'heure  où  devait  se  refermer  sur  lui  la 
pierre  du  caveau  royal.  Tout  préoccupé  qu'il  était,  comme  la  masse  des  solli- 
citeurs, de  chercher  accès  auprès  des  puissances,  le  député  de  Toulouse  ne 
laissa  pas  que  d'être  impressionné  par  cet  abandon.  Il  écrivait  aux  gens  de  sa 
Province  :  «  Peu  vont  voir  ce  giand  roi,  qui  auroit  autrefois  excité  la  curio- 
«  site  de  tout  Paris'.  » 

'  AtlIiiy^i  i,  Xojluiii;.  Coiiiifoii.laïuc  Ja  dc'.Cj^uci  en  Cour,  p.  jSrt. 


?^^^^^?^^^^f^^^^?^^^^^m^m 


LIVRE  QUATRIEME 


LA     REGENCE     ET     LOUIS     XY 


CHAPITRE  PREMIER 


Philippe  d'OiIé.ins,  ragent  dii  royaume.  — "Espérances  des  protestants  &  des  jansénistes.  —  Retraite 
de  Gàville.  —  Loi.is  de  ttii-.nge,  intendant  de  Languedoc.  —  Conspiration  de  Cellamare.  —  Guerre 
d'Espagne.  —  Conséquences  du  système  de  Law  dans  la  Province. —  Peste  de  Marseille.  —  Échanges 
du  comte  de  Belle-Isle.  —  Epidémie  en  Gévaudan,  —  Cordon  sanitaire,  —  Majorité  du  roi. 


NOUS  avons  eu  déjà  l'occasion  de  signaler,  au  cours  de  cette  histoire, 
les  transformations  profondes  qui  s'opéraient  dans  l'État  6c  la  con- 
tradiction de  plus  en  plus  sensible  qui  se  produisait  entre  les  lois  8c 
les  mœurs.  Ces  phénomènes  devinrent  autrement  graves  lorsque  L-ouis  XIV 
eut  disparu.  Le  prestige  qui  demeurait  attaché  à  la  personne  du  grand  roi, 
malgré  ses  fautes  8c  ses  malheurs,  &c  qui  défendait  encore  son  œuvre,  ne  lui 
survécut  pas  d'un  jour,  8c,  lorsque  la  régence  commença,  la  réaction  ordi- 
naire, que  l'on  avait  observée  à  la  fin  de  tous  les  règnes,  fut  aggravée  à  la 
fois  par  l'épuisement  de  la  France,  par  la  fatigue  d'une  période  d'efforts 
continus  8c  par  la  déconsidération  du  pouvoir  souverain.  La  fiction  monar- 
chique faisait  monter  Louis  XV  sur  le  trône,  à  peu  près  à  l'âge  où  son 
bisaïeul  s'y  était  assis;  tout  en  réclamant  le  respect  des  peuples  pour  l'auto- 
rité idéale  dont  cet  enfant  se  trouvait  investi,  les  chefs  du  gouvernement  ne 
craignaient  pas  de  porter  atteinte  au  culte  de  la  royauté,  en  annulant  le  tes- 
tament de  Louis  XIV  8c  en  supprimant  le  conseil  de  régence  qu'il  avait 
institué. 

XIII.  58 


1713 


~^ —  914  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Philippe  de  Bourbon,  duc  d'Orléans,  régent  du  royaume,  dont  on  vantait 
l'esprit  éclairé,  l'humeur  libérale  S<.  les  intentions  généreuses,  &  que  l'on  se 
plaisait  à  considérer  comme  un  redresseur  de  torts,  destiné  à  réparer  les  excès 
d'une  administration  despotique,  débutait  donc  par  un  acte  d'usurpation  5  il 
écartait  les  conseillers  importuns  que  le  vieux  roi  lui  avait  imposés  &  se  faisait 
attribuer  le  pouvoir  absolu,  grâce  à  la  docilité  du  Parlement  de  Paris,  en 
protestant,  il  est  vrai,  du  dessein  de  soulager  les  peuples,  de  rétablir  le  bon 
ordre  dans  les  finances,  de  retrancher  les  dépenses  superflues,  d'entretenir  la 
paix  au  dedans  Se  au  dehors  du  royaume,  de  rétablir  l'union  &  la  tranquillité 
de  l'Église,  de  travailler  enfin,  avec  une  entière  application,  à  tout  ce  qui 
peut  rendre  un  Etat  heureux'. 

L'esprit  se  reporte  naturellement,  par  l'effet  de  certaines  analogies,  de  la 
régence  du  duc  d'Orléans  à  celle  d'Anne  d'Autriche.  Sous  la  monarchie 
absolue,  toutes  les  minorités  ont  des  points  communs.  Le  titulaire  de  l'auto- 
rité royale  étant  incapable  d'en  exercer  la  puissance,  prête  son  nom  aux  per- 
sonnages importants  qui  dirigent  les  affaires,  les  courtisans  surveillent  les 
premiers  symptômes  du  caractère  de  leur  futur  maître,  afin  d'en  tirer  parti 
pour  leur  avancement  personnel,  les  privilégiés  cherchent  à  obtenir,  par  sur- 
prise, des  confirmations  de  leurs  avantages,  enfin  les  intrigues  de  palais  ont 
une  influence  prépondérante  sur  la  politique.  Aucun  de  ces  traits  ne  fit 
défaut  à  la  régence  de  Philippe  d'Orléans;  mais,  en  comparant,  au  point  de 
vue  particulier  de  la  province  de  Languedoc,  la  minorité  de  Louis  XV  à  celle 
de  Louis  XIV,  on  est  frappé  d'un  certain  nombre  de  dissemblances  capitales 
qui  méritent  quelque  examen. 

L'un  des  premiers  points  à  considérer  est  le  calme,  &,  si  l'on  peut  ainsi 
parler,  l'innocuité  des  parlements.  Certes,  la  restitution  momentanée  de  droits 
politiques  6<.  constitutionnels  faite  par  le  régent  au  Parlement  de  Paris,  dans 
la  seule  vue  d'obtenir  l'autorité  sans  contrôle,  en  vertu  des  droits  de  sa  nais- 
sance, fournissait  une  belle  occasion  à  ces  compagnies  prétendues  souveraines 
pour  déserter  leurs  devoirs  judiciaires  Se  renouer  leurs  traditions  factieuses 
d'empiétements  Se  de  turbulences.  Pourtant  il  n'en  fut  rien.  Les  grandes 
réformes  accomplies  par  Louis  XIV  dans  l'administration  de  la  justice  avaient 
porté  leur  fruit.  Ces  oligarchies  inquiètes  qui  jetaient  tant  de  trouble  dans 
les  provinces,  qui  couvraient  d'un  masque  de  droit  Se  de  dignité  les  entreprises 
les  plus  condamnables,  que  l'on  avait  vues,  en  Languedoc,  organiser  l'insur- 
rection, confondre  tous  les  pouvoirs  Se  compromettre  le  nom  du  roi  dans 
l'intérêt  de  leur  vanité  ou  de  leur  fortune,  se  trouvaient  fort  heureusement 
contenues  dans  les  limites  de  leurs  fonctions;  seuls,  les  curieux  de  souvenirs 
parlementaires  pouvaient  songer  encore,  en  17 15,  qu'à  d'autres  époques  la 
cour  de  Toulouse  s'était  ingérée  dans  les  questions  gouvernementales,  avait 
réglé  à  sa  guise  la  succession  à  la  couronne,  frappé  des  impôts  Se  levé  des 

'  Discours  prononcé  par  le  duc  d'Orléans  au  S.  A.  R.  Monseigneur  le  duc  d'Orléans  durant  la 
Parlement   de    Paris.    Mi'moires    de    la    régence    Je       minorité  de  Louis  XF. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  91 5 

troupes.  L'unique  pensée  de  renouveler  de  telles  aventures  aurait  semblé 
ridicule  au  Parlement  comme  aux  peuples,  habitués,  depuis  le  ministère  de 
Colbert,  à  un  régime  rigoureux,  mais  exact  8<  ordonné. 

Cet  abaissement  des  parlements,  ou,  pour  mieux  parler,  cette  juste  réduc- 
tion des  compagnies  de  justice  à  leur  office  originel  était  donc  un  progrès 
incontestable  Se  un  élément  précieux  pour  le  repos  de  la  France.  On  en  trou- 
vait un  autre,  non  moins  essentiel,  dans  le  développement  de  l'institution 
des  intendants.  Ce  n'est  pas  en  Languedoc,  &  après  avoir  exposé,  dans  leurs 
détails,  les  rigueurs  impitoyables  de  l'administration  de  Bâville,  que  l'on  peut 
s'exagérer  l'excellence  de  l'institution.  Les  intendants  furent,  sans  contredit, 
des  instruments  de  despotisme  souvent  dangereux,  8c,  quand  leur  autorité  eut 
le  malheur  de  s'exercer  au  service  d'une  politique  religieuse  déplorable  ou 
d'un  esprit  de  fiscalité  sans  scrupules,  elle  fit  beaucoup  de  jnal  &  se  recom- 
manda aux  rancunes  populaires;  mais  ces  violences,  qui  provenaient  de  la 
Cour,  du  ministère,  du  cabinet  du  roi  &  non  pas  de  l'intendance  en  elle- 
même,  ne  doivent  pas  rendre  injuste  pour  la  création  de  Richelieu,  ni  faire 
oublier  les  grands  résultats  qu'elle  a  eus  pour  le  pays.  Ce  sont  les  intendants 
qui  ont  introduit  dans  l'administration  des  provinces  ces  principes  d'ordre, 
d'économie,  d'équité,  que  l'on  désigne  sous  le  nom  d'esprit  moderne.  Il  ne 
faut  pas  voir  uniquement  leurs  mains  dans  leurs  ordonnances  d'arrestation 
ou  dans  leurs  sentences  prévôtales,  tristes  conséquences  des  erreurs  de  la  Cour, 
mais  dans  ces  milliers  de  décisions  relatives  aux  travaux  publics,  aux  intérêts 
locaux,  à  la  gestion  des  biens  des  communes,  aux  dettes  municipales,  provin- 
ciales ou  diocésaines.  Dans  ce  vaste  maniement  d'affaires  dont  le  détail  n'offre 
pas  d'éclat  &  ne  prête  guère  aux  narrations  passionnées,  dans  ces  rapports 
substantiels,  dans  ces  avis  motivés  qui  touchaient  à  tous  les  points  du  droit 
administratif,  cherchant  autant  que  possible  la  solution  vraie,  ils  préparaient, 
sans  en  avoir  peut-être  conscience,  avec  les  membres  éclairés  du  conseil 
d'État,  cet  ensemble  de  maximes  indiscutables  &  de  principes  rationnels  que 
la  Révolution  française  devait  codifier. 

Bien  des  gens  se  bercent  encore  d'illusions  sur  la  valeur  positive  &  pra- 
tique de  ces  franchises  provinciales  ou  municipales  dont  le  règne  de 
Louis  XIV  avait  détruit,  non  pas  les  réalités  fécondes,  mais  les  stériles 
émotions.  En  ce  qui  touche  particulièrement  les  Etats  de  Languedoc,  dont 
nos  lecteurs  connaissent  le  vice  d'origine  8c  la  constitution  défectueuse,  c'est 
de  ce  que  l'on  appelle  leur  asservissement  que  date  leur  utilité.  Peut-on, 
avec  quelque  apparence  de  sérieux,  considérer  comme  l'âge  d'or  de  ces  assem- 
blées, nullement  représentatives,  l'époque  où  elles  gaspillaient  à  leur  gré  les 
finances  provinciales,  mettaient  sur  pied  des  gens  de  guerre,  entretenaient  la 
discorde  civile  8c  servaient  les  passions  de  quelques  hommes  d'Église  ou  de 
quelques  grands  seigneurs?  Les  États  de  Languedoc  n'ont  commencé  à  rendre 
les  services  qui  ont  établi  leur  célébrité  qu'à  l'époque  où,  ayant  perdu  toute 
espèce  d'action  Se  de  prétention  politiques,  ils  ont  été  utilisés  par  les  inten- 
dants comme  un  organisme  intérieur  d'administration.  Ils  laissaient  infini- 


1715 


J7'o 


916  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ment  à  désirer  au  point  de  vue  de  leur  recrutement;  mais,  comme  aucune 
espèce  de  représentation  élective  n'existait,  ils  avaient  au  moins  l'avantage 
de  se  trouver  en  rapports  fréquents  avec  les  diverses  parties  du  pays,  &.  les 
questions  y  étant  débattues  dans  des  commissions  où  se  rencontraient  des 
hommes  d'éducation  6c  de  bon  sens,  les  affaires  s'y  instruisaient  mieux  &  la 
solution  avait  plus  de  chances  d'y  être  judicieusement  préparée  que  dans  les 
bureaux  de  commis  du  ministère.  Ce  qui  compromettait  les  États  Se  ce  qui 
les  faisait  mal  juger,  c'est  la  comédie  un  peu  puérile  du  don  gratuit.  Comme 
on  savait  d'avance  qu'ils  donneraient  tout  ce  qu'on  leur  demandait  8t  que 
d'ailleurs  ils  n'avaient  pas  qualité  pour  le  refuser,  le  pays  tournait  en  déri- 
sion ces  formalités  oiseuses  qui  ne  garantissaient  rien,  &  cette  docilité  obliga- 
toire en  matière  d'impôts  jetait  un  discrédit  immérité  sur  la  gestion  des 
États.  Mais  c'est  une  chimère  de  croire  qu'ils  eussent  dégénéré.  Le  rêve  des 
anciennes  assemblées  représentatives  de  la  monarchie  française,  dont  les  États 
Et  aussi  les  parlements  se  disaient  quelquefois  les  successeurs,  ne  supporte 
pas  l'épreuve  de  la  critique.  C'est  une  de  ces  imaginations  rétrospectives  par 
où  se  traduit  le  mécontentement  de  ce  qui  est  &  comme  une  recherche  natu- 
relle de  précédents  pour  un  progrès  désiré. 

Enfin,  une  troisième  dissemblance  non  moins  notable  entre  les  deux 
périodes  dont  nous  indiquons  le  parallèle,  c'est  la  transformation  des  mœurs 
militaires.  Sans  doute,  les  malheurs  de  la  fin  du  règne,  la  fréquence  des 
levées,  la  pénurie  d'officiers  avaient  quelque  peu  altéré  la  belle  ordonnance 
des  troupes  établie  par  Louvois;  mais  il  n'en  existait  pas  moins  une  diffé- 
rence capitale  entre  les  régiments  de  1710  &  les  bandes  pillardes  de  1643. 
Les  chances  d'une  guerre  féodale  comme  celles  qui  avaient  désolé  le  pays 
pendant  des  siècles  &  qui  jetèrent  leurs  derniers  feux  à  la  faveur  des  trou- 
bles de  la  Fronde  n'existaient  plus.  De  ce  côté  encore,  sauf  réserves  inévita- 
bles pour  certains  détails,  la  civilisation  avait  tait  un  pas,  l'armée  homogène 
&  nationale  se  préparait. 

En  résumé,  une  tendance  aux  principes  rationnels  se  marquait  chez  les 
dépositaires  de  l'autorité  publique  &  se  traduisait  en  actes  toutes  les  fois  que 
leurs  intérêts  de  courtisans  ne  se  trouvaient  pas  en  jeu.  Cette  aspiration  vers 
l'unité  a  été  condamnée  par  quelques  historiens,  faute  de  réfléchir  qu'elle 
équivalait  à  une  aspiration  vers  la  justice.  Il  est  facile  de  gémir  ou  de 
déclamer  sur  la  violation  des  privilèges  de  villes  8t  de  provinces;  mais  le 
refus  de  contribuer  aux  charges  communes,  sauf  à  grever  d'autant  des  voi- 
sins moins  favorisés,  l'exemption  du  service  militaire,  ou  du  logement  des 
troupes,  arrachée  par  quelques  puissantes  communes  au  détriment  de  celles 
qui  l'étaient  moins,  l'anoblissement  pour  prix  de  services  insignifiants  ou 
tout  à  fait  nuls,  Si,  en  un  mot,  tous  les  avantages  particuliers  attribués  à 
certains  groupes  de  population,  par  suite  de  circonstances  historiques  excep- 
tionnelles, pouvaient-ils  être  sérieusement  défendus? 

Ainsi  un  mouvement  d'ensemble  se  produisait,  dans  l'application,  vers  le 
progrès  politique;  mais  tout  péchait  par  le  sommet.  Il  y  avait  quelque  chose 


LIV.   IV.   LA  TxEGENCE  ET  LOUIS  XV.  917 

d'inconciliable  entre  le  développement  de  l'esprit  critique,  déployé  dans 
toutes  les  attaires,  Si  le  mysticisme  royal,  le  principe  de  l'autorité  absolue, 
sans  partage  &  sans  contrôle.  Le  régent  le  comprit  si  bien  qu'il  se  garda  de 
parler  des  Etats  généraux;  il  devinait  que,  les  esprits  ayant  fait  leur  chemin 
&  les  déductions  logiques  s'ijnposant  d'elles-mêmes,  une  assemblée  nationale 
véritablement  représentative  ne  pourrait  se  réunir  sans  bouleverser  l'édifice 
de  fond  en  comble;  8c  comme  il  était  trop  sceptique  &  trop  homme  de  plaisir 
pour  oser  aborder  la  transformation  de  la  royauté  héréditaire  en  monarchie 
constitutionnelle,  à  l'anglaise,  il  aima  mieux  emprunter  à  Louis  XIV  les 
procédés  du  despotisme  qu'il  blâmait,  pour  corriger  les  effets  de  ce  despotisme, 
entreprise  difficile,  où  l'insuffisance  de  son  caractère  ne  devait  point  tarder  à 
se  manifester. 

La  mort  de  Louis  XIV  rendait  l'espérance  à  tous  les  persécutés.  On  put 
croire  que,  le  maître  ayant  disparu,  le  système  de  répression  serait  abandonné, 
81  tous  ceux  qui  en  avaient  souffert  se  flattèrent  de  voir  réparer  leurs  dis- 
grâces. 

Les  affaires  religieuses  tenaient  une  trop  grande  place  dans  le  règne  qui 
venait  de  s'achever  pour  qu'un  mouvement  ne  se  produisît  pas  chez  tous  ceux 
que  l'orthodoxie  officielle  poursuivait  depuis  si  longtemps  de  ses  rigueurs. 

Aussi,  l'un  des  premiers  faits  qui  se  révèlent  après  les  funérailles  du  puis- 
sant monarque  est-il  le  réveil  de  la  tradition  janséniste  6c  de  la  tradition  pro- 
testante. 

L'apôtre  du  protestantisme  languedocien  fut  Antoine  Court.  Il  était  né  en 
Vivarais,  à  Villeneuvt-de-Berg,  dix  ans  après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
dans  une  famille  demeurée  fidèle  à  la  religion  persécutée.  11  perdit  son  père 
de  très-bonne  heure  Se  resta  seul  avec  sa  mère  8c  deux  autres  enfants,  dans 
une  vie  solitaire  Se  recueillie.  Son  imagination  s'éveilla  au  récit  des  supplices, 
des  fusillades,  des  déportations;  Se  les  tracasseries  que  ses  camarades  lui  fai- 
saient dès  l'école,  en  le  raillant  pour  sa  foi,  lui  donnèrent  l'avant-goût  des 
persécutions  futures.  Sa  mère,  veuve  à  trente-deux  ans,  était  d'une  piété 
fervente.  Elle  se  rendait  parfois,  à  pied,  vers  la  tombée  de  la  nuit,  aux 
assemblées  du  désert.  Son  fils,  dont  l'enthousiasme  avait  été  excité  par  la 
lecture  d'un  petit  nombre  de  livres  dérobés  aux  flammes,  épiait  les  mouve- 
ments de  sa  mère.  Il  la  suivit  un  soir  très-loin  sur  la  route  8c  obtint  de  partaper 
désormais  ses  pèlerinages.  11  fut  alors  assidu  à  toutes  les  assemblées,  prit  une 
part  active  aux  convocations  8c  offrit  même  sa  maison  de  Villeneuve  aux  pré- 
dicants  8c  aux  prophètes  du  Vivarais.  Bientôt  il  fit  l'office  de  lecteur  8c  fut 
du  nombre  de  ces  enfants  privilégiés  que  la  crédulité  populaire  disait  animés 
de  l'esprit  de  Dieu. 

En  1713,  il  s'attachait  à  un  prédicant  nommé  Brunel,  qui,  après  avoir 
battu  le  Languedoc,  projetait  de  passer  à  l'étranger,  Se  il  le  suivait  aux  fêtes 
de  Pentecôte,  dans  le  haut  Vivarais.  Ce  fut  là  qu'il  commença  ses  prédica- 
tions, n'ayant  guère  plus  de  dix-huit  ans.  Sa  parole  ardente  8c  sa  jeunesse  lui 
donnèrent  de  faciles  triomphes  auprès  des  montagnards,  Se,  après  beaucoup 


171a 


1715 


'7' 


QiS  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  larmes  &  d'objections  de  sa  mère,  il  entra,  pour  sa  vie,  dans  la  rude  car- 
rière de  prédicant. 

Ses  tournées  dans  le  bas  Languedoc,  à  Uzès,  à  Nimes,  dans  les  Boutières, 
en  Dauphiné,  sa  visite  aux  galères  de  Marseille,  où  se  trouvaient  alors  cent 
cinquante  forçats  pour  cause  de  religion,  les  nombreuses  assemblées  qu'il  tint 
au  désert,  lui  donnèrent  une  réputation  précoce  &  le  désignèrent  comme  un 
chef  aux  débris  de  l'Eglise  réformée. 

Il  parcourut  tour  à  tour  Anduze,  Saint-Jean,  Saint-Germain  de  Calberte, 
Saint-André  de  Valborgne,  tous  lieux  où  s'était  promenée  la  torche  des  sol- 
dats de  Montrevel.  L'aspect  des  ruines  que  cette  dévastation  avait  laissées 
offrait  un  thème  favorable  à  l'éloquence  biblique;  aussi  le  missionnaire  pro- 
testant produisit-il  un  mouvement  religieux  des  plus  intenses. 

Dans  une  saison  de  repos,  que  le  délabrement  de  sa  santé,  rompue  de  fati- 
gues, le  contraignit  de  prendre  aux  eaux  minérales  d'Euzet,  Antoine  Court, 
dans  le  village  de  Saint-Jean  de  Ceyrargues,  repassant  en  lui-même  les  scènes 
de  ferveur  Se  d'attendrissement  dont  il  avait  été  le  témoin  &  souvent  l'insti- 
gateur, conçut  la  pensée  de  rétablir  les  traditions  régulières  du  culte  protes- 
tant &  d'épurer  les  trésors  de  foi  inquiète  &  maladive  qui  se  conservaient 
dans  les  retraites  des  Cévennes  ou  dans  les  anciennes  villes  réformées  de 
J^anguedoc. 

Dès  lors,  il  conçut  un  plan  d'ensemble  dont  il  a  défini  dans  un  de  ses 
mémoires,  les  quatre  points  principaux  :  le  premier  était  de  «  convoquer  les 
«  peuples  &  de  les  instruire  dans  les  assemblées  religieuses;  le  second,  de 
«  combattre  le  fanatisme,  la  folie  des  prophètes  &  des  inspirés  qui  s'était 
«  répandue  de  tous  côtés  comme  un  embrasement;  le  troisième,  de  rétablir  la 
«  discipline,  l'usage  des  consistoires,  des  anciens,  des  colloques  &  des  synodes; 
«  le  quatrième,  de  former  de  jeunes  prédicateurs,  d'appeler  des  ministres -des 
«  pays  étrangers,  &,  si  l'on  n'en  trouvait  pas,  d'obtenir  des  puissances  protes- 
«  tantes  des  secours  d'argent  pour  aider  aux  études  8<.  à  l'entretien  des  jeunes 
«  gens  de  bonne  volonté  '.  n 

Neuf  jours  avant  la  mort  de  Louis  XIV,  81  lorsque  déjà  la  France  entière 
prévoyait  la  fin  de  ce  long  règne,  Antoine  Court  réunit,  au  lever  du  soleil, 
dans  une  carrière  inexploitée  des  environs  de  Nimes,  le  premier  synode  tenu 
en  Languedoc  depuis  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  La  vie  régulière  du 
protestantisme  recommençait  ainsi,  après  un  intervalle  de  trente  ans.  Cette 
assemblée  ne  fut  pas  nombreuse.  Prédicants  ou  laïques,  on  n'y  comptait  pas 
plus  de  neuf  personnes. 

Les  espérances  que  la  mort  de  Louis  XIV  avait  inspirées  aux  protestants 
se  traduisirent  en  termes  fort  pressants,  dans  une  supplique  adressée  d'Alais 
au  régent,  le  16  juillet  1716. 

Le  rédacteur  de  cette  pièce  y  exposait  au  duc  d'Orléans  toute  l'étendue  des 

'  Bitltothèqno  de  Genève.  Mémoires  d'Antoine  gués,  Uist.  de  la  restauration  du  protestantisme  en 
Court,  n.  37.  Mémoire  aux  arbitres.  —  Edm.  Hu-        France,  I,  p.  20. 


LIV.  IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  919 

illusions  que  son  arrivée  au  pouvoir  avait  fait  naître.  Ces  illusions  n'allaient 
à  rien  moins  qu'à  la  liberté  de  conscience;  mais  les  plus  circonspects  ne  met- 
taient pas  en  doute  que  si  l'exercice  public  n'était  pas  toléré,  ils  ne  fussent 
entièrement  libres  de  prier  entre  eux  à  leur  manière  &  de  s'assembler  «  en 
u  ne  faisant  ni  tort  ni  mal  à  qui  que  ce  soit.  » 

Il  dépeignait  ensuite,  en  peu  de  mots,  l'immense  désappointement  causé 
aux  religionnaires  par  la  déclaration  du  régent,  sans  négliger  l'occasion  de 
renouveler  leurs  protestations  formelles  d'obéissance.  L'émigration,  suspendvie 
depuis  longtemps  par  les  promesses  d'une  condition  plus  tolérable,  allait 
dépeupler  de  nouveau  plusieurs  quartiers  du  royaume  8t  enrichir  des  puis- 
sances étrangères.  «  Chacun  fait  son  possible  pour  sortir  sa  conscience  de 
(i  prison;  l'un  s'en  va  aujourd'hui  81  l'autre  demain.  »  C'était  à  qui  rassem- 
blerait un  petit  pécule  pour  le  voyage,  ceux-ci  attendant  le  payement  d'une 
dette,  ceux-là  le  produit  d'une  récolte.  La  tournée  que  le  duc  de  Roque- 
laure  &i.  M.  de  Bâviile  venaient  de  faire  jusque  dans  les  villages  pour  y 
publier  les  ordres  de  la  Cour  81  les  expliquer  même  de  vive  voix,  ne  laissait 
plus  d'espoir  à  personne. 

L'auteur  suppliait  du  moins  le  prince,  «  de  la  part  de  plusieurs  de  ses 
«  peuples,  »  de  regarder  les  protestants  comme  de  fidèles  sujets,  sans  les  dif- 
férencier des  catholiques  Sx.  sans  les  charger  de  logements  de  troupes  &  de 
contributions,  ainsi  qu'on  avait  coutume  de  faire  depuis  trente  années.  Il  le 
conjurait  surtout  de  s'éclairer  sur  les  traitements  qu'ils  subissaient,  persuade, 
comme  tout  le  monde,  que  le  régent  n'en  pourrait  connaître  la  rigueur  sans 
y  porter  remède.  Faire  arriver  la  vérité  jusqu'à  lui  paraissait  l'entreprise  la 
plus  difficile;  c'est  un  succès  que  l'on  demandait  à  Dieu  avec  des  instances 
particulières  '. 

Parmi  les  catholiques,  une  réaction  assez  vive  contre  les  jésuites  se  mani- 
festait. Ces  religieux  se  considéraient  comme  personnellement  atteints  par 
le  succès  de  Philippe  d'Orléans,  dont  ils  connaissaient  les  sentiments  hos- 
tiles Se  dont  plusieurs  d'entre  eux  attaquèrent  la  régence,  dans  les  chaires, 
avec  une  singulière  vivacité.  Les  dominicains,  leurs  anciens  rivaux,  profi- 
tèrent de  l'occurrence  pour  tenter  de  reprendre,  dans  l'enseignement  univer- 
sitaire, une  partie  de  l'influence  qui  leur  avait  été  dérobée. 

Malgré  la  vénération  particulière  dont  la  mémoire  de  saint  Thomas  d'Aquin 
était  environnée  à  Toulouse,  &  les  prescriptions  du  pape  Urbain  V,  lorsqu'il 
avait  confié  au  couvent  des  frères-prêcheurs  la  tête  du  docteur  Angélique, 
aucun  enseignement  spécial  n'était  consacré,  dans  l'Université  de  Toulouse, 
aux  doctrines  de  l'illustre  dominicain. 

Un  ecclésiastique  appartenant  à  la  noblesse  parlementaire  de  Toulouse, 
l'abbé  de  Tourreil  de  Grammont,  voulut  réparer  cette  lacune.  Ce  prêtre,  que 
de  longues  8c  cruelles  persécutions  avaient  conduit  dans  les  prisons  du  clià- 

■  Archives  nationales.  TT,  463.  —  Edm.  Hugues,  Histoire  Je  la  restauration  du  protestantisme  en  France, 
I,  p.  38i.  ,„.^. 


lyrâ 


—^ 920  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

teau  Saint-Ange  où  il  passa  quatre  années,  8c  qui  mourut  à  Rome  en  171 7, 
donna  une  somme  considérable  pour  établir  à  Toulouse,  en  faveur  des  domi- 
nicains, deux  chaires  uniquement  consacrées  à  l'enseignement  de  la  doctrine 
de  saint  Thomas.  Un  placet  où  l'on  sollicitait  cette  fondation  fut  présenté, 
en  1716,  au  conseil  de  conscience  qui  l'accueillit  &  demanda  l'avis  de  l'arche- 
vêque de  Toulouse,  de  l'intendant,  du  procureur  général  au  Parlement,  du 
corps  de  ville  8c  de  l'Université.  Les  diverses  opinions  furent  unanimes  à 
déclarer  «  la  nouvelle  fondation  utile,  avantageuse  8c  honorable  à  l'Univer- 
«  site.  »  L'enseignement  de  la  doctrine  de  saint  Thomas  devait,  disait-on, 
donner  plus  de  lustre  à  la  Faculté  de  théologie;  c'était  le  moyen  de  faire 
revivre  l'ancienne  doctrine  de  saint  Augustin  8c  de  saint  Thomas,  qui  seule, 
en  fait  de  théologie,  devait  être  la  doctrine  de  cette  Université.  L'École  de 
Toulouse  était,  depuis  des  siècles,  consacrée  au  saint  docteur.  Accepter  la 
nouvelle  fondation,  c'était  se  conformer  aux  volontés  qu'exprimait  le  pape 
Urbain  V,  en  écrivant,  dans  sa  bulle  à  l'Université  de  Toulouse  :  «  Nous 
«  voulons  aussi,  8c  nous  vous  ordonnons  par  ces  présentes,  de  suivre  toujours 
«  fidèlement  8c  de  répandre  avec  zèle,  selon  votre  pouvoir,  la  doctrine  du 
«  même  saint  Thomas,  comme  pure,  véritable  8c  catholique.  « 

Le  corps  de  ville,  par  une  délibération  expresse,  8c  le  Parlement,  par  son 
arrêt  du  27  janvier,  s'associèrent  au  même  voeu.  On  alla  jusqu'à  représenter 
la  Province,  la  ville  8c  l'Université  comme  «  affamées  de  la  doctrine  de  saint 
«  Thomas  qui,  n'étant  autre  que  celle  de  saint  Augustin,  est  la  doctrine  par 
«  excellence.  »  Des  lettres  pressantes  furent  adressées  k  l'archevêque  de  Paris, 
chef  du  conseil  de  conscience,  8c  à  M.  d'Aguesseau,  procureur  général  au 
Parlement  de  Paris,  rapporteur  du  placet.  Enfin  des  lettres  patentes  furent 
expédiées,  le  14  septembre  1716,  accordant  l'intervention  de  la  puissance 
royale  pour  fonder  en  l'Université  de  Toulouse  deux  chaires  où  l'on  ensei7 
gnerait  la  doctrine  de  saint  Thomas.  «  Le  désir  que  nous  avons,  ajoutait  le 
«  souverain,  de  faire  fleurir  de  plus  en  plus  les  sciences  dans  toutes  les  uni- 
«  versités  du  royaume  8c  d'y  entretenir  une  louable  émulation  qui  excite  nos 
«  sujets  à  se  rendre  dignes  de  servir  l'Eglise  8<  l'Etat,  nous  a  fait  recevoir 
«  d'autant  plus  favorablement  cette  proposition  qu'elle  tend  au  bien  &i  à 
«  l'avantage  d'une  des  plus  anciennes  universités  de  notre  royaume,  qui  a  été 
«   fondée  par  les  rois  nos  prédécesseurs  '.  » 

Cependant  le  vieil  intendant  de  Languedoc,  Nicolas  de  Lamoignon  de 
Bâville,  arrivé  à  sa  soixante-huitième  année,  8c  fatigué  par  plus  de  trente 
ans  d'une  administration  laborieuse  8c  difficile,  commençait  à  soupirer  après 
le  repos.  La  surdité  qui  l'affligeait  déjà,  au  moment  de  son  arrivée  dans  la 
Province,  s'était  progressivement  aggravée.  Les  travaux  personnels  auxquels 
il  se  livrait,  son  application  constante  aux  affaires  les  plus  diverses,  lui  lais- 
saient une  profonde  lassitude,  8c  il  ressentait  aussi  un  découragement  fort 
explicable  en  s'apercevant  que  l'énergie  8c  la  dureté  qu'il  avait  mises  au  ser- 

'  L'autorité  de  saint  Augustin  &  du  saint  Thomas,  fjj'i,  t.  i,  p.  SSp. 


LIV.    IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  911 

vice  de  la  politique  intolérante  de  Louis  XIV  ne  pouvaient  réaliser  cette 
chimère  de  l'unité  religieuse,  poursuivie  au  prix  de  tant  d'excès  &  d'injustices. 

Bâville  avait  obtenu  en  1700,  à  titre  de  récompense,  l'érection  de  sa  terre 
de  La  Mothe  Champdenier  en  marquisat.  Six  ans  plus  tard,  il  avait  marié  sa 
fille  Madeleine,  née  à  Montpellier  en  1687,  à  Michel  Robert  Le  Pelletier  des 
Forts,  comte  de  Saint-Fargeau,  conseiller  d'État  ordinaire  &  intendant  des 
finances;  la  jeune  fille  apportait  à  son  mari  cent  mille  écus  de  dot,  avec 
promesse  de  cent  mille  francs  à  la  mort  de  ses  parents.  Louis  XIV  signa  au 
contrat  8t  donna  au  président  Lamoignon  la  survivance  de  sa  charge  pour 
son  fils  '. 

En  1716,  l'intendant  sollicita  avec  instance  la  faveur  de  céder  sa  place  de 
conseiller  d'Ltat  à  l'un  de  ses  quatre  fils,  qu'on  appelait  M.  de  Courson  !k 
qui  remplissait  les  mêmes  fonctions  que  son  père  à  Bordeaux.  Cette  prière 
fut  agréée  par  le  conseil  de  régence. 

Au  mois  de  février  1717,  le  bruit  se  répandit  k  la  Cour  que  Bâville 
demandait  la  permission  de  revenir  à  Paris.  Sa  santé,  de  jour  en  jour  plus 
compromise,  lui  rendait  le  séjour. de  Languedoc  impossible.  Pourtant  on 
hésita  longtemps  à  lui  chercher  un  successeur.  Bien  qu'il  ne  manquât  point 
d'ennemis  &  que  ses  rigueurs  eussent  excité  contre  lui  des  haines  violentes 
&  dicté  beaucoup  de  dénonciations,  comme  en  pouvaient  rendre  témoignage 
tous  les  secrétaires  d'État  Se  les  commandants  militaires  de  la  Province,  on 
lui  reconnaissait  une  telle  compétence,  une  autorité  si  éprouvée,  ses  dépêches 
révélaient  un  esprit  tellement  net,  tellement  précis  St  lucide,  enfin  il  s'était 
si  bien  incarné  pour  ainsi  dire  dans  l'intendance  de  Languedoc  que  sa  retraite 
paraissait  invraisemblable. 

Mais  il  ne  cessait  de  renouveler  ses  plaintes,  tout  en  obtenant  des  Etats 
des  sacrifices  dont  la  Cour  elle-même  s'étonnait.  Au  mois  de  décembre  17 17, 
le  courrier  de  Montpellier  apporta  au  régent  les  délibérations  de  l'assemblée 
provinciale  qui  accordait  un  don  gratuit  de  trois  millions,  comme  les  années 
précédentes,  6<.  dix-huit  cent  mille  francs  de  capitation.  Ce  vote  généreux 
éiait  accompagné  de  lettres  de  Bâville  8t  de  Roquelaure,  exposant  que  les 
États  faisaient  des  libéralités  au-dessus  de  leurs  forces  8<.  sollicitant  pour  eux 
quelque  diminution.  «  Le  duc  d'Orléans,  observe  Dangeau,  est  fort  touché 
«  du  procédé  de  ces  Languedociens,  St  a  déjà  dit  qu'ils  s'en  trouveroient 
«   bien.  » 

Mais  cette  docilité  des  trois  ordres  faisait  d'autant  plus  apprécier  le  con- 
cours de  l'intendant  qui  parvenait  à  en  tirer  de  tels  secours;  aussi  le  régent 
opposait-il  une  résistance  d'inertie.  Pourtant  il  fut  contraint  de  se  décider. 
L'état  maladif  de  Bâville  devenait  plus  grave.  Au  commencement  de  la  ses- 

'  Mémoires  Je  Dangeau,  XI,  179  &  184  .  «  vous  donne  la  survivance  de  votre  charge  pour 

«  Samedi,  zi  aoiit  1706.  A  Marly.  Le  roi  signa  «  votre  fils.  » 
le    matin    le  contrat  de  mariage  de  M.  des  Forts  «  M.  de  Lamoignon  est  président  à  mortier,  & 

avec  M"'  de  Bâville,  &  après  l'avoir  signé,  il  dit  il  ne  souhaitoit  rien  tant  au  monde  que  la  grâce 

à  M.  de  Lamoignon,  oncle  de  la  demoiselle  :  n  Je  que  le  roi  lui  vient  de  faire.  » 


1716 


.7.7 


«7'7 


9:2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sion,  l'intendant  s'était  trouvé  si  incommodé  qu'il  ne  put  se  faire  porter  aux 
États,  ce  qui  retarda  toutes  les  affaires  de  plusieurs  jours. 

Enfin,  au  mois  de  mai  1718,  le  conseil  de  régence  l'autorisa  à  quitter  la 
Province  Si  lui  donna  pour  successeur  le  conseiller  d'État  ordinaire,  Louis  de 
Bernage'. 

Bâville,  à  qui  furent  accordées  douze  mille  livres  de  pension,  revint  à 
Paris,  goutteux,  cassé,  entièrement  sourd.  Il  n'y  avait  pas  mis  les  pieds 
depuis  trente  ans  &  n'y  connaissait  plus  personne.  Il  se  trouva  tellement 
dépaysé  qu'il  prit  le  parti  de  s'enfermer  dans  sa  famille  où  l'ennui  le  con- 
suma. Le  célèbre  intendant  mourut  à  Paris  le  17  mai  1724,  8t  fut  inhumé 
aux  Cordeliers  dans  la  sépulture  de  ses  ancêtres. 

Deux  courants  d'opinions  bien  marqués  se  firent  alors  autour  de  son  nom. 
Certaines  gens,  ne  voyant  en  lui  que  l'inexorable  exécuteur  des  mesures  de 
proscription  religieuse,  l'ont  pris  pour  un  fanatique,  ce  qu'il  n'était  pas,  car 
les  entraînements  mystiques  lui  furent  toujours  étrangers.  S'il  avait  un  fana- 
tisme, ce  n'était  pas  celui  de  la  foi,  mais  celui  de  l'autorité  royale.  Il  appli- 
quait avec  une  rigidité  absolue  toute  loi  écrite,  quelle  qu'en  fût  l'atrocité. 
D'autres  écrivains,  écartant  ces  ombres  importunes,  ont  surtout  considéré 
Bâville  dans  ses  actes  d'administrateur,  &,  à  ce  point  de  vue,  il  tient  sans 
aucun  doute  une  place  hors  ligne  dans  l'histoire  des  grands  fonctionnaires 
provinciaux.  Son  activité,  l'habitude  de  voir  tout  par  lui-même,  la  sûreté  de 
son  coup  d'œil  &  la  solidité  de  son  jugement  lui  avaient  donné  une  compé- 
tence universelle.  S'il  eût  servi  sous  un  Henri  IV  ou  sous  un  Sully,  il  aurait 
certainement  emporté  de  Languedoc  une  réputation  sans  mélange;  mais  la 
vie  des  hommes  ne  saurait  se  partager,  &,  tout  en  rendant  hommage  aux 
qualités  éminentes  de  l'intendant,  il  est  impossible  de  fermer  les  yeux  sur  la 
sanglante  auréole  qui  s'est  attachée  à  son  nom. 

Un  fait  assez  curieux  se  produisit  à  Toulouse,  au  mois  d'août  de  la  même 
année,  lorsque  le  nouvel  intendant  y  fit  son  premier  voyage.  Dès  sa  nomina- 
tion, le  conseil  de  ville  s'était  hâté  de  lui  envoyer  en  députation  un  capitovil 
en  exercice,  M.  de  Miramont,  81  deux  anciens  capitouls,  MM.  Gayrard  81 
Péméja.  Bernage  étant  arrivé  à  Toulouse  le  11  août,  une  seconde  députation 
alla  lui  présenter  ses  hommages,  dans  l'hôtel  de  l'Archevêché,  où  il  était  des- 
cendu, &  lui  offrir  le  présent  ordinaire,  composé  de  dragées  &c  de  flambeaux 
de  cire  jaune.  L'orateur  capitulaire,  Jacques  de  Valette,  baron  de  Fenouillet, 
chef  du  consistoire,  protesta  formellement  contre  l'usage,  désormais  consacré 
par  les  intendants,  de  faire  leur  résidence  à  Montpellier. 

Après  avoir  complimenté  Bernage  sur  sa  commission,  en  lui  rappelant  les 
souvenirs  qu'il  laissait  en  Picardie,  en  Flandres,  en  Angoumois  Si  en  Artois, 
le  chef  du  consistoire  s'apitoya  sur  la  décadence  de  Toulouse. 

«  Cette  ville,  dit-il,  autrefois  si  florissante  par  le  nombre  81  la  qualité  de 
«  ses  habitans,  si  riche  par  la  seule  opulence  de  ses  biens  propres,  si  remplie 

■  Mémoires  de  Dangeaa,  XVII,  216  &  32^.  Note  de  Saint-Simon. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  928 

«  d'une  Juste  espérance  de  les  voir  accroître  par  l'heureuse  communication 
«  de  deux  mers,  ne  vous  paroîtra  qu'une  vaste  campagne  dont  le  malheur 
«  des  temps  a  changé  la  face »  Il  se  plaignit  que  le  patrimoine  de  Tou- 
louse eût  passé  en  des  mains  étrangères,  en  des  mains  avides  8c  ravissantes, 
que  les  «  partis,  les  monopoles  secrets,  même  publics,  »  eussent  achevé  de 
ruiner  le  petit  commerce  de  denrées  qui,  dans  les  derniers  temps,  faisait 
toute  sa  ressource. 

La  dureté  des  exacteurs  venait  de  la  réduire  à  cet  état  déplorable  où  le 
commissaire  départi  allait  la  voir  de  ses  propres  yeux,  plût  au  ciel  que  ce  fût 
pendant  toute  la  durée  de  son  intendance. 

Là-dessus,  Valette  ajoutait  :  «  Toulouse,  par  une  fatalité  dont  on  ne  peut 
«  pénétrer  la  cause,  se  trouve  privée  depuis  longtemps  de  voir  habiter  dans 
o  son  sein  les  dépositaires  si  respectables  de  cette  portion  de  l'autorité  royale 
«  si  nécessaire  pour  la  conduite  économique  des  provinces.  Se  ce  malheur 
«  qu'elle  n'a  jamais  mérité  semble  l'avoir  livrée  en  proie  à  d'impitoyables 
«  mains  qui,  se  dérobant  par  là  à  des  yeux  toujours  surveillants,  n'ont  cessé, 
«  à  la  faveur  de  leurs  secrètes  correspondances,  d'assouvir  contre  elle  leur 
«  avarice  &  leur  avidité'.  » 

Trente  ans  environ  s'étaient  écoulés  depuis  la  dispersion  brutale  des  Filles 
de  l'Enfance.  Les  jésuites  se  trouvaient  en  possession  des  bâtiments  de  ce 
Port-Royal  toulousain;  la  fondatrice  n'existait  plus;  mais  sa  mort,  arrivée  à 
Coutances  le  4  janvier  1702,  après  quinze  années  de  détention  dans  le  cou- 
vent des  hospitalières,  au  milieu  des  pratiques  d'une  piété  fervente,  avait 
augmenté  la  popularité  de  son  nom  dans  l'école  janséniste.  Aussi,  d'activés 
démarches  furent-elles  tentées  auprès  du  régent  pour  obtenir  de  relever 
l'institut  que  le  père  La  Chaise  avait  anéanti. 

L'on  en  fit  l'objet  d'un  placet  au  roi  St  d'un  mémoire  historique,  imprimé 
en  1 7 1 8  à  la  tête  d'un  recueil  de  pièces  relatives  à  cette  célèbre  congrégation  *. 
La  persécution  acharnée  des  jésuites  y  était  dénoncée  avec  amertume.  On  y 
rappelait  comment  ces  ennemis  de  l'institut  avaient  commencé,  dès  après  la 
mort  de  l'archevêque  Pierre  de  Marca,  une  série  de  manœuvres  que  devait 
couronner  l'arrêt  de  suppression  ;  la  première  lettre  de  cachet  obtenue  par 
surprise,  les  intrigues  ourdies  avec  les  religieuses  de  Notre-Dame  du  Sac  pour 
arracher  à  de  jeunes  enfants  sans  défiance  des  dépositions  théologiques  des- 
tinées à  rendre  suspecte  l'orthodoxie  de  la  maison,  les  contradictions  de 
M.  de  Bourlemont  &  de  M.  de  Montpezat.  On  y  analysait,  avec  citations 
textuelles,  une  déclaration  donnée  le  9  novembre  1701  par  l'évêque  de  Mire- 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  manascntcs,  XI,  avec  chagrin  ;  mais  le«  bons  citoyens  témoignèrent 

f"  77.  —  Le  chroniqueur  officiel  de  l'hôtel  de  ville  l'approuver    &    trouvèrent   iju'il    convenoic  à    un 

accompagne  cette  harangue  des  observations  sui-  magistrat   populaire   de   faire  sentir  à  un    nouvel 

vantes  :  intendant   la  pauvreté  d'une  ville  &  d'étaler  à  ses 

K  Ce  discours    ne    fut   pas    généralement   goûté.  yeux  l'indigence  de  sa  patrie.  « 

Les  partisans,  traitans,  monopoleurs,  &  toutes  ces  *  Recueil  de  pièces  icneernant  la  congrégation  des 

gens  d'affaires   dont  cette   malheureuse  ville    foi-  filles    de    l'Enfance  de  N.-S.  J.-C,  à  Amsterdam, 

sonne,  n'en   furent  pas  contents;   ils  l'écoutèrent  chez  Pierre  Brunel,  sur  le  Dam,  1718. 


1717 


1718 


~^^ f)24  ÉTU'DES  HISTORIQUES  SUIl  LE  LANGUEDOC. 

poix,  Pierre  de  La  Broue,  signée  de  sa  main  S<  scellée  du  sceau  cpiscopal.  Ce 
prélat  y  affirmait  que,  vers  l'année  1682  ou  i683,  deux  pères  jésuites  des  plus 
considérables  de  la  province  de  Toulouse  lui  avaient  proposé  d'autoriser  de 
son  seing  des  mémoires  importants  contre  la  dame  de  Mondonville  qu'on 
avait  dessein  d'envoyer  à  la  Cour,  lui  disant  pour  l'encourager  qu'ils  tenaient 
déjà  une  promesse  de  signature  de  l'évêque  de  Lavaur.  M.  de  Mirepoix  s'y 
étant  refusé,  on  lui  demanda  le  secret.  Pierre  de  La  Broue  affirmait  aussi 
avoir  reçu  les  confidences  d'une  ancienne  élève  des  Filles  de  l'Enfance, 
nommée  Françoise  Scorbiac  qui  se  reconnaissait  coupable  d'avoir  signé,  à 
l'instigation  d'une  de  ses  tantes  Si  du  père  Pv.obert,  jésuite,  une  fausse  dépo- 
sition sur  la  doctrine  enseignée  aux  écoles  de  Madame  de  Mondonville, 
déposition  que  le  jésuite  apportait  toute  prête  dans  son  bréviaire.  Françoise 
Scorbiac  n'avait  consenti  à  la  copier  de  sa  main  &  à  y  mettre  son  nom 
qu'après  force  larmes  &  sur  les  menaces  formelles  de  sa  tante;  &  sachant 
que  de  pareilles  pièces  avaient  servi  à  perdre  l'institut  dans  l'esprit  du  roi, 
elle  en  conservait  un  trouble  de  conscience  dont  elle  ne  pouvait  se  guérir. 

L'auteur  du  mémoire  mentionnait  ensuite  les  eftorts  inutiles  tentés  par 
l'archevêque  de  Toulouse  Montpezat  pour  réparer  sa  condescendance  aux 
mesures  rigoureuses  de  la  Cour  8<.  l'admonestation  sévère  que  ces  efforts  lui 
valurent  du  père  La  Chaise.  Il  énumérait  les  services  rendus  au  public  par 
la  congrégation,  soit  dans  l'enseignement  des  petites  écoles,  en  ayant  cinq 
à  Toulouse  où  plus  de  mille  filles  étaient  instruites  gratuitement  tous  les 
jours,  soit  dans  l'éducation  des  nouvelles  catholiques,  dont  plus  de  cinq  cents 
s'étaient  converties  pendant  la  durée  de  la  maison  de  Toulouse,  soit  dans 
l'exercice  des  devoirs  d'hospitalité  &  de  bienfaisance,  fournissant  des  bouillons 
&  des  remèdes  aux  pauvres  &  entretenant  un  médecin  &  un  chirurgien  pour 
les  visiter. 

11  concluait  en  demandant  que  les  Filles  de  l'Enfance  fussent  enfin  ren- 
dues à  elles-mêmes  Se  pussent  reprendre,  après  un  si  long  intervalle,  les 
pieux  exercices  auxquels  elles  s'étaient  consacrées. 

Cette  requête  demeura  sans  résultat,  mais  elle  remua  profondément  l'opi- 
nion 8t  donna  lieu  à  une  polémique  assez  vive  5<.  à  la  publication  d'écrits 
contradictoires  qui  ne  furent  pas  sans  effet  sur  la  destinée  ultérieure  des 
jésuites. 

Le  mardi  3  janvier  17 19,  les  États  de  Languedoc,  qui,  en  vertu  d'une 
délibération  de  la  veille,  ne  devaient  pas  se  réunir  ce  jour-là,  furent  convo- 
qués extraordinairement  par  l'archevêque  de  Narbonne.  Le  duc  de  Roque- 
laure  venait  d'avertir  le  prélat  que  les  commissaires  du  roi  avaient  des  com- 
munications à  faire  à  l'assemblée. 

Introduit  dans  la  salle  des  séances  avec  le  cérémonial  ordinaire  Si  accom- 
pagné du  comte  du  Roure  S<.  des  autres  commissaires  ses  collègues,  à  l'excep- 
tion de  l'intendant,"  le  duc  de  Roquelaure  prit  la  parole.  Il  annonça  qu'il 
avait  reçu  pendant  la  nuit  un  courrier  de  cabinet  portant  des  dépêches  du 
régent.  Ces  dépêches  ordonnaient  au  commandant  en  chef  d'informer  les 


1719 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  925 

États  que  le  roi  avait  été  dans  l'obligation  de  faire  ariêter  le  duc  du  Maine 
Se  la  duchesse  sa  femme.  L'attention  qu'avait  Son  Altesse  Royale  de  leur 
faire  part  de  cette  nouvelle  était  une  marque  de  la  considération  8c  de  la 
confiance  que  le  régent  voulait  témoigner  à  cette  assemblée. 

L'archevôque-président  répondit  que  les  Etats  recevaient  avec  beaucoup  de 
respect  Si  de  reconnaissance  la  marque  de  considération  dont  il  plaisait  à 
Son  Altesse  Royale  de  les  honorer  en  cette  occasion. 

Après  cet  échange  de  formules  diplomatiques,  les  commissaires  du  roi  se 
firent  reconduire  jusqu'à  la  porte  avec  les  respects  d'usage,  &  l'archevêque 
employa  la  fin  de  la  séance  à  nommer  une  commission  pour  examiner  l'état 
des  manufactures. 

Le  gouverneur  de  la  Province  avait  été,  en  effet,  enlevé  à  Sceaux,  le 
29  décembre,  par  le  sieur  de  la  Billarderie,  lieutenant  des  gardes  du  corps, 
8c  conduit  à  la  citadelle  de  Dourlens,  tandis  que  le  marquis  d'Ancenis,  capi- 
taine des  gardes,  arrêtait  la  duchesse  à  Paris  8c  la  renfermait  dans  le  château 
de  Dijon  avec  trois  de  ses  femmes.  M.  de  Malezieux,  chancelier  de  la  prin- 
cipauté de  Dombes,  ses  secrétaires,  son  fils  8c  sa  femme,  étaient  mis  à  la 
Bastille,  ainsi  que  Mademoiselle  de  Launay,  Mesdames  de  Montauban  8c  de 
Langeron. 

Toutes  ces  arrestations  se  rattachaient  à  la  découverte  de  la  grande  conju- 
ration espagnole,  dont  le  prince  de  Cellamare,  ambassadeur  de  Philippe  V 
près  la  Cour  de  France,  était  l'âme,  sous  l'inspiration  du  cardinal  Alberoni. 
Ce  complot  tendait  au  renversement  du  duc  d'Orléans,  pour  lui  substituer  le 
roi  d'Espagne  en  qualité  de  régent  du  royaume.  Il  avait  été  ourdi  avec  la 
connivence  d'un  certain  nombre  de  grands  seigneurs,  de  magistrats,  d'évê- 
ques,  de  jésuites  8c  d'autres  religieux  qui  espéraient  de  la  même  aventure  le 
rétablissement  de  la  puissance  espagnole  en  Italie  8c  le  triomphe  de  la  cause 
catholique  en  Angleterre.  Les  princes  légitimés  s'y  étaient  laissés  entraîner 
par  suite  du  mécontentement  que  leur  avait  causé  l'abrogation  des  grâces 
extra-légales  obtenues  par  eux  du  temps  de  Louis  XIV.  Cette  conjuration 
venait  d'être  dévoilée  par  la  saisie  de  papiers  extrêmement  compromettants 
émanés  du  prince  de  Cellamare,  confiés  au  prêtre  espagnol  don  Vincent  Por- 
tocarrero,  frère  du  comte  de  Montijo,  qui  avait  ordre  de  les  remettre  à  la 
cour  de  Madrid.  Le  dépouillement  de  ce  volumineux  dossier  révélait  un 
projet  de  soulèvement  général  pour  lequel  seraient  exploités,  au  nom  du  bien 
public,  tous  les  griefs  de  la  France  contre  son  gouvernement;  on  y  trouva 
plusieurs  manifestes,  destinés,  suivant  l'expression  même  du  prince  de  Cella- 
mare, U  «  servir  de  prélude  à  l'incendie;  «  des  précis  historiques  d'événements 
arrivés  sous  d'autres  minorités,  dans  le  dessein  d'y  trouver  des  modèles;  des 
listes  d'officiers  français  demandant  de  l'emploi  au  service  du  roi  d'Espagne; 
des  minutes  de  lettres  de  Philippe  V  au  roi  Louis  XV  8c  aux  Parlements  du 
royaume,  rédigées  en  France  par  les  intrigants  que  Cellamare  appelait  »  nos 
Il  ouvriers  »,  «  les  chets  »  ou  les  «  zélés  serviteurs  françois.  » 

Dans  la  lettre  qu'on  faisait  écrire  par  Philippe  V  à  son  neveu,  le  pctit-fils 


1719 


'7'9 


926  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  Louis  XIV  prétendait  n'avoir  jamais  perdu  de  vue  les  obligations  de  sa 
naissance  :  il  croyait  toujours,  disait-il,  entendre  ce  grand  prince,  au  moment 
de  la  séparation,  lui  dire  en  l'embrassant  qu'il  n'y  avait  plus  de  Pyrénées, 
que  deux  nations,  qui  se  disputaient  depuis  si  longtemps  la  préférence,  ne 
seraient  plus  dorénavant  qu'un  peuple.  Il  accusait  la  politique  française 
d'être  injustement  contraire  à  ses  intérêts  dynastiques  en  préparant  la  guerre 
contre  un  Bourbon.  «  On  épuise,  ajoutait-il,  votre  clergé,  votre  noblesse  & 
M  votre  peuple  pour  payer  des  contingens,  qui  n'ont  pour  but  que  ma  ruine 
<i  Se  la  vôtre;  8c  des  traités  qui,  par  leur  seule  importance,  ne  devroient 
y  jamais  être  conclus,  pendant  une  minorité,  sans  avoir  consulté  la  nation, 
<i  c'est-à-dire  les  Etats  généraux  ou  du  moins  les  Parlemens,  se  proposent 
i(  au  conseil  de  votre  régence  comme  une  chose  toute  faite,  sans  donner 
«  même  le  loisir  à  la  délibération.  « 

Le  roi  d'Espagne,  indiquant  les  funestes  résultats  de  la  quadruple  alliance, 
priait  «  instamment  »  son  neveu  «  de  convoquer  incessamment  les  Etats  géné- 
«  raux  du  royaume.  »  Il  lui  faisait,  disait-il,  cette  prière  au  nom  du  sang 
qui  les  unissait,  au  nom  du  grand  roi  dont  ils  tenaient  leur  origine,  au  nom 
de  leurs  peuples.  «  S'il  y  eut  jamais  occasion  d'écouter  la  voix  de  la  nation 
((  françoise,  c'est  d'aujourd'hui;  il  est  indispensable  d'apprendre  d'elle-même 
<i   ce  qu'elle  pense.  » 

Cette  lettre  était  datée  du  monastère  royal  de  Saint-Laurens,  le  3  sep- 
tembre 17 18.  La  missive  aux  Parlements  de  France  portait  la  date  du  jour 
suivant.  Philippe  V  y  exposait  que  la  nécessité  présente  des  affaires  l'obli- 
geant d'écrire  au  roi  Très-Chrétien,  il  avait  cru  devoir  envoyer  copie  de  sa 
lettre  aux  cours  souveraines.  N'ayant  pour  objet  que  le  bien  public,  il  était 
persuadé  que  le  concours  des  Parlements  ne  lui  ferait  point  défaut  &  l'aide- 
rait à  remédier  aux  désordres  présents  &.  à  en  prévenir  de  plus  funestes.  Il 
montrait  l'inconséquence  d'une  guerre  contre  l'Espagne,  la  noblesse  française 
réduite  à  prendre  les  armes  pour  attaquer  un  roi  qu'elle  avait  maintenu  sur 
le  trône  8c  l'épuisement  des  peuples  en  vue  d'une  entreprise  qui  ruinerait  le 
commerce  8c  la  considération  de  la  France  dans  la  Méditerranée.  Enfin,  il 
exprimait  l'espoir  que  le  Parlement  donnerait  tous  ses  soins  pour  obtenir  du 
roi  l'unique  remède  à  tant  de  maux  :  «  C'est  l'assemblée  des  États  généraux, 
«  qui  certainement  ne  furent  jamais  si  nécessaires  à  la  France  qu'ils  le  sont 
a  aujourd'hui.  Nous  nous  adressons  à  vous  pour  procurer  sa  conservation, 
«  préférant  cette  voie  paisible  8c  tranquille  à  toutes  les  autres,  auxquelles 
«  nous  serions  obligé  de  recourir,  si  l'autorité  du  régent  nous  faisoit  refuser 
a  cette  justice.  » 

L'épître  se  terminait  par  un  appel  flatteur  aux  vanités  des  compagnies 
judiciaires,  qui  semblait  renouvelé  de  la  Ligue  ou  de  la  Fronde  : 

«  Souvenez-vous  donc  en  cette  occasion  que  vous  êtes  cet  illustre  Parlo- 
te ment  que  les  rois  ont  pris  plusieurs  fois  pour  arbitre,  qui  n'a  jamais  rien 
ic  appréhendé  quand  il  a  fallu  travailler  pour  l'État,  8c  qui  donne  tous  les 
«  jours  des  marques  d'une  fermeté  si  digne  de  sa  réputation.  Nous  atten- 


LIV.  IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  927 

«  dons  tout  de  votre  équité  naturelle  &  du  zèle  que  vous  avez  pour  votre 
«  patrie.  » 

Le  manifeste  du  roi  Catholique  «  aux  États  de  France  «  commençait  parce 
fastueux  protocole,  tout  émaillé  de  titres  imaginaires  : 

«  Don  Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  de  Castille,  de  Léon,  d'Aragon, 
«  des  Deux-Siciles,  de  Jérusalem,  de  Navarre,  de  Grenade,  de  Tolède,  de 
«  Valence,  de  Galice,  de  Majorque,  de  Séville,  de  Sardaigne,  de  Cordoue, 
«  de  Corsique,  de  Murcie,  de  Jaën,  des  Algarves,  d'Alger,  de  Gibraltar,  des 
«  îles  de  Canaries,  des  Indes  orientales  8t  occidentales,  des  îles  &  terre  ferme 
<c  de  la  mer  Océane,  archiduc  d'Autriche,  duc  de  Bourgogne,  de  Brabant  & 
«  de  Milan,  comte  de  Habsburg,  de  Flandres,  de  Tyrol  &  de  Barcelone,  sei- 
«  gneur  de  Biscaye  Se  de  Malines,  Sec,  Sic. 

«  A  nos  très-chers  8t  bien  amés  les  trois  Ordres  du  royaume  de  France, 
«  Clergé,  Noblesse  6c  Tiers  Etat,  salut.  » 

Suivait  un  long  exposé  des  différends  du  roi  d'Espagne  avec  l'archiduc; 
puis  il  prenait  à  partie  le  duc  d'Orléans,  ce  prince  qui,  n'étant  que  déposi- 
taire de  l'autorité  royale  en  France,  osait  s'en  prévaloir  8c  se  liguer  avec  les 
anciens  ennemis  des  deux  couronnes,  «  sans  avoir  consulté,  ni  la  nation 
«  française,  ni  les  Parlements  du  royaume,  8c  sans  avoir  même  donné  le 
«  temps  au  Conseil  de  régence  d'examiner  la  matière  pour  en  délibérer 
«  mûrement.  » 

Philippe  V  rappelait  ensuite  qu'après  la  mort  de  Louis  XIV  il  avait  laissé 
le  duc  d'Orléans  prendre  possession  de  la  régence  8c  gouverner  le  royaume 
sans  lui  faire  le  moindre  obstacle;  il  avait  toujours  persévéré  dans  le  même 
silence,  aimant  mille  fois  mieux  mourir  que  de  troubler  le  repos  des  Français 
8c  d'inquiéter  le  reste  de  l'Europe,  quoique  les  lois  fondamentales  du  royaume 
lui  en  eussent  destiné  l'administration. 

Les  plaintes  qu'il  entendait  de  tous  côtés  contre  son  gouvernement,  sur  la 
dissipation  des  finances,  l'oppression  des  peuples,  le  mépris  des  lois  Se  des 
remontrances  juridiques  ne  l'avaient  pas  encore  fait  sortir  de  la  modération, 
jusqu'au  moment  où  les  menaces  de  guerre  le  contraignaient  de  changer  de 
conduite.  Il  accusait  le  duc  d'Orléans  d'aspirer  à  la  succession  de  son  neveu, 
d'avoir  répandu  dans  le  public  des  écrits  infâmes  annonçant  sa  mort  pro- 
chaine. Se  de  manquer  à  tous  ses  devoirs  d'oncle,  de  tuteur  8c  de  régent= 
Si  ce  prince  le  réduisait  à  la  dure  nécessité  de  défendre  ses  droits  par  leo 
armes,  il  ne  les  porterait  jamais  contre  les  Français.  11  n'aurait  en  vue  que 
de  tirer  le  roi  de  l'oppression  où  le  régent  le  tenait  avec  tous  ses  sujets,  Gc 
pour  procurer  l'assemblée  des  États  généraux  «  qui  seuls  peuvent  remédier 
«  aux  maux  présents,  8c  prévenir  ceux  dont  on  n'est  que  trop  visiblement 
«  menacé.  » 

Le  roi  d'Espagne  concluait  en  exhortant  les  trois  ordres  à  seconder  ses  justes 
intentions  8c  à  s'unir  à  lui  dans  une  vue  si  salutaire  au  repos  public. 

Mais  la  pièce  capitale,  celle  que  les  «  ouvriers  »  avaient  élaborée  avec  le 
plus  de  soin,  parce  qu'elle  devait  servir  de  prétexte  à  l'intervention  armée, 


1719 


'7'9 


028  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

était  la  requête  des  États  généraux  du  royaume  que  l'on  faisait  parler  avant 
même  qu'ils  ne  fussent  réunis. 

«  Sire,  disait  leur  interprète  improvisé,  tous  les  ordres  du  royaume  de 
«  France  viennent  se  jeter  aux  pieds  de  Votre  Majesté  pour  implorer  son 
«  secours  dans  l'état  où  les  réduit  le  gouvernement  présent  :  Elle  n'ignore 
«  pas  leurs  malheurs,  mais  Elle  ne  les  connoît  pas  encore  dans  toute  leur 
«  étendue.  »  Ils  ne  voyaient  d'autre  moyen  d'en  sortir  que  par  les  secours  du 
roi  d'Espagne,  la  nation  le  regardant  comme  l'héritier  présomptif. 

Le  premier  article  du  long  réquisitoire  dirigé  contre  le  régent  marquait 
bien  la  part  prépondérante  que  les  gens  d'Eglise  prenaient  à  ces  intrigues. 
«  La  religion,  y  lisait-on,  a  toujours  été  le  plus  ferme  appui  des  monarchies. 
«  Votre  Majesté  n'ignore  pas  le  zèle  de  Louis  le  Grand  pour  la  conserver 
«  dans  toute  sa  pureté.  Il  semble  que  le  premier  soin  du  duc  d'Orléans  ait 
«  été  de  se  faire  honneur  de  l'irréligion.  Cette  irréligion  l'a  plongé  dans 
Cl  des  excès  de  licence  dont  les  siècles  les  plus  corrompus  n'ont  point  eu 
«  d'exemple  8c  qui,  en  lui  attirant  le  mépris  &  l'indignation  des  peuples, 
«  nous  fait  craindre  à  tout  moment  pour  le  royaume  les  châtimens  les  plus 
«   terribles  de  la  vengeance  divine.  » 

On  reprochait  au  duc  d'Orléans  de  tout  sacrifier  à  l'espérance  d'être  roi, 
de  ne  plus  payer  que  le  prêt  des  soldats,  &  les  rentes  de  la  ville,  pour  des 
raisons  faciles  à  pénétrer,  &  de  ne  tenir  compte  ni  des  appointements  des 
officiers  ni  des  pensions  acquises  au  prix  de  leur  sang. 

Le  public  n'avait  ressenti  aucun  fruit,  ni  de  l'augmentation  des  monnaies, 
ni  de  la  taxe  des  gens  d'affaires.  Le  Parlement  de  Paris  n'était  pas  écouté, 
bien  que  la  régence  eût  été  décernée  par  ses  mains;  les  Etats  de  Bretagne  se 
voyaient  réduire  par  la  force  militaire.  Les  édits  des  anciens  rois  n'obtenaient 
plus  le  respect;  il  suffisait  d'une  lettre  de  cachet  pour  les  renverser. 

A  ce  tableau  attristant  succédait  la  désignation  du  remède.  «  Il  est,  disait-on, 
«  entre  les  mains  de  Votre  Majesté.  Quoique  revêtue  d'une  couronne,  Elle 
«  n'en  est  pas  moins  fils  de  France.  »  L'ingénieux  rédacteur,  pour  arrêter  les 
scrupules  d'un  patriotisme  ombrageux,  fouillait  les  annales  de  la  monarcliie 
&  montrait  qu'il  n'était  pas  sans  exemple  de  voir  un  roi  étranger  tuteur  d'un 
roi  pupille.  Baudouin,  comte  de  Flandre,  n'avait-il  pas  eu  l'administration 
du  royaume  &  la  tutelle  de  Philippe  I"?  Philippe  V,  qui  pouvait  attaquer 
la  prétention  du  duc  d'Orléans,  était  donc  en  droit  de  convoquer  les  Etats 
généraux,  pour  aviser  aux  moyens  de  rétablir  l'ordre,  la  tutelle  &  la  régence. 
Tous  les  cœurs  voleraient  au-devant  de  lui,  quand  il  paraîtrait  avec  sa  seule 
maison.  Pas  un  citoyen  qui  ne  voulût  lui  servir  de  garde.  Mais  si,  pour  plus 
grande  sûreté,  le  roi  d'Espagne  paraissait  à  la  tête  d'une  armée  de  dix  mille 
hommes,  le  duc  d'Orléans  en  eût-il  soixante  mille,  ces  troupes  seraient  les 
premières  à  prendre  les  ordres  de  Philippe  V.  Officiers  &  soldats,  gémissant 
de  l'iniquité  8c  de  la  perversité  du  gouvernement,  accueilleraient  le  petit-fils 
de  Louis  XIV  comme  un  libérateur.  Son  armée  se  trouvait  donc  toute  portée 
en  France,  8c  Philippe  V  pouvait  s'assurer  d'y  être  aussi  puissant  que  ne  le 


LIV.   ÎV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  929 

fut  jamais  son  aïeul.  Il  aurait  la  consolation  de  se  voir  accepter  d'une  com- 
mune voix  pour  administrateur  Se  régent,  comme  sa  sagesse  le  jugerait  con- 
venable, ou  de  voir  rétablir  avec  honneur  le  testament  du  icu  roi. 

L'orateur  des  trois  ordres  terminait  en  invoquant  le  témoignage  de  l'am- 
bassadeur d'Espagne,  qui  avait  lu  ces  sentiments  dans  tous  les  cœurs.  La 
nation  était  entièrement  dévouée  à  Philippe  V,  8<  la  noblesse  française 
n'attendait  que  l'occasion  de  le  servir. 

D'après  le  duc  de  Saint-Simon,  très  au  courant  de  tous  les  bruits  de  la 
Cour,  ces  diverses  pièces  avaient  été  labriquées  à  Sceaux,  par  le  groupe  d'in- 
trigants qui  entouraient  le  duc  du  Maine  &  qui  espéraient  taire  assurer  à 
leur  maître  la  régence  effective  du  royaume  sous  le  nom  de  PhiHppe  V, 
Le  prince  de  Cellamare  s'était  évidemment  flatté  que  toutes  les  blessures 
d'amour-propre  &  d'intérêt  qui  aigrissaient  divers  mécontents  contre  le  régent 
lui  permettraient  de  renouveler  en  France  les  guerres  civiles,  fomentées  par 
l'étranger,  dont  la  monarchie  avait  tant  souffert.  L'évêque  de  Lavaur,  qui 
était  fils  du  chancelier  Malezieux,  reçut  ordre  de  se  confiner  dans  son  diocèse 
Si.  de  n'en  plus  sortir,  8c  un  officier  considérable  du  Parlement  de  Toulouse, 
l'avocat  général  Dadvisard,  fut  enfermé  à  la  Bastille. 

Du  reste,  les  acteurs  de  cette  folle  &  criminelle  entreprise  n'étaient  point, 
par  leur  audace,  leur  décision  Se  leur  portée  d'esprit,  à  la  hauteur  des  projets 
de  coup  d'État  qu'ils  avaient  formés.  Simples  jouets  entre  les  mains  du  car- 
dinal Alberoni,  aucun  d'eux  ne  montra  le  caractère  de  factieux  déterminé 
qu'exigeait  la  conduite  d'une  pareille  aventure. 

Quant  à  l'appel  aux  Etats  généraux,  qui  revenait  dans  toutes  les  pièces  de 
la  conjuration,  personne  ne  pouvait  le  prendre  au  sérieux.  Plus  de  cent  ans 
écoulés  depuis  la  réunion  de  la  dernière  assemblée  nationale,  l'avortemcnt 
des  projets  de  convocation  du  temps  de  la  Fronde  &  la  discipline  rigoureuse 
que  les  intendants  avaient  mise  partout  diminuaient  singulièrement  la  valeur 
de  ce  mot  magique.  11  était  trop  clair,  d'ailleurs,  que  ces  Etats  généraux,  dont 
on  rédigeait  les  requêtes  avant  même  qu'ils  ne  fussent  rassemblés,  n'avaient 
aucune  chance  de  représenter  le  pays  8c  d'en  traduire  fidèlement  les  vœux. 
Le  duc  du  Maine,  si  la  convocation  avait  pu  se  faire,  aurait  choisi  lui-même 
les  députés  agréables  8c  procédé  à  la  façon  du  comte  d'Aubijoux,  recrutant 
une  prétendue  représentation  nationale  dans  l'intérêt  de  Gaston  d'Orléans. 

On  eut  occasion  de  s'apercevoir,  dans  ces  graves  conjonctures,  que  la 
transformation  de  l'autorité  opérée  en  France  par  Pvichelieu  8c  par  les  minis- 
tres unitaires,  la  concentration  des  pouvoirs  entre  les  mains  du  cabinet  Se 
l'abaissement  de  la  puissance  demi-féodale  des  gouverneurs  de  province 
étaient  en  somme  une  garantie  de  la  paix  publique.  Certes,  une  conspira- 
tion tramée  avec  l'Espagne  8c  dans  laquelle  se  trouvait  engagé  un  prince  du 
sang,  gouverneur  de  Languedoc,  pouvait  avoir  les  plus  terribles  consé- 
quences, puisque  cette  province  frontière,  en  livrant  passage  aux  troupes  de 
Philippe  V,  aurait  introduit  l'ennemi  au  cœur  du  royaume.  Avec  l'ancienne 
organisation,  la  guerre  civile  était  inévitable.  L'effacement  du  gouverneur 

xni,  59 


1719 


1-/15 


,po  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

lioni'mal,  réduit  à  des  avantages  lionorifïques  ou  pécuniaires,  &  l'exercice  de 
l'autorité  réelle  par  l'intendant,  sous  la  direction  constante  du  ministère, 
préservèrent  le  pays  de  cette  calamité.  L'institution  de  ces  administrateurs 
provinciaux  était  désormais  si  bien  assise,  qu'à  la  différence  du  temps  de  la 
Fronde,  au  milieu  des  aspirations  désordonnées  &  confuses  favorisées  par  la 
minorité  de  Louis  XV,  la  pensée  de  réclamer  la  suppression  d'aussi  utiles 
auxiliaires  du  pouvoir  royal  ne  s'était  pas  même  tait  jour.  La  création  de 
liicliclieu  avait  été  définitivement  adoptée  par  les  moeurs,  &c  si,  étant  aux 
mains  d'un  gouvernement  despotique,  elle  se  ressentait  trop  souvent  de  cette 
impulsion,  elle  avait  au  moins  l'avantage  de  préserver  les  provinces  du  contre- 
coup des  querelles  princières. 

L'arrestation  du  duc  &  de  la  duchesse  du  Maine  déconcerta  sans  doute 
beaucoup  d'ambitions  &  traversa  bien  des  projets  dans  le  personnel  ecclésias- 
tique Se  parlementaire  du  Languedoc;  mais  elle  n'interrompit  nullement  \a 
marche  de  l'organisme  provincial,  &.,  après  trois  jours  de  vacances  qui  pou- 
vaient d'ailleurs  se  justifier  ])ar  la  coïncidence  de  la  fête  des  rois,  les  Etats 
reprirent  leur  session  6<  la  continuèren.t  aussi  paisiblement  qu'ils  l'avaient 
commencée. 

Un  des  faits  les  plus  curieux  de  la  session  fut  la  présentation  d'une  requête 
dressée  par  la  noblesse  de  I^anguedoc  en  vue  d'accroître  ses  privilèges  Si 
d'amoindrir  les  charges  pécuniaires  qui  l'atteignaient.  La  régence  de  Philippe 
d'Orléans  avait,  à  ses  débuts,  inspiré  aux  gentilshommes  des  illusions  analo- 
p-ues  à  celles  qu'ils  s'étaient  cru  permises  par  la  régence  d'Anne  d'Autriche.  Les 
transformations  qui  s'accomplissaient  dans  la  société,  en  déplaçant  l'influence 
8<  la  fortune,  diminuaient  de  plus  en  plus  le  rôle  des  nobles  dans  l'État. 
L'appauvrissement  progressif  de  leurs  familles,  les  alliances  qu'ils  étaient 
obligés  de  conclure  avec  les  enrichis  du  commerce  &.  de  la  finance,  les  recrues 
très-mêlées  que  la  vénalité  des  lettres  d'anoblissement  donnait  à  leur  ordre, 
précipitaient  avec  une  extrême  rapidité  l'effacement  de  distinctions  histori- 
ques sans  réalité  actuelle,  &  devaient,  par  une  inévitable  déduction,  amener 
les  esprits  aux  principes  d'égalité  que  la  Révolution  française  allait  consacrer. 
Faute  de  comprendre  le  caractère  fatal  de  ce  dénoûment  &  de  saisir  l'enchaî- 
nement des  faits  généraux  qui  le  préparaient,  les  nobles  avaient  l'habitude 
de  s'en  prendre  au  gouvernement  ;  ils  confondaient  les  petites  causes  avec 
les  grandes,  &,  de  même  qu'on  les  avait  vus,  sous  la  minorité  de  Louis  XIV, 
rendre  Pv.ichelieu  responsable  de  leur  propre  décadence,  ils  se  figurèrent,  sous 
la  minorité  de  Louis  XV,  que  l'esprit  bourgeois  des  ministres  du  grand  roi 
était  la  véritable  cause  de  leurs  disgrâces  &  que  la  condition  des  gens  de 
qualité  pouvait  être  relevée  par  des  actes  législatifs. 

C'est  sous  la  même  inspiration  que  s'étaient  produites  diverses  démarches 
dont  la  Cour  tut  très-occupée.  Ainsi,  en  1717,  un  syndicat  de  gentilshommes 
avait  été  constitué  pour  réclamer  contre  les  usurpations  des  ducs  &  pairs  qui, 
depuis  longtemps,  disait-on,  faisaient  des  efforts  continuels  pour  s'élever 
au-dcisi!3  de  la  nol^lcssc  &  former  au-dessus  d'elle  ini  ordre  distinct  &  supé- 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  g3i 

rieur.  On  y  éniimcrait  les  prérogatives  que  les  pairs  s'étaient  arrogées  au 
(Ictriment  des  gentilshommes  du  royaume,  Se  l'on  affirmait,  à  cette  occasion, 
que  la  diminution  de  la  noblesse  était  l'affaiblissement  de  l'État  8<.  qu'on  ne 
pouvait  laisser  avilir  cet  ordre,  sans  que  la  gloire  de  la  nation  s'obscurcît  & 
s'effaçât  entièrement.  Le  gouvernement  du  régent  n'avait  pas  encouragé  ces 
démonstrations.  Un  arrêt  du  conseil  d'Etat,  signé  le  14  mai  1717,  condamna 
formellement  ces  prétentions  &  la  procédure  qu'on  venait  de  suivre  pour  les 
manifester,  8c  dénia  aux  gentilshommes  le  droit  d'exercer  une  action  collec- 
tive sans  autorisation  spéciale  du  roi.  La  noblesse,  observait  le  conseil, 
quoique  étant  un  des  premiers  ordres  du  royaume  &  celui  que  Sa  Majesté 
regarde  comme  la  principale  force  de  son  État,  ne  peut  ni  faire  corps,  ni 
signer  des  requêtes  en  commun  sans  permission  expresse,  &  ainsi  une  telle 
tentative  ne  saurait  être  autorisée  sans  blesser  les  premières  maximes  de 
l'ordre  public.  Aussi  défense  était  faite  à  tous  les  nobles  du  royaume,  sans 
distinction  de  naissance,  de  rang  Se  de  dignité,  de  signer  la  requête  dont 
MM.  de  Châtillon,  de  Listenay,  de  Conflans,  de  Laval  &  quelques  autres 
gentilshomntes  de  marque  avaient  pris  l'initiative.  Quelques  semaines  plus 
tard,  à  propos  de  la  querelle  des  princes  légitimés,  trente-neuf  gentilshommes 
ayant  fait  signifier  au  procureur  général  du  Parlement  de  Paris  un  acte  de 
protestation  arguant  de  nullité  contre  tout  ce  qui  pourrait  être  prononcé  dans 
cette  affaire,  qu'ils  regardaient  comme  réservée  aux  États  généraux  représen- 
tants de  la  nation,  le  Parlement,  sur  la  réquisition  des  gens  du  roi,  supprima 
ce  document  8c  interdit  des  fonctions  de  sa  charge  pendant  six  mois  l'huissier 
à  verge  qui  avait  consenti  à  faire  la  signification. 

La  royauté,  comme  on  le  voit,  fidèle  aux  principes  appliqués  par  les  grands 
ministres,  répugnait  absolument  à  laisser  se  reconstituer  une  oligarchie  nobi- 
liaire; mais,  comme  les  nécessités  de  finances  lui  imposaient  toute  sorte 
d'expédients,  elle  se  contredisait  souvent  elle-même  8c,  par  la  multitude  des 
arrêts  donnés  sur  requête  8c  sans  entendre  les  parties,  fournissait  des  argu- 
ments aux  théories  les  plus  opposées. 

Le  mémoire  des  gentilshommes  de  Languedoc,  qui  touchait  principale- 
ment aux  différends  de  la  noblesse  avec  les  communes,  sur  la  question  des 
impôts  8c  de  la  qualité  des  biens,  fut  présenté  aux  États  par  le  syndic  général 
Hoyer  d'Odars  dans  la  séance  du  25  janvier  8c  renvoyé  à  une  commission 
de  huit  membres  dont  faisaient  partie  l'archevêque  de  Toulouse,  révc(jue 
de  Lodève,  le  vicomte  de  Polignac,  le  baron  de  Villeneuve  8c  les  députés  de 
Toulouse,  Nimes,  Narbonne  8c  Saint-Papoul. 

Aujourd'hui  que  la  propriété  foncière,  grâce  aux  réformes  de  la  fin  du 
dùinier  siècle,  a  pris  un  caractère  d'unité  8c  de  simplicité,  l'on  a  peine  h 
concevoir  les  complications  extraordinaires  £c  les  querelles  sans  fin  auxquelles 
donnait  lieu  cette  malheureuse  division  des  terres  de  Languedoc  en  biens 
nobles  8c  en  biens  roturiers.  Il  n'y  avait  pas  une  parcelle  de  champ  qui  ne  pût 
fournir  l'occasion  d'une  véritable  enquête  historique  8c  faire  accumuler,  au 
grand  avantage  des  gens  de  loi,  les  pièces  de  procédure  8c  les  dépens.  Aucun 


1719 


'719 


93i  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

motif  rationnel  ne  pouvait  assurer  h  un  domaine  la  qualité  de  bien  noble; 
c'était  une  question  de  fait.  Les  communes  de  L,anguedoc,  commerçantes, 
riches  &  peuplées,  avaient  obtenu  au  moyen  âge  la  faculté  d'exiger  des 
preuves  pour  considérer  les  terres  comme  fiefs  nobles;  mais  elles  avaient  tou- 
jours été  contraintes  de  respecter  les  privilèges  des  fiefs  prouvés,  &  c'était 
cette  justification  qui  suscitait  des  difficultés  interminables.  D'ailleurs,  pen- 
dant les  siècles  de  turbulence,  beaucoup  de  fraudes  avaient  été  commises; 
certains  officiers  municipaux,  abusant  de  leur  pouvoir  8c  engageant  l'avenir 
pour  un  avantage  momentané,  avaient  signé  avec  des  propriétaires  influents 
des  conventions  particulières  qui  modifiaient  l'état  de  leurs  biens  8c  qui 
métamorphosaient  en  fiefs  des  domaines  héréditairement  roturiers.  De  là  une 
puerre  de  chicanes  constante  autour  des  cadastres. 

L'archevêque  de  Toulouse,  René-François  de  Beauvau,  présenta  son  rap- 
port dans  la  séance  du  8  février.  Il  déclara  que  les  commissaires  avaient 
étudié  la  requête  avec  toute  l'attention  méritée  par  une  affaire  d'aussi  grande 
conséquence,  8c  qu'ils  s'étaient  efforcés  de  concilier  les  intérêts  des  seigneurs 
justiciers  avec  ceux  des  communes. 

Dans  le  premier  article,  la  noblesse  prétendait  être  lésée  par  les  disposi- 
tions de  l'arrêt  du  conseil  du  29  novembre  1707  8c  de  la  déclaration  du 
28  février  1708.  Ces  actes  royaux  portaient  que  les  biens  ajoutés  au  cadastre 
des  communes  de  Languedoc  pour  être  cotisés  à  la  taille,  comme  n'étant  pas 
nobles,  seraient  soumis  à  l'estimation  d'experts  nommés  par  les  communes, 
8c  que  toute  demande  de  contre-expertise  ne  pourrait  se  produire  qu'après 
payement  provisionnel  de  la  cotisation  réglée  par  les  experts  communaux. 
Antérieurement,  ce  payement  provisionnel  n'était  obligatoire  que  si  la  cour 
des  aides,  ayant  examiné  les  titres  en  bonne  forme  exhibés  par  les  communes 
pour  détruire  la  présomption  de  nobilité,  jugeait  ces  titres  suffisants.  La 
liberté  donnée  aux  communes  d'al livrer  les  biens  des  seigneurs  fondés  en 
présomption  de  nobilité,  sans  cette  garantie  de  l'examen  des  titres  par  la 
cour  des  aides  &c  sans  aucune  formalité  de  justice,  était,  d'après  la  requête 
des  nobles,  tout  à  fait  contraire  à  leurs  intérêts. 

L'archevêque  affirma  que  la  commission  avait  pesé  avec  un  esprit  d'impar- 
tialité les  intérêts  des  possesseurs  de  terres  nobles  &c  ceux  des  communes 
comme  étant  également  thcrs  à  la  Province,  Se  reconnut  que  la  déclaration 
de  1708  causait  un  réel  préjudice  aux  seigneurs  :  elle  les  mettait  sous  la 
dépendance  des  communes  8c  les  rendait  sujets  à  leurs  caprices.  En  les  obli- 
geant à  consigner  entre  les  mains  du  collecteur  leur  quote-part  d'impositions, 
elle  pouvait  entraîner  leur  ruine,  les  frais  de  procédure  s'ajoutant  aux  consi- 
gnations accumulées  pendant  toute  la  durée  du  litige. 

Au  point  de  vue  des  communes,  bien  que  la  déclaration  eût  été  faite  à 
leur  avantage,  elle  leur  était,  d'après  la  commission,  presque  aussi  nuisible 
qu'aux  seigneurs.  Si,  après  dix  ou  vingt  ans  de  procès,  —  8c,  dans  les  mœurs 
judiciaires  du  temps,  ce  délai  n'avait  rien  d'exagéré,  —  le  seigneur  finissait 
par  gagner,  la  commune,  condamnée  aux  dépens  de  l'instance  Se  à  la  restitn- 


LIV.   IV.   1,A  RÉGENCE  ET  LOUIS  XVo  933 

tion  de  toutes  les  sommes  versées  annuellement  à  titre  de  consignation,  se 
trouvait  entièrement  ruinée. 

L'archevêque  exposa  que,  dans  certaines  communes  en  procès  avec  leur 
seigneur  pour  des  faits  de  nobilité,  la  cotisation  provisionnelle  des  taxes 
consignées  entre  les  mains  des  collecteurs  s'élevait  à  quatre  ou  cinq  mille 
livres.  Répétées  pendant  vingt  aniiées  de  suite,  ces  consignations  faisaient 
une  somme  assez  forte  pour  consommer  la  ruine,  soit  de  la  commune,  soit 
du  seigneur. 

La  commission  concluait  qu'il  n'était  pas  juste  que  la  cotisation  à  la  taille 
dépendît  du  caprice  d'une  commune,  Si  demandait  au  roi  d'interpréter  sa 
déclaration  du  28  février  1708,  de  façon  à  exiger  avant  tout,  pour  les  inscrip- 
tions nouvelles  de  biens  au  cadastre,  la  production  d'un  titre  en  forme, 
ancien  compoix,  contrat  d'acquisition  ou  autre  pièce  équivalente,  8<  l'autori- 
sation par  la  cour  des  aides,  à  la  condition  que  cette  cour  serait  tenue 
d'ordonner  le  payement  provisionnel  quand  la  justification  par  titre  lui 
paraîtrait  suffisante.  Quant  à  ces  consignations,  afin  d'éviter  la  ruine  des 
communes  qui  perdraient  leur  cause,  la  commission  proposait  qu'elles  fus- 
sent remises  entre  les  mains  du  trésorier  de  la  bourse  provinciale  qui  les 
restituerait,  une  fois  le  procès  fini,  soit  au  seigneur,  soit  à  la  commune. 
Pendant  toute  la  durée  de  l'instance,  la  répartition  de  l'impôt  sur  les  biens 
encadastrés  ne  serait  pas  modifiée,  6t  l'on  ferait  un  chapitre  spécial  des  terres 
contestées,  jusqu'à  décision  définitive. 

Le  second  article  se  référait  à  la  déclaration  du  5  avril  1713,  portant  que 
les  îles  &  créments  formés  ou  à  former  sur  des  fonds  autrefois  encadastrés, 
seraient  soumis  à  la  taille,  en  quelques  mains  qu'ils  fussent.  Les  Etats 
avaient  jugé,  en  1717,  que  cette  disposition,  si  rationnelle  &  si  équitable, 
était  contraire  à  la  jurisprudence  des  cours  supérieures  de  la  Province  St  à  la 
déclaration  de  1684.  La  commission  maintint  cette  appréciation  !k  demanda 
que  l'on  reprît  les  démarches  précédemment  ordonnées. 

Sur  le  troisième  article,  qui  concernait  un  procès  entre  le  sieur  de  Mau- 
rens  5t  les  consuls  de  Péchaudier,  à  l'occasion  d'un  bien  mouvant  du  roi, 
sous  la  charge  d'un  droit  d'albergue  en  deniers,  procès  suspendu  par  arrêt  du 
conseil,  à  la  requête  du  syndic  général,  on  fut  d'avis  de  solliciter  la  levée  de 
la  surséance,  comme  également  contraire  aux  intérêts  des  deux  parties.  Ce 
qui  faisait  l'obscurité  du  problème,  c'est  que  l'on  ne  savait  pas  si  la  représen- 
tation de  l'albergue  féodale  par  une  somme  d'argent  caractérisait  une  terre 
noble  ou  une  terre  roturière. 

La  noblesse  se  plaignait  encore  de  ce  que  l'article  3  de  la  déclaration 
du  28  mars  1690  S<.  l'article  2  de  celle  du  27  juin  1702  autorisaient  les  maires 
8<.  consuls  des  communes  à  passer  le  bail  des  biens  abandonnés,  sans  acte  ni 
formalité  de  justice. 

Cette  procédure,  suivant  le  mémoire  des  gentilshommes,  compromettait  les 
droits  de  directe  des  seigneurs  sur  les  biens  abandonnés  &  risquait  d'emporter 
les  autres  droits  seigneuriàtix,  les  domaines  ainsi  adjugés  sans  la  participation 


1719 


'7'9 


9,34  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

des  seigneurs  pouvant,  dans  la  suite  des  temps,  passer  pour  des  francs-alleux 
roturiers. 

La  commission  jugea  que  cette  crainte  n'était  pas  fondée,  les  deux  actes 
royaux  ayant  suffisamment  sauvegardé  les  droits  féodaux  en  ordonnant  que 
les  adjudications  fussent  homologuées  par  l'officier  du  seigneur  à  la  première 
réquisition  8<  que  les  censives  &  autres  droits  y  fussent  expressément  réservés. 
Ces  précautions  empêchaient  les  biens  abandonnés  d'être  confondus  avec  des 
francs-alleux  roturiers. 

Les  gentilshommes  ne  se  disaient  pas  moins  lésés  par  les  mêmes  déclara- 
tions, en  ce  qu'ils  perdaient  ainsi  le  droit  honorifique  le  plus  important  pour 
eux,  celui  de  faire  eux-mêmes  l'adjudication  des  biens  abandonnés.  Là-dessus, 
la  commission  donna  des  explications  intéressantes. 

Ces  déclarations  dont  on  se  plaignait  avaient  été  obtenues  sur  la  sollici- 
tation des  Etats,  Se  cette  assemblée  s'était  portée  à  les  demander  au  gouver- 
nement à  cause  de  «  la  grande  quantité  de  biens  abandonnés  qui  étoient 
«  dans  la  Province  &  qui  se  multiplioient  tous  les  jours.  »  Lorsque  les 
seigneurs  avaient  le  droit  d'en  passer  les  baux,  ils  éloignaient  les  soumission- 
naires qui  se  présentaient,  afin  d'incorporer  ces  terres  abandonnées  à  leurs 
biens  nobles.  Avec  cette  pratique,  le  nombre  des  biens  ruraux  soumis  à  la 
taille  aurait  indéfiniment  diminué,  &  les  communes  se  seraient  trouvées 
dans  l'impossibilité  absolue  de  payer  leurs  impositions.  «  Comme  il  est,  pour- 
«  suivoit  la  commission,  de  l'intérêt  des  communes  8c  de  la  Province  qu'il  y 
«  ait  des  possessions  rurales  pour  supporter  les  impôts,  les  États  ont  sagement 
«  prévu  qu'il  convenoit  de  faciliter  l'adjudication  des  biens  abandonnés  en 
«  la  faisant  faire  par  le  maire  &  les  consuls,  afin  qu'étant  remis  en  culture 
«  ces  biens  puissent  contribuer  aux  charges  de  la  Province,  ce  qui  ne  seroit 
«   point  si  l'adjudication  étoit  confiée  aux  seigneurs.  » 

Sur  ce  point,  les  Etats  se  montrèrent  donc  inébranlables.  Ils  n'accueillirent 
pas  avec  plus  de  faveur  certaines  réclamations  de  la  noblesse  contre  la  décla- 
ration du  21  février  lyiS,  Cette  déclaration  réduisait  à  trois  ans  le  délai 
accordé  aux  seigneurs  pour  exercer  le  droit  de  prélation  sur  les  biens  aban- 
donnés qui  avaient  trouvé  adjudicataire,  c'est-à-dire  la  faculté  de  les  obtenir 
par  préférence,  en  payant  le  prix  de  l'adjudication.  La  jurisprudence  du 
Parlement  de  Toulouse  faisait  durer  ce  délai  pendant  un  an,  lorsque  l'acte 
translatif  de  propriété  avait  été  notifié  au  seigneur,  &  pendant  trente  ans, 
lorsque  cette  notification  n'avait  pas  eu  lieu.. La  même  déclaration  les  assu- 
jettissait à  payer  vingt-neuf  années  d'arrérages  de  taille  au  profit  des  adjudi- 
cataires quand  ils  voulaient  exercer  leur  droit  de  prélation,  quoique  les 
adjudicataires  n'eussent  point  payé  ces  arrérages  à  la  commune. 

Pour  la  question  du  délai,  la  commission  ne  fut  pas  d'avis  qu'il  y  eût 
rien  à  changer.  Plusieurs  années  s'écoulaient  toujours  depuis  l'abandon  des 
])iens  jusqu'à  leur  adjudication.  Il  était  à  présumer  que,  durant  cette  longue 
période,  les  seigneurs  avaient  eu  tout  le  tenips  d'apprécier  s'il  leur  convenait 
d'user  du  droit  de  prélation.  S'ils  avaient  un  an   pour  l'exercer,  ils  reprcn- 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  cpj 

citaient  ces  biens  par  prélation  à  la  fin  de  ce  terme,  lorsque  l'adjudicataire 
aurait  t'ait  de  grands  frais  pour  les  remettre  en  culture.  Cette  appréhension 
suffirait  à  éloigner  les  particuliers  qui  ne  voudraient  pas,  avec  raison,  s'ex- 
poser à  être  dépossédés,  après  beaucoup  de  peines  8t  de  dépenses,  sachant 
bien  qu'ils  n'auraient  aucune  chance  d'en  être  exactement  remboiirsés. 

Quant  au  payement  des  arrérages,  la  commission  jugea  que  l'obligation 
faite  aux  seigneurs  était  excessive,  puisqu'elle  les  mettait  dans  une  condition 
plus  mauvaise  que  l'adjudicataire  5  elle  émit  le  vœu,  ratifié  par  les  Etats,  que 
cette  obligation  fût  restreinte  au  remboursement  des  arrérages  que  l'adjudi- 
cataire aurait  effectivement  payés. 

Les  derniers  griefs  de  la  noblesse  portaient  sur  diverses  réformes  de  l'orga- 
nisation municipale.  Les  gentilshommes  se  plaignaient  que  l'édit  de  novem- 
bre 17 18,  en  rétablissant  les  offices  de  maires  supprimés  par  l'édit  de  juin  i  717, 
autorisât  les  communes  à  rembourser  les  acquéreurs  de  ces  offices  &  à  rentrer 
ainsi  dans  la  possession  de  tous  leurs  droits,  de  façon  à  faire  présider  les 
assemblées  &  recevoir  le  serment  des  consuls  par  des  officiers  élus.  Cette 
clause  dépouillait  les  seigneurs  de  prérogatives  dont  ils  avaient  joui,  en  !a 
personne  de  leurs  juges,  jusqu'à  l'édit  de  1692,  créant  les  maires  perpétuels. 
La  commission  observa  que  la  faveur  accordée  aux  communes  avait  eu  pour 
l)ut  de  les  stimuler  à  faire  ces  remboursements,  utiles  aux  intérêts  du  Trésor; 
8t,  tout  en  considérant  «  la  demande  des  seigneurs  comme  très-juste,  »  elle 
pensa  opportun  de  renvoyer  à  l'année  suivante  toute  démarche  tendant  à 
obtenir  la  révocation  de  la  clause  attaquée  &.  à  faire  rétablir  les  juges  ro\aux 
&  seigneuriaux  dans  les  anciens  droits. 

Enfin  la  noblesse  réclamait  l'abrogation  de  plusieurs  dispositions  des  arrêts 
du  conseil  d'Etat  du  4  mai  1699  8<.  du  10  septembre  1707  qui  assujettissaient 
les  nobles,  comme  tous  les  autres  habitants  des  communes,  aux  impositions 
levées  pour  les  gages  des  maîtres  6<.  maîtresses  d'écoles,  pour  l'armement  des 
compagnies  bourgeoises,  les  réparations  des  portes  6;  murailles,  la  dépense 
militaire  connue  sous  le  nom  d'ustensile  8t  les  frais  de  corps  de  garde.  Cette 
prétention,  antipatriotique  au  dernier  point,  fut  repousséc  par  la  commission 
&  par  les  Etats.  «  Ces  impositions,  observa  l'archevêque  de  Toulouse,  étant 
«  faites  pour  l'instruction  des  jeunes  gens  &  pour  la  sûreté  de  la  Province, 
«  la  noblesse  a  le  même  intérêt  que  le  reste  des  habitans.  «  Sur  ces  conclu- 
sions, rassemblée  décida  qu'il  n'y  avait  lieu  de  rien  changer  à  l'arrêt  du 
conseil  du  4  mai  1699  ni  à  celui  du  10  septembre  1707,  soumettant  à  cer- 
taines impositions  municipales  déterminées  tous  les  «  bientenants,  tant  domi- 
«   ciliés  que  forains'.  » 

Nous  avons  cru  devoir  nous  étendre  sur  cette  démarche  de  la  noblesse 
lariguedocienne,  pa .ce  qu'elle  jette  un  jour  singulier  sur  la  confusion  d'idées 
61  d'intérêts  qui  résultait  des  lentes  évolutions  sociales  &  de  la  constitution 
défectueuse  de  la  propriété.  Tant  que  la  distinction  des  terres  en  biens  nobles 


1719 


Proeès-Terbal  «les  Éfnls  de  Lansiietlor.  Sfonce  du  8  février 


1719. 


lyiy 


i:)?iG  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

S<  biens  ruraux  fut  maintenue,  les  propriétaires  des  biens  ruraux  qui  avaient 
quelque  fortune  ou  quelque  considération  personnelle,  n'eurent  pas  d'autre 
préoccupation  que  de  les  transformer  en  l)iens  nobles  pour  se  décharger  de 
la  taille  j  l'histoire  intime  de  presque  toutes  les  communes  révèle  ce  travail 
latent  des  propriétaires  fonciers,  très-souvent  de  souche  roturière,  petits-fils 
de  marchands  ou  de  gens  de  robe,  appliqués  à  opérer  cette  métamorphose 
par  tous  les  moyens,  ])ar  la  violence,  par  la  soustraction  des  cadastres,  par  la 
corruption,  par  la  falsification  ou  la  supposition  des  titres;  triste  lutte,  dont 
l'avarice  était  le  mobile,  plus  encore  que  la  vanité,  8<  dont  les  procédés 
tranchent  étrangement  avec  la  prétention  de  perpétuer  des  sentiments  de 
chevalerie. 

Le  refus  de  contribuer  aux  dépenses  des  écoles,  s'il  montre  que  la  noblesse 
provinciale  ne  suivait  pas  encore  le  mouvement  d'esprit  de  la  grande  aristo- 
cratie française,  ne  s'éloigne  pas  d'ailleurs  des  traditions  de  la  caste  militaire 
du  moyen  âge,  assez  dédaigneuse  de  culture  intellectuelle  5  mais  l'intention 
de  se  dérober  aussi  aux  dépenses  faites  pour  les  travaux  de  fortification  8< 
pour  l'ustensile  des  gens  de  guerre,  montre  à  quel  point  les  idées  s'étaient 
faussées  sur  la  question  des  prérogatives  nobiliaires.  Ces  prérogatives  n'avaient 
pour  origine  que  le  rôle  de  l'ordre  équestre  comme  défenseur  armé  du  pays; 
mais,  de  la  même  façon  que  les  seigneurs  péagers  entendaient  conserver 
leurs  péages  sans  réparer  aucunement  les  routes  Se  les  ponts  dont  ils  étaient 
censés  avoir  l'entretien,  les  nobles,  débarrassés  de  l'ancien  service  féodal  par 
l'évolution  du  temps  8t  par  la  nouvelle  constitution  des  armées,  en  venaient 
à  considérer  leurs  exemptions  comme  une  sorte  de  patrimoine  attaché  à  leur 
personne,  sans  s'apercevoir  que  des  distinctions  injustifiées  n'allaient  pas 
tarder  à  devenir  odieuses. 

La  découverte  de  la  conspiration  de  Cellamare  &  les  autres  motifs  de 
mésintelligence  qui  existaient  entre  les  deux  couronnes  avaient  amené  le 
conseil  de  régence  a  résoudre  la  guerre  contre  l'Espagne.  La  déclaration  en 
fut  publiée  le  9  janvier,  &  les  commissaires  du  roi  près  les  Etats  de  Lan- 
guedoc eurent  ordre  de  faire  à  cette  assemblée  plusieurs  propositions  qui  se 
rattachaient  à  cet  événement. 

Une  ordonnance  du  roi,  datée  du  i5  janvier,  prescrivait  la  levée  de  troupes 
de  milices  dans  tout  le  royaume  jusqu'au  chiffre  de  vingt-trois  mille  quatre 
cents  hommes,  St  dispensait  seulement  de  cette  obligation,  outre  les  géné- 
ralités d'Auch  St  de  Béarn,  les  paroisses  avoisinant  l'Espagne  de  cinq  ou 
six  lieues  8c  celles  qui  fournissaient  des  gardes-côtes.  La  province  de  Lan- 
guedoc se  trouvait  comprise  dans  cette  levée  pour  mille  trois  cent  vingt 
hommes,  Et  comme  les  diocèses  de  Mirepoix,  Met,  Limoux,  Rieux,  Com- 
minges,  Béziers,  Narbonne,  Montpellier  Se  une  partie  de  celui  de  Ninies 
étaient  dans  le  cas  d'exception  prévu  ])ar  l'ordonnance,  la  charge  retombait 
tout  entière  sur  les  autres  diocèses,  médiocrement  peuplés  £<  semés  de  com- 
munes petites  Se  pauvres.  Les  États  firent  valoir  que  les  portions  du  Lan- 
guedoc soumises  à  la  levée  ne  formant  pas,  à  beaucoup  près,  la  moitié  de  la 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  987 

Province,  le  conlingent  devrait  en  être  réduit  au  plus  à  six  cent  soixante 
hommes.  Ils  ajoutèrent  qu'étant  limitrophe  de  l'Espagne,  le  pays  devait 
garder  des  forces  pour  protéger  ses  frontières,  &  que  le  grand  nombre  de 
religionnaires  dont  il  était  habité  ne  permettait  pas  de  le  dégarnir.  Ils  com- 
plétèrent leurs  réclamations  par  un  tableau  fort  instructif  de  l'effet  que  les 
levées.de  milices  produisaient  sur  les  populations  rurales.  Elles  les  poussaient 
presque  partout  à  l'émigration.  En  des  occasions  analogues,  on  avait  vu,  dans 
des  paroisses  qui  devaient  fournir  deux  soldats,  vingt  paysans  quitter  le  pays 
plutôt  que  de  s'exposer  aux  chances  du  tirage  au  sort.  La  première  nouvelle 
d'un  appel  imminent  commençait  à  causer  les  mêmes  résultats.  Le  voisinage 
de  l'Espagne  &  l'aisance  des  communications  entre  les  deux  royaumes  ren- 
draient ces  désertions  d'autant  plus  faciles.  La  Province  proposait  donc  de  se 
racheter  par  une  contribution  pécuniaire  équivalant  à  peu  près  aux  frais  de 
levée  de  six  cent  soixante  hommes.  Un  courrier,  expressément  envoyé  à  la 
Cour  pour  cette  négociation,  en  rapporta  des  lettres  du  garde  des  sceaux 
&  des  secrétaires  d'Etat  La  Vrillière  Se  Le  r>Ianc.  Le  régent,  touché  des  rai- 
sons des  Etats,  8<  voulant  donner  des  marques  de  considération  à  cette  assem- 
blée, voulait  bien  dispenser  le  Languedoc  des  milices  &  faire  lever  ailleurs 
le  même.nombre  de  troupes  j^our  les  remplacer;  mais  cette  grâce  ne  pouvant 
s'accorder  aux  dépens  du  roi,  on  demandait  que  la  Province  abonnât  les 
mille  trois  cent  vingt  hommes  appelés  au  prix  de  cent  vingt-cinq  livres  par 
homme,  ce  qui  donnait  une  somme  totale  de  cent  soixante-cinq  mille  livres. 
La  Province  avait,  depuis  longtemps,  lieu  de  se  plaindre  du  manque  de 
bras;  faute  de  travailleurs,  beaucoup  de  terres  demeuraient  incultes;  l'appel 
des  miliciens  &  la  panique  générale  c|ue  cet  appel  ne  pouvait  manquer  de 
produire  menaçaient  encore  de  rendre  plus  critic(ue  la  condition  des  proprié- 
taires fonciers  &  d'accroître  le  nombre  des  jachères.  L'archevêque  de  Nar- 
bonne  ayant  fait  valoir  ces  motifs,  l'assemblée  chargea  M.  Bonnier,  trésorier 
de  la  bourse  provinciale,  de  verser  entre  les  mains  du  trésorier  de  l'extraor- 
dinaire des  guerres  la  somme  réclamée  par  le  régent'. 

Le  conseil  de  marine  avait  également  décidé  qu'il  était  nécessaire  d'armer, 
aux  frais  de  la  Province,  deux  barques  pour  la  défense  des  côtes,  afin  d'écarter 
les  corsaires  qui  chercheraient  à  troubler  le  commerce  &  à  gêner  le  transport 
des  vivres  &  des  munitions  destinés  à  l'armée  de  Pvoussillon.  La  commission 
des  Etats  rappela  que  pareil  armement  s'était  fait  en  17 10.  La  Province 
n'avait  voulu  entrer  dans  ces  dépenses  qu'avec  l'espoir  d'un  remboursement; 
mais,  sous  prétexte  que  cette  espérance  n'avait  pas  été  exprimée  avec  assez  de 
clarté  dans  la  délibération,  ce  remboursement  ne  s'était  jamais  effectué,  quel- 
c[ues  soins  que  se  fussent  donnés  les  députés  en  Cour  pour  y  parvenir,  8< 
la  Province  avait  dû  sacrifier  en  pure  perte,  pendant  les  années  '712,  1713 
&  1714,  une  somme  annuelle  d'environ  quatre-vingt  mille  livres.  Cette  fois, 

■  Procès  verbnl  des  Êiills.  Sé.ince  du  8  février  1719.  —  Piiccs  juitifuatiyes,  n.  DCCCXXXIX, 
col.  2097. 


1719 


lyiy 


^38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  États  offraient  de  faire  une  avance  de  fonds,  à  condition  de  les  imputer 
sur  les  sommes  que  le  trésorier  de  la  bourse  devait  remettre  au  trésor  royal. 
M.  de  Bernage  répondit  que  l'emploi  des  fonds  dus  par  la  Province  était 
probablement  arrêté  déjà  pour  subvenir  aux  autres  besoins  de  l'Etat  8c  que 
l'avance  offerte  serait  illusoire,  si  elle  ne  portait  pas  jusqu'à  l'année  1721. 
L'archevêque  de  Toulouse,  président  de  la  commission,  déclara  que  cette 
observation  était  juste,  &  fit  consentir  l'avance  dans  les  termes  que  proposait 
l'intendant.  Le  trésorier  de  la  bourse  fut  donc  autorisé  à  payer,  sur  ordon- 
nances de  M.  de  Bernage,  les  frais  d'armement  des  deux  barques,  sauf  à 
retenir  les  sommes  versées  sur  le  montant  des  impositions  de  172  i  '. 

Enfin,  le  ministre  de  la  guerre  écrivit  à  l'intendant  que  vingt-cinq  esca- 
drons de  cavalerie  devaient  être  concentrés  en  Languedoc,  sur  les  frontières 
de  Roussillon,  8c  y  séjourner  quinze  jours  ou  trois  semaines.  Le  roi  se  pro- 
posait de  n'en  payer  les  fourrages  que  sur  le  pied  de  cinq  sols,  somme  tout  à 
fait  insuffisante,  8c  comptait  sur  la  Province  pour  le  surtaux.  Une  commis- 
sion de  huit  membres,  dont  l'archevêque  d'Albi  était  président,  examina 
cette  combinaison.  Elle  recourut,  suivant  l'usage,  aux  précédents,  8c  reconnut 
qu'eit  1712,  après  le  siège  de  Girone,  des  corps  de  cavalerie  ayant  été 
envoyés  en  Languedoc,  les  fourrages  furent  fournis  par  les  communes,  à  la 
diligence  des  maires  8c  des  consuls,  en  vertu  d'une  ordonnance  de  Bâvillc; 
mais  cette  ordonnance  portait  qu'il  serait  tenu  compte  des  dépenses  faites  sur 
les  sommes  dues  au  trésor  royal.  Cette  disposition  avait  été  exécutée  de  point 
en  point,  8c  les  communes  étaient  rentrées  dans  leurs  déboursés.  On  résolut 
d'appliquer  le  même  système,  en  donnant  pouvoir  aux  collecteurs  8c  aux 
receveurs  des  tailles  de  puiser  dans  leurs  caisses  particulières  pour  payer  les 
fourrages  destinés  aux  vingt-cinq  escadrons,  8c  pouvoir  au  trésorier  provincial 
de  faire  lui-même  les  avances,  si  les  caisses  des  trésoriers  inférieurs  ne  suffi- 
saient pas^. 

Dans  le  courant  de  la  même  année,  le  roi  ordonna  la  levée  de  mille  trois 
cents  mulets  en  Languedoc  pour  les  transports  de  l'armée  d'Espagne,  tant  du 
côté  de  Roses  que  du  côté  de  Fontarabie.  M.  de  Montferrier,  syndic  général, 
traita  pour  cet  effet  avec  deux  habitants  de  Grenoble,  Perrin  8v  Seranne,  qui 
s'engagèrent  à  fournir  à  leurs  frais  quatre  cents  mulets  harnachés  8c  équipés. 
Les  neuf  cents  autres  furent  réquisitionnés  dans  les  communes  de  Languedoc 
8c  formèrent  un  convoi  placé  sous  la  direction  d'un  inspecteur  général  Se  de 
plusieurs  brigadiers  &c  sous-brigadiers. 

Les  comptes  de  ces  dépenses  furent  très-longs  à  régler  entre  la  Province  Se 
l'État,  parce  que  le  ministre  de  la  guerre,  Le  Blanc,  voulait  déduire  du  prix 
des  journées  celui  des  fourrages  pendant  la  campagne  8c  ne  pas  payer  le 
montant  de  l'étape.  Les  instances  de  la  députation  provinciale  finirent  par 
lever  ces  difficultés.  Mais,  sur  une  dépense  totale  de  trois  cent  trente  mille 

■  Procès-verbnl  des  Etnts  de  Languedoc.  Séance  '  Procès-verbnl  des  États  de  Lniigiiedoc.  Séance 

du   i3  février   1719.  du    18  février  1719. 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  989 

livres,  le  trésor  royal  en  devait  encore  plus  de  deux  cent  onze  mille  en  1723. 
Tous  les  comptes  avaient  été  arrêtés  par  M.  de  Bernage,  pour  le  contingent 
communal,  comme  pour  le  convoi  de  l'entrepreneur'. 

La  nouvelle  guerre  d'Espagne,  qui  occasionnait  à  la  Province  ces  divers 
sacrifices,  ne  devait  pas  être  longue.  Elle  donna  l'occasion  au  roi  Catholique 
de  faire  un  inutile  étalage  de  ses  prétentions  à  la  tutelle  du  roi  de  France  &c 
à  la  régence  du  royaume,  une  invitation  impuiss?inte  aux  Parlements  &  aux 
Etats  généraux  à  réclamer  la  liberté  de  s'assembler,  &  un  appel  à  la  déser- 
tion des  troupes,  en  insistant  sur  l'appui  qu'il  croyait  trouver  dans  les  rangs 
de  la  noblesse.  La  déclaration  d'Aranjuez,  datée  du  27  avril  1719,  avait  été 
répandue  parmi  les  troupes  françaises  &  fut  transmise  au  régent  par  le  duc 
de  Berwick.  Le  gouvernement  français  y  répondit,  sous  forme  de  lettre  au 
maréchal,  dans  un  langage  à  la  fois  très-ferme  &  très-modéré. 

Cette  même  modération  éclatait  dans  la  notification  qui  fut  faite  à  la  capi- 
tale de  la  Province  du  succès  des  armes  françaises  devant  Fontarabie.  Voici 
dans  quels  termes  le  régent  demandait  aux  officiers  municipaux  des  princi- 
pales villes  du  royaume  d'assiter  au  Te  Deum  : 

«  Très-chers  Si  bien-amés,  toute  l'Europe  sait  assez  par  quels  motifs  nous 
«  avons  été  forcé  de  déclarer  la  guerre  au  roi  d'Espagne,  Se  avec  quelle 
«  douleur  nous  tournons  nos  premières  armes  contre  un  prince  dont  la  per- 
«  sonne  Si  les  intérêts  nous  doivent  être  si  chers  ;  quoique  Dieu  paroisse, 
«  par  le  succès  qu'il  nous  accorde,  approuver  la  justice  Si  la  droiture  de 
«  nos  intentions,  nous  ne  ressentirions  aucune  joie  de  nos  avantages,  si  ce 
«  n'étoient  des  acheminemens  à  la  tranquillité  générale  que  nous  tâchons, 
«  avec  nos  alliés,  d'obtenir  du  roi  d'Espagne.  La  prise  de  Fontarabie  ne 
<i  nous  flatte  donc  point  par  la  gloire  de  la  conquête,  mais  seulement 
«  par  l'espérance  de  parvenir  à  une  paix  également  avantageuse  aux  deux 
B   nations^.  » 

La  lettre  envoyée  après  la  chute  de  Saint-Sébastien  n'était  pas  moins 
expressive.  «  Vous  savez  déjà,  y  faisait-on  dire  au  jeune  roi,  de  quel  œil 
«  nous  regardons  les  succès  que  Dieu  daigne  accordera  nos  armes;  ils  ne 
«  nous  flattent  qu'autant  qu'ils  nous  paroissent  des  témoignages  de  la  justice 
«  de  nos  intentions  Si  qu'ils  augmentent  les  espérances  d'une  paix  prochaine. 
«  C'est  pour  y  parvenir  plus  tôt  que  nous  poursuivons  de  nouvelles  conquêtes 
«  Si  nous  ne  nous  sommes  rendu  maitre  de  la  ville  Si  du  château  de  Saint- 
<(  Sébastien,  que  dans  l'impatience  d'obtenir  du  roi  d'Espagne  qu'il  consente 
«  enfin  à  désarmer  l'Europe  Si  à  établir,  pour  ses  intérêts  81  pour  sa  gloire, 
«  une  ferme  alliance  entre  des  nations  qui  ne  combattent  qu'à  regret.  » 

Une  guerre  faite  avec  de  telles  dispositions  de  la  part  du  vainqueur  ne 
pouvait  être  fort  longue.  Les  provinces  de  Biscaye  81  d'Alava  ayant  envoyé 
des  députés  au  duc  de  Berwick  pour  lui  demander  sa  protection  81  lui  offrir 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  '  Archives    de   Toulouse.    Annalei    manuscrites, 

du  2j  février  1723.  XI,  p.  104. 


1719 


'7'9 


172» 


940  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

des  subsides,  à  la  condition  de  sauvegarder  leurs  franchises  locales,  le  maré- 
chal repondit  que  le  roi  ne  voulait  point  agrandir  le  territoire  français,  mais 
contraindre  seulement  Philippe  V  à  poser  les  armes. 

Les  hostilités  se  rapprochèrent  un  instant  de  la  frontière  de  Languedoc, 
lorsque  M.  de  Bonnac  alla  forcer  le  fort  de  Vénasque,  sur  le  versant  espagnol 
des  montagnes  de  Luchon  ;  ce  fut  le  dernier  épisode  de  la  campagne.  Les 
officiers  généraux  repassèrent  par  Toulouse,  où  ils  séjournèrent  quelques 
jours  pour  se  délasser.  Ils  visitèrent  l'hôtel  de  ville  qui  les  avait  déjà  reçus 
quand  ils  se  rendaient  à  la  frontière.  On  comptait  parmi  eux  le  chevalier  de 
Lorraine,  le  duc  de  Luxembourg,  le  duc  de  Melun,  le  duc  d'Olonne  8t  une 
foule  d'autres  personnages  considérables'.  Peu  de  temps  après,  la  paix  fut 


sia:nee. 

O 


On  sait  que,  depuis  bien  des  années,  par  l'effet  des  mauvaises  récoltes  St 
d'un  déplacement  général  du  commerce  qu'avait  occasionné  la  création  du 
canal  de  Languedoc,  le  diocèse  d'Albi  était  un  de  ceux  de  la  Province  où 
l'on  avait  le  plus  de  peine  à  lever  les  impositions  8<  où  le  grand  nombre  des 
biens  abandonnés  trahissait  la  misère  publique.  Si  les  guerres  de  Louis  XIV 
n'avaient  pas  fait  négliger  les  sages  maximes  de  Colbert  8c  suspendu  la  produc- 
tion, par  le  manque  de  bras,  au  moment  même  où  l'on  exagérait  les  dépenses, 
les  plaintes  que  les  collecteurs  d'Albigeois  ne  cessaient  de  porter  aux  agents 
de  la  Province,  eussent  éveillé  leur  sollicitude.  Dès  les  premiers  temps  de  la 
régence,  le  mouvement  qui  commençait  à  pousser  les  esprits  vers  le  progrès 
économique,  stimula  le  zèle  de  l'assemblée  provinciale.  On  comprenait  que 
la  meilleure  manière  d'aider  un  pays  déshérité  à  supporter  ses  charges  était 
d'y  augmenter  le  travail  productif. 

L'Albigeois  avait  une  vieille  industrie  locale,  celle  des  toiles,  qui  était 
favorisée  par  l'abondance  du  chanvre  8c  du  lin  8c  par  l'excellente  qualité  des 
eaux  pour  le  blanchiment;  mais  cette  industrie,  dépourvue  de  moyens  de 
comparaison  Se  de  perfectionnement,  sans  rapports  avec  l'extérieur,  était 
demeurée  fort  rudimentaire;  faute  d'un  bon  outillage,  elle  gaspillait  la 
matière  première,  en  perdait  presque  la  moitié,  8c  n'arrivait  à  produire  que 
de  grosses  toiles  communes,  se  payant  de  vingt  à  trente  sols  la  canne. 

L'inspecteur  des  manufactures  Goudar,  envoyé  dans  le  pays,  avec  mission 
d'y  chercher  un  meilleur  emploi  des  éléments  locaux,  étudia  la  question  de 
la  toilerie.  Se  reconnaissant  que  les  petits  fabricants  indigènes  étaient  fort 
arriérés,  essaya  d'introduire  chez  eux  quelques  innovations.  Il  fit  l'expé- 
rience d'un  moulin  battoir  pour  affiner  les  chanvres,  qui  permit  d'utiliser 
une  plus  grande  quantité  de  matière  8c  d'en  tirer  soixante-cinq  livres  là  où 


'  Le    clironiqueur   municipal    raconte   que   l'on  ville  du   roynume  ni  de  l'Europe  n'ayant  été  aussi 
exhiba   aux    illustres  visiteurs    les   onze  livres  des  jalouse   que  Toulouse  de  conserver  la    mémoire  de 
Annales  manuscrites  de  l'hôtel  de  ville.  «  Ces  sei-  ses  magistrats,  de  ce  qu'Us  ont  fait  pour  le  service 
gneurs,  dit-il,  virent  avec  admiration  les  registres  de  la  ville  &  des  événemens  publics  '.  » 
de  l'Histoire,  monuments  très-respectables  &  très- 
curieux    qu'on    ne   voit    nulle    autre    part,    nulle  '  Archives  de  Toulouse. /)h»j/cs  mj««srn7i's,  XI,  p.  104. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  941 

les  vieux  procédés  n'en  donnaient  que  trente  ou  quarante.  Il  y  amena  aussi 
un  peigneur  &  une  fileuse  de  Dauphiné  pour  y  former  des  élèves.  Mais  ce 
n'était  pas  une  mince  entreprise  que  de  taire  renoncer  les  gens  du  pays  à 
leurs  habitudes  &  de  vaincre  la  routine  séculaire.  On  pensa  que  l'établisse- 
ment d'une  manufacture  de  toiles  à  la  façon  de  Rouen  pourrait  triompher 
de  ces  répugnances  par  l'exemple.  Le  fait  s'était  produit  pour  la  fabrique  des 
draps  du  Levant  qu'on  avait  vue  se  répandre  dans  les  diverses  parties  de  la 
Province  après  avoir  été  concentrée  d'abord  dans  quelques  ateliers  particu- 
liers. 11  y  avait  lieu  d'espérer  que  les  habitants,  voyant  qu'ils  trouveraient 
un  profit  considérable  à  faire  ces  sortes  de  toiles  pour  l'exportation,  se  déci- 
deraient à  y  consacrer  leurs  soins,  arracheraient  la  contrée  à  l'inertie  misé- 
rable dont  elle  souffrait  &  y  ramèneraient  le  numéraire. 

Un  bourgeois  d'All)i,  nommé  Séré,  qui  avait  une  maison  de  banque,  & 
qui  était  animé  de  l'esprit  d'entreprise,  encouragé  par  l'inspecteur  Goudar, 
se  rendit  à  Montpellier  Se  proposa  de  fonder  une  toilerie  avec  l'assistance  de 
la  Province.  Il  demandait  que,  pour  la  première  année,  les  Etats  fissent  les 
frais  de  louage  d'un  moulin  battoir  Se  d'une  blanchisserie,  qu'ils  fissent  venir 
des  peigneurs,  des  fileuses,  un  tisserand  S<.  un  blanchisseur  de  Normandie  ou 
de  Dauphiné,  qu'on  lui  prêtât  une  somme  de  trente  mille  livres  sans  inté- 
rêts ou  qu'on  lui  servît  une  rente  de  dix-huit  cents  livres,  &  enfin  qu'on  lui 
donnât  une  prime  de  quarante  sols  par  pièce  de  toile  de  vingt  à  vingt-deux 
aunes. 

Les  États  trouvèrent  cette  combinaison  trop  compliquée  S<  proposèrent  de 
payer  à  Séré  deux  mille  écus  par  mille  pièces  de  toile  façon  de  Rouen, 
d'une  qualité  Se  d'une  valeur  vénale  de  beaucoup  supérieure  à  celle  des  pro- 
duits indigènes.  Cela  fait,  on  pourrait  régler  avec  connaissance  de  cause  les 
avantages  qui  devraient  être  accordés  dans  la  suite  à  celte  manufacture.  Séré 
accepta  l'arrangement,  à  condition  toutefois  qu'il  ferait  un  premier  essai  de 
trois  ou  quatre  pièces  qui  seraient  envoyées  à  Montpellier  8c  soumises  à  la 
commission  des  manufactures.  Si  cet  essai  échouait,  la  Province  en  payerait 
la  dépense,  Se  l'on  ne  parlerait  plus  de  rien.  Dans  le  cas  contraire,  le  fabri- 
cant se  mettrait  à  l'œuvre,  suivant  les  termes  du  traité  proposé  dans  les  États. 
L'évêque  de  Béziers,  chargé  du  rapport,  annonça  que  tout  faisait  prévoir  un 
heureux  succès,  que  l'inspecteur  Goudar  aiderait  l'entreprise  de  ses  soins  Se 
déclara  que  la  Province  ne  devait  pas  négliger  les  moyens  d'apporter  l'indus- 
trie Se  la  richesse  dans  un  grand  diocèse  si  embarrassé  de  payer  ses  impôts'. 

L'assemblée  autorisa  le  syndic  général,  si  l'on  jugeait  que  l'essai  eût  réussi, 
à  passer  un  contrat  avec  Séré  pour  s'obliger  au  nom  de  la  Province  à  lui 
payer  la  somme  de  six  mille  livres  sur  présentation  de  mille  pièces  sorties  de 
ses  ateliers,  pièces  qui  devaient  être  marquées,  avant  Se  après  le  blanchiment, 
par  un  agent  spécial,  au  choix  de  l'archevêque  de  Narbonne.  L'inspecteur 
des  manufactures  avait  la  haute  main  sur  ces  opérations. 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  8  février  1716. 


1720 


942  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Secondé  par  la  puissante  protection  de  l'archevêque  d'Albi,  Séré  alla  cher- 
cher plusieurs  ouvriers  en  Normandie  Se  fit  fabriquer,  exclusivement  avec  les 
lins  &c  les  chanvres  du  pays,  plusieurs  pièces  de  toile  qui  parurent  presque 
aussi  parfaites  que  celles  de  Rouen.  Dès  ce  moment  l'établissement  d'une 
manufacture  subventionnée  par  les  Etats  fut  assurée. 

Dans  la  séance  du  22  janvier  1720,  l'évêque  de  Bézîers  rendit  compte  des 
résultats  obtenus,  qui  faisaient  espérer,  disait-il,  des  avantages  très-considé- 
rables &  détailla  les  clauses  du  traité  à  conclure. 

Séré  se  chargeait  de  travailler  pendant  six  années,  à  dater  du  i"  jan- 
vier 1720,  à  la  fabrication  des  toiles  de  Rouen,  avec  les  lins  8t  les  chanvres 
du  pays,  dans  la  ville  d'Albi  ou  dans  les  autres  lieux  du  diocèse. 

Il  s'engageait  à  fabriquer,  pendant  chacune  des  années  de  son  bail ,  la 
quantité  de  deux  cents  pièces  de  toile  ou  de  linge  de  table,  mesurant  trente 
aunes,  de  trois  qualités  différentes,  mais  toutes  à  la  façon  de  Rouen.  Sur  ce 
nombre  de  pièces,  cinquante  devaient  être  d'une  finesse  Se  d'une  exécution 
supérieure,  conformes  aux  échantillons  cachetés  déposés  dans  le  greffe  de  la 
Province;  soixante-quinze  de  seconde  qualité,  &  les  soixante-quinze  autres 
de  troisième. 

Il  promettait  de  faire  blanchir  chaque  année  au  moins  soixante-dix  pièces, 
avec  la  faculté  de  vendre  le  surplus  en  gris  ou  en  roux.  Les  lins  &  les  chan- 
vres seraient  préparés  dans  un  moulin-battoir  ou  par  un  filassier,  afin  de 
pouvoir  être  filés  au  rouet  £(.  non  autrement. 

Séré  acceptait  la  charge  d'entretenir  quatre  cents  rouets  qu'il  distribuerait 
à  quatre  cents  filles  pour  les  former  à  filer  à  la  manière  de  Normandie,  & 
quarante  métiers  normands  pour  former  quarante  toiliers  ou  tisserands  du 
pays  à  fabriquer  des  toiles  de  toute  qualité,  façon  de  Rouen.  Il  fournirait 
également  à  tous  les  ouvriers  employés  à  sa  fabrique  tous  les  outils  S<.  acces- 
soires nécessaires. 

Il  assurait  aux  fileuses,  aux  toiliers,  à  un  filassier  &  à  un  blanchisseur  le 
logement  pour  leurs  personnes  &  pour  leur  outillage,  en  a)ant  le  soin  de 
donner  aux  fileuses  des  locaux  assez  spacieux  pour  élever  auprès  d'elles  des 
femmes  ou  filles  qui  voudraient  apprendre  à  filer  au  rouet.  Il  pa)ait  les 
gages  de  quatre  toiliers,  de  trois  fileuses,  d'un  filassier  &  d'un  blanchisseur 
de  Normandie  Se  faisait  les  frais  de  leur  nourriture. 

Aucune  des  deux  cents  pièces  fabriquées  pendant  chaque  année  du  bail  ne 
pouvait  être  mise  en  vente  qu'après  avoir  été  marquée  par  un  contrôleur 
des  États. 

En  considération  de  ces  engagements,  l'assemblée  provinciale  accordait  à 
Séré  la  somme  de  mille  livres  une  fois  payée  pour  faire  venir  de  Normandie 
deux  toiliers  &  un  blanchisseur,  outre  les  ouvriers  qu'il  en  avait  amenés  pré- 
cédemment, plus  quatre  mille  neuf  cents  livres  pour  l'achat  de  quatre  cents 
tours  ou  rouets,  de  quarante  métiers  normands  &  des  autres  outils  néces- 
saires, à  charge  de  les  rendre  après  l'expiration  de  son  bail. 

La    Province    assurait   aussi,'  pendant    la    même   durée,    une    subvention 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  943 

annuelle  de  trois  mille  deux  cent  vingt-huit  livres  pour  les  gages,  nourriture 
&  entretien  de  huit  ouvriers  normands,  sauf  à  réduire  proportionnellement 
cette  somme  si  le  nombre  de  ces  ouvriers  diminuait;  une  autre  subvention 
annuelle  de  quinze  cents  livres  pour  le  loyer  des  bâtiments  de  la  fabrique  ou 
le  salaire  des  commis  ou  agents  indispensables,  &  une  prime  de  deux  mille 
livres,  à  titre  de  gratification  &  pour  l'aider  à  taire  quelques  avances. 

Pendant  les  deux  premières  animées  du  bail,  Séré  se  réserva  la  faculté  de 
ne  pas  produire  les  deux  cents  pièces  convenues  sans  être  inquiété,  pourvu 
qu'il  complétât  le  déficit  les  années  suivantes,  &  qu'à  la  fin  du  bail  il  se 
trouvât  avoir  fabriqué  le  nombre  total  de  douze  cents  pièces  porté  dans  les 
conventions. 

Toutes  ces  clauses  furent  ratifiées  par  les  Etats,  8<.  le  syndic  général  Boyer 
d'Odars  eut  mandat  de  signer  le  traité  définitif,  comme  aussi  de  consentir 
annuellement  au  payement  des  sommes  réglées,  après  s'être  convaincu,  par  le 
témoignage  de  l'inspecteur  des  manufactures,  que  l'entrepreneur  aurait  fidè- 
lement tenu  ses  engagements'. 

Le  diocèse  de  Narbonne,  depuis  l'hiver  de  1709,  ne  le  cédait  guère  à  ceUii 
d'Albi  en  fait  d'embarras  financiers.  La  production  de  l'huile  qui,  avant  cette 
désastreuse  époque,  représentait  plus  de  six  cent  mille  livres  de  rente,  était 
alisolument  nulle.  Dans  quelques  autres  parties  du  bas  Languedoc,  bien 
que  les  oliviers  fussent  morts,  les  racines  avaient  poussé  des  rejetons  que 
l'on  transplantait  8c  qui,  au  bout  d'un  certain  nombre  d'années,  promettaient 
encore  une  récolte.  Dans  le  Narbonnais,  la  destruction  avait  été  si  complète 
que  l'essence  était  presque  entièrement  perdue;  les  propriétaires,  ruinés,  ne 
se  trouvaient  pas  même  en  état  de  se  procurer  des  plants.  Le  diocèse  de  Car- 
cassonne  portait  des  plaintes  pareilles;  mais  comme  la  culture  de  l'olivier  n'y 
était  pas  considérable  &  que  le  pays  tirait  ses  principales  ressources  des  jnanu- 
factures,  l'assemblée  provinciale  n'en  tint  pas  compte.  L'archevêque  d'Albi 
plaida  la  cause  du  diocèse  de  Narbonne,  qui  n'avait  eu,  depuis  plusieurs 
années,  aucune  récolte  de  grains  81  fit  ressortir  la  singularité  du  cas.  Les 
États,  sur  la  proposition  de  leurs  commissaires,  votèrent  une  somme  de  quinze 
mille  livres  pour  l'achat  de  plants  d'olivier  dans  les  diocèses  de  Béziers  8c  de 
Saint-Pons,  destinés  à  être  distribués  aux  propriétaires  du  Narbonnais,  avec 
mission  aux  commissaires  ordinaires  du  diocèse  8c  au  syndic  général  Mont- 
ferrier  de  surveiller  l'emploi  de  cette  somme,  sous  la  direction  de  l'arclie- 
vêque-président.  Se  de  s'assurer  que  la  répartition  fût  restreinte  aux  particu- 
liers peu  aisés  qui  ne  pouvaient  suffire  à  la  dépense  des  plantations  par  leurs 
propres  ressources  ^. 

Durant  cette  même  session,  les  États  eurent  la  satisfaction  d'enregistrer 
un  arrêt  du  conseil  d'Etat,  daté  du  23  mai  1719  qui  terminait  un  procès 
pendant  depuis  l'année  1644,  entre  la  Province  8c  les  héritiers  de  Jacques 

'  Procès-Terb.il  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  '  Procès-verbal  des  Kt.its  de  Languedoc.  Séance 

du  22  janvier   1720,  du  i"  février  1730. 


1720 


1720 


y44  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Brun,  concessionnaire  du  canal  de  Beaucaire  à  Aigues-mortes.  Le  conseil 
réglait  à  trente  mille  Funes  l'indemnité  due  par  le  pavs  de  Languedoc  à  cette 
famille  qui  n'avait  jamais  pu  réaliser  sa  concession  &  fixait  l'époque  du 
payement  par  moitié  au  !"■  janvier  1720  Se  au  1"  janvier  1721.  Cette  longue 
opposition  à  un  travail  utile,  tant  au  point  de  vue  de  l'assainissement  que 
de  la  production  agricole,  contrastait  d'une  façon  assez  curieuse  avec  l'esprit 
de  philanthropie  qui  se  répandait  de  plus  en  plus  parmi  les  hommes  publics. 
C'était  un  dernier  témoignage  de  ces  vues  étroites  8c  de  cet  égoïsme  inin- 
telligent qui  méconnaissait  les  vrais  intérêts  du  pays  sous  prétexte  de  les 
défendre. 

La  province  de  Languedoc  n'avait  pu  échapper,  plus  que  le  reste  du 
royaume,  k  l'invasion  du  papier  de  banque  &  à  la  fureur  d'agiotage  que  le 
système  de  Law  venait  de  déchaîner  sur  la  France. 

L'arrêt  du  conseil  du  21  décembre  1719  ayant  établi  le  cours  forcé  des 
billets  de  banque,  à  compter  du  printemps  de  1720,  causa  de  très-grandes 
perturbations  dans  le  commerce  local.  I^e  Languedoc  était  plein  de  petites 
industries,  vivant  au  jour  le  jour,  &.  qui  ne  pouvaient  se  maintenir  que  par 
une  circulation  constante  de  numéraire.  Dans  le  Gévaudan  &  les  Cévennts, 
centres  de  fabrication  d'étoffes  communes,  il  se  tenait  chaque  semaine  des 
marchés  où  les  laboureurs  8c  propriétaires  de  bétail  vendaient  leurs  laines. 
Des  paysans,  possesseurs  d'un  métier,  achetaient  au  prix  de  dix  ou  quinze 
livres  la  quantité  de  laine  nécessaire  pour  faire  une  pièce  de  cadis.  La  pièce 
faite,  ils  allaient  la  vendre  8c  acheter  de  quoi  en  fabriquer  une  autre.  Des 
commissionnaires,  courant  le  pavs,  pour  le  compte  des  marchands  en  gros, 
traitaient  individuellement  avec  tous  ces  petits  fabricants  à  domicile,  8c  ce 
commerce  de  détail  exigeait  l'argent  comptant.  Les  dentellières  du  Vêlai 
procédaient  de  même,  achetant  un  écu  de  fil  8c  ne  renouvelant  cette  pro- 
vision qu'après  s'être  débarrassées  de  leurs  produits.  Tout  infimes  qu'elles 
parussent,  ces  humbles  transactions  ne  donnaient  pas,  dans  leur  ensemble, 
moins  de  deux  ou  trois  millions  par  an.  L'emploi  des  billets  de  banque 
n'était  guère  plus  favorable  aux  régions  manufacturières  ou  la  nécessité  de 
payer  journellement  les  ouvriers  exigeait  beaucoup  de  monnaie  sonnante. 
Les  manufactures  de  draps  du  Levant,  établies  8c  subventionnées  par  la  Pro- 
vince, occupaient  un  personnel  de  plus  de  trente  mille  ouvriers  qui  ne 
pouvaient  recevoir  en  papier  leur  salaire  quotidien,  8c  qui,  le  recevant  en 
argent,  ruinaient  bientôt  les  fabricants,  obligés  de  n'accepter  eux-mêmes  en 
payement  que  du  papier. 

Enfin,  dans  les  pays  agricoles  du  haut  Languedoc,  le  courtage  des  grains 
se  faisait  aussi  dans  des  proportions  extrêmement  modestes.  11  n'était  pas 
rare  de  voir  des  commissionnaires  courir  les  métairies  pour  y  acquérir  des 
grains  setier  par  setier  8v  les  revendre  ensuite  à  des  courtiers  plus  sérieux 
qui  résidaient  à  Toulouse,  à  Castelnaudary  Se  à  Revel. 

Pour  le  payement  des  impôts,  le  cours  forcé  des  billets  de  banque  ne  pro- 
duisait pas  des  consé(|ucnces   moins  fâcheuses.  Au-dessus  de  dix   livres,   les 


LIV.    IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  946 

arrérages  se  payaient  en  papier 5  au-dessous,  on  retenait  cinq  pour  cent 5  Si 
comme  la  grande  majorité  des  biens-fonds  soumis  à  la  taille  appartenait  à  de 
.pauvres  gens  &  à  des  paysans,  l'Église  &  la  noblesse  n'ayant  presque  que  des 
biens  nobles,  la  moyenne  des  cotisations  était  de  trente  livres  qui  se  payaient 
en  trois  termes,  de  sorte  que  la  retenue  des  cinq  pour  cent  équivalait  à  un 
vingtième  des  impositions. 

Les  États  se  firent  auprès  du  régent  les  avocats  de  la  Province  &t  lui 
adressèrent  un  mémoire  où  ils  détaillaient  les  diverses  conséquences  du  cours 
forcé.  Ils  se  plaignaient  aussi  du  trafic  auquel  l'usage  des  billets  de  banque 
donnerait  lieu  parmi  les  collecteurs,  qui  feraient  main  basse  sur  l'argent 
monnayé. 

11  semblait  facile  d'éviter  ces  fraudes  en  obligeant  ces  agents  à  inscrire  sur 
leur  livre  de  taille  la  nature  des  payements  qui  leur  étaient  faits.  «  Mais, 
«  observe  le  mémoire  des  États,  quand  on  connoît  ce  que  c'est  qu'un  collec- 
«  teur,  on  sait  que  le  plus  grand  nombre  ne  savent  ni  lire  ni  écrire  8c  qu'ils 
«  ne  donnent  d'autre  décharge  au  taillable  que  de  barrer  son  article  au  livre 
Il  de  collecte,  sans  autre  formalité  ny  quittance".  » 

Dans  la  séance  du  i"  février,  Jes  États,  suivant  l'exemple  des  autres  corps 
Se  compagnies  du  royaume,  votèrent  la  réduction  des  rentes  provinciales  sur 
le  pied  de  trois  pour  cent  au  lieu  de  cinq.  L'archevêque  d'Albi,  rapporteur, 
déclara  que  l'on  avait  longtemps  hésité,  cette  diminution  d'intérêts  paraissant 
onéreuse  pour  les  rentiers,  puisqu'elle  allait  leur  enlever  près  de  la  moitié  de 
leur  revenu  Se  les  moyens  de  sulwenir  à  l'insuffisance  de  leurs  récoltes.  Mais 
on  ne  devait  pas  oublier  que  ces  intérêts  eux-mêmes  se  levaient,  par  forme 
d'impôts,  sur  les  propriétés  foncières;  cette  nature  de  biens  se  trouvait  chargée 
depuis  plus  de  trente  ans,  avec  tant  d'excès,  que  l'objet  le  plus  important 
pour  la  Province  était  d'en  procurer  l'allégement.  Aussi ,  en  réduisant  les 
rentes  de  la  Province,  engageait-on  les  diocèses  Si  les  villes  à  en  user  de 
même  à  l'égard  de  leurs  créanciers.  La  réduction  fut  fixée  au  i"  juillet,  8t  la 
délibération  publiée  à  Paris,  à  Toulouse  Si  à  Montpellier,  afin  d'avertir  les 
rentiers  non  acceptants  d'avoir  à  se  faire  rembourser. 

Cette  loi  générale  souftrit  une  seule  exception,  qui  fut  proposée  par  l'ar- 
chevêque d'Albi.  Ce  prélat  fit  observer  que,  les  couvents  81  communautés  de 
filles  religieuses  qui  n'étaient  point  abbayes  étant  fort  pauvres  Se  n'ayant  le 
plus  souvent  d'autre  revenu  que  des  rentes  sur  la  Province  ou  d'autres  corps, 
la  réduction  précipitée  de  ce  revenu  leur  enlèverait  presque  la  moitié  de  leur 
subsistance.  Si  qu'elles  n'avaient  aucune  espace  d'industrie  pour  se  procurer 
d'autres  secours.  A  titre  de  charité,  les  États  consentirent  que  jusqu'à  la  fin 
de  l'année  ces  couvents  ne  seraient  pas  soumis  à  la  réduction*. 

Un  grand  nombre  de  maisons  hospitalières  furent  rudement  éprouvées  par 
la  dépréciation  des  billets  de  banque.  Nous  voyons,  par  une  lettre  de  Ber- 
nage,  que  l'hôpital  des  orphelins  de  Toulouse  se  trouva  chargé  de  ce  papier 

Pièces  )u:tificaiiyei,   n.  DCCCXLI,  col.  ïioo.  '  Procès-verbnl  des  Etnts.   i"  février  1720. 

XIII,  60 


1720 


iJlQ 


CJ46  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

au  point  de  ne  pouvoir  plus  suffire  à  la  subsistance  des  pauvres.  Cet  hôpital 
étant  possesseur  d'une  rente  sur  la  ville  de  Toulouse,  l'intendant  écrivit  aux 
capitouls  :  «  Il  est  juste  que  si  vous  ne  pouvez  pas  faire  payer  les  arrérages- 
«  qui  sont  dus  en  entier,  il  en  soit  du  moins  acquitté  une  partie}  personne 
«   ne  mérite  plus  de  préférence  que  les  hôpitaux".  » 

Ce  fut  principalement  vers  la  fin  de  l'année  1720  que  la  débâcle  financière 
causa  de  grandes  pertes  en  Languedoc.  Le  pays  était  déjà  fort  attristé  par  la 
peste  de  Marseille,  qui  commençait  à  se  propager  dans  le  Gévaudan  St  qui 
mettait  toutes  les  provinces  voisines  en  alarmes.  L'assemblée  du  clergé  de 
France  chargea  les  agents  généraux  d'écrire  à  tous  les  évêques  pour  leur 
demander  une  quête  en  faveur  des  diocèses  affligés  de  la  contagion.  Dans  le 
diocèse  de  Castres,  cette  quête  donna  cent  pistoles  en  espèces  8t  cinq  mille 
livres  en  billets.  Quelque  temps  après,  à  l'occasion  d'un  grand  incendie  qui 
avait  désolé  la  ville  de  Rennes,  le  marquis  de  La  Vrillière,  secrétaire  d'Etat, 
sollicita,  au  nom  du  régent,  l'assistance  des  prélats  du  royaume.  Dans  la 
réponse  qu'il  lui  fit  à  ce  sujet,  l'évêque  de  Castres  présenta  un  tableau  fort 
sombre  de  la  situation  du  pays.  Il  promettait  de  ne  rien  négliger  pour  l'exé- 
cution des  ordres  du  régent,  pleins  de  charité  &  de  justice;  mais  il  était 
effrayé  des  difficultés  de  la  réussite,  en  ayant  fait  déjà  une  triste  expérience. 
«  L'inondation  du  papier,  disait-il,  a  fait  presque  autant  de  mal  dans  nos 

«  cantons  que  les  flammes  en  ont  pu  faire  en  Bretagne Qu'importe  que 

«  nos  maisons  n'aient  pas  été  réduites  en  cendres,  si  de  tout  ce  que  nous 
«  avions  de  plus  nécessaire  il  ne  nous  reste  qu'une  matière  qui  n'est  propre 

«  qu'à  être  jetée  au  feu! Nos  neveux  auront  de  la  peine  à  voir  de  leurs 

«  jours  cette  Province  rétablie,  je  ne  dis  pas  dans  cet  état  florissant  qui  la 
c  rendoit  autrefois  si  délicieuse,  mais  seulement  dans  cette  indigence  sup- 
<(  portable,  dont  nous  pouvions  nous  consoler,  il  n'y  a  que  six  mois,  par  de 
«  meilleures  espérances.  Quel  changement  un  si  court  espace  n'a-t-il  pas 
<i  apporté  aux  fortunes  qui  paroissoient  les  mieux  établies!  On  ne  sauroit  le 
«  comprendre  sans  le  voir.  «  Il  ajoute  que  le  pays  n'a  plus  de  commerce, 
plus  de  travail,  plus  de  confiance,  plus  de  ressources,  ni  dans  l'industrie,  ni 
dans  la  prudence,  ni  dans  l'amitié,  ni  dans  la  charité.  Chacun  croit  qu'on 
ne  doit  plus  se  fier  à  personne,  ni  prêter  à  ses  amis  ou  à  ses  proches  le 
secours  que  l'on  offrait  autrefois  aux  plus  indifférents.  L'évêque  indiqua  la 
situation  de  son  clergé,  beaucoup  plus  appauvri  par  les  remboursements 
qu'enrichi  par  les  réductions,  près  d'être  impuissant  d'acquitter  ses  charges, 
de  remplir  ses  obligations  &  de' conserver  quelque  décence  dans  le  culte  8< 
quelque  règle  dans  la  discipline;  les  communautés  de  filles  à  la  veille  d'être 
réduites  à  chercher  asile  auprès  de  parents  ruinés,  quand  leur  misère  force- 
rait de  les  dispenser  de  la  clôture.  Les  couvents  ne  pouvaient  pas  même 
faire  les  dépenses  indispensables  que  créait  la  menace  de  contagion.  «  Que 
«  sera-ce   si    le   mal   vient   jusqu'à  nous! Ne  faudra-t-il    pas   que   tout 

'  Archives  de  Toulouse.   Correspondance  des  intendanli.  Lettre  du  2î  décembre  1720. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  947 

«  périsse? Ce  ne  sont  point  ici   des   exagérations,  c'est   l'expression   la 

<i   plus  simple  d'une  vérité  connue  de  tous Encore  si   l'on  nous  deman- 

<c  doit  des  billets,  nous  n'aurions  que  trop  de  facilité  d'en  fournir;  mais  on 
«  veut  des  espèces,  8<.  nous  n'en  avons  plus  ici  '.  » 

La  peste,  apportée  à  Marseille  par  un  navire  du  Levant,  8c  présentée  dans 
un  mandement  épiscopal  comme  une  punition  du  ciel  à  l'adresse  des  appe- 
lants qui  n'acceptaient  pas  la  bulle  Unigenitus,  faisait,  dans  la  capitale  de  la 
Provence,  les  plus  épouvantables  ravages.  Le  4  août,  le  duc  de  Roquelaure 
Se  l'intendant  de  Languedoc  écrivirent  à  toutes  les  villes  de  la  Province  pour 
leur  ordonner  des  mesures  préventives  81  leur  envoyèrent  une  instruction 
détaillée. 

Ces  documents  furent  communiqués  au  conseil  de  bourgeoisie  de  Toulouse 
le  7  août  suivant,  8<.  l'on  ordonna  aussitôt  que  l'on  établirait  une  garde  aux 
portes  81  aux  avenues  de  la  ville,  afin  d'en  interdire  l'accès  aux  voyageurs 
venant  de  pays  suspects.  Le  capitaine  de  la  santé,  officier  de  police  que 
Toulouse  gardait  toujours  en  fonctions  depuis  les  grandes  épidémies  du 
seizième  siècle,  se  mit  en  mouvement,  avec  les  gardes  placés  sous  ses  ordres, 
pour  faire  poser  des  barrières  &  nettoyer  les  rues.  On  répara  les  brèches  des 
remparts,  &c  des  armes  furent  distribuées  aux  escouades  chargées  de  surveiller 
les  clôtures. 

Une  commission  municipale  avait  été  formée,  avec  mission  de  recevoir 
tous  les  avis  de  Provence  81  d'aviser  aux  précautions  nécessaires.  Le  3  sep- 
tembre, comme  les  nouvelles  étaient  de  plus  en  plus  mauvaises,  on  résolut 
de  constituer  un  bureau  de  santé,  ainsi  qu'il  avait  été  pratiqué  en  1628  Se 
en  lôjî.  Il  fut  composé  des  capitouls  en  exercice,  des  bourgeois  du  conseil 
des  Seize  8t  des  douze  membres  de  la  commission  élue  le  7  août,  81  tint  sa 
première  séance  le  6  septembre,  en  présence  de  M.  de  Marmiesse,  président  à 
mortier;  des  conseillers  Prougen,  Tournier  8t  d'Assézat;  du  procureur  général 
Le  Mazuyer  81  de  l'avocat  général  de  Saget.  Le  bureau  commença  par  s'oc- 
cuper des  pauvres  honteux  8<.  des  misérables  que  l'extrême  cherté  des  vivres, 
résultat  de  l'interruption  du  commerce,  mettait  hors  d'état  de  subsister;  il 
chargea  un  conseiller,  un  capitoul  8t  deux  bourgeois  des  Seize  de  faire  des 
quêtes  publiques  81  d'inviter  toutes  les  compagnies  de  la  ville  à  y  concourir; 
puis  on  ordonna  une  vérification  générale  des  boutiques  d'apothicaires,  84 
l'on  dressa  des  modèles  de  certificats  imprimés  qui  furent  envoyés  à  toutes  les 
communes  avoisinantes  pour  y  servir  de  laisser-passer,  8c  prévenir  l'abus  des 
certificats  manuscrits.  On  s'occupa  ensuite  d'organiser  un  service  de  garde 
rcgylière,  où  tous  les  habitants  devaient  passer.  Le  conseil  de  santé  choisit 
dans  la  grande  Lande,  au  nord  de  Toulouse,  trois  maisons  de  campagne  des- 
tinées à  servir  de  lazaret  ou  d'hôpital  pour  les  pestiférés.  Ordre  fut  donné 
aux  propriétaires  de  ces  maisons  d'avoir  à  les  vider  dans  la  huitaine  8c  d'en 
remettre  les  clefs  au  syndic  de  la  ville.  Une  opposition  se  produisit,  de  la 

'  Mémoires  de  la  régence  ilc  S.  À,  R,  le  duc  d'Orléans,  III,  p.  107. 


1720 


1721 


948  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

part  de  la  veuve  du  capitoul  Belot.  Le  conseil  de  santé  répondit  que  cette 
propriétaire  récalcitrante  serait  contrainte,  «  par  éjection  de  ses  meubles  à 
«  la  rue,  à  vider  sa  maison  Si  à  remettre  les  clefs,  8c  qu'en  cas  de  refus,  il 
<(  seroit  fait  d'autres  clefs  aux  frais  de  la  ville'.  «  Le  même  conseil  ordonna 
aussi  de  brûler  divers  ballots  de  marchandises  venues  des  provinces  infectées. 
Comme  toujours,  certaines  querelles  de  préséance  montrèrent  au  milieu  des 
plus  graves  préoccupations  les  rivalités  de  corps.  L'une  des  plus  vives  fut 
celle  des  chanoines  de  Saint-Etienne  qui  ne  voulaient  pas  monter  la  garde 
en  compagnie  des  simples  prébendes.  Le  duc  de  Roqueiaure  pria  les  capi- 
touls  de  dire  au  chapitre  qu'en  pareille  conjoncture,  s'agissant  du  salut  de  la 
patrie,  on  ne  devait  point  parler  de  préséances^. 

Du  reste,  le  fléau  n'atteignit  point  la  capitale  de  la  Province  &  demeura 
confiné  dans  quelques  parties  du  bas  Languedoc,  mais  il  causa  de  grands 
ravages  en  Gévaudan.  Toutes  les  villes  s'étaient  conformées  aux  instructions 
du  commandant  en  chef  Si  de  l'intendant  8c  veillaient  à  la  défense  de  leurs 
portes. 

Pendant  ces  alarmes,  la  Province  fut  traversée  par  Méhémet  Effendi, 
ambassadeur  du  sultan,  qui  allait  saluer  le  roi  Louis  XV.  Ce  personnage, 
embarqué  avec  toute  la  suite  d'un  grand  seigneur  asiatique,  à  bord  d'un 
vaisseau  français,  s'était  présenté  au  port  de  Toulon,  où  il  fut  quelque  temps 
retenu  au  Jardin  du  Roi;  mais  comme  on  ne  voulait  pas  lui  laisser  traverser 
la  Provence,  il  dut  aller  relâcher  à  Cette.  Ce  port  demeurait  ouvert,  sauf 
l'obligation  de  quarantaine.  L'ambassadeur  ottoman  passa  les  quarante  jours 
dans  l'île  de  Maguelonne,  ancien  nid  de  pirates  sarrasins,  où  l'intendant  lui 
avait  préparé  des  logements.  Durant  ce  long  délai,  les  gens  de  la  côte  virent 
les  Turcs  s'exercer  au  tir  de  l'arc  8c  parcourir  en  tout  sens,  sur  leurs  beaux 
chevaux  arabes,  les  alentours  de  l'ancienne  cathédrale  abandonnée. 

Descendu  enfin  à  Cette,  Méhémet  Ettendi  fut  logé  à  la  Raffinerie,  puis 
on  lui  donna  des  barques  pour  le  conduire  à  Toulouse  par  le  canal.  A  Tou- 
louse, on  le  logea  dans  l'hôtel  de  M.  Daguin,  que  le  peintre  Rivalz  avait 
décoré  d'emblèmes  8c  de  devises,  placés  sur  les  portes  avec  des  lauriers  £c 
des  guirlandes.  Le  capitaine  &c  trente  soldats  du  guet  montèrent  la  garde  à 
son  hôtel,  8c  les  capitouls,  instruits  par  l'intendant  de  leurs  devoirs,  dans  le 

'   Archives    de    Toulouse.     Livre    ties    Conseils,  vous  prie,  à  ce  que  cela   soit   exécuté  ponctuelle- 

XXXVIII,  p.  6i.  ment,  de  manière  que  je  n'en  entende  plus  parler, 

'  «  A  l'égard  des  prébendes,  après  avoir  mûrement  observant  de  faire  sentir  à  Messieurs  les  chanoincç 

examiné,  M.  de   Bernage  &  moy,  leur  mémoire  &  &  aux  prébendes  que  dans  la  conjoncture  présente 

eeluy  de  Messieurs  du  chapitre  de  Saint-Etienne,  où    il   s'agit   du   salut  de  la   patrie,  il   ne  don  pas 

il  nous  a  paru  que   la   proposition  des  chanoines  être  question  de  préséance 

étoit  juste,   c'est-à-dire   de   leur  donner  pendant  ,      ,  „ 

'    .      '  ,  ,  1       ,  ,,         ,,  "   Leduc  DE  ROQUELAURI:. 

quinze  jours  que  durera  leur  garde  des  prébendes 

pour  la  monter  en  second,  en   laissant  à  ces  der-  ... 

1     II.     .'   j       1     •  ■  j,  ,1  «  Montpellier,  il   Juin   1721  '.  » 

mers  la  liberté  de  choisir  ceux  d  entre  eux  qu  ils  '  »       i-  i         1  / 

jugeront  à  propos,  &  qu'après  ces  qxiinze  jours  les 

prébendes   pourront  monter  la    garde   de  suite  &  ■  Archives  do  Toulouse. /.e//,-«  miss/i-f s  rf.'s  fraH./s.rfi- 

sans  interruption  deux  à  deux.  Tenez  la  main,  je       gnilaires. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUES  XV. 


949 


plus  grand  détail',  offrirent  au  diplomate  oriental  un  gâteau  du  prix  de 
cinquante  livres  &  plusieurs  corbeilles  pleines  de  confitures,  de  dragées,  de 
poires  de  bon  chrétien  d'Auch,  de  pommes  de  reinette  8c  d'oranges  de  Por- 
tugal. L'ambassadeur  descendit  la  Garonne  jusqu'à  Bordeaux^. 

Pour  intercepter  la  communication  avec  le  pays  infecté,  le  duc  de  Roque- 
laure  établit  un  cordon  de  postes  le  long  des  lignes  du  Rhône  8c  sur  la  côte 
de  Languedoc,  depuis  le  delta  de  la  petite  Camargue  jusqu'à  la  pointe  de 
Leucate.  Mais  les  troupes  réglées  ne  suffisant  pas  à  couvrir  un  aussi  vaste 
territoire,  il  fit  appel  aux  milices  bourgeoises  gardes-côtes  qui  furent  soldées 
aux  frais  des  communes  ou  par  les  receveurs  des  tailles,  sur  les  ordonnances 
de  l'intendant.  Ces  arrangements  se  firent  au  mois  d'août  1720,  8c,  pour 


'  Voici  deux  lettres  de  l'intendant  aux  capitoiils 
de  Toulouse  concernant  le  paswge  de  l'ambassa- 
deur ottoman  : 

«  A  Montpellier,  ce  14  janvier  1721. 

i<  Messieurs,  l'ambassadeur  de  la  Porte  arrivera 
à  Toulouse  le  i*^'  du  mois  prochain  pour  y  cou- 
cher deux  nuits,  en  partir  le  3  &  suivre  sa  route 
par  la  Garonne  jusqu'à  Bordeaux.  M.  le  duc  de 
Roquelaure  vous  fera  savoir  ce  que  vous  aurez  à 
faire  pour  les  honneurs  qui  sont  dus  au  caractère 
de  cet  ambassadeur.  Ainsi  cette  dépèche  se  réduira 
à  c«  qui  regarde  le  logement.  L'intention  du  roi 
est  qu'il  lui  soit  fourni  &  à  tous  ceux  de  sa  suite 
dans  les  villes  &  places  où  il  passera,  &  que  vous 
ajoutiez  créance  à  ce  qui  vous  sera  dit  sur  cela  par 
M.  de  la  Baune,  gentilhomme  ordinaire  de  Sa 
Majesté,  qui  conduit  l'ambassadeur.  Ce  ministre  a 
M.  son  fils,  douze  à  quinze  officiers  de  distinction 
&  environ  soixante  domestiques  avec  lui.  Il  lui 
faut  une  maison  propre  où  il  puisse  loger  avec 
M.  son  fili  &  quatre  ou  cinq  officiers  des  plus 
distingués.  Vous  pourrez  mettre  les  autres  offi- 
ciers dans  une  ou  deux  autres  maisons,  les  plus 
à  portée  de  l'ambassadeur  que  vous  pourrez.  A 
l'égard  des  domestiques,  comme  ils  couchent  sur  des 
paillasses  sans  draps  Se  sans  couverture,  vous  en 
pourrez  mettre  plusieurs  dans  une  même  chambre. 
II  faudra  un  logement  distingué  pour  M.  de  la 
Baune,  &  un  autre  pour  le  contrôleur  de  la  bou- 
che qui  pourvoira  à  la  subsistance.  Vous  jugez 
bien  qu'il  faut  des  cuisines,  du  bois  &  du  char- 
bon. Ainsi  vous  y  ferez  attention.  Le  contrôleur 
payera  tout;  il  n'y  aura  que  le  logement  à  la 
charge  de  la  ville.  Faites,  s'il  vous  plaît,  vos  dis- 
positions si  bierl  que  rien  ne  manque.  Vous  les 
remettrez  k  M.  de  la  Baune  à  son  arrivée,  &  sui- 
vrez exactement  ce  qu'il  vous  prescrira. 

it  Une  compagnie  de  grenadiers  du  régiment 
royal  des  vaisseaux  accompagnera  l'a^nbassadeur. 
Vingt  ou  vingt-cinq  grenadier»  monteront  alter- 


nativement la  garde  dans  chaque  lieu  de  couchée. 
Ainsi  il  faudra  établir  un  corps  de  garde  à  portée 
de  la  maison  de  l'ambassadeur,  auquel  vous  ferez 
fournir  deux  quintaux  de  bois  &  xine  livre  de 
chandelle  pour  le  temps  qu'il  y  restera.  Si  par 
quelque  contretemps  qu'on  ne  peut  prévoir,  il  res- 
tolt  plus  longtemps,  il  faudra  renouveler  la  four- 
niture toutes  les  vingt-quatre  heures.  Cette  dé- 
pense sera  à  la  charge  de  votre  ville.  Vous  aureu 
soin  de  donner  des  logemens  aux  officiers  &  au- 
tres grenadiers  dans  le  faubourg  en  payant  de  gré 
à  gré.  Ils  vivront  au  moyen  de  l'étape  qui  leur 
sera  fournie. 

n  De  Beknace.  u 

•  A  Montpellier,  ce  24  jonvler  1721. 

('  Vous  savez  que  les  Turcs  ne  boivent  point  de 
vin  ;  ainsi  les  présents  que  vous  devez  faire  à  l'am- 
bassadeur doivent  être  en  confitures  &  en  gâteaux 
dans  des  corbeilles  propres.  En  y  employant  une 
centaine  de  livres,  il  me  paroît  qu'il  y  en  aura 
suffisamment. 

M.  le  maréchal  de  Berwick  enverra  une  compa- 
gnie de  grenadiers  du  régiment  de  Touraine  pour 
relever  celle  du  régiment  des  vaisseaux.  Je  vous 
prie  de  les  faire  loger  l'un  &  l'autre  dans  le  fau- 
bourg en  payant  de  gré  à  gré'.  « 

•  Archives  de  Toulouse.  Pièces  a  l'appui  Jes 
comptes  de  Vannée  172t.  On  donna  trois  cents 
livres  d'indemnité  à  M.  Daguin  pour  les  dom- 
mages que  l'ambassadeur  &  sa  suite  avaient  faits 
aux  meubles,  probablement  par  leurs  ablutions. 

Mehemet  Effendi  repassa  en  Languedoc  au  mois 
de  septembre  1721  après  «on  audience;  il  venait 
alors  de  Lyon  &  allait  s'embarquer  à  Cette  sur  les 
vaisseaux  du  roi.  Il  séjourna  à  Montpellier  dans 
la  maison  de  Lauzière.  Les  consuls  lui  offrirent 
quatre  paires  de  pigeons  &  des  corbeilles  de  con- 
fitures. 

■  Archives  de  Toulouse.  Corrcupoildance  des  intcnMvils. 


l-JH 


gSo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

solder  les  hommes  de  garde  8c  payer  les  dépenses  du  matériel,  on  utilisa  les 
fonds  qui  se  trouvèrent  disponibles  dans  les  caisses  diocésaines.  Lorsque  les 
États  se  réunirent,  la  commission  des  affaires  extraordinaires,  présidée  par 
l'évêque  de  Lodève,  eut  mission  d'étudier  les  moyens  que  la  Province  devait 
prendre  pour  empêcher  les  progrès  de  la  contagion.  On  n'eut  pas  de  peine  à 
reconnaître  que  le  meilleur  était  de  garder  soigneusement  tous  les  passages 
par  où  les  hommes  ou  les  denrées  pouvaient  venir  de  Provence  &  d'en 
défendre  l'approche;  mais  on  agita  la  question  de  savoir  si  les  frais  de  solde 
&  d'entretien  des  corps  de  garde,  provisionnellement  avancés  par  les  diocèses 
ou  les  communes,  devaient  demeurer  à  leur  charge  ou  être  supportés  par  l'en- 
semble de  la  Province.  La  commission  déclara  que  les  mesures  de  précaution 
qui  occasionnaient  ces  dépenses  n'importaient  pas  seulement  à  la  conserva- 
tion des  propriétaires  riverains  du  Rhône  ou  des  étangs,  mais  à  celle  du  pays 
tout  entier,  &  que  la  généralité  du  royaume  n'y  avait  pas  un  moindre 
intérêt.  La  garde  des  frontières  de  Provence  Se  des  côtes  de  la  Méditerranée 
était  en  ce  moment  la  plus  grande  affaire  de  l'Etat,  puisque  la  peste,  une 
fois  introduite  en  Languedoc,  pouvait  aisément  se  répandre  dans  toutes  les 
provinces  voisines.  L'assemblée  résolut  que  le  trésorier  des  États  rembourse- 
rait les  diocèses  &  les  communes  des  avances  faites  8c  de  celles  qui  se  feraient 
encore  pendant  le  service  des  compagnies  bourgeoises'.  Mais,  dans  les  confé- 
rences qu'ils  eurent  avec  le  duc  de  Roquelaure  Se  avec  Bernage,  les  com- 
missaires représentèrent  que  cette  garde  ne  se  trouvait  pas  en  très-bonnes 
mains.  Pour  être  efficace,  la  consigne  devait  être  rigoureusement  observée; 
une  seule  infraction,  en  laissant  pénétrer  le  fléau  à  travers  les  lignes,  pouvait 
rendre  inutile  tous  les  efforts  Se  tous  les  sacrifices  accomplis.  Or  les  compa- 
gnies' improvisées  étaient  loin  d'avoir  la  discipline  des  troupes  régulières  :  se 
trouvant  composées  d'habitants  du  pays,  à  proximité  de  leur  domicile  où 
leurs  affaires  ne  cessaient  de  les  rappeler,  Se  en  rapports  d'intérêt  ou  de 
parenté  avec  les  gens  de  Provence,  elles  ne  semblaient  guère  propres  à  la 
défense  exacte  de  la  frontière.  Le  duc  de  Roquelaure  avoua  qu'il  ne  s'était 
point  fait  d'illusion  sur  ce  point,  mais  qu'à  défaut  de  troupes  réglées,  il 
ritllisait  les  éléments  qu'il  avait  à  sa  disposition,  ajoutant  du  reste  que,  sur 
sa  demande,  deux  bataillons  d'infanterie  ne  tarderaient  pas  d'arriver  dans  la 
Province.  Les  États  sollicitèrent  l'envoi  de  forces  doubles,  afin  de  pouvoir 
licencier  entièrement  les  gardes-côtes,  Se  le  départ  de  deux  régiments  de  dra- 
gons très  à  charge  au  pays.  Ils  rappelèrent  qu'en  Provence,  quatre  régiments 

'  La  solde  de  ces  compagnies  gardes-côtes  fut  la  commission  des  Etals,  de  réduire  ce  tarif  qui 
réglée  par  M.  de  Bernage,  à  raison  de  deux  livres  suffisait  tout  au  plus  à  l'entretien  des  officiers  ou 
dix  sols  par  jour  pour  les  capitaines,  une  livre  dix  soldats,  contraints  d'abandonner  leurs  affaires  par- 
sols  pour  les  lieutenants,  une  livre  cinq  sols  pour  ticulières  ou  leurs  professions.  Quant  à  l'entretien 
les  sous-lieutenants,  quinze  sols  pour  les  sergents  des  corps  de  garde,  comprenant  la  fourniture  de 
&  dix  sols  pour  les  simples  gardes,  à  compter  du  lits,  de  bois,  &  de  chandelles,  Bernage  en  fixait  la 
i'*'  décembre  1720.  Pendant  les  mois  antérieurs,  dépense  à  raison  de  vingt-sept  sols  par  jour  pour 
cette  solde  avait  été  un  peu  plus  forte,  à  cause  de  les  postes  de  quinze  hommes  &  de  dix-huit  Jol» 
la  cherté  des  vivres.  Il  paraissait  difficile,  observe  pour  les  postes  de  sept  à  huit  hommes. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  g5i 

de  milices  levés  à  l'occasion  de  la  peste,  étaient  payés  par  le  roi  &  réclamè- 
rent la  même  faveur  pour  le  Languedoc. 

A  cause  de  l'urgence,  au  lieu  de  faire  partir  une  députation  particulière, 
on  pria  l'archevêque  de  Narbonne,  alors  à  Paris,  d'intercéder  personnelle- 
ment auprès  du  régent  '. 

Dans  les  premiers  jours  de  février,  le  bruit  se  répandit  en  Languedoc  que 
M.  Dussault,  envoyé  de  France  auprès  du  dey  d'Alger,  arrivait  par  mer  de 
Toulon  à  Cette,  avec  sa  suite  &  ses  équipages.  Cette  nouvelle  y  produisit 
grand  émoi,  parce  que,  depuis  les  progrès  de  la  peste  en  Provence,  le  port  de 
Cette  avait  été  entièrement  interdit  aux  navires  venant  de  ce  pays.  Les  com- 
missaires des  Etats  firent  des  représentations  au  duc  de  Roquelaure  sur  le 
danger  de  lever  cette  prohibition.  Le  commandant  en  chef  répondit  qu'il 
n'en  contestait  pas  l'inconvénient,  mais  qu'il  avait  reçu  des  ordres  formels  du 
conseil  de  la  marine  de  laisser  entrer  M.  Dussault,  à  charge  de  lui  imposer 
l'obligation  de  la  quarantaine.  Le  conseil  de  la  marine  jugeait  que  l'ambas- 
sadeur de  la  Porte  ayant  été  admis  à  débarquer  au  port  de  Cette,  après  qua- 
rantaine, 8c  l'envoyé  de  France  en  Barbarie  se  trouvant  dans  le  même  cas, 
on  n'avait  aucune  raison  de  soumettre  celui-ci  à  un  traitement  différent. 
L'archevêque  d'Albi,  en  exposant  l'aftaire  aux  Etats,  fit  observer  que  l'ana- 
logie n'était  point  parfaite.  Méhémet  Eftendi  n'avait  point  habité  la  ville  de 
Toulon,  mais  le  Jardin  du  Roi,  où  l'on  avait  pris  soin  de  le  retenir,  &  il  en 
était  parti  avant  que  la  contagion  n'y  fût  signalée.  Au  contraire,  M.  Dus- 
sault venait  d'y  séjourner  deux  ou  trois  mois  avec  tout  son  monde.  Si,  depuis 
un  mois,  on  savait  que  le  fléau  v  causait  de  grands  ravages.  «  Cette  province, 
<(  ajouta  l'archevêque,  n'a  pas  d'autre  ressource  pour  soutenir  son  commerce 
n  que  le  port  de  Cette,  qui  se  trouveroit  interdit  de  toute  communication 
«  avec  le  reste  du  rovaume,  si  l'on  v  donnoit  entrée  aux  vaisseaux  ou  bar- 
«  ques  venant  de  Provence.  »  En  effet,  depuis  la  recrudescence  de  l'épidémie, 
aucun  bâtiment  sorti  d'un  port  de  France  ne  pouvait  être  reçu  dans  un  autre 
port  français  sans  justifier  par  patentes  authentiques,  non-seulement  de  l'état 
sanitaire  du  lieu  d'origine,  mais  de  l'absence  de  communications  avec  les 
Provençaux.  On  fit  partir  en  toute  hâte  un  courrier  pour  porter  au  duc 
d'Orléans  &  au  comte  de  Toulouse  les  instantes  prières  de  l'assemblée,  Si  l'on 
supplia  le  duc  de  Roquelaure  de  retenir  les  bâtiments  de  l'envoyé  à  l'entrée 
du  port  de  Cette  en  attendant  la  réponse  du  régent*. 

Ces  appréhensions  régnèrent  dans  la  Province  pendant  près  de  deux 
années.  A  l'exception  des  garnisons  indispensables  qui  avaient  été  laissées 
dans  les  citadelles  ou  les  forts,  toutes  les  troupes  disponibles  avaient  été  suc- 
cessivement retirées  du  plat  pays  pour  s'échelonner,  dans  les  postes  du  Rhône, 
depuis  Villeneuve-lès-Avignon  jusqu'à  Aigues-mortes.  Les  commissaires  du 
roi  réclamèrent  des  Etats  la  contribution  .militaire  connue  sous  le  nom  d'us- 


'  Procés-ferbal  des  États  de   Languedoc.  Séance  '  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance 

du  7  février  1721.  du   12  février  1721. 


1721 


g52  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

tensile;  mais,  comme  elle  représentait  des  fournitures  qui  avaient  été  faites 
en  nature  aux  troupes  dispersées  dans  les  corps  de  garde,  l'assemblée  provin- 
ciale fut  d'avis  de  ne  point  payer  deux  fois.  Le  duc  de  Roquelaure  demanda 
aussi  une  somme  à  distribuer,  en  guise  de  gratification,  au  nombreux  per- 
sonnel employé  à  la  garde  de  la  frontière,  en  faisant  valoir  les  fatigues  de 
ce  service,  qui  exigeait  une  surveillance  continuelle,  tant  de  nuit  que  de 
jour.  Les  États  accordèrent  trente  mille  livres,  dont  la  disposition  fut  laissée 
au  commandant  en  chef. 

Une  sorte  de  lazaret,  construit  par  l'entrepreneur  des  baraques  du  pré  de 
Beaucaire,  avait  été  établi,  au  confluent  du  Rhône  &  du  Gard,  dans  cette 
même  île  de  Valabrègue,  qui  servit  de  lieu  d'internement  pour  les  camisards 
de  Cavalier.  On  y  faisait  faire  quarantaine  aux  personnes  venant  de  Pro- 
vence, autorisées  à  pénétrer  en  Languedoc. 

Au  cours  de  la  session,  les  États  eurent  à  s'occuper  d'une  question  assez 
curieuse  qui  ramenait  les  esprits  à  plusieurs  siècles  en  arrière.  On  sait  que 
Simon  de  Montfort,  après  la  guerre  des  albigeois,  rendit  obligatoire,  dans 
les  terres  de  la  conquête,  l'usage  de  la  coutume  de  Paris.  Pvestreinte  aux 
fiefs  confisqués,  cette  loi  n'était  pas  applicable  aux  autres  domaines  de  Lan- 
guedoc; par  la  suite  des  temps,  8<,  grâce  aux  mutations  de  la  propriété  féo- 
dale, ce  dualisme  produisit  une  grande  confusion  &,  donna  Heu  à  bien  des 
conflits.  La  cour  des  aides  de  Montpellier  avait  rendu,  le  g  mars  1718,  un 
arrêt  qui  reconnaissait  la  terre  de  Cazillac  comme  mouvante  de  l'évêché  de 
Béziers.  L'inspecteur  &  le  contrôleur  du  domaine  se  pourvurent  en  cassation 
contre  cet  arrêt  auprès  du  conseil  d'Etat.  Us  soutenaient  leur  opposition  sur 
ce  que  la  sénéchaussée  de  Béziers,  où  se  trouvait  Cazillac,  était  régie  par  la 
coutume  de  Paris,  &  que,  Suivant  les  dispositions  de  cette  coutiune,  le  vassal 
ne  pouvait  pas  se  jouer  entièrement  de  son  fief.  Or,  en  1678,  les  commis- 
saires du  pape  Si  du  roi  pour  l'aliénation  du  temporel  de  l'église  jusqu'à 
concurrence  de  cinquante  mille  écus  de  rente,  avaient  aliéné  la  terre  de 
Cazillac.  Le  syndic  général  Joubert,  en  exposant  l'affaire  devant  les  États, 
leur  indiqua  les  diverses  raisons  qui  semblaient  demander  une  intervention 
de  la  Province. 

L'usage  languedocien  permettait  à  tout  vassal  de  sous-înféoder  son  fief  en 
entier  &  d'en  faire  un  arrière-fief.  Les  commissaires  du  domaine  en  avaient 
jugé  ainsi  en  faveur  du  duc  de  Ventadour.  Cependant,  on  prenait  l'habitude 
d'invoquer  la  coutume  de  Paris  comme  étant  la  règle  des  fiefs  de  Languedoc. 
On  l'opposait  dans  tous  les  procès  du  fermier  des  domaines  contre  les  parti- 
culiers, quand  les  dispositions  de  cette  coutume  lui  étaient  avantageuses. 

Il  est  cependant  constant,  poursuivait  le  svndic  général,  que  la  coutume 
de  Paris  n'est  point  la  règle  générale  des  fiefs  de  Languedoc;  Les  États  l'ont 
déclaré  en  plusieurs  occasions,  8<  si  l'on  examine  le  détail  des  fails^  on 
reconnaîtra  que  la  Province  suit  des  usages  tout  contraires,  &  qu'il  n'y  a  en 
Languedoc  d'autres  terres  sujettes  à  la  coutume  de  Paris  que  celles  qui  ont 
été  inféodées  sous  cette  condition.  Mais  les  particuliers  n'agissaient  pas  autre- 


LIV.   IV,   LA   RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  953 

ment  que  le  fermier  du  domaine  8<  ne  s'inquiétaient  point  des  intérêts  géné- 
raux de  la  Province,  quand  ils  croyaient  trouver  quelque  avantage  personnel 
à  se  réclamer  de  la  coutume  de  Paris.  Ils  étaient  quelquefois  les  premiers  à 
l'invoquer  pour  leur  défense,  &  comme  il  n'existait  nulle  part  de  loi  précise 
&  formelle,  les  juges,  voyant  les  parties  prendre  cette  coutume  pour  règle  de 
leurs  contestations,  s'accoutumaient  k  juger  d'après  ses  maximes.  De  cette 
manière,  on  voyait  la  coutume  de  Paris  s'introduire  insensiblement  dans  la 
Province  au  détriment  des  usages  locaux,  &.  l'on  s'exposait  à  voir  abuser  plus 
tard  du  principe  que  la  coutume  de  Paris  devait  faire  loi  dans  toutes  les  Pro- 
vinces dépourvues  de  coutumes  écrites.  C'est  pour  éviter  cette  invasion  que  le 
syndic  général  sollicitait  le  concours  des  Etats.  Ils  ne  l'avaient  pas  refusé 
précédemment  dans  l'affaire  du  franc-alleu  8t  des  droits  de  lods,  ni  dans  le 
procès  intenté  par  le  fermier  du  domaine  au  marquis  de  Mirepoix  &.  au  duc 
d'Uzès,  au  sujet  du  droit  de  relief.  L'assemblée  décida  qu'elle  prenait  fait  8c 
cause  dans  l'instance  pour  l'évêque  de  Béziers,  en  vue  de  conserver  les  privi- 
lèges de  la  Province,  8i  déclara  que  la  coutume  de  Paris  n'était  pas  la  règle 
des  fiefs  dans  la  sénéchaussée  de  Béziers,  ni  dans  aucune  autre  partie  du 
Languedoc'. 

Ainsi,  à  tout  instant,  quand  on  pénètre  le  détail  de  l'organisme  provincial, 
on  se  heurte  à  ces  difficultés  sans  cesse  renaissantes  qui  donnaient  à  la  pro- 
priété, comme  à  l'exercice  des  diverses  fonctions,  un  caractère  de  complication 
6c  d'obscurité  inexprimables.  Plus  on  cherche  à  s'en  rendre  compte,  plus  on 
est  amené  à  conclure  que  les  grandes  réformes  de  la  Révolution  furent  avant 
tout  le  triomphe  de  la  simplicité  8c  du  bon  sens,  le  débrouillement  du  chaos 
historique  accumulé  par  les  superpositions  d'événements,  de  conquêtes,  de 
mutations  domaniales  8c  l'épuisement  d'une  véritable  mine  de  querelles  juri- 
diques 8c  de  chicanes,  où  les  gens  de  loi  pouvaient  encore  fouiller  pendant 
plusieurs  siècles. 

Durant  les  premiers  mois  de  l'année  1721,  8t  tandis  que  les  mehacés  de 
peste  alarmaient  la  Province  entière,  le  haut  Languedoc  fut  mis  en  émoi  pâf 
des  procédures  féodales  tout  à  fait  extraordinaires  que  venaient  de  rendre  pos- 
sibles ces  étranges  reconstitutions  de  fiefs  consenties  par  la  royauté,  Sur  les 
instances  des  favoris,  au  détriment  des  intérêts  généraux  8c  en  contradiction 
avec  la  véritable  politique  traditionnelle  du  pouvoir  central.  Les  collines  acci- 
dentées qui  séparent  la  vallée  du  Tarn  de  celle  de  l'Aveyron  furent  témoins 
d'un  enlèvement  de  consuls,  saisis  dans  leurs  villages  au  nom  du  comte  de 
Relle-Isle  8c  traînés  par  une  bande  armée  aux  prisons  seigneuriales  du  château 
de  Penne. 

Voici  par  quel  enchaînement  de  circonstances,  cet  épisode,  renouvelé  des 
mœurs  anarchiques  du  moyen  âge,  avait  pu  se  produire. 

Malgré  la  disgrâce  de  Fouquet,  la  place  de  Belle-Isle  en  mer,  avec  tout 
Bon  territoire,  son  port,  son  château,  sa  citadelle  Se  ses  fortifications,  était 

'  Procè»-t«bal  do  Ktâts  d«  Languedoc.  Séance  du  it  février  1721. 


lyîi 


i7>i 


954  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR    LE  LANGUEDOC. 

demeurée  aux  mains  des  héritiers  du  surintendant.  Des  raisons  politiques 
firent  désirer  au  gouvernement  de  rentrer  en  possession  d'une  position  navale 
aussi  importante,  qui,  située  vis-à-vis  la  pointe  de  Quiberon,  commandant 
les  bouches  de  la  Vilaine  &  de  la  Loire,  ne  pouvait,  en  temps  de  troubles, 
être  laissée  sans  danger  à  la  discrétion  d'un  grand  seigneur.  Sous  l'impression 
causée  par  la  découverte  du  complot  de  Cellamare,  il  iut  donc  résolu  de  réunir 
l'île  bretonne  au  domaine  royal;  mais  comme  le  trésor  était  beaucoup  trop 
obéré  pour  permettre  un  rachat  à  prix  d'argent,  au  lieu  de  désintéresser  le 
comte  de  Belle-Isle  en  lui  payant  le  prix  de  sa  terre,  on  prit  le  parti  d'un 
échange,  &,  parmi  les  anciens  fiefs  supprimés  depuis  des  siècles,  on  en 
choisit  quelques-uns  qui  furent  offerts  au  petit-fils  de  Fouquet.  De  ce  nombre 
était  la  ville  de  Beaucaire  avec  tout  son  territoire. 

Les  populations  avaient  une  horreur  naturelle  pour  ces  sortes  de  marchés. 
Dans  la  domination  du  roi,  personnifiant  l'État,  elles  ne  voyaient  que 
l'exercice  d'une  autorité  légitime,  que  la  tradition  religieuse  Si  les  maximes 
du  droit  romain  consacraient  également.  Si  malgré  ce  que  cette  autorité 
avait  souvent  d'excessif,  malgré  la  distance  qui  séparait  la  théorie  mystique 
d'une  incarnation  de  la  patrie  dans  le  souverain,  8c  la  réalité  des  intrigues 
tramées  à  la  Cour  ou  dans  le  cabinet  des  ministres,  on  aimait  encore  cent 
fois  mieux  ce  régime  que  la  seigneurie  vexatoire  d'un  particulier.  Subir 
l'action  des  favoris  du  roi  était  souvent  assez  dur,  mais  supporter  les  favoris 
d'un  propriétaire  particulier,  passer  k  la  merci  d'une  domesticité  privée,  avoir 
pour  maîtres  des  intendants  ou  des  agents  d'affaires  de  grands  seigneurs  parais- 
sait la  condition  la  plus  odieuse.  Aussi,  à  peine  la  nouvelle  de  l'échange 
conclu  au  mois  d'octobre  1718  fut-elle  parvenue  à  Beaucaire,  qu'elle  y  causa 
une  profonde  stupeur  &  le  conseil  général  de  la  ville  ne  perdit  pas  un  instant 
pour  faire  parvenir  ses  réclamations  au  duc  d'Orléans.  Le  marquis  des  Por- 
cellets  de  Maillanes  Si  M.  de  Rougnac  eurent  mission  de  rechercher,  dans  les 
archives  municipales,  tous  les  titres  capables  de  toucher  les  membres  du  con- 
seil de  régence.  Ils  n'eurent  pas  de  peine  à  prouver  que  leur  ville  avait  été, 
depuis  le  treizième  siècle,  débarrassée  du  régime  féodal,  que  la  prospérité  de 
leurs  foires  dépendait  précisément  des  franchises  dont  on  y  jouissait;  ils  firent 
valoir  que  la  situation  de  Beaucaire,  placée  près  des  embouchures  du  Rhône, 
son  ancien  titre  de  chef-lieu  de  sénéchaussée,  81  les  confirmations  successives 
de  ses  privilèges  par  tous  les  rois  de  France,  depuis  Philippe  de  Valois  jusqu'à 
Louis  XIV,  devaient  la  préserver  d'une  aliénation.  Cependant  le  comte  de 
Belle-Isle  ne  perdait  pas  de  temps,  se  faisait  installer  dans  sa  seigneurie.  Si, 
se  considérant  comme  déjà  substitué  au  roi,  demandait,  d'un  ton  fort  impé- 
rieux, la  liste  de  présentation  des  candidats  aux  charges  consulaires  pour 
faire  ses  choix'.  Le  corps  municipal  trouva,  comme  on  devait  s'y  attendre, 

'  M.   de    Forfon   a    publié,   dans    let    Nouvelles  d'abord   une  épître  du  comte  de  Belle-Isie  à  l'un 

recherches    pour    servir   a    l'histoire    de    la    ville    tte  des  consuls  sortant  de   Beaucaire,  M.  d'Arbaud  de 

Seaiuaire,    I,    p.    293,    quelques    lettres    assez    eu-  Rougnac  ; 
rieuses    relatives  à   rechange  de   Belle-Isle.   Voici  n  Je  vous   remercie,  Monsieur,  de  TOtre  atten- 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  955 

en  M.  de  Beinage,  un  défenseur  auprès  de  la  Cour.  Les  intendants,  créés  en 
vue  de  consolider  l'unité  française,  ne  pouvaient,  sans  faillir  à  l'esprit  de  leur 
institution,  se  montrer  favorables  à  des  résurrections  d'un  autre  âge.  Aussi, 
les  dix  gentilshommes  8<.  les  quatre  bourgeois  qui  se  rendirent  à  Montpellier 
pour  solliciter  l'intervention  de  l'administrateur  provincial  en  rapportèrent-ils 
des  paroles  d'espérance.  Les  États  inscrivirent  un  article  particulier  dans  le 
cahier  de  leurs  réclamations,  8c  les  villes  de  commerce,  invitées  à  donner  leur 
avis  sur  le  changement  qui  venait  de  s'opérer,  furent  unanimes  à  déclarer  que 
la  liberté  des  transactions  exigeait  le  maintien  de  la  place  sous  l'autorité  directe 
du  roi.  Le  24  mars  171g,  le  marquis  de  La  Vrillière  annonça  aux  consuls 
que  le  duc  d'Orléans  s'était  fait  rendre  compte  des  motifs  contenus  dans  leur 
mémoire  imprimé,  &  qu'il  y  donnerait  satisfaction  en  procurant  un  autre 
domaine  à  M.  de  Belle-Isle.  Cette  promesse  fut  en  effet  réalisée,  &  le 
27  mai  1719,  un  arrêt  du  conseil  d'État  déclara  la  ville  de  Beaucaire  .réunie 
au  domaine  de  Sa  Majesté.  Pour  éviter  le  retour  de  la  mésaventure,  les 
députés  de  la  Province  insistèrent  auprès  du  régent,  en  vue  d'obtenir  une 
garantie  plus  formelle.  Ils  lui  représentèrent  que,  depuis  la  réunion  au 
domaine  royal  consacrée  par  le  traité  de  Paris  en  1229,  Beaucaire  n'avait 
jamais  eu  d'autres  seigneurs  que  les  rois  de  France;  que  cette  annexion  ne 


1721 


tion  sur  ce  qui  regarde  me»  intérêts.  Je  serai  ravi 
de  trouver  occasion  de  vous  en  marquer  ma  recon- 
noissance. 

R  Comme  il  me  paroît  par  votre  lettre  que  votre 
consulat  doit  finir  bientôt,  je  vous  prie  de  me 
marquer  dans  quel  temps  on  doit  procéder  à  une 
nouvelle  élection  ;  je  compte  qu'elle  ne  se  fera 
point  sans  que  j'en  sois  informé,  ni  sans  que  le 
corps  de  ville  me  présente  des  sujets  qui  aient 
mon  approbation. 

«  On  m'a  dit  tant  de  bien  de  tout  ce  qui  com- 
pose votre  ville,  que  j'ai  préféré  ce  domaine  à 
beaucoup  d'autres  qui  m'ont  été  offerts  :  j'espère 
qu'elle  n'entreprendra  rien  de  contraire  à  mes 
droits,  &  à  tout  ce  qui  m'est  dû  de  sa  part. 

«  Je  vous  suis,  Monsieur,  parfaitement  acquis. 
«  FouQUET  DE  Belle-Isle. 

Il  Paris  ce  4  janvier  1719.  » 

Réponse  de  l'ancien  consul  : 

!•  Monsieur,  ce  n'est  plus  en  qualité  de  consul 
que  j'ai  l'honneur  de  vous  écrire  l'élection  s'en 
étant  faite  le  i"  jour  de  l'an,  suivant  notre  an- 
cien usage,  soutenu  par  les  arrêts  du  conseil  qui 
nous  servent  de  règlement. 

«  M.  de  Narbonne  Pelet  m'a  succédé  en  la 
charge  de  premier  consul  &  viguier.  C'est  un  gen- 
tilhomme de  distinction,  &  tous  ceux  qui  portent 
le  premier  chaperon  sont  reconnus  pour  tels;  & 
quoique  la  qualité  de  consul  les  fasse  descendre 
île  leur  état,  le  bien  public  les  y  détermine,  mal- 


gré le  danger  où  ils  s'exposent  de  se  voir  refuser 
ce  qui  semble  être  dû  au  caractère  de  leur  nais- 
sance. J'en  ai  fait  moi-même  une  triste  épreuve; 
c'est  ce  qui  m'engage,  Monsieur,  à  vous  donner 
une  juste  idée  d'une  noblesse  qui  a  été  élevée  dans 
des  sentimens  de  sensibilité  &  de  délicatesse,  qui 
compose  dans  cette  communauté  un  corps  consi- 
dérable, &  qui  a  toujours  honoré  le  chaperon. 

n  J'ai  l'honneur  d'être  très-parfaitement,  Mon- 
sieur, votre  très-humble  &  très-obéissant  serviteur, 
«    D'Ar.BAUD    DE   ROUGNAC. 

'<   Beaucaire,  ce  |3  janvier  1719.  » 

Enfin,  comme  épilogue,  lettre  du  secrétaire 
d'Etat  La  Vrillière  aux  consuls  : 

'I  Messieurs,  j'ai  reçu  avec  la  lettre  que  vous 
m'avez  écrite  le  14  de  ce  mois,  le  mémoire  im- 
primé contenant  vos  représentations  sur  le  contrat 
d'échange  f»it  entre  le  roi  &  M.  de  Belle-Isle, 
par  rapport  au  domaine  de  Beaucaire,  &  en  ai 
rendu  un  compte  très-exact  à  Monseigneur  le  duc 
d'Orléans,  comme  vous  le  désirez.  Son  Altesse 
Royale  y  a  fait  toute  l'attention  imaginable  &  m'a 
témoigné  qu'elle  vous  donnera  satisfaction  k  cet 
égard,  en  procurant  incessamment  à  M.  de  Belle- 
Isle  quelque  autre  chose  au  lieu  &  place  de  ce 
domaine.  Je  suis  très-aise  d'avoir  eu  cette  occasion 
de  vous  rendre  service,  &  de  vous  marquer  que  je 
suis.  Messieurs,  votre  très  affectionné  serviteur, 
1   La  VniLLiLRE. 

n  Paris,  le  24  mars  1719.  >> 


IJH 


956  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

s'était  pas  opérée  par  droit  de  conquête,  mais  par  suite  des  conventions  con- 
clues entre  saint  Louis  8c  le  comte  de  Toulouse,  &  que  la  ville  avait  été 
choisie,  comme  place  forte  8i  frontière,  pour  servir  de  résidence  au  sénéchal 
royal.  L'existence  d'une  foire  franche,  privilégiée  par  les  comtes  8c  plus  tard 
par  les  rois.  Se  connue  de  l'Europe  entière  comme  un  des  entrepôts  les  plus 
importants  du  commerce  méditerranéen,  lui  avait  attiré,  en  divers  temps,  la 
faveur  des  souverains.  Mais  celle  qui  lui  paraissait  préférable  à  toute  autre 
était  la  certitude  de  n'être  jamais  comprise  dans  un  démembrement.  C'est 
une  grâce,  ajoutait  le  mémoire  des  États,  que  nos  rois  auraient  eu  sans 
doute  la  bonté  de  lui  accorder,  si  l'on  avait  prévu  qu'on  pût  jainais  demander 
à  nos  rois  la  seigneurie  d'une  ville  si  considérable,  en  échange  de  quelque 
chose.  C'est  pourtant  ce  qui  serait  arrivé  dans  l'échange  fait  avec  le  comte  de 
Belle-Isle,  si  le  roi  n'avait  eu  la  bonté  de  lui  donner  en  contre -échange 
quelque  autre  partie  de  son  domaine,  moins  considérable  que  celle  de  Beau- 
Caire. 

Pour  cette  considération,  pour  la  conservation  de  la  foire  de  Beaucaire  8c 
pour  reconnaître  la  fidélité  des  habitants  de  la  ville,  les  États  suppliaient 
donc  Sa  Majesté  de  ne  pas  permettre  que  la  ville  de  Beaucaire  eût  à  l'avenir 
d'autres  seigneurs  que  le  roi  de  France  8t  de  déclarer  qu'elle  ne  pourrait  être, 
sous  aucun  prétexte,  séparée  de  la  couronne. 

Le  gouvernement  répondit  sur  ce  paragraphe  du  cahiei',  en  conseil  de 
régence,  le  22  novembre  1719,  le  duc  d'Orléans  présent  :  «  Le  roi  a  déjà  eu 
«  égard  à  la  demande  que  contient  cet  article,  en  faisant  un  second  échange 
«  de  la  ville  de  Beaucaire  avec  le  sieur  marquis  de  Belle-Isle  pour  faire  ren- 
ti  trer  ces  domaines  dans  la  main  du  roi,  l'intention  de  Sa  Majesté  étant 
«  qu'il  n'en  sorte  point.  » 

En  effet,  au  mois  de  décembre  de  la  même  année,  des  lettres  patentes, 
données  à  la  requête  des  «  consuls,  gouverneurs  &  viguiers  de  Beaucaire, 
«  conservateurs  des  privilèges  des  foires,  »  8c  visant  tous  les  actes  antérieurs  ', 
renouvelèrent  les  franchises  précédemment  octroyées  par  les  souverains,  en  y 
ajoutant  :  «  Déclarons,  en  outre,  que  notre  intention  est  que  le  domaine  de 
«  Beaucaire,  que  nous  avons  fait  rentrer  dans  nos  mains,  n'en  sorte  point  8c 
«  ne  puisse  jamais  être  séparé  de  notre  couronne  sous  quelque  prétexte  que 
«  ce  soit.  » 

Mais  l'orage  féodal  n'était  que  déplacé.  Écarté  de  Beaucaire  par  les  efforts 
d'une  population  nombreuse  8c  riche,  &c  par  les  intérêts  du  commerce,  il  alla 
fondre  sur  les  coteaux  de  l'Aveyron  8c  du  Tarn,  où  il  ne  fut  pas  mieux 
accueilli,  mais  où  la  force  manqua  pour  le  détourner. 

'Lettres   patentes   de    Philippe    de  Valois,    du  de  juin    1547;  de  François  II,  du   mois   de  jan- 

28    novembre    1346;    de    Charles  V,   du    21    août  vier  iSôp;  de  Charles  IX,  des  mois  d'octobre  i56i 

i373;    de   Charles   VI,    du    i5    avril    iBpo    &    10  &  avril  1662;   de   Henri   III,  des  mois  de  décem- 

août  1394;  de  Louis  XI,  du   mois  de  mars  1463;  bre   1674  &  mai    i533;   de  Henri  IV,  du  mois  de 

de   Charles  VIII,    du   mois   de  janvier    1483;   de  septembre    iSjS;    de    Louis    XIII,    des    mois    de 

Louis  XII,  du  mois  d'avril  1499;  de  François  I"',  juin    161  i    &   septembre   i632;  St  de  Louis   XIV,. 

du  mois  de  novembre  i5i5;  de  Henri  II,  du  mois  du  mois  de  février  1660. 


LIV.    IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  gSy 

Les  officiers  Ju  domaine  recherchèrent,  pour  représenter  la  valeur  de 
l'échange,  un  certain  nombre  de  fiets  éparpillés  dans  le  Toulousain  &  dans 
l'Albigeois;  ils  reconstituèrent  la  vicomte  de  Villemur,  les  seigneuries  de 
Penne,  de  Castelnau  de  Montmirail,  de  Puylaurens,  de  Castelnau  de  Brassac, 
de  Roquecourbe,  de  La  Caune,  d'Arifat  S<.  quelques  autres  petits  biens  qui 
appartenaient  à  la  couronne. 

Le  nouveau  régime  ne  fut  pas  plus  tôt  installé  qu'il  produisit  tous  les  désor- 
dres &.  toutes  les  querelles  locales  déterminés  d'habitude  par  de  semblables 
métamorphoses  :  habituer  un  pays  royal  depuis  des  siècles  à  l'autorité  inquiète 
&  tracassière  d'un  seigneur  de  haut  parage  n'était  pas  une  entreprise  facile. 
D'ailleurs,  par  suite  de  l'obscurité  que  nous  avons  maintes  fois  signalée  dans 
toutes  les  questions  de  propriété  foncière,  l'extension  des  droits  du  nouvel 
acquéreur  prêtait  aux  interprétations  les  plus  diverses.  Il  fallait  chercher  dans 
la  poussière  des  parchemins  épelés  par  les  feudistes  des  arguments  pour  jus- 
tifier les  prétentions  des  juges  bannerets  qui  ne  négligeaient  aucune  occasion 
de  se  grandir.  Cela  mettait  la  guerre  dans  toutes  les  communes. 

Il  y  eut  surtout  de  violents  antagonismes  au  sujet  des  élections  consulaires 
dans  plusieurs  villages  du  diocèse  de  Montauban.  En  vertu  de  son  titre  de 
vicomte  de  Villemur,  M.  de  Belle-Isle  devait,  disait-on,  nommer  les  consvils 
de  Saint-Nauphary,  de  Corbarieu,  de  Reyniès.  Telle  était,  du  moins,  l'opi- 
nion de  maître  Mathieu  Bermond,  son  juge  banneret,  qui  rendit  ordonnances 
sur  ordonnances  pour  la  prestation  du  serment,  pour  la  remise  des  livrées 
municipales,  &  lança  des  décrets  de  prise  de  corps.  Généralement,  ces  mesures 
comminatoires  n'avaient  pas  grand  effet,  8c  les  assignations  demeuraient  inof- 
fensives entre  les  mains  des  huissiers;  mais  au  mois  de  janvier  1721,  il  s'or- 
ganisa contre  les  malheureux  consuls  récalcitrants  une  expédition  féodale 
qui  paraît,  à  cette  date,  le  plus  bizarre  anachronisme. 

Le  juge  banneret  de  Villemur  avait  ordonné  l'arrestation  des  consuls 
anciens  &  modernes  de  Saint-Nauphary,  de  Corbarieu  Se  de.  Reyniès.  Un 
gentilhomme  du  pays,  Boyer  de  Tauriac,  flatté  sans  doute  d'être  le  vassal 
d'un  aussi  grand  personnage  que  le  comte  de  Belle-Isle  8<  voulant  mériter 
ses  bonnes  grâces  par  un  coup  d'éclat,  se  chargea  de  cette  exécution.  Il 
ramassa,  le  28  janvier,  quelques-uns  de  ses  métayers,  quatre  dragons  d'une 
compagnie  du  régiment  de  Belarbre  où  son  frère  était  capitaine,  un  maré- 
chal des  logis  de  ce  régiment,  un  valet  des  consuls  de  Villemur  Si  quelques 
autres  inconnus,  portant  des  bandoulières  aux  armes  des  Fouquet,  6<.  en 
compagnie  d'un  huissier,  se  mit  en  route  vers  Saint-Nauphary.  Lu  petite 
bande  comptait  quatorze  hommes,  presque  tous  à  cheval.  Si  armés  de  fusils. 
En  arrivant  au  village,  ils  rencontrèrent  l'un  des  consuls,  sortant  du  moulin 
seigneurial,  &  se  saisirent  de  sa  personne;  deux  autres  consuls,  entraînes 
dans  un  cabaret,  s'y  entendirent  sommer  d'obéir  aux  ordonnances  du  juge 
banneret  concernant  les  élections  municipales,  sous  peine  d'être  conduits 
dans  une  maison-forte.  Ils  refusèrent  de  se  soumettre  8<.  demandèrent  seule- 
ment le  temps  d'aller  chez  eux  chercher  quelques,  bardes  81  quelque  argent, 


1721 


1721 


958 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 


faveur  qui  leur  fut  déniée.  Tauriac  fit  ouvrir  les  rangs  de  sa  petite  troupe,  y 
plaça  les  prisonniers,  S<.  chevauchant  à  la  tête,  monta  le  coteau  du  Tarn 
pour  se  rendre  à  Corbarieu,  Sur  le  chemin,  on  aperçut  quelques  ouvriers 
qui  creusaient  un  fossé;  le  gentilhomme,  s'attendant  à  une  attaque,  fit  faire 
front  à  sa  troupe;  les  ennemis  imaginaires,  qui  ne  se  doutaient  de  rien  & 
qui  ne  s'expliquaient  pas  la  présence  d'une  aussi  étrange  maréchaussée,  lais- 
sèrent passer  le  cortège  sans  inquiétude.  Les  consuls  de  Corbarieu  furent 
appréhendés  comme  ceux  de  Saint-Nauphary,  puis  la  bande  remonta  le  Tarn 
jusqu'à  Reyniès,  où  le  consul,  qui  était  un  maître  chirurgien,  subit  le  sort 
de  ses  collègues.  Ces  diverses  captures  accomplies,  Tauriac  achemina  son 
monde,  sous  une  pluie  battante,  par  des  chemins  détournés  qui  conduisaient 
à  sa  résidence  personnelle.  Comme  le  mauvais  temps  redoublait,  il  quitta  la 
troupe  à  Varennes  8c  prit  les  devants  au  galop,  non  sans  avoir  prescrit  à  ses 
gens  de  lui  amener  les  prisonniers  morts  ou  vits.  A  dix  heures  du  soir, 
accablés  de  fatigue  &  ruisselant  d'eau,  ces  malheureux  arrivèrent  devant  le 
château  de  Tauriac,  près  de  Montvalen,  où  le  maître  les  attendait,  Si  leur  lit 
passer  la  nuit  dans  une  chambre  sous  bonne  garde. 

Le  lendemain  matin,  il  renforça  son  escorte  de  quatre  dragons  8t  d'un 
brigadier  du  régiment  de  son  frère,  &  fit  conduire  les  pauvres  consuls,  tou- 
jours à  pied,  jusqu'au  rocher  de  Penne.  Bien  du  temps  s'était  sans  doute 
écoulé  depuis  que  la  vieille  forteresse  féodale  n'avait  pas  vu  pareille  entre- 
prise. On  mena  les  captifs  dans  une  tour,  au  fond  d'un  cachot,  où  l'on  ne 
pouvait  descendre  que  par  des  échelles  à  bras,  Si  on  les  y  garda  étroitement'. 


■  Nous  reproduisons  sur  ce«<c  aventure  un  rap- 
port original  fort  curieux  tiré  des  archives  de 
Tarn-8<.-Garonne  &  dont  nous  devons  la  commu- 
nication au  regrettable  M.  Devais  aîné,  auteur  de 
travaux  estimés  sur  l'histoire  de  ce  pays. 

Relation  exacte  Je  la  violence  faite  par  le  sieur  de 
la  Caste  Maillac,  seigneur  de  Tauriac,  pour  ayder 
un  huissier  a  mettre  a  exécution  une  ordonnance 
du  juge  baneret  de  Villemur^  rendue  le  27  janvier 
dernier  contre  les  consuls  anciens  S-  modernes  dus 
lieux  de  Saint-Naufary,  Coriarriea  &  Reynic^ 
dans  le  diocèse  de  Montauian, 

Le  i8  janvier  dernier  ledit  sieur  de  la  Coste 
Maillac,  seigneur  de  Tauriac,  en  compagnie  de 
Jean  La  Boubée  soy-disant  huissier  de  Villemiir, 
à  la  tète  de  quelques  métayers  dudit  sieur  de  Tau- 
riac, quatre  dragons  de  la  compagnie  d'un  de  ses 
frères,  capitaine  au  régiment  de  Belarbre,  un  ma- 
réchal des  logis  de  ce  régiment,  un  valet  des  con- 
suls de  Villemur,  un  autre  huissier  dudit  Ville- 
mur,  un  commis  à  la  régie  des  moulins  de  ladite 
ville,  le  fils  de  Coulom,  procureur  d'office  dudit 
lieu  8c  quelques  autres  inconnus,  portant  des 
bandolieres  aux  armes  de  M.  de  Belisle,  faisant 


en  tout  le  nombre  de  quatorze  personnes,  presque 
tous  à  cheval,  armés  de  fusils,  s'en  allèrent  à 
Saint-Naufary  où  ils  saisirent  au  corps  le  nommé 
Capelle  qu'ils  trouvèrent  sur  leurs  pas,  sortant  du 
moulin  appartenant  au  sieur  de  Colom  Lapomn- 
rède ,  seigneur  dudit  lieu;  Guillaume  8t  André 
Pomiès  frères,  habitans  dudit  Saint-Naufary,  le 
premier  consul  en  1720  &  le  dernier  en  1721,  de 
la  nomination  faite  par  ledit  sieur  de  Colom, 
seigneur  dudit  lieu  feurent  ensuite  pris  comme 
s'ensuit. 

Le  fils  de  Coulom,  procureur  juridictionnel  de 
Villemur,  indiqua  au  sieur  de  Tauriac  lesdits 
Guillaume  8c  André  Pomiez  qui  estoient  devant 
leur  maison  audit  Saint-Naufary,  &  sur  celte  in- 
dication, le  sieur  de  Tauriac  leur  ordonna  de  les 
conduire  dans  un  cabaret  du  lieu,  ce  que  lesdits 
Pomiez  frères  firent  de  bonne  foy,  ignorant  le 
mauvais  dessein  dudit  sieur  de  Tauriac,  les  con- 
duisirent chez  la  nommée  Jeannote,  hûtesse  dudit 
lieu. 

Estant  dans  ce  cabaret,  le  sieur  de  Tauriac  leur 
dit  qu'il  estoit  venu  là  pour  les  obliger  aux  ordres 
de  justice  déjà  donnés  concernant  la  nomination 
des  consuls  dudit  lieu  de  Saint-Naufary,  &  que 
faute  par  eux  d'y  avoir  satisfait,   il  estoit  venu 


LIV,   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV. 


959 


Mais  quelques  illusions  qu'inspirât  aux  auteurs  de  ce  coup  de  force  le  crédit 
du  comte  de  Belle-Isle,  un  attentat  pareil  ne  pouvait  être  de  longue  durée. 
Le  juge  banneret,  s'apercevant  de  l'émotion  qu'il  avait  causée,  répandit 
une  ordonnance  où  il  prétendait  que  l'incarcération  à  Penne  était  motivée 
par  l'état  de  délabrement  des  prisons  de  Villemur.  Un  parent  des  détenus 
se  rendit  k  Penne,  en  fut  repoussé,  8<.  informa  tout  le  pays  des  violences 
odieuses  qui  venaient  de  se  commettre.  L'aftaire  vint  au  sénéchal  de  Tou- 


1721 


av«c  sa  troupe  pour  les  prendre  &  pour  les  con- 
duire en  lieu  de  sûreté,  adjouiant  que  c'estoit  des 
mutins  dont  il  vouloit  faire  un  exemple. 

A  ces  mots,  lesdifs  Pomiez  frères  demandèrent 
audit  sieur  dcTauriac  qui  se  disoit  chargé  de  faire 
la  capture,  de  soufTrir  au  moins  qu'ils  allassent 
chacun  chez  soy  ou  qu'ils  y  envoyassent  chercher 
de  l'argent,  habits  &  autres  choses  nécessaires 
dont  ils  auroient  besoin  pendant  leur  emprison- 
nement prochain;  mais  ledit  sieur  de  Tauriac  leur 
(il  réponse  cruellement,  que  la  prison  seroit  assez 
longue  pour  donner  le  temps  à  leurs  parens  de 
leur  porter  ce  qu'ils  (lie)  auroient  besoin. 

Sur  cela,  ledit  sieur  de  Tauriac  fit  ranger  ta 
troupe  au  milieu  de  laquelle  il  mit  lesdits  Pomiez 
frères,  &  Capelle,  &  luy  à  la  tête  de  toute  cette 
même  troupe  se  mit  en  marche  pour  aller  à  Cor- 
barieu. 

Cette  expédition  peu  honorable  pour  le  sieur 
de  Tauriac  l'obligeoit  de  se  tenir  sur  ses  gardes  à 
l'approche  du  moindre  paysan  qu'il  rencontroit. 
Car  ayant  trouvé  avant  de  sortir  de  la  seigneurie 
de  Saint-Naufary,  quelques  ouvriers  qui  faisoient 
un  fossé,  il  fit  faire  volic-face  à  une  partie  de  ta 
troupe,  &  leur  commanda  de  présenter  chacun  ses 
armes  contre  ces  paysans,  lesquels  ne  pensoient 
point  à  luy. 

De  là  ledit  sieur  de  Tauriac  &  sa  troupe  fcurent 
parcourir  la  juridiction  de  Corbarrieu,  &  prirent 
deux  consuls,  l'un  qui  est  métayer  de  M.  Des- 
corbiac,  conseiller  au  parlement  de  Toulouse,  & 
l'autre  feut  trouvé  dans  le  moulin  appartenant  à 
la  dame  de  Gensac. 

En  continuant  sa  marche,  il  arriva  à  Reyniez 
chez  Auttruc,  maître  chirurgien  aussy  consul  de 
Reyniez  la  présente  année,  auquel  ledit  sieur  de 
Tauriac  tint  le  même  langage  qu'il  avoit  tenu 
auxdits  Pomiez  frères,  &  que  l'ayant  capturé,  il 
conduisit  toute  la  troupe  par  des  voyes  détournées 
au  lieu  de  Varennes,  pendant  une  pluye  violente, 
où  estant,  il  ne  voulut  pas  souffrir  que  les  captu- 
rés fatigués  par  les  mauvais  chemins,  &  par  la 
longueur  du  voyage,  eussent  la  liberté  de  boire, 
ny  de  manger,  &  parce  que  le  jour  devenoit  plus 
rude  par  la  violence  de  la  pluye,  que  ledit  sieur 
de  Tauriac  ne  pouvoit  plus  lui-même  supporter, 
il  quitta  la   troupe,  &  prit  le  devant  pour  aller  à 


son  château  de  Tauriac,  où  il  ordonna  qu'on 
conduisît  les  capturés  morts  ou  vifs,  &  même  sans 
leur  permettre  de  prendre  le  bon  chemin.  Ce 
que  cette  troupe  inhumaine  exécuta  avec  tant  de 
cruauté  que  Guillaume  Pomiez,  n'ayant  point  la 
liberté  de  suivre  d'autre  route  que  celle  de  mules 
&  chevaux,  il  en  reçut  de  coups  de  pied  dont  il 
feut  renversé  &  en  danger  de  perdre  la  vie. 

Enfin,  après  bien  des  fatigues,  les  capturés  arri- 
vèrent au  château  de  Tauriac  vers  les  dix  heures 
du  soir,  à  l'entrée  duquel  château  ledit  sieur  de 
Tauriac  se  trouva  pour  les  recevoir,  ne  leur  tenant 
que  des  discours  menaçants  &  ne  leur  promettant 
que  des  peines.  De  là  il  les  conduisit  dans  une 
xhambre  de  son  château,  devant  laquelle  il  fit 
faire  garde  pendant  la  nuit,  par  les  mêmes  per- 
sonnes qui  l'avoient  aidé  le  matin  à  faire  la  cap- 
ture. 

Le  lendemain  19  janvier,  les  mêmes  gardes  par 
l'ordre  dudit  sieur  de  Tauriac  prirent  les  capturés 
pour  les  conduire  dans  les  prisons  du  château  de 
Penne  en  Albigeois  à  cinq  grandes  lieues  de  Tau- 
riac, &,  pour  la  seureté  de  cette  conduite,  il  aug- 
menta la  troupe  en  y  ajoutant  quatre  dragons  & 
un  brigadier  de  la  compagnie  d'un  de  ses  frères 
dudit  régiment,  Sc.avec  cette  escorte,  les  capturés 
furent  conduits  auxdites  prisons  de  Penne,  placées 
sur  une  élévation  affreuse  le  long  de  la  rivière 
d'Aveiron,  où  ils  furent  mis  le  3o  au  matin  dans 
une  tour  où  il  y  a  un  puant  cachot,  dans  lequel 
on  ne  pouvoit  descendre  qu'avec  des  eschelles  à 
bras,  &  ils  doivent  y  rester,  suivant  les  ordres 
dudit  sieur  de  Tauriac  jusqu'à  ce  qu'il  luy  plaira 
les  délivrer  de  sa  tyrannie,  n'ayant  ces  pauvres 
malheureux  qu'un  peu  de  paille  pour  se  coucher, 
&  du  pain  &  de  l'eau  pour  leur  nourriture,  aussy 
suivant  les  ordres  dudit  sieur  de  Tauriac  qui  a 
réglé  leur  dépense  à  cinq  sols  par  jour  pour  cha- 
cun, avec  de  très-expresses  dépenses  au  concierge 
de  souffrir  que  les  capturés  parlent  à  qui  que  ce 
soit  hors  de  la  présence  d'un  certain  habitant  à 
luy  affidé. 

Ces  infortunés  attendent  dans  l'obscurité  de  leur 
prison  le  soulagement  de  leurs  peines,  &  leur  dé- 
livrance par  le  ministère  des  magistrats  qui  ont 
le  glaive  de  la  justice  en  main  pour  réprimer  ce» 
voyes  de  fait  &  ces  violences. 


IJZl 


ij6o  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

louse,  8<.  comme  les  officiers  royaux  étaient  les  ennemis  naturels  des  justices 
féodales,  le  château  de  Penne  dut  ouvrir  ses  portes.  Mais  la  tentative  de 
renouveler  ainsi  les  procédés  sommaires  du  moyen  âge  ne  mit  pas  en  feveur 
auprès  des  habitants  ces  reconstitutions  de  fiefs  où  tendait  la  haute  noblesse, 
&  quand,  quelques  années  plus  tard,  un  arrêt  du  conseil  destitua  les  juges 
nommés  par  le  comte  de  Belle-Isle  8<  fit  effacer  les  litres  blasonnées  dont  il 
avait  couvert  les  murs,  cette  petite  révolution  locale  n'inspira  aucun  regret. 

En  dépit  des  questions  incidentes  qui  appelaient  l'attention  des  États,  la 
grande  préoccupation  de  la  Province  pendant  toute  l'année  1721  &  la  ma- 
jeure partie  de  l'année  suivante  fut  cette  effroyable  peste  de  Provence,  dont 
les  ravages  produisaient  une  consternation  générale.  Dès  le  27  août  1720, 
le  Parlement  de  Toulouse  avait  prescrit  la  formation  de  conseils  de  santé 
dans  toutes  les  villes,  pour  veiller  à  l'exécution  des  mesures  de  salubrité  & 
à  la  défense  des  passages.  L'anxiété  était  surtout  à  son  comble  dans  ces 
plaines  basses  &.  marécageuses  qui  bordent  la  rive  droite  du  Rhône,  depuis 
le  confluent  du  Gard  jusqu'à  la  mer.  Ce  large  8c  rapide  cours  d'eau  séparait 
seul  le  Languedoc  du  pays  infecté.  On  savait  que  les  villes  d'Arles  &  de 
Tarascon  payaient  leur  tribut  au  fléau,  &  l'on  redoutait  que  la  peste  ne 
franchît  le  fleuve.  Les  habitants  de  Beaucaire  vivaient  dans  des  alarmes 
continuelles.  Les  consuls,  avertis  de  l'imminence  du  danger  8c  sachant  bien 
qu'ils  étaient  aux  avant-postes  de  la  Province,  interdirent  le  passage  de  tous 
les  bacs  avec  une  extrême  sévérité.  Bientôt  le  marquis  de  Nogaret  arriva,  à 
la  tête  de  troupes  qui  furent  installées  sur  tous  les  points  011  les  commvtni- 
cations  avec  la  Provence  étaient  le  plus  faciles.  La  Province  fit  construire 
neuf  barraques  en  pierre  pour  servir  de  corps  de  garde  sur  le  terroir  de 
Beaucaire. 

Au  mois  d'avril,  le  duc  de  Roquelaure  8c  l'intendant  se  rendirent  dans 
cette  ville  pour  reconnaître  s'il  était  possible  d'y  tenir,  au  23  juillet,  la 
friande  foire  annuelle.  On  avait  tout  lieu  de  craindre  que  la  concentration 
d  une  foule  de  gens  8c  de  marchandises,  dans  la  prairie  du  Rhône,  vis-à-vis 
Tarascon  où  régnait  la  peste,  ne  fournît  à  la  contagion  un  aliment  redou- 
table. Beaucoup  de  marchands  étrangers  s'étaient  empressés  de  déclarer  qu'ils 
ne  mettraient  pas  le  pied  à  Beaucaire  tant  qu'on  signalerait  l'épidémie  de 
l'autre  côté  de  l'eau.  Comme  trois  mois  à  peine  séparaient  de  l'ouverture  des 
foires  &c  qu'un  délai  aussi  court  ne  permettait  pas  l'espérance  d'une  entière 
sécurité,  le  commandant  en  chef  8c  l'intendant  résolurent  que  le  célèbre 
marché  méditerranéen  ne  _se  tiendrait  pas  cette  année  dans  les  prés  du 
Rhône  '. 

■  Depuis  l'explosion  de  la  peste,  mais  avant  qui  n'étaient  point  lorties  de  Beaucaire,  d'arrêter 
que  les  communications  ne  fussent  interceptées,  celles  qui  se  trouveraient  en  route  ou  qui  seraient 
un  grand  nombre  de  marchandises  avaient  été  arrivées  déjà  dans  d'autres  villes  de  la  Province, 
transportées  de  Marseille  à  la  foire  de  Beaucaire.  afin  que  les  mêmes  précautions  pussent  être  prises, 
M.  de  Bcrnage  ordonna  d'y  renfermer  dans  des  avec  sommation  aux  propriétaires  d'en  faire  dé- 
magasins,  pour  les  y  purifier  St  les  éventer,  celles  claration    devant    les   consuls    &  les    bureaux    de 


UV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  961 

Bernage  écrivit  aux  divers  corps  de  négociants  pour  leur  en  donner  avis, 
en  les  priant  de  se  concerter  entre  eux  pour  le  choix  d'un  autre  emplacement. 
A  peine  cette  invitation  tut-elle  connue  que  des  prétentions  rivales  s'éveillè- 
rent dans  beaucoup  de  villes.  Montpellier,  Nimes,  Lunel,  Bourg-Saint-Andéol, 
le  Pont-Saint-Esprit,  firent  valoir  leurs  titres  pour  donner  asile  au  commerce 
méridional,  &  l'intendant  se  trouvait  fort  en  peine  de  faire  un  choix,  lorsque 
les  consuls  de  Beaucaire  intervinrent.  Leur  ville  avait  été  profondément  trou- 
blée par  l'annonce  d'un  déplacement  provisoire  du  vaste  entrepôt  dont  elle 
tirait  avantage  depuis  des  siècles;  elle  craignait  que  le  commerce  ne  s'habi- 
tuât à  de  nouvelles  routes  &  demandait  que,  si  la  foire  ne  se  tenait  pas  au 
lieu  ordinaire,  elle  ne  se  tînt  nulle  part.  A  l'appui  de  cette  requête,  les  con- 
suls produisirent  trois  arrêts  des  cours  supérieures,  rendus  dans  des  cas  ana- 
logues, en  temps  d'épidémie,  qui  prohibaient  toute  translation  de  la  foire. 
Aucun  endroit  de  Languedoc  n'offrant  une  parfaite  sécurité,  le  gouvernement 
désarma  les  rivalités  en  défendant  purement  8c  simplement  d'ouvrir  la  foire  h 
Beaucaire  le  22  juillet  ou  dans  toute  autre  ville  pour  en  tenir  lieu. 

Conformément  aux  vieux  usages  méridionaux,  la  peste  fut  l'occasion  de 
diverses  cérémonies  religieuses  8c  de  vœux  des  conseils  de  ville,  suivis  d'of- 
frandes 6t  de  processions.  Les  habitants  de  Tarascon  ayant  fait  sortir  avec 
solennité  la  châsse  de  sainte  Marthe  pour  la  promener  sur  les  bords  du  fleuve, 
invitèrent  le  peuple  de  Beaucaire  à  participera  cette  démonstration  de  l'autre 
côté  de  l'eau.  Une  foule  considérable  s'y  rendit,  au  chant  des  cantiques  8c  au 
son  des  cloches,  8c  couvrit  les  deux  rives  pendant  toute  la  durée  de  la  pro- 
cession '. 

Dans  beaucoup  de  villes  de  Languedoc,  les  dévotions  à  saint  Roch  se 
multiplièrent. 

Sauf  la  ville  d'Alais  8c  quel((ues  lieux  du  diocèse  d'Uzès  qui  furent  assez 
sérieusement  éprouvés,  le  bas  Languedoc  ne  souffrit  pas  de  la  contagion 
autant  que  le  voisinage  de  la  Provence  l'avait  fait  craindre;  mais  en  Gévaudan 
la  peste  causa  de  grands  ravages  8c  emporta  plus  de  cinq  mille  victimes.  La 
seule  ville  de  Marvéjols  en  compta  dix-huit  cents.  Le  fléau  s'était  montré 


1721 


santé.  La  crninte  de  voir  Iciirs  marchandises  con- 
fisquées occasionna  bcauooup  de  contrebandes,  & 
comme  l'on  redoutait  que  la  contagion  n'en  fût 
propagée,  le  conseil  d'Etat,  sur  l'avis  du  régent  & 
du  contrôleur  général  Le  Pelletier  de  la  Houssaye, 
ordonna,  le  3o  mars  1721,  que  la  déclaration 
dana^rois  jours,  sous  peine  de  la  vie,  serait  obli- 
gatoire pour  tous  les  propriétaires  ou  dépositaires 
d'étoffes  des  Indes,  de  la  Chine  ou  du  Levant,  de 
soieries  pures  ou  mêlées  d'or  &  d'argent,  de  tissus 
en  écorce  d'arbre,  en  laine,  fil  ou  coton,  prove- 
nant des  mêmes  contrées,  de  toiles  peintes  &  de 
mousselines.  Toutes  ces  étofTes  devaient  être  trans- 
portées dans  des  ateliers  de  ventilation  &  ne  ren- 
trer   dans    le    commerce    qu'après    avoir    subi    ces 

xin. 


épreuves,  constatées  par  des  marques  particulières, 
au  choix  de  l'intendant. 

Passé  les  trois  jours  de  grâce,  qui  comptaient 
de  la  publication  de  l'arrêt,  le  conseil  prescrivait 
des  perquisitions  exactes,  avec  ordre  de  brûler  les 
étofTes  &  d'en  punir  de  mort  les  détenteurs,  dé- 
signant l'intendant  pour  instruire  &  juger  ces 
sortes  d'afTaires  en  dernier  ressort,  sauf  à  se  faire 
assister,  comme  d'habitude,  par  les  officiers  d'un 
présidial  ou  par  un  nombre  suffisant  de  gra- 
dués '. 

'  Nouvelles  recherches  pour  servir  a  l'histoire  de 
la  ville  de  Beaucaire,  par  M.  de  Forton.  I,  p.  3o2, 

'  Archives  de  Toulouic.  7»  liirc  des  arrêts,  f"  lOp. 

61 


1721 


962  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'abord,  dès  la  fin  de  l'année  1720  &c  dans  le  printemps  de  1721,  sur  quel- 
ques points  isolés,  principalement  dans  les  bassins  supérieurs  du  Lot  &.  du 
Tarn.  Il  atteignit  tour  à  tour  le  village  de  Corréjac,  dans  la  paroisse  de 
Salmon,  oli  cinquante-sept  personnes  périrent  sur  cent  neuf  habitants,  la 
ville  de  la  Canourgue,  qui  en  perdit  neuf  cent  quarante-cinq  sur  seize  cent 
trente-trois j  les  villages  de  Saint-Frézal,  Mallevieille,  Mas-Montet,  où  l'on 
compta  quarante-sept  victimes;  la  Capelle  &  Saint-Georges  de  Levezac,  situés 
sur  les  plateaux  du  Causse,  qui  séparent  les  deux  profondes  vallées  du  I,ot  S< 
du  Tarn  furent  ensuite  atteints;  puis  le  mal  se  communiqua  rapidement  8<. 
rayonna  dans  tout  le  pays.  A  la  Canourgue,  on  prétend  que  le  germe  pesti- 
lentiel arriva  dans  une  cargaison  de  laines  de  Smyrne,  tandis  qu'il  aurait  été 
apporté  à  Mende  par  une  servante,  chargée  d'un  ballot  de  serges,  à  Cha- 
bailler  par  un  moissonneur,  &  à  Bergognon  par  des  muletiers. 

On  se  borna  d'abord  à  bloquer  les  lieux  infectés;  mais  quand  on  s'aperçut 
que  l'épidémie  se  propageait  à  travers  toute  la  contrée,  des  mesures  plus 
générales  furent  prises.  Le  5  août  1721,  une  ordonnance  du  roi  prescrivit 
que  le  Gévaudan  serait  entouré  d'un  cordon  sanitaire  &  privé  de  communi- 
cations avec  les  provinces  voisines.  Les  postes  de  garde  s'appuyèrent  sur  les 
lignes  du  Tarn  8c  de  l'Allier,  que  l'on  rejoignait  par  le  massif  des  montagnes, 
entre  la  Lozère,  Villefort,  Prévenchères  &  la  forêt  de  Mercoire.  Des  baraques 
ou  guérites  étaient  posées,  sur  toute  la  ligne,  à  deux  portées  de  fusil  l'une  de 
l'autre,  Si  la  consigne  s'observait  avec  une  extrême  rigueur;  plusieurs  paysans 
de  Gévaudan,  qui  avaient  franchi  les  barrières  pour  aller  moissonner  dans  le 
bas  pays,  y  furent  reconnus  &  fusillés. 

Deux  médecins  de  Paris,  Lemoine  £<.  Bailly,  s'étaient  rendus  à  la  Ca- 
nourgue où  ils  rendirent  de  grands  services.  Les  docteurs  Chicoineau,  Vernv 
Si  Gauteron,  de  la  faculté  de  Montpellier,  allèrent  aussi,  avec  une  mission 
spéciale  de  la  cour  des  comptes,  étudier  l'épidémie  en  Gévaudan,  &  le  rap- 
]5urt  aux  Etats  ])articuliers  de  ce  pays,  sur  le  caractère  contagieux  du  fléau, 
fut  présenté  par  les  docteurs  Blanquet  &  Rochevalier,  de  la  faculté  de 
Montpellier  81  par  le  chirurgien  Beissade,  de  Marvéjols.  Les  commissaires  du 
diocèse  durent  quitter  Mende  8c  allèrent  tenir  leurs  séances  au  château  du 
Boy.  Vers  le  milieu  du  mois  d'août,  la  peste  avait  éclaté  à  Marvéjols  avec 
une  grande  violence.  Le  10  octobre,  les  troupes  occupèrent  une  seconde  ligne 
qui  passait  par  Saint-Ambrolx,  Aubenas,  S<.  rejoignait  la  première  au  pont 
de  Langogne  sur  l'Allier.  On  coupa  le  pont  de  Prévenchères,  afin  de  rendre 
l'interdiction  du  passage  plus  sûre.  Le  14  8<.  le  i5  du  même  mois,  le  logis  de 
Bès,  appartenant  aux  religieux  de  Chambon,  où  la  maladie  s'était  déclarée, 
fut  livré  aux  flammes  avec  tout  le  bétail  qu'il  renfermait;  on  y  détruisit  trois 
cents  moutons,  trente  bêtes  à  cornes  8<.  dix  chevaux'. 

Les  pointes  que  l'épidémie  avait  faites  dans  le  bas  Languedoc  déterminè- 

■  Bulletin   tic  la  Société   d'aj^riculturc,  in.tiistrlc,  sciences   &  arts  du    tUpartement  de   la   Lo'^cre,  f.  XV, 
p.    154. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  968 

rent  le  gouvernement  à  isoler  toute  la  partie  orientale  de  la  Province;  alors 
furent  établies  les  lignes  de  l'Orb,  depuis  les  montagnes  du  Rouergue 
jusqu'à  la  mer,  coupant  les  principales  communications  avec  le  haut  Lan- 
guedoc, la  Guienne,  le  Rouergue  ik  l'Auvergne.  Les  rapports  entre  les  deux, 
rives  de  l'Orb  demeurèrent  interdits  aussi  rigoureusement  qu'entre  les  deux 
rives  du  Rhône;  dans  la  ville  de  Bédarieux,  que  cette  rivière  traverse,  l'in- 
tendant créa  même  une  administration  distincte  pour  le  quartier  de  la  rive 
droite,  placé  en  dehors  du  cordon. 

Les  obstacles  que  l'établissement  de  cette  nouvelle  ligne  mettait  au  com- 
merce languedocien  causèrent  beaucoup  d'émotion  dans  la  Province.  Comme 
les  territoires  situés  à  gauche  de  l'Orb  n'étaient  pas  infectés,  on  n'interdit 
pas  le  passage  des  marchandises  d'une  manière  absolue,  mais  on  les  soumit 
à  une  quarantaine  de  trente  jours. 

Dans  leur  session  du  mois  de  janvier  1722,  les  Etats  se  firent  les  inter- 
prèles des  réclamations  du  pays  au  sujet  des  inconvénients  qui  résultaient  de 
ces  diverses  mesures.  Sans  s'élever  ouvertement  contre  des  précautions  desti- 
nées à  préserver  le  reste  du  royaume,  ils  se  plaignirent  ((ue  les  lignes  de 
l'Orb,  comme  celles  du  Velai  &  du  Vivarais,  ajoutaient  à  la  misère  publique 
en  arrêtant  les  transactions.  La  ligne  de  l'Orb  surtout,  séparant  à  peu  près 
le  pays  industriel  du  pays  agricole,  était  dénoncée  comme  une  cause  do 
ruine  presque  certaine  pour  une  population  considérable  qui  ne  vivait  que 
de  son  industrie  S<.  que  la  suspension  de  ses  travaux  allait  condamner  à  la 
mendicité  '. 

Les  États  avaient  nommé  une  commission  de  douze  membres  pour  exa- 
miner la  part  que  l'assemblée  provinciale  pouvait  prendre  à  la  terrible  lutte 
engagée  contre  l'épidémie.  La  commission  tut  d'avis  que  l'aftairc  la  plus 
pressante  était  d'amasser  des  approvisionnements  de  médicaments  pour  les 
mettre  à  la  disposition  des  diocèses,  des  villes  &  des  paroisses.  Depuis  que  le 
iléau  décimait  les  principaux  centres  de  population  de  la  Provence,  les 
remèdes  étaient  devenus  très-rares  par  suite  de  l'énorme  consommation  que 
l'on  en  faisait.  Sur  l'invitation  de  l'archevêque  de  Narbonne,  les  médecins  de 
Montpellier,  délégués  par  la  cour  des  comptes,  avaient  dresse  un  état  des 
drogues  nécessaires,  avec  indication  des  lieux  de  provenance  8c  des  lieux 
d'achat  les  plus  avantageux  pour  obtenir  les  meilleures  qualités  &  pour  dimi- 
nuer les  hais  de  transport.  L'archevêque  d'AIbi,  rapporteur,  obtint  que  les 
Etats  emploieraient  une  somme  de  cinquante  mille  livres  à  l'acquisition  de 
ces  médicaments.  D'après  l'avis  de  la  Faculté,  cette  somme  représentait  une 
quantité  de  substances  suffisant  aux  besoins  de  cinquante  mille  malades; 
on  voulut  que  les  premiers  tonds  de  la  bourse  provinciale  fussent  consacres 
à  ces  acciuisitions.  On  décida  que  des  bâtiments,  nolisés  par  la  Province, 
iraient  à  Marseille  £<  à  Bordeaux  chercher  les  remèdes,  &  l'on  exhorta  les 
principales  villes  de  la  Province  à  profiter  de  ces  voyages  pour  leurs  com- 

'  Puces  justificatives,  n.  DCCCXLVI,  col,  2109. 


1721 


1712 


964  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

mandes  particulières.  L'assemblée  créa  deux  magasins  centraux  de  médica- 
ments, l'un  à  Montpellier,  cette  ville  se  trouvant  à  proximité  des  lieux 
attaques,  l'autre  à  Narbonne,  afin  de  pouvoir  secourir  promptement  les 
points  situés  au-delà  des  lignes  8c  d'éviter  le  retard  des  quarantaines,  si 
l'épidémie  s'y  manifestait.  Les  remèdes  rassemblés  dans  ces  magasins  devaient 
être  expédiés  sur  les  ordres  de  l'archevêque  de  Narbonne.  Par  décision 
expresse  des  États,  cette  délibération  fut  imprimée  8c  répandue  dans  tous  les 
diocèses'. 

ïl  y  avait,  du  reste,  quelques  exagérations  dans  les  mesures  de  précaution 
que  l'on  ordonnait  Se  qui  n'étaient  pas  toutes  réalisables.  Ainsi,  M.  de  Ber- 
nage  envoya  des  instructions  pour  déplier  8c  mettre  à  l'évent,  pendant  qua- 
rante jours,  toutes  les  étoffes  du  Gévaudan  qui  se  trouvaient  déposées  dans 
les  magasins  des  villes  contaminées.  Le  syndic  du  diocèse  représenta  qu'un 
pareil  étalage  ne  pouvait  se  faire.  Dans  la  seule  ville  de  Mende,  il  existait 
environ  douze  mille  pièces  qui,  pour  être  étendues,  auraient  exigé  une  sur- 
face de  terrain  très-difficile  à  garder;  d'ailleurs  les  orages  8c  les  pluies,  très- 
fréquents  dans  ces  contrées,  auraient  bientôt  détruit  la  plupart  de  ces  étoffes 
dont  l'ensemble  ne  s'évaluait  pas  à  moins  de  cinq  cent  mille  livres.  Le  temps 
manquait  pour  élever  des  halles  assez  grandes.  Les  médecins  furent  d'avis 
qu'on  povivait  se  contenter  d'une  désinfection  moins  complète.  Ils  conseillè- 
rent de  soumettre  les  étoffes  dans  les  magasins  à  une  première  fumigation, 
après  les  avoir  déballées,  puis  de  les  passer  à  l'eau  bouillante  ou  au  foulon, 
de  les  sécher  à  l'air  8c  de  les  parfumer  une  seconde  fois  dans  les  magasins. 
I,es  docteurs  Lemoine' 8c  Bailly  en  écrivirent  à  M.  de  Ladevèze,  comman- 
dant en  Gévaudan,  81  lui  déclarèrent  que  pour  mettre  à  l'évent  les  douze 
mille  pièces  de  Mende  on  aurait  besoin  d'un  terrain  cent  .fois  plus  spacieux 
que  n'en  laissaient  les  barrières.  Sur  ces  avis,  8c  avec  l'assentiment  de  là  faculté 
de  Montpellier,  on  se  relâcha  sur  la  rigueur  des  premières  instructions. 

Pendant  plusieurs  mois,  8c  jusqu'au  moment  où  la  décroissance  générale  de 
la' maladie  permit  d'en  entrevoir  le  terme  prochain,  le  contrôleur  général  ne 
cessa  d'être  assailli  de  réclamations  des  commerçants  contre  les  embarras  que 
leur  causaient  les  lignes  8c  les  quarantaines.  Tantôt  c'étaient  les  fabricants 
d'eaux  distillées  8c  de  liqueurs  de  Montpellier,  ratafia,  eau  de  la  reine  de' 
Hongrie,  eau  de  cédrat,  eau  de  bergamotte,  qui  se  plaignaient  des  manipu- 
lations excessives  imposées  par  l'inspecteur  de  Béziers.  L'arrêt  du  conseil  du 
20  janvier  1722,  réglant  les  quarantaines,  avait  ordonné  que  les  futailles 
renfermant  ces  produits  seraient  flambées  ovi  mouillées  à  l'eau  de  chaux.  Ces 
liqueurs  s'expédiaient  généralement  en  bouteille,  dans  des  caisses  que  l'on' 
achevait  de  remplir  avec  de  la  mousse.  M.  Hocquard,  inspecteur  de  la  qua- 
rantaine de  Béziers,  ne  se  contentait  pas,  comme  l'auraient  voulu  les  mar- 
chands, de  faire  flamber  les  caisses;  il  voulait  ôter  les  bouteilles,  les  tremper, 
changer  les  bouchons  de  liège,  flamber  les  caisses  8c  brûler  la  mousse.  On 

'  Procès-vcrb.il  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du   17  janvier  1722. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  g65 

consulta  M.  Cholier,  prévôt  des  marchands  de  Lyon.  Il  répondit  qu'à  Lyon 
ces  précautions  s'observaient  8<.  qu'on  remplaçait  la  mousse  par  du  son;  mais 
M.  de  Ruolz,  conseiller  à  la  cour  des  monnaies  &  membre  du  bureau  de 
santé  de  la  même  ville,  envoyé  à  Montpellier  en  commission  extraordinaire, 
déclara  qu'à  son  départ  on  se  contentait  de  flamber  les  caisses.  La  faculté  de 
Montpellier  ajouta  que  les  mousses  employées  à  l'emballage  ayant  été  recueil- 
lies sur  le  bord  des  étangs  d'eau  salée  n'étaient  pas  susceptibles  d'infection. 
Un  autre  jour,  ce  sont  des  patrons  de  barques  chargées  de  drogueries,  venues 
d'Antibes  &  de  Grasse,  où  la  peste  n'avait  jamais  paru,  retenues  depuis  trois 
ou  quatre  mois  dans  les  ports  d'Agde  Se  de  Cette,  &  que  l'on  voulait  con- 
traindre d'aller  à  Marseille  pour  y  prendre  des  certificats  de  santé;  ailleurs, 
les  agents  de  la  régie  des  timbres  &  formules  se  plaignent  qu'on  prétende 
passer  au  vinaigre,  au  risque  de  le  détruire,  le  papier  Se  le  parchemin  timbré 
destiné  à  renouveler  les  approvisionnements  épuisés  de  Narbonne  &  de  quel- 
ques autres  bureaux. 

Dès  le  printemps,  le  fléau  diminua  d'une  façon  très-sensible',  mais  la 
misère  était  grande.  Depuis  le  mois  de  décembre  1721,  le  régent  avait  accordé 
cent  mille  livres  par  mois  pour  achat  de  viande  8c  d'autres  aliments  néces- 
saires aux  populations  des  lieux  infectés.  Le  4  mai,  l'intendant  écrivait  au 
ministère  :  «  Il  est  de  la  dernière  importance  de  continuer  ce  secours,  parce 


1722 


'  Nous  avons  retrouvé,  aux  Archives  natioiinlcs, 
le  document  suivant,  qui  indique  avec  précision 
l'époque  de  la  cessation  du  fléau  dans  les  divers 
lieux  de  Gévaudan. 

Êlat  Jes  villes,  villages,  hameaux  &  melterîes  Ju 
Gévaudan  fui  ont  esté  attaquées  de  la  peste,  & 
des  jours  qu'elle  y  a  cessé. 

Juin  1721.  —  Correjac,  hameau,  le  21. 

Juillet  1721.  —  Brunnues,  h.,  le  3;  Le  M.is 
Montet,  h.,  le  14;  Maleville,  h.,  le  29;  Arvejols 
la  Bastide  &  la  Roque,  le  d". 

Aoust  1721.  —  Tremoulis,  h.,  le  2;  La  Calsi- 
douse  &  Cadoules,  h.,  le  5. 

Septembre  1721.  —  Capelade,  h.,  le  1";  Abrcs, 
h.,  le  2;  La  Metterie  de  Baumes,  le  2;  Bonne- 
foux,  h.,  le  3;  Les  Cairoux,  h.,  le  5;  Le  Montet, 
h.,  le  16;  Arras,  h.,  le  17;  Chapchiniers,  h., 
le  27. 

Octobre  1721.  —  Villeroussef,  h.,  le  2;  Le  Ver- 
gougnoux  &  le  Gratouch,  h^,  le  6j  Prades,  h., 
le  8j  Rechiniac,  h.,  le  i3;  Chanturuejols,  h., 
le  14)  Le  Mas  Rouch,  le  2j. 

Novembre  1721.  —  Pradassoux,  h.,  le  4;  Cour- 
tous,  h.,  le  â;  Congés,  h.,  le  8  j  Lasfons,  h.,  le  10  j 
Serres,  h.,  le  12;  Valcttes,  h.,  le  lô;  Montagu- 
des,  h,,  le  21  j  Le  Regourdel,  h.,  le  23  j  Le  Mazel 
&  le  Mazet,  h",  le  24. 

Décembre    1721.   —   Bramonas   &  les   Bastides, 


h'^,  le  3;  Maladou,  h.,  le  19;  Malesfred,  h.,  le  21  ; 
Ynosses,  h.,  le  24;  Chabulier,  h.,  le  23;  La  Serre, 
h.,  le  26}  Vimenet,  h.,  le  28. 

Janvier  1722.  —  Valturorgues,  h.,  le  i3;  Le 
Mas  André,  le  20. 

Février  1722.  —  Fontjulien,  h.,  le  2;  Molines, 
h.,  le  i3j  Valfournes,  h.,  le  |5;  Masbousquet  8c 
la  Trivale,  h",  le  18  j  Lanuejols,  h.,  le  20  j  La 
Vitarele,  h.,  &  1»  Mas  Roncial,  le  22;  Montro- 
dat,  village,  le  28. 

Mars  1722.  —  Boudoux,  h.,  le  6  ;  le  bourg  de 
Saint-Léger,  le  19;  Le  Buisson,  h.,  le  24;  Le 
Chambonet,  h.,  la  26;  Montferrand,  h.,  le  village 
de  Banassac  &  le  Mazet,  le  28. 

Avril  1722.  —  Marvejols  &  ses  fauxhotirgs, 
ville,  le  i3;  Chasserands,  h.,  24. 

May  1722.  —  Greses,  village,  le  4;  La  Canour- 
gue,  ville,  le  23;  la  ville  de  Mcnde,  les  faux- 
bourgs  de  Crouset,  les  Bories  &  Ahcirach,  h",  le  29. 

L'on  ne  comprend  point  dans  cet  état  les  com- 
munautés des  diocèses  d'AIais,  Uzés  &  Viviers  qui 
ont  aussy  eu  la  peste,  parce  qu'on  ne  sçait  pas 
précisément  les  jours  qu'elle  y  a  cessé,  mais  pour 
la  ville  d'AIais,  il  n'y  a  point  eu  de  malades  de- 
puis le  17  may  1722  &  dans  les  autres  commu- 
nautés des  trois  diocèses  depuis  plus  de  deux  miils 
&  demy  (J>  août  1722)', 

■  Archives  nationales,  H,  7ig-S|  |. 


(^66  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  qu'encore  que  le  mal  paroisse  être  sur  sa  fin,  ce  malheureux  pays  périroit 
«   par  la  famine,  qui  seroit  même  capable  de  renouveler  la  peste'.  » 

Au  commencement  du  mois  de  mai,  on  signalait  encore  six  malades  à  Alais, 
mais  on  n'en  comptait  plus  aucun  en  Gévaudan,  &  à  mesure  que  le  péril 
s'éloignait,  l'impatience  occasionnée  par  une  surveillance  étroite  s'exprimait 
avec  plus  de  liberté*. 

Le  temps  qui  s'écoula  depuis  la  fin  du  m.ois  de  mai  jusqu'à  l'hiver  ne 
donne  guère  d'autres  faits  à  noter  que  les  dernières  luttes  de  la  prudence 
ministérielle  contre  l'impatience  des  habitant?.  Le  conseil  de  santé  tenu  à 
Paris,  le  23  mai,  prit  connaissance  du  mémoire  dressé  par  Bonnier,  trésorier 
général  des  États  de  Languedoc,  pour  représenter  les  inconvénients  des  lignes 
de  rOrb.  Comme  les  nouvelles  étaient  fort  l.ionnes,  on  pensa  qu'il  y  avait 
lieu  de  hâter  la  désinfection,  &  qu'on  pouvait  sans  danger  permettre  la  cir- 
culation des  voyageurs  8<  des  marchandises  sur  toutes  les  routes  comprises 
entre  les  montagnes  de  l'Espinouse  &  la  mer.  Au  conseil  du  8  juin,  on  com- 
muniqua les  lettres  de  MM.  de  Roquelaure  &  de  Bernage  demandant  qu'il  fût 
permis  aux  habitants  du  bas  Languedoc  d'envoyer,  suivant  l'usage,  leurs  bes- 
tiaux dans  les  montagnes  du  Gévaudan;  ils  proposaient  de  limiter  d'abord 
cette  permission  à  la  partie  du  diocèse  de  Mende  qui  était  demeurée  en  dehors 
du  cordon  sanitaire,  &  de  faire  éventer  8c  parfumer  pendant  vingt  jours  les 
marchandises  avant  de  leur  laisser  franchir  les  lignes  de  l'Orb. 

Les  villes  situées  sur  la  ligne  dont  la  gauche  était  appuyée  sur  .^Izon,  h 
l'extrémité  nord-ouest  du  bassin  de  l'Hérault  St  qui  passait  par  le  Vigan, 
Sumène,  Saint-Hippolyte  &  Anduze,  sollicitèrent  aussi  avec  instance  l'autoii- 
sation  de  faire  leurs  récoltes  de  foin  &.  de  grains,  &  de  retirer  le  bois  à  brûler, 
les  douves  &  les  cercles  qui  se  préparaient  dans  les  taillis  de  leur  territoire, 
de  l'autre  côté  du  cordon.  Ces  récoltes  &  ces  travaux  devaient  être  exécutés 
]-iar  des  habitants  du  pays  prohibé,  qui,  à  certains  jours  &c  à  des  heures  mar- 
quées, en  déposeraient  le  produit  entre  deux  barrières,  sous  la  surveillance 
d'un  poste  commandé  par  un  officier. 

La  ligne  d'Alzon-Anduze  se  prolongeait  ensuite  par  Vézenobre  Si  Saint- 
Ambroix  jusqu'aux  environs  de  Pradelles  en  Vivarais,  où  elle  en  joignait  une 
autre  appuyant  sa  droite  au  Tarn,  près  du  Pvouergue,  &  sa  gauche  sur  l'Allier 
jusqu'en  Auvergne.  Enfin,  un   troisième  cordon  de  troupes  avait  sa  droite 

'  Archives  nationales,  Correspondance  Ju  contra-  que,   chirurgien    de    Paris,    envoyé   également   en 

lc::r  gênerai.  Languedoc,  n  que  M.  Loyron  avoit  résolu  de  rcn- 

'  Dans  une  maison  de  Cornillon,  près  Bagnols,  dre  de  temps  en  temps  les  morts  suspectes  de  peste 

t:ois  personnes   moururent  subitement  pour  avoir  pour    se    maintenir    en    ses    appointements.  "    L« 

mangé  des  champignons.  Un  docteur  Loyron,  en-  chevalier  de  Damas  proposa  au  duc  de  Roquelaure 

voyé  de   Paris,  que  M.  de  Rothe  faisoit   résidera  d'enfermer  ce  charlatan  dans  la  citadelle  du  Saint- 

Uzès   pour  y  surveiller  l'épidémie,   se  hâta   d'an-  Esprit    pour    le   punir    de    jeter   ainsi   de   fausses 

noncer  un   nouveau  cas  de  peste   &  d'en  écrire  à  alarmes  '. 
M.  DodarS,   premier   médecin    du    roi,    pour  faire 

courir  ce  bruit  à  Paris.  Le  commandant  en   chef  ,  Archives   tintionalcs,    CnrrapoiUance  du  contrôleur 

pr't  des  informations,  S<.  l'on   sut   par  M.  Dslic-  sé:tà:i!.  Lcttu  Ju  iS  mai  1722. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  967 

près  d'Anduze  8c  sa  gauche  au  Tarn,  à  proximité  du  Pont-de-Monlvcrt,  mct- 
lant  le  pays  sain  à  couvert  de  toute  communication  avec  les  lieux,  inlectés  des 
trois  diocèses  d'Alais,  d'Uzès  &  de  Viviers. 

Le  !«'■  juillet,  la  quarantaine  générale  commença  partout.  Le  duc  de  Roque- 
laure  avait  annoncé  qu'elle  se  ferait  avec  une  grande  rigueur  &  sans  aucun 
égard  aux  réclamations  pour  les  récoltes.  Des  instructions  très-minutieuses 
avaient  été  rédigées  &  répandues  dans  tous  les  pays  intéressés,  afin  que  l'opé- 
ration ne  laissât  point  subsister  d'incertitude.  Les  habitants  des  communes  oîi 
l'épidémie  avait  régné  durent  passer  quarante  jours  entiers  dans  leurs  mai- 
sons, sans  pouvoir  en  sortir  sous  les  peines  les  plus  sévères'.  Des  approvi- 
sionnements de  vivres,  de  bois,  de  sel,  de  denrées  de  toute  espèce  avaient  été 
amassés,  sur  l'ordre  de  l'intendance,  par  les  syndics  diocésains,  &  la  distri- 
bution s'en  faisait,  de  quatre  en  quatre  jours,  par  les  soins  des  commissaires 
du  bureau  de  santé,  des  consuls  &  des  curésj  suivant  des  états  de  répartition 
dressés  par  les  commissaires  de  l'Assiette^.  Les  chirurgiens  eurent  ordre  de 
donner  gratuitement  des  remèdes,  &  l'on  établit  une  infirmerie  dans  chaque 
lieu  pour  y  interner  les  malades  qui  seraient  jugés  suspects.  Des  mesures  non 
moins  précises  avaient  pour  objet  la  purification  &  l'évent  des  marchandises^. 
A  partir  du  10  août,  les  habitants  eurent  la  liberté  de  vaquer  à  leurs  affaires 
£<  de  communiquer  entre  eux,  mais  sans  sortir  de  leur  territoire  jusqu'à 
nouvel  ordre.  Les  lignes  de  troupes  furent  repliées  méthodiquement  8c  par 
sections.  Deux  maisons  de  quarantaine  avaient  été  établies  sur  la  lisière  du 
Gévaudan,  l'une  à  Florac,  l'autre  à  Pradelles. 

Vers  la  fin  de  septembre,  Roquelaure  8c  Bernage  allèrent  faire  une  tournée 


'  On  voit,  par  une  lettre  de  Beninge,  que  l'exé-  ses   immondices   dans    un    terrnin    désigné    (Lettre 

cution  de  cette  ordonnance  inquiéta   beaucoup  les  du  23  septembre  1722)'. 

habitants  de  Mendc.   Après  avoir  dit  que  M.  de  '  Estât  des  secours  en  argent  &  en   grains  que 

Fraysse,  commandant,  &  les  quatre  médecins,  font  M.   de   Bernage    a   Tait   rournir  aux    habitans  des 

opérer    la    désinfection    générale   des   maisons    par  lieux   qui  ont  esté   attaques  de  In   peste  pour  leur 

un  lavage  Ses  murs  à  l'eau  de  chaux  &  des   bois:-  subsistance  pendant  la  quarantaine  générale,  s^a- 

ries  au  vinaigre,  l'intendant  ajoute  :  ic  II  faudroit  voir  : 

laisser    les    habitans    sortir    &   se    promener,    rien  En  argent, 

n'étant    plus    dangereux    &    plus    capable    de    les  Au  dioceze  de  Mende 80000' 

rendre  malades  que  d'y  recommencer  une  quaran-  Alais 3oooo 

taine  de    rigueur  à  cause  de  la   situation  de  cette  Usez 10000 

ville  qui   devient  un  cloac  de  pourriture,  dès  que  Viviers loooo 

les  habitans  ne  peuvent  sortir  de  chez  eux,  par  la  ~           ! 

,        ,            ,,                          .          ,                '^     .  iJoooo' 
manière  dont  eHe  est  construite,  n  y  ayant  point 

de   latrines  dans    les   maisons  &   les  rues  étant  si  BlcJ^. 

étroites    que    les   ordures    qu'on    y   jette    infectent  Alais i3co  q'^ 

toute  la  ville  avant  qu'il  soit  possible  de  les  enlc-  Usez i  000 

ver...  il  règne  un  ennui  si  mortel  qu'ils   se  regar-  Viviers 2000 

dent  chez  eux  comme  des  gens  condamnés  au  sup-  ji.jf,  ,y;,2'.                                                53^3     >: 

plice  &  de  vrais  pestiférés.  "  L'intendant  proposait 

de  diviser  la  ville  en  quatre  quartiers  correspon-  '  P'"^'  justificatives,  n.  DCCCXLVII,  col.  21 13. 

dant  aux  quatre  portes  &  de  permettre  à  chaque 

r       11     j           .■     I'    „.  ,„.i.  i',.,.,.    i   ;„..,  a,   i  '  Archives    nationales.    CorrcsponJ^inCf   du   coulrôU'ui' 

famille  de  sortir  lune  après  lautre,  a  lour  a.  a  „.;„;,.,;                                         ' 

'                                                      '  gCIlCI  lit. 

heure  marqués,  pour  aller  se   promener  &  porter  '  ^^-rçhwai  mtiomhi.  Papier»  Jii  contrôleur  général. 


IJ2.1 


g68  ÉTUDES  HISTOR'IQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

clans  les  Cévennes;  cette  tournée  avait  un  double  objet  :  s'assurer  de  l'état 
sanitaire  &  donner  des  avertissements  aux  communes  protestantes  qui  avaient 
profité  de,  l'émotion  publique  &  de  l'occupation  des  troupes  pour  tenir  d'assez 
fréquentes  assemblées  au  Désert.  Le  duc  &  l'intendant  parlèrent  aux  consuls 
des  paroisses  réformées  un  langage  sévère  8<.  ne  leur  épargnèrent  point  les 
menaces.  Aux  barrières  du  Gévaudan,  où  le  commandant  militaire  Se  le 
svndic  diocésain  s'étaient  rendus,  on  recueillit  des  nouvelles  très-satistai- 
santes;  il  ne  se  produisait  aucun  nouveau  cas  de  peste,  Si  les  médecins  ne 
doutaient  plus  que  la  terrible  épreuve  ne  fût  arrivée  à  son  terme  '. 

Par  mesure  de  précaution,  quelques  foires  furent  encore  interdites,  entre 
autres  celles  de  Villefort  St  de  Lagarde-Guérin,  Se  l'on  soumit  le  transport  des 
marchandises  à  diverses  obligations^. 


■  La  lettre  de  Berrtage  au  consul  général,  qui 
fournit  ces  renseignements,  nous  paraît  assez  inté- 
ressante pour  être  intégralement  publiée  ; 

Il  A.  Florac,  le  21  septembre  1722. 

ti  Monsieur,  nous  arrivâmes  hier  icy  après  avoir 
passé  par  Ganges,  le  Vigan  &  Merueys;  les  con- 
suls &  principaux  habitans  de  toutes  les  commu- 
nautés des  diocèses  d'Alais  &  de  Mende  qui  es- 
toicnt  situées  entre  les  deux  lignes  dont  la  gauche 
de  la  seconde  a  esté  levée  &  qui  s'étoient  mal 
conduites,  comme  vous  avez  sceu,  par  de  fréquentes 
assemblées  de  religlonnaires  se  sont  rendus  dans 
les  villes  de  notre  passage  &  M.  le  duc  de  Roque- 
laure  &  moy  leur  avons  fait  entendre  que  s'ils 
continuoient  de  contrevenir  aux  ordonnances  du 
roy  ils  seroient  punis  sévèrement,  &  même  que  les 
principaux  habitans  seroient  responsables  de  la 
conduite  des  autres.  Il  faut  espérer  que  cet  aver- 
tissement fera  un  bon  effet;  mais  il  est  à  craindre 
qu'ils  ne  se  corrigent  pas  entièrement  jtisqii'à  ce 
qu'on  ait  fait  quelque  exemple  de  sévérité.  Nous 
verrons  encore  plusieurs  consuls  &  habitans  de 
ces  communautés  en  continuant  de  visiter  la  ligne 
&  en  passant  par  Saint-Jean  de  Gardonnenque  & 
Anduse. 

n  Nous  avons  esté  ce  matin  à  la  barrière  du  costé 
du  Gévaudan,  où  se  sont  rendus  M.  de  la  Devèse, 
M.  de  Saint-Sauveur  syndic,  avec  les  autres  com- 
missaires du  diocèse,  &  plusieurs  gentilshommes 
&  notables.  Nous  avons  eu  le  plaisir  d'apprendre 
qu'il  y  a  vingt-huit  jours  qu'il  n'est  tombé  aucun 
malade  dans  la  ville  de  Mende  &  dix-huit  jours 
qu'il  n'en  est  tombé  dans  son  territoire  renfermé 
par  le  blocus  qu'on  continue  de  garder  exactement. 
Tous  les  autres  lieux  de  ce  diocèse  où  a  esté  la 
contagion  jouissent  toujours  d'une  bonne  santé  & 
ont  à  présent  la  liberté  de  communiquer  avec  le 
reste  du  pays  prohibé  ;  il  en  est  de  même  des  lieux 
qui  ont  esté  attaqués  dans  les  diocèses  d'Alais, 
Usez  &  Viviers;  M.  de  la  Devèzc  assure  qu'on  n'a 


rien  négligé  pour  la  rcclierchedes  effets  qui  avoient 
été  recelés  à  Mende.  La  punition  qu'il  a  fait  d'un 
homme  qui  avoit  caché  quelques  hardes  8c  à  qui 
il  a  fait  casser  la  teste  sur  le  territoire  de  cette 
ville  ne  peut  produire  qu'un  bon  effet,  &  il  n'y  a 
pas  d'apparence  que  d'autres  s'exposent  à  un  pa- 
reil châtiment.  Les  médecins  &  entr'autres  les 
sieurs  Bailly  &  Lemoine  à  qui  on  doit  toute  con- 
fiance nous  mandent  qu'ils  continuent  de  tra- 
vailler à  la  désinfection  générale  de  toutes  les 
maisons  &  paroissent  persuadés  qu'après  toutes 
ces  opérations  il  n'y  aura  plus  à  craindre  de  re- 
nouvellement de  mal  dans  cette  ville. 

(I  J'ay  fait  remettre  à  M.  de  Saint-Sauveur  une 
augmentation  de  secours  de  3oooo  livres  pour  la 
subsistance  des  pauvres  de  la  ville  de  Mende  & 
des  autres  lieux  qui  ont  esté  attaqués. 

(I  De  Beknage  '.  y 

'  Lettre  de  M.  de  La  Vrillière  au  duc  de  Roquo- 
laure,  du  7  novembre  1722. 

c(  Sur  le  compte,  Monsieur,  que  je  rendis  hier 
à  Monseigneur  le  duc  d'Orléans  &  au  conseil  de 
la  lettre  que  vous  vous  estes  donné  la  peine  de 
lu'écrire  le  28  du  mois  dernier,  de  la  proposition 
que  vous  ont  faite  les  commerçans  de  Languedoc, 
on  approuva  que  vous  permettiez  de  recevoir  le 
savon  de  Marseille,  l'alun  de  Rome,  le  soufre, 
les  drogues  pour  la  médecine  &  les  cordages  de 
jonc  ou  jonquine,  pourvu  que  ce  soit  sans  caisses, 
cordes  &  emballages,  en  faisant  tremper  à  la  mer 
les  cordes  de  jonc  &  jonquine,  &  en  observant  les 
autres  précautions  que  vous  me  marquez  qui  sont 
d'avoir  attentiTJn  que  sous  ce  prétexte  on  ne  fasse 
point  passer  de  denrées  susceptibles,  &  que  les 
bâtimens  qui  auront  apporté  ces  drogues  soient 
renvoyés  en  Provence. 

«  ...il  a  été  approuvé  que  vous  permettiez  le 
transport  des  marchandises  dans  l'étendue  seiile- 

■  Arcliivcs   nationales.    CotrcifniiJancc   du   contrôleur 
gàH'ral.  H. 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  969 

Le  3o  novembre.,  un  Te  Deum  d'action  de  grâces  fut  chanté  dans  toutes  les 
paroisses  du  diocèse  de  Mende;  le  5  décembre,  il  ne  restait  plus  de  lignes 
qu'auprès  de  Mende  &  du  côté  d'Avignon  '  ;  le  8,  les  troupes  se  retirèrent  par 
un  temps  afheux;  le  froid,  les  vents  &C  la  neige  firent  périr  cinq  soldats,  dont 
quatre  au  col  de  Villefort,  &  plusieurs  voyageurs.  Enfin,  le  i5  janvier,  on 
rendit  la  liberté  aux  habitants  de  Mende  Se  d'Avignon.  Vingt-cinq  paroisses 
du  Gévaudan  avaient  été  visitées  par  le  fléau. 

Sur  le  bas  Rhône,  on  leva  les  lignes  au  i*'  décembre.  Le  lendemain,  de 
très-bonne  heure,  le  fleuve  commença  d'être  sillonné  de  bateaux  voguant 
d'une  rive  à  l'autre  &  renouant  entre  le  Languedoc  &  la  Provence  des  rela- 
tions qui,  depuis  deux  ans,  étaient  prohibées  sous  peine  de  mort.  Le  3  dé- 
cembre, les  consuls  de  Tarascon,  avec  la  noblesse  &  la  principale  bourgeoisie 
de  leur  ville,  allèrent  rendre  visite  à  leurs  collègues  de  Beaucaire,  qui  les 
reçurent  aii  bord  du  Rhône,  avec  grand  bruit  de  tambours,  de  trompettes  Se 
de  boîtes  d'artillerie.  Peu  de  temps  après,  les  consuls  de  Beaucaire  rendirent 
cette  visite,  assistèrent  au  Te  Deum  dans  l'église  de  Sainte-Marthe,  prirent 
part  à  la  course  traditionnelle  de  la  Tarasque  8c  goûtèrent  k  l'hôtel-de-ville 
une  somptueuse  collation.  Durant  quelques  jours,  ce  ne  fut,  d'un  bord  à 
l'autre  du  Rhône,  qu'échange  de  civilités,  de  processions,  d'invitations  de  com- 
mune à  commune.  Beaucaire  Se  Arles  se  fêtèrent  mutuellement.  Tout  le  pays 


1722 


ment  &\\  Gévaudan,  avec  la  défense  soin  peine  de 
la  vie  d'en  transporter  aucune  au  delà  de  la  pre- 
jnière  ligne  d'autant  mieux  que  ces  marchandises 
se  trouvant  marquées,  il  n'y  a  pas  lieu  de  douter 
qu'elles  ont  été  bien  désinfectées... 

«  On  ne  juge  pas  à  propos  de  laisser  transporter 
les  meubles  &  les  hardes  d'un  lieu  à  un  autre  sans 
précaution,  d'autant  que  l'on  n'a  pas  de  certitude 
absolue  que  ces  choses  ont  été  désinfectées,  ne  se 
trouvant  pas  marquées  (M.  de  La  Vrillière  à 
M.  de  Bernage,-7  novembre  1722)'.  » 

'  Voici  l'ordonnance  du  roi  prescrivant  la  levée 
des  lignes  : 

n  Sa  Majesté  étant  bien  informée  qu'il  ne  reste 
aucun  vestige  de  contagion  depuis  plusieurs  mois, 
tant  dans  le  Gévaudan,  les  Sévennes  &  le  Vivarais 
que  dans  la  Provence,  &  qu'après  les  opérations 
réitérées  qui  ont  été  faites  pour  purifier,  désinfec- 
ter &  éventer  les  meubles,  hardes  &  marchandises 
dans  tous  les  territoires,  villes  8c  lieux  où  elle 
avoit  pénétré,  il  n'y  a  pas  lieu  de  douter  que 
grâce  à  la  Providence  la  cause  n'en  ait  été  détruite, 
sans  crainte  de  retour,  &  jugeant  dans  ces  cir- 
constances que  les  lignes  qu'Elle  avoit  été  obligée 
de  faire  établir  sur  les  frontières  de  l'Auvergne, 
du  Rouergue,  en  Languedoc,  en  Vivarais,  en  Pro- 
vence &  sur  la    frontière  du  Comtat  &  du    Dau- 


•  Arcfflves   nationales.   Corrcipondance   du   iotUrôkur 
fçénéral. 


phiné  sont  absolument  inutiles  &  d'ailleurs  trcj 
à  charge  aux  gens  de  guerre  &  aux  habitans  pré- 
posés à  leur  garde.  A  ces  causes,  Sa  Majesté,  de 
1  .ivis  de  Monsieur  le  duc  d'Orléans  régent,  a  or- 
donné 8t  ordonne  qu'à  commencer  du  premier 
décembre  prochain,  toutes  lesdites  lignes  seront 
levées;  que  la  garde  qui  t'y  faisoit  à  l'occasion  dt 
la  contagion  cessera;  que  les  païsans  qui  y  étoient 
employés  se  retireront  chez  eux,  &  que  les  troupes 
qui  les  gardoient  se  rassembleront  dans  leurs 
quartiers,  à  l'exception  de  la  ligne  formée  autour 
de  Mende,  de  celle  qui  a  été  établie  dans  l'inté- 
rieur du  Comtat,  sous  les  ordres  du  sieur  de  Jos- 
seaud  &  de  la  partie  de  la  ligne  du  Rhône  qui 
correspond  à  l'étendue  du  pays  gardé  par  ledit 
sieur  de  Josseaud,  lesquelles  lignes  Sa  Majesté  a 
jugé  à  propos  de  laisser  subsister  jusqu'au  mois  de 
janvier  prochain,  quoique  la  santé  n'ait  été  trou- 
blée par  aucun  accident,  depuis  plus  de  trois 
mois,  dans  les  lieux  qu'elles  environnent.  Mande 
&  ordonne  Sa  Majesté  aux  gouverneurs  &.  lieute- 
nans  généraux,  commandans  pour  Elle  dans  les 
provinces  de  Guienne,  Rouergue,  Auvergne,  Lan- 
guedoc, Dauphiné  &  Provence,  de  tenir  la  main 
à  l'exécution  de  la  présente,  laquelle  Sa  Majesté 
veut  être  lue  &  publiée  dans  toutes  les  villes  St 
places  desdites  provinces  &  ailleurs  où  besoin  sera, 
à  ce  qu'aucun  n'en  prétende  cause  d'ignorance. 
Fait  à  Versailles  le  dix-neuf  novembre.  —  Signé 
Louis,  &  plus  bas  Lb  Blanc.  » 


1722 


970  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

paraissait  renaître.  Les  danses,  les  illuminations,  les  repas  de  corps,  les  feux 
d'artifice,  les  revues  de  compagnies  bourgeoises,  fêtèrent  le  retour  de  la  sécurité. 

Les  dépenses  occasionnées  en  Languedoc  par  l'épidémie  atteignirent  une 
somme  considérable.  La  seule  défense  des  lignes  ne  coûta  pas  moins  de  neut 
cent  mille  livres;  on  avait  compté  plus  de  deux  mille  corps  de  garde,  &,  à 
chaque  poste,  outre  les  troupes  réglées,  il  avait  fallu  attacher  deux  ou  quatre 
paysans  qui  reçurent  une  solde  pendant  toute  la  durée  du  fléau. 

Les  inquiétudes  qu'inspirait  la  contagion  &  les  charges  extraordinaires- 
qu'elle  faisait  peser  sur  la  Province  ne  laissèrent  guères  de  loisir  à  d'autres 
préoccupations  &  l'action  économique  des  Etats  fut  à  peu  près  nulle.  Cepen- 
dant, comme  l'édit  de  janvier  1722,  établissant  un  droit  sur  les  soies  étran- 
gères &  sur  les  soies  indigènes,  prescrivait  qu'elles  passeraient  toutes  par  la 
ville  de  Lyon,  cette  forme  d'un  monopole  odieux  que  les  commerçants  lan- 
p-uedociens  rencontraient  partout  &  qui  les  contraignait  à  se  débattre  inces- 
samment contre  les  exigences  des  grands  centres  d'industrie  ou  de  trafic, 
Marseille,  Lyon  &  Bordeaux,  ne  pouvait  laisser  l'assemblée  provinciale 
indifférente.  Aussi  en  fit-elle  l'objet  d'un  mémoire  envoyé  à  la  Cour,  où  elle 
sollicitait  la  suppression  de  l'impôt  de  trois  sols  six  deniers  sur  chaque  livre 
pesant  de  soie  originaire  &.  la  réduction  du  droit  de  quatorze  sols  par  livre 
de  soie  étrangère.  Elle  demandait  en  outre  que  la  perception  des  droits 
royaux  se  fît  aux  frontières  8c  que  l'on  épargnât  aux  soies  languedociennes 
l'inutile  Se  dispendieux  voyage  de  Lyon;  mais  cette  dernière  réclamation, 
dont  la  justesse  n'était  pas  douteuse,  avait  peu  de  chances  d'être  écoutée;  le 
Languedoc  se  heurtait  à  forte  partie,  &  malgré  le  travail  qui  se  faisait  dans 
les  esprits  Se  le  progrès  notable  des  doctrines  économiques,  le  temps  n'était 
pas  encore  venu  où,  sous  l'impulsion  d'un  ministre  éclairé,  les  entraves  arti- 
ficielles opposées  par  l'égoïsme  particulariste  au  développement  de  la  richesse 
nationale  devaient  être  courageusement  écartées.  Les  démarches  des  États 
n'ont  de  valeur  qu'en  ce  qu'elles  marquent  une  étape  vers  la  réalisation  des 
réformes  à  venir. 

Des  sollicitations  se  poursuivaient  à  la  Cour  pour  la  création  d'une  nou- 
velle université  dont  le  siège  aurait  été  fixé  en  Béarn.  Les  professeurs  de 
Toulouse  &  de  Montpellier  s'alarmèrent  de  cette  concurrence  qui  menaçait 
d'amoindrir  leur  clientèle  &  firent  opposition  à  la  requête  des  Béarnais.  Ils 
soutinrent  que  le  grand  nombre  des  étudiants  pouvait  seul  développer  l'ému- 
lation, que  la  multiplicité  des  centres  universitaires  en  diminuerait  forcément 
l'importance,  St  que  les  deux  principales  villes  de  Languedoc  y  perdraient 
une  partie  notable  de  leurs  avantages.  L'archevêque  de  Narbonne  se  fit  l'in- 
terprète de  ces  réclamations  auprès  des  Etats  Si  réclama  leur  intervention. 
L'assemblée  provinciale,  considérant  qu'elle  était  dans  l'usage  d'accorder  sa 
protection  aux  universités,  quand  on  la  lui  demandait,  chargea  les  députés  • 
en  Cour  d'appuyer  auprès  du  conseil  la  résistance  des  professeurs  '. 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  19  férrier  1722. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV. 


97» 


IJIZ 


Pour  aider  la  caisse  provinciale  à  se  décliarger  des  billets  de  banque  dont 
elle  avait  été  encombrée,  l'arrêt  du  28  janvier  1721  l'avait  autorisée  à  verser 
un  million  en  papier  au  Trésor  pour  l'acquittement  des  deniers  royaux. 
Cette  faveur  se  compléta  le  22  février  1722  par  la  remise  entière  d'un  autre 
million  sur  les  fonds  de  la  capitation  S<.  du  don  gratuit,  à  cause  des  dépenses 
extraordinaires  de  l'épidémie. 

La  régence  du  duc  d'Orléans  finit  avec  l'année  1722.  Le  26  octobre,  les 
cérémonies  du  sacre  s'étaient  faites  à  Pveims  avec  un  grand  luxe  &  un  respect 
scrupuleux  des  traditions.  Tous  les  anciens  pairs  du  royaume,  qui  n'exis- 
taient plus  que  de  souvenir,  y  étaient  représentés  par  des  princes  du  sang 
royal,  portant  la  veste  d'étoffe  d'or  qui  descendait  jusqu'à  mi-jambe,  la  cein- 
ture d'or,  le  manteau  ducal  de  drap  violet,  doublé  &  bordé  d'hermines  Se 
ouvert  sur  l'épaule  droite,  le  collet  rond  d'hermine,  £<.  la  couronne  sur  un 
bonnet  de  satin  violet.  Le  duc  de  Bourbon  figurait  le  duc  d'Aquitaine,  &  le 
comte  de  Charolais,  le  comte  de  Toulouse.  Le  premier  portait  la  couronne  à 
feuilles  d'ache,  &  le  second,  la  couronne  à  neuf  perles,  bien  qu'aucune  de 
ces  distinctions  héraldiques  ne  fût  en  usage  à  l'époque  des  personnages  que 
les  princes  étaient  censés  représenter.  Le  maréchal  de  Villars  taisait  les  tonc- 
tlons  de  connétable. 

Le  i3  février,  le  roi  écrivit  aux  principales  villes  de  France  : 
«  Très-chcrs  Se  bien-aimés,  lorsque  la  peste  attaqua  la  Provence  avec  une 
fureur  qui  sembloit  ne  devoir  rien  épargner,  nous  tremblâmes  pour  tous 
nos  sujets  menacés  ou  d'une  mort  la  plus  prompte  de  toutes  &  la  plus 
cruelle  dans  ses  circonstances,  ou  d'une  extrême  diminution  de  leurs  for- 
tunes par  la  cessation  entière  du  commerce,  ou  du  moins  du  spectacle 
affreux  d'une" désolation  qui  pouvoit  devenir  générale;  mais  les  ordres  que 
notre  oncle  le  duc  d'Orléans  régent  a  donnés  partout  avec  toute  la  vigi- 
lance 8c  toute  la  sagesse  nécessaire  ont  arrêté  le  progrès  d'un  mal  si 
funeste.  Dieu  a  bény  ses  soins,  il  a  récompensé  le  zèle  héroïque  des  évê- 
ques  Se  de  tous  les  ordres  du  clergé;  il  a  écouté  les  prières  des  âmes  pures 
Si  innocentes,  &  elles  ont  obtenu  qu'il  retirât  de  dessus  nos  testes  l'un  des 
plus  terribles  fléaux  de  sa  colère;  ce  mal  contagieux  qui,  en  désolant  une 
province,  répandoit  la  terreur  dans  tout  le  reste  du  royaume,  est  entière- 
ment cessé;  nos  voisins  ne  peuvent  plus  regarder  nos  frontières  avec 
frayevir;  les  François  qui  se  craignoient  eux-mêmes  les  uns  les  autres  sont 
délivrés  de  cette  pernicieuse  crainte,  8t  il  ne  nous  reste  plus  qu'à  rendre 
grâces  à  Dieu  de  s'être  laissé  fléchir  8t  d'avoir  bien  voulu  ne  nous  punir 
ou  ne  nous  éprouver  que  par  des  calamités  passagères.  Notre  intention 
estant  donc  de  remercier  le  ciel  de  sa  clémence  St  pour  en  attirer  de  nou- 
velles bénédictions,  nous  donnons  nos  ordres  aux  archevêques  &  évêques 
de  notre  rovaume  de  faire  chanter  le  Te  Deiim  dans  toutes  les  églises  de 
leurs  diocèses'.»  Commandement  était  donné  aux  officiers  municipaux 


'  ArchiYes  de  Toulouse.  Lettres  missives  des  souverains. 


I 


—^ —  972  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'assister  à  cette  cérémonie  dans  l'église  principale,  &  de  faire  ensuite  allumer 
un  feu  de  joie  &  tirer  le  canon. 

Cette  lettre  portait  encore  la  formule  :  de  l'avis  de  notre  très-cher  &  très- 
amé  oncle  le  duc  d'Orléans  régent,  parce  que,  malgré  le  sacre,  les  pouvoirs 
du  régent  duraient  jusqu'au  jour  de  la  majorité  du  roi,  qui  échut  le  16  février. 
Ce  jour-là,  dès  le  matin,  Philippe  d'Orléans  alla  complimenter  Louis  XV  8c 
se  félicita  de  pouvoir  lui  remettre  le  royaume  en  bon  état  Se  délivré  de  la 
maladie  contagieuse.  Le  jeune  roi  était  alors  dans  sa  quatorzième  année. 


CHAPITRE  II 

Invasion  de  sauterelles.  —  Les  multipliants.  —  Charges  municipales.  —  Echange  d'Uzes.  —  Affaires 
de  Nimes.  —  Mémoire  de  l'évéque  d'Alais.  —  Déclaration  de  1724.  —  M.  de  Saint-Maurice, 
Règlement  pour  les  assiettes.  —  Orages  &  inondations.  —  Plaintes  des  rentiers  de  la  Proyince. 
La  légende  de  Grégoire  VU  &  l'évéque  de  Montpellier. 

~^  La  Province  échappait  à  peine  aux  terribles  épreuves  de  l'épidémie  que,  les 

récoltes  furent  compromises,  dans  la  basse  vallée  du  Rhône  &  le  diocèse  de 
Nimes,  par  une  invasion  de  sauterelles.  Ce  cas  n'était  pas  nouveau  dans  la 
contrée;  à  diverses  époques,  des  nuées  de  ces  redoutables  insectes  avaient 
ravagé  quelques  cantons  du  bas  Languedoc,  Pendant  l'été  de  l'année  1686,  le 
terroir  d'Aramon,  situé  sur  la  rive  droite  du  Rhône,  entre  Avignon  8c.  Beau- 
caire,  eut  ses  champs  de  blé  Se  ses  vignes  entièrement  dévastés,  &  fut  réduit 
à  payer  un  assez  grand  nombre  de  journaliers  pour  donner  la  chasse  aux 
sauterelles.  Ces  gens  n'en  ramassèrent  pas  moins  de  dix-sept  mille  quintaux, 
sans  compter  toutes  celles  qui  furent  foulées  aux  pieds'. 

Les  fortes  chaleurs  de  l'année  1722,  l'abandon  de  beaucoup  de  terres  que 
la  peste  n'avait  pas  permis  de  cultiver  8c  le  défaut  de  précautions  pendant  la 
période  d'éclosion  des  insectes,  donnèrent  à  ce  fléau  une  intensité  extraordi- 
naire. Plusieurs  communes  en  portèrent  plainte  à  leurs  syndics  diocésains  Se 
sollicitèrent  l'appui  de  l'intendance,  qui,  en  d'autres  temps,  avait  autorisé 
des  emprunts  pour  délivrer  la  contrée  de  ces  hôtes  incommodes. 

M.  de  Bernage  prescrivit  des  mesures  d'ensemble  pour  en  purger  le  pays. 

Il  publia,  au  milieu  de  l'hiver,  une  ordonnance  détaillée  dont  le  but  était 
d'accomplir  une  destruction  générale  des  œufs  que  ces  dangereux  insectes 
avaient  laissés  dans  le  sol  8c  qui  promettaient  de  nouvelles  dévastations  aux 
blés,  aux  vignes  8c  aux  pâturages  pour  l'année  suivante. 

Chaque  commune  des  régions  attaquées  reçut  l'ordre  de  nommer,  dans  le 
délai  de  trois  jours,  deux,  quatre  ou  six  personnes  notables,  qui  devaient 
se  partager  le  territoire,  emmener  chacune  quelques  travailleurs  Se  procéder 

■  Pièces  just'ificat'ives,  n.  CCCCLXXVIl,col.  i35i. 


LIV.  IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  973 

à  une  recherche  scrupuleuse  des  gisements.  D'après  les  indications  qui  leur 
seraient  fournies  par  les  laboureurs  Si  les  métayers,  ces  chefs  d'escouades 
étaient  autorisés  à  faire  ouvrir  quelques  toises  de  terrain,  à  la  bêche  ou 
luchet,  pour  vérifier  l'exactitude  des  rapports,  en  ayant  soin  d'observer  des 
distances  raisonnables  Si  de  recueillir  des  notes  précises  sur  la  topographie 
des  points  infectés. 

Toutes  ces  informations  étaient  concentrées  au  conseil  de  communauté; 
on  commandait  un  nombre  suffisant  de  travailleurs  à  la  main  ou  de  labou- 
reurs à  la  charrue,  quand  l'étendue  81  la  nature  du  terrain  le  permettaient, 
pour  aller,  sous  les  ordres  du  même  chef  81  en  présence  des  fermiers  du  quar- 
tier, bêcher  81  ouvrir  la  terre  à  une  profondeur  convenable  pour  mettre  les 
œufs  à  nu. 

A  chaque  colonne  de  bêcheurs  était  attaché  un  nombre  suffisant  d'enfants 
ou  de  femmes,  chargés  de  recueillir  exactement  tous  les  œufs,  de  les  enfermer 
dans  des  sacs  ou  des  draps  de  lit  pour  les  transporter  à  la  maison  consulaire 
81  les  y  brûler,  en  présence  des  officiers  municipaux,  par  petits  tas  distincts, 
de  façon  à  rendre  la  destruction  complète;  ou  bien  les  enfouir  dans  des  fossés 
de  trois  ou  quatre  pieds  de  profondeur,  si  les  circonstances  le  permettaient. 

Tous  les  chefs  d'expédition  devaient  tenir  un  dénombrement  exact  des  per- 
sonnes employées,  ainsi  que  des  journées  consacrées  à  ce  travail.  Le  prix  de 
la  journée  était  de  cinquante  sols  pour  les  laboureurs  avec  leurs  charrues, 
81  de  dix-sept  sols  pour  les  travailleurs  à  la  main.  Quant  aux  femmes  Se 
enfants,  on  leur  comptait  un  sol  pour  chaque  livre  d'œufs,  pesés  en  présence 
des  consuls. 

Les  communes  qui  n'avaient  pas  de  fonds  disponibles  pour  le  payement  de 
ces  travaux,  durent  solliciter  des  subdélégués  de  l'intendance  une  autorisation 
d'emprunts  que  l'administrateur  de  la  Province  accordait  aisément  sur  le  rap- 
port de  son  subordonné.  Mais  il  était  expressément  défendu  aux  consuls  de 
divertir  à  tout  autre  usage  les  sommes  empruntées,  sous  peine  de  répondre 
sur  leurs  propres  biens  de  tous  les  dommages  causés  par  les  sauterelles  dans 
leur  territoire. 

Huit  jours  après  la  fin  des  travaux,  les  états  des  journées  étaient  soumis  h 
la  vérification  du  subdélégué,  qui  les  transmettait  à  l'intendant. 

Dans  le  cas  où  ces  précautions  minutieuses  ne  détruiraient  pas  complète- 
ment le  germe  du  mal,  81  où  les  insectes  reparaîtraient  avec  le  retour  des 
chaleurs,  les  communes  avaient  la  faculté  de  désigner  un  certain  nombre  de 
personnes  pour  donner  la  chasse  aux  sauterelles  81  les  ramasser,  ou  pour  les 
faire  périr  dans  des  rigoles,  ainsi  que  l'on  avait  déjà  procédé  à  Saint-Gilles 
81  à  Beaucaire.  Tous  les  insectes  recueillis  devaient  être  enfouis  dans  des 
fossés  d'au  moins  trois  pieds  de  profondeur  81  recouverts  d'une  couche  de 
chaux  vive  arrosée  d'eau,  par-dessus  laquelle  on  rejetait  la  terre  du  déblai  '. 

■  Hccueil  des  id'tts  &  arrêts  de  Languedoc,  lyîS.  Ordonnnnce  de  M.  de  Bernage  de  Siiint-Mauricc, 
donnée  à  Nimes  le  74  février  1723. 


17*3 


1"^^ 974  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

On  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer  avec  quel  soin  les  représentants  du 
pouvoir  central  dans  les  provinces  étudiaient  toutes  les  questions  d'utilité 
publique  &  travaillaient  à  répandre  la  connaissance  des  meilleurs  procédés. 

Si,  pendant  l'épidémie,  on  avait  eu  quelquefois  l'occasion  de  reprocher  aux 
agents  ministériels  une  réglementation  excessive  &  des  prohibitions  outrées, 
cette  exagération  de  prudence  résultait  du  moins  d'un  principe  excellent.  On 
comprenait  que  le  premier  devoir  de  l'autorité  était  d'instruire  les  peuples, 
de  les  éclairer  sur  leurs  véritables  intérêts,  S<  que  le  maintien  de  l'obéis- 
sance &.  la  perception  régulière  des  impôts  ne  pouvaient  borner  les  vœux  des 
gouvernants.  L'accroissement  des  notions  scientifiques,  de  jour  en  jour  vul- 
garisées, la  diffusion  d'un  esprit  de  philanthropie  qui,  par  l'intermédiaire 
des  philosophes  &t  des  gens  de  lettres,  se  répandait  dans  la  haute  société 
parisienne  &  ne  devait  pas  tarder  à  gagner  les  provinces,  contribuaient  à 
précipiter  cette  heureuse  métamorphose.  Malheureusement,  elle  n'était  pas 
complète.  Sur  les  questions  religieuses,  les  principes  de  sage  tolérance  qui 
avaient  fait  la  gloire  d'Henri  IV  ne  parvenaient  pas  à  triompher  des  tradi- 
tions de  politique  impitoyable  léguées  par  Louis  XIV.  Le  clergé,  dans  les 
chaires,  ne  cessait  de  tonner  contre  la  diminution  de  la  foi,  8c,  de  fait,  si 
l'on  en  devait  juger  par  les  mœurs  de  la  Cour,  de  la  noblesse,  de  la  haute 
bourgeoisie,  qui  trouvaient  déjà  trop  d'imitations  dans  les  classes  inférieures, 
les  convictions  religieuses  n'avaient  guère  de  puissance  ou  du  moins  ne  se 
traduisaient  pas  par  une  action  morale  perceptible.  La  pourpre  romaine  du 
cardinal  Dubois  autorisait,  d'ailleurs,  des  réflexions  bien  irrévérencieuses. 
Mais,  en  dépit  de  cet  étrange  système  de  conciliation,  la  liberté  de  conscience 
ne  trouvait  pas  de  défenseurs  dans  les  conseils  du  gouvernement.  Les  illu- 
sions que  les  protestants  s'étaient  faites  au  début  de  la  régence,  8<.  qu'ils  fon- 
daient sur  le  caractère  &  les  tendances  prétendues  libérales  de  Philippe 
d'Orléans,  avaient  été  brutalement  démenties  par  les  faits.  Non-seulement  il 
n'était  pas  question  de  revenir  k  l'édit  d'Henri  IV  &  de  permettre  le  culte 
public,  mais  les  assemblées  au  Désert  ne  cessaient  pas  d'être  considérées 
comme  des  actes  séditieux,  8c  aucune  des  procédures  de  i685  n'était  tombée 
endésuétude. 

La  conversion  par  contrainte  ne  cessant  pas  d'être  le  but  de  la  politique 
royale,  on  y  travaillait  par  tous  les  moyens  dont  trente-cinq  ans  d'expérience 
avaient  démontré  l'inanité.  On  voyait  le  comte  de  Saint-Florentin  envoyer 
au  nom  du  roi,  sur  la  dénonciation  de  l'évêque  de  Lavaur,  l'ordre  d'enfermer 
au  couvent  de  Sainte-Claire  la  fille  de  Chomel  de  Saint-Laurens,  «  religion- 
«  naire  très-opiniâtre,  »  parce  qu'elle  n'assistait  pas  aux  instructions'.  L'ar- 
chevêcfue  de  Toulouse  demandait  à  La  Vrillière  d'interner  de  force  au  collépe 
des  jésuites  un  jeune  protestant  de  sa  ville  métropolitaine,  assez  riche  pour  y 
être  entretenu  à  ses  frais.  Dans  une  Cour  dont  les  mœurs  offraient  la  réu- 
nion de  tous  les  scandales,  on  accueillait  avec  faveur  des  délations  portant 

'  Lettre  du  i3  avril  1720,  citée  par  Edmond  Hugues,  t.   î,  p.   i33. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV. 


97' 


1713 


sur  des  manquements  aux  pratiques  disciplinaires  de  l'Eglise  catholique,  & 
un  secrétaire  d'Etat  ne  craignait  point  de  compromettre  sa  gravité  en  repro- 
chant à  un  nouveau  converti  d'avoir  fait,  «  un  jour  maigre,  un  repas  en 
«   maigre  &  en  gras,  publiquement,  dans  un  pré'.  » 

En  1720,  les  troupes  surprirent  8^  dissipèrent  une  assemblée  à  Fougères, 
dans  les  environs  de  Bédarieux.  La  même  année,  une  autre  réunion  de  ce 
genre  que  présidait  Antoine  Coiirt,  fut  enveloppée  auprès  de  Nimes,  dans 
une  grotte  que  l'on  appelait  la  Baume  des  tées. 

Beaucoup  de  prisonniers,  hommes  8c  femmes,  restèrent  aux  mains  des  sol- 
dats. On  en  mit  un  petit  nombre  à  la  tour  de  Constance;  la  plupart  des 
autres  furent  dirigés  sur  la  R.ochclle  par  Lyon,  Pvoanne  S<.  Saumur,  attachés 
à  la  chaîne  des  forçats  de  Bourgogne.  On  comptait  les  envoyer  à  la  Nouvelle- 
Orléans. 

Leur  passage  à  travers  les  rues  de  Nimes  causa  une  profonde  émotion  8<, 
grâce  aux  correspondances  protestantes,  eut  un  grand  retentissement  à  l'étran- 
ger. Il  pleuvait  quand  ils  entrèrent  dans  les  faubourgs,  souillés  de  boue  & 
ruisselants.  Pourtant  ils  eurent  la  force  de  se  découvrir  &  d'entonner  un 
psaume  pour  saluer  la  ville  que  la  tradition  réformée  qualifiait  de  Genève 
française. 

On  fit  une  collecte  en  Suisse  pour  les  galériens  de  Nimes;  Genève  8t  Zurich 
y  contribuèrent,  8c,  par  suite  du  mouvement  que  l'on  se  donna  auprès  des 
cabinets  étrangers,  l'ambassadeur  d'Angleterre  obtint  du  régent  que  la  peine 
de  ces  malheureux  fût  commuée  en  un  bannissement  perpétuel^. 

Tandis  que  1  on  agissait  avec  cette  rigueur  contre  des  chrétiens  dissidente, 
mais  convaincus  Se  pieux,  ce  n'était  un  mystère  pour  personne  que  le  pur 
libertinage  Se  l'incrédulité  sans  mélange  s'étalaient  librement  Se  au  grand  jour. 

Un  proposant  osa  soumettre  ce  contraste  à  l'attention  de  Roquelaure  Se  de 
Bernage  : 

«  11  est  certain,  leur  écrivait-il,  que  si  quelque  scélérat  venoit  dans  une 
(I  ville  du  royaume  voler,  blasphémer  le  saint  nom  de  Dieu,  paillarder, 
<c  chanter  des  chansons  infâmes,  on  ne  lui  diroit  rien  ou  du  moins  trouve- 
<i  roit-il  des  amis  8c  de  l'indulgence.  iMais  si  quelque  personne  craignant 
<i  Dieu  y  venoit  faire  une  prière  ou  chanter  quelque  psaume,  ce  seroit  un 
«  scélérat,  un  rebelle,  un  criminel  de  l'Etat...  Il  semble  que  nous  ne  soyons 
«  pas  des  chrétiens,  mais  des  monstres  de  nature,  indignes  de  vivre.  Se  dans 
<i  cette  ignorante  lureur  on  nous  déchireroit  avec  les  dents.  » 

Vaines  protestations  ([ui   ne  trouvaient  d'écho  nulle  part.  Bien  qu'il  eût 


■  Bulletin  Je  la  société  Je  l'histoire  Ju  protestan- 
tisme /ranimais.  VII,  p.  33. 

*  Antoine  Court,  qui  avait  occasionné  leur  dis- 
grâce, écrivit  une  rel;ition  de  ces  violences,  impri- 
mée à  la  diligence  des  pasievirs  de  Zurich  '.  La  pitié 

^^^B       ■  Relation   historique  des  horribles  cruauté^  qu'en  a 
I^^^B    exercées  envers  quelques  protestons  en  France,  poir  avoir 


populaire  en  fit  le  sujet  d'une  complainte,  — 
Bulletin  Je  la  société  Je  l'histoire  Ju  protestan- 
tisme. IV,  p.  134.  —  Edm.  Hugues,  Histoire  Je  la 
restauration  Ju  protestantisme  en  France  au  Jix~ 
huitième  siècle,  I,  p.  224, 

assisté  à  une  assemblée  tenue  dans  te  Désert,  près  de 
Xismcs  en  Lani^uedoc.  (ln-12.) 


~^ —  976  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

fait  donner  d'abord  quelques  assurances  de  tranquillité  aux  protestants  qui 
mèneraient  une  vie  paisible  en  s'occupant  de  leurs  affaires,  le  régent  était 
trop  homme  de  plaisir  pour  s'intéresser  franchement  à  des  alarmes  de  con- 
science, 8c  la  plupart  des  grands  dignitaires,  ne  croyant  à  rien,  ne  pouvaient 
comprendre  que  l'on  s'obstinât  à  risquer  sa  tête  pour  des  affaires  de  religion. 
Aussi  la  législation  implacable  de  Louis  XIV  était-elle  maintenue.  On  pré- 
tendait, du  reste,  que  le  régent,  simple  dépositaire  du  pouvoir  royal,  devait 
remettre  intacte  aux  mains  du  jeune  roi  l'autorité  souveraine  telle  qu'il  l'avait 
reçue,  &  que  toute  modification  à  la  jurisprudence  réglant  la  condition  des 
réformés  serait  une  atteinte  portée  par  le  tuteur  aux  droits  inviolables  de  son 
pupille. 

En  même  temps,  les  funestes  conséquences  que  l'interdiction  du  culte  public 
&  l'absence  des  pasteurs  autorisés  produisaient  parmi  les  populations  protes- 
tantes continuaient  à  se  développer.  Lorsque  Antoine  Court,  au  péril  de  sa 
vie,  parcourait  le  Languedoc  pour  ramener  les  esprits  à  une  compréhension 
élevée  de  la  Réforme,  il  se  heurtait  partout  aux  insanités  des  prédicants.  La 
guerre  des  Cévennes,  en  créant  une  légende  autour  de  chaque  montagne  Se  en 
consacrant  les  rochers  du  Désert  par  le  souvenir  du  sang  répandu,  avait  porté 
à  son  comble  la  folie  mystique.  C'étaient  de  tous  côtés  des  extases,  des  visions, 
des  prophéties,  des  conversations  démoniaques,  des  exorcismes.  Des  femmes 
illuminées  ou  aventurières  prétendaient  faire  parler  le  diable.  Elles  furent 
appelées  auprès  d'une  jeune  fille  malade  qu'elles  dirent  possédée  8c  prièrent 
le  démon  qui  la  tourmentait  de  décliner  son  nom  &  ses  titres.  Le  démon 
répondit  qu'il  se  nommait  Belle-Oreille.  Les  écrits  des  protestants  contem- 
porains sont  remplis  de  détails  fastidieux  sur  les  égarements  d'esprit  où  se 
laissaient  aller  ces  pauvres  gens.  L'imagination  obsédée  par  les  scènes  de  car- 
nage dont  toutes  les  mémoires  étaient  pleines,  ils  les  évoquaient  parfois  avec 
une  vigueur  effrayante.  Une  de  ces  prophétesses,  écrivait-on  à  Court,  nous 
met  dans  des  alarmes  terribles.  11  lui  semble  de  voir  quantité  de  morts,  de 
sang  versé  par  les  rues.  Cela  lui  donne  de  grandes  frayeurs,  aussi  bien  qu'à 
nous,  8c  puis  elle  ajoute  :  «  Je  te  dis,  mon  enfant,  que  ce  que  je  te  fais  voir 
u  devant  tes  yeux  arrivera  bientôt  en  divers  endroits.  Il  y  en  a  qui  le  ver- 
((  ront,  d'autres  qui  ne  le  verront  pas,  mais  ils  l'entendront  dire  bientôt, 
«  bientôt,  mon  enfant'.  » 

Pour  ces  esprits  dévoyés,  un  livre  avait  pris  la  place  de  la  Bible  8c  de  la 
tradition  théologique  tout  entière  :  c'était  l'Apocalypse.  Les  formes  étranges 
8c  obscures  de  cette  composition,  les  menaces  dont  elle  est  semée,  s'accordaient 
à  merveille  avec  les  dispositions  des  inspirés;  ils  s'en  appropriaient  les  for- 
mules, ils  en  rêvaient;  ils  les  délayaient  dans  les  prophéties,  ils  en  exagé- 
raient les  images  8c  finissaient  par  donner  leurs  rapports  personnels  avec  le 
Saint-Esprit  comme  l'unique  loi  religieuse  digne  de  respect  8c  de  créance. 
Antoine  Court  étudia   consciencieusement  ces  divagateurs  8c   les  divisa  en 

•  Edmond  Hugues,  I,  p.  17S. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  977 

deux  classes,  les  fourbes  &.  les  fous.  Dès  que  son  opinion  fut  ainsi  fixée,  il 
leur  iit  une  rude  guerre  par  la  parole  &  par  la  plume.  Sous  son  inspiration, 
des  synodes  défendirent  aux  femmes  de  prêcher,  comme  l'avait  autrefois 
recommandé  saint  Paul,  &  rejetèrent  les  révélations  particulières,  povir  s'en 
tenir  à  la  seule  autorité  de  l'Ecriture. 

Ces  décisions  ne  furent  pas  acceptées  d'un  petit  groupe  de  prcdicants,  pas 
plus  que  de  la  foule  crédule  qui  allait  autour  d'eux  se  griser  d'exaltation. 
Jean  Hue  &  Jean  Vesson,  h  qui  les  pasteurs  réguliers  avaient  dénié  le  droit 
de  renrplir  aucune  mission  religieuse,  opposèrent  une  vive  résistance.  Le 
premier  se  jeta  dans  les  Cévennes,  le  second  dans  le  bas  Languedoc.  En  1722, 
on  envoya  un  jeune  proposant,  au  nom  du  synode,  avec  charge  d'éclairer 
les  populations  qui  donnaient  encore  à  Vesson  une  confiance  aveugle;  le 
prophète  s'enferma  dans  la  Vaunage  &  s'y  rendit  h  peu  près  maître  des 
consciences.  Mais  ayant  abusé  d'une  lettre  du  savant  professeur  Pictct,  de 
Genève,  pour  se  faire  élire  pasteur  par  ses  partisans,  S<.  cette  fraude  s'étant 
dévoilée,  il  vit  son  crédit  s'amoindrir,  ses  convocations  dédaignées,  &  il  dis- 
parut subitement,  au  mois  de  juin  172:,  avec  quelques-uns  de  ses  auxiliaires 
les  plus  dévoués. 

Il  était  allé  à  Montpellier  s'engager  dans  une  nouvelle  religion.  Cette  reli- 
gion avait  son  siège  chez  une  veuve  nommée  Mademoiselle  Verchant,  pro- 
testante, originaire  de  Sommières,  qui  racontait  avoir  vu  le  ciel  s'ouvrir  Se 
Dieu  apparaître,  pendant  un  voyage  aux  Cévennes,  peu  de  temps  avant 
l'explosion  de  lî  peste.  Cette  femme  louait  sa  maison  aux  deux  fils  d'un  cor- 
donnier de  Lunel,  qui,  précédemment,  avaient  pontifié  dans  cette  ville  au 
fond  d'une  chambre  tapissée  de  versets  de  la  bible,  avec  des  images  de  saint 
Paul  &  d'Élie,  £<  une  vieille  serviette,  portant  les  commandements  de  Dieu, 
attachée  au  bout  d'un  bâton  en  guise  d'étendard.  Il  s'était  formé  autour  de 
ces  personnages  une  petite  communauté  qui  prétendait  être  en  relations 
directes  avec  l'Esprit-Saint  St  qui  croyait  avoir  le  privilège,  par  ses  mérites, 
d'éloigner  la  peste. 

Les  nouveaux  sectaires  admettaient  la  mission  de  Jésus-Christ;  mais  ils 
soutenaient  que,  par  suite  de  la  malignité  des  hommes,  cette  mission  n'avait 
pas  porté  ses  Iruits  &  devait  être  recommencée.  Il  était  réservé  au  Saint-Esprit 
de  terminer  l'œuvre  incomplète  8c  de  fonder  le  véritable  royaume  du  Christ. 
A  ces  fins.  Dieu  avait  institué  dans  le  ciel  &  baptisé  trois  mages,  leur  don- 
nant, avec  les  noms  de  Paul,  de  Jean  8t  de  Moïse,  le  baudrier,  la  robe  blanche 
Se  le  cascjne  comme  insignes  de  leur  charge,  8<  leur  ordonnant  d'instruire  St 
de  reprendre  les  peuples  de  sa  part,  &  de  les  faire  etitrer  dans  le  temple  de 
Salomon,  auprès  de  l'arche  mystique. 

Le  mage  Jean  était  un  pauvre  commis  de  Montpellier,  natif  du  Pont-dc- 
Montvert,  nommé  Bonicel  ;  le  mage  Moïse  était  le  fils  du  cordonnier  de 
LuncI,  Antoine  Comte;  le  inage  Paul  s'appelait  Jacques  Bourely.  Quant  au 
temple  de  Salomon,  c'était  la  maison  de  Mademoiselle  Verchant;  il  y  avait 
une  grande  salle  contenant  vingt-quatre  bancs,  ornée  de  branches  de  laurier 

XIII.  62 


lyiS 


i7ij 


978  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'où  pendaient  des  pommes,  des  oranges,  des  citrons,  des  pains  8<.  des  flacons 
de  vin  6<.  d'eau-de-vie.  On  lisait  au-dessus  de  la  porte  :  Personne  ne  peut 
ENTRER  DANS  LE  LIEU  SAINT  SANS  ÊTRE  FOUILLÉ.  Ensuite  s'ouvrait  une  pièce 
plus  vaste,  qu'on  appelait  le  résidu  ou  le  sanctuaire.  Une  chaire  en  occupait 
le  centre,  surélevée  de  quatre  marches,  décorée  de  lauriers  Si  de  rubans  avec 
des  légendes  hébraïques.  De  grands  lauriers  flanquaient  les  murailles.  Le 
plafond,  tendu  de  blanc,  portait  en  lettres  rouges,  sur  un  cartouche,  ces 
mots  :  Haec  est  via  veritatis.  Un  grand  nombre  d'objets  bizarres  se  trou- 
vaient disposés  avec  beaucoup  d'ordre  dans  les  diverses  parties  de  la  salle.  On 
V  voyait  trois  tentes  pyramidales  qui  figuraient  le  pavillon  du  Roi  des  rois, 
l'arche  mystique  de  Sion,  le  pavillon  du  grand  patriarche;  une  lampe  à  sept 
becs,  le  chandelier  de  Salomon,  que  l'on  faisait  brûler  jusqu'à  minuit,  pour 
représenter  «  les  noces  du  Christ  &  la  nouvelle  Chanaan;  »  des  tambours, 
destinés  aux  processions;  le  drapeau  blanc  du  Père,  le  drapeau  rouge  du  Fils 
Se  le  drapeau  vert  du  Saint-Esprit;  des  couronnes  à  douze  aigrettes,  garnies 
de  taffetas  blanc,  de  dentelles  Si  de  ganses  de  rubans  de  quatre  couleurs;  des 
sacs  pleins  de  fruits,  symbolisant  l'abondance  de  biens  que  devait  procurer 
au  monde  le  véritable  règne  de  Jésus-Christ;  des  balances,  des  compas,  des 
pains  moisis,  un  plat  entouré  d'une  serviette  dont  les  quatre  bouts  étaient  liés 
avec  des  rubans,  des  bonnets  d'enfant  garnis  de  taffetas  blanc  avec  un  plumet. 

Pas  un  détail  de  cette  ornementation  compliquée  n'était  dépourvu  d'un 
sens  mystique;  la  chaire  figurait  la  montagne  d'Horeb,  le  taffetas  blanc  S<.  les 
rubans  aux  quatre  couleurs  marquaient  les  livrées  du  Saint-Esprit. 

Le  mage  Bonicel  avait  mandat  de  donner  le  baptême.  On  faisait  laver  la 
main  Se  le  visage  au  néophyte,  on  lui  versait  sur  la  tête  trois  gouttes  d'eau, 
on  le  peignait,  pour  bannir  les  mauvaises  pensées  qui  pouvaient  nicher  dans 
ses  cheveux;  on  lui  dictait  la  formule  consacrée  qu'il  devait  écrire  de  sa 
main  :  «  Je  promets  à  mon  Dieu  de  ne  lui  être  plus  rebelle  Se  de  ne  plus 
«  murmurer  envers  ses  effets.  »  On  le  conduisait  à  la  porte  du  «  résidu,  »  où 
il  devait  manger  un  peu  de  miel  pour  se  rendre  doux,  humble  Se  patient; 
on  l'introduisait  dans  le  sanctuaire,  où  il  buvait  trois  gouttes  d'eau-de-vie;  on 
lui  coupait  vme  mèche  de  cheveux,  on  le  menait  au  pavillon  de  la  gloire,  où 
il  recevait  enfin  des  mains  de  Moïse  l'eau  de  vie  qu'il  avalait  au  nom  du  Père, 
du  Fils  Se  du  Saint-Esprit. 

On  célébrait  aussi  la  cène,  on  prêchait,  on  racontait  des  visions,  on  consa- 
crait des  mariages,  qui  pouvaient  être  rompus  lorsque  les  deux  contractants 
le  demandaient.  Mademoiselle  Verchant  épousa  le  mage  Moïse  selon  ces  rites. 
La  communauté  comprit  environ  deux  cent  trente  personnes,  appartenant 
aux  villes  de  Montpellier  Si  de  Lunel,  Se  à  quelques  lieux  avoisinants. 

Ce  fut  la  passion  des  processions  qui  la  perdit.  Pendant  la  peste,  elle  eut 
la  pensée,  pour  conjurer  le  fléau,  de  faire  une  sortie  solennelle,  où  devaient 
paraître  en  bel  ordre  Mademoiselle  Verchant  en  veuve  de  Sarepta,  la  pro- 
phétesse  Blayne  en  Sion,  deux  autres  femmes  en  filles  d'Israël,  soixante 
enfants  habillés  de  blanc,  avec  des  bonnets  en  carton  ornés  de  rubans,  jouant 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  979  — 

du  violon  8c  battant  la  caisse;  le  mage  Paul  déployant  son  drapeau  blanc, 
un  certain  Jacob  son  drapeau  rouge,  8c  Moïse  son  drapeau  vert.  Se  traînant 
après  eux  un  cortège  de  veuves  couronnées,  les  palmes  à  la  main,  8c  de 
patriarches  ou  d'anciens  en  culottes  noires. 

Les  auteurs  de  ce  beau  programme  eurent  la  pensée  de  s'assurer  d'abord 
la  bienveillance  des  autorités,  en  adressant  un  placet  au  duc  de  Roquelaure; 
ils  lui  demandaient  la  permission  de  faire,  le  jour  de  Noël,  une  procession 
pour  la  prospérité  du  roy  8c  de  l'Etat.  Le  style  mystique  de  cet  écrit  inquiéta 
le  duc,  qui  renvoya  «  les  Enfants  de  Dieu  »  devant  l'évêque,  pour  faire 
approuver  leur  projet.  Les  Enfants  de  Dieu  n'eurent  garde  de  comparaître  à 
ce  tribunal;  mais  l'éveil  était  donné,  les  espions  se  mirent  en  (luête.  Le 
public  avait  remarqué  que  diverses  personnes,  8c  surtout  des  femmes,  se 
glissaient  mystérieusement,  le  soir,  dans  la  maison  Verchant.  La  crédulité 
populaire,  rééditant  contre  les  malheureux  illuminés  les  calomnies  du  paga- 
nisme contre  les  chrétiens,  prétendait  que  le  temple  de  Sion  était  le  théâtre 
d'horribles  débauches  8c  donnait  aux  disciples  des  mages  le  nom  de  Multi- 
pliants. 

Le  6  mars  i/îS,  au  retour  des  États  de  Languedoc,  le  duc  de  Roquelaure, 
averti  par  sa  police  que  l'on  célébrait  quelque  cérémonie  bizarre  dans  la  mai- 
son Verchant,  8c  que  le  fameux  prédicant  Vesson,  si  vainement  poursuivi 
par  l'intendance  depuis  des  années,  devait  y  jouer  un  rôle,  fit  investir  le 
logis  par  la  maréchaussée  8c  par  un  détachement  du  régiment  d'Auvergne. 
On  trouva  les  mages  en  fonctions  Se  toute  l'assistance  revêtue  de  ses  insignes. 
Treize  arrestations  s'opérèrent,  y  compris  celle  de  Vesson.  Les  prisonniers 
furent  conduits  à  la  citadelle  entre  deux  haies  de  soldats.  On  y  comptait  six 
hommes,  six  femmes  Se  un  jeune  garçon;  trois  hommes  portaient  un  bonnet 
de  papier  doré  en  forme  de  casque  8c  tenaient  à  la  main  un  étendard  de 
taffetas  monté  sur  une  hampe  de  roseau;  ils  étaient  habillés  d'une  aube, 
avec  un  baudrier  orné  de  rubans  8c  de  fleurs  de  lis;  deux  femmes  portaient 
également  l'aube,  avec  un  bonnet  de  moire  d'argent  bordé  de  taffetas  blanc, 
8c  une  aigrette  attachée  par  un  ruban  vert.  Le  public,  en  voyant  passer  ces 
étranges  personnages,  s'imagina  qu'il  s'agissait  d'une  mascarade  surprise  dans 
quelque  tripot. 

Mais  l'intendant  prenait  l'affaire  au  tragitiue.  Peu  lui  importait  la  masca- 
rade, le  chandelier  à  sept  becs,  le  pavillon  du  Roi  des  rois  8c  les  noces  du 
Saint-Esprit.  Ce  qu'il  voyait  dans  l'événement,  c'était  une  assemblée  prohi- 
bée 8c  la  capture  «  d'un  fameux  prédicant.  »  Le  procès  fut  rapidement  ins- 
truit, 8c  les  révélations  qu'il  amena  firent  arrêter,  à  Lunel,  six  autres  per- 
sonnes, prévenues  de  pareil  méfait.  Vesson,  pour  se  dérober  à  la  mort,  offiit 
à  Bernage  d'entrer  dans  sa  police  secrète.  Pour  cinq  cents  écus  8c  la  liberté, 
il  s'engageait  à  faire  surprendre  en  plein  synode,  pendant  les  fêtes  de  Pâques, 
les  prédicants  les  plus  considérés  Se  à  les  livrer  aux  soldats.  Ces  honteuses 
propositions  ne  furent  pas  acceptées.  Vesson,  Boniccl,  Comte  &e  Marie  Blaync 
furent  condamnés  à  mort  le  22  avril  8c  exécutes  le  même  jour.  r,a  sentence 


17^3 


(;So 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


ne  faisait  avicune  mention  des  singularités  ridicules  qui  distinguaient  la 
communauté,  dont  elle  confondait  le  cas  avec  celui  des  assemblées  prohi- 
bées', l/cs  quatre  malheureux  sortirent  de  la  citadelle  en  chemise,  la  corde 
au  cou,  la  torche  à  la  main,  firent  amende  honorable  devant  la  chapelle  6c 
devant  la  croix  de  l'Esplanade  St  furent  pendus  à  des  potences  expressément 
dressées  sur  cette  place.  Les  autres  prévenus  durent  assister  à  l'exécution  8c 
furent  envoyés  les  uns  aux  galères,  pour  y  servir  de  forçats  à  perpétuité,  les 
autres  dans  des  maisons  de  détention.  I,a  veuve  Verchant,  qui  était  de  ce 
nombre,  eut  la  tête  rasée  8c  fut  envoyée  à  la  tour  de  Constance.  La  maison 
où  s'étaient  célébrés  les  rites  étranges  des  Enfants  de  Dieu  dut  être  démolie 
jusqu'aux  fondements. 


'  Voici  le  texte  de  la  sentence  prévôtale  : 

u  Louis  de  Beiinage,  chevalier,  seigneur  de 
Snint- Maurice,  Vaux,  Chaumont  &  autres  lieux, 
conseiller  d'Estat,  intendant  en  Languedoc. 

«  Vu  l'nrrest  du  conseil  du  iS"  mars  dernier 

((  Nous,  intendant  susdit,  par  jugement  en  der- 
nier ressort  de  l'avis  des  officiers  du  présidial  de 
Montpelier  soussignés,  avons  déclaré  &  déclarons 
leidits  Jean  Besson ,  Jacob  Bonissel  &  Antoine 
Comte  atteints  Se  convaincus  d'avoir  fait  les  prin- 
cipales fonctions  de  prédicants  &  de  ministres 
dans  des  assemblées,  spécialement  dans  celles  qui 
se  sont  faites  dans  la  maison  d'Anne  Robert, 
veuve  de  Verchant,  déclarons  aussy  ladite  Marie 
Blayne,  atteinte  &  convaincue  d'avoir  participé 
auxdites  fonctions  desdits  Besson,  Bonissel  & 
Comte,  d'avoir  fanatisé  &  d'estre  la  principale 
motrice  des  assemblées,  pour  réparation  de  quoy 
les  avons  condamnés  &  condamnons  à  faire  amende 
honorable,  nuds  en  chemise,  la  corde  au  col> 
tenant  chacun  une  torche  de  cire  ardente  du 
poids  de  deux  livres  devant  la  porte  de  la  cha- 
pelle de  cette  citadelle,  oii  ils  seront  conduits  par 
l'exécuteur  de  la  haute  justice,  &.  là  estant  à  ge- 
noux, déclareront  que  méchamment  ils  ont  con- 
trevenu aux  ordres  de  S.  M.  sur  la  religion  par 
les  fonctions  qu'ils  ont  faites,  en  demanderont 
pardon  à  Dieu,  au  roy  &  à  la  justice,  &  seront 
ensuite  conduits  pour  faire  pareille  déclaration  & 
amende  honorable  devant  la  croix  de  la  place  de 
l'Esplanade,  après  quoy  ils  seront  pendus  &  étran- 
glés jusques  à  ce  que  mort  s'ensuive  à  des  potences 
qui  seront  pour  cet  effet  dressées  sur  ladite  place; 
avons  pour  les  cas  résultant  du  procès  &  avoir 
assisté  lesdits  Besson,  Bonissel  &  Comte  dans  leurs 
fonctions  aux  assemblées,  condamné  8c  condam- 
nons lesdits  Jaques  Bourely  Se  Pierre  Figaret  d'as- 
sister à  leur  exécution  après  avoir  aussy  f.iit 
amende  honorable  aux  lieux  &  en  la  forme  cy- 
dessus  8c  à  servir  de  forçats  à  perpétuité  sur  les 
galères  du  roy,  condamnons  pareillement  André 
Comte,  François  Coiiue  8<  François  Baumes  à  ser- 


vir de  forçats  sur  lesdites  galères  à  perpétuité; 
avons  déclaré  8c  déclarons  lesdites  Anne  Robert, 
Jeanne  Mazaurigue  8c  Suzanne  Loubière  atteintes 
&  convaincues  savoir  ladite  Anne  Robert  d'avoir 
reçu  dans  sa  maison  les  prédicants  &  les  assem- 
blées, 8i  tant  elle  que  les  deux  autres  de  les  avoir 
servis  dans  leurs  fonctions,  pour  réparation  de 
quoy  les  avons  condamnées  à  assister  à  l'exécution 
Se  être  ensuite  razées  &  renfermées  pour  le  reste 
de  leur  vie  dans  les  prisons  qui  seront  jugées  con- 
venables, ordonnons  au  surplus  que  la  maison  de 
ladite  veuve  Verchant,  où  se  sont  faites  lesdites 
assemblées,  sera  razée  jusques  aux  fondements, 
sans  pouvoir  être  réédiffiée  &  qu'il  sera  posé  une 
croix  au  milieu  du  sol  au  pied  d'estal  de  laquelle 
il  sera  fait  mention  par  une  inscription  du  pré- 
sent jugement,  8c  avons,  pour  avoir  assisté  aux- 
dites assemblées  condamné  ladite  Anne  Gaussenet 
a  esire  aussy  razée  Se  enfermée  le  reste  de  ses  jours, 
avons  déclaré  8c  déclarons  les  biens  desdits  Jean 
Besson,  Jacob  Bonissel,  Antoine  Comte,  Maria 
Blayne,  Jacques  Bourelly,  Pierre  Figaret,  Andié 
Comte,  François  Comte,  François  Baumes,  Anne 
Robert,  Jeanne  Mazaurigne,  Suzanne  Loubière  & 
Anite  Gaussente  acquis  Se  confisqués  au  profit  du 
roy,  distraction  préalablement  faite  du  tiers  des 
biens  pour  leurs  femmes  8t  enfans  s'ils  en  ont, 
les  condamnons  en  outre  aux  dépens  du  procez 
dont  la  distraction  sera  aussy  faite  sur  lesdits 
biens  8c  à  l'égard  de  Victoire  Bourlete,  Françoise 
8c  Suzanne  Dclort,  Louis  8c  Philippe  Comte,  nous 
ordonnons  que  les  informations  8t  instructions 
seront  continuées  dans  un  mois,  à  la  requeste  8e 
diligence  du  procureur  du  roy  pendant  lequel 
temps  ils  tiendront  prison,  8e  sur  l'accusation 
dudit  Pierre  Cros  Se  Marguerite  Verchant,  les 
avons  mis  hors  de  cour  8c  de  procès.  Fait  à  Mont- 
pellier le  22  avril  lyîS.  Signés  de  Beiinage,  — 
BoHMEr.,  —  DE  Montaigne,  —  Ciiauvet,  Jalsse- 
RAM),   Rat,   Rosset,   Lovs  subJélcgué '.  « 

■  Arcliivcs   nalioualcs.    CorrcsyoïiMuice   du    contrôleur 
gt'ncral. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  q8i   T 

-'  1723 

Le  lendemain,  Bernage,  rendant  compte  de  l'événement  au  ministère, 
complétait  son  récit  par  ces  réflexions  :  «  J'espère  que  l'exemple  du  châtiment 
«  tant  des  hommes  que  des  femmes  fera  un  bon  effet  pour  arrêter  le  cours 
«  de  ces  assemblées  qui  ne  devenoient  que  trop  fréquentes;  comme  ce  sont 
«  des  misérables,  j'auray  peine  à  trouver  sur  la  confiscation  de  leurs  biens 
«  de  quoy  remplacer  les  frais  de  la  procédure  que  je  fais  avancer  sur  le 
ti  Domaine  avec  toute  l'économie  qui  peut  dépendre  de  moy.  » 

L'intendant  ajoutait  :  «  Il  y  a  encore  un  fameux  prédicant  nommé  Maze- 
«  let,  arrêté  depuis  peu,  dont  je  vais  instruire  le  procès,  &  j'espère  que  je 
<i  trouveray  des  preuves  suffisantes  pour  en  faire  un  second  exemple  qui  ne 
B  sera  pas  moins  utile  que  celui  qui  vient  d'être  fait'.  » 

Ce  fameux  prédicant,  sur  lequel  Bernage  comptait  pour  compléter 
l'exemple,  était  le  vieux  Jean  Hue,  arrêté  à  Saint-Paul  de  Lacoste,  dans  les 
Cévennes,  81  conduit  à  la  citadelle  de  Montpellier,  où  il  fut  confronté  à 
Vesson.  On  lui  reprochait  d'avoir  présidé  des  assemblées  &  d'y  avoir  prêché 
&  l'on  n'eut  pas  de  peine  à  le  convaincre  de  ce  double  crime.  Sa  condamna- 
tion fut  prononcée  le  5  mai.  Hue  abjura  le  protestantisme  avant  de  mourir. 
Les  catholiques  lui  firent  des  funérailles  solennelles,  où  l'on  vit  défiler  deux 
cents  pénitents  en  tcte  du  cortège;  la  bière  était  portée  par  six  cordeliers,  Se 
trente-six  ecclésiastiques  recueillaient  les  aumônes  sur  le  passage;  on  déposa 
le  corps  du  vieux  Cévenol  dans  un  caveau  de  l'église  Notre-Dame  des  Tables'. 

Bernage  attachait  une  grande  importance  à  la  mort  de  Mazclet  parce  qu'il 
craignait  qu'on  ne  se  méprit  sur  la  portée  de  la  précédente  exécution.  L'on 
aurait  pu  croire  que  Vesson  81  les  autres  avaient  été  punis  de  mort  pour  leurs 
excentricités  &  leurs  fantasmagories.  Il  importait  que  l'on  sût  bien  qu'il 
suffisait  de  pratiquer  en  public  la  religion  réformée  pour  mériter  le  dernier 
supplice.  L'intendant  s'en  expliqua  fort  clairement  dans  sa  lettre  au  ministre 
du  5  mai  1723  : 

«  J'ai,  dit-il,  condamné  ce  matin  Mazelet  à  être  pendu  81  j'ai  décrété  de 
<i  prise  de  corps  celui  dans  la  maison  de  qui  on  l'a  trouvé;  rien  n'étoit  plus 
<i  important  que  ce  second  exemple,  sans  lequel  les  Genevois  n'auroient  pas 
(1  manqué  de  faire  croire  aux  nouveaux  convertis  de  Languedoc  &  du  Dau- 
«  phiné  que  Besson  8c  ses  adhérents  n'avoient  été  condamnés  qu'à  cause  de 
<i  leur  nouvelle  secte  Se  qu'ils  pouvoient  s'assurer  qu'on  toléreroit  toujours 
«i  en  France  l'exercice  de  la  religion  prétendue  réformée  S<.  même  les  assem- 
11  blées^.  )> 

L'édit  du  mois  d'août  1722  rétablissait  les  charges  municipales,  avec  droit 
d'eritrée  aux  États  pour  les  acquéreurs.  La  Province  vit  recommencer  avec 
eltroi  la  série  de  contestations  S<  d'embarras  dans  les  affaires  des  communes 

'  Archives  nationales.  Corrcsponilance  Ja  contra-  seur  d'histoire  à  la   faculté  des   lettres  de  Mont- 

leur  général.  pellier. 

'  Edmond  Hugues,  I,  p.  îoo.  —  D'Aigrefeuille,  '  Archives  nationales.  Corraponianct  du  coiiud- 

llistoire  de  Montpelîiert  —  Nouvelles  recherches  sur  leur  général, 
la  secte  des  Multipliants,  par  M.  Germain,  profes- 


— ~ y82  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

qui  avait  si  fort  décrié  l'innovation  de  Louis  XIV.  C'était,  en  réalité,  une 
seconde  couche  d'olhces  [|ui  venait  se  superposer  à  l'ancienne  j  car  l'édit  de 
suppression  de  17 14,  en  donnant  aux  communes  la  faculté  de  se  débarrasser 
des  maires  acquéreurs  par  le  remboursement  de  leurs  charges,  ne  leur  avait 
pas  fourni  de  l'argent  pour  les  payer,  de  sorte  qu'un  grand  nombre  d'entre 
elles  subissaient  encore,  faute  de  ressources,  un  régime  non  moins  contraire 
au  bon  sens  qu'à  leurs  traditions.  L'archevêque  de  Narbonne,  avec  les  autres 
députés  de  la  Province,  eut  mandat  de  négocier  avec  la  Cour  la  suppression 
du  nouvel  édit,  c'est-à-dire  la  traduction  en  impôt  de  la  mesure  vexatoire 
qui  venait  d'être  ressuscitée. 

L'affaire  était  pendante  lors  de  la  mort  du  régent.  L'archevêque  prolongea 
son  séjour  à  Paris  pour  la  reprendre  avec  le  duc  de  Bourbon,  qui  n'eut  garde 
de  repousser  les  compensations  pécuniaires  offertes  par  la  Province. 

Le  3o  novembre,  le  contrôleur  général  d'Odun  communiquait  à  M.  de 
Bernage  les  intentions  du  gouvernement,  par  une  lettre  qui  fut  aussitôt 
envoyée  dans  tous  les  diocèses,  afin  d'empêcher  les  propriétaires  de  charges 
municipales  d'aller  représenter  les  communes  aux  États. 

La  transaction  intervenue  consistait  en  un  abonnement  de  la  Province 
qui,  moyennant  une  somme  de  douze  millions  en  effets  liquides,  devenait 
propriétaire  de  tous  les  nouveaux  offices  créés,  sauf  ceux  de  gouverneurs, 
lieutenants  de  roi  &  majors,  à  condition  de  rembourser  les  acquéreurs  de 
gré  à  gré  ou  de  leur  payer,  au  denier  cinquante,  l'intérêt  des  sommes  par 
eux  versées.  En  vertu  de  cet  abonnement,  l'entrée  aux  États  était  retirée  tant 
aux  acquéreurs  d'offices  de  nouvelle  création  qu'aux  officiers  pourvus  de 
commissions  en  attendant  la  vente.  On  revenait  à  la  situation  qui  avait  pré- 
cédé le  rétablissement  des  charges'. 

A-lalgré  cet  ordre  formel,  plusieurs  maires  acquéreurs,  munis  des  procura- 
tions de  leurs  communes,  vinrent  réclamer  leur  place  au  banc  du  Tiers  État. 
Pascal  Lamy,  maire  du  Puy,  le  sieur  de  Nuisement,  d'Alet,  le  sieur  de  Mont- 
genêt,  maire  de  Lodève,  Demiez,  maire  de  Valentine,  prétendirent  qu'une 
lettre  du  contrôleur  général  ne  suffisait  pas  à  les  déposséder  d'un  bien  qu'ils 
avaient  acquis.  Il  eût  été  aussi  difficile  de  leur  prouver  le  contraire  qu'à  eux- 
mêmes  de  justifier  leur  caractère  représentatif.  Le  syndic  général  Montferrier 
se  contenta  de  répliquer  dédaigneusement  que  ce  qui  venait  d'être  exposé  ne 
méritait  aucune  réponse,  &  l'assemblée  congédia  les  maires  acquéreurs. 

Il  fallut  ensuite  régler  les  détails  de  l'abonnement,  qui  furent  débattus 
dans  une  commission  de  douze  membres,  sous  la  présidence  de  l'archevêque 
de  Toulouse^.  La  capitale  de  la  Province  demeura  en  dehors  des  conventions 
parce  qu'elle  avait  déjà  traité  avec  le  roi  d'un  abonnement  particulier.  On 
déclarait  éteintes  8<.  supprimées  toutes  les  charges  municipales  créées  par 
l'édit  du  mois  d'août  1722;   les  anciens  officiers  municipaux  rentraient  en 

'  Proccs-verbnl  des  États  de  Lnngiicdoc.  Scnnce  '  Procès-verbiil  des  Etats.  Séance  du  3o  décem- 

du  17  décembre  172I).  — Voir  noi  Pièces  juslifica~       bre  r7i3. 
tives,  n.  DCCCXUX. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  983  ~ 

fonctions,  clans  les  conditions  où  ils  se  trouvaient  avant  l'édit,  avec  faculté 
pour  les  communes  de  les  rembourser  eux-mêmes  dans  le  délai  de  trois 
années,  ainsi  qu'elles  étaient  autorisées  à  le  faire  par  ledit  de  septembre  17 14. 

On  déduisait  de  la  somme  de  douze  millions  consentie  au  nom  de  la  Pro- 
vince le  prix  des  offices  d'état-major  Se  charges  municipales  déjà  vendus,  qui 
s'élevait  à  3  3:i  438  livres,  d'après  les  états  remis  par  les  préposés  du  traitant, 
de  sorte  que  le  total  des  fonds  à  verser  par  le  trésorier  de  la  bourse  dans  la 
caisse  des  charges  municipales  à  Paris  était  de  8678570  livres,  somme  qui 
devait  être  livrée  avant  le  1"  janvier  1724. 

Le  remboursement  à  faire  aux  officiers  pourvus  ou  acquéreurs  serait  réglé 
de  gré  à  gré,  suivant  la  valeur  des  effets  par  eux  donnés  en  payement,  &,  en 
attendant  complète  libération,  il  leur  était  accordé,  pour  représenter  les  gages 
établis  par  l'édit  de  création,  des  arrérages  d'intérêt  du  capital  dont  ils  s'étaient 
dessaisis,  calculés  sur  le  pied  du  denier  cinquante. 

Les  Etats  chargèrent  le  trésorier  provincial  Bonnier  d'aller  faire  la  remise 
des  fonds,  81  demandèrent  qu'un  projet  de  déclaration  fût  dressé  pour  ratifier 
la  transaction. 

L'étendue  exacte  du  sacrifice  que  s'imposait  la  Province  ne  pouvait  être 
connue,  parce  que  l'on  ignorait  à  quelles  conditions  le  trésorier  pourrait 
acquérir  les  titres  déj>  placés;  mais,  en  tout  état  de  cause,  il  fut  résolu  que 
l'imposition  nécessaire  serait  répartie  sur  tous  les  lieux  de  la  Province,  sans 
faire  exception  des  villes  privilégiées  de  la  taille,  toutes  devant  bénéficier  de 
la  suppression  des  charges. 

On  agita  la  question  de  savoir  si  l'on  ne  ferait  pas  contribuer  d'une  façon 
particulière  à  cette  cotisation  les  propriétaires  d'anciens  offices  municipaux 
que  le  nouveau  traité  remettait  en  possession,  puisqu'ils  avaient  un  intérêt 
spécial  k  la  convention;  mais  il  fut  reconnu  qu'à  part  un  petit  nombre  de 
maires  gratifiés  de  suppléments  de  gages  sur  les  communes,  ces  officiers 
n'avaient  reçu  d'honoraires  ni  des  municipalités  ni  du  trésor  royal,  de  sorte 
qu'en  exigeant  d'eux  une  contribution,  il  faudrait  aussi  leur  assurer  un 
revenu  au  détriment  des  communes,  &  en  rehaussant  la  valeur  des  charges 
augmenter  les  frais  de  remboursement.  Il  fut  donc  décidé  qu'on  n'inquiéte- 
rait pas  les  anciens  officiers  qui  ne  recevaient  point  de  gages,  6<  qu'en  même 
temps,  pour  soulager  les  communes  qui  payaient  des  gages  à  quelques  maires, 
on  réduirait  ces  gages  de  moitié  à  dater  du  jour  de  la  suppression  des  offices, 
8<  qu'on  demanderait  un  délai  de  trois  ans  pour  le  rachat  de  tous  les  offices 
existants,  sans  distinction  d'origine. 

Quant  aux  anciens  pourvus  qui,  par  suite  d'arrêts  du  conseil  individuels, 
avaient,  depuis  la  suppression  de  leurs  offices,  reçu  un  traitement  des  com- 
munes, on  réduirait  ces  gages  de  moitié,  à  la  décharge  des  communes  qui  se 
trouvaient  déjà  suffisamment  grevées  d'avoir  à  payer  leur  part  de  la  cotisation 
de  rachat,  sans  pouvoir  élire  leurs  officiers  municipaux'. 

'  Rapport  de  l'archevêque  de  Toulouse  aux  Etats.  Séance  du  3o  décembre  1723. 


'7M 


(^84  ÉTUDÇS   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

On  voit  à  quelles  complications  raffinées  donnait  lieu  cette  malencontreuse 
invention  des  charges  municipales. 

Les  syndics  généraux,  chacun  dans  son  département,  liquidèrent  le  rem- 
boursement des  acquéreurs,  qui  atteignit  la  somme  de  820,269  livres'.  Sur 
cette  somme,  additionnée  à  celle  que  la  Province  avait  payée  au  préposé,  les 
Étals  demandèrent  une  constitution  de  rente  sur  le  pied  du  denier  cinquante 
depuis  le  i"  juillet  passé  jusqu'au  1"  janvier  1726;  à  dater  de  cette  cpociuc, 
la  Province  ne  devait  toucher  que  la  moitié  de  la  rente  à  un  pour  cent,  le 
restant  étant  destiné  à  l'entretien  des  pauvres  mendiants.  Ainsi  l'avait  ordonné 
un  arrêt  du  conseil  rendu  le  3o  octobre  1724. 

Au  nombre  des  acquéreurs  remboursés,  il  s'en  trouva  deux  qui  ne  se  con- 
tentèrent pas  de  la  condition  commune.  Un  sieur  Mathieu,  maire  de  Nimes, 
iit  valoir  c{ue  les  pertes  auxquelles  son  acquisition  l'avait  exposé  réduisaient 
son  remboursement  au  quart  du  capital  avancé  &  aux  deux  sols  pour  livre  j  il 
demandait  des  contrats  de  rente  sur  la  Province  au  denier  cinquante  pour 
l'entière  somme,  &t  s'autorisait  des  grosses  dépenses  faites  à  Paris  £<  à  Tou- 
louse, à  cause  des  difficultés  qu'il  avait  eues  à  se  faire  installer,  pour  exiger 
une  indemnité  de  quinze  mille  livres.  La  commission  des  Etats  tut  unanime 
à  reconnaître  que  le  maire  de  Nimes  n'avait  aucun  droit  d'être  traité  plus 
favorablement  que  les  autres  acquéreurs;  mais  comme  le  contrôleur  général 
avait  manifesté  en  plusieurs  occasions  l'intérêt  qu'il  lui  portait,  on  lui  accorda 
dix  mille  livres,  sur  le  rapport  de  l'archevêque  d'Albi  ^. 

Le  second  réclamant  était  un  maire  de  Rieux,  nommé  Combes.  Il  avait 
possédé  la  charge  pendant  trente-deux  ans  £t  assisté  régulièrement  aux  États. 
S'en  voyant  exclu  par  suite  des  nouveaux  arrangements,  il  s'était  discrète- 
ment effacé  pour  ne  pas  créer  d'embarras  à  la  Province,  mais  il  comptait 
I)ien,  &  on  lui  avait  fait  espérer  un  dédommagement  de  la  rétribution  qu'il 
perdait  en  ne  touchant  plus  les  jetons  de  présence  des  Etats.  L'assemblée  lui 
accorda  deux  mille  livres. 

Voilà  où  les  pratiques  financières  Si  administratives  du  temps  réduisaient 
la  dignité  des  prétendus  représentants  du  tiers  état.  Leur  assistance  à  l'assem- 
blée provinciale  n'était  plus,  d'après  leur  propre  sentiment,  qu'un  titre  à 
gratification.  Un  tel  ravalement  de  la  députation  des  communes  explique  trop 
bien  le  concert  de  plaintes  contre  l'organisation  des  Etats  qui  s'éleva  de  tous 
les  points  de  la  Province  lors  de  la  grande  enquête  des  cahiers  de  1789. 

'  Procès-verbnl  des  Etats.  3  février  lyzâ.  de  la  part  de  M.  le  contrôleur  général  &  pour  les 
°  «  La  commission  aiiroit  entièrement  rejeté  services  qu'il  rend  &  qu'il  peut  rendre  à  cette  Pro- 
toutes les  demandes  faites  par  ledit  sieur  Mathieu,  vince,  d'cstre  d'avis  d'accorder  au  sieur  Mathieu 
qui  ne  sauroit  prétendre  d'estre  plus  favorable-  au  delà  de  la  liquidation  une  somme  de  dix  mil 
ment  traité  que  les  autres  acquéreurs  &  commu-  livres  pour  l'expédition  des  provisions,  frais  8c 
nautés,  s'il  n'avoit  paru  à  Messieurs  les  commis-  loyaux  coûts,  8i  prier  Monseigneur  le  Président, 
saires  que  M.  le  contrôleur  général  favorisoit  le  quand  il  fera  réponse  à  M.  le  contrôleur  général 
sieur  Mathieu,  ce  ministre  en  ayant  parlé  à  do  luy  marquer  que  c'est  à  sa  seule  considération 
M.  Bonnicr  &  en  ayant  écrit  à  Monseigneur  le  que  les  États  accordent  cette  somme'.  « 
Président,  ce  qui  auroit  déterminé  la  commission, 
par  l'attention  qu'on  doit  avoir  pour  ce  qui  vient  '  Procès-verbal  des  litnts.  SOance  du  3  fcvricr  1735. 


LIV,   IV,   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  986 

Les  propriétaires  des  forges  de  Languedoc,  tirant  le  minerai  des  Pyrénées, 
pratiquaient  de  toute  ancienneté  pour  leurs  transports  un  chemin  aboutissant 
au  col  de  Pailhès,  connu  dans  le  pays  sous  le  nom  de  chemin  de  Cavalères. 
Les  propriétaires  des  forges  du  pays  de  Foix  obtinrent  en  1720  un  arrêt  du 
conseil  qui  ordonnait  la  destruction  du  chemin  de  Cavalères  &  prescrivait 
l'usage  exclusif  d'une  route  nouvelle  passant  par  la  vallée  de  Vicdessos. 

Pour  les  Languedociens,  cette  route  avait  le  défaut  d'être  plus  longue  & 
plus  difficile.  L'abandon  de  la  ligne  habituelle  faisait  perdre,  en  outre,  aux 
populations  besoigneuses  des  pays  d'Alet,  de  Limoux  &  Mirepoix,  parla  sup- 
pression du  voiturage  des  minerais,  un  de  leurs  moyens  d'existence  les  mieux 
assurés.  Sur  le  rapport  de  Montferrier,  les  Etats  chargèrent  la  députation  de 
défendre  auprès  de  la  Cour  le  chemin  de  Cavalères'. 

Ils  obtinrent  une  nouvelle  vérification  des  lieux.  M.  d'Andrezel,  intendant 
de  Roussillon,  qui  avait  déjà  visité  le  pays,  s'y  transporta  de  nouveau  8t  fut 
d'avis  de  laisser  subsister  le  chemin  en  litige.  Les  mouvements  des  syndics 
généraux  du  comté  de  Foix  &  de  plusieurs  intéressés  suspendirent  toute  déci- 
sion. Le  conseil  rendit  un  second  arrêt,  le  16  septembre  1721,  qui  renvoyait 
encore  l'affaire  à  l'intendant  de  Roussillon.  Après  contre-enquête  sur  place, 
M.  d'Andrezel  modifia  sa  première  opinion  61  proposa  de  ne  permettre  l'usage 
du  chemin  de  Cavalèiés  que  pendant  les  six  mois  d'hiver.  Cette  conclusion 
bizarre  qui,  en  se  fondant  sur  les  prétendus  privilèges  de  la  vallée  de  Vic- 
dessos, ordonnait  de  laisser  une  route  inutile  pendant  la  moitié  de  l'année, 
souleva,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  de  vives  réclamations.  Elle  fut  rap- 
portée aux  États  dans  la  séance  du  24  janvier  1724;  M.  de  Montferrier, 
syndic  général,  y  fit  ressortir  l'importance  de  la  question,  en  s'appuyant, 
suivant  les  habitudes  formalistes  du  temps,  sur  l'insuffisance  des  titres  pro- 
duits par  les  habitants  de  Vicdessos  &  sur  les  inconvénients  qu'avaient  leurs 
prétentions  pour  le  commerce  du  Languedoc  &  pour  l'intérêt  public,  mais 
sans  mettre  en  lumière  ce  qu'avait  d'exorbitant  cette  suppression  d'un  chemin 
court  £<  commode,  réclamée  pour  l'avantage  exclusif  d'une  industrie  Se  la 
défense  d'un  monopole.  Malgré  les  notions  de  droit  naturel  qui  se  faisaient 
jour  dans  les  écrits  des  philosophes,  le  personnel  administratif  appartenait 
encore  tout  entier  à  la  vieille  école  monarchique,  faisant  dériver  l'exercice  de 
toute  activité  d'une  faveur  souveraine  &  d'un  privilège. 

L'assemblée  n'en  décida  pas  moins  que  ses  députés  en  Cour  continueraient 
leurs  remontrances  au  conseil  d'Etat. 

Le  3  mai  de  la  même  année,  le  syndic  du  diocèse  d'Alais  rappela  l'atten- 
tion de  l'assiette  sur  le  projet  d'édification  du  palais  épiscopal.  Nous  avons 
raconté  dans  quelles  circonstances  8c  dans  quel  but  cette  nouvelle  circons- 
cription ecclésiastique  avait  été  démembrée  du  diocèse  de  Nimes.  On  comp^ 
tait  faire  de  l'évêché  d'Alais  une  sorte  de  quartier  général  catholique  dans 
les  Cévennes;  mais,  depuis  cette  création,   les  nécessités  de  la  guerre,  les 

'  Séance  du  8  mars  17*1.  Voir  aux  Pièeeî  justificatives,  n.  DCCCXLV. 


'7M 


'7M 


986  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

frais  considérables  occasionnés  soit  par  les  missions,  soit  par  les  mesures  de 
surveillance  8c  de  propagande,  soit  par  les  calamités  publiques,  sécheresse, 
grêle,  épidémie,  n'avaient  pas  permis  d'attribuer  une  résidence  convenable 
à  l'évêque.  Cependant,  les  plans  n'avaient  pas  manqué.  Le  premier  prélat 
d'Alais,  M.  de  Saulx,  s'était  empressé  de  solliciter  la  construction  d'un  vaste 
édifice,  conçu  dans  des  proportions  majestueuses  &  en  rapport  avec  la  dignité 
du  personnage  qui  devait  l'occuper.  Quelque  bonne  volonté  qu'eussent  l'in- 
tendance £<.  le  ministère  pour  des  entreprises  de  cet  ordre,  on  jugea  que  les 
plans  de  M.  de  Saulx  dépassaient  la  mesure,  £<  ils  demeurèrent  sans  exécution. 

Son  successeur,  M.  d'Avéjan,  prit  le  bon  parti  pour  doter  le  diocèse  d'un 
évêchéj  il  consentit  à  réduire  notablement  les  projets  grandioses  dressés  par 
les  architectes,  &,  grâce  à  de  nombreuses  modifications,  il  abaissa  l'évaluation 
des  devis  à  la  somme  de  quatre-vingt  mille  livres.  L'ensemble  des  bâtiments 
se  composait  d'un  corps  de  logis  entre  cour  &  jardin  8c  d'un  grand  avant- 
corps  sur  la  place  avec  porte  cochère  8c  entablement  couronné  de  balustres. 
Deux  grands  escaliers  de  pierre  dure  conduisaient  aux  étages  supérieurs; 
parmi  les  dépendances  de  l'édifice,  on  comptait  une  écurie  de  vingt-six  che- 
vaux, 8c  une  écurie  pour  mulets,  accessoire  indispensable  dans  une  région 
montagneuse,  où  une  foule  de  transports  se  faisaient  à  l'aide  de  ces  animaux'. 

Tandis  que  l'assiette  d'Alais  s'occupait  de  préparer  un  hôtel  à  son  évêque, 
le  petit  monde  politique  du  diocèse  d'Uzès  était  fort  agité  par  les  suites  cl'un 
échange  récemment  conclu  entre  le  duc  8c  le  roi. 

Le  28  avril  1721,  Jean-Charles  de  Crussol,  duc  d'Uzès,  premier  pair  de 
France,  chevalier  des  ordres,  gouverneur  de  Saintonge  8c  d'Angoumois,  avait 
signé  avec  les  commissaires  du  roi,  députés  par  arrêt  du  conseil  du  29  mars 
précédent,  un  contrat  portant  échange  avec  le  roi  de  la  terre  8c  baronnie  de 
Lévis  8c  ses  dépendances,  situées  près  le  parc  de  Versailles,  contre  la  portion 
du  domaine  qui  appartenait  au  roi  dans  la  ville  d'Uzès,  à  Saint-Jean  de  Mar- 
véjols,  8c  dans  les  autres  paroisses  8c  lieux  dépendant  de  la  Claverie  d'Uzès  8c 
pays  d'Uzège.  Ce  contrat  fut  ratifié  par  lettres  patentes  de  confirmation  du 
mois  de  mai  1721.  C'était,  comme  l'échange  du  comte  de  Belle-Isle,  dont  nos 
lecteurs  connaissent  quelques  épisodes,  comme  l'échange  conclu  par  le  duc 
d'Antin  pour  la  ville  de  Comminges,  une  marque  de  la  tendance  des  grands 
seigneurs  à  reconquérir  l'autorité  féodale  sur  les  centres  de  population  8c  à 
défaire  l'œuvre  bienfaisante  de  la  royauté. 

'  Les  documents  présentés  à  l'assiette  par  M.  de  du    Brotizin    &   pierre    de   Snlnt-Jiilien  ;    pour  le» 

la  Bruyère,  syndic,  donnent  quelques  détails  inté-  manteaux   de  cheminées,  au   nombre  de  quatorze, 

ressants  sur  la  provenance  des  matériaux  employés  au    rez-de-chaussée    &   premier  étage,    pierres   de 

i   la   construction.    Kou$    les   relevons  en   peu   de  taille  de  la  carrière  de  Saint-Jean   de  Marvéjols; 

mots   :    pour  les  cavei    &  socles,    pierres   de   taille  pour  les  deux  grands  escaliers,  pierre  dure  nu  rez- 

dure  de  la  carrière  de  Gournié)    pour  l'intérieur,  de-chausséc  &  pierre  de  Salindres;  petits  &  grands 

pierres  de  taille   tendre  de   la  carrière  de  Méjane  ;  carreaux    de   terre  cuite  de  Vezenobre;   plâtre  gris 

pour  l'extérieur,  pierres  de   taille  des  carrières  de  des  plàtrières  d'Anduze,  plâtre  blanc  des  plâtrières 

Naracelle;   pour  les  escaliers  &   perron,  pierre  de  de   la   Salle.   —    L'architecte    qui  fit  le    dessin   de 

la   carrière  de   Salindres,   moellon   de  Gournié  &  l'évèché  d'Alais  s'appelait  Rollin. 


LIV.   IV.   LA   RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  987 

Comme  on  pouvait  s'y  attendre,  l'échange  d'Uzès  souleva  l'opposition  de 
l'évèque,  du  chapitre,  du  syndic  diocésain  8t  de  plusieurs  particuliers,  &  les 
procédures  s'éternisèrent.  Une  des  conséquences  de  l'événement  fut  de  mettre 
en  litige  le  droit  d'entrée  à  l'assiette  diocésaine.  Les  officiers  ducaux  ins- 
tallés à  la  place  des  anciens  juges  royaux  dépossédés  en  vertu  de  l'échange, 
devaient-ils  occuper  le  siège  de  leurs  prédécesseurs  dans  l'assemblée  adminis- 
trative Se.  financière  du  diocèse?  Comme  les  États  avaient  une  compétence 
spéciale  pour  toutes  les  querelles  de  cette  nature,  c'est  devant  eux  que  le 
débat  fut  porté.  L'arrêt  du  conseil  du  28  novembre  lyiS  leur  en  fit  d'ailleurs 
expressément  le  renvoi. 

Le  duc  d'Uzès  produisit  de  volumineux  mémoires  à  l'appui  de  ses  préten- 
tions. Il  y  exposait  qu'ayant  joui  d'abord  comme  simple  engagiste  de  la  por- 
tion de  domaine,  de  justice  &c  de  fiefs  appartenant  au  roi  dans  la  ville, 
viguerie  haute  81  basse  d'Uzès,  Saint-Jean  de  Marvéjols  8c  pays  d'Uzège,  il 
en  était  devenu  propriétaire  en  vertu  du  contrat  d'échange,  en  abandonnant 
à  Sa  Majesté  la  baron  nie  de  Lévis. 

Cet  échange,  réglé  par  arrêt  du  conseil,  confirmé  par  lettres  patentes, 
enregistré  aux  Parlements  de  Toulouse  &  de  Paris  avec  toutes  les  formalités 
légales,  assimilait  ces  nouvelles  acquisitions  au  patrimoine  ducal,  l'y  incor- 
porait, lui  imprimait  le  caractère  de  propriété  incommutable  Si  assurait  au 
propriétaire  la  faculté  de  faire  administrer  la  justice  par  ses  officiers  8c 
d'exercer  tous  les  droits  exprimés  8c  non  exprimés  dont  Sa  Majesté  aurait  pu 
jouir  elle-même. 

Le  duc  avait  remboursé  les  officiers  royaux;  il  ne  leur  devait  plus  rien; 
les  siens  étaient  donc  en  droit  de  remplir  toutes  les  fonctions  de  ces  officiers 
définitivement  désintéressés  par  la  restitution  de  leur  finance,  8c,  à  ce  titre, 
d'entrer  à  l'assiette  diocésaine. 

L'évèque  d'Uzès,  le  syndic  diocésain  Se  les  commissaires  de  l'assiette  ne 
s'étaient  point  fait  faute  d'attaquer  le  contrat  d'échange,  malgré  l'authenticité 
8c  la  régularité  de  l'acte.  Les  commissaires  avaient  représenté  au  conseil  que 
l'entrée  aux  assemblées  annuelles  8c  les  autres  fonctions  importantes  confiées 
aux  officiers  royaux  ne  pouvaient  pas  l'être  à  ceux  d'un  seigneur  particulier. 
L'arrêt  du  26  décembre  1721  écartait  ces  oppositions  8c  prescrivait  rexécution 
pure  8c  simple  de  l'échange. 

La  volonté  de  Sa  Majesté  s'était  encore  expliquée  plus  clairement  par  l'arrêt 
du  12  février  1723,  ordonnant  que  les  officiers  ducaux  d'Uzès  entreraient  à 
l'assiette  diocésaine  de  la  même  façon  que  les  officiers  royaux. 

Le  duc  espérait  jouir  sans  contradiction  des  avantages  assurés  par  son 
contrat,  lorsque  les  députés  avaient  formé  opposition  au  dernier  arrêt  du 
conseil,  en  se  fondant  sur  les  privilèges  particuliers  de  la  Province,  sur  plu- 
sieurs édits  8c  lettres  patentes  maintenant  à  l'assemblée  la  vérification  des 
pouvoirs  Se  le  règlement  des  contestations  en  fait  d'assiette.  Les  commissaires 
du  roi  8c  ceux  des  États  ayant  reçu  mission  de  donner  leur  avis,  le  duc  se 
voyait  contraint  de  défendre  ses  droits  devant  eux. 


1714 


'7*4 


988  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Il  voulait  se  borner  à  faire  voir  que  l'entrée  aux  assiettes  Se  délibérations 
du  diocèse  ne  saurait  être  refusée  à  ses  officiers,  qu'ils  devaient  y  être  convo- 
qués suivant  les  formes  ordinaires,  y  occuper  leur  place  &  y  jouir  des  mêmes 
prérogatives  qu'avaient  eues  avant  eux  les  officiers  royaux.  Ce  droit  s'établis- 
sait par  les  termes  formels  du  contrat  d'échange,  par  les  arrêts  du  conseil 
qui  l'avaient  autorisé  St  par  les  principes  du  droit  commun,  Se  n'était  point 
infirmé  par  l'usage  de  la  Province.  On  ne  pouvait  pas  lui  opposer  que  l'en- 
trée aux  assiettes  fût  un  droit  royal,  non  sujet  à  cession,  puisque  le  viguier 
de  l'évêque  de  Lodève  était  commissaire  ordinaire  à  l'assiette  de  ce  diocèse, 
comme  le  juge  de  la  temporalité  épiscopale  de  Saint-Pons  dans  le  sien.  Les 
États  n'avaient  jamais  déterminé  dans  leurs  règlements  que  l'officier  de  jus- 
tice entrant  à  l'assiette  dut  être  essentiellement  officier  royal.  Les  exemples 
cités  prouvaient,  au  contraire,  qu'à  défaut  d'officier  royal  le  juge  d'un  sei- 
gneur particulier  pouvait  sans  inconvénient  jouir  de  ce  droit  d'entrée. 

Ces  exemples  n'étaient  pas  les  seuls.  Dans  le  diocèse  de  Mende,  le  vigtiier 
épiscopal  entrait  à  l'assemblée  du  pays,  à  l'exclusion  des  officiers  du  roi, 
lorsque  cette  assemblée  se  tenait  à  Mende.  D'après  le  règkment  fait  par  le 
diocèse  d'Alais,  le  25  janvier  i6g5,  les  officiers  des  seigneurs  d'Anduze,  du 
Vigan,  de  Sauve  &  de  Saint-Hippolyte  étaient  admis  dans  l'assiette  qui  devait 
se  tenir  alternativement  dans  ces  divers  lieux  Si  dans  la  ville  d'Alais.  Ces  deux 
derniers  règlements  ayant  été  faits  sur  l'avis  des  Etats,  le  duc  avait  lieu  d'es- 
pérer que  les  commissaires  le  trouveraient  bien  fondé  à  réclamer  l'entrée  de 
ses  officiers  à  l'assiette  6c  à  toutes  les  assemblées  diocésaines. 

Le  syndic  du  diocèse  d'Uzès  avait,  de  son  côté,  fait  imprimer  un  mémoire 
pour  combattre  les  prétentions  ducales.  Il  n'entrait  pas,  disait-il,  dans  l'exa- 
men de  l'échange,  la  volonté  suprême  du  roi  lui  imposant  la  nécessité  du 
silence  à  cet  égard  ;  l'intérêt  du  diocèse  se  réduisait  à  prouver  que  cet  échange 
ne  donnait  pas  le  droit  au  duc  d'Uzès  de  faire  entrer  ses  officiers  à  l'assiette. 
Le  duc  ne  disconvenait  pas  que  les  droits  de  souveraineté  ne  sauraient  être 
cédés  par  le  roi;  or  le  droit  d'ordonner,  de  faire  lever  les  impositions  en  était 
un,  des  plus  inaliénables,  puisque  c'est  ce  droit  qui  constitue  proprement  la 
souveraineté.  C'est  sous  l'autorité  du  roi,  représenté  par  ses  officiers,  que  les 
impositions  devaient  être  faites,  8c,  par  une  conséquence  nécessaire,  c'était 
aux  officiers  royaux  d'assister  aux  assiettes,  pour  autoriser  par  leur  présence 
ces  assemblées  &  les  résolutions  qui  s'y  prenaient. 

Les  commissaires  présidents  pour  le  roi  aux  Etats  se  trouvaient  chargés  des 
mêmes  fonctions  dans  l'assemblée  générale  de  la  Province;  le  commissaire 
principal  nommé  par  eux  pour  la  tenue  de  l'assiette  donnait  son  caractère 
officiel  à  cette  réunion,  avec  les  commissaires  ordinaires  qui  tiraient  toute 
leur  autorité  du  roi,  les  commissions  pour  les  impositions  étant  adressées  aux 
uns  comme  aux  autres.  Il  y  avait  pourtant  entre  ces  deux  ordres  d'officiers 
une  différence  essentielle.  Le  commissaire  principal  était  passager,  désigné 
chaque  année  par  le  choix  des  Etats;  les  commissaires  ordinaires  étaient 
stables  èi.  permanents;    ils   assistaient   d'office   aux  assemblées   particulières 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  989 

qu'il  convenait  de  tenir,  pendant  l'intervalle  des  sessions,  pour  les  affaires 
du  diocèse,  &  ces  commissaires  ne  pouvaient  être  que  des  officiers  royaux. 

Le  syndic  faisait  observer  que  la  justice  &  les  fiefs  de  la  ville  d'Uzès  appar- 
tenaient anciennement  à  trois  différents  seigneurs  :  l'évêque,  les  auteurs  du 
duc  d'Uzès  8c  le  seigneur  de  Montfaucon.  Ces  trois  seigneurs  jouissaient  par 
indivis  de  la  justice  8c  aucun  d'eux  n'avait  droit  d'envoyer  des  députés  à 
l'assemblée  de  l'assiette.  Le  roi  Charles  VIII  fit,  en  1498,  l'acquisition  de  la 
portion  de  seigneurie  du  sieur  de  Montfaucon,  8c  à  dater  de  ce  moment  le 
viguier  royal  eut  place  à  l'assemblée  diocésaine.  Le  traité  d'échange  suppri- 
mant les  officiers  royaux  8c  réunissant  cette  portion  de  seigneurie  à  la  portion 
ducale,  le  duc  d'Uzès  ne  pouvait  prétendre  que  la  réunion  de  ces  deux  par- 
ties lui  donnât  un  droit  dont  ni  l'une  ni  l'autre  n'était  pourvue,  quand  elles 
étaient  aux  mains  de  seigneurs  particuliers. 

Le  Parlement  de  Paris,  par  la  forme  même  de  son  arrêt  d'enregistrement, 
semblait  avoir  voulu  obvier  à  toute  tentative  d'usurpation,  puisqu'il  portait 
expressément  que  le  duc  d'Uzès  ne  pourrait  prétendre  aucun  autre  droit  que 
ceux  dont  le  roi  jouissait  comme  seigneur  particulier.  Le  droit  royal  d'en- 
voyer des  officiers  à  l'assiette  se  trouvait  ainsi  nécessairement  exclu  de  l'échange 
£<  demeurait  entièrement  acquis  à  Sa  Majesté.  Sans  doute,  les  officiers  royaux 
d'Uzès  ayant  été  remboursés  Se  n'existant  plus,  le  droit  royal  devait  passer 
sur  une  autre  tête;  mais  le  roi  pouvait  le  faire  exercer,  soit  par  le  juge-mage 
du  sénéchal  de  Nimes,  soit  par  le  juge  royal  du  Saint-Esprit. 

Si,  d'ailleurs,  la  prétention  du  duc  d'Uzès  était  agréée,  l'évêque  ne  man- 
querait pas  d'en  élever  de  pareilles  pour  ses  officiers,  puisqu'il  possédait  une 
portion  indivise  de  justice  dans  la  ville  d'Uzès. 

Le  syndic  citait,  à  l'appui  de  sa  thèse,  l'exemple  de  plusieurs  diocèses  lan- 
guedociens qui  étaient  dans  le  même  cas  que  celui  d'Uzès  depuis  l'échange 
8c  où  le  droit  de  l'Etat  n'avait  pas  subi  d'atteinte.  L'évêque  d'Agde  était  sei- 
gneur de  sa  ville  épiscopale;  cependant  ses  officiers  n'entraient  pas  à  l'assiette 
([ui  se  tenait  à  Pézénas  8c  où  entrait  le  châtelain  juge  royal.  L'assiette  de 
Saint-Papoul  se  tenait  à  Castelnaudary,  avec  l'assistance  du  juge-mage;  à 
l'assiette  de  Viviers,  l'entrée  n'appartenait  qu'au  juge  royal  d'Annonay  ou 
à  celui  de  Villeneuve -de- Berg;  l'assiette  d'Alet  recevait  le  juge-mage  de 
Limoux,  à  l'exclusion  des  officiers  épiscopaux,  bien  que  l'évêque  fût  seigneur 
d'Alet;  8c  les  officiers  du  marquis  de  Mirepoix  n'avaient  pas  droit  d'entrer  à 
l'assiette  de  Mirepoix  qui  se  tenait  à  Fanjaux. 

Ces  exemples  condamnaient  les  prétentions  défendues  par  le  duc  d'Uzès. 
Quant  aux  diocèses  de  Lodève  8c  de  Saint-Pons  qu'il  avait  allégués,  il  ne 
pouvait  justement  s'en  autoriser,  parce  qu'ils  offraient  deux  cas  exception- 
nels; il  n'existait  pas  d'officier  royal  dans  l'étendue  de  ces  deux  diocèses,  6< 
l'entrée  du  juge  du  comté  d'Alais  ne  devait  pas  tirer  à  conséquence,  ayant 
été  sans  doute  accordée  en  considération  du  titre  élevé  de  ce  fief,  qui  donnait 
la  première  place  de  la  noblesse  aux  Etats. 

Par  toutes  ces  raisons,  le  syndic  déclarait  le  duc  d'Uzès  mal  fondé  dans  ses 


1724 


'7M 


990  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

prétentions  &  ne  s'arrêtait  pas  à  contester  la  demande  de  deux  places  à 
l'assiette  pour  les  officiers  ducaux,  puisque  nulle  part  les  assiettes  n'en  rece- 
vaient plus  d'un,  d'après  les  règlements  de  la  Province. 

Les  deux  grands  mémoires  présentés  par  le  duc  ik  par  le  syndic  étaient 
accompagnés  d'autres  pièces  formant  réplique  S<.  réponse  à  la  réplique,  avec 
les  développements  ordinaires  dans  ces  sortes  de  procédures,  mais  sans  ajouter 
d'autres  raisons  à  celles  qui  viennent  d'être  exposées. 

Survenait  ensuite  l'évêque  d'Uzès  réclamant  un  droit  pareil  pour  ses  offi- 
ciers. Le  prélat  exposait  en  sa  requête  qu'ayant  un  intérêt  considérable  dans 
la  question  renvoyée  aux  Etats,  il  croyait  devoir  intervenir.  Si  l'on  ne  trou- 
vait pas  d'incompatibilité  aux  officiers  ducaux  pour  entrer  à  l'assiette,  il 
demandait  que  les  officiers  épiscopaux  y  fussent  admis.  Propriétaire  d'une 
portion  indivise  de  justice  dans  la  ville  d'Uzès,  l'y  taisant  exercer  par  ses 
officiers  avec  le  même  caractère  d'autorité  que  ceux  du  duc  d'Uzès,  il  ne 
pouvait  être  placé  dans  une  condition  d'infériorité  à  l'égard  de  ce  seigneur 
dont  les  titres  étaient  moins  anciens,  La  portion  épiscopale  de  la  seigneurie 
remontait  plus  haut  que  les  deux  autres,  puisqu'elle  avait  toujours  fait 
partie  de  la  dotation  de  l'évêché. 

L'évêque  avait  donc  un  droit  égal  à  celui  qu'alléguait  le  duc  d'Uzès,  avec 
un  avantage  de  priorité.  Il  réclamait  l'entrée  pour  les  officiers  épiscopaux  Si. 
la  préséance,  à  cause  de  l'ancienneté  de  la  possession. 

Si  l'assemblée  provinciale  avait  été  sincèrement  représentative  &  que  les 
vœux  des  populations  y  eussent  trouvé  un  écho  fidèle,  il  n'est  point  douteux 
que  les  prétentions  épiscopales  &  ducales  auraient  été  rejetées.  Le  diocèse, 
préférant  l'autorité  du  roi  à  celle  d'un  seigneur  particulier,  se  serait  élevé 
contre  cet  envahissement  des  droits  de  l'Etat  par  une  féodalité  ressuscitéc. 
Mais  quand  la  royauté  elle-même,  infidèle  à  sa  tradition  séculaire,  oubliait 
ses  devoirs  &  ne  craignait  pas  d'émietter,  avec  la  plus  coupable  insouciance, 
les  domaines  si  laborieusement  incorporés  par  des  générations  de  souverains, 
comment  une  assemblée  provinciale  dont  les  volontés  du  maître  faisaient  la 
loi  aurait-elle  trouvé  quelque  énergie  pour  maintenir  les  prérogatives  de 
l'État? 

Une  commission  de  seize  membres,  dont  faisaient  partie  l'archevêque 
tl'Albi ,  les  évêques  d'Agde,  de  Mirepoix  ik  de  Carcassonne,  les  barons  de 
Castelnau  d'Estrètefons,  de  Rouairoux,  de  Calvisson  &  de  Bram,  les  officiers 
municipaux  de  Toulouse,  Béziers,  Carcassonne,  Mende,  Saint-Pons,  Alais, 
Gignac,  8c  le  diocésain  d'Albi,  ayant  été  chargée  d'étudier  la  contestation, 
sur  un  rapport  étendu  de  l'archevêque  d'Albi,  il  fut  délibéré  qu'il  n'y  avait 
aucune  incompatibilité  à  l'entrée  des  officiers  seigneuriaux  dans  les  assiettes 
diocésaines  en  qualité  de  commissaires  ordinaires,  8<  que,  dans  le  cas  présent, 
un  des  officiers  ducaux  d'Uzès  devait  être  reçu  à  l'assiette  &c  aux  assemblées 
particulières,  8c  que  l'évêque  étant  co-propriétaire  de  la  justice  par  indivis, 
les  officiers  épiscopaux  se  trouvaient  en  possession  d'une  égale  prérogative. 

Par  la    même   occasion,   les  Etats  vidèrent  deux  querelles  analogues  qu: 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  ggi 

avaient  été  suscitées  aussi  par  des  contrats  d'échange.  Ils  reconnurent  au 
juge  établi  par  le  duc  d'Antin  dans  la  ville  de  Comminges  le  droit  de  siéger 
à  l'assiette  diocésaine,  &  déclarèrent  que  le  juge  seigneurial  de  Villemur,  à 
la  nomination  du  comte  de  Belle-Isle,  jouirait  du  même  privilège  quand 
l'assiette  se  tiendrait  dans  la  ville  de  sa  résidence,  mais  non  pas  quand  elle 
serait  assemblée  à  Castelsarrasin  Se  à  Montech. 

L'assiette  du  diocèse  Bas-Montauban  avait,  du  reste,  donné  lieu  à  d'au- 
tres conflits.  Le  juge  royal  de  Villelongue,  au  siège  de  Castelsarrasin,  préten- 
dait en  cette  qualité  avoir  seul  le  droit  de  remplir  l'office  de  commissaire 
ordinaire  diocésain,  à  l'exclusion  du  juge  royal  de  Montech  &  du  juge  sei- 
gneurial de  Villeipur,  même  quand  les  assemblées  se  tenaient  dans  ces  deux 
villes.  Les  trois  hommes  de  loi  remirent  leurs  mémoires  à  la  commission  des 
États;  mais  elle  ne  trouva  point  que  la  prétention  du  juge  de  Castelsarrasin 
eût  aucun  fondement  sérieux.  Si  résolut  que  chacun  de  ces  officiers  conti- 
nuerait, suivant  l'usage,  de  siéger  à  l'assiette  quand  elle  serait  tenue  dans  la 
ville  de  sa  résidence  '. 

La  situation  de  l'intendant,  représentant  naturel  des  droits  de  l'État  St  des 
vieux  principes  de  l'administration  royale,  ne  laissait  pas  que  d'être  fort  sin- 
gulière en  présence  de  ces  pouvoirs  locaux,  animés  d'un  esprit  contraire  Se 
soutenus  par  des  influences  de  cour.  On  trouve  un  exemple  bien  remar- 
quable des  hostilités  auxquelles  les  agents  de  l'autorité  centrale  étaient  en 
butte  dans  un  mémoire  très-violent  contre  Bernage,  qui  fut  adressé  au  contrô- 
leur général  par  l'évêque  de  Nimes,  Rousseau  de  la  Parisière. 

La  ville  de  Nimes  était  vivement  agitée  depuis  longtemps  par  des  questions 
municipales.  Le  renouvellement  triennal  des  conseils  ne  s'opérait  pas  régu- 
lièrement; on  accusait  les  consuls  Sa  leurs  coopérateurs,  tous  à  la  discrétion 
de  l'évêque,  de  s'être  rendus  coupables  de  prévarications  Se  de  malversations. 
Un  syndicat  d'habitants  de  Nimes  s'était  formé  pour  obtenir  justice.  En 
administrateur  consciencieux,  l'intendant  cherchait  à  s'éclairer  Si  se  faisait 
donner  des  informations  par  les  parties.  Là-dessus,  grande  colère  de  l'évêque, 
qui  ne  pouvait  supporter  que  l'on  mît  en  question  les  mérites  de  ses  protégés. 
Il  se  plaint  au  contrôleur  général  dans  les  termes  les  plus  pressants.  «  M.  l'in- 
«  tendant  allonge  des  enquêtes  S<.  des  informations,  dont  le  moindre  effet  est 
«  de  ruiner  les  administrateurs.  S;  d'où  il  résulte  un  feu  perpétuel  dans  la 
«  ville  &  dans  le  diocèse.  »  M.  de  Bernage  a  l'imprudence  d'agir  «  à  la  requête 
«1  d'une  troupe  de  syndiqués  odieux  à  la  Cour,  qu'il  a  mis  en  honneur  6<, 
u  qu'il  soutient...  M.  de  Bernage  inquiète  l'évêque  de  Nimes  en  troublant  la 
«  paix  de  son  diocèse;  il  occasionne  des  procédures  immortelles  &  ruineuses.  » 
L'évêque  réclame  le  secours  du  contrôleur  général  avec  beaucoup  d'insis- 
tance; il  le  supplie  d'ôter  du  conseil  politique,  tout  composé  de  syndiqués, 
«  deux  sujets  très-turbulens,  dont  on  s'est  servi,  dit-il,  pour  apporter  tous 
«  les  troubles  à  la  paisible  possession  du  sieur  Mathieu  dans  sa  mairie,  » 

'  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  28  février  1724. 


172 


.'7*4 


gf)2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Jacques  de  Rozel,  gentilhomme,  placé  à  la  tête  du  conseil  politique  par  arrêt 
du  conseil  du  14  novembre  1721,  sur  la  proposition  de  l'intendant',  &i  l'avocat 
Massip,  8c  invite  à  leur  substituer  MM.  Dortoman  &  Graverol^. 

Un  autre  prélat,  l'évêque  d'Alais,  adressait  à  la  Cour  des  communications 
sur  un  sujet  bien  plus  grave.  Il  se  plaignait  que  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes  n'eût  pas  produit  les  résultats  qu'on  avait  lieu  d'en  attendre  pour  la 
destruction  de  l'hérésie.  Quelques  efforts  qu'on  eût  fait  pour  étouffer  en 
Languedoc  l'esprit  de  rébellion,  malgré  l'établissement  de  nouveaux  chemins 
dans  des  montagnes  autrefois  inaccessibles,  malgré  les  garnisons,  les  mis- 
sionnaires &  la  déroute  des  camisards,  on  n'avait  fait,  jusqu'à  présent,  que 
«  diminuer  ou  suspendre  les  progrès  du  mal  sans  en  attaquer  la  source}  » 
il  prenait  de  nouvelles  racines  &  devenait  tous  les  jours  plus  à  craindre. 
L'évêque  constatait  avec  douleur  que  dans  les  trois  années  où,  pour  garantir 
le  royaume  de  la  peste,  on  avait  été  obligé  de  se  relâcher,  à  l'égard  des  nou- 
veaux convertis  des  mesures  qui  les  tenaient  dans  le  devoir,  il  s'était  commis 
plus  de  désordres,  8<.  l'hérésie  avait  fait  plus  de  progrès  que  l'on  n'en  avait  vu 
jusque-là  depuis  trente-cinq  ans. 

L'évêque  traçait  ensuite  un  tableau  fort  sombre  de  la  situation  religieuse  : 
les  assemblées,  autrefois  très-rares  &  très-secrètes,  étaient  devenues  si  fré- 
quentes, si  publiques  8c  si  nombreuses  qu'il  s'en  était  fait  de  plus  de  trois 
mille  personnes  8c  qu'on  y  avait  vu  jusques  à  quatre  cents  chevaux;  on  y 
administrait  le  baptême  6c  la  cène,  on  y  donnait  la  mission  aux  prédicants, 
8c  le  chant  des  psaumes  se  faisait  entendre  jusqvie  dans  les  villages  voisins. 
Bien  que  les  ordonnances  eussent  de  tout  temps  prohibé  le  port  d'armes 
comfne  une  aggravation  du  crime  d'attroupement,  il  ne  s'était  guère  formé  de 
réunion  où  des  hommes  armés  n'eussent  charge  de  protéger  la  retraite  en 
cas  de  surprise. 

On  signalait  un  abandon  général  des  églises,  jadis  fréquentées  au  moins 
par  respect   humain.   Dans  quelques  grosses  paroisses,  à  peine  pouvait-on 

'  Voici   les  noms  des  membres  du  conseil  poli-  &  que  le  conseil  politique  ordinaire  ne   pourroit 

tique  ordinaire  qui  furent  nommés  par  l'arrêt  du  délibérer  sur  aucune  affaire  qu'il  ne  fut  assemblé 

14  novembre    1721,  sur  le   rapport  du   contrôleur  au  nombre  de  seize,  quatre  de  chaque  classe,  sans 

général  des  finances,  le  Pelletier  de  la   Houssaye  :  compter  Us  consuls  en  charge,  leurs  prédécesseurs 

Jacques    de    Rozel,    gentilhomme;     de    Briieys  &  ceux  qui  ont  droit  incontestable  d'assister.  » 

Saint-Chapte,  gentilhomme;   de  Vendargucs,   se-  L'expoié  des  motifs  portait  que  les  membres  des 

crétaire  du  roy;  Combes,  avocat  ;  Massip,  avocat  ;  conseiU   municipaux   de  Nimes,  nommés  par  or- 

Demissols,   avocat;    Sautel,    bourgeois;    Antoine  donnancc  de  Biiville  du  5  janvier  1718,  n'avaient 

Teissier;  Viala,   procureur;    Jouvehomme   procu-  pas  été   renouvelés  au    bout  de  trois  ans,  confor- 

reur;    Montfaucon,    notaire;    Achard,    notaire;  mément  à  l'usage,  &  qu'il  importait  pour  le  bien 

Realon,    marchand;    Louis    Gilles,    marchand;  &  avantage  de  la  ville,  tant  par  rapport  aux  affai- 

Moinier,  chirurgien;   Granier,  chirurgien;   Sou-  rss  de  la  n  communauté  que  par  rapport  aux  con- 

lier,  chapelier;  Maistre,  orfèvre;  Louis   Froment,  jonctiires   du    temps   de    peste  que   le   conseil   fût 

facturier;    Chassen    l'aîné,    facturier;    Cathelan  ,  composé   de   personnes  capables,   intelligentes,   & 

épicier;    Teissier    le    père,    ménager;    Mercier    le  attachées    au    bien    de   la   communauté,   tant   par 

père,  cordonnier  ;  Jean  Durand,  jardinier.  l'intérêt    particulier    qu'elles    y   peuvent    prendre 

Le    conseil    d'Etat  décidait  en    outre   que   <t    les  qu'à  cause  de  leur  commune,  u 

nommés    par    Baville    ne    pourroient    continuer  '  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  gc- 

leurs  fonctions  à  peine  de    1  000  livres  d'amende  néral. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  998 

découvrir  un  catholique  pour  servir  les  curés  clans  leur  ministère.  Les  pères 
Se  mères  cessaient  d'envoyer  leurs  entants  aux  écoles  épiscopales,  aimant 
mieux  les  laisser  vivre  dans  l'ignorance  absolue  de  la  religion  &  de  tout 
devoir  que  de  les  livrer  aux  instructions  du  clergé.  Ceux  qui  avaient  été 
élevés  avec  grand  soin  dans  la  doctrine  de  l'Eglise  en  étaient  bientôt  éloignés 
par  les  caresses  ou  les  mauvais  traitements  de  leurs  familles.  Certains  protes- 
tants zélés  n'avaient  d'autre  occupation  que  de  combattre  les  effets  de  la 
])ropagande  catholique.  Ils  se  mêlaient  des  négociations  de  mariages,  afin 
d'éviter  les  alliances  avec  les  papistes;  ils  allaient  dans  les  maisons  expliquer 
l'Écriture  sainte  &  en  tirer  des  applications  appropriées  à  l'intérêt  de  leur 
secte  5  ils  V  faisaient  la  prière  Se  récitaient  les  sermons  de  leurs  ministres.  On 
les  vovait  aussi  veiller  avec  un  empressement  jaloux  sur  la  chambre  des  mou- 
rants 8c  en  défendre  l'approche  aux  prêtres,  lors  même  que  des  espérances 
d'abjuration  in  extremis  leur  avaient  été  données. 

Plusieurs  familles  en  venaient  jusqu'à  se  dispenser  d'envoyer  leurs  enfants 
à  l'église  pour  y  recevoir  le  baptême;  quelques  exemples  s'en  étaient  donnés 
dans  le  diocèse  d'AIais,  Se  les  papiers  de  Mazelet  faisaient  voir  que  le  senti- 
ment de  se  dérober  au  baptême  catholique  8t  à  la  bénédiction  du  mariage 
s'accréditait  parmi  les  réformés  8c  trouvait  faveur  chez  le  plus  grand  nombre 
des  prédicants.  L'évêque  d'AIais  en  reconnaissait  une  preuve  dans  l'accueil 
que  trouvaient  au  milieu  des  assemblées  de  prières  les  couples  dont  l'union 
n'ayant  pas  été  consacrée  par  l'Église  catholique  recevait,  dans  le  langage 
du  clergé  romain,  le  nom  de  concubinage  public.  On  s'apercevait,  depuis 
peu  d'années,  qu'un  grand  nombre  de  nouveaux  convertis  qui  avaient  paru 
revenir  sincèrement  Se  avaient  longtemps  persévéré  dans  la  foi  catholique, 
avaient  tout  d'un  coup  cessé  de  fréquenter  les  églises  8c  se  replongeaient 
«  dans  l'erreur  8c  dans  le  désordre.  » 

Mais  un  fait  excitait  surtout  les  alarmes  de  l'évêque  8c  lui  arrachait  les 
plus  funestes  prédictions  :  c'était  le  progrès  de  la  propagande  protestante 
parmi  les  anciens  catholiques.  Il  n'y  avait  presque  point  de  ville  ni  de  vil- 
lage où  l'on  ne  vit  l'exemple  de  quelque  chute,  £c  le  nombre  en  augmentait 
tous  les  jours. 

Quoique  la  levée  des  lignes  sanitaires  eût  ôté  aux  protestants  les  moyen» 
de  faire  impunément  des  assemblées  aussi  nombreuses  que  dans  le  temjis  de 
la  peste,  ils  ne  laissaient  pas  que  d'en  former  tous  les  jours  qui  tenaient  sans 
cesse  les  troupes  en  haleine,  le  supplice  des  fanaii(|ues  de  Montpellier  £c 
celui  de  Mazelet  n'ayant  fait  sur  eux  qu'une  faible  impression. 

«  Tant  de  désordres,  poursuivait  l'évêque,  après  quarante  ans  de  travaux 
«'  Se  de  soins  des  plus  habiles  hommes  du  dernier  règne  8c  au  milieu  d'une 
«  paix  solide  Se  générale,  font  craindre  avec  justice  de  très-grands  maux  par 
Il   la  suite  8e  font  sentir  la  nécessité  de  prendre  des  partis  décidés.  » 

Le  prélat  reconnaissait  que  la  proposition  des  mesures  à  prendre  n'était 
pas  de  son  ministère,  mais  il  n'en  indiquait  pas  moins  ce  qui  lui  paraissait 
mériter  le  plus  d'attention  de  la  part  de  la  Cour. 

XHI.  C3 


1724 


'7M 


994  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Il  recommandait  une  extrême  vigilance  à  l'endroit  des  prédicants;  comme 
ces  missionnaires  ambulants  prenaient  de  grandes  précautions  pour  netre 
pas  reconnus,  on  ne  pouvait  guère  être  instruit  de  leurs  marclies  que  par  les 
personnes  chez  lesquelles  ils  avaient  coutume  de  loger.  C'est  donc  à  ces  rece- 
leurs, à  leurs  familles  &.  k  leurs  relations  ordinaires  que  l'on  devait  avoir  l'œil. 

Un  second  objet  à  considérer  était  l'extrême  diffusion  des  livres  de  Genève 
contre  le  catholicisme.  Ces  écrits  se  propageaient  rapidement;  il  s'en  débitait 
une  grande  quantité  dans  les  foires;  il  y  avait  partout  des  colporteurs  qui 
faisaient  métier  d'en  répandre  dans  les  maisons;  il  fallait  à  tout  prix  arrêter 
ce  débit  Se  tâcher  même,  malgré  la  difficulté  de  l'entreprise,  de  retirer  ceux 
qui  étaient  déjà  parvenus  à  leur  destination. 

L'évêque  conseillait  aussi  de  bannir  pour  toujours  de  la  Province  quelques 
personnages  qui  semblaient  constituer  dans  chaque  lieu  une  sorte  de  minis- 
tère public,  grâce  à  la  considération  accordée  chez  les  protestants  à  ceux  qui 
instruisaient  dans  les  maisons.  Ceux-là  étaient  plus  à  craindre  que  les  prédi- 
cants, parce  qu'ils  avaient  accès  chez  les  riches  8c  qu'ils  entretenaient  les 
gens  aisés  dans  l'éloignement  du  catholicisme.  Ils  étaient  l'âme  de  toute 
l'intrigue  8<.  avaient  des  relations  partout,  même  dans  les  pays  étrangers. 
D'autres  travaillaient  sous  leurs  ordres  S<.  leur  obéissaient  aveuglément.  Le 
bannissement  perpétuel  de  ces  subalternes  dangereux  ne  paraissait  pas  moins 
désirable. 

L'autorité  devait  aussi  donner  une  attention  particulière  aux  anciens 
catholiques  récemment  convertis  à  la  réforme.  On  en  comptait  peu  d'aisés, 
à  part  quelques  femmes  entrées  par  mariage  dans  des  familles  huguenotes; 
mais  beaucoup  de  domestiques,  d'ouvriers  &  de  pauvres  s'étaient  laissés  entraî- 
ner à  l'apostasie. 

L'obligation  pour  les  pères  8c  mères  d'envoyer  leurs  enfants  aux  écoles 
catholiques  8c  aux  catéchismes  devait  être  sanctionnée  par  des  peines  consi- 
dérables. 

Il  n'était  pas  moins  important  de  contraindre  tous  les  nouveaux  convertis 
d'assister  aux  prières,  aux  sermons  8c  aux  instructions  catholiques.  Beaucoup 
de  familles,  même  des  plus  «  apparentes,  »  n'avaient  pas  mis  une  seule  fois 
le  pied  à  l'église  depuis  plusieurs  années.  La  contrainte  que  l'on  demandait 
8c  qu'il  ne  fallait  pourtant  pas  étendre  plus  loin,  serait  salutaire  à  un  grand 
nombre.  L'évoque  se  croyait  presque  sûr  de  ramener  les  dissidents,  quand 
on  aurait  gagné  sur  eux  de  s'en  faire  écouter  8c  de  surmonter  la  crainte  des 
reproches  &c  des  menaces  de  la  part  de  ceux  de  leur  religion  '. 

Communiqué  au  conseil  des  affaires  ecclésiastiques,  le  mémoire  de  l'évêque 
d'Alais  y  parut  tellement  digne  de  considération  que  le  renvoi  en  fut  imnié- 
diatemement  ordonné  au  procureur  général  du  Parlement  de  Paris.  La  haute 
assemblée  avait  hâte  de  requérir  l'assistance  du  pouvoir  judiciaire  pour  que 
les  conseils  épiscopaux  eussent  une  prompte  application. 

'  BiMiotUcqiie   nationale.  Manuscrits,  n.  7o.)6. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  ççS 

Certes,  ce  n'étaient  pas  les  lois  qui  faisaient  défaut  contre  les  protestants. 
On  comptait  plus  de  deux  cents  édits,  lettres  patentes,  déclarations,  ordon- 
nances, arrêts  du  conseil  d'Etat  ou  des  Parlements,  destinés  à  réprimer  l'exer- 
cice de  leur  culte,  à  les  atteindre  dans  leur  liberté  de  conscience,  dans  leurs 
familles,  dans  leurs  biens.  Les  prescriptions  étaient  même  si  nombreuses  & 
si  compliquées  que  les  fonctionnaires  chargés  d'en  assurer  l'exécution  avaient 
peine  à  se  reconnaître  au  milieu  d'un  véritable  dédale  juridique.  Les  évè- 
ques  se  plaignant  de  l'oubli  des  volontés  de  Louis  XIV,  on  reprit  la  pensée 
du  régent  de  codifier  toutes  les  lois  de  la  monarchie  relatives  aux  réformés. 
Le  projet  de  déclaration,  préparé  au  conseil  d'Etat,  fut  soumis  à  Bâville  par 
l'archevêque  de  Rouen,  Lavergne  de  Tressan,  avec  ordre  d'utiliser  les  avis  8c 
l'expérience  de  l'ancien  intendant  de  Languedoc.  Grâce  au  long  séjour  qu'il 
avait  fait  dans  la  Province,  S<.  à  la  part  qu'il  avait  prise  à  toutes  les  consé- 
quences de  la  révocation,  Bâville  passait  pour  un  maître  sur  les  questions  de 
protestantisme.  S'il  faut  en  croire  un  mémoire  anonyme,  le  vieux  conseiller 
d'État  fit  retirer  de  la  déclaration  tout  ce  qui  pouvait  avoir  rapport  à  l'admi- 
nistration des  biens  des  religionnaires  réfugiés,  mais  il  travailla  plus  que 
personne  à  la  rédaction  définitive  '. 

La  déclaration  parut  le  14  mai  1724.  Le  préambule  détruisait,  avec  une 
brutale  franchise,  les  illusions  que  les  réformés  avaient  pu  se  faire  sur  un 
changement  de  politique  religieuse  à  la  Cour  de  France.  Le  style  officiel  du 
clergé  de  i685  semblait  retrouvé.  Voici  ce  que  l'on  faisait  dire  à  Louis  XV  : 

«  De  tous  les  grands  desseins  que  le  teu  roi,  notre  très-honoré  seigneur  & 
«  bisaïeul,  a  formés  dans  le  cours  de  son  règne,  il  n'y  en  a  point  que  nous 
«  ayons  plus  à  cœur  de  suivre  8c  d'exécuter  que  celui  qu'il  avoit  conçu 
<i  d'éteindre  entièrement  l'hérésie  dans  son  royaume,  à  quoi  il  a  donné  une 
«  application  infatigable  jusqu'au  dernier  moment  de  sa  vie.  »  Le  jeune  roi 
déclarait,  en  outre,  qu'à  peine  arrivé  à  sa  majorité,  son  premier  soin  avait 
été  de  se  faire  représenter  tous  les  actes  législatils  de  ses  prédécesseurs  sur  cet 
important  sujet,  pour  en  renouveler  les  dispositions  8c  enjoindre  à  tous  ses 
officiers  de  les  faire  observer  avec  la  dernière  exactitude. 

Le  seul  fait  de  professer  une  autre  religion  que  la  religion  catholique 
exposait  les  hommes  aux  galères  perpétuelles,  les  femmes  à  la  prison,  tous 
à  la  confiscation  des  biens.  Les  prédicants  devaient  être  punis  de  mort,  avec 
injonction  à  tout  habitant  du  royaume  de  les  livrer  ou  de  révéler  leur  pré- 
sence. Baptême  obligatoire  des  enfants  par  les  curés,  dans  les  vingt-quaire 
heures,  sous  peine  d'amende  ou  de  plus  grave  châtiment;  six  mille  livres 
d'amende  par  an  infligées  à  quiconque  enverrait  les  enfants  hors  du  royaume; 
obligation  d'établir  des  écoles  dans  toutes  les  paroisses  qui  en  étaient  privées, 
de  conduire  les  écoliers  à  la  messe  Se  de  leur  enseigner  les  principaux  mys- 
tères de  la  religion  catholique;  amende  à  quiconque  n'enverrait  pas  les  entants 
aux  écoles  &  aux  catéchismes  jusqu'à  l'âge  de  quatorze  ans;  les  médecins, 

■  Edmond  Hugues,  I,  p.  255. 


1724 


1724 


,-)(^6  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

apothicaires  Se  chirurgiens  oligés  de  prévenir  les  curés,  lorsque  leurs  malades 
seraient  en  danger  de  mort,  8<.  les  familles  d'introduire  les  prêtres  au  chevet 
des  malades;  procès  fait  à  la  mémoire  des  morts  qui,  pendant  leur  maladie, 
auraient  déclaré  vouloir  mourir  dans  la  religion  réformée,  hannissement  per- 
pétuel des  malades  qui  seraient  revenus  à  la  santé,  après  une  pareille  décla- 
ration; peine  des  galères  ou  de  la  prison  pour  les  religionnaires  convaincus 
d'avoir  exhorté  leurs  frères  malades  en  danger  de  mort;  interdiction  des 
charges  publiques  aux  dissidents;  obligation  du  mariage  catholique;  inter- 
diction clés  mariages  à  l'étranger,  avec  peine  des  galères  contre  les  parents, 
tuteurs  ou  curateurs  qui  auraient  favorisé  cette  contravention;  affectation  des 
amendes  8c  des  biens  confisqués  à  l'entretien  des  nouveaux  convertis  néces- 
siteux. 

Tel  fut  le  régime  que  Louis  XV  annonçait  aux  protestants  de  France, 
malgré  la  démonstration  trop  évidente  de  l'inanité  des  efforts  tentés  par  son 
bisaïeul  pour  obtenir  l'unité  de  foi.  Considérée  par  les  uns  comme  un  acte 
purement  comminatoire,  par  les  autres  comme  une  règle  de  conduite  précise 
pour  les  gouverneurs  &  les  intendants,  la  déclaration  de  1724  demeura  quel- 
ques années  sans  effet,  grâce  à  la  prudence  des  protestants;  mais  on  ne  l'ou- 
blia point,  &,  quand  on  y  revint,  les  éclats  furent  terribles. 

La  Province  voyait  peu  à  peu  disparaître  les  traces  de  l'épidémie.  Un 
décret  du  roi  d'Espagne,  daté  de  Buen-retiro  le  28  mars  1724,  autorisait  la 
reprise  des  transactions  commerciales  avec  la  France,  à  cause  du  rétablisse- 
ment de  la  santé.  11  fut  traduit  Se  placardé  dans  tous  les  ports  de  Languedoc 
par  les  soins  de  M.  de  Montferrier,  l'un  des  syndics  généraux. 

Louis  de  Bernage  se  préparait  à  quitter  l'intendance  de  Montpellier;  il 
avait  négocié  avec  la  Cour  la  nomination  de  son  fils,  Louis-Basile  de  Ber- 
nage de  Saint-Maurice,  à  l'emploi  qu'il  abandonnait.  Celui-ci  servait  déjà 
depuis  quelque  temps  dans  l'administration  provinciale  &  dirigeait  l'inten- 
dance de  Montauban,  quand  il  fut  appelé  à  celle  de  Languedoc.  Sur  la  fin 
de  septembre  1724,  Saint-Maurice  remit  entre  les  mains  de  M.  Pajot  la 
généralité  de  Montauban  &  se  rendit  auprès  de  son  père  pour  s'initier,  sous 
sa  tutelle,  aux  affaires  de  son  nouveau  département'.  Ce  noviciat  devait 
durer  jusqu'au  11  février  1720. 

Dans  la  session  qui  se  tint  à  Narbonne  au  mois  de  décembre  1724  S<  où 
le  marquis  Philippe  de  I-a  Fare,  chevalier  de  la  toison  d'or  &{.  l'un  des  lieu- 
tenants généraux  de  la  Province  occupait  la  place  de  premier  commissaire 
du  roi,  les  États  votèrent  une  somme  annuelle  de  six  mille  livres  pour  faire 
travailler  à  la  carte  du  Languedoc  &  aux  cartes  particulières  de  chaque  dio- 
cèse. L'assemblée  avait  déjà  décidé,  en  1722,  que  l'archevêque  de  Narbonne 
donnerait  ses  ordres  pour  cet  objet.  M.  de  Montterrier  s'était  concerté  avec  le 
géographe  Delisle,  qui  promettait  de  mettre  à  sa  disposition  un  ou  plusieurs 
ingénieurs  de  mérite  chargés  de  collaborer  avec  ceux  de  la  Province,  ces  der- 

'  Archives  nationales.  Papiers  du  co/irro/t'ur  g(?;:eVaZ.  Lettre  de  Saint-Maurice,  du  i"'"' octobre  1724. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV,  997 

niers,  par  la  nature  même  de  leurs  travaux  ordinaires,  ayant  mille  occasions 
de  recueillir  des  éléments  utiles  pour  la  perfection  de  l'ouvrage.  Delisle 
s'engageait  aussi  à  dresser  trois  petites  cartes  pour  l'Histoire  des  Bénédictins. 

Les  Etats  approuvèrent,  le  28  décembre,  un  projet  de  règlement  en  qua- 
torze articles  pour  les  assemblées  d'assiette  des  diocèses.  Ce  règlement  renou- 
velait certaines  dispositions  contenues  dans  celui  du  28  janvier  i658,  qu'il 
complétait  en  quelques  points,  afin  de  prévenir  le  retour  de  contestations  8c 
de  combler  des  lacunes  révélées  par  l'expérience. 

Les  assiettes  devaient  être  convoquées  immédiatement  après  la  tenue  des 
Etats  &  au  plus  tard  un  mois  après  la  clôture  de  cette  assemblée,  dans  les 
villes  81  lieux  que  l'usage  avait  consacrés. 

Le?  commissions  pour  la  tenue  des  assiettes  s'adressaient  aux  syndics  diocé- 
sains; ceux-ci  en  donnaient  communication  aux  commissaires  ordinaires  8c 
prenaient  leurs  ordres  pour  indiquer  le  jour  de  la  réunion,  en  faisant  avertir 
huit  jours  à  l'avance  le  commissaire  principal  81  les  autres  personnes  ayant 
droit  d'y  assister. 

Ne  pouvaient  être  reçus  aux  assiettes  que  les  évêques  St  barons  des  diocèses, 
Se,  en  leur  absence,  leurs  grands  vicaires  8c  envoyés,  le  commissaire  principal 
8c  les  commissaires  ordinaires,  avec  les  députés  des  villes  qui  jouissaient  de 
la  prérogative. 

Les  commissaires  ordinaires  du  diocèse  étaient  l'évêque,  le  baron,  l'officier 
de  justice  8c  les  consuls  de  la  ville  capitale.  Dans  les  diocèses  où  les  diocésains 
pouvaient  remplir  la  fonction  de  commissaires  ordinaires,  il  n'était  point 
dérogé  k  cet  usage. 

La  veille  du  jour  de  l'ouverture,  les  consuls  de  la  ville  avaient  l'obligation 
d'aller  visiter  en  robe,  avec  les  livrées  consulaires,  le  commissaire  principal, 
l'évêque  8c  le  baron.  Le  jour  de  l'ouverture,  les  consuls  allaient,  avec  le 
même  cérémonial,  chercher  le  commissaire  principal  à  son  logis,  pour  le 
conduire  au  palais  épiscopal,  où  tous  les  membres  de  l'assiette  étaient  tenus 
de  se  rendre. 

On  partait  du  palais  épiscopal  pour  aller  à  la  messe  ou  au  lieu  d'assemblée 
dans  l'ordre  suivant  :  l'évêque  au  milieu,  en  rochet  &c  camail,  ayant  à  sa 
droite  le  commissaire  principal,  à  sa  gauche  les  barons,  tous  sur  la  même 
ligne;  au  second  rang,  les  commissaires  ordinaires  du  diocèse  8c  ensuite  les 
députés  des  villes  8c  lieux  de  tour,  avec  les  officiers  diocésains  à  leur  tête. 

A  l'église,  il  devait  y  avoir  trois  prie-Dieu  placés  sur  la  même  ligne,  l'évêque 
au  milieu,  le  commissaire  principal  à  droite,  les  basons  à  gauche.  Dans  les 
assiettes  où  assistait  le  sénéchal,  représenté,  en  cas  d'absence,  par  le  juge- 
mage,  un  quatrième  prie-Dieu  lui  était  réservé,  à  côté  du  commissaire  princi- 
pal 8c  sur  son  alignement.  Les  commissaires  ordinaires  8c  députes  occupaient 
des  bancs,  de  chaque  côté  de  l'église,  au-dessous  des  prie-Dieu. 

L'assiette  se  tenait  dans  l'hôtel  de  ville.  Si  la  disposition  des  lieux  le  per- 
mettait, il  y  avait,  comme  aux  Etats,  des  hauts  bancs  dont  la  place  d'Iionncur 
appartenait  à  l'évêque,  la  seconde  au  commissaire  principal,  la  troisiè«ie  aux 


1724 


'7M 


998  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

barons,  &  où  siégeaient  aussi  les  commissaires  ordinaires,  prenant  rang  à  la 
suite  du  commissaire  principal.  Les  députés  des  villes  s'asseyaient  dans  le 
parterre.  Si  l'assemblée  se  rangeait  autour  du  bureau,  trois  fauteuils  étaient 
réservés  au  milieu  pour  l'évêque,  le  commissaire  principal  8c  le  baron  j  quand 
plusieurs  barons  faisaient  partie  de  l'assiette,  ils  avaient  chacun  leur  fauteuil 
placés  tout  d'une  suite  sur  le  retour  du  bureau,  du  même  côté.  Quand  le 
sénéchal  assistait  en  personne  à  l'assiette,  on  plaçait  un  fauteuil  pour  lui, 
après  le  commissaire  principal,  sur  le  retour  du  bureau,  8c,  en  son  absence, 
ce  fauteuil  était  donné  au  juge-mage.  Si  le  sénéchal  8c  le  juge-mage  sié- 
geaient à  la  fois,  le  juge-mage  n'avait  qu'une  chaise  à  dossier,  à  la  suite  du 
sénéchal.  Les  maire  8c  consuls  de  la  ville  principale  qui  étaient  commissaires 
ordinaires  recevaient  également  des  chaises  à  dossier,  après  le  juge-mage. 
Dans  les  assiettes  où  n'entrait  qu'un  viguier  ou  simple  juge,  ces  officiers 
prenaient  place  sur  des  chaises  à  dossier,  au-dessus  des  maire  8c  consuls  de 
la  ville  capitale.  Dans  les  assiettes  où  le  juge-mage  8c  le  viguier  entraient 
simultanément,  comme  à  celle  de  Béziers,  il  y  avait  fauteuil  pour  le  juge- 
mage,  chaise  à  dossier  pour  le  viguier  8c  bancs  à  dossier  pour  les  députés  des 
villes,  aux  deux  côtés  du  bureau,  après  les  fauteuils  8c  sièges  des  barons  8c 
commissaires  ordinaires.  En  l'absence  de  l'évêque  ou  du  baron,  le  vicaire 
général  ou  l'envoyé  prenait  sa  place. 

Les  maire  &c  consuls  de  la  ville  capitale  &c  les  autres  commissaires  ordi- 
naires avaient  voix  délibérative,  à  l'exception  de  l'officier  de  justice.  L'évêque, 
en  qualité  de  président,  recueillait  les  suthages  8c  opinait  le  dernier. 

Le  procès-verbal  de  l'assiette  était  lu  en  pleine  assemblée  Se  signé,  confor- 
mément au  règlement  du  i'"'  mars  1690,  en  trois  originaux,  de  même  que  le 
département  des  impositions,  avant  la  fin  de  l'assiette,  par  l'évêque,  le  com- 
missaire principal,  le  baron  8c  les  commissaires  ordinaires  8c  députés,  d'après 
l'ordre  des  préséances  déterminé. 

Le  bureau  de  la  capitation  pour  la  confection  des  rôles  8c  celui  de  la  direc- 
tion des  affaires  du  diocèse  pendant  l'année  étaient  nommés  par  l'assiette  8c 
composés  de  l'évêque  ou  de  son  grand  vicaire,  d'un  des  barons  des  Etats  ou 
de  son  envoyé,  alternativement  dans  les  Assiettes  où  entraient  plusieurs 
barons,  de  l'officier  de  justice  &c  des  maire  8c  consuls  de  la  ville  capitale  8c 
des  autres  députés  des  villes  dont  on  jugeait  la  présence  nécessaire.  Les  divers 
membres  de  ces  bureaux  devaient  être  avertis  par  le  syndic  ou  le  greffier 
diocésain  quelques  jours  avant  la  tenue  des  assemblées. 

Les  procureurs  du  roi  8c  promoteins  qui  s'étaient  introduits  abusivement 
daiis  quelcjucs  assiettes  en  demeuraient  exclus,  conformément  aux  arrêts  du 
conseil  du  i'^'' février  i6o3,  du  3  décembre  1604,  du  3i  mars  1617  8c  aux 
ordonnances  des  commissaires  du  roi  du  23  avril  1625. 

Le  règlement  ne  s'appliquait  pas  aux  assiettes  ou  assemblées  particulières 
d'Etats  du  Vivarais,  du  Gévaudan,  du  Vêlai  8c  de  l'Albigeois,  parce  que  ces 
assemblées  étant  plus  nombreuses  8c  autrement  composées  que  celles  des 
autres  diocèses,  on  ne  jugeait  pas  devoir  rien  changer  à  leur  régime  actuel. 


LIV.    IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  999 

Dans  l'assemblée  du  diocèse  d'Albi  figuraient  les  députés  de  plusieurs  cha- 
pitres, quelques  abbés  &  six  barons  du  pays,  avec  le  baron  de  Saint-Sulpice. 
Cette  complication  spéciale  ne  permit  pas  de  suivre  les  règles  établies  par  le 
nouveau  règlement  pour  la  généralité  des  assiettes'. 

L'attention  de  l'assemblée  provinciale  fut  appelée,  dans  le  cours  de  la  même 
session,  sur  la  situation  forestière  du  Languedoc.  On  se  plaignait  du  déboi- 
sement, de  la  destruction  générale  des  futaies  8c  des  taillis,  on  prévoyait  une 
disette  prochaine  dans  la  Province  8<.  surtout  dans  le  bas  pays.  Ces  sortes 
d'affaires  ne  pouvant  être  traitées  que  de  concert  avec  les  officiers  des  eaux  Se 
forêts,  on  avait  chargé  le  maître  particulier  du  département  de  Montpellier, 
nommé  Teissedre,  de  dresser  un  projet.  Ce  projet  ayant  été  soumis  à  la  com- 
mission des  Etats,  elle  en  retint  &  en  fit  approuver,  en  séance  générale, 
quelques  articles  principaux  qui  semblaient  hors  de  toute  contestation,  sauf 
à  réserver  les  autres  pour  un  examen  plus  approfondi. 

Les  syndics  généraux  eurent  ordre  de  solliciter  un  arrêt  du  conseil,  défen- 
dant de  tenir  des  chèvres  dans  la  Province,  sauf  à  excepter  de  cette  prohibi- 
tion les  lieux  où  ces  animaux  ne  pouvaient  causer  aucun  dommage.  Ils 
devaient  demander  aussi  qu'après  la  fin  de  la  campagne,  toutes  les  verreries 
situées  aux  environs  des  villes  fussent  transportées  à  l'Espérou  Se  dans  les 
autres  montagnes  éloignées,  où  les  bois  dépérissaient  par  l'impossibilité  du 
transport.  Enfin  on  souhaitait  qu'il  fût  interdit  aux  habitants  des  communes 
usagères  d'arracher  des  arbres  ou  arbrisseaux,  sous  quelque  prétexte  que  ce 
pût  être,  à  peine  d'amende,  leur  permettant  seulement  de  couper  avec  la 
serpe  des  arbustes  pour  leur  chauffage,  sans  employer  jamais  la  pioche  ni 
autres  outils  du  même  genre.  On  chargea  aussi  Teissedre  de  parcourir  toutes 
les  communes  du  diocèse  de  Montpellier  &  d'y  reconnaître  l'étendue  des 
terres  vaines  S<.  vagues,  garrigues  8<.  bois  dégradés,  dans  lesquels  on  pourrait 
faire  des  plantations  ou  semer  du  gland,  &  des  surfaces  à  mettre  en  réserve, 
sans  priver  les  communes  des  pâturages  nécessaires  pour  la  subsistance  de 
leurs  troupeaux^. 

Avant  de  quitter  l'intendance,  Bernage  crut  nécessaire  de  donner  à  son 
fils  un  agent  plus  habile  dans  la  ville  de  Toulouse  que  n'était  son  subdélé- 
gué Bousquet.  Il  le  remplaça  par  Cominihan.  Des  réclamations  adressées  au 
contrôleur  général  furent  sans  doute  communiquées  à  l'intendant,  car  il 
s'expliqua  sur  ce  changement  dans  une  lettre  qui  indique  clairement  combien 
le  représentant  du  pouvoir  central  avait  une  situation  délicate  dans  la  capi- 
tale de  la  Province  :  «  J'ai  ôté,  écrit  Bernage,  la  subdélégation  de  Toulouse 
«  au  sieur  Bousquet,  non  sans  de  fortes  raisons...  »  Ce  n'était  point  «  pour 
«  défaut  de  probité,  mais  pour  son  incapacité  absolue  de  remplir  une  place 
«  qui  est  une  des  plus  importantes  de  cette  qualité  par  les  relations  &  les 
«  discussions  continuelles  qu'il  est  indispensable  d'avoir  avec  le  Parlement 


'  Procès-Terl3,il  des  États  d<  Languedoc.  Séance  "  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance 

du  28  décembre  1724.  du  6  février  1725. 


1724 


172J 


17*5 


looo  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC, 

«  Si  l'Hôtel  de  ville,  qui  demandent  un  homme  joignant  beaucoup  de  pru- 
«  dence,  de  douceur  Si  d'habileté  à  la  fermeté  nécessaire  pour  l'exécution 
«  des  ordres  du  roi,  &  qui  sache  conduire  par  ces  qualités  les  esprits  les  plus 
«  déliés  Si  les  plus  difficiles  à  manier  qui  soient  dans  toutes  les  autres  parties 
u  de  cette  Province  '.  » 

L'intendant  de  Languedoc  avait  amené  son  fils  aux  Etats,  pour  le  présen- 
ter aux  personnages  importants  de  la  Province.  Il  continuait  de  vivre  en 
termes  très-froids  avec  l'évêque  de  Nimes,  depuis  la  fameuse  affaire  des  syn- 
diqués. S'étant  rendu  à  Paris  dans  le  courant  de  l'année,  pour  ses  intérêts 
particuliers,  il  avait  accepté  avec  beaucoup  de  cordialité  l'entremise  de  l'évêque 
de  Fréjus,  Hercule  de  Fleury,  qui  voulait  lui  ménager  un  raccommodement, 
sans  rencontrer  auprès  de  Rousseau  de  la  Parisière  des  dispositions  aussi 
bienveillantes.  Cependant,  aux  Etats,  l'évêque  prévint  de  politesses  le  père 
8t  le  fils.  Bernage  exhorta  son  successeur  à  continuer  cette  bonne  intelli- 
gence. 

L'évêque  de  Nimes,  heureux  de  n'avoir  plus  devant  lui  son  ancien  antago- 
niste, qui,  au  retour  des  États,  avait  définitivement  installé  Saint-Maurice 
dans  les  fonctions  d'intendant,  fit,  dans  les  premiers  six  mois  de  l'année  1726, 
deux  voyages  à  Montpellier  Si  ne  laissa  paraître  aucune  marque  de  son  res- 
sentiment. Mais  il  agissait  à  la  Cour  pour  peser  sur  le  nouvel  administra- 
teur} il  avait  réussi  à  faire  entrer  dans  ses  intérêts  le  cardinal  de  Bissy,  que 
son  zèle  constitutionnaire  mettait  en  grande  faveur. 

Au  mois  de  juin,  le  contrôleur  général  reçut  un  petit  billet  ainsi  conçu  : 

«  Le  cardinal  de  Bissy  prie  instamment  M.  le  contrôleur  général  de  vou- 
«  loir  bien  écrire  à  M.  de  Saint-Maurice,  intendant  de  Languedoc,  d'une 
«  manière  propre  à  l'engager  de  bien  vivre  avec  M.  l'évêque  de  Nismes  sans 
«  qu'il  puisse  croire  que  M.  de  Nismes  se  soit  plaint  de  luy,  mais  en  faisant 
«  sentir  à  cet  intendant  qu'il  est  de  l'intérêt  du  bien  public  S<.  du  service  du 
«  roy  que  Messieurs  les  intendans  soient  en  bonne  intelligence  avec  Mes- 
<i  sieurs  les  évêques.  »  Au  bas  de  ces  lignes,  tracées  par  la  plume  correcte  Si 
symétrique  d'un  secrétaire,  une  main  plus  libre,  celle  du  cardinal,  avait 
ajouté  :  «  Ce  qui  a  fait  jusqu'à  présent  le  principal  sujet  de  la  mésintelli- 
«  gence  entre  M.  de  Nismes  Si  M.  de  Bernage,  c'est  le  caractère  de  son 
«  subdélégué.  M.  de  Nismes  ne  demande  pas  à  M.  de  Saint-Maurice  ce  qui 
«  seroit  peut-être  le  mieux,  mais  de  les  contenir  dans  les  bornes  dans  les- 
«  quelles  les  contenoit  M.  de  Bâville^.  » 

Le  contrôleur  général  écrivit,  en  effet,  à  l'intendant,  sur  ses  rapports  avec 
l'évêque  de  Nimes,  mais  ce  ne  fut  pas  dans  la  forme  réservée  Si  mystérieuse 
que  souhaitait  le  prélat.  Le  ministre  exprimait,  au  contraire,  le  désir  d'être 
informé  avec  détails  des  difficultés  qui  pourraient  se  produire  Si  autorisait 
Saint-Maurice  à  lui  faire,  sur  ce  point,  des  rapports  particuliers. 


'  Archives  nationales.  Corrapondancc  du  contrô-  '  Archives  natlonnles.  Coriapondaiicc  du  contrà- 

Icur  général.  leur  général. 


LIV.   IV,   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  looi 


1725 


Dans  sa  réponse,  l'intendant  lui  exposa  sommairement  tout  ce  qui  s'était 
passé  entre  son  père  &  l'évêque,  &  les  symptômes  de  bonne  harmonie  qui 
s'étaient  manifestés  soit  pendant  la  tenue  des  États,  soit  pendant  les  deux 
voyages  de  Montpellier.  «  Si  cependant,  poursuivait-il,  il  arrivoit  dans  la 
<i  suite  que  la  despoticité  avec  laquelle  M.  l'évesque  de  Nimes  veut  gou- 
«  verner  cette  ville  8t  l'obligation  où  je  suis  d'y  rétablir  un  peu  l'ordre  qui 
u  est  renversé  depuis  longtemps,  fît  naître  quelque  occasion  de  discussions, 
((  je  ne  puis  trop  vous  remercier  de  la  liberté  que  vous  voulez  bien  m'ac- 
«  corder  de  vous  rendre  un  compte  particulier.  Je  ferai  tout  ce  qui  dépendra 
«  de  moi  pour  que  vous  n'entendiez  pas  parler  de  nous'.  » 

Une  tentative  d'arrestation  opérée  dans  les  eaux  du  Rhône  sur  un  sujet 
languedocien  par  des  sergents  pontificaux  de  l'Etat  d'Avignon,  donna  lieu, 
vers  la  fin  de  l'année  1725,  à  une  nouvelle  affirmation  des  droits  de  la  France 
sur  la  propriété  du  fleuve.  Voici  quelle  en  tut  l'origine. 

Le  3  septembre,  le  patron  Hugues,  d'Avignon,  qui  avait  obtenu  du  juge  de 
la  légation  un  décret  de  prise  de  corps  contre  le  patron  Datuy,  de  Villeneuve, 
épiait  avec  trois  sergents,  blottis  derrière  une  roche,  l'occasion  de  surprendre 
son  adversaire. 

Celui-ci,  traversant  le  Rhône  dans  son  bateau,  allait  aborder  au  port 
d'Avignon,  lorsque  les  quatres  hommes  sautèrent  auprès  de  lui  &  le  mena- 
cèrent de  coups  de  sabre.  Il  se  jeta  dans  la  rivière,  où  il  eût  péri  sans  l'as- 
sistance de  trois  de  ses  camarades.  Les  sergents  emportèrent  la  corde  qu'ils 
allèrent  vendre  à  Avignon. 

Plainte  fut  portée  au  juge  des  ports  de  Villeneuve.  Bernage  se  hâta  d'en 
donner  avis  au  ministre  :  le  lit  du  Rhône  appartenant  au  roi,  les  sujets 
français  devaient  être  à  couvert  de  toute  insulte  sur  cette  rivière,  &  l'on  pré- 
tendait reconnaître  dans  ce  fait  particulier  l'ancienne  tendance  de  l'État 
Venaissin  à  commettre  des  usurpations. 

Le  contrôleur  général,  en  donnant  ses  instructions  à  l'intendant,  lui  rap- 
pela que  l'affaire  des  Angles  entre  le  pape  Se  le  roi  étant  terminée,  la  propriété 
des  îles  8c  créments  du  Rhône  ne  pouvait  faire  l'objet  de  contestations,  8c 
qu'il  devait  se  plaindre  au  vice-légat  de  l'affaire  d'Avignon  comme  d'une 
entreprise  sur  la  souveraineté  royale. 

Le  vice-légat  répondit  à  l'intendant,  le  12  février  1726,  faisant  les  plus  j~^ 
expresses  réserves  sur  les  droits  de  son  maître.  D'après  lui,  pour  considérer 
l'incident  du  3  septembre  comme  un  attentat  sur  la  juridiction  royale,  il  fallait 
supposer  que  le  lit  du  Rhône  appartînt  au  roi  de  France  privativement  au 
Saint-Père.  «  Vous  savez.  Monsieur,  ajoutait-il,  que  c'est  là  un  point  contro- 
«  versé  8c  que  cette  ville  insiste  depuis  longtemps  pour  avoir  des  commissaires 
«  qui  jugent  l'ancien  procès,  pendant  depuis  plus  de  deux  siècles.  Outre  la 
«  disposition  du  droit  commun,  que  le  Saint-Siège  a  pour  lui,  il  a  encore 
«  des  actes  bien  authentiques  &c  une  possession  continuée  par  le  moyen  d'une 

'  Archives  nationales.  Correspondance  du  contrôleur  général.  Lettre  du  17  juillet  1725. 


~ —   I002  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  setilïnelle  qui  est  tous  les  jours  sur  le  pont,  à  l'endroit  de  la  chapelle,  poui 
<c  avertir  de  l'arrivée  des  bateaux.  Quand  même  la  juridiction  de  Notre  Saint- 
«  Père  ne  s'étendroit  pas  sur  le  Rhône,  ce  que  je  n'ai  garde  de  penser,  un 
«  bateau  qui  est  au  port  seroit  censé  dans  ses  terres.  Lorsque  les  officiers  de 
<i  cette  ville  remettent  quelque  criminel  à  ceux  de  France,  la  remission  se  fait 
«  toujours  dans  le  bateau  où  se  récite  l'acte  de  chargement  dressé  par  les  offi- 
«  ciers  de  Sa  Sainteté.  » 

Cette  lettre  fut  montrée  au  roi,  &  le  contrôleur  général  chargea  l'inten- 
dant de  répondre  que  Sa  Majesté  avait  été  fort  surprise  de  voir  le  vice-légat 
mettre  en  doute  la  question  de  la  souveraineté  du  Rhône  décidée  si  souvent 
£<.  dans  tous  les  temps  &  fondée  sur  des  titres  si  incontestables.  II  le  faisait 
informer  en  outre  que  lorsque  des  questions  de  fait  se  présenteraient,  le  roi 
voudrait  bien  nommer  des  commissaires  pour  les  décider,  «  mais  sans  jamais 
«  laisser  mettre  en  cause  une  question  qui  ne  doit  pas  y  être'.  » 

Une  déclaration  du  roi,  du  27  septembre  17 28,  interprétée  par  arrêt  du 
conseil  du  i«'^  juillet  1725,  renouvelant  des  pratiques  devenues  traditionnelles, 
avait  frappé  d'une  taxe  tous  les  nouveaux  nobles  faits  depuis  l'avènement  de 
Louis  XIV  jusqu'à  sa  mort. 

Jean  Grillau,  chargé  du  recouvrement  de  ces  taxes,  fit  comprendre  dans  les 
rôles  arrêtés  au  conseil  tous  les  capitouls  nommés  depuis  l'année  1643  jus- 
qu'à l'année  17 15,  &  leur  fit  demander  à  chacun,  par  voie  judiciaire,  la 
somme  de  deux  mille  livres,  à  titre  de  confirmation.  Cette  démarche  donna 
lieu  à  plusieurs  saisies. 

Elle  fournit  aux  capitouls  l'occasion  de  reprendre  pour  leur  compte  la  thèse 
chimérique  tant  de  fois  défendue  par  leurs  avocats.  Ils  la  résumèrent  dans 
une  requête  où  l'on  vit  reparaître,  confondus  dans  un  désordre  affecté,  les 
souvenirs  les  plus  incohérents  &  les  plus  disparates  de  l'histoire  toulousaine. 

Comme  leurs  prédécesseurs,  les  rédacteurs  de  ce  factum  n'eurent  garde 
d'éclaircir  la  question  en  publiant  le  titre  initial  de  l'anoblissement  capitu- 
laire;  mais  ils  parlèrent  longuement  du  temps  où  leur  ville,  «  capitale  d'un 
«  grand  &  puissant  peuple,  faisoit  alliance  avec  le  peuple  romain,  »  des 
Wisigoths,  de  l'empereur  Honorius,  du  roi  Clovis  &  de  Charlemagne;  ils 
n'oublièrent  pas  de  répéter  ce  flagrant  mensonge  historique,  dont  tous  les 
titres  de  leurs  archives  démontrent  pourtant  la  fausseté,  en  vertu  duquel  les 
magistrats  municipaux  de  Toulouse,  les  anciens  seigneurs  du  chapitre, 
empruntaient  leur  nom  au  capitole  romain. 

Ils  essayèrent  de  présenter  comme  une  marque  de  noblesse  le  rang 
qu'avaient  tenu  les  consuls  à  la  tête  des  milices  urbaines  pendant  la  période 
de  puissance  communale,  comme  s'il  y  avait  la  moindre  analogie  entre  cet 
exercice  d'un  commandement  républicain  &  les  grâces  toutes  monarchiques 
de  l'anoblissement. 

Les  fantaisies  de  quelques  historiens  complaisants  avaient  si  bien  tourné 

'  Archives  nationales,  H,  1093.  Correspondance  du  contrôleur  général. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  joo3 

la  tête  aux  Toulousains  en  fait  de  noblesse  capitulaire  qu'ils  en  étaient  venus 
à  croire  comme  vraies  les  extravagances  les  plus  énormes.  «  Il  me  semble, 
«  écrivait  naïvement  aux  capitouls  Pierre  de  Cheverry,  que  nous  ne  devons 
«  pas  être  compris  dans  la  taxe,  puisque  nous  ne  tenons  pas  nostre  noblesse 
(i   du  roy  &  qu'elle  est  avant  la  monarchie'.  » 

Ces  prétentions  exorbitantes  turent  consacrées  une  fois  de  plus,  par  arrêt 
du  conseil  d'Etat,  donné  à  Versailles  le  ;5  mars  1727,  qui  exemptait  du  droit 
de  confirmation  les  capitouls  de  Toulouse,  leurs  enfants  &  descendants  nés 
&  à  naître  en  légitime  mariage  &  les  maintenait  dans  leur  noblesse.  Le  roi 
n'avait  pas  chargé  un  historien  de  dresser  la  minute  de  l'arrêt,  car  les  théo- 
ries les  plus  étranges  Si  les  erreurs  les  plus  grossières  y  fourmillent. 

On  y  lit,  entre  autres  choses,  que  «  la  noblesse  des  capitouls  n'émane  pas 
«>  de  la  concession  des  rois  prédécesseurs  de  Sa  Majesté  5  que  dès  le  temps 
«  que  cette  ville  étoit  alliée  au  peuple  romain,  elle  jouissoit  de  la  noblesse 
«  qu'elle  communiquoit  à  ses  magistrats  par  l'exercice  des  charges  de  capi- 
o  toul...  qu'elle  en  a  joui,  pendant  qu'elle  a  été  capitale  de  l'empire  des 
«   Goths,  ensuite  sous  la  domination  des  rois  d'Aquitaine  81  de  ses  comtes.  » 

L'arrêt  fut  rendu  sur  le  rapport  du  contrôleur  général  Lepelletier,  qui 
avait  des  motifs  plus  sérieux  que  cet  étalage  de  menteuse  érudition  pour  ne 
pas  donner  suite  aux  réclamations  du  traitant^. 

Pendant  l'année  1727,  divers  fléaux  naturels  qui  prirent  l'importance  de 
véritables  calamités  publiques,  jetèrent  la  désolation  en  Languedoc^. 

Le  I"  juin,  éclata  sur  la  Province  le  plus  terrible  orage  de  grêle  dont  on 
eût  ouï  parler  depuis  plusieurs  siècles.  Il  s'étendit  sur  toute  la  région  orien- 
tale, comprise  entre  les  Pyrénées,  les  Corbières,  les  hautes  Cévennes  8c  la 
montagne  Noire.  Les  diocèses  de  Mirepoix,  Alet,  Limoux,  Carcassonne, 
Narbonne,  Béziers,  Montpellier,  Alais,  Lodève,  Saint-Pons  &t  Castres  en 
furent  ravagés.  Dans  un  très-grand  nombre  de  communes,  les  récoltes  furent 


'  Archives  de  Toulouse.  Lettres  missives  adressées  blnble  i  celiiy  que  fait  la  mer  dans  sa  plus  grande 

aux  capitouls,  p.  iij.  Paris,  24  novembre  1725.  agitation  j  ce  bruit  dura  sans  discontinuer  jusqu'à 

*  Requête   présentée   au    Rot  par  le  sindic   Je    la  ce  que  cette  colomne  se  dissipa  en  Tair. 

viVe    de    Toulouse,    au    sujet    de    la   recherche  faite  Une  personne  qui  s'estoit  arrestée  à  Creisse,  pe- 

contre  la   noblesse  des  Capitouls,  à  cause  du  joyeux  tit   vill.ige   au-dessus    de    Piiisserguier,  a   dit  qu'il 

avènement.  Imp.  ï6  p.  in-8°.  —  Arrêt  du  conseil  avoit   aperçu    au-dedans   de   cette  nue  une    figure 

d'£t3t  du  25  mars  1727  '.  presque  triangulaire  au-dcdans  de  laquelle  il  avoit 

'  Voici  une  note  recueillie  dans  les  papiers  du  remarqué   un    tourbillonement    effroyable,   &  que 

contrôleur  général  :  tout    à  coup    cette    figure    s'estoit    entr'ouverte  & 

aroit    formé   cette   espèce   de   manche   dont    on    a 

Observation  du  météore   qui   parut   le  2  1  août    1727  t-          . 

'.      '^                          «»  parie  cy-dessus. 

sur  les  5   heures  du    soir  au-dessus  de  Montady  ~,                   ,        ■             ,         ,  ,                              ,  , 

-                  r  n  '-'''  assure   depuis  que  le  ineteore  avoit  arrache 

entre  Capestang  tr  ruisserguier.  '           '                                         „    ,,        • 

un    noyer  pesant  plus  de  100  quintaux  &  lavoit 

C'cstoit  une  colomne  qui  descendoit  d'une  nue  transporté    assez    loin,    qu'il    avoit  arraché    aussi 

jusqu'à  terre,  une  espèce  de  manche  entourée  vers  plusieurs  oliviers  &  des  rangées  de  souches  &  qu'il 

•on  extrémité  inférieure  d'un  tourbillon  de  fumée  avoit  tracé  en  quelques  endroits  un  chemin  battu 

ju  de  poussière,  &  accompagnée  d'un   bruit  sein-  où  trois  carrosses  de  front  auroient  pu  passer. 

Il   fut  accompagné  de   pluie  &  de  gresle  qui  n 

'  Archives  de  Toulouse.  Noblesse  capitulaire  ravagé  deux  ou  trois  communautés. 


1726 


1727 


1717 


IO04  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

emportées,  les  foins  ensablés,  les  vignes,  les  oliviers  &  les  arbres  à  fruits 
endommagés  pour  plusieurs  années. 

L'évêque  de  Carcassonne  écrivait  le  5  de  ce  mois  au  contrôleur  général, 
pour  lui  signaler  le  très-grand  malheur  qui  venait  d'atteindre  son  diocèse. 
«  La  grêle,  disait-il,  a  fait  un  épouvantable  dégât  dans  nos  paroisses  les  plus 
H  considérables  qui  supportent  la  moitié  des  impositions  du  diocèse.  Nous  ne 
V  savons  comment  il  nous  sera  possible  d'acquitter  leurs  charges,  aussi  bien 
«  que  de  les  faire  subsister  8<  de  les  mettre  en  état  de  semer  leurs  terres'.  » 

Dans  le  courant  de  juin,  de  juillet  Se  d'août,  les  mêmes  phénomènes  se 
reproduisirent,  au  nord  des  Cévennes,  dans  une  grande  zone  oblique,  déve- 
loppée du  Rhône  à  la  Garonne,  &  dévastèrent  les  diocèses  de  Viviers,  le  Puy, 
Mende,  Albi  St  Toulouse. 

Le  4  juillet,  le  subdélégué  de  Vivarais,  Dumolard,  mandait  que  la  grêle 
avait  attaqué  les  deux  extrémités  du  diocèse  ;  d'une  part  Félines  St  quelques 
autres  communes  des  environs  de  Serrières,  &  de  l'autre  le  pays  avoisinant 
la  Vérune.  Un  fort  brouillard  avait  aussi  brûlé  81  séché  les  blés  &  endom- 
magé les  vignes  à  Saint-Just.  Dans  les  paroisses  des  petites  montagnes,  la 
moisson  était  fort  contrariée  par  les  vents  St  par  une  fréquente  pluie,  de  deux 
en  deux  jours. 

Le  directeur  des  vivres  &  fourrages  annonçait  une  violente  crue  de  l'Hers, 
depuis  Baziége  jusqu'à  Saint-Jory;  dans  les  prairies,  tous  les  foins  étaient 
sablés. 

Le  26  juillet,  l'évêque  de  Lodève,  Phelypeaux,  réclamait  pour  son  diocèse 
les  secours  du  gouvernement.  La  grêle  y  était  tombée  avec  tant  de  rudesse 
que,  sur  cinquante-deux  paroisses,  on  en  comptait  dix-neuf  entièrement 
ruinées.  «  Les  pertes  de  ces  malheureux  habitants,  affirmait  le  prélat,  vont 
«  à  près  de  cinquante  mille  écus  &  leurs  tailles  à  près  de  quarante  mille 
«  livres.  » 

Plus  de  cinq  cents  communes  se  trouvèrent  atteintes  par  le  fléau,  &  la 
ruine  y  fut  si  complète  que  la  plupart  des  propriétaires  se  virent  hors  d'état 
d'acheter  les  grains  nécessaires  pour  les  semailles.  Le  procès-verbal  des  dom- 
mages, dressé  par  M.  de  Saint-Maurice,  fit  obtenir  à  la  Province  une  réduc- 
tion de  trois  cent  mille  livres*  sur  les  impositions  de  l'année. 

Ces  tempêtes  continues  produisirent  de  si  grandes  perturbations  atmos- 
phériques dans  les  bassins  du  Rhône  &  de  la  Garonne  que  les  diocèses  même 
épargnés  par  l'orage,  perdirent  la  moitié  &  jusqu'aux  trois  quarts  de  leurs 
récoltes,  par  l'effet  des  brouillards  St  de  la  gelée.  Le  mal  fut  assez  sérieux 


•Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  gï-  17000    1.  —    Saint-Pons,    24000   1.   —   Lodève, 

niraî,  10000  1.  —  Limon x,  19000  1.  —  Béziers,  33 000  L 

'Arrêt   du    conseil   d'Etat,   donné  à   Fontaine-  — Narbonne,  34000  1.  —  Montpellier,  4000  1. — 

bleau  le  7  octobre  1727,  M.  Le  Pelletier,  rappor-  Alais,  9000  1.  —  Alet,  6000  1.  —  Castres,  19000  1. 

teiir.  — Toulouse,   28000  1.  —  Albi,    loooo  1.  —  Vi- 

Voici  le  détail  de  la   répartition  de  cette  réduc-  viers,    18000   1,  —  Le   Puy,  21  000  1.  —  Mende, 

tion  ;  Carcassonne,  34000   livres.  —  Mirepoix,  19000  1. 


LIV.   IV,   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  ioo5 

pour  déterminer,  grâce  aux  démarches  de  la  députation  en  Cour,  un  nouvel 
allégement  de  deux  cent  mille  livres  sur  les  impositions  provinciales  de  1728, 
dont  la  répartition  fut  confiée  à  l'intendant. 

Les  plus  grands  désastres  s'accomplirent  dans  la  première  quinzaine  de 
septembre.  II  tomba  une  pluie  abondante,  pendant  vingt-quatre  heures,  le 
II  &  le  12.  Cette  pluie  n'était  pourtant  pas  assez  forte  pour  taire  déborder 
subitement  les  rivières;  mais,  comme  elle  était  accompagnée  d'un  vent  du 
midi  puissant  &  chaud,  les  masses  de  neige  qui  couvraient  encore  la  région 
supérieure  des  Pyrénées  fondirent  en  peu  d'instants  6c  jetèrent  dans  tous  les 
cours  d'eau,  grossis  par  les  orages  antérieurs,  de  tels  torrents  que  l'inondation 
devint  générale.  Ces  crues  démesurées  se  produisirent  à  la  fois  sur  les  deux 
versants  de  l'isthme  dont  Toulouse  occupe  à  peu  près  le  centre.  Dans  le 
bassin  de  l'Aude,  où  une  dizaine  de  communes  furent  ravagées,  beaucoup 
de  personnes  se  noyèrent,  d'autres  perdirent  tous  leurs  biens.  On  ne  citait 
que  moulins  emportés  81  maisons  abattues. 

D'heure  en  heure,  à  mesure  que  les  chemins  devenaient  praticables, 
l'évêque  6c  le  subdélégué  de  Carcassonne  voyaient  arriver  les  députés  des 
paroisses,  qui  venaient  informer  les  commissaires  diocésains  des  dégâts  causés 
par  les  eaux  sur  leur  territoire.  Les  ponts  de  Saint-Hilaire,  de  Luc,  de  Ville- 
moustaussou,  de  Conques,  avaient  été  renversés,  au  grand  embarras  du 
commerce  languedocien.  Le  bourg  de  La  Grasse  était  à  demi  détruit  par 
rOrbieu,  qui  venait  de  démolir  les  maisons  8c  de  charrier  les  meubles  8c  les 
grains;  deux  importantes  manufactures  n'offraient  plus  que  des  ruines,  des 
teintureries  avaient  été  emportées,  de  grandes  quantités  de  laine  perdues  8c 
des  plantations  d'oliviers  en  plein  rapport  se  trouvaient  tellement  couvertes 
de  gravier  qu'on  n'y  reconnaissait  pas  le  moindre  vestige  de  culture. 

A  Toulouse,  la  Garonne,  qui  coulait  à  pleins  bords  depuis  quelques  jours, 
grossit,  le  12  septembre,  vers  six  à  sept  heures  du  matin,  avec  tant  de  rapi- 
dité qu'en  deux  heures  elle  couvrit  entièrement  l'île  de  TounisSc  le  faubourg 
de  Saint-Cyprien.  Ce  faubourg  occupe  un  fond  très-bas,  de  terrains  d'allu- 
vions,  qui  a  fait  anciennement  partie  du  lit  du  fleuve  8t  autour  duquel  le 
cours  moderne  des  eaux  forme  un  arc  de  cercle.  La  Garonne  se  fraya  un 
chemin  direct,  le  long  des  terrasses  de  l'Ardenne,  de  façon  à  suivre  la  corde 
de  l'arc,  en  passant  par  les  fossés  des  remparts  du  côté  de  Guienne.  Beaucoup 
d'habitations  s'étendaient  le  long  des  routes  du  Comminges,  de  l'Armagnac 
8<.  de  la  Lomagne;  elles  demeurèrent  sous  l'eau,  comme  le  faubourg  tout 
entier,  pendant  l'entière  journée  du  vendredi,  sans  que  l'on  pût  leur  porter 
le  moindre  secours,  tous  les  bateaux  6c  radeaux  qui  étaient  sur  la  rivière 
ayant  été  submergés  ou  emportés.  La  mauvaise  qualité  des  matériaux  de 
construction,  bois,  torchis,  brique  crue  maçonnée  de  terre  glaise,  mirent 
un  grand  nombre  des  constructions  du  faubourg  hors  d'état  de  supporter 
l'épreuve  d'une  immersion  prolongée.  Des  points  élevés  de  la  ville,  on  en 
voyait  s'écrouler  à  tout  instant.  La  crue,  qui  avait  commencé  de  s'accentuer 
dès  quatre  heures  du  matin,  continua  jusques  à  quatre  heures  de  l'après- 


1727 


k 


•7»7 


1006  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

midi,  Se  ce  n'est  que  le  lendemain  qu'il  fut  possible  de  pénétrer  dans  le  fau- 
bourg &  d'y  contempler  le  désastre  dans  toute  son  horreur. 

La  maison  du  Bon-Pasteur,  située  le  long  du  cours,  renfermant  soixante- 
quatre  femmes  pénitentes  qui  s'y  étaient  volontairement  retirées,  était  du 
nombre  des  bâtiments  écroulés.  On  n'en  put  sauver  que  six  ou  sept  per- 
sonnes, que  l'on  arracha  du  milieu  des  ruines;  toutes  les  autres  furent 
retrouvées  noyées  ou  écrasées  sous  les  décombres.  Parmi  les  victimes,  on 
comptait  le  père  Badou,  missionnaire  célèbre,  qui  prêchait  une  retraite  dans 
cette  maison  Si  qui  s'y  était  rendu  le  vendredi  matin,  malgré  la  menace 
d'inondation.  La  rapidité  de  la  crue  lui  coupa  la  retraite.  «  Il  eut,  dit  le 
«  chroniqueur  municipal,  la  fermeté  Si  la  constance,  étant  sous  les  ruines, 
«  d'exhorter  à  la  mort  les  filles  qui  étoient  pareillement  ensevelies.  Il  conti- 
«  nua  cette  œuvre  de  piété  jusqu'à  trois  heures  du  matin  qu'il  expira'.  »  Ce 
religieux  appartenait  à  l'ordre  de  la  Doctrine  chrétienne. 

Pendant  l'inondation,  les  capitouls  s'étaient  empressés  de  faire  descendre 
la  Vierge  noire,  qui  est  l'objet  d'un  culte  traditionnel  dans  leglise  de  la 
Daurade  8c  qui  fut  portée  processionnellement,  au  chant  des  prêtres,  sur  les 
bords  du  fleuve. 

La  chambre  des  vacations  du  Parlement  se  réunit  en  assemblée  extraordi- 
naire, le  14  septembre,  pour  prévenir  par  ses  arrêts  l'avidité  des  pirates,  qui 
cherchaient  à  se  prévaloir  de  la  calamité  publique  en  détournant  à  leur  profit 
le  bois,  les  meubles,  les  effets,  les  grains  8<.  les  autres  épaves  charriées  par  le 
torrent.  Se  pour  aviser  aux  contestations  de  propriété. 

Dès  les  premières  alarmes,  le  premier  président  Maniban  81  le  procureur 
général  Le  Mazuyer  s'étaient  portés  sur  tous  les  points  où  leur  présence 
paraissait  nécessaire  pour  assurer  la  bonne  direction  des  secours.  Les  deux 
grands  moulins  de  Toulouse,  celui  du  Basacle  Se  celui  du  Château-Narbon- 
nais,  subirent  de  graves  dommages;  le  premier  surtout  fut  à  moitié  emporté 
&i  perdit  neuf  meules  sur  seize.  Les  pertes  de  grains  déposés  dans  ces  deux 
moulins  ruinèrent  tous  les  boulangers  de  Toulouse  81  firent  concevoir  des 
craintes  sérieuses  pour  l'alimentation  de  la  ville. 

L'intendant  offrit  aux  capitouls  les  farines  des  magasins  des  vivres  mili- 
taires, sur  leur  reconnaissance  Si  sous  la  promesse  d'en  effectuer  le  remplace- 
ment ou  d'en  payer  la  valeur,  81  il  se  hâta  de  solliciter  du  contrôleur  général 
la  suspension  de  la  taxe  sur  les  moulins. 

Tous  les  grands  approvisionnements  de  bois  arrivés  des  Pyrénées  par  les 
radeaux  de  la  Garonne  81  amoncelés  sur  les  berges  du  port  Garaud  avaient 
disparu. 

Quand  les  capitouls  purent  visiter  les  lieux  ravagés  par  l'inondation,  ils 
furent  effrayés  de  la  grandeur  du  dégât.  Les  maisons,  minées  par  le  pied  Si 
dont  les  fondations  se  délayaient  sous  l'action  de  l'humidité,  s'écroulaient  à 
taut  instant.  Cent  quatre-vingt-dix  jonchaient  déjà  la  vase  de  leurs  débris; 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  manuscrites,  XI,  2o5. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1007 

mais  un  nombre  bien  plus  considérable  menaçait  de  tomber  sur  les  passants. 
Il  fallut  réquisitionner  à  la  hâte  tous  les  maîtres  &  garçons  charpentiers  Se 
faire  étayer  ces  masures  branlantes,  pour  éviter  de  nouveaux  malheurs.  Les 
habitants  avaient  à  peine  eu  le  temps  de  se  dérober  à  la  mort  par  la  fuite,  en 
abandonnant  leurs  meubles  &c  leurs  effets.  L'hôpital  de  Saint-Joseph  de  la 
Grave,  peuplé  de  pauvres  8<.  d'orphelins  &  contenant  des  manufactures,  avait 
beaucoup  souffert  &  menaçait  de  s'abattre.  Dans  l'île  de  Tounis,  les  teintu- 
reries Se  les  anciennes  fabriques  de  tapisserie  St  de  petites  étoffes  étaient  ou 
détruites  ou  terriblement  ébranlées.  Au  Basacle,  les  sept  meules  conservées 
avaient  eu  leurs  charpentes  mises  en  pièces  8c  gisaient  dans  les  décombres; 
il  ne  restait  plus  de  traces  des  autres,  ni  des  fortes  pièces  de  bois  qui  les 
soutenaient.  Le  courant  avait  creusé  un  gouffre  au-dessous  des  meules;  la 
toiture  avait  disparu,  semant  des  éclats  de  tuiles  dans  tous  les  graviers;  l'eau 
avait  également  abattu  une  partie  de  la  courtine  de  l'ouvrage  à  corne  qui 
couvrait  ce  flanc  des  fortifications  de  Toulouse;  l'angle  saillant  en  était  ébré- 
ché,  le  terrassement  raviné  8c  la  chapelle  du  Basacle,  avec  toutes  ses  dépen- 
dances, ne  laissait  plus  que  des  vestiges  insignifiants.  Plusieurs  portions  des 
murailles  du  faubourg,  du  quai  8c  des  parapets  du  Pont-Neuf  avaient  été 
démolies';  tous  les  chemins  aboutissant  aux.  quartiers  inondés  n'offraient 
plus  que  des  fondrières  impraticables.  Se,  quand  les  communications  se  réta- 
blirent, on  apprit  que  les  divers  lieux  échelonnés  le  long  de  la  Garonne  8c 
de  l'Ariége  n'étaient  pas  moins  maltraités  8c  qu'une  désolation  générale 
régnait  dans  les  diocèses  de  Rieux,  de  Castres,  de  Limoux  8c  de  Carcassonne. 
Tout  le  bois  coupé  depuis  les  Pyrénées  jusqu'en  aval  de  Toulouse  avait  été 
entraîné. 

L'intendant  ayant  transmis  à  la  Cour  plusieurs  rapports  sur  le  désastre  8c  la 
proposition  de  diverses  mesures  pour  alléger  la  détresse  des  inondés,  le  con- 
trôleur général  lui  écrivit  le  7  octobre  :  »  Sur  le  compte  que  j'ai  rendu  au 
«  roi  des  lettres  que  vous  avez  pris  la  peine  de  m'écrire  le  16  8c  le  :i  du 
«  mois  passé  au  sujet  de  l'inondation  arrivée  tant  à  Toulouse  qu'à  Carcas- 
"  sonne  8c  dans  toutes  les  plaines  des  environs  jusqu'à  Limoux,  Sa  Majesté 
«  a  paru  fort  peinée  des  dommages  que  cet  accident  a  causés  8c  surtout  de  la 
»  perte  des  personnes  qui  y  ont  péri.  Sa  Majesté  attendra  d'être  plus  parti- 
«  culièrement  informée  du  détail  6c  du  montant  de  ces  dommages  par  les 
«  procès-verbaux  que  vous  avez  chargé  vos  subdélégués  d'en  faire  8c  dont 

'  Jean  de  M.irgastaud,  écuyer,  architecte  de   la  Suit,   d'après    le  même   document,   l'évaluation 

ville   de  Toulouse,   dressa    un   devis    imprimé    des  des  dégâts  : 

dommages    causé:    au     Basacle    par    l'inondation.  «    \  Saint-Cyprien,    |556|3    livres   5  sols;    hors 

—  Dans  un  Mémoire  au  Roy,  rédigé  par  les  capi-  Saint-Cyprien,  46459  livres  1  sols;  Tounis,  44  r  1  1 

touli,   nous   trouvons  les    ravages  de   la   Garonne  livres  lysolsj  Saint-Michel,  16292  livres  10  sols; 

ainsi  résumés  :  Dalbade,  Daurade,  Blanchers  &  Basacle,  43574  li- 

«   Il  y  a   9^9  maisons  croulées   &  emportées  &  vres.   Edifices    publics,    25oo5i    livres;    grains  des 

J^'i6  autres  maisons  si  fort  endommagées  qu'il  fau-  moulins,  77028  livres  5  soit '.  11 
dra  les  rebâtir  &  200  petites  loges  abîmées  dont  le 
loyer  rendoit  revenu  à  la  ville,  u  '  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  général. 


1727 


1727 


ioo8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  vous  devez  m'envoyer  le  résultat  pour  prendre  une  résolution  définitive 
"  sur  ce  sujet,  S<.  cependant  Elle  approuve  que  vous  ayez  fait  surseoir  aux 
«  poursuites  des  commis  chargés  du  recouvrement  du  droit  de  confirmation 
«  contre  les  propriétaires  des  moulins  de  la  ville  de  Toulouse  qui  ont  été 
«  détruits  ou  tort  endommagés  par  cette  inondation.  Quant  aux  farines  des 
«  magasins  des  vivres  que  vous  avez  offertes  aux  capitouls  de  Toulouse  pour 
M  les  mettre  en  état  de  rassurer  les  habitants  de  cette  ville  de  la  crainte  où 
«  ils  étoient  d'en  manquer,  depuis  la  destruction  de  leurs  moulins.  Sa  Majesté 
«  a  pareillement  approuvé  ce  que  vous  avez  fait  à  cet  égard,  &t  je  n'aurois 
«  pas  différé  de  vous  le  faire  savoir,  sans  que  M.  Le  Blanc  s'est  chargé  de 
«  vous  le  mander  ' .  » 

Ce  fut  seulement  deux  mois  après  environ  que,  tous  les  renseignements 
recueillis  par  les  subdélégués  ayant  été  centralisés  à  l'intendance,  il  fut  pos- 
sible de  connaître  le  chiffre  total  des  pertes,  qui  s'élevait  à  près  de  deux 
millions  répartis  entre  neuf  diocèses^. 

'  Archives  nationales.  Correspondance  du  contrôleur  général, 

'Voici  la  récapitulation  générale  des  dommages  causés  par  les  inondations  du  mois  de  septembre  1727  : 

Estimation  Proportion  observée  Indemnités  Accordées 

Lieux-  des  dans  la  proposition  proposées  par  par  arrêt 

dommages.  des  indemnités.  M. de  Bernage.         du  conseil. 

Ville  8c  faubourg  de  Toulouse.   .   .  601265'  1/6  delà  p:rte  looooo'  p5  000' 

Diocèse  de  Toulouse 141274  1/8  —  18000  i65oo 

—  de  Carcassonne 19835  i/3  —  i5ooo  14000 

—  d'Albi 507787  i/io         —  Soooo  48000 

—  de  Rieux 84  55o  1/4  —  8  5oo  8000 

—  de  Limoux 202700  i/3  —  25  000  23  000 

—  d'yVlet 2^570  1/6  —  5ooo  47oo 

—  de   Lavaur 1  100  1/2  —  55o  5oo 

—  Bas-Montauban 208780  i/S  —  î6ooo  24000 

—  de  Mirepoix wu  «jj  )ni  14300 

1846891'  248050'  248000' 

Noms  des  communautés  endommagées.  Limoi.x.   —   Pieiisse,   Malviès,   Saint-Martin, 

Toulouse.  —   Portet   &   Justaret,   Gagnac,  Fe-  Lauraguel,    Pauligne,    Puechsalamon ,    Donazat, 

nouillet,   Grépiac,  Vernet,   Pinsaguel,   la   Croix-  Gaja,  Loiipia,  Montgaillard,  Ville-de-Dieu,  Mal- 

Falgarde,  juridiction   d'Hauterive,   Ondes,   Saint-  ras,    Villelongue,    Poumy,    Montaud,    Peyrefitte, 

Jory,  Grisolles,  la  Gardelle,  Seyre,  La  Bartlie.  Saint-Just,  Bellegarde,  Montgradailh,  Escuilhens, 

CAr.cAssoNNE.  —  La  Grasse,  Caunettes,  Mas  des  Laurès,  Hounoux,  Le  Mazel,  Fenouilhet,  la  Cour- 
Cours,  Villefloure,  Ladern,  Levig,  Verseille,  Saint-  telle,  la  Serre,  Thounens,  Brezilhac,  Ferran,  Ma- 
Hilaire,  Cavanac,  Pomas,  Gardié,  Villebazez,  Rou-  zeroUes,  Gramasié,  Belvezé,  Alaigne,  Routier, 
lens,  Montcla  ,  Couffoulens,  Tresbes,  Berriac,  Brugairolles,  Cambicure,  Cailhavel,  Cailhau,  Vil- 
Blomac,  Puicheric,  Marseillette,  Bouillonac,  Bar-  larzel,  Cepie,  Mayrié,  Missegre,  Villar  de  Belle, 
baira,  Saint-Couat,  Douzens,  Capendu,  Fleure,  Greffeil,  Clermont,  le  Villa,  Belcastel,  Salnt- 
Mouze,  Montirat,  Fontiès  de  Rive  d'Aude,  Ville-  Polycarpe,  la  Digue  d'amont,  Castelreng,  la  ville 
dubert.  de  Limoux,  monastère  des  religieuses  hospitalières. 

Albi.   —  Cahuzac,   Donnazac,    Florentin,    Le  Alet.  —  Marsa,  Aunat,   Mazuby,   Niort,   Mu- 

Verdier,  la  Boutarie,  Lombers,  Monesties,  Mont-  nés,  Gallissargues,  Belfort,  Joucou,  Roudoume,  le 

mirai,  Milhabel,  Puicelsy,  Souels,  Salles,  Salliès,  moulin  de  M.  Borio  de  Mazuby,  Campagna,  Bes- 

Vieux,    Nouaille,    La    Grave,    Cordes,    Réalmont  sède. 

(moulin  au  sieur  Dauriac).  Bas-Montauban.  —  Castelsarrasy,  les  Catalens, 

Rieux.  —  Rieux,  Montesquieu,  Artigat,  Gaillac-  Saint-Porquier,  Montech,    Finhan,  Montbequin. 

Toulza,  La  Trape.  Lavauu.  —  Flamarens. 


LIV,   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  looq  

Des  bruits  s'étant  répandus  au  sujet  de  l'entretien  Si  des  réparations  du 
canal  de  Languedoc,  qui  pouvaient  causer  quelques  inquiétudes  dans  le 
public  Se  faire  craindre  une  interruption  de  la  navigation,  les  propriétaires 
de  cette  importante  ligne  présentèrent  un  mémoire  au  conseil  d'État  8c 
obtinrent  qu'un  ingénieur,  nommé  par  le  roi,  serait  chargé  de  faire  une 
visite  complète  du  canal,  d'en  constater  l'état  Se  de  relever  le  détail  des  répa- 
rations nécessaires.  Les  Etats  de  la  Province  Se  les  héritiers  de  Riquet  étaient 
autorisés  à  se  faire  représenter  à  cette  visite  par  des  délégués  spéciaux  dont 
les  observations  devaient  être  recueillies  au  procès-verbal.  Le  roi  se  réservait  ;, 
de  prendre  telle  décision  qu'il  jugerait  convenable,  d'après  le  rapport  de  son 
ingénieur'. 

En  1728,  nouvelles  calamités.  Au  mois  de  janvier,  les  pluies  désolent  le  '  jj 
diocèse  d'Albi;  plusieurs  cours  d'eau  débordent,  emportent  les  terres,  détrui- 
sent des  ponts,  des  moulins,  des  chaussées,  démolissent  des  maisons,  ensa- 
blent les  prairies.  Le  subdélégué  de  Montauban  annonce  que  l'Aveyron 
vient  d'inonder  six.  communes  de  Languedoc.  «  C'est  avec  chagrin,  dit-il, 
«  que  je  me  vois  obligé  de  vous  rendre  si  souvent  compte  des  ditfércns 
11  malheurs  dont  cette  province  a  été  accablée  depuis  plus  d'un  an.  » 

Le  contrôleur  général  ne  cesse  pas  d'être  assailli  de  demandes  de  secours. 
Madame  de  R.abaudy,  viguière,  se  plaint  que  son  château  des  Sept-Deniers, 
près  Toulouse,  a  été  fort  endommagé  par  l'inondation,  que  la  meilleure 
partie  des  bâtiments  est  renversée  ou  est  prête  à  tomber 5  que  les  murs  de 
clôture  sont  écroulés;  que  la  porte  du  grenier,  où  se  trouvaient  de  cent  qua- 
rante à  cent  soixante  sacs  de  blé,  a  été  entraînée  par  la  Garonne  ;  que 
trente-six  arpents  de  labourages  sont  gâtés.  Cependant  les  capitouls,  par 
jalousie  de  juridiction,  ne  voudront  pas  lui  rendre  justice  :  ils  sont  animés 
d'une  haine  héréditaire  contre  sa  famille,  à  cause  de  la  charge  de  viguier 

Esi'imjtlon    Je!    pertes    Je    Ricux     G-    Comminges,  Ingiiié,  Gaja,  Saint-Estcplie   Bcrsia,  Orssans,  Ri- 

toial   :    182847.  (Envoyée   parle   sieur  Combes,  bouisse,  Courtaiily,  Millas,  Cuinies,  GIbel,  Saint- 

subdélégué.)  Félix,  Labastide  Garde  ReiioiiX,  Tremoulet,  Gau- 

Noms  des  communes  :  Ayguejuntes,  Alzend,  Ar-  diès,    Leran,    Monlaudié,    Marqucin,    Cagniac, 

figat  &  Bajou,  Bérat,  Caslagnac,  Cazères,  C.isteras,  L.igarde   Lnuragais,   Saint-Michel,  Cintegabellc, 

Couladère,  Fabas,   Fousseret,  Gabre,  Graiens,  La-  Salles,  Peyrefitte,  Belesta  Lauragais,  Saint-Amans, 

tour,  Massabrac,  Montardit,  Monteils,  Montau-  Gourvieille,  la  Barthe,  Belflou,  Beauteville,  Moni- 

det  &  Mongazin,   Montaut,  Montagut,  Montes-  cla,    Payra,   Mohtauriol,    Calmont,    le    CazaI   des 

qui  eu,  Nescus,  Palaminy,  Pailhès,  Rieux,  Rimont,  Bailles,  Fanjaux,  La  vêla  net,  Vira,  Bruilhe,  Benais, 

Sainte-Croix,  Selx,  Saint-Sulpice,    Saint-Michel,  Ventenac,    Lemeruiel,    Malleaugnouas,    Fougax, 

Serizols,  Saint-Félix,  Tourtouze.  Barrineuf,  Mallegoude,  Regat,  Cayra,  Camon, 

Auribail,  Bedeille,  Capens,  Grazac,  Lavelanet,  Note  Ju  contrôleur  général.  —  On  ne  doit  pas 
Monjoy,  sans  estimation  &  ont  dit  que  leur  perte  s'attendre  qu'à  chaque  orage  qui  surviendra  dans 
a  été  si  considérable  qu'on  ne  sauroit  à  quoi  l'es-  un  diocèse  le  Roy  puisse  lui  accorder  une  dimi- 
tiraer.  nution  qui  absorberoit  dnns  peu  le  reste  des  un- 
État  Jes  commune!  atteintes  au  Jiocèse  Je  Mirepoix,  P»»'''""»  ^'  '••«  Province  '. 

pendant    le  mo.s   de   septembre  ,727.  (Envoyé  en  '  ^"""^  ^V  '^•"  ^  "'^"  ■>'  I'"'8"'''oc.  Arrêt 

f.  ._   a  ^"   conseil  d'Etat,  donné  à  Versailles  le  o  dé^em- 

levrier  1720;  :  '  ' 


bre  1727.  M.  Le  Pclctier,  rapporteur. 
'  Archives  nationales.  Papiers  du  conirâlen 

xni.  (-4 


Villautou,   Lafage,   Puichéric,  Cahusac,   le   Py, 
Plag.ie,  Roumengoux,  Fonters,  Saint-Benoît,  Ba-  ,  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  général. 


1728 


loio  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

qu'elle  possède  depuis  plus  de  deux  siècles.  Elle  est  obligée  de  faire  de 
p-randcs  dépenses  pour  soutenir  son  fils  dans  cette  charge  qu'elle  a  mise  sur 
sa  tôte  ;  elle  a  payé  une  taxe  considérable  pour  le  droit  de  joyeux  avène- 
ment. Le  ministre  en  écrit  à  l'intendant;  Saint-Maurice  promet  de  surveiller 
la  répartition,  «  mais,  ajoute-t-il,  Madame  de  Pvabaudy  soupçonnera  tou- 
«<   jours  qu'on  lui  a  tait  tort.  » 

Un  autre  jour,  M.  d'Armissan  fait  appel  aux  souvenirs  de  famille  du  car- 
dinal Fleury,  dont  les  ascendants  ont  siégé  à  côté  des  siens,  sur  les  fleurs  de 
lis,  à  Montpellier;  il  se  plaint  de  la  grêle,  des  inondations,  de  l'accroisse- 
ment des  impôts,  des  révolutions  de  la  propriété  foncière  '. 

Renvoi  au  ministre,  qui  s'informe  auprès  de  l'intendant.  «  M.  d'Armissan, 
«  réplique  Saint-Maurice,  est  un  gentilhomme  de  mérite  dont  les  terres  ont 
«  réellement  diminué  de  valeur  depuis  quelques  années,  mais  qui  n'est  pas 
«  bien  au  fait  du  gouvernement  des  affaires  de  la  Province.  Quant  à  ce 
«  qu'il  expose  que  les  terres  nobles  sont  passées  entre  les  mains  des  roturiers 
«  &  celles  des  roturiers  entre  les  mains  des  nobles,  le  fait  est  vrai,  mais  c'est 
(c  une  révolution  ordinaire  à  laquelle  il  n'y  a  point  de  remède...  Si  M.  d'Ar- 
«  missan  n'avoit  pas  négligé  les  réparations  de  la  rivière,  il  auroit  beaucoup 
«   moins  perdu  &  peut-être  rien^.  » 

Sur  la  fin  du  printemps,  nouveaux  orages;  le  20  mai,  il  tombe  une  si 
grande  quantité  de  grêle  dans  le  haut  Vivarais  que  les  blés,  qui  promettaient 
beaucoup,  sont  presque  entièrement  coupés  dans  plusieurs  communes,  les 
vignes  8<.  les  arbres  dépouillés;  l'Aude  sort  de  son  lit,  près  de  Narbonne,  &. 
inonde  toute  la  plaine  de  Coursan;  le  bataillon  du  régiment  Royal-Artille- 
rie, parti  de  Béziers  le  4  juin,  est  obligé  de  rétrogader  pour  laisser  écouler 
les  eaux. 

Le  g  août,  sept  communes  du  Vêlai  sont  cruellement  grêlées;  plusieurs 
torrents  débordent,  arrachent  les  arbres;  on  signale  des  hommes  6v  du  bétail 
noyé. 

Le  Noir,  juge-mage  de  Béziers,  écrit  :  «  l'état  où  j'ai  vu  la  campagne 
«  dans  un  voyage  que  je  viens  de  faire  m'a  touché  de  compassion;  le  mal 
«  est  monté  à  un  si  haut  degré  que,  quoique  les  bourgeois  soient  accablés 
«  de  garnisons,  on  ne  peut  parvenir  à  les  faire  paver...  le  soldat,  peu  accou- 
«  tumé  à  la  compassion,  en  a  été  touché...  il  y  a  des  communautés  entières 
«  qui  n'ensemenceront  pas  leurs  terres  cette  année.  /> 

Cependant  les  querelles  des  évêques  &  des  subdélégués  continuent.  A  Car- 
cassonne,  il  y  a  guerre  ouverte  &  Saint-Maurice  donne  au  ministère  des 
détails  assez  curieux  sur  cette  lutte.  Le  représentant  de  l'intendance  à  Car- 
cassonne  était  un  sieur  de  Murât,  ancien  juge-mage.  L'évêque  ayant  fait, 
en  1726,  des  démarches  un  peu  vives  contre  l'établissement  du  cinquantième, 
le  subdélégué  en  avertit  son  supérieur,  qui  fit  intervenir  la  Cour.  Là-dessus 

■  Pièces  justificatives,  n.  DCCCLVII,  col.  2141.  '  Archives  nationnifs.  Correspondance  du  contiô- 

leur  général.  Lettre  du  24  septembre  1728. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  loi  i 

grande  animositc.  Mais  la  querelle  venait  plus  encore,  d'après  Saint-Mau- 
rice, u  des  conseils  d'esprits  turbulens  »  qui  présentaient  à  l'évêque  «  tous 
«  les  appâts  d'un  gouvernement  despotique,  en  lui  inspirant  de  réunir 
«  l'autorité  temporelle  à  la  spirituelle.  Il  pense  véritablement  à  cette  réu- 
«  nion...  Il  a  actuellement  des  émissaires,  ses  grands  vicaires  ou  autres,  qui 
«  vont  dans  quelques  maisons  de  la  ville  où  ils  attirent  sous  différens  pré- 
«  textes  le  plus  grand  nombre  d'habitans  qu'ils  peuvent,  leur  présentent  un 
«  mémoire  tendant  à  demander  au  roi  d'établir  M.  l'évêque  chef  8<.  président 
«  du  conseil  de  ville  &  exigent  leurs  signatures'.  » 

Au  mois  de  novembre,  le  cardinal  Fleury  reçut  une  grande  lettre  signée 
seulement  :  les  rentiers  de  la  province  de  Languedoc,  &  contenant  des  accu- 
sations très-violentes  contre  la  gestion  des  Etats.  Les  auteurs  de  ce  réquisi- 
toire annonçaient  que,  pour  la  plupart,  ils  étaient  occupés  «  aux  nobles 
«  fonctions  de  la  magistrature  »  Se  que,  possédant  toute  leur  fortune  en 
rentes,  ils  avaient  été  durement  atteints  dans  leurs  intérêts  par  les  réductions 
successives  du  revenu.  Ils  affirmaient  hautement  que  les  deniers  du  Lan- 
rruedoc  étaient  mal  administrés. 

«  Depuis  quelque  temps,  disaient  les  rentiers,  on  emploie  tous  les  ans  un 
(I  argent  infini  en  indemnités,  gratifications  St  autres  dépenses  aussi  consi- 
i<  dérables  que  peu  nécessaires.  Il  n'y  a  qu'à  demander  ou  ])roposcr  pour  être 
('  accordé  ou  écouté...  Cependant,  pour  fournir  à  tous  ces  Irais  inutiles,  on 
<i  augmente  les  tailles  considérablement,  le  paysan  ne  peut  plus  les  payer, 
«  &  devenu  fermier  de  son  propre  héritage,  il  se  trouve  dans  la  dure  néces- 
<(  site  ou  de  l'abandonner,  ou  de  ne  le  cultiver  que  pour  le  profit  du  collcc- 
I'  teur;  cependant  des  remèdes  aussi  violens  que  ceux-là  pour  accroître  le 
«  revenu  de  la  Province  ne  peuvent  pas  durer;  on  a  beau  accabler  le  passan 
«  de  soldats  Se  de  garnisons,  on  ne  peut  tirer  de  lui  un  argent  qu'il  n'a  pas 
«  8<  que  de  mauvaises  récoltes  depuis  deux  ou  trois  ans  lui  ôtent  les  moyens 
e  d'avoir.  » 

Les  plaignants  déniaient  aux  membres  des  Etats  la  compétence  nécessaire 
pair  remplir  leurs  délicates  fonctions. 

«i  II  faudroit  que  ce  fussent  des  gens  habiles  Se  entendus  dans  les  affaires 
«  qui  en  réglassent  les  comptes  Se  qui  eussent  soin  (ju'on  en  administre  les 
«  finances  en  bons  pères  de  famille.  Messieurs  les  évêques  Se  les  barons  des 
«  Etats  de  cette  Province,  comment  sauroient-ils  les  régler?  Les  premiers 
«  ne  sont  au  fait  que  des  atfaires  de  l'Eglise  Se  des  matières  de  doctrine;  les 
«  seconds,  presque  tous  employés  au  service,  n'entendent  que  l'art  de  faire 
«  la  guerre  ou,  uniquement  occupés  pour  la  plupart  à  se  divertir,  ne  songent 
«  qu'à  prendre  des  plaisirs  de  toute  espèce;  Se  les  uns  Se  les  autres  ils  font  si 
«  mal  leurs  propres  atfaires  qu'ils  font  presque  tous  banqueroute  en  mou- 
«  rant;  comment  feront-ils  donc  celles  de  la  Province? 

«   Les  juges   naturels  des  comptes  de    la   Province   sont   Messieurs  de   la 

'  Archives  nationales.  Corre^pondcncc  du  contrôleur  gcnér:il.  Lettre  du  26  septembre  1728, 


.72S 


1728 


1729 


IOI2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  chambre  des  comptes  de  Montpellier...  Les  États  ne  veulent  point  qu'ils 
«  s'en  mêlent;  ils  sentent  bien  qu'on  ne  leur  laisseroit  pas  la  liberté  de 
<i  puiser  comme  ils  font  dans  les  coffres  de  la  Province,  Se  de  lui  faire  payer 
u   les  services  particuliers  qu'on  rend  aux  membres  qui  les  composent. 

<c  Oui,  Monseigneur,  le  mal  est  plus  grand  qu'on  ne  pense;  on  a  soin  de 
«  vous  le  cacher;  nos  cris  ne  vont  pas  jusqu'à  vous;  cependant,  c'est  un  mal 
«  qui  n'est  que  trop  réel...  Le  mal  empire  tous  les  jours  &  deviendra  incu- 
('  rable  si  on  n'y  met  prompt  remède,  en  ôtant  aux  évêques  &  aux  barons  le 
«  règlement  des  comptes,  sous  le  spécieux  prétexte  qu'un  pareil  détail  est 
«  au-dessous  d'eux...  Les  auteurs  de  la  lettre  souhaiteroient  pouvoir  y  mettre 
<(  leurs  seings  chacun  en  particulier,  mais  ils  craignent  avec  raison  d'irriter 
«  contre  eux  les  membres  des  Etats  qui  sont  puissants  8c  qui,  se  trouvant 
<c  dépositaires  de  leurs  biens,  pourroient  faire  tomber  sur  eux  les  effets  de 
«  leur  vengeance '.  » 

Pour  comble  de  disgrâce,  l'hiver  fut  encore  très-rude;  les  gelées  tuèrent  les 
vignobles  de  Gaillac,  qui  donnaient  lieu  à  un  commerce  d'exportation  consi- 
dérable en  Angleterre,  en  Hollande,  en  Danemark  &  dans  les  autres  Etats  du 
Nord  par  l'intermédiaire  des  marchands  de  Bordeaux. 

L'inondation  détruisit  en  partie  la  grande  chaussée  que  les  religieux  de 
Saint-Tibéry  avaient  élevée  au  mois  de  mai  1698  pour  contenir  le  débor- 
demeirt  de  l'Hérault,  &  dont  la  dépense  montait  à  plus  de  quarante  mille 
livres. 

Cet  endiguement  avait  une  importance  particulière,  parce  que  la  Province 
entretenait  sur  ce  point,  au  prix  de  six  mille  livres,  un  service  de  barques 
pour  le  passage  des  troupes.  L'abbaye  fit  réparer  ces  dommages  &  en  prit 
prétexte  de  solliciter  une  indemnité  des  États  de  lySi,  indemnité  qu'on  lui 
refusa,  les  réparations  ayant  été  faites  uniquement  pour  la  défense  de  ses 
terres*. 

Les  souffrances  furent  extrêmes  dans  les  montagnes  du  Gévaudan.  Le  pays 
fut  contraint  de  recourir  aux  greniers  établis  par  les  États.  Sur  l'ordre  de 
l'archevêque  de  Narbonne,  le  diocèse  de  Mende  envoya  un  commissionnaire 
à  Lunel  &  à  Beaucaire,  où  il  reçut,  en  onze  cent  treize  sacs,  deux  mille 
setiers  de  blé  de  Bourgogne  ou  de  mixture.  Les  Etats  décidèrent  que  le 
Gévaudan  payerait  ces  grains  au  prix  qu'en  avait  donné  la  Province  &.  qu'il 
achèverait  de  se  libérer  ait  dernier  terme  des  impositions  de  lySo.  Le  prix  de 
cette  fourniture  fut  arrêté  à  treize  mille  quatre  cent  cinquante-deux  livres 
sept  sous  trois  deniers,  outre  les  intérêts  de  cette  somme  à  raison  de  huit 
pour  cent  3. 

Cette  largesse  de  la  Province  devint  très-onéreuse  au  Gévaudan  par  suite 
de  l'élévation  des  frais  de  transport.  De  Lunel  Se  Beaucaire  jusqu'à  Mende  Se 
aux  autres  lieux  de  distribution,  la  route  était  longue  &  difficile,  Se  l'âpreté 

'  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  gc-  '  Procès-verbal  des  ICiats.   14  février  1732. 

lierai.  La    lettre   des    rentiers   de    la    province   de  '  Procès-verbal  des  États.  Séances  du  12  décem- 

Languedoc  est  du  21   novembre  1728.  bre   1729  &  du   i'"''  février  1731. 


LIV.   IV,   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  ioi3 

des  chemins  de  montagne  augmentait  sensiblement  la  dépense.  Malgré  la 
précaution  prise  par  l'intendant  de  taxer  les  journées  des  charrettes  &  des 
mulets  employés  au  transport,  Se  malgré  les  plus  grands  efforts  d'économie 
dans  les  divers  détails  de  l'opération,  ces  frais  montèrent  à  quatre  mille  cinq 
cents  livres,  sans  compter  ceux  des  entrepôts,  le  loyer  des  magasins,  les 
appointements  des  commissionnaires  &  les  pertes  occasionnées  au  diocèse  par 
l'insolvabilité  de  ses  débiteurs. 

C'est  le  i5  juin  1729  que  furent  livrés  les  blés  de  la  Province;  peu  de 
temps  après,  les  prix  baissèrent.  Cette  considération  détermina  les  Etats,  lors 
du  règlement  des  comptes,  à  se  relâcher  de  leurs  exigences  primitives  en 
réduisant  la  somme  à  dix  mille  livres  &  en  déchargeant  aussi  le  Gévaudan 
du  payement  des  intérêts. 

Un  nouveau  bréviaire  ayant  été  imprimé  à  Lyon,  à  l'usage  de  ce  diocèse 
&  de  tous  ceux  qui  se  conformaient  au  rite  romain,  on  y  introduisit,  en  l'hon- 
neur du  pape  Grégoire  VII,  l'antagoniste  acharné  des  empereurs  d'Allemagne, 
un  office  que  Clément  XI  avait  approuvé  pour  les  bénédictins  d'Italie,  &  qui 
renfermait  les  propositions  les  plus  catégoriques  en  faveur  des  prétentions  du 
Saint-Siège  au  gouvernement  temporel  de  la  chrétienté.  Non  content  d'exalter 
sans  réserve  tous  les  actes  politiques  de  ce  pontife  &  de  représenter  comme 
un  athlète  d'Israël  l'homme  qui  disait  :  «  Malheur  à  celui  qui  n'ensanglante 
«  pas  son  épée,  »  le  rédacteur  de  l'office  y  avait  donné  place  à  une  légende 
hautement  significative.  On  y  racontait  que,  dans  sa  première  enfance,  le 
jeune  Hildebrand,  ne  sachant  pas  encore  lire,  s'était  amusé  un  jour  à  disposer 
dans  un  ordre  mystérieux  quelques  copeaux  tombés  sous  la  main  d'un  artisan, 
&  que,  par  une  merveilleuse  prescience  qui  s'ignorait  elle-même,  il  en  avait 
tracé  la  prophétie  de  sa  grandeur  future  en  cette  parole  du  Psaume  :  «  Domi- 
«  nahitur  a  mari  usque  ad  mare,  il  dominera  de  l'une  à  l'autre  mer.  »  On  y 
ajoutait  que  le  Saint-Esprit,  sous  la  forme  d'une  colombe,  était  descendu  du 
ciel  pendant  que  Grégoire  VII  disait  la  messe,  &  s'était  reposé  sur  son  épaule 
en  lui  ombrageant  la  tête  de  ses  ailes.  Plus  loin,  on  le  représentait  assiégé 
dans  Rome  par  les  troupes  d'Henri  IV,  éteignant  d'un  signe  de  croix  l'in- 
cendie qu'avaient  allumé  les  soldats  de  l'empereur.  Les  actes  les  plus  excessifs 
de  son  pontificat  s'y  trouvaient  d'ailleurs  expressément  loués  8c  proposés, 
pour  ainsi  dire,  à  l'admiration  des  fidèles.  Ainsi,  l'on  y  félicitait  le  pape 
«  d'avoir  excommunié  &  privé  de  son  royaume  l'empereur  Henri,  qui  étoit 
«  tombé  dans  un  abîme  de  maux,  8<  d'avoir  absous  les  sujets  de  ce  prince  du 
«  serment  de  fidélité.  » 

Un  exemplaire  de  cet  office  ultramontain  arriva  jusqu'à  l'évêché  de 
Montpellier  8c  fut  mis  sous  les  yeux  de  M.  de  Croissy.  L'infatigable  prélat, 
toujours  ardent  à  la  lutte  81  d'ailleurs  aigri  par  le  concours  trop  effectif 
que  l'autorité  temporelle  prêtait  alors  en  France  aux  ressentiments  de  la 
Cour  romaine,  ne  laissa  point  échapper  cette  occasion  de  mettre  en  lumière 
les  théories  ambitieuses  qui  s'athnnaicnt,  à  chaque  ligne,  dans  la  légende 
de  Grégoire  VII. 


1729 


I 


i7ip 


1014  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Il  publia  k  Montpellier,  le  3o  juillet  1729,  un  mandement  expressément 
dirigé  contre  le  bréviaire  de  Lyon'. 

Il  y  établissait,  dès  les  premiers  mots,  les  bornes  infranchissables  qui  doi- 
vent séparer  le  sacerdoce  &  l'empire,  £<.  dont  il  retrouvait  l'origine  dans  la 
parabole  évangélique.  Il  déclarait  que  la  cité  de  Dieu  n'anéantissait  point  les 
devoirs  de  l'homme  envers  l'État,  8t  que  le  pape  Grégoire  VII  avait  outrepassé 
l'autorité  légitime  de  l'Eglise  en  disposant  des  couronnes  temporelles  8c  en 
déliant  les  sujets  du  serment  de  fidélité.  Répondant  au  texte  même  du  bré- 
viaire, qui  faisait  du  pape  Hildebrand  le  champion  le  plus  héroïque  de  la  foi 
depuis  les  Apôtres,  il  réfutait  cette  comparaison  par  l'histoire  des  deux  pre- 
miers Apôtres  eux-mêmes,  fondateurs  de  l'Eglise  de  Rome,  qui  avaient  tou- 
jours prêché  la  soumission  aux  puissances  temporelles.  Il  rappelait  la  doctrine 
des  quatre  articles  dressés  en  1682  par  l'assemblée  du  clergé  de  France,  dans 
un  esprit  directement  contraire  à  celui  de  Grégoire  VII*. 

Le  mandement  se  terminait  par  une  condamnation  formelle  du  nouvel 
office,  prononcée  «  après  avoir  pris  l'avis  de  plusieurs  docteurs  en  théologie 
«  &.  d'autres  personnes  distinguées  par  leur  savoir  &  leur  piété.  »  L'évêque 
condamnait  cette  «  feuille  imprimée  sans  autorité  »  comme  renfermant  «  une 
«  doctrine  séditieuse,  contraire  k  la  parole  de  Dieu,  tendant  au  schisme, 
«  dérogeant  à  l'autorité  souveraine  des  rois  8c  capable  d'empêcher  la  conver- 
»  sion  des  princes  infidèles  Se  hérétiques;  »  il  en  interdisait  l'usage  dans  son 
diocèse,  sous  les  peines  canoniques,  ordonnait  d'en  apporter  les  exemplaires 
au  secrétariat  de  l'évêché,  &  exhortait  son  clergé  k  demeurer  inviolablement 
attaché  k  la  doctrine  des  quatre  articles  de  1682. 

M.  de  Croissy  ne  s'en  tint  pas  Ik.  Six  mois  après  son  mandement,  le 
3i  décembre  1729,  il  écrivait  au  roi  une  longue  lettre,  qui  est  une  dénoncia- 
tion en  forme  de  la  légende  de  Grégoire  VIP, 

Depuis  le  premier  cri  d'alarme  de  l'évêque  de  Montpellier,  la  légende 
ultramontaine  avait  fait  grand  bruit  dans  le  monde.  Le  Parlement  de  Paris 
s'en  était  ému  8c  avait  défendu  de  la  recevoir  dans  l'étendue  de  son  ressort. 
Deux  autres  cours  souveraines,  celle  de  Bretagne  Se  celle  de  Metz,  avaient 
suivi  l'exemple  des  magistrats  de  Paris;  mais  tous  les  autres  Parlements  de 
France  demeuraient  muets,  8c  celui  de  Toulouse,  dont  l'attention  avait  dû 

'    M.Tiidement    de     Monseigneur    l'évesqiie     de  s.iire   pnur  la    pnix   publique,   &   autant   avanla- 

Montpelliei-,  portant  condamnation  d'une  feuille  geuse  à  l'Église  qu'à  l'État,  doit  être  tenue  comme 

imprimée  qui  contient  un  prétendu  office  pour  la  conforme  à   l'Écriture    sainte,    à    la    tradition   des 

fétc   de   Grégoire  VII.    (Euvrcs   de   M.   Colhert,    II,  Pères  de  l'Église,  &.  aux  exemples  des  saints.  » 
p.  5o(;.  (Le  mandement  est  contresigné  Cro^.)  '  Lettre  de  Monseigneur  l'évesque  de  Montpel- 

'  Lî   premier  article  porte  :  «  Que  les   rois  ne  lier  au  Roy,  dans  laquelle,  à  l'occasion  de  la   Lé- 

cont   soumis  à  aucune  puissance  ecclésiastique  p;ir  gciida  de  Grégoire  VII,  il   montre  combien    il   est 

l'ordre  de  Dieu  dans   les  choses   qui    regardent    le  nécessaire   de  s'opposer  nu   progrès  de   la  doctrine 

temporel;   qu'ils   ne  peuvent  être  déposés  directe-  ultramontaine,  &  qu'autant  que  les   principes  des 

ment  ni    indirectement  par  l'autorité  des  chefs   do  constitutionnaires  sont  favorables  à  cette  doctrine, 

l'Eglise;  que  leurs  sujets  ne  peuvent  être  exemiés  autant  ceux  des  appcUans  y  sont  contraires". 

de  la  soumission  qu'ils   Isur  doivent,  ou  dispensés  „,  ^     ,,  ^   ,, 

j      ,      _      .j     rj'i-    ■  ,         ■  ,  '  fiioTc;  .Yf  ,U.  Co/f'c'r;,  II,  p.  5i3.  —  La  lettre  est  datée 

du   serment  de  fidélité;   que  cette  doctrine,  néces-        de  Montpellier. 


LIV,   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV,  ioi5 

être  appelée  la  première  sur  les  nouveautés  doctrinales  de  l'office  lyonnais, 
n'avait  point  approuvé  par  un  arrêt  les  revendications  de  l'évêque  languedo- 
cien. M.  de  Croissv,  effrayé  du  rapide  envahissement  des  idées  romaines, 
croit  reconnaître  dans  la  nouvelle  publication  une  sorte  de  manifeste  des 
prétentions  de  la  papauté.  Il  la  rapproche  du  décret  de  condamnation  ful- 
miné récemment  contre  l'évêque  d'Auxerre  8t  des  mesures  oppressives  dont  la 
minorité  des  prélats  français  &  tous  les  pieux  ecclésiastiques  attachés  à  leur 
doctrine  sont  en  ce  moment  victimes,  S<.  il  y  reconnaît  les  marques  d'une 
conspiration  tramée  par  «  les  plus  fins  &  les  plus  adroits  politiques  qui  soient 
«  au  monde  »  pour  accroître  démesurément  l'autorité  personnelle  du  pape, 
dans  l'ordre  spirituel,  en  le  substituant  à  l'Eglise  entière,  &  dans  l'ordre  tem- 
porel en  lui  attribuant  la  libre  disposition  des  couronnes.  C'est  à  la  fois 
comme  évêque  &  comme  Français  qu'il  recourt  au  souverain,  malgré  le  peu 
d'accès  que  ses  ennemis  lui  ont  laissé  auprès  du  trône  Si  les  préventions  qu'on 
essaie  d'entretenir  contre  lui.  Il  signale  en  termes  pressants  l'ingratitude  de 
la  Cour  de  Rome,  entreprenant  de  faire  rendre  vin  culte  au  premier  pape  qui 
a  déposé  les  empereurs,  au  moment  même  où  Sa  Majesté  emploie  toute  sa 
puissance  à  taire  recevoir  dans  le  royaume  une  bulle  dont  les  conséquences 
ont  été  si  pernicieuses  à  la  paix  de  l'Eglise.  Il  montre  les  dangers  politiques 
créés  par  la  nouvelle  doctrine.  Ce  sont  les  maximes  de  la  Ligue  que  l'on  tend 
à  renouveler.  «  La  Ligue  a  enfanté  Jean  Châtel  &  Ravaillacj  les  opinions 
«  de  Grégoire  VII  ont  enfanté  la  Ligue.  » 

Il  affirme  que,  sous  Louis  XIV,  une  pareille  entreprise  n'eût  jamais  été 
hasardée.  Les  complaisances  journalières  de  la  royauté  pour  le  Saint-Siège 
8<.  le  progrès  croissant  des  opinions  ultramontaines  en  France  l'ont  rendue 
possible.  Il  est  temps  d'arrêter  une  politique,  qui  est  tour  à  tour  ouverte  ou 
dissimulée,  mais  qui  poursuit  sa  marche  sans  en  dévier  jamais.  Le  cardinal 
Bellarmin  cite  dix-huit  papes  qui,  depuis  Grégoire  VII,  ont  entrepris  dj 
déposer  les  rois,  £<  seize  ou  dix-sept  souverains  que  les  papes  ont  voulu 
dépouiller  de  leurs  Etats.  Dans  le  nombre,  on  compte  cinq  rois  de  France'. 
La  suprématie  temporelle  du  pape  est  hautement  proclamée  par  les  docteuri 
qui  sont  le  plus  en  faveur  à  la  Cour  de  Rome.  Baronius  traite  d'hérétiques 
ceux  qui  ont  rejeté  la  fameuse  bulle  de  Boniface  VIII  contre  Philippe  le  Bel. 
Bellarmin  donne  la  même  qualification  à  quiconque  refuse  au  pape  le  pou- 
voir divin  de  déposer  les  rois.  L'excommunication  suffit,  d'après  ces  fougueux 
avocats  du  sacré  collège,  pour  mettre  une  couronne  à  la  merci  de  la  papauté j 
6c,  pour  mériter  l'excommunication,  un  souverain  n'a  qu'à  refuser  de  faire  la 
guerre  quand  le  pape  l'ordonne  Se  que  le  bien  spirituel  de  l'Eglise  la  demande. 

Des  symptômes  caractéristiques  montrent  que  la  Cour  romaine  n'a  rien 
relâché  de  ses  prétentions.  Dans  un  bref  du  6  avril  i665,  Alexandre  VII  a 
condamné  comme  téméraire  &  scandaleuse  la  censure  que  la  faculté  de  théo- 
logie de  Paris  avait  infligée  à  Jacques  de  Vernant,  pour  avoir  osé  dire  que 

•  Philippe  I",  Philippe  le  Bel,  Louis  XII,  Henri  III  &  Henri  IV. 


1729 


loi 6  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Jésus-Christ  a  donné  à  saint  Pierre  &  à  ses  successeurs  la  même  autorité  qui 
lui  est  commune  avec  le  Père  Eternel.  Alexandre  VII  a  fait  plus  encore;  il  a 
menacé  le  roi  de  perdre  en  un  jour,  s'il  ne  faisait  révoquer  cette  censure,  la 
gloire  qu'il  s'était  acquise  en  réprimant  l'hérésie  de  Jansénius. 

Le  père  Jouvenci  a  écrit  dans  son  histoire  l'éloge  du  père  Guignard,  qui 
prêcha  jusqu'à  la  potence  le  droit  de  déposer,  de  combattre  &  même  de  tuer 
Henri  IV,  &  ce  livre  même  n'a  encouru  aucun  blâme  dans  la  Ville  éternelle, 
où  l'auteur  réside. 

M.  de  Croissy  énumère  quelques-uns  des  actes  les  plus  contraires  au  bien 
général  de  l'Eglise,  dont  cette  exagération  de  l'autorité  pontificale  a  été 
l'unique  origine  :  c'est  Paul  IV,  refusant  la  réunion  de  l'Eglise  d'Angleterre 
que  lui  offrait  Elisabeth,  parce  que  cette  reine  ne  voulut  point  reconnaître 
tenir  sa  couronne  du  Saint-Siège  5  c'est  Paul  V,  défendant  aux  catholiques 
anglais  de  prêter  le  serment  demandé  par  Jacques  I",  serment  qui  est  pure- 
ment conforme  au  premier  article  de  1682,  8t  qui  avait  été  approuvé  par 
soixante  docteurs  de  Sorbonne;  c'est  Innocent  X,  interdisant  aux  mêmes 
catholiques  de  souscrire  à  une  simple  déclaration  négative  au  Parlement,  dont 
lord  Fairfax  avait  fait  la  seule  condition  du  rétablissement  de  l'Église  catho- 
lique en  Angleterre;  c'est  Alexandre  VII,  traitant  d'hydre  renaissante  l'acte 
présenté  par  le  clergé  8<.  les  catholiques  d'Irlande  au  roi  Charles  II,  dans  un 
esprit  identique  à  celui  du  serment  de  Jacques  l". 

Remontant  aux  premiers  temps  de  l'Eglise,  l'évêque  y  cherche  vainement 
la  trace  de  ces  prétentions  ambitieuses.  Pendant  dix  siècles,  jusqu'au  pontificat 
de  Grégoire  VII,  pas  un  docteur  n'a  enseigné  qu'il  fût  au  pouvoir  des  papes 
de  déposer  les  empereurs;  &,  depuis  que  cette  doctrine  a  été  hasardée,  de 
combien  de  troubles  n'a-t-elle  pas  été  suivie! 

Traitant  la  question  théologique,  M.  de  Croissy  cherche  à  prouver  qu'à 
l'inverse  des  protestants  les  iiltramontains  s'égarent  comme  eux  en  faussant 
l'étendue  des  promesses  faites  par  le  Christ  à  ses  apôtres.  Les  réformés  amoin- 
drissent ces  promesses  outre  mesure  en  croyant  l'Église  catholique  tout  entière 
capable  d'erreur;  les  partisans  de  Rome  les  exagèrent  en  y  voyant  le  gage 
d'une  autorité  universelle  Se  en  les  prenant  pour  base  d'une  politique  obs- 
tinée à  constituer  le  pape  en  maître  absolu  de  l'Église  &  en  dispensateur  des 
couronnes. 

Outre  que  l'approbation  de  la  légende  de  Grégoire  VII  par  la  congréga- 
tion des  rites  81  par  le  Saint-Siège  a  coïncidé  avec  les  autres  démonstrations 
de  la  cour  de  Rome  en  faveur  de  l'autorité  personnelle  du  pape,  particuliè- 
rement avec  les  persécutions  dirigées  contre  les  défenseurs  de  l'ancienne 
doctrine  de  l'Église,  de  façon  à  rendre  indubitable  la  tactique  uniforme  du 
sacré  collège  &.  l'unité  de  plan  qui  a  présidé  à  ces  différents  desseins,  le 
prélat  signale  dans  l'abdication  volontaire  de  la  plus  grande  partie  de  l'épis- 
copat  français  une  chance  de  réussite  pour  les  vues  ambitieuses  de  la  papauté. 
Les  évoques  du  royaume,  qui,  malgré  la  résistance  de  quelques-uns  de  leurs 
confrères,  ont  accepté  la  bulle  Unigenkns,  se  sont  enlevé  à  eux-mêmes   le 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1017 

droit  de  mettre  obstacle  à  de  nouveaux  empiétements.  En  acceptant  comme 
une  loi  les  décisions  du  pape,  fortifiées  par  l'assentiment  d'un  grand  nombre 
d'évêques,  mais  non  de  l'autorité  d'un  concile  général,  les  prélats  constitu- 
tionnaires  ont  ouvert  la  France  aux  plus  dangereuses  maximes  de  la  politique 
ultramontaine.  Il  ne  dépendra  plus  d'eux  que  la  papauté  ne  ramène  les 
peuples  au  temps  où  Grégoire  VII  demandait  que  chaque  maison  en  France 
payât  au  moins  un  denier  par  an  au  Saint-Père,  à  titre  d'hommage  &  d'obéis- 
sance. 

Pour  garantir  le  royaume  de  cette  subversion  de  principes  dont  les  choses 
spirituelles  doivent  souffrir  autant  que  les  temporelles,  puisque  l'asservisse- 
ment des  consciences  marche  de  pair  avec  l'humiliation  des  couronnes, 
M.  de  Croissy  ramène  le  roi  aux  invariables  traditions  de  la  monarchie.  Il 
lui  montre  Charlemagne  faisant  poser  sur  l'autel  la  couronne  que  son  fils 
devait  porter,  &  lui  ordonnant  de  se  la  mettre  lui-même  sur  la  tète,  pour 
marquer  qu'il  ne  la  tenait  que  de  Dieu  seul;  il  lui  rappelle  les  remontrances 
des  États  généraux  à  Philippe  le  Bel,  requérant  le  roi  de  garder  «  la  souvc- 
«  raine  franchise  de  son  royaume,  &  déclarant  que  le  pape  Boniface  VIII  a 
<(  commis  péché  mortel  en  mandant  par  lettres  bullées  qu'il  étoit  souverain 
«  du  temporel.  » 

En  réponse  à  l'audacieuse  entreprise  de  la  Cour  de  Rome,  l'évêque  de 
Montpellier  sollicite  l'intervention  directe  de  la  royauté.  Que  l'héritier  de 
saint  Louis  demande  au  pape  la  suppression  de  l'office  de  Grégoire  VII,  avec 
une  déclaration  contenant  le  désaveu  formel  des  doctrines  qui  y  sont  ensei- 
gnées. Si  le  pape  refuse  à  la  monarchie  cette  légitime  satisfaction,  c'est  au  roi 
de  France,  c'est  à  tous  les  princes  chrétiens,  également  intéressés  dans  la 
querelle,  à  en  appeler  à  l'Eglise  universelle  convoquée  en  concile  général. 
En  attendant  cette  grande  manifestation  catholique,  seule  capable  de  rendre 
la  paix  au  monde  chrétien,  que  l'on  réunisse  une  assemblée  du  clergé  de 
France  où  soit  solennellement  renouvelée  la  déclaration  de  1682.  Ce  ne  sera 
pas  trop  d'une  pareille  démonstration  de  l'Église  nationale  pour  résister  au 
courant  ultramontain  qui,  chaque  jour,  devient  plus  puissant  &.  plus  dan- 
gereux. 

Déjà  l'autorité  de  ces  maximes  gallicanes,  que  le  chancelier  Le  Tellier 
aurait  voulu,  dit-on,  faire  enseigner  aux  enfants  dans  la  moindre  école  de 
village,  est  singulièrement  amoindrie  en  France.  On  n'exécute  plus  l'édit  de 
mars  1682,  qui  prescrivait  de  faire  signer  la  déclaration  du  clergé  à  qui- 
conque voulait  enseigner  la  théologie  dans  les  collèges  des  universités.  Le 
royaume  est  inondé  d'une  multitude  infinie  de  jésuites  &  de  religieux 
dévoués  aux  prétentions  ultramontaines.  «  Je  les  regarde  à  cet  égard,  dit 
«  M.  de  Croissy,  comme  des  troupes  que  le  pape  met  en  garnison  dans 
«  toutes  nos  villes  8c  nos  campagnes  à  nos  dépens.  Ils  dirigent  la  conscience 
K  de  la  plus  grande  partie  des  membres  de  l'État...  Tous  ces  religieux  font 
«  du  pape  une  espèce  de  divinité...  N'avoir  pas  pour  ses  décisions  une 
"  obéissance  aveugle,  c'est  le  seul  crime  qu'ils  jugent  digne  d'être  puni,  le 


1729 


n^<J 


1018  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  seul  en  général  pour  lequel  ils  croient  devoir  refuser  l'absolution,  »  Ils  ont 
inventé,  par  la  plume  de  l'ancien  évoque  d'Apt,  un  nouveau  jargon  pour 
distinguer  deux  Églises  dans  l'Église  :  l'Église  décidante,  qui  est  renfermée 
dans  la  personne  du  pape,  &  l'Eglise  acceptante  dans  celle  des  évêques. 

En  présence  de  ces  nouveautés,  le  prélat  demande  pourquoi  le  manuscrit 
de  Bossuet,  composé  pour  la  défense  de  la  fameuse  déclaration,  demeure 
inédit  dans  la  bibliothèque  du  roi.  «  Seroit-il  possible  que  les  presses  du 
«  Louvre  eussent  servi  au  père  Hardouin  pour  son  édition  des  Conciles,  81 
((  qu'un  ouvrage  fait  pour  la  défense  des  libertés  de  l'Eglise  gallicane  par  le 
(I  plus  savant  évêque  que  nous  ayons  eu  ne  pût  voir  le  jour!  «  En  même 
temps,  l'évêque  sollicite  la  protection  du  roi  en  faveur  de  VHistoire  ecclésias- 
tique de  l'abbé  Fleury.  Depuis  la  mort  de  ce  pieux  auteur,  si  justement 
respecté  de  son  vivant,  la  calomnie  s'acharne  contre  son  œuvre.  Elle  a  été 
l'objet  de  particulières  dénonciations.  On  l'a  accusée  d'être  «  le  triomphe  du 
«  tolérantisme,  de  l'hérésie  &  du  libertinage,  »  8c  M.  Stevart,  doyen  de  la 
métropole  de  Malines,  en  reprochant  au  continuateur  de  l'abbé  Fleury 
d'avoir  «  loué  à  outrance  les  quatre  articles  »  n'a  pas  craint  d'ajouter  que 
Louis  XIV  voulait  ensevelir  dans  un  éternel  oubli   la   fameuse  déclaration. 

«  Votre  Majesté  le  voit,  continue  M.  de  Croissy.  Le  complot  est  formé. 
<i  On  ne  veut  pas  qu'il  nous  reste  un  seul  livre  où  vos  sujets  puissent  s'ins- 
«  truire  des  droits  de  la  couronne  8<.  de  l'obéissance  inviolable  qu'ils  doivent 
«  à  leur  souverain.  » 

Ainsi  la  cause  des  évêques  appelants,  derniers  adversaires  des  exagérations 
viltramontaines,  est  en  même  temps  celle  de  la  monarchie,  où  leurs  persécu- 
teurs cherchent  pourtant  à  les  poser  en  séditieux  Se  en  rebelles.  M.  de  Croissy, 
au  nom  de  tous  ceux  dont  il  défend  la  cause,  proteste  de  son  invariable  fidé- 
lité, &,  présentant  aux  yeux  du  roi  le  tableau  des  souffrances  qu'endure  la 
minorité  proscrite,  il  appelle  sur  elle  la  bonté  &  la  justice  du  souverain.  Il 
demande  que  les  appelants  soient  affranchis  de  ces  tribunaux  d'exception 
qui  les  condamnent  sans  les  entendre  81  rendus  à  la  juridiction  des  juges 
ordinaires,  comme  tous  les  autres  sujets  du  roi. 

«  De  cette  multitude  de  personnes,  dit-il,  qui  sont  bannies,  exilées, 
((  emprisonnées  pour  le  prétendu  jansénisme,  il  n'y  en  a  point  qui  souffre 
((  aucun  de  ces  mauvais  traitemens  pour  avoir  succombé  devant  les  tribu- 
<c  naux  ordinaires.  »  Bien  loin  de  là,  quelques-uns  ont  obtenu  des  parle- 
ments des  arrêts  de  défense  pour  les  mettre  à  couvert  des  injustices  de  ceux 
qui  les  poursuivent,  8t  la  cour  de  Paris  a  même  adressé  des  représentations 
récentes  à  cet  égard.  Pourquoi  cette  dérogation  aux  règles  générales  de  la 
justice  du  royaume.  Est-ce  défiance  des  magistrats? 

«  Toutes  les  parties  de  la  France,  poursuit  le  prélat,  sont  pleines  de  ces 
«  hommes  dont  l'état  parle  pour  eux-mêmes...  Chassés  de  leur  patrie,  privés 
«  de  leurs  emplois  8<.  de  leurs  bénéfices,  renfermés  dans  la  captivité...  ils 
«  habiteroient  au  milieu  de  leur  peuple  s'ils  avoient  eu  pour  juges  ceux  qui 
«   le  sont  des  criminels  publics.  Qu'il  est  triste  à  des  évêques,  à  des  prêtres, 


lyiy 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1019 

«  a  des  docteurs,  à  des  religieux  d'être  obligés  d'envier  à  cet  égard  l'avantage 
«  qu'ont  au  moins  les  assassins  Se  les  voleurs!  » 

L'évêque  de  Montpellier  termine  sa  lettre  en  exprimant  l'espérance  que 
Sa  Majesté  ne  fermera  pas  l'oreille  aux  prières  des  plus  soumis  &  des  plus 
dévoués  de  ses  sujets,  qui  demandent  seulement  l'accès  des  tribunaux  ordi- 
naires, la  cessation  des  voies  de  fait,  des  interdictions  8c  des  évocations,  si 
fréquemment  condamnées  par  des  ordonnances  solennelles,  en  un  mot  la 
liberté  8c  les  règles.  C'est  en  exauçant  des  vœux  si  légitimes  que  le  prince 
obtiendra  la  protection  de  Celui  qui  s'appelle  le  fidèle  6-  le  véritable,  qui 
juge  £•  qui  combat  avec  justice. 

Les  démonstrations  de  l'évêque  de  Montpellier  contre  la  légende  de  Gré-  [7J7 
goire  VII,  8c  surtout  sa  lettre  au  roi,  obtinrent  en  France  une  large  8c  rapide 
publicité.  D'une  part,  tous  ceux  qui,  dans  le  royaume,  ecclésiastiques  8c 
séculiers,  étaient  sincèrement  attachés  à  la  doctrine  du  prélat,  s'empressèrent 
de  répandre  un  écrit  où  ils  trouvaient  exprimés,  dans  un  langage  ferme  8c 
vigoureux,  leurs  sentiments  personnels  8c  la  protestation  de  leur  conscience; 
Se  d'un  autre  côté,  les  hommes  qui  professaient  à  l'endroit  de  l'Eglise  offi- 
cielle, ou  même  du  catholicisme  tout  entier,  des  opinions  d'hostilité  plus 
générale,  se  firent,  comme  d'habitude,  les  auxiliaires  complaisants  de  cette 
diffusion,  heureux  de  tourner  à  leur  profit  les  traits  d'amertume  8c  les  accu- 
sations peu  déguisées  de  l'évêque  languedocien. 

Mais  la  majorité  du  corps  épiscopal  fut  surtout  en  grande  émotion.  Jus- 
qu'à ce  moment,  les  prélats  constitutionnaires  avaient  usé  8c  abusé  de  leur 
inHuence  prépondérante  dans  les  conseils  du  roi,  à  la  fois  pour  accélérer  leur 
propre  avancement  8c  pour  précipiter  la  ruine  de  leurs  adversaires.  La  nou- 
velle publication  les  jetait  dans  une  perplexité  étrange,  en  créant  pour  eux 
1  alternative  périlleuse  de  déplaire  au  pape  ou  d'éveiller  les  susceptibilités  de 
la  couronne.  Aussi  put-on  prévoir  que  la  question  inopinément  soulevée  par 
M.  de  Croissy  fournirait  matière  à  de  longues  8c  difficiles  discussions  dans 
l'assemblée  du  clergé  de  France,  dont  la  convocation  avait  été  fixée  aux  pre- 
miers jours  du  mois  de  juin. 

Avant  la  réunion,  le  cardinal  Fleury  trouva  l'occasion  de  s'expliquer  avec 
l'archevêque  de  Paris  sur  les  doctrines  ultramontaines  en  fait  de  pouvoir 
temporel,  que  l'évêque  de  Montpellier  attribuait  aux  défenseurs  de  la  bulle 
Unigenitus,  Se  M.  de  Vintimille  lui  donna  l'assurance  que  tous  ses  confrères 
désavouaient  hautement  les  principes  incriminés.  Il  fut  même  question 
d'adresser  une  lettre  circulaire  à  tous  les  évêques  de  France,  pour  leur  recom- 
mander d'interdire  la  légende  dans  leurs  diocèses,  8c  l'on  parla  d'engage- 
ments formels  pris  avec  M.  de  Vintimille,  à  l'effet  de  supprimer  l'office  de 
Grégoire  VII. 

Un  seul  prélat  représentait  le  pays  de  Languedoc  dans  l'assemblée  géné- 
rale du  clergé  :  c'était  l'évêque  de  Nimes,  Rousseau  de  la  Parisière,  délégué 
de  la  province  de  Narbonne,  voisin  8c  antagoniste  acharné  de  M.  de  Croissy, 
les  provinces  d'Albi  8c  de  Toulouse  ayant  député  deux  évêques  de  Guienne, 


ly'ia 


I020  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

M.  de  la  Vove  de  Tourouvres,  évêque  de  R.odez,  &  Charles-Guillaume  Mau- 
peou,  évêque  de  Lombez".  L'abbé  de  Foiitfroide,  Cossé-Brissac^,  grand  vicaire 
de  Lyon,  fut  nommé  agent  général,  8c  l'assemblée  choisit  pour  son  secrétaire 
un  prêtre  du  diocèse  de  Béziers,  l'abbé  de  Valras,  vicaire  général  de  l'arche- 
vêque de  Cambrai^. 

On  avait  déféré  au  cardinal  Fleury,  par  voie  de  postulation,  la  présidence 
honoraire  de  l'assemblée.  Le  cardinal-ministre  accepta  l'hommage  &  se  rendit, 
le  g  juin,  au  couvent  des  grands  augustins,  où  il  fut  solennellement  reçu. 
Dans  la  harangue  de  remerciement  qu'il  adressa  au  clergé,  il  effleura  néces- 
sairement la  grande  question  des  appelants,  qui,  depuis  tant  d'années,  agitait 
l'Église  &  le  royaume,  mais  ce  fut  pour  prêcher  la  modération  8c  la  réserve, 
tout  en  se  montrant  ouvertement  favorable  aux  opinions  de  la  majorité.  Il 
recommanda  «  d'éloigner  jusqu'au  plus  léger  prétexte  de  division,  de  n'avan- 
(i  cer  comme  certain  que  ce  qui  étoit  incontestablement  reçu  pour  tel,  Se  de 
«  ne  pas  prétendre  assujettir  les  autres  à  ce  qui  n'est  que  simple  opinion.  » 
Il  termina  par  une  allusion  directe  à  la  lettre  de  Montpellier  8t  prononça, 
au  sujet  des  devoirs  politiques  de  l'épiscopat  français,  quelques  phrases  qui 
étaient  une  véritable  mise  en  demeure  aux  membres  de  l'assemblée  d'avoir  à 
désavouer  en  termes  exprès  les  sentiments  par  trop  romains  que  l'on  prêtait 
au  premier  ordre  ecclésiastique.  «  Personne  n'ignore,  dit-il,  avec  quel  artifice 
«  8c  quelle  mauvaise  foi  les  novateurs  cherchent  à  répandre  d'injustes  soup- 

«  çons  contre  le  clergé  de  France »  11  traita  les  principes  ultramontains 

d'opinions  «  aussi  injurieuses  au  pouvoir  temporel  de  nos  rois  qu'opposées 
«  aux  anciennes  maximes  que  les  évêques  de  France  avoient  dans  tous  les 
«  siècles  si  constamment  défendues,  »  8c,  en  déclarant  qu'il  ne  voyait  là 
qu'une  «  indigne  accusation  sans  vraisemblance,  »  il  donna  à  comprendre 
qu'il  était  de  l'honneur  du  clergé  de  s'expliquer  sur  cette  calomnie  d'une 
manière  à  fermer  la  bouche  aux  accusateurs  8c  à  déconcerter  leur  malignité. 

M.  de  Vintimille,  dans  sa  réponse,  rappela  au  cardinal  leurs  entretiens 
particuliers,  8c  lui  donna  de  nouveau  l'assurance  que  l'assemblée  ne  se  sépa- 
rerait point  sans  donner  au  roi  une  explication  satisfaisante. 

M.  de  Croissy,  qui,  grâce  à  d'activés  correspondances,  suivait  du  château 
de  la  Vérune  tout  ce  qui  se  préparait  dans  les  bureaux  du  clergé  Se  dans  les 

'  Procès-verhaux   des    assemblées    du    clergé    de  '  Emmanuel-Henri -Timoléon  de  Cossé  de  Bris- 

France,  VU.   —    Les    députés     du     second    ordre  sac,  docteur  de  Sorbonne,  aumônier  du   roi,  abbé 

étaient  :  pour  la   province  de   Narbonne,  Charles  de    Notre-Dame    de    Fontfroide   &   de    la    Sainte- 

de    Pérussy,   sous-diacre    du    diocèse    d'Avignon,  Trinité   de   Fécamp,  prieur  de   Saint-Rambert  en 

chanoine  d'AIais;   —    pour   la    province    d'Albi,  Forez. 

Antoine-Cleriadus  de  Choiseul-Beaupré,  sous-dia-  '  Henri-Constance     de    Lort    de    Sérignan    de 

cre  du  diocèse  de  Langres,  bachelier  en   théologie  Valras,    docteur    en    théologie    de    la    Faculté    de 

de   la    Faculté   de    Paris,    chanoine   de    l'Eglise   de  Paris,  maison   &  société   de   Sorbonne,  abbé   com- 

Mende;  —  pour  la    province   de  Toulouse,   René  inendataire     de     l'abbaye    de     Paimpont,    pourvu 

de   Sesmaisons,   prêtre,  aumônier  du    roi,  abbé  de  de  deux  chapelles   nommées   l'une   de  Texieres  £t 

Saint-Clément  de  Metz,  prieur  de  l'Herm  d'Aigas,  l'autre   de   Mauvoyers,   desservies    en    l'église    pa- 

au  diocèse  de  Toulouse,  vicaire-général  de  l'évéque  roissiale  du   bourg  de  Coupéchanières,   au   diocèse 

de  Poitiers.  de  Luçon. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  loîi 

salons  de  Madame  de  Tencin,  lieu  ordinaire  des  réunions  épîscopales,  soup- 
çonnait de  grandes  violences,  même  des  voies  de  fait  projetées,  Se  s'inquiétait 
de  voir  siéger  dans  l'assemblée  quelques-uns  de  ses  plus  déterminés  adver- 
saires :  l'évêque  de  Nimes  d'abord,  qu'il  regardait  comme  l'âme  de  toutes  les 
hostilités;  l'évêque  de  Marseille,  François-Xavier  de  Belsunce,  qui  soutenait 
en  ce  moment  même  contre  lui  une  polémique  très-ardente,  Si  les  trois  évê- 
ques  d'Autun,  de  Glandèves  8c  de  Grenoble,  qui,  en  prenant  part  au  concile 
d'Embrun  8<.  à  la  condamnation  de  l'évêque  de  Senez,  avaient  donné  des 
preuves  de  leurs  dispositions.  Il  fondait  seulement,  sur  la  bonne  volonté  de 
l'archevêque  de  Sens,  quelques  espérances  qu'atténuaient  journellement  les 
nouvelles  de  la  santé  de  ce  prélat,  de  plus  en  plus  compromise'.  Faute  de 
champions  sérieux  dans  l'assemblée,  l'évêque  de  Montpellier  songeait  déjà  à 
se  mettre  en  défense.  Le  7  août,  il  écrivit  de  la  Vérune  aux  avocats  du  Parle- 
ment de  Paris,  qui  s'étaient  démontrés  en  faveur  des  évêques  de  Senez  & 
d'Auxerre,  pour  leur  demander  conseil  sur  la  conduite  à  tenir  en  vue  de  pré- 
venir toute  délibération  préjudiciable  à  sa  doctrine,  ou  de  se  pourvoir  contre 
de  telles  mesures  si  elles  aboutissaient. 

Le  lendemain  même  du  jour  où  partait  cette  lettre,  la  première  attaque  se 
démasqua.  Ce  fut  l'évêque  de  Nimes  qui  la  conduisit.  M.  de  la  Parisière, 
qui,  le  jour  de  l'ouverture  des  séances,  avait  prêché  un  sermon  dont  l'arche- 
vêque de  Paris  loua  l'éloquence  &  la  vigueur,  fît  un  rapport  sur  la  demande 
de  concile  métropolitain,  dont  la  province  de  Narbonne  l'avait  chargé. 

Après  quelques  considérations  générales  sur  l'utilité  de  ces  assemblées,  sur 
l'ancienneté  de  leur  tradition  dans  la- monarchie  &  les  regrets  qu'éprouvait  le 
clergé  de  France  d'avoir  vu  abandonner,  dans  le  cours  du  siècle  précédent, 
la  périodicité  de  ces  réunions,  l'évêque  de  Nimes  décocha  quelques  traits 
contre  le  jansénisme,  «  cette  hérésie  si  constamment  foudroyée,  cette  hérésie 
«  également  artificieuse  &  indocile,  qui,  tant  de  fois  renaissante,  repliée 
«  chaque  jour  en  tant  de  formes,  si  féconde  8c  si  inépuisable  en  subterfuges, 
«  8c  toujours  forcée  dans  ses  retranchemens  par  autant  de  victoires  complètes 
«  qu'elle  a  hasardé  d'entreprises,  ne  subsiste  que  dans  une  invincible  obsti- 
«   nation  de  quelques  esprits  déterminés  à  tout  tenter.  » 

11  fit  le  tableau  le  plus  sombre  de  l'état  des  esprits  en  France,  dénonçant 
l'indocilité  des  peuples,  autrefois  fidèles,  le  scandale  des  simples,  l'oubli  8c  le 
mépris  de  toutes  les  pratiques  de  piété,  l'anéantissement  de  toute  subordina- 
tion, l'esprit  d'incrédulité  prenant  absolument  le  dessus,  8c  il  n'hésita  point, 
selon  l'usage,  à  rejeter  sur  les  «  novateurs  »  la  responsabilité  de  ce  grand 
désastre.  Venant  au  mandat  spécial  qu'il  avait  reçu  de  sa  province,  il  rappela 
que  cinq  ans  auparavant  des  démarches  s'étaient  faites  dans  le  même  but, 
avec  l'adhésion  8c  l'appui  de  l'assemblée  du  clergé.  Il  n'oublia  pas  de  se  pro- 
noncer, en  passant,  sur  l'inutilité  d'un  concile  œcuménique,  l'état  de  la  foi, 

'  «  J'appris  hier,  écrivait  M.  de  Croissy  à  l'évê-       lui  prolonger  les  jours  encore  quelijiie  temps.  Vous 
que  d'Auxerre,  <]ue  M.  de  Sens  ne   se   porte   pas       en  devinez  la  raison.  » 
bien  &  qu'il  ne  sauroit  aller  loin.  Je  prie  Dieu  de 


1730 


i73o 


1012  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

très-décîdéc,  ne  l'exigeant  pas  8c  défendant  même  de  le  réclamer  comme  néces- 
saire; 8<.  en  exposant  les  besoins  particuliers  de  la  province  de  Narbonne, 
dont  les  principaux,  ceux  du  moins  que  l'on  avouait,  étaient  le  régime  des 
protestants  &  la  nécessité  d'établir  une  discipline  uniforme  pour  les  baptêmes, 
les  mariages  8c  les  sépultures  des  non-catholiques,  il  trouva  l'art  d'attribuer 
aux  «  conjonctures  présentes  »  l'éloignement  de  plus  en  plus  marqué  dont  les 
nouveaux  convertis  faisaient  preuve  à  l'égard  du  catholicisme,  8c  de  rappeler, 
par  une  incidente  expressive,  les  succès  récents  qu'avait  obtenus  dans  l'Eglise 
l'assemblée  célèbre,  flétrie  par  les  jansénistes  du  nom  de  brigandage  d'Em- 
brun. Quelques  phrases  laissaient  poindre  l'espérance  d'un  concile  national 

destiné  à  «  fixer  dans  tout  l'épiscopat  l'unité  de  vigilance  Se  d'action » 

((  La  censure  de  quelques  coupables,  poursuivait  l'évêque,  est  la  sauvegarde 
«  de  l'innocence.  »  Cette  courte  déclaration  8c  le  souvenir  du  concile  d'Em- 
brun, qui  avait  condamné  l'évêque  de  Senez,  donnaient  le  secret  des  causes 
réelles  qui  avaient  inspiré  la  demande  de  concile.  Ainsi,  M.  de  la  Parisièrc, 
sans  prononcer  un  mot  qui  fût  directement  contraire  a  ses  devoirs  personnels 
envers  son  collègue  de  Languedoc,  avait,  en  réalité,  ouvert  la  campagne,  £c 
préludé,  par  une  sorte  de  réquisitoire  voilé,  à  tous  les  actes  d'hostilité  qui  ne 
devaient  pas  tarder  à  se  produire. 

L'assemblée,  après  une  allocution  favorable  de  l'archevêque  de  Paris, 
accorda  l'insertion  de  la  demande  au  cahier  de  l'année  8c  prescrivit  qu'il  en 
serait  fait  mention,  devant  le  roi,  dans  le  discours  de  clôture.  Alors,  M.  de 
Vintimille,  reprenant  sa  harangue,  aborda  ouvertement  le  sujet  qui  préoccu- 
pait tous  les  esprits,  mais  non  sans  l'envelopper  encore  de  précautions  ora- 
toires :  «  11  n'y  a,  dit-il,  aucun  de  Messeigneurs  ni  de  Messieurs  les  députés 
«  qui  n'ait  entendu  parler  d'une  lettre  adressée  au  roi  sous  le  nom  de  Moi\- 
<(  seigneur  l'évêque  de  Montpellier.  La  considération  que  j'ai  pour  ce  prélat 
«  ne  me  permet  pas  de  croire  que  celte  lettre  soit  de  lui;  mais  l'aftectation 
<(  qu'on  a  eue  de  la  répandre  demande  qu'on  en  prenne  connoissance.  »  La 
question  fut  renvoyée  aux  commissaires  de  la  juridiction. 

L'évêque  de  Nimes  faisait  partie  de  la  commission  juridictionnelle;  mais  il 
s'effaça  discrètement  8c  refusa  de  siéger  au  bureau  pour  juger  son  cosuffra- 
gant.  Ce  fut  l'archevêque  de  Bordeaux,  François-Honoré  de  Maniban,  qui 
lut  le  rapport.  Il  dénonça,  au  nom  de  ses  confrères,  «  l'esprit  de  révolte  Se  de 
«  schisme,  on  pourroit  même  dire  d'hérésie,  »  qui  éclatait  à  chaque  ligne  dans 
la  lettre  de  Montpellier,  déclara  toute  la  compagnie  atteinte  par  cette  injure, 
8c  obligée  de  se  défendre  à  la  Cour  des  soupçons  d'infidélité  qu'on  cherchait 
à  répandre  contre  elle.  Un  projet  de  lettre  au  roi  fut  présenté. 

La  missive  épiscopale,  soigneusement  élaborée  par  les  théologiens  de  la 
compagnie,  fut  mise  au  net  Se  lue  en  séance  le  ii  septembre.  Il  était  d'usage 
que  les  lettres  écrites  en  corps  par  l'assemblée  du  clergé  de  France  fussent 
seulement  signées  du  président  Se  du  secrétaire;  mais,  à  cause  de  l'importance 
du  sujet,  on  résolut  de  déroger  à  la  tradition,  8c  afin  de  donner,  s'il  était 
possible,  un  caractère  plus  authentique  Se  en  même  temps  plus  individuel  à 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV. 


I023 


l^'io 


l'exposé  des  sentiments  de  l'épiscopat  hançais  sur  une  matière  aussi  intéres- 
sante pour  la  religion  que  pour  le  service  du  roi,  tous  les  assistants  signèrent. 
Il  y  avait  cinq  archevêques,  ceux  de  Paris,  de  Rouen,  de  Bourges,  d'Aix  Se 
de  Bordeaux,  neuf  évoques,  ceux  de  Léon,  de  Marseille,  de  Rodez,  de 
Lombez,  de  Glandève,  d'Aire,  d'Autun,  de  Boulogne  Se  de  Grenoble,  &  dix- 
neuf  abbés,  députés  du  second  ordre'. 

Le  vieil  archevêque  de  Sens,  Bouthilier  de  Chavigny,  avait  seul  refusé  de 
s'associer  aux  démarches  de  l'épiscopat.  Abattu  &  malade,  malgré  le  haut 
rang  qu'il  occupait  dans  l'assemblée  dont  il  était  un  des  seconds  présidents, 
il  n'avait  pas  eu  l'énergie  de  résister  au  courant  &  s'était  retiré  dans  son  dio- 
cèse, chargeant  l'abbé  de  Chamron,  député  de  sa  province^,  de  présenter  ses 
excuses  à  la  com.pagnie. 

Au  nombre  des  signataires,  un  seul  devait  causer  à  M.  de  Croissy  une  dou- 
loureuse surprise;  c'était  l'évêque  de  Rodez,  M.  de  Tourouvres,  sur  l'amitié 
&  la  constance  duquel  il  croyait  pouvoir  compter^. 

L'archevêque  de  Bordeaux,  les  évêques  d'Aire,  d'Autun  &  de  Boulogne,  &(. 
les  abbés  de  Montferrand,  d'Estoublon  ,  de  Néel  8c  de  Sesrnaisons,  furent 
chargés  de  présenter  la  missive  au  roi,  ce  qu'ils  firent  à  Versailles  le  i3  sep- 
tembre, conduits  par  le  cardinal-ministre  en  personne. 

Cette  lettre,  conçue  en  termes  amers,  trahissait  une  sorte  de  lassitude  en 
même  temps  qu'une  animosité  profonde  contre  l'évêque  de  Montpellier. 

Elle  rangeait  son  dernier  écrit  au  nombre  des  manœuvres  que  la  licence  8c 
la  mauvaise  foi  faisaient  entreprendre  pour  renverser  le  jugement  de  l'Église; 
elle  accusait  le  prélat  d'avoir  cherché,  par  sa  lettre  téméraire  8i  séditieuse, 
répandue  avec  affectation  dans  le  public,  à  décrier  auprès  du  souverain  le 
premier  ordre  de  l'État.  E'.lle  lui  reprochait  d'emprunter  aux  auteurs  protes- 
tants les  faits  Si  les  termes  les  plus  odieux  pour  ébranler  la  foi  religieuse  des 

'  Voici  les  noms  des  signataires  de  la   lettre  au       Montferrand,  Vaulserrc,  Maiigiron,  Brissac,  Val- 


Arclievêques  :  Paris,  Chnrlcs-Gaspnrd-Giiillaiime 
de  Vintimille;  —  Rouen,  Louis  de  la  Vcrgne  de 
Tressan;  —  Hourges,  Fiédéric-Hiérôme  de  Roye  de 
la  Rochefoiitaultj  — Âix,  Jean-Baptiste-Antoiue 
de  Brancas;  —  Bordeaux j  François- Honoré  de 
M  a  n  i  ba  n . 

Evèques  :  Léon,  Jean-Louis  de  la  Bourdonnayej 

—  Marseille,  François-Xavier  de  Beisunce  de  Cas- 
tclmoron;  —  Roilc^,  Jean-Armand  de  la  Vovc  de 
Tourouvres;  —  Loniie^,  Charles- Guillaume  de 
Maupeou;  —  GlanJève,  Dominique-Laurent  de 
Grillon;  —  Jire,  Gilbert  de  Montmorin  de  Saint- 
Hérem;  —  Autun,  Antoine-François  Blisterstvich 
de   Moncley;  —  Boulogne,   Jean-Marie   Hcniiau; 

—  Grenoble,  Jean  de  Caulet. 

Abbés  de  Cosnac,  Chamron,  Néel,  Coetloscguet, 
Castellanc,  Basterot,  Marbeuf,  Estoublon,  Pérussy, 
Ghoiseul,  Sesmaisons,   Hugues,  Kerdu,   Marnésia, 


'  Nicolas  de  Vichy  de  Chamron,  sous-diacre  du 
diocèse  de  Paris,  bachelier  en  théologie  de  la  Fa- 
culté de  Paris,  abbé  commendataire  de  l'abbaye 
royale  de  Saint-Calais  8(  chanoine  de  l'église  col- 
légiale de  Brienon-l'Archevéque. 

'  «  Le  pauvre  M.  de  Rhodez  s'est  barbouillé 
d'une  étrange  sorte.  Il  prétend  néanmoins  hua 
blanc  comme  la  neige.  Il  dit  qu'il  n'a  signé  la 
lettre  que  comme  un  juge  qui,  ayant  donné  sa 
voix  pour  sauver  l'innocent,  ne  laisse  pas  de 
signer  avec  la  pluralité  le  jugement  qui  le  con- 
damne à  mort.  Vous  souvenez-vous.  Monseigneur, 
d'avoir  lu  dans  l'histoire  ecclésiastique  un  pareil 
trait?  Celui-ci  étoit  réservé  pour  le  dix-huitième 
siècle  ',  Il 


'  Œuvres  de  M.  de  Colbert,  III,  ,1^7.  Lettre  à  M.  l'^vCquc 
de  Scne».  3  novembre  1 730. 


—^ —   1024  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

peuples,  de  chercher  à  faire  naître  de  vaines  terreurs  au  milieu  d'une  tran- 
quillité profonde  en  dénonçant  des  complots  qui  n'avaient  aucune  réalité; 
elle  attribuait  ses  «  vaines  déclamations  8c  ses  imputations  calomnieuses  «  au 
désir  de  faire  oublier  «  ses  propres  excès  »  &  de  couvrir,  «  à  l'ombre  d'un  zèle 
«  amer  Se  déplacé,  les  erreurs  qu'il  débite  8c  le  scandale  qu'il  donne  dans 
«  l'Église.  »  La  légende  de  Grégoire  VII  était  d'ailleurs,  comme  l'attendait  la 
Cour  de  Versailles,  complètement  sacrifiée.  L'assemblée  déclarait  que  cette 
légende  n'avait  été  adoptée  dans  le  royaume  par  aucun  évêque,  8c  que  l'usage 
n'en  serait  permis  dans  aucun  diocèse  français.  Elle  protestait  de  sa  soumis- 
sion parfaite,  en  matière  temporelle,  à  l'autorité  du  roi.  Répudiant  toute 
connexité  entre  la  bulle  Unïgenitus  8c  les  doctrines  de  la  légende,  privées  du 
caractère  imposant  d'un  acte  dogmatique  adressé  à  l'Église  entière  8c  accepté 
par  le  corps  épiscopal,  les  prélats  s'attachaient  ensuite  à  faire  ressortir  l'infime 
minorité  des  appelants,  les  résistances  de  «  quatre  ou  cinq  évêques  réfrac- 
«  taires,  »  habiles  à  enfler  leurs  listes  d'adhésion  par  des  noms  de  prêtres,  de 
simples  clercs  8c  de  laïques,  ne  pouvant  être  mis  en  regard  du  concert  presque 
unanime  de  l'épiscopat  français.  A  de  violentes  invectives  contre  le  jansé- 
nisme, cette  M  secte  réduite  8c  resserrée  dans  un  coin  de  la  terre,  où  elle  seroit 
((  absolument  ignorée  si  elle  ne  se  faisoit  connoître  par  ses  clameurs  8c  son 
«  déchaînement  contre  les  puissances  les  plus  respectables,  «  succédait  une 
peinture  de  l'affaiblissement  de  la  foi  8c  de  la  discipline  ecclésiastique  : 

«  Nous  le  disons  avec  douleur,  la  subordination  s'affoiblit  :  le  simple  prêtre 
<(  se  met  au  rang  des  premiers  pasteurs, —  les  simples  fidèles,  les  personnes 
((  même  du  sexe  osent  opposer  leurs  jugements  aux  décisions  du  corps  des 

((  pasteurs la  foi  se  perd,  les  hérétiques  triomphent,  8c  l'incrédulité,  plus 

«  redoutable  que  l'hérésie,  profite  de  ces  divisions.  » 

Comme  remède  à  ces  maux,  on  renouvelait  au  roi  la  demande  d'un  concile 
clans  la  province  de  Narbonne,  en  avouant  cette  fois  que  la  nécessité  d'arrêter 
les  pernicieux  écrits  dont  l'évêque  de  Montpellier  osait  s'avouer  l'auteur  •était 
un  motif  particulièrement  pressant  pour  désirer  une  assemblée  canonique,  8v 
l'on  avait  soin  d'ajouter,  pour  mieux  intéresser  le  pouvoir  royal  aux  ressenti- 
ments de  l'épiscopat,  cette  phrase  prophétique  : 

«  Quiconque  ne  se  conduit  que  par  des  principes  arbitraires,  n'est  guère 
«  éloigné  de  se  porter  bientôt  au  mépris  de  toute  autorité  8c  à  l'amour  de 
«  l'indépendance.  » 

Les  résultats  de  cette  missive  ne  se  firent  pas  attendre.  Deux  jours  après 
qu'elle  eut  été  signée,  un  commissaire,  accompagné  du  commandant  du  guet, 
d'exempts  8c  d'archers,  se  présenta  brusquement  au  logis  de  l'abbé  Dilhe, 
agent  de  l'évêque  de  Montpellier  à  Paris.  Les  portes  furent  enfoncées;  les 
archers,  croyant  que  l'agent  se  tenait  caché  dans  quelque  réduit  de  sa 
maison,  déclarèrent  qu'ils  l'emmèneraient  vif  ou  mort.  L'ecclésiastique,  trop 
instruit  par  l'expérience  de  six  mois  de  Bastille  qu'il  avait  subis  quatre  ans 
plus  tôt  pour  des  causes  analogues,  s'était  mis  en  lieu  de  sûreté.  On  fit  les 
perquisitions  les  plus  exactes  dans  son  appartement,  dans  ses  papiers,  dans 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  io:5 

ses  livres;  on  inventoria  les  meubles,  on  posa  le  scellé,  on  y  établit  une  gar- 
nison. L'abbé  Dilhe  partageait  depuis  plusieurs  années  son  logement  avec  un 
prêtre  de  ses  amis,  nommé  Nivelle.  On  s'empara  de  ce  personnage,  &  on  le 
conduisit  à  la  Bastille.  On  emprisonna,  malgré  ses  infirmités  8c  une  santé 
des  plus  délicates,  un  autre  prêtre  du  diocèse  de  Montpellier,  M.  Joubert, 
qui  se  trouvait  alors  à  Paris,  &  que  l'on  supposait  coupable  de  rendre  quel- 
ques services  à  son  évêque.  C'était  comme  un  renouvellement  des  procédés 
par  où  M.  de  Tencin  avait  préludé  au  concile  d'Embrun  '. 

Le  jour  même  où  s'exécutaient  ces  mesures  rigoureuses,  le  roi  donnait 
audience,  dans  ses  grands  appartements  de  Versailles,  aux  membres  de  l'as- 
semblée générale  du  clergé.  Le  cardinal  Fleury  les  était  venu  rejoindre  dans 
la  salle  des  Ambassadeurs,  où  le  comte  de  Maurepas  8c  le  marquis  de  Brézé 
les  attendaient.  Pvangés  deux  à  deux,  les  prélats  en  rochet  8c.  camail  violet, 
les  abbés  en  manteau  long  8c  bonnet  carré,  salués  au  passage  par  la  haie  des 
gardes  du  roi  8c  par  l'ouverture  des  portes  à  deux  battants,  les  représentants 
de  l'Église  de  France  arrivèrent  devant  Louis  XV  ayant  à  leur  tête  l'évêque 
de  Nimes,  leur  orateur,  entre  le  cardinal-ministre  &c  l'archevêque  de  Paris. 

M.  de  la  Parisière,  en  félicitant  le  roi  de  la  naissance  du  duc  d'Anjou, 
parut  d'abord  vouloir  taire  oublier  à  force  de  flatteries  les  soupçons  qui  sem- 
blaient se  répandre  sur  le  patriotisme  du  clergé  français.  Il  exalta  comme 
une  bénédiction  de  Dieu  cette  heureuse  fécondité  qui,  en  affermissant  de 
plus  en  plus  la  tranquillité  de  l'Eairope,  préparait,  dans  le  sang  royal, 
d'immortels  appuis  à  la  cause  de  l'Eglise  8c  peut-être  des  souverains  à  l'uni- 
vers. Il  adressa  à  la  personne  du  prince  des  louanges  que  l'histoire  a  peu 
confirmées,  saluant  en  Louis  XV  «  un  roi  chez  qui  les  jeux  de  l'enfance  n'ont 
(i  jamais  fait  perdre  le  sérieux  de  la  royauté,  qui  n'est  ni  gouverné  par  l'iui- 
«  meur,  ni  dominé  par  les  passions,  8c  dont  les  innocens  8c  nobles  amusemens 
i<  ne  ressentent  point  un  esprit  occupé  d'objets  frivoles,  ni  un  cœur  amolli 
«   par  la  volupté.  » 

Passant  aux  questions  du  jour,  l'évêque  de  Nimes  se  plaignit  de  la  préven- 
tion déclarée  qui  existait  encore  contre  un  jugement  de  l'Eglise  revêtu  de 
l'autorité  royale,  8c  qui  déterminait  trop  légèrement  les  esprits  à  reprocher 
de  la  précipitation  8c  de  l'inquiétude  aux  démarches  de  l'épiscopat  contre  les 
réfractaires.  Il  demanda  ensuite  le  rétablissement  des  conciles  provinciaux 
dans  toutes  les  églises  de  France,  mais  en  particulier  dans  les  diocèses  de  la 
province  de  Narbonne,  où  les  besoins,  dit-il,  étaient  fondés  sur  plus  de 
raisons  qu'il  ne  lui  était  permis  d'en  exposer  à  Sa  Majesté. 

TjC  mot  de  concile  lui  donna  l'occasion  d'émettre,  en  termes  presque  hau- 
taii'.i,  une  théorie  fort  décidée  sur  les  droits  épiscopaux,  afin  que  tout  en 
sollicitant  l'appui  très-effectif  de  l'autorité  temporelle,  il  ne  parût  pas  faire 
au  pouvoir  roval  une  concession  compromettante. 

u  Ce  sont  les  évêques,  Sire,  8c  les  évoques  seuls  qui  sont  juges  de  la  foi. 

■  (Surres  Je  M.  Colhert,  II,  566.  Lettr"   pastorale  sur  la  lettre  de  l'assemblée  du  clergé. 

Xlir.  (55 


1730 


I73*i, 


1016  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

<(  C'est  à  eux  qu'il  appartient  d'en  décider  les  dogmes,  de  les  expliquer,  de 
«  les  garantir,  d'en  établir  également  la  certitude  8c  l'œcuménicitè...  Vous- 
ci  même,  Sire,  vous  ne  les  tenez  que  de  nous;  8c  ce  n'est  qu'après  les  avoir 
»  reçus  de  notre  bouche  que  vous  en  prenez  la  défense.  » 

Suivaient  des  plaintes  amères  contre  le  mouvement  de  l'opinion,  les  progrès 
de  l'esprit  d'examen,  les  écrits  séditieux  de  quelques  curés  de  Paris  contre- 
disant publiquement  le  mandement  de  leur  archevêque,  l'attitude  hostile 
d'une  partie  de  la  magistrature,  huit  arrêts  de  défense  rendus  en  parlement 
pour  imposer  silence  à  de  saints  8c  judicieux  prélats. 

L'évêque  de  Montpellier  ne  fut  point  nommé,  ni  désigné  par  des  allusions 
trop  directes.  Mais  la  harangue  se  termina  par  une  protestation  de  dévoue- 
ment qui  était  en  même  temps  une  attaque  : 

<(  Nous  ne  vous  dirons  pas.  Sire,  que  vous  ne  trouverez  qu'en  nous  seuls 
«  la  vérité,  la  fidélité,  le  courage  :  nous  ignorons  ces  expressions  fastueuses 
<i  qui,  par  une  ambitieuse  préférence,  dégradent  tous  vos  fidèles  8c  chers 
K  sujets...  Dans  votre  empire,  où  Votre  Majesté  est  chérie,  respectée,  8c,  s'il 
«  nous  est  permis  de  nous  servir  d'un  terme  consacré  par  l'usage,  adoré  de 
«  ses  peuples,  nous  ne  lui  connoissons  d'autres  ennemis  que  ceux  qui  nous 
«  accusent  de  l'être.  » 

La  terre  d'Aps,  en  Vivarais,  qui  jouissait,  depuis  des  siècles,  d'un  siège 
aux  États  particuliers  de  ce  pays  8c  du  droit  d'entrée  de  douze  en  douze 
ans  aux  Etats  généraux  de  la  Province,  fut  dépouillée  de  cette  double  préro- 
gative par  lettres  patentes  du  mois  d'octobre  lySo.  Le  titulaire  de  ce  fief 
représentatif  était  le  vicomte  de  Beaune,  qui  en  remit  la  démission  entre  les 
mains  du  roi. 

Le  titre  de  baronnie  des  Etats  fut  en  môme  temps  transféré  sur  les  terres 
de  Saint-Remèze  8t  de  Charmes,  situées  aussi  en  Vivarais  8c  dans  le  même 
bailliage. 

C'était  une  ancienne  propriété  du  prince  d'Harcourt,  qui  l'avait  vendue, 
depuis  plusieurs  années  déjà,  à  un  chevalier  non  profès  de  l'ordre  de  Malte, 
Joachim  de  Faïn  de  Rochepierre,  membre  de  cette  famille  de  syndics  parti- 
culiers de  Vivarais  qui  fit  un  si  grand  chemin  dans  l'administration  provin- 
ciale. Le  chevalier,  par  une  donation  entre-vifs",  abandonna  ces  domaines  à 
son  frère  Placide^,  qu'on  appelait  le  comte  de  Rochepierre  8c  qui  devint 
baron  des  Etats  ^. 

La  conservation  8c  l'accroissement  des  bois  que  la  culture  ou  le  gaspillao-c 
avait  encore  épargnés  en  Languedoc  ne  cessaient  point  de  préoccuper  l'admi- 

'  Acte  du  5  octobre  lySo,  retenu   par  Chèvre  &  montant  à  l'année  1406.  Sa  mère  était  une  Latier 

Caron,  notaires  au  Châtelet  de  Paris.  de   Saint-Vincens,    d'une   famille    de    Dauphiné. 

'  Joseph-Placide  de  Fayn,  comte  de  Rochepierre  Lui-même  avait  été  admis  dans  l'ordre  de  Malte, 

&   de   Saint-Remèze,    seigneur    de    Saint-Julien,  avec    deux    de    ses    frères.    Il    prêta    serment    aux 

Charmes  &  autres  places,  était  un  ancien  maistre  Etats,  entre  les  mains  de  l'archevêque  de  Toulouse, 

Je  camp  de  dragons.  dans  la  séance  du   19  janvier  1782. 

La    noblesse  de  ses    ancêtres   paternels    put   être  '  Procès-verbal    des    États,   Séances   du    9    &  du 

prouvée   jusqu'à    la    neuvième   génération,  en    re-  iS  janvier  lySj. 


LIV.    IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1027 

nistration  provinciale,  mais  rencontraient  de  grands  obstacles  dans  les  habi- 
tudes destructives  des  populations.  Après  les  mesures  prises  contre  les  ravages 
des  chèvres,  il  fallut  songer  à  une  autre  cause  de  ruine  aussi  fréquente  & 
dont  les  effets  n'étaient  pas  moins  désastreux.  Sous  prétexte  d'avoir  des  her- 
bages dans  l'automne  pour  leurs  troupeaux,  les  bergers  étaient  dans  l'usage  de 
mettre  le  feu  aux  chaumes,  aux  haies  Se  aux  buissons.  Se  d'incendier  même  de 
vastes  plaques  de  landes  ou  de  bruyères;  on  voyait  parfois  la  flamme  courir 
sur  des  garrigues  considérables.  Le  vent,  qui  est  l'hôte  familier  du  pays, 
charriait  au  loin  les  étincelles,  8<.  le  feu  se  communiquait  ainsi  aux  taillis 
de  chênes  verts  ou  aux  plantations  d'oliviers.  L'abbaye  de  Franquevaux,  le 
chapitre  de  Saint-Gilles,  celui  de  Nimes  Se  plusieurs  communes  du  même 
diocèse,  souftrirent  grandement  de  ces  imprudences,  sans  qu'il  fût  jamais 
possible  d'en  connaître  les  coupables.  Un  usage  aussi  désastreux  ne  pouvait 
que  rendre  impuissants  les  efforts  de  la  Province.  La  vérification  minutieuse 
qu'avait  opérée  M.  Teissèdre,  lieutenant  en  la  maîtrise  des  eaux  S<.  forêts  de 
Montpellier,  pour  mettre  en  réserve,  dans  le  territoire  des  communes,  les 
quartiers  de  garrigues,  de  landes  Se  de  bruyères  qui  pouvaient  produire  du 
bois  à  brûler,  Se  les  défenses  réitérées  par  le  conseil  d'arracher  les  jeunes  reje- 
tons, seraient  demeurées  sans  effet,  si  les  méfaits  des  incendiaires  n'avaient 
pu  être  prévenus.  Aussi  le  syndic  de  la  Province  en  fit-il  l'objet  d'une  requête 
au  conseil  d'Etat,  qui  édicta  pour  la  matière  une  pénalité  spéciale. 

Toute  personne,  sans  distinction,  reconnue  coupable  d'avoir  mis  le  feu  aux 
chaumes  Se  aux  terres  vagues  connues  en  Languedoc  sous  le  nom  de  garri- 
gues ou  devois,  était,  pour  la  première  fois,  atteinte  de  punition  corporelle  S<. 
de  cent  livres  d'amende,  attribuées,  par  portions  égales,  au  roi,  aux  hôpitaux 
Se  au  dénonciateur.  En  cas  de  récidive,  on  assimilait  le  coupable  aux  incen- 
diaires publics,  les  maîtres  demeurant  civilement  responsables  de  l'imprudence 
de  leurs  valets.  Les  consuls  étaient  autorisés  à  poursuivre  les  délinquants  aux 
frais  des  communes,  sous  la  surveillance  de  l'intendant  de  la  Province  Se  avec 
le  concours  du  grand-maître  des  eaux  Se  forêts  de  Languedoc  '. 

Le  conseil  d'État,  prévoyant  les  oppositions  Se  les  embarras  que  ne  man- 
queraient pas  de  soulever  les  prétentions  domaniales  S<  les  conflits  de  juritlic- 
tion,  eut  soin  de  s'en  réserver  la  connaissance  Se  de  l'interdire  à  toute  autre 
cour  de  justice  *. 

Mais  il  a  toujours  été  plus  facile  d'établir  des  prohibitions  que  de  les  faire 
observer.  Cinq  ans  après  la  décision  du  conseil  d'Etat,  le  syndic  général  se 
plaignait  encore  de  la  fréquence  des  incendies  Se  sollicitait  une  nouvelle 
intervention  de  l'intendance  pour  assurer  l'obéissance  des  paysans.  M.  de 
Saint-Maurice  prescrivit  de  réimprimer  Se  de  placarder  dans  toutes  les  com- 
munes l'arrêt  de  lySo,  Se  fit  stimuler  de  son  mieux  par  ses  subdélégués  la 
vigilance  des  consuls  3. 

'  Anceau  de  Lavelunet,  granJ-niaîtrc  des  eaux  Arrct  du  conseil  d'Etat,  donné  à  Versailles  le 
&  forêts  au  département  de  Languedoc.  3i   octobre  173o;  M.  Orry,  rapporteur. 

'  Rccucit  dci  édits  &  arrùls  de  Languedoc.   lySj.  '  Recueil  des  idilsS- arrits  de  Languedoc.  x-jZ^i.Oi- 


lySo 


llil 


1228  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  premier  volume  de  VHistoire  de  Languedoc  parut  dans  le  courant  de 
l'année  lySo,  avec  grand  succès.  Les  députés  de  la  Province  le  présentèrent 
au  roi,  aux  princes  du  sang,  aux  ministres,  à  plusieurs  conseillers  d'État  S<.  à 
divers  personnages  de  distinction. 

Chacun  des  membres  titulaires  de  l'assemblée  des  États  en  reçut  un  exem- 
plaire par  les  soins  de  M.  de  Montferrier,  syndic  général,  qui  en  fit  expédier 
également  à  toutes  les  villes  principales  de  Languedoc. 

Quant  à  la  carte  de  la  Province  que  les  États  avaient  demandée  à  la  Société 
des  sciences  de  Montpellier,  il  en  fut  présenté  quelques  portions  par  MM.  de 
Plantade  8c  de  Clapiès. 

M.  de  Plantade  avait  levé  la  carte  du  diocèse  de  Narbonne,  mise  en  état 
d'être  gravée.  Celle  des  diocèses  d'Agde  Se  de  Béziers,  par  M.  de  Clapiès, 
n'était  pas  encore  aussi  avancée.  Les  deux  ingénieurs,  qui  avaient  consacré 
cinq  mois  à  ce  travail,  apportèrent  en  même  temps  un  mémoire  donnant  le 
détail  de  leurs  opérations  &  des  curieuses  découvertes  qu'ils  avaient  eu  l'occa- 
sion de  faire. 

Les  Ltats  votèrent  dix  mille  livres  pour  la  continuation  de  l'histoire  &  de 
la  carte.  Si  firent  payer  deux  raille  livres  à  M.  de  Plantade,  8c  quinze  cents 
à  M.  de  Clapiès  '. 

Les  frontières  de  la  Province,  du  côté  du  Rouergue,  n'étaient  pas  plus 
nettement  définies  que  dans  la  direction  de  l'Auvergne  8c  du  pays  de  Foix. 
Le  défaut  d'une  constatation  authentique  S<  légale  y  produisit  les  mêmes 
inconvénients. 

En  1729,  les  consuls  de  Perroudil  en  Rouergue  crurent  pouvoir  com- 
prendre dans  leur  taillable  certains  fonds  de  terre  dépendant  de  la  commu- 
nauté languedocienne  de  Milhars. 

Les  propriétaires  de  ces  champs,  qui  payaient  déjà  leurs  impositions  au 
Languedoc,  s'adressèrent  à  la  cour  des  aides  de  Montpellier;  c'était  donner 
naissance  à  un  conflit  de  juridiction,  puisque  le  ressort  de  la  cour  des  aides 
ne  s'étendait  pas  hors  de  la  province  de  Languedoc  Se  que  la  question  de 
compétence  renfermait  la  ditficulté  tout  entière. 

Les  États,  sur  la  requête  du  syndic  général  Favier,  se  déclarèrent  intéressés 
dans  la  querelle,  s'agissant  d'une  délimitation  de  territoire,  8c  sollicitèrent 
l'évocation  au  conseil  Si  l'instruction  de  l'affaire  par  les  intendants  des  deux 
généralités,  d'après  la  jurisprudence  adoptée  en  1704,  1708  8c  1717,  lors  des 
contestations  analogues  survenues  entre  la  Province  8c  celles  d'Auvergne,  de 
Foix  8c  de  Forez  ^. 

Le  personnel  des  agents  provinciaux  s'accrut,  en  t73i,  d'un  médecin.  Ce 
fut  l'archevêque  de  >Jarbonne  qui  en  fit  la  proposition  à  l'assemblée.  Il  rap- 
pela que  les  États  avaient,  en  différentes  occasions,  pensionné  des  médecins 
ou  des  chirurgiens  pour  le  secours  des  peuples;  depuis  quelques  années,  les 

donnnnce  de  l'intendant  de  Languedoc,  donnée  à  '  Piocès-veibal  des  États.  3o  janvier  1731. 

Montpellier  le  3  septembre  lyS.")  '  Procès-verbal  des  États.  8  janvier  i73i. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1029 

États  se  trouvaient  dans  la  nécessité  de  s'assembler  en  différentes  villes,  qui 
ne  présentaient  pas  toujours  les  ressources  nécessaires.  On  jugeait  donc  conve- 
nable d'assurer,  par  des  précautions  particulières,  la  conservation  de  per- 
sonnes si  importantes  pour  le  bien  du  pays. 

L'archevêque  avait  son  candidat  tout  prêt  pour  la  nouvelle  charge  provin- 
ciale. C'était  un  docteur  en  médecine  de  la  faculté  de  Montpellier,  Gaspard 
Pailhoux,  «  qui,  par  une  connoissance  parfaite  de  son  art,  jointe  à  une 
«  pratique  des  mieux  suivies,  s'étoit  attiré  l'estime  des  savans  8c  la  confiance 
«  des  malades.  » 

Gaspard  Pailhoux  fut  agréé  comme  médecin  des  Etats,  aux  appointements 
annuels  de  deux  mille  livres.  Ses  obligations  étaient  de  se  trouver  à  la  suite 
de  l'assemblée  en  quelque  lieu  qu'elle  fût  réunie,  pendant  toute  la  durée  de 
la  session,  Se  d'y  donner  des  soins  gratuits  aux  membres  des  États  qui  les 
réclameraient.  On  lui  interdisait  de  s'absenter  ou  de  se  donner  un  substitut, 
à  moins  d'autorisation  spéciale'. 

Les  États  reçurent  d'un  Marseillais,  nommé  Grâce,  un  placet  relatif  à 
l'invention  d'une  machine  destinée  au  creusement  des  ports.  L'inventeur 
prétendait  décupler  par  son  procédé  l'action  des  forces  mécaniques  antérieu- 
rement usitées. 

L'assemblée  renvoya  l'examen  de  la  machine  à  la  Société  des  sciences  de 
Montpellier  fit  aux  ingénieurs  du  roi  qui  dirigeaient  les  travaux  du  port  de 
Cette  \ 

Elle  accorda,  dans  la  même  séance,  une  gratification  de  deux  cents  livres 
à  un  maître  constructeur,  du  nom  de  Bouvier,  qui  avait  fabriqué  un  appareil 
pour  conserver  les  essieux  des  roues  de  pontons  employés  au  port  de  Cette. 

Un  industriel  français,  établi  en  Suisse  depuis  quarante-cinq  ans,  &  con- 
naissant l'intérêt  que  les  États  de  Languedoc  portaient  au  développement  des 
manufactures,  soumit  à  l'évêciue  de  Béziers  la  proposition  de  fonder  une 
fabrique  de  fer  blanc  dans  le  territoire  de  la  Province.  Cet  homme  était 
Rouergat,  né  à  Millau,  8c  s'appelait  Pierre  Alary.  Il  habitait  Rions,  auprès 
de  Genève.  Communiquée  à  tous  les  personnages  importants  de  l'adminis- 
tration provinciale,  cette  offre  fut  accueillie  avec  faveur;  elle  reçut  une 
approbation  chaleureuse  du  contrôleur  général. 

L'archevêque  de  Narbonne  obtint  du  roi  un  passeport  pour  Pierre  Alary, 
qui  fit  le  voyage  de  France  avec  deux  de  ses  fils.  On  s'attendait  à  conclure 
l'affaire  avant  la  séparation  des  États-'.  Mais,  arrivé  à  Nimes  le  25  janvier  lySi, 
Alary  tomba  malade  le  lendemain  Si  les  négociations  furent  suspendues. 
Néanmoins,  les  États  donnèrent  à  l'archevêque  de  Narbonne  8c  à  quatre 
commissaires"*  le  pouvoir  de  régler  toutes  les  questions  d'établissement  Se 
allouèrent  une  subvention  de  dix  mille  livres"'. 

'  Procès-verbal  des  EtafJ.  Séance  du  26  j.invitr  *  L'évèqiic   de   BézierS,  le  baron  de  Villeneuve, 

iy3i.  les  consuls  de  Narbonne  &  de  Béziers. 

*  Procèi-verbal  des  États.  i5  janvier  i-jii.  '  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du   1"^  février 

'  Procès-verbal  des  États.  26  janvier  1731.  ryTi. 


lyai 


771 io3o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  commissaires  engagèrent  Alary  à  visiter  les  forges  de  la  Province,  pour 
choisir  le  lieu  le  plus  convenable  où  poser  sa  manufacture.  On  lui  donna 
un  hojnme  de  confiance  qui  l'accompagna  dans  sa  tournée;  plusieurs  essais, 
faits  en  sa  présence,  donnèrent  d'excellents  résultats;  mais  on  ne  tarda  pas  à 
se  convaincre,  que,  tout  calculé,  le  prix  de  revient  des  fers  blancs  de  la 
manufacture  projetée  dépasserait  sensiblement  celui  de  l'importation  étran- 
gère. La  commission  jugea  donc  prudent  de  ne  pas  aller  plus  avant  &  ren- 
voya les  trois  émigrés  à  Genève  aux  frais  de  la  Province.  On  leur  paya  une 
indemnité  de  voyage  6<.  de  séjour  de  2  710  livres'. 

Le  27  juillet  i73i,  l'archevêque  d'Albi,  rapporteur  de  la  commission  des 
manufactures,  annonça  aux  t,tats  que  la  fabrique  de  toiles  façon  de  Rouen, 
établie  dans  son  diocèse  sous  la  direction  de  Séré,  n'avait  point  réussi. 
Comme  le  traité  conclu  avec  cet  industriel  expirait  cette  même  année,  on  ne 
jugea  pas  opportun  de  le  renouveler,  Se  l'on  se  contenta  de  payer  les  sommes 
qui  avaient  été  convenues,  à  titre  d'indemnité.  La  principale  cause  de  l'échec 
de  cette  entreprise  était,  paraît-il,  la  répugnance  des  habitants  à  quitter  leurs 
usages  traditionnels.  Us  n'employaient  leurs  chanvres  qu'à  fabriquer  des  toiles 
grossières  ou  des  cordages  5<.  ne  se  prêtaient  pas  aux  innovations.  Sur  l'avis 
du  contrôleur  général,  on  essaya  de  remplacer  l'établissement  supprimé  par 
vine  manufacture  de  petites  étoffes  de  laine,  vieille  industrie  locale,  qui  avait 
autrefois  donné  des  bénéfices,  mais  qui,  depuis  plusieurs  années,  se  trouvait 
en  complète  décadence. 

La  déclaration  de  1684,  concertée  par  les  Etats  de  Languedoc  avec  l'inten- 
dant d'Aguesseau  Se  les  commissaires  de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier, 
avait,  conformément  aux  plus  anciens  usages  locaux,  déclaré  roturières  les 
redevances  en  grains  8c  en  argent  &  cassé  les  transactions  &  abonnements 
sur  le  fait  des  tailles. 

Un  grand  nombre  de  communes  abusèrent  de  ces  dispositions,  &  avec  des 
titres  informes,  entreprirent  des  procès  qui  les  ruinaient,  lors  même  que  le 
succès  leur  en  était  favorable.  Ces  procès,  gagnés  à  la  cour  des  aides,  en 
entraînaient  d'autres  au  Parlement  de  Toulouse  &  au  conseil  d'État.  Les 
frais  des  procédures  devenaient  immenses  Se  dévoraient  les  faibles  revenus 
des  communes,  qui,  très-souvent,  s'étaient  laissé  entraîner  à  la  légère  en  ces 
onéreuses  contestations.  Tantôt  c'étaient  des  particuliers,  qui,  pour  s'attirer 
le  bénéfice  d'une  députation,  n'hésitaient  pas  à  précipiter  la  commune  en 
ces  embarras,  tantôt  des  animosités  particulières  en  étaient  la  seule  cause. 
Presque  toujours,  la  faible  somme  qui  revenait  aux  communes  par  de  nou- 
velles cotisations  à  la  taille,  ne  compensait  pas  les  dettes  dont  elles  avaient 
été  contraintes  de  s'obérer  pour  gagner  leur  procès. 

Dans  certains  cas,  il  se  produisait  une  manœuvre  très-compliquée.  Lorsque 
l'intendant  refusait  la  permission  de  plaider  sollicitée  par  un  corps  munici- 
pal, des  groupes  d'habitants  se  formaient,  nommaient  un  syndic  8t  s'adres- 

'  Procès-verbal  des  Ktnts.  Sénilce  du  |8  février  lySi. 


LIV.    IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  looi 

saient  aux  gens  du  roi  de  la  cour  des  aides.  Ceux-ci  se  déclaraient  parties, 
accusaient  les  consuls  de  prévarication  &  rendaient  le  procès  inévitable,  mal- 
gré le  sentiment  de  la  majorité. 

Ces  faits  avaient  lieu  à  Narbonne,  où  la  ville  était  divisée  par  la  constitu- 
tion d'un  syndicat  Se  où  les  conséquences  devenaient  si  graves  que  le  conseil 
d'Etat  venait  de  surseoir  à  l'exécution  des  arrêts  de  la  cour  des  aides  &  de 
renvoyer  l'atïaire  à  M.  de  Bernage'. 

Les  syndics  diocésains  de  Narbonne,  de  Béziers  St  quelques  autres  présen- 
tèrent aux  Etats  des  réclamations  analogues,  sollicitant  l'intervention  de  la 
Province  pour  défendre  les  communes  contre  leurs  propres  entraînements. 

La  question  fut  longuement  débattue  au  sein  de  la  commission 

On  décida  que  les  syndics  généraux  prendraient  partie  dans  l'affaire  devant 
M.  de  Bernage  &  y  défendraient  les  intérêts  de  la  ville  de  Narbonne,  &  que 
l'on  demanderait  au  roi  une  déclaration  qui  permît  d'éviter  les  inconvénients 
signalés.  On  recommandait  deux  mesures  principales  :  obligation  pour  les 
communes  de  soumettre  leurs  titres  au  conseil  des  avocats  de  la  Province, 
avant  d'intenter  aucun  procès  de  nobilité,  8t  défense  d'entreprendre  aucune 
procédure  sans  le  consentement  du  syndic  général  j  interdiction  au  procureur 
général  de  la  cour  des  aides  de  prendre  tait  8c  cause  pour  les  communes  8c 
de  se  déclarer  partie  sans  réquisition  expresse  du  syndic  général ,  lorsque 
l'intendant  aurait  refusé  la  permission  de  plaider^. 

L'ancien  intendant  de  Languedoc,  Lamoignon  de  Bâville,  étant  mort,  sa 
veuve  eut,  en  lyBo,  une  contestation  avec  la  Province,  dont  elle  se  trouvait 
créancière.  Propriétaire  de  rentes  provinciales  pour  un  capital  de  91  000  livres, 
elle  se  plaignait  que  le  taux  en  eût  été  abaissé  de  cinq  à  trois  pour  cent,  sans 
qu'elle  eût  consenti  à  la  réduction,  8c  réclamait  le  complément  des  arrérages 
pavés  depuis  les  derniers  mois  de  l'année  1720,  soutenant  que  l'erreur  com- 
mise à  son  préjudice  à  partir  de  cette  époque  ne  pouvait  impliquer  de  consen- 
tement tacite,  Se  que,  d'ailleurs,  pour  détruire  une  clause  insérée  dans  un 
contrat,  il  fallait  une  dérogation  expresse  8c  des  actes  réguliers. 

M.  de  Montferrier,  syndic  général,  assigné,  au  mois  de  juillet  1780, 
devant  les  commissaires  du  conseil,  répondit  que  les  sommations  légales  pour 
la  réduction  de  l'intérêt  avaient  été  faites  à  M.  de  Bâville  en  1720,  que 
l'ancien  intendant,  créancier  de  la  Province  pour  un  capital  de  269400  livres, 
avait  reçu  ses  intérêts,  sans  réclamation,  sur  le  pied  de  trois  pour  cent,  jus- 
qu'en 1724,  que  sa  veuve  en  avait  fait  autant  depuis  cette  époque;  que, 
d'ailleurs,  l'un  8c  l'autre  avaient  formellement  reconnu  la  réduction  en  fai- 
sant rehausser  la  rente  de  six  de  leurs  contrats,  de  trois  à  cinq  pour  cent, 
représentant  un  capital  de  178400  livres.  Il  ajouta  que  M.  de  Bâville  ayant 
une  partie  de  ses  rentes  inscrites  sous  le  nom  de  M.  de  Beauvezet,  trésorier 
de  France  à  Montpellier,  la  réduction  avait  été  notifiée  à  ce  fonctionnaire  8c 
expressément  acceptée  par  lui. 

'  Arrêt  du  conseil  d'État  du  2  mai   lySo.  '  Procès-verbnl  des  États.  3o  janvier  1731. 


.73. 


~r,  io32  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  retour  de  M.  de  Montferrier  en  province  ne  lui  permit  pas  de  pousser 
l'affaire  plus  loin.  Elle  fut  portée  aux  Etats,  où  l'archevêque  d'Albi,  rappor- 
teur de  la  commission ,  tout  en  déclarant  mal  fondée  la  réclamation  de 
Madame  de  Bâville,  exprima  l'opinion  que  les  services  du  célèbre  intendant, 
la  considération  due  à  sa  veuve  Si  à  M.  de  Courson  demandaient  quelques 
égards  de  la  part  de  l'assemblée.  On  autorisa  les  députés  de  la  Province  à 
chercher  un  moyen  d'accommodement,  sans  abandonner  pourtant  la  question 
de  droit  qui  paraissait  être  incontestable'. 

Un  arrêt  du  conseil,  donné  à  Fontainebleau  le  7  juillet  lySi,  autorisa  les 
grands  projets  d'embellissement  conçus  par  les  États  pour  la  ville  de  Mont- 
pellier^. Le  point  de  départ  de  ces  travaux,  qui  devaient  doter  d'une  admi- 
rable promenade  la  capitale  administrative  de  la  Province,  fut  l'érection  de 
la  fameuse  statue  consacrée  à  Louis  XIV,  à  l'occasion  de  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes.  Quant  le  roi  eut  décidé  lui-même  que  sa  figure  équestre 
serait  placée  dans  la  ville  de  Montpellier,  où  se  tenaient  habituellement  les 
Etats,  on  choisit  la  place  du  Peyrou,  à  cause  de  la  beauté  du  site.  Les 
malheurs  de  la  guerre  empêchèrent,  pendant  plusieurs  années,  que  l'on 
donnât  aucune  suite  à  cette  entreprise.  Ce  fut  seulement  en  17 17  que  la 
statue  de  bronze  fut  dressée  sur  son  piédestal  de  marbre  blanc,  entouré  d'une 
balustrade  de  fer.  Comme  la  vue  de  la  mer,  principal  agrément  de  la  prome- 
nade, était  gênée  par  le  couvent  de  la  Merci,  les  États  cherchèrent  les  moyens 
de  faire  disparaître  cet  édifice.  Dès  1716,  ils  en  avaient  poursuivi  la  démoli- 
tion, mais  les  religieux  firent  une  vigoureuse  résistance.  Ils  se  souvinrent 
que  leur  maison  avait  été  fondée  par  un  roi  d'Aragon  &  de  Majorque,  sei- 
gneur de  Montpellier,  81  eurent  l'art  d'intéresser  à  leur  cause  la  Cour 
d'Espagne.  Le  prince  de  Cellamare,  sous  prétexte  que  son  maître,  héritier 
des  rois  d'Aragon,  devait  Conserver  leur  droit  de  patronage  &  de  protection 
sur  le  couvent,  s'en  fit  l'avocat  auprès  de  la  Cour  de  France.  L'importance 
des  embellissements  projetés  rendant  de  plus  en  plus  nécessaire  la  suppres- 
sion d'un  bâtiment  qui  en  dérangeait  l'ordonnance,  les  États  revinrent  à  la 
charge  en  1726  Se  en  lySi.  Le  procureur  général  de  la  Merci  fit  marchera 
son  aide  le  marquis  de  Castellar,  nouvel  ambassadeur  d'Espagne,  qui  pria  le 
roi  de  France  d'imposer  un  silence  perpétuel  aux  États  de  Languedoc  &  de 
maintenir  le  couvent  dans  sa  tranquillité  séculaire.  Mais  la  Cour  de  Versailles 
ne  pouvait  guère  admettre  qu'un  souverain  étranger  s'arrogeât  des  droits  de 
protectorat  sur  les  maisons  religieuses  du  royaume.  La  note  du  marquis  de 
Castellar,  remise  quelques  semaines  après  la  publication  de  l'arrêt  du  conseil, 
ne  changea  rien  aux  dispositions  de  cet  acte  qui  approuvait  les  devis  dressés 
par  M.  de  Lablottière,  brigadier  des  ingénieurs  du  roi,  &  la  translation  des 
religieux  de  la  Merci  dans  un  autre  couvent  bâti  aux  frais  des  États  de  Lan- 
guedoc. 

Les  religieux  firent  paraître  à  cette  occasion,  pour  la  défense  de  leur  cou- 

'  Procès-verbal  des  États.  3o  janvier  lySi.  •  Pièces  justificatives,  n.  DCCCLXII,  col.  2i5r. 


LIV.   [V.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  io33 

vent,  un  petit  mémoire  historique",  où  ils  avaient  rassemblé  tous  leurs  motifs 
d'opposition.  Ils  racontaient  que  leur  maison  était  de  fondation  royale,  vieille 
d'environ  cinq  siècles,  sous  le  nom  de  Sainte-Eulalie,  St  anciennement  dotée 
de  gros  revenus  &  de  beaux  privilèges.  Le  fondateur  y  avait  établi  des  études 
de  Droit  canon,  dont  une  régence  était  affectée  à  l'ordre  de  la  Merci.  Pen- 
dant les  guerres  de  religion ,  le  monastère  avait  été  livré  aux  flammes  & 
démoli  par  les  protestants.  Quarante  ans  après,  les  religieux,  ayant  rassemblé 
une  somme  d'argent  par  la  contribution  volontaire  de  toutes  les  maisons  de 
leur  province,  firent  rebâtir  leur  couvent,  avec  le  consentement  des  habitants 
de  Montpellier.  La  première  pierre  en  fut  posée  en  grande  cérémonie,  tout 
le  clergé,  la  noblesse,  les  officiers  du  sénéchal  y  assistant.  Cette  construction 
avait  coûté  plus  de  trente  mille  écus  :  les  bâtiments  comprenaient  deux  vastes 
corps  de  logis,  à  murs  très-épais,  voûtés  en  pierre  de  taille.  Les  bons  reli- 
gieux ne  pouvaient  comprendre  que  l'on  voulût  mettre  à  bas  un  édifice  aussi 
respectable,  quand  on  pouvait,  sans  l'endommager,  créer  une  place  plus 
grande  que  la  place  Vendôme.  Les  promeneurs,  disaient-ils,  n'auront  plus 
l'occasion  d'y  entendre  la  messe  Se  les  offices,  8<  de  respirer  sur  '<.  une  terrasse 
«  qui  a  coûté  des  sommes  considérables  par  son  épaisseur,  &  qui  fait  le 
<(  plaisir  de  tous  les  honnêtes  gens  de  la  ville.  »  Ils  alléguaient  que  les  mem- 
bres des  États  eux-mêmes  s'y  retiraient  souvent  pour  parler  des  affaires  de  la 
Province  avec  plus  de  tranquillité.  «  On  les  avoit  souvent  entendus  dire  que 
<!  rien  n'étoit  plus  agréable  &  plus  commode  que  cette  maison,  8c  qu'il  fau- 
«  droit  la  construire  si  elle  n'existoit  pas.  »  M.  de  Bâville,  appréciant  le  lieu, 
avait  fait  poser,  pour  la  commodité  publique,  de  grands  sièges  de  pierre  au 
pied  de  l'un  des  corps  de  logis.  On  ajoutait  que  la  maison  de  la  Merci  était 
située  dans  le  meilleur  air  qu'il  y  eût  en  France  &  dans  le  plus  bel  aspect 
de  l'univers*.  Cette  considération,  que  le  syndic  de  la  Province  était  loin  de 
contredire,  faisait  paraître  d'autant  plus  indispensable  la  démolition  de  l'édi- 
fice, où  n'habitait  qu'un  nombre  insignifiant  de  religieux.  Aussi,  après  toutes 
les  lenteurs  qu'entraînaient  alors  les  formes  de  la  procédure,  l'assemblée  pro- 
vinciale finit  par  l'emporter,  en  dédommageant,  sous  la  surveillance  de  l'in- 
tendant, les  religieux  dépossédés. 

Les  grands  orages  qui,  en  172g,  avaient  atteint  les  diocèses  de  Castres, 
d'Albi  &  de  Mende,  &c  qui,  ajoutant  leurs  ravages  à  d'autres  causes  d'appau- 
vrissement, condamnaient  le  Gévaudan  à  la  plus  affreuse  misère^,  se  repro- 

'  De  l'imprimerie  de  la  veuve   Napen,  rue  de  la  du   bétail  étant  si  grande  qu'il   n'y  en  a   presque 

Huchette,  à  l'Ange,  1 73  i .  plus  dans  le  pays,  mes  diocésains  sont  absolument 

'  Archives  nationales.  Papiers  du  contriUar  gé-  sans  ressource.  Vous  aimez  trop  l'Etat  poursoufTrir 

nêral.  que  le  Gévaudan  périsse  de  misère  &  de  pauvreté.  » 

'  Divers  passages  de  la  correspondance  du  con-  M.  de   Saint-Sauveur,   syndic  du    diocèse,  venait 

trôleur  général   témoignent  de  la    profonde  misère  d'envoyer  un  mémoire  sur  la  détresse  du  pays, 

qui    régnait  alors   en   Gévaudan.  M.  de  Choiseul,  Le  5  juin,  l'intendant  confirme  ce   témoignage, 

évéqiie  de  Mende,  écrivait,  le  7  mai   1729  :  n  Tant  n    Ce  diocèse,  écrit-il,  souffre  depuis  plusieurs  ,-.n- 

que  1*  diocèse  a  pu  trouver  le  moyen  de  subsister,  nées;   les  accidents  du   ciel  y  ont  été    fréquents  & 

il  n'a   point    fait   entendre  ses  plaintes;   la  perte  considérables,  les   récoltes  médiocres,  le  commerce 


173. 


'^^  io34  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

duisirent  pendant  l'été  de  lySi  dans  le  bas  Vivaiais,  les  montagnes  de  Castres 
&  de  Saint-Pons  Si  le  diocèse  de  Saint-Papoul. 

A  Saint-Pons,  le  chapitre  continuait  d'être  en  guerre  avec  la  commune 
pour  l'éternelle  question  de  la  nobilité  des  terres,  L'évêque,  prenant  parti 
pour  ses  chanoines,  sollicita  l'intervention  du  contrôleur  général.  La  lettre 
qu'il  lui  adressa  sur  cette  affaire  renferme  quelques  particularités  intéressantes 
qui  mettent  en  lumière  une  fois  de  plus  l'état  d'antagonisme  perpétuel  où 
vivaient  les  diverses  corporations. 

«  Le  chapitre  de  Saint-Pons,  écrivait  l'évêque,  va  achever  de  se  ruiner 

<(  La  cour  des  aides  abuse  journellement  de  là  déclaration  sur  les  tailles,  de 
«  façon  à  faire  périr  dans  cette  province  l'Église  8c  la  noblesse,  sans  aucun 
«  avantage  pour  les  communautés,  les  faux  frais  étant  presque  toujours  plus 
«  considérables  que  le  profit  qu'elles  en  retirent.  La  descente  d'un  commis- 
ci  saire  de  cette  cour  vient  de  coûter  quinze  mille  livres,  &.  il  faut  recom- 
«1  mencer,  parce  que  les  experts  ne  sont  pas  d'accord.  Il  y  a  douze  ans  que 
<i  mon  chapitre  plaide.  »  Le  prélat  soutenait  que  la  cour  des  aides  étant 
composée  en  majeure  partie  de  nouveaux  convertis  prenait  un  plaisir  parti- 
culier à  vexer  les  propriétaires  de  domaines  ecclésiastiques'. 

C'est  là  l'un  des  traits  les  plus  constants  de  l'ancienne  société;  toutes  les 
délégations  de  la  puissance  publique  se  trouvant  aux  mains  d'oligarchies 
privilégiées,  rivales  St  jalouses  les  unes  des  autres,  chacun  de  ces  corps  se 
voyait  en  butte  aux  suspicions,  aux  reproches  d'empiétements,  de  partialité, 
d'injustice.  Quant  au  conseil  d'Etat,  c'était  l'arsenal  universel  où  se  forgeaient 
les  armes  de  tous  les  belligérants.  L'essentiel  était  de  se  prévenir,  de  se  gagner 
de  vitesse  8i  de  surprendre  quelque  arrêt  sur  requête,  sans  assignation  des 
parties.  Les  arrêts  contradictoires  s'amoncelaient,  fournissant  des  éléments 
nouveaux  à  de  nouvelles  procédures  &  faisant  vivre  cette  multitude  de  gens 
de  loi,  qui  s'enrichissaient  aux  dépens  des  plaideurs  8c  qui,  à  force  d'économie 
Se  de  patience,  envahissaient  peu  à  peu  la  propriété  foncière  8c  finissaient  par 
se  métamorphoser  en  aristocratie  territoriale. 

plus  dérangé;  les   habitans  de  ces  montagnes  s'en  «  M.  de  Saint-Maurice  a  engagé  Tarchevcque  de 

ressentent  plus  que  les  autres...  La  grande  morta-  Narbonnc  à  faire  délivrer   deux   mille   setiers   de 

lité  des  bestiaux  (pendant  les   années   1726,   1727  blé  de  la   Province  au   diocèse  de  Mende,  3  payer 

&  1728)  provient  de  ce  que  l'on   ne  donne  plus  à  sur  le  pied  à  régler  par  les  Etats;   il  a  commandé 

ce   bétail   la   même   quantité   de   sel,  le   sel  ayant  les  voitures  nécessaires  pour  le  transport  jusqu'à 

enchéri le  blé  manque;  on  est  réduit  à  la  triste  Saint-Jean  de  Gardonenque.  « 

nécessité  d'aller   couper  les   herbes  &  les    racines  En  i73o,  le  diocèse  fit  un  emprunt  de  28600  li- 

qu'on  fait  cuire  à  l'eau  sans  assaisonnement.  On  vres,  pour  achat  de  blé,  destiné  à   la  subsistance 

meurt    de    faim    dans    plusieurs    endroits.    Il    est  du  pays. 

question    de    nourrir   les    trois   quarts   du    diocèse  C'est  en   1731  que  les  trente-huit  communes  du 

jusqu'au    commencement   du    mois    de   septembre,  diocèse  de  Mende,  briilées  pendant  la  guerre  des 

parce  qu'on   ne  commencera   à  couper  le   blé  que  camisards  durent  recommencer  de  payer  leurs  im- 

vers  ce  temps-là.  »  Le  29  juin,  nouvelles  plaintes  positions  '. 

de  l'évêque  de  Mende  :  n  La  misère  qui   règne  en  '  Archives  nationales.  CorresponJance  du  contro- 

Gévaudan    n'est   pas   commune   &    paroît    mériter  leur  général.  Lettre  du   12  avril  1731. 

une  attention  particulière.  >> 

f .     -  .    -i,       ,  «,  '    >     1  ,    ■     /         ,  '  Archives    nationales.   Correspondance   du   contrôleur 

Le  10  juillet,  le  contrôleur  général  lui  répond  ;       général. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  io35 

Dans  le  courant  du  mois  de  février  lySi,  l'archevêque  de  Narbonne  tint 
sur  les  fonts  de  baptême,  au  nom  de  la  Province,  un  petit-fils  de  M.  de  Ber- 
nage  de  Saint-Maurice,  né  à  Montpellier  peu  de  jours  avant  l'ouverture  de 
la  session.  L'intendant  était  venu  solliciter  cette  faveur  auprès  du  prélat,  en 
disant  qu'il  regarderait  cette  complaisance  de  l'assemblée  comme  une  pré- 
cieuse marque  de  considération  8t  d'amitié.  M.  de  Beauvau  se  fit,  au  sein 
des  États,  l'interprète  de  ce  désir,  &  fit  valoir  auprès  de  ses  collègues  l'attache- 
ment que  M.  de  Saint-Maurice  portait  à  leurs  intérêts  Se  l'empressement  qu'il 
avait  toujours  mis  à  leur  rendre  ses  bons  offices.  On  renouvela  le  cérémonial 
usité  en  1666  pour  le  baptême  d'un  fils  du  marquis  de  Castries, 

L'enfant  reçut  les  noms  de  François-René-Lan^uedoc,  réunissant  ainsi  le 
souvenir  de  la  Province  à  celui  du  président  des  Etats'. 

Nos  lecteurs  connaissent  les  contestations  auxquelles  donna  lieu  l'échange 
consenti  par  le  roi  de  certains  domaines  avec  le  duc  d'Uzès.  Ces  débats  n'eu- 
rent pas  seulement  pour  objet  l'entrée  des  officiers  ducaux  à  l'assemblée  d'as- 
siette &,  par  suite,  l'ingérence  directe  du  grand  seigneur  dans  les  affaires  du 
diocèse.  Il  surgit,  à  l'occasion  de  cette  reconstitution  de  fief,  une  infinité 
d'autres  querelles  à  cause  de  toutes  les  conséquences  de  détail  qui  s'en  dédui- 
saient 8t  des  problèmes  que  suscitait  à  chaque  instant  ce  démembrement  irra- 
tionnel des  attributions  nécessaires  de  la  souveraineté. 

En  cédant  au  roi  la  baronnie  de  Lévy  81  le  village  de  Trappes  avec  quatre 
cents  arpents  de  bois  taillis,  le  duc  d'Uzès  s'é.tait  fait  attribuer  en  toute  pro- 
priété la  portion  royale  du  domaine  d'Uzès,  comprenant  la  haute,  la  moyenne 
St  la  basse  justice,  les  droits  de  lods  Se  ventes,  même  dans  le  cas  d'échange, 
tant  sur  les  rotures  que  sur  les  fiefs,  les  cens  &  rentes;  les  droits  de  prélation, 
de  retrait  féodal,  d'aubaine,  de  bâtardise  &  les  autres  prérogatives  seigneu- 
riales, avec  la  faculté  de  rentrer  en  possession  des  portions  démembrées  en 
remboursant  les  engagistes.  Le  roi  ne  se  réservait  que  la  souveraineté,  l'hom- 
mage Si  le  ressort,  avec  la  réversion  obligatoire  à  la  couronne,  si  les  héritiers 
mâles  faisaient  défaut. 

Lors  de  l'enregistrement  du  contrat,  le  Parlement  s'était  borné  à  stipuler 
que  le  droit  d'aubaine  ne  pouvait  être  compris  dans  la  cession  &  qu'il  serait 
interdit  au  cessionnaire  de  prétendre  aucuns  autres  droits  que  ceux  dont  le 
roi  lui-même  avait  joui  en  qualité  de  seigneur  particulier  du  domaine.  Subis- 
sant la  dangereuse  largesse  que  la  royauté  venait  de  faire,  on  voulait  du 
moins  en  limiter  les  effets  &  prévenir  des  tentatives  d'usurpation. 

L'opposition  faite  par  l'évêque  Poncet  de  la  Rivière,  disant  que  cet  échange 
blessait  les  intérêts  du  roi,  l'ordre  public,  les  droits  du  chapitre  &  du  diocèse, 
ceux  des  officiers  royaux  8t  de  plusieurs  gentilshommes  de  la  Province,  8c 
demandant  révocation  ou  du  moins  suspension  du  contrat  8<  envoi  de  com- 
missaires enquêteurs,  avait  été  écartée  par  arrêt  du  conseil  du  26  décem- 
bre 1721,  qui  repoussait  également  l'offre  du  syndic  diocésain  de  rembourser 

'  Procès-Tïrbal  des  États.  Séance  du  22  février  1732. 


1732 


ij3z 


io36  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

au  duc  la  valeur  des  domaines  échangés,  afin  de  n'engager  le  Trésor  royal 
dans  aucune  dépense. 

En  1722,  le  procureur  général  de  la  chambre  des  comptes  de  Montpellier 
Voulut  contraindre  les  gentilshommes  dont  les  fiefs  relevaient  du  domaine 
d'Uzès  à  rendre  hommage  au  roi  à  l'occasion  de  son  avènement  à  la  cou- 
fonne.  Cette  exigence  était  fondée  sur  ce  que,  au  temps  où  le  roi  se  trouvait 
seigneur  particulier  d'Uzès,  tous  ses  feudataires  lui  devaient  l'hommage.  Le 
conseil  d'État  déchargea  les  gentilshommes  de  l'obligation  que  l'on  cherchait 
à  leur  imposer. 

Dans  le  courant  de  la  même  année,  le  comte  du  Pv.oure  ayant  présenté 
opposition  k  l'enregistrement  du  contrat  d'échange,  par  suite  de  prétentions 
féodales  qui  lui  étaient  personnelles,  en  fut  débouté  par  la  chambre  des 
comptes  de  Paris. 

Les  officiers  du  sénéchal  8c  siège  présidial  de  Nimes  intervinrent  de  leur 
côté  &  demandèrent  d'être  indemnisés  par  le  duc,  à  cause  de  la  distraction 
d'une  partie  de  leur  ressort;  le  conseil  d'État  rejeta  leur  requête  le  7  mai  1726. 
Le  8  mars  suivant,  le  Parlement  de  Toulouse  défendit  à  tous  justiciables, 
vassaux  Si  arrière-vassaux  dépendant  de  l'échange,  de  porter  les  appels  des 
juges  ordinaires  des  lieux  compris  dans  la  claverie  d'Uzès  &  pays  d'Uzége 
ailleurs  que  devant  le  sénéchal  d'Uzès,  avec  injonction  aux  officiers  du  séné- 
chal de  Nimes  de  renvoyer  les  causes,  lorsque  le  renvoi  en  serait  requis  par 
le  duc  d'Uzès  ou  par  les  parties,  sous  peine  de  nullité  du  jugement. 

Le  20  août  1729,  le  duc  &  le  nouvel  évêque  d'Uzès,  M.  de  Saint-Jal, 
t)btînrent  l'évocation  de  leur  querelle  au  conseil,  avec  renvoi  devant  quatre 
conseillers  de  grand'chambre  du  Parlement  de  Toulouse. 

En  1731,  le  duc  se  trouvait  en  guerre  avec  toute  la  noblesse  du  pays.  Plus 
de  trente  gentilshommes  se  liguèrent  pour  porter  plainte  au  conseil  du  roî 
contre  les  exigences  des  officiers  ducaux  qui  exerçaient  une  juridiction  supé- 
rieure sur  leurs  fiefs  8c  prétendaient  les  soumettre  à  divers  devoirs  féodaux. 
A  la  tête  des  requérants  figurait  le  comte  du  Roure,  lieutenant  général  dans 
la  Province,  avec  le  marquis  du  Roure,  le  marquis  de  Morangiès,  le  comte 
de  Chambonas,  le  comte  du  Champ,  la  baronne  d'Elze,  le  baron  de  Cor- 
soules,  le  marquis  de  Montclus  8c  de  Montpezat,  le  marquis  de  Vezenobre, 
le  comte  de  Ribaute,  le  baron  de  Ribaute,  le  marquis  de  Rochemaure  8c 
de  Montjoux,  le  vicomte  de  Brezis,  le  chevalier  de  Rochepierre,  la  baronne 
de  la  Gorce,  les  barons  de  Rousson,  de  Cornillon,  de  Fons-outre-Gardon, 
d'Aigaliers,  MM.  de  la  Tour  de  Gouvernet,  du  Roure  d'Elze,  de  Serres 
d'Altier,  de  Narbonne,  de  Larques,  de  Sarrazin,  de  Lagarde  Malbosc,  d'En- 
tremaux,  d'Entragues,  de  Moreton  Chabrillant,  de  Boileau,  de  Brun  de 
Roche,  de  Bruneau  8c  quelques  autres.  Toute  cette  noblesse  soutenait  que 
ses  fiefs  &c  justices  n'avaient  pu  être  compris  dans  l'échange,  que  ses  justi- 
ciables devaient  continuer  de  ressortir  au  sénéchal  de  Nimes  8c  par  appel  au 
Parlement  de  Toulouse,  Se  que  le  duc  était  sans  titre  pour  exiger  d'eux 
aucun  droit  féodal.  Le  syndic  du  diocèse  8c  l'évêque  appuyèrent  la  requête 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  loSy 

des  gentilshommes  St  demandèrent  à  être  reçus  parties  intervenantes,  comme 
ayant  un  intérêt  direct  à  la  solution  de  l'affaire. 

Le  débat  fut  extrêmement  compliqué  :  il  porta  sur  l'extension  réelle  du 
domaine  acquis  par  Charles  VIII  de  Guillaume  de  Montfaucon,  parce  que 
cette  portion  était  la  seule  que  le  roi  de  France  pût  comprendre  dans  le  con- 
trat d'échange.  Les  droits  supérieurs,  qui  avaient  anciennement  appartenu 
aux  comtes  de  Toulouse,  étaient  passés  à  la  royauté  par  le  traité  de  Paris  & 
ne  se  rattachaient  en  rien  à  la  part  de  fief  dont  Charles  VIII  s'était  rendu 
propriétaire,  non  pas  comme  roi,  mais  comme  seigneur  particulier.  Il  y  avait 
donc  disproportion  considérable  entre  l'acquisition  faite  par  le  duc  &  ses 
exigences.  D'après  le  syndic  du  diocèse,  les  droits  seigneuriaux  qu'il  tendait 
à  s'arroger  représentaient  plus  de  dix-sept  cent  soixante  mille  livres,  &  la 
baronnie  de  Lévy  avait  été  évaluée  seulement  à  quatre-vingt  dix  mille. 

Le  duc  se  défendit  des  empiétements  qu'on  lui  reprochait.  On  lui  cher- 
chait, disait-il,  une  querelle  d'autant  plus  vaine  qu'une  partie  du  pays, 
située  dans  les  montagnes,  était  presque  sans  valeur,  8c  que  le  reste  appar- 
tenait à  l'évêque,  au  chapitre,  à  l'ordre  de  Malte  &  k  d'autres  religieux,  sur 
lesquels  il  ne  pouvait  avoir  aucun  droit  de  mouvance,  8c  sa  prérogative  sç 
bornait  à  un  simple  droit  de  ressort  sur  quelques  petites  justices  seigneu- 
riales. 

Le  conseil  d'État  prononça  le  i8  mars  lySi  8i  les  lettres  patentes,  en  con- 
firmation de  l'arrêt,  furent  expédiées  le  7  avril  suivant. 

Le  roi  donnait  acte  au  duc  d'Uzès  de  sa  déclaration  présentée  sous  forme 
de  requête,  le  18  janvier  précédent,  par  où  il  désavouait  toute  prétention 
à  la  mouvance  des  terres  titrées  ayant  rendu  hommage  au  souverain,  à  causQ 
de  la  couronne  de  France,  de  la  grosse  tour  du  Louvre  ou  dans  toute  autre 
forme  équivalente,  8c  au  ressort  de  justice  des  terres  de  cette  nature  qui 
pourraient  se  trouver  comprises  dans  les  domaines  échangés.  Moyennant  ces 
réserves,  le  contrat  d'échange  8c  toutes  les  procédures  subsidiaires  étaient 
confirmés;  le  comte  du  Roure  Se  les  autres  requérants  qui  possédaient  deij 
arrière-fiets,  des  terres  non  titrées  8c  non  mouvant  immédiatement  de  la  cou- 
ronne, devaient  faire  acte  de  foi  8c  d'hommage  au  duc  8c  lui  en  rendre  les 
aveux  8c  dénombrements,  comme  ils  en  avaient  agi,  avant  l'échange,  à  l'égard 
du  roi,  pris  en  qualité  de  seigneur  particulier.  Le  même  arrêt  confirma  aux 
officiers  de  la  justice  ducale  le  droit  de  recevoir  l'appel  en  premier  ressort  des 
juges  seigneuriaux'. 

Ce  régime  judiciaire,  véritable  anachronisme,  en  contradiction  ouverte 
avec  les  idées  du  temps  8c  la  conception  moderne  des  droits  de  l'État,  devait, 
au  grand  mécontentement  des  justiciables,  se  perpétuer  jusqu'à  la  Révo- 
lution. 

La  succession  de  la  Pologne  ayant  rallumé  la  guerre  entre  la  France,  alliée 
de  l'Espagne,  8c  l'Empire  allemand,  soutenu  par  la  Russie,  le  gouvernement 

■  Archives  de  la  Haiite-Gnronne.  Fonds  du  parlement  de  Toulouse.  Èjits  &  déclarations,  XLV,  zS. 


(732 


1733 


7^^^ io38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

fut  obligé  de  recourir  à  de  nouveaux  appels  de  fonds,  afin  de  pourvoir  aux 
dépenses  des  armées,  sans  interrompre  le  payement  des  dettes  de  l'État  8c  la 
marche  des  divers  services  publics.  Louis  XIV  s'était  trouvé  trop  souvent  en 
pareil  embarras  pour  qu'on  eût  besoin  d'innover;  tous  les  expédients  avaient 
été  tour  à  tour  expérimentés,  Se  la  reprise  en  fut  débattue  au  conseil  royal. 
Parmi  les  divers  systèmes  proposés,  on  crut  devoir  préférer  les  impôts  dont  le 
recouvrement  était  le  plus  certain  &  le  mieux  proportionné  aux  biens  des 
contribuables,  8c  dont  la  levée,  portée  directement  au  trésor,  sans  traité  ni 
remise  extraordinaire,  promettait  le  moins  de  déchet.  Une  déclaration  du  roi, 
donnée  à  Fontainebleau  le  17  novembre  lySS,  ordonna  de  lever  le  dixième 
du  revenu  de  tous  les  biens,  cette  imposition  étant  la  plus  juste,  la  moins 
arbitraire  8c  la  plus  productive.  La  perception  du  dixième,  prescrite  en  vue 
des  charges  de  la  guerre,  devait  cesser  trois  mois  après  la  conclusion  de  la  paix. 
Le  dixième  frappait  indistinctement  les  roturiers  8c  les  nobles,  les  privilé- 
giés 8c  les  non  privilégiés,  même  les  princes  pourvus  d'apanages  8c  les  sei- 
gneurs engagistes.  Il  atteignait  le  produit  des  propriétés  foncières  de"  toute 
nature,  le  revenu  de  toutes  les  charges,  emplois  ou  commissions  d'épée,  de 
robe,  de  finance  ou  de  cloche;  toutes  les  rentes,  à  l'exception  des  rentes  per- 
pétuelles 8c  viagères  sur  l'Hôtel -de-Ville  de  Paris  8c  sur  les  tailles,  8c  les 
bénéfices  8c  profits  du  commerce  8c  de  l'industrie.  Pour  établir  les  rôles  de 
l'impôt,  les  propriétaires,  officiers,  rentiers,  commerçants  ou  autres  sujets  au 
dixième  étaient  tenus  de  remettre,  dans  quinzaine,  à  dater  de  la  publication, 
une  déclaration  de  leurs  biens  entre  les  mains  des  intendants  provinciaux. 
Faute  de  déférer  à  cette  exigence,  le  dixième  devait  être  doublé,  8c  porté  au 
quadruple  en  cas  de  fausse  déclaration.  Les  receveurs  8c  trésoriers  ordinaires 
de  la  Province  étaient  chargés  de  recouvrer  les  fonds  8c  de  les  transmettre  au 
trésor  royal  '. 
3  La  question  du  dixième  fut  portée  devant  les  États  de  Languedoc  dans  la 

séance  du  i5  janvier  1734.  L'archevêque  de  Narbonne  président  exposa  que, 
depuis  la  déclaration  du  17  novembre,  les  peuples  de  la  Province  s'atten- 
daient à  voir  réclamer  le  consentement  de  l'assemblée  provinciale  pour  cette 
nouvelle  imposition,  comme  pour  les  dons  gratuits.  Les  commissaires  du  roi 
n'ayant  reçu  des  ministres  aucune  instruction  pour  faire  cette  demande,  les 
personnes  qui  tenaient  les  premières  places  dans  les  trois  ordres  s'étaient  réu- 
nies chez  le  président,  8c  avaient  été  dans  le  sentiment  unanime  d'envoyer 
des  mémoires  à  la  Cour  pour  donner  de  nouvelles  preuves  du  zèle  8c  de  la 
fidélité  des  États,  8c  faire  connaître  en  même  temps  combien  il  importait  au 
bien  du  royaume  de  maintenir  la  Province  dans  la  possession  de  libertés  Se 
de  privilèges  dont  elle  n'avait  jamais  fait  usage  qu'en  vue  de  la  gloire  du  roi 
8c  à  l'avantage  de  ses  peuples.  Au  lieu  de  laisser  percevoir  directement  le 
dixième  d'après  les  termes  de  la  déclaration,  le  système  d'un  abonnement, 

'Recueil  des   éjlts,    JéclarationSj    arrêts   S-   ordonnances    de    l'année    1734    pour    la    province    de    Lan- 
guedoc. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  loSç 

confonde  à  celui  des  autres  impôts,  semblait  préférable  &  plus  conforme  aux 
habitudes  du  pays. 

L'assemblée  n'eut  garde  de  contredire  l'opinion  exprimée  par  l'archevêque 
au  nom  des  commissaires  ses  collègues,  &  approuva  la  rédaction  des  deux 
mémoires  qui  turent  transcrits  par  ses  ordres  dans  le  registre  de  ses  délibé- 
rations. 

L,a  déclaration  du  17  novembre  étant  devenue  publique  dans  le  Languedoc, 
les  Etats  généraux  de  la  Province,  assemblés  dans  la  ville  de  Montpellier, 
s'attendaient  à  recevoir  de  la  part  des  commissaires  de  Sa  Majesté  la  demande 
de  leur  concours  pour  la  levée  du  dixième,  coniormément  au  plus  authen- 
tique &  au  plus  précieux  de  leurs  privilèges. 

Le  silence  des  commissaires  du  roi  &  la  crainte  de  voir  finir  la  session  sans 
avoir  pris  sur  une  matière  aussi  importante  les  résolutions  convenables  au 
bien  du  service  8<  aux  intérêts  des  peuples,  obligeaient  les  Etats  de  repré- 
senter très-humblement  à  Sa  Majesté  que,  suivant  une  des  conditions  du 
traité  d'union  de  la  Province  à  la  couronne,  aucun  subside  ne  pouvait  être 
imposé  sur  le  pays  sans  l'exprès  consentement  des  Etats.  Les  lettres  patentes 
de  Charles  VIII  en  1488,  de  François  I"  en  i523,  de  tous  les  rois  leurs  suc- 
cesseurs, S<  en  dernier  lieu  celles  de  Louis  XV,  du  26  octobre  17 15,  confir- 
maient ce  droit  séculaire. 

Les  délibérations  accordant  le  don  gratuit  portaient  précisément  pour  con- 
dition que  nulle  imposition  Si  levée  de  deniers  ne  pourraient  être  faites  sur 
le  général  de  la  Province,  sur  les  villes  &  communes  en  particulier,  ni  sur 
les  habitants,  en  vertu  d'édits  bursaux,  déclarations,  jussions  &  autres  actes 
impératifs  contraires  aux  droits  8t  aux  libertés  de  la  Province,  quand  même 
ces  actes  regarderaient  l'ensemble  du  royaume,  si  le  consentement  formel  des 
États,  en  conséquence  de  leur  ancien  privilège,  n'avait  pas  été  préalablement 
obtenu. 

L'acceptation  que  les  commissaires  faisaient  de  cette  délibération  au  nom 
du  roi  était,  d'après  le  sentiment  des  Etats,  une  confirmation  annuelle  du 
droit  provincial. 

Ils  rappelaient  que  le  roi  Louis  XIV  ayant  établi  le  dixième  par  sa  décla- 
ration du  14  octobre  1710,  les  commissaires-présidents  portèrent  cette  loi  à 
l'archevêque  de  Narbonne  pour  qu'il  sollicitât,  au  nom  du  roi,  le  consente- 
ment des  États.  Le  procès-verbal  de  la  séance  du  5  novembre  17 10  témoignait 
de  la  réalité  de  cette  démarche.  Se  l'on  devait  observer  qu'elle  s'accomplit  en 
vertu  des  ordres  contenus  dans  les  instructions  royales. 

On  ne  pouvait  opposer  aux  privilèges  des  Etats  Se  à  ce  précédent  ce  qui  se 
passa  lors  de  l'établissement  du  cinquantième,  en  I7î5,  puisque  les  États  ne 
se  trouvaient  point  assemblés  lorsque  cette  déclaration  parut.  Si  l'on  porta 
alors  quelque  atteinte  à  leurs  libertés  en  n'attendant  pas  l'époque  de  leur 
prochaine  assemblée,  ils  ne  manquèrent  pas  de  signaler  cette  infraction  aux 
règles  en  chargeant  leurs  députés  en  Cour  de  faire  à  ce  sujet  leurs  très- 
humbles  remontrances;  Se,  s'ils  n'agirent  pas  en  cette  occasion  avec  plus  de 


1734 


—; I040  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

1734  ^ 

vivacité,  c'est  que  l'exemple  des  autres  corps  du  royaume,  pour  lesquels  ie 
contrôleur  général  ne  montra  pas  plus  de  ménagements,  leur  donna  lieu  de 
craindre  de  n'être  pas  favorablement  écoutés.  La  justice  bien  connue  du  car- 
dinal de  Fleury  Si  les  efforts  que  les  Etats  avaient  faits  depuis  pour  le  service 
du  roi  leur  donnaient  lieu  d'espérer  que  Sa  Majesté  voudrait  bien,  à  l'exemple 
des  rois  ses  prédécesseurs,  ordonner  à  ses  commissaires  de  n'innover  rien  de 
contraire  aux  usages  de  la  Province. 

Après  avoir  établi  ces  premières  propositions,  les  Etats  cherchaient  à  mettre 
en  lumière  les  avantages  du  système  de  l'abonnement. 

On  ne  pouvait  pas,  disaient-ils,  révoquer  en  doute  que  les  fonds  de  terre 
qui  faisaient  le  principal  objet  du  dixième  ne  fussent  extrêmement  chargés 
en  Languedoc.  L'attention  que  le  gouvernement  avait  eue,  sur  les  représenta- 
tions des  Etats,  de  procurer  les  moyens  d  acquitter  une  partie  des  dettes  de  la 
Province  en  était  une  preuve  sans  réplique.  Si  l'on  ajoutait  à  la  levée  de 
la  taille  celle  du  dixième,  &  qu'elle  fût  faite  par  des  commis  du  traitant  ou 
par  des  adjudicataires,  l'avidité  de  ces  agents  les  porterait  à  exiger  ce  droit 
avec  une  rigueur  qui  tournerait  à  la  ruine  du  pays.  Dans  le  temps  que  le 
collecteur  agirait  pour  le  payement  de  la  taille,  les  poursuites  pour  le  payement 
du  dixième  y  mettraient  obstacle  :  les  frais  seraient  augmentés  par  ce  concours 
&  par  les  contestations  qui  ne  manqueraient  pas  de  s'élever  entre  les  collec- 
teurs &  les  adjudicataires 5  ils  retomberaient  tous  sur  les  contribuables  qui  se 
trouveraient  hors  d'état  de  satisfaire  aux  uns  St  aux  autres. 

S'il  arrivait,  comme  on  pouvait  le  craindre  par  l'exemple  du  cinquantième, 
que  l'exemption  de  la  milice  fût  accordée  aux  adjudicataires  du  dixième,  le 
désir  de  jouir  de  cette  exemption  donnerait  lieu  à  des  offres  qui  n'auraient 
aucune  proportion  avec  le  dixième  effectif  du  revenu  des  biens,  &  les  adjut 
dicataires  animés  par  cette  perte  chercheraient  à  la  diminuer  en  se  livrant 
aux  exactions  les  plus  rigoureuses  &  les  plus  injustes. 

Les  États  faisaient  encore  observer  que  la  préférence  donnée  au  dixième 
sur  les  autres  impositions,  même  sur  la  taille,  produisait  en  Languedoc  une 
injustice  bien  sensible,  en  ce  que,  la  taille  devenant  solidaire  dans  le  cas  de 
l'abandon  des  fonds,  certains  particuliers,  grâce  aux  rigueurs  de  l'exécution 
du  dixième,  se  trouvant  hors  d'état  de  payer  leurs  tailles  &,  par  conséquent, 
de  cultiver  leurs  terres,  la  taille  des  autres  contribuables  en  devait  être  aug- 
mentée, nouvelle  surcharge  pour  ceux  qui  payeraient  Si  le  dixième  8t  la  taille. 

L'expérience  faite  en  Languedoc  par  les  Etats  avait  démontré  que,  dans  le 
cas  où  les  besoins  de  l'Etat  contraignaient  Sa  Majesté  à  demander  à  ses  peu- 
ples de  nouveaux  secours,  ces  secours  n'étaient  jamais  plus  sûrement  Si  plus 
promptement  obtenus  que  quand  l'imposition  s'en  faisait  conjointement  avec 
les  tailles.  On  ne  levait  alors  sur  les  peuples  que  ce  qui  tournait  au  profit 
du  roi  ;  les  frai?  de  perception  demeuraient  constants.  Si  les  peuples  s'esti- 
maient heureux  de  n'être  pas  exposés  à  l'avidité  d'un  traitant.  Au  contraire, 
quand  les  recouvrements  étaient  distincts  61  confiés  à  différentes  personnes,  le 
payement  de  la  taille,  principale  imposition,  était  souvent  arrêté  par  la  levée 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1041 

du  subside  extraordinaire,  &  ce  dérangement  finissait  par  être  beaucoup  plus 
préjudiciable  au  roi  que  l'augmentation  ne  lui  était  utile. 

Ces  motifs  rendaient  l'abonnement  aussi  avantageux  à  l'Etat  qu'à  la  Pro- 
vince, puisque  les  soulagements  procurés  aux  peuples  étaient,  à  proprement 
parler,  des  réserves  que  leur  sage  économie  assurait  au  roi  pour  l'avenir. 

En  proposant  d'abonner  la  levée  du  dixième  en  Languedoc,  les  États 
exprimaient  le  vœu  de  retenir  à  leur  profit  le  dixième  du  revenu  des  biens 
nobles  &  des  rentes  constituées  sur  la  Province  au  taux  de  cinq  pour  cent, 
les  autres  devant  en  être  exemptes  à  cause  de  la  réduction  qu'elles  avaient 
déjà  souffertes  &  de  l'exception  accordée  aux  rentes  de  l'Hôtel-de-Ville  de 
Paris. 

Cette  réserve,  disaient-ils,  pleine  de  justice,  n'est  pas  un  grand  objet, 
puisque,  à  en  juger  par  l'expérience  du  passé,  les  biens  ecclésiastiques,  qui 
font  la  plus  grande  partie  des  biens  nobles  de  la  Province,  seront  exempts 
du  dixième;  &  quant  aux  rentes,  toutes  celles  qui  étaient  antérieures  à 
l'année  1720  ayant  été  réduites  à  trois  ou  à  deux  pour  cent  par  la  Province, 
par  les  diocèses  ou  par  les  villes,  les  seuls  emprunts  postérieurs  devaient  être 
sujets  au  dixième,  de  sorte  que  la  plus  grande  partie  de  la  somme  d'abonne- 
ment retomberait  sur  les  biens-fonds  sujets  à  la  taille.  L'assemblée  manifes- 
tait l'intention  de  soulager  ces  biens  autant  qu'il  serait  possible,  8c  promettait 
de  ne  rien  oublier  dans  les  arrangements  qu'elle  prendrait  après  la  fixation 
de  l'abonnement  pour  en  diminuer  la  charge  '. 

Un  courrier  fut  immédiatement  expédié  à  la  Cour,  avec  les  mémoires  des 
Etats,  l'assemblée  désirant  avoir  une  réponse  du  ministère  avant  de  se  sépa- 
rer. Comme  le  consentement  des  trois  ordres  n'était  pas  douteux,  &  qu'on 
débattait  seulement  une  question  de  forme,  la  décision  du  conseil  fut  favo- 
raJjie  aux  vœux  exprimés  par  la  Province. 

Le  courrier  rapporta  une  lettre  du  contrôleur  général  Orry  à  l'archevêque 
de  Narbonne,  datée  de  Marly  le  24  janvier. 

«  Il  n'a  pas  été  possible,  écrivait  le  ministre,  de  faire  mention  de  cette 
c<  imposition  dans  les  instructions  qui  furent  adressées  à  Messieurs  les  com- 
<'  missaires  du  roi  quelque  temps  avant  l'assemblée,  parce  que  la  déclaration 
«  portant  l'établissement  du  dixième  n'a  été  envoyée  au  Parlement  de  Paris 
«  S<.  à  celui  de  Toulouse  que  pendant  les  premiers  jours  de  janvier  8<.  par 
«  conséquent  près  de  trois  semaines  après  l'ouverture  de  l'assemblée;  mais 
«  Sa  Majesté  étant  toujours  disposée  à  marquer  aux  États  par  ses  attentions 
«  les  plus  favorables  la  satisfaction  qu'Elle  a  de  leur  zèle  pour  son  service, 
t<  vient  de  donner  ses  ordres  à  Messieurs  ses  commissaires  pour  faire  connoître 
<i  à  l'assemblée  dés  Etats  qu'ayant  été  obligée  de  demander  à  ses  sujets  le 
«  dixième  du  revenu  de  tous  les  biens  pour  soutenir  les  dépenses  extraordi- 
«  naires  de  la  guerre,  Elle  est  bien  persuadée  qu'ils  se  porteront  à  lui  témoi- 
«  gner  sur  cela  la  même  affection  à  son  service  qu'ils  ont  fait  paroître  sur  les 

"  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  i5  janvier  1734. 

XHI.  66 


1734 


i7-i4 


1042  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

<c  autres  demandes  qui  leur  ont  été  faites  de  sa  part  depuis  l'ouverture  de 
«   l'assemblée. 

«  Quant  à  l'abonnement  du  dixième  que  demandent  les  Etats,  Sa  Majesté 
«  a  pareillement  envoyé  ses  ordres  à  ses  commissaires  pour  écouter  les  propo- 
«  sitions  que  les  États  feront  sur  cet  abonnement.  J'espère,  Monsieur,  qu'elles 
«  seront  proportionnées  à  la  valeur  des  biens  de  la  Province,  sans  quoy  il 
«  ne  seroit  pas  possible  que  Sa  Majesté,  quelque  désir  qu'EUe  ait  de  soulager 
«  ses  sujets  de  Languedoc,  pût  se  porter  à  les  dispenser  de  l'exécution  pure 
«  S<.  simple  de  la  déclaration  du  17  novembre  de  l'année  dernière,  dans  un 
c<  temps  8c  des  conjonctures  où  le  secours  qu'Elle  en  doit  tirer  est  si  néccs- 
«   saire'.  » 

L'année  1784  est  demeurée  célèbre  dans  l'histoire  administrative  de  la 
Province  par  l'établissement  d'une  commission  executive,  mi-partie  de  mem- 
bres nommés  par  le  gouvernement  &  de  membres  nommés  par  les  États,  8<. 
destinée  à  exercer  une  sorte  de  surveillance  Se  de  tutelle  sur  les  communes  &. 
à  contrôler  la  gestion  de  leurs  biens. 

Beaucoup  de  causes  avaient  contribué  à  jeter  un  grand  désordre  dans  les 
affaires  des  communes.  Les  petites  oligarchies  locales  chargées  de  les  diriger, 
se  laissant  presque  toujours  dominer  par  des  vues  d'intérêt  particulier,  sem- 
blaient moins  avoir  pour  but  de  travailler  au  bien  général  que  d'exploiter 
au  profit  d'elles-mêmes  la  part  d'autorité  dont  elles  se  trouvaient  investies. 
Les  sages  règlements  faits  à  diverses  époques  pour  assurer  l'exacte  reddition 
des  comptes,  restreindre  les  dépenses  inutiles,  empêcher  les  gaspillages 
d'argent  8c  garantir  l'amortissement  des  dettes  n'étaient_  point  observés;  8c, 
comme  les  charges  fiscales  imposées  par  les  besoins  de  l'Etat  ne  cessaient  pas 
de  s'accroître,  la  plupart  des  communes  en  étaient  arrivées  à  une  situation 
financière  qui  ne  le  cédait  en  rien  à  celle  du  royaume. 

Au  mois  de  janvier  i733,  l'intendant  de  Languedoc  fit  présenter  à  la  com- 
mission des  affaires  extraordinaires,  par  l'entremise  du  syndic  général  Mont- 
ferrier,  un  mémoire  dont  il  était  l'auteur,  contenant  un  projet  de  réformation 
pour  l'administration  des  communes.  Après  avoir  offert  un  tableau  sommaire 
des  abus  dont  tout  le  monde  connaissait  l'existence.  Se  montré  la  nécessité 
d'y  porter  un  prompt  remède,  M.  de  Saint-Maurice  proposait  d'envoyer  un 
commissaire  particulier  dans  chaque  commune  pour  en  étudier  la  situation  à 
fond  8c  dans  le  plus  grand  détail. 

Les  instructions  données  à  ces  commissaires  devaient  porter  sur  sept  points  : 

Dresser  un  état  exact  des  dettes  communales,  en  distinguant  celles  qui 
avaient  été  vérifiées  de  celles  qui  ne  l'étaient  pas  ou  dont  la  vérification 
s'instruisait,  afin  de  pourvoir  aux  moyens  d'amortir  les  dettes  vérifiées  Se  de 
décharger  les  communes  des  autres; 

Examiner  les  dépenses  ordinaires  des  municipalités,  en  les  conférant  avec 
les  règlements  de   1662  Se  les  ordonnances  d'augmentation,  après  quoi    il 

'  Piocès-vcrbnl  des  Etnts  de  Languedoc.  Séance  du  3o  janvier  1734. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1043   " 

serait  facile  de  supprimer  les  dépenses  qui  paraîtraient  inutiles  &  de  dresser 
de  nouveaux  états  ; 

S'informer  en  quoi  consistaient  les  biens  patrimoniaux  de  chaque  com- 
mune Si.  les  octrois  ou  subventions  qui  leur  avaient  été  accordés,  prélimi- 
naire indispensable  pour  préparer  la  réduction  des  impôts  &  l'amortissement 
des  dettes; 

Vérifier  le  nombre  &  l'étendue  des  terres  incultes  8i  des  biens  abandonnes, 
cette  statistique  de  la  détresse  municipale  devant  seule  permettre  d'étudier  en 
connaissance  de  cause  les  moyens  d'y  porter  remède; 

Dresser  un  état  des  comptes  des  communes  qui  n'avaient  pas  été  arrêtés 
depuis  vingt-neuf  ans,  afin  de  pouvoir  obliger  les  comptables  retardataires 
à  fournir  des  justifications,  8c  prendre  des  mesures  pour  qu'à  l'avenir  les 
comptes  fussent  régulièrement  arrêtés  tous  les  ans; 

S'enquérir  des  procès  dans  lesquels  les  communes  pouvaient  se  trouver 
engagées,  en  connaître  l'objet  &.  savoir  devant  quels  tribunaux  les  affaires 
étaient  pendantes; 

Enfin  s'assurer  de  la  contenance  du  terroir  de  chaque  commune,  connaître 
la  nature  8c  la  propriété  des  biens,  la  quantité  &  la  qualité  des  récoltes  &  des 
bestiaux,  le  nombre  des  habitants,  l'emploi  qu'ils  faisaient  de  leurs  denrées 
&t  l'étendue  de  leur  commerce- 
Cette  vaste  enquête  municipale  était  trop  importante  &  trop  bien  conçue 
pour  ne  pas  frapper  l'esprit  des  commissaires  provinciaux.  Ils  déclarèrent 
qu'elle  prouvait  également  le  zèle  de  l'administrateur  Si.  son  attention  à  sou- 
lager  le  pays,  &  qu'ayant  cherché  à  délivrer  la  Province  Se  les  diocèses  du 
poids  de  leurs  dettes  par  l'établissement  d'une  loterie  d'amortissement,  ils 
étaient  obligés  de  songer  aussi  à  la  délivrance  des  communes.  Ils  rappelèrent 
que  cette  préoccupation  n'était  point  nouvelle.  En  1662,  le  roi  avait  nommé 
une  commission  extraordinaire  pour  vérifier  les  dettes  des  municipalités,  leurs 
dépenses  Se  leurs  impositions  ordinaires.  Après  un  très-long  travail,  cette 
commission  était  parvenue  à  dresser  un  état  des  dettes  de  chaque  commune, 
d'après  lequel  on  avait  réglé  un  délai  obligatoire  pour  les  éteindre,  soit  par 
imposition,  soit  par  subvention.  Les  mêmes  commissaires  s'étaient  aussi  occu- 
pés de  fixer  les  dépenses  ordinaires;  Se,  pour  rendre  l'utilité  de  cette  opéra- 
tion plus  durable,  on  tenait  encore  tous  les  ans,  pendant  la  durée  des  États, 
deux  commissions,  l'une  pour  la  vérification  des  impositions,  l'autre  pour  la 
vérification  des  dettes  diocésaines  8c  municipales. 

Les  commissaires  des  Exats  avouaient  que  les  malheurs  des  temps  8c  les 
besoins  du  royaume  ayant  complètement  absorbé  l'attention  de  l'assemblée 
provinciale,  on  n'avait  pu  veiller  avec  tout  le  soin  nécessaire  pour  maintenir 
un  ordre  si  judicieusement  établi.  Les  consuls  8c  administrateurs  municipaux, 
soit  par  négligence,  soit  par  des  préoccupations  d'intérêt  personnel,  s'étaient 
écartés  des  règles,  8c  la  confusion  avait  fini  par  devenir  si  générale  8c  le  chaos 
si  obscur,  que  les  deux  commissions  annuelles  se  réunissaient  à  peu  près  pour 
la  forme  8c  ne  rendaient  plus  les  services  en  vue  desquels  on  les  avait  créées. 


1734 


^^ 


I044  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Il  fallait  donc  recommencer  de  toutes  pièces  le  travail  de  1662,  entreprise 
considérable  qui  demandait  une  préparation  sérieuse  &  beaucoup  de  temps. 

En  donnant  les  plus  grands  éloges  au  Mémoire  de  l'intendant  8c  en  approu- 
vant ses  vues  pour  le  bien  général  &  l'économie  des  finances  municipales, 
les  commissaires  proposèrent  à  l'assemblée  de  désigner  un  certain  nombre 
de  membres  qui,  pendant  le  cours  de  l'année  suivante,  seraient  chargés  de 
dresser,  de  concert  avec  l'intendant,  un  projet  d'instructions  pour  les  enquê- 
teurs particuliers.  Si  de  chercher  avec  lui  tous  les  autres  moyens  les  plus 
convenables  pour  le  bon  ordre  &  le  soulagement  des  communes,  avec  pouvoir 
d'en  faire  expérience,  à  leur  choix,  sur  quelques  communes  du  pays. 

Ces  propositions  furent  acceptées  par  les  États,  qui  se  réservèrent  de  statuer 
sur  les  résultats  pendant  la  session  suivante,  autorisèrent  le  trésorier  de  la 
bourse  à  faire  les  avances  nécessaires,  sur  les  ordres  de  l'archevêque  de  Nar- 
bonne,  8c  supplièrent  très-humblement  Sa  Majesté  de  vouloir  bien  supporter 
la  moitié  des  frais,  comme  n'étant  pas  moins  intéressée  que  la  Province  au 
rétablissement  du  bon  ordre'. 

Lorsque  les  Etats  se  réunirent,  sur  la  fin  de  l'année  lyBS,  les  commissaires 
royaux  apportèrent,  dans  leurs  instructions,  un  article  spécial  au  projet  de 
réformation.  Il  fut  rendu  compte  des  expériences  qui  avaient  été  faites;  on 
prit  connaissance  des  instructions  données  au  commissaire  enquêteur,  8c  l'on 
donna  lecture  de  plusieurs  procès-verbaux  dressés  par  lui.  Afin  de  rendre  le 
travail  plus  utile  8c  d'abréger  le  séjour  des  enquêteurs  dans  les  communes,  ce 
qui  équivalait  à  une  diminution  de  dépenses,  on  fut  d'avis  de  réduire  les 
instructions  à  une  forme  plus  simple  8c  de  faire  pour  les  procès-verbaux  des 
formules  imprimées  dont  il  suffirait  de  remplir  les  articles  laissés  en  blanc, 
système  qui  rendrait  le  travail  des  commissaires  uniforme  8c  plus  facile  à 
dépouiller.  Suivant  cette  idée,  un  projet  d'instruction  fut  préparé  8c  agréé  des 
commissaires  royaux. 

Restait  la  question  de  dépense,  tant  pour  les  honoraires  des  enquêteurs 
que  pour  divers  frais  indispensables.  On  admit  d'abord  que  ces  honoraires 
seraient  fixés  à  tant  par  commune  81  non  par  journée,  8c,  comme  on  jugeait 
difficile  d'apprécier  le  travail  plus  ou  moins  considérable  exigé  par  chaque 
commune,  on  s'arrêta  au  tarif  unique  de  vingt-cinq  livres.  A  ce  prix,  le  mon- 
tant de  la  dépense,  en  y  comprenant  les  frais  de  commis,  d'impression  8c 
autres  accessoires,  ne  devait  pas  dépasser  soixante-dix  mille  livres,  dont  le  roi 
supporterait  la  moitié. 

Afin  d'accélérer  le  travail,  on  jugea  aussi  convenable  de  multiplier  les 
commissaires  particuliers  8c  d'en  établir  un  par  diocèse. 

Quant  au  corps  supérieur  chargé  de  centraliser  les  renseignements  recueillis 
par  les  commissaires  enquêteurs  8c  de  préparer  la  réformation,  on  ne  crut 
pouvoir  mieux  faire  que  de  revenir  au  système  adopté  en  1662,  dans  des  vues 
à  peu  près  analogues.  La  commission  mixte  créée  par  Louis  XIV,  à  la  tête  de 

■  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  7  janvier  1733. 


LIV.  IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV. 


104D 


laquelle  était  placé  le  prince  de  Conti,  se  composait  de  quatre  membres  de 
iiominatk)n  royale  &  de  quatre  membres  élus  par  les  Etats,  assistés  des  trois 
syndics  généraux  de  la  Province.  Les  règlements  en  vigueur  pour  la  vérifi- 
cation des  dettes  des  communes,  pour  leurs  dépenses  ordinaires  &  pour  la 
gestion  de  leurs  biens,  étaient  l'œuvre  de  cette  commission,  &  l'on  n'avait 
qu'à  reprendre  ce  grand  ouvrage  pour  corriger  les  abus  que  le  cours  du  temps 
&  les  circonstances  avaient  introduits. 

En  1662,  l'enquête  sur  les  communes  avait  été  confiée  aux  syndics  géné- 
raux, obligés  de  se  transporter  dans  plusieurs  diocèses.  La  nécessité  d'opérer 
plus  rapidement  ne  permettait  pas  de  conserver  cette  disposition.  Se  l'on  y 
suppléerait  par  la  nomination  des  enquêteurs  diocésains. 

Le  roi  venait  de  promettre,  par  l'article  g  des  instructions  données  à  ses 
commissaires,  que  la  moitié  des  irais  de  l'enquête  serait  à  la  charge  du  trésor; 
8c,  comme  on  avait  depuis  longtemps  reconnu  l'urgence  de  modifier  la  répar- 
tition de  la  capitation  sur  les  diocèses  &  les  communes  par  suite  des  change- 
ments survenus  depuis  le  premier  établissement,  i!  tut  décide  que  les  procès- 
verbaux  des  commissaires  enquêteurs  renfermeraient  le  dénombrement  des 
feux  &.  quelques  autres  observations. 

Tous  ces  points  ayant  été  convenus  avec  les  commissaires  royaux,  les  Etats 
purent  procéder,  le  26  janvier  1734,  à  l'élection  de  quatre  de  leurs  membres 
pour  faire  partie  de  la  commission  permanente.  Ils  choisirent  M.  d'Avejan, 
évêque  d'Alais;  le  baron  de  Calvisson,  Lardos,  capitoul  de  Toulouse,  &.  Jer- 
phanion,  syndic  du  diocèse  du  Puy'. 

Quatre  jours  après,  le  roi  complétait  la  commission  en  nommant  les  mem- 
bres de  son  choix.  Il  désigna  le  duc  du  Maine,  à  titre  honoraire,  8c,  en  son 
absence,  le  marquis  de  La  Fare,  commandant  en  chef  dans  la  Province;  l'in- 
tendant de  Languedoc  &c  les  sieurs  de  Lafage  8c  Vichet,  trésoriers  de  France 
aux  bureaux  des  finances  es  généralités  de  Toulouse  8c  de  Montpellier. 

Telle  fut  la  composition  de  ce  comité  d'administration  municipale,  c(ui  est 
connu  sous  le  nom  de  Commission  de  1734.  Les  lettres  patentes  du  3o  janvier 
rappelaient  qu'en  1662  la  plus  grande  partie  des  communes  de  Languedoc 
étant  tombées,  par  leur  mauvaise  administration,  dans  un  très-grand  désordre, 
surchargées  d'impositions,  hors  d'état  d'y  suffire  8c  accablées  par  le  poids  de 
dettes  qui  s'augmentaient  tous  les  jours,  le  roi  Louis  XIV  avait  jugé  indis- 
pensable d'y  porter  remède;  qu'il  avait  dans  ce  but,  le  10  mars  de  la  même 
année,  donné  commission  au  prince  de  Conti,  à  M.  de  Bezons,  intendant;  à 
M.  de  Guillerargues,  premier  président  en  la  cour  des  aides  de  Guienne,  8c 
aux  trésoriers  de  France  Caulet  8c  Boirargues,  pour  procéder,  conjointement 
avec  les  commissaires  des  Etats,  k  la  vérification  des  diocèses,  villes  8c  com- 
munes, régler  leurs  dépenses  ordinaires  8c  frais  municipaux  8c  corriger  les 
abus  qui  pourraient  s'y  être  introduits  par  suite  de  la  guerre  ou  d'autres 
causes.  Ces  commissaires  avaient  pouvoir  de  se  faire  représenter  les  livres  de 

'  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  z6  janvier  1734. 


1734 


~ 1046  ÉTUDES  Ï^ISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

collecte  de  chaque  commune,  leurs  compoix  ou  cadastres,  les  registres  de  leurs 
délibérations,  les  comptes  des  particuliers  qui  avaient  eu  l'administration  des 
deniers  publics  81  généralement  tous  les  actes  nécessaires  pour  reconnaître  les 
malversations  &  empêcher  la  levée  d'impôts  contraires  aux  règlements  de  la 
Province.  Cette  commission  remplit  exactement  son  mandat,  constata  les 
dettes  de  toutes  les  communes,  pourvut  au  payement  des  créanciers  &  fit  plu- 
sieurs règlements  généraux  sur  l'administration  des  affaires  communales,  & 
des  règlements  particuliers  pour  les  dépenses  ordinaires.  Ce  travail  étant  ter- 
miné, le  conseil  d'État,  par  arrêt  du  17  décembre  lôyS,  supprima  la  commis- 
sion &  prescrivit  qu'à  l'avenir  les  commissaires  présidents  aux  Etats  de  Lan- 
guedoc, de  concert  avec  quelques  autres  personnages  expressément  nommés, 
procéderaient  chaque  année  à  la  vérification  des  dettes  des  communes;  le 
23  janvier  1678,  un  autre  arrêt  décida  que  cette  vérification  serait  faite  uni- 
quement par  les  commissaires  du  roi  &  des  Etats;  mais  l'expérience  démontrait 
l'insuffisance  de  ce  contrôle.  Les  événements  survenus  depuis  1662  avaient  à 
peu  près  détruit  l'heureux  effet  des  règlements;  les  abus  s'étaient  multipliés. 
Les  communes  se  trouvaient  chargées  de  dettes  considérables,  tant  à  l'occa- 
sion des  secours  extraordinaires  que  la  Province  avait  dû  fournir  pendant  les 
grandes  guerres  de  Louis  XIV,  que  des  nécessités  locales  ou  des  dépenses 
causées  par  la  peste.  Il  fallait  donc  regagner  le  terrain  perdu. 

Pouvoir  était  donné  aux  nouveaux  commissaires  de  choisir  des  personnes 
capables,  en  nombre  suffisant,  pour  se  transporter  dans  toutes  les  villes  & 
communes,  y  faire  des  vérifications  exactes  de  leur  situation  actuelle,  dresser 
des  états  de  leurs  octrois,  patrimoniaux,  subventions  Se  autres  revenus,  de 
leurs  charges  8<  dépenses  ordinaires  ou  imprévues,  de  leurs  dettes  vérifiées  ou 
-  non  vérifiées,  des  comptables  8c  reliquataires,  des  sommes  qui  s'imposaient, 
&  des  biens  abandonnés  ou  incultes,  avec  les  moyens  de  les  remettre  en 
valeur.  Pour  établir  cette  statistique,  les  délégués  de  la  commission  devaient 
exiger  communication  de  tous  les  documents  utiles.  La  commission  elle-même 
était  autorisée  à  faire  tous  les  règlements  généraux  ou  particuliers  qui  lui 
paraîtraient  nécessaires;  elle  avait  droit  d'obliger  les  consuls,  collecteurs,  cla- 
vaires 8<.  autres  administrateurs  des  deniers  publics,  à  rendre  leurs  comptes 
depuis  l'année  1700,  d'ordonner  le  payement  du  reliquat  de  tous  ces  comptes 
pour  être  employés  en  moins  imposé,  d'après  les  règles  de  la  Province,  avec 
faculté  de  contraindre  à  ce  payement  par  les  voies  régulières,  malgré  l'appel 
qui  pourrait  être  porté  devant  la  cour  des  comptes  de  Montpellier. 

Maître  Touzart,  conseiller  secrétaire  du  roi  aux  Etats,  était  désigné  pour 
servir  de  greffier  à  la  commission,  dont  les  pouvoirs  devaient  durer  jusqu'à 
l'entier  accomplissement  de  ses  travaux  '. 

Pour  faciliter  le  service,  les  lettres  patentes  autorisaient  les  commissaires  à 
vaquer  à  leurs  fonctions,  les  uns  en  l'absence  des  autres,  pourvu  qu'ils  fus- 

'  Recueil  des  éi'iti,  dècluraùons,  arrêts  &  ordonnances  de  l'année  1734  pour  la  province  de  Lan- 
guedoc. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1047    — 

^'  17-5-1 

sent  au  moins  au  nombre  de  cinq  &  qu'ils  eussent  l'assistance  de  l'un  des 
syndics  généraux  de  Languedoc. 

La  commission  de  1734,  dont  on  ne  peut  se  dissimuler  que  l'intendant 
était  l'âme,  exerça  une  action  utile  sur  l'administration  des  commîmes.  En 
établissant  des  règles  minutieuses,  en  prohibant  les  dépenses  déplacées,  en 
tenant  les  comptables  sous  une  surveillance  continue,  elle  assurait  au  pouvoir 
central  son  rôle  le  plus  élevé  &  le  plus  légitime,  8t  préparait  ces  habitudes 
de  rigueur  administrative  dont  on  a  quelquefois  lieu  de  blâmer  l'exagération, 
mais  qui,  dans  tous  les  cas,  doivent  paraître  un  mal  salutaire,  si  l'on  veut 
bien  les  comparer  aux  affreux  gaspillages  8c  aux  détournements  de  fonds  des 
anciennes  municipalités  autonomes.  Par  l'observation  &  l'étude  critique  des 
faits,  les  commissaires  de  1734,  bien  qu'appartenant  tout  entiers  k  l'ancien 
régime,  contribuèrent  à  dégager  les  principes  d'équité  81  d'exactitude  qui  sont 
devenus  la  règle  des  Etats  modernes. 

Comme  corollaire  de  la  nouvelle  création,  les  Etats  de  Languedoc  décidè- 
rent, le  5  février  1734,  qu'il  serait  sursis  à  l'établissement  de  toutes  les  sub- 
ventions sollicité  par  diverses  villes  de  la  Province.  L'assemblée  consentait 
seulement  que  les  subventions  qui  étaient  déjà  expirées  ou  près  de  l'être  fus- 
sent continuées  pendant  les  années  1734,  1735  8c  1736,  à  condition  d'en 
employer  le  produit  suivant  les  arrêts  de  création,  8c,  renouvelant  les  dispo- 
sitions de  l'arrêt  du  18  août  1661,  défendait  d'imposer  à  l'avenir  aucun 
droit  sur  les  denrées  8c  marchandises,  ni  sur  la  viande  de  boucherie,  sans 
en  avoir  au  préalable  obtenu  le  consentement  des  Etats  8c  la  permission  de 
Sa  Majesté. 

Un  arrêt  du  conseil,  donné  à  Versailles  le  3i  juillet  1734,  sur  le  rapport 
du  contrôleur  général,  autorisa  l'abonnement  du  dixième  par  la  province  de 
Languedoc,  au  prix  de  treize  cent  cinquante  mille  livres  par  an,  pendant 
toute  la  durée  de  l'iinposition,  à  compter  du  1"  janvier  1734.  Cette  somme 
devait  être  versée  au  trésor  en  trois  payements  égaux,  le  i5  juin,  le  i5  sep- 
tembre 8c  le  3 1  décembre.  ly'abonnement  remplaçait  la  levée  du  dixième  de 
tous  les  revenus  Se  bénéfices,  à  la  réserve  des  rentes,  gages  8c  pensions  com- 
pris dans  les  États  du  roi,  dont  le  dixième  continuerait  d'être  retenu  à  son 
profit  par  les  payeurs  8c  trésoriers.  Le  recouvrement  de  la  somme  convenue 
avec  les  États  était  laissé  à  la  direction  de  la  Province.  L'assemblée  nommait, 
de  concert  avec  l'intendant,  des  commissaires  chargés  d'opérer  la  répartition 
sur  les  contribuables,  en  y  comprenant  à  la  fois  le  prix  de  l'abonnemeiit  8c 
les  frais  de  régie,  de  recette  &c  de  comptes.  Seulement,  la  taxe  ne  pouvait 
excéder  le  dixième  des  revenus.  Les  particuliers  qui  se  croiraient  surchargés 
étaient  autorisés  à  se  pourvoir  par  opposition  devant  l'intendant  8c  les  com- 
missaires, sur  présentation  de  leur  quittance,  avec  appel  au  conseil  d'État. 
Le  roi  subrogeait  la  province  de  Languedoc  à  tous  ses  droits  pour  la  levée 
de  l'impôt  8c  enjoignait  à  toutes  les  compagnies  de  justice  supérieures  8c 
subalternes,  aux  communautés  de  procureurs,  de  notaires,  d'huissiers,  aux 
corps  de  métiers  8c  à  toutes  les  autres  corporations  servant  des  rentes  aux 


I7J3 


~ 1048  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

particuliers,  d'en  retenir  le  dixième  8<  d'en  remettre  le  montant  au  trésorier 
des  États'. 

Cette  mesure  fut  complétée  par  un  autre  arrêt  du  24  août,  qui  permit  aux 
États  d'évaluer  le  dixième  des  biens  nobles  &.  seigneuriaux  à  un  tiers  en  sus 
du  tarif  arrêté  en  1712,  &  d'exiger  de  toutes  les  compagnies  qui  payaient 
des  rentes  un  tableau  exact  de  leurs  créanciers,  avec  l'indication  du  capital 
8c  des  intérêts.  Le  versement  du  dixième  dû  par  ces  compagnies  devait  être 
fait  de  six  en  six  mois  aux  mains  du  trésorier  de  la  bourse  de  Languedoc. 
L'assemblée  provinciale  avait  d'ailleurs  la  faculté  de  régler,  pendant  la  ses- 
sion suivante,  tous  les  détails  de  l'opération,  d'après  les  dispositions  concer- 
tées par  les  députés  avec  les  ntinistres. 

Dans  la  séance  du  8  janvier  lySj,  le  syndic  général  Joubert  rendit  compte 
des  réponses  faites  par  le  roi  aux  requêtes  de  la  députation  que  les  États 
envoyaient  chaque  année  à  la  Cour.  Tout  en  témoignant  la  satisfaction  qu'il 
avait  des  services  de  la  noblesse  languedocienne,  Louis  XV  s'était  refusé  à 
retarder  pendant  deux  ans,  comme  on  le  lui  demandait,  la  remise  des  aveux 
&  dénombrements;  cette  surséance  était,  disait- il,  sans  exemple.  Se  ne  pou- 
vait être  accordée  ni  aux  vassaux  immédiats,  ni  aux  arrière-vassaux  qui 
auraient  le  même  prétexte  de  la  demander.  Quant  au  délai  sollicité  pour 
l'exécution  de  la  commission  du  5  mai  lySS,  relative  au  renouvellement  du 
papier  terrier,  le  ministère  se  montra  plus  coulant.  Le  contrôleur  général 
répondit  de  vive  voix  que  les  commissaires  chargés  de  ce  travail  ne  le  pres- 
seraient point,  81  le  roi  déclara,  dans  sa  réponse  au  cahier,  que  les  frais 
seraient  modérés  de  façon  à  ménager  tous  les  intérêts. 

Les  charges  municipales  avaient  été  rétablies  au  mois  de  novembre  1783 
8t  toutes  les  élections  consulaires  interdites.  Comme  toujours,  le  motif  allé- 
gué pour  cette  révolution  cachait  la  préoccupation  fiscale.  «  Nous  sommes 
«  informé,  disait. le  roi,  qtie,  depuis  la  suppression  desdits  offices,  la  liberté 
i<  des  élections  est  presque  toujours  troublée  par  des  intrigues,  qui  en  sont 
«  comme  inséparables,  &  que  les  officiers  ainsi  élus,  n'ayant  que  peu  de 
«  temps  à  demeurer  dans  leurs  emplois,  ne  peuvent  acquérir  une  connais- 
«  sance  parfaite  des  affaires  concernant  notre  service  Se  celui  des  villes.  » 
L'un  des  résultats  du  changement  était  de  faire  passer  la  députation  du  tiers 
aux  États  provinciaux  dans  les  mains  des  simples  acquéreurs  d'offices.  «  Ceux 
«  qui  auront  fait  leurs  soumissions  pour  acquérir  ces  offices,  portait  l'arrêt 
«  du  29  décembre,  auront  entrée  aux  États  à  l'exclusion  des  maire  Si  offi- 
«  ciers  actuellement  en  place,  en  justifiant  du  payement  en  espèces  du  tiers 
«  de  la  finance,  81  de  la  commission  de  chancellerie.  »  Ce  triste  trafic  n'était 
pas  de  nature  à  rehausser  l'influence  des  États  &  redoublait,  au  commence- 
ment de  chaque  session,  les  querelles  des  divers  titulaires  qui  se  disputaient 
les  sièges.  L'assemblée  recevait  invariablement  les  porteurs  des  commissions 

■  Recueil  des  éJitSj  déclarations,  arrêts  &  ordonnances  de  Vannée  1734  pour  la  province  de  La«- 
goedoc. 


173Û 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  1049         ~ 

au  détriment  des  députés  élus,  la  préférence  devant  toujours  être  donnée  aux 
acquéreurs,  d'après  les  intentions  du  roi'. 

Le  20  janvier  lySô  parut  une  grande  déclaration  du  roi,  destinée  à  ter- 
miner les  conflits  de  juridiction  qui  s'élevaient,  depuis  plus  de  quarante 
années,  entre  le  Parlement  de  Toulouse,  la  cour  des  comptes,  aides  &  finances 
de  Montpellier,  les  bureaux  des  finances  des  deux  généralités  8c  les  autres 
tribunaux  de  la  Province.  Nos  lecteurs  savent  que  la  cause  originelle  de  ces 
débats  était  l'âge  différent  de  corps  judiciaires  dont  les  attributions  se  tou- 
chaient sur  bien  des  points.  Chacune  des  compagnies  cherchant  à  étendre  ses 
prérogatives.  Se  la  faveur  des  personnes  ayant  presque  toujours  une  influence 
décisive  sur  les  résolutions  du  gouvernement,  les  questions  de  compétence 
devenaient  un  véritable  chaos;  on  se  perdait  au  milieu  de  ces  autorités  juxta- 
posées dans  la  suite  des  temps,  sans  idée  synthétique.  L'édit  de  novembre  i6go, 
dont  les  dispositions  étaient  favorables  k  la  cour  des  comptes,  avait  fait  surgir 
un  nombre  prodigieux  de  contestations,  où  tous  les  tribunaux  du  Languedoc 
se  trouvaient  engagés  &  où  les  Etats  eux-mêmes  avaient  cru  devoir  intervenir. 

La  multitude  des  parties,  le  nombre  &  l'importance  des  demandes,  la  lon- 
gueur &  la  difficulté  de  l'instruction,  menaçaient  d'éterniser  la  querelle  si 
l'on  avait  suivi  les  règles  ordinaires  de  la  justice.  Aussi  en  était-on  venu, 
dans  les  divers  camps,  à  solliciter  un  acte  de  la  puissance  royale  qui  réglât  la 
compétence  de  tous  les  juges. 

Adoptant  la  marche  qui  avait  été  suivie  en  1734  pour  terminer  les  diffi- 
cultés pendantes  entre  le  Parlement  &.  la  cour  des  aides  de  Bordeaux,  le  gou- 
vernement chargea  des  commissaires  du  conseil  d'examiner  les  mémoires  8c 
les  pièces  remises  par  les  parties  8c  de  fournir  un  avis  motivé  sur  les  points  en 
litige.  Le  Parlement  de  Toulouse  8c  la  cour  de  Montpellier  envoyèrent  des 
députés  avec  mandat  de  défendre  leurs  prétentions,  Se  le  syndic  général  de  la 
Province  apporta  ses  éclaircissements. 

La  compagnie  de  Montpellier  réunissait  deux  attributions  distinctes  :  elle 
était  à  la  fois  chambre  des  comptes  6c  cour  des  aides.  Comme  celte  dernière 
qualité  la  mettait  en  rapport  avec  tous  les  habitants  de  la  Province  8c  susci- 
tait le  plus  grand  nombre  des  contestations,  ce  tut  à  ordonner  tous  les  détails 
de  ce  rôle  que  s'attacha  d'abord  le  législateur.  La  déclaration  de  lySô,  qui  ne 
comprenait  pas  moins  de  soixante-douze  articles,  avait  pour  objet  de  faire  un 

'  La  fonctions  municipales  n'étaient  plus  con-  tage,  les  Ktats  qui  lui  avoient  déjà  donné  des  mar- 

sidérées  que  comme  un  moyen  d'acquérir  certains  ques  de  leur  confiance  &  qui   ne  peuvent  que  re- 

avantnges  personnels.  Nous  lisons  dans  le  procès-  gretter  sa  perte,  pourroient  s'intéresser  auprès  du 

verbal  de  la  séance  du  5  février  1735  :  roy  pour  obtenir  la   noblesse  pour  le  fils  unique 

«  Monseigneur   l'archevêque  de  Toulouse  a  dit  que  le   sieur  Paillioux   a   laissé,  qu'il  y  a   lieu  de 

que   le   feu    sieur   Pailhoux,  dont   la    science  &   la  croire  que   cette  grâce   sera   accordée   aux  Etats  & 

capacité  luy  avoient  justement  acquis  la  confiance  que  Messieurs   les  députés   à    la    Cour  pourroient 

du  public  &  la  réputation  la  plus  distinguée,  avoit  être  chargés  de  la  solliciter. 

Clé  destiné   pour  remplir  une  des    places  de  cspi-  «  Sur  quoy  l'assemblée  a  unanimement  délibéré 

toul   de  Toulouse,   ce  qui    luy   auroit   procuré   la  de  charger  Messieurs  les  députés  à  la  Cour  de  solli- 

noblesse  qui   est   la   juste    récompense  du   mérite;  citer  auprès  du  roi  des  lettres  de  noblesse  en  faveur 

que  sa  mort  ayant  privé  sa  famille  de  cet  avan-  du  fils  du  sieur  Pailhoux.  » 


1736 


io5o  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

partage  sî  juste  dans  les  matières  qui,  sous  différents  rapports,  pouvaient 
regarder  des  tribunaux  dittérents,  que  chaque  siège  particulier  &  chaque 
compagnie  se  renfermât  exactement  dans  les  bornes  de  son  pouvoir,  soit  en 
première  instance  ou  par  appel.  On  se  flattait  d'atteindre  ce  résultat,  grâce 
à  l'attention  que  l'on  avait  eue  de  fixer  précisément,  8t  par  des  dispositions 
expresses,  le  véritable  esprit  de  toutes  les  attributions. 

Le  droit  d'ordonner  &  de  permettre  la  levée  d'un  impôt  quelconque  dans 
la  province  de  Languedoc  était  exclusivement  réservé  au  roi,  avec  défense  à 
la  cour  de  Montpellier  8c  à  toute  autre  compagnie  judiciaire  de  s'y  ingérer 
sous  aucun  prétexte,  quand  même  il  ne  s'agirait  que  de  réparer  l'omission 
d'une  imposition  ordonnée  ou  autorisée  dans  les  règles  ordinaires.  La  cour 
des  comptes  avait  la  connaissance  des  faits  de  perception,  sans  pouvoir,  à 
fnoins  d'attribution  formelle,  s'inquiéter  des  motifs  de  l'impôt.  Les  contesta- 
tions relatives  aux  fermes  du  tabac,  du  papier  8t  parchemin  timbré,  des  pou- 
dres &  salpêtres,  des  droits  de  marque  sur  l'or,  l'argent,  l'étain,  le  fer  8t 
l'acier,  revenaient  en  première  instance  aux  maîtres  des  ports  &  juges  des 
traites  de  Languedoc  &,  par  appel,  à  la  cour  de  Montpellier.  Ces  fermiers, 
ceux  de  l'équivalent  8t  des  étapes  pouvaient  cependant  porter  directement 
devant  cette  cour  des  contestations  qui  naîtraient  entre  eux,  à  raison  de  leurs 
fermes  seulement,  tous  leurs  autres  procès  ou  diftérends  devant  être  poursuivis 
devant  les  juges  ordinaires  &,  par  appel,  suivant  l'ordre  des  juridictions, 
arriver  au  Parlement. 

L'enregistrement  des  lettres  de  concession,  de  confirmation  ou  de  continua- 
tion des  droits  d'octroi  ou  de  subvention  obtenues  par  les  communes  de  la 
Province  était  obligatoire  à  la  cour  des  comptes,  juge  en  appel  des  contesta- 
tions relatives  à  ces  droits  qui  auraient  été  portées  en  première  instance  devant 
les  juges  ordinaires. 

Il  en  était  de  même  pour  les  différends  occasionnés  par  la  perception  des 
tailles;  mais,  quand  le  même  lieu  avait  un  juge  royal  &  d'autres  juges,  le 
premier,  seul,  devait  être  compétent  en  première  instance. 

La  cour  des  comptes  jugeait  elle-même,  en  première  instance,  des  procès  & 
différends  relatifs  aux  cadastres  des  communes,  au  renouvellement  des  éva- 
luations &  aux  plaintes  de  surcharge.  Les  contestations  survenues  au  sujet 
d'erreurs  commises  dans  le  livre  de  la  taille,  par  rapport  à  la  proportion  de  la 
cotisation  ou  aux  exemptions  prétendues,  appartenaient,  en  première  ins- 
tance, aux  juges  ordinaires,  &  en  appel  à  la  cour  des  comptes,  sans  interven- 
tion du  Parlement. 

Les  procès  concernant  la  noblesse  des  personnes,  à  l'occasion  de  la  levée 
des  tailles  ou  d'autres  impôts,  se  portaient  directement  devant  la  cour  des 
comptes,  à  l'exclusion  de  tous  autres  juges,  en  se  conformant  aux  règles  éta- 
blies par  la  déclaration  du  8  octobre  1729.  La  cour  avait  aussi  la  connaissance 
exclusive  des  contestations  concernant  la  nobilité  des  fonds,  à  l'occasion  de 
la  levée  des  tailles.  Quant  aux  autres  affaires,  où  il  s'agissait  de  la  noblesse 
des  personnes  ou  de  la  qualité  des  terres  prétendues  nobles  ou  roturières,  elles 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  io5i 

continuaient  d'être  portées  devant  les  juges  compétents  pour  la  contestation 
principale,  &,  par  appel,  devant  le  Parlement  de  Toulouse. 

t,e  Parlement  8v  la  cour  des  comptes  devaient  également  enregistrer  toutes 
les  lettres  d'anoblissement  ou  de  confirmation  de  noblesse  &  de  réhabilitation, 
comme  aussi  toutes  les  chartes  de  privilèges  &  affranchissements  accordées  aux 
communes  ou  aux  particuliers,  avec  pouvoir  de  statuer  sur  les  oppositions 
produites,  sauf  à  la  cour  incompétente  sur  le  motif  de  l'opposition,  d'en  faire 
renvoi  à  la  cour  compétente. 

Les  appels  d'adjudication  des  tailles  ou  de  la  nomination  des  collecteurs 
forcés  8*.  les  demandes  en  validité  ou  en  nullité  demeuraient  à  la  cour  des 
comptes;  mais  les  contestations  relatives  à  l'exécution  des  baux  ou  des  collectes 
forcées  suivaient  les  deux  degrés  de  juridiction. 

Les  débats  concernant  la  propriété  ou  la  possession  des  biens  patrimoniaux 
qui  appartenaient  aux  communes  revenaient  en  première  instance  aux  baillis 
8i  sénéchaux  du  ressort,  en  appel  au  Parlement;  mais  les  différends  relatifs  à 
la  seule  perception  du  revenu  de  ces  biens,  sans  que  le  fond  du  droit  fût 
contesté,  n'allaient  en  première  instance  qu'aux  juges  immédiats  des  lieux, 
8i  en  appel  au  présidial  du  ressort. 

Les  sénéchaux  &.  le  Parlement  jugeaient  aussi  les  demandes  en  nullité  des 
baux  de  fermages,  intentées  contre  les  fermiers  par  les  communes;  mais  les 
poursuites  intentées  contre  les  fermiers  par  les  collecteurs,  se  rattachant  à  la 
matière  des  tailles,  étaient  réservées  en  appel  k  la  cour  des  comptes. 

De  même  pour  les  contestations  concernant  la  validité  des  baux  de  biens 
abandonnés,  faute  de  payement  de  la  taille,  conformément  aux  déclarations 
du  28  mars  1690,  du  27  juin  1702  &  du  10  août  1728;  celles  qui  regardaient 
les  poursuites  des  collecteurs  contre  les  contribuables  pour  le  recouvrement 
des  deniers  de  leur  collecte;  celles  des  receveurs  diocésains  contre  les  collec- 
teurs pour  le  recouvrement  des  sommes  imposées  au  profit  du  roi  ou  des 
diocèses. 

L.a  cour  de  Montpellier  jugeait  seule  &  directement  les  poursuites  du  tré- 
sorier des  Etats  de  Languedoc  contre  les  receveurs  des  tailles. 

L'usage  du  commandement  d'arrêt  était  supprimé,  sauf  aux  tribunaux  de 
prononcer  la  contrainte  par  corps  dans  les  cas  où  elle  devait  avoir  lieu  8t  de 
la  faire  exécuter  dans  les  formes  prescrites  par  les  ordonnances. 

Les  débats  sur  la  clôture  des  comptes  rendus  par  les  collecteurs  étaient 
renvoyés,  en  appel,  à  la  cour  de  Montpellier. 

Les  officiers  des  bureaux  des  finances  servant  dans  les  deux  généralités  de 
Languedoc  avaient  la  connaissance  des  états  arrêtés  au  conseil  pour  la  distri- 
bution des  finances  dans  la  Province  8c  pouvaient  seuls  décerner  des  con- 
traintes ou  ordonnances  contre  les  receveurs  ou  payeurs  chargés  du  payement 
des  gages  S<,  autres  parties  employées  dans  ces  états;  ils  connaissaient  pareille- 
ment des  oppositions  aux  contraintes,  quand  ces  oppositions  se  trouvaient 
fondées  sur  c|uelque  exception  tirée  de  la  confection  même  des  états.  F,n  cas 
d'appel  de  leurs  jugements,  ils  ne  pouvaient  se  pourvoir  que  devant  le  roi. 


1736 


1736 


io52  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  contestations  survenues  à  l'occasion  des  élections  &  nominations  de 
consuls  passaient  en  première  instance  devant  les  baillis  &  sénéchaux  du 
ressort,  &  en  appel  au  Parlement;  mais  si  les  consuls  avaient  été  installés  par 
les  baillis  Si  sénéchaux,  le  Parlement  devenait  juge  en  première  instance. 

Le  Parlement  était  aussi  juge  d'appel,  sur  sentence  des  juges  locaux  de 
police,  des  différends  occasionnés  par  les  baux  de  fourniture  de  viande  aux 
communes,  par  les  achats  de  bestiaux  destinés  à  cette  fourniture,  8c  par  les 
entreprises  de  glacières.  Il  recevait  en  appel,  suivant  l'ordre  des  juridictions, 
les  causes  concernant  la  faculté  de  faire  paître  les  bestiaux  dans  des  pâturages 
communs  &  la  fixation  du  nombre  d'animaux  qui  pouvaient  y  être  envoyés; 
mais  quand  il  ne  s'agissait  que  de  fixer  le  nombre  des  bestiaux,  sans  que  le 
droit  de  dépaissance  fût  contesté,  les  appels  des  sentences  rendues  par  les 
juges  locaux  étaient  relevés  sans  intermédiaire  au  Parlement.  Cette  compé- 
tence n'embrassait  pas  les  différends  concernant  la  cotisation  des  bestiaux  à 
la  taille,  dans  les  lieux  où  elle  était  pratiquée,  différends  réservés  à  la  cour 
des  comptes. 

Aucune  des  deux  compagnies  n'était  autorisée  à  intervenir  dans  les  affaires 
d'emprunts  contractés  par  les  communes;  ni  le  Parlement,  ni  la  cour  des 
comptes,  ni  les  trésoriers  de  France,  ni  les  autres  juges  quelconques  ne  pou- 
vaient prendre  connaissance  de  ce  qui  concernait  les  causes,  la  nécessité  ou  la 
validité  de  ces  emprunts. 

Les  contestations  survenues  entre  des  communes  Se  leurs  créanciers,  au 
sujet  de  dettes  vérifiées  d'après  les  règles  de  la  Province,  appartenaient  aux 
juges  locaux  &,  en  appel,  au  Parlement,  suivant  l'ordre  des  juridictions. 

Le  roi  se  réservait  les  débats  élevés,  à  l'occasion  de  travaux  communaux, 
entre  les  communes  &  les  entrepreneurs,  au  sujet  de  l'adjudication  8i  de  la 
réception  des  ouvrages  ou  sur  les  défauts  qui  pourraient  s'y  rencontrer;  il 
laissait  aux  juges  ordinaires  &  au  Parlement  ceux  qui  se  produisaient  à  l'occa- 
sion des  marchés  ou  contrats  entre  les  fournisseurs,  entrepreneurs,  ouvriers, 
voituriers  &  autres  agents. 

La  direction  £<.  l'administration  des  grands  chemins,  ponts  &  chaussées  de 
Languedoc  étaient  maintenues  intégralement  aux  États  de  la  Province, 
comme  par  le  passé;  mais  cette  assemblée  ne  pouvait  néanmoins,  sous  pré- 
texte de  leur  direction,  connaître  des  contestations  qui  naîtraient  à  l'occasion 
des  marchés,  contrats  olx  autres  actes  passés  pour  l'exécution  de  ses  ouvrages 
&i  qui  devaient  suivre  l'ordre  naturel  des  juridictions  pour  arriver  au  Parle- 
ment. 

Pour  les  travaux  de  fortification,  la  connaissance  des  querelles  relatives  a 
l'adjudication  &  à  la  réception  des  ouvrages  appartenait  exclusivement  au 
roi;  mais  les  conflits  occasionnés  par  les  marchés  étaient  renvoyés  à  la  cour 
des  comptes  ou  au  Parlement,  suivant  que  l'acte  mentionnait  ou  ne  mention- 
nait pas  l'imputation  du  payement  sur  les  fonds  attribués  aux  fortifications. 
Il  en  était  de  même  pour  la  fourniture  des  étapes,  sauf  la  juridiction  pré- 
tendue par  la  connétablie. 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  io53 

La  cour  des  comptes  &  les  juges  de  son  ressort  connaissaient,  tant  au  civil 
qu'au  criminel,  de  tous  les  troubles,  empêchements  &  opposition  faits  à  la 
levée  des  impôts,  à  la  perception  des  droits  des  fermes  8c  d'octroi,  même  avec 
attroupement  8c  port  d'armes;  elle  jugeait  aussi  toutes  les  contraventions  6c 
rébellions  à  l'exécution  des  sentences  rendues  par  ses  officiers. 

Le  roi  lui  laissait  la  juridiction  exclusive  sur  elle-même,  en  toutes  matières 
concernant  la  police  8c  la  discipline  de  la  compagnie,  la  correction  8c  la  puni- 
tion de  ses  officiers  auxquels  elle  pouvait  seule  instruire  8c  faire  le  procès 
extraordinairement,  quand  il  s'agirait  de  fautes,  d'abus  ou  de  malversations 
commises  en  l'exercice  de  leurs  charges;  elle  connaissait  également  des  injures 
8c  excès  commis  contre  la  personne  de  ces  officiers,  au  mépris  de  leurs  fonc- 
tions. 

Dans  tous  les  autres  cas,  les  poursuites  extraordinaires  qu'ils  pourraient 
encourir  ne  devaient  être  instruites  8c  jugées  qu'au  Parlement  de  Toulouse, 
toute  la  grand'chambre  assemblée.  Défense  était  faite  à  autres  juges  quel- 
conques d'en  prendre  connaissance  sous  peine  de  nullité.  Cependant  les  baillis 
8c  sénéchaux  du  lieu  du  délit  étaient  autorisés  à  informer  contre  ces  officiers 
pour  crimes  commis  hors  de  la  ville  6c  gardiage  de  Toulouse,  8c,  en  cas  de 
crime  capital,  à  décréter  contre  eux,  à  la  charge  de  renvoyer  les  procédures  à 
la  grand'chambre  pour  y  être  instruites  8c  jugées.  Mais  si  les  officiers  des 
comptes  avaient  volontairement  procédé  devant  les  baillis  ou  sénéchaux,  ils 
ne  pouvaient  se  pourvoir  en  la  grand'chambre  que  par  appel.  Ces  disposi- 
tions étaient  empruntées  à  l'ordonnance  de  1670  concernant  les  officiers  de 
la  chambre  des  comptes  de  Paris. 

La  discipline  du  personnel  judiciaire  ressortissant  à  la  cour  des  aides  appar- 
tenait à  cette  compagnie,  à  l'exclusion  de  tout  autre  tribunal,  lorsqu'il 
s'agissait  seulement  de  méfaits  commis  par  les  magistrats  ou  préposés  en 
l'exercice  de  leurs  offices  comme  agents  de  la  cour  des  aides,  ou  des  injures 
faites  h  leurs  personnes  dans  la  même  qualité.  Mais  si  les  juges  étaient  pour- 
suivis ou  plaignants  pour  délits  n'intéressant  pas  la  compétence  de  la  cour,  8c 
s'ils  avaient  des  procès  civils  ou  criminels  en  dehors  de  l'exercice  de  leurs 
fonctions,  ils  rentraient  dans  la  juridiction  ordinaire,  avec  appel  au  Parlement. 

La  même  distinction  était  observée  pour  la  répression  des  gardes,  commis 
ou  autres  agents  ayant  serment  en  justice,  employés  dans  l'administration 
des  fermes,  de  l'équivalent,  des  étapes  ou  dans  la  perception  des  droits  royaux 
8c  des  droits  d'octroi.  Mais  la  déclaration  admettait  à  leur  égard  deux  degrés 
de  juridiction,  la  première  instance  aux  juges  ressortissants  8c  l'appel  à  I? 
cour. 

Le  droit  d'examiner  8c  de  recevoir  les  maîtres  des  ports  de  la  province  de 
Languedoc  était  maintenu  au  Parlement  de  Toulouse,  devant  lequel  ces 
officiers  devaient  prêter  serment;  mais,  aussitôt  après  leur  réception,  ils 
avaient  à  faire  enregistrer  leurs  provisions  en  la  cour  des  comptes.  Quant  h 
leurs  sentences,  l'appel  en  revenait  à  cette  compagnie  dans  les  matières  de 
sa  compétence  spéciale  6c  au  Parlement  dans  tous  les  autres  cas. 


1736 


~ 1004  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

Un  article  interdisait  à  la  cour  des  comptes  de  connaître  en  première  ins- 
tance d'aucune  affaire  non  expressément  désignée  par  la  déclaration. 

La  ville  de  Toulouse  ayant,  par  suite  de  ses  anciennes  institutions  muni- 
cipales &c  de  la  résidence  du  Parlement,  un  régime  particulier,  le  gouverne- 
ment s'était  gardé  d'y  porter  atteinte.  Il  entendait  ne  rien  innover  dans  la 
juridiction  que  les  capitouls  8v  le  Parlement  exerçaient  dans  toutes  les 
matières  concernant  les  tailles,  les  octrois,  les  subventions  &  autres  imposi- 
tions levées  dans  la  ville  ou  dans  le  gardiage.  Les  contestations  qui  pour- 
raient naître  à  ce  sujet  continueraient  d'être  portées  en  première  instance 
devant  les  juges-capitouls,  &  par  appel  au  Parlement,  sans  que,  sous  ce  pré- 
texte, les  capitouls  ou  la  cour  pussent  prendre  connaissance  des  procès  concer- 
nant les  fermes  ou  levées  extraordinaires. 

Afin  de  ne  point  retarder  l'application  des  nouvelles  mesures  &  d'éviter  des 
atermoiements  Si  des  embarras  de  procédures,  un  dernier  article  portait  que 
la  déclaration  serait  exécutée  en  tous  ses  cbefs,  même  pour  le  jugement  des 
conflits  ou  règlements  de  juges  formés  avant  la  publication.  Le  Parlement  8c 
la  cour  des  comptes  étaient  tenus  de  se  renvoyer  réciproquement,  même  sans 
en  être  requis,  les  affaires  qui  ne  seraient  pas  de  leur  compétence,  à  peine 
de  nullité'. 

On  voit  que  le  gouvernement  essayait  de  débrouiller  le  chaos  de  préten- 
tions rivales  8c  d'usurpations  mutuelles  au  milieu  desquelles  les  intérêts  des 
parties  couraient  de  si  grands  risques.  Le  principe  général  de  la  déclaration 
était  de  cantonner  exactement  la  cour  des  aides  dans  les  affaires  de  finances, 
8c  le  Parlement  dans  le  service  judiciaire  proprement  dit.  Mais,  bien  que 
cette  tentative  marquât  un'progrès  réel,  elle  laissait  encore  subsister  maintes 
occasions  d'enchevêtrement.  Les  nuances  établies  entre  les  diverses  natures 
d'affaires,  pour  fixer  les  compétences,  n'étaient  pas  toujours  tellement  nettes 
8c  faciles  à  discerner  que  l'esprit  de  chicane  fût  impuissant  à  soulever  des 
conflits.  Aussi,  les  diverses  juridictions,  plus  ou  moins  contenues  par  les  règle- 
ments partiels,  ne  devaient  pas  cesser  de  se  faire  la  guerre  jusqu'au  moment 
où  la  Révolution  les  mit  d'accord  en  les  supprimant  toutes,  ce  qui  était  bien, 
en  effet,  l'unique  manière  de  les  pacifier. 

Contrairement  aux  usages,  les  promesses  de  suppression  du  dixième  à  la 
paix,  contenues  dans  la  déclaration  d'établissement  furent  tenues  avec  exacti- 
tude. Dès  le  I"  janvier  1787,  les  négociations  qui  aboutirent  au  traité  de 
Vienne  parurent  assez  avancées  pour  permettre  un  allégement  qui  ne  devait 
s'accomplir  que  trois  mois  après  la  cessation  des  hostilités. 

Le  bas  Languedoc  fut  occupé,  pendant  la  même  année,  par  de  graves  con- 
testations entre  le  marquis  de  Grave  8c  les  habitants  du  littoral  des  étangs, 
dont  l'évêque  de  Montpellier  8c  le  syndic  du  diocèse  soutenaient  les  intérêts. 
Le  marquis  de  Grave,  en  qualité  d'héritier  du  président  de  Solas,  ancienne- 
ment subrogé  aux  droits  d'Icher  6c  Pastorel,  concessionnaires  du  canal  ûu  i^cz 

Recueil  dci  éjits,  déclarations,  arrêts  &  ordonnances  de  l'année  xj'it^  pour   la  province  de  Languedoc. 


1737 


LIV.    IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  io55 

8c  de  la  robine  de  Lattes,  interdisait  à  ce  titre  l'usage  des  petits  ports  de 
Mauguio,  de  Pérols  &  de  Villeneuve,  échelonnés  sur  le  bord  de  la  lagune. 
Une  ordonnance  de  l'intendant,  du  3i  janvier  lySy,  reconnut  au  marquis  le 
droit  de  port  exclusif  sur  les  étangs.  A  cette  occasion,  des  titres  fort  anciens 
furent  produits,  entre  autres  une  transaction  de  janvier  1272,  entre  le  roi  de 
Majorque,  seigneur  de  Lattes,  l'évêque  &  le  prévôt  du  chapitre  de  Mague- 
lonne,  portant  que  le  roi  avait  seul  le  droit  de  port  sur  l'étang  de  Mauguio, 
Êc  des  lettres  patentes  de  Charles  VII,  du  3  octobre  1428,  enjoignant  au 
sénéchal  de  Beaucaire  Seau  bailli  de  Montpellier  de  faire  publier  le  privilège 
exclusif  du  port  de  Lattes.  Le  marquis  montrait  également  un  arrêt  de  la 
cour  des  aides  du  16  juillet  1614,  rendu  entre  le  fermier  de  la  robine  de 
Lattes,  les  consuls  de  Mer,  les  consuls  de  Montpellier,  les  menuisiers  de  la 
même  ville  8c  le  syndic  du  diocèse,  ordonnant  que  les  bois  de  construction 
ne  pourraient  être  déchargés  qu'au  port  de  Lattes  8c  y  payeraient  un  droit 
déterminé}  une  ordonnance  du  maître  des  ports  au  département  de  Mont- 
pellier, conçue  dans  le  même  esprit  j  des  lettres  patentes  d'octobre  1666,  auto- 
risant un  traité  pour  la  construction  du  canal  du  Lez;  un  autre  arrêt  de  la 
cour  des  aides,  du  6  avril  1674,  transférant  le  bureau  de  la  foraine  à  l'em- 
bouchure du  Lez. 

En  1675,  M.  de  Solas,  ayant  fait  agrandir  son  canal  pour  le  rendre  plus 
aisément  navigable,  en  donnant  aux  écluses  la  même  capacité  qu'avaient  celles 
du  canal  des  deux  mers,  le  roi  lui  accorda  à  titre  de  récompense  ou  d'indem- 
nité, sous  forme  d'inféodation,  la  rectorie  de  Montpellier,  la  baronnie  de 
Lattes,  le  droit  de  port,  8c,  par  d'autres  lettres  du  mois  de  décembre  de  la 
même  année,  il  unit  en  un  seul  corps  les  baronnies  de  Solas  8c  de  Lattes 
sous  le  nom  de  marquisat  de  Solas.  En  1691,  la  cour  des  aides,  revenant  sur 
la  question,  avait  déclaré  de  nouveau  les  trois  ports  «  obliques  «  Se  défendus. 
Bâville,  par  plusieurs  ordonnances,  menaçait  de  la  saisie  8c  d'une  amende 
de  cent  livres  tout  patron  qui  chargerait  ou  déchargerait  aux  ports  pro- 
hibés, 8c  permettait  à  Solas  d'établir  des  gardes  à  Villeneuve,  à  Pérols  61  à 
Mauguio,  avec  pouvoir  d'y  opérer  des  saisies.  Ces  rigueurs  s'étaient  en  effet 
réalisées  dans  diverses  occasions,  8c  Bcrnage  confisquait  impitoyablement  les 
bois  transportés,  les  charrettes,  les  mules,  les  tonneaux  de  vins  8c  jusqu'aux 
embarcations. 

L'évêque  de  Montpellier,  à  la  suite  de  l'ordonnance  rendue  par  Saint- 
Maurice,  adressa  de  vives  réclamations  au  cardinal  Fleury. 

«  L'intérêt  du  diocèse,  écrivait-il,  consiste  à  prévenir  la  ruine  inévitable 
«  des  principales  communautés  qui  le  composent,  si  les  habitans  de  tous  ces 
»  différens  lieux  sont  obligés  de  faire  passer  les  choses  qui  leur  sont  néces- 
«  saires  pour  leur  subsistance  par  le  canal  de  M.  le  marquis  de  Grave, 
«  éloigné  de  plus  de  deux  lieues  de  leur  domicile,  8c  d'y  faire  porter  à  gros 
«  frais  les  denrées  8c  surtout  le  vin  qu'ils  vendent  à  l'étranger.  Le  mien  con- 
«  siste  à  veiller  à  la  conservation  du  droit  que  mes  prédécesseurs  ont  toujours 
«  eu,  par  lettres  patentes  de  nos  rois,  d'avoir  des  ports  ou  graux  dans  l'étendue 


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1738 


io56  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  des  étangs,  depuis  la  motte  de  Coixiens  jusqu'au  mont  de  Cette  &  de  ne 
«  pas  perdre  dans  Villeneuve  Si  dans  Mauguio  les  droits  seigneuriaux  qui 
u  me  sont  dus  par  les  emphytéotes  &  de  ne  voir  pas  perdre  non  plus  pour 
«  toujours  les  dîmes  8t  les  fruits  des  biens  appartenant  à  mon  évêché.  » 

Le  svndic  de  l'église  cathédrale  Saint-Pierre  de  Montpellier  envoya  aussi 
un  mémoire  où  il  exposait  que  de  temps  immémorial  on  connaissait  l'exis- 
tence des  trois  petits  ports  sur  les  étangs.  Ces  ports  étaient  indispensables 
pour  la  subsistance  des  habitants  &  de  leurs  bestiaux,  &c  pour  l'exportation 
de  leurs  vins  que  les  étrangers  venaient  y  acheter.  L'église  Saint-Pierre  pos- 
sédant la  seigneurie  de  Pérols  avait  un  droit  sur  la  sortie  des  vins  &  sur  l'en- 
trée des  foins. 

L'évêque  revint  k  la  charge  le  28  septembre  lySô.  De  sa  retraite  de  la 
Vérune,  il  écrivait  au  cardinal  :  «  Votre  amour  pour  l'Eglise  ne  permettra 
i(  pas  que  les  droits  de  mon  évêché  périssent.  Cette  affaire  doit  décider  de  la 
<i  ruine  entière  de  la  plus  grande  partie  de  ce  diocèse  qui  est  sur  la  côte, 
«   ruine  inévitable  si  une  pareille  prétention  avait  lieu'.  » 

Mais  les  recommandations  de  M.  de  Croissy  n'obtenaient  guère  de  crédit 
auprès  de  la  Cour. 

Depuis  le  mémorable  appel  de  171 7,  l'évêque  de  Montpellier  n'avait  cessé 
d'être  l'âme  des  résistances  françaises  contre  la  bulle  Unigenîtus  &t  les  doc- 
trines ultramontaines.  Pendant  vingt  Se  un  ans,  il  était  demeuré  sur  la  brèche 
sans  se  laisser  décourager  par  les  injustices,  les  humiliations,  les  persécutions 
de  toute  nature  qui  lui  avaient  été  prodiguées.  Hostilité  de  ses  confrères  de 
l'épiscopat  qui  le  traitaient  en  schismatique  &  refusaient  de  communiquer 
avec  lui  dans  les  cérémonies  religieuses,  exclusion  des  Etats  de  la  Province 
qui  le  contraignaient  régulièrement,  par  lettres  de  cachet,  à  s'exiler  de  sa 
ville  épiscopale  tout  le  temps  que  les  représentants  des  trois  ordres  s'y  trou- 
vaient rassemblés,  tracasseries  administratives  du  ministère  &  de  l'intendant, 
saisie  du  temporel  de  son  évêché,  menace  continuelle  d'un  prétendu  concile 
qui  semblait  lui  promettre  l'excommunication,  aucune  rigueur  ne  fut  épar- 
gnée à  sa  constance;  aucune  amertume  ne  réussit  à  l'abattre.  Les  années  qui 
passaient  sur  sa  tête  sans  la  courber,  ne  firent  que  multiplier  les  témoignages 
de  sa  fidélité  militante  à  la  doctrine  de  son  choix.  Mais  des  inquiétudes  aussi 
durables,  des  fatigues  aussi  répétées  avaient  épuisé  ses  forces.  Pendant  le 
carême  de  1738,  quoique  M.  de  Croissy  eût  déjà  soixante  8c  onze  ans  8t  qu'il 
fût  sujet  à  des  douleurs  d'estomac  &  d'entrailles  extrêmement  vives,  auxquelles 
s'ajoutaient  parfois  des  accès  de  goutte  remontée,  il  s'obstina,  malgré  les  ins- 
tances de  son  médecin,  à  observer  dans  toute  leur  rigueur  les  prescriptions 
de  la  discipline  ecclésiastique.  Il  pensait  que  la  dignité  épiscopale  lui  inter- 
disait des  adoucissements  qu'il  conseillait  lui-mêm.e  à  des  personnes  de  con- 
dition privée,  &  la  dérision  dont  les  usages  catholiques  étaient  l'objet  de  la 
part  des  populations  protestantes,  si  nombreuses  dans  le  diocèse,  semblait  lui 

'  Archives  nntionalcs.  Papiers  du  contrôleur  général. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  loSy 

faire  une  loi  de  s'y  conformer  plus  strictement.  Mais  le  corps  eut  moins  de 
vigueur  que  lame.  Parvenu  au  dimanche  des  Rameaux,  le  prélat,  dont 
l'énergie  se  lassait,  eut  encore  la  force  de  donner  la  bénédiction  dans  sa 
cathédrale  8c  d'assister  à  la  procession  en  habits  pontificaux,  la  palme  à  la 
main.  La  nuit  suivante,  une  inflammation  d'entrailles  se  déclara.  Le  mal  ne 
cessa  de  progresser  pendant  dix  jours.  Le  vendredi  saint,  l'évêque  reçut  le 
viatique.  La  cérémonie  fut  solennelle.  M.  de  Croissy  voulut  qu'une  nom- 
breuse assistance  reçût  le  témoignage  de  son  humilité.  Sa  chambre  à  coucher 
était  pleine  de  monde,  &  la  foule,  qui  ne  pouvait  parvenir  jusqu'à  lui, 
encombrait  les  appartements  de  l'évêché.  Ce  fut  devant  cet  auditoire  attristé 
qu'il  fit  la  confession  de  ses  fautes.  Il  reconnut  qu'il  n'avait  pas  toujours 
rempli  les  devoirs  immenses  de  l'épiscopat;  mais  quand  il  aborda  la  question 
de  la  grande  querelle  qui  avait  fait  l'unique  sollicitude  de  sa  vie,  cette  âme 
guerrière  retrouva  toute  sa  vaillance.  Il  protesta  qu'à  l'égard  du  parti  qu'il 
avait  pris  dans  les  affaires  de  l'Eglise,  il  n'avait  point  de  reproches  à  se  faire; 
qu'il  paraîtrait  avec  une  pleine  confiance  au  tribunal  de  Jésus-Christ,  s'il 
était  également  irrépréhensible  sur  tout  le  reste;  que,  bien  loin  de  se 
repentir,  il  était  prêt  à  verser  tout  son  sang  pour  la  cause  qu'il  soutenait.  Il 
ajouta  qu'il  mourait,  comme  il  avait  vécu,  attaché  à  l'Eglise  catholique,  apos- 
tolique Si  romaine,  dont  il  regardait  le  chef,  avec  l'Église  qu'il  gouverne, 
comme  le  centre  de  l'unité  ecclésiastique.  Après  cette  profession  de  foi,  il  se 
recommanda  aux  prières  des  assistants.  Mais  les  larmes  qu'il  voyait  répandre 
autour  de  lui,  sa  propre  émotion  &  sa  faiblesse  lui  coupèrent  la  parole. 
Cependant  la  mort  parut  s'éloigner;  durant  deux  jours,  des  espérances  furent 
permises.  Le  mardi  de  Pâques,  il  ne  resta  plus  d'illusions.  Jusqu'au  dernier 
moment  l'évêque  conserva  sa  lucidité,  priant  pour  l'Eglise,  pour  le  peuple  Se 
pour  lui-même.  Il  ferma  les  yeux  le  8  avril  lySS,  à  une  heure  après  midi, 
dans  la  quarante-deuxième  année  de  son  épiscopat. 

Le  corps  du  prélat  demeura  exposé  pendant  trois  jours.  On  avait  dressé 
deux  autels  dans  sa  chambre  où  le  clergé  séculier  Se  régulier  de  la  ville  vint 
successivement  dire  la  messe.  La  chambre  des  comptes,  les  trésoriers  de 
France,  le  présidial,  les  administrateurs  des  hôpitaux,  les  Dames  de  la  Misé- 
ricorde assistèrent  aux  funérailles.  En  traversant  les  principales  rues  de 
Montpellier,  le  cortège  trouva  toutes  les  boutiques  fermées  Se  la  foule  silen- 
cieuse 8c  recueillie  sur  son  passage.  Après  une  messe  chantée  en  musique  à 
la  cathédrale,  le  cercueil  fut  porté  dans  l'église  de  l'hôpital  général  où  l'évêque 
avait  choisi  sa  sépulture.  D'après  sa  recommandation  expresse,  on  posa  sur  sa 
poitrine  une  copie  de  son  appel.  «  Je  le  présenterai,  avait-il  dit,  au  tribunal 
«  de  Jésus-Christ,  Se  il  servira  à  modérer  la  rigueur  des  jugemens  de  Dieu 
«  sur  moi.  » 

Par  son  testament,  M.  de  Croissy  avait  institué  l'hôpital  général  de  Mont- 
pellier son  héritier  universel.  Les  administrateurs  de  cette  maison  trouvèrent 
dans  une  cassette  une  somme  considérable  en  argent  monnayé.  C'était  une 
réserve  que  le  prélat  s'était  faite,  en  vendant  une  partie  de  son  patrimoine, 

XIII.  6-j 


1738 


1/38 


lySp 


io38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

afin  de  n'être  à  charge  à  personne,  clans  le  cas  où  les  menaces  de  déposition 
par  un  concile,  si  souvent  répétées  depuis  1728,  se  seraient  un  jour  réalisées. 

Ce  furent  les  administrateurs  de  l'hôpital  qui  firent  placer  au-dessus  de  la 
tombe  une  dalle  de  marbre  avec  une  inscription  très-simple  dont  l'évêque 
avait  lui-même  donné  le  texte. 

Les  œuvres  de  M.  Colbert  de  Croissy,  réunies  en  trois  volumes,  ont  été 
publiées  en  1740,  avec  une  préface  étendue,  renfermant  une  analyse  de  ses 
travaux  Se  un  précis  des  plus  notables  circonstances  de  sa  vie'. 

La  bibliothèque  importante  que  l'évêque  avait  formée  fut  mise  en  vente  & 
achetée  par  un  libraire  de  Toulouse  nommé  Caranove.  C'est  dans  cette  col- 
lection que  figurait  un  manuscrit  anonyme  contenant  l'histoire  de  la  guerre 
civile  en  Languedoc  de  i56o  à  iSgo,  qui  a  été  utilisé  par  le  chanoine  Charles 
de  Greffeuille  8<.  par  dom  Vaissete  &  publié  intégralement  par  le  marquis 
d' Au  haïs  ^. 


CHAPITRE  III 

Le  prince  Je  Dombcs  &  Is  duc  de  Richelieu.  —  Travaux  piitllcs.  —  Affaires  de  religion.  —  Jem  Le 
Nain.  —  Mémoire  de  1  évèque  de  Saint-Pons.  —  Suspension  des  États.  —  La  Justice  en  %'ivarais 
&  en  Vêlai.  —  M.  de  Saint-Priest.  —  Rétablissement  des  Etats.  —  Conférence  épiscopale.  —  Ri- 
chelieu à  Toulouse.  —  Le  comte  d'Eu.  —  Les  maréchaux  de  Mirepoix  &  de  Thomond.  —  Malheurs 
publics  &  misère  de  la  Province. 

On  sait  combien  le  système  d'administration  qui  avait  prévalu  sous 
l^ouis  XIV  annulait  l'influence  des  gouverneurs  de  province,  &  nous  avons 
vu  que,  dès  le  temps  de  l'intendant  d'Aguesseau,  l'on  se  contentait  d'accabler 
d'honneurs  le  personnage  revêtu  de  cette  haute  dignité,  sans  lui  laisser  les 
moyens  d'exercer  aucune  action  effective  sur  le  mouvement  des  affaires.  Tout 
se  faisait  entre  le  président  des  Etats,  l'intendant  £<.  le  ministre,  &,  si  le  gou- 
verneur avait  quelques  occasions  d'intervenir,  ce  n'était  guère  que  dans  des 
questions  de  personnes.  Les  députés  de  la  Province  ou  des  villes  8c  les  sollici- 
teurs de  tout  ordre  l'entouraient  pour  lui  arracher  des  recommandations 
auprès  du  roi  ou  des  secrétaires  d'Etat.  Sa  maison  était  le  foyer  d'une  foule 
de  petites  intrigues  accessoires;  mais  comme  il  ne  daignait  jamais  s'occuper 
sérieusement  de  sa  charge,  se  montrer  dans  la  Province,  en  étudier  les 
besoins  &  se  mettre  à  même  d'en  défendre  les  intérêts  avec  connaissance  de 
cause,  vivant  éloigné  du  pays  dans  le  mystère  affecté  de  la  Cour,  il  demeu- 
rait inconnu  à  l'immense  majorité  des  habitants;  &,  quand  il  mourait,  si  sa 
disparition  dérangeait  quelques  combinaisons  8c  déconcertait  quelques  ambi- 
tions individuelles,  elle  ne  laissait  guère  de  traces  que  dans  les  procès-verbaux 
des  cérémonies  de  deuil  officiel  prescrites  par  lettres  du  roi. 

■  Les  ^.livres  de  mesure  Charles-Joach'im  Colhert,       lume    est    un    portrait   gravé    de    l'évêque,    signé 
éyesjue  de  Montpellier.  A  Cologne,  aux  dépens  de        P.   Yver,  fecit  1740. 
la  Compagnie.   M  DCC  XL.   En   tête  du  premier  vo-  '  Pièces  fugitives,  t.  IL 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1039 

Le  gouvernement  de  Languedoc,  vacant  en  lySy  par  la  mort  du  duc  du 
Maine,  était  passé,  sans  autre  émotion,  à  son  tils  Louis-Auguste  de  Bourbon, 
prince  de  Dombes,  chevalier  des  ordres  du  roi,  lieutenant  général  de  ses 
armées,  colonel-général  des  Suisses  Se  Grisons. 

Nous  avons  raconté  comment  le  duc  du  Maine,  compromis  dans  la  conspi- 
ration de  Cellamare,  avait  été  éloigné  de  la  Cour  8c  interné  dans  un  château 
par  ordre  du  régent.  Cette  disgrâce  finit  en  1720,  le  prince  ayant  obtenu  à 
cette  époque  la  permission  de  quitter  sa  prison  &  de  venir  habiter  la  maison 
de  plaisance  de  Clugny,  dans  le  parc  de  Versailles,  première  étape  vers  une 
réintégration  totale  dans  ses  dignités.  En  1723,  cette  réparation  s'était  com- 
plétée par  quelques  autres  faveurs.  Le  jeune  roi  Louis  XV  avait  rétabli  le 
duc  du  Maine  8c  le  comte  de  Toulouse  dans  leurs  prérogatives  de  princes  du 
sang,  à  l'exclusion  du  droit  de  succession  à  la  couronne,  en  cas  que  la  maison 
de  Bourbon  vînt  à  s'éteindre.  Outre  cette  réserve  capitale,  on  avait  mis  une 
distinction  d'étiquette  entre  les  princes  légitimés  Se  les  princes  du  sang,  en 
décidant  qu'ils  ne  siégeraient  pas  tout  à  fait  sur  la  même  ligne  dans  les  fes- 
tins, repas  ou  cérémonies  publiques,  8c  qu'au  Parlement  de  Paris  les  princes 
légitimés  ne  traverseraient  point  le  parquet  comme  les  princes  du  sang. 
Ouand  le  premier  président  passait  devant  eux  pour  recueillir  leurs  suffrages, 
il  devait  ôter  son  bonnet  8c  leur  dire  :  «  Monsieur  le  duc  du  Maine,  votre 
<(  avis?  Monsieur  le  comte  de  Toulouse,  votre  avis?  »  tandis  qu'aux  princes 
du  sang  royal  il  disait  seulement,  sans  les  nommer  :  «  Monsieur,  votre  avis?  » 

Le  prince  de  Dombes,  dont  le  nom  fut  substitué  à  celui  de  son  père  dans 
les  commissions  des  États  8c  dans  la  liste  des  gratifications  annuelles,  était 
allé,  en  17 17,  sous  le  nom  de  marquis  de  Trévoux,  faire  la  campagne  de 
Hongrie  contre  les  Turcs,  à  côté  du  prince  Eugène. 

Le  haut  personnel  du  Languedoc  subit,  l'année  suivante,  un  changement 
plus  appréciable  par  la  nomination  du  duc  de  Richelieu  à  l'emploi  de  com- 
mandant en  chef.  Louis-François-Armand  du  Plessis,  duc  de  Richelieu  8c  de 
Fronsac,  pair  de  France,  prince  de  Mortagne,  marquis  du  Pont-Courlay, 
comte  de  Cognac,  baron  de  Barbezieux,  de  Coza,  de  Saugeon  6c  d'Albret, 
chevalier  des  ordres  du  roi,  premier  gentilhomme  de  sa  chambre,  ne  fut 
point  en  Languedoc,  malgré  ses  habitudes  de  frivolité,  un  commandant  de 
jiarade.  On  voit,  par  sa  correspondance,  qu'il  prit  une  part  assez  directe  aux 
affaires;  pendant  les  voyages  qu'il  faisait  dans  les  diverses  villes  de  son  com- 
mandement, il  avait  le  soin  de  se  munir  d'instructions  détaillées,  soit  de  la 
Cour,  soit  de  l'intendant,  afin  d'être  en  état  de  soutenir  des  entretiens  per- 
sonnels sur  les  questions  les  plus  importantes  8c  de  mettre  l'autorité  de  son 
nom  Se  de  sa  parole  au  service  du  gouvernement. 

Le  25  février  1709,  il  fut  nommé,  à  la  place  du  marquis  de  La  Fare,  pour 
ocv  iper,  en  l'absence  du  prince  de  Dombes,  c'est-à-dire  constamment,  le  pre- 
mier rang  dans  la  commission  de  1734.  On  reconnaît,  d'après  un  grand 
nombre  d'ordonnances  rendues  par  cette  commission  sur  plusieurs  points 
d'administration  municipale,  que  le  duc  de  Richelieu  y  figura  très-souvent 


1739 


1739 


io6o  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

en  personne  &  qu'il  eut  ainsi  l'occasion  de  s'initier  aux  principales  affaires 
de  la  Province.  Il  tint  régulièrement  les  États  de  Languedoc,  comme  premier 
commissaire  du  roi,  pendant  une  longue  suite  d'années. 

Le  duc  avait  des  façons  autoritaires,  &,  par  sa  naissance  St  ses  relations  de 
Cour,  se  trouvait  enclin  à  favoriser  la  noblesse,  mais  il  apportait  à  l'admi- 
nistration provinciale  le  concours  d'un  esprit  éclairé  8c  pénétrant,  un  fond 
de  bon  sens  assez  rarement  mis  en  défaut  &  un  sentiment  assez  large  du 
progrès  matériel.  L'intérêt  qu'il  prit  aux  travaux  publics  8;  aux  embellisse- 
ments des  villes  en  est  une  marque  peu  équivoque. 

Du  reste,  pendant  cette  période,  à  part  les  éternelles  querelles  du  jansé- 
nisme 8c  quelques  éclairs  de  persécution  contre  les  protestants,  l'histoire  de 
la  Province  se  borne  à  peu  près  à  celle  de  ses  constructions,  de  ses  ponts,  de 
SCS  chemins,  de  ses  promenades,  de  ses  entreprises  agricoles  ou  industrielles, 
ï/csprit  du  temps  pénètre  de  plus  en  plus  dans  l'administration,  le  mot  de 
h\en  public  est  d'un  usage  fréquent,  les  idées  de  perfectionnements  8c  d'em- 
ijrunts  faits  à  l'étranger  commencent  à  se  répandre,  l'intendance  ne  craint  pas 
de  faire  imprimer  à  la  suite  du  recueil  des  édits  8c  déclarations  intéressant  la 
Province,  des  mémoires  d'agriculture  conseillant  l'établissement  de  prairies 
artificielles,  à  l'imitation  de  l'Angleterre;  8c  l'on  s'aperçoit  qu'un  des  meilleurs 
moyens  d'empêcher  la  famine  en  temps  de  disette  8c  d'assurer  l'écoulement 
des  produits  en  temps  d'abondance  est  de  faciliter  les  communications,  en 
substituant  aux  sentiers  mal  tenus,  seulement  praticables  aux  bêtes  de  somme, 
des  chemins  plus  larges  &c  mieux  nivelés,  propres  au  charroi  en  toutes  sai- 
sons. Ces  travaux  s'accomplirent  d'abord  par  tronçons,  8c  sans  vues  d'en- 
semble, en  visant  au  plus  pressé  ou  en  suivant  l'impulsion  des  hauts  person- 
nages intéressés;  puis,  par  le  seul  effet  de  l'étude  8c  la  puissance  du  bon 
sens,  ils  arrivèrent  à  se  régulariser,  à  se  coordonner  8c  préparèrent  l'établisse- 
ment de  ce  remarquable  réseau  de  routes  dont  la  Province  eut  le  droit  de  se 
montrer  fière. 

Nous  ne  pouvons  suivre  dans  ses  détails  cette  longue  opération  qui  fut 
plus  d'une  fois  entravée,  soit  par  les  événements  politiques,  soit  par  les 
guerres  étrangères,  mais  qui  n'en  est  pas  moins  le  meilleur  titre  des  Etats 
au   souvenir  8c  à  la   reconnaissance  du   pays. 

Quelque  imparfaite  qu'elle  fût  dans  son  principe  8c  dans  ses  moyens 
d'action,  l'organisation  provinciale,  sans  être  véritablement  représentative, 
mettait  du  moins  à  la  disposition  du  gouvernement  des  forces  locales  plus 
actives  8c  plus  intelligentes  que  les  commis  des  pays  d'élection;  de  là  une 
supériorité  de  résultats  qui  frappait  tous  les  observateurs,  8c  ([ui  contrastait 
avec  les  récriminations  soulevées  depuis  le  dix-septième  siècle  par  le  mode 
de  recrutement  de  l'assemblée  8c  la  composition  des  trois  ordres. 

Dix-neuf  communes  du  diocèse  de  Lavaur,  situées  dans  la  plaine  qui 
s'étend  à  l'ouest  8c  au  pied  de  la  montagne  Noire,  portèrent  plainte  aux 
Etats  des  dommages  que  leur  faisaient  éprouver  les  eaux  surabondantes  de 
la  rigole  de  dérivation  alimentant  le  canal  de  Languedoc.  L'assemblée  reçut 


LIV.   IV.   LA   RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  io6i 

les  mêmes  réclamations  de  la  part  de  la  ville  de  Saint-Félix,  8c  plusieurs  lieux 
du  diocèse  de  Saint-Papoul  laissèrent  entendre  qu'ils  préparaient  aussi  leurs 
mémoires. 

M.  de  Clapiès  reçut  la  mission  de  vérifier  l'état  des  travaux  en  présence 
des  syndics  diocésains  de  Lavaur  Si  de  Toulouse  8<.  du  sieur  Lafeuillade, 
représentant  les  propriétaires  du  canal.  Comme  d'ailleurs  les  syndics  géné- 
raux, chargés  de  contraindre  l'administration  du  canal  8t  les  riverains  à 
faire,  chacun  selon  ses  obligations,  les  travaux  d'entretien  nécessaires  aux 
aqueducs,  rigoles  8c  contre-canaux,  n'avaient  pu  déterminer  avec  précision 
les  droits  respectifs,  on  résolut  que  M.  de  Clapiès  ferait  en  même  temps  la 
vérification  de  tous  les  ouvrages  servant  de  déversoir  aux  eaux  du  canal  ou  à 
celles  des  rivières  8c  ruisseaux  dont  le  cours  s'en  trouvait  interrompu'. 

L'année  lylJy  s'étant  terminée  sans  que  le  travail  s'accomplit,  les  Etats 
revinrent  à  la  charge^.  M.  de  Clapiès  effectua  l'opération,  en  présence  du 
syndic  général  Joubert,  des  syndics  diocésains  8c  du  greffier  de  la  Province 
Guilleminet,  dépêché  par  ordre  de  l'archevêque  de  Narbonne. 

Il  résulta  de  cette  enquête  qu'un  très-grand  nombre  de  plaintes  étaient 
portées  par  les  communes  8c  les  particuliers,  dans  toute  l'étendue  du  canal, 
d'Agde  à  Toulouse,  sur  les  infiltrations  dont  souffraient  les  terres  voisines, 
sur  les  débordements  causés  dans  les  grandes  inondations  par  l'exhaussement 
du  canal,  sur  la  culture  des  francs-bords  8c  sur  quelques  autres  détails. 

Afin  de  porter  remède  à  ces  graves  inconvénients,  une  transaction  fut 
conclue  entre  les  Etats  Se  les  propriétaires  du  canal,  puis  entre  ceux-ci  6c  les 
délégués  des  diocèses  de  Lavaur  Se  de  Saint-Papoul,  8c  confirmée  par  deux 
arrêts  du  conseil. 

Le  premier,  du  14  avril  1739,  se  référait  à  l'entretien  des  épanchoirs,  aque- 
ducs, rigoles  Se  contre-canaux  8c  prévoyait  tous  les  cas  particuliers  qui  pou- 
vaient se  présenter,  pour  les  terres  avoisinantes,  par  l'effet  de  la  détérioration 
des  ouvrages.  Les  divers  travaux  utiles  au  maintien  du  canal  en  bon  état 
demeuraient  à  la  charge  des  Riquet,  Se  les  ponts  à  la  charge  de  la  Province, 
des  diocèses  ou  des  communes,  d'après  l'importance  des  chemins  dont  ils  assu- 
raient le  passage.  Des  précautions  spéciales  étaient  prescrites  pour  prévenir 
les  dégradations  :  ainsi,  défense  de  faire  abreuver  les  bestiaux  dans  le  canal 
ailleurs  qu'aux  endroits  concertés  entre  l'ingénieur  du  roi  Se  le  syndic  diocé- 
sain, Se  marqués  par  une  descente  pavée  ou  calada  construite  8c  entretenue 
aux  frais  des  communes;  défense  de  laisser  passer  les  bestiaux  ou  les  voitures 
sur  les  francs-bords,  à  moins  qu'il  n'existât  pas  d'autre  chemin  pour  atteindre 
les  propriétés  riveraines. 

Le  second  arrêt,  du  ii  mai  de  la  même  année,  concernait  les  ouvrages 
projetés  dans  le  cours  des  rigoles  de  la  montagne  Se  de  la  plaine,  pour  empê- 
cher les  débordements.   Il  ordonnait  la  construction  d'un  réservoir  à  fleur 


'  Procès-verbal  des  États.  Séance  du   3o  janvier  *  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  2  décembre 

1737.  1737. 


'7^9 


»7i° 


'74' 


1062  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'eau,  à  la  place  de  l'épanchoir  de  Conquet  &  de  deux  déversoirs  destinés  à 
rejeter  les  eaux  surabondantes  dans  les  anciens  lits  des  ruisseaux  du  diocèse 
de  Carcassonne  ou  dans  le  lit  du  Laudot,  à  travers  la  plaine  de  Revel,  & 
déterminait  diverses  précautions  à  prendre,  pendant  l'évacuation  du  bassin 
de  Saint-Ferréol,  afin  d'éviter  les  dégâts  précédemment  signalés. 

Dans  la  séance  du  11  janvier  1740  les  Etats  approuvèrent  la  translation  de 
l'évêché  de  Carcassonne  dans  la  ville  basse  &  le  vote  d'un  secours  de  qua- 
rante mille  livres  accordé,  le  17  avril  173g,  par  l'assiette  diocésaine  à  l'évêque 
pour  l'aider  à  construire  le  nouveau  palais  épiscopal.  Cette  somme  était 
payable  en  six  annuités. 

Bien  que  la  vie  se  fût  depuis  longtemps  retirée  de  la  cité  de  Carcassonne, 
abandonnée  de  plus  en  plus,  au  milieu  de  sa  triple  enceinte,  sur  son  rocher 
brûlé  du  soleil,  l'évêque  y  avait  encore  sa  résidence,  à  côté  de  la  cathédrale. 
Il  fit  valoir  l'impossibilité  où  il  était  d'occuper  cette  habitation,  tombant  de 
vétusté,  8c  l'incommodité  que  l'éloignement  causait  à  tous  les  habitants  du 
diocèse  appelés  à  l'évêché  par  des  affaires  de  toute  nature,  Se  obtint  l'autori- 
sation d'édifier  un  hôtel  dans  la  ville  basse.  Des  lettres  patentes  du  roi  lui 
permirent  de  vendre  un  bois  appartenant  à  la  temporalité  épiscopale  &  d'en 
employer  le  prix  aux  travaux  de  construction.  Indépendamment  du  produit 
de  cette  vente,  le  prélat  comptait  dépenser  pour  cet  ouvrage  plus  de  soixante- 
dix  mille  livres  sur  ses  revenus.  Les  États  jugèrent  que  le  don  de  quarante 
mille  livres  n'était  qu'un  léger  secours  Si  une  marque  de  reconnaissance  pour 
l'attention  que  donnait  l'évêque  à  tous  les  intérêts  du  diocèse;  mais  comme 
le  préambule  de  la  délibération  prise  par  l'assiette  assimilait  la  construction 
des  évêchés  k  celle  des  maisons  presbytérales  qui  était  obligatoire  pour  les 
communes,  81  que  cette  formule  pouvait  créer  un  précédent  fort  dangereux, 
l'assemblée  provinciale,  voulant  sauvegarder  les  finances  diocésaines,  inséra 
dans  son  approbation  une  réserve  tonnelle  sur  cet  article'. 

D'abondantes  pluies  désolèrent  le  bas  Languedoc  pendant  l'hiver  de  1740; 
elles  durèrent  d'une  façon  continue  pendant  plus  de  trois  mois  81  interrom- 
pirent tous  les  travaux  de  la  terre.  Il  y  eut  particulièrement  à  Nimes  une 
grande  détresse.  La  rareté  des  soies  en  avait  porté  le  prix  à  un  taux  si  élevé 
ijue  la  plupart  des  fabricants  furent  obligés  de  restreindre  considérablement 
leur  production,  au  grand  détriment  de  la  population  ouvrière.  Les  direc- 
teurs de  l'hôpital  &  l'évêque  distribuèrent  des  secours;  mais  on  craignait 
que  le  manque  d'ouvrage  ne  réduisît  beaucoup  d'ouvriers  en  soies  à  quitter 
Nimes  Se  à  porter  même  leur  industrie  dans  des  pays  étrangers^. 

La  guerre,  ayant  été  rallumée  dans  toute  l'Europe  par  la  succession  de 
l'empereur  Charles  VI,  ne  tarda  pas  à  entraîner  pour  la  Province  les  consé- 
quences ordinaires  de  pareils  événements. 

L'impôt  du  dixième,  dont  on  était  à  peine  délivré,  fut  rétabli  par  déclara- 

'  Procès-vertnl  des  États  de  Languedoc,  Séance  '  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  gé- 

dii  II  janvier  l'^o-  ncral. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  io63 

tion  royale  du  29  août,  Si,  afin  d'éviter  les  lenteurs  de  procédure  qui  s'étaient 
produites  dans  les  mêmes  circonstances,  les  commissaires  du  roi  aux  Etats 
lecurent  des  instructions  spéciales  pour  faire  connaître  à  l'assemblée  les  motifs 
impérieux  qui  obligeaient  le  roi  à  réclamer  ce  nouveau  sacrifice. 

Les  États,  fidèles  à  leurs  précédents,  résolurent  d'en  user  comme  ils  avaient 
fait  en  1734  &  de  régler  cette  contribution  sous  la  forme  d'un  abonnement, 
afin  que  les  habitants  de  la  Province  «  fussent  à  l'abri  de  la  rigueur  des  trai- 
«  tans  ou  des  exacteurs  étrangers.» 

On  essaya  d'obtenir  que  l'abonnement  du  dixième  fût  maintenu  au  taxix 
de  17^4,  mais  le  gouvernement  n'y  voulut  jamais  consentir,  sous  prétexte 
que  l'augmentation  était  générale  &  devait  s'étendre  à  tout  le  royaume.  Les 
États  se  résignèrent  donc  à  payer  quinze  cent  mille  livres  par  an.  Se  ordon- 
nèrent que  les  taxes  individuelles  frappées  en  1736  seraient  accrues  d'un 
cinquième. 

Ce  fut  sur  ces  bases  nouvelles  qu'une  convention  se  conclut  entre  les  com- 
missaires du  roi  S<.  la  Province;  S<,  comme  d'habitude,  le  trésorier  de  la 
bourse  de  Languedoc  eut  charge  de  centraliser  les  fonds  6<.  de  la  faire  passer 
au  trésor  royal  '. 

La  correction  administrative,  dont  les  règles  se  précisaient  de  plus  en  plus, 
n'était  guère  favorable  aux  exemptions  8t  aux  privilèges;  8c  l'esprit  d'égalité 
devant  l'impôt  se  généralisant  de  plus  en  plus,  causait  de  naïfs  étonnements 
à  ceux  qui  avaient  eu  longtemps  l'avantage  de  se  dérober  aux  charges  fiscales. 

On  remarquera  des  traces  assez  curieuses  de  ce  sentiment  dans  quelques 
passages  d'une  lettre  que  le  frère  François-Joseph,  provincial  des  capucins, 
adressait  au  contrôleur  général,  le  12  février  1742.  Ce  religieux  se  plaignait 
de  voir  les  maisons  de  son  ordre  tourmentées  pour  le  payement  de  divers 
impôts,  tels  que  l'équivalent,  les  subventions,  les  droits  d'entrée,  malgré  les 
antiques  parchemins  octroyés  par  les  rois  de  France.  «  Messieurs  les  fermiers, 
«  soit  royaux,  soit  municipaux,  dit-il,  n'ayant  aucun  égard  à  une  juste  dis- 
«  pense,  exigent  que  nous  payions  tous  ces  droits  8<.  nous  refusent  sans  pitié.  » 

Il  accusait  aussi  la  sévérité  des  commissions  de  contrôle  qui  n'autorisaient 
plus  les  largesses  municipales  en  faveur  des  couvents  : 

«  Il  est  défendu  aux  communautés  d'imposer  la  moindre  somme  pour  nous 
«  secourir;  &,  si  M.  l'intendant  le  permet  dans  des  cas  pressants.  Messieurs 
«  les  commissaires  du  roy  la  .rayent  aux  Etats.  Enfin,  il  semble  que  tout  se 
«  soulève  contre  nous  Se  conspire  notre  perte.  Nous  serons  obligés  de  dimi- 
«  nuer  les  familles  Se  d'abandonner  certains  couvens,  comme  celui  de  Gaillac, 
«  qui  ne  subsiste  que  par  un  vœu  de  ville  de  nourrir  douze  capucins;  on  l'a 
«  toujours  fort  exactement  payé  depuis  cent  cinquante  ans;  aujourd'hui,  on 
(1  le  refuse.  11  y  a  quelque  mystère  incompréhensible^.  » 

'  Procis-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Sé.ince  cardinal    FIciiry    par    le    P.    Diipérier    de  Larsan, 

du  2  décembre  1741.  syndic  des   cordeliers  de  Toulouse.   On    en   jugera 

'  En  1732,   une  requéie  du    même   genre,  écrite  par  le  premier  paragraphe  : 

dans  le  style  le  plus  bizarre,  avait  été  adressée  au  «    Monseigneur,    l"on    n'ozc    approcher   du    feu 


'7-1' 


17.12 


1742 


1064  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Une  tempête  très-violente  se  déchaîna  le  4  décembre  sur  tous  les  étangs 
situés  entre  la  montagne  de  Cette  Se  le  Rhônej  elle  coula  à  fond  plusieurs 
barques  chargées  de  pierres,  en  emporta  d'autres  dans  les  terres  &  fit  échouer 
un  ponton  à  l'embouchure  du  Lez. 

Entre  autres  dégâts,  l'ouragan  produisit  des  ravages  considérables  dans  la 
chaussée  que  la  Province  faisait  construire  au  travers  des  étangs  pour  joindre 
à  Cette  le  canal  de  Languedoc;  la  mer,  soulevée  en  vagues  furieuses,  s'ouvrit 
des  passages  sur  divers  points  de  la  plage  &.  créa  des  gratis  qui  interrompi- 
rent les  communications  pendant  plusieurs  jours.  L'ingénieur  Pitot  dressa 
un  mémoire  de  toutes  ces  dégradations,  dont  l'ensemble  fut  évalué  à  quinze 
mille  livres;  on  se  hâta  d'exécuter  les  travaux  les  plus  urgents. 

La  tempête  creusa  aussi  une  ouverture  dans  le  bord  de  la  lagune,  du  côté 
de  Villeneuve.  Mais  cette  agression  de  la  mer  produisit  un  heureux  effet  en 
donnant  l'écoulement  à  des  eaux  stagnantes  qui  causaient  l'insalubrité  du 
pays.  Les  habitants  de  Villeneuve,  très-heureux  de  la  création  de  ce  débouché, 
prirent  l'engagement  de  l'entretenir,  &  sollicitèrent  même  le  percement  des 
digues  qui  protégeaient  le  canal  des  étangs'. 

La  session  des  Etats  de  1742  commença  le  20  décembre  8t  se  termina  le 
i^''  février.  Le  duc  de  Pvichelieu  en  fit  l'ouverture.  Il  y  eut  plusieurs  vides 
aux  bancs  supérieurs  par  suite  de  l'absence  des  barons  qui  se  trouvaient  dans 
l'armée  de  Bohême.  De  ce  nombre  étaient  le  marquis  de  Castries,  le  comte 
de  Mérinville  &.  le  marquis  de  Brizons,  propriétaire  de  la  baronnie  tournclle 
de  Tornac.  Les  hasards  de  la  guerre  ne  permirent  pas  à  ces  gentilshommes 
d'envoyer  des  procurations  pour  faire  occuper  leurs  places,  8t  ce  fut  l'arche- 
vêque de  Narbonne  qui  dut  y  pourvoir. 

Les  États  reçurent  le  nouveau  baron  de  la  Gardiolle,  qui  venait  d'acquérir 
cette  terre  au  prix  de  quarante  mille  livres.  C'était  Charles  de  Rochechouard, 
comte  de  Clermont,  arrière-petit-fils  d'un  sénéchal  de  Toulouse,  descendant 
d'une  des  plus  illustres  familles  du  royaume  &  rattaché  par  ses  alliances  aux 
maisons  de  Foix-P\.abat  St  de  Barbazan. 

La  représentation  de  la  ville  de  Toulouse  donna  lieu  à  un  singulier  épi- 


sans  crainclre  la  cendre  dont  il  est  le  pèie;  les  ont  donné  pour  toujours  &  que  la  coutume  de 
princes  de  l'Eglise  portent  la  couleur  de  ce  prince  quatre  siècles  nous  confirme,  &c.  u 
des  élémens;  nous  en  avons  la  cendre  sur  nos  ha-  Suivant  les  habitudes  administratives,  cetie  re- 
bits comme  vous  en  avez  dignement  la  pourpre.  quête  fut  renvoyée  à  M.  de  Bernage  qui  n'y  com- 
Changés  en  cendre,  nous  n'appréhendons  pas  d'à-  prit  rien,  &  qui  écrivit,  le  2  mai  suivant,  au 
border  Votre   Kminence;   nous   espérons  au   con-  contrôleur  général  : 

traire  que   le   feu   de  votre  vêtement  allumera    la  «  Les  cordeliers  de  la  ville  de  Toulouse  s'expli- 

cendre  du  nôtre,  &  fondez  sur  cette  espérance,  tous  quent   si    mal   dans    la    lettre   qu'ils   ont   écrite   à 

les  religie\ix  du  grand  couvent  de  la  régulière  ob-  Monseigneur   le   cardinal  de   Fleury,  que  je  suis 

servance  de  Saint-François  à  Toulouse,  se  jettent  obligé    de    leur    faire    demander    le   sujet  de   leurs 

à  vos  pieds   pour   implorer  la    faveur  de  votre  se-  plaintes'.  » 

cours.    Les    partisans    d'un    subside   qu'on    nomme  '  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance 
équivalent,  nous  refusent  l'entrée  des  aumônes  que  du  ^  janvier   1743. 
nous   recevons   journellement   du  public;   ils    pré- 
tendent nous  ôjer  ce  que   les  roys   de  France   nous  1  Archives  nationales.  Papiers  dti  contrôleur  général. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  io65 

socle.  Le  roi  avait  gratifié  de  la  mairie  de  Toulouse,  par  commission,  un  per- 
sonnage du  nom  de  Baillarguet.  Quand  ce  maire  se  présenta  aux  Etats  pour 
y  occuper  le  siège  auquel  cette  charge  lui  donnait  droit,  il  se  trouva  que  la 
ville  n'avait  point  eu  connaissance  de  la  commission  royale,  Se  avait,  comme 
d'habitude,  confié  ses  intérêts  à  deux  députés.  Les  Etats  en  éliminèrent  un, 
celui  qui  était  capitoul  en  exercice,  afin  de  faire  place  au  maire  royal,  renou- 
velant ce  qui  s'était  pratiqué  pendant  la  mairie  de  M.  d'Aspe,  lors  de  la  pre- 
mière création  des  charges  municipales. 

Outre  les  trois  millions  de  don  gratuit  &  les  seize  cent  mille  livres  de  capi- 
tation  qui  furent  votés  sans  difficulté  à  cause  des  nécessités  de  la  guerre,  les 
commissaires  royaux  sollicitèrent  le  crédit  de  la  Province  pour,  un  emprunt 
de  trois  millions  de  livres  fait  au  nom  de  la  couronne.  Le  Languedoc  s'était 
déjà  prêté  à  des  opérations  de  même  nature,  en  1672,  pour  la  somme  de 
un  million  six  cent  mille  livres,  en  1707,  pour  un  million,  &  en  1714,  pour 
deux  millions  quatre  cent  mille  livres,  8<  le  remboursement  du  capital,  des 
intérêts  8c  des  frais  en  avait  été  régulièrement  effectué. 

Les  États  accédèrent  à  la  nouvelle  demande  &  chargèrent  les  trois  syndics 
généraux,  MM.  de  Montferrier,  de  Joubert  Se  de  Latage,  de  prendre  la  direc- 
tion de  l'emprunt,  dont  la  souscription  fut  ouverte  à  Paris,  à  Toulouse  6<  à 
Montpellier.  Les  intérêts,  arrêtés  au  denier  vingt,  quittes  de  la  retenue  du 
dixième,  étaient  payables,  à  chaque  fin  d'année,  dans  les  bureaux  du  trésorier 
de  la  Province'.  L'amortissement  de  la  dette  du  trésor  royal  devait  être  fait 
en  douze  ans,  par  voie  de  remise  annuelle  d'une  somme  de  deux  cent  cin- 
quante mille  livres  sur  les  versements  de  la  Province.  Le  traité  fut  signé  le 
3i  décembre  1742,  au  nom  du  roi,  par  le  duc  de  Richelieu,  l'intendant  èi. 
les  deux  trésoriers  de  France  commissaires;  ati  nom  de  la  Province,  par  l'ar- 
chevêque de  Toulouse,  les  évêques  de  Béziers  Se  de  Lavaur,  les  barons  de 
La  Tourrette,  de  Bram  8<.  d'Ambres,  les  maires  de  Toulouse,  Montpellier, 
Carcassonne,  Nimes,  Narbonne,  le  Puy,  8c  par  MM.  de  Montferrier  8c  de 
Lafage,  syndics  généraux^. 

Une  compagnie  s'étant  formée  pour  l'établissement  de  rizières  en  Dau- 
phiné,  dans  les  parties  basses  facilement  immergées,  des  travaux  considéra- 
bles furent  exécutés  dans  le  territoire  du  bourg  de  Livron,  qui  est  bâti  au 
débouché  de  la  vallée  de  la  Drôme  dans  celle  du  Rhône;  les  deux  murailles 
de  collines,  dernières  ramifications  des  Alpes,  qui  s'élèvent  à  droite  8c  à 
gauche  de  la  rivière  dauphinoise,  s'abaissent  brusquement  sur  ce  point  8c 
encadrent,  d'une  courbe  à  peine  infléchie,  des  terres  depuis  longtemps  décou- 
vertes par  les  eaux.  Il  est  aisé  de  reconnaître  qu'à  une  époque  reculée,  le  lit 
du  Rhône,  que  la  Drôme  aborde  perpendiculairement,  longeait  le  pied  de 
ces  berges.  Comme  pour  confirmer,  par  une  preuve  historique,  le  témoignage 
du  sol,  une  étroite  langue  de  terre  de  cette  rive  appartenait  à  la  Province  de 

■  Les  notaires  de  l'emprunt  furent  M"  Daoust,  '  Procès-verbnl   des  Étals.  Séance  du  ji  décem 

notaire   de  la   Province  à   Paris,  M"  Bellonnet  à       bre  I7<J2. 
Montpellitr,  8c  M"  Fontes  à  Toulouse. 


1741 


17.13 


1743 


io66  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Languedoc  tlont  le  R.hône  marquait  pourtant  la  séparation  naturelle  d'avec 
le  Dauphiné. 

Un  vaste  canal,  pratiqué  au  travers  d'une  plaine  d'environ  cinq  lieues  de 
circonférence,  toute  semée  de  domaines  &  de  hameaux,  permit  d'étendre  une 
nappe  d'eau  stagnante  sur  les  nouvelles  cultures.  Ces  marais  artificiels  ne 
tardèrent  pas  à  produire  leurs  conséquences  naturelles;  des  brouillards,  des 
exhalaisons  malsaines  s'en  dégagèrent;  le  bourg  de  Livron,  ceux  d'Etoile  Se 
de  Loriol,  qui  occupent,  au  nord  St  au  sud,  le  bord  du  bassin,  furent  atteints 
de  fièvres  paludéennes. 

Bientôt  la  mauvaise  influence  gagna  du  terrain,  5c  le  cours  même  du 
Rhône  fut  impuissant  à  l'arrêter.  Alors  le  Vivarais  s'inquiéta.  Les  habitants 
de  la  Voulte,  du  Bouzin  &  de  Beauchastel  firent  présenter  aux  Etats,  par 
l'évêque  de  Viviers,  des  réclamations  pressantes  contre  une  innovation  aussi 
pernicieuse.  Ils  signalaient  le  dommage  causé  à  leurs  possessions  de  la  rive 
gauche  du  Rhône,  la  perte  de  leurs  récoltes  produite  par  l'humidité  excessive 
de  l'atmosphère  St  le  développement  de  maladies  qui  devenaient  de  jour  en 
jour  plus  dangereuses.  Le  privilège  de  la  compagnie  des  riz  lui  détendant 
d'installer  ses  cultures  à  moins  de  trois  lieues  des  villes  murées,  les  trois  places 
de  Vivarais  demandaient  pour  elles-mêmes  l'application  de  la  loi  '. 

Les  États  renvoyèrent  le  mémoire  aux  commissaires  du  roi  S<.  y  consacrè- 
rent un  article  du  cahier  des  doléances. 

On  put  signaler,  en  1743,  un  réveil  très-sensible  ^de  ferveur  protestante 
en  Languedoc.  Le  culte  public,  bien  que  tenu  à  distance  des  villes,  prit  un 
caractère  qu'on  ne  lui  connaissait  pas.  Les  piemières  démonstrations  se  firent 
dans  les  Cévennes  &  dans  le  bassin  du  Gardon,  où  le  souvenir  des  persécu- 
tions, pieusement  conservé  par  les  familles,  surexcitait  une  ardeur  mystique. 

Au  diocèse  de  Nimes,  le  mouvement  se  révéla  dès  le  mois  d'avril.  Le 
dimanche  8  septembre,  il  y  eut  dans  une  grande  vallée,  entre  Calvisson  Se 
Langlade,  une  assemblée  que  les  témoignages  contemporains  prétendent 
n'avoir  pas  compté  moins  de  dix  mille  personnes.  Cette  toule  couvrait  les 
pentes  d'un  amphithéâtre  de  montagnes.  On  lut  un  chapitre  du  Nouveau  Tes- 
tament, les  articles  du  Décalogue,  on  chanta  des  psaumes  &  des  cantiques;  il 
y  eut  prédication,  célébration  de  la  cène,  d'où  les  anciens  exclurent  plusieurs 
fidèles  de  moralité  douteuse,  baptêmes  d'enfants,  bénédiction  de  mariages, 
imposition  des  mains  à  un  nouveau  ministre,  originaire  du  Grand-Gallar- 
gucs.  C'était  un  long  arriéré  de  cérémonies  interdites  que  l'on  accomplissait 
en  plein  jour,  sous  le  ciel,  au  milieu  d'un  paysage  d'une  imposante  majesté. 

Le  dimanche  suivant,  une  assemblée  tout  aussi  nombreuse  fut  réunie 
entre  Ners  &  Boucoiran,  où  le  ministre  Paul  Rabaut  prêcha. 

On  recommença  huit  jours  après  sur  les  hautes  garrigues  de  Nimes,  se 
uapprochant  peu  à  peu  de  la  ville.  Il  était  cinq  heures  du  matin  quand 
furent  difts  les  premières  prières,  8<.  l'on  ne  se  sépara  qu'à  midi.  La  prédica- 

'  Piocès-verbal  des  Etats.  Séance  du  7  janvier  1744. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1067 

tion  avait  été  faite  par  un  simple  proposant;  mais  avant  la  fin  de  l'office, 
Paul  arriva,  baptisa  quelques  enfants  8<  maria  plusieurs  couples. 

Le  tiernier  dimanche  de  septembre,  on  se  réunit  au  pont  Saint-Nicolas; 
puis,  les  deux  premiers  dimanches  d'octobre,  tout  auprès  de  Nimes  &  sur  le 
vieux  chemin  d'Uzès.  Le  ministre  Pradel  de  Vézenobre  y  officiait.  On  pria 
pour  le  retour  de  la  paix  8c  pour  le  succès  des  armes  du  roi.  Ces  deux  assem- 
blées étaient  composées  en  grande  partie  d'habitants  de  Nimes.  Le  refus  que 
faisaient  les  prêtres  catholiques  de  marier  les  protestants  grossissait  de  jour 
en  jour  les  attroupements  du  désert. 

Le  20  octobre,  deux  assemblées  eurent  lieu  simultanément,  l'une  au  Gros 
de  Langlade,  près  de  Millaud  St  d'Uchaud,  comprenant  environ  six  mille 
personnes,  la  plupart  de  Nimes,  &  présidée  par  Vézenobre  qui  bénit  trois 
mariages  &  administra  trois  baptêmes;  l'autre  k  la  Combe  des  Morts  où 
prêcha  le  nouveau  ministre  Deffere,  sacré  le  8  septembre.  Les  assistants 
n'y  furent  pas  moins  nombreux;  ils  s'y  étaient  rendus  sans  mystère  par  les 
glands  chemins  &  retournèrent  dans  leurs  maisons  à  la  tombée  de  la  nuit. 

Un  curé  de  Nimes,  informé  de  ces  pratiques,  alla  demander  au  comman- 
dant de  place  un  détachement  pour  tomber  sur  les  huguenots,  offrant  de  se 
mettre  lui-même  à  la  tête  des  troupes.  Mais  l'officier  qui,  suivant  la  tradition 
de  ses  camarades,  avait  peu  de  zèle  pour  ces  sortes  d'expéditions,  laissa  la 
garnison  immobile. 

Dix  mille  réformés  se  trouvèrent  le  27  octobre  au  Gros  de  Langlade  où 
Paul  prêcha  &  fit  un  baptême. 

On  parlait  de  scènes  analogues  du  côté  d'Alais,  8t  des  prédications  de 
Boyer  dans  les  environs  de  Vauvert. 

C'est  alors  que  M.  Court,  ministre  de  Lausanne,  bravant  les  menaces  ter- 
rililcs  des  ordonnances,  pénétra  dans  le  bas  Languedoc  pour  y  préparer  la 
restauration  du  culte  réformé'. 

Dans  les  premiers  jours  de  l'assemblée  des  Etats,  l'archevêque  de  Narbonnc 
apprit  par  une  lettre  de  M.  d'Argenson  que  le  roi  désirait  faire  lever  8t  entre- 
tenir par  la  Province,  pendant  la  durée  de  la  guerre,  un  régiment  de  dra- 
gons analogue  à  ceux  qui  avaient  été  organisés  dans  d'autres  occasions. 
1/expression  de  ce  désir  était  accompagnée  de  l'invitation  d'avoir  à  se  con- 
certer avec  le  duc  de  Richelieu  sur  les  mesures  à  prendre  pour  la  prompte 
expédition  de  l'aftaire. 

Le  prélat  répondit  en  exposant  la  triste  situation  du  pays,  dont  la  misère 
8c  les  charges  semblaient  rendre  un  nouveau  sacrifice  presque  impossible. 
Mais  les  exigences  de  la  Cour  furent  inflexibles*. 

La  question  portée  devant  les  Etats,  ils  en  confièrent  l'étude  à  la  commis- 
sion des  affaires  extraordinaires  renforcée  de  huit  nouveaux  membres^. 

'  Manuscrit  cité   par  M.   Germain  (Histoire  de  '  Proccs-rerbal  de?  Etats.   i8  janvier  1744. 

l  Eglise  de    Nimes,    II,    451)    comme  appartenant  '  Les  éréques   de  Saint-Pons   &  de  Castres,    les 

i  l'un   de    ses   anciens   élevés,    M.   Meynard,    de  barons    de    Murviel    &    de    Canges,    les    députés 

Nimes.  d'Uzès,  Albi,  Mende  &  Castres. 


1743 


'744 


'744 


io68  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  ministre  s'autorisait  de  l'exemple  des  régiments  fournis  par  la  Province 
en  1677  S<.  en  i683;  mais,  tandis  qu'alors  cette  levée,  qui  d'ailleurs  dispen- 
sait le  pays  de  mettre  sur  pied  ses  milices,  n'avait  guère  coûté  plus  de  trois 
cent  soixante-six  mille  livres,  il  paraissait,  par  les  états  de  détail  du  maréchal 
de  Richelieu,  que  la  dépense  du  nouveau  régiment  serait  plus  que  doublée. 
La  cause  en  était  dans  la  fourniture  des  chevaux  que  le  ministère  imposait  à 
la  Province,  à  raison  de  deux  cent  quatre-vingt-dix  livres  par  tête,  &  dans 
les  frais  de  fourrages  &  d'ustensiles'. 

Un  courrier,  expédié  à  Versailles  en  toute  hâte,  alla  porter  à  la  Cour  les 
réclamations  de  la  Province^. 

On  y  faisait  ressortir  combien  la  situation  financière  du  pays  se  trouvait 
aggravée  depuis  les  anciennes  levées  de  régiments  rappelées  par  le  ministre. 
L'augmentation  du  don  gratuit,  l'établissement  de  la  capitation,  du  dixième, 
de  plusieurs  abonnements  réunis  aux  fermes,  l'entretien  des  milices,  les  inté- 
rêts de  la  dette  provinciale  avaient  accru  les  impositions  annuelles  de  plus 
de  cinq  millions. 

Les  Etats  représentaient  en  outre  quelle  influence  funeste  exerçaient  d'aussi 
fréquentes  levées,  tant  sur  la  population  que  sur  la  culture  des  terres  &  sur 
le  travail  des  manufactures.  «  Les  hommes,  disaient-ils,  sont  encore  plus  pré- 
ci  cieux  aux  Etats  que  les  fortunes  particulières;  »  &  ils  rappelaient  combien 
cet  impôt  du  sang,  le  plus  onéreux  de  tous,  suivait  une  progression  redou- 
table. Après  les  soldats  de  milice,  dont  le  nombre  s'élevait  à  cinq  mille  quatre 
cents  hommes,  on  avait  vu  organiser  des  compagnies  nouvelles  de  cavalerie, 
accroître  l'eftectit  des  troupes  régulières,  multiplier  les  appels  forcés  de  mate- 
lots. 

M.  d'Argenson  ne  répondit  pas  à  ces  plaintes,  mais  il  fit  connaître  que  le 
roi,  satisfait  des  bonnes  dispositions  de  la  Province,  consentait  à  réduire  à 
deux  cents  livres  le  prix  de  chaque  cheval  &  à  prendre  le  reste  à  sa  charge; 
la  fourniture  des  chevaux  demeurant  confiée  aux  entrepreneurs  ordinaires  de 
la  remonte.  Pour  subvenir  aux  frais  de  recrutement  &  à  l'entretien  du  corps 
pendant  la  première  année,  il  autorisait  un  emprunt.  Enfin,  donnant  satis- 
faction au  vœu  que  les  États  avaient  exprimé,  il  annonçait  l'intention  d'ac- 
corder avec  une  entière  préférence  les  places  d'officier  aux  meilleurs  sujets  de 
la  Province,  sur  une  liste  de  présentation  concertée  entre  le  duc  de  Richelieu 
&.  l'archevêque  de  Narbonne''. 

Les  États  consentirent  un  double  emprunt  dont  la  totalité  s'élevait  à  cinq 
cent  soixante  &  un  mille  huit  cents  livres'*,  &  demandèrent  par  acclamation, 
sur  la  proposition  du  président,  que  la  charge  de  colonel  des  dragons  de  Lan- 
guedoc fût  accordée  au  jeune  duc  de  Fronsac,  fils  du  commandant  en  chef, 
ce  gentilhomme  annonçant  déjà   les  qualités    héréditaires  de  sa  maison  81 

'  Procès-verbal  des  Etats.  20  janvier  1744.  '  Lettre  du   comte  d'Argenson  à  l'archevêque  de 

'   Mémoire    contenant    les    représentations    des  Narbonnc.  M.nly,  ;6  janvier  i-^^. 

tt;its  généraux  de  la  province  de  Languedoc,  con-  ■•  Procès-verbal   des   États.   Séance  du   j"  février 

fermement  à  leur  délibération  du  20  janvier  1744.  I7')')- 


LIV,   IV.   LA  RÉGEKCE  ET  LOUIS  XV.  1069 

paraissant  le  plus  cligne  de  marcher  à  la  tête  de  la  noblesse  qui  témoignait 
beaucoup  d'empressement  pour  les  emplois  d'officier'. 

Le  grade  de  lieutenant-colonel  fut  donné  à  M.  de  Ladevèze,  61  celui  de 
major  à  M.  de  Montels. 

Un  Arménien,  nommé  Johannis,  oftrit  au  contrôleur  général  d'essayer  la 
culture  du  coton  en  Languedoc.  Il  demandait  à  faire  ses  expériences  dans 
quelques  terrains  de  la  banlieue  de  Castres  où  le  sol  lui  paraissait  être  favo- 
rable à  cette  culture,  &,  proposait  d'y  semer  des  graines  du  Levant  8i  d'exé- 
cuter tous  les  travaux  à  ses  trais. 

Le  ministre  le  renvoya  à  M.  Le  Nain.  Dans  une  conférence  avec  l'inten- 
dant, Johannis  renouvela  ses  offres  en  désignant  les  avantages  qu'il  sollicitait 
de  la  Province.  Indépendamment  d'un  terrain  de  trois  cent  soixante-quatre 
toises  carrées,  appartenant  à  la  commune  de  Castres,  &  entièrement  inculte, 
dont  on  lui  fit  abandon,  les  Etats  l'autorisèrent  à  prendre  des  terres  à  louage 
pour  y  établir  ses  plantations  8c  lui  accordèrent  une  indemnité  équivalente 
au  montant  des  tailles  que  payait  le  sol  consacré  à  ses  cultures,  se  réservant 
de  lui  faire  obtenir  un  privilège  en  cas  de  succès*. 

Des  contestations  étaient  pendantes  entre  les  jésuites  du  collège  de  Mont- 
pellier, les  chanoines  de  l'église  cathédrale  Saint-Pierre  S<.  la  municipalité  de 
la  même  ville  au  sujet  de  la  prébende  préceptoriale.  Trois  avocats  au  grand 
conseil  :  Guillet  de  Blaru,  Laverdy  6c  Aubry,  donnèrent  au  corps  municipal 
une  consultation  d'où  il  résultait  que  c'était  au  précepteur  jouissant  des 
revenus  de  la  prébende  à  se  loger  lui-même  ainsi  que  les  auxiliaires  par  lui 
employés  à  l'instruction  des  enfants  de  la  ville.  Le  grand  conseil  rendit  sur 
cet  avis,  le  3i  janvier  1744,  un  arrêt  portant  que  la  première  vacance  de 
prébende  du  chapitre  Saint-Pierre  ne  serait  point  remplie,  afin  d'en  affecter 
le  revenu  à  l'entretien  d'un  précepteur  chargé  d'instruire  gratuitement  les 
jeunes  enfants  de  la  ville. 

Le  cas  se  produisit  par  la  mort  de  l'abbé  de  Belleval,  chanoine  8c  prévôt 
du  chapitre,  décédé  le  i5  avril  1744. 

Les  consuls  de  Montpellier  sommèrent  alors  l'évêque  8<  les  chanoines, 
conformément  aux  ordonnances  d'Orléans,  de  Blois  8c  à  l'édit  de  Melun,  de 
concourir  avec  eux  à  la  nomination  d'un  précepteur.  On  choisit  un  prêtre 
du  nom  de  Poujol,  qui  dut  «  vaquer  par  lui-même  ou  par  personnes  qu'il 
»  s'associeroit,  à  l'instruction  gratuite  des  enfants  abécédaires  de  la  ville  &c 
«   faubourgs.  » 

La  commission  de  1734  autorisa  la  commune  à  dégrever  son  budget  d'une 
somme  annuelle  de  mille  quatre  cent  quatre-vingts  livres  qui  étaient  employées 
auparavant  pour  les  appointements  des  précepteurs  8c  régents  8c  pour  le  loyer 
des  maisons  d'école^. 

Les  communes  riveraines  de  l'Hers,  accablées  depuis  plusieurs  années  par 

'  Procès-verbal  des  Etats.  4  février  1744.  '  Ordonnance  dii  9  mai  1744.  Recueil  îles  éjits. 

'  Procès-verbal   des  Etats.  Séance  du  3i  janvier        déclarations,  arrêts  &  ordonnances  Je  1745,  ("  i. 
1744.  Rapport  de  l'évéqiie  d'Alet. 


1744 


'744 


loyo  ÉTUDES  HIS'l'ORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  fréquentes  inondations,  obtinrent,  le  g  octobre  1787,  un  arrêt  du  conseil 
ordonnant  la  destruction  de  tous  les  moulins  situés  sur  cette  rivière,  ce  qui 
fut  exécuté  à  la  diligence  du  syndic  général  de  la  Province. 

Après  ces  travaux,  les  inondations  devinrent  à  la  fois  moins  multipliées  S< 
moins  dangereuses  dans  la  majeure  partie  du  cours  de  la  rivière.  Seules,  les 
communes  de  Baziége,  Montesquieu,  Saint-Rome,  Gardouch  &  Villefrancbe, 
n'en  reçurent  aucun  soulagement,  parce  que  le  lit  de  la  rivière,  traversant 
les  forêts  de  Baziége  &  de  Saint-Rome,  s'y  trouvait  comblé  dans  toute  leur 
étendue  &C  rejetait  les  eaux  dans  la  plaine.  On  jugea  donc  convenable 
d'élargir  l'Hers  dans  l'intérieur  des  forêts  £<.  de  le  rectifier  sur  les  points  où  il 
présentait  le  plus  de  sinuosités.  M.  Garipuy,  directeur  des  ouvrages  de  la 
Province  dans  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  chargé  de  la  question  par  les 
commissaires  du  diocèse,  dressa  un  mémoire  des  travaux  les  plus  importants 
qui  comprenaient  un  recreusement  de  la  rivière  sur  une  longueur  d'environ 
mille  cinq  cents  toises,  représentant  un  déblai  de  neuf  mille  cinq  cents  toises 
cubes,  &  une  dépense  de  trente-huit  mille  livres,  Si  divers  ouvrages  acces- 
soires dans  les  ruisseaux  du  Marais,  du  Gardigeol  8<.  de  la  Tliésauque.  Les 
forêts  de  Baziége  Se  de  Saint-Rome  faisaient  partie  du  domaine  de  la  cou- 
ronne. 

Anceau  de  Lavelanet,  grand  maître  des  eaux  &  forêts,  fit  mesurer  les 
terrains  par  l'arpenteur  de  la  maîtrise  particulière  de  Casteinaudary.  On 
trouva  que,  pour  l'alignement  de  la  Nauze  de  Montgaillard,  dans  la  forêt  de 
Saint-Rome,  il  fallait  abattre  deux  arpents  soixante  St  une  perches  trois  quarts 
de  bois,  quatre-vingt-cinq  perches  dans  la  forêt  de  Baziége,  &  un  arpent  seize 
perches  sur  la  Thésauque.  La  valeur  de  ces  coupes  fut  estimée  à  trois  cent 
quinze  livres.  Un  arrêt  du  conseil  d'Etat,  donné  au  camp  devant  Menin, 
le  3o  mai  1744,  autorisa  la  vente'. 

Dans  les  premiers  jours  du  mois  de  juin  1744,  le  roi  Louis  XV,  campe 
devant  les  remparts  de  Menin ^,  d'où  il  s'éloigna  le  8,  après  la  capitulation 
de  la  place,  signa  des  lettres  patentes,  enregistrées  au  Parlement  de  Toulouse 
le  18  du  même  mois^,  portant  érection  du  comté  de  Faret  en  faveur  du 
maréchal-de-camp  marquis  de  Fournès.  Ce  nouveau  fief  était  assis  au  cœur 
des  Cévennes,  dans  les  diocèses  de  Mende  St  d'Alais,  &  dans  le  ressort  de  la 
sénéchaussée  de  Nimes. 

Pour  constituer  le  fonds  honoré  de  ce  titre  féodal,  on  réunit  diverses  terres 
dépendant  pour  la  plupart  de  l'ancienne  baronnie  de  Moissac,  qui  relevait 
des  évêques  de  Mende  en  qualité  de  comtes  de  Gévaudan.  Ces  terres  s'éten- 
daient surtout  dans  les  vallées  supérieures  du  Gardon  d'Anduze  £<  attei- 
gnaient même  les  grands  plateaux  des  hautes  Cévennes.  Le  lieu  le  plus 
important,  outre  Moissac,  qui  avait  autrefois  donné  son  nom  à  la  baronnie, 
était  le  bourg  de  Saint-Roman,  cheflieu  ettectit,  où  se  tenaient  quatre  foires 

'  Recueil  des  cJits  S-  arrêts  Je  Languedoc,   1745.  '  Archives    du    Parlement.    Ediis  €•   dccUr.Uions, 

*  La  cnpitulaiion  de  Menin  fut  signée  le  4  juin.        XLVII,  176. 
Le  toi  y  eiîira  le  7. 


LIV.   IV,   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  107 1 

par  an'  &  un  marché  tous  les  mardis,  suivant  un  usage  immémorial.  Les 
lettres  patentes  énumèrent  quatorze  lieux  comme  faisant  partie  intégrante  de 
la  baronnie  de  Moissac  ;  les  plus  connus  sont  Notre-Dame  de  Monlezon,  le 
Pompidou,  le  Bousquet  de  la  Barthe  &  Saint-Martin  de  Lansuscle^.  Diverses 
possessions  &  droits  féodaux  rattachés  au  même  centre  rayonnaient  aussi  dans 
les  paroisses  de  Notre-Dame  de  Balmes,  Saint-André  de  Lancise,  Saint-André 
de  Valborgne,  Saint-Etienne  &  Sainte-Croix  de  Valfrancisque,  Saumane, 
Peyrolles,  Saint-Martin  de  Corconac.  Divers  arrière-fiefs  importants  relevaient 
de  cette  baronnie  dont  le  possesseur  était  haut  justicier,  ayant  ses  officiers 
personnels  :  son  juge,  son  viguier  &  leurs  lieutenants,  son  procureur  fiscal 
Se  son  greffier. 

La  famille  de  Faret,  dont  le  roi  rappelait  l'ancienne  noblesse  8t  les  ser- 
vices rendus  h  la  monarchie  «  depuis  plus  de  trois  siècles,  «  avait  bravement 
figuré  sur  les  champs  de  bataille  les  plus  lointains  des  dernières  guerres. 
L'oncle  du  nouveau  comte,  le  sieur  de  Fournès,  colonel  d'un  régiment  d'in- 
fanterie de  son  nom,  avait  suivi  le  duc  de  Beaufort  dans  sa  chevaleresque 
croisade  contre  les  Turcs  8c  avait  succombé  au  siège  de  Candie.  Son  père,  le 
marquis,  lieutenant-colonel  avec  brevet  de  mestre  de  camp,  commandait  le 
régiment  de  Vivan  cavalerie;  son  frère  aîné,  le  chevalier,  était  mort  au  ser- 
vice premier  capitaine  au  régiment  du  roi;  son  second  frère,  le  comte,  se 
trouvait  alors  brigadier  des  armées;  son  troisième  trère,  le  baron,  avait  péri 
à  Prague,  dans  le  régiment  dii  roi  cavalerie  où  il  avait  pris  la  place  du  che- 
valier. 

Enfin  le  nouveau  comte,  Jean  de  Faret,  marquis  de  Fournès,  parvenu  au 
plus  haut  grade  que  les  hasards  de  la  guerre  eussent  permis  à  sa  famille 
d'atteindre,  avait  fait  avec  distinction  les  dernières  campagnes. 

Le  25  novembre  1744,  sur  l'invitation  du  maréchal  de  Richelieu,  les  États 
assistèrent  en  corps,  dans  l'église  Notre-Dame  des  Tables,  à  la  bénédiction 
des  étendards  du  régiment  de  Septimanie.  La  cérémonie  commença  par  une 
messe  que  dit  l'aumônier  des  Etats,  après  laquelle  les  commissaires  du  roi 
vinrent  en  grand  uniforme  prendre  leur  place  à  la  tête  des  barons. 

L'archevêque  de  Narbonne  s'assit  à  l'entrée  du  sanctuaire,  où  avaient  été 
réunis  les  cornettes  £<.  autres  officiers  présents,  8c  leur  adressa  un  discours  sur 
les  devoirs  de  leur  état.  Il  monta  ensuite  à  l'autel  où  étaient  déposés  les  éten- 
dards 8c  les  bénit;  puis,  reprenant  sa  place  au  fauteuil,  il  les  remit  successi- 
vement à  chaque  cornette  en  prononçant  les  paroles  consacrées^. 

Les  États  ayant  fait  représenter  au  roi,  en  1725,  que  les  verreries  établies 
au  voisinage  des  villes  du  bas  Languedoc  faisaient  une  consommation  de  buis 
assez  considérable  pour  inspirer  des  craintes  sur  la  destruction  prochaine  des 
cultures  forestières'*,  sept  verreries  furent  désignées  pour  cesser  leurs  travaux 

■  Le  10  mai,  le  1  juin,   le    17    septembre   &  le  Lnrroqne,   Larrouqiiele,  la    Peloiicarié,  le  Mande- 

23  novembre.  (Lettres  d'érection.)  ment  du  Mas-Bernard,  le  Canibonet,  Endajat. 

•  Les  autres  lieux  sont  :  Caulies,  la  Fourniguié,  '  Procès-verbal  de»  États,  ij  novembre  1744. 

le  Boiisqtieirol,  le   Fort,  la  Lièvre,   la  Boissonade,  *  Séance  du  6  février  1725. 


'74-J 


'7-i5 


1743 


1072  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

à  la  fin  de  la  campagne,  sans  pouvoir  les  reprendre,  à  moins  d'être  transfé- 
rées sur  les  montagnes  de  l'Aigoal  &  de  l'Espérou  '. 

L'exécution  de  cet  arrêt  souffrit  des  lenteurs,  à  cause  des  difficultés  soule- 
vées par  les  propriétaires.  Comme  la  destruction  des  bois  se  continuait,  le 
syndic  général  de  la  Province  &  le  commissaire  de  la  marine  au  département 
d'Agde  sollicitèrent  l'intervention  de  l'intendant  &.  du  grand  maître  des  eaux 
&  forêts,  qui  renouvelèrent  les  prohibitions  de  1700  relatives  aux  coupes  des 
bois  appartenant  aux  particuliers,  Se  enjoignirent  à  tous  les  gentilshommes 
verriers  possesseurs  de  verreries  dans  la  généralité  de  Montpellier  de  repré- 
senter leurs  titres  d'établissement  dans  quinzaine,  sous  peine  de  cesser  leur 
travail  ^. 

Les  gentilshommes  verriers  se  donnèrent  un  syndic,  nommé  Fulcrand  de 
la  Roque,  dont  l'appel  au  conseil  d'Etat  n'eut  point  de  succès 3.  Le  principe 
de  déplacement  des  verreries  fut  maintenu;  mais,  pour  y  procéder  avec  plus 
d'équité,  il  parut  convenable  de  faire  visiter  les  montagnes  de  l'Aigoal  &  de 
l'Espérou,  précédemment  désignées  comme  lieux  de  transfert. 

MM.  Le  Nain  &  Anceau  de  Lavelanet  se  concertèrent  pour  nommer  deux 
visiteurs  chargés  de  cette  vérification'*.  Ils  choisirent  M.  Pitot,  procureur  du 
roi  près  la  commission  établie  pour  la  réformation  des  forêts  de  la  maîtrise 
particulière  de  Quilhan,  &  M.  Souche,  procureur  en  la  maîtrise  de  Mont- 
pellier. Ces  deux  agents  s'adjoignirent  le  syndic  des  gentilshommes  verriers 
&  parcoururent  le  pays  à  partir  du  20  avril. 

Il  résulta  de  leur  vérification  que  les  verreries  du  Patron,  de  Baume,  de 
Rouet,  de  Rïcome  8<.  de  MonteiLs,  ne  pouvaient  être  maintenues  plus  long- 
temps aux  lieux  où  elles  étaient;  qu'il  n'y  avait  pas  d'inconvénient  à  les 
transporter  sur  les  montagnes  de  l'Espérou  &  de  l'Aigoal,  les  bois  de  hêtre  y 
étant  assez  garnis  pour  alimenter  leurs  fourneaux  pendant  plus  de  trente  ans 
ou  même  pendant  une  période  illimitée,  si  l'on  prenait  le  soin  d'y  couper 
les  arbres  avec  méthode.  Les  difficultés  proposées  par  les  maîtres  verriers  ne 
furent  point  admises.  On  leur  répondit  qu'il  avait  anciennement  existé  des 
verreries  sur  ces  plateaux,  dont  l'âpreté  les  épouvantait;  que,  passé  les  plus 
grands  froids,  on  y  pourrait  travailler  aussi  bien  qu'ailleurs.  Le  prix  de 
transport  des  verres  en  serait  évidemment  augmenté,  mais  on  trouverait  une 
compensation  dans  le  bon  marché  des  vivres  8c  de  la  main-d'œuvre,  dans  le 
bas  prix  du  bois  &  dans  la  plus  longue  durée  des  établissements. 

Deux  verreries,  situées  sur  le  causse  de  Saint-Maurice,  près  de  Coulet, 
auraient  pu  y  être  conservées,  les  bois  dont  elles  lisaient  se  trouvant  fort  éloi- 
gnés des  villes  &c  n'ayant  pas  d'autres  débouchés;  mais  comme  elles  ne  pou- 
vaient manquer  de  faire  tort  à  celles  de  la  montagne,  à  cause  d'un  débit 
beaucoup  plus  facile,  on  jugea  équitable,  pour  ne  point  faire  de  jaloux,  de 
les  comprendre  dans  une  même  translation. 

■  Arrêt  du  conseil  d'Etat  du  7  août  1726.  ''  Ordonnance  de  l'infendant  &  du  grand  maître 

'  Ordonnance  du   18  juillet  1741.  des  eaux  &  forets,  du  26  février  1744. 

'  Arrêt  du  conseil  d'Etat  du   1  1   juin   1743. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  loyS 

Les  commissaires  délégués  reconnurent  cependant  qu'un  déplacement  aussi 
prompt  S<.  aussi  général  ne  s'accomplirait  pas  sans  causer  une  grande  inter- 
ruption dans  le  commerce  des  liqueurs,  esprits  8c  vins  muscats  qui  se  trans- 
portent en  bouteilles,  le  travail  des  verreries  se  faisant  habituellement  pen- 
dant l'hiver,  époque  de  l'expédition  des  liqueurs,  tandis  que  sur  les  montagnes 
de  l'Aigoal  &  de  l'Espérou  la  rigueur  du  froid  &  les  neiges  ne  permettraient 
pas  de  chauffer  avant  le  mois  d'avril.  Comme  les  maîtres  verriers  ne  fabri- 
quaient jamais  au  delà  de  la  vente  annuelle,  de  peur  de  diminuer  les  prix, 
ils  se  trouvaient  dépourvus  d'approvisionnements. 

En  outre,  les  commissaires  avaient  eu  l'occasion  de  remarquer,  dans  le 
cours  de  leur  vérification,  qu'il  existait,  en  plusieurs  endroits  éloignés  des 
villes,  quelques  bois  dépourvus  de  débouchés  dont  les  arbres  dépérissaient 
sans  profit  pour  personne. 

Ces  deux  considérations  inspirèrent  la  pensée  d'y  effectuer  un  tiansport 
provisoire  des  verreries,  afin  d'y  utiliser  des  ressources  sans  emploi  Se  de 
ménager  la  transition,  les  gentilshommes  verriers  ayant  ainsi  plus  de  temps 
pour  préparer  leur  installation  définitive  sur  les  montagnes,  ix.  les  commer- 
çants pour  assurer  leurs  approvisionnements. 

Les  conclusions  des  commissaires  turent  consacrées  par  le  conseil  d'État, 
qui  prescrivit,  en  outre,  de  continuer  la  visite  Se  de  vérifier  les  verreries  de 
la  Civadière  &  de  Valbonne,  situées  dans  le  diocèse  d'Uzès'. 

Quant  aux  cinq  verreries  mentionnées  au  procès-verbal,  le  travail  devait  y 
cesser  complètement,  sous  peine  de  trois  mille  livres  d'amende  8c  de  confisca- 
tion des  matières. 

L'année  1745  fut  marquée  par  une  recrudescence  de  rigueurs  contre  les 
protestants,  qui,  depuis  1748,  avaient  recommencé  de  tenir  des  assemblées 
publiques,  grâce  à  la  tolérance  de  fait  qu'ils  devaient  à  l'éloignement  des 
troupes.  Les  forteresses  d'Uzès,  d'Alais,  de  Saint-Hippolyte,  de  Nimes,  de 
Montpellier,  d'Aigues-mortes,  le  fort  Brescou,  le  château  de  Ferrières,  regor- 
geaient de  prisonniers.  Les  amendes  arbitraires  se  multipliaient  dans  tous  les 
centres  de  population  réformée.  Nimcs,  Uiès,  Alais,  Ganges,  Castres,  Puv- 
laurens,  Revel,  Réalmont,  étaient  en  proie  à  une  véritable  terreur. 

Le  17  mars  1745,  une  assemblée  convoquée  dans  les  environs  de  Mazamet 
fut  surprise  par  une  compagnie  de  dragons  du  régiment  de  la  reine.  Aussitôt 
qu'on  aperçut  la  troupe,  on  envoya  une  députation  à  l'officier  pour  connaître 
ses  intentions.  Il  reçut  fort  mal  ces  délégués  8c  fit  charger  l'assemblée  par  ses 
dragons,  qui  emmenèrent  neuf  prisonniers.  Dans  le  nombre  se  trouvaient 
deux  seigneurs  de  paroisse  qui  avaient  servi  dans  les  armées  du  roi  &c  qui 
étaient  chevaliers  de  Saint-Louis*.  Ces  neuf  prisonniers  furent  condamnés 
aux  galères  par  l'intendant. 

Le  17  août,  l'intendant  prononça  la  môme  peine  contre  trois  habitants  de 

'  Kccucil  Jet  cJits  &  arrêts  Je  Langaejoe,   \-;^i>.  '  M.  Ciiitard,   si«iir  ia    la    Ncn    &   Doulc,  &.  lo 

Airct   du    conseil    d'Ktat,    donne    »  Versailles,    le        siciirde  Latoiir  du  ReJondet. 
7?i  février  174J. 

XHI.  68 


174» 


1743 


10/4  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

Nimes,  Guillaume  Issoire,  Boissier  &  Vcrdeilhant,  pour  avoir  vendu  quelques 
livres  protestants. 

Le  2  I  novembre,  près  de  Saint-Hippolytc  des  Cévennes,  un  détachement 
fit  feu  sur  une  assemblée  qui  se  retirait  à  son  approche  &  blessa  plusieurs 
fuvards. 

Le  1  3  décembre,  un  événement  terrible  eut  lieu  à  Vernoux.  Un  détache- 
ment venait  d'y  conduire  le  ministre  Desubas,  récemment  arrêté.  I-es  paysans 
du  voisinage  s'attroupèrent  Se  vinrent  demander  sa  liberté;  on  tira  sur  eux  : 
six  furent  tués,  quatre  restèrent  dans  les  mains  des  troupes. 

Deux  assemblées  se  tenaient  en  ce  moment  sur  les  plateaux  des  environs. 
Elles  accoururent;  il  y  avait  beaucoup  d'enfants,  de  vieillards  &  de  femmes. 
Près  de  deux  mille  personnes  encombraient  les  rues,  demandant  la  déli- 
vrance des  prisonniers.  Plusieurs  bourgeois  catholiques,  de  concert  avec  l'es- 
corte, chargèrent  leurs  fusils,  &,  des  fenêtres  de  leurs  maisons,  tirèrent  sur 
cette  multitude.  Trente-six  protestants  restèrent  morts  sur  la  place  &  plus  de 
quatre  cents  furent  blessés.  Il  en  mourut  un  grand  nombre  sur  les  chemins 
ou  dans  leurs  maisons. 

Le  ministre  fut  conduit  à  Montpellier,  jugé  prévôtalement  par  l'intendant, 
condamné  à  mort  &  pendu  le  même  jour  sur  l'esplanade'.  On  envoya  aux 
galères  pour  la  vie  Jean  Menut,  chez  qui  Desubas  avait  été  capturé,  8<.  l'on 
démolit  sa  maison  jusqu'aux  fondements. 

Un  médecin  de  Saint-Ambroix,  Antoine  Roux,  fut  expédié  aux  galères,  le 
i3  décembre,  pour  avoir  lu  la  Bible  dans  une  assemblée^. 

L'usage  s'était  répandu,  dans  les  communes  de  Languedoc,  de  planter  des 
croix  en  grande  cérémonie  à  la  suite  des  prédications  faites  par  les  mission- 
naires. C'est  ce  que  l'on  appelait  terminer  la  mission.  Les  frais  d'érection  de 
ces  croix  &(.  des  solennités  qui  les  accompagnaient  causaient  parfois  d'assez 
grosses  dépenses  que  l'on  rejetait  sur  les  propriétaires  de  biens  ruraux  par 
imposition  ou  par  emprunt.  La  fréquence  des  requêtes  de  ce  genre,  qui  pas- 
saient sous  les  yeux  de  l'intendant  ou  de  la  commission  administrative,  finit 
par  leur  causer  quelque  alarme.  L'influence  du  clergé,  pesant  d'ordinaire 
sur  les  décisions  des  autorités  provinciales,  en  rendait  le  contrôle  à  peu  près 
illusoire'*.  Le  mal  devint  si  patent  que  la  commission  de  1734  se  résolut  à 
prendre  un  grand  parti.  Par  une  ordonnance  du  12  juin  1745,  elle  défendit 
aux  administrations  municipales  d'imposer  &  d'emprunter  aucune  somme 
pour  des  plantations  de  croix  de  mission,  comme  aussi  d'en  imputer  les  frais 
sur  le  fonds  des  dépenses  imprévues  ou  sur  tous  autres  deniers  communaux. 

«  L'origine  de  l'usage  d'élever  ces  croix,  disaient  les  commissaires  en  cxpo- 

■  Le  r' février  1746.  la  faveur  de  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  religion  & 

'  Archives  nationales.   H,    1094.  Mémoire  pré-  au  culte  public  n'a  pas  permis  de  le  faire;  &  c'est 

sente  au   contrôleur   général   au    nom    des    proies-  précisément  ce  qui  découvre  que  cette  dépense  n'est 

tants  de  Languedoc.  pas  de   la    nature   de  celles  qui   doivent  être   fr.itcs 

'  (1  Cette  dépense,  qui  varie  suivant  les  circons-  par  imposition    ou    par  emprunt.  »   (Ordonnance 

tances,    n'a    pu   être    renfermée    dans    les    mêmes  du   12  juin   1745.) 

bornes  que  les  autres  dépenses  des  communautés  : 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  10/5 

«  sant  les  réquisitions  du  syndic  général,  ne  peut  être  rapportée  qu'à  la  piété 
«  de  ceux  qui  profitent  des  missions  :  ils  doivent  y  contribuer  suivant  leurs 
it  facultés  &i.  leur  zèle.  On  s'écarte  de  ces  considérations  en  autorisant  les 
M  communes  à  rejeter  ces  dépenses  sur  les  seuls  possesseurs  des  biens  ruraux; 
«  il  n'est  pas  juste  que  la  proportion  de  l'allivrement  dans  le  compoix  serve 
«  de  règle  pour  fournir  à  cette  dépense.  Il  est  bien  plus  simple  Se  plus  naturel 
K  d'y  pourvoir  sur  le  produit  des  quêtes  ou  sur  d'autres  libéralités  volontaires 
«  que  les  habitans  ont  accoutumé  de  faire  lors  des  missions.  »  Les  communes 
turent  ainsi  dégrevées  d'une  cliarge  nouvelle,  8t  les  prédicateurs  réduits  à 
planter  leurs  croix  aux  frais  des  personnes  qui  voulaient  bien  y  contribuer 
par  des  aumônes  particulières. 

Le  commissaire-auditeur  des  comptes  municipaux  dans  chaque  diocèse  avait 
ordre  de  rayer  toutes  les  dépenses  qui  seraient  inscrites  en  contravention  de 
l'ordonnance  '. 

Bernage  de  Saint-Maurice  était  devenu,  en  1748,  prévôt  des  marchands 
de  la  ville  de  Paris.  Il  eut  pour  successeur  en  Languedoc  Jean  Le  Nain, 
baron  d'Asfeld,  petit-fils  d'un  historien  janséniste  d'une  grande  notoriété. 
L'arrivée  du  nouvel  intendant  fut  accueillie  par  les  appréhensions  des  pro- 
testants. On  lui  attribuait  un  caractère  dur  &  hautain,  &  l'on  redoutait  qu'il 
ne  continuât  les  traditions  de  Bâville.  Dans  le  clergé  catholique,  au  con- 
traire, on  faisait  entendre  les  plaintes  les  plus  vives  sur  le  ralentissement  de 
la  persécution. 

L'évêque  de  Saint-Pons,  Paul-Alexandre  de  Guénet,  se  fit  l'interprète  de 
ce  mécontentement  dans  l'assemblée  générale  du  clergé  de  France^. 

Les  entreprises  des  religionnaires  de  Languedoc  étaient,  disait-il,  venues  à 
un  tel  point  qu'elles  ne  pouvaient  plus  être  dissimulées  :  on  devait  en  arrêter 
le  cours,  tant  qu'on  le  pouvait  encore,  si  l'on  ne  voulait  pas  que  la  religion 
catholique  retombât  dans  l'état  où  elle  se  trouvait  avant  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes. 

Le  temps  n'était  plus  où  les  assemblées  ne  se  tenaient  que  dans  les  bois, 
dans  les  lieux  déserts  &  écartés  des  grands  chemins,  avec  des  sentinelles 
apostées  pour  donner  l'alarme  &  où  l'on  n'y  voyait  paraître  que  des  gens  du 
menu  peuple,  arrivés  par  différents  chemins,  pour  tromper  la  surveillance,  5i 
se  retirant  h  la  taveur  de  la  nuit.  Depuis  la  fin  de  1742,  ces  réunions  étaient 
devenues  de  jour  en  jour  plus  fréquentes  &  plus  nombreuses;  aux  gens  du 
peuple  s'y  joignaient  ceux  des  classes  plus  élevées,  marchands,  procureurs, 
notaires,  avocats,  &  jusqu'à  quelques  gentilshommes  :  ceux  mêmes  qui  aupa- 
ravant ne  témoignaient  que  du  mépris  pour  ces  assemblées  &  les  désapprou- 
vaient comme  contraires  aux  ordres  du  roi,  ne  craignaient  plus  de  s'y  mon- 
trer 8c  changeaient  de  langage  8*.  de  conduite.  On  les  tenait  en  plein  jour, 
tous  les  dimanches,  sinon   plus  souvent.  On   s'y  rendait  sans  mystère,  aussi 

'  Ri'cuciî  Jes  éJits^  déclarations,  arrêts&  orjonnan-  '  ColU-ction  des  procès-verèaux  des  assemblées  pc- 

ces,   17^"),  f  121.  L'ordonnance  esi  signée  Le  Nain,        ncraUs  du  clergé  Je  France,  VII,  p.   102. 
Vithcl,  Martin,  —  Saint-Rome,  maire  d;  Mendo. 


174a 


'743j 


1076  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ouvertement  que  les  catholiques  à  l'église;  les  parents  y  conduisaient  ou  y 
portaient  leurs  enfants.  Les  assemblées  se  rapprochaient  journellement  des 
villes,  sans  éviter  celles  qui  avaient  garnison;  on  ne  craignait  pas  de  se 
réunir  dans  des  habitations  privées;  &  s'il  restait  quelques  bâtiments  ayant 
autrefois  servi  de  temples,  on  aftectait  d'y  faire  les  convocations. 

Il  n'y  a  pas  plus  de  deux  ans,  poursuivait  l'évêque,  les  mariages  des  hugue- 
nots se  célébraient  encore  partout  à  l'église,  après  les  épreuves  ordonnées 
pour  s'assurer  de  la  sincérité  de  leur  conversion.  C'est  à  peine  si  l'on  comptait 
une  quinzaine  de  paroisses  où,  depuis  douze  ou  quinze  ans,  les  protestants 
avaient  pris  l'habitude  de  se  passer  du  mariage  catholique.  Mais  à  dater 
de  1743,  ces  unions,  que  le  prélat  flétrit  du  nom  de  concubinages,  s'étaient 
multipliées  partout,  S<.  les  réformés  ne  se  mariaient  plus  guère  autrement, 
même  dans  les  villes  principales  &  sous  les  yeux,  des  évêques.  Us  se  flattaient 
que  la  multitude  des  coupables  produirait  l'impunité,  &  se  hâtaient  d'en 
grossir  le  nombre  61  de  mettre  à  profit  l'espèce  de  liberté  qu'ils  croyaient 
avoir.  Ces  noces  irrégulières,  qui  précédemment  fuyaient  le  grand  jour, 
commençaient  à  se  solenniser,  comme  si  le  mariage  s'était  fait  conformément 
aux  lois  du  royaume. 

M.  de  Guenet  faisait  ressortir  les  conséquences  d'une  aussi  coupable  tolé- 
rance. Cette  multitude  de  religionnaires  mariés  par  les  prédicants,  augmen- 
tant tous  les  jours,  allait  former  avec  leurs  enfants  un  peuple  engagé  par 
état  à  persévérer  dans  l'erreur,  sans  espoir  de  conversion.  Car  à  qui  d'entre 
eux  pourrait-on  persuader  dans  la  suite  une  religion  qui  condamne  leurs 
mariages  &  leur  naissance  ? 

Même  changement  pour  le  fait  des  baptêmes  :  autrefois  les  religionnaires 
portaient  sans  difficulté  leurs  enfants  à  l'église  pour  y  recevoir  ce  sacrement. 
Cet  usage,  presque  général,  se  perdait  partout.  Les  ministres  seuls  répan- 
daient l'eau  sur  la  tête  des  nouveau -nés.  D'abord,  ils  s'étaient  rendus  au 
domicile  de  la  mère  pour  y  accomplir  en  secret  la  cérémonie  devant  un  petit 
nombre  d'assistants;  mais  ensuite,  encouragés  par  l'impunité,  ils  ne  cachaient 
plus  leur  désobéissance  aux  ordonnances  royales.  C'est  chez  eux  que  l'on 
portait  publiquement  les  enfants,  ornés  de  rubans  &  de  fleurs,  avec  un 
brillant  cortège;  on  affectait  de  passer  dans  les  rues  8<  les  places  les  plus  fré- 
quentées, avec  un  air  de  triomphe  à  l'adresse  des  catholiques.  Plusieurs  pro- 
testants avaient  avoué  qu'ils  n'osaient  point  porter  leurs  enfants  à  l'église, 
craignant  le  ressentiment  des  personnes  dont  ils  dépendaient.  Dans  les 
familles  mi-parties,  le  conjoint  catholique  s'était  vu  souvent  enlever  le  nou- 
veau-né avec  violence  par  des  protestants  zélés  qui  couraient  au  baptême 
des  prédicants. 

Les  corps  des  nouveaux  convertis  décédés  n'étaient  pas  mieux  respectés 
par  le  prosélytisme  de  la  réforme.  L'évêque  accusait  les  protestants  de  dis- 
puter aux  curés  ces  tristes  dépouilles  S<.  de  transformer  les  funérailles  en 
triojnphes  de  l'hérésie.  11  se  plaignait  encore  que  des  maîtres  d'école  de  la 
religion  fussent  employés  à  maintenir  les  enfants  dans  l'erreur,  malgré  tous 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1077 

les  soins  que  se  donnaient  les  prélats  pour  leur  assurer  la  possession  de  la 
vraie  foi,  &  que  les  livres  hétérodoxes,  tant  de  fois  saisis  8<  brûlés  par  la 
main  du  bourreau,  fussent  distribués  sans  mystère,  comme  si  les  lois  du 
royaume  n'existaient  plus. 

Un  fait  non  moins  grave  était,  d'après  lui,  la  correspondance  qui  s'éta- 
blissait entre  les  protestants  des  diverses  provinces. 

On  ne  pouvait  manquer  de  juger  important  pour  la  religion  Se  pour 
l'Etat,  qu'ils  vécussent  isolés  les  uns  des  autres,  sans  connaître  leur  nombre, 
sans  avoir  mo\en  de  s'aider  de  leurs  conseils,  sans  faire  un  parti  qui  eût  des 
lois  &  des  intérêts  particuliers  &  qui  pût  agir  de  concert  pour  leur  cause 
commune.  Depuis  la  facilité  qu'ils  avaient  de  s'assembler  dans  ces  derniers 
temps,  ils  s'étaient  empressés  de  renouer  leur  ancien  commerce  avec  leurs 
frères,  même  les  plus  éloignés.  Ils  se  réunissaient  en  synodes  de  différentes 
j)rovinces;  &.  ceux  qui  naguère  ne  se  connaissaient  pas  même  de  nom,  fai- 
saient désormais  un  corps  dont  les  parties  étaient  liées  £<.  tendaient  au  même 
but,  la  liberté  do  conscience. 

Le  synode  national  tenu  au  mois  d'août  1744,  sur  les  confins  du  diocèse 
d'Uzès,  du  côté  de  Sommières,  avait  reçu  des  députés  de  Poitou,  de  Dau- 
phiné,  de  Normandie,  8t  les  actes,  copiés  à  nombreux  exemplaires,  s'en 
répandaient  parmi  le  public.  On  y  prescrivait  le  catéchisme  qui  devait  être 
enseigné  sur  tous  les  points  de  la  France,  on  y  réglait  différentes  questions 
de  discipline,  les  circonscriptions  territoriales  attribuées  à  chaque  ministre; 
on  y  annonçait  la  convocation  régulière  de  synodes  provinciaux.  L'article  III 
déclarait  même  qu'il  serait  présenté  une  requête  au  roi,  au  nom  de  tous  les 
protestants  du  royaume,  8t  l'article  IV,  qu'il  serait  dressé  un  acte  apologé- 
tique pour  justifier  leurs  assemblées,  leurs  mariages  8t  leurs  baptêmes. 

Outre  cette  direction  générale,  intéressant  le  corps  entier  de  la  secte,  des 
consistoires  locaux  étaient  organisés,  8<.  des  anciens  préposés  dans  les  paroisses 
pour  veiller  à  la  conservation  de  leur  religion.  Ils  exerçaient  une  sorte  d'in- 
quisition sur  les  protestants  qui  refusaient  d'assister  aux  assemblées,  qui  fré- 
quentaient l'église,  s'y  mariaient  ou  y  faisaient  baptiser  leurs  enfants.  Ils 
imposaient  aux  uns  des  pénitences  dans  les  assemblées,  6<  prononçaient  contre 
les  autres  des  excommunications. 

«  Voilà  donc,  s'écriait  l'évêque,  l'exercice  de  la  religion  prétendue  réformée 

«   rétabli  par  le  fait   8t  devenu  public Il  ne  leur  manque  plus  que  des 

«  temples.  Dieu  veuille  qu'ils  n'entreprennent  pas  d'en  bâtir!  On  a  déjà  vu 
<(  en  plusieurs  endroits  des  gens  travailler  à  enlever  les  ruines  de  leurs  anciens 
«   temples,  en  nettoyer  la  place  8<.  la  mettre  en  état  d'y  bâtir.  » 

M.  de  Guénet  raconte  à  ce  propos  que  l'année  précédente,  à  un  quart  de 
lieue  d'Uzès,  hommes  8c  femmes  s'étaient  assemblés  en  grand  nombre  pour 
un  pareil  ouvrage.  Ils  y  travaillèrent  pendant  plusieurs  jours  avec  beaucoup 
d'ardeur  8t  d'éclat,  &  comme  on  leur  demandait  ce  qu'ils  voulaient  faire,  ils 
ne  cachèrent  point  leur  résolution.  Plus  récemment,  à  Bédarieux,  les  reli- 
gionnaires  avaient  élevé,  dans  un  carré  long,  propre  à  contenir  mille  ou 


174J 


ij^b 


1078  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

douze  cents  personnes,  un  mur  de  pierre  sèclie  avec  des  sièges  de  pierre  à 
l'entour  pour  y  tenir  les  assemblées. 

Se  rappelant  toutes  les  rigueurs  dont  pareilles  entreprises  avaient  été  autre- 
fois punies,  aux  applavidissements  du  clergé,  l'évêque  ne  pouvait  revenir  de 
sa  surprise. 

(c  Nous  perdons,  disait-il,  en  moins  de  deux  ans,  les  soins  Se  les  peines 
«  qu'on  a  pris  pendant  cinquante  ans  pour  ramener  ces  pauvres  gens;  nous 
«  nous  voyons  revenus  quasi  au  même  temps  que  nous  étions  avant  la  révo- 
«  cation  de  l'édit  de  Nantes.  » 

Le  troupeau  même  des  catholiques  courait  le  risque  d'être  infecté  par  ce 
dangereux  voisinage;  beaucoup  de  convertis  qui  s'étaient  montrés  longtemps 
fidèles  ne  résistaient  pas  à  la  séduction  de  leurs  amis  ou  de  leurs  proches  Se 
affligeaient  l'Eglise  du  spectacle  de  leur  apostasie. 

Donnant  carrière  à  son  imagination,  l'évêque  entrevoyait,  au  delà  des 
maux  présents,  tous  ceux  que  présageait  l'avenir.  Les  progrès  des  religion- 
naires  depuis  deux  ans  avitorisaient  toutes  les  inquiétudes.  Limités  d'abord 
aux  diocèses  du  bas  Languedoc,  ils  ne  dépassaient  pas  Montpellier  avant  les 
huit  derniers  mois;  mais,  depuis  ce  temps,  ils  avaient  gagné  le  haut  pays,  &c 
l'heure  approchait  où  l'on  verrait  les  hérétiques  ne  mettre  plus  de  bornes  à 
leurs  prétentions  &  à  leur  audace. 

C'est  en  vain  qu'ils  protestaient  de  leur  fidélité,  en  vain  qu'ils  déclaraient 
l'esprit  de  leurs  assemblées  éloigné  de  la  révolte  &  du  soulèvement.  L'esprit 
d'indépendance  8<  l'amour  d'une  liberté  ennemie  de  toute  autorité  apparte- 
nait en  propre  à  la  secte  &  s'était  révélé  dans  la  Province  par  de  grands  excès. 
Ils  ne  pouvaient  se  conduire  en  sujets  loyaux  qu'à  la  condition  d'être  con- 
tenus par  la  crainte.  Leurs  espérances  se  relevaient  toutes  les  fois  que  les 
puissances  protestantes  étaient  en  guerre  avec  la  France,  Au  moindre  émis- 
saire qui  se  glisserait  dans  le  pays  de  la  part  de  ces  puissances,  au  moindre 
espoir  d'un  secours  étranger,  ils  se  flatteraient  que  le  temps  arrive  d'obtenir 
la  liberté  tant  désirée  Se  le  rétablissement  de  leurs  temples.  Leur  crédulité 
sur  ce  point  défiait  toute  expression. 

Les  prédicants  avaient  grand  soin  de  les  entretenir  dans  ces  idées;  ils 
osaient  même  publier  que  l'heure  de  la  délivrance  venait  de  sonner;  &  l'un 
d'eux,  en  Dauphiné,  avait  môme  fabriqué  un  prétendu  édit  de  tolérance 
que  M.  d'.'^rgenson  s'était  vu  contraint  de  désavouer  par  sa  lettre  au  premier 
président  de  Grenoble.  Au  moyen  de  ces  artifices,  ils  répandaient  dans  les 
provinces  la  croyance  que  les  assemblées  n'étaient  point  contraires  aux  inten- 
tions du  roi,  Se  cette  opinion  y  accroissait  l'affluence.  Ces  prédicants,  dogma- 
tisant dans  plusieurs  diocèses,  étaient,  pour  la  plupart,  gens  sans  choix  & 
sans  discipline,  manquant  même  de  la  mission  requise  parmi  eux  pour  prê- 
cher; plusieurs  appartenaient  à  des  nations  étrangères,  souvent  ennemies  : 
leurs  discours  tendaient  moins  d'ordinaire  à  inspirer  aux  peuples  les  vérités 
8t  la  morale  chrétienne  qu'une  haine  implacable  contre  le  catholicisme.  Que 
peuvent  devenir  des  peuples  crédules,  livrés  à  cette  espèce  de  docteurs?  Ne 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1079 

sont-ils  pas  à  la  merci  des  maîtres  inconnus?  Et  si  un  séditieux,  un  boutc- 
teu,  un  fanatique  s'avise  de  prêcher  dans  les  assemblées,  qui  peut  répondre 
des  suites  de  ses  discours? 

On  ne  s'apercevait  que  trop,  d'après  l'évêque,  des  impressions  que  les  prc- 
dicants  avaient  faites  dans  les  esprits,  depuis  que  le  pays  en  était  inondé;  on 
voyait  un  éloignement  marqué  des  protestants  pour  les  catholiques  &  une 
animosité  toujours  prête  à  s'allumer  sur  la  religion.  Se  qui  influait  dans  le 
commerce  de  la  vie  le  plus  indifférent.  Si  l'on  joignait  à  ces  dispositions  le 
caractère  plein  de  feu  des  Languedociens,  on  demeurait  persuadé  que,  quelque 
ménagement  que  l'on  eût  pour  les  religionnaires,  les  contrées  où  on  les  lais- 
sait se  fortifier  pourraient  être  mises  en  combustion  au  moment  où  l'on  y 
songerait  le  moins. 

Le  réquisitoire  de  M.  de  Guénet  fut  confirmé  par  les  déclarations  de  plu- 
sieurs prélats,  &  l'on  décida  qu'il  serait  mis  sous  les  yeux  du  roi  par  l'arche- 
vêque de  Tours,  en  exprimant  l'espérance  que  Louis  XV  saurait  trouver  dans 
ses  propres  lumières  &  dans  la  sagesse  de  ses  conseils  les  voies  les  plus  efficaces 
8c  les  plus  convenables  pour  faire  rentrer  les  religionnaires  dans  le  devoir. 

L'archevêque  obtint  une  audience  particulière  du  roi  Se  lui  exposa,  avec 
beaucoup  de  vigueur,  le  triste  état  de  la  religion  en  Languedoc,  en  Guienne, 
en  Saintongc,  en  Dauphiné  Se  en  Poitou,  faisant  ressortir  «  les  suites  affreuses 
«  que  l'on  avoit  à  craindre,  si  l'on  ne  s'opposoit  fortement  aux  progrès  rapides 
«  de  ses  maux.  » 

Le  roi  l'écouta  obligeamment  8<  le  chargea  d'assurer  le  clergé  de  la  conti- 
nuation de  son  zèle  pour  le  maintien  de  la  foi,  la  défense  de  l'Eglise,  l'extir- 
pation de  l'hérésie.  Il  connaissait  déjà  toute  l'étendue  des  maux  sur  lesquels 
portaient  les  plaintes  &c  promettait  d'y  donner  remède. 

Déjà,  du  reste,  au  commencement  de  l'année,  Louis  XV  avait  rendu  un 
édit  renouvelant  les  pénalités  classiques  contre  les  prtdicants  coupables  d'avoir 
tenu  des  assemblées,  ik  condamné  sommairement  aux  galères  perpétuelles, 
sans  forme  ni  figure  de  procès,  tout  homme  coupable  de  s'être  rendu  à  leur 
convocation. 

Les  plaintes  des  évêques  se  traduisirent,  en  effet,  par  un  redoublement  de 
sévérité  de  la  part  des  agents  administratifs  &.  des  commandants  militaires; 
triste  histoire,  qu'on  ne  pourrait  rendre  complète  qu'au  prix  de  redites 
sans  fin. 

Au  printemps  de  l'année  1746,  les  événements  extérieurs,  qui  n'avaient 
pas  répondu  aux  brillantes  espérances  éveillées  par  la  victoire  de  Fontenov, 
firent  prévaloir  des  idées  plus  modérées  dans  les  conseils  de  la  Cour.  Les 
armes  françaises  n'étaient  pas  heureuses  en  Italie;  on  craignait  de  voir  les 
troupes  autrichiennes  se  rapprocher  du  Var  &.  pénétrer  en  Provence.  Le 
moment  n'était  pas  favorable  pour  exciter  la  désaffection  des  protestants  de 
Languedoc  en  cédant  avec  trop  de  complaisance  aux  exhortations  passionnées 
des  évêques.  On  se  rappela  qu'à  l'époque  de  la  conspiration  de  Cellamare  le 
cardinal  Albcroni  avait  dépêché  un  émissaire  dans  les  Cévennes  pour  y  exciter 


17^0 


1746 


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loSo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

un  soulèvement  des  réformés  S<  que  les  intrigues  de  Scipion  Soulan,  cliargé 
de  cette  honnête  mission,  avaient  été  déjouées  par  l'adresse  du  duc  d'Orléans, 
grâce  au  concours  du  ministre  français  Basnage,  retiré  à  Rotterdam,  auteur 
d'une  Instruction  pastorale  qui  recommandait  la  concorde  8v  la  soumission 
envers  les  autorités  légitimes. 

Cette  instruction  fut  réimprimée  par  les  ordres  de  Saint-Florentin,  avec 
une  préface  appliquée  aux  circonstances,  œuvre,  disait-on,  d'un  pasteur  du 
désert,  &  répandue  en  grand  nombre,  dans  tous  les  pays  protestants,  par  les 
soins  de  l'intendance. 

Quand  les  Autrichiens  eurent  passé  le  Var,  les  inquiétudes  redoublèrent. 
Un  négociant  réformé  de  Montpellier,  nommé  Amiel,  qui  était  en  rapports 
suivis  avec  Le  Nain,  chargea  un  avocat  du  haut  Languedoc  &  un  avocat  de 
Nimes  de  parcourir  les  diverses  parties  de  la  Province  S<.  d'y  voir  les  princi- 
paux ministres  ou  prédicants,  afin  d'obtenir  d'eux  des  assurances  pour  le 
maintien  de  la  paix.  Ces  deux  envoyés  conférèrent  avec  les  pasteurs  Rabaut, 
Pradel,  Redonnel,  Viala,  Cortciz,  Loire,  8c  reçurent  d'eux  les  plus  formelles 
assurances  de  fidélité. 

Le  I"  novembre,  les  ministres  du  bas  Languedoc  écrivirent  à  l'intendant 
une  lettre  collective  où  ils  lui  affirmaient  n'avoir  aucune  connaissance  des 
émissaires  étrangers  que  l'on  disait  envoyés  dans  le  pays  pour  solliciter  les 
protestants  à  la  révolte.  «  Nous  avons  exhorté  &  nous  nous  proposons 
«  d'exhorter  encore,  dans  toutes  les  occasions,  nos  troupeaux  à  la  soumission 
i(  au  souverain  &  à  la  patience  dans  les  afflictions  8c.  de  ne  nous  écarter 
«   jamais  de  la   pratique  de  ce   précepte  :  Craigne-^  Dieu   i-  honorej  le  roi.  » 

En  outre,  les  divers  pasteurs  adressèrent  à  l'intendant  des  communications 
particulières,  toutes  conçues  dans  le  même  esprit.  Le  Nain  en  fut  tellement 
frappé  qu'il  alla  jusqu'à  former  le  projet  de  lever  des  corps  de  volontaires 
protestants  dans  le  haut  Languedoc  8c  dans  les  Cévennes  pour  les  employer 
à  la  défense  de  la  frontière,  &c  que  plusieurs  ministres  firent  une  enquête 
officieuse  dans  les  diocèses  d'Albi,  de  Castres,  de  Lavaur  8c  de  Saint-Pons, 
afin  de  savoir  combien  d'homm.es  il  serait  possible  d'y  mettre  sur  pied.  On 
agita  même,  dans  un  colloque  du  haut  Languedoc,  la  proposition  de  fournir 
dix  ou  quinze  mille  soldats'. 

Ces  négociations  n'eurent  pas  de  résultats,  8c  les  tentatives  de  rapproche- 
ment qu'elles  marquaient  entre  le  gouvernement  8c  l'Eglise  réformée  furent 
abandonnées  aussitôt  que,  le  danger  d'une  invasion  étrangère  s'éloignant,  la 
raison  d'État  cessa  de  faire  échec  aux  exigences  des  évêques. 

Le  duc  de  Richelieu  étant  retenu  loin  de  la  Province  par  son  commande- 
ment dans  les  armées,  ce  fut  l'intendant  Le  Nain  qui,  pendant  trois  années 
de  suite,  à  partir  de  janvier  1746,  tint  la  session  des  États  de  Languedoc,  en 
qualité  de  premier  commissaire  du  roi. 

La  Province  avait  beaucoup  souffert,  vers  la  fin  de  l'année  précédente,  par 

■  Edmond  Hugues.  Histoire  Je  U  reslauraiion  du  protatatiiismc  en  Fr.-.ncc,  II,  p.  199. 


LIV.   IV.   LA   REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1081 

le  fait  des  inondations  qui  causèrent  surtout  de  grands  dégâts  dans  les  dio- 
cèses de  Béziers,  d'Agde,  de  Saint-Pons,  de  Castres,  de  Narbonne,  d'AIais, 
de  Montpellier,  d'Uzès  &  de  Mende.  Une  épizootie  qui  décima  le  gros  bétail, 
porta  aussi  la  désolation  dans  le  Vivarais,  le  Vêlai  &  une  partie  du  Gévaudan. 
Cette  maladie  ravageait,  depuis  trente-quatre  ans,  diverses  contrées  de  l'Eu- 
rope Se  avait  pénétré  en  Languedoc  par  le  Dauphiné  &  le  Forez.  Elle  fut 
étudiée  avec  beaucoup  de  soin,  d'après  l'ordre  des  États  de  Languedoc,  par 
M.  de  Sauvages,  médecin  de  la  faculté  de  Montpellier,  dont  l'administration 
provinciale  fit  imprimer  le  mémoire  à  la  suite  du  Recueil  des  édits  6*  décla- 
rations de  l'anné.e\  Pour  dédommager  partiellement  le  pays  de  ces  pertes,  le 
conseil  d'Etat,  par  son  arrêt  du  27  mai  1746,  accorda  une  remise  de  trois 
cent  mille  livres  sur  les  impositions. 

Le  cadre  de  cette  bistoire  ne  nous  permet  pas  d'attarder  l'attention  de  nos 
lecteurs  sur  une  foule  d'actes  royaux  concernant  des  privilèges  particuliers  ou 
des  faveurs  individuelles,  à  moins  que  ces  actes  ne  se  rattacbent  aux  événe- 
ments généraux  ou  ne  jettent  quelque  lumière  sur  l'esprit  du  temps  ou  sur 
les  dispositions  de  la  Cour.  La  plupart  des  privilèges  que  les  villes  se  fai- 
saient confirmer  n'avaient  guère  qu'une  valeur  bistorique,  se  fondant  sur 
des  motifs  qui  n'existaient  plus  depuis  longtemps  ou  qui,  du  moins,  devaient 
avoir  perdu  toute  autorité. 

C'est  parmi  ces  anacbronismes  traditionnels  que  l'on  peut  ranger  la  confir- 
mation accordée  aux  babitants  de  la  cbâtellenie  de  Cabardès,  comprenant  les 
lieux  de  Salsigne,  Villanière,  Les  Illes,  Fournes,  Limousis  St  la  Rivière,  de 
l'exemption  des  tailles,  subsides,  droits  de  leude,  impôts  8c  taxes  de  toute 
nature,  conformément  aux  anciennes  lettres  patentes  des  rois  de  France.  Ce 
privilège  avait  eu  pour  origine  l'obligation  de  faire  guet  &  garde,  tant  de 
nuit  que  de  jour,  en  temps  de  paix  Se  de  guerre,  dans  les  trois  cbâteaux  des 
tours  de  Cabardès,  8t  d'entretenir  à  leurs  frais  ces  vieilles  forteresses  féodales. 
11  y  avait  fort  longtemps  que  les  tours  de  Cabardès  ne  pouvaient  plus  avoir 
aucune  importance  militaire  pour  la  défense  du  royaume,  les  gorges  étroites 
de  rOrbiel  qu'elles  commandent  étant  fort  éloignées  de  la  frontière  8c  ne 
donnant  point  passage  à  une  route  stratégique  inévitable.  D'ailleurs,  ces  for- 
tifications, faites  pour  la  guerre  des  frondes  Se  des  flècbes,  n'étaient  point  en 
état  de  résister  à  l'artillerie  qui  les  aurait  contre-battues  de  toutes  les  bauteurs 
voisines.  Le  maintien  des  exactions  fiscales  dont  elles  étaient  le  prétexte 
s'expliquait  donc  seulement  par  le  respect  littéral  d'usages  locaux  dont  on  ne 
prenait  pas  la  peine  de  recbercher  la  valeur  réelle,  pourvu  que  les  prétentions 
des  requérants  tussent  appuyées  d'une  série  de  titres  authentiques*. 

'  Mémoire  sur  la  malajie  des   haufs  du  Vivarais,  nant  finance.  Les  lettres   patentes  de    fcTricr  i  y^O 

par  M.  de  Saurages,  conseiller,   médecin  du   roi,  désignent  encore   les    trois   châteaux   des  tours  de 

professeur  en  médecine,  membre  des  Sociétés  roya-  Cibardès  comme    «  des  forteresses   importantes  sur 

les  des  sciences  de  Montpellier  8c  de  Suède.  la  frontière  du  royaume'.  » 

'  Une  confirmation  du  privilège  avait  été  obte-  ,  .     i.-        j    i    ,,     .    /-  .-,,,,  , 

•^  "  .  '  Archives  de  \a  H.iute-Caronnc.  Fonds  du  Parlement  de 

nue  en  lû^S,  à  l'ayénement  de  Louis  XIV,  moyen-       Toulouse.  ÉMts  4-  déclarations,  XLVII,  iiS. 


1746 


17-»: 


•747 


io82  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Nombre  de  domaines  seigneuriaux,  formés  par  l'agrégation  de  diverses 
terres  plus  ou  moins  éloignées  les  unes  des  autres,  s'érigeaient  journellement 
en  fiefs  titrés,  sans  remplir  toujours  les  conditions  autrefois  exigées  pour  mar- 
quer les  rangs  de  la  hiérarchie  féodale.  Généralement,  les  familles  qui  jouis- 
saient de  la  faveur  de  la  Cour  faisaient  donner  leur  nom  patronymique  à  ces 
territoires  artificiellement  juxtaposés,  de  façon  à  se  lier  plus  étroitement  au 
sol,  dans  l'espoir  chimérique  d'y  fonder  souche  de  dynastes  8<  de  faire  oublier 
les  anciennes  appellations  locales. 

François-Joseph  de  Portes  de  Pardailhan,  président  aux  enquêtes  du  Par- 
/ement  de  Toulouse,  obtint  par  ce  procédé,  en  considération  de  l'ancienneté 
de  sa  famille,  des  services  de  ses  ancêtres  paternels  Se  maternels,  tant  dans  les 
emplois  militaires  que  dans  la  magistrature,  &  en  mémoire  du  premier  prési- 
dent Bertier  de  Montrabe,  son  bisaïeul  maternel,  la  création  d'un  marquisat 
de  Portes,  dans  lequel  furent  englobées  les  paroisses  ou  consulats  de  Manses, 
Teillet,  Vais,  Saint-Félix,  Lapenne,  Villanton,  Cazarils,  Ribouisse,  Seigna- 
lens,  Lignairolles,  Corbières  &  Laurès'. 

Félix-François  d'Espie,  chevalier  de  Saint-Louis,  capitaine  au  régiment  de 
Picardie,  dangereusement  blessé  dans  les  batailles  de  Parme  &  de  GuastaJIa, 
ayant  fait  valoir  l'ancienneté  de  sa  famille,  en  s'appuyant  sur  l'histoire  de 
La  Faille  &  sur  le  catalogue  des  gentilshommes  de  la  Province,  fut  égale- 
ment autorisé,  par  lettres  patentes  du  camp  du  Hamal,  à  réunir  au  comté 
d'Espie  les  biens  seigneuriaux  qu'il  possédait  dans  les  communes  de  Lasserrc, 
Labastide-Caprifeuillet,  Lencontrade,  Sarrecave  8t  Lamasquère,  au  comté  de 
Comminges  *. 

Au  mois  de  mai  1681,  le  roi  Louis  XIV  avait  réuni  &  érigé  en  marquisat 
de  Montégut  les  seigneuries  de  Saint-Paul,  du  Grès,  de  Bretx  &.  de  Thil, 
appartenant  au  procureur  général  Le  Mazuyer,  fils  du  premier  président 
Gilles,  qui,  disaient  les  lettres  patentes,  n'avait  «  jamais  abandonné  les  péni- 
«  bles  fonctions  de  sa  place  pendant  les  guerres  civiles  de  Languedoc,  ni 
«  quitté  la  ville  de  Toulouse  dans  le  temps  qu'elle  étoit  affligée  de  la  peste.  » 
Cette  dignité  héréditaire  n'était  transmissible  que  de  mâle  en  mâle.  En  1747, 
le  titulaire  du  marquisat  de  Montégut,  Joseph-Marie  Le  Mazuyer,  procureur 
général  au  Parlement  de  Toulouse,  n'ayant  qu'une  fille,  veuve  de  M.  de 
Thézan,  comte  de  Poujols,  voyant  avec  douleur  que  son  titre  menaçait  de 
s'éteindre,  sollicita  la  faveur  de  le  faire  passer  sur  la  tête  de  sa  fille  &  de  ses 
petits-fils.  Cette  faveur  lui  fut  accordée  par  lettres  patentes  données  à  Fontai- 
nebleau dans  le  mois  de  novembre  1747. 

Le  roi  déclarait  dans  cet  acte  qu'il  était  toujours  disposé  à  récompenser 
dans  ses  sujets  les  longs  services  &  les  marques  d'attachement,  de  zèle  &  de 
fidélité,  8<.  il  énumérait  ceux  des  services  du  procureur  général  Le  Mazuyer 
qui  lui  semblaient  le  plus  méritoires.  Le  détail  n'en  manque  pas  d'intérêt. 

'Erection   de   la   terre   &  seigneurie  de  Manses  '  Lettres   patentes  du    7   septembre  1747,  enre- 

«n  marquisat  de  Portes.  Vers.iilles,   février  17.17.        gistrées  au  Parlement  de  Toulouse  le  i5  novembre. 
Enregistré  au  Parlemtnt  de  Toulcoise  le  25  février.       Recueil  des  éHits  &  déclarations;  XLIX,  181. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  io83 

Ce  magistrat,  «  depuis  plus  de  soixante  années,  en  suivant  les  traces  du 
Il  sieur  Henry  Le  Mazu)er  son  père  Se  celles  de  ses  ancêtres,  exerce  assi- 
«  duement  avec  autant  de  distinction  que  d'intégrité  la  môme  charge  de 
Il  notre  procureur  général  au  Parlement  de  Toulouse,  &,  par  son  activité 
Il  infatigable  dans  les  premiers  temps  de  ses  fonctions,  n'a  pas  peu  concouru, 
«  sur  la  fin  du  dernier  siècle,  à  apaiser  les  troubles  excités  par  les  gens  de  la 
«  religion  prétendue  réformée,  en  poursuivant  sans  relâche,  &  conformément 
Il  aux  lois  de  notre  royaume,  la  démolition  de  leurs  temples  dans  toute  la 
«  Province,  prévenant  8c  empêchant  leurs  assemblées  qu'il  a  souvent  inter- 
K  rompues  Si  dissipées  par  sa  présence,  faisant  même  arrêter  8c  punir  leurs 
«  chefs  fit  ministres".  » 

Les  derniers  mois  de  l'année  1747  furent  attristés  à  Toulouse  par  une 
grande  misère.  La  cherté  des  grains  Se  l'exagération  des  impôts  de  toute  sorte 
y  causèrent  quelques  troubles.  Déjà,  le  27  mars,  des  scènes  tumultueuses  s'y 
étaient  produites.  Les  hôteliers,  les  cabaretiers,  les  taverniers  8c  autres  ven- 
deurs de  vin  8c  de  viande,  rassemblés  au  nombre  de  plus  de  quatre  cents, 
parcoururent  les  rues  en  procession  Se  se  rendirent  à  l'hôtel  du  premier  pré- 
sident pour  lui  dénoncer  les  exactions  d'un  fermier  des  droits  patrimoniaux 
de  la  ville,  nommé  Laporte,  que  l'on  accusait  d'exiger,  par  pure  friponnerie, 
des  taxes  exagérées  sur  toutes  les  marchandises  qui  entraient  8c  qui  sortaient. 
La  principale  cause  du  mouvement  était  un  nouvel  impôt  d'une  barrique 
de  vin  sur  six,  récemment  établi.  Laporte  avait  fait  fermer  les  cabarets  Si 
tavernes,  marqué  les  vins  qui  se  trouvaient  dans  les  caves,  8c  défendait  aux 
taverniers  d'en  faire  débit  sous  peine  de  confiscation  Se  d'amende. 

Le  premier  président  s'interposa,  déclarant  qu'on  ne  devait  rien  innover, 
8c  usa  de  son  influence  pour  arracher  à  la  fureur  populaire  le  malheureux 
fermier,  qui,  peu  de  jours  auparavant,  avait  failli  être  lapidé  par  les  femmes 
du  Port-Garaud  *.  Les  hôteliers  Se  taverniers  ayant  résolu  de  fermer  leurs 
portes,  si  l'on  maintenait  des  droits  qui  devaient  épuiser  leurs  bénéfices,  la 
foule  d'étrangers  Se  de  plaideurs  qui  affluaient  à  Toulouse  était  menacée  de 
se  trouver  sans  asile.  L'intendant  de  Languedoc,  juge  compétent  de  ces  con- 
testations, se  prononça  en  faveur  de  la  ville  Se  condamna  diverses  prétentions 
des  fermiers  3. 

Comme  la  récolte  de  l'année  avait  été  fort  mauvaise,  le  premier  président 
ordonna  l'établissement  d'un  grenier  d'abondance,  8e  l'on  chargea  un  mar- 
chand de  Toulouse  de  faire  des  achats  sous  l'inspection  de  commissaires  spé- 
ciaux. Treize  mille  setiers  de  blé  furent  ainsi  mis  en  réserve  pour  les  mauvais 
jours. 

Le  3o  novembre,  vers  sept  heures  du  matin,  deux  charrettes  chargées  de 
blé  destiné  à  l'approvisionnement  de  Toulouse,  arrivant  du  Port-Garaud  Se  se 

■  Les  terres  formant  le   marquisat  de  Moniégut  '  Bibliothèque   de  Toulouse.    Heures  pcrJucs  <te 

itaicnt  comprises  dani  i«  comté  de  llsle-eu-Jour-       Pierre  Barthès,  I,  p.  235. 

dain.  ^  Archives    de  Toulous;.    Annales   manuicr'ttes, 

XI,  Szi. 


'747 


•747 


io84  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

diiigcant  le  long  de  l'esplanade  vers  Saint-Etienne,  furent  abordées  près 
de  la  porte  du  Château  par  un  attroupement  de  femmes,  qui  repoussèrent 
violemment  les  charretiers  8c  s'emparèrent  des  grains.  De  là,  elles  se  ren- 
dirent au  port  pour  piller  également  une  barque  de  blé  qui  venait  d'y  être 
amarrée. 

Malgré  les  mouvements  que  se  donnèrent  les  capitouls  &  le  transport  de 
grains  qu'ils  se  hâtèrent  de  prescrire  sur  la  place  du  marché,  la  sédition  gros- 
sissant, plusieurs  magasins  particuliers  furent  enfoncés.  La  troupe  du  guet, 
conduite  par  les  magistrats  municipaux,  ne  réussit  point  à  réprimer  ce  désordre 
Se  se  contenta  d'amener  à  l'hôtel  de  ville  quelques  négociants  que  l'on  accu- 
sait d'accaparer  le  blé  pour  affamer  la  ville,  &  qui  manquèrent  d'être  mis  en 
pièces  par  la  toule.  On  ne  parlait  de  rien  moins  que  d'incendier  leurs  mai- 
sons. De  tous  côtés,  on  voyait  arriver  des  gens  du  peuple,  armés  de  sacs, 
venant  faire  leur  provision  à  bon  marché. 

Pendant  la  nuit  du  i"  décembre,  d'autres  attroupements  se  portèrent  dans 
le  quartier  Saint-Cyprien,  où  ils  enfoncèrent  un  grenier  proche  des  Feuil- 
lants. Tous  les  grains  qui  s'y  trouvèrent  furent  dérobes;  mais  le  guet  opéra 
quelques  arrestations. 

Au  bruit  de  ces  mouvements,  le  Parlement  se  réunit,  &,  sur  les  réquisi- 
tions verbales  du  procureur  général,  Pviquet  de  Bonrepos,  ordonna  que  les 
grains  achetés  pour  l'usage  de  la  ville  seraient  mis  dans  les  greniers  marqués 
par  les  capitouls  &  ne  pourraient  être  transportés  qu'aux  marchés  publics 
pour  y  être  débités,  défendit  de  transporter  en  aucun  autre  lieu  les  grains 
qui  se  trouvaient  dans  la  ville,  à  moins  d'une  expresse  permission  du  roi; 
défendit  aux  personnes  de  tout  âge,  sexe  &  condition,  de  s'attrouper  pour 
arrêter  les  voitures  St  enfoncer  les  magasins,  sous  peine  de  la  vie;  ordonna 
aux  capitouls  de  procéder  contre  ceux  qui  s'étaient  rendus  coupables  d'actes 
de  pillage,  &  de  poursuivre  également  les  monopoleurs  ou  accapareurs  de 
grains. 

Cet  arrêt,  rendu  sur  le  rapport  de  M.  de  Bastard,  fut  publié  à  son  de 
trompe  &  affiché  dans  tous  les  quartiers  de  la  ville.  Les  capitouls  se  saisirent 
encore  de  quelques  misérables,  au  nombre  desquels  étaient  le  jardinier  des 
Feuillants  &  une  femme  nommée  La  Tourmente. 

Le  détail  des  troubles  de  Toulouse,  sensiblement  exagéré,  avait  été  transmis 
à  la  Cour.  M.  de  Ladevèze,  qui  commandait  dans  la  Province  en  l'absence 
du  maréchal  de  Richelieu,  donna  l'ordre  de  faire  avancer  vers  la  capitale  du 
Languedoc  le  régiment  des  volontaires  gantais,  qui  fut  d'abord  placé  dans  les 
villages  de  Baziége,  de  Montgiscard  &  de  Castanet;  comme  les  anciens  pri- 
vilèges de  Toulouse  ne  permettaient  pas  d'y  faire  entrer  des  troupes  royales, 
il  fut  dit  que  les  soldats  n'en  franchiraient  les  portes  que  sur  l'autorisation 
du  premier  président  &  pour  protéger  la  translation  des  prisonniers  au  palais, 
où  ils  devaient  être  jugés. 

Le  24  décembre,  le  secrétaire  d'État  Saint-Florentin  écrivit  aux  capitouls  : 

»  Le  roi,  Messieurs,  désirant  assurer  le  transport  des  subsistances  néces- 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  io85 

«  saires  pour  la  Provence,  a  jugé  à  propos  de  donner  ses  ordres  pour  faire 
«  entrer  le  régiment  de  Bourbonnois  dans  la  ville  de  Toulouse.  Sa  Majesté 
«  en  a  en  même  temps  donné  pour  que  l'officier  &  le  soldat  y  observent  la 
«  plus  exacte  discipline,  8<.  que  leur  séjour  n'intervertisse  en  rien  l'ordre 
<(  public  6c  le  gouvernement  politique  &  municipal  de  cette  ville.  Je  connois 
«  assez  votre  zèle  Se  votre  capacité  pour  être  persuadé  que  vous  concourrez 
«  en  toute  occasion  avec  M.  de  Ladevèze  ou  avec  M.  Le  Brun,  qui  doivent 
«  commander  ces  troupes,  à  tout  ce  qui  intéressera  le  service  du  roi  Se  la 
«  tranquillité  publique;  il  est  à  propos  que  vous  preniez  au  plus  tôt  vos 
«   mesures  pour  le  logement  Se  l'établissement  de  ces  troupes'.  » 

Le  marécbal  de  camp  Le  Brun  avait  ordre  de  se  rendre  en  personne  à 
Toulouse  avec  les  troupes  &  de  se  concerter  avec  le  cbef  du  Parlement. 

Le  I"  janvier,  à  quatre  beures  de  l'après-midi,  les  Toulousains  virent  entrer 
par  la  porte  du  Cbâteau  trois  compagnies  d'infanterie  gantaise,  une  compa- 
gnie de  dragons  8c  une  compagnie  de  hussards,  grand  spectacle  pour  des  gens 
accoutumés  à  ne  contempler  d'autre  force  armée  que  la  milice  du  guet.  On 
logea  les  fantassins  dans  le  faubourg  Saint-Michel,  &  les  hussards  dans  le 
faubourg  Saint-Cyprien,  par  billets,  chez  les  habitants. 

Le  lendemain,  à  huit  heures  du  matin,  il  fut  fait  un  déploiement  général 
de  ces  troupes  pour  escorter  au  palais  deux  hommes  8c  deux,  femmes  du  Port- 
Garaud,  que  l'on  disait  être  les  chefs  de  la  sédition  du  3o  novembre.  Deux 
compagnies  d'infanterie  ouvraient  la  marche,  baïonnette  au  bout  du  fusil: 
puis  venaient  les  dragons  à  cheval,  tambour  battant;  la  troupe  du  o-uet, 
l'arme  sur  l'épaule,  entourant  deux  chaises  fermées,  où  l'on  transportait  les 
quatre  captifs;  derrière,  la  maréchaussée  de  Toulouse;  les  hussards,  trom- 
pettes sonnant,  avec  leurs  officiers  en  tête,  caracolant,  sabre  nu,  sur  des 
chevaux  magnifiques.  La  troisième  compagnie  d'infanterie  formait  l'arrière- 
garde,  précédée  de  ses  fifres  Se  de  ses  tambours. 

Malgré  la  curiosité  qu'inspirait  cet  appareil  guerrier,  un  contemporain 
nous  apprend  que  le  sort  des  ([uatre  prévenus  «  airacboit  des  larmes  des  yeux 
«  de  tout  le  monde.  »  On  les  introduisit  dans  la  chambre  criminelle,  où  ils 
passèrent  deux  heures.  En  attendant,  les  troupes  avaient  pris  position  autour 
du  Parlement,  occupant  la  place  du  Salin  Se  la  petite  place  du  Palais,  avec 
sentinelles  8c  vedettes  à  toutes  les  avenues,  à  toutes  les  portes  de  l'enclos,  au 
perron  de  la  cour  Se  à  la  porte  de  la  ville.  Après  l'audience,  le  cortège  se 
reforma  dans  le  même  ordre  Se  ramena  les  accusés  dans  les  prisons  de  l'hôtel 
de  ville,  sans  que  rien  eiit  transpiré  sur  leur  sort. 

La  procession  se  renouvela  le  lendemain  pour  le  compte  de  quatre  autres 
prévenus,  encore  deux  hommes  Se  deux  femmes.  Les  bourgeois  remarquèrent 
que,  dans  cette  seconde  parade,  le  guet  avait  pris  ses  tambours  8c  ses  fifres  8e 
sonnait  la  marche  comme  le  reste  des  troupes. 

Dans  la  même  journée  arrivèrent  huit  compagnies  des  milices  du  Périgord, 

'  Archives  de  Toulouse.  Second  rci^istre  des  arrêts,  p.   \^ij. 


'747 


'7-1  il 


~^         1086  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

bataillon  de  Bergerac,  «  gens  de  fort  bonne  mine,  braves  &  se  comportant 
«   bien  avec  tous.  «  On  les  logea  dans  le  faubourg  Saint-Etienne. 

Deux  des  principaux,  accusés,  un  menuisier  &  un  conducteur  de  radeaux 
du  Port-Garaud,  furent  pendus  à  l'Esplanade,  le  4  janvier,  vis-à-vis  le  balcon 
du  jardin  de  la  sénécbaussée.  Fantassins,  dragons,  bussards,  miliciens,  guet, 
sénéchaussée,  formaient  la  haie  tout  autour,  face  au  gibet  Se  face  à  la  foule. 
Quand  les  deux  pendus  eurent  rendu  l'âme,  on  emporta  leurs  cadavres  pour 
les  exposer,  d'après  les  termes.de  l'arrêt,  sur  les  fourches  patibulaires. 

Le  lendemain,  La  Tourmente  parcourut  les  rues  &  les  carrefours  de  Tou- 
louse, sous  une  escorte  de  miliciens,  £<  fut  publiquement  fustigée. 

Le  maréchal-de-camp  Le  Brun,  craignant  quelque  mouvement  populaire, 
par  suite  de  l'émotion  qu'avaient  produite  ces  exécutions,  exigea  que  les 
troupes  fussent  établies  en  force  dans  l'intérieur  de  la  ville  81  choisit  pour  les 
loger  les  massives  constructions  des  collèges  de  Foix,  de  Périgord,  de  Saint- 
Raimond  8<.  de  Sainte-Catherine.  Les  capitouls  s'exécutèrent  8c  firent  fournir 
des  lits  par  tous  les  habitants  de  Toulouse  qui  ne  se  trouvaient  pas  person- 
nellement exemptés  du  logement  des  gens  de  guerre.  On  mit  les  dragons  Se 
l'infanterie  gantaise  dans  le  collège  Sainte-Catherine,  les  milices  de  Bergerac 
dans  les  collèges  de  Foix  &  de  Périgord,  les  hussards  dans  le  collège  Saint- 
Raymond,  contigu  à  l'abbaye  de  Saint-Sernin. 

Ces  cavaliers,  qui  avaient  fait,  pendant  quelques  jours,  la  désolation  du 
faubourg  Saint-Cyprien,  commirent  encore  beaucoup  de  violences.  Sous  pré- 
texte de  faire  des  recrues,  ils  enlevèrent  un  jour,  en  pleine  place  Saint- 
Sernin,  un  malheureux  paysan  qui  ne  voulait  pas  être  hussard,  l'enfermèrent 
dans  leur  caserne,  Se,  pour  le  punir  de  sa  résistance,  lui  brûlèrent  avec  des 
mèches  les  mains  8i  les  pieds. 

Un  violent  incendie,  qui  fut  attribué  à  la  négligence  outrée  des  officiers 
du  régiment  de  Périgord,  faillit  détruire  le  collège  de  Foix,  8<.  ne  put  être 
arrêté  qu'à  grand'peine.  Un  officier  gantais,  se  croyant  insulté,  ramassa  quel- 
ques dragons  èi  se  mit  avec  eux  à  la  poursuite  des  bourgeois;  un  inconnu, 
habillé  en  paysan,  prit  la  fuite  à  toutes  jambes;  on  lui  tira  un  coup  de  fusil 
dont  il  mourut  peu  de  jours  après. 

Enfin,  sur  la  place  même  de  l'Hôtel-de-VilIe,  un  sergent  gantais,  racco- 
leur  volontaire,  ne  pouvant  décider  un  promeneur  à  s'enrôler  dans  son  régi- 
ment, l'assomma  de  coups  de  canne;  le  capitaine  du  guet  essaya  de  rétablir 
l'ordre  81  d'arrêter  le  sergent  qui  fut  enlevé,  par  ses  camarades,  des  mains  de 
la  troupe  municipale.  Les  capitouls,  pour  leur  imposer,  essayèrent  de  se 
montrer  sur  le  seuil  de  l'hôtel  de  ville,  revêtus  de  leurs  chaperons;  mais  les 
insignes  consulaires  ne  firent  point  d'impression  sur  ces  soldats  indisciplines 
qui  couchèrent  en  joue  les  magistrats  municipaux,  les  forcèrent  de  s'enfermer 
&c  menacèrent  d'enfoncer  les  portes.  Ce  ne  fut  qu'à  grand'peine  que  M.  du 
Coudray,  major  de  l'infanterie  gantaise,  parvint  à  dissiper  la  troupe'. 

■  Archives  acToulnnse.  Annules  manuscntcs.'X.'i,  531.—  Pihcs  justifxccitlvcs,  n.  DCCCLXIX,  col.  2i6j. 


LIV.    IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1087 

Cependant  la  crédulité  de  la  population  était  mise  à  une  singulière 
épreuve.  Le  froid  ayant  été  extrêmement  vif  pendant  les  premiers  jours  de 
janvier,  au  point  de  geler  la  Garonne  &  de  ne  laisser  qu'un  mince  courant 
sous  la  grande  arche  du  pont,  les  corps  des  suppliciés  que  le  Parlement  avait 
fait  exposer  sur  les  fourches  patibulaires  de  la  Salade,  à  l'extrémité  du  fau- 
bourg des  Minimes,  échappèrent  à  la  corruption  qui  détruisait  d'ordinaire 
CCS  tristes  dépouilles.  Quelques  rôdeurs,  habitués  de  ces  lieux  sinistres,  s'aper- 
çurent du  phénomène  &  le  racontèrent  en  l'amplifiant.  Bientôt  l'on  répéta 
que  des  cris  perçants  Se  douloureux  s'élevaient  pendant  la  nuit  du  milieu  de 
l'enceinte,  qu'on  y  voyait  courir  des  flammes,  tk  que  les  deux  séditieux  du 
3o  novembre  avaient  encore  le  sang  vermeil,  après  vingt-deux  jours  d'expo- 
sition, comme  s'ils  eussent  été  exécutés  de  la  veille.  Des  curieux  se  portèrent 
aussitôt  en  foule  au  quartier  de  la  Salade,  escaladèrent  l'enclos.  Se,  trouvant 
les  corps  saignants  Se  frais,  n'hésitèrent  pas  à  s'écrier  que  ces  malheureux 
étaient  sans  doute  des  saints,  St  que  Dieu  manifestait  leur  innocence  en  les 
préservant  de  la  pourriture.  Alors  le  peuple  se  rua  sur  les  cadavres,  commença 
par  leur  enlever  les  misérables  haillons  dont  ils  étaient  revêtus,  les  trempa 
dans  leur  sang  8c  s'en  partagea  les  lambeaux  que  l'on  promena  par  la  ville 
en  criant  au  miracle.  Pendant  toute  la  journée,  ce  fut  une  procession  conti- 
nuelle sortant  par  la  porte  Arnaud-Bernard  pour  aller  contempler  la  mer- 
veille. Pierre  Barthès  raconte  dans  son  journal  n'avoir  jamais  vu  tant  de 
monde  «  le  jour  du  fénétra,  ni  le  jour  de  Saint-Roch.  «  Les  haillons  ne 
suffisant  plus,  on  découpa  même  des  morceaux  de  chair  Si  il  s'en  fit  un  débit 
à  prix  d'argent,  comme  de  reliques  précieuses. 

L'inhumation  secrète  des  deux  cadavres  qui  eut  lieu,  par  ordre,  pendant 
la  nuit,  coupa  court  à  ces  déplorables  scènes  8c  l'imagination  méridionale  ne 
tarda  pas  d'oublier  les  condamnés  qu'elle  transformait  en  martyrs. 

Quand  le  beau  temps  fut  revenu,  le  maréchal-de-camp  Le  Brun  donna 
aux.  dames  de  Toulouse  le  spectacle  de  la  petite  guerre  sur  l'Esplanade,  devant 
le  couvent  des  Carmes  déchaussés.  Après  diverses  manœuvres,  l'infanterie 
gantaise  se  forma  en  bataillon  carré  Se  fut  chargée  sur  les  quatre  flancs  par 
ks  hussards,  avec  grand  feu  de  pistolets,  de  mousquetons  Se  de  fusils. 

l-e  i5  mai,  toutes  les  troupes  régulières  évacuèrent  Toulouse,  allant 
rejoindre  en  Provence  l'armée  du  maréchal  de  Belle-Isie,  laissant  peu  de 
regrets  Se  beaucoup  de  dettes. 

Quelques  jours  après,  le  bataillon  de  Bergerac  battit  aussi  en  retraite  par 
la  route  de  Castres,  en  fort  belle  ordonnance.  Ces  honnêtes  miliciens  s'étaient, 
paraît-il,  concilié  la  sympathie  des  bourgeois.  «  C'étoient,  raconte  Barthès, 
«  des  gens  qui  ne  se  sont  fait  haïr  en  aucune  manière,  n'ayant  fait  insulte 
«  à  personne,  se  retirant  de  bonne  heure,  Se  fort  soumis  aux  devoirs  de  leur 
«  état',  » 

11  fyt  donné  communication  aux  États,  pendant  la  session  de  1748,  d'un 

'  Heures  perdue!  t^e  Pierre  Barthès,  I,  p.  276. 


1748 


'7-18 


'749 


io38  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

projet  de  travaux  clans  le  diocèse  d'Albi,  qui  avaient  été  étudiés  par  Bourroul, 
ingénieur  géograplie  du  roi. 

Cet  ingénieur  se  proposait  de  rendre  la  Vère  navigable  8<.  d'établir  un 
canal  latéral  au  Tarn,  entre  Saint-Géry  8c  Gaillac.  Le  but  principal  de  l'en- 
treprise était  de  faciliter  l'exploitation  de  la  forêt  de  la  Grésigne,  dont  la 
Vère  contourne  les  plateaux  avant  de  se  jeter  dans  l'Aveyron,  sous  les  murs 
du  château  de  Bruniquel. 

Les  États  chargèrent  l'évêque  de  Montpellier  5c  le  syndic  général  Joubcrt 
de  consulter  les  diocèses. 

Le  prélat  se  rendit  dans  la  ville  d'Albi  où  fut  réunie  une  assemblée  géné- 
rale comprenant  les  commissaires  ordinaires  du  diocèse,  les  syndics  des  coivi- 
munes,  les  seigneurs  de  paroisses  &  les  propriétaires  riverains  intéressés.  11 
s'y  trouvait  plus  de  deux  cents  personnes  qui  approuvèrent  le  projet.  Les 
diocèses  de  Toulouse,  Castres,  Lavaur,  Rieux,  Saint-Pons,  Agde  8c  Alais, 
donnèrent  un  avis  favorable.  Mais,  vers  la  fin  de  l'année,  le  maire  de  Gaillac 
forma  opposition  au  nom  de  cette  ville  &c  de  celles  de  Rabastens,  Puycelsi, 
Cadalen  8c  Cahusac.  Il  soutenait  que  le  projet  n'était  pas  exécutable,  &c,  qu'à 
supposer  le  contraire,  les  communes  du  pays  perdraient  leur  unique  ressource, 
si  elles  étaient  privées  du  merrain  Se  du  bois  à  brûler  de  la  Grésigne,  ainsi 
que  du  chanvre  à  cordages  cultivé  dans  la  vallée  de  la  Vère.  Il  ajoutait  que 
la  forêt  de  la  Grésigne  ne  produisait  pas  de  bois  propre  à  la  construction  des 
vaisseaux,  8c  que  la  seule  utilité  du  canal  serait  d'approvisionner  la  Guienne 
au  détriment  du  Languedoc. 

L'ingénieur,  qui  s'était  rendu  devant  la  commission,  démontra  de  son  côté 
que  son  entreprise  devait  avoir  les  plus  grands  avantages  pour  le  service  du 
roi  Se  pour  le  diocèse  d'Albi. 

Sur  le  rapport  qui  fut  présenté  aux  Etats  dans  les  premiers  jours  de  jan- 
vier 1749,  par  l'évêque  de  Montpellier,  l'assemblée  provinciale  délibéra  una- 
nimement de  consentira  la  construction  du  canal  de  la  Vère  8c  à  la  dérivation 
proposée  des  eaux  du  Tarn,  à  condition  que  les  entrepreneurs  de  ces  travaux 
ne  pourraient  exiger  par  voie  directe  ou  indirecte  aucun  secours  du  pays  de 
Languedoc,  du  diocèse  d'Albi  Se  des  communes  riveraines.  Elle  stipula  aufsi 
que  les  propriétaires  des  moulins  Se  les  particuliers  dont  on  prendrait  les 
terres  pour  faire  les  canaux,  seraient  dédommagés  suivant  l'estimation  faite  à 
dire  d'experts,  Se  que  l'on  prierait  Sa  Majesté  de  renvoyer  à  l'intendant  de 
Languedoc  le  jugement  de  toutes  les  contestations'. 

Le  24  février  1749,  à  quatre  heures  de  l'après-midi,  la  capitale  de  la  Pro- 
vince fut  parcourue  par  le  personnel  de  l'hôtel  de  ville  :  capitouls,  assesseurs, 
huissiers,  juge  de  police  Se  suppôts  de  divers  grades,  depuis  l'ingénieur  jus- 
qu'aux portiers,  tous  à  cheval,  avec  le  guet  en  tenue  d'ordonnance,  les  offi- 
ciers portant  l'esponton*.  A  chaque  place  ou  carrefour,  le  cortège  faisait  halte, 
les  trompettes,  les  hautbois  8c  bassons  jouaient  des  fanfares,  les  fusiliers  brû- 

'  Procès  ïïrb.il  lUs  Utnts  3  jmivior   17^9.  '  Heures  perdues  Je  Pierre  Barthes,  I,  p.  297, 


LIV.    IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1089 

laicnt  de  la  poudre,  S<.  le  ciieur  juré,  de  sa  voix  la  plus  sonore,  lisait  la  pro- 
clamation suivante  : 

«  De  par  le  roi,  on  fait  savoir  à  tous  qu'une  bonne,  ferme,  stable  8c  solide 
«  paix  avec  une  réconciliation  entière  8c  sincère  a  été  faite  8c  accordée  entre 
«  très-haut,  très-excellent  8c  très-puissant  prince  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu, 
«  roi  de  France  Se  de  Navarre,  notre  souverain  seigneur  &c  très-haut,  très- 
»  excellent  Se  très-puissant  prince  Georges,  roi  de  la  Grande-Bretagne,  élec- 
«  teur  de  Brunswick-Lunebourg,  8c  très-haute,  très-excellente  Se  très-puis- 
«  santé  princesse  Marie-Thérèse,  reine  de  Hongrie  8c  de  Bohême,  impératrice 
«  des  Romains,  8c  leurs  vassaux,  sujets  8c  serviteurs  en  tous  leurs  royaumes, 
«  pays,  terres  Se  seigneuries  de  leur  obéissance,  que  ladite  paix  est  générale 
«  entre  eux  8c  leurs  susdits  vassaux  8c  sujets,  Se  qu'au  moyen  d'icelle  il  leur 
«  est  permis  d'aller,  venir,  retourner  Se  séjourner  en  tous  les  lieux  desdits 
«  royaumes.  Etats  8e  pays,  négocier  Se  faire  commerce  de  marchandises,  entre- 
«  tenir  correspondance  £e  avoir  communication  les  uns  avec  les  autres,  8e  ce 
«  en  toute  liberté,  franchise  Se  sûreté,  tant  par  terre  que  par  mer  Se  sur  les 
«  rivières  8e  autres  eaux,  Se  tout  ainsi  qu'il  a  été  8c  dû  être  fait  en  temps  de 
<<  bonne,  sincère  8e  amiable  paix,  telle  que  celle  qu'il  a  plu  à  la  divine  bonté 
«  de  donner  audit  seigneur  roi,  audit  seigneur  roi  de  la  Grande-Bretagne, 
«  électeur  de  Brunswick-Lunebourg,  Se  à  ladite  dame  reine  de  Hongrie  Se 
«  de  Bohême,  impératrice  des  Romains,  Se  à  leurs  peuples  Se  sujets;  Se,  pour 
(i  les  y  maintenir,  il  est  expressément  défendu  à  toutes  personnes,  de  quelque 
«  qualité  Se  condition  qu'elles  soient,  d'entreprendre,  attenter  ou  innover 
«  aucune  chose  au  contraire,  ni  au  préjudice  d'icelle,  sous  peine  d'être  punis 
«  sévèrement,  comme  infracteurs  de  paix  Se  perturbateurs  du  repos  public'.  » 

Le  lendemain,  la  paix  d'Aix-la-Chapelle  fut  célébrée  dans  toutes  les  villes 
épiscopales  par  le  chant  du  Te  Deitm  Se  par  des  réjouissances  publifjues,  avec 
salves  d'artillerie,  illuminations  Se  feux  d'artifice. 

La  cessation  des  hostilités,  si  elle  comblait  les  voeux  du  pays,  en  arrêtant 
les  sacrifices  d'hommes  Se  d'argent  dont  il  se  trouvait  accablé,  ne  devait  ruèrc 
favoriser  le  développement  des  institutions  provinciales.  Elle  rendait  au  minis- 
tère la  liberté  de  ses  mouvements,  l'entière  disposition  de  ses  troupes;  8c, 
comme  les  grands  corps  du  pays,  compagnies  supérieures  de  justice  ou  Etats, 
donnaient  assez  fréquemment  prise  sur  eux  par  leurs  préoccupations  d'intérêt 
personnel,  le  gouvernement,  au  lieu  de  chercher  dans  une  rénovation  consti- 
tutionnelle le  moyen  de  vaincre  légalement  ces  résistances,  ne  songeait  qu'îx 
les  briser  par  la  force;  erreur  funeste  qui,  en  donnant  le  caractère  Se  les 
formes  extérieures  du  despotisme  à  des  actes  d'ailleurs  écjuitables  Se  ration- 
nels, compromettait  l'autorité  du  pouvoir  royal,  blessait  l'opinion  Se  com- 
mençait à  poser  aux  yeux  des  peuples,  en  champions  des  libertés  publiques, 
des  privilégiés  qui  servaient  uniquement  leur  propre  cause. 

L'édit  qui  parut  à  Marly,  au  mois  de  mai  1749,  était  destiné  à  produire 

'  Archives  de  Toulouse.  Annales  ma:iu:cr'itcs,  XI,  p.  j.(3. 

XIII.  ^'9 


'749 


'749 


1090  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

en  Languedoc  des  événements  irès-extraordinaires  dont  l'histoire  de  la  Pro- 
vince n'avait  pas  offert  d'exemple  depuis  le  temps  des  guerres  civiles. 

Dans  cet  édit,  le  roi  déclarait  que,  la  paix  ayant  été  enfin  accordée  à  ses 
vœux,  il  s'inquiétait  d'exprimer  à  ses  peuples  la  satisfaction  que  lui  avait 
inspirée  leur  zèle.  11  n'avait  pas  attendu  la  conclusion  du  traité,  ni  la  fin  des 
dépenses  de  la  guerre,  pour  ordonner  la  suppression  de  l'ustensile  S;  de  quel- 
ques autres  droits  regardés  comme  particulièrement  onéreux;  il  s'était  occupé 
ensuite  de  la  réforme  des  troupes,  dans  la  vue  de  ne  rien  négliger  pour  alléger 
les  charges  publiques;  mais  s'étant  fait  rendre  compte  de  la  situation  des 
revenus  Se  des  dépenses,  il  avait  reconnu  qu'indépendamment  de  l'obligation 
de  payer  les  arrérages  des  dettes  accumulées  pendant  le  règne  de  Louis  XIV, 
ces  dettes  se  trouvaient  grandement  augmentées  par  suite  des  deux  dernières 
guerres  soutenues  depuis  l'année  I733;  les  emprunts  avaient  paru  préfé- 
rables aux  impôts,  mais  le  service  des  intérêts  exigeait  de  fortes  sommes,  11 
était  d'ailleurs  indispensable  de  pourvoir  au  payement  des  dépenses  de  guerre 
arriérées,  de  mettre  la  marine  en  état  de  protéger  le  commerce  français,  8< 
l'on  ne  pouvait  s'empêcher  de  conserver  un  nombre  suffisant  de  troupes  pour 
assurer  la  tranquillité  des  frontières  &  maintenir  la  paix.  Ces  considérations, 
poursuivait  le  roi,  n'avaient  pas  ébranlé  sa  résolution  constante  de  faire  cesser 
l'imposition  du  dixième  établie  par  la  déclaration  du  29  août  1741;  niais, 
comme  l'état  des  finances  du  royaume  ne  pouvait  s'améliorer  si  la  masse  des 
anciennes  dettes  ne  diminuait  pas,  le  gouvernement  avait  décidé  de  créer 
une  caisse  générale  des  amortissements,  distincte  S(.  séparée  du  trésor  royal  & 
des  autres  caisses,  8c  consacrée  uniquement  à  payer  les  dettes  de  l'Etat.  Cette 
réserve  devait  permettre  une  libération  progressive  8c  conduire  à  l'extinction 
complète  des  emprunts.  On  travaillerait  en  même  temps  à  si  bien  régler  les 
dépenses  que  les  fonds  des  revenus  ordinaires,  administrés  avec  économie, 
missent  le  trésor  en  situation  d'éviter  de  nouveaux  emprunts. 

Le  l'oi  aurait  désiré  de  pouvoir  prendre  le  fonds  d'amortissement  sur  les 
revenus  ordinaires;  mais  les  nécessités  du  temps  s'y  opposaient;  8c,  pour  com- 
mencer une  opération  si  importante  au  bien  du  royaume,  on  était  contraint 
de  recourir,  pendant  les  premières  années,  à  l'imposition  du  vingtième  de 
tous  les  revenus,  qui  devait  être  exclusivement  consacrée  à  la  libération  de 
l'État.  Plus  tard,  la  diminution  des  dettes  8c  des  charges  qui  absorbaient  tous 
les  revenus  annuels  procurerait  un  fonds  libre  8c  donnerait  lieu  à  la  sup- 
pression du  vingtième. 

L'édit  insistait  sur  le  caractère  d'équité  de  cet  impôt  qui,  frappant  à  la  fois 
tous  les  sujets,  nobles  8c  roturiers,  privilégiés  &c  non  privilégiés,  répartissait 
la  charge  d'une  manière  plus  conforme  à  la  justice. 

Le  dixième  cessait  donc  d'être  exigible  à  compter  du  i«'  janvier  lySo; 
mais,  à  dater  de  ce  jour,  il  devait  être  remplacé  par  l'impôt  du  vingtième, 
levé  annuellement  sur  tous  les  revenus  Se  produits  des  sujets  français,  sans 
aucune  exception.  Le  mode  de  perception  était  conforme  à  celui  du  dixième, 
les  rôles  dressés  en   1741  servant  de  base,  avec  obligation  pour  les  contri- 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  109 1 

buables  qui  n'y  figuraient  pas  de  fournir,  dans  quinzaine,  la  déclaration  de 
leurs  biens. 

Par  un  article  formel,  les  deniers  provenant  du  vingtième  devaient  être 
employés  au  remboursement  des  dettes  anciennes  &  nouvelles  de  l'Etat,  £<. 
servir  à  l'extinction  des  rentes  établies  sur  les  aides  &c  gabelles,  sur  les  tailles, 
sur  la  ferme  des  postes,  les  revenus  des  pays  d'Etats  St.  sur  tous  les  autres 
revenus  royaux.  Le  i^"'  juillet  1700  était  désigné  comme  le  jour  d'ouverture 
des  remboursements'. 

L'apparition  de  cet  édit  produisit  parmi  les  bauts  personnages  de  la  Pro- 
vince une  violente  émotion.  Il  était  difficile  de  contester  l'utilité  de  l'amor- 
tissem.ent;  mais  on  se  plaignait  que  les  promesses  de  suppression  du  dixième 
après  la  paix  ne  fussent  pas  tenues,  que  l'on  transformât  en  impôt  durable 
&.  régulier  une  contribution  de  guerre  destirrée  à  finir  avec  l'événement  qui 
la  faisait  naître;  les  déclarations  de  biens  exigées  de  cbaque  particulier  no 
laissaient  pas  non  plus  que  d'être  vexatoires.  Mais  ce  qui  blessait  principale- 
ment les  privilégiés,  c'était  l'égalité  de  tous  les  ordres  devant  l'impôt.  On 
avait  tellement  pris  l'babitude  des  exemptions  attacbées  à  certaines  cbarges 
que  le  retour  au  droit  commun  paraissait  le  comble  de  l'injustice.  Ainsi, 
lorsque  la  ville  de  Toulouse,  à  la  suite  des  agitations  de  1748,  avait  dû  rece- 
voir des  troupes,  tout  le  fardeau  des  logements  militaires  était  retombé  sur 
les  petites  gens  qui  n'avaient  ni  un  titre  ecclésiastique,  ni  une  dignité  judi- 
ciaire. Cette  iniquité  flagrante  était  ce  qu'on  appelait  l'ordre,  8<.  aucune  com- 
pagnie supérieure  ne  songeait  à  réclamer;  mais  lorsque  le  gouvernement 
royal  manifestait  la  volonté  de  soumettre  indifféremment  aux  cbarges  publi- 
ques tous  ceux  que  leur  fortune  désignait  pour  y  participer,  l'indignation  ne 
connaissait  plus  de  bornes. 

Il  était  d'usage  que  les  principales  affaires  qui  devaient  être  traitées  aux 
États  fussent  négociées,  avant  la  session,  entre  le  contrôleur  général  Si  l'ar- 
cbevêque  de  Narbonnc.  Les  correspondances  qu'échangèrent  ces  deux  person- 
nages au  sujet  de  l'établissement  du  vingtième  ne  laissèrent  aucun  doute  au 
gouvernement  sur  l'accueil  qui  attendait  cette  création;  mais  comme  les  dis- 
positions de  la  Cour  &  celles  du  maréchal  de  Richelieu  inclinaient  aux 
mesures  vigoureuses,  il  fut  décidé  de  passer  outre.  Les  commissaires  du  roi 
reçurent,  dans  leurs  instructions  l'ordre  d'exiger  l'exécution  pure  &  simple  de 
l'édit  du  vingtième,  sans  tenir  compte  des  oppositions  qu'on  y  pourrait  faire. 

M.  de  Crillon,  archevêque  de  Narbonne,  qui  avait  assisté  le  29  janvier  ij5o 
à  l'ouverture  de  la  session,  mais  qui,  d'après  les  propos  de  ses  collègues,  pres- 
sentait une  crise  inévitable.  St.  connaissait  d'avance  l'inflexible  résolution  des 
commissaires  royaux,  fit  annoncer  aux  États,  le  3i,  par  la  bouche  du  syndic 
général  Montferrier  que  les  derniers  efforts  qu'il  avait  faits  pour  remplir  sa 
place  dans  l'assemblée  avaient  surpassé  ses  forces.  Le  dérangement  de  sa  santé 
ne  lui  permettait  pas  de  s'occuper  d'affaires,  &  de  suivre  les  mouvements  de 

'  Recueil  lies  liitt,  déclaration!,  arri:s  f-  or.lotitunecs  ,1e  l'année  ly-^r)  pour  la  province  de  Lniigiiedoc. 


/•;9 


1700 


17^0 


1092  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

son  zèle  Se  de  son  affection  pour  la  Province,  sans  s'exposer  à  un  plus  grand 
danger;  il  était  forcé  malgré  lui  d'aller  chercher  le  repos  pour  prendre  avec 
tranquillité  les  remèdes  nécessaires.  11  priait  l'assemblée  de  recevoir  une  excuse 
si  léo-itime  &  d'être  persuadée  ([u'il  participerait  de  cœur  à  tout  ce  qui  serait 
fait,  comme  s'il  y  était  présent,  y  donnant  d'avance  une  approbation  entière 
îk  priant  l'archevêque  de  Toulouse  de  le  suppléer. 

Ce  fut  donc  ce  dernier  prélat,  Charles-Antoine  de  La  Pv.oche-Aymon,  qui 
présida  l'assemblée  £<.  porta  principalement  la  parole  pendant  cette  courte 
mais  orageuse  session. 

Dans  la  séance  du  5  février,  il  commença  par  faire  lire  la  délibération  de 
l'année  précédente,  contenant  les  conditions  qui  accompagnaient  l'octroi  du 
don  gratuit,  avec  l'acceptation  des  commissaires  du  roi,  &  fit  ressortir  la  con- 
tradiction qui  existait  entre  cette  reconnaissance  officielle  des  immunités  pro- 
vinciales 8<.  les  instructions  dont  le  maréchal  de  Richelieu  était  porteur.  11 
ajouta  qu'il  se  sentait  en  proie  à  une  cruelle  incertitude,  ne  pouvant  oublier 
à  la  fois  ses  obligations  envers  le  prince  Se  le  serment  qu'il  avait  prêté  de. 
défendre  les  privilèges  de  la  Province,  Se  promit  de  se  conformer  d'ailleurs 
exactement  à  ce  que  résoudraient  ses  collègues,  avec  promesse  de  prendre 
leurs  suffrages  pour  règle  unique  de  sa  conduite. 

Cela  fait,  on  envoya  une  députation  de  huit  membres  aux  commissaires 
du  roi,  qui  étaient  entrés  l'avant-veille,  demandant  un  don  gratuit  de  trois 
millions  &  seize  cent  mille  livres  de  capitation.  Les  députés,  qui  avaient  été 
choisis  par  l'archevêque  de  Toulouse,  Si  en  tête  desquels  marchaient  les  évê- 
(lues  de  Mende  S<  du  Puy,  s'excusèrent  auprès  du  maréchal  de  ne  point  lui 
apporter  le  consentement  des  Etats.  L'assemblée  provinciale  éprouvait  un 
désir  sincère  de  donner  au  roi  les  sommes  qu'il  demandait,  mais  elle  se  trou- 
vait combattue  dans  sa  bonne  volonté  par  l'irrégularité  des  formes.  L'établis- 
sement du  vingtième  détruisait  la  condition  la  plus  essentielle  des  transactions 
ordinaires.  Ils  s'adressaient  au  duc,  comme  à  l'interprète  autorisé  de  la  volonté 
royale,  pour  lui  demander  avec  instance  de  concilier  ces  contradictions,  de 
rassurer  le  pays  sur  le  maintien  de  ses  privilèges,  S<.  le  priaient  de  leur 
déclarer  d'une  manière  précise  si  ses  instructions  secrètes  lui  permettaient  de 
leur  donner  à  cet  égard  des  garanties.  Ils  ne  repoussaient  pas  absolument  le 
vingtième,  mais  ils  souhaitaient  qu'il  ne  se  levât  ]joint  sans  le  consentement 
des  États,  &.  que  la  confection  des  rôles,  la  levée  des  deniers  Sv.,  en  un  mot, 
toutes  les  opérations  nécessaires  fussent  conformes  aux  règles  administratives 
de  la  Province. 

Le  maréchal  Se  l'intendant  répondirent  qu'ils  n'avaient  ni  instructions 
ni  ordres  particuliers  pour  donner  des  garanties  aux  Etats,  St.  ((u'ils  auraient 
préféré  recevoir  l'octroi  du  don  gratuit  avant  d'écouter  des  remontrances. 

Une  seconde  séance  fut  tenue  le  mcjnc  jour,  à  cinc[  heures  du  soii';  les 
Etats  y  reçurent  communication  d'un  projet  de  remontrances  écrites  qui 
devaient  être  présentées  au  maréchal.  C'était  un  développement  historique 
très-étendu  de  la  théorie  que  l'assemblée  provinciale  s'était  faite  sur  ses  pré- 


l.IV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  109.3 

rogativcs,  mentionnant  le  prétendu  traité  conclu  avec  le  roi  Philippe  le  Hardi 
lors  de  la  réunion  du  Languedoc  à  la  couronne,  £<  les  diverses  confirmations 
de  privilèges  accordées  par  les  rois  depuis  le  quatorzième  siècle  jusqu'à  la 
révocation  de  ledit  de  Béziers,  8<.  aux  lettres  patentes  du  16  octobre  17  i5. 

Après  avoir  longuement  déduit  leurs  titres,  les  États  faisaient  l'apologie  de 
leur  administration,  en  vantaient  la  simplicité,  l'économie  8t  la  douceur;  ils 
soutenaient  que  l'avantage  d'établir  un  régime  uniforme  dans  tout  le  royaume 
ne  compensait  pas  le  sacrifice  d'usages  particuliers,  excellents  en  eux-mêmes 
£<  appréciés  des  peuples;  que  le  trésor  royal  n'y  perdait  rien,  puisque  les  éco- 
nomies faites  dans  la  perception  ne  diminuaient  point  les  sommes  versées,  8c 
que,  en  matière  d'impositions,  les  intérêts  de  la  couronne  devaient  toujours 
se  concilier  avec  ceux  des  contribuables. 

.Aussitôt  les  remontrances  votées,  pour  atténuer  l'effet  que  cette  marque 
d'opposition  ne  pouvait  manquer  de  produire,  les  Etats  se  hâtèrent  d'accorder 
les  seize  cent  mille  livres  de  capitation  demandées  par  les  commissaires  du 
roi.  Comme  il  était  d'usage  que  cette  délibération  fût  distincte  de  celle  du  don 
gratuit  8c  se  prît  à  des  conditions  dittérentes,  l'assemblée  se  disait  heureuse 
de  montrer,  par  sa  promptitude,  les  sentiments  de  respect,  de  zèle  8c  de  sou- 
mission dont  elle  était  animée.  Sa  bonne  volonté  devait  paraître  d'autant 
plus  appréciable  que  le  pays  de  Languedoc  se  trouvait  dans  des  conjonctures 
fâcheuses  8c  que  la  misère  générale  retardait  tous  les  recouvrements.  La  séance 
fut  terminée  par  réiection  des  députés  chargés  d'en  faire  connaître  le  résultat 
aux  commissaires  royaux'. 

Suivant  le  vœu  formel  des  Etats,  l'archevêque  de  Toulouse  écrivit  au  roi  Se 
aux  ministres  pour  expliquer  la  résistance  de  la  compagnie  sur  la  question 
du  vingtième  8c  prévenir  les  interprétations  désobligeantes.  Il  protestait,  daris 
cette  correspondance,  de  la  fidélité  des  trois  ordres  8c  rappelait  toutes  les 
preuves  de  soumission  que  la  Province  avait  données. 

Ces  arguments  demeurèrent  sans  effet.  Le  parti  était  pris  à  la  Cour  de 
briser  la  résistance  des  grandes  corporations.  Le  16  février,  le  maréchal  8c 
l'intendant  notifièrent  au  président  des  Etats  qu'ils  avaient  reçu  des  ordres 
précis  8c  rigoureux  de  ne  se  relâcher  en  rien  de  leurs  premières  exigences. 

Le  roi,  s'étant  fait  rendre  compte  des  délibérations  de  la  compagnie,  cliar- 
geait  ses  commissaires  de  leur  déclarer  expressément  que  son  intention  était 
de  les  voir  voter  sur  le  don  gratuit,  toute  affaire  cessante,  8c  ensuite  sur  les 
autres  points  marques  dans  les  instructions.  Quand  ce  devoir  essentiel  serait 
accompli,  Sa  Majesté  se  ferait  rendre  compte  des  remontrances,  8c  propor- 
tionnerait ses  faveurs  à  la  conduite  que  l'on  aurait  tenue  pour  les  mériter. 

M.  de  La  Pvoche-Aymon  réunit  les  Etats  le  lendemain  8c  leur  communiqua 
la  mauvaise  nouvelle,  en  accompagnant  cet  avis  de  quelques  paroles  pru- 
dentes 8c  réservées.  Il  ne  pouvait,  dit-il,  dissimuler  que  l'assemblée  avait  eu 
le  malheur  de  déplaire  au  meilleur  Se  au  plus  juste  de  tous  les  maîtres,  ni 

■  Pièces  jast'ificatiyes,  n.  DCCCLXXI,  col.  21Û6,  &  n.  DCCCLXXII,  col.  2171. 


I  700 


lyJo 


1094  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

laisser  perdre  de  vue  la  glorieuse  possession  où  était  la  Province  de  se  distin- 
guer i^rr  une  fitlélité  à  toute  épreuve,  81  le  danger  qui  menacerait  peut-être 
les  peuples  si.  l'expresse  volonté  du  roi  n'obtenait  pas  satisfaction.  Quant  à 
lui,  dans  la  cruelle  perplexité  c[ui  agitait  tous  les  esprits,  il  ne  craignait  pas 
de  répéter  que  des  suffrages  unanimes,  dictés  par  des  sentiments  aussi  nobles 
8<.  aussi  purs  que  ceux  des  Etats,  feraient  la  règle  de  sa  façon  de  penser,  Se 
qu'il  ne  saurait,  avec  des  guides  aussi  sûrs,  s'écarter  de  devoirs  communs  à  tous 
les  membres  de  l'assemblée. 

Dominique  de  La  Rochefoucauld,  archevêque  d'Albi,  prenant  alors  la 
parole,  comme  premier  opinant,  déclara  que  les  ordres  du  roi  lui  inspiraient 
la  plus  vive  douleur.  S'il  ne  fallait  prouver  son  obéissance  que  par  le  sacrifice 
entier  des  biens  6<  de  la  vie  de  chacun,  l'assemblée  entière  s'y  porterait  avec 
joie;  mais  on  ne  pouvait  croire  qu'un  roi  aussi  juste,  un  prince  aussi  reli- 
gieux, un  monarque  aussi  jaloux  du  bonheur  de  ses  sujets,  voulût  exiger  des 
Etats  une  démarche  qui  les  rendrait  indignes  de  son  estime  &  de  sa  bonté. 
Le  souverain  ne  saurait  avoir  aucune  confiance  en  des  personnes  capables  de 
trahir  un  serinent  prêté  devant  Dieu  &  ratifié  par  l'autorité  royale.  Par  ce 
serment,  les  membres  des  Etats  s'obligeaient  à  transmettre  à  leurs  successeurs, 
dans  toute  sa  pureté,  le  dépôt  qu'ils  avaient  reçu  de  leurs  prédécesseurs j 
dépôt  inaliénable,  qu'on  n'abandonnerait  pas  sans  s'attirer  les  justes  repro- 
ches du  ciel  &  de  la  terre. 

11  n'était  pas  possible  de  croire  que  l'intention  du  roi  fût  de  faire  violer 
par  les  États  les  privilèges  dont  ils  étaient  dépositaires,  privilèges  non  moins 
tuiles  au  service  du  roi  qu'aux  peuples  de  la  Province.  L'assemblée  ne  s'en 
était  jamais  prévalue  pour  se  soustraire  aux  charges  publiques,  ayant  plutôt 
donné  l'exemple  aux  autres  provinces.  On  ne  cessait  pas  d'agir  en  bons  Se 
fidèles  sujets,  parce  qu'on  ne  saurait  voir  sans  indifférence  le  renversement 
de  l'administration  S<.  la  Province  livrée  à  des  mains  étrangères,  souvent  gui- 
dées par  de  faux  principes  Si  toujours  plus  attachées  à  leurs  intérêts  qu'à- 
ceux  du  roi. 

Ces  motifs,  qui  avaient  dicté  la  première  délibération  des  États,  existaient 
encore;  ils  étaient  même  devenus  plus  torts  8<  plus  pressants;  la  contradiction 
sienalée  entre  les  instructions  des  commissaires  royaux  Se  le  mode  d'établis- 
sèment  du  vingtième  s'aggravait  par  les  nouveaux  ordres.  La  gravité  des 
circonstances  ne  permettait  point  aux  États  de  varier  sur  leur  première  déter- 
mination. L'archevêque  proposait  donc  d'y  persister  &  de  le  faire  déclarer  aux 
commissaires  du  roi  par  une  députation  spéciale,  toiit  en  leur  témoignant  la 
douleur  dont  l'assemblée  se  trouvait  saisie  par  la  seule  crainte  de  déplaire 
au  roi. 

La  proposition  de  M.  de  La  Rochefoucauld  fut  agréée  par  la  compagnie; 
mais,  avant  de  nommer  les  membres  des  trois  ordres  qui  devaient  faire  partie 
de  l'ambassade,  on  envoya  l'un  des  syndics  généraux  avertir  les  commissaires 
du  roi  de  la  résolution  qui  venait  d'être  prise.  Le  maréchal  Si  l'intendant 
répondirent  qu'ils  ne  pouvaient  recevoir  aucune  députation.  A  la  suite  de  ce 


LIV.    IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1095 

refus,  les  États  prièrent  M.  de  La  R.oche-Aymon  de  transmettre  lui-même 
leur  délibération  aux  représentants  de  l'autorité  royale. 

En  même  temps,  pour  se  justifier  auprès  de  la  Cour,  ils  décidèrent  qu'une 
députation  des  trois  ordres  partirait  incessamment  pour  Paris  8c  que  l'arche- 
vêque de  Toulouse  serait  prié  de  s'y  joindre,  avec  mission  de  renouveler  leurs 
protestations  de  fidélité  8c  leurs  remontrances.  Les  députés  que  l'on  choisit 
furent  l'évêque  de  Carcassonne,  le  marquis  de  Villeneuve,  M.  d'Héliot,  lieu- 
tenant de  maire  de  Toulouse;  M.  de  Massillan,  maire  de  Montpellier,  8<.  le 
syndic  général  Montferrier '• 

Après  le  refus  de  recevoir  les  déclarations  des  États  signifié  par  les  commis- 
saires royaux,  l'issue  du  conflit  n'était  pas  douteuse.  Aussi  l'assemblée  réso- 
lut-elle que  le  trésorier  de  la  bourse  ferait  l'avance  des  sommes  dues  aux 
députés  Se  aux  officiers  de  la  Province  8c  des  autres  sommes  que  l'on  avait 
coutume  de  payer,  suivant  les  ordres  de  l'archevêque-président.  Se  que  les 
commissaires  nommés  pour  diriger  les  travaux  publics  Ê<  pour  les  autres 
affaires  continueraient  de  vaquer  à  leur  charge,  comme  pendant  l'intervalle 
des  sessions. 

Le  maréchal  de  Richelieu,  en  sa  qualité  de  premier  commissaire  du  roi,  fit 
savoir  à  M.  de  La  Roche-Aymon  qu'il  avait  l'ordre  exprès  de  dissoudre  l'as- 
semblée, que  les  évêques  devaient  se  retirer  dans  leurs  diocèses,  8c  les  barons 
dans  leurs  terres,  8c  y  rester  relégués  jusqu'à  nouvel  ordre,  sans  pouvoir  tenir 
de  réunion  ni  former  de  corps  politique. 

Dix  jours  après  parut  k  Versailles  un  arrêt  du  conseil  d'État  qui  cassait  les 
deux  délibérations  du  5  8c  du  17  février,  comme  contraires  au  respect  8c  à  la 
soumission  que  les  sujets  doivent  h  leur  souverain,  8c  suspendant  purement 
8c  simplement  l'assemblée  pour  un  temps  indéfini.  Le  préambule  accusait 
les  États  de  Languedoc  d'avoir  sacrifié  à  des  vues  particulières  en  faisant 
dépendre  leur  consentement  au  don  gratuit  du  succès  de  leurs  représentations 
sur  une  matière  toute  différente,  8c  d'avoir  aggravé  leur  faute  en  persistant 
dans  leur  refus,  malgré  le  délai  que  Sa  Majesté  leur  avait  donné  pour  se 
reconnaître. 

Défense  était  faite  à  toutes  les  personnes  nommées  dans  les  deux  délibéra- 
tions d'y  déférer  8c  aux  divers  officiers  ou  commissaires  des  États  d'exercer 
aucune  fonction  à  peine  de  désobéissance.  Le  foi  se  réservait  de  donner  les 
ordres  qu'il  jugerait  convenables  pour  l'administration  de  la  Province,  c'est- 
à-dire  de  la  faire  administrer  directement  par  l'intendant,  qui  demeurait 
chargé  du  soin  de  biffer  les  procès-verbaux  dans  les  registres  des  États  8c  d'y 
surveiller  la  transcription  de  l'arrêt. 

Ces  formalités  furent  rigoureusement  observées*.  Le  coup  de  force  qui 
dispersait  les  États  causa  dans  la  Province  une  profonde  émotion.  L'événe- 
ment était  nouveau,  inattendu;  il  offrait  un  caractère  de  violence  blessant 
pour  l'amour-propre  du  pays,  8c,  malgré  tous  les  griefs  que  l'on  avait  contre 

'  Pièces  jttstijieativcs,  ti.  DCCCLXXUÎ,  col.  il  8C.  '  Picces  juni/icatives,  n.  DCCCLXXIV,  col.  2191 . 


1703 


1096  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

l'assemblée  provinciale,  sa  brusque  séparation  par  un  maréchal  de  France 
annonçait  des  formes  impérieuses  peu  rassurantes. 

L'émoi  du  Languedoc  pénétra  jusque  dans  l'abbave  de  Saint-Germain  des 
Prés,  où  dom  Vaissete  poursuivait  ses  travaux,  8c  le  bon  religieux  crut  pou- 
voir s'autoriser  de  son  titre  d'historien  pour  proposer  au  contrôleur  général 
un  moyen  d'accommodement.  Il  lui  écrivit  qu'ayant  acquis,  pendant  près  de 
c[uarante  ans  d'études,  une  connaissance  complète  des  usages  de  la  Province, 
il  n'hésitait  pas  à  lui  soumettre  son  plan,  dont  les  points  principaux  étaient 
de  rassembler  les  États  au  mois  d'avril  suivant,  de  faire  demander  séparément 
le  don  gratuit  Se  le  vingtième,  de  confier  la  répartition  du  vingtième  à  l'in- 
tendant &  la  perception  à  la  Province.  La  communication  du  moine  impres- 
sionna peu  le  ministère  ;  on  se  contenta  d'écrire  dédaigneusement  au  crayon 
en  haut  de  sa  lettre  qu'on  pouvait  lui  répondre  pour  louer  seulement  son 
zèle  &  ses  bonnes  intentions. 

Cependant,  une  assez  vive  effervescence  régnait  dans  le  pays.  Il  était  ques- 
tion d'intéresser  à  la  disgrâce  des  Etats  les  compagnies  supérieures,  qui  pour- 
tant ne  les  aimaient  guère,  &  Le  Nain  ne  se  montrait  pas  indifférent  à  ces 
appréhensions. 

Il  s'en  expliquait  le  8  avril  dans  une  lettre  confidentielle  au  contrôleur 
général. 

«  J'ay  tout  lieu  de  soupçonner,  lui  disait-il,  qu'il  y  a  des  négociations 
«  secrètesicntre  le  Parlement  de  Toulouse  Se  la  chambre  des  comptes  de  Mont- 
«  pellier  pour  faire  au  roy  des  remontrances  en  faveur  des  Etats,  8c  quoique 
«  j'aye  pris  toutes  les  mesures  que  j'ay  cru  convenables  pour  empêcher  cette 
«  démiarche,  je  crains  qu'elles  ne  soient  sans  succès,  tant  la  fermentation  est 
«  grande  dans  ces  deux  compagnies. 

«  Ces  remontrances  concertées  sont  moins  redoutables  par  elles-mêmes  que 
«  par  les  suites  Se  les  conséquences;  elles  augmenteront  l'indisposition  du 
«  peuple  contre  la  nouvelle  administration,  parce  que,  voyant  les  deux  pre- 
<(  mières  compagnies  de  la  Province  faire  l'apologie  des  Etats  8c  en  prendre 
«  en  quelque  façon  la  défense,  il  se  persuadera  de  plus  en  plus  qu'ils  n'ont 
«  eu  pour  objet  que  le  bien  public,  8c  il  croira  de  son  côté  marquer  son  zèle 
«  par  la  lenteur  de  son  obéissance  aux  ordres  qu'il  recevra  de  ma  part  par 
«  rapport  aux  impositions 

«  Si  vous  me  permettez  de  dire  ce  que  je  pense,  il  me  semble  que  la  réponse 
«  du  roy  doit  être  accompagnée  de  beaucoup  de  douceur  pour  ne  point 
«  allumer  davantage  des  esprits  qui,  par  eux-mêmes,  sont  prompts  à  s'en- 
«  flammer.  Cette  douceur  sera  d'autant  mieux  placée  que  l'on  m'assure  que 
«  les  remontrances  sont  pleines  de  soumission  Se  de  respect'.  » 

Bien  que  les  compagnies  supérieures  de  justice,  très-divisées  entre  elles, 
comme  nous  l'avons  déjà  vu,  par  une  foule  de  questions  de  compétence  8c 
par  des  rivalités  incessantes,  eussent  envers  les  États  des  sentiments  de  con- 

'  Archives  nationnies.    PjpU-rs  Ju  contrôleur  gi-ncral. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV. 


1097 


1730 


fraternité  plus  que  médiocre,  le  mouvement  que  se  donnèrent  les  évêques  8c 
les  barons  réussit  à  les  alarmer  sur  leur  propre  sort.  Cette  dissolution  d'une 
assemblée  régulière  faite  par  un  commandant  militaire  Se  par  un  administra- 
teur révocable,  non  pourvu  d'office  8c  de  lettres  patentes  enregistrées,  pouvait 
donner  à  penser  sur  les  projets  ultérieurs  de  l'autorité  royale.  Ce  fut  donc  en 
prévision  des  atteintes  dont  elle  avait  lieu  de  se  croire  menacée  que  la  cour 
des  comptes,  aides  8c  finances  de  Montpellier  prit  le  parti  de  dresser  des 
remontrances. 

L'affaire  ne  se  fit  pas  sans  difficulté.  La  cour  avait  enregistré  l'édit  du 
vingtième,  cause  de  la  résistance  des  Etats  8c  de  leur  séparation,  ce  qui  ne 
laissait  pas  que  de  rendre  sa  situation  diificile,  en  donnant  à  sa  conduite  une 
apparence  de  contradiction.  Mais  le  premier  président  Bon  avait  pris  la  ques- 
tion fort  à  cœur,  8c  comme  les  gens  du  roi,  saisis  par  lui  de  l'arrêt  du  con- 
seil du  17  mars,  ne  répondaient  pas  à  son  zèle,  il  y  suppléa  lui-même  avec 
l'assistance  des  deux  syndics  de  sa  compagnie'.  Trente-cinq  membres  de  la 
cour  furent  d'avis  de  faire  des  remontrances  sur  tous  les  points  mis  en  déli- 
bération; trois,  de  nommer  d'abord  une  commission  préparatoire;  quatre, 
d'écrire  une  simple  lettre  d'observation  au  contrôleur  général,  8c  un  seul  de 
ne  pas  intervenir  du  tout. 

Les  remontrances,  remplissant  dix-sept  pages  de  manuscrit  8c  signées  du 
greffier  Albisson,  partirent  immédiatement  pour  Versailles^. 

La  cour  rappelait  qu'elle  avait  donné  des  preuves  de  sa  soumission  en  enre- 
gistrant l'édit  du  vingtième;  mais  les  privilèges  de  la  Province  suspendus, 
l'assemblée  des  Etats  séparée  par  l'ordre  exprès  de  Sa  Majesté,  l'administra- 
tion changée,  l'édit  du  mois  de  mai,  l'arrêt  du  conseil  du  17  mars,  ne  lui 


'  Le  premier  arccat  général,  Duché,  se  hâta 
d'écrire  au  ministre,  le  jour  même  de  la  délibéra- 
tion des  remontrances,  pour  expliquer  sa  con- 
duite. Le  premier  président  lui  a  dénoncé  l'arrêt 
du  conseil  &  l'a  sommé  d'en  parler  au  semestre 
convoqué  pour  le  surlendemain.  Il  «nroie  copie 
de  la  déclaration  faite  par  lui  ce  jour-là,  devant 
l'assemblée  du  semestre,  déclaration  pleine  de  ré- 
serves personnelles. 

Le  sous-doyen  Fnges,  âgé  de  quatre-vingts  ans, 
.Tvertit  de  son  côté  qu'il  a  été  obligé  de  signer, 
quoique  n'étant  pas  de  l'avis  de  la  majorité,  parce 
qu'il  est  d'usage  que  le  président  &  le  doyen  si- 
gnent, quand  même  la  délibération  a  passé  contre 
leur  gré.  Il  ne  voulait  pas  de  remontrances,  mais 
seulement  une  lettre  qui  représentât  les  raisons  de 
la  cour.  «  Cette  démarche  modérée  pouvolt,  dit-il, 
nous  être  avantageuse  &  jamais  nuisible.  » 

'  Elles  sont  datées  du  |3  avril  ly.Oo.  Voici  un 
document  confidentiel  que  nous  avons  trouvé  dans 
les  papiers  du  contrôleur  général,  aux  archives 
nationales.  Il  donne  une  idée  de  la  surveillance 
très-étroite  qu'exerçait  l'intendant  sur  les  compa- 
gnies judiciaires  &  de  l'activité  de  sa  police  : 


«  Note  de  MM.  qui  ont  été  de  l'avis  des  remon- 
trances sur  tous  les  objets  du  délibéré;  présidents  : 
Bon,  Belleval,  F.Tges  de  Saint-Martial,  Rozier, 
Tremelet,  Espic  de  Liron,  Bocaud.  —  Conseillers: 
Deydé  de  Murviel,  Planiade,  Grasset,  Fargeon, 
Ferran,  de  Saint-Auran  (sauf  l'ordonnance  de 
l'intendant  sur  le  vingtième),  Bosquat,  Deydé 
Vignes  [ui.),  Rosset  (iJ.),  Vassal,  Rolland,  Senes 
(i.i.),  Saize,  Cambacérès,  Maury,  Barthélémy,  Vil- 
levert,  Vezian,  Gouan,  Saubert,  Leguepeys,  Hardy, 
Pas  de  Beaulieu,  Crassous,  Campan,  Mengaud, 
Journet,  Maurin. 

«  Autre  avis  à  nommer  des  commissaires  avant 
de  faire  des  remontrances;  présidents  :  MM.  d'Ai- 
grefeuille,  Joubert.  —  Conseiller  :  Lépine. 

n  Autre  avis  à  écrire  une  lettre  remonstratire  à 
M.  le  contrôleur  général;  président  :  Claris.  — 
Conseillers:  Pages,  sous-doyen,  Reclot,  Hague- 
not. 

K  Seul  avis  à  ne  rien  décider  &  délibérer  :  de 
Ratte,  conseiller.  M.  L.iyrolles,  conseiller,  s'est 
excusé  d'opiner  à  cause  de  sa  surdité'.  » 

'  .Archives  nationales,  H,  1092. 


lyjo 


1098  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

permettaient  plus  de  garder  le  silence.  Elle  affirmait  que  les  privilèges 
méconnus  par  les  commissaires  du  roi  faisaient  partie  du  droit  public  en 
Languedoc,  &  que  nul  corps  judiciaire  n'en  pouvait  contempler  le  sacrifice 
avec  indifférence.  Elle  revenait  sur  les  dispositions  de  l'édit  du  vingtième,  y 
signalant  «  des  obligations  affligeantes  &  ruineuses  pour  les  contribuables, 
«  telles  que  celle  de  joindre  à  la  déclaration  des  biens  les  titres  de  propriété, 
«  de  mettre  au  jour  des  actes  de  partage,  des  actes  secrets  qui  assurent  la  for- 
«  tune  &  la  tranquillité  des  familles,  de  produire  le  détail  exact  8c  séparé 
«  des  différentes  portions  dont  chaque  terre  étoit  composée.  » 

La  cour  aurait  pu,  ajoutaient  les  magistrats,  en  remplissant  le  ministère 
que  Sa  Majesté  lui  a  confié  dans  la  province  de  Languedoc  pour  l'exécution 
des  édits  &  déclarations  de  164g  8i  de  i65g,  suspendre  toute  levée  de  deniers, 
si,  par  respect  &  par  soumission  pour  les  ordres  du  roi,  elle  n'avait  pas  cru 
devoir  se  borner  à  présenter  d'humbles  remontrances. 

Elle  faisait  un  tableau  animé  du  trouble  &  des  alarmes  qu'avait  répandus 
dans  l'esprit  des  peuples  la  séparation  prématurée  des  Etats  81  terminait  par 
un  appel  à  la  bonté  du  monarque  : 

«  Que  la  clémence,  sire,  d'un  roy  bien-aimé,  d'un  roy,  les  délices  de  ses 
«  peuples,  rende  à  ces  mêmes  peuples  consternés  leurs  économes  8c  leurs 
«  pères,  5c  pardonne  à  leurs  sages  administrateurs,  sujets  fidèles,  toujours 
«  soumis  8c  affectionnés  à  votre  personne  sacrée,  ce  qui  auroit  pu  déplaire 
«  à  Votre  Majesté  dans  une  conduite  que  la  religion  du  serment  Se  le  seul 
«  amour  pour  les  peuples  leur  avoit  inspirée.  » 

L'envoi  de  ce  document  produisit  une  vive  irritation  dans  le  ministère 
comme  k  l'intendance.  La  correspondance  échangée  à  cette  occasion  entre 
Montpellier  8c  Versailles  trahit  la  vivacité  du  mécontement  qu'excitait  la 
démarche  de  la  cour.  Le  Nain  écrivait  le  i5  avril  :  u  Le  premier  président, 
«  qui  auroit  dû  calmer  les  esprits,  s'est  conduit,  au  contraire,  avec  beaucoup 
«  de  vivacité.  Il  a  dénoncé  aux  gens  du  roi  l'arrêt  du  conseil  8c  a  requis  leur 
«  ministère,  qu'ils  ont  refusé}  il  a  dressé  lui-même  les  remontrances,  de 
«  concert  avec  les  deux  syndics  de  sa  compagnie,  8c,  dans  les  assemblées  tant 
«  publiques  que  particulières,  il  a  donné  à  penser  qu'il  avoit  grandement  à 
«  cœur  le  succès  de  cette  entreprise  8c  qu'il  en  étoit  l'âme  Se  le  chef.  » 

Deux  jours  après,  muni  de  nouveaux  renseignements,  l'intendant  revient 
h  la  charge  8c  accable  encore  le  premier  président.  «  Suivant  le  rapport  d'un 
«  grand  nombre  de  ces  Messieurs,  dont  plusieurs  sont  ses  amis,  8c  tous  entiè- 
((  rement  dignes  de  foy,  il  a  osé  avancer,  pour  entraîner  les  suffrages  qu'il 
«  craignoit  avec  raison  de  voir  se  partager,  que  M.  le  maréchal  de  Richelieu 
«  8c  moy  approuvions  la  voie  des  remontrances,  qu'il  en  avoit  la  preuve  dans 

u  sa  poche  en  une   lettre  que  M.   le  maréchal  luy  avoit  écrite que   les 

«  ministres  n'attendoient  que  cette  démarche  pour  se  déclarer  en  faveur  des 
«  États.  M.  le  premier  président  a  désavoué  tout  ce  qu'on  lui  fait  direj  il 
«  crie  à  la  calomnie  8c  à  l'imposture;  c'est  ce  qu'il  m'a  dit  à  moy-même  en 
«  employant  les  serments  les  plus  respectables;  c'est  ce  qu'il  a  mandé  à  M.  le 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1099 

n  martclial  de  Pvichelieu.  «  Le  Nain  ajoutait  que  le  maréchal,  instruit  de  ces 
rumeurs,  en  était  vivement  piqué  &  paraissait  dans  le  dessein  de  s'en  plaindre 
hautement  5<.  d'en  demander  justice. 

De  son  côté,  M.  d'Aguesseau,  dont  l'avis  avait  été  réclamé  sur  la  démarche 
de  la  cour,  déclarait  au  contrôleur  général  que  ces  remontrances  pouvaient 
mériter  beaucoup  de  réflexions  dans  tous  les  sens. 

Le  ministre  demanda  des  informations  plus  détaillées  à  l'intendant.  «  Sa 
«  Majesté,  lui  disait-il,  veut  être  éclaircie  complètement.  La  façon  dont  vous 
«  8c  M.  le  maréchal  de  Pvichelieu  avez  été  compromis  dans  les  discours  &  les 
«  démarches  que  l'on  attribue  à  ce  magistrat  peut  vous  servir  d'un  motif  bien 
«  suffisant  pour  vous  porter  à  exiger  ces  éclaircissements  que  vous  pouvez 
«  d'ailleurs  compter  qui  ne  seront  vus  que  du  roy.  « 

En  même  temps,  le  contrôleur  général  adressait  une  lettre  des  plus  sévères 
au  premier  président  : 

«  J'ai  rendu  compte  au  rofdes  remontrances  de  la  cour...  Sa  Majesté  les  a 
«  trouvées  sur  tous  les  points  très-déplacées,  sans  fondement  8c  même  sans 
«  objet.  )i 

Dans  un  développement  qui  ne  remplit  pas  moins  de  onze  pages,  le  con- 
trôleur général  posait  en  principe  que  les  privilèges  des  États  de  Languedoc 
ne  regardaient  en  rien  la  cour  des  comptes,  aides  8c  finances,  limitée  par 
divers  actes  du  pouvoir  souverain  dans  les  bornes  d'une  compétence  précise. 
11  contestait  le  trouble  occasionné  dans  la  Province  par  la  répression  d'une 
résistance  qui  couvrait  d'un  prétexte  de  bien  public  la  défense  d'immunités 
personnelles  8c  sacrifiait  le  bien  général  à  l'esprit  de  corps, 

«  Sa  Majesté,  poursuivait  le  ministre,  vous  charge  aussi  de  faire  entendre 
<i  de  sa  part  à  votre  compagnie  qu'elle  ait  à  se  renfermer  dans  les  bornes  des 
Il  fonctions  qui  lui  sont  confiées,  sans  s'immiscer  dans  ce  qui  peut  regarder 
«  l'administration  générale  8c  économique  de  la  Province,  n'ayant  nul  pou- 
«  voir  ni  autorité  pour  s'en  mêler.  » 

Le  département  militaire  formé  des  deux  pays  de  Vivarais  8c  de  Vêlai,  5c 
comprenant  toute  la  région  montagneuse  qui  s'étend  des  bords  du  Rhône 
jusques  aux  contre-forts  du  mont  Lozère,  était  un  des  commandements  de  la 
Province  les  plus  difficiles  8c  les  plus  laborieux,  par  suite  de  la  mauvaise 
organisation  judiciaire  du  pays,  de  l'impunité  à  peu  près  constante  des  cou- 
pables Se  des  mœurs  violentes  8c  brutales  des  habitants.  M.  de  Châteauneuf, 
chargé  en  1743  du  commandement  de  cette  subdivision,  après  avoir  pendant 
sept  ans  lutté  contre  les  difficultés  de  ses  fonctions,  échangé  d'inutiles  corres- 
pondances avec  l'intendant  8c  le  gouverneur,  &i  fatigué  les  troupes  en  pour- 
suites infructueuses  8c  en  contre-marches  que  l'âpreté  du  sol  8c  le  mauvais  état 
des  chemins  rendaient  plus  particulièrement  pénibles,  prit  le  parti  d'adresser 
au  ministre  placé  à  la  tête  des  affaires  de  Languedoc  une  longue  lettre  con- 
tenant le  résumé  de  ses  observations  8c  présentant  un  tableau  caractéristique 
de  la  situation  du  pays. 

Il  y  exposait  que  se  trouvant  depuis  sept  ans  honoré  du  commandement 


17a' 


17^0 


II 00  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

militaire  en  Vivarais  8c  en  Vêlai,  il  avait  cherclié  à  connaître  par  lui-même 
tous  les  abus  qui  pouvaient  se  commettre  dans  cette  partie  de  la  province  de 
Languedoc,  &<.  qu'il  avait  été  particulièrement  frappé  du  nombre  des  crimes 
Se  de  l'impuissance  de  la  justice. 

Il  Un  peuple  assez  féroce  qui  babite  les  montagnes,  dit-il,  ne  connoît  que 
«  le  premier  mouvement  de  sa  rusticité.  »  Il  explique  avec  quelle  prompti- 
tude les  sentiments  les  plus  rapides  se  traduisent  en  voies  de  fait,  8t  comme 
cbez  ces  gens  à  résolutions  irréfléchies  l'action  suit  toujours  de  près  la  pensée. 
K  Sur  la  moindre  rancune,  ils  se  battent,  ils  se  tuent,  sans  craindre  la  puni- 
«  tion  due  à  leurs  violences.  »  La  justice  des  lieux  ne  prend  qu'une  très- 
légère  connaissance  des  crimes.  Si  elle  se  permet  des  poursuites  8t  que  les 
circonstances  la  favorisent  au  point  de  la  mettre  en  possession  des  coupables, 
la  répression  de  leurs  méfaits  n'en  est  pas  mieux  assurée.  Le  pays  étant 
encore  tout  féodal,  mais  d'une  féodalité  infiniment  morcelée  Se  par  là  même 
impuissante,  les  prisons  juridictionnelles  sont  établies  dans  des  masures  qui 
n'offrent  aucune  garantie  sérieuse,  5c  d'où  les  prévenus  n'ont  aucune  peine  à 
s'échapper.  Que  si  l'on  réussit  à  les  garder,  il  est  presque  toujours  impossible 
d'arriver  à  la  preuve  de  leurs  crimes.  Les  témoins  n'osent  pas  déposer  contre 
les  coupables,  sachant  bien  que  si  l'accusé  sort  de  prison,  ils  sont  assurés 
d'être  assassinés  ou  brûlés  dans  leur  domicile.  Les  exemples  fréquents  de  ces 
sortes  de  vengeances  ont  bien  établi  à  cet  égard  le  système  de  mutisme  des 
habitants. 

M.  de  Châteauneuf  n'hésite  pas  à  rejeter  sur  la  mauvaise  organisation 
judiciaire  de  la  contrée  la  responsabilité  d'une  aussi  déplorable  situation.  Ce 
sont  les  lenteurs  de  la  justice  qui  en  paralysent  l'action,  en  rendent  les  effets 
inutiles  8c  enlèvent  aux  populations  toute  confiance  dans  l'efficacité  de  ses 
arrêts.  «  Dans  ce  pays-ci,  dit-il,  la  justice  ne  se  conduit  pas  comme  dans  le 
«  reste  du  royaume.  )>  11  renouvelle  a  cette  occasion  les  demandes  qu'il  avait 
déjà  exprimées  dans  un  mémoire  adressé  au  chancelier,  tendant  à  rendre  aux 
deux  bailliages  d'Annonay  8c  de  Villeneuve  de  Berg  leur  première  juridiction 
sans  autre  appel  que  celui  du  Parlement,  ou  bien,  si  l'on  ne  voulait  pas 
relever  ces  deux  sièges,  à  en  faire  établir  un  à  Privas,  au  centre  du  Vivarais. 
L'important  était,  d'après  lui,  de  rapprocher  le  tribunal  du  théâtre  ordinaire 
des  crimes,  8t  de  n'être  plus  contraint  à  traduire  les  accusés  devant  la  juridic- 
tion de  Nimes.  L'éloignement  de  ce  tribunal,  rendu  plus  sensible  par  la  dif- 
ficulté des  chemins,  8c  la  longueur  des  formalités  qu'il  fallait  subir  donnaient 
généralement  aux  détenus  le  temps  de  s'évader  de  leurs  prisons. 

Il  exprime  le  regret  que  le  garde-des-sceaux  n'ait  point  jugé  à  propos 
d'avoir  égard  à  ces  plaintes.  Il  voudrait  du  moins,  comme  l'a  demandé  M.  Le 
Nain,  que  l'on  donnât  au  prévôt  de  Vivarais  8c  Velai  un  arrêt  d'attribution 
pour  connaître  8c  juger  de  tous  les  crimes.  C'est  le  seul  moyen  d'abréger  les 
formalités  judiciaires,  tout  en  évitant  les  frais  de  transport  8c  d'escorte. 

L'établissement  de  cette  juridiction  immédiate  8c  incontestée  paraissait 
d'autant  plus  nécessaire  qu'il  s'élevait  souvent  de  très-longues  discussions  sur 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  iioi 

la  compétence  des  diverses  justices,  le  ressort  des  juridictions  seigneuriales 
n'étant  pas  toujours  nettement  déterminé.  Alors  commençaient  des  correspon- 
dances qui  ne  prenaient  point  de  fin.  11  fallait  envoyer  les  pièces  au  chance- 
lier; on  les  oubliait  dans  les  bureaux,  on  négligeait  de  les  retourner.  De  cette 
façon,  un  prisonnier,  arrêté  immédiatement  après  son  crime  Se  qui  eût  mérité 
la  mort  par  un  seul  jugement,  demeurait  souvent  des  années  entières. 

Pendant  la  durée  de  son  commandement,  M.  de  Châteauneuf  avait  fait 
emprisonner  plus  de  soixante  malheureux,  coupables  de  crimes  qui  partout 
ailleurs  les  auraient  fait  mourir  sur  la  roue,  8c  il  n'y  en  avait  pas  eu  six 
de  punis,  tous  les  autres  étant  parvenus  à  se  sauver,  soit  par  évasion,  soit 
par  des  moyens  que  le  lieutenant  général  déclarait  lui  être  parfaitement 
inconnus. 

Au  moment  où  il  adressait  au  ministre  ces  pressantes  réclamations,  il  rete- 
nait au  château  de  Beauregard  une  trentaine  de  prisonniers,  dont  il  pré- 
voyait que  la  plupart  échapperait  à  la  justice,  à  moins  que  l'on  ne  se  décidât 
à  donner  au  prévôt  l'attribution  de  compétence,  l'action  des  juridictions  ordi- 
naires ou  des  présidiaux  étant  complètement  illusoire. 

«  Il  est  triste  pour  moi,  écrivait  en  terminant  M.  de  Châteauneuf,  qu'après 
«  m'être  donné  bien  des  soins  Se  souvent  bien  de  la  peine  pour  établir  la 
«  tranquillité  dans  le  pays,  8<.  après  avoir  fatigué  les  troupes,  il  ne  m'en 
«  reste  que  le  chagrin  de  voir  l'inutilité  de  l'un  &  de  l'autre'.  » 

Là  encore  s'imposait  cette  nécessité  de  réformes  profondes  &  générales  que 
nous  rencontrons  partout  dans  le  cours  de  notre  histoire,  8c  qui  devient  plus 
impérieuse  à  mesure  que  nous  avançons  vers  la  fin  du  siècle.  Sans  doute,  la 
nature  du  pays  8<.  le  caractère  des  habitants  étaient  pour  quelque  chose  dans 
le  triste  état  signalé  par  M.  de  Châteauneuf.  La  création  de  nouveaux  res- 
sorts judiciaires,  permettant  une  surveillance  plus  directe  Si.  une  répression 
plus  prompte,  n'était  pas  non  plus  indifférente.  Mais  qui  ne  voit  que  la 
principale  cause  du  désordre  était  la  persistance  du  régime  féodal  Se  l'anarchie 
impuissante  attachée  à  ce  système!  Pour  rétablir  la  paix  intérieure,  la  sécu- 
rité individuelle  {<,  la  liberté  des  transactions  dans  les  montagnes  du  Vivarais, 
il  ne  fallait  rien  moins  que  la  destruction  du  morcellement  patrimonial  des 
droits  de  l'Etat.  C'est  parce  que  la  justice  était  attachée  à  la  propriété  du  sol 
&c  en  partageait  les  mutations,  c'est  parce  qu'elle  se  trouvait  réduite,  de  fait, 
à  la  perception  de  maigres  revenus,  que  les  criminels  pullulaient  8e  sem- 
blaient se  rire  de  la  loi.  Vainement,  les  petits  seigneurs  de  paroisse  étalaient- 
ils,  en  se  fondant  sur  leurs  titres  héréditaires,  leurs  droits  de  juridiction: 
vainement  énuméraient-ils,  dans  leurs  dénombrements,  les  prisons  à  portes 
vermoulues  qui  existaient  encore  dans  leurs  châteaux  Se  les  fourches  patibu- 
laires, marques  de  dignité  supérieure,  dont  les  abords  de  leurs  villages  étaient 
attristés.  Ces  vaniteuses  prérogatives,  pur  anachronisme,  ne  servaient  qu'à 

■  Cette  lettre  est  datée  de  Toiirnon,   le    2   septembre  17,^0.   (Archives  natlon.iles.  Papiers  du  contràlenr 

général'). 


1760 


17^0 


II02  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

multiplier  les  conflits  Si  laissaient  l'autorité  sans  force  pour  la  protection  de  la 
paix  publique. 

Ces  réflexions  se  faisaient  dans  le  pays;  exprimées  depuis  longtemps  par 
les  juristes,  elles  pénétraient  à  travers  la  France  &  préparaient  cet  irrésistible 
courant  d'opinion  d'où  sont  sortis  les  cahiers  de  1789, 

Malheureusement,  pour  opérer  ces  changements  que  le  bon  sens  réclamait 
&  qui  se  révélaient,  sous  forme  analytique,  à  tous  les  dépositaires  de  la  puis- 
sance royale,  il  aurait  fallu,  dans  les  conseils  du  gouvernement,  une  gravité 
St  une  énergie  dont  la  Cour  ne  semblait  guère  capable.  L'intelligence  ne 
manquait  pas  chez  beaucoup  d'hommes  mêlés  aux  affaires;  mais  par  quelles 
frivolités  n'était-elle  pas  rendue  inutile! 

Un  grave  magistrat,  membre  du  Parlement  de  Toulouse,  occupé  de  solli- 
citer pour  une  compagnie  savante  qui  venait  de  s'organiser  dans  la  capitale 
du  Languedoc  sous  le  nom  d'Académie  des  sciences,  inscriptions  &  belles- 
lettres,  n'écrivait-il  pas  au  secrétaire  de  cette  Société,  sans  le  moindre  souci 
de  l'étrangeté  du  fait  :  «  Enfin,  Monsieur,  j'ai  parlé  à  Madame  de  Pompa- 
«  dour,  &  mon  second  voyage  a  été  plus  heureux  que  !e  premier...  Elle  avoit 
«  ce  matin  toute  la  France  à  sa  toilette'?...  »  Comment  la  déconsidération 
n'aurait-elle  pas  frappé  une  monarchie  qui  donnait  de  pareils  exemples.  Se 
quel  prestige  pouvaient  conserver  aux  yeux  des  peuples  les  actes  d'un  gouver- 
nement où  l'omnipotence  de  la  favorite  était  si  peu  dissimulée? 

L'Académie  de  Toulouse  s'était  constituée  en  1729,  sous  le  titre  de  Société 
des  arts  Se  des  sciences,  par  l'initiative  de  quelques  gens  de  lettres.  Elle  obtint 
de  la  Cour  l'autorisation  de  s'assembler,  grâce  à  la  protection  du  cardinal 
Fleury  ^. 

Favorisée  par  l'assistance  du  corps  capitulaire  qui  lui  accorda  quelques 
fonds,  cette  compagnie  se  constitua  sur  un  plan  tout  nouveau  en  1746  8<  fut 
confirmée  par  lettres  patentes  du  roi  avec  la  qualification  d'Académie  royale 
des  sciences,  inscriptions  S<.  belles-lettres.  Le  roi  s'en  déclara  le  protecteur. 

La  même  année,  la  ville  fonda  un  prix  annuel  de  cinq  cents  livres  pour 
être  distribué,  par  les  soins  des  académiciens,  à  des  ouvrages  de  mathémati- 
ques, de  médecine  S<:  de  littérature. 

L'Académie  était  divisée  en  plusieurs  classes.  Elle  comprenait  d'abord  des 
membres  honoraires,  pris  parmi  les  grands  personnages  de  l'État  &  de  la 
Province.  Le  comte  de  Saint-Florentin,  le  chancelier  Lamoignon,  l'arche- 
vêque de  Toulouse,  le  premier  président,  le  commandant  en  chef  de  la  Pro- 
vince, l'intendant  8*.  le  lieutenant  général,  portaient  cette  qualité. 

Les  capitouls  étaient  associés-nés.  On  comptait  ensuite  des  associés  libres, 
parmi  lesquels  nous  trouvons  les  présidents  de  Nupces,  de  Pardailhan,  de 
Puyvert,  le  sénéchal,  marquis  de  Puyvert,  &  des  associés  libres,  divisés  en 
sept  sections,  pour  la  géométrie,  pour  l'astronomie,  pour  la  mécanique,  pour 

'  Pièces  jusùficativcs,  n.  DCCCLXX,  col.  2i65.        statuts  de  la  société  des  arts  &  des  sciences  de  Tori- 
'  Piicti   junlficativcs,   n.  DCCCLXX,    col.  2144,        loiise,  tirés  des  archives  de  l'académie. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  iio3 

l'anatomie,  pour  la  chimie,  pour  la  botanique,  pour  les  inscriptions  8t  belles- 
lettres.  Des  membres  du  Parlement  &  des  professeurs  remplissaient  la  plupart 
des  places  dans  ces  différentes  sections. 

Enfin,  la  compagnie  avait  des  associés  étrangers,  dont  les  premiers  furent 
Clairault,  Linnée,  l'abbé  de  Guasco  &  Louis  R.acinej  des  adjoints  Si  des  cor- 
respondants, parmi  lesquels  figure  Titon  du  Tillet'. 

Une  fois  constituée,  l'Académie  des  sciences,  inscriptions  Se  belles-lettres  de 
Toulouse  chercha  un  logement  convenable  pour  y  abriter  ses  collections  &  y 
tenir  ses  séances  hebdomadaires.  Il  ne  lui  fut  pas  possible  de  trouver  une 
maison  à  louer  dans  toute  la  ville  où  les  conditions  nécessaires  fussent  rem- 
plies. Alors  plusieurs  académiciens  se  concertèrent  Se,  par  une  cotisation  spon- 
tanée, formèrent  un  premier  tonds  de  douze  mille  livres;  ils  obtinrent  une 
somme  égale  du  conseil  de  ville  le  17  avril  lySo,  Si  jetèrent  les  yeux  sur 
l'ancien  hôtel  de  la  sénéchaussée,  qui  faisait  partie  du  domaine  royal  Si  se 
trouvait  situé  dans  la  rue  du  même  nom,  tout  près  de  l'enceinte  de  la  ville. 
M.  de  Chalvet,  sénéchal  de  Toulouse,  qui  était  membre  de  l'Académie, 
demanda  au  roi  que  la  possession  de  cet  hôtel  fût  séparée  de  sa  charge  Se 
cédée  à  l'Académie,  avec  les  deux  jardins  qui  en  dépendaient.  Cette  combi- 
naison fut  consacrée  par  un  arrêt  du  conseil  du  i3  octobre  1700.  Comme  le 
sénéchal  de  Toulouse,  son  frère  Se  son  père,  revêtus  avant  lui  de  la  même 
dignité,  avaient  fait  des  dépenses  considérables  pour  l'entretien  de  l'hôtel  6c 
pour  certaines  constructions  accessoires,  il  fut  décidé  que  l'Académie  lui 
payerait,  à  titre  de  finance,  une  somme  de  vingt  Se  un  mille  livres.  Se  que, 
pour  reconnaître  les  droits  du  domaine,  elle  ferait  au  trésor  une  rente 
annuelle  de  dix  livres,  ne  pouvant  être  dépossédée  de  son  acquisition  que 
sous  condition  de  remboursement  de  la  finance. 

Le  contrat  fut  passé,  d'après  ces  bases,  le  26  novembre  17^0,  entre  les 
commissaires  du  roi  chargés  de  la  revente  des  biens  du  domaine  Se  les  délé- 
gués de  l'Académie.  Dès  lors,  l'Académie  disposa  de  vastes  locaux,  favorables 
à  ses  desseins.  Elle  put  y  installer  à  l'aise  sa  bibliothèque,  ses  laboratoires, 
ses  instruments  de  mathématiques,  y  faire  ses  observations  d'astronomie  6c 
consacrer  les  deux  jardins  à  la  culture  des  plantes  étrangères  Se  usuelles.  La 
collection  de  marbres  6c  d'inscriptions  antiques  qu'elle  rassembla  dans  ces 
jardins  peut  être  considérée  comme  l'origine  du  Musée  archéologique  de  Tou- 
louse. 

A  peine  en  possession  de  son  logis,  l'Académie  ne  tarda  pas  d'être  inquiétée 
par  le  fermier  des  domaines  de  la  Province,  qui  prétendit  la  soumettre  au 
droit  d'amortissement,  évalué  k  plus  de  quatre  mille  livres.  Il  fit  saisir  les 
revenus  de  la  compagnie,  ainsi  que  les  sommes  qui  lui  étaient  dues,  à  tiircs 
divers,  par  le  trésorier  municipal.  Cette  exigence  donna  lieu  à  de  longues 
contestations  8c  fournit  aux  jurisconsultes  de  l'Académie  l'occasion  d'étaler 
une  exubérante  érudition  sur  la  nature  des  aliénations  domaniales  Se  l'ori- 

*  Almanaeh    historique  &  chronologique  Ae    Languectoc,  I7:j2,  p.  ^42. 


1700 


tl-to 


1104  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

gine  du  droit  d'amortissement.  Ils  étalilirent  que  cet  impôt  n'avait  jamais 
atteint  les  biens  qui  dépemlaient  directement  du  domaine  royal,  Se  qui,  par 
suite  du  caractère  même  de  l'aliénation,  pouvaient  toujours  être  repris  à  leurs 
possesseurs  Si  réincorporés  au  patrimoine  de  la  couronne;  énumérant  d'ailleurs 
un  grand  nombre  d'affranchissements  accordés  par  les  rois  à  diverses  commu- 
nautés ecclésiastiques,  telles  que  la  maison  de  Saint-Cyr,  le  couvent  des 
carmes  déchaussés  du  Désert,  près  Louviers;  l'hôpital  de  la  Charité  de  Selles 
en  Berry,  la  congrégation  de  Carentan,  l'abbaye  de  Marchiennes  en  Flan- 
dres, l'abbaye  de  Saint-Georges  de  Rennes,  le  collège  de  Navarre,  les  domi- 
nicains de  Pamiers,  les  chanoines  de  Vannes,  la  paroisse  de  Saint-Jean  en 
Grève,  à  Paris. 

Cette  jurisprudence  fut  adoptée  par  M.  de  Saint-Priest,  qui,  dans  une 
ordonnance  très-longuement  motivée,  où  il  visait  plus  de  cent  textes  d'actes 
royaux,  d'arrêts  de  la  chambre  des  comptes  &  du  conseil  d'Etat,  depuis  le 
règne  de  Philippe  III  jusqu'à  celui  de  Louis  XV,  écarta  définitivement  les 
prétentions  du  fermier  8c  sauvegarda  les  immunités  de  l'Académie". 

Le  gouvernement  avait  affecté,  dans  les  actes  d'administration  auxquels 
donnait  lieu  la  suspension  des  États,  de  séparer  exactement  la  cause  du  pays 
&  celle  de  l'assemblée  provinciale.  L'arrêt  du  conseil  du  17  mars,  réglant  la 
manière  de  lever  les  impositions  en  Languedoc,  portait  en  propres  termes 
que  Sa  Majesté,  connaissant  l'affection  Se  le  zèle  de  ses  peuples,  voulait  bien 
ne  leur  rien  imputer  des  justes  sujets  de  mécontentement  que  lui  avaient 
donnés  les  membres  des  États  dans  leur  dernière  assemblée;  mais,  comme  le 
bouleversement  général  des  rouages  établis  dans  la  Province  aurait  tout  com- 
promis en  nécessitant  la  formation  d'un  personnel  difficile  à  improviser,  il 
fut  résolu  que  les  trois  syndics  généraux  continueraient  leur  service  sous  la 
direction  de  l'intendant.  Se  qu'au  lieu  de  répondre  de  leur  gestion  aux  gens 
des  trois  ordres,  ils  en  rendraient  compte  à  cet  administrateur. 

L'archevêque  de  Toulouse  saisit  l'occasion  de  cette  mesure  qui  pouvait  mar- 
quer une  sorte  de  concession  aux  usages,  peut-être  un  point  d'arrêt  dans  la 
réforme  projetée,  pour  hasarder  quelques  démarches  auprès  du  contrôleur 
général.  11  écrivit  à  ce  ministre  le  21  octobre  1700  : 

«  Monsieur,  quoyque  le  rétablissement  de  nos  syndics  semble  présenter  de 
«  luy-mesme  un  nouveau  sujet  d'humiliation  pour  les  principaux  membres 
«  des  États  qui  demeurent  toujours  dans  la  disgrâce,  sans  qu'il  leur  soit 
(c  permis  de  se  justifier,  j'aperçois  dans  cet  événement  une  sorte  d'utilité 
«  pour  la  Province.  Permettez-moi  même  de  le  regarder  comme  un  heureux 
«  augure  pour  l'avenir,  8<.  il  n'en  faut  pas  davantage  pour  exciter  de  la  recon- 
«  noissance  dans  mon  cœur,  qu'un  attachement  naturel  pour  votre  personne 
«  rendra  toujours  sensible  à  ce  sentiment.  Quand  voudrez-vous.  Monsieur, 
«  y  mettre  le  comble  par  le  rétablissement  entier  de  l'ordre  ordinaire?  Je  ne 

■  Recueil  des  éJits,  Jédarat'ions,  arrêts  &  ordonnances  pour  In  province  de  Languedoc,  1755.  Ordon- 
nance de  l'inicndiint,  du   10  avril  ly'j.'i. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  iio5 

«  crains  point  de  vous  dire  que  l'intérêt  du  roy,  celuy  de  ses  peuples  8c 
«   l'objet  même  que  vous  vous  proposez  l'exigeroient  également. 

«  Vous  m'avez  imposé  silence  sur  les  affaires  de  cette  infortunée  Province; 
«  ainsi,  je  me  tais,  &  jusqu'à  ce  que  vous  m'ayez  rouvert  la  bouche,  je  m'en 
«  tiendrai  à  profiter  de  toutes  les  occasions  qui  pourront  vous  renouveler  les 
«  assurances  de  l'ancien  8c  sincère  respect  avec  lequel  j'ai  l'honneur  d'être, 
«   Monsieur,  votre  très-humble  Se  très-obéissant  serviteur'.  » 

Le  ministre  ne  se  laissa  point  attendrir  par  ces  marques  d'humilité.  Il  y 
répondit  longuement  Se  non  sans  hauteur.  Le  roi,  en  se  portant  à  ordonner 
que  les  syndics  généraux  de  la  Province  continueraient  de  remplir  sous  la 
direction  de  l'intendant  les  mêmes  fonctions  qu'ils  avaient  exercées  sous 
la  direction  des  États,  n'avait  point  pensé  que  cette  mesure  fût  nécessaire,  ni 
pour  son  service,  ni  pour  le  bien  du  Languedoc.  Il  n'avait  eu  en  vue  que 
l'intérêt  particulier  des  syndics  généraux,  acquéreurs  Se  propriétaires  de  leurs 
charges,  qui  ne  pouvaient  en  être  dépouillés  sans  dédommagement.  La  meil- 
leure indemnité  que  l'on  pouvait  leur  donner  était  de  les  laisser  servir  sous 
l'intendant  comme  ils  avaient  servi  sous  les  Etats  8c  d'utiliser  en  même  temps 
leur  expérience  des  affaires.  D'ailleurs,  le  roi  n'avait  qu'à  se  louer  du  système 
d'administration  directe  :  les  impositions  se  levaient  comme  d'habitude,  le 
service  ne  souffrait  dans  aucune  de  ses  parties.  Si  donc  Sa  Majesté  jugeait  à 
propos  d'accorder  le  rétablissement  des  anciennes  formes,  ce  ne  serait  qu'une 
pure  grâce,  qui  n'aurait  pour  principe  que  la  clémence  8c  l'oubli  du  passé.  Ce 
rétablissement  n'était  nécessaire  ni  au  roi  ni  au  pays;  les  peuples  n'avaient 
rien  à  perdre  au  soin  plus  particulier  que  Sa  Majesté  voulait  bien  prendre  de 
leurs  intérêts*.  Le  contrôleur  général  se  disait  parfaitement  touché  des  com- 
pliments de  l'archevêque,  mais  il  n'oubliait  pas  sa  rancune.  Se  il  ajoutait  : 
«  J'aurois  désiré  que  la  conduite  des  États  eût  été  telle  que  j'eusse  pu  conti- 
«  nuer  de  traiter  avec  vous  des  affaires  de  la  Province'.  » 

Le  ministre  se  vantait,  du  reste,  en  célébrant  l'aisance  du  nouveau  système 
administratif.  L'homme  le  mieux  placé  pour  le  juger  en  connaissance  de 
cause,  Le  Nain,  se  montrait  beaucoup  moins  affirmatif. 

La  suspension  des  Etats  8c  l'attribution  à  l'intendant  des  services  antérieu- 
rement dirigés  par  le  personnel  provincial  avaient  eu  pour  effet  d'accroître 
au  delà  de  toute  mesure  les  travaux  de  l'intendance'*. 

Atteint  d'une  longue  8c  cruelle  maladie,  accablé  d'inquiétudes  par  suite  du 
mauvais  état  de  ses  affaires  personnelles.  Le  Nain  se  plaignait  amèrement  au 
contrôleur  général  des  labeurs  extraordinaires  que  lui  occasionnait  la  révolu- 
tion subite  arrivée  dans  l'administration  de  la  Province.  «  Vous  sentez  aisé- 

'  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  gé~  Nous    le    publions    dans    nos   Pièces   justijicativi s^ 

néral.  n.  DCCCLXVI,  col.  ïiôç. 

'On   trouvera    une  expression  delà   même   idée  '  Pièces  justificatives, n.DCCCVKWii, col   2i()C<. 

dans    un    discours    très-bizarre    prononcé    par    le  *  'i  Mon  travail  ordinaire  est  immense,  écrivait 

procureur   du    roi,  Cortade    Beiou  ,    aux    élections  Le   Nain,  tant   par  l'étcmlue  de  mon   départ-'tTient 

c.ipitulairei  de  1741.  Ce  discours  est  l'apologie  la  que  par  la  variété  des  .nffii ires,  u  (Lcmc  au  toiurC- 

plus    franche    8t    la    plus    naïve    du    despotisme.  l-cur  général). 

xrii.  ,0 


ij-j 


IJOO 


1106  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«   ment,  disait-il,  combien   il   est  pénible  de  marcher  dans  un  chemin  non 

<(   frayé  8i   parsemé  d'épines Je   n'avancerois  rien   que  de  vraisemblable 

Cl  quand  je  dirois  que  ce  travail  force  a  donné  lieu  à  la  cruelle  maladie  que 
<i  j'esssuie  depuis  deux  mois.  Je  n'ay  pas  besoin.  Monsieur,  de  vous  en  faire 
«  une  peinture  touchante  pour  exciter  vos  bontés  qui  m'ont  tant  de  fois  pré- 
«  venu,  &  je  me  flatte  que  vous  les  ferez  éclater  encore  aujourd'huy  en  me 
<(  procurant  un  secours  que  ma  triste  situation  &  celle  de  mes  affaires  parti- 
el culières  me  rendent  plus  nécessaire  que  jamais'.  >> 

Le  ministère  répondit  à  cette  supplique  par  tine  gratification  de  six  mille 
livres,  dont  l'intendant  eut  à  peine  le  temps  de  le  remercier,  car  il  mourut 
presque  subitement  un  mois  après. 

Tout  le  monde  le  croyait  en  convalescence;  il  avait  repris  son  service,  ses 
audiences,  ses  conférences  quotidiennes  avec  les  secrétaires  Se  n'inspirait  plus 
aucune  inquiétude.  Le  28  décembre,  il  travailla  deux  heures  de  suite  dans  la 
matinée  Si  signa  un  assez  grand  nombre  de  lettres.  Sur  les  quatre  heures  de 
l'après-midi,  il  éprouva  un  brusque  malaise  8t  s'affaissa.  Quand  on  courut 
])our  le  relever,  il  n'existait  plus.  Les  secrétaires  de  l'intendance  dépêchèrent 
en  toute  hâte  un  courrier  extraordinaire  à  Versailles.  Le  Nain  laissait  en 
Languedoc  sa  veuve  8c  une  fille.  Madame  de  Pvosière,  qui  partirent  immé- 
diatement pour  Paris. 

L'intendance  de  Languedoc  était  un  héritage  fort  pesant,  à  cause  des  diffi- 
cultés particulières  que  suscitait  la  suspension  des  Etats  &  que  la  maladie  du 
dernier  titulaire  avait  aggravées.  Elle  fut  donnée,  au  mois  de  janvier  lySi,  à 
un  maître  des  requêtes  ordinaires  de  l'hôtel,  Jean-Emmanuel  de  Guignard, 
vicomte  de  Saint-Priest. 

Ce  magistrat,  dont  la  fortune  personnelle  était  médiocre,  témoigna  d'assez 
vives  appréhensions  quand  on  lui  proposa  l'administration  d'une  des  plus 
grandes  provinces  du  royaume.  Il  prévoyait  n'en  pouvoir  supporter  digne- 
ment les  charges.  M.  de  Machault,  contrôleur  général,  lui  donna  «  sa  parole 
(I  positive  »  que  le  roi  l'aiderait  à  soutenir  son  rang.  Sur  cette  assurance,  le 
vicomte  de  Saint-Priest  se  résigna^. 


'  Lettre  autographe  du  4  septembre    1752  (Ar-  général   de   l'intendance,   avec   pouvoir   de  signer 

chives   nationales.  Papiers   du   contrôleur  général),  en   tant  que  de  besoin,  fut  donnée  au  subdélégué 

La   maladie  de   l'intendant   fut  assez  longue,  car  de  Montpellier,  Coulomb,  n  le  sieur  Le  Nain   ne 

il   écrivait,   le   3o   mars    1760   :   «   Le  marquis   de  pouvant,  à  cause  des  accidents  survenus  à  ses  an- 

Puysieulx,  m'a  donné  avis  que  l'infante  d'Espagne  ciennes   playes  occasionnées   par  la   perte  de  son 

doit  passer  par  le  Languedoc  dans  le  mois  de  mai  bras  droit,  vaquer  généralement  à  toutes  les  affai- 

prochain   pour  se   rendre  à  Turin...  il  m'est  im-  res  de   ladite   intendance,  ni   fournir  à  toutes  les 

possible  de  me  rendre  sur  la   frontière,  dans  l'état  signatures,  u 

de  faiblesse   où    je  suis   encore;  »  &  le   18  mai   :  '  Lettre   du    20   septembre    1771    au    contrôleur 

K    Madame  la   duchesse  de  Savoie,  après  avoir  se-  général  (Archives  nationales).  La  promesse  minis- 

journé  hier  en  cette  ville  (Montpellier),  est  partie  térielle   ne  fut  pas  très-régulièrement  tenue;  car 

ce  matin  pour  coucher  à  Nimcs.  J'ay  fait  ma  cour  en    1771,   après   vingt    ans    d'intendance,   Saint- 

à  cette  princesse  du  mieux  qu'il  m'a   été   possible  Priest   avait   fait   en   Languedoc   cent  vingt  mille 

dans  la  situation  où  Je  suis.  »  livres  de  dettes. 

Le  lû  août  lySo,  une  commission  de  subdéicgùé 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1107 

Il  arriva  à  Montpellier  le  12  mars  &  se  mit  immédiatement  à  l'œuvre. 

On  lui  avait  annoncé  qu'il  abordait  une  province  extrêmement  difficile. 
Les  missions  particulières  que  le  ministère  lui  confiait  ne  rendaient  pas  sa 
situation  plus  aisée.  11  s'agissait  de  profiter  du  coup  de  vigueur  sous  lequel 
avaient  ployé  les  États  pour  restreindte,  dans  une  certaine  mesure,  la  domi- 
nation épiscopale,  plus  d'une  fois  dénoncée  par  les  derniers  intendants  comme 
un  des  principaux  obstacles  à  la  bonne  administration.  Il  fallait  modérer  les 
exigences  des  évoques  sur  le  chapitre  des  nouveaux  convertis,  Si,  en  même 
temps,  afin  de  ne  point  fournir  prétexte  à  des  déclamations  sur  l'abandon  de 
la  foi  &c  des  traditions  de  Louis  XIV,  exécuter  la  déclaration  de  1734  8c  faire 
quelques  exemples.  Politique  ambiguë  &  faible,  qui  n'osait  pas  aborder  les 
solutions  vraies  Se  qui,  en  voulant  tout  concilier,  aboutissait  à  des  instruc- 
tions contradictoires  8c  ne  reculait  pas  devant  l'iniquité. 

L'intendant  consacra  les  premiers  mois  de  son  séjour  en  Languedoc  à  s'in- 
former de  toutes  choses,  à  étudier  les  gens,  à  recueillir  des  observations.  Il 
ne  tarda  pas  à  s'apercevoir,  par  quelques  épisodes,  dont  plus  d'un  sanglant, 
qu'on  ne  l'avait  point  trompé  sur  la  situation  particulièrement  délicate  de  la 
Province. 

La  question  des  protestants  ne  cessait  pas  d'être  une  des  grandes  difficultés 
de  l'administration  en  Languedoc.  L'intervention  du  pouvoir  politique  dans 
les  affaires  de  conscience  rencontrait  à  chaque  instant  de  nouveaux  obstacles 
Se  n'était  pas  moins  découragée  par  les  exigences  du  clergé  que  par  la  résis- 
tance des  dissidents. 

Il  fut  décidé  que  des  règles  de  conduite  seraient  concertées  entre  le  com- 
mandant en  chef  8c  l'intendant.  Pour  y  parvenir,  le  vicomte  de  Saint-Priest 
dressa  un  mémoire  de  quarante  pages,  où  étaient  résumées  ses  observations 
Se  ses  idées  particulières  '. 

L'arrivée  de  trente  bataillons  dans  la  Province  8t  la  prochaine  installation 
des  troupes  dans  les  quartiers  déterminés  par  le  comte  de  Montcan  allaient 
permettre  d'appliquer  un  plan  suivi  dont  il  importait  d'arrêter  les  points 
principaux. 

Avant  toutes  choses,  l'intendant  supposait  obtenues  des  évêques  trois  con- 
cessions qu'il  regardait  comme  indispensables  8c  que  l'évêque  de  Montpellier 
avait  promis  de  solliciter  : 

C'était  d'abord  de  n'exiger  des  nouveaux  convertis  demandant  la  bénédic- 
tion nuptiale  ni  abjuration,  ni  profession  de  foi  par  écrit,  mais  une  simple 
déclaration  verbale,  avec  l'assistance  aux  offices  pendant  une  période  à  fixer, 
Se  môme  la  confession  ; 

Ensuite  de  se  relâcher  considérablement  sur  le  temps  des  épreuves  imposées 
aux  couples  mariés  au  Désert,  parce  qu'il  n'était  pas  possible  de  tenir  séparés 
pendant  des  mois  entiers  des  gens  de  la  campagne  qui  avaient  un  ménage 

■  Mémoire  sur  la  manière  de  ie  conduire  relative-  H,  logî.  —  Ce  mémoire  est  divisé  en  quatre  cha- 
ment  au  ritahlissement  de  l'ordre  dans  les  matières  pitres  :  I.  Ministres.  —  II.  Assemblées.  —  III.  Ma- 
de  religion.  Ms.  40  p.  in-f".  Archives  nationales,        ringes.  —  IV.  Baptêmes. 


1701 


lyai 


1108  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

monté  Se  dont  quelques-uns  étaient  déjà  chargés  d'enfants.  On  savait  que 
près  de  trente  mariages  avaient  été  faits  au  Cayla  dans  l'espace  de  quinze 
jours  ou  de  trois  semaines 5 

En  dernier  lieu,  de  ne  pas  donner  sur  les  registres  de  paroisse  le  nom  de 
bâtards  aux  enfants  nés  de  mariages  non  catholiques,  lorsque  ces  enfants 
seraient  présentés  à  l'église  pour  recevoir  le  baptême  ou  le  supplément  de 
cérémonies,  &  se  contenter  d'y  énoncer  simplement  qu'ils  sont  nés  de  tel  & 
de  telle. 

L'intendant  émettait,  à  ce  propos,  quelques  réflexions  sur  l'analogie  du 
baptême  protestant  8c  du  baptême  catholique,  en  se  fondant  sur  les  descrip- 
tions qu'avait  faites  des  baptêmes  au  Désert  l'ancien  ministre  Molines,  récem- 
ment converti.  «  Rien  n'est  moins  équivoque,  disait-il,  que  la  validité  de  ce 
«  baptême,  puisque  on  met  de  l'eau  dans  les  mains  du  ministre  qui  la  répand 
«  sur  la  tête  de  chaque  enfant,  &  que  ce  n'est  point  par  aspersion,  comme  on 
<(  l'a  cru,  que  ce  sacrement  est  conféré.  Dès  lors  tout  semble  se  réduire  à 
«  suppléer  les  cérémonies  de  l'Eglise,  à  quoi  les  nouveaux  convertis  se  prête- 
«  ront  sans  peine,  tandis  qu'on  a  éprouvé  une  résistance  &  une  répugnance 
«  marquée  à  faire  baptiser  les  enfants  qu'ils  assurent  l'avoir  déjà  été.  » 

Saint-Priest  s'en  prend  aux  ministres  de  tout  le  mal  que  lui  donnent  les 
protestants  de  Languedoc.  Il  écrit  à  leur  sujet  :  «  Les  ministres  &c  prédicants 
«  sont  des  pestes  publiques;  il  faut  en  prendre  autant  qu'on  pourra  S<.  en 
«  faire  des  exemples  qui  engagent  ceux  qui  ne  seront  pas  arrêtés  à  sortir -du 
<(  royaume  Se  ôtent  aux  étrangers  de  cette  qualité  le  désir  d'y  rentrer.  »  11 
ajoute  qu'on  a  le  signalement  de  la  plupart  d'entre  eux  &  des  particuliers  qui 
les  reçoivent  dans  leurs  maisons,  8c  il  promet  de  les  faire  surveiller  de  plus 
près.  Mais  il  se  plaint  de  la  mauvaise  volonté  qu'apportent  les  troupes  dans 
cette  besogne,  par  suite,  dit-il,  du  préjugé  qu'elles  ont  de  n'être  pas  faites 
pour  inquiéter  les  gens  de  la  religion.  Il  veut  que  l'on  donne  sérieusement 
la  chasse  aux  ministres,  que  des  instructions  détaillées  soient  remises  aux 
chefs  de  corps  chargés  de  fouiller  le  pays.  Il  juge  indispensable  de  faire  sentir 
aux  commandants  des  régiments  St  même  aux  officiers  subalternes  que  cette 
opération  n'est  pas  un  jeu  Se  qu'on  sévira  contre  ceux  qui  ne  rempliront  pas 
leur  devoir.  Il  insiste  sur  la  nécessité  de  combattre  les  scrupules  d'honneur  des 
militaires,  8c  rappelle  que  le  régiment  de  La  Ferronays  a  su  très-mauvais  gré 
au  chevalier  de  Ponctval,  un  de  ses  capitaines,  pour  avoir  arrêté  le  ministre 
Molines,  ainsi  qu'il  en  avait  pourtant  reçu  l'ordre  du  comte  de  Montcan. 

Il  accuse  plusieurs  officiers  d'avoir  laissé  pénétrer  le  secret  des  opérations; 
les  soldats  protestants,  d'avoir,  par  esprit  de  religion  ou  d'humanité,  donné 
des  avertissements  aux  nouveaux  convertis.  On  devrait,  d'après  lui,  faire 
remettre  au  commandant  en  chef  un  état  par  compagnie  des  officiers  Se  sol- 
dats protestants  placés  sous  ses  ordres,  afin  de  les  éloigner  des  quartiers  sus- 
pects ou  de  les  rendre  responsables  des  indiscrétions  qui  seraient  commises. 
Il  voudrait  enfin  qu'on  défendît  aux  nouveaux  convertis  de  s'engager  dans 
les  troupes  du  roi,  en  cassant  les  engagements  faits,  sans  rendre  l'argent  aux 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1109 

officiers,  ou  bien_  que  l'on  essayât  de  transformer  ces  soldats  en  espions. 
«  L'argent  que  le  roi  leur  feroit  donner  sur  le  fonds  des  amendes  seroit, 
«  dit-il,  très-bien  employé.  » 

Saint-Priest  passe  ensuite  au  chapitre  des  assemblées  &  demande  qu'un 
ban  du  roi  soit  publié  le  dimanche,  dans  les  campagnes,  par  les  troupes.  Il 
voudrait  qu'on  s'attache  à  ménager  des  surprises.  Si  qu'on  ne  se  contente  pas, 
comme  c'était  l'usage,  d'arrêter  des  vieillards  Se  des  bonnes  femmes  sur  les 
chemins.  On  peut  être  assuré  que  toutes  les  personnes  présentes  ont  assisté  à 
l'assemblée.  Se  l'on  doit  prendre  de  préférence  les  personnes  de  marque,  les 
gros  bourgeois,  les  marchands  Se  notables  artisans.  C'est  moins  du  nombre 
que  de  la  qualité  des  prisonniers  qu'il  faut  s'occuper;  on  ne  saurait  que  faire 
d'une  multitude,  qu'il  n'est  ni  humain  ni  praticable  d'envoyer  aux  galères 
ou  aux  maisons  de  force.  Si  les  assemblées  se  multiplient  Se  que  l'usage  des 
armes  soit  nécessaire,  l'intendant  juge  le  point  délicat.  11  propose  une  répar- 
tition graduée  des  balles.  On  commencerait  par  tirer  sur  le  ministre  seul. 
Tirerait-on  ensuite  subsidiairement  sur  les  assistants?  Saint-Priest  pense  que 
cinq  ou  six  personnes  tuées  ou  blessées  feraient  plus  d'impression  que  vingt 
aux  galères;  mais  il  observe  prudemment  que  personne  ne  peut  répondre  des 
suites.  11  ne  serait  pas  surprenant  qu'il  y  eût  quelques  curés  d'assassinés. 
Dans  le  cas  d'assemblées  en  armes  ou  de  tentatives  de  résistance,  on  fait  mar- 
cher les  détachements  avec  ordre  d'ouvrir  le  feu.  On  pourrait  s'occuper  aussi 
d'un  désarmement  général  quand  la  chasse  aux  ministres  serait  terminée,  en 
profitant  des  bruits  de  guerre  étrangère  pour  justifier  l'augmentation  des 
troupes  dans  la  Province. 

L'affaire  des  mariages  inquiète  l'intendant,  qui  ne  dissimule  point  la  gra- 
vité d'un  problème  insoluble.  Suivant  le  style  officiel,  il  appelle  concubinage 
les  unions  que  l'Eglise  catholique  n'a  pas  sanctionnées.  Le  but  à  poursuivre 
n'est  rien  moins  que  de  faire  cesser  une  multitude  de  ces  unions  irrégulières 
Se  de  rendre  légitimes  des  milliers  d'enfants  bâtards  qui,  dans  la  suite,  pour- 
raient être  tentés  de  secouer  le  joug  pour  se  maintenir  dans  les  biens  de  leurs 
pères  que  les  lois  civiles  leur  refusent. 

11  est  désirable  que  les  choses  se  passent  en  douceur;  on  doit  faire  connaître- 
la  volonté  du  roi,  tout  en  usant  d'indulgence;  rappeler  la  déclaration  de  1697 
qui  frappe  les  contraventions  d'amendes  pécuniaires,  Se  celle  de  1724  qui 
prescrit  les  galères  pour  les  hommes  Se  la  prison  perpétuelle  pour  les  femmes; 
réhabiliter  pour  une  fois  tous  les  mariages  existants  Se  sévir  rigoureusement 
pour  les  désobéissances  ultérieures. 

Le  plus  difficile  est  de  contraindre  les  gens  mariés  au  Désert  depuis  certain 
temps  à  recevoir  la  bénédiction  nuptiale.  Il  faut  d'abord  les  connaître.  Les 
officiers  municipaux  des  campagnes,  à  qui  devrait  revenir  le  soin  de  les 
dénoncer,  sont  ineptes  ou  peureux.  Se  la  crainte  d'être  brûlés  les  rend  muets. 
Quelques-uns  même  sont  protestants,  faute  d'y  avoir  trouvé  des  catholiques. 
Saint-Priest  propose  que  les  évêques  chargent  leurs  curés  de  dresser  les  listes, 
avec  promesse  de  ne  pas  les  compromettre;  ces  listes  seraient  remises  aux  offi- 


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lyji 


Il  10  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ciers  de  détachements  qui  conféreraient  en  secret  avec  les  curés.  Mieux,  vau- 
drait encore  envoyer  un  commissaire  intelligent  &  sûr;- mais  la  dépense  en 
sera  grosse.  On  engagerait  les  conjoints  à  se  séparer  temporairement,  pour 
une  période  abrégée,  par  amour  pour  leur  propre  tranquillité,  de  la  légitimité 
de  leurs  enfants  &  par  obéissance  envers  le  roi. 

L'intendant  ne  se  dissimule  pas  d'ailleurs  les  embarras  de  cette  séparation 
qui  crée  bien  des  hypothèses  cruelles.  Passe  encore  pour  les  filles  dont  les 
parents  sont  voisins  &  qui  peuvent  se  retirer  chez  eux;  mais  que  faire  de 
celles  dont  les  familles  habitent  une  paroisse  éloignée,  des  femmes  ayant 
plusieurs  petits  enfants  dont  personne  ne  voudra  se  charger  &  que  l'humanité 
défend  de  mettre  à  la  rue?  Peut-on  laisser  la  jeune  mère  dans  la  maison  de 
son  fiancé,  en  faisant  partir  celui-ci? 

Saint-Priest  propose  de  faire  signifier  aux  ménages  protestants  l'ordre  de  se 
séparer  dans  trois  jours,  à  peine  de  punition  exemplaire  8<.  de  mettre  garnison 
chez  eux,  à  moins  qu'ils  ne  fassent  bénir  leur  mariage  par  le  curé.  «  L'ordre, 
«  dit-il,  n'en  doit  pas  contenir  davantage,  de  peur  que  Messieurs  les  évêques 
«  n'imaginent  qu'on  veut  mettre  la  main  à  l'encensoir.  »  Mais  comme  il  con- 
naît l'aversion  de  la  plupart  des  protestants  contre  leur  curé,  il  demande  que 
l'on  répande  dans  les  communes  un  avertissement  imprimé,  «  sans  en-tête  ni 
«  signature,  »  conçu  à  peu  près  dans  ces  termes  :  «  Le  mariage  étant  un 
c(  sacrement,  les  ministres  de  la  sainte  Eglise  catholique,  apostolique  8c 
«  romaine,  ne  peuvent  le  conférer  qu'à  ceux  qui,  après  avoir  fréquenté 
«  l'église  &  assisté  exactement  au  service  divin,  demanderont  la  bénédiction 
u  nuptiale  à  leur  propre  curé,  répondront  convenablement  aux  interrogations 
«  verbales  qu'il  jugera  k  propos  de  leur  faire  &  satisferont  d'ailleurs  à  ce  qu'il 
«  leur  prescrira.  Il  ne  sera  point  question  d'abjuration  verbale  ni  par  écrit.  » 

En  cas  de  refus,  on  mettrait  un  soldat  en  garnison  à  raison  de  douze  sous 
par  jour;  on  doublerait  au  bout  de  huitaine;  après  quinzaine,  on  lèverait  la 
rarnison  en  arrêtant  le  fiancé,  qui  serait  enfermé  aux  prisons  des  troupes 
jusqu'à  promesse  de  soumission.  Saint-Priest  s'excuse  d'arrêter  seulement 
l'homme,  parce  qu'il  est  le  maître  &  parce  qu'il  est  incapable  de  soigner  les 
enfants. 

Si  les  ménages  séparés  n'ont  pas  d'enfants,  on  les  laissera  tranquilles;  s'ils 
en  ont,  il  faudra  les  exhorter  8c,  en  cas  de  refus,  leur  déclarer  que -le  roi 
va  leur  prendre  leurs  enfants  8c  les  enfermer  dans  des  hôpitaux;  si  l'un  des 
conjoints  refuse,  on  le  mettra  en  prison  en  obtenant  des  évêques  que  l'assis- 
tance à  la  messe  en  prison  tienne  lieu  d'assistance  à  la  messe  de  paroisse. 
Abréger  est  le  point  essentiel. 

Quant  à  ceux  qui  voudraient  s'enfuir,  comme  au  Cayla,  on  les  menacera 
de  saisir  leurs  biens. 

L'intendant  ajoute  que  divers  nouveaux,  convertis  se  sont  plaints  que  leufs 
curés  les  rançonnaient;  on  doit  prier  les  évêques  de  parer  à  cet  abus  dans 
une  occasion  où  il  faut  rendre  tout  facile. 

Ces  mesures  seront-elles  simultanées  ou  successives?  Les  appliquera-t-on 


LIV.  IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  n  1 1 

seulement  après  avoir  donné  la  chasse  aux  ministres  5<  fait  cesser  les  assem- 
blées? Le  roi  en  décidera. 

Pour  les  baptêmes,  une  ordonnance  de  l'intendant  accorde  trois  jours  de 
délai;  on  ert  laissera  passer  six  ou  huit,  8c  puis  on  mettra  garnison. 

Saint-Priest  s'occupe  ensuite  de  l'assistance  des  enfants  aux  instructions  reli- 
gieuses. Une  ordonnance  de  Bernage,  du  i^""  février  172g,  prononçait  contre 
les  parents  récalcitrants  une  amende  de  dix  sols  pour  enfant  8c  par  contra- 
vention ;  la  guerre  empêcha  Le  Nain  de  la  faire  observer;  on  y  reviendra. 

Il  propose  de  laisser  au  curé  la  rédaction  des  extraits  mortuaires  pour  les 
non  catholiques,  sous  prétexte  qu'il  leur  en  coûtera  moins  que  de  les  faire 
dresser  par  le  juge.  Seulement,  ils  seront  obligés  de  déclarer  leur  foi  au  curé, 
qui  inscrira  sur  son  registre,  comme  cela  se  pratique  en  d'autres  provinces, 
que  tel  particulier  n'ayant  pas  rempli  ses  devoirs  catholiques  a  été  enterré 
dans  son  champ. 

Le  dernier  article  du  mémoire  était  relatif  à  la  compétence  des  autorités  de 
la  Province.  Quand  le  maréchal  de  Richelieu  est  en  Languedoc,  il  joint  aux 
attributions  ordinaires  de  commandant  en  chef  celle  des  matières  de  religion. 
En  son  absence,  l'autorité  est  partagée  entre  Montcan  8c  l'intendant,  l'inten- 
dant ayant  la  juridiction  8c  le  commandant  l'exécution.  Saint-Priest  deman- 
dait que  leurs  rapports  fussent  définis. 

Le  maréchal  de  Richelieu  annota  les  points  principaux  de  ce  mémoire'.  Il 
admettait  comme  indispensables  les  trois  conditions  préalables  indiquées  par 
l'intendant  &c  pensait  qu'une  nouvelle  déclaration  du  roi  était  opportune 
pour  bien  définir  la  situation  légale  des  réformés.  A  son  avis,  l'impunité  dont 
ils  avaient  joui  Se  la  tolérance  forcée  occasionnée  par  la  guerre  les  avaient, 
pour  ainsi  dire,  séduits  8c  portés  aux  démarches  que  l'on  voulait  maintenant 
réprimer.  Il  croyait  de  l'intérêt  du  roi  de  les  détromper  &i  de  chercher  à  les 
ramener  avant  que  de  les  punir. 

Il  revendiquait  absolument  pour  les  commandants  militaires  des  arrondis- 
sements toutes  les  mesures  concernant  la  chasse  à  donner  aux  ministres,  en 
insistant  sur  les  attentions  à  avoir  8c  sur  les  précautions  à  prendre  pour  mener 
à  bien  une  besogne  aussi  délicate. 

Il  repoussait  d'une  façon  péremptoire  l'idée  de  prohiber  les  engagements  de 
protestants  dans  les  troupes.  «  Cette  défense,  dit-il,  n'est  point  proposable.  » 

Le  point  le  plus  critique  lui  paraissait  être  l'article  des  mariages,  surtout 
celui  des  mariages  à  réhabiliter,  cette  réhabilitation  ne  pouvant  manquer  de 
rencontrer,  dans  l'exécution,  les  difficultés  les  plus  graves,  8c  il  ajoutait  ;  «  Je 
«  ne  vois  que  la  très-grande  indulgence  des  évêques  qui  puisse  aider  à  aplanir 
<i  partie  des  obstacles,  qui,  sans  cela,  se  multiplieront.  »  Il  encourageait  l'idée 
de  faire  faire  secrètement  les  listes  par  les  curés  :  «  Cela  flattera  les  évêques, 
«  8c  pourra  peut-être  les  rendre  moins  rigoureux.  »  Mais  il  rejetait  entière- 

'  Archive»  nationales.  H,  lopS  (?).  —  Otserva-  Richelieu  par  M.  l'intendant,  relativement  aux 
tions  sur  le  mémoire  adressé  à  M.  le  maréchal  da       affaires  des  nouveaux  conyertis.  Ms,  7  p.  in-f°. 


lyi)! 


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I  n  I  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ment  l'envoi  de  commissaires  spéciaux  qui  seraient  «  des  espèces  d'inquisi- 
«  teurs  11  £<  qui  eftaroucheraient  £<.  indisposeraient  les  intéressés,  en  outre- 
passant leurs  pouvoirs. 

Le  maréchal  observait  d'ailleurs  qu'il  n'était  pas  possible  d'adopter  une 
règle  unique  &  d'arrêter  d'avance  un  plan  fixe.  Ce  qui  suffirait  dans  le  plat 
pays  serait  à  coup  sûr  inefficace  dans  les  hautes  Cévennes. 

Quant  à  l'instruction  religieuse  des  enfants,  aux  sépultures,  aux  apostats, 
ce  n'était  pas  le  moment  d'en  parler  :  «  Il  seroit  dangereux  d'avoir  tant  de 
«  choses  à  demander  à  ces  gens-là;  nous  ne  devons  pas  chercher  à  multiplier 
«  les  occasions  de  sévir  contre  eux.  » 

Quant  à  la  division  d'autorité,  voici  comment  Pvichelieu  l'entendait  :  l'in- 
tendant ordonne  ce  qu'il  juge  à  propos  sur  les  matières  de  religion,  8<.  il  se 
sert  des  moyens  qu'il  a  en  main;  lorsque  ces  moyens  ne  suffisent  pas,  il  a 
recours  au  commandant  en  chef,  qui  envoie  ses  ordres.  Les  officiers  ne  doi- 
vent, dans  aucun  cas,  recevoir  les  ordres  de  l'intendant.  Le  commandant  de 
la  Province,  en  l'absence  du  maréchal,  n'a  rien  à  prescrire  aux  nouveaux 
convertis  sur  le  chapitre  des  baptêmes  &  des  mariages. 

Le  maréchal  demandait  les  plus  grands  ménagements  relativement  aux  avis 
donnés  aux  officiers  par  les  subdélégués  ou  autres  préposés  de  l'intendance. 

II  se  défiait  de  leur  zèle  ou  de  leurs  inimitiés  particulières  8c  craignait  des 
abus  d'intervention.  Aussi  posait-il  en  principe  que  les  troupes  ne  devaient 
jamais  être  mises  en  mouvement  à.  l'insu  du  commandant  en  chef,  saut  les 
cas  pressés;  mais  il  n'en  reconnaissait  pas  d'autres  que  les  occasions  de  sur- 
prendre des  ministres;  &i,  à  cet  égard,  il  se  reportait  à  l'instruction  générale 
qu'il  avait  déjà  adressée  aux  officiers  pour  y  pourvoir. 

Il  y  eut,  au  mois  d'avril  lyâi,  une  petite  émeute  à  Pézénas  à  l'occasion  de 
l'élection  d'un  curé.  Les  molinistes  craignirent  qu'on  ne  choisît  un  appelant, 
8i  se  donnèrent  du  mouvement  pour  l'empêcher.  «  Il  n'est  pas  hors  de  vrai- 
«  semblance,  observa  Saint-Priest,  que  ce  ne  soient  les  premiers  qui  aient 
«  intéressé  le  peuple  &  occasionné  le  scandale.  »  L'intendant  instruisit  l'af- 
faire, avec  le  dessein  arrêté  de  punir  légèrement  &  de  faire  plus  de  bruit  que 
de  mal  ' . 

Un  accident  terrible  affligea,  le  3i  mai  lySi,  la  petite  commune  de  Chas- 
puzac,  en  Vêlai,  dans  le  bassin  de  la  Borne,  affluent  de  la  Loire  qui  mar- 
quait la  frontière  d'Auvergne.  Toute  la  population  de  cette  paroisse  s'était 
rendue  en  procession  au  Puy,  à  l'occasion  du  jubilé.  Se  se  trouvait  réunie 
dans  la  chapelle  de  l'hôpital  général  quand  les  charpentes  vermoulues  de 
cet  édifice  s'écroulèrent.  Soixante  &  onze  personnes  furent  écrasées  sous  les 
ruines  8c  l'on  releva  quarante-deux  blessés*. 

Diverses  calamités  publiques  frappèrent  aussi  le  haut  Languedoc,  le  Gé- 
vaudan  8c  le  Vivarais. 


•  Archives  naiionnUs.  Pupltri  du  contrôleur  gé-  '  Lettre  de  l'intendant,  du  ii  juin  lyjr. 

ncral. 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  iii3 

Dans  le  haut  Languedoc,  les  coteaux  du  Lauragais  furent  particulière- 
ment maltraités.  On  voit  par  un  placet  qu'envoyèrent  le  26  août  à  M.  de 
Machault,  contrôleur  général,  les  curés  &  consuls  d'Aiguesvives,  Sainte- 
Colombe,  Donneville,  Baziége,  Deyme,  Montgiscard,  Pompertuzat,  Saint- 
Léon,  Montesquieu,  Villefranche,  Seyre,  Vieillevigne,  Gardouch,  que  les 
récoltes  étaient  à  peu  près  nulles  dans  cette  contrée  81  que  l'on  n'y  avait 
même  pas  de  grains  pour  les  semences.  «  De  mémoire  d'homme,  écrivent  les 
M  suppliants,  nous  n'avions  envisagé  une  année  aussi  disetteuse'.  » 

En  Vivarais,  il  y  eut  de  grandes  pluies,  des  grêles,  des  inondations  qui 
emportèrent  la  terre  végétale  sur  les  pentes,  dégradèrent  les  chemins,  détrui- 
sirent des  moulins  8t  des  ponts,  interrompirent  la  marche  des  courriers  du 
haut  Languedoc  &  jetèrent  la  ruine  dans  plusieurs  communes^. 

Le  Gévaudan  avait  souffert  deux  années  successives  de  stérilité.  En  1749  8< 
1730,  on  y  recueillit  une  si  faible  quantité  de  grains  qu'ils  étaient  consommés 
au  mois  de  mai.  Quinze  mille  quintaux  de  blé  envoyés  par  l'intendant  suffi- 
rent à  peine  à  faire  vivre  le  pays.  La  distance  8c  la  difficulté  des  transports 
surélevèrent  les  prix,  8<  les  comptes  d'achat  &  de  frais  atteignirent  près  de 
deux  cent  mille  livres.  On  vendit  ces  grains  avec  un  cinquième  de  perte  pour 
les  rendre  accessibles  au  peuple,  sans  pouvoir  le  soulager  efficacement.  Beau- 
coup d'habitants  furent  contraints  de  vendre  leurs  bestiaux,  de  dégrader  leurs 
bois  &  d'épuiser  leurs  ressoinces. 

Dans  les  environs  de  Langogne,  de  Châteauneuf  8t  de  la  comté  de  Peyre, 
les  seigles  manquèrent  presque  entièrement,  comme  les  châtaignes,  principale 
nourriture  d'une  trentaine  de  paroisses  cévenoles.  Les  Auvergnats  limitrophes 
qui,  chaque  année,  venaient  au  mois  d'octobre  prêter  main  forte  à  leurs  voi- 
sins des  Cévennes,  n'eurent  point  d'ouvrage.  On  ne  savait  à  quel  moyen 
recourir  pour  empêcher  la  disette.  Les  grains  étaient  presque  aussi  chers  en 
Auvergne  qu'en  Gévaudan,  8c  quant  à  faire  venir  des  blés  de  Bourgogne, 
l'entreprise  était  au-dessus  des  forces  du  commerce  local. 

Un  mémoire  envoyé  par  l'évêque  de  Mende  au  syndic  général  Joubert 
nous  apprend  que  la  maladie  des  bêtes  à  laine  sévissait  encore  dans  le  pays 
8c  que  les  fabriques  d'étoft'es  y  étaient  en  détresse. 

On  ne  s'accordait  pas  sur  les  causes  de  l'épizootie  :  les  uns  l'attribuaient 
aux  brouillards  de  l'année  précédente;  les  autres,  au  sable  que  les  inonda- 
tions avaient  jeté  dans  les  prairies;  les  autres,  à  la  mauvaise  qualité  du  sel 
employé  en  Gévaudan.  Depuis  que  les  fermiers  généraux  avaient  obtenu  du 
conseil  la  permission  de  substituer  au  sel  de  Peccais  celui  de  Sijean  8c  de 
Peyriac,  les  troupeaux  dépérissaient  de  jour  en  jour.  On  comptait  que  le 
nombre  des  bêtes  à  laine  avait  diminué  presque  de  moitié. 

Quant  aux  étoffes,  les  prix  en  étaient  fort  ravalés  depuis  six  mois;  la  con- 
sommation était  amoindrie.  Les  marchands  qui  avaient  vendu  beaucoup  de 

'  Archives  nationales,  H,  p.  1094.  "  Correspontîance  ie  l'intendant.  Lettres  du  i5 

&  du  zo  octobre  17Ô1. 


j-^^ II 14  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

laines  à  crédit,  au-dessus  de  leur  valeur,  même  des  laines  prohibées,  telles 
que  celles  de  Barbarie,  rappelaient  avec  rigueur  des  engagements  que  la 
misère  empêchait  de  tenir.  La  bourse  de  Montpellier  était  encombrée  de 
leurs  appointements.  On  citait  certains  négociants  qui  avaient  obtenu  plus 
de  trois  cents  condamnations. 

Pour  comble  de  misère,  les  dépenses  occasionnées  par  les  achats  de  blé 
avaient  augmenté  les  impositions  de  quarante  mille  livres'. 

En  temps  normal,  ces  représentations  auraient  été  portées  devant  l'assem- 
blée provinciale;  mais  l'arrêt  de  suspension  qui  pesait  encore  sur  elle  ne  le 
permit  pas. 

Au  moment  où  commençait  d'ordinaire  la  session,  les  principaux  intéressés 
s'inquiétèrent  des  dispositions  du  gouvernement,  qui  demeurait  impassible. 

L'archevêque  de  Toulouse  écrivit  à  ce  propos  au  contrôleur  général  :  «Voici 
«  des  jours  de  grâce  &  de  faveur,  Se  voici  l'approche  du  temps  où  s'assem- 
«  blent  ordinairement  les  États.  La  joie  de  cette  infortunée  Province,  qui  le 
«  dispute  en  vivacité  à  toute  autre,  sera-t-elle  la  seule  troublée  par  la  conti- 
«  nuation  du  malheur  de  sa  disgrâce,  81  seroit-il  possible  que  dans  les  cir- 
«  constances  les  plus  propres  à  déterminer  l'effet  de  l'espérance  dont  elle  a 
«  été  flattée  que  cette  année  mettroit  fin  à  ses  maux,  elle  s'en  vît  encore 
«  frustrée?  » 

Au  commencement  de  l'année  lySî,  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  perdit 
son  directeur  des  travaux  publics,  M.  de  Carney,  gendre  de  M.  de  Clapiers, 
ingénieur  de  réputation  qui  avait  autrefois  centralisé  dans  ses  mains  la  direc- 
tion générale  des  travaux  de  la  Province.  M.  de  Carney  était  le  fils  d'un  gen- 
tilhomme irlandais,  capitaine  de  cavalerie  dès  l'âge  de  seize  ans,  qui  avait 
quitté  son  pays  pour  suivre  le  roi  Jacques  8c  qui  servit  sous  le  nom  de  che- 
valier de  Carney  dans  le  régiment  étranger  de  Dillon.  Il  y  avait  le  grade  de 
lieutenant-colonel,  8c  prit  part  à  toutes  les  campagnes  de  Louis  XIV.  Il  eut 
aussi  un  commandement  dans  les  Cévennes,  où,  s'il  faut  en  croire  le  témoi- 
gnage de  sa  fille,  il  sut  contenir  les  protestants  par  sa  fermeté  8c  se  concilier 
l'estime  générale. 

Les  directeurs  des  travaux  publics  des  deux  autres  sénéchaussées  étaient 
Pitot  à  Nimes,  8c  Garipuy  à  Montpellier.  La  veuve  de  l'ingénieur  Carney, 
que  la  perte  de  son  mari  laissait  sans  ressources,  chargée  de  six  enfants,  8c 
qui  souhaitait  la  survivance  de  la  direction  pour  l'un  de  ses  fils,  adressa  une 
longue  requête  au  contrôleur  général ,  où  elle  rappelait  les  services  rendus 
par  son  père  à  la  Province  pendant  quarante  années  avec  un  désintéressement 
Se  un  zèle  reconnus  de  tout  le  monde.  Elle  annonçait  que  les  deux  directeurs 
consentiraient  à  faire  le  service  jusqu'à  la  majorité  de  son  fils. 

L'archevêque  de  Toulouse  appuya  cette  supplique  8c  ne  négligea  pas  l'oc- 
casion de  rappeler  au  ministre  la  situation  anormale  de  la  Province.  Le  roi 

'  Butletîn  Je  îa  société  d'agriculture,  industrie,  p.  4i5.  Documents  communiqués  par  M.  l'abbs 
sciences  &  arts  du  département  de  la  Loil-rc,  XIII,        Bosse,  tirés  des  archives  de  l'hospice  de  Mende. 


1762 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV. 


1110 


1752 


ne  pouvait  méconnaître  combien  il  importait  à  ses  intérêts  d'y  mettre  fin. 
En  partageant  l'emploi  vacant  entre  les  directeurs  des  deux  sénéchaussées,  on 
épargnerait  au  pays  de  Languedoc  une  inutile  humiliation  '.  Cette  proposi- 
tion fut  agréée,  Si  le  gouvernement  ne  nomma  point  d'ingénieur. 

Malgré  l'adoucissement  notable  des  mœurs  publiques  8c  les  progrès  que 
faisaient  journellement  en  France  les  idées  de  tolérance  religieuse,  l'admi- 
nistration provinciale  ne  s'écartait  pas  en  Languedoc  des  procédés  rigoureux 
dont  M.  de  Bâville  avait,  pour  ainsi  dire,  créé  la  tradition  *,  Bien  que  les 
Cévennes  fussent  depuis  longtemps  pacifiées,  la  surveillance  des  protestants 
tenait  toujours  une  grande  place  dans  les  préoccupations  de  l'intendance,  ik, 
comme  au  temps  de  Louvois,  des  troupes  de  cavaliers  battaient  encore  la 
campagne  aussitôt  qu'une  assemblée  au  Désert  était  dénoncée.  Loin  de  décou- 
rager les  tentatives  de  culte  public  chez  les  réformés,  cette  persécution  con- 
tinue entretenait,  au  contraire,  une  exaltation  plus  vive.  Comme  au  temps 
des  camisards,  «  la  colombe  fidèle  »  savait  retrouver  la  fente  de  ses  rochers, 
&(.  des  populations  entières  allaient  écouter  au  milieu  des  montagnes  la  voix 
des  ministres  de  l'Evangile. 

Le  3o  janvier,  une  assemblée  fut  teniie  dans  les  environs  du  Vigan;  le 


•  Piètes  justi/icatives,  n.  DCCCXXVIII,  col.  2 1 97. 

'  Voici  quelques  extraits  du  journal  manuscrit 
de  Pierre  Barthès,  conservé  à  la  bibliothèque  de 
Toulouse,  contenant  des  particularités  intéressan- 
tes sur  l'état  des  protestants  : 

Année  i-jiB.  —  Le  6' janvier  lySS  mourut  en 
couches  la  femme  d'un  procureur  au  parlement 
nommé  Clauzade,  à  la  rue  Vêlant;  elle  estoit  hu- 
guenotte,  &  son  mari  aussy,  n'ayant  peu  être  con- 
vertie par  les  soins  &  les  remonstrances  de  M.  le 
vicaire  de  Saint-Etienne,  ny  par  les  exhortations 
des  vicaires  généraux  :  ces  Messieurs  en  ayant 
fait  leur  rapport  à  Monseigneur  l'Archevêque,  Sa 
Grandeur  s'y  rendit  le  soir  incognito  avec  M.  le 
prcvost  &  son  aumônier.  Étant  monté  à  la  cham- 
bre de  la  malade,  il  trouva  qu'elle  rendoit  l'esprit. 
L'archevêque  ayant  pris  à  part  le  mary,  l'interro- 
gea sur  la  conduite  passée  de  son  épouse  &  luy 
promit  d'en  faire  un  exemple  public  en  faisant 
traîner  par  la  ville  le  cadavre  de  sa  femme.  On 
mit  dans  le  moment  des  gardes  à  la  porte  de  sa 
maison  qui  y  restèrent  deux  jours.  Cependant  à 
1.1  sollicitation  des  puissances  qui  s'intéressèrent 
en  faveur  du  mary,  il  obtint  par  grâce  spéciale 
de  la  faire  enterrer  avec  l'enfant  mort  dans  son 
sein,  8c  fut  transportée  sur  un  chariot  au  chemin 
de  Montaudran  dans  un  fossé  près  la  métairie  de 
M.  Glassier,  ledit  chariot  escorté  par  quatre  sol- 
dats du  guet.  {Heures  perdues,  I,  p.  3.) 

Année  iTJi-  Mai.  —  Le  29,  sur  le  soir,  la  ma- 
r^-haussée  amena  dans  les  prisons  du  sénéchal  un 
homme,  garde   au    bois   de    la    Grésigne,    du    côté 


d'Albi,  qui  se  méloit  des  choses  sacrées  &  surtout 
d'épouser  les  huguenots  dans  une  petite  paroisse 
du  lieu  de  Pechcelsis  (Puycelsi)  appelée  Sainte- 
Catherine.  Ce  garde  travesti  s'appelle  Alexandre 
Bounoneit,  on  luy  a  confronté  plusieurs  person- 
nes de  la  R.  P.  R.  qu'il  avait  conjoint,  &  on  croit 
que  son  affaire  est  très-mauvaise.  (Heures  perdues, 
I.  p.  95.) 

Août,  —  Le  6*  de  c«  mois,  la  maréchaussée 
amena  sous  une  bonne  escorte  M'  Pierre  Cazal, 
curé  de  Sainte-Catherine  de  Mourens  au  diocèse 
d'Alby,  dans  les  prisons  du  sénéchal  de  cette  ville. 
C'est  le  curé  qui,  d'intelligence  avec  le  garde-bois 
appelé  Bounoneit  qu'on  amena  le  29''  du  mois  de 
may  dans  les  mêmes  prisons,  marioit  les  hugue- 
nots de  ce  pays  là,  où  ce  garde  faisoit  l'office  de 
prêtre.  (P.   100.) 

Ce  Bounoneit  ayant  essayé  de  s'échapper  des 
prisons  en  passant  par  les  lieux  d'aisance,  avec 
deux  autres  prisonniers,  y  périt  étouffé  dans  la 
nuit  du  4  au  5  septembre. 

Année  1745.  May.  —  Le  4"  de  ce  mois,  entre  3 
&  4  heures  de  l'après-midi,  on  effigia  par  la  main 
du  bourreau  un  homme  de  cette  ville,  nommé 
Guillaume  Delrieu,  maître  imprimeur;  il  i  été 
condamné  comme  contumax  par  arrêt  du  par- 
lement aux  galèies  perpétuelles  pour  avoir  été 
convaincu  d'avoir  imprimé  des  livres  pour  les 
huguenots,  lesquels  exemplaires  furent  brûlés  pu- 
bliquement dans  la  cour  du  palais  par  l'exécuteur 
&  ses  valets,  la  maréchaussée  y  étant;  ses  biens 
ont  été  confisqués  &  luy  rendu  infâme.  (I,  p.  167.) 


1751 


iii6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ministre  Bénézct  y  prcclia;  la  solitude  sauvage  où  l'on  avait  convoqué  la  réu- 
nion n'était  pas  tellement  reculée  que  le  mystère  en  pût  demeurer  impéné- 
trable. A  la  première  nouvelle  d'une  aussi  grave  infraction  aux  ordres  du  roi, 
un  détachement  des  dragons  de  La  Ferronays,  alors  en  quartier  au  Vigan,  fut 
expédié  en  toute  hâte  pour  donner  la  chasse  aux  fanatiques.  Il  arriva  trop 
tard  pour  les  surprendre,  mais  ne  perdit  pas  tout  à  fait  sa  peine,  car,  sur  sa 
route,  il  arrêta  le  prédicant  qui  rentrait  en  ville.  Aux  premières  questions 
qui  lui  furent  adressées,  Bénézet  répondit  par  l'aveu  formel  de  sa  qualité  Si 
des  fonctions  qu'il  venait  de  remplir.  Le  comte  de  Montcan  le  fit  aussitôt 
conduire  dans  les  prisons  de  la  citadelle  de  Montpellier,  Se  M.  de  Saint-Priest 
se  hâta  d'en  donner  avis  au  secrétaire  d'Etat.  Il  termina  sa  lettre  par  cette 
phrase  :  «  Je  souhaite.  Monseigneur,  de  pouvoir  acquérir  des  preuves  suffi- 
«  santés  contre  ce  prédicant  pour  faire  un  exemple  dont  nous  avons  grand 
«   besoin  '.  » 

Il  ne  fut  point  difficile  d'avoir  ces  preuves,  l'accusé  affirmant  lui-même 
avec  énergie  sa  profession  religieuse.  Alors  l'intendant  recourut  au  comte  de 
Saint-Florentin  pour  obtenir  du  roi  l'autorisation  de  faire  le  procès  au  pri- 
sonnier, suivant  les  usages  de  la  juridiction  exceptionnelle  qui  avait  été  créée 
pour  les  coupables  de  cette  nature^. 

En  même  temps,  il  redoublait  de  vigilance  pour  assurer  une  autre  capture 
qui  lui  tenait  plus  à  cœur.  Le  petit  pays  de  la  Vannage,  fidèle  à  ses  tradi- 
tions intimes  &  jaloux  de  renouveler  le  nom  de  vallée  de  Chanaan  qu'il  avait 
autrefois  porté  dans  le  langage  biblique  des  enfants  de  Dieu,  abritait  depuis 
longtemps  un  fameux  ministre,  nommé  Fléchier.  Grâce  au  zèle  de  ce  prédi- 
cant 8t  à  l'autorité  qu'il  s'était  acquise,  les  assemblées  s'y  multipliaient  sur 
sa  convocation.  Il  en  était  l'orateur  &.  le  pontife;  le  dévouement  des  familles 
qui  lui  prêtaient  asile  le  garantit  pendant  plusieurs  années  de  toute  rencontre 
funeste.  Mais  enfin,  le  i8  mars,  les  agents  royaux  furent  avertis  de  sa  pré- 
sence dans  le  petit  bourg  de  Marsillargues,  entre  Lunel  Si  Vauvert.  A  deux 
heures  du  matin,  on  força  son  domicile  &  l'on  s'empara  de  sa  personne.  Il 
fut  conduit  le  même  jour  à  la  citadelle  de  Montpellier  avec  trois  de  ses  core- 
ligionnaires, accusés  de  lui  avoir  donné  retraite. 

Cette  nouvelle  rigueur  jeta  une  profonde  consternation  parmi  les  protes- 
tants du  pays.  L'intendant  n'oublia  pas  de  signaler  à  la  Cour  cette  impres- 
sion salutaire,  tout  en  paraissant  douter  qu'elle  pût  être  assez  forte  pour  les 
contenir  dans  leur  devoir  Si  les  ramener  à  l'obéissance^. 

Le  27  mars,  la  procédure  de  Bénézet  se  trouva  complète.  On  le  condamna 
à  mort.  Il  fut  exécuté  le  même  jour,  sans  aucune  émotion  populaire,  &  ne  se 
départit  point  devant  le  bourreau  de  la  constance  qu'il  avait  conservée  dans 
sa  prison. 

M.  de  Saint-Priest  attachait  tant  d'importance  à  cette  scène  sanglante  qu'il 

'  Lettre  An  8  février  1752.  Archives  nationales.  '  Lettre  du  9  février  lySi. 

Laiigviedot.  3  Lettre  du  20  mars. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1117 

envova  dans  la  journce  deux  dépêches  au  ministère,  l'une  pour  notifier  le 
jugement,  l'autre  pour  annoncer  l'exécution.  Sa  seconde  lettre  rendait  ainsi 
témoignage  de  l'énergie  du  condamné  :  «  Il  est  mort  en  vrai  fanatique  &  avec 
«  une  obstination  marquée  dans  ses  erreurs',  n 

Cependant,  le  gouvernement  songeait  à  relever  les  Etats  de  Languedoc  de 
leur  suspension  8c  à  leur  rendre  un  rôle  actif  dans  l'administration  de  la  Pro- 
vince. Avis  en  fut  donné  à  Saint-Priest  dès  le  commencement  de  l'année  lySî, 
sous  forme  de  communication  confidentielle.  L'intendant  s'en  montra  ravi. 
«  J'ai  débuté,  disait-il,  en  Languedoc  par  la  plus  cruelle  de  toutes  les 
«  années.  »  Il  s'applaudissait  de  voir  reconstituer  un  mécanisme  qui  allégeait 
sa  charge  &  qui,  placé  en  mains  sûres,  ne  présentait  aucun  danger  pour 
l'autorité  royale.  Il  remercia  le  ministre  de  ses  informations  &  l'assura  que  le 
rétablissement  de  l'assemblée  provinciale  était  fort  désiré  dans  le  pays,  sur- 
tout par  l'archevêque  de  Toulouse;  mais  il  fit  ressortir  l'utilité  de  profiter  de 
l'occasion  pour  dresser  un  bon  règlement  sur  les  dépenses,  les  personnages 
des  hauts  bancs  se  montrant  trop  disposés  à  des  complaisances  réciproques, 
véritablement  contraires  aux  règles  d'une  sage  économie. 

M.  de  Grillon,  archevêque  de  Narbonne,  étant  mort,  &  la  présidence  des 
États  devenue  vacante  par  son  décès,  l'intendant  insista  auprès  du  ministère 
sur  la  nécessité  de  prendre  les  plus  fortes  garanties  de  son  futur  successeur. 
En  effet,  l'usage  donnait  au  métropolitain  de  Narbonne  une  telle  influence 
sur  l'assemblée  Si  sur  le  personnel  permanent  chargé  de  tous  les  travaux, 
qu'avec  la  connivence  de  ce  puissant  dignitaire  on  était  maître  de  la  Pro- 
vince. Par  deux  fois,  Saint-Priest  recommanda  au  ministère  de  ne  point  pré- 
cipiter la  nomination  du  nouveau  primat.  Il  était  bien  différent,  pensait-il, 
d'avoir  à  traiter  avec  un  homme  qui  tient  cette  place  importante  ou  avec  celui 
qui  l'a  seulement  en  perspective  8c  qui  en  fait  l'objet  de  son  ambition.  On 
éprouverait  plus  d'une  fois,  d'une  manière  avantageuse,  les  effets  de  cette 
différence.  Saint-Priest  n'était,  d'ailleurs,  pas  moins  persuadé  que  ses  prédé- 
cesseurs de  l'utilité  de  limiter  les  prétentions  des  prélats;  il  se  plaignait  prin- 
cipalement de  l'évêque  de  Castres,  «  l'homme  en  bonne  vérité  le  plus  étrange 
«  81  de  la  plus  méchante  humeur  que  je  connoisse.  » 

De  son  côté,  M.  de  La  Roche-Aymon  ne  cessait  d'envoyer  à  la  Cour  des 
protestations  de  dévouement  8c  de  fidélité.  «  Plus  d'une  fois,  écrivait-il  le 
«  12  février,  j'ai  souhaité  que,  comme  chef  d'un  corps  qui,  séparé  8c  interdit, 
«  n'ose  ni  ne  peut  se  faire  entendre,  il  me  fût  permis  d'aller  me  jeter  aux 
«  pieds  de  Sa  Majesté  8c  de  lui  rendre  témoignage  de  l'état  de  la  Province 
i(  8c  de  ses  vraies  8c  constantes  dispositions.  »  Cette  faveur  fut  enfin  accordée, 
8<  le  17  mars  l'archevêque  remerciait  le  ministre  de  la  permission  que  le  ro; 
voulait  bien  lui  accorder  d'aller  porter  à  ses  pieds  les  protestations  de  douleur 
de  tous  les  membres  des  Etats  8c  de  leurs  sentiments  invariables  pour  la  per- 
sonne, l'autorité  Se  le  service  de  Sa  Majesté. 

•  Lettre  du  27  rnnrî. 


1752 


'7^ 


iii8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Quelques  mois  après,  M.  de  La  R.oclie-Aymon  était  élevé  au  siège  métro- 
politain de  Narbonne.  Le  premier  résultat  de  la  transaction  que  le  nouveau 
primat  conclut  avec  la  Cour  fut  le  rétablissement  des  États  de  Languedoc 
par  arrêt  du  conseil  du  28  octobre  1752. 

Cet  arrêt,  rendu  sur  requête  présentée  au  roi  par  les  députés  de  la  Province, 
exposait  les  marques  de  consternation  que  les  membres  de  cette  assemblée 
avaient  données  en  s'apercevant  de  leur  disgrâce.  Ils  n'avaient  jamais  cru  ni 
voulu  s'écarter  des  devoirs  d'une  inviolable  soumission,  6c,  s'ils  paraissaient 
l'avoir  fait,  ce  n'était  que  par  l'etfet  de  la  crainte  de  donner  atteinte  à  d'an- 
ciens privilèges  de  la  Province,  aussi  utiles  pour  le  véritable  intérêt  de  Sa 
Majesté  que  pour  celui  des  peuples.  Ces  privilèges  servaient  de  fondement  à 
la  solidarité  qui  assurait  d'une  manière  si  simple  Se  si  avantageuse  le  recou- 
vrement des  impositions  Si  au  crédit  qui  avait  tant  de  fois  procuré  les  plus 
pbondantes  ressources.  Si,  par  des  circonstances  dont  on  ne  pouvait  assez 
déplorer  la  fatalité,  les  États  s'étaient  peut-être  montrés  répréhensibles,  ils 
osaient  se  flatter  que  cette  mauvaise  impression  avait  été  effacée  par  l'obéis- 
sance dont  ils  venaient  de  donner  des  preuves  depuis  leur  suspension.  Après 
avoir  rapporté  les  termes  de  la  requête,  signée  par  l'évêque  de  Béziers,  le 
marquis  de  Chambonas,  les  députés  du  Pont-Saint-Esprit  St  de  Montech,  Se 
le  syndic  général  Lafage,  le  roi  déclarait  qu'en  suspendant  pour  un  temps 
des  pouvoirs  exercés  sous  son  autorité,  &  en  faisant  administrer  les  affaires 
sous  ses  ordres  directs  6c  sans  le  concours  des  États,  son  intention  n'avait 
jamais  été  de  priver  la  Province  de  ses  privilèges.  Il  levait  donc  la  suspension; 
mais  en  rendant  aux  États  la  faculté  de  s'assembler,  sur  convocation  royale, 
dans  les  formes  ordinaires,  il  leur  imposait  un  nouveau  règlement  qui  devait 
prévenir  le  retour  des  malentendus  de  lyjo. 

Aussitôt  après  l'ouverture,  les  commissaires  du  roi  devaient  entrer  en  séance 
6c  demander  verbalement  le  don  gratuit  6c  la  capitation,  dans  les  termes  de 
leurs  instructions  particulières.  La  délibération  sur  ce  double  objet  ne  pou- 
vait être  retardée,  ni  aucune  autre  affaire  traitée  par  préférence. 

Les  commissaires  avaient  le  droit  d'entrer  aux  États  avec  le  même  cérémo- 
nial pour  les  autres  affaires;  mais,  s'ils  le  jugeaient  convenable,  ils  étaient 
autorisés  à  remettre  au  président  des  États  un  extrait  signé  de  leurs  instruc- 
tions relatif  aux  articles  proposés,  sans  être  jamais  contraints  de  remettre  les 
originaux  de  ces  instructions,  ni  même  des  expéditions  en  forme. 

Le  roi  renouvelait  les  prescriptions  de  l'édit  de  1659,  défendant  aux  États 
de  demeurer  assemblés  plus  de  quarante  jours,  à  peine  de  nullité.  Cepen- 
dant, si  l'importance  exceptionnelle  des  affaires  les  contraignait  à  souhaiter 
une  prorogation,  ils  pouvaient  la  solliciter  des  commissaires  du  roi;  mais 
cette  prorogation  ne  dépasserait  jamais  huit  jours  6c  ne  donnerait  pas  droit 
aux  jetons. 

Les  sommes  désignées  sous  le  nom  de  frais  des  Etats  qui,  fixées  par  les 
cdits  de  1649  6c  de  lôog  à  soixante-quinze  mille  livres,  s'étaient  progressive- 
ment élevées  à  plus  de  deux  cent  soixante  mille,  restaient  arrêtées  pour  l'avenir 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1119 

à  deux  cent  mille,  &  devaient  comprendre  les  appointements  des  officiers 
permanents  de  la  Province,  les  «  montres  «  ou  indemnités  de  présence  des 
membres  de  l'assemblée,  les  frais  de  la  députation  ordinaire  à  la  Cour,  les 
pensions  ou  gratifications  accordées  par  les  Etats,  les  aumônes  aux  commu- 
nautés religieuses  ou  aux  pauvres  honteux,  &  les  autres  menues  récompenses 
usitées  pendant  le  cours  de  la  session.  Ces  divers  emplois  de  fonds  ne  pou-i 
valent  être  compris  sous  aucun  autre  titre. 

L'usage  des  montres  ou  taxes  payées  aux  députés  des  villes,  bien  qu'il  ne 
fût  autorisé  par  aucun  règlement,  était  maintenu,  en  les  limitant  à  trois 
montres  complètes  pour  toute  la  durée  de  la  session,  &  une  demi-taxe  ou  une 
taxe  entière  de  grâce  laissée  à  la  disposition  du  président. 

La  vérification  des  impôts  ordonnés  par  les  assiettes  diocésaines  devait  être 
confiée  à  la  commission  mixte  chargée  de  contrôler  les  préambules  des  rôles 
communaux. 

Enfin  diverses  mesures  étaient  prescrites  pour  assurer  la  régularité  des  opé- 
rations financières,  établir  la  responsabilité  de  chacun  &  laisser  des  traces 
officielles  des  moindres  actes  de  gestion.  En  résumé,  les  restrictions  apportées 
à  l'initiative  des  Etats  s'inspiraient  toutes  d'un  esprit  d'ordre  &  d'économie'. 

Le  ministère  avait  dans  la  Province  quelques  correspondants  confidentiels 
qui  lui  communiquaient  leurs  vues  de  politique  intérieure,  8c  lui  donnaient 
des  avis  sur  le  mouvement  de  l'opinion.  L'un  de  ces  correspondants,  M,  Fages, 
sous-doyen  de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier,  félicita  le  contrôleur 
général  de  son  nouveau  règlement.  «  La  dépense,  disait-il,  diminuée  de 
<i  vingt-cinq  mille  écus,  paroît  peu  de  chosej  mais,  depuis  vingt  ans  cela 
<i  aurait  fait  deux  millions  de  moins.  » 

Le  sous-doyen  loue  particulièrement  les  dispositions  relatives  aux  frais  des 
États.  «  La  fixation  de  leur  tenue  réglée  à  deux  cent  mille  livres  est  unç 
«  bafrière  très-avantageuse  au  peuple.  » 

Il  termine  par  la  promesse  de  surveiller  l'obéissance  des  États  ;  «  J'useray 
(1  de  la  liberté  que  vous  m'avez  donnée,  s'ils  donnent  quelque  entorse  au 
(I  bon  règlement  que  vous  venez  de  faire,  ce  à  quoy  les  évêques  ne  manque- 
((  ront  pas  de  tâcher,  ne  se  contentant  pas  d'être  bien  à  leur  aise  par  leur 
Il  état,  voulant  encore  voir  le  peuple  dans  l'indigence  pour  qu'il  leur  soit 
K   plus  soumis*.  » 

Les  difficultés  considérables  que  créait  au  gouvernement  la  situation  des 
protestants  de  Languedoc  6c  surtout  la  forme  anormale  de  leur  état  civil, 
résultat  de  la  fiction  en  vertu  de  laquelle  le  royaume  était  censé  ne  plus  ren- 
fermer que  d'anciens  catholiques  ou  de  nouveaux  convertis,  tenaient  une 
grande  place  dans  les  préoccupations  de  la  Cour  8c  dans  les  instructions  par- 
ticulières données  au  maréchal  de  Richelieu. 

Divers   entretiens   du  gouverneur  8c  de  l'intendant  avec   les   principaux 

'  Recaeïl  Jes  éJ'its,  déclarations,  arrêts  &  orjonnan-  '  Archives  nationales.  Papiers  Ju  contràltur  gé- 

ces  de  l'année  ii^>z  foat  \a  province  de  Languedoc.        néral.  Lettre  du  5  novembre  lyôi. 


175 


17^1 


II20  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

membres  de  l'épiscopat  languedocien  sur  cette  question  délicate  &  pleine  de 
périls  demeurèrent  sans  succès,  les  prélats  se  montrant  inébranlablement  atta- 
chés à  la  rigueur  des  principes  dont  M.  de  Montclus  s'était  fait  le  défenseur. 

On  songea  donc  à  tirer  parti  du  mouvement  de  reconnaissance  que  le  réta- 
blissement des  États  semblait  avoir  produit  au  sein  des  membres  de  l'assem- 
blée pour  essayer  de  nouvelles  tentatives,  cette  fois  plus  générales  8i  plus 
déclarées,  en  vue  de  préparer  une  solution  aux  problèmes  inquiétants  qui, 
depuis  déjà  tant  d'années,  blessaient  la  justice  du  souverain  Si  compromettaient 
l'existence  légale,  les  droits  Si  les  intérêts  d'un  si  grand  nombre  de  citoyens. 

Le  maréchal  reçut  l'ordre  de  rassembler  dans  son  hôtel,  en  présence  de 
l'intendant,  tous  les  évêques  de  Languedoc  que  la  convocation  des  États  avait 
appelés  à  Montpellier,  de  leur  lire  deux  lettres,  l'une  du  chancelier,  l'autre 
de  Saint-Florentin,  ministre  du  département,  de  leur  exprimer  les  désirs  du 
gouvernement,  au  sujet  de  l'uniformité  à  établir  dans  la  manière  de  marier 
les  nouveaux  catholiques  &  de  baptiser  leurs  enfants,  &  de  mettre  en  lumière 
toutes  les  raisons  qui  devaient  porter  l'épiscopat  à  une  sorte  d'adoucissement 
sur  les  épreuves  à  exiger  des  protestants  avant  de  leur  administrer  le  sacre- 
ment de  mariage. 

Cette  conférence  fut  tenue  le  12  novembre. 

Tous  les  évoques  parurent  offensés  des  reproches  indirects  que  renfermaient 
à  leur  adresse  les  deux  missives  ministérielles  en  rejetant  sur  les  rigueurs  du 
clergé  la  responsabilité  des  excès  auxquels  se  portaient  les  nouveaux  catho- 
liques. Ils  nièrent  vivement  avoir  rien  ajouté  à  ce  qui  était  de  tradition  depuis 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  En  matière  de  baptêmes,  la  seule  concession 
dont  ils  laissèrent  pressentir  la  possibilité  fut  d'inscrire  purement  8c  simple- 
ment sur  les  registres  de  paroisses  les  noms  des  père  &  mère,  sans  donner 
aux  enfants  la  qualification  de  bâtards  ou  de  légitimes. 

La  question  des  mariages  donna  lieu  aux  discussions  les  plus  étendues. 
Quelques  prélats  soutinrent  que  la  difficulté  se  réduisait  h  ce  dilemne  :  ceux 
qui  se  présentent  pour  être  mariés  sont  ou  ne  sont  pas  catholiques.  S'ils  le 
sont,  ils  ne  doivent  avoir  aucune  peine  à  souscrire  aux  conditions  exigées 
par  l'Église;  s'ils  ne  le  sont  pas,  comme  le  prouve  suffisamment  leur  refus, 
la  conscience  des  évêques  ne  leur  permet  pas  de  conférer  le  sacrement.  Cette 
dernière  protestation  fut  reprise  par  d'autres  membres  de  la  conférence  qui 
déclarèrent  n'user  pas  de  procédés  particuliers  à  l'égard  des  protestants,  se 
réduisant  à  ne  marier  personne,  anciens  catholiques  ou  nouveaux  convertis, 
sans  avoir  la  preuve  de  la  première  communion. 

Quelques-uns,  les  plus  exaltés  dans  leur  opinion,  allèrent  jusqu'à  dire 
que,  plus  le  mal  était  grand,  plus  le  remède  devait  l'être,  8c  qu'en  vue  de 
faire  cesser  les  malheurs  causés  par  l'hérésie  dans  diverses  parties  de  la  Pro- 
vince, bien  loin  d'adoucir  les  épreuves,  il  faudrait  au  contraire  en  augmenter 
la  rigueur. 

Tous  furent  unanimes  à  déclarer  qu'ils  pouvaient  seuls  être  juges  en  la 
matière,  que  la  diversité  des   circonstances  ne  permettait   pas  d'établir  un 


LIV.    IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1121 

règlement  général,  qu'il  fallait  s'en  remettre  à  leur  discernement  Se  à  leur 
amour  du  bien  public,  &  que,  d'ailleurs,  chaque  évêque  étant  maître  dans 
son  diocèse,  on  devait  respecter  leur  initiative  individuelle  &  compter  sim- 
plement sur  leur  prudence. 

M.  de  Fontanges,  évêque  de  Lavaur,  qui  fut  un  des  derniers  opinants,  ne 
se  montra  point  des  plus  modérés.  Il  alla  jusqu'à  proposer  de  confier  à  l'ar- 
chevêque d'Albi  &  à  deux  autres  prélats  la  rédaction  d'un  mémoire  au  roi 
pour  prouver  qu'on  intervertissait  les  rôles,  qu'on  accusait  l'épiscopat  quand 
il  avait  lieu  de  se  plaindre,  que  la  lettre  du  chancelier  était,  pour  tous  les 
évêques  de  Languedoc,  une  sorte  d'outrage  dont  ils  devaient  espérer  d'obtenir 
réparation,  que  les  intentions  du  ministère  paraissaient  être  de  favoriser  les 
nouveaux  convertis  dans  le  temps  où  il  ne  faudrait  songer  qu'à  les  détruire  8c 
à  leur  faire  éprouver  les  châtiments  les  plus  rigoureux.  Il  recommanda  de 
faire  au  souverain  la  peinture  la  plus  vive  de  tous  les  désordres  qui  s'accom- 
plissaient dans  la  Province  en  matière  de  religion,  de  lui  représenter  la  har- 
diesse des  réformés  toujours  croissante  depuis  la  dernière  guerre  &  favorisée 
par  l'absence  des  troupes,  le  nombre  &c  la  fréquence  des  assemblées,  des 
mariages  Si  des  baptêmes  au  Désert. 

Les  prélats  désiraient  que  le  maréchal  leur  laissât  le  texte  des  deux  lettres 
ministérielles;  mais  il  s'y  refusa,  trouvant  les  esprits  trop  animés  8c  ne  vou- 
lant pas  leur  donner  matière  à  une  controverse  circonstanciée  qu'il  ne  jugeait 
pas  décent  d'engager  8c  de  soutenir.  Il  se  contenta  de  leur  dire  qu'ils  com- 
prenaient mal  la  portée  de  sa  démarche,  que  leur  mémoire  devait  être  conçu 
d'une  toute  autre  façon  8c  que  les  lettres  des  deux  ministres  ne  demandaient 
pas  une  réfutation,  mais  un  éclaircissement  dans  lequel  tout  le  monde  devait 
chercher  à  concourir  au  bien  selon  ses  lumières. 

C'était,  du  reste,  un  spectacle  bizarre  8c  qui  caractérise  nettement  la  situa- 
tion fausse  où  la  confusion  des  pouvoirs  plaçait  alors  la  royauté  que  de  voir 
un  gouverneur  de  province,  un  militaire  8c  surtout  un  homme  de  la  trempe 
d'esprit  du  maréchal  de  Richelieu,  discuter  sur  des  matières  de  religion  avec 
des  évêques,  leur  opposer  des  arguments  théologiques,  leur  soumettre  des 
distinctions  de  principe  presque  subtiles  sur  le  sacrement  de  mariage  comparé 
aux  autres  sacrements,  8c  leur  citer  des  pratiques  antérieures  au  concile  de 
Trente  8c  les  prescriptions  mêmes  de  ce  concile.  Aussi  les  prélats  refusaient-ils 
de  le  suivre  sur  ce  terrain,  8c  le  maréchal  n'eut  pas  de  peine  à  s'apercevoir 
que  ses  diverses  raisons,  non-seulement  n'étaient  pas  sérieusement  discutées, 
mais  ne  semblaient  pas  avoir  chance  d'être  senties. 

M.  de  Saint-Priest  essaya  de  son  coté  d'établir,  au  point  de  vue  purement 
administratif,  quelques  idées  générales  d'une  grande  simplicité  qui  ne  furent 
pas  mieux  accueillies.  La  discussion  prit  même  alors  une  tournure  plus  irri- 
tante. Comme  divers  évêques  avaient  plusieurs  fois  répété,  avec  une  sorte 
d'affectation,  que,  sans  doute,  les  informations  du  ministère  étaient  inexactes, 
l'intendant  de  la  Province,  qu'atteignait  plus  personnellement  cette  accusa- 
tion, se  récria  vivement,  8c  le  débat  devint  alors  tellement  passionne  qu'un 


i75i 


XIII. 


7' 


iy:iz 


I  I  22 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


des  évêques,  en  reprochant  aux  agents  du  roi  leur  froideur  intentionnelle 
pour  les  intérêts  de  la  religion,  se  laissa  aller  jusqu'à  dire  :  «  Si  vos  commis 
i(  du  vingtième  avoient  été  aussi  maltraités  que  le  sont  aujourd'hui  les  curés, 
Il  on  auroit  bien  su  trouver  &  prendre  les  coupables!  » 

L'archevêque  de  Narbonne,  plus  particulièrement  dévoué  au  service  du  roi 
comme  président  des  Etats,  opéra  une  courte  diversion  en  témoignant  avec 
des  termes  fort  vifs  son  mécontement  à  M.  de  Fontanges,  de  ce  qu'au  mépris 
des  droits  du  président,  il  s'était  permis  de  désigner  nominalement  certains 
prélats  pour  la  rédaction  du  mémoire. 

Le  maréchal  de  Richelieu,  reconnaissant  que  tous  les  pourparlers  étaient 
inutiles,  se  hâta  de  terminer  une  conférence  oti  les  paroles  d'humeur  avaient 
été  déjà  trop  nombreuses  £<  où  l'aigreur  paraissait  l'emporter  de  beaucoup  sur 
la  raison.  11  déclara  aux  évêques  qu'il  avait  reçu  l'ordre  exprès  de  leur  lire 
les  lettres  du  chancelier  &  de  M.  de  Saint-Florentin,  &  qu'ils  lui  semblaient 
si  prodigieusement  éloignés  de  tous  les  principes  admis  dans  ces  lettres,  Se 
par  suite  de  toute  espèce  de  discussion,  qu'il  s'en  tenait  à  leur  marquer  sa 
douleur  d'être  en  présence  d'un  mal  si  grand  £<.  si  reconnu  6<.  d'y  trouver  si 
peu  de  remède;  que  d'ailleurs  il  en  rendrait  compte  au  roi. 

La  séance  fut  ainsi  levée  sans  aucune  solution.  Seulement  l'archevêque  de 
Narbonne  donna  sa  parole  au  maréchal  qu'il  ferait  adoucir  les  expressions  du 
mémoire  autant  que  cela  serait  possible. 

Le  lendemain  de  cette  longue  S<  stérile  controverse,  le  duc  de  Richelieu 
en  écrivit  au  chancelier  un  compte-rendu  très-détaillé  où  il  ne  dissimula  rien 
de  l'impuissance  de  ses  efforts.  «  Il  m'a  paru,  disait-il,  dans  tous  les  prélats 
(t  de  l'assemblée  un  zèle  apostolique  très-louable,  mais  nullement  discuté 
«  ni  raisonné.  »  11  prémunissait  d'ailleurs  la  bonne  foi  du  ministre  contre 
les  exagérations  probables  sur  la  conduite  des  protestants  auxquelles  l'irrita- 
tion des  évêques  donnait  le  droit  de  s'attendre  dans  la  rédaction  de  leur 
mémoire,  assurant  que,  depuis  son  arrivée  dans  la  Province,  il  n'avait  point 
trouvé  d'augmentation  dans  les  désordres  des  nouveaux  catholiques,  Si  due, 
bien  au  contraire,  la  iermentation  lui  paraissait  assoupie. 

Il  n'hésitait  point  d'ailleurs  à  déclarer  que  la  fin  de  non  «recevoir  des 
évêques  ne  devait  pas  arrêter  indéfiniment  la  solution  d'une  des  plus  urgentes 
difficultés  de  l'Etat,  &.  il  faisait  ressortir,  avec  une  extrême  lucidité,  la  con- 
tradiction intolérable  que  produisaient  les  maximes  alors  en  vigueur. 

«  On  a  défendu,  disait-il,  aux  nouveaux  convertis  de  sortir  du  royaume 
«  sous  peine  d'amende,  de  confiscation  de  leurs  biens  8<.  de  prison.  11  %•  cna 
«  vingt-quatre  qui  sont  dans  les  prisons  de  Nimcs  pour  avoir  vcjuIu  s'en 
«  aller;  mais  retenir  cependant  les  mêmes  gens  sans  vouloir  qu'ils  se  marient, 
«  déclarer  leurs  enfants  bâtards  &  leurs  biens  Si.  le  fruit  de  leur  travail  exposes 
«  à  la  confiscation,  paroît  une  inconséquence  qui  peut  les  réduire  au  déscs- 
a  poir,  St  le  désespoir,  dans  des  têtes  chaudes,  animées  du  fanatisme  de  !a 
«  religion,  peut  6<.  doit  nécessairement  produire  les  effets  les  plus  étranges  ix 
«  les  plus  dangereux.  » 


LIV,   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  iiiS 

L,a  clairvoyance  Se  l'équité  naturelle  du  maréchal,  qui  lui  faisaient  recon- 
naître &  signaler  toute  la  gravité  du  problème,  n'allaient  pourtant  pas  jusqu'à 
lui  donner  les  moyens  de  le  résoudre,  &  il  concluait  en  disant  ;  «  Je  me  gar- 
a  derai  bien  de  prononcer.  « 

Fallait-il  laisser  sortir  les  huguenots,  dépeupler  les  manufactures,  ruiner 
le  commerce  de  la  France  &  achever  les  mallieurs  politiques  qui  avaient  suivi 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes? 

Pouvait-on  faire  agir  les  évêques  contre  leur  conscience  8c  leur  imposer, 
dans  les  pratiques  du  culte,  des  tolérances  qu'ils  regardaient  comme  une  pro- 
fanation 5c  un  sacrilège? 

«  Je  prononcerai  hardiment,  poursuivait  le  maréchal,  qu'il  faut  trouver 
«  quelque  expédient  qui  puisse  concilier  ces  deux  excès,  8c  que  si  la  religion 
«  exige  de  la  déférence  aux  sentimens  des  évêques  sur  l'administration  des 
(■  sacremens  de  baptême  8c  de  mariage  aux  nouveaux  convertis,  l'ordre  poli- 
»  tique,  le  bien  public  6c  les  liens  les  plus  sacrés  de  la  société  exigent  néces- 
((  sairement  une  loi  certaine,  invariable  5c  uniforme  pour  assurer  l'état  d'un 
"  aussi  grand  nombre  de  sujets  du  roi  répandus  dans  une  portion  de  son 
Il  royaume  aussi  considérable  que  la  province  de  Languedoc.  » 

Aussi  recommandait-il,  avec  une  insistance  éloquente,  ce  grave  sujet  aux 
méditations  du  chancelier  : 

«  Vous  êtes  plus  en  état  qu'un  autre.  Monsieur,  par  votre  place  8c  vos 
«  lumières,  de  trouver  le  remède  d'un  aussi  grand  mal  5c  de  le  diriger  de 
K  façon  qu'il  puisse  être  utile  à  la  patrie;  c'est  un  des  plus  grands  services 
(c  qu'on  puisse  lui  rendre,  8c  il  est  digne  d'un  aussi  bon  citoyen  8c  d'un  aussi 
«  grand  magistrat.  Personne  ne  sera  plus  sensible  que  moi  à  vous  voir 
«  recueillir  cette  gloire'.  » 

La  prédiction  courtoise  contenue  dans  ces  dernières  paroles  ne  s'accomplit 
point.  Ce  n'est  pas  au  chancelier  Lamoignon  qu'il  était  réservé  de  régler, 
d'une  façon  définitive  8c  conforme  aux  lois  de  la  justice  8c  de  la  raison,  la 
difficile  question  de  l'état  civil  des  protestants,  8c  trente-six  ans  devaient 
s'écouler  encore  avant  que  cette  cause  permanente  d'agitation  8c  d'inquiétude 
fût  heureusement  écartée. 

Les  Etats  de  Languedoc,  suspendus  depuis  l'année  1700,  s'étaient  réunis  h 
Montpellier  le  26  octobre  xj52,  le  maréchal  de  Richelieu  faisant  les  fonc- 
tions de  premier  commissaire  du  roi^.  I,e  nouvel  archevêque  de  Narbonne  y 

'  Archives    nationales,    H,    lopS.    Lettre    auto-  de  Saint-Pons  (qu'on  dit  avoir  beaucoup  d'eipril 

grcphe  du  maréchal  de  Richelieu  au  chancelier,  &  être  prompt  à  la    repartie],  voyant  une  assem- 

datée  du  |3  novembre  i-j^ti.  blée  si   illustre  &  telle  qu'on   n'en  avoit  pas  veii 

'  On  lit  à  ce  propos,  dans  les  Heures  perdues  ilc  depuis  bien  longtemps,  dit  à  ce  prélat  ;  «  Avouez, 

Pierre  Barthes,  III,  p.  27  :  «   Monsieur  l'abbé,  qu'on  n'a   jamais  vu   les  Étais 

(<   Le  jour  de  l'assemblée  des  États  à  Montpel-  «  si   brillants  qu'on  les  voit  celte  année.  Oui, 

lier,  qui  comme  j'ay  dit  en  son  lieu,  ont  été  réta-  u  Monseigneur,  luy   répondit  M.  de  Saint-Pons, 

blis  par  ordre  du   roy,  Messieurs  les  évêques  en-  «   &  ils  ne  ressemblent  pas  mai  à  un  cheval  bien 

trant    dans    la     salle    pour    prendre    leur    place,  «   étrillé,  car  il   n'y  a    rien  de   plus   luisant  8c  de 

M.  l'archevêque  d'Alby,  entrant  avec  M.  l'évêque  '<    plus  brillant  tout  ensemble.»  Cette  réplique  fut 


lyaa 


1702 


II 24  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

occupait  le  siège  présidentiel.  Tout  se  fit  avec  le  cérémonial  &  clans  les  termes 
usités  avant  la  suspension.  Le  28,  Richelieu  entra  dans  l'assemblée  St  annonça 
qu'il  apportait  une  preuve  éclatante  de  la  bienveillance  du  souverain,  l'arrêt 
du  10  octobre  rétablissant  la  Province  dans  la  jouissance  de  tous  ses  privi- 
lèges. Si  le  roi  avait  cru  devoir  ajouter  quelques  dispositions  qui  rappelaient 
celles  des  anciens  règlements  sollicités  par  les  Etats  eux-mêmes  &c  tendaient  à 
en  assurer  l'exécution  S<  à  soulager  les  peuples,  Sa  Majesté  n'en  était  pas 
moins  prête  à  écouter  favorablement  les  représentations  qui  pourraient  lui 
être  faites  à  ce  sujet,  lorsqu'elles  seraient  fondées  sur  des  motifs  justes  &  rai- 
sonnables. Le  maréchal  ne  doutait  pas  que  les  Etats  ne  reçussent  avec  respect 
Jk  reconnaissance  le  nouveau  bienfait  du  prince.  Ils  en  étaient  redevables 
aux  soins  de  l'archevêque  de  Narbonne  &  des  personnes  qui  avaient  travaillé 
sous  ses  yeux  à  soutenir  les  véritables  intérêts  de  la  Province.  Lui-même 
n'avait  point  été  étranger  à  cette  importante  négociation;  il  s'était  empressé 
de  l'appuyer  avec  son  dévouement  ordinaire. 

L'arrêt  du  10  octobre  fut  immédiatement  lu  par  le  greffier,  puis  inséré 
dans  les  registres  des  Etats.  Deux  jours  après,  l'assemblée  accorda  sans  diffi- 
culté la  capitation  8c  le  don  gratuit,  conformément  aux  demandes  des  com- 
missaires. 

L'archevêque  de  Narbonne  exposa  ensuite  qu'après  avoir  donné  au  roi  des 
preuves  de  leur  zèle  &  de  leur  obéissance,  £<  obtenu  de  ses  commissaires  les 
assurances  les  plus  favorables  au  maintien  de  leurs  privilèges,  les  États  ne 
pouvaient  se  dispenser  de  solliciter  le  rétablissement  des  usages  pour  la  levée 
du  vingtième,  prescrite  &  faite  sans  leur  participation.  L'archevêque  d'Albi, 
l'évêque  de  Mende,  les  barons  de  Lanta  &  de  Mérinvilie,  &  les  députés  de 
Toulouse,  Montpellier,  Carcassonne  &  Nimes,  allèrent  aussitôt  porter  aux 
commissaires  du  gouvernement  les  représentations  de  l'assemblée.  Les  condi- 
tions du  don  gratuit,  acceptées  par  les  envoyés  du  roi,  contenant  en  propres 
termes  qu'il  ne  serait  fait  aucune  imposition  ni  levée  de  deniers  sur  le 
général  de  la  Province,  ni  sur  les  villes  Se  communautés,  sans  le  consente- 
ment des  Etats,  on  ne  pouvait  éviter  d'observer  que  la  levée  du  vingtième 
n'avait  point  été  consentie  selon  les  prescriptions  des  édits  de  164g  8c  de  i65g. 
Si  donc  les  commissaires  n'avaient  rien  à  dire  de  satisfaisant  de  la  part  de 
Sa  Majesté  sur  un  sujet  aussi  intéressant,  on  les  priait  de  trouver  bon  qu'une 
députation  fût  envoyée  à  la  Cour  pour  mettre  la  question  sous  les  yeux  du 
roi. 

Le  maréchal  de  Richelieu  remit  aux  délégués  une  réponse  écrite.  Elle  était 
ainsi  conçue  : 

«  Les  termes  dans  lesquels  Sa  Majesté  s'est  expliquée  dans  l'arrêt  de  son 
«  conseil,  qui  a  été  lu  8c  enregistré  dans  votre  assemblée,  8c  l'acte  que  nous 
«  venons  de  signer  pour  l'acceptation,  au  nom  de  Sa  Majesté,  du  don  gratuit 

trouvée    très-ingénieuse,  &   l'application    que    cet        considère  de  quelle  façon    ils  ont  été   traités  &  la 
évoque   en    fit    aux    Kinis    bien    à    propos,   si    l'on        Province  de  même,  u 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1125 

«  clans  la  forme  ordinaire,  sont  des  témoignages  assez  forts  de  ses  intentions 
«1   pour  la  conservation  des  privilèges  de  la  Province. 

«  Des  circonstances,  que  je  ne  rappelle  point,  dès  que  Sa  Majesté  a  eu  la 
«  bonté  de  les  oublier,  ne  nous  avant  pas  permis  d'exécuter  dans  la  dernière 
«  assemblée  les  ordres  dont  elle  nous  avoit  chargé  par  nos  instructions  sur 
«  cette  matière,  Sa  Majesté  n'a  pu  se  dispenser  d'ordonner  de  son  autorité  la 
«  levée  8c  perception  dans  la  province  de  Languedoc  d'une  imposition  déjà 
«i  établie  dans  toutes  les  provinces  du  royaume,  dont  l'objet,  si  important 
«  pour  l'Etat,  ne  pouvoit  souffrir  de  retardement,  &  sur  laquelle  Sa  Majesté 
«  ne  peut  douter  que  les  L,tats  ne  lui  eussent  donné  des  preuves  du  zèle 
«  qu'ils  avoient  toujours  témoigné  pour  son  service;  mais  vous  pouvez  assurer 
0  l'assemblée  que  Sa  Majesté  s'attend  qu'étant  à  présent  bien  instruits  de  ses 
<i  intentions  à  cet  égard  les  Etats  prendront  une  délibération  qui  lui  puisse 
<i  prouver  de  plus  en  plus  la  fidélité,  la  soumission  5c  le  zèle  dont  ils  lui 
«  ont  fait  donner  de  si  fortes  assurances.  » 

Cette  réponse  portait  la  signature  des  quatre  commissaires.  Les  États  se 
déclarèrent  pleinement  satisfaits  des  termes  dans  lesquels  elle  était  faite  8c 
donnèrent  leur  consentement  rétrospectif  à  l'exécution  de  l'édit  de  mai  1749, 
qui  s'appliquait  déjà  dans  la  Province  depuis  trois  ans;  mais,  comme  d'habi- 
tude, ils  réclamèrent  l'administration  de  l'impôt  8c  chargèrent  les  mêmes 
délégués  de  transmettre  aux  commissaires  du  roi  l'expression  de  ce  désir.  Ils 
rapportèrent  une  seconde  réponse  écrite,  dans  la  forme  suivante  : 

«  Je  me  charge  volontiers  de  faire  passer  au  roi  votre  demande,  8c  votre 
«  conduite  lui  doit  être  trop  agréable  pour  que  vous  n'ayez  pas  à  en  attendre 
«   la  réponse  la  plus  favorable,  comme  je  n'en  doute  pas'.  » 

Dans  le  cours  de  la  session,  l'assemblée  s'occupa  de  réparer  la  solution 
de  continuité  produite  dans  ses  travaux  par  l'arrêt  du  28  octobre  1750.  Les 
syndics  généraux  eurent  ordre  de  dresser  un  mémoire  contenant  les  demandes 
qui  auraient  été  inscrites  dans  le  cahier  de  1702,  si  les  événements  n'eussent 
pas  interrompu  l'ordre  accoutumé. 

Ces  demandes  concernaient  la  modération  des  droits  de  sortie  8c  de  fret  sur 
les  vins  8c  eaux-de-vie  de  Languedoc  sortant  par  les  ports  de  Cette,  Agde, 
Aigues-mortes  8c  La  Nouvelle,  modération  qui  se  renouvelait  chaque  année 
par  arrêt  du  conseil;  la  remise  sur  les  impositions  générales  créant  des  fonds 
d'indemnité  pour  les  cas  fortuits;  les  diminutions  accordées  tous  les  ans  aux 
diocèses  de  Narbonne,  Albi  8c  Lavaur,  à  cause  de  leur  fâcheuse  situation 
financière,  8c  aux  communes  de  Capestan,  de  Candillargues  8c  de  Sainte- 
Colombe;  la  remise  de  ving-deux  mille  livres  à  diverses  communes  à  cause 
du  grand  nombre  de  biens  abandonnés  qu'elles  renfermaient,  avec  substitu- 
tion des  lieux  de  Vaux  8c  de  La  Salvetat  à  celui  de  Gardouch,  précédemment 
secouru  pour  la  même  année;  enfin,  un  allégement  spécial  aux  communes 
de  Fabrezan  8c  d'Aubenas,  en  considération  des  travaux  défensifs  qu'elles 

■  Procès-verbnl  des  Etnts  de  Languedoc.  Sénncc  du  3i  octobre  lySz. 


1702 


I-JOI 


1 ,  26  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

étaient  obligées  de  iaiie  pour  garantir  leur  terroir  des  inondations  de  l'Orbicu 
&.  de  l'Ardèche'. 

Les  États  se  préoccupèrent  aussi  de  connaître  par  le  détail  tous  les  emplois 
de  fonds  qui  avaient  été  faits  dans  la  Province  pendant  la  suspension  de  l'as- 
semblée. Comme  le  roi  s'était  réservé  de  pourvoir  à  la  reddition  des  comptes 
8<.  que  l'on  ignorait  ses  dispositions,  une  députation  de  huit  membres  fut 
envoyée  aux  commissaires,  qui,  suivant  le  nouvel  usage,  écrivirent  leur 
réponse  ainsi  qu'il  suit  : 

«  Le  roi  s'étant  réservé  de  pourvoir  directement  à  toutes  les  affaires  con- 
«  cernant  l'administration  de  la  Province  &  les  impositions  £<  dépenses  des 
«  années  lySo,  lySi  &  de  la  courante  ayant  été  ordonnées  &  faites  de  la 
«  seule  autorité  de  Sa  Majesté,  les  comptes  n'en  devroient  être  arrêtés  qu'au 
Il  conseil;  cependant,  Sa  Majesté,  toujours  disposée  à  traiter  favorablement 
«  les  États,  8c  voulant  bien  qu'ils  puissent  avoir  une  entière  connoissance  des 
a  affaires  de  la  Province  &  être  par  là  en  état  de  reprendre  l'administration, 
«  Elle  voudra  bien  se  porter  à  ordonner  que  les  comptes  desdites  années 
«  soient  rendus  par  le  sieur  Lamouroux  devant  les  commissaires  nommés  par 
«  les  États,  conjointement  avec  ceux  de  Sa  A-lajesté,  à  la  charge  par  eux  de 
M  se  conformer  à  ce  qui  a  été  ordonné  par  Sa  Majesté  sur  la  recette  &  la 
«  dépense^.  » 

Le  25  novembre  parut  un  arrêt  du  conseil  qui  réglait  l'intervention  des 
États  dans  la  levée  du  vingtième  par  la  création  d'une  commission  mixte, 
chargée  d'arrêter  les  rôles  de  l'impôt  St  de  juger,  sauf  appel  au  conseil,  toutes 
les  contestations  qui  pourraient  en  résulter.  Cette  commission  devait  com- 
prendre le  maréchal  de  Richelieu,  l'intendant,  un  évêque,  un  baron  8c  deux 
députés  des  États,  au  choix  de  l'assemblée.  Les  membres  de  la  commission 
pouvaient  fonctionner  sans  être  plus  de  trois,  mais  l'intendant  devait  tou- 
jours en  faire  partie.  Ils  étaient  autorisés  à  recevoir  les  comptes  de  recette  £< 
de  dépense  du  vingtième  pour  les  années  i75o,  lySi  &  lySi.  Les  membres 
nommés  par  les  États  pour  la  commission  du  vingtième  furent  l'évêque  de 
Montpellier,  le  marquis  de  Villeneuve,  M.  de  Saint-Rome,  maire  de  Mende, 
8c  Baillarguet,  maire  de  Saint-Pons^. 

La  seconde  moitié  de  l'année  ij52  fut  affligée  par  une  grande  mortalité 
dans  le  haut  Languedoc.  La  capitale  de  la  Province,  la  ville  8c  le  diocèse  de 
Castres,  en  souffrirent  principalement.  Barthès  raconte,  dans  ses  mémoires 
manuscrits,  que  la  seule  ville  de  Toulouse  perdit  vingt-cinq  à  trente  mille 
personnes  pendant  l'été,  évaluation  certainement  exagérée,  mais  qui  révèle 
l'émotion  produite  par  le  nombre  des  décès.  Dans  les  provinces  voisines  8c 
même  à  Paris,  le  bruit  courut  que  la  peste  régnait  à  Toulouse.  Le  docteur 
Maynard,  de  l'Université  de  Montpellier,  écrivit  une  relation  sur  cette  épi- 
démie. Les  médecins  en  attribuaient  la  cause  à  l'énorme  quantité  de  neige 

'  Procès-verbal  des  Etats.   14  novembre  lyyi.  '  Recueil  des  éi'tts,  déclarations,  arrêts  &•  orJon- 

'  Procès-verbal  des  États,   lô  novembre  1752.  naitccs  de  lySS  pour  la   province  de  Languedoc. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  1127 

qui  était  tombée  pendant  l'hiver  précédent'.  La  misère,  attreuse  durant  les 
premiers  mois,  n'avait  pas  peu  contribué  à  rendre  les  maladies  plus  meur- 
trières. Ce  fut  pour  en  atténuer  la  rigueur,  en  procurant  de  l'ouvrage  k  des 
milliers  de  bras,  que  les  capitouls  de  Toulouse  entreprirent  les  grands  travaux 
de  terrassement  de  l'Esplanade,  destinés  à  transformer  en  promenade  publique 
les  terrains  vagues  qui  s'étendaient  entre  la  porte  Montgaillard  &.  la  porte 
Montoulieu*. 

Le  syndic  général  Lafage,  dans  une  lettre  à  Saint-Priest,  appréciait  ainsi 
ces  travaux  :  «  La  dépense  déjà  faite  pour  les  déblais  monte  à  trente-six  mille 
«  livres;  il  doit  être  acheté  quelques  maisons  que  les  propriétaires  consentent 
«  de  vendre  de  gré  à  gré,  St  sur  l'estimation  desquelles  on  est  d'accord  à  six 
Cl  mille  livres.  On  travaille  toujours  avec  beaucoup  de  diligence,  quoique  le 
«  nombre  des  ouvriers  commence  à  diminuer  à  cause  des  travaux  de  la  cam- 
«  pagne.  Il  y  auroit  de  quoi  être  effrayé,  Monseigneur,  de  l'objet  de  cette 
«  dépense,  dont  la  totalité  se  porte  à  deux  cent  dix  mille  livres,  si  l'on  ne 
«  considéroit  d'autre  avantage  que  celui  de  procurer  une  promenade  aux 
«  habitants  de  Toulouse;  mais  si  l'on  fait  attention  que  cet  ouvrage  fera 
Il  subsister  trois  mille  pauvres  jusqu'au  mois  de  juillet,  qui  périroient  peut- 
«  être  sans  ce  secours,  le  ministre  se  prêtera  aux  vues  charitables  de  la  ville, 
«  avec  d'autant  plus  de  raison  que  ses  revenus  patrimoniaux  sont  augmentés 
«  de  deux  cent  cinquante-huit  mille  livres  pendant  la  durée  du  bail.  » 

Les  projets  d'embellissement  de  Toulouse  remontaient  à  l'année  1748. 
M.  Garipuy,  directeur  des  travaux  de  la  sénéchaussée,  se  trouvant  à  Mont- 
pellier, fut  prié  par  l'intendant  Le  Nain  de  dresser  un  plan  d'ensemble.  L  in- 
génieur lui  soumit  vingt-trois  projets.  Il  se  proposait  d'achever  la  place  de 
rHôtel-de-\ille,  d'aligner  le  quartier  Saint-Cyprien,  d'établir  des  allées  d'or- 
meaux depuis  la  porte  Saint-Etienne  jusqu'à  celle  du  Château,  8t  à  la  rivière, 
de  bâtir  des  quais,  de  créer  un  jardin  public  médicinal  entre  le  couvent  des 
carmes  déchaussés  8c  l'oratoire  du  Crucifix,  d'obliger  les  communautés  reli- 
gieuses à  plaquer  de  petites  maisons  avec  boutiques  le  long  de  leurs  enclos, 
M  pour  éviter  le  désert  de  ces  murailles  nues  &  le  danger  d'être  attaqué  sans 
«   secours.  » 

La  dépense  de  tous  ces  travaux  devant  atteindre  plus  de  deux  millions, 
l'intendant  pensa  qu'on  alarmerait  les  ministres,  &  demanda  que  l'on  s'en 
tînt  à  faire  une  place,  une  fontaine  St  un  cours.  L'établissement  de  la  nou- 
velle promenade  entraîna  l'acquisition  d'un  jardin  des  carmes  déchaussés,  que 
ces  religieux  louaient  à  la  présidente  de  Riquet.  Pour  les  indemniser,  on  leur 
abandonna  le  terrain  qui  restait  en  dehors  des  alignements  &  qui  est  devenu, 
depuis,  le  Jardin  des  Plantes^. 

Une  très-grande  division  régnait  dans  les  conseils  de  ville  de  Toulouse.  Le 
parti  du  Parlement  y  exerçait  une  influence  considérable;  outre  le  nombre 

'  \rchivtj  nationales.  Papiers  du  contrôUm  gé-  '  Heures  perdues  Je  Pierre  Sirthis,  III,  p.  24. 

néral,  '  Archives  de  la  Haute-Caronne,  C.  3j6. 


1 7.01 


1753 


~~^^ II  28  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

de  gens  de  loi  qui  dépendaient  de  la  cour  Se  qui  en  recevaient  l'inspiration, 
la  compagnie  supérieure  tenait  en  ses  mains  les  délibérations  par  le  droit 
qu'avait  le  président  de  la  grand'cliambre  de  désigner  lui-même  deux,  com- 
missaires pour  présider  à  chaque  séance,  après  s'être  fait  communiquer  l'objet 
de  la  convocation.  Ce  furent  les  difficultés  causées  par  cette  situation  qui 
déterminèrent  l'intendant  à  faire  le  voyage  de  Toulouse. 

«  Il  y  a  longtemps,  écrivait-il  au  contrôleur  général,  que  je  me  propose  de 
<(  me  rendre  à  Toulouse,  où,  au  sentiment  de  M.  le  maréchal  de  Richelieu 
((  &.  des  autres  personnes  qui  connoissent  l'administration  de  cette  ville,  ma 
<i  présence  est  indispensable  pour  y  régler  un  grand  nombre  d'affaires  indé- 
«  cises  ou  pour  détruire  une  cabale  entièrement  opposée  aux  intérêts  de  la 
«'   ville  &  au  bien-du  service'.  » 

L'intendant  fut  devancé  à  Toulouse  par  le  marquis  de  Paulmy  d'Argenson, 
secrétaire  d'État  de  la  guerre,  inspecteur  général  de  la  cavalerie  française.  Ce 
grand  dignitaire,  qui  se  rendait  à  Baréges,  fut  accueilli  avec  les  honneurs 
accoutumés.  Deux  capitouls  étaient  allés  l'attendre  en  carrosse  devant  le  cou- 
vent des  minimes,  &  les  régiments  Royal-Allemand  8c  Anjou-Cavalerie  lui 
servirent  d'escorte.  11  descendit  à  l'hôtel  du  premier  président  &  demeura 
cinq  jours  à  Toulouse.  Il  y  passa  les  deux  régiments  en  revue  dans  la  prairie 
de  la  Garonne,  au  bas  du  quai,  où  les  escadrons  se  chargèrent,  pour  la  plus 
,fr:inde  joie  du  public,  avec  force  détonations  de  mousqueterie. 

La  fête  de  Saint-Yves,  que  les  avocats  de  Toulouse  solennisaient  annuelle- 
ment avec  beaucoup  de  pompe,  fut  marquée  le  2  juin  par  un  scandale  public. 
Pendant  la  messe  à  grand  orchestre,  à  laquelle  assistait  la  corporation,  le 
])ère  Dezeuzes,  professeur  de  rhétorique  au  collège  des  jésuites,  monta  en 
chaire  pour  prononcer  le  sermon  traditionnel.  Ce  religieux,  imbu  de  l'esprit 
ultramontain  le  plus  pur,  s'éleva  en  termes  extrêmement  violents  contre  les 
mesures  prises  en  divers  temps  par  la  royauté  pour  empêcher  les  empiéte- 
ments de  la  Cour  de  Rome.  Il  tonna  principalement  contre  les  appels  comme 
d'al)us  &  se  laissa  emporter  à  de  véritables  invectives. 

Cette  philippique  ayant  causé  une  vive  émotion  dans  l'auditoire,  l'affaire 
fut  portée  devant  le  Parlement.  Sous  le  coup  d'une  assignation  judiciaire,  le 
jésuite  se  ravisa  Se  produisit  des  requêtes  où  il  reconnaissait  l'utilité  des  appels 
comme  d'abus  pour  la  pureté  de  la  religion  S<  le  soutien  de  l'Etat. 

La  cour,  après  lui  avoir  fait  subir  un  interrogatoire,  condamna  l'orateur 
intempérant  à  recevoir  une  admonestation  dans  la  chambre  du  conseil,  avec 
défense  de  retomber  en  pareil  cas  &  de  professer  dans  les  classes  ou  écoles 
publiques  pendant  cinq  ans,  sous  les  peines  de  droit;  ordre  aux  supérieurs 
de  surveiller  l'exécution  de  l'arrêt,  &  menace  de  saisir  leur  temporel  s'ils  y 
faisaient  faute- 
Le  père  Dezeuzes  ayant  été  introduit  par  les  huissiers  dans  la  chambre  du 
conseil,  le  premier  président  Joseph-Gaspard  de  Maniban   lui  adressa,  en 

'  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  général. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  il  19 

présence  de  la  compagnie,  le  petit  discours  suivant  :  «  Vous  avez  été  instruit 
«  par  l'arrêt  de  la  cour  combien  elle  improuve  l'abus  que  vous  avez  fait  de 
<(  votre  ministère  pour  censurer  &  pour  énerver  l'autorité  des  lois  &  des 
«  maximes  du  royaume,  aussi  anciennes  qu'elles  sont  nécessaires  au  main- 
ce  tien  des  droits  &  de  l'indépendance  légitime  de  la  couronne  de  nos  rois 
«  contre  les  entreprises  de  la  puissance  ecclésiastique.  Les  lois  ne  sont  pas 
«  moins  utiles  à  la  discipline  de  l'Eglise.  Vous  apprendrez  à  en  connoître  le 
«   mérite  &  à  les  respecter.  Retirez-vous'  !  » 

Deux  questions  importantes  furent  débattues  aux  Etats  de  Languedoc 
durant  la  session  qui  s'ouvrit  le  3i  janvier  1754,  La  première  concernait  les 
communications  de  la  Province  avec  les  pays  limitrophes,  8c  la  seconde  le 
canal  de  navigation  de  Beaucaire  à  Aigues-mortes. 

Le  garde  des  sceaux  avait  communiqué  à  l'archevêque  de  Narbonne,  sur  la 
fin  de  l'année  lySi,  au  moment  du  rétablissement  des  Etats,  un  mémoire 
étendu  contenant  divers  projets  pour  faciliter  les  rapports  du  Languedoc  avec 
les  provinces  voisines  &  principalement  avec  le  Rouergue  6<.  l'Auvergne.  Peu 
de  temps  après  la  reprise  de  ses  séances,  l'assemblée  provinciale  autorisa  la 
commission  des  travaux  publics  à  réunir  tous  les  éclaircissements  nécessaires 
pour  juger  de  l'utilité  61  de  la  possibilité  de  l'entreprise. 

Le  mémoire  fut  communiqué  aux  diocèses  de  Montpellier,  d'Alais,  de 
Mende,  de  Béziers,  de  Lodève,  d'Albi  &  à  tous  ceux  qui  pouvaient  se  trouver 
intéressés  dans  les  nouveaux  projets,  en  temps  opportun  pour  que  l'on  pût 
en  conférer  pendant  la  tenue  des  assiettes.  On  avait  excepté  de  cette  infor- 
mation la  route  d'Alais  au  Puy  &  en  Auvergne  par  le  Gévaudan,  le  roi 
n'ayant  pas  encore  déterminé  la  direction  de  cette  ligne. 

l/cs  diocèses  d'Albi  &.  de  Toulouse,  intéressés  au  chemin  de  Toulouse  à 
Saint-Flour  8c  Clermont,  passant  par  Albi,  le  pont  de  Tanus,  Rodez  8c  Espa- 
lion,  représentèrent  que  cette  voie  venait  d'être  réparée  à  neuf  jusques  à 
Gaillac,  qu'il  serait  essentiel  de  la  continuer  jusqu'au  pont  de  Tanus  sur  le 
Viaur,  à  la  limite  de  la  Province,  en  faisant  deux  ponts  sur  le  Tarn,  l'un  à 
la  pointe  de  Saint-Sulpice,  l'autre  à  Marsac,  mais  qu'il  ne  pouvait  être  pourvu 
à  cette  dépense  que  sur  le  produit  de  la  crue  du  sel,  les  frais  du  travail  indi- 
qués dans  le  mémoire  s'élevant  à  quatre  cent  vingt  mille  livres,  sans  compter 
les  ponts;  la  descente  du  pont  de  Tanus,  l'un  des  travaux  les  plus  urgents, 
ne  pouvait  coûter  moins  de  cent  trente  mille  livres. 

Le  diocèse  d'Albi  déclara  qu'il  trouverait  un  avantage  sensible  pour  la 
vente  de  ses  grains  dans  l'établissement  d'une  route  de  Montpellier  à  Saint- 
Flour  passant  par  Lodève  8c  la  Pezade.  Grâce  au  chemin  déjà  établi  en 
Pv,ouergue  par  Saint-Sernin  8c  Saint-Affrique,  il  aurait  ainsi  une  communi- 
cation courte  8c  facile  avec  le  bassin  de  l'Hérault.  Les  autres  diocèses  du  haut 
Languedoc  se  dirent  désintéressés  dans  l'affaire,  par  suite  de  l'éloignement 
des  chemins  projetés. 

'  Heures  perdues  Je    Pierre   Barlhès,  III,    p.  ^S. 


1754 


"754 


iï3o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

Les  diocèses  de  Montpellier,  Béziers,  Alais  8c  Mende,  convenaient  de  l'uti- 
lité de  la  route  d'Auvergne  passant  par  Millau  &  aboutissant  à  Saint-Flour; 
mais  le  diocèse  d'Alais  préférait  une  ligne  passant  par  Ganges,  le  Vigan  & 
Sanclières,  à  la  ligne  proposée  par  Lodève,  à  cause  de  la  diminution  de  la 
dépense  &  des  avantages  particuliers  que  le  commerce  diocésain  pourrait  en 
tirer,  ajoutant  toutefois  que  ces  avantages  ne  seraient  proportionnés  ni  à 
la  dépense  totale,  ni  même  à  celle  des  sections  urgentes;  l'une  &  l'autre 
étaient,  disait-on,  tout  à  fait  au-dessus  des  forces  du  pays.  On  se  plaignait 
également  que  la  largeur  proposée  de  la  voie  fût  exagérée  &  occasionnât  un 
entretien  ruineux.  Le  transport  des  sels  par  Espalion  en  Pv,ouergue  étant  le 
véritable  motif  du  projet  d'adoucir  les  rampes  d'Olive,  d'Alzon  8<.  du  Cape- 
lier,  on  jugeait  équitable  d'en  prélever  la  dépense  sur  le  produit  de  la  crue 
du  sel. 

Le  diocèse  de  Montpellier,  qui  était  à  portée  de  profiter  des  deux  variantes 
de  communication,  soit  par  Lodève,  soit  par  le  Vigan,  n'exprimait  pas  de 
préférence.  Les  portions  lui  appartenant  de  l'un  St  l'autre  chemin  se  trou- 
vaient d'ailleurs  en  bon  état,  sauf  aux  abords  de  Gignac. 

Le  diocèse  de  Béziers,  limitant  sa  réponse  aux  deux  articles  qui  le  tou- 
chaient de  plus  près,  la  montée  Se  la  descente  du  bois  de  la  Taillade  à  Gignac 
8<  le  chemin  de  Gignac  à  l'Hérault,  avec  pont  de  trois  arches  sur  cette  rivière, 
déclarait  que  le  premier  pouvait  être  différé,  la  communication  se  faisant 
sans  peine  dans  l'état  actuel,  mais  que  le  second  était  d'une  importance  capi- 
tale pouf  le  commerce.  Très-souvent  les  fortes  crues  de  la  rivière  interrom- 
paient les  transports,  8c,  comme  la  ligne  de  Montpellier  au  Rouergue  8t  à 
l'Auvergne  passant  par  Gignac  servait  au  transit  de  toute  espèce  de  marchan- 
dises, on  ne  pouvait  souhaiter  trop  vivement  la  réalisation  du  projet. 

Le  diocèse  de  Lodève  insistait  sur  la  nécessité  d'ouvrir  la  communication 
nvec  Saint-Flour  8c  Clermont  en  passant  par  Gignac,  Lodève,  Soubès  Se  la 
Pezade,  frontière  de  Languedoc  &  point  de  jonction  avec  le  grand  chemin 
du  Pvouergue  nouvellement  construit.  Cette  ligne  était  plus  courte  qu'aucune 
autre,  sans  excepter  celle  de  Montpellier  par  Alais  8c  le  Puy  ;  elle  était  aussi 
jiioins  coûteuse,  &c  en  partie  exécutée,  la  section  comprise  entre  Soubès  8c  la 
Pezade  n'ayant  pas  quatre  lieues  de  longueur.  On  observait  que  le  transport 
(les  draps  fabriqués  à  Lodève  pour  l'habillement  des  troupes  8c  des  étoffes 
tissées  en  Gévaudan  8c  en.PvOuergue  serait  singulièrement  facilité  par  la 
nouvelle  route,  8c  que  la  traite  du  sel  s'y  fei"ait  désormais  par  charrettes  8c 
non  plus  à  dos  de  mulet.  On  ne  prévoyait  pas  d'avantages  moins  considé- 
rables pour  l'importation  8c  l'exportation  des  denrées  8c  marchandises  de 
toute  nature  qui  circuleraient  ainsi  dans  l'intérieur  du  royaume.  Tout  ce 
qui  entrait  dans  la  Province  ou  qui  en  sortait  par  les  ports  de  Cette  Se  d'Agde 
8c  les  denrées  ou  produits  venant  de  Béziers  ou  de  Narbonne  pourraient 
emprunter  la  ligne,  grâce  au  chemin  déjà  construit  de  Lodève  à  Pézénas. 
Quant  à  la  dépense,  le  diocèse  marquait  sa  bonne  volonté  pour  y  concourir 
suivant  ses  moyens,  mais  sollicitait  l'assistance  des  États. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  ii3i 

Le  Gévaudan  taisait  remarquer  que,  parmi  les  routes  proposées,  celle  de 
Montpellier  à  Saint-Flour  par  Gignac,  Lodève  Se  Millau,  serait  d'une  grande 
utilité  pour  le  diocèse  8c  pour  l'ensemble  de  la  Province;  mais  qu'au  lieu  de 
se  borner  à  la  conduire  par  Espalion  Se  Chaudesaigues,  il  faudrait  encoie 
l'ouvrir  par  Marvéjols  8c  Saint-Chély  en  partant  de  La  Glène  8c  aboutissant 
à  La  Garde,  pour  entrer  dans  le  grand  chemin  d'Auvergne  à  trois  lieues  au 
deçà  de  Saint-Flour.  De  cette  façon,  la  li2:ne  aurait  un  embranchement  au 
cœur  du  Gévaudan,  très-avantageux,  pour  le  transport  des  étoffes  8c  la  con- 
sommation des  denrées.  L'embranchement  serait  plus  court  que  la  route 
d'Espalion  Se  de  Chaudesaigues,  8c  les  frais  de  construction  peu  considé- 
rables, s'agissant  seulement  d'une  étendue  de  dix  à  onze  lieues. 

L'administration  des  Etats  ne  s'était  pas  contentée  d'interroger  les  assiettes 
diocésaines.  Consulté  sur  la  valeur  des  divers  projets,  l'inspecteur  des  manu- 
factures, Lemazuyer,  approuvait  le  tracé  de  la  route  d'Auvergne  par  Lodève, 
la  Pezade  8c  Millau,  combattait  celui  d'Espalion  8c  Chaudesaigues  8c  propo- 
sait d'aller  à  Saint-Flour  par  Marvéjols  8c  Saint-Chély,  ce  qui  revenait  au 
projet  du  Gévaudan.  L'inspecteur  regardait  la  ligne  d'Espalion  à  Saint-Flour 
par  Chaudesaigues  comme  impraticable  pendant  presque  tout  l'hiver  Se  diffi- 
cile dans  les  autres  saisons,  tandis  que  celle  de  Millau  à  Saint-Flour  par 
Marvéjols  8c  Saint-Chély  pourrait  être  constamment  fréquentée.  Il  énumérait 
les  avantages  de  son  tracé  pour  le  commerce  du  Gévaudan,  qui  se  trouverait 
au  contraire  fort  compromis  par  l'exéctition  de  l'autre  ligne,  appuyant  ses 
arguments  d'un  état  détaillé  des  principales  marchandises  qui  faisaient  l'objet 
du  commerce  d'importation  Se  d'exportation.  Se  d'un  tableau  comparatif  des 
tracés  avec  la  désignation  exacte  des  divers  points. 

Résumant  l'enquête,  la  commission  des  Etats  reconnut  que  l'utilité  du 
fiand  chemin  de  Toulouse  à  Saint-Flour  était  déjà  préjugée  par  l'exécution 
des  travaux  entre  Toulouse  Se  Gaillac.  On  ne  pouvait  terminer  la  ligne  à 
cette  petite  ville,  sans  la  conduire  à  l'extrémité  de  la  Province,  Se  elle  serait 
même  incomplète  tant  (|ue  l'on  n'aurait  pas  construit  les  deux  ponts  du  Tarn, 
surtout  celui  de  Saint-Sulpice.  Mais  comme  la  crue  de  cinq  sols  par  minot 
de  sel  avait  été  établie  à  cette  occasion  Se  fournissait  un  fonds  très-suffisant, 
les  commissaires  des  États  jugeaient  indispensable  de  prélever  les  sommes 
nécessaires  sur  le  produit  de  cet  impôt. 

Quant  aux  communications  dti  bas  Languedoc,  qui  soulevaient  une  dis- 
cussion plus  compliquée,  la  commission  se  prononçait  en  faveur  de  la  ligne 
de  Lodève,  par  préférence  à  celle  du  Vigan,  la  première  étant  plus  directe  Se 
devant  favoriser  à  la  fois  le  commerce  provincial  8c  la  traite  du  sel.  L'utilité 
de  cette  route  paraissait  assez  sensible  pour  en  faire  désirer  la  prompte  exé- 
cution. 

Les  premiers  travaux  indispensables  paraissaient  être  le  pont  sur  l'Hérault, 
près  de  Gignac,  évalué  à  cent  vingt-deux  mille  livres,  Se  la  section  de  Soubès 
à  la  Pezade,  évaluée  à  cent  cinquante-trois  mille.  Les  autres  parties  de  la 
route  étant  déjà  fréquentées  8c  pouvant  suffire  à  la  circulation,  l'objet  de 


1754 


'7^-» 


Ii32  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

l'entreprise  serait  atteint  dès  qu'on  aurait  amené  ces  deux  ouvrages  à  leur 
perfection. 

La  ville  de  Gignac  offrait  de  contribuer  à  la  dépense,  en  abandonnant  le 
prix  du  quart  de  réserve  de  ses  bois,  estimé  k  quarante  mille  livres  j  mais 
cette  ressource  n'étant  pas  suffisante,  8c  l'établissement  de  la  route  devant 
être  avantageux,  à  la  ferme  des  gabelles,  on  avait  lieu  d'espérer  que  le  roi 
puiserait  aussi  dans  les  fonds  de  la  crue  du  sel.  Ce  secours  paraissait  d'autant 
plus  indispensable  que  les  diocèses  de  Montpellier,  de  Béziers,  de  Lodève, 
8<.  même  la  Province  entière  ne  se  trouvaient  pas  en  état  de  contribuer  à  la 
dcjîense,  par  suite  de  toutes  les  autres  charges  obligatoires. 

Sur  l'affaire  du  Gévaudan,  la  commission  refusa  de  se  prononcer.  D'après 
les  observations  produites,  Si,  sur  l'inspection  de  la  carte,  elle  inclinait  pour 
la  ligne  de  Marvéjols  &  Saint-Chély,  mais  ne  se  croyait  pas  suffisamment 
informée,  l'incertitude  où  elle  demeurait  sur  cette  partie  du  tracé  n'infir- 
mant, d'ailleurs,  en  aucune  façon  les  considérations  précédemment  exposées 
sur  les  avantages  de  la  grande  ligne  pour  les  diocèses  de  Montpellier,  de 
Bcziers,  d'Agde  8<.  d'Albi. 

A  la  suite  d'un  long  rapport  de  l'évêque  de  Montpellier,  les  États  résolu- 
rent de  solliciter  auprès  de  la  Cour  la  continuation  du  chemin  de  Gaiilac 
jusques  au  pont  de  Tanus,  la  construction  des  ponts  de  Saint-Sulpice  8<.  de 
Marsac,  &  l'attribution  à  ces  travaux  de  la  crue  du  sel,  établie  à  l'occasion 
de  ce  chemin  &  toujours  continuée,  avec  prière  d'accorder  le  même  secours 
pour  la  route  de  Montpellier  à  Millau,  par  Lodève  Si  Soubès. 

Avant  de  prendre  une  dernière  détermination  sur  la  partie  du  tracé 
comprise  entre  Millau  &  Saint-Flour,  des  informations  nouvelles  seraient 
recueillies,  ayant  pour  objet  de  déterminer  avec  précision  laquelle  des  deux 
lignes  était  la  plus  courte,  la  moins  coûteuse,  le  plus  praticable  dans  toutes 
les  saisons  de  l'année  &  surtout  dans  l'hiver.  Les  commissaires  des  travaux 
publics  reçurent  de  l'assemblée  des  pouvoirs  particuliers  pour  diriger  cette 
enquête  '. 

Le  projet  d'un  canal  de  navigation  entre  le  Rhône  au-dessus  de  Beau- 
caire  &  l'étang  de  Mauguio  faisait  l'objet  d'un  mémoire  remis  au  syndic 
général  Joubert  par  le  maréchal  de  Richelieu.  L'importance  de  cette  ligne 
qui  devait  relier  Aigues-mortes  à  Nimes  fut  reconnue  par  les  Etats  qui 
voyaient  dans  l'entreprise  proposée  un  complément  nécessaire  du  canal  des 
Étangs. 

Ils  donnèrent,  le  3o  novembre  lySî,  leur  consentement  à  l'exécution  des 
ouvrages,  avec  offre  de  céder  à  la  compagnie  qui  s'en  chargerait  le  canal  cons- 
truit par  la  Province  dans  les  étangs  8t  les  portions  de  marais  comprises  dans 
le  tracé.  Cette  cession  impliquait,  d'ailleurs,  diverses  obligations  :  celle  de 
terminer  8c  d'entretenir  l'entier  réseau  de  canalisation  formé  par  la  réunion 
des  deux  lignes,  celle  de  n'y  pas  lever  de  plus  grands  droits  que  sur  le  canal 

'  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  12  mars  1754. 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  ii33 

de  communication  des  Mers,  &  de  payer  les  parties  de  marais  occupées  au 
prix  du  rachat  fait  par  la  Province. 

Toutes  les  opérations  préparées  à  cette  époque  tendaient  à  prendre  les  eaux 
du  Rhône  aux  environs  de  Comps,  vis-à-vis  le  confluent  du  Gard,  à  les  con- 
duire à  Nimes  &  à  descendre  ensuite  par  la  vallée  du  Vistre  jusqu'à  l'étang 
de  Mauguio.  Un  examen  plus  attentif  donna  lieu  d'observer  qu'en  adoptant 
ce  tracé  les  embarcations  venant  du  canal  de  Languedoc  à  destination  de 
Beaucaire  seraient  contraintes  de  franchir  un  nombre  considérable  d'écluses, 
d'arriver  fort  en  amont  de  cette  ville  &  d'emprunter  ensuite  le  cours  du 
Rhône  sur  une  assez  longue  distance;  &  les  marchandises  expédiées  de  Beau- 
caire vers  le  haut  Languedoc  auraient  à  remonter  le  Rhône  pour  pénétrer 
dans  le  nouveau  canal,  ce  qui  occasionnerait  des  retards  8<  des  augmenta- 
tions de  frais.  Ces  considérations  firent  abandonner  le  premier  dessein.  On 
chercha  un  autre  point  du  Rhône  d'où  la  dérivation  des  eaux  fût  possible 
sans  donner  lieu  aux  mêmes  inconvénients,  &  l'on  finit  par  s'arrêter  à  l'idée 
d'opérer  la  coupure  à  la  hauteur  de  Beaucaire  Si  de  mener  de  ce  point  la 
ligne  à  l'étang  de  Mauguio. 

Les  divers  nivellements  effectués  montraient  que  le  tracé  ainsi  conçu  réu- 
nissait les  avantages  d'une  construction  plus  facile  &  d'une  communication 
plus  courte;  la  ville  de  Beaucaire  étant  comme  le  centre  du  commerce  lan- 
guedocien, l'abréviation  du  parcours  &  l'abaissement  des  tarifs  qui  en  résul- 
tait, prenaient  l'importance  d'un  intérêt  de  premier  ordre.  Restait  la  satisfac- 
tion promise  à  la  ville  de  Nimes  qui  s'était  flattée  de  se  voir  rattacher  au 
réseau  de  voies  navigables.  On  se  proposait  d'y  pourvoir  en  détachant  du 
canal  de  Beaucaire,  aux  environs  de  la  Tour  d'Anglas,  un  embranchement 
dirigé  sur  Nimes  &  alimenté  par  les  eaux  de  la  Fontaine  8c  par  quelques 
autres  sources  des  environs. 

Les  anciens  projets  ayant  été  ainsi  modifiés,  Trudaine  exprima  le  désir  que 
les  Etats  donnassent  leur  approbation  au  changement  &  qu'ils  fissent  une 
cession  particulière  du  canal  des  Etangs  8c  du  canal  de  Beaucaire,  avec  enga- 
gement d'aliéner  au  prix  du  rachat  les  portions  de  marais  nécessaires  à  l'éta- 
blissement de  la  ligne. 

Afin  de  mettre  en  pleine  lumière  les  avantages  de  la  création  proposée,  les 
chambres  de  commerce  de  Toulouse  8c  de  Montpellier  furent  consultées  8c 
donnèrent  des  avis  favorables.  On  reconnut  que  la  ligne  de  Beaucaire  com- 
pléterait heureusement  le  canal  de  Riquét,  faciliterait  les  relations  commer- 
ciales entre  Bordeaux  8c  Beaucaire,  Se  n'aurait  pas  moins  d'utilité  pour  le 
transport  des  munitions  de  guerre  soit  en  Italie,  soit  en  Espagne. 

Il  est  vrai  que  la  variante  adoptée  faisait  perdre  à  Nimes  le  rôle  d'entrepôt 
qu'on  avait  cru  pouvoir  lui  promettre,  mais  le  commerce  ne  s'en  plaindrait 
pas,  puisque  le  parcours  s'en  trouvait  abrégé  8c  la  dépense  amoindrie,  8c  la 
création  de  l'embranchement  de  la  Tour  d'Anglas,  si  elle  ne  réalisait  pas 
toutes  les  espérances  des  Nimois,  leur  permettrait  du  moins  de  faire  parti- 
ciper leurs  transactions  locales  aux  avantages  de  l'entreprise. 


1704 


~^         ii34  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Quant  à  la  cession  du  droit  de  construire  le  canal,  elle  n'était  qu'une 
transmission  de  la  faculté  donnée  aux  Etats  par  l'arrêt  du  conseil  du  i"  no- 
vembre 1746,  en  vertu  d'une  substitution  de  la  Province  au  maréchal  de 
Noailles,  donataire  de  Sa  Majesté. 

Voici  les  conditions  proposées  par  les  commissaires  des  travaux  publics  pour 
l'acte  à  intervenir  pardevant  notaire  entre  la  Province  &  la  compagnie,  con- 
ditions qui  reçurent  l'approbation  des  États. 

La  compagnie  se  chargeait  de  continuer  Si  d'achever  à  ses  frais  les  travaux 
du  canal  des  Etangs,  depuis  le  port  de  Cette  jusqu'à  l'embouchure  du  canal 
de  la  Radelle  dans  l'étang  de  Mauguio,  &  d'entretenir  entièrement  cette 
ligne. 

Elle  s'obligeait  également  à  faire  à  ses  frais  le  canal  projeté  de  Beaucaire 
à  Aigues-mortes  &  à  l'étang  de  Mauguio  8c  l'embranchement  de  la  Tour  d'An- 
glas  à  Nimes,  sous  les  clauses  faites  au  maréchal  de  Noailles  par  l'arrêt  du 
conseil  du  20  décembre  1701  Se  les  lettres  patentes  de  janvier  17025  les  États 
subrogeant  la  compagnie  à  eux-mêmes,  comme  ils  l'avaient  été  au  maréchal 
de  Noailles,  sans  être  pour  cela  tenus  à  aucune  garantie. 

Les  droits  établis  au  profit  de  la  compagnie  sur  le  canal  des  Étangs  &  sur 
celui  de  Beaucaire  ne  pouvaient  excéder  les  tarifs  du  canal  des  Deux-Mers. 

Attendu  la  nécessité  de  prendre  les  plus  grandes  précautions  pour  dériver 
les  eaux  du  Rhône  à  Beaucaire,  la  compagnie  devait  donner  connaissance 
aux  Etats  pendant  leur  session,  &  à  la  commission  des  travaux  publics  pen- 
dant le  reste  de  l'année,  de  tous  les  ouvrages  nécessaires,  avant  que  d'en 
commencer  l'exécution. 

A  l'égard  des  portions  de  marais  utiles  au  nouveau  tracé,  la  compagnie 
était  subrogée  aux  Etats  partiellement,  dans  les  termes  arrêtés  par  l'arrêt 
du  8  novembre  1746,  &  en  se  réglant  d'après  les  sommes  payées  au  sieur  du 
Brocard  de  Barrillon,  cessionnaire  du  maréchal  de  Noailles. 

Indépendamment  de  la  somme  due  aux  États  pour  cette  subrogation,  la 
compagnie  indemniserait  de  gré  à  gré  ou  sur  dire  d'experts  les  particuliers 
ou  communautés  qui  justifieraient  de  la  propriété  du  sol  des  marais  ou  même 
de  la  simple  possession  pendant  un  laps  de  temps  déterminé. 

Aucune  assistance  pécuniaire  ne  pouvait  être  demandée  aux  États,  sous 
quelque  prétexte  que  ce  iùt, 

La  compagnie  se  chargeait  de  désintéresser  à  ses  frais  divers  propriétaires 
qui  réclamaient  des  indemnités  pour  le  canal  des  Étangs,  tels  que  les  héri- 
tiers Montréal,  l'évêque  de  Montpellier  St  le  marquis  d'Aubaïs,  8<  prenait 
le  même  engagement  à  l'égard  de  toutes  les  réclamations  qui  pouvaient  se 
produire,  pour  l'exécution  du  nouveau  tracé,  de  la  part  des  diocèses,  commu- 
nautés laïques  ou  ecclésiastiques,  séculières  8c  régulières  ou  des  bénéficiers 
8c  simples  possesseurs,  de  façon  à  mettre  la  Province  à  l'abri  de  toute  reven- 
dication. 

Si  la  compagnie  n'obtenait  pas,  dans  le  courant  de  l'année,  les  lettres 
patentes  nécessaires  pour  l'autorisation  des  travaux,  la  Province  ne  ferait  à 


LIV.   IV,   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  Ii35 

l'avenir  aucune  imposition  à  raison  du  canal  des  Etangs,  &,  si  elle  se  trou- 
vait contrainte  d'en  lever  par  la  volonté  expresse  du  roi,  le  montant  des 
sommes  imposées  devrait  être  restitué  parles  soins  de  la  compagnie. 

A  défaut  d'exécution  des  travaux  dans  le  délai  de  huit  ans,  la  cession  S<  la 
subrogation  de  la  compagnie  à  la  Province  demeuraient  sans  effet,  malgré 
toutes  les  lettres  patentes  que  les  actionnaires  auraient  pu  obtenir'. 

Immédiatement  après  la  tenue  des  Etats,  le  maréchal  de  Richelieu  se  rendit 
à  Toulouse,  où  il  avait  mission  de  régler  un  certain  nombre  d'affaires  locales 
préparées  par  l'intendant.  Le  commandant  en  chef  arriva  dans  la  capitale  de 
la  Province  le  samedi  23  mars,  à  trois  heures  du  matin  :  il  fut  salué  par  les 
décharges  de  dix  pièces  d'artillerie  que  les  capitouls  avaient  établies  sur  le 
rempart,  à  la  porte  du  Château,  Se  descendit  à  l'archevêché.  Le  prince 
d'Anhalt  se  trouvait  en  ce  moment  à  Toulouse  &  prit  part  à  toutes  les  fêtes 
qui  furent  données  au  maréchal,  invité  tour  à  tour  chez  le  baron  de  Lanta, 
le  marquis  d'Ambres,  M.  de  Bonrepos,  le  premier  président,  le  marquis  de 
Pins,6<.  chez  Madame  de  Rochechouart.  Richelieu  visita  plusieurs  fois  l'hotel 
de  ville,  assista,  le  jeudi,  à  la  séance  hebdomadaire  de  l'Académie  des  sciences, 
parcourut  les  chantiers  de  l'Esplanade  &  se  fit  rendre  un  compte  détaillé  des 
divers  projets  de  travaux  publics^. 

Entre  autres  instructions,  le  maréchal  avait  celle  de  relever  le  moral  des 
capitouls  que  le  Parlement  ne  cessait  de  tourner  en  ridicule  &  de  décrier. 
Les  officiers  municipaux  de  Toulouse  prêtaient  quelque  peu  à  la  raillerie  par 
l'assurance  que  leur  donnait  le  chaperon  capitulaire;  mais  messieurs  de  la 
cour  dépassaient  toutes  les  bornes,  &,  comme  la  pensée  de  restreindre  l'im- 
portance des  compagnies  supérieures  de  justice  ne  laissait  pas  que  de  hanter 
le  gouvernement,  on  s'in(|uiétait  de  chercher  un  point  d'appui  dans  la  magis- 
trature urbaine. 

L'intendance  avait  le  désir  de  faire  achever  l'hôtel  de  ville,  dont  on  élevait 
alors  la  façade,  sur  les  plans  de  l'architecte  Cammas  &  d'y  consacrer  deux 
corps  de  logis  aux  appartements  du  commandant  en  chef  Se  de  l'intendant 
qui  ne  seraient  plus  contraints,  pendant  leur  passage  à  Toulouse,  de  recevoir 
l'hospitalité  de  l'archevêque  ou  de  quelque  grand  personnage^.  Toute  mesure 
indiquant  la  possibilité  d'un  séjour  plus  prolongé  des  agents  du  pouvoir  cen- 
tral ne  pouvait  qu'alarmer  l'humeur  ombrageuse  des  parlementaires.  Cominc 
ceux-ci  formaient  une  forte  cabale,  Richelieu  s'aperçut  que  la  résistance  serait 
assez  vive  &,  pour  en  venir  à  bout,  il  proposait  à  Saint-Priest  de  faire  inter- 
venir Saint-Florentin.  «  Nous  sommes,  dit-il,  à  deux  cents  lieues,  8(.  les 
«   lièvres  tont  trembler  les  grenouilles.  » 

Pendant  la  semaine  qu'il  passa  à  Toulouse,  le  maréchal  reçut  de  la  Cour 
beaucoup  de  lettres  relatives  aux  protestants  de  Languedoc,  «  des  lettres  à 
'i   impatienter,  »  écrivait-il  à  l'intendant.  Le  haut  personnel  gouvernemental 

'Procès-verbal   de»    Étals.    Séance   du    12   mars  '  Pièces  Junificailycs, n.DCCCLXWlï,co\.  2itS. 

i7^>4-  '  Pièces  juitificaùva,  n.  DCCCLXXX,  col.  jj>  7. 


1704 


'7^4 


17^3 


Il 36  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

était  pris  d'une  ferveur  d'orthodoxie  tout  à  fait  belliqueuse  &  ne  rêvait  que 
chasse  aux  prédicants  &  dispersion  d'assemblées.  Richelieu,  moins  passionné 
&  connaissant  les  choses  de  plus  près,  redoutait  des  représailles,  des  meurtres 
de  prêtres  répondant  aux  arrestations  de  ministres,  6t  recommandait  d'éviter 
les  esclandres. 

On  voit  par  la  correspondance  de  Saint-Priest  que  la  tranquillité  régnait 
alors  dans  les  Cévennes.  On  continuait  de  s'assembler  au  Désert,  mais  on 
choisissait  le  moment  où  les  détachements  rentraient  dans  leurs  quartiers.  La 
prudence  était  à  l'ordre  du  jour  parmi  les  officiers  qui  mettaient  à  éviter  les 
assemblées  presque  autant  de  soin  que  les  assemblées  à  se  préserver  des 
troupes.  L'intendant  signalait  seulement  deux  faits  qui  marquaient  un  cer- 
tain retour  de  confiance  chez  les  protestants.  A  Uzès,  les  mariés  au  Désert 
avaient  pour  la  première  fois  refusé  de  tirer  au  sort  pour  la  milice  avec  les 
célibataires,  &.,  dans  une  commune,  le  consul  protestant  s'était  aventuré  jus- 
qu'à ordonner  une  corvée  générale  un  jour  de  fête  catholique,  en  menaçant 
d'augmenter  la  capitation  aux  nouveaux  convertis  qui  refuseraient  de  s'y 
rendre.  Saint-Priest  donna  une  semonce  au  consul,  mais  il  crut  devoir 
prendre  l'avis  du  ministère  sur  la  question  des  milices'. 

En  1755,  le  comte  d'Eu  succéda  au  prince  de  Dombes  dans  le  gouverne- 
ment de  Languedoc,  8c  le  maréchal  de  Richelieu,  rappelé  au  service  actif, 
céda  la  lieutenance  générale  de  la  Province  au  duc  de  Mirepoix. 

Cette  même  année,  la  partie  orientale  du  diocèse  de  Nimes  fut  ravagée 
par  une  terrible  crue  du  Rhône.  D'après  les  récits  contemporains,  de  mémoire 
d'homme  on  n'avait  vu  dans  le  pays  pareille  inondation.  Le  3o  novembre, 
le  fleuve  déchaîné  emporta,  du  côté  de  Languedoc,  les  levées  de  Beaucaire  à 
Sylveréal,  £<.  du  côté  de  Provence,  celles  d'Arles  à  Tarascon,  envahissant 
toutes  les  terres  voisines.  Une  brèche  d'environ  quatre  cents  toises  ayant  été 
faite  dans  les  digues  du  petit  Mas  d'Argence,  le  courant  s'y  précipita  81  roula 
des  monticules  de  sable  sur  l'étendue  entière  de  la  plaine.  La  rupture  ayant 
eu  lieu  simultanément  aux  chaussées  supérieures  de  Fourques  &  de  Beau- 
caire, le  territoire  demeura  couvert  par  les  eaux  pendant  plus  d'un  mois  81 
demi.  L'ordre  de  Malte  avait  des  possessions  considérables  dans  cette  contrée, 
dépendant  du  grand  prieuré  de  Saint-Gilles  8c  formant  les  commanderies 
d'Argence,  Cavalets,  Sainte-Anne,  Capette,  Barbentane.  La  chaussée  d'Ar- 
gence appartenait  à  l'ordre.  Le  chevalier  de  Grille,  syndic  du  corps  des 
grand  prieur  8c  commandeurs,  résidant  à  Arles,  au  premier  bruit  de  la  crue, 
s'était  hâté  d'envoyer  sur  les  lieux  les  «  bailes  terraillons,  «  avec  un  nombre 
suffisant  de  paysans  pour  aviser  à  la  conservation  des  levées  8t  réparer  les 
dégâts  à  mesure  qu'ils  se  produiraient.  Mais  les  eaux  étaient  trop  fortes  Se 
rendirent  tous  les  travaux  inutiles.  La  commanderie  d'Argence  n'avait  pas 
de  grands  revenus;  on  craignait  que  les  réparations  à  la  charge  du  titulaire 
ne  se  fissent  jamais.  L'ordre  dépêcha  les  chevaliers  de  Grille  8c  de  Préville  à 

'  Pièces  justificatives,  n.  DCCCLXXXI,  col.  Ï2i3;  n.  DCCCLXXXIII,  col.  2220. 


i-jàj 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  iiS; 

M.  de  Saint-Priest,  sur  les  moyens  d'obvier  aux  difficultés  d'exécution,  ou 
plutôt  sur  les  moyens  de  faire  intervenir  le  roi  dans  la  dépense.  Les  com- 
mandeurs, se  trouvant  hors  d'état  de  payer  la  reconstruction  des  bâtiments, 
de  relever  les  chaussées  &  d'effectuer,  en  un  mot,  les  divers  ouvrages  d'entre- 
tien que  leur  imposait  leur  titre,  prirent  le  parti  d'aller  à  Malte  implorer  les 
secours  du  Vénérable  Commun  Trésor  8<.  se  procurer  leur  subsistance.  Le 
baillv  de  Froulay,  ambassadeur  de  Malte  à  la  Cour  de  France,  présenta  une 
note  sur  les  inondations  du  Rhône.  Il  soutenait  que  l'assistance  du  roi  était 
d'autant  plus  nécessaire  que  le  tirage  des  sels  de  Peccais  contribuait  notable- 
ment à  dégrader  les  chaussées. 

«  Ces  transports,  disait-il,  se  font  parle  moyen  de  plusieurs  bateaux  plats 
Il  attachés  ensemble,  &  tirés  d'ordinaire  par  vingt  couples  de  chevaux  qui 
«   passent  fréquemment  sur  l'arête  ou  le  couronnement  des  chaussées. 

<!  Dans  les  temps  secs,  les  chevaux  ébranlent  &  pulvérisent  le  chemin  de  sur- 
«   face  qui,  emporté  parles  vents,  occasionne  un  ébranlement  considérable. 

«  Dans  les  temps  pluvieux,  les  dégradations  sont  encore  pires;  la  terre 
(1  détrempée  ne  résiste  pas;  les  chevaux,  marchant  sur  deux  lignes,  font  des 
«  ornières  profondes  qui,  écartant  le  sol  de  droite  6t  de  gauche,  occasionnent 
«  des  éboulemens. 

«  Les  traits  de  chaque  couple  de  chevaux  roulant  avec  violence  sur  le  talus 
<i  des  chaussées  détachent  les  pierres  S<.  donnent  prise  à  l'eau;  enfin  il  est 
«  impossible  de  planter  des  arbres'.  » 

Il  parut  en  Gévaudan,  vers  le  commencement  de  l'année  lySô,  une  bande  ^ 

de  contrebandiers,  forte  de  douze  hommes,  qui  ne  cessait  de  circuler  à  tra- 
vers cette  région  montagneuse  de  la  Province  ;i  elle  ne  commettait  pas  de 
violences  Se  se  contentait  de  vendre  furtivement  ses  marchandises.  Le  duc  de 
Mirepoix  prescrivit  aux  chefs  de  corps  de  se  concerter  avec  les  subdélégués 
du  commandement  8<  de  l'intendance,  pour  veiller  à  la  sûreté  publique.  On 
établit  un  quartier  de  cinquante  soldats  à  Mende,  qui  furent  logés  dans  une 
maison  privée,  à  portée  des  recettes  des  tailles,  du  grenier  à  sel  8c  de  l'entre- 
pôt du  tabac.  On  forma  une  compagnie  de  cinquante  hommes  de  garde 
bourgeoise,  qui  pouvait  être  portée  au  double  en  cas  de  nécessité.  Le  diocèse 
vota  une  petite  gratification  à  cette  troupe,  composée  d'artisans,  afin  de  la 
dédommager  des  heures  de  travail  qu'elle  avait  occasion  de  perdre  pour  le 
service  du  roi.  A  la  suite  de  ces  précautions,  les  contrebandiers  ne  se  mon- 
trèrent plus;  mais,  peu  de  temps  après,  il  s'organisa  une  autre  bande,  beau- 
coup plus  sérieuse,  qui  marchait  dans  le  même  ordre  que  celle  de  Mandrin. 
Chaque  homme  était  armé  d'un  fusil  à  deux  coups,  d'une  bayonnette  8c  de 
pistolets,  &  conduisait  un  cheval  chargé  de  marchandises.  L'aspect  de  cet 
équipage  jetait  l'épouvante  dans  le  canton.  Sur  les  grands  chemins,  on  ne 
disait  pas  que  les  contrebandiers  eussent  fait  violence  à  personne;  mais  ils 
usaient  de  menaces  contre  ceux  qui  refusaient  de  les  loger  8i  les  y  contrai- 

'  Archive;  natioritiles.  Papiers  du  contrôleur  général, 

XIII.  71 


1766 


II 38  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

gnaient  par  la  force.  Ils  en  agirent  ainsi  à  l'égard  d'un  meunier  du  village 
de  Badaroux,  à  une  lieue  de  Mende.  Il  fut  impossible  de  savoir  au  sûr  la 
route  qu'ils  suivirent  en  quittant  ce  village,  mais  on  supposa  qu'ils  s'étaient 
jetés  dans  les  montagnes  du  Vivarais. 

Leur  apparition  fit  reprendre  l'ancien  projet  de  compagnie  bourgeoise  qui 
avait  été  abandonné.  On  s'occupa  de  l'armement  de  cette  troupe  5  mais  on 
ne  réussit  qu'à  rassembler  une  trentaine  de  fusils  de  petit  calibre  chez  les 
bourgeois.  Une  autre  compagnie  avait  été  créée  à  Marvéjols.  Elle  se  trouvait 
dans  les  mêmes  conditions.  On  recourut  à  Saint-Priest,  dont  l'embarras  fut 
extrême.  On  avait  de  grandes  inquiétudes  extérieures,  Se  l'on  hésitait  à 
dégarnir  les  magasins  provinciaux  d'armes  qui  pouvaient  devenir  indispen- 
sables, pour  un  cas  pressant,  au  moment  de  l'assemblée  &  du  départ  des 
milices'. 

L'intendant  ne  se  disait  pas  non  plus  très-rassuré  sur  les  dispositions  des 
protestants.  Une  de  ses  lettres  au  ministère  témoigne  de  la  préoccupation 
que  lui  causaient  les  élections  municipales,  depuis  qu'on  les  avait  rétablies 
pour  les  charges  municipales  invendues.  Comme,  dans  plusieurs  communes 
de  Languedoc,  les  protestants  se  trouvaient  en  majorité,  ils  ne  manquaient 
point  d'élire  des  consuls  de  leur  religion.  L'intendant  s'en  alarmait  comme 
d'un  fait  contraire  aux  prescriptions  les  plus  formelles  des  édits  8t  déclara- 
tions. Quand  la  population  était  entièrement  protestante,  il  fallait  bien  se 
résignera  la  violation  de  la  loi;  mais  n'y  eût-il  que  deux  ou  trois  anciens 
catholiques,  pourvu  qu'ils  eussent  «  une  certaine  intelligence,  »  ils  devaient 
être  préférés*.  Saint-Priest  ne  s'inquiétait  pas  de  la  situation  singulière  qui 
aurait  été  faite  à  ces  malheureux  consuls,  isolés,  seuls  de  leur  religion,  au 
milieu  d'une  commune  hostile.  Il  ne  songeait  qu'à  servir  5c  à  mériter  les 
bonnes  grâces  de  la  Cour,  qu'il  sollicitait  d'ailleurs  avec  une  infatigable 
persistance^. 

'  Archives  nationales.  Papiers  du  contrôleur  gé-  pour  quelqu'un  qui  a  autant  de  dettes  &  aussy  peu 

Itérai.  Lettre  de  Saint-Priest,  du  17  mai  1756.  de  bien  de  patrimoine;  oserai-je  espérer  en  faveur 

°  Lettre  de  Saint-Priest,  du  4  août  1766.  non   de  mes  services,  mais  seulement  de  mon  zèle 

'  Le  6  septembre  1762,  l'intendant  écrivait  au  &  de  ma   bonne   volonté,   que   le  roy  me  fera   la 

contrSIeur  général  :  nouvelle  grâce  des  droits  que  je  suis  tenu  de  payer. 

<(  M.  le  chancelier  a  bien  voulu  proposer  au  roy  Vous   pouvez   tout,  Monseigneur,   &  jay  reçu   si 

d'accorder  à  mon  fils  aîné  des  dispenses  d'âge  pour  souvent  des  preuves  éclatantes  de  votre  protection, 

pouvoir  être   pourvu  d'une  charge  dans  une  cour  que  je  dois  me  borner  à  vous  en  demander  la  con- 

supérieure,  &  S.  M.   a   consenti  à  me  faire  cette  tinuation  &  à  m'en  remettre  à  ce  que  vous  jugerez 

grâce.  Je  crois  ne  devoir  pas  perdre  un  moment  à  convenable. 
en  profiter,  &  comme  il   m'a   paru  vraisemblable 

d'avoir  mon  fils  sous  mes  yeux,  je  me  suis  déter-  Provisions  d'un  office  de  conseiller  à  la  cour 

miné,  si  vous  l'approuvez,   à  luy  avoir  un  office  Jcs  aides. 

de  conseiller  à  In  cour  des  aides  de  Montpellier  ; 

mais,  Monseigneur,  un  grand   obstacle  s'oppcse  à  ^'°'^  ^^  5»"i^«"« ^7^o' 

l'exécution  de  ce  projet;  les  droits  à  payer  à  Paris  2  so  s  pour    ivre i-5 

pour  les  provision»  montent,  suivant  l'état  que  je  Quittance  de  commissaire 2'  ,  2'  8' 

joins  à  la  présente,  à  6708'  i5'  8'l,  indépendam-  D'spense  d'âge 102 

ment  de  5  172'  que  coûtent  les  frais  de  réception.  ^°""'  commune ^5'    5» 

Ces    deux    objets    réunis    sont    bien    considérables  A  reporter 4!'74'  17' S"! 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  iiSç 

Le  commandement  du  maréchal  de  Mirepoix  en  Languedoc  ne  devait  pas 
ôtre  de  longue  durée.  Le  trait  le  plus  saillant,  qui  le  recommande  au  sou- 
venir de  l'histoire,  est  le  plan  de  conduite  relativement  modéré  que  ce  grand 
dignitaire  avait  adopté  à  l'égard  des  protestants.  On  voit  par  les  instructions 
données  à  son  successeur,  que  le  duc  de  Mirepoix  s'était  proposé  de  ramener 
les  protestants  à  la  soumission  par  la  bonté  8c  la  confiance.  Il  ne  pouvait 
songer  à  changer  la  loi,  dont  les  prescriptions  pesaient  sur  lui  8<  dont  l'inob- 
servation aurait  soulevé  des  tempêtes  dans  le  clergé;  mais  il  s'efforça  du  moins 
d'en  atténuer  les  effets  S<.  de  modérer  le  zèle  des  subalternes. 

L'année  lySô  débuta  cependant  par  quelques  actes  de  rigueur.  Le  maré- 
chal s'était  persuadé,  sur  l'avis  de  Saint-Priest,  que  l'obstination  des  réformés 
aurait  été  facile  à  vaincre  sans  la  présence  des  pasteurs  qui  réveillaient  inces- 
samment leur  foi,  les  encourageaient  à  supporter  les  persécutions  &  ne  ces- 
saient d'entretenir  chez  eux  l'espérance  d'un  régime  de  liberté.  Il  se  donna 
d'abord  beaucoup  de  mouvement  pour  faire  quitter  la  Province  à  Paul  Rabaut, 
considéré  comme  l'un  des  chefs  du  protestantisme  provincial.  Ce  fut  surtout 
en  vue  de  saisir  ces  «  hommes  dangereux  «  que,  malgré  la  répugnance  des 
troupes  8c  de  la  plupart  des  officiers,  des  détachements  durent  encore  courir 
la  campagne. 

Le  !'='■  janvier,  une  assemblée  fut  surprise  dans  les  environs  de  Nimes,  8< 
les  soldats  emmenèrent  deux  prisonniers,  au  nombre  desquels  se  trouvait  un 


lySâ 


Report 4174'  17*8'' 

Parchemin ;> 

Marc  d'or.  ...       755 

,')  sols  pour  livre 189 

J^  soIj  pour  livre i."ii'    4' 

16  deniers  pour  livre H  j'     S' 

Quittance  &  contrôle ;V    6' 

Enregistrement  au  garde  des  rôles.  i5 

Sceau  des  provisions 1.57 

Bourse  commune 9J 

Total 570!)'  iô'8'» 

Frais  de  réception.  .  .  ,        ôooo' 
Et  les  iiutres  frais.  ...  171 

Total 5  172' 

5708I  iS'SJ 

10888'  i5'8'i 


Saint-Priest  obtint  en  septembre  1753  une  gra- 
tification de  i5ooo  livres  sur  le  trésor.  Sa  lettre 
de  remerciement  au  contrôleur  général  ne  manque 
pas  d'intérêt  : 

"  Cette  nouvelle  grSic»  m'a  d'autant  plus  flatté, 
dii-il,  qu'elle  m'est  une  preuve  certaine  que  les 
absents  n'ont  pas  tort  avec  vous.  Je  l'ay  été  sur- 
tout de  l'attention   obligeante  que  vous  avtz  eue 


d'avertir  M.  Bertin  de  ne  pas  faire  usage  de  la 
procuration  que  je  lui  avois  adressée  pour  l'em- 
prunt de  dix  mille  livres  dont  je  suis  redevable 
aux  parties  casuelles  pour  le  supplément  de  finance 
de  mon  office  de  maître  des  requêtes.  M.  le  Pelle- 
tier de  Beaupré  m'avoit  offert  cette  somme  &  c'est 
de  luy  que  je  viens  d'apprendre  que  M.  Bertin 
n'avoit  pas  voulu  conclure,  attendu  la  défense 
que  vout  lui  en  aviez  faite. 

n  Si  j'ai  le  malheur  d'avoir  des  dettes,  je  n'ay 
pas  à  me  reprocher  de  les  avoir  contractées  par 
aucun  motif  de  dissipation  ;  l'intendance  de  Lan- 
guedoc rend  trente-huit  mille  livres  tout  compris 
sans  aucune  exception.  Cette  somme  est  suffisante 
pour  quiconque  aura  vingt  ou  trente  mille  livres 
de  patrimoine;  mais  elle  est  très-insuffisante  pour 
un  gueux  comme  moy  qui  n'ay  rien  ou  presque 
rien,  qu'une  nombreuse  famille.  J'iray  mon  train, 
parce  qu'avec  un  protecteur  tel  que  vous  je  ne  ris- 
queray  jamais  rien,  &  que,  d'un  autre  côté,  il 
vaudroit  mieux  renoncer  à  tout  que  de  ne  pas 
vivre  d'une  manière  convenable  quand  on  cccuno 
certains  postes.  ji 

Lettre  du  14  septembre  1753,  datée  du  Camp, 
sous  Beaucaire  '. 


■  Archives  nationales.  Correspondance  du  contrôleur  fi' 

néral. 


—^ I140  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

vieillard  du  nom  de  Fabre;  au  moment  où  il  allait  être  conduit  à  Nimes, 
son  fils  Jean  se  précipita  au  devant  de  l'escorte  81  sollicita  la  faveur  de  prendre 
la  place  de  son  père,  faveur  qui  lui  fut  accordée.  Jean  Fabre  alla  servir  sur 
les  galères  du  roi  jusqu'au  moment  où  l'opinion  ayant  été  profondément 
remuée  en  France,  il  obtint  sa  grâce  5c  dut  à  son  dévouement  filial  quelques 
années  de  célébrité.  Le  maréchal  de  Mirepoix,  supplié  de  lui  rendre  la  liberté, 
V  mettait  pour  condition  que  Rabaut  quitterait  le  pays'. 

Plus  tard,  les  idées  du  commandant  en  chef  se  modifièrent.  On  attribue  à 
sa  femme,  qui  était  douce  St  bienfaisante,  une  influence  salutaire  sur  son 
esprit.  Il  entra  en  correspondance  avec  les  principaux  réformés  de  Nimes  £c 
avec  les  ministres  modérés.  Il  voulait,  autant  que  les  mœurs  officielles  le 
permettaient,  se  désintéresser  de  la  question  religieuse  8c  n'agir  qu'en  mili- 
taire Se  en  vrai  lieutenant  du  roi.  A  ce  double  titre,  il  n'avait  pas  à  faire  de 
théologie,  mais  à  veiller  scrupuleusement  sur  la  tranquillité  publique  &  sur 
la  sûreté  de  l'Etat.  Cette  sûreté  pouvait  être  compromise  par  les  rapports  des 
protestants  avec  les  puissances  étrangères  ennemies  de  la  France.  Aussi  le 
duc  exigeait-il  avant  tout  que  l'on  n'accueillît  point  les  ministres  étrangers, 
missionnaires  de  rébellion  plutôt  que  de  foi.  Il  voulait  décider  les  protestants 
de  Languedoc  à  ne  plus  recevoir  ces  prédicateurs  errants  qui,  pendant  les 
luttes  extérieures,  étaient  venus  susciter  des  diversions  ou  porter  des  secours 
d'argent  d'origine  suspecte.  En  même  temps,  il  demandait  que  les  assemblées 
fussent  moins  fréquentes  &  que  les  convocations  s'en  fissent  avec  moins 
d'éclat.  Moyennant  ces  concessions,  il  laissait  entendre  que  sa  vigilance  ne 
serait  point  inquisitoriale,  &  qu'à  défaut  de  l'édit  de  tolérance  espéré  depuis 
si  longtemps,  la  liberté  de  conscience  existerait  à  peu  près  de  fait  dans  les 
limites  de  la  Province.  Ainsi,  les  ministres  originaires  de  Languedoc,  qui  se 
contenteraient  de  faire  leurs  fonctions  sans  fracas,  ne  courraient  aucun  risque 
d'être  inquiétés*. 

Renonçant  à  interdire  une  organisation  qui  se  dérobait  aux  persécuteurs  8c 
que  les  mesures  les  plus  sévères  n'avaient  pu  détruire,  le  maréchal  de  Mire- 
poix  songeait  plutôt  à  la  régulariser  pour  la  rendre  inoffensive.  Il  savait  que 
la  proscription  8c  le  mystère  devaient  avoir  pour  effet  naturel  de  grandir 
certains  turbulents  8c  certains  aventuriers,  de  leur  donner  du  prestige,  de  les 
mettre  en  possession  d'une  autorité  pleine  de  péril.  «  Des  particuliers  éclairés 
«  qui  ont  un  état,  une  fortune  à  ménager,  ne  se  laisseroient  jamais,  disait-il, 
«  préoccuper  par  des  illusions  dangereuses,  tempéreroient  le  zèle  indiscret 
«  des  imprudens  8c  éloigneroient  sans  cesse  les  esprits  de  tout  système  péril- 
«  leux.  »  Aussi  le  vit-on  s'inquiéter  de  la  composition  des  consistoires,  où  il 
s'attachait  à  faire  entrer  les  protestants  les  plus  considérables  de  chaque 
canton.  L'expérience  lui  avait  appris  qu'en  relevant  le  niveau  social  de  ces 

'  Edmond  Hugues,  Histoire  de  la  restauration  du  '  Bulletin  de  la  société  pour  l'histoire  du  proies- 

protestantisme  en    France,  I,   p.  322.  —   Coquerel,  tantisme  frant^ais,  XVIIÏ,  p.  ^3o.  Instructions   au 

Journal  de  Paul  Raiaut,  II,  p.  187.  —  Les  fori;ats  maréchal  de  Thomond. 
pour  la  foi  &  l'autobiographie  de  Jean  Fabre,  p.  ipz. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  îi>^i 

assemblées  dirigeantes,  il  diminuait  les  chances  de  résolutions  aventureuses, 
de  guerre  civile  8<.  de  soulèvement.  La  fortune  personnelle  est  en  général  le 
lest  le  plus  sûr;  la  conduite  de  presque  toutes  les  familles  opulentes  de  la 
réforme  languedocienne  au  plus  fort  de  l'insurrection  cévenole  en  était  une 
preuve  peu  contestable. 

Le  maréchal,  une  fois  assuré  par  ses  relations  que,  sous  prétexte  de  foi, 
l'on  ne  courrait  pas  le  risque  de  servir  les  intérêts  de  l'Angleterre  ou  de  l'Alle- 
magne 8t  de  favoriser  les  ambitions  étrangères,  ne  refusa  pas  même  l'appui 
de  son  autorité,  avec  les  réserves  de  forme  obligatoires,  aux  sociétés  pacifiques 
de  religion  qui  se  tiendraient  dans  les  villes,  les  bourgs  8c  les  villages, 
jusques  au  nombre  de  quatre  ou  cinq  cents  personnes.  Bien  plus,  il  donna 
l'assurance  que,  ni  les  pasteurs  indigènes,  ni  les  anciens  ne  seraient  recher- 
chés. 

Les  épreuves  par  oii  les  protestants  de  Languedoc  étaient  passés  les  ren- 
daient craintifs;  ils  voulaient  être  sûrs  que  le  duc  de  Mirepoix  ne  se  laissait 
point  aveugler  par  la  générosité  de  son  caractère,  &  que  ses  actes  de  bien- 
vieillance  ne  seraient  pas  démentis.  Une  conférence  ayant  eu  lieu  à  Nimes, 
sur  ce  sujet  délicat,  le  maréchal  déclara  aux  notables  qui  en  faisaient  partie 
qu'il  était  autorisé  de  Sa  Majesté  à  leur  tenir  parole  &  qu'on  pouvait  en 
toute  assurance  travailler  au  nouvel  établissement'.  » 

Les  correspondances  des  ministres  protestants  témoignent  de  la  réalité  de 
cette  accalmie.  Le  pasteur  Peirot  écrivait  du  Vivarais  :  «  Nos  troupes  ne  font 
«  aucune  sortie;  il  paroît  qu'on  nous  tient  ce  qu'on  nous  a  promis.  »  En 
effet,  les  détachements  ne  donnaient  plus  la  chasse  aux  assemblées  &  les 
populations  saluaient  comme  une  renaissance  mystérieuse  de  leur  culte. 
Bientôt  même  la  sécurité  fut  si  grande  qu'on  ne  se  contenta  plus  du  mystère, 
on  rêva  de  rebâtir  les  temples  détruits.  Dans  les  lieux  de  Saint-Geniès,  Som- 
mières,  Vauvert,  Montredon,  Montaren,  Saint-Ambroix,  Blanzac,  il  y  eut 
des  tentatives  de  reconstruction.  Mais  la  tolérance,  ou  du  moins  l'autorité  du 
maréchal  ne  s'étendait  pas  jusque-là;  il  fit  marcher  quelques  pelotons  qui 
dispersèrent  les  matériaux,  &  l'on  ne  parla  plus  de  bâtir. 

L'intendance  ne  cessait  point,  d'ailleurs,  de  suivre  de  près  les  mouvements 
des  religionnaires.  En  même  temps  que  l'on  faisait  rester  les  troupes  dans 
leurs  quartiers,  on  stimulait  l'ardeur  de  la  police  secrète.  Saint-Priest  adressa 
une  circulaire  à  ses  subdélégués,  où  il  leur  recommandait  de  faire  surveiller 
les  assemblées  au  Désert  avec  beaucoup  de  soin,  8*.  d'y  envoyer  des  espions 
pour  connaître  exactement  ce  qui  s'y  passait.  Les  subdélégués  répondirent 
que  les  espions  étaient  pleins  de  bonne  volonté,  mais  qu'ils  n'avaient  pas  été 
toujours  exactement  récompensés  de  leurs  services  8t  que  des  gratifications 
payées  d'avance  ne  seraient  point  inutiles.  En  transmettant  au  ministre  les 
remarques  de  ses  subordonnés,  l'intendant  ajoutait  :  «  Je  pense  comme  eux, 
«  £c  je  crois  qu'il  conviendroit,  dans  les  circonstances  présentes,  de  répandre 

'  Archives  nationales,  TT,  433-434. 


17Ô6 


t-JJJ 


17J7 


1141  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  quelques  petites  sommes  avec  ménagement  &  en  connoissance  de  cause, 
«   pour  encourager  les  espions  dont  il  s'agit.  » 

Vers  la  même  époque,  Saint-Priest  adressa  au  ministère  un  mémoire  fort 
intéressant  «  sur  la  nécessité  de  suppléer  au  défaut  du  produit  des  amendes 
«  prononcées  contre  les  contrevenans  aux  lois  établies  au  sujet  de  la  religion 
«  prétendue  réformée  81  dont  le  fonds  servoit  aux  dépenses  qu'on  est  obligé 
tt  de  faire  pour  cet  objet  en  Languedoc.  » 

En  temps  normal,  les  amendes  irappées  sur  les  réformés  pour  avoir  manqué 
h  l'édit  de  i685  &  à  la  déclaration  de  1724  étaient  tellement  nombreuses 
qu'elles  formaient  une  véritable  source  de  revenus,  une  caisse  distincte  sur 
laquelle  étaient  données  des  assignations  spéciales.  On  puisait  dans  cette 
caisse  pour  toute  espèce  d'usages,  pour  donner  des  gratifications  aux  commis 
dont  la  persécution  des  protestants  augmentait  les  écritures,  pour  récom- 
penser les  missionnaires,  pour  paver  le  loyer  des  prisons  ou  le  salaire  des 
geôliers,  pour  subvenir  aux  frais  d'éducation  des  enlants  de  religionnaires 
élevés  par  ordre  dans  les  couvents'. 

Les  troupes  ne  sortant  plus  81  ne  constatant  plus  de  délits,  il  n'y  avait  guère 
d'amendes;  mais  si  la  source  avait  tari,  ceux  qui  s'y  désaltéraient  ne  renon- 
çaient pas  à  leurs  droits  acquise  invoquaient  les  précédents.  Grand  embarras 
pour  l'intendance. 

Saint-Priest  expose  que,  durant  la  dernière  guerre,  la  Province  étant  dénuée 


'  Nous  avons  retrouvé,  dans  les  papiers  du  con- 
trôleur général,  un  état  des  pensions  assignées  sur 
le  fonds  des  amendes  prononcées  contre  les  nou- 
veaux convertis  de  Languedoc.  Cet  état  comprend 
les  sommes  dues  au  i"  janvier  1708  pour  les  ttois 
derniers  mois  de  l'année  1707. 

((  A  M.  de  Livry,  premier  commis  du  comte  de 
Saint-Florentin,  pension  de  1  00a  livres  par  an 
—  i!)o  livres. 

n  Abbé  de  Saint-Bonnet,  pension  de  2160  livres 
pour  faire  élever  douze  enfants  de  religionnaires 
dans  le  pensionnat  de  Montpellier  —  540  livres. 

n  D"''  Teissier,  religieuse  au  couvent  de  Sainte- 
Élisabetli  de  Villeneuve-lès-Avignon,  pension  de 
5o  livres  pour  partie  de  sa  dot. 

«  S'  Fournier,  médecin  des  prisonniers  de  la 
citadelle  de  Montpellier,  pension  de  200  livres. 

«  D""  de  la  Tour  du  Pin  Malerargues,  au  grand 
couvent  de  Nimes,  pension  de  192  livres. 

(I  S''  Boussanelle,  subdélégué  de  l'intendance  de 
Béziers,  pension  de  400  livres. 

<i  Pire  Servel,  jésuite  missionnaire,  desservant 
l'église,  du  couvent  du  Verbe-Incarné  d'Anduse, 
450  livres  de  pension. 

Il  Tempié,  subdélégué  de  l'intendance  à  Nimes, 
3oo  livres  de  pension. 

«  Bureau  de  l'intendance  chargé  des  affaires  de 
la  religion,  i  000  livres. 

«  Veuve  Lefèvre,  pension  de  200  livres. 


«  Les  filles  du  sieur  de  la  Grange,  religionnaire 
de  Castres,  3oo  livres  de  pension  pour  trois. 

<(  Au  propriétaire  du  château  de  Beauregard, 
loyer  de  son  château  pour  servir  de  prison  royale 
en  Vivarais,  3oo  livres  par  an. 

«  Concierge  du  château  de  Beauregard,  200  li- 
vres par  an, 

((  Concierge  de  la  citadelle  de  Montpellier,  gra- 
tification annuelle  de  âo  livres. 

Pensions  dues  &  supprimées  pour  l'avenir, 

f(  Supérieure  du  couvent  d'Anduze  pour  une 
année  échue  le  17  avril  1706  de  la  pension  de 
180  livres  à  la  D""  Descarnaux,  détenue  par  ordre 
du  roi. 

n  Au  sieur  Guibal,  pour  la  pension  de  200  li- 
vres accordée  à  deux  de  ses  filles  au  couvent  d'An- 
duze. 

"  A  la  supérieure  du  couvent  de  Sommicres, 
144  livres  de  pension  à  la  d'"  Desferre. 

((  Au  desservant  de  la  paroisse  de  Saint-Julien 
d'Arpaon,  260  livres  par  an. 

<:  A  la  supérieure  du  couvent  du  Verbe-Incarné 
d'Anduze,  pension  de  180  livres  à  la  à""  Aldebert, 
détenue  par  ordre  du  roi. 

«  A  la  même,  pension  de  180  livres  à  la 
d"''  Darvieu,  détenue  par  ordre  du  roi  '.  » 

'  Arcliives  nationales,  H.  loo?- 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1143 

de  troupes,  les  protestants  ont  secoué  le  joug,  &  les  contraventions  s'étant 
multipliées,  il  a  fallu  se  relâcher  de  la  rigueur  des  lois  de  peur  d'exciter  des 
révoltes  &  de  compromettre  l'autorité.  Depuis  la  paix,  la  résistance  de  plu- 
sieurs évêques  aux  tempéraments  proposés  sur  les  matières  des  mariages  & 
des  baptêmes  a  suspendu  longtemps  les  résolutions  qu'il  convenait  de  prendre 
afin  de  remettre  les  choses  en  règle;  à  peine  a-t-on  commencé  d'opérer  que 
les  apparences  d'une  nouvelle  guerre  ont  relevé  l'audace  des  ministres  &  des 
protestants;  ces  mêmes  apparences  ont  fait  juger  qu'il  serait  dangereux  d'user 
envers  eux  d'une  sévérité  à  laquelle  on  serait  obligé  de. renoncer  si  la  guerre 
recommençait  Si  qu'on  retirât  les  troupes  de  la  Province.  La  caisse  des 
amendes  est  épuisée;  il  y  a  des  échéances  dues,  &  même  des  arrérages.  Faut-il 
payer,  Si  de  quels  fonds  doit-on  se  servir? 

Le  secrétaire  d'Etat  Saint-Florentin  répondit  que  le  trésor  devait  payer 
«  en  attendant  mieux.  »  Il  espérait  que  l'on  parviendrait  à  éloigner  les 
ministres  Si  à  contenir  les  protestants  St  que,  par  suite,  les  dépenses  dimi- 
nueraient; le  gouvernement  autorisait  Saint-Priest  à  faire  les  dépenses  néces- 
saires, à  condition  d'en  rapporter  tous  les  six  mois  un  compte  en  règle. 
Quant  au  fonds  sur  lequel  ces  payements  devaient  s'effectuer,  Saint-Flo- 
rentin n'en  voyait  pas  d'autre  que  celui  des  économats.  On  en  écrivit  au 
comte  du  Muy,  qui  fit  observer  que  le  revenu  des  biens  en  régie  était  consacré 
à  la  réparation  des  châteaux  de  détention  des  protestants,  au  payement  des 
concierges  81  des  espions,  à  la  nourriture  des  prisonniers,  aux  frais  de  pro- 
cédure des  subdélégués  pour  constater  les  assemblées,  aux  récompenses  des 
personnes  qui  avaient  fait  arrêter  des  ministres  8t  des  prédicants.  Si  aux 
gratifications  des  subdélégués  pour  surcroît  de  travail'. 

Ce  simple  détail  permet  de  juger  de  quelles  complications  l'État  s'était 
embarrassé  en  prêtant  le  concours  de  la  force  publique  aux  exigences  du 
clergé  Si  quelles  obligations  artificielles  il  s'était  créé  pour  perpétuer  la  fiction 
invraisemblable  d'une  abjuration  universelle.  Comme  si  le  maintien  de  la 
sécurité  générale  Si  la  recherche  des  crimes  de  droit  commun  n'était  pas  une 
charge  suffisante,  il  s'évertuait  à  conserver  une  criminalité  spéciale  qui  lui 
imposait,  en  personnel  Si  en  matériel,  le  fardeau  d'une  organisation  com- 
plète, qui  ne  satisfaisait  pas  l'ardeur  des  catholiques  exaltés  Si  qui  entrete- 
nait la  haine  des  protestants. 

Uès  les  premiers  mois  de  l'année  17^6,  des  négociations  s'étaient  engagées 
entre  les  commissaires  du  diocèse  de  Lavaur  Si  un  fabricant  d'Avignon,  nommé 
Jacques  Reboul,  au  sujet  de  l'établissement  projeté  dans  la  ville  de  Lavaur 
d'une  manufacture  d'étoffes  de  soie  unies  Si  façonnées.  Des  conventions  pré- 
liminaires furent  signées  le  26  du  mois  de  février,  Si  présentées  avec  un 
mémoire  à  l'assemblée  des  États  de  la  Province.  L'assemblée  approuva  le 
projet  dans  la  séance  du  10  décembre  lySô,  accorda  à  Jacques  Reboul  une 
gratification  de  vingt  mille  livres,  une  somme  de  quatre  mille  livres  pour 

'  Archivei  nationales.  Papiers  du  contrôleur  général. 


1757 


«7^7 


1144  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

l'entretien  d'un  teinturier  habile  qu'il  devait  faire  venir  d'Avignon,  Se  une 
somme  de  huit  cents  livres  à  titre  d'indemnité  de  logement,  chargeant  en 
outre  le  syndic  général  de  solliciter  un  arrêt  du  conseil  d'État  en  faveur  de 
la  fondation  nouvelle.  Cet  arrêt  fut  rendu  à  Compiègne,  en  présence  du  roi, 
le  25  juillet  lySy,  sur  le  rapport  du  contrôleur  général  des  finances  Peyrenc 
de  Moras. 

Le  conseil  autorise  l'établissement  de  la  manufacture  avec  privilège  valable 
pour  quinze  années,  l'imposition  répartie  en  quatre  années  consécutives, 
d'une  somme  de  vingt  mille  livres  destinée  au  sieur  Reboul,  à  titre  de  grati- 
fication, &  détermine,  pour  la  même  période  de  quinze  années,  à  dater  du 
jour  où  le  fabricant  aura  justifié  avoir  soixante  métiers  battants,  la  prime  de 
fabrication  qui  devra  lui  être  payée  par  les  Etats,  prime  fixée  à  quatre  sols  par 
aune  de  velours  8c  damas,  Si  deux  sols  par  aune  des  autres  espèces  d'étoffes 
de  soie  pure  8t  non  mélangée,  comme  aussi  des  brocatelles  doubles,  façon  de 
Turin,  moires,  satinades  Si  serges  destinées  pour  meubles  Si  non  pour  habits; 
exempte  le  fondateur  de  toute  taxe  particulière  8i  ses  enfants  du  tirage  au 
sort  pour  la  milice;  accorde  à  la  fabrique  le  titre  de  Manufacture  royale  de 
Lavaur,  avec  le  droit  d'arborer  le  panonceau  fleurdelysé  au-dessus  de  la  porte 
d'entrée  Si  d'avoir  un  portier  à  la  livrée  du  roi  de  France;  déclare  que  les 
personnes  qui  voudront  s'intéresser  dans  cet  établissement  pourront  le  faire 
sans  déroger  à  leur  noblesse;  permet  à  l'entrepreneur  de  faire  fabriquer,  par 
tel  nombre  d'ouvriers  regnicoles  ou  étrangers  que  bon  lui  semblera,  toutes 
sortes  d'étoffes  unies  Si  façonnées,  de  toutes  longueurs  Si  largeurs,  qualités  Si 
aunages.  Si  d'y  employer  des  soies  crues  ou  cuites,  l'autorisant  à  imiter 
toutes  sortes  d'étoftes  de  soie  étrangères,  à  condition  d'apposer  à  chaque  pièce 
le  plomb  de  la  fabrique  portant  les  mots  :  Manufacture  royale  d'étojjès  de 
soye  de  Lavaur^  Si  assure  aux  pièces  d'étoffes  dont  la  provenance  sera  garantie 
par  cette  marque  Si  par  un  certificat  des  consuls  de  Lavaur,  la  libre  circula- 
tion dans  toutes  les  villes  Si  provinces  du  royaume,  avec  exemption  des  droits 
de  douanes. 

Cet  arrêt,  en  douze  articles,  contresigné  Phelypeaux,  fut  accompagné  de 
lettres  patentes  du  même  jour  Si  rendu  exécutoire  dans  la  Province  par  ordon- 
nance de  M.  de  Saint-Priest,  donnée  à  Montpellier  le  29  août  1707 '. 

Sur  la  fin  d'octobre  1757,  le  duc  de  Mirepoix  était  mort,  81  le  roi  lui  don- 
nait pour  successeur  un  Irlandais  qui  venait  de  faire  quelque  bruit  dans  la 
Guienne,  en  qualité  de  commandant  en  chef,  par  des  ordonnances  très-rigou- 
reuses contre  les  protestants,  par  un  désarmement  général  de  l'Agenais,  81  par 
une  surveillance  exacte  des  baptêmes  61  des  mariages. 

Charles  O'Brien,  comte  de  Thomond,  vicomte  de  Clare,  pair  d'Irlande, 
maréchal  de  France,  chevalier  des  ordres  du  roi,  gouverneur  de  Neuf-Brisach, 
colonel  d'un  régiment  d'infanterie  irlandaise,  commandant  en  chef  dans  la 
province  de  Languedoc  81  sur  toutes  les  côtes  do  la  Méditerranée,  reçut,  en 

'  Recustl  Jcs  éiits,  dècUr.it'ioni,  arrêts  S-  ordonnança  de  l'année  lySy  pour  In  province  de  Lnnguedcc. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1145 

partant  pour  son  commandement,  des  instructions  particulières  sur  la  conduite 
à  tenir  à  l'égard  des  rétormés. 

Après  lui  avoir  exposé  les  maximes  adoptées  par  son  prédécesseur  qui  sem- 
blaient, disait-on,  »  pécher  du  côté  de  l'indulgence,  »  on  l'avertissait  que 
son  propre  système  péchait  peut-être  du  côté  opposé,  au  moins  à  en  juger 
par  deux  récentes  ordonnances.  On  croyait  donc  à  propos  que  le  nouveau 
commandant  ne  publiât  pas  d'actes  analogues  en  Languedoc  &  y  laissât 
ignorer  ses  ordonnances  de  Guienne.  On  l'engageait,  d'ailleurs,  à  ne  prendre 
à  l'avenir  aucune  mesuré  générale  sur  le  fait  de  la  religion  sans  s'être  assuré 
des  intentions  du  roi,  Si  même  sans  avoir  donné  communication  de  ses 
projets  à  Sa  Majesté. 

La  conduite  qu'il  avait  à  tenir  à  l'égard  des  religionnaires  paraissait  devoir 
être  tempérée  de  fermeté  St  de  condescendance.  Il  fallait  «  contenir  &  ne  pas 
«  révolter,  user  d'autorité  sans  la  compromettre,  dissimuler  à  propos,  plutôt 
<(  menacer  que  punir,  «  en  un  mot,  recourir  aux  moyens  employés  durant 
la  dernière  guerre  Se  dont  le  succès  avait  justifié  la  sagesse.  On  terminait  en 
exhortant  le  maréchal  à  s'aider  de  la  prudence  Si  de  l'expérience  de  deux 
hommes  très  au  courant  des  affaires  de  Languedoc,  M.  de  Moncan  Si  M.  de 
Saint-Priest '. 

Le  maréchal  de  Thomond  fit  son  entrée  à  Toulouse,  le  25  novembre, 
venant  de  Bordeaux.  On  ne  lui  offrit  pas  de  réception  solennelle.  Il  voya- 
geait en  chaise  de  poste,  précédé  d'un  seul  postillon.  Les  cavaliers  de  la 
maréchaussée  allèrent  l'attendre  en  corps,  sur  le  chemin  de  Montauban, 
hors  la  porte  Matabiau.  Quand  la  chaise  passa  devant  l'hôtel  de  ville,  la 
compagnie  du  guet,  rangée  en  haie,  lui  rendit  les  honneurs  militaires.  Le 
maréchal,  sans  autre  cérémonie,  alla  descendre  à  l'hôtel  du  premier  prési- 
dent où  il  demeura  trois  jours  Si  d'où  il  partit  pour  les  Etats  convoqués  à 
Montpellier^. 

Pendant  le  courant  de  l'année  1758,  le  maréchal  de  Thomond  visita  toute 
la  côte  de  Languedoc  depuis  l'embouchure  du  Rhône  jusques  au  cap  de  Leu- 
cate  pour  aviser  aux  moyens  d'en  assurer  la  défense.  Il  jugea  que  les  redoutes 
Si  batteries  existantes  devaient  être  renforcées  par  l'établissement  de  fossés  Si 
de  retranchements,  que  le  nombre  en  était  insuffisant,  Si  détermina  lui-même 
les  points  où  devaient  être  construits  de  nouveaux  ouvrages  en  terre  Si  fas- 
cines, des  corps  de  garde,  des  signaux  formés  avec  de  simples  pièces  de  bois. 
Il  décida  aussi  de  fermer  par  une  chaîne  l'entrée  du  grau  d'Agde.  M.  Maré- 
chal, directeur  des  fortifications,  dressa  le  devis  détaillé  de  ces  travaux  qui 
furent  exécutés  par  les  troupes,  moyennant  un  supplément  de  solde  de  deux 
sous  par  homme  Si  par  jour.  Malgré  la  réduction  du  projet  primitif  au  strict 
nécessaire,  le  commandant  en  chef  pria  les  États  de  concourir  pour  une 
somme  de  quarante  mille  livres  à  ces  mesures  de  sûreté,  ce  qui   fut  accordé 

'  Bulletin  Je  lu  société  de  l'histoire  du  protestait-  '  Bibliothèque   de  Toulouse.   Heures  perdues   de 

tisme  frarK^ais,  XVIII,  p.  ^Jo.  Pierre  Barth'es,  IV,  p.   no. 


1767 


1758 


~^         1146  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

sans  difficulté,  à  condition  qu'on  en  prendrait  huit  mille  sur  les  fonds  destinés 
aux  ouvrages  du  grau  d'Agde,  spécialement  affectés  à  la  mise  en  défense  de 
ce  port,  &  le  complément  sur  ce  qui  resterait  des  recettes  de  l'équivalent  après 
le  payement  des  intérêts  avancés  par  le  trésorier  de  la  bourse.  Les  commis- 
saires ordinaires  des  travaux  publics  furent  chargés  de  surveiller  la  direction 
des  nouveaux  ouvrages  de  concert  avec  l'intendant,  avec  autorisation  de  con- 
clure des  marchés  pour  tout  ce  qui  pourrait  être  exécuté  à  forfait,  &  de  faire 
payer  les  travaux  à  la  journée  sur  le  certificat  des  inspecteurs  ordinaires  de 
La  Nouvelle,  Agde,  Cette  &  Aigues-mortes,  régulièrement  visés  par  les  ingé- 
nieurs du  roi  chargés  de  la  direction  '. 

Il  parut,  au  mois  de  décembre  lySS,  une  déclaration  du  roi  destinée  à  régler 
les  différends  des  États  de  Languedoc  avec  la  cour  des  comptes  de  Montpel- 
lier. Une  sorte  de  fatalité  semblait  condamner  tous  ces  grands  corps  oligar- 
chiques à  guerroyer  sans  cesse  les  uns  contre  les  autres,  à  s'accuser  récipro- 
quement d'usurpations,  à  se  disputer  la  compétence.  L'acte  royal  annonçait 
qu'un  certain  nombre  des  instances  portées  au  conseil  entre  les  Etats  &  la 
cour  de  Montpellier  devaient  être  regardées  comme  non  avenues.  Quant  aux 
autres  sujets  de  litige,  le  roi  disait  avoir  la  satisfaction,  en  faisant  connaître 
sa  volonté,  d'assurer  de  plus  en  plus  la  tranquillité  dans  la  Province,  &  de 
mettre  fin  a  des  divisions  d'autant  plus  fâcheuses  qu'elles  s'étaient  élevées 
entre  des  personnes  préposées  par  leur  état  pour  maintenir  l'ordre  dans  l'ad- 
ministration des  affaires  de  la  Province. 

Le  trésorier  de  la  bourse  des  Etats  demeurait  en  possession  du  droit  de 
centraliser  en  ses  mains  toutes  les  recettes  du  diocèse,  &.  n'avait  à  rendre 
compte  de  sa  gestion  que  devant  les  États,  sans  que  la  cour  de  Montpellier 
fût  autorisée  à  s'en  mêler  d'aucune  façon.  Elle  ne  pouvait  pas  non  plus  invo- 
quer de  compétence  sur  les  comptes  de  la  capitation,  du  dixième  8c  des  autres 
impositions  extraordinaires. 

Les  receveurs  généraux  des  finances  de  Toulouse  &  de  Montpellier  devaient 
au  contraire  rendre  compte  à  la  cour  des  deniers  accordés  pour  l'aide,  l'octroi, 
la  crue  8c  le  préciput,  8c  de  toutes  les  sommes  entrées  dans  leurs  caisses  pour 
les  réparations  8c  fortifications  des  places  8c  pour  les  mortes-payes. 

Les  receveurs  des  tailles  des  diocèses  n'étaient  pas  tenus  de  compter  devant 
la  cour  des  dépenses  ordinaires  diocésaines  formant  le  département  des  frais 
d'assiette.  Quant  aux  autres  impositions  recouvrées  par  les  receveurs  diocé- 
sains, ils  devraient  en  présenter  les  comptes  à  la  cour,  sans  préjudice  du 
rapport  que  l'usage  leur  imposait  de  faire  aux  députés  des  assiettes. 

■  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  d'Agde  (800  livres))  le  sieur  de  Marfaing,  employé 

du  i5  février  1759.  —  Les   ingénieurs  qui   s'occu-  aux  ouvrages  du  grau  de  La  Nouvelle  (800  livres), 

pèrent  de  ces   travaux  pendant  l'année  1708   fu-  Les  ouvrages  du  canal  des  Etangs  ayant  été  consi- 

rent  :  Maréchal,  directeur  (gratification  des  Etats  dérablement    augmentés    pendant    l'année,    &    le 

de  I  5oo  livres);   Daste  le  cadet,  employé   en   chef  sieur  Darles  ayant  eu    beaucoup  de  courses  à  faire 

(800   livres);   Darles  de   Chamberlin,   employé  en  sur  les  divers  ateliers,  on  lui  accorda  un  supplé- 

chef  aux  ouvrages  du  canal  des  Etangs  &  du  grau  ment  de  gratification  de  400  livres. 


LIV,   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1147 

Défense  était  faite  à  la  cour  de  prendre  connaissance  des  frais  de  confec- 
tion des  rôles  de  ces  impositions,  des  non-valeurs  &  des  excédants. 

Les  syndics  diocésains  ne  pouvaient  recevoir  d'autres  fonds  que  ceux  expres- 
sément désignés  par  l'arrêt  du  conseil  de  1634  ou  par  les  arrêts  postérieurs, 
avec  obligation  de  faire  approuver  la  gestion  devant  l'assemblée  des  assiettes, 
sans  intervention  de  la  cour  des  comptes. 

Cette  cour  gardait  son  droit  de  contrôle,  par  voie  d'appel,  sur  les  comptes 
des  collecteurs,  trésoriers,  clavaires  8c  autres  administrateurs  des  communes, 
à  raison  des  sommes  imposées  pour  les  dépenses  ordinaires,  même  des  em- 
prunts Se  du  produit  des  biens  patrimoniaux,  quand  ces  fonds  n'avaient  pas 
servi  à  diminuer  les  impositions. 

Pour  les  octrois  8<.  subventions,  levés  d'autorisation  royale,  avec  le  consen- 
tement des  États,  les  fermiers  en  devaient  répondre  devant  la  cour  de  Mont- 
pellier, lors  même  que  le  produit  en  aurait  servi  à  diminuer  les  impôts;  mais 
la  cour  ne  pouvait  prendre  connaissance  de  l'emploi  des  fonds. 

Les  comptes  du  trésorier  de  la  bourse  des  États,  les  baux  à  ferme  de  l'équi- 
valent &  du  pied-fourché,  de  l'étape,  de  la  fourniture  des  voitures  pour  le 
transport  des  équipages,  des  troupes,  des  ouvrages  publics,  8c  tous  les  contrats 
passés  par  les  États  ou  leurs  députés  se  déposaient  seulement  aux  archives  des 
États,  ainsi  que  les  cahiers  présentés  chaque  année  au  roi  par  leur  députa- 
tion,  avec  les  réponses  faites  sur  chaque  article,  les  procès-verbaux  des  séances 
8c  tous  les  actes  8c  papiers  ayant  rapport  à  l'administration  de  l'assemblée  pro- 
vinciale. La  cour  de  Montpellier  n'était  point  autorisée  à  exiger  la  remise 
d'extraits  de  ces  divers  documents  dans  ses  archives,  mais  seulement  les 
baux  d'équivalent  Se  les  articles  arrêtés  par  les  États  pour  la  perception  de 
ce  droit. 

Le  roi  maintenait  aux  États  leur  ancien  droit  de  contrôler  l'administration 
des  diocèses  8c  des  communes,  avec  faculté  aux  syndics  généraux  de  prendre 
fait  Se  cause  au  nom  des  États,  pour  ces  corporations,  dans  leurs  affaires  par- 
ticulières, d'intervenir  dans  les  instances  où  elles  se  trouvaient  intéressées,  8c, 
en  général,  de  faire  toutes  les  démarches  que  l'assemblée  jugerait  convenables 
pour  l'intérêt  commun  des  habitants  de  la  Province. 

Un  article  spécial  interdisait  à  la  cour  de  Montpellier  toute  ingérence,  par 
voie  d'appel  ou  autrement,  dans  les  délibérations  des  assiettes,  les  questions 
de  préséance,  de  droit  d'entrée,  de  convocation,  de  nomination  ou  destitu- 
tion d'officiers,  renouvelant  à  cet  égard  les  décisions  royales  de  i65i,de  i653 
Se  de  1667. 

Les  divisions  de  communes  en  plusieurs  taillables,  sur  la  requête  des  habi- 
tants, devaient  être  d'abord  soumises  à  l'assiette  diocésaine  8c  s'accomplissaient 
ensuite,  dans  les  formes  reçues,  d'autorité  de  la  cour  de  Montpellier. 

La  cour  gardait  la  juridiction  civile  8c  criminelle  de  l'étape,  dans  tous  les 
cas  où  il  y  avait  procès  intenté.  Dans  tous  les  autres  cas,  la  compétence  des 
États  demeurait  inattaquable. 

Les  procès  civils  ou  criminels  occasionnés  par  l'équivalent  Se  les  autres 


1753 


~^ 1148  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

droits  sur  la  viande  de  boucherie  unis  à  cette  ferme,  revenaient  d'office  à 
la  cour  des  comptes  '. 

Cette  déclaration,  signée  à  Versailles  le  7  décembre,  fut  enregistrée  par  la 
cour  de  Montpellier  le  9  janvier  suivant,  sur  les  réquisitions  du  procureur 
général  du  roi.  On  y  remarquera,  comme  dans  les  actes  de  même  nature 
que  nous  avons  déjà  rencontrés,  l'intention  de  jeter  quelque  lumière  au 
milieu  d'une  extrême  confusion,  entreprise  difficile  8t  qui  aurait  exigé  des 
l'emaniements  beaucoup  plus  complets. 

l/cs  Etats  inaugurèrent  la  nouvelle  année  par  deux  baptêmes  accomplis  en 
grande  cérémonie,  celui  d'un  fils  de  l'intendant  Se  d'une  fille  du  maréchal 
de  Thomond. 

La  vicomtesse  de  Saint-Priest  se  trouvant  enceinte  au  mois  de  janvier  lySS, 
l'assemblée  provinciale  avait  résolu  de  tenir  son  enfant  sur  les  fonts  baptis- 
maux; mais,  comme  la  session  finit  avant  la  délivrance,  la  solennité  fut  ren- 
voyée à  l'année  suivante. 
~l,  L'évêque  de  Castres,  beau-frère  de  Saint-Priest,  demanda  la  faveur  de 

faire  la  cérémonie,  qui  eut  lieu  le  i3  janvier  à  Notre-Dame  des  Tables,  les 
prélats  portant  l'habit  violet,  le  rochet  Se  le  camail.  Les  États  offrirent  à  l'in- 
tendante un  diamant  de  six  mille  livres. 

Un  syndic  général  &  le  greffier  des  Etats,  accompagnés  des  consuls  de 
Montpellier  en  robes  d'apparat,  des  escudiers  de  la  ville  &  de  la  maréchaussée, 
allèrent  chercher  l'enfant,  qui  fut  apporté  en  chaise,  suivi  de  la  livrée  de 
l'intendant,  avec  un  cortège  de  personnes  de  distinction. 

L'évêque  dit  une  messe  basse  Se  donna  le  baptême,  ayant  à  sa  droite  l'ar- 
chevêque de  Narboiine,  qui  représentait  la  Province;  M.  de  Montferrier, 
doyen  des  syndics  généraux,  tenait  l'enfant  dans  ses  bras. 

Le  fils  de  l'intendant  fut  appelé  Charles-Antoine-Fulcrand-Emmanuel- 
Languedoc*. 

Le  baptême  de  la  fille  du  maréchal  eut  lieu  le  26  février  suivant,  dans  la 
même  église. 

A  cause  de  la  condition  éminente  du  père,  ce  fut  une  députation  des  trois 
ordres  qui  alla  chercher  l'enfant,  précédée  des  tambours  St  des  hautbois  de 
la  ville,  avec  vingt-six  cavaliers  de  maréchaussée,  leurs  officiers  en  tête.  Le 
canon  de4a  citadelle  salua  le  départ  du  cortège;  les  troupes  de  la  garnison 
formaient  la  haie  depuis  l'hôtel  du  maréchal  jusqu'à  la  porte  de  l'église,  St 
étaient  rangées  en  bataille  sur  la  place  de  l'Hôtel-de-Ville. 

Ce  fut  l'évêque  de  Montpellier  qui  dit  la  messe  Si  qui  baptisa  l'enfant, 
nommée  Charlotte-Antoinette-Marie-Septimanie.  L'artillerie  fit  une  seconde 
décharge  au  moment  de  la  cérémonie  Se  une  troisième  à  la  fin.  Ensuite, 
Messieurs  des  trois  ordres  allèrent  dîner  chez  le  maréchaP. 

Le  conseil  d'Etat  rendit  à  Versailles,  le  20  avril  lySg,  neuf  arrêts  autori- 

■  Recueil  des  (Ait!,  Acclarations,   arrêts  &  ordon-  '  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séancs 

nances  de  Vannée  ly.OS   pour  la   province  de  Lan-       du  6  janvier  1759. 
guedoc.  '  Procès-verbal  des  Etats  z6  février  lySç. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1149 

sant  des  emprunts  en  faveur  des  diocèses  de  Montpellier,  le  Puy,  Carcas- 
sonne,  Nimes,  Toulouse,  Mende,  Saint-Papoul,  Viviers  St  Béziers'. 

La  totalité  des  sommes  que  les  diocèses  devaient  demander  au  crédit  par 
tous  ces  emprunts  partiels  s'élevait  à  deux  cent  soixante  Se  un  mille  six  cent 
cinq  livres.  Elles  étaient  toutes  destinées  à  des  travaux  de  voirie. 

Dans  le  Vêlai,  on  achevait  la  route  du  Puy  à  Lyon  par  le  Forez,  pour 
laquelle  on  avait  déjà  emprunté  en  quatre  fois  cent  vingt  mille  livres^,  en 
construisant  la  section  d'Issingeaux  à  Saint-Bonnet-le-Froid,  par  Montfaucon, 
sur  les  frontières  de  Vivarais. 

En  Vivarais,  l'emprunt  fut  consacré  à  la  construction  du  pont  de  Gines- 
telle  sur  la  rivière  de  Rigodel,  &  du  chemin  de  cette  paroisse  à  Mesilhac  &  à 
Vais,  ainsi  qu'aux  réparations  du  chemin  de  Joyeuse,  près  Largentière,  au 
bord  des  précipices  de  Rodes. 

En  Gévaudan,  les  travaux  portèrent  sur  les  communications  du  bas  Lan- 
guedoc avec  l'Auvergne,  par  la  reconstruction  de  trois  rampes  importantes  :  la 
côte  de  Palhers,  sur  la  route  de  Marvéjols  à  Chanac;  la  côte  de  Chaldecoste, 
à  la  sortie  de  Mende;  la  côte  de  Malzieu,  allant  à  la  Garde  8c  à  Saint-Chély. 
La  seconde  de  ces  rampes  était  à  la  fois  très-rude  &  très-longue,  malgré  le 
nombre  de  tournants  qu'elle  présentait.  Se  la  troisième,  entièrement  ravinée 
par  les  pluies,  devenait  impraticable. 

Dans  le  diocèse  de  Nimes,  on  s'occupa  du  chemin  de  Beaucaire,  ligne  d'une 
importance  capitale  pour  le  commerce,  en  réparant  la  section  comprise  entre 
le  fossé  de  dérivation  de  la  terre  de  Marignan  Se  la  chaussée  du  pont  de  Cart. 

Au  diocèse  de  Béziers,  on  poussa  les  travaux  sur  le  chemin  de  Pézénas  à  la 
petite  montagne  de  Larzac,  limitrophe  du  diocèse  d'Agde,  unique  débouché 
de  tout  ce  massif,  qui  était  devenu  entièrement  impraticable,  à  la  sortie  de  la 
ville,  le  long  du  jardin  de  la  Condamine. 

Dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  le  chemin  de  Montréal  fut  réparé  Se  l'on 
perfectionna  les  travaux  commencés;  un  premier  emprunt  de  vingt  mille 
livres'  avait  permis  de  rétablir  la  section  de  Carcassonne  au  moulin  à  vent 
de  Corneille;  on  continua  jusqu'à  Montréal,  Se  l'on  fit  aussi  les  réparations 
les  plus  pressantes  au  chemin  de  Carcassonne  à  Cannes  par  Villalier  Se  Vil- 
legly,  qui  servait  à  l'exploitation  des  carrières  Se  où  le  transport  des  marbres 
du  roi  se  trouvait  contrarié  par  d'importantes  dégradations. 

I/'emprunt  du  diocèse  de  Saint-Papoul  fut  affecté  au  rétablissement  de 
l'ancienne  ligne  appelée  la  Lauragaise,  qui  était  d'une  grande  utilité  pour  le 
commerce  intérieur  du  pays  Se  que  l'on  avait  commencée  en  lySy  à  la  faveur 
d'un  premier  emprunt  de  sept  mille  livres'*.  Les  derniers  travaux  se  firent 

■  Voici  le  détail  d«s  emprunts  autorisés  :  Mont-  '  Arrêts  du  conseil  d'Etat  du  i  i  novembre  lyTi^, 

j-elUer,  160724  livres  5  sols  4  deniers.  —  Le  Puy,  du  4  février  1755,  du  24  avril  1756  &  du  10  m.irs 

12000    1.    —    Carcassonne,     10000     1.    —    Nimes,  lySS. 

16200     1.     —     Toulouse,     20000     1.    —     Mende,  '  Arrêt  du  conseil  d'État  du   11  janvier  1757. 

16853    1.    10   s.  —  Saint-Papoul,  3oooo   1.  —  Vi-  ^  Arrêts  du  conseil  d'État  du   1  1   janvier  1767  & 

viers,  4478  1.  —  Béliers,   1  o')o  1.  du   10  mars  1758, 

Total  :  261  6o5  1.   i5  s.  4  d. 


1769 


i7;>9 


ii5o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

sur  la  section  comprise  entre  le  pont  du  chemin  de  Saint-Papoul  &  le  com- 
munal de  Lasbordes. 

Enfin,  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  l'assemblée  de  sénéchaussée  ayant  voté 
la  reconstruction  du  pont  de  la  Pviverotte  sur  la  Lèze,  communication  impor- 
tante avec  le  pays  de  Foix,  qui  dut  y  contribuer  pour  quatre  mille  livres,  il 
fallvit  compléter  l'œuvre  en  construisant  un  nouveau  chemin  du  pont  de  Pin- 
saguel  à  Auterive. 

Un  arrêt  du  conseil  d'État,  donné  à  Versailles  le  20  avril  lySg,  autorisa 
le  diocèse  de  Montpellier  à  faire,  dans  l'espace  de  quatre  années  consé- 
cutives, au  fur  &  à  mesure  de  l'exécution  des  travaux,  un  emprunt  de  cent 
cinquante  mille  sept  cent  vingt-quatre  livres,  destiné,  sans  aucun  divertisse- 
ment, à  payer  des  ouvrages  de  voirie  dont  les  devis  avaient  été  dressés  par  le 
sieur  Danizy,  inspecteur  diocésain  des  travaux  publics. 

Ces  ouvrages  comprenaient  un  ensemble  de  réparations  8c  d'élargissements 
sur  le  chemin  des  Cévennes,  depuis  Saint-Jullien,  au  delà  de  Ganges,  jusqu'à 
Montpellier,  y  compris  la  portion  limitrophe  du  diocèse  d'Alais;  8<,  en  outre, 
l'achèvement  du  nouveau  chemin  d'Aniane,  depuis  le  pont  de  Saint-Guilhem 
jusqu'à  la  jonction  du  chemin  de  Montpellier  à  Saint-Paul,  en  passant  par 
Aniane,  Montarnaud  8c  Laboissière,  &  depuis  la  jonction  jusqu'à  Mont- 
pellier, en  passant  par  Corpoyran,  la  Mosson  Se  Celleneuve  8c  aboutissant 
au  Jardin  du  Roi. 

L'adjudication  du  chemin  des  Cévennes  avait  été  faite  à  un  maître  menui- 
sier nommé  Jean  Estève. 

Ce  fut  M.  de  Silhouette,  contrôleur  général,  qui  fit  le  rapport  au  conseil 
d'État  ■. 

Un  dixième  arrêt,  portant  la  même  date  que  les  précédents,  autorisa  le 
diocèse  de  Narbonne  à  imposer  la  somme  de  deux  mille  livres,  accordée  par 
l'assemblée  d'assiette,  le  18  avril  lySS,  aux  pères  doctrinaires  qui  dirigeaient 
le  collège  de  la  ville,  pour  faire  quelques  réparations  indispensables  à  cet 
établissement. 

Nous  avons  signalé  plus  haut  les  inconvénients  graves  que  produfsait,  au 
point  de  vue  de  la  justice  criminelle,  la  persistance  de  l'organisation  féodale 
en  Vivarais.  Le  ministère  eut  à  s'occuper,  dans  le  courant  de  l'été  de  lySg, 
d'une  question  analogue  intéressant  le  Gévaudan.  Tout  le  territoire  de  ce 
pays  est  composé  de  hauts  plateaux,  entre  lesquels  la  Truyère,  le  Lot,  le 
Tarn,  le  Chassezac,  l'Allier,  se  fraient  des  routes  sinueuses  8c  profondes; 
beaucoup  de  gorges  8c  de  passages  difficiles,  de  grandes  forêts,  des  régions 
désolées  en  tout  temps  Se  couvertes  de  neiges  pendant  la  plus  grande  partie 
de  l'année.  Le  morcellement  naturel  de  la  contrée  par  les  ramifications  de 
montagnes,  le  défaut  de  communication,  la  pauvreté  du  terroir  qui,  n'ayant 

'  Reci;eil   de   Langue.ioc,   Année    1759.   N'oici    le  11   i..;  terres,  4583  1.  10  s. — Total  de  l'emprunt  : 

détail    de    ces    dépenses    :    Chemin     des    Cévennes  :  100724  1.  5  s.  4  d.' 
travaux,  87747  liTes  6  sols;  terres,  6261"!.   12  s. 

Tj  d.  —  Chemin  d'Aniane  :  travaux,  63  579  1.  2  s,  ■  ProcC-s-vcrbiil  des  litats.  Séance  du  3  mars  1759. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  Ii5i 

ni  récoltes  abondantes,  ni  commerce,  ni  industrie  puissante,  refusait  aux 
habitants  la  fortune,  élément  essentiel  de  libération,  tovit  avait  favorisé  le 
maintien  d'un  système  judiciaire  dont  les  riches  &  fécondes  plaines  du  Lan- 
guedoc s'étaient  depuis  longtemps  débarrassées.  Ces  mêmes  causes  naturelles 
facilitaient  également  les  coups  d'audace,  les  violences,  les  brigandages. 

En  quelques  années  d'administration,  Saint-Priest  eut  à  s'inquiéter  sou- 
vent des  rapports  qu'il  recevait  de  ses  subdélégués  du  Gévaudan.  11  en  écri- 
vait à  la  Cour  Si  adressait  des  mémoires  spéciaux  au  chancelier. 

Le  Gévaudan,  lui  disait-il,  est  habité  par  des  gens  d'un  caractère  dur,  qui 
sont  naturellement  disposés  à  commettre  les  crimes  les  plus  énormes.  La 
situation  du  pa}s  leur  en  donne  la  facilité,  8<  la  manière  dont  la  justice  y 
est  administrée  leur  en  assure  l'impunité. 

Il  y  a  dans  cette  contrée  plus  de  quatre  cents  seigneurs  particuliers,  pro- 
priétaires des  droits  de  justice,  qui  n'ont  ni  les  moyens  ni  la  volonté  de 
fournir  aux  frais  des  procédures  criminelles.  Les  juges  royaux  eux-mêmes 
sont  arrêtés  par  l'impossibilité  où  ils  se  trouvent  de  faire  les  frais  nécessaires 
8i  par  la  difficulté  de  les  recouvrer  contre  les  seigneurs  engagistes  du  domaine 
de  Gévaudan. 

Le  résultat  de  ces  tristes  conditions  était  l'impunité  à  peu  près  générale 
des  crimes.  Parmi  ces  crimes,  on  en  distinguait  de  deux  sortes  :  ceux  des 
brigands  proprement  dits  St  ceux  des  gens  de  loi.  Les  premiers  portaient  la 
désolation  sur  les  grands  chemins,  détroussaient  les  voyageurs,  dérobaient 
les  marchandises,  attaquaient  les  maisons  isolées;  les  seconds  portaient  la 
ruine  dans  les  familles,  abusaient  de  l'esprit  processif  des  montagnards  pour 
les  engager  dans  des  affaires  sans  fin  dont  eux-mêmes  retiraient  tous  les 
bénéfices.  Il  y  avait  une  nuée  d'hommes  d'affaires,  de  notaires,  de  procu- 
reurs, de  sergents,  d'huissiers,  qui,  chacun  dans  la  mesure  de  ses  forces,  tra- 
vaillaient à  la  dilapidation  des  héritages  &  fondaient  leur  bien-être  sur  la 
détresse  générale. 

Comment  porter  remède  k  de  si  grands  maux?  On  n'en  pouvait  couper  la 
racine  que  par  des  réformes  d'ensemble  &,  tout  d'abord,  par  l'abolition  de 
la  féodalité,  dont  l'honneur  était  réservé  k  la  Révolution  française.  En  lySo, 
on  y  tendait,  sans  le  savoir,  puisqu'on  dénonçait  avec  tant  de  justesse  les 
funestes  conséquences  de  l'usurpation  du  droit  souverain  de  justice  par  des 
propriétaires  particuliers;  mais  les  esprits  n'étaient  pas  encore  mûrs  pour 
une  résolution  aussi  héroïque.  Ce  n'est  point,  d'ailleurs,  la  Cour  frivole  de 
I,ouis  XV  qui  eût  abordé  un  pareil  problème.  Tout  en  se  plaignant  de  l'im- 
punité qu'assuraient  aux  criminels  les  quatre  cents  justiciers  seigneuriaux  du 
Gévaudan,  on  ne  pensait  donc  pas  à  leur  enlever  cette  prérogative  dont  ils 
avaient  l'inutile  jouissance,  8c  c'est  seulement  par  des  expédients  de  second 
ordre  que  l'on  voulait  corriger  les  effets  d'une  organisation  absolument  défec- 
tueuse. 

Le  moment  n'était  point  propice  pour  intéresser  le  Parlement  dans  l'affaire. 
Le  Parlement  de  Toulouse  ne  vivait  pas  alors  en  bonne  intelligence  avec  le 


1769 


i7jp 


iiSî  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ministère.  A  l'occasion  de  l'établissement  du  second  vingtième,  il  avait  publié 
des  remontrances  d'un  caractère  très-agressif,  dont  l'intérêt  personnel  de  ses 
officiers  était  le  principal  mobile,  8t  dans  lesquelles  la  modération  fiscale  de 
Charles  le  Chauve,  lors  de  la  guerre  maritime  contre  les  Normands,  était 
exaltée  au  détriment  de  Louis  XV.  On  ne  fut  donc  pas  d'avis  d'inviter  le 
Parlement  à  former  une  de  ces  commissions  extraordinaires  qui,  en  cas  ana- 
logues, allaient,  aux  pays  de  montagne,  tenir  leurs  assises  des  grands  jours. 

Comme  des  actes  fréquents  de  brigandage  se  commettaient  dans  les  mon- 
tagnes d'Aubrac,  dans  le  bassin  de  la  Truyère,  entre  Saint-Flour  Si  Saint- 
Chély,  dans  le  bassin  du  Tarn,  aux  confins  de  l'Albigeois,  &  dans  les 
contreforts  des  Cévennes,  il  fut  proposé  de  rendre  la  surveillance  plus  effi- 
cace au  milieu  de  ces  solitudes  en  augmentant  le  nombre  des  officiers  8t  des 
cavaliers  de  la  maréchaussée. 

«  Le  Gévaudan,  écrivait  Saint-Priest,  a  près  de  soixante-dix  lieues  de  cir- 
«  conférence,  8c  chaque  lieue  est  plus  forte  du  double  que  les  lieues  des 
«  environs  de  Paris.  Il  n'y  a  dans  un  pays  si  vaste  qu'une  seule  brigade, 
(1  qui  est  établie  à  Mende,  &  qu'un  seul  lieutenant  pour  les  trois  pays  du 
<c  Gévaudan,  du  Vivarais  &  du  Vêlai.  Cet  officier,  qui  réside  au  Puy,  est 
((  hors  d'état  de  faire  tout  le  service  nécessaire,  attendu  que  les  frais  qu'il 
«  fait  pour  se  déplacer  sont  en  pure  perte  pour  lui.  » 

Anciennement,  il   y  avait  en  Gévaudan   un   lieutenant  de  prévôt  &  des 
cavaliers  de  maréchaussée;  le  lieutenant  de  prévôt  fut  supprimé  en  1720;  ses 
fonctions  furent  attribuées  à  celui  du  Vivarais  &  du  Vêlai,  résidant  au  Puv 
8c  l'on  réduisit  le  nombre  des  cavaliers  à  neuf. 

En  lySi,  les  Etats  sollicitèrent  l'établissement  d'un  lieutenant  de  prévôt 
dans  le  Gévaudan  8c  la  création  de  deux  nouvelles  brigades  de  maréchaussée. 

Le  ministère  reconnut,  après  vingt-huit  ans  d'inertie,  l'utilité  de  cette 
mesure  pour  assurer  le  bon  ordre  8c  la  tranquillité  publique  dans  un  pays 
aussi  tourmenté,  8v  décida  d'y  fixer  deux  brigades-,  l'une  à  Marvéjols,  l'autre 
h  Saint-Chély.  Sans  ce  double  poste,  on  ne  pouvait  couper  court  aux  vio- 
lences dont  le  diocèse  avait  à  souffrir  depuis  si  longtemps. 

Le  mémoire  du  chancelier  ajoutait  :  «  Une  autre  considération,  plus  impor- 
«  tante  encore  que  les  précédentes,  est  la  nécessité  de  veiller  aux  mouvements 
<i  des  religionnaires,  Se  de  leur  en  imposer  de  manière  à  prévenir  toutes 
«  assemblées  de  leur  part.  Ce  qui  vient  d'arriver  en  Dauphiné,  pays  voisin 
«  du  Gévaudan,  fait  sentir  combien  la  précaution  est  essentielle,  8c  l'on  sait 
«  assez  que  les  protestants  sont  en  très-grand  nombre  dans  le  Gévaudan  8c  le 
«  Vêlai  ' .  » 

■  Archives  nationales.  Papiers  Ju  eontréleur  gé-  Une  note  donne  le  détail  des   frais  du   nouvel 

nêral.  Mémoire  sur  la  nécessité  de  créer  un  office  de  étnblissement,  s'élevant  pour  l'année  à  6  8co  livres  : 

lieutenant  de  la  maréchaussée  il  Mende  &  d'établir  Un    lieutenant   à  430    livres    de   gages    io5o   de 

deux  brigades,  l'une  à  Marvéjols  &  l'autre  o  Saint-  solde  z=  1  5oo  livres. 

Cliély.  Un  exempt,  5oo. 

Ce  mémoire  est  accompagné   d'une   lettre  con-  Un   brigadier,  600. 

forme  du  maréchal  de  Belle-hle.  Quatre  archers  dans  chaque  brigade  à  raison  de 


LIV.   IV,   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  il53 

La  dépense  annuelle  de  la  maréchaussée  en  Languedoc  était  alors  do  cent 
mille  livres,  dont  quarante-huit  mille  à  la  charge  de  la  Province. 

Les  Etats  de  Languedoc  maintenaient  avec  une  vigilance  jalouse  la  juri- 
diction exclusive  qui  leur  avait  été  attribuée  sur  toutes  les  assemblées  diocé- 
saines. 

Avertis  que  certaines  nouveautés  s'étaient  introduites  dans  les  assemblées 
du  diocèse  d'Albi,  où  l'on  recevait  depuis  quelque  temps  nombre  de  députés 
envoyés  par  de  très-petites  communautés,  ils  dressèrent,  le  24  février,  un 
règlement  dont  le  but  était  de  rétablir  l'ancien  usage. 

Les  communes  de  Gaillac,  de  Cordes  5t  de  Rabastens,  mécontentes  de  la 
décision  des  Etats,  iormèrent  une  sorte  de  cabale  &  prirent  des  délibérations 
uniformes,  en  vue  d'y  taire  opposition,  dans  les  séances  des  7,  12  Se  i3  mai 
de  la  même  année.  Elles  en  donnèrent  connaissance  aux  Etats,  les  avertis- 
sant qu'elles  projetaient  de  se  pourvoir  au  conseil. 

Le  syndic  de  la  Province  les  y  devança,  8t  se  plaignit  amèrement  d'une 
entreprise  contraire  au  respect  que  les  villes  maîtresses  devaient  k  l'assemblée 
provinciale  £<.  à  ses  décisions,  S<.  d'autant  plus  indécente  qu'elles  avaient 
l'honneur  d'y  envoyer,  chacune  à  son  tour,  un  député;  ajoutant  que  la  com- 
pétence des  États  en  ces  matières,  confirmée  par  les  lettres  patentes  du 
i3  mars  i653,  ne  pouvait  souffrir  aucune  exception.  Il  eut  soin  de  rappeler 
qu'un  même  esprit  d'insubordination  avait  déjà  conduit  la  ville  de  Cordes  à 
une  démarche  analogue,  sévèrement  réprimée  par  l'arrêt  du  23  août  1662. 

Le  conseil  d'Etat,  séant  à  Versailles,  le  i3  novembre  lyjg,  cassa  les  trois 
délibérations  de  Gaillac,  de  Cordes  Se  de  Rabastens,  &  ordonna  que  les  gref- 
fiers en  apporteraient  les  registres  au  syndic  du  diocèse  pour  y  inscrire  à  la 
marge,  en  sa  présence,  la  sentence  d'annulation  '. 

Un  travail  analogue  à  celui  qui  avait  été  sanctionné  par  l'arrêt  du  conseil 
du  10  octobre  1752,  pour  mettre  le  cadre  des  dépenses  ordinaires  votées  dans 
chaque  assemblée  des  Etats  provinciaux  en  harmonie  avec  les  besoins  du 
temps,  en  tenant  compte  des  modifications  amenées  par  les  circonstances, 
s'accomplit,  en  17Ô9,  pour  les  assemblées  diocésaines  de  la  sénéchaussée  île 
Carcassonne. 

Les  dix  diocèses  qui  en  faisaient  partie  suivaient  encore  les  règlements  de 
1634;  mais,  depuis  cette  époque,  beaucoup  de  variations  s'étaient  produites 
dans  les  détails.  Une  commission,  nommée  en  lySS,  étudia  soigneusement 
toutes  ces  transformations,  colligea  l'ensemble  des  autorisations  royales  qui 
avaient  permis  l'addition  de  nouveaux  articles,  ainsi  que  des  délibérations 
qui  en  approuvaient  d'autres,  8c  composa  de  ces  éléments  épars,  rapproches 
du  règlement  initial,  un  état  des  dépenses  ordinaires  connues  sous  le  nom  de 
frais  d'assiette. 

Ces  dépenses  furent  partagées  en  deux  catégories.  Les  premières,  dont  le 

'.^-5  lirres  =  4000  livres.   Les  charges  de   lieu  te-       fiiiuiue  fixée  à  1  j  cco  livres  par  l'édit  de  innrs  1  y;?. 
naiit  de  in;iré. haussée  étaient  héréditaires,  &  leur  '  Kecucil  Je  Languedoc.  Année  lySp. 

XIII.  7-, 


17:19 


17Û9 


II 54  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

montant  pouvait  être  évalué  d'avance,  parce  qu'elles  ne  souftiaient  point  de 
variations,  comprenaient  les  rétributions  des  députés  aux  Etats,  fixées  suivant 
l'usage  sur  le  pied  de  six  livres  par  jour  pour  le  temps  de  la  durée  de  l'as- 
semblée, déterminée  par  les  arrêts  du  10  octobre  lySî  ik  du  3o  octobre  1754; 
les  honoraires  du  commissaire  principal,  des  officiers  de  justice,  des  députés 
des  villes  !k  de  toutes  les  personnes  à  qui  le  règlement  du  3o  janvier  1720, 
applicable  à  tous  les  diocèses,  sauf  les  pays  de  Vivarais,  Gévaudan,  Vêlai  8t 
Albigeois,  permettait  l'entrée  aux  assiettes;  les  appointements  Si  frais  de 
bureau  des  syndic  &C  greffiers;  les  salaires  des  valets  de  ville  S<.  trompettes,  8c 
autres  menus  frais  concernant  la  tenue  des  assemblées,  les  sommes  accordées 
pour  l'établissement  des  collèges  &  séminaires,  ou  pour  aumônes  aux  hôpi- 
taux, maisons  de  charité,  bouillons  des  pauvres  &  aux  couvents;  enfin,  les 
crédits  extraordinaires  &  iinprévus,  tels  que  trais  de  procès,  ports  de  lettres, 
envois  d'exprès,  journées  employées  au  service  du  diocèse,  réparations  urgentes 
des  ponts,  des  chemins  8c  autres  ouvrages  publics  qui  étaient  en  dehors  des 
baux  d'entretien,  8c  que  des  nécessités  pressantes  ne  permettaient  point  de 
solder  par  emprunt,  conformément  à  l'arrêt  du  3o  octobre  1754. 

La  seconde  catégorie,  formée  des  dépenses  dont  le  chittre  ne  pouvait  être 
fixé  d'avance,  bien  qu'elles  fussent  ordinaires  8c  annuelles,  renfermait  les 
épices  de  la  chambre  des  comptes  8c  des  trésoriers  de  France  pour  le  contrôle 
des  registres  de  taille  &c  la  vérification  des  états,  en  vertu  de  traités  particu- 
liers; les  honoraires  de  l'auditeur  des  comptes  municipaux,  arrêtés  chaque 
année  par  ordonnance  des  commissaires  royaux  8c  provinciaux;  le  logement 
des  officiers  Se  cavaliers  de  la  qraréchaussée  8c  le  loyer  de  leurs  écuries,  réglés 
par  ordonnance  de  l'intendant;  le  montant  de  l'entretien  ordinaire  des  che- 
mins 8c  autres  ouvrages  diocésains,  déterminé  annuellement  aux  Etats;  les 
intérêts  ou  frais  d'amortissement  dus  aux  créanciers  Se,  enfin,  les  taxes  Se 
gratifications  accordées  aux  receveurs  des  tailles  par  divers  règlements  spé- 
ciaux. 

Le  caractère  essentiellement  variable  de  cet  ordre  de  dépenses  ne  permit 
pas  d'établir  de  chiffre  réglementaire;  on  se  contenta  de  rappeler  les  diocèses 
à  l'exécution  des  traités,  arrêts  du  conseil,  ordonnances  des  commissaires  Se 
jugements  de  vérification  applicables  aux  divers  cas. 

Quant  à  la  première  catégorie,  qui  se  prêtait  à  une  détermination  précise, 
elle  fut  fixée  pour  les  dix  diocèses  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  à  la 
somme  totale  de  soixante-douze  mille  neuf  cent  soixante-dix  livres,  dont  le 
conseil  d'État  régla  la  répartition  '. 

En  même  temps,  il  renouvela  toutes  les  anciennes  défenses  contre  la  levée 
d'impositions  diocésaines  non  comprises  dans  l'une  ou  l'autre  des  deux  caté- 
gories, en  rajeunissant  les  pénalités  édictées  par  les  règlements  provinciaux 

'  Voici  le  détail  ie  cette  répartition  :  6762  1.  —  Mirepo'ix,  6439  1.  —  Lodève,  6816  1. 

Narionne,   toy65   livres   14   sols    il    deniers.  —  10   s.  —  Alet,  6781    1.    18   s.  —  Limoux,  5820   I. 

Carcassonne,  8  683   1.  —  Béliers,  6<)85  1.    10  s.  —  17  s.  9  d.  —  Somme  totale  pour  la  sénéchaussée  : 

Castres,  8  ipS  1.  —  Saint-Pons,  6  5z\    1.   —  -^g^Ci  7^97°  '•  '°  '•  ^  ^- 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  ii55 

8c  particulièrement  par  ceux  du  :3  janvier  i658  &t  du  i"^  mars  lôog.  Les 
commissaires  principaux  des  assiettes  5<.  l'assemblée  des  Etats  eurent  mission 
d'assurer  &  de  contrôler  l'exécution  du  nouvel  arrêt'. 

La  municipalité  de  Toulouse  prit,  sur  la  fin  de  l'année  1759,  une  mesure 
dont  les  détails  méritent  de  trouver  place  dans  cette  histoire,  parce  qu'ils 
révèlent  l'atrocité  des  coutumes  judiciaires  qui  existaient  encore  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle  8c  qui  déshonoraient  les  abords  d'une 
capitale  de  province. 

Au  nord  de  Toulouse,  dans  le  terroir  de  la  grande  lande,  qui,  depuis 
quelques  années,  se  couvrait  d'habitations,  il  existait,  au  bord  du  chemin  de 
Montauban,  un  enclos  sinistre  &  fort  délabré  qui  servait  de  lieu  d'exposition 
pour  les  cadavres  des  suppliciés.  On  l'appelait,  en  langage  noble,  les  four- 
ches patibulaires  8<,  dans  la  langue  du  peuple,  la  salade,  illusion  brutale  à 
l'horrible  garde- manger  où  les  chiens  8c  les  oiseaux  allaient  chercher  leur 
pâture. 

Les  corps  que  l'on  exposait  dans  ce  triste  lieu  n'étaient  jamais  ensevelis^ 
on  les  laissait  se  détruire  d'eux-mêmes,  sous  le  vent  Se  la  pluie,  8c  se  disperser 
sous  la  dent  des  animaux.  Le  Parlement  ayant  décidé  que  les  exécutions  cri- 
minelles qui  se  faisaient  autrefois  dans  les  divers  lieux  du  ressort,  sur  le 
théâtre  même  des  crimes,  auraient  lieu  désormais  dans  la  ville  de  Toulouse, 
les  expositions  de  la  salade  devinrent  très-tréquentes.  Au  mois  de  mars  17^9, 
les  propriétaires  des  maisons  Se  des  biens  de  campagne  qui  se  multipliaient 
dans  les  environs  présentèrent  un  placet  aux  capitouls  pour  se  plaindre  de 
l'état  de  délabrement  des  murailles  8c  des  piliers  patibulaires.  Une  affreuse 
infection  s'échappait  de  ce  charnier  £c  viciait  l'air  de  toute  la  banlieue.  Les 
voisins  demandaient  que  l'on  relevât  les  anciennes  fourches  sur  la  route  de 
Saint-Agne,  afin  de  partager  les  cadavres  entre  ces  deux  dépôts  8c  d'éviter 
ainsi  les  grandes  accumulations. 

Mais  les  fourches  de  Saint-Agne  avaient  été  détruites  depuis  si  longtemps 
qu'on  ne  jugea  pas  convenable  d'en  gratifier  de  nouveau  l'avenue  du  bas 
Languedoc,  8c  l'on  se  contenta  d'améliorer  les  dispositions  matérielles  des 
autres  gibets.  Le  conseil  de  bourgeoisie  chargea  quatre  commissaires  d'en 
faire  la  vérification^. 

MM.  Lavigueric,  Désirât,  Casseyrol  8c  Dézazars,  qui,  en  compagnie  de 
l'architecte  Hardy,  pénétrèrent  dans  l'enclos,  eurent  sous  les  yeux  un  hor- 
rible spectacle.  Les  murs  8c  les  piliers  tombaient  en  ruines;  trente-quatre 
cadavres  s'y  trouvaient  empilés,  exhalant  une  odeur  pestilentielle.  La  com- 
mission n'eut  pas  de  peine  à  reconnaître  qu'un  tel  foyer  de  putréfaction  devait 
rendre  les  environs  inhabitables.  Mais  comme  la  privation  de  sépulture  faisait 
partie  de  la  pénalité,  on  ne  s'inquiéta  (|ue  de  changer  le  mode  d'exposition. 
Il  fut  résolu  de  rétablir  les  murs,  de  les  exhausser,  de  bâtir  six   piliers  sup- 

'  Recueil  de  LafigueJoc.  Année   1760.    Arrêt   du  '  Archives  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils,  XLV, 

conseil  d'Ktnt,  donné  le  17  décembre  I7")5i  M.  Bcr-  70.  Conseil  de  bo.irgeoisie.  Sénncc  du  'io  in.irs 
tin,  contrôleur  géiicril  des  finnnces,  r.ipporteur ■  '7;>9. 


':->9 


1709 


Il56  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

portant  six  grosses  barres  de  fer,  auxquelles  on  attacherait  vingt-six  carcans 
destinés  à  la  suspension  des  cadavres,  «  afin,  dit  le  procès-verbal,  qu'étant 
«  exposés  à  l'air  £<.  aux  vents,  ils  pussent  sécher  plus  tôt  &  plus  facilement, 
«  Si  que,  venant  à  tomber,  ils  fussent  renfermés  dans  l'enceinte.  »  On  com- 
plétait ces  précautions  sommaires  en  fermant  l'enclos  par  une  porte  à  forte 
serrure. 

Quand  on  voulut  faire  exécuter  ces  travaux,  on  ne  trouva  pas  d'adjudica- 
taire; pas  un  ouvrier  ne  consentit  librement  à  mettre  la  main  à  l'odieuse 
jjesogne;  la  municipalité  fut  réduite  à  réquisitionner  de  force  un  serrurier, 
un  maçon,  un  charpentier,  des  porteurs  de  matériaux,  &  à  les  faire  escorter 
par  des  soldats  qui  les  empêchaient  de  se  sauver.  Les  gens  qui  passaient 
le  long  des  routes,  à  portée  du  chantier  maudit,  accablaient  les  travailleurs 
d'injures  '. 

Enfin  la  réparation  se  termina,  &  le  premier  cadavre  que  les  valets  du 
bourreau  attachèrent  au  carcan  neuf  fut  celui  d'un  faux  monnayeur  de 
Sadournin,  au  diocèse  d'Auch,  jeune  homme  d'une  trentaine  d'années  qu'un 
jugement  souverain  de  l'hôtel  des  monnaies  avait  fait  pendre  sur  la  place  du 
Salin,  à  côté  du  portrait  d'un  de  ses  complices,  condamné  par  contumace-. 

Le  chroniqueur  Pierre  Barthès,  c|ui,  selon  sa  coutume,  s'étend  avec  beau- 
coup de  complaisance  sur  les  récits  d'exécutions,  termine  son  journal  de  1709 
par  une  note  lugubre  : 

«  L'année  qui  vient  de  finir,  dit-il,  triste  &  misérable  à  tous  égards,  sera 
i(  remarquable  pour  la  souffrance  dans  tous  les  états.  La  guerre  continuant 
«  toujours,  le  commerce  entièrement  détruit,  l'artisan  ne  faisant  rien  &  mou- 
ci  rant  de  misère  par  le  défaut  Jk  la  cherté  des  choses  les  plus  nécessaires  à  la 
«  vie,  attendu  la  mauvaise  récolte  des  denrées  de  toute  espèce,  comme  bled, 
«  vin,  millet,  fruit,  Sec;  les  subsides  croissant  toujours  St  personne  ne  faisant 
«  rien  pour  suffire  à  tant  de  misère;  tout  cela,  dis-je,  rend  cette  année  cala- 
II   miteuse^.  » 

C'était  le  contre-coup  des  lamental^les  événements  qui  ruinaient  la  gran- 
deur militaire  8<.  maritime  de  la  France,  la  traduction  provinciale  des  jour- 
nées de  Rosbach,  de  Crevelt  Se  de  Minden. 

11  ne  faut  pas  accuser  le  tableau  d'exagération;  car,  deux  mois  plus  tôt, 
Saint-Priest  écrivait  au  contrôleur  général  : 

«  Je  ne  dois  pas  vous  laisser  ignorer  la  triste  situation  où  se  trouvent  réduits 
«  c[uek[ues  diocèses  de  la  Province...  Suivant  les  différens  avis  que  je  reçois 
«  journellement,  les  peuples  sont  presque  déterminés  à  abandonner  leurs 
«  demeures  pour  aller  chercher  dans  d'autres  pays  du  soulagement  à  la  misère 
«  affreuse  qui  les  accable;  Se  il  est  certain  qu'ils  seront  forcés  de  le  faire,  si  on 
<i  ne  vient  promptement  à  leur  secours.  Les  diocèses  d'Uzès  £<  de  Saint-Pons 
«  sont  particulièrement  les  plus  à  plaindre;  un  grand  nombre  de  commu- 

'  Archives  de  Toulouse.  Livre  îles  Conseils,  XL^',  '  Heures  perdues  de  Pierre  Barthès,  IV,  p.   \-j-j. 

93.  Conseil  de  bourgeoisie.   20  décembre  I7âf).  —  '^Heures  perdues  de  Pierre  Barthès,  IV,  p.   178. 

Heures  perdues  de  Pierre  Banh'es,  IV,  p.    172. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1157 

((  nautés  de  ce  dernier  viennent  d'éprouver  l'inondation  la  plus  complète,  c[ui 
<i  a  emporté  généralement  toutes  les  semences,  &.  on  me  marque  que  dans 
«  l'autre  il  restera  plus  de  deux  cents  salmées  incultes,  faute  de  grains  pour 
«  les  ensemencer  &  d'argent  pour  en  acheter.  Ces  deux  cents  salmées  font  à 
«  peu  près  sept  à  huit  cents  arpens...  Je  ne  saurois  trop  appuyer  sur  des 
«  secours  prompts  8c  puissans  pour  éviter  la  ruine  entière  &  peut-être  la 
<(  désertion  d'un  nombre  assez  considérable  d'habitans  de  cette  Province.  Je 
«  reçois  dans  ce  moment  une  lettre  de  mon  subdélégué  de  Limoux,  qui 
«  m'annonce  les  mêmes  malheurs  Se  les  mêmes  besoins'.  » 


CHAPITRE  IV 

Lutte  Au  Parlement  &  des  Etnis.  —  Travaux  publics.—  Piocès  des  jésuites.  —  Affaire  Calas.—  Roche tte 
&  les  frères  Grenier.  —  Le  duc  de  Fitz-James  au  Parlement.  —  Le  comte  d'Eu.  —  Réforme  com- 
munale. —  Enquête  judiciaire  en  Vivarais.  —  Réorganisation  de  la  magistrature  par  le  chancelier 
Maupeou.  —  Rétablissement  des  offices  municipaux.  —  Paroisses  créées  dans  la  banlieue  de  Tou- 
louse. —  Mouvement  économique,  —  Mort  de  Louis  XV. 

Nous  abordons,  avec  la  dernière  partie  du  règne  de  Louis  XV,  une  période 
confuse,  marquée  par  d'humiliantes  défaites,  par  la  perte  de  notre  empire 
colonial  &  par  l'irrémédiable  décadence  de  la  monarchie.  Les  efforts  tentés 
par  le  duc  de  Choiseul,  qui  s'inquiéta  du  progrès  économique,  favorisa  les 
travaux  publics  &  le  commerce,  &  prit  un  soin  particulier  de  perfectionner  8c 
d'étendre  le  réseau  des  voies  de  communication,  ne  réussirent  pas  à  neutra- 
liser les  conséquences  d'une  guerre  malheureuse  ni  à  suspendre  la  décompo- 
sition de  toutes  les  forces.  L'étude  de  cette  époque  est  ingrate  8c  monotone, 
non  que  les  luttes  y  fassent  défaut;  elles  y  prennent,  au  contraire,  une 
extrême  violence;  mais  les  antagonistes  sont,  en  général,  peu  intéressants, 
ceux  mêmes  qui  ont  la  raison  de  leur  côté  emploient,  pour  la  faire  triompher, 
des  moyens  tellement  arbitraires  qu'ils  la  compromettent,  8c  l'esprit  éprouve 
quelque  peine  à  s'arrêter  sur  un  spectacle  aussi  peu  attrayant. 

Il  nous  serait  impossible  de  suivre  dans  tous  leurs  détails  les  conflits  du 
Parlement  de  Toulouse  avec  le  ministère  8c  les  Etats  de  la  Province,  conflits 
dont  la  cause  à  peu  près  constante  fut  la  détense  de  privilèges  particuliers,  8c 
dont  l'histoire  n'offre  guère  qu'un  renouvellement  de  scènes  déjà  racontées. 

Une  remarque  générale  à  faire  sur  les  dispositions  des  grands  corps,  c'est 
qu  ils  profitaient  tous  des  progrès  du  sens  critique  pour  juger  sainement  8c 
sévèrement  leurs  rivaux  8c  pour  recommander  à  leur  endroit  les  réformes  les 
plus  profondes;  mais  cette  clairvoyance  disparaissait  aussitôt  que  les  préroga- 
tives 8c  les  dispenses  personnelles  de  charges  se  trouvaient  en  jeu.  Dans  ce 
cas,  l'amour  du  bien  public,  les  témoignages  du  bon  sens,  étaient  oubliés; 

'  Archives  nationales.  Papiers  ilu  contrùlcur  général. 


1739 


1760 


1760 


II 58  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

on  ne  retrouvait  plus  que  d'opiniâtres  défenseurs  d'immunités  de  corporation, 
incapables  de  se  soumettre  pour  leur  propre  compte  à  cette  loi  du  temps  dont 
ils  invoquaient  les  arrêts  au  préjudice  d'autrui. 

Comme  toujours,  ce  fut  à  l'occasion  des  lourds  sacrifices  imposés  au  pays 
par  les  malheurs  de  la  guerre  que  l'on  vit  éclater  les  dissentiments.  L'en- 
tretien de  l'armée  &  de  la  marine  avait  nécessité  la  création  de  nouveaux 
impôts. 

Le  Parlement  de  Toulouse  se  résigna,  non  sans  peine,  à  ordonner  l'enre- 
gistrement des  lois  de  finances  émanées  directement  de  l'autorité  royale,  mais 
il  accompagna  cet  acte  de  soumission  de  telles  réserves  qu'elles  équivalaient 
presque  à  une  résistance  formelle. 

Cette  opposition  s'exprima  par  deux  arrêts.  Le  premier,  rendu  le  24  mars 
1760,  s'appliquait  à  l'édit  de  février  portant  établissement  d'un  troisième 
vingtième  81  d'un  doublement  de  la  capitation.  La  cour  ne  laissa  pas  échapper 
l'occasion  d'y  déclarer,  tout  en  courbant  la  tête,  qu'aucune  nouvelle  imposi- 
tion ne  pourrait  être  instituée,  répartie  ni  levée  en  Languedoc  &  dans  le 
ressort  du  Parlement  de  Toulouse,  si  la  création  n'en  revêtait  la  forme  d'édit, 
de  déclaration  ou  de  lettres  patentes,  &  n'avait  été  d'abord  soumise,  avant 
toute  publication,  au  cérémonial  de  l'enregistrement. 

Le  second  arrêt,  qui  portait  sur  l'édit  du  mois  d'août  lySS,  appuyé  des 
lettres  de  jussion  du  20  mars  1760,  &  sur  deux  déclarations  royales  du 
27  mars,  concernant  les  dons  gratuits  extraordinaires  imposés  aux  villes  !k 
bourgs  du  ressort,  8t  l'abonnement  de  ce  droit  en  faveur  de  la  province  de 
Languedoc,  exprimait  les  mêmes  réserves,  en  ajoutant  que  le  traité  d'abon- 
nement conclu  avant  la  vérification  de  la  cour  &  l'enregistrement  lui-même 
seraient  sans  conséquence  pour  l'avenir. 

Cette  double  démarche  éveilla  la  susceptibilité  des  Etats,  qui  se  crurent 
atteints  dans  les  prérogatives  séculaires  de  la  Province,  &.  firent  porter  plainte 
au  roi,  par  leurs  députés,  de  l'illégale  ingérence  du  Parlement,  dont  l'incom- 
pétence en  matière  d'imposition  provinciale  avait  été  plusieurs  fois  établie. 

Le  conseil  d'Etat  cassa,  le  25  octobre,  les  deux  arrêts  de  la  cour  de  Toulouse 
en  ce  qu'ils  contenaient  de  contraire  aux  privilèges  &  usages  de  la  Province  ', 

La  Province  fit  signifier  cette  décision  au  procureur  général  de  Toulouse 
par  un  huissier  de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier^. 

Le  Parlement  avait  déjà  pris  l'avance,  en  confirmant  de  plus  belle,  le 
17  novembre,  ses  deux  arrêts  incriminés,  en  les  complétant  par  une  défense 
formelle  d'y  contrevenir,  adressée  aux  gens  des  trois  ordres  des  États  de  Lan- 
guedoc. Cette  récidive  fut  aussitôt  déférée  au  conseil  d'Etat,  qui  en  fit  l'objet 
d'un  nouvel  arrêt  de  cassation  3. 

■  Recueil  des  édits  &  arrêts  de  Languedoc.  1760.  &  aussi   du   suisse  de  Monseigneur   le   procureur 

Arrêt  du  conseil  d'Etat,  donné  le  25  octobre  176c.  général.  9  décembre   1760. 

'  Recueil  des  édits  &■  arrêts  de  Languedoc.  Année  *  Recueil  des  édits  &  arrêts  de  Languedoc,  Année 

1760.  Procès-verbal  de  Jean-Antoine  Domergue,...  1760.   Arrêt  du  conseil  d'Etat,  donné  à  Versailles 

parlant  à  la   personne  du  sieur  Bégué,   greffier,...  le  i3  décembre  1760. 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1159 

Vers  la  même  époque,  on  reprit  un  ancien  projet  de  grande  importance 
pour  le  bassin  de  l'Aude  :  le  dessèchement  de  l'étang  de.  Marseillette. 

Les  eaux  de  cet  étang,  situé  dans  la  plaine  de  Carcassonne  8c  alimenté  par 
les  sources  des  montagnes  voisines,  couvraient  en  1760  plus  de  six  mille 
séterées  de  bonnes  terres,  propres  à  toute  espèce  de  culture,  8c  entretenaient, 
par  leurs  émanations,  des  fièvres  dangereuses  qui  désolaient  le  pays. 

Toutes  les  tentatives  antérieures  de  dessèchement,  dont  les  plus  anciennes 
connues  remontaient  au  treizième  siècle,  n'avaient  point  abouti,  les  uns 
s'étant  découragés  devant  l'énorraité  de  la  dépense,  d'autres  ayant  été  en- 
través par  l'opposition  des  seigneurs  riverains  ou  empêchés  par  les  événe- 
ments publics. 

Les  entreprises  du  sieur  d'Arcous  en  i6o5,  de  Servies  en  i6i5,  de  la  So- 
ciété générale  pour  le  dessèchement  de  tous  les  étangs  du  royaume  en  1622, 
n'avaient  point  laissé  de  trace,  la  guerre  Se  la  peste  étant  survenues  au  moment 
oui  les  associés,  sortis  vainqueurs  d'un  très-grand  procès,  commençaient  de 
mettre  les  terres  en  culture',  8t  leurs  travaux  n'ayant  pu  résistera  de  longues 
années  d'abandon,  pendant  lesquelles  les  inondations  dégradèrent  les  digues, 
comblèrent  les  canaux  8c  submergèrent  les  terrains  desséchés  en  1626.  La 
plupart  des  associés,  ruinés  par  cette  malheureuse  opération,  étant  insolvables, 
tout  le  fardeau  de  l'entreprise  retomba  sur  deux  frères,  Théophile  8c  François 
Ranchin,  8c  sur  leur  belle-sœur  Anne  d'Audifret,  qui  durent,  par  solidarité, 
faire  face  aux  engagements.  Etablis  à  Puycheric  pour  mieux  surveiller  les 
travaux,  ils  les  avaient  menés  à  bonne  fin^,  quand  les  riverains,  qui  préten- 
daient conserver  des  droits  de  pacage  dans  l'intérieur  de  l'étang,  suscitèrent 
de  nouveaux  troubles,  dont  il  fallut  encore  demander  l'apaisement  au  Parle- 
ment de  Toulouse^.  ' 

Propriétaires  de  onze  douzièmes  des  terres  desséchées,  les  associés  complétè- 
rent alors  leurs  possessions  en  achetant  à  divers  particuliers,  8c  construisirent 
le  château  de  Fonfile,  dont  ils  firent  le  chef-lieu  de  leur  fief,  avec  moyenne 
8c  basse  justice.  Ce  domaine  demeura  dans  la  famille  Ranchin  jusqu'en 
l'année  1709,011  l'un  de  ses  membres,  Charles-François  Ranchin  de  Mon- 
taran,  gouverneur  de  Saint-Hippolyte,  vendit  le  château  8c  l'étang  de  Mar- 
seillette au  maire  perpétuel  de  Carcassonne,  François-Antoine  Pvoudil,  sieur 
de  Berriac''. 

Le  nouvel  acquéreur,  cherchant  à  réunir  en  ses  mains  toutes  les  terres  qui 
avaient  fait  partie  de  la  concession  primitive,  traita  avec  le  maréchal  8c  la 
maréchale  de  Lautrec,  qui  reconnurent  ses  droits  dans  l'étendue  des  justices 

'  Contrat  du  sieur  Darcous,  juge  de  Villeneuve-  terres,  consenti   par  les  seigneurs  de  Blomac,  de 

de-Berg,  du  ii  février  i6o5;  contrat  du  sieur  Ser-  Marseillette  &  d'Aigiiesvives,  le  22  aoîit  i63o, 

▼  iès,  avocat  à  la  cour  des  aides  de  Montpellier,  du  '  Le   dessèchement   commencé   par  les  Ranchin 

27  août  i6i5;   contrat  des  associés  à   l'entreprise  datnit  du  mois  d'avril  i638. 

générale,  du    12   décembre    1622    8c  3   avril    i(j23;  '  Arrêt   du    Parlement   de  Toulouse   du    3    avril 

arrêts    du    Parlement    de  Toulouse   du    22    février  1647.  Arrêt  de  la  chambre  de  l'éJit  du  23  septem- 

1628,  &  de    la   chambre  de   l'édit  du   11  septembre  bre   1648. 

d«  la  même  année.  Acte  du  partage  &  born.rge  des  ■*  Contrat  du  4  janvier  fj5ç. 


1760. 


1  760 


ii6o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  Marseillette  &  d'Aiguesvives ',  ainsi  que  l'avait  fait  précédemment  le  maré- 
chal de  Roquelaure^. 

A  ce  moment,  il  s'était  écoulé  près  de  quatre-vingts  ans  sans  que  l'on  eût 
îéparé  les  anciens  travaux.  L'eau,  retenue  par  les  dépôts  amoncelés,  avait 
insensiblement  élevé  son  niveau  Se  submergeait  les  cultures.  Pendant  l'été, 
les  poissons  périssaient  en  masse,  tombaient  en  putréfaction  &  mêlaient  leurs 
émanations  à  celles  des  eaux  croupissantes  &  des  herbes  gâtées.  La  popula- 
tion des  villages  avoisinants  était  décimée  par  la  fièvre,  surtout  à  l'époque  de 
la  récolte.  On  citait  des  familles  e-ntières  que  l'épidémie  avait  emportées.  Le 
pays  offrait  l'aspect  d'une  lande  désolée,  &  se  dépeuplait  tous  les  jours. 

Les  commissaires  de  la  Province  allèrent,  par  l'ordre  des  Etats,  au  mois 
d'avril  1709,  vérifier  la  situation  des  lieux.  Leur  rapport  confirma  l'exactitude 
des  tableaux  les  plus  affligeants,  Sv  l'assemblée  reconnut  à  la  fois  l'importance 
du  danger  &  l'insuffisance  des  secours  accordés  par  le  roi  à  quelques  villages 


riverains'. 


Le  gouverneur,  les  États,  les  commissaires  du  diocèse,  encouragèrent  alors 
M.  de  Berriac  à  reprendre  l'œuvre  de  ses  prédécesseurs.  Il  obtint  le  consente- 
ment des  propriétaires  du  canal,  après  avoir  fait  constater  par  M.  de  Poilly, 
ingénieur  en  chef,  que  le  dessèchement  £t  les  travaux  accessoires  ne  pour- 
raient porter  aucun  dommage  à  la  grande  ligne  de  navigation  intérieure"*, 
pourvu  que  l'on  ne  changeât  rien  au  lit  de  la  rigole  de  l'Eguille,  servant 
d'écoulement  aux  eaux  de  l'étang  sous  l'aqueduc  du  canal  ;  Si  il  se  pourvut  au 
coRçeil  d'État  pour  faire  sanctionner  son  entreprise. 

L'expérience  des  difficultés  de  toute  nature,  que  les  contestations  de  pro- 
priété avaient  fait  naître  en  diverses  occasions,  exigeait  une  grande  précision 
dans  les  termes  du  nouveau  contrat.  Aussi  l'entrepreneur  présenta-t-il  au 
conseil  tous  les  titres  qui  établissaient  la  transmission  de  ses  droits  depuis  les 
premiers  concessionnaires. 

M.  de  Saint-Priest  ayant  émis  un  avis  favorable  au  projet,  le  conseil  d'État, 
sur  le  rapport  du  contrôleur  général,  autorisa,  le  5  août  1760,  les  travaux  de 
dessèchement  qui  devaient  être  terminés  dans  le  délai  de  huit  ans,  sous  peine 
de  déchéance;  prescrivit  le  bornage  des  terres  fréquemment  immergées,  les 
publications  légales  pendant  trois  dimanches  consécutifs,  de  quinzaine  en 
quinzaine,  dans  six  au  moins  des  églises  paroissiiiles  voisines  de  l'étang  & 
dans  les  foires  8c  marchés,  ainsi  que  l'atfichage  aux  hôtels  de  ville  de  Nar- 
bonne  Si  de  Carcassonne,  donnant  six  mois  à  quiconque  pourrait  prétendre 
quelques  droits  de  propriété  ou  d'hypothèque,  pour  les  faire  valoir  &  les  jus- 
tifier par  titres.  Passé  ce  terme,  les  travaux  pouvaient  commencer. 

M.  de  Berriac  était  aussi  autorisé  à  prendre  les  terres  appartenant  à  des 
particuliers  ou  à  des  communes  qui  seraient  nécessaires  à  l'entreprise,  pour 
y  faire  des  chaussées  S<  des  canaux  ou  y  établir  des  nivellements,  à  la  charge 

'  Contrat  du  lô  octobre  1709.  ■*  Acte  du   20   juin    1760,    retenu    pnr  M'  Lncde- 

'  Sentence  des  requètc5  du  22  juin  1713.  g"'^e,  notaire  à  Paris. 

'  Procès-verbal  des  Etats,   ij  décembre  1759. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1161 

de  dédommager  les  propriétaires  de  gré  à  gré  ou  à  dire  d'expert,  Se  de  payer 
comptant  avant  que  de  prendre  possession. 

Les  terres  de  l'étang  &  dépendances  qui  étaient  frappées  de  taille  en  1760 
y  demeuraient  soumises;  toutes  les  autres,  bien  que  mises  en  culture,  n'y 
devaient  pas  être  cotisées  pendant  les  dix  ans  qui  suivraient  le  complet  des- 
sèchement. Pareille  exemption  s'étendrait,  durant  le  même  délai,  à  toutes  les 
terres  nobles  qui  pourraient  être  données  à  cens  ou  à  rentes  foncières.  Les 
dîmes  étaient  supprimées,  pendant  dix  ans,  pour  le  périmètre  entier  du  bor- 
nage, 8t,  après  dix  ans,  réduites  au  cinquantième.  En  outre,  les  gens  de 
mainmorte  ou  roturiers  qui  en  feraient  première  Se  directe  acquisition  au 
sieur  de  Berriac  n'auraient  à  payer  aucun  droit  d'amortissement,  de  nouveaux 
acquêts  &  de  francs-fiefs;  &  les  gentilshommes  &  privilégiés  étaient  autorisés 
à  prendre  intérêt  dans  l'opération  sans  s'exposer  à  la  dérogeance  '  ;  en  un 
mot,  rien  ne  fut  négligé  pour  encourager  l'entreprise. 

Au  mois  de  septembre  1761,  le  Parlement  de  Toulouse  commença  de  don- 
ner sa  note  dans  le  concert  des  ressentiments  qui  se  soulevaient  contre  les 
jésuites.  Nos  lecteurs  n'ont  pas  oublié  les  différends  de  cette  compagnie 
célèbre  avec  plusieurs  évèques  de  Languedoc,  le  mépris  qu'elle  faisait  des 
autorités  diocésaines  quand  ces  autorités  lui  étaient  contraires,  ses  envahisse- 
ments progressifs  des  maisons  d'éducation,  &  la  guerre  terrible  qu'elle  avait 
faite  aux  jansénistes.  La  réaction  contre  cette  milice,  trop  longtemps  heu- 
reuse, se  produisit  sur  la  fin  du  règne  de  Louis  XV,  avec  un  emportement 
proportionné  à  ses  victoires.  Nous  n'avons  pas  à  refaire  ici  l'histoire  générale 
de  ce  grand  procès,  oii  plusieurs  griefs  légitimes,  mais  communs,  pour  la 
plupart,  à  tous  les  ordres  religieux,  turent  exploités  par  la  passion  des  jansé- 
nistes, par  l'esprit  critique  des  philosophes  8c  par  l'adresse  du  ministère,  qui 
voulait  distraire  le  pays  des  insuccès  de  la  politique  française  &  jeter  une 
pâture  à  l'inquiète  activité  des  Parlements.  Nous  nous  contenterons  d'exposer 
la  part  que  la  cour  de  Toulouse  prit  à  ces  grandes  manœuvres,  sous  l'impul- 
sion du  ministère  public. 

Le  i5  septembre  1761,  les  chambres  assemblées  délibérèrent  sur  la  propo- 
sition d'un  membre  du  Parlement,  qui  demandait  l'examen  «  des  constitu- 
«  tions,  régime  Se  institut  des  prêtres  &  écoliers  se  disant  de  la  société  de 
<(  Jésus.  »  Les  gens  du  roi  prirent  la  parole  8t  soutinrent  vigoureusement  la 
proposition;  il  fut  décidé  que  les  «  soi-disant  jésuites  »  seraient  tenus  de 
remettre,  dans  trois  jours,  au  greffe  civil  de  la  cour,  un  exemplaire  imprimé 
de  leurs  constitutions,  notamment  de  l'édition  faite  à  Prague  en  1767.  Le 
procureur  général  eut  charge  de  signifier  l'arrêt  dès  le  lendemain  au  supé- 
rieur des  quatre  maisons  de  prêtres,  8t  d'écoliers  de  la  société  établies  à  Tou- 
louse, de  prendre  connaissance  des  constitutions  £<.  d'en  rendre  compte  aux 
chambres  le  14  novembre  suivant.  La  signification  s'accomplit,  en  effet,  le 

'  Recueil  ie;  èJ'tts  S-  arrêts  Je  Languedoc.  Année  du  5  août  1760,  enregistrées  tu  Parlement  de  Toii- 
1760.  Arrêt  du  conseil   d'État,  &  lettres  patentes       loiise  le  27  août;  M.  de  Bastiird,  rapporteur. 


1760 


17Û1 


jyôi 


1162  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

16  septembre,  &  l'édition  de  Prague  de  l'institut  des  jésuites  fut  remise  au 
greffe  le  18. 

Les  magistrats  se  plongèrent  aussitôt  dans  l'étude  des  constitutions;  mais 
un  événement  tragique,  arrivé  à  Toulouse  vingt-quatre  jours  après,  causa 
une  diversion  inattendue  &  absorba  complètement  l'opinion  publique. 

Le  i3  octobre  1761,  dans  une  maison  de  la  rue  des  Filatiers,  habitée  par 
un  protestant  (le  marchand  d'indiennes  Jean  Calas),  &  reconnaissable  encore 
aujourd'hui  à  l'arc  en  accolade  qui  en  surmonte  la  porte,  un  jeune  homme 
fut  trouvé  mort.  C'était  le  fils  aîné  de  la  famille,  Marc-Antoine  Calas.  Il 
avait  dîné  le  même  jour  avec  ses  parents  &  avec  Alexandre-Gaubert  Lavaysse, 
fils  d'un  avocat  célèbre  de  Toulouse,  qui,  étant  au  moment  de  faire  le  voyage 
de  Saint-Domingue,  après  avoir  terminé,  à  Bordeaux,  ses  cours  de  pilotage, 
avait  voulu  dire  adieu  à  son  père  Si  à  ses  amis.  Marc-Antoine  Calas,  qui 
passait  pour  avoir  le  caractère  bizarre  &  l'humeur  inquiète,  8c  qui  venait 
d'éprouver  divers  mécomptes  dans  ses  projets  d'avenir,  quitta  l'appartement 
où  se  trouvait  sa  famille,  dès  la  fin  du  repas.  Ce  fut  en  accompagnant  Se  en 
éclairant  dans  l'escalier  le  jeune  Lavaysse,  qui  sortait  après  avoir  paisible- 
ment passé  la  soirée  chez  les  Calas,  que  le  fils  cadet,  Pierre,  parcourant  le 
long  corridor,  fut  surpris  de  ne  pas  voir  fermée,  comme  d'habitude,  la  porte 
intérieure  qui  donnait  accès  dans  la  boutique;  ils  y  pénétrèrent  81  y  trou- 
vèrent Marc-Antoine  pendu,  par  une  corde  à  nœud  coulant,  à  une  forte  barre 
de  bois,  posée  en  travers  sur  les  deux  battants  de  la  porte.  A  cette  affreuse 
découverte,  les  jeunes  gens  donnent  l'alarme;  Jean  Calas  accourt,  nrend  son 
fils  mort  dans  ses  bras,  envoie  aussitôt  Pierre  appeler  un  chirurgien  du  voisi- 
nage, qui  reconnaît  que  tous  les  secours  sont  inutiles  &  que  le  corps  est  ina- 
nimé depuis  un  temps  assez  long.  Madame  Calas,  Anne-Rose  Cabibel,  &  la 
vieille  servante  catholique  de  la  famille,  Jeanne  Viguier,  descendues  auprès 
du  mort,  essayaient  vainement  de  le  ranimer  en  versant  dans  sa  bouche 
quelques  gouttes  d'eau  de  la  reine  de  Hongrie.  La  trépidation,  les  cris 
d'alarme,  les  allées  8<.  venues  de  gens  courant  chercher  du  secours  mirent 
bientôt  en  éveil  tout  le  quartier.  Un  homme  de  loi,  Clausade,  arrivé  des  pre- 
miers avec  d'autres  voisins,  voyant  que  le  malheur  était  irréparable,  donna 
avis  à  la  famille  de  faire  avertir  les  capitouls  pour  constater  le  décès  8c  obtenir 
le  permis  d'inhumation.  Ce  Clausade  est  probablement  le  même  procureur 
protestant  dont  la  femme  avait  failli  être  traînée  sur  la  claie,  pour  n'avoir 
pas  accepté,  à  l'article  de  la  mort,  les  secours  d'un  prêtre  catholique.  Les 
mœurs  du  temps  n'étaient  pas  plus  clémentes  pour  les  suicidés  :  on  leur 
refusait  les  honneurs  de  la  sépulture,  on  les  promenait  par  les  rues,  le  visage 
contre  terre,  avant  de  les  jeter  à  la  voirie.  La  crainte  d'une  pareille  humi- 
liation épouvanta  les  Calas,  Se  quand  le  capitoul  David  de  Beaudrigue  vint 
les  interroger,  sans  se  rendre  compte  de  la  gravité  de  leur  mensonge,  ils  lui 
déclarèrent  que  le  corps  avait  été  trouvé  couché  sur  le  parquet.  Écartant 
ridée  de  suicide,  il  ne  restait  que  l'hypothèse  d'un  crime,  8c  le  premier  ordre 
du  capitoul  fut  de  faire  arrêter  toutes  les  personnes  qui  se  trouvaient  dans  la 


LIV.   IV.   LA  RÉGENXE  ET  LOUIS  XV.  ii63 

maison.  Le  jeune  Lavaj-sse,  sorti  pour  rendre  divers  bons  offices  à  ses  mal- 
heureux amis,  £<.  repoussé  par  les  soldats  de  garde,  lorsqu'il  voulut  rentrer, 
ne  parvint  à  se  faire  recevoir  qu'en  affirmant  qu'il  avait  soupe  chez  les  Calas, 
8v,  à  partir  de  ce  moment,  se  trouva  associé  à  leur  captivité. 

David  lit  emporter  le  corps  sur  un  brancard  à  l'hôtel  de  ville  &  y  amena 
à  sa  suite,  avec  l'escorte  du  guet,  tous  les  membres  de  la  famille  Calas,  le 
jeune  Lavaysse  Se  un  fabricant  d'étoffes,  nommé  Cazeing,  qui  s'était  rendu 
auprès  de  ses  amis. 

Cependant  des  badauds  s'étaient  attroupés.  Cette  foule  ignorante  8t  bru- 
tale, avide  d'émotions,  portée  à  l'hyperbole  8c  aux  inventions  romanesques, 
dissertait  sur  l'événement  &  prétendait  en  expliquer  les  causes  avec  cette  sut- 
iisance  péremptoire  qui  est  particulière  aux  disputeurs  méridionaux.  On  a 
évoqué,  à  ce  propos,  les  souvenirs  de  Simon  de  Montfort,  des  cathares  Se 
des  albigeois,  souvenirs  certainement  peu  familiers  aux  commères  de  Tou- 
louse. C'est  aller  bien  loin.  Il  suffisait  de  quelques  niais,  comme  il  y  en  a 
dans  toutes  les  foules,  Se  d'une  masse  portée  à  tout  croire,  quand  il  s'agit  de 
crime,  pour  assurer  dans  la  multitude  le  crédit  des  billevesées  qui  y  furent 
répandues.  Un  malveillant  se  souvint  à  propos  que  les  Calas  étaient  protes- 
tants, un  autre  que  le  jeune  Lavaysse,  le  doux  jeune  homme  en  habit  gris, 
au  joli  visage,  portait  une  petite  épée  au  côté,  comme  toutes  les  personnes 
un  peu  élevées  au-dessus  de  la  classe  populaire.  Là-dessus,  la  tourbe  s'en- 
flamme, elle  hurle  au  protestant,  comme  on  l'a  vue,  trente  ans  plus  tard, 
hurler  à  l'aristocrate  6c  aboyer  à  l'échafaud.  Peut-être  quelque  misérable 
boutiquier,  heureux  de  se  débarrasser  d'un  concurrent,  saisit-il  l'idée  au  vol  : 
une  condamnation  vaut  une  faillite.  Les  affairés,  les  gens  qui  veulent  paraître 
tout  savoir  s'en  mêlèrent  aussi.  Les  livres  bibliques,  dont  les  catholiques  se 
servent,  d'ailleurs,  comme  les  protestants,  offrent  des  exemples  dangereux.  Le 
sacrifice  d'Abraham,  l'immolation  d'un  fils  par  son  père  à  la  volonté  de  Dieu, 
exalté  dans  les  sermons  aussi  bien  que  dans  les  prêches,  la  subordination  de 
toutes  les  affections  humaines  au  devoir  religieux,  les  emportements  d'une 
dévotion  peu  éclairée,  se  combinèrent  dans  ces  esprits  sans  culture,  &  de 
cette  fermentation  naquit  une  légende  qui  prit  corps,  qui  s'imposa  presque  à 
toute  la  ville  8c  qui  prépara  l'une  des  plus  tristes  erreurs  judiciaires  dont 
l'histoire  ait  conservé  le  souvenir. 

Pour  comble  de  malheur,  les  questions  religieuses  avaient  précédemment 
porté  la  division  dans  la  famille  Calas  8c  appelé  sur  elle  l'attention  de 
l'intendance.  Un  des  fils,  Louis,  s'était  fait  catholique,  8c  avait  eu  avec  son 
père,  à  propos  d'une  affaire  de  pension,  des  querelles  d'intérêt  dans  lesquelles 
il  avait  fait  intervenir  le  vicomte  de  Saint-Priest  8c  M.  Amblard,  son  subdé- 
légué '. 

11  n'en  fallut  pas  davantage  pour  faire  croire  aux  imbéciles  que  Marc- 
Antoine  avait  voulu  suivre  l'exemple  de  son  frère,  8c  que,  pour  prévenir  cette 

'  Piices  justificatives,  n.  DCCCXC,  col.  I2!Î4  8i  suiv. 


I  761 


1761 


1164  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

nouvelle  apostasie,  le  rigide  liuguenot  avait  prononcé  l'arrêt  de  mort  de  son 
fils  aîné.  Une  fois  le  premier  anneau  de  la  chaîne  forgé,  les  autres  s'ajoutè- 
rent d'euK-mèmes,  S<.  bientôt  l'on  affirma  que  Marc-Antoine  était  un  néo- 
phyte, un  martyr,  un  saint.  Avec  la  guerre  de  propagande  que  se  faisaient 
catholiques  &  protestants,  rien  n'était  plus  commun  que  ces  espèces  de  rapts 
religieux  d'enfants  à  leurs  pères,  accomplis  soit  par  un  ami  trop  zélé,  soit  par 
une  fiancée,  soit  par  une  servante;  les  deux  communions  n'avaient  sur  ce 
point  rien  à  se  reprocher;  car,  suivant  que  l'on  étudie  les  témoignages  his- 
toriques de  l'une  ou  de  l'autre,  on  y  retrouve,  appuyées  de  faits,  exactemerg: 
les  mêmes  récriminations. 

Une  autre  circonstance  funeste  fut  la  rétractation  des  premières  dépositions 
des  Calas.  Quand  ils  se  virent  accusés  d'avoir  eux-mêmes  commis  le  meurtre, 
ils  abandonnèrent  leur  thèse  invraisemblable  81  racontèrent  fidèlement  ce 
qu'ils  avaient  vu  en  pénétrant  dans  la  boutique;  mais  leur  premier  mensonge 
disposait  mal  à  la  confiance.  11  n'est  point  douteux  que  si  parmi  leurs  juges 
ils  avaient  rencontré  des  esprits  lucides  8c  pénétrants,  capables  de  s'affranchir 
de  la  pression  des  crédulités  populaires,  ni  les  anciens  placets  de  Louis  Calas 
à  l'intendance,  ni  les  contradictions  des  accusés  dans  leur  interrogatoire, 
n'auraient  permis  d'établir  un  arrêt  de  mort  sur  des  présomptions;  mais,  ni 
dans  le  corps  capitulaire,  ni  dans  le  Parlement,  ces  magistrats  supérieurs  ne 
se  rencontrèrent. 

Les  capitouls  avaient  commencé  par  faire,  suivant  l'expression  du  temps, 
«  le  procès  au  cadavre,  «  afin  de  savoir  si  Marc-Antoine  devait  être  traité  en 
suicidé.  D'après  les  usages  observés  dans  la  plupart  des  causes,  pour  stimuler 
les  révélations,  le  procureur  du  roi  Lagane  dressa  les  articles  d'un  monitoire 
destiné  à  êti-e  publié  dans  toutes  les  églises. 

Cette  pièce  portait  menace  d'excommunication  contre  quiconque  ne  vien- 
drait pas  déposer  en  justice,  sachant  «  que  le  sieur  Marc-Antoine  Calas  aîné 
«  avoit  renoncé  à  la  religion  prétendue  réformée,  dans  laquelle  il  avoit  reçu 
«  l'éducation;  qu'il  assistoit  aux  cérémonies  de  l'Eglise  catholique  &  romaine; 
«  qu'il  se  présentoit  au  sacrement  de  pénitence  8<.  qvi'il  devoit  faire  abjuration 

«   publique  après  le  i3  du  mois  d'octobre ;  qu'à  cause  de  ce  changement 

<(  de  croyance,  le  sieur  Marc-Antoine  Calas  étoit  menacé,  maltraité  Se  regardé 
«  de  mauvais  œil  dans  sa  maison;  que  la  personne  qui  le  menaçoit  lui  avoit 
<i  dit  que  s'il  faisoit  abjuration  publique,  il   n'auroit  d'autre  bourreau  que 

Cl  lui qu'une  femme,  passant  pour  attachée  à  l'hérésie,  excitoit  son  mari 

<i  à  de  pareilles  menaces  8c  menaçoit  elle-même  Marc-Antoine  Calas ;  que 

Il  le  i3  du  mois  courant  au  matin,  il  se  tint  une  délibération  dans  une 
«I  maison  de  la  paroisse  de  la  Daurade,  où  la  mort  de  Marc-Antoine  Calas 
«  fut  résolue  ou  conseillée,  81  contre  ceux  qui  auroient,  le  même  matin,  vu 
«  entrer  ou  sortir  de  ladite  maison  un  certain  nombre  desdites  personnes ; 

«  Contre  ceux  qui  savoient,  par  ouï-dire  ou  autrement,  que  le  inême  jour, 
c<  i3  du  mois  d'octobre,  depuis  l'entrée  de  la  nuit  jusque  vers  Jes  dix  heures, 
c(  cette  exécrable  délibération  fut  exécutée,  en  faisant  mettre  Marc-Antoine 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  ii65 

«  Calas  à  genoux,  qui,  par  surprise  ou  par  force,  fut  étranglé  ou  pcndix  avec 
(i  une  corde  à  deux  noeuds  coulants  ou  baguelles,  l'un  pour  étrangler  £< 
«  l'autre  pour  être  arrêté  au  billot  servant  à  serrer  les  balles,  au  moyen  dcs- 
«  quels  Marc-Antoine  Calas  fut  étranglé  &  mis  à  mort  par  suspension  ou  par 
«   torsion  ; 

«  Contre  ceux  qui  auroient  entendu  une  voix  criant  à  l'assassin.  Se  de 
«  suite  :  «  Ah!  mon  Dieu!  que  vous  ai-je  fait?  Faites-moi  grâce;  »  la  même 
«  voix  étant  devenue  plaignante  Si  disant  :  «  Ah  !  mon  Dievi  !  ah  1  mon 
«  Dieu  !  » 

<i  Contre  ceux  auxquels  Marc-Antoine  Calas  auroit  communiqué  les  inquiet 
«  tudes  qu'il  essuyoit  dans  sa  maison,  ce  qui  le  rendoit  triste  Si  mélancolique; 

«  Contre  tous  ceux  qui  surent  qu'il  arriva  de  Bordeaux,  la  veille  du  i3, 
«  un  jeune  homme  de  cette  ville  qui,  n'ayant  pas  trouvé  des  chevaux  pour 
«  aller  joindre  ses  parens  qui  étoient  à  leur  campagne,  ayant  été  arrêté  à 
«  souper  dans  une  maison,  tut  présent,  consent  ou  participant  à  l'action'...  » 

On  voit  que  ce  document,  lu  dans  toutes  les  chaires,  donnait,  sous  forme 
dubitative,  une  sorte  de  consécration  aux  rumeurs  sinistres  nées  du  sein  de 
la  foule.  Il  y  eut  un  assez  grand  nombre  de  dépositions,  dont  la  plupart 
vagues  ou  portant  sur  des  points  insignifiants,  6c,  à  coup  sûr,  quelques  faux 
témoignages. 

Une  coïncidence  fâcheuse  vint  ajouter  encore  à  la  cruelle  situation  des 
Calas.  Au  plus  fort  de  l'émotion  causée  par  la  publication  du  monitoire,  les 
habitants  de  Toulouse  virent  entrer  en  ville  une  calèche  fermée  qu'escor- 
taient des  cavaliers  de  la  maréchaussée  déguisés,  vêtus  avec  une  extrême 
recherche.  Cette  calèche  s'arrêta  devant  les  prisons  de  la  Conciergerie;  il  en 
descendit  deux  hommes  :  c'étaient  le  ministre  protestant  François  Rochettc 
Si  son  secrétaire,  qui  avaient  été  arrêtés  près  de  Caussade,  dans  l'exercice  de 
leur  culte. 

Le  lendemain,  nouveau  convoi;  cette  fois,  plusieurs  brigades  de  maré- 
chaussée chevauchent  sabre  en  main  autour  d'un  fourgon  couvert,  où  sont 
rassemblés  sept  ou  huit  protestants,  dont  trois  gentilshommes,  prévenus 
d'avoir  suscité  une  émeute  en  Querci  pour  enlever  aux  soldats  le  ministre 
arrivé  la  veille.  On  devine  combien  cet  appareil  menaçant  agit  sur  les  têtes 
des  Toulousains,  6c  quel  appoint  de  vraisemblance  il  donna  aux  insanités 
qui  circulaient  dans  le  public  sur  le  sanglant  sacrifice  de  la  rue  des  Filatiers. 
Durant  toute  cette  période,  on  ne  pouvait  plus  rêver  que  de  protestants,  de 
guerres  de  religion,  de  massacres,  6c  le  souvenir  des  cruautés  commises  dans 
la  guerre  des  camisards,  les  citations  d'auteurs  fanatiques,  triées  par  des 
hommes  de  bonne  volonté,  achevaient  de  faire  perdre  le  sens  à  la  foule. 

Cependant,  un  prêtre  avait  déclaré  que  le  prétendu  martyr  catholique, 

'  La  plupart  de»  textes  relatifs   à  l'aff.ùre  Cnlas  des  dépèches  du  comte  de  Saint-Florentin,  ministre 

ont  été  publiés  par  M.  Athanase  Coquerel  fils  dans  secrétaire  d'État  &  d'autres  fonctionnaires  publics, 

son  intéressante  monographie  :  Jean  Calis  &  sa  fa-  &i  des  lettres  de  la  sœur  A.-J.  Fraisse,  de  la  Visiia- 

mille,  étude  historique  d'après  les  originaux,  suivie  tion,  à  Mademoiselle  Anne  Calas.  Paris,   |8  j?. 


1  ;'.■  1 


176l 


1166  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

Marc-Antoine  Calas,  était  lui-même  un  fanatique  de  premier  ordre,  qu'il 
n'admettait  pas  que  le  salut  fût  possible  en  dehors  de  la  communion  réformée; 
St,  de  plus,  en  fouillant  les  poches  de  ses  vêtements,  on  n'y  avait  trouvé  ni 
livres  pieux  ni  rosaire,  mais  des  chansons  obscènes,  ce  qui  est  un  étrange 
bagage  pour  un  néophyte  &  pour  un  saint. 

On  ne  s'arrêta  point  à  ces  détails.  L'amour  des  spectacles,  passion  prépon- 
dérante chez  les  Méridionaux,  inspira  l'idée  de  faire  au  iils  de  Calas  de 
pompeiises  funérailles.  Le  dimanche,  8  novembre,  après  vêpres,  la  paroisse 
Saint-Etienne  alla  chercher  le  corps  à  l'hôtel  de  ville,  où  il  avait  été  conserve 
dans  la  chaux,  &  l'emporta  à  la  cathédrale,  avec  grand  concours  d'ecclésiasti- 
ques &  force  luminaire,  pour  l'ensevelir  sur  un  flanc  du  cloître,  dans  la  petite 
église  Saint-Jacques.  Sous  prétexte  que  le  trépassé  avait  eu  l'intention  de  se 
faire  recevoir  dans  la  confrérie,  les  pénitents  blancs  se  donnèrent  un  rô'e 
dans  ce  cortège,  &  firent,  quelques  jours  après,  célébrer  un  service  funèbre 
dans  leur  chapelle  en  l'honneur  de  celui  qui  aurait  pu  devenir  leur  collègue, 
comme  l'était  son  frère  Louis  ', 

Ces  diverses  cérémonies,  qui  avaient  fort  intéressé  la  foule,  accrurent  l'au- 
torité des  bruits  répandus  S<.  l'ardeur  des  préventions  contre  les  accusés. 

Le  14  novembre,  les  chambres  du  Parlement  s'assemblèrent,  ainsi  qu'il 
avait  été  résolu  précédemment,  pour  entendre  le  rapport  sur  l'affaire  des 
jésuites;  mais  l'avocat  général  Lecomte,  portant  la  parole  au  nom  des  gens 
du  roi,  déclara  que  trop  peu  de  temps  s'était  écoulé  depuis  la  remise  des 
constitutions  au  greffe  pour  permettre  de  les  parcourir  en  entier.  Les  magis- 
trats instructeurs  avaient  besoin  d'un  délai  «  pour  développer  cette  multipli- 
«  cité  de  principes,  de  maximes  8<.  de  systèmes,  »  répandus  dans  les  livres  des 
jésuites.  La  cour  renvoya  le  rapport  au  24  avril  1762,  &t  décida  de  nommer 
deux  commissaires  spéciaux;  le  président  de  Senaux  désigna  MM.  de  Canta- 
lauze  8<.  Chalvet  de  Merville. 

A  la  même  époque,  on  faisait  courir  en  ville  les  rumeurs  les  plus  inquié- 
tantes sur  les  dispositions  des  protestants,  que  l'on  accusait  de  rêver  une  ten- 
tative d'enlèvement  de  François  Pvochette  des  prisons  de  la  Conciergerie.  Des 
dispositions  militaires  furent  prises  pour  mettre  l'enclos  du  palais  à  l'abri  d'un 
coup  de  main.  On  renforça  le  poste  de  la  place  du  Salin,  6<.  l'on  plaça  des 
guérites  81  des  sentinelles  aux  diverses  portes. 

Le  18  novembre,  les  capitouls  prononcèrent  leur  première  sentence.  Un 
seul  membre  de  leur  tribunal,  l'assesseur  Carbonnel ,  îapporteur,  fut  d'avis 
de  relaxer  tous  les  accusés  du  crime  de  parricide,  &  de  faire  le  procès  à  la 
mémoire  de  Marc-Antoine  Calas  comme  suicidé.  Tous  les  autres  condamnè- 
rent les  trois  Calas  à  subir  la  question  ordinaire  &  extraordinaire,  tandis  que 
Lavaysse  &  la  servante  y  seraient  seulement  présentés. 

Les  accusés  firent  immédiatement  appel  au  Parlement.  Lagane  les  imita 
de  son  côté,  se  plaignant,  lui,  d'une  sentence  trop  douce.  Se  obtint  imméJ'i;  • 

■  P'icccs  justifucit'iva,  n.  DCCCXCI,  col.  1244  &  suiv. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1167 

tement  le  renvoi.  Les  condamnés  furent  transférés  dans  les  prisons  de  la 
Conciergerie;  on  leur  mit  les  fers  aux  pieds. 

Le  18  février,  le  Parlement  rendit  une  sentence  de  mort  contre  François 
Rochette,  accusé  &  convaincu  d'avoir  exercé  les  fonctions  de  ministre,  prêché, 
baptisé,  fait  la  cène  &  présidé  des  assemblées  au  Désert  '. 

François  Rochette  était  le  troisième  ministre  supplicié  de  sa  famille,  son 
père  8c  son  grand-père  ayant,  comme  il  le  dit  lui-même  à  ses  juges,  souffert 
la  mort  pour  la  cause  de  Dieu.  On  n'avait  jamais  donné  au  peuple  de  Tou- 
louse le  spectacle  d'une  exécution  de  ministre;  aussi  une  foule  énorme  avait- 
elle  accouru  au  pied  de  l'échafaud.  Elle  se  flatta  de  l'espoir  que  la  scène 
serait  bientôt  renouvelée;  car  on  racontait  dans  le  public  que  la  cour  avait 
décrété  d'arrestation  trois  pasteurs  du  haut  Languedoc,  des  hautes  Cévennes 
Se  du  comté  de  Foix,  coupables  d'avoir  signé  les  lettres  pastorales  de  Rochette. 
Ces  pasteurs  ne  se  laissèrent  pas  prendre,  St  les  habitués  de  la  place  du  Salin 
éprouvèrent  une  déception. 

Outre  le  ministre,  le  Parlement  de  Toulouse  avait  condamné  à  mort  les 
trois  frères  Grenier,  gentilshommes  verriers  des  environs  du  Mas-d'Azil,  qui 
avaient  dirigé  la  tentative  d'enlèvement.  Ces  trois  jeunes  gens,  dont  l'aîné 
n'avait  pas  plus  de  trente-trois  ans,  8c  le  plus  jeune  vingt-six,  ne  devaient 
pas,  à  cause  de  leur  qualité,  être  attachés  à  la  potence,  mais  subir  la  peine 
des  nobles,  la  décapitation.  On  les  fit  assister,  du  haut  de  leur  chariot,  à  la 
pendaison  de  Rochette.  Celui-ci  portait,  devant  8c  derrière,  un  écriteau  sur 
lequel  on  avait  écrit  :  Ministre  de  la  religion  prétendue  réformée,  comme 
on  eût  mis,  pour  un  scélérat  ordinaire,  «  voleur  »  ou  «  assassin;  »  il  essaya, 
avant  de  mourir,  de  parler  à  la  foule  8c  d'encourager  les  trois  autres  con- 
damnés qui  attendaient,  après  lui,  la  fin  de  leur  peine;  mais,  depuis  Bâville, 
on  ne  tolérait  pas  ces  adieux  oratoires.  Les  tambours  du  régiment  de  Berry, 
rangé  sous  les  armes  dans  la  place,  coupèrent  la  parole  au  ministre.  Se  le 
bourreau,  se  jetant  sur  lui,  se  hâta  de  l'étrangler. 

On  passa  ensuite  à  la  décollation  des  trois  gentilshommes.  Les  curés  de 
Saint-Sernin ,  de  Saint-Pierre  Se  de  la  Dalbade,  à  qui  l'on  avait  confié  la 
difficile  mission  de  les  convertir,  se  heurtèrent  à  une  résistance  invincible. 
Les  trois  condamnés  leur  déclarèrent  qu'ils  voulaient  mourir  dans  la  religion 
de  leurs  pères.  On  commença  l'exécution  par  l'aîné,  on  termina  par  le  plus 
jeune,  dans  l'espoir  que  la  vue  de  trois  supplices  triompherait  de  sa  faiblesse; 
têtes  8c  cadavres  furent  ensuite  portés  aux  fourches  patibulaires  8c  ensevelis 
dans  l'enceinte,  au  fond  d'une  même  fosse,  avec  quelques  sacs  de  chaux.  Les 
catholiques  spectateurs  de  cette  tragique  scène  ne  purent  s'empêcher  d'admirer 
le  courage  8c  la  constance  des  suppliciés.  Avant  de  descendre  du  chariot,  les 
trois  frères  s'étaient  embrassés,  se  demandant  pardon  l'un  à  l'autre  8c  s'exhor- 
tant  à  mourir  fermes  dans  leur  foi. 

Le  sénéchal,   la   maréchaussée,  les  capitouls  avec  la   troupe  du  guet,  un 

'  Pièces  justificative!,  n.  DCCCXCII,  col.  2249. 


1761 


i  762 


.76. 


n68  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

commissaire  du  Parlement  en  robe  rouge  Si  le  régiment  de  Berry,  avec  ses 
tambours  &  ses  fifres,  assistèrent  à  la  quadruple  exécution. 

Il  n'est  pas  difficile  de  comprendre  quelle  impression  de  pareilles  scènes 
produisirent  sur  la  population  de  Toulouse  Se  combien  les  passions  religieuses 
s'en  trouvèrent  surexcitées.  On  se  trouvait  ramené  fort  en  arrière,  au  temps 
de  la  plus  violente  persécution;  on  en  revenait  k  considérer  les  protestants 
comme  des  ennemis  de  l'État;  Si  la  foule,  qui  confond  aisément  l'autorité 
avec  la  justice,  ne  pouvait  croire  que  des  gens  si  rudement  traités  ne  fussent 
pas  capables  de  tous  les  crimes. 

L'opinion  se  répandait,  d'ailleurs,  dans  tout  le  pays,  que  la  doctrine  de 
Calvin  permettait  aux  parents  de  tuer  leurs  enfants  qui  changeaient  de  reli- 
gion :  autant  aurait  valu  soutenir  que  l'Evangile  autorisait  les  princes  catho- 
liques à  faire  massacrer  leurs  sujets  protestants.  Ces  rumeurs  furent  colportées 
à  l'étranger.  L'avocat  Sudre,  qui  défendait  les  Calas,  se  vit  contraint  de  solli- 
citer une  déclaration  des  pasteurs  Si  professeurs  de  l'Eglise  Si  de  l'Académie 
de  Genève  désavouant  cette  cruelle  théorie. 

Dans  l'acte  authentique,  signé  à  Genève  le  29  janvier  1762  Si  légalisé  par 
les  syndics  Si  par  le  baron  de  Montpeyroux,  résident  de  France,  les  membres 
de  la  compagnie,  interrogés  sur  la  question  de  savoir  si  l'immolation  d'enfants 
par  leur  père  pour  cause  de  changement  de  religion  était  un  principe  admis 
dans  leur  Église  ou  approuvé  par  un  synode  de  Genève,  témoignaient  l'hor- 
reur que  leur  causait  une  pareille  imputation  Si  leur  étonnement  de  voir  des 
chrétiens  capables  de  soupçonner  chez  d'autres  chrétiens  des  sentiments  aussi 
exécrables. 

Ils  affirmaient  que  jamais  synode  ni  assemblée  n'avaient  approuvé  cette 
abominable  doctrine  qu'un  père  pût  ôter  la  vie  à  ses  enfants  pour  prévenir 
leur  changement  de  religion  ou  pour  les  en  punir;  que  même  pareille  ques- 
tion n'avait  jamais  été  agitée,  de  telles  horreurs  ne  se  présumant  pas;  que  ni 
Calvin,  ni  aucun  docteur,  n'avaient  jamais  rien  enseigné  de  semblable.  Si 
que  bien  loin  d'accepter  cette  maxime  dans  leur  Eglise,  ils  la  détestaient  una- 
nimement Si  l'abhorraient,  comme  également  contraire  à  la  natme,  à  la  reli- 
gion chrétienne  Si  aux  principes  des  Eglises  protestantes. 

Le  pasteur  Paul  Flabaut  essaya  aussi  de  secourir  ses  malheureux  coreli- 
gionnaires, en  envoyant,  des  environs  de  Nimes,  un  mémoire  daté  du  Désert, 
où  il  s'élevait  avec  indignation  contre  la  calomnie  des  Languedociens. 

Ce  mémoire  fut  dénoncé  par  le  procureur  général  Riquet  de  Bonrepos  au 
comte  de  Saint-Florentin  Si  au  Parlement  de  Toulouse.  Le  secrétaire  d'État 
ne  se  souciait  point  d'ordonner  des  poursuites  contre  Paul  Rabaut,  dont  la 
populai'ité  était  grande  Si  dont  l'intervention  avait  plusieurs  fois  rendu 
d'éminents  services  pour  le  maintien  de  la  paix.  Il  prit  donc  l'expédient  de 
recommander  au  magistrat  de  présenter  le  mémoire  du  Désert  comme  un 
ouvrage  anonyme  Si  de  n'en  pas  faire  connaître  l'auteur. 

M.  de  Bonrepos  ne  se  conforma  pas  à  ces  instructions  dans  son  réquisitoire 
à  la  cour,  du  6  mars  1762.  Il  y  prononçait  à  diverses  reprises  le  nom  de  Paul 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  1169 

Rabaut,  lui  reprochait  de  s'intituler  ministre  du  saint  Evangile,  d'avoir  osé 
dater  son  ouvrage  du  Désert  S<.  de  tendre  à  généraliser  une  accusation  qui 
n'atteignait  que  quelques  particuliers.  Il  l'accusait  d'insulter  à  la  religion  en 
comparant  la  conduite  des  premiers  chrétiens  à  celle  des  nouveaux  prosé- 
lytes de  la  religion  prétendue  réformée.  «  Ce  que  veut,  disait-il,  cet  auteur 
«  séditieux,  en  bravant  à  la  fois  l'autorité  séculière  81  l'autorité  ecclésiastique, 
«  c'est  préparer  ceux  dont  il  a  surpris  la  confiance  par  ses  déclamations  à 
«  redouter  &  cependant  à  mépriser  toute  autorité.  On  passe  aisément  du 
«  mépris  à  la  révolte,  &  c'est  le  point  de  vue  de  cette  foule  de  ministres 
«  obscurs,  qui  n'attendent  leur  considération  &  leur  fortune  que  du  trouble 
«  &  du  désordre,  n 

Le  procureur  général  établissait  ensuite  la  fameuse  distinction  invoquée 
par  les  magistrats  catholiques  pour  justifier  leurs  mesures  de  rigueur  à  l'égard 
des  réformés.  Si  François  Rochette  venait  d'être  condamné  à  mort,  ce  n'était 
point  «  comme  mauvais  raisonneur,  mais  comme  séditieux  &  réfractaire  aux 
«  ordres  du  roi.  » 

Le  9  mars,  après  dix  longues  séances,  le  Parlement  rendit  son  arrêt  contre 
Jean  Calas,  jugé  seul,  parce  qu'on  espérait  obtenir  de  lui,  au  moment  de  son 
exécution,  des  révélations  sur  ses  prétendus  complices. 

La  sentence  de  mort  avait  passé  à  la  majorité  de  huit  voix  sur  treize,  un 
seul  juge  s'étant  déclaré  pour  l'acquittement. 

L'arrêt  portait  que  Calas  subirait  la  question  ordinaire  &  extraordinaire 
pour  tirer  de  lui  l'aveu  de  son  crime,  complices  St  circonstances 5  qu'étant  en 
chemise,  tête  8c  pieds  nus,  il  serait  conduit  dans  un  chariot  des  prisons  du 
palais  à  la  cathédrale,  &  que  là,  devant  la  porte  principale,  étant  à  genoux, 
tenant  en  ses  mains  une  torche  de  cire  jaune  allumée  du  poids  de  deux  livres, 
l'exécuteur  de  la  haute  justice  lui  ferait  faire  amende  honorable  Se  demander 
pardon  à  Dieu,  au  roi  81  à  la  justice  de  ses  méfaits;  l'ayant  remonté  sur  le 
chariot,  l'exécuteur  devait  le  conduire  à  la  place  Saint-Georges,  où,  sur  un 
échafaud,  il  lui  romprait  8c  briserait  bras,  jambes,  cuisses  8c  reins,  le  porte- 
rait sur  une  roue  &c  l'y  coucherait,  le  visage  tourné  vers  le  ciel,  pour  y  vivre 
en  peine  8t  repentance  de  ses  crimes  8c  méfaits,  8c  servir  d'exemple,  8c  donner 
de  la  terreur  aux  méchants  tout  autant  qu'il  plairait  à  Dieu  de  lui  donner 
de  vie.  L'article  secret  de  la  sentence,  connu  sous  le  nom  de  retentum,  ajou- 
tait qu'après  avoir  demeuré  deux  heures  sur  la  roue.  Calas  serait  étranglé. 

L'exécution  eut  lieu  le  lendemain,  10  mars,  à  quatre  heures  de  l'après- 
midi.  Ni  dans  la  chambre  de  la  question,  où  ses  membres  subirent  le  sup- 
plice de  l'extension  8c  où  l'on  fit  couler  dans  sa  bouche,  en  deux  reprises, 
le  contenu  de  dix  cruchons  d'eau,  ni  au  bas  de  l'échelle  de  l'échafaud,  le 
malheureux  condamné  ne  rétracta  ses  persistantes  dénégations.  11  y  déclara 
tour  à  tour  n'avoir  «  jamais  formé  de  projets  aussi  exécrables,  »  n'avoir  «  pas 
Il  de  complices,  étant  innocent,  »  n'avoir  ni  lui,  ni  personne,  commis  le  crime 
qu'on  lui  imputait;  son  dernier  mot  fut  qu'il  mourait  innocent.  Deux  domi- 
nicains, les  pères  Bourges,  docteur  royal  de  l'Université,  8c  Caldaigues,  pro- 

XIU.  74 


1762 


~^^ M  70  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tesseur  en  théologie,  l'exhortèrent  vainement  à  changer  de  religion.  Calas  ne 
poussa  qu'un  cri  sous  le  premier  des  coups  de  barre  qui  brisèrent  ses  os,  & 
pendant  les  deux  heures  qu'il  passa  vivant  sur  la  roue,  il  donna  des  marques 
de  la  plus  inébranlable  fermeté.  Une  multitude  de  spectateurs  s'était  rendue 
des  campagnes  voisines  pour  assister  à  l'horrible  scène. 

De  toutes  les  tragédies  judiciaires  qui  avaient  ensanglanté  la  place  Saint- 
Georges,  celle-ci  devait  être  la  plus  retentissante,  &,  grâce  à  l'intervention  de 
Voltaire,  passionner  l'opinion  de  l'Europe. 

On  avait  compté  sur  les  aveux  de  Calas  pour  condamner  ses  prétendus 
complices.  Calas  s'étant,  jusqu'à  la  dernière  heure,  déclaré  innocent,  toute  la 
famille  fut  mise  hors  de  cour,  sauf  le  fils  Pierre,  contre  lequel  on  prononça 
la  peine  du  bannissement  perpétuel,  &  qui  se  fit  catholique. 

Ce  fut  par  l'entremise  d'un  négociant  marseillais,  Dominique  Audibert, 
venant  de  Toulouse  &  se  rendant  à  Genève,  que  Voltaire  apprit  les  détails 
de  l'exécution  qui  venait  de  s'accomplir  &  les  puissantes  présomptions  d'inno- 
cence du  malheureux  condamné.  Il  s'émut  de  cette  horrible  méprise,  entre- 
prit une  enquête  minutieuse  pour  arriver  à  la  connaissance  de  la  vérité,  & 
une  fois  convaincu  lui-même,  se  mit  en  campagne  8t  n'eut  point  de  repos 
que  le  nom  du  supplicié  de  Toulouse  ne  fût  réhabilité.  Les  résultats  de  son 
intervention  grandirent  singulièrement  une  erreur  judiciaire,  que  l'histoire 
aurait  oubliée  comme  bien  d'autres,  si  la  grande  question  de  la  liberté  de 
conscience  ne  s'y  était  trouvée  indirectejnent  mêlée.  C'est  de  ce  moment  que 
l'opinion  fut  saisie  de  la  cause  des  protestants. 

Ce  n'est  pas  comme  protestant  que  le  Parlement  de  Toulouse  avait  con- 
damné Jean  Calas,  c'est  comme  parricide;  mais  on  l'avait  cru  parricide  parce 
qu'il  était  protestant  &c  que  la  foule  nourrissait  encore  des  haines  sauvages 
contre  les  réformés.  Le  fait  de  Calas  n'était  pas  en  lui-même  plus  intéressant 
que  celui  de  milliers  de  personnes  condamnées  à  la  mort  ou  aux  galères, 
non  pas  pour  un  crime  supposé,  mais  pour  avoir  prié  Dieu  d'une  façon  qui 
déplaisait  au  roi.  Malheureusement,  ce  genre  de  délit  témoignant  d'une  fer- 
veur religieuse  que  les  philosophes  regardaient  comme  une  autre  forme  de 
fanatisme  ne  leur  rendait  pas  ces  victimes  recommandables.  Le  cas  plus 
humain  de  Calas  fit  ouvrir  les  yeux.  Se  l'on  ne  saurait  douter  que  le  supplice 
de  cet  innocent  n'ait  mieux  servi  la  cause  de  la  tolérance  que  tous  les  autres 
épisodes  de  la  persécution  contre  les  religionnaires.  Ce  fut  un  de  ces  événe- 
ments décisifs  qui  s'emparent  des  esprits  5<  qui  produisent  des  coiu'ants  irré- 
sistibles. C'est,  en  réalité,  la  politique  orthodoxe  de  Louis  XiV  qui  a  suc- 
combé sur  l'échafaud  de  Calas. 

Pourtant,  l'affaire  des  jésuites  suivait  son  cours.  Le  24  avril,  comme  les 
chambras  du  Parlement  étaient  réunies  pour  entendre  les  premiers  rapports, 
une  tentative  de  diversion  assez  habile  fut  essayée  en  leur  faveur  par  le  con- 
seiller de  Bojat  fils.  Ce  magistrat,  s'inspirant  de  la  tactique  employée  contre 
la  société  de  Jésus,  dénonça  la  Somme  de  saint  Thomas  «  comme  contenant 
«  une  doctrine  perverse  8;  des  maximes  contre  la  sûreté  des  rois,  »  &  demanda 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1171 

qu'il  fût  délibéré  sur  cette  dénonciation.  Le  cas  pouvait  paraître  embarras- 
sant; mais,  comme  l'opinion  de  la  majorité  se  trouvait  arrêtée  d'avance  S<. 
qu'on  ne  jugeait  pas  opportun  de  découvrir  chez  d'autres  écrivains  religieux 
les  maximes  subversives  attribuées  aux  seuls  jésuites,  il  fut  résolu  «  n'y  avoir 
«  lieu  de  délibérer  quant  à  présent  sur  la  proposition,  »  Se  l'on  en  prononça 
le  renvoi  à  l'époque  «  où  l'aftaire  des  jésuites  seroit  entièrement  consommée.  » 
Ensuite,  le  procureur  général  Riquet  de  Bonrepos  prit  la  parole,  assisté  des 
avocats  généraux  Malaret  de  Fontbauzard  Si  Cambon,  8c  commença  un  rap- 
port très-circonstancié  sur  l'institut,  les  constitutions  &  le  régime  des  jésuites, 
qui  remplit  trois  audiences,  celle  du  samedi  24  avril,  du  vendredi  3o  81  du 
mardi  4  mai. 

Le  17  mai,  la  ville  de  Toulouse  célébra  avec  un  grand  déploiement  de 
pompe  le  centenaire  des  événements  de  i56i.  Cette  commémoration  de  faits 
de  guerre  civile  coïncidait  tristement  avec  l'émotion  que  venaient  de  produire 
les  supplices  de  François  Rochette,  des  frères  Grenier  8<.  de  Jean  Calas.  On 
en  parla  beaucoup  en  France,  comme  d'un  anachronisme  périlleux'.  Il  y 

'  Voici  le  préambule  de  l'ordonnance  des  cnpi-  leur  cœur  un  bienfait  si  signalé,  voulant  éterniser 

touls,  du  2Q  avril  1762,  prescrivant  la  célébration  leurs   hommages,  établirent  qu'il   seroit   fait  tous 

du  centenaire  de  iâ62(voeu   séculaire  de  la   déli-  les  ans,   le    17  mai,  une   procession   générale,   en 

vrance  de  la  ville)  :  actions  de  grâces  de  leur  heureuse  délivrance;  ils 

«   Sur  les   réquisitions   faites  par  M.  de  Pijon,  demandèrent  encore  au  Saint-Père  une  bulle  por- 

avocat  du    roy  en   la   ville   &.  sénéchaussée,  qui  a  tant  concession  d'un  jubilé  pour  le  12  &  17  may 

dit  :  La  ville  de  Toulouse  est  célèbre   dans   toute  de  chaque  année  à  perpétuité  aux  églises  de  Saint- 

l'Europe  par  son  zèle  pour  la  foi  &  par  les  grands  Etienne    &    de    Saint-Sernin,    ce    qui    leur    fut 

saints  dont  elle  révère  les  reliques;  cette  heureuse  accordé  par   le  pape  Pie  IV  en    1564.  Vo»  prédé- 

viUc,    selon    les    paroles    d'un    auteur    distingue,  cesseurs  qui  étoient  en   pl.ice  l'année  séculaire  de 

toute  catholique,  semblable  à  celle  dont  le  Saint-  cet  événement,  redoublèrent  leurs  voeux  &  la  ville 

Esprit  fait  la   loi,  est  comme  le  lys  entrç  les  épi-  donna  à  cette  occasion  des  marques  plus  particu- 

nes;  mais  si  jamais  elle  a  dû  faire  éclater  son  zèle  lières  de  son  amour  pour  la  religion;  comme  vous 

pour  notre  sainte  religion,  ce  fut  dans  le  seizième  avez    le    bonheur  de  vous   trouver  dans   la    même 

siècle;     personne    n'ignore    que,    dans    ce    temps  circonstance,   vous  devez   suivre  cet    exemple.    La 

malheureux,  les  calvinistes  .nrraés  par  l'esprit  de  gloire  de   Dieu,    l'édification   des   fidèles   &  votre 

révolte  se  rendirent  maîtres  des  principales  places  zèle  réclament  l'observation   de  cette  pieuse  cou- 

du   royaume,  en  profitant  de  la  trahison  de  quel-  tume.   C'est   un    tribut   extraordinaire  qui    est  dii 

ques  habitants   infectés  du  venin  de  leur  hérésie.  aux    faveurs    infinies    dont   la    divine   Providence 

Ils  se  saisirent,  en    i562,  d'une   grande   partie  de  combla  cette  ville  en   lui  donnant  des  forces  pour 

cette  ville.  Ils  étoient  sur  le  point  de  s'en  emparer,  repousser    les    hérétiques.    Les    mesures    que    vous 

lorsque  le  Ciel  veilla   spécialement  à  sa  conserva-  avez   prises  à  ce   sujet  &  la    bulle  que  vous  venez 

tion  ;  les  hérétiques  en   furent  entièrement  chassés  d'obtenir  de   Notre-Saint-Père    le    Pape,  sont    les 

&  les  supplices  rigoureux  qu'on  fit  Subir  à  la  plus  garants  de  vos  pieuses  intentions  pour  renouveler 

grande    partie  consommèrent    la    peine   qui    étoit  ces  actions  de  grâces  8t  donner  à  la   fête  toute  la 

due  à  leur  conjuration  &  à  leur  perfidie.  Cet  heu-  célébrité  possible,  &  afin  de  ne  rien  négliger  dans 

revix  événement  qui  maintint  la    religion   catlio-  l'exécution   de  votre  glorieux    dessein,  vous   avez 

lique,  qui    fit  succéder   la   paix   &   l'allégresse  aux  mandé  les  maîtres  des  corps  de  métier  qui  doivent 

horreurs   des   combats   &  aux    plus  vives   alarmes,  se  trouver  à  la    procession    pour  porter  ou   accom- 

arriva   le  17  mai.   Jour  de  gloire  &.  de   triomphe,  pagner   les    pavillons    &  corps    saints,  vous    leur 

où    le   trésor   des   grâces  célestes    fut    répandu   sur  ;:vez    assigné   le   rang   &  la    forme   en    laquelle  ils 

cette  ville  d'une  manière   toute  particulière.  Une  doivent  y    assister;    inais    attendu    qu'il    ne    vous 

marque   si    éclatante   de    faveur   &    de    protection  reste  qu'à  régler  la  police  extérieure  confiée  à  votre 

exigeolt    les    témoignages   de   la    plus  vive   recon-  sagesse  &  à  votre  vigilance,  vous  les  portez  à  tous 

nonsance;    nos    ]-èros-«'qul    portoient    au    fond    de  les    besoins,    &    vous    nous    prévenez    ;    mettez    le 


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ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


avait  un  contraste  particulièrement  curieux  entre  la  célébration  de  cette  fête, 
qui  rappelait  une  des  plus  terribles  réactions  catholiques  du  seizième  siècle, 
Jk  la  guerre  entamée  par  le  Parlement  contre  la  milice  catholique  par  excel- 
lence de  la  même  époque.  Chanter  une  victoire  obtenue  sur  les  protestants 
8<.  préparer  en  même  temps  l'expulsion  des  jésuites  ne  témoignaient  pas 
d'une  logique  bien  rigoureuse. 

La  cour  avait  résolu  d'écrire  au  Parlement  de  Paris  pour  lui  demander  un 
exemplaire  authentique  des  assertions  soutenues  par  les  soi-disant  jésuites, 
dont  le  premier  corps  judiciaire  de  France  venait  d'ordonner  l'impression.  Le 
texte  de  cette  lettre  fut  lu  devant  les  chambres  assemblées.  Elle  était  ainsi 
conçue  : 

«  Messieurs,  animés  du  même  zèle  qui  dirige  toutes  vos  démarches  dans 
«  l'importante  affaire  qui  occupe  à  la  fois  le  Parlement  entier,  nous  avons 
«  cru  devoir  vous  demander,  pour  être  déposé  dans  notre  greffe,  un  exem- 
«  plaire  duement  collationné  des  assertions  soutenues  par  les  soi-disans 
«   jésuites,  dont  l'impression  a  été  ordonnée  par  votre  arrêt  du  5  mars  dernier. 

«  Ce  recueil,  monument  mémorable  de  votre  amour  pour  la  personne  sacrée 
«  du  roi  S<.  de  votre  vigilance  pour  le  maintien  des  bonnes  mœurs,  nous  est 
«  d'autant  plus  nécessaire,  qu'indépendamment  des  extraits  d'auteurs  qu'il 
«  seroit  difficile  de  ramasser  ici,  &  que  vos  commissaires  ont  vérifiés,  il  con- 
«  tient  des  pièces  essentielles  que  nous  ne  pouvons  tenir  que  de  vous. 


citoyen  &  l'étranger  en  sûreté,  gardez-les  des  vices 
&  des  dangers  de  la  multitude,  prévenez  les  dis- 
sensions de  la  vanité;  la  cérémonie  demande  par 
elle-même  la  propreté  &  l'ornement  :  c'est  pour- 
quoi nous  vous  requérons  d'y  pourvoir.  Ce  vingt- 
neuf  avril  mil  sept  cent  soixante-deux.  De  Pijon, 
avocat  du  roy. 

«  Nous  Capitouls,  ayant  égard  auxdites  réqui- 
sitions, convaincus  d'ailleurs  que  le  temps  de 
notre  administration  ne  sauroit  être  marqué  par 
un  événement  plus  cher  à  nos  concitoyens  &  plus 
glorieux  pour  nous,  empressés  de  renouveler^  les 
vœux  de  nos  prédécessaurs  &  de  remercier  l'Etre 
suprême  d'une  manière  particulière,  de  la  faveur 
insigne  qu'il  fit  à  la  ville  en  la  délivrant  de 
l'Hérésie,  nous  avons  résolu  de  célébrer  l'année 
séculaire  de  cette  délivrance  avec  une  solennité 
extraordinaire  qui,  en  rappelant  le  souvenir  des 
grâces  que  le  Ciel  versa  sur  nos  pères,  serve  s 
rallumer  la  reconnoissance  &  la  piété  dans  tous 
les  cœurs.  Ainsi  nous  faisons  savoir  à  toute  sorte 
de  personnes  que  le  17  du  mois  de  mai  prochain 
se  fera  la  procession  générale  &  séculaire  de  la 
délivrance  de  la  ville.  Afin  qu'elle  soit  plus  solen- 
nelle, nous  avons  cru  qu'il  convenoit  que  toutes 
les  reliques  qui  sont  dans  l'église  de  Saint-Sernin 
fussent  exposées  à  la  vénération  publique,  &  nous 
avons  ordonné  que   les   pavillons  seraient   portés 


&  accompagnés  par  les  bailes  &  députés  de  tous 
les  corps  des  ans  &  métiers  de  cette  ville,  suivant 
le  rang,  l'ordre  &  la  forme  qui  sera  par  nous 
réglé  dans  notre  présente  ordonnance.  Nous  exhor- 
tons tous  les  citoyens  à  se  souvenir  du  bienfait 
signalé,  dont  la  mémoire  sera  célébrée  dans  ce 
grand  jour,  &  à  l'exalter  en  s'animant  mutuelle- 
ment par  l'ardeur  d'une  dévotion  commune.  Si 
nous  faisons  tous  nos  efforts  pour  relever  le 
brillant  de  cette  fête,  ce  n'est  point  pour  exciter 
la  curiosité,  mais  pour  ranimer  la  piété  &  la 
reconnoissance.  C'est  dans  cet  esprit  que  noics 
avons  sollicité  auprès  de  N.  S.  P.  le  Pape  une 
indulgence  de  huit  jours,  en  forme  de  jubilé,  qui 
commencera  le  16  mai  &  finira  le  23.  C'est  aussi 
sur  ce  motif  &  autres  qui  émanent  d'un  esprit 
vraiment  pénétré  que,  pour  concilier  à  une  action 
de  grâces  si  juste  &  si  solennelle  toute  la  décence 
&  la  dignité  qui  lui  conviennent,  nous  ordonnons 

ce  qui  suit' &c.  » 

L'ordonnance  est  signée  :  Lafle,  capltoul,  chef 
du  consistoire;  Seguin  Duséjour,  capitoul;  David 
DE  Beaudp.igue,  capitoul;  Daignan  Dusexdat, 
capitoul;  De  Poyusan,  capitoul;  GocAZÉ,  capi- 
toul; CABr.tnE,  capitoul. 


'  Archives  de  Toulouse.  Proclamations,  ordonnances 
p.  309.  Recueil  d'ordonnances  capitulaires,  p.  45. 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  iiyS 

<(  Dans  quelle  occasion  plus  intéressante  pourrions-nous  réclamer  le  secours 
«  de  l'intime  fraternité  qui  ne  cessera  jamais  de  nous  unir  avec  vous  pour  le 
«   bien  de  la  religion,  le  service  du  roi  &  l'intérêt  de^l'Etat? 

«  Nous  sommes  avec  une  ardeur  fidèle  Se  sincère,  Messieurs,  vos  très-chers 
«   frères  &  bons  amis,  les  gens  tenans  la  cour  de  Parlement  à  Toulouse » 

Le  Parlement  de  Paris  se  hâta  d'expédier  les  documents  qu'on  lui  deman- 
dait. Le  procureur  général  en  rendit  compte  aux  chambres  le  26  mai,  requé- 
rant l'envoi  des  assertions  aux  évêques  du  ressort. 

Plusieurs  audiences  furent  ensuite  occupées  par  les  rapports  des  commis- 
saires, qui  cherchèrent  à  dégager,  au  moyen  de  citations  étendues,  l'esprit 
de  la  compagnie,  les  thèses  de  ses  docteurs,  &  à  la  présenter  comme  une 
sorte  de  monarchie  despotique  étrangère  insinuée  dans  toutes  les  parties  du 
rovaume. 

Le  16  juin,  le  Parlement  condamna  plusieurs  livres  des  jésuites  à  être 
lacérés  Se  brûlés,  devant  le  grand  escalier  du  palais,  par  la  main  du  bour- 
reau, «  comme  séditieux,  destructifs  de  tous  principes  de  la  morale  chrétienne, 
<i  enseignant  une  doctrine  meurtrière  Se  abominable,  non-seulement  contre 
«  la  sûreté  de  la  vie  des  citoyens,  mais  contre  celle  des  personnes  sacrées  des 
«  souverains.  »  En  même  temps,  pour  statuer  définitivement  sur  ce  qui  pou- 
vait résulter  de  ces  livres  par  l'enseignement  constant  Se  non  interrompu  de 
la  doctrine  qu'ils  renfermaient,  Se  de  l'inutilité  des  déclarations,  désaveux  Se 
rétractations  faites  par  les  jésuites,  la  cour  joignit  la  délibération  à  l'appel 
comme  d'abus  interjeté  le  5  juin  précédent. 

Nous  passons  sur  le  détail  fastidieux  des  procédures  qui  précédèrent'  l'arrêt. 
Le  général  de  l'ordre,  intimé,  ne  donna  point  signe  de  vie.  Les  pères  Charron 
6e  Delmas,  l'un  provincial,  l'autre  syndic  des  jésuites  de  Toulouse,  présentè- 
rent une  opposition  qui  fut  écartée. 

Le  procureur  général  Riquet  de  Bonrepos  réquisitionna  vigoureusement 
contre  les  jésuites,  comme  il  avait  réquisitionné  contre  les  Calas.  Sa  plaidoirie 
remplit  les  audiences  des  8,  11  Se  17  février  1763.  Il  exposa  que  les  jésuites 
n'étaient  pas  personnellement  en  cause,  mais  qu'il  regardait  leur  institut, 
leurs  constitutions,  comme  inconciliables  avec  les  lois  de  tout  Etat  policé,  avec 
les  principes  de  la  loi  naturelle,  avec  les  libertés  Se  les  maximes  de  l'Église 
de  France.  Il  accusa  l'institut  Se  les  constitutions  de  donner  l'être  à  une 
nouvelle  monarchie  indépendante  des  souverains  nationaux,  régie  par  un 
monarque  sans  territoire,  qui  envoyait  ses  sujets  partout  Se  qui  tenait  ses 
droits  de  la  Cour  de  Rome,  Il  proposa  trois  moyens  d'abus  :  la  contravention 
aux  lois  de  l'Eglise  Se  de  l'État,  marquée  par  le  renversement  de  la  hiérarchie, 
le  mépris  de  la  juridiction  ordinaire  Se  les  privilèges  exorbitants  obtenus  des 
papes;  la  contravention  à  la  loi  naturelle  Se  à  la  loi  divine,  fondée  sur 
l'obéissance  absolue  du  jésuite  à  son  général  Se  sur  l'infaillibilité  que  suppose 
cette  obéissance;  enfin,  la  contravention  aux  lois  divines  8e  humaines,  qui 
défendent  à  l'homme  né  sujet  d'un  prince  de  déroger  aux  volontés  de  la  Pro- 
vidence en  s'aftranchissant  de  la  soumission  obligatoire.  «  Un  jésuite,  dit-il, 


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~^ 1174  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  n'est  ni  François,  ni  Espagnol,  ni  d'aucune  autre  domination;  il  n'est  plus 
«  que  jésuite,  esclave  du  général,  qui  détermine  à  son  gré  le  climat  où  il 
«  doit  habiter,  ce  qu'il  y  doit  faire,  ce  qu'il  y  doit  dire  Se  ce  qu'il  y  doit 
«  penser.  » 

Après  avoir  présenté  diverses  observations  sur  les  ouvrages  publiés  par  les 
jésuites  &  sur  les  théories  dangereuses  qu'on  leur  reprochait,  M.  de  Bonrepos 
concluait  ainsi  : 

«  A  l'égard  de  la  doctrine  8c  morale  de  la  société,  on  ne  disconvient  pas 
«  qu'il  n'appartient  qu'aux  évêques  d'être  juges  en  matière  de  doctrine  &  de 
«  morale;  mais  quand  vine  doctrine  &  une  morale  ont  été  condamnées  sans 
«  succès  par  le  clergé  en  corps  8c  par  des  évêques  séparément;  quand,  au 
«  mépris  de  ces  condamnations,  on  voit  reproduire  les  mêmes  livres  dont  a 
«  été  extraite  la  mauvaise  doctrine;  qu'on  voit  qu'elle  tend  à  mettre  le  trouble 
«  dans  la  société  civile,  à  introduire  l'irréligion  dans  l'Etat,  à  favoriser  un 
«  fanatisme  dangereux  pour  la  personne  sacrée  des  souverains,  le  magistrat 
K  n'est-il  pas  autorisé,  n'est-il  pas  même  obligé  par  devoir  d'employer  la  force 
«  de  l'autorité  royale  pour  tarir  la  source  de  cette  morale  corrompue,  de  cette 
«  doctrine  impie  8c  séditieuse? 

«  Nous  l'avons  trouvée  cette  source,  8c  nous  l'avons  fait  remarquer  dans 
«  l'institut  8c  le  régime  de  la  société  des  jésuites;  vous  en  avez  vu  les  bran- 
<(  ches  dans  les  livres  que  vous  avez  condamnés  aux  flammes;  quels  efforts  ne 
«  devez-vous  pas  faire  pour  couper  les  canaux  par  où  cette  source  infectée 
«  vient  répandre  ses  eaux  contagieuses  dans  le  royaume  de  France? 

«  Quelle  puissante  digue  ne  devez-vous  pas  opposer  à  ce  torrent?  C'est 
«  l'intérêt  de  votre  patrie,  c'est  celui  de  votre  roi,  c'est  la  sûreté  de  sa  per- 
«  sonne  sacrée,  qui  vous  demandent  aujoind'hui,  en  tant  qu'il  peut  dépendre 
«  de  vous,  la  destruction  d'une  société  soumise  à  une  monarchie  étrangère, 
((  qui  assimile  ses  avantages  personnels  à  la  plus  grande  gloire  de  Dieu,  avec 
f(  laquelle  elle  affecte  de  se  confondre;  elle  adopte  sous  ce  faux  prétexte 
«.  toutes  sortes  de  moyens  pour  parvenir  à  ses  fins;  elle  exige  de  ses  sujets  8c 
«  même  de  ses  amis  le  sacrifice  des  affections  les  plus  naturelles,  des  intérêts 
«  les  plus  précieux;  telle  est  cette  monarchie  ambitieuse;  elle  ne  souffrit 
«  jamais  de  partage  ni  de  neutralité;  elle  regarde  comme  ennemis  tous  ceux 
«  qui  ne  sont  pas  ses  sujets  ou  du  moins  ses  alliés;  aussi  cruelle,  aussi  impla- 
u  cable  dans  sa  haine  qu'indulgente  8c  politique  dans  son  amitié,  sa  ven- 
«  geance  n'a  point  de  bornes,  ses  faveurs  sont  toujours  mesurées  suivant  son 
«  intérêt  particulier;  sa  politique  8c  ses  intrigues  fermentent  sans  cesse  dans 
«  les  États  où  elle  peut  introduire  ses  colonies. 

«  L'Europe  entière  n'ouvrira-t-elle  pas  enfin  les  yeux  sur  une  monarchie 
«  si  dangereuse,  créée  par  l'enthousiasme,  élevée  par  l'ambition,  soutenue 
K  par  la  politique,  accréditée  par  le  fanatisme?  Qu'il  nous  soit  permis  de 
«  l'augurer  en  faveur  de  toutes  les  puissances  légitimes;  la  lumière  qui 
«  vient  d'éclairer  la  France  pénétrera  sans  doute  dans  tout  l'univers.  C'est 
«  à  des   magistrats   françois  à  donner  les  premiers  aux  autres   nations  un 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  iiyT) 

'<  exemple  mémorable  de  ce  qu'on  doit  à  sa  patrie,  à  sa  religion  &.  à  son 
«   roi  '.  )) 

A  la  suite  de  la  plaidoirie  du  procureur  général,  le  Parlement  rendit  son 
arrêt  le  26  février.  Il  constatait  la  non-comparution  du  général  de  l'ordre  6<. 
la  validité  du  défaut  pris  contre  lui;  il  déclarait  «  y  avoir  abus  »  dans  l'ins- 
titut de  la  société  se  disant  de  Jésus,  dans  les  bulles,  brefs,  lettres  apostoli- 
ques, constitutions,  déclarations,  formules  de  vœux,  décrets  des  généraux  & 
des  congrégations  générales,  dans  les  règlements  Se  privilèges  de  la  société 
appelés  oracles  de  vive  voix,  dans  les  autres  actes  de  même  nature.  Se  en  tout 
ce  qui  constituait  l'essence  de  l'institut.  11  déclarait  l'institut,  les  règles,  les 
constitutions  St  le  régime  des  jésuites  inadmissibles  dans  tout  État  policé 
comme  attentatoires  à  toute  autorité  spirituelle  Se  temporelle,  incompatibles 
avec  les  principes  de  la  subordination  des  sujets  envers  leurs  souverains,  spé- 
cialement répugnant  aux  libertés  de  l'Eglise  gallicane,  aux  quatre  articles  de 
l'assemblée  générale  du  clergé  de  France  de  1682,  contraires  aux  lois  S< 
maximes  fondamentales  du  royaume,  inconciliables  avec  le  droit  public  de  la 
nation  &  irréformables  dans  leur  essence.  Le  Parlement  déclarait  le  même 
abus  dans  les  vœux  8<.  serments  publics  ou  secrets  émis  par  les  prêtres,  les 
écoliers  6c  autres  membres  de  la  société.  Se  par  toutes  personnes  connues  ou 
inconnues,  de  se  soumettre  aux  règles  de  la  compagnie,  5<  dans  les  agréga- 
tions, affiliations  par  forme  de  confrérie  ou  autrement,  promesses  d'obéissance 
au  général,  sous  quelque  titre  que  ce  pût  être.  Il  condamnait  ces  actes  comme 
illicites  Se  non  valablement  émis. 

Quant  aux  lettres  patentes  Se  arrêts  concernant  les  établissements  particu- 
liers des  jésuites  dans  le  ressort,  la  cour  décidait  qu'il  n'y  avait  lieu  de  les 
exécuter  ultérieurement,  cette  exécution  étant  subordonnée  aux  «  conditions 
«  irritantes  «  portées  dans  l'acte  de  l'assemblée  de  Poissy  Se  dans  ledit  de 
rétablissement  Se  de  grâce  de  i6o3.  L'institut  ne  pouvait  être  séparé  de  la 
société,  comme  formant  ensemble  un  tout  absolument  indivisible.  Le  Parle- 
ment déclarait  les  soi-disant  jésuites  inadmissibles,  même  à  titre  de  société  Se 
de  collège.  Se  les  excluait  à  perpétuité  de  toute  l'étendue  du  ressort,  irrévoca- 
blement Se  sans  aucun  retour,  sous  quelque  prétexte,  dénomination  ou  forme 
([ue  ce  pût  être.  Il  affirmait  la  volonté  de  garder  Se  observer  à  perpétuité  les 
dispositions  de  l'arrêt,  en  tout  ce  qui  concernait  l'exclusion  définitive  Sv 
absolue  des  jésuites,  «  comme  un  monument  de  sa  fidélité  à  la  religion  Se  au 
«  roi,  »  Se  comme  une  maxime  inviolable  dont  il  ne  pouvait  jamais  se  départir 
sans  manquer  à  son  serment  Se  aux  devoirs  que  lui  imposaient  la  sûreté  de  la 
personne  sacrée  des  rois,  l'intérêt  des  bonnes  mœurs,  celui  de  l'enseignement 
public  Se  de  la  discipline  de  l'Eglise,  le  maintien  du  bon  ordre  Se  de  la  tran- 
quillité  publique.   Le  recueil    imprimé  à  Prague   en   1737  devait  rester  au 

■  Plaidoyer  Je  Monsieur  le  procureur  général  du  des  soi-disant   Jésuites.  A  Toulouse,  de  l'imprime- 

roi  au  parlement  de  Toulouse,  dans  les  audiences  rie  de  la  veuve  de  M"  Bernard  Pijon,  avocat,  seul 

des   8,    II   &   17  février    il^'i,  sur   l'appel   comme  imprimeur  du    roi    &  de   la    cour,   cheï    la   veuve 

d'abus  parlai  relevé  de  l'institut  &  constitution  Lecamus.  M.  DCC.  LXIII. 


1763 


"77^ iiyô  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

greffe  civil  de  la  cour,  pour  y  servir  de  titre  &  de  preuve  perpétuelle  des  vices 
de  l'institut. 

La  Cour  défendait  expressément  à  toutes  personnes  de  proposer,  solliciter 
ou  demander  en  aucun  temps  ni  en  aucune  occasion,  le  rappel  8t  le  rétablis- 
sement de  la  société,  à  peine  pour  ceux  qui  auraient  fait  ces  propositions  ou 
qui  y  auraient  acquiescé,  d'être  poursuivis,  suivant  la  rigueur  des  ordon- 
nances, comme  perturbateurs  du  repos  public,  ennemis  du  roi  &  de  la  patrie. 

Elle  rendait  définitives  toutes  les  mesures  déjà  prescrites  contre  les  jésuites 
par  ses  précédents  arrêts,  enjoignait  à  tous  les  membres  de  la  société  de  vider 
dans  quinzaine,  à  compter  du  jour  de  la  signification,  toutes  les  maisons, 
collèges,  séminaires,  résidences,  missions  8c  autres  établissements  par  eux 
occupés,  sous  une  dénomination  quelconque,  &  de  se  retirer  en  tel  endroit 
du  royaume  que  bon  leur  semblerait,  autre  néanmoins  que  les  collèges  Se 
séminaires,  ou  autres  maisons  destinées  à  l'éducation  de  la  jeunesse,  à  moins 
qu'ils  n'y  entrassent  à  titre  d'étudiants  ou  pour  le  temps  nécessaire  à  la 
réception  des  ordres.  Elle  leur  enjoignait  de  vivre  dans  l'obéissance  au  roi  !k 
sous  l'autorité  des  ordinaires,  sans  pouvoir  se  réunir  en  société,  sous  aucun 
prétexte,  &<.  aux  officiers  dos  lieux  d'y  veiller  Se  d'en  rendre  compte  au  pro- 
cureur général.  Défenses  formelles  étaient  faites  aux  jésuites  d'observer  à 
l'avenir  l'institut  8c  les  constitutions  déclarées  abusives,  de  vivre  en  commun 
ou  séparément  sous  cette  règle  ou  sous  toute  autre  que  celle  des  ordres 
dûment  autorisés  Se  régulièrement  reçus  dans  le  royaume;  de  porter  l'habit 
usité  dans  la  société,  d'obéir  au  général,  aux  supérieurs  ou  autres  préposés, 
d'entretenir  aucune  correspondance  avec  eux  ni  avec  les  membres  résidant 
en  pays  étrangers;  de  faire  à  l'avenir  les  vœux  de  l'institut,  de  s'y  agréger  ou 
affilier  dedans  ou  dehors  le  royaume,  à  peine  d'être  poursuivis  extraordinai- 
rement. 

Les  membres  de  la  société  qui  auraient  atteint  l'âge  de  trente-trois  ans 
accomplis  au  jour  de  l'arrêt,  ne  pourraient,  en  aucun  cas  ni  sous  aucun  pré- 
texte, prétendre  à  aucune  succession  échue  ou  à  échoir,  conformément  à  la 
déclaration  du  i6  juillet  17  i5,  loi  de  précaution,  nécessaire  pour  assurer  le 
repos  des  familles,  sans  que  l'on  pût  induire  de  cet  acte  royal  une  approba- 
tion de  la  société. 

Tous  les  jésuites  qui  se  trouvaient  dans  les  établissements  du  ressort  lors 
de  l'arrêt  du  5  juin  1762,  8c  dans  le  ressort  des  autres  cours  à  l'époque  fixée 
par  leurs  arrêts,  ne  pourraient  remplir  des  grades  dans  les  universités,  être 
admis  à  aucun  bénéfice,  soit  simple  ou  à  charge  d'âmes,  à  aucune  chaire  ou 
enseignement  public,  à  aucune  charge  civile  8c  municipale,  à  aucun  office 
de  judicature,  ni  être  chargés  d'aucune  «  desserte  »  station,  prédication, 
direction  dans  les  églises,  monastères,  communautés,  hôpitaux,  ni  être 
employés  à  aucune  fonction  publique  du  ministère  ecclésiastique  sans  avoir 
fait  en  personne  serment  «  d'être  bons  8c  fidèles  sujets  8c  serviteurs  du  roi,  de 
«  tenir  Se  professer  les  libertés  de  l'Église  gallicane  Se  les  quatre  articles  du 
«  clergé  de  France  contenus  en  la  déclaration  de  1682;  d'observer  les  canons 


LIV.  IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1177 

«  reçus  &  les  maximes  du  royaume,  de  n'entretenir  aucune  correspondance 
«  directe  ni  indirecte,  par  lettres  ou  par  personnes  interposées,  ou  autrement 
«  en  quelque  forme  que  ce  pût  être,  avec  le  général,  le  régime  8c  les  supé- 
«  rieurs  de  la  société  ou  autres  personnes  par  eux  préposées,  ni  avec  aucun 
«  membre  de  ladite  société  résidant  en  pays  étranger;  de  combattre  en  toute 
<i  occasion  la  morale  pernicieuse  contenue  dans  les  livres  proscrits  par  les 
«  arrêts  de  la  cour,  &  notamment  en  ce  qui  concerne  la  sûreté  de  la  personne 
«  des  rois  8c  l'indépendance  de  leur  couronne;  Se  en  tout,  de  se  conformer 
«  aux  dispositions  du  présent  arrêt,  notamment  de  ne  point  vivre  désormais, 
«  à  quelque  titre  Si  sous  quelque  dénomination  que  ce  puisse  être,  sous 
«   l'empire  desdites  constitutions  &c  institut.  » 

Ce  serment  devait  être  reçu  au  palais  par  MM.  de  Bastard,  doyen,  Si  de 
Vie,  commissaires  de  la  cour.  Si  dans  les  sénéchaussées  par  le  lieutenant 
général,  8c  déposé  aux  greffes  du  Parlement  ou  des  sénéchaussées,  avec 
défense  à  tous  collateurs,  électeurs,  nominateurs,  marguilliers,  fabriciens, 
prieurs,  chapitres,  supérieurs  de  communautés  régulières  ou  séculières,  admi- 
nistrateurs d'hôpitaux.  Si  aux  personnes  quelconques  ayant  droit  de  présen- 
tation, d'admettre  à  aucun  otiice  des  soi-disant  jésuites  qui  n'auraient  pas 
prêté  le  serment  requis. 

La  cour  défendait  également  aux  sujets  du  roi  de  passer  dans  l'État  d'Avi- 
gnon pour  y  prendre  l'habit  de  jésuite.  Si  à  tous  les  jésuites  étrangers  d'en- 
trer dans  le  ressort  de  la  cour  pour  y  résider,  à  peine  d'être  appréhendés  au 
corps  Si  conduits  dans  les  prisons  du  palais.  Elle  défendait  à  tous  sujets  du 
roi  de  fréquenter  hors  du  royaume,  81  notamment  à  Avignon  Si  dans  le 
comté  Venaissin,  les  maisons  Si  collèges  des  jésuites,  sous  peine  d'être 
déclarés  inhabiles  à  posséder  aucune  place  dans  l'état  civil  8c  ecclésiastique 
du  royaume'. 

Les  commissaires  nommés  par  la  cour  étaient  chargés  de  pourvoir  au  ves- 
tiaire 8c  à  l'itinéraire  des  gens  qui  sortiraient  des  maisons  de  la  société, 
réservant  au  procureur  général  de  prendre  des  conclusions  ultérieures  pour 
régler  les  pensions  des  soi-disant  jésuites  qui  auraient  passé  l'âge  de  trente- 
trois  ans,  procurer  la  vente  Si  l'aliénation  de  leurs  biens,  pourvoir  au  paye- 
ment des  créanciers,  prendre  des  arrangements  définitifs  concernant  l'ensei- 
ment  dans  les  collèges,  8c  ordonner,  en  un  mot,  toutes  les  mesures  accessoires 
pour  l'entière  exécution  de  l'arrêt,  dont  le  texte,  imprimé,  dut  être  signifié 
sans  délai  aux  supérieurs  des  maisons  de  la  ville.  Si  dans  trois  jours  aux  mai- 
sons du  ressort.  Copie  en  fut  envoyée  à  toutes  les  justices  royales  pour  y  être 
publiées,  enregistrées  Si  affichées. 

Dix  diocèses  turent  autorisés  par  le  conseil  d'État  à  faire  des  emprunts  pour 
subvenir  à  leurs  travaux  de  voirie.  La  somme  totale  des  fonds  que  la  Province 
put  se  procurer  par  ce  moyen  s'élevait  à  deux  cent  quarante-cinq  mille  livres'. 

■  Arrêts  du  conseil  d'Etat,   donnés  à  Versailles  Alais  :  3  5oo    livres    d'une    pan,   &  de    l'antre, 

It  6  janvier  1763.  29301  livres  i5  sols  9  deniers.  —  U^is  ;  3o  000  1. 

Voici  le  détail  de  la  répartition  ;  —  Béliers  :   19200  livret.  —  Castrei  .  20000  1.  — 


17Ù3 


1763 


iiyS  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Ces  ressources  furent  consacrées  : 

Dans  le  diocèse  d'Alais,  aux  réparations  d'une  partie  du  chemin  d'Alais  à 
Nimes,  que  l'entrepreneur  avait  abandonnées,  &t  à  divers  travaux  de  commu- 
nication intérieure  préparés  par  Pomier; 

Dans  le  diocèse  d'Uzès,  au  déplacement  de  la  ligne  d'Alais  à  Nimes,  qui 
était  trop  étroite  St  trop  exposée  aux  débordements  du  Gardon,  passant  par  la 
Calmette,  Boucoiran  &  Ners; 

Dans  le  diocèse  de  Béziers,  k  rendre  carrossable  le  chemin  de  Gignac 
jusques  k  la  chaussée  de  Montagnac,  joignant  la  grande  route; 

Dans  le  diocèse  de  Castres,  k  la  construction  de  deux  chemins,  étudiés  par 
M.  Garipuy,  l'un  de  Castres  k  la  Bessonnié,  l'autre  de  Castres  k  Lautrec  &  k 
Graulhet  '  ; 

Dans  le  diocèse  de  Narbonne,  aux  réparations  du  chemin  de  Saint-Pons, 
passant  par  le  bac  de  Saint-Marcel  Ik  par  Bize,  ligne  commerciale  importante; 

Dans  le  Vêlai,  k  la  construction  des  chemins  du  Puy  au  pont  de  Salomon, 
sur  la  route  de  Lyon,  &  d'Issingeaux  k  Saint-Bonnet  le  Froid,  sur  la  route 
de  Vivarais; 

Dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  k  la  construction  d'un  chemin  de  Carcas- 
sonne  k  La  Grasse,  établissant  une  communication  entre  nombre  de  lieux 
importants  de  la  vallée  de  Daigne,  siège  d'un  commerce  considérable; 

Dans  le  diocèse  de  Rieux,  k  la  continuation  de  la  route  déjà  ouverte  en 
Guienne,  entre  Saint-Girons  &  Pamiers,  ligne  nécessaire  au  passage  des 
troupes  allant  de  Roussillon  8t  du  bas  Languedoc  k  Bayonne,  &  non  moins 
utile  k  favoriser  le  débouché  des  denrées  du  Comminges  Se  du  Couserans  vers 
le  comté  de  Foix  &  le  diocèse  de  Mirepoix,  devis  dressé,  en  lySg,  par  M.  de 

Saget^;  ,  .  .  ,- 

Dans  le  diocèse  d'Alet,  k  la  réparation  du  chemin  de  l'Etape,  entre  Estagel 
6c  Caudiès; 

Dans  le  Vivarais,  k  onze  entreprises  secondaires  pour  mettre  en  état  divers 
ponts  8c  chemins  de  communication  intérieure. 

La  maréchal  de  Thomond  avait  été  emporté,  au  mois  de  septembre  1761, 
par  une  maladie  de  poitrine  extrêmement  rapide.  Le  duc  de  Fitz-James,  son 
successeur,  fils  du  maréchal  de  Berwick,  ouvrit  la  session  des  Etats  pendant 
deux  années  consécutives.  Il  y  était  premier  commissaire,  lorsque  l'assemblée 
provinciale  offrit  au  roi  d'armer  un  vaisseau  de  ligne  de  quatre-vingts  canons, 
qui  fut  accepté  avec  reconnaissance  &  qui  reçut  le  nom  de  Languedoc.  Cet 
élan  de  patriotisme  ne  fut  pas  seulement  motivé  par  les  événements  généraux 
qui  préoccupaient  alors  la  France.  Le  commerce  languedocien  se  trouvait 
très-directement  intéressé  au  relèvement  de  la  marine  française,  &  compromis 

Narhonne  :  So  ooo  1.  —  Le  Puy  :  î3  478  1.  2  S.  4  d.  '  PrOcès-verbal  des  États.  Séance  du  4  décembre 

—  Carcassonne  :   1  5  000   1.  —  Rieux  :  34000   1.  —  1762.  —  L'article  XII  des   Instructions  aux  coni- 

Alct  :  3o  000  1.  —  Viviers  :  5  o65  1.  —  Mirepoix,  missaires  du  roi  les  chargeait  de  faire  connaître  à 

û  000  1.  — Total  :  245345  1.  18  s.   1  d.  l'assemblée  combien    il    importait   que   le  diocèse 

'  Procès-verbal  des  Etats.  19  novembre  1761.  ouvrît  cette  communication. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  I179 

par  son  insuffisance.  Dans  les  derniers  jours  de  septembre  1761,  quatre  cor- 
saires anglais  avaient  iait  apparition  à  la  hauteur  d'Aigues-mortcs,  où  ils 
enlevèrent  trois  barques  de  pêcheurs.  Le  comte  de  Moncan  se  hâta  d'y  faire 
passer  quelques  troupes  d'intanterie  avec  vingt-cinq  canonniers  de  la  capi- 
tainerie garde-côtes  de  Lune!  pour  servir  la  batterie  du  grau  du  Roi  '. 

Toutes  les  populations  du  littoral  étaient  en  grand  émoi.  La  ville  de 
Pézénas  décida,  par  acclamation,  d'offrir  au  roi,  pour  la  marine,  une  somme 
de  dix  mille  livres,  à  prendre  sur  le  produit  de  la  subvention,  &.  d'inter- 
rompre les  travaux  d'utilité  locale  auxquels  ces  fonds  étaient  destinés  :  déco- 
ration de  l'église  paroissiale,  réparation  des  fontaines  St  des  fours,  dégagement 
des  avenues  du  marché,  alignement  de  la  rivière,  construction  d'un  bureau 
du  poids  public. 

Un  an  après  la  mort  du  maréchal  de  Thomond,  le  haut  personnel  provin- 
cial subit  encore  une  perte  considérable  :  le  premier  président  de  Maniban 
expira  dans  la  nuit  du  3i  août  au  i"  septembre.  Madame  de  Livry,  sa  fille, 
lui  fit  rendre  les  honneurs  funèbres  le  4  de  ce  mois.  Les  chapitres  de  Tou- 
louse, l'Université,  les  capitouls  8c  la  plupart  des  corporations  assistaient  à 
ces  funérailles.  Le  cercueil,  décoré  de  la  robe  rouge,  du  mortier  de  président, 
de  l'épée,  du  chapeau  8c  des  bottines,  était  porté  par  des  pénitents  blancs, 
confrérie  à  laquelle  appartenait  le  trépassé.  M.  de  Maniban  fut  enseveli  dans 
le  cimetière  du  cloitre  Saint-Etienne,  au  pied  d'une  croix  de  pierre,  &  à  côté 
du  premier  président  de  Fieubet,  son  aïeul  maternel. 

La  première  présidence  de  Toulouse,  vacante  par  sa  mort,  passa  bientôt  à 
M.  de  Bastard,  maître  des  requêtes  au  conseil  d'Etat,  fils  du  doyen  du  Parle- 
ment. 

Son  entrée  solennelle  à  Toulouse  eut  lieu  avec  beaucoup  de  cérémonie. 
On  racontait  dans  le  public  que  le  nouveau  chef  de  la  magistrature  avait 
épousé  à  Paris  une  parente  de  la  marquise  de  Pompadour.  Une  foule  de 
cavaliers  Se  d'équipages  allèrent  l'attendre  sur  la  route  de  Grisolles  81  l'ac- 
compagnèrent jusqu'à  l'hôtel  de  Palaminy,  où  il  prit  son  logement.  Les  pré- 
sents de  la  ville,  composés  de  cierges  de  cire  blanche  ornés  de  rubans,  lui 
furent  apportés  par  les  capitouls  en  chaise  à  porteurs,  au  bruit  des  fanfares, 
S<.  la  troupe  du  guet  s'étant  formée  dans  la  grande  cour  de  l'hôtel,  qui  ouvrait 
sur  la  rue  des  Tourneurs,  fit  trois  décharges  de  mousqueterie. 

Un  des  premiers  actes  du  nouveau  président  fut,  d'après  le  témoignage 
d'un  contemporain,  une  mesure  de  reconnaissance  à  l'égard  des  jésuites,  ses 
anciens  maîtres.  Il  augmenta  de  huit  sols  la  pension  viagère  de  douze  sols 
par  jour  qu'un  arrêt  du  Parlement  leur  avait  allouée. 

Diverses  fêtes  furent  célébrées  à  Toulouse  en  l'honneur  de  M.  de  Bastard. 
11  y  eut  feu  d'artifice,  par  les  soins  des  capitouls,  sur  la  place  de  l'Hôtel-de- 
Ville.  La  pièce  principale  était  une  sorte  d'édifice  aux  armes  de  la  famille  de 

•  Lettre  du  duc  de  Choiseul  au  contrôleur  général,  du  3o  septembre  1761.  (Archives  nationales. 
Correspondance  du  contrôleur  général.) 


17Û3 


1763 


n8o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

BastarcI,  avec  une  figure  colossale  de  la  Justice.  Rivais,  peintre  de  l'hôtel 
de  ville,  avait  composé  les  motifs  de  la  décoration. 

Sur  la  place  du  Salin,  un  autre  teu  d'artifice  fut  organisé  par  le  corps  des 
procureurs  à  la  cour.  Le  premier  président  y  était  figuré  au-dessus  d'un  socle 
octogone  en  faux  marbre,  accompagné  des  figures  de  la  Religion  8;  de  la 
Justice.  La  Pv.eligion  tenait  un  livre  ouvert,  sur  lequel  le  magistrat  étendait 
la  main;  la  Justice  semblait  prête  à  lui  confier  le  glaive  traditionnel  '. 

Les  basochiens  firent  aussi  unp  brillante  cavalcade  pour  honorer  le  premier 
président.  On  y  voyait  paraître  le  roi  de  la  basoche,  monté  sur  un  beau  cheval, 
la  couronne  en  tête  &  le  sceptre  à  la  main,  accompagné  des  grands  officiers 
de  sa  cour  :  chancelier,  maréchaux,  conseil  de  justice;  la  compagnie  du  séné- 
clial  caracolait  à  la  suite,  avec  une  longue  file  de  mulets  couverts  de  tapis  & 
représentant  les  équipages  du  roi.  Tambours,  fifres,  timbales,  cors  8<  trom- 
pettes, remplissaient  l'air  des  plus  bruyantes  fanfares. 

Les  premiers  mois  de  la  présidence  de  M.  de  Bastard  furent  marqués  par 
divers  arrêts  particuliers  terminant  l'affaire  des  jésuites.  La  cour  ordonna  la 
suppression  d'un  bref  du  pape  Clément  XIII  favorable  aux  jésuites  de  France 
8<  de  quelques  pamphlets  relatifs  à  la  même  compagnie. 

Un  autre  arrêt,  rendu  sur  le  rapport  du  doyen,  régla  les  pensions  alimen- 
taires, le  vestiaire  8t  l'itinéraire  des  jésuites  dispersés.  Chacun  d'entre  eux 
devait  emporter  ses  effets,  la  table,  les  chaises,  les  livres  8t  tout  le  mobilier 
qui  se  trouvait  dans  sa  chambre.  On  accordait  deux  cent  cinquante  livres 
]x)ur  le  vestiaire  Se  le  voyage  à  chaque  jésuite  prêtre,  &  cent  soixante  livres 
au  simple  frère.  Les  pensions  variaient  de  deux  cent  quarante  à  six  cents 
francs,  d'après  l'âge  8\  la  qualité  des  pensionnaires. 

C'est  le  samedi  26  mars  que  les  maisons  des  jésuites  de  Toulouse  furent 
évacuées.  On  rendit  les  clefs  de  la  maison  professe  sur  le  soir  du  même  jour, 
&  l'on  ferma  l'église.  Le  lendemain,  des  affiches  placardées  sur  toutes  les 
murailles  annoncèrent  la  mise  en  vente  des  divers  bâtiments  appartenant  à 
la  compagnie,  collège,  noviciat,  séminaire  81  biens  ruraux. 

La  paix,  cette  triste  paix  qui  consommait  la  ruine  coloniale  de  la  France, 
mais  qui  répondait  à  la  fatigue  des  peuples,  épuisés  par  les  malheurs  de  la 
guerre,  donna  lieu,  dans  les  villes  de  la  Province,  aux  démonstrations  habi- 
tuelles. Il  y  eut  même  à  Toulouse  des  fêtes  fort  brillantes,  à  l'hôtel  de  Pala- 
miny,  où  résidait  le  premier  président,  8c  à  l'hôtel  de  ville. 

Mais  le  Parlement  touchait  à  l'une  des  plus  violentes  crises  de  son  histoire. 
Le  gouvernement  s'était  décidé  à  réprimer  par  la  force  le  refus  que  faisaient 
les  grands  corps  judiciaires  d'enregistrer  les  lois  de  finances  exigeant  de  nou- 

'  Barthès  nous  a  conservé,  dans  ses  Heures  perdues,  V,  p.  ii5,  les  inscriptions  latines  qui  avaient 
été  placées  sur  les  quatre  faces  de  l'édicule  : 

Au  nord  :       HUNC    PROPE   RELLIGIO    THEMIDI    SOCIATA   SEDEBIT. 
A  l'est  :  PROTEGET    INSONTEM    QUO    PREMET    ENSE   REUM. 

A  l'ouest  :    régis  amor,  patriae  splendor,  genitoris  imago» 

Au  sud  ;  VIVAT    UTERQUE    TOGAE,    VIVAT    UTERQUE   FORO. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1181 

veaux  subsides.  Le  duc  de  Fitz-James  reçut  l'ordre  de  se  rendre  à  Toulouse 
pour  remplir  cette  rigoureuse  mission.  11  annonça  aux  capitouls  son  arrivée 
par  une  lettre  concise,  où  il  se  promettait  «  beaucoup  de  satisfaction  de  les 
«  voir  »  Se  les  assurait  de  sa  bienveillance. 

Le  conseil  de  bourgeoisie  se  hâta  de  prendre  les  dispositions  accoutumées 
pour  recevoir  dignement  le  commandant  en  chef;  formation  de  compagnies, 
délégations,  offre  du  dais'.  Mais  le  Parlement,  qui  savait  pourquoi  venait  le 
duc  de  Fitz-James,  se  hâta  de  couper  court  à  ce  zèle,  en  cassant  la  délibéra- 
tion du  conseil  Se  ordonnant  que  les  gouverneurs,  lieutenants  généraux  & 
commandants  en  chef  ne  pourraient  recevoir  les  honneurs  de  la  grande  entrée 
avant  d'avoir  fait  vérifier  leurs  lettres  patentes  par  la  cour^. 

Le  4  septembre,  on  vit  arriver  le  régiment  des  Vaisseaux,  avant-garde  du 
commandant.  Celui-ci  entra  le  9  à  Toulouse.  Il  mit  pied  à  terre  à  la  porte 
de  la  ville  &c  se  rendit  ainsi,  entouré  de  ses  gardes,  5c  sans  autre  cortège,  à 
l'hôtel  de  l'archevêché  où  il  logea;  les  premiers  jours  furent  employés  en 
pourparlers  inutiles;  &,  comme  la  résistance  du  Parlement  s'annonçait  extrê- 
mement vive,  le  duc  jugea  convenable  de  quitter  l'archevêché,  &  se  retira 
d'abord  dans  le  quartier  de  Saint-Cyprien,  où  étaient  cantonnées  les  troupes, 
puis  dans  le  petit  château  de  Montblanc,  à  Croix-Daurade,  appartenant  au 
capitoul  Nicol. 

Le  i3  septembre,  les  troupes  se  mirent  en  mouvement  8c,  tambour  bat- 
tant, allèrent  occuper  les  abords  du  palais.  Plusieurs  compagnies  se  rangèrent 
en  bataille  sur  la  place  de  la  Monnaie,  tandis  que  des  grenadiers  occupaient 
l'enclos  Se  le  perron,  la  baïonnette  au  bout  du  tusil  6c  la  hache  en  bandou- 
lière. Les  gardes  du  commandant  surveillaient  l'escalier  de  la  Conciergerie. 
Tous  les  membres  du  Parlement  s'étaient  rassemblés  dans  la  grand'chambre. 
Le  duc  s'y  présenta  vers  cinq  heures  8c  demie.  On  lui  demanda  de  quel  ordre 
il  venait.  —  De  l'ordre  du  roi,  pour  faire  enregistrer  les  édits.  La  cour  fit  ses 
protestations  8c  se  retira.  Resté  seul  dans  la  grand'chambre  avec  le  premier 
président,  le  procureur  général,  le  greffier  Se  quelques  autres  subalternes,  le 
duc  fit  procéder  sous  ses  yeux  à  l'enregistrement.  Toute  la  nuit  fut  employée 
en  allées  8c  venues,  les  troupes  gardant  leurs  postes.  Mais  le  lendemain,  les 
murailles  se  couvrirent  d'affiches  :  c'était  un  arrêt  du  Parlement,  rendu  cham- 
bres assemblées,  au  rapport  de  M.  de  Bojat,  défendant  de  lever  les  imposi- 
tions prescrites  par  l'édit  du  24  avril  à  peine  de  concussion.  Des  pelotons  de 
soldats,  dirigés  par  les  dizeniers,  se  mirent  aussitôt  à  courir  les  rues  pour 
arracher  les  placards  qu'ils  lacéraient  à  coups  de  baïonnettes.  Mais  le  Parle- 
ment possédait  un  si  grand  nombre  d'affidés,  que  les  affiches  proscrites  repa- 
raissaient comme  par  enchantement. 

Par  un  autre  arrêt,  le  Parlement,  dont  la  session  régulière  venait  d'expirer, 
se  prorogeait  de  sa  propre  autorité,  en  considération  des  affaires  publiques. 

■  ArchiTC»  de  Toulouse.  Livre  des  Conseils.  Séance  *  Pièces  justificatives,  n.  DCCCCI,  col.  1260. 

du  To  aojt  1763. 


1763 


1763 


il82  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  duc  de  Fitz-James  se  hâta  de  courir  au  palais  S<  d'y  faire  biffer  sous  ses 
yeux  l'arrêt  du  i5  septembre.  Puis,  le  i8,  à  quatre  heures  du  matin,  chaque 
membre  du  Parlement  reçut  la  visite  d'un  officier  que  le  dizenier  du  quar- 
tier conduisait  &  qui  était  accompagné  d'une  petite  troupe.  Le  visiteur 
matinal  était  porteur  d'un  billet  ainsi  conçu  : 

«  Je  ne  puis  me  dispenser,  Monsieur,  de  vous  ordonner  de  la  part  du  roy 
H  les  arrêts  chez  vous.  Quoique  je  ne  doute  pas  que  vous  y  obéissiez,  il  est 
«  nécessaire  que  vous  en  donniez  la  promesse  par  écrit  à  l'officier  qui  vous 
«  portera  cette  lettre.  J'ai  l'honneur  d'être  très-parfaitement.  Monsieur,  votre 
«   très-humble  8<.  très-obéissant  serviteur.  Le  duc  de  Fitz-James.  » 

La  cour  tout  entière  était  aux  arrêts.  Elle  y  passa  deux  mois  &  demi, 
du  10  septembre  au  3  décembre.  Le  20  septembre,  le  conseil  d'Etat  cassa 
l'arrêt  de  prorogation.  Le  Parlement  ne  devait  pas  ignorer  que  le  pouvoir  de 
retarder  les  vacances  appartenait  au  roi  seul.  Toutes  les  séances  tenues  sans 
la  permission  expresse  de  Sa  Majesté  n'étaient  que  des  assemblées  illicites  & 
prohibées  par  les  lois  du  royaume.  Le  souverain  jugeait  indispensable  de 
réprimer  au  plus  tôt  «  une  entreprise  si  peu  réfléchie  &  si  répréhensible;  » 
il  annulait  l'arrêt  du  14  septembre  &  défendait  à  la  cour  d'en  prendre  de 
pareils  à  l'avenir,  S<  aux  officiers  de  s'assembler  pendant  toute  la  durée  des 
vacations  '. 

Un  autre  acte  du  conseil  d'État  cassait  le  même  jour  l'arrêt  du  i5  sep- 
tembre, en  le  qualifiant  d'attentat  criminel. 

Le  jour  même  où  le  ministère  prenait  ces  énergiques  résolutions,  plusieurs 
escadrons  du  régiment  du  roi  entraient  à  Toulouse  Se  détachaient  un  piquet 
sur  la  place  Royale  pour  y  surveiller  les  abords  de  l'hôtel  de  ville.  Les  rues 
étaient  incessamment  parcourues  par  des  patrouilles  qui  avaient  ordre  d'em- 
pêcher les  attroupements  fk  de  mener  les  récalcitrants  en  prison.  Une  ordon- 
nance du  commandant  en  chef  défendit  de  marcher  en  ville,  après  dix  heures 
sonnées,  sans  porter  une  lanterne  allumée. 

Afin  de  donner  satisfaction  aux  sentiments  religieux  des  parlementaires 
détenus  dans  leurs  maisons,  l'archevêque  les  autorisa  à  établir  chez  eux  un 
oratoire  pour  y  entendre  la  messe  ^. 

Les  magistrats  gardaient  encore  les  arrêts  le  jour  de  la  Saint-Martin 
d'hiver,  date  célèbre  par  la  rentrée  de  tous  les  tribunaux.  Le  cours  de  la  jus- 
tice demeura  donc  suspendu. 

Le  duc  de  Fitz-James  écrivit  au  procureur  général  qu'il  avait  reçu  du  comte 
de  Saint-Florentin  l'autorisation  de  lever  les  arrêts  des  parlementaires  qui 
prendraient  l'engagement  de  ne  rien  délibérer  à  l'avenir  contre  l'enregistre- 
ment &i.  l'exécution  de  l'édit  d'avril  &  de  la  déclaration  du  24;  de  ne  faire  ni 
arrêt  ni  arrêté  pour  soutenir  leurs  premiers  actes;  de  ne  rien  délibérer  contre 
les  radiations  faites  aux  registres,  ni  contre  la  transcription  des  arrêts  du  con- 

'  P'ù'cci  just'ificaùves,  n.  DCCCXCIll,  col.  23")4.  '  Pièces  justijicaùves,  n.  DCCCXC\%  col.  ^r'n, 

Z<  DCCCXCVI,  col.  zz'jS. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  ii83 

seil,  enfin  de  ne  rien  mettre  en  délibération  relativement  à  ce  qui  s'était 
passé  pour  l'enregistrement. 

Le  i8  novembre,  nouveaux  renforts  militaires  :  le  régiment  de  Hainaut 
s'établit  dans  le  faubourg  Saint-Cyprien. 

Mais  la  Gourde  France  avait  alors  double  politique,  Se  lorsque  l'on  croyait 
pouvoir  s'attendre  à  un  acte  décisif  d'autorité,  les  contradictions  les  plus  inat- 
tendues se  produisaient.  Le  3  décembre,  par  ordre  supérieur,  les  arrêts  des 
membres  du  Parlement  furent  levés. 

Le  9,  les  chambres  s'assemblèrent  &  annulèrent  les  radiations'  5  le  17,  elles 
décrétèrent  le  duc  de  Fitz-James  de  prise  de  corps,  comme  criminel  de  lèse- 
majesté,  pour  avoir  fait  arrêter  à  main  armée  tous  les  officiers  de  la  courj  le 
Parlement  ordonnait  de  saisir  le  commandant  en  chef  partout  où  il  serait 
trouvé  dans  le  royaume  &  de  le  conduire  sous  bonne  &  sûre  garde  aux  pri- 
sons de  la  Conciergerie^. 

Trois  huissiers  se  transportèrent  le  lendemain  en  chaise  roulante  au  châ- 
teau de  Montblanc  pour  y  signifier  l'arrêt  au  commandant  en  chef;  mais  ses 
gardes  les  ayant  menacés  de  leurs  mousquetons,  les  huissiers  déguerpirent  8c 
furent  réduits  à  verbaliser  sur  leur  déconvenue. 

Le  duc  de  Fitz-James  partit  de  Toulouse  le  8  janvier  1764,  pour  aller  tenir 
les  Etats  dont  la  session  avait  été  retardée  à  cause  des  événements.  Il  y  eut,  à 
l'occasion  de  son  départ,  un  grand  déploiement  de  forces  militaires. 

En  passant  sur  la  place  R.oyale,  le  duc  s'arrêta  devant  l'hôtel  de  ville,  où  il 
entra  pour  remercier  les  capitouls  des  marques  de  respect  qu'ils  lui  avaient 
données. 

Le  conseil  d'Etat  ne  manqua  point  d'annuler  toutes  les  mesures  outra- 
geantes prises  par  la  cour  de  Toulouse  contre  le  commandant  en  chef;  puis 
une  lettre  de  cachet  ordonna  l'envoi  d'une  députation  de  deux  conseillers  de 
grand'chambre  8c  de  deux  conseillers  des  enquêtes,  sous  la  direction  du  pré- 
sident Nrquet,  afin  de  recevoir  les  ordres  du  roi. 

A  la  fin  de  longs  pourparlers,  parurent  les  lettres  patentes  du  25  février  1764, 
imposant  un  silence  absolu  sur  tout  ce  qui  s'était  passé ^.  Le  Parlement  de 
Toulouse,  qui  s'était  donné  de  grands  mouvements  pour  intéresser  h  sa  cause 
les  autres  compagnies  souveraines  du  pays  8c  qui  avait  participé  à  des  tenta- 
tives générales  d'agitation'*,  laissa  percer  encore  sa  mauvaise  humeur  dans  son 
arrêt  d'enregistrement'";  8c  les  audiences  reprirent  leur  cours  accoutumé,  à  la 
joie  des  plaideurs  8c  de  l'innombrable  population  qui  vivait  de  la  justice. 
Tout  se  termina  par  des  illuminations. 

Comme  le  premier  président  de  Bastard,  au  milieu  de  ces  tristes  querelles, 
n'avait  point  épousé  les  colères  de  la  cour,  il  y  suscita  contre  lui  de  vifs  sen- 
timents d'animosité''.  Les  Parlements  de  France,  avec  leur  prétention  de  se 

'  Plèett  justificatives,  n.  DCCCXCVH,  col.  2169.  ''  Pièces  justificatives,  n.  DCCCCVII,  col.  2288. 

'  Pièces  justificatives,  n.  UCCCXCVIir,  col.  22/5 1 .  '  Pièces  justificatives,  n.  DCCCXCIX,  col.  2203, 

'  Pièces  justificatives,   n.  DCCCCVI,  col.   2286.  n.   DCCCC,    col.   2264,    n.   DCCCCV,    col.  2280' 

'  Pièces  justificatives,    n.  DCCCCIV,  col.  2276.  n.  DCCCCVIII,  col.  229r. 


1763 


1764 


-^^ 1184  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

transformer  en  corps  politiques,  &  leur  acharnement  à  lutter,  non  pas,  ainsi 
qu'ils  le  disaient,  pour  les  intérêts  du  peuple,  mais  pour  la  défense  de  leurs 
prérogatives  Se  de  leurs  exemptions  personnelles,  commençaient  à  se  compro- 
mettre dans  les  convulsions  qui  préludèrent  à  leur  ruine;  &,  quant  au  gou- 
vernement royal,  ayant  la  raison  de  son  côté,  en  refusant  de  subir  les  caprices 
de  quelques  privilégiés,  il  se  donnait  les  apparences  du  contraire  par  la  bru- 
talité des  moyens  qu'il  employait.  Ainsi,  de  part  &.  d'autre,  on  semblait  riva- 
liser de  maladresse  pour  précipiter  la  dislocation  de  l'anci.en  régime. 

Une  déclaration  royale  du  11  février  1764  concernant  les  octrois  &  biens 
patrimoniaux  des  communes  fut  aussi  l'occasion  de  quelques  orages.  Le 
ministre  ne  s'était  point  dissimulé  que  cet  acte  devait  rencontrer  de  l'opposi- 
tion dans  une  Province  où  les  formes  d'administration  autonome  étaient  par- 
ticulièrement chères,  8<.  survivaient  encore,  malgré  de  fréquents  mécomptes, 
à  l'accroissement  continu  du  pouvoir  central.  Aussi  la  communication  de  la 
volonté  royale  fut-elle  accompagnée  de  certains  ménagements,  afin  d'éviter 
une  impression  trop  vive  8c  de  ne  pas  intéresser  directement  les  peuples  à 
l'émotion  des  grands  corps  politiques  &  judiciaires.  Avec  le  texte  de  la  décla- 
ration, M.  de  Saint-Priest  reçut  l'ordre  d'adresser  une  circulaire  à  tous  ses 
subdélégués  pour  leur  faire  connaître  en  substance  les  dispositions  de  l'acte 
royal  sans  le  faire  imprimer  ni  afficher  nulle  part.  On  devait  attendre,  pour 
affronter  cette  publicité  définitive,  que  les  cours  eussent  rendu  leurs  arrêts 
d'enregistrement. 

Le  Parlement  de  Toulouse  enregistra  la  déclaration,  en  ordonnant  aux 
officiers  municipaux  des  communes  d'avoir  à  déposer  au  greffe  de  la  cour  une 
copie  de  tous  les  mémoires  &  pièces  qu'ils  voudraient  transmettre  au  ministre 
des  finances.  Mais  ce  n'est  point  de  ce  côté  que  devaient  surgir  les  difficultés 
les  plus  sérieuses.  M.  de  Saint-Priest  ne  s'était  pas  trompé  sur  le  vrai  foyer 
d'opposition.  «Je  prévois,  écrivait-il  le  22  juin,  des  réclamations  de  la  part 
«  des  États,  si  vous  ne  les  avez  déjà  reçues.  » 

Ces  réclamations  arrivèrent,  en  effet,  sous  la  forme  d'un  mémoire  où  l'as- 
semblée représentative  de  Languedoc  protesta  de  ses  vieux  droits  provinciaux 
dans  un  langage  singulièrement  ferme  &  accentué. 

Elle  déclarait  que  le  mode  d'administration  usité  dans  la  Province  ne  pou- 
vait s'accorder  avec  les  innovations  du  ministère,  pas  plus  avec  l'article  i  2  de 
la  déclaration  du  21  novembre  lyôS,  quant  au  changement  de  destination 
des  biens  patrimoniaux,  des  anciens  octrois  8c  des  subventions,  qu'avec  les 
deux  premiers  articles  de  la  déclaration  du  11  février. 

Elle  dénonçait  comme  un  impôt  déguisé  la  nouvelle  mesure  financière,  8c 
V  répondait  par  un  acte  d'opposition  respectueuse  mais  formelle  en  y  éta- 
blissant, avec  plus  de  netteté  peut-être  8c  plus  d'énergie  qu'elle  ne  l'avait 
jamais  fait,  le  grand  principe  des  pays  d'Etats.  Le  style  même  de  cette  véri- 
table déclaration  des  droits,  qui  n'était  point  neuve  dans  le  fond,  mais  dont 
le  courant  philosophique  semble  avoir  rajeuni  les  termes,  offre  déjà  de  curieux 
symptômes  du  mouvement  qui  se  préparait  dans  les  esprits.  On  en  jugera 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1185 

par  cette  plirase  du  méinoire  :  «  Tous  les  secours  ordinaiies  S<.  extraordinaires 
«  (jue  Sa  Majesté  croit  devoir  retirer  du  Languedoc,  ne  peuvent,  suivant  la 
«  forme  la  plus  ancienne,  la  plus  constante  &  la  plus  autorisée,  être  accordés 
«  que  par  les  États  assemblés,  qui,  dans  cette  partie  du  royaume,  sont  les 
«  véritables  représentans  du  peuple.  » 

Mais  en  même  temps  les  Etats  retrouvaient  leurs  inquiétudes  ombrageuses  à 
l'égard  du  Parlement  de  Toulouse.  Ils  avouaient  n'avoir  pu  apprendre,  sans 
en  être  affectés,  les  démarclies  que  la  cour  avait  commencé  de  faire  5c  dont 
l'arrêt  d'enregistrement  révélait  suffisamment  la  portée,  cette  disposition 
trahissant  le  désir  du  Parlement  de  s'immiscer  dans  l'administration  des  com- 
munes, à  laquelle,  dit  le  rédacteur  du  mémoire,  cette  compagnie  n'a  jamais 
eu  de  part.  L'avocat  de  la  Province  oubliait  ou  feignait  d'oublier  l'influence 
prescjue  exclusive,  qu'à  certaines  époques  tourmentées,  le  Parlement  de  Tou- 
louse s'était  acquise  dans  le  régime  communal.  Il  ajoutait,  d'ailleurs,  que 
l'exemple  du  Parlement  de  Paris,  dont  le  ressort  ne  renfermait  aucun  pays 
d'Etats,  ne  pouvait  autoriser  une  pareille  disposition. 

Le  mémoire  se  terminait  par  l'expression  d'une  volonté  de  résistance  bien 
arrêtée  : 

Il  Les  Etats  vcrroient  avec  la  plus  grande  peine  que  leur  sensibilité,  qui 
«  ne  sauroit  être  plus  juste,  devînt  le  principe  d'une  nouvelle  discussion  à 
«  laquelle  ils  n'auroicnt  pas  donné  lieu,  mais  qu'ils  se  verroient  obligés  de 
«  soutenir  avec  autant  de  fermeté  qu'ils  auroient  eu  de  prudence  8t  d'atten- 
«   tion  pour  la  prévenir'.  » 

Le  bannissement  des  jésuites  avait  excité  dans  toute  la  Province  des  pas- 
sions très-vives.  L'agitation  des  esprits  était  extrême  à  Toulouse,  où  la  com- 
pagnie, maîtresse  de  l'éducation  depuis  le  seizième  siècle,  conservait  une 
influence  considérable  dans  les  lamilles,  êc  pouvait  compter  encore  sur  les 
impressions  de  jeunesse  que  la  génération  virile  la  plus  haut  placée  par  la 
naissance  St  par  la  fortune  avait  emportées  du  collège.  Aussi  les  occasions  de 
protester  contre  la  mesure  violente  qui  avait  expulsé  les  jésuites  du  royaume 
n'v  furent  point  négligées. 

Le  12  août  1764,  une  fête  universitaire  réunit,  après  vêpres,  dans  la  grande 
église  des  frères  prêcheurs  de  Toulouse,  l'assistance  ordinaire  de  ce  genre  de 
solennités.  11  s'agissait  d'une  thèse  dédiée  au  Parlement  par  le  père  Pierre- 
Joseph  Dutour,  dominicain,  professeur  royal  de  théologie,  où  ce  religieux 
traitait  en  cinquante-six  articles  une  question  des  plus  controversées  &  des 
plus  orageuses,  celle  des  limites  de  la  puissance  ecclésiastique  &  de  la  puis- 
sance royale.  Le  titre  même  de  la  thèse  indiquait  les  tendances  de  l'auteur  8c 
révélait  ses  prédilections  en  faveur  de  l'indépendance  du  pouvoir  royal*.  Cette 
thèse  fut  soutenue  en  latin  par  un  autre  dominicain  du  couvent  de  Toulouse, 

'  Mémoire  des  Ktats  de   Languedoc  au    sujet   de  '  De  Ecclesijsl'tcs  Foiestjte   Regum  ac  Principum 

la    iéclaraiion   du   ii   février  i7()4,  conceriiani   les  Imperio  nçijuaijuam  metucnda,  cunctisjue  hominibus 

octrois   &   biens   patrimoniaux  des  comniunautts.  vçncraneta  &•  amania, 
Mst.   Archives   nat.  Corresp.   du   contrôleur  gjnéral. 

XIII.  7' 


1764 


1764 


Il 86  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Benoît  Caussanel.  Après  la  soutenance,  le  père  Dufour,  afin  de  rendre  plus 
accessibles  à  son  auditoire  les  principes  qui  venaient  d'être  exposés,  les  con- 
densa lui-même  dans  un  précis  en  langue  française.  Il  y  exalta  outre  mesure 
les  prérogatives  de  la  puissance  royale,  qu'il  représentait  comme  une  émana- 
tion directe  de  la  divinité,  combattant  en  termes  exprès,  à  l'aide  du  texte  de 
saint  Thomas  8c  d'autres  théologiens  de  son  ordre,  la  nouvelle  doctrine,  déjà 
très  en  faveur  en  ce  moment,  qui  mettait  l'origine  de  la  royauté  dans  une 
simple  convention,  dans  un  contrat  primordial  intervenu  entre  les  sujets  81 
le  souverain,  8c  qui  faisait  du  prince,  non  plus  le  lieutenant  de  Dieu,  mais 
l'agent  de  ses  peuples.  «  Le  roi,  disait-il,  est  dans  le  royaume  ce  que  l'âme 
«  est  dans  le  corps.  »  11  affirmait  que  les  souverains,  8c  surtout  les  rois  de 
France,  ne  devaient  point  être  excommuniés,  8c  que,  d'ailleurs,  s'ils  étaient 
frappés  d'anathème,  l'excommunication  n'amoindrirait  en  rien  leur  puissance 
temporelle.  Tandis  qu'il  étayait  l'autorité  politique  sur  le  droit  divin,  faisant 
ainsi,  sous  prétexte  de  libertés  gallicanes,  la  théorie  du  pouvoir  absolu,  il 
s'efforçait  d'amoindrir  de  toutes  façons  les  prérogatives  du  Saint-Siège.  Il  refu- 
sait au  pape  le  droit  d'annuler  les  vœux  contractés  par  les  religieux  en  leur 
profession;  il  lui  déniait  jusqu'à  la  moindre  autorité  dans  les  conciles,  où  il 
réduisait  son  rôle  pontifical  à  une  simple  promulgation  n'ayant  d'autre  portée 
que  celle  d'un  acte  officiel  de  publicité  8c  d'autre  but  que  d'affirmer  la  régu- 
larité des  procédures.  En  bon  jacobin,  le  père  Dufour  cherchait  surtout, 
parmi  les  religieux  de  son  ordre,  des  autorités  favorables  à  sa  doctrine;  il 
demandait  à  saint  Thomas  lui-même  les  principes  de  l'Église  gallicane,  8c 
finissait  par  évoquer  cinquante-deux  dominicains  comme  adversaires  déclarés 
des  opinions  ultramontaines,  rappelant  avec  orgueil,  d'après  les  expressions 
de  M.  de  Montclar,  que  l'ordre  des  jacobins  avait  toujours  montré  les  sen- 
timents d'un  cœur  français.  Il  ne  dissimula  point  que  les  champions  du 
Saint-Siège  s'étaient  quelquefois  autorisés  des  œuvres  du  Docteur  angélique 
pour  soutenir  des  arguments  directement  contraires;  mais  il  s'en  défendit, 
selon  l'usage,  en  accusant  la  mauvaise  foi  de  ses  adversaires  8c  décocha  en 
passant  quelques  traits  contre  les  jésuites,  «  ces  corrupteurs  de  toute  morale, 
<c  ces  ultramontains  si  justement  proscrits,  qui  avoient  toujours  travaillé  à 
«  répandre  des  ombres  8c  du  venin  sur  la  doctrine  de  saint  Thomas,  pour 
«  avoir  ensuite  le  prétexte  d'en  extraire  de  quoi  étayer  leurs  systèmes  ultra- 
«   montai ns.  » 

Cette  allusion  violente,  qui,  sans  les  nommer,  désignait  si  clairement  les 
exilés  de  la  compagnie  de  Jésus,  ne  pouvait  passer  inaperçue  dans  une  ville 
où  l'ordre  détruit  avait  laissé  de  si  puissantes  attaches.  Elle  attira  au  domini- 
cain une  violente  réponse  anonyme  qui  fut  imprimée,  en  1765,  sous  la  forme 
de  Lettre  d'un  écolier  des  Jésuites.  Le  père  Dufour  s'y  trouvait  rudement 
traité;  on  l'y  qualifiait  de  moinillon,  d'ambitieux,  d'imposteur,  d'ennemi  du 
pape.  On  lui  reprochait  d'avoir  imité  l'âne  de  la  Fable  en  donnant  son  coup 
de  pied  au  lion  agonisant;  on  l'accusait  d'avoir  désiré  avec  ardeur  la  ruine  de 
l'institut  8c  d'avoir  partagé  la  joie  de  ses  confrères,  les  jacobins  de  Toulouse, 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1187 

dont  quelques-uns,  à  la  première  nouvelle  des  persécutions  de  la  compagnie, 
en  1762,  avaient  chanté  &  dansé  d'allégresse  dans  le  jardin  contigu  à  leur 
parloir.  On  lui  faisait  remarquer,  non  sans  justesse,  combien  il  avait  mal 
placé  le  théâtre  de  ses  manifestations  contre  les  jésuites  : 

«  Quelle  ville  avez-vous  choisie  pour  donner  une  pareille  scène?  Ce 

«  désordre  qui,  de  nos  jours,  règne  dans  Toulouse  &  qui  en  fera  bientôt  une 
«  nouvelle  Babylone,  si  l'on  n'y  remédie,  ce  désordre  vous  auroît-il  inspiré 
«  l'audace  d'avancer  en  public  autant  d'impostures?...  Apprenez,  téméraire 
K  Jacobin,  apprenez  que,  malgré  cette  dissolution  crapuleuse,  malgré  cet 
n  esprit  d'idolâtrie  charnelle,  que  nous  portent  journellement  ces  essaims  de 
<i  prostituées  qui  font  tant  de  ravages  dans  nos  murs,  malgré  tous  ces  hardis 
<i  fabricateurs  de  libelles  infâmes,  où  l'on  attaque  sans  ménagement  tout  ce 
«  que  notre  sainte  religion  a  de  plus  respectable,  de  plus  sacré;  apprenez, 
«  dis-je,  que,  malgré  ces  torrens  de  corruption  81  d'abomination  qui  sem- 
«  blent  nous  devoir  submerger  tous,  Toulouse  nourrit  encore  dans  son  sein 
(I  Se  nourrira  tant  qu'elle  existera  des  âmes  pures  &  vertueuses,  des  âmes  cou- 
«  rageuses  Se  catholiques  qui  se  récrieront,  qui  se  révolteront  contre  tous  les 
«  scandales  pareils  à  ceux  que  vous  venez  de  nous  donner  (p.  i5i).  «  On  lui 
annonçait,  d'ailleurs,  sans  ménagement,  que  si  les  jésuites  étaient  dans  l'exil, 
restait  la  foule  innombrable  des  élèves  qu'ils  avaient  formés,  8<  que  le  senti- 
ment de  reconnaissance  envers  d'anciens  maîtres  armerait  pour  leur  défense. 
«  Nous  sommes  quelques  écoliers,  ajoutait-on,  qui  avons  fait  une  ligue,  non- 
(c  seulement  contre  vous,  mais  encore  contre  tous  vos  associés...  Cette  graine 
c(  d'écoliers  pullulera  &  vous  tracassera,  vous  8c  vos  confrères,  peut-être  plus 
«  que  n'auroient  fait  les  soi-disans  eux-mêmes  (p.  84).  » 

Puis  on  reprenait  en  détail  les  arguments  du  père  Dufour,  8c  l'on  essayait 
de  lui  prouver  que  les  doctrines  ultramontaines  les  plus  excessives  étaient 
contenues  dans  la  Somme  de  saint  Thomas  8<l  dans  les  œuvres  théologiques 
de  la  plupart  des  dominicains,  dont  la  thèse  invoquait  le  témoignage.  On  y 
mettait  en  lumière,  avec  une  insistance  acharnée,  certains  passages  de  ces 
auteurs,  contenant,  pour  des  cas  particuliers,  la  justification  du  régicide,  du 
tyrannicide  8c  de  l'insurrection  populaire,  8c  le  publiciste  inconnu  ne  lais- 
sait pas  échapper  l'occasion  d'évoquer  plusieurs  figures  sinistres  de  la  famille 
dominicaine  :  frère  Jacques  Clément,  Edme  Bourgoing,  son  prieur  8c  son 
complice;  les  frères  Arger,  Ridicoux  8c  Oudin,  exécutés  pour  tentatives  de 
réeicide;  Timermann,  qui  donna  l'absolution  à  l'assassin  du  prince  d'Orange, 
8c  Bernard  de  Montpulcien.  De  ces  régions  historiques  8c  dogmatiques,  où  se 
donnait  carrière  un  vif  sentiment  d'animosité  8c  de  rancune  contre  l'ordre 
des  frères  prêcheurs  tout  entier,  l'écrivain  descendait  parfois  jusqu'à  des  per- 
sonnalités grotesques  contre  ses  antagonistes,  reprochant  au  père  Dufour  sa 
bosse  naissante  81  les  baleines  de  son  corset,  8c  à  Benoît  Caussanel  «  sa  face 
«  patibulaire  8c  son  col  tors.  »  Chemin  faisant,  le  jansénisme  n'était  pas 
épargné;  «  les  modernes  Pharisiens,  les  honnêtes  Tartufes,  »  y  recevaient  à 
l'occasion  quelques-uns  des  traits  familiers  à  ce  genre  de  controverse,  8c  Pascal 


1764 


\-j6^ 


ti88  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

y  était  appelé  «  l'Arlequin  du  jansénisme.  »  I.a  Ga^tte  ecclésiastique,  fré- 
quemment prise  à  partie,  s'y  trouvait  aussi  criblée  d'épithètes  malsonnantes. 
C'était  «  le  menteur  hebdomadaire  (p.  46)...  les  papiers  du  greffier  de  Béel- 
«  zébuth  (p.  43).  »  On  reprochait  au  dominicain  d'en  faire  sa  lecture  habi- 
tuelle : 

«  Vous  avez  un  bureau  d'adresse  où  l'on  vous  porte  la  feuille.  C'est  une  de 
«  vos  dévotes  sexagénaires  qui  la  reçoit  &.  la  remet  ensuite  à  un  de  vos  frères. 
«  Je  l'ai  vu.  Je  connois  la  vieille;  je  puis  indiquer  son  logement,  qui  n'est 
<i   pas  loin  de  vos  cellules  (p.  70).  » 

Le  pamphlet  se  terminait  par  une  sorte  de  caricature  écrite  ou  de  compo- 
sition idéale,  par  où  l'auteur  voulait,  dit-il,  se  conformer  au  goût  du  temps 
pour  les  estampes  8c  répondre  à  la  gravure  symbolique  dont  le  père  Dufour, 
suivant  l'usage,  avait  encadré  sa  thèse.  L'écolier  des  soi-disant  imagine  un 
édifice  carré  portant  deux  figures  colossales  :  l'une  est  saint  Thomas,  la  plume 
à  la  main,  foulant  sous  ses  pieds  un  groupe  de  serpents,  de  crapauds  8c  de 
jésuites  armés  de  poignards;  l'autre  est  le  père  Dufour  lui-même,  un  peu 
courbé  derrière  saint  Thomas,  taisant  glisser  adroitement  son  bras  par-dessous 
celui  du  Docteur  angélique,  effaçant  la  moitié  de  ce  que  le  saint  docteur 
écrivait  8c  ajoutant  au  reste  ses  propres  sentences.  A  chaque  face  de  l'édifice, 
les  quénelistes  admirent  un  grand  tablean.  Le  premier  représente  le  père 
Dufour,  à  la  tète  d'une  armée  innombrable,  composée  de  moines  de  toute 
espèce,  confusément  mêlés  avec  des  jacobins,  presque  tous  aux  places  d'hon- 
neur. Les  enfants  perdus,  tous  jacobins  8c  capucins  à  demi-rasés,  commandés 
par  Caussanel,  sont  prêts  à  donner  contre  cinq  ou  six  misérables  jésuites 
décrépits,  estropiés  par  le  temps  Se  le  travail,  à  peine  visibles  dans  le  loin- 
tain de  la  campagne. 

Le  deuxième  tableau  figure  l'intérieur  d'un  antre  creusé  par  l'Athéisme, 
l'Irréligion  8c  l'Impiété,  dans  les  rochers  qui  défendent  l'entrée  des  enfers. 
La  Discorde,  le  Schisme  8c  la  Sédition,  armés  de  poignards,  paraissent  sur  le 
seuil.  Les  parois  sont  garnies  de  tablettes  chargées  des  œuvres  de  Quénel, 
d'Arnaud,  de  Pascal,  de  Baïus,  de  Luther  8c  de  Calvin,  dont  les  portraits 
décorent  la  bibliothèque.  Au  milieu  du  trône,  Lucifer  foulant  aux  pieds  bon- 
nets carrés,  croix,  tiares,  mitres,  bulles,  sans  oublier  le  Recueil  des  conciles  8c 
les  Actes  des  Apôtres.  A  gauche  de  Lucifer  sont  l'Imposture  8c  l'Artifice;  à 
droite,  la  Calomnie  8c  la  Diffamation,  La  Bigoterie  présente  au  dieu  cornu 
des  feuilles  qu'il  noircit  8c  que  la  Révolte  distribue  à  quelques  vieux  curés  Se 
chanoines  portant  l'écharpe  de  Quénel.  Des  diablotins  ailés  vont  répandre  le 
mensonge  par  tout  l'univers.  Une  grande  8c  belle  dame.  Madame  Perrete, 
trône  aussi  dans  ce  repaire;  elle  puise  de  l'or  dans  une  boîte  pour  payer 
l'engagement  de  quelques  jeunes  ecclésiastiques,  en  collet  sale  8c  soutane 
rapiécée,  qu'elle  prend  à  la  solde  de  Lucifer. 

Dans  le  troisième  cadre,  le  dominicain  Garralon,  le  poignard  à  la  main, 
monté  sur  un  cheval  fougueux,  caparaçonné  jusqu'aux  talons  8c  tout  chamarré 
de  jactums,  de  mémoires,  de  réponses  Se  de  répliques,  court,  à  la  tête  d'une 


LIV.   IV.  LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1189 

troupe  de  jacobins  déserteurs,  assiéger  le  château  du  général  de  l'ordre.  Au 
sommet  de  la  montagne,  dont  cette  maison  occupe  la  pente,  apparaît  le  châ- 
teau Saint-Ange.  Le  mot  liberté  se  lit  sur  les  drapeaux  des  assiégeants,  que 
secoue  un  vent  impétueux  «  parti  des  rives  de  la  Tamise.  » 

Enfin,  le  quatrième  tableau  représente  le  sous-diacre  Caussanel  brûlant  la 
bulle  Unigenitus  au  milieu  d'un  monceau  de  brefs,  d'arrêts  &  d'in-Jolio  des 
jésuites. 

Le  pamphlétaire  terminait  son  édifice  idéal  par  quatre  groupes  placés  aux 
quatre  angles  :  Madame  de  Mondonville  écoutant  la  confession  d'une  de  ses 
pensionnaires,  —  Jansénius  catéchisant  un  jésuite,  —  une  vieille  duègne 
lisant  une  feuille  intitulée  :  Mensonges  ecclésiastiques,  —  St  enfin  le  diacre 
Paris  occupé  à  lever  la  cataracte  des  yeux  d'une  de  ses  dévotes.  Une  chaîne 
tde  médaillons,  courant  dans  l'ensemble  de  l'ornementation,  devait  représenter 
les  cinquante  S<.  un  docteurs  gallicans  de  la  famille  dominicaine. 

Cette  longue  pièce  de  polémique  fantaisiste  se  complétait  par  un  quatrain 
à  l'adresse  du  père  Dufour'  S<.  par  quelques  strophes  «  aux  quénelistes,  cyra- 
«   nistes,  jansénistes,  pharisiens,  athées,  déistes,  &C.*.  » 

Telles  étaient  les  formes  d'acrimonie  à  la  fois  frivole,  ironique  &  brutale, 
qu'affectait  alors  la  controverse  religieuse,  préparant  par  son  irrévérence  les 
triomphes  de  l'ennemi  commun.  Se  laissant  pressentir,  dans  ses  intempérances 
d'idée  S<.  de  style,  les  allures  déjà  prochaines  du  langage  révolutionnaire. 

La  suppression  de  la  compagnie  de  Jésus  ayant  mis  en  question  l'exis- 
tence du  collège  de  Toulouse  dont  cette  société  avait  la  direction  depuis 
l'année  k")66  (par  lettres  patentes  du  19  décembre),  le  roi  donna,  le  17  no- 
vembre 1764,  à  Versailles,  des  lettres  patentes  pour  assurer  la  conservation 
de  cet  établissement,  sous  le  titre  de  Collège  Royal,  St  le  maintenir  en  pos- 
session de  tous  ses  biens. 

Le  patrimoine  du  collège,  successivement  augmenté  par  des  donations  & 
des  fondations  pieuses,  consistait  en  une  pension  de  douze  cents  livres 
accordée  par  la  ville  en  1578,  un  don  annuel  de  deux  cents  livres  fait  par  les 
capitouls  pour  achat  de  livres  de  prix,  une  rente  annuelle  de  cent  vingt  livres 
sur  l'archevêché;  les  revenus  des  deux  prébendes  préceptoriales  du  chapitre 
de  Saint-Etienne  St  de  Saint-Sernin,  Se  ceux  des  cinq  prieurés  de  Castelnau 
d'Estrétefons,   Sainte-Foy   de   Peyrolières^,    Fuyvert"*,    Madiran^   8<.  Sainl- 

■               <i  A  vous  mon  frère.  historiques  &  apologétiques,  sur  la   puissance   ec- 
clésiastique, que  les   rois  3c  les   princes   ne  doivent 

.  Tcmc'raire  Dufour,  quelle  fut  ton  audace?  nullement  redouter  &  que  tous  les  hommes  doivent 

"  Tu  crus  donc  de  la  gloire  élever  le  berceau  ■           o     i                              .- 

.Sur  les  maux  actuels  des  disciples  d-l^nacc?  "■'"""  ^    honorer Soutenue,    tant    bien    que 

.  I).-  la  Rloirc,  insensé,  tu  creuses  le  tombeau.  .  '"i'I.  '«  n  août  1764,  par  Benoît  Caussanel,  aussi 

dominicain,  après  vêpres  (chantées  à  la  hâte)  dans 

'  Li.ître  d'un  jeune  écolier  des  soidisans,  au  rêvé-  l'église   des    FF.   prêcheurs   de  Toulouse.  Ad   vene- 

rend  le  très- révérend  frère  Pierre-Joseph  Dufour,  randas  Angelici  Doctoris  exuvias...  M.DCC.LXV, 

dominicain,  professeur  royal  de  théologie.  Au  su-  219  p.  in-12. 

jet  de  sa    thèse,  dédiée  au  Parlement  séant  à  Tou-  '  Diocèse  de  Toulouse, 

louse,  contenant  cinquante-six   articles,  paragra-  ■*  Diocèse  de  Mirepoix. 

phc$  ou    assenions   dogmatiques,  métaphysiques,  ^  Diocèse  de  Tarbes. 


176.» 


1764 


Il 90  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

André  de  Maîrencoules '.  Le  collège  possédait  en  outre  deux  maisons,  l'une  à 
la  Lande,  l'autre  appelée  Campagne.  Le  roi  en  ordonna  la  vente  à  la  charge 
d'en  employer  le  prix  en  acquisitions  de  rentes  &  autres  effets  autorisés  par 
l'édit  du  mois  d'août  1749  aux  gens  de  mainmorte. 

Quant  au  droit  de  patronage  ecclésiastique  des  cures  dépendant  des 
prieurés,  le  roi  le  supprimait  Si  rendait  aux  évêques  diocésains  la  nomina- 
tion des  curés. 

Le  personnel  du  collège  était  composé  d'un  principal,  à  dix-huit  cents 
livres  d'honoraires,  un  sous-principal  ou  préfet,  deux  professeurs  de  philo- 
sophie, un  professeur  de  mathématiques,  un  professeur  de  rhétorique  &  un 
régent  de  seconde,  à  douze  cents  livres,  &i  enfin  quatre  régents,  à  huit  cents 
livres,  pour  les  classes  de  quatrième,  cinquième  &.  sixième. 

L'enseignement  était  gratuit. 

Outre  les  honoraires,  le  personnel  enseignant  devait  loger  dans  le  col- 
lège 81  y  être  nourri  aux  frais  de  l'établissement,  mangeant  en  commun  à 
une  table  particulière. 

La  création  de  nouvelles  chaires,  en  cas  d'augmentation  de  revenus,  était 
laissée  à  la  discrétion  du  bureau  d'administration,  sauf  à  faire  homologuer 
ses  délibérations  par  arrêt  de  la  grand'chambre  du  Parlement  de  Toulouse, 
rendu  à  la  requête  du  procureur  général  &  sans  frais. 

Le  roi  laissait  au  bureau  d'administration  le  droit  d'accorder  des  pensions 
d'émérite  aux  divers  membres  du  collège,  après  vingt  années  de  service,  jusqu'à 
la  somme  de  cinq  cents  livres,  &  d'en  devancer  même  le  terme  en  cas  d'in- 
firiiiité. 

Les  deux  professeurs  de  philosophie  devaient  être  agrégés  à  la  faculté  des 
arts,  ainsi  que  ceux  de  l'Esquile;  Si  les  deux  professeurs  de  la  faculté  qui 
venaient  y  taire  leurs  cours  devaient  dorénavant  les  faire  aux  classes  de 
l'Université,  ainsi  que  cela  se  pratiquait  avant  la  réunion  de  ces  deux  chaires 
à  la  compagnie  de  Jésus. 

L'établissement  d'un  pensionnat  était  permis. 

«  La  situation  de  notre  ville  de  Toulouse,  sa  grandeur,  son  ancienneté, 
<(  l'avantage  qu'elle  a  d'être  la  capitale  du  Languedoc,  ainsi  que  le  siège  d'un 
«  grand  archevêché  6<.  du  second  Parlement  de  notre  royaume,  &  plus  encore 
«  le  goût  naturel  de  ses  habitans,  Si  leur  amour  pour  les  lettres  81  les  arts, 
<<  qui  l'ont  rendue  de  tout  temps  le  centre  des  études  des  provinces  mèridio- 
«  nales  de  notre  royaume,  y  ont  fait  établir  dès  les  temps  les  plus  reculés,  la 
«  seconde  Université  de  nos  Etats,  81  des  écoles  célèbres,  qui  ont  été  fréquen- 
«  tées  jusqu'à  ce  jour  par  le  plus  grand  nombre  d'écoliers  de  toutes  les  nations.» 

Les  lettres  patentes  rappelaient  la  réunion  de  plusieurs  collèges  par  Henri  II. 

Le  roi  en  maintenant  cet  établissement  «  qui  a  paru  mériter  d'être  con- 
'  serve  pour  le  bien  public  61  pour  le  bien  particulier  de  la  ville,  crée  deux 
(c  chaires  de  philosophie  distinctes  de  celles  de  la  faculté.  » 

'  Diocèse  d'Alais. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  iigi 

«  Si  les  engagements  pris  par  les  lettres  patentes  du  2  février  lyôS  81 
«  2  avril  1764  ne  permettent  pas  de  donner  en  ce  moment  toute  l'étendue 
(i  dont  il  est  susceptible,  la  bonne  administration  que  nous  y  établirons  8c 
t(  la  protection  que  nous  lui  accorderons  en  toute  occasion  nous  donneront 
«   la  satisfaction  de  le  voir  augmenter.  » 

Le  bureau  d'administration  était  composé  de  l'archevêque  président,  du 
premier  président,  du  procureur  général,  des  deux  premiers  officiers  muni- 
cipaux, de  deux  notables  de  la  ville  choisis  par  le  bureau,  &  du  principal 
du  collège,  assemblés  deux  fois  par  mois,  conformément  aux  prescriptions 
de  l'édit  du  roi,  donné  à  Versailles  au  mois  de  février  1763,  portant  règle- 
ment pour  les  collèges  qui  ne  dépendaient  pas  des  Universités. 

Le  comte  d'Eu,  gouverneur  de  la  Province,  alla  tenir  en  personne,  sur  la 
fin  du  mois  de  novembre,  la  session  des  Etats  de  Languedoc  à  Montpellier. 
L'apparition  d'un  prince  de  la  maison  royale  à  la  tête  de  cette  assemblée  était 
un  fait  bien  nouveau  pour  le  pays  8<.  s'expliquait  par  la  situation  particulière 
du  duc  de  Fitz-James.  Le  Languedoc  se  trouva  à  la  même  époque  gratifié  de 
deux  intendants,  le  vicomte  de  Saint-Priest  ayant  réussi  à  se  faire  adjoindre 
en  cette  qualité  son  fils  Marie-Joseph- Emmanuel  de  Guignard  de  Saint- 
Priest,  maître  des  requêtes  de  l'hôtel  du  roi. 

Aucun  fait  extraordinaire  ne  marqua  du  reste  cette  session.  Le  comte  d'Eu 
porta  la  parole,  comme  premier  commissaire  du  roi,  pour  solliciter  le  don 
gratuit  Se  l'obtint  d'une  délibération  unanime.  Le  public  s'occupa  beaucoup 
de  la  magnificence  que  déploya  le  prince  pendant  tout  son  séjour  en  Lan- 
guedoc &  de  sa  large  hospitalité.  Sa  table  était  toujours,  à  diner,  de  soixante- 
dix  à  quatre-vingts  couverts,  8c  de  cent  à  cent  cinquante  à  souper.  Le  soir 
même  du  feu  d'artifice  offert  par  la  ville,  on  ne  compta  pas  moins  de  trois 
cent  cinquante  convives,  8c  douze  tables  très-nombreuses  8c  très-bien  servies. 
Les  nouvellistes  décrivirent  avec  admiration  l'imposante  domesticité  employée 
dans  ces  festins.  Elle  se  composait  de  deux  cent  trente-deux  personnes.  Il  y 
avait,  pour  la  cuisine  8c  les  entremets,  douze  chefs,  douze  aides  8c  douze  gar- 
çons; pour  la  pâtisserie,  quatre  chefs,  quatre  garçons;  pour  la  rôtisserie, 
quatre  chefs,  quatre  aides  8c  douze  garçons  j  pour  l'office,  huit  chefs,  huit- 
aides  8c  huit  garçons;  pour  le  garde-manger,  un  commis,  un  resserreur  8c  un 
garçon;  pour  la  cantine,  deux  chefs,  deux  aides  8c  deux  garçons;  pour  l'ar- 
genterie, deux  chefs,  trois  garçons;  pour  la  panneterie,  un  chef  8c  deux  gar- 
çons; Se  enfin  vingt-quatre  laveurs,  laveuses  ou  balayeurs. 

Les  consommations  de  la  petite  cour  furent  considérables.  Le  Courrier 
d' Avignon  raconte  que  l'on  mangea  six  boeufs  par  semaine,  trente-six  à  qua- 
rante veaux,  soixante-douze  moutons  ordinaires,  autant  de  moutons  de 
Ganges  Se  plus  encore  d'agneaux  de  Tarascon,  avec  une  quantité  prodigieuse 
de  volaille  8c  de  gibier.  La  maison  du  prince  comprenait  environ  quatre  cents 
personnes  :  gentilshommes  de  la  chambre,  aumônier,  gardes  du  corps,  pages, 
officiers  subalternes  8c  gens  de  livrée. 

A  la  faveur  d'une  brillante  journée  d'hiver,  le  comte  d'Eu  alla,  le  10  dé- 


1764 


«765 


~ 1191  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

cembre,  visiter  le  port  de  Cette,  où  il  fut  salué  par  l'artillerie  du  fort  Se  de 
la  ville.  11  monta  à  bord  du  canot  de  la  Province  élégamment  décoré,  au 
milieu  des  salves  d'une  vingtaine  de  vaisseaux  marchands  de  diverses  nations 
mouillés  dans  le  bassin.  Il  visita  le  port  dans  tous  ses  détails,  contempla 
quelques  instants  le  spectacle  de  la  pêche  «  à  la  bourdigue,  »  &  reprit  le 
chemin  de  Montpellier,  après  avoir  distribué  vingt  louis  de  pourboire  aux 
équipages. 

Le  25,  jour  de  Noël,  le  prince  fit  offrir  le  pain  bénit  dans  l'église  Notre- 
Dame.  Toute  sa  maison  y  assistait,  avec  les  intendants,  les  officiers  de  la 
cour  des  aides  &  du  sénéchal.  Si  un  grand  nombre  de  dames.  Les  huit 
gâteaux  firent  leur  entrée  dans  l'église,  portés  sur  des  brancards  par  des  gens 
de  livrée  qui  tenaient  des  guidons  aux  armes  du  prince,  Se  précédés  d'un 
détachement  d'infanterie,  trompettes,  tambours  Si  timbales  sonnant.  L'aumô- 
nier marchait  derrière  les  pains,  en  rochet  blanc,  petit  manteau  Si  bonnet 
carré,  portant  un  cierge  k  poignée  de  velours  bleu,  dans  lequel  étaient 
incrustés  dix  louis  d'or.  ^ 

A  l'occasion  du  jour  de  l'an,  le  comte  d'Eu  reçut  à  souper  quarante-neuf 
dames  qui  s'assirent  seules  à  table  avec  Son  Altesse  Si  qui  furent  servies  par 
une  foule  de  cavaliers  dont  plusieurs  lieutenants  généraux.  Le  service  était 
entièrement  de  vaisselle  plate,  dont  la  valeur  dépassait,  dit-on,  six  mille 
marcs  d'argent.  Le  prince  avait  fait  annoncer  son  départ  pour  le  lendemain 
à  huit  heures,  mais  vers  trois  heures  du  matin,  au  sortir  de  table,  il  se  déroba 
discrètement  61  monta  en  chaise.  Les  curés  de  Saint-Pierre,  de  Notre-Dame, 
de  Sainte-Anne  Si  de  Saint-Denys  firent,  en  son  nom,  d'abondantes  aumônes 
aux  pauvres  de  leurs  paroisses;  8t  l'on  répandit  dans  la  Province  que  les 
réductions  accordées  sur  le  brevet  militaire,  les  deux  vingtièmes  Si  le  don 
gratuit  étaient  dues  à  l'initiative  du  somptueux  gouverneur.  Les  habitants  de 
Montpellier,  qui  ne  s'étaient  jamais  vus  à  pareilles  fêtes,  se  flattèrent  de  l'es- 
poir qu'elles  se  renouvelleraient  cliaque  année;  mais  le  comte  d'Eu  ne  revint 
pas,  61  ce  fut  le  prince  de  Beauvau ,  successeur  de  Fitz-James,  qui  tint  sa 
place. 

Deux  édits  importants,  l'un  du  mois  d'août  1764,  l'autre  du  mois  de  mai 
de  l'année  suivante,  inspirés  tous  deux  par  l'esprit  de  justice  Si  de  liberté 
qui  passait  alors  accidentellement  Si  par  saccades,  des  écrits  des  philosophes 
dans  la  pratique  des  ministères,  étaient  venus  modifier,  dans  une  direction 
sagement  libérale,  l'administration  des  communes  de  France  en  établissant 
les  principes  destinés  à  régler  la  gestion  de  leurs  biens  Si  en  déterminant 
les  règles  d'après  lesquelles  les  habitants  du  moindre  village,  concourant  à  la 
nomination  de  leurs  officiers  municipaux,  devaient  participer  par  eux-mêmes 
à  l'emploi  des  revenus  Si  k  la  défense  des  intérêts  communs. 

Ces  mesures  équitables  dont  l'idée  génératrice  était  cet  axiome  de  droit 
public,  que  les  intéressés  doivent  avoir  la  direction  de  leurs  affaires,  pou- 
vaient paraître  une  nouveauté  dans  une  grande  partie  de  la  France  où  des 
siècles  de  féodalité  Si  de  monarchie  absolue  avaient  singulièrement  altéré  les 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1193 

vieilles  notions  de  personnalité  communale  &  paralysé  toutes  les  énergies.  Il 
n'en  était  pas  de  même  en  Languedoc.  Grâce  à  son  ancienne  constitution 
représentative  &  à  ce  qui  survivait  encore,  malgré  tant  d'usurpations  S<.  d'en- 
treprises, des  vieilles  libertés  municipales,  la  province  de  Languedoc  était  en 
avance  sur  le  reste  du  royaume.  Aussi  ne  fut-elle  pas  comprise  dans  les  dis- 
positions des  nouveaux  édits;  le  roi  déclarant,  pour  justiiier  cette  exception, 
que  la  sage  administration  établie  dans  les  communes  de  Languedoc  les  fai- 
sait jouir  déjà  d'une  partie  des  avantages  qu'il  avait  voulu  procurer  à  tous  ses 
sujets,  8<  se  réservant  de  déterminer  plus  tard,  d'après  les  avis  8c  les  informa- 
tions des  Etats  de  la  Province,  les  derniers  perfectionnements  qui  devraient 
compléter  cet  heureux  ensemble. 

Les  études  se  prolongèrent  pendant  deux  ans.  Il  en  résulta  que  si  les  com- 
munes de  Languedoc,  en  vertu  de  leurs  franchises  séculaires,  se  trouvaient 
déjà  en  possession  de  la  plupart  des  droits  récemment  restitués  par  la  monar- 
chie aux  autres  pays  de  France,  ces  droits  antiques  n'avaient  pas  laissé  que 
d'y  subir  de  graves  atteintes.  La  cause  principale,  sinon  unique,  était  dans 
les  exigences  du  trésor  81  dans  ces  mesures  fiscales  qui,  sacrifiant  au  désir 
d'un  bénéfice  immédiat  toutes  les  forces  locales,  avaient  substitué  aux  vieilles 
formes  de  l'élection  consulaire  le  système  des  offices  payés  à  prix  d'argent  St 
introduit  dans  l'ordre  municipal  cette  vénalité  des  charges,  traditionnelle 
dans  l'ordre  judiciaire,  mais  partout  condamnée  par  l'opinion  malgré  la  con- 
sécration des  siècles.  Ces  charges  subsistaient  encore  dans  un  grand  nombre 
de  communes  de  Languedoc  où  les  élections  étaient  supprimées.  La  perma- 
nence de  ces  fonctions  achetées  à  beaux  deniers  comptants  Se  possédées  en 
titre  par  des  paniculicrs  dans  une  province  que  l'on  regardait  avec  raison 
comme  la  terre  classique  des  franchises  municipales,  faisait  un  contraste  illo- 
gique avec  le  courant  de  liberté  qui  modifiait  en  ce  moment  le  régime  de 
toutes  les  communes  françaises.  Ce  fut  la  matière  d'un  nouvel  cdit  en  trente- 
quatre  articles,  qui  fut  signé  à  Versailles,  au  mois  de  mai  1766,  enregistré 
au  Parlement  de  Toulouse,  le  ij  juin,  &  à  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier, le  II  septembre  de  la  même  année'. 

Le  roi  déclarait  dans  le  préambule  qu'il  avait  eu  pour  but  de  détruire  les 
derniers  obstacles  qui  gênaient  encore  en  Languedoc  «  la  liberté  ancienne- 
i<  ment  accordée  aux  citoyens  de  choisir  leurs  officiers  municipaux  »  S<  aussi 
de  faire  jouir  la  Province  de  plusieurs  dispositions  des  édits  de  1764  &  1765 
qui  lui  seraient  avantageuses  8t  qui  pourraient  aisément  se  concilier  avec 
l'ordre  traditionnel. 

Depuis  les  derniers  mois  de  l'année  1764,  les  montagnes  du  Gévaudan 
étaient  désolées  par  les  ravages  d'animaux  carnassiers  qui  décimaient  les  trou- 
peaux Se  qui  firent  périr  vingt-six  personnes.  L'imagination  des  habitants, 
frappée  par  la  fréquence  St  la  gravité  de  ces  attaques,  les  attribuait  à  quelque 
bête  extraordinaire  &t  monstrueuse.  Les  esprits   moins  exaltés  prenaient  la 

■  Recueil  Jei  èdils  Sr  Jéclarations  Je  la  province  ie  Languedoc. 


17O6 


~^ II 94  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

bête  du  Gévaudan  pour  une  hyène,  échappée  d'une  ménagerie,  ou  même 
pour  un  loup.  Le  plus  vraisemblable,  c'est  qu'un  grand  nombre  de  ces  ani- 
maux de  forte  taille  fréquentaient  alors  les  hauts  plateaux  de  la  Truyère  Se 
du  Lot  &  les  confins  du  Rouergue  &  de  l'Auvergne,  Si  que  la  crédulité  popu- 
laire rejetait  sur  un  seul  animal  les  méfaits  de  toute  une  bande.  Quoi  qu'il 
en  soit,  la  bête  du  Gévaudan  préoccupa  bientôt  non-seulement  le  diocèse  &f, 
la  Province,  mais  la  France  entière. 

Des  battues  furent  organisées  dans  le  pays;  plus  de  cent  paroisses  de  l'Au- 
vergne, du  Gévaudan  &  du  Rouergue  y  prirent  part;  l'évêque  de  Mende  y 
envoya  de  bons  tireurs,  6c  le  syndic  diocésain  suivit  les  opérations.  Après 
avoir  désolé  les  cantons  de  Langogne  Se  du  Vivarais,  la  bête  semblait  avoir 
changé  de  quartier  &  rôdait  dans  une  trentaine  de  paroisses  du  côté  de  Saint- 
Chély.  M.  Duhamel,  capitaine  aux  volontaires  de  Clermont,  se  rendit  à 
Saint-Chély,  par  ordre  du  commandant  de  la  Province,  avec  un  détachement 
de  cinquante-six  dragons.  Ils  firent  jour  &  nuit  des  courses  continuelles  Si 
crurent  plus  d'une  fois  avoir  rencontré  la  bête,  mais  sans  réussir  à  l'atteindre. 
C'est  à  peine  si,  dans  une  chasse  générale  du  7  février,  où  un  paysan  l'avait 
tirée,  on  put  signaler  sur  la  neige  quelques  gouttes  de  sang. 

On  eut  alors  recours  à  l'expérience  d'un  M.  Denneval,  gentilhomme  de 
Normandie,  renommé  pour  la  chasse  du  loup.  Il  arriva  avec  son  fils  8c  six 
chiens;  on  lui  confia  la  direction  des  battues,  mais  sans  grand  succès.  Lorsque 
l'année  suivante,  au  mois  de  mars,  les  Etats  particuliers  de  Gévaudan  se  réu- 
nirent à  Marvéjols,  le  syndic  leur  exposa  que  depuis  son  dernier  rapport, 
vingt-deux  personnes  avaient  encore  été  égorgées  6c  que  l'on  comptait  à  peu 
près  autant  de  blessés.  En  Auvergne,  des  malheurs  analogues  se  produi- 
saient. 

Le  roi  fit  partir  alors  pour  le  Gévaudan  M.  Antoine,  lieutenant  de  ses 
chasses,  8c  son  porte-arquebuse,  qui  amena  avec  lui  plusieurs  de  ses  garde- 
chasses  6c  ceux  des  princes  du  sang.  Ces  veneurs  éprouvés  reconnurent,  par 
les  traces  trouvées  auprès  des  cadavres  des  victimes,  que  les  auteurs  de  tout  ce 
carnage  étaient  des  loups.  Un  détachement  des  chiens  de  la  loitveterie  du  roi 
fut  employé  à  de  grandes  battues  qui  occasiontièrent  la  mort  de  plusieurs 
loups.  Mais  les  accidents  ne  cessaient  pas;  on  signala  presque  journellement 
quelque  personne  blessée  jusqu'au  20  septembre  1765.  Ce  jour-là,  M.  An- 
toine, chassant  dans  un  bois  de  l'abbaye  des  Chazes,  en  Auvergne,  y  tua  un 
gros  loup  8c,  peu  de  temps  après,  une  louve  8c  ses  louveteaux.  Alors  les 
sinistres  se  ralentirent,  £c  le  porte-arquebuse  du  roi  reprit  le  chemin  de  la 
Cour  avec  sa  suite.  Cependant,  au  mois  de  décembre,  un  jeune  homme  fut 
encore  blessé  dans  la   paroisse  de  Paulhac,  Se  un  autre  dévoré  en  Auvergne. 

Informé  par  l'intendant,  le  ministre  lui  envoya  un  mémoire  contenant 
différentes  méthodes  pour  la  destruction  des  loups.  Ce  mémoire  fut  commu- 
niqué par  Saint-Priest  au  syndic  diocésain,  avec  ordre  d'en  répandre  des 
exemplaires  dans  le  pays. 

Le  procédé  qui   fut  considéré  comme  le   plus  sûr  fut  d'empoisonner  des 


LIV.   IV.   LA   RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  ng5 

chiens  avec  de  la  noix  vomique,  du  verre  pilé,  de  l'oignon  de  colchique  8c 
de  1  éponge  frite  à  la  poêle  avec  de  la  graisse,  de  faire  ensuite  plusieurs 
ouvertures  dans  le  corps  du  chien  8c  de  les  remplir  avec  ce  poison;  de  fermer 
ces  ouvertures  au  moyen  de  fiente  de  vache  Se  d'exposer  le  chien,  ainsi  pré- 
paré, dans  les  lieux  fréquentés  par  les  loups.  Deux  enfants  ayant  été  dévorés 
au  mois  de  mars  1766,  l'un  à  Montchauvet,  près  de  Servières,  l'autre  dans  la 
paroisse  de  Saint-Privat  du  Fau,  le  syndic  fit  exposer  en  ces  deux  endroits 
des  chiens  empoisonnés,  8c,  au  hout  de  peu  de  jours,  on  découvrit  un  loup 
mort  dont  l'autopsie  révéla  l'ingestion  du  poison. 

Des  primes  considérables  avaient  été  offertes  par  le  roi,  par  la  Province  8c 
par  le  diocèse  à  celui  qui  débarrasserait  le  pays  de  son  fléau.  La  prime  royale 
était  de  six  mille  livres,  celle  de  la  Province  de  deux  mille  8c  celle  du  diocèse 
de  mille'. 

Les  procès-verbaux  des  Etats  particuliers  de  Gévaudan  n'indiquent  pas  que 
l'on  eût  encore  ce  sujet  d'inquiétude  l'année  suivante^. 

Des  lettres  patentes  du  3i  août  1766  commirent  trois  conseillers  du  Parle- 
ment de  Toulouse,  MM.  de  Paraza,  de  Cantalauze  Se  de  Raffin,  pour  se 
transporter  dans  le  Vivarais  8c  le  Gévaudan,  à  l'effet  de  s'enquérir  des  abus 
intéressant  la  justice  criminelle,  avec  pouvoir  d'évoquer  Se  de  juger  en  der- 
nier ressort.  Nos  lecteurs  connaissent  déjà  l'état  d'insécurité  où  se  trouvaient 
ces  malheureux  pays  de  montagne  81  l'impunité  que  la  persistance  du  régime 
féodal  y  assurait  aux  coupables. 

L'enquête  dura  plus  de  trois  mois  6c  fournit  les  renseignements  les  plus 
instructifs  sur  la  situation  de  la  contrée. 

Les  trois  magistrats  qui  s'étaient  fait  précéder  à  Nimes  par  un  greffier,  un 
secrétaire  8c  deux  huissiers,  8c  qui  emmenèrent  avec  eux  maître  Facieu  de 
Fongrave,  substitut  du  procureur  général,  s'étaient  rendus  séparément  à 
Montpellier  où  ils  passèrent  ensemble  la  journée  du  26  septembre  pour  y 
recueillir  des  informations.  Le  lendemain,  ils  partirent  pour  Nimes,  8c  le 
2  octobre  arrivèrent  au  Pont-Saint-Esprit  où  le  syndic  du  Vivarais  vint  les 
recevoir. 

Le  3  octobre,  ils  passaient  à  Bourg-Saint-Andéol  8c  y  descendaient  dans 
l'h  ucl  du  baron  de  Serres,  grand  bailli  honoraire  du  Vivarais  Se  comman- 
dant en  second.  Le  lendemain,  ils  s'arrêtaient  à  l'évêché  de  Viviers,  le  5  à 
I,avoûte,  chez  M.  Tardy  de  Bressy,  le  6  k  Saint-Péray,  chez  M.  Soubeyran 
de  Saint-Prix,  Se  à  Tournon,  chez  Madame  de  la  Chaise,  marquise  douai- 
rière de  la  Tourette;  le  8,  on  leur  fit  une  grande  réception  à  l'entrée  de  la 
ville  d'Annonay;  ils  en  partirent  le  i3  Se  furent  contraints  par  un  débor- 
dement du  Doux  de  passer  le  Rhône  à  Saint-Vallier  en  Dauphiné,  puis 
à  Tain  pour  revenir  à  Tournon  où  ils  demeurèrent  jusqu'au  20.  Dès  le 
18  octobre,  ils  purent  envoyer  au  comte  de  Saint-Florentin  un  tableau  de  la 

■  Heures   perdues    de   Pierre   Barthés,  V,  p.    i83.  '  Documents    historiques   sur  la  province   Je    Gé~ 

—  Pièces  justificatives,  n.  DCCCCXI,  col.  2296.  vaui/an,  par  Guitave  de  Burdin,II,  pp.  liô&suiv. 


1766 


lyûô 


11,^6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

situation  du  haut  Vivarais.  Le  20,  ils  se  remirent  en  route  8c  couchèrent  au 
Pouzin,  clans  l'auberge  de  la  Croix  Blanche;  le  21,  ils  passèrent  au  Teil, 
&  le  22  a  Villeneuve-de-Berg  où  un  arc  de  triomphe  avait  été  élevé  en  leur 
honneur.  Ils  y  habitèrent  la  maison  du  lieutenant  de  prévôt  Dulac  &  y 
séjournèrent  quatre  jours.  Le  26,  ils  entrèrent  à  Aubenas,  où  une  compagnie 
de  jeunes  gens  à  pied  était  allée  à  leur  rencontre,  &  où  le  syndic  Lachade- 
nède  leur  donna  l'hospitalité  dans  sa  maison.  Le  3  novembre,  ils  allèrent  à 
Joyeuse  &  y  reçurent  les  civilités  des  officiers  de  la  légion  de  Hainaut;  le 
lendemain,  ils  entraient  a  Largentière,  au  bruit  des  hautbois,  des  tambours 
Se  des  clarinettes  de  la  légion,  Si  logeaient  chez  Madame  de  Rochemure.  Ils 
repassèrent  à  Aubenas  le  6  Se  deux  jours  après  se  rendirent  à  Privas.  Deux 
compagnies  de  cavalerie  Si  d'infanterie,  les  officiers  de  la  légion  de  Soubise 
&  nombre  de  gentilshommes  leur  souhaitèrent  la  bienvenue.  Le  soir,  la  ville 
fut  illuminée.  Les  magistrats  y  séjournèrent  ensemble  plus  d'un  mois,  & 
adressèrent  le  19,  au  ministre,  un  tableau  du  bas  Vivarais  avec  une  petite 
carte. 

L'apparition  des  commissaires  de  la  cour,  qui  étaient  pour  les  populations 
épouvantées  de  la  fréquence  81  de  l'impunité  des  crimes,  une  sorte  de  person- 
nification vivante  de  la  justice  Si  une  représentation  de  l'autorité  royale,  fut 
partout  accueillie  avec  de  vives  démonstrations  de  respect  81  de  joie.  Fidèles  à 
leur  mandat  de  travailler  au  soulagement  des  peuples,  les  trois  conseillers, 
avant  de  passer  l'Ardèche,  avaient  fait  connaître  au  syndic  du  Vivarais  leur 
résolution  formelle  de  n'accepter  point  d'honneurs  qui  fussent  à  charge  aux 
finances  du  pays.  Ils  observèrent  cette  loi  tout  le  long  de  leur  route. 

Partout,  sur  leur  passage,  on  leur  fit  des  réceptions  solennelles.  La  plupart 
des  villes  qu'ils  traversaient  avaient  mis  sur  pied  des  compagnies  bourgeoises 
qui  venaient  se  ranger  en  haie  sur  le  bord  du  chemin,  se  faisaient  passer  en 
revue  par  les  magistrats  Se  leur  servaient  d'escorte.  Les  consuls,  vêtus  de  leurs 
robes  Si  de  leurs  chaperons,  venaient  les  attendre  8c  les  accompagnaient 
jusqu'à  leur  chaise.  Toutes  les  cloches  étaient  en  branle;  les  religieux  s'asso- 
ciaient aux  marques  publiques  de  déférence  données  par  les  villes.  Le  cha- 
pitre collégial  des  barnabites  de  Saint-Andéol,  les  chanoines  de  Viviers,  les 
capucins  de  Villeneuve-de-Berg,  les  professeurs  du  collège  d'Aubenas,  les 
jacobins,  les  cordeliers,  les  oratoriens  de  Joyeuse,  les  augustins  81  les  récollets 
de  Largentière,  les  récollets  8c  les  frères  des  écoles  de  Privas  vinrent  tour  à 
tour  présenter  leurs  civilités. 

Dans  leurs  diverses  résidences,  8c  principalement  à  Privas,  les  magistrats 
firent  comparaître  devant  eux  tout  le  personnel  judiciaire  de  la  contrée  81  y 
recueillirent  les  éléments  de  la  statistique  la  plus  curieuse  Si  la  plus  navrante. 

Le  petit  pays  de  Vivarais  comptait  quatre  marquisats,  quatre  comtés,  deux 
vicomtes,  dix  baronnies  8c  près  de  trois  cents  seigneuries  particulières.  Mais 
il  ne  faudrait  pas  se  laisser  éblouir  par  l'éclat  de  ces  titres.  La  plupart  des 
justices  conservaient  encore  les  officiers  prescrits  par  les  ordonnances,  juge, 
lieutenant  de  juge,  procureur  juridictionnel  8c  greffier,  quelquefois  même  un 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1107 

bailli  cl'épée  portant  manteau  Se  plumet,  un  châtelain,  un  viguier,  &.  jusqu'à 
un  juge-mage,  comme  cela  se  voyait  en  la  vicomte  de  Joyeuse;  mais  le  plus 
souvent  elles  n'avaient  ni  tribunal,  ni  prisons,  ni  registres. 

Quelques-unes  de  ces  justices  étaient  si  petites  &  les  gradués  si  rares  qu'on 
vovait  un  même  personnage  remplir  les  fonctions  de  juge  dans  dix.  seigneu- 
ries différentes.  Ainsi,  certain  maître  Cornet  se  trouvait  à  la  fois  juge  du 
Teil  &  de  Lesplans  pour  le  marquis  de  Joviac,  de  Cruas  pour  l'abbé,  de 
Lacombe  8t  du  comté  d'Aps  pour  le  comte  de  Beaune,  de  Pampelonne  8c  de 
Miraval  pour  le  sieur  de  Pampelonne,  de  Saint-Vincent  de  Barrés,  de  Barry 
8i  de  Berzème  pour  d'autres  seigneurs  moins  qualifiés.  Il  faut  observer  que 
pas  un  de  ces  tribunaux  n'avait  de  salle  d'audience  ni  de  greffe  &  qu'un  seul, 
celui  du  comté  d'Aps,  possédait  une  prison  qui  n'était  pas  sûre.  Par  contre, 
d'autres  juges  ne  l'étaient  pas  complètement  8c  participaient  du  morcellement 
des  seigneuries.  Dans  la  juridiction  de  Miraval,  maître  Meau  ne  jugeait  que 
pour  trois  quarts. 

La  division  domaniale  avait  quelquefois  amené  d'étranges  complications. 
Le  prieur  de  Saint-Martin  de  Valamas  possédait  une  maison  forte,  mais 
n'avait  que  la  justice  moyenne  8c  basse.  Par  suite  d'une  transaction  avec  le 
seigneur  haut  justicier,  il  était  obligé  de  faire  capturer  les  malfaiteurs,  de  les 
garder,  de  faire  la  procédure  8c  de  conduire  les  prévenus  en  un  lieu  appelé 
la  Croix  de  Ricolles  pour  les  livrer  au  justicier. 

.Quelques  épisodes  suffiront  à  montrer  la  condition  de  ces  pauvres  juges 
seigneuriaux.  Le  procureur  juridictionnel  de  la  baronnie  de  Gevraud,  appar- 
tenant au  marquis  de  Vogué,  8c  celui  de  la  cour  ordinaire  de  Godolet,  dépen- 
dant de  l'abbaye  d'Aiguebelle,  adressèrent  deux  requêtes  identiques  dans  la 
forme,  déclarant  qu'il  leur  était  impossible  de  poursuivre  les  affaires  crimi- 
nelles pendantes  dans  leur  juridiction,  à  cause,  non-seulement  des  neiges 
abondantes  qui  couvraient  les  chemins,  mais  encore  du  grand  nombre  de 
bandits  &c  de  scélérats  qui  tenaient  le  pays.  «  Tous  les  officiers  du  siéo-e, 
«  disaient-ils,  ont  refusé  de  procéder,  menacés  par  ces  brigands;  il  y  auroit 
«  un  péril  éminent  de  la  vie  de  s'exposer  sans  avoir  une  forte  escorte  de 
*  troupes;  en  un  mot  tous  les  officiers  du  siège  aimeroient  mieux  quitter 
«'   leurs  places  que  de  s'exposer  en  reprenant  les  poursuites.  » 

Le  juge-bailli  de  la  baronnie  de  Boulogne  pour  le  marquis  de  Maubourg, 
en  venant  comparaître  devant  les  commissaires,  leur  exposa  qu'il  s'était  fait 
escorter  par  quatre  fusiliers  pour  venir  au  cliâteau  de  Privas,  sans  quoi  il 
n'aurait  hasardé  de  se  rendre  aux  ordres  de  la  cour,  par  crainte  d'un  danger 
inévitable. 

La  seigneurie  de  Valgorge  ne  possédait  plus  de  juge  du  tout  :  M«  Rouchon, 
avocat  de  Largentière,  qui  occupait  ce  siège,  en  avait  renvoyé  les  provisions 
depuis  trois  ans,  de  peur  de  risquer  sa  vie. 

Quant  aux  témoins,  il  n'en  faut  pas  parler  :  leur  unique  préoccupation 
était  de  se  dérober  à  l'interrogatoire.  Avec  une  justice  ainsi  faite,  on  devine 
à   quels  emportements  s'abandonnait    la  violence  montagnarde.   Le   procès- 


1766 


~^^ 1198  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

verbal  des  commissaires  du  Parlement  offre  un  effroyable  tableau  de  crimes 
contre  les  personnes,  assassinats  sous  toutes  les  formes  &  par  toutes  les  armes 
connues,  à  coups  de  sabre,  à  coups  de  fusil,  à  coups  de  bayonnette,  à  coups 
de  pistolet,  à  coups  de  couteau,  à  coups  de  hache,  même  à  coups  de  sabot  & 
à  coups  de  pierre,  attaques  à  main  armée  sur  les  grands  chemins  ou  dans  les 
maisons;  gens  noyés  dans  les  ruisseaux  ou  étranglés;  drames  de  famille,  héri- 
tages accélérés  par  le  meurtre,  simples  rixes  dégénérant  en  luttes  sanglantes, 
sans  compter  les  vols  de  troupeaux,  les  incendies  de  gerbières,  les  dégâts 
improductifs  inspirés  par  la  vengeance. 

Telle  est  l'impuissance  répressive  que  couvraient  les  noms  imposants  de 
l'évêque  de  Viviers,  de  l'archevêque  de  Vienne,  de  l'ordre  de  Malte,  du  cha- 
pitre du  Ptiy,  des  célestins,  des  minimes  de  Roussillon,  de  l'abbé  de  Mazan, 
des  bénédictins  de  la  Chaise-Dieu,  des  chartreux  de  Bonnefoy,  de  l'abbé  de 
Cruas,  de  l'abbé  d'Aiguebelle,  de  l'abbaye  de  Chambon,  de  l'abbesse  de  la 
Ville-Dieu,  de  l'abbé  de  Jonquières,  du  chapitre  de  Viviers,  du  commandeur 
de  Jalès,  du  prince  de  Soubise,  du  duc  d'Uzès,  du  comte  de  Vogué,  du 
comte  du  Bourg,  du  comte  de  Brizon,  du  comte  de  Tournon,  de  la  duchesse 
d'Aiguillon,  du  marquis  de  Maubourg,  du  marquis  de  Joviac,  du  comte  de  la 
Tourrette,  du  marquis  d'Aulan,  du  marquis  de  Serre,  du  comte  du  Roure, 
du  marquis  de  Pierre-Bernis,  du  comte  de  Mirabel,  du  comte  de  Peyre,  du 
comte  d'Antraigues,  de  la  comtesse  de  Hautefort,  de  la  comtesse  de  Marsan, 
du  marquis  de  Chambonas,  du  marquis  de  Villefort,  du  marquis  de  la  Sau- 
mès,  du  marquis  de  la  Chaise  8<.  d'une  foule  d'autres  hauts  personnages  qui 
se  partageaient  en  portions  infinitésimales  la  justice  du  Vivarais. 

Les  commissaires  du  Parlement  dressèrent  un  état  minutieux  de  la  situa- 
tion de  toutes  les  justices,  des  tribunaux,  des  prisons,  firent  exécuter  par 
effigie  quinze  sentences  criminelles  rendues  par  les  juges  locaux,  jugèrent 
eux-mêmes  plusieurs  graves  affaires  Si  confièrent  le  reste  aux  officiers  de  la 
sénéchaussée  de  Nimes,  M.  de  Cantalauze  tut  détaché  à  Tournon  ]X)ur  v 
juger  un  assassin  8c  inspecter  en  passant   les  prisons  du  château  de  Beaure- 


ga  rd . 


TZ  Paraza  81  Pvaffin   partirent  pour  Montpellier,   le   5  janvier   1767,  pour  v 

conférer  avec  le  prince  de  Beauvau  sur  les  divers  objets  de  leur  commission. 
Cantalauze  rejoignit  ses  collègues  le  1 1  Si  arrêta  de  concert  avec  eux  le  pro- 
cès-verbal des  opérations'. 

Les  principaux  résultats  pratiques  de  l'enquête  judiciaire  de  1766  furent 
condensés  au  mois  d'avril  de  l'année  suivante,  dans  un  édit  en  vingt  Si  un 
articles  portant  règlement  sur  l'administration  de  la  justice  dans  le  Vivarais 
Si  le  Gévaudan.  Le  roi  exposait  dans  ce  document  les  motifs  qui  lui  avaient 
tait  désigner  des  commissaires  chargés  de  visiter  les  régions  montagneuses  du 
Languedoc  troublées  depuis  longtemps  par  la  fréquence  Si  l'atrocité  des  crimes. 
Le  zèle  des  commissaires  à  s'acquitter  de  leur  mandat  81  les  opérations  qu'ils 

'  Ce  procès-verbal  fait  actuellement  partie  des  collections  manuscrites  de  In  Bibliothèque  de  Toulouse. 


LIV.   IV.  LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  iiçc, 

avaient  faites  par  le  travail  le  plus  assidu,  permettaient  de  connaître  les  causes 
8t  l'étendue  d'un  mal  si  préjudiciable  à  la  tranquillité  publique  &  de  prendre 
les  mesures  capables  d'en  arrêter  le  cours. 

On  pensait  au  conseil  du  roi  qu'un  tel  désordre  ne  pouvait  être  attribué 
qu'au  défaut  d'exécution  des  précautions  sagement  établies  par  plusieurs  édits, 
déclarations  8c  lettres  patentes  pour  l'administration  de  la  justice  en  ces  pays, 
à  l'insuffisance  des  prisons  royales,  à  l'état  de  celles  des  seigneurs  haut  justi- 
ciers, &  surtout  à  la  négligence  du  personnel  judiciaire  dans  la  poursuite  du 
crime.  Le  remède  vrai  eût  été,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  le 
retour  au  pouvoir  souverain  de  tous  les  droits  de  justice  si  malheureusement 
séparés  par  l'eftet  de  l'usurpation  féodale;  mais  cette  grande  réforme  n'était 
pas  encore  mûre  &  le  gouvernement  n'avait  ni  assez  de  décision,  ni  assez  de 
force  pour  l'accomplir.  Les  vœux  du  ministère  se  bornèrent  donc  à  renouveler 
l'exécution  des  lois  trop  longtemps  suspendues  sur  les  assises  des  officiers  du 
présidial  de  Nimes,  dans  le  Vivarais  Se  le  Gévaudan,  à  prolonger  la  durée  de 
ces  assises  pendant  l'année  courante,  &  à  donner  pour  trois  ans,  aux  magis- 
trats qui  en  faisaient  partie,  une  juridiction  exceptionnelle  en  dernier  ressort 
des  crimes  les  plus  communs  dans  la  contrée;  à  seconder  le  zèle  de  ces  juges 
ambulatoires  en  leur  rendant  la  résidence  moins  à  charge,  à  assurer  une  jus- 
tice plus  expéditive,  non-seulement  en  matière  criminelle,  mais  en  matière 
civile  ;  à  établir  aux  frais  de  l'Etat  de  nouvelles  prisons  dans  les  villes  de  Privas 
Si  de  Montpezat;  à  donner  aux  sièges  de  Villeneuve-de-Berg  Si  d'Annonay  le 
pouvoir  de  juger  la  compétence  du  prévôt  des  maréchaux  ou  de  ses  lieute- 
nants, 8c  à  diminuer  vine  partie  des  frais  extraordinaires  des  procès  criminels 
que  la  situation  du  pays  8c  l'accroissement  des  crimes  rendaient  plus  onéreux 
aux  seigneurs  haut  justiciers.  La  viguerie  de  Villeneuve-de-Berg  était  réunie 
au  siège  royal,  avec  pouvoir  donné  à  ce  siège  8c  à  celui  d'Annonay  de  juger 
en  dernier  ressort  dans  certains  cas  les  contestations  dont  la  compétence  leur 
appartenait  8c  la  permission  accordée  aux  seigneurs  du  haut  8c  du  bas  Viva- 
rais de  faire  exercer  leurs  justices  dans  les  lieux  qui  semblaient  présenter 
le  plus  de  garanties  jusqu'à  l'époque  où,  conformément  aux  ordonnances, 
ils  auraient  établi  des  auditoires  8c  des  prisons  en  bon  état.  Le  roi  confiait 
au  Parlement  de  Toulouse  le  soin  de  veiller  à  l'exécution  des  règlements 
8c  de  donner  aux  officiers  du  ressort  l'exemple  d'une  attention  conti- 
nuelle, 8c  promettait  de  donner  de  nouveaux  témoignages  de  sa  bien- 
veillance 8c  de  sa  protection  aux  habitants  d'une  partie  aussi  importante  de 
la  Province. 

Le  haut  8c  le  bas  Vivarais  demeuraient,  ainsi  que  le  Gévaudan,  compris 
dans  le  ressort  de  la  sénéchaussée  8c  siège  présidial  de  Nimes. 

Les  dispositions  des  édits  de  septembre  1682  8c  octobre  1672,  de  la  décla- 
ration du  18  novembre  167g,  des  lettres  patentes  du  8  mars  1681  devaient 
être  rigoureusement  observées;  8c  en  conséquence,  la  sénéchaussée  de  Nimes 
avait  ordre  d'envoyer  tous  les  ans  huit  de  ses  officiers  avec  le  procureur  du 
roi  ou  l'un  de  ses  avocats  au  siège,  pour  administrer  la  justice  dans  le  Viva- 


1767 


1767 


i:oo  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

rais,  depuis  le  i*'  mal  jusqu'au  i"  août,  en  la  ville  de  Privas,  &,  dans  le 
Gévaudan,  depuis  le  20  août  jusqu'au  20  octobre,  en  la  ville  de  Marvéjols, 
avec  faculté  au  Parlement  de  changer  le  lieu  des  assises,  suivant  l'exigence 
des  cas. 

Pour  l'année  1767,  les  officiers  durent  résider  en  Vivarais  du  i5  mai  au 
j"  septembre,  8c  en  Gévaudan,  du  20  septembre  au  ;o  octobre,  le  Parle- 
ment pouvant  prolonger  la  session  si  besoin  était.  Les  magistrats  détachés  de 
la  sénéchaussée  de  Nimes  connaissaient  de  toutes  les  affaires  civiles  8c  crimi- 
nelles de  nature  à  être  portées  devant  le  siège  de  Nimes,  soit  en  première 
instance,  soit  en  appel,  soit  présidialement. 

Pendant  trois  années,  à  compter  du  mois  d'avril  1767,  ils  connaîtraient  en 
dernier  ressort  8c  sans  appel  des  assassinats,  meurtres,  excès  commis  en  guet- 
apens  8c  avec  préméditation  sur  les  grands  chemins  ou  ailleurs,  lorsque  les 
juges  ordinaires  n'auraient  pas  informé  ou  décrété  avant  eux. 

Chaque  mois  de  résidence  au  tribunal  ambulant  donnait  droit  à  une  gra- 
tification de  mille  livres,  payable  par  le  receveur  des  domaines  de  Nimes,  sur 
quittance  du  greffier. 

Les  nouvelles  prisons  royales  qui  allaient  être  établies  aux  frais  du  trésor 
à  Privas  &c  à  Montpezat  étaient  placées  sous  la  surveillance  des  juges  de  Ville- 
neuve-de-Berg  qui  devaient  y  commettra  un  gradué. 

Le  roi  maintenait  aux  officiers  de  Villeneuve  &c  d'Annonav  la  juridiction 
qui  leur  avait  été  attribuée  par  les  lettres  patentes  du  10  mars  i65i  8c  du 
28  mars  1662. 

Réunion  perpétuelle  était  prononcée  au  domaine  du  roi  de  la  justice  de 
l'abbé  de  Mazan,  précédemment  exercée  en  paréage  à  Villeneuve-de-Berg, 
sous  le  titre  de  viguerie,  pour  se  confondre  désormais  avec  le  siège  royal  de 
la  même  ville.  Pour  indemniser  les  officiers  de  la  viguerie,  il  leur  était  fait 
don  de  trois  offices  vacants  du  même  siège  aux  parties  casuelles.  Le  viguier 
devenait  lieutenant  civil  particulier,  le  lieutenant  conseiller  8c  le  procureur 
avocat,  à  condition  de  prêter  serment,  mais  sans  nouvelles  provisions  ni  droits 
de  mutation.  On  dédommageait  le  greffier  en  lui  octroyant  le  siège  du  greffe, 
sauf  liquidation.  Afin  de  satisfaire  l'abbé  de  Mazan,  privé  de  l'exercice  effectif 
de  sa  justice,  le  roi  lui  donnait  les  offices  de  lieutenant  particulier,  d'asses- 
seur criminel  8c  de  conseiller  au  siège  royal  vacants  aux  parties  casuelles, 
avec  pouvoir  d'y  nommer  des  sujets  capables  d'en  remplir  les  fonctions.  Ces 
offices  devaient  demeurer  à  perpétuité  à  la  collation  de  l'abbé  de  Mazan, 
qui  jouirait  du  prêt,  de  l'annuel,  des  droits  de  mutation  8c  des  autres  profits 
éventuels  auxquels  les  offices  pourraient  donner  lieu  dans  la  suite.  Les  droits 
utiles  8c  honorifiques  appartenant  à  l'abbé  de  Mazan  dans  Villeneuve-de- 
Berg,  en  vertu  de  l'acte  de  paréage,  lui  étaient  conservés,  mais  il  cessait  d'être 
tenu  de  contribuer  aux  frais  des  procédures  criminelles,  à  l'entretien  8c  à  la 
reconstruction  des  prisons,  à  la  nourriture  des  enfants  exposés  8c  aux  autres 
dépenses  de  justice,  mises  entièrement  à  la  charge  du  domaine. 

Le  droit  de  juger  les  affaires  de  la  compétence  du  prévôt  des  maréchaux  d^^ 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV, 


I201 


1767 


France  était  conféré  aux  officiers  d'Annonay  &  de  VilIeneuve-de-Berg,  con- 
formément à  la  déclaration  du  5  février  lySi,  sans  qu'ils  pussent  en  user 
pendant  que  les  officiers  du  présidial  de  Nimes  tiendraient  leurs  assises. 

Les  mêmes  magistrats  devaient  juger  en  dernier  ressort,  au  nombre  de  cinq 
au  moins,  jusques  à  concurrence  de  cinquante  livres  vme  fois  payées  &  de 
deux  livres  de  rente,  pour  les  contestations  dont  la  connaissance  appartenait 
au  roi,  sans  rien  changer  aux  privilèges  8t  prérogatives  accordés  à  certains 
seigneurs  du  Vivarais. 

Le  procureur  général  avait  mandat  de  tenir  la  main  à  l'exécution  des  ordon- 
nances prescrivant  qu'il  y  eût,  dans  chacune  des  hautes  justices  du  Vivarais  Se 
du  Gévaudan,  un  auditoire  décent  8c  convenable  pour  l'administration  de  la 
justice,  &  des  prisons  saines  &  sûres.  Permission  était  donnée  aux  seigneurs 
du  haut  Se  bas  Vivarais  d'emprunter  territoire  dans  les  justices  les  plus  voi- 
sines de  leurs  domaines  qui  avaient  déjà  une  salle  d'audience  &  des  prisons 
en  bon  état,  sans  toutefois  pouvoir  se  passer  du  consentement  du  seigneur 
territorial  ou  de  ses  officiers.  Un  état  détaillé,  annexé  à  l'édit  8<.  arrêté  au 
conseil  du  roi,  le  12  avril,  désignait  les  vingt-neuf  justices  du  Vivarais  rem- 
plissant les  conditions  de  l'ordonnance,  avec  l'indication  des  seigneuries  avoisi- 
nantes  autorisées  à  user  des  salies  d'audience  &c  des  prisons  qui  s'y  trouvaient'. 


*  État  des  justices  auxquelles  Sa  Majesté  permet 
d'emprunter  territoire  dans  les  justices  ci-con- 
tre : 

I.  Saint-And^ol.  .^  Cuisininc,  Gras  &  Saint- 
Vincent,  Saint-Etienne  de  Dions. 

I.  Saixt-Mabcel,  —  Bidou. 

3.  Saint-Reme«e.  —  Saint-Iust  d'Ardèche,  Saint- 
Jean  de  Trignan,  Saint-Martin  Dau. 

^.  Viviers.  —  Saint-Thomé,  Saint-Montan, 
Valvignères,  Bourg  &  Lamas. 

5.  RociiEMAtRE.  —  Meysse,  Sentres,  Le  Teil  &. 
Mêlas,  Cruas,  Saint-Pierre  de  Baryon,  La  Roche, 
Saint-Bauzille,  Saint-Martin  le  Supérieur,  Mira- 
Tal  ou  Saint-Pierre  de  la  Roche  &  Pampelonne, 
Saint-Martin  l'Inférieur,  Berzéme,  Allier  &  Mont- 
brun. 

6.  La  Voti.TE.  —  Chomerac,  Flaviac,  Creissac, 
Royas,  Rompon,  Saint-Julien  en  Snint-Alban, 
Saint- Symphonen  ,  Rochepaule,  Beauchastel  , 
Pierregourde,   Le  Pouzin. 

7.  Saint-Pierreville.  —  Ajoux,  Poiirchercs, 
Iss.imoulins,  Marcols,  Mezillac,  Saint-Julien  de 
Gua,  Saint-Sauveur  de  Montagut,  Saint-Genest 
la  Champ,  Saint-Etienne  du  Serre. 

8.  Vernoux.  —  Saint-Julien  le  Roux,  Savinas, 
Les  Peschiers,  Saint-Apollinaire  de  Rins,  Château- 
neuf  de  Vernoux,  Saint-Fortunat,  Boffre,  Crozon, 
Gilloc. 

9.  Chalançon.  —  Saint-Jean  Chambre,  Saint- 
Jean  la  Brousse,  Les  Nonnières,  Le  Pouz.it,  Sunt- 
Priest,    Mo.è:icns,    Cluac,    Saint-Maurice,   Saini- 


Michel  de  Chabrillanoux ,  Silhac,  Gluiras,  Ro- 
chemeure. 

10.  PpivAS.  —  Coux,  Veyras,  Alissas,  Saiiit- 
Priest,  Pourcheres,  Creysselles,  Pranles,  Lias, 
Saint-Michel  de  Boulongne,  Vesseaux,  Saint-An- 
déol,  Saint-Etienne  de  Boulongue,  Gourdon, 
Saint-Vincent  de  Barrés,  Saint-Bauzille  en  Barris, 
Saint -Vincent  de  Durfort,  Saint-Cierges,  La 
Serre  ou  Bavas,  Bressac  8c  Saint-Lager,  Fressinji, 
Baci. 

11.  AuDEN'AS.  —  Saint-Etienne  de  Fontbellon, 
Saint-Didier,  Le  Crouzet,  Vogué,  Saint-Germain, 
Saint-Maurice  Terlin,  Lanas,  Rochecolombe  & 
Sauveplantade ,  Saint-Laurent  Lussas  &  Beissis, 
Saint-Privat,  Val,  Saint- Julien  du  Serre,  Vais, 
Balaziic,  Chanzon  8c  Prades,  Saint-Maurice  d'Iblc, 
Mercuer,  Les  Combes,  Saint-Martin  de  Maiie;, 
AlIIon,  Lentillères,  Cha^^eaux,  Le  Mandcmcut 
Desplan,  Lavilledieu. 

12.  Vili.enelve-de-Berg.  —  Saint-Jean  Cente- 
nier,  La  Beaume,  Mirabel,  Montbrun  8c  Saint- 
Cinest,  Saint-Pons,  Larochechérie,  Chaix,  Aps  iji 
Aubignat,  Saint-Andéol  de  Berdet,  Mercoyras, 
Le  Javelier,  Vallon. 

ri.  La  Gorce.  —  Vallon,  Salavas,  Saint-Mar- 
tin de  Vallon,  Vagnas,  Bessas,  La  Bastide  de  Né- 
rac,  Samzon,  Ruons. 

1^.  A\TRAif;uES.  —  Airac,  Asprcjoc,  Juvinas, 
La  Champ  Raphaël,  partie  de  Vais,  partie  Je 
Mezillac,  Ginesielle,  Craux. 

ij.  Mo.Mi't^AT.  —  Saint-Pierre  du  Colombier, 


XIII. 


"7^7 


i:Ô2  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

A  l'égard  du  Gévaudan ,  la  justice  continuerait,  jusqu'à  nouvel  ordre,  d'y 
Ctre  exercée  comme  par  le  passe. 

Il  était  prescrit  aux  juges  seigneuriaux  du  haut  &  bas  Vivarais  8<  du 
Gévaudan  de  procéder  sans  retard  à  la  poursuite  des  crimes  commis  dans 
l'étendue  de  leur  juridiction,  avec  injonction  très-expresse  de  continuer  sans 
délai  tous  les  procès  dont  l'instruction  n'aurait  pas  été  suivie  6<.  de  conduire 


Biirzet,   Goiidoolet,   Les    Saignes,    Snln(e-Eiilalie,  Saint-Clair,    Marcland    &    Gourdan,    Seneaud, 

le  Gros   de    Gevraiid,   taillable   &   subsidiaire,   Le  Bayard,    Pestrin,   Munas,  Vocance,  Ville  en   Vo- 

Béage,  Usclade,  Saint-Aignes  en  Montagne,  Vas-  cance,  Saint-Julien  en  Vocance,  Vanos  en  Vocance, 

seilles  &  Issarles,  Tucis,  Chadenac,  Serrecoiir.  Monestier  en  Vocance. 

16.  Jaujac.  —  La  Souche,  Fabras,  Prades,  Saint-  23.  Satii-licu.  —  Mahun,  Verunes,  Saint- 
Cirgues  de  Prades,  Daillon,  Vais,  Gros  en  Mon-  Pierre  de  Machabées,  La  Louvese,  Préaux,  Saint- 
tagne,  Mayras,  Niégles.  Jeure,  Vaudevant,  Chanelot. 

17.  Pr.ADELiES.  —  Banne,  Saint-Paul  de  Tartns  24.  Sai:«t-Agi>(;ve. —  La  Cour,  Monrond,  Saint- 
subsidiaire  ou  les  Uffernets,  Barges,  Lafayette,  La  Jeure  d'Andaure,  la  Bastie  d'Audance,  la  Côte  la 
Uibeire,  Moulines,  Laborie,  Saint-Clément,  Saint-  F.ire,  Saint-André  des  Effangeas,  Rochepaule, 
Ktienne,  Mazan,  Mezeysas,  Vielprat,  Arlempde,  taillable  &  subsidiaire.  Cottes,  Devezet,  Saint- 
Lesperon,  Gouncourou  &  Montlor,  Le  Mas  de  Romain  le  Désert,  Montréal,  Fay,  les  Vastres, 
Moras,  Mortessaigues  hautes  &  basses,  la  Chapelle  Saint-Clément,  La  Varenne,  Arzat,  Pral,  Chanie- 
Graillouse,  La  Villate,  Villesèche,  Belvezer,  Saint-  loupe.  Borée,  Contaguet. 

Arçons  de  Barges,  les  Imberts  de  Barges,  la  Cotte.  25.   Le  Monestier,   —   Ghanderolles,    Mezene. 

18.  Saixt-Etien.ne  de  LuGDAitKS.  —  Bornes ,  26.  Tocr.NOX.  —  Mauves,  Glun,  Plas,  Vion, 
Saint-Laurens  des  Bains,  Tressol  ou  le  Travers,  Lemps,  Iserand  &  Sécheras,  Arras  &  Cheminas, 
Saint-Alban  en  Montagne,  Chazeneuve  &  le  Mas,  Ghâteauneuf,  Saint-Victor,  Deyrat,  Mantfflin, 
Vaudran,  les  Hubats,  le  Plan,  le  Cellier  du  Luc,  Esclassan  &  Ozon,  Ceintres,  Étables,  Saint-Sil- 
la  Villatelle,  Serres  &  les  Faugerets,  la  Veyrune,  vestre,  Saint-Barthélémy  le  Plein,  Ghâteaubouig, 
Goncoules,  Reglouton.  Solignac,    Saint-Barthélémy    le    Pin,    le   Gredet, 

19.  Largentiére.  —  Chassiers,  Beaumont  8c  Colombier  le  Vieux,  Monteil,  Boncieux  le  Roi, 
Chabreilles,  Dompnac,  Fons  &  le  Mas  de  Fons,  Colombier  le  Jeune,  Arlebosc,  Bozat,  Saint-Féli- 
Brison,  Saint-Sernin,  Rocles ,  Sannillac,  Saint-  cien  ou  Rochefort,  Empuiani,  Nozières,  Royol, 
Melany,   Prunet,  Montréal,  Joannas,  Laubaresse  Sarras  Bevirrand  &  Foncany,  Ardoix. 

&  Valgorges,  Vinezac,   Uzer,  Taurien,   Roche  &  27.   Le    Ciieylar.   —  Mariac,    Acons,    Arcens, 

Tiebeot,  Chazeaux.  Saint-Jean   Roure,  Jonas,  Saint-Christol,   Saint- 

20.  Joyeuse.  —  Rosières,  Vernon,  la  Blachère,  Martin  deValamas  &  Amarnes,  la  Chapelle,  Clia- 
Saint-André  la  Champ,  taillable  &  subsidiaire,  neac,  Chamberlhac,  Saint-Julien  Boutières,  Châ- 
Saint-Alban  sous  Sampzon,  Labeaume  Sampzon,  teauneuf,  Saint-Barthélémy  le  Mol,  Saint-Martial, 
Groppières,  Comps,  Saint-Jean  de  Pourcharesse,  Saint-Andéol  des  Fourchades,  Dornas,  Sardige, 
Mont-Selguot,  le  petit  Paris,  le  Val  d'Aurellc,  Arie  &  la  Cheze,  Burianne,  Talaron,  Saint-Michel 
Sablieret,  Beaulieu  ou  Bec  de  Jun,  Chaussonaresse,  le  Rance,  Saint- Cierge,  Rochebonne. 
Saint-Sauveur  de  Brugières,  Saint-Melany,  Ribes,  28.  L\  Mastre.  — Saint-Bazile,  Maisonseule, 
Saint-André  la  Champ,  Planzolles,  le  Sanet,  Çha-  Macheville,  Lapra,  Desaignes,  Retourtour,  Mon- 
brolières,  Vernon,  Valoubiéres,  Laurac,  Assion   &  teil,  Rochebloine. 

Gornillon,  Paysac,  Faugerit,  Saint-Génies  de  Beau-  29.   Saint-Pkiiay.   —  Toulaud,   Guillerand    ou 

son,   Malarce,  les   Salelles,  Sainte-Marguerite  la  Sainte-Eulalie,  Soyon,  Charmes,  Saint-Marcel  de 

Figere,  Thines,  Bane,  Malbosc,  Brahic,  Coury.  Crussol,    Saint-Georges,    la     Bastie    de    Crussol, 

21.  Serrières.  —  Saint-Saturnin,  Limony,  Champin,  Saint-Didier,  Ylaix,  Cornas,  Saint- 
Charnas,  Saint-Jacques  de  Broussen,  Félines,  Vin-  Romain  de  l'Air. 

sieux,  Lolraes,  Peyrauld,  Verlieux.  Fait  &  arrêté  par  le   roi   étant   en   son   conseil, 

22.  Annonay.   —   Boissieiix,   Saint-Martin    lès  tenu  à  Versailles  le  12  avril  1767, 

Annonay,  Bonlieu,   Davezieux,   Savas  ou   Saint-  •                  n 

,,.■"_,'.                 '    .  Louis.  —  Phelypeaux. 
Julien   en   Goyes,   Quintenac,   Saint-Alban   d'Ay, 

Saint-Romain   d'Ay,   Peaugres,  Colombier  le  Car-  Enregistré  tant  ledit  édit  que  l'état  cy-joint  en 

dinal.  Torrent,   Andance,  Vernox,   Saint-Etienne  conséquence  de    l'arrest  du  20  mars  1767,  au   rap- 

de  ^'alouK,  Saint-Cyr,  Talencieux,  Saint-Desiiat,  port  de  M,  de  Bastard, 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  tio3 

les  affaires  jusqu'à  sentence  définitive.  Ils  devaient  aussi  veiller  à  l'observa- 
tion des  ordonnances  sur  le  port  d'armes,  les  assemblées  illicites,  la  police 
des  cabarets,  8c  sur  tout  ce  qui  touchait  au  maintien  de  la  paix  publique. 

Comme  la  multiplication  des  crimes  depuis  plusieurs  années  menaçait  de 
rendre  très-difficile  8c  très-lente  la  liquidation  de  l'arriéré,  8c  qu'il  importait 
d'obtenir  une  marche  expéditive,  le  roi,  pour  venir  en  aide  aux  seigneurs, 
se  contentait  d'exiger  qu'après  la  publication  8c  l'enregistrement  de  l'édit,  ils 
fissent  transférer  à  leurs  frais,  dans  les  prisons  royales  d'Annonay,  de  Ville- 
neuve-de-Berg,  de  Privas  8c  de  Montpezai,  ou  dans  celles  du  Gévaudan,  les 
prévenus  contre  lesquels  des  poursuites  auraient  été  engagées  à  la  requête 
des  procureurs  juridictionnels.  Les  trais  de  nourriture,  de  logement  des 
accusés,  à  compter  de  leur  arrivée,  &c  les  frais  de  transport  aux  prisons  du 
Parlement  de  Toulouse  étaient  à  la  charge  du  domaine  sans  aucune  chance 
de  réclamation. 

Quand  le  Parlement,  prononçant  sur  l'appel  des  sentences  des  premiers 
juges,  renverrait  l'exécution  sur  le  lieu  du  délit,  s'il  n'y  avait  point  de  partie 
civile,  le  domaine  devait  faire  les  frais  de  nourriture  8c  de  transport  des  con- 
damnés, depuis  les  prisons  de  la  cour  jusqu'aux  prisons  royales,  8c  les  autres 
transports  seraient  à  la  charge  des  seigneurs  territoriaux. 

L'édit  prescrivait,  du  reste,  l'observation  des  ordonnances  8c  règlements 
concernant  l'administration  de  la  justice,  la  réception  des  officiers,  l'envol  des 
édits,  déclarations  8c  lettres  patentes,  enjoignant  aux  juges  seigneuriaux  de 
s'y  conformer,  8c  ordonnant  de  déposer  au  greffe  le  rapport  des  commissaires 
du  19  septembre  1766  pour  y  être  mis  à  la  disposition  du  procurem-  général. 

Ces  tentatives  de  réformes  sont  intéressantes,  parce  qu'elles  marquent  un 
effort  pour  introduire  des  améliorations  rationnelles  dans  un  système  péchant 
par  la  base  8c  condamné  à  périr.  P'n  dehors  de  la  solution  unique  réservée  à 
la  Révolution,  il  ne  restait  place  que  pour  ces  moyens  termes,  pour  ces  essais 
de  conciliation  plus  ou  moins  applicables  entre  le  droit  de  l'Etat  8c  les  préro- 
gatives des  usurpateurs  téodaux.  Par  la  seule  puissance  de  la  logique,  l'esprit 
du  législateur,  qui  ne  s'attaquait  pas  au  principe,  se  trouvait  conduit  à  res- 
treindre de  plus  en  plus  ces  privilèges  exorbitants  qui  n'aboutissaient  qu'à 
l'impuissance,  qui  étaient  une  entrave  à  l'ordre  8c  qui  paralysaient  l'action 
publique. 

Il  existait  en  Vêlai,  sur  les  confins  du  Forez,  deux  abbayes  de  filles  de 
l'ordre  de  Cîteaux,  qui,  par  la  succession  des  temps,  avaient  vu  diminuer  à 
la  fois  &c  leurs  revenus  8c  le  nombre  de  leurs  religieuses,  8c  qui  menaçaient 
l'une  Se  l'autre  de  s'éteindre  au  milieu  de  leurs  solitudes. 

L'abbaye  de  Clavas,  bâtie  dans  une  région  extrêmement  froide,  sur  les 
liauts  plateaux  des  Routières,  au  pied  du  mont  Pyfara,  dont  les  contreforts, 
enveloppés  de  neige  pendant  plusieurs  mois  d'hiver,  envoient  à  la  Loire  les 
eaux  torrentielles  de  la  Dunière,  se  trouvait  éloignée  de  tout  secours,  8c  souf- 
frait les  rigueurs  d'un  climat  impitoyable  qui  ruinait  les  bâtiments  8c  rendait 
les  chemins  inaccessibles  durant  une  partie  de  l'année.  La  petite  paroisse  de 


1767 


— 1204  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Riotord,  misérable  village  suspendu  aux  flancs  du  vallon,  était  l'unique  res- 
source humaine  de  l'abbaye,  que  des  croupes  sauvages  Se  désolées,  couvertes 
de  bois,  séparaient  des  principaux  centres  d'habitation.  Dans  cette  triste 
retraite,  dont  la  ferveur  des  siècles  de  toi  avait  pu  seule  faire  rechercher  les 
horreurs,  huit  religieuses,  appartenant  pour  la  plupart  à  la  noblesse  du 
pays,  vivaient  sous  la  direction  de  leur  abbesse,  qui  était  Madame  de  Mont- 
morin'.  Comme  la  maison  n'était  pas  riche  &  que  le  monastère,  incessam- 
ment battu  par  les  orages,  se  dégradait  de  jour  en  jour,  elles  jetèrent  les 
veux  sur  l'abbaye  de  la  Seauve,  autre  fille  de  Cîteaux,  qui  végétait  sans 
grand  éclat,  près  du  bourg  de  Saint-Didier  &  de  Monistrol,  à  quelques  lieues 
de  distance,  dans  une  région  moins  sévère  Si  moins  inabordable,  Si  elles  sol- 
licitèrent la  faveur  de  s'y  transporter  8i  d'associer  leurs  misères. 

L'évêque  du  Puy,  Le  Franc  de  Pompignan,  à  qui  le  conseil  du  roi  confia 
le  soin  de  l'enquête^,  délégua  pour  y  procéder  l'abbé  de  Sarrat,  son  grand 
vicaire-^'. 

Le  commissaire  épiscopal  se  transporta  à  Clavas  le  7  août  1761,  en  compa- 
gnie du  greffier  de  l'officialité  Si  de  deux  experts'*.  On  reconnut  le  mauvais 
état  des  bâtiments  qui  menaçaient  d'être  bientôt  inhabitables,  si  l'on  ne  se 
hâtait  d'y  faire  des  réparations  onéreuses,  la  grande  quantité  de  neige  qui 
séjournait  sur  les  toitures  pendant  l'hiver  les  ayant  complètement  ruinées. 
Les  experts,  qui  évaluaient  les  travaux  à  taire  à  vingt-cinq  mille  livres, 
déclarèrent  qu'ils  ne  pouvaient  pas  répondre  de  la  solidité  de  l'église.  Mes- 
dames d'Espinchal  Si  de  Meneville,  munies  des  pouvoirs  de  la  communauté, 
firent  valoir  l'horrible  isolement  des  lieux  61  l'insuffisance  des  revenus  qui  se 
portaient  à  quatre  mille  cinq  cents  livres,  dont  quinze  cents  livres  de  charges 
annuelles.  On  fit  l'estimation  des  meubles,  des  vases,  des  ornements,  des 
effets  de  toute  sorte  dont  la  valeur  totale  dépassait  à  peine  cinq  mille  cinq 
cents  livres.  Si  l'on  compulsa  minutieusement  les  archives  de  l'abbaye, 
réduites  à  trente  Si.  un  titres,  pour  y  chercher  quelques  lumières  siu"  l'état 
des  propriétés.  Des  trois  domaines  de  Malines,  la  Grange-Haute  Si  le  Play, 
qui  appartenaient  à  la  maison,  le  premier  seul  était  convenablement  exploité. 

Quelques  gens  du  pays,  appelés  en  témoignage,  ne  firent  pas  d'opposition 
au  déplacement,  mais  exprimèrent  la  pensée  qu'il  serait  convenable  d'établir 
un  prêtre  à  Clavas,  afin  de  ne  pas  laisser,  pendant  l'hiver,  la  population  de 
ces  montagnes  dénuée  de  tout  secours  spirituel. 

Six  jours  après,  l'abbé  de  Sarrat  se  rendit  à  la  Seauve.  Le  monastère  était 
en  émoi.  Si  les  sept  religieuses  qui  le  composaient^,  y  compris  la  prieure. 
Madame  de  Pierre,  formaient  deux  camps  ennemis. 

'Marie   d'Espinchal,   Françoise   de   Meneville,  Mean -Augustin    de    Frelat    de    Sarrat,    grand 

Anne  d'Espinchal  de  Marsiac,  Marie-Marguerite  vicaire  du  Puy. 

de  la   Brochette,  Françoise  Grail,  Anne  de  Solme  *  Jean    Pouchon,    maître    charpentier,    Joseph 

du  Villar,  Marguerite   Lafaye,  Jeanne  de  Saint-  Rozier,  maître  maçon. 

Romain.  ^Mesdames  de    Pierre-Velron  ,   du    Fournel    du 

^  Arrêt    du    conseil    d'Etat,   donné    à   Marly    le  Roure,   du    Four,  de   Charpin,   de   Choumouroux, 

9  juin   17Û1.  de  Masjlieux. 


LIV.  IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  i2o5 

La  prieure,  qui  vint  recevoir  le  commissaire  à  l'entrée,  lui  répondit  fort 
nettement  qu'elle  ne  connaissait  d'autre  volonté  que  celle  de  l'abbé  de 
Citeaux  £<.  qu'avant  d'en  être  informée,  elle  n'exprimerait  aucune  opinion, 
refusant  avec  une  obstination  invincible  de  faire  sonner  l'assemblée  capitu- 
laire,  £<.  même  de  laisser  paraître  isolément  ses  religieuses.  Le  délégué  de 
l'évêque,  ayant  demandé  à  pénétrer  dans  le  monastère  pour  y  vérifier  l'étaf 
des  bâtiments  8<.  des  archives,  s'en  vit  interdire  l'accès. 

Une  des  fenêtres  de  l'abbaye  qui  regardait  la  place  du  village  fut  alors 
ouverte,  &  l'on  vit  s'y  pencher  quatre  religieuses  qui  sollicitèrent  l'enquêteur 
de  venir  écouter  leurs  dépositions.  Comme  les  voisins  s'amassaient  S<  que  la 
scène  pouvait  amener  un  éclat,  la  prieure  dut  accepter  l'interrogatoire 
général.  Deux  religieuses  déclarèrent  s'en  tenir  à  sa  réponse.  Les  quatre 
autres,  au  contraire,  descendues  de  leur  fenêtre,  se  montrèrent  disposées  à 
l'union.  Elles  voyaient,  dans  l'augmentation  de  la  communauté,  la  garantie 
d'une  régularité  plus  sérieuse,  &  dans  l'accroissement  de  revenus,  le  moyen 
d'exécuter  des  réparations  nécessaires.  Depuis  nombre  d'années,  la  maison  de 
la  Seauve  n'ayant  plus  d'abbesse,  il  s'y  était  introduit  beaucoup  d'abus: 
MaJame  de  Montmorin  serait,  mieux  que  personne,  en  état  de  les  réformer. 

Huit  habitants  de  Saint-Didier,  qui  furent  consultés  ensuite,  applaudirent 
à  la  fusion  projetée,  les  deux  maisons  étant  trop  pauvres  pour  se  soutenir 
l'une  &  l'autre,  tandis  qu'une  fois  réunies,  elles  pourraient  mieux  célébrer 
leurs  offices  &  se  rendre  utiles  au  pays,  en  élevant  les  pauvres  demoiselles 
des  lieux  voisins. 

La  prieure,  s'abritant  du  nom  de  l'abbé  de  Cîteaux,  demeurait  inflexible. 
Une  année  entière  s'écoula,  8c  il  fallut  un  nouvel  arrêt  du  conseil  pour  con- 
tinuer l'information,  avec  injonction  expresse  à  l'intendant  de  la  Province 
d'intervenir  dans  la  querelle  '. 

Lors  de  la  nouvelle  visite,  faite  le  6  août  1762,  en  présence  de  M.  Rachat, 
subdélégué  de  l'intendance,  la  situation  des  partis  n'était  point  changée. 
Madame  de  Pierre,  grâce  à  la  prépondérance  de  sa  voix  de  prieure,  tenait  en 
échec  ses  quatre  adversaires.  Madame  du  Pvoure,  que  le  camp  opposé  mit  à 
sa  tête,  donna  de  nouvelles  raisons  pour  justifier  son  consentement  &  fit 
observer  que  la  possession  des  bois  de  Clavas  diminuerait  de  moitié  la  dépense 
des  réparations  indispensables  aux  charpentes  séculaires  de  la  Seauve;  elle  se 
plaignit,  d'ailleurs,  d'avoir  été  tenue  par  la  prieure  8c  par  ses  deux  adhérentes 
dans  une  ignorance  complète  sur  la  situation  précise  du  monastère. 

Il  résulta  de  l'inventaire  du  matériel  que  la  valeur  totale  en  était  d'environ 
huit  mille  livres.  Quant  aux  revenus  annuels,  ils  s'élevaient  à  la  même 
somme,  bien  que  la  prieure,  déclarant  n'avoir  en  caisse  que  cinq  cents  livres, 
se  prétendît  trop  pauvre  pour  préparer  un  logement  aux  nouvelles  sœurs. 

Au  mois  de  novembre  suivant,  dom  Simon  Portes,  vicaire  général  de 
Cîteaux  pour  les  provinces  d'Auvergne  Se  de  Vêlai,  attaqua  en   nullité  tous 

'  Arrêt  du  conseil  d'ttnt,  donné  le  2p  mai  1762. 


1767 


■  767 


i-jùi 


i:o6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  actes  du  conseil  d'État  Se  de  l'évèque,  comme  contraires  aux  privilèges  de 
l'ordre,  tandis  que  le  parti  de  la  prieure  trouvait  dans  l'appel  comme  d'abus 
le  moyen  d'éterniser  la  procédure. 

Cette  double  résistance  fut  pourtant  vaincue.  Dom  Simon  Portes  signa, 
devant  deux  notaires  de  Paris,  un  acte  solennel  de  désistement,  Se  dom 
Étienne-Marie  de  Moyria,  procureur  général  de  l'ordre,  apporta  la  soumis- 
sion des  trois  opposantes'. 

Après  six  ans  de  luttes,  l'évèque  du  Puy  rendit  enfin  le  décret  d'union, 
le  29  mai  1767, 

La  communauté,  fixée  dans  les  bâtiments  de  la  Seauve,  prenait  le  nom 
d'abbaye  de  la  Seauve-Clavas  ;  elle  devait  acquitter  toutes  les  charges  &t 
dettes  de  la  maison  supprimée,  établir,  avec  pension  annuelle  de  deux  cent 
cinquante  livres,  un  prêtre  ou  chapelain  à  Clavas,  chargé  de  servir  les  ton- 
dations  pieuses,  de  dire  la  messe  le  dimanche  St  les  jours  de  fête,  &c  de  tenir 
une  école  gratuite  pour  les  pauvres  enfants  de  la  contrée. 

L'évèque  diocésain  se  réservait  le  choix  de  ce  prêtre  qui  n'était  pas  ina- 
movible. 

Enfin,  pour  dédommager  le  lieu  de  Clavas  8c  les  autres  écarts  de  la  paroisse 
de  Riotord,  il  fut  imposé  aux  religieuses  une  aumône  annuelle  de  deux  cents 
livres,  dont  le  curé  de  Riotord  devait  régler  la  distribution  de  concert  avec  le 
chapelain  &  avec  le  juge  de  l'abbaye. 

Ces  dispositions  furent  confirmées  par  lettres  patentes  du  roi,  au  mois  de 
septembre  1 767  ^. 

Tous  les  vases  &c  objets  nécessaires  au  culte  furent  empruntés  à  l'ancienne 
sacristie  de  Clavas  dont  les  bâtiments  fournirent  une  salle  d'école,  tandis 
qu'une  chapelle  neuve,  construite  aux  frais  de  l'abbaye,  remplaça  l'église  en 
ruines. 

L'exécution  de  l'édit  de  mai  1766,  relatif  à  l'administration  des  communes 
de  Languedoc,  rencontra,  dans  la  ville  de  Limoux,  des  ol«tacles  sérieux  par 
suite  de  l'état  d'antagonisme  St  de  division  où  se  trouvaient  les  diverses  classes 
d'habitants.  Le  choix  des  sujets  propres  à  remplir  les  places  de  conseillers, 
l'élection  des  officiers  municipaux,  la  détermination  des  éligibles,  tous  les 
actes,  en  un  mot,  de  la  vie  publique,  fournissaient  prétexte  à  des  luttes  dont 
l'intérêt  personnel  était  le  principal  mobile. 

Pour  y  remédier,  il  fut  rendu,  le  22  mai  1768,  un  arrêt  du  conseil  d't,tat, 
suivi,  le  10  juin,  de  lettres  patentes  portant  règlement  pour  les  élections  de 
Limoux. 

Il  y  était  porté  que  le  premier  consul  serait  choisi  à  l'avenir  alternativement 
oarmi  les  nobles,  les  avocats  ayant  exercé  leur  profession  au  moins  pendant 
trois  ans,  les  médecins  exerçant  la  leur  £<.  les  négociants  en  gros  de  toute 
espèce  ou  faisant  travailler  pour  leur  compte  à  la  fabrication  des  draps;  ces 

'  Acte  de  désistement  passé  par  devant  M'''  Que-  '  Archives   du   parlement  de  Toulouse,  Ejits  & 

fct  StCouturler,  notaires  à  Paris,  le  29  janvier  1763.        déclarations,  LIX,  p.  67, 


LIV,    IV.    LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1207 

derniers  devaient,  en  outre,  avoir  déjà  rempli  la  charge  de  second  consul.  On 
exigeait  également  que  chacun  des  éligibles  appartenant  à  ces  quatre  classes 
fût  du  nombre  des  plus  forts  taillables  ou  comptât  au  moins  cinq  ans  de 
domicile. 

Le  second  consul  ne  pouvait  être  pris  que  parmi  les  notables  bourgeois  & 
les  négociants  en  gros  ou  fabricants  de  draps;  quant  aux  consuls  des  autres 
échelles,  on  continuerait  à  les  choisir,  suivant  l'usage,  dans  les  autres  classes, 
tous  taillables  ou  domiciliés  depuis  cinq  ans. 

Le  conseil  politique  était  réduit  à  douze  membres,  choisis  parmi  les  plus 
notables  &  les  plus  forts  contribuables  des  diverses  classes,  avec  recommanda- 
tion d'y  nommer,  autant  que  possible,  deux  nobles,  deux  avocats  exerçant 
leur  profession  depuis  trois  ans,  ou  bien  un  avocat  8<  un  médecin  en  exer- 
cice; deux  notables  bourgeois  ou  commerçants  en  gros,  marchands  de  grains 
ou  autres,  ou  deux  fabricants  d'étoffes. 

Les  mêmes  règles  s'appliquaient  au  choix  des  douze  membres  supplémen- 
taires du  conseil  renforcé. 

Le  minimum  de  l'allivrement  en  compoix  terrier  ou  cabaliste  était  scrupu- 
leusement déterminé  pour  les  divers  éligibles.  C'était  huit  livres  pour  les 
consuls  du  premier  S<  second  rang  8c  pour  les  six  premiers  membres  du  con- 
seil, six  livres  pour  les  consuls  Se  conseillers  du  second  rang,  quatre  livres 
pour  ceux  du  troisième. 

Les  avocats  pourvus  d'un  office  de  notaire  ou  de  procureur  devaient  opter 
au  moins  uti  an  avant  l'élection.  Faute  d'avocats  ou  de  médecins,  on  laissait 
aux  électeurs  la  faculté  de  les  remplacer  par  des  notables  bourgeois,  des  com- 
merçants en  gros  ou  des  marchands  fabricants. 

Les  élections  devaient  se  faire  par  scrutin,  à  la  pluralité  des  suffrages,  Il3 
consuls  en  charge  ayant  leur  voix  dans  toutes  les  assemblées. 

L'arrêt  se  terminait  par  la  nomination  des  consuls,  des  membres  des  dtux 
conseils,  du  procureur  du  roi  8c  du  greffier  de  l'hôtel  de  ville',  avec  charge 
d'entrer  en  fonction  à  l'époque  réglementaire  des  élections  8c  de  servir  pen- 
dant une  année  pour  faire  ensuite  place  h.  des  magistrats  élus. 

Une  disposition  spéciale  défendait  aux  présidents  des  conseils  de  renvoyer, 
dans  aucun  cas,  les  délibérations  d'une  séance  à  l'autre,  £c  de  les  rompre, 
sans  une  délibération  préalable,  à  la  pluralité  des  suffrages.  Enfin,  les  con- 
suls ou  conseillers  nommés  ne  pouvaient  se  démettre  que  pour  des  excuses 
ou  empêchements  légitimes,  à  moins  que  les  conseils  ordinaires  8c  renforcés 
n'eussent  accepté  volontairement  leur  démission^. 

Parmi   les  justes  sujets  de  réclamations  du  clergé  inférieur,  il   n'en  était 

'  Recueil  des  id'its,  déclarations,  arrètt  &  orJoit-  Ordiiiiaire   :  Vasscrof,    d'Esterenel,    Delmas-Carla, 

nanccs    pour   l'anné»    1770,    pour    la    province   de  Dustoii,  Chainbre,  Roumengoiix,  Custel,    Nougai- 

Languedoc.  roi,  Alcouffe,  Roux,  Castillon,  Aussenac.  —  Coii- 

*  Consuls   :   François    Bonnet,   nvocnt  ;    Rouch,  seil   renforcé  :  L.  de  Barri,  Captier,  Roques 


1768 


a  1  n  v 


1769 


marchand  fabricant)  Raymond  Guitiard)  Antoine       Boyer,  Astruc,  Glottes,  Delrieu,   Boire,  J.-P.   Kc- 
Alqiiicr.   —    Procureur   :   Pierre- Jacques  Andrieu,       ques,  J.-F.  Alquicr,  Homps,  Lagravc. 
STOcat.  —  Greffier  :   Bouichere   cadet.  —  Conseil 


1769 


iio8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

pas  de  plus  sérieux  que  l'exiguité  des  portions  congrues.  Fixées,  par  divers 
actes  rovaux,  à  des  époques  déjà  lointaines,  les  pensions  assignées  aux  curés 
&  vicaires  perpétuels  étaient  demeurées  stationnaires,  malgré  la  révolution 
économique,  8<.  ne  suffisaient  plus  à  l'entretien  de  ces  prêtres  ni  aux  frais  du 
culte.  Les  assemblées  du  clergé  de  France,  en  1760  &  en  1765,  se  firent 
l'écho  de  leurs  plaintes,  &  enfin,  au  mois  de  mai  1768,  le  chancelier  Mau- 
peou  fit  signer  à  Versailles  un  édit  du  roi  qui  avait  pour  but  d'amender  une 
situation  devenue  intolérable  &  souvent  dérisoire. 

Le  roi  reconnaissait  dans  cet  acte  que  les  pensions  connues  sous  le  nom  de 
portion  congrue,  déterminées  par  ses  prédécesseurs,  étaient  devenues  insuffi- 
santes par  suite  du  changement  survenu  dans  la  valeur  des  denrées,  &  il  en 
fixait  le  minimum  à  cinq  cents  livres  pour  les  curés  8c  vicaires  perpétuels,  &  à 
deux  cents  livres  pour  les  simples  vicaires,  sommes  représentant  alors  la  valeur 
en  argent  de  vingt-cinq  &  de  dix  setiers  de  blé,  mesure  de  Paris. 

Le  Parlement  de  Toulouse  opposa  quelques  difficultés  à  l'enregistrement 
de  cet  édit,  qui,  outre  le  tarif  des  portions  congrues,  contenait  diverses  dis- 
positions relatives  à  la  perception  des  dîmes  &  aux  droits  &  devoirs  des  curés 
])rimitifs  Si  des  gros  décimateurs,  &  en  fit  l'objet  de  remontrances  au  roi.  Le 
ministère  y  répondit  par  des  lettres  de  jussion  en  date  du  21  mars  1769,  &  le 
Parlement  s'exécuta  le  3  juin  suivant,  sur  le  rapport  de  M.  de  Bastard. 

L'arrêt  d'enregistrement,  tout  en  ordonnant  l'exécution  de  l'édit,  mention- 
nait encore  certaines  réserves. 

Il  exigeait  qu'en  attendant  la  publication  d'une  loi  irrévocable,  précisant 
les  obligations  des  gros  décimateurs  pour  les  frais  du  culte,  ces  bénéficiers 
continueraient  de  fournir  aux  mêmes  dépenses,  dans  le  cas  d'insuffisance  des 
fabriques,  &  que  la  cour  en  aurait  la  juridiction  comme  par  le  passé;  il  char- 
geait le  procureur  général  de  se  procurer,  dans  toutes  les  paroisses  du  ressort 
desservies  par  des  curés  &  vicaires  perpétuels,  les  éclaircissements  nécessaires. 

Dérogeant,  sur  ce  point,  à  la  jurisprudence  du  Parlement,  il  ordonnait 
que  les  dîmes  novales,  c'est-à-dire  celles  des  terres  nouvellement  défrichées, 
dont  les  curés  congruistes  ou  fruit-prenants  se  trouveraient  en  possession  au 
moment  de  la  publication  de  l'édit,  leur  appartiendraient  d'une  façon  irrévo- 
cable S<  à  perpétuité. 

L'arrêt  ajoutait  que  les  baux  à  ferme  des  bénéfices,  notamment  ceux  des 
chapitres,  des  bénéfices  consistoriaux  &  surtout  ceux  des  archevêchés  Si  des 
évêchés,  trahissaient  un  accroissement  de  valeur  depuis  l'année  1686,  qui 
s'élevait  au  triple.  Si  que,  d'autre  part,  l'augmentation  survenue  dans  le  prix 
de  tous  les  objets  de  consommation  rendait  insuffisant  le  tarif  arrêté  par  le 
nouvel  édit  royal  Si  le  mettait  en  contradiction  avec  les  intentions  bienfai- 
santes du  roi,  qui  tendaient  à  rendre  meilleur  le  sort  des  curés  81  à  leur 
donner  les  moyens  de  remplir  leurs  fonctions  avec  décence. 

Le  Parlement  de  Toulouse  promettait  de  réitérer  en  tout  temps  les  remon- 
trances, relativement  aux  sommes  fixées  par  l'édit;  Si,  contrairement  aux  dis- 
positions de  l'article  IX,  il  déclarait  que  la  portion  congrue  étant  assignée 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1109 

aux  prêtres  comme  pension  alimentaire  &  pour  fournir  au  nécessaire  absolu, 
elle  ne  pouvait  &  ne  devait  être  soumise  à  aucun  retranchement,  &  priait  le 
roi  de  la  reconnaître,  dans  les  formes  les  plus  solennelles,  affranchie  du 
pavement  des  décimes  &  exempte  de  toute  charge,  conformément  à  l'esprit  de 
la  déclaration  de  1686. 

Il  demandait,  en  outre,  que  les  congruistes  fussent  maintenus  en  la  posses- 
sion des  biens-fonds  &  rentes  annexés  à  leurs  bénéfices  pour  acqviitter  des 
obits  &  des  fondations,  à  la  seule  condition  de  prouver  qu'ils  continuaient  le 
service  de  leurs  prédécesseurs  immédiats  pour  l'acquit  de  ces  fondations'. 

La  chute  du  ministère  Choiseul,  l'avènement  du  chancelier  Mavipeou  8\. 
de  l'abbé  Terray  eurent  pour  première  conséquence  une  réaction  violente 
contre  les  Parlements  que  l'ancien  ministre  passait  pour  favoriser.  On  sait  à 
quelles  luttes  ardentes  donna  lieu  la  fameuse  querelle  entre  le  Parlement  de 
Bretagne  &  le  duc  d'Aiguillon. 

La  cour  de  Toulouse  commença  d'entrer  en  conflit  avec  le  ministère  à 
l'occasion  des  règlements  des  États  de  Languedoc  dont  la  collection  venait 
d'être  réimprimée.  Diverses  mesures  avaient  été  prises  pour  interdire  l'accès 
des  baronnies  représentatives  k  la  noblesse  de  robe  &  conserver  au  second 
ordre  de  l'assemblée  un  caractère  aristocratique.  Obligation  pour  les  héritiers, 
donataires  ou  acquéreurs  de  baronnies  de  faire  profession  des  armes,  &  de 
produire  des  preuves  de  noblesse  militaire  du  côté  paternel  depuis  quatre 
siècles;  obligation  pour  les  envoyés  des  barons  de  prouver  six  générations  de 
noblesse  paternelle  ou  au  moins  deux  cents  ans  de  noblesse.  Les  grandes 
familles  étaient  effrayées  de  l'invasion  du  tiers  état  qui  pénétrait  à  toute 
l.eure  dans  leurs  rangs  par  les  charges  de  judicature;  elles  comprenaient  que 
la  vie  politique  &  l'influence  leur  échappaient  de  jour  en  jour  8c  faisaient  de 
suprêmes  efforts  pour  les  retenir. 

Le  Parlement,  blessé  dans  ses  intérêts,  dans  ses  espérances,  dans  son 
orgueil,  se  hâta  d'intervenir,  8c  cassa,  le  14  juillet  1770,  par  un  long  arrêt 
motivé,  les  articles  VII  8c  VIII  du  nouveau  règlement  des  États.  Il  sortait 
évidemment  de  ses  attributions,  comme  il  l'avait  fait  tant  de  fois  en  d'autres 
époques,  8c  s'arrogeait  une  puissance  législative  qui  ne  lui  appartenait  pas. 
Le  syndic  de  Languedoc  porta  plainte  au  conseil,  invoqua  les  privilèges  de 
la  Province  qui  interdisaient  au  Parlement  toute  ingérence  dans  les  délibé- 
rations des  États  8c  obtint,  le  i3  octobre,  un  arrêt  de  cassation. 

Mais  la  lutte  s'aigrissait  de  plus  en  plus  entre  les  Parlements  8c  le  minis- 
tère. Le  lit  de  justice  du  mois  de  décembre  1770,  destiné  à  réfréner  les  empié- 
tements des  prétendues  cours  souveraines  8c  à  les  contenir  dans  leurs  fonctions 
judiciaires,  produisit  une  violente  conflagration. 

Il  parut  un  pamphlet,  sous  forme  de  lettre  aux  officiers  de  justice  des  pro- 
vinces, qui  dénonçait  l'édit  de  décembre  comme  une  atteinte  aux  droits  de  la 

'  Recueil  des  lA'its,  JicUrations,  arrêts  &  ordonnances  pour  rnnnce  1770,  pour  In  province  de  Lar  • 
giiedoc. 


1769 


1770 


'7/0 


'77' 


I2IO  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

nation.  »  L'esprit  de  despotisme,  y  lisait-on,  a  dicté  l'édit  :  on  a  voulu  se 
«  débarrasser  à  toujours  des  obstacles  que  les  remontrances  8c  la  résistance 
«  des  ministres  S<.  des  gardiens  des  lois  apportoicnt  journellement  aux  pro- 
«  jets,  aux  volontés,  aux  fantaisies  du  ministre.  11  était  sensible  qu'on  ne 
u   pouvoit  établir  le  despotisme  sans  perdre  le  Parlement....  » 

Pendant  deux  mois,  la  cour  de  Toulouse  sollicita  vainement  la  permission 
d'envoyer  ses  députés  auprès  du  roi  pour  réclamer  contre  l'édit  publié  à  Ver- 
sailles, en  lit  de  justice,  le  7  décembre  &c  contre  la  dispersion  du  Parlement 
de  Paris.  Le  roi  ne  répondit  pas. 

Considérant  ce  silence  comme  une  preuve  du  dessein  arrêté  d'achever 
l'œuvre  commencée,  le  Parlement  prit  le  parti  d'adresser  des  remontrances, 
qui  furent  résolues,  chambres  assemblées,  le  6  avril  1771. 

Ces  remontrances  étaient  très-longues  8(.  très-solennelles. 

i(  11  est  pour  les  empires,  disaient  les  magistrats  de  Toulouse,  des  époques 
«  fatales  qui  décident  leurs  révolutions;  des  temps,  où  ébranlés  par  de  lon- 
<(  gués  8t  violentes  secousses,  ils  ne  peuvent  plus  se  soutenir  sur  leurs  anciens 
((  fondemens;  mais  on  n*a  jamais  vu  que  tranquille  au  dedans  S(.  au  dehors, 
«  un  gouvernement,  dont  les  ressorts  n'ont  rien  perdu  de  leur  activité, 
K(  emprunte,  en  pleine  paix,  l'appareil  de  la  législation  pour  prononcer 
«   l'anéantissement  de  sa  constitution  politique.  » 

Nous  ne  suivrons  pas  dans  leurs  détails  ces  récriminations  où  se  mêlent  le 
vrai  8c  le  faux,  la  dignité  &c  l'emphase.  Elles  avaient  pour  fondement  une 
appréciation  historique  absolument  erronée,  la  prétendue  substitution  des 
Parlements  aux  anciennes  assemblées  germaniques  des  Francs,  substitution 
imaginaire  dont  les  membres  des  cours  souveraines  se  contentaient  pour  v 
chercher  l'origine  d'une  autorité  législative  absolument  étrangère  à  leurs 
charges.  La  vérité  était  que,  depuis  la  suppression  de  fait  des  Etats  généraux, 
la  nation  n'avait  plus  de  représentants;  les  plus  beaux  aphorismes  du  monde 
ne  pouvaient  gratifier  de  ce  droit  de  simples  acquéreurs  d'offices  de  judicature 
créés  &(,  vendus  par  le  roi. 

I,e  Parlement  revint  à  la  charge  le  4  mai,  &  prit  une  délibération  conçue 
dans  les  termes  les  plus  violents  contre  les  projets  de  réforme  judiciaire  qui 
avaient  reçu  un  commencement  d'exécution  à  Paris.  Elle  y  déclara  «  tenir 
<i  pour  intrus,  parjures  &c  violateurs  de  leurs  sermens,  tous  magistrats,  avo- 
«  cats  ou  autres,  qui  violant  tout  ensemble,  8c  la  loi  non  écrite  de  l'honneur, 
«  &c  la  disposition  précise  des  ordonnances  qu'ils  avoient  juré  de  garder,  n'au- 
«  roicnt  pas  craint  de  s'ingérer,  en  manière  quelconque,  dans  les  fonctions 
«  de  magistrats  non  légalement  destitués,  8c  tous  ceux  qui  prêteroient  aux 
«  officiers  intrus  aide,  conseil,  assistance  ou  service  quelconque;  »  annulant 
d'avance  les  actes  qui  pourraient  émaner  des  nouveaux  tribunaux. 

La  cour  décida  que  cet  arrêt  serait  envoyé  aux  sénéchaussées  du  ressort 
pour  y  être  enregistré. 

Du  23  au  28  mai,  ces  enregistrements  se  firent  k  Carcassonne,  au  duché 
d'Antin,  aux  sénéchaux  de  Figeac,  de  Tarbes,  de  Nimes,  de  Cahors,  de 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV,  1211 

risle-Jouidaiii,  de  Bézicis,  de  Castelnaudary,  d'Auch,  de  Pamieis,  de  Rodez, 
de  Castres  Se  de  Montpellier. 

A  Toulouse,  les  othciers  de  la  sénéchaussée  ne  s'exécutèrent  pas.  Dénoncés 
par  le  procureur  général  Si  mandés  à  la  cour,  ils  subirent,  le  29  mai,  une 
sévère  réprimande  du  premier  président  £<  furent  ajournés  au  vendredi  sui- 
vant. 

Mais  le  mode  de  transcription  qu'ils  adoptèrent  St  les  réserves  dont  ils 
enveloppèrent  leur  soumission  leur  attirèrent  une  seconde  mercuriale. 

«  Le  plus  grand  nombre  S<.  les  principaux  des  sièges  du  ressort,  leur  dit 
11  le  premier  président,  ont  mieux  senti  que  vous  l'honneur  que  la  cour  leur 
n  a  fait,  en  les  associant  à  la  garde  8<.  au  dépôt  de  l'acte  important  qui  vous 
«  a  été  adressé. 

«  Elle  espéroit  que  l'exemple  des  autres  tribunaux,  les  sentimens  de  plu- 
M  sieurs  d'entre  vous  &  le  mécontentement  public  vous  ouvriroient  les  yeux 
«  sur  votre  conduite. 

«  Mais,  au  lieu  des  témoignages  de  zèle  Se  de  repentir  que  la  cour  atten- 
«  doit  de  votre  part,  vous  ne  lui  avez  rapporté  qu'un  acte  forcé  d'obéissance. 

«  Vous  vous  séparez  de  l'esprit  qui  anime  en  ce  moment  la  magistrature 
«  entière. 

u  Vous  mériteriez  toute  l'animadversion  de  la  cour. 

M  N'oubliez  jamais  l'indulgence  dont  elle  use  aujourd'hui. 

«  Vous  n'obtiendrez  sa  protection  8c  sa  confiance  que  par  un  prompt 
<i   retour  aux  sentimens  qui  caractérisent  les  vrais  magistrats. 

R  Retirez-vous.  » 

Les  foudres  de  la  colère  royale,  qui,  depuis  si  longtemps,  menaçaient  le 
Parlement  de  Toulouse,  éclatèrent  au  mois  d'août  1771.  Un  édit,  donné  à 
Compiègne  8t  contresigné  par  le  chancelier  Maupcou  &  l'abbé  Terray, 
détruisit  de  tond  en  comble  l'organisation  de  la  puissante  compagnie  8c  opéra 
dans  le  système  judiciaire  une  des  plus  complètes  métamorphoses  que  l'esprit 
des  réformateurs  eût  jamais  rêvées. 

Cet  acte  célèbre  commençait  par  quel([ues  paroles  simples  Se  vraies  : 

(1  La  distribution  gratuite  de  la  justice,  la  réforme  des  abus  qui  se  sont 
«  introduits  dans  les  tribunaux,  la  diminution  de  ce  nombre  excessif  d'offices 
Il  (|ui  doivent  leur  création  aux  besoins  de  l'Etat  8c  qui  sont  devenus  une 
!•  surcharge  pour  nos  peuples,  sont  des  bienfaits  que  toutes  les  parties  de 
>  notre  royaume  ont  également  droit  de  réclamer,  8c  nous  nous  empressons 
(I  de  les  étendre  sur  notre  province  de  Languedoc,  dont  le  zèle  8c  la  fidélité 
(1    méritent  de  notre  part  un  juste  retour  de  tendresse  8c  d'affection.  » 

Pas  une  des  assertions  contenues  dans  ce  préanibule  qui  ne  fût  irrépro- 
chable 8c  d'une  parfaite  exactitude.  La  magistrature  n'avait  qu'à  gagner  en 
considération  8c  en  respect  à  recevoir  des  émoluments  de  fonctionnaires 
publics,  juste  rémunération  payée  par  l'Etat  d'un  travail  accompli  pour  le 
bien  de  la  société,  au  lieu  de  s'enrichir,  par  le  moyen  des  épices,  aux  dépens 
lies  justiciables.  Non-seulement  le  nombre  des  offices  avait  été  démesurément 


1771 


•77' 


12  12  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

accru  à  diverses  époques,  dans  un  pur  intérêt  iîscal,  mais  des  considérations 
politiques  y  avaient  aussi  contribué;  8<,  pour  déplacer  la  majorité  dans  les 
questions  d'enregistrement  des  lois,  les  cadres  s'étaient  souvent  élargis.  Au 
lieu  d'un  corps  de  juges  appliqués  à  remplir  fidèlement  leurs  fonctions,  on 
avait  fini  par  constituer  une  sorte  d'oligarchie  privilégiée,  aussi  ardente  à 
défendre  les  droits  du  peuple  qu'elle  l'était  peu  à  partager  ses  charges;  pros- 
ternée devant  le  despotisme,  quand  le  despotisme  servait  ses  passions  &  ses 
préjugés;  intraitable  &  hautaine,  lorsque  le  despotisme,  par  accident,  deve- 
nait un  agent  de  justice  &  d'égalité. 

Si  l'on  ne  veut  pas  se  méprendre  8t  s'enthousiasmer  à  faux  sur  les  belles 
déclarations  des  parlementaires,  il  ne  faut  pas  oublier  leur  rôle  égoïste  &<. 
impitoyable  en  qualité  de  membres  de  l'aristocratie  territoriale.  En  devenant 
propriétaires  fonciers,  en  échangeant  leurs  bonnets  de  légistes  contre  des 
heaumes  seigneuriaux,  ils  avaient  à  peu  près  perdu  le  sentiment  de  leur 
ancien  rôle  dans  l'État;  8c  si  la  haute  noblesse  excitait  encore  leur  envie  par 
ses  prérogatives  &.  blessait  leur  vanité  par  ses  dédains,  ils  formaient  eux- 
mêmes  une  noblesse  de  second  ordre,  regardant  le  reste  des  humains  du  haut 
de  sa  grandeur,  &  toujours  habile  à  se  dérober  aux  charges  publiques  6c  à 
rejeter  l'impôt  sur  les  masses.  C'est  avec  une  compréhension  éclairée  des  résis- 
tances de  ce  corps  à  toutes  les  tentatives  de  réforme  partielle  que  le  ministère 
de  Louis  XV,  devançant  la  Révolution,  agissait  d'une  façon  radicale  à  l'égard 
des  cours  souveraines. 

L'édit  de  Compiègne  ne  comprenait  que  trois  articles  : 

«  Nous  avons  éteint  Se  supprimé,  éteignons  8t  supprimons  tous  les  offices 
(c  de  premier  président,  de  présidens,  de  conseillers,  de  nos  procureurs  8<. 
«  avocats  généraux  Se  de  substituts  de  procureur  général  de  notre  Parlement 
«  de  Toulouse. 

«  Les  propriétaires  desdits  offices  seront  tenus  de  remettre,  dans  le  délai  de 
«  deux  mois,  leurs  quittances  de  finance  &  autres  titres  de  propriété  es  mains 
<i  du  contrôleur  général  de  nos  finances,  pour  être  procédé,  en  la  forme  ordi- 
«  naire,  à  la  liquidation  desdits  offices  Se  pourvu  au  remboursement  d'iceux, 
«  ainsi  qu'il  sera  par  nous  ordonné. 

u  Nous  nous  réservons  de  pourvoir  à  l'administration  de  la  justice  de  notre 
«   province  de  Languedoc,  ainsi  que  nous  aviserons  bon  être.  « 

En  se  plaçant  au  point  de  vue  du  gouvernement  royal,  rien  n'était  plus 
correct  8c  plus  équitable  que  ces  diverses  mesures.  La  correction  n'en  pouvait 
être  contestée,  puisque  la  monarchie  absolue  plaçait  dans  la  personne  du  roi, 
inspirée  d'en-haut,  toute  spontanéité  législative.  Si  l'on  ne  reconnaissait  pas 
au  souverain  le  droit  de  supprimer  des  fonctionnaires,  que  ses  prédécesseurs 
s'étaient  cru  le  droit  de  créer,  il  n'y  avait  pas  une  loi  du  rovaume  qui  pût 
tenir  debout.  Quant  à  l'équité,  elle  n'était  pas  moins  garantie,  puisque  le 
prince,  loin  de  confisquer,  comme  le  répétèrent  tant  de  fois  les  déclama- 
teurs  du  Parlement,  des  propriétés  individuelles,  s'engageait  à  effectuer  le 
remboursement  des  titulaires,  c'est-à-dire  à  faire,  en    tout  point,  pour  les 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  iii3 

offices  de  la  cour  ce  que  la  cour  elle-même  avait  tant  de  fois  sollicité  pour 
d'autres  offices. 

Les  membres  du  Parlement,  enivrés  de  leur  propre  majesté,  en  étaient 
arrivés  à  cet  immense  orgueil  de  se  considérer  comme  un  élément  essentiel  de 
la  monarchie  :  vis-à-vis  des  peuples,  ils  s'imaginaient  représenter  le  pouvoir 
souverain  dans  la  plénitude  de  sa  puissance;  vis-à-vis  du  roi,  avec  une  égale 
illusion,  ils  se  figuraient  représenter  le  peuple.  En  droit,  ni  l'une  ni  l'autre 
de  ces  deux  qualités  ne  leur  appartenait.  E'.n  achetant  des  offices  à  prix 
d'argent,  ils  avaient  acquis  la  licence  d'exercer  des  fonctions  déterminées, 
mais  non  pas  de  participer  au  pouvoir  souverain,  &  le  contrat  de  finances  qui 
les  faisait  magistrats  les  autorisait  encore  moins  à  se  poser  en  représentants  de 
la  nation. 

Un  second  édit,  de  la  même  date  &  accompagné  d'un  état  du  lo  août, 
reconstituait  le  Parlement  de  Toulouse  d'après  de  nouveaux  principes,  plus 
conformes  à  la  raison.  Au  lieu  de  vendre  un  brevet  de  juge  comme  une  charge 
d'huissier,  le  roi  déclarait  l'intention  de  donner  gratuitement  les  offices  de 
judicature  «  au  mérite  Se  aux  talents.  »  La  magistrature  allait  perdre  son  carac- 
tère domanial   pour  devenir  une  compagnie  d'hommes  de  travail  Se  d'études. 

Le  nombre  des  officiers  du  Parlement  de  Toulouse  était  réduit  à  quarante- 
sept,  plus  cinq  officiers  du  ministère  public. 

Ce  personnel  se  répartissait  entre  trois  chambres  :  la  grand'chambre,  la 
tournelle,  la  chambre  des  enquêtes.  Des  honoraires  fixes  5c  insaisissablei 
étaient  assurés  à  tous  les  magistrats',  avec  défense  de  prendre  des  parties 
aucunes  rétributions  sous  le  titre  d'épices,  vacations  ou  autres  dénominations 
quelconques. 

Un  registre  de  présence  était  établi  pour  garantir  l'assiduité.  Se  toute 
absence  non  justifiée  par  maladie  ou  empêchement  légitime  emportait  réduc- 
tion proportionnelle  d'appointements. 

L/édit  exigeait  qu'on  ne  pût  être  reçu  conseiller  avant  l'âge  de  vingt-cinq 
ans  accompli,  ni  sans  avoir  suivi  le  barreau  pendant  cinq  ans,  ou  rempli 
pendant  la  même  période  quelque  autre  office  de  judicature. 

En  cas  de  vacance  d'un  office  de  conseiller,  la  cour  présentait  trois  sujets 
remplissant  les  conditions  requises.  Si  aucun  des  trois  n'était  agréable  au 
gouvernement,  la  cour  devait  faire  de  nouvelles  présentations  jusques  à  pos- 
sibilité de  choix. 

Le  roi  renvoyait  au  sénéchal  de  Toulouse  la  connaissance  de  toutes  les 

■  Les  traitements  furent  ainsi  fixés  pnr  les  let-  Chacun  des  avocats  généraux.    .    .        3  ooo  livres 

très  patentes  du  lo  août   i  77 1    :  Le  procureur  général 6000    — 

Le  premier  président îo  000  livres  Chacun  des  îubstitnis 000    — 

Chacun  des  présidents 6  o  -  >    — 

Chacun  des  conseillers  présidents  ^co.)    —  Outre  ces    honoraires,  le  doyen    des  conseillers 

Chacun  des  conseillers  de  grand'-  ^^'"  devait   jouir  d'une   pension   de  quinze  cents 

chambre 3  000    —  livres,  &  le  plus  ancien  dci  conseillers  clercs  d'une 

Chacun    des    conseillers    des    en-  pension  de  mille  livres. 

quêtes 2000    — 


'77' 


'77' 


I2I4  KTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

causes  qui  se  portaient  précédemment  aux  recjuêtes  du  palais,  sauf  l'appel  à 
la  cour;  les  affaires  déjà  pendantes  étaient,  par  voie  d'évocation,  attribuées 
au  sénéchal. 

Trente-sept  officiers  du  Parlement  détruit,  sondés  secrètement  par  le  minis- 
tère, avaient  consenti  à  taire  partie  de  la  nouvelle  cour.  Le  premier  président 
de  Niquet  se  trouvait  à  leur  tête.  L'édit,  pour  récompenser  «  le  zèle  8c  l 'affec- 
«  tion  au  service  du  roi  »  dont  ils  avaient  donné  des  marques,  ordonnait  à 
ces  magistrats  de  reprendre  l'exercice  de  leurs  fonctions,  sans  avoir  besoin 
d'autre  réception,  sauf  à  ceux  cjui  rempliraient  des  offices  différents  de  prêter 
le  serment  attaché  à  leur  nouveau  titre  '. 

Le  gouvernement  compléta  l'œuvre  par  la  création  du  conseil  supérieur  de 
Nimes,  qui  n'était  autre  chose  qu'un  second  Parlement  mis  plus  à  portée  de 
la  partie  orientale  du  ressort. 

«  Par  nos  édits  du  présent  mois  d'août,  disait  le  roi,  nous  avons  aboli  la 
<i  vénalité  des  offices  dans  notre  Parlement  de  Toulouse,  8<  nous  y  avons 
(i  établi  la  distribution  gratuite  de  la  justice;  mais  ces  premiers  bienfaits  ne 
(I  suffisent  pas  encore  à  notre  tendresse  pour  nos  peuples;  nous  voulons 
u  encore  procurer  aux  parties  les  plus  éloignées  des  juges  qui,  placés  plus 
0  près  d'eux,  leur  rendront  une  justice  également  prompte  &  désintéressée.  » 

Le  conseil  supérieur  de  Nimes  devait  connaître  au  souverain  Se  en  dernier 
ressort  toutes  les  matières  civiles  S<  criminelles,  dans  toute  l'étendue  des  jus- 
tices Si  sénéchaussées  formant  son  arrondissement.  Il  était  composé  de  vingt- 
sept  officiers.  Par  cette  création,  le  ministère  avait  eu  en  vue  de  donner 
satisfaction  aux  besoins  révélés  par  les  dernières  enquêtes. 

On  le  voit,  l'ensemble  des  réformes  opérées  par  les  édits  de  1771,8c  l'insti- 
tution du  corps  connu  dans  l'histoire  sous  le  nom  de  Parlement  Maupeou, 
marquaient  un  incontestable  progrès  dans  l'organisation  de  la  justice.  Mal- 
heureusement, l'autorité  morale  manquait  à  ceux  qui  en  eurent  l'initiative. 
Les  noms  du  chancelier  Maupeou,  de  l'abbé  Terray  déparaient  ces  actes,  8c 
les  motifs  accidentels  qui  poussaient  les  ministres  à  la  ruine  des  Parlements, 
donnèrent  le  change  à  l'opinion  8c  lui  rendirent  odieuse  une  transformation 
qui  méritait  d'être  considérée  comme  un  grand  bienfait  national.  On  peut 
dire  (jue  le  mauvais  renom  de   la  Cour  flétrissait  ses  inspirations   les  plus 

■  A   l'édit   de  Complègne   est   annexée    la    pièce  ConseiUen-laia  :  les    sieurs   de    Bastard,   —  de 

suivante  :  Gauran,  — des  Innocendt,  —  de  Jossé,  —  de  Car- 

État  lies  officiers  (jui  doivent  composer  le  Parlement  ''O"!  —  ^^  Miramont,  —  de  Bardy,  —  de  Lassiis, 

de  Toulouse,  conformément  a   l'article  XVIII  de  —  ds  Lacaze,  —  de    Blanc,  —   de  Reynal,  —  de 

l'édit  du  présent  mois   d'Août,  portant  création  Ciicsac,  —  de  Ferez,  —  de  Lespinasse,  —  de  Mon- 

d  offices  dans  ledit  Parlement.  tégut,  —  de  Baron,  —  de  Carbon  fils,  —  de  Firmy, 

Premier  rnÉgiDENT  :  le  sieur  de  Niquet.  "  °'"''''  "  ^^  Miégeville,  —  de  Belcastel,  —  de 

Président  :  les  sieurs Rolland,  —  de  Rigaud,  —  de  Lacaze-Montfort, — 

ConseiUers-présidcns  :  les  sieurs  de   Portes,  —  de  ^'^  Bastard  fils,  —  de  Juin. 

Jîelloc.  Avocats  généraux  :  les  sieurs  de  Malbois 

Conseillers-clercs   :    les    sieurs    l'abbé    de    Barris,  Procureur  général  :  U  s'ieut  Lcccmte. 

l'nbbé  de  Carrére,   l'abbé   de   Firmy,    l'abbé  d'Au-  Substituts  du  procureur  général  :  Us  iiaim  S:t\aic, 

frery.  Manent. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  im5 

heureuses;  on  se  refusait  à  croire  que  la  vieillesse  dégradée  de  Louis  XV  fût 
capable  d'une  action  utile,  8c  l'on  se  laissait  prendre  aux  sophismes  intéressés 
des  gens  qui  devaient  perdre  la  monarchie. 

Comme  les  Parlements  de  Besançon  ik  de  Douai  avaient  été  déjà  frappés, 
dès  la  iin  du  mois  d'août,  des  rumeurs  confuses  annoncèrent  à  la  cour  de 
Toulouse  le  coup  suspendu  sur  sa  tête. 

Le  3o  août,  le  vicomte  de  Saint-Priest  arriva  dans  la  capitale  de  la  Pro-. 
vince  vers  huit  heures  du  soir.  Sa  présence  augmenta  les  appréhensions.  Le 
lendemain,  dès  six  heures  S<  demie  du  matin,  les  chambres  se  rassemblaient. 
On  V  comptait,  dit-on,  cent  seize  magistrats.  Il  y  fut  proposé  de  faire  des 
protestations  contre  la  suppression  dont  la  cour  était  menacée.  Au  premier 
tour  de  bonnet,  cinq  ou  six  opinants  repoussèrent  la  proposition,  suivant 
l'exemple  du  doyen,  M.  de  Bastard;  mais  au  second  tour,  dejnandé  par  accla-. 
mation.  M,  de  Bastard  se  trouva  seul  de  son  avis. 

On  pria  les  commissaires  de  monter  au  bureau  de  la  grand'chambre  pour 
y  rédiger  les  protestations.  Ils  en  redescendirent  au  bout  de  trois  quarts 
d'heure,  apportant  un  long  mémoire  dont  il  fut  donné  lecture.  Quelques 
magistrats,  que  l'on  sut  plus  tard  gagnés  au  nouveau  Parlement,  se  plaigni- 
rent de  la  violence  du  langage,  mais  on  passa  outre. 

On  arrêta  verbalement  que  copie  collationnée  des  protestations  serait  remise 
par  le  greffier  à  chacun  des  membres  de  la  cour.  Se,  afin  d'accélérer  l'opéra- 
tion, qu'on  les  imprimerait  sur  le  champ  sous  les  yeux  d'un  conseiller  de 
grand'chambre,  avec  ordre  de  faire  rompre  la  planclie.  Le  Parlement  pres- 
crivit, en  outre,  d'envoyer  un  exemplaire  aux  Etats  de  Languedoc. 

Au  moment  du  vote  sur  les  protestations,  le  doyen  exprima  l'avis,  en  pous- 
sant un  éclat  de  rire,  de  renvoyer  la  délibération  au  samedi  suivant. 

L'assemblée  ne  finit  qu'à  sept  heures  du  soir,  aucun  des  membres  présents 
n'ayant  de  doute  sur  l'issue  de  l'atfaire.  Comme  les  magistrats  sortaient,  un 
jeune  président  à  mortier  de  vingt-cinq  ans,  M.  de  Sapte,  s'approcha  c!c 
M.  de  Rojat,  octogénaire,  sous-doyen  du  Parlement,  8c  lui  offrit  riiospitalité 
de  son  hôtel  8c  de  sa  maison  des  champs,  le  sachant  peu  accommodé  des 
biens  de  la  fortune,  accablé  d'années  £c  d'infirmités. 

Les  protestations  de  la  cour  ne  différaient  pas  des  autres  pièces  analogues. 
] -a  compagnie  souveraine  qui  s'était  prêtée,  en  mainte  occasion,  aux  excès  de 
despotisme  le  plus  effréné,  défendait,  dans  le  plus  beau  langage,  la  cause  de 
la  liberté  8c  les  droits  de  la  nation,  moins  intéressés  qu'elle  n'affectait  de  le 
croire  au  maintien  d'une  organisation  judiciaire  défectueuse'.  Quelques 
citations  bien  choisies  mettaient  en  lumière  l'heureuse  audace  de  magistrats 
hardis  à  défendre  les  lois.  Le  Parlement  déclarait  «  la  propriété  ébranlée 
»  jusque  dans  ses  tondemens,  »  Il  n'avait  point  éprouvé  de  semblables 
scrupules  lorsque  le  gouvernement  se  j(mait  de  la  propriété  de  ses  sujets  en 
violant  à  l'égard  des  protestants  les  droits  les  plus  sacrés,  mais  il  voyait  la 

'  Pièces  juiti/itatiidj  n.  DCCCCXVII,  col.  23.-5. 


'77' 


i:i6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

société  en  péril  parce  qu'un  roi  osait  rembourser  des  acquéreurs  d'offices  8<. 
chano'er  les  limites  d'un  ressort.  La  cour  dénonçait,  avec  une  bonne  foi  égale, 
«  l'amour  de  la  patrie  érigé  en  crime  d'Etat.  »  Au  milieu  de  ces  sophismes 
accumulés,  perçait  une  idée  juste,  mais  dangereuse  pour  les  Parlements  de 
France. 

«  La  nation,  disaietit  les  magistrats  de  Toulouse,  ne  peut  être  dépouillée 
«  de  la  forme  du  gouvernement  qui  lui  est  propre,  sans  la  convocation  &.  le 
«  consentement  des  États  généraux.  »  Triste  ressource  pour  les  corps  privi- 
légiés que  l'intervention  directe  de  la  nation  1 

Mais  les  parlementaires  ne  doutaient  de  rien.  Ils  se  permirent  même  de 
déclarer  que  les  lois  8<.  les  ordonnances  du  royaume  annulaient  d'avance  tout 
ce  qui  pourrait  être  contre  eux,  «  Se  qu'en  conséquence  si  la  cour  de  Parle- 
«  ment,  actuellement  séante  à  Toulouse,  étoit  irrégulièrement  supprimée, 
«  elle  seroit  toujours  la  seule  &c  vraie  cour  de  Parlement,  &  que,  si  un  nou- 
«  veau  corps  étoit  substitué  à  sa  place,  ses  officiers  à  elle,  destitués  contre 
«  droit  &  raison,  contre  toute  justice  &  toute  règle,  seroient  toujours  les 
«  seuls  8i  vrais  officiers  du  Parlement,  » 

Le  i^'  septembre,  à  trois  heures  du  matin,  l'intendant  était  rejoint  à  Tou- 
louse par  le  commandant  en  chef.  Gabriel-Marie  de  Talleyrand  Périgord, 
comte  de  Périgord  &  de  Grignols,  prince  de  Chalais,  grand  d'Espagne  de 
première  classe,  chevalier  des  ordres  du  roi,  maréchal  des  camps  &  armées, 
gouverneur  &  lieutenant  général  de  la  Picardie  &.  pays  reconquis,  venait  de 
succéder  au  prince  de  Beauvau  dans  le  commandement  de  la  Province.  11 
apportait  des  ordres  rigoureux. 

Dans  la  soirée,  il  fit  mettre  des  sentinelles  du  guet  à  toutes  les  portes  du 
palais,  avec  défense  de  laisser  entrer  ni  sortir  personne  jusqu'au  lendemain 
matin.  De  minuit  à  six  heures,  les  officiers  du  guet  coururent  la  ville  Si 
déposèrent  chez  tous  les  officiers  du  Parlement  une  circulaire  ainsi  conçue  : 

ic  Monsieur,  je  vous  tais  cette  lettre  pour  vous  ordonner  de  vous  rendre 
(!  le  2  du  mois  de  septembre  au  palais,  à  huit  heures  du  matin,  pour  y  rece- 
II  voir  mes  ordres,  vous  défendant,  sous  peine  de  désobéissance,  de  prendre 
Il  aucune  délibération,  ni  de  former  aucun  vœu  avant  que  mes  ordres  vous 
'(  soient  connus. 

M  Écrit  à  Compiègne,  le  vingt  août  1771.  Louis.  » 

A  huit  heures  du  matin,  le  Parlement  s'assembla.  Le  comte  de  Périgord 
&  l'intendant  avaient  déjà  pris  place  au-dessus  du  doyen.  Lorsqu'un  magis- 
trat entrait  dans  la  salle,  les  deux  commissaires  du  roi  se  levaient  &  saluaient. 

L'assemblée  une  fois  formée,  ils  présentèrent  une  lettre  de  créance  ordon- 
nant qu'on  les  ferait  siéger  au-dessus  du  doyen,  à  peine  de  désobéissance,  8c 
que  foi  serait  ajoutée  à  ce  qu'ils  diraient  de  la  part  du  roi. 

Le  premier  président  de  Niquet,  nommé  déjà  chef  du  Parlement  Maupeou, 
mais  qui  n'en  avait  pas  moins  signé  l'acte  du  3i  août,  déclara  alors  que  le 
Parlement  avait  protesté  contre  la  réforme  judiciaire  &  qu'il  renouvelait  ses 
protestations. 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1:17 

Le  comte  de  Périgord  répondit  que  le  roi  défendait  toute  protestation  8<. 
délibération,  Jk  qu'il  espérait  que  Messieurs  ne  le  forceraient  point  à  user  des 
ordres  qu'il  avait  en  main. 

L'intendant  ordonna  ensuite  au  greffier  de  lire  les  lettres  patentes  que  le 
procureur  général  lui  avait  remises.  C'étaient  les  lettres  du  grand  sceau  con- 
tenant la  commission  du  comte  de  Périgord,  assisté  du  sieur  de  Saint-Priest. 

Lecture  faite,  le  procureur  général  dit  qu'en  conséquence  des  ordres  du  roi 
il  concluait  à  l'enregistrement. 

L'intendant,  prenant  la  parole,  ajouta  :  «  Le  roi  ordonne  que  sur  le  repli 
«  des  lettres  il  soit  écrit  :  Enregistrées  de  l'exprès  commandement  du  roi, 
«  apporté  à  la  cour  par  le  comte  de  Périgord,  assisté  du  sieur  de  Saint-Priest. 
(i  Fait  en  Parlement,  chambres  assemblées.  » 

Le  comte  de  Périgord  adressa  au  Parlement  une  courte  harangue,  dite  à 
voix  très-basse,  où  l'on  ne  distingua  que  les  mots  :  Imiter  mon  prédécesseur. 

M.  de  Saint-Priest  rappela  les  qualités  d'esprit  ik  de  cœur  du  prince  de 
Beauvau,  son  zèle  pour  le  bien  de  la  Province,  son  penchant  à  obliger  tous 
ses  habitants.  «  Ses  bontés  pour  moi,  continua-t-ii,  les  marques  de  bienveil- 
«  lance  dont  il  m'a  comblé  dans  un  autre  moi-même,  me  rendent  infiniment 
«  sensible  à  la  perte  que  fait  la  province  de  L-anguedoc;  mais  je  n'en  recon- 
«  nois  pas  moins  que  cette  perte  ne  pouvoit  être  réparée  par  un  meilleur 
«  choix.  »  Il  fit  l'éloge  du  comte  de  Périgord,  vanta  sa  haute  naissance,  ses 
qualités,  sa  famille,  l'amitié  du  dauphin  pour  lui.  Les  peuples  dont  il  allait 
devenir  le  plus  zélé  défenseur  &  les  membres  du  Parlement  le  verraient  avec 
un  égal  plaisir  à  la  tête  de  la  Province. 

Ordre  fut  alors  donné  au  greffier  de  lire  les  lettres  du  commandant  en 
chef,  lecture  suivie  d'un  arrêt  d'enregistrement  pur  St  simple,  prononcé  par 
M.  de  Saint-Priest  dans  la  même  forme  que  le  précédent.  L'intendant  pour- 
suivit dans  ces  termes  : 

«  Nous  avons  ordre  de  ne  pas  laisser  subsister  sur  vos  registres  l'arrêté  pris 
«  contre  M.  le  duc  d'Aiguillon,  pour  les  motifs  contenus  en  l'arrêt  du  conseil 
«   81  lettres  patentes  que  vous  allez  entendre.  « 

On  donna  lecture  des  deux  textes,  cassant  l'arrêté  du  Parlement,  ordonnant 
qu'il  serait  rayé  £c  biffé,  St  détendant  d'apporter  aucun  obstacle  à  la  jouis- 
sance des  droits  de  la  pairie  par  le  duc  d'Aiguillon. 

Toutes  ces  procédures  n'étaient  que  les  préliminaires  du  grand  événement. 
Le  moment  décisif  arrivé,  l'intendant  se  leva,  8c  prenant  une  contenance 
grave  8t  un  visage  affligé  :  «  Messieurs,  dit-il,  la  lecture  qui  va  être  faite  de 
«  l'édit  vous  instruira  des  intentions  Se  des  volontés  du  roi,  notre  souverain 
«   seigneur  &  maître.  » 

L'édit  de  Compiègne  fut  écouté  au  milieu  d'un  profond  silence;  les  magis- 
trats remarquèrent  qu'il  contenait  les  mêmes  motifs  que  l'édit  supprimant  la 
cour  de  Besançon,  mais  qu'on  y  avait  ajouté  le  paragraphe  relatif  à  la  fidélité 
&  aux  avantages  des  habitants  de  Languedoc. 

L'arrêt  d'enregistrement  prononcé  dans  les  mêmes  formes  que  les  autres, 

XUI.  77 


»77' 


1218  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

on  ouvrit  les  portes,  conformément  à  l'usage;  mais  personne  n'entra,  &  la 
publication  réglementaire  se  fit  seulement  pour  la  forme  en  lisant  les  pre- 
miers St  les  derniers  mots  :  «  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu Fait  à  Com- 

«  piègne,  au  mois  d'août,  8cc.  » 

Cela  fait,  le  comte  de  Périgord  dit  aux  assistants  :  «  Le  greffier  va  vous 
((  communiquer  les  ordres  du  roi ,  auxquels  je  ne  doute  pas  que  vous  ne 
((  vous  conformiez  avec  la  fidélité  que  vous  lui  devez.  » 

Le  greffier  fit  une  distribution  de  lettres  de  cachet  qui  enjoignaient  à 
chaque  membre  du  Parlement  «  de  se  retirer  sur  ses  terres,  de  ne  point  s'as- 
sembler, de  ne  recevoir  personne  £<  d'y  rester  jusqu'à  nouvel  ordre.  » 

Les  magistrats  reçurent  leurs  lettres  &  sortirent,  salués  par  le  comte  de 
Périgord  &.  par  l'intendant  qui,  dans  toute  la  cérémonie,  ne  se  départirent 
pas  des  formes  les  plus  respectueuses  &  les  plus  dignes. 

On  n'avait  point  voulu  rappeler  les  souvenirs  du  duc  de  Fitz-James  S<.  il 
ne  s'était  fait  aucun  déploiement  de  troupes.  Seuls,  les  exempts  de  la  maré- 
chaussée gardaient  les  portes  du  palais.  Une  foule  considérable  couvrait  les 
rues  &  les  places  avoisinantes.  Elle  s'ouvrit  silencieuse  devant  les  carrosses  des 
magistrats  partant  pour  les  divers  lieux  d'exil  qui  leur  avaient  été  assignés'. 


'Voici,  d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
de  Toulouse,  l'indication  des  lieux  d'exil  assignés 
aux  membres  du  Parlement  : 

PRÉSIDENTS   A    MORTIER 

M.  de  Puivert,  à  sa  terre  de  Sainte-Colombe. 
M.  de  Puget,  à  sa  terre  de  l'Isle-d'Albigeois. 
M.  de  Senaux,  à  sa  terre  de  Montbrun. 
M.  de  Sauveterre,  à  sa  terre  de  Drudas. 
M.  de  Niqiiet  fils,  à  sa  terre  de  Luc. 
M.  de  Taleyrand,  à  sa  terre  de  Taleyrnnd. 
M.  de  Sapte,  à  sa  terre  de  Puget. 

CONSEILLERS   DE   GRAND'cHAMBRE 
ET   TOURNELLE 

M.  de  Bojat,  sous-doyen,  en  ville  avec  la  per- 
mission de  M.  le  comte  de  Périgord,  à  cause  de 
ses  infirmités  &  de  son  grand  âge,  de  près  de  qua- 
tre-vingt-quatre ans. 

M.  Drudas,  à  Drudas,  sa  terre. 

M.  de  Reymond,  à  Peyriac,  près  d'Aussonne. 

M.  Devic  père,  à  Clermont. 

M.  Darbon,  à  Gragniague. 

M.  de  Lasbordes  père,  à  Cugnaux. 

M.  de  Cantalauzc,  à  Restes. 

M.  de  Vaïsse,  à  la  Casse. 

M.  de  Laraothe,  à  Saint-Félix  de  Caraman. 

M.  de  Pibrac,  à  Pibrac. 

M.  de  Gilède,  à  Pressac. 

M.  de  Cassan-Clairac,  à  Clairac. 

M.  de  Coudougnan,  à  Noé. 

M.  de  Montgazin,  à  Saint-Sulpire  de  Lézat. 

M.  Durègne,  à  Launaguet. 


M.  de  Novital,  à  Novital. 

M.  de  Rafin,  à  Uzès. 

M.  l'abbé  Dupin,  hors  la  ville  &  gardiage. 

M.  Devieux,  à  Devieux. 

PREMIÈRE    CHAMBRE   DES    ENQUÊTES 

Prèsiiient  :  IVl.  d'Aiguesvlves,  à  Aiguesvives, 

Conseillers  :  M.  d'Albis  fils,  à  Belvèze. 

M.  de  Segla,  au  Vernet. 

M.  de  Mourlens,  à  Saint-Sulpice  de  la  Pointe. 

M.  de  Poulhariès,  à  la  Réole. 

M.  de  Lalo,  à  Leboulin,  près  d'Auch. 

M.  Foulquier,  à  Grisolles. 

M.  Bertrandi,  à  Montesquieu. 

M.  de  Larocan,  à  l'Isle-Jourdain. 

M.  d'Assézat,  à  Caussade. 

M.  de  Maniban,  à  Roussel,  au  delà  do  Bor- 
deaux. 

M.  de  Capella,  à  Castelnaudary. 

M.  l'abbé  de  Cambon,  à  Montesquieu  de  Vol- 
vestre. 

M.  de  Rochefort,  à  Lézat. 

DEUXIÈME    DES    ENQUÊTES 

PrésUent  :  M.  d'Aguln,  à  Alet. 

Conseillers  :  M.  d'Ayssene,  à  Rodez. 

M.  Devic  fils,  à  Clermont,  avec  son  pcrc. 

M.  de  Boutaric,  à  Azas. 

M.  de  Cassand,  à  Jotte. 

M.  de  Ginestet,  à  Béziers. 

M.  de  Fajole,  à  Clairac. 

M.  de  Vailhausy,  à  Milhau,  en  Rouerguc. 

M.  de  Gaillard,  à  Frousins. 


LIV.   IV.   LA  RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  12 19 

Le  lendemain,  le  nouveau  Parlement  fut  rassemblé  sous  la  présidence  de 
M.  Niquet.  Les  partisans  de  l'ancienne  cour  racontèrent  qu'un  des  conseil- 
lers, M.  Le  Normant  d'Ayssene,  qui  n'avait  pas  reçu  de  lettre  de  cachet,  mais 
un  ordre  de  se  rendre  au  palais,  éprouva  un  si  vif  saisissement  lorsqu'il  se 
vit  entouré  des  t'aux-trères  ralliés  au  Parlement  Maupeou  qu'il  tomba  en 
syncope  sur  les  bancs  du  barreau.  On  l'emporta  dans  la  chambre  dorée  où  on 
lui  donna  les  premiers  soins.  Lorsqu'il  fut  revenu  à  lui,  ses  anciens  collègues 
s'empressèrent  8<  lui  prodiguèrent  les  plus  vives  marques  d'amitié.  «  Je  veux 
«  m'en  aller,  répondit-il  obstinément,  que  voulez-vous  de  moi?  Je  veux 
«  suivre  le  sort  de  mes  confrères.  Pourquoi  m'a-t-on  tait  venir  ici?  »  Le 
conseiller  Bardy,  lui  montrant  le  tableau  du  crucifix  :  «  Mon  cher  d'Ayssene, 
«  dit-il,  c'est  aux  pieds  de  ce  divin  maître  que  j'ai  pris  la  résolution  de  servir 
»  dans  le  nouveau  Parlement.  » —  «  Et  moi,  répliqua  l'intraitable  parle- 
"  mentaire,  c'est  à  ces  mêmes  pieds  que  j'ai  pris  une  résolution  tout  opposée. 
"  Laissez-moi.  »  Il  fallut  bien  lui  permettre  de  sortir,  &  deux  heures  plus 
tard  il  reçut  sa  lettre  de  cachet. 

La  dispersion  des  Parlements  produisit  en  France  une  impression  déplo- 
rable; les  procédés  arbitraires  d'exécution  firent  oublier  les  avantages  réels  de 
la  réforme  que  l'insuffisance  du  personnel  devait  encore  compromettre. 

M.  éo  Lassiis  fils,  à  Mcntréjcnj.  M.  l'abbé  de  Palasse,  à  Cahors. 

M.  de  Fajac,  à  Fajac.  M.  de  Combcttes,  à  Gaillac,  en  Albigeois. 

M.  de  Bardy  fils,  à  Lansegiie. 

,.,„,,.,  REQUETES 

M.  di  Kabaiidy,  ?.  Jotte. 

M.  cVAnceaii,  à  Mauran.  Présuicnt  :  M.  d'Olive,  à  Bnigiilèies. 

M.  de  Miirols,  au  Mur-de-Barrès,  en  Rouergiic.  Conseillers  .  M.  d'AIbis  père,  à  Belvize. 

M.  Laroqiie-Molas,  hors  la  ville  Si  gardingc. 
TROISIÈME   DES   ENQUÊTES  j^     j^  ,^^j^l,^^   .    I.l3,,.Tourda  in. 

Pr/siJent!  :  M.    de  Caiissade,  à  Bartecave,    rcstj  M.  de  Lasbordcs  fils,  à  Albi. 

à  Toulouse  à  cause  de  ses  infirmités,  avec  permis-  M.  de  Villefranche,  à  Mouziers. 

sion  par  écrit  de  M.  le  comte  de  Périgord,  jusqu'à  M.  Bonhomme-Dupin,  à  Saint-Orens. 

ce  qu'il  pût  aller  en  voiture.  M.  de  Belmont,  au  Mur-de-Barrès. 

M.  Dubourg  père,  à  Rochemonteix.  M.  de  Tvibonet,  à  RIbonet. 

Conseillers  :  M.  de  Rey,  k  Saint-Céty.  M.  de  Pujol,  à  Escalquens. 

M.  de  Mengaud,  à  la  Hage.  _,     ,                    ,                                ,             ,         ,          . 

.,     ,     .-   ■        ,..,■       .    n     1  L         •  Il  s  est  trouve  i;n  assez  grand    nombre  t'ont  Icî 

M.  de  Saint-Fclix,  a  Pechbonnieu.  ,                            ,  .    ,                      •           „          .       , 

„.,,,,,,„           1     .    T>     1  charges    ont    tubi     la    suppression,    &    qui    n  ont 

M.  labbe  de  Renard,  a  Rodez.  "    ,    ,,.            .,,           "^"^               ,.,     ,     . 

„,    _,           .    .   c    ■       vL  manque  d  être  exiles  que  parce  qu  ils  étaient  ab- 

M.  Donaud,  a  Saint-Ybars.  ^                                i        i           -i 

M.  de  Cazalcs,  à  Grenade. 

M.  de  Lafont-Rouis,  à  Rouis.  M.  de  Toulouse,  de  grand'chambre,  qui  n'entre 

M.  Duroc-Maurous,  à  Maurous.  jnmars. 

M.  d'Escalonne,  à  Saint-Papoul.  M.  d'F.scorbiac,  M.  de  Guilicrmln,  de  la   pre- 

M.  de  Soucirac,  à  Lara.  mière. 

M.  de  Papus,  à  Muret.  M.    d'Azcmar,    M.    l'abbî    de    Rouville,    de    la 

M.  de  Célirs,  à  la  Salvetat.  deuxième. 

M.  l'abbé  de  Rey,  à  MontpoUicr.  M.  de  Josse-Lauvreins,  de  la  troisième. 

M.  de  Paraza,  à  Paraza.  M.  des  Innocens   fils,  des   requêtes,  &.  environ 

M.  Dubourg  fils,  à  Rochemonieix.  six  ou  sept  autres  charges  vacantes '. 

M.  de  Reymond  fils,  à  Peyriac. 

-VI    j'4;.,,„    i   A.,,1,  '  Relation  de  ce  qui  s'est  passi!  à  Toulouse  pour  la  sup- 

M .  d  Aignan,  a  Aucn.  j     r»    i  _     .    j      ^      -i        •  .»       »   c 

o         '  pression  du  Parlement,  des  3o,  Ji  août,  i,  2,  3,  4.  &  5  fep- 

■  1.  de  Poucharramet,  à  Poucharramet.  tcmbrc  IT-»!. 


'77' 


>77' 


12  20  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

Un  éclit  du  roi  signé  à  Fontainebleau  au  mois  de  noveml^re  1771  &  por- 
tant les  noms  de  Maupeou  &  de  l'abbé  Terray  vint  renverser  brusquement 
l'organisation  libérale  que  les  édits  d'août  1764  £c  mai  1765  avaient  intro- 
duite dans  les  communes  du  royaume  8c  rétablir  le  régime  des  offices  muni- 
cipaux. 

«  Nous  avions  lieu  d'espérer,  disait  le  roi,  qu'en  rendant  aux  villes  Se 
<i  aux  communautés  la  liberté  de  nommer  elles-mêmes  leurs  officiers,  les 
(I  citoyens  de  tous  les  ordres  se  réunissant  pour  l'avantage  commun,  ne  pro- 
ci  fiteroient  de  cette  liberté  ([ue  pour  concourir  unanimement  au  bien  de 
«  leur  communauté  Se  dépouilleroient  tout  autre  intérêt  dans  le  choix  des 
i<  sujets  chargés  d'y  veiller.  Nous  avons  néanmoins  reconnu  depuis,  qu'au 
(1  lieu  des  avantages  que  nous  nous  étions  promis  de  l'exécution  des  édits, 
<'  elle  devenoit  dans  toutes  les  villes  une  source  d'inimitiés  8t  de  divisions, 
«  par  le  désir  que  des  gens,  souvent  incapables,  avoient  de  participer  à 
I'  l'administration,  St  par  les  cabales  &i  les  brigues  qui  s'introduisoient  dans 
<(  les  élections,  8c  qui  donnoient  souvent  lieu  à  des  procès  ruineux  pour 
I'  lesdites  villes,  rctardoient  l'expédition  de  leurs  affaires  communes  £< 
«  jetoient  le  trouble  &<.  la  confusion  dans  leur  administration,  en  sorte  que 
<■  le  bien  que  nous  nous  étions  proposé  d'opérer,  devient  chaque  jour  le 
«  principe  d'un  mal  réel.  » 

Le  gouvernement  crojait  trouver  un  remède  à  ces  abus  en  revenant  au 
système  des  offices  perpétuels  achetés  à  prix  d'argent.  II  indiquait,  comme 
principaux  avantages  de  cette  institution,  si  souvent  détruite  &  refaite,  l'in- 
dépendance personnelle  des  officiers  municipaux,  qui  ayant  acquis  leurs 
fonctions,  avec  l'agrément  du  roi,  n'étant  point  redevables  de  leurs  charges 
aux  suffrages  des  particuliers  St  n'ayant  plus  rien  à  appréhender  de  leurs 
successeurs,  pourraient  faire  leur  devoir  sans  passion  8c  avec  la  liberté  qui 
leur  est  nécessaire  pour  conserver  l'égalité  dans  la  distribution  des  charges 
publiques;  on  espérait  aussi  que  les  nouveaux  officiers  trouveraient  dans  la 
durée  de  leur  mandat,  aussi  longue  que  leur  activité,  les  moyens  d'acquérir 
une  connaissance  plus  approfondie  des  affaires  communales  Se  feraient  servir 
leur  expérience  au  bien  général. 

La  nouvelle  réforme  s'appliquait  à  toutes  les  villes  du  royaume  sauf  Paris 
Se  Lyon. 

Les  offices  créés  étaient  ceux  de  maires,  lieutenants  de  maire,  secrétaires, 
greffiers,  gardes  des  archives,  conseillers,  échevins,  jurats,  consuls,  capitouls 
Se  assesseurs,  dont  le  nombre  devait  être  déterminé  par  le  conseil  d'État, 
d'après  l'importance  des  communes;  plus  un  conseiller  procureur  du  roi  dans 
les  villes  où  ces  fonctions  n'avaient  pas  été  réunies  par  les  procureurs  des 
juridictions  ordinaires,  suivant  l'édit  de  juillet  1758,  8c  enfin  deux  conseillers 
trésoriers  receveurs,  mi-triennaux,  l'un  ancien,  l'autre  alternatif,  chargés  des 
finances  municipales,  8c  deux  contrôleurs  vérificateurs,  organisés  d'après  le 
même  principe,  8c  en  revenant  aux  règles  de  l'édit  de  juin  1765. 

Lu  seule  condition  imposée  aux  acquéreurs  était  l'agrément  du  roi.  L'on 


LIV.   IV.   LA   RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  I22i 

ne  leur  deinaiiclait  ni  titres,  ni  gracies,  ni  qualités,  pourvu  qu'ils  pussent 
payer  la  charge.  Les  fonctions  d'officier  royal  qu'ils  pouvaient  déjà  remplir 
n'établissaient  point  d'incompatibilité.  Afin  de  pousser  à  la  vente,  les  pre- 
miers acquéreurs  étaient  dispensés  du  droit  de  marc  d'or,  8<.  les  droits  de  sceau 
&c  autres  accessoires  se  réduisaient  pour  eux  au  tiers  du  tarif.  C'étaient  les 
cours  de  Parlement  ou  conseils  supérieurs  qui  devaient  recevoir  le  serment 
des  maires  de  toutes  les  villes  qui  possédaient  ces  tribunaux  ou  qui  étaient 
slése  d'archevêché,  d'évêché  ou  de  présidial  ;  pour  toutes  les  autres,  le  ser- 
ment devait  être  prêté  devant  le  plus  prochain  juge  royal.  Pour  la  première 
catégorie,  le  droit  de  réception  était  fixé  à  soixante  livres,  &  à  trente  pour  la 
seconde.  Tous  les  autres  officiers  prêtaient  serment  devant  les  maires.  Ceux 
qui  avaient  déjà  rempli  cette  formalité  comme  officiers  de  judicature  étaient 
dispensés  de  la  renouveler.  Leurs  provisions  devaient  seulement  être  enregis- 
trées par  les  cours  supérieures. 

Dans  le  cas  où  les  acquéreurs  feraient  défaut,  six  mois  après  la  publication 
de  l'édic,  le  roi  se  réservait  d'y  pourvoir  par  commission,  détendant  aux 
magistrats  en  cliarge  de  continuer  leur  service,  sous  peine  de  trois  mille 
livres  d'amende. 

Quant  aux  prérogatives  des  nouveaux  pourvus,  le  gouvernement  en  reve- 
nait aux  errements  de  Louis  XIV  &t  remettait  en  vigueur  les  édits  S(.  déclara- 
tions de  juillet  1690,  août  i6gi,  mai  1702,  janvier  1704,  décembre  1706, 
mars  1709  8t  novembre  1783.  Il  maintenait  en  leur  faveur,  tant  pour  eux 
que  pour  leurs  enfants,  les  anciennes  exemptions  primitivement  attachées  à 
ces  off.ces,  celle  de  logement  des  gens  de  guerre,  collecte,  tutelle,  curatelle, 
guet  &  garde,  milice,  8c  de  toutes  autres  charges  de  ville  Si  de  police.  En 
outre,  les  maires  ou  lieutenants  de  maires  dont  la  finance  atteindrait  dix 
mille  livres  étaient  dispensés  de  la  taille  personnelle  8c  des  droits  d'octrois 
municipaux.  Le  privilège  de  l'anoblissement  était  maintenu  dans  toutes  les 
villes  qui  le  possédaient  déjà,  à  la  charge  d'exercer  les  fonctions  pendant  vingt 
ans  ou  de  mourir  au  service. 

Les  officiers  devaient,  outre  les  droits  8c  émoluments  attachés  à  leurs  fonc- 
tions, quand  elles  étaient  électives,  recevoir  des  gages  annuels,  à  prendre  par 
préférence  sur  les  revenus  patrimoniaux  8c  octrois  des  villes,  après  payement 
des  arrérages  de  rentes  8c  des  autres  charges  indispensables.  Ces  gages  étaient 
proportionnels  8c  réglés  sur  le  pied  du  denier  vingt  de  la  finance  payée  par 
l'acquéreur.  Le  payement  en  devait  être  effectué  de  six  mois  en  six  mois, 
sur  simple  quittance,  par  les  receveurs  communaux. 

La  finance  des  offices  de  receveurs  pouvait  être  payée  moitié  en  argent, 
moitié  en  quittances  ou  contrats  de  liquidation  de  pareils  offices  supprimés 
par  les  édits  d'août  1764  8c  mai  1765.  Pour  tous  les  autres  membres  du  corps 
municipal,  la  même  faveur  était  accordée  pendant  trois  mois  seulement  à 
compter  de  la  publication  de  l'édit. 

Par  privilège  spécial,  les  acquéreurs  étaient  autorisés  à  emprunter  les 
sommes  d'achat  en  affectant  à  l'emprunt  offices  8c  gages. 


1771 


'77' 


1122  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Toute  élection  municipale  était  interdite,  même  clans  les  villes  qui  auraient 
acquis  les  offices  créés  en  lySS,  sous  peine  de  nullité  Se  d'amende  de  trois 
cents  livres  pour  les  élus  qui  se  permettraient  d'entrer  en  fonctions. 

Le  roi  réservait  à  son  conseil  d'Etat  le  règlement  des  contestations  qui 
pourraient  s'élever  au  sujet  de  la  nouvelle  réforme,  Se  enlevait  à  toute  magis- 
trature du  royaume  le  droit  d'en  connaître. 

L'édit  de  novembre  fut  présenté  au  Parlement  de  Toulouse  le  22  fé- 
vrier 1772.  M.  de  Bastard  fit  le  lapport.  La  cour  ordonna  l'enregistrement, 
sous  quatre  conditions  :  la  première  que,  dans  aucun  cas,  les  villes  St  bourgs 
ne  pourraient  être  forcés  d'acquérir  les  nouveaux  offices;  la  seconde,  que  les 
octrois  8c  autres  impôts  ne  pouvaient  être  augmentés,  même  sur  la  demande 
des  communes,  sous  prétexte  d'insuffisance  de  revenu  pour  le  payement  des 
gages  aux  officiers;  la  troisième,  que  les  dispositions  de  l'édit  seraient  sans 
vigueur  dans  les  communes  où  il  ne  devait  pas  y  avoir  de  corps  municipal 
d'après  les  édits  Se  déclarations;  la  quatrième,  que  la  connaissance  exclusive 
attribuée  au  conseil  d'État  serait  interprétée  dans  le  sens  de  la  déclaration 
du  20  décembre  1733.  Enfin  la  cour  suppliait  le  roi  de  comprendre  la  ville 
de  Toulouse  dans  la  même  exception  que  celles  de  Paris  &  de  Lyon  '. 

Au  nord  de  Toulouse,  sur  la  rive  droite  de  la  Garonne,  s'étend  une  plaine 
basse  81  caillouteuse  qui  paraît  avoir  été  le  fond  d'un  vaste  bassin,  8t  qui  est 
limitée  à  l'est  par  le  fossé  où  se  traînent  les  eaux  de  l'Hers.  Pendant  des 
ciècles,  ce  territoire  uniforme,  à  ]5eine  incliné  dans  le  sens  du  cours  de  la 
rivière  &  fréquemment  submergé  par  les  inondations,  ne  fut  qu'une  sorte  de 
désert  communal  que  l'on  appelait  la  grande  lande  &  dont  la  corporation  des 
bouchers  de  Toulouse  affermait  les  pacages  pour  les  troupeaux  de  bœufs  S; 
de  moutons  destinés  à  l'alimentation  des  habitants.  Dans  la  partie  occidentale, 
longeant  la  Garonne,  était  le  pré  des  Sept-Deniers,  où  la  commune  faisait, 
au  seizième  siècle,  ses  montres  militaires.  La  route  de  Paris  coupait  en  deux 
cette  solitude,  qu'attristait,  aux  yeux  des  voyageurs,  la  funèbre  silhouette  des 
fourches  patibulaires.  A'Ialgré  ce  triste  voisinage,  que  les  rigueurs  du  Parle- 
ment de  Toulouse  rendaient  trop  effectif,  il  se  forma,  par  la  suite  des  temps, 
sur  divers  points  de  la  grande  lande,  des  groupes  d'habitations  assez  nom- 
breux. La  pacification  du  pays  y  multiplia  les  colons,  S<.  le  morcellement  de 
la  propriété,  qui  a  toujours  été  très-considérable  dans  le  pays  toulousain,  s'y 
manifesta  plus  qu'en  tout  autre  lieu  des  environs  de  la  ville.  Il  en  résulta 
ui\e  sorte  de  faubourg  populeux  divisé  en  deux  régions,  dont  l'une  garda  le 
nom  de  Lalande,  &  dont  l'autre  prit  celui  de  Croix-Daurade,  à  cause  d'une 
croix  dorée  plantée  dans  le  voisinage.  Ces  deux  quartiers,  composés  de  plu- 
sieurs hameaux  que  l'on  désignait   par  l'appellation  toute  méridionale  de 

'  EJit  du   roi,  donné  à  Fontainetleau  au  mois  consclUcis,  échevins,  jurats,  consuls,  capitouh  & 

de  novembre    1771,   portant    rétablissement,   dans  assesseurs.    Avec   l'arrêt   de   registre    du    22    fivrier 

chacune  des  villes  &  communautés  du  royaume  où  1772.  A  Toulouse,  de  l'imprimerie  de  M'  Î.-A.- 

il  y  a   corps   municipal,   d'offices  de   conseillers-  H.-M.-B.   Pijon,  avocat,   seul  imprimeur  du    roi 

maires,  lieutenants  de  maires,  secrétaires,  greffiers,  &  de  la  cour,  place  royale.  Imp.  10  p,  in-S" 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV.  1220 

masages,  étaient  séparés  par  un  vieux  chemin,  conduisant  du  pont  des 
Minimes  au  pont  de  Launaguet,  Se  distingué  par  une  croix  de  Ijois  nommée 
la  Croix  del  fust.  Au  spirituel,  ce  territoire  dépendait  de  rabba}e  de  Saint- 
Sernin,  dont  les  possessions  s'étendaient  beaucoup  au  delà  de  l'Hers.  La  dis- 
tance était  grande  de  l'église  abbatiale  aux  habitations  disséminées  dans  toute 
la  plaine,  8c  l'administration  des  capitouls  entretenait  si  mal  les  chemins  que 
la  plupart  y  étaient  impraticables  pendant  la  saison  des  pluies. 

Dès  le  mois  de  février  177  i,  les  délégués  du  petit  peuple  de  Lalande,  gens 
des  écarts  de  Ginestous,  du  pré  des  Sept-Deniers,  de  la  Vache  Si  de  Caillou- 
Gris,  se  réunirent  par-devant  maître  Entraigues,  notaire  de  Toulouse,  8c 
donnèrent  leurs  pouvoirs  à  M.  de  Forest,  ancien  capitoul,  à  l'effet  d'obtenir 
l'érection  d'une  église  paroissiale  ou  succursale  dans  leur  quartier  &  «  d'ob- 
c(  vier  ainsi  aux  malheurs  journaliers  qui  survenoient  faute  de  secours  spiri-- 
«  tuels.  »  De  leur  côté,  les  habitants  des  masages  qui  formaient  le  quartier 
de  Croix-Daurade  (Terre-Cavade,  Clausolles,  Monblanc,  Peyriole,  Laptijade, 
Lanusse,  Croix-Daurade,  Paleficat,  les  Cocus,  Saint-Caprais,  Planchon,  Lade- 
vèze  8c  Olivier)  prirent  une  délibération  analogue  en  faveur  de  M.  Rigaud, 
avocat  au  Parlement  8c  professeur  de  droit  en  l'Université  de  Toulouse.  L'af- 
faire portée  devant  l'archevêciue  de  Toulouse,  M.  de  la  Galaisière,  abbé  de 
Saint-Michel  8c  vicaire  général,  dirigea  une  double  enquête.  D'un  côté, 
treize  témoins  comparurent  Se  s'accordèrent  à  déclarer  que  le  terroir  de 
Lalande  était  très-peuplé  8c  d'une  grande  étendue,  que  les  vieillards,  les 
enfants  8c  les  femmes  enceintes  ne  pouvaient  que  tres-ditiicilement  se  rendre 
à  leur  paroisse  pendant  l'hiver,  tant  à  cause  de  l'éloignement  que  de  la  diffi- 
culté des  chemins.  Les  renseignements  recueillis  à  cette  occasion  firent  con- 
naître que  le  territoire  de  Lalande  comptait  alors  mille  vingt-huit  habitants, 
dont  cinq  cent  vingt-deux  communiants,  deux  cent  six  propriétaires  ou 
(1  bien-tenans  »  8c  trois  cents  enfants,  8c  que  nombre  de  personnes  du 
quartier  mouraient  sans  avoir  pu  recevoir  les  sacrements.  Une  absence  de 
l'abbé  de  la  Galaisière  interrompit  momentanément  la  procédure,  qui  fut 
reprise  par  M.  de  Vaumalle.  Dans  la  région  de  Croix-Daurade,  l'enquête, 
où  furent  entendus  douze  témoins,  révéla  les  mêmes  nécessités  Se  constata 
l'existence  de  dix  écarts,  vingt  moulons,  deux  cent  une  maisons,  cinq  cent 
soixante-huit  communiants,  deux  cent  quarante-six  enfants,  deux  cent 
soixante-deux  bien-tenants,  en  tout  mille  quatre-vingt-six  personnes.  On 
éprouvait  quelques  difficultés  de  forme,  parce  que  l'abbé  de  Saint-Sernin, 
M.  de  FIcurigny,  assigné  par  le  vicaire  général,  n'avait  pas  donné  signe  de 
vie,  ne  voulant  pas  souscrire  à  un  amoindrissement  de  juridiction  spirituelle 
pour  l'abbaye  dont  il  était  commendataire. 

Enfin,  on  sut  mettre  à  profit  le  passage  à  Toulouse  de  M.  de  Brienne,  8c, 
le  3o  octobre  1772,  l'archevêque  signa  deux  décrets  d'érection,  par  lesquels, 
«  ayant  égard  aux  demandes  Se  supplications  des  habitans  8c  bien-tenans  de 
<i  Lalande  Se  de  Croix-Daurade,  pour  leur  avantage  spirituel,  auquel  la 
«  sollicitude  pastorale  oblige  de  pourvoir,  en  vertu  de  l'autorité  ordinaire,  il 


1772 


177» 


i:24  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

«  sépare  ci  démembie  à  perpétuité  de  la  paroisse  de  Saint-Sernin  les  deux 
«  quartiers,  les  érige,  en  titre  de  bénéfices  cures  perpétuelles,  8c  ordonne  la 
«  construction  de  deux  églises  curiales  &  paroissiales,  assorties  d'un  cimetière 
«  &  de  tous  les  autres  effets  nécessaires  £i  convenables  :  l'une,  sous  l'invoca- 
«  tion  de  sainte  Magdeleine,  dans  le  communal  de  la  ville,  près  du  chemin 
«  de  Paris;  l'autre,  sous  l'invocation  de  saint  Caprais,  à  droite  Seau  levant 
«  du  chemin  d'Albi.  » 

Le  décret  assigne  pour  territoire  à  la  paroisse  de  Sainte-Madeleine  les 
u  écarts  ou  masages  de  Pimpet,  du  pré  de  Sept-Deniers,  de  Ginestous,  de  la 
Il  grande  &  petite  Lande,  »  &  généralement  tous  les  terrains  situés  au  delà 
du  canal  royal  de  Languedoc,  k  droite  de  la  Garonne  &  à  gauche  de  l'ancien 
chemin  du  pont  des  Minimes  au  pont  de  Launaguet,  où  était  plantée  une 
vieille  croix  vulgairement  appelée  la  Croix  del  jïist.  La  paroisse  de  Saint- 
Caprais,  dont  les  principaux  quartiers  sont  Croix-Daurade,  Périole,  Mont- 
blanc  &  Paleficat,  doit  embrasser  le  territoire  situé  à  l'est  de  ce  même  chemin 
&i  s'étendre  jusqu'aux  limites  du  capitoulat,  étant  bornée  au  midi  par  le  canal 
de  Languedoc. 

Une  clause  expresse  portait  que  dans  cette  délimitation  ne  devait  être  com- 
prise aucune  dépendance  de  l'église  de  Launaguet,  annexe  de  Saint-Sernin. 
L'archevêque  prescrivait,  en  outre,  la  construction  d'une  maison  presbytérale 
&  attribuait  à  chacun  des  curés  une  dotation  annuelle  de  cinq  cents  livres, 
payable  par  qui  de  droit. 

Afin  de  conserver  à  l'église  de  Saint-Sernin  une  marque  durable  de  supé- 
riorité 8i  une  sorte  d'hommage  de  la  part  des  deux  nouvelles  cures,  le  décret 
d'érection  enjoignait  aux  bénéficiers  de  Sainte-Madeleine  8t  de  Saint-Caprais 
de  se  rendre  chaque  année  processionnellement,  avec  leurs  paroissiens,  à 
l'église  abbatiale,  le  jour  de  la  fête  de  saint  Sernin,  S<.  d'y  présenter  chacun, 
à  l'offrande,  un  cierge  de  cire  blanche  du  poids  d'une  livre. 

Les  deux  décrets  archiépiscopaux  furent  autorisés  par  lettres  patentes  du 
roi,  données  à  Versailles  au  mois  de  mars  1778. 

Une  commission,  composée  de  délégués  de  l'administration  municipale  & 
des  habitants  du  quartier,  détermina  l'emplacement  de  l'église.  On  choisit 
une  légère  éminence,  dont  le  relief  s'accuse  à  peine  vers  le  milieu  du  grand 
communal  de  Lalande,  entre  les  routes  de  Paris  8;  de  Saint-Alban,  vis-à-vis 
les  petits  chemins  de  traverse,  qui  gagnent,  d'un  côté,  les  plantations  de 
peupliers  de  la  Garonne,  &,  de  l'autre,  les  berges  de  l'Hers  Si  les  pentes  de 
Saint-Jean. 

Quant  à  l'église  de  Croix-Daurade,  on  en  fixa  d'abord  l'assiette  à  une 
assez  grande  distance  k  l'est  du  chemin  d'Albi,  dont  on  se  décida  plus  tard  à 
la  rapprocher,  quand  on  s'aperçut  que  le  sol  en  était  marécageux  8<  malsain, 
cjue  l'avenue  menant  à  la  route  deviendrait  impraticable  en  liiver,  8<.  que 
l'éloignement  des  habitations  exposerait  l'église  &  la  cure  à  des  entreprises 
de  brigandage. 

Les  frais  géuéraux  de  la  construction   furent  payés  par  le  capitoulat  de 


LIV.   IV.   LA  REGENCE  ET  LOUIS  XV,  iîîS  ~ 

Saint-Seinin,  à  l'exception  des  sanctuaires,  dont  le  chapitre  abbatial  demeura 
:hargé  en  sa  qualité  de  propriétaire  des  dîmes. 

Ce  fut  l'architecte  Hardy,  ingénieur  8i  directeur  des  travaux  publics  de  la 
ville,  qui  fut  chargé  de  la  double  construction.  Il  éleva  deux  vaisseaux  très- 
simples,  dont  les  murailles,  bâties,  suivant  l'usage  local,  en  assises  alternées 
de  cailloux  &  de  briques,  furent  seulement  relevées  de  quelques  saillants  en 
pierre  de  Carcassonne,  Se  donna  aux  deux  édifices  un  clocher  plat,  à  trois 
ouvertures,  décoré  de  deux  pyramides,  de  deux  boules  &  d'une  croix  de 
pierre,  &  un  porche  en  maçonnerie  devant  la  porte  d'entrée,  «  soit  pour 
«  mettre  le  peuple  à  couvert  des  injures  de  l'air  lorsqu'il  arrive  avant  les 
«  offices  ou  qu'il  est  arrêté  par  le  mauvais  temps,  soit  pour  le  garantir,  dans 
Cl  l'intérieur  de  l'église,  du  vent  du  couchant  8c  de  la  pluie'.  » 

Au  moment  de  l'adjudication  des  travaux  de  Croix-Daurade,  il  fut  formé 
opposition  par  cinq  propriétaires,  les  plus  forts  taillables  du  capitoulat  Saint- 
Sernin,  qu'effrayait  leur  part  de  cotisation  dans  la  dépense  commune. 
C'étaient  la  baronne  de  Lanta,  les  marquis  de  Castelpers,  de  Bertier  8<.  de 
Monségur,  Se  Madame  de  Razeingues;  ils  fondèrent  leur  opposition  sur  l'af- 
fectation que  l'on  avait  eue  de  ne  les  point  appeler  aux  délibérations  des 
intéressés,  sur  la  précipitation  inconsidérée  des  opérations  Se  sur  le  luxe  de  la 
construction  des  deux  édifices,  qu'ils  regardaient  comme  surchargés  d'orne- 
ments inutiles  Se  coûteux.  Ils  reprochèrent  aussi  aux  promoteurs  de  l'œuvre 
d'avoir  ignoré  qu'il  existait  autrefois  à  Saint-Caprais  une  église  où  le  service 
divin  était  fait  aux  dépens  du  chapitre  Saint-Sernin,  Se  où  le  chapitre  lui- 
même  allait  officier  avec  sa  musique  à  certains  jours  de  l'année.  Se  de  ne 
s'être  pas  inquiétés  de  savoir  si  les  chanoines  avaient  eu  le  droit  de  dépouiller 
Se  démolir  cette  ancienne  église.  Se  s'ils  ne  pourraient  être  contraints  à  la 
reconstruire  à  leurs  frais.  Enfin,  ils  signalaient  dans  le  devis  de  l'ingénieur 
certaines  formules  vagues  dont  l'indécision  elhayait  leur  économie^. 

On  fit,  en  effet,  des  réductions  au  plan  primitit,  Se  les  opposants  se  désis- 
tèrent. Entre  autres  réductions,  on  avait  supprimé  deux  grandes  chapelles  laté- 
rales; mais  quand  le  vaisseau  fut  élevé,  l'on  s'aperçut  c|u'il  serait  insuffisant 
pour  la  population  de  la  paroisse.  Se  les  chapelles  turent  rétablies. 

La  première  messe  fut  dite  à  Lalande  le  25  septembre  1775^.  Ce  fut  seu- 
lement le  ig  octobre  de  l'année  suivante  c[ue  M.  de  Catelan,  chanoine  de 
Saint-Sernin,  bénit  l'église  de  Croix-Daurade,  la  veille  de  la  fête  populaire 
de  Saint-Caprais. 

Un  des  traits  particuliers  du   temps  dont  nous  racontons  l'histoire,  c'est  — 

'  Devis   du  16    janvier  1774.    Archives  de  Tou-  communal,   l'iicquisition    du   toi   coûta    2000    li- 

loiise.  vres. 

'  A    condiiioii    que    la   dépense  n'excéderait  pas  '  Bibliothèque   de  Toulouse,    Heures  perdues   Je 

17116  livres.  Pierre   Barthès,  VII,    p.    83.    Le   premier   curé   de 

LeJ  premières  délibérations  avaient  fixé  les  frais  Lalande  se  nommait   Lamarque;   il   appartenait  à 

de  construction  de   chaque  église    à  26000  livres.  une   famille  de   lithotomistes    brevetés   par  l'hôtel 

Seulement   l'église  de  Croix-Daurade  n'étant  pas  de  ville.  Celui  de  Croix-Daurade,  fils  d'un  maître 

édifiée  comrr.e  celle  de  Lalande,  dans  un    terrain  chirurgien,  s'appelait  B.iilot. 


1772 


1773 


1773 


12  26  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

une  sorte  d'éveil  de  l'esprit  de  critique  &<.  de  création.  Les  idées  foisonnent, 
circulent,  pénètrent  au  fond  des  retraites  les  plus  isolées.  Un  besoin  de  per- 
fectionner, d'utiliser  ce  qui  existe,  de  corriger  les  abus,  s'empare  de  toutes- 
les  têtes. 

L'abbé  Terray  reçut,  au  mois  de  juin  lyyS,  d'un  simple  prêtre  du  Vivarais, 
l'abbé  Chambon,  curé  de  Beauregard  Se  de  Bersac,  un  manuscrit  intitulé  : 
Mémoire  sur  les  avantages  que  le  Roy  &  l'État  peuvent  tirer  de  la  ville  de 
Toulouse  &-  de  la  Province  du  Languedoc  tant  haut  que  has. 

Ce  travail  mérite  quelque  attention,  comme  symptôme  du  mouvement  qui 
se  faisait  dans  les  esprits.  L'abbé,  après  avoir  énuméré  les  avantages  géogra- 
phiques de  la  situation  de  Toulouse,  ajoute  :  «  Le  commerce  y  est  énervé  Si. 
»  pour  ainsi  dire  totalement  négligé...  Les  habitans  s'accoutument  à  con- 
te sumer  leur  temps  dans  le  vice  &,  le  dérèglement  des  moeurs.  » 

Il  cherche  les  causes  de  cet  abandon.  L'une  des  principales  est,  d'après 
lui,  le  fameux  privilège  de  l'anoblissement  capitulaire.  «  Les  habitans  de 
«  cette  ville,  infatués  de  cette  noblesse,  ne  s'adonnent  au  commerce  que 
«  pour  se  procurer  un  bien  suffisant  pour  être  capitouls.  A  peine  sont-ils 
(I  parvenus  à  se  voir  riches  de  cent  mille  livres,  &c  souvent  de  beaucoup 
(c  moins,  qu'ils  mettent  tout  en  usage  pour  se  procurer  cette  qualité  8t  trans- 
ie mettre  cette  noblesse  à  leur  postérité  qui  d'ordinaire  devient  pauvre;  dès 
<(  qu'un  négociant  a  été  capitoul,  il  regarde  le  commerce  comme  une  chose 
<(  qui  est  beaucoup  au-dessous  de  lui.  » 

L'abbé  se  plaint  que  trop  souvent  les  capitouls,  peu  occupés  du  bien  public 
S<  peu  propres  à  exercer  la  justice  en  cette  qualité,  l'administrent  très-mal, 
négligent  de  tenir  la  main  à  une  bonne  police,  chacun  d'eux  ne  regardant 
pour  l'ordinaire  que  son  intérêt  particulier  pendant  l'année  du  capitoulat.  Si 
ne  songeant  qu'à  tirer  de  son  côté  pour  se  dédommager  des  trais  qu'il  a  faits 
pour  parvenir  à  être  capitoul. 

Afin  de  limiter  ces  inconvénients,  le  curé  de  Beauregard  proposait  diverses 
réformes  :  n'accorder  la  noblesse  qu'après  deux  ans  de  capitoulat,  ou  la  sup- 
primer complètement,  ou  bien  encore  n'admettre  que  des  nobles  aux  charges 
municipales  ou  des  négociants  assez  riches  pour  faire  le  commerce  en  gros; 
établir  un  lieutenant  de  police  à  Toulouse,  y  fixer  un  état-major  militaire  8< 
la  résidence  du  commandant  de  la  Province. 

L'abbé  raconte  ensuite  que  huit  ans  plus  tôt,  les  juifs  de  Bordeaux  avaient 
fait  offrir  à  la  ville  de  Toulouse,  par  les  sieurs  Gradis,  R.aphaël  &  Péchaut 
leurs  confrères,  d'acheter  au  prix  de  cinq  millions  l'île  de  Tounis  pour  s'y 
retirer,  y  établir  des  manufactures  de  savon  Si  y  faire  leur  commerce. 

«  Ces  propositions,  dit-il,  furent  rejetées  sur  le  fondement  que  les  juifs 
«  une  fois  établis  dans  cette  île  pourroient  s'y  rendre  indépendans  &  mécon- 
«  noître  la  juridiction  des  capitouls.  » 

Le  correspondant  de  l'abbé  Terrav  porte  ensuite  ses  vues  sur  d'autres  parties 
de  la  Province  :  il  demande  la  création  d'une  voie  navigable  de  Narbonne 
au  canal  royal;  d'une  autre  ligne  d'Aigues-mortes  à  Beaucaire  8i.au  canal. 


I.,IV.    IV.    LA   RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  12:7 

('  Le  plan  de  cet  ouvrage  a  été,  dit-il,  levé  il  y  a  environ  dix  ans  par  le  sieur 
Il  iMaréchal,  ingénieur  en  chef  de  la  Province  pour  Sa  Majesté  à  la  sollicita- 
II  tion  d'une  compagnie  de  négocians  de  la  ville  de  Lyon.  » 

11  réclame  un  autre  canal  de  Toulouse  à  Moissac.  Encore  un  projet  aban- 
donné ;  <i  Le  plan  de  ce  canal  fut  levé,  tracé,  piqueté  il  y  a  environ  sept  à 
Il  huit  ans;  il  étoit  question  de  l'exécuter  Si  l'exécution  en  étoit  favorisée  par 
<i  la  petite  rivière  du  Tarn  qui,  avec  plusieurs  petites  rivières,  fournissoit  un 
«  volume  d'eau  assez  considérable  pour  la  faire  réussir;  mais  les  personnes 
«  intéressées  mirent  des  obstacles  à  l'exécution  de  ce  projet,  comme  à  celle 
»  des  précédens.  » 

M  La  ville  de  Moissac  qui  fait  une  consommation  très-considérable  de 
«  grains  pour  les  farines  qu'on  y  prépare  pour  envoyer  à  Bordeaux  Si  dans 
Il  les  colonies,  les  recevroit  au  moyen  de  ce  canal  plus  abondamment,  plus 
«  commodément  81  à  moins  de  frais.  « 

Les  bois  de  toute  la  partie  des  Pyrénées  opposée  à  celle  que  l'on  exploitait 
depuis  longtemps  81  qui  se  trouvait  presque  épuisée,  étaient  encore  intacts, 
d'après  le  curé  de  Beauregard,  faute  de  moyens  de  transport.  Il  proposait  d'y 
remédier  en  canalisant  le  grand  Hers,  l'Ariége  Si  la  Garonne  supérieure. 
I,es  provinces  de  Languedoc  Si  de  Guienne  avaient  fait,  cinq  ou  six  ans 
auparavant,  préparer  un  devis  de  ce  projet  par  quatre  experts  qui  en  éva- 
luaient la  dépense  à  deux  millions  quatre  cent  mille  livres. 

Le  mémoire  de  l'abbé  Chambon  était  accompagné  d'une  lettre  au  roi  dont 
voici  les  termes  ; 

i(  Occupé,  Sire,  du  bien  de  l'État,  comme  je  m'en  suis  toujours  fait  un 
Cl  devoir  en  qualité  de  bon  81  fidèle  sujet  de  Votre  Majesté,  Si  des  moyens  de 

I  le  procurer,  j'ai  eu  occasion  d'apprendre  dans  le  long  séjour  que  j'ai  fait  ici, 

II  les  avantages  que  Votre  Majesté  pourroit  retirer  de  la  ville  de  Toulouse  Si 
11  tle  la  Province  du  Languedoc,  Si  j'ai  tait  un  mémoire  des  découvertes  que 
Il  j'ai  faites  à  ce  sujet. 

«  Je  prends.  Sire,  la  liberté  de  présenter  ce  mémoire  à  Votre  Majesté  par 
Il  le  seul  motif  de  me  rendre  utile  au  bien  de  l'État.  » 

Le  mémoire  de  l'abbé  Chambon  fut  renvoyé  à  M.  de  Saint-Priest  qui  en 
fit  l'objet  d'une  étude  approfondie  sur  chaque  point,  louant  le  zèle  de  l'au- 
teur; mais  le  trouvant  ([uelquefois  mal  informé.  L'intendant  reconnaît  que 
le  renouvellement  annuel  des  capitouls  est  un  mauvais  système  :  une  seule 
année  ne  suffit  pas  pour  se  mettre  au  courant  de  l'administration  de  la 
ville...  Nombre  de  projets  utiles  s'abandonnent,  les  nouveaux  venus  voulant 
être  créateurs  ou  se  laissant  conduire  par  d'autre  vues. 

On  ne  peut  songer  à  supprimer  la  noblesse  capitulaire,  à  cause  de  son 
ancienneté.  Lyon  en  jouit  pareillement.  «  Je  ne  suis  point  éloigné  de  penser, 
«  poursuit  l'intendant,  que  le  capitoulat  nuit  au  commerce,  mais  je  crois 
«  aussi  c|ue  le  génie  de  l'habitant  ne  l'y  porte  pas.  »  Pour  l'affaire  des  juifs, 
Saint-Priest  a  cherché  à  s'assurer  s'il  avait  été  fait  à  la  ville  quelque  proposi- 
tion de  ce  genre.  Son  subdélégué  lui   répond  qu'on   n'en  a  point  parlé,  au 


177J 


— 1228  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

moins  depuis  qu'il  est  en  place  S<  que  cette  prétendue  oftVe  est  dénuée  de 
^  toute  vraisemblance,  étant  bien  persuadé  qu'on  l'aurait  acceptée  même  à  un 
prix  bien  plus  bas.  «  Ceux  qui  pourroient  penser  le  contraire  ne  connoissent 
<i  pas  sans  doute  les  habitans  des  bords  de  la  Garonne.  » 

Le  canal  d'Aigues-mortes  va  se  faire;  celui  de  Narbonne  est  possible  & 
utile;  l'instance  est  pendante,  8t  Saint-Priest  s'étonne  que  les  Etats  ne  la 
fassent  point  décider,  surtout  après  l'empressement  témoigné  par  l'archevêque 
de  Narbonne  pour  l'exécution  du  projet. 

Le  canal  de  Moissac  n'a  ]5as  été  piqueté;  mais  on  a  fait  un  nivellement 
auquel  l'ingénieur  Garipuy  a  travaillé,  à  l'invitation  de  M.  de  Caraman, 
propriétaire  du  canal  royal,  qui  assista  à  l'opération.  On  se  borna  à  connaître 
la  pente  du  terrain,  &  si  l'ouvrage  était  possible  sans  qu'il  fût  question 
d'évaluer  la  dépense.  Ce  canal  devenant  nécessaire  pour  compléter  celui  des 
Deux-Mers,  les  archevêques  de  Narbonne  8c  de  Toulouse,  MM.  Dillon  &  de 
Brienne  ont  désiré  connaître  s'il  était  praticable  &  quelle  en  serait  la  dépense, 
&{.  cette  année  même,  le  directeur  fait  lever  la  carte  du  terrain. 

Le  cours  du  grand  Hers  a  été  vérifié  par  le  directeur  des  travaux  publics 
de  la  sénéchaussée,  qui  a  reconnu  la  facilité  de  le  rendre  navigable  depuis 
son  embouchure  jusqu'au-dessus  de  Belpech,  sur  deux  ou  trois  lieues  de 
long;  mais,  dans  la  partie  supérieure,  le  terrain  est  si  bas  &  si  meuble  qu'on 
ne  pourrait  y  établir  des  ouvrages  solides  qu'avec  beaucoup  de  peine  Se  de 
grandes  dépenses,  ce  qui  lui  a  fait  penser  qu'on  devait  se  borner  à  créer  un 
flottage  '. 

Ce  qui  nous  paraît  intéressant,  dans  cet  échange  d'observations,  c'est  le 
symptôme  du  développement  économique  dont  on  peut  y  reconnaître  les 
traces  au  milieu  des  tâtonnements  8t  des  contradictions. 

Le  bruit  se  répandit  en  Languedoc,  dans  les  premiers  jours  du  mois  de 
mai  1774,  que  le  roi  Louis  XV  touchait  au  terme  de  sa  triste  &  monotone 
existence. 

On  sut  que  des  prières  publiques  étaient  célébrées  dans  les  églises  de 
Paris  pour  la  santé  du  monarque.  Toutes  les  villes  de  la  Province  se  confor- 
mèrent à  cet  exemple.  Les  capitouls  de  Toulouse,  fidèles  à  la  tradition  locale, 
firent  un  vœu  aux  reliques  de  l'abbaye  de  Saint-Sernin.  lis  se  rendirent  en 
corps  de  ville  dans  la  vieille  église  romane,  pour  y  présenter  leur  offrande, 
le  samedi  7  mai,  accompagnés  du  conseil  de  bourgeoisie.  Les  châsses  des  apô- 
tres &  des  martyrs  avaient  été  retirées  de  leurs  caveaux  6<  exposées  dans  le 
sanctuaire  du  chœur,  où  elles  reçurent  pendant  neuf  jours  les  hommages  de 
la  foule.  Chaque  matin,  deux  capitouls  s'y  transportaient  en  robe  de  céré- 
monie pour  assister  à  la  messe.  En  même  temps,  le  clergé  des  paroisses  répé- 
tait les  prières  connues  sous  le  nom  d'oraison  de  quarante  heures.  Ce  pieux 
exercice  fut  renouvelé  trois  fois  de  suite,  à  mesure  que  les  nouvelles  s'aggra- 
vaient; mais  le  troisième  office  n'était  pas  encore  terminé  lorsque  l'on  apprit 

'  Archives  lîationales.  Papiers  Hu  contrôleur  gcncraL 


'774 


I.IV.    IV.   I.A   RÉGENCE  ET  LOUIS  XV.  1229 

la  mort  du  roi.  Elle  donna  lieu  à  toutes  les  démonstrations  de  deuil  officiel 
usitées  en  pareille  circonstance. 

Le  20  mai,  sur  les  réquisitions  de  l'avocat  général  de  Malbois  &  le  rapport 
de  M.  de  Bastard,  doyen,  le  Parlement  de  Toulouse  rendit  deux  arrêts  inter- 
disant les  danses,  les  jeux,  les  assemblées  St  toute  sorte  de  divertissements  & 
d'attroupements,  sous  peine  de  cinq  cents  livres  d'amende,  jusqu'après  les 
obsèques  de  Louis  XV. 

Le  service  funèbre  ne  fut  célébré  dans  la  capitale  de  la  Province  que  le 
7  du  mois  de  septembre. 

«  Nous  avions,  dirent  les  capitouls  dans  leur  ordonnance,  manifesté  les 
«  vœux  de  la  patrie  par  les  prières  publiques  que  nous  fîmes  à  la  Divinité 
((  pour  la  guérison  de  notre  monarque  bien-aiméj  accablés  maintenant  de 
X  la  plus  vive  douleur  par  la  perte  que  la  France  vient  de  faire,  nous  répan- 
»  dons  des  larmes  sur  le  tombeau  d'un  roi,  qui,  par  sa  bonté,  son  amour  pour 
«  son  peuple,  la  douceur  de  son  gouvernement  &  par  mille  vertus  royales, 
«  s'étoit  acquis  les  coeurs  de  ses  sujets";  &  nous  recourons  derechef  au  pied 
•■  des  autels  avec  une  nouvelle  ferveur  pour  supplier  la  Divinité  de  recevoir 
«  dans  son  sein  l'âme  de  ce  grand  prince,  8<.  d'avoir  égard  aux  supplications 
i<  qu'il  lui  a  faites  avant  sa  mort  avec  la  résignation  81  l'ardeur  qui  font  con- 
«1  noître  les  cœurs  vivement  touchés  de  son  amour*.  » 

Les  magistrats  municipaux  rassemblèrent  à  cette  occasion,  selon  la  coutume, 
toutes  les  corporations  de  métiers,  dont  ils  déterminèrent  la  place  Se  l'ordre  de 
marche  dans  le  cortège;  ils  n'oublièrent  pas  non  plus,  en  vertu  de  leur  titre 
de  gouverneurs  de  la  ville  de  Toulouse  8<.  de  chefs  des  nobles,  de  convoquer 
les  vassaux  &  arrière-vassaux  du  roi,  S<  comme  cette  prétention  d'autorité  sur 
la  noblesse  ne  manquait  pas  de  soulever  les  plus  vives  contestations,  ils  éta- 

'Barthès,  qui    n'écrivait   que    pour    lui,   ne   se  sues   pukliques,  ces   pestes  du  genre   humain...  le 

montre    p.TS   moins   enihousi;istc  que   l'orateur  du  nombre  excessif  des   gueuses    &   des  entretenues... 

parquet  :  le    délire    universel     pour   les    modes  frivoles,   des 

«  Ce  grand    roy,  dit-il,   l'amour    &   les   délices,  abbés  habillés  de    rouge  ou  d'autres   couleurs  bar- 

non-seulement  de  la  France,  mais  de  l'Europe  en-  roques,  s.ins  collet,  un  mouchoir  au  col  &  en  bot- 

tière,    par    toutes   les   vertus   qui    caractérisent    les  tines,  que  l'on  voit  aller  à  l'université  pour  écou- 

grands   princes,  s'étoit  acquis  a  bon  droit   le  sur-  ter   un    professeur,  souvent  sans   rien    écrire,  s'en 

nom   de    bien-aimé    par  sa    douceur   &  ses    belles  aller  le  soir  à  la  comédie   &  courir  toute  la  nuil 

qualités.  »  {Heures  perdues.  Vil,  p.  22.)  le  guilledou,  séduire,  s'il   se   peut,   la    fille  ou  la 

Quelques  pages  plus  haut,  le  même  chroniqueur  servante  de  leur  hôte,  les  frustrer  de  leur  dépense 

fait  le  tableau  le   plus  noir  des  mœurs  de  son  siè-  &  s'esquiver  clandestinement  à  la   fin  de  l'année 

cle ,  dénonçant   ce    le   pyrrhonismc  général   qui    a  sans  payer  personne...  une  infinité  de  misérables 

séduit  tous  les  cœurs...  le  libertinage  d'esprit...  le  du  tiers  &   du  plus  bas  état  qui   ne  comptent  leur 

bannissement  de  la  bonne  foi  dans    les  contrats...  sortie  pour  rien  si  en  bamboches  &  jupes  crottées, 

les   banqueroutes  éclatantes...  l'infidélité  dans   les  un  panier  au  bras,  un  mantelet  décoloré,  la  bourse 

mariages,  nulle  règle,  nulle  pudeur  n'y  étant  ob-  très-souvent  vuide,  elles  ne  sortent  tous  les  jour» 

servée...  l'émigration    des  moines  d'un   couvent  à  coiffées  à  la  grecque  pour  rôder  dans  tout  le  mar- 

l'autre,  ou  en  se  sécularisant  ou  en  cherchant  une  ché,  &c.  '  i> 

règle   plus   mitigée...  les   vivres   si   chers,  les   sub-  '  Archives  de  Toulouse.  Ofi/onrtartcfj  cj^ilu/airc'j. 

sides  si    multipliés,   l'argent  si    raie   ou    plutôt  si  Ordonnance  du  29  août  I774. 
serré,  la   dureté  à   payer  l'artisan  si   marquée...   le 

savoir  faire  &  les  tours  des  monopoleurs,  ces  sang-  '  Heures  fcrJim  de  l'içrri  Hailhès,  VU.  p.  10. 


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'774 


i:3o  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

lèrent  dans  le  préambule  de  leur  ordonnance  toutes  les  rêveries  historiques  où 
se  complaisait  le  corps  capitulaire  '. 

Dès  le  27  mai,  à  la  suite  d'un  mandement  de  l'archevêque  de  Toulouse 
Loménie  de  Brienne,  le  chapitre  de  Saint-Etienne  avait  célébré  un  service 
$olennel  dans  la  cathédrale.  Chacune  des  paroisses  en  fit  autant  pendant 
toute  la  semaine,  &  les  plus  humbles  églises  de  village  durent  s'associer  aux 
marques  de  douleur  publique,  en  attendant  la  grande  manifestation  provin- 
ciale des  trois  ordres  pendant  !a  session  des  Etats. 

■  <i  Pendant   la  domination   des  comtes,  ils  for-  l'origine    du    blason,    &    dans    un    temps    où    il 

inoient  une  cour  où  ils  exerçoient  la  magistrature  n'ctoit    permis    qu'aux   nobles   d'en    porter    :    on 

souveraine  de  la  justice  à  la  tête  d'un  conseil  dont  remarque  leurs   éciissons   quarrés   &  en   bannière, 

les  membres  dévoient  être   nobles,  suivant   les  lois  comme  ceux   des    nobles  militaires,  ornés  de   par- 

du  gouvernement  féodal  :  sous  les  mêmes  comtes,  titions,  de  fourrures,   d'émaux   &  d'autres   pièces 

ils  avoient  le  commandement  suprême  des  armées  ;  uniquement   propres    à  la    noblesse  qualifiée   :    si 

&  pendant  longtemps  après  la  réunion  de  la  comté  la   gloire,   la    prospérité   &   la  paix   intérieure  du 

à  la   couronne,  ils   étoient   à   la    tête   des   troupes  royaume  vous  dispensent  du  service  militaire  au- 

qu'on   tiroit  de  la  ville,  pour  servir  dans  les  ar-  dehors,    vous    avez    conservé    le   droit    honorable 

mées  de   l'État,   ils  commandoient  dans  ces  occa-  de   commander   les   nobles   pour   la    défense   de   la 

sions   les  clievaliers,  les   bannerets,   les  écuyers  8c  ville,  dont  le  gouvernement  &  la  garde  vous  sont 

toute  la  noblesse  qui   aUoit   seule  à  la    guerre,  les  confiés,  &c.  '  » 
roturiers  n'y  étant  pas  alors   reçus.  Jetons  encore 

un    regard    sur    les   armoiries   qu'ils   prirent,    dès  '  Rc-juisitioiis  de  Lagane,  procureur  du  roi  en  la  ville. 


^,|,^^^^,|.^^^^.^^.|.^.^^^^.^.|..^.^^^^^.^^^-|(.'^'|r>'^'^'|<'^'|f>-|>'|r'|r'|!'^ 


LIVRE  CINQUIÈME 


LOUIS    XVI     ET     LA     REVOLUTION 


CHAPITRE   PREMIER 

Avènement  de  Louis  X'.'I.  —  Kpizootic.  —  Mesures  administratives  &  militaires.  —  Rcconsiiiiuion  du 
Parlement.  —  Le  i;;.iiéLhal  de  Biron.  —  Navigation  de  l.'i  Garonne.  —  Etat  major  Jei  places.  —  Ré- 
formes de  Turgot.  —  Houillères  des  Cévennes.  —  Concession  Tubeuf,  —  Le  comte  de  Saint-Haon. 
Réorganisation  de  la  municipaliic  Je  Toulouie.  —  Kcunion  du  comté  de  Caraman  à  la  province  de 
Languedoc. 

L'AVENEMENT  de  Louis  XVI  fut  accueilli  dans  la  Province  avec  toute 
la  faveur  8t  l'espérance  qu'un  roi  jeune,  honnête,  plein  de  bonne 
volonté,  pouvait  éveiller  dans  un  pays  las  des  humiliations  S<.  des  bas- 
sesses du  dernier  règne. 

On  répandit  rapidement  la  lettre  que  le  nouveau  souverain  venait  d'écrire 
à  M.  de  Maurcpas,  Se  qui  contenait  des  phrases  significatives,  faites  pour 
jiarler  au  cœur  des  Français  :  «  J'ay  de  grands  devoirs  à  rcmplirj  je  suis  roi, 
<■  8<  ce  nom  renferme  toutes  mes  obligations;  je  n'ai  que  vingt  ans  Se  je  n'ai 
<i  pas  toutes  les  connoissances  qui  me  sont  nécessaires;  de  plus,  je  n'ai  pu 
«  voir  aucun  ministre » 

On  n'applaudit  pas  avec  moins  de  confiance  au  premier  discours  adressé 
par  Louis  XVI  aux  membres  du  conseil  d'État,  qui  annonçait  un  prince  labo- 
rieux, animé  du  désir  d'assister  régulièrement  aux  séances,  de  travailler  par 
lui-même,  d'appeler  auprès  de  lui  les  personnes  qui  lui  en  auraient  paru 
dignes  par  leur  zèle  5<.  par  leurs  lumières. 

Tous  les  esprits  ouverts  aux  idées  de  bienfaisance,  de  justice,  d'humanité, 
saluaient  en  T,ouis  XVI  le  roi  philanthrope,  qui  devait  traduire  en  faits  de 


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i:32  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

gouvernement  les  maximes  des  philosophes  Se  des  économistes,  briser  les 
anciennes  entraves,  faire  oublier  les  folies  de  Versailles  8<  mériter  le  nom  de 
restaurateur  de  la  liberté  française. 

Malheureusement,  Louis  XV  laissait  à  son  successeur  un  triste  héritage; 
outre  les  embarras  financiers  que  les  prodigalités  de  plus  d'un  siècle  &  les 
guerres  malheureuses  rendaient  terribles,  il  lui  léguait  un  État  désorganisé, 
lies  forces  en  dissolution  &  cette  redoutable  question  des  Parlements,  trop 
récemment  &  trop  brutalement  tranchée  pour  être  définitive. 

Dès  le  lit  de  justice  du  12  novembre,  on  put  s'apercevoir  que  les  parlemen- 
taires menaçaient  de  reprendre  faveur.  I,a  première  cour  de  France,  celle  de 
Paris,  fut  rétablie  sans  nouvelles  provisions.  Mesure  imprudente,  qui  sem- 
blait être  la  réparation  d'un  acte  de  despotisme,  mais  qui  créait  un  danger  de 
plus  pour  la  monarchie. 

A  dater  de  ce  moment,  il  fut  facile  de  prévoir  que  l'heureuse  réforme  judi- 
ciaire du  chancelier  Maupeou  serait  anéantie,  &  qu'avec  les  Parlements  res- 
suscites, l'esprit  de  privilège  &  d'immobilité  reprendrait  son  empire  sur  les 
conseils  de  la  couronne.  Le  premier  Parlement  du  royaume,  la  tête  de  tous 
les  mouvements  qui  s'étaient  prodviits  en  France,  le  foyer  où  se  préparaient 
les  manœuvres  des  Parlements  provinciaux,  étant  rétabli,  on  ne  pouvait  plus 
douter  que  l'organisation  de  la  magistrature  ne  reprît  partout  sa  première 
forme.  C'est,  en  ettet,  ce  qui  arriva;  mais  avant  que  la  reconstitution  du 
Parlement  de  Toulouse  ne  mît  en  liesse  tous  les  membres  &  les  suppôts  de 
cette  puissante  compagnie,  un  fléau  redoutable  atteignit  les  intérêts  agricoles 
de  la  Province  &  inaugura  douloureusement  le  nouveau  règne. 

Il  y  avait  déjà  longtemps  que  le  sud-ouest  de  la  France  était  ravagé  par 
une  épizootie  des  plus  meurtrières,  dont  la  contagion,  transportée  dans  le  port 
de  Bayonne  par  une  cargaison  de  cuirs  venus  de  Hollande,  avait  dépeuplé 
les  étables  à  bœufs  de  la  Guienne  méridionale,  du  Béarn  &  de  la  Gascogne, 
lorsqu'on  eut  la  certitude,  au  mois  de  novembre  1774,  que  le  fléau,  progres- 
sant avec  une  effrayante  rapidité,  allait  atteindre  à  son  tour  la  province  de 
Languedoc.  Dans  les  premiers  jours  du  mois,  la  maladie,  confinée  d'abord 
dans  la  généralité  de  Bayonne,  envahit  brusquement  celle  d'Auch,  où  les 
bestiaux  de  cinquante-deux  communes  furent  attaqués'.  Bientôt  même  elle 
pénétra  dans  la  haute  vallée  de  la  Garonne,  &  se  manifesta  dans  le  territoire 
de  Martres*,  au  diocèse  de  Comminges,  menaçant  la  plaine  de  Rivière  &  les 
paroisses  languedociennes  de  Cier,  Huos,  Pointis  &(.  Valentine,  qui  furent 
attaquées  un  peu  plus  tard^. 

M.  d'Osmond  de  Medavy,  évêque  de  Comminges,  à  la  première  nouvelle 
du  fléau,  se  hâta  d'envoyer  sur  les  lieux  un  médecin  habile,  nommé  Dardi- 
gnac,  pour  donner  des  conseils  aux   agriculteurs,  surveiller  la  maladie  & 

'  Lettre  de  l'intendant  du  Languedoc  à  M.  Ray-  saucèle,    du     |5    novembre    1774.    Archives    de    la 

nal,  du  10  novembre  1774.  Archives  de   la  Haute-  Hnuie-Garonne. 

Garonne,  C.  3  Mémoire  historique  sur  la  maladie  épi^ootitjue, 

'  Lettre  du  marquis  de  Montferrier  à  M.  de  Ee-  Archives  du  diocèse  de  Toulouse. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA   REVOLUTION.  I233 

former  un  recueil  d'observations.  Ce  médecin  dressa  un  procès-verbal  détaillé 
de  tous  les  cas  d'épizootie  cju'il  eut  l'occasion  d'étudier,  &  ce  premier  mémoire, 
remis  par  l'évêque  de  Comminges  au  président  des  Etats  de  Languedoc,  fut 
le  point  de  départ  des  mesures  adoptées  par  la  Province  pour  combattre  le 
fléau  '. 

M.  Dillon  s'empressa  d'en  donner  communication  à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Montpellier,  espérant  que  cette  compagnie  célèbre  pourrait  indiquer 
un  traitement  convenal^le.  Dès  ce  moment,  l'inquiétude  des  populations 
devint  pressante  £<  la  vigilance  des  pouvoirs  publics  fut  mise  en  action. 

Le  mal  était  identique  à  celui  qui,  depuis  l'année  1771,  avait  désolé 
diverses  parties  du  ro\aume,  &  peut-être  même  à  la  peste  des  bêtes  à  corne 
du.Vivarais  dont  M.  de  Sauvages  étudia  les  effets  en  1746,  par  commission 
de  la  Faculté  de  Montpellier.  Dès  que  les  animaux  étaient  frappés,  ils  trabis- 
saient  leur  souffrance  par  une  sorte  d'abattement  S<.  de  langueur  générale  j 
dédaignant  la  pâture  la  plus  savoureuse,  Se  n'y  toucbant  que  du  bout  des 
lèvres,  ils  refusaient  de  boire  8v  cessaient  de  ruminer.  Ils  ne  paraissaient 
d'abord  éprouver  de  sensation  douloureuse  que  sur  les  côtés  de  la  poitrine,  £<. 
principalement  sur  la  saillie  de  l'épine  dorsale  dont  l'irritabilité  devenait  tel- 
lement vive  qu'il  sutlîsait  d'y  porter  la  main  pour  faire  affaisser  la  bête.  Après 
ces  premiers  signes,  symptômes  infaillibles  de  l'invasion,  la  fièvre  se  décla- 
rait, accompagnée  de  froids  &  de  tremblements.  St.  accentuée  de  temps  en 
temps  par  des  crises  plus  violentes.  Dès  ce  moment,  l'animal  portait  la  tête 
basse,  s'éloignait  lui-même  de  ses  compagnons  d'étable,  vaguant  au  basard 
sous  l'aiguillon  d'une  inquiétude  mortelle;  ses  yeux  enfoncés  se  voilaient  de 
larmes  ou  s'injectaient  de  sang;  ses  naseaux,  sa  bouche  se  couvraient  d'une 
mousse  blanchâtre  exhalant  une  odeur  fétide;  la  respiration  devenait  courte, 
laborieuse  Se  sonore;  l'animal  semblait  haleter  sous  l'action  d'un  feu  inté- 
rieur; quelquefois,  des  cloches  venteuses  boursoufflaient  sa  peau  en  diverses 
parties  du  corps;  puis,  le  travail  de  la  digestion  paraissait  complètement  bou- 
leversé, la  mâchoire  inférieure  s'agitait  de  mouvements  convulsifs,  6c  les  forctr. 
vitales  s'épuisaient  dans  une  lutte  dernière.  La  mort  ne  se  faisait  attendre 
que  huit  ou  neuf  jours  après  l'apparition  de  la  fièvre^. 

L'expérience  avait  démontré  que  la  peste  bovine,  une  fois  en  possession 
d'une  victime,  ne  se  la  laissait  plus  arracher.  Les  procédés  ordinaires  des  pra- 
ticiens, les  préparations  empiriques  des  charlatans,  dont  les  recettes  se  multi- 
pliaient chaque  jour,  demeuraient  également  sans  résultat;  l'approche  d'une 
seule  bête  malade  suffisait  à  infecter  tout  un  troupeau,  6<  le  fléau  empruntait 
même  pour  véhicule  les  espèces  qu'il  n'atteignait  pas,  s'attachant  aux  harnais 
des  chevaux,  aux  vêtements  des  hommes;  en  certains  lieux,  il  suffit  d'un 
chien  vagabond  qui  avait  rôdé  dans  une  étable  infectée  pour  apporter  la  con- 
tagion dans  tout  un  pays. 

'  Proeè$-Terbal  des  Etats.   Sénncc  du   17  dcccin-        à   ses  subJélégués,  dont   ils  doivent  donner  copie 
lire  1774.  ai'X    personnes    qu'ils    seront    dans    le    c.ns    d'cin- 

*  Instruction!  de  M.  l'intendant  de  Languedoc       ployer.  Ms.  Archives  de  la  Haute-Garonne. 

XIII.  ,8 


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1:34  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Averti  par  M.  de  la  Boulaye,  intendant  de  la  généralité  d'Auch,  des  pro- 
grès que  le  mal  avait  faits  dans  cette  province  &  de  son  extension  marquée 
vers  le  nord-est,  M.  de  Saint-Priest  n'eut  pas  de  peine  à  comprendre  combien 
toute  la  région  occidentale  de  l'intendance  de  Languedoc  était  exposée  :  il 
entra  en  conférence  avec  les  syndics  généraux,  compulsa  les  correspondances 
de  ses  prédécesseurs,  &(.  particulièrement  celles  de  M.  Le  Nain  pendant  l'épi- 
zootie  du  Lyonnais  en  1744,  &  publia  le  9  novembre  une  première  ordon- 
nance en  vue  d'opposer  une  barrière  naturelle  à  l'invasion  du  fléau,  &  de  ne 
pas  lui  laisser  traverser,  s'il  était  possible,  la  Garonne  &  le  Tarn  dont  le 
cours  protégeait  la  majeure  partie  des  quatre  diocèses  de  Languedoc  les  plus 
exposés,  ceux  de  Comminges,  de  Rieux,  de  Toulouse  &  de  iMontauban. 

A  cette  fin,  M.  de  Saint-Priest  défendait  aux  patrons  Si  bateliers  des  deux 
rivières  d'embarquer  des  bestiaux  provenant  du  Béarn  ou  de  la  généralité 
d'Auch  &  de  les  transporter  sur  la  rive  languedocienne,  sous  peine  de  confis- 
cation des  barques  8<.  du  bétail  8c  de  cinquante  livres  d'amende;  il  enjoignait 
aux  consuls  d'effectuer  les  saisies  en  cas  de  contravention  8<.  de  prohiber  le 
transport  par  terre,  interdisait  aux  marchands  8c  pourvoyeurs  d'introduire  des 
troupeaux  ou  des  betes  isolées  venant  du  pays  malade.  Se  aux  bouchers  de 
vendre  des  viandes  de  même  origine,  frappant  vendeur  8c  acheteur  d'une 
amende  de  cent  livres.  Quant  à  ceux  qui  se  trouveraient,  au  moment  de 
l'ordonnance,  en  possession  de  boeufs  achetés  en  Béarn  ou  Gascogne,  soit 
pour  le  labour,  soit  pour  la  boucherie,  il  leur  ordonnait  de  les  isoler  immé- 
diatement de  tout  autre  bétail  jusqu'à  la  fin  de  la  contagion  8c  d'en  faire 
déclaration  aux  consuls.  Les  magistrats  municipaux  des  villes  8c  villages 
demeuraient  chargés  de  toutes  les  mesures  de  surveillance,  avec  le  concours 
de  la  maréchaussée. 

L'in  suffi  sa  tice  de  ces  précautions  qui  supposaient  aux  consuls  des  moyens 
d'action  dont  ils  étaient  généralement  dépourvus  6<  aux  populations  rurales 
une  docilité  clairvoyante  fort  éloignée  de  leur  caractère,  fut  promptement 
démontrée.  Trois  jours  après,  nouvelle  ordonnance,  publiée  Se  affichée  dans 
tous  les  lieux  des  quatre  diocèses.  Cette  fois,  l'intendant  reproduit  textuelle- 
ment les  dispositions  de  l'arrêt  du  conseil  du  3i  janvier  1771  :  obligation  de 
déclarer  aux  officiers  municipaux  tout  cas  d'épizootie,  sous  peine  de  cent 
livres  d'amende  dont  moitié  applicable  au  dénonciateur,  isolement  des  bêtes 
malades,  établissement  d'un  signal  dans  toute  métairie  atteinte,  apposition 
de  lettres  particulières  sur  chaque  bête,  au  moyen  d'un  fer  chaud,  indiquant 
l'état  de  santé,  de  maladie  ou  de  guérison,  interdiction  des  pâturages  com- 
muns 8c  de  la  circulation  des  bestiaux,  enfouissement  des  bêtes  mortes  à 
huit  pieds  de  profondeur,  purification  des  harnais  Se  des  étables.  A  ces  injonc- 
tions compliquées,  dont  M.  Bertin  avait  préparé  la  formule  à  Versailles,  afin 
de  combattre,  comme  il  le  disait  dans  son  préambule,  «  la  négligence  Se  la 
"  mauvaise  foi  des  propriétaires,  l'imprudence  Se  l'avidité  des  acheteurs,  » 
M.  de  Saint-Priest  ajoutait  (juelques  recommandations  spéciales.  Il  annoncjait 
que  les  subdélégués  de  l'intendance  allaient  se  concerter  avec  les  syndics  des 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  1235 

diocèses  Se  les  consuls  pour  nommer  des  préposes  chargés  de  surveiller  dans 
les  campagnes  l'exécution  des  ordonnances,  qui,  dans  les  villes,  demeurait 
commise  aux  soins  des  officiers  municipaux. 

Le  danger  des  chiens  errants  était  l'objet  d'une  particulière  insistance. 
L'intendant  savait  que,  dans  plusieurs  communes  de  la  Gascogne,  c'étaient 
des  chiens  qui  avaient  communiqué  le  fléau,  soit  en  pénétrant  dans  les 
granges  ou  écuries  infectées,  soit  en  rôdant  la  nuit  Se  dévorant  les  bêtes 
mortes.  Aussi  ordonnait-il  expressément  de  les  tenir  enfermés,  permettant  de 
tuer  impunément  tous  ceux  qui  seraient  rencontrés  courant  dans  la  cam- 
pagne. Cette  défense  était  générale  pendant  la  nuit;  pendant  le  jour,  les 
traditions  persistantes  du  régime  féodal  contraignaietit  l'intendant  d'adoucir 
sa  formule  impérativej  mais  il  «  prioit  &  invitoit  les  gentilshommes,  les  sci- 
«  gneurs  de  terre  ou  de  fief  8<.  autres  privilégiés  qui  ont  le  droit  d'avoir  des 
I'  chiens  de  chasse,  de  les  faire  garder  avec  soin  dans  leurs  châteaux  ou  mai- 
<i  sons  Se  de  ne  pas  permettre  qu'on  les  laisse  vaguer.  » 

Malgré  toutes  ces  instructions,  il  était  facile  de  pressentir  combien  on 
devait  attendre  peu  de  résultats  de  l'initiative  des  consuls  Si  surtout  de  la 
vigilance  des  campagnards  qu'ils  seraient  Contraints  de  choisir  pour  agents; 
aussi,  comme  le  mal  résistait  à  tous  les  remèdes  Se  poursuivait  sa  marche,  on 
dut  songer  à  prendre  des  mesures  militaires  pour  assurer  une  surveillance 
plus  efficace  6c  au  besoin  plus  rigoureuse,  les  hommes  façonnés  à  la  disci- 
pline S<  aiiN.  rudes  nécessités  de  la  guerre  étant  seuls  capables  d'exécuter  une 
consigne  avec  la  précision  5e  la  rigueur  qu'exigeaient  les  circonstances. 

Dès  le  i5  novembre,  le  mar((uis  de  Montterrier  chargeait  les  syndics  de 
diocèse  de  lui  transmettre  des  observations  sur  les  lieux  limitrophes  de  la 
Guienne  où  l'on  pourrait  loger  les  troupes  destinées  à  interdire  la  communi- 
cation des  bêtes  à  corne  de  cette  province  avec  celles  de  Languedoc.  Cette 
précaution  était  particulièrement  importante  dans  les  environs  de  Toulouse, 
à  cause  des  routes  nombreuses  qui  faisaient  affluer  dans  la  ville  les  bêtes  Se 
les  gens  venant  de  Gascogne.  Il  y  avait  le  bac  de  Grenade,  sur  la  Garonne, 
par  où  se  faisait  une  active  circulation  entre  les  deux  provinces,  les  routes 
d'Auch,  de  Lombez,  de  Rieux,  le  vallon  de  la  Lèze  formant  le  débouché  des 
montagnes  de  Saint-Girons,  la  route  d'Autcrlve  ouvrant  les  avenues  du  comté 
de  Foix. 

Bientôt  le  comte  de  Périgord  s'enquit  en  personne  des  renseignements 
préliminaires,  Se  se  détermina  à  ordonner  un  mouvement  de  troupes  sur  les 
frontières  occidentales  de  la  Province,  afin  de  garder  tous  le9  passages  de 
Gascogne  Se  de  Qucrci ,  6e  d'opposer  au  iltau  le  seul  obstacle  dont  l'expé- 
rience eût  prouvé  l'utilité,  l'interdiction  absolue  de  communications  avec  le 
pavs  infecté.  Des  détachements  considérables  de  cavaliers  Se  de  fantassins 
furent  dirigés  de  toutes  les  garnisons  de  la  Province,  même  de  l'extrémité  du 
Vivarais  Se  du  Vêlai  sur  les  vallées  de  la  Garonne  Se  du  Tarn  dont  on  avait 
résolu  de  faire  une  grande  ligne  défensive.  La  légion  de  Lorraine  alors  en 
quartier  à  Tournon,   la   légion  de  Condé  au   Puy,  les  cuirassiers  du    roi  à 


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i;36  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Albi,  le  régiment  de  Pvoyal-Navane  à  Caicassonne,  celui  de  Bourbon  infan- 
terie à  Béziers,  formèrent  les  éléments  de  cette  petite  armée  d'occupation, 
que  le  comte  de  Périgord  plaça  sous  les  ordres  du  baron  de  Cadignan,  colonel 
commandant  de  la  légion  de  Lorraine,  infanterie  &  dragons.  C'était  un  offi- 
cier de  mérite,  fort  galant  homme,  d'un  esprit  aimable  Si  conciliant,  plein 
d'activité  8c  de  zèle,  &.  qui,  tout  en  prenant  très  au  sérieux  la  mission  ingrate 
&  fatigante  dont  on  l'avait  chargé,  se  ménagea  dans  la  Province  les  plus  cor- 
diales sympathies.  Sacrifiant  sans  trop  de  peine  la  vie  agréable  qu'il  pouvait 
mener  à  Paris,  il  se  mit  bravement  à  «  postillonner  sur  les  grands  chemins',  » 
visitant  tout  par  lui-même,  courant  des  lignes  de  la  Vère  à  celles  de  la 
Garonne  &.  du  Gers,  étudiant  le  pays,  ordonnant  l'emplacement  des  postes 
&  conférant  journellement  avec  les  autorités  locales  pour  arrêter  de  son 
mieux  l'ennemi  insaisissable  qu'on  lui  avait  donné  à  combattre.  Cette  rude 
corvée  devait  durer  plus  d'un  an,  au  milieu  de  difficultés  souvent  imprévues. 

La  veille  du  jour  où  M.  de  Cadignan  arrivait  à  Toulouse,  annoncé  par 
une  dépêche  du  comte  de  Périgord,  les  Etats  de  la  Province  prenaient  une 
délibération  expresse  pour  assurer  une  gratification  de  deux  sols  par  jour  aux 
hommes  de  toutes  les  troupes  qui  seraient  employées  en  Languedoc  à  former 
le  cordon  sanitaire  Se  les  lignes  désinfectantes. 

Le  lendemain,  le  Parlement  de  Toulouse  qui  n'était  pas  encore  intervenu 
sérieusement,  rendit  un  arrêt  sur  le  rapport  de  M.  de  Montégut,  qui  n'était 
guère  qu'une  reproduction  incomplète  des  ordonnances  de  l'intendant,  pres- 
crivant les  formalités  habituelles,  visites  de  maréchaux  experts,  attestatioiis 
de  consuls,  8t  autres  procédures  également  impuissantes. 

Le  24  décembre,  ce  fut  le  tour  des  vicaires  généraux  de  l'archevêque  de 
Toulouse,  administrant  le  diocèse  en  l'absence  du  prélat  que  les  Etats  rete- 
naient à  Montpellier,  d'ordonner  l'oraison  de  quarante  heures  8c  l'exposition 
du  Saint-Sacrement  dans  toutes  les  églises,  afin  de  conjurer  un  fléau  signalé 
par  les  croyances  populaires  comme  une  marque  visible  de  la  colère  de  Dieu 
Jk  un  châtiment  des  pécheurs-. 

Presque  simultanément,  M.  de  Brienne  adressait  de  Montpellier  une 
longue  lettre  à  tous  les  curés  de  son  diocèse ^  :  il  leur  exposait  en  grands 
détails  l'histoire  des  développements  du  fléau,  l'inefficacité  des  secours  de 
l'art,  la  nécessité  de  tuer  les  bêtes  malades,  unique  moyen  de  garantir  les 
parties  saines,  rappelant  que  ce  sacrifice  nécessaire  avait  eu  un  plein  succès 
en  Italie,  dans  la  Flandre  autrichienne,  oii  la  châtellenie  de  Courtray  avait 
sauvé  plus  de  vingt-six  mille  têtes  de  bétail  par  la  perte  volontaire  d'une  cen- 
taine; il  indiquait  sommairement  les  diverses  mesures  prises  parles  Etats,  par 
le  commandant  en  chef,  l'intendant  Si  le  Parlement  de  Toulouse,  Se  les 
recherches  de  la  Faculté  de  Montpellier,  en  vue  de  conjurer  un  désastre  aussi 

'  Lettre  de  M.  de  Besnucèle  au  syndic  de  Rieux,  ^  Lettre   de   l'archevêque  de  Toulouse  aux  curés 

28  décembre  1774.  de  son  diocèse  concernant   l'épizootie.   Montpel- 

■  Heures  perdues  de  Pierre  BarthèSj  VII,  pp.  Sp,  lier,  25  décembre   (774. 
40,41. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iidj 

funeste  à  la  prospérité  de  la  Province.  Il  faisait  sentir  aux  ecclésiastiques  des 
campagnes  combien  on  devait  s'attacher  à  décourager  les  illusions  impru- 
. dentés,  les  espérances  de  guérisons  impossibles  qui  mettaient  le  peuple  à  la 
merci  des  charlatans  &  des  distributeurs  de  remèdes,  l'utilité  d'isoler  les  bêtes 
saines,  de  les  tenir  renfermées  dans  des  étables  propres  où  l'air  fût  souvent 
renouvelé  &  purifié  par  des  fumigations,  d'éviter  les  pâtures  publiques,  les 
abreuvoirs  communs,  toutes  les  occasions  de  rassembler  les  bestiaux. 

«  J'ai  jugé  à  propos,  continuait  l'archevêque,  d'entrer  avec  vous  dans  tous 
(1  ces  détails  ;  malheur  à  celui  qui  regarderoit  comme  étranger  à  notre  minis- 
«  tère  un  soin  quelconque  utile  aux  peuples  :  eh!  qui  peut  mieux  que  vous, 
»  à  l'aide  de  la  confiance  que  vous  avez  dû  inspirer  aux  habitans  de  votre 
«  paroisse,  les  faire  entrer  dans  les  vues  sages  £<.  bienfaisantes  du  gouverne- 
«  ment?  Qui  peut  mieux  que  vous  les  co.nvaincre  qu'une  rigueur  apparente 
>.  est  un  bienfait  réel...  en  excitant  leur  attention  sur  tout  ce  qui  peut  éloi- 
«  gner  la  contagion,  en  les  préservant  d'une  confiance  dangereuse  pour  des 
«  remèdes  inutiles,  en  engageant  chaque  particulier  à  ne  rien  négliger  de  ce 
«  ([ui  est  en  son  pouvoir;  vous  parviendrez  à  garantir  votre  paroisse,  ou  du 
<i  moins  à  diminuer  l'effet  du  mal...  C'est  là  la  partie  de  l'administration  qui 
Il  vous  est  confiée,  celle  à  laquelle  vous  donne  droit  le  ministère  f[ue  nous 
«  exerçons,  puisque,  sous  tous  les  rapports  d'instructions,  d'exhortations  £<.  de 
«  conseils,  il  nous  dévoue  au  salut  Se  au  bonheur  des  peuples.  » 

M.  de  Brienne  prescrivait  ensuite  aux  curés  de  lui  adresser  des  informa- 
tions précises  sur  les  moyens  d'existence  des  familles  rurales  atteintes  par  le 
fléau,  déclarant  que  les  indemnités  proportionnelles  assurées  par  le  gouver- 
nement 8c  la  Province  aux  propriétaires  des  bêtes  infectées  seraient  une  faible 
ressource  pour  les  pauvres,  &C  se  réservant  de  pourvoir  sur  sa  cassette  particu- 
lière aux  besoins  des  malheureux.  Il  s'informait  avec  une  sollicitude  parti- 
culière de  la  situation  des  paroisses  du  diocèse  de  Toulouse  comprises  dans  le 
territoire  de  la  Guienne,  &  qui,  par  suite,  ne  devaient  point  participera  la 
bienfaisance  des  Etats. 

Une  dernière  recommandation  s'appliquait  aux  matières  religieuses.  L'ar- 
chevêque ordonnait  des  prières  réitérées  pour  solliciter  la  miséricorde  divine. 
«  Que  peuvent  les  conseils  des  hommes,  si  la  main  du  Très-Haut  ne  les 
(i  seconde  pas?  »  Mais  il  avait  soin  de  prémunir  les  curés  contre  le  danger 
des  pratiques  superstitieuses;  «  quelques-uns,  dit-il,  pour  obtenir  une  béné- 
«  diction  qu'ils  ne  craignent  pas  souvent  de  confondre  avec  des  remèdes, 
><  exposeroient  par  des  sorties  indiscrètes,  ou  par  la  seule  réunion,  leurs  bes- 
I  tiaux  à  la  contagion...;  il  faudroit  à  d'autres  des  processions  8<.  des  pèjeri- 
'(  nages  qui,  les  détournant  du  soin  de  leurs  ménages  &  de  leurs  occupations 
<i  habituelles,  ajouteroient  encore  à  leur  misère,  S<  les  exposeroient  à  rap- 
«  porter  la  contagion  des  lieux  qu'ils  auroient  fréquentés  pour  s'en  garantir.  » 

C'est  à  la  sagesse  des  curés  que  M.  de  Brienne  remettait  le  soin  d'éclairer 
la  dévotion  des  peuples,  sans  lui  rien  faire  perdre  de  sa  ferveur,  d'éviter  les 
superstitions  qui  contrarient  les  vrais  principes  du  christianisme,  &  de  ne  pas 


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1238  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ajouter  aux  alarmes  publiques  par  l'éclat  d'un  zèle  indiscret.  11  annonçait 
que  les  processions  ne  seraient  permises  qu'avec  la  plus  grande  réserve,  &i  se 
bornait  à  prescrire  quelques  offices  particuliers. 

La  lettre  se  terminait  par  la  promesse  d'un  très-prochain  voyage  à  Tou- 
louse, où  le  prélat  se  proposait  d'aller  étudier  la  situation  en  personne,  otïrant 
à  tous  les  curés  de  conférer  avec  eux  sur  les  secours  les  plus  urgents,  6i  même 
de  se  transporter  dans  leurs  paroisses  en  cas  de  nécessité. 

Cette  missive  philanthropique  fit  grand  bruit  en  France  Se  tut  reproduite 
par  plusieurs  journaux'. 

Le  29  décembre,  un  second  arrêt  enchérit  sur  les  précautions  antérieures, 
en  interdisant  les  foires  &  marchés,  &  en  ne  permettant  de  faire  de  trans- 
ports avec  des  charrettes  à  bœufs  que  pour  des  objets  de  première  nécessité. 
Toutes  ces  prescriptions  n'empêchaient  point  la  circulation  du  bétail.  Les 
cabaretiers,  les  hôteliers  des  villes,  séduits  par  le  bas  prix  des  bêtes  à  corne 
auxquelles  l'épizootie  enlevait  toute  valeur,  ne  se  faisaient  point  scrupule  de 
favoriser  les  fraudes  des  marchands  &  des  pourvoyeurs. 

A  ce  moment,  quelques  parties  de  la  Gascogne  étaient  encore  intactes, 
ainsi  que  la  plupart  des  diocèses  de  Languedoc,  le  Querci,  le  Roucrpue  S<. 
le  comté  de  Foix^.  Mais  le  mal  faisait  par  intervalles  des  pointes  hardies. 
On  le  signalait  à  Corbarieu,  sur  la  rive  droite  du  Tarn,  en  amont  de  Mon- 
tauban,  8<  la  maréchaussée  dénonçait,  dans  les  environs  de  Grisolles,  des 
récidives  de  contraventions  fréquentes,  commises  par  les  bateliers  Sv  les  mar- 
chands de  bestiaux  ■>. 

Quelques  communes,  par  exception,  pour  éviter  les  dépenses  du  logement 
des  troupes  Se  les  inquiétudes  que  causait  encore  aux  paysans  le  voisinage 
d'une  garnison,  offraient  de  se  garder  elles-mêmes  &  d'organiser  une  soric 
de  milice  bourgeoise  pour  exécuter  les  ordonnances;  le  village  de  Cornebar- 
rieu,  sur  la  lisière  de  la  forêt  de  Bouconne,  établit  ainsi  trois  postes  pour 
défendre  l'abord  des  terrasses  ondulées  qui  s'inclinent  jusqu'au  bassin  de 
Toulouse '^.  Cette  initiative  témoignait  d'intentions  louables;  mais,  en  géné- 
ral, la  surveillance  était  médiocre,  &  plus  médiocre  encore  le  respect  des 
ordres  du  roi  dont  la  nécessité  môme,  trop  démontrée  par  l'expérience,  ne 
suffisait  pas  à  faire  accepter  la  rigueur. 

L'administration  des  capitouls,  fidèle  à  ses  traditions,  ne  s'était  point 
départie  des  lenteurs  &  de  l'inertie  qui  lui  étaient  familières.  Au  3i  décem- 
bre, la  ville  de  Toulouse  était  encore  la  plus  mal  gardée  de  la  Province; 
toutes  les  dispositions  prises  sur  la  Garonne  &  le  Tarn  assuraient  des  lignes 
intactes;  l'épizootie  n'avait  plus  qu'un  passage  pour  pénétrer  en  Languedoc 
c'était   le  pont  de  Toulouse,  où  le  consistoire   n'avait  songé  à  mettre  aucun 

■  Ga^etti;  d'Jgricalturc  &  .h-  Commerce.  —  Jour-  '  Lettre   de  M.  de  Besaucèle  au  comte  de  Péri- 

nal  politiijue,   lyyS;   supplément  du   i"  trimestre,  gO'd,  17  décembre   1774. 

p.  52.  ■*  Lettre  du   sieur  Loubaissin,  de  Cûriieb.irricii  j 

'  Arrêt  du   Parlement  de  Toulouse  du   26  jan-  26  décembre  1774. 
vier  1775. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION,  liS»; 

poste.  Il  fallut  prier  M.  de  Cadignan  dy  envoyer  la  maréchaussée  jusqu'à 
l'arrivée  des  troupes'. 

Cependant,  la  Faculté  de  Montpellier,  consultée  par  l'archevêque  de  Nar- 
bonne  sur  la  nature  de  la  maladie  Se  sur  les  moyens  de  la  combattre,  s'était 
mise  à  l'oeuvre,  en  prenant  pour  base  de  ses  études  le  recueil  d'observations 
réuni  dans  le  diocèse  de  Comminges  par  le  docteur  Dardignac.  Le  3o  dé- 
cembre, la  docte  assemblée  publia  le  résultat  de  ses  travaux  en  forme  d'avis 
motivé,  signé  du  chancelier  de  l'université,  du  doyen,  de  quatre  professeurs 
en  médecine,  de  deux  docteurs  8c  des  médecins  de  l'Hôtel-Dieu  &.  de  l'Hôpital 
militaire^. 

Les  conclusions  de  ce  mémoire,  qui  comprenait  trois  parties,  l'une  descrip- 
tive St  anatomique.  Si  les  deux  autres  consacrées  aux  procédés  de  préservation 
&  de  traitement,  turent  peu  encourageantes.  Les  docteurs  en  rejetaient  la 
faute  sur  les  informations  qu'ils  avaient  reçues.  Quelque  intéressantes  que 
fussent  les  observations  communiquées  par  le  président  des  Etats,  elles  ne 
paraissaient  pas  pouvoir  donner  des  idées  précises  Si  sûres  du  caractère  de  la 
maladie.  Si  cette  incertitude  influait  nécessairement  sur  le  choix  des  remèdes 
k  essayer. 

I^a  Faculté  avouait  donc  l'imperfection  de  ses  connaissances  sur  la  nature 
du  mal  Si,  en  même  temps,  son  impuissance  à  proposer  aucune  méthode 
certaine,  indiquant  seulemeiit,  à  titre  d'expérimentation,  l'emploi  de  divers 
remèdes  usités  dans  la  médecine  vétérinaire. 

Comme  moyen  préservatif,  elle  recommandait  surtout  des  soins  assidus 
pour  entretenir  la  plus  grande  propreté  dans  les  étables,  précaution  difficile 
à  obtenir  des  populations  méridionales.  Elle  conseillait  de  ])arfumer  l'inté- 
rieur chaque  jour,  le  matin  Si  le  soir,  pendant  que  les  bœufs  y  seraient,  avec 
des  fumigations  de  baies  de  genévrier  ou  de  branches  de  genévrier  Si  de  sapin, 
Si,  en  l'absence  des  bêtes,  avec  des  fumées  de  soufre  brûlant,  les  portes  Si 
fenêtres  demeurant  ouvertes  pendant  les  intervalles  de  ces  opérations,  afin  du 
renouveler  l'air.  Les  animaux  ne  devaient  point  sortir  avant  que  le  soleil  n'eût 
dissipé  la  rosée  Si  les  brouillards,  ni  demeurer  trop  tard  dans  les  champs.  JI 
fallait  éviter  avec  soin  les  eaux  stagnantes  Si  impures  Si  les  pâturages  que 
l'on  ne  croirait  pas  complètement  salubres,  diminuer  la  ration  ordinaire  de 
pâture  Si  faire  boire  souvent.  Le  renouvellement  journalier  de  la  litière,  des 
frictions  partielles,  sur  la  bouche  Si  les  narines,  avec  un  mélange  de  thériaquc 
Si  de  vinaigre  de  rue,  des  frictions  générales  avec  un  mélange  d'eau  Si  de 
vinaigre,  où  l'on  ferait  bouillir  du  thym,  de  la  lavande  Si  d'autres  plantes 

'  Lettre  de  M.  de  Besaiicèlc  nu  comte  de  Péri-  imprimeur  ordinaire  du  roi  &  de  nosseigiieiirs  de; 

gord,  3i  décembre  1774.  Etats,  177a.  Voici    les  noms  des  signnt.iircs  de  l.i 

'   Comuliatioa    Je    l'Vniverùlc    Je   Méjccine    Je  consultation  :  Barthez,  chancelier  ;  Lamiire,  doyen  ; 

Montpellier,  sur  la   maladie  épiddmique  qui    règne  Vcnel,   Le    Roi,  René,  Broussonet,   professeurs  en 

parmi   les   béles  à  cornes,  &  qui  menace  d'une  in-  médecine;   Fitz-Maurice;  Chaptal;  Faijon,  médc- 

vasion    prochaine    la    province    de    Languedoc.    A  cin   de  l'Hôiel-Dieu  ;   Henry   Fouquet,  médecin  de 

Montpellier,  de  l'imprimerie  de  Jean  Martel  aîné,  l'hnpital  militaire. 


'77-1 


«774 


'77^ 


I2  40  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

aromatiques;  comme  alimentation,  quelques  onces  de  sel  marin,  des  racines 
d'angélique,  de  gentiane,  d'aunée  ;  des  feuilles  de  rue,  d'absinthe,  de 
tanaisie;  même  l'infusion  de  tabac  &  de  poudre  à  canon  dans  du  vin;  le 
quinquina,  le  tan,  les  écorces  de  frêne  &  de  saule,  étaient  signalés  dans  ce 
programme  empirique  comme  pouvant  donner  de  bons  résultats.  La  Faculté 
ne  dédaignait  pas  d'indiquer  la  térébration  des  cornes  comme  ayant  produit 
un  heureux  ettet. 

Quant  au  traitement  des  bêtes  malades,  les  docteurs  de  Montpellier  se 
bornaient  à  prescrire  les  plus  violentes  opérations  chirurgicales  ;  boutons  de 
feu  distribués  par  vingt  ou  par  trente  le  long  de  l'épine  dorsale,  plaies  artifi- 
cielles avivées  par  des  racines  d'ellébore  noir  &  des  mélanges  d'ail,  de  sel  8t 
de  vinaigre',  sans  oublier  les  saignées,  les  purgatifs  &  les  autres  accessoires 
obligés  de  la  médecine. 

A  défaut  d'aveu  formel,  le  rapprochement  des  remèdes  contradictoires,  con- 
seillés d'ailleurs  avec  la  plus  grande  réserve  par  la  Faculté,  aurait  suffi  à  faire 
comprendre  combien  elle  comptait  peu  sur  le  succès  de  ses  prescriptions. 

Ce  fut  au  commencement  de  l'année  lyyS  que  l'ensemble  des  dispositions 
militaires  confiées  au  baron  de  Cadignan,  sous  la  haute  direction  du  comte 
de  Périgord,  se  trouva  suffisamment  arrêté  pour  donner  lieu  d'en  espérer 
quelques  résultats. 

La  vaste  étendue  des  territoires  à  protéger  &  l'impossibilité  de  surveiller 
efficacement,  sans  un  déploiement  de  forces  extraordinaire  &  peu  tolérable 
pour  la  Province,  la  ligne  capricieuse  8t  flottante  des  frontières  de  Languedoc 
du  côté  de  Gascogne,  contrai.fnirent  le  commandement  à  chercher  une  bar- 
rière naturelle  dans  le  cours  ue  la  Garonne.  C'était  la  base  d'opérations  la 
plus  solide  &  la  plus  facile  à  défendre,  &  l'on  en  revenait  ainsi,  par  la  simple 
logique  des  faits,  à  cette  ancienne  limite  de  l'Aquitaine  de  César,  que  les 
bouleversements  du  monde  féodal  avaient  déplacée. 

Des  postes  furent  donc  établis  dans  tous  les  villages  situés  près  des  bords 
de  la  rivière,  afin  d'interdire  l'accès  de  la  rive  droite  5c  de  faire  le  vide,  sur 
la  rive  gauche,  jusqu'à  la  distance  d'une  lieue.  Dans  le  voisinage  de  Tou- 
louse, à  cause  de  l'importance  exceptionnelle  des  avenues  que  l'on  avait  à 
couper,  on  rejeta  des  troupes  jusque  sur  les  plateaux  de  Lardenne  haute, 
barrant  les  vallons  de  l'Aussonelle  Si  les  dangereuses  prairies  du  Touch, 
8t  formant  un  arc  de  cercle  qui  passait  par  Portet,  en  face  du  confluent 
de  l'Ariége,  par  Villeneuve-Tolosane,  Plaisance,  Tournefeuille,  Colomiers, 
Pibrac,  Cornebarrieu,  &  qui  venait  finir,  en  rejoignant  la  Garonne,  sur  les 
collines  abruptes  de  Bauzelle  &  de  Seilh.  Le  service  de  cette  ligne  était  fourni 
par  des  détachements  de  Royal-Navarre  Si  de  Bourbon. 

D'autres  corps  de  garde  s'échelonnaient  dans  le  même  ordre,  depuis  Cazères 
jusqu'à  Saint-Nicolas  de  la  Grave,  oîi  la  jonction  de  la  Garonne  &  du  Tarn 

'  D'après  la  consultation,  M.  Malzac,  médecin  quatre  cents  bœufs  attaqués  d'une  maladie  épidémi- 
dc  Castres,  avait  vu    guérir  par  ce  remède  plus  de        que  qui  avait   beaucoup  de  rapports  avec  celle-ci. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  REVOLUTION.  "1241 

marque  les  limites  de  la  Province;  à  partir  de  ce  point,  la  surveillance  était 
continuée  par  les  troupes  de  Guienne,  placées  sous  le  commandement  du 
comte  de  Fumel  ;  mais  la  ligne  défensive  de  L,anguedoc,  se  repliant  à  la 
pointe,  au-dessous  des  collines  de  Moissac,  adoptait  le  contour  du  Tarn,  puis 
l'étroit  ravin  du  Tescou  S<.  la  vallée  de  la  Vère,  atteignant  les  plateaux  supé- 
rieurs de  l'Albigeois. 

Ces  dispositions  se  rattachaient  à  un  plan  général  ordonné  par  le  roi  dans 
tout  le  sud-ouest  de  la  France,  afin  de  confiner  la  maladie  dans  le  vaste 
triangle  que  forment  les  Pyrénées,  la  Garonne  5c  l'Océan,  &  de  lui  interdire 
l'accès  du  plateau  central  8<.  du  versant  méditerranéen.  En  même  temps,  le 
comte  de  Mailly,  enfermé  en  Roussillon,  purifiait  le  petit  nombre  de  paroisses 
(|ue  la  contagion  avait  atteintes  dans  l'étendue  de  ce  gouvernement;  le  comte 
de  Fumel  gardait  la  Saintonge  St  le  Périgord,  avec  la  mission  spéciale  de 
circonscrire  l'épidémie  sur  la  rive  gauche  de  la  Dordogne,  d'y  replier  ses 
postes  8c  de  nettoyer  le  plus  promptement  possible  l'Entre-deux-mers,  afin  de 
resserrer  le  fléau  dans  le  territoire  précis  qu'on  lui  abandonnait;  8<.«le  comte 
d'Amou,  avec  les  garnisons  de  Bayonne  8c  de  Saint-Jean  de  Luz,  opérait  dans 
le  pays  de  Labour'. 

Les  instructions  recommandaient  de  placer  surtout  dans  ces  lignes  princi- 
pales des  troupes  de  cavalerie,  afin  de  les  pouvoir  faire  courir  au  besoin  après 
les  conducteurs  de  bestiaux  8c  les  marchands  de  cuirs  prohibés,  qui,  alléchés 
par  l'appât  du  gain,  entreprenaient  fréquemment  de  forcer  la  consigne. 

Mais  on  ne  s'était  pas  borné  à  cette  grande  stratégie.  Afin  d'empêcher  la 
communication  dans  le  territoire  même  de  la  Province,  8c  de  rendre  l'assai- 
nissement plus  facile  en  morcelant  les  opérations,  des  lignes  secondaires  furent 
établies,  formant  des  coupures  8c  isolant  les  divers  quartiers. 

Ainsi  l'on  jeta  des  postes  le  long  des  coteaux  qui  bordent  l'Ariége,  à  Goi- 
rans,  à  Clermont,  à  Venerque,  à  Grépiac,  à  Auterivej 

On  en  plaça  d'autres  dans  la  vallée  de  l'Hers,  commandant  à  la  fois  le 
canal  des  Deux-mers  8c  le  grand  chemin  du  bas  Languedoc,  par  Ramonville, 
Castanet,  Montgiscard,  Baziége,  Villenouvelle,  Gardouch  8c  Villefranche; 

D'autres  encore,  au  milieu  du  réseau  confus  des  collines  du  Lauragais,  en 
suivant  les  vallées  qui,  toutes,  vont  déboucher  dans  celles  de  l'Hers; 

Une  chaîne  de  gardes  occupait  la  longue  série  de  plateaux  qui  sépare  le 
vallon  du  Girou  du  bassin  du  Tarn,  se  soudant  par  la  gauche  à  la  petite 
garnison  de  Grisolles,  où  le  chevalier  de  Valay  commandait  les  cuirassiers  du 
roi,  8c  poursuivant  vers  le  sud-est,  par  Castelnau,  Bouloc,  Villariès,  Bazus, 
Castelmaurou,  Paulel  Se  Verteil. 

La  saison  d'hiver  ne  permettait  aux  troupes  d'autre  service  que  de  faire  sen- 
tinelle, d'opérer  de  hcquentes  reconnaissances  8c  de  multiplier  les  patrouilles 
sur  la  lisière  du  territoire  dont  on   prétendait  défendre  ra|)proche  au   bétail 

'  Mémoire  Instructif  sur  l'exécution  Ju  plan  adopté        Guyenne    &    dans     les    provinces    circonvoisines. 
/>jr  le  Roi,  pour  parvenir  à  détruire  entièrement       Paris,  impr.  royale,  177Ô. 
la  maladie  qui  s'est  répandue  sur  les  bestiaux  en 


1773 


'773 


124^  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

contaminé.  Tout  le  royaume  suivait  avec  anxiété  ces  opérations,  dont  l'issue 
intéressait,  pour  tant  d'années,  l'avenir  de  l'agriculture  française.  M.  de  Mon- 
tipnv,  dans  un  mémoire  lu  à  l'Académie  des  sciences  8c,  plus  tard,  imprimé 
par  l'ordre  du  roi,  n'hésitait  pas  à  déclarer  que  la  maladie,  après  avoir  pénétré 
en  divers  endroits  de  la  province  de  Languedoc,  malgré  le  zèle  des  Etats,  la 
vigilance  du  comte  de  Périgord  8c  de  l'intendant,  n'avait  pu  y  être  étoutice 
que  par  des  mesures  prises  avec  une  activité  &c  une  célérité  vraiment  admira- 
bles. Mais  il  s'en  fallait  de  beaucoup  que  le  triomphe  fût  déjà  aussi  complet 
(jue  l'on  osait  alors  l'espérer. 

Les  plus  grands  obstacles  étaient  dans  les  populations  elles-mêmes.  Déjà, 
vers  la  fin  de  l'année  précédente,  un  médecin  distingué,  Vicq  d'Azyr,  attaché 
à  la  personne  du  comte  d'Artois  S<.  envoyé  en  Guienne  Si.  Gascogne  par 
l'Académie  des  sciences,  dont  il  était  membre,  pour  étudier  les  caractères  l'e 
l'épidémie  &  les  moyens  de  la  combattre,  s'était  vainement  heurté  dans  !e 
Condomois  contre  la  défiance,  l'avarice  soupçonneuse,  l'entêtement  8c  l'irré- 
sistible T)piniâtreté  des  campagnards.  Uniquement  préoccupés  d'incantations 
8c  de  malélices,  voués  aux  superstitions  8c  aux  pratiques  des  charlatans,  ne 
croyant  qu'à  l'action  d'une  puissance  surnaturelle  dont  on  ne  pouvait  songer 
à  détourner  la  colère,  ils  se  refusaient  obstinément  à  montrer  leurs  bêtes  aux 
maréchaux,  à  isoler  les  sujets  malades  d'avec  ceux  qui  ne  l'étaient  pas,  &c, 
dans  l'espérance  d'arracher  encore  quelque  valeur  du  bétail  qui  leur  échap- 
pait, ils  inventaient  mille  subterkiges  pour  vendre  leurs  animaux  à  demi- 
morts  à  des  trafiquants  mystérieux,  qui  venaient  par  les  chemins  les  plus 
déserts,  malgré  soldats  8c  maréchaussée,  conclure  des  marchés  défendus'. 

Une  autre  cause  compromit  partiellement  le  succès  du  plan  dispendieux 
qu'avait  organisé  le  conseil  du  roi.  On  n'avait  pas  eu  de  peine  à  pressentir 
combien  la  délimitation  arbitraire  des  provinces  de  Languedoc  Se  de  Guienne, 
dans  la  vallée  supérieure  de  la  Garonne,  pouvait  créer  de  difficultés  particu- 
lières aux  mouvements  de  troupes.  En  plusieurs  points,  le  territoire  des  deux 
provinces,  bizarrement  découpé  par  le  hasard  des  événements  politiques  8c 
]iar  la  variation  des  apanages  royaux,  formait  des  sortes  de  péninsules  à  sail- 
lants réciproques,  dont  le  périmètre  ne  concordait  nullement  avec  les  acci- 
dents topographiques  8c  les  grandes  barrières  naturelles.  La  nécessité  de 
trouver  promptemcnt  une  solution  pratique  à  ces  inconvénients  fit  que  le 
conseil  se  résolut  à  laisser  indivis  les  pouvoirs  des  commandants  en  chef,  sans 
les  circonscrire  aux  limites  de  leurs  départements  respectifs.  Le  roi  jugeait 
nécessaire  que  chacun  suivît  les  opérations  des  troupes  qu'il  aurait  commencé 
à  mettre  en  mouvement;  il  voulait  les  voir  pousser  chacun  devant  eux  l'en- 
nemi commun,  en  concertant  leur  marche  jusqu'à  le  resserrer  de  tous  côtés 
en  se  rapprochant.  On  ne  se  dissimulait  point  ce  que  ces  procédés  pouvaient 
présenter  de  hardi  8c  de   peu  compatible  avec   les  traditions  rigides  Se  prc- 


'  Les    oljseivations  d«  Vicq   d'Azyr   furent   publicts  à   Bordeaux,   «n   décembre  1774,   &  à  Aticli,  cil 
janvier  177:». 


LIV,   V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1240 

cïscs  tie  la  discipline  militaire;  mais  on  croyait  que  les  circonstances  ]-)rcs- 
santes  obligeaient  de  s'élever  au-dessus  des  règles  ordinaires,  la  célérité  du 
service  étant  le  but  principal,  &  l'on  faisait  appel  à  la  loyale  entente  des 
officiers  supérieurs,  à  qui  Sa  Majesté  ne  craignait  point  d'accorder  une  telle 
marque  de  confiance. 

Cette  indécision  de  pouvoirs  &  cet  enchevêtrement  de  lignes  amena  dans 
la  pratique  de  graves  difficultés.  Certains  régiments,  n'ayant  pas  d'ordre  de 
leurs  chefs  directs,  refusèrent  d'obéir  au  commandant  d'une  province  étran- 
gère qui,  en  vertu  du  même  principe  de  l'urgence  du  cas,  s'était  cru  autorisé 
à  leur  en  donner.  Le  régiment  de  la  Pveine,  venu  d'Agen,  en  usa  de  la  sorte 
au  poste  de  Saint-Nicolas  de  la  Grave  à  l'égard  du  baron  de  Cadignan. 
Ailleurs,  des  troupes  empruntées  turent  brusquement  reprises  ik  laissèrent  un 
vide  temporaire  dans  l'échiquier. 

Tous  ces  accidents  paralysèrent  le  bon  vouloir  individuel,  &  bien  loin  que 
l'œuvre  d'assainissement  pût  être  effectuée  en  deux  mois,  ainsi  que  l'instruc- 
tion royale  en  exprimait  l'espérance,  plus  d'une  année  devait  s'écouler  encore 
avant  l'entière  expulsion  du  fléau. 

Pendant  le  printemps  de  l'année  177:"),  la  marche  de  la  peste  bovine  en 
Languedoc  parut  d'abord  complètement  arrêtée.  l,a  maladie  venait  de  cesser 
dans  les  deux  ou  trois  communes  du  Bas-Montauban  qui  avaient  été  atteintes. 

Il  semblait  donc  que  l'on  eût  réussi  à  maintenir  le  fléau  sur  la  rive  gauche 
de  la  Garonne.  .Aussi  est-ce  principalement  contre  la  Gascogne  que  le  baron 
de  Cadignan,  S<.  aussi  le  comte  de  Périgord  en  personne  dirigeaient  toute 
l'activité  de  leurs  efforts.  Une  fois  ses  postes  permanents  solidement  établis, 
8<.  les  grandes  lignes  des  rivières  protégées  contre  l'invasion,  le  colonel  de  la 
légion  de  Lorraine  poussait  en  avant,  droit  au  foyer  du  mal,  avec  une  extrême 
célérité.  Au  mois  d'avril,  les  opérations  désinfectantes  se  concentraient  surtout 
entre  la  vallée  supérieure  de  la  Louge  Se  les  coteaux  du  Gers.  M.  de  Cadi- 
gnan écrivait  d'Alan,  à  la  date  du  8,  qu'il  se  trouvait  excédé  de  fatigue.  Les 
courses  prolongées,  les  nuits  sans  sommeil,  l'état  d'inquiétude  Si  d'irritabilité 
nerveuse  où  le  jetait  le  spectacle  d'imprudences  invincibles  81  de  contradic- 
tions inattendues  le  firent  tomber  inalade  d'épuisement;  un  évanouissement, 
qui  dura  deux  heures,  lui  laissa  plusieurs  jours  de  lassitude,  puis  il  courut 
rejoindre  à  Auch  le  comte  de  Périgord. 

D'ailleurs,  les  inconvénients  du  peu  de  précision  que  le  conseil  avait  mis 
dans  les  pouvoirs  respectifs  des  commandants  se  manifestaient  chaque  jour. 
Pour  le  service  de  la  ligne  ambulante  qui  allait  à  travers  champs,  visitant  les 
métairies,  surveillant  l'immolation  Se  l'enfouissement  des  bêtes  malades,  ainsi 
cjue  les  autres  précautions  de  salubrité.  Si  opérant,  en  un  mot,  de  proche  en 
proche,  la  dépopulation  générale  de  bétail  prescrite  par  les  ordonnances, 
M.  de  Cadignan  avait  été  autorisé  à  faire  marcher  le  régiment  de  Foix,  à  la 
condition  expresse  de  le  rendre  à  la  première  sommation.  Au  milieu  de 
l'action,  Se  tandis  que  les  divers  détachements  nettoyaient  le  pays  avec  un 
ensemble  très-laborieusement  combiné,  le  comte  de  Fumel  s'avise  de  rede- 


1773 


1244  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

mander  brusquement  son  régiment.  Il  fallut  exécuter  un  mouvement  général 
de  la  droite  à  la  gauche  dont  les  détails  durèrent  trois  jours. 

Le  26  avril,  le  maréchal  du  Muy,  ministre  de  la  guerre  depuis  l'avéne- 
ment  de  Louis  XVI,  présenta  à  la  signature  du  roi  six  ordonnances  qui 
opéraient  des  modifications  assez  notables  dans  l'organisation  de  l'infanterie. 
Le  but  en  était  de  rendre  moins  sensibles  les  différences  que  l'ancienne  cons- 
titution militaire  avait  établies  entre  les  divers  corps  de  troupes,  Si  de  sim- 
plifier le  service  en  préparant  l'uniformité.  La  première  de  ces  ordonnances 
réglait  la  composition  des  régiments  d'infanterie  française  dont  certains  com- 
prenaient alors  quatre  bataillons,  d'autres  deux  &  d'autres  un  seul.  Grâce  au 
nouveau  règlement,  on  ne  laissait  plus  subsister  que  deux  classes  de  régi- 
ments :  douze  à  quatre  bataillons,  8t  cinquante-six  à  deux.  Pour  obtenir  ce 
nombre,  il  avait  fallu  créer  sept  régiments  qui  furent  formés  en  dédoublant 
d'anciens  corps  auxquels  on  emprunta  leur  second  Si  troisième  bataillon. 
Parmi  les  corps  dédoublés  se  trouvaient  malheureusement  compris  deux  régi- 
ments employés  contre  l'épizootie,  celui  de  Touraine  d'où  l'on  tira  le  régi- 
ment de  Savoie-Carignan,  envoyé  à  Montpellier,  61  celui  d'Aquitaine  qui 
fournit  les  fantassins  du  régiment  d'Anjou,  envoyé  à  Lille'.  Ce  fut  un  nou- 
veau contre-temps  pour  les  opéiations  militaires  de  Guienne  Se  de  Languedoc. 
Vainement  adressa-t-on  au  maréchal  les  plus  pressantes  instances  pour  obtenir 
que  le  dédoublement  se  fît  sur  les  lieux.  Le  ministre,  dont  le  caractère  se 
prêtait  peu  aux  concessions  S<.  qui  avait  prouvé,  en  refusant  de  Louis  XV  le 
département  de  la  guerre,  toute  la  rigidité  de  ses  principes,  ne  crut  pas  pou- 
voir faire  fléchir  la  discipline,  malgré  la  gravité  d'une  circonstance  exception- 
nelle. On  lui  représenta  vainement  combien  la  retraite  des  troupes  serait 
]iérilleuse  dans  un  pays  où  la  contagion  n'était  point  éteinte  Se  d'où  les  sol- 
dats eux-mêmes  pouvaient  la  porter  ailleurs.  La  règle  demeura  sauve  :  Aqui- 
taine Si  Touraine  furent  rappelés. 

Ce  brusque  départ  entraîna  les  conséquences  les  plus  fâcheuses  j  ce  fut  une 
trouée  par  où  le  fléau  ne  tarda  pas  à  s'ouvrir  une  carrière  nouvelle.  Dans 
tous  les  cantons  abandonnés  par  les  troupes,  il  n'y  eut  plus  de  police,  plus 
de  surveillance,  ni  de  précautions.  Les  foyers  à  demi-assoupis  se  ranimèrent, 
des  paysans  malavisés  abattirent  les  mottes  de  terre  qui  s'élevaient  en  mon- 
ceau par  dessus  les  fosses.  Si  les  exhalaisons  qui  s'échappèrent  de  ces  charniers 
rendirent  inutiles  trois  nïois  de  fatigues  Si  d'efforts.  D'ailleurs,  les  communi- 
cations n'étaient  plus  gardéesj  on  dispensait  les  communes  de  faire  monter  la 
garde^;  on  amenait  le  bétail  aux  foires  avec  la  plus  folle  imprévoyance. 

Un  propriétaire  de  Balma,  aux  environs  de  Toulouse,  séduit  par  le  bas 
prix  des  bêtes  à  laine  dans  les  foires  de  Gascogne,  fit  acheter  à  l'Isle-en-Jour- 
dain  un  troupeau  de  brebis  qui  provenait  d'une  métairie  infectée  de  Samatan. 
Ces  animaux  arrivèrent  sur  les  coteaux  de  l'Hcrs,  la  laine  tout  imprégnée  de 

'  Ordonnance  clii  roi  du  26  avril  1771.  Versait-  '  Procès-verbal  de  l'assemblée  d'assiette  du  dio- 

les,  imprimerie  royale.  Département  de  la  guerre.        cèse  de  Toulouse,  22  mai   1770. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  1245 

miasmes  contagieux  qu'ils  transmirent  à  leurs  voisins  d'étable.  Le  12  mai, 
les  bêtes  à  corne  du  domaine  furent  attaquées,  &  bientôt  le  mal  envahit  toute 
la  commune  de  Balma.  Pendant  les  premiers  jours,  on  put  se  taire  illusion 
sur  l'identité  du  fléau;  les  symptômes  en  affectèrent  une  physionomie  nou- 
velle; des  personnes  expérimentées,  qui  avaient  suivi  la  marche  du  mal  en 
Guienne,  s'y  laissèrent  tromper;  mais  bientôt  le  doute  ne  fut  plus  possible, 
la  peste  se  fit  reconnaître  à  la  rapidité  de  ses  progrès,  8c,  une  fois  en  posses- 
sion des  collines  de  Balma,  sur  la  rive  droite  de  l'Hers,  ne  tarda  pas  à  jeter 
quelques  fusées  dans  tous  les  vallons  parallèles  qui  découpent  si  profondé- 
ment le  relief  de  ce  pays.  Presque  dans  le  même  temps,  un  troupeau  de  mou- 
tons, venu  de  Gascogne  8v.  destiné  aux  boucheries  de  Languedoc,  propageait 
l'infection  à  Sainte-Foi  d'Aigrefeuille,  dans  les  prairies  de  la  Saune;  le  mal 
éclatait  dans  la  vallée  de  la  Ceillonne,  au  Pin,  8<.  dans  celle  du  Girou,  à 
Saint-Marcel.  Ainsi  c'est  par  Toulouse  que  s'était  faite  la  percée,  Se,  quand 
on  croyait  le  fléau  rejeté  à  plus  de  quinze  lieues  à  gauche  de  la  Garonne,  il 
atteignait  le  centre  même  du  diocèse,  81  cela,  au  moment  de  la  récolte,  de  !a 
coupe  des  foins,  c'est-à-dire  en  un  temps  où  les  travaux  d'exploitation  ren- 
daient les  communications  plus  fréquentes  &  les  malheurs  inévitables,  8c  où 
l'approche  des  chaleurs  promettait  une  recrudescence  à  peu  près  certaine'. 

On  envoya  M.  de  Longueval  en  reconnaissance  sur  Balma,  Saint-Marcel 
81  Caraman,  car  déjà  tout  le  diocèse  de  Toulouse  était  menacé.  Cependant 
presque  tout  ce  qui  restait  de  troupes  était  occupé  en  Gascogne.  Du  quartier 
général  d'Auch,  où  le  désordre  était  à  son  comble,  le  baron  de  Cadignan 
adressait  des  dépêches  désespérées  :  k  tout  est  perdu,  écrivait-il  le  7  juin,  la 
«  maladie  est  à  une  demi-lieue  d'Auch  de  tous  les  côtés.  «  Sans  doute  la 
ligne  du  Gers  n'avait  pas  encore  cédé;  mais  comme  cette  rivière  est  partout 
guéable,  le  danger  semblait  imminent.  Cependant  le  colonel  redoublait  de 
surveillance;  mettait  deux  fois  plus  de  postes,  des  patrouilles  de  nuit,  des 
bivouacs;  montait  de  son  mieux  la  tête  des  soldats  8c  des  cavaliers;  mandait 
les  grenadiers  de  l'Isle-Jourdain  pour  prêter  main-forte.  Malheureusement, 
les  contre-temps  se  multipliaient  comme  à  plaisir.  M.  de  Faudoas,  qui  com- 
mandait dans  le  pays,  était  colonel  du  régiment  provincial  d'Auch;  il  eut 
l'idée  d'en  faire  l'assemblée  dans  cette  ville  même.  Tous  ses  hommes,  après 
l'inutile  formalité  d'une  revue,  au  milieu  du  pays  infecté,  durent  s'en  re- 
tourner chez  eux,  vêtus  de  leurs  habits  de  laine,  si.  facilement  impression- 
nables à  la  contagion.  Se  se  disperser  dans  toute  la  généralité,  jusqu'aux  portes 
de  Toulouse.  Le  baron  de  Cadignan  donna  les  ordres  les  plus  sévères  pour 
que  ces  uniformes  fussent  partout  purifiés  sur  le  territoire  de  son  commande- 
ment. Mais  pouvait-on  se  flatter  d'une  exacte  obéissance? 

En  même  temps,  la  Chalosse  était  envahie,  le  mal  renaissait  dans  le  Béarn; 
le  bas  Armagnac  ne  comptait  plus  une  seule  tête  de  bétail,  ce  qui  n'empê- 
chait point  M.  de  Faudoas  d'y  continuer  depuis  deux  mois  un  service  tic 

'  Mémoire  historii/ue  de  la  maladie  épiiootique. 


177J 


I77J 


1246  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

désinfection,  désormais  complètement  superflu,  £s.  d'aljandonner  la  Clialosse  à 
elle-même.  Du  reste,  point  d'unité  ni  de  suite  dans  la  marche  des  troupes  de 
Guienne,  des  rassemblements  d'hommes  inutiles,  restant  l'arme  au  pied, 
tandis  qu'on  manquait  de  bras  sur  plusieurs  points;  plus  de  deux  cents  fan- 
tassins ou  cavaliers  demeurant  à  Auch  dans  l'inaction,  les  troupes  décou- 
ragées par  une  besogne  ingrate  8<.  souvent  repoussante,  &  frustrées  par  la 
volonté  de  M.  de  Fumel  de  l'indemnité  de  corps  de  garde  que  les  États  de 
la  Province  avaient  assurée  aux  soldats  servant  en  Languedoc,  &t  que  le 
ministre  de  la  guerre  autorisait  pour  les  régiments  de  Guienne.  Ces  mau- 
vaises dispositions  se  trahissaient  par  des  faits;  on  ne  surveillait  plus  les 
enfouissements;  &,  en  plein  été,  sous  l'ardent  soleil  des  coteaux  de  Gascogne, 
on  ne  jetait  pas  même  quelques  pelletées  de  terre  sur  les  fosses  ou  s'entas- 
saient à  la  hâte  les  cadavres  des  bêtes  abattues. 

«  Je  ne  veux  accuser  personne,  écrivait  M.  de  Cadignan,  mais  dans  cette 
(I  circonstance  ce  seroit  être  citoyen  que  de  se  faire  dénonciateur,  n  Aussi 
rccommandait-il  de  communiquer  ces  détails  à  l'archevêque  de  Toulouse, 
présageant  les  plus  grandes  calamités  si  une  main  énergique  ne  rétablissait 
le  bon  ordre. 

Quelques  jours  après  il  annonçait  ;  «  La  maladie  est  ici  partout  :  dites  k 
(1  Longueval  qu'il  ne  laisse  plus  rien  entrer  par  la  porte  d'Auch  5<.  qu'il  avtr- 
i.    tisse  les  postes  de  Colomiers  S<  de  Léguevin.  » 

Pendant  le  mois  de  juillet,  le  massif  du  Lauragais  fut  complètement 
at'aqué. 

Grande  fut  la  panique  dans  le  diocèse  quand  ces  nouvelles  y  furent  con- 
nues. La  grande  ligne  de  la  Garonne  percée  d'une  façon  décisive,  c'était 
picut-être  la  ruine  définitive  des  espérances  qu'on  avait  jusqu'alors  fondées 
sur  une  opération  militaire  aussi  jîénible  S<,  aussi  dispendieuse.  Ce  dernier 
obstacle  franchi,  on  voyait  la  carrière  librement  ouverte  à  la  maladie  que  des 
avenues  naturelles  allaient  conduire  dans  la  plaine  de  Revel,  jusqu'au  pied 
des  contre-forts  de  la  montagne  Noire.  On  prédisait  avec  épouvante  l'invasion 
des  vastes  plateaux  de  cette  chaîne,  tapissés  d'une  herbe  fine  £<  nourrie,  où 
paissaient  en  liberté  tant  de  troupeaux,  véritable  pépinière  de  bêtes  de 
labour;  l'impossibilité  d'arrêter  le  mal  une  fois  qu'il  aurait  pénétré  dans  ces 
gorges,  si  invinciblement  défendues  par  l'âpreté  du  sol  Se  par  la  difficulté  des 
chemins;  îl  faudrait  donc  se  résigner  à  lë  voir  s'y  faire  un  foyer  nouveau, 
s'y  retrancher  pour  ainsi  dire  dans  Une  solitude  inaccessible,  &  de  là  s'étendre 
dans  les  diocèses  dé  Castres  &  de  Saint-Pons,  dans  toutes  les  plaines  de  Lan- 
guedoc, &  pousser  jusqu'aux  montagnes  d'Auvergne,  pays  de  prairies  &  de 
pacages,  où  l'on  comptait  cent  têtes  de  bétail  pour  un  seul  habitant.  Dès  ce 
moment,  tout  le  plateau  central  était  compromis;  l'impossibilité  d'empêcher 
le5  communications  de  tant  de  bêtes  errantes,  le  manque  de  bras  pour  enfouir 
les  cadavres,  promettaient  le  renouvellement  des  plus  désastreuses  scènes  de 
la  Gascogne,  avec  un  théâtre  plus  vaste  &  plus  redoutable  encore.  Dès  ce 
moment,  le  fruit  de  tant  d'efforts,  de  dépenses  St   de  sacrifices  était  perdu, 


LIV,  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1247 

avec  l'espoir  de  préserver  le  reste  du  royaume.  Contre  tous  ces  dangers,  le 
petit  nombre  des  troupes,  postées  à  grandes  distances  sur  les  principales 
lignes  du  diocèse  de  Toulouse,  n'offrait  qu'une  garantie  tort  illusoire;  quel- 
ques détachements  isolés  jetés  de  loin  en  loin,  dans  un  territoire  ou  l'épi- 
zootie  dirigeait  sa  marche  sur  un  front  de  quatre  lieues  d'étendue,  ne  pou- 
vaient être  que  les  témoins  impuissants  de  ses  ravages. 

Les  commissaires  de  l'assiette,  eftrayés  de  la  responsabilité  qui  pèserait  sur 
l'administration  diocésaine,  si  l'on  n'arrêtait  pas  à  l'origine  ce  redoutable 
débordement,  allèrent  conférer  avec  le  baron  de  Cadignan,  avec  les  officiers 
8<.  préposés  placés  sous  ses  ordres,  afin  d'arrêter  de  concert  les  mesures  les 
plus  énergiques.  Tous  furent  d'avis  qu'il  ne  suffisait  point  d'assommer  les 
bêtes  malades,  fut-on  même  assuré  de  le  faire  à  l'apparition  des  premiers 
symptômes.  L'expérience  l'avait  démontré  :  un  seul  animal  frappé  mettait  en 
péril  une  étable  entière.  Quelquefois  la  contagion  était  lente  à  se  déclarer. 
Pendant  des  jours,  des  semaines,  jusqu'à  des  mois,  le  germe  fatal  demeurait 
inerte  :  la  confiance  renaissait,  trop  souvent  aussi  l'imprudence;  8<,  tout  d'un 
coup,  le  mal  faisait  rage,  comme  animé  d'une  force  nouvelle.  L'unique  res- 
source était  donc  de  recourir  au  procédé  radical  que  le  gouvernement  avait 
autorisé  &  subventionné  dans  une  partie  des  diocèses  de  Rieux,  d'Aucb,  de 
Lectoure,  de  Tarbes,  dans  ceux  de  Lombez  &.  de  Comminges  &  dans  la  por- 
tion gasconne  du  diocèse  de  Toulouse,  pays  que  ce  rigoureux  système  avait 
nettoyé  partout  où  il  avait  été  applic[ué  sérieusement  :  il  fallait  abattre  immé- 
diatement 8<  sans  exception  les  animaux  sains  ou  malades  de  tovites  les  étables 
où  la  contagion  s'était  déclarée,  afin  de  couper  le  mal  à  sa  naissance  6<.  de 
ne  laisser  au  bétail  contaminé  aucune  chance  de  communiquer  avec  l'exté- 
rieur. 

Dans  l'assemblée  d'assiette  du  ig  juillet,  M.  de  Besaucèle  se  fit  l'avocat  de 
cette  opinion.  Il  présenta  un  tableau  éloquent  des  périls  qui  menaçaient 
l'agriculture  de  la  Province,  montra  l'urgence  d'une  résolution,  déclara,  nu 
nom  de  M.  de  Cadignan,  qu'en  moins  de  luiit  jours  on  ne  pourrait  plus 
sauver  la  plaine  de  Revel,  ni  la  montagne  Noire;  que  le  colonel  était  prêt  à 
faire  exécuter  l'immolation  générale  qui  lui  paraissait  indispensable;  mais 
que,  cette  mesure  étant  si  grave  Se  devant  atteindre  tant  d'intérêts,  ce  chef 
militaire  ne  prendrait  sur  lui  de  l'effectuer  qu'avec  la  certitude  d'un  rem- 
bourSement  intégral  S<  sans  délai  de  la  valeur  des  bêtes  assommées  à  tous  les 
propriétaires  d'étables  atteintes,  offrant  d'ailleurs,  par  un  exemple  rare  de 
générosité  8<.  de  zèle,  d'en  faire  l'avance  de  ses  propres  deniers,  afin  d'assurer 
le  salut  du  Languedoc. 

Sous  l'impression  de  ces  funestes  images,  très-vivement  évoquées  dans  le 
rapport  du  syndic  qui  déclarait  sans  ambages  qu'on  devait  s'élever  au-dessus 
des  règles  ordinaires  de  prudence  81  de  circonspection  &<  ne  pas  mettre  en 
doute  l'assentiment  des  États,  les  commissaires  de  l'assiette  décidèrent  le  même 
jour  de  requérir  immédiatement  la  mise  en  œuvre  des  mesures  proposées  par 
le  baron  de  Cadignan,  &(.  de  payer,  aux  frais  du  diocèse,  les  deux  tiers  du 


1775 


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1:48  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

prix  des  bctcs  assommées,  le  tiers  restant  ayant  été  assuré  déjà  par  la  délibé- 
ration des  Etats.  On  résolut  d'accepter,  au  taux  de  cinq  pour  cent  par  an  les 
avances  de  fonds  offertes  par  le  receveur  de  l'assiette,  &  l'on  pria  l'abbé  de 
Colbert  d'en  avertir  au  plus  tôt  les  archevêques  de  Narbonne  &  de  Toulouse 
à  qui  l'on  confierait  le  soin  d'employer  leur  crédit  auprès  du  roi  &  leurs  bons 
offices  auprès  des  Etats,  afin  d'obtenir  le  remboursement  d'une  dépense  con- 
sidérable intéressant  au  plus  haut  degré  la  sécurité  de  la  Province  8t  de  la 
France  entière.  En  recommandant  aux  propriétaires  de  ne  point  hésiter  à 
faire  un  sacrifice  inévitable  au  diocèse,  au  salut  du  peuple  S<.  à  leurs  propres 
intérêts,  les  commissaires  de  l'assiette  annonçaient  le  payement  immédiat  de 
la  valeur  totale,  8c  une  action  tellement  prompte  que  les  bestiaux  abattus 
pourraient  être  renouvelés  assez  à  temps  pour  ne  point  laisser  souttrir  les 
cultures  de  l'année  '. 

Le  baron  de  Cadignan,  qui  n'attendait  qu'un  signal,  se  mit  aussitôt  à 
l'œuvre;  des  milices  bourgeoises,  volontairement  formées,  prêtèrent  main- 
forte  &  suppléèrent  à  l'insuifisance  des  troupes,  en  attendant  l'arrivée  de  ren- 
forts, Se  l'hécatombe  fut  commencée.  Lorsque  les  propriétaires  du  bétail 
sacrifié  vinrent,  suivant  les  conventions,  en  recevoir  le  prix,  le  subdélégué 
de  Toulouse,  Raynal,  fit  connaître  qu'il  avait  reçu  ordre  de  l'intendant  de 
ne  point  pa)  er  le  tiers  des  bêtes  saines.  Cette  déclaration  jeta  l'alarme  dans 
le  public,  dont  la  bonne  foi  paraissait  trompée.  On  craignit  que  les  résis- 
tances, déjà  bien  vives,  n'en  fussent  encouragées,  8c  par  une  seconde  délibé- 
ration, prise  le  18  août,  les  commissaires  de  l'assiette,  voulant  à  tout  prix 
assurer  le  succès  d'une  opération  qui  leur  semblait  essentielle,  résolurent  de 
faire  encore  cette  nouvelle  avance  sur  les  tonds  du  diocèse,  sauf  à  redoubler 
d'insistance  auprès  des  deux  archevêques  pour  faire  ratifier  par  les  Etats  une 
décision  qui  était  la  conséquence  inévitable  des  engagements  antérieurs. 

Sous  l'étreinte  du  mal  qui  devenait  chaque  jour  plus  pressant,  quelques 
communes  de  la  région  songèrent  alors  à  se  protéger  elles-mêmes  8c  àformcr 
autour  de  leur  territoire  leur  propre  cordon  sanitaire.  Montgiscard,  Deymc, 
Pompertuzat  organisèrent  des  gardes  bourgeoises;  Mauremont,  Peyrens, 
Varennes,  Puybusque  8c  Montgaillard,  adoptèrent  en  assemblée  municipale 
un  règlement  de  salubrité  8c  constituèrent  une  pénalité  pécuniaire  pour  châ- 
tier les  contrevenants. 

Le  Parlement  de  Toulouse  approuva,  le  27  septembre,  ces  diverses  délibé- 
rations. Il  autorisa  les  communes  à  rassembler  leurs  habitants  pour  veiller 
nuit  Se  jour  sur  leurs  environs  8c  défendre  leurs  avenues,  décida  qu'il  serait 
nommé  des  commissaires  par  les  seigneurs  locaux  8c  par  les  consuls,  pour 
diriger  tous  ces  mouvements,  donna  vingt-quatre  heures  de  délai  après  som- 
mation à  chaque  habitant  pour  se  conformer  aux  ordres  des  commissaires, 
punissant  la  première  insoumission  d'une  amende  de  cent  sols,  8c  la  récidive 
de  la  prise  de  corps  8c  de  la  prison.  En  outre,  sur  les  réquisitions  de  M.  de 

'  Archives  de  In  Ha\ite-Garonnc.  C.  838.   Diocèse  de  Toulouse. 


LIV.   V.   LOU!S  XVI   ET  LA  REVOLUTION.  ï:49 

Parazols,  procureur  général,  la  Cour  voulant  faire  participer  toutes  les  com- 
munes du  ressort  au  bienfait  des  mesures  de  prudence  déterminées  par  quel- 
ques-unes de  celles  de  Lauragais,  fit  afficher  un  certain  nombre  de  recom- 
mandations pratiques.  Outre  les  précautions  ordinaires  de  propreté,  d'aération, 
d'isolement,  ellç  ordonnait  aux  campagnards  de  ne  point  donner  retraite  aux 
marchands  colporteurs,  chaudronniers,  vagabonds,  mendiants,  ou  autres  per- 
sonnes de  cette  espèce,  à  peine  de  vingt-cinq  livres  d'amende,  l'expérience 
ayant  démontré  combien  était  périlleuse  la  fréquentation  de  ces  gens  qui 
passaient  fréquemment  la  nuit  dans  les  étables  S<  qui  transportaient  le  germe 
du  mal  avec  eux.  Elle  défendait  en  outre  aux  maîtres-valets  de  quitter  leurs 
maîtres  ou  d'aller  se  louer  en  dehors  des  cordons  sanitaires,  pendant  toute  la 
durée  de  la  contagion,  punissant  leurs  émigrations  illicites  d'une  amende  de 
deux  cents  livres. 

Cependant  le  nombre  d'hommes  mis  à  la  disposition  du  baron  de  Cadi- 
gnan  était  beaucoup  trop  faible  pour  suffire  aux  exigences  d'une  aussi  pénible 
besogne.  On  demandait  à  grands  cris  des  renforts  qui  n'arrivaient  point.  Le 
vieux  comte  de  Moncan,  paisible  en  son  quartier  de  Montpellier,  taxait  les 
rapports  d'exagération  6t  n'envoyait  personne.  Le  5  août,  l'abbé  de  Colbert 
lui  écrit  une  lettre  désespérée  : 

«  Les  nouvelles  que  nous  venons  de  recevoir  ce  matin,  lui  disait-il,  nous 
«  donnent  les  plus  vives  alarmes;  nous  tremblons  pour  les  bords  du  Girou, 
<i   de  l'Hers,  pour   la   plaine  de   Revel,   la    montagne  Noire  &  le   pays  de 

«   Castres Avec   deux   cents    hommes   de    plus,    nous    préviendrions    ce 

«  malheur...  Mais  ces  deux  cents  hommes  nous  manquent...  C'est  h  vous, 
«  monsieur  le  comte,  que  nous  avons  recours;  le  salut  de  la  Province  est 
«  entre  vos  mains;  vous  pouvez,  sans  perdre  un  instant,  nous  envoyer  deux 
«1  cents  hommes  du  régiment  de  Bourbon  qui  est  à  Béziers...  j'ose  dire  qu'il 
<i  n'y  a  aucune  raison,  aucun  arrangement  qui  ne  doive  céder,  quand  il 
«  s'agit  de  sauver  la  Province  &  peut-être  le  royaume.  Au  nom  de  Dieu 
Il  donc,  monsieur  le  comte,  venez  à  notre  secours...  Un  refus  compromettroit 
«  le  salut  du  peuple,  &.  si  les  malheurs  que  nous  craignons  arrivoient,  vous 
«1  en  seriez  responsable.  Voilà  ce  que  le  danger  présent,  voilà  ce  que  l'intérêt 
<i  du  roi,  de  la  Province,  du  royaume  £<  de  votre  propre  gloire  m'engage  à 
«  vous  représenter'.  » 

M.  de  Moncan  ne  se  troublait  pas;  d'ailleurs,  à  Montpellier,  on  croyait 
tout  fini;  le  marquis  de  Montferrier,  syndic  général,  qui  alla  auprès  du 
commandant  joindre  ses  propres  instances  à  celles  de  labbé  Colbert,  n'en 
obtint  qu'une  réponse  évasive.  M.  de  Moncan  pensait  qu'on  exagérait  un 
peu  la  chose;  «  il  manquoit  de  troupes,  il  prendroit  les  mesures  qui  lui 
«  paroîtroient  convenables  pour  le  bien  du  service.  »  On  se  désolait  de  cette 
froideur.  L'abbé  de  Colbert  conjurait  M.  de  Saint-Pricst  de  «  réchauffer  ce 

'  Copie  de  la  lettre  de  M.  l'abbéde  Colbert  à  M  le  comte  de  Moncan,  commandant  en  Languedoc. 
Archives  de  la  Haute-Garonne 

XIII.  79 


1770 


1773 


ii5o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  vieillard  »  sur  les  dangers  de  la  Province,  sans  trop  compter  lui-même  sur 
le  zèle  de  l'intendant,  dont  il  craignait  que  le  diocèse  n'eût  froissé  l'amour- 
propre  en  ne  le  nommant  pas  dans  sa  délibération,  ou  que  Pvaynal  n'eût  pré- 
venu l'esprit  par  un  rapport  désobligeant". 

Une  fois  que  l'épizootie,  défiant  les  sentinelles  militaires,  se  fut  implantée 
sur  la  rive  droite  cîe  la  Garonne,  elle  y  eut  bientôt  fait  des  progrès  rapides. 
Trouvant  devant  elle  un  pays  ouvert,  de  larges  vallées,  des  prairies  souvent 
immergées  par  les  grandes  crues  printanières,  &  ce  tapis  de  pâturages  qui 
s'étend  depuis  l'embouchure  de  l'Hers  jusqu'aux  premiers  contre-forts  de  la 
montagne  Noire,  elle  ne  tarda  point  à  infecter  nombre  de  paroisses,  8c  le  pays 
le  plus  riche  en  bestiaux  se  trouva  naturellement  le  plus  maltraité. 

Aussi  les  demandes  de  secours  atHuaient  à  l'archevêché.  Les  promesses  cha- 
ritables que  M.  de  Brienne  avait  adressées  à  ses  diocésains  &  que  la  presse 
politique  du  temps  venait  de  faire  connaître  à  toute  l'Europe,  durent  se  tra- 
duire en  réalités.  Si  pressants  furent  même  alors  les  besoins  des  peuples,  qu'il 
fallut  établir  pour  ce  genre  d'assistance  la  périodicité  d'un  service  régulier. 
Une  circulaire  imprimée,  expédiée  à  tous  les  curés  &  vicaires  du  diocèse,  leur 
apprit  qu'il  n'était  pas  possible  de  suffire  au  règlement  successif  des  demandes 
journalières,  Se  leur  enjoignit  de  transmettre,  chaque  semaine,  au  palais 
archiépiscopal,  un  état  d'ensemble  détaillant  le  total  des  bêtes  saines  Si  ma- 
lades de  la  paroisse  avec  la  valeur  d'estimation,  le  nombre  des  bêtes  assom- 
mées, en  distinguant  les  saines  des  autres,  la  distinction  des  propriétaires,  des 
métayers  Si  des  maîtres-valets,  en  indiquant  soigneusement  la  part  qui  reve- 
nait à  chacun  dans  la  propriété,  Se  enfin  le  degré  d'aisance  ou  de  nécessité 
de  chaque  famille  6<  la  note  des  particuliers  qui  avaient  essayé  des  remèdes 
préservatifs  8c  curatifs. 

Les  personnes  nécessiteuses,  comprises  dans  cet  état,  étaient  pa}ées  par 
mandat  hebdomadaire,  pour  chaque  paroisse,  sur  le  receveur  de  l'archevêché^. 

En  présence  du  fléati  toujours  menaçant,  Se  dont  les  terreurs  populaires, 
encore  si  puissantes  dans  les  campagnes,  exagéraient  encore  les  résultats,  les 
rédacteurs  d'arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  ne  se  décourageaient  point. 
Le  2  septembre,  M.  de  Lamote  fit  un  long  rapport  à  la  cour  sur  l'état  de 
l'épidémie.  Il  constata  que  le  mal  poursuivait  ses  ravages  dans  le  ressort  du 
Parlement,  8c  continuait  à  se  communiquer  d'un  lieu  à  un  autre,  «  malgré 
«  la  vigilance  des  militaires  en  grade  supérieur  chargés  de  cette  partie  dans 
«  plusieurs  provinces,  8c  l'exactitude  des  troupes  placées  sous  leurs  ordres;  a 
il  signale  le  danger  que  présentaient  les  marchés,  les  foires,  les  dépaissances 
communes  en  facilitant  la  communication  du  venin  mortel,  £c  proposa  toute 
une  série  d'articles  prohibitifs  qui  turent  adoptés  par  la  cour  : 

Défense  aux  habitants  du  pays  enfermés  dans  les  cordons  sanitaires  de 
mener  leurs  bêtes  à  grosses  cornes  dans  les  pacages  Se  abreuvoirs  communs, 

■  Lettre   de   l'abbé  de  Colbcrt,  du  18  août  1775.  'Archives  de  la  Haute-Garonne,  C.  Avis  à  Mes- 

II  accuse  le  •<  cliipoticr  Raynal  »  de  faire  une  sieurs  les  curés  &  vicaires  du  diocèse  de  Toulouse, 
diliîcultc  qui  ne  vient  pos  de  M.  de  Saint-Priest.        A  Toulouse,  le  i'''  septembre  1773. 


LIV,  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  i25i 

chaque  tête  de  bétail  devant  être  retenue  dans  les  limites  du  terroir  de  sa 
métairie;  défense  générale  de  mener  les  bestiaux  dans  la  grande  prairie  qui 
s'étend  sur  la  rive  droite  de  l'Hers,  depuis  Montaudran  jusqu'à  Baziége; 
ordre  de  dénoncer  les  cas  d'épizootie  aux  consuls,  sous  peine  de  vingt-cinq 
livres  d'amende.  Le  Parlement  renouvelait  ensuite  diverses  injonctions  déjà 
contenues  dans  les  arrêts  du  conseil  ou  les  ordonnances  de  l'intendant.  Il 
fixait  à  dix  pieds  la  profondeur  obligatoire  des  enfouissements,  punissait 
d'une  amende  de  cinquante  livres  quiconque  négligerait  de  purifier  les  har- 
nais ou  les  étables,  5<.  condamnait  aux  galères  quiconque  oserait  déterrer  les 
bêtes  mortes  Se  les  écorcher.  On  interdisait  aussi  de  vendre  ou  échanger  les 
bêtes  à  corne  Se  à  laine  hors  du  territoire  surveillé  8c  de  faire  entrer  ou  sortir 
des  cuirs  non  tannés,  des  peaux  non  préparées,  des  laines  non  lavées.  La 
défense  d'introduire  des  bœufs  dans  les  foires  Si  les  marchés  terminait  cette 
longue  série  de  prohibitions. 

Les  tueries  ne  faisaient  d'ailleurs  pas  plus  d'effet  que  les  arrêts  du  Parle- 
ment. Elle  servaient  même  de  prétexte  à  beaucoup  d'abus.  D'abord  il  n'était 
pas  possible  d'empêcher  les  essais  de  remèdes,  comme  on  l'avait  espéré.  Ce 
n'est  jamais  à  l'apparition  du  fléau  que  les  propriétaires  de  bétail  en  don- 
naient avis  au  préposé.  Ils  commençaient  par  épuiser  tous  les  procédés  empi- 
ri([ues  8c  tous  les  prétendus  régimes  curatifs  que  l'on  inventait  chaque  jour, 
èi  ne  se  conformaient  à  l'ordonnance  qu'après  plus  d'une  semaine  de  maladie, 
lorsque  l'animal  avait  à  peine  la  force  de  se  laisser  traîner  sur  la  fosse  où  il 
allait  être  abattu.  De  cette  façon,  le  sacrifice  qui  aurait  dû,  pour  devenir 
efficace  8c  arrêter  la  contagion,  être  presque  aussi  foudroyant  que  le  mal  lui- 
même,  n'établissait  plus  qu'une  barrière  incertaine,  8c  ne  prévenait  plus  l'in- 
vasion de  nouveaux  quartiers.  Aussi  la  dépense  augmenta-t-elle  avec  une 
progression  redoutable.  Au  début  des  opérations,  on  croyait  n'avoir  à  vider 
ainsi  que  sept  ou  huit  métairies;  mais  la  peste  continuant  à  s'étendre  à 
mesure  que  l'on  tuait,  il  arriva  qu'en  fort  peu  de  temps  on  eut  assommé  huit 
cents  bêtes  Se  employé  plus  de  cent  mille  livres.  Sur  certains  domaines,  une 
seule  bête  malade  en  faisait  égorger  quinze  ou  seize  qui  ne  l'étaient  pas,  au 
grand  préjudice  des  champs  condamnés  à  demeurer  en  jachère.  L'avidité  des 
agriculteurs  leur  suggérait  même  un  genre  de  fraudes  fort  imprévu.  Jl  était 
impossible  d'obtenir  que  les  experts,  toujours  prodigues  du  trésor  public,  ne 
fissent  des  estimations  exagérées.  Dès  lors  on  vit  des  propriétaires  introduire 
volontairement  la  contagion  dans  leurs  étables  pour  s'assurer  par  là  une 
indemnité  supérieure  à  la  valeur  vraie  du  bétail.  Les  frais  de  l'opération 
étaient  si  considérables  que  le  receveur  du  diocèse,  après  avoir  fait,  selon  ses 
offres,  une  avance  de  cent  mille  livres,  n'avait  plus  un  sol  dans  sa  caisse  8c 
n'en  pouvait  plus  trouver  sur  son  crédit.  II  ne  restait  d'autre  ressource  que  le 
fonds  des  impositions  où  l'on  n'osait  guère  toucher,  8c  qui  promettait  bien 
des  lenteurs,  la  misère  publique  augmentant  les  difficultés  de  la  perception. 

Au  commencement  de  septembre,  les  lignes  du  camp  se  trouvaient  percées 
dans  toutes  les  directions;  celle  du  canal  par  Pt)mpertuzat,  Montbrun  £c 


i77i 


'775 


1252  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Montgiscard  ;  celle  du  front  par  Sainte-Colombe  ScTarabelj  celle  du  Girou 
par  Verteil,  Bonrepos  &  Gragnague;  celle  du  chemin  d'Albi  par  la  Cornau- 
dric,  Saint-Loup  &.  Montberon  ;  des  cas  venaient  même  de  se  déclarer  à  trois 
grandes  lieues  du  cordon,  dans  six  ou  sept  étables  de  Saint-]ory,  où  une  paire 
de  vaches,  furtivement  amenées  de  la  Cornaudric,  avaient  introduit  la  con- 
tagion. 

L'administration  diocésaine  fut  alors  justement  épouvantée  de  l'étendue 
croissante  du  territoire  atta{[ué.  C'était  une  circonférence  de  plus  de  vingt 
lieues,  comprenant  les  riches  pacages  de  l'Hers  &  du  Girou,  circonférence 
indécise  &  flottante,  dont  le  tracé  ondoyait  à  chaque  nouvelle  attaque.  On 
reconnaissait  avec  eftroi  que  pour  enclaver  exactement  tout  le  pays  malade, 
il  faudrait  porter  les  troupes  sur  la  Garonne,  depuis  Pinsaguel  jusqu'à  la 
pointe  de  Moissac,  suivre  le  Tarn  Se  l'Agout  jusqu'à  Lavaur,  établir  un  cordon 
à  travers  les  terres  de  Lavaur  à  Mirepoix,  emprunter  le  cours  du  grand  Hers 
de  Mirepoix  à  Cintegabelle,  &  celui  de  l'Ariége  de  Boulbonne  à  Pinsaguel; 
pour  protéger  la  plaine  d'Auterive,  le  Conserans,  le  pays  de  Foix,  il  faudrait 
encore  continuer  les  postes  de  la  Garonne  jusqu'aux  Pyrénées.  Un  corps 
d'armée  tout  entier  eût  été  à  peine  suffisant  pour  un  pareil  développement 
de  lignes,  &  l'on  ne  pouvait  pas  compter  sur  deux  régiments  complets. 

Le  7  septembre,  l'abbé  Colbert  &  le  comte  de  Roquelaure  prièrent  M.  de 
Cadignan  de  trouver  bon  qu'ils  suspendissent,  à  compter  du  lendemain,  les 
réquisitions  de  massacres  qu'ils  lui  adressaient  au  nom  du  diocèse,  &  de 
réserver  exclusivement  ce  moyen  pour  les  étables  attaquées  de  contagion  qui 
se  trouveraient  sur  la  ligne  de  défense  ou  en  dehors  de  ce  périmètre. 

On  prit  donc  le  parti  de  rétracter  des  libéralités  d'une  généreuse  impru- 
dence; le  26  septembre,  les  commissaires  de  l'assiette  révoquèrent  absolument 
l'ordre  d'assommer,  l'épizootie  franchissant  de  toutes  parts  le  cordon'. 

Au  mois  d'octobre,  les  alarmes  devinrent  extrêmement  vives  dans  la  direc- 
tion du  diocèse  de  Lavaur  que  la  plus  grande  vigilance  ne  permit  pas  de 
garantir  entièrement.  Le  point  le  plus  compromis  fut  le  pont  Crouzet,  dépen- 
dant du  territoire  de  Sorèze,  dans  la  plaine  de  Pvcvcl,  au  pied  de  la  mon- 
tagne Noire  ^.  Le  fléau  s'y  déclara  le  4  novembre. 

On  redoubla  de  précautions  &  l'on  parvint  à  paralyser  le  mal;  cinq  com- 
munes seulement  y  furent  atteintes  8c  perdirent  trente-cinq  bêtes. 

L'épizootie  montrait,  d'ailleurs,  dans  ses  développements,  les  plus  étranges 
caprices.  Ainsi,  malgré  la  proximité  de  la  Gascogne  &  du  Comminges  si 
sérieusement  infectés,  c'est  seulement  à  la  fin  d'octobre  que  la  maladie  fit  son 

■  Une  clés  circonst.Ttices  qui  déienninèrent  cette  diocèse  de  Toulouse  rejeta  une  mesure  dispendieuse 

résolution   fut   In  demande   formée  par  M.  de  Ni-  qui  ne  présentait  plus  de  garantie,  le  pays  de  Ca- 

colas  de  faire  assommer  quatorze  bêtes  saines  dans  raman    &   les   diocèses  de  Lavaur  &  de  S;ant-Pa- 

sa    métairie   de  Tarabel,   située   en   dehors   de   la  poiil,  n'étant    pas   disposés  à  imiter  ces  munifi- 

ligne  où  la   contagion  avait  pénétré.  Le  comté  de  cences'. 

Caraman,  contigu  à  la  commune  de  Tarabel,  for-  '  Rapport  de  l'évêquc  de  Nimes  aux  Etats.  Séance 

mant  alors  une  enclave  de  Guienne,  &  n'étant  pas  du  4  mars  1776. 

soumis  au   régime  de  la  province  de  Languedoc,  le  ■  Arcliivcs  du  diocC-se  de  Toulouse.  C.  P3S. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI    ET  LA   RÉVOLUTION.  J253 

apparition  dans  le  diocèse  de  Rieux..  Elle  commença  par  attaquer  la  baronnie 
de  Bérat,  dans  la  vallée  du  Touch,  où  elle  fit  les  ]5lus  grands  ravages  S<  se 
répandit  dans  huit  autres  communes  sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne;  puis, 
franchissant  la  rivière,  elle  se  jeta  dans  le  massif  de  coteaux  qui  sépare  les 
deux  vallées  de  la  Garonne  8t  de  la  Lèze.  Latrape,  iMontaut,  Saint-Sulpice 
de  Lézat,  en  totalité  douze  communes  du  diocèse  furent  alors  éprouvées,  & 
l'on  y  assomma  deux  cent  quatre-vingt-quinze  bêtes. 

L'imminence  du  danger  &  la  crainte  de  ne  pouvoir  empêcher  des  commu- 
nications qui  trompaient  la  plus  rigoureuse  vigilance,  déterminèrent  le  comte 
de  Périgord  à  prescrire  une  reconnaissance  dans  toute  la  région  de  la  mon- 
tagne Noire  qui  avoisinait  les  plaines  infectées.  11  attachait  avec  raison  la 
plus  grande  importance  à  déterminer  d'une  façon  précise  l'état  du  bétail  dans 
ces  gorges  reculées  &  sur  ces  vastes  plateaux  où  la  contagion  serait  devenue 
irrésistible,  si  elle  était  parvenue  à  s'y  créer  un  foyer. 

Cette  promenade  militaire  dura  six  jours,  du  9  au  14  novembre.  L'oflîcier 
qui  la  dirigeait,  8t  le  syndic  adjoint  du  diocèse,  à  qui  une  connaissance  par- 
ticulière du  pays  donnait  le  rôle  de  guide  bien  informé,  partirent  ensemble 
de  Revel,  £<.  allèrent  attaquer  par  le  sud-est  ces  croupes  assombries,  hérissées 
de  blocs  de  roche  81  tapissées  de  fougères,  par  où  descendent  les  eaux  vives 
de  la  rigole.  Ils  visitèrent  d'abord  tout  le  versant  occidental,  dont  les  ramifi- 
cations s'étendent  entre  Revel  &  Casteinaudary,  traversant  Dreuille,  Vau- 
dreuillc,  Lapomarède,  Labécède,  Verdun,  puis  gagnèrent  la  crête  de  la  mon- 
tagne par  les  Cammazes,  entre  les  deux  lacs  artificiels  de  Saint-Ferréol  8c  de 
Lampy,  suivirent  les  hautes  régions  par  Sayssac  &  Arfons,  puis,  franchissant 
la  ligne  de  partage  des  eaux,  tournèrent  à  gauche  en  descendant  vers  Massa- 
guel,  par  une  des  petites  vallées  qui  se  déchargent  dans  la  rivière  de  Sor  8c 
dans  l'Agout;  contournant  alors  en  sens  inverse  le  versant  septentrional  de 
la  montagne,  ils  en  suivirent  les  contre-forts  dans  les  territoires  de  Verdalc, 
Dourgne  8c  Saint-Chameaux,  8c  rentrèrent  à  Revel  par  Sorèze,  Ils  avaient 
parcouru  environ  sept  lieues  sur  les  deux  faces  de  la  chaîne  8c  trois  lieues 
en  profondeur.  Chemin  faisant,  ils  pénétraient  dans  toutes  les  fermes,  les 
granges,  les  métairies  disséminées  à  droite  Se  à  gauche,  examinaient  les  ani- 
maux hors  des  étables,  recueillaient  les  déclarations  des  paysans,  ou  se  fai- 
saient éclairer  par  le  rapport  des  curés  8c  des  maréchaux  de  village  sur  la 
situation  des  hameaux  trop  éloignés  de  leur  itinéraire. 

Il  résulta  de  ces  minutieuses  perquisitions  que  nulle  part  l'épizootie  n'avait 
pénétré  dans  la  montagne.  Comme  cette  préservation  était  trop  précieuse 
pour  ne  point  chercher  à  la  maintenir  à  tout  prix,  on  dut  alors  se  préoccuper 
d'intercepter  efficacement  toute  communication  entre  ces  solitudes  encore 
intactes  8c  les  pays  par  où  pouvait  venir  l'invasion.  Ce  fut  l'objet  d'une  étude 
attentive  de  la  part  des  explorateurs.  Ils  démontrèrent  l'utilité  de  rompre  tout 
commerce  entre  la  montagne  8c  la  plaine  de  Revel,  par  l'établissement  d'un 
cordon  de  troupes  sur  les  bords  de  la  rigole  du  canal,  depuis  le  pont  Crouzet 
jusqu'à  l'épanchoir  du  Laudot,  ou  même,  si  l'on  avait  assez  de  soldats,  jus- 


177a 


iTja 


j  25. \  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

qu'à  la  cale  de  Saint-Félix;  l'oljjet  de  cette  barrière  était  d'arrôter  les  char- 
rettes venant  des  pentes  du  couchant,  par  Vaudreuille  &c  Labécède.  Il  n'y 
avait  guère  de  communications  à  craindre  du  côté  nord,  peu  de  montagnards 
de  ces  cantons  fréquentant  la  plaine  de  Revel  avec  du  bétail,  mais  on  jugea 
utile  d'en  interdire  l'accès  même  aux  hommes. 

Des  postes  militaires  se  trouvaient  échelonnés  depuis  Revel  jusqu'à  Puy- 
laurens;  on  proposa,  pour  mieux  couvrir  la  montagne,  de  les  déplacer  8< 
d'établir  la  nouvelle  ligne  au-dessous  de  Puylaurens  jusqu'au  pont  Crouzet, 
afin  d'éviter  tout  débouché  périlleux  par  la  forêt  de  l'Aiguille  8t  la  gorge  de 
Sorèzc,  &.  de  forcer  les  éleveurs  de  la  plaine  d'aller  se  pourvoir  de  bétail  dans 
le  pays  castrais  8c  les  autres  cantons  préservés,  au  lieu  d'en  tirer  du  Laura- 
gais.  Cette  précaution  était  d'autant  plus  judicieuse  que  dans  ce  dernier  pays, 
par  suite  du  mal  régnant,  les  bœufs  se  vendaient  à  très-bas  prix,  8c  que  la 
Gascogne  avait  complètement  cessé  de  fournir  les  vieilles  bêtes  de  labour 
connues  dans  le  pays  sous  le  noms  de  rouards.  Quelques  atteintes  de  conta- 
gion signalées  à  Moulzes  8<.  à  Nogaret  n'avaient  pas  d  autre  principe  que  des 
arrivages  de  troupeaux  du  Lauragais. 

La  question  des  subsistances  dans  la  montagne  ne  fut  pas  non  plus  négli- 
gée. Outre  les  récoltes  de  seigle  de  l'année,  on  y  gardait  encore  la  majeure 
partie  de  celles  de  l'année  précédente;  mais  le  maïs,  qui  ne  se  cultive  point 
dans  la  montagne,  tenant  une  grande  place  dans  l'alimentation  des  paysans, 
il  était  important  d'y  en  favoriser  l'importation.  C'est  ce  que  l'on  fit  en  lais- 
sant libre  la  route  de  Castelnaudary  par  Saint-Papoul,  qui  était  la  plus  fré- 
quentée. On  comptait,  pour  activer  le  mouvement  de  ce  côté,  sur  le  réta- 
blissement des  marchés  de  Saint-Papoul  8c  sur  un  approvisionnement  plus 
considérable  de  ceux  de  Sayssac  8c  de  Montolieu,  alors  presque  nuls,  dont 
on  irait  chercher  les  éléments  entre  Castelnaudary  8c  Carcassonne. 

I>a  rigole  étant  partout  guéaijje  donnait  peu  de  sûreté;  aussi  proposait-on, 
faute  de  troupes  assez  nombreuses  pour  former  la  ligne,  d'établir  des  pelo- 
tons à  l'avenue  des  principaux  chemins,  celui  de  la  Pomarède  par  où  l'on 
fermerait  les  abords  de  Labécède  &c  Verdun,  celui  du  pont  Crouzet  qui 
arrêterait  les  arrivages  de  Durfort,  Arfons  8c  Sorèze  ;  celui  de  Saint-Fer- 
réol  qui  barrerait  le  passage  aux  Cammases  &c  à  Sayssac.  On  ne  se  dissi- 
mulait point,  d'ailleurs,  combien  de  difficultés  présentait  l'établissement  des 
postes,  à  cause  de  la  multiplicité  des  sentiers  qui  s'entrecroisent  &c  dont  les 
pâtres  8c  les  chasseurs  pouvaient  seuls  débrouiller  le  réseau  confus.  Il  était 
indispensable  de  se  faire  éclairer  par  des  guides  sûrs  pour  le  placement  des 
baraques. 

L'officier  terminait  son  compte  rendu  en  signalant  au  comte  de  Périgord 
les  troupeaux  de  bœufs  qui  traversaient  journellement  la  montagne  allant 
vers  les  plaines  du  bas  Languedoc.  Ces  animaux,  destinés  aux  boucheries  de 
Narbonne  Se  de  Perpignan,  appartenaient  à  un  fournisseur  de  Dourgne, 
nommé  Fabre  :  on  ne  pouvait  croire  qu'ils  eussent  été  tous  engraissés  dans 
la  plaine  de  Revel,  peut-être  venaient-ils  de  pays  suspects.  On  les  recom- 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION,  1:55 

mandait  donc  expressément  k  la  vigilance  du  commandant  en  chef,  ainsi  que 
des  consuls  de  Massaguel,  Verdale,  Douigne,  Saint-Chameaux,  Soual  Se 
Soièze,  résidence  des  principaux  éleveurs.  Dans  le  territoire  de  Saint-Cha- 
meaux, il  avait  fallu  faire  désinfecter  un  troupeau  de  cinq  cent  trente-huit 
moutons  de  provenance  douteuse. 

Les  craintes  qu'avaient  inspirées  quelques  accidents  pour  la  conservation 
de  la  plaine  de  Revel  ne  s'étant  pas  réalisées,  il  devint  possible  de  simplifier 
les  mesures  militaires  en  faisant  replier  tous  les  détachements  qui  se  trou- 
vaient éparpillés  dans  les  nombreux  villages  des  hauteurs  du  bassin  St  en 
formant  une  ligne  de  Puylaurens  à  Saint-Paulet,  à  travers  dix  villages  qui 
s'échelonnent  de  demi-heure  en  demi-heure,  d'après  la  courbure  de  la  plaine 
8i  qui  commandent  tous  les  débouchés  du  Lauragais;  mais,  afin  de  prévenir 
les  périls  particuliers  qu'avait  révélés  la  reconnaissance,  des  instructions 
précises  8c  formelles  turent  adressées  aux  divers  consulats  de  la  plaine  de 
Revel;  on  leur  enjoignit  de  faire  connaître  à  tous  les  éleveurs,  propriétaires 
8c  trafiquants  de  bétail  dans  quels  lieux  les  achats  devaient  être  autorisés  jus- 
qu'à nouvel  ordre.  Les  marchés  du  bas  Languedoc,  du  pays  de  Castres,  de 
l'Albigeois  8c  du  Rouergue  leur  demeuraient  ouverts  à  condition  d'éviter 
dans  leur  itinéraire  les  cantons  malsains.  Les  approvisionnements  de  bceufs 
8c  de  moutons  leur  étaient  totalement  interdits  sur  la  rive  gauche  de  la 
Garonne  6c  de  l'Ariége,  8c  dans  tout  le  pays  compris  entre  Toulouse,  Castel- 
naudary,  R.evel,  Puylaurens  8c  Lavaur,  pays  que  limitaient  au  nord  le  Tarn 
8c  l'Agout,  au  sud  le  grand  Hers  8c  l'Ariége.  Tous  les  conducteurs  de  bestiaux 
devaient  être  munis  de  certificats  de  provenance  authentique,  indiquant  l'ori- 
gine, le  nombre,  le  signalement  Se  la  destination  de  toutes  les  bêtes  dont  la 
vérification  était  confiée  aux  consuls,  en  présence  d'un  militaire.  Les  mêmes 
conditions  étaient  imposées  aux  troupeaux  qui,  après  s'être  engraissés  dans  la 
plaine,  seraient  diriges  sur  les  boucheries  du  bas  Languedoc;  leur  itinéraire 
se  déterminait  d'avance,  8c,  partout,  sur  leur  passage,  les  officiers  munici- 
paux avaient  l'ordre  de  viser  leurs  passeports,  comme  aussi  de  parcourir  fré- 
quemment les  établcs. 

Toute  caravane  sans  papiers  était  immédiatement  arrêtée  8c  recluse  aux 
frais  du  propriétaire. 

Les  consuls  de  la  montagne  Noire,  plus  intéressés  que  personne  à  éviter 
les  transits  suspects,  furent  aussi  minutieusement  catéchisés;  on  leur  pres- 
crivit de  garder  leurs  passages  avec  une  extrême  rigueur;  Se  enfin,  comme 
l'on  redoutait  les  foires  qui  devaient  se  tenir  à  Verdale,  Soual  8c  Revel, 
pendant  les  mois  de  janvier  8c  de  février,  8c  oii  venaient  habituellement 
affluer  les  bêtes  k  laine  du  Lauragais,  du  Toulousain  8c  même  de  la  Gas- 
cogne, une  exacte  surveillance  fut  exercée  pour  prévenir  tous  les  arrivages 
dangereux'. 

'  Archives  du  diocèse  it  Toulouse.  Rapport  à  Noire,  les  9,  10,  11,  ij,  i3  &  14  novembre  1775. 
monseigneur  le  comie  de  Périgord  sur  une  rccon-  Ms,  —  Précautions  que  doivent  prendre  les  consuls 
naissance  faite  d«  son    ordre  dans   la   Montagne       des  communautés  de  la  plaine  de  Revel  eu  on  fait 


177a 


1773 


1256  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  difficultés  considérables  qui  gênaient  l'exécution  des  ordres  donnés  par 
le  roi  pour  refouler  &  anéantir  l'épizootie  ne  naissaient  pas  toutes  de  l'inin- 
tellieence  ou  de  l'avidité  des  cultivateurs  &  de  la  mollesse  des  officiers  muni- 
cipaux.  La  dissémination  des  troupes  sur  un  territoire  étendu,  où  les  liens  de 
la  discipline  semblaient  relâchés  par  l'isolement  des  pelotons,  abandonnés  à 
eux-mêmes  sous  la  conduite  d'un  bas-officier,  &  quelquefois  d'un  simple 
soldat,  produisit  aussi  de  graves  inconvénients'.  Plusieurs  cavaliers,  perpé- 
tuant avec  trop  de  fidélité  la  tradition  des  mœurs  militaires  d'un  autre  âge, 
renouvelèrent,  quoique  sans  violence,  k  l'égard  des  habitants  des  campagnes, 
les  concussions  qui  avaient  tant  de  fois  excité,  dans  le  siècle  précédent,  les 
gémissements  des  populations  rurales.  Des  actes  de  maraude  furent  signalés 
dans  beaucoup  de  communes;  &  la  communication  des  soldats  oisifs  avec  le 
personnel  des  métairies  entraîna,  pour  la  moralité  &  pour  la  santé  des 
familles  agricoles,  certaines  conséquences  fâcheuses  que  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Toulouse  se  donna  la  mission  de  réparer. 

En  vue  d'éviter  plusieurs  abus,  de  régler  avec  précision  le  service  des  troupes 
au  campement  8c  de  faciliter  le  règlement  des  contestations  qui  s'élevaient 
chaque  jour,  le  baron  de  Cadignan  publia,  le  17  novembre,  en  forme  de 
placard,  une  consigne  générale  en  vingt-quatre  articles^. 

Il  y  déterminait  en  détail  les  devoirs  des  commandants  de  poste  de  l'in- 
térieur, chargés  de  veiller  à  la  police  des  pâturages,  à  l'isolement  des  bêtes 
saines,  à  la  vérification  des  étables,  à  l'enfouissement  des  animaux  abattus,  & 
les  obligations  particulières  des  troupes  campées  en  première  ligne,  dans  les 
baraques.  Il  prescrivait  aux  officiers  de  visiter  fréquemment  les  postes  Se  de 
punir  les  bas-officiers  &  soldats  qui  entreraient  dans  les  hameaux  ou  les 
métairies  sans  permission  écrite  du  commandant  de  l'arrondissement.  11 
défendit  d'une  manière  absolue  à  tous  les  chefs  de  poste  de  prononcer  la  plus 
légère  amende  pécuniaire  pour  faits  de  contravention  ou  d'en  accepter  le 
montant,  réservant  aux  officiers,  en  cas  de  mutinerie,  le  droit  de  faire  empri- 
sonner les  coupables,  à  charge  de  dresser  un  procès-verbal  en  règle  qui  lui 
serait  envoyé.  Il  se  réservait  expressément  la  connaissance  des  griefs  que  pour- 
raient avoir  les  troupes  contre  les  consuls,  promettant  d'en  demander  répara- 
tion k  rintendantj  mais  recommandant  aux  chefs  d'user  de  la  plus  grande 
modération,  afin  d'adoucir  autant  que  possible  la  rigueur  des  précautions 
nécessaires,  8c  aux  soldats,  de  ne  point  se  permettre  d'insultes  envers  les 
paysans^. 

des   engrais    Je   hètail  pour  les   houcheries,   afin    de  loiise  aux   Etats,   le   21  décemtre    177(5,  avec   quel 

prévenir  <;ue  lu  maladie  épi^ooti^ue   ne  s'introduise  zèle,   quelle   intelligence,   &  en   même  temps  quel 

parce  moyen  dans  la.  plaine  de  Revel.  Ms.  désintéressement,  M.  le  baron   de   Cadignan   s'est 

'  Annales  manuscrites  de  Toulouse,  XI,  p.   ilo.  porté   partout    où    le  besoin   l'appelait   &  combien 

Consigne  générale  des   troupes  campées  ou  can-  il   a    été   utile    à    cette    province  &  aux  provinces 

tonnées  en  première  S-  seconde  ligne,  en  conséquence  voisines.  » 

des  ordres  de  M.  le  comte  de  Périgord.  Toulouse.  Le    prélat   vante   ég.ilément    les    services    rendus 

Imprimerie  de  noble  Pijon.   1775.  par  M.    de  Scnecey,    lieuteiiant-coionel    du    régi- 

'  Il  Personne  n'ignore,  dit  l'archevêque  de  Tou-  ment  de  Bourbon. 


LIV.   Y.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iiSy 

Certaines  précautions  liygiéniques  étaient  aussi  indiquées  :  défense  aux 
hommes  chargés  de  la  vérification  du  bétail  de  pénétrer  dans  les  étables,  les 
animaux  devant  être  amenés  au  dehors  pour  y  être  passés  en  revue;  obliga- 
tion pour  tous  les  soldats  ou  gens  de  corvée  qui  se  trouveraient  en  communi- 
cation avec  le  bétail  de  porter  sur  leurs  vêtements  un  sarrau  de  toile.  Une 
prescription  spéciale  avait  trait  à  cette  dernière  mesure.  M.  de  Cadignan 
recommandait  qu'on  ne  laissât  point  tourner  cet  ordre  en  ridicule,  &  qu'on 
ne  permît  à  personne  d'en  éluder  l'exécution  en  se  drapant  d'une  façon  gro- 
tesque, ainsi  que  l'avaient  fait  certaines  gens  qui  jetaient  sur  leurs  haljits 
une  chemise,  un  peignoir,  une  nappe  ou  un  drap  de  lit. 

De  fréquentes  patrouilles  devaient  être  dirigées  sur  les  chemins  afin  de 
surveiller  le  passage  des  bestiaux,  aucun  troupeau  ne  pouvant  circuler  sans 
permission  écrite  dans  l'intérieur  du  cordon,  8<.  d'empêcher  d'une  manière 
absolue  l'entrée  &  la  sortie  de  bêtes  à  corne  ou  à  laine  à  travers  la  ligne  du 
camp.  La  nécessité  des  cultures  devait  seule  faire  autoriser  la  circulation  du 
bétail  dans  le  territoire  d'une  commune,  sans  jamais  franchir  les  limites  du 
consulat. 

M.  de  Cadignan  exigeait  enfin  d'être  informé  de  la  discipline  des  troupes 
par  des  rapports  réguliers. 

Si  l'on  en  croyait  le  chef  du  consistoire,  rédacteur  des  Annales  de  Toulouse, 
la  bonne  volonté  du  commandant  n'aurait  obtenu  qu'un  demi-succès.  «  Que 
«  peuvent,  s'écrie-t-il  dans  son  langage  oratoire,  les  mesures  les  mieux  com- 
ci  binées,  les  ordres  les  plus  rigoureux  8<.  toute  la  sagesse  &  la  prudence  des 
«  chefs  contre  l'esprit  d'indiscipline  d'une  troupe  divisée  en  petits  pelotons 
Il  dans  une  étendue  de  pays  immense  '  ?  « 

Tandis  que  l'autorité  militaire  opposait  au  mal  un  redoublement  de 
vigilance,  M.  de  Saint-Priest,  alors  à  Toulouse,  essayait  par  des  mesures 
rigoureuses  d'agir  sur  l'esprit  des  campagnards  £<.  d'empêcher  le  retour  d'im- 
prudences chèrement  payées. 

Le  26  novembre,  par  une  ordonnance  à  laquelle  on  donna  la  plus  grande 
publicité,  un  métayer  de  Beaufort,  près  le  pont  Crouzet,  au  consulat  de 
Sorèze,  ayant  vendu  à  un  garçon  boucher  de  Revei  une  vache  morte  qui  ne 
présentait  pourtant  aucun  caractère  d'épizootie,  fut  condamné  à  cinq  cents 
livres  d'amende,  ainsi  que  l'acheteur  &  le  cabaretier  qui  avait  accepté  la 
viande*. 

Le  conseil  du  roi  ne  pouvait  se  résigner  à  voir,  par  la  faute  de  ses  agents 
ou  par  celle  des  peuples,  les  efforts  &  les  sacrifices  d'une  année  entière 
demeurer  sans  résultat,  8c  moins  encore  à  laisser  la  contagion,  après  tant  de 
mesures  onéreuses,  continuer  sûrement  sa  marche  vers  les  hauteurs  du  pla- 
teau central. 

On  résolut  donc  de  mettre  k  profit  l'expérience  des  erreurs  commises,  &  un 

■  Annahi  manuscrites  Je  Toulouse,  XI,  p.   iio.  Germain   Oiiradou,  Pierre  Batut  &  Pierre  Albert, 

'  Ordonnance  de  M.  l'intendant,  condamnant       du  26  novembre  1775.  Toulouse.  Pilon. 


1770 


1775 


i:58  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

nouveau  plan  fut  arrêté  dont  on  développa  les  détails  dans  un  long  mémoire 
publié  au  mois  de  novembre'. 

Ce  mémoire  donnait  le  résumé  des  informations  recueillies  par  l'ordre  du 
roi  depuis  la  fin  de  l'année  précédente,  constatait  le  peu  de  succès  des  pro- 
cédés cura  tifs,  les  remèdes  les  mieux  indiqués  Si  administrés  le  plus  sagement 
n'ayant  guéri  qu'un  très-petit  nombre  d'animaux.  La  communication  des 
bêtes  infectées  y  était  signalée  comme  la  cause  unique  de  propagation;  c'est 
par  là  que  l'épizootie  avait  progressé,  suivant  dans  sa  marche  les  gorges  des 
montagnes,  les  vallées,  les  pâturages  communs  Si  les  grands  chemins;  quel- 
quefois il  avait  suffi  d'une  rivière,  sans  aucun  secours  étranger,  pour  arrêter 
l'invasion.  Se  dans  les  pays  les  plus  maltraitrésj  les  étables  réellement  pré- 
servées de  tout  contact  suspect  n'avaient  éprouvé  aucune  atteinte. 

On  n'avait  donc  rien  à  changer  aux  principes  qui  avaient  dicté  l'arrêt  du 
conseil  du  3o  janvier  &  inspiré  les  premières  instructions  adressées  aux  com- 
mandants militaires  6t  aux  intendants,  mais  on  était  obligé  de  reconnaître 
que  les  mesures  prescrites,  complètement  justifiées  par  le  succès  dans  les  lieux 
où  elles  avaient  été  rigoureusement  appliquées,  n'empêchaient  point  la  per- 
sistance de  la  maladie  dans  certaines  régions  8c  même  l'envahissement  de 
nouveaux  quartiers.  On  attribuait  ce  malheur  à  diverses  causes  :  aux  déran- 
gements survenus  «  par  des  circonstances  étrangères  »  dans  la  disposition  des 
troupes;  à  l'esprit  de  mollesse  des  chefs,  égarés  par  un  sentiment  de  commi- 
sération 8<  d'indulgence  mal  entendue  qui  leur  faisait  tolérer  les  plus  cou- 
pables Se  les  plus  dangereuses  contraventions;  à  la  confiance  aveugle  des 
propriétaires  en  l'efficacité  d'une  multitude  de  remèdes;  Si  enfin  à  l'invin- 
cible obstination  d'un  grand  nombre  d'agriculteurs  qui  se  refusaient  à  croire 
à  la  contagion  Se  n'avaient  point  voulu  séparer  les  bestiaux  sains  d'avec  les 
malades. 

Tous  ces  obstacles,  dont  il  avait  été  rendu  compte  en  présence  du  roi, 
n'ébranlaient  point  sa  volonté  d'anéantir  le  fléau  Si  de  préserver  le  reste  de 
la  France.  Les  expériences  tentées  par  ses  ordres  pendant  les  mois  de  sep- 
tembre, octobre  Si  novembre  venaient  de  révéler  certain  affaiblissement  local 
de  l'épizootie  en  divers  cantons  anciennement  attaqués,  tandis  que,  dans  ses 
dernières  conquêtes,  la  maladie  sévissait  avec  toute  la  rapidité,  toute  la 
fureur  des  premières  invasions.  On  en  concluait  qu'il  ne  fallait  point  se 
départir  de  la  rigueur  des  précautions  ordonnées  pour  garantir  les  pays 
encore  intacts.  Si  que,  dans  le  territoire  infecté,  le  trop  petit  nombre  de 
troupes  Si  la  difficulté  de  les  faire  agir  pendant  la  saison  pluvieuse  sans  les 
exposera  des  fatigues  destructives,  ne  permettant  pas  d'entreprendre  la  désin- 
fection totale,  il  convenait  de  suspendre  l'assommement  Si  les  indemnités 
dont  on  avait  tant  abusé  Si  même  d'essayer  l'expérimentation  des  remèdes, 

'  Second    mémoire    instructif  sur   Vcxécuticn   du  Fiance.  Publié  en  novembre  1770.  A  Toulouse,  de 

plan  adopté  par   le  roi,   pour   parvenir   à   détruire  l'imprimerie  de  noble  J. -A. -H. -M. -B.  Pijon,avo- 

entièrement  In  maladie  qui   s'est  répandue  sur  les  cat,  capitoul,  seul  imprimeur  du  roi.  Place  Royale, 

bestiaux   dans   les   provinces    inéridionaUs   de   la  m  DCC  LXXV. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  ïîSfj 

en  se  réservant,  au  printemps,  de  reprendre  les  manœuvres  militaires  Si  de 
poursuivre  le  refoulement  complet  de  la  maladie. 

Pour  éviter  les  lenteurs  Se  le  trouble  que  le  concours  de  plusieurs  autorités 
sur  le  même  objet  pouvait  apporter  dans  un  service  dont  la  célérité  Se  l'en- 
tière uniformité  de  principes  &  de  vues  promettaient  seules  le  succès,  le  roi 
confiait  exclusivement  l'exécution  de  ses  ordres  au  maréchal  duc  de  Mouchy, 
8c  au  comte  de  Périgord ,  en  leur  conférant  la  plénitude  des  pouvoirs  de 
général  d'armée,  S<  aux  intendants  des  provinces,  autorisés  à  prononcer  en 
dernier  ressort  sur  tout  ce  qui  concernait  l'épizootie. 

Les  instructions  remises  à  ces  agents  du  pouvoir  royal  avaient  trois  objets 
distincts  :  en  premier  lieu,  les  précautions  à  prendre  pour  empêcher  la  maladie 
de  pénétrer  dans  l'intérieur  du  royaume;  ensuite,  les  mesures  nécessaires  pour 
garantir  les  parties  demeurées  saines  entre  la  Garonne  &  les  Pyrénées;  S; 
enfin  la  conduite  à  tenir,  dans  l'intérieur  du  pays  infecté,  pour  y  diminuer, 
autant  qu'il  serait  possible,  les  ravages  de  la  contagion. 

Pour  préserver  l'intérieur  du  royaume,  on  en  revenait  à  l'idée  de  prendre 
la  Garonne  pour  limite,  ce  fleuve  formant  la  seule  barrière  que  l'on  ])ût 
opposer  avec  quelque  certitude  aux  progrès  du  fléau.  L'intention  du  roi  était 
de  ne  laisser  subsister,  sur  la  rive  droite  de  la  Garonne,  aucune  bête  attaquée 
de  l'épizootie,  ni  même  aucune  de  celles  qui  auraient  cohabité  dans  une 
métairie  avec  des  sujets  malades. 

La  partie  considérable  du  diocèse  de  Toulouse  située  à  droite  de  la  Garonne 
était  signalée  avec  raison,  par  le  rédacteur  des  instructions  royales,  comme 
offrant  le  cas  le  plus  difficile  :  mais  il  n'hésitait  pas  à  prescrire  une  mesure 
singulièrement  radicale,  déclarant  ne  se  pouvoir  prendre  d'autre  parti,  dans 
une  circonstance  aussi  fâcheuse,  que  de  dépeupler  absolument  de  bestiaux 
toute  la  partie  infectée  du  diocèse  de  Toulouse,  soit  en  les  employant  aux 
salaisons,  soit  en  les  consommant  dans  les  boucheries,  soit  en  les  faisant 
passer  sur  la  rive  gauche,  au  moins  à  une  grande  lieue  de  la  rivière,  &  de 
désinfecter  les  étables  avec  le  plus  grand  soin,  de  façon  à  créer  sur  la  rive 
droite  un  vide  nécessaire  k  la  conservation  de  toute  la  France'. 

La  migration  du  bétail  était  donc  l'opération  ca])itale  qui  devait  être 
promptement  exécutée  dans  le  diocèse  de  Toulouse.  On  recommandait  aux 
intendants  de  faire  rechercher  par  leurs  subdélégués,  dans  les  territoires  de 
la  rive  gauche,  des  propriétaires  qui,  ayant  besoin  de  bestiaux  pour  exploiter 
leurs  terres  ou  pour  consommer  leurs  fourrages,  consentissent  à  recevoir  de  gré 
à  grô  les  bœufs  émigrants,  à  la  charge  d'en  payer  la  valeur  entière  au  bout  de 
quatre  mois,  terme  assez  long  pour  connaître  avec  certitude  l'étal  de  santé 

'•  Cette  migration  de  bestiaux  avait  été  déjà  exé-  possédaient   encore    sains    &.   saufs    du    bout  d'urt 

cutée  dans   deux   paroisses   de  l'Agenois.  L'inten-  an,  d'en  payer  le  prix  total;    les   deux  tiers  de  la 

dant  de    Bordeaux   fit   passer  tout   le   bétail  de  U  «ommc  devant   revenir  alors  au   propriétaire  pri- 

rive  droit*  à  la  rive  gauche,  en   payant  aux  pro-  mitif,  &  le  reste  au  roi  qui  en  avait  fait  l'avance 

priéiairei  le  tiers  de  la  valeur.  Les  animaux  étaient  &  qui    répondait  de  la  valeur  entière  si   les  ani- 

remis  à  des  particuliers  qui   s'engageaient,  s'ils  les  maux  succombaient. 


•77'^ 


177; 


i:6o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

ou  de  maladie^  si  les  animaux  mouraient,  le  roi,  qui  en  demeurait  garant 
vis-à-vis  du  premier  propriétaire,  devait  lui  en  solder  la  valeur  totale.  On 
ne  se  dissimulait  point  combien  ce  moyen  présentait  de  difficultés  8<.  quelle 
charge  il  promettait  au  trésor  public,  les  bêtes  les  plus  saines,  transportées 
ain"si  au  cœur  des  provinces  dévastées,  étant  fort  exposées  à  contracter  le 
germe  pestilentiel.  La  vente  aux  enchères  daiis  les  cantons  privés  de  bétail 
semblait  offrir  l'avantage  d'une  rentrée  plus  prompte  de  partie  des  avances 
faites;  mais  on  recommandait  surtout,  à  cause  d'une  plus  grande  simplicité 
8t  d'une  pratique  plus  facile,  de  dépeupler  le  pays  en  tuant  indistinctement 
tous  les  bestiaux. 

A  cet  effet,  les  munitionnaires  de  la  marine  reçurent  l'ordre  d'établir  à 
Grenade,  sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne,  à  trois  lieues  au-dessous  de 
Toulouse,  un  atelier  de  salaisons  dont  les  produits,  transportés  sur  barques 
jusqu'à  Bordeaux,  devaient  être  débités  dans  les  ports  pour  les  besoins  de  la 
navigation  8c  du  commerce.  C'est  à  Grenade  qu'on  allait  amener,  pour  les 
abattre,  tous  les  bœufs  du  territoire  cerné  par  les  troupes.  Un  atelier  spécial, 
placé  sous  la  direction  des  chefs  militaires  &  des  préposés  les  plus  vigilants, 
était  consacré  à  la  désinfection  des  cuirs  par  la  chaux;  un  médecin  ou  vété- 
rinaire, attaché  à  l'abattoir,  vérifiait  les  viscères  de  chaque  bête  égorgée  pour 
autoriser  la  salaison  ou  ordonner  l'enfouissement.  On  laissait  d'ailleurs  aux 
entrepreneurs  particuliers  la  faculté  d'établir  des  ateliers  analogues,  en  se 
conformant  à  toutes  les  obligations  qu'imposaient  l'hygiène  Si  la  sécurité 
publiques. 

Le  mode  à  suivre  pour  la  grande  migration  du  bétail  était  d'ailleurs  soi- 
gneusement indiqué  par  les  instructions.  Tout  en  recommandant  la  prompti- 
tude comme  une  condition  de  succès,  on  conseillait  d'éviter  la  précipitation. 
Il  fallait  toujours  laisser  subsister  un  cordon  de  troupes  sur  la  lisière  du  pays 
contaminé,  commencer  l'opération  par  les  endroits  les  plus  éloignés  de  la 
Garonne,  8c  purifier  les  étables  à  mesure  que  le  bétail  en  serait  sorti,  n'avancer 
que  méthodiquement  vers  la  rivière  après  avoir  évacué  une  certaine  étendue 
de  pays,  en  laissant  partout  derrière  soi  un  vide  exact  8i  entièrement  désin- 
fecté, 8c  en  faisant  la  migration  par  troupeaux  distincts  afin  d'éviter  l'encom- 
brement. La  préoccupation  essentielle  des  agents  du  roi  devait  être  de  ne 
rien  laisser  de  suspect  sur  la  rive  droite  de  la  Garonne  à  quelque  distance  que 
ce  fût,  la  moindre  négligence  pouvant  compromettre  le  succès  d'une  opération 
difficile  8c  dispendieuse. 

La  crainte  de  laisser  subsister  dans  la  ville  de  Toulouse  un  foyer  rendu 
plus  dangereux  par  l'affluence  journalière  des  habitants  de  tout  le  pays  voisin, 
fit  juger  indispensable  de  ne  souffrir  aucune  bête  à  corne  dans  la  ville  ni 
dans  le  faubourg,  de  confiner  les  dépôts  de  boucherie  hors  des  murs  Se  de 
fixer  aussi  au  dehors  deux  ou  trois  places  où  seraient  déchargées  les  denrées 
arrivées  par  des  charrettes  attelées  de  bœufs.  Aucune  voiture  venant  de  la 
rive  gauche  ne  devait,  d'ailleurs,  franchir  la  rivière. 

Pour  augmenter  l'efficacité  de  la  barrière  que  l'on  prétendait  établir  sur  le 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1361 

cours  de  la  Garonne,  le  roi  prescrivait  en  outre  de  dépeupler  de  bétail  tout 
une  lisière  d'une  lieue  de  large,  sur  la  rive  gauche,  depuis  l'embouchure  de 
la  Baïse  jusques  à  Carbonne  ou  Cazères,  8t  plus  haut  encore,  si  la  maladie 
l'exigeait.  Il  était  interdit,  jusqu'à  nouvel  ordre,  d'introduire  du  bétail  dans 
le  pays  évacué,  où  de  fréquentes  patrouilles  maintiendraient  le  respect  des 
ordonnances. 

L'importante  question  des  besoins  de  la  culture  &  du  commerce  n'était 
point  oubliée.  Le  roi  continuait  les  gratifications  précédemment  accordées 
aux  gens  qui  faisaient  passer  des  chevaux  ou  des  mulets  dans  les  provinces 
dévastées.  Les  sommes  payées  aux  propriétaires  du  bétail  émigrant  devaient 
rendre  les  achats  plus  faciles;  on  comptait  aussi  sur  la  spéculation  de  parti- 
culiers qui  entretiendraient  des  chevaux  de  louage  mis  à  la  disposition  des 
agriculteurs  peu  aisés;  &  enfin,  on  aimait  à  rappeler  que,  dans  quelques 
paroisses  de  Languedoc,  plusieurs  seigneurs  avaient  réuni  leurs  aumônes 
pour  acheter  une  certaine  quantité  de  chevaux  &  de  mulets  qu'ils  prêtaient 
alternativement  aux  pauvres  métayers,  8c  l'on  chargeait  les  intendants  de 
signaler  aux  personnes  considérables  de  chaque  paroisse  ce  mode  de  charité 
vraiment  éclairée,  en  exprimant  la  confiance  que  les  Etats  se  préoccuperaient 
surtout  des  moyens  d'assurer  l'ininterruption  des  travaux  agricoles. 

Outre  les  mesures  déjà  prescrites  pour  défendre  la  ligne  de  la  Garonne,  de 
nouvelles  injonctions  durent  en  rendre  la  barrière  plus  efficace.  Il  fallut 
planter  à  tous  les  passages  des  poteaux  où  les  barcjues  demeuraient  attachées 
pendant  la  nuit  par  des  chaînes  fermées  à  cadenas  dont  le  commandant  du 
port  le  plus  voisin  gardait  la  clef.  La  ligne  des  troupes  fut  étendue  au  cours 
de  la  Garonne  tout  entier,  des  Pyrénées  à  la  mer,  en  tenant  les  postes  plus 
serrés  entre  Cazères  ou  Carbonne  &  le  confluent  de  la  Baïse,  en  construi- 
sant des  baraques  le  long  des  berges  toutes  les  fois  que  les  villages  destinés 
au  logement  des  troupes  se  trouvaient  trop  éloignés,  8c  en  y  intercalant  au 
besoin  des  gardes  de  paysans.  La  partie  de  la  rivière  comprise  entre  Castel- 
sarrasin  8c  l'Océan  était  confiée  au  maréchal  de  Mouchy,  chargé  de  surveiller 
surtout  l'Agenais;  la  partie  supérieure,  au  comte  de  Périgord  qui  avait  pour 
mission  spéciale  de  repousser  la  maladie  sur  la  rive  gauche  8c  de  l'y  main- 
tenir. 

La  sauvegarde  des  pays  sains  ou  désinfectés,  qui  formaient  de  grands  îlots 
dans  le  territoire  abandonné  à  l'épidémie,  fut  garantie  par  l'établissement  de 
trois  cordons  de  troupes  posés  l'un,  pour  protéger  les  Landes,  depuis  Eazas 
jusqu'à  Dax,  en  s'appuyant  sur  la  Garonne  8c  sur  l'Adour;  le  second,  pour 
couvrir  les  vallées  des  Pyrénées,  dans  le  Bigorre  8c  les  environs;  le  troisième 
de  l'embouchure  des  deux  Nestes  jusqu'au  Gers,  pour  garder  le  pays  voisin 
du  Languedoc. 

Dans  les  paroisses  limitrophes  dti  pays  infecté,  on  essayait  d'introduire  une 
police  très-exacte  en  ordonnant  que  tous  les  bestiaux  fussent  marqués  8c  qu'on 
leur  inscrivit  sur  la  corne  la  première  8c  la  dernière  lettre  du  nom  de  la 
paroisse.  Des  états  numériques  8c  signalétiques  permettraient  aux  agents. 


'77^ 


\1-JJ 


iiGz  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

cliargés  de  la  visite  journalière  des  granges  8<.  métairies,  de  s'assurer  avec  une 
certitude  rigoureuse  des  mutations  survenues  parmi  la  population  des  étables. 

Quant  aux  pays  infectés,  où  les  opérations  actives  devaient  être  sus- 
pendues pendant  l'hiver,  on  y  tolérait  le  traitement  des  animaux  malades, 
confiant  aux  intendants  le  soin  de  distribuer  dans  tous  les  cantons  un  cer- 
tain nombre  de  médecins  ou  d'artistes  vétérinaires  chargés  de  répéter  les 
expériences  de  Vicq  d'Azyr  &  de  réunir  les  éléments  d'une  statistique  de 
l'épizootie  avec  les  observations  sur  le  résultat  des  procédés  curatifs.  Une 
correspondance  hebdomadaire  des  subdélégués  à  l'intendant  &  de  l'intendant 
au  ministre  éclairait  le  gouvernement  sur  la  situation. 

Afin  de  conserver  les  petites  paroisses  demeurées  intactes  au  milieu  d'un 
vaste  territoire  envahi,  ne  pouvant  y  établir  des  cordons  de  troupes,  on  pres- 
crivait aux  communes  d'y  pourvoir  elles-mêmes  8t  d'organiser  leur  propre 
garde.  C'est  par  ce  moyen  seul  que  certains  villages,  cernés  par  la  contagion, 
avaient  réussi  à  s'en  préserver. 

Une  dernière  instruction  avait  trait  à  la  désinfection  des  cuirs.  Le  nombre 
considérable  d'animaux  abattus  en  conséquence  du  nouveau  système  ne  per- 
mettait plus  d'exiger,  comme  au  début  du  fléau,  que  les  peaux  fussent  tailla- 
dées, mises  hors  de  service  Si  enfouies  avec  la  bête.  Cette  mesure,  qui 
augmentait  la  perte,  n'était  point  exécutée  &  donnait  lieu  à  des  fraudes  plus 
dangereuses.  On  autorisait  donc  d'écorcher  les  bœufs  &  de  traiter  immédia- 
tement les  cuirs  par  la  chaux,  cette  manipulation,  essayée  par  Vicq  d'Azyr  en 
Guienne,  Si  pratiquée  d'ailleurs  dans  les  tanneries  du  Béarn  ,  suffisant  à 
écarter  tout  danger  de  contagion.  Un  ensemble  de  précautions  était  arrêté 
pour  éviter  cet  inconvénient,  la  désinfection  des  peaux  étant  placée  sous  la 
surveillance  directe  des  préposés  qu'on  y  intéressait  par  l'établissement  d'un 
droit  Si  c[ui  devaient  constater  régulièrement  le  nombre  des  ])ièces  préparées. 

Les  nouvelles  dispositions,  dont  le  roi  prescrivait  à  ses  officiers  de  pour- 
suivre l'exécution  avec  exactitude  8t  rigueur,  déclarant  attendre  de  la  part  de 
ses  peuples  la  confiance  Se  la  soumission  qu'ils  devaient  à  ses  bienfaits  &  à 
ses  ordres,  &  surtout  le  projet  de  dépopulation  générale  du  bétail,  à  droite 
de  la  Garonne,  causèrent  dans  le  diocèse  de  Toulouse  une  violente  émotion. 

On  reprochait  à  l'auteur  du  plan  d'avoir  fait  un  travail  de  cabinet  sans 
connaître  le  pays  qu'il  se  proposait  de  dévaster,  de  ne  pas  avoir  une  idée 
juste  de  la  quantité  considérable  de  bétail  qui  existait  encore  dans  le  Lau- 
ragais  Si  dans  la  temporalité  de  l'archevêque,  de  condamner  un  territoire 
immense  à  demeurer  en  jachère.  Si  de  créer  en  même  temps  sur  la  rive 
gauche,  en  y  faisant  refluer  tous  les  troupeaux,  une  agglomération  des  plus 
dangereuses  '. 

Un  des  commissaires  de  la  faculté  de  médecine  de. Toulouse  se  fit  d'abord 
l'interprète  de  ces  réclamations  Si  rédigea  un  mémoire  contre  le  projet  d'as- 
sommement.  M.  de  Malesherbes,  contrôleur  général,  écrivit  le  28  novembre 

'  Mémoire  litstorK^uc   de   la   malciJic  épi^ooitijuc.  Ms.    Arclilvcs  du  tlicccse  de  Tniilouse. 


LIV.  V.   LOUIS  XYI  ET  LA  REVOLUTION.  I263 

pour  en  décourager  la  publication.  Il  reconnaissait  que  l'ouvrage  était  rempli 
de  fort  bonnes  observations  qui  pourraient  être  utiles  en  d'autres  temps;  mais 
il  craignait  que  cette  autorité  n'augmentât  la  résistance  des  peuples  contre 
des  mesures  adoptées  par  le  ministère  pour  la  sûreté  de  tout  le  royaume,  8c 
il  priait  l'auteur  de  faire  le  sacrifice  du  désir  qu'il  pouvait  avoir  de  commu- 
niquer ses  réflexions  au  public  jusqu'à  ce  que  l'on  fût  rassuré  sur  les  suites 
du  fléau  '. 

Cependant  le  comte  de  Périgord,  muni  de  ses  instructions,  était  arrivé  à 
Toulouse.  A  cause  de  la  misère  publique  8<  des  motifs  de  dépense  dont  le 
pays  était  affligé,  le  commandant  en  chef  dispensa  la  ville  du  cérémonial 
onéreux  que  l'on  observait  en  pareille  circonstance.  11  entra  en  ville  sans 
aucun  appareil  ik  alla  loger  à  l'archevêché.  Deux  jours  après  il  prit  séance 
au  Parlement,  où  il  se  rendit  le  lundi  suivant,  à  pied,  accompagné  de  toute 
la  noblesse,  les  carrosses  fermant  la  marche;  il  y  fit  enregistrer  ses  lettres 
patentes,  &  revint  dans  le  même  ordre  à  l'archevêché;  un  repas  magnifique 
V  réunit  les  plus  hauts  personnages  de  la  contrée.  Déjà,  par  ses  ordres,  noti- 
fication avait  été  faite  à  tous  les  propriétaires  de  bétail,  sans  distinction  de 
personne,  d'avoir  à  faire  conduire  leurs  bœufs  à  Grenade  où  ils  devaient  être 
assommés  &  salés  pour  le  compte  de  l'Etat.  Le  bruit  courait  à  Toulouse  que 
les  viandes  seraient  destinées  à  l'approvisionnement  d'une  flotte  équipée  par 
Louis  XVI  pour  aller,  de  concert  avec  les  forces  navales  du  roi  d'Espagne, 
tenter  une  expédition  contre  les  Etats  barbaresques^. 

Les  commissaires  du  diocèse  profitèrent  de  la  présence  du  comte  de  Péri- 
gord à  Toulouse  pour  réclamer  contre  le  système  radical  dont  l'application 
lui  était  confiée-*. 

Ils  lui  représentèrent  la  vaste  étendue  du  territoire  d'où  l'on  prétendait 
faire  refluer  tout  le  bétail  en  Gascogne,  territoire  qui,  pour  atteindre  sans 
exception  dangereuse  tous  les  points  où  la  contagion  avait  pénétré,  devait 
être  limité  par  la  Garonne,  de  Pinsaguel  à  Castelsarrasin,  par  le  Tarn, 
l'Agout,  la  montagne  Noire,  le  grand  Hers  &i  l'Ariége.  C'était  une  surface  de 
cent  quarante-quatre  lieues  carrées  du  pays  le  plus  fertile  Se  le  plus  riche  en 
bestiaux  de  Languedoc.  Le  dernier  recensement  des  bêtes  à  corne  dans  l'en- 
ceinte cernée  par  les  troupes  venait  de  donner  huit  mille  têtes;  on  savait  que 
six  mille  avaient  péri.  En  prenant  ce  nombre  pour  base  d'évaluation  approxi- 
mative, on  pouvait  compter  sur  plus  de  cent  soixante  mille  animaux  à  faire 
émigrer;  car,  pour  être  certain  du  succès,  il  faudrait  avancer  la  ligne  de 
démarcation  jusqu'au  pied  de  la  montagne  Noire  &  aux  environs  de  Castel- 
naudary. 

On  signalait  au  commandant  les  difficultés  pratiques  d'une  telle  opération. 

'  Mémoire  Ittf  la  mortalité  Jei  iaufs  ifui  a  Jéyasti  •  Heures  perJuet  Je  Pierre  Barthès,  VII,  88-no, 

une  partie  du  /laut  Langueiloc  en  lyj à,  far  M.  Car-  décembre  177J,  janvier  177Û. 

dcil,  lu   à  r.issemblée  publique   du   26  avril  1781.  '  Mémoire  présenté  à  M.  le  comte  de  Périgord 

—  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  Inscriptions  par  MM.  les   commissaires  du   diocèse,   le  19  dc- 

C-  BelUt-Lettrci  de  Toulouse,  I,  2,  p.  254.  ccmbre  1775.  Ms.  Archive!  du  diocèse  de  Toulouse. 


177J 


1773 


1:64  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Pouvait-on  compter  sur  le  bon  vouloir  des  }oopulations  gasconnes?  Avait-on 
assuré  la  subsistance  de  ces  énormes  troupeaux  pendant  le  trajet?  Espérait-on 
faire  vivre  un  bœuf,  de  Revel  à  la  Save,  avec  une  botte  de  foin  de  dix  livres? 
Si  l'on  renonçait  à  la  pensée  de  placer  le  bétail  chez  des  agriculteurs,  &  qu'on 
prît  le  parti  d'immoler  tous  les  animaux  à  Grenade,  l'embarras  n'était  pas 
moindre.  L'atelier  de  salaison  ne  devant  consommer  que  cent  cinquante  bœufs 
par  jour,  il  faudrait  donc  plus  de  dix-huit  mois  pour  une  opération  dont  la 
promptitude  seule  pourrait  assurer  le  salut  du  royaume.  Que  deviendraient, 
en  attendant,  les  meilleures  terres  du  diocèse?  Les  primes  offertes  par  le  gou- 
vernement n'avaient  point  amené  de  chevaux  &  de  mulets  dans  les  marchés 
81  les  foires  du  pays;  ceux  qui  y  avaient  paru  s'étaient  vendus  au  double  Se 
au  triple  de  leur  valeur.  Les  riches  seuls  pouvaient  y  prétendre;  quant  aux 
agriculteurs  peu  aisés,  condamnés  à  n'avoir  que  de  petits  mulets  ou  des  ânes, 
comment  pourraient-ils,  avec  d'aussi  faibles  moyens,  labourer  ces  terres  argi- 
leuses Se  compactes,  où  la  charrue  exigeait  l'énergie  des  plus  forts  chevaux? 
C'était  pousser  le  paysan  à  quitter  le  pays.  D'ailleurs  les  cultures  du  haut 
Languedoc  demandaient  un  travail  constant.  Pendant  l'hiver  &(.  le  printemps, 
c'était  le  maïs  8<.  les  grains  de  mars,  pendant  l'été  8c  l'automne,  le  blé.  11 
aurait  donc  fallu,  avant  de  commencer  l'émigration,  avoir  un  contingent  de 
chevaux  &c  de  mulets;  cette  ressource  n'existait  pas. 

Les  commissaires  du  diocèse  ajoutaient  qu'un  moyen  aussi  désastreux 
n'était  point  indispensable  pour  éteindre  le  fléau.  Des  cordons  de  troupes 
suffisamment  serrés,  le  sacrifice  immédiat  des  étables  atteintes  ou  seulement 
soupçonnées.  Se  surtout  l'interdiction  des  remèdes,  sanctionnée  par  des  peines 
afflictives,  afin  d'arrêter  ce  déplorable  système  de  médications  que  l'on  n'avait 
pas  eu  l'autorité  d'empêcher,  8<  qui  seul  perpétuait  le  mal,  atteindrait  plus 
sûrement  le  succès  désiré  de  la  France  entière,  sans  condamner  un  pays 
fertile  à  la  désolation.  Se  sans  exagérer  encore  les  conséquences  du  fléau  en 
faisant  périr  dix  fois  plus  de  bêtes  que  l'épizootie  n'en  avait  emporté. 

Bien  que  l'on  accusât  les  officiers  diocésains  d'avoir  forcé  les  chiffres  dans 
leurs  calculs,  le  comte  de  Périgord  se  rendit  à  l'évidence  de  leurs  représen- 
tations Si  renonça  à  l'exécution  du  plan  général.  Du  reste,  on  commençait 
à  signaler  une  diminution  sensible  dans  les  ravages  de  la  maladie.  Bien 
qu'elle  ne  cessât  point  de  s'étendre,  il  semblait  que  la  violence  en  fût  lassée. 

Au  26  décembre,  le  diocèse  de  Toulouse  comptait  quatre-vingt-quatre 
communes  attaquées,  dont  neuf  seulement  à  gauche  de  la  Garonne;  c'étaient 
quarante-trois  de  plus  qu'aux  premiers  jours  de  septembre'. 

Tout  en  se  rendant  aux  raisons  de  l'administration  diocésaine,  le  comte  de 
Périgord  craignit  que  les  foyers  d'infection  qui  existaient  encore  en  Laura- 
gais  ne  prissent  au  printemps  un  développement  redoutable,  £<.,  à  défaut  de 
barrière  naturelle  pour  garantir  la  montagne,  il  résolut  d'en  créer  une  en 
faisant  le  vide  sur  toute  la  lisière  du  camp  par  la  dépopulation  d'une  surface 

'  Rapport  de  l'évéque  de  Nîmes  aux  Etats. 


LIV.   V,   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  iîÔj 

d'une  lieue  de  large.  C'est  à  ces  proportions  que  se  trouva  réduit  le  plan 
!.a'ncral  ordonné  par  les  instructions. 

Une  ligne  fut  tracée  de  Verfeil  à  Montgiscard  :  elle  partait  du  terroir  d'En 
Ramel,  k  l'extrémité  du  consulat  de  Verfeil  sur  la  route  de  Lavaur,  longeait 
les  coteaux  du  Girou  par  Banières,  cou|)ait  la  vallée  par  Vendine  &  le  Bourg- 
Saint-Bernard,  traversait  la  Ceillonne  par  Saint-Anatholy,  gagnait  Caraman, 
franchissait  les  vallons  supérieurs  de  la  Saune  8c  de  la  Marcassonne  à  Cara- 
goudes  &  Labastide-Beauvoir,  obliquait  vers  Sainte-Colombe  &  Baziége,  & 
se  terminait  au  canal  par  Aiguesvives  &  Montgiscard.  Tracée  sur  la  carte 
d'un  clocher  à  l'autre,  cette  ligne  ne  donnait  guère  que  quatre  ou  cinq 
lieues;  mais  en  réalité  elle  en  avait  huit,  à  cause  des  contours  très-accidentés 
&  des  angles  saillants  8c  rentrants  que  formait  le  territoire  des  consulats. 
C'était  donc  en  réalité  huit  lieues  carrées  de  pays  à  dépeupler  complètement 
de  bétail. 

L'émigration  commença  le  3i  décembre  1770  &c  fut  vivement  conduite; 
des  convois  de  bœufs  s'acheminèrent  journellement  à  travers  les  coteaux  du 
Lauragais  8c  de  la  temporalité  vers  les  ateliers  de  Grenade.  Quelques-uns, 
mais  en  petit  nombre,  furent  expédiés  à  Lombez  où  des  agriculteurs  consen- 
tirent à  s'en  charger'.  On  payait  aux  propriétaires  la  moitié  du  prix.  A  la  fin 
de  janvier,  l'opération  était  terminée. 

On  s'était  proposé  de  l'exécuter  aussi  sur  les  flancs  du  camp,  en  suivant 
d'un  côté  la  ligne  du  canal,  de  l'autre  le  cours  du  Girou  8c  de  créer  une 
zone  de  dévastation  sur  les  deux  rives  de  la  Garonne,  de  Cazères  à  Grenade. 
La  seconde  moitié  de  ce  programme  devait  seule  être  partiellement  réalisée; 
on  l'effectua  dans  quelques  communes  situées  à  droite  8c  à  gauche  de  la 
rivière  en  aval  de  Toulouse^;  mais  les  commissaires  de  l'assiette  renouve- 
lèrent leurs  réclamations,  en  s'appuvant  principalement  sur  les  nécessités  de 
la  culture  Se  sur  l'impossibilité  de  remplacer  efficacement  les  boeufs  de  labour, 
la  paire  de  mules  se  vendant  alors  douze  cents  livres,  tandis  que  cinq  paires 
de  bœufs  ne  se  payaient  que  quinze  cents,  8c  représentaient  le  double  de 
terrain  labouré.  Quant  aux  primes  de  l'État,  elles  n'avaient  produit  que  le 
monopole.  Pour  cent  paires  de  mules  ou  de  chevaux  qui  eussent  "été  néces- 
saires dans  une  commune  dépeuplée,  on  en  amenait  quatre  ou  cinq  que  les 
plus  riches  propriétaires  se  disputaient  à  prix  d'or,  ce  qui  inspirait  aux  com- 
missaires diocésains  la  pensée  de  solliciter  la  mise  à  la  réforme  de  quinze 
cents  chevaux  dans  les  régiments  de  cavalerie  pour  subvenir  aux  besoins  de 
l'agriculture,  proposition  qui  n'eut  point  de  suite^. 

L'abbé  de  Colbert,  au  nom  de  l'archevêque  de  Toulouse,  se  chargea  de 
représenter  aux  Etats  l'inutilité  d'une  opération  aussi  onéreuse.  Les  barrières 
naturelles,  renforcées  de  troupes,  donnaient  des  garanties  suffisantes;  d'ail- 
leurs l'épizootie,  parvenue  à  sa  période  décroissante  depuis  les  premiers  mois 

'   Rapport    de    l'archevêque    de    Toulouse    aux  '  Mémoire  historii/ue  sur  la  maUAie  épi{00tii)ue. 

Ktat»  de  Languedoc.  Séance  du   samedi  21  dcccm-  '  Second   mcmoirc  au   comte  de  Péripord.  J.i li- 

bre 1776.  vier  1776.  Mi.  Archives  du  diocèse  de  Toulouse. 

xiir.  80 


'77^ 


1266  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

d'hiver,  paraissait  s'éteindre  à  la  fois  dans  le  Lauragais  Si  sur  les  bords  de  la 
Garonne  '. 

L'émigration  fut  alors  suspendue.  Elle  avait  eu  lieu  dans  quarante-huit 
communes  du  haut  Languedoc,  dont  trente  du  diocèse  de  Toulouse,  quatorze 
du  diocèse  de  Rieux,  &  deux  de  chacun  des  diocèses  de  Lavaur  &  de  Mon- 
tauban.  Ce  fut  une  dépense  de  trois  cent  quatre-vingt  mille  livres  pour 
l'État  \ 

Les  derniers  ravages  du  mal  finirent  dans  le  courant  du  mois  de  janvier. 
Le  diocèse  de  Toulouse,  le  plus  gravement  atteint,  conserva  pourtant  dans 
l'intérieur  des  lignes  du  camp  plus  de  cinq  mille  six  cents  bêtes.  La  conta- 
gion n'en  avait  pas  emporté  le  double^. 

Tandis  que  les  faits  que  nous  venons  de  rapporter  absorbaient  l'atten- 
tion des  populations  rurales,  une  nouvelle  révolution  judiciaire  était  venue 
anéantir  l'œuvre  du  chancelier  Maupeou  &  rendre  à  la  royauté,  à  l'esprit  de 
réforme  &  aux  libertés  publiques,  les  ennemis  redoutables  dont  le  hardi 
novateur  les  avait  un  moment  débarrassés. 

Un  des  plus  grands  obstacles  contre  lesquels  Maupeou  se  heurta  dès  la 
première  heure,  ce  fut  la  difficulté  de  trouver  un  personnel  pour  remplir  les 
cadres  qu'il  avait  créés.  Outre  le  peu  de  confiance  St  de  respect  qu'inspirait 
la  Cour  de  Louis  XV,  la  puissance  de  l'oligarchie  parlementaire  était  si 
grande  que  presque  personne  n'avait  pu  prendre  au  sérieux  les  changements 
apportés  au  mode  de  recrutement  de  la  magistrature.  Tous  ceux  qui  possé- 
daient la  science  des  lois  dépendaient  plus  ou  moins  de  l'ancienne  cour,  à 
part  un  très-petit  nombre  d'hommes  de  mérite  formés  par  le  barreau;  il  avait 
fallu,  pour  remplir  les  sièges  du  nouveau  Parlement,  faire  des  emprunts  au 
Parlement  supprimé;  de  sorte  que  la  mise  en  activité  du  système  se  trouvait 
confiée  aux  mains  de  magistrats  élevés  dans  les  mêmes  préjugés  que  leurs 
confrères,  ayant  des  intérêts  identiques  &  non  moins  alarmés  qu'eux  des 
conséquences  que  la  transformation  politique,  une  fois  commencée,  ne  pou- 
vait manquer  de  produire. 

Aussi  le  Parlement  Maupeou  n'avait-il  pas  tardé  à  donner  au  pays  un 
étrange  spectacle.  On  vit  ces  présidents  &  ces  conseillers,  installés  au  palais 
tandis  que  leurs  confrères  étaient  exilés  dans  leurs  domaines,  réclamer  eux- 
mêmes  contre  certains  détails  de  la  réorganisation  judiciaire  à  laquelle  ils 
devaient  leurs  charges,  solliciter  la  suppression  des  conseils  supérieurs  &  le 
rappel  des  magistrats  disgraciés. 

La  cour  de  Toulouse  adressa  au  roi  deux  mémoires  dans  ce  sens.  Elle  sem- 
blait presque  s'excuser  d'avoir,  «  dans  des  moments  de  surprise  &  de  conster- 
«  nation,  suivi  le  penchant  naturel  qui  la  portoit  à  obéir  à  son  maître;  »  elle 
s'annonçait  «  revenue  à  elle-même,  attendrie  sur  le  sort  de  ceux  de  ses  mem- 
K  bres  qui  avoient  eu  le  malheur  de  déplaire  au  roi,  alarmée  des  inconvéniens 

'  Procès-verbal  d'assiette  de  1776.  '  Rapport    de    réréque    de    Nîmes   aux    Ktnts. 

'  Mt-moirci    Je  l'Académie  des   Sciences  de   Tou-        Séance  du  4  mar»   1776. 
'.ouse,  I,  2,  p.  254. 


LIV,   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1267 

«  que  ne  pouvoit  manquer  de  produire  l'établissement  d'un  conseil  supérieur 
«  dans  une  partie  du  Languedoc.  » 

La  diminution  du  ressort  de  la  cour  était  dénoncée  comme  une  humiliation 
&  un  châtiment  immérité,  comme  une  «  dégradation.  »  Le  partage  de  la  Pro- 
vince en  deux  circonscriptions  judiciaires  séparées  devait,  disait-on,  introduire 
une  division  de  vues,  d'intérêts,  de  jurisprudence,  dans  une  Province  dont  la 
prospérité  dépendait  de  la  parfaite  union  de  toutes  ses  parties. 

Les  raisonneurs  parlementaires  allaient  jusqu'à  conclure  que  l'autorité 
royale  elle-même  était  atteinte  de  cette  diminution,  comme  si  les  magistrats 
de  Nimes  ne  devaient  pas  rendre  la  justice  au  nom  du  roi,  au  même  titre  que 
les  magistrats  de  Toulouse.  Ils  appuyaient  leur  sophisme  sur  cette  pensée  que 
le  respect  du  à  la  justice  souveraine  lui  est  rendu  en  proportion  de  celui 
que  l'on  rend  aux  magistrats.  Le  conseil  supérieur  de  Nimes  ne  pouvait  pré- 
tendre au  même  respect  que  celui  de  Toulouse,  &  le  Parlement  de  Toulouse 
perdait  une  partie  de  sa  considération  dans  les  sénéchaussées  du  Puy,  de 
Nimes  Se  de  Montpellier.  Les  parlementaires  toulousains  oubliaient  que  le 
même  argument  aurait  pu  être  employé  contre  l'établissement  de  leur  propre 
cour,  créée  au  quinzième  siècle  par  démembrement  du  Parlement  de  Paris, 
Ils  daignaient  reconnaître  que  le  projet  de  faire  administrer  sur  place  la 
justice  à  ses  sujets  était  digne  du  cœur  du  meilleur  des  maîtresj  «  mais,  s'em- 
«  pressaient-ils  d'ajouter,  le  bien  qui  résultera  de  son  exécution  n'égalera 
(<  jamais  la  somme  des  maux  dont  elle  sera  la  source.  Pendant  cinq  siècles, 
<<  les  habitans  des  trois  sénéchaussées  n'avoient  point  vu  leurs  juges  souve- 
«  rains  plus  près  d'eux.  Dans  ces  temps  reculés,  les  voyages  étoient  dangereux 
«  Si  pénibles.  La  beauté  des  chemins,  la  sûreté  des  routes,  la  commodité  des 
«  gîtes  les  ont  rendus  faciles.  On  vient  plus  aisément  aujourd'hui  d'Annonay 
M  à  Toulouse  qu'on  n'alloit  autrefois  d'Annonay  à  Nimes.  Le  chemin  est  tou- 
«  jours  très-beau  de  Toulouse  au  Puy;  de  Nimes  au  Puy,  il  est  impraticable 
«  pendant  six  mois  de  l'année.  » 

Si  la  création  du  conseil  supérieur  ne  pouvait  être  révoquée,  les  magistrats 
suppliaient  au  moins  le  chancelier  d'employer  ses  bons  offices  auprès  du  roi 
pour  que  les  appels  comme  d'abus,  les  affaires  de  religion,  les  questions 
domaniales,  les  appels  de  l'amirauté,  des  eaux  8c  forêts  81  de  la  bourse  de 
Montpellier,  8<  les  causes  précédemment  commises  au  grand  conseil,  fussent 
attribués  par  privilège  au  Parlement  de  Toulouse. 

«  Un  des  plus  beaux  droits,  disaient-ils,  des  ecclésiastiques  &  de  la  noblesse 
«  consiste  en  ce  qu'ils  puissent  être  jugés  en  matière  criminelle  par  la  grand'- 
«  chambre  8c  la  chambre  tournelle  assemblées.  Ils  seroient  privés  de  ce  pré- 
«  cieux  avantage  s'ils  étoient  jugés  par  le  conseil  supérieur.  » 

Le  Parlement  se  plaignait  ensuite  de  la  suppression  de  la  juridiction  spé- 
ciale connue  sous  le  nom  de  table  de  marbre,  autrefois  réunie  aux  requêtes 
du  palais,  8c  d'une  partie  de  la  chambre  souveraine  des  eaux  8c  forêts,  com- 
posée d'un  président,  de  six  conseillers  de  grand'chambre  8c  de  trois  officiers 
des  requêtes;  il  se  plaignait  de  l'assimilation  établie  par  les  appointements 


177a 


1775 


1268  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

entre  les  officiers  des  enquêtes  Se  ceux  du  conseil  supérieur;  il  se  plaignait  de 
l'avantage  donné  aux  conseillers  présidents  sur  les  conseillers  de  grand'cham- 
bre.  Les  places  de  conseillers  présidents  étaient  d'ordinaire  remplies  par  des 
jeunes  gens  qui  ne  faisaient  point  de  rapports,  qui  ne  travaillaient  pas  chez 
eux,  dont  toute  la  peine  consistait  à  se  rendre  au  palais  à  heures  fixes  Si  à 
opiner  les  derniers;  au  contraire,  la  grand'chambre  était  composée  de  vieux 
magistrats  qui ,  blanchis  sous  le  harnais,  n'arrivaient  à  leur  siège  qu'après 
vin p-t- trois  ou  trente  ans  de  service.  Se  que  l'expérience  avait  formés.  «  Ce 
«  sont  eux  qui  sont  spécialement  chargés  de  veiller  à  la  chose  publique.  » 

Un  des  griefs  les  plus  extraordinaires  du  Parlement  contre  l'édit,  c'est 
l'obligation  d'assiduité  imposée  aux  magistrats.  Voici  les  raisons  singulières 
dont  la  cour  appuie  ses  reproches.  La  fortune  des  magistrats  est,  en  général, 
médiocre,  S<.  consiste  principalement  en  biens-fonds.  Cette  médiocrité  Se 
cette  nature  de  biens-fonds  obligeaient  les  propriétaires  de  passer  une  partie 
considérable  de  l'année  à  la  campagne.  Le  long  séjour  qu'ils  y  faisaient 
diminuait  leurs  dépenses  Se  augmentait  leurs  revenus  par  les  soins  qu'ils 
donnaient  à  leurs  affaires.  «  Le  nouvel  édit  les  assujettit  à  une  assiduité 
<c  gênante  Se  dispendieuse.  Leurs  terres,  livrées  à  des  métayers  toujours  négli- 
«  gens,  perdront  bientôt  la  fertilité  que  leur  communiquent  des  travaux 
«  ordonnés  par  le  maître  Se  exécutés  sous  ses  yeux.  » 

Dans  son  second  mémoire,  le  Parlement  revenait  à  la  charge  contre  le 
conseil  supérieur  de  Nimes;  il  ne  pouvait  lui  pardonner  ce  qu'il  appelait 
l'égalité  injurieuse  des  traitements  S<.  l'humiliation  de  ses  propres  membres. 
Sans  doute,  la  bonté  du  roi  pouvait  bien  appeler  aux  honneurs  des  sujets  qui 
ne  les  avaient  pas  encore  mérités;  mais  sa  justice  n'avait  jamais  infligé  des 
peines  à  de  loyaux  serviteurs  dignes  de  récompense.  Une  partie  des  officiers 
composant  le  conseil  supérieur  de  Nimes,  placés  juscju'à  ce  jour  dans  un  tri- 
bunal sujet  à  l'appel,  avaient  paru  au  Parlement  «  dignes  de  sa  protection  S<. 
«  de  son  estime.  »  Les  autres  lui  étaient  inconnus,  parce  qu'ils  étaient  étran- 
gers aux  lois  dont  on  les  voyait  devenir  subitement  les  ministres.  Tous  ces 
nouveaux  juges  supérieurs  croissaient  en  honneurs  Se  en  biens.  Le  Parlement 
se  trouvait,  au  contraire,  atteint  d'une  double  déchéance. 

Les  gages  modiques  de  ces  officiers,  ébréchés  encore  par  la  capitation,  rem- 
placent peut-être  la  diminution  des  revenus  causée  par  l'éloignement  de  leurs 
terres  :  que  reste-t-il  pour  les  indemniser  des  frais  de  séjour  prolongé  dans 
une  grande  ville?  Après  avoir  énuméré  les  difficultés  Se  les  peines  de  la 
magistrature,  le  Parlement  ajoutait  : 

«  Les  honneurs  Si  les  biens  sont  les  deux  grands  mobiles  des  hommes.  Le 
«  clergé  offre  les  uns  Se  les  autres  dans  vine  paisible  oisiveté.  La  profession 
«  des  armes  les  présente  dans  l'éloignement  à  ceux  qu'elle  appelle  aux  dan- 
«  gers.  Le  marchand  poursuit  les  biens  -.  le  financier  en  regorge.  Seule  de 
«  toutes  les  professions,  la  magistrature  souveraine  du  Parlement  n'assure  à 
a  ceux  qui  s'y  dévouent  que  du  travail  sans  récompense  Se  des  pertes  sans 
c.  dédommagement.  Si  les  épices  supprimées  étaient  peu  proportionnées  au 


LIV.  V.  LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  3169 

«  travail,  elles  surpassoient  de  beaucoup  les  gages  qui  les  remplacent. 
«  Exemptes  de  toute  retenue,  payées  exactement  &  sans  retard,  elles  indem- 
«  nisoient  au  moins  des  pertes.  » 

Tant  que  Louis  XV  occupa  le  trône,  les  remontrances  du  Parlement  reçu- 
rent mauvais  accueil.  Les  magistrats  toulousains  ayant  même  indiscrètement 
insisté  pour  le  rappel  de  leurs  confrères,  le  chancelier  Maupeou  leur  répondit 
que  les  motifs  de  la  réforme  n'avaient  pas  changé  &  que,  tout  en  rendant 
justice  aux  motifs  qui  inspiraient  leurs  démarches,  Sa  Majesté  verrait  avec 
plaisir  cesser  des  démonstrations  dont  le  renouvellement  aurait  chance  de  lui 
déplaire'. 

Mais  aussitôt  que  Louis  XVI  fut  au  pouvoir,  le  monde  parlementaire  l'enve- 
loppa, le  circonvint,  exploita  fort  habilement  l'impression  lâcheuse  qu'avaient 
produite  en  France  les  tonnes  brutales  &  despotiques  employées  pour  la  dis- 
persion des  magistrats,  présenta  la  reconstitution  d'une  oligarchie  privilégiée 
£<.  rétrograde  comme  l'inauguration  d'un  régime  de  liberté.  Le  rétablissement 
des  anciens  Parlements  de  France  fut  résolu. 

Deux  édits  parurent  à  Versailles,  au  mois  de  février  lyyS,  l'un  rappelant  le 
Parlement  de  Toulouse  antérieur  à  1771,  l'autre  supprimant  le  conseil  supé- 
rieur de  Nimes. 

Le  préambule  de  ces  deux  actes  était  très-sommaire  &  ne  s'appuyait  sur 
aucun  principe.  Quel  principe  aurait-on  pu  d'ailleurs  invoquer  pour  justifier 
l'annulation  d'une  réforme  judicieuse,  conforme  à  la  raison,  louée  de  Turgot, 
louée  de  tous  les  hommes  qui  voyaient  clair  dans  la  situation  du  royaume? 
Comment  expliquer  par  des  motifs  valables  ce  pas  en  arrière,  ce  retour  aux 
charges  vénales? 

Le  roi  se  contentait  de  dire  qu'il  avait  formé  le  projet  de  rétablir  la  magis- 
trature dans  l'état  où  elle  était  avant  1771,  8t  que,  l'ayant  exécuté  déjà,  dans 
plusieurs  de  ses  cours,  à  la  satisfaction  de  ses  sujets,  il  ne  pouvait  laisser  le 
Parlement  de  Toulouse  dans  sa  situation^.  I!  ajoutait  qu'en  accordant  aux 
peuples  de  Languedoc  le  retour  de  ses  anciens  magistrats,  il  donnait  à  cette 
Province  une  preuve  éclatante  d'aftection  S<.  récompensait  dignement  sa  fidé- 
lité. Le  chancelier  Maupeou  avait  employé  à  peu  près  la  même  formule 
dans  son  édit;  ainsi  la  fidélité  de  la  Province,  à  quatre  ans  de  distance,  était 
récompensée  par  deux  actes  contradictoires. 

Le  Parlement  de  1771  qui  savait  quelle  violence  de  haine  s'était  amassée 
dans  le  cœur  des  anciens  parlementaires,  malgré  toutes  ses  démarches,  ne 
perdit  pas  de  temps  pour  manifester  la  plus  vive  joie.  Il  se  félicita  de  «  voir 
«  rentrer  avec  gloire  dans  le  sanctuaire  de  la  justice,  ces  confrères  respecta- 
(i  blés  8c  chers,  victimes  d'une  cabale  odieuse,  »  dont  il  avait  tenu  la  place 
pendant  quatre  années;  il  décida,  sur  les  réquisitions  de  l'avocat  général  de 
Malbois,  de  célébrer  ce  grand  événement  par  «  une  fête  patriotique  »,  expres- 

'  Pièces  'ittsùfieaùves,  n.  DCCCCXIX,  col.  zSiS.  '  Pièces  jatt'ifieatives,  n.  DCCCCXXV,  col.  îS^C, 

n.  DCCCCXXVI,  col.  235i  &  »uiv. 


177J 


'77^ 


12  70  ETUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

sion  nouvelle,  symptôme  de  temps  nouveaux,  employée  à  propos  d'une  résur- 
rection d'ancien  régime.  Cette  tête  devait  être  «  le  signal  de  l'union,  de  la 
«  concorde  &  du  bonheur.  » 

L'aristocratie  parlementaire  de  Toulouse,  appuyée  sur  l'innombrable  per- 
sonnel de  gens  de  loi  vivant  du  palais,  ne  négligea  rien  pour  donner  le 
plus  grand  éclat  aux  réjouissances  publiques  du  14  septembre. 

Quatre  jours  avant,  l'Université  fit  chanter  une  messe  en  musique  avec 
Te  Deum,  donna  des  vacances  à  ses  écoliers,  8t  fonda  une  messe  perpétuelle 
en  mémoire  du  grand  événement.  Le  12,  plus  de  cinq  cents  étudiants,  pré- 
cédés d'une  musique  &.  escortés  d'un  détachement  des  régiments  de  Conti  & 
de  Bourbon,  se  rendirent  à  l'hôtel  du  président  de  Puivert,  lui  adressèrent 
une  harangue  8c  lui  offrirent  une  «  couronne  civique  n,  —  autre  nouveauté 
significative,  —  ornée  de  festons  8c  de  guirlandes,  avec  les  devises  ;  ob  cives 
SERVATOS.  INTEMERAT/E  viRTVTi.  De  là  ils  se  rendirent  à  l'archevêché  où  ils 
haranguèrent  tour  à  tour  M.  de  Brienne,  le  comte  de  Périgord  8c  M.  de 
Saint-Priest,  8c  promenèrent  ensuite  leur  lotig  cortège  à  travers  toutes  les 
rues,  où  chevauchait  un  brillant  escadron  de  perruquiers,  en  uniforme  bleu, 
l'épée  au  poing,  remplissant  la  ville  de  fanfares.  Le  même  jour,  on  distribua 
au  peuple  quinze  cents  marques  de  pain  8c  six  barriques  de  vin.  A  trois 
heures,  des  coulevrines  placées  sur  le  donjon  du  palais  tirèrent  une  salve 
pour  annoncer  l'ouverture  des  fêtes.  Dans  la  soirée,  il  y  eut  feu  d'artifice 
sur  la  place  du  Parlement,  toute  décorée  de  pilastres,  de  lauriers  8c  de  lan- 
ternes. La  pièce  principale  représentait  un  édifice  à  quatre  faces  flanqué  des 
figures  colossales  de  la  Justice,  de  la  Force,  de  la  Paix  8c  de  l'Abondance^. 

Chacun  des  membres  de  l'ancien  Parlement  avait  reçu,  dans  la  journée, 
une  lettre  de  cachet  qui  lui  enjoignait  de  se  rendre  au  palais  le  mardi  14  sep- 
tembre, à  huit  heures  du  matin. 

L'annonce  de  la  cérémonie  avait  attiré  à  Toulouse,  de  toutes  les  cam- 
pagnes environnantes,  une  foule  considérable  de  curieux.  Vers  huit  heures 
du  matin,  on  vit  le  comte  de  Périgord  8c  l'intendant,  commissaires  du  roi 
pour  le  rétablissement  de  la  cour,  se  diriger  en  carrosse  vers  le  palais,  pré- 
cédés de  compagnies  franches  de  bourgeois,  l'une  en  uniforme  rouge,  l'autre 
en  uniforme  bleu,  8c  flanqués  de  cavaliers  de  la  maréchaussée.  Les  régiments 
de  Bourbon  8c  de  Conti  formaient  la  haie  le  long  des  rues.  En  même  temps, 
les  lourds  équipages  des  parlementaires  allaient  prendre  la  file  devant  l'hôtel 
de  M.  de  Puivert  qui,  en  l'absence  de  M.  de  Niquet,  faisait  les  fonctions  de 
premier  président.  Ce  long   cortège   s'ébranla  vers   huit  heures  &  demie. 

'  On  lisait  sur  les  quatre  faces  les  inscriptions  suivantes  : 

ADVENTVI  FRATRVM  FELICISSIMO  • 
PATRIE;  PARENTIBVS  RKSTITVTIS  • 
FIRMAT  CONCORDIA  LEGES  • 
DEYS  NOBIS  H/EC  MVNERA  MITTIT  ' 

<  licui-ds  perdues  de  Pierre  Barthcs,  Vil,  p.  4S. 


LIV.  V,   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1271 

La  cavalerie  du  sénéchal  de  la  bazoche,  en  uniforme  vert  galonné  d'argent, 
ouvrait  la  marche;  celle  des  appointés,  en  uniforme  bleu,  venait  ensuite, 
puis  la  troupe  des  suisses,  en  uniforme  rouge  &  jaune  mi-parti,  avec  tim- 
bales &  trompettes.  Derrière  les  voitures  des  magistrats  s'avançaient  six  autres 
carrosses  portant  les  vingt-quatre  commissaires  nommés  par  la  communauté 
des  procureurs'. 

M.  de  Saint-Priest,  avant  d'ordonner  la  lecture  de  l'édit,  prononça  un  dis- 
cours où  il  célébrait  les  louanges  du  jeune  roi  qui,  placé  au  printemps  de 
son  âge  sur  le  premier  trône  de  l'Europe,  ne  s'était  point  laissé  éblouir  par  le 
spectacle  de  sa  propre  grandeur.  Il  vanta  la  modération  du  prince  qui  avait 
inauguré  son  règne  en  faisant  l'abandon  du  droit  de  joyeux  avènement  (k 
qui  voulait  combler  les  désirs  de  son  peuple  en  rétablissant  les  premiers  tri- 
bunaux dans  leur  entière  splendeur. 

En  représentant  avisé  du  pouvoir  central,  l'intendant  évita  les  déclamations 
à  la  mode  contre  la  réforme  Maupeou.  Il  se  contenta  de  dire  discrètement 
que  Louis  XV  avait  cru  devoir,  pour  un  temps,  faire  rendre  la  justice  aux 
habitants  de  la  Province  par  une  partie  seulement  des  membres  de  son  Par- 
lement, tandis  que  Louis  XVI  les  rassemblait  tous  &  les  regardait  comme 
une  même  famille,  également  pénétrée  de  respect,  de  fidélité,  d'obéissance  8t 
d'amour  pour  son  souverain,  &  seulement  divisée  d'opinion  jusqu'à  ce  jour 
sur  la  manière  d'en  taire  preuve. 

L'orateur  officiel  exprima  l'espérance  que  ces  sentiments  de  conciliation  8c 
d'amitié  seraient  communs  à  toute  la  cour,  81  que  le  Parlement  répondrait  à 
la  confiance  du  roi  en  faisant  régner  la  paix  8c  la  justice  dans  ses  délibé- 
rations. 

11  rappela,  en  quelques  mots,  la  commission  opposée  dont  il  avait  été 
chargé,  en  177  i,  8c  dont  l'exécution  avait,  dit-il,  excité  toute  sa  sensibilité 
8c  se  déclara  heureux  de  n'avoir,  dans  la  présente  conjoncture,  qu'à  notifier 
des  ordres  agréables  à  tous*. 

Les  édits  lus  8c  enregistrés,  le  défilé  recommença  dans  le  même  ordre;  plus 
de  quarante  carrosses  accompagnèrent  le  président  de  Puivert  en  son  hôtel, 
au  milieu  des  acclamations  de  la  foule.  A  six  heures,  il  y  eut  un  brillant 
festin  à  l'archevêché,  puis  un  feu  d'artifice  sur  la  place  Saint-Etienne.  On 
brûla  de  la  poudre  pendant  toute  la  soirée.  La  Grand'Rue,  la  place  Saint- 
Georges,  celle  de  la  Bourse,  celle  de  Saintes-Carbes  eurent  leurs  petites 
réjouissances  particulières.  La  noblesse  donna  une  fête  dans  la  salle  du  con- 
cert, rue  des  Théatins.  La  rue  avait  été  décorée,  sur  toute  sa  longueur,  de 
pilastres,  de  lauriers,  de  girandoles  8c  de  lanternes;  on  distribua  du  vin  au 
public,  les  sauteurs  de  l'opéra  dansèrent  sur  la  corde,  8;  l'on  entra  à  la  comédie 
sans  payer. 

Les  marchands  de  la  bourse  s'associèrent  à  la  joie  générale  en  délivrant 

•  Pièces  justificat.  n.  DCCCCXXVIII,  col.  2355.  '  Pucrj /us/.^îcar.Vej,  n.  DCCCCXXIX,  col.  2358. 

—  Heures  perdues  Je  Pierre  Barlhès,  VII,  p.  ^k^. 


1770 


177» 


aussi 
fonda 


1272  VO  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

tous  les  pou?'^°""'e'-s  ^1"  gabelles,  au  nombre  de  vingt-quatre;  ils  firent 
frapper  six'.d'aïf^"^^  médailles  commémoratives.  Le  chapitre  Saint-Éticnne 
une  rente  per^R  cFfituelle  de  cent  cinquante  livres  pour  doter  une  jeune  fille 
pauvre,  au  choix  du->ilèi/?r^m>er  président.  L'académie  des  Jeux  Floraux  offrit 
une  Thémis  d'argent  à  1  à  viv^^^^"''  ''e  la  meilleure  ode  sur  le  rétablissement  du 
Parlement;  enfin  l'ordre  des uissavocats  décida  l'érection  d'un  obélisque  dans  la 
salle  des  audiences  destiné  à  peiî^vefpétuer  le  souvenir  de  l'événement'. 

Les  capitouls  dirigèrent,  le  i8,--.  s^une  grande  promenade  de  tous  les  corps 
de  métiers,  suivis  des  négociants,  &  J.g^ssistèrent  à  un  nouveau  Te  Deum,  en 
présence  de  la  cour,  dans  l'église  de  la  iu-tj^albade.  Le  21,  ils  tirèrent  un 'feu 
d'artifice  sur  la  place  Royale.  On  avait  élev.j^^g  au  milieu  de  cette  place  un 
édicule  à  quatre  faces,  peint  en  camayeu,  rehausb.,^«_  d'or  &.  d'azur,  &  surmonté 
d'une  figure  de  Louis  XVI,  debout,  portant  le  man.;^^eau  royal  &  le  sceptre^ 
Au-dessous  des  quatre  consoles  qui  soutenaient  le  pu  /f-destal  des  masciues 
bachiques,  ceints  de  pampres  &  de  raisins,  versaient  contii  "puellement  du  vin 
dans  de  grandes  coquilles  où  la  foule  allait  s'abreuver.  Aux  ^i  ^  ,uatre  anp-les  d 
la  place  étaient  construits  des  théâtres,  occupés  par  des  musiciens'   ,   ^]^^  acteurs 

des  montreurs  de  marionnettes  &.  des  danseurs  de  corde.  Il  ne  fallt  •  •.  ,^^^  _    ' 

1  -11  .  t  1     1'       1        •  1      -r     1        ^^     1  '^^  ^^"' 

de  merveilles  pour  porter  a  son  comble  1  enthousiasme  des  loulousa.  •„„ 

Quand  la  fumée  des  feux  d'artifice  fut  dissipée  8t  que  les  «  aua:usi    .„„    . 

«  teurs;  les  libérateurs  de  la  patrie,  les  défenseurs  des  droits  de  la  na  ',  • 

comme  on  les  appelait,  reprirent  le  cours  de  leurs  travaux,  on  ne  tarda  . 

s'apercevoir  de  la  grande  mystification  dont  le  pays  était  dupe.  M.  de  ^-  ■ 


•  Voici   l'inscription  de   l'obélisque  du   palais  ; 

LVDOVlCO  XVI 
ET  rELlCI  MAGISTRATVV.M 

REDITVI 

DIE  XVI  MARTll  MDCCI.XXV 

CAVSARVM  PATRONl 

POSVERE 

DIES  lEI.E 

INSTAR  IMMORTALITATIS 

EST" 

'  Bartliès  nous  a  conservé  les  inscriptions  pin- 
cées sur  la  frise  &  sur  les  quatre  faces  de  l'édicule. 
Sur  la  frise  : 

LVDOVlCO  XVI. 

SENATVI  lŒSTITVTO. 

DESIDERATIS  DIV  CIVIBVS. 

L.E.TlTI.ï  rVELIC/E. 

La   figure  de  la  Religion,  assise  sur  le  trône  de 
France  : 

FLAMMAXTr.M  VICTRIX  CAI.ICEM  SN'liLIMlVS  Ol-FERT 
SEl.UGIO,  IllNC  RADIOS  GAI.I.ICVS  DRBIS  HABET. 


La  Justice  dans  son  temple  orné  de  fleurs 

SOL  ORIENS  THEMIDEM  RECREAT,  LIVOR  FREMIT, 
DIVERSO  GENIVS  STEMMATA  FLORE  TEGrr. 


?'Rnis 


La  Bienfaisance,  faisant  des  largesses  au  peu^,, 
du  haut  d'un  trône  fleurdelisé  : 

•■(. 
DIVIDIT  E  SOLIO  BON'ITAS  SVA  MVNERA  GENTI      ,_ 
ET  LARGO  CORNV  COPIA  PROMIT  OPES. 

La  Prudence,  sous  la  figure  de  Minerve,  armé',, 
de  l'égide  : 

IN  SPi;CVLO  VVI.TVS  RADIOS  FRVDEKTIA  FIGIT, 
jAMaVE  NOVVS  LODOIX  SFIRAT  IN  ORE  DE.E. 

Le  même  chroniqueur  a  pris  la  peine  de  retenir 
un  distique  du  Père  Darcens,  cordelier  de  la 
grande  observance,  contenant  un  calembour  par 
à  peu  près  sur  le  nom  du  président  de  Puivert 
(prononcé  Pivert,  à  la  façon  languedocienne)  : 

Eripuit  viridem  Lodoix  ex  arbore  Picum 
F'itquc  Tolosani  piiiiccps  avis  illa  scnajns. 


'  Annuaire  (iJminisIrali/  £■  stdtisli^iic  du  dcparlcmcnt 
<tc  la  Haute-Garonne,  pour  l'an  1811  (rédige  par  .M.  Dan- 
tigny).  A  Toulouse,  clicz  J.-M.  Douladourc,  impriingur- 
librairc,  rue  Saiiit-Ronic. 


Ce  distique  fut  récite  par  les  enfants  des  petites 
classes  au  président,  qui  s'en  montra  fort  satis- 
fait. 


"*1 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1273 

Piiest,  qui,  selon  toute  apparence,  n'en  cloutait  guère,  put  bientôt  se  con- 
vaincre que  les  sentiments  d'oubli  8c  de  réconciliation  préconisés  dans  sa 
harangue,  répondaient  peu  aux  dispositions  de  l'ancienne  cour.  Les  magis- 
trats réintégrés  rentraient  au  palais  avec  des  rancunes  profondes  dont  l'acri- 
monie se  manifesta  par  des  pamphlets  d'une  extrême  violence.  L'oligarchie 
parlementaire  avait  été  si  près  de  perdre  l'autorité  démesurée,  illégitime,  dont 
elle  était  redevable  à  la  faiblesse  du  souverain,  qu'elle  n'apportait  que  des 
idées  de  vengeance. 

L'emportement  de  ces  passions  se  révèle  avec  une  véritable  rage  dans  un 
écrit  qui  parut  à  Toulouse,  en  1773,  faussement  daté  de  Londres,  sous  ce 
titre  devançant  les  grossièretés  de  la  presse  révolutionnaire  :  Réflexions  d'un 
citoyen  sur  la  protestation  du  Parlement  de  Toulouse,  du  3i  août  l'J'Ji^  aux 
J.  F.  du  tripot  de  Toulouse. 

Le  «  citoyen  »  accablait  le  président  Niquet  d'invectives  pour  avoir  apposé 
sa  signature  au  bas  de  l'acte  de  protestation,  se  trouvant  déjà  désigné  par  le 
roi  pour  occuper  la  première  place  dans  le  Parlement  Maupeou;  puis  il  s'en 
prenait  à  tous  les  membres  de  l'ancienne  cour  qui  avaient  accepté  un  rôle 
dans  la  réorganisation  judiciaire.  Il  faut  voir  sur  quel  ton  le  fougueux  parle- 
mentaire traite  ces  membres  «  d'une  même  famille  »  dont  M.  de  Saint-Priest 
louait  les  services  81  célébrait  la  réunion  :  «  Vous  n'avez  obéi,  leur  dit-il, 
«  qu'à  la  bassesse  de  votre  âme:  vous  n'avez  cédé  qu'au  vil  appât  des  gages 
«'  qu'on  vous  offrait,  8<.  plusieurs  d'entre  vous  au  plaisir  de  vous  venger  sur 
«  leurs  confrères  de  la  destruction  des  jésuites.   » 

Il  les  accusait  de  «  lâche  abandon,  de  trahison  infâme,  «  leur  reprochait 
de  s'être  placés  dans  l'humiliante  alternative  d'être  perpétuellement  les  instru- 
ments ou  les  victimes  du  despotisme. 

Avec  quel  accent  de  mépris  superbe  le  champion  de  la  magistrature  vénale 
ne  parle-t-il  pas  de  «  cette  poignée  de  gredins  affamés  dont  on  avoit  com- 
<(  posé  les  conseils  supérieurs!  »  11  dénonçait  l'organisation  rétablie  comme 
«  une  ignominie.  »  Les  mots  d'avilissement,  d'intrigues,  d'infâmes  présidents, 
de  trahison,  d'action  déshonorante  se  pressent  dans  cette  philippique,  où  l'on 
déclare  que  le  nom  du  chancelier  Maupeou  ne  sera  jamais  prononcé  qu'avec 
horreur  8c  que  sa  disgrâce  était  désirée  de  tous  les  gens  de  bien. 

<(  C'en  étoit  fait  de  la  monarchie  françoise,  si  tous  les  parlemens  du 
(I  royaume  avoient  fourni  au  chancelier  Maupeou  les  mêmes  ressources  que 
«  celui  de  Toulouse.  » 

La  conclusion  était  une  invitation  directe  aux  magistrats  de  la  cour  inter- 
médiaire à  quitter  leurs  sièges. 

«  Vous  avez  élevé  un  mur  d'airain  entre  vos  confrères  8t  vous;  vous  ne 
V  pouvez  plus  servir  aux  mêmes  séances  &  dans  le  même  temps,  sans  être 
<i  exposés  à  des  mortifications  journalières.  Qu'attendez-vous  donc  pour  vous 
n  retirer?...  Plus  de  paix,  plus  d'union  à  espérer  entre  des  magistrats  dont 
n  la  conduite  a  été  si  différente...  Vos  confrères  seroient  à  chaque  instant 
<(   forcés  d'instruire  le  public  qu'il   ne  doit  pas  les  confondre  avec  vous,  &. 


177a 


"j""^ 1274  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  le  public  ne  manqueioit  pas  de  vous  désigner  par  des  qualifications  peu 
«  convenables  à  la  dignité  de  votre  état...  Abandonnez  de  vous-mêmes  des 
«  places  que  vous  pourriez  occuper,  mais  que  vous  ne  sauriez  jamais  rem- 
«  plir...  Le  seul  moyen  d'expier  votre  faute,  c'est  de  vous  en  punir  vous- 
«  mêmes  en  vous  immolant  à  l'intérêt  public.  Soyez  assez  généreux  pour 
«  remercier  le  ciel  de  l'beureuse  révolution  qui  sauve  votre  pays;  pour 
«  souhaiter  que  votre  humiliation  effraye  les  magistrats  qui  seroient  un  jour 
«  tentés  de  vous  imiter,  8c  pour  féliciter  votre  compagnie  d'avoir  porté  dans 
u  son  sein  quatre-vingts  magistrats  plus  vertueux  que  vous'.  « 

Comment  ce--  violences  de  langage  se  conciliaient-elles  avec  la  fiction  du 
respect  monarchit^ue  dont  les  parlementaires  se  disaient  les  plus  inébranlables 
soutiens?  Elles  ne  ■'e  conciliaient  pas  du  tout,  mais  elles  contribuaient  à 
discréditer  de  jour  eu  iour  &  le  personnel  &  les  institutions  de  l'ancien 
régime;  elles  faisaient  brutalement  tomber  ce  voile  qu'un  politique  de  la 
Fronde  déclarait  indispensable  pour  couvrir  les  rapports  des  rois  Se  des 
peuples,  elles  appelaient  l'esprit  critique  sur  des  choses  que  l'on  ne  pouvait 
discuter  sans  les  vouloir  détruire;  en  un  mot,  sous  ombre  de  sauver  8c  de 
régénérer  la  monarchie,  elles  la  précipitaient  vers  sa  ruine. 

Après  la  mort  du  comte  d'Eu,  le  bruit  s'était  répandu  en  Languedoc  qu'un 
prince  du  sang  royal  obtiendrait  le  gouvernement  de  la  Province.  On  dési- 
gnait particulièrement  un  frère  de  Louis  XVI,  le  comte  de  Provence  ou  le 
comte  d'Artois^. 

Par  lettres  patentes  du  27  juillet  1775,  la  grande  charge  vacante  fut  donnée 
au  maréchal  duc  de  Biron. 

Le  nouveau  gouverneur  était  un  vieillard  de  soixante-quatorze  ans.  Fils 
d'un  maréchal  de  France,  Louis-Antoine  de  Gontaut,  duc  de  Biron,  pair  du 
royaume,  colonel  général  des  gardes  françaises,  était  né  à  Paris  le  2  fé- 
vrier 1701  ^. 

Il  avait  fait  ses  premières  armes  comme  colonel  de  Rojal-Roussillon,  puis 
du  régiment  du  roi,  &  s'était  brillamment  conduit,  à  la  tête  de  ce  derniei 
corps,  dans  la  bataille  de  Fontenoy.  Le  26  mai  1745,  le  roi  l'avait  nommé 
colonel  des  gardes  françaises,  &  le  nouveau  commandant  s'était  si  sérieuse- 
ment appliqué  à  l'exercice  de  sa  charge  qu'il  avait  réussi  à  faire  d'une  troupe 
indisciplinée,  insolente  Se  traditionnellement  redoutée  des  bourgeois  de  Paris 
&  de  Versailles,  le  régiment  le  mieux  tenu  Se  le  plus  régulier  de  toute  l'armée 
française.  Sa  sollicitude  pour  ce  corps  d'élite  alla  plus  loin.  Il  pourvut  lui- 
même  à  l'éducation  des  enfants  destinés  à  y  servir  &  fonda  un  hôpital  parti- 
culier pour  les  malades'*. 

'  Bibliothèque  de  Toulouse,  3/i3!5o,  inercin  de  l'honneur  de  pnrnître  à  la  cour  sous  ses 

*  Heures  perdues  de  Pierre  Barthès,  VII,  p.  yp.  auspices,  le  prélat  n'eut  garde  d'oublier  le  grand 

^  Mercure  de  France.  Novembre  1788.  œuvre   de  réforme  militaire  qui   était  le  principal 

^Lorsque,   le    25    août    1777,    l'évêque    d'Alais,  titre  de  gloire  du  nouveau  gouverneur.  Après  avoir 

Courtois  de  Balore,  présenta  au  maréchal  les  com-  rappelé  en    peu  de   mots  l'éclat  de  son    nom    &.  de 

pliments  de  la  députation  de  Languedoc  &  le  re-  ses  services,  il  le  félicita  surtout  d'avoir  joint  à  U 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  iiyS 

Le  maréchal  de  Biron,  qui  passait  pour  un  homme  fort  pieux,  tenait 
cependant  un  train  de  maison  d'une  grande  magnificence.  Son  hôtel,  situé 
dans  la  rue  de  Varennes,  était  le  rendez-vous  journalier  d'une  belle  &  nom- 
breuse compagnie,  &  les  étrangers  de  distinction  que  le  hasard  des  voyages 
amenait  à  Paris  ne  négligeaient  guère  de  paraître  dans  ses  salons. 

Retenu  à  Paris  par  son  grand  âge  8t  par  les  habitudes  élégantes  de  sa  vie, 
le  nouveau  gouverneur  ne  s'empressa  point  de  faire  enregistrer  ses  provisions 
au  Parlement  de  Toulouse.  Aussi  dut-il  obtenir  des  lettres  de  surannation 
qui  lui  furent  accordées  le  28  juin  1777'. 

Le  maréchal  de  Biron  conserva  le  gouvernement  de  la  Province  pendant 
treize  ans,  tout  en  résidant  à  Paris.  Il  avait  auprès  de  lui,  avec  le  titre  de 
secrétaire  de  ses  commandements,  un  commissaire  des  guerres  nommé  Daguet, 
qui  était  chargé  de  la  correspondance  générale  du  gouvernement^. 

Nous  n'abandonnerons  pas  l'année  iJjS  sans  rappeler  quelques  tentatives 
de  l'administration  pour  améliorer  la  navigation  fluviale  dans  le  haut  Lan- 
guedoc. 

L'état  de  délabrement  &  d'abandon  où  se  trouvait  le  cours  de  la  Garonne 
rendait  fort  incomplète  la  communication  des  deux  mers  que  le  canal  de 
Languedoc  avait  pour  but  d'établir. 

La  chambre  de  commerce  de  Toulouse  présenta  un  mémoire  aux  États 
pour  exposer  la  situation  de  la  rivière. 

Les  naufrages  y  étaient  devenus  si  communs  que  les  négociants  réduits  à 
y  faire  voiturer  leurs  "denrées  consentaient  des  baux  d'assurance  qui  leur 
revenaient  à  deux  pour  cent.  La  navigation  menaçait  même  de  cesser  entiè- 
rement, puisqu'on  ne  mesurait  pas  plus  d'un  pied  d'eau  au  point  de  jonction 
du  canal  Se  de  la  Garonne. 

On  n'avait  jamais  pourvu  d'une  manière  suivie  à  l'entretien  du  lit  8c  des 
berges.  La  partie  défectueuse  comprenait  une  longueur  de  plus  de  trente 
lieues  entre  Toulouse  8c  la  Réole.  Cet  espace  se  trouvant  morcelé  entre  la 
généralité  d'Auch  8c  la  Province  de  Languedoc,  8t  les  deux  pays  ayant  des 
principes  d'administration  8c  des  officiers  différents,  il  en  résultait  un  défaut 
d'unité  dans  les  projets  8c  dans  les  ordres,  tout  à  fait  contraire  au  bien  public. 

Pour  la  généralité  d'Auch,  il  existait  un  arrêt  du  conseil  du  i3  janvier  1778 
portant  règlement  de  la  navigation  fluviale  8c  prescrivant  même  une  imposi- 
tion annuelle  de  dix  mille  livres  pour  frais  d'entretien,  mais  cette  mesure 
demeurait  sans  exécution,  les  fonds  insuffisants  en  étaient  absorbés  par  les 
frais  de  bureau  8c  de  voyage  des  ingénieurs. 

En  Languedoc,  le  roi  accordait  depuis  plusieurs  années,  sur  le  fonds  des 
indemnités,  une  somme  annuelle  variant  de  quinze  à  cinq  mille  livres,  pour 

prouesse   guerrière   de    nos   anciens   chevaliers    ce  '  Archives  du    Parlement   de  Toulouse.   Éjits  & 

zèle  de  la  discipline  militaire  qui  ne  leur  était  pas  déclarations,  LXIII,   17:), 

encore  connue  &  qui  rendait  si  recommandable  la  '  Baour.  Almanach  hiitori^ue  de  la  province  Je 

«  légion  brillante  »  placée  sous  ses  ordres'.  Languedoc, 
'  Archives  nationales,  H.  74S-114.  A/». 


1773 


"j""^ 1276  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

les  réparations  des  berges  du  côté  de  Languedoc  afin  de  neutraliser  l'effet 
d'ouvrages  nuisibles  exécutés  sur  la  rive  opposée;  mais  l'emploi  s'en  faisait  sans 
aucune  suite,  8<.  d'après  un  système  contraire  aux  intérêts  de  la  navigation. 

Les  propriétaires  du  canal  se  plaignaient  que,  chaque  année,  la  batellerie 
se  trouvait  gênée  par  le  manque  d'eau,  surtout  pendant  le  mois  d'octobre, 
aux  approches  de  la  foire  de  Bordeaux.  Ils  demandèrent  l'autorisation  de  pro- 
longer leurs  clayonnages  au  delà  de  la  barre  formée  par  la  jonction  des  eaux. 
Ils  réclamaient  aussi  contre  les  propriétaires  du  moulin  du  Basacle  qui,  en 
fermant  le  canal  autrefois  pratiqué  entre  levas  deux  îles,  avaient  contribué  à 
diminuer  la  quantité  d'eau  de  l'embouchure'. 

Le  lit  de  la  Garonne,  entre  Toulouse  St  la  Réole,  partie  de  son  cours  où 
la  navigation  avait  alors  le  plus  de  difficultés,  est  large  &  plat,  avec  un  fond 
de  gravier  très-épais  que  la  roche  perce  de  loin  en  loin.  Les  propriétaires 
riverains  s'acharnaient  à  l'envi,  depuis  des  siècles,  à  élever  chacun  pour  soi 
des  ouvrages  destinés  à  rejeter  les  eaux  sur  la  rive  opposée.  La  rivière  ayant 
encore,  dans  cette  partie  de  son  cours,  un  caractère  torrentiel  fort  marqué, 
chaque  grande  crue  emportait  les  travaux  défensifs  de  la  berge  la  plus  faible, 
&  changeait  la  direction  des  eaux;  ces  déplacements  du  courant  se  reprodui- 
saient avec  des  alternatives  désastreuses,  aucun  point  ne  pouvant  être  fortifié 
sans  amener  la  ruine  des  ouvrages  construits  en  face.  De  tous  ces  efforts  con- 
tradictoires pour  la  protection  des  rives,  tour  à  tour  annulés  par  les  crues,  il 
n'était  resté  qu'un  nombre  infini  de  piquets  plus  ou  moins  saillants,  qui 
ajoutaient  aux  difficultés  de  la  navigation;  les  eaux  ne  s'étaient  d'ailleurs 
jamais  creusé  un  nouveau  lit  sans  découviirdes  bancs  de  rochers,  transformés 
en  autant  d'écueils.  A  ces  obstacles  s'ajoutaient  les  moulins  à  nef,  placés  par 
les  propriétaires  au  milieu  du  courant,  de  façon  à  barrer  complètement  le 
passage  dans  les  eaux  les  plus  vives  &  les  plus  profondes. 

Pour  remédier  à  ces  inconvénients,  il  paraissait  chimérique  d'entreprendre 
l'alignement  de  la  Garonne  &  de  resserrer  ses  eaux  par  des  ouvrages  con- 
tinus, sur  ce  large  fond  de  gravier  où  elle  a  coutume  de  promener  ses  caprices, 
8<.  dont  la  possession  était  si  avidement  disputée  par  les  riverains. 

A  la  suite  d'un  rapport  de  M.  de  Lafage,  syndic  général,  qui  recommandait 
le  mémoire  de  la  chambre  de  commerce  à  l'attention  des  États,  l'assemblée 
diocésaine  rédigea  un  projet  en  six  articles,  sur  la  proposition  de  l'archevêque 
de  Toulouse  : 

1°  Elle  demandait,  vu  l'insuffisance  du  régime  en  vigueur  &  celle  des 
fonds  alloués  par  le  roi,  que  l'entretien  de  la  Garonne,  dans  le  territoire  de 
Languedoc,  fût  à  la  charge  de  la  Province; 

2°  Qu'un  fonds  annuel  fût  fait  dorénavant  par  les  États,  en  commençant 
par  quinze  mille  livres  pour  les  ouvrages  nécessaires  à  l'embouchure  du  canal  ; 
il  3°  Que  les  commissaires  du  haut  Languedoc  en  fissent  dresser  le  devis 
laussitôt  après  la  fin  des  Etats  ; 

'  Procès-verbal  des  États.  Séance  du   i5  décembre  1774. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1^77   ' 

4°  Que  le  directeur  des  travaux  publics  étudiât  le  cours  de  la  rivière  dans 
tout  le  territoire  de  Languedoc,  &  sur  les  deux  rives,  qu'elles  appartinssent 
ou  non  à  la  Province,  avec  prière  au  roi  de  lever  les  entraves  administratives, 
s'il  y  en  avait; 

5°  Que  pour  empêcher  les  riverains  de  nuire  au  succès  de  l'entreprise,  on 
arrêtât  un  règlement  général  de  la  navigation,  contenant  à  la  fois  les  obliga- 
tions réciproques  des  propriétaires  8;  les  prescriptions  de  police  qui  en  garan- 
tiraient l'accomplissement; 

6°  Enfin  qu'on  priât  le  roi  d'étendre  les  mêmes  précautions  au  cours  infé- 
rieur de  la  Garonne,  afin  que  les  eftorts  des  Etats  ne  fussent  pas  rendus 
inutiles  &  la  communication  des  mers  interrompue  par  l'inertie  des  autres 
provinces. 

M.  Garipuy,  directeur  des  travaux  publics,  déjà  cliargé  des  travaux  du 
canal,  se  vit  confier  le  soin  de  vérifier  l'état  des  lieux  Se  de  réunir,  d'accord 
avec  les  syndics  généraux,  tous  les  éléments  de  l'information'. 

Le  contrôleur  général,  avant  de  statuer,  envoya  sur  les  lieux  M.  de  Voglie, 
inspecteur  général  des  ponts  8c  chaussées,  pour  faire  la  visite  de  la  Garonne, 
de  concert  avec  M.  Garipuy  que  les  Etats  avaient  chargé  de  la  navigation. 
L'inspecteur  vint  à  Toulouse  à  la  fin  du  mois  de  septembre  1773,  Jk  pressé 
par  d'autres  occupations,  n'eut  que  le  temps  de  voir  les  cartes  que  M.  Garipuy 
avait  fait  lever  du  cours  de  la  Garonne  depuis  Toulouse  jusqu'à  l'embou- 
chure du  Tarn.  Pour  ne  pas  retarder  l'entreprise,  les  deux  ingénieurs  passè- 
rent une  convention  provisoire,  sous  le  bon  plaisir  du  ministre  &  des  Etats, 
en  attendant  les  résolutions  qui  devaient  être  prises  par  suite  de  la  visite 
générale. 

Cette  convention  portait  qu'il  serait  levé  des  cartes  de  la  Garonne  pour 
toutes  les  parties  de  son  cours  qui  en  étaient  encore  dépourvues; 

Que  les  ouvrages  à  faire,  dans  le  lit  du  fleuve  ou  sur  ses  bords,  voulant 
être  conçus  d'ensemble,  devaient  être  dirigés  par  la  même  personne,  sous  la 
même  autorité  Si  payés  sur  une  caisse  unique; 

Qu'en  vertu  de  ce  principe,  on  diviserait  le  cours  de  la  Garonne  au-dessous 
de  Toulouse  en  trois  départements  :  de  Toulouse  au  Tarn,  —  du  Tarn  à 
Port-Sainte-Marie,  —  de  Port-Sainte-Marie  à  l'Océan,  ces  trois  départements 
répondant  aux  limites  du  Languedoc  &  des  généralités  d'Auch  £<.  de  Bor- 
deaux; 

Enfin,  que  l'ordre  à  établir  exigeant  du  temps,  8c  la  navigation  se  trouvant 
entravée  entre  Toulouse  8c  le  Tarn  par  quelques  passages  dangereux,  M.  Ga- 
ripuy ferait  exécuter  par  provision  les  travaux  indispensables,  sans  préjudice 
des  résolutions  ultérieures. 

Une  ordonnance  du  roi,  préparée  par  le  comte  de  Saint-Germain,  établit 
une  répartition  plus  exacte  Se  mieux  proportionnée  dans  la  distribution  ties 
gouvernements  8c  commandements  de  place.  Le  roi  avoit,  «  dit  le  préambule, 

'  Procès-verbal  des  Etats  cle  Languedoc.  Séance  du  5  janvier  1775 


1770 


1776 


"[""^ 1:78  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR    LE  LANGUEDOC. 

«  remarqué,  que  dans  les  emplois  d'un  même  ordre,  ceux  du  plus  grand 
(1  produit  ne  sont  pas  toujours  les  plus  importans,  ni  ceux  qui  exigent  le  plus 
«  de  représentation  &  de  dépense  de  la  part  des  officiers  qui  en  sont  pourvus, 
«  &  que  plusieurs  de  ces  emplois  réunis  sur  une  même  tête,  étoient  devenus 
«  le  partage  d'un  seul,  tandis  qu'ils  auroient  dû  être  la  récompense  Se  opérer 
(i  le  bien-être  de  plusieurs.  « 

Ces  diverses  charges  «  étant  des  grâces  militaires  qui,  en  prouvant  la  con- 
«  fiarice  du  prince  ajoutent  à  la  fortune  èi.  augmentent  la  considération,  ces 
«  grâces  dévoient  être  la  récompense  des  talens,  des  longs  services  &  des 
Il  actions  distinguées,  81  en  les  divisant  en  différentes  classes,  on  établiroit 
<(  des  limites  aux  prétentions,  8c  formeroit  des  objets  d'émulation  pour  les 
«  différens  grades  de  l'état  militaire.  Convaincue,  d'ailleurs,  que  toutes  les 
«  parties  de  l'administration  doivent  avoir  des  règles  fixes,  Sa  Majesté  s'est 
«  déterminée  à  en  prescrire  à  sa  bienfaisance  même.  » 

Le  nombre  des  gouvernements  génératix  de  province  demeura  fixé  à  trente- 
neuf,  dont  dix-huit  à  soixante  mille  livres  8c  vingt  8c  un  à  trente  mille  livres. 
Les  premiers  ne  pouvaient  être  accordés  qu'à  des  maréchaux  de  France j 
les  seconds  à  des  lieutenants  généraux. 

La  Province  de  Languedoc,  étant  une  des  plus  grandes  du  royaume,  se 
trouva  naturellement  comprise  dans  les  premiers. 

Aux  gouvernements  généraux  furent  réunis  plusieurs  gouvernements  par- 
ticuliers dont  l'inutilité  était  reconnue. 

On  n'en  laissa  subsister  que  cent  quatorze  pour  toute  la  France,  dont 
vingt-cinq  de  première  classe  à  douze  mille  livres,  vingt-cinq  de  seconde  à 
dix  mille,  8c  soixante-quatre  de  troisième  à  huit  mille.  Ces  places  ne  pou- 
vaient être  données  qu'à  des  officiers  généraux,  sauf  que  celles  de  troisième 
pouvaient  être  accordées  à  des  officiers  ayant  obtenu  le  grade  de  brigadier 
après  de  longs  services. 

Pour  les  lieutenances  générales  8c  lieutenances  du  roi  dans  les  provinces, 
il  fallut  avoir  le  grade  de  lieutenant  général  des  armées. 

Il  fut  établi  invariablement  cent  soixante-seize  de  ces  charges,  trente-cinq 
de  première  classe  ayant  de  six  mille  à  seize  mille  six  cents  livres  d'appointe- 
ments, &c  cent  quarante  8c  une  de  deuxième,  de  deux  à  six  mille.  Il  fallut  être 
maréchal  de  camp  ou  brigadier  pour  la  première  classe,  lieutenant  colonel, 
major  ou  capitaine  de  grenadiers  pour  la  deuxième. 

Pour  être  major  ou  aide-major,  on  dut  être  au  moins  capitaine. 
La  suppression  devait  être  obtenue  par  extinction  des  titulaires  ou  par 
démission.   Les  commissions   en    survivance  étaient   respectées,  mais   le  roi 
déclarait  n'en  vouloir  plus  accorder. 

Le  même  officier  ne  pourrait  plus  posséder  deux  gouvernements  ou  em- 
plois. 

Les  pensions  accordées  sur  les  emplois  d'état-major  ne  devaient  plus  être 
payées  par  les  officiers  mais  par  l'État  8c  il  n'en  serait  plus  donné. 

Pour  les  gouvernements  dont  les  appointements  devaient  être  augmentés, 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1279 

ils  ne  seraient  remplis  que  quand  l'économie  résultant  de  la  suppression 
des  autres  fournirait  le  fonds  nécessaire. 

Le  nombre  des  gouvernements  particuliers  de  Languedoc  fut  fixé  à  huit, 
dont  un  de  première  classe  à  Montpellier,  quatre  de  seconde  à  Aigues-mortes, 
Alais,  fort  Brescou  Se  Cette;  cinq  de  troisième,  à  Sommières,  Nimes,  Pont- 
Saint-Esprit,  Saint-Hippolyte  &  Narbonne;  enfin  il  j  eut  trois  simples  com- 
mandants au  fort  de  Peccais,  au  château  de  Saint-André  de  Villeneuve-lès- 
Avignon  8c  au  château  de  Ferrières. 

Le  nombre  total  des  officiers  de  l'état-major  des  places  en  Languedoc  fut 
de  trente-six,  y  compris  le  gouverneur  général.  Les  places  de  Montpellier, 
Narbonne  81  Nimes  en  avaient  cinq  (gouverneur,  lieutenant  de  roi,  major, 
aide-major,  8c  sous-aide-major).  Celles  de  Pont-Saint-Esprit,  Alais  8c  Cette 
en  avaient  trois  :  lieutenant  de  roi,  major  8c  aide-major. 

Aigues-mortes,  Sommières,  Saint-Hippolyte  8c  le  fort  Brescou  d'Agde 
n'avaient  chacune  qu'un  gouverneur  8c  un  major. 

La  dépense  totale  des  traitements  de  l'état-major  des  places  en  Languedoc 
s'éleva  à  cent  quatre-vingt-neuf  mille  cent  livres. 

Les  grandes  réformes  économiques  de  Turgot,  qui  font  de  l'année  1776  une 
date  mémorable  dans  l'histoire  du  développement  national,  heurtaient  d'une 
façon  trop  directe  les  habitudes  invétérées  8c  l'amour  de  domination  des  corps 
officiels  de  la  Province  pour  n'en  être  pas  accueillies  avec  une  défaveur  mar- 
quée. En  supprimant  les  maîtrises  8c  jurandes,  le  ministre  de  Louis  XVI 
licenciait  toute  une  armée  de  petites  corporations  que  les  municipalités 
locales  8c  le  Parlement  de  Toulouse  s'étaient  accoutumés  à  régenter,  à  faire 
marcher  à  leur  gré,  8c  que  les  personnages  influents  considéraient  comme  une 
véritable  clientèle.  La  pensée  de  voir  le  travail  libre,  disséminé  sur  tous  les 
points  du  pays.  Se  les  travailleurs  de  tout  ordre  noyés  dans  la  masse  des  habi- 
tants, sans  pouvoir  les  saisir,  les  haranguer,  les  armer  de  bannières  8c  les 
poussera  la  suite  des  cortèges  dans  les  occasions  solennelles,  paraissait  odieuse 
aux  magistrats.  11  avait  fallu  que  le  roi  tînt  un  lit  de  justice  pour  faire  enre- 
gistrer l'édit  qui  affranchissait  le  travail  des  entraves  8c  des  servitudes  inven- 
tées par  les  maîtres  privilégiés,  8c  l'on  voit,  d'après  des  témoignages  contem- 
porains, que  la  réforme  était  reçue  avec  beaucoup  de  scepticisme. 

A  Toulouse,  il  se  produisit  un  cas  singulier.  A  l'occasion  de  la  procession 
du  17  mai,  laite  en  mémoire  des  événements  de  1662,  les  gens  de  métiers 
crurent  pouvoir  s'autoriser  de  l'édit  de  suppression  des  maîtrises  pour  refuser 
de  figurer  dans  la  cérémonie,  avec  des  pavillons  8c  des  cierges,  8c  de  porter 
les  châsses  de  Saint-Sernin.  Mais  le  Parlement  intervint  8c  rendit  un  arrêt, 
le  i5  mai,  enjoignant  à  tous  les  bayles  des  corporations  ouvrières  de  se  rendre 
à  huit  heures  du  matin,  le  jour  de  la  fête,  dans  l'église  de  l'abbaye,  pour  y 
recevoir  les  cierges  fournis  aux  frais  de  la  ville  8c  les  reliquaires,  8c  de  faire 
le  transport  des  châsses  à  travers  les  rues,  selon  la  louable  coutume.  La  même 
obligation  leur  fut  imposée  pour  la  fête  de  Pentecôte. 

Les  mémoires  du  Toulousain  Barthès,  que  nous  avons  fréquemment  cités 


1776 


'77Û 


i28o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

&  qui  offrent  l'avantage  de  traduire  avec  fidélité  les  sentiments  des  classes 
populaires,  montrent  bien  à  quel  point,  dans  la  capitale  du  Languedoc,  le 
peuple  était  opposé  d'instinct  à  toutes  les  formes  du  progrès,  à  toutes  les 
innovations  dictées  par  l'expérience  S<.  par  la  raison.  Il  faut  lire,  par  exemple, 
ses  lamentations  sur  l'ordonnance  de  l'archevêque  Loménie  de  Brienne  inter- 
disant les  sépultures  dans  les  églises  &  dans  l'intérieur  des  villes,  &  sur 
l'édit  royal  qui  généralisa  cette  prohibition. 

L'annaliste  prétend  que  les  milliers  de  morts  enterrés  dans  les  églises  depuis 
des  siècles  n'avaient  jamais  causé  de  mal  à  personne,  quoiqu'on  eût  vu,  dit-il, 
«  des  exhumations  de  cadavres  à  moitié  pourris.  »  Il  s'émeut  de  la  dépense 
que  nécessitera  l'achat  des  terrains  destinés  à  servir  de  cimetières,  8c  s'apitoie 
sur  le  nombre  de  communautés  «  ruinées  par  la  perte  des  sépultures  »  &  sur 
la  consternation  des  vivants,  condamnés  à  ne  pas  pouvoir  mêler  leurs  os  à 
ceux  de  leurs  pères  ' . 

Cette  même  année  1776,  les  Etats  prirent  vine  importante  résolution  :  ils 
décidèrent  l'impression  de  leurs  procès-verbaux.  La  proposition  en  fut  faite, 
dans  la  séance  du  5  décembre,  par  l'archevêque  de  Narbonne,  président. 

Les  États,  dit-il,  avaient  depuis  longtemps  déterminé  que  les  procès- 
verbaux  de  leurs  assemblées  seraient  transcrits  8<  que  chaque  diocèse  de  la 
Province  en  recevrait  une  copie,  afin  que  les  administrateurs  diocésains  y 
prenant  connaissance  de  la  nature  des  affaires  traitées  aux  Etats,  de  leurs 
décisions  8<.  des  règlements  qui  y  étaient  délibérés,  fussent  à  portée  d'en  saisir 
l'esprit  &.  d'en  assurer  l'exécution. 

Ces  sages  résolutions  n'avaient  pu  produire  les  avantages  que  l'assemblée 
s'en  était  promis.  Le  petit  nombre  des  copies,  dont  une  seule  était  envoyée 
dans  chaque  diocèse,  les  difficultés  que  présentait  l'obligation  d'en  aller 
prendre  connaissance  au  seul  greffe  où  cette  copie  était  déposée,  &.  enfin 
l'impossibilité  d'obtenir  des  copies  exactes  8<.  correctes,  contrariaient  absolu- 
ment la  volonté  des  Etats. 

Les  députés  des  diocèses  portaient  chaque  année  des  plaintes  sur  ce  sujet, 
&  ces  plaintes  étaient  fondées.  Les  greffiers  de  la  Province  en  reconnaissaient 
l'exactitude,  mais  ils  représentaient  en  même  temps  les  obstacles  presque 
insurmontables  qu'ils  trouvaient  à  mieux  iaire  :  l'énormité  du  volume  des 
procès-verbaux  qui  augmentaient  chaque  année,  le  défaut  de  bons  copistes 
pouvant  ou  voulant  se  livrer  à  ce  travail  ingrat,  l'impossibilité  de  revoir  & 
de  collationner  toutes  ces  copies  sur  l'original,  surtout  dans  le  court  espace  de 
temps  donné  pour  faire  cette  opération,  toutes  les  copies,  au  nombre  de  près 
de  quarante,  devant  être  remises,  soit  au  greffe  des  commissaires  du  roi,  soit 
aux  syndics  généraux,  soit  dans  chaque  diocèse,  avant  la  tenue  de  l'assiette. 
Ainsi,  l'arrangement  ordonné  par  les  Etats,  qui  parut  facile  à  exécuter  dans 
son  origine,  était  devenu  de  plus  en  plus  impraticable. 

L'archevêque-président  se  fondait  sur  ces  raisons  pour  proposer  aux  Etats 

■  Heure!  perdues  de  Pierre  Barih'es,  VII,   pp.  58   &  109, 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1281 

de  remédier  à  des  inconvénients  reconnus  de  tous,  en  assurant  aux  adminis- 
trateurs des  diocèses  une  connaissance  prompte  8c  exacte  des  délibérations  de 
l'assemblée.  On  était  certain  d'y  parvenir  sans  peine  en  déterminant  que 
les  procès-verbaux  seraient  à  l'avenir  imprimés  à  deux  cents  exemplaires,  les 
Etats  se  réservant  de  désigner,  le  cas  échéant,  les  délibérations  qui,  devant 
demeurer  secrètes,  ne  seraient  pas  remises  à  l'imprimeur. 

Ce  nombre  d'exemplaires  ne  paraîtrait  point  trop  considérable  si  l'assem- 
blée se  portait  à  décider,  comme  l'archevêque  l'y  exhortait,  à  en  faire  distri- 
buer plus  d'un  dans  chaque  diocèse.  Outre  celui  qui  devait  rester  déposé  au 
greffe,  il  semblait  convenable  d'en  donner  à  l'évêque,  à  chaque  baron,  au 
syndic  du  diocèse  Se  au  greffe  de  la  ville  épiscopale,  &  de  laisser  les  autres 
dans  les  archives  de  la  Province  à  la  disposition  du  président. 

M.  Dillon  ajouta  que  si  les  Etats  approuvaient  ce  projet,  ils  pourraient 
charger  les  syndics  généraux  de  traiter  avec  l'imprimeur  de  la  Province  pour 
les  frais  de  ce  travail.  L'entier  manuscrit  lui  serait  livré  huit  jours  au  plus 
tard  après  la  séparation  des  Etats,  avec  défense  à  l'imprimeur  d'en  distribuer 
aucun  exemplaire,  sous  peine  de  destitution. 

L'assemblée  déclara  qu'elle  applaudissait  à  la  sagesse  des  vues  du  président, 
le  remercia  de  l'attention  qu'il  voulait  bien  donner  aux  moindres  détails  pour 
améliorer  l'administration  provinciale,  8t  résolut  qu'à  l'avenir,  8t  à  commencer 
par  le  procès-verbal  de  la  session  courante,  les  délibérations  des  Etats  seraient 
imprimées  au  nombre  de  deux  cents  exemplaires  pour  chaque  année,  les  États 
se  chargeant  de  réserver  les  délibérations  secrètes  qui  ne  devraient  pas  être 
imprimées. 

Le  greffier  de  tour  pour  tenir  le  procès-verbal  dut  dorénavant,  outre  l'ori- 
ginal toujours  fait  à  la  main  Si  signé  par  le  président,  donner  une  seconde 
copie  manuscrite,  corrigée  Se  coUationnée,  destinée  à  l'imprimeur.  Les  Etats 
laissèrent  aux  syndics  généraux  le  soin  de  traiter  avec  l'imprimeur  ordinaire 
de  la  Province,  en  stipulant  c[u'il  serait  tenu  «  d'employer  de  beau  papier  Si 
«  de  bons  caractères.  » 

La  série  des  procès-verbaux  des  Etats,  commençant  au  28  novembre  1776, 
s'est  continuée  jusqu'à  la  Révolution.  Ces  recueils  furent  imprimés  avec  soin, 
en  grand  format,  avec  des  dates  en  tête  de  chaque  page,  des  indications  mar- 
ginales facilitant  les  recherches,  une  table  chronologique  des  séances  £<.  des 
tables  méthodiques  indiquant  par  le  menu  les  travaux  des  diverses  commis^ 
sions. 

On  sait  qu'une  vérification  générale  du  cours  de  la  Garonne,  de  Toulouse 
à  Bordeaux,  devait  être  faite  en  1776  par  M.  de  Voglie,  inspecteur  général 
des  ponts  &  chaussées,  8<.  par  les  ingénieurs  particuliers  d'Auch  8c  de  Bor- 
deaux, conjointement  avec  M.  Garipuy.  La  longue  maladie  de  M.  de  Voglie, 
suivie  de  sa  mort,  Se  le  temps  que  prit  le  ministre  pour  lui  désigner  un  suc- 
cesseur, firent  différer  cette  opération. 

Le  directeur  des  travaux  de  la  Province  visita,  pendant  l'année  1777,  la 
partie  de  la  rivière  comprise  entre  Toulouse  8c  le  confluent  du  Tarn,  6t  y 

xm.  81 


1776 


.■777 


~^         1282  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

construisit  divers  travaux,  consistant  surtout  en  épis  ou  clayonnages  destinés 
à  réunir  toutes  les  eaux  en  un  seul  lit,  en  fermant  les  bras  déjà  formés  ou 
près  de  s'puvrir,  en  resserrant  les  berges  quand  elles  étaient  trop  éloignées  St 
en  écartant  le  courant  des  roches,  où  les  bateaux  risquaient  de  se  briser. 

Dans  le  cours  de  sa  visite,  l'ingénieur  rencontra  une  barque  chargée  des- 
cendant la  Garonne  pour  aller  à  la  foire  de  Bordeaux,  qui  avait  si  rudement 
heurté  contre  les  rochers  de  Verdun  qu'elle  s'entr'ouvrit  &  se  fût  perdue  sans 
un  prompt  secours. 

Ces  accidents  se  produisaient  fréquemment^  les  moulins  flottants  attachés 
près  des  bords  causaient  aussi  d'autres  dangers;  l'état  des  berges  rendait  le 
halage  très-difficile,  81  l'on  signalait  chaque  jour  les  obstacles  qu'opposaient  à 
"la  navigation,  tantôt  les  roches  découvertes  par  les  déviations  du  courant, 
tantôt  les  atterrissements  de  nouvelle  formation,  tantôt  même  les  troncs  d'ar- 
bres que  les  grandes  eaux  charriaient  au  hasard  &  qui ,  s'accumulant  sur 
certains  points,  y  créaient  de  véritables  écueils. 

Les  États  votèrent  vingt-cinq  mille  livres  pour  les  travaux  de  1778,  Si 
redoublèrent  d'instances  auprès  du  ministre  pour  donner  suite  au  projet  de 
vérification  générale'. 

Dans  les  premiers  jours  de  l'année  1777,  à  la  fin  des  États,  les  princi- 
paux négociants  de  la  ville  de  Ganges,  alarmés  de  la  cherté  croissante  du 
bois  de  chauffage  qui  menaçait  d'interrompre  le  travail  des  filatures,  prièrent 
M.  de  Gensanne  de  chercher  dans  les  environs  si  le  sol  ne  contenait  pas  de 
houillères,  8c  firent  appuyer  leurs  démarches  par  M.  de  Joubert.  Des  son- 
dages pratiqués  à  Souhalou,  près  de  Sumène,  à  demi-lievie  de  Ganges,  ame- 
nèrent la  découverte  de  quelques  filons. 

Peu  de  jours  après,  sur  l'invitation  de  M.  de  La  Chadenède,  syndic  du 
pays  de  Vivarais  &  préposé  du  prince  de  Soubise,  M.  de  Gensanne  alla 
présider  à  l'ouverture  d'une  nouvelle  mine  près  de  la  Voulte.  Les  premiers 
travaux  accomplis  sous  sa  direction,  il  alla  étudier  les  montagnes  du  Mezin, 
où  il  reconnut  un  gisement  houiller  près  de  Saldines,  au-dessus  de  Dornas, 


'Voici  les  points  où  furent  exécutés  les  travaux  Autres  dans  le  terroir  de  Castelsarrasin  (Prades 

en  1777,  outre  les  simples  réparations  :  &  Bordebasse). 

Au-dessous  du   moulin   de  Bourassol,  rive  gau-  Les    travaux    faits    de    1776    à    1777    coûtèrent 

elle  j  prolongation  d'anciens  épis  &  création  d'un  5o  074  livres,  sans  y  comprendre  4600  livres  pour 

nouveau  entre  le  château  &  le  village  de  Blagnac,  les  appointements   des   inspecteurs.   (La    Province 

traînée  pour  rejeter  les  eaux  sur  la  droite;  avait    pour    ces    trois    années    fait    un    fonds   de 

Destruction    de   roches   au-dessus   de    Blagnac,  65  000  livres '.) 
dans   la  nouvelle  direction   prise  par  les  crues  du  En   1781  des   traînées   à  plusieurs   rangs  de  pi- 
printemps,    traînées   sur   la    droite   jusqu'aux    ra-  quets    furent   faites   dans   les  terroirs  de    Blagnac, 
miers  de   Fenouillet,   pour   réunir   les   eaux   dans  Fenouillet,  Bauzelle,  Gagnac  &  Saint-Jory. 
un  seul  lit  &  éloigner  la   navigation  des  rochers  La  dépense  montait  à  i3  i3p  livres  i3  sols  1 1  de- 
avancés  (Puges  &  Saint-Jacques);  niers,  sans  y  comprendre  les  travaux  faits  depuis 

Autres  traînées  dans  les  terroirs  de  Gagnac  &  de  le  i'^''  novembre  pour  profiter  des  basses  eaux'. 
Saint-Jory  pour  masquer  une  gaure  de  1800  toises, 

appelée   le  Clot-d'Emburre,   appauvrissant   le  lit  .  Procùs-verbal  des  États.  Scance  du  3o  diccmbrc  1777. 

principal}  "  Procès-verbal  des  États.  Siiance  du  7  janvier  1782. 


LIV.  V,   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iiSS 

pavs  depuis  longtemps  dépouillé  d'arbres  &  dont  les  habitants  manquaient 
totalement  de  combustible. 

Il  revint  ensuite,  par  le  Gévaudan,  aux  mines  de  plomb,  cuivre  Se  argent 
de  Saint-Sauveur,  où  il  détermina  l'emplacement  Se  traça  les  fondations  de  la 
fonderie  8<.  des  autres  bâtiments  d'exploitation,  puis  retourna  surveiller  les 
travaux  de  Souhalou,  qui  promettaient  d'être  fructueux. 

Dès  le  mois  de  juillet  1777,  le  prix  du  bois  à  Ganges  avait  diminué  de 
près  de  moitié;  l'abondance  Si  la  qualité  du  minerai  faisaient  espérer  qu'on  en 
pourrait  faire  usage  à  Montpellier,  reliée  à  Ganges  par  une  très-bonne  route. 
D'ailleurs,  l'heureux  effet  de  la  découverte  se  faisait  déjà  ressentir  dans  la 
seconde  ville  de  la  Province  par  l'abaissement  du  prix  du  charbon  de  bois,  les 
marchands,  qui  ne  trouvaient  plus  le  débit  de  leur  bois  à  Ganges,  ayant  pris 
le  parti  de  le  convertir  en  charbon  6c  de  le  transportera  Montpellier. 

Après  avoir  tout  réglé  à  Souhalou,  M.  de  Gensanne  tut  appelé  à  Bise  par 
l'archevêque  de  Narbonne,  afin  d'y  surveiller  l'ouverture  de  houillères  que  la 
proximité  du  canal  semblait  rendre  particulièrement  précieuses. 

L'exploitation  mise  en  train,  M.  de  Gensanne  se  rendit  de  nouveau  à 
Saint-Sauveur,  où  les  fourneaux,  lavoirs  Se  canaux  furent  promptement  cons- 
truits. Il  y  demeura  depuis  le  commencement  du  mois  d'août  jusqu'à  la  fin 
de  l'année.  Se  son  fils  cadet,  qui  l'y  avait  suivi,  découvrit  une  mine  de  cuivre 
Se  d'argent. 

Au  mois  de  janvier  1778,  trois  galeries  étaient  en  activité. 

La  première  donnant  environ  cinquante  livres  de  plomb  8e  trois  onces 
d'argent  par  quintal;  la  seconde,  un  peu  plus  d'argent  Se  à  peu  près  autant 
de  plomb.  Se  la  troisième,  vingt  livres  de  cuivre  Se  plus  d'un  marc  Se  demi 
d'argent.  Ces  travaux  assuraient  la  subsistance  de  deux  ou  trois  villages  voi- 
sins, dont  la  population  avait  été  souvent  privée  du  nécessaire. 

D'importantes  contestations  appelèrent  à  la  même  époque  l'attention  du 
public  sur  les  houillères  du  diocèse  d'Alais. 

Un  arrêt  du  conseil  du  17  avril  1778  avait  accordé  à  M.  Tubeuf  la  per- 
mission exclusive  d'exploiter  pendant  trente  ans  les  mines  de  charbon  de 
terre  découvertes  Se  à  découvrir  dans  les  environs  d'Alais  Se  de  Saint-Ambroix, 
ainsi  que  dans  toute  l'étendue  des  terrains  situés  entre  le  Saint-Esprit,  Lau- 
dun,  Uzès,  Anduze,  Villefort,  Aubenas  8e  Viviers,  ayant  Barjac  au  centre. 

L'archevêque  de  Narbonne  Se  les  commissaires  du  diocèse  d'Alais,  auxquels 
le  concessionnaire  présenta  son  privilège,  ne  lui  dissimulèrent  pas  quelles 
réclamations  soulèverait  un  tel  monopole  dans  un  pays  où  l'exploitation  des 
charbonnages  datait  de  plus  de  quatre  cents  ans  Se  n'avait  jamais  échappé  aux 
conditions  ordinaires  de  la  propriété. 

M.  Tubeuf  ne  fit  pas  d'abord  usage  de  son  titre.  Les  commissaires  du  dio- 
cèse lui  facilitèrent  l'acquisition  d'un  terrain  situé  au  pied  de  la  montagne 
de  Montaud  8e  du  Mas-de-Bouat,  où  il  ouvrit  une  galerie  considérable.  Se  lui 
cédèrent  gratuitement  une  partie  de  chemin  abandonné  sur  la  même  mon- 
tagne, où  il  se  hâta  de  creuser  un  puits. 


'777 


'777 


1284  ETUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 

L'arrêt  du  conseil  demeura  près  de  trois  ans  sans  lettre  d'attache  de  l'in- 
tendance; cette  formalité,  indispensable  pour  le  rendre  exécutoire  dans  la 
Province,  ne  fut  remplie  qu'en  lyyS,  &  M.  Tubeuf  se  contenta  d'utiliser  son 
titre  dans  quelques  procès  particuliers  avec  ses  voisins  qui  lui  demandaient 
des  réparations  de  dommages. 

Cependant,  la  partie  supérieure  de  la  montagne  était  exploitée  par  les 
frères  Drulhon,  charbonniers.  M.  Tubeuf  se  plaignit  que  leurs  travaux  plon- 
geaient dans  ses  propres  galeries,  qu'ils  étaient  hasardeusement  dirigés  &. 
compromettaient  l'ensemble  des  opérations.  Sur  sa  requête,  l'intendant  con- 
damna les  frères  Drulhon  &  vingt  autres  propriétaires  ou  fermiers  des  mines 
de  Montaud  à  fermer  à  chaux  Se  à  sable  toutes  les  ouvertures  qu'ils  avaient 
pratiquées  dans  la  montagne. 

L'ordonnance  fut  immédiatement  exécutée. 

Toute  concurrence  étant  ainsi 'empêchée,  le  commis  de  M.  Tubeuf  tripla 
le  prix  des  charbons  inférieurs  employés  par  les  chaufourniers.  Ceux-ci 
n'allumèrent  plus,  la  cherté  du  combustible  ne  leur  permettant  pas  de  livrer 
la  chaux  au  prix  ordinaire,  ce  qui  jeta  l'émoi  parmi  les  maçons  d'Alais  S<. 
détermina  une  plainte  générale  des  habitants.  Les  consuls,  joints  aux  pro- 
priétaires Si  fermiers  des  mines,  sollicitèrent  l'intervention  des  commissaires 
diocésains. 

Inquiet  de  cet  éclat,  M.  Tubeuf  se  hâta  de  rétablir  l'ancien  prix  de  deux 
sols  par  quintal  pour  les  charbons  intérieurs,  8t  othit,  en  outre,  d'assurer  aux 
habitants  d'Alais  une  réduction  d'un  sol  sur  les  charbons  destinés  à  leurs 
usages  domestiques.  Mais  comme  la  transaction  du  5  septembre  1634  assurait 
aux  gens  d'Alais  le  droit  de  s'approvisionner  pour  leurs  besoins  particuliers 
dans  les  mines  exploitées  par  les  fermiers  du  comté  d'Alais,  à  raison  de  deux 
sols  six  deniers  par  charge  de  mulet,  la  proposition  parut  insuffisante,  81  l'af- 
faire fut  portée  devant  les  Etats, 

M.  de  Breteuil,  évêque  de  Montauban,  qui  en  fit  le  rapport,  adoptant  les 
conclusions  du  syndic  diocésain  d'Alais,  dénonça  la  concession  de  Tubeuf 
comme  portant  atteinte  aux  privilèges  de  la  Province,  où  le  droit  écrit  attri- 
buait aux  propriétaires  de  la  superficie  du  sol  la  propriété  de  toutes  les 
matières  souterraines. 

Il  rappela  que  le  dixième  réservé  par  les  rois  sur  les  substances  métalliques 
ne  s'appliquait  pas  plus  au  charbon  de  terre  qu'aux  marbres,  pierres,  marnes 
&  craies; 

Que  l'édit  de  juin  1601  l'en  exemptait  expressément,  &  que  l'arrêt  du 
conseil  du  i3  mai  1698  en  permettait  la  libre  exploitation,  même  sans  autori- 
sation préalable,  &  sans  tenir  compte  des  privilèges  antérieurement  accordés; 

Que  si  l'arrêt  du  14  janvier  1744  exigeait  la  permission  du  contrôleur 
général  pour  l'ouverture  des  nouvelles  mines  &  la  déclaration  aux  intendants 
pour  l'exploitation  des  anciennes,  cette  mesure  n'était  qu'une  loi  de  police 
pour  empêcher  le  mauvais  emploi  de  biens  à  la  conservation  desquels  le 
public  est  intéressé,  mais  n'altérait  en  rien  le  droit  des  propriétaires; 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1285 

Que,  d'ailleurs,  les  houillères  d'Alais  étant  exploitées  depuis  plus  de  quatre 
cents  ans,  mentionnées  par  les  comtes  du  pays  dans  leurs  dénombrements  au 
roi,  &  par  eux  inféodées  ou  accensées  en  partie  à  leurs  vassaux  &.  à  leurs 
emphytéotes,  les  propriétaires  des  mines  de  Montaud,  attaqués  en  ce  moment 
par  M.  Tubeuf,  avaient  été,  sur  la  foi  de  titres  authentiques,  maintenus  par 
un  arrêt  du  conseil  du  26  septembre  1724  au  droit  de  les  exploiter,  contre  les 
prétentions  du  fermier  comtal. 

Il  fit  ressortir  que  le  monopole  privait  les  propriétaires  des  mines  du  pro- 
duit de  leurs  biens  5  que  rien  n'empêcherait  ensuite  M.  Tubeuf  d'étendre  son 
ambition  jusque  sur  les  belles  &  riches  mines  du  comté  d'Alais,  de  la  Forêt 
&  de  la  Grand'Combe;  qu'il  serait  alors  maître  absolu  du  marché  St  ne  pour- 
rait même  suffire  à  l'exploitation. 

Quant  au  reproche  d'irrégularité  des  travaux  anciens,  on  n'en  contestait 
pas  la  justesse;  mais  l'attention  des  Etats,  secondée  par  l'expérience  de  M.  de 
Gensanne,  y  remédiait  chaque  jour;  &  l'on  pouvait  dire  que  la  prétention  de 
M.  Tubeuf  tendait  seulement  à  s'attribuer  les  fruits  de  plus  de  quatre  cents 
ans  de  travail,  à  rendre  inutiles  les  dépenses  faites  par  la  Province,  à  jouir 
seul  des  avantages  qu'elle  avait  voulu  procurer  à  tous,  81  à  détruire  cette  liberté 
8<.  cette  concurrence  qui  assurent  l'abondance  &  la  modicité  des  prix. 

Les  propriétaires  des  mines  de  la  Grand'Combe,  MM.  Deleuze,  de  Trouillas 
&  de  Villaret,  ayant  fait,  le  16  octobre  1777,  les  déclarations  prescrites  par 
l'arrêt  de  1744,  apprirent  deux  mois  plus  tard  que  leurs  exploitations  se  trou- 
vant comprises  dans  l'étendue  de  la  concession  accordée  à  M.  Tubeuf,  l'inten- 
dant devait  les  inviter  à  diriger  ailleurs  leurs  projets,  le  conseil  ne  pouvant 
autoriser  des  travaux  qui  devaient  porter  préjudice  à  une  entreprise  déjà 
formée  sous  son  autorité'. 

Le  marquis  de  Chambonas,  fils  de  Mademoiselle  de  Fontanges  Si  proprié- 
taire de  la  baronnie  de  Saint-Félix  par  suite  de  son  mariage  avec  la  prin- 
cesse de  Ligne,  héritière  des  Ric[uet,  ayant  laissé  à  son  fils  des  affaires 
embarrassées,  comme  il  arrivait  à  la  plupart  des  grands  seigneurs  du  temps, 
ses  terres  furent  vendues.  La  baronnie  de  Saint-Félix  de  Caraman,  qui  don- 
u^t  entrée  aux  Etats,  passa  ainsi  aux  mains  du  comte  de  Saint-Haon.  Ce 
gentilhomme  possédait  aussi  en  Veiai  une  terre  domaniale  considérable,  la 
Rodde  Saint-Haon,  érigée  en  comté  par  lettres  patentes  de  l'année  1769.  Il 
conçut  le  dessein  de  faire  transférer  sur  ce  fief  le  droit  d'entrée  aux  États 
attaché  à  la  terre  de  Saint-Félix.  Outre  la  satisfaction  d'amour-propre  qu'il 
recherchait  en  rehaussant  la  qualité  de  son  domaine  patrimonial,  le  comte 
de  Saint-Haon  attendait  de  cette  translation  un  avantage  plus  important, 
celui  de  partager  avec  le  vicomte  de  Polignac  la  représentation  de  la  noblesse 
du  Vêlai  &t  de  prendre  une  situation  exceptionnelle  aux  États  particuliers 
de  ce  pays. 

Les  États  appelés,  selon  l'usage,  à  émettre  un  avis  sur  ce  désir,  reconnu- 

'  Piocès-verbiil  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  3  janvier  1778. 


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1286  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

rent  que  la  terre  de  la  Rodde  Saint-Haon  remplissait  les  conditions  régle- 
mentaires pour  porter  le  titre  de  baronnie,  mais  jugèrent  opportun  de 
consulter  le  vicomte  de  Polignac. 

Celui-ci,  jaloux  de  la  dignité  solitaire  que  sa  maison  s'était  acquise  en 
Vêlai,  combattit  énergiquement  le  projet  de  translation.  Il  soutint  que, 
d'après  l'esprit  des  règlements,  il  ne  devait  y  avoir  qu'un  baron  dans  chaque 
diocèse,  les  dérogations  à  cette  règle  tolérées  par  les  États  produisant  des 
abus  qu'il  était  inutile  de  multiplier.  L'introduction  de  barons  nouveaux, 
dans  les  États  particuliers  lui  semblait  aussi  une  cause  de  jalousies  &  de  con- 
tradictions nuisibles  au  bien  public. 

De  son  côté,  le  comte  de  Saint-Haon  allégua  que  les  translations  de  baron- 
nies  étaient  un  fait  de  pure  administration,  nécessitant  l'adhésion  des  Etats, 
mais  non  pas  le  consentement  particulier  du  baron  diocésain,  en  se  fondant 
sur  ce  fait  que  chaque  baron  n'était  pas  le  représentant  d'un  diocèse  déter- 
miné, mais  de  toute  la  noblesse  de  la  Province,  leurs  fonctions  aux  Etats 
étant  communes  entre  eux.  Le  règlement  fait  par  les  États  en  1612  pour 
égaliser  les  suffrages  du  clergé  &  de  la  noblesse  en  admettant  autant  de 
barons  que  d'évêques,  la  création  de  la  baronnie  de  Tornac  en  1694  pour 
rétablir  la  symétrie  dérangée  par  l'érection  de  l'évêché  d'Alais,  lui  servaient 
d'arguments  à  l'appui.  Il  ajoutait  que  les  anciens  vicomtes  de  Polignac 
n'avaient  pas  toujours  absorbé  en  leurs  mains  la  représentation  de  la  noblesse 
du  Vêlai;  l'histoire  mentionnait  au  quinzième  siècle  la  présence  d'autres 
gentilshommes  du  même  pays  qui  partageaient  cet  honneur  avec  les  seigneurs 
de  Polignac,  &  un  vicomte  de  Polignac,  siégeant  aux  Etats  de  i5i2,  s'y  était 
donné  comme  ayant  procuration  des  nobles  du  pays,  circonstance  confirmée 
dans  l'assemblée  de  i520.  Il  citait  aussi  l'exemple  du  comte  d'Alais  qui, 
malgré  sa  préséance,  n'avait  pas  mis  obstacle  à  l'érection  de  la  baronnie  de 
Tornac. 

Sans  contester  le  caractère  de  représentation  solidaire  61  universelle  attribué 
à  tous  les  barons,  le  vicomte  de  Polignac  répondit  que  chacun  d'entre  eux 
était  cependant  plus  particulièrement  responsable  des  intérêts  de  son  diocèse. 
L'esprit  du  règlement  de  1612  n'était  pas  seulement  d'égaliser  les  suffrages 
des  deux  ordres,  mais  de  partager  la  situation  des  baronnies  de  façon  que 
chaque  baron  pût  faire  usage  de  sa  connaissance  particulière  des  forces  de 
son  diocèse. 

Il  défendit  surtout  sa  prérogative  d'être  seul  baron  aux  États  du  Vêlai,  pré- 
rogative qu'il  n'avait  jamais  partagée  avec  personne  Si  qui  relevait  encore  sa 
qualité.  C'est  à  ce  privilège  qu'il  devait  de  diriger  avec  l'évêque  &  le  premier 
consul  du  Puy  l'administration  particulière  du  pays,  l'offre  de  partage  ou 
d'alternative  faite  par  le  comte  de  Saint-Haon,  d'après  l'exemple  du  diocèse 
d'Alais  &  de  quelques  autres,  impliquant  pour  le  vicomte  de  Polignac  une 
diminution  de  pouvoir  qu'il  ne  croyait  pas  avoir  méritée. 

Quant  au  fait  des  procurations  données  en  d'autres  temps  par  les  nobles 
du  Vêlai,  le  vicomte  essayait  d'en  diminuer  la  portée  en  soutenant  que  ses 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1287 

auteurs  recevaient  seuls  la  lettre  de  convocation  du  roi,  8c  il  rappelait  l'acte 
d'association  conclu  au  mois  de  février  1577  par  les  trois  Etats  du  Vêlai  pour 
prouver  que  le  vicomte  de  Polignac  avait  toujours  été  considéré  comme  le 
chef  de  la  noblesse  du  pays.  Il  citait  enfin  la  gratification  de  trois  mille 
livres  qu'il  recevait  annuellement  du  roi,  non  comme  premier  opinant,  mais 
comme  vicomte. 

Les  commissaires  des  Ktats  reconnurent  que  dans  les  temps  reculés,  le 
nombre  des  députés  de  la  noblesse  n'étant  pas  déterminé  d'une  manière  fixe, 
les  nobles  du  Vêlai  étaient  dans  l'usage  de  députer  aux  Etats  où  siégeait 
aussi  en  son  nom  particulier  le  vicomte  de  Polignac,  mais  que  le  règlement 
de  1612,  observé  par  l'assemblée,  avait  maintenu  le  vicomte  dans  la  posses- 
sion où  il  était  depuis  près  de  trois  siècles  d'entrer  seul  aux  Etats,  sans  que 
le  pavs  de  Vêlai  eût  jamais  réclamé  contre  cette  prétendue  dérogation  à  un 
droit  public  &<.  imprescriptible. 

Ils  constatèrent  ensuite  que,  grâce  aux  changements  effectués  en  divers 
temps,  la  répartition  des  baronnies  dans  la  Province  présentait  la  plus  grande 
irrégularité.  Se  n'offrait  aucune  concordance  avec  les  divisions  diocésaines, 
puisque  huit  diocèses  n'avaient  aucune  baronnie,  dont  quatre  de  toute  ancien- 
neté :  Comminges,  bas  Montauban,  Rieux  8c  Saint-Pons,  &  quatre  autres 
par  translations  successives  :  Lodève,  Alet,  Lavaur  &  Carcassonnej  tandis 
que  le  seul  diocèse  de  Toulouse  comptait  trois  baronnies,  8c  ceux  d'Uzès,  de 
Béziers,  de  Montpellier,  de  Castres  en  avaient  deux.  Ils  reconnaissaient  aussi 
que  les  érections  de  baronnies  nouvelles  s'étaient  faites  sans  opposition  des 
barons  du  même  diocèse.  Mais  ces  précédents  ne  leur  paraissaient  pas  infir- 
mer le  droit  du  vicomte  de  Polignac  à  défendre  la  situation  particulière  que 
sa  maison  avait  prise  en  Vêlai  depuis  plusieurs  siècles,  les  usages  particuliers 
de  ce  pavs  étant  reconnus  par  les  Etats  qui  l'avaient  excepté,  ainsi  que  le 
Vivarais,  le  Gévaudan  8c  l'Albigeois  du  règlement  général  sur  l'assiette  diocé- 
saine 8c  sur  l'administration  annuelle. 

Le  consentement  des  Etats  fut  refusé  8c  le  vicomte  de  Polignac  demeura 
seul  maître  en  Vêlai  '. 

En  réalité,  l'affaire  était  moins  une  question  de  droit  qu'une  question 
d'influence;  car,  à  dire  vrai,  le  droit  strict  n'était  d'aucun  côté.  L'usurpation 
séculaire  commise  par  les  vicomtes  de  Polignac  au  détriment  des  nobles  du 
Vêlai  ressortait  du  témoignage  de  l'histoire;  mais  le  comte  de  Saint-Haon,  bien 
loin  de  réclamer  le  retour  à  l'antique  oligarchie  féodale,  se  bornait  à  demander 
en  sa  propre  faveur  une  part  de  l'usurpation  qu'il  dénonçait.  Les  États  ne  se 
trouvaient  point  liés  par  leurs  décisions  antérieures,  puiscjue  les  transferts  de 
baronnies  produisant  les  plus  grandes  dislocations  géographiques  avaient  tou- 
jours rencontré  en  eux  des  arbitres  complaisants.  Tout  se  réduisait  donc  au 
crédit  relatif  des  deux  rivaux.  Or  la  partie  n'était  pas  égale. 

En  déférant  à  l'opposition  du  vicomte  de  Polignac,  les  Etais  icnvoyaient 

■  Procis-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  9  décembre  1777. 


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I28B  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC.     - 

au  comte  de  Sainl-Haon  le  soin  de  présenter,  pour  asseoir  son  titre  de 
baronnie,  une  terre  située,  soit  dans  le  diocèse  de  Toulouse,  où  était  celle 
de  Saint-Félix,  soit  dans  l'un  des  huit  diocèses  de  la  Province  où  il  ne  se 
trouvait  point  de  baronnie. 

M.  de  la  Rodde  n'avait  point  de  biens  dans  ces  contrées,  &  l'état  de  sa 
fortune  ne  lui  permettait  pas  d'y  acquérir  un  domaine  portant  le  revenu 
réglementaire;  aussi  fit-il  de  nouvelles  démarches  auprès  des  États  pour 
obtenir  d'acheter  un  fonds  de  moindre  valeur  qui  serait  censé  uni  Si  incor- 
poré au  comté  de  Saint-Haon. 

L'objet  du  règlement  étant  de  lier  les  barons  à  l'intérêt  général  de  la 
Province  par  leur  intérêt  particulier,  M.  de  la  Rodde  comptait  en  satisfaire 
l'esprit,  sinon  la  lettre,  par  l'étendue  de  ses  possessions,  toutes  situées  en 
Languedoc.  Il  s'autorisait,  d'ailleurs,  de  la  jurisprudence  acceptée  par  les 
États  en  1771  pour  la  nouvelle  baronnie  de  Pierre-Bourg.  La  commission 
provinciale  déclina  cet  argument  sur  ce  que  l'acquisition  du  titre  de  baronnie 
faite  par  le  marquis  de  Bcrnis  était  antérieure  à  la  rédaction  du  règlement, 
le  revenu  des  terres  titrées  n'ayant  pas  été  fixé  par  les  anciennes  lois  des 
États. 

Le  comte  de  Saint-Haon  fut  ainsi  de  nouveau  mis  en  demeure  de  choisir 
les  arrangements  les  plus  convenables  pour  l'acquisition  d'un  domaine  rem- 
plissant les  conditions  exigées,  ce  qui  était  une  manière  d'écarter  indéfini- 
ment ses  prétentions'. 

L'intérêt  particulier  de  cet  épisode,  c'est  de  montrer  comment  l'aristocratie 
des  États  devenait  exclusive  &  fermée  à  mesure  que  les  mœurs  abaissaient  les 
anciennes  barrières  sociales.  11  semblait  que  les  privilégiés,  voyant  l'antique 
édifice  ébranlé  de  toutes  parts  Si  le  flot  du  tiers  état  prêt  à  pénétrer  partout, 
voulussent  tenter  un  effort  de  résistance  suprême.  Il  y  a,  quoi  qu'il  en  soit, 
une  opposition  bien  étrange  entre  le  mouvement  général  des  esprits  à  la 
même  époque  8c  le  courant  de  réaction  féodale  qui  se  manifeste,  soit  dans  les 
règlements  des  États,  soit  dans  les  ordonnances  militaires,  soit  dans  la  consti- 
tution des  municipalités.  On  eût  dit  que  chacun  voulait  concourir,  en  exagé- 
rant la  tension,  à  précipiter  la  crise  violente  qui  devait  tout  emporter. 
,  -3  L'esprit  de  rétorme  qui,  depuis  plusieurs  années,  s'attaquait  tour  à  tour, 

au  nom  des  principes  du  droit  &  de  la  justice,  à  toutes  les  formes  des  pou- 
voirs publics,  ne  ménageait  point  l'administration  municipale  de  Toulouse. 
Les  abus  qui  s'y  étaient  introduits  avaient  donné  lieu  à  des  réclamations 
extrêmement  vives,  dont  le  capitoulat  tut  alarmé  &  dont  il  chercha  vaine- 
ment à  détruire  l'influence  en  les  faisant  condamner  par  le  Parlement. 

Malgré  les  justifications  qui  furent  publiées  par  l'hôtel  de  ville,  le  gouver- 
nement s'inquiéta  de  l'état  des  faits  &  se  fit  adresser  des  mémoires  particu- 
liers. Il  résulta  de  cette  enquête  administrative  qu'il  restait  beaucoup  à  faire 
p'îur  améliorer  le  régime  de  la  commune.  La  faute  en  pouvait  revenir  à 

'  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  du  5  décembre  1778. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1280 

tous;  à  l'autorité  centrale,  qui  avait  trop  souvent  substitué  son  action  directe 
&  les  caprices  de  son  despotisme  aux  traditions  héréditaires  sanctionnées  par 
l'usage,  mais  surtout  à  l'abaissement  de  l'esprit  communal  &  de  la  moralité 
politique  dans  le  corps  municipal  lui-même,  qui  justifiait  presque,  par  son 
peu  de  dignité,  de  désintéressement  8c  d'honneur,  les  trop  fréquents  coups 
d'état  du  pouvoir  royal. 

Un    arrêt    du   conseil    d'Etat,    rendu   à  Versailles,   en    présence   du    roi 

.  Louis  XVI,  le  26  juin   1778,  sur  le  rapport  de  M.  Amelot,  donna  raison 

aux  censeurs  du  capitoulat  &  modifia  profondément,  pour  le  bien  du  service 

8c  plus  encore  pour  l'avantage  de  la  ville,  tout  ce  qui  survivait  de  l'ancienne 

organisation  municipale. 

Ce  nouveau  règlement,  qui  comprenait  trente-neuf  articles,  reconstituait 
sous  une  autre  forme  le  corps  capitulaire  8c  les  divers  conseils  administratifs. 

En  résumé,  il  concentrait  tous  les  pouvoirs  municipaux,  gérant  les  inté- 
rêts d'une  ville  de  cinquante  mille  habitants,  aux  mains  de  soixante-neuf 
personnes,  qui  formaient  le  corps  électoral  nommant  les  huit  capitouls  8c  les 
membres  des  divers  conseils  8c  commissions;  de  ces  soixante-neuf  personnes, 
cinquante-six  étaient  elles-mêmes  électives,  mais  ne  tenaient  leurs  mandats 
que  de  leurs  pairs  8c  gardaient  l'autorité  pendant  deux  ans,  se  renouvelant 
annuellement  par  moitié,  afin  de  maintenir  une  tradition  permanente.  Qua- 
torze d'entre  elles  devaient  appartenir  à  la  noblesse,  quatorze  à  la  classe  des 
anciens  capitouls,  8c  vingt-huit  étaient  prises  parmi  les  citoyens  notables. 
L'élément  non  électif  comprenait  huit  magistrats,  un  représentant  de  l'Uni- 
versité, qui  était  le  recteur,  8c  quatre  membres  du  clergé.  Sept  des  magistrats 
appartenaient  au  Parlement  :  c'étaient  le  premier  président,  quatre  conseillers 
députés  par  la  cour,  le  procureur  général  Se  l'un  des  avocats  généraux;  le 
huitième  officier  de  justice  était  le  lieutenant  criminel  de  la  sénéchaussée. 
Quant  au  clergé,  la  représentation  en  était  confiée  au  vicaire  général  de  l'ar- 
chevêque, au  vicaire  général  de  l'abbé  de  Saint-Sernin  Se  à  deux  chanoines, 
l'un  de  Saint-Étienne,  l'autre  du  chapitre  abbatial. 

L'ensemble  de  ces  soixante-neut  personnes,  source  unique  des  pouvoirs 
municipaux,  constituait  le  conseil  général,  assemblée  supérieure,  convoquée 
dans  quelques  rares  occasions  solennelles,  soit  pour  nommer  les  capitouls,  les 
divers  membres  électifs  de  conseils  8c  de  commissions,  8c  les  officiers  de  l'hôtel 
de  ville,  soit  pour  recevoir  les  comptes  du  trésorier,  soit  pour  entendre,  à  la 
fin  de  l'année,  le  compte  rendu  administratif  présenté  par  le  chef  du  consis- 
toire, cet  antique  testament  capitulaire  qui  avait  pris  depuis  quelque  temps, 
dans  les  annales  de  la  ville,  la  place  autrefois  réservée  aux  chroniques  de 
l'historiographe. 

Toutes  les  affaires  de  pure  administration  devaient  être  faites,  conformé- 
ment aux  règles  de  la  Province,  par  une  assemblée  appelée  conseil  poli- 
tique ordinaire,  8c  composée  de  quarante-six  membres  dont  trente-deux 
conseillers  électifs.  Tous  taisaient  partie  du  conseil  général;  l'université  Se  le 
clergé  n'y  figuraient  point,  pas  plus  que  le  lieutenant  criminel;  mais  la  cour 


1778 


~^ 1290  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

souveraine  y  demeurait  largement  représentée,  n'y  comptant  que  deux  con- 
seillers de  moins.  Le  droit  de  convoquer  le  conseil  politique  appartenait  aux 
capitouls.  Les  délibérations  n'en  étaient  valables  que  si  vingt-quatre  mem- 
bres au  moins  assistaient  aux  séances;  tous  les  membres  présents  devaient 
signer  au  procès-verbal. 

Le  corps  municipal  était  composé  de  huit  capitouls  électifs,  à  la  tête  des- 
quels était  placé,  avec  le  titre  de  chef  du  consistoire,  un  ancien  capitoul 
choisi  dans  l'ordre  des  avocats,  dont  le  roi  se  réservait  pour  toujours  la  nomi- 
nation. ■ 

Jusqu'à  cette  époque,  le  chef  du  consistoire  avait  toujours  été  l'un  des 
capitouls.  En  créant  sous  ce  nom  d'ancienne  tradition  toulousaine  une  sorte 
d'officier  royal  destiné  à  présider  les  séances  capitulaires,  le  gouvernement 
lui  confiait  d'une  façon  spéciale  tous  les  détails  de  la  police  &  se  réservait 
de  lui  régler,  pour  cette  raison,  un  traitement  pécuniaire. 

Deux  innovations  importantes  transformèrent,  d'ailleurs,  l'essence  même 
du  capitoulat  : 

La  première  était  l'abandon  du  vieux  système  de  représentation  de  la  ville 
par  quartiers  distincts,  système  qui  remontait  aux  origines  du  consulat,  qui 
avart  été  souvent  altéré  en  fait,  mais  toujours  maintenu  en  droit,  &  qui  pour- 
tant, par  la  succession  des  siècles  &  le  changement  des  conditions  de  la  vie 
sociale,  n'était  plus  guère  qu'une  fiction.  Ce  principe  de  la  représentation 
par  quartiers  avait  dominé  toute  l'organisation  municipale  de  Toulouse.  Cha- 
cun des  capitoulats,  des  antiques  partidas  de  la  commune  du  moyen  âge, 
cessa  d'être  une  personne  civile,  ayant  sa  vie  à  elle  &.  sa  délégation  particu- 
lière, soit  parmi  les  capitouls  eux-mêmes,  soit  dans  le  conseil  des  seize,  le 
conseil  de  bourgeoisie  &  le  conseil  général;  &  ces  personnalités,  autrefois 
vivantes  &  rivales,  désormais  reléguées,  avec  bien  d'autres  formes  de  la  société 
ancienne,  dans  les  souvenirs  de  l'histoire,  se  fondirent  sans  retour  pour  cons- 
tituer l'unité  définitive  de  la  commune.  Ce  n'est  plus  que  dans  la  perception 
des  impôts  &  dans  le  nombre  même  des  capitouls,  maintenu  à  huit  par  une 
sorte  de  respect  de  l'habitude,  sans  signification  précise,  qu'il  resta  quelque 
trace  de  l'ancien  ordre  de  choses.  Ainsi  se  modifiaient  chaque  jour,  par  le 
cours  irrésistible  des  années,  les  formes  les  plus  antiques  Se  le  caractère  fon- 
damental des  mœurs  populaires. 

La  seconde  innovation,  qui  présentait  une  contradiction  assez  étrange  avec 
le  courant  des  idées  égalitaires  8c  philosophiques  alors  accueillies  en  France 
avec  un  entraînement  général,  fut  l'introduction  des  gentilshommes  dans  le 
capitoulat.  Le  but  de  cette  réforme  était  de  rappeler  les  grandes  familles 
habitant  la  ville  aux  devoirs  de  l'administration  communale,  dont  elles 
recueillaient  les  avantages  &  dont  elles  avaient  depuis  longtemps,  par  dédain 
aristocratique,  répudié  les  charges  pour  les  abandonner  aux  petites  gens  qui 
ne  se  faisaient  faute  de  les  briguer.  A  ce  point  de  vue,  8c  malgré  les  dehors 
rétrogrades  de  la  nouvelle  création,  elle  pouvait  être  considérée  comme  un 
progrès  social,  en  ce  qu'elle  associait  aux  mêmes  travaux  les  classes  de  citoyens 


LIV.   V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1291 

les  plus  éloignées,  revêtant  du  même  uniforme  capitulaire  des  marquis,  des 
procureurs  Se  des  négociants.  Seulement,  comme  les  traditions  de  hiérarchie 
&  de  privilèges  étaient  encore  tout  à  fait  vivaces,  on  crut  devoir  les  affirmer 
par  des  distinctions  marquées.  Si  le  corps  municipal  fut  divisé  en  trois  classes. 
La  première  était  celle  des  capitouls  gentilshommes,  qui  avaient  la  préséance 
avec  le  chef  du  consistoire;  la  seconde,  celle  des  anciens  capitouls;  la  troi- 
sième, celle  des  notables  citoyens,  parmi  lesquels  on  comprenait  les  avocats 
ou  gradués  en  droit  &  en  médecine,  les  procureurs,  les  notaires,  les  chirur- 
giens, les  loyaux  négociants  immatriculés  à  la  bourse  &  les  bourgeois.  La 
première  81  la  deuxième  classe  avaient  chacune  deux  capitouls;  la  troisième 
en  avait  quatre. 

Les  élections  se  faisaient  par  classes,  au  sein  du  conseil  général,  sur  la 
présentation  d'un  nombre  double  de  sujets  par  les  capitouls  en  charge. 

La  réforme  des  conditions  d'éligibilité  détruisait  heureusement  un  des  abus 
les  plus  hautement  dénoncés  de  l'ancien  capitoulat,  cette  scandaleuse  chasse  à 
l'anoblissement  dont  tant  de  roturiers  appartenant  à  des  provinces  lointaines 
avaient  donné  le  spectacle,  véritable  opération  commerciale  qui  assurait,  au 
moyen  de  quelques  sacrifices  d'argent  &  d'une  résidence  éphémère,  quelque- 
fois même  entièrement  éludée,  les  avantages  de  la  noblesse  à  des  étrangers 
possesseurs  de  terres  dans  des  pays  où  la  nobilité  des  fonds  n'existait  pas 
comme  en  Languedoc,  &  où  la  qualité  seule  du  propriétaire  suffisait  à  le 
dégrever  de  l'impôt  foncier,  au  détriment  de  tous  les  autres  contribuables.  Il 
fallut  désormais,  pour  arriver  au  capitoulat,  être  né  à  Toulouse  ou  du  moins 
y  avoir  un  domicile  réel  81  effectif  depuis  dix  ans  sans  interruption;  8c  afin 
que  les  membres  du  corps  municipal  ne  fussent  pas,  au  moment  de  leur 
entrée  en  charge,  trop  complètement  étrangers  aux  affaires  dont  la  gestion 
leur  était  confiée,  on  exigea  qu'ils  y  fussent  initiés  par  une  préparation  plus 
ou  moins  longue.  Pour  les  gentilshommes  8c  les  anciens  capitouls,  dont  la 
situation  personnelle  ou  les  fonctions  passées  pouvaient  être  regardées  comme 
une  première  garantie,  cette  préparation  fut  limitée  à  deux  ans  de  service 
dans  le  conseil  ordinaire  pendant  les  huit  années  c[ui  précéderaient  l'élection. 
Les  citoyens  notables  formant  la  troisième  classe  durent  avoir  fait  partie  du 
même  conseil  pendant  quatre  ans  dans  l'espace  de  la  même  période.  Enfin, 
on  essaya  d'amoindrir  les  fâcheuses  conséquences  du  renouvellement  annuel 
des  magistrats  municipaux,  mobilité  dangereuse  pour  une  bonne  adminis- 
tration, en  portant  à  deux  ans  la  durée  de  leur  charge  81  en  les  faisant 
renouveler  annuellement  par  moitié,  afin  de  constituer  une  sorte  de  chaînon 
ininterrompu  6c  d'assurer  plus  d'expérience  8c  de  continuité  à  la  direction 
des  affaires  communales. 

On  ne  toucha  point  au  principe  de  l'anoblissement  par  le  capitoulat, 
malgré  tout  ce  qui  avait  été  dit  de  sévère  8c  de  juste  contre  un  usage  intro- 
duit par  la  tolérance  plutôt  que  par  la  faveur  royale,  perpétué  par  les  besoins 
du  trésor  8c  la  vanité  des  petits  bourgeois,  8c  dénoncé  depuis  bien  longtemps 
comme  une  des  causes  de  la  médiocrité  du  commerce  8c  de  l'industrie  à  Tou- 


1778 


"7"^ 1292  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

louse,  l'honneur  des  professions  laborieuses  en  étant  compromis,  8;  la  plupart 
des  familles,  arrivées  par  le  négoce  ou  le  travail  à  quelque  mince  pécule, 
n'avant  d'autre  ambition  que  de  répudier  leur  carrière,  de  vivre  noblement 
sans  fortune  à  l'abri  des  armoiries  municipales  &c  de  faire  souche  de  miséra- 
bles gentilshommes  au  lieu  de  grands  commerçants  ou  d'industriels  honorés. 

Du  moins  en  réduisant  à  quatre  le  nombre  de  capitouls  qui  ne  posséde- 
raient pas  la  noblesse  au  moment  de  leur  élection,  5c  en  faisant  durer  leurs 
services  pendant  deux  ans,  on  diminua  le  contingent  des  nouveaux  nobles 
que  le  capitoulat  versait  par  coupes  réglées  dans  la  société  toulousaine,  81 
jusqu'au  moment  où  la  Pvévolution  vint  détruire  toutes  choses,  il  ne  se  créa 
plus  à  Toulouse  que  deux  nobles  par  an. 

C'est  ainsi  que  le  passé  disparaissait  pièce  à  pièce  en  attendant  la  grande 
transformation  dont  le  moment  approchait. 

L'arrêt  du  26  juin  porta  un  coup  terrible  à  l'une  des  plus  chères  traditions 
du  capitoulat  toulousain,  où  la  bonne  chère  avait  été  en  si  grand  honneur, 
en  supprimant  les  festins  qui  se  donnaient  à  la  réception  de  chacun  des  capi- 
touls. On  interdit  en  même  temps  la  distribution  d'argent  qui  se  faisait  aux 
capitouls  sous  le  titre  de  franc  salé. 

La  somme  réglée  pour  les  dépenses  imprévues  fut  réduite  à  douze  mille 
livres  par  an.  Toutes  les  dépenses  au-dessus  de  cent  livres  durent  être  votées 
par  délibération  du  conseil  ordinaire  &  autorisées  par  l'intendant  de  la  Pro- 
vince, conformément  aux  règlements  généraux  de  Languedoc. 

Pour  la  préparation  des  affaires,  quatre  commissions  permanentes  furent 
instituées  ;  l'une  pour  les  affaires  contentieuses,  la  seconde  pour  les  affaires 
économiques,  la  troisième  pour  l'assiette  des  impositions,  la  dernière  pour 
l'audition  des  comptes  du  trésorier.  Les  éléments  des  trois  premières  commis- 
sions étaient  exclusivement  empruntés  au  conseil  ordinaire^  dans  la  qua- 
trième, on  ajoutait  huit  membres  choisis  dans  les  trois  classes  d'habitants  de 
la  ville.  Le  chef  du  consistoire  faisait  partie  de  toutes  les  commissions. 

Le  nombre  des  membres  de  la  commission  des  affaires  contentieuses  fut 
porté  à  treize,  dont  quatre  capitouls  en  exercice.  Si  quatre  anciens  capitouls 
qui  devaient  être,  autant  que  possible,  avocats  ou  gradués,  assistés  de  quatre 
conseillers  électifs  choisis  moitié  parmi  les  nobles,  moitié  parmi  les  notables. 

La  commission  des  affaires  économiques  compreneit  même  nombre  de  mem- 
bres; mais  avec  huit  conseillers  électifs  appartenant  aux  trois  classes.  E.lle 
avait  le  droit  de  voter  les  dépenses  inférieures  à  la  somme  de  cent  livres,  sauf 
à  les  faire  approuver  ensuite  par  le  conseil  ordinaire. 

Dans  la  commission  pour  l'assiette  des  impositions,  forte  de  dix-sept  per- 
sonnes, les  huit  capitouls  entraient  de  droit.  Il  y  avait,  comme  dans  la  pré- 
cédente, huit  conseillers  électifs;  le  syndic  de  la  ville  &  le  receveur  assistaient 
aux  séances,  mais  sans  voix  délibérative. 

Pour  l'audition  des  comptes  du  trésorier,  la  commission  avait  un  caractère 
tout  spécial.  Outre  la  représentation  des  trois  classes  d'habitants,  prise  en 
dehors  des  conseils   de   la  ville,  on  y  voyait   paraître  deux  conseillers  de 


LIV.  V.   LOUIS  XVI   ET  LA  REVOLUTION.  I2g3 

grand'chambie  du  Parlement  de  Toulouse,  le  procureur  général,  un  des  avo- 
cats généraux  St  le  juge-mage.  Le  syndic  de  la  ville  y  siégeait  mais  n'opi- 
nait pas. 

Tous  les  conseillers  électifs  des  quatre  commissions  étaient  nommés  par  le 
conseil  général,  sur  la  présentation  de  trois  sujets  par  place  faite  par  le  corps 
municipal. 

11  en  était  de  même  des  officiers  de  la  ville  dont  la  nouvelle  organisation 
limitait  le  nombre  à  quatre  :  syndic,  trésorier,  receveur  des  impositions  Se 
greffier.  La  survivance  accordée  au  fils  du  syndic  Dupuy  était  révoquée.  Le 
trésorier  devait  rendre  ses  comptes  annuels  à  la  commission  dans  les  trois 
mois  qui  suivaient  l'installation  des  nouveaux  capitouls;  le  conseil  général 
en  écoutait  le  rapport. 

Par  un  dernier  article,  le  roi  se  réservait  de  pourvoir  à  régler  le  nombre  !k 
les  fonctions  des  suppôts  de  l'hôtel  de  ville  sur  les  mémoires  qu'il  attendait. 

Telle  fut  la  nouvelle  &  dernière  forme  que  prit  l'organisation  municipale 
de  Toulouse,  après  toutes  les  péripéties  8c  toutes  les  altérations  que  le  régime 
-monarchique  Se  le  système  administratif  avaient  tait  subir  au  vieux  consulat. 
Les  événements  généraux  du  royaume  ne  devaient  laisser  à  l'acte  constitutif 
du  26  juin  qu'une  durée  de  onze  ans. 

Afin  de  faciliter  la  transition,  le  roi  s'était  réservé,  pour  une  fois  seulement 
&  sans  conséquence,  le  droit  de  nommer  à  toutes  les  places  électives  de  la 
nouvelle  administration.  Une  ordonnance  royale,  signée  à  Versailles  le  même 
jour  que  l'arrêt,  désigna  pour  chef  du  consistoire  le  sieur  Brassalières,  avocat, 
8c  pour  capitouls  les  marquis  de  Bélesta  Si  de  Gavarret,  Gouazé,  professeur 
en  droit,  Joulia,  ancien  prieur  de  la  bourse,  les  avocats  Senovert,  Gînesty  8c 
Monyer  Se  un  négociant  nommé  Sahuqué.  La  même  ordonnance  nommait 
les  membres  du  conseil  politique,  du  conseil  général  8c  des  commissions. 

Tout  ce  personnel  dut  entrer  immédiatement  en  fonctions  après  l'enregis- 
trement de  l'arrêt  à  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse,  prescrit  par  ordonnance  de 
l'intendant  le  22  juillet  1778.  M.  de  Saint-Priest  s'était  transporté  à  Toulouse 
pour  inaugurer  le  nouveau  régime'. 

L'ordonnance  du  roi  du  3i  décembre  1776,  concernant  le  corps  du  génie, 
avait  donné  lieu  en  Languedoc  à  quelques  difficultés  d'application,  par  suite 
de  l'usage  où  était  l'administration  provinciale  de  régir  indistinctement  tous 
les  travaux  publics.  Les  députés  des  États  Se  les  syndics  généraux  présentè- 
rent diverses  obsei^vations  au  ministère,  Se  un  règlement  particulier,  contre- 
signé du  prince  de  Montbarrey,  parut  à  Versailles  le  22  juillet  1778.  Le  roi 
s'v  était  proposé  de  faire  cesser  les  difficultés  existantes  Se  d'en  prévenir  de 
nouvelles,  en  déterminant,  d'une  manière  invariable,  les  ouvrages  qui,  à 
raison  de  leur  utilité  pour  le  commerce  général  8c  particulier  de  la  Province 
de  Languedoc,  devaient  être  administrés  par  les  Etats,  8c  ceux  qui,  se  ratta- 

'  Arrêt  du  conseil   d'Etat   du   roi  portant  règle-       M'  J.  Rayet,  imprimeur  de  monseigneur  l'infen- 
mtnt  pour  l'administration   municipale   de   la  ville       dant,  place  du  Palais.  |8  p.  in-A". 
de   Toulouse.  —  A  Toulouse,   de   l'imprimerie  de 


'77S. 


y^ 1294  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

chant  à  la  fortification,  pouvaient  intéresser  la  défense  Se  la  conservation  du 
pays  8t  devaient  en  conséquence  être  dirigés  &  administrés  uniquement  par 
les  officiers  du  corps  royal  du  génie. 

Le  port  de  Cette,  ses  quais,  jetées  &  autres  dépendances,  les  graux  d'Agde 
&  de  la  Nouvelle,  le  canal  des  Étangs,  &  en  général  tous  les  ports  8<.  canaux 
marchands,  demeuraient  abandonnés  k  la  gestion  des  États  de  la  Province, 
sans  l'intervention  du  génie,  Si  suivaient  la  condition  des  chemins,  chaus- 
sées, ponts  &  autres  travaux  publics.  Mais  les  ouvrages  défensifs,  destinés  à 
protéger  ces  ports  ou  ces  canaux,  étant  une  partie  importante  de  la  fortifica- 
tion, échappaient  à  l'administration  des  Etats,  pour  être  exclusivement  dirigés 
par  le  génie. 

Afin  d'éviter  que  dans  l'exécution  des  travaux  ordonnes  par  la  Province  il 
ne  fût  rien  fait  de  contraire  à  sa  sûreté  S<  aux  intérêts  de  la  défense,  toutes 
les  fois  que  ces  ouvrages  avoisineraient  la  côte  à  une  lieue  près,  ou  les  cita- 
delles Si  places  fortes  à  la  distance  de  cinq  cents  toises,  les  projets  devaient 
en  être  communiqués  par  les  États  au  ministre  de  la  guerre,  chargé  d'en 
faire  rapport  à  Sa  Majesté,  avant  de  permettre  un  commencement  d'exécution. 

Tous  les  ouvrages  pour  l'entretien  ordinaire  81  les  réparations  des  places, 
citadelles,  forts  ou  châteaux,  des  redoutes,  batteries,  tours  81  signaux  de  la 
côte,  à  raison  desquels  les  États  faisaient  chaque  année  un  fonds  en  bloc,  par 
forme  d'abonnement,  sur  la  demande  des  commissaires  du  roi,  étaient  confiés 
au  génie,  sans  que,  sous  prétexte  des  fonds  fournis  par  la  Province  pour  la 
dépense  annuelle,  les  États  pussent  s'immiscer  directement  ou  indirectement 
dans  l'administration  ou  dans  la  régie. 

A  l'égard  de  tous  les  autres  ouvrages  intéressant  la  fortification  Si  la  défense 
de  la  Province,  extraordinairement  ordonnés  par  le  roi,  d'après  le  compte  qui 
lui  aurait  été  rendu  par  le  ministre  de  la  guerre,  les  officiers  du  génie 
devaient  dresser  les  devis  estimatifs  des  dépenses  auxqixelles  ces  ouvrages 
pourraient  donner  lieu.  Les  commissaires  du  roi  aux  États  avaient  ensuite 
ordre,  par  un  article  spécial  de  leurs  instructions,  de  faire  deinande  à  l'as- 
semblée provinciale,  pendant  le  cours  de  la  session,  du  montant  intégral  ou 
partiel  de  la  dépense,  d'après  les  exigences  des  cas. 

Lorsque  les  ouvrages  déterminés  par  les  États  touchaient  aux  fortifications 
des  places,  81  devaient  y  amener  quelques  changements,  comme  il  arrivait 
par  exemple  pour  la  citadelle  du  Saint-Esprit,  à  cause  d'un  projet  d'adoucis- 
sement de  la  rampe  du  Rhône  autorisé  par  le  roi,  les  officiers  du  génie 
étaient  seuls  chargés  des  travaux  de  fortification  proprement  dits,  81  les  pré- 
posés des  États  des  autres  ouvrages,  après  en  avoir  donné  communication  au 
ministre'. 

La  question  de  l'amélioration  du  cours  de  la  Garonne  demeurait  toujours 
pendante. 

'  Recueil  des  édits,  déclarations,  arrêts  S-  ordon-        l'entretien   des  ouvrages  de  fortification  &  oiivra- 
iiances  pour   l'année   1778,   i"  i'5i.    Règlement  ar-        ges  publics  dans  la  province  de  Languedoc. 
Wié   par   le   roi,   concernant   les  constructions   & 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1:95 

M.  Tresaguet  remplaça  M.  de  Voglie,  mais  ne  se  hâta  point  de  reprendre 
l'œuvre  interrompue.  Deux  projets  furent  arrêtés  au  ministère  pour  la  démar- 
cation des  départements  de  la  Garonne.  Ces  deux  projets  embrassaient  toute 
l'étendue  de  la  rivière,  de  Saint-Béat  à  Bordeaux;  mais  ils  morcelaient  l'un 
£c  l'autre  le  département  de  Languedoc  en  le  terminant  à  Verdun.  MM,  de 
La  Fage  &  Garipuy,  consultés,  s'en  plaignirent  &  la  commission  des  travaux 
publics  du  haut  Languedoc  appuya  les  réclamations  qu'ils  adressèrent  sur  ce 
point  à  M.  de  Cotte.  Le  ministre  i"épondit  que  les  arrangements  proposés 
pouvaient  subir  toutes  les  modifications  convenables  qui  seraient  arrêtées  par 
l'inspecteur  général  8c  autorisées  par  le  conseil  d'Etat. 

M.  Tresaguet  arriva  à  Toulouse  à  la  fin  du  mois  de  septembre  1778,  avec 
M.  Desfirmins,  ingénieur  de  la  généralité  d'Auch,  Ils  étudièrent  ensemble, 
chez  le  directeur  provincial,  les  plans  de  la  rivière  depuis  l'Ariége  jusqu'aux 
limites  inférieures  de  la  généralité  d'Auch  au-dessous  d'Agen,  &  après  avoir 
pris  une  connaissance  générale  de  la  situation,  ils  s'embarquèrent  ensemble 
à  l'embouchure  du  canal  Si  descendirent  jusqu'à  la  pointe  de  Moissac. 

Les  résultats  de  cette  vérification  furent  consignés  dans  un  arrêté  clor, 
le  22  septembre  1778,  dont  voici  les  conclusions  : 

Les  ingénieurs  considéraient  comme  indispensable  que  les  deux  bords  de 
la  Garonne  dépendissent  de  la  même  administration. 

Pour  y  parvenir,  ils  demandaient  que  la  généralité  d'Auch  eût  dans  son 
ressort  la  partie  supérieure  de  la  Garonne  jusqu'à  l'Ariége  St  la  partie  com- 
prise entre  le  Tarn  8t  le  Gers,  tandis  que  la  Province  de  Languedoc  aurait 
l'espace  entre  l'Ariége  8c  le  Tarn,  8c  la  généralité  de  Bordeaux  le  reste  de  la 
rivière  depuis  le  Gers  jusqu'à  l'Océan. 

Ils  reconnaissaient  l'intérêt  essentiel  qu'avait  la  Province  au  bon  état  de  la 
rivière,  tant  pour  la  conservation  du  terrain  qui  est  bas  &c  meuble,  de  Tou- 
louse au  Tarn,  que  pour  l'aisance  de  la  navigation,  suite  nécessaire  des  tra- 
vaux du  canal,  8c  jugeaient  qu'une  somme  annuelle  de  soixante  mille  livres 
devait  être  consacrée  à  ces  ouvrages,  tant  que  le  lit  n'aurait  pas  atteint  une 
profondeur  suffisante. 

Ils  dénonçaient  les  moulins  flottants  comme  un  obstacle  souvent  dange- 
reux à  la  navigation  8c  proposaient  de  les  faire  estimer  8c  d'en  ordonner  la 
destruction  en  commençant  par  les  plus  nuisibles. 

Ils  s'élevèrent  aussi  contre  les  inconvénients  sans  nombre  qui  résultaient 
de  l'existence  des  péages.  Cet  anachronisme  féodal  suscitait  mille  embarras. 
Il  était  très-difficile  d'obliger  les  seigneurs  péagers  à  exécuter  les  travaux 
auxquels  les  obligeait  leur  privilège  8c  tout  à  fait  impossible  de  faire  con- 
courir ces  ouvrages  morcelés  à  l'ensemble  d'un  plan  général.  La  suppression 
entière  des  péages  paraissait  aux  ingénieurs  le  remède  le  plus  logique;  mais 
en  attendant,  ils  réclamaient  au  moins  que  les  seigneurs  péagers  fussent 
déchargés  des  travaux,  sauf  à  verser  annuellement  une  somme  équivalente 
dans  la  caisse  du  receveur  des  fonds  destinés  à  la  Garonne. 

Ces  conclusions  furent  agréées  des  États  dans  leur  séance  du  1"  décem- 


1778 


'778 


'779 


1:96  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

bre  1778.  Ils  se  contentèrent  d'observer  que  le  département  de  la  Guienne 
étant  beaucoup  plus  étendu  que  celui  du  Languedoc,  8c  exigeant  des  ouvrages 
plus  coûteux,  il  n'y  aurait  que  justice  à  proportionner  la  dépense  entre  les 
deux  provinces. 

Tout  faisait  donc  espérer  une  prochaine  solution  de  l'affaire,  mais  il  n'en 
fut  rien.  M.  de  Cotte  consulta  de  nouveau  les  intendants  riverains,  puis 
M.  Tresaguet.  Les  États  chargèrent  leurs  députés  à  la  Cour  d'insister  auprès 
du  ministre  pour  avoir  communication  du  projet'. 

Les  négociations  traînèrent  plus  de  deux  ans,  pendant  lesquels  l'arche- 
vêque de  Narbonne  &  les  députés  eurent  de  nombreuses  conférences  avec  les 
ministres. 

Un  édit  royal,  donné  à  Marly  dans  le  courant  du  mois  de  mai  1779,  mit 
fin  à  l'étrange  condition  administrative  du  comté  de  Caraman,  en  réunissant 
définitivement  ce  territoire  à  la  province  de  Languedoc  8c  en  l'incorporant 
au  diocèse  économique  de  Toulouse.  Le  préambule  de  l'édit  porte  que  cette 
réforme  s'accomplit  à  la  requête  des  Etats  provinciaux  8c  d'après  le  vœu  una- 
nime du  comte  de  Caraman,  des  seigneurs,  consuls  8c  habitants  des  com- 
munes dont  le  fief  était  composé,  rappelant  avec  raison  que,  par  sa  position 
topographique,  le  comté  de  Caraman  faisait  naturellement  partie  du  Lan- 
guedoc &c  du  diocèse  de  Toulouse.  La  durée  d'une  anomalie  que  rien  ne 
justifiait  plus  montre  bien  la  persistance  des  choses  faites  8c  la  mobilité  des 
résolutions  ministérielles.  L'acte  même  de  1779  présente  un  historique  som- 
maire mais  complet  des  diverses  phases  de  la  question.  Il  rappelle  qu'au 
temps  où  la  Guienne  8c  la  Gascogne  étaient  encore  possédées  par  les  rois 
d'Angleterre,  le  pays  d'Agenais  se  trouvant  exposé  aux  incursions  des  armées 
anglaises,  ne  fut  pas  en  état  de  subvenir  par  ses  propres  forces  aux  frais  de  la 
guerre  défensive  8c  réclama  quelque  assistance.  On  y  adjoignit  le  comté  de 
Caraman,  à  seule  fin  d'augmenter  le  fonds  destiné  à  la  subsistance  des  troupes. 
Mais  ensuite,,  lorsque  le  dernier  soldat  anglais  eut  évacué  le  sol  de  France, 
la  distraction  accidentelle  du  comté  de  Caraman  se  maintint  par  habitude,  8c 
à  mesure  que  l'on  créa  de  nouveaux  impôts,  les  communes  de  ce  pays  les 
ac(juittèrent  avec  la  Guienne. 

En  i53i,  les  États  de  Languedoc  réclamèrent  contre  une  tradition  abusive 
qui  privait  la  Province  d'une  partie  intégrante  de  son  territoire,  8c  le  roi 
François  I'^"'  ordonna,  par  lettres  patentes  de  la  même  année,  que  les  habi- 
tants du  comté  de  Caraman  seraient  déchargés  de  leur  contribution  aux 
impositions  de  Guienne  8c  participeraient  à  celles  de  Languedoc.  Ces  lettres 
patentes  ne  furent  point  exécutées;  plus  de  cent  ans  après,  en  1660,  les 
États  renouvelèrent  leurs  représentations  8c  obtinrent,  au  mois  de  septembre, 
un  nouvel  édit  confirmant  la  réunion  demandée,  sans  indiquer  les  détails 
d'application.  L'élection  de  Lomagne,  à  laquelle  le  comté  de  Caraman  était 
annexé,   réclama,  fit  valoir  une    prétendue    perte   pour   le   trésor,  8c  l'édit 

'  Procès-verbal  des  Étots  de  Lnngiicdoc.  Séances  du  28  décembre  1779,  8  janvier  1781,  7  janvier  1  782. 


LIV.   V.    LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  1:97 

d'août  i663  détruisit  l'édit  de  septembre.  Le  comté  se  trouvait  ainsi  dépendre 
à  la  fois  de  deux  provinces  dont  la  constitution  était  très-diftérente.  «  Le 
Il  défaut  d'ensemble  8c  d'harmonie,  la  contrariété  des  vues,  les  retards,  les 
«  obstacles  même  dans  l'exécution  des  projets  arrêtés,  notamment  en  ce  qui 
«  concernoit  les  routes  Se  les  travaux  publics,  »  étaient  signalés  à  chaque  ins- 
tant comme  la  conséquence  inévitable  d'une  administration  morcelée.  Quant 
au  vide  que  l'on  avait  craint  en  i663  pour  les  finances  du  roi,  il  était  facile 
de  l'empêcher,  sans  causer  de  préjudice  à  personne,  en  chargeant  le  diocèse 
de  Toulouse  de  toute  la  portion  d'impôts  due  par  le  comté  de  Caraman  à 
l'élection  de  Lomagne,  en  indemnisant  les  intéressés.  Telle  fut  la  solution 
adoptée  par  l'édit  de  1779,  qui  rétablissait  le  pays  &.  comté  de  Caramau  8t 
communautés  en  dépendant  sous  l'administration  de  la  province  de  Lan- 
guedoc, pour  être  régis  à  tous  égards  comme  les  autres  pays  8c  communautés. 
Le  roi  déchargeait  la  généralité  d'Auch,  en  taille,  capitation  ■&  vingtièmes, 
d'une  somme  égale  au  montant  total  des  impositions  qu'y  supportait  précé- 
demment le  comté,  à  la  charge  pour  celui-ci  de  remettre  exactement  la  même 
somme  à  la  caisse  du  receveur  du  diocèse  de  Toulouse,  de  façon  que  ce  dio- 
cèse versât  à  l'avenir,  dans  le  trésor  royal,  un  supplément  d'impositions  repré- 
sentant la  somme  déduite  de  la  généralité  d'Auch.  Le  diocèse  de  Toulouse 
dut,  en  outre,  pourvoir  à  toutes  les  indemnités  nécessaires,  à  régler  de  concert 
par  l'intendant  de  Languedoc  8c  l'intendant  de  la  généralité  d'Auch. 

On  rétablissait  ainsi  partiellement  l'unité  administrative  de  la  Province j 
mais  combien  d'autres  singularités  irrationnelles  n'aurait-on  pu  découvrir  en 
Languedoc  Se  ailleurs  qui  réclamaient  des  réformes  analogues!  Combien  d'au- 
tres effets  à  supprimer,  parce  que  les  causes  en  avaient  disparu  depuis  long- 
temps! 11  devait  suffire,  8c  l'expérience  le  montra  bien,  d'une  révision  attentive 
de  l'état  du  pays  sous  tous  les  points  de  vue  8c  d'un  simple  appel  au  bon  sens, 
pour  conduire,  par  une  pente  inévitable,  aux  généralisations  systématiques 
de  la  Révolution.  Tout  ce  qui  s'accomplit,  en  matière  de  progrès,  dans  ces 
dernières  années  de  l'ancien  régime,  marque  l'éveil  Se  l'acheminement.  L'im- 
pulsion est  donnée;  elle  ne  s'arrêtera  plus. 


CHAPITRE  II 

Progrès  de  l'esprit  de  réforme.  —  Sénéchaussée  de  Villeneuve-de-Berg.  —  Troubles  en  Vivarais.  —  Com- 
mission extraordinaire.  —  Ballainvilliers.  —  Assemblée  des  notables.  —  Réforme  judiciaire.  —  Le 
comte  de  Périgord  à  Toulouse.  —  Résistance  du  Parlement.  —  Réunions  de  la  noblesse.  —  Arrêts 
de  la  cour  des  comptes  à  Montpellier  contre  l'assemblée  provinciale,  —  MouYcment  de  l'opinion. 
Derniers  travaux  des  Etats. 

Depuis  le  ministère  de  Necker,  l'esprit  de  réforme  était  plus  que  jamais  à 
l'ordre  du  jour.  Il  n'y  avait  guère  d'intelligences  actives  dans  le  royaume  dont 
la  prédilection  ne  se  portât  naturellement.  Se  comme  par  un  courant  irrésis- 
tible du  siècle,  vers  les  questions  politiques,  vers  l'étude,  la  discussion  Se  le 

XIII.  8z 


'779 


[780 


'7' 


1298  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

perfectionnement  des  institutions  les  plus  anciennes,  8<.  jusqu'alors  les  plus 
respectées  de  la  monarchie.  C'est  l'époque  des  plans,  des  mémoires,  des  théo- 
ries; chacun  semble  vouloir  créer  une  société  de  toutes  pièces,  improviser  une 
organisation  nouvelle,  &  préparer  à  sa  façon  cette  république  idéale  qui  a  été 
le  rêve  constant  des  philosophes  &  des  poètes.  Le  désordre  des  finances  &  le 
désir  de  combler  les  vides  inquiétants  que  les  prodigalités  de  la  Cour  Se  les 
malheurs  de  la  France  avaient  creusés  dans  le  trésor  public,  étaient  d'or- 
dinaire le  point  de  départ  de  ces  propositions  individuelles,  qui,  presque 
toujours,  présentaient  d'ailleurs  le  caractère  de  générosité,  de  justice  &  de 
philanthropie  commun  à  la  plupart  des  moralistes  du  temps. 

Des  circonstances  particulières,  dont  le  détail  est  demeuré  inconnu,  avaient 
mis  le  contrôleur  général  en  relations  personnelles  avec  un  conseiller  au 
Parlement  de  Toulouse,  ardent  ami  des  réformes  Se  fort  éloigné  de  prévoir,  k 
coup  sûr,  la  tragique  destinée  que  lui  réservait,  treize  ans  plus  tard,  le 
triomphe  définitif  des  réformateurs.  Ce  personnage  s'appelait  Blanquet  de 
Rouville,  vicomte  de  Trébons,  Il  entretenait  une  correspondance  politique 
avec  le  ministre  &  lui  soumettait,  sous  forme  de  notes  ou  de  mémoires  d'une 
extrême  concision,  toutes  les  réflexions  qu'il  croyait  utiles  au  bien  public. 

Pour  remédier  au  déficit,  il  proposait  diverses  combinaisons  :  établir  une 
imposition  sur  les  commis  administratits  de  tout  ordre,  personnel  déjà  très- 
nombreux  qui  ne  contribuait  en  rien  aux  charges  de  l'État;  faire  retourner 
au  trésor  les  sommes  considérables,  cent  quinze  mille  livres  par  tirage,  que 
coûtait  l'organisation  de  la  loterie;  augmenter  l'exportation  des  vins  de  Lan- 
.o-uedoc,  presque  sans  valeur  dans  le  pays,  tandis  que  la  Flandre,  l'Ile-de- 
France  Si  la  moitié  du  royaume  en  étaient  privées,  la  rendre  plus  active 
Si  plus  facile  en  modérant  les  droits  d'entrée,  en  abolissant  les  péages,  en 
établissant  des  canaux.  Si  par  ce  moyen,  la  production  étant  accrue,  tripler 
les  impôts  sur  les  vignes. 

En  augmentant  les  revenus,  M.  de  Rouville  songeait  aussi  à  diminuer  les 
charges.  11  avait  conçu  pour  l'entretien  de  l'École  militaire  une  combinaison 
tout  à  fait  inattendue.  Il  demandait  que,  pour  faire  vivre  cette  fondation,  le 
gouvernement  prélevât  un  tiers  de  toutes  les  dîmes  du  royaume.  De  cette 
façon,  disait-il,  les  évêques  Si  le  clergé  qui  n'ont  point  d'enfants,  demeure- 
ront chargés  de  l'éducation  des  enfants  qui  n'ont  point  de  bien.  Si  les  familles 
de  pauvres  gentilshommes  pourront  donner  de  bons  officiers  à  l'Etat  sans 
accroître  les  dépenses  du  trésor'. 

Mais  ces  questions  générales  n'occupaient  point  seules  les  méditations  du 
conseiller.  L'organisation  des  Etats  du  Languedoc  lui  semblait  surtout  défec- 
tueuse. Il  leur  reprochait  de  coûter  fort  cher,  &,  sous  prétexte  d'établir  une 
sage  économie  dans  le  maniement  des  deniers  publics,  d'être  en  réalité  une 
charge  très-onéreuse  pour  la  Province.  Dans  la  hiérarchie  administrative  de 
Languedoc  il  signalait  nombre  d'agents  inutiles  61  d'appointements  exagérés, 

'  Archives  nationales,  H.  —  Correspondance  du  contrôleur  général.  Lettre  du  5  janvier  1780. 


LIV,   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1299 

prétendant  que  le  service  des  quatre  syndics  généraux,  payés  à  grands  frais, 
pourrait  être  fait  sans  inconvénient  par  un  seul  officier  avec  moitié  moins  de 

gages.  ^ 

Il  n'hésitait  pas  non  plus  à  sacrifier  comme  entièrement  inutile  la  charge 
de  trésorier  général  de  la  Province,  simple  intermédiaire  beaucoup  trop  ma- 
gnifiquement rémunéré  8t  qui  faisait  perdre  au  pays  des  sommes  immenses. 
«  Je  vois  à  Toulouse,  disait-il,  que  les  directeurs  du  domaine,  du  tabac  Se  du 
«  sel  font  passer  directement  leurs  fonds  à  Paris  sans  l'entremise  de  personne.  » 

L'esprit  d'économie  le  conduisait  même  à  reconnaître  les  vices  constitu- 
tionnels de  l'organisation  des  Etats,  8c,  en  présence  des  abus  qui  choquaient 
tous  les  observateurs  clairvoyants,  il  allait  jusqu'à  proposer  des  mesures  radi- 
cales. Ainsi,  il  ne  demandait  rien  moins  que  la  suppression  presque  totale  des 
députations  de  troisième  ordre,  déclarant  les  consuls  des  communes  parfaite- 
ment inutiles  aux  opérations  de  l'assemblée.  Ces  envoyés  n'allaient  à  Mont- 
pellier que  pour  être  de  l'avis  de  leur  évêque  dont  ils  ne  servaient  pas  même 
à  éclairer  la  religion. 

Les  envoyés  de  la  noblesse  n'étaient  pas  mieux  traités.  Que  peut  connaître, 
demandait-il,  en  fait  d'administration  provinciale,  un  gentilhomme  pris  au 
liasard,  qui  entre  aux  Etats  pour  tenir  la  place  d'un  titulaire  de  baronnie? 
Sa  généalogie  est  le  seul  titre  qu'il  ait  à  produire. 

Peu  soucieux  d'assurer  au  pays  une  représentation  plus  rationnelle  &  plus 
sincère,  &  uniquement  préoccupé  du  gaspillage  des  fonds,  il  ne  voyait  à  ces 
maux  d'autre  remède  que  la  suppression  de  tous  ces  députés  parasites,  ce  qui 
lui  permettait  de  reverser  au  trésor  de  fort  belles  bourses  de  jetons. 

Il  trouvait  aussi  très-excessive  la  somme  de  trois  cent  mille  livres  que  l'ar- 
chevêque de  Narbonne  recevait  annuellement,  en  sa  qualité  de  président  des 
États,  sans  être  tenu  d'en  rendre  aucun  compte.  Si  les  revenus  du  prélat  sont 
insuffisants,  qu'on  lui  donne  quelques  abbayes  de  plus  qui  ne  coûteront  rien 
à  l'État,  mais  qu'on  épargne  l'argent  du  trésor'. 

Toutes  ces  notes  allaient  s'enfouir  8c  se  perdre  dans  les  p"apiers  du  contrô- 
leur général;  mais  elles  méritaient  d'être  signalées,  parce  qu'elles  trahissent 
le  travail  de  décomposition  qui  s'opérait  alors  dans  tout  l'édifice  politique, 
l'esprit  de  critique  8c  d'analyse  qui  pénétrait  toutes  les  fictions  8c  qui  mettait 
en  lumière  le  néant  de  ces  grandes  Se  solennelles  comédies  provinciales  dont 
la  mise  en  scène  avait  si  longtemps  imposé. 

Nos  lecteurs  connaissent  toutes  les  difficultés  auxquelles  donnait  lieu  l'ad- 
ministration de  la  justice  en  Vivarais,  les  enquêtes  qui  avaient  été  faites  dans 
le  pays  Se  les  diverses  mesures  législatives  adoptées  à  la  suite  de  ces  informa- 
tions. 

Les  États  particuliers  ne  cessaient  d'adresser  à  la  Cour  des  réclamations 
pressantes  pour  obtenir  la  réforme" d'une  organisation  judiciaire  qui  ne  répon- 

'  Archives  nationales,  H.  —  Correspondance  du       au  Parlement  de  Toulouse,  envoyées  à  M.  Nccker, 
contrôleur  général.    Réflexions   sur   les   Etats    par        17  janvier  rySo. 
le  baron  de  Rouville,  conseiller  de  grand'chambre 


1780 


178 


i3oo  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dait  pas  aux  besoins  des  peuples.  Ils  taisaient  observer  que  l'éloignement  de 
la  sénéchaussée  de  Nimes,  où  les  appels  de  sentences  rendues  par  les  juges  du 
Vivarais  avaient  été  portés  de  toute  ancienneté,  augmentaient  considérable- 
ment les  longueurs  Se  les  frais  des  procès  civils  &  criminels,  &  que  l'obliga- 
tion imposée  par  l'édit  d'avril  1767  aux  officiers  du  siège  de  Nimes  d'envoyer 
chaque  année  des  commissaires  en  Vivarais,  dérangeait  leur  service  &  ne 
remédiait  pas  complètement  aux  maux  signalés. 

Le  ministère  désirant  couper  court  à  des  inconvénients  qui  ne  cessaient  de 
se  représenter,  prit  alors  le  parti  d'installer  en  Vivarais  une  sénéchaussée 
royale,  dont  les  appels  iraient  directement  au  Parlement  de  Toulouse,  saut' 
réserve,  en  faveur  des  officiers  de  Nimes,  de  la  connaissance  des  appels  dans 
les  cas  présidiaux.  Cette  nouvelle  sénéchaussée  tut  établie  à  Villeneuve-de- 
Eerg,  par  l'édit  donné  à  Versailles  au  mois  de  mai  1780. 

Le  roi  supprimait,  à  compter  du  i"  janvier  suivant,  l'office  de  bailli  du 
Vivarais,  les  sièges  royaux  d'Annonay  &  de  Villeneuve-de-Berg  8c  tous  les 
officiers  précédemment  établis  pour  l'administration  de  la  justice  dans  ces 
juridictions,  sans  comprendre  dans  cette  suppression  les  offices  des  notaires, 
huissiers  ou  sergents  royaux. 

Le  pays  de  Vivarais  était  distrait  Se  désuni  du  ressort  de  la  sénéchaussée 
de  Nimes;  &  pour  assurer  aux  habitants,  une  justice  plus  prompte,  le  siège 
de  la  nouvelle  sénéchaussée  royale  était  fixé  dans  la  ville  de  Villeneuve-de- 
Berg,  avec  les  pouvoirs,  prérogatives,  autorités  &  juridictions  de  toutes  les 
autres  sénéchaussées  de  Languedoc. 

Cette  sénéchaussée  devait  connaître  en  première  instance  ou  par  appel, 
de  toutes  les  demandes  &  contestations  civiles  £<  criminelles  dont  les  otficiers 
de  la  sénéchaussée  de  Nimes  8c  ceux  des  juridictions  royales  d'Annonay  8v  de 
Villeneuve-de-Berg  étaient  en  droit  de  connaître  précédemment. 

Le  droit  de  juger  la  compétence  du  prévôt  des  maréchaux  de  France,  dont 
jouissaient  les  deux  sièges  supprimés,  était  attribué  à  la  sénéchaussée  de 
Villeneuve-de-Berg. 

Voici  la  composition  de  ce  tribunal  ;  un  sénéchal  d'épée,  un  juge-mage 
lieutenant  général  civil,  un  lieutenant  criminel,  un  lieutenant  principal 
civil  8c  criminel,  six  conseillers,  un  avocat  Se  un  procureur  du  roi,  un  gref- 
fier en  chef  civil  8c  criminel  des  présentations  8c  affirmations,  douze  procu- 
reurs, un  premier  huissier  8c  quatre  huissiers  audienciers.  Toutes  ces  charges 
étaient  créées  en  titre  d'office  vénal. 

Le  sénéchal  d'épée  du  Vivarais  héritait  de  toutes  les  prérogatives  de  l'an- 
cien bailli  d'épée,  Se  notamment  du  droit  d'assister,  au  nom  du  roi,  aux 
sessions  des  Etats  particuliers  du  pays.  Quant  aux  autres  offices,  ils  étaient 
assimilés  de  tout  point  à  ceux  des  diverses  sénéchaussées  de  Languedoc. 

Tjes  officiers  des  juridictions  supprimées  avaient  ordre  d'adresser  au  con- 
seil, dans  le  délai  de  deux  mois,  à  compter  de  l'enregistrement  de  l'édit,  leurs 
quittances  de  finances,  leurs  contrats  d'acquisition  8c  leurs  autres  titres  de 
propriété,  afin  de  procéder  sans  retard  à  leur  liquidation. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  i3oi 

Ceux  d'entre  eux  qui  désiraient  continuer  leurs  services  dans  la  nouvelle 
sénéchaussée  étaient  tenus  de  se  pourvoir  par-devant  le  roi,  dans  le  délai  de 
trois  mois,  pour  obtenir  des  provisions,  en  déduisant  du  prix  d'achat  le  mon- 
tant de  leur  liquidation,  &  avec  la  faveur  de  ne  payer  aucun  nouveau  droit 
de  marc  d'or  &  de  sceau,  &  d'être  reçu  gratuitement,  saut  à  prêter  un  ser- 
ment nouveau. 

Ceux  qui  ne  pourraient  trouver  place  dans  la  sénéchaussée  y  seraient 
admis  viagèrement,  jusques  aux  cas  de  vacances,  avec  le  titre  de  conseillers 
surnuméraires,  8c  conserveraient  les  gages  qui  leur  étaient  attribués  en  qua- 
lité d'officiers  des  bailliages. 

Le  titulaire  de  l'abbaye  de  Mazan  8c  ses  successeurs  avaient  le  pouvoir 
de  nommer  à  l'un  des  offices  de  conseiller,  pour  tenir  lieu  du  droit  qui  leur 
avait  été  octroyé  par  l'édit  d'avril  1767. 

Le  roi  ordonnait  que  l'on  dressât  immédiatement  inventaire  des  registres, 
minutes  Se  papiers  conservés  aux  greffes  des  sièges  d'Annonay  Se  de  Ville- 
neuve-de-Berg,  Si  que  ces  deux  dépots  fussent  concentrés  à  Villeneuve. 

Comme  la  distraction  d'une  partie  du  ressort  pouvait  diminuer  la  valeur 
des  offices  de  la  sénéchaussée  de  Nimes  8c  porter  atteinte  à  des  intérêts  privés, 
l'édit  prescrivait  que,  par  provision,  cette  sénéchaussée  continuerait  de  jouir 
de  l'indemnité  de  trois  mille  livres  accordée  en  1767  Se  que,  si  la  nécessité 
d'un  dédommagement  durable  était  reconnue,  ce  dédommagement  serait  mis 
à  la  charge  des  Etats  de  Vivarais. 

Le  Parlement  de  Toulouse  enregistra  l'édit  de  création  de  la  sénéchaussée 
de  Villeneuve-de-Berg  le  3  juin  1780,  sur  le  rapport  de  M.  de  Pvaymond- 
Lasesquière'. 

Le  marquis  d'Hautpoul-Seyre  avait  acquis  en  1779,  ^"  comte  de  Rochc- 
chouart,  le  titre  de  baronnie  des  Etats  assis  sur  la  terre  d'Aureville  8<  ses 
dépendances,  sans  les  terres  qui  en  étaient  décorées.  Ce  titre  étant  oisif  dans 
ses  mains,  il  s'inquiéta  de  le  taire  attribuer  à  l'un  de  ses  propres  domaines. 

I,es  possessions  seigneuriales  du  marquis  formaient  deux  groupes  distincts, 
l'y  il  dans  le  diocèse  de  Rieux,  l'autre  dans  le  diocèse  d'Alet. 

Dans  le  diocèse  de  Rieux,  il  avait  le  château  de  la  Terrasse,  où  il  faisait 
sa  résidence,  le  Villa  Se  Moutflourès,  terres  mouvant  en  plein  fief  du  roi,  avec 
toute  justice. 

Dans  le  diocèse  d'Alet,  il  avait  Saint-Just,  Bugarach  8c  Sougragne,  formant 
trois  paroisses.  Parmi  ces  terres,  les  unes  lui  appartenaient  de  son  chef,  les 
autres  du  chef  de  sa  femme. 

Si  l'on  ajoutait  quelque  importance  à  la  situation  géographique  de  l'assise, 
la  Terrasse  avait  l'avantage  comme  plus  rapprochée  du  diocèse  de  Toulouse, 
où  était  située  la  baronnie  d'Aureville.  Si  l'on  se  préoccupait  de  la  grandeur 
des  possessions  dans  une  même  contrée,  la  terre  de  Seyre,  dans  le  diocèse  de 
Toulouse,  donnant  au  moins  dix  mille  livres  de  rente,  pouvait  être  prise  en 

'  Recueil  des  éjits,  ctécîaratlonSy  arrêts  &  ùrjoniunccs  pour  l'année  1781,  f"  ô. 


1780 


1781 


77;^ i3o2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

considération.  La  terre  de  Saint-Just  avait  le  mérite  de  remplir  à  la  lettre 
les  conditions  du  règlement,  puisqu'il  s'y  trouvait  trois  paroisses,  tandis  qu'à 
la  Terrasse  on  ne  comptait  qu'un  seul  clocher. 

Le  marquis  demanda  aux  Etats  de  se  prononcer,  en  leur  observant  qu'il 
n'existait  pas  de  baronnie  dans  le  diocèse  de  Pvieux  ni  dans  celui  d'Alet,  &. 
que  diminuer  le  nombre  des  baronnies  du  diocèse  de  Toulouse,  pour  en 
mettre  dans  un  pays  qui  n'en  avait  aucune,  était  un  moyen  de  se  rappro- 
cher de  l'institution  première  des  baronnies  représentatives,  &.  en  promettant 
d'acheter  à  sa  femme  les  terres  dont  la  propriété  incommutable  était  nécessaire 
pour  satisfaire  aux  exigences  de  la  loi. 

Les  États  appliquèrent  la  lettre  du  règlement  8c  choisirent  l'assise  d'Alet, 
à  cause  des  trois  clochers  '. 

Le  ministère  croyait  avoir  réglé  d'une  façon  définitive  l'organisation  judi- 
ciaire du  Vivarais  par  l'édit  de  mai  1780;  mais  à  peine  la  sénéchaussée  de 
Villeneuve-de-Berg  fut-elle  créée  que  les  Etats  particuliers  du  pays  élevèrent 
de  nouvelles  réclamations.  Ils  représentèrent  que  le  haut  £<  le  bas  Vivarais  se 
trouvaient  séparés  par  une  chaîne  de  montagnes  escarpées  &.  par  le  cours  de 
l'Érieu;  que  pour  communiquer  de  l'une  à  l'autre  de  ces  deux  parties  il 
n'existait  qu'une  route  droite  sur  le  bord  du  Rhône,  &  que  l'accès  de  Ville- 
neuve-de-Berg serait  trop  difficile  &  trop  dispendieux  pour  la  plupart  des 
habitants  du  haut  Vivarais;  que  la  position  &  la  nature  des  deux  régions 
séparées  par  cette  barrière  naturelle  avaient  nécessité  depuis  longtemps,  indé- 
pendamment des  deux  bailliages  supprimés,  l'établissement  de  deux  juges  de 
l'équivalent,  de  deux  subdélégués  de   l'intendance,  de  deux  receveurs  des 
tailles,  de  deux  ingénieurs  en  chef,  de  deux  commandants;  que  la  session 
des  Etats  particuliers  se  tenait  également  dans  le  haut  &  le  bas  Vivarais.  Il  est 
important  pour  la  sûreté  publique,  ajoutaient-ils,  que  la  justice  en  matière 
criminelle  soit  rendue  avec  exactitude  &  soutenue  par  une  vigilance  conti- 
nuelle des  officiers,  cette  portion  du  pays  étant  située  dans  des  montagnes 
abruptes  où  il  est  trop  facile  aux  malfaiteurs  de  se  procurer  des  retraites,  afin 
d'échapper  à  la  sévérité  des  lois.  Le  haut  Vivarais  offrait  même  un  asile  aux 
gens  des  cantons  voisins  qui  voulaient  se  dérober  aux  peines  méritées  par 
leurs  crimes.  Les  officiers  des  deux  bailliages  &  les  sujets  qui  se  présentaient 
pour  la  nouvelle  sénéchaussée  étaient  en  nombre  plus  que  suffisant  pour  en 
former  deux;  les  auditoires  81  les  prisons  pouvaient,  dans  l'un  6t  l'autre  lieu, 
se  prêter  à  la  métamorphose.  On  demandait  donc  de  compléter  l'œuvre  en 
créant  une  seconde  sénéchaussée  en  Vivarais,  afin  d'assurer  aux  deux  versants 
des  montagnes  du  Coyron  les  avantages  que  le  gouvernement  avait  en  vue. 
le  conseil  pensa  aussi  qu'un  dépôt  public,  soit  pour  les  registres  des  paroisses 
&  des  communautés  religieuses,  soit  pour  les  insinuations,  les  hypothèques  8<. 
divers  autres  objets,  ne  serait  pas  moins  nécessaire  dans  le  haut  Vivarais  que 
des  juges  à  portée  d'y  suivre  promptement  une  instruction  criminelle,  surtout 

'  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Séance  du  4  janvier  1781. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  i3o3 

quand  il  s'agirait  d'y  procéder  avec  les  juges  des  officialités  foraines  de  l'arche- 
vêché de  Vienne,  établies  pour  le  haut  Vivarais  dans  la  ville  d'Annonay.  Pour 
ces  raisons,  Se  en  déclarant  qu'il  importait  de  maintenir  le  bon  ordre  dans 
l'une  Si  l'autre  des  deux  parties  du  Vivarais,  les  habitants  de  chacune  d'elles 
ayant  un  droit  égal  à  la  bonté  &  à  la  protection  royale,  l'édit  de  février  1781 
réduisit  la  sénéchaussée  de  Villeneuve-de-Berg  au  bas  Vivarais  &  créa,  pour 
le  haut,  un  nouveau  siège  dans  la  ville  d'Annonay,  en  lui  appliquant  les 
dispositions  adoptées  à  l'égard  de  la  sénéchaussée  de  Villeneuve. 

Par  un  article  particulier,  le  maréchal  prince  de  Soubise  &  ses  successeurs, 
en  qualité  de  seigneurs  d'Annonay,  étaient  autorisés  à  jouir  du  droit  de  nomi- 
nation à  l'un  des  six  offices  de  conseiller. 

Pour  éviter  les  contestations  qui  auraient  pu  se  produire  entre  les  officiers 
de  la  sénéchaussée  royale  &  ceux  du  seigneur,  le  roi  maintenait  aux  juges  du 
prince  de  Soubise  la  connaissance  de  toutes  les  causes  personnelles,  réelles, 
possessoires  &  mixtes,  8c  des  affaires  de  police  entre  les  habitants  de  la  ville 
&C.  du  marquisat  d'Annonay,  entre  les  nobles  8c  les  roturiers,  8c  celle  des  procès 
criminels  poursuivis  à  la  requête  des  ecclésiastiques  pour  tous  les  cas  appar- 
tenant aux  juges  bannerets,  suivant  les  ordonnances.  Il  abandonnait  aux 
officiers  du  marquisat  d'Annonay  les  procès  civils  des  ecclésiastiques  dont  la 
connaissance  revenait  aux  juges  laïques,  même  les  procès  concernant  le  tem- 
porel des  bénéfices.  Les  affaires  de  dîmes  ou  d'autres  revenus  d'église,  81  celles 
qui  intéressaient  les  bénéfices  de  fondation  royale  pourvus  de  lettres  de  garde, 
étaient  exclues  de  cette  attribution.  Les  officiers  du  marquisat  devaient  aussi 
avoir  le  droit  d'apposer  les  scellés  8c  de  procéder  à  l'inventaire  des  effets  laissés 
par  les  ecclésiastiques,  les  nobles  8c  les  roturiers,  lorsqu'il  y  avait  lieu  d'y 
procéder  d'autorité  de  justice,  à  l'exception  des  effets  d'ecclésiastiques  possé- 
dant des  bénéfices  de  fondation  royale,  réservés  aux  juges  royaux.  Les  auto- 
risations d'inhumer  les  protestants  auxquels  la  sépulture  ecclésiastique  était 
refusée  devaient  également  être  données,  en  forme  d'ordonnance,  par  le  juge 
du  marquisat  d'Annonay,  comme  officier  de  police,  sur  les  conclusions  du 
procureur  juridictionnel.  Enfin,  le  magistrat  seigneurial  présidait  à  la  récep- 
tion des  arts  &c  métiers. 

Pour  compenser,  par  une  faible  infériorité  honorifique,  les  prérogatives 
féodales  des  juges  du  marquisat,  un  article  portait  que,  dans  les  séances  8c 
cérémonies  publiques,  les  officiers  du  seigneur  marcheraient  à  la  gauche  des 
officiers  de  la  sénéchaussée  '. 

M.  Garipuy,  directeur  des  travaux  de  la  Province  dans  la  sénéchaussée  8c 
membre  de  l'Académie  des  sciences  de  Toulouse,  avait  fait  construire  un 
observatoire  astronomique  au  sommet  de  la  maison  qu'il  possédait  près  de 
l'allée  Saint-Michel,  8c  avait  pris  le  soin  d'y  réunir  nombre  d'instruments 
excellents,  sortis  des  meilleurs  ateliers  de  Paris  8c  de  Londres. 

Après  la  mort  de  cet  ingénieur,  ses  héritiers  mirent  la  maison  en  vente. 

"  Recueil  des  éJits,  déclarations,  arrêts  &  ordonnances  pour  l'année  1781,  f°  ^~y. 


1781 


1782 


-^^ i3o4  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'Académie  des  sciences,  craignant  de  voir  un  nouveau  propriétaire  donner 
une  autre  destination  à  l'édifice  &  disperser  une  collection  d'instruments  qui 
faisait  honneur  à  la  ville,  n'ayant  pas  d'ailleurs  de  ressources  suffisantes  pour 
se  charo-er  elle-même  de  l'acquisition,  crut  devoir  la  solliciter  de  la  munifi- 
cence des  Etats. 

Elle  leur  adressa  un  long  mémoire  qui  fut  analysé  en  séance  par  l'arche- 
vêque de  Toulouse.  L'Académie  déclarait  qu'elle  comptait  sur  la  générosité 
de  l'assemblée  pour  conserver  à  la  capitale  de  la  Province  &  aux  sciences  un 
bâtiment  précieux  &  des  instruments  difficiles  à  remplacer,  dont  le  posses- 
seur eût  fait  don  à  ses  confrères  si  la  mort  ne  l'avait  surpris. 

La  compagnie  faisait  appel  à  l'empressement  des  Etats  pour  tout  ce  qui 
pouvait  favoriser  les  hautes  études,  lui  rappelant  les  progrès  que  l'astro- 
nomie avait  faits  à  Toulouse  depuis  près  de  cinquante  ans,  la  série  des 
observations  recueillies  par  MM.  Garipuy,  dont  une  partie  avait  déjà  paru 
dans  le  premier  volume  des  Mémoires  académiques,  8t  les  Recueils  des  obser- 
vations de  M.  Darquier,  formant  sans  interruption  une  suite  unique  de 
vingt-trois  années. 

L'archevêque  proposa  aux  Etats  d'accueillir  favorablement  cette  requête, 
en  conciliant,  par  le  mode  d'acquisition  le  moins  onéreux,  les  besoins  géné- 
raux de  la  Province  avec  l'intérêt  scientifique. 

Les  commissaires  des  travaux  publics  du  haut  Languedoc  reçurent  donc  le 
pouvoir  d'acquérir,  au  nom  de  la  Province,  l'observatoire  8i  les  instruments 
de  MM.  Garipuy,  sans  aucune  réserve  ni  distraction,  au  prix  de  trente-six 
mille  livres,  dont  douze  mille  pour  les  instruments.  Cette  somme  devait  être 
convertie  en  une  rente  viagère  annuelle  de  trois  mille  six  cents  livres,  divisée 
entre  la  veuve  8c  les  deux  filles  de  l'ingénieur,  la -première  à  raison  de  six 
cents  livres,  &  les  deux  autres  à  raison  de  quinze  cents  livres  chacune. 

L'acte  d'achat  porta  la  mention  expresse  qu'il  n'était  déterminé  que  par  le 
désir  de  conserver  des  matériaux  utiles  à  la  science. 

Les  commissaires  étaient  autorisés  à  louer  la  maison,  en  se  concertant  avec 
l'Académie  des  sciences,  &.  en  ayant  soin  que  la  location,  loin  de  nuire  au 
but  proposé,  pût  favoriser  les  observations  astronomiques.  La  Province  enten- 
dait que  ces  travaux  y  fussent  continués  sans  interruption. 

Le  prix  des  loyers  revenait  à  l'Académie,  sous  la  condition  de  verser  chaque 
année  une  somme  de  six  cents  livres  dans  la  caisse  du  trésorier  de  la  bourse, 
de  payer  les  impositions  royales  &  locales,  les  frais  de  réparations  &  l'entre- 
tien de  l'observatoire  &  des  instruments.  Après  la  mort  de  Madame  Garipuy, 
l'Académie  n'avait  plus  à  faire  son  versement  annuel;  mais  elle  était  tenue 
d'employer  les  six  cents  livres  en  augmentation  d'instruments  d'astronomie. 
On  fit  un  double  inventaire  du  matériel  scientifique,  dont  une  copie  resta 
aux  mains  des  commissaires  provinciaux,  &  l'autre  à  l'Académie.  Tous  les 
objets  furent  marqués  aux  armes  de  la  Province  &  mis  à  la  disposition  de  la 
compagnie  chargée  de  continuer  les  observations  sans  intermittence  8c  d'en- 
tretenir le  matériel. 


LIV.   V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i3o5 

Le  syndic  général  du  département  avait  charge  de  visiter  annuellement 
l'observatoire  &  de  vérifier  l'état  des  instruments.  Les  commissaires  des  tra- 
vaux publics  devaient  faire  procéder  à  la  même  inspection  par  le  directeur 
départemental,  le  rapport  de  ces  diverses  vérifications  étant  destiné  à  être  lu 
aux  Etats  dans  la  séance  qui  précédait  immédiatement  le  jour  du  vote  des 
gratifications  aux  corps  littéraires'. 

Les  fonctions  de  syndic  diocésain  &  de  subdélégué  du  commandement  & 
de  l'intendance  en  Gévaudan  avaiejit  été  longtemps  réunies  sur  la  tête  d'un 
agent  unique,  nommé  Lafont,  qui,  grâce  à  des  services  rendus  au  pays, 
jouissait  de  l'estime  générale  ainsi  que  d'une  faveur  marquée  auprès  de  tous 
les  chefs  de  l'administration.  Formaliste  scrupuleux  en  apparence,  la  régula- 
rité extérieure  qu'il  avait  toujours  affectée  dans  les  détails  de  sa  gestion  avait 
contribué,  avec  son  crédit  personnel,  à  mettre  ses  actes  à  l'abri  de  tout 
soupçon.  On  s'aperçut  néanmoins  après  sa  mort  qu'un  grand  nombre  d'abus 
s'étaient  glissés  dans  l'emploi  des  finances  diocésaines,  &  que  le  respect  des 
formes  n'avait  que  mieux  dissimulé  l'irrégularité  sérieuse  des  opérations. 

L'évêque  de  Mende,  qui  avait  partagé  la  confiance  universelle  inspirée  par 
le  syndic,  se  crut  obligé  de  dénoncer  aux  États  les  infractions  importantes 
que  cet  officier  avait  commises  contre  les  règlements  de  l'administration  des 
assiettes.  Portées  devant  l'assemblée  provinciale  par  la  bouche  de  l'archevêque 
de  Narbonne,  ces  plaintes  donnèrent  lieu  à  la  nomination  d'une  commission 
d'enquête,  composée  de  quatre  membres,  avec  la  mission  spéciale  de  recueillir 
des  informations  8i  de  rechercher  exactement  les  vices  de  l'administration  du 
pays  de  Gévaudan. 

L'évêque  de  Lodève,  le  baron  de  Villeneuve  &  les  syndics  diocésains  de 
Narbonne  &i  d'Albi  firent  partie  de  la  commission*. 

Ils  présentèrent  un  premier  rapport,  au  commencement  de  l'année  sui- 
vante, d'où  il  résulta  que  beaucoup  d'irrégularités  s'étaient  commises;  plu- 
sieurs emprunts  autorisés  par  le  conseil  d'Etat  n'avaient  pas  été  entièrement 
exécutés,  tandis  que  d'autres  se  trouvaient  dépassés  ou  faits  sans  autorisation. 
Il  parut  aussi,  par  l'étude  des  documents  laissés  dans  les  bureaux  du  syn- 
dicat, 8<.  par  les  déclarations  du  gendre  &  du  successeur  de  M.  Lafont,  qu'on 
aurait  à  blâmer  dans  cette  gestion  si  longtemps  considérée  comme  irrépro- 
chable, des  virements  de  fonds  importants,  des  dépenses  ordonnées  en  dehors 
des  règles  provinciales  8c  des  emprunts  faits  sur  billets  particuliers  du  syndic. 

Cependant  la  bonne  foi  de  l'agent  diocésain  ne  paraissait  pas  devoir  être 
suspectée.  Son  intelligence,  son  activité,  son  désintéressement  étaient  reconnus 
de  tout  le  monde.  On  n'attribuait  qu'à,  un  zèle  immodéré  la  violation  de 
l'ordre  hiérarchique.  Très-ardent  à  poursuivre  les  entreprises  qui  lui  parais- 
saient utiles,  il  n'avait  cherché  à  s'affranchir  des  règles  que  pour  éviter  les 
lenteurs  administratives  8c  réaliser  plus  promptement  le  bien  qu'il  avait  en 

'  Procès-verbal  des  Etati.  Séance  du  28  décembre  *  Procès-verbal  des  Etats.  Séance  du  5  janvier 

178».  1781. 


1782 


1782 


i3o6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

vue.  L'excédant  des  baux  simulés,  les  emprunts  faits  par  le  syndic  sur  sa 
propre  signature,  avaient  servi  à  ouvrir  ou  à  réparer  des  communications 
importantes,  dans  un  pays  de  montagnes  où  la  viabilité  tient  le  premier  rang 
parmi  les  besoins  publics. 

Les  États  jugèrent  que  l'affaire  n'était  pas  suffisamment  instruite,  qu'il  y 
avait  une  distinction  à  faire  entre  les  dépenses  utiles  quoique  irrégulières  8t 
celles  qui  avaient  pu  être  à  la  fois  illégales  &  superflues.  Les  pouvoirs  de  la 
commission  furent  prorogés  en  même  temps  qu'on  l'invitait  à  se  transporter 
sur  les  lieux'. 

Les  commissaires  se  rendirent  à  Mende,  au  mois  de  juin  1782,  &  se  livrè- 
rent à  un  examen  approfondi  de  l'administration  diocésaine,  utilement 
secondés  par  le  zèle  de  M.  Sevenne,  premier  consul,  maire  de  Marvéjols. 

Il  fut  démontré  par  cette  enquête  que  les  irrégularités  financières  n'étaient 
pas  seulement  imputables  au  syndic  Lafont,  mais  qu'elles  avaient  pris  depuis 
longtemps  racine  en  Gévaudan,  devant  leur  origine  à  l'inexactitude  des 
anciens  administrateurs,  antérieurs  même  à  l'année  lySS.  Une  des  princi- 
pales fautes  de  ces  agents  avait  été  d'accumuler  dans  la  caisse  des  receveurs 
les  excédants  du  budget  diocésain,  au  lieu  de  déduire  une  somme  égale  des 
impositions  de  l'année  suivante,  conformément  aux  règles  de  la  Province. 

De  cette  façon,  ils  avaient  pris  la  malheureuse  habitude  des  dépenses  non 
permises,  trouvant  sous  leur  main  des  fonds  qui  leur  en  donnaient  la  faci- 
lité. Une  fois  entraînés  sur  la  pente,  l'insuffisance  de  ces  résidus  de  caisse 
les  avait  condviits  à  chercher  d'autres  ressources  irrégulières,  soit  dans  des 
avances  imposées  aux  receveurs,  soit  dans  des  prix  simulés  pour  les  ouvrages 
permis,  soit  dans  les  emprunts  personnels  aux  syndics. 

Quant  à  l'emploi  de  ces  fonds  par  l'agent  incriminé,  on  reconnut  qu'il 
avait  toujours  été  utile  au  pays  8<  que  la  probité  de  l'officier  diocésain  n'en 
pouvait  recevoir  aucune  atteinte. 

On  jugea  en  outre  qu'il  serait  injuste  de  laisser  en  souffrance  les  créan- 
ciers de  bonne  foi  qui  avaient  cru  prêter  au  diocèse  tout  en  ne  recevant  que 
des  billets  privés  du  syndic,  &.  qui  n'avaient  pas  touché  d'intérêts  depuis  plu- 
sieurs années,  &,  malgré  le  déficit  considérable  de  la  caisse  syndicale^,  il  fut 
décidé  qu'on  leur  payerait  un  an  d'arrérages. 

Mais  ces  ménagements  équitables  ne  firent  point  perdre  de  vue  aux  com- 
missaires la  nécessité  de  maintenir  dans  le  Gévaudan  le  bon  ordre  qui  venait 
d'y  être  établi  8c  d'empêcher  le  retour  de  pareils  abus.  Ils  rappelèrent  tout 
ce  que  les  États  avaient  fait  pour  régler  les  dépenses  des  assiettes,  8t  toutes 
les  preuves  de  vigilance  qu'ils  avaient  données  aux  administrations  diocé- 
saines, depuis  les  règlements  du  28  janvier  i658  &  du  1"  mars  lôSg,  auto- 
risés par  arrêt  du  conseil   du  3  avril   de   la   même  année,  règlements  qui 

■  Procès-verbal   des  Etats,   Séance  du   3  janvier  cette  somme  on  comptait  91  887  livres  qui  parais- 

1782.  saient  avoir  été  utilement  employées  &  iSy^p  li- 

*  Le  déficit  connu  de  la  caisse  du  syndic  Lafont  vres  i5  sols,  consistant  en  efiiets,  encore  en  caisse', 
s'élevait  à    165229   livres   19  sols  6  deniers.   Sur  ■  Procès-verbal  des  États.  Séance  du  24  décembre  178a. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  iSoy 

prohibaient  expressément  les  interversions,  les  excès  de  dépenses,  les  imposi- 
tions, les  emprunts  illicites,  en  un  mot,  tous  les  abus  dont  on  se  plaignait  en 
Gévaudan.  En  complétant  par  de  nouvelles  mesures,  en  1760,  ces  précautions 
déjà  séculaires,  les  États  croyaient  avoir  tout  fait  pour  garantir  la  régularité 
des  administrations  diocésaines. 

Le  cas  du  syndic  Lafont  montrait  que  cette  vigilance  pouvait  être  mise  en 
défaut  par  un  homme  habile.  En  effet,  tandis  que  les  états  de  répartition  des 
impôts  du  diocèse,  soumis,  suivant  l'ordre,  à  la  vérification  des  syndics  géné- 
raux, étaient  tout  à  fait  irréprochables  8c  ne  trahissaient  pas  la  plus  légère 
infraction,  tous  les  abus  s'étalaient  dans  les  comptes  des  receveurs,  &  la  com- 
paraison de  ces  documents  suffisait  à  révéler  la  vérité.  Aussi  la  commission 
recommanda-t-elle  aux  États  l'usage  de  ce  moyen  de  contrôle  que  l'on  avait 
jusqu'alors  négligé,  &.  ce  fut  l'utilité  générale  que  l'on  retira  de  l'enquête  du 
Gévaudan.  On  n'oublia  pas  de  dire  que  l'administration  diocésaine,  &  en 
particulier  le  nouveau  syndic  Delhermet,  avaient  mis  le  plus  louable  empres- 
sement à  réformer  les  mauvaises  traditions  locales  &  à  suivre  les  règles  de  la 
Province  '. 

Quant  à  la  régularisation  des  dépenses  utiles,  on  jugea  qu'il  n'appartenait 
point  aux  États  de  la  Province  de  l'opérer  :  le  pouvoir  souverain  était  seul 
compétent  pour  les  valider  en  considération  de  l'avantage  que  le  pays  en 
retirait,  8<.  c'est  dans  ce  but  que  les  députés  en  Cour  reçurent  l'ordre  de  sou- 
mettre l'affaire  au  conseil  d'État. 

Les  vicomtes  de  Polignac,  dont  le  château  couronne  encore  de  ses  ruines 
une  sorte  de  piédestal  volcanique  au  cœur  du  Vêlai,  possédaient  de  toute 
ancienneté  les  droits  de  péage  des  ponts  de  Brive  8c  de  Trouillas,  situés  près 
de  la  ville  du  Puy,  l'un  sur  la  Loire,  route  de  Lyon,  l'autre,  sur  la  Borne, 
route  d'Auvergne.  Ces  deux  péages  furent  supprimés  en  i/Sy. 

Vingt-cinq  ans  après,  le  duc  de  Polignac  en  sollicita  le  rétablissement 
auprès  du  conseil  d'État,  qui  renvoya  la  préparation  de  l'arrêt  à  l'intendant 
de  Languedoc,  le  chargeant  d'appeler  les  syndics  généraux  de  la  Province. 

L'intendant  leur  communiqua  tous  les  titres  de  la  maison  de  Polignac. 
L'antiquité  de  la  possession  féodale  y  était  incontestable;  mais  la  commission 
établie  pour  la  vérification  de  ces  droits,  ayant  assigné  le  dernier  vicomte  en 
1746,  l'en  avait  fait  dépouiller  par  arrêt  du  27  février  1757. 

Héritier  cessionnaire  du  vicomte  en  1777,  le  duc  de  Polignac,  son  fils, 
comme  possesseur  de  tous  les  biens  compris  dans  les  substitutions  de  sa  mai- 
son, fondait  son  opposition  sur  cette  qualité  même  de  substitué. 

Les  commissaires  des  États,  négligeant  cette  question  juridique,  se  préoc- 
cupèrent seulement  des  résultats  que  pouvait  avoir  le  rétablissement  demandé 
pour  l'ensemble  de  la  Province,  lis  n'hésitèrent  pas  à  déclarer  qu'une  telle 
mesure  attaquait  directement  les  intérêts  du  commerce  Se  qu'elle  tendait  à 
faire  tourner  au  profit  d'un  seul  8c  au  détriment  de  la  chose  publique  les 

'  Procèj-verbal  des  Etats.  Séance  du  24  décembre  1782. 


1782 


~^ i3o8  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

dépenses  consîdéiables  faites  par  radministration  pour  le  bien  commun  ;  ils 
n'eurent  pas  de  peine  à  prouver  que  les  droits  féodaux,  ci-devant  établis  sur 
le  vieux  pont  de  Brive  tombé  en  ruines,  ne  pouvaient  être  assis  sans  injustice 
sur  celui  qui  avait  été  construit  à  grands  trais  des  deniers  de  la  Province, 
rappelant  d'ailleurs,  fort  judicieusement,  que  la  nature  de  l'impôt  en  révélait 
l'origine;  les  péages  n'étaient  en  réalité  que  le  prix  du  passage  que  le  sei- 
gneur avait  charge  d'entretenir.  Les  frais  d'entretien  étant  passés  au  diocèse 
ou  à  la  Province,  il  y  aurait  eu  contradiction  manifeste  à  rétablir  la  percep- 
tion du  droit,  lorsque  le  service  qui  motivait  cette  perception  avait  cessé. 

On  fit  ressortir  que  le  pont  de  Brive,  dont  l'entretien  annuel  était  payé  par 
le  diocèse,  &  qui  facilitait  une  communication  importante  avec  le  Forez  & 
Lyon,  avait  coûté  à  la  Province  plus  de  cent  cinquante  mille  livres.  Les  États 
voyaient  avec  douleur  qu'une  dépense  considérable,  faite  pour  l'avantage  du 
commerce,  pourrait  lui- devenir  nuisible  6i  contribuer  au  rétablissement  d'un 
impôt  onéreux. 

En  communiquant  k  l'intendant,  pour  les  soumettre  au  conseil,  ces  justes 
motifs  de  doléances,  les  Etats  exprimèrent  l'espérance  que  le  roi  reconnaîtrait 
leurs  droits  sur  le  pont  de  Brive,  St  que  les  considérations  générales  du  bien 
public  &  de  la  liberté  du  commerce  feraient  également  confirmer  la  suppres- 
sion du  péage  de  Trouillas  '. 

Les  Etats  approuvèrent,  sur  la  proposition  de  l'archevêque  de  Toulouse, 
une  innovation  dans  le  service  des  travaux  publics.  Les  rapports  faits  à  l'as- 
semblée sur  les  ouvrages  exécutés  aux  frais  de  la  Province  avaient  donné  lieu 
de  remarquer  combien  il  était  désirable  d'établir  pendant  l'année  des  relations 
plus  suivies  Si  plus  fréquentes,  tant  avec  la  commission  qu'avec  les  syndics 
généraux.  La  fréquence  &  la  régularité  de  ces  relations  étaient  le  meilleur 
moyen  d'éviter  aux  directeurs  des  actes  d'initiative  personnelle  qui  n'obte- 
naient pas  toujours  la  ratification  des  Etats;  &,  d'autre  part,  les  commissaires 
provinciaux  Se  les  syndics,  pouvant  suivre  de  plus  près  le  développement  des 
travaux,  seraient  mieux  à  même  d'obvier  aux  difficultés  de  détail. 

On  arrêta  donc  qu'à  dater  de  l'année  lySS  il  serait  tenu,  autant  que  pos- 
sible tous  les  deux  mois,  8c  dans  la  première  semaine  de  cette  période,  une 
assemblée  des  commissaires  des  travaux  publics,  où  les  directeurs  seraient 
tenus  de  se  rendre,  sauf  dispense  personnelle  du  président.  Dans  ces  confé- 
rences, il  devait  être  rendu  compte  de  l'état  de  tous  les  travaux  entrepris  ou 
à  entreprendre  en  vertii  des  délibérations  des  Etats,  chaque  directeur  ayant 
charge  de  remettre  un  rapport  détaillé  sur  les  opérations  accomplies  pendant 
les  mois  antérieurs  8c  sur  celles  qui  devaient  l'être  pendant  la  période  suivante. 

Ce  nouveau  mode  de  réunions  ne  changeait  rien  à  la  convocation  des 
assemblées  extraordinaires,  que  les  commissaires  des  États  demeuraient  tou- 
jours en  droit  de  réunir  8c  où  les  directeurs  devaient  assister,  comme  d'habi- 
tude, toutes  les  fois  qu'ils  y  seraient  appelés^. 

'  Procès-verbal  des  Etats.  3o  décembre  1782.  •  Procès-verbal  des  Etats.  28  décembre  1782. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i3oo  ~ 

Il  fut  introduit  une  modification  dans  le  traitement  du  personnel.  Jusqu'à 
ce  jour,  les  directeurs,  inspecteurs  généraux  des  travaux  publics,  avaient  été 
payés  proportionnellement  aux  ouvrages  dont  ils  avaient  été  chargés.  On 
jugea  que  l'année  entière  de  ces  agents  devant  être  consacrée  au  service  de  la 
Province,  il  serait  plus  simple  &  plus  naturel  de  leur  assigner  des  appointe- 
ments fixes,  proportionnés  aux  talents  que  supposait  leur  emploi. 

Ces  appointements  furent  déterminés  pour  chacun  des  trois  directeurs  à 
trois  mille  livres  par  an  sur  les  fonds  de  la  Province,  plus  trois  mille  livres 
qu'ils  avaient  déjà  de  leurs  sénéchaussées,  &  douze  cents  pour  entretenir  un 
dessinateur  &  payer  leurs  ports  de  lettres. 

La  mort  de  MM.  Garipuy  8c  Saget  laissait  vacantes  deux  places  de  direc- 
teurs des  travaux  dans  les  sénéchaussées  de  Toulouse  81  de  Carcassonne;  on 
donna  la  première  à  M.  Ducros,  Se  la  seconde  à  M.  de  Saget,  frère  de  l'ancien 
directeur.  Ces  deux  agents  avaient  été  employés  depuis  longtemps  dans  les 
ouvrages  de  la  Province,  &  signalés  avec  honneur  dans  les  rapports  de  leurs 
devanciers'. 

Le  percement  de  la  route  d'Auvergne  donna  lieu  à  une  modification  dans 
les  circonscriptions  territoriales  de  la  Province  en  ce  qui  concernait  les  travaux 
publics.  Jusqu'à  ce  moment,  les  limites  des  trois  directions  avaient  concordé 
avec  celles  des  sénéchaussées.  Mais  on  jugea  que  les  grands  projets  de  viabilité 
à  l'étude  dans  le  massif  montagneux  du  nord-est  de  la  Province  exigeraient  les 
soins  particuliers  8<  exclusifs  d'un  fonctionnaire  spécial,  81  il  fut  décidé,  sur 
la  proposition  de  l'archevêque  de  Toulouse,  qu'on  formerait  un  quatrième 
département  en  détachant  de  celui  de  Nimes  les  trois  pays  de  Gévaudan,  de 
Vivarais  8c  de  Vêlai,  dont  la  situation  8c  l'unité  topographique  se  prêtaient 
merveilleusement  à  composer  un  ensemble  à  part*. 

Outre  la  route  d'Auvergne,  on  décida  que  le  nouveau  directeur  emploierait 
la  première  année  de  son  service  à  préparer  les  projets  des  routes  qui  pour- 
raient être  établies  du  Puy  à  Rodez  en  passant  par  Mende,  Se  de  Montpellier 
à  Saint-Flour  en  passant  par  Marvéjols,  sans  toutefois  autoriser  les  pays  de 
Vivarais,  de  Gévaudan  8c  de  Velai  à  négliger  l'entretien  des  chemins  qui 
servaient  de  communication  entre  ces  divers  points. 

On  chargea  du  nouveau  département  M.  Offarel,  qui  avait  été  déjà  employé 
en  second  aux  travaux  de  la  route  d'Auvergne;  on  ne  lui  alloua  que  trois 
mille  livres  d'appointements,  avec  douze  cents  francs  pour  dessinateur  8c  ports 
de  lettres,  à  cause  de  la  nouveauté  de  l'institution  8c  de  l'étendue  relativement 
restreinte  des  entreprises  qui  s'y  trouvaient  commencées  3. 

Une  grande  carte  routière  de  la  Province,  gravée  à  Paris  par  Dupaintriel, 
fut  présentée  aux  Etats  à  la  fin  de  l'année  1782.  Ils  l'approuvèrent  8c  invitè- 
rent tous  les  diocèses  à  faire  faire,  par  les  soins  de  leurs  inspecteurs,  une 
carte  calquée  sur  la  carte  générale,  de  la   même  étendue  8c  de   la  même 

'  Procèl-TCrbal  dej  Etats.  Séance  du  i8  décembre  '  Procès-rerbal  des  États.  24  décembre  1782. 

1782.  '  Procès-verbal  des  États.  28  dcterabre  1782. 


~2, »3io  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

échelle,  en  observant  de  n'y  comprendre  que  les  lieux  les  plus  importants  & 
d'adopter  des  procédés  graphiques  particuliers  pour  distinguer  les  cours  d'eau, 
les  chemins  de  poste,  de  sénéchaussée,  de  diocèse  &  les  projets  de  nouvelles 
voies,  afin  de  corriger  les  erreurs  &  de  réparer  les  omissions  de  la  carte  de 
Dupaintriel. 

Dans  ces  cartes,  uniquement  destinées  à  faire  connaître  les  débouchés  Si  à 
faciliter  les  études  des  communications  nécessaires,  en  vue  de  vivifier  le  p^ys 
&  d'activer  le  commerce,  on  devait  supprimer  le  tracé  des  montagnes  8(.  des 
bois,  8t  les  noms  des  simples  villages,  afin  d'éviter  la  confusion. 

Voici  les  signes  conventionnels  admis  pour  marquer  les  diverses  classes  de 
chemins  :  les  routes  du  roi  étaient  tracées  en  bleu;  les  routes  de  poste  entre- 
tenues par  les  Etats,  en  noir;  les  chemins  de  sénéchaussée,  en  rouge;  les 
chemins  de  diocèse,  marqués  par  deux  lignes  rouges  non  remplies;  les  che- 
mins de  communes,  exécutés  à  neuf,  par  une  ligne  brune;  les  chemins  pro- 
jetés, par  une  couleur  jaune.  Un  trait  de  carmin  devait  indiquer  les  ponts  en 
désignant  le  nombre  d'arches  par  de  petits  crochets. 

Le  principal  objet  du  travail  était  d'indiquer  aux  administrateurs  diocé- 
sains, dans  un  tableau  d'ensemble,  une  multitude  de  communications  de 
diocèse  à  diocèse  qui  leur  étaient  inconnues,  Si  d'éviter  ainsi  des  dépenses 
inutiles  occasionnées  souvent  par  l'ignorance  des  débouchés  les  plus  voisins. 

Ce  ne  fut  qu'au  mois  d'octobre  1784  que  les  cartes  diocésaines  des  séné- 
chaussées de  Toulouse  passèrent  aux  mains  de  Dupaintriel.  Celles  de  la 
sénéchaussée  de  Beaucaire  suivirent  de  près. 

Le  Vivarais,  pays  d'orages,  de  misère  Si  de  révolte,  fut  encore  troublé,  pen- 
dant l'hiver  de  1783,  par  un  de  ces  mouvements  populaires  dont  le  souvenir 
se  représente  sans  cesse  dans  l'histoire  de  cette  région. 

Cette  fois,  l'agitation  se  produisit  dans  la  vallée  de  l'Ardèche  Si  dans  celle 
de  son  principal  affluent,  ainsi  que  dans  la  portion  des  Cévennes  qui  appar- 
tenait au  diocèse  d'Uzès.  La  principale  cause  en  fut,  comme  d'habitude,  la 
détresse  des  populations.  Comme  en  1670,  c'était  encore  la  faim  qui  poussait 
tous  ces  misérables  à  ne  prendre  conseil  que  de  leur  désespoir.  Les  récoltes 
avaient  été  entièrement  perdues  par  suite  des  ouragans  81  des  grêles  de  l'été. 
La  pauvreté,  toujours  si  poignante  dans  ces  cantons,  s'en  était  accrue,  &(.  avec 
elle  l'irritabilité  de  ces  hommes  énergiques,  privés  à  la  fois  du  produit  de 
leurs  champs  par  l'intempérie  des  saisons,  dépouillés  des  ressources  de  leurs 
mines  par  la  confirmation  d'un  privilège  exclusif,  réduits  par  l'excès  même 
de  leur  misère  à  se  voir  refuser  les  avances  de  denrées  qu'on  leur  accordait  en 
temps  ordinaire,  8c  surtout  vexés  Si  pressurés  de  mille  façons  par  les  officiers 
de  justice  d'ordre  inférieur  Si  par  les  praticiens  de  campagne,  véritable  fléau 
de  ces  tristes  solitudes. 

Des  attroupements  d'hommes  armés  81  masqués,  qui  cherchaient  à  aug- 
menter leurs  chances  d'impunité  en  dissimulant  leurs  visages  sous  un  grossier 
déguisement,  se  formèrent  dans  les  montagnes  du  bas  Vivarais  Si  dans  les 
gorges  du  Cèze.  Les  petites  villes  de  Saint-Ambroix,  les  Vans,  Joyeuse,  furent 


1783 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i3li 

le  foyer  de  l'insurrection  dont  le  contre-coup  se  fit  ressentir  jusqu'en  Gévaudan, 
8<  réveilla  les  échos  depuis  longtemps  assoupis  des  champs  de  bataille  céve- 
nols. Des  actes  de  brigandage,  des  vols,  des  excès  de  toute  nature  furent 
commis.  C'est  au  mois  de  février  qu'éclatèrent  les  premiers  troubles.  Il  fallut 
assurer  au  plus  tôt  des  moyens  de  répression. 

Le  lieutenant  de  prévôt  de  la  maréchaussée  de  Vivarais,  M.  Sarralier,  qui 
donnait  incessamment  la  chasse  à  tous  les  mendiants  &  vagabonds  dont  le 
pays  était  inondé,  8<.  qui  en  délivrait  la  campagne  en  les  dirigeant  sur  le 
dépôt  de  Montpellier,  se  hâta  de  se  mettre  en  selle  au  premier  bruit  de  l'at- 
troupement, &  à  la  tête  des  trois  brigades  de  Montpezat,  de  Villeneuvc- 
de-Berg  &  d'Aubenas,  courut  battre  les  environs  de  Joyeuse  &  des  Vans.  Il 
passa  plusieurs  semaines  en  expédition,  dissipant  les  rassemblements  armés, 
employant  tour  à  tour  la  persuasion  Se  la  menace  pour  faire  rentrer  les  insurgés 
dans  leurs  familles,  &  emmenant  les  plus  récalcitrants  pour  les  livrer  à  la  jus- 
tice. Il  en  arrêta  vingt-trois  qui  furent  enfermés  aux  prisons  de  Villeneuve- 
de-Berg. 

De  son  côté,  le  chevalier  de  Lavernède,  qui  habitait  le  château  de  Mal- 
bosc,  s'était  mis  en  course  pour  arrêter  le  désordre  à  son  origine,  Sx.  déployait, 
en  poursuivant  Se  dispersant  les  groupes  de  masques  armés  dans  les  cantons 
de  Malbosc,  Bane,  Brahic,  les  Vans  8c  Joyeuse,  une  activité,  un  courage  & 
une  énergie  qui  lui  valut,  à  la  date  du  26  février,  une  lettre  élogieuse  du 
comte  de  Périgord  &  une  constatation  officielle  de  son  «  zèle  patriotique.  » 

Mais  quand  les  dangers  les  plus  pressants  furent  écartés,  8c  les  actes  de 
violence  punis,  on  dut  songer  sans  délai  à  faire  cesser  les  causes  d'agitation 
qui  troublaient  ces  misérables  populations  de  montagne,  8c  l'on  se  préoccupa 
d'abord  d'organiser  des  travaux  publics  8c  d'ouvrir  des  ateliers  de  charité,  afin 
d'assurer  des  moyens  de  subsistance  immédiats  aux  malheureux  qui  man- 
quaient de  pain. 

Ce  fut  la  commission  des  États  de  Vivarais  qui  prit  l'initiative  de  ces 
mesures.  Elle  commença  par  décider,  le  10  mars,  d'accélérer  l'adjudication 
des  travaux  qui  avaient  été  autorisés  aux  derniers  Etats,  obligeant  les  entre- 
preneurs à  ouvrir  les  chantiers  dans  la  huitaine  après  leur  bail  8c  à  recevoir 
tous  les  ouvriers  munis  de  certificats  des  curés  8c  consuls  attestant  le  manque 
de  travail  dans  leurs  communautés.  Un  architecte  de  Villeneuve-de-Berg, 
nommé  Auzepy,  fut  commis  extraordinairement  pour  surveiller  ces  divers 
travaux,  que  l'on  eut  soin  de  répandre  dans  tout  le  Vivarais  8c  de  rapprocher 
des  montagnes  8c  des  quartiers  les  plus  souffrants. 

Quelques  jours  après,  le  ig  mars,  les  commissaires  de  l'assiette  d'Uzès 
envoyaient  le  syndic  du  diocèse,  accompagné  du  sieur  David,  inspecteur  des 
travaux  publics,  dans  les  villes  de  Saint-Ambroix  8c  des  Vans,  afin  d'y  établir 
deux  grands  ateliers,  ouverts  à  qui  se  présenterait,  l'un  sur  la  route  d'Uzès 
à  Saint-Ambroix,  destinée  à  être  entièrement  reconstruite,  dans  la  section  de 
Saint-Ambroix  à  Moulinet;  l'autre  sur  la  route  des  Vans  à  Saint-Ambroix,  à 
Barjac,  où  la  descente  des  Vans  devait  être  refaite. 


1783 


1783 


i3i2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  malheureux  affamés  de  tout  le  pays  se  jetèrent  avec  tant  d'empresse- 
ment sur  ces  chantiers,  qu'on  put  compter  plus  de  cinq  cents  travailleurs  à 
l'atelier  des  Vans,  &  plus  de  sept  cents  à  celui  de  Saint-Ambroix.  Dans  ce 
dernier  lieu,  il  s'en  présenta  plus  de  mille  le  27  avril,  8c  l'affluence  devint  si 
considérable  que  l'on  se  vit  contraint  de  suspendre  les  travaux,  faute  d'argent 
pour  suffire  à  l'énorme  dépense  des  payements  journaliers. 

Cependant  des  démarches  avaient  été  faites  pour  informer  la  Cour  de  tous 
ces  malheurs.  L'archevêque  de  Narbonne,  le  commandant  8c  l'intendant  de 
la  Province,  le  marquis  de  Castries,  appuyèrent  auprès  du  conseil  les  sollici- 
tations du  diocèse  d'Uzès  Se  des  Etats  de  Vivarais,  8c,  dans  le  courant  du  mois 
d'avril,  le  roi  accorda  une  somme  de  cinquante  mille  livres  à  partager  entre 
ces  deux  pays,  afin  d'établir  des  ateliers  de  charité  dans  le  voisinage  des  lieux 
où  s'était  formé  l'attroupement. 

Ces  secours  permirent  d'activer  les  travaux  commencés  8c  d'en  organiser  de 
nouveaux.  C'est  uniquement  à  la  construction  des  routes  que  l'on  occupait 
les  travailleurs;  tandis  que  les  deux  grands  chantiers  ouverts  par  le  diocèse 
d'Uzès  étaient  en  pleine  activité,  l'administration  du  Vivarais  faisait  rétablir 
une  partie  du  chemin  de  Villefort  à  Alais,  dans  les  communes  de  Malbosc, 
Banne,  Brahic  8c  Courry,  où  l'attroupement  s'était  formé;  raffermir  8c  réparer 
le  chemin  de  Joyeuse  à  Aubenas,  afin  d'employer  les  bras  d'une  foule  de 
paysans  disséminés  dans  les  hameaux  de  montagne  qui  dominent  8c  longent 
cette  route  8c  parmi  lesquels  l'insurrection  avait  recruté  plusieurs  soldats;  rec- 
tifier le  passage  de  Malpas  sur  le  chemin  de  Ruons  à  Joyeuse,  afin  de  fournir 
du  travail  aux  communes  de  Ruons,  Balazuc,  Lahaume-sous-Sampzon  8c  à 
quelques  autres,  où  des  hommes  déguisés  avaient  commis  plusieurs  vols  8c  des 
voies  de  fait.  Un  dernier  atelier  de  charité  fut  établi  sur  la  ligne  de  Joyeuse 
à  Aubenas. 

Dans  tous  ces  chantiers,  on  ne  demandait  aux  journaliers  que  les  travaux 
les  plus  simples.  Les  déblais,  les  remblais,  les  gravelages,  les  empierre- 
ments, avaient  été  justement  préférés  aux  ouvrages  d'art,  d'abord  qu'ils 
s'accommodaient  mieux  au  nombre  8c  à  l'inexpérience  des  ouvriers  employés 
qui  étaient  presque  tous  des  travailleurs  de  terre,  8c  aussi  parce  que  le  sol 
gras  8c  fangeux,  où  certaines  routes  étaient  tracées,  se  trouvait  sillonné  de 
flaques  d'eau  8t  d'ornières  journellement  approfondies  par  la  circulation  des 
voitures. 

Six  cent  cinquante  ouvriers  trouvèrent  leur  subsistance  dans  ces  ateliers  de 
charité  qui  demeurèrent  ouverts  jusqu'au  moment  où  les  travaux  de  la  cam- 
pagne réclamèrent  des  bras.  Comme  il  restait  encore  bien  des  malheureux 
sans  travail,  que  la  disette  était  grande  8c  devait  nécessairement  s'accroître 
jusqu'à  la  récolte,  le  pays  de  Vivarais  fit  alors  exécuter  un  certain  nombre  de 
réparations  qui  étaient  projetées  depuis  longtemps  mais  différées  par  esprit 
d'économie.  C'est  ainsi  que  furent  adoucies  les  descentes  du  pont  de  Rigaud 
8c  du  Malpas  sur  les  routes  d'Aubenas  à  Joyeuse  8c  de  Joyeuse  à  Ruons, 
tandis  que  l'on  construisait  des  chaussées  de  terre  8c  de  rocaille,  occupant  bon 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i3i3 

nombre  de  journaliers  sur  le  cliemin  d'Uzer  à  Largentière,  &  que  l'on  élar- 
gissait un  tournant  de  la  montée  de  Joyeuse. 

Les  communes  les  plus  pauvres,  celles  qui  avaient  naturellement  fourni  le 
contingent  le  plus  nombreux  à  l'insurrection,  Banne,  Brahic,  Malbosc  8<. 
Courry,  n'avaient  dans  leur  territoire  que  des  chemins  de  quatrième  ordre, 
dont  la  construction  8<  la  réparation  devaient  être  faites  entièrement  à  leurs 
frais,  suivant  les  règlements  de  la  Province.  Abandonnées  à  elles-mêipes, 
elles  manquaient  de  moyens  pour  subvenir  à  ces  dépenses  &c  ne  purent  que 
prendre  des  délibérations  pour  solliciter  l'assistance  du  roi.  Aussi  les  Etats 
leur  accordèrent-ils  une  somme  de  cinq  mille  livres,  destinée  au  rétablisse- 
ment du  pont  de  Gagnière. 

Tous  ces  travaux,  habilement  répartis  dans  les  quartiers  les  plus  enclins  à 
la  rébellion,  eurent  pour  résultat  d'assurer  l'existence  d'une  foule  de  pauvres 
journaliers  réduits  à  la  dernière  détresse,  S<,  par  conséquent,  de  diminuer  la 
population  flottante  de  mendiants  8c  de  vagabonds  qui  se  trouvait  à  la  merci 
des  séditieux.  Mais  le  caractère  particulier  de  certaines  violences  commises 
par  les  insurgés  indiquait  suffisammeiu  que  la  misère  n'avait  pas  été  le  seul 
mobile  de  cette  dangereuse  émotion,  que  l'on  appela  dans  le  pays  la  sédition 
des  Masques  armés.  De  graves  accusations  couraient  les  campagnes  contre  la 
conduite  déloyale  8i  oppressive  des  gens  d'affaires.  Pendant  la  session  des 
États  de  Vivarais  tenue  dans  la  ville  d'Annonay  au  mois  de  juin,  M.  Lemore 
de  Pignieu,  qui  présidait  la  séance  en  qualité  de  bailli  d'épée,  gouverneur 
de  la  ville  d'Annonay  Sv  subrogé  du  maréchal  de  Soubise,  se  fit  l'interprète  du 
vœu  public  en  demandanfque  les  commissaires  du  pays  fussent  chargés  de 
supplier  le  garde  des  sceaux  de  vouloir  bien  approfondir  la  cause  d'un  événe- 
ment si  extraordinaire,  Se  d'y  remédier  à  jamais  par  les  moyens  que  sa  sagesse 
lui  inspirerait  Si,  en  particulier,  par  le  rétablissement  de  l'ordre  judiciaire. 
Cette  proposition  réunit  tous  les  suffrages,  tant  on  était  convaincu  de  l'utilité 
de  graves  réformes. 

Les  supplications  du  pays  ne  demeurèrent  pas  infructueuses.  Moins  d'un 
mois  après  parurent  des  lettres  patentes  du  roi,  datées  du  22  juillet,  commet- 
tant quatre  commissaires  du  Parlement  de  Toulouse,  à  la  nomination  de  la 
cour,  pour  se  transporter  dans  les  lieux  des  Cévennes,  du  Vivarais  Se  du 
Gévaudan,  notamment  dans  ceux  de  Banne,  Saint-Ambroix  8c  autres,  afin  de 
s'enquérir  de  tous  les  abus  relatifs  à  l'administration  de  la  justice. 

Depuis  les  grandes  fêtes  célébrées  à  Toulouse  à  l'occasion  du  rappel  des 
parlementaires,  l'uniformité  de  la  vie  quotidienne  n'avait  été  interrompue, 
dans  la  capitale  de  la  Province,  que  par  quelques  passages  princiers.  Le 
comte  de  Provence,  frère  du  roi,  accompagné  du  duc  de  Laval,  des  marquis 
d'Avaray,  de  Lévis,  de  Montesquiou  8c  de  La  Châtre,  des  comtes  de  Crenay, 
de  Chabri liant  8c  de  Modène,  traversa  le  Languedoc  de  l'-ouest  à  l'est  pen- 
dant l'été  de  1777',  8c  la   même  année,  l'empereur  d'Allemagne  Joseph  If, 

'  Voici  un  extrait  du  Journal  polltiijue  de  Bouillon  sur  le  voyage  du  comte  de  Provence  en  Languedoc  : 
XIII.  83 


1783 


1783 


ii4 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


voyageant  incognito  sous   le  nom  de  comte  de  Falckenstein,   fit   quelques 
stations  dans  les  principales  villes  de  Languedoc',  y  fut  très-intéressé  par  le 


«  Paris,  le  22  juillet.  —  Monsieur  venant  de 
Marmande  se  rendit  à  Toulouse.  Le  20  juin,  ce 
prince  a  bien  voulu  admettre  la  compagnie  royale 
des  pénitens  bleus  de  cette  ville  à  lui  présenter 
l'hommage  de  son  profond  respect  &  de  sa  véné- 
ration; M.  Monssinat,  adjudant  au  Parleinent, 
syndic  de  cette  compagnie,  a  eu  Thonneur  de  por- 
ter la  parole,  en  l'absence  de  M.  le  comte  de  Paulo, 
prieur,  à  la  tête  d'une  députation  composée  de 
trente  gentilshommes  les  plus  distingués  de  la 
ville. 

n  Le  21,  Monsieur,  accompagné  de  tous  les  sei- 
gneurs de  sa  suite,  a  fait  l'honneur  à  cette  compa- 
gnie de  visiter  sa  chapelle,  belle  par  elle-même, 
&  qu'on  avoit  magnifiquement  décorée.  Il  fut  reçu, 
la  croix  levée,  &  avec  vin  dais  porté  par  six  gen- 
tilshommes en  habit  de  pénitent.  L'archevêque, 
qui  avoit  précédé  le  prince  de  quelques  instans,  se 
trouva  à  la  tête  de  la  compagnie,  &  d'un  clergé 
nombreux,  lui  présenta  de  l'eau  bénite,  &  dit 
l'oraison  après  le  Domine  salyum  fas  regem  à  grands 
chœurs  &  en  symphonie;  pendant  qu'on  l'exécu- 
toit.  Monsieur  demeura  à  genoux  dans  le  sanc- 
tuaire, appuyé  sur  un  prie-Dieu  couvert  d'un 
tapis  de  velours  cramoisi  brodé  en  or,  &  d'un  sac 
de  pénitent  bleu,  au-dessus  duquel  étoit  le  registre 
où  le  prince  reconnoissoit  sa  signature,  &  celle 
de  tous  les  rois  de  France  ses  ayeux.  Ce  prince  a 
bien  voulu  accorder  cette  marque  de  distinction  à 
cette  compagnie,  qui  doit  son  existence  &  ses  pri- 
vilèges à  la  piété  de  nos  rois,  &  a  le  glorieux 
avantage  de  compter  tous  les  princes  du  sang  royal 
au  nombre  de  ses  bienfaiteurs.  Après  que  le  prince 
fut  sorti  de  la  chapelle,  les  pénitens  bleus  délibé- 
rèrent de  faire  célébrer  chaque  jour  une  messe,  & 
lie  chanter  VExaudiat  jusqu'au  jour  de  son  retour 
K  Versailles  inclusivement,  ce  qui  s'exécute  avec 
beaucoup  d'édification  &  attire  un  concours  pro- 
digieux. 

Il  Monsieur,  en  arrivant  à  Béziers  par  le  canal, 
fut  salué  à  la  montagne  nommée  mal-pas,  par  une 
compagnie  de  dragons,  vêtue  de  l'uniforme  de 
son  régiment,  composée  de  quatre-vingts  jeunes 
gens  d'élite;  aux  neuf  écluses  une  autre  compa- 
gnie de  soixante  maîtres,  vêtue  couleur  ventre  de 
biche  à  revers  bleu  &  galonnée  d'argent,  se  pré- 
senta. Les  écluses  illuminées  formoient  un  coup 
d'œil  unique. 

Il  Au  moment  oii  Monsieur  sortit  de  sa  barque, 
soixante  bergers  &  bergères,  vêtus  du  meilleur 
goût,  formèrent  un  ballet  champêtre,  &  précédè- 
rent le  prince  jusqu'à  la  porte  de  la  ville,  où  les 
officiers  municipaux  lui  présentèrent  les  clefs  & 
le  haranguèrent. 


«  Les  rues  étoient  illuminées,  tapissées,  sablées, 
&  bordées  par  le  régiment  de  Vermandois.  Le  pré- 
sidial  harangua  le  prince  à  l'évêché,  où  il  soupa 
&  coucha;  le  lendemain  le  prince  entendit  la 
messe  à  la  cathédrale,  &  partit  ensuite  pour  Agde, 
précédé  &  suivi  du  cortège  de  la  veille. 

Il  Monsieur  ayant  pris  la  route  par  terre  arriva 
à  Cette,  le  27,  à  six  heures  &  demie  du  soir.  Ce 
prince  vint  descendre  devant  la  maison  préparée 
pour  le  recevoir,  &  dont  la  façade  offroit  une  très- 
belle  décoration.  Il  fut  reçu  à  la  porte  de  cette 
maison  par  l'évêque  de  Montpellier,  le  marquis 
de  Calvisson,  baron  des  Etats,  le  marquis  de 
Montferrier,  syndic  général  de  la  Province,  &  son 
fils,  aussi  syndic  général,  reçu  en  survivance. 

Il  Après  avoir  vu  du  balcon  de  son  appartement 
les  joutes  qu'on  avoit  préparées  sur  le  canal  qui 
conduit  au  port,  8c  qui  furent  exécutées  au  milieu 
de  soixante  petits  bateaux  décorés.  Monsieur  se 
rendit  à  pied  au  port  &  au  -fort  Saint-Louis,  ac- 
compagné par  un  peuple  immense  qui  faisoit  re- 
tentir l'air  de  ses  acclamations  &  des  cris  de  vive 
le  Roi,  vive  Monsieur.  Ce  prince  examina  le  môle 
&  le  port,  vit  travailler  un  ponton  que  les  com- 
missaires des  Etats  avoient  fait  tenir  armé;  &  à 
l'entrée  de  la  nuit,  il  s'embarqua  dans  la  chaloupe 
de  la  Provirfce,  traversa  le  port,  &  vogua  vers  le 
canal  au  milieu  de  la  flotille  des  jouteurs.  Les 
deux  bords  du  canal  &  les  maisons  situées  sur  le 
canal  étoient  pour  lors  illuminés;  &  Monsieur 
étant  rentré,  on  exécuta  un  feu  d'artifice  préparé 
de  l'autre  côté,  vis-à-vis  de  la  maison  qu'occupoit 
ce  prince,  &  dont  il  alluma  lui-même  le  curseur 
avec  un  soufflon  que  M.  de  Montferrier,  le  fils, 
eut  l'honneur  de  lui  présenter. 

Il  Ce  prince,  après  le  feu,  dont  il  parut  satis- 
fait, ainsi  que  de  tout  ce  qu'il  avoit  vu  jusqu'alors, 
soupa  à  une  table  de  quinze  couverts.  L'évêque  de 
Montpellier  &  le  marquis  de  Calvisson,  baron  des 
Etats,  furent  du  nombre  des  convives.  Le  marquis 
de  Montferrier,  syndic  général,  eut  l'honneur  de 
servir  le  prince,  qui  partit  de  Cette  le  28,  vers 
neuf  heures  du  matin,  pour  se  rendre  à  Montpel- 
lier. Il  a  été  escorté  à  son  départ,  ainsi  qu'ij  • 
l'avoit  été  à  son  arrivée,  par  une  troupe  de  cava- 
lerie, formée  des  négocians  de  la  ville,  &  portant  ' 
l'uniforme  de  ses  gardes. 

Il  A  Montpellier  le  prince  alla  descendre  à  l'in- 
tendance, où  M.  de  Saint-Priest  avoit  tout  disposé 
pour  le  recevoir  :  il  y  dîna,  vit  la  superbe  place 
du  Peyrou,  &  continua  sa  route  pour  Nimes.  » 

'  On  lit  dans  le  Journal  politique  de  Bouillon, 
du  mois  de  juillet  1777  : 

Il  M.  le  comte  de  Falckenstein,  à  son  passage  à 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  ï3i5 

développement  Se  l'activité  des  travaux  publics  Se  en  rapporta  des  impressions 
extrêmement  favorables  à  l'archevêque  de  Toulouse  Brienne,  impressions  qui, 
transmises  à  la  reine  Marie -Antoinette  par  son  frère,  ne  furent  pas  sans 
influence  sur  les  destinées  politiques  du  prélat.  Le  mystère  dont  l'empereur 
d'Allemagne  affectait  de  s'entourer  épargna  aux  villes  les  dépenses  occasion- 
nées d'habitude  par  les  visites  de  souverains.  Quant  au  comte  de  Provence, 
des  instructions  formelles  du  ministère  à  l'intendant  avaient  défendu  de  pré- 
parer en  son  honneur  des  réjouissances  onéreuses,  interdiction  dictée  par  de 
«âges  préoccupations  d'économie,  mais  qui  fut  interprétée  avec  amertume, 
grâce  à  l'esprit  d'intrigue  &  de  cabale  dont  Toulouse  ne  cessait  d'être  le  foyer. 

Le  plus  redoutable  centre  de  résistance  était  le  Parlement.  A  peine  réta- 
blie, la  cour  de  Toulouse  avait  repris  ses  traditions  &  ses  espérances;  elle 
s'était  mise  en  guerre,  dès  1776,  avec  le  grand  conseil  du  roi,  8t  les  change- 
ments apportés  en  1778  à  la  constitution  du  capitoulat  lui  fournirent  un 
nouveau  thème  de  réclamations.  Elle  mit  cinq  ans  à  le  mûrir,  non  sans 
chercher,  dans  l'intervalle,  à  jeter  le  discrédit  sur  la  réforme. 

Grâce  à  la  prépondérance  qu'il  avait  prise  depuis  le  seizième  siècle,  sur  la 
municipalité  toulousaine,  le  Parlement  s'était  habitué  k  exiger  du  personnel 
de  l'hôtel  de  ville  des  marques  de  respect  exagérées.  Tant  que  le  corps  capi- 
tulaire  ne  fut  composé  que  de  marchands  ou  de  gens  de  loi  acceptant  tous 
les  ennuis  de  la  charge  en  vue  d'obtenir  la  noblesse  héréditaire,  on  s'était 
soumis,  sauf  quelques  accès  fortuits  d'indiscipline,  aux  caprices  de  la  magis- 
trature; la  création  des  cajjitouls  gentilshommes,  pris  parmi  les  personnages 
les  plus  qualifiés  de  la  ville,  modifia  la  situation.  Le  vieil  antagonisme  entre 
les  hommes  d'épée  5c  les  hommes  de  robe  se  réveilla;  &  cette  classification 
d'officiers  municipaux  que  l'on  avait  regardée  comme  un  moyen  de  concilier 
tous  les  intérêts  &  toutes  les  prétentions,  ne  fit  qu'aigrir  la  lutte  8c  rendre  les 
divisions  plus  sensibles. 

A  la  suite  d'incidents  de  formalisme  qui  avaient  blessé  sa  susceptibilité,  le 
Parlement  ordonna,  par  son  arrêt  du  g  décembre  1783,  qu'il  ne  serait  rien 
changé  ni  innové  dans  la  manière  d'administrer  la  justice  &  d'exercer  la 
police  confiée  aux  capitouls,  «  non  plus  que  dans  les  honneurs  dus  aux  ofh- 
«  ciers  de  la  cour,  »  revendiquant  pour  eux,  comme  par  le  passé,  le  droit  de 
présider  à  toutes  les  assemblées  de  l'hôtel  de  ville. 

Le  lendemain,  10  décembre,  le  Parlement  arrêta  des  remontrances  au  ro? 
sur  la  même  question  8c  y  rassembla  tous  ses  griefs  contre  la  révolution  muni- 
cipale de  1778  8c  contre  les  divers  arrêts  du  conseil  qui  l'avaient  complétée 
ou  modifiée.  Quand  le  Parlement  avait  supplié  le  roi  de  donner  à  l'adminis- 
tration municipale  la  sanction  de  la  loi,  c'était,  disait-il,  pour  assurer  à  cette 
organisation  plus  de   consistance  8c  de  stabilité.  En   cinq  ans,  on  avait  vu 

Carcassonne,  le  3o    juin,   fut  curieux  de  voir   les  lient  les  matières,  les  opérations  &  le  mécanisme 

âraps  qu'on  y  fait  pour  le  Lcvantj  le  sieur  Rocjue  des  fabriques  de  cette  espèce,  &  parla  de  manière 

fils,  fabricant,  s'empressa    de   satisfaire  son  désir.  à  causer   une    surprise   mêlée   d'admiration   à  tour 

Ce  prince  eut  n    dans  tous  les  détails  qui   concer-  les  spectateurs  qui  étaient  gens  de  l'art.  •• 


1783 


1783 


i3i6  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

paraître  quatre  arrêts  du  conseil  «  dont  l'inconstance  déceloit  les  vues  parti- 
«  culières  qui  les  avoient  dictées.  »  11  était  temps  que  des  gens  sages  8t  désin- 
téressés rendissent  un  compte  exact  de  la  situation,  des  usages  8<.  des  privilèges 
de  la  ville,  du  génie  &  des  moeurs  de  ses  habitants.  La  cour  attaquait  à  ce 
propos  l'intervention  du  conseil  d'Etat  :  «  Le  pouvoir  exécutif  &i  le  pouvoir 
«  législatif",  bien  que  confondus  dans  la  main  du  roi,  doivent  être  exercés 
«  séparément.  Les  affaires  qui  demandent  célérité  doivent  seules  être  réglées 
«  au  conseil,  chargé  de  pourvoir  à  ce  qui  est  d'administration,  expression 
«  vague  8c  équivoque  dont  il  n'est  que  trop  facile  d'abuser.  «  Les  magistrats 
toulousains  posaient  en  principe  que  tout  établissement  fixe  8\  permanent  ne 
pouvait  être  fait  que  par  lettres  enregistrées,  &  ils  citaient,  à  l'appui  de  leur 
opinion,  divers  articles  des  ordonnances  d'Orléans,  de  Moulins  &  de  Cré- 
mieux  &  plusieurs  autres  actes  royaux. 

Certes,  les  récriminations  de  la  cour  étaient  fondées  sur  la  mobilité  Se  la 
contradiction  des  arrêts  du  conseil;  mais  combien  la  formalité  de  l'enregistre- 
ment parlementaire  ne  s'était-elle  pas  montrée  insuffisante  à  doter  la  France 
d'un  régime  vraiment  légal!  Ce  n'est  pas  au  conseil  d'Etat  seulement,  c'est  à 
tout  le  système  de  l'ancienne  monarchie  que  le  Parlement  faisait  le  procès 
sans  le  vouloir,  ne  s'apercevant  pas  que  jeter  les  lumières  de  l'esprit  critique 
sur  un  point  quelconque  de  cette  vaste  fiction,  c'était  en  préparer  l'anéantis- 
sement. 

Beaucoup  des  observations  présentées  par  les  magistrats  sur  l'organisation 
municipale  de  1778  avaient,  d'ailleurs,  un  caractère  des  plus  sérieux.  Ils  blâ- 
maient la  désignation  des  professions  dont  les  membres  devaient  figurer  aux 
conseils,  n'y  voyant  qu'une  complication  inutile.  «  Ce  n'est  pas  comme  exer- 
M  çant  telle  ou  telle  profession,  c'est  comme  citoyen  que  chacun  y  doit  être; 
«  c'est  la  valeur  individuelle  Si  l'intérêt  de  chacun  comme  propriétaire  qui 
(c  doit  y  donner  place.  » 

L'ordre  des  avocats  domine  à  Toulouse  :  cependant  on  donne  la  prépondé- 
rance aux  négociants  »  dont  la  plupart  ne  sont  c[ue  des  détailleurs.  » 

Le  Parlement  s'élevait  avec  raison  contre  les  prérogatives  exagérées  assurées 
à  la  noblesse.  Il  déclarait  insoutenable  l'article  6  portant  ;  «  Dans  les  assem- 
«  blées  qui  se  tiendront  pour  les  affaires  municipales  ou  de  police,  les  capi- 
<i  touls  de  la  première  classe  jouiront  exclusivement  du  droit  de  faire  les 
«  propositions,  de  recueillir  les  suffrages  8c  de  dénoncer  les  délibérations  qui 
«  seront  prises.  «  Un  tel  privilège  supposait,  d'après  la  cour,  chez  les  capi- 
touls  de  la  première  classe  «  des  lumières  qu'on  ne  sauroit  attendre  de  l'igno- 
«  rance  des  lois  Se  des  formes  naturelles  à  la  noblesse,  de  son  inattention  Se 
«  de  son  mépris  pour  le  gouvernement  civil,  »  appuyant  cette  appréciation 
de  quelques  passages  de  V Esprit  des  Lois.  (Liv.  II,  chap.  iv;  liv.  XXVI, 
chap.  XXIV.) 

La  durée  du  service  pendant  quatre  ans,  plus  quatre  ans  au  conseil,  portée 
dans  l'article  7,  avait  été  dictée  par  les  gentilshommes.  Un  service  aussi  pro- 
longé ne  pouvait  être  bon  qu'à  «  occuper  ou  plutôt   amuser  les   loisirs  des 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA   RÉVOLUTION,  i3i7   ~ 

«  capitouls  de  la  preinicie  classe;  »  les  avocats  &  les  négociants  accepte- 
raient-ils d'abandonner  pendant  huit  ans  leur  cabinet  ou  leurs  affaires? 

Grand  sujet  de  plaintes  contre  l'article  5,  donnant  la  présidence  au  pre- 
mier capitoul  de  la  première  classe,  8c,  en  son  absence,  au  premier  capitoul 
de  la  seconde.  C'est  une  offense  aux  droits  du  Parlement,  reconnus  par  l'or- 
donnance de  Crémieux,  par  les  lettres  patentes  de  Charles  IX  du  8  février  & 
du  I"  août  i566.  Si  les  commissaires  de  la  cour  ne  tenaient  pas  cette  prési- 
dence de  l'usage,  il  faudrait  la  leur  donner,  puisqu'ils  représentent  la  majesté 
royale.  Là-dessus,  les  parlementaires  citent  divers  textes  des  ordonnances  du 
Louvre,  une  phrase  de  Cliarles  Loiseau,  «  homme  de  grand  sens  Se.  de  science 
<i  profonde,  »  parlant,  au  cinquième  livre  de  son  Traité  des  Offices,  des  dan- 
gers d'un  trop  grand  pouvoir  accordé  aux  officiers  des  villes,  «  ce  qui  tient  à 
"  la  démocratie,  même  à  l'anarchie,  8<.  certes  leur  trop  grande  autorité  a  été 
«  plusieurs  fois  cause  des  séditions  populaires  &  même  des  rébellions.  »  Dans 
leur  amour  pour  les  témoignages  juridiques,  ils  remontent  jusqu'à  une  loi  de 
Théodose  &  d'Honorius,  défendant  aux  curiales  de  mépriser  les  ordres  des 
juges,  sous  peine  de  cinq  livres  d'or  Si  d'être  dépouillés  de  leur  dignité. 

Us  ne  se  montrent  pas  moins  blessés  de  la  faveur  accordée  aux  capitouls  de 
la  première  classe  de  choisir  seuls  leurs  successeurs,  à  l'exclusion  de  tous  les 
autres  nobles.  Le  conseil  ne  pouvait  concentrer  le  capitoulat  dans  un  petit 
nombre  de  familles  Se  en  écarter  ceux  qui  avaient  le  droit  d'y  prétendre. 
Plusieurs  des  administrateurs  en  charge  pendant  l'année  lySS  n'avaient 
aucune  propriété  foncière  dans  le  territoire  de  Toulouse,  Se  le  Parlement 
signalait  cette  circonstance  comme  un  danger  de  dépenses  onéreuses  «  & 
<i  indiscrètes.  »  Un  tel  système  était  contraire  à  l'esprit  de  la  monarchie;  on 
avait  voulu  exclure  les  magistrats  des  assemblées,  écarter  peu  à  peu  tous  les 
citoyens  versés  dans  les  lois,  «  afin  que  des  hommes  plus  amoureux  de  la 
<i  domination  que  du  bien  public  ne  trouvassent  plus  d'obstacles  à  leurs  des- 
«  seins  ambitieux.  »  On  avait  tenté,  sous  Henri  II,  d'écarter  les  gens  de  robe 
des  charges  municipales,  mais  cette  disposition  fut  révoquée,  pour  la  ville  de 
Toulouse,  par  lettres  patentes  du  23  juillet  1548. 

Le  Parlement  terminait  le  long  exposé  de  ses  griefs  par  cette  vive  apos- 
trophe au  souverain  : 

«  Ne  pas  réclamer  contre  des  arrêts  du  conseil  qui  changent  ainsi  des  éta- 
<c  blissemens  permanens,  c'est  précipiter  l'état  du  gouvernement  modéré  dans 
«  le  despotisme,  non  pas  celui  du  prince,  mais  celui  des  sous-ordres,  despo- 
«  tisme  plus  dur  8c  plus  avilissant,  qui  étoufferoit  dans  l'âme  de  vos  sujets 
«  tous  sentimens  de  vertu,  de  patrie  8<  de  bien  public'.  » 

En  même  temps  qu'il  envoyait  ses  remontrances  au  ministère,  le  Parle- 
ment se  donnait  beaucoup  d'agitation  pour  faire  participer  la  ville  entière  à 
ses  démarches,  8c  susciter  des  réclamations  particulières  de  la  part  des  diverses 
corporations.  Il  fit  des  efforts  auprès  de  l'ordre  des  avocats  pour  organiser  une 

'  Ar:hiveJ  d«  l.i  Haute-GarOnne,  C.  187. 


I-Ji'ô 


i3i8  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE   LANGUEDOC. 

assemblée.  Le  subdélégué  de  l'intendance  Ginesty  s'était  concerté  avec  le 
bâtonnier  pour  éviter  cet  éclat;  mais  la  coterie  parlementaire,  très-torte  au 
barreau,  répliqua  aux  observations  du  bâtonnier  qu'on  se  passerait  de  lui. 
L'ordre  s'étant  réuni,  les  plus  ardents  proposèrent  l'envoi  d'une  députation 
au  Parlement  pour  le  remercier  d'avoir  rétabli  dans  ses  remontrances  l'hon- 
neur du  barreau  &  rendu  témoignage  de  la  préférence  qu'il  aurait  méritée 
par  ses  lumières.  Cette  proposition  tut  écartée,  comme  ayant  une  apparence 
de  faction  Si  de  réunion  séditieuse,  mais  on  conclut  à  expédier  des  mémoires 
aux  ministres  &  particulièrement  au  garde  des  sceaux  pour  lui  représenter  les 
atteintes  portées  à  la  place  du  premier  de  justice  &i  le  tort  fait  aux  avocats  en 
n'en  désignant  qu'un  trop  petit  nombre  pour  entrer  aux  conseils. 

L'embarras  de  l'administration  était  inexprimable.  L'intendant  écrivait  au 
baron  de  Breteuil  :  «  Les  droits  Si  prérogatives  dont  le  Parlement  jouit  dans 
«  cette  municipalité  sont  la  source  des  troubles  qui  ne  l'agitent  que  trop 
«  souvent  »  &  en  même  temps  il  avertissait  le  ministre  que  les  capitouls  en 
charge  ne  voudraient  pas  s'exposer  à  une  affaire  personnelle.  De  son  côté, 
M.  Gary,  premier  de  justice,  faisait  part  à  l'intendant  de  ses  dégoûts  &  de 
son  impatience  d'être  déchargé  d'une  place  que  le  Parlement  avait  d'abord 
rabaissée,  en  ne  voulant  être  reçu  à  l'hôtel  de  ville  que  par  des  capitouls  de 
la  première  classe  8c  dont  il  prenait  maintenant  la  défense  dans  des  intérêts 
particuliers.  Le  marquis  de  Bélesta  envoyait  au  ministère  des  observations 
sur  les  remontrances. 

11  blâmait  le  Parlement  d'avoir  attendu  cinq  ans  à  réclamer,  &  d'avoir 
reconnu  le  nouvel  état  de  choses  par  l'assistance  de  quatre  conseillers;  il 
écartait  le  reproche  d'incompétence  adressé  au  conseil  d'Etat.  Toutes  les 
ordonnances  modernes  pour  les  villes  &  communautés  de  Languedoc  avaient 
été  faites  par  le  conseil  ou  le  commissaire  départi  dans  la  Province.  Les 
archives  de  l'hôtel  de  ville  contenaient  une  quantité  innombrable  d'arrêts  du 
conseil  réprimant  les  entreprises  du  Parlement. 

Les  administrateurs  ne  sont  que  les  représentants  du  corps  entier  de  la 
cité;  ils  doivent  être  pris  partout.  Les  exclusions  incriminées  sont  des  mesures 
de  prudence,  parce  que  les  procureurs  envahissaient  tout.  L'ordre  des  avo- 
cats, que  le  Parlement  a  si  souvent  humilié,  renferme  à  peine  vingt  sujets 
connus  par  leur  talent  8c  leur  réputation.  Le  reste  n'apporterait  à  l'hôtel  de 
ville  que  son  obscurité,  son  indigence  8c  son  esprit  de  litige.  Le  commerce, 
médiocre  à  Toulouse  8c  qui  n'y  a  jamais  été  bien  florissant,  a  pris,  depuis 
quelques  années,  un  certain  développement.  Il  y  a  de  bonnes  maisons  de 
banque,  de  spéculation,  des  marchands  de  grains,  de  laines,  de  toiles,  de  dra- 
peries, d'huile.  La  plupart  des  officiers  du  Parlement  anoblis  par  le  capitoulat 
tirent  de  là  leur  origine.  Le  présidence  des  capitouls  de  la  première  classe 
n'est  qu'un  titre  d'honneur  qui  n'exige  ni  plus  de  talent  ni  plus  de  lumières; 
les  capitouls  gentilshommes  ne  s'occuperont  jamais  des  choses  de  justice.  Le 
marquis  traite  de  chimérique  le  prétendu  danger  d'une  magistrature  pro- 
longée pendant  quatre  ans. 


LIV.   V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i3io  ~' 

L'oligarchie  dont  on  parle  n'est  point  à  craindre  dans  un  pays  civilisé,  &. 
sous  une  puissance  aussi  bien  établie  que  celle  du  roi  de  France.  Enfin,  le 
marquis  de  Bélesta  observe  avec  beaucoup  de  justesse  que  la  prééminence 
traditionnelle  du  Parlement  est  absolument  déplacée  à  l'hôtel  de  ville.  Les 
membres  de  la  cour  n'y  peuvent  figurer  qu'en  simples  citoyens.  «  Les  officiers 
«  municipaux  sont  les  véritables  officiers  du  peuple.  »  Le  noble  correspon- 
dant relève  à  ce  propos  les  injustes  dédains  manifestés  par  la  cour  à  l'égard 
de  la  municipalité. 

Peu  de  temps  auparavant,  l'intendant  signalait  au  ministère  le  mépris  en 
lequel  les  capitouls  gentilshommes  tenaient  les  simples  anoblis.  «  Si  l'on 
«  choisissoit  un  noble  au  lieu  d'un  gentilhomme  pour  occuper  une  des  places 
«  de  capitouls  de  la  première  classe,  il  est  certain  &  vous  pouvez  compter 
n  que  le,s  gentilshommes  ne  mettroient  plus  le  pied  à  l'hôtel  de  ville;  » 
Se  le  subdélégué  Ginesty  écrivait  à  son  supérieur  :  «  Sans  entendre  détracter 
«  contre  la  haute  noblesse,  on  ne  peut  pas  se  dissimuler  qu'elle  n'est  point 
«  en  possession  de  lumières  ni  de  connoissances  bien  profondes.  Les  gen- 
«  tilshommes  de  cette  ville  les  ont  encore  rendues  plus  rares  en  convenant 
«  entre  eux  de  ne  présenter  jamais  les  descendants  des  anciens  capitouls. 
«  L'expérience  a  cependant  appris  que  ceux-ci  étoient  capables  de  plus 
u  grands  secours  &  de  plus  grandes  ressources.  On  citera  les  sieurs  de  Pu)- 
u  maurin,  de  Pijon  &  Laviguerie  qui  furent  nojTimés  par  le  roi  en  1778. 
«  Que  l'on  jette  les  yeux  sur  la  haute  noblesse,  on  n'y  trouvera  point  de 
(1  pareils  sujets.  Peut-on  attribuer  aux  gentilshommes  les  fonctions  de  l'an- 
«  cien  chef  du  consistoire?  11  est  notoire  qu'ils  sont  presque  embarrassés 
(I  pour  composer  une  simple  lettre.  Ils  reconnoissent  eux-mêmes  qu'ils  n'en- 
«  tendent  rien  à  la  justice'.  » 

Il  est  curieux  d'observer  au  milieu  de  ces  incriminations  réciproques  le 
travail  de  dissolution  de  l'ancienne  société  qui  va  se  précipitant.  Pour  recon- 
naître les  défauts  des  corps  privilégiés  qui  se  disputent  encore  la  prééminence 
avant  d'être  emportés  dans  une  commune  débâcle,  il  n'est  pas  besoin  d'autre 
témoignage  que  de  celui  des  corps  rivaux.  Point  de  critique  plus  exacte,  plus 
impitoyable;  &  chacun  à  son  tour  dégage,  à  l'appui  de  sa  thèse,  les  principes 
loj^iques  de  gouvernement,  de  représentation  nationale,  de  droit  municipal, 
principe's  que  l'opinion  recueillait,  qu'elle  mettait  à  profit  &  dont  elle  devait, 
quelques  années  plus  tard,  tirer  les  dernières  conséquences. 

Les  plaintes  qui  ne  cessaient  d'arriver  à  la  Cour  sur  l'état  du  Vivarais  & 
du  Gévaudan,  &  les  mouvements  séditieux  qui  venaient  d'agiter  le  premier 
de  ces  deux  pays,  appelèrent  encore  une  fois  l'attention  du  gouvernement. 
Informations  prises,  il  fut  reconnu  que  l'ancienne  organisation  féodale  de  cci 
régions  montagneuses,  modifiée  par  les  transformations  du  temps,  y  avait 
donné  lieu  à  des  abus  de  nature  nouvelle,  mais  tout  aussi  lourds  que  ceux 
des  époques  d'anarchie.  Si  les  grands  seigneurs,  devenus  hommes  de  Cour,  ne 

'  Archiyes  de  In  Haute-Garonne,  C.  287. 


1783 


iSîO  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

guerroyaient  plus  entre  eux,  &i  si  les  querelles  de  château  à  château  ne  trou- 
blaient plus  la  sécurité  publique,  le  caractère  patrimonial  de  la  justice  faisait 
pulluler  une  multitude  de  gens  de  loi  sans  probité  qui  exploitaient  les  popu- 
lations &.  les  réduisaient  à  la  misère. 

Le  conseil  d'Etat  résuma  dans  le  préambule  de  lettres  patentes  les  actes 
principaux  de  malversations.  Dans  plusieurs  cantons  des  Cévennes,  du  Viva- 
rais  &  du  Gévaudan,  un  assez  grand  nombre  de  praticiens  &  de  gens  d'af- 
faires exerçaient  tout  à  la  fois  les  fonctions  de  juges,  procureurs  juridictionnels, 
greffiers,  avocats,  notaires  &  postulants,  dans  ditférents  sièges;  ils  suscitaient 
des  procès  &  en  prolongeaient  la  durée  par  des  procédures  inutiles  &  vexa- 
toires  qui  occasionnaient  la  ruine  d'une  foule  de  familles;  ils  remettaient 
leurs  exploits  tous  dressés  à  des  huissiers  ou  sergents  dont  la  plupart  savaient 
à  peine  signer;  ils  taxaient  au  bas  de  ces  exploits  des  droits  exorbitayts,  dont 
ils  se  réservaient  la  plus  grande  partie;  ils  employaient  mille  artifices  pour 
rendre  les  significations  illusoires,  bien  qu'elles  tussent  mentionnées  sur  l'ori- 
ginal, de  sorte  que  le  débiteur  condamné  par  défaut  se  trouvait  exécuté  dans 
ses  meubles  ou  dépouillé  de  son  bien  sans  avoir  eu  connaissance  des  procé- 
dures exercées  contre  lui  &  sans  avoir  eu  les  moyens  de  se  défendre;  pour 
de  modiques  intérêts,  les  débiteurs,  propriétaires  de  quelques  héritages,  se 
voyaient  exposés  à  des  saisies  réelles,  dont  les  frais  absorbaient  la  valeur  de 
ces  biens  &  dont  l'inévitable  conclusion  était  de  les  faire  adjuger  à  vil  prix, 
souvent  sous  des  noms  empruntés,  à  celui  qui  en  avait  poursuivi  le  décret; 
de  cette  façon,  le  débiteur  se  trouvait  dépouillé  de  la  totalité  de  son  bien,  & 
les  créanciers  du  meilleur  gage  de  leur  créance. 

«  La  protection  que  nous  devons  à  nos  sujets  &  l'intention  dans  laquelle 
«  nous  sommes  de  leur  rendre  exacte  justice,  faisait  dire  le  conseil  au  roi, 
«  exigent  de  notre  zèle  paternel  que  nous  prenions  les  mesures  les  plus  effi- 
«  caces  pour  faire  cesser  des  abus  aussi  dangereux  8<  pour  en  tarir  la  source, 
«  en  faisant  éprouver  à  ceux  qui  seront  convaincus  de  s'en  être  rendus  cou- 
ci  pables  la  sévérité  des  lois.  » 

Le  Parlement  de  Toulouse  fut  chargé  de  désigner  quatre  conseillers  com- 
missaires, avec  mandat  de  se  transporter  incontinent  &  le  plus  diligemment 
qu'il  serait  possible,  accompagnés  d'un  substitut  du  procureur  général,  d'un 
notaire,  secrétaire  ou  greffier,  &.  d'un  huissier  du  palais,  dans  les  lieux  des 
Cévennes,  du  Vivarais  &  du  Gévaudan,  où  leur  présence  serait  nécessaire. 
Si  notamment  dans  ceux  de  Banne  8c  Saint-Ambroix,  à  l'effet  de  s'enquérir  de 
tous  les  abus  relatifs  à  l'administration  de  la  justice.  Le  roi  leur  donnait 
pouvoir  &  mandement  spécial  d'appeler  les  officiers  des  juridictions  qu'ils 
croiraient  devoir  interroger  pour  justifier  de  leur  réception  aux  offices  qu'ils 
exerçaient  &  répondre  aux  plaintes  portées  contre  eux.  Les  commissaires 
étaient  également  autorisés  à  se  faire  représenter  les  registres  des  juridic- 
tions, les  actes  des  notaires  &  les  procédures  des  procureurs  o;;  postulants  & 
à  statuer  sommairement  &  en  dernier  ressort.  Ils  pouvaient  aussi  rendre  des 
jugements  provisoires  ou  définitifs,  lancer  des  décrets  d'arrestation  contre  les 


LIV.   V.    LOUIS  XVI   ET  LA   RÉVOLUTION.  182 1 

accusés,  les  constituer  prisonniers  clans  les  maisons  de  détention  les  plus  voi- 
sines pour  instruire  leur  procès  sur-le-champ,  si  c'était  possible,  ou  en  ren- 
voyer l'instruction  au  Parlement.  Pour  prononcer  des  jugements  portant  peine 
afrtictive,  les  commissaires  devaient  s'adjoindre  des  officiers  royaux  des  bail- 
liages ou  sénéchaussées,  de  sorte  que  le  tribunal  fût  au  moins  composé  de 
sept  juges.  Les  cavaliers  de  la  maréchaussée  avaient  ordre  de  fournir  toutes  les 
escortes  nécessaires.  La  commission  était  valable  pour  six  mois,  sauf  faculté 
de  prorogation,  réservée  au  conseil  '. 

Le  Parlement  nomma  les  conseillers  Rey  de  Saint-Géry,  Dalbis  de  Bel- 
bèze,  Cassaignau  de  Saint-Félix  Si.  Daguin,  auxquels  se  joignit  M.  de  Salasc, 
doyen  des  substituts  du  procureur  général^. 

Les  enquêteurs  remplirent  consciencieusement  leur  mission,  frappèrent  un 
grand  nombre  de  coupables,  s'efforcèrent  de  détruire  l'empire  des  avocats, 
gradués  &  postulants,  des  procureurs  &  autres  praticiens  dans  les  juridictions 
royales  &  seigneuriales,  de  réduire  les  huissiers  qui  leur  servaient  d'instru- 
ments, &  prirent  diverses  mesures  pour  délivrer  les  justiciables  des  vexations 
qui  leur  étaient  infligées. 

Ils  crurent  devoir  ensuite  rendre  deux  ordonnances  générales  sur  les  fonc- 
tions des  procureurs  8t  sur  celles  des  juges. 

L'ordonnance  du  28  janvier  1784,  datée  d'Alais,  débutait  par  cette  phrase 
caractéristique  empruntée  à  Pussort  :  «  11  peut  y  avoir  des  procureurs  gens 
«  de  bien;  mais  universellement  on  peut  dire  qu'ils  sont  la  cause  de  tous  les 
n  désordres  de  la  justice.  » 

Voici  le  tableau  que  font  les  quatre  commissaires  de  la  conduite  des  gens 
de  loi  dans  le  territoire  qu'ils  viennent  de  parcourir  :  «  Susciter  des  procès, 
«  les  quêter,  les  mendier,  faire  les  avances  des  petits  déboursés  qu'ils  occa- 
«  sionnent  pour  devenir  d'abord  les  créanciers  de  leurs  clients  8c  pour  se 
«  ménager  le  prétexte  odieux  de  les  traduire  en  justice;  multiplier  les  écri- 
«  tures  £t  les  libelles  dans  les  procès  qui  en  sont  le  moins  susceptibles;  élever 
«  des  incidens  ruineux;  consentir  à  des  interlocutoires  inutiles,  toujours  dis- 
«  pendieux.  Se  dont  le  préjudice  est  souvent  irréparable;  colluder  entre  eux 
<i  pour  surprendre  la  religion  des  juges;  provoquer  les  estimations  ou  les  véri- 
<i  fications  de  lieux,  pour  être  experts  eux-mêmes,  sous  le  nom  de  leurs  clercs 
«  ou  d'autres  prête-noms;  solliciter  des  appointemens  sur  mise  des  pièces, 
<(  pour  avoir  le  prétexte  de  fournir  des  inventaires  de  production,  des  ins- 
u  tructions  8<  de  nouvelles  requêtes;  exiger  de  leurs  cliens  le  payement  des 
«  dépens  sans  en  fournir  ni  rôle  ni  quittance  détaillée,  pour  dérober  aux 
«  yeux  de  la  justice  la  connoissance  de  leurs  extorsions;  exiger  des  obliga- 
«  tions,  avec  la  soumission  aux  conventions  de  Nimes,  pour  le  montant  de 
«  ces  mêmes  dépens;  stipuler  faussement,  dans  ces  obligations,  que  le  mon- 
«  tant  de  ces  dépens  est  pour  argent  prêté;  poursuivre  la  condamnation  dr 

'  Lettre»  patentes  du   roi   données  à  Versailles,  *  Arrêt  du  Parlement  de  Touloute,  chambres  as  • 

le  22  juillet  178'!,  contresignées  Amelot.  (Recueil       semblées,  du  2  août  lySi, 
•Us  éiiti,  déclarations)  &c,  pour  1783,  f"  i»i.) 


1783 


1784 


'784 


i32  2  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

i(  ces  obligations  en  vertu  des  lettres  de  clameur  de  la  juridiction  des  conven- 
«  tions,  pour  grossir  la  dette  d'un  nouveau  rôle;  faire  des  saisies  réelles  8c 
«  tortionnaires  ou  des  saisies  de  fruits,  en  vertu  de  ces  lettres  de  clameur, 
«  clandestinement  dressées  par  leurs  clercs  ou  autres  personnes  interposées; 
«  acheter  des  actions  pour  avoir  le  prétexte  de  faire  d'autres  saisies;  en  feindre 
«  ou  supposer  le  plus  souvent  de  réelles  au  nom  d'un  faux  créancier  sans 
«  titre,  pour  empêcher  l'effet  des  saisies  des  fruits  faites  à  la  requête  de  créan- 
«  ciers  légitimes;  épouvanter  ces  derniers  8t  les  forcer  à  composer  avec  les 
«  débiteurs  saisis;  dérober  la  connoissance  de  ces  procédures  aux  débiteurs  &. 
«  aux  séquestres  par  le  moyen  des  procès-verbaux  de  saisie  soujjlés  ou  non 
«  signifiés;  mettre  ainsi  sourdement  les  saisis  ou  les  discutés  hors  d'état  d'en 
(c  arrêter  les  frais,  8c  les  séquestres  dans  la  malheureuse  impuissance  de  rem- 
«  plir  les  fonctions  de  leur  charge;  poursuivre,  néanmoins,  ces  derniers  pour 
«  rendre  compte  des  fruits  qu'ils  ont  ignoré  devoir  percevoir;  prendre  des 
«  baux  judiciaires  sous  le  nom  8c  le  cautionnement  de  personnes  insolvables; 
«  percevoir  eux-mêmes  les  fruits  des  biens  saisis,  8c  cependant  poursuivre 
«  contre  les  séquestres  la  condamnation  du  prix  des  mêmes  baux  judiciaires, 
K  pour  se  préparer  le  moyen  de  faire  autant  de  saisies  qu'il  y  a  de  séquestres 
«  8c  de  multiplier  ainsi  les  saisies  8c  les  frais  à  l'infini  contre  les  débiteurs  Se 
«  les  séquestres;  occuper  à  la  fois  pour  les  saisir-faisants  8c  les  séquestres, 
«  pour  les  discutés  8c  les  baillistes,  afin  qu'après  avoir  absorbé  en  frais  de 
«  justice  au  delà  de  la  valeur  du  prix  des  biens  saisis,  ils  puissent  encore  faire 
<(  saisir  les  biens  des  créanciers  saisir-faisants  8c  ceux  des  séquestres  &c  des 
u  baillistes,  pour  devenir  ensuite,  sous  des  noms  empruntés,  les  adjudicataires 
«  à  vil  prix  de  tous  les  biens  saisis,  8c  pour  donner,  à  titre  de  locatairie  per- 
«  pétuelle  ou  de  pension,  à  tous  ces  malheureux  discutés,  les  biens  dont  ils 
«  les  ont  dépouillés;  imposer  sur  ces  mêmes  biens  des  rentes  énormes;  abuser 
i(  sur  ce  fantôme  de  propriété  qu'ils  prêtent  à  ces  victimes  de  leur  cupidité, 
«  pour  s'enrichir  de  leur  travail  8c  de  leur  sueur,  presque  toujours  insufrisans 
«  pour  acquitter  les  charges  réelles  de  ces  biens;  faire  avec  les  procureurs  des 
K  sénéchaussées  des  associations  ruineuses  pour  leurs  cliens;  relever  à  leur 
«  insu,  8c  souvent  contre  leur  consentement,  des  appels  des  appointemens 
«  préparatoires  ou  définitifs,  pour  grossir  Se  multiplier  les  trais,  exiger,  enfin, 
ic  de  chaque  appel  le  droit  illégitime  qu'ils  appellent  de  messager  ou  d'envoi 
«  des  procès. 

«  Tels  sont  les  échelons  par  lesquels  ces  sangsues  publiques  montent  rapi- 
^  dément  à  cette  fortune  qui  avilit  une  profession  honorable,  qui  humilie 
»  leurs  voisins  8c  qui  excite  la  haine  8c  la  révolte  des  victimes  de  leur 
«  rapacité. 

«  C'est  l'appât  de  cette  odieuse  fortune  qui  a  multiplié  le  nombre  prodi- 
«  gieux  8c  incroyable  de  ces  oppresseurs  publics  qui  sont  répandus  dans  les 
«  villes  8c  campagnes  desdits  pays.  » 

Les  enquêteurs  signalent  ensuite  des  exactions  toutes  particulières  qu'ils 
ont  observées  dans  leur  mission,  8c,  entre  autres,  un  genre  de  volerie  inconnu 


LIV.  V.   LOUIS  XVI   ET  LA.  RÉVOLUTION.  i323 

dans  toutes  les  autres  parties  du  ressort  &  prohibé,  dès  iSSç,  par  l'ordonnance 
de  Villers-Cotterets. 

Après  avoir  pressuré  les  parties  comme  procureurs,  les  mêmes  gens  de  loi 
achevaient  de  les  épuiser  comme  notaires,  en  les  forçant,  par  leurs  intrigues, 
d'employer  le  ministère  de  deux  ou  d'un  plus  grand  nombre  de  leurs  con- 
frères pour  retenir  ou  expédier  les  mêmes  actes.  Les  parties  se  soumettaient  à 
ces  exigences  sous  l'impression  des  menaces  de  nouvelles  poursuites  ou  par  la 
crainte  de  rencontrer  un  officier  infidèle. 

Afin  de  remédier  à  ces  abus,  la  commission  rappela  les  procureurs  &  notaires 
au  respect  des  ordonnances,  condamnant  à  la  restitution  du  quadruple  Si  à 
des  poursuites  extraordinaires  tous  les  avocats,  procureurs  &  praticiens,  cou- 
pables d'avoir  suscité  des  procès  ou  fabriqué  des  procédures  inutiles;  à  la  res- 
titution, à  l'interdiction,  à  deux  cents  livres  d'amende,  quiconque  ne  tiendrait 
pas  un  compte  exact  de  recettes  8c  ne  fournirait  pas  des  quittances  détaillées 
de  frais;  à  l'interdiction  8<.  à  deux  cents  livres  d'amende,  quiconque  ferait 
dresser  subrepticement  des  lettres  de  clameur  de  la  juridiction  des  conventions 
de  Nimes.  Enfin,  des  prescriptions  analogues  atteignaient  les  innombrables 
variantes  de  fraudes  révélées  par  l'enquête '• 

La  seconde  ordonnance,  datée  du  29  janvier,  visait  particulièrement  les 
juges  8c  officiers  de  justice  des  juridictions  royales  Se  seigneuriales. 

Le  portrait  de  ces  magistrats  n'est  pas  plus  flatté  que  celui  de  leurs  auxi- 
liaires. «  Les  différens  suppôts  de  la  justice  dans  ces  pays,  dit  M.  de  Salasc, 
«  ne  sont  pas  les  seuls  qui  s'y  sont  multipliés  à  l'infini  pour  la  prostituer  8( 
«  en  souiller  le  temple...  la  corruption  des  membres  a  gangrené  les  chefs...  » 

«  Les  plus  vils  8c  les  plus  ignorans  praticiens  ont  osé  pénétrer  dans  le 
«  sanctuaire  de  la  justice...  ils  en  ont  détruit  8c  renversé  le  temple  pour  la 
«  rendre  obscurément  dans  leurs  maisons  ou  dans  des  cabarets  :  la  vénéra- 
«  tion  des  peuples  pour  leurs  juges  s'est  changée  en  mépris;  la  crainte  8c  la 
«  terreur  ont  pris  la  place  du  respect,  de  la  confiance  8c  de  la  sécurité  :  ces 
«  juges  sont  devenus  l'objet  de  la  haine  publique,  parce  qu'ils  ne  sont,  aux 
«  yeux  de  leurs  justiciables,  que  des  tyrans  avides  qui  s'engraissent  de  leurs 
«  travaux  8c  de  leur  substance.  » 

Le  rapporteur  attribue  la  première  cause  de  cette  corruption  presque  géné- 
rale à  trois  universités  étrangères  à  la  Province,  mais  contiguës  au  Vivarais  8< 
aux  Cévennes.  Ces  Universités  vendaient  à  vil  prix  les  grades  à  quiconque  se 
présentait  ou  envoyait  pour  les  acheter.  Il  n'y  avait  presque  pas  de  notaire  8( 
de  simple  praticien  qui  n'en  eût  été  décoré  dans  l'une  de  ces  trois  universités. 

Munis  dans  trois  jours  8c,  sans  aucun  des  interstices  réglementaires,  de  ce 
titre  vénal  qui  leur  tenait  lieu  d'études,  ils  rentraient  rapidement  chez  eux 
pour  se  disputer  la  préférence  de  leurs  seigneurs. 

'  Ordonnance   Je   nosseigneurs    les    conseillers   du  reurs  postulants   &  des    notaires,  dans  les    juris- 

Parlement  de  Toulouse,  commissaires  députés  parle  dictions   royales   &  seigneurialci  desdits  pays,  du 

roi,  dans  le  Gévaudan,  le  Vivarais  &  les  Cévennes,  28  janvier  1784. 
concernant  les  devoirs  Se  les  fonctions  des  procu- 


1784 


~ i3:4  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  plupart  devenaient  les  gens  d'affaires  des  gentilshommes,  leurs  fermiers 
&  en  même  temps  levirs  juges  ou  les  lieutenants  de  leurs  juges.  Ils  faisaient 
de  leur  maison  un  »  atelier  monstrueux  »  où  se  brassaient  les  opérations  les 
plus  disparates.  Ils  y  tenaient  le  greffe,  les  dossiers  de  leurs  clients  comme 
procureurs,  leurs  minutes  comme  notaires,  les  registres  des  droits  domaniaux 
comme  contrôleurs,  les  baux  à  ferme  des  droits  seigneuriaux  dont  ils  avaient 
soin  de  laisser  accumuler  les  arrérages  pour  trouver  matière  à  vexation. 

La  concentration  entre  leurs  mains  de  tous  les  rôles  judiciaires  n'était  pour 
eux  qu'une  manière  de  multiplier  les  concussions;  on  les  voyait  tour  à  tour, 
dans  la  même  affaire,  plaignants,  défenseurs,  juges,  greffiers;  ils  dirigeaient 
&  altéraient  les  dépositions;  ils  faisaient  signer  les  jugements  par  un  pré- 
tendu rapporteur  qui  n'avait  pas  eu  la  moindre  connaissance  du  procès  Se 
par  des  opinants  qui  ne  le  connaissaient  pas  davantage;  ils  taxaient  les  épices 
arbitrairement  8c  les  tournaient  à  leur  profit.  Comme  contrôleurs,  ils  se  ren- 
daient maîtres  des  actes  intéressant  les  parties  adverses  &  les  annulaient  par 
des  retards  affectés. 

A  l'audience,  c'est  un  de  leurs  clercs  qui  plaidait,  un  autre  qui  remplissait 
les  fonctions  de  procureur  fiscal,  un  troisième  qui  faisait  l'office  de  greffier. 

La  liquidation  des  dépens  leur  donnait  lieu  à  mille  extorsions  criminelles, 
à  des  inventions  de  taxes  invraisemblables. 

Cette  basse  domesticité  des  seigneurs  régnait  despotiquement  dans  les 
juridictions.  On  voyait  ces  juges  valets  choisir  les  lieux  £<  les  jours  pour 
tenir  les  audiences;  le  tribunal  était  dans  leurs  maisons,  souvent  dans  les 
cabarets;  ils  disposaient  des  procédures,  les  activant  ou  les  précipitant  à  leur 
gré,  désignant  les  assistants  ou  les  opinants  qui  leur  convenaient,  rendant  les 
sentences  comme  il  leur  plaisait  &  quand  il  leur  plaisait. 

Telle  est  l'infâme  comédie  judiciaire  qui  se  jouait,  il  y  a  moins  de  cent 
ans,  dans  les  montagnes  du  Languedoc.  «  De  là,  s'écrie  le  rapporteur,  tant 
«  de  citoyens  vertueux  exposés  à  perdre  leur  fortune,  leur  honneur  &■  leur 
«  vie,  £<.  tant  de  familles  injustement  flétries;  de  là  encore  la  vexation  de 
«  l'innocent,  l'impunité  des  coupables,  la  corruption  des  mœurs,  l'anéantis- 
«  sèment  de  la  sûreté  publique,  la  ruine  8t  la  désolation  des  peuples.  » 

Il  signale  un  autre  abus  non  moins  nuisible,  dans  le  patrimoine  que  cer- 
tains seigneurs  se  faisaient  du  produit  des  greffes  de  leurs  juridictions, 
affermés  souvent  à  des  sujets  incapables.  Ces  greffiers,  après  l'expiration  de 
leur  bail,  gardaient  entre  leurs  mains  tous  les  documents  qui  auraient  dû 
passer  à  leurs  successeurs;  les  plus  graves  intérêts,  le  repos  &  la  sécurité  des 
familles  demeuraient  ainsi  privés  de  garantie. 

En  attendant  «  les  règlements  généraux  qui  dévoient  bientôt  émaner  du 
f<  tribunal  souverain,  »  la  commission  parlementaire  édicta  une  série  de  prohi- 
bitions, sous  menace  d'amende,  d'interdiction  ou  de  poursuite  criminelle.  Par 
malheur,  il  n'y  avait  guère  d'abus  dénoncé  qui  n'eût  été  déjà  prévu  &  puni, 
soit  par  les  ordonnances  royales,  soit  par  les  arrêts  mêmes  du  Parlement. 
Ce  n'était  pas  la  loi  qui  faisait  défaut,  mais  l'exécution.  l,es  ordonnances 


LIV.   V.    LOUIS   XVI    ET  LA  REVOLUTION.  i3:5 

de  1667,  de  1670,  l'édit  de  1673,  les  arrêts  de  1684  8c  de  1703  sont  rappelés 
à  tout  instant  dans  l'ordonnance  du  79  janvier  qui  dut  être,  comme  la  pré- 
cédente, affichée  dans  toutes  les  juridictions  des  Cévennes,  du  Vivarais  &<.  du 
Gévaudan  '. 

Quand  on  étudie  ce  témoignage  sanglant  rendu  sur  pièces  par  les  com- 
missaires du  Parlement  de  Toulouse  contre  les  abus  d'un  régime  destiné  à 
périr,  un  seul  point  demeure  inexplicable,  c'est  que  des  observateurs  aussi 
attentifs  81  aussi  rigoureux  n'aient  pas  compris  combien  leurs  règlements 
seraient  illusoires  tant  que  le  principe  même  de  l'anarchie  féodale  n'aurait 
pas  été  déraciné  du  sol  français  :  mais  les  parlementaires  étaient  aussi  pour 
la  plupart  seigneurs  féodaux,  8c  l'intérêt  particulier,  à  l'heure  décisive,  les 
aveugla  sur  les  maux  qu'ils  avaient  si  bien  définis. 

Le  Parlement  compléta  l'œuvre  de  ses  commissaires  en  rendant,  le  20  mars, 
un  arrêt  de  règlement  pour  l'administration  de  la  justice  dans  les  juridictions 
inférieures,  tant  royales  que  seigneuriales,  M.  de  Rességuier,  avocat  général, 
rappela,  dans  ses  réquisitions,  la  réforme  salutaire  qui  venait  de  délivrer  les 
habitants  du  Vivarais  8c  du  Gévaudan  de  l'oppression  des  gens  de  loi  sous 
laquelle  ils  vivaient  depuis  tant  d'années. 

Si  l'on  n'avait  pas  d'aussi  grands  abus  à  combattre  8c  des  désordres  aussi 
excessifs  à  réprimer  dans  les  juridictions  inférieures  des  autres  parties  du 
ressort,  il  s'en  fallait  bien  pourtant  que  la  justice  y  fût  administrée  confor- 
mément à  l'esprit  des  ordonnances. 

La  postulation  y  était  ouverte  indistinctement  à  tous  ceux  qui  voulaient 
l'exercer;  les  précautions  marquées  par  les  lois  pour  s'assurer  de  leurs  moeurs 
8c  de  leur  capacité  étaient  tombées  en  désuétude,  8c  cette  dangereuse  facilité 
avait  introduit  dans  tous  les  tribunaux,  notamment  dans  les  justices  seigneu- 
riales, une  foule  innombrable  de  postulants  qui,  sous  prétexte  de  défendre 
les  plaideurs,  «  semoient  de  pièges  les  avenues  de  la  justice  8c  en  intercep- 
«  toient  le  cours.  » 

Pour  mettre  un  frein  à  cette  rapacité,  le  Parlement  ordonnait  que  nul  ne 
pût  postuler  dans  une  juridiction  bannerette,  sans  être  inscrit  au  tableau; 
8c,  pour  cette  inscription,  il  exigeait  l'agrément  du  seigneur  haut  justicier, 
l'enquête  de  bonnes  vie  8c  mœurs  8c  de  catholicisme  8c  le  serment  prêté  devant 
le  juge  local. 


'  Orionnanee  de  nosse'igtteart  Us  tonseillers  du  lement  de  Toulouse,  commissaires  députés  à  l'effet 
Parlement  Je  Toulouse,  commissaires  députés  par  le  de  nous  transporter  dans  les  pays  du  Gévaudan, 
roi,  dans  le  Gévaudan,  le  Vivarais  &  les  Cévennes,  du  Vivarais,  &  des  Cévenes  par  lettres  patente; 
concernant  les  devoirs  &  les  fonctions  des  juges  &  du  ti  juillet  178$,  registrées  audit  Parlement, 
autres  officiers  de  justice  des  jurisdictions  royales  toutes  les  chambres  assemblées,  le  9  août  suivant, 
&  seigneuriales  desdits  piys,  du  29  janvier  1784.  choisis  &  nommés  par  ledit  Parlement,  aux  ter- 
Voici  le  protocole  des  deux  ordonnances  :  mes  &  en  exécution  desdites  lettres  patentes. 
«  Nots,  Clément- Jean -Augustin  de  Rey  de  «  Sur  la  requête  à  Nous  présentée  par  de  Salnsc. 
Saint-Géry,  Jean-François-Denis  Dalbis  de  Bel-  doyen  des  substituts  du  procureur  général  du  roi 
beze,  Louis-Emmanuel  de  Cassaignau  de  Saint-  au  Parlement,  &  en  la  commission  députée  par  S,i 
Félix,  &.  Jern-Joseph  Daguin,  conseillers  au  Par-  Majesté  dans  lesdits  pays,  &c.  » 


'7«4 


1826  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Il  défendait  d'admettre  à  la  postulation  des  ouvriers  &  des  artisans,  inter- 
disait aux  postulants  de  prêter  leur  nom,  autorisait  les  seigneurs  à  dresser 
chaque  année  un  tableau  de  postulation  en  y  faisant  inscrire  le  nombre  de 
sujets  nécessaires  pour  l'administration  de  la  justice  dans  leurs  terres. 

Il  exigeait  encore  que,  dans  les  juridictions  royales  où  il  n'y  avait  pas  de 
procureurs  en  titre  d'office,  les  postulants  obtinssent  l'agrément  des  officiers 
du  siège  Se  remplissent  les  autres  formalités  prescrites,  laissant  à  ces  officiers 
la  faculté  de  limiter  chaque  année  le  nombre  des  postulants. 

La  Cour  interdisait  aux  juges  de  prononcer  des  sentences  sans  être  assistés 
de  deux  assesseurs  ou  opinants  &  de  prendre  ces  auxiliaires  hors  du  tableau, 
8c  enjoignait  de  dresser,  dans  le  délai  d'un  mois.  Se  dans  toutes  les  juridic- 
tions royales  Se  seigneuriales,  la  liste  des  avocats  St  gradués  immatriculés  8< 
celle  des  procureurs  postulants,  ces  derniers  ne  pouvant  prétendre  au  droit 
de  siéger  comme  assesseurs  qu'en  cas  d'absence  ou  de  légitime  empêchement 
des  gradués'. 

Ces  diverses  prescriptions,  comme  celles  des  commissaires,  étaient  peu  pro- 
portionnées aux  abus  qu'elles  avaient  pour  but  de  détruire;  l'agrément  des 
seigneurs  haut  justiciers  constituait  une  bien  faible  garantie  par  suite  de  la 
transformation  survenue  dans  les  moeurs  de  l'aristocratie  française.  Les  sei- 
gneurs vivant  pour  la  plupart  à  la  Cour,  à  l'armée  ou  dans  les  grandes 
charges  de  judicature,  n'avaient  pas  de  rapports  directs  avec  le  personnel  de 
leurs  terres;  St  quand  on  invoquait  l'intervention  du  haut  justicier,  on  obte- 
nait celle  de  son  intendant  &  l'on  retombait  ainsi  dans  cette  confusion  entre 
la  domesticité  &  les  fonctions  judiciaires  qui  avait  produit  de  si  déplorables 
effets. 

Le  Parlement  s'évertuait  donc  inutilement  à  vivifier  un  ordre  factice,  à 
introduire  la  discipline  Se  les  règles  dans  ce  qui  était  l'arbitraire  même; 
entreprise  avortée  d'avance  Si  uniquement  bonne  à  noter  comme  une  preuve 
de  plus  de  la  nécessité  des  réformes  fondamentales  dont  l'heure  approchait. 

Des  plaintes  sérieuses  avaient  été  portées  devant  la  commission  des  manu- 
factures des  États  par  le  syndic  de  Carcassonne  Se  les  fabricants  de  draps  de 
cette  ville  S<.  de  Clermont-Lodève  sur  la  situation  critique  de  cette  industrie. 
On  sollicitait  de  vives  instances  auprès  du  roi  pour  obtenir  la  suppression 
des  entraves  qui  gênaient  ce  commerce. 

Environ  dix  mille  ballots  de  draps,  c'est-à-dire  la  fabrication  presque 
entière  d'une  année,  étaient  restés  invendus  Se  encombraient  les  magasins 
des  négociants  de  Marseille  81  des  fabricants  de  Languedoc. 

Ces  fabricants,  ayant  leurs  fonds  engagés  dans  une  aussi  énorme  quantité 
de  valeurs,  s'étaient  trouvés  hors  d'état  d'acheter  de  nouvelles  matières;  il 
avait  fallu  suspendre  la  fabrication,  &  laisser  des  milliers  d'ouvriers  sans 
pain  &  sans  ressources,  entre  la  crainte  de  mourir  de  faim  tk  la  tentation  de 

■  Arrêt  du  20  mars  1784.  Recueil  des  id'its,  déclaration!,  arrêts  &  ordonnances  pour  Vannée  1784, 
{°  109. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  iSiy 

s'expatrier  pour  aller  porter  leurs  bras  &  leur  industrie  clans  les  nouvelles 
fabriques  dont  on  annonçait  la  création  en  Espagne. 

Les  draps  de  Languedoc,  n'ayant  d'autre  déboucbé  que  les  échelles  du 
Levant  &  de  Barbarie  par  le  seul  port  de  Marseille,  ce  commerce  était 
menacé  d'une  ruine  complète,  &  la  Province  à  la  veille  de  perdre  les  béné- 
rices  d'une  fabrication  établie  à  force  de  dépenses  &  de  sacrifices. 

La  détresse  dans  laquelle  se  trouvaient  les  Etats  du  grand-seigneur,  par 
suite  de  la  guerre  contre  les  Russes  ou  des  calamités  locales  qui  s'y  étaient 
produites,  avait  considérablement  diminué  le  débit  des  draps  languedociens, 
accumulés  d'ailleurs  dans  tous  les  pays  orientaux  par  les  excédants  de  fabri- 
cation des  années  précédentes. 

On  ne  voyait  qu'un  remède  à  un  si  grand  mal  :  «  la  faculté  de  vendre 
«  indifféremment,  à  quiconque  se  présenteroit  pour  acheter,  les  fruits  d'une 
«  industrie  dont  la  liberté  seule  pouvoir  être  l'aliment.  » 

Si  Marseille  avait  réussi  à  s'approprier,  par  des  prétextes  spécieux,  l'exporta- 
tion exclusive  des  draps  de  Languedoc,  lorsque  son  commerce  leur  offrait  un 
débouché  suffisant,  on  jugeait  inconcevable  qu'elle  soutînt  une  telle  préten- 
tion, lorsqu'elle  rejetait  elle-même  les  draps  qu'on  lui  apportait,  lorsqu'elle 
les  gardait  dans  ses  magasins  pour  le  compte  des  fabricants;  lorsqu'elle  refusait 
à  ceux-ci  les  moindres  avances  sur  d'immenses  valeurs  qui  lui  servaient  de 
nantissement,  &  qu'enfin  ses  négociants  ne  voulaient  pas  même  payer  la 
voiture  des  ballots  reçus,  exposant  les  fabricants  à  voir  vendre  ces  marchan- 
dises à  l'encan  public.  Si  au  plus  bas  prix,  sur  la  poursuite  des  voituriers. 

Il  y  avait  plusieurs  années,  du  reste,  que  les  Etats  réclamaient  contre  cet 
étrange  système  de  prohibition,  faisant  appel  aux  sentiments  d'équité  d'un 
roi  bon  &  juste  qui  ne  pouvait,  disait-on,  «  souffrir  qu'une  partie  de  ses 
«  sujets  fût  obligée  de  sacrifier  ses  travaux  &  son  industrie  à  la  prospérité 
»  d'une  place  de  commerce  »  enrichie  partant  d'éléments  de  fortune,  surtout 
ciuand  cette  place  fermait  elle-même  son  port  à  un  genre  de  fabrication 
qu'elle  avait  su  accaparer.  Quand  même  la  ville  de  Marseille  eût  été  en  état 
de  fournir  un  débouché  aux  draps  de  Languedoc,  l'assemblée  provinciale 
n'en  revendiquait  pas  moins  pour  les  fabricants  la  faculté  de  choisir  pour 
leurs  produits  la  destination  qu'ils  jugeraient  la  plus  avantageuse. 

«  Forcer,  disait-elle,  le  fabricant  à  ne  travailler  que  pour  le  Levant,  c'est 
«  couper  le  nerf  de  son  industrie  8c  l'empêcher  de  prendre  tout  l'accroisse- 
<(   ment  dont  elle  seroit  susceptible.  » 

Les  besoins  du  Levant  étant  bornés,  les  manufacturiers  se  trouvaient  con- 
traints d'arrêter  la  fabrication  8c  de  priver  de  subsistance  une  population  de 
travailleurs.  11  importait  donc  au  plus  haut  point  d'assurer  à  l'industrie  lan- 
guedocienne des  débouchés  en  rapport  avec  sa  faculté  de  production. 

Ces  débouchés  s'ouvraient  naturellement  dans  les  pays  chauds  où  les  draps 
légers  s'accommodaient  à  la  température  dominante,  8c  l'on  comptait  qu'ils 
pourraient  s'utiliser  aussi  dans  les  régions  froides  en  s'assortissant  avec  les 
fourrures. 


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'784 


i3:8  ETUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Les  États  pensaient  que,  clans  ces  conditions  de  liberté,  la  fabrication  lan- 
guedocienne occuperait  bientôt  quatre  fois  plus  d'ouvriers,  augmenterait  en 
proportion  les  profits  des  bestiaux  &  ceux  de  l'agriculture,  8i  arracherait  à 
la  mendicité  une  foule  d'habitants. 

«  Cet  essor,  ajoutaient-ils,  ne  seroit  qu'une  conséquence  régulière  du  sys- 
«  tème  général  de  liberté  consacré  par  les  nouveaux  règlemens;  »  8i  ils 
jugeaient  très-affligeant  pour  le  Languedoc  que  le  commerce  de  ses  draps  fit 
seul  exception  à  ce  système. 

Le  gouvernement  avait  éprouvé  déjà  les  bons  effets  de  la  liberté  d'exporta- 
tion des  draps,  puisque  cette  liberté,  accordée  en  lySS,  dans  des  circonstances 
à  peu  près  pareilles,  mais  moins  urgentes,  avait  suffi,  quoique  tardive,  à 
ranimer  la  fabrication  Si  à  prévenir  la  dispersion  des  ouvriers. 

On  insistait  également  sur  la  nécessité  de  permettre  le  commerce  des  draps 
directement  par  le  port  de  Cette,  tant  pour  l'expédition  que  pour  le  retour. 
Dans  tous  les  cas,  on  demandait  l'autorisation  de  vendre  indifféremment 
les  draps  de  Languedoc  aux  nationaux  Se  aux  étrangers,  puisque  toutes  les 
autres  marchandises  de  France  qui  passaient  dans  le  Levant  ou  en  Barbarie 
jouissaient  de  cette  liberté  &  qu'on  ne  pouvait  qu'à  ce  prix  maintenir  la 
fabrication  Si  rendre  des  moyens  d'existence  à  plusieurs  milliers  de  malheu- 
reux'. 

Les  députés  à  la  Cour  avaient  été  chargés  de  faire  valoir  auprès  dif  ministre 
ces  instantes  recommandations,  S<.  l'archevêque  de  Narbonne  les  appuya  de 
tout  son  crédit. 

M.  de  Calonne  présenta  un  rapport  sur  cette  question  au  conseil  d'État  : 
il  y  reconnaissait  que  la  vente  des  draps  destinés  pour  les  échelles  du  Levant 
s'étant  trouvée,  par  l'effet  des  circonstances,  fort  inférieure  à  la  production 
du  Languedoc,  cette  disproportion  avait  causé  un  engorgement  qui  menaçait 
d'une  interruption  générale  de  travail  &  d'une  émigration  d'ouvriers  très- 
préjudiciable  aux  manufactures  de  la  Province;  qu'il  fallait  y  pourvoir  en 
assurant  de  nouveaux  débouchés  à  ce  genre  de  produits,  sans  compromettre 
toutefois  une  branche  de  commerce  aussi  intéressante  que  la  vente  des  draps 
dans  le  Levant. 

Voici,  pour  concilier  ce  double  but,  les  dispositions  prises  par  le  conseil 
ians  son  arrêt  du  24  octobre  1784  : 

A  compter  du  jour  de  la  publication,  le  roi  permettait  aux  négociants  Se 
fabricants  de  Languedoc  d'expédier  les  draps  de  leurs  manufactures,  même 
ceux  qui  avaient  été  faits  à  destination  du  Levant,  par  tous  les  ports  du 
royaume,  autres  que  ceux  de  la  Méditerranée,  pour  les  Etats  du  Nord,  l'Amé- 
rique septentrionale  Si  les  colonies  françaises. 

Il  les  autorisait  aussi  à  expédier  pour  l'Italie  Si  les  autres  côtes  de  la  Médi- 
terranée, pendant  l'espace  d'un  an,  à  commencer  le  !"■  janvier  1785,  la 

■  Procès -verbal  des  Etats  de  Langiicdcc.  Séance  du  16  décembre  1783.  Rapport  de  l'évêque  do 
Monta  iiban. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  iSig 

quantité  de  mille  ballots  de  draps  originairement  destinés  au  commerce  du 
L.evant. 

Ces  mille  ballots  ne  devaient  être  embarqués  qu'au  port  de  Cette,  &,  afin 
que  l'on  n'excédât  pas  la  quantité  permise,  aucun  chargement  ne  pouvait  se 
faire  sans  un  permis  délivré  par  l'intendant  Si  visé  par  le  directeur  des  fermes 
résidant  au  lieu  d'embarquement. 

Comme  la  réglementation  minutieuse  de  l'industrie  imposait  certaines  mar- 
ques particulières  aux  draps  fabriqués  pour  l'exportation  du  Levant,  les  draps 
destinés  aux  divers  ports  méditerranéens,  jusqu'à  concurrence  de  mille  ballots, 
devaient  être  présentés  au  bureau  d'inspection  de  Montpellier  pour  y  perdre, 
par  la  main  des  agents,  les  signes  caractéristiques  de  la  destination  primitive 
Se  recevoir  des  plombs  constatant  la  visite.  Les  directeurs  des  fermes  avaient 
ordre  de  ne  laisser  embarquer  aucun  ballot  dépourvu  du  plomb  officiel. 

Chaque  ballot  de  draps  expédié  pour  l'Italie  par  le  port  de  Cette  devait 
acquitter  un  droit  de  deux  pour  cent  de  la  valeur,  analogue  au  droit  de  con- 
sulat qui  se  percevait  à  Marseille  sur  les  draps  expédiés  à  destination  des 
échelles  du  Levant. 

L'inobservation  des  diverses  formalités  prescrites  entraînait  la  saisie  des 
marchandises  par  les  commis  des  fermes,  &  ensuite  la  confiscation,  avec 
amende  de  trois  mille  livres,  prononcée  par  l'intendant'. 

L'année  1784  fut  encore  signalée  par  d'assez  graves  conflits  entre  le  minis- 
tère, la  cour  des  comptes  de  Montpellier  S<.  le  Parlement  de  Toulouse.  Il 
semblait  que  ces  grands  corps,  dont  le  terme  approchait,  eussent  à  cœur 
d'employer  les  dernières  années  de  leur  existence  à  se  combattre  Se  à  s'entre- 
détruire. 

La  querelle  avec  la  cour  des  comptes  eut  pour  origine  la  déclaration  du  roi 
du  10  jartvier  1784,  portant  règlement  pour  la  confection  des  cadastres  en 
Languedoc.  On  avait  dénoncé  depuis  longtemps  des  irrégularités  de  procé- 
dures qui  donnaient  lieu  à  des  contestations.  Certaines  communes  recouraient 
à  l'intendant  pour  les  questions  de  cadastre,  d'autres  à  la  cour  de  Montpellier, 
qui  prétendait  avoir  une  compétence  exclusive  sur  ces  matières.  La  déclara- 
tion du  10  janvier  tendait  à  délimiter  les  attributions.  Elle  ordonnait  que 
nulle  commune  de  Languedoc  ne  pourrait  faire  établir  8c  renouveler  son 
cadastre  sans  la  délibération  d'un  conseil  renforcé,  composé  des  principaux 
contribuables.  Si  sans  l'approbation  de  l'assiette  diocésaine.  Si  l'assiette  recon- 
naissait la  nécessité  d'un  nouveau  cadastre,  la  commune  devait  se  pourvoir 
devant  la  cour  des  comptes  pour  y  procéder  suivant  les  formes.  La  cour  de 
Montpellier  demeurait  juge  en  première  instance  de  tous  les  différends  occa- 
sionnés par  cette  opération,  mais  la  commune  ne  pouvait  faire  exécuter  le 
travail  matériel  du  cadastre,  par  adjudication  ou  autrement,  sans  s'y  être  fait 
autoriser  par  l'intendant,  devant  qui  devaient  être  portées  les  contestations 
relatives  à  ce  travail. 

'  Recueil  des  édits,  déclaration!,  arrêts  &  ordonnances  pour  l'année   1784,  f"  187. 

XIII.  84 


.784 


177^ 


i33o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Ce  fut  ce  dernier  point  qui  blessa  les  susceptibilités  de  la  cour.  Le  gouver- 
nement avait  voulu  séparer  nettement  les  faits  judiciaires  des  faits  d'adminis- 
tration. Au  lieu  d'enregistrer  simplement  la  loi,  la  cour  des  comptes  adressa 
des  remontrances  contre  l'attribution  adressée  à  l'intendant,  sous  prétexte 
qu'elle  violait  des  prérogatives  traditionnelles.  De  premières  lettres  de  jussion, 
maintenant  l'attribution  à  l'intendant,  mais  destinées  à  dissiper  les  inquié- 
tudes de  la  cour  sur  des  poirits  qu'elle  paraissait  n'avoir  pas  compris,  furent 
données  le  i3  août.  La  cour  prescrivit  l'enregistrement,  «  du  très-exprès  com- 
«  mandement  du  roi,  sans  approbation  de  la  clause  portant  attribution  de 
«  juridiction  au  commissaire  départi  dans  la  Province.  «  Le  gouvernement 
répondit,  le  19  octobre,  par  de  nouvelles  lettres  de  jussion.  «  Nous  vous  avons 
«  déclaré,  disait  le  roi,  que  vos  remontrances  ne  pouvoient  nous  porter  à  rien 
«  changer  à  l'attribution  du  sieur  intendant,  à  vous  accorder  la  compétence 
«  que  vous  demandiez  pour  la  procédure  de  folle-enchère  à  la  suite  des  adju- 
«  dications  concernant  les  compoix;  en  vous  manifestant  nos  intentions  d'une 
«  manière  aussi  positive,  nous  devions  croire  que  vous  vous  y  conformeriez.  » 

Avec  le  Parlement,  la  guerre  s'alluma  au  sujet  de  l'exportation  des  grains 
que  le  ministère  avait  momentanément  interdite.  La  cour  écrivit  au  roi  pour 
solliciter  le  retrait  de  la  prohibition,  &,  par  provision,  rendit  un  arrêt  qui 
défendait  à  toutes  personnes,  de  quelque  rang,  qualité  &  condition  qu'elles 
fussent,  de  mettre  aucun  obstacle  à  la  liberté  du  transport  des  grains  81  des 
farines.  Le  conseil  d'Etat  cassa  l'arrêt,  comme  toujours.  Le  Parlement  ne  se 
tint  pas  pour  battu  Si  publia  des  remontrances. 

La  querelle  avec  l'intendant  s'envenima,  en  dépit  de  la  modération  que 
mettait  Saint-Priest  dans  tous  ses  rapports  avec  les  parlementaires;  on  exhuma 
de  vieux  griefs;  on  prétendit  que  le  représentant  du  ministre  avait  autrefois 
accueilli  avec  joie  les  réformes  du  chancelier  Maupeou.  Le  Parlement  avait 
eu  l'occasion  de  pressentir,  à  divers  symptômes,  la  faiblesse  du  souverain,  la 
mobilité  de  ses  conseils;  il  croyait  le  moment  opportun  pour  reprendre  contre 
les  «  commissaires  départis  »  la  campagne  malheineuse  qu'il  avait  tant  de  fois 
tentée;  il  s'enivrait  de  la  pensée  de  reconquérir,  sous  ombre  d'indépendance 
Si  de  vues  patriotiques,  cette  prépondérance  illimitée,  cette  immixtion  aux 
actes  d'administration  les  plus  divers  dont  il  avait  abusé  aux  heures  de  trou- 
bles'. 

La  fin  de  la  session  des  Etats  de  1784  fut  marquée  par  quelques  fondations 
utiles.  L'assemblée  provinciale  avait  précédemment  établi  à  Montpellier  une 
chaire  de  «  chimie  docimastique  »  en  faveur  de  Chaptal.  Le  succès  de  cet 
enseignement  inspira  la  pensée  de  l'étendre.  Le  diocèse  de  Toulouse  sollici- 
tait pareille  création.  L'archevêque  de  Narbonne  soutint  la  requête.  Il  exposa 
que  la  situation  de  Toulouse,  au  point  de  réunion  de  plusieurs  provinces, 
son  rang  de  capitale  du  Languedoc,  la  célébrité  81  l'état  florissant  de  ses 

■  On  trouvera  des  détails  intéressants  sur  cette  dant  avec  son  subdélégué  Ginesfy,  que  nous  pu- 
querelle  &  sur  l'aigreur  du  Parlement  à  l'égard  de  blions  aux  Pièces  justificatives,  n.  DCCCCXLV, 
Saint-Priest,  dans   la  correspondance  de  l'inten-       col.  2412. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION,  i33i 

études  Se  le  goût  qui  y  régnait  pour  les  sciences  S<  pour  les  arts  ne  per- 
mettaient point  de  douter  que  l'institution  demandée  n'y  prospérât. 

Il  ajouta  que  les  montagnes  des  diocèses  de  Saint-Papoul,  de  Lavaur,  de 
Rieux,  de  Mirepoix,  de  Couserans,  de  Comminges  S<  de  Pamiers  renfer- 
maient des  mines  de  toute  espèce;  que  les  rivières  prenant  leur  source  dans 
ces  diocèses,  la  Garonne,  le  Salât  &  l'Ariége,  charriaient  de  l'or  assez  abon- 
damment pour  faire  croire  à  l'existence  de  riches  veines  de  ce  métal,  que  ces 
montagnes,  beaucoup  plus  à  portée  de  Toulouse  que  de  Montpellier,  décri- 
vaient autour  de  cette  première  ville  comme  un  cercle  dont  elle  était  le 
centre  8c  où  venaient  aboutir  toutes  les  routes. 

On  désigna  Chaptal  pour  occuper  cette  nouvelle  chaire,  en  attendant 
qu'il  eût  formé  à  Toulouse  des  sujets  capables  de  le  suppléer.  Le  profes- 
seur devait  partager  son  temps  entre  les  deux  villes. 

L'archevêque  de  Narbonne  fit  aussi  exprimer  par  les  Etats  le  vœu  d'an- 
nexer à  l'Académie  des  arts  de  Toulouse  Si  à  la  Société  des  arts  de  Montpellier 
une  sorte  d'école  préparatoire  pour  les  jeunes  gens  qui  se  destinaient  au  ser- 
vice des  ponts  6c  chaussées. 

Dans  cette  même  session,  les  États  donnèrent  la  charge  d'historiographe 
de  la  Province,  vacante  par  la  mort  de  dom  Bourotte,  à  deux  autres  reli- 
gieux bénédictins,  dom  Malherbe  8c  dom  Soulaire,  avec  une  pension  annuelle 
de  six  cents  livres  pour  chacun. 

Enfin,  ils  accordèrent  une  subvention  de  quinze  cents  livres  à  la  ville 
d'Annonay,  afin  de  s'associer  à  l'hommage  public  de  reconnaissance  qu'elle 
avait  cru  devoir  rendre  à  Montgolfier,  en  mémoire  de  la  première  expérience 
aérostatique  faite  en  présence  des  États  particuliers  du  Vivarais  le  4  juin  lySS'. 
Le  célèbre  manufacturier  avait  déjà  obtenu  du  roi,  en  récompense  de  cette 
découverte,  des  lettres  de  noblesse  8c  des  armoiries  qui  figuraient  un  ballon 
ailé  s'élevant  dans  le  ciel,  au-dessus  des  montagnes  8c  des  eaux. 

Le  premier  jour  du  mois  d'août  1785  vit  partir  du  port  de  Brest  un  autre 
Languedocien  dont  le  nom  devait  demeurer  à  jamais  célèbre  dans  les  fastes 
de  la  marine  française.  Jean-François  Galaup  de  La  Pérouse,  gentilhomnte 
albigeois  qui,  pendant  la  guerre  d'Amérique,  s'était  illustré  en  ruinant  les 

■  Voici  le  passage  du  procès -verbal   des  États  pièces  de  bois  &  de  fil  de  fer;  ce  globe,  après  s'être 

particuliers  du  Vivarais  relatif  à  cette  expérience  :  enflé  insensiblement,  s'est  élevé,  au  grand  étonne- 

Scance  da  5  juin  1783  :  «  M.  le  syndic  (de  La  ment  des  spectateurs,  avec  une  rapidité  progres- 
Chadenède)  a  dit  que  l'assemblée  ayant  été  invitée  sivc,  jusqu'à  la  hauteur  de  cinq  cents  toises,  au- 
bier dans  l'après-midi,  à  assister  à  l'essai  de  la  tant  qu'on  a  pu  en  juger  à  l'œil;  &  après  avoir 
machine  aereostatique,  découverte  par  les  frères  resté  en  l'air  environ  dix  minutes,  il  est  descendu 
Montgolfier  de  cette  ville,  la  plupart  de  ses  mcm-  lentement  sur  la  terre  à  la  distance  de  dix-sept 
btes  se  sont  rendus  sur  la  place  des  Cordeliers,  oii  cents  toises  du  point  où  il  étoit  parti;  &  comme 
ils  ont  aperçu  un  vaisseau  de  la  capacité  d'envi-  cette  découverte  pourroit  devenir  utile,  M.  le  syn- 
ron  vingt-huit  mille  pieds  cubes,  formant  un  die  a  cru  devoir  proposer  à  l'assemblée  d'insérer 
globe  de  trente-cinq  pieds  de  diamètre,  construit  dans  son  procès-verbal  le  récit  de  cette  expérience 
en  toile  &  doublé  intérieurement  de  plusieurs  qui  ne  peut  que  faire  honneur  à  ceux  qui  ont 
feuilles  de  papier  appliquées  les  unes  sur  les  au-  imaginé  la  machine  aérostatique, 
très,  fortifiées  de  quantité  de  cordes  &  do  quelqv  es  «  Et  l'assemblée  l'a  ainsi  délibéré,  n 


1784 


170  J 


1785 


1786 


i332  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

établissements  anglais  de  la  baie  d'Hudsoh,  commençait,  avec  la  Boussole  8c 
VAstrolahe,  ce  voyage  autour  du  monde,  dont  Louis  XVI  avait  lui-même 
étudié  le  projet  8c  qui  était  destiné  à  finir  tristement  sur  les  récifs  des  îles 
Vanikoro.  Pendant  trois  années,  l'Europe  reçut  avec  une  curiosité  ardente  les 
nouvelles  de  ses  découvertes  dans  des  régions  encore  inexplorées;  puis  sa  cor- 
respondance cessa  brusquement,  8c  le  mystère  se  fit  sur  le  sort  des  deux 
navires.  Il  était  réservé  à  Dumont  d'Urville  d'en  retrouver  les  vestiges  8c  de 
les  restituer  k  la  France. 

Le  vicomte  de  Saint-Priest  qui,  depuis  quelque  temps,  partageait  avec  son 
fils  les  travaux  de  l'intendance  de  Languedoc,  fut  atteint,  sur  la  fin  de 
l'année  178:"),  d'une  maladie  qui  l'emporta.  Il  avait  administré  la  Province 
pendant  trente-cinq  ans,  sous  des  maximes  de  gouvernement  très-diverses,  8c 
au  milieu  de  circonstances  souvent  difficiles.  Au  moment  où  il  mourut,  l'ai- 
greur du  Parlement  de  Toulouse  contre  l'institution  même  des  intendants, 
qu'il  s'obstinait  à  désigner  sous  le  nom  de  commissaires  départis,  était  extrême. 
Comme  au  temps  de  la  Fronde,  la  cour  supérieure  de  justice  entretenait 
l'illusion  d'exploiter  l'agitation  générale  8c  le  mouvement  des  esprits  pour  se 
débarrasser  d'un  fonctionnaire  qui,  représentant  le  pouvoir  ministériel,  fai- 
sait nécessairement  obstacle  à  de  chères  8c  anciennes  prétentions. 

Le  vicomte  vivait  en  meilleurs  termes  avec  les  Etats  de  Languedoc.  Un  an 
avant  sa  mort  il  obtint  que  l'assemblée  sollicitât  du  roi  le  grade  de  colonel  en 
second  pour  le  chevalier  de  Saint-Priest,  un  de  ses  fils,  qui  avait  été  tenu  sur 
les  fonts  baptismaux  par  l'archevêque  de  Narbonne  au  nom  des  Etats'. 

On  crut  d'abord  que  l'intendant  aurait  pour  successeur  son  fils  aîné  qui 
avait  acquis  déjà,  par  sa  collaboration,  une  assez  grande  expérience  de  l'ad- 
ministration provinciale,  8c  celui-ci  en  remplit  en  effet  les  fonctions  pendant 
quelques  mois. 

Il  assista  même,  avec  le  comte  de  Périgord,  en  qualité  de  second  commis- 

■  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  ordinaires,    ils   ne   se    refuseront   pas   d'acquitter, 

du  14  décembre  1784  :  vis-à-vis    M.    le   chevalier   de    Saint-Priest,   celles 

«  Monseigneur  l'archevêque  de  Narbonne,  pré-  auxquelles  semble  les  appeler  leur  qualité  de  par- 

sident,  a  dit  que  M.  le  chevalier  de  Saint-Priest,  rains,  &  qu'il   suffira  pour  cet  objet  de  solliciter 

fils  8c  frère  de  MM.  les  intendants  de  cette  Pro-  l'avancement  dont  M.  le  chevalier  de  Saint-Priest 

vince,  a   toujours  apprécié   avec  sensibilité  &   re-  est  susceptible,   &  qui   consiste   à   demander  pour 

connoissance  le  précieux  avantage  d'avoir  été  tenu  lui  le  grade  de  colonel  en  second, 

sur  les  fonts  de  baptême  par  cette  auguste  asscm-  «   Que  si  les  États  agréent  cette  proposition,  ils 

blée-  que  mondit  sieur  le  chevalier  de  Saint-Priest  honoreront  par  là  un  filleul   que  sa   bonne  con- 

réclame  à  ce  titre   la  bienveillance  &   l'interven-  duite,  ses  grâces  &  son  aménité  ont  toujours  cga- 

tion  des  États.  lement  rendu  rccommandable,  &  ils  donneront  en 

«  Qu'il  est  d'ailleurs  dans   le  cas,  par  sa  nais-  même    temps   à   ses   respectables  parens   un    juste 

sance,   par  ses    services    personnels,   par   ceux    de  témoignage  d'intérêt  &  de  reconnoissance. 

toute  sa   famille,  d'obtenir  de   l'avancement   dans  «  A  quoi  mondit  seigneur  le  président  a  ajouté 

la    carrière  des  armes   à  laquelle   il   s'est  consacré,  qu'il  se  fera  un  plaisir  &  un  devoir  de  joindre,  si 

&  qu'il  mettra   un   prix   infini  à  ne  le  devoir  qu'à  l'assemblée  le  trouve  convenable,  ses  sollicitations 

l'honorable   sollicitation    de   cette    assemblée.    Que  à  celles  de  MM.  les  députés. 

si    la    nature  des   liens    qui    l'unissent   aux   États  ,<  Sur  quoi  les  Etats  ont  approuvé  par  acclama- 

impose   des  obligations  dans    les   sociétés   les   plus       tion » 


LIV.   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTIOîl.  i333 

saire  tlu  roi,  à  l'ouveituie  de  la  session,  le  12  janvier  1786;  mais  il  pria 
rassemblée  de  le  dispenser  de  recevoir  la  dépuiation  ordinaire  qu'il  regardait 
toujours,  dit-il,  comme  infiniment  honorable,  mais  qui  lui  renouvellerait 
trop  vivement  la  perte  de  son  père'. 

On  apprit  bientôt  que  le  nouveau  vicomte  de  Saint-Priest  s'était  résolu  à 
quitter  la  Province  de  Languedoc.  Son  intendance  fut  très-disputée.  D'après 
les  bruits  qui  coururent  dans  le  personnel  administratif,  les  concurrents 
étaient  en  grand  nombre,  tous  déjà  intendants.  Le  choix  du  roi  s'arrêta  sur 
Charles-Bernard  de  Ballainvilliers,  baron  de  Ballainvilliers,  seigneur  du 
comté  de  Cléry,  de  Maurepas,  Forêt,  Amiécourt  Si  autres  lieux,  ancien 
avocat  du  roi  au  Châtelet  de  Paris,  maître  des  requêtes  ordinaires  de  l'hôtel. 
C'était  un  jeune  homme  d'environ  trente  ans,  maître  des  requêtes  depuis 
sept  années,  jouissant  de  quatre-vingt  mille  livres  de  rentes  8i  marié  à  Made- 
moiselle Daubert,  fille  du  premier  président  du  Parlement  de  Douai  &  nièce 
de  M.  de  Calonne.  Ballainvilliers  appartenait  à  une  famille  d'administra- 
teurs, son  père  ayant  dirigé  l'intendance  d'Auvergne^.  Les  compliments  de 
bienvenue  que  reçut  l'intendant  à  son  arrivée  dans  la  Province  furent  asso- 
ciés à  l'expression  des  regrets  très-vifs  laissés  par  ses  deux  prédécesseurs. 

«  La  nouvelle  de  votre  nomination  à  l'intendance  de  cette  Province,  lui 
«  écrivirent  les  capitouls  de  Toulouse  le  25  avril  1786,  8c  le  bruit  des  grandes 
«  qualités  qui  vous  distinguent  ont  adouci  l'amertume  des  peines  que  nous 
«  ont  successivement  causées  la  perte  de  M.  de  Saint-Priest  le  père  8\  la 
«  retraite  de  Monsieur  son  fils.  Les  éminentes  vertus  de  ces  deux  magistrats, 
«  les  témoignages  d'amour,  de  justice  St  de  bienfaisance  qu'ils  se  plaisoient  à 
«  répandre  sur  les  peuples  confiés  à  leurs  soins  leur  avoient  mérité  une  con- 
«  fiance  sans  bornes  dont  ils  s'honoroient  &  qu'ils  regardoient  comme  la  plus 
«  digne  récompense  de  leurs  pénibles  travaux^.  » 

Ballainvilliers  commença  de  parcourir  la  Province  dans  les  derniers  jours 
du  mois  de  juin.  Il  se  rendit  en  poste  à  ?jéziers  81  s'y  embarqua  sur  le  canal 
qu'il  suivit  jusqu'à  Toulouse,  où  il  reçut  les  marques  d'honneur  accoutumées. 
Il  avait  dispensé  la  ville  des  frais  d'une  députation  à  Montpellier  dont  les 
membres  étaient  déjà  élus.  Pendant  son  séjonr  dans  la  capitale  de  la  Pro- 
vince, la  municipalité  voulut  lui  offrir  un  bal  paré;  mais  il  le  refusa,  en 
disant  qu'il  verrait  avec  bien  plus  de  plaisir  que  la  somme  destinée  à  cette 
fête  fût  employée  à  la  délivrance  de  quelques  prisonniers.  On  se  conforma  à 
son  désir,  8<.  l'on  rendit  la  liberté  à  six  malheureux  détenus  pour  dettes"*. 

Après  avoir  visité  le  haut  Languedoc,  l'intendant  compléta  sa  tournée  par 
un  voyage  en  Vêlai,  en  Vivarais  S<.  dans  les  Cévennes. 

■  Procès-verbal  des  États  de  Languedoc.  Séance  nos   regrets.  »  Lettre  de  M.   Lnyrolle,   de  Mont- 

du  14  janvier  1786.  pellier,  le  9  avril  1786. 

'  Archives  de  la   Haute-Garonne,  G.  ,06.  Inten-  '  Archives  de  Toulouse.  Lettres  missives  des  capi- 

Aanee  :  n  On  nous  fait  espérer  que  tout  le  monde  touh. 

sera  satisfait  du  choix  &  qu'il  nous  dédommagera  ''  Archives    de   Toulouse.    Annales    manuscrites , 

de  la  perte  de  M.  de  Saint-Priest,  qui  emporte  tous  XII,  p.    1  j3. 


1786 


i334  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Des  règlements  relatifs  aux.  preuves  de  noblesse  qui  étaient  exigées  des 
gentilshommes,  soit  pour  être  admis  au  service  militaire,  soit  pour  les  présen- 
tations à  la  Cour,  soit  pour  les  réceptions  aux  ordres  du  roi,  imposaient 
l'obligation  d'exhiber  aux  généalogistes  des  titres  origi-.;aux5  on  n'admettait 
pour  tels,  à  l'égard  des  actes  passés  devant  notaire,  que  Ifci  premières  grosses 
ou  expéditions  délivrées  sur  les  minutes  par  ceux  mêmes  qui  les  avaient  reçues. 
On  demandait,  en  outre,  pour  chaque  degré,  outre  l'extrait  de  baptême,  de 
mariage  ou  de  mort,  la  production  de  trois  actes  civils.  Cette  réglementation 
rigoureuse  présentait  souvent,  dans  la  pratique,  de  sérieuses  difficultés.  Quel- 
quefois, les  premières  expéditions  n'avaient  pas  été  retirées  ou  avaient  été 
détruites.  Les  dévastations  de  dépôts  publics  &  les  pillages  d'archives,  si  mul- 
tipliés pendant  les  guerres  civiles  des  derniers  siècles,  notamment  dans  les 
Cévennes,  avaient  aussi  enlevé  à  beaucoup  de  familles  de  Languedoc  les 
moyens  de  justifier  de  leur  filiation.  Les  députés  8<  le  syndic  général  de  la 
Province  en  portèrent  plainte  au  roi.  Ils  lui  représentèrent  que  vainement 
les  familles  intéressées  retrouvaient  dans  des  registres  épars  les  actes  établis- 
sant leur  généalogie;  les  arrêts  de  règlement  du  Parlement  de  Toulouse  qui 
interdisaient  le  déplacement  des  registres  dans  les  divers  dépôts  ne  permet- 
taient pas  de  faire  usage  de  ces  preuves,  dont  les  commissaires  du  roi  ne  pou- 
vaient accepter  de  copies.  Pareilles  réclamations  avaient  été  déjà  faites  par  la 
noblesse  de  Provence,  qui  obtint  satisfaction  par  lettres  patentes  du  i8  octo- 
bre 1783. 

Un  acte  analogue  fut  accordé,  le  2  juillet  1786,  à  la  noblesse  de  Lan- 
guedoc. Ces  lettres  patentes,  données  à  Versailles  Se  contre-signées  par  le 
baron  de  Breteuil,  autorisèrent,  pour  les  preuves  de  noblesse,  lettres  de  main- 
tenue, confirmation,  réhabilitation,  lettres  de  relief  ou  d'omission  de  quali- 
fication noble,  certificats  de  noblesse  pour  la  Cour,  pour  les  grades  d'officier, 
les  chapitres,  les  ordres  du  Saint-Esprit,  de  Saint-Lazare  &  de  Malte,  les 
pages,  l'Ecole  royale  militaire  &  la  Maison  de  Saint-Cyr,  en  cas  d'absence 
des  premières  expéditions  d'actes  notariés,  un  moyen  particulier  d'y  suppléer. 

Les  intéressés  devaient  présenter  aux  Etats  de  Languedoc  assemblés  une 
requête  à  l'effet  d'obtenir  la  nomination  de  deux  commissaires  de  l'ordre  de 
la  noblesse,  siégeant  ou  ayant  siégé  dans  les  Etats,  &  n'étant,  d'ailleurs,  ni 
parents  ni  alliés  aux  degrés  prohibés  par  les  ordonnances,  pour  procéder  Si 
assister  à  la  vérification  des  expéditions  anciennes  8c  à  la  délivrance  des  nou- 
velles, soit  dans  le  dépôt  des  titres  de  la  Province,  soit  dans  les  études  des 
notaires,  où  ils  devaient  se  transporter  en  présence  du  juge  royal,  après  lui 
avoir  prêté  serment.  Ces  commissaires  étaient  chargés  de  collationner  les  copies 
avec  le  juge  81  le  notaire,  de  les  signer,  d'y  apposer  le  sceau_^de  leurs  armes, 
81  de  les  faire  légaliser  par  un  officier  de  la  justice  royale  la  plus  voisine, 
autre  toutefois  que  le  juge  assistant. 

Ces  mesures  de  tolérance  ne  s'étendaient  pas  au  rapport  des  arrêts  du  con- 
seil, des  jugements  de  commissaires  départis  portant  maintenue  de  noblesse, 
ainsi   que  des   procès-verbaux  de   preuves,  des  lettres   patentes  8c  de  chan- 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i335 

cellerie  contenant  anoblissement,  des  commissions  8c  brevets  de  charges  con- 
férant la  noblesse  transmissible,  8c  des  autres  actes  de  même  nature,  dont  la 
présentation  demeurait  soumise  aux  formalités  prescrites  dans  les  mémoires 
publiés  de  l'ordre  du  roi,  pour  l'admission  des  officiers  des  troupes  de  terre  8c 
de  mer. 

Le  nouvel  acte  royal,  sollicité  par  les  États  de  Languedoc  pour  améliorer 
la  «  position  difficile  8c  fâcheuse  où  se  trouvoit  la  noblesse  du  pays,  »  tut 
enregistré  par  le  Parlement  de  Toulouse  le  21  mars  de  l'année  suivante,  sur 
le  rapport  de  M.  de  Reynal  '. 

Cependant  les  événements  généraux  se  précipitaient.  Les  embarras  du 
royaume  empirant,  le  ministère  se  décida,  sur  la  fin  du  mois  de  décem- 
bre 1786,  à  convoquer  l'assemblée  des  notables.  Le  vendredi  2g,  à  l'issue  du 
conseil  des  dépêches,  le  roi  déclara  que  son  intention  était  de  former  une 
réunion  de  «  personnes  de  diverses  conditions  des  plus  qualifiées  de  son  Etat, 
«  afin  de  leur  communiquer  les  vues  qu'il  se  proposoit  pour  le  soulagement 
«  de  son  peuple,  l'ordre  de  ses  finances  6c  la  réformation  de  plusieurs  abus.  » 

La  liste  des  invités  comprenait  cent  quarante-quatre  personnes,  auxquelles 
durent  se  réunir  les  quatre  secrétaires  d'Etat  :  maréchal  de  Castries,  maréchal 
de  Ségur,  baron  de  Breteuil  8c  comte  de  Montmorin,  ministres  de  la  marine, 
de  la  guerre,  de  la  maison  du  roi.  Se  le  contrôleur  général  Calonne. 

La  composition  de  l'assemblée  lui  enlevait  tout  caractère  représentatif.  On 
y  comptait  d'abord  sept  princes  du  sang,  trente-neuf  membres  de  la  haute 
noblesse,  ducs  8c  pairs,  maréchaux  de  France,  lieutenants  généraux^  douze 
membres  du  conseil  du  roi,  onze  dignitaires  du  haut  clergé,  les  présidents  8c 
procureurs  généraux  des  Parlements  de  France  Se  des  conseils  souverains, 
une  députation  particulière  des  Etats  de  Bourgogne,  de  Languedoc,  de  Bre- 
tagne 8c  d'Artois,  8c  enfin  les  «  chefs  municipaux  «  de  vingt-quatre  villes 
principales. 

Voici  les  noms  des  notables  qui  appartenaient  à  la  province  de  Languedoc. 
Dans  l'ordre  de  la  noblesse,  le  comte  d'Estaing,  vice-amiral  de  France,  8c  le 
marquis  de  Mirepoix;  dans  l'ordre  du  clergé,  Arthur-Richard  Dillon,  arche- 
vêque 8c  primat  de  Narbonne;  Etienne-Charles  de  Loménie  de  Brienne, 
archevêque  de  Toulouse  8c  l'un  des  quarante  de  l'Académie  française;  Marie- 
Joseph  de  Galard  de  Terraube,  évêque  du  Puy,  8c  Louis-François  de  Baussct, 
évêque  d'Alais;  dans  l'ordre  parlementaire,  Jean-Joseph-Dominique  de  Senaux, 
remplissant  les  fonctions  de  premier  président,  8c  Jean-Louis-Augustin-Emma- 
nuei  de  Cambon,  procureur  général  au  Parlement  de  Toulouse.  Les  députés 
des  États  de  Languedoc  étaient  le  coadjuteur  d'Albi,  François-Pierre  de 
Bernis,  archevêque  de  Damas 5  le  marquis  d'Hautpoul-Seyre,  l'un  des  barons, 
8c  M.  François  Chevalier-Dusuc  de  Saint-Affrique.  Deux  villes  seulement  de 
la  Province  étaient  représentées  :  Toulouse,  par  messire  Philippe,  marquis 

'Lettres  patentes  du  roi,  données  à  Versailles,  registre,  A  Toulouse,  de  l'imprimerie  de  noblj 
le  z  (uillet  lySrt,  portant  règlement  pour  la  no-  J.-A.-H.-M.-B.  Pijon,  avocat,  seul  imprimeur  du 
blesse  de  la  province  de  Languedoc,  avec  l'arrct  de        roi  &  de  la  Province,  place  Royale. 


1786 


1786 


i336  -  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR   LE  LANGUEDOC. 


de  Bonfontan,  premier  capitoul  gentilhomme,  &  IVlontpellier,  par  noble  Ber- 
nardin Daniel-Deydé,  maire  &  viguier. 
"77^  L'ouverture  de  l'assemblée  avait  été  fixée  au  29  janvier  1787;  mais  elle  n'eut 

lieu  que  le  jeudi  22  février,  dans  une  salle  du  château  de  Versailles,  en  pré- 
sence du  roi,  siégeant  sous  un  dais  violet  parsemé  de  fleurs  de  lis. 

Louis  XVI  annonça,  par  une  courte  harangue,  le  but  de  la  réunion  :  amé- 
liorer les  revenus  de  l'État,  Si  assurer  leur  libération  entière  par  une  réparti- 
tion plus  égale  des  impositions;  affranchir  le  commerce  des  diftérentes  entraves 
cjui  gênaient  la  circulation,  &  soulager,  autant  que  les  circonstances  le  per- 
mettraient, la  partie  la  plus  indigente  de  la  nation. 

Après  quelques  paroles  du  garde  des  sceaux,  le  contrôleur  général  présenta 
un  tableau  étendu  de  la  situation  des  finances  81  des  premières  opérations  de 
son  ministère;  il  rappela  les  traités  de  commerce  conclus  avec  la  Hollande, 
l'Angleterre  8t  la  Russie,  abolissant  «  des  principes  exclusifs  aussi  contraires 
«  aux  lois  sociales  qu'à  l'intérêt  réciproque  des  nations;  »  les  encouragements 
donnés  aux  manufactures,  l'essor  des  travaux  publics,  &  cita,  au  nombre  des 
entreprises  d'embellissements  transformant  les  grandes  villes,  la  restauration 
des  arènes  de  Nimes,  destinée  à  «  faire  disparoître  des  masures  malsaines  qui 
«  déshonoroient  ces  magnifiques  restes  de  la  grandeur  des  Romains.  » 

Après  cet  exposé,  il  fallait  en  venir  à  l'aveu  du  déficit,  accru  encore  par 
les  dépenses  de  la  guerre  d'Amérique,  aveu  cruel  qui  ne  produisit  pas  sur 
l'assemblée  l'effet  qu'on  avait  lieu  d'en  attendre.  Calonne  déclara  que  le  far- 
deau de  l'amortissement  pèserait  sur  le  trésor  jusques  en  1797;  qu'on  ne 
pouvait,  durant  cette  période,  recourir  à  des  expédients  &  à  des  palliatifs  qui, 
en  retardant  la  crise,  la  rendraient  plus  funeste;  qu'emprunter  toujours  serait 
aggraver  le  mal  5t  précipiter  la  ruine  de  l'Etat;  qu'imposer  plus  serait  acca- 
bler les  peuples,  qu'anticiper,  comme  on  l'avait  trop  fait  jusqu'alors,  était 
contraire  aux  simples  règles  de  la  prudence  8c  qu'enfin  l'économie  ne  suffi- 
rait point  à  combler  les  vides.  Le  contrôleur  général  s'attaquait  alors  à  ce 
qu'il  appelait  un  fonds  de  richesse,  aux  abus. 

«  Les  abus,  dit-il,  ont  pour  défenseurs  l'intérêt,  le  crédit,  la  fortune  8c 
«  d'antiques  préjugés  que  le  temps  semble  avoir  respectés;  mais  que  peu' 
«  leur  vaine  considération  contre  le  bien  public  8<.  la  nécessité  de  l'État?  » 

L'expérience  devait  prouver  au  ministre  que  les  abus  avaient  pour  déiui- 
seurs,  8c  pour  défenseurs  intraitables,  les  membres  mêmes  de  l'assemblCe 
devant  laquelle  il  parlait.  En  convoquant  autour  de  lui  l'élite  des  grands 
dignitaires,  de  tous  ceux  qui  profitaient  le  plus  d'une  organisation  défec- 
tueuse, en  les  faisant  présider  par  les  princes  de  son  sang,  le  roi  avait,  saiib 
le  vouloir,  constitué  de  ses  mains  l'armée  de  la  résistance. 

La  seule  énumération  sommaire  des  abus  que  le  contrôleur  général  se  pro- 
posait de  détruire,  avec  la  certitude  d'en  voir  jaillir,  suivant  son  expression, 
«  une  source  féconde  qui  fertiliserait  toutes  les  parties  de  la  monarchie  » 
souleva  contre  ses  projets  la  cabale  des  personnages  titrés  £<.  dotés  compo- 
sant la  noble  assistance. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  133/ 

Galonné  dénonçait,  en  effet,  sans  avoir  conscience  de  l'auditoire  spécial 
assis  devant  lui,  les  abus  dont  l'existence  pesait  sur  la  classe  productive  8i 
laborieuse;  les  abus  des  privilèges  pécuniaires,  les  exceptions  à  la  loi  com- 
mune. Si  tant  d'exemptions  injustes  qui  ne  pouvaient  affranchir  une  partie 
des  contribuables  qu'en  aggravant  le  sort  des  autres;  l'inégalité  générale  dans 
la  répartition  des  subsides  &  l'énorme  disproportion  entre  les  contributions 
des  différentes  provinces  &i  entre  les  charges  des  sujets  d'un  même  souverain; 
la  rigueur  8<.  l'arbitraire  de  la  perception  de  la  taille;  la  crainte,  les  gênes  8c 
presque  le  déshonneur  imprimé  au  commerce  des  premières  productions;  les 
bureaux  de  traites  intérieures,  ces  barrières  rendant  les  diverses  parties  du 
royaume  étrangères  les  unes  aux  autres;  les  droits  qui  décourageaient  l'in- 
dustrie, ceux  dont  le  recouvrement  exigeait  des  frais  excessifs  &  des  préposés 
innombrables;  ceux  qui  semblaient  invitera  la  contrebande  &  qui  tous  les 
ans  faisaient  sacrifier  des  milliers  de  citoyens;  le  dépérissement  du  domaine 
de  la  couronne  Si  le  peu  d'utilité  qu'en  produisaient  les  faibles  restes;  la 
dégradation  des  forêts  du  roi  Se  leur  mauvaise  administration;  enfin  tout  ce 
([ui  affaiblissait  les  ressources  du  crédit,  tout  ce  qui  rendait  les  revenus  insuf- 
fisants 8<.  toutes  les  dépenses  superflues  qui  les  absorbaient. 

Le  contrôleur  général  ajoutait  avec  beaucoup  de  justesse  que  ces  innom- 
brables abus,  timidement  attaqués  en  détail  à  différentes  époques,  ne  pou- 
vaient être  anéantis  que  par  une  réformation  générale.  Se  il  jetait  les  bases 
de  cette  réformation;  il  voulait  que,  dans  toutes  les  provinces,  la  répartition 
des  charges  publiques  fût  confiée  aux  propriétaires  eux-mêmes,  par  un  sys- 
tème représentatif  à  trois  échelons,  qu'un  impôt  territorial  s'étendît  sur  tous 
les  domaines,  sans  autres  distinctions  que  celles  résultant  des  différentes  qua- 
lités du  sol  8<.  de  la  variété  des  récoltes;  il  demandait  l'entière  liberté  du 
commerce  des  grains;  l'abolition  de  la  corvée  en  nature,  la  suppression  des 
douanes  intérieures  Se  la  mise  en  valeur  des  biens  de  la  couronne. 

Le  ministre  termina  l'exposé  de  son  plan  par  ces  paroles  empreintes  d'une 
généreuse  illusion  : 

«  Que  d'autres  rappellent  cette  maxime  de  notre  monarchie.  Si  veut  le 
«  roi,  si  veut  la  loi;  la  maxime  de  Sa  Majesté  est.  Si  veut  le  bonheur  du 
«    peuple,  si  veut  le  roi.  » 

Tombé  sur  une  terre  moins  aride,  ce  bon  grain  aurait  germé.  Mais  devant 
l'égoïsme  d'un  public  de  grands  dignitaires,  c'était  peine  perdue.  A  l'insigni- 
fiance des  réponses  qui  furent  faites,  au  nom  de  l'assemblée,  par  le  premier 
président  du  Parlement  de  Paris  8c  par  l'archevêque  de  Narbonne,  il  fut  facile 
de  comprendre  que  le  patriotique  appel  du  gouvernement  restait  sans  écho  & 
que  rien  n'avait  vibré  sous  ces  camails,  ces  robes  8c  ces  brillants  uniformes. 

Le  marquis  d'Aligre  se  borna  aux  flatteries  de  circonstance  à  l'adresse  du 
roi  avec  une  allusion  sceptique  aux  projets  du  contrôleur  général. 

Cl  Un  plan,  dit-il,  présenté  comme  capable  de  contribuer  à  ces  vues  de 
«  bienfaisance,  intéresse  aussitôt  Votre  Majesté,  toujours  portée  à  ce  qu'elle 
«  croit  pouvoir  tendre  à  notre  bonheur.  » 


1787 


I 


'~ i338  ÉTUDES    HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Quant  à  l'archevêque  de  Narbonne,  il  se  préoccupa  exclusivement  de  la 
préséance  du  clergé  &  de  l'aspect  majestueux  de  la  réunion,  sans  dire  un 
seul  mot  des  espérances  du  roi  : 

«  Sire,  si  nous  avions  pu  prévoir  que  quelqu'un  dût  élever  la  voix  dans 
«  cette  assemblée  pour  offrir  à  Votre  Majesté  des  remerciements  &  des  hoin- 
c  mages,  le  premier  ordre  de  votre  royaume  se  serait  fait  une  gloire  &t  un 
«  devoir  de  n'être  prévenu  par  personne.  Nous  supplions  Votre  Majesté  de 
«  nous  permettre  de  mettre  à  ses  pieds  la  première  impression  que  fait  naître 
«  dans  nos  âmes  le  spectacle  aussi  auguste  qu'imposant  de  cette  assemblée,  8t 
«  surtout  la  vive  &  respectueuse  reconnoissance  qu'elle  inspire  envers  le 
«  souverain  qui  a  bien  voulu  la  convoquer  8c  qui  daigne  la  présider.  » 

Tout  était  fini  d'avance;  le  reste  ne  fut  que  formalités.  On  avait  réparii 
l'assemblée  entière  en  sept  bureaux,  présidés  chacun  par  un  prince  du  sang. 
L'archevêque  de  Narbonne  8c  le  coadjuteur  d'Albi  furent  inscrits  dans  le  pre- 
mier, sous  la  présidence  du  comte  d'Artois;  M.  de  Cambon,  dans  le  troisième, 
sous  la  présidence  du  duc  d'Orléans;  les  marquis  de  Mirepoix,  d'HautpouI 
8c  de  Bonfontan,  dans  le  quatrième,  sous  la  présidence  du  prince  de  Condc; 
l'évêque  d'Alais,  dans  le  cinquième,  sous  la  présidence  du  duc  de  Bourbon; 
M.  du  Suc  de  Saint-Affrique  dans  le  sixième,  sous  la  présidence  du  prince  de 
Conti  ;  8c  enfin  l'évêque  du  Puy  Se  M.  de  Senaux  dans  le  septième,  sous  la 
présidence  du  duc  de  Penthièvre. 

A  la  seconde  séance,  tenue  le  23  février,  M.  de  Calonne  lut  six  mémoires, 
sur  l'établissement  des  assemblées  provinciales,  sur  l'imposition  territoriale, 
sur  le  remboursement  des  dettes  du  clergé,  sur  la  taille,  sur  le  commerce  des 
grains,  sur  la  corvée. 

Dans  le  système  représentatif  à  trois  degrés,  comprenant  des  assemblées 
paroissiales  8c  municipales,  des  assemblées  de  district,  8c  des  assemblées  pro- 
vinciales, il  était  aisé  de  reconnaître  un  emprunt  à  l'organisation  du  Lan- 
guedoc 8c  à  son  triple  étage  de  communautés,  d'assiettes  diocésaines  8c  d'États 
généraux;  mais  tout  en  s'inspirant  de  cette  tradition,  le  ministre  s'en  écartait 
heureusement  sur  deux  points  fondamentaux.  Il  déclarait  que  des  assemblées 
de  personnes  choisies  par  le  roi  présentaient  tous  les  inconvénients  des  corps 
permanents  8c  donnaient  lieu  de  craindre  les  mêmes  entreprises,  sans  avoir 
l'avantage  de  représenter  l'universalité  des  propriétaires,  8c  sans  obtenir  la 
confiance  qui  leur  serait  accordée,  si  leur  nomination  était  l'effet  des  suf- 
frages libres  de  leurs  concitoyens;  8c  il  signalait  comme  également  contraiie 
à  l'objet  de  ces  établissements  le  maintien  de  la  présidence  dans  les  mêmes 
mains  8c  son  attribution  exclusive  au  même  état.  «  L'espérance,  disait-il,  de 
«  pouvoir,  de  quelque  condition  qu'on  soit,  parvenir  à  la  première  place 
i<  excite  le  désir  de  la  mériter;  8c  ceux  qui  ont  le  plus  de  titres  pour  l'obtenir, 
ti  doivent  trouver  plus  honorable  de  la  tenir  d'un  choix  libre  que  d'une  dis- 
«  position  impérative.  » 

Ces  observations  visaient  seulement  les  essais  d'assemblées  provinciales 
tentés  récemment  dans  les  provinces  qui  n'avaient  pas  d'Etats  organisés;  mais 


I 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSSq  ~ 

il  était  trop  naturel  d'appliquer  ces  critiques  aux  assemblées  d'États,  pour  que 
le  coup  ne  fût  pas  ressenti  par  le  personnel  de  ces  corps  privilégiés. 

M.  de  Calonne  s'était  adressé  à  l'archevêque  de  Toulouse  pour  dresser  la 
liste  des  membres  du  clergé  convoqués  à  l'assemblée  des  notables;  le  prélat 
ne  lui  en  sut  point  gré,  prit  la  tête  de  toutes  les  intrigues  dirigées  contre  le 
ministre,  8c,  avant  le  terme  de  la  session,  finit  par  obtenir  sa  disgrâce. 

Le  contrôleur  général  disait  :  «  L'impôt  territorial  a  pour  premier  objet  la 
((  défense  du  patrimoine  public;  il  est  donc  convenable  que  tous  les  biens 
«  fonds  le  supportent;  £<.  les  biens  ecclésiastiques,  qui  n'éprouvent  pas  moins 
«  que  les  autres  les  effets  constans  de  la  protection  souveraine,  ne  sauroient 
«  en  être  affranchis.  »  Pour  libérer  le  clergé  des  énormes  dettes  dont  il  s'était 
grevé  à  l'occasion  des  dons  gratuits,  il  proposait  le  rachat  des  rentes  foncières 
dues  aux  gens  de  mainmorte  sur  les  biens  de  campagne  &  l'aliénation  des 
justices,  de  la  chasse  8c  des  droits  honorifit[ues.  Toutes  ces  réformes,  stricte- 
ment indispensables  au  salut  de  l'Etat,  dépassaient  de  beaucoup  le  tempéra- 
ment de  l'assemblée;  elles  soulevèrent  l'opposition  des  sept  bureaux  Se  préci- 
pitèrent la  chute  du  ministère. 

Le  dimanche  8  avril,  M.  de  Miroménil,  garde  des  sceaux,  donna  sa  démis- 
sion 8c  fut  remplacé  par  M.  de  Lamoignon,  président  à  mortier  au  Parlement 
de  Paris.  Le  lendemain,  M.  de  Calonne  se  retirait  8c  laissait  le  département 
des  finances  à  M.  de  Fourqueux,  conseiller  d'État  ordinaire.  Celui-ci  ne 
demeura  contrôleur  général  que  quelques  semaines,  8c  donna  sa  démission 
le  i"  mai. 

Ce  même  jour,  M.  de  Brienne,  archevêque  de  Toulouse,  était  nommé  par 
le  roi  chef  de  son  conseil  royal  des  finances.  L'ambitieux  prélat  occupait 
enfin  le  ministère,  objet  de  ses  vœux  depuis  quinze  années.  Les  services  de 
l'abbé  de  Vermont,  qu'il  avait  fait  autrefois  envoyer  à  Vienne  pour  servir 
d'instituteur  à  la  jeune  archiduchesse  Marie-Antoinette,  l'amitié  de  la  reine 
8c  les  recommandations  de  l'empereur  Joseph  II  n'avaient  pas  été  étrangers 
à  son  élévation. 

Les  plans  de  Calonne  étaient  abandonnés;  mais  le  déficit  restait.  Il  fallut 
consentir  à  un  impôt  territorial,  8c  l'on  inventa  un  nouveau  droit  de  timbre. 
Dans  la  séance  du  25  mai  1787,  qui  fut  la  dernière  de  l'assemblée  des 
notables,  l'archevêque  de  Toulouse  prononça  un  long  discours.  Il  félicita  ses 
collègues  de  n'avoir  été  guidés  dans  leurs  délibérations  par  aucun  sentiment, 
aucun  préjugé  personnel.  «  Vous  avez  pensé,  dit-il,  que  la  nation  étoit  une, 
«  8c  que  tous  les  ordres,  tous  les  corps,  toutes  les  associations  particulières 
o  dont  elle  étoit  composée  ne  pouvoient  avoir  d'autres  intérêts  que  les  siens.  >> 
Il  affirma  qu'on  avait  abjuré  toute  distinction  lorsqu'il  s'agirait  de  contri- 
buer aux  charges  publiques;  la  liberté  civile,  étendue  à  tous  les  états,  n'ad- 
mettait plus  ces  taxes  particulières,  vestiges  malheureux  de  la  servitude  dont 
elles  avaient  été  la  compensation.  Le  gouvernement,  mieux  ordonné,  rejetait 
toutes  ces  exemptions  pécuniaires;  8c  il  n'était  plus  permis  de  penser  que 
celui  qui  recueillait  moins  dût  payer  davantage. 


~ 1340  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

En  même  temps,  l'archevêque  rassurait  les  deux  premiers  ordres  du 
rovaume,  unis  &  assimilés  par  une  antique  association,  sur  le  maintien  de 
leurs  formes  S<  de  leurs  privilèges.  Le  roi  était  très-éloigné  d'y  donner 
atteinte,  connaissant  l'importance  des  distinctions  dans  les  monarchies.  L'éga- 
lité absolue  ne  convenait  qu'aux  États  purement  républicains  ou  purement 
despotiques;  une  égale  contribution  ne  supposait  pas  la  confusion  des  rangs 
8<.  des  conditions;  les  formes  anciennes  étaient  la  sauvegarde  de  la  constitu- 
tion, &  leur  ombre  même  devait  être  ménagée,  lorsqu'elles  étaient  obligées 
de  céder  à  l'utilité  générale. 

M.  de  Brienne  annonçait  ensuite  que  ces  principes  seraient  appliqués  dans 
l'organisation  des  nouvelles  assemblées  provinciales  :  présidence  £<.  préséance 
aux  deux  premiers  ordres,  nombre  des  députés  du  tiers  égal  à  celui  du  clergé 
8<.  de  la  noblesse  réunis,  votes  par  tête.  Il  promettait  la  suppression  définitive 
de  la  corvée,  la  libre  exportation  des  grains,  le  reculeinent  des  traites  à  la 
frontière. 

Sur  la  question  du  déficit,  évalué  à  cent  quarante  millions,  il  émettait 
des  maximes  consolantes  :  «  Une  grande  nation  peut  éprouver  de  grandes 
«  secousses;  mais  elle  ne  succombe  jamais,  &  dès  que  le  mal  est  connu,  la 
«  nécessité  du  remède  en  assure  l'efficacité.  » 

Quarante  millions  d'économies  projetées  par  le  roi,  les  soins  de  la  reine  à 
rechercher  tous  les  retranchements  qui  pourraient  être  faits  dans  sa  maison, 
la  bonne  volonté  des  princes,  disposés  à  remettre  au  trésor  une  partie  des 
sommes  qu'ils  en  recevaient;  la  révision  des  dépenses  de  la  bouche,  de  la 
vénerie,  des  écuries,  des  postes,  des  haras,  des  dons  8c  grâces,  de  tous  les 
départements,  ménageraient  de  nouvelles  ressources.  Enfin  la  France  elle- 
même  jugerait  de  sa  situation  par  la  publication  d'un  état  exact  de  la  recette 
&  de  la  dépense,  81  un  conseil  de  finances,  créé  par  le  roi,  concerterait  toutes 
les  grandes  opérations.  C'est  par  ce  conseil  8c  par  la  publicité  de  ses  résultats 
que  Louis  XVI  se  garantirait  des  surprises  8c  des  erreurs. 

«  Telles  sont,  dit  en  terminant  l'archevêque,  les  assurances  que  vous  allez 
«  reporter  à  vos  concitoyens;  si  quelques-uns  vous  demandoient  avec  inquié- 
«  tude  ce  qu'a  donc  produit  cette  longue  8c  célèbre  assemblée,  vous  leur  direz 
«  avec  confiance  que  la  nation  y  a  reçu  de  son  souverain  une  nouvelle  vie  8c 
«1  une  nouvelle  existence  dans  les  assemblées  provinciales;  que  l'égalité  de  la 
<(  contribution,  la  suppression  de  la  corvée  en  nature,  la  liberté  du  commerce 
«  des  grains  y  ont  été  établies  par  le  vœu  national;  que  les  traites,  les 
((  gabelles,  plusieurs  droits  onéreux  seront  détruits  ou  considérablement 
«  adoucis;  que  la  dette  publique  est  solidement  assurée,  que  la  balance  sera 
«1  posée  entre  la  recette  8c  la  dépense;  que  celle-ci  sera  incessamment  dimi- 
«  nuée,  que  l'autre  sera  proportionnée  aux  besoins  réels;  vous  leur  ajouterez 
«  qu'il  leur  en  coûtera  des  sacrifices,  mais  que  ces  sacrifices  seront  ménagés 
«  avec  soin,  qu'ils  porteront  principalement  sur  les  plus  aisés;  qu'ils  ne 
«  dureront  qu'autant  que  la  nécessité  d'y  avoir  recours  subsistera;  vous  leur 
«  direz  enfin  que  ces  espérances  vont  être  données  par  le  roi  même  8c  ciue 


LIV,   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1.341    ~^ 

«  vous  en  avez  pour  gage  les  précautions  qu'il  a  prises  &  qu'il  vous  a  commu- 
«  niquées.  » 

Monsieur,  frère  du  roi,  ayant  prononcé  ensuite,  au  nom  de  la  noblesse, 
une  courte  harangue,  l'archevêque  de  Narbonne  prit  la  parole,  comme  le  plus 
ancien  de  sacre  des  évêques  convoqués,  8c  adressa  au  roi  le  discours  suivant  : 

«  Sire,  le  clergé  de  votre  royaume  a  toujours  tenu  à  honneur  Se  à  gloire 
c(  d'être  un  des  premiers  anneaux  de  la  chaîne  nationale. 

«  Nous  disions  à  Votre  Majesté,  lors  de  notre  dernière  assemblée  (81  c'est 
H  le  langage  que  nous  ont  transmis  les  pontifes  vénérables  qui  ont  perpétué 
Il  d'âge  en  âge  la  célébrité  de  l'Eglise  gallicane),  que  la  qualité  de  ministres 
«  des  autels  ajoutoit  encore  aux  devoirs  que  nous  impose  celle  de  sujets  St  de 
«  citoyens  :  ces  dispositions  ne  se  démentiront  jamais,  &  chacun  de  nous  s'est 
«  empressé  de  déclarer,  dans  cette  auguste  assemblée,  combien  nous  étions 
<■  éloignés  de  toute  prétention  qui  pût  aggraver  le  fardeau  des  contributions 
Cl  publiques.  Penser  autrement  eût  été  manquer  à  l'esprit  de  la  religion  dont 
«  nous  sommes  les  ministres.  Il  n'existera  jamais  aucune  nuance  dans  l'ordre 
<i  social  sur  laquelle  la  religion  ne  répande  l'impression  de  sa  grandeur,  de 
«  son  utilité  &  de  sa  bienfaisance. 

«  Nous  avons  réclamé  la  conservation  de  nos  formes  :  elles  tiennent  à  la 
n  constitution  de  la  juonarchie;  elles  reposent,  ainsi  que  toutes  les  propriétés, 
«  sous  la  garde  des  lois  81  sous  la  protection  spéciale  de  Votre  Majesté. 

«  Nous  respectons,  nous  chérissons  les  biens  qui  nous  sont  communs  avec 
«  tous  les  sujets  qui  vivent  sous  vos  lois;  &  aux  leçons  de  zèle,  de  patrio- 
«  tisme,  de  dévouement  à  votre  personne  sacrée  que  notre  ministère  nous 
«  prescrit  de  donnera  nos  concitoyens,  nous  ajouterons  toujours  la  plus  puis- 
«  santé  de  toutes,  celle  de  l'exemple. 

«  Daigne  le  Dieu  qui  veille  à  la  conservation  de  cet  empire,  écarter  les 
Il  obstacles  qui  pourroient  s'opposer  à  la  prompte  exécution  des  plans  d'ordre,' 
<i  de  justice  8<.  d'économie  que  votre  sagesse  a  formés! 

«  Puisse  le  concours  des  forces  8<.  des  volontés  particulières  hâter  le  rap- 
<i  prochement  de  l'époque  heureuse  où  le  développement  8c  l'action  de  tous 
Il  les  ressorts  de  cette  puissante  monarchie  doivent  lui  faire  goûter  le  bon- 
11  heur  qu'elle  a  droit  de  se  promettre  de  la  tendre  affection  d'un  roi  pour  son 
Il  peuple  8c  de  l'amour  inépuisable  d'un  peuple  pour  son  roi!  » 

Un  dernier  orateur,  l'abbé  de  La  Fare,  élu  général  de  la  province  de  Bour- 
gogne, en  qualité  de  premier  député  du  premier  pays  d'Etats,  parla  ensuite 
au  nom  de  ses  confrères  8c  prit  acte  des  promesses  du  ministre  en  ce  qui  tou- 
chait les  anciennes  organisations  provinciales.  Pleins  de  confiance  dans  la 
parole  sacrée  du  roi  8c  dans  celles  de  ses  prédécesseurs,  les  députés  des  pays 
d'État,  dont  la  plus  belle  prérogative  était  de  déposer  librement  leurs  tributs 
au  pied  du  trône,  allaient,  disait-il,  porter  à  leurs  concitoyens  l'assurance 
que  les  privilèges  des  corps  8c  des  provinces,  ces  restes  antiques  8c  précieux 
cies  formes  8c  de  la  constitution  nationale  seraient  religieusement  conservés 
Se  maintenus. 


1787 


l342  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'assemblée  se  sépara,  ayant  laissé  échapper  une  occasion  unique  de  sauver 
le  pouvoir  royal  8c  persuadée  qu'elle  venait  de  rendre  les  privilèges  inviolables 
en  les  déclarant  indestructibles. 

Le  17  juin  suivant,  parut  la  déclaration  du  roi  qui  établissait  la  liberté  du 
commerce  des  grains,  puis  l'édit  portant  création  d'assemblées  provinciales, 
le  27  la  déclaration  prescrivant  conversion  de  la  corvée  en  une  prestation  en 
argent;  puis,  au  mois  d'août,  l'édit  supprimant  les  deux  vingtièmes  &  créant 
une  subvention  territoriale  dans  tout  le  royaume. 

Le  Parlement  de  Paris  refusa  d'enregistrer  la  loi  du  timbre,  nécessita  un 
lit  de  justice  &c  détermina,  par  la  persistance  de  son  opposition,  des  rigueurs 
qui  produisirent  sur  l'opinion  l'effet  le  plus  déplorable.  Il  fut  relégué  à 
Troyes  en  Champagne  par  lettres  de  cachet,  ce  qui  mit  toute  la  magistrature 
de  France  en  feu  &  prépara  les  grandes  agitations  de  l'année  suivante. 

Le  gouvernement  ne  cessait  pas  d'aggraver,  par  ses  tâtonnements  8<  ses 
contradictions,  la  situation  difficile  où  se  trouvait  le  pays.  Les  clameurs  sou- 
levées dans  tous  les  Parlements  de  France  par  la  création  de  la  subvention 
territoriale  duraient  encore,  qu'un  nouvel  édit,  daté  du  mois  de  septembre, 
supprima  l'édit  du  mois  d'août  &  remplaça  les  ressources  qu'on  en  pouvait 
attendre  par  la  prorogation  du  second  vingtième  pendant  les  années  lyyi 
&  1792. 

Cette  mesure  était  une  sorte  de  compromis  imaginé  par  l'archevêque  de 
Toulouse  &  le  garde  des  sceaux  Lamoignon,  dans  l'espérance  chimérique  de 
ramener  à  ce  prix  la  bonne  volonté  des  cours  souveraines.  Le  roi  expliquait 
ce  brusque  changement  de  front  en  disant  que  l'examen  approfondi  de  l'état 
de  ses  revenus  avait  démontré  la  nécessité  d'une  révolution  générale  dans 
l'organisation  financière  &  que,  provisoirement,  un  secours  pressant  étant 
indispensable,  il  préférait  employer  une  forme  connue  d'impôt.  Le  vingtième 
devait  être  levé,  sans  exception  ni  distinction  d'aucune  sorte,  sur  toute  espèce 
de  biens,  même  sur  les  domaines  royaux. 

L'édit  fut  enregistré  à  Troyes  par  le  Parlement  de  Paris,  le  19  septembre, 
&  cette  cour  obtint,  en  récompense,  d'être  rappelée  de  son  exil,  satisfaction 
qui  lui  fut  donnée  dès  le  lendemain.  Le  Parlement  de  Toulouse  n'imita  pas 
cette  soumission. 

Au  mois  de  novembre,  un  autre  édit  porte  création  d'emprunts  graduels  8c 
successifs  pendant  cinq  années  :  cent  vingt  millions  pour  1788,  quatre-vingt- 
dix  millions  pour  1789,  quatre-vingts  millions  pour  1790,  soixante-dix  mil- 
lions pour  1791,  6;  soixante  millions  pour  1792. 

Le  roi  se  rendit  en  personne  au  Parlement  de  Paris,  afin  d'y  faire  procéder 
en  sa  présence  à  l'enregistrement.  Dans  la  courte  harangue  qu'il  prononça, 
il  fit  une  réponse  indirecte,  d'un  ton  très-ferme,  aux  remontrances  du  Parle- 
ment de  Bordeaux,  manifesta  l'intention  arrêtée  d'améliorer  la  situation  des 
protestants  &  condamna  avec  énergie  la  tendance  des  cours  judiciaires  à  sortir 
de  leurs  attributions. 

«  Je  maintiendrai  toujours,  dit-il,  par  la  protection   la  plus  constante  Se 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  l343 

«  sans  partage,  la  religion  sainte  dans  laquelle  Dieu  m'a  fait  le  bonheur  de 
"  naître,  &  je  ne  permettrois  pas  qu'elle  souffre  le  plus  léger  affoiblissement 
Il  dans  mon  royaume.  Mais  je  crois  qu'elle  me  commande  elle-même  de  ne 
«  pas  laisser  une  partie  de  mes  sujets  privés  de  leurs  droits  naturels  &  de  ce 
(I  que  l'état  de  société  leur  permet. 

«  Vous  verrez  dans  ma  réponse  au  sujet  du  Parlement  de  Bordeaux  com- 
<>  bien  sa  conduite  est  répréhensible.  Mes  Parlemens  doivent  compter  sur  ma 
<i  confiance  &  mon  affection;  mais  ils  doivent  les  mériter,  en  se  renfermant 
I'  dans  les  fonctions  qui  leur  ont  été  confiées  par  les  rois  mes  prédécesseurs. 
Il  en  ayant  attention  de  ne  pas  s'en  écarter  8c  de  ne  s'y  refuser  jamais,  Si  sur- 
11  tout  en  donnant  à  mes  sujets  l'exemple  de  la  fidélité  8c  de  la  soumission.  » 

Le  garde  des  sceaux  exprima  ensuite,  dans  un  discours  étudié,  le  mécon- 
tentement qu'avait  inspiré  au  roi  la  demande  faite  par  le  Parlement  de  Paris 
d'une  convocation  des  États  généraux.  Le  monarque  étant  chef  souverain  de 
la  nation  8c  possédant  le  pouvoir  législatif  dans  sa  plénitude,  demeurait  seul 
juge  de  la  nécessité  8c  de  l'opportunité  de  rassembler  les  États;  mais,  en  même 
temps,  le  chancelier  annonçait  qu'avant  l'expiration  de  la  période  assignée 
pour  la  régénération  des  finances,  le  roi  se  proposait  de  communiquer  à  la 
nation  assemblée  tout  ce  qu'il  aurait  fait  pour  son  bonheur  8c  les  mesures 
prises  pour  le  rendre  durable. 

L'orateur  insista  sur  l'utilité  de  l'édit  qui  devait  assurer  un  état  civil  aux 
protestants.  Le  législateur,  en  observant  les  abus  à  corriger,  avait  reconnu 
qu'il  devait  nécessairement  ou  proscrire  de  ses  États  la  portion  nombreuse  de 
ses  sujets  qui  ne  professaient  pas  la  religion  catholique,  ou  lui  assurer  une 
existence  légale.  Dans  une  pareille  alternative,  l'option  du  roi  n'était  pas 
difficile  à  prévoir;  sa  sagesse  ne  pouvait  hésiter  que  sur  le  choix  des  moyens. 

Louis  XVI  ne  voulait  point  d'autre  culte  public  dans  son  royaume  que 
celui  de  la  religion  catholique,  apostolique  8c  romaine;  mais  il  prescrivait  les 
formes  légales  qui  devaient  constater  la  naissance,  les  mariages  8c  la  mort  de 
ses  sujets  non  catholiques;  il  bornait  sa  justice  à  leur  égard  à  ces  facultés  pri- 
mitives, qui  sont  un  droit  sacré  de  la  nature  plutôt  qu'un  bienfait  arbitraire 
de  la  loi. 

Toute  la  partie  éclairée  de  la  nation  sollicitait  depuis  longtemps  cette  loi, 
souscrite  par  le  prince  après  les  plus  mûres  délibérations. 

Aux  grands  avantages  qui  devaient  en  résulter  pour  la  population,  pour 
l'agriculture,  pour  le  commerce  Se  pour  les  arts,  se  joindrait  encore  celui  de 
ne  plus  voir  de  contradiction  entre  les  lois  Se  la  nature,  entre  les  lois  8c  les 
jugements  des  tribunaux,  enfin  entre  les  suppositions  des  ordonnances  Sx. 
l'évidence  invincible  des  faits. 

«  Les  sujets  non  catholiques  du  roi,  poursuivit  le  garde  des  sceaux,  seront 
«1  protégés  par  des  lois  qui  assureront  leur  état  sans  les  rendre  dangereux;  8c 
I'  la  sage  tolérance  de  leur  religion,  ainsi  restreinte  aux  droits  les  plus  incon- 
«  testables  de  la  nature  humaine,  ne  sera  point  confondue  avec  une  coupable 
'■  indifférence  pour  tous  les  cultes.  » 


•  787 


â7!i8 


i3u  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

I7Ï7  T^ 

A  cet  exposé  de  principes  si  modérés,  les  parlementaires  répondirent  par 
des  déclamations  qui  durèrent  sept  heures,  &,  pour  obtenir  l'enregistrement, 
le  roi  fut  contraint  d'adopter  les  formes  des  lits  de  justice.  Le  duc  d'Orléans, 
qui  s'était  associé  à  l'opposition,  fut  exilé  le  lendemain  dans  ses  terres,  ainsi 
que  quatre  conseillers;  nouvelle  matière  à  récriminations  8c  nouvel  aliment  à 
l'émotion  publique. 

En  recevant  vine  députation  de  la  cour  de  Paris  pour  lui  adresser  de  vifs 
reproches,  le  roi  confirma,  d'ailleurs,  son  projet  de  rassembler  les  États  géné- 
raux : 

«  J'ai  dit  que  je  les  convoquerois  avant  1792,  c'est-à-dire,  au  plus  tard,  en 
«  1791;  ma  parole  est  sacrée.  » 

L'édit  du  second  vingtième  n'avait  pas  été  enregistré  au  Parlement  de  Tou- 
louse. Le  comte  de  Périgord  reçut  l'ordre  de  se  transporter  dans  la  capitale 
de  la  Province  pour  y  faire  accomplir  cette  formalité  sous  ses  yeux'. 

Le  commandant  en  chef  arriva  à  Toulouse  le  8  mars,  &  alla  le  lendemain 
demander  à  M.  de  Cambon,  nouveau  premier  président,  l'assemblée  des  cham- 
bres pour  le  lundi  suivant,  par  ordre  du  roi. 

La  séance  s'ouvrit  à  dix  heures  &  demie  du  matin;  après  la  lecture  de  l'édit 
du  vingtième,  le  procureur  général,  en  vertu  des  ordres  royaux  qui  venaient 
de  lui  être  remis  par  le  comte  de  Périgord,  requit  l'enregistrement,  avec  quel- 
ques réflexions  sur  l'état  des  finances  du  royaume,  sur  le  déficit,  sur  l'impos- 
sibilité de  le  combler  par  des  économies.  Il  exprima  les  regrets  du  roi  d'être 
contraint  à  exiger  ce  nouveau  sacrifice,  &  rappela  que  la  rigueur  en'  serait 
adoucie  par  le  terme  de  sa  durée,  Se  que  la  prochaine  convocation  des  États 
généraux,  auxquels  appartenait  éminemment  le  droit  d'octroyer  des  subsides, 
d'après  les  principes  du  droit  public  de  la  nation,  offrait  toute  garantie. 

La  cour  demanda  à  délibérer;  le  comte  de  Périgord  répondit  que  le  roi  ne 
voulait  pas  qu'on  délibérât;  aussitôt  tous  les  magistrats  quittèrent  la  salle,  à 
l'exception  du  premier  président  &  du  procureur  général  retenus  par  ordre 
formel.  Le  greffier  transcrivit  l'édit.  Quand  le  commandant  en  chef  se  fut 
retiré,  les  membres  du  Parlement  se  rassemblèrent  de  nouveau  &  rédigèrent 
des  protestations  qui  durent  être  envoyées  à  toutes  les  sénéchaussées.  Invité  à 
faire  cet  envoi,  le  procureur  général  s'y  refusa,  comme  empêché  par  un  ordre 
du  roi,  daté  du  6  septembre,  qui  lui  défendait  toute  transmission  d'arrêts  ou 
arrêtés  ne  concernant  pas  la  justice  ordinaire  ou  l'exécution  des  volontés  du 
gouvernement. 

Cet  ordre  ne  faisant  pas  mention  des  avocats  généraux,  M.  de  Catelan, 
l'un  d'entre  eux,  fut  déclaré  libre  &  mit  son  nom  au  bas  de  l'arrêté  que  l'on 
expédia  le  12  mars. 

Dix  jours  après,  un  officier  du  régiment  de  Médoc  se  présentait  chez 
M.  de  Catelan,  porteur  d'un  ordre  du  roi  qui  enjoignait  de  s'emparer  de  sa 
personne  Si  de  le  constituer  prisonnier  au  château  de  Lourdes. 

'  Pièces  justiftcat'ives.n.  DCCCCXLVII,  col.  2421. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  i345 

Le  Parlement  écrivit  au  roi  contre  cet  acte  de  violence,  réclamant  le  rappel 
du  magistrat  qui  venait  d'être  arraché  du  sein  de  la  cour,  «  du  sein  de  sa 
«  patrie,  pour  être  enfermé  dans  une  prison  lointaine,  au  milieu  des  glaces 
«  des  Pvrénées.   » 

Peu  de  jours  auparavant,  une  déclaration  royale  avait  paru,  annulant  les 
restrictions  mises  par  la  cour  de  Toulouse  à  l'enregistrement  de  l'édit  concer- 
nant l'état  civil  des  réformés.  Le  Parlement  s'était  permis  d'ajouter  des  clauses 
d'exception  à  la  loi  pour  exclure  absolument  les  protestants  de  toutes  les 
charges  municipales.  Il  cassa  aussi,  sans  plus  de  ménagements,  une  ordon- 
nance de  la  commission  de  ij56  portant  in-jonction  aux  propriétaires  de 
biens  8c  droits  nobles  &  roturiers  d'en  fournir  déclaration  aux  consuls  Se  con- 
seils politiques  des  communes. 

Les  États  de  Languedoc  s'étaient  en  effet  prêtés,  sous  l'impulsion  de  leur 
président,  à  toutes  les  mesures  qui  avaient  pour  but  d'étendre  l'assiette  du 
nouvel  impôt,  8c,  dans  leurs  séances  du  ii  8c  du  i8  janvier,  ils  avaient  pré- 
paré les  articles  d'une  instruction  destinée  à  faciliter  les  recherches'. 

Cette  condescendance  excitait  la  colère  du  Parlement  qui  ne  voulait  pas 
voir  la  subvention  territoriale  renaître  sous  une  autre  forme  8c  qui,  tout  en 
raisonnant  sur  le  despotisme  8c  le  déficit,  avait  grand  souci  de  se  dérober  aux 
charges  publiques. 

Par  son  arrêt  du  27  mars,  il  défendit  purement  Se  simplement  aux  syndics 
8c  commissaires  des  diocèses,  aux  maires,  consuls  8c  autres  administrateurs  des 
villes,  bourgs,  villages  Se  communes,  de  donner  aucune  exécution  à  l'ordon- 
nance de  la  commission  de  1756  Se  aux  délibérations  du  11  Se  du  18  janvier. 
Le  conseil  d'Etat  cassa  cet  arrêt,  le  5  avril,  comme  contraire  aux  droits  Se 
libertés  de  la  Province  en  matière  d'impôts,  comme  tendant,  ainsi  que  l'affec- 
tation avec  laquelle  l'arrêt  avait  été  envoyé  aux  bailliages,  sénéchaussées  Se 
autres  justices  royales  du  ressort,  à  détruire  la  confiance  des  peuples  dans  les 
délibérations  des  États,  Se  h.  leur  donner  lieu  de  croire  que  les  vérifications 
ordonnées  seraient  faites  avec  une  rigueur  également  opposée  aux  intentions 
du  souverain  Se  à  l'administration  paternelle  des  Etats,  Se  comme  attentatoire 
à  l'autorité  du  prince^. 

Le  même  jour,  le  conseil  d'Etat  supprimait  un  imprimé  répandu  dans  la 
province  de  Languedoc  sous  le  titre  de  Très-humbles  6-  très-respectueuses 
remontrances  de  la  cour  des  comptes,  aides  6*  finances  de  Montpellier,  sur 
l'édit  du  mois  d'octobre  dernier,  portant  prorogation  du  second  vingtième. 
Par  le  compte  qu'il  s'était  fait  rendre  de  cet  écrit,  le  roi  y  avait  reconnu  les 
imputations  les  plus  graves  8c  les  plus  calomnieuses  contre  le  corps  des  Etats 
de  la  Province  Se  contre  les  membres  de  ce  corps,  le  parti  pris  d'attaquer  les 
formes  constitutives  des  États,  de  détruire  la  confiance  des  habitants  de  la 

'  Procès-verbaux  des  Etats  de  Languedoc.  Stances  parvenir  au  nouveau  règlement  des  taxes  des  ving- 

dii    II    8c  du    18   janvier  1788.  —  Instruction  pour  tièmes  sur  toute  nature  de  biens  soumis  a  cet  impôt. 
MM.  les  commissaires  des  diocèses  au   sujet  des  re-  "  Recueil  des  édits,  déclarations,  arrêts  &  ordon- 

clterches  à  faire  dans  le  cours  de  cette  année  pour  nances  pour  l'année  178S. 

XlII.  o. 


1738 


178 


1346  ÉTUDES   FIISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Province  dans  une  assemblée  formée  de  l'élite  des  citoyens,  S<  dont  toutes  les 
délibérations,  tous  les  détails  d'administration  n'avaient  d'autre  objet  que 
d'alléger  le  fardeau  des  tributs  en  le  partageant  Si.  le  répandant  proportion- 
nellement sur  tous  les  individus.  Le  conseil  reprochait  au  même  écrit  de  ren- 
fermer les  inculpations  les  plus  fausses  contre  les  deux  commissions  établies 
dans  la  Province,  dont  l'une,  en  réformant  les  abus  introduits  dans  l'admi- 
nistration des  communes,  y  avait  rétabli  l'ordre  Se  l'économie  8t  dont  l'autre 
maintenait  la  juste  répartition  de  l'imposition  des  vingtièmes.  Le  roi  croyait 
ciu'il  appartenait  à  sa  justice  de  marquer  sa  satisfaction  aux  Etats  &  aux 
membres  des  deux  commissions  en  réprimant  la  licence  d'un  écrit  injurieux. 

Enfin  un  troisième  arrêt  du  conseil  annulait  toutes  les  procédures  com- 
mencées par  la  cour  des  comptes  de  Montpellier  pour  empêcher  l'exécution 
de  l'édit  du  vingtième. 

La  guerre  entre  le  gouvernement  &  les  compagnies  supérieures  en  était 
arrivée  à  un  tel  point  de  violence  qu'elle  ne  pouvait  finir  que  par  un  éclat. 

Devant  cette  mauvaise  volonté  acharnée,  qui  entravait  tout,  compromettait 
tout,  déconsidérait  le  pouvoir,  8c  encourageait  l'esprit  de  révolte  dans  un 
intérêt  d'égoïsme,  le  ministère  en  revint  au  projet  de  réformer  l'ordre  judi- 
ciaire, si  malheureusement  abandonné  lors  de  l'avènement  de  Louis  XVL 

En  répondant,  le  17  avril,  aux  remontrances  du  Parlement  de  Paris  sur  la 
loi  de  l'enregistrement  £<.  la  liberté  des  suffrages,  le  roi  laissa  deviner  ses 
intentions. 

Il  Si  la  pluralité  de  mes  cours  forçoit  ma  volonté,  la  monarchie  ne  seroit 
(i  plus  qu'une  aristocratie  de  magistrats,  aussi  contraire  aux  lois  8<  aux  inté- 
«  rets  de  la  nation  qu'à  ceux  de  la  souveraineté 

«  Je  dois  garantir  la  nation  d'un  pareil  malheur 

«  De  combien  de  lois  utiles,  qui  sont  journellement  la  règle  de  vos  juge- 
ce  mens,  la  France  n'est-elle  pas  redevable  à  l'autorité  de  ses  rois,  qui  les 
((  ont  fait  enregistrer,  non-seulement  sans  égard  à  la  pluralité  des  suffrages, 
«  mais  contre  cette  pluralité  même  &  malgré  la  résistance  des  Parlemens.  » 

La  ligue  des  compagnies  supérieures  était  organisée.  Le  jour  même  où  le 
Parlement  de  Paris  commentait  la  réponse  du  roi  dans  les  remontrances  les 
plus  véhémentes,  le  3  mai,  les  chambres  du  Parlement  de  Toulouse  se  ras- 
semblaient extraordinairement  &c  dressaient  un  violent  réquisitoire  au  sujet 
«  des  malheurs  qui  menaçoient  la  constitution  de  la  monarchie.  » 

Le  Parlement  s'irritait  de  la  qualification  de  cour  de  justice,  employée  par 
le  roi  dans  sa  réponse.  Se  par  le  garde  des  sceaux  dans  son  discours  du 
19  novembre;  il  répétait  les  vieilles  faussetés  historiques  sur  le  droit  primor- 
dial &  constitutionnel  des  parlements  à  vérifier  les  lois;  il  soutenait  que 
«  ces  corps  tutélaires  «  pouvaient  seuls  représenter  au  prince  les  besoins  des 
peuples  de  leur  ressort,  l'état  de  leur  fortune  &  leur  pouvoir  ou  leur  impuis- 
sance de  supporter  les  nouveaux  impôts;  il  prétendait  que  la  délimitation 
géographique  des  ressorts,  chose  essentiellement  mobile  £<.  changeante,  toute 
de  convenance  8<.  d'à-propos,  n'était  pas  moins  sacrée,  paç  moins  inviolable 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1847 

que  les  principes  mêmes  de  la  justice;  que  l'intégrité  des  prérogatives  parle- 
mentaires, comme  l'inamovibilité  des  magistrats,  ne  pouvait  recevoir  d'atteinte 
sans  compromettre  même  l'existence  de  la  monarchie. 

La  cour  protestait  donc  d'avance  contre  tous  édits,  déclarations  Si  lettres 
patentes  portant  suppression  du  Parlement  ou  destitution  d'aucun  de  ses  mem- 
bres, distraction  de  ressorts,  ou  érection  de  conseils  supérieurs,  privation  ou 
diminution  d'aucune  de  ses  fonctions  essentielles,  &  notamment  de  l'enre- 
gistrement des  lois  ou  impôts,  contre  toute  transcription  sur  ses  registres  sans 
une  délibération  libre;  contre  toute  violence  Si  voie  de  fait  exercée  pour  pro-^ 
curer  ces  transcriptions,  &  contre  la  présence  forcée  d'aucun  de  ses  membres 
h  ces  actes  ou  dans  les  tribunaux  qui  pourraient  être  formés  sur  les  ruines  du 
Parlement.  Elle  déclarait  aussi  que,  dans  le  cas  où  ces  tribunaux  seraient 
créés,  ses  officiers  ne  cesseraient  pas  d'être  les  seuls  8<.  vrais  officiers  du  Par- 
lement '. 

£e  même  jour,  afin  de  prévenir  les  défections  qui  s'étaient  produites  lors 
des  réformes  du  chancelier  Maupeou,  l'on  fit  signer  à  tous  les  membres  du 
Parlement  de  Toulouse  une  déclaration  secrète  par  où  ils  s'engageaient,  sur 
l'honneur,  à  ne  jamais  se  prêter  à  aucune  opération  qui  tendrait  à  dégrader 
le  Parlement  en  lui  ôtant  quelqu'une  de  ses  fonctions  essentielles,  notam- 
ment l'enregistrement  des  lois  du  royaume^. 

I,e  gouvernement  voulut  imiter,  par  le  concert  8c  la  rapidité  de  ses  agents, 
l'exemple  que  lui  donnaient  les  compagnies  supérieures. 

Le  8  mai,  tandis  qu'à  Paris,  le  roi,  tenant  son  lit  de  justice,  adressait  au 
Parlement  une  sévère  mercuriale  81  lui  faisait  exposer  par  le  garde  des 
sceaux  le  plan  de  la  nouvelle  organisation,  le  comte  de  Périgord  faisait 
transcrire  dans  les  registres  du  Parlement  de  Toulouse  l'ordonnance  du  roi 
sur  l'administration  de  la  justice,  qui  divisait  le  ressort  de  la  cour  en  cintr 
grands  bailliages  ayant  pour  chefs-lieux  les  villes  de  Toulouse,  d'Auch,  de 
Carcassonne,  de  Nimes  8c  de  Villefranche  de  Rouergue^. 

Cette  mesure  hardie  brisait  l'existence  politique  des  Parleiîients,  rendait 
leurs  usurpations  impossibles,  8c  rapprochait  la  juridiction  d'appel  des  justi- 
ciables, objet  constant  des  vœux  du  pays. 

Mais  la  réforme  portait  un  coup  trop  rude  aux  vanités  8c  aux  intérêts  de 
la  puissante  compagnie  pour  ne  pas  soulever  des  tempêtes.  La  séance  d'enre- 
gistrement où  un  commissaire  spécial  du  gouvernement,  M.  de  Cypicrre, 
porta  la  parole,  dura  depuis  huit  heures  du  matin  jusques  à  cinq  heures  du 
matin  suivant.  On  enregistra  tour  à  tour  l'édit  supprimant  les  tribunaux 
d'exception,  l'édit  créant  la  cour  plénière,  l'édit  réduisant  les  offices  du  Par- 
lement, 8c  enfin  la  déclaration  du  roi  qui  envoyait  la  cour  en  vacances.  Le 

'  Pièces  justijîciit,  n.  DCCCCXLVIII,  col.  2J^^6,  concernant  l'organisation   ù,'   nouveaux   ressorts, 

'  Pièces  juitificat.    n.   DCCCCXLIX,    col.    243r.  <jiie  nous  publions  aux  Pièces  y.'.jri/îcanVei,  numé- 

'  La  réforme  judici.iire  fut,  dans  le  détail,  très-  ros  DCCCCLIV,  col.  2447,  DCCCCLV,  col.  2449, 

sérieusement  préparée;   on  en  jugera  par  quelques  DCCCCLVIII,  col.   2469,  DCCCCLIX,  col.   2471, 

documents  de  l'enquête  faite  par  M.  de  Cypicnc,  DCCCCLX,  toi.  2476,  DCCCCLXI,  col.  2484. 


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i34R  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

premier  président,  le  président  de  Senaux,  M.  de  Rességuier  lui-même, 
malo-ré  ses  fonctions  de  procureur  général,  s'élevèrent  avec  force  contre  la 
réforme  qu'ils  dénoncèrent  comme  destructive  de  la  constitution  de  l'Etat; 
mais  des  dispositions  militaires  avaient  été  prises,  la  maréchaussée,  la  troupe 
du  o-uet  occupaient  les  portes;  le  bataillon  du  régiment  de  Bresse  èi.  les  dra- 
gons de  Noailles,  commandés  par  M.  de  Galiftet,  qui  avaient  servi  d'escorte 
au  comte  de  Périgord  &  au  conseiller  d'État,  gardaient  les  abords  du  palais. 
La  cour  tout  entière  dut  attendre  la  fin  de  la  longue  cérémonie  8c  quand  elle 
eut  quitté  le  palais,  des  sentinelles,  placées  à  toutes  les  issues,  ne  lui  permi- 
rent plus  d'y  remettre  le  pied. 

Devant  ces  circonstances  extraordinaires,  le  Parlement  retrouva  son  tem- 
pérament de  la  Ligue.  Il  résolut  de  s'assembler  partout  où  il  trouverait  sa 
commodité,  sa  sûreté  8t  le  secret  de  ses  délibérations,  8c,  dans  une  de  ces 
réunions,  en  renouvelant  ses  protestations  contre  le  fond  &c  la  forme  des 
actes  qui  venaient  de  s'accomplir,  il  promit  de  «  garder  inviolablement  le 
«  dépôt  qu'il  avoit  reçu  de  la  nation,  jusqu'au  moment  où  les  Etats  généraux 
«  jugeroient  à  propos  de  le  retirer  pour  le  remettre  entre  des  mains  qui 
«  pourroient  lui  paroître  plus  sûres,  mais  qui  ne  seroient  pas  plus  fidèles'.  » 

Après  la  démonstration  du  Parlement,  les  tribunaux  subalternes  du  ressort 
rivalisèrent  d'empressement  à  copier  la  cour  souveraine,  soit  en  refusant  l'en- 
rcc'istrement  volontaire  des  édits,  soit  en  faisant  suivre  l'enreeistrement  forcé 
de  protestations  solennelles  qui  ne  tardèrent  pas  à  être  rendues  publiques  par 
l'impression. 

Le  procureur  général  n'ayant  pas,  selon  l'usage,  écrit  aux  juridictions 
inférieures  pour  leur  notifier  de  transcrire  les  actes  royaux  sur  leurs  registres, 
ce  furent  MM.  Moisset  8c  Brunel,  procureurs  du  roi  aux  grands  bailliages  de 
Toulouse  8c  de  Nimes  qui  se  chargèrent  de  cet  office,  dérogation  au  forma- 
lisme traditionnel,  dont  tous  les  rédacteurs  de  remontrances  n'oublièrent  pas 
de  tirer  parti. 

Du  reste,  comme  on  s'attendait  à  voir  les  résistances  de  la  cour  se  repro- 
duire dans  les  tribunaux  qui  en  dépendaient,  le  ministre  avait  pris  soin 
de  désigner  des  commissaires  spéciaux  avec  pouvoirs  suffisants  pour  en 
triompher. 

Ces  commissaires,  à  l'exception  de  M.  de  Cypierre,  chargé  d'exécuter  auprès 
de  quelques  juridictions  ce  qu'il  avait  déjà  fait  au  Parlement,  ne  furent 
autres  que  les  intendants  des  provinces  dans  le  territoire  desquelles  se  trou- 
vaient établis  les  corps  judiciaires  :  M.  de  Ballainvilliers  en  Languedoc, 
M.  de  Boucheporn  dans  la  généralité  d'Auch,  M.  de  Trimond  dans  la  géné- 
ralité de  Montauban.  Leurs  commissions,  données  au  grand  sceau,  portaient 
la  date  du  i'^"'  mai,  comme  l'ordonnance  royale.  Ils  opérèrent  simultanément 
pendant  les  mois  de  juin  8c  de  juillet;  M.  de  Cypierre  à  Toulouse,  Limo-ax 
Se  Castres,  M.  de  Ballainvilliers  à  Bcziers,  Annonay  8c  Montpellier,  M.  de 

'  Piècei  jinti/îrntivc!,  n.  DCCCCLT,  col.  s^SS, 


LIV.   V.  LOUIS  XVI   ET  LA  REVOLUTION.  1349 

Bouchepoin  à  Auch,  Lecloure  Si  Pamiers,  M.  de  Trimond,  à  Cahors,  Figeac, 
Gourdon,  Martel,  Montauban  &  Lauzerte. 

Pour  les  tribunaux  de  moindre  importance,  les  commissaires  du  roi  se 
donnèrent  eux-mêmes  des  substituts,  charges  de  faire  procéder  en  leur  nom 
à  l'enregistrement  des  nouvelles  lois. 

Ce  furent  les  subdéléguês  ordinaires  de  l'intendance  dans  leurs  départe- 
ments respectits. 

A  Cahors,  M.  de  Baudus,  avocat  du  roi,  quatre  jours  après  la  séance  d'en- 
registrement, prononça  un  long  réquisitoire  où  il  racontait  sommairement  ce 
qui  s'y  était  passé,  mentionnant  la  retraite  des  officiers  du  siège  «  peu  jaloux, 
«  dit-il,  de  participer  par  une  assistance  purement  passive  à  un  acte  afili- 
«  géant,  »  &  où  il  contestait  à  la  transcription  des  lois  faites  sur  les  registres 
de  la  sénéchaussée  le  caractère  d'une  formalité  publique.  Il  rappelait  que  les 
copies  avaient  été  publiées  à  huis  clos,  les  portes  étant  gardées  au  dedans  par 
les  huissiers,  au  dehors  par  des  soldats,  ajoutant  que  jamais  on  n'avait  pris 
plus  de  précautions  pour  rendre  un  acte  secret. 

Mais  il  ne  se  contenta  pas  d'insister,  comme  tous  ses  collègues,  sur  la  pro- 
cédure extra-légale  de  cet  enregistrement  dont  il  ne  connaissait  pas  d'exemple 
«  dans  les  fastes  des  tribunaux;  «  appréciant  les  lois  elles-mêmes,  il  en  dépei- 
gnait les  résultats  sous  les  couleurs  les  plus  noires,  dans  une  rhétorique 
ampoulée  où  l'on  pressent  déjà  les  hyperboles  de  l'éloquence  révolutionnaire. 

D'après  M.  de  Baudus,  les  ordonnances  du  1"  mai  devaient  avoir  pour 
effet  «  de  fermer  le  temple  de  la  justice,  d'étoutier  la  voix  des  organes  du 
«  peuple,  de  retenir  dans  les  cachots  l'innocence  confondue  avec  le  crime, 
«  de  livrer  la  sûreté  publique,  la  fidélité  du  commerce,  l'ordre  général  aux 
«  entreprises  de  la  fraude,  de  l'audace  qui  n'avoient  plus  à  redouter  la  justice 
Il  souveraine  des  cours.  » 

L'orateur  reprochait  aux  copies  déposées  par  M.  de  Trimond  d'être  impri- 
mées sur  papier  ordinaire,  non  timbré,  &  sans  collation  ni  signature,  8t  les 
assimilait  aux  exemplaires,  dépourvus  d'authenticité  légale,  que  vendent  les 
colporteurs. 

11  posait  enfin  en  principe  que  l'exécution  de  ces  lois  serait  un  parjure,  de 
la  part  d'officiers  que  le  souverain,  en  les  nommant,  avait  »  adressés  au  Par- 
«  lement  pour  y  recevoir  le  caractère  de  magistrats,  »  £t  proclamait  «  le  vice,  la 
(1  nullité,  l'illégalité  »  de  tout  ce  qui  s'était  tait  «  dans  la  séance  du  9  juin'.  » 

Il  n'est  pas  jusqu'aux  officiers  des  justices  seigneuriales  qui  ne  fissent  leur 
partie  dans  le  concert  des  protestations  parlementaires.  Ceux  de  la  séné- 
chaussée ducale  d'Uzès  rédigèrent  \\n  factum  en  quatorze  articles,  où  ils 
cherchaient  à  prouver  que,  d'après  l'institution  des  pairies,  ils  n'avaient  à 
reconnaître  d'autres  réformateurs  que  les  Parlements,  &  que  le  privilège  des 
pairs  était  commun  à  tous  leurs  vassaux  &  justiciables.  Ils  faisaient  valoir 
l'importance  de  leur  ressort,  comprenant  «  environ  deux  cents  villes,  niande- 

'  Recueil  de  toutes  les  pièces,  &c,  Sin^cbausii*  de  Cahors,  pp.  8-17. 


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i35o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  mens,  bourgs,  villages,  paroisses  ou  hameaux  du  pays  d'Uzège,  dénominéT 
«  dans  un  jugement  de  lyBô,  »  &  profitaient  de  l'occasion  pour  rappeler  les 
fréquentes  usurpations  du  siège  présidial  de  Nimes,  dont  ils  se  déclaraient 
indépendants.  Ils  exploitaient  l'omission  qui  avait  été  faite  de  la  sénéchaussée 
d'Uzès  dans  l'organisation  du  grand  bailliage  de  Nimes,  en  se  fondant  sur  ce 
qu'ils  n'avaient  jamais  ressorti  à  la  sénéchaussée  dont  ce  grand  bailliage  pre- 
nait la  place,  &  s'autorisaient  en  même  temps  de  leur  qualité  de  tribunal 
inférieur  pour  différer  l'enregistrement,  sous  prétexte  que  les  cas  d'application 
de  la  nouvelle  loi  seraient  chez  eux  extrêmement  rares  '. 

La  petite  cour  comtale  de  Caraman,  composée  d'un  juge,  d'un  procureuf 
&  d'un  greffier,  déclara  aussi  n'y  avoir  lieu  de  procéder  à  l'enregistrement, 
sur  les  réquisitions  du  procureur  comtal,  rédigées  d'ailleurs  dans  un  langage 
plus  modéré  que  les  autres  pièces  du  même  genre.  «  Ce  seroit,  dit  cet  officier, 
«  renoncer  d'une  manière  peu  généreuse  aux  privilèges  précieux  de  ressortir 
«  nûment  à  ce  tribunal  de  la  nation  Se  d'avoir  une  relation  directe  avec  ses 
«  magistrats.  Si  nos  vœux  pour  leur  réintégration  sont  des  vœux  stériles, 
«  qu'on  ne  puisse  pas  nous  reprocher  du  moins  d'avoir  choisi  le  moment  de 
«  l'inaction  affligeante  à  laquelle  ils  sont  réduits  pour  nous  soustraire  à  leur 
«  dépendance  immédiate,  &  pour  donner  un  consentement  volontaire  à  des 
«  lois  que  nos  supérieurs  légitimes  n'ont  pas  voulu  nous  envoyer^.  » 

L'éloquence  des  magistrats  provinciaux  se  donna  carrière  dans  la  rédaction 
des  mémoires  plus  ou  moins  étendus,  par  lesquels  ils  essayèrent  de  justifier 
leur  obstination  k  braver  les  ordres  du  roi.  Le  texte  de  ces  écrits  présente  peu 
de  variété.  Ce  n'est  guère  qu'une  paraphrase  en  style  de  procureur  des  actes 
mêmes  du  Parlement. 

Le  refus  d'enregistrement  est  fondé  stu"  la  prétendue  irrégularité  de  la 
transmission.  On  rappelle  les  arrêts  de  règlement  rendus  par  la  cour  de  Tou- 
louse k  l'époque  du  chancelier  Maupeou  en  1775  &  en  1776,  par  où  il 
était  défendu  «  aux  sénéchaux  &  sièges  présidiaux  de  faire  procéder  k  la  lec- 
«  ture,  publication  &  enregistrement  des  ordonnances,  édits  &  déclarations 
«  qui  ne  seroient  pas  adressés  par  le  procureur  général  aux  procureurs  du 
«  roi.  »  M.  Marquié-Cussol,  juge-mage  de  Pamiers,  plus  érudit,  remontait  à 
l'ordonnance  de  i36i,  bien  qu'elle  fût  antérieure  k  la  création  du  Parlement 
de  Toulouse,  &  M.  de  Charly,  procureur  au  même  siège,  citait  le  mot  de 
Louis  XI  au  duc  de  Bourgogne,  d'après  Commines  :  «  C'est  la  coutume  de 
«  France  de  publier  tous  accords  en  la  cour  de  Parlement,  ou  autrement 
«  ne  seroient  de  nulle  valeur.  » 

Le  Parlement  tenait  une  trop  grande  place  dans  la  société,  il  avait  une 
trop  grande  assiette  foncière,  des  liens  trop  étroits  avec  l'aristocratie  territo- 
riale &t  une  clientèle  trop  nombreuse,  il  faisait  vivre  trop  de  gens,  pour  ne 
pas  disposer  de  moyens  redoutables  de  résistance.  Aussi,  tout  en  courbant  la 

'Recueil   Je   toutes   Us  pièces,  &c.  Sénécliaiisste  '  Recueil  Je  toutes  les  pièces,  &C4  luge  i'djppenuK 

d'Uzès,  pp.  3-14.  de  Caraman,  p.  i5. 


LIV.   V.   LOUIS  XYl  ET  LA  RÉVOLUTION.  i3ji 

tète  sous  les  procédés  ministériels,  il  ne  perdit  pas  l'espoir  S<  se  hâta  d'orga- 
niser l'agitation. 

Dès  le  lo  mai,  la  question  d'envoyer  au  roi  une  supplique  pour  la  réinté- 
gration de  la  cour  dans  la  plénitude  de  ses  fonctions,  avait  été  agitée  dans 
une  des  commissions  permanentes  de  l'hôtel  de  ville;  deux  jours  après,  on 
décida  l'envoi  de  quatre  députés  à  Paris,  8c  l'on  chargea  trois  commissaires, 
le  marquis  de  Panât,  MM.  Mascart  Se  Lafage,  de  dresser  des  doléances. 
L'intendant  n'autorisa  pas  la  députation.  L'affaire  traîna  jusqu'aux  premiers 
jours  de  juillet,  où  l'on  evit  connaissance,  par  le  baron  de  Ballainvilliers, 
d'une  lettre  du  comte  de  Breteuil  permettant  de  faire  des  doléances  sur  le 
rappel  8i  la  réintégration  du  Parlement  dans  ses  droits. 

La  noblesse  parlementaire,  qui  prenait  les  intérêts  de  la  cour  avec  beau- 
coup de  feu,  s'avisa  de  réclamer  alors  la  convocation  d'un  conseil  général 
renforcé,  dans  lequel  elle  prétendait  entrer  tout  entière  avec  voix  délibéra- 
tive,  en  y  faisant  aussi  admettre  deux  membres  de  tous  les  corps  de  la  ville. 
Ce  conseil  était  convoqué  pour  le  lo;  mais  la  veille,  un  bas  officier  du  régi- 
ment de  Bresse  apporta  une  lettre  péremptoire  du  comte  de  Périgord  défen- 
dant toute  réunion.  L'assemblée  fut  renvoyée  sans  désignation  de  jour. 

Les  espérances  que  l'on  avait  fondées  sur  cette  séance  étant  perdues,  on  se 
hâta  d'adopter  d'autres  voies. 

Le  10  juillet,  le  marquis  de  Gudanes,  doyen  de  la  noblesse  de  Toulouse, 
présenta  au  comte  de  Périgord  des  protestations  signées  de  cent  trente-deux 
gentilshommes  contre  l'interdiction  du  conseil  général,  prononcée  la  veille 
par  le  commandant  en  chef. 

La  «  noblesse  de' Toulouse,  n  assemblée  sans  mandat  &  contrairement  h 
toutes  les  ordonnances,  traitait  fort  durement  les  lois  de  mai.  Elle  se  disait 
frappée,  comme  les  autres  classes  de  citoyens,  des  malheurs  qui  affligeaient  le 
royaume  &  le  menaçaient  d'une  subversion  totale;  elle  avait  été  d'abord  ras- 
surée par  les  vices  mêmes  de  ces  lois  désastreuses  que  des  porteurs  d'ordres 
étaient  venus  faire  consigner  à  main  armée  dans  les  registres  du  Parlement, 
èi  avait  vu  le  remède  dans  l'excès  du  mal. 

Elle  mettait  trop  de  confiance  dans  la  bonté  du  roi  pour  ne  pas  croire 
qu'un  ouvrage  aussi  inconstitutionnel,  portant  la  désolation  dans  toutes  les 
provinces,  anéantissant  les  droits  de  la  noblesse,  fermant  tous  les  tribunaux 
8t  livrant  tous  les  ordres  de  l'État  au  trouble  inséparable  d'une  cessation 
générale  de  la  justice,  tomberait  nécessairement  de  son  propre  poids.  Cette 
unique  espérance  l'avait  réduite  à  se  taire  èi.  à  concentrer  sa  douleur. 

Mais  voyant  les  maux  portés  à  leur  comble,  le  Parlement  dispersé,  la  ville 
enchaînée  par  des  inspirations  secrètes,  elle  ne  pouvait  garder  le  silence  ni 
laisser  croire  qu'elle  adhérait  à  un  système  destructif  des  privilèges  de  la  ville 
St  de  la  Province. 

Elle  établissait  ensuite  que  les  Etats  généraux  n'étant  pas  assemblés  &  le 
Parlement  ayant  été  dispersé,  «  afin  que  le  peuple  n'eût  point  de  représen- 
«  tant,  »  le  droit   politicjue  devait  appartenir  aux   municipalités,  composées 


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iS:")!  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  la  réunion  des  principaux  citoyens;  c'est  en  se  fondant  sur  ce  principe 
qu'elle  avait  sollicité  la  convocation  d'un  conseil  général. 

Elle  condamnait  violemment  la  conduite  du  commandant  en  chef,  u  Le 
«  système  des  ennemis  de  l'Etat  est  que  la  vérité  ne  parvienne  jamais  au 
«  trône,  81  surtout  qu'il  ne  paroisse  point  de  réclamation  de  la  part  des  villes, 
«  qui  représentent  le  peuple.  »  Les  gentilshommes  toulousains  feignaient  de 
croire  que  le  comte  de  Périgord  avait  pris  sur  lui  de  contrarier  la  volonté  du 
loi,  &  contremandé  de  son  propre  mouvement  l'assemblée  déjà  convoquée, 
afin  d'ôterà  la  noblesse  les  moyens  de  manifester  ses  sentiments,  8c  au  peuple 
la  consolation  que  cette  démarche  pouvait  lui  donner. 

Ils  terminaient  par  une  véritable  déclaration  de  guerre  au  commandant  en 
chef  de  la  Province  : 

«  Considérant  que  cette  conduite  tend  à  tenir  la  ville  dans  un  état  d'escla- 
«  vage  8<.  d'avilissement  qui  ne  conviendront  jamais  à  des  François,  8<.  qu'en 
«  contrariant  la  volonté  connue  du  roi,  M.  le  comte  de  Périgord  a  rompu  le 
i(  lien  par  lequel  la  noblesse  vouloit  bien  joindre  son  vœu  à  celui  de  la 
«  municipalité,  elle  lui  déclare  qu'en  usant  de  ses  droits  elle  emploiera  tous 
«  les  moyens  &i  toutes  les  voies  possibles  pour  faire  parvenir  au  roi  la  vérité 
«  qu'on  lui  cache,  8c  qu'elle  aura  autant  de  courage  pour  se  mettre  au-dessus 
li  des  obstacles  cju'on  lui  oppose,  qu'elle  en  a  eu,  dans  tous  les  temps,  pour 
«  consacrer  sa  fortune  8c  sa  vie  à  la  défense  8c  à  la  gloire  de  l'État'.  » 

'  Les  protestations  de  la   noblesse   de  Toulouse  valier    de    Chalvet-Rochemonteix.    —    Duf.is    de 

portaient  les  signatures  suivantes  :  Vignaux.  —  De  Méja.  —  Le  chevalier  d'Oriet  de 

Le  marquis  de  Gudanes.  —  Le  baron  de  Papus.  Ribonnet.  —  Le  marquis  de  Fleiiry.  —  Fajole, 
—  Le  baron  de  Marmiesse.  —  De  Benoit.  —  Le  marquis  de  Pordéac.  —  Le  chevalier  Daneeau.  — 
chevalier  de  Ferr.ind. —  Le  comte  de  Labarthe. —  De  Cazals.  —  Le  marquis  Dupuy-Montesquicu. 
Le  baron  de  Comerc.  —  Le  comte  de  Laroque.  —  —  Le  marquis  de  Gavarret-Rouaix.  —  Le  cheva- 
Le  baron  de  Viguerie.  —  Le  vicomte  de  Ville-  lier  de  Segln.  —  Le  baron  Dufaur.  —  Le  cheva- 
neuve-Flamarens.  —  Dolive  de  Quinquiry.  —  Le  Her  de  Gérié.  —  De  Cazes  la  Ribcaute.  —  Le 
comte  Dubarry.  —  Le  chevalier  de  Saint-Félix  baron  d'Izalguier.  —  Le  chevalier  d'Albis.  —  De 
Cassagnau.  —  De  Roche  d'Auzielle.  —  Le  mar-  Saint-Hilaire.  —  Le  chevalier  de  Chalvet.  —  De 
quis  de  Bertier.  —  Joannis  de  Gargas.  —  Le  Bourges.  —  De  Mondran.  —  Doujat.  —  De  Pu- 
chevalier  de  Carquet.  —  Le  baron  de  Tegra  de  gneres.  —  De  Saint-Germain,  —  Le  marquis  de 
Caussade.  —  Le  chevalier  de  Puyvert.  —  Le  mar-  Gav.nrret.  —  Le  comte  du  Bouzet.  —  Daneeau.  — 
quis  de  Sers.  —  Le  baron  du  Puget.  —  Raspide.  —  De  Lngoréc  de  Saint-Etienne.  —  De  Lagorée.  — 
Roume  de  Segreville.  —  Le  marquis  du  Puget.  —  Le  marquis  de  Fourquevaux.  —  Le  comte  de  Bcur- 
Le  baron  de  Lacaze-Sarta.  —  Dupin  de  Saint-  nazel.  —  Le  marquis  de  Castelpers.  —  Le  cheva- 
André.  —  Le  chevalier  de  Lacarry.  —  Rolland  de  lier  Daguin.  —  De  Berge.  —  Le  marquis  de 
Saint-Rome.  —  Le  chevalier  d'Aufrery.  —  Le  chc-  Monscgur.  —  Le  marquis  de  Pins-Caucalières.  — 
valier  de  Roume.  —  De  Martin-Lacroix.  —  Le  Le  marquis  de  Chalvet-Merville.  —  De  la  Cour, 
marquis  Davessens.  —  Le  marquis  de  Labarthe. —  — Martin-Lacroix.  —  Le  marquis  de  Polastron 
Hippolite  d'Aldéguier.  —  Le  marquis  du  Faget. —  La  Hillcre.  —  Le  marquis  de  Berticr-Montrabe. 
Le  chevalier  de  Maran.  —  Le  chevalier  de  Mont-  —  Le  chevalier  de  Chalvet-Gaujouze.  —  Le  mar- 
gasin.  —  Le  baron  de  Malaret.  —  Le  comte  du  quis  de  Montratier.  —  Le  chevalier  de  Parazols. 
Pradel.  —  De  Vaysse.  —  Le  chevalier  Daneeau  de  —  Le  marquis  de  Panât.  —  Le  comte  de  Mont- 
Lavélanet.  —  Cambes  Doujat.  —  Le  chevalier  de  calm.  —  Le  marquis  de  Luzignan.  —  Le  clieva- 
Vaysse.  —  Le  chevalier  de  Comère.  —  Le  marquis  lier  de  Long.  —  Le  comte  deThezan.  —  Le  vitom:e 
d'Aldéguier.  —  Le  chevalier  de  Cazes.  —  Le  che-  de  Bruniquel.  —  Le  chevalier  de  Goyrans.  —  l.c 
valier  de  Cambon.  —  De  Novilal  fils.  —  Le  mar-  comte  de  Montlezun-Pnrdiac.  —  De  Suplici.  — 
quis  d'Urre,  —  Le   marquis  do  Brucys.  —  Le  che-  De  Malpel-Latour.  —  De  Lherm  fils.  —  Le  baron 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i353 

Le  marquis  de  Gudanes  écrivait  en  même  temps  au  baron  de  Breteuil  pour 
lui  transmettre  le  texte  des  protestations.  Il  s'autorisait  de  sa  qualité  de  doyen 
de  la  noblesse  de  Toulouse  &  cherchait  à  justifier  une  démarche  qui  conci- 
liait, disait-il,  les  devoirs  des  gentilshommes  envers  la  patrie  avec  le  respect 
qu'ils  ne  cessaient  d'avoir  pour  la  volonté  du  roi. 

L'administration  municipale  était  dans  l'usage  de  renforcer  son  conseil 
politique  d'un  plus  grand  nombre  de  vocaux,  lorsque  la  gravité  des  affaires 
l'exigeait  :  on  n'en  avait  jamais  traité  de  plus  intéressantes  que  celles  qui 
devaient  être  mises  en  délibération,  avec  le  consentement  même  du  ministre. 

Le  marquis  se  plaignait  que  des  agents,  ennemis  de  la  gloire  du  roi  8c  de 
la  tranquillité  de  la  ville,  eussent  présenté  la  démarche  de  la  noblesse  au 
comte  de  Périgord  sous  des  couleurs  assez  défavorables  pour  lui  faire  contre- 
mander  l'assemblée. 

Ces  ordres,  exécutés  avec  autant  d'éclat  que  d'imprudence,  n'avaient  heu- 
reusement excité  aucune  fermentation  extérieure,  &  la  consternation  étouf- 
fait tout  autre  sentiment. 

Le  doyen  de  la  noblesse  se  félicitait  de  terminer  sa  carrière  en  donnant, 
par  la  transmission  des  plaintes  de  ses  pairs,  un  dernier  gage  de  son  dévoue- 
ment envers  la  patrie  &  envers  le  roi. 

Pour  augmenter  l'éclat  de  la  manifestation,  des  supplications  en  forme  de  la 
noblesse  de  Toulouse  au  roi  furent  dressées  le  lo  juillet.  Elles  commençaient 
par  ces  mots  : 

«  Sire,  toute  la  France  est  à  vos  pieds »  Les  nouvelles  lois  judiciaires  y 

étaient  représentées  comme  des  actes  portant  la  désolation  dans  tous  les  ordres 
de  l'État,  comme  des  édîts  désastreux  jetant  l'épouvante  dans  tous  les  esprits  8t 
glaçant  tous  les  cœurs,  comme  un  fléau  qui  ne  pouvait  durer  plus  longtemps. 

Les  gentilshommes  se  faisaient  les  avocats  de  la  magistrature  calomniée  8c 
détruite,  de  ces  corps  antiques  8<.  vénérables,  abattus  dans  l'espoir  d'effrayer 
les  peuples  par  leur  chute.  Ils  exploitaient  les  vacances  destinées  à  préparer 
l'installation  des  grands  bailliages  comme  une  suspension  pure  Se  simple  de 
la  justice. 

«  La  justice  est  la  première  dette  des  rois,  8t  depuis  près  de  trois  mois  votre 
(I  royaume,  sire,  est  sans  lois  Se  sans  magistrats.  Les  tribunaux  avoués  par  la 
<•  nation  sont  fermés,  8i  la  nation  ne  peut  pas  voir  sans  douleur  ceux  que 
<i  l'opinion  publique  a  déjà  marqués  de  ce  sceau  redoutable  dont  les  carac- 
«  tères  ne  s'effacent  jamais.  »  La  majesté  de  la  Justice  allait  être  dégradée  en 
passant  par  des  organes  avilis. 

de  Mescuer  de  las  Planes.  —  Le  marqviis  de  Fon-  Dnrfort.  —  Le  baron  d'Advizard  de  Nogarède,  — 
tenilles.  —  Le  marquis  de  Barbazan. —  Le  baron  Le  marquis  de  Saint-Félix.  —  Le  chevalier  de 
de  Fleyres. —  Le  marquis  de  Pompignan.  —  Le  Guibert. —  Le  comte  de  Pannetier.  —  De  Taillas- 
marquis  d'F.spagne.  —  De  Saint-Léonard.  —  Le  son.  —  De  Forest.  —  Darbou.  —  De  Roquette, 
chevalier  d'Olive.  —  De  Jammes.  —  De  Serrurier  —  Le  comte  de  Labage.  —  Le  marquis  de  Cau- 
Dubois.  —  De  Pouzols  Saint-Maurice.  —  De  la  mels.  —  Le  comte  de  Corneillan.  —  Le  marquis 
Snle-Prézerville.  —  Lecomtc,  marquis  de  Latresne.  de  Guibert.  —  Daran  Castillon. 
—  Le  marquis  Davessens-Moiical.  —  Le  comte  de 


1788 


j  33         i3o4  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

A  un  grand  rovaume,  il  fallait  de  grands  tribunaux,  fanaux  salutaires, 
placés  de  distance  en  distance,  pour  jeter  une  lumière  consolante  £i  protec- 
trice. 

Si  la  noblesse  versait  son  sang  pour  la  défense  de  l'État,  les  Parlements  ne 
cessaient  pas  de  combattre  pour  maintenir  la  paix  dans  les  familles,  éclairer 
les  rois  sur  leur  trône,  protéger  les  propriétés,  consacrer  l'empire  des  lois  Se 
arrêter  les  entreprises  du  despotisme  ministériel. 

Jje  rédacteur  citait  un  passage  de  Du  Haillan,  louant  «  ces  illustres  person- 
«  nages,  qui  servent  comme  de  haches  pour  retrancher  de  la  volonté  des  rois 
«  ce  qui  est  superflu  8c  redondant  au  préjudice  du  public,  »  &  une  harangue 
de  M.  de  Seissel,  archevêque  de  Turin,  à  François  I",  disant  que  «  la  retVé- 
(!  nation  de  la  puissance  absolue  des  rois  étoit  à  leur  grand  honneur  Se 
«  profit.  »  Il  accusait  Louis  XI  d'avoir  reconnu  trop  tard,  déchiré  par  ks 
remords,  les  devoirs  de  la  royauté,  &  rappelait  les  derniers  avis  de  ce  monarque 
à  Charles  VIII  ;  «  Quand  les  rois  ou  les  princes  ne  ont  regard  à  la  loi,  en  ce 
c(  faisant  ils  font  leur  peuple  serf,  St  perdent  le  nom  de  roi.  » 

Il  prétendait  que  l'exactitude  des  Parlements  à  défendre  la  loi  était  la  seule 
cause  de  leur  disgrâce.  «  Si  l'autorité  avoit  pu  étouffer  la  voix  de  la  conscience, 
M  les  temples  de  la  Justice  ne  seroient  point  dispersés.  » 

Il  critiquait  amèrement  la  création  de  la  cour  plénière  8c,  non  sans  justesse, 
certaines  incohérences  de  la  réforme  :  «  Conserver  les  justices  seigneuriales 
((  pour  donner  aux  justiciables  le  droit  de  ne  pas  y  être  jugés;  reconnoître 
«  les  privilèges  des  villes  8c  des  provinces  pour  les  en  dépouiller...  avouer  la 
«  nécessité  de  l'enregistrement  libre  pour  le  transmettre  à  une  cour  qu'on 
tt  place  sous  la  main  de  l'autorité » 

Il  affectait,  d'ailleurs,  de  séparer  le  roi  de  ses  ministres.  Les  ministres 
«  insultoient  k  la  raison ,  n  affichaient  «un  système  sans  principes,  sans 
«  morale  8c  sans  politique.  »  Le  roi,  dont  la  tête  était  au-dessus  des  orages, 
voyait  «  les  efforts  de  l'intrigue  se  briser  au  pied  du  trône,  comme  les  flots  au 
«  pied  d'un  rocher  immuable,  d  On  invoquait  son  cœur  paternel. 

On  lui  remettait  en  mémoire  la  réponse  de  la  reine  Elisabeth  d'Angleterre 
aux  députés  de  la  chambre  des  communes,  réclamant  contre  le  monopole  du 
commerce  de  l'Inde  :  «  Ne  m'imputez  pas  les  fausses  mesures  où  l'on  peut 
t(  m'engager,  ni  les  irrégularités  qui  peuvent  se  commettre  sous  mon  nom. 
«  Vous  savez  que  les  ministres  des  princes  sont  trop  souvent  conduits  par  des 
«  intérêts  particuliers,  que  la  vérité  parvient  rarement  aux  rois,  8c  qu'obligés, 
«  dans  la  foule  des  affaires  qui  les  accablent,  de  s'arrêter  sur  les  plus  impor- 
«  tantes,  ils  ne  sauroient  tout  voir  par  eux-mêmes.  » 

La  noblesse  de  Toulouse  saluait  avec  enthousiasme  la  convocation  des  États 
généraux,  réclamée,  disait-elle,  par  un  cri  général  d'amour  Se  de  patriotisme. 

«  Nous  ne  nous  occuperons  pas  des  formes  de  la  convocation;  elles  seront 
«  aisément  fixées  d'après  les  droits  de  tous  les  ordres  qui  composent  la  nation; 
«  mais  la  France  se  pénètre  déjà  de  tous  les  avantages  que  cette  auguste 
«  assemblée  doit  procurer  8c  au  souverain  8c  aux  peuples.  » 


LIV.  V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  l355   " 

Atais,  en  attendant,  que  deviendrait  le  pays?  La  suspension  de  toute  jus- 
tice ouvrait  la  porte  au  crime  8c  livrait  la  société  aux  horreurs  que  l'impunité 
entraîne}  la  misère  s'avançait  à  grands  pas  pour  couvrir  toute  la  face  du 
royaume;  l'interruption  des  affaires,  une  récolte  insuffisante  à  la  subsistance 
même  des  cultivateurs,  les  ressources  épuisées,  des  infortunés  réduits  par  la 
privation  de  leur  état  à  mendier  des  secours  que  la  plus  compatissante  géné- 
rosité ne  pourrait  pas  leur  donner;  tous  ces  maux,  dont  on  essayait  de  retracer 
un  tableau  effrayant,  se  dissiperaient  si  le  roi,  retirant  les  édits  de  mai,  reri" 
dait  au  Parlement  son  ressort  &.  ses  prérogatives. 

Pour  rehausser  leur  propre  démarche,  les  gentilshommes  la  comparaient  à 
l'énergique  initiative  de  la  noblesse  de  Toulouse,  qui,  pendant  la  démence 
de  Charles  VI,  en  dépit  d'un  ordre  royal  enjoignant  de  reconnaître  l'usurpa- 
teur, avait  chassé  les  routiers  du  duc  de  Bourgogne,  repoussé  les  Anglais  & 
conservé  la  couronne  au  roi  de  France'. 

Les  gentilshommes  languedociens  étaient  plus  près  de  la  vérité  qu'ils  ne 
pensaient,  en  évoquant  ces  souvenirs  tragiques;  seulement,  à  la  différence  des 
nobles  du  quinzième  siècle,  ils  travaillaient  eux-mêmes  à  précipiter  la  ruine 
de  la  monarchie  en  contrariant  les  essais  de  réformes  du  gouvernement  8c  en 
se  faisant  les  avocats  passionnés  d'intérêts  de  corps. 

Tandis  que  la  noblesse  faisait  cette  démonstration,  un  des  cellériers  du 
chapitre  Saint-Étienne  annonçait  aux  chanoines  l'interdiction  du  conseil 
général. 

Un  orateur  exposa  que  le  premier  corps  ecclésiastique  de  la  ville  était  tenu 
de  se  joindre  à  tous  les  ordres  de  l'État  pour  détourner  les  fléaux  publics,  8c 
qu'on  devait  suivre  l'exemple  donné  par  le  clergé  de  France  :  «  Montrons, 
«  dit-il,  que  la  religion  adopte  les  sentimens  du  patriotisme  Se  resserre  les 
«  noeuds  de  la  société.  » 

M.  de  Malaret,  prévôt,  ayant  recueilli  les  voix,  il  fut  résolu  à  l'unanimité 
d'adresser  au  "comte  de  Périgord  des  réclamations  pour  le  prier  de  faire  cesser 
l'obstacle  qui  s'opposait  à  l'assemblée  du  conseil  général,  d'écrire  au  baron  de 
Breteuil  une  lettre  sur  les  maux  causés  par  la  révolution  actuelle,  avec  prière 
de  soumettre  au  roi  les  doléances  du  chapitre;  d'envoyer  copie  de  cette  lettre 
k  M.  de  Fontanges,  nommé  archevêque  de  Toulouse  à  la  place  de  M.  de 
Brienne,  en  lui  demandant  de  partager  la  sollicitude  de  son  chapitre,  de  tout 
communiquer  à  l'abbé  de  Montesquiou,  agent  général  du  clergé,  Se  d'envoyer 


'  Les  Supplications  adressées  au  roi  par  la  no-  tonrg. —  D'André.  —  De  Qiiinqiiiry.  —  Le  comte 

blesse  de  Toulouse,    le    lo    juillet    1788,   outre   la  Diibarry-Cérès.  —  De  Branqiie.  —  Le  marquis  de 

plupart  des  signatures  apposées  aux  protestations,  Pins.  —  D'Advisard  de  Saubens.  —  Le  baron  de 

portaient  les  noms  suivants  :  Brettes-Thiirin.    —    Le    chevalier   Dupin.  '—   Le 

Le  marquis  de  Portes,  sénéchal  de  Toulouse.  —  comte  de  Caylus.  —  De  Pérès  de  Saint-Loup.  — 

Le  marquis  de  Montlcziin-Pardiac.  —  Le  marquis  Le  vicomte  de  Polastron-Brax.  —  Le  chevalier  de 

de  Puylaroque.  —  De  Miramont.  —  Le  chevalier  Marrast.   —   Le  baron  de  Lafage-Pailhès.  —  Le 

d*  Papus-Bérat.  —  Lo  chevalier  d'AIbenas.  —  Le  baron  de  Taurignan.  —  Le  chevalier  du  Train, 

chevalier  Dustou.  —  Le  vicomte  de  Boisset-Glas-  —  De   Gousse.  —   De   Fossé,  —   Le  chevalier  de 

sac.  —  De  Faure  Montoriol.  —  Le  chevalier  Du-  Fajac. 


1788 


I 


178 


i356  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

des  députés  au  premier  président,  avec  mission  de  lui  apporter  les  vœux  de  la 
compagnie. 

MM.  d'Aldéguier  Se  de  Barbazan,  archidiacres;  du  Bourg  8c  d'Héliot, 
chanoines;  Roulland  Se  de  Vicques,  cellériers,  allèrent,  au  nom  du  corps, 
prier  &  requérir  le  commandant  en  chef  de  lever  l'obstacle  qui  s'opposait  à 
la  réunion  de  toutes  les  classes  de  citoyens,  seul  moyen  capable  d'assurer  le 
calme. 

Dans  sa  lettre  au  baron  de  Breteuil,  le  chapitre  demandait  le  rappel  de 
«  ces  pères  du  peuple  qu'un  exil  rigoureux  tenoit  éloignés  du  sanctuaire  de 
«  la  justice.  «  Il  enviait  le  temps  chimérique  où  la  nation,  déposantje  sceptre 
dans  l'auguste  maison  royale,  lui  confiait  seule  la  puissance  &  l'autorité, 
où  le  prince  n'était  qu'un  surveillant,  que  la  nation  avait  mis  à  sa  tête  pour 
la  protéger  &  la  détendre,  suivant  l'expression  de  Massillon;  le  temps  où  la 
volonté  du  prince  était  la  volonté  de  tous,  &  où  «  le  peuple  François  offroit 
«  à  l'univers  le  spectacle  touchant  d'un  roi  citoyen  8<.  d'une  nation  libre  Si 
«  soumise.  » 

II  transcrivait  un  long  passage  de  la  Politique  tirée  de  l'Ecriture  où  Bossuct 
établit  la  différence  du  gouvernement  absolu  Si  du  gouvernement  arbitraire 
Si  cette  maxime  de  Fénelon,  empruntée  à  la  Direction  pour  la  conscience 
d'un  roi  :  «  La  liberté  sans  ordre  est  un  libertinage  qui  attire  le  despotisme; 
«  l'ordre  sans  la  liberté  est  un  esclavage  qui  se  perd  dans  l'anarchie.  »  11 
concluait  à  l'urgence  d'assembler  les  Etats  généraux'. 

Le  chapitre  de  l'église  abbatiale  de  Saint-Sernin  s'assembla  extraordinaire- 
ment  le  24  juillet,  sous  la  présidence  de  M.  d'Olive,  vicaire  général.  Un  des 
cellériers  invita  la  réunion  à  joindre  ses  supplications  à  celles  des  différents 
ordres  de  l'État.  On  y  résolut  d'écrire  au  baron  de  Breteuil  pour  lui  retracer, 
au  nom  du  chapitre,  le  tableau  des  malheurs  qui  affligeaient  la  ville  de  Tou- 
louse, où  la  dégradation  Si  l'exil  du  Parlement  réduisaient  à  l'indigence  une 
partie  des  habitants  Si  diminuaient  les  ressources  de  presque  tovis  les  autres. 
Si  pour  faire  arriver  les  doléances  jusques  au  roi,  d'adresser  cette  lettre  à 
l'abbé  de  Saint-Sernin,  en  le  suppliant  de  l'autoriser  de  son  nom  Si  de  l'ap- 
puyer de  sa  puissante  influence;  enfin  d'écrire  au  premier  président  pour  lui 
témoigner  l'intérêt  que  prenait  la  compagnie  à  la  disgrâce  du  Parlement  Si 
lui  envoyer  copie  des  réclamations  adressées  au  ministre. 

La  lettre  au  baron  de  Breteuil  contenait  les  gémissements  ordinaires  sur  le 
«  coup  terrible  qui  venoit  d'être  porté  à  la  constitution  de  l'État.  »  Ministres 
d'une  église  qu'ils  considéraient  comme  le  berceau  du  christianisme  en 
France,  les  chanoines  de  Saint-Sernin  croyaient  devoir  s'associer  aux  démar- 
ches de  l'assemblée  du  clergé,  en  ajoutant  à  ses  motifs  des  circonstances  par- 
ticulières 81  locales. 

'  Les  signataires  des  lettres  du  chapitre  sont  :  Bourg,  Malnfosse,  Desinnocens,  d'Héliot,  de  Vic- 

Malaret,    prévôt;    d'Aldéguier,    de    Barbazan,  ques,   Saint-Félix,   Pons,   Carrcre,   Betou,   DeTer, 

Daspe,  archidiacres;  Delile,  grand-chantre;  Dèzes,  chanoines. 

Roullan,    Druille    Saint-Médard,    Boutaric,   du 


LIV.  V.   LOUIS  XVI   ET  LA  REVOLUTION.  iSay 

Ils  ne  voulaient  pas  discuter  les  droits  respectifs  du  trône  Se  des  sujets, 
chercher  des  rapports  d'identité  entre  les  Parlements  Se  les  assemblées  natio- 
nales des  premiers  temps  de  la  monarchie,  mettre  dans  leur  jour  les  dangers 
de  la  nouvelle  cour  plénière,  destinée  en  apparence  à  représenter  la  nation, 
mais  condamnée,  par  sa  nature,  à  être  l'usurpatrice  de  l'autorité  royale  ou 
l'instrument  de  l'autorité  arbitraire;  ni  montrer  les  inconvénients  des  inno- 
vations précipitées. 

Ils  se  bornaient  h.  un  objet  plus  restreint  mais  non  moins  intéressant,  aux 
conséquences  de  la  suppression  du  Parlement  sur  la  prospérité  de  Toulouse. 

«  Le  génie  des  Toulousains,  disaient-ils,  est  principalement  porté  à  l'étude 
«  des  lois  8c  aux  nobles  fonctions  qui  en  sont  la  récompense.  »  Diminuer 
l'objet  de  leur  ambition,  c'était  les  forcer  à  prendre  une  existence  nouvelle  8<. 
les  rendre  malheureux. 

Le  personnel  judiciaire  de  tout  ordre,  depuis  les  magistrats  les  plus  élevés 
jusqu'à  la  foule  des  agents  subalternes,  formait  une  partie  essentielle  de  la 
population.  La  multiplicité  des  procès  attirait  un  concours  perpétuel  d'étran- 
gers. Le  Parlement  était,  par  lui-même,  8<  par  ses  effets,  »  le  principe  nour- 
«  ricier  de  cette  grande  ville.  »  Déjà  les  suppôts  de  la  cour  commençaient  de 
sentir  l'indigence;  la  retraite  des  étrangers  causait  un  dommage  considérable. 
La  plupart  des  propriétaires,  n'ayant  pour  tout  revenu  que  le  produit  de  leurs 
maisons,  tombaient  dans  la  gêne.  Le  commerce,  l'industrie  se  ralentissaient. 
<(  A  chaque  pas  qu'on  fait  dans  cette  malheureuse  ville,  on  voit  la  conster- 
«'  nation,  la  faim  Si  le  désespoir,  varier  horriblement  le  spectacle  de  l'hu- 
«  ma  ni  té  souffrante.  » 

Le  chapitre  suppliait  le  ministre  de  placer  ce  triste  tableau  sous  les  yeux 
du  roi.  Louis  XVI  n'oublierait  pas  l'importance  Se  la  fidélité  de  Toulouse,  il 
lui  rendrait  son  Parlement,  sans  lequel  elle  ne  serait  plus  qu'«nne  ombre 
«  d'elle-même,  insusceptible  d'une  régénération  effective,  incapable  de  con- 
«  tribuer  à  l'harmonie  ou  au  maintien  du  corps  politique.  » 

La  lettre  se  terminait  par  l'inévitable  allusion  aux  États  généraux  :  «  Qu'il 
«  se  hâte  de  l'appeler  autour  de  lui  cette  nation  sensible  8<.  généreuse!  Il 
«  verra  s'il  peut  se  reposer  sur  elle  du  soin  de  fermer  les  plaies  de  l'État. 
«  Il  verra  ce  que  peut  produire  le  concours  des  lumières,  de  la  confiance  Se 
«  de  l'amour.  » 

Les  capitouls  de  Toulouse,  après  de  longues  8<  orageuses  péripéties,  don- 
nèrent enfin  leur  note  dans  le  concert  de  plaintes  qui  s'élevaient  vers  le  trône. 
Les  très-humbles  £•  très-respectueuses  représentations  qui  parurent  en  leur 
nom  contenaient  la  dissertation  ordinaire  sur  le  droit  de  vérification  des 
Parlements,  avec  la  confusion  que  l'on  faisait  partout  entre  les  anciennes 
assemblées  de  tradition  germanique  8c  les  cours  de  justice  créées  par  les  rois 
comme  instrument  de  centralisation.  On  y  retrouvait  ensuite  l'exposé  des 
droits  particuliers  de  la  Province  8c  de  la  ville  de  Toulouse  à  posséder  un 
Parlement  8c  cour  souveraine,  argument  sans  application  directe,  puisque 
la  réforme  judiciaire,  loin  d'enlever  au  Languedoc  son  tribunal  d'appel,  en 


1788 


1788 


i358  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

établissait  un  plus  grand  nombre.  Des  motifs  plus  exacts  étaient  tirés  du  dom- 
mage matériel  causé  à  la  capitale  de  la  Province  par  la  division  du  ressort. 

a.  Toulouse,  disaient  les  capitouls,  n'a  jamais  été  une  ville  riche;  son  sol, 
B  quoique  agréable,  se  refuse  aux  grandes  spéculations  du  commerce;  elle  ne 
«  s'est  soutenue,  jusqu'ici,  que  par  sa  sagesse,  le  concours  des  plaideurs  &.  des 
«  étudians  :  son  unique  ressource  est  le  Parlement,  dont  l'existence  est  liée 
«  avec  celle  de  l'Université —  On  a  déjà  ressenti  que  la  révolution  dans  les 
«  tribunaux  a  détruit  les  études;  cette  double  perte  condamne  le  plus  grand 

«  nombre  des  Toulousains  à  une  indigence  extrême Depuis  deux  mois,  la 

((  consternation  est  universelle....  » 

L'assemblée  du  clergé  de  France  qui  avait  été  extraordinairement  réunie, 
au  mois  de  juin,  dans  l'espoir  d'obtenir  un  don  gratuit  proportionné  aux 
besoins  du  trésor,  s'était  jetée  avec  beaucoup  de  passion  dans  la  résistance 
aux  réformes  judiciaires  &  autres  nouveautés  redoutables  dont  elle  se  voyait 
menacée.  Elle  présenta  au  roi  plusieurs  mémoires  renfermant  une  critique 
amère  de  tous  les  projets  en  cours  d'exécution,  se  montra  intraitable  sur  le 
chapitre  des  immunités  &  des  privilèges  &  absolument  hostile  au  dessein  de 
faire  contribuer  les  biens  d'église  aux  impôts  comme  les  autres  propriétés  fon- 
cières. Elle  exprima,  d'ailleurs,  l'espoir  que  les  États  généraux  balanceraient 
les  droits  de  tous  les  ordres. 

Ce  fut  l'archevêque  de  Narbonne  qui  harangua  le  roi,  au  nom  des  préla-ts 
5i  des  bénéficiers,  quand  l'assemblée  du  clergé  eut  terminé  sa  session,  le 
27  juillet  1788. 

Il  remercia  Louis  XVI  d'avoir  manifesté  la  résolution  d'affermir  dans  ses 
États  l'unité  du  culte  public  8c  de  conserver  à  la  foi  antique  de  ses  pères,  à 
cette  religion  bienfaisante,  tenant  aux  racines  de  la  monarchie  française,  la 
prépondérance  de  la  religion  nationale  &  dominante. 

«  Elle  a,  dit-il,  des  caractères  qui  ne  permettront  jamais  de  la  mécon- 
«  noître;  à  elle  seule  appartient  le  droit  de  l'enseignement  religieux  dans  le 
«  royaume;  seule  elle  a  des  ministres,  des  temples,  des  rites  &  des  cérémo- 
«  nies;  elle  exerce  une  juridiction  légale;  les  officiers  de  Votre  Majesté  sont 
«  chargés  de  veiller  à  l'exécution  de  ses  jugemens;  &  c'est  à  ce  titre  que  le 
«  prince  est  appelé  l'évêque  du  dehors.  » 

Le  prélat  se  montrait,  d'ailleurs,  satisfait  de  l'édit  royal  établissant  l'état 
civil  des  non-catholiques.  Il  déclarait  que,  si  le  catholicisme  était,  en  matière 
de  dogme,  la  plus  intolérante  des  croyances  81  répugnait  à  l'indifférence 
autant  qu'à  l'erreur,  on  ne  pouvait  adopter,  pour  ramener  les  dissidents, 
que  les  voies  de  paix  &  de  persuasion. 

Il  rendait  grâce  au  roi  d'avoir  éloigné  des  autels  la  profanation  &  le  par- 
jure :  «  Nous  n'envierons  jamais  à  nos  frères  errans  les  doux  noms  de  pères 
«  8c  d'époux;  nous  verrons  avec  satisfaction  des  enfans,  nés  sans  honte,  par- 
«  tager,  sous  la  protection  de  la  loi,  l'héritage  de  ceux  qui  leur  ont  donné 
«  le  jour;  nous  bénirons  Votre  Majesté  d'avoir  enfin  mis  un  terme  à  l'éton- 
«  nante  contradiction  qui  armoit  les  lois  contre  les  droits  de  la  nature.  » 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSoq 

L'archevêque  exhortait  même  le  souverain  à  retrancher  des  ordonnances 
des  peines  rigoureuses  que  désavouaient  également  la  raison,  la  justice  8c 
l'humanité.  11  témoignait  cependant  quelques  alarmes  occasionnées  par  plu- 
sieurs dispositions  de  la  loi,  mais  en  exprimant  l'espoir  que  ses  craintes 
seraient  dissipées. 

L'orage  de  réclamations  qu'avait  soulevé  la  révolution  judiciaire  dépassait 
la  force  de  volonté  de  Louis  XVL  Malgré  tout  l'appareil  des  lits  de  justice, 
malgré  la  vigueur  déplo)ée  d'abord  contre  les  magistrats  récalcitrants,  le  roi 
faiblit.  Il  commença  par  suspendre,  le  8  août,  l'établissement  de  la  cour  plé- 
nière,  jusqu'à  une  époque  indéterminée,  sous  prétexte  que  cette  cour  n'aurait 
pas  d'occupation  avant  la  tenue  des  Etats  généraux,  8c  il  annonça  que  son 
intention  était  de  réunir  les  députés  de  la  nation  le  i"  mai  1789'. 

C'était  déjà  une  concession  considérable.  La  déclaration  du  28  septembre 
suivant  avança  la  tenue  des  Etats  généraux  au  mois  de  janvier,  Se  ordonna 
que  tous  les  officiers  des  cours  supérieures  exerceraient  leurs  offices  comme 
par  le  passé,  sans  tenir  compte  des  changements  intervenus  au  mois  de  mai 
dans  l'ordre  des  juridictions,  imposant  un  silence  absolu  au  ministère  public 
sur  l'exécution  des  précédents  édits. 

Sous  cette  forme  détournée  5c  presque  timide,  Louis  XVI  annulait  donc 
pour  la  seconde  fois  la  réforme  de  la  magistrature,  &c,  par  une  politique 
d'hésitation  8c  de  faiblesse,  ajoutait  à  l'arrogance  des  Parlements  qu'il  avait 
voulu  désarmer. 

Les  cours  supérieures  accueillirent  avec  hauteur  la  faveur  royale  8c  affectè- 
rent d'expliquer,  dans  leurs  arrêts  d'enregistrement,  qu'elles  n'avaient  pas 
besoin  d'être  rétablies  pour  reprendre  les  fonctions  interrompues  par  la  vio- 
lence 8c  firent  d'insultantes  réserves  sur  le  droit  qu'elles  revendiquaient  de 
prendre  connaissance  des  délits  commis  contre  elles. 

On  renouvela  les  démonstrations  de  joie  qui  avaient  salué  au  commence- 
ment du  règne  le  rappel  des  parlementaires.  Mais  le  pays  ne  pensait  plus 
qu'aux  Etats. 

Le  5  octobre,  le  roi  convoqua  de  nouveau  les  notables  qu'il  avait  réunis 
l'année  précédente  afin  de  s'aider  de  leurs  conseils  pour  régler  le  mode  des 
élections  nationales.  Les  notables  tinrent  leur  première  séance  le  6  novembre 
Se  se  divisèrent  en  six  bureaux  présidés  par  le  comte  de  Provence,  le  comte 
d'Artois,  le  maréchal  duc  de  Broglie,  le  prince  de  Condé,  le  duc  de  Bourbon 
8c  le  prince  de  Conti.  Chaque  bureau  eut  à  donner  son  avis  sur  cinquante- 
quatre  questions  qui  visaient  tous  les  détails  relatifs  à  la  formation  des  assem- 
blées électorales,  au  nombre  des  députés,  à  leurs  pouvoirs,  à  la  rédaction  des 
cahiers  dont  ils  devaient  être  chargés.  Dans  la  séance  du  28  novembre,  le 
prince  de  Conti  présenta,  sous  forme  de  motion  personnelle,  un  véritable 
programme  de  contre-révolution,  dont  le  roi  défendit  aux  notables  de  s'oc- 
cuper 8c  qui   fut,  après  la  session,  développé  dans  un    mémoire  signé  du 


Arrêt  du  conseil  d'Etat  du  8  août  1788. 


4788 


"77^ i36o  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC, 

comte  d'Artois,  du  prince  de  Condé,  des  ducs  de  Bourbon  8c  d'Enghien  Si.  du 
prince  de  Conti.  L'assemblée  des  notables  se  termina  le  i;  décembre. 

L'archevêque  de  Narbonne  porta  encore  la  parole,  comme  doyen  de  sacre 
des  évêques,  dans  la  séance  royale.  Il  annonça  que  l'on  avait  surtout  cherché 
à  éloigner  les  jalousies,  les  rivalités,  les  défiances  réciproques,  toutes  les 
suggestions  de  l'intérêt  personnel. 

«  Chacun,  dit-il,  de  ceux  que  la  liberté  des  suffrages  appellera,  sortira  de 
«  la  classe  plus  ou  moins  distinguée  que  la  Providence  lui  a  assignée  dans 
«  l'ordre  des  citoyens,  pour  revêtir,  en  y  entrant,  le  caractère,  j'ose  presque 
«  dire  sacré,  de  représentant  de  la  nation.  « 

Le  29  octobre,  le  vieux  maréchal  de  Biron,  dernier  gouverneur  de  I^an- 
guedoc,  était  mort  dans  son  hôtel  de  la  rue  de  Varennes,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-sept  ans.  Les  députés  des  États,  qui  se  trouvaient  à  Paris,  assistèrent  à 
ses  funérailles  dans  l'église  Saint-Sulpice.  Les  graves  préoccupations  du  temps 
ne  permirent  pas  au  ministère  de  régler  cette  importante  succession;  elle  était 
encore  vacante  lorsque  provinces  8c  gotivernements  furent  supprimés. 

A  dater  de  la  mort  du  gouverneur,  le  comte  de  Périgord,  commandant  en 
chef,  réunit  dans  ses  mains  l'ensemble  des  pouvoirs  militaires  en  Languedoc 
8c  entretint  une  correspondance  directe  avec  le  ministre. 

La  certitude  de  la  réunion  prochaine  des  États  généraux  causait  une  grande 
fermentation  dans  tout  le  royaume.  En  Languedoc,  la  question  se  compliqua 
d'une  difficulté  particulière.  On  avait  annoncé  que  la  députation  des  pays 
d'États  serait  nommée  exclusivement  par  les  membres  des  assemblées  provin- 
ciales. Cette  nouvelle  réveilla  toutes  les  aniraosités  qui  s'étaient  produites 
en  1649,  Se  dont  nous  avons  soigneusement  recueilli  les  témoignages.  Nos 
lecteurs  savent  que  les  États  de  Languedoc  n'avaient  point  un  caractère  repré- 
sentatif, le  droit  d'y  entrer  étant  attaché  à  certaines  fonctions  ou  qualités 
fixes.  Ce  vice  d'origine  rendait  l'oligarchie  provinciale  suspecte,  8c,  malgré  les 
incontestables  services  qu'elle  avait  rendus  comme  auxiliaire  local  du  pouvoir 
ministériel,  déchaîna  contre  elle  une  tempête  de  récriminations. 

Dès  le  26  février  1788,  dans  ses  remontrances  relatives  à  l'édit  du  vingtième, 
la  cour  des  comptes,  aides  8c  finances  de  Montpellier,  avait  pris  l'initiative 
d'une  violente  agression  contre  les  États.  En  se  plaignant  de  l'immunité 
fiscale  accordée  aux  biens  du  clergé,  dont  elle  évaluait  le  revenu  territorial 
en  Languedoc  au  cinquième  du  produit,  la  cour  rappelait  que  le  clergé  pré- 
sidait à  la  répartition  d'impôts  qu'il  ne  subissait  pas.  Elle  accusait  avec  véhé- 
mence les  abus  de  l'administration  provinciale,  dénonçait  la  misère  dissimulée 
sous  des  dehors  séduisants,  six  mille  ouvriers  manquant  à  la  fois  de  travail  Se 
de  pain  dans  une  des  villes  les  plus  commerçantes  du  ressort.  Elle  condamnait 
l'organisation  même  8c  les  formes  constitutives  des  États  : 

u  Corps  imparfait,  où  les  représentans  des  ordres  ne  les  représentent  pas, 
«  oti  la  faculté  trop  employée  des  procurations  jette  dans  les  assemblées  des 
«  individus  étrangers  à  l'habitude  8c  au  courant  des  affaires,  où  le  droit  de 
«  voter  est  commun  8c  l'obligation  de  voter  ne  l'est  pas  :  tous  abus  d'institu- 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i36i 

«  tion,  préjudiciables  à  la  chose  publique,  puisqu'il  en  résulte  évidemment 
«  qu'il  n'y  a  ni  harmonie  dans  la  séance,  ni  égalité  de  connoissance  dans  les 
«  opinions,  ni  réunion  d'intérêts  dans  les  délibérans.  » 

La  cour  ne  se  montrait  pas  moins  sévère  pour  la  question  des  intérêts  pro- 
vinciaux, pour  le  faste  indiscret  de  l'assemblée  :  des  frais  d'États  élevés  suc- 
cessivement à  deux  cent  trente  mille  livres,  une  multitude  d'emplois  dont  le 
salaire  passait  l'utilité  Se  dont  les  gains  immodérés  rendaient  l'utilité  onéreuse; 
une  profusion  presque  annuelle  de  grâces,  de  récompenses  pécuniaires,  sou- 
vent accumulées  sur  les  mêmes  têtes;  des  entreprises  de  luxe,  de  décoration, 
d'avantage  particulier,  la  confection  dispendieuse  St  peu  solide,  l'entretien  8c 
les  réparations  fréquentes  des  constructions  Si  des  chemins,  source  de  richesses 
pour  une  foule  d'entrepreneurs;  la  multiplicité  des  emprunts,  l'accroissement 
constant  des  impôts,  qui,  en  vingt  années,  s'étaient  élevés  au-dessus  de  qua- 
torze millions. 

La  cour  des  comptes  revint  à  la  cliarge  le  22  décembre,  en  s'autorisant  du 
mouvement  général  de  la  Province  &  du  «  vœu  public  prêt  à  éclater  contre 
«  la  forme  des  Etats.  »  Renouvelant  l'expression  des  principes  exposés  dans 
son  arrêté  du  4  novembre,  qui  réclamait,  pour  les  peuples  de  Languedoc,  une 
représentation  réelle  aux  Etats  généraux,  elle  prenait  à  partie  le  grand  corps 
administratif  de  la  Province,  avec  le  dessein  de  faire  tomber  les  derniers  voiles. 

Elle  affirmait  qu'il  suffisait  d'étudier  les  sources  historiques  pour  reconnaître 
les  défauts  de  l'organisation.  La  constitution  des  Etats  de  la  Province,  «  liée 
«  à  la  tyrannie  des  privilèges,  »  n'avait  «  jamais  assez  conservé,  ni  même 
a  bien  connu  les  droits  sacrés  de  l'humanité  :  un  siècle  de  raison  Se  de  justice 
H  ne  devoit  pas  laisser  subsister  plus  longtemps  l'esprit  des  siècles  de  barbarie 
«  Se  de  superstition.  » 

La  cour  résumait  les  griefs  du  pays  contre  les  Etats  de  Languedoc  en  huit 
chefs  principaux  : 

1°  Le  manque  total  de  représentation  des  trois  ordres.  Le  clergé  n'est  repré- 
senté aux  Etats  que  par  des  évêciues  qui  y  entrent  en  vertu  de  leurs  dignités; 
la  noblesse,  que  par  des  gentilshommes  propriétaires  d'un  titre  de  baronnie, 
souvent  transférée  d'une  terre  sur  une  autre;  le  tiers  état,  par  des  personnes 
ou  nobles  ou  prêtes  à  le  devenir.  Se  revêtues  de  charges  municipales  qui, 
pour  la  plupart,  ne  sont  pas  à  la  nomination  des  communautés.  C'est  donc 
une  association,  une  assemblée  de  prélats,  de  nobles  titrés,  de  consuls  des 
villes,  de  syndics  de  diocèse;  mais  le  clergé,  la  noblesse,  le  peuple  n'y  sont 
point;  aucun  des  députés  n'est  mandataire  de  son  ordre;  tous  sont  également 
sans  caractère  Se  sans  autorité. 

2°  La  faculté  dont  jouissent  les  prétendus  députés  des  deux  premiers  ordres 
de  se  faire  représenter  par  procureur.  Cette  faculté  jette  annuellement  dans 
l'assemblée  des  individus  ou  dénués  de  lumières  Se  d'intérêt,  ou  étrangers  au 
courant  des  attaires;  elle  est  prohibée  par  les  édits  8e  par  une  foule  d'anciennes 
délibérations;  elle  est  ici  d'autant  plus  illicite  Se  dérisoire  que  le  droit  de 
représentation,  incommunicable  en  soi,  est  transmis  par  des  personnes  qui 

XIII.  £6 


178S 


1788 


i362  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

n'ont  elles-mêmes  ni  mandat  ni  pouvoir,  &  que  le  remplacement  des  barons, 
quand  ils  ont  négligé  de  donner  leurs  procurations,  dépend  absolument  du 
choix  du  président  des  Etats. 

3°  La  perpétuité  de  la  présidence  fixée  sans  aucun  titre  sur  l'église  prima- 
tiale  de  Narbonne,  l'importance  des  prérogatives  attribuées  à  cette  place,  d'où 
résulte  la  possibilité  dahgereuse  de  l'empire  d'un  seul  sur  l'opinion  de  tous. 

4°  Trois  syndics  généraux  qui  ne  sont  point  pris  dans  le  corps  des  Etats, 
leur  inamovibilité  commune  aux  autres  officiers  de  la  Province,  leur  pou- 
voir absolu  après  la  séparation  de  l'assemblée,  faute  d'une  commission  inter- 
médiaire &  permanente  pour  autoriser  directement  leurs  démarches  &  diriger 
toutes  les  affaires. 

5°  La  comptabilité  des  Etats  insolite,  mystérieuse,  qui  ne  reconnaît  d'autre 
tribunal  qu'une  commission  nommée  en  partie  par  le  président,  de  sorte  que 
l'administration  juge  &  arrête  elle-même  un  compte  de  deniers  qui  ne  lui 
appartiennent  pas,  dont  elle  a  ordonné  la  perception,  dont  elle  a  déterminé 
l'emploi. 

6°  L'inexactitude,  l'insuffisance  de  la  contribution  des  biens  nobles  à  l'impôt 
des  vingtièmes;  le  rejet  sur  les  fonds  roturiers  de  toutes  les  sommes  imposées 
pour  les  dépenses  publiques. 

7°  L'énormité  de  ces  dépenses,  la  passion^  l'accumulation  des  entreprises 
de  tout  genre,  même  d'utilité  particulière  &  de  décoration  pour  quelques 
villes  favorisées;  le  nombre  infini  d'entrepreneurs,  d'inspecteurs,  de  commis, 
d'employés,  de  protégés,  payés  6<.  gratifiés  avec  excès. 

8°  Les  emprunts  multipliés  de  la  Province  Se  le  rejet  sur  k;s  fonds  roturiers 
des  intérêts  de  ces  emprunts;  les  emprunts  pour  le  compte  du  roi,  qui  absor- 
bent de  jour  en  jour  les  ressources  de  Sa  Majesté. 

La  cour  des  comptes  de  Montpellier,  simple  compagnie  de  vérification 
financière,  n'avait  certes  point  qualité  pour  lancer  un  pareil  manifeste;  mais 
comme  la  plupart  de  ses  critiques  portaient  juste,  que  toutes  les  observations 
relatives  à  la  constitution  des  Etals  de  Languedoc  étaient  l'évidence  même, 
la  publication  de  ce  réquisitoire  produisit,  dans  toute  la  Province,  l'effet 
d'une  traînée  de  poudre.  D'une  extrémité  du  territoire  à  l'autre,  on  ne  vit 
plus  qu'assemblées  particulières,  syndicats,  réunions  de  corps,  rédigeant  des 
doléances  contre  les  Etats. 

Les  principaux  négociants  de  Toulouse,  réunis  à  la  Bourse,  en  assemblée 
générale,  sous  la  présidence  des  consuls,  le  3i  décembre,  prirent  une  délibé- 
ration pour  solliciter  l'envoi  de  doléances  au  roi  contre  l'administration  pro- 
vinciale; ils  définissaient  ainsi,  dans  leur  exposé  des  motits,  les  Etats  de 
Languedoc  : 

«  Les  prélats  ne  contribuent  à  aucune  dépense  8c  disposent  de  tout.  Ils 
«  tiennent  aux  États  le  premier  rang;  ils  exercent  le  pouvoir  le  plus  absolu; 
«  personne  ne  les  a  délégués  &  ils  délèguent  :  ainsi  on  les  voit  conférer  des 
«  pouvoirs  qu'ils  n'ont  pas  reçus.... 

«  Egalement  étrangers  à  la  plupart  des  impôts,  les  barons,  acquéreurs  à 


LIV.  V,   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUT?ION.  i363 

"  prix  d'argent  d'un  simple  titre,  s'arrogent  même  par  leurs  délégués  le 
((  droit  insultant  d'exclure  perpétuellement  toute  la  noblesse  de  la  Province, 
t(  quelque  respectable  que  soit  sa  propriété.... 

«  Un  triste  8<.  foible  assemblage  de  certains  officiers  municipaux,  déter- 
«  minés  par  le  titre  de  la  finance  ou  le  privilège  de  l'office,  associés  à  quel- 
«  ques  syndics  des  diocèses,  créatures  de  leurs  évêqucs  Si  destituables  à  leur 
«  volonté,  voilà  ce  qu'on  appelle  le  tiers  état,  ou  pour  mieux  dire,  le  simu- 
«  lacre  muet  dévoué  au  despotisme  du  premier  ordre'....  » 

Le  i3  janvier  178g,  la  noblesse  du  diocèse  de  Toulouse,  sous  la  présidence 
du  marquis  de  Gudanes,  protestait  contre  la  prétention  des  «  gens  se  quali- 
«  fiant  d'États  de  Languedoc  »  à  nommer  la  moitié  des  députés  de  la  Pro- 
vince aux  États  généraux  &  émettait  le  vœu  de  voir  former  une  assemblée 
provinciale  vraiment  représentative  Se  constitutionnelle^. 

Les  marquis  de  Chalvet-Merville  Se  d'Escouloubre,  nommés  syndics  de  la 
noblesse  des  diocèses,  communiquèrent  à  tous  les  corps  ecclésiastiques  Se  laï- 
ques des  exemplaires  imprimés  des  délibérations  de  leur  compagnie. 

Le  chapitre  de  la  métropole  de  Toulouse  se  rassembla,  le  16  janvier,  pour 
délibérer  sur  cette  communication  &  résolut  d'unir  Sa  voix  à  celle  de  la 
noblesse  pour  obtenir  du  prince  «  une  forme  d'administration  régulière  81 
«  analogue  aux  véritables  intérêts  de  la  Province.  « 

Il  exposa,  dans  ses  protestations,  qu'un  de  ses  droits  les  mieux  établis  était 
d'avoir  séance  &  voix  délibérative  aux  États  de  la  Province,  Se  que  ce  droit  lui 
était  refusé,  contre  toute  justice,  par  l'effet  de  l'organisation  actuelle  des  États; 

Que,  d'après  un  usage  inviolablement  observé,  toutes  les  assemblées  du 
clergé,  générales  8c  provinciales,  étaient  composées  du  premier  Se  du  second 
ordre  ecclésiastique  ne  formant  qu'un  corps,  8c  que,  dans  la  constitution  pri- 
mitive des  Etats,  les  églises  cathédrales  y  étaient  appelées  Se  représentées  par 
leurs  députés;  que  l'assistance  exclusive  des  évêques,  au  détriment  du  second 
ordre,  dépouillait  les  chapitres  des  cathédrales  d'un  droit  justement  attaché  à 
la  prééminence  de  leurs  églises; 

Que  souvent  plusieurs  évêques  se  trouvant  indisposés  ou  retenus  dans  leurs 
diocèses  se  faisaient  représenter  par  des  personnes  qui,  n'ayant  aucun  intérêt 
aux  affaires  du  pays,  donnaient  facilement  leur  consentement  à  des  disposi- 
tions onéreuses,  complaisance  que  l'on  n'obtieadrait  pas  de  députés  libre- 
ment élus  Se  intéressés  au  bien  de  la  Province; 

Que  les  églises  cathédrales  pouvaient  invoquer  avec  le  même  avantage  que 
les  autres  classes  de  citoyens  l'étendue  de  leurs  possessions,  auxquelles  elles 
devaient  toute  leur  vigilance; 

'  Les    délibérations    du    commerce    de  Toulouse  aîné;   Belmont  fils;   Léotarc'  nîné;  Dupuy;  Ville; 

sont    signées   :    Duffé,    premier    consul;    Debans,  Rocaché;   Esquirol  cadet;  Di.   'art;  Itey;  Abadie, 

consul;  Damés,  Pages  aîné,  anciens  consuls;  Cas-  Moins;  Caze  cadet;  Ducos  aîné;  Courtois;  Duber- 

saing,    ancien    prieur;    Girard,    ancien    consul;  ney  ;  Mamignard;  Lancluc,  syndié. 
Pierre  Roussillou;  Dupleix;  Sabatier  neveu;  Fro-  *  ^'oir  aux  Pièces  justificatiyss,  n.  DCCCCLXVI, 

maigé;  Mastonier  oncle;  Estrade;  Mony;  Marie  col.  '  ,yj. 


178 


.ySy 


~ i364  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Qu'enfin  il  était  de  la  plus  grande  importance  pour  tous  les  ordres  d'ob- 
tenir aux  Etats  de  la  Province  l'avantage  précieux  d'une  véritable  représen- 
tation qu'on  eût  vainement  cherché  dans  l'administration  actuelle;  que  cette 
constitution  portait  avec  elle  le  germe  de  tous  les  abus  dont  les  lumières  8c 
la  sagesse  des  administrateurs  en  exercice  pourraient  sans  doute  suspendre  le 
cours,  mais  dont  le  danger  subsisterait  toujours  avec  la  cause; 

Le  chapitre,  dirigé  par  ces  motifs  de  devoir  &  d'intérêt,  protestait  contre 
l'assemblée  des  Etats  de  Languedoc,  comme  étant  inconstitutionnelle  8t  com- 
posée de  personnes  qui,  n'étant  point  librement  élues  par  les  trois  ordres  du 
pays,  ne  pouvaient  être  les  représentants  ni  les  mandataires.  Il  se  réservait 
de  prendre  tous  les  moyens  légaux  pour  parvenir  à  une  constitution  régulière 
Si  représentative. 

Lorsque  l'agitation  contre  les  États  se  fut  propagée  &  eut  passionné,  dans 
les  moindres  bourgades,  le  clergé,  la  noblesse  &  la  bourgeoisie,  depuis  les 
montagnes  du  Vivarais  &  du  Vêlai  jusqu'à  celles  du  Comminges,  le  Parlement 
de  Toulouse,  reprenant  ses  traditions  de  la  Fronde,  intervint  à  son  tour  avec 
ses  formes  solennelles,  Se  prêcha  la  croisade. 

L'arrêt  qu'il  rendit  le  21  janvier  1789  ne  traitait  pas  l'assemblée  provinciale 
avec  plus  de  ménagements  que  ne  l'avait  fait  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier. Le  Parlement  y  déclarait  qu'étant  témoin  des  réclamations  universelles 
de  la  Province  contre  la  constitution  Si  l'administration  des  Etats,  instruit  des 
alarmes  causées  dans  plusieurs  diocèses  par  l'annonce  d'une  députation  de  ce 
corps  aux  Etats  généraux,  il  jugeait  nécessaire  de  faire  connaître  enfin  son 
opinion  Se  de  mettre  ainsi  le  dernier  sceau  aux  vœux  des  peuples. 

Il  rappelait  que,  suivant  la  formule  employée  par  le  procureur  général  en 
février  i65i,  les  Etats  de  tanguedoc  n'étaient  que  des  dispensateurs  écono- 
miques de  la  Province  sous  la  volonté  du  roi.  Cette  fiction  d'une  représenta- 
tion illusoire  ne  pouvait  survivre  au  désaveu  formel  qui  venait  d'être  mani- 
festé par  les  peuples.  Les  Etats,  incapables  de  justifier  d'aucun  pouvoir  & 
d'aucune  délégation  à  eux  donnée  par  les  peuples  de  la  Province,  avaient 
encore  moins  le  droit  de  communiquer  à  d'autres  la  qualité  de  délégués  S<  de 
représentants  qu'ils  n'avaient  pas  eux-mêmes.  Si  s'ils  envoyaient  des  députés 
à  l'Assemblée  nationale,  celle-ci  devrait  les  repousser,  au  moment  de  la  vérifi- 
cation des  pouvoirs,  comme  gens  dépourvus  de  tout  caractère  représentatif. 

Mais  le  Parlement  ne  se  bornait  pas  à  réclamer  cette  exclusion;  il  sollicitait 
aussi  la  réunion  d'une  assemblée  générale  des  trois  ordres  de  Languedoc, 
pour  y  procéder,  sous  l'autorité  du  roi,  comme  on  l'avait  fait  en  Dauphiné, 
à  la  formation  d'Etats  constitutionnels. 

Des  supplications  au  roi  furent  rédigées  le  même  jour  Se  développèrent  ces 
divers  points. 

La  cour  de  Toulouse  s'y  félicitait  d'avoir  devancé  l'opinion  en  niant  le 
droit  politique  des  Etats.  Son  premier  cri  avait  percé  dans  tous  les  diocèses, 
dans  toutes  les  villes.  Se  déterminé  l'explosion  d'un  vœu  unanime.  Suivait  la 
démonstration  accoutumée  du  vice  représentatif  des  États  :  vingt-trois  prélats 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i365 

siégeant,  sans  mandat  spécial  du  clergé,  en  vertu  des  prérogatives  attachées  à 
leurs  sièges;  vingt-trois  barons,  acquéreurs  à  prix  d'argent  du  droit  d'entrée; 
des  consuls  élus  pour  la  plupart  par  leurs  seigneurs  &  jamais  par  ceux  qu'ils 
étaient  censés  représenter.  Quelques  diocèses  avaient  déjà  émis  leur  vœu  pour 
l'organisation  de  nouveaux  États.  La  cour  regardait  cette  démarche  comme 
prématurée;  mais  elle  pensait  qu'une  assemblée  patriotique  des  trois  ordres 
devait  être  convoquée  pour  jeter  les  bases  d'une  administration  provinciale 
réformée  '. 

Cependant,  la  question  des  États  de  Languedoc  n'était  pas  seule  à  préoc- 
cuper le  pays.  Un  si  long  temps  s'était  écoulé  depuis  que  les  rois  de  France 
avaient  cessé  d'appeler  auprès  d'eux  les  députés  de  la  nation,  &  de  si  grandes 
transformations  économiques  &  sociales  s'étaient  produites  depuis  la  dernière 
assemblée,  que  tout  semblait  à  régler  dans  la  préparation  &  dans  l'ordonnance 
de  cette  imposante  cérémonie.  Aussi  les  centres  de  vie  municipale  étudiaient- 
ils  à  l'envi  les  détails  de  l'opération. 

A  Toulouse,  un  conseil  général  se  réunit  plusieurs  fois  à  l'hôtel  de  ville, 
avec  l'assistance  d'un  président  à  mortier,  de  c[uatre  conseillers  commissaires 
&  de  deux  avocats  généraux  au  Parlement*,  des  représentants  de  l'archevêque 
&  des  chapitres  de  Saint-Étienne  &.  Saint-Sernin,  8c  du  recteur  de  l'Univer- 
sité. Après  avoir  reçu  une  députation  du  corps  de  commerce,  il  fut  décidé  que 
non-seulement  les  délégués  de  ce  corps  seraient  appelés  au  conseil,  mais  que 
l'on  y  inviterait  aussi  des  citoyens  de  tous  les  ordres,  les  envoyés  des  corpora- 
tions d'arts.Sc  métiers,  des  laboureurs,  cultivateurs  Se  habitants  envoyés  quel- 
conques de  la  ville  &  du  gardiage.  On  fixa  à  deux  le  nombre  des  envoyés  de 
chaque  paroisse  champêtre.  Quant  aux  corps  de  métiers,  il  fut  réglé  que  ce 
nombre  varierait  d'un  à  trois,  proportionnellement  à  l'importance  des  commu- 
nautés. 

Ce  fut  donc  en  présence  d'une  très-nombreuse- réunion,  où  toutes  les  pro- 
fessions 8t  toutes  les  conditions  sociales  avaient  leurs  représentants,  qu'à  la 
suite  d'une  courte  harangue  de  maître  Dupuy,  syndic  de  la  ville,  évoquant 
le  souvenir  des  Tectosages  &  des  grandes  assemblées  municipales  tenues  par 
les  comtes  de  Toulouse,  Se  après  un  discours  du  capitoul  Duroux,  animé  des 
espérances  d'une  révolution  monarchique,  on  adopta  la  rédaction  de  dix  arti- 
cles, contenant  l'ensemble  des  réclamations  apportées  au  pied  du  trône  au 
nom  de  la  ville  de  Toulouse. 

On  demandait  que  la  députation  des  provinces  aux  États  généraux  se  fît 
conformément  aux  anciens  usages,  par  bailliages  &  sénéchaussées,  collecti- 
vement pour  les  trois  ordres,  les  baillis  &  sénéchaux  d'épée  devant  recevoir 
les  lettres  de  convocation  du  roi,  réunir  &  présider  les  assemblées  électorales 
dans  les  chefs-lieux  de  leurs  juridictions;  que  dans  les  villes  principales,  en 
possession  du  droit  de  députer  aux  États  du  royaume,  l'élection  se  fît  en 

'  Pièces  fU!tificiit!vfi,n.DCCCCLXVU,to\.i^()i).       de  Pérès,   de   Saint-Félix,   de  Catdan    ^  ie  La- 
'  MM.  de  La  Haye,  de  Montgazin,  de  Reyn^l,        tresne. 


1789 


i 


1789 


i366  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

assemblée  générale,  d'après  les  règlements  locaux,  sur  lettres  de  convocation 
adressées  aux  chefs  de  l'administration  municipale;  que  le  nombre  total  des 
députés  du  tiers  état  aux  Etats  généraux  fût  égal  à  ceux  du  clergé  &  de  !a 
noblesse  réunis;  que  le  nombre  des  députés  de  chaque  ville,  bailliage  ou 
sénéchaussée,  fût  réglé  proportionnellement,  en  tenant  compte  de  l'étendue 
territoriale,  de  la  population  8c  du  produit  des  impôts;  que  la  ville  de  Tou- 
louse, la  seconde  du  royaume  8c  la  capitale  de  la  Province,  fût  maintenue 
ilans  le  droit,  dont  elle  avait  toujours  joui,  de  députer  aux  assemblées  de  la 
sénéchaussée  8c  aux  Etats  généraux. 

Tous  les  articles,  que  l'assemblée  adopta  sans  y  rien  changer,  avaient  été 
préparés  par  M.  Duroux,  avec  le  concours  des  trois  commissions  administra- 
tives, pour  passer  ensuite,  suivant  l'expression  du  rapporteur,  «  au  creuset  de 
«  la  réflexion  la  plus  profonde  8c  de  la  discussion  la  plus  austère,  »  Il  n'y  eut 
que  trois  points  qui  donnèrent  lieu  à  des  divergences. 

Le  premier  était  relatif  aux  qualités  qui  seraient  requises  des  électeurs  8c 
des  éligibles.  Le  projet  capitulaire,  fidèle  aux  traditions  de  l'hôtel  de  ville, 
demandait  l'application  pure  8c  simple  des  lois  municipales,  tant  pour  l'état 
6c  les  qualités  personnelles  que  pour  la  contribution  aux  charges  foncières. 
L'assemblée  se  montra  beaucoup  plus  large  en  demandant  qu'il  suffit,  pour 
l'électeur  comme  pour  l'éligible,  d'être  inscrit  sur  les  rôles  de  la  capitation. 
C'était  réduire  le  cens  électoral  aux  proportions  les  plus  modestes. 

L'article  8,  qui  traitait  des  exclusions,  comprenait  seulement  toutes  les 
personnes  aux  gages  des  seigneurs  ecclésiastiques  ou  laïques,  tels  que  gens 
d'affaires,  juges,  procureurs  fiscaux  ou  juridictionnels,  intendants,  agents  de 
tout  ordre;  l'assemblée,  plus  hardie,  y  fit  ajouter  les  officiers  de  finances, 
ainsi  que  tous  ceux  qui,  en  qualité  de  fermiers,  régisseurs,  directeurs,  ins- 
pecteurs ou  à  tout  autre  titre,  travaillaient  au  recouvrement  des  revenus 
du  roi. 

Un  troisième  point,  qui  avait  été  rayé  du  projet  par  les  trois  commissions 
réunies,  s'y  trouva  textuellement  rétabli  par  le  vote  général.  C'était  une  pré- 
caution de  la  bourgeoisie  contre  le  danger  d'influences  personnelles,  par  où 
la  sincérité  de  la  représentation  pourrait  être  faussée.  Il  défendait  formelle- 
ment au  tiers  état  de  choisir  ses  députés  en  dehors  de  son  ordre. 

La  décision  royale,  qui  mettait  fin  à  toutes  les  incertitudes,  en  détermi- 
nant d'une  façon  souveraine  la  convocation  de  l'assemblée  des  Etats  géné- 
raux, parut  le  24  janvier,  avec  un  règlement  de  détail  pour  les  élections.  Le 
principe  adopté  par  le  gouvernement  fut  de  former  les  collèges  électoraux 
avec  le  ressort  des  bailliages  8c  sénéchaussées,  en  établissant  un  mode  uniforme 
pour  toute  la  France. 

La  province  de  Languedoc  constata  donc  une  première  dérogation  à  sa 
division  traditionnelle  en  diocèses  qui  était  la  base  de  ses  Etats  particuliers. 
On  ne  s'arrêta  point,  d'ailleurs,  aux  trois  sénéchaussées  primitives,  Toulouse, 
Carcassonne  8c  Nimes  qui  gardaient  encore  une  sorte  d'existence  légale  dans 
les  questions  de  travaux  publics.  Chacune  des  sénéchaussées  plus  modernes. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSôy 

que  l'intérêt  des  justiciables  8c  le  besoin  de  créer  des  charges  avait  fait 
démembrer  des  anciennes  circonscriptions,  devint  le  siège  d'un  collège. 

Le  pays  se  trouva  ainsi  partagé  en  douze  collèges  d'importance  très-inégale, 
où  durent  se  concentrer  les  électeurs  des  trois  ordres,  jouissant  de  celte 
qualité  en  vertu  de  leurs  titres  &  qualités  ou  en  vertu  de  mandats  électifs 
conférés  par  des  assemblées  primaires.  Le  nombre  des  députés  à  élire  variait 
proportionnellement  à  la  population. 

La  sénéchaussée  de  Toulouse  qui,  par  respect  des  formes  anciennes,  gar- 
dait le  titre  de  première  sénéchaussée  de  Languedoc,  eut  à  nommer  seize 
députés,  dont  quatre  pour  le  clergé,  quatre  pour  la  noblesse  Se  huit  pour  le 
tiers  état.  Il  en  fut  de  même  pour  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  &  Nimes. 

Les  trois  sénéchaussées  de  Carcassonne,  de  Béziers  &  de  Villeneuve  de 
Berg  avaient  chacune  huit  députés.  Si  les  sept  autres  sénéchaussées  de  la  Pro- 
vince, Annonay,  Castelnaudary,  Castres,  Limoux,  Mende,  Montpellier,  le 
Puy  en  avaient  quatre,  le  nombre  des  députés  du  tiers  égalant  celui  des  deux 
autres  ordres  réunis. 

L'ensemble  de  la  députation  provinciale  comprenait  quatre-vingt-quatre 
représentants,  dont  .vingt  Si  un  appartenaient  au  clergé,  vingt  &  un  à  la 
noblesse  &  quarante-deux  au  tiers  état. 

Tandis  que  l'on  se  préparait  de  toutes  parts  à  nommer  les  membres  de  la 
future  Assemblée  nationale,  les  Etats  de  Languedoc  s'étaient  réunis,  suivant 
les  formes  ordinaires,  8t  cherchaient  à  détourner  l'orage  dont  ils  se  voyaient 
menacés. 

Déjà,  l'année  précédente,  sous  la  pression  inquiétante  de  l'opinion,  les 
États  avaient  cru  devoir  nommer  une  commission  extraordinaire  avec  mandat 
spécial  «  de  porter  un  regard  attentif  sur  tous  les  objets  qui  pouvoient  tendre 
n  au  soulagement  des  peuples,  soit  en  perfectionnant  les  différentes  parties 
«  de  l'administration  de  la  Province,  soit  en  retranchant  les  dépenses  qui 
«  paroîtroient  moins  nécessaires,  soit  enfin  par  la  plus  équitable  répartition 
«t  des  contributions  publiques'. 

On  essaya  de  reconquérir  la  considération  en  supprimant  de  mauvais 
usages,  en  envoyant  un  mémoire  au  roi  pour  faire  abandonner  la  coutume 
depuis  longtemps  suivie  par  le  gouvernement  d'indiquer  lui-même  aux  États 
les  députés  qu'il  désirait  recevoir  de  leur  part.  On  imprima  une  lettre  de 
M.  de  Villedeuil,  secrétaire  d'État,  annonçant  qu'il  ne  serait  plus  adressé  de 
recommandations  de  la  Cour*. 

Le  19  janvier,  l'archevêque  de  Narbonne  annonça  en  assemblée  générale 


1789 


'  Proeès-verhal  Je  VassemUêe  de  Nosseigneurs  des  au  sieur  de  Lasserre,  syndic  du  diocèse  de  Nar- 
États  généraux  Je  la  province  Je  Languedoc.  Séance  bonne,  8c  au  sieur  Farjon,  procureur  du  roi  de  la 
du  18  janyier  1788.  —  Cette  commission  fut  com-  ville  de  Montpellier,  déjà  membres  de  la  commis- 
posée  de  l'évêque  d'AIais,  du  baron  de  Mérinville,  sion  des  travaux  publics  du  bas  Languedoc  &  de 
du    sieur  de  Sauvages,  premier  consul   maire  d'A-  la  commission  des  vingtièmes. 

lais  8c  du   sieur  de  Camont,  député  d'AIais,  réunis  '  Voir  aux  Pièces  justificatives,  n,  DCCCCLXV, 

à  révéque  de  Montpellier,  au  baron  de  Villeneuve,  col.  2495. 


1789 


i368  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

que  les  deux  ordres  réunis  de  l'église  &  de  la  noblesse  avaient  bien  voulu  le 
charger  d'une  honorable  commission. 

Les  prélats  &  les  barons  formaient  le  vœu  personnel  d'être  associés  à  toutes 
les  impositions  de  la  Province  tant  royales  que  locales.  Ils  déposaient  ce  vœu 
dans  le  sein  paternel  de  Sa  Majesté  St  en  sollicitaient  la  réalisation  par  l'au- 
torisation du  souverain  &  par  l'agrément  des  prochains  États  généraux  du 
royaume.  Tous  les  membres  du  tiers  état  qui  possédaient  des  biens  nobles  Se 
tous  les  officiers  de  la  Province  adhérèrent  par  acclamation  '. 

Le  lendemain,  les  membres  des  deux  ordres  privilégiés  annoncèrent  leur 
résolution  au  roi  par  une  lettre  revêtue  de  vingt-huit  signatures,  offrant 
d'effacer  toute  différence  fiscale  entre  les  biens  nobles,  ecclésiastiques  ou  laï- 
ques 81  les  biens  ruraux,  &  de  faire  sanctionner  cette  grande  réforme  par  les 
chambres  du  clergé  &  de  la  noblesse  aux  États  généraux^. 

Le  7  février,  les  États  reçurent  communication  du  rapport  de  l'évêque 
d'Alais,  au  nom  de  la  commission  extraordinaire.  «  La  politique,  dit  le 
«  prélat,  avoit  supposé  jusqu'à  nos  jours  que  le  mystère  Se  le  secret  étoient 
«  le  caractère  essentiel  de  toute  administration  ;  &  de  toutes  les  parties  de 
«  l'administration,  celle  des  finances  qui  sans  doute  a  Je  plus  besoin  d'être 
«  éclairée,  étoit  restée  couverte  de  nuages.... 

a  Des  principes  plus  raisonnables  ont  déterminé  le  gouvernement  en  1781 
«  5c  1788  à  manifester  à  la  nation  l'emploi  des  revenus  publics.  » 

Les  États  ne  pouvaient  se  croire  soustraits  à  l'obligation  que  s'imposait  le 
souverain.  En  publiant  les  procès-verbaux  de  leurs  assemblées  Se  ceux  des 
assiettes  diocésaines,  ils  avaient  voulu  faire  la  lumière  sur  leur  gestion,  pen- 
sant que,  plus  elle  serait  connue,  plus  elle  acquerrait  de  droits  à  l'approba- 
tion des  citoyens  bien  intentionnés. 

Le  rapporteur  avouait  cependant  que  le  système  financier  de  la  Province 
manquait  d'ensemble  &  de  méthode  Si  n'offrait  pas  «  cet  ordre  simple  Se 
«  naturel  qui  satisfait  l'imagination  des  peuples.  »  On  voyait  réunis  sous  les 
mêmes  titres  des  objets  aussi  différents  par  leur  nature  que  par  leur  desti- 
nation. 

Ainsi  le  chapitre  Dettes  i-  Affaires  de  la  Province,  qui  semblait  devoir  être 
affecté  aux  dépenses  particulières  8<.  locales  du  Languedoc,,  renfermait  une 
partie  des  impositions  à  verser  au  trésor  royal. 

Le  chapitre  Frais  d'Etats,  qui  semblait  annoncer  uniqiuement  les  dépenses 
annuelles  des  assemblées,  était  composé  en  grande  partie  de  sommes  payées  à 
la  décharge  du  roi,  telles  que  les  gratifications  accordées  aux  ministres,  aux 
commandants,  les  frais  d'intendance  &  autres  objets  de  la  même  nature. 

On  s'était  donc  inquiété  d'établir  une  classification  exacte  de  toutes  les 
impositions  St  de  toutes  les  dépenses  de  la  Province,  en  les  divisant  en 
deniers  royaux  Se  en  deniers  provinciaux. 

Par  deniers  royaux,  on  comprendrait  tous  les  fonds  qui  se  levaient  sur  la 

'  P'tbccs  }ust\ficat.  n.  DCCCCLXVIII,  col.  i5o3.  •  Piicei  justifient,  n.  DCCCCLXIX,  col.    t5o5. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i36g 

Province  pour  être  versés  directement  dans  les  caisses  royales,  ou  pour 
acquitter  dans  la  Province  même,  à  la  décharge  du  roi,  les  diverses  dépenses 
ordonnées  par  le  gouvernement. 

Cette  catégorie  renfermait  à  titre  de  subdivisions  les  impôts,  taille,  taiilon, 
don  gratuit,  vingtièmes,  droits  abonnés,  capitation,  les  frais  de  gouverne- 
ment, intendance,  administration  civile  Se  militaire,  les  intérêts  des  rentes 
pour  rachat  ou  supplément  d'impositions.  La  totalité  s'en  élevait  à  douze 
millions  huit  cent  quatre-vingt  mille  livres. 

Comme  deniers  provinciaux,  on  entendait  les  frais  de  l'assemblée  des  Etats, 
de  la  députation  à  la  Cour,  de  l'administration  pendant  l'année,  les  dépenses 
pour  l'encouragement  des  sciences,  arts,  commerce,  mines,  haras,  manufac- 
tures, fabriques  &  pour  les  travaux  publics  entrepris  par  la  Province  dans  les 
trois  grandes  sénéchaussées;  routes,  ponts,  chaussées,  lits  des  rivières,  ports, 
graux  &  canaux,  appointements  des  directeurs  &  inspecteurs,  pensions  de 
retraite.  L'ensemble  des  deniers  provinciaux  s'élevait  à  un  million  six  cent 
vingt-quatre  mille  livres. 

En  accompagnant  cette  classification  de  sommaires  historiques  destinés  à 
l'impression,  la  commission  espérait  faire  de  ce  tableau  une  sorte  de  code  où 
tous  les  habitants  de  Languedoc  pourraient  s'instruire  de  la  constitution  &c 
de  l'administration  de  la  Province.  Ces  connaissances  conduiraient  nécessai- 
rement les  États  à  adopter  les  mesures  les  plus  convenables  pour  obtenir  du 
gouvernement  la  suppression  ou  la  réduction  de  quelques  dépenses  aussi 
inutiles  au  roi  qu'onéreuses  aux  peuples. 

La  commission  créait  un  fonds  spécial  pour  les  dépenses  imprévues  &  une 
caisse  d'amortissement  pour  l'extinction  des  dettes  de  la  Province. 

Elle  rectifiait  l'erreur  répandue  que  la  plus  grande  partie  des  fonds  maniés 
par  les  États  était  consacrée  aux  actes  de  leur  administration,  tandis  que  le 
trésor  royal  en  absorbait  en  réalité  les  onze  douzièmes. 

En  somme,  les  Etats  ne  dépensaient  qu'un  million  soixante-onze  mille 
livres  pour  les  travaux  de  la  Province.  Pour  éviter  tout  excès  dans  cette 
matière,  la  commission  proposait  de  n'aborder  aucune  entreprise  nouvelle 
avant  que  l'entière  exécution  des  entreprises  anciennes  n'eût  laissé  des  fonds 
libres. 

Elle  n'avait  point,  d'ailleurs,  de  peine  à  démontrer  que,  depuis  l'ouverture 
des  grandes  routes  Se  la  construction  des  canaux  Si  des  ponts,  le  produit  des 
terres  s'était  notablement  augmenté. 

Après  un  exposé  de  principes  sur  l'égalité  des  impositions  entre  les  trois 
ordres,  »  tous  les  membres  d'une  même  famille  devant  contribuer  aux  charges 
«  communes  de  la  famille,  »  la  commission  s'excusait  de  ne  point  présenter 
le  programme  des  réformes  dont  l'administration  paraissait  susceptible.  Elle 
aimait  mieux  laisser  aux  membres  des  Etats  le  temps  d'étudier  le  compte 
rendu  pour  déterminer,  en  connaissance  de  cause,  les  dépenses  qui  devaient 
être  entièrement  supprimées  Se  celles  qui  étaient  susceptibles  de  modération. 

«  Telle  doit  être,  dit  en  concluant  le  rapporteur,  la  conduite  de  toutes  les 


1789 


1789 


13/0 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


«  administrations;  elles  doivent  obéir  avec  une  sage  lenteur  à  l'empire  inévi- 
«  table  du  temps,  au  progrès  plus  ou  moins  sensible  des  connoissances;  mais 
c<  la  prudence  leur  défend  de' franchir  par  une  marche  trop  rapide  tous  les 
«  intervalles  qui  doivent  séparer  les  grands  changemens;  c'est  du  calme  de 
«  la  raison,  c'est  du  cours  paisible  Si  réglé  des  affaires  publiques,  c'est  de 
((  l'examen  tranquille  &  réfléchi  des  avantages  ou  des  dangers  inséparables 
«  de  toutes  les  révolutions,  qu'elles  peuvent  espérer  un  résultat  certain  sur 
«  ce  qu'il  est  utile  de  conserver  ou  de  changer  :  sans  doute  elles  doivent  s'en- 
«  richir  de  tout  ce  que  l'expérience  &  la  raison  leur  présentent  pour  le 
«  bonheur  des  peuples;  mais  elles  ont  également  à  se  préserver  de  l'amour 
«  inconsidéré  des  innovations  81  d'un  attachement  superstitieux  à  des  usages 
«  qui  contrarieroient  l'intérêt  public  &  les  principes  de  la  justice'. 

Pendant  que  les  Etats  essayaient  une  justification  tardive,  leur  greffe  ne 
cessait  pas  de  recevoir  des  protestations  de  diocèses,  de  municipalités,  de 
corporations  diverses  contre  la  constitution  &  les  pouvoirs  de  l'assemblée  pro- 
vinciale. Les  villes  de  Toulouse,  de  Montpellier,  de  Béziers,  de  Pézénas,  de 
Saint-Hippolyte  se  distinguaient  par  la  vivacité  de  leurs  démarches^.  Offi- 


'  Procès-vertal.  Séance  du  7  février  1789.  —  Le 
compte  rendu  annoncé  dans  le  rapport  fut  en  effet 
publié  pendant  l'année  1789,  en  un  volume  de 
deux  cent  cinquante-six  pages,  sous  ce  titre  : 
Compte  rendu  des  impositions  &  des  dépenses  géné- 
rales de  la  province  de  Languedoc,  d'après  les  dé~ 
parlements  6r  les  états  de  distribution.  Imprimé  & 
publié  par  ordre  des  Etats.  A  Montpellier,  de 
l'imprimerie  de  Jean  Martel  aîné,  imprimeur  or- 
dinaire du  roi  &  des  Etats  généraux  de  la  province 
de  Languedoc.  M.  DCC.  LXXXIX.  C'est  un  ta^ 
bleau  méthodique  &  complet  des  finances  de  la 
province  &  le  meilleur  guide  pour  en  étudier  la 
gestion  dans  le  plus  grand  détail.  En  voici  les 
divisions  i 

Première  partie.  —  Deniers  royaux  :  I.  An- 
cienne taille,  r.  Aide;  2.  Octroi;  3.  Crue;  4.  Pré- 
ciput  de  l'équivalent.  —  II.  Taillon,  —  III.  Don 
gratuit.  —  IV.  Vingtièmes.  —  V.  Droits  abonnés 
avec  le  roi,  &  dont  l'abonnement  est  versé  aux  caisses 
de  la  recette  générale.  —  VI.  Capitation. — VII.  Frais 
de  gouvernement,  d'intendance  &  d'administration 
civile.  I.  Gouvernement  :  Gouverneurs,  Compa- 
gnie des  gardes,  Secrétaires,  Lieutenants  générauxj 
2.  Intendance  :  Secrétaires,  Bureaux;  3.  Admi- 
nistration civile  :  Gratifications  au  secrétaire 
d'État  du  département,  au  contrôleur  général,  au 
commandant  en  chef,  à  l'archevêque  de  Nar- 
bonnc,  &c.  —  VIII.  Frais  d'administration  mili- 
taire. I.  Commandant;  2.  Dépenses  pour  ISs  trou- 
pes à  payer  aux  caisses  royales;  3.  Dépenses  pour 
les  troupes,  à  payer  par  la  province  à  la  décharge 
du  roi.  —  IX.  Rentes  provenant  d'emprunts  faits 
pour  les  impositions  ou  pour  le  service  du  roi.  i.  Au' 


tiens  emprunts;  2.  Emprunts  pour  rachat  ou  sup- 
plément d'imposition;  3.  Emprunt  pour  rachat 
d'offices  municipaux;  4,  Emprunts  pour  des  dé- 
penses relatives  aux  troupes;  5.  Emprunts  pour 
réduction  d'intérêts;  6.  Emprunts  pour  rétablis- 
sement &  rehaussement  d'intérêts;  7.  Emprunt 
fait  par  les  Etats  pour  le  compte  du  roi  &  qui  est 
maintenant  à  la  charge  de  la  Province. 

Seconde  partie.  —  Deniers  provixcialx  :  I.  Frais 
de  l'administration  des  Etats.  I.  Frais  de  l'assem- 
blée annuelle  des  Etats;  2.  Frais  de  la  députation 
ordinaire  à  la  Cour;  3.  Frais  d'administration 
pendant  l'année;  4.  Pensions  de  retraite.  — 
II.  Dépenses  pour  la  perfection  &  l'encouragement 
des  sciences,  arts,  commerce,  manufactures,  mines, 
haras  &  autres  établissements  utiles,  i.  Sciences  & 
arts;  2.  Commerce,  manufactures  &.  fabriques: 
manufactures  royales  de  Saptes,  Clermont-Lcdève, 
Saint-Chinian,  Bize,  la  Trivalle,  la  Terrasse, 
Pennautier,  Aubenas,  Auterive,  Cuxac,  Montou- 
lieu;  3.  Mines  de  charbon  du  Vigan  &  de  Ségurj 
4.  Haras  de  Lédou,  de  Berlas,  d'Aumontel,  de  Mi- 
rabel;  5.  Postes;  6.  Hôpitaux.  (Bains  de  Balaruc.) 

'  Le  secrétaire  de  l'intendance  Dupin,  dans  une 
lettre  au  subdélégué  de  Toulouse,  datée  de  Mont- 
pellier le  29  janvier  1789,  caractérisait  ainsi  cette 
agitation  : 

«  Vous  n'ignorer  pas  toutes  les  protestations  qui 
se  signifient  au  greffe  des  États  de  la  part  des  corps, 
communautés,  diocèses,  &c.;  on  n'entend  parler 
que  d'assemblées.  C'est  une  véritable  épidémie  qui 
gagne  partout.  On  ne  sait  presque  plus  ce  que  l'on 
veut.  Nos  trois  ordres  de  Montpellier  commencent 
à  se  brouiller.  Les  commissaires  ne  veulent  point 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSyi 

ciellement,  les  États  feignaient  une  noble  indifférence,  mais  de  fait  ils  res- 
sentaient l'atteinte,  comme  ils  se  trouvaient  blessés  par  le  caractère  grave 
que  donnait  à  l'opposition  l'intervention  de  la  cour  des  comptes  Si  celle  du 
Parlement  de  Toulouse.  Ils  ne  s'étaient  pas  moins  émus  de  la  disposition  du 
règlement  royal  qui  ne  leur  permettait  pas  de  nommer  en  corps  une  déptita- 
tion  aux  Etats  généraux  de  Versailles.  L'archevêque  de  Narbonne  en  écrivit 
au  roi  5c  à  Necker  par  un  courrier  extraordinaire,  sollicitant  un  témoignage 
de  satisfaction,  qui  ne  lui  fut  pas  refusé. 

Le  i3  février,  le  roi  Louis  XVI  lui  répondit  de  sa  propre  main  : 

«  J'ai  toujours  été  content.  Monsieur,  de  l'administration  des  Etats  de  ma 
(1  province  de  Languedoc,  &C  je  connois  le  zèle  constant  qu'ils  ont  montré 
i<  pour  le  bien  de  l'Etat  &  pour  la  défense  des  intérêts  qui  leur  sont  confiés. 
«  C'est  uniquement  par  des  motifs  de  justice  &  d'administration  générale 
«  que  j'ai  déterminé  dans  mon  conseil  de  convoquer  aux  États  généraux  mes 
«  sujets  de  Languedoc  par  sénéchaussée.  Si  je  veux  que  les  États  continuent 
<i  de  gérer  les  affaires  de  ma  Province,  ainsi  qu'ils  l'ont  fait  jusqu'à  présent, 
(i  les  assurant  de  ma  protection  8c  de  ma  bienveillance.  Vous  connoissez, 
«  Monsieur,  mes  sentimens  pour  vous  8c  le  cas  particulier  que  je  fais  de  vos 
»  services.  » 

Une  longue  dépêche  du  directeur  général  des  finances  accompagnait  la 
lettre  du  roi  8c  la  développait,  dans  le  dessein  de  consoler  la  susceptibilité  des 
Etats. 

Necker  y  expliquait  que  le  roi  s'était  décidé  à  convoquer  ses  sujets  de  Lan- 
guedoc par  sénéchaussée,  8c  de  la  môme  manière  que  les  autres  habitants  du 
royaume,  après  une  mûre  délibération  dans  son  conseil  des  dépêches.  Les 
commissaires  du  conseil,  nommés  par  le  roi  pour  les  travaux  préparatoires  des 
États  généraux,  avaient  fait  un  rapport  de  tous  les  faits  8c  de  tous  les  motifs 
propres  à  éclairer  la  décision  de  Sa  Majesté,  8c  l'avis  du  conseil  avait  été  una- 
nime. Plusieurs  membres  des  États  seraient  sans  doute  nommés  aux  États 
généraux  par  le  choix  libre  des  sénéchaussées;  8c,  dans  tous  les  cas,  l'intention 
du  roi  était  d'appeler  auprès  de  lui  une  députation  des  États  de  Languedoc 
pendant  la  durée  des  États  généraux,  afin  que,  s'il  était  nécessaire,  tous  les 
services  rendus  à  la  Province  Se  à  la  France  par  les  États  de  Languedoc  fus- 
sent particulièrement  connus  des  représentants  de  la  nation  comme  ils  l'étaient 
du  gouvernement. 

K  Je  puis  vous  assurer,  poursuivait  le  ministre,  que  le  roi  a  examiné  la 
('  question  discutée  dans  son  conseil  avec  un  véritable  sentiment  d'affection 
(1  pour  les  États  de  Languedoc;  Sa  Majesté  rend  toute  la  justice  que  vous 

aller  à  Paris.   M.  le  comte  de  Ganges  s'est  retiré.  sanglant,   dit-on,   contre   M.  de  Narfconne,  &c., 

M.  de  Saint-Victor  se  barbouille.  Le  clergé  aban-  dans  un  discours,  sous  le  nom  de  M.  Gonon-Lou- 

donne  pour  ainsi  dire  la  partie;  ils  ne  savent  plus  bens,    un   de  vos   capitouls.   Si    j'avois  pu   me   le 

où  ils  en  sont  tous.  C'est  peut-être  effet  de  la  poli-  procurer,   je  vous  l'aurois  envoyé.   DtpiN  '.  » 

tique  de  Nosseigneurs  ^ui   s'assemblent   aussi  jour-  ^ 

nellement  :  divide  ut  règnes.  Il  paroît  un  pamphlet  '  Archives  de  la  Haute-Garoniic.  C.  62. 


1789 


1739 


.37: 


ETUDES  HISTORIQUES  SUR    LE  LANGUEDOC, 


«  pouvez  désirer  à  leur  administration,  &  les  ministres  du  roi  ont  partagé  ses 
«  sentimens. 

(i  Nous  n'avons  pas  entendu  parler  des  députés  annoncés  par  les  lettres  du 
«  Languedoc;  ils  n'auront  aucune  affaire  à  traiter  ici,  puisque  les  lettres 
«  de  convocation  seront  parties  8<.  qu'ils  ne  seront  pas  admis  à  discuter  l'ad- 
«  ministration  de  la  Province.  » 

Le  même  courrier  apportait  au  comte  de  Périgord  une  lettre  de  M.  de 
Villedeuil,  avec  un  arrêt  du  conseil  d'Etat,  du  i3  février,  cassant  deux  arrêtés 
de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier. 

Cette  compagnie,  non  contente  de  son  vigoureux  réquisitoire  du  22  décem- 
bre, avait  renouvelé  ses  attaques  contre  les  Etats,  les  définissant  un  corps  sans 
réalité,  une  assemblée  sans  caractère,  une  administration  sans  pouvoirs.  Le 
conseil  d'Etat  déclarait  avec  raison  que  l'objet  de  ces  arrêtés  était  totalement 
étranger  aux  fonctions  de  la  cour  des  comptes,  &  qu'en  qualifiant  ainsi  une 
assemblée  légale  convoquée  par  les  ordres  du  roi,  non-seulement  elle  mécon- 
naissait les  services  d'une  administration  qui,  dans  tous  les  temps,  avait  bien 
mérité  de  la  Province  &  de  l'Etat,  mais  sa  démarche  inconsidérée  avait  donné 
lieu  à  des  protestations  8c  des  significations  faites  aux  corps  des  Etats  assem- 
blés par  des  personnes  qui  prenaient  la  qualité  de  syndics  de  diverses  associa- 
tions, sans  y  être  autorisées  par  le  roi.  Le  conseil  annulait  les  deux  arrêtés 
comme  contraires  à  la  justice  Se  aux  convenances,  défendait  à  la  cour  d'en 
prendre  de  semblables  à  l'avenir  &  enjoignait  aux  Etats  de  continuer  leurs 
fonctions,  sans  égard  aux  protestations  signifiées,  en  se  conformant  à  leurs 
règlements  &  à  leurs  usages. 

Les  États  publièrent  ces  documents  dans  leur  procès-verbal,  les  considérant 
comme  un  nouveau  titre  &  comme  un  encouragement  à  poursuivre  leurs  tra- 
vaux; &  quand  ils  se  séparèrent  le  21  février',  après  avoir  pourvu,  selon  la 


'  Ce  jour  même,  les  États  acceptèrent  la  dédicace 
de  VEstelU,  de  Florian.  Voici  le  texte  de  leur  déli- 
bération, qui  n'est  pas  sans  intérêt  pour  l'histoire 
littéraire  : 

Il  Monseigneur  l'archevêque  de  Narbonne  a  dit 
ensuite  que  M.  de  Florian,  capitaine  de  dragons, 
gentilhomme  de  S.  A.  S.  Monseigneur  le  duc  de 
Penthièrre,  de  l'Académie  françoise  &  des  Acadé- 
mies de  Madrid,  de  Florence,  de  Lyon,  de  Nismes, 
d'Angers,  &c.,  lui  a  adressé  un  exemplaire  de  sa 
pastorale  intitulée  Eitelle,  pour  le  présenter  aux 
Etats  ; 

«  Que  cet  hommage  d'un  auteur  célèbre  dans  la 
littérature,  l'éloquence  &  la  poésie,  seroit  sans 
doute  à  ce  seul  titre  agréable  à  l'assemblée; 

Il  Mais  que  M.  de  Florian  avoit  encore  des 
droits  plus  personnels  pour  espérer  que  son  ou- 
vrage fût  reçu  arec  la  flatteuse  émotion  de  la  sen- 
sibilité { 

«  Que  le  lieu  de  la  scène  de  cette  pastorale,  peu 


éloigné  de  nous,  est  ce  vallon  riant  &  fertile 
qu'arrose  le  Gardon; 

Il  Que  l'auteur,  né  dans  cette  heureuse  contrée, 
paroît  n'avoir  eu  en  vue  dans  cet  ouvrage  que 
d'exprimer  le  tendre  souvenir  des  lieux  qui  l'ont 
vu  naître,  &  la  douce  impression  qu'il  conserve 
des  premiers  soins  qu'on  a  donné  à  son  enfance; 

Il  Qu'il  y  a  joint  des  notes  où  l'érudition  s'est 
réunie  au  sentiment,  pour  rassembler  tous  les  faits 
propres  à  relever  l'honneur  &  la  gloire  du  Lan- 
guedoc; 

Il  Que  l'épître  dédicatoire  aux  États  est  peut-être 
l'éloge  le  plus  intéressant  qu'on  ait  fait  de  leur 
administration  ; 

Il  Que  cet  ouvrage  ne  respire  d'un  bout  à  l'autre, 
sous  le  voile  des  mœurs  champêtres,  qu'amour  de 
la  patrie,  que  raison  embellie  de  la  seule  parure 
de  la  nature  &  de  la  vertu  ; 

Il  Qu'enfin  les  grâces  du  style,  la  fraîcheur  des 
images,  la  pureté  des  sentimens,  la  candeur  naïve 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSyS 

coutume,  à  la  nomination  des  commissaires  pour  la  tenue  des  assiettes,  ils  ne 
se  doutèrent  pas  qu'ils  accomplissaient  le  dernier  acte  de  leur  existence  poli- 
tique, 8t  qu'à  l'époque  présumée  de  leur  prochaine  convocation  il  n'y  aurait 
plus  de  Province  de  Languedoc. 


CHAPITRE  III 

Assemblées  des  sénéchaussées.  —  Election  des  députés  aux  Etats  généraux.  —  Cahiers  de  doléances  des 
trois  ordres.  —  Caractère  de  cette  enquête  :  vœux  particuliers.  —  États  généraux.  —  Assemblés 
nationale.  —  Abolition  du  régime  féodal.  —  Suppression  des  Parlements  &  des  intendances. 
Division  de  la  Province  en  départements.  —  Arrêtés  de  la  chambre  des  vacations.  —  Commissariat 
provisoire.  —  Fin  de  la  Province. 

Voici  comment  se  formèrent,  dans  les  douze  sénéchaussées  de  la  Province 
de  Languedoc,  les  assemblées  électorales  destinées  à  nommer  les  députés  aux 
Etats  généraux  du  royaume  8t  à  rédiger  les  cahiers  de  doléances.  Les  ordres 
de  convocation  avaient  été  transmis  par  le  commandant  en  chef,  faisant  fonc- 
tion de  gouverneur,  aux  douze  sénéchaux  qui  durent  présider  chacun  l'as- 
semblée générale  des  trois  ordres  de  sa  circonscription. 

Tous  les  ecclésiastiques  possesseurs  de  bénéfices  eurent  à  comparaître  en 
personne  ou  k  se  faire  représenter  individuellement  par  procureurs.  Ceux 
qui  n'étaient  pas  bénéficiers  &  qui  habitaient  les  villes  durent  se  réunir  en 
assemblée  préparatoire  8c  taire  choix  d'un  électeur  par  vingt  ecclésiastiques 
présents.  Les  chanoines  nommèrent  un  électeur  sur  dix,  &  le  clergé  inférieur 
attaché  aux  chapitres,  un  sur  vingt.  Tous  les  autres  corps  St  communautés 
rentes  envoyèrent  chacun  un  seul  procureur-fondé. 

Les  membres  de  la  noblesse  furent  convoqués  individuellement,  qu'ils  fus- 
sent ou  non  propriétaires  de  fiefs,  le  roi  voulant  honorer  leur  distinction 
héréditaire,  St  appelés  à  comparaître  en  personne  ou  à  se  faire  représenter  par 
procureurs. 

Quant  aux  membres  du  tiers  état,  leur  nombre  disproportionné  avec  celui 
des  deux  ordres  privilégiés,  avait  fait  adopter  un  système  d'élections  graduées. 
Dans  les  villes  principales,  il  y  eut  d'abord  des  assemblées  de  corporations. 
Chaque  corporation  de  métiers  nomma  un  délégué  sur  cent  membres  pré- 
sents, 8c  chaque  corporation  d'arts  libéraux  deux  sur  cent.  On  admit  la 
même  proportion  pour  les  habitants  des  villes,  appartenant  au  tiers  état,  qui 
ne  faisaient  partie  d'aucune  corporation.  Les  délégués  choisis  par  ces  divers 
groupes  constituèrent  l'assemblée  du  tiers  état  de  la  ville  qui  eut  à  se  réunir 

&  attachante  des  interlocuteurs  de  cette  pastorale       présenté,  &  de  prier  Monseigneur  l'archevêque  de 

portent  à  ce  calme  paisible  qu'il  seroit  heureux  de       Narbonne  de  témoigner  à  M.  de  Florian  leur  sa- 

répandre  partout  dans  les  esprits  &  dans  les  cœurs;        tisfaction  &  leur  sensibilité  '.  u 

M  Sur  quoi    les  États  ont  délibéré   d'accepter  la  ,  n      ■.         ,,  ,  .      ,j..,    j    ,  j       £. , 

\  "^  '  Procès-verbal  des  Etats  de  Languedoc.  Siiance  du  ai  It'- 

dedicace  de  l'ouvrage  &  1  exemplaire  qui  leur  est       vrier  1789, 


1789 


■j-^ 1874  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

dans  l'édifice  municipal,  à  dresser  le  cahier  des  plaintes  8c  doléances  locales 
Se  à  nommer  ses  députés  électeurs  pour  l'assemblée  générale  de  sénéchaussée. 

Ils  s'y  rencontrèrent  avec  les  députés  des  paroisses  &  communautés  de  cam- 
pagnes, élus  dans  la  proportion  de  deux  députés  par  deux  cents  feux  &  por- 
teurs aussi  de  leurs  cahiers  particuliers. 

Dans  chaque  assemblée  générale  de  sénéchaussée,  le  sénéchal  président 
donna  d'abord  acte  aux  membres  présents  de  leur  comparution  &  donna 
défaut  contre  les  absents,  fit  procéder  à  la  vérification  des  pouvoirs  &  prêter 
serment  par  chacun  des  électeurs  de  participer  fidèlement  à  la  rédaction  des 
cahiers  &  à  l'élection,  au  scrutin  secret,  de  notables  personnages  pour  repré- 
senter, dans  la  proportion  fixée  par  le  roi,  les  trois  ordres  de  la  sénéchaussée 
aux  États  généraux  de  France. 

Tel  fut  le  mécanisme  de  la  grande  8c  solennelle  enquête  d'où  devait  sortir 
le  renversement  de  l'ancien  régime.  C'était  la  première  fois,  depuis  bien 
longtemps,  que  des  assemblées  réellement  représentatives  allaient  porter  un 
jugement  sur  la  marche  des  affaires  8c  intervenir  dans  la  gestion  de  leurs 
propres  intérêts. 

Nous  ne  pouvons  suivre  dans  le  détail  les  opérations  de  ces  assemblées,  les 
intrigues  8c  les  antagonismes  qui  furent  en  jeu';  nous  nous  contenterons 
d'indiquer  une  particularité  assez  remarquable  qui  signala  les  réunions  pré- 
paratoires du  tiers  état  dans  la  capitale  de  la  Province.  Toulouse  s'était 
d'abord  flattée  d'envoyer  une  députation  particulière  aux  Etats  généraux  en 
se  fondant  sur  ce  qu'elle  était  considérée  comme  diocèse  particulier  dans  l'or- 
ganisation du  Languedoc.  L'article  XXIX  du  règlement  royal  coupait  court 
à  cette  prétention,  en  décidant  que  nulle  autre  ville  que  celle  de  Paris  n'en- 
verrait de  députés  particuliers,  les  grandes  villes  devant  en  être  dédommagées, 
soit  par  le  plus  grand  nombre  de  députés  accordé  à  leur  bailliage  ou  séné- 
chaussée à  raison  de  leur  population,  soit  par  l'influence  qu'elles  devaient 
avoir  sur  le  choix  de  ces  députés. 

Ce  fut  précisément  contre  cette  influence  que  se  révoltèrent  la  plupart  des 
délégués  de  la  région,  8c  l'opposition  qui  se  produisit  causa  plus  d'un  orage 
dans  la  vaste  nef  des  Cordeliers,  où  avait  été  convoqué  le  tiers  état. 

Une  réaction  violente  se  manifestait,  d'ailleurs,  contre  les  capitales  de  pro- 
vince. 

Les  cantons  situés  en  dehors  de  leur  sphère  d'action  directe  rejetaient  leur 
suprématie,  se  plaignaient  d'avoir  été  sacrifiés  pour  les  embellir  à  leurs  pro- 
pres dépens  8c  affectaient  à  leur  égard  une  hostilité  déclarée.  Par  un  de  ces 
contrastes  étranges  qui  ne  sont  point  rares  dans  l'histoire  des  peuples,  au 
moment  même  où  les  conceptions  les  plus  larges  8c  les  plus  généreuses  pas- 
sionnaient les  âmes,  certain  esprit  de  particularisme  étroit  8c  de  jalousie  mes- 
quine se  réveillait  aussi  8c  rabaissait   par  ses  chicanes  la  majesté  du    fait 

■  Voir  aux  Pièces  justificatives  les  ordonnances  n.  DCCCCLXXI,  col.  25i3,  &  celle  du  lieutenant 
du  sénéchal  de  Toulouse  pour  la  convocation  des  général  de  la  sénéchaussée,  n.  DCCCCLXXII, 
États   généraux,    n.    DCCCCLXX,  col.   i5oj,    8c       col.  iSiy. 


LIV,  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSyj 

national.  Les  querelles  de  préséance  les  plus  minutieuses  tinrent  une  place 
considérable  dans  ces  débats.  Les  délégués  de  Toulouse,  arrivés  à  la  réunion 
tout  infatués  des  traditions  8c  des  prétentions  capitulaires,  furent  loin  de 
rencontrer  auprès  de  leurs  collègues  la  déférence  8c  la  soumission  qu'ils  se 
croyaient  en  droit  d'exiger.  On  trouva  un  malin  plaisir  à  les  faire  figurer 
au  dernier  rang  dans  l'appel  nominal  des  six  diocèses,  bien  qu'ils  eussent 
été  placés  en  tête  par  le  sénéchal  dans  l'assemblée  générale  8c  que,  de  leur 
cùté,  les  réunions  particulières  du  clergé  8c  de  la  noblesse  eussent  maintenu 
sa  place  d'honneur  à  la  députation  du  diocèse  de  Toulouse,  conformément  à 
l'usage  8c  aux  titres  de  la  métropole. 

Ceux  que  l'on  appelait  à  Toulouse  les  députés  étrangers,  c'est-à-dire  ceux 
des  cinq  diocèses  d'Albi,  Montauban,  Lavaur,  Rieux  Se  Comminges,  semblè- 
rent prendre  à  tâche  de  s'isoler  8c  de  faire  leurs  affaires  eux-mêmes.  Ils  tin- 
rent des  conciliabules  séparés,  au  siège  même  de  la  sénéchaussée,  chaque 
diocèse  occupant  un  bureau  distinct  que  désignait  aux  arrivants  une  inscrip- 
tion affichée  sur  la  porte,  8c  ce  fut  dans  ces  réunions  exclusives,  où  l'on 
exigeait  l'adhésion  des  électeurs  sous  la  foi  du  serment,  que  les  choix  furent 
arrêtés  d'avance  6c  assurés  par  des  engagements  réciproques,  de  façon  à  rendre 
entièrement  illusoire  la  liberté  du  vote  dans  la  séance  solennelle  d'où  devait 
sortir  la  liste  définitive  des  élus.  On  racontait  que  des  manœuvres  Se  des 
actes  de  corruption  s'étaient  produits  dans  ces  réunions  préparatoires,  où  l'on 
avait  vu  les  officiers  du  sénéchal  8c  divers  personnages  qui  dépendaient  de 
cette  juridiction,  venir  solliciter  ouvertement  le  vote  des  électeurs  en  faveur  du 
juge-mage,  offrant  en  récompense  de  leur  assurer  pour  leurs  candidats  pré- 
férés l'appoint  de  cent  vingt-cinq  suffrages  dont  ils  croyaient  pouvoir  disposer. 

Le  terrain  se  trouvant  ainsi  préparé,  8c  les  opinions  gagnées  à  l'avance, 
l'assemblée  générale  n'était  plus  qu'une  vaine  cérémonie,  pourtant  tumul- 
tueuse 8c  confuse,  où  les  députés  de  la  ville  8c  du  diocèse  de  Toulouse, 
affaiblis  par  la  défection  de  quelques-uns  de  leurs  collègues,  rencontraient 
une  hostilité  systématique,  s'entendaient  huer  8c  bafouer  quand  ils  essayaient 
de  prendre  la  parole  6c  se  voyaient  réduits  à  n'être  que  les  témoins  impuis- 
sants 8c  dédaignés  d'une  manifestation  nationale  où  ils  s'étaient  flattés  de 
jouer  le  principal  rôle. 

En  pays  d'avocats  8c  de  procureurs,  le  mécontentement  ne  pouvait  manquer 
de  prendre  une  forme  judiciaire.  Le  6  avril,  un  député  de  Toulouse,  maître 
Pescaire,  procureur  du  roi  des  traites  8c  foraines,  fit  signifier  aux  capitouls 
une  requête  appuyée  d'un  certain  nombre  de  signatures  où  étaient  dénoncés 
en  termes  violents  les  scènes  de  cabale  8c  d'intrigue,  les  abus  d'autorité  qui 
faussaient  la  sincérité  de  l'élection  6c  les  «  horreurs  »  commises  par  quel- 
ques-uns des  représentants  de  la  ville  8c  du  diocèse  qui  «  jetoient  dans  l'as- 
«  semblée  le  désordre  8c  la  confusion.  » 

Le  lendemain,  un  député  de  la  commune  d'Aigrefeuille,  maître  Arbanère, 
au  nom  de  plusieurs  de  ses  collègues  du  diocèse  de  Toulouse,  adhéra,  par 
acte  public,  aux  conclusions  de  la  requête. 


.789 


I 


~ 1376  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  question  fut  longuement  agitée  dans  le  petit  consistoire;  on  y  résuma 
l'ensemble  des  témoignages,  &.  l'on  crut  pouvoir  reconnaître,  dans  les  dispo- 
sitions des  cinq  diocèses,  un  parti-pris  d'exclure  absolument  la  ville  de  Tou- 
louse de  la  députation  aux  Etats  généraux. 

Des  faits  analogues  avaient  été  signalés  en  Guienne,  &,  sur  le  rapport  des 
cabales  que  l'on  soupçonnait  pouvoir  être  faites  par  les  députés  du  dehors  au 
préjudice  de  la  ville  de  Bordeaux,  une  ordonnance  royale  avait  prescrit  que 
sur  les  huit  députés  attribués  au  tiers  état  de  la  sénéchaussée,  il  en  serait 
choisi  quatre  dans  la  capitale  de  la  province'. 

Fort  de  ce  précédent,  le  conseil  politique  députa  le  marquis  de  Gramont 
auprès  du  roi,  avec  mission  expresse  de  lui  dénoncer  les  injustices  dont  la 
ville  avait  à  se  plaindre  dans  les  réunions  du  tiers  état,  de  solliciter  en  faveur 
de  Toulouse  un  règlement  analogue  à  celui  qui  sauvegardait  les  droits  de 
Bordeaux,  Si  mieux  encore  de  revendiquer  le  rétablissement  du  privilège  sécu- 
laire qu'avait  Toulouse  d'envoyer  ses  députés  à  part  aux  Etats  du  royaume. 
Cette  dernière  démarche,  pur  anachronisme,  ne  pouvait  trouver  grâce  devant 
l'esprit  d'uniformité  consacré  par  le  règlement.  En  même  temps,  il  fut  porté 
plainte  au  Parlement  à  raison  des  tentatives  de  corruption  &  de  captation  de 
suffrages^. 

Ces  démarches  tardives  n'eurent  avicun  effet  sur  la  marche  des  événements. 

En  écrivant  à  l'archevêque  de  Narbonne,  pour  dissiper  les  inquiétudes  que 
lui  causait  l'agitation  générale  du  pays,  Necker  avait  exprimé  l'espérance 
que  plusieurs  membres  des  Etats  de  Languedoc  seraient  députés  par  les  séné- 
chaussées aux  Etats  généraux  du  royaume. 

Cette  espérance  ne  se  réalisa  que  d'une  façon  assez  incomplète. 

Le  président-né  des  Etats  de  Languedoc,  qui  avait  joué  un  assez  grand 
rôle  dans  les  deux  assemblées  des  notables,  ne  fut  pas  nommé,  comme  si 
l'esprit  d'antagonisme  qui  poursuivait  le  corps  administratif  de  la  Province 
avait  voulu  le  frapper  da-ns  son  chef.  Sur  vingt  &  un  députés  de  l'Église, 
on  ne  compta  que  six  prélats  :  M.  de  Fontanges,  archevêque  de  Toulouse; 
M.  de  Bernis,  archevêque  de  Damas,  coadjuteur  d'Albi;  M.  de  Royère, 
évêque  d«  Castres;  M.  de  Malide,  évêque  de  Montpellier;  M.  de  Béthisy 
de  Mézières,  évêque  d'Uzès;  M.  Courtois  de  Balore,  évêque  de  Nimes^.  Il  y 
avait  encore  un  dignitaire  de  chapitre,  l'abbé  de  Pampelonne,  archidiacre 
de  la  cathédrale  de  Viviers.  Tous  les  autres  députés  ecclésiastiques  étaient 
des  curés,  les  uns  choisis  dans  le  clergé  des  villes,  à  Béziers,  à  Carcassonne, 
au  Saint-Esprit,  à  Toulouse,  à  Mazamet,  à  Craponne;  les  autres,  dans  les 
paroisses  rurales,  tels  que  ceux  d'Argeliers,  de  Baziége,  de  Belvis,  de  Saint- 
Chély,  de  Villefort,  de  Saint-Remy,  de  Rivières  en  Albigeois  8c  de  Chômeras. 
Ainsi,  le  clergé  inférieur,  qu'une   loi  jalouse  excluait  des  Etats  de  la  Pro- 

'  Ordonnance  du  roi  du   i5  mars  1789.  Duroux,    Mascart,   Carol,   Roucoule  &  Manarit. 

'  Séance  du  7  avril  1789.  La  rédaction  des  mé-  '  On  trouvera  aux  Pièces  just.  n.  DCCCCLXXIII, 

moires  dont  on    chargea    le  marquis  de  Gramont  col.  2319,  la  liste  complète  des  députés  de  la  Pro- 

fut  confiée  au  chevalier  de  Cambon  &  à  Meisieurs  vincc  aux  Etats  généraux. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1877 

vince,  arrivait  en  forte  majorité  dans  l'assemblée  de  la  nation,  porté  par  le 
courant  des  idées  nouvelles. 

Parmi  les  députés  de  la  noblesse,  les  militaires  étaient  nombreux.  On  y 
voyait  au  premier  rang  le  marquis  de  Vaudreuil ,  lieutenant  général  des 
armées  navales  &  grand-croix  de  Saint-Louis;  trois  maréchaux  de  camp  : 
les  comtes  de  Montcalm-Gozon,  de  Toulouse-Lautrec  8c  de  la  Linière;  trois 
colonels  :  les  marquis  de  Fournès,  de  Royal-Champagne  cavalerie;  de  La 
Tour-Maubourg,  commandant  le  régiment  de  Soissonnois,  &  d'Escouloubre, 
commandant  le  régiment  de  Marine-Infanterie;  un  ancien  premier  lieutenant 
de  la  gendarmerie,  le  marquis  d'Apchier ';  un  capitaine  du  génie,  le  marquis 
de  Satilieu,  &c  un  ancien  officier  d'infanterie,  le  marquis  du  Pac  Badens. 

Les  autres  gentilshommes  étaient,  pour  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  les 
marquis  de  Panât  S<.  d'Avessens  de  Saint-Rome,  8c  un  président  à  mortier  du 
Parlement,  M.  Desinnocens  de  Maurens;  pour  la  sénéchaussée  de  Nimes, 
les  barons  de  Marguerittes  8c  d'Aigalliers;  pour  le  bas  Vivarais,  les  comtes  de 
Vogué  Se  d'Entraigues;  pour  la  sénéchaussée  de  Montpellier,  le  marquis  de 
Saint-Maurice;  pour  celle  de  Béziers,  le  baron  de  Jessé;  pour  celle  de  Limoux, 
le  baron  de  Rouvenac. 

Quelques-uns  de  ces  gentilshommes,  emportés  par  le  mouvement  philoso- 
phique auquel  la  haute  société  semblait  céder  avec  une  sorte  d'entraînement, 
s'étaient  déjà  signalés,  en  plus  d'une  occasion,  par  la  générosité  de  leurs  opi- 
nions libérales. 

Les  marquis  d'Escouloubre*  8c  de  Panât,  reçus  le  même  jour  à  l'Académie 
des  Jeux-Floraux,  le  11  mars  1787,  avaient  profité  de  cette  solennité  acadé- 
mique pour  accentuer  leurs  tendances  dans  leurs  discours  de  remercîment, 


1789 


■  Jean-Joseph  de  Châteauneuf-RanJon,  marquis 
é'Apchier,  était  baron  des  Etats  de  Languedoc, 
mais  baron  peu  conraincu.  Il  écriTait,  le  |6  fé- 
Trier  1789,  à  son  cousin,  président  de  la  noblesse 
assemblée  à  Marvéjols  :  «  Je  regrette  seulement 
d'être  retenu  ici  (à  Toulouse)  pour  des  affaires 
dont  TOUS  connoissez  l'importance,  &  de  perdre 
la  seule  occasion  que  j'aurai  peut-être  en  ma  rie, 
de  me  trourer  réuni  à  un  corps  qui  n'a  d'autre 
désir  que  celui  de  rendre  plus  heureux  tous  ses 
concitoyens.  Animé  du  même  zèle,  je  l'aurois  prié 
de  recevoir  le  département  que  je  fais  de  ma 
baronnie  aux  Etats  de  Languedoc,  que  j'avois  re- 
connus depuis  longtemps  mal  constitués  &  vicieux 
sous  tous  les  rapports.  C'est  à  vous,  mon  cher 
cousin,  à  faire  agréer  ce  léger  sacrifice.  Tout  le 
prix  que  j'en  demande  est  de  voir  régner  dans  les 
trois  ordres  l'union  sur  tous  les  objets  qu'on  aura 
à  traiter.  Nous  avons  enfin  obtenu  des  Etats  géné- 
raux, mais  à  quoi  serviroient-ils,  si  des  querelles 
particulières  d'ordre  à  ordre  alloient  employer  le 
temps  qui  doit  être  destiné  à  rétablir  la  chose 
publique?  Je  n'entends  pas,  cependant,  mon  cher 


cousin,  qu'il  faille  accéder  à  «outej  les  demandes; 
je  ne  désire  pas  que  M.  l'évêque  de  Mende  ne 
puisse  être  présidé  par  personne;  je  pense,  ,iu 
contraire,  qu'il  doit  l'être;  qu'il  faut  s'opposer  à 
cette  prétention  ridicule;  mais  qu'il  est  tant  de 
manières  de  refuser,  qu'il  faut  toujours  prendre 
celle  qui  aliène  le  moins  les  esjfrits.  Le  clergé 
perd  un  grand  procès;  il  faut  lui  passer  l'inquié- 
tude momentanée  que  cela  peut  lui  donner,  sans 
craindre  qu'il  reprenne  jamais  le  droit  d'être  seul 
administrateur  comme  il  l'étoit  ci-devant'.  » 

'  Louis-Gaston-François  de  Monstron,  marquis 
d'Escouloubre,  né  à  Toulouse  le  i3  janvier  1755, 
fils  d'une  sœur  du  marquis  de  Montcalra,  illustré 
par  son  héroïque  &  malheureuse  campagne  au 
Canada,  servit  d'abord  au  régiment  du  Roi  &  fut 
tour  à  tour  capitaine  dans  Royal-Normandie  ca- 
valerie, &  colonel  des  régiments  de  Bresse  &  de 
Marine-Infanterie.  Il  avait  épousé,  en  1776,  une 
fille  du  marquis  de  Puyiaroque. 


■  Documentt  historiques  sur  ta  province  de  Civaudan, 
par  M.  Gustave  de  BurJiii,  11,  p.  1  jlj. 


xm. 


87 


~ 1878  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

.le  premier,  en  félicitant  les  littérateurs  formés  par  la  compagnie  d'avoir 
«  combattu  avec  succès  la  fureur  des  croisades,  les  horreurs  de  l'inquisition, 
«  l'esprit  d'intolérance  &.  les  abus  que  des  fanatiques  revêtus  d'un  habit 
«  respectable  faisoient  de  la  piété  de  nos  pères;»  le  second,  en  regrettant 
le  vice  de  l'éducation  donnée  à  la  noblesse  française,  uniquement  partagée 
entre  les  fatigues  de  la  guerre  &  les  frivolités  du  monde,  l'indifférence  que 
les  représentants  des  hautes  familles  professaient  encore  pour  l'éloquence,  8< 
en  reprochant  aux  gentilshommes  cet  «  étrange  préjugé  qui  leur  montroit 
Il  l'avancement  militaire  comme  l'unique  but  de  leur  ambition.  »  Saluant 
en  espérance  l'aurore  d'une  monarchie  parlementaire,  il  avait  fait  voir  que 
le  jour  approchait  où  la  chaire  &  le  barreau  n'absorberaient  plus  la  puissance 
de  la  parole,  84  où  la  noblesse,  pour  qui  il  rêvait  sans  doute  le  rôle  politique 
de  l'aristocratie  anglaise,  n'abandonnerait  plus  à  la  magistrature  8c  au  clergé 
le  droit  d'élever  la  voix  dans  les  conseils  de  la  France,  u  pour  le  salut  de 
«  l'État  8<.  pour  le  soulagement  du  peuple'.  » 

Dans  la  députation  du  tiers  état,  les  officiers  de  justice  occupaient  une 
place  considérable. 

Il  y  avait  quatre  lieutenants  généraux  de  sénéchaussée  :  celui  de  Tou- 
louse, M.  de  Lartigue;  celui  du  Puy,  M.  Bonet  de  Treyches  ;  celui  de 
Mende,  M.  Rivière,  &  celui  de  Béziers,  M.  Gleises  de  la  Blanque,  premier 
conseiller  de  Monsieur;  un  lieutenant  principal  , du  présidial  de  Nimes, 
M.  Ricard;  le  doyen  des  conseillers  de  Villeneuve  de  Berg,  M.  Dubois- 
Maurin;  un  avocat  du  roi  au  siège  présidial  de  Carcassonne,  M.  Ramcl- 
Nogaret;  un  procureur  du  roî  au  siège  présidial  de  Castelnaudary,  M,  de 
Guilhermy;  un  seul  officier  de  l'administration  provinciale,  le  syndic  du  dio- 
cèse d'Alet;  tm  conseiller  au  sénéchal  de  Castres;  cinq  maires  de  communes  : 
celui  de  Nimes,  le  baron  de  Marguerittes;  celui  d'Uzès,  Chambon  de  la 
Tour;  celui  de  Gaillac,  le  docteur  Fos  de  la  Borde;  celui  de  Bourg-Saint- 
Andéol,  Madier  de  Monjau,  &  celui  du  Saint-Esprit,  Valérian  Duclos. 

Les  avocats  formaient  surtout  une  grande  majorité  ;  on  en  comptait 
quinze.  Il  y  avait  encore  un  licencié  es  lois,  Martin  d'Auch;  un  médecin,  le 
docteur  CcHiipmas,  citoyen  de  Monestier;  trois  négociants,  dont  un  de  Tou- 
louse, un  de  Carcassonne  8c  un  de  Saint-Pons.  Un  seul  député  portait  le 
titre  de  propriétaire,  devenu  si  commun  dans  notre  société  contemporaine  : 
c'était  M.  Jac,  de  la  sénéchaussée  de  Montpellier.  Les  autres  représentants 
étaient  des  bourgeois,  sans  qualification  particulière,  habitants  de  diverses 
petites  villes.  La  religion  réformée,  si  longtemps  bannie  de  tout  rôle  politique 
en  Languedoc,  s'était  affirmée  avec  éclat  en  envoyant  aux  États  généraux  de 
France,  outre  Boissy  d'Anglas,  le  fils  d'un  des  plus  éminents  pasteurs  du 
Désert,  Rabaut  de  Saint-Etienne,  destiné  à  prendre  un  rang  distingué  parmi 
les  orateurs  de  l'Assemblée  nationale. 

■  Recueil  des  ouvrages    de   poésie   &  d'cloijucncc  présentes  par  l'académie  des  Jeux  floraux.  Toulouse. 
Desclassaii.  MDCCLXXXVUl. 


LIV,   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  REVOLUTION.  iSyç 

Fn  même  temps  que  les  bailliages  nommaient  leurs  députes,  ils  dressaient 
aussi  leurs  doléances. 

Bien  loin  d'avoir  été  rédigés,  comme  on  l'a  souvent  écrit  fort  légèrement, 
sous  l'inspiration  d'un  mot  d'ordre  uniforme  &  sous  l'empire  d'une  sorte  d'en- 
traînement irréfléchi,  les  cahiers  des  sénéchaussées,  par  leurs  développements 
variables,  par  leur  physionomie  distinctive,  par  le  grand  nombre  de  points 
particuliers  qu'ils  présentent,  révèlent  toute  l'application  de  ceux  qui  les  pré- 
parèrent &  toute  la  gravité  d'une  information  qu'on  avait  à  cœur  de  rendre 
complète.  Non-seulement  les  vœux  diffèrent  d'ordre  à  ordre,  comme  le  vou- 
laient souvent  des  intérêts  divergents  ou  même  contraires,  mais  dans  chaque 
ordre  ils  présentent  des  variantes  suivant  la  nature  spéciale  de  la  région  d'où 
ils  émanent.  De  cette  façon,  8c  pour  tous  les  points  de  la  Province,  les  cahiers 
de  1789  forment  comme  une  révision  théorique  du  passé.  En  parcourant 
l'ensemble  de  ces  textes  que  nous  avons  cru  devoir  réunir,  nos  lecteurs  y 
retrouveront,  réduit  en  formules,  le  redressement  désiré  de  tous  les  désordres, 
de  toutes  les  confusions,  de  tous  les  abus  dont  le  détail  a  tant  de  fois  sollicité 
leur  attention  dans  le  cours  de  cette  histoire.  Tant  il  est  vrai  que  le  grand 
mouvement  national  de  1789,  loin  d'être  une  improvisation  aventureuse,  un 
emportement  passager,  fut  la  résultante  inévitable  de  tout  l'effort  progressiste 
qui  s'était  usé  pendant  la  période  antérieure.  Nous  sortirions  des  limites  de 
notre  cadre  si  nous  voulions  dégager  un  à  un  tous  les  éléments  de  cette 
démonstration.  Nous  nous  contenterons  de  grouper  les  principaux  dans  une 
rapide  synthèse. 

Signalons  d'abord  les  différences  profondes  qui  séparent  les  divers  cahiers 
de  Languedoc j  quelques-uns  d'entre  eux  sont  de  véritables  traités  divisés 
méthodiquement,  distribués  avec  ordre  &  creusant  l'idée  jusque  dans  ses 
moindres  détails;  d'autres  sont  presque  de  simples  notes,  d'une  extrême 
concision,  désignant  plutôt  des  objets  d'étude  que  traçant  un  programme 
défini. 

Le  plus  étendu  des  cahiers  de  Languedoc  est  celui  du  clergé  de  Vêlai".  Il 
est  partagé  en  quatre  parties  :  religion,  état  du  clergé,  constitution  5<  admi- 
nistration générale  du  royaume,  impositions  du  Vêlai.  Vient  *en  seconde 
ligne  le  cahier  du  tiers  état  de  Montpellier*,  divisé  en  treize  chapitres  :  sur 
la  constitution  du  royaume,  sur  la  constitution  Se  administration  générale  de 
la  Province,  sur  les  municipalités,  police  du  royaume,  domaines  de  la  cou- 
ronne, impôts  &  dettes  nationales,  administration  de  la  justice,  église,  agri- 
culture, commerce,  manufactures,  droits  seigneuriaux,  demandes  locales  6c 
particulières.  La  noblesse  de  Villeneuve  de  Berg,  ou  du  bas  Vivarais,  tient 
le  troisième  rang,  avec  soixante-trois  articles,  répartis  en  «  pouvoirs  »  8c  en 
«  instructions^.  >>  Le  clergé  de  la  même  sénéchaussée  présente  un  cahier  k 
peine  moins  étendu   sous    les   chefs  :  libertés,   propriétés,   administration, 

■  Pièces  justifie,  n.  DCCCCLXXVIII,  col.  îâàû.  '  Picres  justificatives,  n.  DCCCCXCVI,  col.  2729. 

'  Pièces  justificai.  n.  DCCCCXCVIIl,  col.  zyoâ. 


1789 


1789 


[38o 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


impôts,  justice,  bénéfices  8t  biens  ecclésiastiques,  religion,  discipline  Se  juri- 
diction ecclésiastique,  études  Se  collèges'.  Le  tiers  état  de  Nimes  distribue  ses 
instructions  en  sept  chapitres  :  de  la  constitution,  des  Etats  généraux  8c 
provinciaux,  de  l'administration  de  la  justice,  de  la  liberté,  de  l'agriculture, 
des  établissements  utiles  &  des  réformes*.  Le  sixième  cahier,  dans  l'ordre 
d'importance  des  développements,  est  celui  de  la  noblesse  de  Carcassonne^, 
qui  n'a  pas  de  divisions.  Le  clergé  de  la  même  sénéchaussée  ordonne  ses 
doléances  en  cinq  titres  :  de  la  foi  &  des  moyens  de  la  conserver,  de  la  disci- 
pline de  l'Église,  du  choix  des  ministres  &  de  leur  dotation,  de  la  juridiction 
de  l'Église,  de  l'administration.  La  noblesse  de  Toulouse,  la  noblesse  de  Mont- 
pellier, le  tiers  état  de  Carcassonne,  le  tiers  état  de  Villeneuve  de  Berg,  le 
clergé  de  Toulouse,  le  tiers  état  de  Castelnaudary,  le  tiers  état  du  Puy,  le 
tiers  état  de  Gévaudan ,  la  noblesse  de  Béziers,  le  tiers  état  de  Limoux, 
le  tiers  état  de  Toulouse  viennent  ensuite. 

On  pourrait  s'étonner  du  rang  inférieur  que  la  capitale  de  la  Province 
tenait  dans  l'échelle  du  tiers  état,  si  l'on  oubliait  que  les  facilités  de  l'ano- 
blissement capitulaire  empêchaient  à  Toulouse  la  constitution  d'une  puis- 
sante bourgeoisie  &  que  la  coterie  parlementaire  pesait  de  tout  son  poids  sur 
la  contrée.  Le  cahier  du  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse  n'est  guère 
que  la  transcription  des  doléances  de  la  ville,  avec  suppression  d'un  petit 
nombre  d'articles  &  addition  de  quelques  autres'*.  Le  reste   des  chambres 


•  Pièces  jusùficat.  n.  DCCCCLXXXV,  col.  263o. 
'  Pièces  justificatives,  n.  M,  col.  2794. 

'  Pièces  just.   n.   DCCCCLXXXVIII,  col.  i66ç. 

*  Trente  six  articles  du  cahier  de  Toulouse  sont 
reproduits  textuellement  dans  le  cahier  définitif, 
qui  en  renferme  quarante-six.  Les  additions  faites 
par  les  députés  extérieurs  de  la  sénéchaussée  por- 
tent sur  l'article  9,  retrait  des  domaines  royaux 
engagés  depuis  un  siècle,  aliénation  des  domaines 
utiles  de  la  couronne,  avec  préférence  aux  censi- 
taires, inaliénabilité  des  justices  &  des  forêts  du 
roi;  —  sur  l'article  27  :  amnistie  générale  pour 
les  déserteurs  éloignés  des  troupes  par  la  peine  des 
coups  de  plat  de  sabre;  sur  l'article  28  ;  mesures 
en  faveur  des  décimables.  Les  articles  Sj  à  44  ap- 
partiennent exclusivement  aux  députés  de  la  sé- 
néchaussée. 

Voici  les  passages  du  cahier  de  la  ville  &  ban- 
lieue supprimés  dans  la  rédaction  définitive  : 

Art.  3o de    ramener   dans    le    cloître   celle 

sainte  discipline  &  cette  antique  régularité  qui, 
pendant  six  cents  ans  ont  édifié  la  nation;  ...aux 
religieux  mendians,  pour  les  récompenser  de  leurs 
travaux,  exciter  leur  émulation  &  leur  rendre  dans 
l'opinion  publique  l'estime  &  la  confiance  qu'une 
fausse  philosophie  a  voulu  leur  êter;  ...leurs  éta- 
tablissemens,  fondés  sur  la  garantie  que  l'État  a 
contractée  envers  eux  en  les  recevant  &  cimentée 
par   les   libéralités  des   fidèles  qu'on    ne   peut  dé- 


truire ni  intervenir  sans  commettre  une  espèce  de 
sacrilège. 

Enfin  les  Etats  généraux  sont  instamment  priés 
de  balancer  dans  leur  sagesse,  relativement  à  l'âge 
auquel  les  vœux  doivent  être  faits,  l'autorité  du 
concile  de  Trente,  la  décision  des  Etats  généraux 
de  Blois,  le  poids  d'une  longue  suite  de  siècles  & 
les  remontrances  du  clergé  de  1775,  avec  le  bien 
ou  le  mal  qu'ont  produit  ou  peuvent  produire 
redit  provisoire  du  mois  de  mars  1768  &  les 
lettres  patentes  de  1779  qui  en  ordonnent  l'exé- 
cution. 

Art.  37.  Il  a  été  également  arrêté  que  les  députés 
aux  Etats  généraux  ne  doivent  délibérer  sur  l'im- 
pôt qu'après  que  le  roi  auroit  sanctionné  successi- 
vement les  divers  articles  qui  y  auront  été  arrêtés, 
l'assemblée  leur  défendant  expressément  de  voter 
sur  aucun  des  objets  qui  pourront  y  être  proposés, 
qu'après  que  l'égalité  de  l'impôt  sur  toute  sorte  de 
biens  &  de  personnes  aura  été  sanctionnée  par  le 
roi,  désavouant  d'avance  tout  ce  qu'ils  pourroient 
faire  de  contraire  à  ce  mandat. 

La  ville  a  aussi  délibéré  de  supplier  les  Etats 
généraux,  1°  de  la  réintégrer  dans  le  droit  d'avoir 
des  députés  aux  Etats  généraux  indépendamment 
de  ceux  de  la  sénéchaussée,  droit  établi  sur  des 
titres  incontestables,  sur  une  possession  ancienne 
&  sur  le  dernier  état  des  assemblées  nationales; 
2"  d'autoriser  les  privilèges  de  la   ville,  confirmés 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i38i 

électorales  de  Languedoc  se  succède  avec  des  cahiers  de  plus  en  plus  réduits, 
jusqu'à  celui  de  la  noblesse  de  Gévaudan  qui  n'a  que  dix-huit  articles,  &  à 
celui  du  clergé  d'Annonay  qui  n'a  guère  plus  de  trente  lignes. 

Cette  simple  revue  matérielle  permet  de  se  faire  une  idée  de  l'inégalité 
d'application  apportée  à  la  tâche  par  les  commissaires  rédacteurs.  Certains 
d'entre  eux  ont  eu  pleinement  conscience  du  rôle  destiné  à  la  future  Assem- 
blée nationale  8<.  ont  voulu  participer  sérieusement  à  l'œuvre  de  réformation; 
d'autres,  moins  préoccupés  de  progresser  que  de  maintenir,  n'ont  pas  soup- 
çonné la  gravité  des  événements  qui  se  préparaient.  Tout  en  faisant  la  part 
nécessairement  assez  grande  de  l'action  individuelle,  on  peut  aussi  distin- 
guer dans  la  forme  Si  le  style  des  doléances,  le  tempérament  particulier  des 
diverses  régions  du  Languedoc  :  l'abondance  verbeuse  &  un  peu  emphatique 
de  certains  terroirs  contraste  avec  la  précision  &  le  labeur  opiniâtre  d'autres 
quartiers  où  se  montre  déjà  la  solidité  pratique  du  Rouergue  &  de  l'Au- 
vergne; quant  aux  pays  plats,  gras  &  fertiles,  ils  se  traînent  dans  une  médio- 
crité incolore,  trahissant  aussi  peu  d'idéal  que  d'application. 

Sur  toutes  les  questions  générales,  de  constitution,  de  législation,  d'ad- 
ministration, l'ensemble  des  témoignages  rendus  par  les  sénéchaussées  de 
Languedoc  concorde  avec  le  mouvement  de  l'opinion  publique.  Quelques 
restrictions  particulières,  dictées  par  l'intérêt,  n'amoindrissent  pas  l'autorité 
de  cette  déposition  imposante  qui  allait  s'ajouter  à  celle  des  autres  provinces 
pour  préparer  l'établissement  d'un  ordre  nouveau. 

L'horreur  du  pouvoir  absolu,  de  l'arbitraire  ministériel,  éclate  à  chaque 
page,  sans  distinction  d'ordre;  on  veut  qu'il  soit  fait  large  place  à  la  repré- 
sentation du  pays,  que  le  vote  des  impôts  lui  appartienne  Si  ne  puisse  être 
suppléé  ni  par  édit,  ni  par  lettres  patentes,  que  les  États  généraux  soient 
périodiques  6c  tenus  en  des  termes  assez  rapprochés;  que  toutes  les  libertés  de 
droit  naturel  soient  reconnues;  que  le  fardeau  des  charges  se  partage  entre 
tous  ceux  qui  bénéficient  de  la  protection  publique;  on  veut  que  les  préro- 
gatives qui  ne  sont  plus  justifiées  par  des  services  cessent  d'exister;  en  un 
mot  que  l'accord  se  rétablisse  entre  le  droit  8c  le  fait;  que  les  distinctions 
vénales  ne  soient  pas  confondues  avec  l'illustration  Se  n'en  puissent  tenir  lieu. 
Tous  les  vieux  griefs  dont  nous  avons  si  souvent  rencontré  l'expression,  soit 
au  point  de  vue  de  l'organisation  judiciaire,  soit  au  point  de  vue  de  la  cons- 
titution de  la  propriété,  se  précisent  Se  s'accusent,  avec  un  détail  infini.  Les 
ordres  privilégiés  ne  sont  pas  les  moins  ardents  à  protester  contre  les  formes 
du  despotisme,  plusieurs  cahiers  du  clergé  Se  de  la  noblesse  imposent  aux 

par  nos  rois,  cimentés  par  le  temps  &  fondés  sur  onéreux    qu'inutile,   pour   le    remplacer  par   une 

des   bases   inébranlables,  &  de   la    maintenir   no-  autre  troupe,  telle  que  la  ville  jugera  à  propos  de 

tamment   dans    la    libre    élection    de    ses    officiers  la   composer,  pour  la   sûreté  &  l'utilité   des    liabi- 

municipaux  &  de  ses   administrateurs,»  laquelle  tans', 
toutes    les    classes    de   citoyens    seront  appelées   & 

admises;    3°  Art.  46;  4°  de  débarrasser  la  ville  &  ,   ,     ..         .    n-     ,           ^   ,        j        ,   ■  .      ,■  j  ,  ■ 

'.                     1           'j            r  ■                 j  '  Archives  de  Toulouse.  CrtHio- acs;'/(iiH(cs  6- i/o/MncfS 

des    pensions    que    le    crédit   a    lait    accorder   sans  ^j^.  la  ville  A  banlieue  de  Toulouse,  dclibOiùcs  a  l'hôtel  de 

cause  &  sans  motif  légitimes,  &  d'un   guet   aussi  ville  le  17  mars  178g. 


1785 


1789 


i382  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

députés  le  mandat  impératif  de  ne  voter  aucune  sorte  d'impôts  avant  d'avoir 
obtenu  satisfaction  sur  les  chefs  principaux  de  leurs  doléances. 

Le  clergé  demande  aussi  à  reprendre  ses  vieilles  coutumes  représentatives 
6c  à  remplacer  ses  assemblées  financières  par  la  périodicité  des  conciles  St  des 
synodes.  La  pluralité  des  bénéfices,  la  non-résidence  des  bénéficiers,  la  con- 
dition misérable  des  curés  à  la  congrue,  manquant  de  pain,  tandis  que  les 
commendataires  vivaient  en  grands  seigneurs,  excitent  des  réclamations  uni- 
verselles. 

Il  faut  suivre,  dans  tous  ses  développements,  de  sénéchaussée  en  séné- 
chaussée, cette  minutieuse  enquête,  voir  les  mêmes  vœux  se  représenter  sous 
vingt  formes  différentes,  avec  des  nuances  &  des  variations  infinies,  pour 
comprendre  la  portée  de  ce  mémorable  événement  Si  pour  se  convaincre  que 
l'immense  majorité  des  électeurs  ne  cherchaient  point  de  simples  palliatifs 
pour  des  difficultés  financières  accidentelles,  mais  l'établissement  d'une  cons- 
titution &  la  refonte  complète  d'un  organisme  décrépit,  dont  les  incohérences, 
les  fictions  8c  les  impossibilités  éclataient  à  tous  les  yeux. 

Naturellement,  la  question  des  États  provinciaux  n'avait  pas  été  négligée 
par  les  rédacteurs  des  cahiers.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'indiquer  dans  quel 
esprit  elle  y  était  tranchée.  Les  efforts  tentés  par  certains  défenseurs  de  l'as- 
semblée provinciale  ne  pouvaient  prévaloir  contre  l'entraînement  universel, 
dont  les  premiers  corps  ecclésiastiques  &  judiciaires  du  pays  avaient  eux- 
mêmes  donné  l'exemple.  Il  n'y  a  guère  qu'une  voix,  d'une  extrémité  du 
Languedoc  à  l'autre,  pour  réclamer  la  formation  d'Etats  constitutionnels  8c 
représentatifs,  avec  un  nouveau  mode  de  recrutement  8c  des  places  données  à 
l'élection. 

Une  autre  question,  celle  des  protestants,  naguère  encore  bien  périlleuse 
en  Languedoc,  tient  quelque  place  dans  les  cahiers.  Dans  certaines  séné- 
chaussées, le  clergé  hasarde  encore  quelques  timides  réclamations  contre  l'édit 
des  non-catholiques  8c  semble  espérer  une  politique  rétrograde  de  la  part  des 
États  généraux  de  France;  mais,  pi-esque  partout,  l'esprit  de  tolérance  8c  de 
liberté  s'impose,  8c  si  l'on  n'ose  pas  encore  demander  pour  les  membres  des 
cuites  dissidents  une  égalité  civile  absolue,  on  cherche  du  moins  à  restreindre 
les  clauses  d'exclusion  8c  à  effacer  les  dernières  traces  des  persécutions  de 
Louis  XIV. 

Dans  les  cahiers  du  clergé,  il  est  facile  de  reconnaître,  malgré  certaines 
analogies  de  cadre,  deux  courants  d'opinion  nettement  distincts;  l'école  natio- 
nale, animée  de  sentiments  réformateurs  8c  cherchant  à  grandir  le  rôle  moral 
de  l'Eglise,  en  s'inspirant  de  l'exemple  de  quelques  illustres  prélats,  Se  l'école 
ultramontaine,  mettant  au  premier  rang  de  ses  vœux  le  rétablissement  des 
jésuites  8c  la  destruction  des  universités.  En  revanche,  des  sentiments  d'hos- 
tilité assez  vifs  contre  le  clergé  régulier  se  manifestent  dans  plusieurs  cahiers 
de  la  noblesse  8c  du  tiers  état,  dont  quelques-uns  réclament  même  l'aliénation 
des  biens  ecclésiastiques. 

Le  point  de  vue  particulier  de  cette  histoire  nous  oblige  à  détacher,  enfin. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  i383  ' 

les  demandes  locales  qui  se  trouvaient  exprimées  dans  un  certain  nombre  de 
caliiers  : 

Le  clergé  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse  sollicite  l'établissement  des  frères 
des  Ecoles  chrétiennes  dans  les  principales  villes  de  la  sénéchaussée,  la  réor- 
ganisation des  anciens  collèges  de  boursiers,  de  façon  à  les  rendre  utiles  au 
public  &  à  remplir  les  volontés  de  leurs  fondateurs; 

Le  clergé  de  la  sénéchaussée  de  Montpellier,  la  suppression  des  églises 
collégiales  de  Saint-Sauveur  Si  de  Sainte-Anne  8c  de  la  chapelle  du  palais,  à 
cause  de  la  modicité  de  leurs  revenus;  il  recommande  à  la  bienveillance  du 
roi  les  chanoines  du  chapitre  de  la  Trinité; 

Le  clergé  du  Vêlai  demande  l'allégement  de  ses  impôts,  l'application  de  la 
coutume  de  Paris  à  la  propriété  féodale  8c  l'abandon  de  la  jurisprudence  du 
Parlement  de  Toulouse  sur  le  jeu  de  fief,  le  rétablissement  de  deux  charges 
de  conseillers-clercs  qui  existaient  anciennement  dans  le  bailliage  de  la  séné- 
chaussée du  Puy,  la  réforme  entière  des  impositions  du  pays,  la  suppression 
de  la  douane  de  Valence,  l'abolition  des  circonscriptions  connues  sous  le  nom 
de  mandements,  «  composition  gothique,  retraçant  tous  les  vices  du  systènie 
«  féodal  ;  n 

Le  clergé  de  la  sénéchaussée  de  Béziers,  la  liberté  de  la  pêche,  8c  notam- 
ment de  la  pêche  au  bœuf,  sur  tous  les  parages  de  la  Méditerranée;  l'amélio- 
ration du  sort  des  prêtres  de  l'église  de  Lodève; 

Le  clergé  de  Gévaudan,  l'établissement  d'un  présidial  à  Mende  avec  quel- 
ques places  de  conseillers-clercs; 

Le  clergé  de  la  sénéchaussée  de  Castres,  une  amélioration  pour  les  collèges 
royaux  de  Castres  8c  d'Aibi  8c  une  pension  pour  les  anciens  professeuis, 
l'érection  d'un  sénéchal  dans  la  ville  d'Aibi,  la  réforme  des  statuts  du  cha- 
pitre; 

Le  clergé  de  la  sénéchaussée  de  Limoux,  le  maintien  du  monastère  de 
Prouille; 

Le  clergé  de  Lauragais,  la  restauration  du  couvent  de  filles  de  Castelnau- 
dary  8c  la  conservation  du  monastère  de  Prouille,  à  charge  d'entretenir  trente 
demoiselles  prises  indistinctement  dans  les  prdrts  de  la  noblesse  8c  du  tiers 
état,  mais  la  moitié  au  moins  dans  le  tiers  état;  le  rappel  du  prévôt  de  Saint- 
Papoul  8c  du  curé  de  Saint-Paulet; 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Montpellier  demande  à  garder  la  pre- 
mière place  dans  la  municipalité  de  la  ville  chef-lieu; 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  réclame  l'établissement  de 
deux  chapitres  nobles  pour  les  filles  pauvres  de  la  Province,  l'érection  d'une 
sénéchaussée  pour  le  diocèse  d'Aibi  8c  d'une  juridiction  consulaire  dans  la 
ville  de  Narbonne. 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Nimes,  l'extension  aux  riverains  8c  insu- 
laires du  Rhône  8c  des  autres  rivières  navigables  des  dispositions  déjà  ciabiies 
en  faveur  de  la  Guienne; 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Béziers,  une  troisième  députatiun  aux  . 


1789 


7"^ i384  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

États  généraux,  la  liberté  de  la  pêche  au  bœuf,  unique  ressource  d'un  grand 
nombre  de  matelots  vétérans; 

La  noblesse  du  Gévaudan,  la  destruction  des  obstacles  gênant  la  naviga- 
tion de  l'Allier  8c  empêchant,  le  passage  du  poisson,  la  recherche  de  houillères 
dans  le  pays  pour  obvier  à  la  rareté  du  bois  de  chauffage,  l'augmentation  du 
nombre  des  paroisses,  à  cause  des  distances  &  du  climat  rigoureux;  la  resti- 
tution au  collège  de  Mende  des  revenus  du  prieuré  de  Monastier,  fondé  par 
les  maisons  de  Canillac  &  de  Peyre; 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Limoux,  le  maintien  du  monastère  royal 
de  Prouille; 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Castelnaudary  émet  le  même  vœu  en 
ajoutant  celui  d'y  créer  un  pensionnat  en  forme,  où  trente  à  quarante  jeunes 
filles  de  la  sénéchaussée  ou  de  la  Province  soient  élevées  gratuitement  de  sept 
à  vingt  ans; 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  d'Annonay  demande  que  le  comte  de  Mo- 
retton,  capitaine  des  gardes  de  Monsieur,  frappé  d'une  disgrâce,  soit  admis  à 
justifier  sa  conduite  devant  un  conseil  de  guerre; 

La  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Villeneuve  de  Berg  sollicite  la  suppres- 
sion de  tous  les  bureaux  de  recette  sur  les  bords  du  Rhône  pour  les  traites, 
la  douane  de  Valence,  le  denier  de  Saint-André,  les  péages  du  roi,  avec  la 
faculté  aux  Languedociens  de  se  servir  du  Rhône  en  franchise  pour  le  com- 
merce intérieur;  le  jugement  de  M.  de  Moretton  &  de  M.  du  Breuil,  capitaine 
au  régiment  d'Orléans,  qui  l'avaient  demandé;  la  restitution  à  la  sénéchaussée 
de  quinze  communes  frontières  qui  s'en  trouvaient  distraites; 

Le  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  l'érection  du  présidial  d'Albi, 
l'établissement  de  tours  pour  les  enfants  trouvés,  la  liberté  aux  commerçants 
languedociens  de  faire  placer  leurs  vins  dans  n'importe  quel  quartier  de  la 
ville  de  Bordeaux,  conformément  à  l'édit  de  1776;  le  maintien  du  Parlement 
à  Toulouse,  avec  l'intégrité  de  sa  juridiction  &  de  son  ressort; 

Le  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Montpellier,  la  multiplication  des  haras 
de  bêtes  de  somme  &  de  bêtes  à  cornes,  la  prohibition  de  la  sortie  des  bêtes  à 
laine,  l'ouverture  du  port  de  Cette  au  commerce  du  Levant,  avec  faculté 
d'entrepôt;  la  nomination  alternative  pour  six  ans  d'un  député  au  conseil  de 
commerce  par  les  chambres  de  Toulouse  8c  de  Montpellier,  la  libre  sortie  des 
sels  de  Peccais,  la  nomination  d'experts  pour  vérifier  les  futailles  8c  les  eaux- 
de-vie,  la  suppression  du  privilège  des  propriétaires  de  canaux,  des  démarches 
près  les  cours  de  Portugal,  d'Espagne  &c  de  Pvussie,  pour  obtenir  une  réduc- 
tion sur  les  droits  d'entrée  des  bas  de  soie  de  Languedoc.  Les  cahiers  des 
diverses  communes  de  cette  sénéchaussée  contenaient,  d'ailleurs,  un  si  grand 
nomlye  de  demandes  locales,  la  plupart  contradictoires,  que  l'assemblée  géné- 
rale dut  renoncer  à  les  juger,  8c  se  contenta  d'en  recommander  l'étude  à  ses 
députés,  en  les  priant  surtout  de  prendre  en  considération  le  dépeuplement 
total  du  rivage  des  étangs  8c  la  nécessité  de  faire  tin  fonds  annuel  pour  le 
dessèchement  des  marais  Se  autres  ouvrages  de  salubrité; 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1385 

Le  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  demande  l'établissement 
d'une  sénéchaussée  présidiale  dans  les  villes  d'Albi  &  de  Narbonne;  il  repousse 
les  réclamations  arrêtées  k  Narbonne  par  les  députés  des  fabriques  de  draps  de 
Languedoc,  comme  opposées  à  la  liberté  des  propriétaires,  nuisibles  à  l'intérêt 
général  8i  onéreuses  k  l'universalité  des  contribuables; 

Le  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Nimes  signale  à  la  bonté  du  roi  la 
misère  des  populations  rurales  8c,  en  particulier,  la  détresse  qui  règne  dans 
les  Cévennes,  où  les  impôts  levés  pour  le  prince  sont  peut-être  les  moins  oné- 
reux, où  le  peuple  peut  à  peine  se  procurer  des  subsistances,  se  nourrir  de 
mauvais  pain,  se  vêtir  de  haillons  8t  où  mille  vexations  lui  enlèvent  le  produit 
de  ses  travaux; 

L,e  tiers  état  du  Vêlai  demande  la  réunion  des  paroisses  de  ce  pays  qui  en 
avaient  été  distraites  au  profit  du  Forez,  de  l'Auvergne  St  du  Gévaudan;  la 
création  d'une  nouvelle  ligne  de  poste  par  Villefort  8c  Alais,  la  réunion  des 
deux  hôpitaux  de  la  ville  du  Puy,  l'établissement  d'une  brigade  de  maré- 
chaussée au  bourg  de  Fay,  pour  la  sûreté  des  foires  8c  marchés; 

Le  tiers  état  du  Gévaudan,  une  députation  plus  nombreuse,  l'encadastre- 
ment  de  la  terre  épiscopale  8c  de  toutes  les  autres  terres  franches,  la  destruc- 
tion des  écluses  8c  filets  établis  dans  le  lit  de  l'Allier  à  Pont-du-Château,  en 
Auvergne,  8c  à  Moulins,  en  Bourbonnais;  l'emploi  des  revenus  du  prieuré  de 
Monastier  à  l'entretien  du  collège  de  Mende,  l'attribution  de  secours  à  la 
ville  de  Saugues,  ruinée  par  un  désastre. 

Le  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Castres,  l'abolition  du  droit  de  leude  ou 
coupe  levé  dans  les  marchés  du  chef-lieu  au  profit  du  roi,  le  remboursement 
à  la  même  ville  d'une  somme  de  vingt  mille  livres  payée  pour  l'engagement 
des  droits  de  lods,  censives  Se  autres  deniers  casuels  repris  par  le  roi  depuis 
l'année  1 771,  le  rétablissement  du  présidial  de  Castres  créé  par  Henri  II  pour 
les  pays  compris  entre  le  Tarn,  le  Thoré,  l'Agout,  la  chaîne  des  montagnes 
Noires  8t  de  l'Espinouse;  la  réunion  définitive  k  la  sénéchaussée  de  Castres 
des  communes  de  Graulhet,  Busqué,  Puibegon,  de  la  vicomte  de  Lautrec, 
d'Ambres,  de  Gelas,  Fiac  8c  Terres-Basses,  le  siège  de  Carcassonne  s'en  trou- 
vant beaucoup  trop  éloigné  8c  séparé  par  des  chemins  impraticables; 

Le  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Limoux,  le  retrait  de  la  déclaration  du 
5  juillet  1770  8c  des  autres  lois  relatives  aux  défrichements,  en  ce  qui  regar- 
dait les  Corbières,  les  environs  de  Quillan,  le  pays  de  Sault  8c  la  haute 
frontière  longeant  le  Confient,  sauf  k  en  maintenir  les  dispositions  pour  le 
reste  de  la  sénéchaussée;  l'extinction  des  forges  8c  bouches  k  feu  inutiles  dans 
tout  le  territoire,  particulièrement  au  voisinage  des  forêts  du  roi,  afin  de  pré- 
venir le  manque  de  bois,  notamment  du  bois  employé  k  la  fabrication  des 
peignes,  industrie  qui  nourrissait  quinze  ou  vingt  mille  habitants;        ^^.^ 

Le  tiers  état  du  haut  Vivarais  sollicite  les  attributions  présidiales  pour  les 
sénéchaussées  d'Annonay  8c  de  Villeneuve  de  Berg,  l'établissement  d'une 
juridiction  consulaire  dans  la  ville  d'Annonay,  la  rectification  des  limites 
provinciales  sur  le  territoire  des  communes  contestées; 


1789 


nh 


,386  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Le  tiers  état  du  bas  Vivarais  dénonce  l'excès  des  droits  royaux,  provinciaux 
&  seigneuriaux  levés  dans  la  contrée;  demande  l'établissement  d'un  bureau 
de  poste  aux  lettres  &  d'un  messager  dans  la  ville  du  Chaylard,  l'affectation 
de  bourses  au  collège  de  Tournon,  en  dédommagement  des  privilèges  des 
villes  franches,  s'ils  sont  supprimés;  la  suppression  des  droits  grevant  le  trans- 
port du  charbon  de  terre  par  le  Rhône,  la  présidialilé  aux  deux  sénéchaussées 
de  Vivarais,  l'annexion  de  la  commune  de  Pradelles,  rattachée  pour  la  justice 
à  la  sénéchaussée  du  Puy. 

Parmi  toutes  ces  réclamations,  d'importance  très-inégale,  quelques-unes 
étaient  fort  anciennes  &  s'étaient  déjà  renouvelées  en  plusieurs  occasions, 
sous  des  formes  dittcrentes.  D'autres  appartenaient  en  propre  au  mouvement 
de  1789. 

Mais  un  fait  qui  domine  tout  le  reste,  c'est  la  volonté  arrêtée  du  pays  de 
reconstituer  la  puissance  de  l'Etat  &  de  faire  disparaître  les  derniers  vestiges 
du  morcellement  d'autorité  créé  par  le  régime  féodal.  Ol^îenir  que  la  justice 
fût  partout  rendue  au  nom  du  roi,  c'est-à-dire  au  nom  de  la  patrie,  détruire 
ces  temporalités,  ces  paréages,  ces  suzerainetés  ecclésiastiques  ou  laïques, 
résidu  encombrant  d'un  système  social  disparu  sans  retour,  tel  est  le  vœu  qui 
s'affirme,  avec  une  rare  énergie,  dans  toutes  les  manifestations. 

Dans  une  assemblée  des  trois  ordres  qui  fut  tenue  à  l'hôtel  de  ville  de  Mar- 
vejols,  sous  la  présidence  du  vicomte  de  Framond,  doyen  des  gentilshommes, 
plusieurs  voix  s'élevèrent  contre  l'organisation  de  la  justice  en  Gévaudan. 
M.  de  Châtaigner  de  Puigrenier,  orateur  désigné  par  l'assemblée,  attaqua 
vigoureusement  le  pouvoir  temporel  des  évoques,  e  Messieurs,  dit-il,  nous 
u  avons  choisi  votre  ville,  nous  venons  respirer  un  air  libre,  &  nous  occuper 
K  sans  trouble  du  bien  public.  »  Marvejols,  ville  royale,  semblait  en  effet  un 
meilleur  théâtre,  pour  discuter  des  plans  de  réforme,  que  le  siège  des  évêques 
&.  comtes  de  Mende.  L'orateur  rappela  que  par  deux  fois  les  réclamations  du 
pays  avaient  fait  établir  un  tribunal  de  ressort  dans  la  capitale  du  Gévaudan 
81  que  par  deux  fois  le  crédit  des  prélats  s'était  débarrassé  de  cette  autorité 
importune. 

«  Par  un  abus  manifeste,  dit-il,  contre  les  droits  naturels  &  principes 
((  politiques,  le  siège  épiscopal  dispose  ici  de  toute  administration  civile  S< 
«  judiciaire  Si  de  celle  de  nos  Etats  particuliers,  par  la  nomination  usurpée 
K  des  consuls,  par  celle  des  juges  ordinaires  &  d'appel  au  préjudice  du  droit 
«  royal,  par  celle  des  commissaires  &  syndics  du  pays,  au  préjudice  des  trois 
«  ordres,  &  enfin  par  celle  des  procureurs,  greffiers,  huissiers  dans  les  deux 
«  cours,  auxquelles  charges  &  oifices  nos  évêques  nomment  arbitrairement 
«  ou  par  l'influence  de  leur  pouvoir  de  président.  C'est  donc  ici,  plus  que 
«  «^ans  toute  la  Province,  que  l'on  voit  un  dernier  géant  né  de  l'anarchie 
«  féodale,  épargné  par  Richelieu  en  faveur  de  l'évêque  Marcillac,  sa  créature. 
«  Sa  masse  énorme  pèse,  surcharge,  écrase  ce  misérable  pays,  que  le  ministre 
«  conquérant  négligea  de  retirer  des  mains  des  pontifes  despotes,  &  de 
«  redonner  à  la  monarchie.  » 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1887 

La  même  réunion  adopta  d'enthousiasme  un  placet  au  roi,  rédigé  au  nom 
des  trois  ordres  par  M.  de  Lescure-Saint-Denis,  tendant  à  la  suppression  du 
paréage  épiscopal  confirmé  par  Louis  XV  en  1720'. 

L'auteur,  après  avoir  sommairement  indiqué  les  fléaux  naturels,  orages, 
grêles,  inondations,  dont  le  Gévaudan  subissait  les  atteintes  périodiques  & 
ne  pouvait  jamais  être  dédommagé  d'une  manière  complète  par  le  secours  du 
gouvernement,  ajoutait  qu'au  moral  le  pays  était  infecté  d'autres  maux, 
«  restes  barbares  de  la  féodalité  »  qui  n'attendaient  que  la  main  du  roi  pour 
être  guéris. 

«  Daignez  l'y  porter,  Sire,  &  sa  constitution  vicieuse  &  languissante  se 
(c  fortifiera  sous  votre  autorité  qu'il  veut  seule  reconnoître.  Il  en  existe  une 
«  autre  dans  ce  pays  malheureux,  qui  a  la  prétention  de  balancer  la  vôtre.... 
«  Oui,  Sire,  elle  enchaîne  nos  voix  dans  la  répartition  8c  l'administration  de 
K  nos  impositions,  en  n'y  admettant  que  celles  qui  lui  sont  dévouées,  &  par 
«  sa  présidence  inamovible!...  Elle  nous  tient  sous  sa  juridiction.  Elle  pré- 
ci  tend  avoir  le  droit  (droit  de  ressort,  droit  qui  ne  peut  qu'avoir  été  usurpé 
«  dans  les  règnes  foibles)  de  faire  rendre  à  l'alternative  avec  Votre  Majesté  la 
a  justice  en  son  nom;  &,  sous  le  titre  d'officiers  du  bailliage  royal,  épiscopal 
«  &  commun,  de  connoître  des  cas  royaux,  des  cas  prévotaux,  &  de  remplir  à 
«  cet  égard  (quoiqu'ils  n'ayent  aucune  attache  royale,  qu'ils  soient  à  la 
«  nomination  de  cette  autorité  &  amovibles  à  sa  volonté)  toutes  les  fonctions 
«  attribuées  uniquement  aux  officiers  de  Votre  Majesté.  Peut-il  exister  un 
«  abus  plus  criant?  Non,  Sire,  &  vous  ne  permettrez  pas  qu'il  subsiste  plus 
«  longtemps;  notre  seul  législateur  voudra  être  notre  seul  juge.  Condamnés 
«  en  votre  nom,  nous  subirons  vos  jugements,  tandis  que  nos  cœurs  s'élève- 
«  ront  toujours  contre  ceux  rendus  à  celui  d'un  de  vos  sujets,  notre  égal  par 
«  ce  seul  titre.  Daignez  donc,  Sire,  ne  plus  permettre  que  votre  autorité  soit 
M  partagée.  Trop  heureux  de  vous  avoir  pour  maître,  laisserez-vous  à  un 
»  autre  le  droit  de  nous  juger?  Et  tandis  que  toute  la  France  bénira  à 
«  chaque  instant  votre  équité,  le  Gévaudan,  qui  mérite  par  sa  position  tous 
«  les  moments  de  votre  bienfaisance,  sera-t-il  réduit  à  n'en  jouir  que  tous 
«  les  deux  ans^?  » 

Nous  pourrions  rassembler  bien  d'autres  exemples,  8c  il  nous  faudrait 
reproduire  le  texte  môme  de  la  plupart  des  articles  dressés  dans  les  contrées 
féodales  de  la  Province,  pour  montrer  avec  quelle  unanimité  l'esprit  public 
se  soulevait  contre  l'usurpation  traditionnelle  des  droits  de  l'Etat.  Ce  n'était 
pas  un  caprice  populaire  qui  menaçait  le  vieux  régime  des  fiefs,  c'était  une 
véritable  tempête,  sortie  des  profondeurs  de  la  société  nationale,  8c  destinée 
à  balayer  des  anachronismes  sans  prestige,  que  le  bon  sens  8c  la  justice  répu- 
diaient éralement. 

...  .  .  • 

Mais  le  mouvement  se  précipitait.  Nul  ne  pouvait  plus  croire  que  la  grande 

■  Voir  aux  Pièces  jasùficatlves,  n.  DCCCXLII,  '  Documents  historiques  sur  la  province  de   Gé- 

Icol.  2104,  la   confirmation   dii    paréage  de  Gévau-        vauJanj   par  M.   Gustcivc   de    Burdln,   II,   p.  a<ï5. 
Idan,  donnée  à  Paris  au  mois  de  juin  1720.  Le  placet  portait  deux  cent  douze  signatures. 


1789 


i78p 


:3a8  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

enquête  des  vœux  du  pays  se  terminât  par  quelque  insignifiante  cérémonie 
de  cour,  comme  la  monarchie  en  avait  tant  vu.  On  n'attendait  pas  de  l'as- 
seml)lée  des  Etats  généraux  un  expédient  ministériel  ou  des  palliatifs  acces- 
soires, c'est  une  reconstitution  générale  que  l'on  espérait,  &,  pour  employer 
l'expression  qui  revient  à  chaque  instant  dans  les  écrits  de  l'époque,  une 
régénération.  L'écho  des  réclamations  que  les  divers  bailliages  se  renvoyaient 
semblait  en  augmenter  l'autorité;  à  force  d'être  répétés  dans  toutes  les  assem- 
blées électorales,  certains  axiomes  du  droit  nouveau  prenaient  déjà  le  carac- 
tère de  faits  accomplis,  &  l'impatience  des  commettants  allait  jusqu'à  se  passer 
des  formes  légales  qu'il  n'était  pas  en  leur  pouvoir  de  suppléer. 

Le  gouvernement  tenta  encore  quelques  efforts  pour  enrayer  ce  mouve- 
ment qui  perdait  parfois  toute  mesure. 

La  noblesse  des  sénéchaussées  de  Béziers  &  de  Carcassonne,  en  se  réunis- 
sant pour  rédiger  ses  cahiers,  avait,  comme  presque  tous  les  autres  collèges 
de  la  Province,  condamné  l'organisation  des  Etats  de  Languedoc;  mais  non 
contente  d'émettre  le  vœu  ordinaire  d'un  établissement  représentatif,  elle 
s'était  laissée  aller  à  protester  contre  toute  répartition  de  fonds  qui  pourrait 
être  faite  par  les  commissaires  des  États.  La  noblesse  de  Béziers  avait  même 
fait  signifier  aux  évêques,  aux  barons  &  au  syndic  général  de  la  Province  un 
désaveu  formel  de  leurs  pouvoirs  8c  de  leurs  actes.  Comme  les  fonctions  régu- 
lières des  Etats  n'avaient  encore  subi  aucune  modification.  Si  que  la  levée 
des  impôts,  le  payement  des  travaux  publics  Si  les  autres  dépenses  normales  se 
faisaient  en  vertu  de  leur  autorité,  ces  interventions  du  corps  électoral  dans 
l'administration  étaient  de  nature  à  créer  dans  le  pays  une  pénible  incertitude. 

Le  conseil  d'Etat  condamna  par  un  arrêt  formel,  le  21  avril  1789,  les 
démarches  des  gentilshommes.  Le  roi  voyait  avec  surprise,  suivant  les  termes 
du  préambule,  que  les  membres  d'un  ordre  qui  s'était  toujours  distingué  par 
le  dévouement  le  plus  entier  au  bien  de  son  service,  eussent  cherché,  par  un 
désaveu  illusoire  8c  des  protestations  déjà  proscrites',  à  atténuer  la  valeur 
de  délibérations  expressément  autorisées,  8c  sanctionnées  depuis  suivant  les 
formes  de  droit.  Il  maintenait  de  plus  fort  l'exécution  des  arrêts  du  i3  février 
8c  du  10  avril,  &c  pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  la  légalité  des  opérations 
délibérées  par  les  derniers  États,  ni  sur  celle  des  assiettes  diocésaines  char- 
gées d'en  poursuivre  l'application,  il  prescrivait  que  les  règlements  du  conseil 
du  23  janvier  i658  8c  du  3o  janvier  1725  continueraient  d'être  exactement 
observés  jusqu'à  nouvel  ordre,  que  les  assiettes  8c  les  bureaux  diocésains  pro- 
céderaient, suivant  la  coutume,  à  la  levée  des  impositions  votées  par  les  États, 
8c  confiait  au  commandant  en  chef  8c  à  l'intendant  de  la  Province  le  soin 
d'assurer  la  marche  ordinaire  du  service. 

Lorsque  le  comte  de  Périgord  8c  le  baron  de  Ballainvilliers  signèrent  leur 
ordonnance  pour  faire  afficher  8c  publier  l'arrêt  du  21  avril  dans  toutes  les 
villes,  les  États  généraux  du  royaume  siégeaient  déjà  depuis  deux  jours. 

'  Ariêt  du  conteil  d'État  du  i3  février  1789. 


LIV,  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1889 

Au  milieu  de  cette  mémorable  assemblée,  qui  devait  se  trouver  en  présence 
d'un  monde  mourant  5<.  du  chaos  d'un  monde  encore  à  naître,  la  députation 
provinciale  se  perd.  Elle  ne  renfermait  aucun  de  ces  hommes  éclatants  dont 
le  nom  fit  bientôt  le  tour  de  l'Europe,  &  c'est  à  peine  si,  de  loin  en  loin,  pour 
des  faits  épisodiques,  la  présence  de  quelques-uns  de  ses  membres  se  révèle 
aux  biographes. 

Lors  des  premières  conférences  que  tinrent  les  députés  des  communes  pour 
obtenir  la  réunion  des  trois  ordres,  on  nomma  un  commissaire  par  grand 
gouvernement,  d'après  les  divisions  de  1614.  M.  Viguier,  avocat  au  Parle- 
ment de  Toulouse,  fut  désigné  pour  le  gouvernement  de  Languedoc'.  Le 
mandat  de  ces  commissaires  était  de  tenir  conférence  avec  le  doyen  à  l'effet 
d'accélérer  la  formation  d'une  Assemblée  nationale  unique. 

Dans  la  fameuse  séance  du  Jeu  de  Paume,  où  les  membres  du  tiers  état, 
exclus  de  la  salle  des  délibérations,  prêtèrent  le  serment  de  ne  jamais  se 
séparer  de  l'Assemblée  nationale  81  de  se  réunir  partout  où  les  circonstances 
l'exigeraient,  jusqu'à  ce  que  la  constitution  du  royaume  fût  établie  &  affermie 
sur  des  fondements  solides,  un  seul  dissident  se  manifesta.  C'était  un  député 
languedocien,  Martin  d'Auch,  licencié  es  lois,  de  la  sénéchaussée  de  Castel- 
naudary.  Il  signa  opposant.  Dénoncé  par  son  collègue  Camus  8c  salué  d'une 
clameur  d'indignation,  il  fut  invité  par  Bailly  à  faire  entendre  les  motifs  de 
son  opposition  8t  les  expliqua  ainsi  : 

»  Je  déclare  que  je  ne  crois  pas  pouvoir  jurer  d'exécuter  des  délibérations 
«  qui  ne  sont  pas  sanctionnées  par  le  roi.  »  Le  président  repartit  que  l'As- 
semblée avait  publié  ces  principes  dans  ses  adresses  8c  ses  délibérations,  8c  que 
la  nécessité  de  la  sanction  du  roi  pour  toutes  les  résolutions  prises  sur  la 
constitution  8c  la  législation  n'était  pas  contestée;  mais  l'opposant  ayant  per- 
sisté, l'on  arrêta  qu'on  laisserait  sa  signature  sur  le  registre  pour  prouver  la 
liberté  des  opinions*. 

Le  22  juin,  la  majorité  de  l'ordre  du  clergé  s'étant  prononcée  pour  la  véri- 
fication commune  des  pouvoirs,  l'abbé  Gouttes,  curé  d'Argeliers,  député  de  la 
sénéchaussée  de  Béziers,  fut  nommé  l'un  des  six  commissaires  ecclésiastiques 
chargés  de  procéder  à  cette  opération. 

Le  25,  le  marquis  de  La  Tour  Maubourg,  député  du  Vêlai,  seul  gen- 
tilhomme de  Languedoc,  remit  ses  pouvoirs  aux  ordres  réunis  en  Assemblée 
nationale.  Le  même  jour,  Rabaut  de  Saint-Étienne  fait  partie  de  la  dépu- 
tation des  trois  ordres  envoyée  au  roi  pour  lui  porter  les  plaintes  de  l'Assem- 
blée sur  ce  que  le  lieu  de  ses  séances  était  environné  de  soldats,  son  entrée 
interdite  au  public,  8c  pour  lui  représenter  que  la  police  de  la  salle  où  l'As- 
semblée se  réunissait  ne  pouvait  appartenir  qu'à  elle-même. 

Le  3o  juin,  au  nombre  de  diverses  protestations  contre  le  vote  par  tête,  il 
fut  donné  lecture  d'une  adresse  des   gentilshommes  de  la  sénéchaussée  de 

'  Gaittte    nationale    ou    le    Moniteur    universel,  '  Galette  nationale,  n.   lo.    Séance  du   20  juin 

n.  2.  Séance  du  mardi   iz  mai  1789.  i789' 


1789 


"j"^ 1390  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Limoux.  La  question  avait  été  prévue  par  eux  dans  leur  cahier  dont  le  pre- 
mier article  portait  que,  «  pour  conserver  aux  Etats  généraux  la  seule  forme 
«  constitutionnelle  &  celle  qui  favorise  le  mieux  la  discussion  des  affaires,  les 
«  députés  ne  pourroient  jamais  voter  que  par  ordre'.  » 

Ces  protestations  choquaient  trop  directement  les  vues  de  la  majorité  pour 
avoir  chance  de  succès.  Quelques  membres  de  l'Assemblée  nationale  ayant 
réclamé  pour  leur  compte  personnel  Se  s'étant  déclarés  liés  par  les  mandats 
impératifs  qu'ils  avaient  reçus,  Rabaut  de  Saint-Etienne  prit  la  parole  ! 

«  Je  demande,  dit-il,  que  la  lecture  de  ces  actes  soit  déclarée  nulle,  parce 
«  que  des  députés  présumés  ne  pouvant  pas  protester,  mais  seulement  exhiber 
a  leurs  pouvoirs,  ces  actes  &  ces  protestations  ne  peuvent  pas  même  être  lus.  » 

Ce  fut  sur  la  fin  de  ce  mois  que  l'ordre  commença  d'être  troublé  &  que 
des  symptômes  d'agitation  matérielle  S<.  de  violence  parurent  dans  les  popu- 
lations. 

Le  18  juillet,  M.  de  Malide,  évêque  de  Montpellier,  prit  part  à  la  discus- 
sion sur  les  moyens  de  rétablir  la  tranquillité  publique.  Tandis  que  certains 
membres  demandaient  l'emploi  des  troupes  régulières  Se  que  d'autres  propo- 
saient seulement  de  faire  marcher  des  brigades  de  maréchaussée,  le  prélat, 
d'accord  avec  Buzot  8c  Custine,  soutint  la  création  de  milices  patriotiques, 
destinées  à  servir  sous  la  direction  des  officiers  municipaux. 

Le  24,  au  commencement  de  la  séance,  on  rendit  compte  à  l'assemblée 
nationale  d'une  adresse  de  la  ville  de  Saint-Pons.  Le  même  jour,  l'abbé 
Gouttes,  curé  d'Argeliers,  présenta  un  rapport  sur  l'élection  du  caidinal  de 
Rohan,  évêque  de  Strasbourg,  député  du  bailliage  d'Haguenau. 

Le  lendemain,  M.  Salomon  entretint  l'Assemblée  d'une  seconde  députatîon 
nommée  par  la  ville  de  Montpellier.  Cette  députation  fut  rejetée;  mais  ses 
membres  obtinrent  la  faveur  d'assister  aux  séances,  sans  voix  délibérative, 
dans  la  tribune  des  suppléants. 

Le  28  juillet,  des  adresses  de  Montpellier,  du  Puy  en  Vêlai  8<  de  Nimes, 
furent  analysées. 

Le  29,  Rabaut  de  Saint-Etienne  donna  lecture  de  la  nouvelle  rédaction  du 
règlement,  corrigé  S<.  rédigé  d'après  les  observations  des  trente  bureaux. 

Le  3o,  le  baron  de  Marguerittes  est  nommé  membre  du  comité  des  rapports. 

Le  3  août,  Rabaut  de  Saint-Etienne  s'élève  vigoureusement  contre  la  motion 
de  Bouche,  qui  tendait  à  n'acCorder  que  cinq  minutes  à  chaque  orateur  par- 
lant sur  le  projet  de  Constitution. 

«  Comment  a-t-on  pu  vous  proposer,  s'écria  l'orateur  languedocien,  de  ne 
«  délibérer  que  pendant  cinq  minutes  sur  des  lois  que  tout  l'univers  approu- 
«  vera  ou  blâmera,  auxquelles  le  salut  de  vingt-cinq  millions  d'hommes  est 
«  attaché,  que  peut-être  des  nations  entières  attendent  pour  les  prendre  pour 
«  modèles? 

«  Je  ne  sais  quels  termes  employer  pour  caractériser  une  telle  motion  j  quel 

'  Pièces  justificatives^   n.  DCCCCXCIII,    col.    2711. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  iSgi 

V  est  l'orateur  qui,  sur  les  objets  les  plus  importans  que  l'on  ne  peut  même 
<i  prévoir,  peut  sur-le-champ  présenter  ses  idées,  ses  réflexions,  ses  objections 
Il  clans  un  espace  de  cinq  minutes?  L'histoire  d'aucun  peuple  ne  fournit 
«  l'exemple  d'une  pareille  sévérité.  » 

Dans  la  même  séance,  le  comte  d'Entraigues,  député  de  la  sénéchaussée  du 
bas  Vivarais,  discourut  longuement  sur  la  déclaration  des  droits  de  l'homme 
6i  du  citoyen  que-  l'on  proposait  d'inscrire  en  tête  de  la  Constitution.  11 
affirma  l'utilité  de  cette  déclaration,  en  s'appuyant  sur  diverses  considérations 
abstraites,  où  l'on  reconnaît  un  lecteur  de  Rousseau. 

«  L'on  craint,  dit-il,  pour  les  propriétés;  fausse  alarme  :  le  peuple  veut 
«  vivre  en  société,  &  il  ne  peut  ignorer  que  si  les  propriétés  ne  sont  ferme- 
«  ment  consolidées,  la  société  est  nulle  ou* n'est  dans  le  fait  qu'une  guerre 
«  perpétuelle. 

«  En  état  de  nature,  l'homme  a  droit  à  tout  ce  que  sa  force  peut  lui  procurer. 

«  En  état  de  société,  l'homme  n'a  de  droit  qu'à  ce  qu'il  possède. 

«  Voilà  les  maximes.  Or  n'est-il  pas  intéressant,  nécessaire,  d'apprendre  à 
«  l'homme  ce  qu'il  doit  ou  ne  doit  pas  posséder?  Ne  doit-on  pas  craindre  dans 
«  tous  les  sens  l'effet  de  son  ignorance  ? 

«  Il  est  donc  indispensable  de  faire  une  déclaration  des  droits  pour  arrêter 
«  les  ravages  du  despotisme.  Si  nos  ancêtres  nous  eussent  laissé  ce  grand 
Il  ouvrage,  nous  ne  nous  occuperions  pas  de  le  procurer  à  nos  neveux. 

«  La  déclaration  est  indispensable,  afin  que  si  le  ciel,  dans  sa  colère,  nous 
«  punissoit  une  seconde  fois  du  fléau  du  despotisme,  on  pût  au  moins  mon- 
«  trer  au  tyran  l'injustice  de  ses  prétentions,  ses  devoirs  Si  les  droits  de  ses 
«  peuples.  » 

Des  adresses  des  villes  de  Béziers  &  d'Uzès  avaient  été  communiquées  à 
l'Assemblée  nationale  le  3i  juillet;  quatre  jours  après,  on  lui  remit  celles 
d'Annonay,  de  Narbonne,  d'Agde,  de  Castres,  de  Castelnaudary.  Les  milices 
patriotiques  s'organisaient  partout.  Le  Parlement  de  Toulouse,  voulant  encore 
faire  acte  d'autorité,  en  avait  permis  la  formation  par  un  arrêt  spécial. 

Dans  la  mémorable  nuit  du  4  août,  après  l'immolation  sommaire  du  svs- 
tème  féodal,  les  députations  des  pays  d'Etats  vinrent  faire  tour  à  tour  le  sacri- 
fice des  usages  particuliers  de  leurs  provinces. 

Le  baron  de  Marguerittes,  maire  de  Nimes  &  l'un  des  représentants  de  la 
noblesse  de  sa  sénéchaussée,  demanda  la  parole  au  nom  de  la  députation  de 
Languedoc. 

«  Les  représentans  de  diverses  sénéchaussées  de  Languedoc,  dit-il,  déclarent 
«  que  l'ordre  de  leurs  commettans  leur  prescrit,  de  la  manière  la  plus  impé- 
«  rative,  une  obligation  dont  il  ne  leur  est  pas  possible  de  s'écarter. 

«  La  province  de  Languedoc  est  régie  depuis  longtemps  par  une  adminis- 
<i  tration  inconstitutionnelle  &  non  représentative.  Elle  a  condamné  cette 
«  administration  comme  contraire  à  ses  anciens  privilèges,  dont  le  plus  pré- 
ci  cieux  étoit  d'octroyer  librement  l'impôt  6t  de  le  répartir  elle-même;  elle 
K  demande  l'établissement  de  nouveaux  Etats  en  une  forme  libre,  élective  & 


1789 


~ 1392  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  représentative,  &  des  administrations  diocésaines  &  municipales  organisées 
((  dans  la  même  forme.  Tel  est  le  vœu  général,  telle  est  la  volonté  de  la  Pro- 
<(  vince  de  Languedoc;  elle  a  lié  l'accord  ou  la  répartition  de  l'impôt  à  la 
«  suppression  de  l'administration  actuelle  &  à  l'établissement  de  nouveaux 
«  impôts. 

«  Et  quoique  leurs  mandats  ne  les  autorisent  pas  à  renoncer  aux  privilèges 
«  particuliers  de  la  Province,  assurés  néanmoins  des. vœux  de  leurs  commet- 
«  tans  8i  de  la  haute  estime  que  leur  doit  inspirer  l'exemple  des  autres  pro- 
ie vinces,  ils  s'empressent  de  déclarer  à  l'Assemblée  nationale  que  dans  tous 
ti  les  temps  leurs  commettans  s'empresseront  de  se  conformer  à  ses  décrets; 
«  qu'ils  souscriront  aux  établissements  généraux  que  sa  sagesse  lui  inspirera 
«  pour  l'administration  des  provinces,  8c  qu'ils  s'estimeront  heureux  de  se  lier 
«  par  de  pareils  sacrifices  à  la  prospérité  générale  de  l'empire.  » 

M.  de  Béthisy  de  Mézières,  évêque  d'Uzès,  Se  l'un  des  prélats  siégeant  aux 
États  de  Languedoc,  intervint  alors  pour  déclarer  qu'il  eût  souhaité  d'être 
possesseur  d'une  terre,  afin  d'en  faire  le  sacrifice  en  la  remettant  entre  les 
mains  de  ses  habitants.  Mais  les  évêques  de  Languedoc  avaient  reçu  leurs 
titres  &  leurs  droits  des  mains  de  la  nation  qui,  seule,  pouvait  les  détruire. 
«  Nous  ne  sommes  pas,  poursuivit-il,  représentans  du  clergé;  nous  assistons 
«  aux  Etats  de  la  Province  à  des  titres  particuliers,  81  nous  n'en  avons  d'au- 
«  très  que  celui  de  dépositaires  passagers;  nous  ferons  ce  que  l'Assemblée 
«  statuera  sur  ce  point,  8t  nous  nous  livrerons  à  sa  sagesse.  » 

M.  de  Balore,  évêque  de  Nimes,  Si  M.  de  Malide,  évêque  de  Montpellier, 
parlèrent  dans  le  même  sens.  Le  premier  fit,  en  outre,  la  demande  expresse 
d'une  exemption  des  impôts  Si  des  autres  charges  en  faveur  des  artisans  &i  des 
manœuvres  qui  n'avaient  aucune  propriété. 

Le  duc  de  Castries,  qui  siégeait  à  l'Assemblée  nationale  comme  représen- 
tant de  la  vicomte  de  Paris,  mais  qui  possédait  une  des  places  fixes  de  la 
noblesse  aux  Ktats  de  la  Province,  annonça,  de  son  côté,  qu'il  se  réunissait 
aux  préopinants  pour  réclamer  l'honneur  de  sacrifier  de  nouveau  aux  repré- 
sentants de  la  nation  la  prérogative  de  baron,  à  laquelle  ils  avaient  déjà 
renoncé  dans  les  assemblées  particulières  du  Languedoc. 

A  la  fin  de  la  séance,  on  résuma  dans  un  petit  nombre  d'articles  les  points 
essentiels  de  la  grande  révolution  qui  venait  de  s'accomplir,  81  l'on  y  inscrivit  : 
Abandon  du  privilège  particulier  des  provinces  6-  des  villes. 

Certains  députés,  liés  par  des  mandats  impératifs,  promirent  d'écrire  immé- 
diatement à  leurs  commettants  pour  solliciter  leur  adhésion. 

Le  jeudi  6  août,  le  comité  de  rédaction  ayant  repris  les  articles  en  détail 
pour  leur  donner  une  forme  définitive,  l'article  XII  fut  ainsi  conçu  : 

«  Une  Constitution  nationale  81  la  liberté  publique  étant  plus  avantageuses 
:'<  aux  provinces  que  les. privilèges  dont  quelques-unes  jouissoient,  81  dont  le 
'(  sacrifice  est  nécessaire  à  l'union  intime  de  toutes  les  parties  de  l'empire,  il 
«  est  déclaré  que  tous  les  privilèges  particuliers  des  provinces,  principautés, 
«  villes,  corps  81  communautés,  soit  pécuniaires,  soit  de  toute  autre  nature. 


LIV.   V,   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSgS 

«  sont  abolis  sans  retour  &  demeureront  confondus  dans  les  droits  communs 
«  à  tous  les  François.  » 

Voilà  comment  tut  consommée  en  principe  la  ruine  du  système  particula- 
riste  des  anciennes  organisations  provinciales.  Le  réquisitoire  prononcé  par  le 
baron  de  Marguerittes  contre  les  Etats  de  Languedoc,  bien  loin  d'être,  comme 
on  l'a  prétendu,  un  acte  d'initiative  individuelle,  ne  faisait  que  traduire 
—  nos  lecteurs  ont  pu  s'en  apercevoir  —  les  idées  mises  en  circulation  par  la 
cour  des  comptes  de  Montpellier,  le  Parlement  de  Toulouse,  les  divers  syn- 
dicats 5c  le  vœu  exprimé,  non- seulement  dans  les  cahiers  du  tiers  état,  mais 
dans  la  majorité  de  ceux  du  clergé  St  de  la  noblesse.  L'administration  pro- 
vinciale du  Languedoc,  qui  n'était  qu'une  ombre  de  représentation,  s'était 
montrée  pourtant  supérieure  à  la  gestion  directe  des  intendances;  mais,  du 
moment  qu'un  régime  électif  devait  être  appliqué  à  l'étendue  entière  du  ter- 
ritoire, elle  perdait  son  mérite  d'exception  &  ne  laissait  plus  voir  que  son 
vice  de  recrutement  &  son  défaut  de  liberté.  Par  le  seul  fait  c[u'ils  avaient 
été  en  partie  dépositaires  de  la  puissance  publique,  les  Etats  de  Languedoc 
s'étaient  rencontrés  en  situation  de  faire  du  bien,  &  ils  en  avaient  faitj  mais, 
devant  une  révision  générale  du  régime  constitutionnel,  les  anomalies  de 
leur  composition  ne  pouvaient  trouver  grâce. 

A  la  fin  de  la  séance  du  6  août,  où  l'on  continua  de  poursuivre  la  destruc- 
tion en  détail  des  divers  droits  8<  privilèges  féodaux,  la  discussion  s'étant 
portée  sur  la  question  des  colombiers,  signalée  par  un  grand  nombre  de 
cahiers  comme  très-importante  pour  les  intérêts  de  l'agriculture,  Rabaut  de 
Saint-Etienne  donna  lecture  d'un  arrêté  conçu  dans  les  termes  suivants  : 

«  Le  droit  exclusif  de  fuies  St  de  colombiers  sera  aboli;  les  pigeons  seront 
«  renfermés  aux  époques  fixées  par  les  communautés  8c,  durant  ce  temps,  ils 
«  seront  regardés  comme  gibier.  Tout  le  monde  aura  le  droit  de  les  tuer.  » 

Cet  arrêté  devint  la  cause  indirecte  de  grands  désordres  dans  les  piovinces 
&  d'une  foule  d'attentats  contre  les  propriétés. 

Le  8  août,  le  comte  d'Entraigues  intervint  encore  dans  la  discussion  relative 
au  projet  d'emprunt  de  trente  millions  présenté  par  Necker.  Il  combattit  celte 
mesure  avec  une  extrême  véhémence.  Avant  de  recourir  à  ce  funeste  expé- 
dient, qui  dévore  les  ressources  de  l'avenir,  tous  les  autres  remèdes  devaient, 
disait-il,  avoir  ététentés,  toutes  les  économies  les  plus  sévères  mises  en  usage. 

Il  ajoutait  :  «  Personne  n'a  plus  de  confiance  que  moi  dans  le  comité  des 
«  finances;  je  lui  confierois  ma  fortune,  parce  que  ma  fortune  est  à  moi; 
«  mais  je  ne  puis  lui  confier  le  soin  de  prononcer  sur  celle  des  autres  :  ils 
«  m'en  ont  remis  la  défense;  c'est  à  moi  de  remplir  ma  mission 

«  Un  emprunt  nécessite  un  impôt.  En  votant  un  emprunt,  c'est  établir  un 
«  impôt;  c'est  ajouter  encore  à  la  masse  effrayante  qui  écrase  le  peuple. 

«  Qui  peut  nous  assurer  (|ue  les  moyens  d'économie  sont  épuisés?  L'opu- 
«  lence  de  la  Cour,  le  faste  insultant  qu'elle  affecte,  en  sont-ce  là  les  garans? 
«  Est-ce  là  ce  que  doit  être  le  cortège  d'un  prince  bienfaisant  cjui  règne  sur 
«  un  peuple  de  malheureux? 

xui.  '  ta 


1789 


~ t394  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  Ce  n'est  donc  pas  ici  qu'il  faut  chercher  des  emprunts;  ce  sont  les  éco- 
«  nomies  les  plus  sévères,  les  plus  grandes;  &  c'est  là  ce  qui  peut  sauver 
ce  l'État.  » 

Le  comte  d'Entraigues  revint  à  la  charge  le  lendemain  pour  faire  ahaisser 
le  taux  de  l'emprunt  au-dessous  de  cinq  pour  cent.  Il  déclara  cet  intérêt 
illégal,  usuraire  Si  contraire  à  tous  les  principes.  Il  ne  pouvait  croire  que  des 
Français  fussent  assez  avides  pour  se  prévaloir  de  la  détresse  générale.  On  ne 
devait  pas  taire  renaître  les  privilèges  pour  favoriser  les  capitalistes;  il  faudrait 
alors  imprimer  les  noms  des  prêteurs,  «  afin  qu'ils  retirassent  tout  à  la  fois 
u  leur  or  6i  l'exécration  publique.  » 

«  L'extrême  nécessité,  poursuivait  l'orateur,  le  salut  de  l'État  vous  ont 
u  forcés  à  accorder  l'emprunt;  n'empêchez  pas  que  l'impôt  l'atteigne;  sinon 
«  ce  n'est  pas  à  la  nation  à  le  garantir,  c'est  à  nous  à  supporter  individuel- 
«  lement  les  maux  auxquels  nous  aurions  donné  gratuitement  naissance. 
«  Éloignons  du  trésor  royal  cette  foule  d'agioteurs  qui  sucent  le  sang  des 
«  peuples;  sauvons  l'État  par  nos  sacrifices,  sans  ottenser  nos  principes  par 
«  nos  décrets.  » 

Cependant  l'époque  était  arrivée  où  le  Parlement  de  Toulouse  suspendait 
régulièrement  ses  travaux  &  nommait  pour  trois  mois  la  chambre  des  vaca- 
tions destinée  à  faire  le  service  indispensable.  Mais  la  veille  du  jour  désigné 
pour  la  formation  de  cette  chamiMe,  le  conseil  politique  fut  rassemblé  à 
l'hùtel  de  ville,  &  la  municipalité  proposa  de  solliciter  la  prorogation  du  Par- 
lement. Une  commission  avait  été  chargée  d'étudier  cette  question.  Le  capi- 
toul  Duroux  qui  fit  le  rapport,  en  présence  du  président  de  La  Hage,  des 
conseillers  Saint-Géry,  &.  Saint-Félix,  du  procureur  général  Rességuier  Se 
de  l'avocat  général  Latresne,  exposa  que,  si  la  ville  de  Toulouse  échappait, 
grâce  au  caractère  doux  &  pacifique  de  ses  habitants,  à  la  contagion  de  trou- 
bles, d'agitations  Se  de  désordres  déchaînés  dans  les  provinces  voisines,  il 
importait  de  répondre  à  la  bonne  volonté  publique  par  un  redoublement  de 
;iurveillance.  »  L'éclair,  dit-il,  est  moins  prompt  que  les  commotions  qu'on 
«  éprouve  quelquefois  d'une  extrémité  du  royaume  à  l'autre;  les  méchants 
«  toujours  en  activité  n'attendent  que  le  moment  favorable  pour  l'accomplis- 
«  sèment  de  leurs  mauvais  desseins.  «  La  sagesse  de  l'Assemblée  nationale  6c 
du  souverain  avait  recommandé  aux  populations  de  prendre  les  armes  pour 
leur  propre  sûreté;  mais  on  voyait  approcher  avec  inquiétude  le  temps  où  le 
Parlement,  prenant  son  repos  traditionnel,  allait  laisser  la  ville,  dépourvue 
de  ses  principaux  appuis,  exposée  à  toutes  les  calamités.  I/orateur  ne  manque 
point  de  rappeler  que  l'industrie  St  les  ressources  du  peuple  allaient  être  sus- 
-pendues  par  l'absence  des  familles  dont  les  dépenses  contribuaient  le  plus 
à  la  prospérité  générale  &  conclut  à  la  nécessité  de  la-prorogation.  Le  Parle- 
^nent  avait  pris  ce  parti  dans  des  circonstances  bien  moins  graves.  Il  le  ferait 
sans  doute,  s'il  en  était  jirié  au  nom  de  la  patrie.  «  Il  le  fera,  poursuivit 
c  le  capitoul,  si  nous  le  supplions  de  considérer  que  c'est  dans  son  autorité 
"  que  réside   notre   principale   confiance;   que    les   magistrats   populaires  ne 


LIV.   V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION,  iSgS 

«  marchent  avec  sûreté  qu'autant  qu'ils  sont  éclairés  de  son  flambeau,  5c  que 
«  c'est  du  concours  S<  de  la  réunion  des  pouvoirs  que  résulte  la  force".  » 

L'exagération  de  ce  langage  ne  permettait  point  de  douter  que  le  Parle- 
ment n'eût  organisé  lui-même  cette  mise  en  scène  &  commandé  les  suppli- 
cations. 

Les  trois  commissions  réunies  s'étant  déclarées  unanimes,  les  capitouls 
allèrent  déposer  entre  les  mains  du  premier  président  une  copie  de  la  déli- 
bération. 

Le  lendeinain,  le  président  de  Sapte  rendit  compte  de  la  démarche  des 
capitouls,  le  premier  président  s'excusant  d'entrer  à  la  cour  pour  cause  de 
santé. 

Lecture  faite  du  procès  verbal  de  l'hôtel  de  ville,  on  arrêta  que  les  motifs 
de  patriotisme  &  de  surveillance  publique,  énoncés  dans  la  délibération, 
exigeaient  les  plus  grands  sacrifices;  que  celui  de  l'usage  ordinaire  des 
vacances  était  le  moindre  que  les  magistrats  pussent  faire  à  leurs  concitoyens, 
lorsqu'ils  les  retenaient  en  quelque  sorte  dans  leurs  fonctions  par  un  cri  de 
confiance;  que  dans  le  nombre  immense  d'exemples  que  les  registres  du  Par- 
lement fournissaient  d'âge  en  âge  &c  dans  chaque  siècle,  de  prorogations 
motivées,  il  n'en  était  peut-être  pas  dont  les  motifs  fussent  aussi  puissants 
par  les  circonstances  générales  &c  par  la  nature  des  sentiments  qui  l'auraient 
provoquée;  qu'en  conséquence  il  n'y  avait  lieu  de  procéder  à  la  formation  de 
la  chambre  des  vacations  pour  l'année  1789,  mais  d'adhérer  au  vœu  de  la 
ville  touchant  la  prorogation  de  séance. 

L'arrêt,  visant  la  délibération  du  9  septembre  &  le  vœu  des  trois  commis- 
sions réunies,  «  pour  prévenir  les  maux  menaçans  que,  dans  les  circonstances 
«  présentes,  une  appréhension  continuelle  ne  doit  cesser  d'envisager,  »  était 
conçu  dans  les  termes  suivants  : 

«  Considérant  que,  dans  tous  les  cas,  le  salut  de  la  chose  publique  est  la 
a  suprême  loi  ; 

«  Que  le  vœu  de  la  patrie,  énoncé  dans  la  susdite  délibération,  ne  peut 
«  jamais  être  invoqué  en  vain; 

«  Que  ce  seroit  à  la  fois  trahir  ce  que  les  magistrats  doivent  au  service  du 
«  roi,  à  l'amour  dp  cette  même  patrie  8<  aux  sentimcns  si  chers  qui  les  atta- 
I'  chent  à  leurs  concito)ens,  que  de  leur  refuser  leur  service  à  quelque  époque 
(i  qu'il  soit  réclamé; 

«  Qu'il  ne  peut,  pour  eux,  y  avoir  de  repos,  tant  qu'il  reste  quelque  bien 
.'  a  faire,  &  lorsque  leur  assistance  est  invoquée,  ne  fût-ce  même  que  dans 
('  x\nc  fausse  alarme; 

«  A  ordonné  Se  ordonne,  sous  le  bon  plaisir  du  roi,  &  jusqu'à  ce  qu'autrc- 
<■  ment  il  ait  été  statué,  que  la  séance  île  ladite  cour  sera  &  demeurera  pro- 
"  rogée  pour  aviser,  le  cas  échéant,  aux  affaires  publiques,  &  pour  vaquer 
"  les  différentes  chambres  aux  jugement  &  expédition  des  affaires  seulement 

'  Aichives  de  Toulouse.  Livre  Jcs  Comcils,   LU,  p.   137, 


1789 


1789 


i3()6  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  qui  sont  &  appartiennent  à  la  juridiction  de  la  chambre  des  vacations,  aux 
«  termes  de  la  déclaration  du  roi  du  mois  d'avril  1682,  sauf  le  service  de  la 
«  chambre  des  requêtes  8c  du  souverain,  auquel  il  n'est  rien  innové.  » 

Le  procureur  général  fit  afficher  ce  placard  dans  toutes  les  sénéchaussées 
du  ressort.  C'était  une  manière  de  mettre  l'épouvante  à  l'ordre  du  jour,  8c  de 
protester,  par  cette  nouvelle  usurpation  politique,  contre  le  dessein  arrêté  de 
l'Assemblée  nationale  de  confiner  les  corps  judiciaires  dans  les  fonctions  de  la 
justice  '. 

N'oublions  pas  d'ajouter  que  le  conseil  politique  dont  la  délibération  fut 
acceptée  par  la  cour  comme  la  voix  de  la  patrie  se  composait  de  vingt  per- 
sonnes dont  cinq  dignitaires  du  Parlement,  trois  membres  de  l'aristocratie 
parlementaire  &c  plusieurs  gens  de  loi  ou  de  barreau  placés  par  état  sous  sa 
dépendance. 

Le  26  octobre,  Lanjuinais  dénonce  à  l'Assemblée  nationale,  outre  divers 
mouvements  en  Dauphiné  8>i  en  Bretagne,  ime  réunion  de  quatre-vingt-dix 
nobles  8c  de  quatre-vingts  parlementaires  convoquée  à  Toulouse  le  10  du  même 
mois.  Les  membres  de  cette  manifestation  engagent,  dit-il,  les  autres  ordres 
à  se  rassembler  «  pour  rendre  à  la  religion  son  utile  influence,  à  la  justice  sa 
«  force  active,  au  roi  son  autorité  légitime,  osons  le  dire,  sa  liberté;  8<  pour 
«  s'opposer  à  l'abolition  des  droits  8c  franchises  de  la  Province.  »  La  déclara- 
tion des  gentilshommes  languedociens  a  été  imprimée  8c  ne  tend  à  rien  moins 
qu'à  compromettre  les  plus  clairs  résultats  obtenus  par  les  Etals  généraux. 

Pour  répondre  à  ces  tentatives  de  réaction  provinciale,  l'Assemblée  décrète 
que  nulle  convocation  ou  assemblée  par  ordre  ne  pourra  avoir  lieu  dans  le 
royaume  8c  qu'il  doit  être  sursis  k  toutes  convocations  d'états  8c  de  provinces 
jusqu'à  ce  que  l'Assemblée  en  ait  déterminé  les  formes  avec  l'assentiment 
du  roi. 

Dans  la  discussion  relative  aux  biens  du  clergé,  l'abbé  Gouttes  prit  la 
parole.  Il  avoua  que  les  richesses  avaient  fait  beaucoup  de  mal  à  la  religion 
en  introduisant  dans  le  corps  ecclésiastique  des  sujets  qui  n'avaient  d'autre 
vocation  que  l'amour  d'un  bénéfice.  «  Ce  sont  elles,  dit-il,  qui  ont  mérité  à 
«  l'Église  les  persécutions  qu'elle  a  éprouvées  8c  celles  qu'elle  éprouve  encore; 
«  ce  sont  elles  enfin  qui  ont  étendu  le  mépris  dû  à  quelques  individus,  sur 
«  tous  les  pasteurs  sans  distinction.  » 

Le  député  languedocien  admettait  donc  que  l'Etat  fît  de  larges  emprunts 
aux  biens  d'église,  mais  il  souhaitait  que  les  pasteurs  jouissent  d'un  revenu 
en  biens-fonds,  afin  de  ne  pas  s'exposer  aux  chances  que  pourrait  courir  le 
culte,  s'ils  étaient  payés  par  le  fisc.  En  vue  de  détruire  les  mauvaises  impres- 
sions causées  dans  le  peuple  par  la  vie  mondaine  de  certains  bénéficiers,  il 
voulait  faire  donner  l'ordre  de  quitter  Paris  sur-le-champ  à  tous  les  membres 
du  clergé  qui  n'y  étaient  pas  retenus  par  leur  charge^. 

'  Arcliives  de  Toulouse.   Premier  recueil  d'imprl-  'Galette   nationale,    1789,   p.    3oc   Séance   du 

mis,  p.  1  ji.  '^  3  octobre. 


LIV.   V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  iSçy 

Le  comité  de  constitution,  en  étudiant  les  moyens  d'établir  le  système 
repiésentatit  sur  une  base  territoriale  uniforme  Se  régulière,, n'avait  pu  s'em- 
pêcher d'être  frappé  des  imperfections  &  des  inégalités  choquantes  qu'ofhait 
la  division  de  la  France  en  bailliages  &  sénéchaussées.  C'est  ainsi  que  l'on 
fut  amené  à  chercher  de  nouvelles  circonscriptions.  La  pensée  de  partager  le 
pays  en  carrés  géométriques  ayant  été  écartée  comme  inconciliable  avec  les 
conditions  topographiques  8t  les  intérêts  si  compliqués  des  populations,  on 
s'arrêta  à  fractionner  les  provinces  en  parties  à  peu  près  équivalentes. 

L'abbé  Gouttes  plaida  le  maintien  de  l'unité  provinciale.  Il  fit  valoir  que 
le  Languedoc  avait  ses  dettes  particulières,  supportées  les  unes  par  le  corps 
entier,  les  autres  par  les  trois  grandes  sénéchaussées,  les  diocèses  8<  les  com- 
munes, 8c  que  la  division  du  territoire  jetterait  le  plus  grand  embarras  dans 
ces  opérations. 

De  son  côté,  Rabaut  de  Saint-Étienne  combattit  le  projet  d'organiser 
isolément  les  municipalités  qui  pourraient,  dit-il,  se  former  en  autant  de 
petites  républiques. 

Le  baron  de  Jessé  parla  contre  les  remaniements  territoriaux.  Il  prétendit 
que  l'application  du  nouveau  système  de  divisions  proposé  serait  longue  & 
difficile,  &  que  l'organisation  des  pouvoirs  locaux  était  plus  pressante.  11 
croyait  malaisé  de  vaincre  le  sentiment  «  qui  attachoit  l'habitant  des  pro- 
«  vinces  autant  au  nom  de  son  sol  qu'au  sol  même.  »  C'était,  disait-on,  un 
moyen  de  fondre  les  esprits.  Mais  ne  valait-il  pas  mieux  différer  cette  expé- 
rience jusqu'au  moment  où  le  corps  politique  aurait  assez  de  santé  &  de  force 
pour  supporter  cette  opération?  L'orateur  concluait  k  la  conservation  de  la 
division  par  provinces  &  à  l'organisation  provisoire  des  municipalités'. 

L'Assemblée  nationale  arrêta  de  partager  le  royaume,  tant  pour  la  repré- 
sentation que  pour  l'administration,  en  quatre-vingt-trois  grandes  parties  qui 
porteraient  le  nom  de  départements,  usité  depuis  longtemps  dans  le  langage 
officiel  de  la  monarchie,  8<  qui  mesureraient  en  moyenne  trois  cent  quatre- 
vingts  lieues  carrées  chacune,  de  diviser  chaque  département  en  districts  & 
chaque  district  en  cantons  de  quatre  lieues  carrées. 

Le  marquis  de  Vaudreuil  déclara,  le  4  novembre,  qu'il  était  chargé  par  la 
province  de  Languedoc  de  demander,  pour  le  cas  où  elle  serait  divisée  en 
plusieurs  parties,  l'autorisation  de  réunir  ces  divisions  en  une  seule  assem- 
blée, suivant  l'ancien  régime.  Plusieurs  cahiers  contenaient,  en  effet,  le  vœu 
formel  que  l'unité  provinciale  fût  conservée,  &  si  aucune  raison  valable  ne 
pouvait  faire  désirer  le  maintien  de  la  division  intérieure  du  Languedoc  en 
diocèses,  circonscriptions  arbitraires,  œuvre  du  caprice  des  papes,  on  espérait 
du  moins  perpétuer  le  majestueux  ensemble  d'une  province  qui  valait  à  elle 
seule  un  petit  Etat.  Mais  cette  considération  même  désignait  la  Province  k  b 
destruction,  l'Assemblée  ne  voulant  pas  que  le  pouvoir  national  fût  jamais 
tenu  en  échec  par  des  pouvoirs  particularistes  trop  solidement  établis.  D'ail- 

'  Scartce  du  15  octobre  1785. 


1789 


~ 1898  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

leurs,  il  faut  reconnaître  que  la  province  de  Languedoc  était  mal  formée. 
Le  hasard  des  acquisitions  féodales  faites  par  les  comtes  de  Toulouse  l'avait 
démesurément  agrandie  dans  la  vallée  du  Rhône,  tandis  (|u'au  contraire 
les  guerres  anglaises  8t  les  apanages  royaux  lui  avaient  enlevé,  du  côté  de 
l'ouest,  certaines  dépendances  indispensables.  L'attribution  du  Rouergue  à  la 
Guienne  coupait  le  Languedoc  en  deux,  formant  un  étranglement  bizarre 
entre  les  montagnes  8c  la  mer.  A  la  différence  de  la  Bretagne,  de  la  Nor- 
mandie, de  l'Auvergne,  de  l'Alsace  qui  n'ont  pas  cessé  de  former  des  régions 
naturelles  &  qui  survivront  à  toutes  les  péripéties  administratives,  le  Lan- 
guedoc n'était  qu'une  résultante  artificielle  de  faits  de  guerre  ou  de  faveurs 
de  cour.  Ajoutons  que  l'organisation  judiciaire,  plus  rationnelle,  n'en  tenait 
pas  de  compte  &  débordait  à  l'ouest  &.  au  nord  de  façon  à  comprendre  toute 
la  haute  Guienne;  que  la  division  en  provinces  ecclésiastiques  n'y  répondait 
pas  exactement,  que  les  créateurs  des  circonscriptions  forestières  ne  s'étaient 
nullement  considérés  comme  obligés  au  respect  d'un  cadre  peu  conforme  aux 
intérêts  du  service,  8c  nous  aurons  aisément  fait  justice  de  toutes  les  décla- 
mations qui  ont  été  répétées  sur  la  prétendue  violation  des  droits  historiques 
du  pays.  Les  circonscriptions  territoriales  n'étaient  pas  plus  sacrées  en  1789 
qu'au  treizième,  au  quatorzième,  au  quinzième,  au  dix-septième  siècles,  à 
toutes  les  époques,  en  un  mot,  où  des  raisons  d'utilité  plus  ou  moins  générale 
avaient  fait  modifier  les  conditions  antérieures.  L'esprit  de  parti  s'empara  de 
la  circonstance  avec  ses  exagérations  habituelles;  mais  l'histoire  impartiale 
ne  saurait  adopter  un  jugement  dont  les  motifs  sont  erronés. 

Le  1 1  novembre,  tandis  que  l'on  débattait  les  détails  de  l'organisation  pro- 
jetée, Ramel-Nogaret,  député  de  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  proposa  de 
conserver  la  division  en  provinces,  dont  chacune  aurait  eu  son  assemblée 
particulière.  On  aurait  divisé  les  provinces  en  districts  8c  constitué  une  muni- 
cipalité dans  chaque  ville  ou  village.  Les  députés  des  municipalités  pouvaient 
former  ainsi  les  assemblées  de  districts,  8c  ceux  des  districts  les  assemblées 
nationales  8c  provinciales.  L'orateur  pensait  concilier  par  cette  combinaison 
les  avantages  du  projet  du  comité  8c  ceux  du  système  de  Mirabeau,  sans  en 
reproduire  les  inconvénients. 

Il  présenta  ensuite  un  tableau  détaillé  des  institutions  provinciales  de  Lan- 
guedoc, en  exprimant  l'espoir  que  malgré  les  vices  de  cette  administration,  il 
serait  possible  d'y  faire  d'utiles  emprunts. 

Alors  Rabaut  de  Saint-Etienne  se  leva  8c  déclara,  au  nom  d'une  partie  de 
Ja  députation  du  Languedoc,  Se  notamment  de  la  sénéchaussée  de  Nimes, 
dont  les  membres,  suivant  le  vœu  de  leur  cahier,  se  regardaient  comme 
députés  de  tous  les  Français,  qu'elle  consentait  Se  adhérait  d'avance  à  la 
division  qui  serait  adoptée  par  l'Assemblée. 

Des  protestations  analogues,  occasionnées  surtout  par  les  démarches  hostiles 
des  parlementaires  toulousains,  étaient  déjà  venues  à  l'Assemblée  nationale 
de  Nimes,  de  Béziers,  de  Pézénas,  de  Narbonne  Se  de  plusieurs  autres  points 
du  Languedoc. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1899 

Le  12  novembre,  Rahaut  de  Saint-Etienne  rendit  compte  de  l'état  du  tra- 
vail fait  par  le  comité  pour  la  division  du  royaume.  Quarante  départements 
étaient  déjà  établis  :  les  députés  des  autres  provinces  communiquaient  chaque 
jour  leurs  observations,  &  l'on  comptait  que,  dans  peu  de  temps,  la  distribu- 
tion de  tous  les  départements  serait  achevée. 

Le  même  orateur  présenta,  le  g  décembre,  un  nouveau  rapport  conte- 
nant l'état  du  travail  de  répartition  géographique.  Le  comité  se  trouvait 
retardé  par  l'embarras  des  rivalités  de  villes  qui  se  disputaient  l'avantage 
d'être  choisies  pour  chefs-lieux.  Dans  un  très-grand  nombre  de  municipalités, 
il  avait  été  nommé  des  députations  avec  mandat  de  faire  valoir  leurs  titres 
auprès  de  l'Assemblée  nationale.  Ces  rivalités  n'étaient  point  nouvelles.  Dans 
la  seiile  province  de  Languedoc,  81  pour  le  mince  privilège  d'envoyer  un 
consul  auK  Etats,  il  ne  se  passait  guère  d'année  qui  ne  vît  des  contestations 
de  ville  à  ville.  Ces  querelles  de  clocher,  qui  s'étaient  produites  à  l'occasion 
de  toutes  les  créations  de  sièges  judiciaires  8c  de  tous  les  remaniements  territo- 
riaux, se  réveillèrent  avec  une  extrême  vivacité  au  moment  de  la  constitution 
des  départements.  Avec  des  données  de  statistique  précise  &  une  étude  com- 
plète des  conditions  topographiques,  il  était  relativement  aisé  de  taire  justice 
des  prétentions  déplacées. 

Le  député  de  la  sénéchaussée  de  Nimes  proposait,  pour  concilier  les  intérêts 
opposés,  d'emprunter  aux  Etats  de  Languedoc  l'usage  des  places  tournelies  Se 
de  laisser  alternativement  le  rôle  de  chef-lieu  aux  diverses  villes  d'un  même 
départeinent  qui,  par  leur  importance  équivalente,  pouvaient  mériter  de  l'ob- 
tenir. Il  indiquait  aussi  un  mode  de  compensation  dans  la  distinction  possible 
des  chefs-lieux  administratifs,  ecclésiastiques  6<  judiciaires. 

Les  deux  motions  de  Rabaut  furent  acceptées  par  l'Assemblée  dans  la  forme 
cuivante  : 

«  Tous  les  établissemens  à  faire  dans  un  département  ne  seront  pas  néccs- 
«  sairement  dans  un  même  lieu. 

«  Les  administrations  de  département  pourront  circuler  dans  les  villes  qui 
«  seront  désignées  '.  » 

L'année  s'acheva  sans  que  l'opération  fut  entièrement  terminée.  Diverses 
manifestations  contradictoires  s'étaient  produites  dans  la  Province.  Les  pro- 
testations rédigées  par  un  groupe  de  nobles  8c  de  gens  d'église  de  Toulouse, 
sous  l'inspiration  du  Parlement,  furent  désavouées  par  une  réunion  de  com- 
missaires des  légions  de  la  garde  nationale,  rassemblés  à  l'hôtel  de  la  Bourse 
sous  la  présidence  du  major-général  Douziech.  Les  compagnies  de  grenadiers 
8<  chasseurs  de  la  Daurade  8c  de  Saint-Nicolas  avaient  pris  l'initiative  de 
cette  démonstration.  Il  y  fut  rédigé  une  réfutation  en  règle  de  trois  écrits  que 
l'on  avait  répandus  à  Toulouse  pour  soulever  l'opinion,  8c  qui  étaient  inti- 
tulés :  Déclaration  de  l'ordre  de  la  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse  : 
déclaration  du  clergé  de  la  ville;  droit  des  pasteurs  sur  les  dîmes. 

'  Gaie  te  nationale,  1789,  p.   444. 


1789 


.78p 


1790 


1400  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

L'assemblée  des  gaules  urbaines  déclara  ces  actes  «  contraires  aux  droit" 
«  de  la  nation,  attentatoires  à  l'autorité  de  l'Assemblée  nationale  8c  injurieux 
CI  à  la  personne  du  roi.  » 

Elle  condamnait  spécialement  l'opposition  faite  à  la  suppression  des  privi- 
lèges de  la  Province  &  à  la  division  nouvelle  du  royaume,  qualifiant  cette 
opposition  d'insurrection  anticipée  contre  un  décret  qui  ne  pouvait  contrarier 
en  rien  l'intérêt  commun,  du  moment  que  les  privilèges  des  provinces  étaient 
abolis. 

Des  adresses  conçues  dans  le  même  sens  furent  envoyées  à  Nos  Seigneurs 
de  l'Assemblée  nationale,  au  roi  8<.  à  la  commune  de  Paris'. 

En  Vivarais,  il  se  fit  de  grandes  fédérations  de  communes  avec  celles  du 
Daupliiné  &  de  la  Provence,  fêtant  la  cbute  des  anciennes  barrières.  On 
compta,  dans  une  de  ces  réunions,  plus  de  vingt-sept  mille  hommes  en  armes, 
qui  applaudissaient  à  la  suppression  des  douanes  provinciales  &  à  la  libre 
circulation  entre  les  diverses  parties  du  royaume.  Ces  miliciens  prêtèrent  à 
à  l'envi  un  serment  dont  la  formule  était  : 

«  Nous,  François,  jurons  à  Dieu  8<.  à  la  patrie  de  veiller  jusqu'à  la  mort  à 
n  l'exécution  des  décrets  de  l'Assemblée  nationale.  » 

Dans  la  séance  du  vendredi  8  janvier  1790,  Bureau  de  Puzy  annonça  que 
le  tracé  des  départements  se  trouvait  à  peu  près  terminé,  sauf  un  petit  nombre 
de  difficultés  de  détail.  Le  lendemain,  on  arrêta  que  les  députés  de  chaque 
département  seraient  tenus  de  se  procurer  deux  exemplaires  de  la  topographie 
de  leur  territoire,  composée  d'après  la  carte  de  Cassini,  dont  l'un  resterait  aux 
archives  de  l'Assemblée  nationale,  &  l'autre  à  celles  du  chef-lieu. 

Enfin,  le  i5  janvier,  après  avoir  écouté  les  députés  des  diverses  provinces, 
&  sur  le  rapport  du  comité  de  constitution,  l'Assemblée  décréta  que  la  France 
serait  divisée  en  quatre-vingt-trois  départements. 

Le  Languedoc  devait  en  former  sept  &  le  Vêlai  un.  Quelques  portions  du 
sol  de  la  Province  étaient  aussi  attribuées  aux  deux  départements  com])osés 
du  Pvoussillon,  du  Couserans,  du  Nébouzan  8t  du  pays  de  Foix. 

On  passa  ensuite  à  la  discussion  de  chacune  des  nouvelles  circonscriptions. 

Le  département  maritime  du  bas  Languedoc  fut  voté  le  22  janvier  St  com- 
posé du  territoire  intégral  des  trois  diocèses  de  Béziers,  de  Lodève  &  d'Agde, 
de  la  presque  totalité  du  diocèse  de  Montpellier  8c  du  diocèse  de  Saint-Pons, 
d'une  pointe  des  trois  diocèses  de  Narbonne,  de  Nimes  5c  de  Castres. 

Cette  circonscription,  bornée  à  l'ouest  par  le  Vidourle,  au  nord  par  la  ligne 
de  partage  des  eaux  entre  l'Océan  8c  la  Méditerranée,  enclavait  les  bassins 
du  Lez,  de  l'Hérault  &c  de  l'Orb,  Se  une  faible  portion  des  bassins  de  l'Aude 
8c  de  l'Agout.  Elle  fut  divisée  en  quatre  districts,  ayant  pour  chefs-lieux 
Montpellier,  Béziers,  Lodève  Se  Saint-Pons-.  Le  siège  de  l'intendance  était 
chef-lieu  du  département. 

'  On  en  trouvera  le  texte  au  Moniteur  du  8  dé-       Rcstincllcres,  Liincl-ln-ViUe,  MassilKirgrc<,  Ma»- 

ccinbre  1789.  gtiio,  Montpellier,    Frontignnn,   Cette,    Pousran, 

'  Voici  le  détail  des  districts  :   i.  Canges,  Claret,        Pignan,  Saint  George  d'Orque,  les  Ma  tel  les,  Saint- 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1401 

Le  23  janvier,  l'assemblée  décréta  la  formation  du  département  de  Tou- 
louse, composé  de  la  partie  occidentale  de  la  Province.  De  toutes  les  circons- 
criptions découpées  par  le  nouveau  régime  dans  le  territoire  de  Languedoc, 
ce  fut  celle  où  l'on  s'écarta  le  plus  des  tracés  anciens  8c  où  les  limites  provin- 
ciales furent  le  plus  sensiblement  dépassées.  11  faut  avouer  du  reste  que  ces 
innovations  n'étaient  pour  la  plupart  qu'une  restitution  historique,  8c  que 
les  traditions  d'un  passé  déjà  lointain  s'accordaient  pour  les  prescrire  avec  les 
inspirations  du  bon  sens. 

Depuis  le  quinzième  siècle,  par  suite  des  modifications  que  les  événe- 
ments politiques  avaient  amenées  dans  les  divisions  du  pays,  Toulouse  se 
trouvait  dans  cette  situation  singulière  de  commander  à  une  vaste  province, 
qui  du  côté  de  l'orient  s'étendait  à  plus  de  soixante  lieues,  8c  de  n'avoir  pas 
plus  de  trois  lieues  de  territoire  dans  sa  dépendance  administrative  du  côté 
de  l'ouest,  puisque  les  pyramides  bornales  de  la  Guienne  s'élevaient,  sur 
la  route  de  Muret,  en  face  du  village  de  Roques.  Il  est  vrai  de  dire  que 
le  ressort  judiciaire,  moins  mobile  de  son  essence  8c  mieux  défendu  par 
les  privilèges  du  Parlement,  n'avait  pas  subi  les  mômes  atteintes,  8c  s'éten- 
dant  au  loin  en  pleine  Gascogne  8c  jusqu'au  pied  même  des  Pyrénées,  y 
avait  assuré  depuis  longtemps  le  rayonnement  de  Toulouse  8c  noué  ces 
relations  d'habitude  qui  rattachent  des  populations  de  plaideurs  au  siège 
d'une  cour  supérieure.  Mais  la  Province  n'en  avait  pas  moins  perdu  de  vastes 
8c  fertiles  territoires  au  temps  où  le  roi  Louis  XI,  voulant  arrondir  un  apa- 
nage de  Guienne,  y  avait  brusquement  annexé  toute  la  rive  gauche  de  la 
Garonne. 

A  la  première  nouvelle  des  transformations  qui  se  préparaient  dans  la  géo- 
graphie administrative  de  la  France,  la  municipalité  de  Toulouse  s'était 
émue. 

Cherchant  à  compenser  selon  ses  moyens  Se  selon  les  temps  la  porte  du 
titre  de  capitale  qu'annonçaient  les  dispositions  des  législateurs,  elle  rêvait 
d'étendre  le  plus  loin  possible  les  limites  de  son  département,  englobant  dans 
ses  convoitises  l'Albigeois,  le  Castrais,  le  Lauragais  tout  entier,  le  pays  de 
Foix,  le  Comminges,  le  Nébouzan,  l'Armagnac  8c  la  Lomagne,  8c  de  nom- 
breux émissaires  avaient  parcouru  la  contrée,  colportant  de  ville  en  ville  leur 
propagande,  sollicitant  l'adhésion  des  puissances  communales,  de  Montréjeau 
à  Montauban,  de  Castelnaudary  à  Gimont,  8c  allant  quêter  des  suffrages 
jusqu'au  fond  des  gorges  de  Massât. 

LiC  comité  de  division  n'admit  pas  ces  prétentions  dans  leur  intégrité,  mais 
ne  s'y  montra  pas  entièrement  contraire  8c  résolut  d'accroître  dans  des  pro- 
portions notables  le  territoire  occidental  de  la  Province. 

Martin  de  Londres,  Castries.  —  2.  Le  Ponjol,  Bé-  Aspiran,  Clermont-LoJève,  Octon,  LoJève,  Soutes, 

darieux,    Fontes,    Montagnac,   Mèze,    Florensac,  Snint-Jean  de  la  Blaqiiière,  Montpcyroiix,  Saint- 

Agde,  Béziers,  Capestang,  CazouIs-lès-Béziers,  Mur-  André  de  Sangonis.  —  4.  Angles,  la  Salvetat  d'An- 

viel.Magalas,  Roiijan,  Pézénas,  Servian.  —  3.  Lu-  gles,  Olargues,  Cessenon  ,  Saint-Chirïian  ,  Cruzi, 

na»,  Il  Caylar,  Aniane,  Gignac,  Saint-Pargoire,  Olonzac,  la  Livinière,  Saint-Pons. 


1750 


I790 


1402  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  première  addition,  la  plus  naturellement  indiquée  ]iar  la  topographie 
5c  par  l'histoire,  fut  la  réintégration  des  deux  anciens  bailliages  de  Pvivière 
S(.  de  Verdun  qui  faisaient  partie  du  comté  de  Toulouse  à  la  mort  du  comte 
Alphonse  &  qui  avaient  été  détachés  de  la  Province  par  Louis  XI.  Depuis 
cette  époque,  ces  deux  territoires  qui  n'avaient  pas  cessé,  au  point  de  vue 
féodal  8<.  judiciaire,  d'appartenir  à  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  formaient  de 
capricieuses  saillies  de  Guienne  en  Languedoc,  dont  la  pénétration  &  l'en- 
chevêtrement bizarre  apportaient  seulement  d'inutiles  obstacles  à  la  rapidité 
du  service  '. 

Au  nord,  on  maintint  au  département,  dans  toute  leur  intégrité,  les  limites 
mêmes  de  la  Province  du  côté  de  Querci,  c'est-à-dire  depuis  Saint-Gervais 
aux  confins  de  l'Albigeois,  jusques  au  confluent  du  Tarn  &  de  la  Garonne 
sous  Saint-Nicolas  de  la  Grave,  une  frontière  presque  entièrement  naturelle, 
empruntant  tour  à  tour  les  lignes  du  Tescounet  jusqu'à  Bonrepaux,  celle 
du  Tescou  jusqu'à  Montauban,  &  enfin  la  rive  gauche  du  Tarn  depuis  la 
Bastide  Saint-Hilaire,  en  aval  de  Montauban,  jusqu'à  la  pointe  de  Tarn  8c 
Garonne.  Cette  frontière  présentait  à  la  fois  une  grande  convenance  topogra- 
phique 8c  une  fidélité  respectueuse  aux  souvenirs  de  l'histoire.  Dans  cette 
partie  de  son  cours,  8c  surtout  depuis  qu'il  a  reçu  le  contingent  des  eaux  de 
l'Aveyron,  le  Tarn,  bordé  sur  sa  rive  droite  par  une  longue  chaîne  de  col- 
lines aux  flancs  abruptes,  sépare,  en  effet,  deux  régions  de  nature  bien  dis- 
tincte :  au  midi  les  ondulations  légères  8c  les  plaines  basses  du  pays  toulou- 
sain, leurs  graviers  étalés,  leurs  oseraies,  leurs  alignements  de  peupliers,  au 
nord  les  coteaux  pierreux  8c  tourmentés  du  Querci,  ses  pentes  semées  de 
vignes,  ses  routes  en  lacet  8c  ses  bouquets  de  chênes,  derniers  vestiges  des 
austères  forêts  cadurques.  Pendant  des  siècles  aussi  cette  rivière  aux  eaux 
rouges,  creusée  comme  un  fossé  de  forteresse  au  pied  des  escarpements  qui 
lui  imposent  les  sinuosités  de  son  cours,  n'avait  pas  seulement  séparé  deux 
provinces,  mais  deux  patries;  au  delà  commençait  la  terre  anglaise,  8c  com- 
bien de  combats  ignorés  8c  de  luttes  anonymes  n'avaient  pas  ensanglanté  cette 
barrière,  malgré  le  peu  d'incertitude  qu'elle  semblait  emprunter  de  la  nature! 


'  Voici  les  noms  des  députés  envoyés  par  la  ma-  Casties,  Saint-P.iii!  &  Lavaiir;  Lespinasse  de  Saune 

nicipalité  de  Toulouse  dans  les  villes  voisines  avec  à   Castanet,  Monigiscard,   Eazicgc,  \'ilIenouTellc, 

mission   expresse   de  les  n  engager  à  se  réunir  au  Villefranche  de  Lauragais,  Avignonnet,  Labasiide 

département  toulousain  »  (délibérations  du  29  no*  d'Anjou,  Castelnaudary,  Mirepoix,  Saint-Papoul, 

vembre  &  du  1°''  décembre  1789)  ;  Dombras,  Pélis-  Saint-Félix  de  Caraman,  Saint-Julia,  Sorèze,  Puy 

sier   &  Gilabert   à  Montauban   (cinq   jours).   Vi-  laurens,  Auriac,  Caraman,  Lanta  (dix  jours), 
gnolles  à  Verdun;   Marrast  à  Massât   (vingt-six  Fabrc,   lieutsnant  en   la    maîtrtse   des   eaux   & 

jours).  forêts  à  Lombsz,  Samatan,  l'isle  en  Dodon  j  Cas- 

M.  de   Serrurier,   procureur  du    roi   en  la   mai-  sning  Se  Carol  dans  le  pays  de  Foix  (douze  jours); 

'rise  des  eaux  &  forêts,  à  Montech,  Bourret,  Saint-  Fédas  &  Caissel  à  Grenade,  Lévignac,  l'Isle-Jour- 

Nicolas   de   la    Grave,  Verdun,    le  Mas-Grenierj  dain,   Gimont,    Cologne,   Mauvezin,    Beaumont, 

Decamps   &    Molinier   à   Albi,    Gaillac,   Cordes,  Solomiac; 

risie,  Rabastens,  Saint-Sulpice  de  la  Pointe,  Bu-  Pinet  &  Moulin   à  Montréjeau,   Galan,   Bou- 

zet  &  Villemur  (neuf  jours).  logne'. 

Pons    Dévier,   Benaben   de  Lagasse,   feudiste,   à  '  Arcliivci  de  Toulouse. 


r 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  140?) 

Jusqu'en  plein  dix-huitième  siècle,  quatre  cents  ans  après  l'expulsion  défini- 
tive des  Anglais,  il  avait  encore  survécu  quelques  vestiges  des  empiétements 
à  main  armée  qu'une  longue  habitude  de  guerre  &  des  traditions  de  vio- 
lences réciproques  avaient  pour  ainsi  dire  acclimatés  d'un  bord  à  l'autre.  Sous 
Louis  XVI  même,  Guienne  &  Languedoc  se  disputaient  encore,  non  plus 
avec  la  dague  &  l'épée,  mais  avec  la  plume  des  procureurs  &  des  référendaires 
au  conseil  du  roi,  quelques  parcelles  de  territoire  situées  à  gauche  du  Tarn, 
dans  la  juridiction  de  Casteîsarrasin,  entre  le  ruisseau  d'Arone  8c  les  plateaux 
historiqvies  de  Gandalou,  Si  comprenant  les  châteaux  de  la  Valade,  de 
Labrouc,  de  Saint-Béarn,  8c  le  moulin  du  marquis  de  Saint-Alvère.  La  nou- 
velle délimitation,  en  rétablissant  nettement  la  ligne  du  Tarn,  éteignit  à 
jamais  cette  querelle  héréditaire  dont  MM.  de  Bernage,  de  Saint-Priest  8c  de 
Ballainvilliers  s'étaient  vainement  transmis  par  délégation  successive  l'irréali- 
salilc  apaisement. 

La  partie  la  plus  capricieuse  des  frontières  de  Languedoc  dans  la  région 
occidentale  était  sans  contredit  celle  qui  confinait  au  pays  de  Couserans  Se 
qui,  depuis  le  grand  démembrement  de  l'archevêché  de  Toulouse,  apparte- 
nait au  diocèse  de  Rieux.  Cette  limite,  largement  indiquée  par  la  nature  au 
confluent  du  Salât  8c  de  la  Garonne,  au  point  où  s'élève  comme  une  borne 
gigantesque  le  promontoire  de  roches  brûlées  que  dominent  les  ruines  de 
Roquefort,  suivait  d'abord  avec  une  assez  scrupuleuse  exactitude,  à  travers  les 
hauteurs  boisées  de  Citas,  de  La  Serre,  de  Mauvezin,  la  ligne  de  partage  des 
eaux  entre  le  bassin  du  Salât  Se  celui  de  l'Arise,  puis,  arrivée  aux  confins 
du  bassin  de  l'Ariége,  elle  projetait  en  saillie  une  sorte  de  losange  irrégulier, 
englobant  le  consulat  de  Rimont  8c  les  terres  de  l'abbaye  de  Combelongue, 
pour  remonter  ensuite  vers  le  nord-est,  traverser  la  belle  vallée  de  l'Arise  en 
amont  du  Mas-d'Azil,  atteindre  les  sources  de  la  Lèze,  8c  suivre  à  grande 
distance  par  les  hauteurs  le  cours  de  l'Ariége  dont  elle  allait  atteindre  le 
bord  en  aval  du  Vernet  de  Crieu.  Tout  au  sud,  à  droite  8c  à  gauche  de  la 
saillie  de  Rimont,  flottaient,  noyées  en  plein  Couserans,  deux  véritables  îles 
languedociennes,  conséquence  inexpliquée  d'ancienne  organisation  féodale, 
entièrement  détachées  du  continent  de  la  Province,  8c  renfermant,  l'une  à 
l'ouest,  les  trois  consulats  de  Lara,  de  Montjoy  8<  de  Baliar,  l'autre  à  l'est, 
ceux  de  Larbont,  de  Nescus  8c  d'Alzein.  Pour  aller  dans  ces  deux  enclaves, 
l'ap-ent  languedocien  devait  forcément  passer  en  Guienne.  C'était  la  contre- 
partie du  comté  de  Caraman,  îlot  aquitain  si  longtemps  conservé  au  cœur 
même  du  Languedoc. 

En  présence  de  pareilles  étrangetés  que  les  exigences  d'une  administration 
simple  8c  logique  ne  pouvaient  tolérer,  le  comité  de  division  se  trouva  plus 
libre  Se  n'hésita  point  à  s'écarter  des  tracés  anciens  en  ce  qu'ils  avaient  d'in- 
commode Se  d'irrationnel.  Le  département  de  Toulouse  fut  donc  composé 
du  diocèse  métropolitain  Se  d'une  portion  des  diocèses  de  Montauban,  de 
Lomhez,  de  Ricux  Se  de  Comminges,  avec  quelques  parcelles  des  diocèses 
de  Mirepoix,  de  Saint-Papoul  8c  de  Lavaur. 


1790 


1790 


1404  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

La  forme  générale  qu'on  lui  donna  était  imposée  par  le  cours  de  la  Garonne, 
dont  il  occupait  les  deux  rives,  depuis  le  Pont-du-R.oi,  sur  la  frontière  d'Es- 
pagne, jusques  au  confluent  du  Tarn.  Il  avait  été  question  d'y  annexer  aussi 
le  comté  de  Foix,  dont  Toulouse  a  toujours  été  le  débouché  nécessaire;  mais 
les  habitants  de  ce  petit  pays,  animés  d'un  esprit  local  très-intense,  parvinrent 
à  faire  maintenir  leur  isolement. 

L'Assemblée  nationale  divisa  le  département  de  Toulouse  en  huit  districts, 
ayant  pour  chefs-lieux  Toulouse,  Muret,  Rieux,  Saint-Gaudcns,  Villefranche, 
Grenade,  Revel  &  Castelsarrasin '. 

Création,  comme  tant  d'autres,  du  pape  Jean  XXII,  le  diocèse  de  Mirepoix 
n'était  qu'un  démembrement  de  celui  de  Toulouse,  dont  il  reproduisait  les 
limites  extrêmes  du  coté  de  l'est,  sur  les  confins  du  diocèse  de  Narbonne.  Du 
côté  de  l'occident,  où  les  influences  féodales  Si  l'ambition  des  comtes  de  Foix 
avaient  profondément  modifié  les  traditions  antérieures,  la  ligne  de  démarca- 
tion, quittant  l'Ariége  en  amont  de  la  ferme  d'Artenac,  une  des  dépendances 
de  l'abbaye  de  Boulbonne  dans  le  triangle  riant  &  fertile  que  découpe  le 
confluent  du  grand  Hers,  éprouvait  des  oscillations  assez  arbitraires  à  travers 
la  plaine  caillouteuse  de  Crieu,  émettant  une  saillie  sur  Villeneuve-du- 
Paréage,  au  sud  de  la  butte  de  Montaut,  Se  courait  d'une  façon  fort  capri- 
cieuse, à  travers  montagnes  S<.  vallées,  jusqu'au  fameux  lac  de  Tabe,  &  à  ces 
hauteurs  légendaires,  célèbres  dans  les  superstitions  méridionales,  qui  com- 
mandent les  sources  du  grand  Hers.  Mais,  à  partir  de  la  croix  divisoire  des 
trois  diocèses  (Alet,  Pamiers,  Mirepoix),  elle  empruntait,  presque  sans  aucun 
écart,  des  limites  naturelles  qui  n'étaient  autres  que  la  ligne  de  partage  des 
eaux  entre  le  versant  de  l'Océan  Si  celui  de  la  Méditerranée,  courant  de  hau- 
teurs en  hauteurs  &  enfermant  dans  ses  contours  les  bassins  du  grand  Hers, 
de  la  Vixiége  Si  de  l'Hers-Mort.  La  presque  totalité  de  ce  territoire  fut  attri- 
buée au  département  de  Foix,  voté  le  27  janvier.  Si  divisé  en  trois  districts  : 
Saint-Girons,  Mirepoix  81  Tarascon. 

Deux  jours  après,  l'Assemblée  créa  les  départements  de  Carcassonne  Si  du 
Vêlai.  Le  premier  fut  formé  du  diocèse  de  Carcassonne,  de  la  plus  grande 
partie  du  diocèse  de  Narbonne,  depuis  les  bouches  de  l'Aude  jusqu'à  l'étang 
de  Leucatej  de  la  plus  grande  partie  du  diocèse  d'Alet  81  d'une  portion  des 
diocèses  de  Saint-Papoul  Si  de  Mirepoix.  Il  comprit  le  bassin  de  l'Aude  à 
peu  près  entier  81  une  partie  du  bassin  du  grand  Hers. 

'  I.  Saint-Nicolas  de  la  Grave,  Verdiiii-siir-Ca-  S.  Baziége,  Villefranche,  Avignonet,  Nailloiiv, 

ronne,  Grenade,  Cadours,  Beaumont  de  Lomogne,  Montesquieu,  Montgiscard,   Saint-Lys,    Muret, 

Lavit.  Aiiterive,  Cintegabelle,  Noé,  Rieumes,  l'Herm. 

2.  Castelsarrasin,  SaintPorqiiicr,  Montech,  Vil-  7  Foiisseret,  Carbonne,  Saint-Sulpice  de  Lcznt, 
lebrumier,  GrizoUes.  Gnillac,    Rieux,  Montesquieu  de  Volvettre,  Ca- 

3.  CasteInau-d'Estrétefons,  Villemur,  Montas-  zères. 

fruc,  Verfeil,  Toulouse,  Castanet,  Léguevin,  Lévi-  8.  L'Isle-en-Dodon,   Aurignac,   Saint-Martory, 

gnac,  Blagnac,  Bruguières.  Salies,   Aspet,    Saint-Beat,    Eagnères-de-Luchon, 

4.  Lanta,  Caraman,  Saint-Félix  de  Caraman,  Saint-Bertrand  de  Comminges,  Monlréjeau,  Bou- 
Revel.  Itigne,  Saint-Gaudens. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1400 

l/Assemblée  divisa  ce  département  en  six  districts  :  Castelnaudary,  Car- 
cassonne,  Marbonne,  La  Grasse,  Limoux  &  Quillan. 

Le  département  de  Vêlai  occupa  l'Assemblée  nationale  pendant  deux 
séances,  celle  du  mardi  a6  &  du  vendredi  29  janvier,  à  cause  des  contesta- 
tions qui  s'étaient  élevées,  tant  pour  les  limites  extérieures  de  la  nouvelle 
circonscription  que  pour  sa  division  en  districts  &  pour  l'établissement  des 
divers  chefs-lieux. 

Le  plan  du  comité  souleva  surtout  les  réclamations  du  Vêlai.  Il  y  avait  au 
nord  du  pays  trois  paroisses  dont  la  possession  était  depuis  longtemps  contestée 
par  le  Forez.  M.  Riclion,  député  de  Vêlai,  parla  pour  son  département.  11 
prétendit  que  la  superficie  en  serait  insuffisante  si  l'on  n'y  réunissait  les  lieux 
en  litige.  Il  fit  voir  que  les  trois  paroisses  disputées  ne  se  trouvaient  qu'à 
deux  lieues  du  centre  d'un  district  de  Vêlai,  &  à  six  ou  sept  lieues  du  centre 
du  département,  tandis  que  le  centre  du  district  de  Lyonnais  le  plus  voisin 
en  était  éloigné  de  sept  lieues,  8c  le  chef-lieu  du  département  de  quinze.  Il 
affirma,  d'ailleurs,  que  le  vœu  des  paroisses  en  litige  était  favorable  au  Vêlai. 

Un  autre  député,  M.  Chasset,  essaya  de  faire  ressortir  l'importance  des 
aspirations  locales,  &c,  se  fondant  sur  une  raison  qui  ne  pouvait  obtenir  grande 
faveur  au  moment  où  l'Assemblée  préparait  le  renversement  radical  de  l'ancien 
système  judiciaire  de  la  France,  il  voulut  démontrer  combien  on  rencontre- 
rait d'inconvénients  à  contrarier  le  désir  de  populations  accoutumées  à  vivre 
sous  une  jurisprudence  très-différente  de  celle  du  pays  qui  les  réclamait. 

L'Assemblée  adopta  l'avis  du  comité,  en  décrétant  que  la  ligne  de  démarca- 
tion entre  le  département  de  Vêlai  &.  celui  de  Lyon  laisserait  dans  le  premier 
toutes  les  paroisses  au  sud  d'une  ligne  qui  embrasse  Saint-Pol  de  Chalençon 
8c  Saint-Just  en  Vêlai,  en  observant  que  le  Vêlai  conserverait  tout  ce  qui  lui 
appartenait  précédemment. 

Du  côté  de  Vivarais,  on  donna  une  extension  rationnelle  à  l'ancien  tracé 
en  attribuant  au  Vêlai  toutes  les  paroisses  situées  à  l'ouest  de  Coucouron,  la 
Vilate  &c  l'Espérou,  ainsi  que  celles  de  Chanderolles,  Fay-le-Froid  8c  les 
Vastres,  conformément  au  vœu  formel  qu'elles  avaient  exprimé. 

Du  côté  de  l'Auvergne,  les  innovations  furent  beaucoup  plus  sensibles. 

Cette  partie  de  la  frontière  languedocienne  avait  donné  lieu  à  de  très-lon- 
gues contestations.  L'absence  de  limites  naturelles  8c  le  caractère  du  pays 
creusé  en  tout  sens  de  vallées  profondes  8c  de  montagnes  enchevêtrées,  dans 
la  région  qui  s'étend  du  Gévaudan  au  Forez,  entre  l'Allier  8c  la  Loire,  sem- 
blaient avoir  conspiré  avec  les  rivalités  locales  pour  produire  8c  pour  éterniser 
les  difficultés.  De  larges  emprunts  faits  au  territoire  d'Auvergne  permirent 
d'étouffer  le  souvenir  de  ces  querelles  8c  de  faire  disparaître  ces  disproportions 
trop  marquées  dans  l'étendue  des  circonscriptions  administratives,  dont  l'effa- 
cement était  particulièrement  désiré  par  les  réformateurs  du  royaume. 

Du  côté  de  Gévaudan,  où  le  cours  de  l'Allier  formait  une  limite  naturelle 
depuis  Saint-Etienne  du  Vigan  jus([u'à  Sainte-Marie  des  Chazes,  il  ne  fut 
rien  innové. 


.'  199 


1406  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC 0 

Quand  il  s'agit  d'établir  la  subdivision  intérieure,  les  émulations  de  clocher 
se  multiplièrent.  Ce  n'est  pas  en  vain  que  le  pays  s'était  façonné  pendant  des 
siècles  à  voir  baronnies  £<.  consulats  envoyer  tour  à  tour,  suivant  l'évolution 
d'une  roue  traditionnelle,  leurs  représentants  aux  États  de  la  Province  ou 
aux  assemblées  diocésaines,  qui,  par  un  privilège  d'exception,  commun  au 
pays  de  Gévaudan,  à  l'Albigeois  &  au  Vivarais,  portaient  le  nom  d'États  par- 
ticuliers du  pays  de  Vêlai.  Nombre  de  villes,  où  l'usage  séculaire  ramenait  à 
périodes  fixes  le  siège  des'  assemblées  diocésaines,  prèteildirent  au  rang  de 
chefs-lieux. 

L'assemblée  nationale  résolut  de  former  seulement  trois  districts,  dont  les 
chefs-lieux  seraient  le  Puy,  maintenu  à  la  tête  du  département,  Brioude  S<. 
Issingeaux.  Toutefois,  d'après  les  termes  du  décret,  la  désignation  de  cette 
dernière  ville  n'était  faite  qu'à  titre  provisoire,  Monistrol  lui  disputant  la 
prééminence. 

Tout  le  pays  était,  en  outre,  partagé  en  trente-deux  cantons,  dont  neuf 
pour  le  district  de  Brioude,  sept  pour  celui  d'Issingeaux,  S<.  seize  pour  celui 
du  Puy'. 

Le  3  février,  on  décréta  le  département  de  Nimes,  qui  fut  composé  de  la 
presqtxe  totalité  des  diocèses  d'Alais,  de  Nimes  6c  d'Uzès,  5t  qui  conserva  à 
l'est  l'ancienne  hontière  de  L,angucdoc  le  long  du  Rhône,  depuis  Pont-Saint- 
Esprit  jusqu'à  Aigues-mortes,  8t  au  nord-ouest  une  partie  de  la  frontière  du 
Gévaudan.  Le  tracé  quelque  peu  bizarre  de  cette  circonscription,  du  côté  de 
l'ouest,  marque  une  sorte  de  fidélité  superstitieuse  aux  traditions  de  la  géo- 
graphie diocésaine. 

Le  département  de  Nimes,  enclavant,  outre  les  bassins  du  Cèze  &  des  Gar- 
dons, affluents  du  Rhône,  celui  du  Vidourle,  ainsi  que  l'Hérault  supérieur, 
fut  divisé  en  huit  districts  :  Pont-Saint-Esprit,  Beaucaire,  Uzès,  Nimes,  Som- 
mières,  Saint-Hippolyte,  Alais  &  le  Vigan.  Le  chef-lieu  devait  alterner  entre 
les  trois  villes  d'Uzès,  d'Alais  &  de  Nimes,  &  les  électeurs  départementaux 
demeuraient  en  possession  de  décider  si  l'alternance  avait  lieu  d'être  établie 
entre  quelques  chefs-lieux  de  districts^. 

'   I.   Letnpde,  Auzon,  la   Chaise-Dieu,  Paulhà-  Alais,  Vezenobre,   Lédignaii,   AnduEC,  Saint-Jean 

guet,    Langeac,   la   Voûte,    Saint-Ilpize,   Blesie,  de  Gardonenque,  Salles,  Alais. 
Brioude.  4.  Barjac,   Cornillon,"   Pont-Saint-Esprit,   B.i- 

2.  Saint-Pol  de  Clialençon,  Bas-en-Bnsset,  Mo-  gnols,  Roquemaure. 

nistrol,  Saint-Didier,  Montfaucon,  Tence,  Yssiii-  5.  Beaucaire,  Villeneuve-lès-Avignon  .Araraon, 

geaux.  Moiitfrin. 

3.  .  Craponne,  Roche  -en  -  Relgner,  Rozières,  6.  Nimes,  Marguerittes,  Manduel,  Saint-Gilles- 
Saint-Julien  de  Chapteuil,  Fay-le-Froid  ,  Mo-  les-Boucheries,  Aigues-mortes,  Ayraargues,  MilKiu, 
nastier,  Goudet,  Pradelles,  Cayres,  Saugues,  Saint-  \'auvert. 

Privât,   Loude,   Alègre,  Saint-Paulien,   le  Puy,  7.  Quissac,  Saint-Mamet,  Calvisson,  Aiguesvi- 

Polignac.  vcs,,Soiniiiières. 

'  I.  Trêves,  Valleraugae,  Sumène,   Saint-Lau-  8.  Rivière  de  Theyrargue,  Lussan,  Cavillargues, 

rent,  Alzon,  Aulas,  le  Vigan.  Connaux,    Remoulins,   Blnnzac,  Saint-Genics  de 

2.  Saint-André  de  Valborgne,  la  Salle,  Mono-  M.ilgoires,  Boucoiran,  Saint-Chaptes,  Saint- 
blet,  Sauve,  Saint-Hippolyte.  Maurice  Ae  Caze-Vieille,    Navacelle,   Mpiitaren, 

3.  Genolhac,  Saint-Aiiibroix,  Saint-Alban-lcs-  Saint-Quentin,  Uzès. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1407 

L/CS  deux  départements  du  Gévaudan  &  de  l'Albigeois  furent  décrétés  dans 
la  séance  du  5  février. 

Le  Gévaudan  formait  du  côté  du  nord-ouest  la  frontière  même  de  la  Pro- 
vince; mais  bien  que  la  politique  8c  plusieurs  siècles  d'existence  commune 
l'eussent  confondu  avec  les  autres  diocèses  dans  la  grande  unité  languedo- 
cienne, il  affectait  de  conserver  une  vie  à  part  dont  son  isolement  naturel  8^ 
ses  conditions  topôgraphiques  rendaient  la  conservation  plus  facile,  8<.  qui, 
du  reste,  s'afhrmait  surtout  par  des  usages  extérieurs,  8c  par  des  formules;  les 
assemblées  diocésaines  y  prenaient  le  titre  d'Etats  de  Gévaudan,  8c  la  tra- 
dition féodale  s'y  était  encore  assez  rigoureusement  maintenue,  à  l'état  de 
république  aristocratique,  pour  que  cbacun  des  douze  barons  en  qui  se  per- 
sonnifiait la  représentation  nobiliaire  de  la  contrée,  siégeât  seulement  chaque 
douze  ans  aux  Etats  de  Languedoc,  les  événements  8c  les  alliances  de  famille 
n'y  ayant  pas  opéré  la  même  concentration  de  pouvoirs  que  dans  les  pays  de 
plaines. 

Dans  une  grande  partie  de  son  périmètre,  le  diocèse  de  Mende  avait  des 
limites  naturelles.  A  l'est,  sur  les  confins  du  Vivarais  8c  du  Vêlai,  c'était 
l'Allier  qui  depuis  le  village  de  la  Bastide,  à  moins  de  cinq  mille  toises  des 
hautes  cimes  originelles,  jusqu'à  la  Garde,  au  nord  de  Saugues,  marquait  de 
son  cours  encaissé  8c  sinueux  la  frontière  de  Gévaudan;  à  l'ouest,  la  rivière 
de  Besse,  les  crêtes  sauvages  de  l'Aubrac  8c  du  Maillebiau,  puis  cette  grande 
courbe  de  montagnes  qui  encadrent  le  bassin  du  Tarn  dont  elles  viennent 
rétrécir  la  vallée,  séparaient  le  pays  de  l'Auvergne  8c  du  Rouergue, 

Au  midi,  le  comité  de  division  eut  à  cœur  de  réparer  diverses  distractions 
de  territoires  en  rattachant  au  Gévaudan  la  partie  supérieure  du  bassin  de  la 
Jonte  dont  Meyrueis  occupe  le  fond. 

Les  petits  centres  locaux  étaient  si  nomI)reux  8c  les  anciennes  villes  maî- 
tresses, longtemps  honorées  du  retour  périodique  des  Etats  de  Gévaudan, 
mettaient  tant  d'âpreté  à  défendre  leurs  privilèges,  que  malgré  la  pauvreté 
du  sol,  la  maigreur  des  cultures  8c  le  peu  d'importance  des  intérêts  engagés, 
l'Assemblée  nationale  ne  sut  pas  se  défendre  d'une  sorte  de  respect  pour 
toutes  ces  grandeurs  municipales,  8c  divisa  le  territoire  en  sept  districts  entre 
lesquels  se  répartissaient  cinquante-deux  cantons. 

Les  districts  étaient,  à  l'ouest  de  la  Margeride,  Malzieu,  Saint-Chély  &c 
Marvéjols;  à  l'est,  Langogne;  entre  la  Margeride  8c  la  Lozère,  Mende;  Florac 
8c  Meyrueis  dans  les  contre-forts  des  Cévennes;  Villefort,  dans  la  partie  du 
bassin  de  l'Ardèche  qui  avait  été  distraite  du  diocèse  d'Uzès'. 


'  Voici  le  détail  de  U  première  division  en  dis-  3.  Chasserades,  Saint-Jean   de  Chazorne,  Villc- 

tricls  &  en  cantons.  fort,  Alticr,  Saint-Andéol  de  Clerguemort,  le  Col- 

1.  Blavigiiac,  Malzieu,  Saint-AIban,  Serverette,  let-de-Dèzes. 

Anmont,  Brion,  Fournels,  Saint-Chély.  4.   Hispanhac,    Pont-de-Montvert ,    Cassagnas, 

2.  Laval,  Auroux,  Langogne,  Luc,  Château-  Snint-Germain  de  Calberte,  Saint-Étienne  de 
neuf  de  Uanlon,  Saint-Je.in-la-FouiUouze,  Grand-  Valfrancesque,  le  Pompidou,  Barre,  Vébron,  Flo- 
rieux.  rac. 


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1408  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Quant  au  chef-lieu  du  département,  l'Assemblée  nationale  laissa  la  ques- 
tion indécise  entre  les  deux  villes  dont  la  rivalité  lui  parut  la  plus  sérieuse, 
Si  résolut  que  l'assemblée  du  département  alternerait  entre  Mende,  la  ville 
épiscopale,  81  Marvéjols,  la  ville  industrielle,  en  assurant  toutefois  la  priorité 
à  Mende.  Ce  fut  aux  électeurs  à  déterminer  si  le  chef-lieu  devait  être  fixé 
définitivement  dans  l'une  ou  l'autre  des  deux  places. 

Le  tracé  du  département  de  Toulouse  marquait  déjà  les  bornes  de  celui 
d'Albigeois  du  côté  de  l'ouest;  on  lui  conserva  les  limites  de  la  Province  vers 
le  Rouergue,  c'est-à-dire  la  ligne  de  l'Aveyron,  &  l'on  rendit  à  l'ancien  dio- 
cèse d'Albi  la  totalité  de  son  territoire,  antérieur  à  la  création  de  l'évêché  de 
Castres,  en  y  joignant  le  diocèse  de  Lavaur  qui  n'avait  jamais  appartenu  à 
l'Albigeois,  n'étant  qu'un  démembrement  moderne  du  diocèse  de  Toulouse. 

Comme  en  Gévaudan,  deux  villes  se  disputaient  surtout  la  prééminence; 
l'une,  Albi,  faisait  valoir  ses  souvenirs  liistoriques,  l'autorité  du  nom  qu'elle 
avait  imposé  au  pays,  son  titre  archiépiscopal,  son  imposante  cathédrale,  une 
des  merveilles  du  Midi,  81  les  avantages  d'une  situation  centrale  qui  lui  per- 
mettrait de  rayonner  plus  facilement  jusc[u'aux  extrémités  du  territoire. 
C'était  la  ville  de  la  tradition  Si  des  vieilles  mœurs.  Castres,  au  contraire, 
cité  protestante  &  laborieuse,  ardemment  éprise  des  innovations  dont  l'As- 
semblée nationale  espérait  rajeunir  la  France,  mettait  en  regard  son  activité, 
sa  population  croissante,  la  prospérité  de  ses  manufactures  Se  le  développe- 
ment de  sa  richesse.  C'était  la  ville  de  la  révolution  S<  de  l'avenir. 

Aussi  les  préférences  de  l'Assemblée  inclinaient  pour  elle;  mais  comme  les 
réformateurs  du  royaume  apportaient  beaucoup  de  discrétion  dans  la  décision 
des  questions  locales,  ils  se  contentèrent  de  décréter  que  la  première  assem- 
blée de  département  se  tiendrait  à  Castres  81  qu'elle  prononcerait  s'il  y  avait 
lieu  d'y  établir  définitivement  le  chef-lieu,  ou  s'il  faudrait  le  faire  alterner 
dans  les  trois  villes  de  Castres,  de  Lavaur  S<.  d'Albi,  en  ajant  soin  d'observer 
que,  dans  le  cas  d'un  chef-lieu  unique,  les  villes  déshéritées  seraient  dédom- 
magées en  participant  aux  nouveaux  établissements. 

En  même  temps,  on  divisa  le  territoire  du  département  en  cinq  districts  qui 
furent  ceux  de  Gaillac,  Albi,  Lacaune,  Castres,  Lavaur,  8<  qui  étaient 
découpés  eux-mêmes  en  quarante-huit  cantons'. 

Le  7  février,  l'Assemblée  termina  la  division  de  la  Province  en  votant  le 

5.  Saint-Georges  de  Lévezac,  Saint-Pierre  d'Fs-  i.  Montirat,  Pampelonne',  Valence  en  Albi- 
tripiers,  la  Malenc,  Saint-Hilaiie  de  la  Piadc,  geois,  Réalmont,  Lombers,  >4/4i,  Casteinaii  de  Bon- 
Meyrueis.  nafovix,  Monestiers,  Valdériès,  Saint-Juéry, 

6.  Nasbinals,  Prinsuéjols,  Saint-Léger  de  Père,  3.  Saint-Paul  de  Massuguiès ,  Saint-Pierre  de 
Marvéjols,  Chirac,  Saint-Germain  du  Teil,  la  Ca-  Trévizy,  la  Tribale,  Lacaune,  Murât,  Saint-Ger- 
nourgiic,  Saint-Martin-la-Capelle.  vais,  Brassac  de  Belfourtès. 

7.  Les  Laubiès,  Saint-Amans,  Mende,  Bagncls-  4.  Lautrec,  la  Eessonié,  Roquecourbe,  Boissezon 
les-Bains,  Bleymard,  Saint-Etienne  de  Valdonnès,  d'Aumontel,  Mazamet,  Saint-Amand  de  V'althorct, 
Sainte-Énimie,  Chanac,  Serviére.  la    Bruguière   dit   Dulac,   Dourgne,  Sorèze,  Viel- 

'  I.  Puicelsy,MilKars,  Cordes, Cahiizac-sur-Vcre,        mur.  Castres. 
la   Basiide-Montfort,   Cadalen,    l'Isle,   Rabnstens,  5.  Saint-Sulpice  de  la  Pointe,  Briatexte,  Grau- 

Salvaignac,  Castelnau  de  Monimirail,  Cailiac.  Ihct,  Fiac,  Puyl.r..teiis,  Cuij-Toulza,  iavaur. 


LIV,   V.   LOUIS  XVI   ET  LA  RÉVOLUTION.  1409 

département  de  Vivarais.  Du  côté  de  l'est,  elle  lui  conserva  ses  limites  natu- 
relles, cette  belle  barrière  du  Rhône  qui,  pendant  des  siècles,  avait  séparé  la 
terre  française  du  fief  de  l'Empire  8<.  le  Languedoc  du  Dauphiné.  Vers  le  nord, 
du  côté  de  Forez,  on  ne  se  montra  pas  moins  fidèle  aux  frontières  historiques, 
&  le  département  perpétua  scrupuleusement  la  configuration  de  la  Province. 
La  discussion  du  tracé  renouvela  dans  cette  direction  une  ancienne  que- 
relle dont  le  conseil  du  roi  8c  les  intendants  de  Languedoc  s'étaient  longtemps 
préoccupés  sans  lui  donner  jamais  de  solution.  Il  s'agissait  du  territoire  de 
Bourg-Argental  qui  dépendait  du  Forez  Se.  avait 'été  par  suite  compris  dans 
le  projet  du  département  de  Lyonnais,  mais  dont  le  Vivarais,revendiquait  la 
possession.  Bourg-Argental  est  situé  dans  la  vallée  supérieure  de  la  petite 
rivière  de  Deome  qui  longe  Annonay,  descendant  au  Rhône,  &  dont  le 
cours  presque  entier  appartient  au  Vivarais.  La  question  donna  lieu  à  de 
longs  débats.  Le  comité  de  division,  impressionné  d'abord  par  les  arguments 
des  députés  de  Vivarais,  inclinait  à  leur  attribuer  par  provision  le  pays  con- 
testé. M.  de  Saint-Martin  qui  était  venu  soutenir  à  la  tribune,  dans  la  séance 
du  i5  janvier,  la  prétention  de  ses  collègues,  l'appuyait  de  considérations 
sérieuses  :  il  faisait  valoir  d'abord  le  peu  d'étendue  accordée  au  département 
de  Vivarais  dont  la  superficie  totale  n'excéderait  pas  deux  cent  quatre-vingts 
lieues,  tandis  que  celui  de  Lyonnais,  où  le  Forez  était  compris,  en  comptait 
près  de  quatre  cents.  11  indiquait  les  raisons  topographiques  par  où  l'on  pou- 
vait justifier  l'annexion,  la  direction  des  eaux  de  cette  vallée  sauvage  qui,  se 
recueillant  toutes  dans  le  lit  torrentueux  de  la  Deome,  montraient  d'elles- 
mêmes  le  chemin  du  Vivarais,  Si  d'autre  part  la  masse  imposante  du  mont 
Pila  qui  s'élevait,  comme  une  muraille  infranchissable,  entre  Bourg-Argental 
&  Saint-Etienne,  la  charpente  même  du  monde  ayant  jeté  comme  à  plaisir 
un  obstacle  inaccessible  entre  deux  cantons  que  les  hommes  tentaient  vaine- 
ment de  rapprocher.  11  ajoutait  que  les  relations  de  commerce,  &  le  vœu 
presque  unanime  des  habitants  de  Bourg-Argental,  à  l'exception  des  gens 
d'affaires,  concordaient  pleinement  avec  les  données  topographiques.  Trois 
orateurs  vinrent  combattre  cette  doctrine.  MM.  de  Rostaing,  Landine  & 
Richard  tentèrent  de  démontrer  que  les  convenances  générales  81  le  vœu  des 
administrés,  élément  essentiel  dans  une  contestation  de  cette  nature,  devaient 
maintenir  le  territoire  en  litige  dans  le  département  de  Lyonnais,  8c  comme 
l'un  des  trois  orateurs,  M.  Richard,  était  précisément  député  de  Bourg- 
Argental,  l'Assemblée  crut  devoir  principalement  tenir  compte  de  ses  avis  5c 
confirmer,  à  titre  provisoire,  les  résolutions  du  comité,  sauf  à  laisser  aux 
habitants  du  canton  la  faculté  de  se  réunir  au  Vivarais  lorsqu'ils  le  jugeraient 
à  propos'.  Celte  hypothèse  ne  devait  point  se  réaliser.  On  n'oublia  point  de 

'  Voici  le  texte  du  décret  :  visoirement  au    département  du   Lyonnois,  Forez 

«   L'assemblée   nationale    décrète,  d'après   l'avis  &  Bcaiijolois,  sauf  la  liberté  pour  les  habiians  de 

du  comiii  de  constitution,  que  le  Bourg-Argental,  ce  canton   de   se  réunir  au   Vivarais    lorsqu'ils  lo 

toutes    les   paroisses   &    tous    les   lieux   en    dépen-  jugeront  à  propos,  u  —  Séance  du  lundi  25  ]nn- 

d.int,  faisant  partie  du    Fonz,  demeureront  pto-  viir  1790. 

XIII.  8p 


1790 


179° 


1410  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

réintégrer  au  Vivarais  les  quatre  paroisses  de  Rochebloine,  Colombier  le 
Jeune,  Pailharès  &  Rozières  qui,  par  une  de  ces  étrangetés  dont  la  géogra- 
phie politique  offrait  tant  d'exemples,  formaient  quatre  enclaves  du  Forez. 

La  limite  occidentale,  qui  était  celle  du  Vêlai,  ne  présenta  de  difficultés 
que  sur  un  petit  nombre  de  points.  La  nature  n'y  avait  guère  laissé  de 
chance  aux  contestations,  au  moins  dans  la  région  septentrionale,  où  la  ligne 
de  faîte  entre  les  deux  grands  bassins  de  la  Loire  &  du  Rhône  formait  elle- 
même  la  division.  C'est  seulement  au  nord  du  mont  Mezcn,  dans  la  vallée 
supérieure  du  Lignon,  que  la  frontière  diocésaine  ottrait  une  infraction  au 
principe  général.  Les  trois  paroisses  de  Chandeyrolles,  Fay  le  Froid  8c  les 
Vastres,  étalées  sur  les  pentes  sauvages  du  Lignon  &  appartenant  tout  entières 
au  versant  de  la  Loire,  dépendaient  néanmoins  du  Vivarais  qui  possédait  aussi 
une  toute  petite  enclave,  appelée  la  Chabanerie,  à  quelque  distance  de  la  rive 
gauche  du  Lignon.  Ces  trois  paroisses  réclamèrent  formellement  &  obtinrent 
leur  adjonction  au  Vêlai  '. 

Dans  le  bas  Vivarais,  au  midi  du  mont  Mezen,  la  ligne  de  partage  des 
eaux  cessait  de  marquer  la  division  diocésaine,  8<  la  frontière  de  Vêlai  recu- 
lait sensiblement  vers  l'ouest,  abandonnant  au  Vivarais  la  vallée  supérieure 
de  la  Loire,  tandis  que  le  cours  de  l'Allier,  depuis  Saint-Clément  jusqu'à  la 
Bastide,  traçait  la  limite  du  Gévaudan.  Dans  cette  direction,  l'Assemblée 
jugea  convenable,  pour  mieux  équilibrer  les  deux  départements  contigus, 
d'ébrécher  l'angle  occidental  du  territoire  de  Vivarais,  en  lui  enlevant  toutes 
les  paroisses  situées  à  l'ouest  de  l'Espéron,  la  Vilate  &  Coucouron,  dans  ce 
massif  de  montagnes  désolées  qui  séparent  l'Allier  de  la  Loire. 

Du  côté  du  midi,  le  diocèse  de  Viviers  qui,  a  fourni  presque  seul  tout  le 
territoire  du  département,  s'agrandit  de  quelques  emprunts  faits  au  diocèse 
d'Uzès  &  put  rejoindre  ainsi  son  ancienne  enclave  de  Banne,  F'rahic,  Mal- 
bosc  8c  Coury.  A  partir  des  bois  de  Malbosc,  le  cours  de  l'Ardèche  continua 
de  lui  servir  de  bordure. 

Quand  il  s'agit  d'établir  les  divisions  intérieures  du  nouveau  Vivarais  8c 
la  subordination  administrative  des  diverses  villes,  les  prétentions  Se  les  riva- 
lités se  multiplièrent  comme  en  Vêlai.  Comme  en  Vêlai,  comme  en  Gévaudan, 
on  était  en  pays  de  baronnies  tournelles,  Se  l'esprit  de  localité  ardent  8c  jaloux 
qui  avait  soulevé  tant  de  querelles  de  préséance  dans  les  assemblées  d'assiette, 
ne  semblait  pas  être  près  de  s'éteindre.  D'ailleurs,  dans  ce  territoire  divisé,  de 
communications  difficiles,  8c  où  les  rigueurs  de  la  saison  compliquent  pen- 
dant plusieurs  mois  l'âpreté  des  lieux  8c  augmentent  l'isolement,  il  n'existait 
pas  de  villes  dont  l'importance  justifiât  aisément  la  suprématie.  Aussi  l'As- 
semblée nationale  crut-elle  devoir  user  de  ménagements  8c  multiplier  les 
petits  centres,  en  même  temps  qu'elle  empruntait  aux  vieilles  traditions  repré- 
sentatives du  pays  le  principe  de  l'alternance. 

Elle  divisa  le  territoire  en  sept  districts  dont  les  chefs-lieux  devaient  être 

'  Sîance  du  mardi  26  janvier  au  matin. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION. 


1411 


1750 


Annonay,  Tournon,  Vernoux,  Aubenas,  Privas,  Villeneuve  de  Berg  &  Lar- 
genticre,  réduisant  la  vieille  cité  épiscopale  au  rang  de  simple  chef-lieu  de 
canton. 

Il  fut  décidé  en  outre  que  la  première  assemblée  départementale  se  tien- 
drait à  Privas,  pour  alterner  ensuite  entre  Annonay,  Tournon,  Vernoux  Sv 
Aubenas,  &  que  les  villes  de  Saint-Péray,  Saignes,  la  Voûte,  Montpezat  Se 
Joyeuse  jouiraient  aussi,  mais  pour  les  assemblées  de  district  seulement,  du 
privilège  de  l'alternance'.  On  voit  avec  quelle  timidité  scrupuleuse  l'Assem- 
blée remuait  les  cendres  mal  éteintes  des  anciennes  animosités.  Elle  décréta, 
d'ailleurs,  que  les  électeurs  du  département  auraient  à  délibérer  sur  la  divi- 
sion des  établissements  de  ces  districts  entre  les  diverses  villes  désio-nées. 

Le  26  février,  l'Assemblée  résuma  toutes  ses  opérations  antérieures  en 
votant  le  décret  qui  fixait  la  circonscription  des  quatre-vingt-trois  départe- 
ments Se  en  assignant  à  chacune  de  ces  divisions  territoriales  son  nom  défi- 
nitif emprunté  au  fait  géographique  principal,  rivière  ou  montagne. 

C'est  ainsi  que  le  département  maritime  du  bas  Languedoc  devint  le 
département  de  l'Hérault;  celui  de  Toulouse,  la  Haute-Garonne;  celui  de 
Carcassonnc,  l'Aude;  celui  de  Nimes,  le  Gard;  celui  du  Vivarais,  l'Ardèche; 
celui  du  Vêlai,  la  Haute-Loire;  celui  du  Gévaudan,  la  Lozère;  celui  de 
l'Albigeois,  le  Tarn. 

La  Province  de  Languedoc  avait  cessé  d'exister. 

L'archevêque  de  Narbonne,  dernier  président  des  États  de  Languedoc, 
s'était  retiré  dans  sa  solitude  de  Hautefontaine*,  d'où  il  suivait  avec  tristesse 
le  grand  travail  de  démolition  qui  s'accomplissait.  Il  avait  vu  s'écrouler  tour 
à  tour  toutes  les  parties  de  ce  vieil  édifice  d'institutions  provinciales,  à  l'exis- 
tence duquel  sa  carrière  politique  avait  été  si  longtemps  liée.  Se  il  demeurait 
spectateur  silencieux  de  l'avènement  d'un  ordre  nouveau. 

Pourtant,  le  3o  mars,  il  sortit  de  sa  réserve.  Par  son  décret  du  ;3,  l'Assem- 
blée nationale  avait  réglé  l'imposition  à  établir  en  Languedoc  pour  l'année 
courante.  Au  moment  où  ce  décret,  qui  consacrait  une  dernière  atteinte  aux 
lois  du  passé.  Se  qui  frappait  les  États  dans  leur  privilège  le  plus  cher,  allait 
Être  présenté  à  la  sanction  du  roi,  M.  Dillon  pensa  que  sa  qualité  d'ancien 
chef  de  l'administration  de  Languedoc  lui  faisait  un  devoir  d'intervenir,  par 
une  tentative  suprême,  en  faveur  d'un  ensemble  d'institutions  dont  il  avait 
été  le  plus  haut  dignitaire  Se  le  défenseur  naturel. 

Il  adressa  donc  au  contrôleur  général  une  lettre  éloquente  où  il  résumait 
SCS  réclamations.  Il  observait,  en  premier  lieu,  que  le  nouveau  décret  sou- 
mettait la  province  de  Languedoc  à  payer  des  impositions  qu'elle  n'avait 
point  consenties,  au  préjudice  de  ses  droits  Se  franchises,  qu'on  ne  pouvait, 
croyait-il,  regarder  comme  légalement  abolis,  soit  parce  que  les  députés  qui 
y  ont  renoncé  n'en  avaient  ni  le  mandat  ni  le  pouvoir,  soit  parce  que,  lors 

■  Pour  les  districts  de  Tournon,  Vernoux,  Pri-  '  Il    y    était    déjà    le   24    août    1789.    Lettre   à 

vas,  Aubenas  &  Largentière.  M.  Necker. 


179° 


141  2  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

de  leur  renonciation,  ils  y  avaient  mis  la  condition  formelle  de  la  ratifica- 
tion Si  du  consentement  de   leurs  commettants.    «   Cette  ratification  &  ce  ' 
u  consentement,  disait  l'archevêque,  n'ont  point  eu  lieu,  puisque  la  Province 
«   n'a   point  été  assemblée  &(.  qu'on    ne   sauroit  faire  valoir  à  cet  égard   les 
«  adhésions  partielles  Si  isolées  de  quelques  municipalités.  » 

Le  prélat  s'étendait  surtout,  avec  une  vivacité  qui  doit  honorer  sa  mémoire, 
sur  l'injustice  que  lui  paraissait  renfermer  le  nouveau  décret  envers  les  offi- 
ciers &  agents  de  la  Province,  &  principalement  à  l'égard  des  anciens  servi- 
teurs de  l'administration  qui  avaient  obtenu  des  pensions  de  retraite. 

L'Assemblée  venait  de  supprimer,  en  effet,  l'imposition  qui  seule  pouvait 
servir  à  payer  les  honoraires  des  officiers  8<  agents  de  la  Province  pendant 
l'année  1789,  tandis  qu'ils  n'avaient  point  cessé  d'être  en  activité  8t  soumis 
à  toutes  les  dépenses  nécessaires  pour  le  service  de  l'administration,  sans 
avoir  rien  reçu  ni  pour  17B9  ni  pour  la  portion  déjà  expirée  de  l'année  1790. 

Le  sort  des  anciens  agents  de  l'administration,  pensionnés  par  elle, 
éveillait  particulièrement  la  sollicitude  de  l'archevêque  &  révoltait  sa  justice. 
<c  Ces  pensions,  dit-il,  sont  l'unique  ressource  de  plusieurs  de  ces  utiles 
«  serviteurs,  ainsi  que  de  leurs  veuves  &  de  leurs  enfans...  De  malheureux 
«  inspecteurs,  qui  ont  consumé  leur  vie  à  diriger  les  travaux  publics,  qui 
«  ont  contracté  dans  ce  service  pénible  des  infirmités,  ou  qui  y  ont  vieilli, 
«  se  trouvent  donc  sans  ressource  8<.  sans  pain,  forcés  de  recourir  à  la  charité 
«  publique.  Peut-on  être  témoin  d'une  pareille  vexation  sans  éprouver  la 
«  plus  vive  douleur?  » 

il  ajoutait  que  toutes  ces  pensions  réunies  ne  se  portaient  pourtant  en 
totalité  qu'à  la  somme  de  quinze  mille  sept  cents  livres,  ainsi  qu'on  pouvait 
s'en  convaincre  par  le  compte  rendu  des  Etats,  81  laissant  échapper  les  senti- 
ments d'amertume  que  lui  inspirait  une  aussi  rigoureuse  décision,  il  termi- 
nait par  quelques  phrases  découragées  sur  la  situation  générale  de  la  monar- 
chie. 

«  Le  roi  est  bien  à  plaindre,  s'il  n'a  pas  même  l'autorité  d'empêcher  de 
«  telles  injustices  8t  s'il  est  forcé  de  les  sanctionner. 

«  Je  sais  que  le  remède  aux  maux  que  je  déplore,  ainsi  qu'à  tant  d'autres, 
«  n'est  point  facile  à  trouver,  &  je  partage  plus  fidèlement  que  qui  que  ce 
«  soit  la  peine  que  vous  devez  ressentir  d'en  être  le  spectateur,  sans  pouvoir 
«  ni  les  réparer  ni  les  prévenir'.  » 

L'Assemblée  nationale,  afin  d'amoindrir  l'effet  des  résistances  qu'elle 
s'attendait  à  rencontrer  de  la  part  des  grandes  compagnies  judiciaires,  avait 
ordonné  que  jusqu'à  la  publication  des  lois  portant  réorganisation  de  la  jus- 
tice, tous  les  parlements  suspendraient  leurs  travaux  &.  feraient  seulement 
expédier  les  affaires  urgentes  par  les  chambres  des  vacations. 

Le  16  septembre,  parurent  enfin  des  lettres  patentes  données  à  Saint- 
Cloud,  qui  constituaient  le   nouvel   ordre  judiciaire  composé  de   magistrats 

'  Archives  nationales.  H.  i  loo. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI   ET  LA  REVOLUTION.  1413 

électifs  Se  qui  supprimaient  tous  les  offices  vénaux  de  judicature  dans  les 
cours  8t  tribunaux  du  rovaume. 

Le  secrétaire  d'Etat  envoya,  suivant  les  formes  ordinaires,  cet  acte  de 
l'autorité  souveraine  au  procureur  général  de  Toulouse,  avec  ordre  d'en 
rec[uérir  la  transcription  sur  les  registres  du  Parlement  S<  l'envoi  dans  les 
sièges  inférieurs. 

Mais  la  chambre  des  vacations,  aveuglée  sur  les  forces  dont  pouvait  dispo- 
ses encore  la  coalition  des  privilégiés,  s'était  décidée  à  tenter  un  coup  d'éclat. 
Elle  avait  déjà  écrit  une  longue  lettre  au  roi,  où,  en  s'autorisant  des  désor- 
dres qui  s'étaient  produits  en  Querci,  en  Rouergue  &  dans  quelques  autres 
parties  du  ressort,  elle  gémissait  sur  sa  propre  impuissance,  occasionnée  par 
les  malheurs  publics,  &  protestait  de  sa  fidélité  à  la  personne  du  roi. 

Le  25  septembre,  elle  rédigea  un  long  arrêté  où  elle  contestait  la  légalité 
de  tous  les  actes  de  l'Assemblée  nationale,  affectant  de  méconnaître  les 
grands  événements  accomplis,  annulant  de  son  autorité  privée  les  transfor- 
mations acclamées  par  le  pays,  déniant  aux  «  députés  des  bailliages  aux  Etats 
«  généraux  du  royaume  »  le  droit  de  donner  à  l'empire  français  une  nou- 
velle constitution,  &  surtout  le  pouvoir  d'anéantir  les  cours  souveraines  liées 
à  la  constitution  du  royaume.  Après  avoir  affirmé  son  inviolable  attache- 
ment à  la  personne  sacrée  du  roi,  aux  princes  de  son  auguste  maison,  aux 
divers  ordres  de  l'Etat,  la  cour  protestait,  pour  l'intérêt  du  «  seigneur  roi, 
«  du  clergé,  de  la  noblesse  &  de  tous  les  citoyens,  >>  contre  les  atteintes 
portées  aux  droits  de  la  couronne,  l'anéantissement  des  ordres,  la  suppression 
du  régime  féodal,  le  démembrement  de  la  Province,  la  destruction  des  tem- 
poralités ecclésiastiques. 

Elle  complétait  son  oeuvre  en  déclarant  non  avenus  8c  incapables  de  pro- 
duire aucun  effet  tous  les  enregistrements  de  lois  qu'elle  avait  faits  depuis 
le  16  novembre  1789,  à  titre  provisoire  Se  à  la  charge  de  les  renouveler  lors 
de  la  rentrée  &  en  ordonnant  que  son  arrêté  fût  transcrit  sur  ses  registres, 
en  témoignage  de  ses  principes,  comme  un  monument  consacré  par  la  magis- 
trature au  roi  8c  à  la  nation  '. 

Deux  jours  après,  M.  de  Rességuier,  procureur  général,  annonça  à  la 
chambre  des  vacations  l'ordre  qu'il  avait  reçu  du  secrétaire  d'Etat  de  faire 
enregistrer  les  lettres  patentes  du  16  septembre 5  mais  il  ajouta  qu'il  se  consi- 
dérait comme  lié  par  l'arrêt  de  l'avant-veille,  que  la  forme  d'enregistrement 
provisoire,  seule  permise  à  la  chambre  des  vacations,  semblerait  une  dérision 
s'appliquant  à  une  loi  qui  prononçait  la  dissolution  de  la  cour,  qu'imposer  à 
des  magistrats  l'obligation  de  concourir  librement  à  leur  suppression  était 
un  fait  sans  exemple  j  que  pour  lui,  aux  termes  des  proclamations  du  roi,  il 
se  trouverait  sans  qualité  pour  adresser  les  lettres  patentes  aux  bailliages  8c 
sénéchaussées  à  l'époque  où  l'envoi  pourrait  en  être  fait,  8c  qu'invariable- 
ment lié  au  sort  de  la  cour,  à  ses  principes,  à  ses  sentiments,   il   croyait 

'  Piites  juitijieatiyes,  n.  MX,  col.  2878. 


1790 


lypo 


•   1414  ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

devoir  cesser  tout  acte  de  son  ministère  au  moment  où  l'entrée  du  sanctuaire 
de  la  justice  serait  interdite  aux  magistrats,  8<.  s'anéantir  avec  eux,  fidèle  k 
son  serment,  à  son  honneur  8<  au  roi.  Il  pria  la  cour  de  lui  donner  acte  de 
la  remise  des  lettres  patentes  &  d'inscrire  sur  ses  registres  la  déclaration  qu'il 
venait  de  taire  &  qu'il  signa. 

La  chambre  des  vacations  déclara  que,  attendu  leur  objet,  les  lettres 
patentes  &  proclamation»  ne  seraient  pas  transcrites,  Se  qu'un  extrait  de  la 
délibération,  en  forme  d'arrêté,  serait  envoyé  au  roi'. 

Le  Parlement  se  flattait  encore  qu'avec  la  connivence  des  princes  du  sang, 
de  la  cour,  du  haut  clergé  8c  d'un  certain  nombre  de  grands  dignitaires  ik 
d'officiers,  il  ferait  rebrousser  chemin  à  la  révolution.  Mais,  malgré  celle 
vaine  tentative,  son  existence  judiciaire  &  politique  était  consommée.  Le 
décret  du  11  septembre  prescrivait  l'apposition  des  scellés  aux  greffes  de  la 
cour.  Dix-huit  jours  après  la  sanction  royale,  cette  formalité  fut  accomplie. 

Une  circulaire  laconique,  signée  de  trois  officiers  municipaux^  8c  datée, 
suivant  la  vieille  formule,  du  consistoire  de  la  maison  commune,  avait  con- 
voqué au  palais  tous  les  greffiers  gardes-sacs  du  Parlement.  Huit  de  ces  offi- 
ciers se  rendirent  à  l'appeP.  Le  29  septembre,  dès  onze  heures  du  matin, 
ils  étaient  à  leur  poste,  dans  une  des  salles  du  rez-de-chaussée  qu'on  appe- 
lait le  greffe  des  expéditions.  Bientôt,  des  gardes  nationaux,  appartenant 
aux  diverses  légions  de  la  ville,  allèrent  se  ranger  en  armes  à  toutes  les 
portes  du  Parlement.  Vers  midi,  le  cortège  municipal  pénétra  dans  la  grande 
salle  du  plaidoyer.  C'était  une  troupe  confuse  8c  désordonnée  qui  ne  rappe- 
lait guère,  par  ses  allures,  l'antique  solennité  des  entrées  parlementaires.  Les 
officiers  de  la  commune  se  répandirent  pêle-mêle  dans  l'enceinte  du  parquet, 
plusieurs  gardant  leurs  chapeaux  sur  la  tête,  sans  nul  souci  de  la  majesté  du 
lieu.  Des  scribes,  des  valets  de  ville,  des  gardes  nationaux  en  uniforme 
s'empressaient  autour  de  la  députation.  Cependant  les  greffiers  ne  parais- 
saient pas.  On  leur  dépêcha  le  secrétaire  de  l'hôtel  de  ville,  Michel  Dleula- 
foy,  pour  les  prier  de  se  rendre  à  la  grande  salle  du  plaidoyer.  En  fidèle 
observateur  des  traditions  de  la  cour,  maître  Trinquecostes,  portant  la  parole 
pour  ses  collègues,  répondit  que  la  place  des  greffiers  était  au  greffe  8c  qu'ils 
y  attendaient  les  officiers  municipaux.  11  fallut  de  longs  pourparlers  8c  une 
particulière  insistance  de  l'émissaire  communal  pour  ébranler  cette  résolu- 
tion. Enfin  maîtres  Trinquecostes  8c  Labroue  se  mirent  en  marche.  Quand 
ils  entrèrent  dans  la  grande  salle,  ils  rencontrèrent  au  seuil  du  parquet,  près 
de  la  lanterne  de  la  grand'chambre,  maître  Bragouze,  ancien  avocat  plaidant 
en  la  cour,  devenu  officier  municipal  depuis  la  nouvelle  organisation  de  la 
commune. 

«  Monsieur,  dit-il  à  Trinquecostes,  vous  êtes  instruit  de  l'objet  qui  amène 

'  Puces  just't/lcatives,  n.  MXI,  col.  28S2.  Navères,  Marie-Jean-Deilys  Suau,  greffiers  gardes- 

'  Bragouze,  Babard,  J.  Castaing.  s  ics  du  greffe  civil  &  leurs  collègues  maîtres  Ver- 

'  C'étaient    maîtres    Jean-Pierre   Trinquect'ftes ,  lliac,  Gaubert,  Bastien  &  Uùbotia. 
Joseph-Antoine  Labroue,  Pierre-Joseph-Sébasiien 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  RÉVOLUTION.  1415 

«  la  municipalité  au  palais  8c  des  opérations  qu'elle  doit  y  faire?  »  En  for- 
maliste prudent,  le  greffier  lui  répondit  qu'il  en  avait  connaissance  par  le 
bruit  public,  mais  que  n'ayant  pas  le  texte  du  décret  mentionné  en  la  circu- 
laire, décret  qui  était  diversement  rédigé  dans  les  bulletins  que  l'on  colpor- 
tait en  ville,  il  demandait  lecture  de  l'article  concernant  les  greffiers. 

On  lui  fit  passer  alors  un  exemplaire  imprimé  du  décret  de  l'Assemblée 
nationale,  que  l'un  des  officiers  municipaux,  le  sieur  Rouzet,  tenait  déployé 
Si  qu'il  expliquait  à  ses  collègues. 

«  Allons,  Monsieur,  dit  maître  Bragouze,  indiquez-nous  vos  greffes.  » 
Alors  Trinquecostes  s'ébranla,  suivi  du  maire,  des  officiers  municipaux,  des 
scribes,  de  quelques  valets  de  ville  Si  de  quatre  gardes  nationaux  appartenant 
aux  légions  de  Saint-Etienne,  de  Saint-Pierre,  de  la  Daurade  81  du  Taur, 
portant  leur  sabre  81  la  bayonnette  au  bout  du  fusil. 

Trinquecostes  ouvrit  toutes  les  portes  du  greffe  Si  fit  pénétrer  les  délégués 
de  la  commune  dans  les  dernières  retraites  de  cette  vaste  nécropole,  où 
s'étaient  accumulés  depuis  plus  de  trois  siècles  les  actes  81  les  procédures  du 
Parlement.  Les  magistrats  constitutionnels  défilèrent  curieusement  devant 
ces  longues  séries  de  registres  couverts  en  veau  fauve,  où,  depuis  les  périodes 
orageuses  du  seizième  siècle,  tant  de  passions  politiques  ont  laissé  leurs 
traces.  C'était  l'héritage,  consacré  à  l'histoire,  d'une  grande  institution  désor- 
mais finie.  Quelques  municipaux,  ayant  le  sieur  Bertrand  à  leur  tête,  mon- 
tèrent jusques  aux  combles  Si  mesurèrent  de  l'œil  les  amas  de  sacs  à  procès, 
gisant  pêle-mêle  dans  la  poussière,  sorte  de  détritus  juridique  où  sont  ense- 
velis pour  l'éternité  tant  de  conflits  d'intérêts  81  de  haines  particulières.  Le 
prestige  de  l'inconnu  s'attachait  à  ces  arcanes  d'où  les  règles  de  la  cour 
avaient  sévèrement  écarté  tout  œil  indiscret.  Aussi  les  municipaux  multi- 
pliaient leurs  questions. 

Comme  on  passait  devant  une  cheminée  dont  le  manteau  était  orné  de 
sculptures',  M.  Vignoles,  un  des  officiers  de  la  commune,  interpella  maître 
Trinquecostes  : 

M  Sans  doute,  Monsieur,  lui  demanda-t-il ,  cette  cheminée  en  boiserie 
«  bien  sculptée  81  ce  tableau  sont  un  ancien  reste  des  décorations  du  loge- 
«   ment  des  comtes  de  Toulouse?  » 

Le  garde-sacs  répondit  modestement  que  la  sculpture  sur  boîs  tendre  61  le 


'  Jl  existe  encore  dans  la  chambre  des  mises  en  les  murailles,  où  sont  appendus  les  portraits  de 

accusation  delà  cour  d'appel,  un  plafond  à  cais  onze    prerriers    présidents    :    Minut,   Mansencal, 

ions  de  boit  sculpté  figurant  les  travaux  d'Hercule,  Bertrand,    Daffis,     Dufour,    Verdun,    Duranti, 

&  un  grand   bas-relief  aussi    de  bois,   placé   au-  Clary,  Bcriicr,  Maniban,  Cambon. 
dessus  de   la   cheminée,   représentant  le   jugement  Le  plafond  de  la  grand'chambre  a  été  conserve, 

de  Salomon,  Le  roi   d'Israël  porte  perruque  &  le  sauf  diverses   modifications.  Ainsi   les  K  des  cais- 

collier  de  son  ordre.  sons  ont  été  remplacés  par  des   rosaces.  C'est  dans 

La    chambre    dorée   a    conservé    son    plafond    à  la  grand'chambre  que  se  trovive  la  pyramide  élevée 

neuf  caissons  figurant  des  allégories.  Les  traverses  à  Louis  XVI   par  l'ordre  des  avocats  après  le  réta- 

sont  décorées  de  fleurs  de  lys  &  d'un  arbre  arraché  blissemcnt  du  Parlement  en  1770, 
d'or.   Des   médaillons  à   plusieurs    figures    ornent 


1790 


I79U 


1416  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

genre  du  tableau  étaient  d'un  goût  assez  moderne  Se  bien  éloigné  de  l'époque 
des  comtes  '. 

Quand  on  eut  tout  visité  Se  que  l'on  se  fut  minutieusement  enquis  des 
issues  visibles  ou  secrètes  qui  pouvaient  exister  dans  ce  labyrinthe,  on  se 
détermina,  après  avoir  fermé  toutes  les  communications  intérieures,  k  n'appo- 
ser le  scellé  qu'aux  deux  principales  portes  ouvrant  sur  l'escalier  du  greffe. 
M.  de  Rigaud  &  son  secrétaire  signèrent  le  Ne  varîetur,  qui  fut  scellé  d'un 
cachet  de  cire  rouge  aux  armes  de  la  municipalité. 

On  répéta  la  même  formalité  au  bas  de  l'escalier.  Lorsqu'elle  fut  accom- 
plie, maître  Bragouze  demanda  les  clefs.  Les  greffiers  lui  répondirent  que 
les  règles  de  la  justice  ne  permettaient  pas  d'être  à  la  fois  dépositaire  du 
sceau  &  des  clefs  d'une  serrure  scellée.  On  recourut  au  décret,  8c  comme  il 
ne  prescrivait  pas  la  remise  des  clefs,  elles  turent  laissées  aux  mains  des 
gardes-sacs. 

On  voulut  les  faire  signer  ensuite  au  procès-verbal  que  la  municipalité 
dressa,  mais  ils  s'y  refusèrent  absolument.  Seulement,  au  sortir  du  palais, 
maître  Trinquecostes  emmena  dans  son  logis  trois  de  ses  collègues  £c  ils  y 
rédigèrent  ensemble  une  relation  authentique  &  détaillée  de  l'acte  qui  venait 
de  s'accomplir.  Ce  fut  leur  testament  de  greffiers.  Ils  signèrent  cette  pièce 
avec  toute  la  régularité  des  formes  juridiques.  Sans  doute  le  souvenir  des 
rigueurs  temporaires  dont  le  parlement  de  Toulouse  avait  été  l'objet  encou- 
rageait chez  eux  quelques  illusions,  61  ils  ne  pouvaient  se  résoudre  à  croire 
la  cour  souveraine  tout  à  fait  morte. 

Pourtant,  cette  fois,  la  catastrophe  était  irréparable. 

Deux  jours  après,  l'Intendance  avait  le  sort  du  Parlement. 

Ce  fut  le  I"  octobre  1790  que  prirent  fin  les  fonctions  administratives  de 
M.  de  Ballainvilliers  en  Languedoc*. 

Ainsi  disparaissait,  au  milieu  de  la  débâcle  universelle,  cette  institution 
fameuse  dont  le  Parlement  8<  les  Etats  de  la  Province  avaient  si  longtemps 
contesté  l'existence  S<  si  vainement  sollicité  la  révocation.  Après  moins  de 
deux  siècles  de  durée,  l'intendance  de  Languedoc,  création  du  despotisme 
éclairé  &  pratique  de  Richelieu,  succombait  devant  les  théories  généreuses 
mais  chimériques  de  l'Assemblée  nationale,  qui,  par  une  contradiction 
étrange,  en  poussant  à  sa  dernière  limite  l'œuvre  de  concentration  incessam- 
ment poursuivie  par  la  monarchie,  croyait  pouvoir  supprimer  tout  intermé- 
diaire entre  le  gouvernement  8c  le  pays,  8c  confier  l'administration  à  des 
groupes  électifs. 

Les  derniers  mois  de  l'intendance  de  Ballainvilliers  avaient  été  attristés 
par  beaucoup  d'épreuves  8c  de  dégoûts.  La  décomposition  de  l'ancien  orga- 
nisme administratif  était  complète.  L'ignorance  des  populations,  encore  bien 

■  Maître  Trinquîcostes  ajoute,  non  sans  malice,  aiixquêllss  chacun   de   nous  a  cherché  à  répondre 

dans  son  procès-verbal  :  avec  franchise.  » 

Il  Plusieurs  autres  officiers  municipaux  atiroient  '  Archives  nationales.  Lettre  de  M.  de  Ballain- 

fait  des  questions   à  peu  près  de  la    même  sorte,  villiers  au  contrôleur  général. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION. 


1417 


peu  préparées  à  com prendre  les  nécessités  gouvernementales  indispensables 
à  toute  société  civilisée,  favorisait  la  diffusion  de  rumeurs  absurdes  que  des 
agents  malintentionnés  répandaient  dans  les  provinces  61  qui  arrêtaient  la 
levée  des  impôts.  On  faisait  croire  aux  naïfs  que  non-seulement  les  rede- 
vances féodales  6t  les  taxes  arbitraires  étaient  supprimées  par  l'Assemblée 
nationale,  mais  qu'elle  avait  détruit  toute  espèce  de  contributions'.  L'inten- 
dant se  voyait  contraint  d2  combattre  ces  bruits  invraisemblables,  mais 
ardemment  acceptés,  avec  l'aide  d'un  personnel  mécontent,  inquiet  de  son 
avenir,  hostile  d'instinct  aux  transformations  qui  menaçaient  sa  tranquillité. 
D'ailleurs,  comme  l'intendance  avait  été  associée  à  beaucoup  d'actes  de  des- 
potisme, la  violente  réaction  qui  s'était  produite  contre  la  monarchie  absolue 
attaquait  avec  une  sorte  de  prédilection  cette  institution  administrative  dont 
on  espérait  pouvoir  se  passer.  Ballainvillicrs  souffrait  de  ce  déchaînement 
exagéré  de  rancunes,  accumulées  au  temps  de  Bâville  &  de  quelques-uns  de 
ses  successeurs,  mais  à  coup  sûr  injustes  pour  le  présent.  Il  s'en  plaignait 
avec  amertume  au  ministère  &  soupirait  après  l'heure  de  la  délivrance^. 


1790 


■  Voici  une  lettre  de  l'intendant  aux  subdélé- 
gtiés,  relative  aux  folles  rumeurs  de  suppression 
d'impôts  qui  avaient  été  répandues  en  Languedoc  : 

•  A  Montpellier,  le  1 1  septembre  1 789. 

«  Le  ministre  a  été  informé,  Monsieur,  que  la 
levée  des  impositions  ne  se  fait  pas  dans  plusieurs 
cantons  du  Languedoc  par  la  persuasion  qui  s'y 
est  répandue  que  l'Assemblée  nationale  devoit 
supprimer  toutes  les  contributions.  Vous  savez 
que,  par  son  décret  du  17  juin,  cette  assemblée, 
en  déclarant  toutes  les  contributions  non  consen- 
ties par  la  nation  illégales  &  nulles,  a  ajouté 
néanmoins  qu'elle  consentoit  provisoirement  pour 
la  nation  que  les  impôts  &  contributions  conti- 
nuent d'être  levés  de  la  même  manière  qu'ils  l'ont 
été  précédemment.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  c'est 
dans  l'ignorance  de  ce  décret  &  par  les  fausses 
interprétations  qu'on  y  a  données  qu'a  pu  s'accré- 
diter l'opinion  qu'il  n'y  auroit  plus  d'impôts.  Il 
est  donc  important  de  détruire  cette  erreur  qui, 
en  contrariant  les  vues  mêmes  de  l'Assemblée  na- 
tionale, ne  pourroit  qu'augmenter  le  désordre  des 
fin,inces  auquel  il  s'agit  de  remédier.  J'écris  en 
conséquence  des  ordres  du  ministre  la  lettre  ci- 
jointe  à  toutes  les  municipalités  de  la  Province, 
pour  les  inviter  à  pourvoir  par  les  moyens  les 
plus  efficaces  &  les  plus  prompts  au  recouvrement 
de  leur»  impositions.  Je  vous  envoie  tin  nombre 
d'exemplaires  suffisant  pour  les  adresser  à  tous  les 
maires  &  consuls  des  villes,  bourgs  &  villages  de 
votre  déparlement.  Je  vous  prie  de  les  faire  par- 
venir le  plus  promptement  qu'il  vous  sera  possible 
81  de  concourir  de  votre  côté  au  succès  des  vues 
du  gouvernement  &  du  décret  de  l'Assemblée  na- 
tionale. Vous  voudrez  bien  m'accuscr  la  réception 


du   paquet.  Je  suis.  Monsieur,  votre  très-liumble 
&  très-obéissant  serviteur. 

«  Ball\invili.ieks. 

«  Je  vous  prie  de  prévenir  les  receveurs  des 
tailles  de  me  donner  avis  du  succès  de  cette  lettre  '.  n 

'  L'intendant  écrivait,  le  16  décembre  1789,  à 
M.  Acher  de  Mortonval,  premier  commis  des 
finances  : 

n  Si  le  roi  avoit  conservé  des  représentants  dans 
ses  provinces,  la  conduite  de  la  commune  de 
Montpellier  auroit  pu  tirer  à  de  grandes  consé- 
quences, mais  actuellement  que  les  intendans 
sont  supprimés,  c'est  le  ministre  que  cet  objet 
seul  regarde,  &  il  le  terminera  de  la  manière  qu'il 
jugera  la  plus  convenable.  Je  ne  rendrai  point 
d'ordonnance  relativement  aux  biens  privilégiés; 
c'est  bien  assez  d'avaler  avec  courage  le  calice  jus- 
qu'à la  lie  sans  s'exposer  au  ridicule  &  sans  se 
compromettre  encore  pour  terminer  ta  carrière. 
M.  Necker  m'a  prié  de  rester,  j'obéis,  pour  donner 
au  roi  cette  preuve  de  mon  dévouement,  c'est  le 
plus  grand  sacrifice  que  j'aye  fait  de  ma  vie;  non 
que  je  doive  craindre  le  moindre  désagrément  per- 
sonnel dans  un  pays  où  je  suis  aimé  &  estimé; 
mais  j'avoue  que,  depuis  longtemps,  les  qualifica- 
tions odieuses  distribuées  à  MM.  les  intendans 
me  pèsent  excessivement.  Je  vous  prie  de  vouloir 
bien  observer  au  ministre  que  si  le  sort  des  bu- 
reaux &  des  subdélégués  n'est  pas  déterminé  d'une 
manière  positive,  il  me  seroit  impossible  de  con- 
tinuer avec  la  meilleure  volonté  du  monde.    » 

Les  traitements  des  bureaux  &  une  partie  de 
ceux  de  l'intendance  étaient  payés  par  la  Pro- 
vince, les  Diocèses,  les  communes,  ou  sur  le  fonds 

'  Archives  de  la  Haute-Garonne.  Intendance,  C.  161. 


i7po 


1418 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


Au  moment  de  la  constitution  des  nouvelles  municipalités  électives,  l'inten- 
dant fut  élu  maire  de  Montpellier,  à  la  majorité  de  neuf  cent  vingt-trois 
voix  sur  mille  deux  cent  trente-trois  suffrages  exprimés.  Avant  le  vote,  il 
avait  consulté  le  ministère  sur  la  question  de  savoir  si  les  fonctions  d'inten- 
dant 8c  celles  de  maire  étaient  incompatibles.  Le  ministre  se  prononça  pour 
l'incompatibilité,  &  Ballainvilliers  refusa  la  cbarge  que  venaient  lui  offrir 
les  officiers  municipaux.  Ce  refus  était  à  peine  communiqué  que  l'intendant 
reçut  du  ministère  une  nouvelle  lettre  confidentielle  l'exhortant  à  se  charger 
de  la  mairie.  Mais  l'avis  arrivait  trop  tard  ;  les  électeurs  avaient  déjà  fait  un 
autre  choix'.  Ce  contre-temps  accrut  encore  la  fatigue  de  l'administrateur. 


des  indemnités;  toutes  ces  ressources  finissaient 
au  3i  décembre  1789. 

L'intendant  insistait  encore,  le  même  jour,  dans 
une  autre  lettre,  sur  ces  difficultés  matérielles  : 

n  Plusieurs  diocèses  &  villes  de  la  Province  re- 
fusent de  payer  les  sommes  qu'ils  imposent  pour 
le  secrétariat  de  l'intendance  qui  se  portent  à 
8  100  livres.  Ce  refus  me  privera  des  fonds  néces- 
saires pour  le  payement  du  quartier  qui  doit 
échoir  à  la  fin  de  ce  mois. 

(!  Si  cette  difficulté  n'est  pas  aplanie,  je  ne 
puis  avec  la  meilleure  volonté  continuer  le  travail 
ni  faire  travailler  des  malheureux  que  je  ne  puis 
payer.  Je  vous  prie.  Monsieur,  d'engager  le  mi- 
nistre à  ne  plus  éluder  la  question,  n 

Enfin,  le  21  décembre  1789,  il  revenait  à  la 
charge  auprès  du  premier  commis  : 

«  Je  vois,  Monsieur,  que  nous  sommes  mieux 
servis  que  vous,  quoique  à  deux  cents  lieues  de 
Paris;  je  sçavois  le  décret  de  l'Assemblée  nationale 
qui  supprime  les  intendans,  avant  d'avoir  reçu 
la  lettre  de  M.  le  contrôleur  général. 

«  Je  demande  à  M.  Necker  ma  liberté  &  ma 
retraite,  car  je  n'imagine  pas  que  le  roi  veuille 
renvoyer  sans  récompense  celui  de  tous  ses  inten- 
dans qui  a  maintenu  son  autorité  intacte  jus- 
qu'au dernier  moment. 

(I  Lorsque  je  sollicite  ma  liberté,  j'y  suis  obligé. 
Que  voulez-vous  que  l'on  fasse  avec  des  subdélé- 
gués injuriés  &  point  payés  &  avec  des  commis 
qui,  n'ayant  point  de  pain,  vont  en  chercher 
ailleurs?  Au  moins  assurez-leur  jusqu'au  dernier 
décembre  les  appointemens  qu'ils  ont  gagnés,  &. 
si  le  ministre  me  retient  encore  dans  cette  galère, 
qu'il  nous  paye  ou  nous  ne  ferons  rien.  » 

Les  traitements  des  subdélégués  étaient  fixés 
pour  Toulouse,  Aubenas,  le  Puy,  à  i  loo  livres; 
—  Bagnols,  i  132;  —  Albi,  1  100;  —  Mirepoix, 
Alet  &  Linioux,  Narbonne,  i  000;  —  Carcassonne, 
Mende,  Tournon ,  Montpellier,  900;  —  Nimes, 
Béziers,  Alais,  700;  —  Castres,  Lavaur,  600;  .— 
Uzès,  568;  —  Rieux  &  Coraminges,  Saint-Pa- 
poul,  5oo;  —  Lodève,  Barre,  400;  —  Montauban, 
Saint-Pons,  35o;  —  Pézénas,  200. 


Quant  au  traitement  de  l'intendant,  il  compre- 
nait :  appointements,  12000  livres;  gages  du 
conseil,  i5oo;  frais  de  deux  hocquetons,  36oo; 
de  secrétaire,  1200;  gratification  de  la  foire  de 
Beaucaire,  4000;  total  22  3oo  livres  sur  le  trésor 
royal.  —  Sur  la  guerre  :  garnisons,  1800;  appointe- 
ments militaires,  loooo.  —  Sur  la  Province  :  dé- 
penses des  Etats,  7000;  commission  de  lyS^,  3ooc; 
indemnité,  6000.  La  foire  de  Beaucaire  coûtait 
6000  livres,  les  Etats,  19000,  &  les  autres  charges 
s'élevaient  à  8000  livres.  Restait  net,  17000  livres. 
'  L'intendant  écrivait,  le  7  février  1790  : 
n  Puisque  les  fonctions  d'intendant  sont  in- 
compatibles avec  celles  de  maire,  mon  choix  n'est 
pas  douteux.  Je  continuerai  de  servir  le  roi  dans 
la  place  qu'il  a  bien  voulu  me  donner,  tant  que 
je  pourrai  lui  être  agréable.  Je  vais  refuser  la 
mairie  &  j'espère  que  le  suffrage  du  peuple  sera 
pour  moi  un  nouveau  titre  aux  bontés  de  S.  M.  .» 
Puis,  le  23  février,  après  la  contre-lettre  : 
it  J'ai  reconnu  au  style  de  votre  lettre  l'amitié 
dont  vous  m'avez  honoré.  Je  suis  au  désespoir 
qu'elle  soit  arrivée  trop  tard.  Sur  mon  refus,  l'on 
a  nommé  M.  Durand  à  la  place  de  maire.  D'après 
votre  lettre  ministérielle  je  ne  pourois  accepter 
pour  plusieurs  raisons  :  d'abord,  ayant  été  honoré 
des  bontés  &  de  la  confiance  du  roi  dans  des 
temps  heureux,  ce  n'est  pas  dans  ceux  qui  sont 
devenus  plus  difficiles  qu'il  faut  abandonner  son 
service;  il  auroit  fallu  pour  m'y  décider  un  ordre 
positif.  Si  j'avois  renoncé  siibltement  à  l'inten- 
dance, tous  les  subdélégués  &  les  sous-ordres  qui 
ne  restent  que  par  amitié  pour  moi,  eussent  aban- 
donné le  travail,  &  tout  fût  tombé  dans  la  confu- 
sion. J'ai  donc  cru  devoir  sacrifier  au  bien  du 
service  toutes  les  jouissances  de  l'amour-propre  & 
de  l'ambition.  J'eusse  mené  une  conduite  diffé- 
rente si  votre  lettre  me  fût  parvenue  à  temps 

Il  a  fallu  me  décider  sur-le-champ,  parce  que  mon 
retard  eût  été  une  injure  pour  le  peuple,  auquel 
il  a  fallu  beaucoup  d'attachement  pour  me  par- 
donner un  refus  '.  » 

'  Archives  nationales,  H.  ggS. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1419 

Sa  santé  avait  été  atteinte;  mis  en  danger  par  une  fièvre  putride,  il  sup- 
pliait le  ministre  de  lui  permettre  de  changer  d'air,  8c,  prié  par  Necker 
d'attendre  l'organisation  des  départements  8<  des  districts,  il  invoquait  la 
situation  de  sa  femme,  qui  se  trouvait,  disait-il,  dans  un  état  affreux  Se  vou- 
lait être  ramenée  dans  le  Nord. 

Enfin,  au  mois  d'avril  1790,  Ballainvilliers  obtînt  le  congé  qu'il  sollicitait 
avec  de  si  vives  instances  &  put  s'éloigner  de  Montpellier,  où  M.  Favier, 
premier  secrétaire,  géra  pendant  quelque  temps  les  affaires  de  l'intendance. 

A  compter  du  2  octobre,  tous  les  bureaux  furent  fermés,  à  l'exception  de 
celui  du  premier  secrétaire  qui,  assisté  d'un  commis,  expédia  les  dernières 
opérations.  Deux  délégués  du  commissariat  départemental  avaient  été  chargés 
de  partager  entre  les  nouvelles  circonscriptions  l'important  dépôt  administratif 
8c  historique  des  archives  de  l'intendance. 

L'irritation  fut  à  son  comble  au  sein  de  l'Assemblée  nationale,  quand  on 
apprit  par  quelles  protestations  véhémentes  la  chambre  des  vacations  du  par- 
lement de  Toulouse  avait  répondu  aux  lettres  patentes  qui  réglaient  la  nou- 
velle organisation  judiciaire  de  la  France.  La  notification  officielle  de  cette 
audacieuse  démarche  fut  faite  aux  représentants  dans  la  séance  du  5  octobre, 
par  M.  Emmery,  qui  présidait  alors  l'Assemblée.  Il  venait  de  recevoir,  de  la 
part  du  garde  des  sceaux,  une  note  collective,  où  étaient  exposés,  en  termes 
concis  8c  sans  aucune  espèce  d'appréciation,  les  procédés  adoptés  par  les  par- 
lements de  Rouen,  Bordeaux,  Douai,  Nancy,  Grenoble  8c  Toulouse  8v  par 
le  conseil  supérieur  de  Colmar  à  l'égard  des  décrets  supprimant  toute 
l'ancienne  hiérarchie  judiciaire.  Les  deux  premières  cours  s'étaient  soumises 
sans  protestation;  la  troisième  avait  cessé  toutes  fonctions;  la  quatrième  avait 
transcrit  sur  ses  registres,  en  déclarant  obéir  à  la  force;  8c  à  Grenoble  le 
procureur  du  roi  s'était  plusieurs  fois  transporté  au  palais  sans  y  rencontrer 
personne.  A  l'égard  du  parlement  de  Toulouse,  M.  de  Cicé  écrivait  cette 
simple  phrase  :  «  La  chambre  des  vacations  du  parlement  de  Toulouse  a 
u  pris,  le  25  septembre,  un  arrêté  sur  lequel  le  roi  a  cru  devoir  se  concer- 
«  ter  avec  l'Assemblée  nationale,  avant  de  prendre  aucun  parti.  »  Lecture 
faite  de  ce  document,  dont  copie  était  jointe  à  la  lettre  du  garde  des  sceaux, 
Maximilien  Robespierre  parut  à  la  tribune. 

u  Cet  arrêté,  dit-il,  n'est  qu'un  acte  de  délire,  qui  ne  doit  exciter  que  le 
«  mépris.  L'Assemblée  peut  déclarer  aux  divers  membres  du  Parlement  de 
u  Toulouse  qu'elle  leur  permet  de  continuer  à  être  de  mauvais  citoyens.  Ce 
«  corps  se  coalise  avec  le  pouvoir  exécutif.  »  A  ces  derniers  mots,  une  partie 
de  l'auditoire  donna  des  signes  de  mécontentement.  «  Pourquoi  ce  ministre, 
<(  poursuivit  le  député  d'Arras,  s'em presse- t-il  d'en  prévenir  l'Assemblée?  » 
Les  murmures  augmentèrent,  8c  Robespierre  quitta  la  tribune,  sans  que  per- 
sonne essayât  de  soutenir  le  système  d'indifférence  dédaigneuse  qu'il  venait 
de  conseiller'. 

'  Moniteur,  tyço,  n.  180. 


1790 


I 


'79° 


14:0  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

Cependant  le  mécontentement  était  général.  La  résistance  de  la  cour  fut 
taxée  de  crime  de  lèse-nation,  &  dans  la  séance  même  où  les  arrêtés  du 
iS  8c  du  27  septembre  venaient  d'être  dénoncés,  on  décida  que,  dans  le 
délai  de  huit  jours,  le  comité  de  constitution  présenterait  le  projet  d'organi- 
sation de  la  haute  cour  nationale,  à  qui  reviendrait  la  mission  de  juger  de 
pareils  coupables. 

L'acte  des  parlementaires  toulousains  avait  été  renvoyé  au  comité  des  rap- 
ports, afin  que  l'Assemblée  nationale  pût  être  complètement  édifiée  sur  la 
portée  de  cette  manifestation.  Ce  fut  le  prince  Victor  de  Broglie,  fils  du 
maréchal  de  France,  &  député  de  l'Alsace,  qui,  dans  la  séance  du  vendredi 
8  octobre,  porta  la  parole  au  nom  des  commissaires.  Ses  premiers  mots  lais- 
sèrent entrevoir  la  rigueur  de  ses  conclusions. 

«  Jamais,  dit-il,  les  fonctions  que  vous  avez  confiées  à  votre  comité  des 
<(  rapports  ne   lui    paraissent   plus   pénibles  que   lorsqu'elles   lui    imposent 

«   l'obligation  de  provoquer  votre  juste  sévérité  contre  les  citoyens »  Il 

exposa  que  l'intérêt  public,  la  gravité  des  circonstances,  l'achèvement  de  la 
constitution  Se  le  maintien  de  l'ordre  exigeaient  une  répression  énergique. 

Il  rappela  un  article  formel  du  décret  du  5  novembre  1789,  portant  que 
«  les  membres  de  toute  cour,  même  en  vacation,  tribunal,  municipalité  8c 
«  corps  administratifs  qui  n'auroient  pas  inscrit  sur  leurs  registres,  dans  les 
«  trois  jours  après  la  réception,  8c  fait  publier  dans  la  huitaine  les  lois  faites 
«  par  les  représentans  de  la  nation,  sanctionnées  ou  acceptées  par  le  roi, 
«  seroient  poursuivis  comme  prévaricateurs  8c  coupables  de  forfaiture.  »  La 
solennité  même  de  la  contravention  commise  par  les  officiers  du  Parlement, 
à  la  suite  d'un  réquisitoire  motivé  du  procureur  général  Se  l'envoi  de  leur 
arrêté  au  roi  aggravaient  encore  la  faute.  D'ailleurs,  il  n'était  plus  possible 
d'attribuer  leur  désobéissance  «  à  l'égarement  Se  à  des  regards  inquiets  jetés 
«  en  arrière  sur  des  prérogatives  longtemps  usurpées  j  »  les  termes  de  l'arrêté 
du  25  septembre  inspiraient  des  réflexions  plus  sérieuses. 

Le  prince  de  Broglie  lut  alors  dans  toute  son  intégrité  ce  long  manifeste, 
dont  chaque  phrase,  lentement  élaborée  par  des  magistrats  qui  croyaient  être 
encore  au  temps  de  Fitz-James,  trahissait  une  aspiration  vers  un  passé  à 
jamais  détruit  Se  condamnait  les  actes  les  plus  éclatants  de  la  représentation 
nationale.  A  la  fin  de  sa  lecture,  il  ajouta  : 

«  Chef  d'œuvre  à  la  fois  d'égarement  8c  de  perfidie,  cet  arrêté  sacrilège  est 

«  au-dessous  de  toute  qualification C'est  le  tocsin  de  la  rébellion  sonné 

«  par  ceux  mêmes  dont  les  fonctions  augustes  8c  bienfaisantes  ne  devaient 
«  tendre  qu'à  la  paix  Se  à  la  tranquillité.  »  Il  reprocha  aux  parlementaires 
d'attaquer  la  constitution  dans  sa  base,  de  contester  aux  représentants  du 
peuple  les  pouvoirs  que  le  peuple  leur  avait  confiés,  de  réveiller  les  préten- 
tions éteintes  des  ordres  qui  n'existaient  plus,  d'évoquer  le  fanatisme,  d'abu- 
ser du  nom  sacré  de  la  religion,  de  qualifier  d'adhésions  partielles  le  concours 
unanime  des  citoyens,  d'obscurcir  la  gloire  du  monarque  en  lui  présentant 
comme  un  hommage  le  vœu  coupable  du  retour  de  l'ancien  ordre  de  choses. 


LIV.  V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION. 


1421 


8c  en  osant  lui  proposer  de  violer  lui-même  ses  serments,  &  enfin  de  pousser 
le  raffinement  de  la  désobéissance  jusqu'à  retraire,  pour  ainsi  dire,  dans  le 
passé,  la  soumission  à  la  loi   manifestée  par  des  enregistrements  antérieurs. 

L'orateur  termine  en  déclarant,  au  nom  du  comité,  que  les  membres  de 
la  chambre  des  vacations  étant  prévenus  de  forfaiture  8c  de  rébellion  aux 
décrets  de  l'Assemblée  nationale,  acceptés  &c  sanctionnés  par  le  roi ,  leur 
liberté  serait  un  scandale  pour  les  citoyens  fidèles  8c  leur  évasion  un  malheur 
public,  8c  en  proposant,  au  nom  de  la  patrie  en  danger,  de  frapper  les 
regards  du  peuple  par  l'appareil  d'un  grand  exemple. 

«  Les  membres  du  Parlement  de  Toulouse  ont  osé  dire  que  ces  arrêtés 
«  séditieux  étoient  un  monument  qu'ils  consacroient  au  roi  8c  à  la  nation. 
«  Leur  audace  vous  prescrit  votre  devoir  :  que  la  punition  sévère  de  cet 
«  arrêté  soit  l'éternel  monument  de  la  vindicte  publique  81  de  la  puissance 
u  des  lois  !    » 

Ce  réquisitoire  passionné  fut,  avec  le  projet  de  décret  dont  le  prince  de 
Broglie  donna  lecture,  accueilli  par  les  applaudissements  de  l'Assemblée,  qui 
en  ordonna  l'impression. 

Malgré  la  proposition  de  l'abbé  Maury,  tendant  à  clore  immédiatement  la 
discussion  pour  éviter  de  perdre  un  temps  précieux,  Alexandre  Lameth  prit 
aussitôt  la  parole  pour  appuyer  en  termes  énergiques  la  proposition  du 
comité.  Il  dit  que  l'on  pouvait  proposer  deux  moyens  de  réprimer  l'audace 
du  Parlement  de  Toulouse  :  la  vengeance  de  l'opinion  ou  celle  des  lois,  le 
ridicule  ou  le  châtiment;  mais  il  opta  pour  ce  dernier  parti,  affirmant  que 
la  sévérité  était  indispensable,  du  moment  qu'il  ne  s'agissait  plus,  comme 
dans  un  incident  récent,  d'une  tentative  de  résistance  isolée  aux  volontés  de 
la  nation,  mais  des  manœuvres  d'une  assemblée  délibérante,  8c  quand  cette 
assemblée  était  un  parlement,  un  de  ces  corps  qui,  depuis  plus  de  huit 
siècles,  avaient  apporté  sans  cesse  des  obstacles  au  progrès  de  la  liberté  en 
s'en  disant  les  défenseurs,  8c  qui,  dans  ce  moment  même,  ralliaient  encore 
les  espérances  des  mécontents. 

Cependant  la  députatiou  de  Languedoc  demeurait  muette.  Enfin  un 
envoyé  du  tiers  état  de  la  sénéchaussée  de  Villeneuve  de  Berg  en  Vivarais, 
Madier  de  Monjau,  premier  consul  maire  de  Bourg-Saint-Andéol,  essaya 
quelques  mots  de  défense;  mais  il  le  fit  gauchement  8c  ne  fut  point  écouté. 
Il  voulait  «  rappeler,  disait-il,  des  principes  incontestables.  Qu'étoient  les 
<i  parlemens?  les  dépositaires  de  l'ancienne  constitution.  Ils  l'avoient  reçue 
«  des  mains  du  roi;  ils  ont  juré  de  la  maintenir;  ils  ont  dû,  en  la  déposant, 
<i  faire,  non  comme  l'a  dit  M.  le  rapporteur,  une  protestation,  mais  une 
«  déclaration.  »  Cette  subtilité,  que  démentaient  d'ailleurs  les  expressions 
mêmes  de  la  chambre  des  vacations,  n'eut  aucun  succès;  elle  excita  les  rires 
Se  les  murmures  de  l'Assemblée;  l'orateur  essaya  de  la  justifier  par  une  com- 
paraison qui  était  au  moins  contradictoire  dans  les  termes  8c  une  hypothèse 
qui  devait  médiocrement  flatter  la  confiance  des  députés  en  la  pérennité  de 
leurs  œuvres.  «  Si  une  nouvelle  législature,  dit-il,  renversoit  ce  que  vous 


1790 


1 


1790 


ï4î2'  ÉTUDES   HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

«  avez  fait,  5c  que  les  nouveaux  iuges  protestassent,  serait-il  juste  de  les 
«  renvoyer  devant  la  haute  cour  nationale?  »  Bien  que  l'avocat  du  Vivarais 
déclarât  sa  comparaison  «  parfaite,  »  elle  ne  fut  point  goûtée,  8c  si  quelques 
applaudissements  se  mêlèrent  au  bruit  des  rires  8c  des  murmures  qui  accueilli- 
rent cette  péroraison,  personne  n'entreprit  de  suppléer  le  défenseur  malhabile. 

M.  d'Espremènil,  qui  essaya  d'établir  que  l'acte  du  parlement  de  Toulouse 
était  bien  une  protestation,  ne  put  obtenir  le  silence,  tant  l'Assemblée  avait 
hâte  de  frapper  les  magistrats  insoumis.  M.  Émmery,  qui  présidait  la  séance, 
avant  alors  annoncé  qu'un  membre  proposait  la  question  préalable  sur  le 
rapport,  Mirabeau  fit  entendre  sa  voix  de  tribun.  «  Je  demande,  dit-il,  que 
«  le  nom  de  ce  membre  soit  connu  &c  inscrit  au  procès-verbal.  «  C'était  le 
système  d'intimidation  des  assemblées  révolutionnaires  qui  s'inaugurait. 
L'auteur  de  la  proposition  n'osa  point  affronter  l'orage  d'impopularité  que 
Mirabeau  venait  d'appeler  sur  sa  tête,  8c  cette  parole  isolée  ne  demeura  pas 
seulement  impuissante,  mais  anonyme. 

Après  un  court  débat,  l'Assemblée  rendit  un  décret  portant  que  les  mem- 
bres de  la  ci-devant  chambre  des  vacations,  signataires  des  arrêtés  de  sep- 
tembre, 8c  le  procureur  général  de  la  cour  seraient  traduits  par-devant  le 
tribunal,  en  voie  d'organisation,  destiné  à  juger  les  crimes  de  lèse-nation, 
pour  y  être  procédé  contre  eux,  sur  l'accusation  de  rébellion  8c  de  forfaiture, 
8c  qu'attendu  la  nature  du  délit,  le  roi  serait  supplié  de  donner  sans  délai 
des  ordres  pour  s'assurer  de  la  personne  des  coupables. 

Le  lendemain,  afin  de  prévenir  les  imitations  que  pouvait  susciter  un 
aussi  éclatant  exemple  parmi  les  corps  judiciaires  de  la  France,  8c  d'empêcher 
toute  réunion  de  magistrats  déchus,  convoquée  sous  le  prétexte  des  lois  nou- 
velles, de  hasarder  quelque  démonstration  politique,  M.  Le  Chapelier  pro- 
posa, au  nom  du  comité  de  constitution,  &c  fit  adopter  un  décret  qui  défen- 
dait à  toute  compagnie  d'anciens  juges,  séparée  sans  avoir  arrêté  le  tableau 
de  ses  dettes,  de  se  rassembler  pour  procéder  à  cette  opération  8c  qui  en 
confiait  le  soin  aux  seuls  greffiers  '. 

Le  jour  même  où  le  décret  de  l'Assemblée  nationale  avait  été  rendu  contre 
la  chambre  des  vacations,  il  fut  présenté  à  la  sanction  du  roi,  qui  le  ratifia 
le  12  octobre.  M.  de  Saint-Priest,  secrétaire  d'Etat,  l'adressa  aussitôt  à  la 
municipalité  de  Toulouse,  avec  une  proclamation  royale  8c  une  lettre  de 
transmission  ainsi  conçue  : 

«  Je  vous  envoie  ci-jointe  la  proclamation  du  roi  sur  le  décret  de  l'Assem- 
«  blée  nationale  8c  je  vous  prie  de  m'en  accuser  la  réception  8c  de  m'instruire 
«  des  mesures  que  vous  aurez  prises  pour  en  assurer  l'exécution.  i> 

Le  corps  municipal  se  trouva  dans  le  plus  grand  embarras;  il  n'avait  pas 
de  troupes,  pas  de  gardes  nationaux  armés;  il  ne  put  obtenir  de  dix  magis- 
trats de  la  chambre  des  vacations  que  l'engagement  de  ne  pas  s'éloigner^.  Se 

'Moniteur,  1790,  n.  281.  rôle  d'honneur,  de  me  représenter  sur  I«  réquisi- 

'  La  déclaration  était  ainsi  conçue  :  toire  de  la   municipalité,  &  en  conséquence,  si  je 

•t  Je  soussigné  certifie  &  m'oblige,  sur  ma    pa-       m'absente,  soit  pour  aller  à  ma   maison   de   cam- 


LIV,   V.  LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  1428 

il  écrivit  à  l'Assemblée  nationale  pour  lui  faire  part  de  son  impuissance  8c 
de  ses  craintes  '. 

Le  prince  de  Broglie  entretint  la  Chambre  de  ces  incidents,  à  la  séance 
du  9  novembre.  Il  reprocha  au  ministère  d'avoir  abandonné  à  des  corps 
administratifs  une  fonction  uniquement  attribuée  au  pouvoir  exéciitif.  11 
prononça  un  violent  réquisitoire  contre  les  membres  du  cabinet,  qvi'il  déclara 
«  suspects  au  peuple,  inhabiles  8c  malintentionnés,  »  &c  dénonça  la  «  forme 
«  dérisoire  des  lettres  de  M.  Guignard.  » 

L'Assemblée  nationale,  après  avoir  entendu  le  compte  qui  lui  a  été  rendu 
par  son  comité  des  rapports,  relativement  à  la  non-exécution  du  décret  du 
8  octobre  contre  les  membres  de  la  ci-devant  chambre  des  vacations  du  parle- 
ment de  Toulouse,  décrète  que  son  président  se  retirera  par  devers  le  roi, 
à  l'effet  d'exposer  à  Sa  Majesté  que  c'est  par  la  faute  de  M.  Guignard , 
ministre  des  départements,  que  le  décret  du  8  octobre  n'a  pas  été  exécuté  8c 
pour  le  supplier  de  donner  incessamment  de  nouveaux  ordres  pour  l'exécu- 
tion prompte  8c  littérale  de  ce  décret. 

Le  prince  de  Broglie  reparut  à  la  tribune  le  3o  novembre,  pour  entretenir 
une  troisième  fois  l'Assemblée  nationale  de  l'inertie  du  pouvoir  exécutif. 

«  Par  la  faute,  dit-il,  d'un  ministère  universellement  dénoncé  par  l'opi- 
«  nion  publique,  votre  décret  du  8  octobre  est  demeuré  sans  exécution,  » 

11  rappela  l'engagement  d'honneur  qu'avaient  pris  les  magistrats  toulou- 
sains, 8c  il  ajouta  : 

«  Le  doute  que  je  fus  obligé  de  témoigner  sur  la  solidité  de  la  chaîne  qui 
«  retenoit  seule  des  magistrats  déjà  convaincus  d'avoir  forfait  à  l'honneur 
«  par  l'infraction  de  leur  serment  civique,  ce  doute  que  partageoit  la  majeure 
«  partie  de  l'Assemblée,  parut  à  quelques  membres  un  doute  élevé  contre 
«  l'honneur  même,  n 

Cependant  le  ministre  a  envoyé  l'injonction  plus  précise  sans  la  sanction 
du  roi^j  l'arrestation  est  ordonnée;  le  commandant  de  la  garde  nationale  8c 

p.igne  ou  ailleiirj,  j'en  demanderai  la  permission  déclarations  de  ne  pas  s'éloigner.  Il  se  fait  à  Tou- 

à  la  municipaliié,   u  loiise  des  envois  d'armes  qui  nous  inquiètent.  De- 

'  Voici   la  lettre  de  la   municipalité  à  l'Assem-  puis   huit  mois,  nous   en   demandons  en  vain  au 

blée  nationale,  en  date  du  27  octobre  :  ministre  pour  notre  garde  nationale;  il  ne  nous 

H  Nous  nous  trouvons  dans  la  situation  la  plus  a  pas  même  répondu.   » 
critique,    exposés  aux    efforts   des   mécontens  de  '  M.  de  Saint-Priest  écrit,  le  i  i  novembre,  aux 

notre  ville,  ayant  à  lutter  sans  cesse  contre  leurs  officiers  municipaux  de  Toulouse  : 
intrigues,  leur  acharnement,   nous  sommes  dans  <i  Je  vous  ay  déjà  fait  connoître.  Messieurs,  par 

la  plus  grande  perplexité  par  le  défaut  d'instruc-  ma  lettre  du  2  de  ce  mois,  combien  celle  du  27  oc- 

tions.  Le  ministre  s'est  contenté  de  nous  envoyer  tobre,  dans  laquelle  vous  rendiez  compte  de  votre 

le  décret  que  vous  avez  rendu  contre  les  ci-devant  conduite  relativement  à  l'exécution  du  décret  du 

magistrats  du  parlement  de  Toulouse,  tandis  que  8   octobre  confiée   à  vos  soins  me  paroissoit  peu 

ce  décret  portoit   expressément  que   1-;    roi    serait  satisfaisante.  J'espère,  d'après  la    lettre  du  direc- 

supplié  de  faire  donner  des  ordres  pour  son  exé-  toire   du    département   de  la    Haute-Garonne,  en 

cution,   &  d'en   déterminer  les  mesures.    N'ayant  date  du  3o  suivant,  que  vous  aurez  depuis  rempli 

point  de   troupes  à  notre  disposition,   nos  gardes  toutes  les  dispositions  du  décret.  L'Assemblée  na- 

nationaux  n'étant  point  armés,  nous  n'avons  pu  tionale  vient  d'en  demander  itérativement  au  rot 

exiger  de  la  part  des  ci-devant  magistrats  que  des  l'exécution  littérale  &  prompte,  &  Sa  Majesté  me 


1790 


179° 


MM 


ÉTUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 


celui  de  la  maréchaussée  sont  requis  de  prêter  main-forte;  on  prend  des 
mesures  pour  arrêter  &  conduire  dans  la  maison  commune  les  dix  magistrats 
«  confiés  jusqu'alors  à  la  seule  garde  de  leur  honneur.  )> 

«  Mais  cette  garde  corrompue,  poursuivit  le  prince  de  Broglie,  n'avoit  pu 
K  retenir  les  coupables  :  ils  avoient  pris  la  fuite;  ils  s'étoient  assuré  par  un 
«  second  crime  l'impunité  de  leur  premier  forfait.  A  en  juger  par  une 
«  adresse  trouvée  au  domicile  de  l'un  d'eux,  ils  ont  choisi  l'Espagne  pour 
«  leur  refuge.  Qu'ils  aillent  y  calomnier  cette  constitution  qui  punit  les 
«  parjures,  qu'ils  tâchent  de  susciter  dans  une  nation  notre  alliée  des  enne- 
«  mis  à  la  patrie  dont  ils  se  sont  rendus  indignes.  Ce  n'est  plus  d'eux,  ni 
<i  de  leur  fuite,  ni  de  leurs  honteux  8c  criminels  projets  que  je  dois  vous 
«  entretenir.  Il  me  reste  à  vous  présenter  quelques  détails  plus  consolants  Se 
«  plus  dignes  de  vous.  « 

J.e  prince  raconta  alors  qu'un  des  magistrats  toulousains,  M.  Pérès,  qui, 
seul,  avait"^  iX'îfusé  de  se  ranger  à  l'avis  des  protestations,  était  resté  à  son 
domicile  &  avait"  .été  transporté  dans  la  maison  commune,  quoique  son  état 
de  maladie  8c  son  gli-^nd  âge  le  retinssent  dans  son  lit,  8c  que  M.  de  Mani- 
ban,  président  de  la  chàvmbre  des  vacations,  n'avait  pas  assisté  à  la  fameuse 
séance. 

L'Assemblée,  sur  l'avis  favorabrl-^  de  l'orateur,  rendit  im  décret  pour 
remettre  Pérès  en  liberté,  moyennant^  ^promesse  de  se  représenter  à  toute 
réquisition,  fie  pour  interdire  l'arrestation  àl°  Maniban. 

Ni  le  prince  de  Broglie  ni  l'Assemblée  nat'.ïonale  ne  soupçonnaient  alors 
la  sanction  tragique  8c  terrible  que  le  tribunal  rè'volutionnaire  devait  donner 
plus  tard  à  leur  jugement  contre  les  magistrats  fugiiiifs". 

La  division  des  provinces  en  départements  ayant  brufsquement  interrompu 
la  marche  du  système  administratif,  déplacé  la  compétence  8c  modifié  le 
rapport  des  charges  territoriales,  il  était  indispensable,  à  la  ^nlace  des  anciens 
pouvoirs  dont  l'esprit  de  réforme  avait  hâte  d'effacer  la  trace*,  d'établir,  pour 
la  période  de  transition,  un  corps  d'administration  locale,  dei'mier  représen- 
tant des  agglomérations  détruites,  destiné  à  faire  la  première  ap  plication  des 


charge  de  tous  l'intimer  ia  nouveau.  Il  s'agit 
d'une  arrestation  positive  des  membres  de  la  ci- 
devant  chambie  des  vacations  du  parlement  de 
Toulouse,  &  vous  y  trouverez  sans  doute  d'autant 
moins  de  difficulté  qu'eux-mêmes  se  sont  engagis 
à  se  représenter  lorsqu'ils  en  seroient  requis; 
d'ailleurs,  si  vous  y  prévoyez  quelque  résistance 
&  qu'indépendamment  de  la  garde  nationale  de 
votre  ville  &  du  département  auquel  vous  auriez 
recours  au  besoin,  vous  désiriez  un  secours  de 
troupes  réglées,  j'écris  à  MM.  de  Montagu  & 
d'Esparbès,  commandant  les  troupes  les  plus  à 
portée,  ainsi  qu'aux  officiers  commandant  les  ré- 
giments de  Languedoc,  Touraine,  Royal-Pologne, 
Noailles  &  le  Roi  dragons  de  vous  en  envoyer  des 


détachemens  &  même  de  se  transpoirter  à  Tou- 
louse au  premier  avis  du  département  d'e  la  Haute- 
Garonne  que  j'en  préviens  en  lui  adressant  copie 
de  la  présente.  Vous  savez  que  c'est  à  ce  corps 
administratif  que  vous  devez  d'abord  avoi  r  recours 
d'après  la  constitution,  &  je  ne  doute  pas  qu'il  ne 
vous  seconde  de  son  mieux.  ■ 

«  Je  suis  très-parfaitement.  Messieurs  ,  votre 
très-humble  &  très-obéissant  serviteur, 

n    GuiGNARD  '.    il< 

'  vingt-six  membres  du  parlement  de  TouJIouse 
furent  condamnés  à  mort,  le  16  prairial  ani  II, 
par  le  Tribunal  révolutionnaire. 

'  Archives  de  Toulouse.  Lettres  iiiissives  adressées -i  aux 
capitoiils. 


I 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION.  14:5 

lois  nouvelles  &  à  permettre,  sous  d'autres  tormes,  la  mise  en  mouvement 
du  o-ouvernement  intérieur. 

Tel  avait  été  l'objet  de  la  loi  de  janvier  1790,  constituant  les  commissariats 
provinciaux.  Ce  groupe  d'hommes,  empruntés  aux  divers  départements  que 
chaque  province  avait  formés,  reçurent  le  mandat  spécial  de  faire  procéder  à 
la  liquidation  des  dettes  contractées  sous  l'ancien  régime,  de  fixer  la  réparti- 
tion de  ces  dettes  entre  les  différentes  parties  des  provinces  qui  les  avaient 
contractées,  8c  de  terminer  toutes  les  affaires  pendantes. 

Le  commissariat  de  la  province  de  Languedoc  fut  composé  de  vingt  mem- 
bres, deux  par  départeinent.  C'étaient,  pour  la  Haute-Garonne,  MM.  Adhé- 
mar  &  Mieulet  de  la  Rivière;  pour  l'Hérault,  Cambon  &c  Reboul  ;  pour 
l'Aude,  Fabre  Si  de  la  Porte;  pour  le  Gard,  Giraudy  &  Mazers;  pour  l'Ar- 
dèche,  Desanglier  &  Bollioud;  pour  la  Haute-Loire,  La  Grévol  £<  La  Faye; 
pour  la  Lozère,  F.imar  Se  l'abbé  de  Juin  de  Siran  ;  pour  le  Tarn,  Gorsse  S<. 
Descolis.  Les  deux  départements  de  l'Ariége  81  des  Pyrénées-Orientales,  mal- 
gré le  peu  d'importance  du  territoire  qu'ils  avaient  emprunté  à  la  Province, 
envoyèrent  pourtant  chacun  deux  délégués  au  commissariat,  MM.  Expert 
81  Pauly  pour  le  premier,  Soulère  81  Coronat  pour  le  second  '. 

I,es  premiers  commissaires  se  réunirent  à  Montpellier,  le  8  octobre  1790. 
L'abbé  de  Juin  de  Siran  se  hâta  d'en  donner  avis  au  président  de  l'Assemblée 
nationale,  à  M.  de  Saint-Priest  8<.  aux  députés  de  Languedoc.  «  Nous  voici 
«  enfin  assemblés,  leur  écrivait-il,  pour  nous  livrer  à  un  travail  qui  tend  à 
«  faire  jouir  sans  réserve  les  peuples  de  l'ancienne  province  de  Languedoc 
11  du  bienfait  signalé  d'une  entière  régénération,  n 

Le  commissariat  commença  par  se  modeler  sur  l'Assemblée  nationale;  il  se 
divisa  en  bureaux  dont  l'un  était  chargé  de  présenter  les  rapports  dans  les 
réunions  générales.  Le  soin  de  la  correspondance  fut  confié  à  M.  Cambon, 
commissaire  de  l'Hérault^.  On  mit  sous  ses  ordres,  avec  le  titre  de  greffier  8c 

■  Archives  nationales,  H.  995.  Procès-verbal  des  les  divers  bureaux  de  MM.  les  Syndics,  beaucoup 

opérations    du    Commissariat    de    l'ancienne    pro-  plus    que    dans    mon    greffe,    les   différentes    pièces 

vince  de  Languedoc.  dont  elle  pourra  avoir  besoin.  Au  surplus,  comme 

'Quelques  extraits  de  correspondances,  recueillis  je    prévois  que  mes   affaires   personnelles  &  l'état 

aux  Archives  nationales,  permettront  d'apprécier  d'infirmité  de  mon   père  &  de  ma   mère   pourront 

le  ton  des  rapports  créés  par  les  nécessités  du  ser-  me   retenir  encore  ici,  j'ai  donné  à  mon  commis 

vice  entre  les  anciens  officiers  de  la    Province  &  les  ordres  les  plus  exprès  pour  répondre  aux  désirs 

les  agents  de  l'ordre  nouveau  :  &  aux  vues  de  MM.  les  Commissaires  en   tout  ce 

qui    pourra    concerner   mon    greffe.    Mais    en    lui 

Lettre  de   M.  Carrière,  sécrétai  e  Jes  Etats  Je  Lan-        j„„„,„,  „,   „,j„.     :.   „•   ;    „,,    j  •.    „    ur 

'  donnant  ces  ordres,   je   nai    pas   du    oublier,  par 

gBfJoc,  à  M.  Camion.  ^^^  j^,;^^  j^  ^^^    ^^^p^^^  p^^^^  j^^  ^^j_.^^  ^^_   j^^.^ 

K   Monsieur,   j'étois   absent   de   Saint-Quentin,  que   j'ai    juré  &  promis,  à  chaque   tenue  d'États, 

lorsque  la    lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  étant  en  la  présence  de  Dieu  &  la   main   levée  au 

de  ra'écrire  le  6   de  ce    mois   m'y   est  parvenue   :  ciel,  de  maintenir  les  libertés,  droits  &  privilèges 

c'est  ce  qui  a  retardé  ma    réponse  à  votre  demande  du   Languedoc,  &  ne  consentir  point  qu'il  y  fut 

concernant    la    remise   des    pièces    &    instructions  porté   aucun   préjudice.  Voilii,  Monsieur,  la    pio- 

nécessaires  aux   opérations   de   MM.  les  Commis-  fesiion   de  foi   que  mon   père  &  moi  avons   renou- 

s^iires  des   départemens.    La    Commission    trouvera  velée  depuis  que  nous  appartenons  à  la  Province; 

notamment  aux  archives  de  la  Proyince  &  dans  &  cela   toutes    Us  années,  &   tant  qu'il  a   plu   au 


1790 


1790 


1426  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

des  appointements  de  cent  cinquante  livres  par  mois,  un  procureur  au  bureau 
dc".  finances  de  Montpellier,  nommé  Bouschet. 

Un  des  premiers  actes  du  nouveau  pouvoir  fut  de  mettre  la  main  sur  les 
archives  de  la  Province.  Le  18  octobre,  à  cinq  heures  du  soir,  douze  com- 
missaires, suivis  de  leur  greffier  &  de  quelques  commis,  se  présentèrent  au 
logis  de  M.  Bonnemain,  greffier  des  Etats,  pour  recevoir  tous  ses  papiers  & 
ceux  du  greffe  rayai.  C'était  une  collection  considérable,  continuée  depuis 
près  de  trois  cents  ans  8c  remplissant  quatre  vastes  salles. 

Les  papiers  du  greffe  du  roi,  dont  la  dernière  installation  remontait  à 
quarante  ans,  avaient  été  soigneusement  classés  par  ordre  de  matière  &  de 
diocèses.  L'officier  de  la  Province,  accoutumé  au  formalisme  &  à  la  régula- 
rité de  l'ancienne  administration,  ne  put  voir  sans  effroi  des  hommes  dont 
il  savait  à  peine  les  noms,  mais  dont  il  ignorait  surtout  les  titres  &  les  qua- 
lités, ordonner  le  transport  en  bloc  dans  l'hôtel  de  ville  de  Montpellier  de 
tout  cet  ensemble  de  documents.  Il  en  fit  ses  confidences  au  contrôleur  géné- 
ral, en  lui  exprimant  le  regret  que  la  division  des  papiers  entre  les  divers 
directoires  départementaux  ne  se  fît  pas  dans  les  salles  mêmes  du  greffe,  oti 
l'opération  eût  été  plus  méthodique  8<.  plus  facile.  Mais  la  lenteur  de  ces 
procédés  ne  pouvait  satisfaire  l'impatience  du  commissariat,  qui  fit  tout 
transporter  à  la  fois,  sans  s'inquiéter  de  la  confusion  &  du  désordre.  On  ne 
prit  pas  même  le  soin  de  rédiger  un  procès-verbal  authentique  pour  constater 
la  livraison  des  pièces  8<.  sauvegarder  par  un  inventaire  la  responsabilité  de 
l'agent  provincial  qu'on  dépossédait'. 

roi   de    nous  appeler  à   son    service   pour   remplir  nisfrateurs,  vous  enjoignent   de  vous   rendre  snns 

aux  Etats  les  devoirs  de  notre  charge  &  office.  Je  délai  auprès  d'eux,  pour  leur  remettre  vous-même 

dois   donc  déclarer  ici.  Monsieur,  que  je  croirois  les  clefs  &  papiers  de  votre  greffe.  Ils  n'entendent 

devenir  en  quelque  sorte  parjure  au  serment  que  point    d'être    renvoyés    à   votre    commis,    &   vous 

j'ai    prêté   tant   de    fois  à  la   face  du   ciel   &  de   la  prient    de    les    dispenser    de    recourir  à   des    voies 

terre,  &  qui    sera    toujours    sacré   pour  moi,   si    la  extraordinaires  pour  vous  y  contraindre, 

conduite  respectueuse  mais  réservée  que  je  me  ferai  n   J'ai  l'honneur  d'être.  Monsieur,  avec  un  res- 

toujours  un  devoir  de  tenir  envers  MM.  les  Com-  pectueux  attachement, 

missaires  pouvoit  jamais  être  regardée  comme   un  «  L,   de  Juin,  Bollioud,  MazeuS,   Desangcer, 

acquiescement    &    une    adhésion    de    ma    part    ;iu  Camuo.n,   EiMAn,  Gorsse,  Descolis. 

renversement  des  droits,   libertés   &   privilèges  de  «   A.  Bousciiet,  secrétaire  &  greffier '.   « 

la   province  de   Languedoc,  auxquels  j'ai    promis  '  Lettres  de  M.  Bonnemain  au  contrôleur  géné- 

&  juré  solennellement  de  mourir  fidèle.  J'ai  l'hon-  rnl,  des  20  &  33  octobre  1793.  Archives   nationa- 

neur  d'être.  Monsieur,  avec   un   respectueux  atta-  les.  H.  990.  —  Deux  des  commissaires,  MM.  Eol- 

chement,  votre  très-humble   &   très-obeissant  scr-  lioud    &   Pauly   firent   vendre  à   la    monnaie   l'ar- 

viteur,                                                   Caurière.  gentene  de  la   chapelle  des  Etats,  comprenant  six 

«   \  Saint-Quentin  par  Uzès,  le    11    novembre  chandeliers    d'autel,   deux    chandeliers    d'acolyte, 

1790.    »  une  croix  avec  son    pied,    un   bénitier   avec    son 


Le  secrétaire  Je  la  Commission  a  M.  Carrière, 


goupillon,  deux  burettes,  deux  plateaux,  une 
clochette,  un  calice  avec  sa  patène,  une  aiguière, 
n  Comme  il  est  assez  constant,  Monsieur,  indé-  &  la  paix.  L'ensemble  pesait  cent  quarante  marcs 
pendamment  de  l'aveu  que  vous  en  faites,  que  d'argent  évalués  à  6c)iS  livres,  qui  durent  être 
vous  apparteniez^  à  la  ci-devant  province  du  Lan-  employées  i  la  liquidation  des  dettes  de  la  Pro- 
guedoc,  MM.  les  Commissaires  des  départemens,  vince. 
qui  en  réunissent  tous  les  droits,  &  qui  exercent 
éminemment  tous  les  pouvoirs  des  anciens  admi-  •  Archives  nationales,  H.  ggS. 


LIV.  V.   LOUIS  XVI  ET  LA  REVOLUTION. 


1417 


1790 


Les  archives  de  l'intendance,  dont  M.  de  Ballainvilliers  avait  fait  classer 
8c  inventorier,  les  papiers  en  1787,  furent  également  réparties  parles  soins 
des  commissaires,  entre  les  directoires  départementaux,  distribution  qui  s'ac- 
complit sans  beaucoup  de  ménagements  8c  qui  eut  le  désavantage  de  désa- 
gréger un  ensemble  historique,  sans  grand  profit  pour  l'administration  '. 

Du  reste,  les  difficultés  se  multipliaient  de  jour  en  jour  dans  les  opérations 
du  commissariat. 

Le  nouveau  morcellement  du  territoire  créait  une  foule  de  questions 
purement  matérielles  8c  d'un  faible  intérêt  pour  la  régénération  des  peu- 
ples, mais  dont  la  solution,  suspendue  par  des  conflits  d'intérêts  rivaux, 
occasionnait  de  singulières  lenteurs.  C'est  ainsi  qu'il  s'éleva  une  contesta- 
tion au  sujet  de  l'imposition  des  droits  perçus  par  le  canal  des  Deux-Mers, 
les  commissaires  de  l'Hérault,  de  l'Aude  8c  de  la  Haute- Garonne  voulant 
en  faire  profiter  exclusivement  les  trois  départements  traversés  par  cette  ligne 
de  navigation  intérieure,  tandis  que  toutes  les  autres  fractions  de  l'ancien 
Languedoc  y  prétendaient,  la  Province  entière  ayant  contribué  aux  dépenses 
de  création. 

Grâce  à  ces  obstacles,  un  grand  nombre  d'affaires  se  trouvèrent  en  retard, 
Certaines  administrations  départementales  se  plaignirent  du  peu  d'aciiviic 
des  commissaires  ou  cherchèrent  à  les  stimuler  avec  des  termes  dont  leur 
susceptibilité  se  trouva  quelquefois  atteinte.  Le  ralentissement  de  ces  opéra- 
tions jetait  le  trouble  dans  beaucoup  d'existences  modestes,  dont  les  services, 
rémunérés  par  la  Province,  constituaient  l'unique  ressource.  Les  professeurs 
de  mathématiques,  d'architecture  8c  de  dessin  attachés  à  l'école  des  arts  do 
Montpellier  demeurèrent  plus  de  six  mois  sans  recevoir  de  traitement. 

Les  dettes  de  la  Province  dont  la  liquidation  était  confiée  au  commissariat 
avaient  été  principalement  constituées  par  des  emprunts  contractés  en  vue 
d'accélérer  l'exécution  d'ouvrages  publics,  dont  il  était  souvent  difficile  de 


'  Eiig.  Thomas,  Inventaire  sommaire  des  archives 
départementales  de  l'Hérault  ;  notice,  p.  xvii. 

M.  de  Ballainvilliers  écrirait  là-dessiis  à  M.  de 
Saint-Priest  le  12  juillet  1790  ; 

«  Je  dois  TOUS  observer  que  je  n'ai  pas  seule- 
ment à  l'intendance  les  papiers  qui  sont  dans  les 
bureaux;  ceux-là  ne  sont  rien  en  comparaison 
de  ceux  que  renferment  les  archives  que  j'ai  fait 
mettre  depuis  peu  de  temps  dans  le  plus  bel  ordre 
possible,  &  auxquelles  on  a  travaillé  dix-huit 
mois  sans  discontinuer.  Après  avoir  fait  de  ces 
papiers  la  division  prescrite,  ce  qui  va  déranger 
&  rendre  inutile  un  travail  précieux.  Le  renvoi 
des  papiers  qui  resteront  sera  très-considérable.  Il 
y  en  aura  au  moins  de  vingt-cinq  à  trente  char- 
retées. » 

Le  ministre  avait  demandé  qu'un  assez  grand 
nombre  de  correspondances  secrètes  lui  fussent 
renvoyées.   Balainvilliers   répond  : 


«  Tl  est  à  craindre  que  les  assemblées  de  dcpnr- 
temens  refusent  de  souscrire  à  la  distinction  mar- 
quée.... Dans  les  circonstances  présentes,  on  doit 
s'attendre  à  toute  sorte  de  prétentions.  Croyez-vous 
que  l'ostensibilité  de  votre  lettre  fera  disparoître 
celle-là  &  déterminera  les  commissions  à  l'aban- 
donner? C'est  ce  dont  j'oserois  douter. 

'(  Au  moins  voudra -t-on  vérifier  les  papiers 
réservés,  &  alors  que  deviendra  le  secret  de  la  con- 
fiance qui  sert  de  base  à  la  division?  » 

Quant  à  renvoyer  avant ,  impraticable.  <i  II  ne 
faut  pas  se  le  dissimuler;  dans  ce  moment,  plus 
que  jamais,  les  yeux  sont  ouverts  sur  tout  ce  qui 
se  passe  à  l'intendance;  ils  ont  d'ailleurs  de  grands 
moyens  pour  être  éclairés.  Celui  qui  entreprendroit 
ce  renvoi  seroit  exposé  aux  désagréinens  les  plus 
fâcheux  '.  a 

'  Archives  nationales,  H.  9<)5. 


1790 


1428  ETUDES  HISTORIQUES  SUR  LE  LANGUEDOC. 

répartir  équitablement  la  charge  entre  les  divers  départements,  plusieurs  des 
anciens  diocèses  s'y  trouvant  intéressés  à  des  titres  différents. 

C'est  par  des  mesures  financières  de  cette  nature  que  la  Province,  au 
moment  de  sa  suppression,  faisait  continuer  quelques  ouvrages  importants  : 
la  route  d'Auvergne,  dans  la  section  du  Vivarais;  celles  du  Puy  à  Pv.odez  Se 
de  Montpellier  à  Saint-Flour;  la  route  du  Rhône;  les  chemins  de  Narbonne 
en  Roussillon,  de  Saint-Pons  à  Béziers,  de  Castelnaudary  à  Lavaur,  de 
Toulouse  à  Castres;  l'exhaussement  du  cours  Dillon  à  Toulouse;  les  ponts 
de  Cuxac,  de  Vias  &  de  Saint-Paulet;  le  canal  des  Étangs  8t  celui  de  Beau- 
caire  à  Aigues-mortes. 

Les  commissaires  suspendirent  leurs  opérations  le  3i  août  1791,  onze 
mois  après  leur  première  réunion,  8c  le  nom  de  Languedoc  disparut  alors 
définitivement  de  tous  les  actes  officiels. 

Ce  fut  la  dernière  phase  de  la  destruction  des  anciennes  institutions  pro- 
vinciales. Il  n'en  reste  plus  aujourd'hui  d'autres  vestiges  qu'un  certain 
nombre  de  grands  travaux  publics  dont  les  générations  suivantes  ont  profité, 
quelques  centaines  de  volumes  poudreux,  où  les  historiens  vont  chercher 
une  image  incomplète  de  la  vie,  &,  dans  la  mémoire  du  peuple,  cette 
impression  un  peu  vague,  mêlée  de  respect  &  de  tristesse,  qui  s'attache  au 
souvenir  des  choses  déjà  lointaines  Si  des  formes  disparues. 


FIN 


(Sid;  ±±d.±  ^•J.ê::.-^d^Ob':Ksôbû(j€hô[:^ôbùbzibû(^€^Ob<ùb(lD 


^  _    —      ^ 


TABLE   GENERALE 


DES    NOMS    ET   DES    MATIÈRES 


AAbbates  :  de  Mazan,  pp.  473,  i3oi. 
—  de  Moissac,  p.  3o5. 
—  de  Montolieu,  p.  684. 

.„.__,       ,       .       .  .  _.      ,  ,-,  —  de  Montserrat,  p.  320. 

ABADIE,  négociant  «  Toulouse,  p.  1 363.  ■    m„.  .  n 1  j.  c„„.f,„:j.    „    .„.» 

°  .  '^  ,         .  ■—  de  Notre-Dame  de  rontiroide,  p.   1020. 

Abat*(,e    des    animaux    malades    de    l'épizootie,  de  Paimpont    p.   1020. 

pp.  1047,  1248,  1149.  _  de  Prouille,  p.  36i. 

ABAUZIT  d'Uzès,    enlevé    tout  enfant  à  $a  mère  de  Saint-Bénigne  de  Dijon,  p.  446. 

après  la  reTOcation  de  l'édit  de  Nantes;  sa  repu-  de  Saint-Calais,  p.  1023. 

i.ition  de  philosophe  &  de  penseur,  p.  /i').').  —  de  Saint-Chaffre,  p.   119. 

AHiîASSIA    (d'),    avocat    de    Toulouse,    maître    es  de  Saint-Clément,  p.   1020. 

Jeux-Floraux,  p.  661.  —  de  Saint-Denis,  p.  393. 

AiuiAïES  :  d'Aiguebelle,  p.   1  197,  —  de  Saint-Denis  de  Rennes,  p.  398. 

—  d'Aniane,  pp.  684,  863.  —  de  Saint-Geniès,  p.  ôi."). 

—  de  Belleperche,  p.  684.  —  de  Saint-Georges  de  Rennes,  p.    1  104. 

—  de  Bonnefont,  p.  684.  —  de  Saint-Germain  des  Prés,  p.   1096. 

—  de  Bonneval,  p.  684,  —  de  Saint-Guillem  du  Désert,  p.   121. 

—  de  Boulbonne,  pp.  871,  872,  873,   1404.  —  de  Saint-Hilaire,  p    685. 

—  de  Calers,  p.  684.  —  de  Saint-Michel,  à  Toulouse,  p.   1  223. 

—  de  Candeil,  p.  684.  —  de  Saint-Pierre  de  Psalmodi,  pp.  645,  647. 

—  de  Caunes,  p.  93.  ^  de  Saint-Sernin ,  pp.   146,  148,  199,  200,  364, 

—  de  Chambon,  pp.  488,  1 198.  1  086,  1  227,  1  228. 

—  de  Chancelade,  p.  .Oi-.  —  Sainte-Claire,  p.  647. 

—  de  Chazes,  p.  1  194.  —  de  Sainte-Geneviève,  p.  720. 

—  de  Clavas,  pp.  i2o3,   1204.  —  de  Saint-Thibéry,  p.  685. 

—  de  Cluny,  p.  393.  —  de  Saint-Vincent  de  Luc,  p.  364. 

—  de  Fontfroide,  p.  ('184.  —  de  Saint-Volusien,  p.  254. 

—  de  Froidmont,  p.  720.  . —  de  la  Sainte-Trinité  de  Fécamp,  p.   io3o, 

—  de  Grandselve,  p.  684.  —  de  la  Seauve,  pp.   1204,  i2o5,  1106. 

—  de  La  Capelle,  p.  684.  —  de  Sorèze,  p.  685. 

—  de  La  Grasse,  p.  684.  —  de  Valmagne,  p.  685. 

—  de  Lérins;  p.  393.  —  de  Vielmur,  p.  68ô. 

—  de  Marchiennes,  p.  i  104.  —  de  Vignogoul,  p.  685. 

—  du  Mas-Grenier,  pp.    i3,  684.  —  de  Villemagne,  p.  685. 


i43o 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Abbés  de  :  Aiguebelle,  p.  i  198;  Aiifrcry,  p.  \i<A; 
Barrés,  p.  1224;  Basterot,  p.  1028;  Bfauregard, 
p.  364;  Bellcval,  p.  1069;  La  Bourlie,  pp.  855, 
887;  Brissac,  p.  1023;  Cambon,  p.  1218;  Car- 
bon, p.  365;  Casiellane,  p.  io23;  Chamron, 
p.  I023;  du  Chayla,  p.  741;  Choiseul,  p.  io23  ; 
Ciron,  pp.  446,  073,  674,  075,  576;  Coetlos- 
qiiet,  p.  1023;  Cosnac,  p.  io23;  Colbert  de 
Croissy,  pp.  1248,  1249,  1202,  I265;  Cruas, 
p.  ii98;Dilhe,  pp.  1024, 1 02  5;D  11  pin, p. 1218; 
Kstoiiblon,  p.  I023;  Flavigny,  p.  1223;  Firmy, 
p.  1214;  Giiasco,  p.  iio3;  Hugues,  p.  io23; 
Jonquières,  p.  1198;  Rerdu,  p.  io23;  La  Fare, 
p.  1341;  La  Galaisière,  p.  1223;  Le  Tellier, 
p.  445;  Lort  de  Sérignan  de  Valras,  p.  io23; 
Marbeuf,  p.  io23;  Marnésia,  p.  io23;  Massé- 
lian,  p.  858;  Maugiron,  p.  io23;  Mazan , 
pp.  1198,  1200;  Montesquieu,  p.  i355;  Mont- 
ferrand,  p.  i  o23  ;  Néel,  p.  io23  ;  Palasse,  p.  1219; 
Pampelonne,  p.  1376;  Pérussy,  p.  io23;  Pize, 
p.  753;  Pompone,  p.  365;  Rey,  p.  1219;  Saint- 
Sernin,  p.  |356;  Sesmaisons,  p.  io23;  Terray, 
pp.  1209,  1211,  1226;  Vaulserre,  p.  10 23  ;  Ver- 
mont,  p.   1339. 

AenEviLLE,  p.  627. 

ABDRAS  MOREL.  Voir  CATINAT. 

ABEILLE  (Jean),  p.  863. 

Abjuration  du  marquis  de  Malauze,  p.  260. 

—  des  protestants  en  Poitou,  dès  l'apparition  des 
troupes,  pp.  553,  554. 

ABJt'BATiONS  de  ministres,  p.  538. 

—  en  masse,  p.  540. 

Abolition  des  privilèges,  pp.   1392,  1393. 

Abondance  verbeuse  de  certains  terroirs  de  Lan- 
guedoc, remarquable  dans  les  cahiers  de  1789, 
p.   i38i. 

Abonnement  des  tailles,  p.  io3o;  en  faveur  de  la 
ville  de  Toulouse,  révoqué,  p.  878;  sollicité  de 
nouveau  par  les  capitouls;  conditions  posées 
pour  l'obtenir,  p.  389. 

—  de  la  capitation,  p.   io5. 

—  des  vingtièmes,  p.   128. 

AKRA  DE  RACONIS  (Charles- François),  évêque  de 

Lavaur,  pp.    1  59,   178. 
Abpks,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
AiiLS;  tentative  sérieuse  pour  les  réformer  dans  la 

plus  grande  &   la    plus  féconde  partie  du  règne 

de    Louis  XIV,   signalée    dans    un    discours    du 

prince  de  Conti,  p.  Zç6. 

—  à  détruire,  signalés  par  Calonne  comme  un 
fonds  de  richesse,  p.    i336. 

—  d'autorité,  pp.  820,  821. 

—  dans  l'administration  des  communes,  pp.  68, 
1042,  1043. 

—  dans  l'administration  des  Etats  de  Languedoc 
dénoncés  par  le  Parlement,  pp.  807,  3o8;  signa- 
lés par  les  rentiers  de  la  Province,  pp.  loii, 
loi  2  ;  par  un  sous-doyen  de  la  cour  des  comptes 
de  Montpellier,  p.    1119. 

—  de  certaines  faveurs  aux  pères  de  la  Merci, 
p.  264. 

—  des  lettres  de  cachet  à  propos  de  charges  con- 
sulaires, p.  359. 

—  de  privilèges  par  les  membres  du  Parlement 
concernant  le  payement  dei  laïUes,  p.    196. 


Abus  relatifs  à  l'administration  de  la  justice  dans 
les  Cévennes,  le  Vivarais,  le  Gévaudan,  pp.  io3, 
121,    I  195,    I  320. 

Académie  Fbancaisb,  pp.  246,  247,  i335,   1372. 

—  de  Nimes,  p.  656. 

—  des  sciences  de  Pans,  p.    1242. 

—  de  belles-lettres,  créée  à  Toulouse  par  la  réforme 
des  Jeux-Floraux,  p.  658. 

—  des  Jeux-Floraux,  pp.  260,  1877;  donne  une 
Thémis  d'argent  à  propos  du  rappel  du  Parle- 
ment, p.    i  272. 

—  des  arts  de  Toulouse;  vœu  émis  par  les  Etats 
de  Languedoc  d'y  annexer  une  sorte  d'école  pré- 
paratoire pour  le  service  des  ponts  &  chaussées, 
p.   i33i . 

—  des  sciences  de  Toulouse,  pp.  85,  87. 

• —  des  sciences,  inscriptions  8c  belles- lettres  de 
Toulouse;  sa  fondation;  son  organisation; 
membres  honoraires  associés  nés,  associés  libres, 
associés  étrangers,  membres  adjoints,  correspon- 
dants, pp.  200,  1102,  M  o3  ;  difficultés  qui  l'as- 
saillent dès  son  installation,  pp.  iio3,  1104, 
II  35;  demande  &  obtient  l'appui  financier  de 
la  Province  pour  l'achat  de  l'observatoire  &  de 
ses  instruments,  pp.  i3o4,  i3o5. 

—  d'Angers,  p.   1372. 

—  d'Arles,  p.  567. 

—  de  Florence,  p.   1372. 
■ —  de  Genève,  p.   i  168. 

—  de  Lyon,  p.    1872. 

—  de  Madrid,  p,   1372. 

—  protestante  de  Montauban,  p.   14. 

—  de  peinture,  gravure,  &c.  dt-  Me  itpellier;  re- 
çoit une  subvention  annuelle  des  E'ats,  p.  26. 

—  de  Nimes,  p.  i  372  ;  son  érection  blâmée,  p.  423  ; 
fondée  en  1682,  p.  586;  fait,  en  i683,  une  sorte 
d'alliance  avec  celle  d'Arles;  ses  travaux  sont 
suspendus  en  |685,  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes  ayant  dispersé  plusieurs  académiciens, 
p.  567. 

—  d'équitation,  à  Carcassonne,  p.  26. 

—  protestante  de  Puylaurens  supprimée,  p.  28. 
AcADiE,  possession  française  en  Amérique   cédée  à 

l'Angleterre,  p.  9o3. 
Accaparement  de  grains,  pp.   1,  643, 
Accor.D  doit  être  rétabli  entre  le  droit  &  les  faits, 

p.  i38i. 
AccocciiEMENT  (cours  d')  à  Toulouse,  p.   I23. 

—  (Cours  gratuit  d'),  p.   127. 

Accusation  d'empiétements,  de  panialité  &  d'in- 
justice entre  les  divers  corps  constituant  l'an- 
cienne société,  p.  1034. 

ACHARD  (Jean),  p.    195. 
ACHARD,  notaire  à  Nimes,  p.  992. 
Achat  de  bestiaux,  p.   io52. 

—  de  munitions,  p.  35o. 

—  de  suffrages,  p.  499. 

ACHER  DE  MORTONVAL,  commis  des   finances, 

p.   1417. 
AcoNS,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Acquéreurs   du   domaine,   p.    365;    subissent   les 

vexations  des  traitants,  p.  260. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1431 


AcQUÉBEPRS  d'offices,  pp.   1048,  1120,  1221. 
Acquisitions  de  baronnies  portent  le  trouble  dans 

l'entrée  aux  Etats,  p.  477. 
AcQuiTS-A-CAUTio\   exîgés   pour  les    marchandises 

allant  du  Languedoc  au  port  de  Cette,  p.  727. 

Acte  de  baptême  d'un  enfant  tenu  par  Molière 
sur  les  fonts  baptismaux,  à  Narbonne,  p.  293. 

ADHÉMAR,  p.   1425. 
Adjudicataire  de  réquivalent,  p.  92. 
Adjudication  des  tailles,  p.   io5i. 
Adjudications  par  décret,  p.  69. 

—  des  ouvrages  publics  payés  par  la  Province, 
p.  35. 

—  d'ouvrages  publics  des  diocèses,  p.   114. 
Administration  civile,  p.  iSôq. 

—  des  communes,  pp.   109,  1  192. 

—  des  grands  chemins,  ponts  &  chaussées  de  Lan- 
guedoc, p.   1032. 

—  de  la  justice,  p.  I22j  dans  les  Cévennes,  le 
Vivarais  &  le  Gévaudan,  p.   i3i3. 

—  militaire,  p.   1369. 
Adocb,  rivière,  pp.  469,  1261. 

—  (Vallée  de  1'),  p.  471. 
ADVISARD  (d'),  p.  349. 
ADVISARD  DE  SAUBENS  (d'),  p.   |355. 
ADVISARD  DE  NOGARÉDE  (Baron  d'),  p.  i353. 
Affaire  Calas,  pp.  i  162,  1  i63,   1  164,  1  |6.5,  1  166, 

I  167,   1 168,  i 169,   1 170. 

Affaires  ecclésiastiques,  p.  57 j  traitées  directe- 
ment avec  le  roi  après  la  mort  de  Mazarin  j 
noms  des  membres  du  clergé  français  chargés  de 
cette  mission,  p.  401. 

—  générales  de  l'État;  défense  au  Parlement  d'y 
iritervenir,  p.  347. 

—  municipales  de  :  Bédarieiix,  p.  304;  Lunel, 
p.  354;  Montpellier,  p.  354. 

—  de  religion,  p.  .^o3. 

Affranchissement  de  tailles  vendu,  p.  863;  les 
quittances  sont  perdues  dans  le  trajet  de  Pans  à 
'Toulouse,  p.  864. 

Affranchissements  accordés  aux  communes  &  aux 
p.iruculiers,  p.   1  o5i . 

Acde,  ville  épiscopale,  pp.  14,  43,  48,  5i,  54,  60, 
61,  69,  78,  88,  99,  ii5,  119,  i2.'j,  127,  1 .56, 
i65,  2i3,  384,  473,  726,  885,  890,  899,  96.5, 
lo6i,  1146,  1294,  1391,  1401;  construction 
d'un  pont  de  bateaux,  p.  59;  sa  population  en 
1698,  d'après  Bâville,  p.  692;  menacée  par  les 
Anglais,  p.  882;  ne  pouvant  être  défendue,  un 
de  ses  consuls  fait  une  convention  avec  les  trou- 
pes anglaises  qui  respectent  la  ville,  pp.  882, 
883. 

—  'Chapitre  d');  ses  armoiries,  p.  683. 

—  Députés  d'),  p.  314. 

—  Diocèse  d'),  pp.  56,  85,  95,  99,  106,  107,  i  14, 
126,  479,  619,  664,  755,  1028,  1081,  1088, 
Ii32,  1149,  <<too;  sa  richesse;  ses  produiis, 
p.   699. 

—  (Évéque  d'),  pp.    1  16,  3i4,  416,  989,  990. 

—  (Port  d'),  pp.   I  125,  I  l3o. 
AcEN,  pp.  366,  449,  1243,  1295. 


Agenais,  pp.  1239,  1261,  1296. 

Agiotage  dans  la  Province,  p.  944. 

Agitation  à  Montpellier  à  l'occasion  de  la  démo- 
lition du  temple  protestant,  p.  525. 

—  dans  les  populations,  p.   1390. 

Agitations  locales,  pp.  337,  565,  1390. 

Agneacx  ;  ne  peuvent  être  tués  en  Languedoc, 
sauf  à  Toulouse,  p.  78. 

Agne,  commune,  p.  45. 

AconneS;  ses  armoiries,  p.  686. 

Agout,  affluent  du  Tarn,  pp.  260,  261,  456,  469, 
470,  472,  622,  729,  868,  1252,  1253,  1255, 
1263,   |385,   1400;  déborde,  p.  61. 

AGRAIN  (Baron  d'),  premier  consul  du  Puy, 
p.  398. 

AGRAIN  (d'),  vicaire  général  du  Puy,  p.  459. 
AGRET  (Pierre   d'),  sous-doyen    du   Parlement  de 
Toulouse,  p.   i36. 

Agriculteurs  réfugiés;  établissent  des  jardins  po- 
tagers &  des  pépinières  en  Suisse,  p.  565. 

AGUESSEAU  (Henri  d'),  pp.  26,  5io,  728,  920, 
io3o;  maître  des  requêtes,  d'abord  intendant  de 
Limousin,  puis  de  Guienne,  succède  à  Bezons 
dans  l'intendance  de  Languedoc;  ses  parents; 
son  éducation;  ses  enfants,  pp.  357,  5oo;  de 
quelle  façon  il  comprend  le  rôle  de  l'intendant 
de  Languedoc;  son  éloignement  pour  les  sociétés 
de  plaisir;  anecdote  sur  son  épée,  p.  5oi  ;  son 
intérieur;  ses  rapports  journaliers;  son  apprécia- 
tion des  Languedociens;  il  refuse  les  gratifica- 
tions que  votent  pour  lui  les  Etats;  est  le  digne 
interprète  des  pensées  de  Cclbert;  sa  compétence 
pour  l'établissement  de  manufactures  &  de  di- 
verses industries,  p.  5o2  ;  traite  avec  soin  &  zèle 
l'iiff.iire  du  canal  de  Languedoc,  p.5  |3;  ses  arbi- 
trages difficiles  &  délicats  au  sujet  de  ce  travail, 
p.  514;  est  un  des  commissaires  pour  la  récep- 
tion du  canal  de  Languedoc,  p.  5i5;  rend  une 
ordonnance  pour  la  conservation  des  grands 
chemins,  p.  25;  accompagne  Lonvois  dans  son 
voyage  en  Languedoc,  p.  5i6;  met  les  revenus 
de  la  partie  de  l'évêché  de  P.imiers  située  en 
Languedoc  entre  les  mains  de  l'archevêque  de 
Toulouse,  p.  5i7;  sa  modération  lui  attire  la 
sympathie  &  le  respect  des  réformés  de  Lan- 
guedoc; inspira  peut-être  les  innovations  qui 
avaient  pour  but  d'exclure  les  protestants  des 
fonctions  publiques;  sa  maxime  sur  le  pouvoir 
du  prince  à  ce  sujet,  p.  519;  termes  par  lesquels 
il  annonce  aux  Etats  la  suppression  de  la  cham- 
bre de  l'édit  de  Castelnaudary,  p.  520;  son  opi- 
nion sur  l'avertissement  aux  protestants  lu  par 
ordre  du  roi  dans  les  consistoires;  il  se  rend  en 
personne  dans  les  consistoires  les  plus  impor- 
tants pour  y  présider  la  cérémonie,  p.  522;  dès 
les  premiers  attroupements,  il  dénonce  l'insuf- 
fisance de  la  maréchaussée  &  demande  des  trou- 
pes, p.  529;  son  opinion  sur  l'affaire  des  ma-- 
nufactures  de  soie  à  Nimes;  n'y  voit  qu'un 
antagonisme  d'intérêts  particuliers;  les  catho- 
liques ne  pourront  s'établir  sur  les  ruines  de 
leurs  rivaux,  p.  53o;  pour  calmer  les  craintes 
provoquées  par  les  premiers  troubles,  se  trans- 
porte au  Puy  &  en  Viva  rais,  sans  escorte,  avec  sa 
femme  &  ses  trois  fils,  p.  53  1;  cherche  dans  son 


1432 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


voyage  à  rétablir  la  confiance;  arrive  à  Tour- 
non;  son  ambition  de  pouvoir  terminer  les 
troubles;  agit  près  de  la  Cour  dans  le  sens  de 
la  modération,  p.  532;  impuissance  de  ses 
efforts,  p.  53.Ï  ;  lutte  contre  l'impatience  des 
chefs  militaires;  espère  toujours  arrêter  le  mou- 
vement par  les  voies  de  la  douceur,  p.  534;  ^^^ 
opinion  sur  les  premiers  combats  en  Vjvarais; 
son  sang-froid  durant  le  combat,  p  535;'ordres 
qu'il  reçoit  de  Loiivois  pour  la  punition  des 
protestants  insurgés,  p.  536;  dès  la  mort  de 
Colbert,  prévoyant  les  malheurs  qu'une  politi- 
que de  compression  allait  amener,  sollicite  son 
rappel,  p.  5^9;  prévoit  les  malheurs  qu'amène- 
ront les  mesures  prises  contre  les  protestants; 
est  rappelé;  affliction  que  cause  son  départ  dans 
la  Province,  p.  5^0;  il  quitte  la  Province  navré 
des  mesures  militaires  qui  se  préparent;  sa  fa- 
mille quitte  a  ursi  la  Province,  p.  541  ;  ses  travaux 
durant  le  cours  de  son  intendance,  pp.  541, 
642;  le  futur  cliancelier  de  France  sert  d'inter- 
prète à  son  père  lors  de  l'arrivée  de  BàviUe, 
p.  541  ;  diverses  missions  accomplies  par  lui 
après  avoir  quitté  le  Languedoc,  p.  042;  date 
de  sa  nomination  au  conseil  d'Etat,  p.  55i; 
rappelé  au  conseil  d'Etat,  p.  28;  une  de  ses 
filles  est  dans  l'institut  des  Filles  de  l'Enfance, 
p.  578;  ses  craintes  pour  cet  institut  au  mo- 
ment ou  il  quitte  l'intendance,  p.  079;  sa  lettre 
à  sa  fille,  apiès  l'exil  de  M""'  de  Mondonville, 
pp.  579,  580;  nommé  membre  du  conseil  de 
commerce,  p.  716;  sa  mort  en   1716,  p.  542. 

AGUESSEAU  (Henri-François  d'),  procureur  géné- 
ral au  Parlement  de  Paris,  pp.  862,  866;  chan- 
celier de  France;  résumé  de  quelques  passages 
de  son  mémoire  sur  l'Eglise  de  France,  pp.  880, 
881. 

AGUESSEAU  (M""'  d'),  née  de  Périgny,  p.  5o2. 

AGUESSEAU  (M'"  d'),  une  des  filles  de  l'inten- 
dant, fait  partie  de  l'institut  des  Filles  de  l'En- 
fance, p.  578;  sa  vie  austère  &  retirée  dans  la 
maison  paternelle,  p.  53o. 

AGUESSEAU  (M"''  d'),  mariée  plus  tard  au  maître 
des  requêtes  Le  Guerchois,  pp.  58o,  582. 

AGUIN  fd'),  président  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.    1218. 

AIGALIERS  (ROSSEL,  baron  d'),  nouveau  con- 
verti; cherche  à  pacifier  la  Province;  présenté 
à  ChamiUart  par  le  duc  de  Chevreuse;  choisi 
par  le  maréchal  de  Villars  pour  négocier  avec 
les  insurgés,  p.  820;  ses  projets  de  négociation 
avec  les  camisards;  à  son  instigation,  les  pro- 
testants de  Nîmes  demandent  à  prendre  les  armes 
contre  les  rebelles,  p.  826  ;  propose,  avec  les  Cé- 
venols qui  déposent  les  armes,  de  former  un 
régiment  portant  le  nom  du  maréchal  de  Villa rs, 
p.  83o;  entretient  Cavalier  dans  ses  projets  de 
soumission,  p.  836;  ses  persistantes  négociations 
amènent   les  camisards  à  la    soumission,  p.  841. 

AIGALIERS  (Baron  d'),  p.   io36. 

AIGALLIEKS  (Baron  d'j,  député  aux  Etats  géné- 
raux, pp.  3;,    1377. 

AïOLADiNE,  hameau  dans  la  vallée  du  Gardon  de 
Mialet,  p.  790. 

AIGLUN  (Abbé  d'),  premier  chancelier  de  l'acadé- 
înie  de  Nîmes,  p,  556 


AlGOAL.    KolV  AlGOlAL. 

Aighefeuii.i.e,  commune,  p.   1373. 
AIGREFEUILLE    (d'),    conseiller   à    la    cour    des 

comptes  aides  &  finances,  p.    1097. 
Air.UECELLF.  (Abbaye  d'),  p.   1197. 

—  (Abbé  d'),  p.   1198. 
Atgl'efonde,  p.  472. 

A1GLES-MOHTES,  ville  du  diocèse  de  Nimes,  pp.  35, 
55,  6a,  66,  69,  73,  78,  81,  106,  110,  I  |3,  116, 
117,  127,  362,  383,  437,  460,  590,  645,  647, 
649,  691,  709,  747,  788,  902,  944,  95i,_  I  125, 
1129,  ii32,  1146,  1171,  1226,  1265,' 1279, 
1406;  les  consuls  prennent  des  précautions 
contre  la  peste,  p.  430  ;  projet  de  canal,  pp.  384, 
385,  386;  on  y  est  favorable  à  la  création  du 
canal  de  Beaucaire,  p.  387. 

—  (Château  d'),  p.  340. 

—  (Fort  d'),  p.  1073. 

AiGUESvivES,  lieu,  pp.  493,  760,  871,  1218,  1406. 

—  (Consuls  d'),  p.   iii3. 

—  (Seigneurs  d'),  p.   1  iSy. 

—  (Justice  d'),  p.   I  160. 
AiGUESVivES,  près  de  la  Vannage,  p.  759. 
AIGUESVIVES  (MARTIN    d'j ,   président  au  Parle- 
ment de  Toulouse;  son  exil,  p.    1218, 

AIGUINES  (Chevalier  d');  sa  défaite,  p.  37. 

AIGNAN  (d'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.    1219. 

AiGOUAL  ou  AicoAi.,  Aygoual  ou  Aïgoal,  pp.  648, 
738,  740,  743,  747,   749,  798,   802,   8o5. 

—  (Gorges  de  1'),  p.  754. 

—  (Montagne  d'),  p.    1072. 
AIGUILLON  (Duc  d'),  p.    1217. 
AIGUILLON  (Duchesse  d'),  pp.  68,   1  198. 
AiLLO.v,  en  Vivarais,  p.  1201. 

AiRAc,  en  Vivarais,  p.   1201. 

AlIlE,    p.    1023. 

—  (Evéque  d'),  p.  364. 

Aix,  pp.  287,  58 1 ,  772,  1 023  ;  séjour  de  Louis  XIV 
dans  cette  ville,  p.  383;  la  peste  y  fait  quelques 
ravages  en  1664,  p.  43o;  l'établissement  des 
Filles  de  l'Enfance  y  est  autorisé,  p.  578. 

—  (Archevêché  d'),  p.  364. 
Ajoux,  en  Vivarais,  p.  1201, 
Alaigne,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
Alai.s,   ville  de   l'ancien    diocèse  de  Nîmes,    puis 

ville  épiscopale,  pp.  29,  32,  33,  43,  54,  61,  66, 
71,  75,  77,  81,  85,  88,  91,  92,  96,  98,  101, 
MO,  117,  177,  287,  425,  480,  481,  482,  483, 
487,  601,  65o,  65i,  709,  737,  750,  753,  755, 
709,  760,  762,  763,  774,  775,  776,  788,  796, 
797,  798,  824,  833,  841,  869,  890,  897,  918, 
ç65,  988,  990,  1004,  1.020,  1067,  1073,  1129, 
1178,  1279,  1283,  1284,  i32i,  i322,  i335, 
|385,  1406,  1418  ;  statuts  des  boulangers  &  des 
droguistes,  cassés,  p.  65;  les  protestants  abjurent 
avant  l'arrivée  des  troupes,  p.  555;  on  y  cons- 
truit un  fort  pour  la  surveillance  des  Cévenncs, 
p.  599;  on  y  crée  un  évèché,  p.  644;  fonds  de 
revenu;  négociations  délicates  avec  le  Saint- 
Sié^e  au  sujet  de  cette  érection,  p.  645;  la  po- 
pulation se  compose  de  dix-huit  cents  familles 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1433 


presque  toutes  converties  (depuis  la  révocation 
de  redit  de  Nantes,  p.  646;  ordres  religieux 
existant  d.ins  cette  ville,  p.  647;  sa  population, 
p.  692^  établissement  d'un  séminaire  pour  faci- 
liter le  recrutement  du  clergé,  p.  73oj  Eâville 
y  établit  son  tribunal,  p.  746;  construction  du 
palais  épiscopal,  pp.  58,  985,  986,  est  sérieu- 
sement éprouvée  par  la  peste  en  1721,  p.  961. 
Ai.us  (Archiprètré  d'},  p.  648. 

—  ^Chapitre  d'),  suppression  de  cinq  canonicats, 
p.  99J  ses  armoiries,  p.  683. 

—  Consuls  d'),  p.  487. 

—  Comté  d'),  pp.  .SB,  1 15,  116,  799,  863,  1284. 

—  (Diocèse  d'),  pp.  42,  56,  88,  94,  96,  98,  iro, 
102,  106,  107,  112,  114,  126,  619,  702,  75  , 
760,  770,  855,  965,  967,  968,  985,  988,  1081, 
1088,  1129,  I i3o,  ii5o,  1177,  1178,  1190, 
1283,  1406;  nombre  de  paroisses,  p.  647;  sa 
division  en  archiprétrés,  p.  648;  noms  des  a  r- 
chiprétrés  &  des  paroisses,  pp.  648,  649;  ravagé 
par  la  grêle  en   1727,  p.   ioo3. 

—  Evèché  d'},  p.  1286. 

—  'Kvêques  d'),  pp.  67,  128,  992,  i338,   1367. 
. —    Forts  d'),  pp.  870,   1073. 

—  Montagnes  d'),  p.  788. 

—  Second  consul  d'),  p.   i3. 
ALAIS  (Comte  d'),  pp.  6,  287. 

Al  ir.MES  de  l'évêque  d'Alais  au  sujet  des  menées 
des  protestants,  pp.  992,  993. 

ALARY,  chef  des  partisans  catholiques,  p.  797. 

ALARY  (Pierre),  pp.   1029,  io3o. 

Alav.»,  province  d'Espagne,  p.  939. 

Aluan,  en  Albigeois,  pp.   I25,  3io. 

ALBAr  ÈDE,  p.  209. 

Albaréues,  moulin  sur  le  Tarn,  p.  loi. 

ALBARET  (d'),  p.  873. 

AI, BEN  AS  'à')i  sa  harangue  au  maréchal  de  Villa  r$ 
au  nom  des  protestants  de  Nîmes,  p.  826. 

Al.ithNAS,  chevalier,  p.    |355. 

Al. liERONI,  cardinal,  pp.  9o3,  92.';,   1079. 

AI.HERT  (Pierre),  condamné  k  l'amende  pour 
cTntravention  aux  mesures  relatives  à  l'épizoo- 
tie,  p.   1257. 

A'.HP^RTAS,  maître  des  requêtes  ordinaires  de 
l'hôtel,  p.  479. 

Alfii,  ville  épiscopale,  pp.  32,  47,  69,  72,  79,  84, 
85,  99,  121,  124,  3o6,  3i2,  362,  696,  890,  99^, 
1004,  1067,  Il  19,  1229,  1236,  i335,  i376, 
i383,  1384,  |385,  1402,  1418;  suppression  du 
présidial,  p.  5;  troubles  en  |658,  pp.  6,  7; 
troubles  causés  par  le  différend  entre  l'évêque 
&  les  consuls;  le  Parlement  de  Toulouse  appuie 
les  consuls,  pp.  3o8 ,  3o9;  acquisition  de  la 
mairie  d'Albi  par  l'archevêque,  pp.  638,  639; 
union  des  maladreries  &  de  l'hôpital,  p.  33; 
date  de  l'établissement  de  l'hôpital  général, 
p.  32;  ses  armoiries,  p.  688;  sa  population, 
d'après  RiviUe,  p.  692;  les  jésuites  y  dirigent 
un  collège,  p.  695;  appauvrissement  de  ce  dio- 
cèse a  la  suite  de  l'épidémie,  de  la  mortalité  du 
bétail,  de  l'exagération  des  charges  depuis  la 
guerre  &  de  l'établissement  du  canal  de  Lan- 
giiedoc;  objets  de  son  commerce,  p.  698;  sa 
c.ithédrale,  une  des  merveilles  du  Midi,  p.  1408. 


Atri  (Archevêques  d'),  pp.  3o,  247,  938,  95 1,  963, 
984,  990,  io3o,  io32,  1123,  1124;  rapport  pf-ur 
la  réduction  des  rentes  provinciales,  p.  945. 

—  'Chapitre  d');  ses  armoiries,  p.  683. 

—  (Coadjuteur  d'),  p.   i33J. 

—  'Diocèse  d'),  pp.  53,  56,  57,  60,  61,  62,  63, 
65,  67,  68,  72,  74,  88,  99,  114,  I  i5,  126, 
i5j,  619,  770,  894,  895,  1008,  1088,  iii5, 
1120,  1129,  ii32,  ii53,  1375,  i4c"8;  misère 
publique,  p.  940;  essai  fait  pour  la  conjurer  en 
améliorant  la  production  des  toiles,  p.  04  i  ;  dé- 
vasté par  la  grêle  en  1727,  p.  1004;  désolé  par 
les  pluies  en    1728,  p.   loo-;;. 

—  {Évêque  d'),  pp.  287,  297,  332;  à  la  Cour, 
p.  292. 

—  (Gruerie  d'},  p.  474. 

—  (Hôpital  d'),  p.  696. 

—  (Maladrerie  d'),  p.  696. 

—  (Présidial  d'j,  pp.  3o8,  3  10. 

—  (Syndic  diocésain  d'),  p.   i3o5. 

—  (Viguier  d'),  p.  54. 

AI-BIÈRE  (d'),  receveur  des  deniers  d'octroi, 
p.  604. 

Ai.tiGEOis,  pp.  9,  85,  176,  177,  255,  260,  3i6, 
471,  723,  957,  998,  1019,  1020,  ii52,  1219, 
1241,  125"),  1287,  1401,  1402,  1406,  1408;  les 
receveurs  des  tailles  se  concertent  avec  les  com- 
mandants militaires  pour  activer  la  rentrée  de* 
impôts,  p.  896. 

A!  BIS  père  (d'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1219. 

AI.KIS  fils  (d'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.    1218. 

ALBIS  (Chevalier  d'),  p.   i352. 

ALBISSON  (d'),  auteur  des  Lois  municipales,  p.  119. 

ALBISSON,  greffier  de  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances  de  Montpellier,  p.  1097. 

Ai.riîET,  baronnie,  p.   1059. 

ALBRET  (Louise  d'),  dame  d'Estouteville,  p.  260. 

ALBRUGUIÈRE,  p.  59. 

AI.COUFFE,  de  Limoux,  p.    1207. 

ALDEBERT  (D">),  p.   1142. 

ALDÉGUIER  (Marquis  d'),  p.    |352. 

ALDÉGUIER  (Sieur  d'),  p.  320. 

ALDEGUIER  (Raimond  d'),  seigneur  d'Aignes- 
vives,  chef  du  consistoire,  p.  493. 

ALDÉGUIER  (d'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, mainteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 

ALDÉGUIER  (d'),  trésorier  général  de  France, 
mainteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661;  fait 
partie  de  la  commission  mixte  pour  le  règle- 
ment des  affaires  des  communautés,  p.  706. 

ALDÉGUIER  (Hippolyte  d'),  p.   i352. 

ALDEGUIER  (d'),  archidiacre  à  Toulouse,  p.  i356. 

ALÈGRE  (M.  d'),  p.  488. 

ALÈGRE,  p.  1406. 

ALENÇON  (Duc  d'j,  pp.  i85,  431. 

Ai.ET,  près  Toulouse,  p.    1218. 

Alet,  ville  épiscopale,  pp.  43,  47,  i55,  i56,  329, 
33o,  432,  864,  890,  982,  989,  1004,  1418; 
rivalité  de  cette  ville  avec  Limoux,  p.  406;  sa 
I  opulaiion,  p.  692. 


1434 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Alet  (Chapitre  d'),  pp.  5 14,  5o5. 

—  (Diocèse  d'),  pp.  14,  18,  42,  46,  Sy,  66,  98, 
114,  126,  i56,  160,  240,  209,  400,  619,  894, 
1008,  1178,  1287,  i3oi,  i3o2,  1404;  ses  pro- 
duits naturels  &  industriels;  ses  vins  blancs, 
p.  69Ï;  son  territoire  menacé  par  les  courses 
des  Catalans,  p.  862;  reçoit  des  secours  à  la 
suite  des  désastres  de  1707,  p.  871  ;  ravagé  par 
la  grêle  en  1727,  p.   ioo3. 

—  (Doyenné  d'),  p.  604. 

(Évêque    d'),    pp.    16,    18,    8^5;    ses    différends 

avec  la  noblesse  &  le  clergé  régulier,  p.   19. 

—  (Gentilshommes  du  diocèse  d'),  p.   18. 

—  (Pays  d'),  p.  985. 

ALEXANDRE  VI,  pape,  confirme  la  nomination 
faite  par  Louis  XIV  de  Pierre  de  Marca  à  l'ar- 
chevêché de  Paris,  pp.  402,  403. 

ALEXANDRE  VII,  pape,  pp.  41 5,  574,  101 5, 
1016. 

ALEXANDRE  VIII,  pape,  p.  720. 

ALGABvr.s,  p.  927. 

Alger,  pp.  904,  927. 

Aliénation  des  biens  ecclésiastiques  demandée  dans 
plusieurs  cahiers  de  la  noblesse  &  du  tiers  Etat, 
p.   i382. 

—  de  la  chasse,  p.   iSSg. 

—  des  justices,  p.   1389. 

Aliénations  du  domaine  sous  Louis  XIV,  pp.  637, 

675. 
Alignan  nu  Vent,  p.  394. 

—  (Hôpital  d'),  p.  6;6. 
Alignemlnt  des  chemins,  p.   127. 
ALIGRE  (Marquis  d'),  p.    i337. 

ALIGRE  (d'),, conseiller  d'État)  p.  266;  son  dis- 
cours aux  États  de  1646,  pp.  239,  240. 

ALISON  (d'),  marchand,  compromis  dans  la  con- 
juration de  Nimes,  p.  858;  trois  conspirateurs 
sont  arrêtés  dans  sa  maison;  est  arrêté  lui- 
même,  p.  859. 

Alissas,  en  Vivarais,  p.  1201. 

ALIZON  (Jean),  conseiller  au  sénéchal  de  Nimes, 
p.  646. 

ALLÈGRE  (d'),  marchand,  compromis  dans  la 
conjuration  de  Nimes;  est  arrêté,  pp.  858,  85^. 

Allemagne,  pp.  5i,  159,  210,  484,  239,  5S7,  699, 
700,  702,  704,  729,  746. 

Allemands,  fréquentent  la  foire  de  Beaucaire, 
p.  7o3. 

Allier,  en  Vivarais,  pp.  1201 

Allier,  rivière,  p.  397,  473,  481,  487,  488,  489, 
798,  85i,  962,  966,  ii5i,  i384,  1405,  1407, 
1410. 

—  (Bassin  de  1'),  p.  481. 

—  (Vallée  de  1'),  pp.  470,  481. 
Allivrement,  pp.  79,  109,  ii5. 
Alloua,  marais,  p.  i  18. 
ALLUZ  (Jean),  p.  59. 
ALLUZ  (Antoine),  p.  Sp. 
Almanza  (Bataille  d'),  pp.  768,  842. 
ALQUIER  (Antoine),  consul  de  Limoux,  p.  1207. 
ALQUIER  (J.-F.),  de  Limoux,  p.    1  207. 


Alsace,  pp.  66,  842,  1420. 
Altefage,  forêt,  pp.  740,  749,  799. 
Alteirach,  hameau  de  Gévaudan,  p    965. 
ALTIER,  p.   1407. 

Altkirch,  dans  la  haute  Alsace,  p.  370. 
Alzau,  affluent  du  Sor,  p.  460, 
ALZAU  (d'),  baron  de  Voisins,  p.  24. 
Alzein,  consulat,  p.   1403. 
Alzend,  commune,  p.  1009. 
Alzon,  pp.  966,  I  i3o,  140^. 
Ai.zoNNE  (Hôpital  d'},  p.  6   5. 
ALZONNE  (Sieur  d'),  p.  32y. 
Amalécites,  p.  857. 
AmabnéS,  en  Vivarais,  p.  1202. 
AMATI,  chanoine,  p.  200. 
AMAURY,  capitaine  aux  gardes,  p.  3^9. 
Ambassade  du  Parlement  aux  Ktati,  j  p.  289,  290. 
AiMBELOT   (Jean  d'),   syndic   de   la  ville  de  Tou- 
louse, p.  218. 
AMBELOT    (François    d') ,    chef    du    consistoire, 
p.  633;    fait  des  efforts   inutiles  pour  empêcher 
la    création    de   l'office   de    maire   de   Toulouse, 
p.  65o. 
AMBELOT  (Jean  d'),  syndic  de  Toulouse;  sa  des- 
titution,   p.    218;    rétabli    dans   ses    fonctions, 
pp.  221,  227. 
ARABES  (d'),  capitoul,  p.  220. 
AMBOISE    (François-Jacques    d'),    comte    d'Auhi- 

joux.  roir  d'AUBUOUX. 
AMBOISE  (d');  les  diverses  branches  de  cette  mai- 
son, p.  362;  généalogie,  pp.  302,  363. 
AMBOISE  (Pierre  d'),  chambellan   de  Charles  ^■II 
&  de   Louis  XII,  ambassadeur  à   Rome,  p.  352. 
AMBOISE  D'AUBUOUX  (Hugues  d'),  p.  302. 
AMBOISE  (Georges  d'),  cardinal,  p.  362. 
AMBOISE   (Jacques   d'),   baron    d'Aubijoux,    mort 

en  i536  au  siège  de  Marseille,  p.  362. 
AMBOISE  D'AUBIJOUX  (Louise  d'),  p.  363. 
AMBOISE  D'AUBIJOUX  (Elisabeth  d'),  p.  363. 
Ambres,  baronnie,  pp.  67,  io3,  864,  i385. 
—  marquisat,  p.  107. 
AMBRES  (Baron  d'),  p.  106'). 

AMBRES    (Marquis    d"),    sénéchal    de    Lauragais, 
lieutenant  général   en    Languedoc,    pp.    3,    33, 
145,  191,  200,  229,  282,  863,   1  i35. 
AMBROISE,  duc   de  Bournonville,   gouverneur  de 

Paris,  p.  521. 
Ambulances  de  camisards  établies  dans  des  rocher» 

&  dans  des  cabanes  en  planches,  p.  823. 
Amélioration  du  cours  de  la  Garonne,  pp.  127a, 

1276,  1277,  1294,  1295. 
AMELOT,  secrétaire  d'Etat,  p.    1289. 
AMELOT,   nommé   membre   du    conseil   de   com- 
merce, p.  716. 
Amendes  contre  les  membres  absents  des  conseils 
politiques  des  communes,  p.  58. 

prononcées    contre    les    nouveaux    conveitis, 

p.  I 142. 
Amérique,  p.  590;  des  protestants  du  Languedoc 
s'y  réfugient,  p.  â'j-- 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1435 


Américains,   fréquentent   la    foire    de    Beaucaire, 

p.  7o3. 
Amiécourt,  seigneurie,  p.   i333. 
AMIEL,  négociant  de  Montpellier,  p.   1080. 
Amnistie  de  Louis  XIV  aux  frondeurs,  p.  341. 

—  à  la  suite  de  troubles  à  Nimes,  p.  38  1. 

—  aux  insurgés  de  Vivarais,  p.  22. 
Amortissement,  p.  i336. 

—  des  dettes  indiqué  par  l'édit  de  Marly  de  1749, 
pp.  1089,   1090,   1091. 

AMOU  (Comte  d'),  p.   1241. 

Amphithéâtre  de  Nimes.  Foir  Arènes  de  Nimes. 

Ampouillac,  métairie,  pp.  871,  S72. 

A.MSTERDAM;  manufactures  qui  y  sont  créées  par 
des  réfugiés  français  après  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes,  p.  566. 

Asachbomsmes  dans  les  confirmations  de  privi- 
lèges de  villes  ou  de  lieux,  p.   1081. 

Anacostes,  étoffe,  p.  42. 

ANCEAU  DE  LAVELANET,  grand -maître  des 
eaux  8t  forêts  au  département  de  Languedoc, 
pp.   1027,   1070,  1072. 

ANCEAU  (d'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1219. 

ANCENIS  (Marquis  d') ,  capitaine  des  gardes, 
p.  925. 

Anciens  catholiqies,  p.  38;  leurs  dispositions 
durant  la  guerre  des  Cévenncs,  p.  788;  conver- 
tis à  la  réforme,  p.  994. 

Anciens  chemins;  vente  de  leur  sol,  p.  70. 

Andance,  en  Vivarais,  pp.  602,  1206. 

Andorre,  vallée,  p.  697. 

ANDRÉ  (d'),  protestant,  p.  738. 

ANDRÉ  (d'),  p.   i35j. 

ANDRÉOSSY,  ingénieur  employé,  en  1664,3  la  re- 
connaissance des  lieux  &  aux  premiers  travaux 
de  nivellement  du  canal  de  Languedoc,  p.  4.')^  ; 
a  visité  plusieurs  canaux  en  Italie,  p.  460. 

ANDRÉOSSY,  général  d'artillerie,  membre  de  l'Ins- 
titut d'Egypte;  revendique  dans  son  Histoire 
du  canal  du  Midi,  pour  l'ingénieur  son  homo- 
nyme, l'idée  première  du  canal  de  navigation 
alimenté  par  les  eaux  de  la  montagne  Noire; 
son  Histoire  du  canal  du  Midi,  p.  468. 

ANDREZEL  (d'),  intendant  de  Roussillon,  p.  985. 

ANDRIEU  (Jean),  fabricant  à  Carcassonne,  p.  82. 

ANDRIEU  (Pierre-Jacques),  avocat  à  Limoux, 
p.    1207. 

A.NOmNOPLE,  p.  82. 

ANDROL  (Jean-Joseph),  maire  perpétuel  d'Anno- 
n.iy,  p.  639. 

A.SOL/.E,  ville  du  diocèse  d'Alais,  pp.  x5,  32,  38, 
49,  ■>4,  73,  92,  95,  100,  110,  126,  127,  177. 
588,  753,  754,  755,  757,  739,  760,  76.5,  788, 
796,  827,  834,  835,  918,  967,  968,  1283,  1406; 
chute  du  pont  en  1768,  p.  io5;  les  catholiques 
de  cette  ville  se  plaignent  que  les  réformés  aient 
nommé  un  protestant  commis  au  bureau  de  la 
messagerie,  p.  478;  les  protestants  abjurent 
avant  l'arrivée  des  troi;pes,  p.  555;  ses  armoi- 
ries, p.  686;  animation  de  ses  marchés,  p.  702; 
quartier  général  du  maréchal  de  Vil  la  rs,  p.  841. 


.Anduze  (Montagne  d'),  p.  425. 

—  (Pont  d"),  pp.   io5,  1  12,  757. 

—  (Archiprètré  d'),  pp.  648,  649. 

—  (Couvent  du  Verbe-Incarné  à^,  p.   I  142. 

—  (Plâtrières  d'),  p.  986. 

—  (Synode  d'),  p.   16. 
ANUUZE  (Baron  d'),  p.  264. 
ANDUZE  (Seigneur  d'),  p.  988. 
Angers,  p.  627. 

Anglais,  débarquent  sur  les  côtes  de  Languedoc  & 
s'emparent  de  Cette,  p.  883;  promettent  des 
exemptions  d'impôts;  menacent  plusieurs  villa- 
ges; ne  peuvent  forcer  le  passage  de' la  Peyrade, 
p.  884;  sont  attaqués  par  les  troupes  du  duc  de 
Noailles,  p.  885;  sont  forcés  de  se  rembarquer; 
laissent  des  prisonniers;  leurs  vaisseaux  quittent 
les  eaux  de  France,  p.  886;  limites  des  pays 
occupés  par  eux  sur  les  frontières  de  Langue- 
doc, p.   1403. 

Angles,  petite  ville  du  diocèse  de  Saint-Pons, 
dans  la  région  la  plus  élevée  de  la  montagne 
Noire,  pp.  60,  102,  472,  473,  1401;  a  ses  fu- 
taies entièrement  dévastées;  la  commune  est 
condamnée  à  payer  six  mille  livres  pour  dégâts 
commis  aux  forets  du  domaine,  p.  468. 

—  (Montignes  d'j;  les  neiges  les  rendent  inacces- 
sibles une  partie  de  l'année,  p.  473. 

Angles  (Affaire  des),  entre  le  pape  &  le  roi, 
p.  1001. 

Angleterre,  pp.  286,  700,  720,  723,  769,  773, 
790,  818,  842,  855,  856,  860,861,903,  ioi2, 
|336;  ses  bons  offices  à  l'égard  des  proscrits 
français,  p.  564;  reçoit  les  protestants  fran- 
çais, p.  566;  la  liberté  des  cultes  publics  y  est 
proscrite,  p.  829. 

Am;ollême,  pp.  624,  627. 

Angoiimois,  p.  922. 

ANHALT  (Prince  d"),  p.  1  |35. 

Aniane,  pp.  70,  93,  loi,  ICI,  120,  495,  700, 
I i5o,    1401. 

—  (Abbaye  d'),  p.  863;  ses  armoiries,  p.  684. 

—  (Abbé  d'),  pp.  48,  75,  80. 

Ammaix    carnassiers   désolant    les    montagnes    du 

Gévaudan,  pp.  1193,  1194,  1195. 
Animaux    frappés    par    l'épizootie;    leur    allure; 

symptômes  de  la  maladie,  p.  |233. 
Anjou,  p.  704. 

—  (Régiment  d'),  p.  1244. 

ANJOU  (Duc  d'),  pp.  370,  376,   1025. 

ANNAT  (Le  Père),  jésuite,  chargé  de  traiter  directe- 
ment des  affaires  ecclésiastiques  avec  le  roi, 
p.  401;  présente  au  roi  le  libelle  préparé  par 
le  syndicat  de  la  noblesse  du  diocèse  d'Alet 
contre  Nicolas  Pavillon,  p.  414. 

ANNE,  reine  d'Angleterre,  p.  878,  884,  887. 

ANNE  D'AUTRICHE,  pp.  1,  3,  4,  14,  i5,  1 33, 
143,  147,  i55,  178,  206,  207,  226,  24c,  742, 
244,  246,  256,  259,  266,  401;  son  peu  d'es- 
time pour  le  monde  parlementaire,  p.  269; 
quitte  Paris,  se  retire  à  Saint-Germain,  p.  278; 
apprend  avec  émotion  le  sermon  de  Montpel- 
lier, p.  286;  rentre  à  Paris,  p.  342;  accompa- 
gne Louis   XIV  il   Toulouse,   p.    368;   ses  exer- 


1436 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


cices  de  piété  durant  son  séjour  à  Toulouse, 
p.  379  j  accompagne  le  roi  dans  ses  dévotions, 
p.  388;  sa  mort;  lettres-circulaires  demandant 
des  prières  publiques,  p.  442;  service  funèbre 
en  son  honneur  dans  la  cathédrale  Saint- 
Etienne  à  Toulouse,  p.  443. 

ANNE  DE  NOÉ,  abbesse  des  Salenques,  p.  294. 

Annonay,  ville  du  haut  Vivarais ,  pp.  109,  122, 
194,  639,  989,  1195,  '199,  1200,  1201,  1202, 
i2o3,  1267,  i3oo,  i3i3,  1348,  i38i,  i385; 
1891,  1409,  141 1;  une  sénéchaussée  y  est  créée 
en  1781,  p.  i3o3;  établissement  d'un  écorchoir 
public,  p.   102. 

—  (Bailliage  d'),  p.   i  100. 

—  (Sénéchaussée  d'] ,  créée  en  1781,  pp.  119, 
1367,  i385. 

Anoblis  municipaux,  p.  900. 
Anoblissement,  pp.  867,  93o. 

—  à  prix  d'argent  des  terres  de  Languedoc,  p.  i3. 
•^  capitulaire    à   Toulouse;    pp.     170,    694,   716, 

1291;  ses  origines  fabuleuses,  p.  626;  véritable 
origine  de  la  noblesse  capitulaire  à  Toulouse, 
pp.  627,  628,  63o,  63 1;  signalé  par  Bâville 
comme  une  cause  de  décadence  pour  la  ville  de 
Toulouse,  p.  697. 

—  de  Montgolfier,  p.   122. 

Antagonisme   des   gens   de   robe   &   de   la   noblesse 

locale,  p.  272. 
ANTIN  (Duc  d'),  p.  986. 
ANTIN  (Marquis  d'),  p.  524. 
Antirégaliens,  pp.  517,  5i8,  519. 
Antibes,  p.  965. 

ANTOINE,  lieutenant  des  chasses  du  roi,  p.  1194. 
Antraigues,  en  Vivarais,  p.   1201. 
ANTRAIGUES  (Comte  d'),  p.  1198. 
A0  .TÈNE  (Bernard),    receveur  des   tailles,  con- 

d.imné  comme  concussionnaire,  pp.  3.')6,  357. 
AOSTÈNE  (Pierre),  receveur  des  tailles,  condamné 

comme  concussionnaire,  pp,  3.S7,  358. 
AOUSTÈNE,  juge-mage  ri  Limoux,  p.  i3, 
Apcher,   baronnie,   en  Gévaudan,  pp.  53,  58,  83. 
APCHIER  (d'),  p.  620. 
APCHIER  (Maison  d'),  p.  652. 
APCHIER  (Marquis  d'),  p.   1377. 
APHRODISE,  maître  de  chapelle  à  Saint-Sernin, 

p.  657. 
Apocalypse   (Paraphrase   de   1'),   appliquée   à    la 

guerre  des  Cévenncs,  p.  782. 
Apothicaires  de  Montpellier;  leurs  armoiries, 

p.  683. 
Appauvrissement  de  la  noblesse  féodale,  p.  693. 
Appel  comme  d'abus  relevé  contre  l'institut  &  la 

constitution  des  jésuites,  pp.   1  172,  1 173,  1  174, 

1  175,  I  176,  I  177. 
Appréciations  diverses  des  événements  des  Céven- 

nes,  p.  879, 
Aps,  baronnie,  pp.  21,  23,  32,  55,  65. 
Aps  (Comté  d'),  terre  en  Vivarais,  pp.  1026,  1 197, 

I  ioi , 
Apt  (Évêque  d'),  p.   1018. 
Aquitaine  de  César,  p.   1240. 

—  (Régiment  d'),  p.   1244. 


Aragon,  pp.  927,  io32. 

Aramon,  consulat  du  diocèse  d'Uzès,  pp.  332,  972, 

1406;  ses  armoiries,  p.  687. 
Aran,  vallée,  p.    297;    devrait,  d'après   Bâville, 

appartenir  à  la  France,  p.  697. 
Aranjl'EZ,  p.  939. 
ARBANÈRE,  député  de  la  commune  d'Aigrefeuille, 

p.  1375. 
ARBAUD  DE  ROUGNAC  (d'),  consul  de  Beaucaire, 

p.  955. 
ARBON  (Arnaud  d'),  ancien  capitoul,  p.  863. 
ARBON  (Germain  d'),  conseiller  au   Parlement  de. 

Toulouse,  p.  863. 
Arbres  dépouillés  par  la  grêle,  p.   loio. 
Arcens,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Archevêché  de  Paris,  donné  à  Pierre  de  Marca, 

p.  403. 

Archevêques  d'Aix  :  p.  364;  cardinal  Grimaldi, 
p.  578;  Jean -Baptiste- Antoine  de  Brancas, 
p.   1023. 

—  d'Albi  :  pp.  5o,  247,  933,  943,  945,  o5i,  r63, 
984,  990,  io3o,  io32,  1123,  1124;  Hyacinthe 
Serroni,  premier  archevêque,  p.  5oq;  Charles 
Le  Goux  de  la  Berchère,  pp.  638,  63pj  Domi- 
nique de  La  Rochefoucauld,  p.  1094;  de  Bernis, 
coadjuteur,  p.   1376.   Foir  EvÈQUES. 

—  DE  Bordeaux  ;  François-Honoré  de  Maniban, 
pp.  1022,  1023. 

—  DE  Bourges  :  Frédéric-Hiérôme  de  Roye  de  la 
Rochefoucault,  p.  1023. 

—  DE  Cambrai,  pp.  866,  880. 

—  DE  Damas  :  de  Bernis,  coadjuteur  d'Albi,  p.  i^-^ô. 

—  DE  Narbonne  :  pp.  3,  325,  365,  369,  862,  895, 
896,  904,  937,  961,  963,  970,  982,  996,  1012, 
io35,  1041,  1067,  1071,  II22,  1123,  1124, 
1129,  1148,  i3i2;  Claude  de  Rebé ,  p.  iSJ; 
François  Fouquet,  pp.  369,  370,  43 1 ,  5^9; 
Pierre  Bonzi,  p.  509,  5i5,  568,  571,  078,  65o, 
65i,  716,  717,  721,  840,  849,  85o;  Charles  Le 
Goux  de  la  Berchère,  pp.  46,  840,  85o,  876; 
Jean-Louis  Balbi  de  Berton  de  Grillon,  pp.  1091 , 
1092;  Charles-Antoine  de  La  Roche-Aymon , 
pp.  1117,  1118;  Arthur-Richard  Dillon, 
pp.  1228,  1233,  1248,  i3o5,  i3i2,  i33o,  i33i, 
i332,  i335,  1337,  i338,  1341,  1367,  1371, 
1411,   1412. 

—  DE  Paris  :  pp.  920;  François  de  Harlay-Champ- 
vallon,  pp.  571,  579,  721;  cardinal  de  Noail'es, 
p.  862;  Charles-Gaspard-GuiUaume  de  Vinti- 
mille,  pp.   1019,  1020,  1022,  1023. 

—  DE  Reims,  p.  364. 

—  DE  Rouen  :  pp.  335,  721,  862;  Louis  de  la 
Vergne  de  Tressan,  p.  io23. 

—  DE  Sens  :  p.  1021;  Bouthilier  de  Chavigny, 
p.    1023. 

—  de  Toulouse  :  pp.  3o,  280,  868,  93 1,  938,  974, 
982,  1065,  1248,  1265,  1276,  i3o9,  1342;  Char- 
les de  Montchal,  pp.  154,  i58,  199,  281,  287, 
3  i5,  3i6,  3i7;  Pierre  de  Marca,  p.  369;  Charles- 
François  d'Anglure  de  Bourlemont,  pp.  43o, 
455,  459,  461,  474,  477,  479,  490,  494,  5o6; 
René-François  de  Beauveau,  pp.  932,  933; 
Charles-Antoine  de  La  Roche-Aymon,  pp.  1092, 
1095,    1104,    iio5,    1114;   Etienne-Charles   de 


TABLE  GEtJEKALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1437 


Loménie    de    Brienne,    pp.    1223,     1228,    i23o, 
1236,    1237,    1238,    i2:jo,    i3i5,    i335;  François 
de  Fontnnges,  pp.    i355,   1376. 
Abciievèqi  ES  DE  ToLRS  ;  Victor  Boutaillier,  p.  1  86. 

—  DE  TcBix  :  de  Seissel,  p.   |354. 

—  DE  ViE.NNE,   p.    1  198. 
Abcbiprêtré  des  Cévennes,  p.  736. 

Archives,  p.  35j  transportées  à  Montpellier, 
p.  696. 

—  de  Boissezon,  p.  84, 

—  de  Mirepoix,  p.    110, 

—  de  Vias,  p.   110. 

—  de  la  chambre  des  comptes  de  Paris;  un  inven- 
taire des  archives  des  trois  sénéchaussées  de  Lan- 
guedoc y  est  déposé,  p.  696. 

—  des  corporations  d'arts  8t  métiers,  p.  48. 

—  communales,  p.  110;  leur  inventaire,  p.  128; 
règlement  pour  leur  conservation,  p.  17;  date 
de  la  création  d'un  office  de  girde  dans  chaque 
commune,  p.  3 1 . 

—  diocésaines,  p.  114. 

—  de  la  grande  maîtrise  des  eaux  &  forêts,  con- 
servées aujourd'hui  au  palais  de  justice  de  Tou- 
louse, pp.  467,  468. 

—  de  l'intendance  n'existant  pas,  d'Aguesseau 
conserve  les  ininutes  de  sa  correspondance  ad- 
ministrative &  de  ses  mémoires;  le  tout  est  dé- 
truit par  un  incendie,  à  Paris,  en  1714,  p.  041; 
premiers  élém.ents  réunis,  pp.  168,  169;  trans- 
portées en  désordre  dans  l'hôtel  de  ville  de 
Montpellier;  inventoriées  en  1787,  sont  dis- 
persées en   1790,  pp.  1419,  1416,  1427. 

—  provinciales;  leur  installation  à  Montpellier; 
création  semblable  à  Toulouse,  Carcassonne, 
Nimes   &  Narbonne,  p.  7. 

—  du  royaume  des  Pays-Bas;  document  commu- 
niqué, p.  790. 

ARCOUS  (d'),  j\:ge  de  VilIeneuve-de-Berg,  p.    1  159. 
Abdèciie,  pp.  473,  482,  489,  6i5,  774,  738,  814, 
870,  878,  I 196,  1407. 

—  nom  définitif  donné  au  département  du  Viva- 
rais,  p.   141  I. 

—  département,  pp.  129,  1425. 

—  (Montagnes  de  1"),  p.  470. 

—  (Vallée  de  1'),  pp.  602,  i3io. 
Abdeliers,  annexe  de  paroisse,  p.  649. 
Abdemne  (haute),  p.  342. 

Abdesne  (!'),  »  Toulouse,  p.  ioo5. 

ARDENNE,  curé,  maître  es  Jeux-Floraux,  p.  661. 

Abdoix,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Abdcs  (Château  d'),  p.   193. 

ABiNEsde  Nîmes,  pp.  38i,  i336;  délibération  des 
États  relative  à  leur  conservation,  p.  264;  pro- 
jet de  restauration  en  1786,  p.  124;  don  du  roi 
pour  leur  restauration,  p.   I2:j. 

Arfons,  pp.  1253,  1254;  ses  armoiries,  p.  687. 

Argeliebs,  p.  1376;  tes  armoiries,  p.  686. 

Abgence,  p.  1 136. 

ARGENCOURT  (d*),  gouverneur  de  Narbonne, 
pp.  3o4,  3o6;  empêche  le  commissaire  du  Par- 
lement de  pénétrer  dans  Narbonne;  est  con- 
damné à  mort  &  exécuté  en  effigie,  p.  3o6. 


ARGENSOK  (Paulmy  d') ,  secrétaire  d'État  de  la 
guerre,   pp.    266,    892,   1067,   1068,   1078,   1128. 

Argent,  p.  i283. 

ARGER  (Les  frères),  dominicains,  p.   1187. 

ARGUEIL,  conseiller  au  présidial  de  Toulouse, 
p.   245. 

Arolt,  commune,  p.  680. 

ARIBAL  (Bernard);  offre  de  construire  un  canal 
&  de  ne  rien  demander  avant  de  l'avoir  ter- 
miné, p.  4:')4. 

Arie,  en  Vivaraif,  p.   1202. 

Abiége,  rivière,  pp.  264,  4^4,  469,  470,  697,871, 
1007,  1227,  1240,  1241,  1252,  1255,  1265. 
1295,  i33i,  1403,  1404. 

—  département,  pp.   129,  1425. 
Arifat  (Seigneurie  d'),  p.  957. 
AiiiSE,  rivière,  p.   1403. 
Ai'.LEBOsc,  en  Vivarais,  p.    1201. 
Arlemfde,  en  Vivarais,  p.   1201. 
AniENC,  p.  491. 

Ari.es,  pp.  38o,  969,  1136;  est  atteinte  par  la 
peste  en  1721,  p.  960. 

—  (Abbaye  d'),  p.  399. 
Armagnac,  pp.   177,  1401. 

—  (Route  de  1'),  p.   locS. 

ARMAGNAC  (Comte  d'},  pp.  17,  3o,  32. 

AiiMfE  de  Catalogne  désorganisée,  pp.  296,  297, 
1.133. 

Arménie,  p.  746. 

AR.MENTIÈRES  (M'"),  p.  38o. 

Armement  de  galères  pour  la  défense  des  cfiies  de 
Languedoc;  déception  des  Etats  quand  ils  veu- 
lent se  faire  rembourser  ces  avances,  p.  937. 

Armes  &  munitions  dont  Toulouse  était  appro- 
visionnée en  i6J2,  p.  335. 

—  prises  par  les  Cévenols  dans  les  maisons  des 
catholiques  de  Sauve,  p.  764, 

—  &  munitions  envoyées  par  le  ministère  afin  de 
réduire  la  rébellion  des  Cévennes  par  un  coup 
d'éclat,  p.  777. 

—  tombées  dans   les  mains  des  camisards,  p.  816. 
Abmissan,  p.  74. 

ARMISSAN  (d'),  p.  loio. 

Abmoiries  du  marquis  de  Rabat,  p.  253;  de  la 
branche  des  Bourbon-Malauze,  p.  260. 

—  diverses,  pp.  680  ;  de  corporations  mixtes, 
p.  682;  de  chapitres,  pp.  683,  684;  d'abbayes, 
pp.  684,  685;  de  couvents,  p.  685;  de  com- 
munes, pp.  686,  687;  de  Toulouse  dénaturées 
dans  l'armoriai,  p.  688;  formule  de  quittance 
de  droit  d'enregistrement,  p.  681. 

—  supprimées,  p.   129. 

Armorial  gënékal,  créé  par  l'édit  de  1696,  p.  677; 
toutes  les  armoiries  doivent  y  être  enregistrées 
moyennant  un  tarif  particulier,  pp.  678,  679; 
imperfections  de  ce  recueil  dues  aux  préoccu- 
pations purement  fiscales  qui  le  firent  établir; 
armoiries  qui  y  sont  inscrites  d'office  &  au  ha- 
sard par  les  commis;  quelques  exemples  de  ces 
faits,  pp.  680,  681 . 

Abn,  rivière,  p.  622. 


X 


L 


X 


1438 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ARNAL,  p.  3ifi. 

Ardaud-Bernabd  (Maladrerie  d'),  à  Toulouse, 
pp.  32,  42  1 ,  696. 

ARNAUD  (Jean),  notaire  royal  au  Piiy,  p.  486. 

ARNAUD,  ministre  protestant,  p.  791. 

ARNAUD  (Éiienne),  pasteur  protestant,  pendu  à 
Alais,  p.  54. 

Aenette,  rivière,  p.  4Ô7. 

Arone,  ruisseau,  p.   1403. 

ARPAJON  (Marquis  d'),  p.  49. 

ARPAJON(Duc  d'),  lieutenant  général  en  Langue- 
doc, pp.  12,  i3j  191,  229,  25 1,  370;  remet  les 
insignes  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  aux  mem- 
bres promus  en  1662,  p.  403. 

ARPAJON  (Duchesse  d'),  p.  524. 

ARQUES  (Baron  d'),  p.  65. 

Arques,  baronme,  pp.  47,  60,  66, 

ARQUIER  (d'),  lieutenant  d'infanterie,  p.  887. 

Abras,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Arras,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Arre;  ses  armoiries,  p.  687. 

ARRE,  actes  de  brigandage  commis  par  deux  frères 
de  ce  nom,  p.  497. 

Arreau,  p.  697. 

—  (Gruerie  d'),  p.  474. 

Ai\ih";t  delà  chambre  de  l'édit  de  Castres  du  21  Juin 
i65i  permettant  à  la  noblesse  protestante  de 
prendre  part  aux  assemblées  de  Toulouse,  p.  8  ^ 
du  17  juin  1664  défendant  aux  protestants  de 
chanter  des  psaumes  pendant  le  passage  des  pro- 
cessions du  Saint-Sacrement,  p.  19}  de  part;ige 
du  17  avril  i655,  p.  12. 

Arrêt  du  Conseil  d'Etat  de  i6o5  interprêté  par 
arrêt  du  conseil  du  7  août  1620  fixant  l'épotiue 
où  les  vins  de  Dauphiné  peuvent  être  introduits 
en  Vivarais,  p.  85 1  ;  du  27  mai  1643  portant 
défenses  à  la  cour  des  comptes  de  Montpellier 
de  connaître  de  maniement  de  deniers  faits  par 
les  syndics  &  députés  de  diocèses,  p.  i;  cassant 
l'arrêt  du  Parlement  du  8  juin  1643  &  défen- 
dant à  la  Cour  de  se  mêler  des  affaires  d'impôts, 
p.  146)  du  3o  septembre  1643  sur  la  levée  des 
tailles  en  Languedoc,  p.  i;  condamnant,  le  i3 
décembre  1643,  les  prétentions  du  Parlement  re- 
lativement au  franc-salé,  p.  175;  du  27  avril 
1644  défendant  à  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier de  connaître  de  certaines  délibérations, 
p.  2;  du  4  mai  1644  établissant  la  solidarité 
des  habiiants  de  Toulouse  en  matière  de  tailles, 
p.  2;  du  21  juillet  1644  défendant  au  Parle- 
ment de  Toulouse  de  connaître  du  fait  des 
tailles,  p.  2;  du  24  septembre  1Û44  condam- 
nant les  huissiers  du  Parlement  de  Toulouse  à 
payer  les  tailles,  p.  2;  du  8  octobre  1644  or- 
donnant l'élargissement  de  personnes  arrêtées 
&  la  restitution  de  marchandises  saisies,  p.  3; 
du  12  octobre  1644  déchargeant  un  étapier  des 
poursuites  de  la  cour  des  comptes  de  Montpel- 
lier, p.  3;  du  6  février  1645  confirmant  la  no- 
mination des  capiiouls  de  Toulouse  par  lettres 
patentes,  p.  3j  du  23  août  1645  réglant  le  diffé- 
rend du  Parlement  de  Toulouse  &  des  capitouls, 
p.  3  ;  du  i3  décembre  1645  prorogeant  les  ca- 
pitouls de  Toulouse,  p.   3  ;   du  9   février   1646 


cassant  l'élection  des  capitouls  faite  le  28  no- 
vembre 1645,  pp.  3,  242;  du  22  mars  1646 
cassant  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  du 
3  mars,  ajournant  un  président  &  l'avocat  gé- 
néral, suspendant  sept  conseillers,  &c.,  pp.  3, 
4;  différents  arrêts  concernant  l'intervention 
du  Parlement  dans  cette  affaire,  p.  2^3;  du 
10  mai  \6^6  supprimant  les  délibérations  du 
Parlement  de  Toulouse  au  sujet  des  élections 
capitulaires  suspendant  un  président,  deux  con- 
seillers, &c.,  p.  4;  du  14  juillet  1646  déchar- 
geant les  trésoriers  de  Languedoc  des  poursuites 
de  la  chambre  des  comptes  de  Montpellier,  p.  4; 
du  17  novembre  164')  confirmant  ses  précédents 
arrêts  contre  les  prétentions  de  la  cour  des 
comptes  de  Montpellier,  p.  4;  du  27  février 
1647  ordonnant  la  saisie  de>  gages  de  la  cour 
des  comptes  de  Montpellier,  p.  4;  du  21  no- 
vembre 1647  cassant  les  procédures  faites  par  le 
sénéchal  de  Toulouse  contre  un  commis  des 
tailles,  p.  5;  du  27  novembre  1647  interdisant 
au  lieutenant  criminel  l'entrée  aux  assemblées 
de  la  ville  de  Toulouse,  p.  5;  du  28  novembre 
1647  défendant  aux  trésoriers  de  France  de  con- 
naître des  comptes  rendus  par  les  syndics  dio- 
césains, p.  5;  du  22  mai  1648  cassant  la  d^'li- 
bération  des  Etats  de  Languedoc  portant  que  les 
protestants  ne  pourraient  entrer  aux  assiettes 
des  diocèses,  p.  5;  du  14  octobre  1648  ordon- 
nant la  remise  de  3  ?,ooo  livres  pour  réparations 
de  ponts  &  chemins  en  Languedoc,  p.  5;  du 
23  décembre  1648  au  sujet  des  40,000  livres  le- 
vées annuellement  en  Languedoc  pour  répara- 
tion des  ponts  &  chaussées,  p.  5;  du  18  janvier 
(65:)  confirmant  en  faveur  de  la  ville  de  Tou- 
louse, le  privilège  d'évocation  générale,  p.  6; 
du  19  août  |655  autorisant  l'exercice  du  culte 
réformé  hors  l'enceinte  de  Saint-Gilles,  p.  7; 
son  arrêt  du  18  mars  t65i,  p.  3io;  du  29  avril 
i65i  cassant  les  délibérations  du  chapitre  de 
Saint-Etienne  de  Toulouse,  p.  8;  du  12  juin 
i65i  interdisant  l'assemblée  de  la  noblesse  à 
Toulouse,  p.  8;  du  23  juin  i65i  cassant  la  no- 
mination de  commissaires  extraordinaires  du 
Parlement,  p.  8;  casse  les  arrêts  du  Parlement 
de  Toulouse,  p.  32  I  ;  du  4  septembre  i65i  défen- 
dant au  Parlement  de  Toulouse  d'envoyer  des 
commissaires  à  l'occasion  des  élections  munici- 
pales, p.  8;  permettant  aux  Etats  une  imposi- 
tion annuelle  pour  réparation  de  ponts  &  che- 
mins; du  même  jour  défendant  au  Parlement 
de  Toulouse,  à  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier, aux  trésoriers  de  France,  &c.  de  con- 
naître des  assiettes  diocésaines,  p.  9  ;  du  2  jan- 
vier 1653  cassant  la  nomination  capitulaire 
faite  par  le  Parlement  de  Toulouse,  p.  10;  dé- 
fendant au  Parlement  d'intervenir  dans  les  élec- 
tions capitulaires  si  ce  n'est  sur  appel  ou  en  cas 
de  délit,  p.  347  ;  du  I  8  mai  i  634  réglant  la  con- 
dition des  protestants  de  Nimes,  p.  11;  du  27 
mai  1654,  interdisant  l'exercice  du  culte  ré- 
formé à  Florensac,  p.  11;  du  18  août  1654,  pro- 
rogeant de  deux  ans  l'évacuation  des  procès  des 
réformés  de  Languedoc  au  Parlement  de  Gre- 
noble, p.  Il;  du  i5  octobre  1654  interdisant  la 
connaissance  des  étapes  à  la  cour  des  comptes 
de  Montpellier,  p.  1 1  j  du  10  décembre  1654, 
établissant  une  taxe  sur  la  boucherie  pour  la  re- 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1489 


construction  d'églises  démolies,  p.  1  i  ;  du  27  août 
1655  interdisant  à  la  chambre  de  ledit  de  Cas- 
tres toute  connaissance  des  délibérations  prises 
per  les  Etats,  p.  12;  du  9  juin  i655  attribuant 
aux  consuls  de  Montpellier  des  affaires  de  po- 
lice, sauf  appel  au  Parlement,  p.  12;  du  28a  où  t 
|655,  ordonnant  que  tous  les  consuls  &  officiers 
politiques  de  Montpellier  seront  catholiques, 
p.  12;  du  11  janvier  1607  rétablissant  les  ca- 
tholiques de  Réalmont  en  possession  de  l'église 
paroissiale,  p.  i3;  du  i3  janvier  16/17  cassant 
révocation  accordée  aux  protestants  de  Lan- 
guedoc, &c.,  p.  |3;  du  17  février  1657  ordon- 
donnant  renregistrement  de  la  déclaration  du 
18  juillet  i65fj  par  la  chambre  de  l'édit  de 
Castres,  p.  i3  ;  du  27  mars  i657,  interdisant  les 
conseils  mi-partie  dans  les  villes  qui  ont  été 
rebelles,  p.  i3;  du  7  décembre  1657  relatif  aux 
consuls  d'AIais,  p.  i3;  de  même  date,  ordon- 
nant que  la  cloche  placée  dans  la  tour  de  ville 
du  Vigan  annoncera  les  fêtes  catholiques,  p.  1 3  ; 
du  12  septembre  i658  chargeant  le  Parlement 
de  Toulouse  de  divers  jugements,  p.  14;  du 
3  juillet  1609  défendant  au  Parlement  de  Tou- 
louse &  autres  compagnies  de  la  Province  de 
connaître  des  délibérations  des  Etats,  p.  14;  du 
10  septembre  1660  donnant  la  préséance  aux 
officiers  catholiques  du  présidial  de  Nîmes  sur 
les  officiers  protestants,  p.    |5;  du   lô  septembre 

1660  cassant  les  délibérations  du  synode  des 
Cévennes,  p.  |5;  du  18  décembre  1660  mainte- 
nant à  l'évéque  de  Lavaur  le  droit  d'assister  en 
personne  ou  par  délégués  aux  assemblées  de  la 
commune,  p.  lô;  du  17  mars  1661  cassant  les 
délibérations  du  colloque  d'Uzés,  p.  lô;  du 
24  mars  166 1  défendant  au  seigneur  de  la  Vé- 
rune  de  placer  en  sa  maison  aucune  marque 
d'exercice  public  du  culte  réformé;  de  même  date 
réglant  le  nombre  des  notaires  protestants  à 
Montpellier,  p.  1  ")  ;  de  même  date,  ordonnant  la 
démolition  du  temple  de  Saint-Bausile,  p.  16; 
du  3o  avril  1661  défendant  aux  protestants  de 
Castres  de  faire  aucune  assemblée  pour  imposi- 
tion de  deniers  sans  la  présence  du  juge  royal, 
p.  16;  du  6  août  1661  cassant  une  délibération 
du  synode  de  Nimes  &  banissant  un  ministre, 
p.  16;  du  9  août  1661  portant  que  les  consuls 
de  métier  de  Montpellier  seront  tous  catholi- 
ques, p.  16;  du  3^  septembre  1661  cassant  les 
délibérations  du  synode  d'Anduze  &  bannissant 
un  ministre  protestant,  p.   16;  du  21   novembre 

1661  décidant  que  les  enfants  trouvés  de  Nîmes 
ne  pourront  être  reçus  à  l'hôpital  protestant; 
du  16  décembre  1661  défendant  à  la  chambre 
de  redit  de  Castres  d'envoyer  une  députatron 
au  roi  ;  vidant  un  arrêt  de  partage  de  la  cham- 
bre de  l'édit  de  Castres  interdit  absolument  le 
champ  de  psaumes,  p.  16;  du  20  décembre  1661 
ordonnant  que  le  premier  consul  catholique 
d'Uzés  aura  seul  l'administration  de  l'hôpital 
de  Saint-Sauveur,  p.  16;  du  23  février  1662 
interdisant  le  chant  des  psaumes  dans  les  rues 
8c  défendant  de  rendre  des  arrêts  de  partage  sur 
matière  déjà    réglée  par  le  roi,   p.    17;  du  4  mai 

1662  renvoyant  à  la  cour  des  aides  de  Mont- 
pellier les  procès  concernant  le  département  des 
dettes  des  protestants  de  Languedoc,  p.  17;  du 
1^   juin    1662  ordonnant   prise  de  corps  contre 


le  fermier  du  droit  de  confinnation,  p.  17;  du 
23  août  1662  cassant  une  délibération  de  la 
commune  de  Cordes,  p.  17;  du  1"  septembre 
1662  assignant  les  officiers  de  la  chambre  de 
l'édit  de  Castres  sur  la  demande  de  la  réunion 
de  cette  cour  au  Parlement,  p.  17;  des  7  août 
&  i3  novembre  1662  portant  règlement  d'heure 
pour  les  enterrements  des  protestants  à  Cler- 
mont-Lodève,  &  étendant  à  toutes  les  villes 
sans  exception  ce  règlement;  du  même  jour  au 
sujet  de  l'exercice  du  culte  réformé  à  Saint-De- 
zery,  p.  17;  du  11  janvier  i663  déchargeant  les 
catholiques  &  nouveaux  convertis  de  Sumène  8t 
Senilhac  des  dettes  des  réformés,  p.  1  7;  du  1  8  jan- 
vier i663  renvoyant  le  projet  de  Riquet  aux 
commissaires  du  roi  aux  Etats,  p.  17;  du  29  jan- 
vier |663  condamnant  l'auteur  du  Tomheau  de 
la  messe  au  banissement  &  le  livre  au  feu,  p.  17; 
du  26  février  1  663  condamnant  l'auteur  &  l'im- 
primeur de  deux  discours  sur  le  chant  des  Psau- 
mes ^n  bannissement  &  les  livres  au  feu,  p.  1 8 ; 
du  19  mars  i663  réglant  l'heure  de  l'enterre- 
ment des  protestants  de  Castres,  p.  1  8  ;  du  2  avril 
i663  déplaçant  cinq  ministres  de  Castres,  p.  18; 
des  i5  juin  &  5  octobre  i663  ordonnant  la  fer- 
meture &  la  démolition  de  plusieurs  temples 
protestants,  pp.  18,  19;  du  9  juillet  i663  cas- 
sant la  délibération  du  synode  de  Saint-André 
de  Valborgne,  p.  18;  du  20  juillet  i663  ordon- 
nant des  poursuites  contre  un  ministre  protes- 
tant, p.  18;  du  5  octobre  i663  réglant  la  com- 
position des  conseils  mi-partie;  délendant  l'exer- 
cice du  culte  réformé  à  Saint-Jean  de  Blaquière, 
p.  19;  du  23  octobre  i663  ordonnant  la  démo- 
lition de  temples,  p.  19;  du  23  novembre  1 663 
défendant  aux  ministres  protestants  de  prêcher  à 
la  campagne,  sous  des  arbres,  p.  19;  du  15  jan- 
vier 1664  défendant  au  Parlement  de  Toulouse 
de  connaître  des  différends  de  l'évéque  d'Alei 
avec  la  noblesse  &  le  clergé  régulier  de  son  dio- 
cèse, p.  19;  du  22  février  1664  défendant  l'exer- 
cice de  la  religion  réformée  à  Privas;  interdi- 
sant à  un  ministre  de  faire  le  prêche  en  plusieurs 
lieux,  p.  19;  du  25  février  1664  réglant  les 
préséances  des  officiers  catholiques  sur  les  pro- 
testants à  la  cour  des  comptes  de  Montpellier, 
p.  19;  du  20  septembre  1664  défendant  de  saisir 
sous  aucun  prétexte  les  deniers  de  l'équivalent 
&  de  toutes  les  impositions,  p.  20;  du  17  no- 
vembre 1664  établissant  les  jésuites  dans  le  dio- 
cèse de  Castres,  p.  "20;  du  28  novembre  1664 
remettant  les  jésuites  en  possession  du  collège 
royal  de  Nimes  &  ordonnant  la  démolition  du 
petit  temple  de  cette  ville,  p.  20;  son  arrêt  sus- 
pendant le  droit  d'évocation  aToulouse,  pp.  44'', 
441;  arrêt  prescrivant  aux  capitouls  de  remettre 
les  titres  relatifs  aux  péages  qu'ils  percevaient 
sur  les  bois  flottés,  p.  441  ;  du  16  août  1666  ré- 
glant les  différends  de  l'évéque  d'Alet  avec  la 
noblesse  8c  le  clergé  régulier  de  son  diocèse, 
pp.  21  ;  du  16  août  1666  donnant  aux  nouveaux 
convertis  trois  ans  de  délai  pour  payer  le  capi- 
tal de  leurs  dettes,  p.  21;  du  24  octobre  1666 
ordonnant  la  vérification  des  abus  dans  les  uni- 
versités de  Toulouse  &  de  Montpellier  &  dans 
les  collèges  qui  en  dépendent,  p.  2  i  ;  du  18  no- 
vembre 1670  ordonnant  la  démolition  de  plu- 
sieurs temples,  p.  22;  des  3'»  septembre  1664  & 


M40 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


19  novembre  1670  ordonnant  que  les  protestants 
sortiront  de   Privas  &  n'y  pourront  plus   habi- 


ter, pp.  2C 


2!^;  de  la   même   date  ordonnant  la 


démolition  de  plusieurs  temples  &  maintenant 
l'exercice  du  culte  réformé  dans  deux  lieux;  de 
la  même  date  décidant  que  le  concierge  des  pri- 
sons de  Castres  sera  toujours  catholique,  p.  20; 
du  28  novembre  1670  décidant  que  les  consuls 
de  Cpurnonterrail  devront  être  tous  catholiques, 
p.  23;  du  7  mars  1671  fixant  le  ressort  de  la 
grande  maîtrise  des  eaux  &  forêts  de  Toulouse, 
p.  23;  du  3  juin  i6-Ji  interdisant  à  la  chambre 
de  redit  de  Castelnaudary  toute  connaissance 
des  élections  consulaires  de  cette  ville,  p.  23;  du 
3  mai  1675  réglant  la  forme  des  élections  con- 
sulaires en  Languedoc,  p.  24;  du  25  septembre 
1679  cassant  les  délibérations  des  Etats  de  Vi- 
varais,  p.  25;  du  5  octobre  1679  cessant  les  dé- 
libérations de  l'assemblée  de  La  V'oulte,  p.  25; 
du  24  février  1681  ordonnant  la  démolition 
d'un  temple,  p.  26;  d'août  1682  ordonnant  la 
démolition  d'un  temple,  p.  27;  éloignant  des 
ministres  protestants,  p.  529;  empêchant  les 
protestants  d'obtenir  la  maîtrise  pour  les  manu- 
factures d'étoffes  de  soie,  à  Nimes,  p.  â3o;  son 
arrêt  fixant  la  levée  d'une  somme  pour  la  cons- 
truction d'une  nouvelle  cathédrale,  à  Montau- 
ban,  p.  572;  du  25  juin  |685  ordonnant  aux 
conseillers  protestants  du  Parlement  deToulouse 
de  se  dessaisir  de  leurs  charges  dans  trois  mois, 
p.  28  ;  du  9  septembre  1  685  ordonnant  la  démo- 
lition du  temple  de  Puylaurens  &  l'emploi  des 
matériaux  à  la  reconstruction  d'une  église  ca- 
tholique, p.  28;  du  i5  septembre  i685  décidant 
que  les  hommages  des  fieis  de  dignité  de  Lan- 
guedoc seront  reçus  par  la  cour  des  comptes  de 
Montpellier,  p.  2B;  du  7  décembre  i685  termi- 
nant en  faveur  du  Parlement  de  Toulouse  un 
conflit  de  juridiction  avec  le  Parlement  de  Gre- 
noble, p.  29;  du  2  juillet  1686  autorisant  la 
construction  d'un  canal  de  jonction  entre  la 
robine  de  Narbonne  &  le  canal  de  Languedoc, 
p.  29;  interdisant  l'enseignement  aux  Filles  de 
l'Enfance,  p.  578;  du  29  septembre  1687  don- 
nant la  préséance  à  l'archevêque  de  Toulouse 
sur  celui  d'Albi  dans  l'assemblée  des  États, 
p.  3o;  du  2  août  1688  portant  règlement  des 
assemblées  de  l'hôtel  de  ville  de  Toulouse,  p.  3o  ; 
du  29  mars  1689  défendant  à  certains  officiers 
de  connaître  du  fait  des  tailles  &  les  contesta- 
tions entre  les  collecteurs  8(  les  taillables,  p  3o  ; 
du  20  septembre  1690  concernant  la  perception 
des  tailles,  p.  3o;  du  21  juin  1694  portant  que 
les  collecteurs  de  tailles  doivent  être  préférés  k 
tous  autres  créanciers,  p.  32;  du  20  août  1691 
concernant  la  levée  des  tailles,  p.  3  1  ;  du  17  août 
1694  portant  confirmation  du  franc-alleu  en 
Languedoc,  p.  32;  du  4  octobre  1694  portant 
règlement  pour  la  direction  de  l'hôpital  Saint- 
Eloi  de  Montpellier,  p.  32;  du  3i  août  1695 
défendant  aux  agents  du  comte  d'Armagnac  de 
troubler  l'entreprise  des  litières  de  Languedoc  à 
Pans,  p.  32;  du  22  octobre  1697  maintenant 
aux  consuls  de  Montpellier  la  connaissance  des 
affaires  de  police  en  première  instance,  p.  33; 
du  22  octobre  1697,  portant  règlement  pour  la 
fabrication  des  draps  du  Levant,  p.  33;  du 
25  janvier  lôpS  &  du   10  février  1698  désignant 


plusieurs  villes  du  Languedoc  pour  la  tenue  de 
l'assiette  diocésaine,  p.  32;  des  4  mai  1699  & 
10  septembre  1707  assujettissant  les  nobles 
aux  imposiiions  levées  pour  les  gages  des  maî- 
tres &  maîtresses  d'école,  pour  l'armement  des 
compagnies  bourgeoises,  les  réparations  des 
portes  &  murailles,  la  dépense  militaire  &  les 
frais  de  corps  de  garde,  p.  935;  du  1  1  août  1699 
concernant  la  levée  des  tailles,  p.  34,;  du  22 
mars  1700  ordonnant  que  la  place  de  premier 
consul  de  Montpellier  sera  toujours  remplie  par 
un  gentilhomme  ou  un  noble  faisant  profession 
des  armes,  p.  34  ;  du  1  o  mai  1700  déclarant  l'or- 
dre du  Saint-Esprit  de  Montpellier  purement 
régulier  &  hospitalier,  p.  34;  du  27  juillet  1700 
réglant  la  fonction  des  prévôts  diocésains  &  le 
commandement  des  maréchaussées  en  l'absence 
du  prévôt  général,  p.  34;  du  2  octobre  1700  cas- 
sant un  arrêt  de  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier &  lui  défendant  de  connaître  des  ordon- 
nances de  l'intendant,  p.  34  ;  du  9  novembre  1  700 
déterminant  l'application  du  droit  de  franc- 
fief,  p.  34;  du  23  novembre  1700  défendant  à  la 
cour  des  aides  de  Montpellier  de  connaître  des 
indemnités  accordées  par  les  Etats  à  l'occasion 
du  canal  de  Languedoc,  p.  35;  de  février  1701 
réglant  le  prix  de  la  poudre  &  du  plomb  en 
Languedoc,  p.  35;  du  3i  mai  1700  ordonnant 
l'élargissement  du  Girou  &  de  l'Hers,  p.  35; 
du  16  août  1701  ordonnant  par  qui  seront  fai- 
tes les  adjudications  d'ouvrages  payés  p.rr  la 
Province;  du  même  jour  permettant  d'entreposer 
les  denrées  &  machandises  au  port  de  Cette  & 
d'y  convertir  les  vins  en  eaux-de-vie,  p.  35;  du 
20  décembre  1701  réglant  la  levée  des  taxes  de 
la  capitation  en  Languedoc,  p.  35;  du  17  juillet 

1702  concernant  le  passage  des  caresses  &  des 
charettes   sur   le  pont   Saint-Esprit,   p.  36;   du 

5  septembre  1702  cassant  un  arrêt  de  la  cour 
des  aides  de  Montpellier  &  lui  interdisant  foute 
connaissance  de  la  capitation,  p.  36;  du  3  oc- 
tobre 1  702  concernant  les  ports  du  Languedoc, 
pp.  35,  37;  du  3  avril  1703  portant  règlement 
pour  les  visites  des  gardes  des  gabelles  &  la 
pénalité  des   faux-sauniers,   p.  37;   du-  3   avril 

1703  sur  les  contrats   d'aliénation    du   domaine 

6  des  justices  royales,  interprété  le  16  octobre 
1704,  p.  804;  du  19  avril  1704  transformant 
l'impôt  sur  la  viande  de  boucherie  en  un  droit 
unique,  p.  85o;  du  10  juin  1704  défendant 
l'importation  des  vins  de  diverses  localités  en 
Dauphiné,  durant  la  plus  grande  partie  de 
l'année,  p.  852;  du  24  mai  1704  renvoyant 
l'examen  des  différends  entre  l'Auvergne  &  le 
Languedoc,  au  sujet  du  mandement  de  S.iint- 
Privat,  aux  intendants  des  deux  provinces, 
p.  85 1  ;  du  3t  juin  1  704  concernant  les  envoyés 
de  la  noblesse  ayant  fait  des  conventions  pour 
entrer  aux  Etats,  p  853;  du  11  octobre  1754 
concernant  le  rachat  de  l'impôt  sur  la  viande 
de  boucherie,  p.  85o;  du  11  octobre  1704  cas- 
sant deux  arrêts  de  la  cour  des  aides  de  Mont- 
pellier, au  sujet  des  receveurs  &  collecteurs  de 
tailles,  pp.  41,  854;  du  11  novembre  1704  for- 
çant les  traitants  ou  leurs  commis  de  livrer  les 
quittances  de  rachat  de  certains  offices,  p.  854; 
du  21  juillet  1705  décidant  que  les  receveurs  & 
collecteurs   de    tailles    pourront   être    contraints 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1441 


personnellement  pour  le  payement  de  la  capita- 
tion,  p.  41  ;  du  II  août  i7t5  déchargeant  le 
diocèse  d'Uzès  des  tailles  &  de  la  capitation  de 
paroisses  détruites  &  dépeuplées  des  Hautes- 
Cévennas,  p.  41;  du  22  juin  1706  défendant  à 
la  cour  des  aides  de  Montpellier  de  connaître 
des  contestations  qui  arrivent  sur  le  fait  de 
l'entrée  aux  Etats,  p.  43  j  du  9  août  1706  déci- 
dant que  le  droit  d'entrée  aux  Etats  de  la  ba- 
ronnie  de  Rieux  sera  compris  dans  la  vente  de 
ce  domaine,  p.  43  j  du  5  septembre  1706  pour 
la  réparation  des  chaussées  des  salins  de  Peccais, 
p.  43;  du  M  septembre  1706  défendant  à  la 
cour  des  aides  de  connaître  des  ordonnances 
rendues  par  l'intendant,  p.  43;  du  7  novembre 

1706  au  sujet  des  biens  abandonnés  en  Langue- 
doc, p.  43  ;  relatif  à  la  nobilité  de  terres  appar- 
tenant à  l'abbaye  de  Boulbonne,  p.  872;  du 
2  août  I  707  renvoyant  à  l'intendant  la  connais- 
sance des  malversations  commises  au  sujet  de  la 
fourniture   de   l'étape,   p.  44;   du    27   septembre 

1707  permettant  aux  seigneurs  de  Languedoc 
de  faire  procéder  à  la  confection  de  leurs  pa- 
piers terriers,  après  avoir  rendu  hommage  au 
roi,  p.  40;  du  18  octobre  1707  réglant  le  tiriige 
de  la  soie  en  Languedoc;  ordonnant  le  rem- 
boursement à  la  Province  de  dépenses  d'étape; 
déchargeant  les  vins  &  eaux-de-vie  de  diverses 
taxes;  cassant  la  prohibition  du  vin  étranger, 
portée  par  la  ville  d'Annonay,  p.  40;  ses  six 
arrêts  portant  remise  sur  la  taille  &  la  capita- 
tion,  p.  871;  du  29  novembre  1707  au  sujet  du 
payement  de  la  taille  par  les  possesseurs  de  biens 
qui  y  sont  nouvellement  assujettis,  pp.  45,  932  ; 
du  4  janvier  1708  ordonnant  le  rétablissement 
de  l'hospitalité  dans  la  commanderie  du  Saint- 
Esprit  de  Montpellier,  &  maintenant  à  cette 
maison  la  jouissance  de  certains  revenus,  p.  4;'); 
du  22  janvier  1708  autorisant  l'acquisition  du 
château  de  Ferrières  par  les  Etats,  p.  4''>  ;  du 
27  mars  1708  cassant  un  arrêt  de  la  cour  des 
aides  de  Montpellier  &  défendant  les  visites 
pour  recherches  de  contraventions,  p.  46;  du 
l''r  mai  1708  indiquant  le  lieu  où  les  religieux 
de  Boulbonne  devront  payer  leurs  tailles,  p.  46; 
du  16  octobre  1708  réglant  le  remboursement  à 
la  Province  de  la  somme  avancée  pour  les  for- 
tifications du  Pont-Saint-Esprit,  &c.,  pp.  47, 
870;  du  17  novembre  1708  réglant  la  manière 
de  faire  payer  la  taille  aux  gens  de  main-forte 
&  la  publication  de  la  levée  de  la  taille,  p.  47; 
du  23  novembre  1709  concernant  la  levée  des 
tailles,  p.  48;  du  29  juillet  1710  augmentant 
les  droits  d'entrée  de  Toulouse  Se  supprimant 
plusieurs  charges  municipales,  p.  48;  du  16  mai 
1713  réglant  la  répartition  des  impositions  de 
la  ville  de  Toulouse,  p.  49;  des  12  janvier  & 
8  juin  1715  ordonnant  aux  emphytéotes  du  roi 
de  remettre  leurs  titres,  &  enjoignant  aux  vas- 
saux du  roi  de  présenter  leurs  hommages  &  dé- 
nombrements, p.  5i  ;  du  4  janvier  1716  cassant 
la  protestation  de  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier contre  la  réception  des  hommages  par 
M.  de  Bâville,  p.  5i  ;  du  4  février  1716  défen- 
dant à  la  cour  des  comptes  de  Montpellier  de 
recevoir  des  soumissions  d'adjudication  de  la 
taille  passée  le  i5  avril,  p.  52;  du  3  octobre 
1716   réglant  les   différends  surrenus  entre  les 


marchands  &  les  fabricants  de  soie  de  Niraes, 
p.  52;  du  !"■  décembre  1716  décidant  par  qui 
les  frais  de  construction  du  pont  de  Cintega- 
belle  St  des  réparations  au  pont  de  Toulouse 
seront  supportés,  p.  5î  ;  du  23  janvier  1717 
cassant  quatre  arrêts  de  la  cour  des  aides  de 
Montpellier,  ausujetdubaildela  taille, p. 53; 
du  21  août  1717  défendant  aux  trésoriers  de 
France  de  Toulouse  d'exiger  des  consuls  de  la 
généralité  le  serment  de  âdélité  &  la  déclara- 
tion des  biens  communaux,  p.  53;  du  6  avril 
1719  confirmant  les  élections  municipales  d'An- 
duze,  d'où  les  nouveaux  convertis  étaient  ex- 
clus, p.  54;  du  4  mai  1719  condamnant  la  ville 
de  Saint-Esprit  à  payer  le  droit  d'amortissement 
pour  les  bâtiments  des  casernes,  p.  54  ;  du  23  mai 
1719  fixant  le  dédommagement  dû  par  la  Pro- 
vince aux  héritiers  de  Jacques  Brun,  pp.  55, 
943,  944;  du  18  février  1720  déterminant  les 
qualités  de  draps  dont  la  fabrication  est  auto- 
risée à  Saint-Chinian,  p.  55  ;  du  23  février  i  720 
confirmant  les  élections  municipales  de  Ville- 
neuve-lès-Avignon,  p.  55;  du  i""'  juillet  1721 
maintenant  le  statu  <juo  pour  l'assistance  des 
curés  aux  assemblées  des  communes,  p.  55;  du 
17  avril  1722  cassant  trois  arrêts  du  Parlement 
de  Toulouse,  concernant  le  procès  du  pays  de 
Vivarais  avec  le  comte  du  Roure,  p.  55;  du 
6  octobre  1722  cassant  un  arrêt  du  Parlement 
de  Toulouse  sur  les  élections  consulaires  de  Ra- 
bastens,  p.  57;  du  26  juin  1724  déclarant  que 
les  îles  du  Rhône  appartiennent  à  la  Province 
de  Languedoc,  p.  58;  du  16  octobre  1724  attri- 
buant à  l'intendant  la  connaissance  des  contes- 
tations concernant  la  construction  &  l'entretien 
des  grands  chemins,  p.  58  ;  du  21  septembre  17^4 
condamnant  les  remontrances  de  l'évêque  de 
Montpellier,  &  ordonnant  la  saisie  de  son 
temporel,  p.  58;  du  4  novembre  1724  portant 
un  nouveau  règlement  pour  le  conseil  politique 
&  les  élections  consulaires  de  Rabastens,  p.  58; 
du  4  décembre  1724  cassant  deux  arrêts  du  Par- 
lement de  Toulouse  sur  les  élections  consulaires 
de  Lauran,  p.  59;  du  26  décembre  1724  réglant 
l'entrée  aux  assiettes  des  officiers  ducaux  3c 
officiers  épiscopaux  d'Uzès,  p.  59;  autre  du 
même  jour  maintenant  le  conseil  politique  de 
Rieux  à  vingt-quatre  membres,  p.  59;  du  3o  jan- 
vier 17*25  portant  un  nouveau  règlement  pour 
les  assemblées  diocésaines,  p.  59;  du  29  mai 
1725  défendant  de  tenir  des  chèvres  en  Langue- 
doc &  d'arracher  des  arbres  ou  arbustes  dans  les 
bois,  garrigues  &  bruyères,  p.  60;  du  7  août 
1755  ordonnant  la  translatioii  de  sept  verreries 
sur  les  montagnes  de  l'Espérou  &  de  l'Aigoual, 
p.  60;  du  10  décembre  1726  cassant  les  ordon- 
nances des  trésoriers  de  France  de  Toulouse 
concernant  les  chemins,  &  maintenant  aux 
Etats  de  Languedoc  la  direction  de  ces  ouvrages, 
p.  di  ;  du  25  mars  1727  exemptant  du  droit  de 
confirmation  les  capitouls  de  Toulouse;  théories 
étranges  8t  erreurs  grossières  qui  fourmillent 
dans  cet  arrêt,  p.  ioo3;  du  9  décembre  1727 
ordonnant  la  visite  du  canal  de  Languedoc, 
p.  62;  du  10  février  1728,  déboutant  les  char- 
treux de  Villeneuve-d'Avignon  de  leurs  préten- 
tions sur  les  atterrissements  du  Rhône,  p.  62; 
du    17    mars    1728    déclarant    roturiers   certains 


xm 


9' 


1442 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  KOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


lieux  appartenant  au  chapitre  de  Saint-Pons  de 
Thomières,  p.  6i;  du    20  mars   1728    nommant 
cinq    arbitres   pour    juger    ies    différends    de    la 
marquise  de  Toiras  avec  la   commune  de  Veze- 
nobres,    relativement  à  la    qualité   de  certaines 
terres,   p.  <')2  ;  du   23   mars  1728    relativement  à 
un   différend   de  la  commune  de  Vacquiers  avec 
son  curé,  défendant  au   Parlement  de  Toulouse 
de  casser  les  ordonnances  de  l'intendant,  p.  62; 
du    14   septembre    1728    cassant    les    statuts   des 
tonneliers  de  Cette,  &  défendant  à  tous  artisans 
d'y    former   des  corps    de    maîtrise,    p.    62;    du 
18  septembre  1728   nommant  cinq  commissaires 
pour  juger  les  différends  du  comte  de  Montpey- 
roux  avec  la  commune,  au    sujet   de   la   qualité 
de  ses  biens,  p.  62;  du  14  décembre  1728  ordon- 
nant  la   nomination  d'un   inspecteur  du   pastel 
dans  les  diocèses  d'Albi  &  de  Lavaiir,  p.  63j  du 
3i  mai   1  729  confirmant  la  nomination  du  pre- 
mier consul  de  Saint-Ambroix,  faite  d'office  par 
l'intendant,    p.  63;    du   21    juin   1729    fixant  à 
six  livres  dix   sols  le  minot,  le  tarif  spécial  du 
sel   de   Peccais    pour   les    habitants   du    pays  de 
Sault,  p.  63)   du   2   mai    1733,  maintenant  aux 
consuls  de  Montpellier  la  connaissance  des  af- 
faires de  police,   même   en  matière    criminelle, 
p.  64;  du   2  mai   1730  renvoyant  devant  M.  de 
Bernage    des   contestations    entre    habitants    de 
Narbonne,    p.    io3i;   du   i"''  août    1730   cassant 
trois  arrêts  du   Parlement  de  Toulouse   sur  les 
élections    municipales    d'Espéraza,    &    un    qua- 
trième  sur   des   querelles  de  préséances,  p.  64; 
du  22  août    173^   ordonnant  la  vérification  des 
comptes  communaux   du  diocèse  de  Saint-Pons 
depuis  vingt-cinq  ans,  p.  64;  du  3  i  octobre  1  73 d 
défendant  de  mettre  le  feu  aux  chaumes,  landes, 
bruyères,   garrigues;  du   même  jour  cassant  les 
élections  consulaires  d'Auterive;  autre  du  même 
jour  attribuant  à   l'intendant  la   connaissance 
des  baux  de  boucheries  municipales,  p.  65;  du 
19  décembre  i73j  défendant  de  recevoir  à  Car- 
cassonne  aucun    maître   drapier   pendant   trois 
années,  p.  65;  du  7  juillet  lySi  approuvant  les 
plans  dressés  pour  la  place  du  Peyrou  &  ordon- 
nant   la   démolition   du   couvent  de   la    Merci, 
pp.    65,    io32;    du    3i    août    I73i    maintenant 
l'usage   des    élections    municipales    annuelles    à 
Saint-Esprit,  p.  65;  du   16  octobre  1731  sur  le 
transport  du  minerai  de  fer  de  Vicdessos,  p.  65j 
du   6    janvier    1732   enjoignant  aux   communes 
de  Languedoc    de    représenter  leurs   titres  à    la 
prohibition  des  vins  étrangers;  autre  du  même 
jour  relatif  à   l'entretien  des  églises,  cimetières 
&   presbytères,   p.  66;  du   |5  janvier  1732   por- 
tant   règlement   sur  l'aunage  des  draps   destinés 
au  Levant,   p.  66;   du  29  juin   1732   cassant  un 
arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  sur  l'adjudica- 
tion  de   certains    biens    abandonnés,  p.  66;    du 
14    octobre     1732    confirmant    des    préséances, 
p.  66;  du  7  février  1733  renvoyant,  par  provi- 
sion, au    sénéchal   de    Nîmes    l'appel    des   juge- 
ments  rendus  par  les  officiers  des   Justices  épis- 
copales  ou  capitulaires  d'Uzès,  &   des  seigneu- 
ries dans  la  mouvance  de  l'évéché,   p.  67;  du  8 
février  1733,  ordonnant  la  révision  des  comptes 
du   clavaire  de  Montpellier,  p.  67;  du    i"'  mai 
1733  supprimant  l'instruction   pastorale  de  l'é- 
vêque  de  Montpellier  sur  les  miracles  du  diacre 


Paris,  p.  67;  du  17  octobre  1:33  cassant  un 
arrêt  de  la  cour  des  aides  de  Montpellier  sur  la 
nomination  du  conseil  politique  de  Lésignan, 
p.  67;  du  16  mars  1734  déclarant  que  le  village 
de  Monteils-Rivals,  situé  sur  la  frontière  du 
Forez,  fait  partie  du  Languedoc,  p.  68;  du 
i3  avril  1734  ordonnant  que  les  étoffes  fabri- 
quées en  Languedoc  seront  mesurées  à  l'aune  de 
Paris,  p.  68;  du  3 1  juillet  1734  réglant  l'abon- 
nement du  dixième  à  i,35o,ooo  livres  par  an, 
p.  68;  du  28  août  1734  pour  la  conservation 
des  eaux  minérale  de  Saint-Laurent,  en  Viva- 
rais,  p.  68;  du  21  septembre  1734  nommant 
une  commission  de  six  membres  pour  étudier 
les  contestations  des  Etats  de  Languedoc,  du 
Parlement  de  Toulouse,  de  la  cour  des  aides  de 
Montpellier,  des  trésoriers  de  France  &  des  pré- 
sidiaux   de    province,    p.    68;   du    20    novembre 

1734  accordant  un  an  de  délai  aux  seigneurs 
riverains  du  canal  pour  la  remise  de  leurs  ti- 
tres, p.  68  ;  du  24  mars  1735  permettant  de  tenir 
l'assiette  diocésaine  de  Mirepoix  dans  l'une  des 
quatre  villes  de  Mirepoix,  Fanjaux,  Cintega- 
belle    &    Laroque-d'Olmrs,    p.    69;    du    2  avril 

1735  supprimant  un  mandement  de  l'évêque  de 
Saint-Papoul,  p.  69;  du  i3  mars  1735  réglant 
l'exploitation  des  bois  de  Valeine,  appartenant 
à  la  ville  de  Montpellier,  p.  69;  du  i3  novem- 
bre 173"^  déboutant  le  chapitre  cathédral  d'Uzès 
de  sa  demande  en  exemption  des  droits  de  sub- 
vention perçus  à  Uzès,  p.  70;  du  22  janvier 
1737  pour  la  vérification  des  dettes  des  commu- 
nes contractées  du  1*'' janvier  1721  au  i*'''  jan- 
vier 1736,  p.  70;  du  2  avril  1737  déclarant 
roturiers  tous  les  biens  possédés  par  les  béné- 
dictins d'Aniane  dans  le  taillable  de  la  com- 
mune, p.  70;  du  7  mai  1737  défendant  d'ache- 
ter les  laines  avant  le  mois  de  mai,  &  de  vendre 
celles  du  Carcasses,  du  Narbonnais  &  du  Biter- 
rois  autrement  qu'en  suint,  p.  7-;  du  9  octobre 
1737  ordonnant  la  démolition  des  moulins  de 
l'Hers,  depuis  le  territoire  de  V'iUefranche, 
p.  71;  du  6  août  fjiS  sur  le  racl:at  des  censives 
fait  par  la  commune  de  Samt-Hippolyte  au 
sieur  Decroye,  p.  72;  28  octobre  i73J  confir- 
mant la  transaction  de  1773,  entre  le  marquis 
de  Calvisson  &  la  commune  de  Massillargues, 
pour  le  défrichement  des  marais,  p.  72;  du 
i5  novembre  1733  sur  la  vérification  des  dettes 
des  communes,  p.  72;  de  la  même  date  ordon- 
nant la  démolition  des  moulins  de  Saint-Roms 
&  de  Mourville,  sur  le  ruisseau  de  Marcais- 
sonne,  p.  72  ;  du  2  décembre  I73  j  autorisant  le 
marquis  de  Léran  à  rétablir  ses  forges,  p.  72; 
du  24  mars  1739  maintenant  les  préséances  des 
consuls  de  Saint-Esprit  contre  les  prétentions 
des  officiers  de  la  justice  royale,  p.  73;  des 
24  avril  &  1  I  mai  1739  concernant  le  canal  de 
Languedoc,  pp.  ic6i,  1062;  du  i3  mai  1739 
pour  le  remboursement  des  créanciers  de  la  Pro- 
vince, p.  73;  du  20  juillet  173;  annulant  les 
statuts  des  pareurs  de  Samt-Chinian  &  cassant 
un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  p.  73;  du 
14  août  I  73q  défendant  de  faire  aucun  entrepôt 
de  laine  à  Tarascon  pendant  la  foire  de  Beau- 
caire,  p.  73;  du  17  octobre  173;  ordonnant  la 
vérification  des  rôles  dressés  par  les  collecteurs 
des  tailles,  p.  74;  du  12  novembre  1739  pour  la 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1443 


reddition  des  comptes  des  communes  de  Lan- 
guedoc, p.  74;  du  16  mars  1743  chargeant  le 
subdéiégué  de  l'intendant  de  procéder  à  l'adju- 
dication des  fermages  communaux  de  Toulouse, 
p.  74  y  du  18  octobre  1740  concernant  les  Ou- 
vriers employés  par  les  fabricants  de  Carcas- 
sonne,  p.  73;  du  8  novembre  1740  ordonnant 
l'élargissement  du  Girou  aux  frais  des  commu- 
nes riveraines,  p.  75j  du  20  décembre  1740  por- 
tant règlement  pour  les  assemblées  &  conseils 
politiques  des  communes,  &  le  mode  de  convo- 
cation des  juges,  p.  76;  du  14  mars  1741  fixant 
le  droit  de  subvention  levé  à  Narbonne,  p.  75; 
du  28  mars  1741  maintenant  les  préséances  des 
consuls  d'Aniane  dans  les  assemblées  de  la  com- 
mune contre  les  prétentions  de  l'abbé,  p.  j5  ; 
du  10  mai  i~4i  réglant  la  descente  des  vins  Se 
eaux-de-vie  de  Languedoc  à  Bordeaux,  p.  yS; 
du  6  septembre  1741  pour  le  payement  des  arré- 
rages de  la  capiiation  dus  par  la  ville  de  Tou- 
louse à  la  Province  depuis  1735,  p.  75j  du 
3i  décembre  1741  réglant  la  levée  de  la  capita- 
tion  en  Languedoc,  p.  76;  du  i*'''  octobre  1742 
Ordonnant  la  construction  d'une  nouvelle  église 
à  Nîmes,  p.  77;  du  22  janvier  1743  ordonnant 
que  les  habitants  des  îles  du  Rhône  paieront 
leur  capitation  en  Languedoc,  p.  77;  du  1  1  juil- 
let 1743  déboutant  les  gentilshommes  verriers 
de  la  généralité  de  Montpellier  de  leur  opposi- 
tion contre  les  ordonnances  de  translation  des 
verreries,  p.  77;  du  19  aoiit  1743  ordonnant  la 
vérification  du  cours  de  la  Lèze  8c  la  démolition 
du  moulin  d'Eaunes,  p.  77;  du  i5  octobre  1743 
sur  les  différends  entre  fabricants  &  ouvriers  en 
étoffes  de  soie  de  la  commune  de  Nîmes,  p.  77; 
du  12  février  1744  approuvant  les  travaux  pro- 
posés pour  l'amélioration  du  Girou,  p.  78;  du 
9  avril  1744  déboutant  le  sénéchal  de  Toulouse 
de  sa  prétention  d'entrer  à  l'assiette  diocésaine 
en  qualité  de  commissaire  ordinaire,  p.  78;  du 
33  mai  1744  ordonnant  l'alignement  de  l'Hers 
&  de  la  Thésauque  dans  les  forets  de  Saint- 
Rome  &  de  Baziége,  p.  79;  de  la  même  date 
auiorisant  la  vente  de  coupes  de  bois  dans  les 
forêts  de  Baziége  &  de  Saint-Rome,  p.  1070;  du 
Il  juin  1743  rejetant  le  pourvoi  des  gentils- 
hommes verriers  contre  l'arrêt  du  7  août  1725 
transférant  les  verreries  établies  au  voisinage 
des  villes  du  bas  Languedoc  sur  les  montagnes 
de  l'Aigoual  &  de  l'Espérou,  pp.  1072,  1073;  du 
19  septembre  1744  portant  règlement  pour  les 
marchands  toiliers,  canabassiers  &  dentelliers 
de  Nimes,  p.  79;  du  26  octobre  1744  ordonnant 
l'exécution  des  plans  dressés  par  Maréchal  pour 
la  fontaine  de  Nîmes,  p.  79;  du  29  décembre 
1744  approuvant  la  création  de  la  place  aux 
herbes  &  de  la  place  de  la  poissonnerie  à  Mont- 
pellier, p.  79;  du  23  février  1646  ordonnant  la 
translation  de  plusieurs  verreries  sur  les  mon- 
tagnes, p.  80  j  du  20  juin  1745  réglant  les  diffé- 
rends des  maîtres  tanneurs  &  cordonniers  de 
Montpellier,  p.  80;  du  7  août  174.5  déboutant 
l'évéque  de  Montpellier  de  son  appel  de  l'appli- 
cation d'une  prébende  à  l'enseignement  gratuit, 
p.  80;  du  2  mars  1746  ordonnant  une  nouvelle 
vérification  du  lit  de  la  Lèze,  p.  81  ;  du  22  mars 
1746  maintenant  les  droits  appartenant  à  divers 
particuliers  sur  les  actes  expédiés  dans  la  maî- 


trise du  port  de  Cette,  p.  81  ;  du  îS  mai  1746 
portant  règlement  pour  le  recouvrement  des  im- 
positions de  la  ville  de  Toulouse,  p.  81  j  du 
I  I  juin  I  746  maintenant  à  la  ville  de  Beaucaire 
l'exemption  des  droits  d'équivalent  pendant  la 
durée  de  la  foire,  p.  8  1  ;  du  20  août  1 74Ô  por- 
tant règlement  pour  la  réédification  des  maisons 
ruinées  ou  incendiées  dans  la  ville  de  Toulouse, 
p.  81J  du  24  septembre  1746  annulant  des  ar- 
ticles du  compoix  cabaliste  de  Carcassonne, 
p.  81  ;  du  7  novembre  1745  acceptant  la  remise 
du  don  des  marais  fjite  au  roi,  moyennant  in- 
demnité, p.  81  ;  du  22  novembre  1746  évoquant 
l'affaire  de  la  commune  de  Villeneuve-Tolosann 
avec  les  prêtres  de  Saint-Lazare,  p.  82  j  du 
27  décembre  1766  autorisant  l'acquisition  dt 
terrains  &  de  maisons  à  Montpellier,  p.  82J  du 
17  janvier  1747  autorisant  la  délimitation  des 
communes  de  Cette  &  de  Frontignan,  p.  82;  du 
même  jour  cassant  un  arrêt  du  grand  conseil, 
p.  82;  du  21  février  1747  ordonnant  la  prépa- 
ration d'un  règlement  sur  l'exploitation  des 
bois  communaux  de  la  généralité  de  Montpel- 
lier, p.  82;  du  12  avril  1747  pour  le  rembour- 
sement par  loterie  d'un  emprunt,  p.  82;  du  16 
octobre  1^47  ordonnant  aux  religieux  de  l'ordre 
du  Saint-Esprit  de  Montpellier  de  représenter 
leurs  titres  de  fondation,  p.  83  ;  du  6  février 
1748  ordonnant  l'exécution  des  travaux  de  la 
Lèze,  p.  b3;  du  II  mai  1748  ordonnant  le 
recreusement  de  divers  canaux,  p.  83;  du  2,') 
juin  1748  ordonnant  le  recreusement  du  lit 
de  la  Saune,  p.  83;  du  3d  juillet  1748  cassant 
un  arrêt  de  la  cour  des  aides  de  Montpellier 
qui  exemptiiit  l'évéque  &  le  chapitre  de  Lodève 
du  paiement  de  droits  de  subvention,  p.  83; 
du  23  octobre  1748  interdisant  le  déplacement 
des  acies  déposés  aux  archives  de  Boissezon, 
p.  84;  du  II  novembre  1748  concernant  les 
travaux  du  Girou  &  le  moulin  de  Masseribaut, 
p.  83;  du  2  septembre  1749  pour  la  construction 
du  chemin  de  Languedoc  en  Auvergne,  p.  85  j 
du  i3  novembre  1749  ordonnant  de  dresser  un 
plan  d'alignement  des  rues  de  Montpellier, 
p.  85;  des  5  &  17  février  1750  cassant  les  deux 
délibérations  des  Etats  de  Languedoc  prises  an 
sujet  du  vingtième,  p.  1095;  du  28  février  1750 
suspendant  les  Etats  de  Languedoc,  p.  85;  du 
10  septembre  1750  réglant  la  fabrication  des 
cordelats  &  redins  dans  divers  lieux,  p.  85;  du 
|3  octobre  1753  autorisant  la  vente  de  l'ancien 
hôtel  de  la  sénéchaussée  à  l'académie  des  sciences 
de  Toulouse,  p.  85;  du  27  avril  I75i  ordon- 
nant une  enquête  sur  le  projet  de  jonction  de 
la  robine  de  Narbonne  au  canal  de  Languedoc, 
p.  8j;  du  7  juillet  1751  cassant  un  bail  à  loca- 
tairie  perpétuelle,  p.  86;  du  11  avril  1752  au- 
torisant les  travaux  de  la  fontaine  du  Peyrou, 
à  Montpellier,  p.  86;  du  22  août  1752  liquidant 
l'indemnité  pour  un  office  de  juge  conservateur 
du  petit  scel  supprimé,  p.  86;  du  28  octobre 
1752  rétablissant  les  Etats  de  Languedoc, 
p.  1118;  du  27  novembre  1753  déchargeant 
une  commune  des  assignations  données  contre 
elle  au  sujet  de  l'adjudication  des  vacants, 
p.  87;  du  3o  octobre  1754  réformant  plusieurs 
points  de  l'arrêt  du  10  octobre  1752,  j^r  le 
rétablissement  des   Etats  de  Languedoc,  p.  S'J ; 


k 


1444 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  KOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


du  4  février  1765  autorisant  divers  emprunts 
pour  travaux  publics,  p.  88;  du  12  août  1755 
ordonnant  des  réparations  au  pont  de  Toulouse 
&  la  construction  d'un  pont  à  Cazères,  p.  89; 
du  21  octobre  1  ySS  défendant  aux  habitants  de 
Chusclan  de  proliiber  le  vin  étranger,  p.  89; 
du  28  octobre  1765  sur  la  manière  dont  il  doit 
être  pourvu  aux  fonctions  des  offices  munici- 
paux par  les  communes  qui  en  ont  obtenu  la 
réunion,  p.  89;  des  24  avril  1756  &  I  1  janvier 
1757  autorisant  divers  emprunts  pour  travaux 
publics,  pp.  90,  91;  du  i5  juin  1756  réglant 
les  conditions  d'éligibilité  des  prieur  &  consuls 
de  la  bourse  de  Toulouse,  p.  90;  du  29  juin 
1756  accordant  des  encouragements  à  diverses 
manufactures,  p.  90;  du  lo  aoilt,  1755  autori- 
sant le  nouveau  règlement  des  Etats  pour  les 
chemins  de  Languedoc,  p.  90;  du  21  décembre 
1756  cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Tou- 
louse relatif  à  l'adjudication  de  bois  commmu- 
naux,  p.  91  ;  de  la  même  date  modérant  les 
conditions  d'éligibilité  des  prieur  &  consuls  de 
la  bourse  de  Toulouse,  p.  91;  du  10  mai  1757 
exceptant  des  communes  de  Languedoc  des  clau- 
ses de  redit  de  1755,  p.  91;  de  la  même  date 
déterminant  les  villes  de  Languedoc  qui  ont  le 
privilège  d'interdire  l'entrée  des  vins  étrangers, 
p.  91;  du  19  juillet  1757  cassant  la  concession 
faite  par  la  ville  de  Narbonne  au  marquis  de 
Grillon  du  canal  de  la  robine  de  Narbonne, 
p.  91;  du  1"  novembre  1767  contrairement  à 
un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  confirmant 
une  ordonnance  de  l'intendant  relative  à  une 
construction  d'église,  p.  92;  des  10  mars  1767  & 
20  avril  1759  autorisant  divers  emprunts,  pp.  92, 
93;  du  12  juin  1758  concernant  la  justice  de 
Saint-Chapte,  p.  98;  du  10  novembre  1758  cas- 
sant un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  p.  98; 
du  20  avril  1719  autorisant  des  emprunts  dans 
neuf  diocèses,  pp.  94,  1148,  1149,  ii5o;  du 
19  juillet  1759  relatif  au  bac  de  ViUeneuve-lès- 
Avignon,  p.  94;  des  9  &.  i3  novembre  1759 
annulant  trois  délibérations  de  villes  tendant  à 
soustraire  les  assemblées  diocésaines  de  la  juri- 
diction des  Etats,  pp.  94,  i  i53;  du  17  décembre 

1759  réglant  les  frais  d'assiettes  de  vingt-quatre 
diocèses  de  Languedoc,  p.  94;  du  3  janvier  1760 
portant  réduction  sur  les  trois  vingtièmes  en 
faveur  de  la  Province,  p.  94;  du  28  février  i  760 
autorisant  l'établissement  à  Lavaur  d'une  ma- 
nufacture royale,  p.  95;  de  la  même  date  auto- 
risant divers  emprunts,  p,  95;  du  21  mars  1760 
reconnaissant  les  privilèges  des  Etats  de  Lan- 
guedoc   en    matière    d'impositions,    p.    95;    du 

5  août  1760  permettant  de  dessécher  l'étang  de 
Marseillette,  p.  95  ;  du  25  octobre  1760  cassant 
les  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  des  20  mars 

6  7  mai    1758,   pp.  95,  Il 58;    du  i3  décembre 

1760  cassant  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 
du  17  novembre,  p.  95;  du  3i  janvier  1761 
maintenant  aux  matelots  classés  de  Villeneuve- 
lès-Avignon  le  privilège  de  tenir  bateaux  sur 
les  deux  bords  du  Rhône,  p.  96;  des  27  février 
&  6  mars  1761  autorisant  divers  emprunts  pour 
travaux  publics,  p.  96;  du  10  mars  1761  por- 
tant règlement  pour  la  vente  des  coupes  ordi- 
naires de  la  baronnie  de  Caravettes,  p.  96;  du 
ioiwai    1761    cassant  un  arrêt  du  Parlement  du 


17  janvier,  p.  96;  du  9  juin  1761  ordonnant 
une  enquête  pour  transférer  à  la  Seauve  l'ab- 
baye de  Clavas,  pp.  1204,  1  2o5  ;  du  2  octobre 
1761  cassant  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 
du  21  juin,  p.  96;  du  8  janvier  1762  autorisant 
divers  emprunts,  p.  96  ;  du  11  janvier  1762  au- 
torisant l'abonnement  des  trois  vingtièmes, 
p.  96;  du  16  janvier  1762  autorisant  divers 
emprunts  pour  travaux  publics,  p.  97  ;  du 
i5  mars  1762  ordonnant  le  rapport  des  motifs 
des  arrêts  rendus  au  Parlement  de  Toulouse  sur 
les  affaires  de  Castres  &  de  Béziers,  p.  97;  de  la 
même  date  confirmant  deux  ordonnances  de 
l'intendant  cassées  par  le  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  97;  du  4  août  1762  déchargeant  la 
Province  de  demander  d'indemnité  pour  des- 
truction d'une  pêcherie,  p.  97;  du  6  janvier 
1763  autorisant  dix  diocèses  à  faire  des  em- 
prunts pour  travaux  publics,  pp,  97,  98,  i  177; 
du  10  septembre  1763  renouvelant  la  surséance 
de  toutes  poursuites  &  jugements  accordées  aux 
membres  des  Etats  de  Languedoc  pendant  la 
session,  p.  98;  du  19  septembre  1763  cassant 
un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  p.  98;  du 
20  septembre  1763  cassant  l'arrêt  de  prorogation 
pris  par  le  Parlement  en  1763,  p.  1182;  du 
10  avril  1764  autorisant  plusieurs  emprunts, 
p.  99;  du  16  avril  1764  maintenant  les  maîtres 
tisserands  de  Carcassonne  dans  la  liberté  d'avoir 
tel  nombre  de  compagnons  qu'ils  jugent  à  pro- 
pos, p.  99;  du  5  juin  1764  assujettissant  les 
religieux  de  Saint-François  &  de  la  Merci  aux 
charges  publiques,  p.  99;  du  6  novembre  1764 
comprenant  le  port  de  la  Nouvelle  parmi  ceux 
•Tui  peuvent  exporter  des  grains,  p.  100;  des 
)  &  26  février  1765  autorisant  plusieurs  em- 
prunts, p.  loo;  du  6  mars  1765  cassant  un 
iugement  de  la  chambre  des  eaux  &  forêts  de 
Toulouse,  p,  100;  du  29  juin  1765  supprimant 
'eux  mémoires  imprimés  à  propos  d'un  procès 
'c  condamnant  l'imprimeur  à  l'amende,  p.  101  ; 
ui  16  juillet  1765  attribuant  à  chaque  capitou- 
.at  de  Toulouse  séparément  les  frais  de  cons- 
ruction  &  réparation  des  églises  de  paroisse, 
-imetières  &  maisons  presbytérales,  p.  101;  des 
j  décembre  1765  &  5  mars  1766  ordonnant  le 
remboursement  des  emprunts  faits  par  la  Pro- 
vince pour  le  roi  ou  la  réduction  au  denier  vingt- 
cinq,  p.  loi  ;  du  10  mars  1766  autorisant  plu- 
sieurs emprunts,  pp.  101,  102;  du  6  mai  1766 
ordonnant  le  remboursement  ou  la  réduction 
au  denier  vingt-cinq  de  l'emprunt  de  1757, 
p.  102;  du  23  juin  1766  évoquant  toutes  les 
contestations  relatives  à  la  construction  de 
l'église  de  la  Daurade  &  aux  ouvrages  de  la 
Garonne,  à  Toulouse,  p.  102;  du  21  juillet 
1766  ordonnant  le  remboursement  ou  la  réduc- 
tion au  denier  vingt-cinq  des  rentes  de  1759  & 
de  1762,  p.  102;  du  2fi  août  1766  cassant  trois 
arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  relatifs  à  des 
élections  consulaires,  p.  102;  du  27  août  1766 
portant  règlement  pour  les  travaux  publics  en 
Languedoc,  p.  1  o3  ;  du  18  octobre  1766  autori- 
sant les  projets  de  décoration  du  Peyrou,  p.  1  d3  ; 
du  7  novembre  1766  portant  règlement  pour  le» 
élections  consulaires  de  Montpellier,  p.  io3; 
du  2  décembre  1766  cassant  une  ordonnance  de 
la    maîtrise    de    Villeneuve  -  de- Berg    sur    uu. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1445 


coupe  de  btiis  &  renvoyant  raffaire  à  la  com- 
mission de  I  7  I4,  p.  I  o3  ;  du  10  mars  1767  con- 
cernant Us  travaux  du  Gardon,  dans  le  diocèse 
d'Alais,  p.  loS;  du  18  août  1767  déboutant  les 
religieux  de  la  Caune  &  de  la  Grasse  de  leir 
opposition  au  dessèchement  de  l'étang  de  Mar- 
seillette,  p.  104;  du  6  septembre  1767  défendant 
de  cultiver  les  francs  bords  de  l'Hers  &  d'y  faire 
paître  le  bétail,  p.  104;  du  19  novembre  1767 
portant  ampliation  des  pouvoirs  à  la  commis- 
sion des  marais,  p.  104;  du  19  avril  1768  ren- 
voyant à  l'intendant  les  différends  de  la  com- 
mune de  Tournefeuille  avec  les  décimateurs, 
p.  loi;  du  22  mai  1768  concernant  les  élections 
municipales  à  Limoux,  p.  1206;  du  23  juin 
1768  autorisant  l'augmentation  des  droits  d'équi- 
valent jusqu'au  3i  mars  1776,  p.  1  o5  ;  du 
21  septembre  1768  renvoyant  à  l'intendant  les 
contestations  des  limites  entre  plusieurs  com- 
munes; de  la  même  date  portant  évocation  des 
contestations  relatives  aux  travaux  de  la  Louge, 
f.  io5;  du  22  octobre  1768  autorisant  le  plan 
des  alignements  &  décorations  des  places  de 
Montpellier,  p.  loô;  des  24  octobre  1768  Si 
&  20  mai  1769  autorisant  divers  emprunts, 
pp.  lo5,  106;  du  3i  décembre  1768  cassant 
plusieurs  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  con- 
firmant les  attributions  de  l'intendant  &  de  la 
commission  de  1734,  sur  la  vérification  des 
ilettes  communales,  p.  io5;  du  i3  juillet  1769 
portant  nouvelle  attribution  &  ampliation  de 
pouvoirs  à  la  commission  des  marais,  p.  ic6; 
du  12  août  1679  concernant  les  contestations 
intervenues  entre  la  ville  de  Montpellier  & 
l'entrepreneur  des  travaux  de  la  fontaine, 
p.  106;  du  5  septembre  1769  sur  le  différend 
des  payeurs  des  gages  du  Parlement  avec  les 
officiers  de  cette  cour,  la  chambre  des  comptes 
St  les  trésoriers  de  France,  p.  106;  du  3o  no- 
vembre 1769  pour  l'adjudication  des  octrois  & 
revenus  patrimoniaux  de  la  ville  de  Toulouse, 
p.  106;  du  19  février  1770  autorisant  plusieurs 
emprunts,  p.  106;  du  9  avril  1770  autorisant 
In  Province  à  se  charger  de  la  route  d'Auvergne; 
du  même  jour  permettant  le  taux  du  denier 
vingt  pour  les  emprunts  de  diocèses  autorisés 
le  19  février,  p.  106;  des  10  juin  1770,  i5  & 
17  février  1771  autorisant  plusieurs  emprunts, 
pp.  107,  io8j  du  10  juillet  1770  évoquant  le 
jirocès  des  fermiers  du  domaine  avec  le  duc  de 
Noailles,  relativement  aux  droits  de  relief  ou 
de  rachat  de  seigneuries  &  terres  provenant  de 
la  succession  du  maréchal  de  Laiitrec,  p.  107; 
du  II  juillet  1770  permettant  à  Tubeuf  d'ex- 
ploiter les  mines  de  houille  autour  de  Saint- 
Esprit,  p.  107;  du  4  août  1770  liquidant  l'in- 
demnité due  à  la  Province  pour  divers  offices 
de  gouverneurs  &  lieutenants  du  roi,  p.  107; 
du  i3  octobre  1770  cassant  l'arrêt  du  Parlement 
de  Toulouse  relatif  aux  règlements  des  Étals, 
p.  107;  du  3i  janvier  1771  concernant  l'épi- 
zootie,  p.  1234;  du  18  février  1772  ordonnant 
la  vente  des  moulins  &  tours  d'une  manufacture 
de  soierie  à  Lavaur,  p.  108;  du  16  juin  17^2 
concernant  le  droit  de  relief  &  autres  droits  de 
mutation  sur  les  terres  nobles,  p.  109;  du  2  oc- 
tobre 1772  autorisant  le  rachat  par  la  ville  de 
Toulouse  des  huit  offices  de  capitotils  créés   par 


redit  d'avril  1771,  p.  109;  du  |3  janvier  1773 
concernant  la  navigation  de  la  Garonne  dans 
le  parcours  de  la  généralité  d'Auch,  p.  127.1; 
du  3i  janvier  1773  autorisant  les  modifications 
d'allivrement  faites  dans  la  ville  d'Annonay, 
p.  109;  du  26  mars  1773  nommant  les  consuls 
&  conseillers  politiques  de  Fronilgnan,  p.  109; 
du  28  mars  1773  cassant  deux  arrêts  du  Parle- 
ment de  Toulouse  concernant  les  archives  de 
Vias,  p.  110;  de  la  même  date  accordant  à 
M.  Tubeuf  le  monopole  de  l'exploitation  des 
charbons  de  terre  dans  les  environs  d'Alais,  &c., 
pp.  110,  1283;  du  17  avril  1773  concernant  les 
archives  du  diocèse  de  Mirepoix,  p.  iio;  du 
29  avril  1773  autorisant  l'acquisition  de  ter- 
rains pour  les  avenues  du  Peyrou,  p.  iio;  du 
i5  octobre  1773  nommant  des  consuls  &  con- 
seillers politiques,  p.  iio;  du  29  octobre  1773 
approuvant  le  bornage  du  canal  de  Languedoc, 
p.  110;  du  3  décembre  1773  cassant  un  arrêt 
du  Parlement  de  Toulouse,  avec  défense  de  con- 
naître des  affaires  relatives  aux  assemblées  dio- 
césaines, p.  I  10;  du  3o  janvier  1774  autorisant 
le  nouveau  droit  de  vingt  sols  par  muid  de  vin, 
p.  iio;  du  2  avril  1774  cassant  deux  arrêts  de 
la  cour  des  comptes  de  Montpellier,  p.  1  1  1  ;  du 
27  octobre  1774  fixant  le  prix  du  rachat  des 
charges  municipales  de  1771  &  en  réglant  les 
conditions,  p.  1  1  1  ;  du  4  février  1775  au  sujet 
de  la  place  du  Peyrou,  à  Montpellier,  p.  112; 
du  8  mars  1776  cassant  la  nomination  de  trois 
régents  faite  par  un  viguier  pour  tenir  lieu  de 
consuls,  p.  112;  du  16  mars  1775  autorisant 
des  emprunts,  p.  112;  du  18  mars  1775  inter- 
prétatif sur  le  rachat  des  charges  municipales, 
p.  112;  du  i5  mai  1770  maintenant  les  consuls 
de  Bédarieux  dans  l'exercice  de  la  police,  p.  112; 
du  18  mai  1773  réglant  la  qualité  du  second 
député  des  villes  qui  en  envoient  deux  aux 
Etats,  p.  112;  du  3i  Juillet  1776  maintenant 
la  commune  de  Montesquieu-Volvestre  dans  le 
droit  de  nommer  ses  consuls,  p.  1 1 .3  ;  du  7  août 
I  775  ordonnant  la  destruction  de  ii-.oulins  sur 
le  Fresquel,  p.  il  3;  du  j.i  août  1776  suspen- 
dant les  privilèges  de  la  ville  de  Bordeaux  pour 
la  vente  des  vins,  p.  1  1  3  ;  du  26  août  1  775  cas- 
sant les  élections  municipales  de  Gignac,  p.  1  i  3; 
du  29  septembre  177.1  c.issant  l'arrêt  du  Parle- 
ment de  Toulouse  sur  les  élections  consulaires, 
p.  ii3;  du  29  octobre  177.)  cassant  les  élections 
municipales  de  Cette,  p.  Ii3;  du  même  jour 
cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  en 
faveur  des  officiers  du  sénéchal  de  Eéziers, 
p.  ii3;  du  6  janvier  1776  cassant  un  arrêt  du 
Parlement  de  Toulouse  concernant  les  élections 
municipales  de  Gignac,  p.  ii3;  de  la  même 
date  cassant  les  élections  municipales  de  Castres, 
p.  ii3;  du  1"  avril  1776  autorisant  plusieurs 
emprunts,  p.  114;  du  21  juin  1776  concernant 
l'élection  consulaire  &  la  nomination  du  con- 
seil politique  de  Montagnac,  p.  114;  du  16  août 
1776  prescrivant  le  dépôt,  dans  les  archives 
diocésaines,  des  anciens  cadastres  &  de  la  copie 
des  nouveaux,  p.  114;  du  18  novembre  1776 
autorisant  les  travaux  du  canal  de  Narbonne  & 
du  réservoir  de  Lampy,  p.  ii5;  des  5  février, 
|3  mars  &  16  avril  1777  autorisant  divers  em- 
prunts, p.    11I;   du    14   février  1777  réglant   les 


'446 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


ciroiis  à  percevoir  sur  le  canal  Saint-Pierre,  à 
Toulouse,  p.  iiô;  du  i6  a»ril  1177  autorisant 
les  diminutions  d'allivrement  faites  dans  la 
commune  de  Saint-Esprit,  p.  ii5j  du  i3  juin 
1777  concernant  l'élection  consulaire  &  la  for- 
mation du  conseil  politique  d'Agde,  p.  1  i5;  du 
i5  luin  1776  concernant  l'achat  des  maisons  à 
démolir  pour  la  construction  du  tjuai  de  Tou- 
louse, p.  ii5;  du  |5  août  1 771  cassant  des 
ordonnances  du  sénéchal  de  Carcnssonne,  p.  Ii5; 
du  3o  mars  1777  évoquant  l'aff.iire  des  élections 
de  1.1  S.iWetat,  p.  116;  du  f>  septembre  177-1  en- 
joignant aux  consuls  de  Béziers  d'appeler  aux 
assemblées  communales  les  officiers  de  justice  de 
l'évéque,  p.  1  16;  de  la  même  date  cassant  l'arrêt 
du  Parlement  de  Toulouse  contre  les  élections 
consulaires  de  Castres,  p.  116  j  du  g  septembre 
1777  évoquant  l'affaire  du  comte  de  Clarac  avec 
deux  communes,  p.  ii6j  du  |3  octobre  ittt 
portant  règlement  sur  la  formation  du  conseil 
politique  &  d'administration  de  la  ville  de  Ni- 
mes,  p.  116;  du  6  janvier  1778  évoquant  les 
contestations  du  chapitre  de  Saint-Just  avec  la 
ville  de  Narbonne,  p.  116;  du  24  avril  1778 
fixant  les  droits  respectifs  de  l'évéque  d'Agde  & 
des  consuls  de  Cette,  p.  116;  du  lô  juin  1-78 
rejetant  un  appel  d'élections  consulaires  fait 
sans  autorisation  de  l'intendant,  p.  116;  de  la 
même  date  portant  règlement  pour  l'adminis- 
tration municipale  de  Toulouse,  pp.  ii5,  lîSp; 
du  8  août  178a  annonçant  l'ouverture  des  Etats 
généraux,  p.  i35j;  du  29  aoiit  |7-8  cassant 
deux  arrêts  du  Parlement  de  Toulouse  concer- 
nant une  élection  consulaire,  p.  i  |-;  du  29  sep- 
temluc  1778  concernant  le  différend  du  chapitre 
de  Saint-Just  &  des  consuls  de  Narbonne,  au 
sujet  de  la  nobilité  des  biens,  p.  1  17;  du  18  fé- 
vrier 17-9  autorisant  des  emprunts,  p.  1 1  7  ;  du 
26  mars  1779  autorisant  l'achat  de  maisons 
pour  l'alignement  de  la  nouvelle  rue  &  porte 
Saint-Cyprien,  à  Toulouse,  p.  1175  du  même 
jour  cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 
&  confirmant  les  attributions  de  la  commission 
de  1734,  p.  1  i"f;  du  2  octobre  1 -7o  concernant 
la  nomination  d'un  procureur  du  roi  à  l'hètel 
de  ville,  dans  les  communes  où  la  justice  est 
royale,  p.  iiS;  du  3i  octobre  1  "70  relatif  aux 
promenades  du  Peyrou,  à  Montpellier,  p.  1  iS; 
du  14  décembre  1779  sur  le  différend  des  char- 
treux de  Valbonne  avec  la  commune  de  Saint- 
Paulet,  concernant  la  nobihté  prétendue  de 
leurs  fonds,  p.  118;  du  23  janvier  17S3  liqui- 
dant les  sommes  dues  par  la  Province,  à  raison 
de  l'annexion  du  comté  de  Caraman,  p.  118; 
du  7  juillet  1780  portant  règlement  pour  l'ad- 
ministration municipale  de  Castelnaudary, 
p.  1 18;  du  4  août  178;  confirmant  les  droits  du 
prince  de  Conti  sur  les  élections  consulaires  de 
Montagnac,  p.  Ii8;  du  26  septembre  1780  cas- 
sant un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  contre 
la  ville  de  Rieux,  p.  1  18;  du  18  novembre  1780 
réglant  les  préséances  des  officiers  de  justice  de 
1  abbé  de  ViUemagne,  p.  119;  du  ii  février 
1781  autorisant  un  emprunt,  p.  119;  du  19  mai 
i'8i  cassant  deux  ordonnances  de  juge-mage, 
p.  iig;  du  8  juin  1-81  autorisant  l'acquisition 
par  les  communes  des  î^ïi  municipales  d'Albis- 
son,   p.    119;    du    21    juin    i~8i    ordonnant    la 


démolition  de  plusieurs  moulins,  p.  119;  du 
4  août  1781  concernant  la  nomination  des  con- 
seillers politiques  de  Montpellier,  p.  119;  de 
la  même  date  déboutant  les  religieux  de  la 
Merci  de  leurs  prétentions  envers  la  Province, 
p.  119;  du  i3  octobre  1781  cassant  deux  arrêts 
du  Parlement  de  Toulouse,  concernant  une  que- 
relle de  préséance,  p.  119;  du  7  février  1782 
autorisant    un    emprunt,    p.    121:-;    du    25  avril 

1782  autorisant  la  création  des  chaires  de  phy- 
sique &  de  minéralogie  par  la  Province,  p.  1  2'  j 
du  16  mai  i-'82  ordonnant  une  vente  de  bois, 
p.  i2rj  du  5  juillet  1782  cassant  un  arrêt  du 
Parlement  de  Toulouse  concernant  des  préséan- 
ces, p.  120;  du  2  aotjt  1782  cassant  une  ordon- 
nance du  bureau  des  finances  de  Montpellier, 
concernant  les  prises  d'eau  de  la  robine  de  Nar- 
bonne, p.  127;  du  25  janvier  I783  cassant  un 
arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  8t  une  sentence 
du    sénéchal   de    Bêziers,   p.   12c-;   du    14  février 

1783  séparant  la  caisse  des  impositions  de  celle 
des  revenus  patrimoniaux  de  la  ville  de  Tou- 
louse, p.  12^;  des  14  &  22  février  autorisant 
divers  emprunts,  p.  120;  du  1"  mars  1783  cas- 
sant un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  con- 
cernant la  commune  de  Sauve,  p.  121  ;  du 
Il  mars  1783  interdisant  tous  travaux  qui 
pourraient  nuire  aux  bains  de  Balaruc,  p.  121  ; 
du  21  mars  1783  portant  règlement  pour  les 
élections  consulaires  d'Albi,  p.  121  ;  du  8  mat 
1-83  annulant  les  réserves  portées  par  l'arrêt 
d'enregistrement  de  la  déclaration  du  16  mars 
au  Parlement  de  Toulouse,  p.  121  ;  du  18  juillet 
1783  cassant  une  ordonnance  &  un  arrêt  du 
Parlement  de  Toulouse  contre  la  commune  de 
Fanjaux,  p.  121  ;  du  22  juillet  i-83  réduisant  à 
vingt-neuf  ans  un  bail  à  locatairie  perpétuelle, 
p.  121;  du  24  août  1783  interdisant  au  juge- 
mage  du  Puy  de  participer  à  la  répartition  des 
vingtièmes  d'industrie,  p-  121  ;  du  20  septembre 
1783  cassant  trois  arrêts  du  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  121  ;  du  II  octobre  1783  validant  des 
dépenses  irrégulières,  mais  utiîes,  faites  en  Gé- 
vaudan,  p.  121  ;  du  21  octobre  1783  concernant 
l'administration  de  la  ville  de  Toulouse,  p.  1215 
du  8  novembre  i-83  maintenant  les  consuls  de 
Bédarieux  au  droit  exclusif  de  rendre  les  ordon- 
nances sur  l'inhumation  des  personnes  aux- 
quelles la  sépulture  ecclésiastique  est  refusée, 
p.  122;  du  1;  janvier  1784  ordonnant  la  reprise 
par  le  trésor  royal  de  la  taille  des  bois  de  Sére- 
nac,  p.  122;  du  14  février  i"84  concernant  les 
préséances  dans  la  ville  de  Cahusac,  p.  122;  du 
2  1  février  81  du  19  mai  1-84  autorisant  divers 
enprunts,  p.  122;  du  3  avril  1784  réglant  les 
préséances  dans  la  commune  de  Lézat,  p.  122; 
du  25  juin  i"84  portant  règlement  pour  l'exer- 
cice de  la  justice  à  Làngogne,  p.  122;  du 
3i  juillet  i"'84  cassant  deux  arrêts  du  Parle- 
ment de  Toulouse,  p.  122;  du  17  sepiertibre  1784 
cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 
p.  122;  de  la  même  date  autorisant  une  con- 
vention passée  entre  les  barons  de  tour  St.  les 
barons  annuels,  p.  122;  du  28  septembre  1784 
portant  que  les  pièces  des  impositions  seront 
écrites  sur  papier  libre  &  dispensées  de  contrôle, 
pp.  122,  123;  du  24  octobre  1784  concernant 
la   vente  des  draps  fabriqués  en    Languedoc,  a 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


Ï447 


destination  dn  Levant,  J).  I23;  des  14  février, 
10  mars,  6  avril  &  M  mai  1780  autorisant  plu- 
sieurs emprunts,  p.  ii3;  du  16  aoùi  1783  ré- 
glant les  lieux  d'assemblée  de  deux  communes 
unies,  p.  ij3;  du  18  juin  1785  cassant  deux 
arrêts  du   Parlement  de  Toulouse,    p.    124;    du 

4  août  1785  sur  le  conflit  de  la  chambre  des 
comptes  &  du  bureau  des  finances  de  Montpel- 
lier, relativement  à  la  production  des  dénom- 
brements, p.  124;  du  9  octobre  fSa  ordonnant 
l'exécution  des  travaux  de  redressement  de  la 
Lèze,  p.  124;  des  22  mars  &  5  avril  1-786  auto- 
risant divers  emprunts,  p.  1  24;  du  10  juin  1786 
cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse,  ré- 
tablit l'ancienne  forme  des  élections  consulaires 
i  Montgaillard,  p.  i25j  du  iS  juin  1786  répar- 
tissant  sur  les  quatre  provinces  formant  le  res- 
sort du  Parlement  de  Toulouse  les  frais  de  re- 
construction des  prisons  de  la  Conciergerie, 
p.  i2Sj  du  2  juillet  i-jS'j  maintenant,  contre 
les  prétentions  d'un  sous-ene;agiste  du  domaine, 
les  anciennes  formes  d'élection  consulaire  de 
Villasavary,  p.  123;  du  5  juillet  1786  concer- 
nant les  impositions  de  diverses  communes  d'Al- 
bigeois, p.  ii5j  du  28  aoiit  1-86  concernant  la 
restauration    des    arènes   de   Nîmes,  p.   123;   du 

5  septembre  it8.'^  ordonnant  la  démolition  des 
murs  d'enceinte  de  Nîmes,  &c.,  p.  126;  du 
22  septembre  1786  concernant  les  élections  mu- 
nicipales de  Beauchastel,  p.  126;  du  24  octobre 
1786  ordonnant  que,  selon  l'ancien  usiige,  un 
des  cons.ils  de  S.iint-Ecdt  sera  pris  du  qiiartier 
de  Languedoc,  p.  i2i;  du  21  octobre  1786  cas- 
sant un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  con- 
ccrnint  -les  picsé^in  Ci.   r     17*';  ^.1   i^  -^ccerribre 

1786  cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse 

6  lui  défendant  de  connaître  des  élections  con- 
sulaires en  Languedoc  autrement  que  parappel, 
p.  t?f>;  du  |3  mirs  |7;,7  porrani  fgleinent 
pour  l'adminisiration  municipale  de  Montréal, 
p.  12^;  des  16  mirs  ix  11  jk^n  1787  autori- 
sant divers  emprunts,  p.  126;  du  4  mai  1787 
cassant  un  anêt  du  Parlement  de  Toulouse 
comme  contraire  au  droit  public  de  la  Province, 
p.  126;  du  même  jour  évoquant  l'afiâire  des 
élections  de  Peyrens,  p.  I26j  du  13  mai  1787 
fixant  l'emplacement  du  marché  aux  bestiaux 
de  Lavaur,  p.  126;  de  la  même  date  cassant  les 
élections  municipales  de  Saint-Gervais,  p.  126; 
des  16  &  19  juin  1787  cassant  trois  arrêts  du 
Parlement  de  Toulouse,  p.   126;  du  3  novembre 

1787  cassant  in  arrêt  du  Parlement  de  Tou- 
louse &  défendant  aux  communes  de  continuer 
leurs  cons-.ils,  p.  12- ;  du  3>  novembre  1787 
affranchissant  le  commerce  des  Suifs  &  cornes 
provenant  des  boucheries  de  Toulouse,  p.  127; 
du  21  décembre  1787  ponant  règlement  pour 
l'administration  municipale  de  Montpellier, 
p.  127}  du  29  décembre  1787  concernant  l'ad- 
ministration  du  produit  des  coupes  de  bois 
communaux,  p.  127;  du  8  février  1788  défen- 
dant aux  trésoriers  de  France  de  Montpellier 
de  rendre  des  ordonnances  pour  les  alignements 
des  chemins  provinciaux  ou  diocésains,  p.  127; 
du  5  avril  1788  cassant  plusieurs  arrêts  du  Par- 
lement de  Toulouse  &  de  la  cour  des  comptes 
'î  Montpellier,  au  sujet  de»  vingtièmes,  p.  128  ; 

=  4   mai    1788   défendant   au    Parlement    <'■. 


Toulouse  &  autres  juges  en  Languedoc  de  con- 
naître de  l'inventaire  des  archives  communales, 
p.  128;  du  3i  mai  1788  concernant  les  abon- 
nements des  vingtièmes,  p.  128;  du  6  juin  1788 
cassant  l'arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  &  de 
la  cour  des  comptes  des  21  &  3d  avril,  p.  128; 
du  7  juin  17S8  cassant  un  arrêt  du  Parlement 
de  Toulouse,  p.  128;  du  20  juin  1788  suppri- 
mant toutes  les  protestations  des  cours  contre 
la  réforme  judiciaire,  p.  128;  de  la  même  date 
cassant  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse, 
p.  128)  du  5  juillet  1788  ordonnant  des  recher- 
ches sur  le  mode  de  convocation  des  Etats  géné- 
raux, p.  128;  du  i3  février  1789  cassant  les 
arrêts  de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier 
contre  les  Etats  de  Languedoc,  pp.  129,  13725 
du  i3  février  &  du  21  avril  1789  condamnant 
les  démarches  de  la  noblesse  des  sénéchaussées 
de  Béziers  &  de  Carcassonne  contre  les  délibé- 
rations prises  par  les  Etats  de  Languedoc, 
p.   i388. 

AsRÊT  du  conseil  privé  du  27  mars  i65j,  portant 
que  tous  les  consuls  Se  conseillers  politiques  de 
Bédarieux  devront  être  catholiques,  p.  |3;  du 
l5  septembre  i663  interdisant  »  la  chambre  de 
l'édit  de  Castres  de  prendre  connaissance  de  l'.if- 
faire  de  Clarensac,  p.  18;  du  17  juin  \Cf>^ 
cassant  un  testament  fait  en  faveur  des  ancien» 
du  consistoire  protestant  de  Béziers,  p.  19;  du 
29  juillet  1664  portant  que  les  biens  confisqué» 
sur  les  rebelles  de  Privas  serviront  à  rétablir  les 
églises  démolies  dan»  les  lieux  environnants  8c 
à  payer  les  dette»  de  la  commune;  de  la  même 
date  que  les  biens  des  communes  appirtiendrc'nî 
par  moitié  aux  catholiques,  p.  19;  du  29  juil- 
let l'Sôâ  contre  le  ministre  de  Privas,  p.  21. 

Aur.Ei  du  grnnd-conseil  du  3i  janvier  1744  déci- 
dant que  la  prciuicie  prébende  vacante  du  cha- 
pitre Saint-Pierre  de  Montpellier  ne  sera  pa» 
remplie;  son  revenu  sera  employé  pour  faire 
instruire  les  enfants  abécédaires,  p.  78;  du  9 
janvier  1776  cassant  un  arrêt  du  Parlement  de 
Toulouse  relatif  à  l'enregistrement  de»  édit», 
p.  I  i3;  ordonnant  rarrcstatton  de  M.  de  Cha»- 
tenet,  conseiller  au  Parl-.ment  de  Toulouse, 
p.  438. 

Ar.RÈT  de  la  cour  des  comptes,  aides  &  finance»  de 
Montpellier  du  17  mars  1 6û3  prononçant  trois 
condamnations  à  mort  par  contumace,  p,  18; 
du  2  juin  16^4  réglant  les  droit»  à  payer  pour 
la  confection  du  papier  terrier,  p.  3i  ;  du  1 5  juin 
1708  interdisant  les  hommages  pour  les  censives 
&  rentes  foncières,  s'il  n'y  a  titre  ou  présomp- 
tion de  nobiiité,  p.  46;  du  6  juillet  170a  décla- 
rant imprescriptibt%  l'étendue  du  taillable  des 
communes  &  diocèses,  p.  43;  du  7  juin  1730 
défendant  aux  officiers  de  la  temporalité  de 
l'archevêque  de  Narbonne  de  connaître  du  fait 
des  tailles  en  première  instance,  p.  64;  du 
m  jmvier  1733  réglant  la  compétence  de  diver» 
offic  ers  de  la  vigucrie  de  Narbonne  en  fait  de 
tailles,  p.  67;  du  16  janvier  1733  défendant 
d'exiger  un  droit  d'équivalent  sur  le  poisson 
aix  pertes  de  Toulousr,  p.  67;  du  22  janvier 
173)  déclarant  que  toutes  les  communautés  ré- 
gulières &  séculière»  de  Languedoc  sent  sou- 
:    ises  au   droit  d'équivalent,  p.  67;  du  17  mars 


1448 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


17!53  autorisant  In  perception  du  droit  d'équi- 
valent sur  le  poisson,  p.  67;  du  18  juin  17.33 
déclarant  les  habitants  de  Nîmes  exempts  des 
droits  de  pé.ige  contre  les  prétentions  du  baron 
de  Mandusl  &  de  Lamothe,  p.  67;  du  28  juin 
1737  condamnant  le  maire  de  Saint-Ambroix, 
pour  prévarication  &  malversation,  p.  7 1  ;  du 
6  mars  1733  cassant  le  nouveau  compoix  de 
Graulhet  &  prescrivant  d'en  dresser  un  autre, 
p.  71  j  du  16  octobre  niy  cassant  l'allivrement 
fait  par  les  consuls  de  Montlaur  du  domaine  de 
Roquenégade,  appartenant  au  marquis  de  Pins, 
p.  74;  du  20  septembre  1145  déclarant  exL'inp- 
ter  des  droits  de  leude  &  de  péage,  dans  le  gar- 
diage  de  Toulouse,  les  marchandises  voituiées 
par  le  canal,  de  Marseille  à  Bordeaux  &  de  Bor- 
deaux à  Marseille,  p.  80;  du  17  mars  1747  con- 
damnant le  chapitre  de  Saint-Pons  deThomiéres 
à  payer  des  arrérages  pour  des  terres  roturières, 
p.  82;  du  23  décembre  1765  déclarant  roturier 
un  domaine  appartenant  au  chapitre  de  Saiiit- 
Nazaire  de  Eéziers,  p.  89;  du  8  mai  i-j5i)  por- 
tant règlement  pDur  tous  les  comptables  de  son 
ressort,  p.  945  portant  que  les  procès  de  roture 
ou  de  nobilité  ne  sont  pas  sujets  à  péremption, 
p.  97;  du  10  avril  1664  portant  règlement  des 
droits  d'octroi  à  Montpellier,  p.  99;  du  21  mars 
1766  ordonnant  d'établir  un  écorclioir  public  à 
Annonay,  p.  102;  du  16  juillet  1767  réglant  la 
manière  de  procéder  au  compoix  cabaliste, 
p.  104;  défendant  aux  juges  de  surseoir  aux 
exécutions  faites  par  les  collecteurs  contre  les 
contribuables,  p.  104;  du  4  mars  1768  portant 
rétroactivité  de  la  roture  jusqu'à  l'introduction 
d'instance;  mettant  à  la  charge  des  communes 
les  frais  d'arrêts  de  roture  obtenus  par  elle, 
p.  104;  du  16  avril  1768  sur  la  subvention  de 
Marseillan,  p.  104;  du  16  juin  1772  déclarant 
roturiers  des  terres  &  des  domaines,  p.  109;  du 
10  novembre  1772  réglant  la  forme  d'allivre- 
ment  des  rentes  foncières  portant  lods  &  ventes, 
p.  109;  du  i"*"  avril  177.J  déclarant  roturières 
plusieurs  possessions  d'un  chapitre,  p.  111;  dé- 
clarant immunes  de  tailles  les  fonds  acquis 
pour  les  promenades  basses  du  Peyrou  &  les  ave- 
nues, p.  m5;  déclarant  Its  bacs  de  Tournon  & 
de  Serrières  libres  &  ouverts  pour  le  passage  du 
Rhône,  p.  1245  du  3o  avril  1788  maintenant 
son  arrêt  du  11  mars,  p.  128;  des  22  décembre 
1788  &  9  janvier  1789  contre  les  États  de  Lan- 
guedoc, p.    128;  sa  dernière  audience,  p.   i3o. 

Arrêt  du  parlement  de  Grenoble  du  26  juin  i655 
déchargeant  les  habitants  de  Montpellier  de 
toute  indemnité  envers  le  fermier  du  droit  de 
confirmation,  p.  12. 

—  du  parlement  de  Paris  du  21  juin  1707  adju- 
geant à  Samuel  Bernard  la  terre  &  la  baronnie 
de  Rieux,  p.  873. 

AmiÊTS  du  Parlement  de  Toulouse  du  22  février 
1628  &  du  3  avril  1647  relativement  à  l'étang 
de  Marseillette,  p.  iiSj;  du  |3  juin  164.) 
enregistrant  la  déclaration  de  régence  d'Anne 
d'Autriche,  p.  1  ;  du  24  juillet  tô^i  interdisant 
l'accaparement  &  l'exportation  des  grains,  p.  f; 
du  4  janvier  1644  concernant  le  cours  des  mon- 
naies, p.  2;  interdit  les  bals  de  nuit,  le  25  jan- 


vier 1644,    p.  2  ;   du    17    février 


10^,^    autorisant 


la  fabrication  d'huile  de  hêtre,  p.  2;  du  17  mars 
1644  défendant  aux  marchands  de  bestiaux  de 
passer  à  moins  de  huit  lieues  de  la  ville  sans 
présenter  leurs  bêtes  à  deux  marchés,  p.  2;  des 
25  &  28  mai  1644  interdisant  l'exportation  des 
grains  &  ordonnant  de  vendre  le  pain  par  mor- 
ceaux, p.  2;  du  4  juin  1644  enregistrant  les 
lettres  patentes  de  nomination  de  Gaston  d'Or- 
léans, pp.  188,  189;  du  8  novembre  i''>44  auto- 
risant l'ordonnance  de  l'archevêque  de  Toulouse 
pour  une  procession,  p.  3;  du  3  mars  164(1  in- 
terdisant l'entrée  de  la  Cour  à  un  conseiller, 
p.  3;  du  II  avril  1646  interdisant  aux  capi- 
touls  nommés  par  le  roi  l'exercice  de  leurs  char- 
ges, p.  4;  du  17  août  1646  défendant  le  port 
d'armes  à  feu  &  en  ordonnant  la  recherche, 
p.  4j  du  i3  janvier  1647  défendant  le  port  d'ar- 
mes 8c  ordonnant  des  patrouilles  de  nuit,  p.  4  ; 
du  16  décembre  1647  concernant  le  domicile 
des  capitouls  de  Toulouse,  p.  5;  du  5  janvier 
1648  défendant,  sous  peine  de  mort,  le  port  dts 
armes  à  feu  par  la  ville,  p.  5;  du  1"  juillet 
1648  concernant  les  honneurs  dus  à  la  Cour, 
p.  5j  du  18  juillet  1648  défendant  aux  inten- 
dants de  procéder  à  la  levée  des  tailles,  p.  5; 
des  14  &  29  août  1648  concernant  la  chaiivbi» 
de  l'édit  de  Castres,  p.  5j  du  9  septembre  164J 
contre  les  propagateurs  de  fausses  nouvelles, 
p.  5  ;  de  septembre  1648  contre  les  semeurs  de 
fausses  nouvelles,  p.  286;  du  28  juillet  1649 
concernant  l'abonnement  de  la  ville  de  Tou- 
louse pour  les  impôts,  p.  6;  du  11  août  1649 
autorisant  la  réduction  d'un  cinquième  des  im- 
positions votées  par  le  conseil  de  bourgeoisie  de 
Toulouse,  p.  6j  du  27  novembre  1649  ordon- 
nant information  des  brigues  &  malversations 
commises  en  l'élection  des  capitouls,  p.  6  j  du 
9  mars  i65d  interdisant  le  port  darmes  de 
guerre,  p.  6;  des  5,  7,  16  mai  &  21  juin  i653 
contre  les  intendants  de  Guienne,  de  Languedoc 
&  de  Montauban,  p.  6j  des  27  mai  &  25. juin 
i55o  contre  le  duc  de  Bouillon  &  le  duc  d'Eper- 
non,  p.  7;  du  ii  août  i653  interdisant  les  le- 
vées des  gens  de  guerre,  p.  7;  du  12  septembre 
i55:i  par  lequel  il  se  proroge,  p.  7j  du  1"  dé- 
cembre i65:ï  permettant  de  débiter  des  lettres 
de  maîtrise  d'arts  &  métiers,  p.  "  ;  du  23  décem- 
bre i65d  contre  les  intendants  de  justice,  police 
&  finances,  p.  7;  du  24  décembre  1(55^  pronon- 
çant neuf  condamnations  à  mort  au  sujet  de 
troubles  d'Albi,  p.  7  ;  du  6  lévrier  i65i  ordon- 
nant des  remontrances  au  roi  au  sujet  de  l'em- 
prisonnement des  princes,  p.  7;  du  16  février 
i65i  cassant  trois  délibérations  des  Etats  de 
languedoc,  p.  7;  des  20  février  &  18  avril  l'ji 
contre  le  cardinal  de  Mazarin,  pp.  7,  8,  304, 
3-5;  du  20  février  i65i  modifiant  le  système  des 
élections  consulaires  de  Roquemaure,  p.  -j  ;  du 
27  mars  i65i  contre  le  gouverneur  de  Nar- 
bonne,  p.  8  ;  du  4  mai  i65i  lançant  un  décret 
de  prise  de  corps  contre  l'archevêque  de  Nar- 
bonne,  p.  8;  du  22  mai  i65i  autorisant  l'as- 
semblée de  la  noblesse,  p.  8  ;  du  24  mai  i65l 
enjoignant  aux  éveques  de  Lavaur  8t  de  Mon- 
tauban de  résider  dans  leurs  diocèses,  p.  8;  du 
i3  juin  i65i  nommant  des  commissaires  extraor- 
dinaires pour  visiter  la  Province,  p.  8;  du 
?2    luin    i(^i5i   concernant    la    marque  des   cuirs, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1449 


p.  8;  du  28  juin  i65i  ordonnant  des  remon- 
trances au  roi,  p.  8;  du  12  juillet  i65i  ordon- 
nant^que  la  noblesse  de  chaque  diocèse  enverra 
aux  Etats  un  député  électif,  p.  8;  du  i5  juillet 
i65i  demandant  le  retour  du  prince  de  Condé 
&  réloignement  de  Mazarin,  pp.  8,  322  j  du 
8  août  I  j5i  interdisant  l'exportation  des  blés, 
p.  8;  du  i.î  septembre  i65i  contre  les  mar- 
chands qui  exportent  des  grains,  p.  9;  du  2  oc- 
tobre i65l  décrétant  de  prise  de  corps  Tinten- 
dant  de  Languedoc,  p.  9;  du  5  octobre  liôi 
prescrivant  des  mesures  de  sûreté  à  cause  de  la 
défection  de  Marchin,  p.  ç;  du  12  octobre  i65i 
envoyant  des  commissaires  dans  l'Albigeois,  p.  9  j 
du  23  novembre  i65i  ordonnant  des  remontran- 
ces au  roi  ;  du  même  jour  sur  les  élections  con- 
sulaires de  Béziers,  p.  9;  du  24  novembre  irt.'ji 
portant  commission  à  un  conseiller  pour  pro- 
céder aux  élections  consulaires  de  Béziers,  p.  9; 
des  |5  &  23  décembre  i65i  81  17  janvier  i5.')2 
lançant  plusieurs  décrets  de  prise  de  corps,  p.  n; 
des  29  décembre  i65i,  12  janvier,  27  février, 
î3  mars  1662  contre  le  cardinal  Mazarin  £< 
mettant  sa  tête  à  prix,  pp.  9,  335  ;  du  17  février 
l652  sur  les  désordres  des  gens  de  guerre,  p.  oj 
du  9  aoiit  |652  se  prononçant  contre  le  duc 
d'Orléans,  p.  lo;  du  9  septembre  |6;">2  ratifiant 
des  conventions  de  villes  avec  le  prince  de  Conti 
8t  le  duc  d'Harcourt,  p.  10;  du  23  septembre 
i652  donnant  commission  pour  saisir  les  grains 
destinés  ii  l'exportation,  p  lo;  du  22  octobie 
1662  contre  les  gentilshommes  qui  lèvent  des 
gens  de  guerre,  p.  342  j  du  24  octobre  1602  ac- 
cordant privilège  d'hypothèque  à  Tévêque  de 
Valence  à  cause  d\in  prêt  de  blé  à  la  ville  de 
Toulouse,  p.  10;  du  26  novembre  i652  nom- 
mant les  capitotils  de  Toulouse,  p.  io;du5avril 
I  f)53  interdisant  le  logement  des  gens  de  guerre 
sans  ordre  du  roi,  des  gouverneurs  ou  des  lieu- 
tenants généraux,  p.  1  ;  du  2  1  juin  i'53  in- 
.terdisant  les  perquisitions  des  évêques  chez  les 
bénéficiers  maliides,  p.  1 -- ;  du  28  juillet  i653 
enregistrant  des  lettres  de  grâce,  p.  344;  du 
23  août  i653  envoyant  des  commissaires  dans 
les  Cévennes,  p.  10;  du  10  septembre  i<.')3  au- 
torisant l'établissement  de  droits  de  subvention 
à  Toulouse,  p.  1  ■:  ;  du  23  septembre  i653  relatif 
aux  réparations  des  chemins,  p.  10;  du  8  no- 
vembre 16.53  prononçant  plusieurs  condamna- 
tions à  mort  pour  faits  de  brigandage  armé  & 
ordonnant  de  raser  un  château  &  une  tour, 
p.  I  I;  du  18  décembre  i653  cassant  les  économes 
d'évéchés  nommés  par  la  cour  des  comptes  de 
Montpellier,  p.  il;  du  21  janvier  \6'n  con- 
dimnant  à  mort  le  vicomte  de  Léran,  p.  1  i;  du 
14  mars  1654  ordonnant  la  démolition  de  tra- 
Taux  de  fortification,  p.  11  ;  du  3  juillet  16.54 
défendant  d'acheter  des  objets  mobiliers  aux 
gens  de  guerre,  p.  1  1  }  du  7  novembre  1634  or- 
donnant la  révision  d'un  jugement  capital, 
p.  1  I  i  du  22  décembre  1664  ordonnant  l'émis- 
sion de  petite  monnaie,  p.  1  ij  du  12  avril  \(>^â 
ordonnant  l'expulsion  des  réfugiés  catalans, 
p.  12;  du  5  juillet  1655  nommant  cinq  com- 
missaires pour  la  vérification  des  cours  d'eau, 
p.  12;  du  14  août  i655  enregistrant  avec  réserve 
l'édit  portant  aliénation  du  domaine,  p.  12;  du 
i3   juillet    i6;)7    interdisant  aux   maisons    reli- 


gieuses de  donner  asile  aux  criminels  &  aux 
banqueroutiers,  p.  i3;  du  19  septembre  |653 
autorisant  la  ville  d'Agde  à  interdire  l'entrée  du 
vin  étranger,  p.  14;  du  25  juin  165^  condam- 
nant à  mort  par  contumare  un  ministre  pro- 
testant  &  neuf  habitants  de  Florac,   p.    14;   du 

3  avril  |66^  enregistrant  les  lettres  patentes 
nommant  le  prince  de  Conti  gouverneur  de  la 
Province,  p.  3o3;  du  4  août  i6(3o  envoyant  un 
commissaire  ii  Castres  pour  informer  d'un  mi- 
nistre protestant,  p.  i5;  du  24  novembre  1660 
nommant  sept  commissaires  pour  vérifier  l'état 
des  collèges,  p.  1 .5  ;  du  id  décembre  1660  annu- 
lant les  contrats  de  louage  d'offices  des  conseil- 
lers, p.  i5;  du  3i  mars  1661  interdisant  l'usur- 
pation des  titres  de  noblesse,  p.    16;  du   i'**"  juin 

1661  prescrivant  l'observation  de  l'usage  des 
reddes ,  p.  16;  du  14  juillet  1661  interdisant 
l'exportation  du  merrain,   p.   16;  du  7   janvier 

1662  ordonnant  la  saisie  des  revenus  de  l'ar- 
chevêché d'Auch,  p.  16;  du  19  juin  1662  réglant 
les  étoffes  &  les  parures  qui  doivent  être  portées 
par  les  femmes  de  diverses  conditions,  p.   17;  du 

4  décembre  1662  réduisant  la  dépense  des  festins 
capitula  1res  de  Toulouse,  p.  17;  du  3i  août  )6'i3 
au  sujet  des  Filles  de  l'Enfance,  p.  677;  du 
17  novembre  i663  enregistrant  les  lettres  pa- 
tentes approuvant  la  congrégation  des  Filles  de 
l'Enfance,  p.  677;  du  i  1  mars  1664  condamnant 
les  habitants  de  Gatuzières  à  faire  le  charrois  de 
matériaux  pour  la  construction  d'une  église  8c 
à  bâtir  la  maison  presbytérale,  p.  19;  du  21  jan- 
vier i6û5  supprimant  la  lettre  de  l'évêque  d'Alet, 
pp.  20,  411,  412,  413,  417;  du  5  février  166 5 
ordonnant  aux  seigneurs  justiciers  de  nommer 
seulement  des  catholiques  aux  charges  de  juges 
bannercts,  p.  20;  du  5  mai  |665  interdisant 
aux  religieux  les  acquisitions  d'immeubles  dans 
les  environs  de  Toulouse,  p.  20;  du  22  mai  1666 
adjugeant  aux  chartreux  de  Valbonne  un  do- 
maine saisi,  p.  20;  du  26  mai  1666  nommant 
un  galérien  bourreau,  p.  21;  du  6  décembre 
1666  pour  la  réformation  des  ordres  religieux, 
p.  21;  du  10  octobre  1669  condamnant  les  pro- 
testants de  Meyrueis  à  rebâtir  l'église  catholique 
à  leurs  frais,  p.  22;  du  16  juillet  prohibant, 
dans  certains  cas,  l'entrée  du  vin  étranger  à 
Saint-Chinian,  p.  23;  du  28  juin  1673  éten- 
dant aux  territoires  de  son  ressort  compris  dans 
la  province  de  Guienne  la  défense  de  nommer 
des  juges  bannerets  non  catholiques,  p.  24;  du 
16  avril  1681  condamnant  le  P.  Cerle  â  avoir 
la  tête  tranchée;  l'exécution  a  lieu  en  effigie, 
p.  5i8;  du  II  décembre  1681  condamnant  les 
protestants  de  Caraman  à  céder  leur  cimetière, 
p.  26;  du  12  décembre  1681  condamnant  le 
consistoire  protestant  de  Montpellier  â  céder 
à  l'hôpital  toutes  les  donations  ou  legs  faits  en 
faveur  des  pauvres  réformés,  p.  26;  du  29  dé- 
cembre 1681  défendant  l'exercice  du  culte  ré- 
formé dans  les  temples  éloignés  de  moins  de 
cent  pas  des  églises,  p.  26;  des  16  octobre  & 
16  novembre  i63i  interdisant  le  culte  protes- 
tant i  Montpellier  8c  ordonnant  la  démolition 
du  temple,  p.  27;  du  9  juillet  1700  défendant 
de  siffler  â  l'opéra,  p.  34;  du  22  novembre  I7p3 
enregistrant  la  défense  faite  aux  communes  de 
plaider   sans  autorisation,  p.  847;   du  4  juillet 


i45o 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1711  renouvelant  les  défenses  d'exportation  du 
merrain,  p.  55;  du  29  juillet  1722  défendant 
aux  valets  &  domestiques  de  quitter  leurs  tn.iî- 
tres  avant  la  fin  de  l'année,  p.  5i  j  du  12  juin 
1724,  renouvelant  un  arrêt  de  i6or,  élève  le 
nombre  des  membres  du  conseil  politique  de 
Rieux,  p.  58  j  du  25  octobre  1724  cassant  une 
ordonnance  de  l'intendant  sur  les  élections  con- 
sulaires de  Lauran,  p.  58  ;  du  24  mars  1725  dé- 
fendant aux  habitants  du  plat  pays  d'entretenir 
des  troupeaux  de  boucs,  chèvres  &  menons, 
p.  59i  du  27  mars  I725  renouvelant  les  an- 
ciennes défenses  de  laisser  paître  le  bétail  en 
certains  lieux,  p.  59;  du  14  janvier  1734  enre- 
gistrant la  déclaration  du  dixième  avec  remon- 
t,rances  au  roi,  p.  68  ;  du  4  septembre  I735  con- 
damnant au  feu  VHtsto'ire  de  la  congrégation  des 
Filles  de  l'Enfance,  p.  69;  du  20  juillet  1736  en 
faveur  des  jésuites  qui  deviennent  professeurs 
royaux  &  inamovibles,  p.  70;  du  27  avril  1739 
remettant  le  comte  de  Mérinville  en  possession 
de  la  baronnie  de  Rieux,  sauf  remboursement 
de  l'adjudicataire,  p.  73;  du  4  janvier  1741 
attribuant  aux  officiers  de  l'abbé  d'Aniane  la 
préséance  sur  les  consuls,  p.  75;  du  19  août 
1754  déclarant  sujets  à  la  taille  divers  fonds, 
p.  87;  du  18  mai  1755  défendant  aux  habitants 
du  diocèse  d'Alais  de  faire  paître  leur  bétail  dans 
les  châtaigneraies  en  aucune  saison,  p.  94;  des 
5  juin  1762  &  26  février  1763  contre  les  jé- 
suites, p.  1175;  du  17  décembre  1763  contre  le 
duc  de  Fitz-James,  p.  98;  du  24  mars  1764  en- 
registrant les  lettres  patentes  du  25  février, 
p.  99;  du  6  juillet  1764  jugeant  qu'il  n'est  pas 
dû  de  lods  des  sous-inféodations  faites  à  prix 
d'argent,  p.  ico;  du  21  juin  1766  défendant  la 
compascuité  générale  où  il  l'avait  permise  par 
son  arrêt  du  27  mars  1725,  p.  102;  du  7  juillet 
1766  portant  règlement  pour  les  administra- 
tions commerciales  de  Limoux,  p.  102;  du 
i'^'' août  1766  déniant  aux  bénédictins  le  droit 
d'évocation  générale,  p.  102;  du  26  août  1767 
confirmant  l' m  éligibilité  des  célibataires  au  con- 
sulat de  la  ville  de  Carcassonne,  p.  104;  du 
Il  septembre  1767  relatif  au  choix  du  premier 
consul  de  Carcassonne,  p.  104;  du  i3  août  1763 
portant  règlement  pour  les  élections  munici- 
pales de  Carcassonne,  p.  io5;  de  décembre  1768 
portant  prorogation  du  second  vingtième  jus- 
qu'au i"  juillet  1772,  p.  ic5;  du  3  juin  1769 
enregistrant  avec  réserves  l'édit  de  mai  1768 
portant  fixation  des  portions  congrues,  p.  106; 
de  septembre  1769  validant  un  mariage  célébié 
au  Désert,  p.  i  06  ;  du  14  juillet  1770  annulant 
deux  articles  de  la  nouvelle  collection  des  règle- 
ments des  Etats  faite  en  1768,  p.  107;  du  4  mai 
1771  contre  les  projets  de  réforme  judiciaire, 
p.  1210;  du  12  décembre  1771  prescrivant  des 
mesures  contre  l'épizootie,  p.  iii;  du  i3  sep- 
tembre 1773  portant  règlement  les  droits  respec- 
tifs d'officiers  de  justice  &  de  consuls,  p.  11^; 
du  20  mai  1774  interdisant  danses,  jeux,  as- 
semblées, &c.,  après  la  mort  de  Louis  XV, 
p.  1229;  du  26  janvier  1775  prenant  des  me- 
sures contre  l'épizootie,  pp.  i238,  1248,  1249; 
du  8  mars  1775  ordonnant  des  réjouissances  pu- 
bliques, p.  112;  du  12  mai  1775  réglant  les 
droits    honorifiques   d'un    seigneur,    p     m?;    di 


29  juillet  1775  portant  règlement  sur  la  forme 
des  élections  consulaires,  p.  112;  du  7  novem- 
bre 1776  adjugeant  l'élection  des  consuls  de 
Montgaillard  au  sous-engagiste  du  domaine  & 
au  syndic  de  Boulbonne,  p.  i  t5;  du  29  janvier 
1777  cassant  les  élections  consulaires  de  Castres, 
p.  1 15  ;  du  25  juin  1779  concernant  le  glana  g?, 
p.  117;  du  6  septembre  1780  réglant  les  droits 
honorifiques  du  sous-engagiste  de  Villasavary, 
p.  118;  du  20  mars  1784  portant  règlement 
pour  l'administration  de  la  justice  dans  les  ju- 
ridictions inférieures,  tant  royales  que  seigneu- 
riales, p.  122;  du  II  mai  1787  cassant  une  or- 
donnance de  l'intendant  concernant  le  premier 
consul  d'Anduze,  p.  126;  du  24  juillet  17J7 
portant  règlement  pour  les  maîtrises  des  eaux 
&  forêts  du  ressort,  p.  12");  du  24  septembre 
17S7  favorible  aux  prétentions  du  seigneur  de 
Saint-Michel  de  Vax,  p.  127;  du  10  mars  i7;>vi 
d'enregistrement  forcé  du  second  vingtième, 
p.  127;  du  i5  février  1788  favorable  aux  pré- 
tentions du  marquis  de  Baschy,  p.  127;  du 
21  avril  maintenant  son  arrêt  du  10  mars, 
p.  128;  du  i3  mai  1788  contre  la  création  des 
grands  bailliages,  p.  128;  du  21  janvier  17^9 
contre  l'organisation  des  Etats  de  Languedoc, 
pp.  129,  i3j4;  des  25-27  septembre  1790  de  la 
chambre  des  vacations  contre  les  actes  de  l'As- 
semblée nationale,  p.   1 3o. 

ARRIBAT  (Guillaume),  sieur  de  Salvaignac, 
maire  perpétuel  de  Villefranche  de  Rouergue, 
p.  639, 

Autesac,  métairie,  pp.  871,  872,  1404. 

Articat,  au  diocèse  de  Rieux,  pp.  1008,   1009. 

Abticues  (Gorges  d'),  p.  870. 

ARTOIS  (Comte  d'),  p.  1242,  i333,  i359;  désigné 
comme  gouverneur  de  Languedoc,  p.    1274. 

Artois,  p.  922. 

Abtisa.nS;  leur  nombre  dans  la  Province  en  1698, 
p.  692. 

AnTRON,  baronnie,  p.  553. 

Al'.TS  ET  MÉTIERS;  leur  désordre  au  Puy,  pp.  485, 
486. 

AnvfciOLS  lA  Bastide,  en  Gévaudan,  p.  965. 

Arvernes,  p.  481 . 

Ar/.at,  en  Vivarais,  p.   1202. 

ASFELD  (Régiment  d'),  pp.  553,  554. 

Asii.F.  donné  aux  criminels  par  les  maisons  reli- 
gieuses, p.   i3. 

Aspires,  p.  427. 

—  (Démolition  du  temple  d'),  p.   19. 
Aspet,  p.  1404;  ses  armoiries,  p.  687. 
Asi'iRAN,  p.   1401. 

Asprejoc,  en  Vi»arais,  p.   1201. 
AssAS,  terre,  p.  28,  53. 

—  (Pont  d'),  p.  482. 
Assassinats  de  catholiques,  p.  36. 

de  prêtres  dans  les  Cévennes,  p.  73o. 

du    seigneur    de    Saint-André    de   ^'.llborgne, 

p.   40. 

—  commis  par  les  insurgés,  p.  753. 

—  à  Mauléon,  p    796. 

—  à  Toulouse,  en    i665,  p.  437. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1451 


Assassinats  à  Pont-de-Montvert,  p.  740. 

—  de  M""  de  Miraman,  pp.  Sp,  807,  808. 
ASSÉZAT  (Bertrand  d'),  conseiller  an    Parlement 

de  Toulouse^,  mainteneur  des  Jeux- Flornux, 
pp.  199,  243,  661,  947;  son  exil,  p.  1218. 
Assemblée  du  clergé  de  France,  pp.  7,  64;  défend 
les  prélats  du  Languedoc  contre  les  attaques  du 
Parlement,  p.  3i  1  ;  de  1643  &  de  1663,  p.  867  ; 
de  1682,  p.  522;  de  juin  1695,  s'occupe  de 
l'impôt  décapitation,  p.  073;  de  170.'),  choix 
de  la  commission  pour  examiner  la  bulle  f'i- 
neam  Domin't  Sahaoth^  p.  862;  n'était  en  réalité 
qu'une  chambre  de  comptes  ecclésiastiques, 
p.  862;  de  1708;  ses  résultats  nég;itifs,  p.  866; 
chambre  de  comptes,  p.  867;  de  i73o,  p.  1019; 
s'occupe  de  la  lettre  de  l'évêque  de  Montpellier, 
p.  1021;  adresse  une  lettre  collective  au  roi 
pour  protester  contre  la  lettre  de  l'évêque  de 
Montpellier;  signataires  de  cette  lettre,  p.  io23; 
sa  députation  reçue  par  le  roi  dans  les  grands 
appartements  de  Versailles,  p.  1026;  de  1788, 
sa  résistance  aux  réformes  judiciaires,    p.    i35i. 

—  d'assiette  des  diocèses,  pp.  997,  998. 

—  de  commerce  tenue  à  Toulouse,  le  8  janvier 
1728,  p.  62. 

—  du  désert,  pp.  533,  587,  588,  621,  73o;  punies, 
pp.  968,  974. 

—  diocésaines  de  Languedoc,  pp.  3i,  4g,  93 ;  sont 
sous  la  juridiction  exclusive  des  Etats  de  Lan- 
guedoc; règlements  les  concernant,  pp.  iiô3, 
I  I 54,  I  i65. 

—  de  diocèses  &  de  sénéchaussées,  p.  279. 

—  de  district,  p.   i338. 

—  électorales  diocésaines,  p.  282. 

—  électorale  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse  tenue 
injustement  à  GaïUac,  p.  281. 

—  électorales  pour  nommer  les  députés  aux  Klats 
généraux  &  pour  rédiger  les  cahiers  de  doléan- 
ces; mode  de  convocation  adopté,  p.   1373. 

—  municipales,  p.  55. 

—  de  la  noblesse  à  Toulouse,  p.  3o7;  en  i65i, 
autorisée  par  le  Parlement,  interdite  par  le  con- 
seil d'Etat;  se  réunit  le  27  juin,  p.  8;  pour 
protester  contre  la  suspension  du  Parlement, 
pp.  i33i,  i332,  i353,  i354,  i355. 

—  des  notables  de  1786;  sa  composition  lui  ôte 
tout  caractère  représentatif;  noms  des  notables 
appartenant  à  la  Province,  p.  |335;  de  1787, 
fixée  au  29  janvier  1787,  ouverte  le  22  février, 
en  présence  du  roi  qui  prononce  une  courte 
har.ingue;  exposé  de  la  situation  par  le  contrô- 
leur général;  énumération  des  abus  à  détruire, 
pp.  |336,  |337;  réponses  des  divers  dignitaires, 
pp.  |337,  [338;  sa  division  en  sept  bureaux; 
mémoires  présentés  par  M.  de  Calonne,  p.  i338  ; 

.  ia  dernière  séance,  le  25  mai  1787,  pp.  i339, 
1340,  1341,  1342;  convoquée  de  nouveau,  elle 
se  réunit  le  6  novembre;  se  divise  en  six  bu- 
reaux; le  prince  de  Conti  y  présente  un  pro- 
gramme de  contre-révolution,  p.  i339;  se  ter- 
mine le  12  décembre,  p.    1  36o. 

—  nationale  de  1789,  pp.  1378,  i38i,  1390;  dé- 
claration des  députés  du  Languedoc,  la  nuit  du 
4  août,  pp.  1391,  1392;  texte  de  l'article  XII 
qui   abolit    tous    les    privilèges   particuliers    des 


provinces,  prim  ipautés,  &c.,  pp.  1392,  |393; 
arrête  la  formation  de  quatre-vingt-trois  dé- 
partements, p.  1397;  la  division  de  la  France 
est  arrêtée  à  quatre-vin'^t  -  trois  départements, 
p.  1400;  division  du  Languedoc,  pp.  1400, 
1401,  1404;  le  26  février  179^,  vote  le  décret 
fixant  la  circonscription  des  quatre-vingt- trois 
départements  &  assignant  à  chacun  son  nom 
définitif,  p.  1411;  irritation  qui  s'y  manifeste 
contre  la  chambre  des  vacations  du  Parlement 
de  Toulouse;  intervention  de  Maximilien  Ro- 
bespierre, p.  1419;  le  prince  de  Broglie,  au  nom 
du  comité  des  rapports,  prononce  des  paroles 
véhémentes  contre  les  parlementaires,  pp.  1420, 
1421;  Madier  de  Monjau  cherche  à  atténuer  la 
conduite  des  membres  de  la  chambre  des  vaca- 
tions, p.  1421;  l'assemblée  décrète  d'arrestation 
les  magistrats  de  Toulouse,  pp.   1422,  1423. 

Assemblées  protestantes,  pp.  3i,  588,  612,  âi3, 
739,  740,  760,  Ii34;  en  1743,  pp.  1066,  1067; 
surprise  entre  Durfort  &  Saint-Félix,  p.  29;  te- 
nue à  Vébron,  p.  32;  surprise  au  Creux  de  Vaie, 
àTornac,  p.  35;  sur  la  montagne  du  Bougés, 
p.  36;  surprise  à  Peyremale,  dans  les  garrigues 
de  Vauvert,  p.  36  ;  surprise  à  Millerines,  p.  48  ; 
surprise  dans  une  bergerie,  p.  5o;  surprise  à 
Castres  &  à  Saint-Hippolyte ,  p.  56;  surprise 
dans  une  grange,  en  Vivarais,  p.  70;  surprise  à 
Mazamet,  p.  80;  surprise  à  Lezan,  p.  86;  me- 
sures militaires  contre  elles  en  1754,  p.  87;  sur- 
prise à  la  Calmette,  p.  87;  surprise,  p.  89; 
surprise  aux  environs  de  Fons,  p.  90;  surprise 
dans  la  Vaun.nge,  p.  90;  de  Chalencon;  me- 
sures violentes  qui  y  auraient  été  prises,  p.  531; 
à  Vauvert,  p.  735;  près  de  Nîmes,  p.  598; 
dans  la  plaine,  à  une  demi-lieue  de  Nimes, 
pp.  733,  747;  surprises,  p.  747;  de  cent  cin- 
quante réformés  de  Nîmes  cernée  &  brûlée  dans 
un  moulin,  p.  795;  au  Mas-Bonnet,  p.  8o5; 
surprises  en  1720,  p.  975;  surprise  en  1745 
dans  les  environs  de  Mazamet,  p.  1073;  sur- 
prises en  divers  lieux  &  dispersées  par  les  armes, 
p.  1074;  dénoncées  par  l'évêque  de  Saint-Pons, 
p.  1075;  tenue  en  1752  dans  les  environs  du 
Vigan,  p.  im5;  surprise  en  1756  dans  les  en- 
virons de  Nîmes,  p.  ii39;  tolérées,  mais  sur- 
veillées, p.    1141. 

—  de  la  province  ecclésiastique  de  Narbonne  re- 
jette la  demande  du  concile,  p.  69. 

—  de  sénéchaussée,  p.  282. 

—  synodales,  p.  528. 

—  illicites,  p.  35o. 

—  des  trois  ordres  tenue  au  Puy,  proteste  contre 
l'organisation  des  Etats  de  Lmguedoc  &  du 
Vêlai,  p.   129;  k  Marvéjols,  pp.   ii36,  1387. 

—  paroissiales  &  municipales,  p.   i338. 

—  prohibées,  p.  980. 

—  provinciales,  p.  i338;  mémoire  concernant  leur 
établissement  présenté  à  l'assemblée  des  nota- 
bles, p.   1 333  ;  créées  paréditdu  roi,  p.    1342. 

AsSESSEins  des  maires,  pp.  35,  635,  636;  créés  à 
Pans  &  à  Lyon,  p.  636. 

Assiduité  imposée  aux  magistrats;  réclamations 
contre  cette  mesure  par  les  membres  du  Parle- 
ment Maupeou,  p.   1268. 


i45i 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Assir.TTHS  diocésaines,  pp.  2,  5,  9,  10,  21,  32,  04, 
7S,  3o8,  997,  998,  i3o5,  i3o6;  défense  pnr  le 
conseil  d'Etat  au  Parlement  de  Toulouse  &  à  la 
cour  des  comptes  de  Montpellier  d'en  connaître, 
p.  9j  règlement  pour  l'entrée  des  officiers  du- 
caux &  des  officiers  épiscopaux  d'Uzès,  p.  09; 
nouveaux  règlements  du  conseil  d'Etat  pour  ces 
assemblées,  p-  09;  les  commissaires  doivent  avoir 
servi  durant  toute  la  tenue  des  Etats,  p.  276; 
tentatives  faites  par  le  Parlement  de  Toulouse 
pour  le  règlement  de  ces  assemblées,  p,  848; 
chargées  d'établir,  de  concert  avec  l'intendant, 
le  mode  le  plus  équitable  de  répartition  de 
l'impôt  de  capitation,  p.  665;  leur  règlement 
arrêté  par  les  États  en   1724,  p.  997. 

—  (Entrée  aux),  p.  44. 

—  (Frais  d'),  pp.  94,  96. 

—  de  Languedoc,  p.   i3. 

—  du  diocèse  d'Alais,  p.  985. 

—  d'Albi,  pp.  62,  I  10. 

' —  du  diocèse  de  Castres,  p.  87. 

—  diocésaine  de  Mirepoix,  p.  69. 

—  diocésaine  de  Toulouse,  p.  6;  ses  efforts  pour 
circonscrire   l'épizootie,    pp,    1247,   1248. 

—  du  Vivarais;  les  barons  refusent  l'entrée  à 
l'évêque,  p.  298. 

—  d'Uzès,  p.  987, 

AssiON,  en  'V'ivarais,  p.   1202. 

AsTARACj  comté,  p.  294. 

AsTAFFORT  (Seigneurie  d'),  p.  471. 

ASTE  (d'),  capitoul,  p.  37O. 

ASTIER  (Gabriel),  prophète  dauphinois,  p.  612; 

s'engage  sous    un    faux  nom;  est  reconnu,  jugé 

par  Bâville,  &  pendu,  p.  616. 
ASTORG  D'AL'BARÈDE  (Jean -Michel  d'),   anti- 

régaliste,    relégué    à   Jargeau,    emprisonné    au 

château  de  Caen,  p.  619. 

ASTRUC,  de  Limoux,  p.   1207. 

Ateliers  de  charité,  pp.  121,  r23,  i3ii;  subven- 
tionnés par  le  roi,  p.    i3i2. 

Attentat  d'Ouveillan,  p.  333. 

Atterrissements  du  Rhône,  p.  62  j  empêchent  la 
bonne  exploitation  des  marais  salants,  p.  384. 

Attroupement  au  Pont-de-Montvert,  p,  740. 

—  attaqué  sur  la  montagne  des  Herbasses,  p.  27. 

—  d'hommes  armés  &  masqués  en  Vivarais  &  en 
Gévaudan,  pp.   i3io,  i3ii. 

Attroupements,  p.  Sy. 

—  du  désert,  p.    1067. 

—  de  protestants,  p.  529. 
— -^à  Toulouse,  p.  643. 

—  en  Vêlai,  p.   i3. 

Attroupés  des  Cévennes,  pp.  36,  782. 
AUBAÏS  (Marquis  d'),  pp.  799,  io58,   1134. 
AubAiXj  ses  armoiries,  p.  O87. 
AuiiAREDE,  château,  p.  019. 
AUBASINE  (d'),  abbé,  p.   188. 
AuBENAS,  baronnie,  p.    I23. 

—  château,  p.  22. 

—  (Manufacture  d');  on  y  teint  en  rouge  ou  cra- 
moisi, façon  d'Andrinople,  p.  82. 


Ai'BENAs  (Sainte-Croix  d'),  monastère;  son  ex- 
tinction, p.  83. 

AuBENAS,  ville  du  Vivarais,  pp.  90,  i  10,  602,  614, 
962,  1125,  1196,  1201,  1283,  i3ii,  i3i2,  1370, 
1411,  1418;  les  insurgés  du  Vivarais  y  sont 
jugés  prévôialement  par  M.  de  Bezons,  p.  496; 
les  jésuites  y  dirigent  un  collège,  p.  695. 

—  (collège  d'),  p.   I  196. 

AUBIJOUX  (François-Jacques  d'Amboise,  comte  d'), 
lieutenant  général  pour  le  roi  en  Languecîoc, 
maréchal  de  camp  en  ses  armées  &  gouverneur 
de  la  ville  &  citadelle  de  Montpellier  pour  le 
duc  d'Orléans,  pp.  5,  8,  i35,  180,  186,  2i5, 
276,  3i4,  3i5,  328,  329,  33i,  332,  339,  340, 
363,  791,  929;  sa  participation  aux  intrigues 
de  Gaston  d'Orléans,  pp.  188,  189;  est  premier 
commissaire  du  roi  aux  Etats  de  1648  &  de  i65  1, 
pp.  273,  322;  ses  antécédents,  son  entourage, 
p.  275;  veut  arrêter  de  Marsin,  p.  324;  sa 
mort;  ses  titres;  ses  armes,  p.  36 1;  sa  carrière 
passée  au  milieu  d'agitations  stériles,  pp.  362, 
263. 

AURIJOUX  (Amboise  d'),  généalogie  de  celte  bran- 
che de  la  maison  d'Amboise,  pp.  362,  363. 

AUBIJOUX  (Jacques  d'),  mort  à  Coutras,  p.  302. 

AUBIJOUX  (Louis  d'),  p.  362. 

AiBijoix,  terre  en  Auvergne,  au  diocèse  de  Cler- 
mont,  pp.  362,  363. 

Aubignat,  en  Vivarais,  p.   1201. 

AuBORD,  lieu,  p.  765. 

AuBBAc  (Montagnes  d'),  pp.  35o,  701,  1 152,  1407. 

AUBRI,  abbé,  p.  224. 

AUBRY,  avocat  au  grand  conseil,  p.  1069. 

AucH,  pp.  S2,  88,  I I I,  372,  390,  474,  1218, 1219, 
1235,  1245,  1347,  1349,  1378, 

—  (Archevêché  d'),  p.  16. 

—  (Diocèse  d'),  p.  1247. 

—  (Généralité  d'),  pp.  1234,  1275,  1277,  1295, 
1297,  1348. 

—  (Grand  bailliage  d'),  p.   128. 

—  (Sénéchal  d'),  p.   1211, 
AuuiNCE,  p.  484. 

Aude,  rivière,  pp.  12$,  166,  452,  463,  470,  472, 
87c,  871,  893,  1010,  1400,  1404;  déborde, 
p.  61  ;  sa  source  dans  le  Capsir,  p.  .^00. 

—  (Bassin  de  1'),  pp.  470,  1  159. 

—  département,  p.   129. 

—  nom  définitif  donné  au  département  de  C»r- 
cassonne,  pp.   1411,   1425. 

AUUESSANS    (M""'),   reçoit    le    duc    de  Verneuil 

dans  sa  maison  à  Montpellier,  p.  477. 
AUUIBERT  (Jean), comte  de  Lussan,  gentilhomm» 

d'Uzès,  pp.  646,  652. 
AUUIKERT  (Dominique),    négociant   marseillais, 

apprend    à    Voltaire     les    premiers    détails    sur 

l'affaire  Calas,  p.   1170. 
AUDIFRET  (Anne  d'),  p.   1159. 
AUDONVILLE,  capitaine  des  gardes  de  Schomberg, 

p.   i63. 
AUFRERY  (Abbé  d'),  conseiller-clerc  au  Parlement 

Miiupeou,  p.   1214. 
AUFRERY  (Chevalier  d'),  p.   i3S2. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1453 


AuGSuncEG,  p.  tfoy. 
ACCUSTINS,  p.   3  18. 

—  déchaussés  établis  à  Toulouse,  p.   î2, 

—  (Couvent  des),  à  Toulouse,  pp.  3  18,  367. 

—  deCaudiès;  leur  opposition  à  Nicolas  Pavil- 
lon ;  administrent  les  sacrements  à  certaines 
personnes  ayant  encouru  publiquement  l'inter- 
dit de  leur  évêque,  p.  ^15. 

—  de  Paris,  p.   178. 
AujAC,  lieu,  p.  776. 

Alla  (Port  d'J;  lieu  de  communication  avec  l'Ara- 

gon,  p.  697. 
Al'LAN  (Marquis  d'),  p.   1  198. 
AuLAS,  pp.  83,  416,  1406, 
ACMELAS,  p.  60. 

AtMESSARGLES,  démolition  de  son  temple,  p.   19. 
Almontel,  pp.  26,  1370. 

AllMONT,    p.     1407. 

Alnage  des  draps,  p.  66. 

AlsE  de  Paris,   doit    servir   de   mesure  aux   étoffes 

fabriquées  en  Languedoc,  p.  68. 
AusAT,  dans  la  haute  vallée  de  l'Aude,  au  diocèse 

d'Alet,  pp.  870,  ioo8. 
AuHE  (Vallée  d'),  pp.  207,  474. 
Aubeville  (Baronnie  d'),  pp.  84,  i3oi. 

—  (Terre  d'),  p.  i3oi. 

AuBiAc  (Union  de  l'hôpital  de  Bourg-Saint-Ber- 
nard à  l'hôpital  d'),  p.  33. 

AiiiAC,  pp.  863,  1402. 

AuRiBAiL,  commune,  p.   1009. 

AcniGNAc,  p.   1404. 

AiRiLLAC;  dévasté  par  la  troupe  de  Cavalier, 
p.   796. 

AURIOL  (d'),  p.  478. 

AL'ROUX,  p.  1407. 

AUSEVILLE  (d'),  brigadier,  p.  885. 

AUSSENAC,  avocat  à  Carcassonne,  p.  36o. 

AL'SSENAC,  de  Limoux,  p.  1207. 

Ausso.iEi.Le,  rivière,  p.  1240. 

AnssoNNE,  lieu,  p.  1218. 

At;TERivE,  ville  maîtresse  du  diocèse  de  Toulouse, 
pp.  61,  65,  93,  100,  loi,  476,  ii5o,  1241, 
1370,  1404. 

—  (Plaine  d'),  p.   i252. 

AUTERIVE  (Abbé  d'),  chancelier  de  l'Université, 
mainteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 

AUTERIVE,  conseiller  au  Parlement,  p.  249. 

AUTERIVE  (d'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, mainteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 

AUTERIVE  (Sieur  d'),  juge  des  Français  à  Bran- 
debourg, p.  564. 

AUTEUIL  (Vicomte  d'),  p.  188. 

Altelt.s  anciens    &  du    moyen    âge    invoqués   en 

1661  pour  les  délimitations  des  frontières  entre 

la  France  &  l'Espagne,  p.  399. 

—  de  livres  protestants  bannis,  pp.  17,  18. 
AtJTOKiTfe  du    pouvoir    royal  compromise    par    les 

mesures  de  rigueur  contre  les  compagnies  supé- 
rieures de  justice,  p.  1089. 
Autriche,  p.  927. 


AlTUN,  p.  1023. 

—  (Evèque  d'),  p.  1021. 

Auvergne,  province  de  France,  pp.  102,  184,  i85, 
240,  323,  337,  362,  397,  480,  482,  483,  4S7, 
542,  7o3,  704,  85ij  858,  963,  966,  969,  1028, 
iii3,  1129,  ii3o,  ii3i,  1194,  i2o5,  i38r, 
|385,  1405,  1407,  1428  ;  les  loups  y  exercent  des 
ravages  contre  les  personnes  &  contre  les  bes- 
tiaux, p.   1 194. 

—  (Chemin  d'),  p.  84. 

—  (Montagnes  d'),  p.   1246. 
Auxnr.iiE  (Evèque  d'),  pp.  10  i5,  1021, 
AuxiLio.v,  pp.  409,  472. 
Al'ZEPY,  architecte,  p.   i3ii. 
Alzielle,  p.  863. 

Aizox,  p.   1406. 

AVARAY  (Marquis  d'),  p.  i3i3. 

AvÈjAN,  baronnie,  pp.  66,  74,   106. 

Avéjan  (Comté  d'),  p.  67. 

AVÉJAN  (d'),  évêque  d'Alais,  pp.  986. 

AVÉJAN  (Baron  d'),  p.  618. 

AVÉJAN  (Baron  d"),  p.   124. 

Avéjan,  a  son  église  brûlée,  p.  77,'). 

AvÉNES  (Pont  d'),  pp.  39,  482,  833. 

Aventuriers,  commettent  des  violences  de  la  haute 
vallée  de  l'Aude  à  celle  de  la  Garonne,  p.  35 1. 

AvESvE  (Ruisseau  d'),  p.  834. 

AVESSENS  (Jean  d'),  sieur  de  Tarabel,  p.  460. 

AVESSENS  DE  SAINT-ROME  (Marquis  d'),  dé- 
puté aux  Etats  généraux,  p.  1377. 

Avertissement  aux  protestants  rédigé  par  l'assem- 
blée du  clergé  de  France;  lu  par  ordre  du  roi 
dans  tous  les  consistoires,  p.  522. 

AvEtx  &  dénombrements,  p.   1048. 

AvEYBON,  affluent  du  Tarn,  pp.  953,  956,  1088, 
1402,  1408;  inonde  en  1728  six  communes  du 
Languedoc,  p.  1009. 

—  (Navigation  de  1'),  p.  16. 
AvÈZE  (Marquisat  d'),  p.   i3. 

Avignon,  capitale  du  Comtat,  pp.  5o,  60,  382, 
852,  969,  972,    icoi,    1020,   1143,    1144,  1177, 

—  (Comtat  d'),  p.  735,  788. 

Avignonet,  ville  du  Lauragais,  pp.  53,  59,  74, 
452,    1402,    1404. 

Avisaux  protestants  de  Castres;  saisi  par  les  agents 
de  l'intendance,  p.  768. 

—  aux  protestants  de  France;  résumé  de  cet  écrit, 
p.  771. 

AVAIRE,  p.  721. 

Ax,  pp.' 472,  697. 
AX  (d'),  p.  414. 

AXAT  (d');  ses  violences  contre  un  ecclésiastique 
du  diocèse  d'Alet;  assiège  l'évéque,  pp.  413,  414. 
Axat  (Gorges  d'),  au  diocèse  d'Alet,  p.  870. 
AvoÉ,  p.  619. 

AyGOIIAL.    yoir  AlGOLAL. 

Ayguejuntes,  commune,  p.   1009. 
Aymarcues,  pp.  748,  1406. 
AvnES,  lieu  des  Cévennes,  pp.  747,  -jSa. 
AYSSÈNE,   conseiller  au   Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.   IZ18. 


1454 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


AzAS,  lieu,    p.   1218. 

AZÉMAR,    ancien    syndic    du    diocèse    de    Castres, 

p.    i  26. 
AZÉMAR,  capitoul,  p.  55i. 
AZÉMAR,   conseiller  au   Parlement  de  Toulouse, 

p.   1219. 

AZILLANET,    pp.    45,    33o,    870. 

AziLHAN,  bourg,  p.  264. 
AZILLE,  p.  36o. 


B 


BABARD,  officier  municipal,  p.  1414. 

Bac  d'Allier,  sur  la  Loire,  p.  3:!7. 

BACHELIER   (Nicolas),    architecte    &   sculpteur, 

pp.  462,  453. 
Baci,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Badaroux,  village,  p.  1  i38. 
Bade  (Paix  de),  p.  poS. 
BADEKS,  p.  871. 
BADOU  (P.),  missionnaire  de  la    Doctrine  chré- 


tienne, p, 


006. 


Bagard,  village  entre  Alais  &.  Anduze;  l'église  & 
le  presbytère  ne  sont  brûlés,  p.  753. 

BAGES,  député,  p.  3o8. 

Bagnébes  de  Luchon,  pp.  697,  1404. 

Bagnols,  pp.  88,  92,  96,  ICO,  i56,  332,  339,  423, 
773,  863,  966,    1406,  1418. 

Bagnols-les-Bains,  p.  1408. 

Baie  d'Hudson,  p.   i332. 

Baignols,  p.  445. 

Bail  à  locatairie  perpétuelle  fait  par  un  nouveau 
converti,  p.  86. 

—  de  l'étape,  p.   1 10. 

de  l'équivalent,  p.   io5. 

Baillargues,  lieu,  p.  32;  ses  armoiries,  p.  686. 

—  (Maladrerie  (de),  p.  696. 
BAILLARGUET,   maire  de  Toulouse   nommé    par 

le  roi,  p.   io65. 

BAILLARGUET,  maire  de  Saint-Pons,  p.  1 126. 

BAILLE  (Pierre),  ancien  directeur  de  la  manufac- 
ture de  Clermont-Lodève,  reçoit  un  vaste  ter- 
rain près  d'Amsterdam  &  le  titre  de  directeur 
général  des  manufactures,  p.  566. 

BAILOT  (Pierre),  ancien  capitoul,  syndic  de  Tou- 
louse, pp.  6o3. 

BAILLI  DE  TARAUT,  mis  en  prison  sous  pré- 
texte d'avoir  salé  un  porc  avec  du  sel  défendu, 
p.  845. 

Bailli  de  "Vivarais,  supprimé,  p.  1 18. 

BAILLY,  médecin  de  Paris,  pp.  962,  964,  968. 

BAILLY,  maire  de  Paris,  député  aux  Etats  géné- 
raux, p.  1389. 

Bains  de  Balaruc,  pp.  121,  1370. 

Baïse,  rivière,  p.  1261. 

—  (Vallée  de  la),  p.  471. 

Baissac  (le),  métairie,  pp.  871,  871. 

Baix,  p.  612. 


Bajou,  commune,  p.   1009. 

Balagleb,  p.  240. 

Balaguié,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

Balaruc,  village,   pp.    121,  884,   885,    1370;  ses 

armoiries,  p.  686. 
BALAT,  gouverneur  du   château  de  Montferran, 

p.  309. 
Balazlc,  en  Vivarais,  pp.   1201,  i3i2. 
BALBARIA,  ancien  capitoul  de  Toulouse,  p.  899; 

député   de   la  ville  à  la  Cour  de  France;   donne 

des  nouvelles  de  la  santé  de  Louis  XIV,  p.  907; 

annonce    sa    mort;    dét-iils   sur   cet   événement; 

Louis   XV;    le    régent,    p.    908;    détails   sur    les 

intrigues   de    la    Cour,    p.    909  ;    funérailles    de 

Louis  XIV;   détails   particuliers,   pp.   910,  911, 

912. 
BALBASES  (DE  LOS),  ambassadeur   de   la  cour  de 

Miidrid,  p.  903. 

BALDASSE,  p.  744. 

Baliar,  consulat,  p.   1403. 

BALLAINVILLIERS  (Charles  BERNARD  de),  baron 
de  Ballainvilliers,  seigneur  du  comté  de  Clcry, 
de  Maurepas,  Forêt,  Amiécourt  &c.,  nomme  à 
l'intendance  de  la  Province;  visite  le  haut  L;in- 
guedoc,  le  Vêlai,  le  Vivarais  &  les  Cévennes, 
pp.  i3o,  i333,  1348,  i35i,  i388,  i4o3;  cesse 
ses  fonctions  le  1 '''^  octobre  1790;  épreuves  & 
dégoûts  qu'eut  à  subir  cet  administrateur, 
pp.  1416,  1417;  est  nommé  maire  de  Montpel- 
lier; sa  correspondance  à  ce  sujet,  pp.  1418, 
1419;  avait  fait  dresser,  en  1787,  un  inventaire 
des  papiers  de  l'intendance,  p.   1427. 

Balma,  château  appartenant  aux  archevêques  de 
Toulouse,  situé  sur  les  croupes  boisées  des  co- 
teaux de  l'Hers,  pp.  401,  863,   1244. 

—  (Bois  de),  p.  24. 

—  baronnie,  p.  3i8. 

BALUZE,  secrétaire  &  confident  de  Marca,  p.  i33; 
accompagne  ce  dernier  sur  les  frontières  d'Es- 
pagne, p.  399;  est  chargé  de  porter  au  roi  &  au 
cardinal  le  résultat  des  travaux  de  délimitation 
des  frontières;  écrit  sous  la  dictée  de  Marca  le 
traité  en  français  de  l'Infailliiilité  du  pape, 
p.  401;  assiste  Marca  dans  ses  derniers  mo- 
ments &  reste  dépositaire  de  ses  travaux,  p.  4o3; 
reçoit  le  dernier  soupir  de  Marca;  exécute  ses 
dernières  volontés;  écrit  son  éloge,  p.  404. 

Bals  de  nuit  interdits,  p.  2. 

BALSAMO  (Joseph);  ses  lettres  de  bourgeoisie  à 
Toulouse,  p.  2. 

B ALTHAZAR  (Jean),  sieur  de  Malherbe,  intendant 
de  Languedoc,  pp.  i33,  179,  192,  208,  234, 
3  10;  se  réfugie  dans  la  citadelle  de  Montpellier 
pendant  l'émeute  de  1645,  p.  235;  excuse  la 
sédition  de  Montpellier,  les  esprits  des  habi- 
tants étant  aigris  des  impositions  extraordi- 
naires qu'on  exigeait  d'eux,  p.  236;  quitte  la 
Province,  p.  25i . 

Baltique,  p.  56i. 

Balzac,  p.  247. 

BALZAC,  de  l'Académie  française,  p.  247. 

BALZAC  D'ENTRAIGUES  (Marie  de),  p.  296. 

Banassac,  village  en  Gévaudan,  p.  965. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


Bandes  a«  «rennes ;  leur  composition,  conn- 
vence  quelles  trouvaient  dans  le  pays.  p.  75,. 
leurs  crimes,  p.  732.  r   /   .  f     i-", 

—  de  coureurs  de  grands  chemins  qui  désolent  les 
pays  de  montagnes  après  la  Fronde,  p.  349 

"~  ^i''j"'j^'"'  catholiques  autorisés  par  le  maré- 
chal de  Montrevel,  pp.  796,  797. 

Banditisme  local   après  la   dispersion  des  bandes 

de  la  Fronde,  p.  344. 
Baméres,  p.   1205. 
Bane,  en  Virarais,  pp.   ,3,,,  1102. 

—  (Château),  p.  778. 

—  (Val  de),  p.  768. 

Banne   (Bourg    de),    enVivarais,    érigé    en   ville 
p.   10.  °  ' 

BANNE  (Jacques  de),  baron  d'Avéjan,  officier  pro- 
testant au  service  du  prince  d'Orange,  p.  6,8 
BANNE  DE  MONTGRAS  (Marquis  de),  p.    ,06 
Baptême  obligatoire  des   enfants  des  réformés   par 
le   cure  de    la    paroisse,   sous   peine    d'amende 
p.  539. 

Baptêmes  au  désert,  p.   1108. 

—  des  nouveaux  convertis,  p.  1  120. 

Banque  Saint-Georges,  à  Gènes,  p.  44. 

Banqbeeoutiers  (Asile  aux),  p.   i3. 

Banquet    p.  622. 

Barbaira,  dans  la  vallée  de  l'Aude,  au  diocèse  de 

Carcassonne,  pp.  871,   1008. 
Barbaip.ac  (Maladrerie  de),  p.  695. 
BARBAZAN  (Maison  de),  p.   ,064 
BARBAZAN  (de),  archidiacre  à  Toulouse,  p    ,306 
BARBAZAN  (Marquis  de),  p.   ,353 

BARBENTANE,  commandeur  de  l'ordre  de  Malte 
p.   I  i3o.  ' 

Barbets,  nom  donné  aux  insurgés  des  Cévennes, 
pp.  700,  782.  ' 

Barbezieux,  baronnie,  p.   1059. 
BARBEYRAC,  de  Bé.i.rs,  professe  le  droi,  &  l'his- 
toire a  Groningue  avec  éclat,  p.  56:1. 
BARBIER  DE  LA  RIVIÈRE,  ^oir  RIVIÈRE  (de  La) 

BARBIER  (Louis)  concessionnaire  d'un  transport 
par  eau  de  Toulouse  à  Bordeaux,  p.  43,        ^ 

liARKIER  (Claude),  libraire,  p.  446 

B»nrE,.0NE,  pp.  236.  297.  882,  927,  désolée  par  la 
peste  en   i65i,  p.  820.  "^ 

Baiicelonnette  (Vallée  del,  p    773 

'^  p''"4':"°'''    '''"''"    5'"""'    '^'    Languedoc,       ~- 

BARUY.  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  &       " 
finances,  p.    1097.  "^  _ 

BARDY    (de),    nommé    conseiller    au    Parlement       ~ 
Ivlaupeou.p.   1214.  ~" 

BARDY  fils  (de)    conseiller  au  Parlement  d.  Tou-       I 

louse,  son  exil,  p.   ,219.  _ 

Baréoes,  pp.  469,  ,,28.  _ 

—  (Eaux  de),  p.  5,6.  _ 

Babeicles  (Vallée  de),  p.  474.  — 

BARILLON,  p.  71.  — 

BARILLON  (de),  intendant  de  Picardie,  p.  524.           Z 


1455 

Barjac,  baronnie,   pp.  47,  ,04,  332,  ,î83,  ,3,,, 

—  lieu,  p.  778. 

Bahkes,  en  Vivarais,  p.  1202. 

BAHNABAGA,   tué   par  le  capiiaine  Poul,  p.  766 

BARONIUS,  p.   10 ,5.  ^     ' 

KARONNAT  (Imbert  de),  p.    ,94 

BARONNAT  (Joseph  de),  p.   ,94 

'M°^io'u?p.~'    ^°"^^'""    '"    P-"-- 
BaronnieS;  leur  nombre  en  Languedoc,  p.  694 

—  (Création    ou    transfert  de\    pp     ,28^.      \lfi< 
1287,   1288.  "   ^'^       "■'<    '"°^ 

—  de  tour,  p,    1406. 

"lotr"  IVr'"'''"'  ''  l'archevêché  de  Tou- 
Baronnies  :  d'Albret,  p.   ,059. 

—  d'Ambres,  pp.  57,    io3. 

—  d'Apcher,  pp.  53,  58,  83. 
-d'Aps,  pp.  21,  23,  32,  55,65. 

—  a  Arques,  p,  47. 

—  d'Artron,  p.  553. 

—  d'Aubenas,  p.   123. 

—  d'Aureville.  pp.  84,   i3oi. 

—  d'Avéjan,  pp.  66,  74,  ,06,618. 

—  de  Balma,  p.  3i8. 

—  de  Barjac,  pp.  4,,   ,04. 

—  de  Barbezieux.,  p.   ,  o5o. 

—  de  Bélesta,  p.  36,. 

—  de  Bérat,  p.   ,253. 

—  de  Bohardi,  p.  553. 

—  de  Boulogne,  p.   ,  ,97, 

—  de  Bram,  pp.  87,   ,0,,  1,8. 

—  de  Briges,  p.   ,  ,3. 

—  de  Burzet,  p.  744, 

—  deCalvisson,  pp.  32,  8r,  87,  ,,0. 

—  de  Castelmaurou,  p.  3,8. 

—  de  Castelnau  de  Bonnefoux,  pp.  ,3    36, 

—  de  Castelnau  d'Estrètefonts,  p.  3o     ' 

—  de  Castries,  pp.   ,,  81,   ,29. 

—  de  Caylus,  p.  85. 

—  de  Caudesaigues,  p.  260. 

—  de  Couffoulens,  pp.  23,  28,  29. 

—  de  Coza,  p.   1059. 

—  d'Elze,  p.   ,o36. 

—  de  Fabrezan,  p.  263. 

—  de  Ferrais,  p.   ,59. 

—  de  Florac,  pp.  3o,  63,  ,59. 

—  de  Ganges,  pp.  29,  5o,  g^. 

—  de  Gevraud,  p.   1  ,97. 

—  de  Graulhet,  p.  36,. 

—  de  Jaiigeac,  pp.  55,  61. 

—  de  La  Gardiole,  pp.  77,  84, 

—  de  Lanta,  pp.  24,  ,225. 

—  de  Largentière,  pp.  52,  62. 

—  de  La  Tourrette,  pp.  69,  90. 

—  de  Lattes,  p.   io55. 

—  de  Lecques,  p.  263. 

—  de  Lévis,  p.  986. 

—  de  Lévy,  pp.   ,c,35,   1037. 

—  de  Livinière,  p.   169. 

—  de  Lunel,  pp.  34,    ,  ,3. 

—  de  Marchastel,  p.  744. 
de  Marguerittes,  p.    ,28. 
de  Magalas,  p.  263. 
de  Mercaur,  p.  1 13. 


1456 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Baiio.vnies  :  de  Mérinville,  p.  yS. 

—  de  Mirepoix,  pp.  44,  Sy,  852. 

—  de  Moissac,  pp.   1070,  1071. 

—  de  Montberon,  p.  744. 

—  de  Montbrun,  p.  3i8. 

—  de  Montlor,  p.  34. 

—  de  Montégut,  p.  5. 

—  de  Montredon,  p.  353. 

—  de  Murviel,  pp.  5o,  55,  88,  1 18. 

—  de  Peyre,  p.  93. 

—  de  Pierre-Bourg,  p.  1288. 

—  de  Privas,  p.  68. 

—  de  Puymaurin,  p.  80. 

—  de  Rieux,   pp.   32,   43,  44,   60,    73,   73,    iSp, 
873. 

—  de  Rouairoux,  pp.  26,  71,  85. 

—  de  Rotire,  p.  32,  33,  39. 

—  de  Saissac,  p.  23. 

—  de  Salas,  p.   io55. 

—  de  Saint-Félix,   pp.   22,   27,  3o,  49,  60,   5i2, 
1285. 

—  de  Saint-Remèze,  pp.  5o,  65,  66,  92. 

—  de  Saugeon,  p.   1059. 

—  de  Sénaret,  pp.  21,  25,  29,  76. 

—  de  Servies,  p.  23. 

—  de  Thimart,  p.  553. 

—  de  Tornac,  pp.  32,  44,  j5,  1064,  1286. 

—  de  Tournel,  pp.  29,  32,  68. 

—  de  Tournon,  p.  72. 

—  de  Van  de  Chavaignes,  p.  552. 

—  de  Verfeil,  p.  3  18. 

—  de  Villeneuve,  pp.  69,  87. 

—  de  Vogué,  p.  5o. 

—  de  Voisins,  p.  24. 
Barons  annuels,  p.  122. 

—  de  tour,  p.   1  22. 

des  États,  déchus  de   leurs   droits  représentatifs 

après  la  révolte  de  Montmorency,  réintégrés  en 
1643,  p.   159. 

Bai\ons  :  d'Advizard  de  Nogarède,  p.   i353. 

—  d'Agrain,  p.  398. 

—  d'Aigalliers,  pp.  39,  40,  41,   1377. 

—  d'Alzau,  p.  24. 

. —  d'Ambres,  p.   i  |65. 

—  d'Anduze,  p.  264. 

—  d'Arqués,  p.  65. 

—  d'Avéjan,  p.   124,  618. 

—  de  Ballainvilliers,   pp.  i3o,   i333,   1348,  i35i, 
i388,  1403,  1416,  1417,  1418,   1419,   1427. 

—  de  Bioule,  p.  159. 

—  de  Bram,  pp.  990,   io65. 

—  de  Breteuil,  pp.   i3i8,   (335.   i356. 

—  de  Brettes-Thurin,  p.   i355. 

—  deCadignan,    pp.    I236,    1240,    1243,    1245, 
1248,   1249,  1257. 

—  de  Calvisson,  pp.  332,  435,  990. 
.—  de  Castelnau,  pp.  95,  862. 

—  de  Castelnau  d'Éstrètefonts,  pp.  287,  896,  990. 

—  de  Castille,  pp.   124. 

—  de  Castries,  pp.    169,  459. 

—  de  Clermont,  p.    r  1 . 

—  de  Comère,  p.   i352. 

—  de  Cornillon,  p.   1  o36. 

—  de  Corsoules,  p.    1  o36. 
^  Dufour,  p.   i352. 

—  d'Entraigues,  p.  618. 

—  de  Faugières,  p.  564. 

—  de  Fleyres,  p.  i353. 


Barons  :  de  Florac,  p.  43,0. 

—  de  Ganges,  pp.  459,  IC67. 

—  de  la  Gardiole,  pp.  82,  436,   1064. 
■ —  de  Goyrans,  p.  389. 

—  de  Gorce,  p.  io36. 

—  d'Hautpoul,  p.  409. 

—  d'Izalguier,  p.    |552. 

—  de  Jessé,  pp.    1377,  1393. 

—  de  Lacaze-Sarta,  p.   i352. 

—  de  La  Croix  de  Castries,  p.    159. 

—  (le  Lafage-Pailhés,  p.   |355. 

—  de  Lamothe,  p.  67. 

—  de  Lanta,  pp.  25,  58,  365,  366,  431,  459,  524, 
I I 24,  1  i35. 

—  de  La  Tourette,  p.    io65. 

—  de  Léran,  pp.  342,  35i,  352,  353. 

—  de  Malaret,  p.   1  302. 

—  de  Manduel,  p.  67. 

—  de  Marguerittes,  pp.  1377,  1378,  1391,  1392, 
1393. 

—  de  Marmiesse,  p.   |352. 

—  de  MaureiUan,  p.  334. 

—  de  Mérinville,  pp.    1124,   |353. 

—  de  Meyrargues,  p.  807. 

—  de  Mirepoix,  p.  57. 

—  de  Monségur,  p.  1225. 

—  de  Montmaur,  p.  35 1. 

—  de  Montpeyroux,  p.   1  168. 

—  de  Murviel,  pp.  67,   1067. 

—  de  Nébias,  p.  409. 

—  de  Papus,  p.   i352. 

—  du  Pujet,  p.  i352. 

—  de  Ribautes,  p.   1  o36. 

—  de  Rieiix,  pp.    i59,  287. 

—  de  Rochepierre,  p.  66. 

—  de  Rouairoux,  p.  990. 

—  de  la  Roquette,  p.  863, 

—  de  Rousson,  p.   io36. 

—  de  Rouville,  p.   1298. 

—  de  Rouvenac,  p.   1377. 

—  de  Salg.is,  pp.  37,  38,  02,  797. 

—  de  Serres,  p.   i  195. 

—  de  Sorgues,  p.  55. 

—  deTaurignan,  p.   |355. 

—  de  Tegra  de  Caussade,  p.   i352. 

—  de  Viguerie,  p.    i352. 

—  de  Villeneuve,  pp.  93 1,  1029,  i3o5,   1367. 

Barousse  (Vallée  de),  p.  207. 

Barques  de  poste  entre  Toulouse  &  Bordeaux  éta- 
blies dès  1660,  p.  i5;  tarifs  &  conditions  de 
la  concession  qui  n'établit  pas  un  monopole, 
p.  45i. 

Barraque  (la),  p.  754. 

BARRASSY  (de),  p.  3  16. 

Barre,  en  Vivarais,  lieu,  pp.  28,  83,  332,  739, 
745,  746,  747,  736,  800,  804,  807,  1437,  1418. 

Barre  des  Cévennes,  p.  801  j  ses  dépendances  in- 
cendiées, p.  8o5. 

BARRES  (de),  p.  619. 

BARRI  (de),  receveur  des  tailles  au  diocèse  d'Alet 
&  de  Limoux,  p.  864. 

BARRI  (L.  de),  de  Limoux,  p.   1207. 

BARRIÈRE,  habitant  de  Carcassonne,  p.  36i. 

BARILLON  (Sieur  de),  p.  81. 

Barrineit,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix, 
pp.  871 ,  1009. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1457 


Barriql'ES,    leur    forme    &    leur    capacité    réglées, 

p.  724. 
Barry,  lieu,  p.   I  197. 
Babtecave,  lieu,  p.   1219. 
BARTHE  (Charles),  maire  perpétuel  de  Belpech  de 

Garnagois,  p.  63y. 

BARTHÉLÉMY  (Pascal),  de  Viviers,  p.  489;  con- 
tribue à  la  création  du  collège  supérieur  de  mé- 
decine fondé  par  Frédéric-Guillaume,  p.  564. 

BARTHÉLÉMY  (Guillaume),  p.  863. 

BARTHÉLÉMY,  conseiller  à  la  cour  des  comptes, 
aides  &  finances,  p.   1097. 

BARTHÈS  (Pierre),  bourgeois  de  Toulouse;  son 
récit  des  événements  accomplis  à  Toulouse  en 
1748,  p.  1087;  extraits  de  son  journal  conte- 
nant des  particularités  sur  l'état  des  protes- 
tants, p.  iii5;  renseignements  fournis  par  lui 
sur  la  mortalité  à  Toulouse  en  1762,  p.  1126; 
sur  les  travaux  d'embellissement  projetés  à  Tou- 
louse, p.  1127;  résumé  qu'il  donne  de  la  situa- 
tion de  la  fortune  publique  &  privée,  p.  n  56; 
sa  description  des  fêtes  données  à  Toulouse  en 
l'honneur  du  premier  président  de  Bastard, 
p.  1180;  renseignements  qu'il  fournit  sur  les 
primes  offertes  pour  la  destruction  des  loups  en 
Gévaudan,  p.  1  içS;  ses  réflexions  sur  la  per- 
sonne de  Louis  XV  &  sur  les  maux  de  son 
siècle,  pp,  1229,  1236,  i263;  détails  au  sujet 
des  fêtes  données  à  Toulouse  à  l'occasion  du 
rétablissement  du  Parlement,  pp.  1270,  1271, 
1272  ;  ses  lamentations  au  sujet  de  l'interdiction 
des  sépultures  dans  les  églises  &  dans  l'intérieur 
des  villes,  p.   1  280. 

BARTHEZ,  chancelier  de  l'université  de  médecine 
de  Montpellier,  p.    1239. 

BARUTEL  DE  LA  RIVIÈRE,  établit  aux  envi- 
rons de  Berne  une  plantation  de  miîriers,  p.  565. 

Bas  (Industrie  des),  importée  à  Magdebourg  par 
des  réfugiés  languedociens,  p.  564. 

—  à  deux  fils,  p.  Sj. 

—  de  soie  de  Languedoc,  p.    1384. 

—  &  bonneterie,  p.  72, 

Bas  Armag.vac,  pp.  471,  474,  1246. 

Bas  Langcedoc,  pp.  8,  11,  5i,  54,  167,  472,  480, 

55o,  738,  918,    1178,   1254,   1255;    isolé   pour 

cause  de  peste,  p.  963. 

Bas  Mo.itauban  (Diocèse  de),  pp.  62,  97,  122,  991, 

1008,   1287,  1243. 
Bas  Mo.ntauba.v  ,  pays  gras;    les   habitants  y  sont 

dans  l'aisance,  p.  697. 
Bas  Poitou,  p.  55 1 . 

Bas  VivABAis,  pp.  96,  1377,  1279,  i386. 
Bas-en-Basset,  p.  1406. 
BASINS,  p.  487. 

BASNAGE,  ministre  protestant  retiré  à  Rotter- 
dam, p.   I  080. 

Basses  Cévemnes,  p.  753. 
BASSET,  juge  de  Revel,  p.  719. 
Bassln  de  Saint-Ferréol,  p.  1062. 
BasSiniers   ou   quêteurs    de    l'ordre    de   la   Merci, 
p.  264. 

BASSOMPIERRE  (d«),  maréchal,  p.  192,  246. 


BASTARD  (de),  doyen  du  Parlement  de  Toulouse, 
pp.   I  161,  I  177,  1229. 

BASTARD  (de),  maître  des  requêtes  au  conseil 
d'Etat,  fils  du  doyen  du  Parlement,  est  nommé 
premier  président  du  Parlement  de  Toulouse; 
réception  qui  lui  est  faite;  sa  reconnaissance  à 
l'égard  des  jésuites,  p.  1179;  fêtes  célébrées  à 
Toulouse  en  son  honneur,  pp.  1179,  1  180;  sen- 
timents d'animosité  contre  lui  dans  le  sein  du 
Parlement,  p.  1  i83. 

BASTARD  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  1202;  nommé  conseiller  au  Parlement 
Maupeou,  p.  1214. 

BASTARD  fils  (de),  nommé  conseiller  au  Parle- 
ment Maupeou,  p.   1214. 

BASTEROT,  abbé,  p.  io23. 

BASTIDE  DE  PAULINAN,  p.  424. 

EASTIEN,  greffier-garde-sac  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.   1414. 

Bastille  (la),  prison  d'Etat,  pp.  242,  246,  925, 
1025;  occupée  par  les  parlementaires  après  le 
départ  de  la  Cour  pour  Saint-Germain,  p.  279. 

Bateaux  de  poste  sur  la  Garonne  en  1660,  pp.   i5, 

43  1. 

Batellerie  dauphinoise,  p.  728. 

—  gênée  sur  la  Garonne  par  le  mauvais  entre- 
tien de  la  rivière,  p.   1276. 

BATIGNE  (Paul),  de  Montpellier,  contribue  à  la 
formation  d'un  collège  de  médecine  par  Frédéric 
Guillaume,  p.  564. 

Bâtiments  croiseurs  armés  par  la  Province,  p.  64. 

BATZ  (de),  officier  protestant  au  service  du  prince 
d'Orange,   p.  618. 

BATUT  (Pierre),  condamné  à  l'amende  pour  con- 
travention aux  mesures  relatives  à  l'épizootie, 
p.  1257. 

BAUDAN,  ministre  protestant,  pp.  7,  275,  299. 
BAUDAN,  trésorier  de  France,  premier  consul   de 
Montpellier,  p.  715. 

BAUDRY  DE  PIENCOURT  (François-Placide  de), 
évéque  de  Mende,  p.  744. 

BAUDUS,  avocat  du  roi  à  Cahors,  p.  1349. 
Baume-des-Fées,  grotte  aux   environs  de  Nimes, 
p.  975. 

BAUME  DE  MONTREVEL.  Foir  MONTREVEL. 
BAUME  DE  SUZE  (Louis-François  de  la),  évéque 

de  Viviers,  p.  i58. 
Baumes,  paroisse  incendiée,  p.  8o5. 
Baumes  (Prieur  de),  p.  742. 
BAUMES  (François),  p.  980. 
Baume,  pp.  i32i,  1410. 
Baussel,  p.  764. 
Bauzelle,  pp.  1240,  1282. 
Bauzon  (Forêt  de),  p.  488. 
Bavas,  en  Vivarais,  p.  1201. 

BAVILLE,  intendant  de  Languedoc.  Foir  LAMOI- 

GNON  DE  BAVILLE. 
Baville,  marquisat,  p.  552. 
BAYAR  (P.),  inquisiteur  à  Carcassonne,  p.  23. 
Bayabd,  en  Vivarais,  pp.  487,  1202. 
Bayard  db  la  CnouzETTE,  p.  868. 


xin- 


1458 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Bavettes,  étoffe  fabriquée  en  Languedoc,  pp.  42, 
698. 

BAYLE  (Pierre),  abjure  d'abord  le  protestantisme, 
retourne  ensuite  à  la  religion  de  sa  famille,  en- 
seigne à  Rotterdam;  ses  lettres  véhémentes  sur 
la  persécution  des  réformés  &  sur  les  conver- 
sions militaires,  pp.  565,  566. 

BAYLE,  docteur  en  médecine,  mainteneur  des 
Jeux-Floraux,  p.  661. 

Bayonne,  pp.  83,  88,  Spo,  716,  848,  1  178,  124'  > 
répizooiie  y  est  importée  par  des  cuirs  venus  de 
Hollande,  p.  iiii. 

BAUYN  D'ARGEVILLIERS,  nommé  membre  du 
conseil  de  commerce,  p.  716. 

Bazacle  (Moulin  du),  à  Toulouse,  p.  1276. 

—  (Porte  du),  à  Toulouse,  p.  326. 
Bazas,  pp.  368,  1261. 

Baziége,  pp.  1004,  1070,  1084,  1241,  i25i,  1265, 
1376,  1402,  1404;  union  de  la  maison  Saint- 
Lazare  à  l'hôpital,  p.  33. 

—  (Consuls  de),  p.   1 1  i3. 

—  (Forêt  de),  pp.  79,  82,   1070. 
BAZIN  DE  BEZONS.  Foir  BEZONS. 
Bazus,  p.   I  241 .  t- 

Béabn,  pp.  23,  III,  708,970,  1246;  désolé  par 
l'épizootie  de  1774,  p.  |232. 

—  (Princes  de),  p.  319. 

Beaucaike,  pp.  12,  14,  27,  35,  46,  47,  5i,  55,  57, 
63,  69,  73,  80,  81,  83,  85,  88,  90,  92,  94,  104, 
109,  116,  118,  119,  123,  241,  299,  362,  385, 
387,  470,  479,  5i6,  65o,  728,  747,  822,  902, 
944,  952,  972,  973,  1012,  io55,  1129,  ii32, 
ii33,  ii34,  I i36,  1149,  1226,  1406,  1428; 
obtient  deux  remises  d'impôt,  l'une  de  6,000  8c 
l'autre  de  10,000  livres,  p.  56;  la  Cour  y  passe 
se  rendant  en  Provence,  p.  382;  ses  armoiries, 
p.  687;  projet  de  canal,  p.  383,  384,  385,  386, 
387,  388;  les  pères  de  la  Doctrine  chrétienne  y 
dirigent  un  collège,  p.  695;  Villars  y  débarqije, 
p.  825;  réunie  de  nouveau  au  domaine  du  roi, 
p.  955;  donnée  en  fief  avec  son  territoire  au  pe- 
tit-fils de  Fouquet;  réclamation  des  populations  ; 
protestationsdes  consuls,  p.  955;  retour  de  cette 
ville  au  domaine  de  la  couronne,  p.  956;  alar- 
mes causées  par  la  peste  de  Provence;  la  foire 
n'a  pas  lieu  en  1721,  p.  960;  procession  de  la 
châsse  de  sainte  Marthe,  p.  961;  ses  consuls 
visitent  Tarascon  après  la  peste  de  1721,  p.  969. 

—  (Chemin  de),  p.  94. 

—  (Foire  de),  p.  700;  son  importance,  p.  7o3; 
détails  sur  cette  foire,  p.  727;  interrompue  pour 
cause  de  peste,  p.  960. 

—  (Pont  de),  p.  93. 

—  (Port  de),  pp.  64,  65. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.  66y  195,  i3io,  i366. 

—  (Terroir  de),   p.  960. 

—  (Suppression  de  la  généralité  de),  p.  4. 
Beauciiastel,  Heu,  pp.  125,  535,  533,  1066,  1201. 
BEAUCAYRE  (de),  p.  619. 

BEAUFORT  (Marquis  de),  p.  21. 
BEAUFORT  (Duc  de),  pp.  59,  279,  337,  1071. 
Beaufokt,  métairie  près  le  pont  Crouzct,  p.   1257. 
Beaulias-Dessous,  pp.  871,  872. 


Beaulias-Dessus,  pp.  871,  872. 

Beaulieu,  en  Vivarais,  pp.  53,  1202. 

BEAUMARCHAIS,  p.  676. 

Beaumont,  en  Vivarais,  p.   10,  341,  1202,  1402. 

BEAUMONT  (Louis  de),  p.  35. 

Beaumont-de-Lom*g>e,  p.  1404. 

BEAUNE  (Vicomte  de),  pp.  21,  23,  55,  ioï6. 

BEAUNE  (Comte  de),  p.  1  197. 

Beaupuy,  en  Rouais;  ses  armoiries,  p.  688. 

Beauregard  (Château  de),  prison  royale  en  Viva- 
rais, pp.  741,   I  101,  I  142,  1226. 

BEAUREGARD  (Abbé  de),  agent  du  clergé  à  Paris, 
pp.  257,  258,  320,  264. 

BEAUSSET  (Louis-François),  évêque  d'Alais,  doit 
faire  partie  de  l'assemblée  des  notables,  pp.  i335. 

Bealteville,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

Beauvais,  p.  364. 

BEAUVAU  (René-François  de),  archevêque  de 
Toulouse;  son  rapport  au  sujet  du  mémoire  des 
gentilshommes,  pp.  932,  933;  est  nommé  arche- 
vêque de  Narbonne;  tient  sur  les  fonts  de  bap- 
tême, au  nom  de  la  Province,  un  petit-fils  de 
M.  de  Bernage,  p.   io35. 

BEAUVAU  (Prince  de),  commandant  en  Langue- 
doc, pp.  101,  102,  io3,  104,  io5,  106,  107, 
108,  1198;  successeur  du  duc  de  Fitz-James 
comme  gouverneur  de  la  Province,  p.   1  192. 

BEAUVEAU,  maître  des  œuvres  royales  en  Lan- 
guedoc; ses  propositions  pour  la  construction 
d'un  canal,  p.  454. 

BEAUVEZET,  trésorier  de  France  à  Montpellier, 
p.   io3  I. 

BEAUVILLIERS  (Duc  de),  p.  881. 

Beauvoisin,  p.  765. 

Bec  de  Jun,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Bédabieux,  pp.  56,  77,  88,  90,  92,  112,  119,  122, 
354,,  699,  963,  975,  1077,  1401;  intervention 
des  États  pour  les  catholiques  contre  les  protes- 
tants, p.  1  I . 

Bedeille,  commune,  p.  1009. 

Bédouez,  p.  799. 

—  (Chapitre  collégial  de),  p.  799. 
BEGUE,  secrétaire  des  Jeux-Floraux,  p.  662. 
BÉGUÉ,  greffier,  p.    Ii58. 

BEISSADE,  chirurgien  de  Marvéjols,  p.  962. 

Beissas,  en  Vivarais,  p.   1201. 

BELARBRE  (Régiment  de),  p.  957. 

Belcaire,  dans  le  pays  de  Sault,  pp.  356,  639, 
870. 

Belcastel,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

BELCASTEL  (de),  officier  protestant  au  service  du 
prince  d'Orange,  p.  618;  chargé  de  lever  des 
troupes  étrangères  pour  être  envoyées  au  secours 
des  camisards,  p.  818. 

BELCASTEL  (de),  nommé  conseiller  au  Parlement 
Maupeou,  p.  1214. 

Bélesta,  pp.  96,  97,  99,  io2;  sa  fontaine  inter- 
mittente, p.  697. 

—  baronnie,  p.  36i. 

—  (Terres  de),  p.  363. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1459 


V 


Bélesta-Laub  AGA  is,  au  diocèse  de  Mirepoix, 
p.   1309. 

BELESTA  (de),  pp.  414,  471,  619. 

BELESTA  (Marquis  de),  capitoul  de  Toulouse, 
pp.   1293,   i3i9, 

Belflou,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

Bei.fobt,  au  diocèse  d'Alet,  p.   1008. 

BELhOKT,  dans  la  haute  Als.ice,  p.  SyS. 

BELLARMIN,  p.   roi5. 

Beli.egarde;  démolition  de  son  temple,  p.   10. 

Bellegarde,  place  forte,  p.  297,  5i6. 

Bellegarde,  p.  779;  on  y  est  favorable  à  la  créa- 
tion du  canal  de  Beaucaire,  p.  3o'7. 

Bellegarde,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

BELLEGARDE  (de),  gentilhomme  de  Gaston  d'Or- 
léans, p.   186. 

BELLEGUISE,  traitant,  p.  5 ri. 

Belle-Isle-en-Mer,  p.  o53;  échangée  contre  plu- 
sieurs fiefs  en  Languedoc,  p.  9Ô4. 

BELLE-ISLE  (Comte  de),  pp.  66,  ç58,  959,  986, 
991. 

BELLE-ISLE  'Comte  de),  petit-fils  de  Fouquet, 
p.  953;  échange  de  Belle-Iile  contre  des  fiets  en 
Languedoc,  pp.  504,  9.I5,  956;  réveil  de  cou- 
tumes féodales,  pp.  957,  958,  969,  960. 

BELLE-ISLE  (Maréchal  de),  p.  1  iSi. 

Belle-Oreille,  prétendu  nom  d'un  démon,  p.  976. 

BELBÉRAUD,  p.  63;. 

Belleperche,  abbaye;  ses  armoiries,  p.  63^. 

BELLEVAL,  acquéreur  de  l'office  de  maire  à  Mont- 
pellier, est  remboursé,  pp.  714,  715. 

BELLEVAL,  président  à  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances  de  Montpellier,  p.   1097. 

BEF^LEVAL  (Abbé  de),  chanoine  &  prévôt  du  cha- 
pitre de  Montpellier,  p.  1069. 

BELLEVILLE(Isabeau  de),  p.  J76. 

BELLISSENS  (Louis  de),  major  de  la  ville  de  Nar- 
bonne,  pp.  345,  346. 

BELLOG  (de),  conseiller-président  au  Parlement 
Maupeou,  p.   1214. 

BELLOCQ  (Pierre  de),  p.    127. 
BELLONET,  notaire  à  Montpellier,  p.   ip6,^. 
BELLOT  (Jean-Jacques  de),  seigneur  de  la  V'oulte, 
p.  863. 

BELMONT  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 

BELMONT  fils,  négociant  à  Toulouse,  p.   i363. 
BELOT,  capitoul,  p.  948. 
Belpech  de  Garnagois,  p.  âSp. 

BeLPECII,    pp.    871,     1223. 

BKLSUNCE  DE  CASTELMORON  (François-Xavier 
de),  évéque  de  Marseille,  pp.    ic2i,   loii. 

Eei.vkze,  au  diocèse  de  Limoux,  pp.  1008,  1218, 
1219. 

Belvezer,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Eelvis,  p.  1376. 

BENABEN   DE  LAGASSE,  p.   1402. 

Bekais,  au  diocèse  d.-  Mirepoix,  pp.  871,   1009. 

Bênëdictiks  de  l'abb.iye  d'Aniane,  p.  863. 

—  de  la  Daurade,  p.  348. 


BENEZET,  de  Vauvert,  p.  748. 

BENEZET  (François),  ministre  protestant,  est  ar- 
rêté après  une  assemblée  tenue  près  du  Vigan, 
conduit  à  Montpellier,  il  y  est  jugé,  condamné 
&  exécuté,  pp.  86,   1  I  16. 

BENOIT  (Bernard),    avocat  au   Parlement,    capi- 
toul, pp.  243,  244,  243. 
BENOIT  (de),  p.  i352. 
BENTIVOGLIO,  p.  247. 
Bkrat,  commune,  pp.   122,  1009. 
—  (Baronnie  de),  p.   i253. 

BERAUD  (Paul),  surnommé  l'Apôtre-Saint-Paul, 
p.  616. 

BERCHÈRE   (de    la),    intendant    de  Montauban, 

p.  .55 1. 
BERCHÈRE  (de  la),  archevêque  de  Narbonne.  Felr 

LE  GOUX  DE  LA  BERCHÈRE. 
BERCHÈRE  (de  la)  maître  des  requêtes,  p.  072. 
BÉRENGUIER,  avocat,  p.  3  16. 
Eehexs,  bois,  p.  474. 
Bergerac,  p.  1087. 

Beroames,  fabriquées  à  Toulouse,  p.  697. 
BERGERCN,  capitoul,  p.  418. 
KERGtRON  (Jacques),  maire  de  Fanjaux,  p.  864. 
BERGE  (de),  p.   i352. 
Bergognom,  ravagé  par  la  peste,  p.  962. 
Berlas,  p.  1370. 

Berlin,  fondée  par  les  réfugiés  protestants  fran- 
çais, pp.  56i,  554. 

Eeri.ou,  p.  394. 

BERMOND  DU  CAYLAR  (Louis  de),  marquis  de 
Toiras,  seigneur  de  Saint-Bonnet,  p.  363. 

BERMOND  DU  CAYLAR  DE  THOIRAS  DAM- 
BOISE  (Elisabeth-Marie-Louise-Nicole  de),  com- 
tesse d'Aubijoux,  p.  363. 

BERMOND  (Mathieu),  juge  banneret,  p.  957. 

BEP.NAGE  (Louis  de),  chevalier,  seigneur  de  Saint- 
Maurice,  Vaux,  Chaumont  &  autres  lieux, 
conseil  1er  d'Etat,  in  tendant  de  Languedoc,  pp.  56, 

57,   58,  09,  72,   873,   938,   975,   999,    1111,    I  173  ; 

conseiller  d'Etat,  succède  à  Eâville  comme  inten- 
dant de  Languedoc,  p.  922;  son  voyage  à  Tou- 
louse, p.  922;  sa  lettre  aux  capitouls  de  Tou- 
louse, a  propos  du  passage  de  l'ambassadeur  de 
la  Porte,  p.  949;  règle  la  solde  des  compagnies 
de  gardes-côtes,  p.  9Ô0  ;  appuie  les  réclamations 
des  habitants  de  Beaucaire,  lorsque  cette  ville 
est  donnée  en  fief  au  comte  de  Eellc-Isle,  p.  955; 
interdit,  en  1721,1a  foire  de  Beaucaire,  pp.  960, 
961  ;  ses  instructions  au  sujet  de  la  peste,  p.  964; 
sa  lettre  au  sujet  de  la  misère  dans  la  Province, 
p.  966;  ses  lettres  relatives  à  la  peste  de  1721, 
pp.  966,  967,  968,  969;  fait  une  tournée  dans 
les  Cévennes,  p.  968;  prescrit  des  mesures  d'en- 
semble pour  purger  le  pays  des  sauterelles, 
p.  972;  texte  de  la  sentence  prévôtale  rendue 
par  lui  dans  l'affaire  des  Enfants  de  Dieu  ou 
Multipliants,  p.  980;  rend  compte  des  exécu- 
tions au  ministre,  p.  981;  adjoint  son  fils  à 
l'intendance  de  Languedoc,  p.  996;  continue 
de  vivre  en  termes  très-froids  avec  l'évéque  de 
Nimes;  installe  son  fils  après  l'avoir  présenté 
aux   Etats,   p.    1000;    intervient  au  sujet  de  la 


1460 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


propriété  du  lit  du  Rhône,  p.  1001  j  un  de  ses 
petits-fils  est  filleul  de  la  Province,  p.   io35. 

BERNAGE  DE  SAINT-MAURICE  (Louis-Basile  de), 
pp.  io3i,  iiii,  i4o3;  quitte  l'intendance  de 
Montauban  &  se  rend  près  de  son  père  afin  de 
s'initier  aux  affaires  du  LangLiedoc,  p.  996;  est 
présenté  par  son  père  aux  principaux  person- 
nages de  la  Province;  sa  correspondance  avec 
le  ministre  au  sujet  du  différend  qui  avait  di- 
visé son  père  &  l'évêque  de  Nimes,  pp.  1000, 
1001;  obtient  une  diminution  sur  les  imposi- 
tions, pp.  1004,  ioo5;  transmet  à  la  Cour  les 
détails  de  l'inondation  de  1717,  pp.  1007,  1008; 
détails  donnés  par  lui  au  ministère  sur  les  que- 
relles des  évêques  &  des  subdélégués,  pp.  1010, 
ICI  I  ;  continue  contre  les  habitants  du  littoral 
des  étangs  les  errements  de  Bâville,  p.  loSS; 
devient,  en  1743,  prévôt  des  marchands  de  Paris 
&  est  remplace  par  Le  Nain  dans  ses  fonctions 
d'intendant,  p.   1075. 

BERNAGE  (François-René-Languedoc  de),  filleul 
de  la  Province,  p.  io35. 

BERNARD  DE  FOIX  DE  LA  VALETTE,  duc 
d'Épernon.  Voir  ÉPERNON. 

BERNARD  DE  BALLAINVILLIERS.  Voir  BAL- 
LAINVILLIERS. 

BERNARD  (Alexandre),  syndic  de  la  jeunesse  du 
diocèse  d'Alet,  p.  41!?. 

BERNARD,  ancien  sénéchal  de  Béziers,  p.  479. 

Bernassonne,  affluent  du  Sor,  p.  460. 

Berne;  des  manufactures  y  sont  créées  par  des 
protestants  français,  p.  565. 

Beiînis,  village,  pp.  36,  767,  768. 

BERNIS  (François  de  PIERRE  de),  archevêque  de 
Damas,  coadjuteur  d'AIbi  ;  doit  faire  partie,  en 
1786,  de  l'assemblée  des  notables,  p.  |335;  dé- 
puté aux  Etats  généraux,  p.   1376. 

BERNIS  (Comte  de),  p.   117. 

BERNIS  (Marquis  de),  pp.   108,  1288. 

BERNIS  (Vicomte  de),  p.  11  1 . 

BERNIS  (de),  p.   118. 

Berriac,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 

BERRIAC  (François-Antoine  Roudil  de),  maire 
perpétuel  de  Carcassonne,  p.  i  169}  continue  le 
dessèchement  de  l'étang  de  Ma  rseillette,  pp.  1 160, 
1161. 

Berrias,  mandement,  p.  863. 

Berby,  pp.  443,  444. 

—  (Régiment  de),  p.   1 167. 

Bersac,  en  Vivarais,  p.  1226. 

BERTHAULT,  graveur,  p.   119. 

BERTIER  (Jean-Louis),  évêque  de  Rleux,  pp.  145, 
i58,  282,435;  ses  démêlés  avec  le  marquis  de 
Rabat,  pp.  264,  255,  256,  257,  208,  259,  260; 
sa  plainte  à  l'archevêque  de  Narbonne,  p.  255; 
reçoit  les  excuses  du  marquis  de  Rabat,  p.  265; 
son  approbation  donnée  aux  Filles  de  l'Enfance 
au  moment  où  elles  s'établirent  dans  son  dio- 
cèse, p.  577. 

BERTIER  (Pierre  de),  coadjuteur  de  Montnubnn, 
évêque  d'Utique,  pp.  11,  329,  435;  noms  des 
grands  personnages  dont  il  a  prononcé  l'orai- 
son funèbre,  p.   178. 


BERTIER  DE  MONTRABE,  premier  président  au 
Parlement  de  Toulouse,  pp.  8,  i35,  142,  143, 
247,  363,  418,  1082;  son  projet  de  faire  trans- 
férer à  Toulouse  la  chambre  de  l'édit  de  Castres, 
p.  283;  se  rend  à  l'hôtel  de  ville  au  sujet  de 
la  sortie  du  matériel  de  guerre,  p.  326,  327;  sa 
mort;  ses  funérailles;  service  funèbre  célébré  en 
son  honneur  par  les  Ktats;  choix  de  son  suc- 
cesseur, p.  348;  son  portrait,  p.    1415. 

BERTIER  DE  SAINT-GENIÈS,  p.  418. 

BERTIER  (Philippe  de),  p.  477,  présente  au  car- 
dinal les  hommages  de  la  Province,  p.  478. 

BERTIER  (Marquis  de),  pp.   I225,  l352. 

BERTIER-MONTRABE  'Marquis  de),  p.  i352. 

BERTIER,  avocat  général,  mainteneur  des  Jeux- 
Floraux,  p.  661. 

BERTIN,  pp.  1139,  1234;  texte  de  sa  quittance  à 
Jean  Daspe  pour  l'achat  de  l'office  de  maire  de 
Toulouse,  p.  641 . 

BERTRAND,  premier  président  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.   1415. 

BERTRAND,  officier  municipal  à  Toulouse, 
p.   1415. 

BERTRANDI,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1218. 

Berzème,  en  Vivarais,  pp.   1197,   1201. 

BERWICK  (Maréchal,  duc  de) ,  commandant  en 
chef  dans  la  Province,  pp.  41,  858,  949,  1 1  74  ; 
son  ordonnance  concernant  Catlnat,  pp.  859, 
860;  inspecte  la  côte  d'Aigues-raortes,  p.  86d; 
commande  en  Dauphiné,  p.  879;  envoie  au 
régent  la  déclaration  d'Aranjuez  du  27  avril 
1719;  reçoit  des  députés  des  provinces  de  Bis- 
caye &d'Alava,  p.  939;  refuseau  nom  du  régent 
un  agrandissement  de  territoire,  p.  940. 

Bes,  lieu,  p.  488. 

Bês,  logis  incendié  pour  cause  de  peste,  p.  962. 

Besancon,  p.  98. 

BESAUCÈLE  (de),  pp.    I232,  1236,   1247. 

Bessas,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Besse,  p.  1407. 

BESSE,  historien  des  archevêques  de  Narbonne, 
p.  391. 

BESSE,  juge  de  Puylaurens,  p.  729. 

Bessède,  au  diocèse  d'Alet,  p.  1008. 

Bességes,  p.  747. 

BESSET,  capitoul  de  Toulouse,  pp.  221,  2ï5,  226, 
228. 

Besset,  coteau,  p.  6i5. 

Bessières,  pp.  108,  116,  639. 

—  (Hôpital  de),  pp.  33,  696. 
BESSON  (Jean),  p.  980. 
BESSONIÉ,  p.  101. 

Bestiaux,  pp.  36,  698;  ne  peuvent  être  saisis, 
pp.  76,  90;  cause  de  leur  mortalité  en  Gévau- 
dan,  p.  1034;  dévorés  par  les  loups  en  Gévau- 
dan  &  en  .Auvergne,  p.  1  194. 

—  (Conducteurs  de),  p.    1241. 

Bétail,  pp.  64,  698;  ne  peut  être  saisi,  p.  70;  dé- 
fense de  le  saisir  renouvelée  en  1748,  p.  83;  ne 
peut  être  saisi  en  Languedoc,  p.  1  i3;  de  labou- 
rage enlevé  par  les  troupes  royales,  p.  334;  ^^" 
truit  pour  cause  de  peste,  p.  962;  noyé,  p.  1010. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1461 


Bête  du  Gévaudan,  pp.   1194,  iipS. 
Bktes  à   cornes,    pp.  79,    11  i,    1233,    1235,    I25i, 
1384. 

—  à  laine,  pp.  79,  80,  i25i,  i384;  leur  diminu- 
tion  en  Gévaudan,  p.   iii3. 

—  de  somme,  p.   1384. 

BÉTHISY  DE  MÉZIÈRES ,  évêque  d'Uzès,  député 
aux  Etats  généraux,  pp.   1376,  1392. 

Bèthune,  p.  373. 

BÉTHUNE  (Henri  de),  archevêque  de  Bordeaux; 
réception  de  Pierre  de  Marca  lors  de  son  pas- 
sage, p.  431. 

BETOU,  chanoine,  à  Toulouse,  p.   i356. 

BEUIL  (Chevalier  de),  p.   188. 

BEULAYGUE,  de  Rochegude,  camisard,  p.  40. 

Beixe,  terre,  en  Poitou,  p.  552. 

BEYMARD,  p.   1408. 

Bëzieks,  ville  épiscopale,  pp.  6,  ïo,  22,  33,  43, 
59,  69,  71,  82,  92,  97,  99,  112,  1 13,  I  16,  119, 
120,  124,  12S,  129,  147,  i56,  304,  307,  332, 
36i,  38r,  432,  472,  495,  5i5,  664,  863,  882, 
885,  890,  964,  990,  1004,  1010,  1020,  io3i, 
1  i3':>,  1142,  1149,  1218,  1236,  i3i4,  i333, 
1348,  1370,  1376,  1378,  i38o,  1391,  r398, 
1400,  1401,  1418,  1428;  établissement  dune 
quarantaine,  p.  56;  le  premier  consul  offre  un 
magnifique  festin  à  la  députation  des  Etats  à 
son  retour  de  Toulouse,  p.  289;  troubles  du- 
rant la  Fronde,  pp.  3^2,  3?3;  élections  consu- 
laires de  i652  ;  peste;  ferme  ses  portes  aux  trou- 
pes royales,  p.  334;  les  Etats  y  sont  ouverts  en 
1664,  p.  i3o;  chiffre  de  sa  population  en  1698, 
d'après  Bâville,  p.  692;  les  jésuites  y  dirigent  un 
collège,  p.  695;  son  hôpital,  sa  maladrerie, 
p.  696;  productions  agricoles  &  industries  loca- 
les, p.  699. 
.  —  (Citadelle  de),  p.  |63. 

—  (Consistoire  protestant  de),  p.  19. 

—  (Consuls  de),  p.   121. 

—  (Couvent  des  religieux  réformés),  p.   16. 

—  (Diocèse  de),  pp.  56,  57,  90,  94,  97,  98,  99, 
100,  102,  104,  io6,  107,  114,  126,  162,  5io, 
619,664,755,  1028,  1081,  ii32,  1129,  1 i3o, 
1149,  1177,  1178,  1287,  1400;  ravagé  parla 
grêle  en  1727,  p.  ioo3. 

—  'Evêques  de),  pp.  65i,  952,  çSi,   1029,   io65. 

—  (Sénéchal  de),  p.   1211. 

—  ^Sénéchaussée  de),  pp.  696,  962,  i367,  1377, 
.383. 

BKZONS  (Claude  Bazin  de),  visiteur  de  Catalogne, 
puis  intendant  de  Languedoc,  pp.  16,  2;^,  21, 
126,  i32,  357,  365,  3îii,  337,  440,  467,  479, 
5i3,  799,  1045;  intendant  de  l'armée  de  Cata- 
logne, p.  297;  son  discours  relatif  à  l'ordre  à 
mettre  dans  les  affaires  des  communes,  p.  396; 
est  nommé  un  des  deux  commissaires  exécu- 
teurs de  l'édit  de  Nantes,  p.  424;  manière 
dont  il  entend  la  destruction  des  temples  pro- 
testants, p.  ,426;  sa  lettre  à  Colbert  après  la 
clôture  des  Etats  de  1664,  p.  437;  partage  les 
charges  de  l'intendance  avec  Charles  de  Ttibcuf, 
p.  447;  visite  Toulouse  par  ordre  du  roi  &  s'oc- 
cupe de  la  querelle  de  l'évocation  générale, 
pp.  449,   450;   termine    une  affaire   intéressant 


les  lépreux,  p.  45o;  durant  les  études  du  canal 
de  Languedoc,  entrevoit  la  possibilité  d'un  canal 
amenant  les  marchandises  de  Lyon  jusqu'à  Bor- 
deaux, par  le  Rhône,  l'étang  de  Thau,  les  bas- 
sins de  l'Hérault  &  de  l'Orb,  p.  46 1  ;  demande 
aux  États  le  don  gratuit  &  fait  ressortir  l'avan- 
tage que  retirerait  le  commerce  intérieur  de  la 
création  du  canal  de  Languedoc;  en  rentrant  à 
la  Cour  il  emporte  les  plans  &  les  devis  du 
canal,  p.  462;  visite  la  rigole  d'essai  du  canal 
en  compagnie  de  Tubeuf,  p.  463;  est  avec  son 
collègue  "Tubeuf  commissaire  départi  pour  la 
réforme  des  forêts,  p.  466;  son  discours  aux 
États  sur  la  justice  légale  &  la  justice  originelle, 
p.  477;  juge  prévôtalement  les  insurgés  du  Vi- 
varais,  p.  496;  ne  se  trouvant  pas  toujours 
d'accord  avec  le  cardinal  de  Bonzi,  il  demande 
à  rentrer  au  conseil  d'État,  p.  ôoo;  écrit  à  Ni- 
colas Pavillon  au  sujet  de  l'affaire  de  la  régale, 
p.  504. 

Bezoisse,  commune,  p.   126. 

BiDASSOA,  p.  372. 

BiDOu,  en  Vivarais,  pp.   io3,   1201. 

Biens  abandonnés,  pp.  36,  48,  ôo,  53,  57,  62,  66, 
89,  loôi,  1125;  règlement  pour  leur  adjudica- 
tion, p.  3o;  décharge  des  adjudicataires  des  arré- 
rages de  taille,  p.  43;  des  diocèses  d'AIbi  &  de 
Narbonne  dispensés  de  taille,  p.  62;  droits  des 
maires  &  des  consuls  contraires  aux  droits  sei- 
gneuriaux, p.  933. 

—  affranchis  frappés  par  l'impôt  du  dixième, 
p.  888. 

—  aliénés  rachetés,  p.  52. 

—  confisqués  aux  protestants,  p.  19. 

—  ecclésiastiques,  p.  i339;  leur  aliénation  de- 
mandée, p.    1 382. 

—  fondés  en  présomption  de  nobilité,  p.  55. 

—  fonds,  pp.  53,   1339. 

—  nobles,  pp.  68,  931,  932;  frappés  par  l'impôt 
du  dixième,  p.  888. 

—  nobles  ou  roturiers,  p.  2S. 

—  patrimoniaux  des  commîmes,  p.  1  184. 

—  purement  séculiers  appartenant  au  clergé,  com- 
pris dans  l'impôt  de  capitation,  p.  674. 

—  roturiers,  pp.  34,  49,  ^>^,  57,  70,  93  1  ;  soumis 
à  l'imposition  pour  construction  &  réparations 
d'églises,  p.  3i  ;  soumis  à  des  impôts  désignés, 
p.  45;  appartenant  à  Saint-Pons  de  Thomières, 
p.  62;  possédés  par  les  bénédictins  d'Aniane, 
p.  70;   frappés  par  l'impôt  du  dixième,  pp.  888. 

—  saisis  &  vendus  par  les  consuls  d'AIbi,  p.  309. 

—  sujets  à  la  taille,  p.  46. 

—  communaux  de  Languedoc,  pp.   29,  53,  1  192. 

—  de  la  ville  de  Beaucaire,  p.  48. 

—  des  communes  appartenant  par  moitié  aux  ca- 
tholiques, p.  19. 

—  du  clergé,  p.  1396;  l'immunité  fiscale  qui  leur 
est  accordée  attaquée  par  la  cour  des  aides  de 
Montpellier,  p.   i36o. 

—  de  mainmorte,  p.  492. 

—  des  protestants  absents  du  royaume  confisqués, 
p.  559. 

BIGNON,  pp.  222,  223. 


1462 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


BicoBr.E,  pp.  469,  471,  1261. 

—  (Pays  de)  ,  p.  471  • 

Bijouterie  berlinoise,  perfectionnée  par  des  mon- 
teurs de  pierres  fines  venus  du  Languedoc, 
p.  564. 

BILLARD  (Guy);  sa  lettre  détaillant  un  projet  de 
soulèvement  dans  les  Cévennes  en    1709,  p.  878. 

BILLARUERIE  (de  la),  lieutenant  des  gardes  du 
corps,  p.  9ZÔ. 

BiM-ETS  de  banque,  pp.  5.Ï,  53,  971;  leur  cours 
(orcé  cause  de  grandes  perturbations,  p.  944; 
leur  dépréciation,  pp.  940,  946. 

Billot  (Tour  de),  pp.  33,  818;  incendiée,  p.  796. 

HILLOT,  premier  curé  de  Croix-Daurade,  p.  1225. 

KIOULE,  baron,  p.   iSj. 

BIOULES  (Comte  de),  lieutenant  général  en  Lan- 
guedoc, pp.  7,  M,  i3,  2Q7,  3  32,  325,  328,  346, 
367,  370,  33  1;  chevalier  du  Saint-Esprit,  p.  405. 

BIul'LES  (Comtesse  de);  amendes  prononcées  con- 
tre   elle    pour    cause    de  ^dévastation   de    bois    & 
(orêts,  p.  463. 
\  BIRON  (Louis-Anne   de   Gontaut,  duc  de),  maré- 

I  \  chai  de  France,  est  nommé  gouverneur  de  Lan- 

■;  \     ,  guedoc,  le  27  juillet  1775;  son  œuvre  de  réforme 

'  militaire,    pp.     112,    1274;    léside    à    Paris;    sa 

;\  piété;    magnificence  du    train   de  sa   maison;  le 

secrétaire  de  ses  commandements,  p.  1275; 
meurt  dans  son  hôtel  de  la  rue  de  Varennes, 
p.  i25o. 

Biscaye,  province  d'Espagne,  pp.  927,  939. 

BiSE;  houillères  à  proximité  du  canal,  p.  1283. 

BISSEZ,  p.  892. 

BISSY  (Cardinal  de),  p.   1000. 

BITAUD,  conseiller  au  Parlement,  p.  9. 

BiTTEr.r.ois,  p.  699. 

BizE,  pp.  98,  100,  1178,  1370. 

BL.ANAVES,  p.  41. 

BLANC  (Jean),  maître  brodeur,  p.    199. 

BLANC,  habitant  de  Carcassonne,  p.  36i. 

BLANC  (de),  nommé  conseiller  au  Parlement  Mau- 
peou,  p.  1214. 

Blanchissei'i;S  de  lin  &  de  chanvre  appelés  de 
Normandie,  pp.  941,  942. 

BLANUINIÈRES  (Pierre),  acquéreur  de  lettres  de 
maîtrise  d'arts  &  métiers,  p.  7. 

BLANDINIÈRES,  premier  capitoul  de  robe,  p.  658. 

Blagnac,  village,  pp.   171,  1282,  1404. 

—  (Château  de),  p.   1282. 
BLANQUET,  médecin,  p.  962. 
BLANQUEÏ  DE  ROUVILLE,  vicomte  de  Trébons, 

conseiller  au  Parlement  de  Toulouse;  ses  pians 
de  réformes  exposés  dans  sa  correspondance  avec 
le  contrôleur  général,  pp.   1298,   1299, 

Blanzac,  lieu,  pp.  16,  77,  i  141,  1406. 

Blavignac,  p.  1407. 

Blaye,  pp.  519,  725. 

BLAYNE  (Marie),  p.  979,  980. 

Blé,  pp.  105,698,  699,  7o3,  722,  iii3;  descen- 
dant la  Garonne,  enlevé  à  Toulouse  dans  une 
émotion  populaire,  p.  171;  noyé  dans  les  Cé- 
vennes,  p.    790;   manque   complètement   après 


l'hiver  de  1708-1709,  p.  876;  sa  rhcrté  8t  sa 
rareté  dans  les  campagnes;  la  Province  en  vend 
au-dessous  du  cours;  prix  payés  dans  différentes 
villes,  pp.  898,  899;  délivré  par  la  Province  en 
Gévaudan  &  au  diocèse  de  Mende,  pp.  1012, 
io34;  lieux  où  on  le  cultive  en  Languedoc, 
p.  697. 
Blés,  pp.  38,  481;  affranchis  des  droits  de  sortie, 
p.  44;  coupés  par  la  grêle,  p.  1010;  séchés  & 
brûlés  par  les  brouillards,  p.  1004;  leur  expor- 
tation est  interdite,  p.  8;  le  commerce  en  est 
libre;  l'entrée  de  la  Province  défendue  aux  blés 
étrangers,  p.  35;  de  Languedoc  sortent  libre- 
ment, p.  38. 

—  du  Levant,  p.  48. 

Bi.ÈNEAu,  où  est  battu  le  prince  de  Condé,  p.  337. 
Blesle,  p.  1406. 

BLISTERSTVICH  DE  MONCLEY   (Antoine-Fran- 
çois), évèque  d'Autun,  p.   io23. 
Blois,  pp.   i85,  1069. 

—  (Château  de),  p.  i5;  résidence  ordinaire  de 
Gaston  d'Orléans,  p.   i85. 

Eloaiac,  au  diocèse  de  Carcassonne,  pp.  871 ,  1008. 

—  (Seigneurs  de),  p.   1159. 
BLOTTIÈRE  (de  la),  p.  73. 

BOCAUD,  président   à   la    cour   des  comptes,  aides 

&  finances,  p.  1097. 
BOETON,  un  des  conjurés  du  complot  de  Nimes, 

p.  858. 
Boeufs,  p.  1234. 

—  (Maladie  des),  p.  80. 

—  importés  en  Languedoc,  p.  704. 

—  de  la  Camargue  décimés  par  l'épizootie,  p.  901. 
Boffre,  en  Vivarais,  p.   1201. 

BoHABDt,  baronnie,  p.  553. 

BoiiiîME  (Armée  de),  p.   1064. 

BOILEAU,  docteur  en  Sorbonne,  pp.  445,  552. 

BOILEAU  (de),  p.    io36. 

BOIRARGUES,  trésorier  de  France,  p.   1045.      . 

BOIRE,  meinbre  du  conseil   ordinaire  de  la  vlgue- 

rie  de  Llmoux,  p.    1207. 
Pois.   Voir  FoKÊis. 
Bois,  pp.  59,  60,  1006;  leur  conservation,  p.  1026. 

—  (Vente  de),  p.    120. 

—  à  brûler,  pp.  966,  1384;  sa  rareté  au  Puy, 
p.  488. 

—  de  construction,  p.  488. 

—  flottés,  p.  441 . 

—  flotté  au  Puy;  divers  essais  tentés  pour  en  faire 
le  commerce,  p,  489. 

—  de  Campéche,  p.  60. 

—  communaux,  pp.  91,  io3,  127;  règlement  pour 
l'exploitation  de  ceux  de  la  généralité  de  Mont- 
pellier, p.  82. 

—  de  Boulogne,  p.  911. 

BOISEAU,  prêtre  tué  par  les  camisards,  p.  764. 
BOISROBERT,  de  l'Académie  française,  p.  247. 
BoissET,  p.  426. 
BOISSET,   conseiller  au   Parlement    de  Toulouse, 

p.  352. 
BOISSET  (François),   conseiller  au   Parlement  de 

Toulouse,  p.  864. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1463 


BOISSET-GLASSAC  (Vicomte  de),  p.   i355. 

BoissEzON,  pp.  60,  84,  85;  ses  armoiries,  p.  687. 

BOISSEZON  (Comte  de),  p.  92. 

BOISSEZON  (Vicomte  de),  p.  622. 

BOISSEZON  D'AUMONTEL,  p.    1408. 

BOISSÏER,  condamné  aux  galères  pour  avoir  vendu 

des  livres  protestants,  p.   1074. 
BoissiÈRES,  au  sud-est  de  la  Vaunage,  p.  823. 
BoissiEcx,  p.  1202. 
EOISSONADE,  p.    122. 

BOISSONADE,  curé,  p.  743  j  sa  mort,  744. 
BoisSY,  terre,  p.  552 
BOISSY   D'ANGLAS,    député  aux   États  généraux, 

p.   1378. 
BOJAT,    sous-doyen    du    Parlement   de  Toulouse, 

pp.    1181,  I2i5;  son  exil,  p.   1218. 
BOJAT,  fils,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 

p.   I 170. 

BOLESLAS,   p.    828. 

BOLLIOUD,  p.   1425. 

Bologne,  p.  614. 

BON,  premier  président  au  conseil  supérieur  & 
intendant  de  Roussillon,  p.  873. 

BON,  premier  président  de  la  cour  des  aides  & 
finances  de  Montpellier,  p.   1097. 

BONASSIÉ  (Nicolas  de),  p.  3 16. 

BONASSIER,  avocat,  p.  317. 

BoNCiEtx-LE-Roi,  en  Vivarais,  p.  I20î. 

BONET  DE  TREYCHES,  député  aux  États  géné- 
raux, p.  I 378. 

BONFONTAN  (Marquis  de),  p.    i338. 

BONHOMME-DUPIN,  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.   1219, 

BoNiAN  (Hôpital  de),  p.  696. 

BoNtiEu,  en  Vivarais,  p.  1202. 

BONIFACE  VIII,  p.   iDiô. 

BONICEL,  né  à  Pont-de-Montvert,  p.  977;  arrêté 
comme  multipliant,  condamné  à  mort  &  exé- 
cuté, p.  979. 

BONISSEL  (Antoine),   p.  980. 

BONNAC  (de),  prend  le  fort  de  Vénasque,  p.  940. 

BONNEMAIN  (Jacques),  trésorier  de  la  ville  de 
Toulouse,  p.  875. 

BONNEMAIN,    greffier    des    États   de    Languedoc, 

p.   1426. 
BONNET  (Moyse) ,   p.   747;  date   de  son  supplice, 

p.  36. 
BONNET  (François),  consul  de  Limoux,  p.  1207. 
BoNNEFONT,  abbaye;  ses  armoiries,  p.  684. 
BoN.NEroux,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Bo.vNEFOT  (Chartreux  de),  p.   1  198. 
BoNNEvAL,  abbaye,  p.  684. 
BONNIER,  trésorier   de    la    bourse  de    Languedoc, 

pp.  899,  937,  966,  983. 
BONNIN  DE  CHALUCET  (Anne-Louise),  p.  553. 
Bo.vBEPOS,  domaine  de   Riquet  dans  la  temporalité 

des  archevêques  de  Toulouse,  pp.  454,   i252. 
BONREPOS  (de),  p.   11 35. 
BoNREPAtX,   p.    1402. 
BONZI  (Famille  des),  p.  494. 


BONZI  (Pierre  de),  abbé  d'Aniane,évéque  de  Béziers, 
archevêque  de  Toulouse,  de  Narbonne,  pp.  24, 
25,  5io,  5i5,  554,  645;  son  online;  sa  jeunesse, 
p.  494;  ses  missions  diplomatiqites;  ixigement 
sur  sa  présidence  des  Etats  de  l-iiipif  Joe.  p.  490; 
est  créé  cardinal  au  titre  de  Sdint-Oiînphre  ;  se 
rend  à  Toulouse  pour  prendre  posseiiron  de  son 
siège;  visite  l'hôtel  de  ville;  ne  séjourne  que 
quelques  jours  à  Toulouse,  p.  498;  ses  efforts 
près  de  Nicolas  Pavillon  pour  le  faire  reculer 
dans  la  question  de  la  rog.ile,  p.  5o4  ;  succède  à 
Fouquet  sur  le  siège  de  Narbonne,  p.  5o9;  fait 
à^Louvois  les  honneurs  de  l'.ibbaye  de  Va! magne, 
p.  5i6;  appuie  sa  demande  du  vote  du  don  gra- 
tuit de  considérations  religieuses,  p.  568;  fait 
voter  cent  mille  livres  pour  construction  d'égli- 
ses ou  pour  les  missions,  p.  571  ;  ses  disposi- 
tions favorables  aux  Filles  de  l'Enfance,  p.  578; 
est  nommé  commissaire  par  le  Saint-Siége  pour 
l'érection  de  l'évéché  d'Alais,  p.  65o;  texte  de 
son  ordre  d'enquête  secrète  de  la  noblesse  de 
M.  de  La  Fare  Tornac,  p.  65i;  ses  dernières 
années;  causes  de  ses  chagrins  &  de  sa  déca- 
dence physique,  p.  716;  son  voyage  à  la  Cour; 
entrevue  avec  le  roi;  exil  de  M""  de  Caiiges; 
mariage  de  son  neveu  Castries  avec  une  filie  du 
duc  de  Vivonne;  déception  du  cardtn<il  à  la 
suite  de  ce  mariage;  a  des  attaques  d  épilepsie; 
sa  mémoire  se  brouille,  p.  717;  èpo.  v.inie  de 
sa  conscience  à  la  suite  des  reproches  faits  pour 
ses  faiblesses;  tombe  en  enfance;  en  dupensé  du 
voyage  de  Rome  en  1699;  les  Kt.iti  »•  rendent 
près  de  lui  pour  assister  à  sa  communion  en 
viatique;  l'évêque  de  Montpellier  l'inviie  a  faire 
amende  honorable  de  son  passé  devant  Us  trois 
ordres;  mot  de  Saint-Simon  à  propos  de  l'in- 
fluence de  Bâville  sur  ses  dernières  années, 
p.  719;  portrait  du  cardinal;  sa  grâce,  sa  bonté, 
sa  facilité  de  grand  seigneur,  p.  720;  un  service 
funèbre  est  célébré  dans  la  cathédrale  de  Mont- 
pellier par  les  soins  des  Étals  de  Languedoc, 
pp.  849,  85.. 

BONZI  (Clément  de),  évêque  de  Béziers,  p.   |58. 

Bordeaux,  pp.  54,  56,  80,  299,  336,  367,  389, 
401,  452,  461,  467,  477,  5oo,  5ii,  624,  627, 
700,  704,  716,  724,  788,  848,  963,  970,  1012, 
1023,  ii33,  1145,  1162,  1218,  1269,  1282, 
1295,  1419;  suspension  de  ses  privilèges  pour  la 
vente  des  vins,  p.  1  |3;  historique  de  ses  contes- 
tations avec  le  Languedoc  au  sujet  du  commerce 
des  vins,  p.  723;  quantités  de  vins  qui  s'y 
exportaient  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  p.  725. 

—  (Foire  de),  p.  1276. 

—  (Généralité  de),  p.   1277. 

BoBDEBASSE,  au  terroir  de  Castelsarrasin,  p.  1282. 
Bordes,  village,  p.  294. 

BORDIEU,   ministre   protestant  à  Montpellier, 

p.  525. 
Borée,  en  Vivarais,  p.    1202. 
BOREL  (Jean),  p.    195. 
Ecries,  hameau  de  Gévaudan,  p.  965. 
BORIO    DE    MAZUBY,    propriétaire  de    Moulin, 

p.    1008. 
Borne,  rivière,  pp.  482,  491,  i3o7. 

—  (Sources  de  la),  p.  488. 


1464 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Bornes,  en  Vivarals,  p.  1202. 
BORNIER,  p.  980. 
BORREL,  capitoul,  p.  658. 
BOSC  (du),  p.  619. 

BOSC  (André  du),  de  Nimes,  fonde  à  Magdebourg, 
avec    d'autres    proscrits,    une    manufacture    de 
draps,  de  serge  de   Rouen,  d'espagnolettes   &  de 
droguets,  p.  S64. 
BOSC  (Antoine  &  Pierre  du),  de  Nimes,  s'établis- 
sent  à  Magdebourg  &,  avec  d'autres  protestants 
proscrits,  y  fondent  une  manufacture,  p.  564. 
BOSC  (Pierre),  imprimeur  de  Toulouse,  p.  249. 
BOSC  (Raimond),  libraire  toulousain,  p.  626. 
BOSQUAT,  conseiller  à  la   cour  des  comptes,  aides 

&  finances,  p.   1097. 
BOSQUET  (Durand),  juge-mage,  p.   iBz. 
BOSQUET   (François),    intendant    de    Languedoc, 
pp.   i32,   i;)8,   180,  217,  477;  ses   travaux   litté- 
raires; ses  débuts  dans  la  vie  publique,  pp.  1  33  ; 
commissaire  aux  États;  son  éloge  du  gouverne- 
ment   monarchique-  &    de     l'unité     religieuse, 
p.   161;  ses  éloges  hyperboliques  à  Gaston  d'Or- 
léans, pp.  210,  211  ;  son  procès-verbal  à  la  Cour 
au   suiet   de   l'émeute  , de  Montpellier,   p.   236; 
rappelé   au    conseil  d'État,  p.  25 1  ;   écrit  l'éloge 
de  Pierre  de  Marca,  p.  404. 
BOSSIDE    (X'incent),    inquisiteur    à    Carcassonne, 

p.   i3. 
BOSSUET,  pp.  1018,  i356. 
Bots  (Château  de),  voisin  du  Rhône,  p.  878. 
BOUCHAGE    (du),      maréchal    sous    Henri    III, 
p.  694.  _  _ 

BOUCHEPORN   (de),    intendant   de    la    généralité 

d'Auch,  pp.    1348,    1349. 
BOUCHERAT  (Louis),   intendant,   pp.    10,    3i4, 
327,   328;  commissaire    du    roi    à   Toulouse    en 
i65i,    p.    3i5;    commissaire    extraordinaire   en 
Languedoc,  p.  357. 
BOUCHERAT,  chancelier  de  France,  pp.  667,  659. 
BotciiERiE,  pp.    41,   49,    74.   7^'.   77.   80,   84,   86, 
121;  droit  de  deux  deniers  par  livre;    rachat  de 
ce  droit,  pp.  41 ,  42. 
(Taxe  sur  la),   p.   1  1  ;  établie   pour  la    recons- 
truction d'églises  démolies,  p.   II. 
Boucheries  municipales,  p.  65. 

—  de  Toulouse,  p.    127. 

BOUCOIRAN,    pp.     98,    816,    817,    1066,    1178,    1406; 

situation  de  ce  village;  est  occupé  par  les  cami- 
sards  qui  en  détruisent  les  défenses,  p.  822. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
BoucoNNE  (Forêt  de),  pp.  470,  1238. 
Boucs,  p.  59. 

BOUDET  (Pierre),  p.  3 16. 

BOUDET  (Jehan),  «  maître  terralhon,  u  p.  453. 

BOUDET  (Estienne),  p.  863. 

BOUDET,  excellent  poëte  latin,  français,  gascon, 

p.  654. 
BOUDON,  catholique,  propose  des  conférences  pour 

convertir  les  ministres   protestants;  opinion  du 

duc  de  Noailles  à  ce  sujet,  p.  527. 
BOUDON  DE  BERNIS,  p.  748. 
BouDOux,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 


Boue  dans  Toulouse  durant  la  visite  de  Louis  XIV, 

p.  369. 
BOUEDE,  habitant  de  Béziers,  p.  3o3. 
BouGf.s,  dans  les  Cévennes,  pp.  736,  740,  743,  747, 

775,   799.   804. 

—  (Massif  du),  p.  8o5. 

—  (Montagne  du),  pp.  36,  617,  733;  sa  descrip- 
tion, p.  739. 

BOUGES  (P.),  dominicain,  p.   1 169. 

BOUICHERE  cadet,  de  Limoux,  p.  1207. 

BouiLLARGUES;  démolition  de  son  temple,  p.  19. 

BOUILLET,  chargé  d'un  cours  gratuit  de  mathé- 
matiques à  Béziers,  p.  69. 

BOUILLON  (Duc  de),  pp.  6,  188,  192,  246,  247; 
prend  parti  contre  Mazarin,  p.  279. 

BOUILLON  (Cardinal  de),  p.  719. 

BOUILLON,  auteur  du  Journal  politique,  pp.  1  3  i  3, 

■  3  14. 
BouiLLONAc,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 
BouisSE,  lieu,  p.  347. 
BOULABERT  (André),  p.    118. 
BOULBÈNE  (de  la),  p.  619. 
BouLBONNE   (Abbaye   de),    pp.   114.,    1252,    1404; 

son   procès  au   sujet   de   la    nobilité  des   terres, 

pp.  871,  872,  873. 

—  (Religieux  de),  p.  46. 
BouLBONSE  (Rue),  à  Toulouse,  p.  3i8. 
BOULET,  prêtre,  p.  737. 
BOULIDOU,  chef  de  camisards,  p.  796. 
Boui.iDOu  (Fontaine  du),  p.  86. 

BOULLAY,  juge  métropolitain,  à  Toulouse,  p.  3  16. 
BouLOC,  p.  1241. 

—  (Hôpital  de),  pp.  33,  696. 
Boulogne,  pp.  1402,  1404. 

—  (Baronnie  de),  p.    1197. 

—  (Évêque  de),  p.  I023. 
BouLOU  (Camp  du),  p.  884. 

BOUNIOL  (Pierre),  écuyer  du  duc  d'Orléans,  pp.  53, 

BOUNONEIT,  garde  au  bois  de  Grésigne,  p.    Iii5. 

Bouquets  de  fleurs  dus  par  l'archevêque  d'Auch  au 
Parlement  de  Tcvilouse,  p.   16. 

BouRBASSOL  (Moulin  de),  p.   1282. 

BOURBON  (Henri-Jules  de),  prince  de  Conti. 
Voir  CONTI. 

BOURBON  (Jean  de),  connétable  de  France,  p.  260. 

BOURBON  (Henri  de),  abbé  de  Saint-Germain  des 
Prés,  p.   404. 

BOURBON  (Henri  de).  Voir  duc  de  VERNEUIL. 

BOURBON  (Duc  de),  pp.  971,  9S2,  i333,  i359. 

BOURBON  (Henri  de),  marquis  deMalauze,  pp.  260, 
622. 

BOURBON  (Louis-Armand  de),  de  la  branche  de 
Bourbon-Malauze,  prend  le  titre  de  général  en 
chef  des  protestants  de  France,  p.  855;  détails 
sur  les  instructions  qu'il  envoie  pour  réveiller 
la  guerre  des  Cévennes,  pp.  855,  856,  857. 

BOURBON  (Louis-Auguste  de),  prince  de  Dombes, 
duc  du  Maine,  fils  légitimé  de  Louis  XIV  &  de 
M""  de  Montespan.  Voir  MAINE  (Duc  du). 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1465 


BOURBON  (Marie  de),  duchesse  de  Montpensier, 
première  femme  de  Gaston  d'Orléans,  mère  de 
la  Grande  Mademoiselle,  p.   i85. 

Bourbon  (Régiment  de),  pp.   1249,   iijo. 
Bourbon-Infanterie  (Régiment  de),  p.   ni. 
Bourbonnais,  pp.  642,  i385.' 
BOURDALOUE,  p.  55i. 

BOURDEAUX,  surintendant  de  la  maison  de  Gas- 
ton d'Orléans,  p.  186. 

BoiBDiGUES  sur  les  côtes  de  Languedoc,  p.  42. 

BOL'RELLY  (Daniel-Raoul),  p.  733. 

BOURELLY    (Jacques),     fermier    de    l'équivalent, 

p.  97. 
BOURELY  (Jacques),  pp.  977,  980. 
Bourg,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Bourg-Saint-Andéol,  pp.  3,  601 ,  863,  961,  1 195, 

1378,  1421. 

—  (Visitation  du),  p.  83. 
Bourg-Argental,  p.  1409. 
Bourg-Saint-Bernaed,  p.  1265. 

—  (Hôpital  de),  p.  33. 

BOURG  (du),  chanoine  à  Toulouse,  p.  i35â. 
BOURG  (Comte  du),  p.  65. 
BOURG  (Marquis  du),  p.  47. 
BOURG  (Marquise  du),  p.  66. 
BOURGADE  (de  la),  p.  3|6. 
Bourges,  pp.  627,  io23. 
BOURGES  (Joseph),  p.  863. 
BOURGES  (de),   p.   i352. 

Bourgeois;  leur  nombre  dans  la  Province  en  1697, 
d'après  le  mémoire  de  Bâville,  p.  692. 

Bourgeoisie  protestante  des  villes;  est  dépourvue 
de  tout  crédit  sur  les  insurgés  des  Cévennes, 
P-  794- 

Bourgidou  (Canal  du),  p.  384. 

BouBCocNE,  pp.  445,  461,  693,  704,  927,  975. 

BOURGOGNE  (Duc  de),  pp.  689,  896,  i35oi  sa 
naissance  fêtée  dans  la  Province,  p.  523. 

BOURGOING  (Edme),  dominicain,  p.  1187. 
BOURGUIGNON,  marchand,  p.  662. 
BOURILHON  (Antoine),  maire   perpétuel  de  Cor- 
barieu,  p.  639. 

BOURLEMONT  (Charles  -  François  d'ANGLURE 
de),  pp.  474,  923;  passé  de  l'évéché  de  Castres 
à  celui  de  Toulouse,  en  1662;  est  appelé  à  la 
présidence  des  Etats  par  suite  de  l'éloigneraent 
de  Fouquct,  p.  43o;  visite  avec  Riquet  &  l'évéque 
de  Saint-Papoul  le  lieu  où  doit  passer  le  canal; 
exhorte  Riquet  à  écrire  à  Colbert,  p.  455;  fait 
nommer  les  délégués  des  Etats  qui  doivent  vé- 
rifier le  projet  du  canal,  p.  459;  fait  ressortir 
devant  les  Etats  les  avantages  que  trouverait  le 
commerce  dans  la  création  du  canal  de  Langue- 
doc, p.  461;  préside  la  session  de  1667,  p.  477, 
fan  voter  des  fonds  pour  dégager  l'embouchure 
de  l'Hérault,  p.  479;  visite  l'université  de  Tou- 
louse &  divers  collèges  du  ressort,  p.  492;  pu- 
blie une  nouvelle  approbation  des  statuts  des 
Filles  de  l'Enfance,  p.  578;  sa  mort,  p.  494. 

BOURLETE  (Victoire),  p.  980. 


BOURLIE  (Abbé  de  la),  marquis  de  Guiscard., 
p.  855;  sa  mort  tragique  dans  les  prisons  de 
Newgate,  p.  887. 

BOURNAZEL  (Comte  de),  p.   i352. 

BOUROTTE  (Dom),  bénédictin   historiographe  de 

la  Province;  sa  mort,  p.   i33i. 
Bourreau  assassiné  à  Toulouse,  p.  375. 
BouRRET;  ses  armoiries,  p.  687. 
BOURRET,  habitant  de  Toulouse,  p.  1402. 
Bourse  de  Montpellier,  p.  848. 

—  de  Toulouse,  pp.  91,  167;  date  de  sa  création; 
sa  juridiction;  sa  composition,  p.  848;  élection 
des  prieur  &  consuls,  p.  90. 

BOUSCASON  (Louis),  parfumeur,  p.  199. 

BOUSCHET  (A.),  secrétaire  &  greffier  de  la  com- 
mission de  liquidation  de  la  Province,  p.  1426. 

BOUSOLLES,  p.  491. 

Bousquet,  prieuré,  p.  799. 

Bousquet  de  la  Barthe,  paroisse  dévastée,  pp.  8o5, 
1071. 

BOUSQUET,  subdélégué  à  Toulouse;  cause  de  sa 

révocation,  pp.  999,  1000. 
BOUSSAC  (Seigneur  de\  p.  478. 
BOUSSANELLE,  subdélégué  de  l'intendance,  à  Bé- 

ziers,  p.  1  142. 

BOUSSANQUET  (Pierre),  p.  36;  roué  vif  à  Nimes, 

p.  748. 
BoussARGUE  (Hôpital  de),  p.  696. 
BOUTARIC,  chanoine,  à  Toulouse,  p.  i356. 
BOUTARIC,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 

son  exil,  p.   1218. 

BOUTELLIER,  syndic  du  diocèse  de  Castres,  p.  94. 
BOUTHEROUE    (Hector   de),  sieur   de  Bourgneuf, 

perfectionne,  de  concert  avec  Riquet,  le  projet 

de  canal  de  Languedoc,  p.  459. 

BouTiÉRES,  région  sauvage  du  haut  Vivarais, 
pp.  19,  612,  614,  701,  879. 

—  (Chaîne  des),  p.  870. 

—  (Désert  des),  p.  602. 

—  (Plateaux  des),  p.    i2o3. 

BOUTHILLIER  (Victor),  archevêque  de  Tours,  pre- 
mier aumônier  de  Gaston  d'Orléans,  p.   186. 

BOUTHILIER  DE  CHAVIGNY,  archevêque  de  Sens, 

p.     1023. 

BOUVIER,  constructeur,  p.  1029. 
BOUVILLE  (Dragons  de),  p.  863. 
BouvsSET;  démolition  de  son  temple,  p.   18. 
BOUZET  (Comte  du),  p.   |352. 
60UZ1GUES,  village,  p.  884. 
BouziN,  en  Vivarais,  p.   1066. 
BOUZOLS  (Marquis  de),  p.  3ï. 
Boy  (Château  du),  p.  961, 
BOYER,  p.  317. 

BOYER  (de),  avocat  au  Parlement  &  député  de  la 
ville  de  Toulouse,  p.  286. 

BOYER,  syndic  général,  p.  460. 
BOYER  (Sieur  de),  p.  479. 

BOYER  D'ODARS,  syndic  général  de  Languedoc, 
pp.  93 1,  943. 


1466 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


BOYER   DE  TAURIAC,    gentilhomme   du    diocèse 

de  Montauban,  p.  957. 
BOYER,  de  Limoux,  p.    1207. 
BOYNES  (de),  maître  des  requêtes,  p.  87. 
BOYSSET,  p.  349. 
BozAT,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Bradant,  p.  927- 
Bragassargues,  prieuré,  p.  764. 
BRAGOUZE,    avocat  à  Toulouse,   officier  munici- 
pal, pp.  1414,  i4'5- 
Beahic,  en  Vivarais,  pp.   1202,  i3i  i,  i3i2,  i3i3, 

1410. 
Bram,  baronnie,  pp.  87,  101,  118. 
—  (Hôpital  de),  p.  696. 
BRANCAS  (Baron  de),  pp.  990,  io65. 
RRANCAS  (Jean-Baptiste-Antoine  de),  archevêque 

d'Aix,  p.   1023. 
BI^A^DEI!OgRG,  dans  la  Marche  Electorale,  p.  769; 
des  réfugiés  français  y  sont  reçus,  p.  562;    est 
enrichi  par  eux,  p.  565. 
BRANLAIRE,  femme  de  Montpellier,  p.  234. 
Bramonas,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
BRAQtEViLLE,  près  Toulouse,  pp.  87,  452,  476. 
Bras  de  fer,  nom  d'une  branche  du  Rhône,  pp.  892, 

893. 
Brassac,  comté,  pp.  33,  85,  253,  (5i2,  868. 
BRASSAC  (Hugues),  notaire,  p.  3i6. 
KRASSAC  DE  BELFOURTÈS,  p.  1408. 
BRASSALIÈRE,  avocat,  chef  du  consistoire,  à  Tou- 
louse, p.   1 293, 
BRANQUE  (de),  p.  i355. 
Bbéau;  ses  armoiries,  p.  687. 

Bbéda,  dans  la  Frise;  quelques  cultivateurs   pau- 
vres du  Languedoc  s'y  réfugient,  p.  566. 
BRÉDA  (de),  docteur  en  Sorbonne,  p.  445. 
Brefs  adressés  au  roi   &  aux  évéques  au   sujet  de 

la  bulle  Vincam  Dommi  Sahaoth,  p.  862. 
Brenoux,  p.  775. 
Bbes,  annexe  de  paroisse,  p.  649. 
Brescoh,  fort,  pp.  78,   i63,  212,  1073,  1279. 
Bressac,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Bresse  (Régiment  de),  pp.  1348,  i35i,  1377. 
BRESSIEUX,  géomètre,  p.  460. 
BRESSOLS  (de),  p.  459. 
Bresson,  rivière,  p.  879. 
Brest  (Port  de),  p.  i33i. 
Brestalou  (Pont  de),  p.  .',82. 
Bretagne,  pp.  704,  723. 
—  (Régiment  de),  p.  333. 

BP.ETEL  (Nicolas),  sieur  de  Grémonville,  p.   i33. 
BRETTES-THURIN  (Baron  de),  p.   \'\:t:,. 
BRETEUIL,  évéque  de  Montauban  ;    son   rapport 
aux  États  au  sujet  du  monopole  de  M.  Tubeuf, 
sur    les   mines    du    diocèse    d'Alais,    pp.     1284, 
1285. 
BRETEUIL  (Le  Tonnelier  de),  intendant  de  Lan- 
guedoc,  pp.   6,    231,   273,  293,   298,   3o7,  325î 
poursuit    les    excès    commis     par    les    troupes, 
p.  252;  son  discours  sur  la   prétendue  abnéga- 
•ion  du  duc  d'Orléans,  p.  274;  siège  aux  Etats 


en  qualité  de  commissaire  royal,  p.  285;  pre- 
mier commissaire  du  roi  aux  Etats  de  i65i, 
pp.  329,  33o;  rappelé  à  la  généralité  de  Paris, 
p.  357. 

BRETEUIL  (de),  secrétaire  d'État,  pp.  i3i8,  i335, 
i356. 

BRETEUIL  (Comte  de),  p.   i35l. 

Bretx,  seigneurie,  p.   1082. 

Brève,  p.  96. 

Bréviaire  de  Lyon  ;  la  légende  de  Grégoire  VII, 
pp.  ioi3,  1014. 

BRÉZÉ  (Marquis  de),  p.   io25. 

BRÉZIS  (Vicomte  de),  p.  io36. 

Bbézilhac,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

Briatexte,  p.  1408. 

Brie,  p.  467. 

BRIENNE  (de),  archevêque  de  Toulouse,  signe  les 
décrets  d'érection  des  deux  paroisses  de  La  lande 
&  de  Croix-Daurade,  pp.  I223,  1228.  Voir  LO- 
MÈNIE  DE  BRIENNE. 

BRIENNE  (Comtesse  de),  p.  365. 

Bbienon-l' Archevêque,  p.   io23. 

Brigandage  dans  les  montagnes;  les  voleurs  de 
grand  chemin  commencent  à  pulluler  dès  les 
premières  querelles  religieuses,  p.  529. 

Brigandages  du  régiment  du  sieur  de  Vallon  au 
bas  Languedoc,  p.  287. 

—  en  Vivarais,  p.  538. 

—  en  Vivarais  &  en  Gévaudan,  p.   i3i  1. 

—  commis  en  Gévaudan,  p,   i  i5i. 
Brigfs,  baronnie  en  Gévaudan,  p.   ii3. 
Brignemont;  ses  armoiries,  p.  686. 
Brignon,  paroisse,  p.  8i5. 

Brioude,  pp.  480,  481,  482,  1406. 

BRION,  pp.  188,  1407. 

Brison,  en  Vivarais,  p.    1202. 

BRISON  (Marquis  de),  pp.  52,  62,  -jS,  1  16. 

BrussAC,  p.  842. 

BRISSAC,  abbé,  p.   io23. 

BRISSAC  (Comte  de),  p.  363. 

Brisson,  p.  601 . 

BRISSON  (Marquis  de),  p.  878. 

BRISSON  (de),  p.  620. 

Brivat-du-Vent,  lieu  du  Gévaudan,  p.  397. 

Brives,  p.  5o5. 

—  (Pont  de),  sur  la  haute  Loire,  pp.  488,  489, 
i3o7,  ï3o8. 

BRIZON  (Comte  de),  p.  1 198. 

BRIZONS  (Marquis  de),  p.   1064. 

BROCARD  DE  BARILLON  (Sieur  du),  p.   I  134. 

BROCHETTE  (Marguerite-Marie  de  la),  religieuse 
de  Clavas,  p.   1204. 

BROGLIE  (Victor-Maurice,  comte  de},  lieutenant 
général  en  Languedoc,  pp.  552,  608;  va  en  Vi- 
varais, pp.  6i3,  614;  cherche  à  maintenir  les 
communes  du  Vivarais  dans  le  devoir,  pp.  6i5, 
616,  617,  619,  620;  son  appréciation  sur  les 
premiers  mouvements  des  Cevennes;  idées  qu'il 
se  fait  de  la  valeur  des  milices,  p.  732;  sa  sé- 
curité semble  ébranlée,  p.  73^;  dépeint  la  coir- 
position  des  troupes  qu'il  coinmande  pour  ope- 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1467 


rer  dans  les  Cévennes;  se  rend  3  Pont-de-Mont- 
vert;  de  quelle  façon  il  juge  les  événements, 
p.  744;  accueille  avec  une  médiocre  satisfaction 
le  comte  de  Peyre  &  les  troupes  levées  parce 
dernier  à  la  suite  des  premiers  troubles,  p.  746  j 
prend  ses  dispositions  pour  surveiller  les  Cé- 
vennes &  rentre  à  Montpellier,  p.  747;  son 
appréciation  sur  les  causes  des  premiers  troubles 
des  Cévennes,  p.  748;  invite  les  prêtres  catho- 
liques à  reprendre  possession  de  leurs  paroisses, 
p.  749;  apprécie  le  véritable  caractère  de  la 
lutte;  difficultés  qu'il  prévoit  pour  la  dispersion 
des  bandes,  p.  701;  fait  une  nouvelle  prome- 
nade dans  les  hautes  Cévennes,  p.  764;  défend 
sa  conduite  contre  divers  prélats,  p.  755;  pro- 
pose de  dépeupler  les  communes  dont  la  com- 
plicité serait  prouvée  &  d'en  faire  partir  les 
habitants  pour  les  îles  du  Nouveau  Monde, 
p.  756;  ordonne,  pour  vaincre  l'incrédulité  pu- 
blique, de  couper  la  tête  de  tous  les  révoltés 
tués  dans  les  combats,  p.  7â7;  son  caractère 
aigri  par  l'insuccès  des  mesures  prises  pour 
réprimer  les  désordres  &  par  le  reproche  de 
ne  pas  protéger  la  sécurité  publique;  peines 
terribles  qu'il  propose;  reconnaissant  son  im- 
puissance à  dominer  la  révolte  demande  un 
maréchal  de  camp  pour  êire  allégé  d'une  partie 
de  sa  charge;  avis  sur  son  compte  envoyés  au 
ministère,  p.  761;  punition  qu'il  inflige  à  la 
commune  d'Aiguevives  durant  son  inspection; 
ton  avis  au  ministre;  conseille  des  mesures  de 
rigueur,  p.  760;  sur  de  faux  avis  va  faire  une 
battue  à  l'opposite  du  lieu  où  se  trouvaient  les 
bandes;  sa  correspondance  au  sujet  du  chevalier 
d'Aiguines,  p.  762;  parle  dans  sa  correspon- 
dance de  la  poltronnerie  de  certains  officiers, 
p.  763;  demande  au  ministre  un  autre  comman- 
dement; ses  plaintes;  présente  la  justification 
de  sa  conduite;  poursuit  les  insurgés,  p.  765; 
attaque  une  troupe  commandée  par  Ravanel  & 
est  battu,  pp.  ii,  766;  reçoit  des  renforts,  mais 
ne  peut  rejoindre  les  insurgés,  p.  767;  différen- 
tes manières  de  préparer  les  répressions  proposées 
par  lui;  son  désaccord  avec  le  brigadier  Julien; 
sa  situation  de  plus  en  plus  compromise;  est 
accusé  de  mollesse  &  d'imprévoyance,  p.  774; 
est  relevé  de  son  commandement,  p.  777. 

BROGLIE  (Duc  de),  p.   iSSj. 

BUOGLIE  (Prince  Victor  de),  député  de  l'Alsace, 
fait  son  rapport  sur  la  protestation  de  la  cham- 
bre des  vacations  du  Parlement  de  Toulouse; 
déclare  les  signataires  atteints  de  forfaiture  & 
de  rébellion  aux  décrets  de  l'Assemblée  natio- 
nale, pp.  lii,  1420,  1421  ;  déclare  les  membres 
du  cabinet  suspects  au  peuple  &  malintention- 
nés; monte  une  troisième  fois  à  la  tribune  pour 
demander  l'exécution  des  mesures  de  rigueur 
votées  par  l'Assemblée,  pp.   1423,  1424. 

BROSSE  (de  la),  capitoul,  p.  658. 
Brosses,  seigneurie,  p.   107. 

BROUE  (Pierre  de  la),  évéque  de  Mirepoix,  main- 
teneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 

Brodillabds,  p.  72;  de  1727,  p.  1004. 
BnotssE,  commune,  pp.  67,  63. 

BROUSSEL,  conseiller  au  Parlement  de  Paris, 
p.   278. 


BROUSSON  (Claude),  avocat  près  du  Parlement  de 
Toulouse,  retiré  à  Lausanne,  est  l'instigateur  de 
la  ligue  d'Augsboiirg,  pp.  34,  617,  787;  rejoint 
Vivens  dans  les  Cévennes,  p.  618;  traqué  de 
village  en  village,  il  est  arrêté  dans  le  Béarnj 
itinéraire  dressé  par  lui  pour  introduire  les  ar- 
mées étrangères  dans  les  Cévennes,  p.  709;  son 
procès;  sa  condamnation,  p.  710;  sa  mort;  re- 
tentissement qu'eut  son  supplice  dans  l'Europe 
entière,  p.  711. 

BROUZET,  p.  824. 

Brouzin,  p.  986. 

Bni'CH,  lieu  de  Guienne,  p.  337. 

BRUCHON  (Bernard),  orfèvre,  p.    199. 

Brueys,  pp.  49,  753,  766,  787,  814,  879,  880. 

BRUEYS  (P4arquis  de),  p.   |352. 

BRUEYS  SAINT-CHAPTE  (de),  p.  992. 

Brcgaipolles,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

BRUGÈRES  (Biaise  de),  baron  de  Goyrans,  capi- 
toul, p.  389. 

BrLGEROLiES,  p.  763. 

BRUGIER  (Jean),  ministre  protestant;  son  ban- 
nissement, p.   I  8. 

Brugiébe  (La);  démolition  de  son  temple,  p.   18. 
BRUGUIÈRE  (La),  p.  85. 
Bntr.uiÈRES,  lieu,  pp.  363,  1219,  1404. 
BRUGUIER,  frère  du  ministre  de  Nimes,  p.  621. 
Bruilhe,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
Br[;illois  (Vicomte  de),  p.  471. 

BRUN  (Jacques),  habitant  de  Brignolles,  entrepre- 
neur du  canal  de  Beaucaire  à  Aigues-mortes, 
pp.  2,  55;  ses  offres  d'exécuter  un  canal  de 
Beaucaire  à  Agde;  la  concession  lui  est  accordée 
par  lettres  patentes,  p.  384;  avantages  faits  aux 
concessionnaires,  p.  385;  opposition  des  Etats; 
obstacles  qu'il  ne  peut  surmonter,  pp.  336,  387; 
ses  héritiers  reçoivent  une  indemnité  de  trente 
mille  livres,  p.   944. 

BRUN  (de),  p.   io36. 

Brl'nales,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

KRL'NEAU  (dej,  p.  io36. 

BRl'NEL  (Pierre),  libraire  à  Amsterdam,  p.  923. 

BRUNEL,  procureur  du  roi  à  Nimes,  p.  1348. 

BiiiNiQUEL  (Château  de),  p.  1088. 

BRUNIQUEL  (Vicomte  de),  p.    i352. 

Brunswick-Lcnebourg,  électoral,  p.  1089. 

Bris,  terre,  p.  552. 

Brisoib,  commune,  p.  i335. 

Bruyéres-le-Chatel,  p.  552. 

Blen-Retiro,  en  Espagne,  p.  996, 

BuGARACH,  paroisse,  p.   i3oi. 

Bi'LLE  Vineam  Domini  Sahaoth,  pp.  862,  865. 

—  Unigenitus,  pp.    1016,   1024. 

—  du  pape  au  sujet  de  l'érection  de  révéché  d'A- 
lais,  p.  65o. 

BULLION  (de),  surintendant  des  finances,  grand- 
maître  &  surintendant  général  des  mines  &  mi- 
nières, p.   167. 

BuRATES,  étoffes  du  Gévaudan,  pp.  54,  698. 
BURDIN  (Gustave  de),  p.   1387. 


1468 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


BUREAU  DE  PUZY,  député  à  l'Assemblée  natio- 
nale, p.   1400. 

Bup.EAu  de  yisite  de  draps,  établi  à  Narbonne, 
p.  56;  supprimé,  p.  57. 

Bureaux  de  recette  sur  les  bords  du  Rhônej  leur 
suppression  demandée,  p.   1384. 

BuRiAN.vE,  en  Virarais,  p.  1202. 

BUBLATS,   p.  22. 

BUKNET,    p.    887. 

BURTA  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 

maître  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 
BURTA  (M'"  de),  pp.  583,  584. 
BuBZET,  baronnie,  en  Vivarais,  pp.  744,  120Ï. 
Bcsignaugues;   son    temple   est   détruit    en    i663, 

pp.  19,  427. 
BUSQUET,  bourgeois  de  Toulouse,  p.  225. 
BUSSY  D'AMBOISE;  fin  de  cette  maison,  p.  302. 
BUSSY-RABUTIN",  p.  356;  commande  les  chevau- 

légers,  p.  202;    ses   réflexions    au    sujet    du  viol 

accompli  par  ses  chevau-légers  à  Nimes,  p.  253; 

portrait  qu'il   trace  du  prince  de  Conti,  p.  SçS. 
BUTERNE,  ancien  capitoul,  p.  863. 
BuzEï,  thâtellenie  au  diocèse  de  Toulouse,  pp.  12, 

ic8,    1402;    les    troupes    de    passage  y   font    des 

ravages,  p.  240. 
BuziG.\ARGUESj  ses  armoiries,  p.  686. 
BUZOT,  député  à  l'Assemblée  nationale,  p.  i3po. 


Cabanes,  seigneurie,  p.  107. 

CABANIS  (Claude),  protestant  d'Alais,  p.  85. 

Cadaudés,  pays  au  diocèse  de  Carcassonne;  con- 
firmation de  ses  privilèges  en   1743,  p.  80. 

CababdèS  (Châtellenie  de),  p.  106;  les  causes  des 
privilèges  dont  jouissent  les  habitants  de  cette 
châtellenie  n'existent  plus;  anachronismes  tra- 
ditionnels, p.   io8  I. 

CABIBEL  (Anne- Rose),  épouse  de  Jean  Calas, 
p.   1 162. 

CABIRON  (de),  gentilhomme  nouveau  converti, 
égorgé  par  l'ordre  d'une  prophétesse  des  Céven- 
n«s,  p.  795. 

CABRALLES,  originaire  du  pays  de  Foix,  p.  621. 

CABRIÈRES,  capitaine  de  fusiliers,  p.  ySo. 

Cadalen,  p.  1088. 

Cadastre,  pp;  61,  122;  son  altération  au  bénéfice 
de  quelques  particuliers,  p.  638;  sa  confection, 
p.   1329. 

—  fait  par  les  habitants  de  Cintegabelle,  p.  871. 
Cadastres  anciens  &   nouveaux  déposés   dans   les 

archives  diocésaines,  p.   114. 

—  falsifiés,  p.  932. 

—  des  communes,  p.  io5o. 
CADAU,  traiteur,  p.  662. 
Caderles,  village,  p.  733. 

Cadets  de  la  Croix,  ou  Camisards  blancs,  pp.  8i3  j 
rivalisent  de  barbarie  avec  les  Cévenols;  Mont- 


revel  essaie  de  les  organiser,  pp.  814,  8i5,  818; 
le  maréchal  deVillars  se  plaint  amèrement  de 
leurs  excès,  p.  833. 

Cadets  de  Louvois,  p.  564. 

CADIGNA>f  (baron  de),  colonel-commandant  la 
légion  de  Lorraine,  pp.  1239,  1240,  1243;  com- 
mande les  troupes  chargées  de  garder  les  fron- 
tières des  pays  infestés  par  l'épizootie;  son  ca- 
ractère; son  arrivée  à  Toulouse,  p.  1236;  les 
courses  prolongées,  les  nuits  sans  sommeil,  &c., 
le  font  tomber  malade  d'épuisement;  contrarié- 
tés qui  lui  sont  suscitées  par  le  peu  de  précision 
dans  les  pouvoirs  respectifs  des  divers  comman- 
dements, pp.  1243,  1244;  ses  efforts  désespérés 
pour  arrêter  l'épizootie;  est  peu  secondé,  p.  t  245; 
continue  ses  plaintes  au  sujet  de  la  non-exécii- 
tion  des  mesures  prescrites  pour  arrêter  la  mala- 
die, p.  1246;  croit,  devant  l'invasion  croissante 
du  fléau,  devoir  conseiller  l'immolation  géné- 
rale des  bestiaux,  à  la  condition  du  rembour- 
sement intégral  de  la  valeur  des  bêtes  assom- 
mées; offre  de  faire  l'avance,  de  ses  propres 
deniers,  des  sommes  nécessaires,  p.  1247;  com- 
mence la  mise  à  mort  de  tous  les  bestiaux,  sains 
ou  malades;  insuffisance  du  personnel  dont  il 
dispose,  pp.  1248,  1249;  publie  une  consigne 
générale  des  troupes  en  vingt-quatre  articles; 
son  éloge  devant  les  Etats  de  Languedoc  par 
l'archevêque  de  Toulouse,  p.  1256;  exige  d'être 
informé  de  la  discipline  des  troupes  par  des 
rapports  réguliers,  p.    1257. 

Cadillac,  sur  la  Garonne,  p.  367. 

Cadis  du  Gévaudan,  des  Cévennes,  p.  60. 

—  de  Vivarais,  p.  5o. 

—  de  Castres,  &c.,  p.  85. 

—  (Fabrication  de),  p.  47. 

—  (Fabriques  de),  p.  944. 

—  (Fabriques  dans  les  Cévennes),  pp.  701,  702. 

CADOINE,  gentilhomme  nouveau  converti,  p.  794. 

CADOLE  (Louis),  p.  863. 

Cadoules,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Cadours,  p.  1404. 

Cagniac,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 

Cahiers  de  doléances  de  1789;  plusieurs  des  solu- 
tions qui  ysont  sollicitées  étaient  proposées  d.ins 
le  Mémoire  de  Bâville  dès  1698,  p.  7c5;  assem- 
blée qui  devait  les  rédiger,  p.  |373;  erreur  de 
ceux  qui  les  croient  écrits  sous  l'inspiration 
d'un  mot  d'ordre;  révèlent  l'application  de  ceux 
qui  les  préparent  d'ordre  à  ordre  &  de  région  à 
région,  pp.  1379,  i38o,  i38i,  i382,  i383,  1384, 
i385,  i386,  i387,  i388. 

Cahiers  d'instructions  &  doléances  du  clergé  : 

—  d'Annonay,  p.   i38i. 

—  de  Béziers,  p.  |383. 

—  de  Carcassonne,  p.   i38o. 

—  de  Castres,  p.   i383. 

—  de  Gévaudan,  p.   i383, 

—  de  Lauragais,  p.  i383. 

—  de  Limoux,  p.  i383. 

—  de  Montpellier,  p.    i333. 

—  de  Toulouse,  pp.   i38o,  i333. 

—  de  Velai,  p.    i  383  ;  sa  division,  p.    1379. 

—  de  V|lleneuve-de-Berg;  résumé  de  son  contenu, 
p.  1379. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


1469 


Cahiers  de  l\  noblesse  : 

—  J'Annonay,  p.   1384. 

—  de  Béziers,  pp.   i38o,   i383. 

—  de  Carcassonne,  pp.   i38o,  i383. 

—  de  Casteinaudary,  p.    1384. 

—  de  Gévaudan,  pp.   i38i,  1384. 

—  de  Limoux,  p.   1384. 

—  de  Montpellier,  pp.    i38o,  i383. 

—  de  Nimes,  p.  i383. 

—  de  Toulouse,  p.    i38o. 

—  de  Villeneuve-de-Berg,  pp.   1379,   1384, 

Cahiers  du  tiers  état  : 

—  de  Carcassonne,  pp.   i38o,  i385. 

—  de  Casteinaudary,  p.    i38o. 

—  de  Castres,  p.   i385. 

—  de  Gévaudan,  pp.  i38o,  i385. 

—  de  Limoux,  pp.   i38o,   i385. 

—  de  Montpellier  ;   sa   division,   pp.    1379,    1384. 

—  de  Nimesj   divisé   en    sept  chapitres,  pp.   i38o, 
i385. 

—  du  Puy,  p.  i38i. 

—  de  Toulouse,  pp.  i38o,  i384. 

—  de  Velai,  p.   i385. 

—  de  Villeneuve-de-Berg,  p.  i38o. 

—  du  haut  Vivarais,  p.  i385. 

Cahors,  pp.  86,  3iî,  418,  izip,  1349. 

—  (Sénéchal  de),  p.  1210. 

Cahdzac,    commune    du     diocèse     de     Mirepoix, 

pp.  87  I,  1009. 
Cahuzac-sl'r-Vère,    au   diocèse   d'Albi,    pp.    122, 

1088,  1408. 
Cailhac,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 
CAILHAU,    auteur    des    troubles    à    Carcassonne, 

p.  36o. 
Cailhavel,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
Cailla,  p.  870. 
Caille.ns,  p.  870. 

Caillou-Gris,  lieu  près  Toulouse,  p.  1223. 
Caisse  d'amortissement,  pour  éteindre  les  dettes  de 

la  Province,  p.  1369. 

—  générale  des  amortissements,  créée  par  l'édit  de 
Marly  de  1749,  pp.  1090,   1091. 

—  de  prêt,  pour  les  travaux  communaux,  p.   128. 
CAISSEL,  habitant  de  Toulouse,  p.   1402. 
Calamités  publiques  dans  le   haut  Languedoc,  le 

Gévaudan  &  le  Vivarais,  pp.   1 1  12,  1  1  i3. 

CALAS  (Jean),  marchand  d'indiennes  à  Toulouse, 
p.  1162;  accusé  du  crime  d'assassinat  &  con- 
damné à  mort  par  le  Parlement;  est  exécuté  le 
lendemain  de  sa  condamnation  ;  conséquences 
de  cette  exécution  j  intervention  de  Voltaire 
pour  sa  réhabilitation,  p.   1170. 

CAl. AS  (Marc-Antoine),  p.  96;  sa  mort  tragique, 
p.  1162;  crédulités  populaires  à  son  sujet, 
pp.  ii63,  1164;  ses  croyances  religieuses  d'après 
Ih  déposition  d'un  prêtre  ;  ses  funérailles, 
p.   I  166. 

CAl.AS  (Pierre),  second  fils  de  Jean  Calas,  p.  1 162. 

CALAS  (Louis),  fils  de  Jean  Calas;  était  catholique, 
p.  I i63. 

CALAS  (Anne),  p.   ii65. 

Caliie,  ville  du  pays  de  Magdebourg,  reçoit  des 
réfugiés  français  après  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  p.  662. 


Calf.ebte  (Château  de),  p.  799. 
CALDAIGUES  (le  P.),  dominicain,  pp.  1 169,  1 170. 
Calers,  abbaye,  p.  873;  ses  armoiries,  p.  684. 
CALMELS,  notaire  à  Toulouse,  p.  199. 
Calmette,  près  Dions,  p.  87. 
Calmette  (la),  pp.  98,  787,  1 178. 
—  (Pont  de  la),  p.  100. 
Calmont,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
CALONNE  (de),  contrôleur  général,  p.  i333,  i335; 
son  rapport  au  conseil  d'Etat  amène  l'autorisa- 
tion d'exporter   les  draps,   p.   i328;    son   exposé 
de    la    situation    du    royaume    à  l'assemblée    des 
notables  de  1787,   pp.   i33fi,  i337;    lit  six  mé- 
moires   concernant   Us    réformes;    présente    des 
observations  qui   amènent  sa   chute;   ses   plans 
abandonnés,  pp.   i338,  1339. 
CALVET  (de),  p.  201. 
CALVET,  trésorier  de  France,  p.  222. 
CALVIÈRE  (Louis  de),  abbé  de   Psalmodi,  p.  65o  ; 
dernier  titulaire  de  la  comraende  de  l'abbaye  de 
Psalmodi,  p.  645. 
CALVIÈRE  (M"""  de),  p.  28. 

Calvisson,    baronnie    des     États    de     Languedoc, 
pp.   32,  8i,  87,  119,  426,  709,  747,  840,   io65, 
1406;   Cavalier  doit  y  loger  avec  sa   troupe,  en 
attendant    les   ordres   du    roi,    p.  837;  approvi- 
sionnements qui  y  sont  faits  pour  la  nourriture 
des  Cévenols;    les   protestants  y  sont  convoqués 
sur  les   masures  du    temple,  p.  838;   chants   de 
psaumes;  prières  faites  par  Cavalier,  p.  839. 
CALVISSON  (Baron  de),  pp.  329,  332,  435,  990. 
CALVISSON  (Comte  de),  pp.  32,  37,  42;  tient  la 
session  en  qualité  de  premier  commissaire  royal  ; 
possesseur  de  la  seigneurie  d'Aiguesvives,  p.  761. 
CALVISSON  (Marquis  de),  lieutenant   général  en 
Languedoc,  pp.  22,  34,  69,  72,  81 ,  87,  1  69,  277; 
fait    partie    de    la    commission    mixte    pour  le 
règlement  des  affaires  des  communautés,  p.  706. 
CALVISSON  (Marquis  de),  baron  des  Etats,  p.  i3i4. 
CALVISSON  (Marquise  de),  p.   128. 
Calvisson,  marquisat,  p.  2. 
—  (Plaine  de),  p.  823. 
Camarès,  p.  7'6. 
Camargue,  île  du  Rhône,  pp.  5o,  473,  828,  901, 

949. 
CAMBACÉRÈS,  maire  de  Montpellier,  p.  112. 
CAMBACERÈS,  conseiller  à  la  cour  des  comptes, 

aides  &  finances,  p.  1097. 
CAMBES  DOUJAT,  p.  l352. 
CAMBIAGO  (Jean-Baptiste),  p.  44. 
Cambicure,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 
CAMBOLAS,  conseiller  au   Parlement,  pp.    349, 

442. 
Cambon;  ses  armoiries,  p.  687. 
CAMBON  (L'abbé  de),  conseiller  au  Parlement  de 

Toulouse;  son  exil,  p.   1218. 
CAMBON,   avocat   général    près    le   Parlement   de 

Toulouse,  p.  1171. 
CAMBON  (Jean-Louis-Augustin-Emmanuel  de), 
procureur  général  au  Parlement  de  Toulouse, 
fait  partie  de  l'assemblée  des  notables  de  1786, 
pp.  i335,  i338  ;  premierprésidentdu  Parlement 
de  Toulouse  en  1788,  pp.   1344,  1415. 


M70 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


CAMBON  (Chevalier  de),  p.   i352. 

CAMBON,  membre  du  commissariat  de  la  Province 
de  Languedoc,  p.    1426. 

CAMBONET,  p.  85. 

Cambrai,  p.   1020. 

—  (Archevêque  de),  pp.  866,  880. 

CAMINADE  (Abbé  de),  p.  268. 

CAMINADE  (Philippe-Gaubert  de),  président  au 
parlement  de  Toulouse,  pp.  178,  189,  247,  348, 
349.  477- 

Camis,  nom  d'idole  du  Japon,  p.  782. 

Camisaie,  expression  militaire  désignant  les  sur- 
prises nocturnes,  p.  783. 

Camisards,  pp.  37,  38,  854,  855;  nom  donné  aux 
insurgés  des  Cévennes;  origine  du  mot;  étymo- 
logies  bizarres,  p.  782;  leur  organisation;  de 
quelle  manière  ils  s'approvisionnaient  &  fabri- 
quaient leiirs  munitions;  leurs  ambulances, 
p.  785;  n'occupent  jamais  un  poste  fortifié, 
p.  786;  suivent,  en  cela,  les  indications  des 
chefs  militaires  des  puissances  ennemies,  p.  787; 
des  publications  répandues  en  Angleterre  &  en 
Hollande  appellent  les  sympathies  de  l'Europe 
sur  leur  soulèvement,  p.  790;  brûlent  &  dévas- 
tent plusieurs  villages;  sont  battus,  p.  796; 
descendent  dans  le  voisinage  de  Nimes,  p.  8o3  ; 
se  répandent  dans  les  environs  de  Lunel,  p.  8o5; 
leurs  méfaits  &  leurs  crimes,  pp.  807,  808  ; 
font  une  pointe  sur  le  diocèse  de  Castres,  p.  809  ; 
battent  les  troupes  de  la  marine  commandées 
par  La  Jonquière;  leur  riche  butin,  p.  816; 
sont  défaits  par  Montrevel;  leur  nombre;  leurs 
différentes  expéditions,  pp.  822,  823;  battus 
par  M.  de  Lalande,  p.  824;  une  de  leurs  am- 
bulances est  découverte,  p.  825;  dirigés  sur  l'île 
Sainte-Marguerite,  p.  826;  négociations  pour 
leur  soumission,  p.  827;  projet  de  les  envoyer 
aux  armées  après  leur  soumission  ;  commencent 
à  se  soumettre  isolément,  p.  83o;  armistice 
conclu,  p.  835;  sont  concentrés  à  Calvisson, 
pour  être  envoyés  à  l'étranger;  ordres  du  roi  à 
ce  sujet,  p.  838;  leurs  prières  &  leurs  assem- 
blées; leur  illusions  au  sujet  du  rétablissement 
du  culte,  p.  839;  leur  défection  envers  Cava- 
lier, quand  ils  savent  qu'ils  doivent  aller  servir 
en  Portugal;  se  répandent  de  nouveau  dans  le 
pays;  grâce  aux  négociations  du  baron  d'Aiga- 
îiers,  beaucoup  se  soumettent  par  petits  grou- 
pes, pp.  40,  841. 

—  de  Ravanel  surpris,  p.  40. 

—  suppliciés  à  Montpellier  &  à  Nimes;  dix-sept 
se  sauvent  de  la  tour  de  Constance,  p.  41. 

—  BLANCS.   Voir  CaDETS    DE   LA    CboiX. 
CAMMAS,  architecte,  p.  ii35. 

Cammases,  village  de  la  montagne  Noire,  pp.  I253, 

1254. 
Camon,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
Campagna,  au  diocèse  d'Alet,  p.  1008. 
CAMPAN,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides 

&  finances,  p.  1097. 
CAMPISTRON  aîné,  mainteneur  des  Jeux-Floraux, 

p.  66.. 
CAMPMARTIN,  bourgeois  de  Toulouse,  p.  475. 
CAMPMAS,   docteur-médecin,   député    aux    Etats 

généraux,  p.   i37ë. 


CAMPREUON,  ministre  protestant,  p.  26. 
Campredon,  ville  de  Catalogne,   prise   par  le  duc 
de  Noaiiles,  p.  3o. 

CAMPS,  ministre  protestant  à  Mazamet,  p.   18. 

Camp-Domergue,  p.  75o. 

CAMUS,  député  aux  Etats  généraux,  p.   1389. 

CAMUSAT  (Jean),  p.  i33. 

CANADissiERS  de  Nimes,  p.  79. 

Canada,  pp.  590,  1377. 

Canal  en  Lauragais,  demandé  par  la  noblesse  en 
1614,  p.  453. 

—  de  l'Adda,  p.  460. 

—  de  Beaucaire  à  Aigues-mortes,  pp.  12,  35,  64, 
109,  123,  383,  944,  1129,  ii32,  ii33,  1134, 
1226,  1228,  1428;  historique  des  premiers  pro- 
jets sous  Henri  IV,  Louis  XIII,  la  Régence, 
pp.  384,  385;  lettres  patentes  accordées  à  Jac- 
ques Brun,  pp.  385,  386;  résistance  des  États, 
pp.  386,  387;  nouvelle  concession  à  Marc  Pau- 
let;  le  canal  reste  à  l'état  de  projet  jusqu'aux 
dernières  années  du  règne  de  Louis  XV,  p.  388. 

—  entre  Beaucaire,  Aigues-mortes  &  l'étang  de 
Pérols,  p.  81. 

—  de  Beaucaire  à  l'étang  d'Escamandre,  p.  83. 

—  du  Bourgidou,  p.  384. 

—  de  la  Brenta,  p.  460. 

—  de  Briare,  p.  459. 

—  de  Cette  aux  étangs,  pp.  36,  67,  72,  93,  96, 
126,  1  i32,  1  i33,  I  134,  I  146,  1294,   1428. 

—  des  Deux-Mers.  Voir  Canal  de  Languedoc. 

—  de  Languedoc,  pp.  22,  23,  35,  55,  104,  iio, 
125,  722,  843,  870,  897,  940,  1064,  1  i33,  1134, 
1124,  1228,  1241,  1275,  1427;  historique  des 
premiers  projets  du  canal,  remontant  à  Char- 
les IX  ou  François  I''',  pp.  451,  452;  délibéra- 
tions des  Etats;  suite  des  études  sous  Henri  IV, 
p.  453;  nouveaux  projets  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  en  1618,  |633,  i65o,  p. 454; 
projets  &  différentes  lettres  de  Riquet,  pp.  20, 
454,  455,  456,  407;  renvoi  de  l'affaire  aux 
commissaires  des  États,  p.  468;  le  projet  est  mal 
accueilli  par  les  États  de  la  Province;  le  tracé 
du  canal  de  dérivation  est  jalonné  de  Durfort  a 
Naurouse,  p.  459;  les  avis  d'adjudication  sont 
publiés;  son  tracé  en  partant  du  point  où 
Riquet  plaçait  son  embouchure,  p.  460  ;  la  pos- 
sibilité de  son  exécution  est  démontrée  par  le 
creusement  de  la  rigole  d'essai;  sera  complété 
par  la  création  du  port  de  Cette,  p.  463;  la 
rigole  amène  l'eau  du  Sor  à  Toulouse  &  à  Car- 
cassonne;  indifférence  des  États,  p.  463;  tout 
concours  pour  sa  construction  est  refusé  par  les 
États,  p.  464;  l'adjudication  des  travaux  est 
donnée  à  Riquet;  le  canal  est  érigé  en  fief;  deux 
mille  ouvriers  travaillent  à  sa  construction,  en 
janvier  1667;  il  doit  être  exécuté  en  huit  années, 
pp.  21,  465;  inauguration  des  travaux  du  ca- 
nal; cérémonie  à  propos  de  la  fondation  de 
l'écluse  de  Garonne,  pp.  21,  474;  règlement 
sur  les  ponts  à  construire,  p.  26;  est  visité  à 
sec;  essai  de  navigation,  p.  26;  droits  des  sei- 
gneurs péagers,  p.  28;  durant  plusieurs  années 
est  l'ouvrage  le  plus  considérable  du  royaume; 
sollicitude  de  Colbert  à  son  égard;  état  de  l'a- 
vancement des  travaux,  p.  5i3;  vérification  des 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1471 


cr.nvaux;  son  inauguration;  sommes  dépensées 
3  sa  construction  par  le  roi,  la  Province  & 
l'entrepreneur,  p.  5i5;  le  premier  usage  fait 
par  l'Etat  du  canal  fut  le  transport  du  matériel 
de  guerre  qui  devait  bombarder  Gênes,  p.  5i6; 
visité  par  ordre  du  conseil  d'Etat,  p.  61;  sei- 
gneurs riverains,  p.  68  ;  convention  pour  l'entre- 
tien des  épanchoirs,  aqueducs  &  rigoles,  p.  72; 
entretien  des  divers  ouvrages  du  canal,  p.  74; 
vérification  s'il  peut  être  joint  à  la  robine  de 
Narbonne,  pp.  72,  86;  son  établissement  ruine 
le  diocèse  d'Albi,  p.  698;  études  des  réparations 
à  faire  au  canal  en  1727,  p.  1009;  réclamations 
des  riverains,  pp.  1060,  1061;  expertises  faites 
par  divers  personnages;  arrêts  du  conseil  con- 
cernant cette  afîàire,  p.  io6i. 
Canal  de  Lattes,  p.  843. 

—  du  Lez  &  de  la  robine  de  Lattes,  p.   io55. 

—  des  Losmes,  en  Provence,  p.  07. 

—  de  Lunel,  p.  844. 

—  de  Nimes  à  Aigues-morfes,  par  le  Cayla,  p.  127. 

—  de  la  Radelle,  dans  l'étangde  Mauguio,  p.  1  1  34. 

—  du  Rhône,  pp.  26,  892. 

—  de  la  Robine,  entre  la  robine  de  Narbonne  & 
le  canal  du  Languedoc,  pp.  29,  83,  86,  91,  1 15, 
699,  843. 

—  Saint-Pierre,  i  Toulouse,  p.  1 1 5 ;  ouverture  de 
la  navigation  le  14  avril  1776,  p.  1 14. 

—  du  Tessin,  p.  460. 

—  de  Toulouse  à  Moissac  projeté,  pp.  1227,  1  228. 

—  de  Venise  à  Padoue,  p.  453. 

—  latéral  au  Tarn,  projeté  en   1748,  p.   1088. 
Canalisation  du  bas  Rhône,  p.  1. 
Canaries  (Iles),  p.  927. 

Canaux,  p.  1369. 

—  des  étangs  de  Languedoc,  p.  !>8. 

—  du  Milanais  &  de  la  Vénétie;  ont  donné  la 
première   idée  du   canal  de  Languedoc,  p.  461. 

—  proposés,  pp.   1226,  1227. 
Candeil,  abbayej  ses  armoiries,  p.  684. 
Candiac,  p.  747. 

—  (Moulin  de),  p.  748. 

—  (Château  de),  p.  765. 
Candie  (Siège  de),  p.  1071. 
Oandillargues,  commune,  pp.  74,  ii25. 

—  (Pont  de),  p.  95. 

CAVDILLARGUES  (de),  lieutenant  principal  au 
siège  présidial  de  Montpellier,  p.  2i5. 

Canes,  montagne,  p.  710. 

CANES  (de),  p.  469. 

CANILLAC  (Marquis  de),  brigadier  d'infanterie, 
pp.  âo  1 ,  80Z. 

Canillac  (Maison  de),  p.  1384. 

Canoubgob  (La),  p.  744;  ravages  qu'y  fait  la  peste, 
p.  962. 

CANTALAUZE  (de),  conseiller  au  parlement  de 
Toulouse,   pp.    119a,    1198;   son    exil     p.    1218. 

CANTUER  (Emmanuel-Louis  de),  p.  3i6. 
Cap  de  Cette;  projet  d'y  établir  un  port,  p.  463. 
Capelade,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 
CAPELItR,  p.   ii3o. 


CAPELLA  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1218. 
CAPELLE,  consul  de  Saint-Kaufary,  p.  ç58. 
Cape N DU,  au  diocèse  de  Carcassonne,  pp.  871,  1008. 

—  (Hôpital  de),  p.  695. 
Capens,  commune,  p.   icop. 

Capestang,  commune,  pp.  74,  126,  ii25,  1401. 

Capette,  commanderie  de  l'ordre  de  Malte, p.  1  i36. 

Capitation,  pp.  36,  41,  48,  5i,  53,  54,  76,  93, 
io5,  755,  871,  971,  1369;  son  établissement 
proposé  au  roi  par  les  Etats  de  la  Province  de 
Languedoc  pour  toute  la  durée  de  la  guerre; 
pensée  patriotique  qui  guidait  les  Etats  dans 
cette  occasion;  dispositions  préliminaires  prises 
dans  les  assemblées  d'assiettes;  avantages  St  hon- 
nêteté de  cet  impôt,  pp.  665,  666;  est  établie 
par  une  déclaration  du  roi  du  18  janvier  i6>7.~', 
pp.  76,  666;  raisons  données  par  Louis  XIV 
sur  la  nécessité  de  cet  impôt;  la  société  fran- 
çaise, moins  le  clergé,  divisée  en  vingt-deux 
classes;  causes  de  l'omission  du  clergé  dans  le 
tarif,  pp.  667,  668;  texte  du  tarif  fixant  l'im- 
pôt pour  les  vingt-deux  classes  en  lesquelles 
est  divisée  la  société  française;  hiérarchie  spé- 
ciale créée  par  les  révolutions  de  la  fortune 
dans  la  classification  de  la  société,  pp.  668,  669, 
670,  671,  672;  le  clergé  rachète  cet  impôt  par 
un  don  gratuit  annuel  de  quatre  millions  de 
livres,  p.  673;  son  application  à  Toulouse;  in- 
justices commises  par  les  commissaires  réparti- 
teurs de  l'impôt,  p.  674;  lenteurs  &  difficultés 
pour  sa  perception;  indélicatesse  &  vénalité 
d'employés  subalternes,  p.  676;  en  sont  exemp- 
tées les  communes  brûlées  par  ordre  du  roi, 
p.  40;  sa  levée  réglée  par  les  Etats,  p.  46;  ré- 
duite en  1738,  p.  72;  employée  jusqu'à  800000 
livres,  en  1739,  au  remboursement  des  créanciers 
dj  la  Province,  p.  73;  règlement  du  conseil 
d'Etat  pour  sa  levée,  p.  76;  augmentations  ra- 
chetées par  la  Province,  p.  83;  taxes  doubles 
abonnées  par  la  Province,  p.  95, 

—  (Décharge  de  la),  pp.  42,  43;  en  faveur  du 
diocèse  de  Nimes,  p.  i  to. 

—  (Remise  sur  la),  pp.  42,  43,  44,  67;  en  sep- 
tembre 1742,  de  60000  livres,  p.  77;  en  1743, 
de  494300  livres;  en  1744,  p.  80;  de  3ooooo  li- 
vres en  faveur  de  plusieurs  diocèses  &  commu- 
nes, p.  88. 

—  du  dixième  maintenue,  p.  906. 

Capitouls  de  Toulouse,  pp.  2,  6,  8,  10,  3i,  53, 
164,  242,  3 18,  366,  523,  ii35;  leur  nomination 
par  le  roi  ;  scènes  violentes  avec  les  commissaires 
du  Parlement;  leur  élection  est  cassée,  p.  3  ; 
arrêt  concernant  leur  domicile,  p.  5;  nommés 
par  ordonnance,  p.  117;  texte  de  la  lettre  du 
roi  &  de  la  régente  leur  annonçant  la  mort  de 
Louis  XIII,  p.  i36;  leur  salutation  au  Parle- 
ment après  leur  nomination,  p.  137;  subissent 
la  mauvaise  humeur  du  Parlement,  p.  i39;  leur 
élection,  p.  169;  cérémonies  de  leur  installa- 
tion, p.  170;  sont  appuyés  par  le  duc  d'Orléans; 
leurs  démarches  à  Paris,  pp.  222,  223;  rétablis 
dans  leurs  charges  par  arrêt  du  conseil,  p.  226; 
leur  rôle  aux  Etats,  p.  23 1  ;  résistent  au  Parle- 
ment, p.  297;  assistent  aux  obsèques  de  M.  de 
Montchal,  contre  le  gré  du  Parlement,  p.  317; 


1472 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


lettre  qu'ils  reçoivent  du  roi,  au  sujet  de  la  dé- 
fection   de   Marsin   &  des  menées  du    prince  de 
Condé,  p.  323  ;  reçus  en  audience  par  Loviis  XIV, 
p.  370;  lui  offrent  les  présents  de  la  ville;  visi- 
tent la  reine-mère,  le  duc  d'Anjou,  M"''  de  Mont- 
pensier,  le  duc  &  la  duchesse  d'Arpajon,  p.  Syi  j 
nommés    par  le    roi    durant    son    séjour  à  Tou- 
louse, p.  375  ;  font  leur  visite  au  roi,  à  la  reine 
&  aux  princes  du  sang;  se  plaignent  amèrement 
des  rigueurs  du   roi  contre  la  ville  de  Toulouse, 
p.  376;   leurs  démarches  au   moment  du  second 
voyage   de   la  Cour,  pour  obtenir   le    rétablisse- 
ment de  l'abonnement  des  tailles,  p.  389;  leurs 
démêlés  avec  le  Parlement  au  sujet  des  droits  de 
commutation,   p.   417;    ont   le   droit    de    visiter 
toutes  Us  maisons,  même  celles  des  officiers   du 
Parlement,   p.    418;    s'occupant    de    négoce    ou 
étant   revenus  au  palais,  se  trouvent,  à  la    suite 
d'un  arrêt  du  conseil,  déchus   du    titre  de   no- 
blesse acquis  par  la  charge  capitulaire,  p.  449, 
assistent  en  corps  à  l'inauguration  des  travaux 
du    canal    de    Languedoc,    p.    474;    fêtes    qu'ils 
donnent  à  Toulouse   après  la   naissance  du  duc 
de  Bourgogne;  entourent  la  relique  de  la  Sainte- 
Epine   à  la    procession    faite    à  Saiiit-Sernin   à 
cette  occasion,  p.  523;  donnent  un  grand  dîner 
dans  la   salle  de  l'hôtel  de  ville,  p.  624;   ordre 
qu'ils    reçoivent    de    Fontainebleau    concernant 
les  filles  de  l'Enfance,  p.  585;  influences  faisant 
leur  élection,  p.  593;  nommés  par  le  ministère, 
pp.    596,   597;    leur    mauvaise    administration 
réformée    par   BàviUe,    p.    604;    sont    empêchés 
par   l'intendant   d'envoyer   à    tout    propos    des 
députations  hors  de  Toulouse,  p.  6o5  ;  leur  ha- 
bileté &  leurs   mensonges  sur  l'origine  de   leur 
pouvoir,  pour  échapper  aux  taxes  personnelles, 
p.  625;   leur  émotion  à  la   suite  de   la   décision 
du   conseil  d'Etat  du    14  juillet   1691,  pp.  63o, 
63 1  ;  citations  d'un  curieux  mémoire  au  sujet  de 
leur  administration,   p.    632;    sont   maintenus 
dans    la   dispense   de   la    taxe   d'anoblissement, 
après  le  payement  de  25oooo  livres   des  deniers 
de  la  ville,  p.  634;  abus  qu'ils  faisaient  de  leur 
privilège  d'anoblissement,  p.  716;    leurs    repré- 
sentations au  sujet  de  l'éloignement  du   Parle- 
ment, p.    1357. 
Capitoulat   de   Toulouse;    sa    transformation, 
pp.   1289,  1290,   1291,  1292,  1293;  remontran- 
ces au  roi  faites  par  le  Parlement  au  sujet  de  la 
réforme  de  1778,  pp.   i3i5,  i3i6,  i3i7,  i3i8. 

—  de  Saint-Pierre,  à  Toulouse,  p.  378, 

. —  de  Saint-Sernin,  à  Toulouse,  p.  378. 

Cap-Nègre,  p.  722. 

CAP.S1R,  pays  aux  sources  de  l'Aude,  pp.  356,  373, 

400,  5i6. 
CAPTIER,  de  Limoux,  p.   1207. 
Capucins,  p.  3 18;  leurs  réclamations  afin  d'éviter 

de  payer  certains  impôts,  pp.   1064. 

—  missionnaires,  p.  741. 

—  de  Castres;  concessions   en  leur  faveur  signées 
par  Louis  XIV,  p.  390. 

—  de  Chalabre,  p.  416. 

—  de  la  Mission,  à  Florac,  p.  14. 

—  établis  à  Limoux,  pp.  409,  416. 

—  de  Toulouse,  p.  585. 


Caractère  des    habitants  de  Languedoc,  pp.  697, 

i38i. 
Caragocdcs,  pp.  661,  1265. 
Caraman,  ville  du  Lauragais,  pp.    100,  101,   1240, 

1265,  i35o,  1402,   1404;  ses   armoiries,  p.  687. 

—  (Chapitre  de  Saint-Félix  de),  p.   1 18. 

—  (Comté  de),  pp.  14,  1 5,  18,  12,  26,  118,  120, 
5i3,  1252;  réuni  au  Languedoc,  p.  117;  causes 
qui  avaient  amené  l'adjonction  de  ce  comté  à  la 
Guienne,  pp.   1296,  1297. 

CARAïVIAN  (Comte  de),  p.  i35;  ses  relations  avec 
le  poète  Maynard,  p.  246. 

CARAMAN(de);  sa  brillante  retraite  sur  Louvain, 

p.  41. 
CARAMAN  (Comte  de),  lieutenant  général  en  Lan- 
guedoc, p.   112. 
CARAMAN  (de),  p.   1228. 
CARANOVE,  libraire  à  Toulouse,  p.   io58. 
Cabavettes,  baronnie,  pp.  96,  100. 
CARBON  (Abbé  de),  p.  365. 
CARBON  (de),  p.  435. 
CAP.BON  (Montpezat  de),  archevêque  de  Toulouse. 

Voir  mÔnTPEZAT  DE  CARBON. 
CARBON    (de),    nommé    conseiller    au    parlement 

Maupeou,  p.   1214. 
CARBON  (de)  fils,  nommé  conseiller  au  parlement 

Maupeou,  p.   1214. 
Carbonne,  ville   maîtresse   du   diocèse   de   Rieux, 

pp.  55,  255,  1261,  1404. 
CARBONNEL,  assesseur  au  tribunal  des  capitouls; 
son  avis  de   relaxer  tous   les  accusés  de   l'affaire 
Calas,  p.  1 166. 
Carcan;  y   sont  mises    les   personnes  trouvées  en 

possession  de  sel  prohibé,  p.  844. 
Carcasses,  pays,  p.  699. 

Carcassonne,  ville  épiscopale,  pp.  5,  10,  i3,  21, 
35,  53,  55,  56,  59,  63,  65,  69,  75,  76,  79,  81, 
82,  83,  88,  90,  94,  99,  104,  io5,  120,  121, 
122,  124,  125,  i56,  237,  240,  289,  3i4,  315, 
329,  359,  36i,  38o,  389,  399,  432,  452,  459, 
469,  472,  476,  498,  639,  696,  871,  890,  990, 
1004,  loio,  io65, 1 124,  1 149,  1 160,  1 178,  1210, 
1236,  1254,  i347,  1376,  1378,  i385,  1404,  1405, 
1418;  son  académie  d'équitation,  p.  26;  date 
de  l'établissement  de  l'hôpital  général,  p.  3o  ; 
droit  sur  la  viande  de  boucherie,  p.  84;  ses 
élections  municipales  sont  cassées,  p.  io5;  con- 
firmation des  privilèges  de  la  cité,  p.  117;  sup- 
pression du  couvent  de  la  Merci,  p.  119;  les 
Etats  sont  tenus  dans  la  ville  basse  en  1648, 
p.  273;  agitation  à  l'occasion  du  renouvelle- 
ment des  consuls,  p.  337;  élections  municipales 
cassées  par  le  Parlement  de  Toulouse;  le  sergent 
royal  qui  a  signifié  l'arrêt  du  Parlement  est 
condamné  à  mort  &  pendu;  sévices  contre  la 
veuve  de  ce  sergent,  p.  338;  désordres  à  propos 
de  l'impôt  du  sel,  p.  iâçi  arrêt  sévère  prononcé 
contre  la  ville  par  la  cour  des  aides,  p.  36o;  est 
annulé,  p.  36 1  ;  ses  armoiries,  p.  687}  sa  po- 
pulation en  1698,  d'après  Bâville,  p.  692;  les 
jésuites  y  dirigent  un  collège,  p.  695;  l'évêché 
qui  était  encore  dans  la  cité  est  transféré  dans 
la  ville  basse,  p.  1062. 
—  (Abbaye  Saint-Hilaike,  à),  p.  85. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


1473 


Carcassonne  (Cité  de),  p.   106. 

—  (Diocèse  de),  pp.  5û,  62,  78,  88,  pt,  94.  96, 
97,  98,  100,  102,  10(5,  107,  126,  i56,  209, 
497,  5io,  619,  746,  894,  9^3,  1007,  1008, 
1061,  I  149,  I  178,  1287  9  cité  par  Bâville  comme 
une  démonstration  éclatante  de  la  richesse  que 
l'activité  humaine  peut  donner  à  un  pays  peu 
fertile,  p.  699;  reçoit  des  secours  à  la  suite  des 
désastres  de  1707,  p.  871;  ravagé  par  la  grêle 
en  1727,  p.   ioo3. 

—  (Erêque  de),  pp.  990,  1004. 

—  (Grand  bailliage  de),  p.   128. 

—  (Hâpital  de  Sainte-Croix,  à),  p.  ôpS. 

—  (Hôtel-Dieu  de),  p.  695. 

—  (Plaine  de),  p.   1  159. 

—  (Présidial  de),  p.    12. 

—  (Séminaire  de),  p.  85. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.  99,  128,  126,  127,  893, 
1102,  i366,  i3('i7,  j383,  i385;  cert.jins  do- 
maines y  sont  soumis  à  la  coutume  de  Paris, 
p.  693;  unie  provisoirement  à  celle  de  Toulouse, 
p.  129. 

CARDAILLAC  DE  LÉVIS    (Louis    de),    comte    de 

Bioules,  p.  2;)i. 
Cabdaillac,  grosse  cloche,  à  Toulouse,  p.  3i6. 
Cardes  à  laine,  p.  62. 
Cai'.det,  lieu,  p.  841 . 
Cardeurs  de  laine  de  Lodève,  p.  81. 
CARDONNE  (Duchesse  de),  p.  1S6. 
Cafiextax  (Congrégation  dej,  p.   1104. 
CARION  DE  NIZAS  (Henri  de),  p.  863. 
CARLAT  DE  LA  QUEILLE  (François),  chanoine 

de   Pamiers;    est    banni    à.  Jargeau    par   lettre  de 

cachet;   conduit  à   Peccaisj    il  y  meurt   couvert 

d'ulcères,  p.  5i  8. 

CARLOT  (Pierre  de),  conseiller  de  la   chambre  de 

ledit  de  Castres,  p.  8. 
Carvacx;  ses  armoiries,  p.  687. 
CAP.ME  (de),  subdélégué  de  l'intendance  de  Mon- 

lauban,  p.  872. 
Cakmes,  p.  3 18. 

—  de  Montréal  supprimés,  p.  116. 

—  (Grands),  p.  25o. 

—  déchaussés  du  Désert,  p.  i  104. 
Carmélites  de  Toulouse;   à  défaut  d'une  somme 

promise  par  Louis  XIII  pour  la  construction  de 
leur  couvent,  elles  reçoivent  un  don  de  bois  8c 
de  sel,  p.  379. 

Cap.menel,  p.  99. 

CARNEY(de),  ingénieur,  pp.  76,  78. 

CARNEY,  ingénieur,  directeur  des  travaux  dans 
la  sénéchaussée  de  Carcassonne;  sa  famille;  ses 
enfants,  p.   1114. 

Carol  (Vallée  de),  p.  400. 

CAROL,  habitant  de  Toulouse,  p.  1402. 

Caholine  (La);  des  protestants  français  s'y  réfu- 
gient, p.  567. 

CARON,  notaire,  i  Paris,  p.   1026. 
Cabocx  (Mont),  p.  873. 
CARQUET  (Antoine),  p.  864. 
CARQUET  (Chevalier  de),  p.   i352. 

XIII. 


CARRÈRE  (de),  conseiller-clerc  au  parlement 
Maupeou,  p.    1214. 

CARRERE,  chanoine,  à  Toulouse,  p.    |356. 
CARRIER,  capitaine,  p.  235. 

CARRIÈRE  (Pierre),  capitoul,   pp.  201,  220,  222. 
CARRIÈRE,    secrétaire    des    Etats    de    Languedoc, 

pp.   1425,  1426. 
Cart  (Pont  de),  p.   1 149. 
Carte  de  Cassini,  p.   1400. 

—  des  Cévennes,  dressée  à  Paris  pour  faciliter  la 
destruction  des  paroisses  condamnées,  p.  Soi. 

—  du  diocèse  de  Narbonne,  p.  1028. 

—  des  diocèses  d'Agde  &  de  Béziers,  p.  1028. 

—  du  golfe  de  Lyon,  depuis  Marseille  jusqu'à  La 
Franqui,  p.  896. 

—  fonds  votés  par  les  Etats  pour  sa  préparation, 
p.  996. 

—  routière  de  la  Province,  gravée  par  Dupaintriel, 
pp.  i3o9,  i3io. 

Cartes  diocésaines  des  sénéchaussées,  dressées  par 
Ordre  des  Etats  pour  corriger  8c  compléter  la 
carte  routière  de  la  Province;  signes  conven- 
tionnels admis  pour  indiquer  les  diverses  cljsses 
de  chemins,  pp.   i3o9,  i3ici. 

—  des  diocèses  de  Languedoc,  pp.  996,  997. 

—  géographiques  préparées  pour  la  première  édi- 
tion de  V Histoire  de  Languedoc,  p.  997. 

—  DESSUNS  8t  échantillons  insérés  dans  un  exem- 
plaire manuscrit  des  Mémoires  de  Bâville, 
p.  690. 

Cartovnerie  de  Gentil,  au  diocèse  d'Uzès,  p.    107. 

Cartels,  p.   102. 

Casal  (Siège  de),  p.   194. 

CASANOVE  (Arnauld  de),  maître  maçon,   p.  453. 

CASENEUVE  (de),  p.  626. 

Casernes,  pp.  64,  56. 

—  (Construction  de),  p.  85. 

Cassagnas,  paroisse  81  diotèse  de  Mende,  pp.  746, 

836,  1407;  dévasté,  p.  806. 
Cassagnelle;  Ses  armoiries,  p.  686. 
Cassac.nols,  marquisat,  p.   104. 

CASSAIGNAU  DE  SAINT- FÉLIX  (Louis-Emma- 
nuel de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
fait  partie  de  la  commission  d'enquête  de  178'i, 
pp.   i32i,  i325. 

Cassargues,  paroisse,  p.  332;  son  église  est  incen- 
diée, p.  759. 

CASSAING,  ancien  prieur  de  la  Bourse  de  Tou- 
louse, p.   i363. 

CASSAND  (de);  épitaphe  en  vers  composée  par  lui 
pour  Riquet  &  insérée  au  Mercure  de  France, 
p.  5io. 

CASSAND  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.    1218. 

CA5SAN-CLAIRAC  (de),  conseiller  au  Parlement 
de  Toulouse;  son  exil.  p.   1218. 

Casses  (Couvent  des),  p.   12. 
Casses  (Sainte-Claire  des),  couvent,  p.   i3. 
CASSEYROL,  capitoul,  p.  ii55. 
Castacmac,  commune,  p.  1009. 


9^ 


M74 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Castagnols,  lieu  des  hautes  Cévennes,  pp.  41,  yyS; 
dévasté,  p.  804. 

—  (Montagne  de),  p.  775. 

CASTAING,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.  242. 

CASTAING  (J.),  officier  municipal,  p.   1414. 

CASTAN,  p.   io5. 

Castanet,  village  près  Toulouse,  pp.  1084,  1241, 
1402,  1404;  union  de  sa  malndrerie  &  de  plu- 
sieurs autres  hôpitaux  à  son  hôpital,  p.  32. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

CASTANET,  chef  camisard,  garde  forestier  de 
l'Aygoual,  pp.  87,  749,  784,  797;  fait  des  vivres 
pour  les  insurgés  &  tue  les  gens  qu'il  soupçonne 
d'espionnage,  p.  754;  sa  soumission,  p.  40;  se 
rend  à  Calvisson  avec  une  partie  de  sa  bande, 
p.  840;  rentré  en  France,  est  pris  &  rompu  vif 
à  Montpellier,  p.  41. 

CASTANIER,  p.  48. 

CASTEL  (Marie),  p.  864. 

CASTEL,  sous-traitant,  p.  207. 

CASTEL,  conseiller  au  Parlement,  p.  247. 

CASTEL  (Jean),  avocat  au  Parlement,  nommé 
chef  du  consistoire  par  lettre  de  cachet,  pp.  376, 
389. 

CASTELBAJAC,  décapité  pour  infraction  à  l'or- 
donnance contre  les  duels,  p.   193. 

Castelfbanc,  château  fort,  pp.   1  1,  353. 

Casïelginest  (Hôpital  de),  pp.  33,  696. 

Casteljaloux,  p.  368. 

CASTELLANE,  abbé,  p.   io23. 

CASTELLAR  (Marquis  de),  ambassadeur  d'Espa- 
gne, p.   I o32. 

Castei-Léon,  fort  de  la  vallée  d'Aran,  p.  297. 

Castelmaurou,  baronnie,  pp.  3  18,  1241. 

Castelnau,  pp.  32,  85,  109,  246,  247,  482,  1241  ; 
ses  armoiries,  p.  686. 

—  (Château  de),  p.  40. 

—  (Pont  de),  p.  233. 

—  (Hôpital  de),  p.  695. 

CASTELNAU  (Baron  de);  nom  que  prit,  dans  sa 
jeunesse,  Pierre  de  Bonzi,  pp.  495,  868. 

Castelnaudary,  ville  maîtresse  du  diocèse  de  Saint- 
Papoul,  pp.  23,  62,  107,  ii5,  118,  120,  121, 
124,  i56,  280,  289,  320,  329,  38o,  470,  496, 
5i3,  520,  864,  944,  989,  1218,  1253,  1254, 
1255,  1263,  1378,  i38o,  i383,  1391,  1401, 
1402,  1405,  1428;  on  y  crée  un  conseil  poli- 
tique, p.  48;  cérémonie  qui  y  est  célébrée  à  pro- 
pos de  l'inauguration  du  canal  de  Languedoc, 
p.  5i5;  ses  armoiries,  p.  687;  ses  plaines  fer- 
tiles, p.  698. 

—  (Collège  de),  p.   18. 

—  (Collège  des  doctrinaires  de),  p.  1 14. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
.— (Sénéchal  de),  p.   121 1. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.  696,  1367,  1384. 
Castelnau  de  Bonafous,  baronnie,  pp.  23,  39,96, 

36 1,  362,    1408. 

Castelnau  de  Brassac  (Seigneurie  de),  commune, 
pp.  m,  114,  957. 


Castelnau  d'Estrétefonts,  pp.  4,  1404;  union  de 
cinq  hôpitaux  à  son  hôpital,  p.  33. 

—  (Baronnie  de),  p.  3o, 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

—  (Prieuré  de),  pp.  22,   1  189. 

CASTELNAU  D'ESTRÈTEFONTS  (Baron  de), 
pp.  287,  896,  990. 

Castelnau  de  Montmirail  (Seigneurie  de),  pp.  957, 

1408. 
Castelnet,  p.  36 1. 
CASTELNOUVEL  (Potier  de),  p.  3i6. 
CASTELPERS  (de),  sénéchal  de  Castres,  p.  22. 
CASTELPERS  (Marquis  de),  pp.   1225,   |352. 
Castelrexg,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
Castelsarrasin,   ville   maîtresse   du    diocèse    Bas- 

Montauban,  pp.  76,  328,  332,  991,  1008,  i263, 

1282,    1403,    1404;    répare   ses   murailles   &   se 

met  en  état  de  défense,  p.  327. 
Castelviel,  pp.  59,  121. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 
Casteras,  commune,  p.   1009, 
Castille,  p.  927. 
CASTILLE  (Baron  de),  p.  124. 

CASTILLE  (de),  surintendant  de  la  maison  de 
Gaston  d'Orléans,  domaine  &  finance,  p.   186. 

Castillon,  pris  par  le  prince  de  Conti,  p.   12. 

CASTILLON,   concessionnaire  de  Salins,   p.    117, 

CASTILLON,  de  Limoux,  p.  1207. 

Castillonez  (Bois  du),  p.  474. 

Castrais  (Pays);  ses  produits  naturels  &  ses  ma- 
nufactures, pp.  698,   1401. 

Castres,  ville  épiscopale,  pp.  18,  20,  47,  55,  56, 
58,05,  73,  79,  82,  85,  88,  97,  99,  loo,  ii3, 
ii5,  116,  120,  123,  124,  127,  177,  299,  3i8, 
362,  472,  496,  566,  567,  768,  890,  1004,  1067, 
1069,  1073,  1142,  1348,  1376,  1391,  1402, 
1408,  1418,  1428;  l'évèque  ordonne  la  cons- 
truction d'une  cathédrale,  p.  71  ;  création  de  la 
sénéchaussée,  p.  86;  les  consLiIs  sont  invités  à 
eiigiiger  les  protestants  à  abjurer;  ils  se  sou- 
mettent sans  difficulté,  p.  554;  occupée  par  les 
troupes  après  les  conversions  en  masse,  p.  555; 
sa  population  en  1698,  d'après  Bâville,  p.  692; 
les  jésuites  y  dirigent  un  collège,  p.  695, 

—  (Capucins  de),  p.   i5. 

—  (Collège  des  jésuites  de),  p.  87. 

—  (Evèque  de),  pp.  63,  297,  3 18,  85o,  868,  946, 
1067,    I I 17,    11 48,    1408. 

—  (Sénéchal  de),  p.   121 1. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.   1  367,   i383,  |385. 

—  (Comté  de),  p.  470;  certains  domaines  y  sont 
soumis  à  la  coutume  de  Paris,  p.  693. 

—  (Diocèse  de),  pp.  42,  56,  88,  91,  92,  94,  95, 
98,  99,  100,  102,  106,  114,  122,  126,  127, 
i56,  i65,  260,  619,  664,  769,  770,  894,  1007, 
1081,  1088,  1177,  1178,  1246,  1287,  1400; 
les  camisards  font  une  pointe  sans  résultats 
dans  ce  diocèse,  p.  809;  ravagé  par  la  grêle  en 
1727,  p.   ioo3. 

—  (Montagnes  de),  p.   1034. 

—  (Pays  de),  pp.  1249,  1255. 

—  (Evèchè  de),  p.   1408. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


1475 


Castries,  baronnie,  pp.   r,  8t,  129. 

Castbies,  commune;  ses  armoiries,  p.  686;  com- 
prise dans  le  département  du  bas  Languedoc, 
p.    1401. 

—  fMarquisat  de),  p.  3. 

CASTRIES  (Baron  de),  p.  iSp,  314,  469. 

CASTRIES  (Comte  de),  pp.  2i3,  216. 

CASTRIES  (Marquis  de),  pp.  168,  339,  '°35; 
promu  chevalier  du  Saint-Esprit,  p.  4o5;  épouse 
une  nièce  de  Bonzi,  évéque  de  Béziers,  p.  494; 
étouffe  l'insurrection  du  Vivarais,  p.  496;  fait 
l'ouverture  des  Etats  en   1671,  p.  23. 

CASTRIES  (de),  fils  du  précédent  &  neveu  du  car- 
dinal de  Bonzi,  épouse  M"''  deVivonne;  son 
mariage  est  célébré  chez  M""  de  Moniespan, 
p.  ■?,». 

CASTRIES  (Marquis  de),  sert  dans  l'armée  de 
Bohême  en  1742,  p.  1064;  entre  aux  Etats  de 
Languedoc,  en  1746,  comme  baron  de  Castries, 
p.  81. 

CASTRIES  (Marquis  de},  p.  i3  12  ;  achète  le  comté 
d'Alats  au  prince  de  Conti,  p.  ii5;  prend  en 
1777  place  aux  Etats  de  Languedoc  comme  comte 
d'Alais,  p.   116. 

CASTRIES  (Maréchrl  duc  de),  secrétaire  d'État; 
fait  partie  de  l'assemblée  des  notables  en  1786, 
p.  i335;  représentant  la  vicomte  de  Paris  à 
l'Assemblée  nationale  réclame  l'honneur  de  sa- 
crifier aux  représentants  de  la  nation  la  préro- 
gative de  baron  des  Etats,  p.   1392. 

CASTRIES  (Marquise  de);  son  esprit  politique, 
p.   5oo. 

Catalans  révoltés,  p.  862. 

Catalens,  au  diocèse  Bas-Montauban,  p.  1008. 

Catalogne,  pp.  162,  164,  i65,  i83,  208,  209,210, 
j36,  239,  240,  25i,  262,  176,  3i8,  3ai,  324, 
H42,   364,  387,  5l2. 

CATEL  (de),  officiai,  p.  3i6. 

CATELAN,  baron  de  Gaure,  capitoul,  p.  243. 

CATELAN,  capitoul,  p.  244. 

CATELAN  (de),ch»noine  de  Saint-Sernin,  p.  i  226. 

CATELAN  (Chevalier  de),  mainteneur  des  Jeux- 
Floraux,  p.  661. 

CATELAN,  avocat  général  au  Parlement;  est  ar- 
rêté, p.  127;  prisonnier  au  château  de  Lourdes, 
p.  i344;  fait  partie  du  conseil  général  tenu  à 
l'hôtel  de  ville  de  Toulouse  en  1789,  p.   i365. 

Catelet,  lieu,  p.   159. 

CATHELAN,  capitoul,  pp.  3i7,  449. 

CATHELAN, conseiller  au  Parlement  deToulouse, 
pp.  3o3,  336,  349. 

CATHELAN  (M""  de),  pp.  583,  684. 

CATHELAN,  épicier  à  Nimes,  p.  992. 

Catholiques  déchargés  des  dettes  des  réformés, 
p.  17;  peuvent  seuls  être  juges  bannerets,  p.  20; 
croient  à  la  subornation,  par  les  protestants, 
des  domestiques  catholiques,  p.  283;  prennent 
les  armes  à  la  suite  des  premiers  attroupements 
des  protestants,  p.  529. 

—  massacrés  dans  les  environs  de  Genouillac, 
p.  37. 

—  des  Cérennes;  sont  frappés  de  terreur,  p.  743. 


CATINAT,  général;  ses  savantes  opérations  em- 
pêchent la  frontière  française  d'être  entamée, 
p.  62 I . 

CATINAT,  sobriquet  porté  par  Abdias  Morel,  lieu- 
tenant de  Cavalier,  pp.  748,  789,  824,  878; 
commande  la  cavalerie  de  Cavalier;  son  entre- 
vue avec  M.  de  Lalande,  pp.  833,  834;  se  pro- 
nonce contre  Cavalier  après  la  soumission  de 
celui-ci,  p.  841;  sa  soumission,  p.  40;  rentre 
en  Languedoc  &  prend  part  à  la  conjuration  de 
Nimes,  p.  858;  cent  louis  d'or  sont  promis  à 
qui  le  livrera,  p.  869;  essaie  de  sortir  de  Nimes 
sous  un  déguisement;  est  reconnu,  arrêté,  jugé 
&  condamné  à  être  brûlé  vif;  durant  sa  torture 
dénonce  divers  complices,  pp.  41,  860. 

CAUCHON  DE  MAUPAS  DU  TOUR  (Henri),  évé- 
que du  Puy,  p.  iSp;  son  sermon  devant  les 
Etats  de  1,649,  P'  5^5;  provoque  une  protesta- 
tion des  Etats  contre  l'interprétation  donnée  à 
son  sermon,  p.  286. 

Caudesaigies,  baronnie,  p.  260. 

CALDits,  village  du  diocèse  d'Alet,  pp.  98,  409, 
415,   I  178. 

Cal'jac,  lien  du  diocèse  de  Rieux,  p.  873. 

CAULET  (Jean  de),  évéque  de  Grenoble,  p.   1023. 

CAULET  (Etienne-François  de),  évéque  de  Pa- 
miers,  pp.  414,  865;  prononce  l'oraison  funèbre 
de  Nicolas  Pavillon,  p.  5o8  ;  est  en  guerre  avec 
les  jésuites,   p.  5i7. 

CAULET  (de),  prieur,  p.  517. 

CAULET,  juge-mage,  pp.  171,  173,  282;  sa  lutte 
contre  le  Parlement,  pp.  204,  2o5,  106,  207; 
est  désavoué  par  le  conseil  d'État,  p.  208. 

CAULET  (de),  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse, pp.  3o5,  349. 

CAULET,  président  à  mortier  au  Parlement  de 
Toulouse,  mainteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 

CAULET  des  Augustins,  du  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  349. 

CAULET,  trésorier  de  France,  p.   1045. 

CauliES,  dans  les  Cévennes,  p.   1071. 

Caijac,  lieu  du  diocèse  de  Rieux,  p.  873. 

CAUMELS  (de),  avocat  au  Parlement  de  Toulouse, 
capitoul,  p.  36-;  son  opposition  à  la  nomina- 
tion de  propriétaires  de  charges  royales  comme 
députés  du  tiers,  p.  282;  est  chef  du  consistoire 
en   i665,  p.  438. 

CAUMELS  (de),  vicaire  général  à  Toulouse,  p.  348. 

CAUMELS  (Pierre  de),  conseiller  au  Parlement, 
pp.  219,  221,  224,  3i7,  326,  329,  349. 

CAUMELS  (Marquis  de),  p.    !353. 

CAUMELZ,  archidiacre  de  Toulouse,  conseiller  au 
Parlement,  p.  3  16. 

CAUMELZ,  capitoul.  ^oir  CAUMELS,  avocat  au 
Parlement  de  Toulouse. 

CAUMONT  (de),  frère  du  premier  président  Fieu- 

bet,  pp.  375,  376. 
Calnes,  pp.  94,  96,  97,   1149. 

—  (Abbaye  de),  p.  95. 

—  (Bois  de),  à  l'est  de  Bragassargues,  p.  764. 

—  (Montagne  de),  p.  897. 

Calnettes,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 
CAUSSADE,  pp.   I  i65,   1218. 


1476 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


CAUSSADE  (de),  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse; dispensé  par  écrit  &  provisoirement  de 
se  rendre  au  lieu  de  son  exil,  p.   1219. 

CAUSSANEL  (Benoît),  dominicain,  pp.  1 186,  1 187. 

CAUSSE,  pp.  91,  783. 

Caisse  &  Veyba.v,  lieux,  p.  394. 

Causse  du  Tarn  supérieur,  p.  601. 

Causse-Méjan,  pp.   733,  798. 

Cadsse  (Plateaux  du),  p.  962. 

CAUSSE  (Jacques),  p.  863. 

CAUSSE  (Thomas),  p.  863. 

Caux,  lieu,  pp.  394,  864. 

Cavaléres  (Chemin  de),  p.  985. 

Cavalerie  concentrée  en  Languedoc  en  1719, 
p.  938. 

Cavaiets,  commanderie  de  l'ordre  de  Malte, 
p.    I i36. 

CAVALIER,  géographe,  contrôleur  des  fortifica- 
tions en  Languedoc,  auteur  d'une  carte  de  la 
Province,  p.  460. 

CAVALIER,  commandant  d'un  régiment  de  milice 
du  diocèse  d'Agde,  p.  619. 

CAVALIER  (Jean),  chef  cévenol,  pp.  37, 39, 40,  878  ; 
son  âge,  son  enfance,  son  adolescence,  p.  757; 
sert  dans  les  boulangSries  de  Genève  &  de  Lau- 
sanne, p.  565)  commence  de  prêcher  dans  la 
plaine  du  Gardon,  p.  753;  sa  bande  naissante  se 
fait  remettre  des  armes  par  le  prieur  de  Saint- 
Martin  de  Durfort;  bat  la  plaine  du  Vistre,  brûle 
l'église  de  Caissargues  &  en  tue  le  curé;  son  élo- 
quence inculte  &.  passionnée  fascine  le  peuple, 
pp.  759,  760;  réunit  sa  troupe  au  sud  de  la 
paroisse  d'Alais;  à  l'approche  des  troupes  divise 
sa  troupe  en  quatre  petits  corps;  met  en  fuite 
les  troupes  du  chevalier  d'Aiguines,  poursuit  les 
fuyards  près  d'Alais;  trouve  des  armes,  p.  762; 
marche  à  la  tète  de  sa  bande  tambour  battant; 
entre  dans  la  ville  de  Sauve,  pp.  763,  764;  vient 
à  Nîmes  sous  un  déguisement  pour  y  faire  pro- 
vision de  poudre,  p.  768;  tente  un  mouvement 
sur  le  Vivarais,  briile  le  château  de  Labastide 
&  désole  plusieurs  villages,  p.  777;  ne  peut 
réussir  à  passer  l'Ardèche;  combats  heureux 
d'abord,  puis  malheureux  pour  les  insurgés, 
pp.  778;  écarté  momentanément  par  la  maladie 
du  champ  de  bataille,  ne  peut  prendre  part  au 
combat  de  Pompignan,  p.  789;  sa  troupe  grossit 
à  la  suite  des  enlèvements  faits  dans  le  pays;  le 
bruit  de  sa  mort  est  répandu,  p.  796;  après 
l'assassinat  de  M""  de  Miraman  fait  passer  par 
les  armes  trois  hommes  de  sa  bande,  p.  808; 
nombre  d'hommes  qu'il  commande,  p.  8i3;  se 
porte  sur  le  village  de  Saint-Chapte  avec  quinze 
\  cents  hommes;  après  deux  jours  de  marche  prend 
position  au  Devez  de  Martignarguc,  p.  8r5; 
bat  les  troupes  de  la  marine  &  les  met  en  dé- 
route, p.8r6;  après  ce  succès,  marche  en  guerre 
enseignes  déployées;  entre  à  Boucoiran  ;  en  dé- 
truit les  défenses  &  y  complète  ses  approvi- 
sionnements; se  porte  sur  Saint-Geniès  deMal^ 
goires;  médite  des  expéditions  dans  la  X'aunage; 
cantonne  ses  troupes  à  Caveirac,  p.  822;  après 
un  combat  dans  ce  village  se  retire  près  de  Bois- 
sières;  est  cerné';  force  le  passage;  sa  troupe 
subit  de  grandes  pertes;  franchit  le  Gardon  8s 


gagne  les  bois  d'Euzet;  dégage  son  jeune  frère 
au  pont  de  Rhosny;  écrit  à  son  père  pour  le 
rassurer  sur  son  sort;  sa  troupe  fait  encore  des 
pertes  sensibles  auprès  d'Euzet,  p.  823;  pre- 
mières négociations  tentées  pour  le  ramener, 
p.  827;  voit  quatre  cents  hommes  de  sa  troupe 
prêts  à  lui  faire  défection,  p.  83o;  marche  la 
nuit  &  fait  cacher  ses  troupes  durant  le  jour; 
est  suivi  de  près  par  les  troupes  royales,  p.  83  1; 
écrit  au  maréchal  de  Villars  pour  lui  offrir  sa 
soumission;  ses  conditions,  p.  832;  envoie  un 
de  ses  lieutenants  à  M.  de  Lalande;  demande 
une  conférence  au  pont  d'Avesnes,  p.  833;  es- 
corte qu'il  amène  à  la  conférence  du  pont  d'A- 
vesnes; reçoit  de  Lalande  son  jeune  frère  qui 
avait  été  fait  prisonnier  par  les  troupes  roya- 
les; sa  proposition  pour  la  sortie  des  insurgés 
cévenols  de  France,  p.  834;  un  armistice  étant 
conclu,  sa  troupe  loge  par  billets  à  Vézenobre; 
est  convié  par  M.  de  Lalande  &  le  maréchal  de 
Villars  à  une  entrevue  près  de  Nimes;  de- 
mande l'extension  des  grâces  qu'il  sollicite  aux 
bandes  de  Rolland,  p.  835;  part  de  Vézenobre 
pour  se  rendre  à  Nimes  ;  apprend  à  Lezan  la 
défaite  de  Courbeville;  maintient  ses  premières 
résolutions;  reçoit  des  otages,  traite  d'égal  à 
égal  avec  un  maréchal  de  France;  son  costume; 
son  arrivée,  p.  836;  est  fasciné  par  l'accueil 
que  lui  fait  le  maréchal  de  Villars;  promet  d'al- 
ler servir  à  l'étranger;  doit  rallier  les  bandes 
errantes  à  Calvisson,  p.  837;  entre  dans  cette 
ville  &  y  prend  les  précautions  militaires  les 
plus  minutieuses;  prie  publiquement  pour  le 
roi,  le  maréchal  &  l'intendant,  pp.  838,  839; 
se  rend  près  de  Roland  qui  le  reçoit  avec  hau- 
teur; est  mal  reçu  &  abandonné  des  siens  à 
son  retour  à  Calvisson;  voit  sa  vie  en  danger; 
demande  au  maréchal  de  Villars  l'élargissement 
de  tous  les  captifs;  sa  nouvelle  entrevue  avec  le 
maréchal,  p.  841;  reçoit  un  brevet  de  colonel 
8c  la  promesse  d'une  pension  ;  est  envoyé  en 
Alsace;  est  autorisé  à  se  rendre  à  Versailles  pour 
conférer  avec  le  ministre  de  la  guerre;  continue 
sa  route  ;  aux  environs  de  Montbéliard,  il  trahit 
sa  parole  &  gagne  Lausanne,  p.  842;  sa  défec- 
tion aide  à  remettre  en  faveur  les  maximes  de 
la  répression  à  outrance,  p.  869;  commande 
un  régiment  qui  combat  l'armée  française  à  Ai- 
ma nza  ;  parvient  au  grade  d'officier  général  dans 
les  troupes  d'Angleterre;  est  gouverneur  de  Jer- 
sey; meurt  à  Chelsea,  près  de  Londres,  p.  842. 

Cavanac,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 

Caveibac,  village  à  une  lieue  de  Nîmes,  au  débou- 
ché de  la  Vaunage,  pp.  765,  836;  occupé  par 
les  Cévenols  commandés  par  Cavalier,  pp.  822, 
823. 

Cavillargles,  compris  dans  le  département  de 
Nîmes,  p.   1406. 

Cayla  (Le);  une  assemblée  protestante  y  est  sur- 
prise, p.  5o;  affaire  de  cette  commune  avec  le 
marquis  de  Baschy,  pp.  127,  128;  des  détache- 
ments y  sont  placés  en  1702,  p.  747;  lieu  de 
naissance  de  prophètes  &  de  prédicants,  p.  748; 
occupé  par  les  camisards,  p.  807;  l'épizootie  y 
fait  des  ravages  en   1714,  p.  902. 

—  (Marais  du),  p.  io3. 

CAYLA,  sieur  de  Saint-Preignan,  p.  3o3. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1477 


CAYLAR  (Jean  de",  sieur  d'Espondeilhan,  consul 

de  Béziers,  p.  3o2. 
Caylos,  baronnie,  p.  85. 
CAYLUS  (Comte  de],  p.   i355. 
CAYLUS  (Marquis  de),  reçu  aux  États  en   r68o  & 

en    1737   comme    baron  de   Rouairoux,    pp.  26, 

7'- 

CAYLUS  (Marquis  de),  maréchal  de  camp,  com- 
mande la  cavalerie  qui  reprend  Cette  aux  An- 
glais, p.  885. 

Cayba,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

Caybes,  lieu  du  canton  du  Puy,  p.  1406. 

CAZAL  (Pierre),  curé,  p.    1  1  i5. 

Cazal  DE.S  Bailes,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  lootj. 

CAZALAS,  prieur  des  jacobins  réformés  de  Mont- 
pellier,prononce  l'oraison  funèbre  deLouisXIII, 
p.  178. 

CAZALÈS  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.    1219. 

Cazalbe.noux,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix, 
p.  871. 

CAZALS  (Jean),  docteur  en  médecine,  p.  863. 

CAZALS  (de),  p.    i352. 

Cazakils,  lieu,  p.   io32. 

Ca7, \zii,s,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix,  p.  871. 

CAZE,  négociant  à  Toulouse,  p.   i36,3. 

Cazenove,  p.  60. 

Cazkbe.s;  son  pont  doit  être  reconstruit  à  la  suite 
d'inondations,  pp.  896,  ici  j  par  qui  sont  sup- 
portés les  frais  de  construction,  pp.  52,  89  j 
souffre  encore  de  l'inondation  de  1727,  p.  1009; 
des  corps  de  garde  y  sont  établis  durant  l'épi- 
zootie  de  1775,  p.  1240;  le  bétail  doit  être  en- 
levé du  pays,  pp.  1261,  1266;  compris  dans 
un  des  districts  du  département  de  "Toulouse, 
p.  1404. 

CAZF.S  (Chevalier  de),  p.   i352. 

CAZKS  DE  LA  RIBAUTE  (de),  p.   i35l. 

Cazillac  (Bois  de),  p-  91. 

—  (Terre  de),  p.  962. 
CAZOfLS-LES-BÉZIEBS,  p.    140I. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
Ceillonke,  cours  d'eau,  p.   1265. 
Cfivtbes,  en  Vivarais,  p.   1202. 

CELÉS  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.  1219. 

Célibataires  inéligibles  au  consulat  de  drcas- 
sonne,  p.   104. 

CELIO  PICCOLOMINI,  nonce  du  pape,  p.  401. 

CELLAMARE  (Prince  de),  ambassadeur  de  Phi- 
lippe V,  pp.  925,  929,  io32j  sa  conspiration, 
pp.  1059,  1079. 

Cellekeuve,  p.  ii5o. 

Cens  d'éligibilité,  p.  5i. 

Cemîives,  p.  72. 

Ce.ntenaibe  des  événements  de  i5(')2  célébré  à  Tou- 
louse; préambule  de  l'ordonnance  publiée  par 
les  capitouls  à  ce  sujet,  pp.    1  171,   1  172. 

Cetie,  au  diocèse  de  Limoux,  p.    1008. 

Ceps,  pièces  de  bois  entaillées  servant  à  entraver 
par  les  pieds  les  prisonniers,  p.  739.  ^ 


Cekdagne,  pp.  345,  373,  400,  5ii,  521. 

—  française,  p.  5i6. 

Céeémonial  des  audiences  de  Louis  XIV  à  Tou- 
louse, pp.  369,  370. 

Cép.émomes  religieuses  à  propos  de  la  peste  de  1721, 
p.  961. 

Cèbet,  p.  309. 

CERLE  (Jean),  vicaire  général  &  officiai  de  Pa- 
miers,  p.  5i7;  son  attitude  dans  l'afTaire  de  la 
résrale  le  fait  condamner  à  mort  &  exécuter  en 
effigie;  condamné  ensuite  aux  galères  à  Mar- 
seille; meurt  dans  sa  retraite,  p.  5 18. 

Cerretani  de  Strabon,  appartiennent-ils  tous  à 
l'Espagne?  p.  400. 

Cessexon,  pp.  33o,  394,  1401. 

Cesseras,  pp.  40,  870. 

Cette,  pp.  48,  49,  5o,  52,  53,  55,  56,  60,  61,  62, 
64,  66,  69,  73,  93,  1 13,  1 16,  700,  725,  884,  890, 
948,  937,  965,  io56,  1064,  1146,  1279,  i3i4, 
1400;  liberté  aux  artisans  de  s'y  établir,  p.  24; 
transaction  avec  Frontignan  pour  les  limites 
des  deux  communes,  p.  76;  délimitation  de  la 
commune,  p.  82;  un  entrepôt  dans  son  port 
est  déclaré  nécessaire  par  Bâville,  p.  704;  atta- 
quée &  pris?  par  les  Anglais,  p.  884;  attaquée 
par  les  troupes  de  Noailles,  p.  885;  reprise  sur 
les  Anglais  qui  oublient  le  poste  du  Môle,  p.  886. 

—  (Port  de),  pp.  22,  25,  3i,  46,  63,  81,726,  858, 
1029,  1125,  ii3o,  1294;  fermé  par  une  chaîne, 
p.  66;  sa  création,  p.  463;  sa  construction 
confiée  à  Riquet,  p.  5i4;  visité  par  le  comte 
d'Eu,  p.  I  192;  ce  port  est  ouvert  à  l'entrée  des 
marchandises  d'Angleterre,  p.  126;  son  ouver- 
ture au  commerce  du  Levant  demandée,  p.  1384. 

Cévenses,  pp.  8,  II,  18,  19,  42,  5o,  5i,  54,  60, 
64,  65,  74,  121,  122,  134,  148,  167,  176,  177, 
192,  349,  397,  423,  481,  482,  483,  484,  487, 
497,  528,  544,  .557,  584,  59c,  600,  602,  609, 
616,  643,  645,  6,;6,  701,  709,  710,  73o,  733, 
739.  744.  74'5.  747.  •'■'4.  778,  8i3,  814,  818, 
819,  880,  882,  883,  88-,  8çc,  918,  944,  977, 
981,  ioo3,  1066,  ii5.**,  t3io,  i3i3,  i32o,  i333, 
i385,  1407;  regarHécs  comme  le  plus  ferme  bou- 
levard du  protestantisme  en  Languedoc,  p.  480; 
mœurs  de  leur  popul.ition,  p.  "i.lo;  la  tournée 
du  maréchal  de  Noailles  &  de  Bàville  amène 
des  conversions  rapides,  p.  555;  l'exaltation  des 
habitants  inquiète  le  duc  de  Noailles,  p.  587; 
projet  d'expatrier  en  bloc  une  partie  de  leurs 
habitants,  pp.  588,  589;  état  de  leurs  chemins 
au  moment  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes; 
on  y  construit  vingt-cinq  chemins;  largeur  de 
ces  chemins;  leur  réseau  ;  sont  exécutés  unique- 
ment avec  les  ressources  de  la  Province,  p.  601; 
commencement  de  l'insurrection,  p.  617;  la  si- 
tuation empire,  p.  618;  avantages  des  positions 
militaires  de  ces  montagnes  exploités  en  vue 
d'une  intervention  étrangère,  p.  790;  leur  dé- 
vastation par  les  troupes  royales,  pp.  799,  800, 
801  ;  V'illars  y  fait  une  tournée  &  assemble  les 
communes,  p.  827;  on  veut  y  tenter  un  soulève- 
ment en  1709,  p.  3  18  ;  sont  visitées  en  1722  par 
de  Bernage  &  le  di  c  de  Roquelaure,  pp.  967, 
968;  dévastées  par  la  grêle  en   1727,  p.  1004. 

—  (Hautes),  p.  759. 


1478 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIERES. 


Cf.vf.\nes  méridionales;  leurs  produciions ,  leurs 
manufactures,  p.  702. 

—  (Forêts  des),  p.  474. 

—  (Assemblées  dans  les),  p.  10. 

—  (Synode  des),  tenu  au  Vigan,  p.   i5. 

Cévenols,  leur  soumission  aux  ordres  du  roi  pour 
échapper  à  l'occupation  militaire,  p.  1  Ô5  ;  illu- 
sions du  duc  de  Noailles  à  ce  sujet,  p.  '>â  '  ; 
leur  bravoure  exaltée  par  l'auteur  anonyme  d'un 
mémoire  publié  en  Hollande,  p.  790;  réunis 
dans  une  métairie  des  environs  d'Uzès,  p.  887. 

Cézas,  lieu,  p.  764. 

Céze,  rivière,  pp.  ySi,  743,  747,  775,  777,  778, 
788,   870,    1406. 

—  (Bassin  du),  pp.  482,  774;  visité  par  les  cami- 
sards,  p.  807, 

—  (Bois  du),  p.  41. 

—  (Coteaux  du),  pp.  774,  778. 

—  (Gorges  du),  p.   i3io. 

—  (Vallées  du),  pp.  424,  488,  601,  776. 
Chabahler,  lieu  ravagé  par  la  peste,  p.  962. 
CiiABANERiE,  paroisse,  p.   1410. 

Chabanis  (Pont  de),  p.  96. 

Chabreii.les,  en  Vivarais,  p.   1202.. 

Chabbiéres,  p.  8o5. 

CHABRILLANT  (Comte  de),  p.   i3i3. 

Chabrits,  p.  96. 

Chabroliêres,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Chaculier,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 

Chadenac,  en  Vivarais,  p.  1202. 

CHADENAC  (Comte  de),  p.  44. 

Chaire  de  chimie  docimastique  fondée  à  Mont- 
pellier &  à  Toulouse;  les  deux  chaires  occupées 
par  Chaptal,  pp.   i33o,   i33i. 

Chaires  de  l'Université  à  la  nomination  du  Par- 
lement, p.  268. 

.—  de  physique  &  de  minéralogie  créées  par  la 
Province,  p.    1  20. 

—  de  physique  expérimentale  &  de  chimie  doci- 
mastique créées  à  Toulouse  &  à  Montpellier, 
p.    120. 

Chaise-Diec  (La),  p.  1406. 

—  (Prieur  de  La),  p.  85i. 
CHAISE  (Marquis  de  la),  p.    1  198. 
Chaises  roulantes  de  Languedoc,  p.  64. 
Chalabre,  lieu,  pp.   53,   07,   60,    110,  409,   416, 

472,  1207. 

CHALAIS  (Comte  de),  pp.   19,   186. 

Chaldecoste  (Côte  de),  pp.  94,  1149. 

Chalancon,  en  Vivarais,  pp.  27,  44,  106,  534, 
538,  733,  879,  1201  ;  une  des  premières  assem- 
blées des  protestants  y  est  tenue,  p.  53  1  ;  le  châ- 
teau est  occupé  par  les  troupes,  p.  535. 

CHALON  (Marie  de),  marquise  de  Malauze,  p.  260. 
ChalonS  (Evéque  de),  p.  446. 
Chalosse  (La),  envahie  par  l'épizootie,  p.   1246. 
CHALUCET-MESSIGNAC  (Marquis  de),  p.  553. 
CHALVET,  sénéchal  de  Toulouse,  p.    iio3. 
CHALVET  (Chevalier  de),  p.    i3o2. 
CHALVET-GAl'JOUZE  (Chevalier  de),  p.   i352. 


CHALVET- MERVILLE  (Marquis  de),  pp.  i352, 
i363. 

CHALVET-ROCHEMONTEIX  (Chevalier  de), 
p.    i352. 

CHAMAND  (Pierre),  p.  84. 
CHAMBERLAC  (Sieur  de),  p.  95. 
CiiAMEEnLHAc,  en  Vivarais,  p.    1202. 
CHAMBERLIN,    p.    Sj;    établit    une    fabrique    de 
filelles,  p.  33. 

CHAMBERT,  syndic  du  diocèse  d'Albi,  p.  Sop. 
CHAMBERT  (Françoise  de),  p.  576. 
Chambon,  lieu,  p.  776. 

—  (Abbaye  de),  p.   1  198. 
CHAMBON  (Abbé  de),  p.  488 
CHAMBON  (Claude),  p.  490. 

CHAMBON,  curé  de  Beauregard  8c  de  Versac;  son 
mémoire  relatif  à  la  situation  morale  &  maté- 
rielle de  la  ville  de  Toulouse,  p.  1226;  projet 
d'un  canal  de  Toulouse  à  Moissac,  p.  1227. 

CHAMBON  DE  LA  TOUR,  maire  d'Uzès,  député 
aux  Etats  généraux,  p.   1378. 

CHAMBONAS  (de),  vicaire  général  de  Viviers, 
p.   409. 

CHAMBONAS  (Comte  de),  pp.  49,  616,  620,  io36. 
CHAMBONAS  (Marquis   de),    pp.   60,  1118,   I198, 

1285. 
Chambord,  château,  pp.  28,   188,  55o. 
Chamborigaud,  dans  la  vallée  du  Luecb,  p.  776. 

—  (Montagne  de),  p.  482. 

Chambre  de  l'édit  de  Castres,  pp.  5,  12,  i3,  20, 
181,  283,  323,  352;  envoie  un  de  ses  conseil- 
lers pour  veiller  au  maintien  de  l'ordre  dans 
les  pays  protestants,  p.  8;  projet  de  sa  réunion 
au  Parlement  de  Toulouse,  pp.  17,  283,  280; 
arrêt  de  partage,  p.  299;  transférée  à  Castel- 
naudary,  p.  496. 

—  de  redit  de  Castelnaudary  supprimée,  p.  .520; 
date  de  sa  suppression,  p.  25. 

—  de  l'édit  de  Grenoble,  p.  323. 

—  de  commerce  de  Montpellier,  pp.  39,  384. 

—  de  commerce  de  Toulouse,  pp.  Sp,   1384. 

—  des  eaux  &  forêts  de  Toulouse,  p.   100. 

—  des  comptes,  aides  &  finances  de  Montpellier, 
p.  181;  sa  juridiction,  pp.  io5o,  io5i,  ioSj, 
io53,  1054. 

—  des  comptes  ecclésiastiques,  p.  862. 

—  des  comptes  de  Navarre,  p.  872. 

—  des  vacations  du  Parlement  de  Toulouse;  ses 
protestations  contre  le  nouvel  ordre  de  choses, 
p,  I4i3;  refuse  de  transcrire  les  lettres  patentes 
constituant  le  nouvel  ordre  judiciaire,  p.  1414; 
ses  membres  sont  décrétés  d'arrestation,  pp.  1422, 
1423,  1424. 

—  dorée  au  palais  de  justice,  à  Toulouse,  p.  1415. 
Chambres   de   commerce    établies    dans    différentes 

villes  ;  leur  organisation  à  Toulouse  &  à  Mont- 
pellier, pp.  848,  849;  durée  de  leur  existence, 
p.   849. 

—  mi-parties;  leur  suppression,  p.  22. 
CHAMBRE  (de  la),  p.    i33. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1479 


CHAMILLARD,  ministre,  secrétaire  d'État  au  dé- 
partement de  la  guerre  &  contrôleur  général 
des  finances,  pp.  714,  729,  735,  739,  807,  82^, 
833,  864;  nommé  membre  du  conseil  de  com- 
merce, p.  716;  son  rapport  dans  TafTaire  du 
commerce  des  vins,  p.  7:^4;  n'a  plus  d'illusions 
sur  l'inutilité  des  dévastations  dans  les  Céven- 
nes,  p.  809. 

CHAMILLY  (de),  occupe  le  Roussillon  pour  y  ré- 
tablir les  bureaux  des  gabelles,  p.  5i2. 

CHAMP  (Comte  du),  p.  icS'i. 

ClIiMPAGNE,   pp.   373,   443,  444,   693,    134Z. 

Champ-Domercue,  p.  36. 
Champin,  en  Vivarais,  p.   1202. 
CHAMPLATREUX    (de),    intendant    de    l'armée 

d'Espagne,  p.  253. 
Champs  de  blé  dévastés  par  les  sauterelles,  p.  972. 
CHAMPS  (Etienne  de),  jésuite,  recteur  du   collège 

de  Clermont,   sa   correspondance  avec    le  prince 

de    Conti;     son    anecdote     sur    les     thomistes, 

pp.  428.  429. 
CHAMRON  (Abbé  de),  p.    io23. 
Chanac,  pp.  90,  91,  I  149,   P408. 
Chancelade,  abbaye,  p.  517. 
Chanaleilles,  p.  397. 
Cba.\derolles,    paroisse    en    Vivarais,    pp.    120Z, 

1405,  1410. 
CiiANCELiEK  de  France;  paroles  prononcées  par  lui 

dés  les  premiers  temps  de  la  Fronde,  p.  270. 
CHA^ÈAC,  en  Vivarais,  p.  izo2. 
Chakelot,  en  Vivarais,  p.   1201. 
CHANFORT,  chevau-léger,  condamné  à  mort  pour 

avoir  violé  une  jeune  fille  à  Nîmes,  p.  253, 
Changes  (Rue  des),  à  Toulouse,  p.  3 18. 
Chanoi.nes  de  Vannes,  p.  1104. 

—  du  chapitre  de  la  Trinité,  p.   i383. 
Chant  de  Psaumes  interdit,  pp.  16. 
CHANTEAU  (de),  p.  293. 
Chanteloupe,  en  Vivarais,  p.  1102. 
CiiANTURL'tiOLS,  hameau  en  Gévaudan,  p.  1)65. 
Cha.wres,  pp.  701,  940,  941,  942. 
Chapchiniebs,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Chapeaux  français  fabriqués   à   Berlin  par  dei  ré- 
fugiés languedociens,  p.  564. 

^  fabriqués  à  Amsterdam  par  des  réfugiés  fran- 
çais, p.  566. 

—  (Fabriques  de),  p.  699. 

CHAPELAIN,  de  l'Académie  française,  p.  247; 
texte  d'une  curieuse  lettre  adressée  par  lui  3. 
Lafaille,  p.  626. 

Chapelle  violée  &  dépouillée  par  les  troiiî^es 
royales,  p.  334. 

Chapelles  de  différents  archevêques;  leur  évalua- 
tion, p.  3i6. 

Chapitp.es  :  d'Agde,  p.  683. 

—  d'Alais,  pp.  99,  683. 

—  d'Albi,  p.  683. 

—  d'Alet,  p.  504. 

—  de  Carcassonne;  ses  armoiries,  p.  683. 

—  de  Castres;  ses  armoiries,  p.  683. 

—  de  L^dc«e,  pp.    I  1.1,  683. 

—  de  Mende,  p.  683. 


CiiApixr.ES  :  de  Mirepoix,  p.  683. 

—  de  Montauban,   p.  683. 

—  de  Montréal,  p.  684. 

—  de  Niraes,  p.  O84. 

—  de  Notre-Dame  du  Puy,  p.  684. 

—  de  Rieux,  p.  684. 

—  de  Saint-Alain  de  Lavaur,  p.  683. 

—  de  Saint-Etienne  de  Toulouse,  pp.  3o5,  3i6, 
3i8,  683,  1272,  i363,  1364,  i365;  sa  récla- 
mation contre  la  composition  du  premier  ordre 
aux  Etats,  p.  3o5. 

—  de  Saint-Gilles,  p.  684. 

—  de  Saint- Just,  pp.   i3,  117. 

—  de  Saint-Just  8t  Saint-Pasteur  de  Narbonne, 
p.  683. 

—  de  Saint-Papoul,  p.  684. 

—  de  Saint-Paul,  p.  5o6. 

—  de  Saint-Paul  de  Narbonne,  p.  684. 

—  de  Saint-Pierre  de  Montpellier,  p.  684. 

—  de  Saint-Pons  de  Thomières,  pp.  82,   1  12,  684. 

—  de  Saint-Sernin  de  Toulouse,  pp.  684,  1189, 
i365. 

—  d'Uzès,  p.  684. 

—  de  Viviers,  p.  684. 

—  se  réunissent  à  l'annonce  de  la  convocation 
des  Etats  généraux  en    i65i,  p.  '^    'u 

CHAPTAL,  médecin  de  l'Hôtel-Dieu  de  Montpel- 
lier, p.  123;;  professe  la  chimie  à  Montpellier 
&  à  Toulouse,  pp.  i33o,  i33i. 

CHARAVEL  (Joseph),  p.  64. 

Charbon  de  bois,  p.  i283. 

—  de  terre,  pp.  487,  i386;  son  exploitation  dans 
le  diocèse  d'Alais  date  de  plus  de  quatre  cents 
ans,  p.   1283. 

CHARBONNEL  (Pierre),  p.  863. 

CHARENCY  (de),  évèque  de  Montpellier,  p.  72. 

Chai;ei\tox  (Pont  de),  p.  283. 

Charges  croissantes  de  l'Etat  nécessitent  une  ré- 
forme dans  l'administration  des  biens  de  la 
Couronne,  p.  466. 

—  consulaires  acquises  au  moyen  de  lettres  de  ca- 
chet, p.  359. 

—  municipales,  pp.  63,  112;  créées  en  1771;  ra- 
chetées, pp.  III,  112;  rétablies,  p.  981;  rachat 
de  ces  charges  par  la  Province,  p.  982J  rétablies 
en  novembre  1733,  p.   1048. 

CHARLARY,  ancien  capitoul,  p.  418. 

CHARLARY,  capitoul,  p.  849. 

CHARLEMAGNE,  pp.  148,  199,  621,  697,  828, 
912,    1002,    1017. 

CHARLES  I,  roi  d'Angleterre,  pp.  278,  286;  se- 
cours accordés  à  sa  veuve  par  les  Etats  de  Lan- 
guedoc, p.  12. 

CHARLES  II,  roi  d'Angleterre,  p.  1016;  secourt 
les  victimes  de  la  persécution  en  France,  p.  566. 

CHARLES  LE  CHAUVE;  un  de  ses  diplômes  in- 
voqué par  Marca,  p.  400. 

CHARLES  V,  roi  c!o  France,  p.  460,  ç56. 
CHARLES  VI,  roi  de  France,  pp.  658,  956,  i3.55. 
CHARLES  VII,  roi  de  France,  pp.  198,  627,  io55. 
CHARLES  Vllt,  roi  de  France,  pp.  677,  864,  865, 

<;56,  989,   ic37,   loj^,   1354. 
CHARLES  IX,   roi    de   France,   pp.  454,  677,  956, 

i3i  7. 


1480 


TABLE  GENERALE  DES   NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


CHARLES  DE  LORRAINE,  p.  l3(j. 

CiiABLUS,  lieu  en  Auvergne,  p.  SSy. 

CHARLY,  procureur  au  siège  de  Pamicrs,  p.  i35o. 

Chabaies,  en  Vivarais,  pp.  79,  535,  1202,  1026. 

ChahmoiS,  p.  619. 

CiiABNAS,  en  Vivarais,  p.   1202. 

CHARNAZÉ,  p.   188. 

Chap.oi.ais  (Régiment  de),  pp.  822,  823. 

CHAROLAIS  (Comte  de),  p.  971. 

CHARPIN    (M"'"   de),    religieuse    de    la    Seauye, 

p.   1204. 
CHARRON  (le  P.),  jésuite,  p.    1  173. 
Chartes  de  privilèges,  p.  io5i. 
Chartres,  pp.  i85,  364. 

—  (Evêque  de),  pp.  866,  881. 

CHARTRES  (Duc  de),  fils  du  duc  d'Orléans, 
p.  908. 

Chartreux  de  Toulouse,  pp.  5o,  684;  cessionnai- 
res  du  jardin  des  mûriers  qui  avait  été  dévasté 
par  les  soldats,  p.  38o. 

Chartreux  (Quai  des),  à  Bordeaux,  p.  723. 

Cbasal,  p.  397. 

Cbaspuzac,  en  Vêlai;  la  population  de  cette  com- 
mune, décimée  dans  un  accident,  arrive  au  Puy, 
p.   1112. 

CHASSAN  (de),  nommé  député  de  Toulouse  aux 
Etats  de  Languedoc  de  i65i,  p.  327. 

Chassât,  en  Vivarais,  p.  870. 

CHASSEN  aîné,  facturier  à  Nimes,  p.  992. 

Chassebaues,  p.   1407. 

Cmasserauds,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

CHASSET,  député  à  l'Assemblée  nationale,  p.  1405. 

Chassezac,  rivière,  pp.  774,  777,   1  i5o. 

—  (Vallée  du),  pp.  482,  488,  601,  776. 
Chassieiis,  en  Vivarais,  p.    1202. 
CHASTAGNER  (Françoise  de),  p.  159. 
CHASTANG,  syndic  du  diocèse  de  Mende,  p.  863. 
CHASTELUX,  capitaine  de  galères,  p.  292. 
CHASTENET,    conseiller   au    Parlement   de  Tou- 
louse, p.  242. 

CHASTENET  (de),  p.  3o5. 

CHASTENET  (de),  conseiller  au  Parlement;  inci- 
dents causés  par  son  arrestation,  p.  438. 

CHASTILLON  (François  de),  officier  de  la  maison 

de  Gaston  d'Orléans,  p.   186. 
CHATAIG^'ES,  pp.  487,   7o3,   IIl3. 

—  sèches,  p.  70  I;  noyées  dans  lesCévennes,  p.  790. 
Châtaigneraies,  p.  94. 

Chataioniers;  périssent  durant  l'hiver  de  1708, 
p.  87.0  ;  perdus,  p.   896. 

CHATAIGNIER  DE  PUIGRENIER  (de),   p.   1384. 

Châteaux  :  d'Ardus,  p.  193. 

—  de  Balma,  p.  778. 

—  de  la  Bastille,  p.  279. 


—  de  Beaurepard, 


pp. 


I  loi ,    Il 


—  de  Blagnac,  p.    1282. 

—  de  Blois,  pp.  i5,  i85,  878. 

—  du  Boy,  p.  962. 

~-  de  Bruniquel,  p.  1088. 

—  de  Caen,  p.  .5  j;. 


42. 


Châteaux  :  de  Calberte,  p.  799. 

—  de  Candiac,  p.  765. 

—  de  Castelfranc,  pp.   1  1,  353. 

—  de  Castelnau,  p.  40. 

—  de  Chambord,  pp.    188,  55o. 

—  de  Corcone,  p.  339, 

—  de  Cornandon,  p.  357. 

—  de  Dijon,  p.  925. 

—  de  Durfort,  p.  40. 

—  de  Ferrières,   pp.  46,  868,  869,   1073,   1279. 

—  de  Fonfile,  p.   1  159. 

—  de  Fornex,  p.  255. 

—  de  Gourdan,  p.    194, 

—  d'Hautpoul,  p.  469. 

—  de  La  Baume,  p.  744. 

—  de  Labroue,  p.   1403. 

—  de  La  Cam  de  Ladevèze,  p.  36. 

—  de  Labastide,  p.  777. 

—  de  La  Case,  p.  260. 

—  de  Ladevèze,  pp.  743,  747,  836. 

—  de  La  Vérune,  pp.   1020,  1021. 

—  de  La  Voûte  de  Ventadour,  p.  612. 

—  de  Léran,  p.  328. 

—  de  Lourdes,  pp.  127,  1344. 

—  de  Lunas,  p.   162. 

—  de  Malbosc,   p.    i  3  1 1 . 

—  de  Mandajors,  pp.  764,  765. 

—  de  Mas-des-Cours,  p.  338. 

—  du  Mazel,  p.  757. 

—  de  Montblanc,  pp.    1181,    1  i83. 

—  de  Montjussieu,  p.   11. 

—  de  Montferrand,  p.  309. 

—  de  Nérac,  p.  368. 

—  de  Penne,  pp.  953,  959,  960. 

—  de  Pézénas,  p.  394. 

—  de  Privas,  p.   1197. 

—  de  Rochegude,  pp.  774,  775. 

—  de  Ryswyck,  p.  708. 

—  de  Saint-Amans,  p.  622. 

—  de  Saint-André,  p.  1279. 

—  de  Saint- Béarn,  p.    1403, 

—  de  Saint-Félix,  p.  37. 

—  des  Sept-Deniers,  p.   1009. 

—  de  Tauriac,  pp.  95i,  95j. 

—  de  la  Terrasse,  pp.  'r3oi,   i3o2. 

—  de  Turenne,  pp.  246,  247. 

—  de  Verdun,  p.   i3. 

—  de  Vincennes,  p.  426. 

Chateaubouro,  en  Vivarais,  p.   1202, 
Chateauneuf,  pp.  539,  iii3. 
Chateauneuf  de  Randon,  baronnie,  pp.  25,  32. 
Chateaunkuf  de  Vernoux,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Chateauneuf,  en  Vivarais,  p.  1202, 

CHATEAUNEUF,  secrétaire  d'État,  pp.  5o5,  519; 
refuse  à  l'évêque  de  Montpellier  de  conserver  le 
temple  protestant  de  Montpellier  pour  en  fine 
une  église,  p.  526;  reçoit  du  duc  de  NoailKs 
communication  de  ses  appréhensions  au  sujet 
de  l'exécution  de  l'édit  de  Fontainebleau,  p.  56o. 

CHATEAUNEUF  (Marquis  de),  pp.  55o,  5^9,  J79, 
5^2,  71  1 ,  718. 

CHATEAUNEUF  (de),  commandant  militaire  des 
deux  pays  de  Vivarais  &  de  Vêlai;  résumé  de 
ses  observations  &  tableau  caractéristique  de 
la  situation  du  pays,  pp.  1099,  iioo,  iioi, 
1 102. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1481 


CHATEArNECF  DE  RiXDON,  p.    1409. 
CHATEAUNEUF-RANDON,     marquis    d'Apchier, 

baron  des  Etats  de  Languedoc,  député  aux  Etats 

généraux;   sa  lettre  au  président  de  la  noblesse 

à  Marvéjols,  p.    iSyj. 
Château-Trompette,   esplanade  à  Bordeaux, 

p.  724. 
CHATEL  (Jean),  pp.  881,  loi 5. 
Chatellebault,  p.   i85. 
CHATILLON  (de),   maréchal    de  camp,   pp.    885, 

93 1 . 

CHAUCHAT  (Anne),  p.  863. 
CiiAUDESAiGCES,  en  Albigeois,  pp.  i6 1 ,  il3i. 
CHAUMONT    D'AMBOISE;  fin    de   cette    maison, 

p.  362. 
CHAUNES  (M'""  de),   reléguée  à  Viviers,   pp.  582, 

5;6. 

Chaussées;  réparées,  p.  43;  détruites,  p.   1009. 

—  du  Rhône;  réparations,  p.  71. 
Chaussonaresse,  en  Vivarais,  p.  1202. 
CHAUVET,  p.  980. 

Chaux,  en  Viyarais,  pp.  1201,  1284. 
Chavacnac,  p.  337. 
Chavagne,  terre  en  Poitou,  p.  552. 
CHAVIGNY  (de),  p.   187. 

ClIAVIGNY,    p.    337. 

CHAYLA  (du),  abbé,  pp.  36,  733;  son  inspection 
des  hautes  Cévennes,  p.  737;  attaqué  a  Pont- 
de-Montvert;  fuit  l'incendie  de  la  maison  qu'il 
habite;  se  réfugie  dans  un  buisson;  reçoit  cin- 
quante-deux blessures,  la  plupart  mortelles, 
p.  741;  son  corps  traîné  sur  le  pont  du  Tarn 
est  ensuite  recueilli  dans  une  maison,  p.  741; 
mutilations  qu'il  avait  subies;  ses  funérailles; 
son  panégyrique;  son  testament,  p.  742. 

CHAYLA  (Marquis  du),  pp.  744. 

Chaylab  (le),  pp.  602,  879,  i386. 

CHAYLUS,  tué  dans  un  combat  contre  Cavalier, 
p.  816. 

Chazeauz,  en  Virarais,  pp.  1201,  1202. 

CiiAZENELVE,  en  Virarais,  p.   1202. 

CiuzES,  abbaye  en  Auvergne,  p.  1194. 

CiuNZON,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Chefs  municipaux  de  vingt-quatre  villes  princi- 
pales appelés  à  l'assemblée  des  notables,  p.  i^35. 

CHEIRON,  ministre  protestant  converti,  p.  555. 
CiiELSEA,  près  de  Londres,  p.  842. 
Cheminas,  en  Vivarais,  pp.  870,  1201. 

Chemins,  pp.  10,  47,  70,  71,  94,  9$,  96,  99,  107, 
114,  120,  122,  123,  124,  125,  126,  1060;  lutte 
des  États  &  des  trésoriers  de  France  au  sujet  de 
la  direction  de  ces  ouvrages,  p.  61;  emprunts 
faits  par  différents  diocèses  pour  leur  répara- 
tion, p.  91;  emprunts  faits  par  les  diocèses 
pour  les  travaux  des  chemins,  p.  92;  emprunts 
par  les  diocèses,  pp.  93,  94;  emprunts  pour  leur 
construction,  p.   106. 

—  (Entretien  de),  pp.  5,  10,  78. 

—  étudiés   ou    projetés,    pp.    1129,    ii3o,     ii3i, 

!  •^2. 


Chemins  impraticables,  p.  289. 

—  ravagés  par  l'inondation  de   1754,  p.  88. 

—  réparés  ou  entretenus,  pp.  5,  10,  70,  78,  88, 
97,  loi ,  102. 

—  (Travaux  de),  p.  100. 

—  réparés  par  divers  diocèses,  p.  88. 

—  de  traverse,  p.  73;  réparés,  p.  893. 

—  provinciaux  ou  diocésains,  p.   127. 

—  royaux  exécutés  dans  les  Cévennes  pour  faire 
passer  des  troupes  &  de  l'artillerie,  p.  ô-"- ;  leur 
étendue  &  leur  tracé;  avec  quelles  ressources  ils 
sont  exécutés,  p.  601. 

—  d'Alais  à  Nîmes,  p.  1 178. 

—  d'Albi  à  Toulouse,  p.  1252. 

—  d'Aniane,  p.   1  i5o. 

—  d'Auvergne,  p.  85. 

—  construit  aux  frais  des  Etats  en  1748,  p.  84. 

—  de  Beaucaire,  p.   1 149. 

—  de  Carcassonne  à  Caunes,  p.   1 14p. 

—  de  Carcassonne  à  Castries,  p.   1 149. 

—  de  Castres  à  La  Bessonnié,  p.   1 178. 

—  de  Carcassonne  à  La  Grasse,  p.   1 178. 

—  de  Castelnaudary  à  Lavaur,  p.   1428. 

—  de  Castres  à  Lautrec  &  à  Graulhet,  p.   1 1  78. 

—  de  Cavalères,  p.  985. 

—  des  Cévennes,  p.  1  i5o;  leur  état  au  moment  de 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes;  nouveaux 
chemins  créés,  p.  601. 

—  de  Coursan  devenu  impraticable  l'hiver  à  la 
suite  des  crues  de  l'Aude,  p.   166. 

de  Gignac  à  la  chaussée  de  Montagnac,  p.  1 1 78. 

—  d'Issingi:aux  à  Saint-Bonnet-le-Froid,  p.  1  178. 

—  de  Joyeuse,  p.  1  149. 

—  de  Joyeuse  à  Aubenas,  p.   i3i2. 

—  de  Languedoc;  règlement  des  Etats,  p.  90. 

—  de  Limoux  &  Miiepoix  ?.  Montlouis,  p.  25. 

—  de  Montpellier  à  Saint-Paul,  p.  i  i5o. 

—  de  Montréal,  p.   1 149. 

—  de  Narbonne  en  Roussillon,  p.   1428. 

—  de  Nimes  à  Uzès,  p.  8o3. 

—  de  Pézénas  k  la  montagne  de  Larzac,  p.  1 149. 

—  du  Puy  au  pont  de  Salomon,  p.   i  1  78. 

—  de  Rigodel  à  Mésilhac  &  à  Vais,  p.  1  149. 

—  de  Ruons  à  Joyeuse,  p.   1 3 1  2. 

—  de  Saint-Ange,  p.  920. 

—  de  Saint-Papoul,  p.  i  i5o. 

—  de  Saint-Pons  à  Béziers,  p.  1428. 

—  de  Saint-Pons  à  Saint-Chinian,  p.  894. 

—  de  Saint-Pons  par  Saint-Marcel  &  par  Bize, 
p.    1178. 

—  de  Soulorgues  à  Nages,  p.  823. 

—  de  Toulouse  à  Castres,  p.   1428. 

—  de  Toulpuse  à  Moniauban,  p.    ii55. 

—  de  Toulouse  à  Saint-Flour  &  Clermont,  p.  1  129. 

—  d'Uzer  à  Largentière,  p.   i3i3. 

—  de  Villefort  à  Alais,  p.  i3i2. 

—  de  l'étape  entre  Estagel  &  Caudiès,  p.    1  178. 

—  de  la    forêt  de   Léran  au   canal   de  Languedoc, 


1482 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Chemins  de  montagne  en  Gévaudan,  p.  ioi3. 

—  de  la  montagne  de  Cannes  au  canal  Royal, 
p.   897. 

—  (Devis  pour  la  construction  de  nouveaux), 
p.   76. 

CHÉRON,  officiai,  p.  579. 
Cherté  des  vivres  à  Toulouse,  p.  947. 
Chevaliers   de   Saint-Jean    de   Jérusalem    à  Tou- 
louse, p.  5zo. 

CHEVALIER  DE  SAULX  (François),  nommé  évêque 
d'Alais,  p.  645,  entre  aux  Etats  en  cette  qua- 
lité, p.  65i . 

CHEVALIER,  camisard  détenu  à  Montpellier,  ré- 
vèle la  conjuration  de  Nimes,  pp.  858,  869. 

CHEVALIER-DUSUC  DE  SAINT-AFFRIQUE,  doit, 
en  1786,  faire  partie  de  l'assemblée  des  notables, 
p.  i335. 

Chevau-légebs,  p.  Î45. 

—  du  maréchal  de  Schomberg,  p.  i65. 

Chevaux,  p.  697;  leur  prix  en   1775,  p.   1265. 

~-  &  MULETS,  importés  en  Languedoc  pour  les 
travaux  agricoles,  p.  i  26  i . 

CHEVERRY  (Pierre  de),  capitoul.  p.   ioo3. 

CHÈVRE,  notaire  à  Paris,  p.   1026. 

CnÉVBES,  pp.  59,  60,  999. 

CHEVREUSE  (Duc  de),  pp.  179,  820. 

CHEVREUSE  (Duchesse  de),  p.  zçS. 

Chevueïse,  p.  .'552. 

CHEVRIER  (de),  p.    193. 

Cheylap.et,  montagne,  p.  61 5. 

CHICOINEAU,  médecin  de  Montpellier,  p.  962. 

Chiess  errants,  propagent  l'épizootie  dans  la  Gas- 
cogne; mesures  prises  a  ce  sujet;  embarras  de 
l'intendant  causés  par  les  traditions  du  régime 
féodal,  p.  I23r. 

CHIGI,  cardinal;'  fournit  quelques  détails  sur  la 
séance  du  sacré-coUége  où  avait  été  examinée  la 
nomination  de  Pierre  de  Marca  à  l'archevethé 
de  Paris,  p.  403, 

Chirac,  pp.  116,  744,  1408. 

Chirurgiens  de  Montpellier;  .leurs  armoiries, 

p.   682. 
—  de  Saint-Pons;  leurs  statuts,  p.  22. 

CHOISEUL  (de),  évêque  de  Comminges,  pp.  365, 
414,  445. 

CHOISEUL  (de),  évêque  de  Mende,  p.   io33. 
CHOISEUL,  abbé,  p.   ic23. 

CHOISEUL -BEAUPRÉ  (  Antoine-Cleriadus  de), 
sous-diacre  du  diocèse  de  Langres,  p.   1020. 

CHOISEUL  (César  de),  comte  du  Plessis-Praslin, 
maréchal  de  France,  commissaire  aux  Etats  de 
1647,  p.  261. 

CHOISEUL  (Gilbert  de),  p.  33  I. 

CHOISEUL  (Duc  de};  s'inquiète  du  progrès  écono- 
mique, favorise  les  travaux  publics  &  le  com- 
merce, perfectionne  le  réseau  des  voies  de  com- 
munication, p.   1157. 

CHOISINET  (Marquis  de),  p.  6i. 

CHOISY  (de),  p.  293. 


CHOISY  (de),  chancelier  &  garde  des  sceaux  d« 
Gaston  d'Orléans,  pp.  186,  274,  292;  envoyé 
en  Languedoc  pour  faire  des  levées  de  gens  de 
guerre  &  amasser  de  l'argent,  p.  339;  devient 
chancelier  du  prince  de  Conti,  p.  395. 

CHOISY  (M"""  de),  p.  247. 

CHOLIER,  prévôt  des  marchands  de  Lyon,  p.  965. 

Chomerac,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Chômeras,  p.  1376. 

CHOMEL  DE  SAINT  -  LAURENS ,  religionnaire, 
P-  974- 

CiioMEYRAc,  lieu  du  Vivarais,  p.  19. 

CHOUMOUROUX  (M»"' de},  religieuse  de  la  Seauve, 
p.  1204. 

CHRISTINE  DE  SUÈDE,  p.  532. 

Chi.oniqies   carlovingiennes    consultées    en     i6ûi 

pour  la  délimitation  des  frontières,  p.  399. 
Chusclan,  p.  89. 

Ciboires  de  métal  précieux  enlevés,  p.  278. 
CICÉ  (de),  p.   1419. 

CiER,  paroisse  du  diocèse  de  Comminges,  p.   1232. 
CiERP,  p.  83. 
Cimetières,  p.  33. 

—  catholiques  usurpés  par  les  protestants,  p.  422. 

—  (Entretien  des),  p.  66. 
Ci.\q-Mars,  p.   186,   187,  188,  302. 
Cinquantième  établi  en   1725,  p.   1^39. 
CiNTEGABELLE,  au  diocèse  de  Mirepoix,  pp.  14,  4*5, 

69,  76,  430,  454,  872,  1009,  1202,  1404;  nou- 
veau cadastre  de  cette  commune  fait  en  1717J 
son  procès  avec  l'abbaye  de  Boulbonne,  p.  871. 

Cintres,  en  Vivarais,  p.  870. 

CiOTAT  (Port  de  la),  p.  292. 

CIPIÈRE  (de),  p.   i3j8. 

CIRAN  (Magdelaine  de),  p.  352. 

Cire  jaune  du  Levant,  préparée  en  Languedoc, 
préférée  à  la  cire  de  Hollande,  p.  700. 

CIRON  (Abbé  de),  pp.  14,  3i6,  432;  chancelier  de 
l'université  de  Toulouse,  directeur  de  conscience 
du  prince  de  Conti,  p.  446;  a  servi  les  pesti- 
férés pendant  l'épidémie  de  Toulouse;  confident 
des  projets  de  M""'  de  Mondonville;  dresse  les 
constitutions  des  Filles  de  l'Enfance;  appar- 
tient à  l'école  de  Nicolas  Pavillon,  p.  SyS  ;  quel- 
ques extraits  des  constitutions  qu'il  a  rédigées, 
pp.  574,  575,  576. 

CIRON,  président  au  Parlement  de  Toulouse, 
pp.  173,  189,  302,  36-;  sa  harangue  à  un  jeune 
conseiller  reçu  <c  par  grâce  &  non  par  justice,  » 
p.  i5o. 

CIRON  (M""  de),  p.  582. 

CIRONIS  (de),  pp.  190,  201,  202,  218,  221,  222, 
224;  président  aux  requêtes  du  Parlement  de 
Toulouse,  p.  357. 

CIRONIS  DE  BEAUFORT,  maître  es  Jeux-Flo- 
raux, p.  661. 

CIRONIS,  député  de  Toulouse,  p.   198. 

CISTERON  (M.  de),  p.  403. 

Citadelle  de  Saint-Esprit,  pp.  537,   1294. 

Citas,  p.   14-3. 

CÎteaux  (Ordre  de),  p.   i2î3. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1483 


Clairac,  p.   iii8. 

CLAIRAULT,  nommé  associé  étranger  par  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Toulouse,  p.   i  io3. 

CLAPARÈDE  (Pierre),  de  Montpellier,  importe  la 
fabrication  des  étoffes  de  laine  à  Magdebourg, 
p.  564. 

Clapiers,  p.   1  1  14. 

CLAPIÈS  (de),  p.  loaS;  chargé  de  vérifier  les  tra- 
vaux du  canal  de  Languedoc,   p.    io6i, 

CLARAC  (Comte  de),  pp.   108,  i  16. 

Clarac,  bois,  p.  474. 

Clikas,  abbaye,  p.   104. 

Clabexsac,  p.  823  ;  troubles  dans  le  cimetière 
catholique,  p.    1  8. 

CuRET,  p.   1 400. 

Claris  (Forêt  de),  p.   1 16. 

CLARIS,  président  à  la  cour  des  comptes,  aides  8c 
finances  de  Montpellier,  p.   1097. 

CLARIS,  camisard,  rentré  en  Languedoc,  prend 
part  à  la  conjuration  de  Nimes,  p.  858  j  reste 
caché  dans  les  Cévennes,  p.  878;  est  poursuivi 
par  les  miquelets,  blessé  &  pris;  périt  sur  la 
roue,  pp.  886,  887. 

CLARIS  (Barthélémy),  pasteur  protestant,  s'évade 
de  la  citadelle  d'Alnis,  p.  65. 

CLARY  (de),  premier  président  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.   1415. 

CLARY,  négociant  à  Montpellier,  p.  849. 

Classificatio.v  de  la  société  française  faite  par  le 
tarif  réglant  les  taxes  de  la  capitation  générale; 
curieux  rapprochements,  p.  668. 

CLAUDE,  ministre  protestant,  p.   16. 

Clausolles,  près  Toulouse,  p.   1223. 

CLAUZADE,  procureur  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.   1 1  i5;  ami  de  la  famille  Calas,  p.   11 62. 

CLAUZADE  GARROUSTE,  capiioul,  p.  653. 

CLAUZONNETTES  (Marquis  de),  p.  110. 

Clavas  (Abbaye  de)  ;  sa  situation,  p.  i2o3;  mau- 
vais état  de  ses  bâtiments,  p.   1204. 

Clavas  (Bois  de),  p.  i2o5. 

CLAVIÈRES  (de),  p.  620. 

CLÉMENCE  ISAURE,  pp.  653,  661,  662. 

CLÉMENT  V,  pape,  p.  479. 

CLÉMENT  IX,  pape,  p.  22. 

CLÉMENT  X,  pape,  p.  498. 

CLEMENT  XI,  pape;  sa  bulle  contre  les  camisirds, 
p.  38;  condamne  le  mandement  de  l'cvèque  de 
Saint-Pons  &  ses  trois  lettres  à  l'archevêque  de 
Cambrai,  p.  880. 

CLÉMENT  (Le  Père),  de  la  Canourgue,  mission- 
naire à  Montpellier,  p.  570. 

Clergé;  est  exclu  des  assemblées  des  États  de  Vjva- 
rais,  p.  9;  jugé  par  le  duc  de  Noailles  &  l'in- 
tendant d'Aguesseau,  pp.  527,  528;  causes  qui 
ne  le  font  pas  comprendre  dans  le  tarif  de  ré- 
partition de  la  capitation,  pp.  668,  668,  673, 
674,  673;  ses  membres  siégeant  aux  Etats  de 
Languedoc  demandent  à  être  associés  à  tous  les 
impôts,  p.   i368. 

—  de  France;  ses  assemblées,  pp.  7,  64,  3ii,  522, 
673,  862,  866,  867,  ni9,  1021,  1023,  1 025, 
■  358;  rachète  l'impôt  de  la  capitation  par  un 
don  annuel  de  quatre  millions  de  livres,  p.  673. 


Clergé  de  la  Province;  son  émotion  après  l'attentat 
du  marquis  de  Rabat,  p.  255;  fes  lettres  au  roi 
au  sujet  de  cet  attentat;  au  duc  d'Orléans;  au 
prince  de  Condé,  p.  25'i;  aux  agents  du  clergé 
de  France;  aux  prélats  en  cour,  p.  257. 

—  du  second  ordre;  demande  à  être  admis  aux 
Etats  de  Languedoc,  pp.  7,  3o6. 

—  inférieur,  largement  représenté  aux  Etats  gé- 
néraux, p.   1376. 

CLERMONT-D'AuVErGXE,    pp.    362,   48  I,    Il  29. 

Clermont-Lodéve,  pp.  17,  65,  66,  112,  i56,  332, 
1370,  1401  ;  racheté  des  fours  banaux,  p.  8^; 
la  fabrication  de  certains  draps  y  est  interdite, 
p.  63;  les  drapiers  peuvent  recevoir  à  la  maî- 
trise d'autres  personnes  que  les  fils  des  maîtres, 
p.  88. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 

Clermont,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

Clermont,  sur  l'Ariége;  le  conseiller  Dévie  y  est 
exilé,  p.  1218';  un  poste  y  est  établi  durant 
l'épizootie,  p.    1241 . 

CLERMONT  (Baron  de),  sénéchal  &  bailli  du  Vê- 
lai, p.   1 1. 

CLERMONT  (Comte  de);  ses  relations  avec  le 
poète  Maynard,  p.  246. 

CLERMONT  (Comte  de),  frère  du  marquis  de  Sais- 
sac,  p.  23;  commande  un  régiment  de  milice 
bourgeoise,  p.  61g. 

CLERMONT-TONNERRE    (Cardinal    de),    p.   Sic. 

CLERVILLE  (Chevalier  de),  pp.  21,  5 14;  son  de- 
vis du  canal  de  Languedoc,  p.  45i;  directeur 
des  fortifications,  p.  465. 

Cléry  (Comté  de),  p.   i333. 

Clkves  (Duché  de);  des  protestants  franç.iis  s'y 
établissent  après  la  révocation  de  l'édit  de  Nan- 
tes, p.  662. 

CLÉVES  (François  de),  duc  de  Nivernais,  p.  552. 

CLÈVES  (Princesse  de),  p.  493.    • 

CLOTAIRE,  p.   161. 

Clot-d'Emburpe,  gaure  sur  la  Garonne,  p.   1282. 

CLOTTES,  de  Limoux,  p.   1207. 

Cloiterie,  p.  699. 

CLOVIS,  p.  1002. 

Cluac,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Clugxy,  maison  de  plaisance  dans  le  parc  de  Ver- 
sailles, p.   1059. 

ClunY,  abbaye,  p.  393. 

Coalition  contre  la   France,  p.  608. 

CODAUTE,  orfèvre,  p.  662. 

Codification    des    lois    relatives    aux     réformes, 

p.  995. 
COETLOSQUET,  abbé,  p.   io23. 
Cognac,  p.  627 

—  (Comté  de),  p.  1069. 

COHON  (Anthyme-Denis),  docteur  en  Sorbonne, 
éyêque  de  Nîmes,  pp.  i55,  i.'>8,  38 1,  479;  son 
réquisitoire  contre  les  protestants;  croit  qu'il 
serait  facile  de  les  faire  disparaître  de  toute 
l'étendue  du  territoire;  privilèges  demandés 
pour  les  catholiques,  pp.  420,  421  ;  les  hôpitaux 
&  maladreries  doivent  être  administrés  par  les 
catholiques,  p.  422;  dénonce  des  attentats  con- 


1484 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


tre  la  vie  des  prêtres,  p.  423;  l'hôpital  qu'il 
avait  formé  à  Nimes  est  subventionné  par  les 
Etats,  p.  479. 

COISLIN  (Abbé  de),  aumônier  de  la  maison  du  roi, 
p.  372. 

COISLIN  (Marquis  de),  p.  168. 

CoixiENS  (Motte  de),  p.   io56. 

COLBERT  (Jean-Baptiste),  intendant  général,  des 
affaires  de  Mazarin,  ministre  secrétaire  d'Etat, 
puis  surintendant  des  finances,  pp.  17,  364, 
439,  440,  7Z0;  sa  lettre  à  Mazarin,  au  sujet 
de  la  demande  de  fermage  de  l'abbaye  de  Mois- 
sac,  p.  3o5  ;  projets  qui  dénotent  ses  vastes 
desseins,  pp.  387,  388;  son  influence  dans  les 
conseils  du  roi,  p.  427;  reçoit  jour  par  jour  les 
détails  de  l'opposition  qui  est  faite  à  l'arche- 
vêque de  Toulouse  durant  la  session  de  1664, 
pp.  433,  435;  sa  demande  aux  autorités  de 
Toulouse  afin  d'obtenir  des  fonds  pour  la  com- 
pagnie des  Indes,  p.  438;  sa  correspondance 
avec  le  président  Fieubet,  au  sujet  de  droits 
perçus  par  les  capitouls,  p.  441  ;  son  applica- 
tion à  améliorer  les  voies  de  communication, 
p.  4.'>o;  attache  son  nom  à  l'édit  du  roi  pour  la 
jonction  de  l'Océan  &  de  la  Méditerranée, 
p.  461  ;  reçoit  une  première  lettre  de  Riquet 
accompagnée  d'un  mémoire  au  sujet  du  canal 
de  Languedoc,  p.  455;  son  jugement  sur  Riquet, 
p.  438;  encourage  le  projet  de  canal;  a  une 
entrevue  avec  Riquet,  à  Paris,  p.  469;  réussit 
à  développer  dans  son  entourage  &  dans  ses 
agents  une  véritable  ferveur  de  progrès  écono- 
mique, p.  46 1  ;  ses  encouragements  à  Riquet; 
il  lui  assure  la  protection  du  roi,  p.  465;  ses 
efforts  pour  préserver  les  bois  &  les  forêts  des 
dévastations  commises  par  les  particuliers, 
p.  468;  ne  trouve  que  confusion  dans  le  ressort 
&  les  attributions  des  maîtrises  des  eaux  & 
forêts,  p.  469;  l'action  fécondante  de  son  admi- 
nistration fait  renaître  Tesjjrit  de  spéculation  ; 
projets  soumis  par  des  particuliers  pour  l'ex- 
ploitation de  bois  dans  le  Vêlai  &  le  rétablis- 
sement de  chemins;  son  rapport  favorable  k  ces 
projets,  pp.  480,  481  ;  ses  tentatives  infructueu- 
ses pour  la  réformation  des  universités,  p.  492; 
sa  réponse  au  cardinal  de  Bonzi  après  l'incen- 
die du  faubourg  Saint-Michel  à  Toulouse;  son 
autre  lettre  à  M.  de  Bezons,  autorisant  à  distri- 
buer vingt  mille  livres  dans  le  parterre  des 
Etats,  p.  499;  nomme  d'Aguesseau  intendant  de 
Languedoc,  pp.  5oo,  5o2  ;  les  heureux  effets  de 
ses  réformes  en  Languedoc  sont  arrêtés  par  la 
déclaration  de  guerre  de  l'Espagne,  p.  609;  se 
plaint  à  Riquet  de  la  mauvaise  conduite  des 
agents  de  sa  ferme,  pp.  5i  1,  5i2  ;  ses  réflexions 
au  sujet  des  acquisitions  territoriales  que  fait 
Riquet,  p.  5r3;  son  peu  d'attachement  à  la  per- 
sonne de  Riquet  ne  lui  fait  pas  négliger  l'avan- 
cement du  canal  de  Languedoc;  sécheresse  avec 
laquelle  il  parle,  dans  sa  correspondance,  de  la 
mort  de  Riquet,  p.  5i5;  essaye,  en  1672,  de  faire 
exploiter  quelques  mines  en  Languedoc,  p.  698  ; 
sa  mort,  p.  539;  ses  règlements  jugés  favorable- 
ment par  Bâville,  p.  704. 

COLBERT  DE  CROISSY  (Charleà-Joachim),  évêque 
de  Montpellier;  sa  parenté;  ses  études;  à  dix- 
sept  ans  est  abbé  de  Froidmont;  au  retour  d'un 


voyage  à  Rome,  est  enfermé  au  château  de  Mi- 
lan, p.  720  ;  soutient  ses  thèses  de  licence;  grand 
vicaire  de  Pontoise,  il  remplit  les  devoirs  de 
l'administration  avec  exactitude  &  scrupule; 
supplée  le  chapelain  de  l'hôpital  qui  avait  suc- 
combé dans  une  épidémie;  est  nommé  agent  du 
clergé  de  Rouen;  sa  fermeté;  sa  nomination  à 
l'évèché  de  Montpellier;  commencement  de  son 
administration,  p.  721  ;  invite  le  cardinal  de 
Bonzi  à  une  confession  publique,  p.  719  ; 
Louis  XIV  empêche  qu'il  ne  fasse  partie  d'une 
commission  chargée  d'examiner  une  bulle, 
p.  862;  condamne  dans  un  mandement  la  lé- 
gende de  Grégoire  VII;  écrit  une  lettre  au  roi 
sur  ce  sujet  &  montre  les  dangers  politiques 
créés  par  la  nouvelle  doctrine,  pp.  1014,  1  o  r  5, 
1016,  1017,  1018  ;  s'inquiète  de  voir  siéger  dans 
l'assemblée  du  clergé  de  France  quelques-uns  de 
ses  plus  déterminés  adversaires,  p.  1021;  résumé 
des  actes  de  son  épiscopat,  p.  1  o56  ;  sa  maladie; 
ses  derniers  moments;  sa  mort;  ses  obsèques; 
est  inhumé  dans  l'église  de  l'hôpital  général  de 
Montpellier,  pp.  71,  1057;  son  testament  ;  pré- 
cautions prises  par  lui  au  cas  où  les  menaces  de 
déposition  se  seraient  réalisées;  ses  œuvres;  sa 
bibliothèque,  p.   io58. 

COLBERT  DE  VILLACERF  (Jean  -  Baptiste-Mi- 
chel), évêque  de  Montauban,  nommé  archevêque 
de  Toulouse,  p.  592;  a  de  graves  démêlés  avec 
le  chapitre  métropolitain,  p.  5^i. 

COLBERT  (Abbé  de),  pp.  1248,  1249,  1252,  1265, 
sa  lettre  à  M.  de  Moncam,  au  sujet  des  progrès 
de  l'épizootie,  p.    1249. 

COLBERT  DE  TERRON,  p.  371. 

Collation  servie  aux  commissaires  du  roi  dans  la 
salle  du  petit  consistoire,  p.  3i5, 

Collectes  forcées,  p.   io5i. 

Collecteurs  des  tailles,  pp.  18,  55,  74,  707,  938, 
io5i;  leurs  procédés  sauvages,  p.  23o;  accom- 
pagnés des  gardes  du  duc  de  Verneuil  pour  faire 
payer  les  gens  de  main-forte,  p.  478. 

—  emprisonnés,  pp.  41,  876, 

—  forcés,  pp.  48,  54. 

Collège  supérieur  de-médecine  fondé  par  Frédéric 
Guillaume  de  Prusse,  avec  l'aide  de  proscrits 
français,  p.  564. 

—  d'Albi,  p.  i383. 

—  de  Castres,  p.   i383. 

—  des  doctrinaires  de  Narbonne,  p.  74. 

—  de  Foix,  à  Toulouse,  p.   iSz, 

—  des  Quatre-Nations,  p.  655. 

—  de  la  Marche,  p.  720. 

—  de  Navarre,  pp.  406,  1104. 

■ —  Saint-Bernard,  à  Toulouse,  p.  680. 

Collèges;  commissaires  pour  vérifier  leur  état, 
p.  i5;  réparés  dans  divers  diocèses,  p.  104;  leur 
nombre  en  Languedoc;  d'après  Bâville,  tous  les 
petits  collèges  devraient  être  supprimés,  p.  (h^ô. 

^  de  boursiers;  leur  réorganisation  demandée, 
p.  i383. 

Collet  de  Dèze  (Le),  pp.  747,  75c,  775,  776, 
796,   800,    1407;  est  dévasté,  p.  806. 

COLLETET,  de  l'Académie  française,  pp.  247,  248. 

Collias  (Hôpital  de),  p.  696. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1485 


CoLLiocEE,  pp.  SyS,  316. 

Colloque  protestant,  à  Mazamet,  p.  80;  à  Uzès, 

p.  i5. 
Colloques    d'Albigeois   &   de  Rouergue,  en   1622, 

p.  261 . 

—  comprenant  quatre  provinces  protestantes  en 
Languedoc,  p.   176. 

CoLMAR,  p.   1419. 

CoLOGNAc,  dans  les  Cévennes,  pp.  17,  28. 
Cologne;  un   envoyé  de  la  municipalité  de  Tou- 
louse se  rend  dans  cette  ville  en   1790,  p.   1402. 

COLOM  LAPOINIARÈDE,  seigneur  de  Saint-Nau- 

fary,  p.  968. 
Colombier  le  Cardinal,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Colombier    le    Jeune,    paroisse   en   Vivarais, 

pp.   1202,  1410. 

Colombier  le  Vieux,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Colombiers  libres,  p.   1393. 

COLOMEZ,  capittful,  p.  849. 

CoLOMiERS    près  Toulouse,  pp.   1240,  1246. 

COLOMNA,  p.  620. 

Colonnes  d'Hercule,  p.  462. 

C0LORGUES;  démolition  de  son  temple,  p.   19. 

Combat  dans  les  prairies  d'Alais,  p.  37, 

—  de  Brueis,  p.  38. 

—  de  Caveirac,  pp,  39,  823. 

—  de  Champ-Domergues,  p.  36. 

—  de  la  Combe-de-Bidoux,  p.  38. 

—  du  Devez-de-Martignargues,  pp.  3ol,8i5,  816. 
•^  de  Fau,  p.  39. 

—  de  Fontmorte,  pp.  36,  39,  836. 

—  de  Fontréal,  p.  48. 

—  de  la  montagne  de  Leiris,  p.  48. 

—  du  Mas  de  Seirieres,  pp.  37,  787. 

—  de  Nages,  p.  39. 

—  de  Pompignan,  pp.  32,  788. 

—  de  Puechredon,  p.  83  1. 

—  du  pont  de  Rhosny,  p.  823. 

—  des  Roques  d'Aubais,  p.  39. 

—  de  Saint-Mamet,  p.  37. 

—  de  Sérignac,  p.  38. 

—  de  Tornac,  p.  39, 

—  de  Vagnas,  p.  37. 

—  du  Val  de  Banne,  p.  37. 

—  du  bois  de  Vaquières,  p.  3y, 

—  du  pont  de  Vébron,  p.  730. 

—  de  Vergèse,  pp.  39,  823. 

—  du  bois  d'Yeuset,  p.  39. 

CoMr.ATS  singuliers  dans  les  premiers  Jours  de  la 
régence  d'Anne  d'Autriche,  p.  193  ;  flétris  par  le 
prince  de  Conti,  p.  396. 

Combalioux;  ses  armoiries,  p.  686. 

Combe  de  Bisoux,  près  d'Anduze,  p.  38. 

Combe  des  Morts,  p,  IC67. 

CoMBELONCUE  (Abbaye  de),  p.  1403. 

COMBES  (L'abbé),  ancien  vicaire  de  Quissac, 
p.  764. 

COMBES,  maire  de  Rieux,  p.  984. 

COMBES  (de),  avocat  près  le  conseil  du  roi,  p.  218. 

COMBES,  avocat  de  Nimes,  p.  992. 

COMBES,  subdélégué,  p.   1009. 

COMBES,  marchand  de  grains,  p.  899. 


COMBETTES    (de),    conseiller    au    Parlement    do 

Toulouse;  son  exil,  p.   1219. 
CoMKDiENS  à  Béziers,  à  Pézénas,  pp.  394,  396. 
COMERE,  conseiller  aux  enquêtes  au    Parlement, 

p.   174. 

COMÈRE,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.  241. 

COMÈRE  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, pp.  35?,  352. 

COMÈRE  (Baron  de),  p.    i352. 

COMÈRE  (Chevalier  de),  p.    i352. 

CoMiGNE,  commune  de  la  vallée  de  l'Aude,  p.  871. 

COMINIHAN,  capitoul,  p.  219. 

COMINIHAN,  subdélégué  à  Toulouse,  p.  999. 

Commandement  d'arrêt  supprimé,  p.   io5i. 

Commandements  de  place,  p.  1277; 

Commanderies  de  l'ordre  de  Malte,  p.   1 136. 

Commerce  intérieur;  doit  être  développé  pour 
l'écoulement  des  denrées,  p.  462. 

.—  paralysé  en  Languedoc  après  la  révocation  de 
redit  de  Nantes,  p.  569  ;  les  transactions  sont 
interrompues  durant  la   peste  de  1721,  p.  963. 

—  toulousain;  ne  peut,  à  cause  de  sa  pauvreté, 
aider  Colbert  par  sa  souscription  à  la  compa- 
gnie des  Indes,  p.  438. 

—  des  îles  françaises  d'Amérique,  p.  Sz. 

—  du  Levant,  p.  55. 

—  des  cuirs,  à  Toulouse,  p.  72. 

—  des  grains,  pp.  721,  722,  1342;  mémoire  sur 
ce  sujet  présenté  à  l'assemblée  des  notables, 
p.   i338. 

—  de  toiles  peintes  interdit  sous  peine  de  mort, 
p.  56. 

—  des  vins  de  Languedoc,  pp.  722,  723,  724,  725. 
Commercy,  p.  402. 

COMMINES,  p.   i35o. 

Comminges,  ancien  comté,  diocèse  de  la  province 
ecclésiastique  d'Auch,  pp.  76,  111,  35i,  3'j5, 
471,  697,  890,  1082,  1178,  izSz,  1364,  1401, 
1418;  sa  population,  p.  692. 

—  (Route  de),  p.   ioo5. 

—  (Diocèse  de),  pp.  57,  97,  106,  117,  120,898, 
1232,  1234,  1239,  1247,  1287,  i33i,  1373,  1403. 

—  (Evêché  de),  p.  1009. 

—  (Ville  de),  pp.  986,  991. 
COMMINGES  (de),  p.  356. 

Commissaires  départis  pour  la  réforme  du  régime 
forestier,  p.  466. 

—  des  domaines  en  Languedoc,  p.  21. 

—  enquêteurs  pour  la  recherche  des  usurpateurs 
de  titres  de  noblesse,  pp.  448,  449. 

—  exécuteurs  de  l'édit  de  Nantes  pour  le  Langue- 
doc 8t  le  pays  de  Foix,  p.  424;  leur  mission  est 
considérée  comme  un  présage  de  persécution, 
p.  425. 

—  envoyés  par  le  Parlement  de  Toulouse  dans  six 
diocèses  du   ressort,  p.  3oo. 

—  du  Parlement,  en  1784,  pp.  122,  i32i. 

—  aux  prisées  &  ventes  de  meubles,  pp.  5i,  54. 

—  &  séquestres  aux  saisies,  p.  75. 

—  des  travaux  publics  dans  la  Province,  p.  i3o8. 


i486 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


Commissahiat  de  la  province  de  Languedoc  insti- 
tué en  vertu  de  la  loi  de  janvier  1790;  son  man- 
dat; ses  attributions,  sa  composition,  p.  142S; 
prend  possession  des  archives,  pp.  1426,  1427; 
liquide  les  affaires  de  la  Province,  p.  1427;  sa 
dernière  séance,  le  3  1  août  1791,  p.  1424;  noms 
des  membres  qui  la  composaient,  p.  1425. 

Commission  du  5  mai  lySS  relative  au  renouvelle- 
ment du  papier  terrier,  p.    1048. 

—  de  17.34,  pp.  68,  70,  81,  89,  91,  96,  97,  99, 
lor,  io3,  io5,  107,  108,  109,  110,  116,  117, 
120,  121,  128,  1069;  demande  à  toutes  les  com- 
munes un  état  de  leurs  dettes,  p.  yS;  nomme  un 
auditeur  des  comptes  communaux  dans  chaque 
diocèse;  permet  de  poursuivre  par  garnison  la 
reddition  des  comptes  communaux;  annule  les 
comptes  communaux  réglés  depuis  1705,  p.  74; 
règle  la  forme  des  comptes  d'imposition,  p.  y.'i  ; 
son  règlement  d'honoraires  des  juges  royaux  & 
bannerets,  p.  76;  est  chargée  de  diverses  vérifi- 
cations en  l'absence  des  Etats,  p.  88  ;  sa  défense 
aux  communes  de  faire  certains  payements  sur 
les  fonds  des  écoles,  p.  92;  son  ordonnance  du 
3  janvier  1569,  p.  io5;  son  ordonnance  pour  la 
conservation  des  archives  communales,  p.  109; 
pour  exercer  une  sorte  de  tutelle  sur  les  com- 
munes &  pour  contrôler  la  gestion  de  leurs 
biens,  p.  1042;  son  mandat,  pp.  1042,  1048; 
son  action  utile  sur  l'administration  des  com- 
munes, p.  1047;  défend  aux  administrations 
municipales  d'imposer  ou  d'emprunter  aucune 
somme  pour  des  plantations  de  croix  de  mission 
ou  d'en  Imputer  les  frais  sur  les  deniers  com- 
munaux, pp.  80,  1074,   loyS. 

—  de  174(5,  p.  126. 

—  de  1756,  pp.  106,  1345. 

—  de  1662,  pour  régler  les  dépenses  des  communes 
&  réformer  les  abus,  pp.  17,  1044,   1045 

—  des  marais,  pp.  io3,  104,  io5,  106,  110,  Ii3, 
116,   117,  118. 

—  du  vingtième,  pp.  87,  89,  io3;  nommée  en 
I 762,  p.  1 1  26. 

—  des  manufactures  des  Etats,  p.  i326. 

—  mixte  pour  le  règlement  des  affaires  de  com- 
munauté, p.  706. 

■^  chargée  de  l'ordonnance  des  archives,  p.  168. 

—  nommée  le  2  août  1783  par  le  Parlement  de 
Toulouse  pour  vérifier  de  quelle  manière  la  jus- 
tice était  exercée  dans  les  Cevennes,  le  \^ivarais, 
le  Gévaudan,  p.  i32o;  son  pouvoir,  sa  compo- 
sition; ses  ordonnances  sur  les  fonctions  des 
procureurs  &  sur  celles  des  juges;  frappe  un 
grand  nombre  de  coupables,  p.  1821;  tableau 
de  la  conduite  des  gens  de  loi  dans  les  Cevennes, 
le  Vlvarals,  le  Gévaudan,  pp.  i32i,  i322,  i323, 
1824,  i325. 

•—  extraordinaire  nommée  par  les  États  de  Lan- 
guedoc pour  perfectionner  l'administration  de 
la  Province  &  établir  une  répartition  équitable 
des  contributions  publiques,  p.  1867;  son  rap- 
port, pp.   i368,  1869,  1370. 

Commissions  extraordinaires  révoquées,  p.  270. 
Commonitoire,  nom   donné   par  quelques  contem- 
porains à  l'avertissement  aux  protestants,  p.  5i2. 


Communes,  pp.  52,  5.'!,  104,  981,  932;  déchargées 
de  l'augmentation  du  quart  d'octroi,  p,  44;  ré- 
ception des  ouvrages  qu'elles  font  faire,  p.  91; 
règlement  pour  leur  administration,  p.  1 02  j 
ne  peuvent  plaider  sans  autorisation,  p.  847; 
procès  ruineux  qu'elles  entreprennent,  p.  io3o. 

Communes  ravagées  par  la  grêle  &  l'Inondation, 
Foir  Grêle,  Inondations. 

—  pillées  ou  brûlées  durant  la  guerre  des  caml- 
sards,  pp.  40,  41 ,  42. 

—  du  Lauragais;  règlement  fait  par  quelques-unes 
d'entre  elles  pour  se  préserver  de  l'épizootie, 
p.    1248. 

—  du  diocèse  de  Mende,  brûlées  durant  la  guerre 
des  camisards,  payent  leurs  impositions  en  1 78  1 , 
p.    1084. 

^-  de  France;   édits  destinés  à  régler  la  gestion  de 

leurs  biens,  pp.   i  192,  1  198. 
Compagnie  des  Indes,   pp.   442,   462;   fonds   votés 

pour  elle  par  les  capiiouls  de  Toulouse,  pp.  488, 

489,  63:>. 

—  du  Cap-Nègre,  p.  722. 

Compagnies  de  nouvelle  levée  dans  lesquelles  on 
incorpore  de  force  les  Cévenols,  p.  787;  jugées 
par  de  Broglie  dès  les  premiers  troubles  des  Ce- 
vennes, p.   744. 

Compagnons  tisseurs,  p.  64. 

COMPAIN,  chanoine,  mainteneur  des  Jeux-Flo- 
raux, p,  66  t. 

CoMPASCUiTÊ,  pp.  100,  102. 

Compétence  (Règlement  de)  des  divers  degrés  de 
juridiction  en  Languedoc,  p.  69. 

"—  des  juges  en  Languedoc,  p.   1049. 

—  du  prévôt  des  maréchaux  de  France,  p.   i3oo. 

COMPIÈGNE,   p.    298. 

Complot  de  Cellamare,  p.  954. 
CoMPOix  cabaliste,  p.   104. 

—  de  Carcassonne,  p.  81. 

CoMPS,  en  Vivarais,  pp.  ii33,  1202. 

Comptes   des   communes  du   diocèse   de   Narbonne 

soumis  à  une  révision  générale,  p.  65. 
Comtat  Venaissin,  pp.  852,  969. 
COMTE,  prêtre,  p.  787. 
COMTE  (André),  p.  980. 
COMTE   (Antoine),    pp.    977,    980;   condamné    à 

mort  &  exécuté,  p.  979. 
COMTE  (François),  p.  980. 
COMTE  (Louis),  p.  980. 
COMTE  (Philippe),  p.  980. 
Comtés,  leur  nombre  en  Languedoc,  p.  694. 
Comtés  :  d'AIals,  pp.  33,  ii5,  ii6,  799,  863. 

—  d'Aps,  p.  1 197. 

—  de  Brassac,  p.  33. 

—  de  Caraman,  pp.    14,    i5,    18,   118,    120,  5i3, 

1252,    1296,    1297. 

—  de  Castres,  pp.   470,  698. 

—  de  Cléry,  p.  |833. 

—  de  Cognac,  p.   1059. 

—  de  Comminges,  pp.  471,  io8ï. 

—  de  Gonflent,   p.  899. 

—  de  Deymes,  p.  lot. 

—  d'Espie,  p.  1082. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES.  1487 

Comtés  :  de  Faret,  pp.  79,  1070.  Comtes  :  de  Gontaiit,  p.  193. 

—  de  Fezensac,  pp.  471,  474.  —  de  Grignan,   p.   19. 

—  de  Foix,   pp.    294,   471,   472,   704,    871,   872,        —  de  Grizac,  p.  io. 
1178,    1235,    l338,    1404.  —  de  H.ibsbiirg,  p.  927. 

—  de  Frégeville,  p.   loi.  — d'Harcourt,   pp.    4,    194,    261,    324,    336,   337, 

—  de  Gaure,  pp.  471,  474.  341,  SgS. 

—  du  Grand-Montrevaiix,  p.  553.  —  de  Labarthe,  p.    i352. 

—  de  risle-Jourdain,  p.  470.  —  de  La  Fare,  p.  44. 

—  de  Lauragais,  p.  61.  — de  Lahage,  p.   |353. 

—  de  Lussan,  p.  3.  —  de  La  Linière,  p.  1377. 

—  de  la  Marche,  p.  443.  —  de  Laroque,  p.    i352. 

—  de  Peyre,  p.  1 1  i3.  —  de  La  Serre,  p.  366. 

—  de  Pézénas,  p.  83.  —  de  Lautrec,  pp.  58,  6g. 

—  de  Toulouse,  p,   1402.  —  de  Limours,  p.  553. 

—  de  Tournemire,  p.  loo,  —  de  Lussan,  p.  646. 

Comtes  :  d'Ala.s,  pp.  65,  287,  487,  .284.  "  j«  ^"^;^l"^^'  ?'  J  ">• 

'  '^'^  /••!/'  t  —  de  Maiilebois,  pp.  89,  107. 

—  dAmou,  p.   1241.  —deMailly,  p.   ,241. 

—  d  Antra.gues.  p.  i  198.  _  ^^  ^arsin.  p.  323. 

—  d  Armagnac,  pp.   17,  3o    32.  _  j^  Mas-Méjan,  p.  488. 

-dArtois,  pp.   ,242,  ,338,   ,359.  -deMérlnviUe,  pp.53,73,405,873,874,  .064. 

—  d'Aubijoux,  pp.  5,  8,  180,  188,   189,  273,  275,        _  ae  Mirabel,  p.    1  [98. 
322,  339,  363,  646,  791,  929.  _  j^  [viodène,  p.  .3,3. 

—  d'Avejan,  p.  67.  —  j^  Moncan,  pp.  1 ,07,  1 ,08,  i  ,79,  ,249. 

—  de  Beaune,  p.  ,  197.  _  j^  Montcalm,  p.   ,352. 

—  de  Belle-Isle,  pp.  66,  çSS,  964,  çSS,  956,  967,       _  j^  Montcalm-Gozo.i,  p.  ,377. 
953,  959,  960,  986,  991.  _  aj  Montcamp,  p.  11 16. 

—  de  Bernis,  p.  ,  ,7.  _  de  Montijo,  p.  925. 

—  de  Bioules,  pp.   7,   I  I,  ,3,  297,  3o2,  325,  328,        —  de  Montlezun-Pardiac,  p.    i352. 
367,  370,  38,,  405.  —  de  Montmorin,  p.  i335. 

—  de  Boissezon,  p.  92.  —  de  Montoyson,  p.   ,94. 

—  du  Bourg,  pp.  65,  ,  ,98.  —  de  Montpeyroux,  p.  62. 

—  de  Bournizel,  p.   ,352.  —  de  Morangiès,  p.   ,co. 

—  du  Bouzet,  p.   ,352.  —  de  Moretton,  p.   ,384. 

—  de  Breteuil,  p.   i35,.  —  de  Noailles,  pp.    ,o3,   ,27,  191,  885. 

—  de  Broglie,  pp.  32,  552,  744,  —  de  Nogaret,  p.   ,  ,9. 

—  de  Brissac,  p.  363.  —  de  Paulo,  p.   ,314. 

—  de  Brizon,  p.   i  198.  —  de  Pannetier,  p.    |353. 

—  de  Cadignan,  pp.  i  243,  1  244.  —  de  Périgord,  pp.   ,08,   109,  1 10,  1 1 1,  i  ,3,  ,  |5, 

—  de  Calvisson,  pp.  32,  37,  42,  329,  761.  ,17,    1,8,    1  20,    ,22,    ,23,   ,24,  127,  ,28,  ,2,8, 

—  de  Gara  ma  n,  pp.   22,  112,  117,  i35,  ,92,246.  ,236,     ,243,     ,253,    1259,    126,,    ,264,     ,265, 

—  de  Castries,  pp.  2,3,  2,6.  1270,    i3ii,    ,332,    ,344,    ,347,    ,348,    i35i, 
— de  Caylus,  p.  i355.  i352,   ,355,   ,36o,   ,388. 

—  de  Chabrillant,  p.  ,3,3.  —de  Peyre,  pp.   3i,   32,  35,  48,  93,  739,  744, 

—  de  Chadenac,  p.  44.  754,  801,  1  198. 

—  de  Chalais,  p.   ,9.  —  du  Plessis-Praslin,  p.  3. 

—  de  Chambonas,  pp.  49,  io36,  —  de  Polignac,  p.  435. 

—  du  Champ,  p.   io36.  —  de  Poujols,  p.   1082. 

—  de  Charolais,  p.  971.  —  de  Provence,  pp.  ,,3,   ,274,   ,3,3,  l3,4,  ,3i5. 

—  de  Choiseul,  p.  25i.  ,341,  ,359. 

—  de  Clarac,  pp.    108,   ,16.  '  —  de  Pujol,  p.  71. 

—  de  Clermont,  pp.  23,  246.  —  du  Pradel,  p.    ,352. 

—  de  Corneillan,  p.    ,353.  —  de  Rabat,  p.  294. 

—  de  Crenay,  p.   ,3i3.  —  de  Ribaute,  p.   io36. 

—  Dubarry,  p.   ,352.  —  de  Rochechouard,  pp.  77,  ,3oi. 

—  Dubarry-Cérès,  p.   ,355.  —  de  Rochefort,  p.  625. 

—  de  Durfort,  p.    ,35i.  — de  Rodde  Saint-Haon,  p.    1285. 

—  d'Entraigues,  p.    |37?,   ,393,  1394.  — du  Roure,    pp.   6,  10,  14,   20,21,    24,    25,33, 

—  d'Estaing,  p.   ,335.  3">,   56,    104,    287,    19,,   292,    293,   405,   437, 

—  d'Eu,  pp.  89,  100,  ,  16,  ,  ,36,  1,91,  ,  192.  49'),  532,  ^46,  778,  799,  832,  ,o36,  1 198. 

—  de  Falckenstein,  p.    ,314.  —  de  Roquelaure,   pp.  83,   ,252. 

—  de  Faudoas,  p.  82.  —  de  Saint-Fargeau,  p.  92,. 

—  de  Florac,  ppC.  39,  778.  —  de  Saint-Florentin,   pp.  93,   1  102,  1  168,   ,  196. 

—  de  Florentin,  p.   1  182.  —  de  Saint-Germain,  p.  1277. 

—  de  Foix,  pp.  872,  ,404.  —  de  Saint-Haon,  pp.   ,285,  1286. 

—  de  Fuensalida,  p.  720.  —  de  Sa  in  t-P  ri  est,  pp.  21. 

—  de  Fumel,  pp.   1241,  ,243.  —  de  Schomberg,  p.  709. 

—  de  Ganges,  pp.  309,  329,  ,371.  —  de  la  Serre,  p.  ,3. 


1488 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Comtes  :  de  Suze,  p.  21. 

—  de  Tessé,  pp.  534,  SSy. 

—  de  Thézan,  p.  i352. 

—  de  Thomond,  p.   1145. 

—  de  Toulouse,  pp.  908,  911,  gSi,  1079,  i365, 
1402. 

—  de  Toulouse-Lautrec,  p.   1377. 

—  du  Tournel,  p.  32. 

—  de  la  Tourrette,  p.   1 198. 

—  de  Tournon,  pp.  292,  835,   1 198. 

—  de  Vabres,  p.  614. 

—  de  Villars,  p.  790. 

—  de  Vogué,  pp.  123,  1 198,  1377. 

Comtesses  :  de  Hautefort,  p.  11 98. 

—  de  Marsan,  p.   1 198. 

—  de  Poitiers,  p.  1 14. 

—  de  Rieux,  p.  873. 
Conciergerie  de  Toulouse,  p.  3o(5. 
Concile  d'Embrun,  pp.  63,  1021,  1022,  io25. 

—  de  Trente,  p.  320. 

—  général  (Appel  au  futur),  p.  53. 

métropolitain    demandé    par    la    province    de 

Narbonne,   p.    1021. 

Conciles,  p.  i382. 

Concordat  de  François  I,  p.  65o. 

CoNCOULES,  en  Vivarais,  pp.  776,  iioi. 

Concours  pour  la  composition  des  inscriptions 
devant  décorer  le  piédestal  de  la  statue  équestre 
de  Louis  XIV,  p.  904. 

Concussions  des  deux  frères  Aostène  dans  le  dio- 
cèse d'Alet,  pp.  357,  358. 

CoNDAMiNE  (Jardin  de  la),  p.   1149. 

Condamnations  à  mort  pour  violences  contre  les 
collecteurs  des  tailles,  p.    18. 

CoNDÉ  (Légion  de),  p.   1235. 

CONDÉ  (Prince  de),  pp.  5,  8,  i32,  143,  |85,  204, 
221,  222,  223,  224,  226,  228,  245,  253,  255, 
255,  257,  278,  279,  296,  299,  322,  323,  791, 
908;  sa  lettre  aux  pénitents  bleus  après  la  nais- 
sance de  Louis  XIV,  p.  3799  son  arrestation, 
le  18  janvier  i653,  p.  2949  sa  réponse  aux 
compliments  des  capitouls  à  propos  de  sa  déli- 
vrance, p.  3o3  ;  étant  en  Guienne,  il  obtient 
une  démonstration  en  sa  faveur  de  la  part  du 
Parlement  de  Toulouse,  p.  336;  nommé  généra- 
lissime des  armées,  p.  337;  quitte  la  Guienne, 
traverse  la  vicomte  de  Turenne  &  une  partie  de 
l'Auvergne,  traverse  la  Loire,  rejoint  l'armée 
vers  Lorris,  prend  Montargis,  est  battu  à  Ble- 
neau,  pp.  337,  393,  394,  395.  396,  397;  refuse 
l'amnistie  &  sert  le  roi  d'Espagne,  p.  341; 
nommé  généralissime  des  armées  du  roi  d'Es- 
pagne, p.  353. 

CONDE  (Prince  de);  fait  partie  des  assemblées  des 
notables  qui  précèdent  la  convocation  des  Etats 
généraux,  pp.   i338,  iSSp. 

Confection  des  cadastres  en  Languedoc,  p.  1329. 
Conférence  entre   Cavalier    &   le   marquis    de  La 
Lande,  p.  39,  833,  834. 

Conférences  de  Saint-Lazare,  p.  406. 
•—  mi-parties  qui  devaient  se  tenir  à  Nimes  aban- 
données, p.  528. 


Confessions  forcées,  p.  541. 

Confirmation  des  privilèges  des  capitouls  &  habi- 
tants de  Toulouse,  p.  53. 

—  d'exemption  de  taxes,  p.  61. 

—  de  noblesse  taxée  à  tous  les  capitouls  de  Tou- 
louse, pp.  899,  900,  901,  902. 

Confiscation  de  l'artillerie  municipale  de  Tou- 
louse pour  le  roi,  p.  29. 

—  de  bâtiments  français  ou  étrangers  à  bord  des- 
quels seront  trouvés  des  nouveaux  convertis, 
p.  712. 

—  des  biens  des  protestants  absents,  p.  559. 
Confiscations  faites  sur  les  héréiiques,  p.  693. 
CONFLANS  (de),  p.  931. 

Gonflent,  comté,  pp.  108,  SyS,  400,  5ii,  5i', 
521,  i385;  s'il  faisait  partie  du  Roussillon  ou 
de  la  Cerdagne,  p.  399. 

Co^FLITS  de  juridiction  entre  différents  officiers 
de  justice,  pp.    i5i,  i52. 

—  de  juridiction  à  propos  de  la  mort  du  trésorier 
de  la  bourse  de  la  Province,  p.  892;  enire  le 
Parlement  de  Toulouse  &  la  cour  des  comptes 
de  Montpellier;  les  bureaux  des  finances  des 
deux  généralités  réglés  par  la  déclaration  du 
10  janvier  1735,  pp.  1049,  io5o,  io5i,  io52, 
io53,  1054. 

—  en  1784,  entre  le  ministre,  la  cour  des  comptes 
de  Montpellier  &  le  Parlement  de  Toulouse, 
p.   1329. 

Congés,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Congrégation  du  Pain-Bénit,  à  Toulouse,  p.  372. 
CoNi,  assiégé  par  les  Français,  p.  773. 
CONILLIÈRE,  p.   96. 

Conjuration  de  Nimes,  pp.  858,  859,  860. 

de  Cellamare,    p.    920  ;    extrait    de    différentes 

pièces  fabriquées  à  cette  occasion,   pp.  926,  927, 

928,  929,  930. 

CONNAUX,    p.    1406, 
CONOSOULS,   p.   698. 

Conques,  p.  55;  ses  armoiries,  p.  687. 
CoNQUET  (Epanchoir  de),  p.  1062. 

CONQUEYRAC,   p.    764. 

CONRART,  de  l'Académie  française,  p.  247. 
Conseil  des  affaires  ecclésiastiques,  p.  "i?- 

—  de  bourgeoisie  Je  Toulouse;  sa  méfiiiuce  contre 
certains  membres  de  l'entourage  de  Gaston, 
p.  281. 

—  de  commerce  créé  en  1700,  pp.  34,  847;  ses 
attributions;  sa  composition;  aucune  ville  de 
Languedoc  n'y  est  représentée,  p.  716;  après 
protestation,  les  Etats  désignent  un  ancien  né- 
gociant de  Nimes  qui  est  remplacé  au  bout  de 
neuf  mois  par  le  syndic  général  de  la  Province, 
p.   717. 

—  de  conscience,  p.  920. 

Conseil  d'Etat,  pp.  i  à  i3o,  146,  175,  23o,  242, 

245,  3io,  321,  322,  347,  386,  427,  440,  441, 

468,  491,  529,  53o,  572,  078,  604,  606,  63o, 

639,  641,  655,  714,  7i5,  716,  717,  723,  724, 

728,  729,  844,  845,  846,  847,  848,  85o,  85i, 

852,  853,  854,  855,  865,  869,  870,  871,  873, 

877,  935,  ioo3,  1027,  io3i,  io32,  1061,  1062, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1489 


1070,  1072,  1073,  11^4,  1148,  ii49>  i'5i, 
ii53,  ij55,  ii53,  1161,  1177,  1182,  1204, 
i2o5,  i2c6,  1234,  1275,  1283,  1293,  i35j, 
1372,  i338;  c'est  de  lui  qu'émane  toute  initiij- 
tive,  p.  480;  renvoie  l'affaire  des  rcgrilistcs 
d'AIet  &  de  Pamiers  aux  archevêques  de  Tou- 
louse &  de  Narbonne,  p  5t7  ;  prononce  la  sai- 
sie du  temporel  de  l'évèché  de  Pamiers,  p.  5 17; 
évoque  la  querelle  entre  l'abbaye  de  Boulbonne 
&  les  habitants  de  Cintegabelle,  p.  872.  Voir 
Arrêts. 
Conseil  de  marine,  pp.  55,  937, 

—  politique  d'Agde,  p.  54. 

—  politique  de  Durban,  p.  55. 

—  politique  de  Lésignan,  p.  67. 

—  politique  établi  à  Montagnac,  p.  Sç. 

—  politique  de  Nimes,  p.  992;  nommé  selon  les 
anciens  usages,  p.  73. 

—  politique  de  Rabastens,  p.  53. 

—  royal  des  finances,  connaît  des  ordonnances 
de  l'intendant  en  matière  d'ouvrages  publics, 
p.   120. 

—  supérieur  de  Colmar,  p.  1419. 

—  supérieur  de  Nimes  créé  par  l'édit  d'août  1771, 
p.  1214;  motifs  de  sa  création,  p.  233;  attaqué 
dans  les  mémoires  adressés  au  roi  au  sujet  de  la 
réforme  judiciaire,  pp.  1267,  1268;  est  sup- 
primé, p.   1269. 

Conseillers  maires,  pp.  635,  635. 
Conseillers  au  Parlement  de  Toulouse,  p.  2. 
Conseils  mi-partie;   leur  composition    réglée  par 
le  conseil  d'Etat,  p.   19. 

—  politiques,  p.  53. 

—  politiques  des  communes,  p.  75. 

—  politiques  renforcés  des  villes,  p.   io3. 

—  de  régence,  p.  53. 

—  de  santé  formés  pour  arrêter  l'invasion  de  la 
peste,  en  1721,  p.  960. 

—  supérieur  de  Nîmes,  supprimé,  p.  1  1 1. 
Co.NSEr.VATioM  des  bois,  p.  ic:26. 

—  de  Lyon,  p.  848. 

Consigne  générale  des  troupes  chargées  des  cor- 
dons sanitaires  &  des  services  concernant  l'épl- 
zootie,  p.   1255. 

Conspiration  de  Cellamare,  p.  936. 

Constance  (Tour  de),  p.  975. 

CONSTANTIN,  pp.  6ïi,  912. 

CoNSTANTINOrLE,   pp.    82,   704. 

Constitution  de  la  propriété,  p.   i38i. 

—  de  Clément  XI,  p.  53. 

Construction  des  chemins,  ponts  &  chaussées, 
maintenue  aux  Etats,  p.  6i. 

—  (Devis  pour  la)  de  nouveaux  chemins,  p.  76. 

—  d'églises,  pp.  670,  571. 
Consulat,  p.  i3. 
Consulats  de  tour,  p.  1406. 
Consuls,  p.  i3. 

—  condamnés  par  la  commission  de  1734  pour 
détournements,  p.   109. 

—  enlevés  &  traînés  dans  les  prisons  seigneuriales 
du  château  de  Penne,  p.  963. 


Consuls  (Serment  des),  p.  76. 

—  perpétuels,  p.  54. 

—  de  Frontignan;   leurs  préséances,  p.  73. 

—  de  Languedoc,  p.  7"). 

—  de  Montpellier,  connaissent  des  affaires  de  po- 
lice, p.  64. 

Contaguet,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Contestations    entre    les   Etats,    les    diocèses,    les 

communes   du    Languedoc    &    leurs    créanciers, 

p.  58. 

—  pendantes  entre  différentes  juridictions,  p.  87. 

—  débats,  enregistrements,  &c...  portés  devant 
diverses  juridictions,  pp.  1049,  i55o,  io5l, 
io52,  io53,  1054. 

—  dans  le  bas  Languedoc  entre  M.  de  Soins,  les 
habitants  du  littoral  des  étangs,  l'évéque  de 
Montpellier  &  le  syndic  du  diocèse,  pp.  1054, 
io55,  io56. 

—  entre  les  jésuites,  les  chanoines  &  la  munici- 
palité de  Montpellier,  p.   IC69. 

CONTI  (Armand  de  BOURBON,  prince  de),  pair 
de  France,  comte  de  Pézénas,  baron  de  La  Fère- 
en-Tardenois,  seigneur  de  l'Isle-Adam,  abbé 
de  Saint-Denis,  de  Cluny,  de  Lérins  &  de  Mo- 
lesme,  pp.  10,  iT,  12,  i5,  16,  17,  19,  20,  83,  1  i5, 
118,  3i2,  314,  337,  341,  365,  393,  399,  432, 
775,  1043;  lutte  contre  Mazarin,  p.  279;  son 
arrestation,  p.  294;  gouverneur  de  Damvilliers, 
p.  296;  traverse  la  Province,  p.  356;  se  réserve 
Tinstruction  de  l'affaire  de  corruption  imputée  à 
plusieurs  membres  des  Etats,  p.  359;  son  entrée 
solennelle  à  Toulouse;  prend  possession  de  son 
gouvernement  de  Guienne,  p.  366;  détails  sur 
son  entrée  à  Toulouse,  p.  367;  date  de  sa  no- 
mination comme  gouverneur  de  Languedoc, 
p.  383;  reçoit  Louis  XIV  comme  gouverneur  de 
Languedoc,  p.  337;  ""'  portrait  par  Bussy-Ra- 
butin,  pp.  3y3,  394;  ses  domaines,  p.  394;  son 
goût  pour  le  théâtre;  sa  dévotion;  ses  relations 
avec  Nicolas  Pavillon,  p.  395;  son  discours 
contre  les  duels  dans  la  session  de  1661  ;  ses  ten- 
tatives pour  corriger  des  abus,  p.  396;  son 
voyage  en  Vêlai,  p.  3^7;  son  jugement  dans 
l'affiire  de  Thôpital  du  Puy,  p.  398;  est  promu 
chevalier  du  Saint-Esprit;  son  application  à 
faire  observer  la  déclaration  du  roi  contre  les 
duels,  p.  4o5;  s'occupe  de  théologie;  la  langue 
scholastique  lui  est  familière;  est  thomiste;  sa 
correspondance  avec  le  P.  de  Champs;  ses  maxi- 
mes gallicanes;  anecdote  sur  les  molinistes, 
pp.  428,  42^;  ses  dernières  années;  ses  efforts 
pour  réparer  les  dommages  qu'il  avait  causés  ou 
permis  durant  la  Fronde,  p.  443;  son  testa- 
ment; ses  exécuteurs  testamentaires,  p.  444; 
rend  hommage  dans  son  testament  à  Nicolas 
Pavillon  ;  dernière  visite  qu'il  ret^oit  de  cet  évê- 
que,  p.  445;  sa  mort  à  la  Grange  des  Prés;  est 
enterré  chez  les  chartreux  de  \'illeneuve- lès- 
Avignon,  p.  446;  titres  de  quelques-unes  de  ses 
œuvres,  pp.  443,  445,  446;  a  protégé  l'institut 
des  Filles  de  l'Enfance,  p.  578. 

CONTI  (Prince  de),  pp.  i338,  i359. 
CONTI  (Princesse  de),  p.  370. 
CONTI  (M""'  de),  p.  911. 
CoNTi  (Régiment  de),  p.    1270. 


XIII. 


94 


I 


490 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


CoxTRAixTE  par  corps,  p.   io5i. 

Contraintes  ou  obdonnAiNCEs  contre  les   receveurs 

ou  payeurs,  p.   io5i. 
Contraventions  en  fait  de  contrôle,  p.  44. 
Contrebande  en  Gévaudan,  p.  iiSy. 
Contrebandiers,  p.  iiSy. 
Contrôle  des  actes  de  l'hôtel  de  ville,  p.  71. 
Contrôleurs  des  tailles;  offices  unis  à  la  Province, 

P-  46- 

Controverse  religieuse;  sa  forme  ironique  &  bru- 
tale laisse  pressentir,  dès  1764,  les  allures  du 
langage  révolutionnaire,  p.   1189. 

Convention  entre  le  baron  de  tour  &  les  barons 
annuels,  p.  122. 

Conversations  démoniaques,  p.  976. 

Conversions  militaires,  pp.  554,  555,  557. 

—  en  Poitou,  p.  539. 

Convocation    des    Etats   généraux,   dans    la    ville 

d'Orléans,  en  1648,  pp.  266,  278. 
— en  1788,  pp.  1344,   i354,   iSyi,    1372,    i373, 

1376,  1377. 

—  de  l'assemblée  des  notablesàVersailles, pp.  i335, 
i336. 

Convoitises  excitées   par  l'anoblissement  capitu- 

laire  à  Toulouse,  p.   170. 
COPONS  (Philippe  de),  conseiller  du  conseil  royal, 

p.  320. 

COQUEP.EL  (Athanase),  fils;  citation  de  sa  mono- 
graphie :  Jean  Calas  &•  sa  famille,  p.    i  |65. 
C0RBARIE0,  pp.  639,  957,  959,  1238. 

—  (Consuls  de),  p.  958. 
CoRBEiL,  p.  295. 
CoRBiE,  lieu,  p.  iSp. 

CoRBiÉRES,  pp.  5i,  53,  345,  ioo3,  1082. 
CoRBiÈRES  (les),  p.  i335. 

—  (Archiprêtré  des),  p.  346. 

—  (Pays  des),  p.  42. 
CoRCONE,  château,  p.  339. 
CoRcONE;  ses  armoiries,  p.  687. 

COBDELATS,    pp.    52,   698. 

—  de  Mazamet,  &c.,  p.  85. 

—  de  Mazamet,  de  Dourgne  &  de  Boissezon,  p.  60. 

CORDELIERS,  p.   3|8. 

—  de  Languedoc,  p.  1 16. 

—  de  Narbonne,  p.  3. 

—  de  Toulouse,  p.  585. 

—  (Église  des),  à  Toulouse,  p.  1374. 

Cordes,  en  Albigeois,  pp.  17,  94,  3io,  422,  1008, 
1 153,  1402,  1408. 

CORDES  (de),  p.  619. 

Cordon  sanitaire,  pp.  56,  57;  démolition  des  bar- 
rières &  corps  de  garde,  p.  67 

—  durant  l'épizootie  de  1775,  pp.   1248,   i25o. 
Cordonniers  de  Castres;  leurs  armoiries,  p.  680. 

—  de  Montpellier,  p.  80. 
CORDOUE,  p.  927. 
Cormes,  p.  76. 

CoRî'ANDON,  château  épiscopal  du  diocèse  d'AIet, 
p    357. 


Cornas,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Cornaudric,  p.  1252. 

Cornes  (Commerce  des),  p.   127. 

CORNEBARRIEU,  pp.    863,    1233,    1  240. 

Cor.NEiLHAN  (Hôpital  de),  p.  696. 

CORNEILHAN  (Comte  de),  p.  i353. 

CORNET   (M"),    juge   dans   plusieurs   seigneuries 

différentes,  p.   1197. 
CoBNinON,  en  Vivarais,  pp.  966,  1202,  1406. 
CORNILLON  (Baron  de),  p.   io36. 
CORNUSSON,  sénéchal  de  Toulouse,  pp.  171,  173, 

332,  473. 
CORONAT,  p.   1425. 
Corporations    religieuses   à   Toulouse,   en    i65i, 

p.  3i8. 
CORPOYRAN,  lieu,  p.  Il5o. 
Corps  de  maîtrise;  défendus  à  Cette,  p. '62. 
. —  de  métiers,  p.   i  )  i. 

—  capitulaire  de  Toulouse,  refuse  de  se  rendre 
aux  Etats  à  Carcassonne,  p.  3i5. 

—  judiciaires;  régularité  que  Louis  XIV  croit 
pouvoir  y  établir,  p.  441. 

CoRRÉJAc,  village;  ravages  qu'y  fait  la  peste, 
p.  962. 

CoRRÉJAc,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Corruptions  au  sein  des  Etats  de  Languedoc;  pa- 
roles véhémentes  de  l'évêque  de  Saint-Pons  à  ce 
sujet,  p.  276. 

CORSAC  (de),  p.  620. 

Corsaires  anglais  apparaissent  sur  les  côtes  de 
Languedoc  en   1763,  p.   I179. 

. —  d'Alger,  p.  462. 

—  de  Tripoli,  p.  64. 

—  de  Tunis,  p.  462. 
CoRSiQUE,  p.  927. 
CORSOULES  (Baron  de),  p.   io3(5. 

CORTADE    BETOU,    procureur  du    roi;    discours 

dans  lequel  il  fait  une  apologie  franche  &. naïve 

du  despotisme,  p.   iic5. 
CORTEIZ  (Pierre),  prédicant  rentré  en  France;  ses 

antécédents,  p.  877. 
CORTEIZ,  ministre  protestant,  p.  1080. 
Corvée;   mémoire   sur    cette    question    présenté  à 

l'assemblée  des  notables,  p.    i338. 

—  convertie  en  une  prestation  en  argent,  p.  1342; 
supprimée,  p.  1 14. 

Corvées  fournies  par  les  communes  pour  démolir 
le  château  de  Termes,  p.  346. 

—  (Suppression  des),  p.   1 14. 
COSNAC,  abbé,  p.   io23. 

COSSÈ-BRISSAC  (de),  abbé  de  Fontfroide,  agent 
général  de  l'assemblée  du  clergé  de  France  de 
1733,  p.  1020. 

COSTA  (Jean  de);  envoyé  à  Paris  pour  obtenir  la 
continuation  du  droit  d'évocation;  peu  de  suc- 
cès de  ses  démarches,  pp.  440,  441,  442;  est 
chargé  d'une  négociation  relative  au  titre  de 
noblesse  des  anciens  capitouls,  p.  449. 

COSTE  (de),  p.  620. 

COSTE,  marchand  d'Uzès,  correspondant  des  Cé- 
venols; sa  tête  exposée  à  Uzès,  p.  887. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1491 


COSTOS  (Françoise  de),  p.  576. 

CÔTES  (Fortification  des),  p.  78. 

—  de  Languedoc;  des  bateaux  chargés  sont  enlevés 
par  les  galères  royales,  p.  292. 

Coton,  p.  90. 

CoTONiNES  de  Castres,  &c.,  p.  85. 

COTTE  (de),  pp.   1295,   1296. 

COTELLE  (Pierre),  converti  au  catholicisme;  en- 
levé de  force  dans  Tévêché  de  Nîmes,  p.  279. 

COTTELIER,   conseiller   au    présidial   de    Nîmes, 

p.  427. 
Cottes,  en  Vivarais,  p.  1202. 
CocBON,  p.  491 . 

CotcouBOiN,  paroisse,  pp.    140.5,  1410. 
COUDERC  (Salomon);   son  supplice,  pp.  42,  740, 

749,  731. 
COUDERC,  surnommé  La    Fleur,  chef  de   bandes 

dans  les  Cévennes,  p.  759. 
Coi'DOGNAN,  pp.  747. 

COCUOLGNAN,  p.  35. 

COUDOUGNAN  (de),  conseiller  au   Parlement  de 

Toulouse;  son  exil,  p.    1218. 
CouDOuLOux  (Chemin  de),  p.  760. 
COUDRAY   (du),    major   de    l'infanterie   gantaise, 

p.    1086. 
CooFFOULEiNS,  baronnie  au  diocèse  de  Carcassonne, 

pp.  23,  28,  29,  3i5,  459,  1008. 
Cofiz»,  p.   124. 

CouLADÈBE,  commune,  p.   (009. 
CocLAis  (Pont  de),  p.  96. 
Coulet,  p.  1072. 
COULOM,  procureur   juridictionnel   de  VilUmur, 


p.  9: 


18. 


COULOMB,  subdélégué  de  l'intendance  de  Mont- 
pellier, pp.  I  106. 

CouscotROU,  en  Vivarais,  p.   1202. 

CotPÉCHANiÉp.ES,  bourg  au  diocèse  de  Luçon , 
p.    1020. 

COUPETTE  (la),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  242. 

Coi'R  coratale  de  Caraman,  p.   i35o. 

.—  plénière;  son  établissement  suspendu,  p.  13.59. 

—  des  aides,  séparée  de  la  cour  des  comptes  de 
Montpellier,  doit  siéger  à  Carcassonne,  p.  287. 

—  des  aides  de  Cahors;  motifs  de  sa  création, 
p.    23. 

Coi'R  des  comptes,  aides  &  finances  de  Montpel- 
lier, pp.  I,  2,  18,  3i,  43,  46,  64,  67,  74,  82, 
89,  94,  97,  99,    102,   104,    109,   III,  ii5,  124, 

•  128,  i3o,  358,  708,  843,  853,  872,  891,  892, 
ç.'ij ,  1028,  io3o,  1371,  1372,  i393j  conflit 
avec  le  trésorier  des  Etais,  p.  4;  création  d'of- 
fices, p.  3i;  son  organisation,  son  ressort,  ma- 
tières soumises  à  sa  juridiction,  pp.  23i,232;  est 
fr.ippée  à  la  suite  des  troubles  de  Montpellier; 
transfert  de  la  cour  des  aides  »  Carcassonne, 
p.  237;  prend  la  défense  des  Etats  contre  le 
Parlement  de  Toulouse,  p.  3o  1  ;  ses  épices  trop 
élevées,  p.  8^3;  ses  arrêts  contre  le  receveur  des 
tailles,  p.  853;  ses  remontrances  au  sujet  de  la 
Suspension  des  Etats  de  Languedoc,  pp.  109-?, 
1098,    1099;  ses  différends  avec  les  Etats  réglés 


par  une  déclaration  du  roi,  pp.  1 146,  >  147;  sa 
querelle  avec  le  ministère,  pp.  1329,  i33o;  ses 
remontrances  sur  l'édit  portant  prorogation  du 
second  vingtième,  p.  i345;  dans  ses  remon- 
trances relatives  à  l'édit  du  vingtième,  se  plaint 
de  l'immunité  fiscale  accordée  aux  biens  du 
clergé  &  de  l'organisation  des  États  de  Langue- 
doc, pp.  i36o,  i36i,  i362;  sa  dernière  au- 
dience, p.   i3o. 

CoiR  plénière  créée,  p.   1347. 

COUR  (de  la),  p.  i352. 

COUREEVILLE  (de),  beau-frère  du  comte  de  Tour- 
non,  tué  dans  une  embuscade  tendue  par  Rol- 
land, p.  836. 

CotBME  (Vallée  de  la),  p.  7(54. 

CoURNONTEIiRAIL,    pp.    22,    23. 
COLERY,    pp.    l3l2,    l3l3. 

Cours  d'eau,  p.   1 2. 

—  d'eau  débordés,  p.   1009. 

—  de  la  Garonne,  pp.   1294,  1295,  1296. 
Cours  d'accouchement,  p.  124. 

—  gratuits  d'accouchements,  p.   127. 

—  gratuit  de  mathématiques  à  Béziers,  p.  !)(). 
Cours  des  monnaies,  p.  2;  réglé  par  le  Parlement, 

p.  268. 
Cours   souveraines;    projet    de    leur   suppression, 
p.   108. 

—  souveraines  de  Bretagne  &  de  Metz,  défendent 
de  recevoir  dans  leur  ressort  la  légende  de  Gré- 
goire VII,  p.   1014. 

Cours  Dillon,  à  Toulouse;  son  exhaussement, 
p.    1428. 

CouRSAN,  pp.  108,  120,  166,  639;  le  Parlement 
tente  d'y  transférer  les  justices  qui  s'exerçaient 
à  Narbonne,  p.  3o6  ;  travaux  exécutes  par  cette 
commune  pour  S'e  garantir  des  inondations  de 
l'Aude,  p.  ((93. 

—  [Plaine  de),  p.   1010. 

—  (Pont  de),  p.  29. 
COURSON  (de),  p.   io32. 

COURSON  (de),  intendant  de  Gulenne,  un  des 
quatre  fils  de  l'intendant  de  Languedoc  Lamoi- 
gnon  de  Bâville,  prend  la  place  de  son  père  au 
conseil  d'Etat,  p.  921. 

COURT  (Antoine),  apôtre  du  protestantisme;  réu- 
nit les  prédicants  des  Cévennes  &  du  bas  Lan- 
guedoc, p.  5i;  sa  naissance;  son  enfance;  ses 
premières  prédications,  p.  917;  visite  le  bas 
Languedoc,  le  Dauphiné,  &c.  ;  les  galères  de 
Marseille;  réunit  le  premier  synode  tenu  depuis 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  p.  918;  sa 
guerre  aux  prédicants  &  aux  prétendus  inspirés, 
pp.  976,  977. 

COURT,  ministre  de  Lausanne,  p.   1067. 

COURT  DE  GÉBELIN,  auteur  cité,  pp.  75. ,  783, 
784.  787.  789,  814,  878,  880,  887;  anecdote 
racontée  par  cet  auteur  au  sujet  de  Poul,  p.  767. 

Courtage  (Droit  de),  p.  76. 

CouRTAULY,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

Courten  ("Régiment  de),  pp.  858,  859. 

Courtiers  jaugeurs,  p.  58. 

—  des  étoffes  de  lame  &  de  soie,  à  Nîmes,  p.  63. 

—  en  grains,  p.  944. 


i 


149^ 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATI^,RES. 


COURTOIS  DE  BALORE,  évêque  d'Alais,  p.  1274; 
éTêque  de  Nimes,  député  aux  États  généraux, 
p.  1376;  demande  que  les  artisans  &  manœuvres 
soient  exempts  d'impôts,  p.   iHçî. 

COURTOIS,  négociant  à  Toulouse,  p.   i363. 

CouBTOES,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 

Cot'RTRAY  (Châtellenie  de),  p.   I236. 

Court,  en  Vivarais,  pp.  i2o3,  1410. 

CODSERANS,    pp.    297,    3l8,    319,    320,     1178,    1252, 

1400,  1403. 

—  (Bois  de),  p.  474. 

—  (Diocèse  de),  p.   i33r. 

—  (Evèché  de),  p.  365. 
COUSERANS  (Vicomte  de),  p.  253. 
COUSIN,  consul  de  Lavaur,  p.  287. 
COUSSE  (de),  p.  i355. 

COUSTAUSSA    (M.   de);    ses   exactions,    pp.   411, 

414. 
COUSTOU  (Pierre),  p.  114. 
CotiSTOUGE,  lieu,  p.  347. 
CouTANCES,  pp.  579,  583,  586. 

—  (Diocèse  de),  p.  3i5. 

Coutume  de  Paris,  p.  i383;  appliquée  aux  fiefs 
du  Languedoc,  p.  33;  quatre  cent  trente-quatre 
terres  ou  seigneuries  de  Languedoc  y  sont  sou- 
mises, p.  693;  origine  de  son  application  en 
Languedoc,  p.  952. 

COUTURIER,  notaire  à  Paris,  p.   1206. 

Couvent  des  augustins,  à  Toulouse,  p.  493.' 

—  des  carmes,  à  Carcassonne,  p.  338. 

—  de  la  Propagation  de  la  Foi,  p.  583. 
Couvents;   leur   nombre  en   Languedoc   en   1698; 

leurs  revenus,  p.  694. 
Couvertures,  p.  487. 

—  fabriquées  à  Montpeljier,  p.  67. 
Coux,  en  Vivarais,  p.   1201. 

CoYRON  (Montagnes  du),  pp.  870,  i3o2. 

CozA,  baronnie,  p.  1059. 

CRAMOISY  (Sébastien),  p.   i33. 

Craponne,  ppi  i57,   1376,   1406. 

CRASSOUS,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides 

&  finances,  p.   1097. 
Craux,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Créanciers  de  la  Province,  p.  yS. 

—  des  communes,  p.  74. 

Création  du  département  maritime  du  bas  Lan- 
guedoc (Hérault);  du  département  de  Toi.loute 
(Haute-Garonne);  du  département  de  Foix 
(Ariége);  du  département  de  Carcassonne  (Aude); 
du  département  du  Vêlai  (Haute-Loire);  du  dé- 
partement de  l'Albigeois  (Tarn);  du  départe- 
ment de  Gévaudan  (Lozère);  du  département  du 
Vivarais  (Ardèche),  pp.  129,  i355,  1400,  1401, 
1402,  1403,  1404,  1405,  1406,  1407,  1408,  1409, 
1410,  1411. 

•-^  de  chaires  à  l'Université  de  Toulouse,  p.  910. 

—  d'offices,  pp.  85o,  981,  982,  983;  pour  aug- 
menter les  revenus  du  Trésor,  p.  624. 

—  &  suppressions  d'offices  aggravant  la  misé  ■ 
générale,  p.  889. 

—  de  l'évèché  d'Alais,  p.  644. 


Création  de  la  noblesse  miliinirc,  p.  85. 

—  de  sénéchaussées  présidiales  réclamées,  pp.  i384, 
i335. 

CreisSac,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Crémieux,  lieu,  Ihe^  Cbémieu,  p.   i3i6, 

CRENAY  (Comte  de),  p.   i3i3. 

Crêpons,  p.  698. 

Cbespian,  démolition  de  son  temple,  p.   19. 

Cp.et,  en  Dauphiné,  p.  612. 

Creusement  des  ports,  p.   1029. 

Creux  de  Vaie,  en  Vivarais,  p.  35. 

Cbevelt,  p.  I  i56. 

Cheysselles,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Crieu,  plaine,  p.  1404. 

Cbieulon,  ruisseau  des  Cévennes,  p.  764. 

GRILLON  (Marquis  de),  p.  91. 

CRILLON  (Dominique-Laurent  de),  évêque  de 
Glandève,  p.   t o23. 

CRILLON  (Jean-Louis  BALPI  DE  BERTON  de), 
archevêque  de  Narbonne,  prétexte  un  dérange- 
ment de  sa  santé  pour  se  retirer  des  Etats  en 
itSo,  p.  1091  ;  prie  l'archevêque  de  Toulouse  de 
le  remplacer,  p.  1092;  sa  mort  rend  vacante  la 
présidence  des  États,  p.  1  1 17. 

CRION  (Bernard),  p.  273. 

Cristal  de  roche;  privilège  pour  sa  fabrication, 
p.    18. 

—  de  tartre,  p.  700. 

Cristaux,  p.  62;  leur  fabrication,  p.  ï. 
Critique  faite  par  le  Parlement  de  Toulouse  de  la 

réforme  capitulaire  de    1778,   pp.    i3i5,    i3i6, 

i3i7,   i3i8. 
CROISSY  (Abbé  de).  Voir  COLBERT  (Charles-Joa- 

chim). 
CROISSY  (Marquis  de),  p.  720. 
Croix  del  Fuit,  p.   1223,   1224. 
Croix   de  mission,    p.  80;   qui   doit   supporter  les 

frais  de  leur  plantation,  pp.   1074,  1075. 

—  de  pierre  élevée  en  mémoire  de  l'édit  de  révo- 
cation; quatrain  qui  court  le  Languedoc  3  pro- 
pos de  son  dépl.icement,  p.  717. 

Croiv-Dauraue,  faubourg  de  Toulouse,  pp.   1181, 

1223,   1224. 
Ceoix-Faigarde    (la),    au   diocèse   de  Toulouse, 

p.  1008. 
Croix  de  Ricolles,  p.  1197. 
CROMWELL,  pp.  286,  349;  son  intervention  évite 

une  répression  sanglante  à  Nimes,  p.  382. 
Gros,  lieu,  pp.  28,  764;  un  temple  protestant  y 

est  édifié,  p.  423. 
Gros  de  Langlade,  p.  1067. 
Gros  en  Montagne,  p.  1202. 
CROS  (Simon  de),  de  Béziers,  annaliste  du  due  de 

Montmorency,  p.   147. 
CROS  (Pierre),  p.  980. 
Crouzet  (Pont  de),   dans    le   territoire   de   Sorèze, 

pp.  1252,  1253,  125^,  1257. 
TiiAS,  lieu  de  Vivarais,  pp.  612,  614,  1201. 
;  Abbaye  de),  p.  i  197. 

—  (Abbé  de),  p.    I  198. 
Crue  du  Rhône,  p.  i  iS'î. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1493 


Chue  du  Sel,  p.  1  iSz. 

CRUSSOL  (Marquis  de),  p.  96. 

CRUSSOL  (Jacques  de),  marquis  de  Saint-Sulpice, 

p.   363. 
CRUSSOL  (Jean-Charles  de),  duc  d'Uzès,  p.  906. 
Crkviebs,  dépendance  de  la    baronnie  de  Boucoi- 

ran,  pillée,  p.  810. 
CutviERS,  commune,  p.    817;   démolition   de  son 

temple,  p.  19. 
Crizi,  pp.  1401 . 
CRUZy-MARCILLAC    (Sylvestre    de),    évéque    de 

Mende,  p.   |58. 
CL'CSAC    (de),    nommé    conseiller    au    Parlement 

Maupeou,  p.  1214. 
CuG^A^^x,  lieu,  p.  1218. 
Cuirs,  pp.  72,  700,  701,  70S. 

—  (Apprêts  des),  p.  87. 

—  venus  de  Hollande  provoquent  l'épizootie  dans 
le  sud-ouest  de  la  France,  p.  i232. 

—  prohibés,  p.    1241. 

Cuisine  italienne  appréciée  par  le  poëte  Maynard, 

p.   247. 
CoisiNHC,  en  Vivarais,  p.   1201. 
CuiviiES,   pp.  481,  698,  P283. 
CiLTE  c.Ttholique  cesse  à  Nîmes,  p.  7;  interrompu 

dans  les  Cévennes,  p.  765. 

—  réformé,  p.  S  19. 

—  à  Saint-Dezery,  p.    17. 

—  autorisé  à  Portet,  p.  2.5;  hors  l'enceinte  de 
Saint-Gilles,  p.  7. 

—  son  exercice  à  FJorensac,  p.  334. 

—  plaintes  portées  aux  Etats  sur  son  extension 
en  Languedoc,  p.  7. 

demande  de  l'interdiction  de  son  exercice  dans 

les  lieux  qui  ne  sont  pas  couverts  par  la  ga- 
rantie de  ledit  de  N.inies,  p.  424. 

son  exercice  est  rendu  de  plus  en  plus  difficile, 

p.  525. 

—  interdit,  pp.  424,  4î5j  à  Colognac,  à  Cros, 
p.  28  ;  à  Florensac,  p.  1  o  ;  à  La  Bastide,  p.  27  j 
à  La  Salle,  p.  28;  à  Manoblet,  à  Mazamet, 
p.  28;  àMelgueil,  p.  22;  à  Montpellier,  pp.  27, 
523;  à  Nîmes,  p.  28;  à  Saint-Amans,  p.  27;  à 
Saint-Jean  de  la  Bliiquicre,  p.  19;  à  Saint- 
Roman,  p.  28;  »  Valestalières,  p.  28;  à  Uzès  , 
p.  28;  dans  la  ville  &  le  terroir  de  Privas,  p.  19; 
à  moins  de  cent  pas  des  églises  paroissiales, 
p.   2(5. 

—  généralement  interdit,  p.  558. 
Culture  du  coton  en  Languedoc,  p.   1069. 
CuMiES,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.    1009. 
CuQ  TouLZA,  pp.  639,  1408. 

Cur.ËSi  leur  assistance  aux  assemblées  municipales, 
p.  55. 

—  de  campagne;  leur  salaire,  p.  528. 

—  à  la  congrue;  leur  condition  misérable  excite 
des  réclamations  universelles,  p.   i382. 

—  &  vicaires  faisant  lonction  de  régents,  p.  92. 
Ct'STEL,  de  Limoux,  p.    1207. 

CUSTINE,  député  à  l'Assemblée  nationale,  p.  1390. 

CUXAC,  pp.  III,  |370. 

—  (Pont  de),  p.  142g. 


CïGNE  (Hôtellerie  du),  à  Montpdlier,  p.  234. 
CYPIFRRE,  commissaire  spécial  du  gouvernement 

pour    l'organisation     des     nouveaux     ressorts, 

p.  1347. 


D 


DARATIA,  greffier,  garde-sac  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.   1414. 

DADVISARD,  avocat  général  du  Parlement  de  Tou- 
louse, enfermé  à  la  Bastille,  p.  929. 

DAFFIS,  premier  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.   1410. 

DAIGNAN-DUSENDAT,  capitoul,  p.   1172. 

Daillon,  en  Vivarais,  p.   1202. 

DAILLON  DU  LUDE  (Gaspard  de),  archevêque 
d'Albi,  p.  i58,  260;  fait  6ter  des  portes  de  la 
ville  les  armes  du  roi;  violente  querelle  pen- 
dantqu'il  officie;  croit  sa  vie  en  danger,  p.  3o8; 
promu  chevalier  du  Saint-Esprit,  p.  4o5;  son 
opposition  à  M.  de  Bourlemont;  devient  l'âme 
de  la  résistance  aux  Etats  de  1664,  p.  48  1  ;  son 
vote  motivé  au  sujet  du  don  gratuit  en  1664; 
est  un  des  prélats  chargé  de  communiquer  la 
délibération  au  comte  du  Roure,  p.  432;  ses 
invectives  contre  M.  de  Bourlemont;  leur  feinte 
réconciliation,  p.  433;  son  opposition  au  vote 
de  fonds  pour  rendre  les  graux  navigables, 
p.  435;  paroles  violentes  qu'il  échange  avec  l'ar- 
chevêque de  Toulouse,  p.  436. 

DAILLON  DE  LUDE  (Antoinette  de),  p.  i83. 
Dagne,  p.  33o. 

—  (Vallée  de),  p.  1178. 

DAGUET,  commissaire  des  guerres,  secrétaire  des 
commandements  du  duc  de  Biron,  p.    1275. 

D^&riN  (Hôtel),  à  Toulouse,  p.  948. 

DAGl'IN  (Jean-Joseph',  conseiller  au  Parlement 
de  Toulouse,  fait  jinriie  de  la  commission  d'en- 
quête de  1783,  pp.    i32i,  i325. 

DAGUIN,  chevalier,  p.   ij52. 

DAGULV,  greffier  du    bureau  des  finances,  p     5i  i. 

Dai.gade  ^Quartier  de  la),  à  Toulouse,  pp.  3i8, 
368,  438. 

—  (Eglise  de),  à  Toulouse,  p.  405. 
DALBIÈRE,    trésorier    de    la    ville    de    Toulouse, 

p.  440. 
DALBIS    DE    BELBÈZE    (Jean-François-Denis), 

conseiller  au  P.irlcment  de  Toulouse,  fait  partie 

de  la  commission  d'enquête  de  1783,  pp.  i32i, 

i325. 
Dalle  funéraire  de  M.  de  Montchal,  au  musée  d« 

Toulouse,  p.  319. 
DAMAS  (Chevalier  de),  p.  966. 
Damas,  p.  i335. 
DAMBES,  capitoul,  p.  222. 
Daupierre,  p.  552. 

Damvilliebs,  place  forie,  pp.  296,  443,  444. 
DANCEAU  DE  LAVEr.ANET,   chevalier,   p.    i35l. 
Danemark,  p.  1012;   l.i    liberté  des  cultes  public» 

y  est  proscrite,  p.  829. 


1494 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


DANIEL  RAOUL,  prédicant,  p.  35. 

DANIEL-DEYDE  Bernardin),  maire  &  vlgiiicr  de 
Montpellier,  désigné  pour  faire  partie  de  l'as- 
semblée des  notables  de  1786,  p.   i336. 

DANIZY,  inspecteur  diocésain  des  travaux  publics, 
p.    1  i5o. 

Danses  dans  le  diocèse  d'Alet;  leur  caractère  licen- 
cieux, p.  414- 

DAOUST,  notaire  de  la  Province  de  Languedoc 
à  Paris,  p.    io65. 

DAOL'STÈNE  (Louis-Hyacinthe),  p.  864. 

DARAN  CASTILLON,  p.    i353. 

DARKON,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.   1218. 

DARBOIJ,  p.  i353. 

DARUIGNAC,  médecin,  forme  un  recueil  d'obser- 
vations sur  l'épizootie  dans  le  diocèse  de  Com- 
minges,  pp.   izSz,   i233,  ijSp. 

DARLES  DE  CHAMBERLIN,  ingénieur,  pp.  io3, 
I  146. 

DARNES,  ancien  consul  à  la  bourse  de  Toulouse, 
p.  i363. 

DARQUIER  DE  MAULÉON  ;Sylvestre),  maire  per- 
pétuel de  Mauvaizin,  p.  ôSp. 

DARVIEU  (Di"-),  p.    r  142. 

DASPE  (Jean;,  membre  du  Parlement  de  Toulouse, 
p.  658j  achète  l'office  de  maire  perpétuel  de 
Toulouse,  p.  639;  son  installation;  f<ut  déloger 
La  faille  de  l'hôtel  de  ville,  p.  6425  ses  manières 
hautaines  indisposent  ses  anciens  confrères  du 
Parlement;  est  .iccusé  d'avoir  trempé  dans  des 
négociations  peu  délicates;  émeute  contre  lui; 
ses  plaintes  à  l'intendant,  p.  643;  malgré  l'op- 
position des  capitouls,  s'assure  la  possession  de 
la  mairie;  ses  prérogatives,  p.  640,  641;  pro- 
pose de  donner,  dans  l'hôtel  de  ville,  un  local 
à  la  nouvelle  Académie,  p.  607;  mainteiieur  des 
Jeux-Floraux,  p.  661. 

DASPE,  conseiller  aux   enquêtes,   mjiinteneur  des 

Jeux-Floraux,  p.  661. 
DASPE,  archidiacre,  à  Toulouse,  p.    i356. 
UASTE,  ingénieur,   p.    1146. 

DATUY,  patron  de  barque  de  Villeneuve,  p.   1001, 
DAUBERT,    premier    président    au    Parlement    de 

Douai,  p.   I  333. 

DAUBERT  (M"»),  baronne  de  Ballainvilliers , 
p.  i333. 

DAUBIAN,  maître  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 

DANCEAU,  p.   i352. 

DANCEAU  (Chevalier),  p.    |352. 

Dauphiné,  province  limitrophe  du  Languedoc, 
pp.  11,60,  79,  195,  349,  034,  542,  609,  663, 
773,  814,  85i,   870,  886,   893,   918,   941,    969, 

1026,   1065,   1066,   1077,   1079,   1081,   il52, 

1400,   14C19. 
DAURE  (Pierre),  avocat,  pp.  223,  226,  228. 
DAURIAC,  propriétaire  d'un  moulin,  p.  1008. 
DANTY   (Antoin.-J,    maire     perpétuel    de    Carcas- 

sonne,  p.  639. 
DAUXION  (Pierre),  p.  3i6. 
Das'E-ian,  lieu,  p.  347. 
PAVESSENS,  marquis,  p.    i352. 


DAVESSENS-MONCAL  (Le  marquis),  p.   i353. 

Dauhade,  à  Toulouse,  pp.  200,  348. 

Davezielx,  en  Vivarais,  p.   1202. 

DAVID,  maire  d'Albi,  p.  868. 

DAVID  DE  KEAUDRIGUE,  capitoul,  pp.  1  1(52, 
I r63,   1 172. 

DAVID,  nommé  conseiller  au  Parlement  Maupeou, 
p.    1214. 

DAVID,  inspecteur  des  travaux  publics  de  la  Pro- 
vince, p.   i3  I  I . 

Dax,  pp.  390,   1261 . 

DEBANS,  consul  de  la  Bourse  de  Toulouse,  p.  1 363. 

DéiîAijches  de  la  noblesse  du  diocèse  d'Alet  flétries 
par  Nicolas  Pavillon,  p.  408. 

Débitants  ou  to-ssesseurs  de  sels  prohibés,  p.  844. 

Déroisement,  p.  999. 

Débordement  de  rivières  dans  le  haut  Languedoc, 
p.  289. 

—  de  l'Aude,  p.   i25. 

—  de  la  Garonne,  pp.   ioo.5,  1009. 

—  du  Rhône,  pp.  42,  89. 

—  du  Sor,  p.  36. 

DECAMPS,  habitant  de  Toulouse,  p.   1402. 
Déclaration  du  clergé  de  France  de  1682,  pp.  622, 

1017. 
Déclaration  du  roi,  du   i"  décembre  1642,  contre 

Gaston  d'Orléans,  p.  184. 

—  du  23  avril  1643,  ordonnant  de  faire  disparaître 
les    traces   de   l'ordonnance    précédente,   p.    184. 

—  du  8  juillet  1643,  portant  confirmation  de 
l'édit  de  Nantes,  p.   1 . 

—  du  21  mai  1662,  portant  confirmation  de  l'édit 
de  Nantes,  p.    1  o. 

. —  d'octobre  i653,  en  faveur  des  protestants  du 
bas  Languedoc,  Dauphiné,  Vivarais  &  basses 
Cévennes,  p.    11. 

—  du  18  juillet  I ').'»'),  concernant  l'observation  de 
l'édit  de  Nantes,  p.    i3. 

—  du  2  avril  1666,  concernant  l'évocation  des 
aCiires  des  protestants  convertis,  p.  20. 

—  du  7  septembre  1666,  au  sujet  du  payement  des 
tailles,  p.  2 I. 

—  du  9  octobre  1^84,  réglant  les  maximes  sur 
lesquelles  les  biens  de  Languedoc  doivent  être 
reconnus  nobles  ou  roturiers,  p.  28. 

—  de  1687  &  de  i7o3,  restreignant  pour  le  com- 
munes le  droit  de  plaider,  p.  847. 

—  du  18  janvier  1695,  pour  l'établissement  de  la 
capitation,  p.  666. 

—  du  12  octobre  1696,  prescrivant  l'établissement 
d'un  hôpital  général  dans  toutes  les  villes  & 
gros  bourgs,  p.  695. 

—  du  3o  avril  1697,  portant  règlement  pour  le 
payement  des  dettes  diocésaines  &  communales, 
p.  33. 

—  du  23  novembre  1697,  portant  défense  aux 
protestants  de  Languedoc  de  s'étatlir  à  Orange, 
p.  33 . 

—  ûu  2  octobre  1702,  rendant  responsables  des 
frais  de  procédure  les  maires,  syndics  ou  consuls 
qui  auraient  entrepris  des  procès  sans  autorisa- 
tion, p.  847. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1495 


DtCLABATiON  du  29  février  1708  au  sujet  de  l'alli- 
vrement  des  biens  sujets  à  la  taille  &  sur  la 
présomption  de  nobilité,  p.  46. 

, du    3o  août    1707,  permettant   aux    communes 

de  Languedoc  de  se  pourvoir  par  requête  civile 
contre  tous  arrêts  donnés  en  matière  de  nobi- 
lité,  p.  44. 

du  î8  février  1708,  portant  règlement  pour  la 

levée  de  la  capitation  en  Languedoc,  p.  46. 

—  du  21  janvier  1718,  relative  aux  droits  de  pré- 
lation  accordés  aux  seigneurs  pour  terrains 
abandonnés,  p.  934. 

—  du  1 3  mars  1717,  sur  l'abonnement  du  dixième, 
p.  53. 

■^  du  6  avril  1717,  soumettant  à  l'autorisation 
préalable  de  l'intendant  les  appels  d'élections 
consulaires  faits  au   nom  des  communes,  p.  53. 

du  27  septembre  1723,  frappant  d'une  taxe  les 

nouveaux  nobles,  p.   1002. 

du  14  mai  1724,  relative  aux  protestants;   par 

qui  elle  avait  été  préparée;  peines  appliquées 
aux  protestants,  pp.  995,  996. 

du    10  août   1728,  portant   règlement  pour  les 

biens  abandonnés  en  Languedoc,  p.  62. 

—  du  23  août  1728,  réglant  la  pêche  du  poisson 
d«  mer  sur  les  côtes  de  Languedoc,  p.  62. 

—  du  17  novembre  1731,  établissant  l'impôt  du 
dixième  sur  tous  les  revenus,  p.  65. 

—  du  6  février  1 732,  défendant  de  saisir  les  feuilles 
de  mûrier  en  Languedoc,  p.  66. 

—  du  16  janvier  1735,  réglant  les  adjudications 
oar  décret,  en  Languedoc,  p.  69. 

—  du  20  janvier  1736,  réglant  la  compétence  du 
Parlement  de  Toulouse,  de  la  cour  des  comptes 
de  Monipellier  &  des  autres  tribunaux  de  Lan- 
guedoc, p.  69. 

—  du  20  janvier  1736,  portant  règlement  pour  les 
différentes  juridictions  en  Languedoc,  pp.  1049, 
io5o,  io5i,  io52,  io53,  1054. 

—  du  29  août  1741,  pour  la  levée  du  dixième  du 
.evçnu  des  biens  du  royaume,  p.  75. 

—  du  17  octobre  1  741,  interprétant  celle  du  28  fé- 
vrier 1708,  pour  la  nobilité  &  roture  des  fonds 
de  terre  en  Languedoc,  p.  76. 

~-  du  18  mars  1755,  concernant  les  adjudications 
des  biens  abandonnes  en  Languedoc,  p.  89. 

—  du_7  décembre  1738,  servant  de  règlement  entre 
les  Etats  de  Languedoc  &  la  chambre  des  comp- 
tes de  Montpellier,  p.  93. 

■ — de  décembre  1758,  destinée  à  régler  les  diffé- 
rends des  Etats  avec  la  cour  des  aides  de  Mont- 
pellier, pp.  1 146,  1 147. 

—  du  10  juillet  1762,  interprétative  de  ledit  de 
1749  concernant  les  gens  de  main-morte,  p.  97. 

—  du  25  mai  1763,  autorisant  la  libre  circulation 
des  grains,  p.  98. 

—  du  10  juillet  1763,  portant  que  le  payement  de 
la  taille  pendant  trente  ans  rend  roturiers  les 
fjnds  nobles  du  Languedoc,  p.  98. 

—  du  1  I  février  1764,  concernant  les  octrois  &  les 
bien»  patrimoniaux  des  communes,  p.  1  184. 

—  du  28  août  17^6,  fixant  les  cas  où  les  conseils 
politiques  renforcés  des  villes  de  Languedoc  de- 
vront être  convoqués,  p.   io3. 


DicLAiîATiON  du  5  juillet  1770,  concernant  le  dé- 
frichement des  terres  incultes  dans  le  Languedoc, 
p.  107. 

—  du  5  juillet  1770,  relative  aux  défrichements, 
p.  i385. 

—  du  4  août  1770,  portant  règlement  pour  le 
payement  des  dettes  diocésaines  &  communales 
en  Languedoc,  p.  107. 

—  du  10  mars  1772,  sur  la  portion  congrue  des 
curés  dans  le  ressort  du  Parlement  de  Toulouse, 
p.    109. 

—  du  limai  1772,  concernant  l'administration 
des  communes  en  Languedoc,  p.  109. 

—  du  23  avril  1774,  pour  le  remboursement  des 
finances  d'offices  supprimés  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.  111, 

—  du  10  février  1776,  permettant  la  libre  expor- 
tation des  grains  à  l'étranger,  p.  1  i3. 

—  du  10  janvier  1784,  portant  règlement  jour  la 
confection  des  cadastres,  pp.   122,   1329. 

—  du  17  juin  1787,  établissant  la  liberté  du  com- 
merce des  grains,  p.   1342. 

—  du  27  juin  1787,  prescrivant  conversion  de  la 
corvée  en  une  prestation  en  argent,  p.   1342. 

—  envoyant  le  Parlement  de  Toulouse  en  vacan- 
ces, p.  1347. 

Déclamation  de  cuERnE  à  l'Angleterre,  p.  618. 

—  à  l'Espagne,  le  9  janvier  1719,  p.  936. 

—  à  la  Hollande,  p.  607. 

Déclabation  des  droits  de  l'homme  &  des  ci- 
toyens, p.  1391. 

Dêchi  des  doubles  tournois  de  Toulouse,  p,  i, 

DECROYE,  p.  72. 

Défection  (Texte  du  projet  de),  soumis  au  comte 
de  Marsin  par  un  gouverneur  espagnol,  p.  295. 

Dkiense  de  laisser  paître  le  bétail  en  certains 
lieux,  p.  59. 

—  de  tenir  des  chèvres  en  Languedoc  &  d'arra- 
cher arbres  ou  arbustes,  p.  60. 

—  de  mettre  le  feu  aux  chaumes,  landes,  bruyères, 
garrigues,  p.  65. 

—  de  tuer  des  agneaux,  p.  78. 

—  de  saisir  les  bestiaux  en  Languedoc,  prorogée, 
p.  90. 

—  de  plaider  au  nom  des  communes,  p.  847. 

—  des  côtes,  p.  937. 

DEFFOURS  (François),  maître  maçon,  p.  863. 
DtriciT,  p.   i336. 

—  sur  les  rentrées  des  impositions_en  1712,  p.  SpS. 
UEFLOTTES  (Anne),  p.  863. 
Déjuiciiement,  p.   i385. 

—  des  palus  rehaussés  de  l'Aibruguière  &  Tamer- 
let,  p.  59. 

—  des  terres  incultes,  p.  107. 

DELEUZE,  un  des  propriétaires  des  mines  de  la 
Grand'Combe,  p.   1280. 

DELHERMETS,  syndic  de  Gévaudan,  p.  i3o7. 
Délibérations  des  Etats  de  Languedoc,  foir  Etats 
DE  Langledoc 

DKLICQUE,  chirurgien  de  Paris,  p.  966. 
DELILE,  grand-chantre  à  Toulouse,  p.   i356. 


1496 

Délimitations  des  frontières  de  France  &  d'Espa- 
gne; habileté  de  Mazarin  pendant  les  conlé- 
rences  de  la  Bidasson,  pp.  SyS,  374. 

UELISLE,  géographe,  pp.  996,  997. 

Delliî,  dans  la   haute  Alsace,  p.   S75. 

DELMAS  (Le  P.),  jésuite,  p.  1  lyS. 

DELIMAS-CARLA,  de  Limoiix,  p.    1207. 

UELON  (François),  sieur  de  Terrailhon,  maire 
perpétuel  de  Coursan,  p.  639. 

DELONG,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
pp.   1 3»  243. 

DELORT  (Françoise),  p.  980. 

DELORT  (Suzanne),  p.  980. 

Df-i.nYAUTÈ  des  gens  d'affaires  en  Vi va  rais,  p.  |3|3. 

DËLRIEU  (Guillaume),  imprimeur  à  Toulouse, 
condamné  aux  galères  perpétuelles;  est  effigie 
par  la  main  du  bourreau,  en  1746,  pour  avoir 
imprimé  des  livres  huguenots,  p.  1 1 15. 

DELRTEU,  de  Limoux,  p.    1207. 

Delta  du  Rhône,  p.  892. 

UEMAY,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.   3)2. 

DE  MÉIA,  p.   i352. 

DEMIEZ,  maire  de  Valentine,  p.  982. 

DEMISSOLS,  avocat  de  Nîmes,  p.  992. 
Démolition  de  constructions  féodales  en  Gévaudan 
qui  ont  servi  de  refuge  aux  auteurs  de   brigan- 
dages, p.  3.5o. 

—  de  maisons  par  les  collecteurs  de  tailles,  p.  23o. 

—  de  moulins  :  sur  le  Fresqiiel,  p.  1  19;  sur  la 
Garonne,  pp.  1296;  sur  l'Hers,  p.  7 1  ;  sur  le 
Laudot,  p.  89;  de  MourviUes ,  p.  76;  sur  le 
Sor,  p.  7  1  ;  de  Saijit-Rome,  p.  72. 

—  de  temples  protestants,  pp.  18,  19,  20,  22,  26, 
27,  28,  29,  525,  526,  527,  536;  ordonnées  par 
le  conseil  du  roi,  pp.  426, '427;  six  sont  dé- 
molis en  Vivarais,  p.  538. 

UEMORAT,  subdélégué  de  l'intendance  de  Lan- 
guedoc, p.  872. 

Denieb  vingt,  taux  adopté  pour  les  emprunts  de 
diocèses,  pp.   ic6,   107. 

Denier  de  Saint-Andi'.é;  sa  suppression  réclamée, 
p.   1334. 

Demebs  PROVINCIAUX;  ce  qu'on  entend  sous  cette 
dénomination,  p.   1369. 

—  ROYAUX;  ce  qu'on  entend  sous  cette  dénomina- 
tion, p.  i368. 

DENNEVAL,  gentilhomme  de  Normandie,  p.  i  194. 

Dénombrements,  pp.  23,  5i,  124. 

DENOYER,  fabricant  de  faïences,  p.  87. 

Denrées;  se  pourrissent  &  se  gâtent  faute  de 
débit,  p.  462. 

Dentelles  du  Puy,  p.  60. 

.^  fabriquées  en  Vêlai,  pp.  44,  944;  lieux  de 
vente,  p.  7o3. 

Dentelliers  de  Nimes,  p.  79, 

Deome,  rivière,  p.   1409. 

DfPARirEMENT    de    l'Albigeois,    p.,  1407;    districts 

dont  il  est  composé,  p.    1408. 
-  de  Carcassonne,   p.   1404;    sa    division   en   dis- 
tricts, p.    I 405. 


TABLE  GÉNÉRAI  F,   PFS   NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


Département  de  Foix;  sa  division  en  districts, 
p.   14:.4. 

—  du  Gévaudan  ;  sa  division  en  districts;  p.  1407, 

—  du  Lyonnais,  Forez  &  Beaujolais,  pp.  1405, 
1409. 

—  maritime  du  Bis-Languedoc  voté  le  22  janviei 
1790;  sa  composition,  p.   1400. 

—  de  Nimes;  son  tracé,  p.  1406. 

—  de  Toulouse,  formé  de  la  partie  occidentale  du 
Languedoc,  p.  1401;  sa  composition,  p.  i4o3; 
divisé  en  huit  districts,  p.   1404. 

—  de  Vivarais;  sa  formation  terjnine  la  division 
de  la  Province;  ses  limites,  p.   1409. 

Départements  créés,  en  1790,  en  Languedoc, 
pp.  129,  1400,  140T,  1402,  1404,  1405,  1406, 
i-(o7,    1408,    1409,    1410,    1411. 

Dépenses  extraordinaires  mises  à  la  charge  de  la 
Province  en   1673,  p.  5o. 

—  qu'occasionna  à  la  Province  la  peste  de  1721, 
pp.  57,  970. 

—  de  la  Province,  payées  par  les  deniers  provin- 
ciaux, p.   i  369. 

Dépeuplement  du  rivage  des  étangs,  p.   1384. 
Dépopulation    des    Cévennes    projetée,    pp.    588, 
589,   5yo,   798. 

—  de  la  Province;  ses  causes,  p.  862. 
Déportation    d'habitants    des   Cévennes  en  Amé- 
rique, p.  590. 

Dépréciation  des  billets  de  banque,  pp.  945,  946. 
Déprédation  des  agents  du  domaine  sur  les  biens 

de  la  couronne,  p.  466. 
Députation,  sorte  de  bénéfice  attaché  à  certaines 

charges,  p.  280. 

—  des  communes  aux  Etats,  p.  90. 

—  des  Etats  au  Parlement  de  Toulouse,  p.  287; 
est  fêtée  durant  le  cours  de  son  voyage;  reçoit 
des  marques  de  respect  des  corps  constitués  dès 
son  arrivée  à  Toulouse,  &  les  présents  que  la 
ville  offrait  aux  gouverneurs,  p.  288;  est  reçue 
dans  la  grand'chambre  du  Parlement;  est  fêtée 
par  le  corps  capitulaire,  p.  239. 

—  du  Languedoc  aux  Etats  généraux,  réglée  par 
la  décision  royale  du  24  janvier  1789,  pp.  i365, 
i366. 

Députés  de  Toulouse  envoyés  aux  Etats  de  Lan- 
guedoc, p.  327;  prennent  place  aux  Etais, 
p.  33i . 

—  à  élire  aux  États  généraux  par  la  Province  de 
Languedoc;  leur  nombre  réparti  par  sénéchaus- 
sée pour  les  trois  ordres,  p.   1367. 

—  du  clergé  aux  Etats  généraux,  p.   13^6. 

—  de  la  noblesse  de  Languedoc  aux  Etats  géné- 
raux, p.   1377. 

—  du  Tiers-Etat  de  Languedoc  aux  Etats  géné- 
ra ux,  pp.    1378,  1379. 

Dei;necueillette,  p.  347. 

UERODON  (David),  professeur  au   collège    de    Nî- 
mes, est  banni,  p.   17. 
Débogeance,  p.  386. 
Desaignes,  en  Vivarais,  p.  1202. 

—  (Pont  de),  p.  92. 
DESANGLIER,  p.    1425. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1497 


Désastre  du  Devez;  grandes  pertes  en  officiers  & 
en  soldats,  pp.  816,  817. 

Désastres  atmosphériques  en  1707,  p.  870. 
DESCARNAUX  (M'"),  p.   1  142. 
DESCOLIS,  p.   1425. 

DESCORBIAC,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  959. 

DESCORNETS,  p.  286. 

Description  de  la  Province  Je  Languedoc,  faite  pen- 
dant l'intendance  de  d'Aguesseau,  pp.  6po,  691. 

Désert,  au  bas  Languedoc,  p.  98. 

Désert;  un  synode  y  est  tenu  en  1744,  p.  79;  les 
assemblées  s'y  multiplient,  p.  iSo. 

—  de  France,  p.  878. 

DESFERRE  (D"'),  p.    1142. 

DESFIRMINS,  ingénieur  de   la   généralité  d'Auch, 

p.   1295. 
Désinfection  des  cuirs  durant  l'épizooiie  de  1774- 

177.5,    p.    12l'>2. 

DESINNOCENS,  chanoine,  à  Toulouse,  p.   i35â. 

DESINNOCENS  DE  MAURENS,  président  à  mor- 
tier au  Parlement  de  Toulouse,  député  aux 
Etats  généraux,  p.    1377. 

Dessins,  cartes  &  échantillons  insérés  dans  un 
exemplaire  manuscrit  du  Mémoire  de  BàviUe, 
p.  690. 

DÉSIRÂT,  capitoul,  p.   ii55. 

DE^MARETS,  contrôleur  général;  sa  curieuse 
lettre  au  sujet  des  privilèges  imagin.iires  des 
capitouls  de  Toulouse,  pp.  900,  901,  902;  sa 
lettre  aux  capitouls  au  sujet  du  droit  sur  les 
farines,  p.  çoS. 

DES.MARETS,  traitant,  p.  234. 

DES.MONTIERS  (C.spard),  comte  de  Mérinville, 
brigadier  des  armées  du  roi,  gouverneur  de  la 
ville  &  du  diocèse  de  Narbom.e,  p.  S-r^. 

DESNAULT  (L'abbi),  prêtre   d'Alais,  p.  6^^,. 

Désolatio.x  en  Languedoc,  en  1727,  pp.  ioo3, 
1004,    ioo5,    1006,    toof. 

Désordres  des  chevau-légers,  p.  14.5. 

—  dans  la  partie  orient.ile  de  la  Province,  p.  :87. 

—  à  Bézierj,  à  Narbonne,  à  Nimes,  à  Uzès,  p.  304. 

—  dans  le  synode,  à  Cahors,  p.  3 12. 

—  causés  à  Toulouse  par  la  présence  des  gens  de 
puerrc  qui  formaient  l'eàcorte  du  roi,  p.  .'î -.5. 

D(>oncANiSATioN  générale,  à  la  suite  des  dix  an- 
nées de  régence,  pp.  343,  344. 

Desi-hn,  en  Vivarais,  p.   iiji. 

DtSPUl'ETS  (Bernard),  évéque  de  Suint-P.ipoul, 
p.   i.")9. 

DcssfcnEMENT  de  marais,  pp.  3.5,  71,  io.5,  109, 
123,  126,  1:8,  .S84,  33.5,  38^,,  ,384;  des  mirais 
d'Aiguesmortes,  p.  437;  de  l'étang  de  Marseil- 
lette,  pp.  106,   1  làp,   1  160,   1161. 

Destp.iction  d'églises  &  de  matériel  du  culte  ca- 
tholique par  les  bandes  d'insurgés  desCévennes, 
pp.  7J2,  753. 

—  des  futaies  &  des  taillis,  p.  999. 

—  des  œufs  de  sauterelles,  p.  .57. 

—  des  sauterelles,  pp.  9-2,  973. 

—  des  paroisses  condamnées,  p.  38;  limites  du  ter- 
ritoire condamné,  p.  798. 


Destruction  de  temples  demandée,  p.  424. 
DESUBAS,    ministre    protestant,   arrêté    dans     les 

Cévennes,    conduit    à    Montpellier     &    pendu, 

pp.  811,   1074. 
Détresse  dans  les  Cévennes,  p.   i385. 

—  financière;  expédients  pour  la  conjurer, 
pp.  675,  676. 

—  générale,  p.  23o. 

—  générale  du  Narbonnais  &  du  Gévaudan,  p,  369. 

—  publique,  p.    i63. 

Dettes  du  clergé,  p.  i339;  mémoire  sur  leur  rem- 
boursement présenté  à  l'assemblée  des  notables, 
p.  i338. 

—  vérifiées  des  communes,  pp.  ï5,  70,  72,  io5, 
707,   1062;  leur  cause,  p.    1046. 

—  diocésaines  &  communales,  pp.  33,  107. 

—  diocésaines,  p.  1043;  du  diocèse  de  Narbonne, 
p.  90. 

—  onéreuses  aux  diverses  parties  de  la  Province, 
à  la  suite  des  guerres  civiles  du  commencement 
du  dix-septième  siècle  &  de  la  guerre  de  Cata- 
logne, p.    161. 

—  municipales,  p.   1043. 

—  de  la  ville  de  Toulouse,  pp.  355,  417,  6o3j 
vérifiées,  p.  378. 

—  des  protestants  de  Languedoc,  p.   17. 

—  de  la  Province  liquidées,  p.    1427. 
DEUMtER,  collecteur  des  tailles,  p.  478. 
DEUX-PONTS    (Duc    de),    maréchal    général   des 

grands  reitres,  p.    i83, 

Delx-Siciles,  p.  92-1. 

Deix  viNtiTu.MES  (Levée  des),  p.   106. 

Dflx  vingtièmes  &  SOL  pour  livre  prorogés,  p.  108. 

Dévastation  des  hautes  Cévennes  par  Julien,  ma- 
réchal de  camp,  pp.  38,  39;  instruction  donnée 
aux  commandants  pour  procéder  à  la  démolition 
&  à  l'incendie  des  lieux  condamnés;  contrastes 
de  barbarie  &  d'humanité,  p.  800;  ne  pouvant 
démolir  les  lieux  cond.imnés,  on  les  biûle; 
durée  de  ces  opérations;  noms  des  lieux  détruits, 
pp.  804,   8c5,   806. 

—  d'églises,  p.  753. 

DEVAUX  (Jean-Louis),  trésorier  à  Toulouse,  est 
arrêté  pour  irrégularité  dans  la  perception  des 
tailles,  pp.  217,  218. 

DEVER,  chanoine,  ii  Toulouse,  p.   i356. 

Devez  de  Martignargles  ;   sa    situation,  p.   8i5. 

DEVÈiE  (de  la),  lieutenant  général,  p.  79. 

DnvEZET,  en  Vivarais,  p.   1202. 

DEVIC  père,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.   1218. 

DEVIC  fils,  conseiller  au    Parlement  de  Toulouse; 

son  exil,  p.  1218. 
Devieux,  lieu,  p.   1218. 

DEVIEUX,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.   1218. 

Devois  ou  GARRIGUES;  leur  incendie  puni,  p.  1027. 

Devois  de  Mattiunai;'  1  es,  p.  39. 

Dévotion  à  saint  Roch,  à  propos  de   la    peste  de 

1 721 ,  p.  961 . 
DEYDÉ  DE  MURVIEL,   conseiller   à    la    cour   des 

comptes,  aides  &  finances,  p.   1097. 


1498 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


DEYDÉ  VIGNES,  conseiller  à  la  cour  des  comptes, 

aides  &  finances,  p.   1097. 
DEYDIER,  fondateur  de   la    manufacture   de   soie 

d'Aubenas,  p.  90. 
Deyme,  p.  1248. 

—  (Consuls  de),  p.   1 1 13. 
Deymes  (Comté  de),  p.  101. 
Deybat,  en  Vivarais,  p.   iioi. 
Dezes,  dans  les  Cévennes,  p.  33i. 
DÈZES,  chanoine,  à  Toulouse,  p.   i!556. 
DEZEUZES  (Le    P.),    professeur  de    rhétorique  au 

collège  des  jésuites;   est  cité  au    Parlement,  à  la 

suite  d'un   sermon   prononcé  par  lui  le  jour  de 

la  fête  de  saint  Yves,  p.  1 128. 
Dieppe,  p.  54. 
UIEST,  envoyé  extraordinaire   près   des   Etats   de 

Hollande,  pp.  56  i ,  562. 
DIEULAFOY  (Michel),  secrétaire  de  l'hôtel  de  ville 

de  Toulouse,  p.   1414. 
Différences   dans   les   idées  &  dans  la    rédaction 

des  cahiers  de  1789,  p.   i38i. 
Différends  de  Tévêque  d'Alet  avec  la   noblesse  & 

Je  clergé  de  son  diocèse,  pp.   19,  407,  408,  409, 

410,  411,  412,   4i3,  414,  415,  416,  417. 

—  entre  le  Parlement  &  la  Province,  p.  314. 

—  entre  le  Parlement  de  Toulouse,  la  cour  des 
comptes  de  Montpellier,  les  trésoriers  de 
France,  &c.,  p.  64. 

—  entre  l'évéque  de  Castres,  les  jésuites  &  le  comte 
de  Bioule,  p.  297. 

—  entre  les  consuls  &  l'évéque  d'Albi,  p.  SsS. 
Difficultés  créées  pour  la   bonne  administration 

de  la   justice  par  les  juridictions   bannerettes  & 
les  prisons  seigneuriales,  p.   268. 

—  du  gouvernement  de  Languedoc  énumérées  dans 
les  lettres  du  nomination  dti  prince  de  Conti, 
p.  383. 

DIGEON,  promoteur  du  diocèse  d'Alet,  relégué  à 
Saint-Affrique,  p.  5   5. 

DIGEON  (Joseph),  p.  864. 

Dignitaires  &  officiers  de  l'archevêché  de  Tou- 
louse en  1641 ,  p.  3i6. 

Digues,  pp.  95,  96. 

Dijon,  pp.  98,  323. 

—  (Château  de),  p.  925. 

DILHE,  abbé,  agent  de  l'évéque  de  Montpellier  à 
Paris,  pp.   1024,  1025. 

Diligence  de  Montpellier  à  Lyon  ;  son  établisse- 
ment, p.  5?. 

DILLON  (Arthur-Richard),  archevêque  de  Tou- 
louse, puis  archevêque  &  primat  de  Narbonne, 
p.  1228;  se  met  en  communication  avec  la  Fa- 
culté de  médecine  de  Montpellier,  à  propos  oe 
l'épizootie  de  1774,  p.  1233;  doit,  en  1786, 
faire  partie  de  l'assemblée  des  notables,  p.  |335; 
son  discours  à  la  dernière  séance  de  l'assemblée 
des  notables  en  1787,  p.  1341  ;  retiré  à  Haute- 
fontnine,  réclame  contre  le  décret  de  l'Assemblée 
nationale  du  23  février  1790,  qui  réglait  l'im- 
position pour  l'année  courante,  p.  141  i;  ré- 
clame en  faveur  des  anciens  agents  de  l'admi- 
nistration provinciale  &  de  ses  pensionnaires, 
p.   1412. 


Dit.LON  (Régiment  étranger  de),  p.   1  114. 
Dîmes  usurpées  par  plusieurs  seigneurs  du  diocèst 
d'Alet,  pp.  411,  4i3. 

Diminution  d"allivrement,  p.  ii5. 

Diocèse  d'Agde,   pp.   56,   85,  95,  99,    106,    107, 

114,  126,  479,  619,  664,  699,  755,  1028,  1081, 

1088,  1 132,  I  149,  1400. 

—  d'Alais,  pp.  42,  56,  88,  94,  96,  98,  100,  102, 
106,  107,  112,  114,  126,  619,  647,  648,  649, 
702,  754,  769,  770,  855,  965,  967,  968,  985, 
988,  ioo3,  1081,  1088,  1129,  ii3o,  ii5o,  il 77, 
I 178,   I 190,    1283,   1406. 

—  d'Albi,  pp.  53,  56,  57,  60,  61,  62,  63,  65,  67, 
63,  72,  74,  88,  99,  114,  ii5,  126,  i56,  619, 
770,  894,  895,  941,  1004,  1008,  1009,  1088, 
iii5,   1125,   ii32,   ii53,   1175,   1408. 

—  d'Alet,  pp.  14,  18,  42,  45,  57,  66,  98,  114, 
126,  (56,  i65,  240,  209,  400,  619,  698,  862, 
871,  894,  ioo3,  1008,  1178,  1287,  i3oi,  i3o2, 
1404. 

—  d'Alxh,  p.  1247. 

—  Bas-Montauban,  pp.  62,  97,  122,  991,  1008, 
1287. 

—  DE  Béziebs,  pp.  56,  57,  90,  94,  97,  98,  Ç9, 
100,  102,  104,  106,  107,  114,  126,  162,  5io, 
619,  664,  75i,  ioo3,  1028,  1081,  1129,  ii3o, 
ii32,  1149,  1177,  1178,  1287,  1400. 

—  de  Cabcassonne,  pp.  56,  62,  78,  88,  91,  94, 
96,  97,  98,  100,  102,  106,  107,  126,  1 56,  200, 
497,  5io,  619,  699,  746,  871,  894,  943,  ioo3, 

1007,  1008,  1061,  1149,  1178,  1287. 

—  DE  Castres,  pp.  42,  56,  88,  91,  92,  94,  95, 
98,  99,  100,  102,  106,  114,  122,  126,  127, 
129,  i56,  i65,  260,  619,  664,  769,  770,  809, 
894,  ioo3,  1D07,  1081,  1088,  1177,  1178,  1246, 
1287,  1400. 

—  de  Comminges,  pp.  57,  97,  ic6,  117,  120,  8q8, 
1232,  1234,  1239,  1247,  1287,  i33i,  1375, 
■  403. 

—  DE  CotlSERANS,   p.    l33l. 

—  DE  COUTANCES,   p.    3l5. 

—  d'Elne,  p.  399. 

—  DE  Laval'b,  pp.  53,  56,  57,  60,  62,  63,  65,  66, 
67,  68,  72,  74,  88,  92,  97,  102,  io5,  ii3, 
114,   126,   i56,  478,  619,  729,  769,  770,   895, 

1008,  1060,   1088,   1125,   I  143,   1252,   1287, 

i33i,  1375,  1403,  1408. 

—  iiE  Lectoube,  p.  1247. 

—  DE  LiMoux,  pp.  14,  62,  66,  107,  1 19,  1 14,  I  17, 
209,  894,  ioo3,  1007,  1008. 

DE  LODÈVE,  pp.  42,  69,  70,  95,  IC2,  107,  109, 

114,  126,  162,  479,  619,  644,  664,  699,  989, 

ioo3,  1129,  ii3o,  ii32,  1287,  1400. 

DE    LOMBEZ,   pp.    1247,    1403. 

-^  DE  LuCON,    p.    1020. 

—  DE  Mesde,  pp.  1 1 ,  42,  57,  59,  70,  74,  88,  94, 

100,     106,     112,     114,     122,     126,     168,     195,     3oo, 

426,  483,  5/1,  620,  644,  664,  768,  770,  855, 
863,  968,  988,  1004,  1012,  io33,  io8i,  1129, 
I 1 3o,  1407. 

DE  MlBEPOIX,  pp.  42,  57,  62,  88,  96,  97,  99, 

102,  I  n6,  107,  ii5,  12^,  1 56,  209,  55"^,  619, 
871,  894,  8(;5,  ioo3,  1008,  1178,  1189,  i33i, 
1403,  1404. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIERES. 


•499 


Diocèse  de  Moktauban,  pp.  76,  77,  102,  106, 
107,  114,  126,  i55,  619,  898,  957,  1234,  13/5, 
1403. 

—  DE  MoNTPELLiEB,  pp.  56,  5y ,  74,  93,  95,  100, 
101,  102,  loâ,  107,  114,  126,  127,  i56,  3^o, 
483,  619,  644,  664,  ioo3,  1081,  1129,  ii3o, 
ii3i,  1149,  ii5o,  1287,  1400. 

—  DE  Narbonne,  pp.  42,  53,  55,  60,  63,  65,  67, 
72,  74,  84,  88,  90,  94,  107,  108,  114,  i56, 
209,  400,  5 10,  619,  770,  895,  943,  ioo3,  1028, 
1081,  1125,  ii5o,  1178,  1400,  1404. 

—  DE  Nîmes,  pp.  11,  42,  55,  57,  90,  91,  92,  94, 
96,  100,  toi,  106,  107,  114,  126,  128,  i56, 
168,  195,  3oo,  426,  483,  571,  620,  645,  664, 
755,  769,  770,  855,  1066,  Il 36,  1149,  1400, 
1406. 

—  DE  Pamiers,  pp.  5i7,  619,  i33i,  1404. 

—  DU  Piv,  pp.  42,  57,  92,  100,  114,  117,  126, 
3oo,  473,  481,  620,  664,  1004,  1178. 

—  DE  Ri  EUX,  pp.  24,  42,  57,  62,  88,  97,  114,  126, 
i55,  162,  55o,  619,  697,  770,  1007,  1008,  1088, 
1178,  1234,  1247,  1253,  1287,  i3oi,  i3o2, 
i33i,  1375,  1403. 

—  DE  Sai.vt-Papoil,  pp.  72,  75,  79,  91,  92,  94, 
107,  114,  12'),  i65,  619,  8f^5,  ic3(,  io5i, 
1149,  1252,  i33i,  1403,  1404. 

—  DE  Saist-Pon.s,  pp.  42,  88,  97,  102,  io5,  106, 
114,  123,  126,  i5^,  162,  472,  619,  664,  871, 
894,  989,  ioc3,  io3i,  1088,  ii5!),  1246,  1287, 
1400. 

DE  TabBES,  pp.  519,  I  189,  1247. 

—  DE  Toii.oisE,  pp.  5"),  57,  62,  88,  93,  100,  loi, 
io5,  107,  114,  123,  126,  i5'j,  619,  1004,  ioo5, 
1008,  1088,  1129,  ii5o,  1189,  1234,  1245, 
1247,  1259,  1262,  1264,  1287,  1291,  i3oi, 
i3c2,  i33o,  1375. 

—  d'Uzés,  pp.  Il,  41,  42,  47,  5j,  57,  74,  88,  92, 
95,  96,  98,  100,  loi,  107,  114,  123,  12'), 
i5'5,  168,  195,  3oo,  426,  473,  481,  4S3,  571, 
620,  644,  648,  664,  701,  7^7,  769,  770,  796, 
855,  965,  967,  968,  986,  987,  988,  1077,  loSi, 
ii56,  1177,  1178,  1287,  i3io,  i3i2,  1406, 
1407,  1410. 

—  DE  Viviers,  pp.  1  1,  57,  74,  95,  106,  107,  i  14, 
116,  126,  i55,  168,  195,  3oo,  473,  481,  5o5, 
571,  620,  644,  664,  855,  895,  965,  967,  968, 
1004,  I 178. 

DincCSES  de  Languedoc;  inégalité  de  leur  popula- 
tion, p.  692. 

DioNS,  p.  787. 

Directeurs  dej  travaux  publics  dans  la  Province, 
p.   i3oS;  leur  traitement,  p.    13^9. 

Directions  des  gabelles  en  Languedoc,  p.  845. 
Discipline  des  troupes  amoindrie  par  les  troubles 
de  la  Fronde,  p.  344. 

Discours  sur  le  chant  des  Psaumes^  livre  condamné 

au  feu,  p.   18. 
Disette,  p.  233. 

—  en  Auvergne  &  en  Gévaudan,  p.   1 1  i3. 

—  de  blé,  pp.  898,  899. 

—  de  bois  au  Puy  &  dan»  les  environs,  p.  491. 
Dispersion  des  parlements  en   1771,  p.   1219. 
Dissenheim,  dans  la  haute  Alsace,  p.  375 


Dissolution  de  l'ancienne  société;  signes  caracté- 
ristiques, p.    i3 19. 

Distinction  d'étiquette  entre  les  princes  légitimé] 
&  les  princes  du  sang,  p.   in5;. 

Distinctions  honorifiques  supprimées,  p.   129. 

—  vénales  ne  peuvent  tenir  lieu  d'illustration, 
p.    i33  1. 

Distribution  d'argent  pour  faciliter  les  conver- 
sions, p.  549. 

Districts  formant  le  département  de  Carcassonne, 
p.    1405. 

—  dont  est  formé  le  département  du  Gévaudan, 
p.    1407. 

—  composant  le  département  de  Toulouse,  p.  1404, 

—  formant  le  département  de  Vêlai,  p.  1406. 

—  formant  le  département  du  Vivarais,  p.   1410. 
Diversité  de  religion,  p.  294. 

Division  du  territoire  français  en  départements, 
districts,  cantons  &  municipalités,  pp.  129, 
1399,  1400,  1401,  1402,  1403,  1404,  1405, 
140'),    1407,    1408,    1409,    1410,    1411. 

—  ecclésiastique  des  provinces  protestantes  en 
Languedoc,  pp.   176,   177. 

Divisions  ecclésiastiques  faites  dans   la    Province 

par  Jean  XXII,  p.   i55. 
Dixième  de  tous  les  revenus  (Impôt  sur  le),  p.  65, 

—  nouvel  impôt  créé  en  octobre  1710,  pp.  77, 
837,   888,   889,  896. 

—  abonné,  p.  76;  abonné  par  la  Province, 
pp.   1047,  1048. 

—  supprimé  en  1737,  p.  io54j  rétabli  en  août 
1741,  p.  1062;  abonnement  conclu  par  la  Pro- 
vince, p.  10^3;  supprimé  à  compter  du  1"  jan- 
vier 1753,  remplacé   par  l'impôt  du  vingtième, 

p.    lOJO. 

—  sur  les  substances  métalliques,  p.   1284. 
Doctrinaires,  pp.   1,   18. 

Doctrine  de  Saint-Thomas  enseignée  dans  l'Uni- 
versité de  Toulouse,  p.  919. 

Documents  (Renvoi  aux)  relatifs  à  la  convoca- 
tion des  Etats  généraux  en  1648  insérés  aux 
pièces  justificatives,   pp.  279,  280,  282. 

DODARS,  premier  médecin  du  roi,  p.  966. 

DOLABELLA,  consulté  pour  la  délimitation  des 
frontières  en   1661,  p.  399, 

DOLBE  (Pierre-André),  p.   124. 

DOUVE  DE  QUINQUIRY,  p.   i352. 

Domaine  aliéné  sous  Louis  XIV,  pp.  12,  637,  675. 

—  royal;  son  importance  en  Languedoc  cause  de 
nombreuses  vexations  par  l'application  de  la 
taxe  du  droit  d'acquisition,  p.  25o. 

DoMAiNFS  donnés  par  saint  Louis  à  titre  d'assise, 
p.  693. 

—  ecclésiastiques,  p.   1034. 

—  royaux,  soumis  à  l'impôt  du  vingtième,  p.  1342. 
Dommages  causés  par  l'inondation  du  Sor  en  1702, 

p.  729;  par  l'inondation  de  la  Garonne  en 
1727,  pp.    ioo5,   îoo.^,   1007. 

DoMRES  (Principauté  de),  p.  925. 

DOMBES  (Prince  de),  p.  49;  nommé,  à  la  mort  de 
son  père,  gouverneur  de  Languedoc;  a  fait  cam- 
pagne contre  les  Turcs,  p.  1059;  est  remplacé 
comme  gouverneur  de  Languedoc  par  le  comte 
d'Eu,  p.   I  i3j. 


i5oo 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


DOMBRAS,  habitant  de  Toulouse,  p.   1402. 

DOMERGUE,  fermier  général  des  gabelles,  p.  84$. 

DOMERGUE  (Jean-Antoine),  huissier,  p.   ii58. 

DoMESSAROiESj  Ses  armoiries,  p.  687. 

Domestiques  catholiques  au  service  des  réformés, 
p.  zii, 

DosiiMCAiNS;  tentent  dès  le  commencement  de  la 
régence'du  duc  d'Orléans  de  reprendre  leur  an- 
cienne influence  dans  l'enseignement  universi- 
taire, p.  919. 

—  de  Béziers,  p.  20. 

—  de  Pamiers,  p.  1  104. 
DoMPNAC,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Don   de    la    jouissance   du   pont  de   Beaucaire   au 

comte  de  Saint-Florentin,  p.  pS. 
DONNADIEU  (Jeanne);  p.  Syô. 
DONAUD,   conseiller  au    Parlement  de  Toulouse; 

son  exil,  p.   1219. 
DoNAZAT,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   ioo3. 
DONNEVILLE,  p.  653. 

—  (Consuls  de),  p.   1 1 13. 

DONNEVILLE  (Garaud  de),  président  au  Parle- 
ment de  Toulouse,  pp.  3,  6,  i3j,  189,  243,  43J; 
publie,  en  qualité  de  commissaire  général  de  la 
navigation  au  ressort  du  Parlement,  des  règle- 
ments généraux  pour  la  liberté  de  la  batellerie 
sur  les  rivières  navigables  de  la  contrée,  p.  427. 

Don  gratuit,  pp.  53,  70,  io5,  124,  85o,  876,  971, 
i3'i9;  abonnement,  p.  io5;  offert  par  les  Etats 
en  i''49,  p.  ,293;  orages  qu'il  soulève  durant  la 
session  des  Etats  de  1  J64,  p.  43  1;  de  deux  mil- 
lions quatre  cent  mille  livres  demandé  aux  Etats, 
p.  462;  de  seize  cent  mille  livres  voté  par  les 
Etats  de  Languedoc  en  1667,  p.  477;  porté  à 
deux  millions  deux  cent  mille  livres  en  168"), 
p.  558;  de  trois  millions  en  1694,  p.  664;  re- 
mise d'un  million  en  1722  à  cause  des  dépen- 
ses du  cordon  sanitaire,  p.  5j;  remise  de  cinq 
cent  mille  livres  en  1726,  p.  60;  en  1737  de 
deux  cent  mille  livres  aux  communes  affligées 
par  la  grêle  ou  la  sécheresse,  p.  71  ;  en  1739  en 
faveur  de  plusieurs  diocèses  &  de  divers  lieux  du 
diocèse  de  Narbonne  désolés  par  l'inondation, 
p.  74;  en  1741  de  cent  cinquante  mille  livres 
aux  communes  pour  grêle  &  inondations,  p.  yô  ; 
de  cent  trente-quatre  mille  livres  en  1742,  p.  77; 
de  la  même  somme  en  1743  &  en  1744,  pp.  7i>, 
80;  en  1748,  à  trois  diocèses  &  à  diverses  com- 
munes pour  dépenses  extraordinaires,  p.  S4; 
de  trois  cent  mille  livres  en  1749  à  différentes 
communes  de  Languedoc,  p.  85,  en  1755  de 
quatre  cent  mille  livres  en  faveur  de  plusieurs 
diocèses  &  communes,  p.  89;  en  1756  de  trois 
cent  mille  livres,  p.  90;  en  1757  de  deux  cent 
trente-quatre  iniUe  livres,  p.  92;  en  avril  1759 
de  soixante-quinze  mille  livres,  p.  pS;  &  en 
octobre  de  la  même  année  de  soixante-quinze 
mille  livres,  p.  94;  en  1761  de  la  même  somme, 
p.  95;  en  1764  de  deux  cent  cinquante  mille 
livres  à  la  Province,  p.  98;  en  1760  de  cent 
cinquante  mille  livres  à  la  Province,  p.  95;  en 
1762  de  soixante-cinq  mille  livres  a  la  Province, 
p.  97  ;  en  I  764  de  deux  cent  cinquante  mille  à 
la  Province,  p.  100  ;  en  1  765  de  cinq  cent  mille 
livres  au  profit  de  la  Province,  p.    101  ;  en   1766 


de  trois  cent  mille  livres,  p.  io3;  en  1767  de 
quatre  cent  mille  livres  à  la  Province,  p.  104; 
en  1768,  de  quatre  cent  mille  livres  en  faveur  de 
la  Province,  p.  io5;  en  1771  de  cent  mille  livres 
en  faveur  de  la  Province,  p.  108;  en  1777  de 
quatre  cent  mille  livres  à  la  Province,  p.  1  i5; 
racheté  par  les  Etats  au  prix  de  douze  cent 
mille  livres  pendant  cinq  ans  par  toutes  les 
villes  &  bourgs,  p.  99. 
Dons  gratuits  nouveaux;  leur  abonnement  par  la 
Province,  p.  93. 

—  faits  par  Louis  XIV  aux  capucins  de  Castres 
en  1660,  p.  390. 

—  gratuits  municipaux,  p.   110. 
DoNNAZAc,  au  diocèse  d'Albi,  p.  1008. 
DoNZf.RE  (lie  de),  pp.  29,  45. 

DoBDOCNE,  pp.  469,  723,   1241  ;    liberté   de  la  ba- 
tellerie sur  cette  rivière,  p.  427. 
DORIA  (Janetin),  p.  236. 
DORNAC,  p.  620. 
DoRNAS,  en  Vivarais,  p.   1202. 
DoriNAS,  p.   I  282. 
DORTOMAN,  de  Nimes,  p.  992. 
Douai,  pp.   i333,   1419. 
Douane  de  Lyon,  pp.  66,  846,  847. 

—  de  Valence,  p.  66^  sa  suppression  demandée, 
pp.   i383,   1384. 

DoucTOUYRE  (Vallées  du),  p.  871. 

DOUILLAC  (Guillaume;,  de  Revel,  établit  à  Berlin 

une  fabrique  de  chapeaux  français,  p.  5j^. 
DoujAT,  p.   1352. 
DouRr.iES,  p.  425. 

DoURGNE,  pp.   60,   85,    1253,    1254,    1255,    1408. 
DouRLENS,  citadelle,  p.  925. 
DOUSENS,  p.  87  I  . 
Doux,  p.  C70. 
Doux,  rivière,   p.    1195. 

—  (Bassin  du),  p.  878. 

—  (Vallée  du),  p.  602. 

DOUX,  seigneur  d'Ondes  ;  son  abjuration,  sa  mort, 
p.  55 I . 

DouzenS,  au  diocèse  de  Carcassonne,  pp.  871,  ico8. 

DOUZIECH,  major  général  de  la  garde  nationale, 
p.  1399. 

Dragons,  entrent  dans  la  Province  par  le  Dau- 
phiné  &  passent  deux  cents  hommes  au  fil  de 
i'épée,  p.  532;  parcourent  la  Province  avec  le 
duc  de  Noailles  pour  activer  la  conversion  des 
protestants,  p.  557;  ne  suffisent  plus  i  la  puni- 
tion des  révoltés,  p.  610;  mis  en  mouvement 
dans  la  Province  pour  faciliter  le  recouvrement 
de  la  capitation,  p.  6-4. 

—  (Création  &  mode  de  recrutement  d'un  régi- 
ment de),  p.  78. 

Drapeuie,  pp.   125,  701. 

Dkapekies  (Commerce  de),  à  Toulouse,  p.    i3i8. 

DrapieiîS  de  Carcassonne,  p.  88. 

Draps,  pp.  5 1 ,  71,  72,  pj,  1  22,  69?,  699 ;  qualités 

dont   la    fabrication    est   défendue    dans  diverses 

localités,   p.    ^3;   leur  fabrication    compromise; 

dates  des  règlements  qui  la  régissaient,  pp.   i-'/6, 

167. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES  MATIERES. 


i5oi 


Draps  fabriqués  à  Aulas,  p.  83. 

—  de  Carcassonne,  p.  55. 

—  de  Conques,  p.  55. 

—  de  Languedoc,  p.   i385. 

—  gris-blancs  de  Lodève,  p.  6i. 

—  fabriqués  à  Lodève,  p.    i  i3o. 

—  fabriqués  à  Magdebourg  par  des  réfugiés  Lan- 
guedociens, p.  5j4. 

—  invendus  mettent  la  fabrication  dans  une  si- 
tuation critique,  pp.    1 320,  iSiJ,  |328,   1329. 

—  de  Saint-Cbinian,  p.  55. 

—  de  Saptes,  p.  55. 

—  fabriqués  en  Languedoc  pour  les  troupes,  p.  82. 

—  du  Levant,  pp.  33,  .^4,  47,  56,  66,  75,  81,  9445 
ordonnance  sur  leur  fabrication,  p.  43;  mar- 
ques &  teinture,  p.  82;  fabriqués  à  Carcassonne, 
p.   i3i5. 

—  fins  pour  le  Levant,  p.  67;  fabriqués  à  Mon- 
toulieu,  p.  65;  à  Pennautier,  p.  62, 

—  nims  destinés  au  Levant,  p.  71. 

—  fins  d'Auterive,  p.  61. 
Drémil;  ses  armoiries,  p.  687. 
Dr.EiiLLE,  p.   1253. 
Drocceries,  p.  9'.5. 

—  du  Nord  entrent  par  le  port  de  Cette,  p.  63. 
Drociets,  p.  699. 

—  façon  d'Angleterre,  p.  60. 

—  &  espagnolettes  fabriqués  à  Magdebourg  par  des 
réfugiés  Languedociens,  p.  5^4. 

Dr.oiT  écrit,  pp.  693,  864. 

—  d'entrée  aux  assiettes  diocésaines,  pp.  987,  988, 
989,  990,  991. 

—  d'entrée  aux  Etats  retiré  aux  envoyés  de  la  no- 
blesse qui  ont  fait  des  conventions  pour  y  en- 
trer, p.  853. 

—  d'évocation  générale  confirmé  à  la  ville  deTou- 
louse,  p.  6. 

—  d'évocation  provisoire,  p.  ||3;  suspendu  à 
Toulouse,  pp.  440,441;  le  conseil  d'Etat  excepte 
du  privilège  de  ce  droit  les  cas  de  duel  &  d'as- 
sassinat commis  par  les  bourgeois  de  Toulouse 
ou  par  leurs  enfants,  p.  405. 

DioiTS  féodaux,  pp.  294,  934. 

—  des  peuples  &  du  roi;  leur  accord  d'après  le 
cardinal  de  Retz,  p.  266. 

—  politiques  des  Etats  de  Languedoc  niés  par  le 
clergé,  la  noblesse,  le  Parlement  de  Toulouse, 
In  cour  des  comptes  de  Montpellier,  &c.,  &c., 
pp.   1 36o,  i36i,   i362,   i363,  1^164,    i36.'>. 

—  &  usage»  de  la  Province  doivent  être  codifiés 
par  ordre  des  États,  p.    168. 

DroiT  d'albergue,  p.  933. 

—  d'abonnement  exigé  par  les  fermes,  blâmé  par 
Bâville,  p.  7o3. 

—  d'amortissement,  pp.  38,  54,  80. 

—  d'anoblissement  par  les  charges  municipales, 
révoqué  en  mars  166-';  rétabli  plus  tard  moyen- 
nant finance)  p.  627. 

—  d'armorial  exigé  du  ba»  clergé;  intervention  de 
CàviUe,  p.  689. 


DroiT  d'asile,  p.  493;  prétendu  par  des  membre! 
du  Parlement  de  Toulouse,  p.  418. 

—  d'aubaine,  pp.  864,  865,  io35;  aboli  pout 
vingt  ans  en  Languedoc,  p.  43. 

—  de  banvin,  p.  38. 

—  de  bâtardise,  p.   io35. 

—  sur  la  boucherie  à  Lodève,  p.  77. 

—  ce  boucherie  à  Narbonne  en  faveur  de  l'hôpi- 
tal, p.  74. 

—  établis  sur  chaque  animal  de  boucherie,  p.  85o. 

—  sur  le  canal  de  Languedoc;  le  doublement  en 
est  interdit,  p.  5i . 

—  à  payer  sur  le  canal  de  la  Robine  à  Lunel, 
pour  le  se],  le  vin  &  les  autres  marchandises, 
p.  843. 

—  de  centième  denier,  pp.  74,  86. 

—  du  cinquantième  abonné  par  la  Province,  p.  61; 
à  lever  sur  tous  les  biens  nobles  ou  ruraux, 
p.   62. 

—  de  colombiers  abolis,  p.  i393. 

—  de  comm'ittiwus  &  d'évocation  générale,  pp.  61, 
Il  3. 

—  de  commutation  à  Toulouse,  pp.  418,  433,  604; 
confisqué  par  le  Parlement,  p.  417;  non  perçu 
à  Toulouse  sur  les  matières  utiles  à  la  manne, 
p.  442. 

—  de  confirmation,  pp.  12,  17,  180,  204,  228, 
1002,  ioo3;  sa  définition  par  le  conseil  d'Etat, 
p.  2065  qui  doit  le  payer  dans  la  Province!' 
p.  207. 

—  de  confirmation  des  usages  des  communes,  ac- 
quitté en  bloc,  p.  61. 

—  de  contrôle  des  procès-verbaux  de  nominations 
lonsulaires,  p.  53. 

—  de  cotùmo  établi  à  Cette,  p.  56. 

—  de  courtage,  à  Montpellier,  pp.  67,  76,   108. 

—  sur  les  denrées  &  marchandises,  p.   16. 

—  sur  les  draps  destinés  au  Levant,  p.  44. 

—  de  douane,  p.  60  ;  en  Lyonnais,  Provente,  Dau- 
phiné,  p.  60. 

—  de  deux  nouveaux  sols  pour  livre,  p.   108. 

—  locaux  destinés  à  éteindre  les  dettes  sur  les 
viandes  de  boucherie,  p.  85o. 

—  3  payer  à  Pans  &  frais  de  réception  pour  un 
office  de  conseiller  à  la  cour  des  aides,  p.   t  i33. 

—  dû  aux  procureurs  instrumenteurs  pour  les 
communes,  p.  1  07. 

—  d'enregistrement  d'armoiries,  p.  679, 

—  d'entrée  des  dentelles  de  ^'eIai,  p.  44. 

—  d'entrée  exagérés  sur  les  laines,  p.  704. 

—  d'entrée  à  Toulouse,  p.  48. 

—  d'équivalent,  pp.  102,  io5,  106,  i  1  o,  119,  126, 
Ma;  augmenté,  p.  64;  sur  le  poisson  aux  port  s 
de  Toulouse,  p.  67;  sur  le  poisson  à  Montpel- 
lier, p.  67;  toutes  les  communautés  régulières  ik 
séculières  y  sont  soumises,  p.  67;  son  augmen- 
tation continuée  en  1741,  p.  76;  Beaucaire  en 
est  exemptée  durant  la  foire,  p.  8  1  ;  appartenant 
à  1,1  Province  prorogé  pour  six  ans,  p.  87;  pro- 
roge-, pp.  9;'),  I  I  I  ;  levé  sur  tous  les  habitants  de 
la  Province,    p.    io5. 

—  d'équivalent  (Ferme  du  droit),  p.  54. 


i5o2 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Droit  d'exportation,  p.  726. 

—  payés  à  l'exportation  des  draps,  p.  iSîç. 

—  d'exportation  ae  grains,  p.  5i. 

—  sur  les  farines  établi,  p.  5i. 

—  sur  les  farines  à  Toulouse,  p.  çoS 

—  féodal,  p.  io36. 

—  de  foraine,  p.  725. 

—  de  franc-fief,  pp.  34,  385,  597. 

de  fret  sur  les  vins  &  eaux-de-vie  réduits,  p.  61. 

sur   les  grains,   farines   &   pain    au   profit   des 

villes,  p.  I  i5. 

—  honorifiques,  p.  iSBp. 

—  de  six  deniers  pour  livre  sur  les  huiles,  p.  42. 

—  sur  les  huiles  abonnés  à  la  Province,  p.  55. 

—  d'impériage,  pp.   108,  123. 

d'importation  sur  les  huiles  étrangères,  p.  48. 

—  de  joyeux  avènement,  p.  204;  cause  de  graves 
troubles  à  Montpellier,  pp.  233,  234,  235,  236  j 
supprimé,  sauf  pour  les  officiers  royaux,  p.  241. 

—  de  leude,  pp.  80,   122,   i385. 

—  sur  les  liqueurs  parfumées  fabriquées  à  Mont- 
pellier, fixés  par  arrêt  du  conseil  d'Etat,  p.  846. 

—  de  lods,  p.  953 

—  de  lods  &  vente,  p.  io35. 

—  de  lods,  censives,  &c.,  p.   i385. 

—  de  marque  sur  l'or,  l'argent,  l'étain,  le  fer  & 
l'acier,  p.   io5o. 

—  de  massicault,  p.  70. 

—  sur  les  moulins,  p.  204. 

—  de  mutation  sur  les  terres  nobles,  p.  109. 

—  de  nouvel  acquêt  pour  les  communes,  pp.  38, 
62,  385. 

d'octroi,  pp.  635,  io5o;  son  augmentation  ra- 
chetée par  la    Province,  p.  48;  doublés,  p.  889. 

—  d'octroi  sur  les  grains,  farines  &  légumes,  p.  99. 

—  d'octroi  à  Montpellier,  pp.  99,  108. 

—  de  péage,  p.  67. 

—  de  petit  blanc,  pp.  76,  11 5,  izB;  sur  les  sels 
doublé,  p.  71  ;  prorogé  sur  les  sels,  p.  81;  pro- 
rogés, p.  82;  le  doublement  des  droits  est  conti- 
nué pour  les  travaux  du  Rhône,  p.  84;  prorogé, 
pp.  io(>,  109J  prorogé  pour  les  travaux  du 
Rhône  &  du  chemin  du  Pont-Saint-Esprit, 
p.  93. 

—  de  pezade,  p.  24- 

—  de  prélation  sur  les  biens  abandonnés,  pp.  934, 
io35. 

—  de  quittance  des  receveurs  &  contrôleurs  de 
tailles,  p.  70. 

—  de  réal,  pp.   108,  i  23. 

—  de  réappréciation,  blâmé  par  Bâville  dans  son 
mémoire,  p.  703, 

—  de  régale;  évéques  qui  s'y  soumettent  &évèque» 
qui  résistent,  p.  5o3. 

—  de  relief  sur  les  terres  nobles,  p.  109 

—  de  ressort,  p.   1037. 

—  de  retrait  féodal,  p,   io35. 

—  seigneuriaux,  pp.  49,  933;  payables  en  huile, 
pp.  54,  63 j  frappés  par  l'impôt  du  dixième, 
p.  888. 


Droit  de  seigneurie  spirituelle  &  temporelle  cause 
de  différends  entre  l'évéque  &  les  consuls  d'Albi, 
p.  3o8. 

—  de  deux  sols  par  livre  sur  le  sel,  p.  41. 

—  de  sortie,  p.  7o3. 

—  de  sortie  sur  les  blés,  p.  38. 

—  de  sortie  sur  les  couvertures  fabriquées  à  Mont- 
pellier, p.  67. 

—  de  sortie  sur  les  draps  nhns,  p.  71. 

—  de  sortie  sur  les  serges  impériales,  p.  42. 

—  de  sortie  des   petites  étoffes  de  laines,  p.  52. 

—  de  sortie  sur  les  vins  &  eaux-de-vie  réduits, 
p.  61. 

—  de  sortie   &  de  fret  sur  les  vins   &  eaux-de-vie, 

p.     II25. 

—  de  souquct  levé  à  Nîmes,  p,  6^;  prorogé  à 
Nîmes  pour  neuf  ans,  p.  83;  prorogé  à  Nîmes 
pour  dix  ans,  p.  91  • 

—  des  agents  &  des  pensionnaires  de  la  Province 
défendus  par  l'arc hevéque  de  Narbonne  dans 
une  lettre  au  contrôleur  général  Necker,  pp.  141  i , 
1412. 

—  de  subvention,  p.  604;  dus  par  le  fermier  de 
divers  dignitaires  de  l'Eglise,  p.  80;  doivent 
être  payés  par  l'évêque  &  le  chapitre  de  Lodéve 
pour  les  vins  de  leurs  rentes,  p.  83;  doivent 
être  payés  par  l'hôpital  de  Carcassonne,  p.  85. 

—  de  subvention  établis  à  Toulouse,  pp.  10,  376, 
377.  4^8,  475. 

—  levé  dans  le  consulat  d'Albi  &  de  Castelviel, 
p.  59. 

—  sur  les  sucres,  p.  83. 

—  de  tiers-sur-taux  &  de  quarantième,  p.  53. 

—  de  timbre,  p.   |339. 

—  de  traite  foraine  &  domaniale,  p.  80. 

—  d'usage  dans  les  bois  vérifiés,  p.  466. 

—  sur  la  viande  de  boucherie,  p.  47. 

—  de  quatre  deniers  par  livre  sur  la  viande  de 
boucherie,  p.  49. 

—  sur  la  viande  de  boucherie  à  Montpellier, 
p.   76. 

—  sur  les  vins  de  Languedoc,  pp.  47,  48. 

—  de  vingt  sols  par  muid  de  vin  recueilli  en  1774, 
p.  110. 

—  abonnés,  p.  iBôp. 

—  rachetés  par  la  Province,  p.  58, 
DrÔme  (Vallée  de  la),  p.  io65. 
Droude,  rivière,  pp.  8i5,  816,  817. 
DRUBEC,  docteur  en  Sorbonne,  p.  445. 
Drudas  (Terre  de),  p.   1218. 

DRUDAS,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.  1218. 

DRUILLE  SAINT-MÉDARD,  chanoine  à  Toulouse, 
p.   i356. 

DRULHET  (L'abbé),  mainteneur  des  Jeux-Flo- 
raux, p.  661 . 

DRULHON,  frères,  p.  1284. 
DUBAC,  juge  de  Baignols,  p.  445. 
DUBARRY,  comte,  p.   i352. 
DUBARRY-CÉRÈS,  somte,  p.  i355. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i5o3 


DUBERNEY,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

DUBOIS,  cardinal,  p.  974. 

UUBOIS-MAURIN ,  député  aux  États  généraux, 
p.    1378. 

DUBORN,  avocat  de  la  ville  de  Toulouse  au  con- 
seil du  roi,  pp.  197,  200,  201  ;  révoqué,  pp.  218, 
221;  rétabli  dans  ses  fonctions,  p.  227. 

DU  BOSC  (Catherine),  p.  293. 

DU  BOUCHET  (Antoine),  coseigneur  de  Vébron 
en   i665,  p.  799. 

DU  BOUCHET  (Antoine),  coseigneur  de  Vébron 
en  1668,  p.  799. 

DU  BOURG  (Comte),  p.  1198. 

DUBOURG,  président  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.  12  [9. 

DUBOURG  fils,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1219. 

DUBOURG,  chevalier,  p.   i355. 

DU  BREUIL,  capitaine  au  régiment  d'Orléans, 
p.  1384. 

DUBUISSON,  p.  892. 

DUCHAN,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

D  i  c  11 É  Mazarin,  érigé  durant  le  séjour  de 
Louis  XIV  à  Toulouse,  p.  375. 

DUCHE,  premier   avocat   général    près   la  cour  des 

comptes,  aides  &  finances,  p.   1097. 
Dl  CHÉS-PAi  RIES;   leur   nombre   en   Languedoc, 

p.  693. 
DtciiESSES  :  d'Aiguillon,  pp.  68,  1 198. 

—  d'Arpajon,  p.  624. 

—  de  Cardonne,  p.  23â. 

—  de  Chevreuse,  p.  295. 

—  d'Halwin,  p.  i83. 

—  de  Longueville,  pp.  296,  444. 

DUCLOS,  fournisseur  de  mulets  à  l'armée  de  Rous- 
siUon,  p.  49. 

DUCLOS  (Vfllérian),  maire  du  Saint-Esprit,  dé- 
puté aux  Etats  généraux,  p.    1378. 

DUCOS,  ancien  capitoul,  comptable  de  la  ville, 
p.  172. 

DUCOS,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

DUCROS,  seigneur  de  Saint-Germain  de  Calberte, 
p.   799. 

DUCROS,  directeur  des  travaux  de  la  Province,  à 
Toulouse,  p.   1309. 

Ducs  :  d'Aiguillon,  p.  1217. 

—  d'Alençon,  pp.   i85,  431. 

—  d'Anjou,  pp.  370,  376,  1025. 

—  d'Antin,pp.  986,  991,   1210. 

—  d'Arpajon,  pp.   12,   |3,  25i,  370,  405. 

—  de  Beaufort,  pp.  337,   1071. 

—  de  Beauvilliers,  p.  881. 

—  de  Berwick,  p.  8j8,  879,  940. 

—  de  Biron,  pp.  112,  1  274. 

—  de  Bouillon,  pp.  6,  188,  i^f>,  247,  279,  971, 
982,   i333,  i3.")f). 

- —  de  Bourgogne,  pp.  523,  689,  896,  i3ôo. 

—  de  Broglie,  pp.    13J9. 

—  de  Candale,  p.  356. 

—  de  Chartres,  p.  908. 

—  de  Chevreuse,  p.  820. 

—  de  Choiseul,  p.   1 1  57. 

—  de  Clèves,  p.  55?. 


Ducs  :  de  Deux-Ponts,  p.   iS3. 

—  d'Enghien,  pp.   198,  224,  25i,  373. 

—  d'Epernon,  pp.  7,  3^7. 

—  de  Fitz-James,  pp.  96,  97,  101,  1178,  1181, 
I  I  82,  I  i83,  1191,  1218. 

—  de  Fronsac,  p.   1068. 

—  de  Joyeuse,  p.  248. 

—  de  La  Rochefoucauld,  p.  337. 

—  de  Laval,  p,  i3i3. 

—  de  Lesdiguières,  p.    i35. 

—  de  Longueville,  pp.  279,  294. 

—  de  Luxembourg,  p.  940. 

—  du  Maine,  pp.  26,  621,  642,  718, '909,  911, 
925,  929,    1059. 

—  de  Melun,  p.  940. 

—  de  Mercœur,  pp.  354,  382. 

—  de  Mirepoix,  pp.  89,  90,  1  j36,   1  137. 

—  de  Montmorency,  pp.   i32,  159,  791. 

—  de  Nemours,  p.  337. 

—  de  Noailles,  pp.  29,  3o,  3i,  247,  52i,  527, 
.").")7,  5,19,  56o,  61 3,  882,  884,  886,  1134. 

—  d'Olonne,  p.  940. 

—  d'Orléans  (Gaston),  pp.  8,  i35,  160,  233,  273. 

—  d'Orléans  (régent  du  royaume"),  pp.  911,  951 . 

—  d'Orléans  (Philippe\  pp.   i338,   1344. 

—  de  Penthièvre,  p.   i33ii. 

—  de  Polignac,  p.   i3o7. 

—  de  Richelieu,  pp.  74,  76,  76,  77,  78,  79,  84, 
88,  1059,  1060,  1064,  io65,  1067,  1068,  1080, 
1084,  io9t,  1119. 

—  de  Rohan,  pp.  790,  855,  856. 

—  de  Roquelaure,  pp.  43,  45,  47,  49,  5o,  52,  54, 
,55,  57,  58,  869,  879,  883,  884,  885,  886,  895, 
905,  906,  918,  947,  949,  960. 

—  de  Savoie,  pp.  773,  838. 

—  de  Toralta,  p.  ffi6. 

—  de  Toscane,  p.  495. 

—  d'Uzès,  pp.  34,  134,  986,  987,  988,  989,  io35, 
1198. 

—  de  Valois,  p.  299. 

—  de  Vendôme,  pp.  47,  814. 

—  de  Ventadour,  pp.   i35,  476,  951. 

—  de  Verneuil,  pp.  20,  21,  22,  23,  24,  25,  26, 
447,  475,  476,  477,  478,  5oi,  5io,  27. 

—  de  Villars-Brancas,  p.  6|. 

—  de  Vivonne,  p.  718. 

—  de  Wittenberg,  p.  110. 

Ducs  ET  PAIRS,  p.  930. 

Duels,  pp.  192,  193,  194;  réprouvés  par  les  mœurs 
de  la  Cour,  p.  396;  le  prince  de  Conti  fait  exé- 
cuter la  déclaration  du  roi,  p.  405. 

DUFAS  DE  "VIGNAUX,  p.   i352. 

DUFAUR  DE  PIBRAC,  capitoul,  pp.  244,  245. 

DUFFÉ,  premier  consul  de  la  bourse  de  Toulouse, 
p.    i363. 

DUFOUR,  chanoine  de  Saint-Éiienne,  p.   145. 

DUFOUR  (Le  Père),  jésuite,  p.  430. 

DUFOUR  (Pierre-Joseph),  dominicain;  sa  thèse 
sur  la  limite  de  la  puissance  ecclésiastique  &  de 
la  puissance  royale,  pp.   11  85,  1  c86. 

DUFOUR,  baron,  p.   i352. 

DUFOUR,  premier  président  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.  141  5. 

DU  FOUR  (M""-),  religieuse  de  la  Seauve,  p.  1204. 

DUFRESNE  (Charles),  acteur,  p.  293. 


i;)04 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


UUGAS  DE  BONUEU  (Jean),  p.  193. 

DU  GAST,  capitaine,  p.  yùS. 

DU  HAILLAN,  p.   1354. 

DUHAMEL,   capitaine  aux   volontaires   de   Cler- 

mont,  p.   1 194. 
DuiLHAC,  lieu,  p.  347. 
DUJARDIN,  p.  641. 
DuLAC  (Marquisat  de),  p.  91. 
DULAC  (Louis),  seigneur  de  Gratus  &  de  Feugère, 

premier  consul  du  Puy,  p.  486. 
DULAC,   lieutenant  du   prévôt   à  Villeneuve-de- 

Berg,  p.   I  196. 
UULAUR  (François),    maire  perpétuel   de   Belbé- 

raud,  p.  639. 
DULAURENS,  p.  449. 
DULONG,  conseiller   au   Parlement   de  Toulouse, 

p.   352. 
DUMAS,  avocat  au  Parlement,  capitoul,  p.  243. 
DUMAS,  député  d'Albi,  p.  3  10. 
DUMAS,   officiai   de   l'archevêque    de    Narbonne, 

p.  5o6. 
DUMAY,   conseiller   au    Parlement   de   Toulouse, 

pp.  4,  189,  242,  243,  244,  317. 
DUMEYNIAL,  capitoul,  pose  la  seconde   pierre  de 

récluse  de  Garonne,  p.  474;   est   nommé  major 

des  compagnies  bourgeoises,  p.  476. 
DUMOLARD,  inspecteur  des  milices,  p.  898. 
DUMOLARD,  subdélégué  de  Vivarais,  p.   1  C04. 
DUMONS,  capitaine,  p.  36o. 
DUMONT  D'URVILLE,  p.   i332. 
DUMOULIN  (Denys),  p.  3  18. 
DUMOULIN  (Pierre),  p.  3  18.      . 
DUNOT  (P.)>  jésuite,  crée  les   hôpitaux   généraux 

en  Languedoc,  p.  696. 
DUNOYER  (M"""),  p.  717}   citation    d'une   de   ses 

lettres,  p.  891. 
DuNKEiiQUE,  p.  716. 

DUPERRIER,  capitoul  de  Toulouse,  pp.  317,449. 
DUPIN  (L'abbé),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 

lousej  son  exil,  p.   1218. 

DUPIN  DE  SAINT-ANDRÉ,  p.   l352. 

DUPIN  (Chevalier),  p.   i355. 

DUPIN,  secrétaire  de  l'intendance;  une  de  ses  let- 
tres sur  la  situation  des  Etats  de  la  Province, 
p.   iSyo. 

DUPLAN,  juge  de  Samatan,  p.  449. 

DUPLEIX,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

DU  PLESSIS,  maréchal,  p.  4. 

DUPLESSIS  GUÉNÉGAUD,  secrétaire  d'État,  p-  379. 

DUPONT,  maître  maçon  à  Toulouse,  p.   199, 

DUPONT,  secrétaire  de  Cavalier,  p.  878. 

DUPUY -MONTESQUIEU,  marquis,  p.    1  352. 

DUPUY,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

DUPUY,  syndic  de  la  ville  de  Toulouse,  pp.  1293, 
i365. 

DUPUY  (Jean),  fermier  du  droit  de  confirmation, 
p.   17. 

DUPUY,  traitant,  p.  236. 

DUPUY,  traitant  à  Montpellier,  tire  sur  la  foule 
ameutée,  p.  234. 


DUPUY  (Jacques-Hyacinthe),  p.  88. 
DURAND,  ingénieur,  p.  73. 
DURAND,  maire  de  Montpellier,  p.   1419. 
DURAND   (Pierre),   pasteur    protestant,    exécuté  à 
Montpellier,  p.  66. 

DURAND,  capitaine  de  la  santé,  p.  662. 
DURAND    (Eustache),     inspecteur     des     milices, 
p.  898. 

DURAND  (Jean),  jardinier  à  Nimes,  p.  992. 

DURANT  (Jacques),  p.  41. 

Dl'RANTI,    premier    président    au    Parlement    de 

Toulouse,  p.   1415. 
DuiiBAN,  villiige,  pp.  56,  i56. 
DURÈGNE,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 

son  exil,  p.   1218. 

DURENNE  (Anne),  lépreuse,  p.  421. 

Dur.FORT,  lieu  du  diocèse  d'Alais,  pp.  29,  33,425, 

459,  460,   710,  764,   870,    1264;   ses  armoiries, 

p.  687. 
OtnrnnT,  château,  p.  40. 
DURFOI^T  (Seigneur  de),  p.  478. 
DURFORT  (Comte  de),  p.    i3.ii. 
DuBOC  (Marquisat  de),  p.  90. 
DUROC-MAIROUS,   conseiller   au    Parlement   de 

Toulouse;  son  exil,  p.    1219. 
DUROUX,  capitoul,  pp.   i365,  i366,   1394. 
DURTAUD,  capitoul,  p.  201;  chef  du  consistoire, 

pp.  217,  219,  317. 

DUSSAULT,    envoyé    de    France    auprès    du    dey 

d  Alger,  p.  95  1 . 
DUSTON,  de  Limoux,  p.   1207. 
DUSTOU,  chevalier,  p.    i355. 
DUVEI^GER,  capitoul,  pp.  221,  224,  226. 


Eau  de  caneile,  p.  700. 

Eau  de  Cette,  p.  700;  fabriquée  à  Montpellier, 
p.  846. 

Eau  de  la  keine  de  Hongrie,  pp.  700,  701  ;  fa- 
briquée à  Montpellier,  p.  846. 

Eau  de  thym,  fabriquée  à  Montpellier,  p.  846. 

Eaunes  (Moulin  d'),  p.  77. 

Eaux  &  forêts,  pp.  53,  79,  87,  loo,  114,  126; 
ressort  de  la  grande  maîtrise  de  Toulouse,  p.  23  ; 
maîtrise  de  Saint-Pons  transférée  à  Saint- 
Amans,  p.  24;  la  maîtrise  de  Castres  est  trans- 
férée à  Mazamet,  p.  27;  ordonnance  pour 
l'éiargissement  du  Giron,  p.  3i. 

—  (Grand  maître  des),  p.  jï. 

Eaux  distillSes  à  Montpellier,  p.  964. 

Eaux  minérales  de  Saint-Laurent,  en  Vivarais, 
p.  68. 

Eaux  minérales  froides  d'Yeuset,  p.  701. 

Eaux-de-vie,  pp.  34,  36,  43,  43,  75,  I25,  697, 
700,  701,  726,  727,  1125,  1384;  époque  à  la- 
quelle les  marchands  de  Languedoc  peuvent  les 
faire  descendre  à  Bordeaux,  p,  56. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i5o5 


Échange  entre  le  roi  &  le  duc  d'Uzès,  p.  55. 

—  d'Uzès,  pp.  986,  987,  988,    io35,   io36,   loSy. 
Echelles  de  Barbarie,  p.   iSzy, 

—  du  Levant,  pp.  93,  iSzy. 
Ecclésiastiques;    mode    de   convocation    employé 

pour  l'élection  de  leurs  représentants  aux  Etats 
généraux,  p.   i373. 

—  en  Vivarais,  p.  53i. 

—  des  Cévennes;  motifs  de  la  haine  des  protes- 
tants contre  eux,  p.  ySo. 

Écluses  sur  l'Allier,  p.   i385. 
École  royale  militaire,  p.  1334, 
Écoles,  p.  92. 

—  catholiques  non  fréquentées  par  les  enfants  des 
nouveaux  convertis,  pp.  993,  994. 

—  gratuites,  pp.  izS,  126;  à  Castelnaudary, 
p.  124. 

—  spéciales  aux  enfants  des  réformés,  supprimées, 
p.  559. 

Écoliers  de  Toulouse,  p.  3. 

Éco.nomes  d'évêchés,  p.  11. 

ÉcRiTEAux  placés  sur  le  cadavre  des  gens  tués  par 

les  camisards,  p.  855. 
ÉcLS  armoriés,  p.  677. 
Édifices    religieux    ruinés   par  les  catholiques    8c 

par    les   protestants,    au    moment  du    triomphe 

de  l'un  ou  l'autre  parti,  p.  558. 
Édit  de  Béziers   ou   de    i632,   pp.    149,  i53,   i63, 

195,    212,    290,    376;    ses  conséquences   sur 

délibérations   des  États,   p.    168; 

en   octobre    1649,  p.  6;   projet  d 

P-  M- 
^  de  mai  1643,  créant  quatre  lettres  de  maîtrises 
dans  chaque  corporation,  p.   1. 

—  de  i655,  portant  aliénation  du  domaine,  en- 
registré  avec   réserves   par  le  Parlement,   p.   12. 

—  de  décembre  1657,  portant  faculté  d'anoblir,  à 
prix  d'argent,  des   terres  de  Languedoc,  p.   i3. 

—  d'octobre  1666,  pour  la  jonction  de  la  Médi- 
terranée à  l'Océan  par  la  création  du  canal  de 
Languedoc,  pp.  21,  471. 

—  de  mars  1667,  du  7  juin  1671  &  de  septembre 
1692,  relatifs  aux  capitouls  deToulouse,  pp.  627, 
634. 

—  du  21  janvier  1669,  portant  suppression  des 
chambres  mi-parties,  p.  22. 

—  de  1673,  sur  l'application  de  la  justice,  p.  i325. 

—  d'avril  i683,  restreignant  le  droit  des  commu- 
nes à  plaider,  p.  847. 

—  de  mars  i685,  réglant  les  droits  des  seigneurs 
péagers  le  long  du  canal  de  Languedoc,  p,  28. 

—  de  Nantes,  pp.  i,  18,  177,  479,  496,  537, 
791  ;  sa  confirmation  par  Anne  d'Autriche,  le 
8  juillet  1643,  p.  I;  confirmé  par  un  édit  du 
roi,  le  21  mai  i652,  p.  10;  déclaration  du 
roi  concernant  son  observation,  p.  12 j  per- 
sonnes désignées  par  le  roi,  pour  informer  des 
contraventions,  p.  16;  les  États  de  Languedoc 
demandent  qu'il  soit  observé,  p.  17;  mésintelli- 
cences  au  sujet  de  son  interprétation,  pp.  178, 
349;  les  États  de  Languedoc  tendent  au  réta- 
blissement de  l'unité  de  foi,  &,  par  leurs  sup- 
pliques,  préparent    sa    révocation,    p.  419;    de 


les 

révocation 
le    rétablir. 


quelle  manière  il  devait  être  appliqué,  selon 
l'avis  de  l'évêque  de  Nimes,  p.  421  ;  des  temples 
sont  construits  en  dehors  des  lieux  autorisés 
par  l'édit,  p.  42$  ;  difficultés  de  son  application, 
p.  424;  appliqué  avec  partialité,  p.  520;  violé 
par  la  suppression  du  culte  réformé  à  Mont- 
pellier, p.  5;ô;  sa  révocation  en  octobre  i685, 
p.  29;  résultats  de  sa  révocation,  pp.  643,  5^4; 
imperfections  de  l'édit  au  point  de  vue  des  déli- 
mitations de  circonscription  d'exercice  du  culte, 
p.  545;  résumé  des  principaux  articles  de  l'acte 
de  révocation,  pp.  558,  559;  la  révocation  pré- 
sentée comme  un  gage  de  paix,  p.  558;  n'a  pas 
produit  les  résultats  que  l'on  en  attendait, 
_  p.  992- 

Édit  de  Fontainebleau,  p.  56?;  portant  révocation 
de  l'édit  de  Nantes;  déception  qu'il  cause  aux 
grands  fonctionnaires  chargés  de  son  applica- 
tion; opinion  du  duc  de  Noailles,  p.  559. 

—  d'Hamptoncourt  en  faveur  des  protestants  fran- 
çais, p.  566. 

—  de  Postdam,  p.  567;  opposé  par  l'électeur  de 
Brandebourg  à  l'édit  de  Fontainebleau;  avan- 
tages qu'assure  cet  édit  aux  réfugiés  français, 
pp.  55 1 ,  562,  553  ;  est  répandu  en  Suisse,  oii  les 
premiers  réfugiés  s'étaient  arrêtés,  p.  564. 

—  de  décembre  1686  pour  l'amortissement  des 
biens  communaux  en  Languedoc,  p.  29. 

—  de  novembre  1690,  sur  la  compétence  des  juri- 
dictions en  Languedoc;  portant  création  d'offi- 
ces en  la  couf  des  comptes  de  Montpellier; 
affaires  des  domaines  &  réception  des  aveux  8c 
dénombrements  attribués  à  la  cour  des  comptes 
de  Montpellier,  p.  3i. 

—  de  septembre  1692,  concernant  la  noblesse  ca- 
pitulaire,  p.  634. 

—  de  1692,  créant   les   maires   perpétuels,  p.  pSS. 

—  d'août  1693  pour  l'affranchissement  des  tailles 
en  Languedoc,  p.  3i. 

—  d'avril  1695,  réglant  la  compétence  de  l'inten- 
dant dans  les  matières  d'administration,  p.  32. 

.— de  mars  1696,  relativement  à  l'anoblissement 
de  cinq  cents  personnes,  p.  676. 

—  de  novembre  1696,  portant  création  d'une  maî- 
trise souveraine,  avec  un  armoriai  général, 
p.  677. 

—  de  révocation  de  |685,  renouvelé  le  II  février 
1699,  p.  711. 

—  de  juin  1717,  supprimant  les  offices  de  maire, 
p.  935. 

—  de  novembre  1718,  rétablissant  les  offices  de 
maire,  p.  935. 

—  d'août  1722,  rétablissant  les  charges  municipa- 
les, p.  981. 

—  du  14  mai  1724,  renouvelant  toutes  les  mesures 
de  rigueur  contre  les  protestants,  p.  58. 

—  de  novembre  1731,  rétablissant  plusieurs  offices, 
p.  65. 

—  d'avril  1749,  concernant  les  acquisitions  des 
gens  de  main-morte,  p.  85. 

—  des  mois  d'août  1764  8c  de  mai  1765,  relatifs  à 
l'administration  des  communes,  pp.  1  192,  i  193. 

—  de  1764,  1765,  mai  1766,  concernant  l'organi- 
sation des  communes,  p.  1  193. 


XIII. 


9$ 


i5o6 


TABLE. GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Édit  de  mai  1766,  portant  règlement  pour  l'admi- 
nistration des  communes  de  Languedoc,  pp.  1  02, 
I  1 93. 

de  mai  1766,  relatif  à  l'administration  des  com- 
munes, p.   1206. 

d'avril  1767,  portant  règlement  sur  l'adminis- 
tration de  la  justice  dans  le  Vivarais  &  le  Gé- 
vaudan,  pp.    io3,    i  198,  1  199. 

publié  à  Versailles  au  lit  de  justice  de  décem- 
bre 1770,  p.   1109. 

d'août  1771,   portant    suppression    de    tous    les 

offices  du  Parlement  de  Toulouse,  p.   108. 

de  novembre   1771,  renversant   les  édits  d'août 

1764  &  mai  1765,  &  rétablissant  le  régime  des 
offices    municipaux    perpétuels,  pp.    108,   1220. 

de  février    177.5,     rappelant    le    Parlement    de 

Toulouse  antérieur  à  1771,  pp.  112,  1269;  de 
la  même  date,  supprimant  le  conseil  supérieur 
de  Nimes,  p.   1269. 

de  février  1776,  portant  suppression  des  corvées, 

p.   114. 

—  de  février  1776,  portant  suppression  des  maî- 
trises &  des  jurandes,  p.   1  14. 

—  de  mai  1779,  portant  réunion  du  comté  de  Ca- 
raman  à  la  Province,  p.   117. 

—  de  mai  1780,  portant  création  de  la  sénéchaus- 
sée de  Villeneuve-de-Berg  &  suppression  du 
bailli  de  Vivarais,  p.    118. 

—  de  mai  1780,  réorganisant  la  justice  en  Viva- 
rais, pp.   i3oo,  i3oi,  l3o2. 

—  de  février  1781,  portant  création  de  la  séné- 
chaussée   d'Annonay    pour    le    haut    Vivarais, 

P-   "9- 

d'aoiit  1787,  supprimant  les  deux  vingtièmes  & 

créant  une  subvention  territoriale  dans  tout  le 
royaume,  p.   1342. 

—  de  juin  1787,  créant  des  assemblées  provincia- 
les, p.  1342. 

—  de  novembre  1787,  concernant  les  non  catho- 
liques, p.  I 27. 

—  de  novembre  1787,  portant  création  d'emprunts 
graduels  &  successifs  pendant  cinq  années, 
p.  1342. 

—  supprimant  les  tribunaux  d'exception,  p.  1347, 

—  créant  la  cour  plénière,  p.    1347. 

—  réduisant  les  offices  du  Parlement  de  Toulouse, 
p.  1347. 

Édits  eubsiux,  p.  623. 

Education  des  enfants  des  protestants,  p,  572. 

—  du  peuple  par  les  représentants  du  pouvoir 
central,  p.  974. 

Effectif  des  régiments  de  milice  bourgeoise  en 
Languedoc,  en   1690,  pp.  619,  620. 

Effectifs  remplacés  par  des  passe-volants,  p.  334. 

Egalité  de  tous  les  ordres  devant  l'impôt  du 
vingtième;  violente  émotion  à  ce  sujet  parmi 
les  hauts  personnages  de   la    Province,  p.   1091, 

—  des  trois  ordres  devant  l'impôt,  pp.  r358,  1369, 
1370. 

EGINHARD,  consulté,  en  1661,  pour  la  délimita- 
tion des  frontières,  pp.  399,  400.. 
Eglise  d'Angleterre,  p.   1016. 

—  de  Genève,  p.  1  168. 


Eglise  incendiée  à  Avejan,  p,  77.'»  j  à  Caissargues, 
p.  7.59;  à  Genolh.ic,  p.  776;  à  Monoblet, 
p.  763;~à  Pouls,  p.  767;  à  Saint-Jean  de  Mar- 
véjols,  p.  775. 

—  pillée  à  Valeraugues,  p.  732. 

Eglises  catholiques  démolies  durant  les  troubles; 
établissement  d'une  taxe  pour  leur  reconstruc- 
tion, p.  i  1  ;  reconstruites  à  l'aide  d'un  impôt 
sur  la  viande,  p.  672;  rétablies  avec  les  biens 
confisqués  des  protestants,  p.  19;  contributions 
pour  leur  construction  ou  leur  réparation,  pp.  38, 
66;  détruites  par  les  protestants;  qui  doit  les 
reconstruire?  p.  421;  à  reconstruire  en  Lan- 
guedoc après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
p.  .555. 

—  dévastées  ou  incendiées,  pp.  571,  753,  759, 
763,   767,  775,   776,   789,   807,   814,   822. 

—  réformées,  pp.  98,    1  i  1 ,    114,    1  79. 

Egoïsme  des  privilégiés;  réflexions  sévères  de  Ma- 

zarin  &  de  Colbert,  p.  439. 
Eguille  (Forêt  de  1'),  p.   120. 

—  (Rigole  de  1'),  p.   1  160. 
EIMAR,  p.   1425. 

Elbe,  rivière  passant  à  Magdebourg,  assure  aux 
manufactures  un  large  débouché  avec  la  Hol- 
lande, p.  564. 

ELKÈNE,  chambellan  de  Gaston  d'Orléans,  p.  188. 

Elections  capitulaires  ou  municipales  à  Tou- 
louse ;  leur  date  fixe;  cérémonial  observé  à  cette 
occasion,  p.  169;  leur  sincérité;  inquiétudes  à 
leur  sujet  en  1643,  p.  171  ;  supprimées  à  Tou- 
louse en  1644,  p.  20  1  ;  cassées  par  arrêt  du  con- 
seil, p.  242;  suspendues  à  Toulouse,  p.  375; 
leur  mode,  pp.  594,  596;  leur  date  est  changée, 
p.  640.  Voir  Arbkts  du  Conseil  d'Etat,  AriiêiS 
du  Parleir.ent,  Capitouls,  Toulolse. 

—  consulaires,  pp.  9,  23,  24,  35,  53,  76,  80, 
102,  112,  ii3,  ii5,  116,  118,  119,  121,  125, 
907;  frais  d'appel,  p.  24;  règlement  sur  leurs 
formes,  p.  112;  leur  sincérité,  pp.  i57,.  |58; 
supprimées  dans  certains  lieux,  p.  1 58  ;  inter- 
dites, p.  1048;  à  Auterive,  p.  65;  à  Béziers, 
scènes  tumultueuses,  p.  334;  ^  Lauran,  pp.  58, 
59;  à  Montpellier,  p.  1  o3  ;  à  Rabastens,  pp.  67, 
58;  de  Roquemaure,  modifiées,  p.  7. 

—  municipales,  pp.  8,  22,  54,  55,  107,  n3, 
125,  294,  Il  38,  1206,  1207;  rétablies,  p.  53; 
suspendues,  p.  68;  rétablies,  p.  7 1  ;  interdites, 
p.  76;  supprimées,  p.  180;  sous  quelles  influen- 
ces elles  étaient  faites  à  Toulouse,  p.  197;  trou- 
bles à  Uzès  à  leur  occasion,  p.  274;  illégalités 
dénoncées  aux  États,  p.  478;  leur  liberté,  leur 
sincérité,  p.  636;  dans  toutes  les  communes  de 
Languedoc,  p.  IT93;  interdites,  p.  1222;  de 
Carcassonne  cassées,  p.  io5;  d'Esperaza,  p.  64; 
de  Limoux,  pp.  102,  1  o5  ;  de  Saint-Esprit, 
p.  65;  de  Roquemaure,  p.  07. 

—  &  NOMINATIONS  de  consuls,  p.  io52. 

—  projetées  pour  les  États  généraux  en  1648, 
pp.  280,  28  1 . 

—  des  députés  pour  les  États  généraux  de  1789, 
pp.   1373,    i374,    1375,    1376,   1377,    1378. 

ÉLI.SABETH,  reine  d'Angleterre,  pp.   ioi6,  |354. 
ELISABETH,  fille  de  Marie  de  Médicis,  p.  |55. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i5o7 


ELISABETH  DE  BONZI,  femme  du  marquis  de 
Castries,  p.  493. 

ELSE  (d'),  p.  620. 

ELZE  (Baronne  d'),  p.  io36. 

E.MAiL;  sa  fabrication,  p.  2. 

Esuix,  p.  62. 

Embarbas  financiers  du  diocèse  d'AIbi,  p.  940. 

—  financiers  du  diocèse  de  Narbonne,  p.  943. 
EiHBBiN,  pp.   1021,  1025. 

Emeute  à  Montpellier,  pp.  284,  235. 

—  de  revendeuses  de  porc  à  Montpellier,  p.  64. 

—  à  Nîmes,  p.  7. 

—  à  Toulouse,  à  propos  de  la  cherté  des  grains, 
p.  643. 

Emigration,  p.  863. 

—  industrielle  du  Languedoc,  p.  664. 

—  des  ouvriers  des  fabriques  de  draps,  pp.  i327, 
■  328. 

—  des  protestants,  pp.  556,  559,  56g;  ne  peut 
être  arrêtée  par  des  mesures  restrictives,  p.  070. 

Emigrations  causées  par  l'élévation  des  impôts, 
p.  896;  causées  par  la  menace  de  levées  des 
troupes,  p.  937. 

Emigrés  languedociens  réfugiés  dans  le  Brande- 
bourg, en  Suisse,  pp.  364,  565;  vont  en  Angle- 
terre &  jusqu'en  Amérique,  p.  567. 

Emissaire  de  la  reine  d'Angleterre  dans  les  Cé- 
vennes,  p.  33. 

EMMERY,    président   de  l'Assemblée    nationale, 

PP-   '419.  '4^^- 
Emotion  à  Toulouse  au  sujet  de  l'enterrement  de 

plusieurs  galériens,  p.  6  ;  au  sujet  des  monnaies, 

pp.  I,  2. 

Empiiytéotes,  p.  5i. 

Emprunt  de  grains  pour  semailles,  p.  65. 

—  indéfini  à  4  1/2  "/„;  autre  de  1 5, 000, 000  à  5  "/„, 
p.   127. 

—  par  la  Province  contracté  à  Gènes,  p.  44. 

—  fait  par  les  États  pour  le  compte  du  roi,  p.  5o. 

—  de  3,000,000  en  1742,  par  la  Province,  pour  le 
compte  du  roi,  p.  77. 

—  de  5,000,000  par  la  Province,  p.  91. 

—  par  la  Province  pour  le  canal  des  Étangs, 
p.  96. 

—  par  la  Province  pour  l'armement  du  vaisseau  le 
Languedoc f  p.  97. 

—  de  i,5oo,ooo  livres  par  la  Province,  au  profit 
du  Trésor,  p.   i  i3. 

—  de  i,3i6,oi3  livres  par  le  roi  &  les  États,  pour 
les  dépenses  de  l'épizootie,  p.  1  16. 

—  de  3,000,000  de  livres  par  les  États,  p.   1  16. 

—  de  12,000,000  de  livres  par  le  roi  &  les  États, 
pp.   116,    117.  ' 

—  de  8,000,000  de  livres  par  le  roi  &  les  États, 
p.   118. 

—  par  la  Province  pour  les  travaux  d'unç  rouie 
de  poste,  p.   120. 

—  de  9,000,000  de  livres  pour  le  roi  &  la  Pro- 
vince, p.   120. 

—  de  1,000,000  par  U  roi  &  les  États,  p.  126. 


Emprunt  de  3,ooo,ooo_  de  livres  par   les  commis- 
saires du  roi  &  les  Etats,  p.  127. 

—  de  940,000  livres  accordé  par  les  États,  p.  127. 

—  par  les  Etats  pour  travaux  de  routes,  p.   129. 

—  par  le  roi  8c  les  Etats  de  12,000,000  de  livres, 
p.   129. 

—  de   200,000    livres   pour   les   travaux  du   canal 
des  Étangs,  p.  93. 

—  de    1,200,000   livres  à   cause  des   inondations, 
p.    109. 

—  de  3,000,000   de   livres  pour  le  canal   de  Beau- 
caire  &  le  dessèchement  des  marais,  p.   109. 

—  destiné  à  la  réparation  des  graux,  p.  436. 

—  de  17 14;  sa  liquidation,  p.  67. 

—  du  diocèse  d'Alais,  p.  95. 

—  par  le  diocèse  d'AIbi  pour  les  travaux  du  Tarn, 
p.   126. 

—  du  diocèse  de  Béziers  pour  les  travaux  publics, 
p.  95. 

—  du  diocèse  de  Montauban  pour  les  travaux  du 
Tescou,  p.  89. 

—  du  diocèse  de  Saint-Pons  pour  réparation  de 
chemins,  pp.  io5,   loâ. 

—  du  diocèse  de  Toulouse  pour  les  travaux  du 
Girou,  p.  88. 

—  par  le  diocèse  d'Uzès,  p.   107. 

—  par  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  pour  tra- 
vaux de  chemins,  p.   127. 

—  par  la  sénéchaussée  de  Toulouse  pour  construc- 
tion d'un  chemin,  p.   120. 

—  de  la  ville  de  Carcassonne  pour  achat  de  blé, 
p.   io5. 

—  de  5,000  livres  par  le  Vêlai,  pour  la  manufac- 
ture de  soie  fondée  au  Puy,  p.  93. 

Emprunts  faits"  par  la  Province  pour  le  roi, 
pp.   loi,  102. 

—  faits  par  les  États  pour  travaux  de  routes  & 
ponts,  pp.   126,  128. 

—  des  diocèses,  pp.   11 5,  116. 

—  par  différents  diocèses  pour  réparations  ou 
constructions  de  chemins  ou  de  ponts  &  autres 
travaux  publics,  pp.  88,  89,  91,  92,  93,  94,  95, 
96,  97,  98,  99,  100,  101,  106,  107,  114,  120, 
124,  1177. 

—  contractés  par  divers  diocèses  pour  différents 
objets,  p.  II2J  pour  construction  de  forts, 
p.  600. 

—  par  des  diocèses  &  des  sénéchaussées,  pour  tra- 
vaux de  chemins  &  autres  causes,  p.  126. 

—  de  diocèses  au  denier  vingt,  p.  106. 

—  pour  travaux  des  rivières,  p.  101. 

—  par  la  Province  &  par  des  sénéchaussées,  p.  122. 

—  autorisés  pour  des  travaux  de  voirie,  p.   1 149. 

—  pour  la  destruction  des  sauterelles,  p.  973. 

—  contractés  par  les  communes,  p.  io52. 

—  par  des  sénéchaussées,  pour  construction  ou 
entretien  de  chemins,  p.  124. 

iiccablant  le  clergé,  p.  861. 

—  contractés  par  les  villes  en  i65i,  p.  33o. 

—  divers,  pp.  92,  93,  96,  101,  io3,  107,  108,  i  i5, 
119,  123,  I  o65. 


i5o8 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Emprunts  remboursables  par  des  tirages  de  loterie, 
pp.  82,  io3. 

graduels  &  successifs  créés  par  l'édit  de  novem- 
bre 1787,  p.   1.342. 

—  illicites  défendus,  p.   iSoy. 

Émoluments  payés  aux  députés  des  Etats,  p.  89. 

Émotion  populaire  à  Lavaur,  p.  85. 

en  Languedoc  causée  par  les  folies  &'  les  extra- 

iTagances  des  prétendus  inspirés,  p.  609. 

populaire  à  Toulouse    p.  643. 

Empukani,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Encadastbement  de  la  terre  épiscopale  réclamée 
en  Gévaudan,  p.   i385. 

Enchères  des  fonctions  de  maire  perpétuel,  p.  ôSy. 

Enclos,  p.  5ç. 

Encouragements  aux  manufactures,  p.  i336. 

Endajac,  dans  les  Cévennes,  p.  1071. 

Enfants;  leur  nombre  dans  la  Province  en  1698, 
p.  692. 

atteints  de  fanatisme  d'après  la  faculté  de  mé- 
decine de  Montpellier,  p.  733. 

trouvés,  p.   1384;  de  Nimes,  p.   16. 

—  naturels  de  Louis  XIV,  p.  909. 

Enfants  de  Dieu,  nom  que  prenaient  les  insur- 
gés cévenols  commandés  par  Lacoste,  p.  7ÔC. 

nom   que  se  donnaient  des  fanatiques   connus 

du  peuple  sous  le  nom  de  multipliants,  pp.  977, 

978.  979.  985- 
ENGHIEN   (Duc   d'),    prince   de   Condé,    pp.    198, 

224,  373  ;  se  reîid  à  l'armée  de  Catalogne,  p.  25 1. 
Enlkvement  de  familles  d'insoumis,  p.  40. 

—  d'habitants  par  un  détachement  de  troupes, 
p.   37. 

de  trois  cents  personnes  fait  dans  un  seul  jour 

dans  vingt-quatre  paroisses,  pp.  795,  796. 

—  des  boues  à  Toulouse,  p.  6o5. 

de  deniers  dans  la  caisse  :nunicipale  de  Tou- 
louse, raconté  parLafaille,  p.  6o5. 

Enquête  de  1766,  relative  à  la  justice  criminelle 
dans  le  Vivarais  &  le  Gévaudan,  pp.  1195, 
1196,  1197,  1198,  1199,  1200,  1201,  1202, 
12  3. 

—  relative  aux  abus  qui  s'étaient  glissés  dans 
l'administration  du  Gévaudan,  pp.  i3o5,  i3o6, 
1 307. 

En  Ramel,  terroir  sur  la  route  de  Lavaur,  p.  liôS. 
Enregistrement    forcé   de   l'édit  du   second  ving- 
tième par  le  Parlement  de  Toulouse,  p.   127. 

—  parlementaire;  son  insuffisance  à  doter  la 
France  d'un  régime  vraiment  légal,  p.   i3i6. 

Enrôlements  forcés,  p.  5 10. 

Ensablement  du  Rhône,  p.  387. 

Enseignement  gratuit,  p.  80. 

Enterrement  des  protestants,  p.  18;  heures  aux- 
quelles ils  peuvent  être  faits,  réglées  par  le  con- 
seil d'Etat,  p.  .17. 

KNTRAGUES  (d'),  p.    io36. 

BfNTRAGlJES  (Baron  d'),  officier  protestant  au 
service  du  prince  d'Orange,  p.  618. 

Entraigues,   p.  614. 

ENTRAIGUES  (d'),  p.  339. 


ENTRAIGUES  (Marquis  d'),  p.    I  10. 

ENTRAIGUES  (Comte  d'),  député  aux  États  géné- 
raux, p.  i377;  affirme  l'utilité  d'inscrire  en 
tête  de  la  Constitution  la  déclaration  des  droits 
de  l'homme  &  du  citoyen,  p.  1391;  son  discours 
à  propos  d'un  emprunt  de  trente  millions  de- 
mandé par  Necker,  pp.   1393,    1394. 

ENTRAIGUES,  notaire  a  Toulouse,  p.   1223. 

Entre-delx-mers;  efforts  faits  en  1775  pour  em- 
pêcher ce  pays  d'être  envahi  par  l'épizootie, 
p.   1241. 

Entrée  aux  États  de  l'ordre  de  la  noblesse,  réglée 
à   nouveau,  pp.  477,  478. 

ENTREMAUX  (d'),  p.   io35. 

Entreprise  de  carrosses  entre  Toulouse  &  Paris 
proposée,  p.  281. 

Entreprises  agricoles  ou  industrielles,  p.  lofio. 

Entretien  des  églises,  cimetières,  prtsbytères, 
p.  66. 

Entrevue  du  maréchal  de  Villars  8t  de  Cavalier, 
p.  40. 

ÉPERNON  (BERNARD  DE  FAY  DE  LA  VA- 
LETTE, duc  d'),  gouverneur  de  Guienne, 
^  pp.   7.    ^94.   ^'>7- 

Épiceries,  p.  481 . 

—  de  Bordeaux  importées  en  Languedoc,  p.  704* 

—  du  Nord  entrent  par  le  port  de  Cette,  p.  63. 
Épices  des  comptes  d'imposition,  p.  93. 

—  (Tarif  des)  prélevées  par  la  cour  des  comptes  de 
Montpellier,  supérieur  au  tarif  réglé  par  édit 
par  la  cour  des  comptes  de  Paris,  p.  843. 

Épidémie  dans  le  diocèse  d'Albi  en   1693,  p.  698. 

—  dans  le  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1 160. 

—  à  Rouen  en   1694,  p.  721. 
ÉPINAY  (Marquis  d'),  p.   i83. 

Èpiscopat;  soin  pris  par  Richelieu  de  ne  pas  y 
élever  d'hommes  de  haute  naissance,  p.  154. 

languedocien;    joue   un   rôle   considérable  dans 

l'assemblée  de  1645,  p.  253;  texte  des  attaques 
violentes  portées  contre  lui  par  le  Parlement  de 
Toulouse,  p.  307. 

ÉpiïOOTiE  de  1714,  pp.  901,  902,  9o3  ;  en  Camar- 
gue, p.  5o;  mesures  prises  pour  la  combattre, 
pp.  902,  903. 

—  du  Lyonnais  en  1744,   p.   1234;  en  Provence, 

P-  79- 
dans   le  Vivarais,   le  Velai   &   une   partie   du 

Gévaudan,  p.    108  1. 
de  1771  ;  arrêt  du  conseil  d'État  du  3i  janvier 

à  ce  sujet",  p.  1234. 
le  comte  de   Périgord  envoie  des   troupes  pour 

garder   les  passages   de   Gascogne   &  de  Querci, 

p.   1 135. 

—  pp.  III,  1 16  ;  envahit  une  partie  du  Languedoc 
en  novembre  1774;  mesures  prises  pour  arrêter 
les  progrès  du  mal,  p.  1232;  description  de  la 
maladie,  p.  I233;  ligne  défensive  pour  arrêter 
les  progrès  du  mal,  pp.  1  235,  1  236,  1  240,  1241; 
lettre-  de  l'archevêque  de  Toulouse  aux  curés  de 
son  diocèse,  pp.  1236,  1237,  1238;  tentatives 
pour  la  circonscrire  dans  le  triangle  formé  par 
les  Pyrénées,  la  Garonne  &  l'Océan,  p.  1241; 
causes  qui   empêchèrent   la    réussite   de  moyens 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i5og 


préservatif  savamment  combinés;  superstitions 
&  entêtement  des  campagnards,  pp.  1242,  lî^S; 
sa  marche  paraît  arrêtée  au  printemps  de  1773, 
p.  1243;  reprend  avec  intensité;  environs  de 
Toulouse  envahis,  pp.  1244,  1245;  est  à  une 
demi-lieue  d'Auch  ;  envahit  le  diocèse  de  Tou- 
louse, la  Chalosse;  renaît  en  Béarn  &  dans  le 
bas  Armagnac,  p.  1245;  attaque  le  massif  du 
Lauragais  pendant  le  mois  de  juillet  1776;  me- 
nace la  plaine  de  Revel,  les  diocèses  de  Castres, 
de  Saint-Pons  &  jusqu'à  l'Auvergne,  p.  1246; 
immolation  générale  des  animaux  sains  &  atta- 
qués, p.  1247;  ses  nouveaux  progrès,  p.  i25o; 
les  injonctions  du  Parlement,  les  tueries  des 
animaux  n'arrêtent  pas  les  progrès  du  mal, 
p.  12.11;  étranges  caprices  de  l'épidémie  dans  ses 
développements,  p.  1262;  nouveau  cordon  sani- 
taire; autres  mesures  de  précaution,  pp.  1253, 
1264,  1255;  causes  diverses  qui  empêchaient  les 
mesures  ordonnées  d'arrêter  l'épidémie,  pp.  1  256, 
1257;  nouvelles  instructions  pour  combattre  la 
maladie,  pp.  i253,  1259;  entre  dans  sa  période 
décroissante,  p.  i265;  ses  derniers  ravages  ont 
lieu  en  janvier  1776,  p.   1265. 

Efizootie  de  morve,  à  Limoux,  p.  86. 

Équivalent,  pp.  64,  76,  77,  86,  92,  96,  97,  io3, 
io5,  III,  ii3,  114,  119,  125,  126,  127,  266, 
85o. 

—  en  Languedoc,  p.  20. 

—  (Adjudication  de  1'),  p.  74. 

—  (Ferme  de  I'),  pp.  83,  90,  io5. 

—  donné  à  bail,  p.   io5. 

—  les  Etats  rachètent  cet  impôt,  p.  273. 
Érection  du  marquisat  de  Lespinasse,  p.   io5. 
ÉniEU,  rivière  en  Vivarais,  p.  i3o3. 
Ermite  de  Sommières,  p.  797. 

ESCALIER  (d'),  capitaine  de  milice,  p.  738. 
ESCALONNE,   conseiller  au    Parlement    de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1219. 

EscAïQUENS,  pp.  32,  1219. 
EscAMANDRE  (Etang  d'),  p.  83. 
EscATALENS;  on  y  cultive  le  tabac,  p.  6yy, 
Esclassa;?,  en  Vivarais,  p.   1202. 
ESCORBIAC  (d'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.   IZ19. 

ESCOUBLEAU  DE  SOURDIS  (Maison   d'),  p.  5i3. 

ESCOULOUBRE  fM.  d'),  occupe  des  biens  de  l'É- 
glise; admet  l'arbitrage  de  l'évêque  d'AIet  & 
restitue  10,600  livres,  pp.  412,  414. 

ESCOULOUBRE  (Marquis  d') ,  p.  |363;  reçu  à 
l'Académie  des  Jeux-Floraux;  député  aux  Etats 
généraux,  p.   1377. 

EscotSSENS,  p.  85;  armoiries  de  cette  commune, 
p.  686. 

EscuiLHENS,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

EspAG.NE,  pp.  56,  704,  729,  842,  1384,  1404;  sa 
déclaration  de  guerre,  p.  24;  refuse  la  paix, 
p.  279;  alliée  de  la  France  dans  la  guerre  de 
succession  de  la  Pologne,  p.  1037. 

ESPAGNE  (Marquis  d'),  p.   |353. 
EspACNOLETTES  ET   DBOGUETS,   fabriqués  à   Magde- 
bourg  par  des  réfugiés  languedociens,  p.  364. 


Espagnols  se  rendant  en  Guienne,  p.  328;  fré- 
quentent la  foire  de  Beaucaire,  p.  703. 

ESPAIGNE  (Pierre  d'),  capitoul,  chef  du  consis- 
toire à  Toulouse,  pp.  I  o,  1 39,  149,  523  ;  nommé 
député  de  Toulouse  aux  Etats  de  Languedoc  en 
i65i,  p.  327;  ancien  capitoul,  p.  658. 

EspALiON,  pp.   1129,  ii3o,  ii3i. 

ESPÉRANMEU,  conseiller,  p.  283. 

EspÉRAZA,  pp.  37,  63,  64. 

ESPÈRONNAT  (d'),  p.  414. 

ESPÉRONNIER,  habitant  de  Coursan,  p.  893. 

EspÉROu,  montagne,  p.  482,  485,  488,  599,  616, 
648,  740,  798,  8o3,  8o5,  999,  1072,  1405, 
14  10. 

—  (Gorges  de  1'),  p.  424. 
ESPEZEL,  p.   870. 

ESPIC  DE  LIRON,  président  à  la  cour  des  comptes, 

aides  &  finances,  p.  1097. 
ESPIE  (Félix-François),  capitaine  au  tégimeni  de 

Picardie,  p.   1082. 
EspiE  (Comté  d'),  p.   1082. 
ESPINAY  (F),  p.  188. 
ESPINCHAL  DE  MARSIAC  (Anne  d'),    religieuse 

de  Clavas,  p.   1204. 
ESPINCHAL  (Marie),  religieuse  de  Clavas,  p.  1204. 
EspiNOtSE  (Montagnes  de  1'),  pp.  966,   i385. 
Espions  envoyés  dans  les  assemblées  protestantes, 

pp.  1441,  1  142. 

ESPITALET,   p.   90. 

ESPREMÉNIL  (d'),  député  à  l'Assemblée  nationale, 
p.    1422. 

Esprit  d'antagonisme  entre  catholiques  &  protes- 
tants entretenu  par  le  duc  d'Orléans,  p.  285. 

—  d'égalité  devant  l'impôt  généralisé,  p.  io63. 

—  municipal;  sa  dégénérescence,  pp.  635,  636, 
637. 

—  public;  son  développement,  p.  689. 

—  de  tolérance  presque  général  dans  les  cahiers 
de  1789,  p.   |382. 

—  de  violence  contre  Us  protestants  dominant  à 
la  Cour,  p.  534. 

ESQUILLES  (d'),  président  au  Parlement,  p.  3  19. 

ESQUIROL,  négociant  3  Toulouse,  p.   |363. 

ESQUIROLIS  D'AUDRIC,  capitoul,  chef  du  con- 
sistoire à  Toulovise,  pp.  172,  200,  201,  217;  sa 
lutte  contre  le  Piirlement,  p.  197. 

Essais  de  culture  du  coton  en  Languedoc,  p.  1069. 

ESTABLES  (d'),  p.  620. 

ESTAGEL,   pp.   98,    II78. 

ESTAIRES  (d'),  maréchal  de  camp,  p.  885. 
ESTANG  (de  1'),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  243. 

ESTAING  (comte  d'),  doit  faire  partie  de  l'assem- 
blée des  notables  de  1786,  p.   |335. 

Estelle,  de  Florian,  présentée  aux  Etats  de  Lan- 
guedoc par  l'archevêque  de  Narbonne,  p.  1372. 

ESTÈVE  (Jean),  maître  menuisier,  p.  ii5o. 
ESTEVENEL  (d'),  de  Limoux,  p.   1207. 
ESTOUBLON  (Abbé  d'),  p.   io23. 
Estrade,  village,  p.  482. 


lOIO 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ESTRADE,  négociant  à  Toulouse,  p.   i363. 
ESTRÉE  (G,ibïielle  d'),  p.  479. 
Etables,  en  Viv.arais,  p.   1202. 
Établissement  des  litières,  p.   17. 

—  d'un  cours  de  théologie  à  Castelnaiidary,  p.  62. 

—  d'un  présidi»!  à  Mende  réclamé,  p.    i3.^3. 

—  de  tours  pour  les  enfants  trouvés,  demandé, 
p.   13^4. 

Établisseme.xts  hospitaliers  en  Languedoc;  leur 
bonne  administration  en   1698,  p.  6ç5. 

Etamines  du  Gévaudan,  p.  64. 

Etang  de  Marseillctte,  p.  106;  son  dessèchement, 
p.  104;  diverses  phases  de  son  dessèchement, 
pp.   1 169,   I  160,  1 161. 

^  de  Pérols,  p.  73. 

—  de  Thau,  p.  7.5. 

Etangs  ou  GpAtx,  défenses  naturelles  des  côtes  de 
Languedoc,  p.  691 . 

—  concédés  sur  le?  bords  du  canal  projeté  de 
Beaucaire  à  Agde,  p.  385. 

—  projet  de  les  réunir  au  port  de  Cette,  p.  463. 
Etape;  transaction  entre  la  Province  &  Toulouse, 

p,  5  ;  tarif  arrêté  par  les  Etats,  p.  164  ;  mal  or- 
ganisée n'empêclie  pas  les  vexations,  pp.  164, 
i65;  la  ville  de  Toulouse  est  contrainte  à  la 
payer  malgré  ses  prétendus  privilèges,  p.  212. 

—  (Chemins  de  l'j,  p.   1  178. 

Etapes,  pp.  i,  3,  11,  i5,  44,  45,  70,  71,  1 10,  240, 
354,  663. 

—  (Bail  des),  p.  84. 

—  (Fourniture  des),  pp.  88,  92. 

—  (Fraudes  commises  dans  le  service  des),  p.  275. 

—  (Frais  d'),  remboursés  aux  Etats,  p.  5i. 
Etapiers,  p.  209. 

Etat-civil  des  nouveaux  convertis,  pp.  1120, 
1121,    Il  22,    I  I 23. 

—  des  protestants  de  Languedoc,  pp.    1  108,  1  109, 

IIIO,   Mil,   1119,   1120,   1121,   II22,   II23, 

1343,    i356. 

Etat-major  des  places  en  Languedoc;  dépense 
totale  des  traitements  en   1776,  p.   1279. 

Etats  généraux  de  France;  idée  de  leur  convoca- 
tion en  1648,  dès  que  les  parlementaires  veulent 
gouverner  l'Etat,  pp.  272,  273;  convoqués  en 
1648,  p.  278  ;  leur  convocation  doit  être  annon- 
cée publiquement  par  lei  sénéchaux,  p.  279; 
difficultés  d'exécution  dans  les  préparatifs  des 
élections  des  députés,  p.  280;  de  1648,  rôle  res- 
treint qu'on  prévoit  pour  eux,  p.  282;  con- 
voqués pour  le  28  septembre  i65i,  p.  3o5;  leur 
convocation  à  Orléans  pour  le  16  mars  164^, 
p.  6;  d'Orléans,  p.  3 10;  de  Tours,  pp.  Szo, 
322;  recherches  sur  le  mode  de,  leur  convoca- 
tion, ordonnées  par  le  conseil  d'Etat  le  5  juillet 
1788,  p.  128;  demandés  par  le  parlement  de 
Paris,  p.  1348;  promis  par  le  roi  pour  1791  au 
plus  tard,  p.  1344;  réclamés,  pp.  931,  i356;  ré- 
clamés par  le  clergé  de  Toulouse,  pp.  i3;)6,  i  357; 
devraient  être  périodiques,  p.  i38i;  annoncés 
officiellement  pour  le  r'mai  1789,  p.  i359;  leur 
prochaine,  réunion  cause  une  certaine  fermen- 
tation, p.  i36o;  composition  de  la  députation 
de    la   Province  de  Languedoc,  pp.   1376,  1377, 


1378;  le  pays  attend  d'eux  sa  régénération, 
p.  i338;  leur  réunion,  p.  i388;  séance  du  Jeu 
de  Paume;  le  seul  opposant  aux  résolutions  qui 
y  sont  arrêtées  est  un  député  languedocien  5 
quelques  faits  épisodiques  sur  des  députés  de  la 
Province,  pp.  1389,  1390;  se  forment  en  Assem- 
blée nationale,  p.  1389. 
Etats  de  la  Province;  org.misation  annuelle  de 
leur  députation  à  la  Cour,  p.  i34;  demandent 
la  suppression  de  l'édit  de  Béziers  &  des  inten- 
dants, pp.  i52,  1  53  ;  émanent  du  pouvoir  royal 
&  non  du  pays,  p.  164;  leur  composition  ne 
permet  pas  à  tous  les  intérêts  d'y  être  représentés 
effectivement,  p.  i55;  lacunes  Sans  les  repré- 
sentations du  tiers  état;  nombre  de  villes  &  de 
communes  qui  envoyaient  des  députés,  p.  |5"); 
villes  jouissant  des  places  fixes;  roulem.ent  des 
places  mobiles,  p.  1  56  ;  défaut  de  proportion  81 
d'harmonie  dans  le  choix  des  lieux  représenta- 
tifs, pp.  |56,  167;  détails  sur  la  séance  d'ou- 
verture, pp.  159,  160;  session  de  1643,  p.  2  ; 
dès  l'ouverture  de  cette  session,  l'intendant 
parle  de  la  paix  &.  de  «  l'espérance  permise  de 
ne  plus  voir  qu'une  seule  &  véritable  religion,  » 
p.  161  ;  la  portion  du  pouvoir  exécutif  qui  leur 
appartient  est  déléguée  à  une  commission,  mais 
est  exercée  en  réalité  par  les  syndics  généraux, 
p.  167;  l'édit  de  Béziers  leur  ayant  enlevé  le 
droit  de  voter  les  impositions,  ne  peuvent  plus 
qu'enregistrer  les  commissions  royales;  font 
dresser  un  inventaire  des  archives  de  la  Pro- 
vince, p.  168;  service  funèbre  qu'ils  font  célé- 
brer pour  Louis  XIII,  p.  178;  se  plaignent  du 
droit  de  confirmation  taxé  aux  teinturiers  & 
autres  artisans  de  Montpellier,  p.  208;  du 
17  janvier  au  23  mars  1645,  p.  3;  délibération 
contre  les  donneurs  de  faux  certificats  d'étape, 
p.  3  ;  Schomberg  y  remplit  les  fonctions  de  pre- 
mier commissaire  du  roi,  p.  209;  votent  diffé- 
rentes gratifications  aux  favoris  de  Gaston; 
refusent  le  quartier  d'hiver,  l'entretien  de  diver- 
ses garnisons  &  des  secours  pour  les  travaux  du 
port  d'Agde,  pp.  212,  2i3;  résistent  aussi  à 
Gaston  d'Orléans,  au  sujet  d'une  prétendue  va- 
cance d'une  charge  de  syndic  g'iéral,  p.  214; 
accusés  par  Schomberg  d'avoir  ca  isi  les  troubles 
de  Montpellier,  p.  238;  menaces  de  représailles} 
résultats  des  campagnes  à  l'extérieur;  justifica- 
tion des  quartiers  d'hiver;  réponse  de  l'arche- 
vêque de  Narbonne;  vigueur  de  son  lang.ige, 
p.  239;  instance  des  commissaires  pour  obtenir 
des  subsides;  refus  des  Etats  prétextant  les 
charges  imposées  à  la  Province  par  la  guerre  de 
Catalogne,  p.  240;  de  novembre  1645  au  9  mars 
1646,  p.  3;  session  du  3  avril  1647,  p.  4;  font 
complimenter  le  prince  de  Condé,  p.  201;  pa- 
roles sévères  du  maréchal  du  Plessis  au  sujet  de 
la  résistance  faite  par  les  deux  dernières  assem- 
blées, p.  261;  discours  de  M.  d'Argenson  ;  ré- 
ponse de  M.  de  Rebé,  p.  262;  votent  trois 
millions  au  lieu  de  neuf  demandés;  point  de 
discipline  intérieure  réglé,  p.  263;  leur  déli- 
bération au  sujet  des  dispenses  abusives  accor- 
dées aux  quêteurs  de  l'ordre  de  la  Merci;  arènes 
de  Nimes;  pont  du  Gard,  p.  264;  session  du 
|3  février  au  28  mai  IÛ48;  délibèrent  que  les 
protestants  ne  pourront  entrer  aux  assemblées 
d'assiette,  p.  5;  affaire  de  l'équivalent;  sommes 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i5ii 


payées  au    roi;    sommes  données  au   duc   d'Or- 
léans, p.  273;    la    députation    à    Paris    ne    peut 
obtenir  )iistice  d'une  tentative  d'assassinat  con- 
tre  un  de  ses  membres,  p.  274;   leurs  vœux  au 
sujet  de  différents  désordres;  décident  de  ne  plus 
obéir  aux   injonctions  des  lettres  de  cachet  ob- 
tenues   pour    arriver    aux    charges    consulaires; 
leur    anathème    contre    les    corruptions    qu'on 
disait  s'être    produites   dans    leur  sem,  p.  273; 
autres  dispositions   intérieures,  p.  276;   session 
du  i<î' juin   1649,  p.  6;   protestent  contre    l'in- 
terprétation   donnée  à   la    Cour  du    sermon    de 
l'évéque  du  Puy,  p.  286;   reçoivent  les  plaintes 
des    archevêques   de    Narbonne    &    de   Toulouse 
contre  l'abbé  de  la  Rivière  &  protestent,  p.  287; 
leur    députation    au    Parlement    de    Toulouse, 
pp.  288,  289;  reçoivent  une  ambassade  du  Par- 
lement de  Toulouse,  p.  290;   obtiennent  la    ré- 
vocation de  l'édit  de  Béziers;  négociations  déli- 
cates   qui     la    précèdent,    pp.    291,    292;    leur 
émotion  à  la  suite  de  menaces  proférées  par  un 
soldat  contre  un  syndic  général,  p.  292;  session 
du  24  octobre  i65o,  pp.  7;  323;  votent  une  gra- 
tification à  M.  de  %'edelly,  qui  avait  parcouru 
plusieurs  diocèses  comme  commissaire;   défèrent 
à   l'archevêque   de   Narbonne  une  sorte  de   dic- 
tature, p.   3oo;   sont  vivement  attaqués   par  le 
Parlement    de  'Toulouse,   p.  3cm  ;    réclamations 
du  clergé   &  de   la  noblesse   contre   leur  organi- 
sation ,     p.    3c5;    querelles    du    Parlement   aux 
Etats,  pp.  3o5  à  3i3;  trêve  avec  le  Parlement, 
p.  3i4  ;  session  du  3  1  juillet  16.')  1  au    10  janvier 
16.52;  protestent,  le  \"  septembre  i65i,  contre 
les    actes    du     Parlement    de    Toulouse,     p.    85 
discours  de  l'archevêque  de  Narbonne  contre  le 
Parlement    de  Toulouse,   p.  322;    reconnaissent 
la   majorité   du   roi;    sont   informés  des  menées 
du   prince  de  Condé,  p.  323;    impuissants  dans 
leur  lutte  contre   le   Parlement,   ils   demandent 
une  trêve;   les  commissaires-présidents   refusent 
leur  médiaiior»,  les  Etats  tentent  une  démarche 
directe  vis-à-vis    du    Parlement,    p.    325;    leur 
réclamation  contre  les  tentatives  de  restauration 
féodale;    continuation    des    pourparlers   avec    le 
Parlement,  p.  328;  sont  prêts  à  interdire  l'im- 
position, p.  329;   leur  paix  avec   le    Parlement, 
p.   321;   du    17   mars    au    2    juin    i653,   p.    10; 
font  célébrer  un  service  funèbre  pour  le  premier 
président  Bertier  de  Montrabe,   p.  348;    reçoi- 
vent la  plainte  du   syndic  Joubert    relativement 
aux  brigandages  commis  en  Gévaudan,  p.  35o; 
renoncent  à  bénéficier  de  l'amende  que  la  Pro- 
vince avait  à  recevoir  par  suite  de  la  punition  des 
coupables  de  Gévaudan,  p.  3ji  ;  du  16  décembre 
1653  au  3i    mars    16.54,   P-  '  '  »    so"'   émus   des 
actes  de  corruption   reprochés  à  des  membres  de 
cette   assemblée,  pp.   358,  359;   ^"    7    décembre 
|6")4   au    14   mai    |655,   p.   1  1  ;   du   4  novembre 
i655  au  22  février  i656,  p.  36i  ;  l'envoi  de  leur 
députation    au    Parlement   indispose    Mazarin  , 
p.   365;    du    28    août    i656    au    1"    juin     1667; 
du   8  octobre    1667  au  22   février    i658,   p.   1 3  ; 
du  17  octobre  i65i  au  23  mars  1659,  p.   14;  sa 
députation   au    roi,  p.   14;    du    i'''  octobre  1659 
au  7  décembre,  p.  14;  se  réunissent  au  réfectoire 
des  Augusiins,  p.  367;  sont  reçus  par  Louis  XIV 
à  Toulouse,  p.  369;  pression  qu'ils  subissent  en 
matière  fiscale,  p.   378;   présentent  l'octroi   au 


roi  en  personne,  p.  379;  leur  opposition  à  la 
construction  du  canal  de  Beaucaire;  motifs 
puérils  invoqués  pour  arrêter  l'exécution  des 
tr.ivaux,  pp.  386,  387;  interdisent  l'entrée  de 
l'assemblée  des  trois  ordres  à  quiconque  aura 
favorisé  l'établissement  du  canal  de  Beaucaire, 
p.  337;  éloge  de  Mazarin  par  François  Fouquet, 
archevêque  de  Narbonne,  p.  391  ;  du  24  janvier 
au  10  avril  1661,  p.  |5;  du  3  janvier  1662  au 
3  février,  p.  16;  du  6  décembre  i663  au  6  fé- 
vrier 1664,  p.  19;  du  4  décembre  1664  au 
i3  février  i665,  p.  20;  détails  sur  la  session  de 
1664,  présidée  par  M.  de  Bourlemont;  son  an- 
tagonisme avec  l'évéque  d'Albi  &  l'évéque  de 
Viviers;  affaire  du  don  gratuit,  pp.  43o,  43i, 
4>2;  tumulte  de  la  fin  de  la  séance  du  3o  dé- 
cembre; réconciliation  de  l'archevêque  de  Tou- 
louse &  de  l'évéque  d'Albi,  p.  433;  continua- 
tion de  l'opposition  formulée  par  M.  du  Lude, 
pp.  434,  435;  lutte  entre  les  deux  évêques, 
p.  43'>;  clôture  hâtive  de  la  session,  pp.  436, 
437;  à  propos  du  projet  du  canal  de  Languedoc, 
il  est  rappelé  qu'en  octobre  1  539  les  Etats  s'oc- 
cupèrent d'un  commencement  d'enquête  pour  un 
projet  de  canal  entre  Toulouse  &  Narbonne, 
p.  453;  ont  refusé,  en  1618,  les  propositions 
d'un  entrepreneur  qui  demandait  de  faire,  à 
ses  frais,  un  canal  en  Lauragais,  p.  454;  sem- 
blent ne  voir  dans  le  projet  de  canal  de  Lan- 
guedoc qu'une  entreprise  particulière;  noms  des 
délégués  nommés  pour  vérifier  le  projet,  p.  459; 
malgré  la  réussite  de  la  rigole  d'essai,  ils  restent 
indifférents  à  la  création  du  canal,  p.  463;  re- 
fusent de  contribuer  <(  de  présent  ni  à  l'avenir  » 
à  la  dépense  occasionnée  par  la  création  du 
canal  de  Languedoc  &  du  port  de  Cette,  p.  464; 
du  23  novembre  i665  au  27  février  1666,  p.  20; 
du  29  novembre  1666  au  7  mars  1667,  p.  21  j 
du  5  décembre  1667  au  24  février  1668,  p.  21; 
ouverts  par  le  duc  de  Verneuil;  réglementent 
l'entrée  de  la  noblesse  aux  Etats,  p.  477;  ap- 
puient la  demande  des  collecteurs  de  tailles  pour 
forcer  à  payer  les  gens  de  main-forte  ;  on  propose 
durant  cette  session  d'interdire  aux  protestants 
l'accès  de  toutes  les  charges  qui  touchent  aux 
deniers  du  roi,  p.  478;  leur  opposition  contre 
l'établissement  d'un  pont  de  bateaux  sur  le 
Rhône,  basée  sur  un  dommage  possible  au  com- 
merce de  Languedoc  &  à  la  foire  de  Beaucaire; 
votes  de  plusieurs  sommes  pour  services  rendus 
par  des  catholiques  &  différentes  gratifications, 
p.  479;  sont  toujours  inquiets  du  maintien  de 
leurs  prérogatives,  p.  481;  du  11  février  1669 
au  i3  avril  1670,  p.  22;  prêtent  leur  crédit 
pour  un  emprunt  de  700000  livres,  p.  22;  du 
6  décembre  1699  au  3o  janvier  1670,  p.  22;  du 
27  novembre  1670  au  ïo  février  1671  5  du 
9  décembre  1671  au  1"  février  1672,  p.  23; 
la  formule  de  serment  est  mise  en  rapport  avec 
les  maximes  de  la  monarchie,  p.  496;  habitudes 
de  négociations  mystérieuses  introduites,  p.  497; 
du  I  5  novembre  1672  au  22  février  1673,  p.  23  ; 
grâce  à  l'intendant  d'Aguesseau,  ils  exercent 
une  influence  salutaire  sur  le  travail  &  le  né- 
goce des  Languedociens,  p.  5o2;  du  16  novem- 
bre 1673  au  20  janvier  1  '174,  p.  24;  du  |5  no- 
vembre 1674  au  16  février  1670,  p.  24;  font 
célébrer  un   service  funèbre  pour  François  Fou- 


lai; 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


quel,  p.  5o9j  du  14  novembre  1675  au  8  février 
1676,  p.  24;  addition  au  règlement,  p.  24;  du 
23  novembre  1676  au  8  février  1677,  p.  26; 
votent  les  fonds  pour  la  création  d'un  régiment 
de  dragons,  p.  Siij  du  17  novembre  1677  au 
iS  janvier  1678,  p.  26  j  du  17  novembre  1678 
au    19   janvier    1679,   p.    25;    du    27   novembre 

1679  au   |5  janvier  1680,  p.  23;  du  7  novembre 

1680  au   22   décembre,  p.  26;    du    20    novembre 

1681  au  19  janvier  1682,  p.  26;  votent,  le 
12  décembre  1682,  soixante  mille  livres  au  cha- 
pitre des  gratifications  pour  le  duc  du  Maine, 
p.  021  ;  du  7  octobre  au  2.3  novembre  i683, 
p.  27;  l'archevêque  de  Toulouse  félicite  le  roi 
des  dernières  mesures  religieuses  prises,  p.  539; 
du  25  octobre  au  10  décembre  i635,  p.  29; 
nouveaux  règlements  les  concernant,  p.  29; 
trouvent  dans  l'édit  de  Fontainebleau  la  réali- 
sation de  leurs  vœux  les  plus  chers,  p.  5^7; 
reçoivent  une  lettre  du  roi  au  sujet  de  l'érec- 
tion de  sa  statue  équestre,  p.  5')Ç;  du  17  octobre 
au  2  décembre  1686,  p.  29;  da  29  octobre  au 
Il  décembre  1687,  p.  3o;  du  25  octobre  au 
1  I  décembre  1688,  p.  3o;  se  réunissent  en  1689, 
au  moment  de  la  guerre  contre  la  Hollande, 
p.  607;  du  7  novembre  au  17  décembre  1687, 
p.  3oj  du  25  octobre  au  16  décembre  1690; 
du  29  octobre  au  i5  décembre  1691,  p.  3 1  ;  du 
20  novembre  1692  au  16  janvier  1693,  p.  3|  ; 
du  19  novembre  1693  au  22  janvier  1694,  p.  3i  ; 
augmentation  d'un  membre  de  l'ordre  du  clergé 
&  d'un  membre  de  la  noblesse,  p.  65 1  j  le  tiers 
état  est  augmenté  d'un  siège  j  réception  des  trois 
nouveaux  titulaires,  p.  652;  cherchent  à  remé- 
dier aux  inconvénients  occasionnés  par  les 
passages  de  troupes,  p.  663;  votent  le  don  gra- 
tuit &  proposent  l'impôt  de  capitation,  p.  664; 
votent  le  payement  de  l'impôt  des  armoiries, 
p.  680,  du  25  novembre  1694  au  19  janvier 
1695,  p.  32;  du  19  octobre  1595  au  24  décem- 
bre, p.  32;  du  i5  novembre  1696  au  22  jan- 
vier 1697,  p.  33;  du  20  novembre  1697  au  27 
janvier  169^,  p.  33;  vice  de  la  représentation 
par  suite  de  l'inégalité  de  la  population  des 
diocèses,  p.  692;  du  20  novembre  1698  au 
10  janvier  1699,  p.  34;  du  18  novembre  1699 
au  23  janvier  1700,  p.  34;  du  25  novembre 
1700  au  10  janvier  1701,  p.  35;  assistent  à  la 
communion  en  viatique  administrée  a  u  cardinal 
de  Bonzi,  p.  719;  du  3r  août  1701  au  24  oc- 
tobre, pp.  35,  744  ;  accordent  la  levée  d'un 
régiment  de  dragons  &  de  trente-trois  compa- 
gnies de  fusiliers,  p.  761  ;  du  9  novembre  1702 
au  i5  janvier  1703,  tenus  à  Carcassonne,  pp.  37, 
734;  du  28  novembre  1703  au  8  janvier  1704, 
p.  39;  célèbrent,  le  17  janvier  1704,  le  service 
funèbre  du  cardinal  de  Bonzi  dans  la  cathé- 
drale de  Montpellier,  p.  849;  rachètent  l'impôt 
sur  la  viande  de  boucherie,  p.  85o;  demandent 
le  renouvellement  des  prohibitions  des  vins  de 
Vivarais  &  l'exiension  de  ces  prohibitions  aux 
vins  du  comtat  Venaissin  &  de  la  principauté 
d'Orange,  p.  85  1  ;  les  gratifications  qu'ils  accor- 
dent aux  envoyés  de  la  noblesse  deviennent  une 
source  d'abus;  mesures  de  repression  prises  à  la 
suite  d'un  éclat  qui  eut  lieu  a-propos  du  titu- 
laire mineur  de  la  baronnie  de  Mirepoix, 
pp.  852,  853;  du  4  décembre  1704  au  19  février 


1705,  p.  41  ;  du   10  novembre   1705  au  8  février 

1706,  p.  42;  acceptent  de  payer  quatre  compa- 
gnies levées  pour  la  garde  de  In  frontière,  p.  863j 
demandent  au  roi  d'abandonner  le  droit  d'au- 
baine en  faveur  de  la  Province,  p.  864;  du 
25  novembre  1706  au  24  janvier  1707,  p.  43; 
leur  délibération  au  sujet  de  l'achat  du  ch&teau 
de  Ferrières  &  des  garnisons  dans  la  Province, 
p.  868;  du  24  novembre  1707  au  24  janvier 
1708,  p.  45;  avancent  des  fonds  pour  les  forti- 
fications du  Pont-Saint-Esprit,  p.  870;  le  comte 
de  MérinvilleSt  Samuel  Bernard  se  disputent 
l'entrée  aux  Etats  comme  barons  de  Rieux, 
pp.  873,  874;  adoptent  le  plan  de  VHistoire 
générale  Je  Languedoc,   p.  875;  du    22  novembre 

1708  au  5  février  1709,  p.  47  ;  sollicitent  une 
remise  sur  les  impositions  de  1710  &  plusieurs 
autres  mesures,  p.  876;  du  21  novembre  1709  au 
25  janvier  1710,  p.  48  ;  du  27  novembre  1710  au 
27  janvier  171  i,  p.  48;  s'occupent  du  conflit 
élevé  à  l'occasion  de  la  mort  du  trésorier  de  la 
bourse  &  de  la  canalisation  d'un  bras  du  Rhône, 
pp.  892,  893;  du  26  novembre  1711  au  3i  jan- 
vier 1712,  p.  49;  honneurs  funèbres  du  dau- 
phin, p.  894;  font  célébrer,  à  leurs  frais,  douze 
cents  messes  après  la  mort  du  dauphin,  p.  895; 
du  24  novembre  1712  au  25  janvier  I7i3,  p.  49; 
du  9  novembre  1713  au  i  1  janvier  1714,  p.  5o; 
accordent  mille  livres  de  gratification  &  une 
médaille  d'or  à  l'auteur  d'une  carte  du  golfe  de 
Lion,  p.  896;  leur  décision  au  sujet  de  la  re- 
présentation du  Vêlai,  p  898;  du  25  octobre 
au  17  décembre  1714,  p.  5o;  remercient  le  pré- 
sident, le  commandant  en  chef  &  l'intendant 
d'avoir  procuré  la  fin  de  l'occupation  militaire 
de  la  Province;  s'occupent  de  la  statue  équestre 
de  Louis  XIV,  dont  l'érection  avait  été  votée 
après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  p.  904; 
du  12  décembre  1715  au  12  février  1716,  p.  5i  ; 
deviennent  vraiment  utiles  dès  que  les  inten- 
dants en  ont  fait  un  organisme  intérieur  d'ad- 
ministration, p.  9i5;  examen  critique  de  leurs 
travaux,  p.  916;  du  10  décembre  1716  au  r3  fé- 
vrier 1717,  p.  52;  font  de  telles  libéralités  pour 
le  don  gratuit  que  l'intendant  sollicite  pour 
eux  quelque  diminution,  p.  921  ;  du  9  décembre 

1717  au   |5  février  1718,  p.  Si;  du   i5  décembre 

1718  au  18  février  1719,  p.  54;  reçoivent  du 
régent  une  communication  les  informant  de 
l'arrestation  du  duc  du  Maine,  pp.  924,  025; 
continuent  leur  session  après  l'arrestation  du 
duc  du  Maine,  p.  93o;  du  14  décembre  1719  au 
7  février  1720,  p.  55;  reçoivent  communication 
de  la  déclaration  de  guerre  à  l'Espagne;  levée 
des  troupes  &  des  milices,  p.  936;  leurs  récla- 
mations au  sujet  des  charges  que  les  armements 
imposaient  à  la  Province,  pp.  937,  938;  con- 
cluent un  arrangement  avec  un  banquier  d'Albi 
pour  l'établissement  d'une  manufacture  de  toiles 
s  la  façon  de  Rouen,  pp.  941,  942,  943;  accor- 
dent des  secours  pour  acheter  des  plants  d'oli- 
viers à  distribuer  dans  le  Narbonnais,  p.  943; 
leurs  plaintes  au  régent  à  propos  du  cours 
forcé,  p.  945;  du  3o  janvier  au  i3  mars  1721, 
p.  55;  règlent  les  questions  de  dépense  des  corps 
de  garde  établis  pour  préserver  la  Province  de 
l'invasion  de  !a  peste,  p.  950;  accordent  une 
gratification  au  personnel  occupé  à  la  garde  de 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i5i3 


la  frontière,  p.  902;  confirment  l'exclusion  de 
tous  officiers  royaux  de  leurs  assemblées,  p.  55; 
ont  à  s'occuper,  en  1721,  de  l'application  de  la 
coutume  de  Paris  à  certains  fiefs,  p.  962;  ins- 
crivent dans  le  cahier  des  réclamations  un 
article  pour  que  la  ville  de  Beaiicaire  reste  sous 
l'autorité  royale,  p.  955j  préoccupation  causée 
par  la  peste  de  Provence,  p.  960;  leur  interven- 
tion au  sujet  du  transport  de  minerai  de  fer 
par  le  chemin  de  Cavalères,  p.  980;  du  8  jan- 
vier 1722  au  19  mars,  p.  56;  s'occupent  dans 
cette  session  du  préjudice  porté  au  commerce  par 
l'établissement  des  cordons  sanitaires  &  cher- 
chent des  remèdes  pour  les  animaiiX  pestiférés, 
p,  9'>3  j  réclament  contre  l'édit  de  janvier  1722, 
établissant  un  droit  sur  les  soies  étrangères  & 
sur  les  soies  indigènes;  font  leurs  efforts  pour 
empêcher  la  création  d'une  université  en  Béarn, 
p.  970;  du  14  janvier  au  3  mars  1723,  p.  57; 
traitent  le  rachat  d'offices  municipaux  nouvel- 
lement créés,  pp.  982,  983  ;  ont  à  s'occuper  d'un 
échange  de  territoire  entre  le  roi  &  le  duc 
d'Uzès,  pp.  987,  98J,  989,  990;  du  16  décembre 
1723  au  21  février  1724,  p.  58;  s'occupent  de 
la  confection  de  cartes  géographiques,  p.  996; 
du  règlement  des  assemblées  d'assieite,  pp.  997, 
998;  du  16  décembre  1724  au  7  février  1723, 
p.  59;  du  10  janvier  au  2  mars  1726,  p.  60;  du 
16  janvier  au  3  mars  1727,  p.  61;  s'occupent 
des  réparations  à  faire  au  canal  de  Languedoc, 
p.  1009;  conservent  la  direction  des  travaux 
des  chemins,  ponts  &  chaussées,  p.  61  ;  le  droit 
de  committimus  &  d'évocation  générale  leur  est 
maintenu,  p.  6  1  ;  du  11  décembre  1  727  au  3  fé- 
vrier 1728,  p.  62;  leur  gestion  attaquée  par  les 
rentiers  de  la  Province,  p.  101  r  ;  du  16  décem- 
bre 1728  au  3  février  1729,  p.  63;  du  20  octobre 

1729  au   14  décembre,    p.    64;    du    14   décembre 

1730  au  3  février  i73i,  p.  65;  font  délivrer  du 
blé  au  Gévaudan,  p.  1012;  s'occupent  de  la  dé- 
limitation des  frontières  du  côté  de  Rouergue, 
p,  I  028  ;  augmentent  d'un  médecin  les  agents  de 
la  Province,  pp.  1028,  1029;  s'occupent  de  dif- 
férents projets  intéressant  le  public;  p.  1029; 
du  17  janvier  au  3  mars  i73î,  p.  66  ;  les  diocèses 
d'Alet  &  de  Liinoux  y  envoient  annuellement 
un  député,  p.  65;  délèguent  l'archevêque  de 
Narbonne  pour  tenir  sur  les  fonts  de  baptême, 
au  nom  de  la  Province,  un  petit-fils  de  M.  de 
Bernage,  intendant  de  Languedoc,  p.  io35;  du 
27  novembre  1732  au  8  janvier  1733,  p.  66  j 
du  17  décembre  1733  au  6  février  1734,  p.  67; 
protestent  contre  la  levée  du  dixième  faite  sans 
leur  autorisation  &  demandent  l'abonnement, 
pp.  1039,  1040,  1041;  vérifient,  durant  chaque 
session,  les  impositions  &  les  dettes  diocésaines 
&  municipales;  mais,  par  suite  d'abus,  les  com- 
missions qui  en  sont  chargées  ne  fonctionnent 
plus,  pp.  1043,  1044;  font  un  règlement  sur 
l'établissement  des  subventions,  p.  68;  du  16 
décembre  1734  au  7  février  1735,  p.  63  ;  deman- 
dent la  noblesse  pour  le  fils  du  sieur  Pailhoux, 
p.  1049;  du  i5  décembre  1735  au  3  février  I73^, 
p.  69;  la  députation  est  déférée  aux  soumission- 
naires d'offices,  p.  70;  du  i3  décembre  1736  au 
4  février  1737,  p.  70;  du  24  octobre  au  5  dé- 
cembre 1737,  p.  71;  du  11  décembre  1738  au 
3  février  1739,  p.  72;  travaux  utiles  qu'ils  font 


exécuter  dans  la  Province;  supériorité  des  résul- 
tats obtenus  par  les  Etats  sur  ceux  des  pays  d'é- 
lection, p.  1060;  font  étudier  les  réclamations 
des  riverains  du  canal  de  Languedoc,  p.  io6ij 
accordent  quarante  mille  livres  pour  le  trans- 
fert de  l'évêché  dans  la  ville  basse,  à  Carcas- 
sonne,  p.  1062;  du  17  décembre  1739  au  i''  fé- 
vrier 1740,  p.  74;  du  i5  décembre  1740  au 
6  février  1741,  p.  75;  du  14  décembre  1741 
au  8  février  1742,  p.  76;  du  20  décembre 
1742  au  1'''  février  1743,  p.  77;  vides  sur  les 
brincs  supérieurs,  p.  1064;  épisode  relatif  à  la 
représentation  de  la  ville  de  Toulouse;  don 
gratuit,  capitation;  emprunt  consenti  par  la 
Province,  p.  io65;  s'occupent  des  rizières  du 
Dauphiné,  p.  io56;   du   3i    décembre    1743  au 

5  février  1744,  p.  78;  le  roi  demande  à  la 
Province  l'organisation  d'un  régiment  de  dra- 
gons; résistance  des  Etats;  insistance  &  exi- 
gences de  la  Cour,  pp.  1067,  1068;  envoient 
des  réclamations  à  Versailles;  signalent  les 
charges  écrasantes  qui  ruinent  les  finances; 
contractent  deux  emprunts,  pp.  78,  1068  ;  dési- 
gnent les  officiers  supérieurs  aui  doivent  com- 
mander le  régiment  de  dragons;  autorisent  l'es- 
sai de  la  culture  du  coton  près  de  Castres, 
p.  1069;  du  19  novembre  1744  au  2  janvier 
1745,  p.  79;  du  20  janvier  1746  au  2  mars, 
p.  81  ;  leur  règlement  pour  l'entretien  des  che- 
mins, p.  81;  du  24  novembre  1746  au  2  jan- 
vier 1747,  p.  82;  font  étudier  les  ravages  de 
l'épizootie  par  un  médecin  de  la  faculté  de 
Montpellier,  p.  1081  ;  du  23  novembre  1747  au 
i3  janvier  1748,  p.  83;  du  21  novembre  1748 
au  4  janvier  1749,  p.  84;  reçoivent  communi- 
cation d'un  projet  de  canalisation  de  la  Vère  & 
de  l'établissement  d'un  canal  latéral  au  Tarn  ; 
y  acquiescent,  p.  1088;  votent  5oo,ooo  livres 
pour  la  construction  du  chemin  d'Auvergne, 
p.  84;  du  29  janvier  au  17  février  1  75o,  p.  85  ; 
ne  veulent  accorder  ni  le  don  gratuit  ni  la  ca- 
pitation avant  de  rég'er  la  question  de  l'impôt 
du  vingtième,   p.    1072;    font   des    remontrances 

6  votent  la  capitation  ;  insistance  de  la  Cour, 
p.  1093;  résistance  des  Etats,  p.  1094;  sont 
séparés  par  le  duc  de  Richelieu,  le  17  février 
1750;  suspendus  par  arrêt  du  conseil,  le  28  fé- 
vrier 1750,  pp.  85,  1095;  projet  de  leur  réta - 
blissement  communiqué  à  l'intendant,  p.  1117; 
arrêt  de  1752  sur  leur  rétablissement,  p.  iii8j 
se  réunissent  à  Montpellier;  du  26  octobre  1752 
au  4  décembre  1752,  pp.  86,  ii23;  nouveau 
règlement  arrêté  par  le  roi,  pp.  1118,  1119; 
s'occupent  dans  cette  session  de  demandes  en 
modération  de  droits,  &c.,  pp.  11 25,  1126;  du 
3i  janvier  au  |3  mars  1754,  p.  87;  étudient  les 
projets  propres  à  faciliter  les  rapports  entre  le 
Languedoc,  le  Rouergue,  l'Auvergne,  p.  1129; 
donnent  la  concession  du  canal  des  Étangs, 
pp.  I  |34,  I  I  35;  du  28  novembre  1754  au  7  jan- 
vier 1755,  p.  88  ;  du  22  janvier  au  3  mars  1756, 
p.  89;  du  28  octobre  au  11  décembre  1756, 
p.  90;  du  |5  décembre  1757  au  3  février  1758, 
p.  92;  leur  règlement,  p.  ç3;  du  25  janvier 
1759  au  5  mars,  p.  93;  votent  dans  la  session 
de  1753  les  sommes  nécessaires  à  la  défense  des 
côtes,  p.  1145,  1146;  leurs  différends  avec  la 
cour  des  aides  de  Montpellier  réglés  par  une  dé- 


i5i4 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


claration  du  roi,  pp.  1146,  1147;  inaugurent 
Tannée  1759  par  les  baptêmes  du  fils  de  l'inten- 
dant 8c  de  la  fille  du  maréchal  de  Thomond, 
p.  11489  leur  vigilance  à  maintenir  leur  juri- 
diction exclusive  sur  toutes  les  assemblées  dio- 
césaines, p.  II 53;  du  29  novembre  1769  a  11 
7  janvier  1760,  p.  94;  conflits  avec  le  Parle- 
ment, pp.  I  167,  1  i58;  encouragent  le  desséclie- 
ment  de  l'étang  de  MarseiUette,  p.  iiûo;  du 
27  novembre  1760  au  7  janvier  1761,  p.  9.'); 
du  22  octobre  au  i*""  décembre  1761,  p.  96; 
offrent  au  roi  un  vaisseau  de  ligne  de  quatre- 
vingts  canons,  p.  96;  du  28  octobre  au  6  dé- 
cembre 1762,  p.  97;  du  26  janvier  au  7  mars 
1764,  p.  98;  leur  protestation  contre  la  décla- 
ration du  II  février  1764,  p.  1184;  curieuses 
citations  du  mémoire  envoyé  à  la  Cour  sur  ce 
sujet,  p.  I  |85;  du  29  novehnbre  1734  au  7  jan- 
vier 1735,  p.  100;  leur  délibération  pour  le 
perfectionnement  des  races  de  chevaux,  mulets, 
taureaux  &  béliers,  p.  100;  du  19  décembre  1766 
au  3o  janvier  1766,  p.  101  ;  leur  délibération  sur 
les  ouvrages  décoratifs  de  la  place  du  Peyrou,  à 
Montpellier,  p.  ici;  du  27  novembre  1766  au 
5  janvier  1767,  p.  io3;  leur  règlement,  p.  io5; 
du  26  novembre  1767  au  5  janvier  1768,  p.  104; 
du  24  novembre  1768  au  3  janvier  1769,  p.  io5j 
du  3o  novembre  1769  au  8  janvier  1770,  p.  io5; 
leur  lutte  avec  le  Parlement  au  sujet  de  leur 
règlement,  p.  1209;  deux  articles  des  règlements 
de  1768  annulés  par  le  Parlement,  p.  107;  se 
chargent  de  la  direction  de  la  construction  de 
la  route  d'Auvergne,  p.  106;  du  29  novembre 
1770  au  7  janvier  1771,  p.  107;  du  24  octobre 
au  2  décembre  1771,  p.  108;  du  5  novembre  au 
4  décembre  1772,  p.  109;  du  4  novembre  au 
1 3  décembre  1773,  p.  1  1  o ;  consentent  au  rachat 
des  charges  municipales  de  1771,  p.  110;  du 
1"  décembre  1774  au  9  janvier  1773,  p.  111; 
accordent  deux  sols  par  jour  aux  troupes  em- 
ployées au  cordon  sanitaire  ou  aux  lignes  dé- 
sinfectantes, p.  1235;  s'occupent  en  1776  des 
difficultés  qu'éprouvait  le  commerce  pour  la  na- 
vigation sur  la  Garonne,  p.  1276;  du  20  jan- 
vier au  4  mars  1776,  p.  1  i3  ;  ordonnent  l'im- 
pression des  procès-verbaux  de  leurs  séances, 
pp.  1|5,  1280;  du  28  novembre  1776  au  4  jan- 
vier 1777,  p.  Ii5;  du  27  novembre  1777  au 
.5  janvier  1778,  p.  116;  s'occupent  de  l'affaire 
des  mines  du  diocèse  d'Alais,  pp.  1284,  12?5; 
s'occupent  de  la  représentation  de  la  noblesse 
aux  Etats  de  Languedoc,  pp.  1286,  12S7;  refu- 
sent leur  consentement  à  l'érection  de  la  terre 
de  la  Rodde  Saint-Haon  en  baronnie,  p.  1237; 
sont  chargés  de  l'entretien  de  certains  travaux, 
p.  1294;  du  [29  octobre  au  7  décembre  1778, 
p.  117;  adoptent  le  rapport  des  ingénieurs  con- 
cernant l'amélioration  à  apporter  à  la  naviga- 
tion de  la  Garonne,  p.  1296;  du  zS  novembre 
1779  au  3  janvier  17S0,  p.  118;  du  3o  novem- 
bre 1780  au  6  janvier  I7iii,p.  119;  admettent 
la  création  d'une  baronnie  représentative  au 
diocèse  d'Alet,  p.  i3o2;  à  la  demande  de  l'aca- 
démie des  scienr«s  de  Toulouse,  ils  donnent 
l'ordre  d'acquérir  la  maison  que  la  famille  Ga- 
ripuy  avait  transiormée  en  observatoire,  p.  i3o4  ; 
font  rechercher  les  vices  de  l'administration  du 
piys  de  Gévaudan,  p.  i3o,S;  envoient  des  com- 


missaires en  Gévaudan  qui  découvrent  l'ancien- 
neté des  abus  signalés,  pp.  1 3oi5 ,  i3o7;  du 
3i  octobre  1781  au  7  janvier  1782,  p.  119;  dé- 
cident la  créatiron  de  chaires  de  physique  &  de 
chimie  à  Toulouse  &  à  Montpellier,  p.  120;  du 
21  novembre  au  3o  décembre  1782,  p.  120; 
s'opposent  au  rétablissement  du  péage  de  ponts 
réclamé  par  le  vicomte  de  Polignac,  pp.  iSo-, 
i3o3;  du  8  novembre  au  20  décembre  17S3, 
p.  122;  émus  de  la  situation  de  la  fabrication 
des  draps  en  Languedoc,  ils  demandent  &  ob- 
tiennent la  liberté  de  leur  exportation,  pp.  |328, 
i329;  du  2.5  novembre  au  3i  décembre  1784, 
p.  123;  la  fin  de  leur  session  de  1784  est  mar- 
quée par  quelques  fondations  utiles,  pp.  i33o, 
i33i  ;  du  12  janvier  au  18  février  1786,  p.  124; 
votent  i5o,ooo  livres  pour  la  restauration  des 
arènes  de  Nîmes,  p.  124;  doivent  envoyer  une 
députation  particulière  à  l'assemblée  des  nota- 
bles, p.  i335;  du  6  décembre  1786  au  |3  jan- 
vier 1787,  p.  12.0;  du  i3  décembre  1787  au 
18  janvier  1788,  p.  127;  préparent  une  ins- 
truction pour  parvenir  au  nouveau  règlement 
des  taxes  des  vingtièmes,  sur  toute  nature  de 
biens,  p.  1343;  accordent  un  secours  extraor- 
dinaire de  940,000  livres,  p.  127;  nomment  en 
1788  une  commission  pour  étudier  les  moyens 
d'améliorer  l'administration,  p.  127;  animosi- 
tés  contre  eux  réveillées  à  l'approche  de  la 
réunion  des  Etats  généraux;  le  mode  de  leur 
recrutement  fait  qu'ils  n'ont  point  un  carac- 
tère représentatif,  p.  i3(5o;  leur  organisation 
critiquée  par  une  assemblée  des  trois  ordres 
tenue  au  Puy,  p.  128;  leur  organisation  atta- 
quée par  la  cour  des  comptes  de  Montpellier, 
pp.  i36o,  i36i;  par  les  négociants  réunis  à  la 
Bourse  de  Toulouse,  p.  i362;  par  la  noblesse 
de  Toulouse,  p.  1 363  ;  par  le  chapitre  de  la  mé- 
tropole de  Toulouse,  pp.  i363,  i364;  par  le 
P:irlcment,  pp.  i3j4,  i365;  leurs  efforts  pour 
détourner  l'orage  dont  ils  sont  menacés,  p.  1  367; 
les  membres  du  clergé  &  de  la  noblesse  deman- 
dent d'être  associés  à  toutes  les  impositions  tant 
royales  que  locales,  p.  i368;  leur  système  finan- 
cier réformé,  pp.  |3Û8,  1369,  i37o;  devant 
l'opposition  du  Parlement  &  de  la  cour  des 
comptes,  ils  sollicitent  un  témoignage  de  satis- 
faction du  roi  &  du  directeur  général  des  finan- 
ces; lettre  autographe  du  roi,  p.  i37i;  autre 
lettre  du  directeur  général  des  finances,  pp.  i37  i, 
1372;  reçoivent  du  roi  &  de  Necker  des  lettres 
de  satisfaction,  p.  i37i;  acceptent  la  dédicace 
de  VEstelle  de  Florian  ;  quelques  paroles  pro- 
noncées par  l'archevêque  de  Narbonne  à  ce  su- 
jet, p.  1372;  du  i5  janvier  au  21  février  1789, 
p.  129;  votent  un  emprunt  de  120,00a  livres, 
p.  129;  décident  que  la  carte  du  canal  &  de  la 
robine  de  Narbonne  sera  gravée,  p.  129;  se  sé- 
parent le  21  février  1789;  dernier  acte  de  leur 
existence  politique,  p.  |373;  quelques  mots  sur 
leur  administration,  p.   iSpS. 

Etats  d'Artois,  p.  i335. 

—  de  Béarn,  p.  364. 

—  de  Bourgogne,  p.  i33.3;  demandent  dans  leur 
cahier  de  doléance  un  meilleur  moyen  de  véri- 
fication des  titres  de  noblesse,  p.  448. 

—  de  Bretagne,  pp.  928,  i335. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  FT  DES  MATIÈRES. 


i5i5 


État  de  Comminges,  p.  32o. 

—  de  Foix,  pp.  264,  5i8. 

—  particuliers  de  Gévaudan,  pp.  35o,  998,  1194, 
1195,  1407;  rapports  faits  à  ce  corps  au  sujet 
de  la  peste,  p.  962. 

—  généraux  de  Hollande  ;  s'occupent  dans  leur 
délibération  des  troubles  du  Languedoc,  p.  790, 
votent  l'envoi  d'un  corps  de  trois  mille  hommes 
dans  les  Cévennes,  p.  818;  autorisent  l'envoi 
de  10,000  florins  aux  camisards,  p.  40. 

—  particuliers  de  Vêlai,  pp.  77,  998,  1406;  pro- 
testation contre  leur  organisation,  p.   128. 

—  particuliers  deVivarais,  pp.  i  i,  25,  998,  1026, 
i3oi,  i3ii,  i3i2,  i3i  3  ;  demandent  que  le  Vi- 
varais  soit  divisé  en  deux  sénéchaussées,  p.  i  3o2  ; 
extrait  de  leur  procès-verbal  rendant  compte  de 
la  première  expérience  aérostatique  de  Montgol- 
fier,  p.  i33i . 

—  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  p.   120. 

—  provinciaux;  demandés  représentatifs,  p.  i38l. 
Etat  Venaissin,  p.   1001. 
Etay-Saint-Martin,  p.  723. 

Etoffes  débitées  dans  la  rivière  de  Gènes  &  recher- 
chées des  peuples  d'Italie,  p.  60. 

—  ET  PAnuRES  qui  doivent  être  portées  par  les 
femmes,  p.   17. 

—  des  Cévennes,  p.  74. 

—  du  Gévaudan,  p.  964. 

—  communes,  p.  944. 

—  de  laine,  p.  48  1. 

—  de  laine  (Impressions  des)  à  Montpellier,  p.  77. 

—  de  laine  fabriquées  à  Magdebourg  par  des  réfu- 
giés languedociens,  p.  564. 

—  de  laine  (Petites),  p.  698. 

—  moitié  laine  moitié  soie  fabriquées  à  Toulouse, 
p.  697. 

—  de  soies,  pp.  94,  481,  1143,  1144;  différends 
entre  fabricants  &  ouvriers,  p.  77. 

—  fabriquées  à  Nimes,  p.  27. 

—  &  toiles  peintes  de  l'Inde,  de  la  Chine  &  du 
Levant;  le  commerce  en  est  interdit  sous  peine 
de  mort,  p.  56. 

—  d'emballage  des  dentelles  du  Puy,  p.  60. 

—  des  Indes,  de  la  Chine,  du  Levant,  soieries 
pures  ou  mêlées  d'or  &  d'argent;  tissus  d'écorce 
d'.nrbre,  de  laine,  fil  ou  coton,  toiles  peintes  ou 
mousselines  se  débitant  à  la  foire  de  Beaucaire, 
p.  961. 

Etoile  (Bourg  de  1'),  atteint  de  fièvres  paludéen- 
nes après  ta  création  des  rizières,  p.   1066. 

EU  (Comte  d';,  gouverneur  &  lieutenant  général 
en  Languedoc,  pp.  89,  100,  116;  succède  au 
prince  de  Dombes  comme  gouverneur  de  Lan- 
guedoc, p.  Il 36;  vient  en  personne  tenir  la 
session  de  1764  à  Montpellier;  magnificence 
déployée  par  le  prince  durant  son  séjour  en 
Languedoc;  festins;  composition  de  sa  maison, 
p.  I  191;  sa  visite  nu  port  de  Cette;  offre  le  pain 
bénit  à  Notre-Dame  des  Tables,  à  Montpellier; 
dîner  donné  par  lui  le  1"  janvier  1765  à  qua- 
rante-neuf dames;  son  départ  de  Montpellier; 
aumônes  distribuées  en  son  nom,  p.    1  192. 

EuzET  (Bois  d'),  pp.  823,  824. 


Ei'ZET  (Eaux  minérales  d'),  p.  918. 

Evasion  du  chevalier  de  Roquelaure,  p.  242. 

ÉvÊQUES;    leur    influence,  contestée   dans   certains 

lieux,  est  sans  rivale  dans  les  campagnes  &  dans 

les  petites  villes,  p.   i58. 

—  ET  ARCHEVÊQUES  de  Languedoc  chargés  de  régler 
les  satisfactions  dues  à  l'évêque  de  Rieux  par  le 
marquis  de  Rabat,  p.  265. 

—  du  dehors,  p.    i356. 

ÉvÉQtES  d'Agde  :  pp.  116,  314,  416,  989,  990; 
François  Fouquet ,  p.  1 59  ;  Louis  Fouquet, 
p.    577. 

—  d'Aire  :  p.  364;  Gilbert  de  Montmorin  de 
Samt-Hérem,  p.   io23. 

—  d'Alais  :  pp.  57,  128,  65i,  992,  1286,  i338, 
1367;  François -Chevalier  de  Saulx,  premier 
évêque,  pp.  65i,  986;  Charles  de  Bannes  d'Avé- 
jan,  p.  986;  Pierre-Marie-Madeleine  Courtois 
de  Balore,  p.  1274;  Louis-François  de  Beausset, 
p.    [335. 

—  d'Albi  ;  p.  287,  292,  297,  332;  Gaspard  de 
DaiUon  du  Lude,  pp.  i58,  260,  3o8,  405,  43 1, 
432.  Voir  Archevêques. 

—  d'Alet  :  pp.  16,  18,  19,  20,  i55,  895;  Nico- 
las Pavillon,  pp.  i55,  159,  240,  340,  357,  4°^» 
407,  408,  409,  410,  411,  412,  413,  414,  4i5, 
416,  417,  5o3,  504,  5o5,  5o6,  507,  5o8,  609. 

—  d'Apt,  p.  io88. 

—  d'Altl'n  :  p.  1021  ;  Antoine-François  Blister- 
stvich  de  Moncley,  p.  1023. 

—  d'Alxerre,  pp.    ioi5,  1021. 

—  DE  BtziEBS,  pp.  65i,  952,  953,  1029,  io65. 

—  DE  BoL'LOGNE  :  Jean-Marie  Henriau,  p.  io23. 

—  DE  Carcassonne  :  pp.  990,  1004;  Vital  de  Les- 
tang,  pp.  ,i58,  38o;  Louis  de  Nogaret  de  La 
Valette  d'Epernon,  p.  414. 

—  UE  Castres  :  pp.  63,  297,  3  18,  85o,  868,  946, 
1067,  1117,  1148,  1408;  Jean  de  Fossé,  pp.  7, 
i53;  François  de  Lastic  de  Saint-Jal,  p.  71; 
Jean-Marc  de  Royère,  p.  1376. 

—  DE  Chalons  :  Félix  Vialart,  p.  446. 

—  DE  Chartres,  pp.  866-,  881. 

—  !)E  CoMMiNOES  :  pp.  309,  3i4,  320,  329,  3'io, 
474,  517,  896,  1099;  Hugues  de  La ba tut,  p.  159  ; 
Gilbert  de  Choiseul,  pp.  365,  414,  44S. 

—  DE  Cot■SERA^■s  :  pp.  3 18,  32o,  364,  ]365;  Pierre 
de  Marca,  pp.  297,  3|8. 

—  DE  Fréjis  :  Hercule  de  Fleury,  p.   1000. 

—  DE  GlandCve  :  p.  1021;  Dominique-Laurent 
de  Grillon,  p.  io23. 

—  DE  Grasse  :  Godeau,  pp.  8,  3  1  1. 

—  DE  Grenoble  :  p.  1021  ;  Jean  de  Caulet,  p.  io23. 

—  DE  Lavaur  :  pp.  12,  i5,  416,  924,  929,  974, 
1065  ;  Jean-Baptiste- Joseph  de  Fontanges, 
pp.    1 121,  I  122. 

—  UE  Lectoube,  p.  474. 

—  DE  Léon    :    Jean -Louis    de    La    Bourdonnaye, 

p.      1023. 

—  DE  LoDÈVE  :  pp.  83,  121,  868,  93i,  988,  1004, 
i3o5;  Jean  de  Plantavit  de  la  Pause,  pp.  i55, 
i58;  Jacques-Antoine  Phelipeaux  du  Verger, 
p.    1004. 


i5i6 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ÉvÈQUES  DE  LoMBEz  :  pp.  3i8,  Szo;  Charles- 
Guillaiime  de  Maupeou,  pp.   1020,  lozS. 

—  DU  Mans,  p.  247. 

—  DE  Marseille  :  p.  1021;  François-Xavier  de 
Belsimce,  p.   1021. 

■^  DE  Mende  ;  pp.  799,  1 1  i3,  I  124,  1 194,  i3o5, 
|377;  Silvestre  de  Crusy  de  Marcillac,  pp.  i.")3, 
i386;  Hyacinthe  Serroni,  p.  609;  Gabriel-Flo- 
rent de  Choiseul-Beaupié,  p.   io33. 

—  DE  MiREPOix  :  pp.  26,  53,  85o,  990;  Pierre  de 
La  Broiie,  pp.  661,  924. 

—  DE  MoNTAUBAN  :  pp.  II,  63;  Anne  de  Mur- 
viel,  p.  i58;  Pierre  de  Bertier,  pp.  ri,  435; 
Anne-François-Victor  Le  Tonnelier  de  Breteuil, 
pp.   1284,   1285. 

—  DE  Montpellier  :  pp.  53,  58,  62,  63,  64,  67, 
68,  69,  70,  80,  858,  1088,  1126,  1134,  1148, 
i3i4,  1367,  1390;  Pierre  de  Fenoiiillet,  p.  364; 
Charles- Joachim  Colbert  de  Croissy,  pp.  71, 
719,  862,  1014,  ioi5,  1016,  1017,  1018,  1021, 
I  o56 ,  1057,  I  o58  ;  Georges-Lazare  Berger  de 
Charency,  p.  72;  Joseph-François  de  Malide, 
pp.   1376,  1390,   1392. 

—  DE  iN'iMEs,  pp  i3,  18,  69,  264,  299,  556,  649, 
658,  1021,  1264;  Anthyme- Denis  Cohon , 
pp.  i58,  38i,  420,  421,  422,  423,  479;  Esprit 
Fléchier,  pp.  38,  610,  768,  772;  Jean-César 
Rousseau  delà  Pansière,  pp.  991,  1019,  1021, 
1022,  1025,  Î026;  Pierre-Mane-Madeleine 
Courtois  de  Balore,  pp.    1376,   1392. 

—  DE  NoYON,  p.  719. 

—  DE  Pamiers,  pp.  21,  22,  i32,  3i8,  5o3  ;  Fran- 
çois-Etienne de  Caulet,  p.  414. 

—  DU  PuY  :  p.  |338;  Henri  Cauchon  de  Maupas 
du  Tour,  pp.  159,  285,  286;  Jean-Georges  Le- 
franc  de  Pompignan ,  p.  12-^4;  Marie-Joseph 
de  Galard  de  Terraube,  p.   i335. 

—  DE  RiEux  :  pp.  4,  5,  145,  245,  282,  3i8,  4i5; 
Jean-Louis  de  Bertier,  pp.   145,  205,  ^35,  5-7. 

—  DE  Rodez  :  Hair^  nin  de  Pé réfixe,  p.  40  1  ;  Jean- 
Arnaud    de   la   Vove    de  Tourouvres,    pp.    !c2o, 

I023. 

—  DE  Saint-Papoul  :  pp.  25,  69,  889;  Bernard 
Despruetz,  p.  |59;  François  de  Barthélémy  de 
Grammont,  pp.  889,  890. 

—  DE  Saint-Pons  :  pp.  23,  6ç,  276,  5o8,  85o, 
865,  866,  880,  88i,  1067,  1084,  1075,  ii23; 
Jean-Jacques  de  Fleyres,  p.  i58;  Pierre-Jean- 
François  de  Percin-Montgaillard,  p.  861;  Paul- 
Alexandre  de  Guénet,  pp.  1075,  1076,  1077, 
1078,  1079. 

—  DE  Senez,  pp.   1021,   1022. 

—  d'Utique.  Foir  Pierre  de  Bertier,  coadjuteur  de 
Montauban. 

—  d'Uzf.s  :  pp.  4,  20,  22,  264,  289,  329,  85o,  087; 
Nicolas  de  Grille,  pp.  i55,  i58,  178,  287,  3ii; 
Jacques-Adhémar  de  Monteil  de  Grignan,  p.  437; 
Michel  Poncet  de  In  Rivière,  p.  646;  François 
de  Lastic  de  Saint-Jal,  p.  io36  ;  Jules  de  Béthisy 
de  Mézières,  pp.   1376,   1396, 

—  DE  Vabre,  p.  416. 

—  DE  Viviers  :  pp.   1066,  l'igS  ;  Ratabon,  p.  52. 
Evocation   de   la   chambre  de  l'édit  de  Castres  au 

parlement  de  Grenoble   des  affaires  des  protes- 
tant» convertis,  p.  20. 


Évocation  générale,  pp.  12,  225,  227,  228,  807; 
des  capitouls  contre  le  Parlement,  p.  224;  ob- 
tenue par  les  capitouls,  p.  418;  réclamée  de 
nouveau  par  les  bourgeois  de  Toulouse,  malgré 
les  protestations  du  Parlement,  p.  449. 

—  au  parlement  de  Bordeaux  de  tous  les  procès 
civils  &  criminels  que  le  personnel  de  l'hôtel 
de  ville  de  Toulouse  pouvait  avoir  devant  le 
Parlement  de  Toulouse,  p.   197. 

—  au  parlement  de  Grenoble  des  procès  des  réfor- 
més de  Languedoc,  p.  1  1  ;  de  la  cause  de  l'évéque 
d'Alet  &  de  M.  du  Vivier,  p.  41  1. 

—  par  le  roi  en  son  conseil  des  différends  de  la 
noblesse  avec  l'évèque  d'Alet,  p.  413. 

—  au  conseil  du  roi  des  procédures  de  la  réforma- 
tion des  forêts,  p.  4')8. 

Evocations   générales   dans   le   resbort   de   la  cour 

abrogées,  p.   1  2. 
EvREDx  (Évéché  d'),  p.  354. 

Exactions  des  trésoriers  de  France  &.  des  officiers 
de  sénéchaussée,  p.  854. 

Examen  (T)  de  la  justice  des  volontés  du  monar- 
que n'est  pas  permis  aux  sujets,  p.  262. 

Excès  commis  par  les  chevau-légers  de  passage  à 
Nîmes,  p.  252. 

—  des  fanatiques  protestants  blâmés  en  Suisse, 
p.  758. 

—  des  droits  royaux,  provinciaux  &  seigneuriaux 
levés  dans  le  bas  \'ivarais,  p.    i336. 

Excommunications  dans  le  diocèse  d'Alet,  pp.  410, 

41  I. 
Exécutions    faites    par    les   collecteurs    contre   les 

contribuables,  p.   104. 

—  d'insurgés  cévenols,  pp.  746,  747 

—  du  moulin  des  Carmes,  à  Nimes,  p.  796. 

—  à  Nimes,  après  la  découverte  de  la  conjuration 
de  1705,  p.  85o. 

—  des  baux,  p.   ic5i. 

Exemptions  accordées  aux  consuls  de  Languedoc, 
p.  75. 

—  d'impôt  demandée  par  l'évèque  de  Nimes  en 
faveur  des  artisans  &  des  manœuvres  ne  possé- 
dant aucune  propriété,  p.    1392. 

Exercice  de  la  religion  réformée  défendu  sous 
peine  de  mort  en  certains  lieux,  p.  533. 

Exil  des  ministres  non  convertis,  p.  558. 

Exorcismes,  p.  976. 

Expédition  féodale  en   1721,  p.  957. 

Expert  délégué  au  commissariat  de  Languedoc, 
p.  1425. 

ExpiLLT,  p.  725. 

Exploitation  des  mines  entravée,  p.  i68. 

Exportation  de  bas  à  deux  fils,  p.  56. 

—  des  chanvres,  p.  487. 

—  des  dentelles  du  Puy  en  Espagne,  p.  485. 

—  des  draps  de  Languedoc  demandée  &  autorisée, 
p.   1327. 

—  des  figues,  p.  487. 

—  de  grains,  pp.  1,2;  prorogée,  p.  52;  permise, 
pp.  61,  69,  8';  peiiiiise  à  l'étranger,  p.  ii3; 
interdite,  p.  t22;  libre,  p.  722. 

—  de  l'huile,  p.  487. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i5i7 


Exportation  de  légumes,  p.  >^S(7• 

—  du  merrain  défendue,  p.  55. 

—  des  olives,  p.  487. 

—  des  raisins,  p.  487. 

—  du  vermillon,  p.  487. 

—  du  vert  de  gris,  p.  487. 

—  des  vins  par  Bordeaux,  p.  726. 
Exportations   du    Languedoc    appréciées    par   Bâ- 

ville,  p.  703. 
Extases,  p.  976. 

EYRAUD  (Raymond),  marchand  au  Puy,  p.  486. 
Eybieu,  montagne,  p    '  i5. 
Eyrieu,  rivière,  pp.  fi  12,  879. 

—  (Bnssin  de  1'),  p.  814. 

—  (Vallée  de  1»),  p.  602. 


Fabas,  commune,  p.   1009. 

Fabbas,  en  Vivarais,  p.   1202. 

FABRE  (Jean),  l'honnête  criminel,  p.  89. 

FABRE,  consul  de  Na .bonne,  p.  287. 

FABRE,  marchand,  consul  d'AIbi,  p.  309. 

FABRE,  médecin  de  Castelnaudary,  p.  32o. 

FABRE  (Jean),  fils  d'un  protestant  surpris  dans 
une  assemblée;  sert  sur  les  galères  à  la  place  de 
son   père,  p.   1  140. 

FABRE,  marchand  de  bestiaux,    p.   1254. 

FABRE,  lieutenant  en  la  maîtrise  des  eaux  &  fo- 
rets, p.    1402. 

FABRE,  p.   1425. 

Fabrécles,  p.  32. 

—  (Maladrerie  de),  p.  695. 

FABRÈGUE  (David  de  la),  maire  perpétuel  de 
Saint-Germain  de  Calberte  &  de  Saint-André  de 
Lancize,  p.  639. 

FABRÈGUE  (de),  major  du  régiment  de  Vexin,  tué 
dans  un  combat  contre  Cavalier,  p,  816. 

Faiip.esau,  p.  i56. 

—  baronnie,  p.  203. 

—  commune,  p.   11  26. 
Fabricants  de  draps  du  Levant,  p.  81. 

—  de  Carcassonne  interdits  pour  un  an  à  cause 
des  défectuosités  constatées  à  Constantinople, 
p.  82. 

—  de  Languedoc  autorisés  à  teindre  diverses  étof- 
fes, p.  59. 

—  de  Nimes,  pp.  49,  63. 
Fabrication  des  aiguilles,  p.  484. 

—  des  bas  &  bonnetterie  autorisée  à  Lunel,  p.  72. 
—~  de  bas  à  deux  fils  autorisée  pour  l'exportation, 

p.  56. 

—  des  bas  &  bonnets  de  laine,  p.  484, 

—  des  cadis,  p.  484. 

—  de  cadis  de  Vivarais,  p.  5o. 

—  des  cardes  à  laine,  p.  62. 

—  des  cordelats  &  rédins  de  Mazamet  &  autres 
lieux,  p.  85. 


Fabp.ication  de  dentelles  de  fil  &  de  soie,  p.  484. 

—  des  draps;  lieux  de  Languedoc  où  elle  est  per- 
mise; règlement,  pp.  5i,  5.1,  55;  compromise 
par  la  guerre  de  CiMlogne.  p.   166. 

—  des  draps  du  Levant,  p.  ■'5. 

—  de  droguets  façon  d'Angleterre,  p.  60. 

—  des  épingles,  p.  484. 

—  des  étamines  ou  burats  de  Gévaudan,  p.  54. 

—  d'étoffes  dans  les  Cévennes,  p.  42. 

—  des  étoffes  des  Cévennes,  p.  74. 

—  des  métiers  à  bas,  p.  78. 

—  des  peignes,  p.   i385. 

—  des  ratines,  p.  84. 

—  des  rubans,  p.  484. 

—  de  serges  impériales,  p.  41. 

—  des  taffetas,  p.  53o. 

—  des  toiles  dans  l'Albigeois,  p.  85. 

—  de  toiles  rousses,  crues  &  grises  du  diocèse 
d'AIbi,  p.  57. 

.^  de  tonneaux  réglementée,  p.  64. 

—  du  vert  de  gris,  p.  78. 
Fabbiqi'es  :  de  cordelats,  p.  52. 

—  de  couvertures  de  laine,  p.  48. 

—  de  draps,  p.  72. 

—  de  draps  d'Aubenas,  érigée  en  manufacture 
royale,  p.  68. 

—  de  draps  d'AuIas,  p.  83. 

—  de  draps  à  Bise,  érigée  en  manufacture  royale, 
p.  67. 

—  de  draps  fins  à  Pennautier,  érigée  en  manufac- 
ture royale,  p.  62. 

—  d'étoffes  de  soie  à  Lavaiir,  p.  92. 

—  de  filelles  d'étoffes  appelées  Maroc,  p.  33. 

—  de  faïence  de  Montpellier,  érigée  en_manufac- 
ture  royale,  p.  59. 

—  de  faïence  à  Toulaud,  pp.  87,  88. 

—  de  pastel,  p.  64. 

—  des  serges  impériales,  p.  5o, 

—  de  soierie  à  Toulouse,  érigée  en  manufactur» 
royale,  p.   112. 

—  d'étoffes  en  détresse  dans  le  diocèse  de  Mende, 
p.   I I i3. 

FACIEU  DE  FONGRAVE,   substitut  du   procureur 

général,  p.    1  196. 
Faculté  de  médeci'ne  de  Montpellier,  p.   1081;  sa 

consultation  sur  l'épizootie  de  1774,  pp.  1239, 

I  240. 

—  de  théologie  à  Montpellier,  p.  57. 
Faculté  d'entrepôt  à  Cette  demandée,  p.   1384. 
Fadbins  de  M.  de  NoaiUes,  escortent  Louvois  dans 

le  Capsir,  p.  517. 
Fagel,  p.  618. 

FAGET  (Seigneur  de),  cousin-gtrmain  de  Marca, 

p.  364. 
FAGET  (Marquis  du),  p.   i352. 
FAGES  DE  SAINT-MARTIAL,  président  à  la  cour 

des  comptes,  aides  &  finances,  p.  1097. 
FAGES,  sous-doyen   de  la  cour  des  comptes,  aides 

81  finances,  p.   1097;  sa  correspondance  avec  le 

ministère,  p.  1 1 19. 


i5i8 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


PAGES  aîné,  nncien  consul  de  la  bourse  de  Tou- 
louse, p.  i3i3. 

Faïence,  p.  87. 

FAILCAILLE  (Jeanne),  lépreuse,  p.  422. 

FAÏN  (de),  syndic  de  Vivarais,  p.    ]68. 

FAÏN  DE  ROCHEPIERRE  (Joachim  de),  chevalier 
non  profès  de  l'ordre  de  Malte,  p.    1026. 

FAIRFAX,  lord  d'Angleterre,   pp.  286»  1016. 

Fajac,  lieu,  p.   1219. 

FAJAC  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.   1219. 

FAJAC  (Chevalier  de),  p.    i355. 

FAJOLE  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1218. 

FAJOLE,  marquis  de  Pordéac,  p.   i352. 

FALCKENSTEIN  (Comte  de),  nom  sous  lequel  Jo- 
seph II,  empereur  d'Allemagne,  traverse  la  Pro- 
vince, p.  i3i4. 

FALGUEROLLE  (Dame  de),  p.  236. 

FALGUEROLLES  (de),  lieutenant  général  en  Lan- 
guedoc, p.  107. 

FALGUIÈRE-BLANCAL  (de),  p.  476. 

Falsifications  de  vins,  p.  723. 

Fan,  lieu,  p.  39;  les  camisards  y  livrent  un  com- 
bat, p.  807. 

Fanatiques  excités  par  les  prophètes,  p.  614. 

—  cévenols,  p.  782. 

—  d'Ecosse,  p.  794. 

Fanjaux,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix,  pp.  26, 
69,  iro,  121,  329,  33o,  332,  864,  871,  1009; 
siège  de  l'assiette  diocésaine,  p.  989. 

FaFvDEAU  des  charges  à  partager  entre  ceux  qui  bé- 
néficient de  la  protection  publique,  p.   i38i. 

Fabet  (Comté  de),  pp.  79,  1070. 

FARET  (Jean  de),  marquis  de  FOurnès,  p.   1071. 

FARET  (Famille  de),  p.   1071. 

FARGEON,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances,  p.   1097. 

Farces,  p.  491. 

Farines,  pp.  65,  99,  i  1 1,  1 15,  1006. 

—  (Droit  sur  les),  p.  5i. 

FARJON,  médecin  de  l'Hôtel-Dieu  de  Montpellier, 

p.  1239. 
FARJON,  procureur  du  roi  à  Montpellier,  p.  1367. 
FARNÈSE  (Elisabeth),    reine   d'Espagne,    traverse 

le  Languedoc;   s'arrête  à  Toulouse,  p.  poS. 

Fau  des  Armes,  lieu,  pp.  741,  799. 
FAUDOAS  (Comte  de),  p.  82. 
FAUDOAS  (de),  p.  1246. 
Faugerit,  en  Vivarais,  p.  1202. 

FauCH,  p.    125. 

Faugières,  en  Vivarais,  p.  870. 

FAUGIÈRES  (Baron  de),  devient  conseiller  d'am- 
bassade de  Frédéric-Guillaume,  p.  564. 

FAUR  (Guy  du),  baron  de  Pibrac,  capitoul,  p.  243. 

FAURE,  intendant  de  justice,  p.  i3i. 

FAURE,  p.   172. 

FAURE  (de),  capitoul,  p.  190. 


FAURE,  aventurier  jugé  par  le  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  397. 

FAURE  MONTORIOL  (de),  p.  i  355. 

FAURIÉ  (Jacques),  p.  863. 

Fausse  monnaie  d'or  répandue  dans  la  Province, 
p.  890. 

Fausses  nouvelles,  pp.  5,  286. 

Faux  avis  donnés  au  sujet  des  assemblées  dans  les 
Cévennes,   p.  762. 

—  certificats  d'étape,  p.  3. 

—  monnayeurs,  p.  241. 

—  nobles,  p.  623. 

—  saunage,  p.  845. 

—  sauniers,  pp.  37,  844,  845. 

—  sel,  p.  844. 

FAVAREL  (Olympe  de),  p.   18. 

Favas,  en  Albigeois,  p.  261. 

FAVIER  (Jean-Louis),  syndic  général  au  départe- 
ment de  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  pp.  66, 
1028. 

FAVIER,  premier  secrétaire  de  l'intendance, 
p.   I4r8. 

Fay,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Fay,  bourg,  p.   r385. 

Fay-le-Froid,  paroisse,  pp.   1405,  1406,  1410, 

FEBVRIER  (Bertrand),  p.  36o. 

FÉDAS,  habitant  de  Toulouse,  p.   1402. 

Fédérations  catholiques  provoquées  par  les  bri- 
gandages des  insurgés  cévenols,  p.  776. 

—  des  communes,  p.  1400. 
Félines,  lieu  du  Termenois,  p.  847. 

Félines,  commune  du  Vivarais,  pp.  1004,  1202. 
Femmes  de  Montpellier  jugées  par  W'  d'Orléans, 
p.  38i. 

—  assistant  aux  assemblées  du  Désert;  sont  fouet- 
tées publiquement  &  marquées  de  la  fleur  de  lys, 
p.  587;  sont  punies  de  mort,  p.  588. 

—  leur  nombre  dans  la  Province  en  1698,  p.  692. 
Fenasse  (la),  p.  84. 

FÉNELON;    précepteur    du    duc     de    Bourgogne, 

pp.  689,  i356. 
Fenouillèdes  (Pays  de),  pp.  347,  472. 
Fenouilhet,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
Fenouillet,  p.  1 i5. 
Fenouillet,  en  Razès,  p.  864. 
Fenouillet,    au    diocèse    de  Toulouse,   pp.    1008, 

1282. 
FENOUILLET  (Pierre  de),  évéque  de  Montpellier, 
pp.    i58,    178;    cité    à    la    barre  du   Parlement, 
,  pp.  309,  354. 
Féodalité,  pp.  342,  i235. 

—  d'argent,  p.  714. 

—  de  race,  p.  714. 

—  ressuscitée,   pp.  986,  987,  988,  989,  990,  991. 

—  tentatives  de  restaurations  féodales,  p.  986. 

—  en  Gévaudan  ;  mauvaise  organisation  de  la 
justice,  pp.  ii5i,  I  i52,  ii53. 

Fer  BLANC;    projet   de  fonder   une  fabrique   de  fer 

blanc,  pp.  1029,  io3o. 
Fers,  pp.  481,  698. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


.19 


Fers  de  Languedoc;  droits  de  sortie,  p.  35. 

—  importés  en  Languéd(3c,  p.  704. 

—  français;  modification  des  droits  d'entrée  &  des 
droits  de  sortie,  pp.  728,  729. 

FERMAT  (de),  p.  349. 

FERMAT,  pp.   149,  656. 

FERMAT,  conseiller  au    Parlement    de   Toulouse, 

raainteneur   des  Jeux-Floraux,  pp.   329,   352, 

66  I . 
Ferme  générale  de  l'étape,  p.  70. 

—  de  l'équivalent,  pp.  76,  86,  87,  92,  97,  io5, 
I  |3,    114,   I 19,  125,  127, 

Fermes,  pp.  60,  23o. 

—  du  tabac,  p.    io5o. 

Fermeture  provisoire  de  temples  protestants,  p.  18. 
Fermentation  de   l'esprit   public   dès   les  premiers 

temps  de  la  régence;  suspension  de  cet  essor;  ses 

causes,  p.  267. 
Fermiers  des  domaines,  pp.  6ç,  107. 

—  d'impôts;  leurs  fortunes  rapides  contrastent 
avec  la  détresse  générale,  p.  23o. 

Ferrals,  baronnie,  p.   159. 

Ferran,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

FERRAN,  conseiller  à  la   cour  des  comptes,  aides 

&  finances,  p.  1097. 
FERRAND,  p.  329. 
FERRAND  (Chevalier  de),  p.    |352. 
Ferrette,  dans  la  haute  Alsace,  p.  375. 
FERRIER,  ancien  capitoul,  p.  418. 
Ferrikres,  p.  394. 

FerriéreS;  château  acquis  par  les  États,  p.  46. 
Ferriéres;  ses  armoiries,  p.  687. 
Ferriéres,  lieu  des  Cévennes,  p.  789. 

—  (Château  de),  pp  868,  1073,  1279;  devient 
prison  d'Etat,  p.  869. 

FERRIÉRES,  p.  85. 

FERRIÉRES  (Anne  de),  capitoul  de  Toulouse, 
pp.  221,  327,  373;  sa  réclamation  aux  Etats  sur 
le  nombre  des  barons,  p.  263;  député  de  Tou- 
louse aux  Etats  en  1647,  p.  355;  sa  harangue  à 
Louis  XIV,  p.  370;  â  la  reine  mère,  p.  371; 
insiste  pour  la  souscription  d'une  somme  en 
faveur  de  la  compignie  des  Indes,  afin  d'étendre 
le  commerce  français,  p.  439. 

FERTÉ  I.MBAUT  (de  la),  officier  de  la  maison  de 
Gaston  d'Orléans,  p.   186. 

Festin  donné  i  Béziers  à  la  députation  des  Etats 
de  Languedoc,  p.  289. 

Festins  capitulaires  de  Toulouse;  réduction  de 
la  dépense  par  le  Parlement,  p.  17. 

Fî".tes  célébrées  â  Toulouse  â  l'occasion  de  la  nais- 
sance du  duc  de  Bourgogne,  pp.  523,  524,  525; 
après  le   rappel   du   Parlement,  pp.    1270,    1274. 

—  célébrées  sur  divers  points  de  la  Province  après 
la  peste  de   1721,  p.  969. 

Feu  de  joie  de  Saint-Pierre  â  Montpellier,  p.  233. 

Fecdataires  royaux,  p.  714. 

Feucérb,  p.  486. 

Feuillants  (Eglise  des},  â  Paris,  p.  721. 

Feuilles  de  mûrier,  p.  66. 

Fèves,  p.  32. 


FEYDEAU  (Charles),  ecclésiastique,  p.  509. 

Fezensac  (Comté  de),  pp.  471,  474- 

Fezensaguet  (Vicomte  de),  p.  471. 

Fiac,  lieu,  pp.   i335,   1408. 

FIDÈS,  bourgeois  de  Montpellier,  p.  844. 

Fief  sous-inféodé,  p.  952. 

Fiefs  nobles,  p.  32. 

—  confisqués  après  la  guerre  des  albigeois,  soumis 
par  Simon  de  Montfort  â  la  coutume  de  Pans, 
p.  952. 

—  reconstitués,  pp.  952,  ic35. 

—  du  Languedoc  supprimés  depuis  des  siècles, 
offerts  au  petit-fils  de  Fouquet  en  échange  de 
Eelle-Isle  en  mer,  p.  904. 

—  donnés  en  échange  de  Beaucaire  au  comte  de 
Belle-Isle,  p.  957. 

—  titrés,  p.    1082. 

Fièvres,  pp.  384,  385,  386,  387. 

FIEUBET  (Gaspard  de),  premier  président  au  Par- 
lement de  Toulouse,  pp,  10,  219,  222,  223, 
242,  244,  326,  349,  352,  375,  434,  542,  634, 
661;  désigne  le  capitoul  de  Toulouse  qui  doit 
siéger  en  1664  aux  Etats,  p.  43^;  sa  correspon- 
dance avec  Colbert  au  sujet  des  péages  perçus 
par  les  capitouls  sur  les  bois  flottés,  p.  441;  ses 
démarches  pour  donner  une  grande  solennité  à 
l'inauguration  des  travaux  du  canal  de  Lan- 
guedoc, p.  474;  pose  la  première  pierre  de 
l'écluse  de  Garonne,  p.  474;  une  de  ses  filles  est 
dans  l'institut  des  Filles  de  l'Enfance,  p.  578  ; 
son  influence  sur  les  élections  municipales  de 
Toulouse;  était  maître  à  l'hôtel  de  ville;  sa 
mort,  p.  593, 

FIEUBET  (M'"  de),  pp.  582,  583,  584. 

FIGARET  (Pierre),  p.  980. 

FlGEAC,  pp.    246,    1349. 

—  (Sénéchal  de),  p.   1210. 
FIGUIER,  p.  317. 

Fil   de  la   Bresse  employé  à  Montpellier,  p.  700. 
Filature  des  soies,  p.  86. 

—  de  coton  établie  au  Puy  par  Grenus,  p.  90. 
FiLELLES  de  Maroc;  révocation  du  privilège,  p.  39. 
FILÉRE  (Pierre);  bourgeois  du  Puy,  p.  486. 
Filets  établis  dans  le  lit  de  l'Allier,  p.  i385. 
Pileuses  de  Dauphiné,  p.  941. 

Filles  de  l'Enfance;  institut  fondé  en  1661,  par 
M'""  de  Mondonville  pour  l'instruction  des 
jeunes  filles  &  le  soulagement  des  pauvres, 
p.  573;  plan  de  leurs  constitutions  dressé  par 
l'abbé  de  Ciron,  approuvé  par  l'archevêque  de 
Toulouse  &  par  Alexandre  VII,  pp.  5y>_  5,5  . 
ordonnance  prohibitive  contre  l'institut;  pre- 
mières inquiétudes,  p.  576;  le  Parlement  de 
Toulouse  confirme  les  règlements;  lettres-pa- 
tentes du  roi  approuvant  la  congrégation;  la 
maison  de  Toulouse  fonde  trois  succursales- 
hommages  rendus  i  leurs  services  par  l'évêque  de 
Rieux  &  par  l'évêque  d'Agde,  p.  577;  arrêts  du 
conseil  d'Etat  qui  les  forcent  à  fermer  leurs 
classes;  sont  accusées  de  jansénisme  dans  leur 
enseignement;  prélats  qui  s'occupent  de  cette 
affaire;  une  nouvelle  approbation  est  donnée 
aux  statuts  par  l'archevêque  de  Toulouse;  pro- 


i520  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


cès-vertal    de    la    visite    du    cardinal  de  Bonzi  ; 
détail^  sur  leur  vie  &  sur  leurs  œuvres;  l'arche- 
vêque   d'Aix   les    autorise  à  créer   une    nouvelle 
succursale  dans  son  diocèse;    le  prince  de  Conti 
&  la  reine  Marie-Thérèse   protègent  l'institut; 
l'intendant  d'Aguesseau  &  le  premier  président 
de    Fieubet   y    tiennent    leurs     filles;     une    des 
professes     quitte     l'établissement    sous    prétexte 
de  mauvais  traitements,  p.  ûyS;  prétendue  im- 
primerie  clandestine   de    livres   jansénistes;    les 
inimitiés  redoublent   de  vigueur  contre   l'insti- 
tut; les  novices  &  les  pensionnaires  ne  peuvent 
plus  être  reçues;  M""  de  MondonviUe  est  exilée 
à   Coutances,   p.    Syp;    arrêt    de   suppression    de 
l'institut;   l'archevêque  y  interdit  l'exercice  du 
culte;  un  grand  vicaire  y  dit  la  dernière  messe, 
p.  58 1;    les  maisons   établies   hors   de  Toulouse 
sont  ai'ssi  supprimées;  démarches  des  Filles  pour 
continuer  d'habiter  la   maison;   leur  recours  au 
pape;   la  réponse  d'Innocent  XI,  blâmant   l'ar- 
chevêque de  Toulouse,   paraît   deux  ans    après; 
sont   accusées    d'ouvrir    leur   maison    aux   jan- 
sénistes;   lettre    de    M°"   de    MondonviUe    em- 
preinte des   sentiments  de   résignation   les  plus 
exaltés;    faiblesses  de  l'archevêque  de  Toulouse 
Montpezat   de   Carbon,    pp.    53 1,    682;    scellés 
placés  dans  la   maison;   le  subdélégué  Mariotte, 
accusé    de   faiblesse   à    leur    égard,    redouble    de 
sévérité;  personnel  de  la  communauté;  somme 
affectée  à  son  entretien;   misère  dans  l'institut; 
condamnation  de  la  chapelle,  p.  582;  sa  démo- 
lition; l'autel,  le   rétable,  les  lambris  sont  mis 
en   pièces;   l'archevêque  de  Toulouse  ne  voyant 
rien  qui  leur  fasse  mériter  un  pareil  traitement 
s'incline  devant  les  lumières  supérieures  du  roi; 
M"'"  de  MondonviUe,  séparée  des  filles  de  l'En- 
fance qui   l'accompagnaient,  est   tenue   prison- 
nière;   plusieurs    d'entre  elles  sont   chassées   de 
Toulouse;    le  Parlement  députe   deux   commis- 
saires pour  réclamer  cinq  jeunes  filles,  p.  583; 
brutalité  des  soldats  à  leur  égard,  p.  584;  excuses 
faites   par  le   subdélégué;    la    dispersion    immé- 
diate est  ordonnée,  bien  que  le  délai  accordé  ne 
soit    pas   expiré;    elles   sont    jetées    brutalement 
dans  la  rue;    trois  d'entre  elles,  gravement  ma- 
lades,  sont  obligées   de  quitter  leur  lit  &  sont 
portées  dans  une  chaise,  par  une  pluie  battante; 
plusieurs   vivent   d'aumônes,   p.  585;    les   bâti- 
ments de  la   congrégation  sont  achetés  par   les 
jésuites,  qui  y  établissent  un   séminaire   diocé- 
sain,   p.    586;    leur    institut    est    supprimé    le 
12  mai  i58â,  p.  26;   l'histoire  de  cette  congré- 
gation condamnée  au  feu,  p.  69;  tentatives  fai- 
tes   auprès    du    régent    pour    relever   l'institut, 
pp.  923,  924. 
Filles  Sainte-Mabie,  p.  552. 

Filles  kêgentes,  chargées  par  l'évêque  d'Alet  de 
répandre  l'instruction  &  la  piété  parmi  les 
peuples  des  campagnes;  leur  règle;  leur  habi- 
tation dans  la  ville  épiscopale;  leur  mission 
dans  les  campagnes,  pp.  407,  408. 
FILLOL  (Jacques),  pilote,  dresse  une  carte  du  golfe 

de  Lion,  p.  896. 
Fils   de  barons;  date  d'un   règlement  les  concer- 
nant, p.  3o. 
FIMARCON,  p.  787. 
Fimarcon  (Régiment  de),  pp.  801,  822. 


FiMARCON  (Dragons  de),  p.  81  5. 

FIMARCON,  maréchal  de  camp,  p.  885. 

Finale,  p.  772. 

Finances;  leur  état  en   I7i5,  pp.  906,  907. 

—  de  la  Province,  p.    iSyo. 

FiNHAN,  au  diocèse  Bas-Montauban,  p.   1008;  on 

y  cultive  le  tabac,  p.  697. 
FIRMY    (de),    nommé    conseiller    au    Parlement 

Maupeou,  p.  1214. 
FIRMY  (Abbé  de),   conseiller-clerc  au   Parlement 

Maupeou,  p.  1214. 
FITZ-JAMES  (duc  de),  commandant  en  Langue- 
doc, pp.  96,  97,  101 ,  I 178,  1 191 ,  1218  ;  occupe 
militairement  le  palais  du  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  98;  se  rend  à  Toulouse  &  fait  enregis- 
trer, à  la  tête  des  troupes,  les  lois  de  finances, 
p.  I  181  ;  texte  du  billet  qu'il  envoie  aux  mem- 
bres du  Parlement  pour  leur  ordonner  les  ar- 
rêts, p.  1182;  est  décrété  d'accusation  par  le 
Parlement;  part  de  Toulouse  pour  aller  tenir 
la  session  des  Etats,  p.  1  i83. 
FITZ- MAURICE,    médecin    de    l'Hôtel-Dieu    de 

Montpellier,  p.  1239. 
Flamakens,  au  diocèse  de  Lavaur,  p.   1008. 
Flandre  autrichienne,  p.  i236. 
Flandres,  pp.  5i,  239,  261,  922,  927,  1104. 
FLAUGERGUES  (Estienne),  p.  863. 
Flaviac,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Fléaux  naturels  qui   jetèrent,  en   1727,  la  désola- 
tion en  Languedoc,  pp.  ioo3,  1004,  ioo5,  1006, 
1007. 
—  en  Gévaudan,  p.  1887. 

FLÉCHIER,  évêque  de  Nimes,  pp.  610,  734,  787; 
sa  lettre  sur  les  désordres  des  camisards,  p.  38; 
sa  lettre  pastorale  du  21  juillet  1706,  p.  43;  ses 
lettres  au  marquis  de  Châteauneuf  sur  le  peu 
de  progrès  de  la  prétendue  conversion  des  réfor- 
més, pp.  7  1  1 ,  7  1  2  ;  son  espoir  de  ramener  les 
nouveaux  convertis,  p.  73i;  extraits  de  sa  cor- 
respondance durant  la  guerre  des  Cévennes, 
pp.  768,  772;  passage  de  sa  correspondance  sur 
les  alarmes  que  causaient  les  camisards  aux 
environs  de  Nimes,  p.  8i3;  son  appréciation 
sur  la  nomination  du  maréchal  de  Villars, 
p.  825;  encourage  Villars  dans  ses  résolutions 
de  terminer  pacifiquement  la  révolte  des  Céven- 
nes, p.  840;  sa  lettre  à  Bâville  au  sujet  du  pro- 
jet de  fonder  à  Nimes  une  confrérie  de  péni- 
tents, p.  869;  se  plaint  du  relâchement  des 
mœurs;  extrait  d'une  de  ses  lettres  à  Le  Pelle- 
tier, pp.  874,  875. 
FLÉCHIER,  ministre  protestant;  son  arrestation, 

p.  I I 16. 
FLESSIÈRE,   camisard  surpris   par  le   prévôt,  est 

tué  en  résistant,  p.  859. 
Fleurance  (Gruerie  de),  p.  474. 
FLEURIAU     D'ARMENONVILLE,      directeur     des 

finances,  pp.  728,  85o,  852. 
FLEURIGNY  (de),  abbé  de  Saint-Sernin,  p.  I223. 
Fleurs   distribuées   par  l'académie  des  Jeux  Flo- 
raux, pp.  655,  660. 
Fleury,  commune,  p.  74. 
FLEURY  (Hercule  de),  évêque  de  Fréjus,  p.   1000. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


l52I 


FLEURY,  cardinal,  pp.    loio,    loii,    1019,    1020, 

I025,    io55. 
FLEURY  (L'abbé),   auteur   de    VHistolre  ecclésias- 

titjue,  p.    1018. 

FI.EURY  (Marquis  de),  p.    |352. 

FLEYRES  (Jean -Jacques  de),  évêque  de  Saint- 
Pons,  p.  i58. 

FLEYRES,  receveur  du  diocèse,  p.  320. 

FLEYRES  (Baron  de),  p.   i353. 

Flix,  en  Catalogne,  p.  237. 

Florac,  baronnie  en  Gévaudan,  pp.  14,  3o,  56, 
63,  83,  90,  332,  601,  616,  617,  733,  739, 
746,  750,  788,  799,  800,  801,  802,  804,  807, 
835,  967,  1407;  toutes  ses  dépendances  sont 
dévastées,  p.  8o5. 

FLORAC  (Baron  de),  p.  435. 

FLORAC  (Comte  de),  pp.  39,  778. 

Florensac,  pp.   M,  354,    1401  ;  l'exercice  du  culte 

réformé  y  est  interdit,  p.    10. 
Florentin,  au  diocèse  d'Albi,  p.  roo8. 
Florentins,   nom   donné  aux  camisards   blancs, 

p.  8r3. 

FLORIAN  (de),  capitaine  de  dragons,  gentilhomme 
du  duc  de  Penihièvre,  membre  de  l'Académie 
française,  &c.,  dédie  Estelle  aux  Etats  de  Lan- 
guedoc, p.  1372. 

FLORIMOND,   meunier,    puis    chef   de    partisans 

catholiques,  p.  797. 
Flotte  des  alliés  sur  les  côtes  de  Languedoc,  p.  48. 
FLOTTE  (de),  ami    de  Maynard,  p.  246;    publie 

les  œuvres  de  ce  poëte,  p.  248. 
Flockb,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 
FLOUS  (de),  chanoine,  p.  3  16. 
FLOUS  (de),  vicaire  général,  p.  $17. 
FLOUTIER,  p.  733. 
FOCAUD,  conseiller  au    Parlement   de  Toulouse, 

p.  352. 
Foins,  pp.  966,   io56. 

—  sablés,  p.  1004. 

FniRE  de  Barre,  pp.  739,   740. 

—  de  Beaucaire,  pp.  35,  73,  80,  81,  85,  479, 
5i5,  727,  954;  ses  privilèges,  son  importance; 
date  des  lettres  patentes  de  quatorze  rois  de 
France  la  concernant,  p.  956;  interdite  en  172  1 , 
à  cause  de  la  peste,  p.  55;  par  suite  de  la  com- 
pétition de  plusieurs  villes  n'est  pas  tenue, 
p.  961  ;  rétablie  au  22  juillet  1723,  p,  57. 

—  franche,  »  Toulouse,  p.  117. 
Foires,  p.  i385. 

—  en  Languedoc,  p.  7o3. 

—  établies  à  Saix,  p.  64. 

—  établies  à  Toulouse,  pp.   iz5,  iz6. 

—  interdites,  p.  I238. 

—  de  Bordeaux,  pp.   1276,  1282. 

Foix  (Pays  de),  pp.  177,  255,  470,  471,  472,  703, 

372,  985,  1028,  ll5o,  1252,  1400,  1401,  1402; 

tourmenté    par  les    sous-traitants,  au   sujet  du 
droit  de  confirmation,  p.  208. 

—  'Comté  de),  pp.  294,  471,  472,  704,  872,  1 178, 
1235,  1238,  1404;  ses  frontières  du  côté  du 
lianguedoc,  pp.  871,  873. 


Foix  (Comtes  de),  p.  872,   1404. 

—  (Marquis  de),  p.  29. 

—  (Présidial  de),  p.    14. 

—  (Régiment  de),  p.   1243. 

—  (Syndic  de),  p.  872. 
FOIX  (M.  de),  p.  81  5. 

FOIX  (Sieur  de),  p.  5o4;  obtient,  par  arrêt  du 
conseil,  les  revenus  du  doyenné  d'Alet,  p.  5o6; 
instrumente  avec  un  notaire  &  un  sergent  con- 
tre le  chapitre  d'Alet,  pp.  5o5,  5o6. 

FOIX- RABAT  (Maison  de),  p.   1064. 

F0L(3UIER  (François),  maire  perpétuel  de  Bel- 
caire,  p.  639. 

FOLVILLE,  colonel  du  régiment  de  Flandres, 
p.  6i3;  ses  opérations  en  Vivarals,  p.  614;  ses 
tentatives  pour  éviter  l'effusion  du  sang,  p.  61  5. 

FONBON,  président  à  la  cour  des  comptes  de 
Montpellier,  p.  892. 

Foncamp,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Fondations  utiles  faites  par  les  États  de  Langue- 
doc, à  la  fin  de  leur  session  de  1784,  pp.  i33o, 
i33i. 

Fonderie  &  laminerie  de  cuivre  sur  le  Lez,  près 
Montpellier,  p.  59. 

Fonds  roturiers,  pp.  32,  43,  98. 

—  nobles,  p.  98. 

—  des  missions,  p.  546. 

Fondrières  des  routes  aux  abords  de  Toulouse, 
comblées  avec  des  fagots  de  sarments,  p.  476. 

F0NFILE  (Château  de),  p.  1  159. 

Fons,  p.  90. 

FoNS- outre-Gardon,  p.  io36. 

Fons,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Fontaine  de  Nimes;  approbairon  des  plans  de 
Maréchal,  p.  79. 

—  de  la  place  Saint-Etienne,  à  Toulouse,  p.  369. 

FoSTAINEP.LEAf,  pp.   401,    441,    520,    847. 

FONTAINES  (Guillaume  des),  réformateur  des  eaux 
&  forêts  de  Languedoc  en  1341,  p,  468. 

FoNTANEZ  (Collines  de),  pp.  482,  487,  619. 

FONTANEZ,  gentilhomme  allié  à  la  famille  de 
Ganges,  p.  806. 

FONTANGES,  évêque  de  Lavaur,  puis  archevêque 
de  Toulouse,  p.  1121,  1122,  i355;  député  aux 
Etats  généraux,  p.    1376. 

FONTANGES  (M'"  de),  p.   1285. 

FoNTARABiE,  p.  938  ;  prise  par  les  Français,  p.  938. 

—  (Conférences  de),  p.  495. 

FoNTARÊCHES,  p.  426;  démolition  de  son  temple, 
p.  18. 

FONTCOL'VERTE,  p.    824. 

FoNTENOT  (Victoire  de),  p.  1079. 

—  (Bataille  de),  p.   1274. 

FoNTBRS,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix, 
pp.  871,   1009. 

FONTENILLES  (Marquis  de),  p.   i353. 
FoNTFROiDE,  abbaye;  ses  armoiries,  p.  684. 
Fontes,  p.  639. 

FONTES,  notaire,  à  Toulouse,  p.  io65,  1401, 
FONTEZ(de),  p.  619. 


XIII. 


96 


l522 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


FoNTFROiDE;  extinction  de  cette  abbaye  &  union 
des  biens  à  l'évêché  de  Perpignan,  p.  99. 

Fontiès-de-Rive-d'Aude,  au  diocèse  de  Carcas- 
sonne,  p.   iùo8. 

FoNTJULiEN,  hameau  en  Gévaudan,  p.  960. 

FoNTMOBTE,  près  Florac,  p.  36. 

FoNTMORTE,  plateau  dans  les  Cévennes,  pp.  Sg, 
746,  747  i  Rolland  y  dresse  une  embuscade  con- 
tre les  troupes  royales,  p.  836. 

Fo.VTRAILLES,   pp.    i86,    i88,    189. 

FoNTRÉ*L,  près  Chalencon,  p.  48;  lieu  où  fut 
livré  le  dernier  combat  aux  camisards  attrou- 
pés, pp.  879,  880. 

Foraine  de  Languedoc,  p.  846. 

FOREST  (de),  sieur  de  Carlincas,  conseiller  au 
Parlement  de  Toulouse,  pp.  3o5,  3o6}  est  me- 
nacé de  mort  à  Béziers,  p.  3oï. 

FOREST,  ancien  capitoul,  p.   iîi3. 

FOREST  (de),  p.    |3.53. 

Forestière  (la),  p.  474. 

Forêt,  seigneurie,  p.   i333. 

Forêt  de  l'Aiguille,  p.   1254. 

—  de  Bélesta,  p.  362. 

—  de  Bouconne,  pp.  379,  470,   1228,  ii38. 

—  de  la  Grésigne,  p.  107. 

—  Noire,  p.  8  19. 

—  de  Senonches,  p.    108. 

Forêts;  aucune  autorité  (udiciaire  n'a  le  pouvoir 
d'attaquer  les  agents  de  la  réformation,  p.  466; 
de  nouvelles  bornes  données  aux  arrondisse- 
ments forestiers  corrigent  les  irrégularités  ob- 
servées par  les  commissaires  dans  les  diverses 
maîtrises  de  Languedoc,  p.  47c;  organisation 
de  maîtrises  nouvelles,  réorganisation  des  an- 
ciennes, pp.  47  1 ,  472,  473  ;  en  dehors  des  maî- 
trises, il  est  créé  des  résidences  d'ofiîcters  secon- 
daires, p.  474- 

—  du  domaine  royal;  sont  presque  ruinées  par 
suite  des  désordres  intérieurs,  p.  466. 

—  du  Languedoc;  appauvries  &  en  partie  dévas- 
tées, p.  466. 

—  des  Pyrénées,  visitées  par  ordre  de  Louis  XIV, 
p.  442. 

—  Maîtrise  du  comté  de  Castres;  son  ressort, 
p.  470;  sa  nouvelle  étendue,  p.  472. 

—  Maîtrise  de  l'Isle-Jourdain  ;  son  étendue, 
p.  470;  agrandie,  p.  471. 

—  de  Lauragais;  son  étendue,  p.  470. 

—  de  Montpellier;  son  étendue,  p.  470;  sa  nou- 
velle circonscription,  p.  473. 

—  de  Qulllan,  p.  471. 

—  de  Ta rbes,  p.  47 1 . 

Forez,  pp.  68,  177,  473,  704,  1028,  1081,  1149, 

t2c3,  i3o8,  i385,  1405,  1409. 
Forges,  pp.  72,  i385. 

—  du  pays  de  Foix,  p.  986. 

—  de  Languedoc,  pp.   108,  986. 

—  dans  le  pays  de  Mirepoix,  p.  698. 
Formulaire  de  Clément  XI,  pp.  .17,  58. 

—  signé  par  les  évéques,  p.  20. 


Formule  de   serment    prêtée    par    les  membres   des 

Etats  modifiée,  p.  496. 
FoiNEv,   château,   p.  îf)');    habité    par    le   marquis 

de   Rabat;   description   de  ce  château  par  Froi- 

doii  r,  p     2  53. 
Fort  de  Brescou,  p.  339. 

—  de  Peccais,  p.  339. 

—  de  Sommières,  p.  339. 

—  de  Saint-André,  p.  339. 
Fobt-des-Baixs,  p.  5i6 
FoRTi.'F.VKQtE,  prison  à  Paris,  p.  245. 
FORTIA    (de),    intendant    d'Auvergne,    pp.    485, 

488. 
Fortifications  des  côtes  de  Languedoc,  pp.  76,  78. 

—  &  ouvrages  publics  en  Languedoc,  p.   117. 
Forts  construits   en    Languedoc  pour   la    surveil- 
lance des  Cévennes;  leur  situation,  p.  599. 

FOS    DE    LA    BORDE,    maire   de  Gaillac,    député 

aux  Etats  généraux,  p.    1378. 
FOSSÉ  (Jean  de),   évêque  de    Castres,    pp.   7,    |58, 

i355. 
Fossts,  p    73. 
FOUCALID,  conseiller  au   Parlement  de  Toulouse, 

P    24''- 
FOL'CAUD  (Jacques  de),  maire  perpétuel  de  l'Isle- 

d'Albigeois,  p.  639. 
FoiGAX,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
FouGAY,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix,  p.  871 . 
Fougères,  p.  975. 
FOULQUIER,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 

son  exil,  p.   1218. 

FOUQUET  DE  BELLE-ISLE.   Voir  BELLE-ISLE. 

FOUQUET  (François),  évéque  d'Agée,  p.  1  59  ;  ar- 
chevêque de  Toulouse,  p.  367;  archevêque  de 
Narbonne;  sa  harangue  à  Louis  XIV,  p.  369;  à 
la  reine  mère,  p.  370;  son  éloge  de  Mazarin 
après  la  paix  des  Pyrénées,  p.  391;  son  exil  à 
Alençon;  ses  attaches  dans  la  Province,  p.  43  1  ; 
son  exil  continue,  p.  495;  meurt  en  exil,  le 
19  octobre  1673;  service  funèbre  célébré  par  les 
Etats  en  son  honneur,  p.  509. 

FOUQUET  (Louis),  évéque  d'Agde;  sa  déclaration 
favorable  aux  constitutions  des  Filles  de  l'En- 
fance, p.  577. 

FOUQUET,  surintendant,  pp.  371,953;  ses  em- 
prunts au  moment  où  la  Cour  quitte  Toulouse, 
p.  38o. 

FOUQUET  (Henri),  médecin  de  l'hôpital  militaire 
de  Montpellier,  p.    1239. 

Foui;S  banaux,  p.  65. 

FOURNEL  DU  ROURE,  religieuse  à  la  Seaure, 
p.    1204. 

Fournels,  p.   1407. 

Fournes,  lieu,  p.   1081. 

FOURNÈS,  colonel,  p.    1071. 

FOURNÈS  (Marquis  de),  pp.  79,  I070J  député 
aux  Etats  généraux,  p.    1377. 

FOURNIER,  médecin,  p.    1  142. 

FOURNIER,  seigneur  de  Puech-Salomon  ;  son  re- 
fus de  payer  les  tailles;  poursuites  criminelles 
exercées  contre  lui,  p.  478. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


iSzS 


FOURNIER  (Jacques),  bourgeois  d'Alais,  p.  863. 
Fournitures  aux  troupes,  p.  87. 

—  des  étapes,  p.   io5ï. 

—  de  viande  aux  communes,  p.   icSz. 
FooRQOES,   villnge    sur    le    Rhône,    pp.    385,    387, 

002,   il36j  des  prisonniers  cévenols  y  sont  me- 
nacés par  les  catholiques,  p.  826. 

FOURQUEUX  (de),  conseiller  d'État,  p.    1  339. 
FouRQL'EVAUx,  marquisat,  p.  29. 
FOURQUEVAUX  (Marquis  de),  p.    i352. 
Fourrages;  leur  prix,  p.  ySS. 
FOURU  (Jean),  conseiller  au  sénéchal  de  Limoux, 

p.  864. 
FoissERET  (Le),  commune,  pp.  84,  1009,  1404. 
FRACHOU  (Jacques),  p.    19.'). 

Fragment  du  Saint-Suaire,  à  Carcassonne,  p.  38o. 
Frais  des  Etats  de   Languedoc   limités  par  le  roi, 

pp.   1 1 18,  1 1  19. 

—  de  l'assemblée  des  États,  de  la  députation  à  la 
Cour,  de   l'administration,  p.   1369. 

—  de  gouvernement,  p.   1369. 
Fraisse,  lieu,  p.  394. 

FRAISSE  (A.-J.),  sœur  de  la  Visitation,  p.  ii65. 
Fraissinet  de  Lozf.re,  pp.  20,  601  ;  dévasté,  p.  804. 
Fraissinet,  pp.  332,  -gj. 
Fraissinet,  lieu  du  Gévaudan,  p.  397. 
Fraissinet  de   Fourques,    village  catholique  sac- 
cagé par  les  camisards,  pp.  783,  784. 

FRAMOND  (Vicomte  de),  p.   i386. 

Franc-ali.ed,  p.  953;  opinion  de  Eâville  sur  son 
origine  en  Languedoc,  p.  693. 

Franc-fief,  ne  doit  pas  être  payé  pour  les  terres 
exemptes  de  tailles  comme  stériles,  p.  77. 

Franc-salé,  p.  I7r);  explication  de  ce  mot;  de- 
mande de  son  rétablissement  par  le  Parlement, 
p.  174. 

FRANC-CONSEIL  (Sieur  de),  seigneur  de  Saint- 
Romain,  p.  452. 

FRANC-CONSEIL,  greffier  pour  le  roi  aux  États 
de  Béziers  de    li't'i'.),  p.  4:)3. 

Fr*sCAIS  attirés  par  l'électeur  de  Brandebourg  au 
moment  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
p.   561. 

FRANCE  (Vice-amiral  de),  doit  faire  partie  de  l'as- 
semblée des  notables  de  1786,  p.   i335. 

Francfort-sur-le-Mein  ;  les  protestants  émigrés 
de  Languedoc  y  ont  leur  point  de  concentra- 
tion, p.  562. 

Francfort-sur-l'Oder  ;  causes  du  développement 
du  commerce  de  cette  ville  ,  p.  565. 

Franchassis,  en  Vivarais,  p.  43. 

Franche-Comté,  pp.  66,  52  i,  814. 

Franchessis,  village  en  Vivarais,  pillé  &  incendia 
par  ordre  du  brigadier  Julien,  p.  814. 

Franchises  aux  foires  de  Toulouse,  p.   126. 

—  municipales,  p.  915. 

—  provinciales,  p.  9i5. 

FRANÇOIS  I,   roi  de   France,   pp.    i85,    232,  461, 

65o,  71 5,  956,  1039,  1296. 
FRANÇOIS  II,  p.  956. 


Francs-allelx  roturiers,  p.  934. 

Francs-fiefs  (Chambre  des),  p.  16. 

Fbanql'evalx,  abbaye,  p.    102-'. 

FRANQL'EVILLE  (de),  avocat  au  Parlement,  capi- 
toul,  p.  3^9. 

FRANQUI  (La),  p.  896. 

FRAUST  (Balthasar  de),  président  au  Parlement 
de  Toulouse,  pp.  |35,  247. 

FRAXINE  (de),  avocat,  p.  190. 

FRÉDÉGONDE,  p.  286. 

FRÉDÉRIC- GUILLAUME,  margrave  de  Brande- 
bourg, pp.  554,  618;  profite  de  l'émigration 
des  protestants  dans  ses  Etats  pour  développer 
l'agriculture  &  le  commerce,  y  créer  des  manu- 
factures, &c.,  pp.  56i,  552,  553;  ses  égards 
pour  les  gentilshommes  français  exilés  à  cause 
de  leur  religion,  p.  563. 

Frégerolles  (Buisson  de),  près  d'Albi,  pp.  470, 
474- 

FnÉGEViLiE  (Comté  de),  p.   101. 

FREGOSO  (Alexandre),  p.  333. 

FREGOSO  (César),  p.  333. 

FREGOSO  (Jean-Jacques),  p.  333. 

Fréjls,  p.  1000. 

—  (Évéque  de),  p.   1000. 

FRÉZALS,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.  247. 

Fresquel,  rivière,  pp.  75,  78,  79,  ii3,  119,  452, 

4'>7- 
Presse  (le),  p.  iSg. 

Fressinet,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Fi'.fcBES  des  Écoles  chrétiennes;  leur  établissement 
à  Aigues-mortes,  p.  106;  établis  dans  le  ressort 
du  Parlement  en  janvier  1778,  p.  116;  leurs 
écoles  gratuites  à  Castelnaiidary,  p.  125;  à  Car- 
cassonne, p.  126;  leur  établissement  dans  les 
principales  villes  demandé,  p.    |383. 

FRETTE  (de  la),  gentilhomme  de  la  maison  de 
Gaston   d'Orléans,  p.   186. 

FRÉZALS  (Victor  de),  prieur  de  Portelet,  p.  258. 

FRÉZALS,  conseiller  au  Parlement,  pp.  249,  326, 
329. 

FRÉZALS  (Victor  de),  p.  493. 

FRÉZALS,  commis  pour  connaître  des  difficultés 
de  l'évêque  d'Alet  avec  un  de  ses  diocésains, 
p.  412. 

Friedlingen,  pp.  819,  821. 

Frise,  p.  818. 

Frise  (la),  reçoit  quelques  pauvres  émigrés  du  Lan- 
guedoc, p.  556. 

Froidmont,  abbaye,   p.  720. 

FROIDOUR  (Louis  de),  seigneur  de  Serizy,  lieu- 
tenant général  civil  &  criminel,  grand-maître 
des  eaux  &  forêts,  pp.  23,  27;  son  origine;  ses 
aptitudes;  a  une  commission  particulière  pour 
la  réformation  des  forêts,  pp.  467,  473;  son 
voyage  datis  le  V'elai  pour  l'étude  du  chemin  à 
ouvrir  d'Alais  à  Brioude,  pp.  480,  481;  n'est 
pas  favorable  au  rétablissement  du  chemin  de 
la  Regordane,  p.  483;  son  séjour  au  Puy;  op- 
position qu'il  rencontre  à  tous  les  projets  de 
réforme  ou  d'amélioration,  pp.  484,  485,  486; 
documents  relatifs  à  sa    mission   en  Vêlai  dans 


1324 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


d 


un  volume  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Tou- 
louse, p.  486;  il  continue  son  enquête,  pp.  487, 
488,  489;  étudie  les  travaux  à  exécuter  pour 
améliorer  le  cours  de  la  Loire,  p.  491;  sa  des- 
cription du  château  de  Fornex,  p.   253. 

FROMATGÉ,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

FROMENT,  consul  &  député  d'Uzès,  p.  287;  atta- 
qué en  plein  jour  dans  Paris  par  des  assassins, 
p.  274. 

FROMENT  (Louis),  facturier  à  Nimes,  p.  992. 

FROMONT  (de),  gentilhomme  de  la  maison  de 
Gaston  d'Orléans,  pp.  186,  190,  293;  un  des 
secrétaires  des  commandements  de  Gaston  d'Or- 
léans, p.  277;  ses  lettres  au  sujet  des  élections 
aux  Etats  généraux,  p.  281. 

Fronde,  pp.  267,  791,  929,  i332. 

Fbondeubs  amnistiés,  p.  341. 

FRONSAC  (Duc  de),  fils  du  commandant  en  chef 
de  la  Province,  p.  1068. 

Frontières  d'Espagne;  leur  délimitation  par 
Marca,  pp.  3;9,  400;  de  quelle  façon  &  après 
quelles  études  elles  furent  délimitées,  pp.  399, 
400. 

de  la  Province  du  côté  du  Rouergue,  p.   1018. 

Fkontignan,  pp.  24,  65,  67,  73,  700,  725,  726, 
884,  1400;  transaction  avec  Cette  pour  les  li- 
mites de  ces  deux  communes,  p.  76;  délimita- 
tion de  la  commune,  p.  82;  les  consuls  &  con- 
seillers politiques  nommés  par  le  conseil  d'Etat, 
p.   109. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 
FROULAY  (M.  de),  p.  340. 
Feoulay  (Régiment  de),  p.  835. 
Frolsins,  pp.  342,  1218. 

Frigéres,  lieu  des  Cévennes,  pp.  3(5,  332,  741; 
dévasté,  p.  804. 

Fruits  méridionaux  envoyés  dans  les  Cévennes, 
p.  487. 

FUENSALIDA  (Comte  de),  p.  720. 

FULCRAND  DE  LA  ROQUE,  syndic  des  gentils- 
hommes verriers,  p.   1072. 

FUMEL  (Comte  de),  pp.    1241,   1243,   1246. 

Funérailles  de  Charles  de  Montchal,  p.  317. 

—  de  Louis  XIV;  itinéraire  du  cortège  de  Ver- 
sailles à  Saint-Denis,  p.  91  1. 

FURSTEMBERG  (Cardinal  de),  p.  721. 
Fusils  cédés  pour  l'armée  d'Espagne,  p.  57. 
Futailles,  p.  1384. 

—  fabriquées  à  Roquemaure,  p.  79. 

FuTAlNES,  p.  487. 

—  mêlées  de  fil  &  de  coton  fabriquées  à  Montpel- 
lier, p.  700. 


Cabales,  p.  481. 

Gabelles;    difficultés   pour  leur  établissement  en 
Roussillon,  p.  5i2. 

—  de  Languedoc,  pp.  384,  38?,  844. 

—  (Agents  des),   leurs  excès  &  leurs  concussions, 
p.  844. 


Gabian  (Hôpital  de),  p.  696. 
Gaijre,  commune,  p.    1009. 

Gabriac,  lieu  du  diocèse  d'Alais,  pp.  332;  brûlé, 
p.  806. 

GABRIAC  (de),  commandant  d'un  régiment  de 
milice,  p.  619. 

GABRIAC  DE  SAINT  -  MAURICE  (Famille  de), 
p.  799. 

GABRIEL  BERNARD,  notaire,  consul  du  Puy, 
p.  398. 

Gaffarel  (Mas  de),  métairie,  p.  765. 

Gagnac,  au   diocèse  de  Toulouse,  pp.    1008,   1282. 

Gagniére  (Pont  de),  p.  i3i3. 

Gai-savoir;  Gaie-science.  Koir  Jeux-Flobaux. 

Gaillac,  en  Albigeois,  pp.  6,  63,  94,  287,  3q6, 
332,  873,  1088,  1129,  ii3i,  ii32,  ii53, 
1219,  1378,  1402,  1404,  1408;  appartenant  à 
la  province  ecclésiastique  de  Bourges,  p.  281; 
ses  vins  transportés  à  Bordeaux,  p.  698;  ses 
vignobles  détruits  par  la  gelée,  p.   1012. 

—  (Couvent  de  capucins,  à),  p.  io63. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 
Gaillac-Toulza,  au  diocèse  de  Rieux,  p.   1008. 
GAILLARD  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1218. 

GAILLARD  (Jacques),  p.  84. 

Gaja,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix,  pp.  871, 

1009. 
Gaja,  au  diocèse  de  Liraoux,  p.  1008. 
GAJA  (de),  p.  619. 

Gajan  ;  démolition  de  son  temple,  p.  19. 
Galan,  p.  1402. 
GALARD  DE  TERRAUBE,    évéque   du    Puy,    doit 

faire  partie  de  l'assemblée  des  notables,  p.   i3:>j. 
Galargues    (Démolition     du     temple    du    petit), 

p.  19. 
Galargues;  ses  armoiries,  p.  686. 
Galérien  nommé  bourreau,  p.  21. 
Galériens  enlevés  à  Toulouse,  p.  6. 
GALHARD,  de  Blagnat,  p.  171. 
GALIBERT,   syndic   du   diocèse   Bas-Montauban, 

p.   I  22. 
GALIBERT,  notaire,  p.  1  Sp. 
GALIBERT   (Léon),    auteur   des   Pérégrinations    de 

Molière   dans   le   Languedoc,  p.  293;    ses    études 

sur  Molière,  p.  395. 
Galice,  p.  927. 
GALIEN  (Jean   de),  rédacteur  officiel  des  Annales 

de  Toulouse,  p.   |63. 
GALIEN  (de),  capitoul,  p.  371. 
GALIFFET   (de),    commandant    des    dragons    de 

Noailles,  p.  1348. 
Gallargues  (Petit),  p.  426. 
GALLES  (Princesse  de),  p.  52. 
Gallinagues,  p.  870. 

GALLiss\RGnES,  au  diocèse  d'Alet,  p.  1008. 
Galloway  (Régiment  anglais  de),  p.  859. 
Gally  (les  frères),  p.  48. 

GALTIER,  docteur  régent  en  médecine,  p.  340. 
Gandalou  (Plateaux  de),  p.  1403. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i525 


Ganges,  pp.  49,  102,  601,  783,  968,  1073,  1  i3o, 
ii5o,  1282,  1 400;  on  y  tanne  des  cuirs,  p.  700; 
les  insurgés  s'y  ravitaillent  ;  on  y  égorge  &  jette 
à  la  rivière  un  détachement  du  régiment  de  la 
marine;  Montrevel  y  établit  des  dragons  &  fait 
pendre  quatre  hommes  de  la  ville  pris  parmi 
les  insurgés,  p.  789;  diminution  du  prix  du 
bois,  par  suite  de  la  découverte  des  mines  de 
houille,  p.   1283. 

Ganges,  baronnie,  pp.  29,   5o,   87. 

GANGES  (de),  p.  314. 

GANGES  (Baron   de),  pp.  Sop,  329,  469,    1067. 

GANGES  (Comte  de),  p.  137t. 

GANGES  (Marquis  de),  condamné  au  bannisse- 
ment, p.  21,  5o,  87,  806. 

GANGES  (M"'  de);  sa  liaison  avec  le  cardinal  de 
Bonzi,  p.  717;  est  exilée  par  le  roi,  p.  718. 

Gap,  p.  765. 

GARAUD  DE  DONNEVILLE,  président  au  Parle- 
ment de  Toulouse,  p.  290. 

GARAUD-DURANTI  (Etienne),  sieur  de    Donne- 

'ville,  pp.  348,  349. 
Gabd,  pp.  473,  798,  541,  902,  962,  960,   I  i33. 

—  (Bassin  du),  visité  par  les  camisards,  p.  807. 

—  (Plaine  du),  p.  768. 

—  (Département  du),  p.  i  29  ;  nom  définitif  donné 
au  département  de  Nimes,  p.  1411,  1  425. 

GARUE  (la),  p.  97. 

GARDE  DE  CHAMBONAS  (de  la),  évéque  de  Lo- 

dève,  p.  6i3;  visite  les  paroisses,  p.  6i5. 
GARDE-GUÉRIN,  pp.  482,  484,  487. 
Garde  nationale,  p.   1399. 
Gaudes-côtes,  pp.  950,  951. 

—  françaises  réorganisées,  p.   1274. 

—  locales  créées  par  ordre  de  Eâville  durant  la 
guerre  des  Cévennes,  p.  734. 

—  de  la  santé,  à  Toulouse,  p.  3i8. 

—  urbaines,  p.   1400. 

Cardes  terre  en  Languedoc,  p.  91. 

GARDEIL,  professeur  de  la  faculié  de  médecine  de 

Toulouse;  son  mémoire  contre  le  projet  d'assom- 

mement  du  bétail,  pp.   1262,  i263. 
GARDEZ   (Salomon),  nouveau  converti,  p.  753. 
Gai-dié,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 
Gardiceol  (Ruisseau  du),  p.  1070. 
GARDIOLE  (Baron  de  la),  pp.  82,  1064. 
Gardon,    rivière,    pp.    io3,    1  o5,    i2rt,    483,    699, 

616,  644,  648,   73 I,  739,   743,  749,   75c,   757, 

767,  774,  787,   788,   796,   804,   806,   81.5,   816, 

823,  83i,  834,  841,  1  178,  1372;  déborde,  p.  76; 

ion    élargissement    dans    les    environs    d'AIais, 

P-  77- 

—  d'AIais,  pp.  482,  483,  747,  774. 

—  d*Anduze,  pp.  482,  710,   1070. 

—  de  Mialet,  pp.  736,  737,  743,  790,  799,  801, 
8o5,  806. 

—  de  Saint-Jean,  pp.  737,  739,  8o5. 

—  (Bassin  du),  p.    1066. 

—  (Plaine  du),  pp.  758,  822. 

—  (Vallons  du),  p.  424. 
Gardon.nelle  (Vallon  de  la),  p.  776. 


Gardons,  p.   1406. 

—  (Vallée  des  deux),  p.  601. 
Gabdouch,  pp.  1071,  1125,  1241. 

—  (Consuls  de),  p.   iii3. 

GARENNE,  chevau-léger,  compromis  dans  le  viol 

d'une  fille  de  Nîmes,  p.  253. 
Garennes  non  autorisées,  p.  466. 
GARET,    procureur    au     sénéchal    de    Toulouse, 

p.  2o5. 
Gargas  (Hôpital  de),  pp.  33,  696. 
GARGAS  (Bertrand  de),   conseiller  au    Parlement 

de  Toulouse,  pp.  3,  4,  248,  244,  3o5,  3o6,  3o8, 

35i,  3.02;   sa    procédure  contre  l'évéque  d'Albi, 

p.  3 10. 

GARGAS  (Joannis  de),  p.  |352. 

Gargas;  ses  armoiries,  p.  688. 

GARIBAI,  (de),  p.  255. 

GARIBALD  (de),  p.  349. 

Garidech;  ses  armoiries,  p.  688. 

GARIPUY,  huissier,  p.  309. 

GARIPUY,  directeur  des  ouvrages  de  la  Province 
dans  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  pp.  78,  108, 
1070,  1178,  1295;  directeur  des  travaux  à 
Montpellier,  p.  1114;  ses  projets  d'embellisse- 
ment de  Toulouse,  p.  1  127;  fait  le  nivellement 
du  canal  de  Moissac,  p.  1228;  chargé  d'étudier 
les  travaux  à  exécuter  pour  améliorer  le  cours 
de  la  Garonne,  pp.  1277,  1281  ;  observatoire 
astronomique  construit  au  sommet  de  sa  mai- 
son, p.  i3o3;  sa  maison  est  louée  après  sa  mort 
pour  la  même  destination,  pp.  i3o4,  i3o5. 

GARIPUY  (M""),  p.   1304. 

Garmsaibes,  p.  876. 

Garonne,  rivière,  pp.  24,  6j,  83,  107,  ni,  118, 
171,  342,  367,  452,  471,  476,  477,  5i3,  5i5, 
697,  698,  722,  949,  1004,  1007,  1224,  1227, 
1234,  1236,  1240,  1241,  1243,  1252,  1255, 
1259,  1260,  1263,  1265,  i33i,  1402,  1403, 
1404;  liberté  de  la  batellerie  sur  cette  rivière, 
p.  427;  point  oii  Riquet  veut  établir  l'embou- 
chure du  canal  de  Languedoc,  p.  460;  son  in- 
suffisance comme  voie  navigable  donne  l'idée 
d'un  projet  de  canal  d'Ondes  à  Moissac,  p.  461; 
son  cours  changé  par  les  inondations,  p.  876; 
déborde  en  septembie  1727,  p.  61;  déborde  le 
2  août  1750,  p.  85;  inonde  le  faubourg  Saint- 
Cyprien  à  Toulouse,  p.  ioo5;  état  d'abandon 
&  de  dél.fbrement  de  son  cours,  p.  1275;  me- 
sures proposées  pour  faciliter  la  navigation, 
pp.  1276,  1277;  visite  générale  de  son  cours, 
p.  1281  ;  fréquence  des  accidents;  points  où  des 
travaux  furent  exécutés  en  1777  &  en  1781, 
p.  1282;  amélioration  de  son  cours,  pp.  1204, 
1295,  1296. 

—  (Navigation  de  la),  p.   16. 

—  (Règlement  pour  la  navigation  de  la),  p.    110. 

—  (Travaux  de  la  haute  &  de  la  basse),  p.  109. 

—  [Vallée  de  la),  pp.   i235,  1253. 
Garrigues,    bruyères,    pp.    60,    999;    brûlé», 

p.    1027. 

—  de  Vauvert,  p.  747. 

Ga BROUILLES,  arbrisseaux,  p.  79. 

GARY,  capitoul,  premier  de  justice,  p.    |3|8. 


15:6 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


GASC,  fournisseur  de  fagots  pour  le  chauffage  des 

places  publiques  à  Toulouse,  p.  876. 
Gascogne,   pp.    260,   342,  471,   5-)o,    i235,    i238, 
1242,  1243,  1246,  1202,  12.54,  1205,  1263,  1296, 
1401  ;  désolée  par  l'épizootie  de   1774,  p.    1232. 
Gaspillages  dans  les  administrations  municipales, 

p.   708. 
GASQUE  (de),  p.  620. 
Gassac  (Pont  de),  p.  pS. 
GASTON  DE  FOIX,  p.  253. 

GASTON  DU  LION,  sénéch:il  de  Toulouse,  p.  260. 
GASTON-JEAN-BAPTISTE  DE  FRANCE,  duc  d'Or- 
léans, &c.,  pp.  i3i,  i33,  179,  180,  iQi,  197, 
198,  202,  2i3,  218,  224,  226,  227,  236,  240, 
255,  256,  277,  278,  291,  293,  295,  348,  382, 
791,  929;  gouverneur  de  Languedoc,  p.  2j  ses 
antécédents  devaient  lui  interdire  l'accès  du 
gouvernement  de  Languedoc,  p.  i83)  son  carac- 
tère frivole;  diverses  déclarations  contre  lui  & 
en  sa  faveur;  jugement  de  Richelieu,  p.  184; 
est  nommé  gouverneur  &  lieutenant  général  de 
la  Province,  p.  |85;  ses  titres;  son  âge;  ses 
mariages;  ses  enfants;  résidant  tantôt  à  Paris, 
tantôt  à  Blois,  p.  i85;  sa  cour;  gens  composant 
sa  maison;  son  passé,  p.  186;  opinion  de  Ri- 
chelieu sur  son  caractère,  p.  187;  occupé  au 
siège  de  Gravehnes,  ne  peut  prendre  en  per- 
sonne le  gouvernement  de  la  Province,  p.  189; 
ses  exigences  &  ses  injonctions  cavalières  pour 
faire  payer  par  la  Province  des  sommes  qui  ne 
lui  étaient  pas  dues,  p.  190;  intrigues  dans  le 
gouvernement  de  la  Province,  p.  208;  son  éloge 
par  le  maréchal  de  Schomberg  à  l'ouverture  des 
Etats  de  1645,  p.  209;  autre  éloge  par  l'inten- 
dant Bosquet,  p.  210;  son  rôle  dans  la  lutte 
entre  le  Parlement  &  les  capitouls,  p.  222;  son 
abnégation,  p.  274;  s'est  retiré  à  Saint-Ger- 
main avec  la  Cour,  p.  279;  tente  de  réconcilier 
le  Parlement  &  les  Etats,  p.  3i5;  sa  lettre  aux 
capitouls  de  Toulouse  au  moment  de  la  rébellion 
du  prince  de  Condé,  p.  324;  ses  instances  auprès 
de  la  ville  de  Toulouse  au  sujet  de  la  représen- 
tation de  cette  cité  aux  Etats,  p.  326;  se  déclare 
contre  Mazarin,  p.  335;  est  nommé  par  le  Par- 
lement lieutenant  général  du  royaume,  p.  337; 
quelques  commandants  de  place  se  prononcent 
pour  lui;  texte  d'un  imprimé  de  l'époque  à  ce 
sujet,  p.  339;  après  la  Fronde,  se  retire  d'abord 
à  Limours,  puis  à  Blois;  finit  sa  carrière  poli- 
tique; reste  gouverneur  de  Languedoc,  p.  343; 
écrit  à  Mazarin  en  faveur  de  la  Province, 
p.  378;  sa  mort;  honneurs  qui  lui  furent  ren- 
dus dans  la  Province  par  ordre  du  roi,  p.  383. 

GATIGNES,  premier  consul  d'Uzès,  p.   i58. 

Gatuziéres,  lieu,  p.  19. 

GATTE  (Antoine),  traitant  des   nouveaux   offices 
municipaux,  pp.  637,  641. 

GAU,  marchand  de  fer  à  Carcassonne,  p.  36i. 

GAUBERT,    greffier-garde-sac    au     Parlement    de 
Toulouse,  p.   1414. 

Gaddiès,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 

GAUJAC  (de),  pp.   162,  619. 

GAULES  (Charles),  p.  863. 

GAURAN   (de),    nommé   conseiller  au    Parlement 
Maupeou,  p.   1  214. 


Galre  (Comté  de),  pp.  471,  4''4. 

Gaure  de  dix-huit  cents   toises  sur  la   Garonne, 

p.   1282. 
GAUSSENTE  (Anne),  p.  980. 
GAUTERON,  médecin  de  Montpellier,  p.  962. 
GAUTIER     DE     SAINT- RLANCARD ,    pasteur    à 

Montpellier,  devient    prédicateur   de   la    cour  à 

Berlin,  p.  564. 

GAUTIER  ou  GAULTIER  (Jacques  de),  ancien 
docteur  de  l'Université  de  Montpellier,  méde- 
cin de  l'électeur  de  Brandebourg,  p.  564. 

GAUTIER  (M'"'  de),  pp.  084,  585;  reçoit  l'ordre 
de  s'enfermer  dans  un  couvent  de  Mende, 
p.  586. 

GAUTIER,  poëte  patois,  p.  654. 

GAUTIER,  ingénieur,  p.  873. 

GAUZIG^AN,  commurfe,  p.  817. 

GAVARRET  (Marquis  de),  capitoul,  pp.  1293, 
i352. 

GAVARRET-ROUAIX  (Marquis  de),  p.    i352. 

GAYRARD,  capitoul  de  Toulouse,  p.  922. 

GAYERÉ,  p.  125. 

Galette  d'Agriculture  &  Je  Commerce ,  publie  la 
lettre  de  l'archevêque  de  Toulouse  relative  à  l'é- 
pizootie,  p.  1238. 

Ga:;ette  ecclésiastique,  prise  à  partie  dans  un  pam- 
phlet en  faveur  des  jésuites,  p.  1188. 

GAZIER  (Jacques),  p.  379. 

GÉDÉON,  p.  760. 

GEISEN,  colonel,  p.  884. 

Gelas,  lieu,  p.  i385. 

Gelées,  pp.  42,  1004. 

—  de   1729,  p.    1012. 
Gf.NES,  pp.  5 1  4,  5 16. 

GÉNÉALOGISTES;  méfinnces  qu'ils  excitaient  dès  le 

milieu  du  dix-septième  siècle,  p.  478. 
Génébac,  p.  427. 
Générac,  près  Beaucaire,  p.  5i6. 
Gé.nérac,  lieu  au  diocèse  de  NiiViCS,  déserté,  p.  164. 
Gênérac,  p.  765. 
Généralité  d'Orléans,  p.  542. 

—  de  Tours,  p.  542. 

Generville,   commune   du    diocèse  de    Mirepoix, 

p.   871. 
Genève,  pp.  611,  700,  709,  773,  887,  973,  1039, 

io3o;   des    manufactures  y    sont    créées   par  des 

proscrits  français,  p.  565. 

—  ^Lac  de);  des  jardins  potagers  &  des  pépinières 
sont  créés  sur  ses  bords  par  des  émigrés  langue- 
dociens, p.  565. 

Genève  française,  nom  donné  à  Nimes,  p.  975. 

GENIBROUZE  DE  SAINT-AMANS  (de),  p.  55o. 

GENIBROUZE  (Jacques  de),  p.  622. 

GENIBROUZE  (Sébastien),  p.  622. 

GENIBROUZE  (Bernard  de),  nouveau  converti; 
rôle  de  cette  famille  dans  les  guerres  de  religion 
du  seizième  &  du  dix-septième  siècles,  p.  622. 

Génie;    son     organisation    dans    la     Province, 

pp.   1293,  1294. 
Génies,  p.  108. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


i527 


Genolhac,  pp.  759,  762,  773,  774,  765,  8op,'i4o6j 
ses  habitants  font  cause  commune  avec  les  In- 
surgés, p.  77J;  est  pillé  par  les  troupes  royales; 
sa  situation  ne  permet  pas  d'y  entretenir  des 
troupes,  p.  776. 

Ge.xouilhac,  p.  37. 

Genoi'illac,  lieu,  pp.  28,  487,  601. 

—  (Montagne  de),  p.  487. 
Génois,  p.  700. 

Gens  d'armes  du  duc  d'Orléans;  moyen  employé  à 
leur  sujet  pour  extorquer  de  l'argent  a  la  Pro- 
Tince,  p.  275. 

—  de  guerre  ne  peurent  entrer  dans  les  chefs- 
lieux  de  diocèse  sans  un  ordre  exprès  du  roi, 
p.  334. 

—  de  lettres,  p.  25o. 

—  de  loi,  ruinent  les  parties  par  la  longueur  des 
procès,  p.  i6î;  leur  conduite  dans  les  Cévennes, 
le  Gévaudan  &  le  \'ivarais  appréciée  par  les 
commissaires  nommés  par  le  Parlement  de  Tou- 
louse; curieux  détails,  pp.  i32i,  i322,  i3i3, 
§324,  i325. 

—  de  main-forte,  p.  1 5o  ;  leurs  entreprises,  p.  396. 

—  de  mainmorte,  pp.  85,  97. 
GENSAC  (M"""  de),  p.  <)5y. 

GENSANNE  (de),  p.  1285;  fait  commencer  l'ex- 
ploitation de  diTcrses  mines  de  houille,  pp.  1 2S2, 
1283,  1285. 

GENTIL,  p.   106. 

Gentilshommes  à  la  tête  de  bandes  d'hommes  ar- 
més en  Gévaudan,  p.  35o. 

—  leur  nombre  dans  la  Province  en  1698,  p.  602. 
GENTON  (de),  p.  21 5. 

GEOFFROY  (Marie-Luce  de),  p.  863. 
GEORGES  IV,  roi  d'Angleterre,  p.  1089. 
GERAUD  (de),  consul  de  Montpellier,  p.  2i5. 
GÉRIÉ  (Chevalier  de),  p.   |352. 
GERIKE,  conseiller  d'État  &   président  au   cercle 

de  la  basse  Saxe,  p.  5^2. 
GERLANDE  (Marquis  de),  pp.  68,  69. 
Gefs,  rivière,  pp.   1261,  1236,  1295. 

—  (Coteaux  du),  p.  1243. 

—  (Hautes  vallées  du),  p.  471. 
Cebtp.uïde.vberg  (Conférences  de),  p.  882. 
Gévaudan,  pp.  6,  47,  5o,  60,  70,  73,  76,  83,  90, 

91,92,  93,  96,  loo,  102,  io3,  104,  121,  122, 
'55,  167,  177,  397,  423,  473,  481,  557,  5-1, 
399.  644.  738,  744,  746,  754,  790,  804,  8 .7, 
94'4»  964.  967,  1112,  iii3,  1129,  ii3i,  ii32, 
ii37,  1149,  iiSo,  ii5i,  ii52,  ii53,  1195, 
1199,  1200,  1201,  1202,  i2o3,  1287,  i3o;;, 
i3ii,  i3i3,  i3i9,  i32o,  i3Jo,  i33i,  i3ii4, 
|385,  i38û,  1405,  14^6,  1408,  1410;  produc- 
tions du  sol  ;  ses  manufactures,  p.  7  ;  brigandace 
armé,  p.  1  1  ;  des  brigandages  se  commettent 
dans  le  pays;  les  coupables  sont  punis,  p.  35o; 
adresse  des  cultivateurs,  signalée  par  Bâville,  à 
répandre  l'eau  dans  leurs  ciiamps,  p.  702  ;  son 
caractère  féodal,  p.  799;  la  peste  y  fait  son 
apparition  en  1720,  p.  946;  ravagé  par  la 
peste,  p.  948  ;  la  peste  y  fait  de  grands  ravages 
en  1721  &  emporte  plus  de  cinquante  mille 
victimes,  p.  961  ;  est  entouré  d'un  cordon  sani- 
taire 81  privé  de  communication  avec   les    pro- 


vinces voisines,  p.  962;  époque  de  la  cessation 
de  la  peste  dans  divers  lieux  de  ce  pays,  p.  965; 
reçoit  du  blé  fourni  par  les  Etats,  p.  1017; 
désolé  en  partie  par  l'épizootie,  p.  1081;  mines 
de  plomb,  cuivre  &  argent  exploitées' en  1777, 
p.  I2j3;_vices  dans  son  administration  dénon- 
cés aux  Etats  de  Languedoc,  p.  i3o5. 
Gévaudan  (Bailliage  de),  p.  84. 

—  (Forets  du),  p.  474. 

—  (Montagnes  du),  p.  966;  désolées  par  les  rava- 
ges d'animaux  carnassiers,  pp.  1 193,  1 194,  1  193. 

—  (Sénéchaussée  de),  p.  i3, 

GÉVAUDAN  (M'"  de).  Foir  GANGES  (M""  de). 
GEVAUDAN,  maréchal  de  camp,  p.  796. 
Gévraud  (Baronnie  de),  p.  1197. 
GIARGUES,  gentilhomme  protestant,  p.  28. 
Gibet.,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
GIBERTIN,  gentilhomme,  p.  751. 

GlDRALTAR,   pp.  9o3,  927. 

GiGNAc,  pp.  3o,  43,  95,  97,  98,  99,  100,  Il3, 
i56,  990,  ii3o,  ii3i,  1178,  1401. 

—  (Citadelle  de),  p.  6. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
GijouNET,  bourg  &  château,  p.  261, 
GILABERT,  habitant  de  Toulouse,  p.  1402. 
GILÈDE  (de),  conseiller  au    Parlement   de   Tou- 
louse; son  exil,  p.  1218. 

GiLHOC,  paroisse  des  Cévennes,  pp.  47,  878. 

GiLLOC,  en  Vivarais,  p.  1201. 

GILLES  (Louis),  marchand  de  Nimes,  p.  992. 

GILLY,  p.  53. 

GiMOEz  (Vicomte  de),  p.  470. 

GiMO.NE  (Vallée  de  la),  pp.  341,  470. 

GiMONT,  pp.  1401,  1402. 

GINESTE  (Jean  de),  p.  12. 

GINESTE  (de),  p.  349. 

Gi.vESTELLE,  en  Vivarais,  p.  1201. 

—  (Pont  de),  pp.  94,  1149. 

GINESTET,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.  1218. 

GiNESTOUS,  près  Toulouse,  p.  ijiS,  1224. 

GiNESTOts,  marquisat;  date  de  son  érection,  p.  106. 

GINESTY,  avocat,   capitoul   à   Toulouse,  p.  1293. 

GINESTY,  subdélégué  de  l'intendance,  pp.  i3i8, 
i3i9,    i33o, 

GIRAUDY,  membre  du  commissariat  de  Langue- 
doc, en  1790,  p.  1427. 

Gir.ocssENS  (Prieuré);    son    union  i  Saint-Salri, 

p.  121 . 
GIRAL,  p.  114. 

GIRARD  VAN  OBSTAL,  sculpteur,  p.  553. 
GIRARD,  ancien  consul  de  la  Bourse  de  Toulouse, 

p.  i363. 

GiHou,  rivière,  pp.  3i,  35,  38,  84,  88,  47c,  1252, 
1205;  élargi  aux  frais  des  communes  riveraines, 
p.  75;  son  cours  amélioré,  p.  78. 

—  (^Coteaux  du),  p.  1265. 

—  (Plaine  du),  p.  124^. 

—  (Vallée  du),  pp.  Sil,  1241,  1245. 

GiBONE,  prise  par  le  duc  de  Noailles,  pp.  32,  48, 
891,  çii. 


i528 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


GiROCSSENS,  domaine,  p.  33. 

Glace;  son  monopole,  pp.   14,  25,  70,    1 1  1 ,    114; 

qui    se    consommait    à    la    foire    de    Benucaire, 

p.  727 j   son   commerce  est  libre  durant  la  foire 

de  Beaucaire,  p.  728. 
Glaces  de  Venise  (Fabrication  des),  p.  3. 
Glaciébes  du  Languedoc,  pp.  728,  io52. 
Glanage,  p.  117. 

Glanhêves  (Évêque  de),  pp.  1021,  io23. 
GLASSIER,    propriétaire   d'une    métairie    près    de 

Toulouse,  p.  I  I  |5. 
GLEISES  DE   LA   BLANQUE,    député    aux    Etats 

généraux,  p.   1378. 
Gléon,  marquisat,  p.  85. 
Gluiras,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Gi.uYRAS,  pp.  612,  614,  6i5,  879;  son  église  brûlée 

par  les  camisards,  p.  814. 
Glun,  en  Vivarais,  pp.  870,  1202. 
GODEAU,  évêque  de  Grasse  &  de  Vence,  pp.  8,  3 1 1 , 

3  19. 
GODEFROI  DE  BOUILLON,  p.  3 19. 
Godolet,  p.  1 197. 
GoiRANS,  p.  1241. 

GONON-LOUBENS,  capitoul,  p.   1371. 
GONTAUT  (Louis-Antoine),  duc   de    Biron.   Voir 

BIRON. 
GONTAUT  (Marquis   de),  lieutenant   général    en 

Languedoc,  p.  92. 

GONTAUT  (Baron  de),  p.  193. 

GONTIER  (Antoine  de),  maire  perpétuel  de  Saint- 

Juéry,  p.  639. 
GORGE  (Baronne  de  la),  p.  io3û. 
GORSE  (de  la),  p.  620. 
GORSSE,  membre  du   commissariat  de  Languedoc, 

en   1790,  p.  1425. 

GOUAN,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 

finances,  p.  1097. 
GOU.AZE,  capitoul,  p.  1172;   professeur  en  droit, 

p.  1293. 

GOUDAL  (Jean  de),  sieur  de  Graines,  p.  333. 
GOUDAR  (François),  p.  82. 
GOUDAR,  négociant  de  Montpellier,  p.  899. 
GOUDAR,  inspecteur  des  manufactures,  p.  940. 
Goudabgues  (Bac  de),  p.  778. 

GOUDELIN  (Raimond),  chirurgien,  père  de  Pierre 
Goudelin,  p.  249. 

GOUDELIN  (Pierre),  p.  245;  sa  vie  passée  à  Tou- 
louse; reçoit  des  capitouls  une  pension  de  trois 
cents  livres;  sa  mort;  appréciation  de  ses  œuvres 
&.  du  caractère  de  son  talent;  est  enseveli  dans 
le  cloître  des  carmes,  p.  249;  ses  restes  transpor- 
tés, en  1808,  dans  l'église  de  la  Daurade  par  les 
soins  de  l'académie  des  Jeux-Floraux,  p.  25o; 
honoré  d'une  place  dans  la  galerie  des  hommes 
illustres,  p.  634. 

GOUDET,  p.  1406. 
GouDOui.ET,  en  Vivarais,  p.  1202, 
GONDRAN,  confesseur  de  Gaston  d'Orléans,  p.  1  88. 
GONDRIN  (de);  son  duel  avec  le  marquis  de  Ra- 
bat, p.  299. 


GONDRIN  (Henri  de),  archevêque  de  Sens,  cherche 
à  apaiser  la  querelle  du  marquis  de  Rabat  avec 
M.  de  Bertier,  p.  2038. 

Gouf.TE.v  (Régiment  de),  p.  882. 

GOULAS  (de),  secrétaire  des  commandements  de 
Gaston  d'Orléans,  pp.  186,  188,  190,  221,  222, 
224,  228,  293,  366;  devient  secrétaire  des  com- 
mandements du  prince  de  Conti,  à  Paris,  p.  5<j5. 

Goi  iiDAN,  château  en  Vivarais,  pp.  194,  620,  1201, 
1  202. 

Gour.DON,  p.  1349. 

GOURNAY  (Henri  de),  chambellan  de  Gaston 
d'Orléans,  p.  186. 

Gourmé  (Carrière  de  pierre  de),  p.  986. 

GouRViEiLLE,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009, 

GOUTTES,  curé  d'Argeliers,  député  aux  Etats 
généraux,  pp.  1389,  1390,  1396. 

Gouvernement  de  Languedoc  donné  à  Gaston 
d'Orléans,  pp.  2,  i85;  demeure  au  duc  d'Or- 
léans après  la  Fronde,  p.  343;  donné  au  prince 
de  Conti,  p.  383. 

—  provincial;  ses  attributions;  de  quelle  manière 
elles  étaient  exercées  à  la  mort  de  Louis  XIII, 
p.   180. 

Gouvernements  généraux;  leur  nombre;  émolu- 
ments de  cette  charge,  p.  1277. 

—  particuliers;  leur  nombre;  émoluments  atta- 
chés à  leurs  différentes  classes,  p.  1278;  noms 
des  huit  gouvernements  qui  se  trouvaient  en 
Languedoc,  p.   1279. 

Gouverneur  de  la  Province;  grandeur  de  ses  attri- 
butions, malgré  l'accroissement  de  l'autorité 
ministérielle  &  la  création  des  intendances, 
pp.  181,  182. 

Gouverneurs  de  places  frontières,  p.  14. 

—  en  titre  d'offices  héréditaires,  créés  &  suppri- 
més, p.  71 5. 

GOUZE,  p.  36. 

GOYRANS  (de),  capitoul,  p.  389. 

GOYRANS  (Chevalier  de),  p.   |352. 

GRACE,  de  Marseille,  inventeur  d'une  machine 
destinée  au  creusement  des  ports,  p.  1029. 

Grâce- Dieu  (Religieuses  de  la),  ordre  de  Fonte- 
vrault;  leurs  armoiries,  p.  685. 

GRADIS,  juif,  p.  1226. 

GRAGNAGUE  (de),  président  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.  4. 

Gragniague,  pp.  1218,  1262. 

GRAIGNAGUE,  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse, pp.  173,  189,  216,  244. 

GRAIL  (Françoise),  religieuse  de  Clavas,  p.   1204. 

Gn Al NS,  pp.  61 ,  65,  69,  83,  88,  99,  1 1  1,  1  i3,  1 15, 
721,  722,  944,  966,  io3o;  leur  accaparement  & 
leur  exportation,  p.  1  ;  leur  sortie  est  autorisée, 
p.  42;  leur  exportation  affranchie  de  tout  droit, 
p.  5i;  leur  exportation  est  prorogée,  p.  5.' ; 
prêtés,  p.  52;  portés  en  Vivarais  par  le  Rhône, 
p.  71;  achat  par  commissionnaires  pour  mar- 
chands étrangers  interdit,  p.  84;  circulent  li- 
brement dans  la  Province,  p.  98  ;  leur  exporta- 
tion, p.  loo;  remboursement  des  achats  faits, 
en  1750,  pour  la  subsistance  des  habitants  du 
diocèse  du  Puy,  p.   100;  pour  les  semailles  sai- 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i5] 


sis,  p.  îîo;  manquent  en  1709,  p.  876;  de  se- 
mailles ne  peuvent  être  achetés  parles  habitants, 
p.  1004;  perdus  durant  l'inondation  de  1727, 
p.  1006;  manquant  pour  les  semences  de  1709, 
p.  ii57;  leur  commerce  à  Toulouse,  p,  i3(8; 
leur  exportation  interdite,  p.   i33o. 

Graissessac,  p.  699. 

Gramasié,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

GRAMMONT  (François  de  Barthélémy  de),  éyêque 
de  Saint-Papoul;  sa  lettre  au  président  Riquet 
sur  la  détresse  de  la  Province,  pp.  889,  890. 

GRAMONT  (de),  baron  de  Lanta,  pp.  14,  25. 

GRAMONT  ("Jacques  de),  p.  58. 

GRAMONT  (de),  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse, pp.  202,  224. 

GRAMMONT  (Maréchal  de),  p.  25i. 

Gband'Comde  (Mines  de  la),  pp.  834,  iiSS. 

Grand-Gallargces,  pp.  701,  ic66. 

Grand-Hers,  pp.  410,  871,  1404. 

Grand-Montrevalx,  comté,  p.  553. 

Grand  rielx,  p.   1407. 

Grand  chemin  du  bas  Languedoc,  p.  1241. 

Grand  maître  des  eaux  &  forets,  p.  81. 

Grande  maîtrise  des  forêts  de  Toulouse,  pp.  466, 
467. 

Grands  dailliaoes,  p.  128. 

Grandes  pluies  de  l'hiver  1706-1707,  p.  44. 

Grands  chemins;  ordonnance  de  d'Aguesseau  pour 
leur  conservation,  pp.  25,  73. 

Grands  corps  de  la  Province;  leurs  dispositions  à 
profiter  des  progrès  du  sens  critique  pour  re- 
commander des  réformes;  leur  résistance  dès  que 
leurs  prérogatives  étaient  en  jeu,  p.  1157. 

propriétaires  du  Languedoc;  leur  mauvais  vou- 
loir retarde  la  construction  du  canal  de  Beau- 
caire,  p.  388. 

Grandselve,  abbaye;  ses  armoiries,  p.  684. 

GRANDVAL  (de),  commandant  à  Lunel,  p.  822; 
surprend  les  camisards  de  Cavalier,  p.  823. 

Gram;e-des-Pbés,  riche  domaine  appartenant  au 
prince  de  Conti,  p.  444;  Henri  de  Montmorenry 
y  était  né;  Molière  y  séjourne,  p.  394;  le  prince 
de  Conti  y  meurt,  p.  446. 

Granoe-Haute,  domaine  en  ^'elai,  p.  1204. 

GRANGES  (des),  p.  poS. 

Granjon,  p.  2  1 4. 

GRANIER,  chirurgien  de  Nimes,  p.  992. 

GRAPPONE,  auteur  d'un  projet  de  canal  en  Lan- 
guedoc, p.  453. 

Gras,  en  Vivarais,  pp.  52,  iioi. 

Grasse,  pp.  3i  1 ,  965. 

—  (Evêque  de),  p.  8. 

GRASSET  (Mathieu),   concessionnaire  d'un   pont 

de  bateaux  sur  le  Rhône,  pp.  478,  479. 
GRASSET,  conseiller  à   la  cour  des  comptes,  aides 

8c  finances,  p.    1  riC)-]. 
Gratens,  commune,  p.  1009. 
Gratification  payée   à  Gaston  d'Orléans  par  les 

Etats;  sa  cause,  p.  273. 
Gratificatio.ns  extraordinaires  allouées  aux  trois 

ordres  des  Etats,  p.  276. 


Gratifications  accordées  aux  nouveaux  convertis" 
p.  547. 

—  accordées  par  les  Etats  aux  envoyés  de  la  no- 
blesse; scandale  à  ce  propos,  pp.  852,  853. 

—  aux  corps  littéraires  par  les  Etats  de  Langue- 
doc, p.   I 3o5. 

Gratoïcii  (Le),  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Gratuité    des    charges    municipales     disparue, 

p.  635. 
Grati'S,  seigneurie,  p.  486. 
Grau  d'Agde,  pp.  5i,   1  145,  1  146,  1294. 

—  d'Aigues-mortes,  p.  60. 

—  de  La  Nouvelle,  p.   1294. 

—  de  Palavas,  p.  384. 

Gbaulhet,  lieu  en  Albigeois,  pp.  71,  84,  98,  99, 
100,  102,  36 1 ,  i385,  1408. 

—  baronnie,  p.  36 1. 

Graus  ou  Graux  créés  par  l'ouragan  du  4  décem- 
bre 1742,  p.  1064. 

—  de  la  Méditerranée;  projet  pour  les  rendre  na- 
vigables; discussion  à  ce  sujet  dans  la  session 
des  Etats  de  Languedoc  en  1664,  p.  435;  les 
Etats  votent,  malgré  l'opposition  de  la  majorité 
des  deux  premiers  ordres,  l'emprunt  de  quarante 
mille  livres  demandé,  p.  436. 

Grave  (Fontaine  de  la),  point  de  faîte  &  partage 
des  eaux  entre  le  versant  océanique  &  le  versant 
méditerranéen,  p.  456. 

GRAVE  (Marquis  de),  p.   1054. 

GRAVES  (Marquise  de),  propriétaire  du  canal  de 
Lattes,  p.  843. 

Gravelines,  pp.  227,  261. 

—  (Siège  de),  pp.   189,    190,  210. 
GRAVEROL,    de   Nimes,    l'un    des    fondateurs    de 

l'académie  de  celte  ville,  se  réfugie  en  Angleterre, 

pp.   566,  567,  992. 
GRAVILLE  (de),  docteur  en  Sorbonne,  p.  445. 
Grazac,  commune,  p.    1009. 

Grecs,  fréquentent  la  foire  de  Beaucaire,  p.  703. 
Greffeil,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
Greffes  du    Parlement  de  Toulouse;   sont    remis 

aux  mains  des  officiers  municipaux,  pp.   1414, 

1415,   1416. 
GREFFEUILLE  (Charles  de),  p.    io58. 
GRÉGOIRE  VII,   p.  1016;  sa  légende  insérée  dans 

le  bréviaire  de  Lyon,  p.   ioi3. 
Grêle,  pp.  42,  43,  47,  54,  57,  58,  60,  63,  71,  72, 

—  en  Vivarais,  p.  44. 

—  ravage  quinze  communes  du  diocèse  d'Alet  & 
plusieurs  du  diocèse  de  Mirepoix,  p.  44. 

—  fréquente  en  Gévaudan,  p.  701. 

—  en   1707,  p.  870. 

—  en  1727;  dégâts  qu'elle  occasionne,  pp.  ioo3, 
1004. 

—  dans  le  haut  Vivarais,  le  20  mai  1728;  le 
9  août  dans  le  Vêlai,  p.  1010. 

—  en  Vivarais,  p.    i3io;en   1751,  p.   Iii3. 
Grenade,  ville  sur  la  Garonne,  pp.   10,  265,  341, 

927,  1219,  1235,  1402,  1404;  on  y  établit  un 
atelier  de  salaison  au  moment  de  l'épizootie, 
p.  1260;  les  bestiaux  destinés  à  la  salaison  y 
arrivent  dès  le  3i  décembre   1775,  p.   1265. 


i53o 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Greniers  à  sel,  pp.  izS,  lyS. 

GRENIER  frères,  gentilhommes  verriers  des  envi- 
rons du  Mns-d'Azil,  condamnés  &  exécutés  pour 
avoir  tenté  de  délivrer  le  ministre  Rochctte, 
pp.  97,   I  167. 

Grenoble,  pp.  98,  323,  1023,  1419. 

—  (Evèque  de),  p.  1021. 

GRENUS,  fondateur  de  manufactures  de  mousse- 
line &  de  coton  au  Puy,  p.  90. 

GiiÉi'iAC,  au  diocèse  de  Toulouse,  pp.   1008,  1241. 

GiuiS,  seigneurie,  p.  1082. 

Gbéses,  village  en  Gévaudan,  p.  965. 

Gr.ÈsiGNE  (Forêt  de  la),  pp.   107,  468,  1088. 

GRIGNAN  (Comte  de),  lieutenant  général  de  Lan- 
guedoc, pp.  19,  5f  6. 

GRIGNAN  (Marquis  de),  lieutenant  du  roi  en  la 
Province,  p.  476. 

GRIGNAN  (Adhémar  de  Monteil  de),  évèque 
d'Uzès,  p.  437. 

GRILHE  (Pierre),  lépreux,  p.  421. 

GRIIvLAU  (Jean),  p.   lor^z. 

GRILLE  (Nicolas  de),  évéque  d'Uzès,  pp.  1  5,S,  1  .ï8, 
178,  287;  sa  harangue  à  la  Cour  contre  le  Par- 
lement de  Toulouse,  p.  3ii. 

GRILLE,  chevalier  de  Malte,  p.    1  1  36. 

GRIMALDI,  archevêque  d'Aix,  p.  678. 

GRIMOARD,  seigneur  de  Grisac,  p.  799. 

Gr.iSAC  ou  Grizac,  lieu  de  naissance  du  pape  Ur- 
bain V,  pp.  740,  804  j  cette  communauté  est 
exempte  de  toute  imposition   royale,  p.  799. 

GmsoLLis  ou  Gbizollls,  au  diocèse  de  Toulouse, 
pp.  35,  1008,   1179,   1218,  1233,  1241, 

—  (Foires  de),  p.  697. 
GRIZAC  (Comte  de),  p.  3o. 
GROG  (Jean-Jacques),  p.  864. 

GROLÉE  VIRVILLE  (Cétar  de),  f^olr  PEYRE 
(comte  de). 

GR.OLL1ER,  fabricant  de  bas,  arréié  à  propos  de 
la  conjuration  de  Nimes,  p.  869. 

Gbo.singue,  p.  565. 

Groppières,  en  Vivarais,  pp.  43,  1202. 

Gros  décimateurs,  p.  121. 

Gros  millet,  p.  121. 

Grossièretés  de  la  presse  révolutionnaire  devan- 
cées dans  un  écrit  publié  à  propos  du  rétablisse- 
ment du  Parlement,  p.  1273. 

GpospiERRE,  village  dévasté  par  Cavalier,  p.  777. 

GI'.OSSOLES  (Joseph  de),  décapité  pour  infraction 
aux  ordonnances  contre  le  duel,  p.    193. 

Cnu/.ON,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Gbueries,  nom  des  sièges  des  officiers  secondaires 
des  eaux  &  forêts,  p.  474. 

GRUIN,  garde  du  trésor  royal,  p.  863. 

GuA,  moulin,  p.   i3. 

GUASCO  (Abbé  de),  nommé  associé  étranger  par 
l'académie  des  sciences  de  Toulouse,  p.   1  io3. 

GuASTALLA  (Bataille  de),  p.   1082. 

GIJDANES  (Marquis  de),  doyen  de  la  noblesse  de 
To  iiouse,  pp.   i35i,   i352,  i363. 

GLitNÉGAUD  (de),  p.  206. 


GUENET  (Paul- Alexandre  de),  évèque  de  Saint- 
Ponsj  ses  plaintes  contre  les  protestants  dans 
l'assemblée  générale  du  clergé  de  France,  en 
1745,  pp.    1075,  1076,  1077,  1078,   1079. 

GUERIGUET,  habitant  de  Carcassonne,  p.  36 1 . 
GiERBE  allumée  par  la   succession   de   l'empereur 
Charles  VI,  p.    1062. 

—  des  albigeois,  p.  952. 

—  d'Amérique,  pp.   |33|,  |336. 

—  des  Cévennes;  une  des  causes  de  son  explosion, 
p.  421;  considérations  &  jugement  sur  cène 
guerre,  pp.  752,  753;  développement  de  l'insur- 
rection, pp.  -53,  754;  mésintelligence  des  di- 
verses autorités,  p.  7.55;  les  Cévenols  étaient-ils 
de  conn  ivence  avec  l'étra  ngerî^  a  ffi  rma  tions  con- 
traires  des  catholiques  &  des  protestants,  p.  758  ; 
mesures  de  riguetir  proposées  par  Broglie,  p.  "50  ; 
les  quelques  succès  obtenus  par  les  Cévenols  re- 
doublent leur  audace,  p.  7^3;  le  froid  &  la 
neige  rendent  inhabitables  les  hautes  monta- 
gnes; détails  confus  sur  les  divers  engagements; 
chaque  partie  s'attribue  des  avantages;  rappro- 
chement du  chiffre  des  pertes  d'.iprès  certains 
auteurs,  p.  765  ;  différentes  versions  sur  le  nom- 
bre de  combattants  dans  l'affaire  de  la  ferme  de 
GafTarel,  pp.  766,  767;  les  troupes  employées 
pour  la  répression  sont  composées  de  recrues; 
au  contraire,  les  bandes  insurgées  renferment 
des  hommes  très-experts  dans  l'usage  de  leurs 
armes,  p.  767;  résumé  du  mémoire  de  Bâville 
sur  ce  sujet,  p.  769;  caractère  atroce  de  cette 
guerre;  l'affaire  de  religion  devient  prétexte  à 
des  actes  de  pur  brigandage,  p.  776;  fédérations 
catholiques  jugées  par  Brueys;  les  postes  établis 
dans  les  villages  pour  protéger  l'exercice  du 
culte  catholique  n'ont  aucune  utilité  militaire, 
p.  777;  une  intervention  active  des  puissances 
étrangères  s'affirme,  p.  780;  organisation  des 
camisards,  p.  785;  étrangers  suspects  arrêtés, 
trouvés  munis  de  monnaies  étrangères,  p.  787; 
influence  des  chefs  militaires  des  puissances 
étrangères  sur  les  insiirgés,  p.  787;  opinion  de 
Bâville  à  ce  sujet,  p.  786  ;  les  Etats  généraux  de 
Hollande  s'occupent  des  affaires  des  Cévennes; 
résumé  de  mémoires  répandus  en  Hollande  & 
en  Angleterre,  p.  790;  conclusions  d'un  de  ces 
mémoires;  sorte  de  manifeste  des  camisards  jus- 
tifiant leur  prise  d'armes,  p.  791,  792,  793  j 
réciprocité  d'excès  &  de  barbarie  dans  les  deux 
camps,  p.  795;  dépopulation  &  destruction  de 
trente  &  une  paroisses  des  hautes  Cévennes; 
limites  du  territoire  condamné,  p.  798;  con- 
trastes de  barbarie  &  d'humanité  dans  les  ins- 
tructions aux  commandants  chargés  de  l'incendie 
8<  de  la  démolition  des  lieux  condamnés;  les 
habitants  des  villages  condamnés  doivent  se  re- 
tirer à  Vébron,  à  Florac,  à  Pont-de-Montvert, 
à  Barre,  à  Saint-Germain,  à  Saint-Etienne  j 
effets  produits  par  ces  mesures  sur  les  habitants, 
p.  800;  division  des  troupes  chargées  de  la  dé- 
vastation; recommandations  d'agir  de  la  façon 
la  plus  expéditive;  sort  des  habitations  appar- 
tenant aux  anciens  catholiques  réservé;  durée 
de  la  dévastation,  p.  801;  difficultés  que  ren- 
contrent les  miliciens  chargés  de  dévaster  le 
pays;  maladies  contractées  par  les  troupes, 
pp.  802,  8o3;    les   insurgés  descendent   dans   la 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i53i 


plaine;  incendies  allumés  par  eux;  peu  de  sû- 
reté dans  les  communications,  p.  8o3;  la  dévas- 
tation étant  trop  lente  par  la  démolition  on 
emploie  l'incendie,  pp.  804,  8o5;  vagues  ru- 
meurs de  résistance  qui  agitent  les  pe.iples, 
p.  806;  projets  de  l'éiranger  au  sujet  de  cette 
guerre,  p.  818;  Louvois  s'engage  dans  la  voie 
de  la  douceur  vis-à-vis  des  insurgés,  p.  821; 
projets  du  maréchal  de  Villars  pour  y  mettre 
fin,  pp.  820,  821,  82.5;  suites  pernicieuses  qu'a- 
vait eues  sur  les  officiers  subalternes  la  con- 
duite de  Montrevel,  p.  83i;  situation  des  cami- 
sards  &  des  troupes  royales;  battue  sans  résultat 
faite  par  les  troupes,  p.  SS.'i  ;  suspension  d'ar- 
mes entre  les  camisards  &  les  troupes  royales, 
p.  83.5;  le  succès  du  coup  de  main  des  bandes 
de  Rolland  à  Fontmorte  semble  compromettre 
un  moment  les  projets  de  pacification,  p.  835; 
l'apaisement  du  pays  &  l'évacuation  des  insur- 
gés soumis  paralysés  par  le  p^rrti  catholique, 
p.  84c;  malgré  les  méfiances  &  les  résistances 
de  quelques  chefs  après  la  soumission  de  Cava- 
lier, les  forces  de  l'insurrection  sont  en  disso- 
lution, pp.  841,  842;  après  la  soumission  de 
Cavalier,  les  enlèvements,  les  supplices,  les  dé- 
molitions à  main  armée  &  les  incendies  ont 
raison  des  dernières  résistances;  la  plupart  des 
chefs  sortent  du  royaume,  p.  842;  la  cessation 
de  la  guerre  cause  un  vif  désappointement  aux 
puissances  coalisées;  émissairis  envoyés  &  ar- 
gent dépensé  pour  la  ranimer,  pp.  854,  855; 
nouveau  plan  ordonné  par  le  marquis  de  Mire- 
mont,  p.  855;  des  manifestes  venant  de  l'étran- 
ger font  aux  protestants  d.s  Cévennes  des  pro- 
messes d'intervention  armée,  p.  855;  ne  pouvait 
être  autre  chose  qu'une  guerre  de  religion; 
caractère  chimérique  du  nouveau  plan  de  cam- 
pagne, p.  ^5?  ;  les  étrangers  n'y  voient  qti'un 
moyen  d'affaiblir  la  France,  p.  853;  efforts  in- 
fructueux faits  par  l'Angleterre  81  la  Hollande 
pour  raviver  l'insurrection,  p.  861;  nouvelles 
tentatives,  pp.  877,  8-8,  879,  88o. 
GiEBRE  d'Espagne,  pp.  367,  406;  source  de  désor- 
dres, d'abus  &  de  corruptions,  p.  278;  encou- 
rage les  protestants  à  la  résistance,  pp  733, 
734,  832;  de  1719;  peu  de  durée  de  cette  guerre, 
p.  939;  après  quelques  succès  des  armes  fran- 
çaises, la    paix  est  signée,  p.  941. 

—  avec  l'Espagne,  l'Angleterre,  la  Hollande;  ses 
effets  désastreux  en  Languedoc,  p.  5i  1. 

Gt'EY  (du),  chambellan  de  Gaston  d'Orléans,  p.  1 83. 

GUEVDAN  (Jean-Baptiste),  p.  863. 

GUIBAL,  p.    1142. 

Gl'lBBERT,  avocat,  p.  658. 

GUIBERT  (Chevalier  de),  p.   i353. 

GUIBERT  (Marquis  de),  p.  i353. 

GUICHE  (Philibert  de  la),  p.   i83. 

GUiCHE  (Anne  de  la),  seconde  femme  de  Schom- 
berg,  p.  |83. 

GiiEN.vE,  pp.  i33,  176,  177,  240,  323,  328,  335, 
336,  367,  376,  443,  444,  449,  467,  554,  572, 
658,  703,  723,  814,  898,  963,  969,  ioo5,  1019, 
1079,  1088,  1144,  1145,  1178,  1227,  1242, 
1244,  1296,  i383,  1398,  1401,  i4o3;  agitations 
insurrectionnelles,  p.  297. 

—  méridionale  dépeuplée,  p.  i232. 


GUIGNARD  (Jean-Emmanuel  de),  vicomte  de  Saint- 
Priest.  roir  de  SAINT-PRIEST. 

GUIGNARD  DE  SAINT-PRIEST  fils,  intendant 
adjoint,  p.  99. 

GUIGNARD,  marchand  d'Orléans,  p.  489;  son 
essai  de  faire  descendre  le  bois  par  la  Loire  au 
Puy,  p.  489. 

GUIGNARD  (Le  P.),  p.   1016. 

GUILHERMY,  député  aux  Etats  généraux,  p.  1378. 
GUILLAUME  DE  NASSAU,  prince  d'Orange,  p  606. 
GUILLAUME  D'ORANGE,   pp.  607,  6o3. 
GUILLEMINET,  syndic  général,  p.   168. 
GUILLEMINET  (Pierre  de),  p.  379. 
GUILLEMINET  (de),  p.  619. 
GUILLEMINET,  capitaine,  p.  883. 
GUILLEMINET,  syndic  de  la  Province,  p.  1061. 
GUILLERAGUES,  secrétaire    des    commandements 
du  prince  de  Conti  en  Languedoc,  p.  390. 

GUILLERARGUES  (de),  premier  président  en  la 
cour  des  aides  de  Guienne,  p.   1045. 

GfiLi-ERAND,  en  Vivarais,  p.    1202. 

GUILLERMIN,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, pp.  35o,  352,  1219. 

GI'ILLET  DE  BLARU,  avocat  au  grand-conseil, 
p.    1069. 

GUIONET  (de),  conseiller  au  parlement  de  Bor- 
deaux, p.  9. 

GUISCARD  (Marquis  de).  Foir  l'abbé  de  la  BOUR- 
LIE. 

GuiTALEMS,  lieu  d'Albigeois,  pp.  88,  92, 

GUITARD,  sous-traitant,  p.  207. 

GUITARD,  reçoit  cinq  livres  pour  le  discours  la- 
tin fait  à  l'ouveitiire  des  Jeux- Floraux,  p.  662. 

GUITARD,  sieur  de  Lanen  &  de  Doule,  chevalier 
di;  Sain t-Louis.  condamne  aux  galères  pour  avoir 
assisté  à  une  assemblée  de  protestants ,  p.    1073, 

GUITAUT,  p.  337. 

GUITTARD  (Raymond),  consul  de  Limoux, 
p.   1207. 

GUIZARD  DE  SAINT-JEAN  DE  MOUSSOULENS, 
seigneur  de  La  Garde  &  baron  de  Bouisse,  p.  346. 

GUIZARD   LA  GARDE,  p.  346. 

GUY  (Daniel),  p.  83-5. 

GUY  BILLARD  (Daniel),  lieutenant  de  Cavalier, 
p.    878. 

GUYMERIEfde  la),  envoyé  de  Couffoiilens,  p.  3i5; 
envoyé  comme  ambassadeur  des  Etats  près  du 
Parlement  de  Toulouse,  pp.  325. 

GUYMERIE  (de  la),  p.  33  1 . 

GoZARCCESj  ses  armoiries,  p.  636. 


H 


Habitants  des   campagnes    brutalisés   &  dévalisés 
par  les  gens  de  guerre,  p.  334. 

—  forains  des  communes,  p.  1  o3.- 

—  des    îles    du    Rhône,  payent   la    capitation   fn 
Languedoc,  p.  77, 


i532 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


HABSBURG  (Comte  de),  p.  927. 

Hageenau  (Bailliage  d'),  p.  iSpo. 

HAGUENOT,   conseiller   à    la    cour   des    comptes. 

aides  &  finances,  p.  1097. 
Hainaut  (Régiment  de),  pp.  774,  776,  776,   778, 

801,  804,  823,  859,    ii83. 
—  (Légion  de),  p.  1196. 

Halle,  au  pays  de  Magdebourg,  reçoit  des  réfugiés 
français  après  la  révocation  de  l'édii  de  Nantes, 
p.  562;  son  commerce  se  développe,  p.  565. 

Halwin,  terre  dont  Schomberg  porte  le  titre  ayant 
d'être  maréchal,  p.  |83. 

HALWIN  (Duchesse  d'),  p.  i83. 

Hamal  (Camp  de),  p.  1082. 

Hamboobg;  les  émigrés  protestants  y  sont  ac- 
cueillis, p.  562. 

Harangue  contre  le  Parlement,  prononcée  au  nom 
de  l'assemblée  du  clergé  par  M.  de  Grille, 
évêque  d'Uzès,  pp.  3i  i,  3i2,  3  i3. 

Haras  de  la  Province,  p.  1370;  leur  multiplica- 
tion demandée,  p.  1384. 

HARCOURT  (Comte  d'),  commandant  des  troupes 
royales  en  Guienne,  pp.  4,  194,  261,  324,  336, 
337,   341,   393. 

HARCOURT  (Prince  d'),  p.  34,  1026. 

HARCOURT  (d'),  maréchal  de  France,  p.  446. 

HARDOUIN  UE  PÉRÉFIXE ,  évéque  de  Rodez, 
chargé  de  traiter  directement  des  affaires  ecclé- 
siastiques avec  le  roi,  p.  401. 

HARDOUIN  (P.),  p.  1018. 
HARDY,  architecte,  p.  i  i55. 

HARDY,  ingénieur  &  directeur  des  travaux  pu- 
blics de  la  ville  de  Toulouse,  p.  1225. 

HARLAY  (Achille  de),  p.  552. 

HARLAY-CHAMPVALLON  (François  de),  arche- 
vêque de  Paris,  p.  571,   679,  673,   721. 

HARLAY,  premier  président  au  Parlement  de  Pa- 
ris, p.  866. 

HARLEY  (de),  p.  887. 

HARO  (Louis  de),  plénipotentiaire  espagnol, 
p.  296,   373. 

HAUTEFORT  (Marie  de),  dame  d'atours  d'Anne 
d'Autriche,  seconde  femme  de  Schomberg,  p.  277. 

HAUTEFORT  (comtesse  de),  p.  1  198. 
Haute-Garonne,  département,  p.   129;  nom  défi- 
nitif   donné     au     département    de    Toulouse, 

pp.  1411,  1425. 
Haute-Loire,  département,  p.  129;  nom  définitif 

donné  au  département  du  Vêlai,  pp.  1411,  142Ô. 
HAUTES-Cf;vENNES,  pp.  38,  39,  41,  753. 
Hautes-Combes,  p.  482. 
Hauterive,  au  diocèse  de  Toulouse,  p.  1008.   Foir 

Auterive. 
HAUTPOUL   (Antoine),   seigneur  de  Montferran, 

p.  409. 
HAUTPOUL  (Biaise  d'),  baron  de  Rennes,  p.  409; 

sa    lutte  contre    l'évêque    d'Aletj    griefs    qui    lui 

sont  imputés,  pp.  411,  412,  414. 

HAUTPOUL  (Henri  d'),  seigneur  d'Auxillon, 
p.  409. 


HAUTPOUL- SEYRE  (Marquis  d'),  acquiert  un 
titre  de  baronnie  sans  les  terres,  p.  i3oi  ;  en 
obtient  l'application  à  ses  terres  du  diocèse 
d'Alet,  p.  i3o2;  doit,  en  1786,  faire  partie  de 
l'assemblée  des  notables,  pp.  1  335,  p338. 

Hautpoul,  lieu  de  la  sénéchaussée  de  Toulouse, 
p.  472. 

—  (Château  d'),  p.  469. 
Havre  (Le),  p.  60. 

HAYE  (de  la),  gouverneur  du  fort  de  Saint-Hip- 
polyte,  pp.  764,  789. 

HELIOT  (d'),  lieutenant  de  maire  de  Toulouse, 
p.   1095. 

HELIOT,  chanoine,  à  Toulouse,  p.  |356. 

HENRI  II,   pp.  7i5,   843,   966,    i3i7,    i385. 

HENRI  III,   pp.  677,   694,   956,    ioi5. 

HENRI  TV,  p.  248,  260,  289,  419,  479,  694,  715, 
843,  855,  922,  95a,  974,  101 5;  ses  instruc- 
tions au  cardinal  de  Joyeuse,  au  sujet  du  projet 
de  canal,  p.  453. 

HENRIAU    (Jean-Marie),    évêque    de    Boulogne, 

p.     I023. 

HENRI  DE  BOURBON,  marquis  de  Malauze,  vi- 
comte de  Lavedan,  abjure  le  protestantisme; 
ses  ancêtresj  ses  posse.ssions,  p.  26^;  avait  pré- 
sidé, en  1622,  aux  colloques  d'Albigeois  &  de 
Rouergue,  p.  261 . 

HENRI  GASTON  DE  FOIX,  comte  de  Rabat,  p.  294. 

HENRI  DE  BOURBON,   prince  de  Condé,  p.  393. 

Hèiiault,  rivière,  pp.  102,  125,  461,  648,  788, 
798,  883,  884,  ii3o,  1400,  1406;  dégagement 
des  bancs  de  sable  &  des  alluvions  de  l'embou- 
chure de  cette  rivière,  p.  479;  déborde  en  1729, 
p.    loi  2. 

—  (Département  de  1'),  p.  129;  nom  définitif 
donné  au  dépjirtement  maritime  du  Bas-Lan- 
guedoc, p.    1411,    1425. 

—  (Bassin  de  1'),  p.  966,  1 129. 

—  (Vallées  de  1'),  p.  601. 

—  (Vallons  de  1'),  p.  424. 
HefihASSE,  montagne  en  Vivarais,  p.  25. 
Hëréditë  des  charges  nuisible  au   bien   de   l'État, 

p.  272. 

HKRtPIAN,   p.  863. 

HÉRICOURT  (Julien  de),  conseiller  au  présidial 
de  Soissons,  attaché  comme  procureur  du  roi 
près  du  commissaire  pour  la  réformation  des 
forêts,  p.  467. 

Herm  (1'),  p.   1404. 

Herm  d'Aigas,  prieuré  au  diocèse  de  Toulouse, 
p.   1020. 

HERMANT,  chanoine  de  Beauvais,  p.  720. 

HERNOTTON  (d'),  nommé  membre  du  conseil  de 
commerce,  p.  716. 

Hebs,  rivière,  pp.  4,  35,  38,  71,  79,  82,  461, 
463,  1222,  1223,  1224,  1227,  I25o,  125l, 
1252,  1255,  1263;  déborde,  p.  61  ;  recreusement 
de  son  lit,  p.  79;  défense  d'en  cultiver  les 
francs- bords  &  d'y  faire  paître  le  bétail, 
p.  104;  sa  crue  en  1727,  p.  1004;  à  la  suite 
de  fréquentes  inondations,  destruction  des 
moulins;  son  élargissement  dans  les  forêts  de 
Baziége  &  de  Saim-Rome.  p.  i"'7"  ;  possibilité 
de  le  rendre  navig^ible  jusqu'.i  Bcipelch,  p.  1228. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i533 


Hers  (Coteaux  Je  1'),  pp.  401,  1244,  1243. 

—  (Plaine  de  1'),  p.  1249. 

—  (Vallée  de  1'),  pp.  3 16,  460,  871 ,  1241. 
Hers-Mort,  p.  1404. 

HERVIN  (Nicolas),  huissier  du  conseil  du  roi, 
pp.  2o5,  244. 

Heure  à  laquelle  peuvent  être  faits  les  enterre- 
ments de  protestants,  dans  toutes  les  villes, 
p.   17. 

Hiérarchie  militaire,  p.  779. 

HILDEBRAND,  pape,  p.   1014. 

HlSPASHAC,   p.    1407. 

Histoire  abrégée  de  la  Province  de  Languedoc,  par 
le  sieur  de  Boyer,  p.  479. 

Histoire  de  Bretagne^  p.  875. 

Histoire  générale  de  la  Province  de  Languedoc; 
date  de  la  proposition  aux  États  de  la  faire 
écrire,  p.  46;  la  première  proposition  de  l'exé- 
cution de  ce  travail  est  faite  aux  Etats  par 
M.  Le  Goux  de  la  Berchère,  p.  870;  le  premier 
Tolume  paraît  en  i73o)  il  est  présenté  aux 
princes  du  sang,  &c.,  p.  1228, 

Historiographe  de  la  Province,  p.  i33i. 

Hiver  de  1707,  p.  870. 

—  de  1708,  p.  875. 

HornSTEDT,  pp,  819,  821. 

HOCQUARD,  inspecteur  de  la  Quarantaine  de  Bé- 
ziers,  p.  964. 

Hollande,  pp.  52 1,  .664,  565,  607,  700,  701,  704, 
769,  790,  855,  859,  861,  903,  1012,  i336;  ses 
bons  offices  à  l'égard  des  proscrits  français, 
p.  564;  les  Etats  généraux  de  La  Hiiye  ordon- 
nent la  levée  d'un  corps  de  trois  mille  hommes 
pour  être  envoyé  dans  les  Cévennes,  p.  818;  au 
moment  d'intervenir  dans  les  Cévennes,  elle 
cherche  à  transformer  la  physionomie  de  la 
guerre,  pp.  818,  819;  la  liberté  des  cultes  pu- 
blics y  est  proscrite,  p.  829;  secours  envoyés 
de  ce  pays  pour  fomenter  de  nouvelles  révoltes 
dans  les  Cévennes  &  en  Vivarais,  p.  886. 

Hommages,  leur  réception  par  M.  de  Bâville, 
p.  Si  ;  la  commission  donnée  à  M.  de  Bàville 
pour  les  recevoir  est  révoquée,  p,  52. 

—  de  fiefs  &  dignités  reçus  par  la  cour  des  comp- 
tes de  Montpellier,  p.  28. 

—  pour  censives  ou  rentes  foncières,  p.  46. 
HOMEL  (Isaac),  pasteur  protestant,   p.   27,   534; 

instigateur   du    mouvement    en    Vivarais;    son 
supplice,  p.  538. 

HOMPS,  de  Limoux,  p.  1207. 
Hongrie,  pp.  746,  1039. 

HONORE  (Le  P.),  de  Cannes,  missionnaire  à 
Montpellier,  p.  570. 

HONORIUS,  p.  1002. 

—  (Lois  d'),  p.  i3i7. 
Hôpital  d'Albi,  p.  696. 

—  d'Alignan-du-Vent,  p.  696. 

—  d'Alzonne,  p.  695. 

—  de  Bessières,  pp.  33,  696. 

—  de  Béziers,  p.  696 

—  de  Bonian,  p.  696. 

—  de  Boucoiran,  p.  696. 


HÔPITAL  de  Bouloc,  p.  696. 

—  de  Bourg-Saint-Bernard,  p.  33. 

—  de  Boussargue,   p.  696, 

—  de  Bram,  p.  696. 

—  de  Capendu,  p,  695. 

—  de  Carcassonne,  p.  695. 

—  de  Castanet,  p.  696. 

—  de  Castelginest,  p.  696. 

—  de  Castelnau,  p.  696. 

—  de  Castelnau-d'Estrètefons,  p.  696. 

—  de  Castelnaudary,  p.  696. 

—  de  Cazouls-Ies-Eéziers,  p.  6q6, 

—  de  Collias,  p.  696. 

—  de  Colombiers,  p.  696. 

—  de  Corneilhan,  p.  (><^6, 

—  d'Escalquens,  p.  696. 

—  de  Gabian,  p.  696. 

—  de  Gargas,  pp.  33,  696. 

—  de  Gignac,  p.  696. 

—  de  la  Grave,  à  Toulouse,  pp.  4,  379. 

—  des  incurables,  à  Toulouse,  p.  696. 

—  des  orphelins,  à  Toulouse,  pp.  945,  946. 

—  de  Lacalmette,  p.  69a. 

—  de  Lattes,  p.  69Ô. 

—  de  Lasbordes,  p.  696. 

—  de  Lavaur,  p.  61. 

—  du  Crès,  p.  695. 

—  de  Lescure,  p.  696. 

—  de  Magalas,  p.  696. 

—  de  Maraussan,  p.  696. 

—  de  Montaron,  p.  696. 

—  de  Montastruc,  p.  696. 

—  de  Montblanc,  p.  696. 

—  de  Montpellier,  pp.  77,  ôjS,  loSj. 

—  de  Murviel,  p.  696. 

—  de  Narbonne,  p.  i65. 

—  de  Nizas,  p.  696. 

—  de  Penf)autier,  p.  695. 

—  de  Pézénas,  p.  696. 

—  de  Pibrac,  p.  696. 

—  de  Pouzols,  p.  6g6. 

—  de  Puissalier,  p.  696. 

—  du  Puy,  p.  i385. 

—  de  Remoulins,  p.  696. 

—  de  Roquebrun,  p.  696. 

—  de  Roujan,  p.  696. 

—  de  Saint-Alban,  pp.  33,  696. 

—  de  Saint-Eloi,  à  Montpellier,  p.  78. 

—  de  Saint-Geniès,  p.  696. 

—  de  Saint-Hilaire,  p.  696. 

—  de  Saint-Joseph  de  la  Grave,  à  Toulouse,  pp.  4, 
1007. 

—  de  Saint-Martin  de  Lalande,  p.  696. 

—  de  Saint-Nazaire,  p.  696. 

—  de  Saint-Quentin,  p.  696. 

—  de  Saint-Sauveur,  à  Uzès,  p.   16. 

—  de  Saint-Sébastien  de  la  Grave  pour  les  pesti- 
férés, à  Toulouse,  p.   i6(5. 

—  de  Saint-Simon  de  Salafons,  p.  695. 

—  de  Saint-Sulpice  de  la  Pointe,  pp.  33,  696. 

—  de  Sainte-Croix,  à  Carcassonne,  p    6g5. 

—  de  Sainte-Radegonde,  à  Toulouse,  p.  696. 
.— .  de  Thésan,  p.  696. 

—  de  Trèbes,  p.  695. 

—  d'Uzès,  p.  696. 

—  de  Vacquiers,  p.  696. 

—  de  Verfeil,  p.  696. 

—  de  Villemagne,  p.  696. 


i534 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Hôpitaux  unis,  p.  ^li. 

—  généraux  créés  après  la  suppression  d*une  foule 
de  petits  hospices  &  de  maladreries,  p.  69.5. 

HORTAL  (Etienne),  consul  de  Carcassonne, 
pp.   36o,   36i. 

Hospice  des  PP.  de  l'Oratoire  de  Frontignan , 
transféré  à  Montpellier,  p.  24. 

Hospices  supprimés,  pp.  696,  696. 

HOSPITAL  (de  1'),  conseillei  au  présidial  de  Tou- 
louse, p.  245. 

HoTEL-DiEu  du  Puy;  ses  domaines,  p.  397. 

HOUBER  (Louis),  orphelin,  p.  379, 

Houille,  p.  i  lo. 

Houillères,  p.  1384. 

—  du  diocèse  d'AIaisj  contestations  à  leur  sujet, 
pp.  1283,  1284,  I  285. 

HouNOUx,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

HoLSARDS,  nom  donné  aux  insurgés  cévenols  dans 
les  premiers  temps  de  l'insurrection,  p.  782. 

HUC  (Jean),  d'abord  prédicant,  puis  multipliant, 
p.  977;  est  arrêté,  conduit  à  Montpellier,  con- 
damné à  mort;  abjure  le  protestantisme;  détail 
des  funérailles  que  lui  firent  les  catholiques, 
p.  981. 

HUGUES,  abbé,  p.   io23. 

HUGUES,  patron   de  barque  à  Avignon,  p.  1001. 

Huile,  pp.  49,  64,  481,  699. 

—  de  hêtre,  p.  2. 

—  d'olive;  sa  production  absolument  nulle  après 
l'hiver  de  1709,  p.  943. 

—  (Commerce  de  1'),  à  Toulouse,  p.  i3i8. 
Huiles;   droit  sur  les  huiles  étrangères   importées 

en  Languedoc,  p.  3o. 

—  employées  dans  les  manufactures,  p.  42. 

—  étrangères,  p.  48. 

—  du  Languedoc,  p.  698;  les  redevances  payables 
avec  cette  denrée  peuvent  être  acquittées  en  ar- 
gent; prix  de  la  charge  d'huile  dans  le  diocèse 
de  Narbonne,  p.  877. 

Huissiers  du  Parlement  de  Toulouse;  doivent 
payer  les  tailles,  p.  2  ;  refusent  de  porter  des 
contraintes,  p.  325. 

HUMFROY  BRADLEY;  ses  projets  de  dessèche- 
ment des  marais  de  Languedoc,  p.  384. 

Huos,  paroisse  du  diocèse  de  Comminges,  pp.  680, 
1222. 


IBERVn.LE  (d'),  résident  français  à  Genève,  p.  709. 
Idiome  toulousain  employé  par  Goudelin,  p.  249. 
ICARD,   ministre   protestant,   condamné    ?.    mort, 

p.   28. 
ICHER,  concessionnaire  d'un  canal,  p.   1054. 
Ile-d'Albi,  pp.   167,  639,   1218,  1409. 
Ile-Bertrand,  p.  55. 
Ile-en-Dodon,  pp.  1402,  1404. 
Ile-db-Fhance,  p.  467. 
Ile-Jourdain,  pp.  368,  1218,  1219. 


Ile-e.\ -Jourdain  (1'),  comté,  pp.  ii3,  470,474, 
I  083,  14D2. 

—  (Sénéchal  de  1'),  p.    121  i. 

Ile  du  Bazacle,  à  Toulouse,  p.  460. 

—  de  Cette:  déclarée  intégralement  roturière, 
p.  83. 

—  des  Faisans,  p.  390. 

—  de  Jersey,  p.  842. 

—  de  Ré,  p.  519. 

—  Sainte-Marguerite;  on  y  déporte  des  camisards, 
p.  826. 

—  de  Valabrègue,  au  confluent  du  Rhône  &  du 
Gard,  p.  841 . 

Iles  &  créments  sur  fonds  encadastrés  soumis  à  la 
taille,  p.  933. 

—  françaises  d'Amérique,  p.  52. 

—  du  Rhône,  p.  77;  appartiennent  au  Langue- 
doc, p.   58. 

Illuminés,  prophètes,  &c.  ,  pp.  609;  jugés  par 
Fléchier,  p.  610;  leurs  prédictions,  p.  611; 
physionomie  propre  de  quelques-uns  d'entr'eux, 
pp.  612,  6i3,  616. 

Illusions  du  clergé  catholique  &  des  gens  de  cour 
sur  la  réalité  &  la  durée  des  conversions  en 
masse  opérées  en   if>85,  p.  555. 

Immolation  générale  des  animaux  sains  ou  atta- 
qués par  l'épizootie,  pp.   1247,   1248. 

Immunité  fiscale  des  biens  du  clergé  attaquée, 
p.  i35o. 

Immunités  des  églises  de  Languedoc  défendues  par 
Nicolas  Pavillon,  p.  5o5. 

Importations  en  Languedoc,  appréciées  par  Bâ- 
ville,  p.  7o3. 

—  de  grains  étrangers,  redoutée  par  suite  de  la 
création  du  canal  de  Languedoc,  p.  461. 

—  de  grains,  prohibées,  p.  722. 

—  des  vins  en  Languedoc,  p.  852. 
Impositions,  pp.   33,  48,  56,  64,  i23,  195,  706, 

707,  1043;  leur  réduction,  p.  49;  remises -accor- 
dées à  la  Province  à  la  suite  de  grêles  &  de  séche- 
resses, p.  54. 

—  (Remise  d')  à  divers  diocèses  pour  grêle,  p.  57. 

—  remises  aux  communes  affligées  de  la  grêle, 
p.  60. 

—  réduites  d'un  tiers  pour  deux  ans  aux  com- 
munes atteintes  de  la  peste,  p.  5?. 

—  remises  aux  communes  inondées,  p.  60, 

■^  remises  pour  cause  de  mauvaises  récoltes,  de 
grêle  &  d'inondation,  p.  63. 

—  (Remise  d'),  p.  64. 

—  (tlemise  d'),  à  différents  diocèses,  pp.  65,  68. 

—  des  remises  sont  faites  à  plusieurs  diocèses, 
p.  67. 

—  remises  aux  communes  &  aux  diocèses  pour 
cause   de   grêle,  sécheresse  &  brouillards,  p.  72. 

—  remises  faites  à  cause  des  inondations  &  de 
l'épizootie,  p.  81. 

—  remise  de  60,000  livres  à  la  Province,  p.  81. 

—  de  134,000  livres  pour  accident  des  saisons, 
p.  82. 

—  remises  en  1746  par  suite  d'inondations  &  d'é- 
pizootie,  p.   1081. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES  MATIÈRES. 


i535 


Impositions,  remise  de  234,000  livres  à  la  Pro- 
vince, p.  83, 

—  à  Carcassonne  pour  les  travaux  du  canal, 
p     125;  pour  l'école  gratuite,  p.  126. 

—  i  Montpellier  pour  l'hôpital  Saint-EIoi,  p.  •j'i. 

—  à  Toulouse,  p.  49. 

—  sur  les  maisons,  p.   122. 

—  sur  les  fers  de  Languedoc,  p.   i5. 

—  ne  sont  plus  votées  par  les  Etats,  p.  168;  levées 
dans  la  Province  par  ordre  du  Parlement,  p.  3ioj 
cessent  d'être  payées  en  Languedoc  durant  la 
lutte  des  Etats  &  du  Parlement,  p.  325. 

—  auxquelles  voulait  se  soustraire  la  noblesse, 
p.  935. 

—  du  dixième  sur  le  revenu  de  tous  les  fonds, 
p.   io38. 

—  rétablies  dans  les  communes  des  Cévennes  dé- 
truites en   1703,  p.  65. 

—  territoriales;  mémoire  sur  cette  question  pré- 
senté à  l'assemblée  des  notables,  p.   i33S. 

—  du  Velai;  leur  réforme  demandée,  p.   i383. 

Impôt;  prime  donnée  en  faveur  du  payement  inté- 
gral de  l'impôt,  p.  33o. 

—  de  capitation,  p.  32. 

—  héraldique;  façon  dont  il  est  appliqué,  pp.  678 
à  689. 

—  proportionnel  à  la  fortune  présumée  de  tous 
les  Français,  établi  par  Louis  XIV,  pp.  (,6^  à 
675. 

—  territorial,  p.    iSSg. 

—  universel  ou  capitation  proposé  au  roi  par  les 
Etats  de  Languedoc.  Voir  Capitation. 

—  du  cinquantième  à  lever  pendant  douze  ans, 
p.  60. 

—  du  dixième;  causes  de  son  établissement,  p.  887; 
doit  être  appliqué  à  tous  les  ordres  de  la  société 
française;  son  payement  est  traité  à  forfait  par 
les  Etats  de  Languedoc;  quels  biens  devront  être 
frappés;  mode  de  perception,  pp.  885,  889. 

—  du  dixième  sur  tous  les  revenus,  p.  65;  réglé 
p;)r  abonnement,  p.  68  ;  sa  levée,  p.  69;  sa  sup- 
pression, p.  70;  rétabli,  p.  75;  abonné  pour 
i,5do,ooo  livres,  pp.  76,  77;  supprimé,  p.  84. 

—  du  vingtième  établi  pour  payer  les  dettes  de 
l'Etat,  pp.  84,  1090;  doit  être  appliqué  sans 
tenir  compte  des  oppositions,  pp,   1091,  1124. 

—  du  second  vingtième,  p.  90. 

—  de  deux  vingtièmes,  abonné  par  la  Province, 
pp.  91,  92;  sa  levée,  pp.  91,  93,  99. 

—  sur  le  sel,  pp.  57,  359. 

—  sur  la  viande  de  boucherie,  p.  85o, 

—  sur  la  viande  de  boucherie  à  Mais,  p.  61. 

—  sur  la  viande  de  boucherie  ii  Montpellier, 
p.   61. 

—  des  industries  à  Toulouse;  sa  suppression, 
p.   .H. 

Impôts,  pp.  24,  3o,  56;  sont  très-onéreux  pour  le 
p.'iiple;  la  moindre  portion  vient  à  l'Etat, 
p.  i63j  mécontentement  à  leur  sujet,  p.  23i; 
leur  perception,  pp.  270,  271  ;  les  Etats  rachè- 
tent l'équivalent  au  moment  où  Gaston  d'Or- 
léans voulait  t'en  emparer,  p.  273  ;  écrasants  à 


la  suite  des  dépenses  de  la  guerre;  rigueur  dans 
leur  perception,  p.  876;  conséquences  fâcheuses 
pour  leur  payement  produites  par  le  cours  forcé 
des  billets  de  banque,  pp.  944,  945. 
Impôts  nouveaux  créés  en  1760,  p.  Ii58;  la  no- 
blesse &  le  clergé  des  Etats  de  Languedoc  de- 
mandent d'y  être  associés,  pp.  |368,  1369,  1370. 

—  (Remises  d'),  pp.  56,  67,  60,  271. 

—  royaux,  p.  5o. 

—  à  Toulouse,  p.  6;  leur  perception  dans  cette 
ville  est  réformée,  pp.  6o3,  604. 

—  indirects  à  Nîmes,  p.  81. 

—  pour  gages  de  maîtres  &  maîtresses  d'école, 
p.  34. 

Impunité  des  criminels  dans  certaines  parties  du 

ressort  du  Parlement,  p.  268. 
Impression   des    procès-verbaix    de   leurs    séances 

ordonnée  par  les    Etats  de  Languedoc  en   1776, 

p.    1280;    nombre    d'exemplaires;   étendue  de  ce 

recueil,  p.    1281. 

Imprimé  curieux  répandu  en  Languedoc  en   i652, 

p.  339. 
Imprimeur  d'un  livre  protestant,  banni,  p.   18. 

—  condamné  à  l'amende  par  le  conseil  d'Etat, 
p.   101 . 

Incendie  du  château  de  Saint-Félix,  p.  37, 

—  du  château  de  Labastide,  p.  777. 

—  du  château  de  Ladevèze,  p.  743. 

—  d'un  couvent,  p.  776. 

—  d'un  moulin  par  le  maréchal  de  Montrevel, 
p.  795;  d'un  village  par  le  même,  p.  37. 

—  d'un  village  catholique,  p.  767;  d'un  village 
à  la  suite  du  meurtre  d'un  ancien  catholique, 
p.  781;  d'un  village,  p.  814;  du  village  de 
Fraissinet,  p.  784;  de  Molezon,  village  catho- 
lique, p.  796;  du  village  de  Pouls,  p.  37. 

Incendies,  p.  764. 

—  par  les  protestants,  p.  36. 

—  allumés  par  les  troupes  royales,  p.  334. 

—  d'églises  &  de  presbytères,  p.  37. 

—  d'églises,  pp.  39,  741,  753,  763,  775,  776,  784, 
789,  807,  814,  822;  prohibés  à  la  suite  de  la 
nouvelle  tentative  d'insurrection  des  protes- 
tants, p.  855. 

—  fréquents  de  landes,  garrigues  &  taillis,  p.  1027. 

—  punis,  p.   1027. 

—  des  landes  &  bruyères,  p.   1027. 

—  des  lieux  des  Cévennes  condamnés  autorisé,  la 
démolition  étant  trop  longue  &  trop  pénible, 
p.  804. 

—  de  maisons  de  campagne  de  protestants,  p.  777. 

—  .i  Castres,  pp.  58,  60;  à  Montpellier,  p.  65;  à 
Pont-de-Montvert,  p.  741  ;  i  Rennes,  p.  94'); 
à  Toulouse,  p.  79;  dans  les  bassins  supérieurs 
de  l'Hérault  &  du  Gardon,  p.  759;  dans  U 
plaine,  allumés  par  les  camisards,  p.  8i3. 

Inconnus    suspects    arrêtés    dans    les    Cévennes, 

p.    784. 
Indemnité  aux  communes  de  Languedoc  ravagées 

par  la  grêle  &  l'inondation,  p.  53. 

—  au  diocèse  de  Mende  pour  les  dépenses  de  l'é- 
pidémie, p.  59. 


i536 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


LvDES,    p.   927. 

—  orientales,  p.  704. 

Indigo,  p.   12;  son  importation    einpéche   la   cul- 
ture du  pastel,  p.  697. 
Indiscipline  des  troupes,  pp.  i65,  365,  555. 

—  des    troupes    qui     se     rendent    en    Catalogne, 

pp.    25l,    252. 

—  des  troupes,  signalée  par  le  président  des  Etats, 
pp.  262,  264. 

—  de  la  plupart  des  troupes  de  la  garde  du  roi, 
p.  378. 

—  des  troupes  royales,  p.  536. 

—  des  troupes  employées  dans  le  Languedoc  pour 
le  service  de  l'épizootie,  p.    1256. 

Industrie  du  Puy  en  décadence,  pp.  434,  485. 

Inéligibilités  au  consulat  de  Montpellier,  p.  104. 

Infante  d'Espagne;  son  éloge,  p.  389;  son  pas- 
sage en  Languedoc,  p.   i  106. 

Infanterie  française;  son  organisation  nouvelle 
en  1775,  p.   1244. 

Infectés  ou  pestiférés,  p.  340. 

Inféodation,  p.  952. 

Inféodations  de  Simon  de  Montfort,  p.  693. 

Ingénieur  condamné  à  mort  pour  prévarications 
dans  la  conduite  des  ouvrages  publics,  p.   io3. 

INNOCENDS  (Des),  nommé  conseiller  au  Parle- 
ment Maupeou,  p.   1214. 

INNOCENS  (Sieur  des),  p.  476. 

INNOCENS  fils,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.   1219. 

INNOCENT  IV,   p.  872. 

INNOCENT  X,  pape,  p.  1016. 

INNOCENT  XI,  pp.  25,  3o,  591,  592;  sa  lettre  de 
reproches  à  l'archevêque  de  Toulouse  au  sujet 
de  ses  procédés  à  l'égard  des  religieuses  de  Sainte- 
Claire,  pp.  25,  517. 

INNOCENT  XII,  pape,  pp.  645,  65o,  65i. 

Inondations,  pp.  43,  47,  58,  60,  61,  62,  63,  74, 
76,  81,  S97. 

—  de  1410,  p.  482. 

—  en  1707,  p.  870. 

—  générale  en  1727;  ses  causes,  p.  ioo5;  récapi- 
tulation des  dommages,  p.   1006. 

—  en  1728,  de  la  plaine  de  Coursan  &  dans  le 
Vêlai,  p.  1010. 

—  de  1729,  détruit  la  grande  chaussée  construite 
par  les  religieux  de  Saint-Thibéry,  p.  1012. 

—  dans  plusieurs  diocèses  en  1745,  p.   1081. 

—  de  1755,  p.  1 136. 

—  en  1759  dans  le  diocèse  de  Saint-Pons,  p.  1 157. 

—  du  Gardon,  en   1768,  p.   io5. 

—  de  l'Aude,  p.  893. 

—  de  la  Garonne,  p.  896. 

—  à  Toulouse,  en  septembre  1727,  p.  61  ;  les  2  & 
16  août  1730,  p.  85;  le  17  septembre  1772, 
p.   109. 

—  du  Rhône,  pp.  tu,  892,  1 136. 

—  causée  par  la  rivière  du  Sor,  p.  729. 

—  en  Vivarais,  en  1707,  p.  44;  en  1751 ,  p.  1 1 13. 

—  dans  les  diocèses  de  Viviers,  Uzès ,  Nimes, 
Montpellier,  Saint-Pons  &  Narbonne,  p.  88. 


Inquisiteur  delà  foi  à  Carcassonne,  p.  23. 
Inscriptions   antiques   de    Saint-Lizier   mention- 
nées dans  le  mémoire  de  Bâville,  p.  697. 

Insensés,  pp.  i  i5,  i23. 

—  entretenus  aux  frais  du  diocèse  de  Mende, 
p.    112. 

Inspecteurs  aux  boucheries,  pp.  58,  85o. 

—  aux  boissons,  p.  58, 

—  des  chemins,  p.   1  14. 

—  des  manufactures,  p.  76. 

—  de  milices;  leurs  appointements  payés  par  la 
Province,  p.  897. 

—  du  pastel,  p.  63. 
Instruction  gratuite,  p.  78. 
Insurrection  de  Nimes,  d'Uzès,  p.  14. 

—  des  croquants  de  Rouergue  &  de  Querci,  p.  191. 

—  de  Montmorency,  p.  263. 
— .  de  la  Provence,  p.  287. 

—  des  Cévennes.  Voir  Guerre  des  Cévennes. 

Intendants,  pp.  229,  23o;  leur  institution  est 
attaquée  par  le  Parlement,  pp.  i39,  140,  141; 
leurs  ordonnances  cassées  par  le  Parlement  de 
Toulouse,  p.  6;  le  conseil  du  roi  leur  ordonne 
de  continuer  leur  service,  p.  146;  font  trans- 
porter les  troupes  en  Catalogne  par  bateaux, 
p.  i65;  instructions  qu'ils  reçoivent  de  Mazarin 
pour  la  bonne  administration  des  provinces, 
pp.  191,  192;  causes  de  l'éloignement  des  cours 
de  justice  contre  leur  institution,  p.  233;  leur 
institution  faiblement  défendue,  p.  270;  sup- 
primés, p.  270;  défauts  &  qualités  de  cette  ins- 
titution, pp.  271,  272;  continuent  leurs  fonc- 
tions en  Guienne  &  en  Languedoc,  p.  298;  leur 
révocation  annulée  grâce  au  rétablissement  de 
l'autorité  royale,  p.  356;  leur  rôle  laborieux  & 
difficile  pour  amener  au  respect  de  l'autorité, 
p.  396;  leurs  efforts  pour  arrêter  l'émigration 
des  protestants,  p.  563;  rédigent  des  mémoires 
d'ensemble  pour  l'éducation  du  duc  de  Bour- 
gogne, p.  689;  la  surveillance  qu'ils  e'xercent 
sur  les  municipalités  appartenait  autrefois  aux 
sénéchaux,  p.  706;  grands  résultats  de  leur 
institution;  de  quelle  façon  on  doit  envisager 
leurs  travaux,  p.  9i5;  faits  prouvant  les  avan- 
tages de  leur  administration,  p.  930. 

Intendant  d'Auch,  p.  5oo. 

—  d'Auvergne,  chargé  d'étudier  les  projets  d'An- 
toine Polge,  p.  480. 

—  de  Béarn,  p.  55i. 

—  de  Bordeaux,  p.  541. 

—  de  Dauphiné,  p.  541. 

—  de  Guienne,  p.  366. 

—  de  Languedoc,  pp.  34,  36,  44;  origine  &  but 
de  ses  fonctions,  p.  i32;  ses  inquiétudes  au  su- 
jet de  l'attitude  du  Parlement  &  des  évêques  dès 
les  premiers  temps  delà  régence,  p.  i33;  reçoit 
de  Mazarin  une  lettre  sur  la  conduite  à  tenir 
vis-à-vis  des  protestants,  p.  179;  continue  ses 
fonctions;  il  figure  aux  Etats  en  qualité  de  com- 
missaire royal,  p.  285;  attaqué  par  le  Parle- 
ment de  Toulouse,  p.  304;  reçoit  les  plaintes 
des  Etats  contre  les  exactions  des  troupes  in- 
disciplinées, p.  33o  ;  accompagne  le  duc  de  Ver- 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i537 


neuil  lors  de  son  voyage  à  Toulouse,  p.  476; 
chargé  d'étudier  les  projets  d'Antoine  Polge, 
subdélegue  M.  de  Froidour,  p.  480;  son  au- 
torité étendue,  bien  que  hiérarchiquement  il 
fût  l'inférieur  du  gouverneur,  p.  aoij  itnpose  à 
la  Province  toutes  les  charges  relatives  à  la 
construction  des  forts  élevés  pour  maintenir  les 
proiestanisj  fait  exécuter  vingt-cinq  chemins 
royaux  dans  les  Cévennes  avec  les  seules  res- 
sourcés de  la  Province,  p.  601;  sa  compétence 
en  matière  d'administration  provinciale,  réglée 
par  un  édit,  p.  32;  publie  l'édit  de  Versailles 
relativement  à  la  vénalité  des  charges  munici- 
pales, p.  635;  ramène  la  régularité  dans  l'exer- 
cice des  fonctions  municipales  à  Toulouse;  s'at- 
tache 3  restreindre  les  prodigalités  municipales 
aux  fêtes  des  Jeux-Floraux,  p.  655;  son  ordon- 
nance sur  la  fabrication  des  draps  du  Levant, 
p.  43;  son  ordonnance  pour  l'entretien  des 
chaussées  &  des  entrepôts  de  Peccais,  p.  47; 
règle  les  dépenses  de  la  ville  de  Toulouse,  p.  47  ; 
condamne  des  commis  pour  malversations  dans 
les  fournitures  de  l'étape,  p.  49;  son  ordon- 
nance concernant  les  cadis,  p.  5o;  prescrit  des 
précautions  contre  l'épizootie,  p.  5o;  nomme 
les  membres  des  conseils  électifs  de  Narbonne, 
p.  54;  nomme  Us  consuls  de  Bédarieux,  p.  55; 
prescrit,  en  1  ''zo,  des  mesures  préventives  contre 
la  peste,  p.  947;  réunit  les  commissaires  du 
diocèse  de  Mende  à  Florac,  pour  cause  de  peste, 
p.  55;  règle  les  fournitures  dues  par  les  com- 
munes aux  corps  de  garde  du  cordon  sanitaire, 
p.  57;  ne  peut  se  montrer  favorable  aux  résur- 
rections féodales,  p.  955;  casse  l'élection  con- 
sulaire de  Chalabre,  p.  57;  détermine  les  lieux 
où  les  fabricants  de  Lodève  &  ceux  de  Clermont 
peuvent  faire  travailler,  p.  57;  connaît  des  con- 
testations concernant  la  construction  &  l'en- 
tretien des  grands  chemins,  p.  58  ;  a  le  juge- 
ment des  querelles  de  préséance  entre  les  officiers 
royaux  &  les  consuls  des  villes,  p.  59;  son  or- 
donnance pour  faire  sortir  toutes  les  chèvres  de 
la  Province,  p.  60;  son  ordonnance  sur  les 
transports  militaires,  p.  61;  ses  ordonnances  ne 
peuvent  être  cassées  par  le  Parlement,  p.  62; 
nomme  d'office  le  premier  consul  de  Samt-Am- 
broix,  p.  63;  représentant  naturel  des  droits  de 
l'Etat,  est  en  butte  à  l'inimitié  des  pouvoirs  lo- 
caux, p.  991;  connaît  des  contestations  entre 
officiers  royaux  &  municipalités  pour  assemblées 
ou  pour  juridiction,  p.  65;  intervient  au  sujet 
des  procès  de»  communes,  pp.  53,  io33;  fait 
délivrer  du  blé  au  diocèse  de  Mende,  p.  1034; 
défend  aux  juifs  de  trafiquer  &  séjourner  en  Lan- 
guedoc, p.  66'^  publie  une  ordonnance  portant 
règlement  pour  l'administration  des  affaires  de 
la  ville  de  Montpellier,  p.  66;  son  projet  pour 
arrêter  les  abus  qui  ruinaient  les  communes  est 
soumis  à  la  commission  de  1734,  p.  1042;  son 
ordonnance  pour  le  pliage  des  toiles  d'Albigeois, 
p.  71;  connaît  des  vols  de  laine  faits  dans  les 
fabriques  de  draps,  p.  72;  son  ordonnance  pour 
l'entretien  du  canal  des  Etangs,  p.  72;  son  or- 
donnance pour  l'entretien  des  fossés  de  grands 
chemins  &  chemins  de  traverse,  p.  73;  son  or- 
donnance- pour  la  fabrication  des  étoffes  des 
Cévennes,  p.  74;  son  ordonnance  pour  la  con- 
lervation    des   bois    &    la    police   des    verreries, 


p.  75;  son  ordonnance  relative  à  l'étang  de 
■Thau,  p.  75;  prescrit  des  mesures  de  précaution 
contre  l'épizootie,  p.  79;  défend  de  couper  les 
garrouilles,  p.  79;  défend  aux  bergers  de  mar- 
quer les  bêtes  à  laine  avec  des  matières  gluantes, 
p.  79;  son  ordonnance  pour  le  logement  &  le 
casernement  des  troupes,  p.  80;  son  règlement 
pour  la  foire  de  Beaucaire,  p.  80;  son  ordon- 
nance pour  les  nouveaux  emplacements  de  ver- 
reries, p.  81;  crée  une  commission  pour  juger 
les  contestations  relatives  au  don  des  marais, 
p.  82;  défend  de  fumer  les  vignes,  p.  83;  son 
ordonnance  sur  le  commerce  des  grains,  p.  83; 
son  ordonnance  en  1750  pour  la  foire  de  Beau- 
caire,  p.  85;  prescrit  des  mesures  de  précaution 
contre  une  épidémie  de  morve,  p.  86;  publie  un 
mémoire-instruction  pour  l'application  de  la 
roulette  à  la  filature  des  soies,  p.  86;  son  or- 
donnance relative  à  la  construction  de  l'église 
de  Puechauriol,  p.  92;  surveille  très-étroitement 
les  compagnies  judiciaires;  document  à  ce  sujet 
trouvé  dans  les  papiers  du  contrôleur  général, 
p.  1097;  est  chargé  de  la  surveillance  des  syn- 
dics généraux  durant  la  suspension  des  Etats, 
p.  1  104;  ses  attributions  confirmées  sur  la  véri- 
fication des  dettes  communales,  p.  iro;  chargé 
de  régler  des  différends  entre  conimunes,  p.  io5; 
son  attribution  sur  le  cours  de  la  Garonne  &  du 
Tarn,  p.  107;  son  ordonnance  pour  la  conserva- 
tion des  chemins,  pp.  1  07,  1  08  ;  ses  ordonnances 
relatives  à  la  destrLiciion  d'ouvrages  &  aux  plan- 
tations à  Cuxac;  pour  la  conservation  des  digues 
de  Livron,  p.  1  1  1  ;  son  ordonnance  pour  la  con- 
servation des  travaux  de  la  plaine  de  Coursan, 
p.  108;  ses  instructions  à  propos  de  l'épizootie 
de  1774,  pp.  III,  1233,  1234;  ses  fonctions 
attaquées  encore  en  1785  parle  Parlement  de 
Toulouse  qui  le  désigne  sous  le  nom  de  com- 
missaire départi,  p.  i332;  appel  de  ses  ordon- 
nances en  matière  d'ouvrages  publics,  p.  120; 
son  ordonnance  pour  la  conservation  des  che- 
mins, p.  125;  son  ordonnance  pour  la  conser- 
vation de  plantations  faites  à  Agde,  p.  125;  son 
ordonnance  pour  l'entretien  de  canaux,  p.  126; 
son  ordonnance  concernant  le  lestage  &  le  dé- 
lestage des  navires,  p.  125;  défend  d'enlever  des 
sables  &  des  graviers  sur  les  berges  de  l'Hérault, 
p.  125;  défend  de  pécher  des  moules  dans  le 
canaL  de  Cette,  p.  126;  cesse  ses  fonctions,  le 
2  octobre  179^,  à  la  suite  de  la  suppression  des 
intendances,  pp.  i3o,  1416;  son  traitement  en 
1790,  p.  1418. 

Intendant  de  Montauban,  pp.  Siy,  541 

—  de  Normandie,  p.  583. 

—  de  Provence,  p.  541. 

—  de  Roussillon,  p.  5i2. 

LvTERDiCTiON  du  chant  des  psaumes  dans  les  rues, 
p.    17. 

—  de  l'exportation  des  laines,  p.  5o. 

—  de  la  pêche  aux  moules  près  de  la  jetée  du  grau 
d'Agde,  p.  5i . 

—  de  saisir  le  bétail,  p.  70. 

—  de  saisir  les  feuilles  de  mûrier,  p.  66. 

—  des   sépultures   dans   les   églises  &  dans  l'inté- 
rieur des  villes,  p.   1280, 


XIII. 


97 


[538 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


Interdictions  diverses  faites  aux  protestants  dvi- 
rant  les  cinq  ou  six  années  qui  précédèrent  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes,  pp.  647,  648, 
549. 

Intérêts  de  rentes,  p.   1369. 

Invasion  de  sauterelles,  p.  972, 

Inventaire  des  archives,  p.   168. 

—  des  registres,  minutes  Si.  papiers  conservés  aux 
greffes  d'Annonay  &  de  ViUeneuve-de-Berg, 
p.   i3o I . 

—  fait  en  double  du  matériel  scientifique  de  l'ob- 
servatoire astronomique,  p.  1304. 

Irlande,  pp.  773,  1016. 

Irlandais,   p.   823 ;    employés   dans   la   guerre  des 

Cévennes,  p.  822. 
Isabeau,  bergère  de  Crest;  ses  prédications  dans  le 

Dauphiné,   p.  612. 
ISARN   (François   d'),    seigneur   du    Vila-Pomène, 

p.  409. 
Iserand,  en  Vivarais,  pp.  870,  1202. 
IsLE.  Voir  Ile. 
ISNEL,  p.  77. 

IssAMOULiNS,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Issarles,  en  Vivarais,  pp.  491,   1202. 
IssERLETS  (Montagne  des),  p.  879. 

ISSINGEAUX,  pp.  92,  93,  98,  157,  II49,  1178, 
1406. 

ISSOIRE   (Guillaume),  de   Nîmes,   condamné   aux 

galères   en    174.5    pour   avoir   vendu    des    livres 

protestants,  p.   1074. 
Isthme  pyrénéen;   projet  d'en  opérer  le  percement 

dès   les   règnes   de   Charles  IX   &  de  François  l, 

pp.  4,51,  462. 
Italie,  pp.  239,  484,  699,  700,  702,  882,   i236. 
Italiens,  fréquentent  la  foire  de  Beaucaire,  p.  7o3. 
ITEY,  négociant  à  Toulouse,  p.    i363. 
IZALGUIER  (Baron  d'),  p.   i352. 


JAC,  député  aux  États  généraux,  p.  1378. 
Jacobins,  p.  3  i  8. 
—  établis  à  Quillan,  p.  409. 
JACQUES  V",  roi  d'Angleterre,  p.  1016. 
JACQUES  II,    roi   d'Angleterre,   p.  606;    offre   aux 
proscrits  français  sa  compassion  royale,  p.  566. 

JACQUES  CLÉMENT,  p.  1187. 

JACQUINOT  (Etienne),  sieiir  de  Vaurose,  directeur 
général  des  gabelles  de  Provence  &  Dauphiné, 
p.  460. 

JAEN,  p.  927. 

JALÈS  (Commandeur  de),  p.  1198. 

JALLAIS,  intendant,  p.  873. 

JAMMES  (L'abbé),  membre  de  l'académie  des  Jeux- 
Floraux,  p.  25o. 

JAMMES  (de),  p.  i353. 
Jansénistes,  pp.  5o3,  517,  673,  58i. 
JANSÉNIUS,  p.  861. 


JANSON  (Cardinal  de),  évéque  &  comte  de  Beau- 
vais,  pp.  645,  821. 

JAQUET  (Jean),  curé  de  l'Hôtel-Dieu  du  Puy, 
p.  399. 

jAiiDiN  d'Aïnaud-Bernard  à  Toulouse,  détruit  par 
les  soldats,  p.  378. 

Jardin  du  roi,  à  Toulon,  p.  948. 

Jardins  potagers  créés  en  Suisse  par  les  émigrés 
languedociens,  p.  565. 

Jargeau,  p.  5i8,  519. 

JARLAN  (Estienne),  p.  863. 

JASSE,  trésorier  du  prince  de  Conti,  p.  443. 

Jaujac  ou  Jeaojac,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Jaugeac  (Baronnie),  p.  55,  61. 

Jaugeage  des  futailles,  p.  79. 

Jaur,  rivière  du  Minervois,  p.  870. 

Jaussels,  abbaye,  p.  95. 

JAUSSERAND,  prévôt  diocésain,  p.  839,  980. 

Jayet  (Mines  de),  à  Léran,  p.  698 

JEAN  XXII,  pape,  pp.  i56,  1404. 

JEAN,  roi  d'Aragon,  p.  653. 

JEAN,  roi  de  France,  p.  799. 

JEAN,  fils  d'Anne,  p.  293. 

JEAN,  dauphin,  p.  450. 

JEAN  DE  BERRY,  oncle  de  Charles  VI,  p.  202. 

JEAN-CASIMIR,  roi  de  Pologne,  mari  de  la  prin- 
cesse de  Clèves,  p.  496. 

JEAN-GERMAIN,  prébendier,  p.  3  16. 
JEAN  LA  PIERRE  ROULANTE,   général   de   l'as- 
semblée des  fidèles  j  son  manifeste,  pp.  771,  772. 

JEANNOTE,  hôtesse  à  Saint-Nauphary,  p.  çSo. 
Jkgln,  p.  474. 

JEHANKOT  (Etienne),  sieur  de   Partillac,  p.  468. 
Jersey  (Ile  de),  p.  842. 
Jérusalem,  pp.  3 19,  927. 

JESSÉ  (Baron  de),  député  aux  Etats  généraux, 
pp.  1377,  1393. 

Jésuites;  plaintes  portées  contre  eux  à  l'assemblée 
du  clergé  de  France,  p.  7;  sont  établis  dans  le 
collège  de  Castres  &  rétablis  dans  celui  de  Nî- 
mes, p.  20;  suspendus  par  l'évéque  de  Pamiers, 
p.  21;  sont  excommuniés  par  l'évéque  de  Pa- 
miers; union  de  plusieurs  prieurés  à  leurs  collè- 
ges; union  de  prieurés  à  leur  noviciat,  pp.  21, 
22;  leur  influence  sur  l'archevêque  de  Toulouse 
dans  l'affaire  des  filles  de  l'Enfance,  p.  582; 
achètent  les  bâtiments  de  cette  congrégation 
pp.  5S6^  923;  leurs  armoiries,  p.  685;  dirigent 
dix  collèges  en  Languedoc,  p.  695;  réaction  qui 
se  manifeste  contre  eux  à  la  mort  de  Louis  XIV; 
plusieurs  d'entre  eux  attaquent  la  régence, 
p.  919;  deviennent  professeurs  royaux  &  ina- 
movibles, p.  70  ;  griefs  contre  cet  ordre  exploités 
par  la  passion  des  jansénistes,  par  l'esprit  criti- 
que des  philosophes  &  par  l'adresse  du  ministère, 
p.  I  161  ;  le  Parlement  examine  leurs  constitu- 
tions, pp.  1161,  1166;  le  Parlement  consacre 
trois  audiences  à  entendre  le  rapport  les  con- 
cernant, pp.  1 170,  1 171  j  le  Parlement  de  Tou- 
louse condamne  plusieurs  de  leurs  livres;  oppo- 
sition faite  par  deux  d'entre  eux,  p.  11 73; 
plaidoirie   faite   contre    eux    par   le    procureur 


TABLE. GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


iSSg 


général  Riqiiet  de  Bon  repos,  pp.  1174,  11 76; 
arrêts  prononcés  contre  eux,  pp.  1175,  1176; 
sont  interdits  de  toute  charge  ou  fonction  s'ils 
ne  prêtent  un  serment  dont  le  texte  est  arrêté 
par  le  Parlement,  p.  1777;  M.  de  Bastard,  pre- 
mier président,  augmente  la  pension  viagère 
qu'un  arrêt  du  Parlement  leur  avait  allouée, 
p.  1179;  sont  dispersés;  taux  des  pensions 
qui  leur  sont  attribuées;  leurs  maisons  à  Tou- 
louse sont  évacuées  &  mises  en  vente,  p.  i  180; 
passions  excitées  dans  la  Province  à  propos  de 
leur  bannissement,  p.  1  i85. 
Jésuites  du  collège  de  Montpellier,  p.  1069. 

—  à  Nimes,  p.  3iii. 

—  de  Toulouse,  pp.  2 1 . 

Jetoss  accordés  à  des  membres  des  États  de  Lan- 
guedoc, p.   1118. 

Jeune  général  dans  les  Cévennes,  ordonné  par  le 
synode,  p.  i  8. 

Jeix  Floraux  à  Toulouse;  extraits  de  comptes 
municipaux  à  partir  de  |383,  prouvant  l'iden- 
tité des  fêtes  de  la  gaie-science  &  du  gai-savoir 
&  les  Jeux  Floraux,  pp.  6:'>3,  654;  fêtes  & 
banquets  donnés  à  l'occasion  des  Jeux,  p.  653; 
leur  dégénérescence;  vente  des  places  de  main- 
teneur  interdite;  noms  de  quelques  poètes  qui 
ne  furent  jamais  maîtres  des  Jeux  Floraux, 
p.  654;  questions  d'étiquette,  conflits  de  pré- 
séance, p.  655;  mouvement  littéraire  que  pro- 
voque la  restauration  des  Jeux,  pp.  656,  65""; 
sacrifice  du  banquet  annuel,  p.  658;  sont  ré- 
formés &  constitués  en  académie;  texte  des 
lettres  patentes  à  ce  sujet,  pp.  658,  639;  noms 
des  fleurs  distribuées,  pp.  655,  659,  660;  leur 
prix;  nombre  de  mainteneurs,  p.  660;  noms 
des  membres  de  l'académie;  genres  couronnés, 
p.  661  ;  Statuts  rédigés  par  La  Loubère,  p.  662; 
les  écrivains  d'outre-Loire  cessent  de  participer 
aux  concours;  leur  transformation  jugée  par 
l'historiographe  officiel  de  l'hôtel  de  ville, 
p.  663. 

Jec  de  fief,  p.   i383. 

lÉZABEL,  pp.  285,  286. 

JoANN*s,  en  Vivarais,  p.  1202. 

JOANY  (Nicolas),  commande  des  bandes  dans  les 
Cévennes,  pp.  37,  769;  se  rend  avec  sa  troupe, 
p.  41. 

JOHANNIS,  arménien,  veut  faire  l'essai  de  la  cul- 
ture du  coton  près  de  Castres,  p.   1069. 

JOLY  DE  FLEURIT,  avocat  général  au  Parlement 

de  Paris,  p.  881. 
JoKAS,  en  Vivarais,  p.  1202. 
JoftrTioN   de   la    Méditerranée  à  l'Océan   par  un 

canal,  p.  21.  - 
JONQUET  (Georges),  p.  3i6. 

lONQUET,  avocat,  maître  es  jeux-floraux,  p.  661. 
JONQUET,  camisard,  p.  39;    rentre  en   Languedoc 

&  prend  part  à  la  conjuration  de  Nîmes,  p.  858  ; 

est   arrêté    3    Nimes,    p.    859;    est    roué    &   jeté 

vivant  sur  le  biicher,  pp.  41 ,  860. 
JoNQL'iËiiES;  ses  armoiries,  p.  688. 
JONQUIÈRES  (Abbé  de),  p.  1 198. 
Jonte,  rivière  du  Gévaudan,  p.   1407. 
JOSEPH  II,  empereur  d'Allemagne,  p.  1339. 


JOSSE  (de),  nommé  conseiller  au  Parlement  Mau- 

peou,  p.  1214. 
JOSSE-LAUVREINS  (de),  conseiller  au   Parlement 

de  Toulouse,  p.   1219. 
JOSSEAUD  (de),  p.  969. 
JoTTE,  lieu,  pp.   1218,   1219. 
JOL'ARRES,  p.  424. 
JOUBERT  (René-Gaspard),  syndic  général,  pp.  66. 

i53,   169,   i63,  264,  275,  35o,  65i,  890,   893, 

903,  952,  1048,  1061,  1065,  1088,  iii3,  I  i32, 

1282. 

JOUBERT,  président  à  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances,  p.  1097. 

JOUBERT,  prêtre  du  diocèse  de  Montpellier, 
p.   1025. 

Joucon,  au  diocèse  d'Alet,  pp.  870,  too8. 

JOUGLA  DU  FRÊNE,  p.  6. 

JOUGLA  (Jean  de),  chef  du  consistoire,  à  Tou- 
louse, pp.  314,  3i6,  317. 

JOUGLA,  p.  326. 

JOULIA,  ancien  prieur  de  la  Bourse,  capitoul, 
p.  1293. 

JOUMART,  marchand  du  Puy,  p.  489. 

JOURDAN,  capitaine  de  milice,  p.  7.^3. 

Journal  politiijue;    publie,   en    1776,    la    lettre    de 

l'archevêque  de  Toulouse  relative  à  l'épizootie, 

p.  1238. 
Journée  des  barricades,  à  Paris,  p.  278. 
JOURNET,  conseiller  à  la   cour  des  comptes,  aides 

&  finances,  p.  1097. 
JOUVEHOJVIME,  procureur  à  Nimes,  p.  992. 
JOUVENCI  (Le  P.),  p.   1016. 

JOVIAC,  commandant  de  quatre   compagnies   sur 

l'Ardèche,  p.  778. 
JOVIAC  (Marquis  de),  pp.  i  197,  1198. 
Joyeuse,  en  Vivarais,   pp.  602,  694,    1149,   1196, 

1202,    i3io,    i3ii,   |3|2,    1411. 

—  (Cordeliers  de),  p.  1196. 

—  (Jacobins  de),  p.  1 196. 

—  (Oratoriens  de),  p.  1 196. 

—  (Duché  de),  pp.  4,  21. 

—  (Vicomte  de),  p.  i  197. 

JOYEUSE  (Cardinal  de),  p.  498;  archevêque  de 
Narbonne;  s'occupe  du  projet  de  canal  entre 
Narbonne  &  Toulouse,  p.  453. 

JOYEUSE  (de),  maréchal,  p.  694. 

JUAN  D'AUTRICHE,  pp.  341,  344. 

Juge  de  Comininges  assassiné,  p.  35i. 

Juge-mage  de  la  sénéchaussée  de  Lauragais,  ancien 
député  du  tiers  aux  Etats  de  1614;  sa  jurispru- 
dence relativement  aux  élections  aux  Etats  gé- 
néraux, p.  280;  son  opinion  sur  la  convoca- 
tion de  1648,  p.  281 . 

Juges  bannerets,  pp.  76,  i52,  957;  doivent  être 
catholiques,  p.  24. 

—  des  manufactures  de  Carcassonne,  p.  59. 

—  de  paroisse,  p.  i52. 

—  royaux,  p.  76. 

—  seigneuriaux;  leur  triste  condition  en  Viva- 
rais &  en  Gévaudan,  p.  1  197. 

JUGIE  (François  de  la),  p.  169. 


I040 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES, 


JUGIE  (Marguerite  de  la),  comtesse  de  Rieux, 
pp.  iSp,  873. 

Juifs;  ne  peuvent  séjourner  &  trafiquer  en  Lan- 
guedoc, p.  66. 

JULIARD  (Denys  de),  président  aux  enquêtes  au 
Parlement  de  Toulouse,  p.  oyS. 

JUl.IARD  (Gilles  de),  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.  373. 

JUl.IARD  (Guillaume  de),  prêtre,  docteur  en  théo- 
logie, prévôt  de  l'église  Saint-Etienne,  p.  573. 

JUUARD  (Abbé),  p.  58  r . 

JULIEN,  maréchal  de  camp,  pp.  it),  761  ;  son  ori- 
gine, émigré;  prend  du  service  à  l'étranger; 
combat  pour  le  duc  de  Savoie  contre  les  Fran- 
çais qu'il  force  à  lever  le  siège  de  Coni  ;  son 
mécontentement;  se  fait  catholique;  est  nommé 
brigadier  des  armées  du  roi;  ses  différents  em- 
plois avant  d'être  envoyé  dans  les  Cévennes  ; 
ses  dispositions  en  arrivant  dans  la  Province, 
p.  773;  est  en  désaccord  avec  le  commandant 
en  chef  relativement  au  plan  de  campagne; 
contrée  dans  laquelle  il  opère;  il  échoue  dans 
deux  entreprises  où  il  espérait  surprendre  l'en- 
nemi, pp.  774,  775;  justifie  le  pillage  de  Ge- 
nolhac  fait  par  ses  troupes;  ramasse  divers  pe- 
tits postes  &  se  retire  sur  Alais,  p.  776;  son 
opinion  sur  la  valeur  des  services  que  peuvent 
rendre  les  petites  garnisons  placées  dans  les 
villages,  p.  777;  vient  au  secours  du  comte  du 
Roure,  au  bois  de  Vagnas;  bat  les  insurgés, 
p.  778;  communique  au  maréchal  de  Montrevel 
son  programme  de  dépopulation  &  d'exécutions 
sommaires  dans  les  Cévennes,  pp.  779,  780  ; 
noie  les  provisions  de  blé,  de  châtaignes,  &  fait 
répandre  à  terre  le  vin  qu'il  trouve  dans  les 
habitations,  p.  790;  ses  lettres,  p.  795;  conti- 
nue de  circuler  dans  les  hautes  Cévennes,  p.  796  ; 
occupe  Pont-de-Montvert,  p.  801;  est  chargé 
de  raser  deux  cent  six  villages  ou  hameaux; 
difficultés  rencontrées  durant  cette  exécution, 
p.  802;  reste  seul  chargé  du  commandement 
général  de  l'opération,  p.  8o3;  distribue  de 
nouveau  ses  troupes;  son  peu  de  confiance  dans 
les  bons  résultats  qu'on  espérait  de  la  dévasta- 
tion ;  ne  pouvant  démolir,  il  obtient  l'autori- 
sation d'incendier,  p.  804;  descend  dans  la 
plaine  aider  le  maréchal  de  Montrevel  à  donner 
la  chasse  aux  rebelles,  puis  revient  à  son  poste 
pour  brûler  les  lieux  condamnés,  p.  8o5;  les 
troupes  employées  à  la  dévastation  étant  exté- 
nuées, il  est  obligé  de  les  renvoyer  &  de  les  rem- 
placer par  des  miquelets;  est  malade  lui-même, 
p.  806;  rend  compte  au  marquis  de  Chamillart 
de  l'œuvre  accomplie;  renouvelle  l'expression 
de  son  peu  de  confiance  en  la  fin  des  troubles, 
p.  807;  passe  en  Vivarais,  fait  piller  &  incen- 
dier le  village  de  Franchessin,  p.  814;  attend 
Villars  à  son  arrivée  à  Beaucaire,  p.  825;  con- 
tinue à  préconiser  les  mesures  de  rigueur,  p.  833. 

JULLIARD,  conseiller  au   Parlement  de  Toulouse, 

p.   140. 
JULLIARD,  capitoul,  p.  366. 
JUIN  (de),  nommé  président   au    Parlement  Mau- 

peou,  p.  1 21 4. 

JUIN  DE  SIRAN  (de),  p.   1425. 
JuAANDE  de  Nimes,  p.  49. 


Jurandes  supprimées  en   17-6,  pp.  114,  1279. 

JuBiDiCTiON  consulaire  réclamée  par  la  ville  d'An- 
nonay,  p.  i385;  dans  la  ville  de  Narbonne  ré- 
clamée, p.   i383. 

—  des  capitouls  à  Toulouse,  p.   1054. 
Juridictions  supprimées  en  Vivarais,  p.  i3oo. 

—  inférieures,  tant  royales  que  seigneuriales,  des 
Cévennes,  de  Gévaudan,  de  \'ivarais,  pp.  i32i, 
i322,  i323,  1324,  i325;  suivant  l'exemple  des 
Parlements,  résistent  à  la  réforme  judiciaire, 
pp.   1348,  1349. 

—  bannerettes,  p.  268. 

JumsPEïDENCE  recommandée  pour  les  élections 
aux  Etats  généraux  convoqués  en  1648,  p.  280. 

JuscLAN;  ses  vins  mentionnés  dans  le  Mémoire  de 
Bâville,  p.  701. 

JuSTARET,  au  diocèse  de  Toulouse;  p.  1008. 

JUSTET,  lieutenant  de  Cavalier,  p.  878. 

Justice;  doit  être  rendue  au  nom  du  roi,  p.  i386. 

—  (Administration  de  la)  en  Vivarais  &  en  Gé- 
vaudan, pp.  io3,  1099,  1100,  iioi,  1102. 

—  féodale,  pp.   1196,  1197. 

—  criminelle  en  Vivarais  &  en  Gévaudan, 
pp.  ii5o,   ii5i,   ii52,   I i53,   1195  à   i2o3. 

JuviNAS,  en  Vivarais,  p.  1201. 


K 


KERDU,  abbé,  p.  io23. 

Kermès,  fabriqué  à  Montpellier,  s'exportant  en 
Hollande,  p.  701. 

Kehbin  (Camp  de),  p.  5o5. 

KoENiGSBERO,  dans  la  province  de  Prusse,  reçoit 
des  réfugiés  français  après  la  révocation  de  Tédit 
de  Nantes;  voit  son  commerce  se  développer 
grâce  aux  protestants  français  réfugiés,  p.  664. 


La  Baktiie,  au  diocèse  de  Mlrepoix,  p.   1009. 

La   Bartiie,  au  diocèse  de  Toulouse,  p.   1008. 

LA  BARTHE,  décapité  pour  infraction  aux  or- 
donnances contre  le  duel,  p.   193. 

LABARTHE  (Comte  de),   p.   i3.")2. 

LABARTHË  (Marquis  de),  p.   |352. 

Labastide,  pp.  96,  99,  102. 

Labastide  d'Anjou,  p.  1402. 

Labastide-Beauvoib,  p.  1260. 

LAiiASTiUE-CAPBU'EUiLLET,  commune,  p.  1082. 

Labasïide-Espabairenque,  p.  33o. 

Labastide-Gabde-Rexol.x,  au  diocèse  de  Mirepoix, 
p.   1009. 

Labastide,  château  brûlé  par  Cavalier,  p.  777. 

La   Bastide,  eu  Vivarais,  p.  27. 

La   Bastide,  pp.   1407,   1410. 

La  Bastide  dAudon,  pp.  36i,  36i. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1541 


La  Bastide  de  Crlssol,  p    733. 

La  Bastide  de  Lévis,  p.  36i. 

La   Bastide-  Vont  ort,  p.  1408. 

La    Bastide  de  Nébac,  en  Vivarais,  p.   1201. 

La  Bastide-Saixt-Amaxs,  p.  473. 

La   Bastide-Saint-Hilaibe,  p.   1402. 

La  Bastide  de  Surlat  en  Val,  lieu,  p.  347. 

LA  BASTIDE  (Sieur  de),  p.  3  10. 

La  Bastie  d'Andance,  en  Vivarais,  p.   1202. 

La  Bastie  de  Cbussol,  en  Vivarais,  p.  1202. 

LABAT  (de),  maître  es  Jeux-Floraux,  p.  661. 

LABATUT  (Hugues   de),    évêque  de    Coraminges, 

p.    iSp. 
LABATUT  (de),  consul  de  Martres,  p.  35i. 
La  Balme,  p.  820. 

La  Baume,  château  en  Gévaudan,  p.  744. 
LA  BAUME  (de),  premier  directeur  de  l'académie 

de  Nimes,  p.  566. 
LA  BAUME,  conseiller  au  présidial  de  Nimes  ;  ses 
mémoires  manuscrits,  p.  816;  son  appréciation 
du  nombre  de  nouveaux  convertis  qui  visitèrent 
Calvisson  durant  le  séjour  qu'y  firent  les  cami- 
sards,  p.  839. 
Labacme-socs-Sampzon,  p.   i3i2. 
LA  BAUNE,  gentilhomme,  p.  949. 
La  Beaume,  en  Vivarais,  p.   1201. 
LMtctDE,  pp.    ij53,    1264. 
La  Bessêde,  p.  870. 

La  Besso.mé,  pp.  85,  98,  99,  100,  1408. 
La  BLAcnÉRE,  en  Vivarais,  p.  1202. 
LABLOTTIÈRE  (de),  brigadier  des  ingénieurs  du 

roi,  p.   io32. 
Laboissi£re,  p.  1  i5o. 
La   Boissonnade,  p.  1071. 
LA  BORDE,  capitaine  de  grenadiers  tué  dans  un 

combat  contre  Cavalier,  p.  816. 
Laborde,  en  Vivarais,  p.   1202. 

LABORIE,  ministre  protestant  condamné  à  mort 
p.   28. 

LABORIE,  prêtre,  maître  es  Jeux-Floraux,  p.  661. 

LA  BOUBÉE  (Jean),  huissier,  p.  958. 

LABOUCHÈRE,  protestant  des  environs  de  Tou- 
louse, proscrit  après  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  se  réfugie  en  Angleterre;  un  de  ses 
descendants  a  fait  partie  du  ministère  anglais 
sous  la  reine  Victoria,  p.  567. 

LA    BOULAYE  (de),    intendant   de   la    généralité 

d'Auch,  p.   I  234. 
Laboib  (Pays  de),  p.  1241. 
—  (Régiment  de),  p.  835. 

LA  BOURUONNAYE  (Jean-Louis  de),  évêque  de 
Léon,  p.  1023. 

LABOiiBEt'RS;  leur  nombre  dans  la  Province  en 
1698,  p.  692. 

La   BotRLiE,  p.  861. 

L»   BouTABiE,  au  diocèse  d'Albi,  p.  ioc8. 

La   Brassière,  p.  385. 

Labboue  (Châieau  de),  p.    1403. 

LA  KROUF.  (Pierre  de),  évêque  de  Mirepoix, 
p.  924;  refuse  sa  signature  à  divers  mémoires 
contre  M""  de  Mondonville,  p.  579. 


LA  BROUE  (Joseph-Antoine),  greffier-garde-sac  au 

Parlement  de  Toulouse,  p.    1414. 
La  Bp,uGui.iRE,  lieu,  pp.  53,  85. 

LA  BRUYÈRE  (de),  syndic  du  diocèse  d'Alais, 
p.   986. 

LA  BRUGUIÈRE  dit  OULAC,  p.   1408. 

LABRY,  capitaine,  p.  5 17. 

LABRY  (Pierre),  du  Vigan  ,  &  d'autres  proscrits 
languedociens  apportent  à  Magdebourg  l'indus- 
trie des  bas,  p.  564. 

La  Cadikre,  p.  764;  ses  armoiries,  p.  686, 

La  Calmette,  lieu,  p.  782. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

La  Calsidouse,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

LACAM,  pp.  2,  3. 

La  Cam  de  Ladevéze,  château,  p.  36. 

La  Can  de  Vextajon,  p.  18. 

Lacan,  lieu  des  Cévennes,  p.  90. 

La  Canourgle,  p.  1408;  la  peste  y  cesse  le  25  mai 
1722,  p.  965. 

La  Capelle,  commune,  p.  i23;  une  illuminée  y 
est  arrêtée;  paysans  tués  par  les  c'ragons,  p.  6io- 
la  peste  y  fait  des  ravages,  p.  962.  ' 

—  abbaye;  ses  armoiries,  p.  684. 
LA  CAPELLE-BIRON  (M""),  p.  247. 
LACARRY  (Chevalier  de),  p.   i352. 

La    Case,    château    en    Albigeois;    sa    situation, 

p.  260;  érigée  en  comté,  p.  261. 
La  Casse,  lieu,  p.  1218. 

La  Cadne,   lieu  au  diocèse    de   Castres,  pp.  260, 

1408. 
La  Caune,  village,  p.  610. 

—  (Religieux  de),  p.   104. 

—  (Seigneurie  de),  p.  957. 

LACAUX  (de),  ministre  protestant,  p.  423. 
LACAZE   (de),    nommé    conseiller   au    Parlement 
Maupeou,  p.   1214. 

LACAZE-MONTFORT  (de),  nommé  conseiller  du 

Parlement  Maupeou,  p.    1214. 
LACAZE-SARTA  (Baron  de),  p.    1352. 
La  Ceillonne  (Vallée  de),  p.    1245. 
LACHADENÈDE,  syndic  d'Auhenas,  p.  1196. 
LACHADENÊDE,  syndic  du  Vivarais,  p.   ,282. 
LA  CHAISE  (Le   P.),  confesseur  du    roi,    pp.   571, 

579,  923;    transmet   au   cardinal    de  Bonzi   des 

avis  sévères,  p.  718. 

LA  CHAISE  (M""  de),  marquise  douairière  de  la 
Tourette,  p.   1 195. 

La  Chaise-Died  (Bénédictins  de),  p.   1198. 

La  ChapElle-Gbaillouse,  en  Vivarais,  p.  1202. 

La  Chapelle,  en  Vivarais,  p.   1202. 

La  Charité,  p.  337. 

LA  CHATRE  (Marquis  de),  p.   i3i3. 

La  Chéze,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Lacombe,  en  Vivarais,  pp.  836,  870. 

Lacombe,  lieu,  p.   1197 

LACOMBE,  valet  de  chambre,  p.  338. 

LA  COMBE,  bourgeois  de  Vézenobre,  ouvre  les 
premières  négociations  pour  la  soumission  fie 
Cavalier,  p.  827;  ses  allées  &  ses  venues  conti- 
nuent, p.  833. 


i:)4- 


TABLE  GENEKAl.E  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


LA  COSTE,  chevalier,  p.    izS. 

LACOSTE,  iTidîire  chirurgien,  p.  340. 

LA  COSTE  MAILLAC,  seigneur  de  Ta  uriac,  p.  pSS. 

La  Cotte,  en  Vjvarais,  p.   1202. 

La  Cote  la  Fare,  en  Vivarais,  p.   1202. 

L\  Cour,  en  Vivarais,  p.   1202. 

LACOUR  (Claude),  p.    196. 

LACOUR  DE  LA  PIJARPIÈRE  ;  ses  recherches 
sur  Molière,  pp.  394,  39.5. 

LA  COUR  DE  BEAUVAL  (Charles  de),  traitant, 
p.  yiSj  préposé  à  la  recherche  des  usurpateurs 
du  titre  de  noblesse;  ses  démêlés  avec  les  an- 
ciens capitouls,  p.  715. 

La   Coubtelle,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

LA  CROISETE,  mainteneur  des  Jeux-Floraux, 
p.  106 1. 

LA  CROIX  DE   CASTRIES  (Baron  de),  p.    iSp. 

LACROIX,  marchand   à  Toulouse,  p.  476. 

LACROIX,  hardi  chef  de  partisans,  p.  820. 

LACROIX  (Roch  de),  p.  863. 

Ladern,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 

Ladevèze  (Château  de),  pp.  747,  836;  incendié, 
p.  743. 

Ladevèze,  près  Toulouse,  p.  i223. 

LADEVÈZE  (de),  p.  968. 

LADEVEZE  (de);  massacré  avec  les  membres  de  sa 
famille,  p.  743. 

LADEVÈZE   (de),    commandant   en   Gévaudan, 

p.   964. 
LADEVÈZE  (de),  lieutenant-colonel   du   régiment 

de  dragons  créé  par  la  Province,  p.   1069. 
LADEVÈZE,  cominandant  dans   la    Province,  fait 

avancer   des  troupes    vers  Toulouse,   pp.   1084 

.-85. 
L*   DiGDE    d'Amont,    communauté    au    diocèse  de 

Limoux,  p.   1008. 
LA  DOURVILLE,  p.  765;  tué  au  combat  de  Gaffa- 

rel,  p.  766. 

La   Dunière,  rivière,  p.   i2o3. 

Lafage,  commune  du  diocèse  de  Mi  repoix,  pp.  871 , 
I    09. 

LAFAGE,  commissaire  de  l'hôtel  de  ville  de  Tou- 
louse, p.  I  35i. 

LAFAGE-PAILHÈS  (Baron  de),  p.  i355. 

LAFAGE,  ministre  protestant  exécuté  à  Montpel- 
lier, p.  87. 

LAFAGE,  syndic  général,  pp.  io65,  11 18,  1127, 
1 276,  1295. 

LAFAILLE  (Germain),  avocat,  chef  du  consistoire 
.1  Toulouse,  auteur  des  Annales  de  Toulouse, 
pp.  22,  376,  449,  6o5,  654,  656,  1082;  nommé 
capitoul  par  le  roi,  p.  375;  ses  erreurs  dans 
la  publication  de  l'avant-projet  du  canal  dressé 
en  1539,  p.  453;  expose  au  conseil  de  bour- 
geoisie le  prix  qu'attache  le  roi  au  succès  de 
l'entreprise  du  canal  de  Languedoc;  pose  la  se- 
conde pierre  de  l'écluse  de  Garonne,  p.  474;  est 
député  du  tiers  état  de  la  ville  de  Toulouse  aux 
Etats  de  1667,  p.  477;  sa  relation  des  réjouis- 
sances publiques  faites  à  Toulouse  pour  la  nais- 
sance du  duc  de  Bourgogne,  p.  525;  nommé 
«yndic  de  la  ville  de  Toulouse,  p.  698  ;  ses  con- 


férences avec  Bâville,  p.  6o3;  son  système  pour 
établir  le  droit  d'anoblissement  attaché  aux 
charges  municipales  à  Toulouse,  p.  627;  aveux 
contenus  dans  son  Testament  syndical  au  sujet 
de  l'origine  de  la  noblesse  capitulaire;  détails 
curieux  sur  l'effet  produit  par  l'anoblissement 
capitulaire  sur  la  bourgeoisie  de  Toulouse,  p.  629; 
théorie  consacrée  par  un  édit,  p.  634;  doit  quit- 
ter son  logement  devant  les  prétentions  du  maire 
perpétuel,  p.  643;  nommé  mainteneur  des  Jeux 
Floraux,  p.  661;  est  secrétaire  perpétuel  de  la 
nouvelle  académie,  p.  663;  son  jugement  sur  le 
caractère  des  Toulousains,  p.  674  ;  ce  qu'étaient, 
d'après  lui,  ceux  qui  briguaient  le  capitoulat; 
quel  était  leur  but,  p.  675. 

La  Fare,  dans  la  paroisse  de  Pransle,  p.  614. 

—  (Régiment  de),  pp.  774,  781. 
LA  FARE  (Comte  de),  p.  44. 

LA  FARE  (Marquis  de),  pp.  59,  60,  61,  63,  64, 
65,  66,  68,  69,  70,  71;  preuves  de  sa  noblesse 
constatées  pour  son  entrée  aux  Etats,  p.  65i. 

LA  FARE  (Raymond  de),  p.  65 1. 

LA  FARE  (Philippe  de],  chevalier  de  la  Toison- 
d'Or,  premier  commissaire  aux  Etats  de  Lan- 
guedoc, p.  996. 

LA  FARE  (Abbé  de),  prend  la  parole  à  la  dernière 
séance  de  l'assemblée  des  notables,  p.  1341. 

LA  FAYE  (Marguerite),  religieuse  de  Clavas, 
p.    1204. 

LA  FAYE,  p.   1425. 
Lafayette,  en  Vivarais,  p.  1202. 
La   Fére,  p.  467. 

LA    PERRIERE,   maître   des   requêtes   au    conseil 
d'Etat,  intendant  de  Montauban,  pp.  146,  207. 
La  Ferronays  (Régiment  de),  pp.  891,  iioS. 

—  (Dragons  de),  p.  1116. 
La   Feuille,  p.  26. 

LA  FEUILLE  (de),  ingénieur  chargé  d'exercer  une 
surveillance  générale  sur  les  ir.ivaux  d"u  canal 
de  Languedoc,  p.  514;  est  un  des  commissaires 
chargés  de  la  réception  des  travaux  du  canal  de 
Languedoc,  pp.  26,  5i5. 

LA  FLEUR.   Voir  COUDERC. 
LAFONT,  syndic  de  Gévaudan,  p.  121. 
LAFONT  (de),  chanoine,  p.  3i6. 
LAFONT  (de),  grand-vicaire,  p.  498. 
LAFONT,  conseiller  au  Parlement,  pp.  3i7,  320. 
LAFONT,  vicaire  général  à  Toulouse,  p.  348. 
LAFONT,  agent  des  gabelles,  p.  5 12. 
LA  FONT  (de),  commissaire  du  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  583. 

LAFONT-ROUIS  (de),  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.  1219. 

LAFONT,  syndic  diocésain  &  subdélégué  de  l'in- 
tendance en  Gévaudan;  abus  dans  son  admi- 
nistration, p.  i3o5,  i3o7. 

La  Forest-Troyas,  pp.  328,  33 1. 

La  Forêt  (Mines  de),  p.   1285. 

LA  FORÊT,  camisard,  p.  40. 

LAFORGUE  (Laurent),  verguier  de  la  gaie  science, 
p.  662. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1543 


LA  FORTUNE,  aventurier  jugé  par  le   Parlement 

de  Toulouse,  p.  397. 
LA  FOS,  décapité  pour  infraction  à  l'ordonnance 

contre  le  duel,  p.    193. 
LAFUE,  capitoul,  p.   1172. 
LA  GALAISIÈRE   (de),    abbé   de    Saint-Michel    & 

vicaire  général  à  Toulouse,  p.   I223. 

LAtîANE,  procureur  du  roi;  son  monitoire  des- 
tiné à  être  lu  dans  les  églises  à  propos  de  l'affaire 
Calas,  pp.   1164,  1165. 

LAGANE,  capitoul,  p.    1  166. 
LiGVRDE,  pp.  96,  99,  102,  ii3i,  1149,   1407. 
LAGARDE-GUÉRIN,  p.  968. 
Lagarde-Laukagais,    au    diocèse    de    Mirepoix, 

p.    1009. 
LAGARDE-MALBOSC  (de),  p.   io36. 
La  Gabdelle,  au  diocèse  de  Toulouse,  p.   1008. 
La  Gardiole,  baronnie,  pp.  29,  77,  84. 
LA   GARDIOLE  (B.Tron  de),  p.  436. 
LAGARRIGUE  (Antoine   de),   seigneur  de   Fran- 

(jueville,  avocat,  capitoul,   pp.   199,   389,   323; 

sa  harangue    à  Gaston  d'Orléans   au   sujet  de  la 

suppression  des  élections  capitulaires,  pp.  202, 

îo3. 
La  GiÉNE,  p.   I  i3i. 

LA  GORCE  (Marquis  de)j  sa  mort,  p.  778. 
La  Gorce,  en  Vivarais,  p.   1201. 
LAGORRÉE,  clerc  tonsuré,  régaliste,  p.  ôo3. 
LAGORRÉE  (de),  p.   iSSi. 

LAGORRÉE  DE  SAINT-ÉTIENNE,  p.   i352. 
LA  GRANGE,  religionnaire  à  Castres,  p.   1142. 
La   Grasse,  abbaye,  pp.  95,  97,  98,  99,   100,   102, 

33o,   1  178,    i4o5j  ses  armoiries,  p.  684. 

—  'Religieux  de),  p.   104. 

La  Grasse,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1108; 
ses  armoiries,  p.  687;  à  demi  détruite  par  l'inon- 
dation de  rOrbieu,  p.  1  oo5. 

La  Grave,  au  diocèse  d'AIbi,  p.   1008. 

LAGRAVE,  de  Limoux,  p.  1207. 

LA  GRÉVOL,  p.  1425. 

LA  GUYMERIE  (de),  pp.  328,  329. 

La   Hage,  lieu,  p.  1219. 

LA  HAGE  (Comte  de),  p.   i353. 

LA  HAGE,  président  au  Parlement,  p.  1394. 

LA  HAYE  (de),  p.  i365. 

Laine,  p.  700;  ne  peut  être  déposée  à  Tarascon 
pendant  la  foire  de  Beaucaire,  p.  73. 

—  (Manufacture  de)  à  Amsterdam,  p.  566. 

—  perdue,  p.    iOo5. 

Laines,  pp.  699,944,  ii5i;  l'exportation  en  est 
interdite,  p.  5o  ;  règlement  pour  le  lav.ige, 
pp.  .5f,  7.')  ne  peuvent  être  achetées  avant  le 
mois  de  mai,  p.  70. 

—  de  diverses  contrées  du  Languedoc  ne  peuvent 
être  vendues  qu'en  suint,  p.  70. 

—  indigènes,  p.   166. 

—  d'Alger  importées  en  Languedoc,  p.  704, 

—  d'Aragon,  p.  697. 

—  de  Barbarie,  p.   1  1  14, 

—  de  Castille,  p.  697. 


Laines  de  Constnntinople,  p.  700;  importées  en 
Languedoc,   p.  704. 

—  d'Espagne,  pp.  83,  166,  697,  700;  importées 
en  Languedoc,  p.  707. 

—  de  Navarre,  p.  697. 

—  de  Smyrne,  pp.  700,  962. 

—  de  Siilé,  p.  700;  importées  en  Languedoc, 
p.  704. 

—  de  Tunis,  p.  700. 

—  (Commerce  des),  à  Toulouse,  p.   |3|8, 
LAISNÉ    (Louis   de)    DE    LA    MARGUERTE,    sei- 
gneur de  la   Marguerie,   intendant  de  la   géné- 
ralité de  Montauban,  pp.  4,  246. 

Laigoal,  montagne.  Voir  Aigoual,  Aigoal,  AvcoAt. 

LA  JEUNESSE,  prédicant,  arrêté  à  propos  de  la 
conjuration  de  Nimes,  p.  859. 

LA  JONQUIÈRE,  p.  822;  détaché  par  le  marérh.il 
de  Montrevel  à  la  poursuite  des  camlsards, 
p.  8i5;  tombe  dans  un  piège,  est  blessé  à  la 
joue;  abandonne  ses  troupes,  p.  816;  informe 
M.  de  La  Lande  de  sa  défaite,  p.  817. 

La  Lande,  au  nord  de  Toulouse,  pp.  947,  1190; 
faubourg  près  Toulouse ,  p.  1222,  1223;  une 
église  y  est  bâtie  sous  le  vocable  de  sainte  Ma- 
deleine, p.   1224. 

LA  LANDE  (Marquis  de\  pp.  39,  841.  904;  in- 
flige un  échec  à  Cavalier,  p.  824;  poursuit  les 
camisards,  p.  83  1  ;  commandant  à  Alais,  reçoit 
un  parlementaire  de  la  part  de  Cavalier  &  une 
lettre  de  ce  chef,  p.  833;  remet  des  otages  à  Ca- 
valier, p.  835. 

La  Lièvre,  lieu  des  Cévennes,  p.   1071. 

LA  LINIÈRE  (Comte  de),  député  aux  Etats  géné- 
raux, p.   1377. 

La  Liviniëre,  p.  1401. 

LALLE(de),  p.  334. 

LALO,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse;  son 
exil,  p.   1218. 

LA  LOUBÈRE  (Siinc  n  de),  membre  de  l'Académie 
française  &  de  l'Académie  des  inscriptions,  au- 
teur d'un  traité  sur  l'origine  des  Jeux-Floraux 
à  Toulouse,  tente  la  création  de  l'Académie  des 
belles-lettres  par  la  réforme  des  Jeux-Floraux, 
p.  65?;  sa  connaissance  des  livres  du  gai  savoir; 
il  rédige  les  statuts  des  Jeux-Floraux  &  ne  fait 
aucune  allusion  à  Clémence  Isaure,  p.  661. 

La  Lolvére,  en  Vivarais,  p.  1202. 

LAMAMYE  (de),  sieur  de  'Villeneuve,  capitoul, 
puis  syndic  général,  pp.  i5i,  102,  201,  202, 
214,  218,  220,  221,  222,  228,  277,  282,  287, 
329,  33o,  33i,  355,  359j  député  de  Toulouse, 
p.  198. 

LAMAMYE  père,  p.  221. 

La  Marck;  des  protestants  français  s'établissent 
dans  ce  pays  après  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes  &  y  obtiennent  toutes  les  facilités  né- 
cessaires à  leur  installation,  p.  362. 

LA  MARCK  (Antoinette  de),  première  femme 
d'Anne  de  Montmorency,  p.  394. 

La  Mahgeride,  p.  1407. 

LA  MARGUERIE,  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse,   pp.  222,  227. 

LA  MARCOUSSE,  tué  en  duel,  pp.   193,   194. 


'•■44 


TABLE  GÉNÉRALE  DES   NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


LAMARQUE,  premier  curé  nommé  à  Lalande  en 

I 77^,  p.     I 220. 

Lamasquêre,  commune,  p.   1082. 

LAMETH  (Alexandre),  p.  1421. 

La  Mettebie  de  Badmes,  en  Gévaudan,  p.  965. 

Laminebie  de  cuivre,  p.  Sp. 

LAMOTGNON  DE  BAVIL1.E  (Nicolas  de),  inten- 
dant de  justice,  police  &  finances  dans  la  pro- 
vince de  Languedoc,  pp.  3o,  43,  46,  47,  48,  49, 
5i,  54,  357,  568,  579,  .58i,  5t!2,  614,  616,  63., 
655,  728,  753,  757,  835,  858,  862,  864,  868, 
872,  873,  879,  887,  891,  893,  897,  915,  919, 
çSS,  1167;  succède  à  d'Aguesseau  dans  l'inten- 
dance de  Languedoc,  le  i3  août  i685,  pp.  28, 
640;  sa  surdité,  p.  541;  son  âge  au  moment 
de  sa  nomination;  sa  famille,  p.  55 1  ;  titres 
qu'il  prend  dans  les  actes  officiels,  p.  552; 
son  enfance,  p.  552;  ses  succès  au  barreau  de 
Paris;  est  reçu  conseiller  au  Parlement  de  Paris; 
nommé  maître  des  requêtes;  son  mariage;  son 
administration  en  Poitou;  mesures  rigoureuses 
contre  les  protestants  qu'il  préconise  auprès  du 
conseil  d'Etat,  p.  553;  ses  moyens  de  conver- 
sion, p.  554;  dès  son  entrée  dans  la  Province 
il  provoque  l'abjuration  des  protestants,  pp.  504, 
555;  ordonne  la  démolition  de  la  chapelle  des 
Filles  de  l'Enfance,  p.  583  ;  jugement  de  Saint- 
Simon  à  son  égard,  p.  586  ;  sa  lettre  à  Louvois 
au  sujet  des  répressions  en  Languedoc,  p.  588  ; 
son  action  dans  les  mesures  de  répression, 
pp.  588,  589,  590;  son  influence  dans  les  élec- 
tions municipales  de  Toulouse,  p.  597;  sécurité 
qu'il  croit  donner  aux  Cévennes  par  l'établisse- 
ment du  réseau  de  chemins  royaux,  pp.  601, 
602;  se  rend  à  Toulouse  pour  mettre  ordre  à  vn 
grand  nombre  d'abus;  détails  sur  son  séjour  & 
sur  les  réformes  qu'il  apporte  à  l'administra- 
tion de  la  ville,  pp.  6o.3,  604,  6o5,  606;  juge 
prévôtalement  les  révoltés  du  Vivarais,  p.  6i5; 
son  ordonnance  autorisant  les  anciens  catho- 
liques à  s'établir  sur  des  terres  incultes,  p.  623; 
reçoit  des  capitouls  de  Toulouse  l'offre  de  deux 
cent  cinquante  mille  livres,  à  condition  que  la 
demande  de  payement  des  taxes  d'anoblissement 
capitulaire  serait  étoliffée;  il  refuse  d'accorder 
ce  que  demandent  les  capitouls,  mais  accepte  les 
deux  cent  cinquante  mille  livres,  p.  633;  s'oc- 
cupe de  la  réforme  des  Jeux-Floraux,  p.  657; 
son  zèle  dans  la  levée  des  mulets  ordonnée  en 
Languedoc,  p.  664;  prend  part  à  la  répartition 
de  la  capitation  à  'foulouse,  p.  674;  dispense 
les  ecclésiastiques  vivant  à  la  portion  congrue 
du  droit  d'armorial,  p.  689;  son  mémoire  dressé 
pour  l'éducation  du  duc  de  Bourgogne;  sa  va- 
leur; ses  divisions,  p.  690;  études  sur  les  pro- 
duits du  Languedoc;  sur  le  caractère  &  les 
aptitudes  des  habitants  du  haut  &  du  bas  Lan- 
guedoc, p.  691;  détails  sur  le  commerce,  les 
travaux  agricoles  dans  la  Province  &  la  divi- 
sion de  la  population,  p.  692;  ses  études  sur 
l'usage  de  la  législation  romaine  en  Languedoc; 
sur  le  franc-alleu;  sur  l'organisation  de  la  pro- 
priété, pp.  693,  694;  son  appréciation  sur  la 
fortune  de  la  noblesse;  sur  ses  habitudes  de  ré- 
sidence; sur  les  revenus  du  clergé;  sur  le  nombre 
dî  couvents;  constate  la  décadence  des  univer- 
sités de  Toulouse   &  de  Montpellier,  pp.    694; 


son  opinion  sur  les  petits  cnllépes  ;  loue  l'orga- 
nisation des  établissements  hospitaliers,  p.  690; 
donne  le  nombre  des  officiers  du  Parlement;  le 
nombre  des  sénéchaussées;  renseignements  gé- 
néraux sur  le  commerce  de  la  Province,  l'in- 
d  usine  des  draps,  p.  696;  sur  les  productions 
naturelles  8t  de  l'industrie;  sur  le  caractère 
des  habitants,  pp.  697,  698,  699,  700,  701  ; 
blâme  Marca  de  n'avoir  pas  revendiqué  la  vallée 
d'Araiî  pour  la  France,  p.  697;  quelques  mots 
de  ses  mémoires  sur  les  nouveaux  convertis  & 
leurs  aptitudes  commerciales,  p.  701;  son  opi- 
nion svir  les  habitants  d'Anduze;  son  étude  sur 
les  foires;  sur  les  exportations  &  les  importa- 
tions, p.  7o3;  approuve  le  système  de  Colbert 
relatif  aux  manufactures;  blâme  les  mesures 
fiscales  qui  peuvent  entraver  le  commerce, 
p.  704;  solutions  rationnelles  qu'il  propose  à 
propos  des  monnaies,  de  l'unification  des  poids 
&  mesures;  son  projet  d'abolition  générale  des 
péages  au  moyen  du  rachat,  p.  700;  fait  partie 
de  la  commission  mixte  pour  le  règlement  des 
affaires  de  communauté,  p.  706;  son  action 
contre  les  protestants,  p.  708;  ses  lettres  à  Flé- 
chier  au  sujet  du  ministre  Brousson,  pp.  710, 
71  I;  son  ordonnance  sur  les  attestations  capi- 
tula ires,  p.  716;  ses  doléances  contre  le  cardinal 
de  Bonzi ,  p.  718;  son  avis  relativement  au 
commerce  des  grains  en  Languedoc,  p.  722;  son 
opinion  sur  les  nouveaux  convertis;  son  espoir 
de  vaincre  leur  résistance  avec  des  prêtres  zélés 
&  de  bons  missionnaires,  p.  73 1;  demande  des 
troupes  régulières  pour  vaincre  les  soulèvements 
des  Cévennes,  p.  734;  activité  de  sa  répression 
pour  arrêter  le  mouvement  cévenol,  p.  734;  in- 
quiétudes manifestées  dans  sa  correspondance 
causées  par  l'importance  des  mouvements  des 
Cévennes;  cherche  à  ramasser  quelques  forces 
militaires,  pp.  734,  735;  son  ordonnance  contre 
les  guides  &  les  émigrants;  récompenses  pro- 
mises à  ceux  qui  les  livreraient,  p.  739;  relève 
de  maladie;  établit  sa  cour  à  Alais,  p.  746;  pu- 
blie une  ordonnance  qui  rend  les  communes 
responsables  de  la  vie  des  prêtres,  p.  754;  ob- 
tient la  connaissance  de  tous  les  crimes  relatifs 
au  soulèvement,  p.  761;  résumé  de  son  Mé- 
moire sur  l'état  présent  des  affaires  des  Cévennes, 
pp.  769,  770;  demande  de  bonnes  troupes  pour 
réprimer,  durant  Ihiver  de  1703,  l'insurrection 
des  Cévennes;  ses  craintes,  p.  772;  confère  avec 
le  maréchal  de  Montrevel,  p.  779;  ses  rapports 
alarment  la  Cour,  pp.  787,  788;  conclut  que  le 
mouvement  reçoit  sa  diiection  de  l'étranger, 
p.  788;  demande  des  troupes  pour  occuper  les 
villes  protestantes;  mesures  de  précaution  qu'il 
recommande,  p.  788;  poursuit  inutilement  les 
camisards,  p.  790;  son  projet  de  dépopulation 
des  hautes  Cévennes,  p.  798;  accompagne  Mon- 
trevel au  milieu  du  pays  condamné,  p.  801; 
justifie  près  du  ministre  de  la  guerre  la  dévasta- 
tion des  Cévennes,  p.  809;  son  inémoire  secret 
sur  la  conduite  du  maréchal  de  Montrevel, 
pp.  811,  812;  son  insistance  pour  organiser  les 
Cadets  de  la  Croix,  p.  818;  appelle  l'attention 
de  Montrevel  sur  l'attitude  de  la  Hollande  & 
de  l'Angleterre  à  propos  de  la  guerre  des  Cé- 
vennes, p.  818;  dissuade  le  ministre  d'adopter 
le   nouveau    plan   d'opérations  du    maréchal  de 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


1545 


Montrevel  ■&  en  propose  un  autre,  pp.  812, 
8i3;  sacrifie  le  maréchal  de  Montrevel  après  le 
désastre  du  Devez;  renseignements  curieux  que 
donne  cet  intendant  sur  la  conduite  du  maré- 
chal, p.  8  17;  annonce  à  Montrevel  la  prochaine 
arrivée  du  nouveau  commandant,  p.  825;  se 
rend  au  devant  de  Villars  à  Beaucaire,  p.  826; 
est  dénoncé  à  la  Cour  &  au  maréchal  de  Villars 
par  des  lettres  anonymes;  se  rend  nécessaire  & 
obtient  les  bonnes  grâces  du  nouveau  comman- 
dant; opère  une  révision  des  prévenus  &  relâche 
ceux  contre  lesquels  on  n'avait  aucune  espèce 
de  preuves,  p.  826;  fait  sonder  Cavalier  sans 
compromettre  l'intendance;  accompagne  le  ma- 
réchal de  Villars  dans  sa  première  tournée  dans 
les  Cévennes,  p.  827;  raconte  des  traits  de  fer- 
meté incroyables  de  la  part  des  suppliciés, 
p.  83o;  fait  partis  de  l'expédition  des  troupes 
d'Alais  &  d'Uzès  contre  les  cam isards,  p.  833; 
assiste  à  l'entrevue  de  Cavalier  &  du  maréchal 
de  Villars,  p.  836;  est  autorisé  par  le  roi  à  dé- 
penser trois  ou  quatre  mille  pistoles  à  propos 
du  départ  pour  l'étranger  des  camisards  soumis, 
p.  838;  consulté  sur  les  prétentions  du  fermier 
des  gabelles  au  sujet  du  sel  défendu,  p.  84,1;  fait 
réunir  à  Toulouse  &  à  Montpellier  des  nota- 
bles commerçants  au  sujet  de  la  création  des 
chambres  de  commerce,  p.  848;  signe  le  bail  de 
ferme  de  l'impôt  sur  la  viande  de  boucherie, 
p.  85o;  son  avis  favorable  a  l'interdiction  de 
l'entrée  des  vins  par  la  frontière  orientale  du 
Languedoc,  p.  85i  ;  sur  ses  rapports  le  cons-il  ' 
d'Etat  accorde  des  secours  aux  pays  dévastés, 
p.  871;  fait  exécuter  deux  protestants  pendant 
que  la  flotte  anglaise  était  en  vue  des  côtes  de 
Languedoc,  p.  882;  est  à  Mèze  au  moment  où 
les  Anglais  menacent  la  ville;  stratagème  qu'il 
emploie  pour  simuler  des  forces  considérables, 
p.  885;  procède  à  l'inventaire  des  effets  du  tré- 
sorier de  la  bourse,  p.  892;  rend  une  ordon- 
nance au  sujet  de  l'épizootie,  p.  9o3  ;  s'emploie 
pour  obtenir  la  fin  de  l'occupation  militaire, 
p.  904;  sa  lettre  aux  magistrats  municipaux 
à  propos  de  l'établissement  du  droit  sur  les 
farines,  p.  9o5;  aspire  à  la  retraite,  p.  920; 
sa  terre  de  La  Mothe-Champdenier  érigée  en 
marquisat;  chargé  de  revoir  la  déclaration 
préparée  contre  les  protestants,  travaille  à  sa 
rédaction  définitive,  p.  99^;  ses  ordonnances 
concernant  les  ports  de  Mauguio,  Pérols  & 
Villeneuve,  p.  1  o55  ;  après  de  grandes  hési- 
tations, Bâville  est  déch.irgé  de  l'intendance  de 
Languedoc,  pp.  921,  922;  se  retire  à  Paris  en 
1717  &  y  meurt  en  1724;  quelques  mots  sur  son 
administration,  p.  922;  après  sa  mort  sa  veuve 
a  une  contestation  avec  la  Province,  p.   io3i. 

LAMOIGNON  (Chrétien  de),   frère  de  l'intendant 
de  Languedoc,  pp.  55 1,  552. 

LAMOIGNO^f   (André-Chrétien    de),    né    en    1641, 
mort  en   1643,  p.  552. 

LAMOIGNON    (André-Chrétien    de),   né   en    1643, 
mort  en  1644,  p.  552. 

LAMOIGNON   (Guillaume    de),   premier   président 
au  Parlement  de  Paris,  p.  Ô5i. 

LAMOIGNON  (René  de),  p.  552. 

LAMOIGNON  (de),   président  à  mortier  au  Parle- 
ment de  Paris,  p.  921. 


LAMOIGNON  (de),  premier  président;  exécuteur 
testamentaire  du  prince  de  Conti,  p.  444. 

LAMOIGNON  (de),  président  à  mortier  au  Parle- 
ment de  Paris,  garde  des  sceaux,  pp.  1123,  1 339, 
1342;  nommé  membre  honoraire  de  l'académie 
des  sciences  de  Toulouse,  p.   1  102. 

LAMOIGNON  (Anne  de),  p.  552. 

LAMOIGNON  (Elisabeth  de),  p.  552. 

LAMOIGNON  (Marie  de),  mariée  au  comte  de  Bro- 
glie,  p.  552. 

LAMOIGNON  (Magdeleine  de),  mariée  au  prési- 
dent de  Harlay,  p.  :"i52. 

LAMOIGNON  DE  BAVILLE  (Madeleine),  épouse 
le  comte  de  Saint-Fargeau,  p.  921. 

LA  MOTHE,  maréchal,  p.  237. 
La  Mothe-Argencoubt,  p.  38 >. 
La  Motke-Saint-Roman,  château,  p.  3o6. 
La  Mothe-Champdemer,  marquisat,  p.  552;  date 
de  son  érection  en  marquisat,  p.  921. 

LA  MOTHE-HOUDANCOURT  (Henri  de),  évéque 
de  Rennes;  chargé  de  traiter  directement  des 
affaires  ecclésiastiques  avec  le  roi,  p.  401. 

LA  MOTHE  HOUUANCOURT,  commandant  des 
troupes  royales  en  Catalogne,  pp.  i65,  236, 
342,  344,  340;  ses  accusations  contre  la  reine 
&  Mazarin;  information  de  Pierre  de  Marca; 
révocation,  rappel  &  emprisonnement  du  ma- 
réchal, p.  262. 

LAMOTHE  (de),  syndic  général  pour  la  sénéchaus- 
sée de  Nimes  &  Beaucaire,  p.    167. 

LAMOTHE  fde),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1218. 

LAMOUROUX,  p.    1126. 
Lampili.on,  affluent  du  Sor,  p.  ^6o. 
Lampoubdan  (Frontières  du),  p.  882. 
Lamty,  affluent  du  Sor,  pp.  460,   i  253. 
—  (Réservoir  de],  p.    1  i5. 

LAMURE,  doyen  de  la  faculté  de  médecine  de 
Montpellier,  p.   1239. 

LAMY  (Pascal),  maire  du  Puy,  p.  982. 

Lanas,  en  V^ivarais,  p,   1201. 

Lancefoc  (Enclos  de),  à  Toulouse;  on  y  enferme 
les  pestiférés,  p.  340. 

Lancize,  p.  loi . 

Lande  (Petite),  près  de  Toulouse,  p.  1224. 

La.\de  (Grande^,  près  de  Toulouse,  p.    1224. 

Landgrave  de  Hesse;  accorde  des  immunités  fisca- 
les aux  proscrits  français,  p.  563. 

Landes  (Les),  p.  84. 

Landes,  p.  1261 . 

Landrecies,  p.  159. 

l.ANELUC,  syndic  de  la  Bourse  de  Toulouse, 
p.    i363. 

LANES  (Bernard),  capitaine  du  guet  à  Toulouse, 
pp.  4,  244;  condamné  à  mort  &  exécuté  en 
effigie,  p.  245. 

Langeac,  p.  1406. 

LANGEOIS,  intendant  de  Montauban;  ses  ordon- 
nances relatives  à  la  navigation  du  Tarn, p.  428. 

LANGERON  (M™"'  de),  p.  925. 


1546 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


La.nglade,  p.  1066;  ses  armoiries,  p.  687;  Cava- 
lier y  couche  en  se  rendant  à  Nîmes  pour  con- 
férer avec  le  maréchal  de  Villars,  p.  836. 

—  (Moulin  de),  dans  la  Vaunage,  p.  SzS. 
LANGLADE  (Balthasar  de),  sieur  du  Cheylar;  ses 

vols  &  ses  rapines;  est  condamné  par  défaut  à 
six  ans  de  galères,  p.  Spy;  après  les  cinq  ans 
de  prescription  obtient  un  arrêt  de  relaxe, 
p.   399. 

LANGLADE  DU  CHAYLA  (François),  archiprêtre 
des  Cévennes,  inspecteur  des  missions  du  Gé- 
vaudan;  opinions  opposées  sur  son  caractère, 
p.  736.  Foi>  CHAYLA  (Abbé  du). 

LANGLADE  (Hyacinthe  de),  p.  744. 

LANGLADE  (Jean  de),  sieur  de  Villaret,  p.  398. 

LANGLOIS,  traitant,  p.  5 12. 

L\NGON,  p.  517. 

LANGON,  architecte  castrais,  p.  868. 

Langogme,  pp.  70,   122,   iSj,  iii3,   1194,   1407. 

—  (Pont  de),  pp.  90,  962. 
Langées,  p.  1020. 

Languedoc,  province,  pp.  23,  .56,  104,  167,  176, 
177,  i83,  190,  195,  239,  201,  260,  286,  3oo, 
3o5,  309,  3ii,  349,  362,  367,  445,  534,  663, 
728,  729,  773,  787,  790,  847,  85i,  858,  902, 
904,  938,  944,  969,  1019,  1079,  1081,  1088, 
iiiz,  1114,  iii5,  1227,  1241,  1244,  127.5, 
1276,  1277,  1278,  1279,  1295,  1296,  i333, 
1403,  1406,  1409;  appréhensions  dans  la  Pro- 
vince après  la  mort  de  Louis  XIII,  p.  i3  1;  dettes 
onéreuses,  impôts  de  consommation,  taxes  de 
douanes  multipliées  qui  accablent  la  Province  à 
l'avènement  de  Louis  XIV;  nécessité  d'y  porter 
remède;  paroles  de  Schomberg  à  ce  sujet,  p.  162; 
le  duc  d'Orléans  remplace  comme  gouverneur 
le  maréchal  de  Schomberg,  p.  i85;  les  déserteurs 
de  l'armée  de  Catalogne  infestent  le  pays;  ser- 
vice spécial  de  surveillance  pour  cet  objet, 
p.  209;  fâcheux  état  des  esprits  dans  la  Pro- 
vince en  1645,  p.  236;  son  état  malheureux 
reconnu  par  le  maréchal  du  Plessis,  p.  261  ;  sa 
tranquillité  relative,  p.  299;  ravagée  par  la 
peste,  p.  340;  est  dans  une  position  critique  à 
la  fin  de  la  Fronde,  p.  342;  soufTre  toujours  de 
la  guerre  de  Catalogne,  p.  344;  menacée  d'une 
visite  armée  de  Louis  XIV,  p.  366;  ses  bois  & 
ses  forêts  dévastés  8c  appauvris,  p.  466;  supporte 
avec  peine  les  charges  de  la  guerre  avec  l'Espa- 
gne, pp.  509,  5  10,  5i  I  ;  est  visitée  par  Louvois, 
pp.  5i6,  017;  influence  exercée  par  d'Aguesseau 
durant  son  intendance,  p.  041;  nombre  de  pro- 
testants dans  la  Province,  p.  55o;  est  envahie 
par  les  troupes,  p.  555;  pays  agricole  &  indus- 
triel, figure  pour  un  contingent  considérable 
dans  l'émigration,  p.  564;  son  industrie  &  son 
agricultuie  importées  à  l'étranger  par  les  pros- 
crits français,  p.  566;  dépenses  occasionnées  à 
la  Province  par  la  construction  de  forts  dans 
les  diocèses  de  Montpellier,  de  Nimes  &  d'Uzès, 
p.  600;  est  dégarnie  de  troupes  à  la  suite  de  la 
guerre  aux  frontières,  p.  608;  sa  population 
en  1698,  p.  692;  nom  de  ses  huit  sénéchaussées 
démembrées  de  ses  trois  sénéchaussées  histori- 
ques, p.  696;  ses  importations  &  ses  exporta- 
tions, p.  7o3;  état  approximatif  des  exporta- 
tions, dressé  par  Bâville,  pp.  703,  704;  aucune 


de  ses  villes  n'est  d'abord  représentée  au  con- 
seil de  commerce;  un  négociant  de  Nimes, 
puis  le  syndic  général  de  la  Province  y  sont 
admis,  p.  716;  l'importation  des  vins  est  inter- 
dite par  sa  frontière  orientale,  p.  852;  dépopu- 
lation de  la  Province;  misère  publique,  p.  863; 
création  d'amirautés  dans  la  Province,  p.  3 1  ; 
ses  frontières  du  comté  de  Foix,  pp.  871,  873; 
sa  situation  en  1720  après  la  débâcle  financière; 
&  au  moment  de  l'invasion  de  la  peste,  p.  946; 
ses  villes  déchargées  du  droit  d'amortissement 
pour  les  bâtiments  de  casernes,  p.  56;  atteinte 
par  l'épizootie  en  1774,  p.  1232;  la  délimita- 
tion arbitraire  de  ses  frontières  cause  de  graves 
embarras  pour  la  surveillance  des  troupes  du- 
rant l'épizootie,  pp.  1242,  1243;  traversée  en 
I7"7  par  le  comte  de  Provence  &  par  Joseph  II, 
empereur  d'Allemagne,  pp.  i3i3,  i3i4;  la  no- 
mination des  députés  aux  Etats  généraux  réglée 
par  décision  royale,  pp.  1  366,  i367;  configura- 
tion territoriale,  p.  i3-;8;  doit  former  sept  dé- 
partements, p.  1400;  divisée  en  départements, 
pp.  129,   1400  à   1411. 

Languedoc  (Dragons  de),  p.  879. 

—  (Fers  de),  p.    14. 

—  (Ports  du),  p.  996. 

—  (Régiment  de),  p.  801. 

—  (Sénéchaussées  de),  p.    r3oo. 

—  (Syndic  de),  p.  872. 

Languedoc,  vaisseau  de  ligne  de  quatre-vingts  ca- 
nons, donné  au  roi  par  la  Province,  p.    1  i-'c<. 

LANJUINAIS,   dénonce  une    réunion    de   nobles  8t 

de  parlementaires  à  Toulouse,  p.    \^y6. 
La   Nouvelle,  pp.  6ç,  78,  100,  izS,  1125,   1146- 
Lansirgues,  p.  56. 

—  (Curé  de),  p.  69. 
Lanseglb,  lieu,  p.  1219. 

Lanta,  baronnie,  pp.  24,  1402,  1404. 
LANTA  (Baron  de),   pp.    58,  365,  366,   436,  469, 
524,  I  124,  1  i35,  1225. 

LANTENAS,  marchand  du  Puy,  p.  489. 
LANTENAS  (Gabriel),    donne   à    M.   de   Froideur 

des  renseignements  sur  le  flottage  des  bois  par  la 

Loire,  p.  490. 

Lanuéjols,  hameau  en  Gévaudan,  pp.  420,  960. 

Lanlsse,  près  Toulouse,  p.   I723. 

La  Peloucarié,  dans  les  Cévennes,  p.   1071. 

Lai'Enne,  lieu,  p.  1082. 

LA  PEROUSE  (Jean-François  Galaup  de'),  origi- 
naire de  l'Albigeois;  son  départ  de  Brest  avec  la 
Boussole  &  l'Astrolabe^  le  i''''août  1  785,  pp.  |33  1, 
i332. 

La  Peyrolse;  ses  armoiries,  p.  688. 

La  Pezade,  pp.   I  129,  1  i3r,  1  i3i. 

Lapomaréde,  pp.   1253,  1254. 

LAPORTE,  de  Brenoux,  p.  37;  semble  avoir  été 
le  premier  chef  des  révoltés  céven;  Ls,  p.  -4.  ; 
son  coup  de  main  heureux  contre  trois  comi  pa- 
gines du  régiment  du  Mirai;  son  combat  contre 
le  capitaine  Poul,  p.  700;  est  tué,  p.  -5-. 

LAPORTE,  fermier  a  Toulouse,  p.   io83. 
LA  PORTE  (de;,   p.    14:5.' 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i547 


Lapba,  en  Viyarais,  j).  1202. 
La  Pbade,  p.  870. 
LApnjADE,  près  Toulouse,  p.  1223. 
Lara,  consulat,  pp.  1219,  1403. 
Labbont,  consulat,  p.  1403. 

Lardeptne  (Plateaux  de),  près  Toulouse,  pp.  368, 
1240. 

Labdige,  en  Vivarais,  p.  1202. 
La  Règle,  pp.   1218,  1276,  1276. 
Large  place  à   faire  à  la    représentation  du  pays, 
p.   i38i. 

Larcentiêre,  baronnie   en  Vivarais,    pp.   52,  62, 
1149,  1196,  1202,   i3i3,  1411. 

—  (Augustins  de),  p.  1  196. 

—  (Récolleis  de),  p.  1 196. 

Largesses  faites  par  les  États  de  Languedoc  après 
la  session  de  1649,  p.  293. 

La  Ribeire,  en  Vivarais,  p.   1202. 
LA  RICARDELLE,   lieutenant   du  gouverneur  de 
Narbonne,  p.  3o6. 

La  Rivière,  lieu  dans  le  Cabardès,   pp.  228,  293, 

lOJI. 

LA  RIVIÈRE  (Louis  BARBIER  de),  seigneur  de 
Petit-Bourg,  confident  du  duc  d'Orléans,  p.  1  87; 
son  rôle  près  de  Gaston  d'Orléans,  p.  i88j  son 
hostilité  envers  l'évéque  de  Rieux,  p.  2.59;  cause 
de  sa  nomination  au  cardinalat;  citation  d'Au- 
bery  à  son  sujet,  p.  274;  refuse  de  se  réconci- 
lier avec  l'archevêque  de  Narbonne,  p.  278; 
plaintes  des  archevêques  de  Narbonne  &  de 
Toulouse  à  son  sujet,  pp.  286,  287;  reçoit  une 
gratification  des  Etats  de  Languedoc  à  la  suite 
du  retrait  de  l'édit  de  Béziers,  p.  293;  sa  dis- 
grâce, pp.  294,  295. 

LA  RIVIÈRE  DE  GARDON,  général  de  l'assemblée 
des  fidèles;  son  manifeste,  pp.  771,  772. 

Larnac,  p.  91. 

Lar.nas,  en  Vivarais,  p.   1201. 

LAROCAN,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.    1218. 

L\  Roche,  en  Vivarais,  p.    1201. 

La  RocHE-siR-VoN,  p.  i85. 

La  Roche-Montotso.v,  p.   194. 

La  Rociie-Redosde  ou  La  Roche,  village,  pp.  397, 

398,  399. 
Lv  Roche,  lieu,  p.  398. 

LA  ROCHE-AYMON  (Charles- Antoine  de),  arche- 
vêque de  Toulouse,  préside  la  session  des  Etats 
de  1760,  pp.  1092,  109J;  sa  lettre  au  contrô- 
leur général  demandant  le  rétablissement  des 
Etats  de  Languedoc,  pp.  1104,  iic5;  nouvelle 
lettre  au  contrôleur  général  en  I75i,  p.  1114; 
renouvelle  sa  supplique  relativement  i  la  situa- 
tion anormale  de  la  Province,  p.  1  1  i5;  est  reçu 
par  le  roi,  p.  f  ï  17;  nommé  archevêque  de  Nar- 
bonne; concourt  au  rétablissement  des  Etats  de 
Languedoc,  pp.  1118,  1  124. 

Larochecherie,  en  Vivarais,  p.  1201. 

LA  ROCHEFOUCAULD  (Duc  de),  p.  33?. 

LA  ROCHEFOUCAULD  &  DE  LA  ROCHE  GUYON 

(Alexandre  de),  prince  de  Marsillac,  p.   i   '.). 


LA  ROCHEFOUCAULD  (Dominique  de),  archevê- 
que d'AIbi;  son  discours  aux  Etats  de  1753, 
p.   1094. 

La  Rochelle,  pp.  54,   iS5,  627,  716,  848,  970. 

Laroqle,  commune  du  diocèse  de  Mi repoix,  p.  871. 

Laboqie  de  Croisillac,  p.  863. 

Laroqle  d'Olmes,  p.  69. 

LAROQUE  (de),  p.  55. 

LAROQUE,  capitoul,  p.   171. 

LAROQUE  (Comte  de),  p.    i352. 

LAROQUE -MOLAS,    conseiller  au    Parlement   de 

Toulouse;  son  exil,  p.   1219. 
La  Roque,  en  Gévaudan,  p.  965. 
La  Roque  de  Fa,  lieu,  p.  347. 
La  Roquette,  p.  108. 
LA  ROSE,  camisard,  p.  40, 
La  Rougiére,  lieu,  p.  397. 
La  Rouvière,  p.  339;  ses  armoiries,  p.  687. 
LA  ROUVIÈRE  (Le  Commandeur  de),  p.  339. 
LARQUES  (de),  p.   io36. 
Larroque,  p.  1071. 

Larroi;quete,  dans  les  Cévennes,  p.   1071. 
LARTIGUE  (de),   député   aux  États  généraux, 

p.   1378. 
Larzac,  p.  94, 

—  (Montagne  de),  p.  i  149. 

La  Salle,  pp.  28,  49,  710,   1406;   ses  armoiries, 
p.  687. 

—  (Plâtrières  de),  p.  986. 

—  (Archiprêtré  de),  pp.  648,  649. 
LA  SALLE  (de),  p.  71. 

LA  SALLE  PRÉSERVILLE  (de),  p.    1  353. 
La  Salvetat,  pp.   102,  1  i25,  1219. 
LA  SAUMÈS  (Marquis  de),  p.    1  198. 
La  Saune  (Prairies  de),  p.   1245. 
La  Sauve,  abbaye,  p.   104. 
La  Seauve-Clavas,  abbaye,  p.   1236. 
La  Sauvetat,  en  Vêlai,  p.  482. 
Lasbordes,  communal,  p.   ii5d. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
LAS  BORDES  (de),  p.  619. 

LASBORDES  (de)  père,  conseiller  au  Parlement  de 

Toulouse;  son  exil,  p.  1218. 
LASBORDES  (de)  fils,  conseiller  au   Parlement  à 

Toulouse;  son  exil,  p.  1219. 
Las  Cours,  dépendance  de  la  baronnie  de  Boucoi- 

ran,  pillée,   p.  8i5;   démolition  de  son  temple 

p.   19. 

La  Serre,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

La  Serre,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

La  Serre  ou  Bavas,  en  Vivarais,  p.  1201. 
LA  SERRE,  de  l'Académie  française,  p.  247. 
LA  SERRE,  capitaine,  p.  324. 

LA  SERRE   (Comte   de),    lieutenant  général;    ses 
menaces  aux  Etats,  p.   i366. 

LA   SERRE,  p.   1403. 
LASESQUIÈRE,  avocat,  p.  658. 
Lasfons,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Lasgraisse  (Kglise  de),  auprès  d'AIbi,  p.  260. 


i548 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Lasgraisses,  p.  ï6i . 

La  Souche,  en  Vivarais,  p.  1102. 

LAS  PLANES  (Philippe  de  NAUTONNIER,  sieur 
de),  ministre  protestant,  p.  353. 

Lasseigne  (Moulin  de),  p.  1 19. 

Lasserre,  commune,  p.  1082. 

LASSERRE  (de),  syndic  du  diocèse  de  Narbonne, 
p.  1367. 

LASSUS  (de),  nommé  conseiller  du  Parlement 
Maupeou,  p.  1214. 

LASSUS  fils  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 

LASTRONQUES,  gentilhomme  de  Mazarin,  p.  228. 

La  Terrasse,  possède  une  manufacture  royale, 
p.  1370. 

LATGIÉ,  bourgeois  de  Toulouse,  p.  405. 

LATIER  DE  SAINT- VINCENT,  p.  1026. 

Latocr,  commune,  p.  1009. 

Latour  (Érection  du  comté  de),  p.  19. 

LA  TOUR  (Sieur  de),  oncle  du  chevalier  de  Ro- 
quelaure,  p.  247. 

LA  TOUR  (Jean  de),  p.  646. 

LA  TOUR  DE  GOUVERNET  (de),  gentilhomme 
du  pays  d'Uzès,  p.  io36. 

LATOUR  DU  REDONDET  (de),  chevalier  de  Saint- 
Louis,  condamné  aux  galères  pour  avoir  assisté 
à  une  assemblée  de  protestants,  p.   1073. 

LA  TOUR  MAUBOURG  (Marquis  de),  député  du 
Vêlai  aux  Etats  généraux,  p.  i377;  remet  ses 
pouvoirs,  p.  1389. 

LA  TOUR  DE  PIN  DE  MALERARGUES,  reli- 
gieuse, p.  1 142. 

La  Tbape,  au  diocèse  de  Rieux,  pp.   1008,   uôS. 

L*  TouRRETTE,  baronnie  en  Vivarais,  p.  69. 

LA  TOURETTE  (Baron  de  la),  p.  io65. 

LATRESNE  (Marquis  de),  p.  i353. 

LATRESNE  (de),  p.  i365. 

LATRESNE,  avocat  général  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  1394. 

La  Trivalle,  possède  une  manufacture  royale, 
p.  1370. 

LA  TROUSSE  (Marquis  de),  pp.  690,  398,  617. 

La  TfiuYÈi\E,  rivière,  pp.  ii5o,  iiSz. 

—  (Plateaux  de),  p.  1  194. 
Lattes  (Hôpital  de),  p.  695. 

—  (Port  de),  p.  io55. 

—  (Baronnie  de),  p.  io55. 

—  (Robine  de),  p.   io55. 

LA  TOURMENTE,  femme  de  Toulouse,  pp.    1084, 

1 086. 
LA  TUDE  (Alexandre  de),  p.  29. 
LA  TUDE  (Jean-Pons    de),    maire    perpétuel    de 

Fontes,  p.  689. 
Lauhahesse,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Lattes,  lieu,  p.  82. 

LAUDINE,  député  à  l'Assemblée  nationale,  p.  1 409. 
Laudot,  rivière,  pp.  89,   92,    124,   467,    1062. 

—  (Epanchoir  de),  p.  i2,53. 
Laudun,  pp.   110,   701,    1283. 
LaunAc,  p.  193. 


Launagiet,  près  Toulouse,  p.  1218  j  incendie  de 
l'église,  p.  34. 

—  (église  de),  p.  1224. 

—  (Pont  de),  p.  1223. 
Lau.vay-Colbson,  comté,  p.  552. 
LAUNAY  (M'"  de),  p.  925. 

Lalbac-le-Grand,  commune  du  diocèse  de  Mire- 
poix,  p.  87  I. 

Laurac,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Lauragais,  comté,   pp.    61,   177,  255,  460,  469, 

470,     1241,    1246,    1204,     1255,    1401;    ravagé 

par  les  orages  en   1707,  p.  870. 

—  (Sénéchaussée  de),  p.  873. 

—  (Coteaux  du),  p.   I  1  |3, 
Lalracaise  (Chemin  de  la),  pp.  91,  94. 
Lauragaise,   route  tracée   aux    frais   du    diocèse    de 

Saint-Papoul,  p.  1149. 
Lauragiel,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   ico8. 
Laura.v,  p.  58. 

Laurês,  au  diocèse  de  Limoux,  pp.  1008,  1082. 
Lalret;  ses  armoiries,  p.  686. 
Lauron  (Vallée  de),  p.  474. 
Lausanne,  pp.  565,  842,  877,  1067. 
LAUTAL  (de),  lieutenant  de  la  viguerie  du  Vigan, 

p.  425. 
Lautrec,  vicomte,  pp.  22,  98,  99,   100,    102,   107, 

125,  i385,  1408. 
LAUTREC  (Comte  de),  pp.  58,  69. 
LAUTREC  (Maréchal  de),  pp.  107,   1  159. 
LAUZIÈRES  THÉMINES,  maréchal  sous  Henri  IV, 

p.  694. 
LAUZIÈRE,  habitant  de  Montpellier,  p.  949. 
Lauzerte,  p.   1849. 
Laizerville;  ses  armoiries,  p.  688. 
Lauzon,  rivière,  p.  78. 

—  (Chaussée  du),  p.  5o. 

La  Vache,  près  de  Toulouse,  p.  1223. 

LAVAL  (de),  p.  931. 

LAVAL  (Duc  de),  p.  i3i3. 

Laval,  lieu  dans  les  Cévcnnes,  p.  1407. 

LA  VALETTE  CORNUSSON,  sénéchal  de  Toulouse, 
p.  282. 

LAVALETTE  (cardinal  de),  p.  3  16. 

LA  VALETTE  (de),  évéque  de  Carcassonne,  p.  414. 

La   Varenne,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Lavaub,  ville  épiscopale,  pp.  47,  61,  80,  84,  89, 
92,  95,  97,  100,  ICI,  104,  108,  143,  287, 
332,  362,  890,  1061,  1121,  1252,  1255,  1402, 
1408,  1418,  1428;  les  offices  de  receveurs  & 
contrôleurs  municipaux  rachetés,  p.  61  ;  émo- 
tion populaire,  p.  85;  sa  population  en  1698, 
d'après  Bâville,  p.  692;  les  Pères  de  la  doctrine 
chrétienne  y  dirigent  un  collège,  p.  695;  Re- 
boul  obtient  l'autorisation  d'y  fonder  une  fa- 
brique d'étoffcj  de  soie,  p.  1144;  établissement 
d'un  marché  aux  bestiaux,  p.   126, 

^  (Diocèse  de),  pp.  53,  56,  57,  60,  62,  63,  65, 
66,  67,  68,  72,  74,  88,  92,  97,  102,  io5,  1  i3, 
114,  126,  i56,  478,  619,  729,  76-j,  770,  895, 
1008,  1060,  1088,  1125,  1143,  1252,  1287, 
i33i,   1875,   1403,   i4'8. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIERES. 


i549 


Lavacr  (Évéquesde),  pp.   12,    lô,  416,  924,  929, 
974,  io65. 

—  (Hôpital  général  à),  p.  61. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 

LAVAUR  (Hilarion),  prieur  des  aiigustins  deCau- 

diès,  p.  41  5  ;  son  discours  contre  l'évêque  d'Alet  ; 

se    réfugie    à  Toulouse;     en    appelle    à   Rome, 

p.  416. 
LA  VAUX  (Jacques  de),  p.  8.5 1. 
LAVAYSSE    (Alex.cndre-Gaubert),    compromis,    à 

Toulouse,  dans  l'affaire  Calas,  pp.   1  162,  1  i63. 
L.4VEDA.V,  p.  469. 

Lavelanet,  commune,  pp.  698,  1099. 
Lavelanet,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
LAVERDY,  avocat  au  grand  conseil,  p.  1069. 
La   Vere  'Rivière),  pp.    1236,    1241  ;    projet   pour 

la  rendre  navigable,  p.   1088. 
LA  VEKGNE  (de),  lieutenant  des  galères,  capitaine 

général  des  gardes-côtes,  p.  883. 
LA  VERONE  DE  TRESSAN  (Louis  de),  archevêque 

de  Rouen,  pp.  99.'),  io23. 
LAVERNÈDE  (Chevalier  de),  p.  i3ii. 
La  Vérine,  commune  du  Vivarais,  p.  1004. 
La  Vèrlxe,  château,  pp.  loïo,  1021. 
La  Vevbise,  en  Vivarais,  p.  1202. 
La  Vialette,  lieu  du  Gévaudan,  p.  397. 
LA.VIGUERIE,  capitoul,  pp.   11 55,  i3i9. 
La  Vilate,  paroisse,  pp.  1405,  1410. 
La  ViLtATE,  en  Vivarais,  p.  1202. 
La  Villatelle,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Lavilledieu.  en  Vivarais,  p.  1201. 
La  Ville-Dieu  (Abbesse  de),  p.  i  198. 
Lavit,  p.  1404. 

La  Vitarele,  hameau  en  Gévaudan,  p.  9<55. 
La  ^'olL^E,   lieu  du   Vivarais,    pp.    20,  71,  602, 

664,    1066,    1195,    1201,    1406,    1411;  une  mine 

de  houille  y  est  ouverte  en   1777,  p.  1282. 
La  Volte-de-Vextadour,  château,  p.  612. 
LA    VRILLIÈRE    (PHELYPEAUX    de),    secrétaire 

d'État,  pp.  207,  221,  222,  223,  228,  255,  299, 

323,  367,  368,  369,  370,  440,  442,  840,  937, 

946,  955,  968,  974. 
LAWi   l'application  de  son  système  est  fatale  à  la 

Province,  p.  944. 
LAYROLLE,  p.  |333. 
LAYROLLES,   conseiller  à   la    cour   des   comptes, 

aides  &  finances,  p.  1097. 
Le  Bëage,  en  Vivarais,  p.  1202. 
LEBLANC  (Gabriel),  p.  80. 

LE  BLANC  (Pierre),  grand  vicaire  du  Puy,  p.  399. 
LE  BLANC,  lubdélégué,  pp.  739,  969,  1008. 
LE  BLANC,  secrétaire  d'État,  p.  937;  ministre  de 

la  guerre,  p.  938. 
Lebol'liv,  près  d'Aiich,  p.  1218. 
Le  BocsquEirol,  dans  les  Cévennes,  p.  1071. 
LEBRET,  intendant  de  Provence,  p.  893. 
LEBRUN,    maréchal    de   camp,    pp.    io85,    ip86, 

io'!7. 
Le  Buisson,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Li  Cambo.vet,  p.  i"7i. 


LECAMUS  (Claude-Gilles),  imprimeur  de  la  Pro- 
vince, p.  33. 

LECAMUS  (Veuve),  à  Toulouse,  p.  1175. 

Le  Caylar,  p.  14DI. 

Le  Cellier  du  Luc,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Le  Ciiambonet,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Le  Champ  Raphaël,  en  Vivarais,  p.  1201. 

LE  CHAPELIER,  député  à  l'Assemblée  nationale, 
p.  1422. 

Le  Cheylab,  p.  1202. 

LECOMTE,  procureur  général  près  le  Parlement 
Maupeou,  p.  1214. 

LECOMTE,  marquis  de  Latresne,  p.  i353. 

LECOQ,  docteur  régent  en  médecine,  p.  340. 

LE  COUDRAY-MONTPENSIER,  p.   188. 

Lecqkes,  baronnie,  p.  263. 

Lecques,  lieu,  p.  427. 

Le  Cbedet,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Le  Crés,  p.  32. 

—  (Hôpital  de),  p.  695. 

Le  Cros  de  Gevraud,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Le  Crouzet,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Lectoure,  ville  épiscopale,  pp.  368,   1349. 

—  (Diocèse  de),  p.  1247. 

—  (Seigneurie  de),  p.  471,  474. 

—  (Évêque  de),  p.  474. 
Lectouyre  (Vallées  du),  p.  871. 

Lectures    bibliques;    leur    influence    sur    l'esprit 

des  protestants  au  moment  de  la    révocation  de 

ledit  de  Nantes,  p.  556. 
LEDENON  (de),  p.  620. 
Ledebgue,  en  Albigeois,  p.  261. 
LtDiGNAN,  dans    les  Cévennes,    pp.    86,    1406;   les 

officiers  de  cette  garnison   donnent   une   fête  à 

Cavalier,  p.  836. 
Lédon,  p.  1370. 
LE  FEBRE  (Jean),  sieur  du   Fresnoy,  propriétaire 

du  privilège  des  glacières  de  Languedoc,  pp.  727, 

728. 
LEFEBVRE  (Germain),  p.  195. 
LEFEVRE    (Antoine),    huissier    de    la    chambre, 

p.    14. 
LEFÈVRE,  chef  de  partisans  catholiques,  p.  797. 
LEFÈVRE  (Veuve),  p.  1 142. 
Le  Fort,  dans  les  Cévennes,  p.  1071. 
Le  FouRNiGuiÉ,  dans  les  Cévennes,  p.  1079. 
LEFRANC    DE    POMPIGNAN,     évêque    du     Puy, 

p.    1204. 
LEGANEZ    (Marquis    de),    ministre    d'Espagne, 

P'  '^'" 
Légende  de  Grégoire  VII  insérée  dans  le  bréviaire 

de   Lyon,  p.    ioi3;    est   condamnée   par  M.  de 

Croissy,  évêque  de   Montpellier;    le    Parlement 

de   Paris,   les  cours  souveraines  de   Bretagne  & 

de  Metz  défendent  de  la  recevoir  dans  l'étendue 

de  leur  ressort,    p.    1014;    lettre   de    l'évêque  de 

Montpellier  au  roi  sur  ce  sujet,  pp.  ioi5,  1016, 

1017,    1018,    1019;  est  repoussée  par  l'assemblée 

du  clergé  de  France,  p.   1024. 

LEGENDRE,  intendant  de  la   généralité  de  Mon- 

tauban,  pp.  872,  873. 


[55o 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Légion  de  Condé,  p.  izSS. 
—  de  Lorraine,  p.   1235. 

LE  GOUX  DE  LA  BERCHÈRE  (Charles),  arche- 
vêque d'Albi,  acquéreur  de  l'office  de  maire  de 
cette  ville,  pp.  638,  689  ;  archevêque  de  Nar- 
bonne,  seconde  de  son  mieux  le  maréchal  de 
Villars  pour  faire  passer  les  caraisards  de  l'autre 
côté  du  Rhône,  p.  840;  propose  aux  Etats  le 
programme  de  l'Histoire  de  Languedoc,  pp.  46, 
875. 

LE  GRAS  (Timoléon),  seigneur  de  Maisonbelle  & 
de  Baspré,  p.  63 1 . 

LEGUEPEYS,  conseiller  à  la  cour  des  comptes, 
aides  &  finances,  p.  1097. 

Légiievin,  lieu,  pp.  1246,    1404. 

LE  GUERCHOIS,  maître  des  requêtes,  p.  58o. 

Légumes,  pp.  99,  699. 

—  secs;  exportation  permise,  p.  52. 

Le  Havre,  pp.  70,  3o3. 

Leikis,  montagne  en  Vivarais,  p.  48. 

Le  Javelier,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Le  Languedoc,  vaisseau  de  ligne  armé  aux  frais  de 
la  Province,  p.  97. 

LE  MAIRE  (Jean);,un  bail  lui  est  passé,  en  i636, 
par  le  conseil  d'État,  pour  la  construction  d'un 
canal  en  Languedoc,  p.  454. 

Le  Mandement,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Le  Mas,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Le  Mas  André,  en  Gévaudan,  p.  965. 

Le  Mas  de  Fons,  en  Vivarais,  p.  1202. 

La  Mas  Montet,   hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 

Le  Mas  de  Moras,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Le  Mas  Roncial,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Le  Mas  Rouch,  hameau  en  Gévaudan,  p,  966. 

Le  Mazel,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Le  Mazel,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

Le  Mazet,  hameau  en  Gévaudan,  p.  960. 

LE  MAZUYER,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, assiste  le  prince  de  Conti  en  Vêlai;  ses 
différentes  fonctions  au  Parlement,  p.  398. 

LE  MAZUYER,  procureur  général  au  Parlement 
de  Toulouse,  pp.  524,   947,    1006. 

LE  MAZUYER  (Henry),  procureur  général  au 
Parlement  de  Toulouse,  maire  perpétuel  de  Cuq- 
Toulza,  pp.  639,  1082. 

LE  MAZUYER  (Joseph-Marie),  procureur  général 
au  Parlement  de  Toulouse,  p.  1082;  détail  de 
ses  services  mentionnés  dans  les  lettres  patentes 
de  novembre  1747,  p.  io83, 

LE  MAZUYER,  inspecteur  des  manufactures, 
p.   I  i3i. 

Lemerviel,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 

LEMOINE,  médecin  de  Paris,  pp.  962,   964,  968. 

LEMOL,  patron  des  maladreries  de  Toulouse, 
p.  460. 

Le  MoNESTiER,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Le  Montet  ou  Mas-Montet,  hameau  en  Gévau- 
dan, p.  965. 

LE  MORE  DE  PIGNIEU,  bailli  d'épée  du  Viva- 
rais, p.  i3i3. 

Lemourier,  en  Vivarais,  p.  870. 


Lemps,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Lempde,  p.  1406. 

LE  NAIN,  baron  d'Asfeld,  intendant  de  Langue- 
doc, pp.  81,  82,  83,  873,  1069,  1072,  1100, 
1127;  sa  nomination  accueillie  par  les  ap- 
préhensions des  protestants  &par  les  espérances 
des  catholiques,  p.  1075;  tient,  en  l'absence 
du  duc  de  Richelieu,  les  sessions  des  Etats, 
p.  loHo;  ses  appréhensions  au  sujet  de  remon- 
trances préparées  par  le  Parlement  de  Toulouse 
&  la  cour  des  comptes  de  Montpellier,  sur  la 
suspension  des  Etats  de  Languedoc;  sa  lettre 
au  contrôleur  général  sur  ce  sujet,  p.  1096;  sa 
correspondance  avec  le  ministère,  au  sujet  des 
remontrances  de  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier, pp.  1098,  1099;  fatigue  qu'il  éprouve 
à  la  suite  du  bouleversement  dans  l'administia- 
tion  de  la  Province,  causé  par  la  suspension 
des  Etats,  pp.  1  io5,  1106;  sa  mort  presque 
subite,  p.  1 1 06. 

Lencontrade,  commune,  p.  1082, 

LENESVILLE,  architecte  Orléanais,  p.  289. 

LENET,  conseiller  d'Etat,  p.  295. 

LE  NOIR  (Anne),  p.  i32. 

LE  NOIR,  juge-mage  à  Béziers,  p.  loio. 

LE  NORMANT  D'AYSSENE,  conseiller  au  Parle- 
ment de  Toulouse,  p.  1219. 

Lens  (Victoire  de),  p.  278. 

—  (Bois  de),  pp.  764,  796,  823. 
Lentilléres,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Lenyts,  en  Vivarais,  p.  870. 
Léon  (Royaume  de),  p.  927. 

—  (Evêque  de),  p.  I023. 

LÉOTARD,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

LE  PELLETIER,  contrôleur  général,  succède  à 

Colbert,  pp.  539,   600,   874;  en  correspondance 

avec  l'évêque  de  Nimes,  p.  719. 

LE  PELLETIER  DES  FORTS  (Michel-Robert), 
comte  de  Saint-Fargeau ,  conseiller  d'Etat  & 
intendant  des  finances,  p.  921. 

LE  PELLETIER  DE  LA  HOUSSAYE,  contrôleur 
général,  pp.  961,   997,    ioo3,    1004,    1009, 

LE  PELLETIER  DE  BEAUPRÉ,  p.   11 39. 

Le  Petit  Paris,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Le  Pin,  dans   la  vallée  de   la  Ceillonne,  p.  1245. 

LÉPINE,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 
finances,  p.  1097. 

Le  Plan,  en  Vivarais,  pp.  870,  1202. 

Le  Play,  domaine  en  Vêlai,  p.  1204. 

Le  Pocjol,  p.  1401. 

Le  Pouzat,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Le  Pol'Zin,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Léproseries;  abus  qui  s'y  étaient  introduits;  quel- 
ques détails  sur  leur  administration,  p.  421. 

—  de  Toulouse;  querelles  au  sujet  de  leur  admi- 
nistration, p.  460, 

Le  Puy.  Voir  Put. 

Le  Py,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
Leques  (Démolition  du  temple  de),  p.  19. 
Léran,  au  diocèse  de  Mirepoix,  pp.  698,  1009. 

—  (Château  de),  p.  SiS. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


l55i 


LÉRAN  (Baron   de),  pille   un  village  aux   portes 

de  Toulouse,  pp.  842,  35i. 
LÉRAN  (Marquis  de),  pp.  72,  853. 
LERAN  (Vicomte  de),  pp.  10,  11. 
Le  Regoordel,  hameau  en  Gévaudnn,  p.  965. 
Lérida,  pp.  261,  203,  882. 
—  (Siège  de),  pp.  4,  5. 
Lérins,  abbaye,  p.  393. 
LE  ROI,  professeur  à  la    faculté    de    médecine   de 

Montpellier,  p.  1239. 
Le  Saignes,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Le  Sanet,  en  Vivariiis,  p.  1202. 
LESANGE  (de),  p.  620. 
Lesaltel,    commune    du     diocèse    de    Mirepoix, 

p.   871. 
LE  SECQ,    trésorier   de   Languedoc,    pp.   4,    190. 
LE  SECQ,  trésorier  de  la  bourse  des  Etats,  p.  394. 
Les  Balmes,  p.  332. 

Les  Bastides,  hameau  en  Gévaudan,  p.  963. 
Les  Boutikbes,  p.  918. 

Les  CAiROtx,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Lescab,  pp.  364,  709. 

Les  Cocls,  dans  la  banlieue  de  Toulouse,  p.  i223. 
Les  Combes,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Lesclre  (Maladrerie  &  hôpital  de),  p.  696. 
LESDIGUIÈRES  (Duc  de),  p.  i35. 
Les  Faugebets,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Les  Hubats,  en  Vivarais,  p.  1202. 
LtSIGMAN,  p.  67. 
Les  Illes,  lieu,  p.  1081. 

Les  Imberts  de  Barges,  en  Vivarais,  p.  1202. 
LÉSINIER  ;     sous     prétexte    d'être    substiiu*    aux 

droits   du   grand   aumônier  de    France,    prétend 

avoir   l'administration    des    trois    léproseries    f!e 

Toulouse;  se  désiste  de  ses  prétentions  moyen- 
nant trois  cents  livres,  p.  450. 
Les  Laubiès,  p.  1408. 
LESMERI,    fermier   du    droit    d'amortissement    à 

Montpellier,  p.  234. 
Les  MoMNiÉBES,  en  Vivarais,  p.  1201. 
LespaczeS,  en  Vivarais,  p.  870. 
Les  Pescriers,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Lesperom,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Lespinassb,  marquisat,  p.  io.5. 
LESPINASSE  (Jacques   de),  avocat   au    Parlement, 

coseigneur  de  Colomiers,  capiioul  de  Toulouse, 

p.  63i. 
LESPINASSE  (Jean),  ancien  capitoul  porté  comme 

noble  &  comme  marchand,  p.  716. 
LESPINASSE  (de),  nommé  conseiller  du  Parlement 

Maupeou,  p.   1214. 
LESPINASSE  DE  SAUNE,  p.   1402. 
Lespinassière,  p.  lo.ï. 
Lesplans,  lieu,  p.  1197. 
Les  Pljols,   commune    du    diocèse   de   Mirepoix, 

p.   871. 
Les  Salelles,  en  Vivarais,  p.  1202. 
LESTANG  (Vital  de),évéquedeCarcassonne,p.  |58. 
LEîTANG,  conseiller  au   Parlement  de  Toulouse, 
3-,. 


LESTANG  (de),  commissaire  du  Parlement,  p.  326. 
LESTANG,  conseiller  au   Parlement  de  Toulouse, 

p.  352. 
Lesterras,  en  Vivarais,  p.  870. 
Les  Vans,  pp.  332,  488. 
Les  Vastbes,  paroisse,  p.  1405. 
Le  Teil,  en  Vivarais,  p.  1201. 
LE  TELLIER  (Michel),  secrétaire  d'État,  pp.  237, 

320,  322,  343,  364,  366,  373,  378,  400,  5o6, 

593.' 
LE  TELLIER  (Le  P.),  p.  911. 
LE  TELLIER,  chancelier,  p.    1017. 
LE  TELLIER,  abbé  de   Saint-Bénigne  de  Dijon, 

p.  445. 
LE  THEILHAC,  p.   188. 
LE  TONNELIER    (Louis),    seigneur    de    Breteuil, 

intendant   de   justice,   police    &    finances.    ^'011 

BRETEUIL. 
Le  Travers,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Lettre   adressée   à    Montrevel,    représentant   soir. 

des  couleurs  très-sombres  la  conduite  du  clergé, 

pp.  820,  821. 

—  d'un  inconnu  sur  les  affaires  des  Cévennes, 
adressée  aux  Etats  généraux  de  Hollande,  p.  790. 

—  aux  rebelles  des  Cévennes,  où  se  trouvent  réu- 
nis les  principaux  arguments  des  apologistes  de 
l'édit  de  i685,  p.  828. 

—  de  l'assemblée  générale  du  clergé  de  1730  au 
roi,  pp.  1 023,  1 024. 

—  de  cachet  nommant  les  capitouls  de  Toulouse, 
p.  14;  au  sujet  de  l'affaire  du  marquis  de  Rabat, 
p.  265;  adressée  aux  sénéchaux  relativement  à 
la  convocation  des  Etats  généraux,  p.  279. 

—  de  Cavalier  au  maréchal  de  Villars;  son  ré- 
sumé, pp.  832,  833. 

—  de  l'évêque  de  Montpellier  au  pape,  au  sujet 
d'un  mnndement  apocryphe  condamné  en  cour 
de  Rome,  p.  69. 

—  pastorale  de  Fléchier,  sur  la  croix  de  Saint- 
Gervasy;  sa  date,  p.  43, 

Lettre  d'an  'jeune  écolier  des  sol-dhans,  au  sujet  de 
la  thèse  du  P.  Dufour;  quelques  extraits  de  ce 
pamphlet,  pp.  1  187,  1  188;  caricature  écrite  qui 
termine  cette  lettre,  pp.  1188,  1189;  texte  du 
quatrain  à  l'adresse  du  P.  Dufour,  p.  1189. 

Lettres  de  cachet;  tentative  des  Etats  pour  résis- 
ter à  leurs  porteurs,  p.  276. 

—  d'anoblissement;  leur  vénalité,  pp.  93o,   io5i. 

—  de  change;  leur  usage  obligé,  p.  705. 

—  de  confirmation,  p.  i34;  de  noblesse,  p.  io5i. 

—  de  grâce  accordées  à  la  suite  des  troubles  de 
Nimes,  p.  382. 

—  de  réhabilitation,  p.  ic-5l. 

—  de  surannation  accordées  au  duc  de  Biron, 
p.    1275. 

.—  de  Pierre  de  Marca  à  Le  Tellier;  renseigne- 
ments curieux  qui  y  sont  contenus  sur  la  ques- 
tion de  la  recherche  des  bénéfices,  p.  364. 

Lettres  patentes  données  en  mars  T644  à  Jacques 
Brun  pour  le  canal  de  Beaucajie,  p.  384. 

—  du  6  mai  1644,  nommant  Schomberg  seul  lieu- 
tenant général  en  Languedoc,  p.  2. 


i552 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


MX 


Lettres  patentes  nommant  les  capitouls  de  Tou- 
louse en  1645,  p.  3. 

du  i3  mars  i653,  relatives  aux  assiettes  diocé- 
saines, p.  10. 

de  septembre  1660  concernant  le  comté  de  Ca- 

raman,  demeurées  sans  exécution,  p.  |5. 

iu  i5  novembre  1660,  confirmant  à  la  ville  de 

Toulouse  le  droit  d'abonnement,  p.  389. 

du  25  mal  i665,  autorisant   à  faire  creuser  la 

rigole  d'essai  du  canal  de  Languedoc,  p.  ïo. 

—  du  23  août  1666,  ordonnant  la  tenue  des  grands 
jours  de  Vêlai,  p.  21. 

du   18  novembre,   1666   sur  le   bail  du  canal  de 

Languedoc  avec  relief  de  noblesse,  p.  2  1 . 

du  20  novembre  1666,  ordonnant   la   tenue  des 

grands  jours  de  Nimes,  p.  21 . 

d'octobre  i666j  réglant  la  compétence  des  Etats 

de  Languedoc  en  matière  de  finances  diocé- 
saines, p.  2  1. 

de  septembre  1682,  confirmant  les  statuts  d'une 

communauté  de  fabricants  &  ouvriers  en  étoffes 
de  soie,  p.  17. 

de  juin    1694,  confirmant  les  bulles  d'érection 

de  l'évêché  d'Alais,  p.  32. 

de   septembre    1694,  portant    le    rétablissement 

des  Jeux  Floraux  en  une  académie  de  belles- 
lettres,  p.  658. 

de  novembre  1721   relatives  à  la  foire  de  Beau- 

caire,  visant  dix-huit  autres  lettres  patentes, 
p.   956, 

du    14   avril    1768    interprétatives  de   l'édit  de 

1766,  réglant  l'administration  des  communes, 
p.   104. 

du  20  août  1771,  fixant  le  traitement  des  mem- 
bres du  Parlement  de  Toulouse  réorganisé, 
p.   I 2 i3. 

—  de  mars  1773,  autorisant  la  création  de  deux 
paroisses  près  de  Toulouse,  p.   1224. 

—  du  22  juillet  1783,  commettant  quatre  com- 
missaires du  Parlement  de  Toulouse  pour  se 
transporter  en  divers  lieux  &  s'enquérir  de  tous 
les  abus  relatifs  à  l'administration  de  la  justice, 
pp.  i3i3,   i32o. 

—  du  18  octobre  1783,  concernant  les  preuves  de 
noblesse  relatives  aux  habitants  de  la  Provence, 
p.  1334. 

—  du  2  juillet  1786,  concernant  les  preuves  de 
noblesse  relatives  aux  habitanis  de  Languedoc, 
p.   1334. 

—  du  16  septembre  1790,  constituant  le  nouvel 
ordre  judiciaire  pp.   1412,   1413. 

Leitate,  sur  la  fontière  de  Roussillon,  pp.  i83, 
209,  212,  261,  277,  341,  345,  346,  374,  376, 
388,  399,  691,  942,  949;  démolition  du  châ- 
teau &  de  la  forteresse,  p.  479. 

—  (Étang  de),  p.  1404. 

—  (Bataille  de),  p.  276. 

Les  Uffernets,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Levée  de  deniers  dans  la  Province,  pp.  io38,  1089. 

—  de  gens  d'armes,  p.  35o. 

—  de  gens  de  guerre,  p.  325  ;  interdite  par  le  Par- 
lement de  Toulouse,  p.  342, 

.—  dci  impâti,  p.  ioâ3. 


Levée  des  impositions  interrompue,  à  cause  de  la 
grande  quantité  de  fausse  monnaie  d'or  répan- 
due dans  la   Province,  p.  890. 

—  des  soldais  de  milice,  p.  77. 

—  des  tailles,  pp.  1,  270,  853,  854. 

—  de  troupes,  p.   162. 

—  des  vingtièmes,  p.  104;  arrêts  du  Parlement  de 
Toulouse  &  de  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier, p.  1  28. 

Le  Verdier,  au  diocèse  d'Albi,  p.   1008. 
Le   Vebnet,  au  diocèse  de  Toulouse,  p.  1008. 
Levic,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 
Le  ViGAN,  pp.  32,  49,  332,  968,   ii3o. 

—  (Seigneurs  du),  p.  988. 
Lévignac,  pp.    1402,    1404. 

Le  'Veilla,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

Le  Villa,  terre,  p.   i3'>i. 

LtviS,  baronnie  située  près  du   parc  de  Versailles, 

p.   986. 
LEVIS  (François  de),   fils   du    duc   de  Ventadour, 

est  tué  devant  La  Rochelle,  p.  i55. 

LÉVIS  DE  VENTADOl'R  ;  Famille  de),  p.  362. 
LÉVIS    (Benjamin    de),    baron    de    Montmaur, 

pp.  35i,  302. 
LÉVIS  (Marquis  de),  aide    le  prince  de  Condé  à 

quitter  la  Guienne,  p.  337. 

LÉVIS  (Marquis  de),  p.  i3i3. 

LÉVIS  (Henri  de),  sénéchal  de  Carcassonne,  p.  7. 

LÉVIS  (Jean-Claude  de),  baron  de  Léran  ;  son 
arrestation,  p.  35i  ;  est  conduit  à  Toulouse  & 
condamné  à  mort;  texte  de  l'arrêt,  p.  352;  son 
exécution,  p.  353. 

LÉVIS  D'AUDON,  capitaine  huguenot,  p.  362. 

LÉVIS  U'AUDON  (Elisabeth  ou  Isabelle  de), 
pp.  36i,  362. 

LÉVy  (Charles  de),  chevalier,  marquis  de  Mire- 
poix,  maréchal  de  la  Foy,  p.  853. 

Lévy  (Baronnie  de),  pp.  io35,  1037. 

LÉVY  (Paul  de),  marquis  de  Léran,  p.  853. 

Leyris  (Montagne  de)  p.  879. 

Lez  (Le),  rivière,  pp.  59,  482,  644,  700,  882, 
884,   io55,   1064,   1400. 

—  (Vallée  du),  p.  601. 
Lézan,  pp.  86,  836. 

—  (Pont  de),  pp.  482,  487. 
Lézat,  p.  1218. 

Lèze,  rivière,  pp.  77,  81,  83,  108,  124,  ii5o, 
1403. 

—  (Vallon  de  la),  pp.  1235.  I253. 
LHERM  (de)  fils,  p.  l352. 

Lias,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Lisertë  du  commerce  dans  la  Province,  p.  7. 

—  de  la  batellerie  sur  les  rivières  navigables, 
p.  427. 

—  du  commerce  des  grains  &  farines  en  1774, 
pp.  III,   1342. 

—  du  culte  intérieur  réclamée  par  les  protestants, 
p.   570. 

—  des  cultes  publics  non  reconnue  en  Europe, 
p.  829. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i553 


Liberté  de  la  pêche,  réclamée,  p.  i383. 

—  de  la  pèche  au  bœuf,  réclamée,  p.   i384. 

—  de  vendre  à  qui  les  demanderait  les  draps  du 
Languedoc,  sollicitée  par  les  États,  p.  iSzy. 

Libertés  de  la  Province,  défendues  par  les  Etats  de 
Languedoc;  de  quelle  manière  &  à  quel  point 
de  vue,  p.  1 53. 

^  de  droit  naturel;  doivent  être  reconnues, 
p.   i38i. 

LiBOUKNE,  pp.   377. 

Libre  sortie  des  sels  de  Peccais  réclamée,  p.  138^. 

LIEURAN  DE  CARRIÈRES,  p.  394. 

Lieutenants  généraux  de  Languedoc,  pp.  228, 
229;  règlement  sur  leurs  fonctions  dans  la  Pro- 
vince, p.  2Ô. 

Lieutenants  de  maires,  p.  ^^^. 

Lieux  abandonnés  &  désertés,  p.  164. 

—  de  la  Province  qui,  en  i6'>2,  protestent  de  leur 
fidélité  envers  la  cause  royale,  p.  332. 

—  de  Languedoc  dont  était  seigneur  engagiste  le 
prince  de  Conti,  p.  394. 

LiGNAIROLLES,   p.    I082. 

Ligne  de  l'Orb,  p.  56. 

—  de  partage  des  eaux  entre  l'Océan  &  la  Médi- 
terranée, p.  1400. 

—  de  poste  de  Villefort  à  Alais,  p.   i385. 
LIGNE  (Princesse  de),  p.   1  285. 
Lignon,  cours  d'eau,  p.   1410. 
LIGONDÈS,  capitaine  de  grenadiers,  p.  816. 
Ligue,  pp.  288,   loiô. 

—  d'Ausbourg,  p.  607;  son  instigateur,  p.  617. 
Lille,  pp.  716,  848,   1244. 

Limoges,  p.  5oo. 

LiMONY,  en  Vivarais,  p.  1202. 

LiMOURS,  p.  343. 

LIMOURS  (Comte  de),  p.  553. 

Limousin,  p.  704. 

LiMOusis,  lieu,  p.  1081. 

Limoux,  pp.  25,  47,  53,  61,  72,  86,  io5,  124, 
i56,  324,  329,  33o,  346,  357,  409,  416,  5o8, 
696,  864,  890,  985,  989,  1004,  1348,  i38o, 
1405,  1418;  son  collège,  p.  i;  rivalité  de  cette 
ville  avec  Alet,  p.  406;  arrêt  du  conseil  d'État 
&  lettres-patentes  portant  règlement  pour  ses 
élections  municipales,  pp.   1206,    1207. 

—  (Diocèse  de),  pp.  14,  62,  66,  107,  117,  119, 
124,  209,  894,  1007,  ioo8j  ravagé  par  la  grêle 
en   1727,  p.   ioo3. 

—  (Présidial  de),  p.  347. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.  696,  873,  |367,  1377, 
i333,    1384,    i385. 

LINET  (Roger  de),  sieur  des  Noyers,  p.  2o3. 
LINGENDES,   gentilhomme  de  la   maison  du  duc 
d'Orléans,   p.  188. 

LINt^ÉE,  nommé  associé   étranger  par   l'académie 

des  sciences  de  Toulouse,  p.  1  io3. 
Lins,  pp.  940,  941,  942. 
LIONNE,  p.  322. 
LIOTARD,  fondateur  d'une    fabrique   de    soies   à 

Toulouse,  p.   112. 


Liqueurs  aromatiques,  p.  7C0. 

—  fabriquées  à  Montpellier,  pp.  846,   964. 
LiRVC;  ses  armoiries,  p.  686. 

L'ISLE,   p.    1402. 

LisLE-JouRDAiN,  pp.  5i8,   I  244.  Voir  ISLE. 
Lissac,  lieu,  p.  873. 

LISSAC,  tué  dans  un  combat  contre  Cavalier, 
p.    816. 

LISTENAY  (de),  p.  93 1. 

LlTHUANIE,    p.    564. 

Litières  (Privilège  des),  accordé  au  comte  d'Ar- 
magnac, racheté  par  les  États,  p.  3o. 

—  de  Languedoc  à  Paris,  p.  32. 

Lits    de  Justice;    paroles    d'Omer    Talon    à    leur 

sujet,  p.  267. 
LiviNiÉBE,  baronnie,  pp.    159,  399. 

LlVOURNE,   p.    7C0. 

Livrées  supprimées,  p.   129. 

Livres  colportés  de  Genève  contre  le  catholicisme, 
p.  994. 

—  condamnés  par  le  Parlement  de  Toulouse  à  être 
lacérés  &  brûlés,  p.    1  n3. 

—  protestants  brûlés  à  Beaucaire,  p.  69. 

—  protestants  vendus  dans  la   Province,  p.   1074. 
LiVROx,  p.    III. 

—  (Bourg  de),  p.  io65;  atteint  de  fièvres  palu- 
déennes après  la  création  des  rizières,  p.   1066. 

LIVRY  (de),  premier  commis  du  comte  de  Saint- 
Florentin,  p.    I 142. 

LIVRY  (M'"-  de),  p.    i  179. 

Lodéve,  ville  épiscopale,  pp.  46,  61,  76,  77,  81, 
82,  i55,  i56,  332,  863,  890,982,  1004,  1129, 
ii3i,  Ii32,  i333,  1400,  1401,  1418;  cons- 
truction de  l'évéché,  p.  70;  sa  population  en 
1698,  d'après  Bâville,  p.  692. 

—  (Chapitre  de),  p.   1 15;  ses  armoiries,  p.  683. 

—  (Députés  de),  p.  314. 

—  (Diocèse  de),  p.  42,  69,  95,  102,  107,  109, 
114,  126,  162,  479,  619,  644,  989,  1129, 
I  i3o,  1132,1287,  1400  ;  son  emprunt  pour  les 
travaux  des  chemins,  p.  70;  son  sol  est  aride; 
mais  il  est  enrichi  par  ses  manufactures  de 
drap  8t  par  ses  fabriques  de  chapeaux,  p.  699; 
ravagé  par  la  grêle  en   1727,  p.   ioo3. 

—  (Évêché  de),  p.    121. 

—  (Évêque  de),  pp.  868,  93 1,  988,  1004,  i3o5; 
doit  payer  les  droits  de  subvention  pour  le  vin 
de  ses  rentes,  p.  83. 

—  (Fabricants  de),  p.  57. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 

LoDS  des  sous-inféodations,  p.  100. 
Loge.ments  de  dragons  multipliés  chez  les  protes- 
tants de  qualité,  p.  570, 

—  des  troupes,  p.  87. 

—  des  gens  de  guerre,  pp.  161,  233;  les  iassiniers 
de  la  Merci  en  sont  dispensés,  p.  264;  les  mem- 
bres du  corps  de  ville  à  Toulouse  en  sont 
exempts,  p.  367. 

—  militaires,  pp.  366,  555,  557;  appliqués  au 
traitement  de  l'hérésie,  p.  â2o. 


xm. 


98 


i554 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Loire,  pp.  SSy,  482,  488,  1202,  iSoy,  1405,  1410; 
projets  pour  rendre  flottable  le  haut  de  cette  ri- 
vière, p.  48'^;  projets  élaborés  à  différentes  re- 
prises pour  la  rendre  flottable,  p.  489. 

—  (Bassin  de  In),  p.  481. 

—  (Bouches  de  la),  p.  954. 

—  (Vallées  de  la),  p.  470, 

LOIRE,  ministre  protestant,  p.  1080. 
Lois  municipales,  p.   119. 

Lois  relatives  aux  réformés;  projet  de  leur  codi- 
fication, p.  995. 

LOISEAU   (Charles),  auteur  du   Traité  des  ojfices, 

p.    iSiy. 
LoLMES,  en  Vivarais,  p.   1202. 
LoMAGNE,  pp.  18,  120,  1401. 

—  (Election  de),  pp.   1296,   lipy. 

—  (Route  de  la),  p.  ioo5. 

—  (Vicomte  de),  p.  471, 

LOMBERS,  au  diocèse  d'Albi,  pp.  84,  iio,  1008, 
1408;  emplacement  de  ses  fortifications  donné 
aux  capucins  de  Castres,  p.  390. 

—  (Fortifications  de),  p.   i5. 

LoMBEZ,  pp.  3i8,  1028,  1235,  12Û5,  1402. 

—  (Diocèse  de),  pp.    1247,   1403. 

—  (Evêque  de),  p.  32o. 

LOMBRAIL,  trésorier  de  France,  p.  .'524. 

LOMBRAIL  DE  LA  SALVETAT,  conseiller  au  Par- 
lement de  Toulouse,  mauiteneur  des  Jeux-Flo- 
raux, p.  661. 

LOMÉNIE  DE  BRIENNE,  archevêque  de  Toulouse, 
fait  un  mandement  ordonnant  des  services  fu- 
nèbres pour  Louis  XV,  p.  i23t;  sa  lettre  aux 
curés  du  diocèse  de  Toulouse  concernant  Tépi- 
zootie,  pp.  1236,  1287;  fait  grand  bruit  en 
France  &  est  reproduite  par  plusieurs  journaux, 
pp.  1238,  1270,  i3ô.5;  sa  nouvelle  circulaire 
aux  curés  &  vicaires  du  diocèse  pour  la  réparti- 
tion des  secours  aux  victimes  de  l'épizootie, 
p.  1260;  son  ordonnance  interdisant  les  sépul- 
tures dans  les  églises  &  dans  l'intérieur  des 
villes,  p.  1280;  prodiiit  une  impression  très- 
favorable  sur  Joseph  II,  empereur  d'Allemagne, 
p.  i3i5;  un  des  quarante  de  l'Académie  fran- 
çaise; doit,  en  1786,  faire  partie  de  l'assemblée 
des  notables,  p.  i335;  est  chargé  par  Calonne 
de  dresser  la  liste  des  membres  du  clergé  convo- 
qués à  l'assemblée  des  notables;  prend  la  tète  de 
toutes  les  intrigues  dirigées  contre  le  contrôleur 
général;  est  nommé  par  le  roi  chef  de  son  con- 
seil royal  des  finances,  p.  i339;  son  discours 
à  la  dernière  séance  de  l'assemblée  des  notables, 
pp.  1339,  1340,  1341. 

Londres,  pp.  667,  700. 

LONG  (de),  père,  p.  349. 

LONG  (Chevalier  de),  p.  i352. 

LONGUEVAL  (de),  pp.    1245,    1246. 

LONGUEVILLE  (Duc  de),  prend  parti  contre 
Mazarin,   p.   279;   son  arrestation,  p.  294. 

LONGUEVILLE  (Duchesse  de),  pp.  296,  4^4. 
LOPPES  (de),  lieutenant  criminel,  p.  5. 
LOPPES  (de),  juge  criminel  de  la  sénéchaussée  de 
Toulouse,  p.   149. 


LORDAT  (Joseph  de),  abbé  de  Montoulieu,  p.  70. 

LORDAT  (Vicomte  de),  p.  87. 

LORDAT  (Marquis  de),  pp.    101,118. 

LORET  (Jean),  orfèvre,  p.   199. 

LoRiOL  (Bourg  de),  atteint  de  fièvres  paludéennes 
après  la  création  des  rizières,  p.  ic(56. 

LoiiMONT,  p.  725, 

LORT  DE  SÉRIGNAN  DE  VALRAS  (Henri-Cons- 
tance de),  vicaire  général  de  l'archevêque  de 
Cambrai,  secrétaire  de  l'assemblée  générale  du 
clergé  de  France,  pp.    1010,  1023. 

Lorraine,  p.  159. 

—  (Légion  de),  p.  i235. 
LORRAINE  (Chevalier  de),  p.  940. 
LoRRis,  près  de  la  forêt  d'Orléans,  p.  337. 
LosMES  (Les),  p.  57. 

LOSTALET,  maître  chirurgien,  p.  340. 
Lot,  rivière,  pp.  92,  35o,  798,  ii5o. 

—  (Plateaux  du),  p.  1194. 

—  (Vallées  du),  pp.  470,  962. 

Loterie,  pp.  82,  io3;  établie  pour  éteindre  les 
dettes  de  la  Province,  p.  64;  autorisée  pour 
remboursement  d'emprunts,  p.  79. 

—  (Rétablissement  de  la),  p.   1 15. 
Louage  d'office  de  conseiller  interdit,  p.  i5. 
LOUBAISSIN,  habitant  de  Cornebarrieu,  p.   i238. 
LOUBAISSIN,    marchand    droguiste    à   Toulouse, 

p.  849. 

LOUBARESSE,  p.   488. 
LoUTiENS,  p.    253. 

LOUBIÈRE  (Suzanne),  p.  980. 

LOCDE,    p.     1406. 

Lour.E,  rivière,  pp.   io5,   ii3. 

—  (Vallée  supérieure  de  la),  p.  1243, 
LOUIS  LE  DÉBONNAIRE,   p.  40c. 

LOUIS  XI,  pp.  864,  865,  956,  i35o,  i354,  1401, 
1 402. 

LOUIS  XII,  pp.  5o5,  956,  101 5. 

LOUIS  XIII,  pp.  i3i,  134,  i35,  178,  184,  186, 
248,  254,  256,  263,  289,  401,  419,  420,  489, 
694,  790,  936;  date  du  service  funèbre  célébré 
en  son  honneur  à  Toulouse,  p.  i;  service  fu- 
nèbre à  Montpellier,  p.  2;  allusion  à  la  splen- 
deur de  ses  funérailles,  p.  910. 

LOUIS  XIV,  pp.  5,  14,  20,  22,  52,  i35,  178,  198, 
267,  367,  521,  621,  677,  752,  866,  954,  956, 
974,  976,  982,  1002,  1114;  sa  majorité,  p.  8; 
son  sacre,  p.  i  1  ;  accorde  une  amnistie  générale 
aux  frondeurs,  p.  841;  rentre  à  Paris,  p.  342; 
son  voyage  de  Bordeaux  à  Toulouse,  pp.  367, 
368;  son  portrait  au  moment  de  son  entrée  à 
Toulouse;  il  jure  de  conserver  les  droits,  les 
exemptions  &  privilèges  de  la  ville,  p.  567; 
assiste  au  TV  Deum;  reçoit  les  Etats,  p.  869; 
jouait  beaucoup  durant  son  séjour  à  Toulouse, 
p.  371  ;  rencontrant  sur  sa  route  deux  condam- 
nés à  mort  leur  fait  grâce;  fait  donner  le  pain 
bénit  à  Saint-Etienne,  p.  3-2;  quitte  Toulouse 
pour  se  rendre  en  Provence;  son  itinéraire, 
pp.  380,  382;  visite  Nimes,  p.  i5;  rentre  dans 
le  Languedoc,  p.  388;  son  itinéraire  de  Ville- 
neuve-Saint-André  à  Saint-Jean  de  Luz,  pp.  389, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


[555 


390;  nomme  Pierre  de  Marca  archevêque  de 
Paris,  p.  402;  fêtes  de  son  maringe  à  Toulouse, 
p.  419;  ses  tentatives  pour  établir  la  régularité 
dans  les  corps  judiciaires,  p.  44  1  ;  signe,  au  mois 
d'octobre  i66f>,  l'acie  le  plus  mémorable  qui  re- 
commande au  pays  son  souvenir,  l'édit  du  canal 
de  jonction  des  deux  mers,  p.  46  1  ;  mot  qui  lui 
est  prêté  par  un  chroniqueur,  p.  493;  reçoit 
une  lettre  de  Nicolas  Pavillon  au  sujet  des  droits 
de  régale;  contresigne  un  arrêt  du  conseil  d'Etat 
annulant  les  ordonnances  de  l'évêque  d'Alet, 
p.  5o5  ;  sa  lettre  annonçant  aux  principaux 
officiers  de  la  Province  la  naissance  du  duc  de 
Bourgogne,  p.  523;  révoque  l'édit  de  Nantes, 
pp.  556,  557;  remercie  du  projet  d'érection 
d'une  statue  équestre  à  propos  de  cette  révo- 
cation; demande  que  les  fonds  de  la  première 
année  soient  employés  à  des  constructions 
d'églises,  p.  569;  réforme  les  Jeux-Floraux, 
pp.  653,  659;  établit  l'impôt  de  capitation  ; 
résumé  du  préambule  de  la  déclaration  royale, 
pp.  666,  667,  668;  convertit  en  faveur  du 
clergé  l'impôt  de  capitation  en  un  don  gra- 
tuit de  quatre  millions  de  livres,  p.  678;  sa 
lettre  à  l'archevêque  de  Narbonne  pour  le  re- 
mercier du  vote  de  l'impôt  de  capitation,  p.  665; 
soins  qu'il  apporte  a  l'éducation  des  princes  de 
sa  maison,  p.  689;  sa  lettre  au  maréchal  de 
ViUars  au  moment  où  il  est  envoyé  en  Lan- 
guedoc, p.  820;  donne  à  ViUars  plein  pouvoir 
pour  traiter  par  la  douceur  les  insurgés  avant 
d'en  venir  à  des  répressions  violentes,  p.  821; 
approuve  la  conduite  du  maréchal  de  Villarsà 
propos  de  la  pacification  des  Cévennes;  accorde 
ce  que  demande  l'écrit  de  Cavalier  &  autorise  à 
donner  des  assurances  écrites,  accorde  la  grâce 
aux  prisonniers  détenus  à  l'occasion  de  la  ré- 
volte, p.  837;  conditions  faites  à  ceux  qui  quit- 
teraient le  pays;  fixe  l'époque  du  départ  de 
Cavalier;  presse  le  maréchal  d'achever  la  paci- 
fication; nouveaux  projets,  p.  838;  ses  paroles 
au  cardinal  de  Noailles,  au  sujet  de  la  nomi- 
nation des  commisssaires  chargés  d'examiner  la 
bulle  Vineam  Jomini  Sahaotk,  p.  862;  sa  lettre 
aux  principales  villes  du  royaume  après  la  mort 
du  dauphin  &  de  la  dauphine,  p.  895;  der- 
nières années  de  son  règne,  p.  9o3j  tristesse  & 
découragement,  pp.  906,  907;  sa  mort,  pp.  5i, 
908;  ses  obsèques  ,  pp.  910,  911,  9<2  ;  sa  statue 
équestre,  p.  904. 

LOUIS  XV,  pp.  5l,  167,  910,  925,  948,  1104, 
ii39;  conduit  à  Marly  après  la  mort  de 
Louis  XIV,  reçoit  les  compliments  du  clergé  & 
du  Parlement,  p.  908  ;  son  sacre  à  Reims,  p.  97  1  ; 
fa  lettre  aux  principales  villes  de  France, 
p.  972;  sa  déclaration  du  14  mai  1724  relative 
aux  protestants,  p.  995;  reçoit  la  députation 
de  l'assemblée  du  clergé  de  France,  p.  1025; 
reçoit  l'archevêque  de  Tours  chargé  de  présen- 
ter les  doléances  des  évêques  contre  les  progrès 
du  protestantisme,  p.  1079;  prières  publiques 
ordonnées  à  ses  derniers  moments,  p.  1228;  sa 
mort,  p.  1229;  services  funèbres;  extraits  de 
l'ordonnance  des  capitouls;  réflexions  de  Pierre 
Barthès  sur  la  personne  du  souverain  &  sur  les 
mœurs  de  son  siècle,  pp.   1229,  iï3o. 

LOUIS  XVI,  pp.  III,  i332,  i356,  i4o3;  bon  ac- 
cueil  fait  dans   la   Province  à   son   avènement; 


espérances  conçues,  pp.  i23i;  triste  héritage 
laissé  par  Louis  XV,  p.  1232;  assiste  à  l'ouver- 
ture de  l'assemblée  des  notables,  p.  i336;  dans 
une  courte  harangue  qu'il  prononce  devant  le 
Parlement  de  Pans,  répond  aux  remontrances 
du  Parlement  de  Bordeaux  &  manifeste  l'inten- 
tion arrêtée  d'améliorer  la  situation  des  pro- 
testants, pp.  1342,  i343;  affirme  son  intention 
de  convoquer  les  Etats  généraux,  p.  1344;  de- 
vant l'hostilité  des  cours  supérieures,  il  revient 
au  projet  de  réformer  l'ordre  judiciaire;  laisse 
deviner  ses  intentions  dans  une  réponse  à  des 
remontrances  du  Parlement  de  Paris,  p.  1346; 
sa  lettre  autographe  à  l'archevêque  de  Narbonne, 
p.   1371. 

LOUIS,  comte  de  Charny,  fils  naturel  de  Gaston 
d'Orléans,  p.  i85. 

LOUIS  DE  FOIX,  ingénieur,   p.  453. 

LOUIS  DE  HARO,  p.  367. 

LOUIS  DE  LORRAINE,  p.  4. 

LOUIS  DE  LORRAINE,  duc  de  Joyeuse,  pp.  41, 
248. 

Loupi*,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

LoLPIAN,  p.  85. 

LoiPS  désolant  l'Auvergne  &  le  Gévaudan;  après 
des  chasses  &  des  battues  sont  détruits  par  le 
poison,  pp.   I  194,  I  195. 

LoL'BDES  (Château  de),  pp.   127,  1344. 

LocvKZE  (La),  p.  870. 

LOCVAIN,  p.  41. 

LOUVOIS,  secrétaire  d'Etat  de  la  guerre,  pp.  5io, 
534,  557,  587,  593,  609,  752;  demande  au  Lan- 
guedoc un  régiment  de  dragons,  p.  5ii;  à  la 
suite  d'un  accident,  vient  faire  une  cure  en 
Languedoc  &  visite  la  Province,  pp.  5i6,  5i7; 
visite  avec  N'auban  les  places  fortes  du  Rous- 
sillon,  p.  5i6;  ses  ordres  au  sujet  des  logements 
militaires  chez  les  réformés,  p.  5?o;  ses  instruc- 
tions au  commandant  en  chef  des  troupes  en 
Languedoc,  p.  536  ;  son  humeur  despotique  & 
son  ardeur  orthodoxe,  p.  539;  ses  instructions 
verbales  à  Marillac,  p.  549;  hardiesse  de  ses 
instructions  au  duc  de  Noailles,  p.  55o;  sa 
lettre  à  Bâville  au  sujet  du  régiment  d'Asfeld, 
p.  554;  ordonne  des  mesures  sévères  de  répres- 
sion en  Languedoc,  p.  5y8;  sa  correspondance, 
p.  621. 

LotviGNi  (Régiment  de),  p.  863. 

Louvre,  pp.  365,  iSiy. 

LOUVRELEUIL,  curé  de  Saint-Germain  de  Cal- 
berte,  pp.  738,  739,  751,  766,  814,  828;  fait  de 
pompeuses  funérailles  à  l'abbé  du  Chayla;  pro- 
nonce son  panégyrique,  p.  742;  s'enferme  dans 
la  ville  d'Alais,  p.  743;  ses  renseignements  sur 
Pierre  Seguier,  chef  des  Cévenols,  p.  746;  dé- 
montre la  complicité  des  habitants  avec  les  ré- 
voltés des  Cévennes,  p.  756;  dédie  son  ouvrage 
le  Fanatisme  renouvelé  au  brigadier  Julien, 
p.  773  ;  indications  qu'il  donne  sur  les  travaux 
défensifs  de  divers  lieux,  p.  784;  détail  à  lui 
emprunté  sur  le  meurtre  d'un  nouveau  converti, 
p.  795;  son  récit  des  derniers  moments  de  Jac- 
ques Pontier,  p.  797;  son  récit  de  l'assassinat 
de  M""'  de  Miraman,  pp.  807,  808;  son  récit 
de  l'exécution  des  camisards  compromis  dans  la 
conjuration  de  Nimes,  p.  860, 


[556 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


LOYRON,  médecin,  p.  966. 

LOYS,  conseiller  à  la  cour  des  comptes  de  Mont- 
pellier, p.  892. 

LOYS,  subdélégué  de  l'intendance,  p.  980. 

Lozère,  montagne,  pp.  601,  788,  740,  741,  744, 
745,  747,  774.  775,  776,  798.  9^^.  '407.  '°99- 

—  (Gorges  de  la),  p.  424. 

—  département,  pp.   129,  1425. 

nom   définitif  donné  au   département  du   Gé- 

vaudan,  p.   141 1 . 

LUBET,  chirurgien,  pp.   199,  340. 

Ldc,  village,  un  des  plus  anciens  lieux  du  Lan- 
guedoc, pp.  482,    ioo5,    1409. 

Luc  (Terre  de),  p.   izi8. 

LUCAS  (de),  p.  449. 

LccHON,  pp.  83,  940. 

LUDE  (du),  évêque  d'Albi.  Folr  DAILLON  DU 
LUDE. 

LrECH,  ruisseau,  affluent  du  Cèze,  pp.  747,  775. 

—  (Vallée  du),  pp.  760,  776. 
LuNAS,  château,   pp.   162,  1401. 

LtiNEL,  pp.  10,  1.5,  29,  65,  72,  87,  1 10,  116,  I  18, 
235,  237,  252,  354,  38 I,  822,  841,  843,  863, 
902,  961,  977,  1012,  1116,  1179;  établisse- 
ment d'une  subvention  pour  divers  rachats, 
p.  3  p  ;  offices  de  maire  ancien  &  de  maire  alter- 
natif réunis  par  remboursement,  p.  61;  ses  en- 
virons visités  par  les  insurgés  des  Cévennes, 
p.  8o5. 

—  (Casernes  de),  p.  95. 

—  baronnie,  pp.  34,   1  i3. 

(Canal  de);    prétentions  du  trésorier  de  France 

à  ce  sujet,  p.  843. 

LuNEL-LA-VlLLE,    p.    1400. 

LuNELViEL;  ses  armoiries,  p.  686. 
LUSIGNAN  (Marquis  de),  p.  193. 
LnssAN,  pp.  601,  807,  1406. 

—  (Comté  de),  p.  3. 

LUSSAN  (de),  avocat  général,  p.  207. 

Ldtte  du  Parlement  &  du  conseil  d'Etat,  p.  180. 

Luxembourg  (Palais  du),  pp.  274,  277. 

Luxembourg,  p.  343. 

LUXEMBOURG  (Duc  de),  p.  940. 

LUZIGNAN   (Marquis  de),  p.   i352. 

Lyon,  pp.  14,  5o,  66,  90,  92,  100,  445,  533,  601, 
624,  627,  640,  700,  704,  716,  821,  848,  949, 
965,  970,  975,  1020,  I 149,  1221,  1222,  1227, 
i3o8;  ses  règlements  pour  obtenir  la  maîtrise, 
p.  53o;  n'a  pas  de  maire  perpétuel,  p.  635. 

—  (Cardinal  de),  p.  147. 
Lyonnais,  pp.  60,  79,  461,  704,  1405. 


M 

MABILLON  (Le  P.),  p.  720. 
MAC-CARTHY  (Comte  de),  p.  114. 
MACCHABÉE,  p.  760. 

MACHAULT  (Charles  de),   intendant   de  justice, 
police  &  finances,  p.   |32. 


MACHAULT  (de),  contrôleur  général,  pp.  1106, 
I  1  i3. 

MACHAUT  (de),  pp.  208,  3  10. 

Macheville,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Maçon,  p.  842. 

Madeleine  (Maladrerie  de  la),  p.  ôpS. 

MADEINIOISELLE  (Grande),  fille  de  Gaston  d'Or- 
léans; ses  noms,  titres,  &c.;  dates  de  sa  nais- 
sance &  de  sa  mort,  p.   i85. 

MADEMOISELLE  DE  MONTPENSIER ,  pp.  369, 
370,  376,  388. 

MADIER  DE  MONJAU,  premier  consul  &  maire 
de  Saint-Andéol,  député  aux  Etats  généraux, 
p.  1378;  cherche  devant  l'Assemblée  nationale  à 
atténuer  la  conduite  des  membres  de  la  chambre 
des  vacations  du  Parlement  de  Toulouse,  p.  1421. 

Madiban,  prieuré,  p.  1189. 

Madragues  sur  les  côtes  de  Languedoc,  p.  42. 

Madreyres,  en  Gévaudan,  p.  397. 

Madrid,  p.  38o. 

MADRON,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.  352. 

MAFFRE  (Jean),  de  Saint-Ambroix,  se  fixe  à 
Magdebourg  &,  avec  d'autres  protestants  pros- 
crits, y  fonde  une  manufacture,  p.  564. 

Magai.as  (Hôpital  de),  p.  696. 

Magdedoubg,  reçoit  des  réfugiés  français  après  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes,  p.  562;  voit  son 
commerce  se  développer,  grâce  aux  protestants 
français  réfugiés,  p.  565. 

Magistavols,  hameau,  p.  746. 

Magistrature;  changement  dans  ses  mœurs,  an- 
tagonisme des  divers  corps,  p.  i5i  ;  protestation 
du  Parlement  contre  sa  nouvelle  organisation 
en  mai   1  788,  p.  1  28. 

MAGNAN,  avocat,  maître  es  Jeux  -  Floraux, 
p.   661. 

Magnoac  (Vallée  de),  p.  207. 

Magkelonne,  p.  8o3. 

—  (Chapitre  dej,  p.   io55. 

—  (Ile  de),  p.  339. 

Mahun,  en  Vivarais,  pp.  870,   1202. 

MAILLÉ-BRÉZÉ  (Urbaine  de),  p.  553. 

Maillebiau,  montagne,  p.   1407. 

MAILLEBOIS  (Comte  de),  lieutenant  général  en 
Languedoc,  pp.  49,  89,   107. 

Maillorquinas  [Las),  hôtellerie  en  Catalogne, 
p.  364. 

MAILLY  (Comte  de),  p.   1241. 

MAINE  (Duc  du);  nommé  gouverneur  de  Langue- 
doc à  l'âge  de  douze  ans,  pp.  26,  52  1,  542,  908, 
909,  911,  929;  négocie  le  mariage  de  M"'  de 
Vivonne  avec  M.  de  Castries,  p.  7  1  8  ;  son  arres- 
tation, p.  925;  sa  mort  en  1737,  p.   1059. 

Mainmorte,  p.  97. 

Mainteneurs  des  Jeux-Floraux;  leur  nombre;  ré- 
tablissement de  leur  éligibilité,  pp.  654,  660. 

MAINTENON  (M""'  de),  p.  840. 
Maintien    des    trois    ordres    dans    l'Etat    réclamé 
dans  l'assemblée  des  notables  de  1787,  pp.  1340, 
1341 . 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i557 


Maibe  condamné  pour  prévarication  &  malversa- 
tions, p.  71 . 

—  alternatif  (Office  de},  pp.  88,  89. 

—  l'office  de  maire  d'Albi  cédé  3  l'archevêque, 
p.   32. 

—  perpétuel  de  Toulouse;  ses  attributions  réglées 
par  une  déclaration  du  roi,  p.  640. 

Maires,  p.  64. 

—  perpétuels,  p.  93.5;  créés  moyennant  finance, 
p.  634;  leurs  fonctions,  leurs  privilèges,  leurs 
immunités,  p.  63.5;  leur  traitement,  p.  636; 
mise  aux  enchères  de  l'office,  p.  637. 

MAIRE  (Claude),  p.  733. 

MaïS;  sa  culture  en  Languedoc,  p.  697. 

MAISON  DE  SAINT-CYR,  p.    i334. 

Maison  Cabrée  de  Nîmes,  demandée  par  l'acadé- 
mie pour  y  tenir  ses  séances;  est  donnée  aux 
augustins  qui  en  font  une  église,  p.  667. 

Maisons,  en  Termenois,  p.  347. 

Maisons  abandonnées;  leurs  propriétaires  frappés 
d'amendes,  p.  557- 

—  démolies  par  l'inondation,  pp.  ioo5,  1006, 
1009. 

—  hospitalières,  éprouvées  par  la  dépréciation  des 
billets  de  banque,  p.  945. 

—  presbyiérales,  p.  421. 
Maisonsri  LE,  en  Vivarais,  p.   1101. 
MAISTRE,  orfèvre   à  Nimes,  p.  992. 

Ma1ti\es  drapiers;  aucun  ne  peut  être  reçu  à  Car- 
cassonne  pendant  trois  ans,  p.  65;  ne  peuvent 
être  reçus  à  Saint-Chinian  8t  à  Clermont  durant 
six  ans,  p.  71. 

—  8t  MAITRESSES  d'école,  p.  34;  installés  au  mo- 
ment de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  p.  5.5.5. 

Maîtrise  des  eaux  &  forêts  de  Castres  transférée  à 
Mazamet,  p.  79. 

—  de  Toulouse;  sa  nouvelle  circonscription  en 
1671,  p.  471 . 

Maîtrises  créées  dans  chaque  corporation,  p.  1. 

—  des  eaux  &  forêts,  pp.  lo^,  114,  126;  confu- 
sion dans  leur  ressort  &  dans  leurs  attribu- 
tions; leur  étendue,  p.  469;  disproportions 
dans  leur  étendue,  p.  470;  nouvelles  créées, 
p.  471. 

—  des  eaux  &  forêts  de  Quillan,  p.  87. 
Maîtrises,  pp.  88,  53o. 

—  d'arts  &  métiers  supprimées,  p.   1  14. 

—  supprimées  en  1776,  p.   1279. 
Majorque,  pp.  927,  io32. 

Maladies  contractées  par  les  troupes  chargées  de 
la  dévastation  des  hautes  Cévennes,  p.  8o3. 

—  des  bêtes  à  laine,  p.    1  1 1  3. 
M^LADRER|E  d'Albi,  p.  696. 

—  d'Arnaud-Bernard,  à  Toulouse,  pp.  32,  421, 
696. 

—  de  Baillargues,  p.  495. 

—  de  Barbeirac,  p.  695. 

—  de  Béziers,  p.  696. 

—  de  Castanet,  p.  696. 

—  du  Château-Narbonnais,  i  Toulouse,  p.  421. 

—  de  Cordes,  p.  422. 

—  de  Fabrègues,  p    695. 


Maladrerie  de  Frontignan,  p.  636. 

—  de  Lavaur,  p.  696. 

—  de  Lescure,  p.  696. 

—  de  Lodève,  p.  696. 

—  de  Loupian,  p.  696. 

—  de  Lunel,  p.  696. 

—  de  la  Madeleine,  p.  695. 

—  de  Mauguio,  p.  695. 

—  de  Montagnac,  p.  696. 

—  de  Montpezat,  p.  696. 

—  de  Mèze,  p.  696. 

—  de  Narbonne,  p.  696. 

—  de  Portet,  p.  696. 

—  de  Revel,  pp.  42?.  696. 

—  de  Saint-Cyprien  ,  à  Toulouse,  pp.  32,  421, 
696. 

—  de  Saint-Michel,  à  Toulouse,  pp.  32,  696. 

—  de  Saint-Montan,  p.  696. 

—  de  Saint-S.iuveur,  à  Toulouse,  p.  421, 

—  de  Saint-Tibéry,  p.  696. 

—  d'Uzès,  p.  696. 

—  de  Villefranche-Lauragais,  p.  696. 
Maladreries  supprimées,  pp.  696,  696. 

—  à  Toulouse,  p.  421;  histoire  de  leur  rachat  en 
|337  par  les  capitouls,  p.  45o. 

.^  unies  à  des  hôpitaux,  pp.  32,  33,  34. 

MALAFOSSE,  chanoine  à  Toulouse,  p.  i356. 

Malarce,  en  Vivarais,  p.  1202. 

MALARET  DE  FONTBAUZARD ,  avocat  général 
près  le  Parlement  de  Toulouse,  p.   1171. 

MALARET  (Baron  de),  p.   i352. 

MALARET  (de),  prévôt  du  chapitre  Saint-Etienne, 
à  Toulouse,  pp.  i355,  i356. 

Malauze,  terre  en  Guienne;  sa  situation,  p.   260. 

MALAUZE  (Marquis  Louis  de),  pp.  260,  622  ;  ses 
campagnes,  p.  261 . 

MALAUSE  (Marquis  de).  Voir  BOURBON-MA- 
LAUSE. 

MALBOIS  (de),  nommé  avocat  général  au  Parle- 
ment Maupeou,  pp.    1214,   1229,   1769. 

Malbosc,  en  Vivarais,  pp.  1202,  |3|2,  i3i3, 
1410. 

—  (Bois  de),  p.   1410. 

—  (Château  de),  p.  1  3i  1 . 
Malenc  (la),  p.  1408. 

MALENFANT  DE  PRESS AC,  greffier  du  Parle- 
ment de  Toulouse,  pp.    147,   i5o,  170,  336. 

MALEPEYRE,  conseiller  au  présidial,  mainteneur 
des  Jeux-Floraux,  p.  661. 

MALEPRADE,  avocat,  mainteneur  des  Jeux-Flo- 
raux, p.  661 . 

Malesired,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

MALESHERBES  (de),  contrôleur  général,  p.  1262. 

MALESPINE,  trésorier,  p.  226. 

MALET,  docteur  en  Sorbonne,  p.  445. 

Mai.evii.le,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 

MALEZIEUX,  chancelier  de  la  principauté  de 
Dombes,  pp.  925,  929. 

MALGARROS,  avocat  au  Parlement,  p.  246. 

MALHERBE,  poète,  p.  249. 

MALHERBE  (Dom),  bénédictin,  nommé  par  les 
F.tats  historiographe  de  la  Province  en  compa- 
gnie de  dom  Soulaire,  p.    i33i. 


i558 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Malheurs  publics  en  1702,  p.  729. 

MALIDE  (de),  évéque  de  Montpellier,  député  aux 
Etnts  génénuix,  p.  1376,  soutient  à  l'Assemblée 
nationale  la  création  de  milices  patriotiques, 
pp.    iSço,    l^^l. 

MALI^ES,  pp.  864,  927,  1018. 
Malines,  domaine  en  Vêlai,  p.    1214. 
MalleaugnOLAS,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
Mallecoude,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.    1009. 
Mallevieille;  ravages  qu'y  fait  la  peste,  p.  962. 
Malo.ns,  lieu,  p.  776. 
MAt-fAS,  p.   t3  12. 
MALPEL-LATOUR  (de),  p.   i35i. 
Malpebtus  (Gorges  de),  p.  jUL 
Malras,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
Malsos,  bénéfice  du  chapitre  d'Alais,  p.  649. 
Malte,   p.  702. 

—  (Ordre  de),  p.    |334. 

—  (Commandeurs  dej,  pp.   io5. 
Malviès,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
MALZAC,  médecin  de  Castres,  p.   1240. 
Malzieu,  lieu,  pp.  744,  1407. 

—  (Côte  de),  pp.  94,   1  14g. 
MAMIGNARD,  négociant,  p.    i363. 
MANCINI  (Marie),  p.  371. 

Mandajors,  château  au  nord-ouest  d'Alais;  son 
ravitaillement  par  M.  de  Marcilly,  pp.  764, 
76.'),  775. 

MANDAJORS,  maire  d'Alais,  est  admis  à  siéger 
aux  Etats  de  Languedoc;  son  érudition;  lettre 
du  maréchal  de  Villars  à  son  sujet,  p.  652, 

Mandat  impératif  dans  plusieurs  cahiers  du  clergé 
&  de  la  noblesse,  p.   i382. 

Mandegouts  ;   un    temple   protestant  y  est  édifié, 


p.  4. 


:3. 


Mandement  de  Siint-Privat,  p.  85i. 

—  du  Mas-Bernnrd,  p.   1071. 

Mandements;  demande  d'abolition  des  circon- 
scriptions connues  sous  ce  nom,  p.  i383, 

Mandirac,  p.  846. 

Manduel,  p.   1406. 

MANDUEL  (Baron  de),  p.  67. 

MANENT,  substitut  du  procureur  général  près  le 
Parlement  Maupeou,  p.    1214. 

MANIBAN  (de),  avocat  général,  pp.  204,  221,  222, 
223,  224,  227,  228,  242,  243,  492;  son  voyage 
à  Pans;  levée  de  l'interdiction  de  sa  charge, 
p.  207;  s'emploie  pour  obtenir  la  diminution 
ries  droits  de  confirmation,  p.  208. 

MANIBAN,  président  à  mortier  au  Parlement  de 
Toulouse,  chancelier  des   Jeux-Floraux,  p.  66  1  . 

MA"^IBAN,  premier  président  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.   1  o"6. 

MANIBAN  (Joseph-Gaspard  de),  premier  président 
au  Parlement  de  Toulouse;  texte  de  l'admones- 
tation qu'il  prononce  devant  le  père  Dezeuzes, 
pp.  1128,  1129;  meurt  le  3i  août  1763;  hon- 
neurs funèbres  qui  lui  sont  rendus,  p.  1179; 
son  portrait,  p.   1415. 

MANIBAN  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1218. 


MANIBAN  (de),  président  de  la  chambre  des  vaca- 
tions; n'est  pas  signataire  de  la  protestation  de 
la  chambre,  p.    1424. 

MANIBAN  (François-Honoré  de),  archevêque  de 
Bordeaux;  son  rapport  à  l'assemblée  du  clergé 
de  1730  sur  la  lettre  adressée  au  roi  par  l'évéque 
de  Montpellier,  pp.    1022,   I023. 

Maniements  de  deniers,  p.  i. 

—  de  deniers  publics,  p.  706, 

Manifestes  du  Parlement  contre  les  évêques  ou 
les  agents  subalternes,  p.  3  10. 

Manoiilet,  lieu,  p.  28. 

Manoeuvres  déloyales  employées  contre  l'arche- 
vêque de  Toulouse  par  l'émissaire  du  duc  d'Or- 
léans, au  sujet  de  la  députation  aux  Etats  gé- 
néraux convoqués  en    1648,  p.  281. 

Mans  (Évéque  du),  pp.  247,  364. 

MANSE  (Antoine  de),  maire  perpétuel  de  Bessières, 
p.    639. 

MANSENCAL,  premier  président  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.   1410. 

Manses,  lieu,  p.   I  082. 

Manses,  seigneurie  érigée  en  marquisat  de  Portes, 
p.    1082. 

MANSON,  notaire  royal,  p.  397. 

Mantelin,  en  Vivarais,  p.  1202, 

Mantoue,  p.  903. 

Manufacture  royale  d'Aubenas,  p.  68. 

—  royale  de  Montoulieu  ;  son  établissement, 
p.   68. 

—  royale  établie  à  Lavaur  d'après  le  système  Vau- 
canson,  p.  95. 

—  de  draps  fins  d'Auterive  érigée  en  manufacture 
royale,  p.  61 . 

—  de  draps  à  Montoulieu,  p.  65. 

—  royale  de  faïence  à  Montpellier,  p.  59. 

—  pour  l'impression  des  étoffes  de  laine  à  Mont- 
pellier, p.  77. 

—  de  soie,  p.    i  04. 

—  de  soie  de  Lavaur,  pp.  92,  104,  io5;  vente  des 
moulins  &  tours,  p.    108. 

—  royale  de  Lavaur  autorisée  par  lettres  patentes 
pour  la  fabrication  des  étofTes  de  soie,  p.  1  144. 

—  d'étoffes  de  soie  à  Narbonne,  p.  94. 

—  de  mousseline  créée  au  Puy  par  Grenus,  p.  90. 

—  de  soie  à  Aubenas,  p.  90. 

—  d'étoffes  de  soie  unie  &  façonnée,  pp.  1143, 
1144. 

—  de  soie  fondée  au  Puy,  pp.  90,  93. 

—  royale  de  verres  à  vitres,  &c.,  établie  à  Cette, 
p.  62. 

Manl FACTURES;  reçoivent  des  encouragements  en 
1756,  p.  9P;  leur  grand  nombre  dans  le  Cas- 
trais, p.  698;  nomination  d'une  commission 
par  les  Etats  de  Languedoc  pour  examiner  leur 
situation,  pp.  76,  925. 

—  créées  à  Magdebourg  &  à  Berlin  par  des  réfu- 
giés languedociens,  p.  564. 

^créées  à  Amsterdam  par  les  émigrés  français, 
p.  566. 

—  démolies  par  l'inondation  en  1727,  pp.  ioc5, 
1006. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i5!)9 


ManufACTIRES  établies  dans  la  Province,  p.  5o2. 

—  de  cuirs  bouillis,  p.  484. 

—  de  draps,  pp.  166,  167. 

—  de  draps  du  Levant,  p.  944. 

• —  de  savon  réglementées,  p.  84. 

—  de  soieries  à  Lavaur,  p.  89. 

—  de  soie  à  Nimes;  les  protestants  ne  peuvent 
acquérir  la  maîtrise;  ruine  de  l'industrie  de  la 
soie,  p.  Sîo. 

—  d'étoffes  &  de  chapeaux  créées  par  des  proscrits, 
en  Brandebourg,  p.  664. 

Marais,  pp.  72,  io3,   ii3,  iï6,  1384. 

—  du  bas  Languedoc,  pp.  71,  78. 

—  donné  au  roi  moyennant  indemnité,  p.  81. 

—  du  bas  Languedoc;  donnés  aux  Etats  entre 
Aigues-mortes  &  l'étang  de  Pérols,  p.  81. 

—  bornage  ordonné  par  la  commission,  p.  io3. 

—  salants,  p.  384. 

—  de  l'Alloua,  p.   118. 

—  d'Aigues-mortes,  p.  110. 

—  de  Lunel,  p.   110. 

—  de  Saint-Laurent  d'Aigouze,  p.   117. 

—  de  Saint-Laurens,  p.    128. 

—  (Dessèchement  des),  p.  z. 

—  à  dessécher  dans  le  bas  Languedoc,  p.  73. 
Mabais  (Ruisseau  du),  p.    1070. 

MARAN  'Archidiacre  de),  p.  3i6. 

MARAN  'M'i-  de),  pp.  533,  584. 

MARAN  (Chevalier  de),  p.    i352. 

Marmssau  (Hôpital  de),  p.  696. 

MARBEUF,   abbé,  p.   io23. 

Maubre  rose  employé  dans  les  bâtiments  de  Ver- 
sailles, extrait  de  la  montagne  deCaunes,  p.  897. 

Marukes  dans  la  partie  rocheuse  du  diocèse  de 
Saint-Pons,   p.  698. 

—  des  Pyrénées,  p.  896. 

MARCA  (Pierre  de),  visiteur  général  de  la  Cata- 
logne, évéque  de  Conserans,  puis  archevêque  de 
Toulouse  &  plus  tard  de  Paris,  pp.  236,  296,  297, 
3  18,  359,  928;  est  boursier  du  collège  de  Foix, 
p.  i32;  ses  travaux;  sa  famille;  ses  fonctions 
avant  d'être  visiteur  général  en  Catalogne,  dif- 
ficulté qu'éprouve  à  Rome  son  élévation  a  l'èpi- 
scopat,  p.  319;  est  obligé  de  venir  à  Narbonne 
recevoir  la  consécration  ;  son  entrée  dans  Saint- 
'  Lizier;  est  considéré  comme  dévoué  à  Mazarin  ; 
ses  lettres  à  Le  Tellier  au  sujet  de  la  tenue  des 
Etats  de  Comminges,  p.  320;  sa  lettre  de  remer- 
ciment  à  Anne  d'Autriche  après  avoir  été  relevé 
du  poste  de  visiteur  général,  p.  32i  ;  préside 
temporairement  les  Etats  de  Languedoc,  &  di- 
minue leur  rôle  politique;  extraits  de  sa  cor- 
respondance concernant  la  recherche  des  béné- 
fices, pp.  3'i3,  364,  365;  ses  premières  haran- 
gues aux  Etats,  p.  365;  reçoit  Louis  XIV  à  la 
porte  de  l'église  Saint- Etienne ,  p.  idç  ;  est 
nommé  commissaire  pour  la  délimitation  des 
frontières,  p.  375;  son  érudition  conserve  a  la 
France  plusieurs  territoires;  sa  rrialadie  à  Per- 
pignan; travail  qu'il  accomplit;  charge  Baluze 
du  soin  de  porter  au  roi  &  à  Mazarin  le  résul- 
tat de  sa    mission,    p.   400;   est  convalescent  à 


Toulouse,  il  travaille  à  son  Marca  Hlspanica; 
ca  uses  qui  amenèrent  le  choix  de  ce  titre  ;  se  rend 
à  Paris;  est  chargé  de  traiter  directement  avec  le 
roi  des  affaires  ecclésiastiques;  confère  au  nom 
du  roi  avec  le  nonce  du  pape;  compose  en  fran- 
chi 1  s  un  tra I té  de  Vlnfailli hïlitè  du  pape ,  p.  40  1  ; 
son  approbation  de  l'institut  des  Filles  de  l'En- 
fance, p.  574;  reçoit  de  Louis  XIV  le  don  de 
rriichevêthé  de  Pans;  écrit  en  cour  de  Rome 
pour  solliciter  la  dispense  d'expédition  de  ses 
bulles,  p.  4f^2;  espoir  qu'on  avait  en  lui  pour 
combattre  le  jansénisme;  sa  maladie;  confirma- 
tion de  sa  nomination  par  Alexandre  VI  ;  ses 
derniers  jours;  ses  dernières  dispositions;  donne 
il  Baliize  ses  notes  8t  ses  manuscrits  avec  mission 
de  publier  ceux  qui  se  trouvaient  assez  avancés, 
p.  4o3  ;  après  la  réception  des  bulles  de  sa  no- 
mination, le  clergé  de  Pans  ordonne  des  prières 
solennelles;  sa  mort;  ses  œuvres;  histoire  de  sa 
vie  par  Baluze;  son  éloge  par  Fr.  Bosquet;  date 
exacte  de  sa  mort;  son  âge,  p.  404. 

Marca  Hispanica;  causes  qui  ont  amené  Pierre  de 
Marca  à  donner  ce  titre  au  livre  qui  devait  être 
intitulé  Catalonia  illustrata  ;  lieu  oil  il  fut 
achevé,  p.  401. 

Marcaissonne,  ruisseau,  p,  72. 

Marcassonne  (Vallon  de  la),  p.  1265. 

MARCASSUS  (Jean),  p.  61. 

MARCÉ  (Pierre),  p.  863. 

Mabcha.ndisfs  destinées  à  la  foire  de  Beaucaire 
transportées  sur  le  canal  de  Languedoc,  p.  5i5. 

—  destinées  à  la  foire  de  Beaucaire  en  1721  ;  leur 
assainissement  obligatoire,  pp.  960,  961. 

.^  fabriquées  au  Puy;  ont  leur  débit  en  Allema- 
gne, en  Suisse,  en  Savoie,  p.  484, 

—  d'Angleterre  entrent  à  Cette,  p.  126. 

—  des  Indes  orientales  importées  en  Languedoc, 
p.  704. 

—  du  Levant  paient  le  droit  de  cottimo  à  Cette, 
p.  55. 

MARCHANDS;  leur  nombre  dans  la  Province  en 
1698,  p.  692. 

—  de  bas  de  Beaucaire,  p.  5i. 
Marchastel,  baronnie,  p.  744. 

MARCHE  (la),  chevau-léger  compromis  dans  le 
viol  d'une  fille  de  Nîmes,  p.  253. 

Mai.che  (Comté  de  la),  p.  448. 

Marche  (La),  p.  444, 

Marché.s,  p.  i385;  mesures  prises  par  le  Parle- 
ment pour  leur  approvisionnement,  p.  2. 

—  du  Languedoc  étudiés  par  Bàville  dans  son 
Mémoire,  p.  jo3, 

—  interdits,  p.  I238. 
Marchiennes  (Abbaye  de),  p.  1104. 
MiRCiiiN.  Voir  Marsin. 
Marcien,  p.  62  1 . 

MARCILLAC  (dej,  évêque  de  Mende,  p.    |386. 

MARCILLY  (de),  colonel;  correspond  directement 
avec  le  ministre  de  la  guerre;  son  scepticisme 
sur  les  exploits  du  capitaine  Poul;  son  juge- 
ment sur  les  troupes  org.Tnisées  par  la  Province, 
p.  755;  son  avis  d'org. miser  une  campagne  mé- 
thodique, pp.  755,  75),  762,  703;   ravitaille   le 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


château  de  Mandajors,  pp.  764,  765,  801;  rentre 
à  Nimes  pour  protéger   la    plaine,    p.  8o3  ;  me- 
sures  barbares  proposées  par  lui;  son  désaccord 
avec   le   brigadier  Julien  &  avec    le  maréchal  de, 
Montrevel,  p.  810. 

MARCILLY  (François-Joseph),  fermier  de  l'équi- 
valent, p.    io5. 

Marcilly  (Régiment  de),  pp.  87,  774,  775. 

Maiîcland,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Mabcols,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Mardick  (Siège  de),  p.  261  . 

Maréciul  de  Bassompierre,  p.  246. 

—  de  Belle-Isle,  p.    1  i52. 

—  de  Berwick,  pp.  41,  949,   1178. 

—  de  Biron,  p.   i35o. 

—  du  Bouchage,  p.  694. 

—  de  Broglie,  pp.  554,  608,  623,  784  à  777. 

—  de  Castries,  p.   i335. 

—  de,ChâtiIlon,  p.  885. 

—  d'Étarapes,  p.  366. 

—  de  Grammont,  p.  25i. 

—  d'Harcourt,  p.  446. 

—  de  Joyeuse,   p.  694. 

—  de  La  Mothe-Houdancourt,  pp.    |65,  236,  237. 

—  de  Lautrec,  pp.   107,   1  15^. 

—  de  Mirepoix,  pp.    1  189,   1  140,   1  141. 

—  de  Montpezat,  p.  694. 

—  de  Montrevel ,  pp.  37,  602,  777,  779,  780, 
781. 

—  de  Mouchy,  pp.   1259,  1261. 

—  de  Miiy,  p.   1244. 

—  de  Noailles,  pp.  3  1  ,  32,  71,  554. 

—  du  Plessis-Praslin,  pp.  237,  232. 

—  de  Richelieu,  pp.  1096,  1098,  1099,  iiii, 
1112,  ii2t,  1122,  1125,  1126,  ri28,  ii35, 
j  i36. 

—  de  Roquelaure,  p.   1  160. 

—  de  Soubise,  pp.  i3o3,  i3r3, 

—  de  Tallard,  p.  860. 

—  de  Thomond,  pp.    1  148,   i  178. 

—  de  Turenne,  p.  296. 

—  de  Villars,  pp.  820,  821,   857. 

—  de  Villeroi,  pp.  366,  909. 

MARECHAL,  directeur  des  fortifications,  ingé- 
nieur en  chef  de  la  Province,  pp.  1145,  1226; 
ses  plans   pour  la  fontaine  de  Nimes,  p.  79. 

Maréchaussée;  date  de  sa  réorganisation  géné- 
rale, p.  55;  ce  qu'elle  coûtait  en  1759,  pp.  1 152, 
1 153. 

Maréchaux  de  France,  p.  i3oo. 

MARFAING,  ingénieur,  p.  1  [46. 

MARGASTAUD,  architecte  de  la  ville  de  Tou- 
louse, p.   1 007. 

Margeride  (la),  montagne  en  Gévaudan,  pp.  397, 
70 1 . 

MARGON  (de),  premier  consul  de  Béziers,  p.  289. 
MARGON    (de),     brigadier    des    armées    du     roi, 
p.  883. 

MARGONET  (Jean),  p.  70. 

MARGUERITE,  de  la  maison  de  Lorraine,  seconde 

femme  de  Gaston  d'Orléans,  p.  i85. 
Marguerittes  (B-ironnie  de),  p.  128. 
MARGUERITTES   (Baron    de),   maire    de    Nimes, 

député    aux    Etats    généraux,    pp.    1377,    1378, 


1393,  1406;  prend  la  parole  dans  la  nuit  du 
4  août  au  nom  de  la  représentation  du  Langue- 
doc;   son  discours,  pp.    1391,   1392. 

Mariac,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Mariage  célébré  au  désert  validé  par  le  Parlement 
de  Toulouse,  p.    106. 

Mariages  au  désert,  p.   1109. 

—  de  nouveaux  convertis,  p.    1120. 

MARIE,  négociant  à  Toulouse,  p.   i363. 

MARIE-ANTOINETTE,  reine,  pp.    i3i5,   i339. 

MARIE-LOUISE,  femme  de  Philippe  V,  roi  d'Es- 
pagne, p.  903. 

MARIE-THÉRÈSE,  reine  de  France,  charge 
M""  de  MondonviUe  de  l'exécution  d'un  vœu 
qu'elle  avait  fait  pour  ses  enfants,  p.  578;  ser- 
vice funèbre  en  son  honneur  célébré  à  Mont- 
pellier, p.  27. 

MARIE-THÉRÈSE,  reine  de  Hongrie  &  de  Bohème, 
p.    1089. 

MARIE  DE  BONZI,  femme  du  marquis  de  Caylus, 
p.    498. 

MARIE,  fille  naturelle  de  Gaston  d'Orléans, 
p.    i85. 

MARIE,  prophétesse,  p.  39. 

Marigman  (Terre  de),  p.    i  149. 

Marignan  (Victoire  de),  p.  362. 

MARILLAC,  intendant  de  Poitou,  pp.  549,  554; 
inventeur  du  logement  militaire  chez  les  pro- 
testants, p.  520;  ses  habitudes;  son  caractère, 
p.  539. 

Marine;  les  matières  qui  lui  sont  utiles  sont 
affranchies  à  Toulouse  du  droit  de  commutation, 
p.  442. 

Marine-Infanterie  (Régiment  de),  p.  1377. 

MARION,  camisard,  p.  40. 

MARIOTTE,  subdélégué;  est  chargé  de  l'affaire 
des  Filles  de  l'Enfance,  pp.  579,  58o;  deux  de 
ses  filles  appartiennent  à  cet  institut;  étant 
accusé  de  trop  de  ménagements,  il  ne  néglige 
rien  pour  ne  pas  s'exposer  aux  mêmes  repro- 
ches, pp.  582,  584;  nommé  trésorier  de  la  ville 
de  Toulouse,  p.  604. 

MARIOTTE  (M""'),  sœur  de  M""  de  Ganges, 
p.   717. 

Marle,  bailliage,  p.  467. 

MARLIAVE  (de),  pp.  32,  619;  acquéreur  de  l'of- 
fice de  maire  d'Albi,  revend  son  office  à  l'arche- 
vêque, pp.  638,  639. 

Marly,  pp.  908,  1041. 

Marmande,  p.   i3  14. 

MARMIESSE,  avocat  général  au  Parlement  de 
Toulouse,  pp.  172,  173,  189,  2^5,  219,  224, 
220,  242,  247,  249,  326,  348,  349. 

MARMIESSE,  président  à  mortier  au  Parlement  de 
Toulouse,  p.  947. 

MARMIESSE  (Baron  de),  p.   i352. 

MARNÉSIA,  abbé,  p.   io23. 

Maroc,  p    699. 

Marquefave,- commune,  p.  87. 

Marquein,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

MARQUIÉ-CUSSOL,  juge-mage  de  Pamiers, 
p.    i35o. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Marquis  :  d'Aldéguler,  p.  ,352 

—  d'Aligre,  p.   iSSy. 
-d'Ambr»,   pp.  3.  33,    ,45,   zoo,    .8z ,    863, 

—  d'Ancenis,  p.  925. 

—  d'Antin,  p.  5i^. 

—  d'Apchier,  p.   13-T7. 

—  d'Arpajon,  p.  ^p. 

—  d'Aubaïs,  pp.  799,  ,o58,  ,,34. 

—  d  Aulan,  p.   1  198. 

—  d'Ara  r»y,  p.    ,3,3, 

—  d'Aréjan,  p.  n^, 

—  d'Avessens  de  Saint-Rome,  p.   ,3,7, 

—  de  Banne,  p.   ,-/,,  '' 

—  de  Barbazan,  p.   i353. 

—  de  Baschy,  p.  127. 

—  de  Beaufort,  p.  21, 

—  de  Bélesta,  pp.   ,293,   ,3,9. 

—  de  Bernis,  pp.    ,,8,   ,jgg 

—  de  Bertier,  pp.   ,225,   i352. 

—  de  Bertier-Montrabe,  p.    |352. 

—  de  Bonfontan,  p.  r338. 

—  du  Bourg,  p.  t^n. 

—  de  B0UZ0I5,  p.  32. 

—  de  Brézé,  p.  1025. 

—  deBrison,  pp.  52,  62,  75,  1,6,  878. 

—  de  Brizonj,  p.   1064. 

—  de  Brueys,  p.  i352. 

—  de  Canillac,  pp.  801,  802 

~7t6,':3:r"'''-"''''^^''''''^''^'^-^77- 

—  de  Castelpers,  pp.    ,2i5,  i352. 
-deCastnes,  pp.  23,    8.,    ,,5,    ,,6,   330,  4.5 

4)4.  496,   io35,   .064,    ,3i2.  ^    ^     ■ 

—  de  Caumels,  p.   i353. 

—  de  Caylus,  pp.  26,  71,  885. 

—  de  la  Chaise,  p.  i  198, 

—  de  Chahicet-Messignac,  p.  553 
-de  Chalvet-Mery.lle,  pp.   ,3.52,"  ,363. 

—  de  Chambona5,  pp.  6,,   ,,,8,  ,,98,  ,28.5. 

—  ae  Chamillart,  p.  807. 

—  de^Châteauneuf,  pp.    55.,   569,  579,  582,  7,  ,, 

—  de  Chayla,  p.  744. 

—  de  Choisinet,   p.  61. 

—  de  Clauzonnettes,  p.   1  10. 

—  de  Coislin,  p.   168. 

—  de  Cornusson,  pp.    ,7,,  ,73^  33  5^ 

—  de  Crillon,  p.  91.  ^' 

—  de  Croissy,  p.  720. 

—  de  Crussol,  p.  96. 

—  Davessens,  p.   i352,   i3">3. 

—  Dupuy-Moniesquieu,  p.    ,302. 

—  d'Entraigues,  p.   1  10. 

—  d'Epinay,  p.   i83. 

—  d'EscOuIoubre,  pp.  ,363,  ,377. 

—  d  Espagne,  p.   ,353. 

—  de  Faget,  p.    ,352. 

—  de  Faret,  p.    ,07,. 

—  de  Fleury,  p.   ,352. 

—  de  Foix,  p.   29. 

—  de  Fontenilles,  p     ,353. 

—  de  Fournis,  pp.  7,,  ,(,.,,_  ,3^^^ 

—  de  Foiircjiieraux,  p.  ,352. 

—  deGanges,  pp.  2,,  ',-,  87,  8o<S. 

—  deCararret,  pp.    ,293,   i352. 

—  de  GaTarrei-Rouaix,  p.    ,352. 

—  de  Gerlande,  pp.  68,  69. 


i56ï 


,3j 


i3oi, 
,98. 


i363. 


i3o2,  ,335. 


r377. 


i3i3. 


Marqcs  :  de  Gontaut,  p.  92. 

—  de  Grave,  p.    ,064. 

—  de  Grignan,  p.  476. 

—  de  Gudanes,  pp.   ,35,^ 

—  de  Guibert,  p.    ,353. 

—  de  Guiscard,  p.  887. 

—  d'Hautpoul,  p.    ,338. 

—  d'Hautpojl-Seyre,  pp. 

—  de  Joviac,  pp.    1,97,   , 

—  de  Labarthe,  p.   ,352. 

—  de  La  Châtre,  p.   ,3,3. 

—  de  La  Fare    pp.  59,  60,  6,,  63,  64,  65,  66,  68, 
•"/i.  70.  71.  6o,.  ^         >       .       . 

—  de  La  Gorce,  p.  778. 
-de  La  Lande,  pp.  39,  904. 

—  de  l^a  Siaumes,  p.    ,  198. 

—  de  La  Tour-Mauboiirg,  p. 

—  de  Latresne,  p.   ,353. 

—  de  La  Trousse,  p.  590,  598,  61 

—  de  Leganez,  p.  721. 

—  de  Léran,  pp.  72,  853. 

—  de  Lespinasse,  p    165. 

—  de  Lévis  ou  de  Lévy,  pp.  33,^ 

—  de  Lordat,  pp.    ,0,,   ,  ,g. 

—  j*  f-^^'enan,  pp.   ,93,   ,352. 

—  de  Malauze    pp.  5,  245.  260,  622,  760. 

—  de  Mariin-Lacroix,  p.   ,352. 
_deMa„bourg,  pp.   ,,9,,  ,       »_ 

—  de  Maurepas,  p.   ,o25. 
_deMér,ny,lle,  pp.  32,60,  91, 

—  de  M.remont,  pp.  83o,  855,  857,  858,  878 

—  de  Monségur,  p.  ,352. 

—  de  Montanégre,  p.  23. 

—  de  Montarnal,  p.  801. 

—  de  Moiitcalm,  p.   ,377. 

—  de  Montclus,  p.   ,o36. 

—  de  Montesquieu,  p.   i3i3. 

—  de  Montferner,  pp.    123^, 

—  de  Montjoux,  p.    ,    36. 

—  de  MontlezunP.irdiar,  p. 

—  deMontpezat,  p.    io'i6. 

—  de  Montratier,  p.    ,3.",2. 

—  de  Morangé,  p.  .487. 

—  "*'  Morang.ès.  pp.  68,    ,  o36. 

—  de  Murviel,  pp.  28,  29,  5o. 

—  de  Nisas  ou  N.zas,  pp.  67,  88. 

—  de  Noailles,  p.  8i5. 

—  de  Nogaret,  p.  960. 

—  des  Ouches,  p.  7. 

—  du  Pac-Badens,  p.   ,377. 

—  du  Palais,  p.    ,9.4. 

—  de  Panât,  pp.  ,35,,  ,3.i2,  ,377. 
de  Pauliny,  p.  86. 


IM9. 
I  ''55. 


13,4, 


—  de  Péraud. 


p.  566. 


-  de  Pierre-Bourg,  p.   1,7. 
-de  Pins,  pp.  74,    ,,35^  ,35j_   ,355 

-  de  Polastron  La  HiUère,  p.    ,352 

■dePol.g.iac,  pp.  25,  3,,4c5. 

•  de  Pompignan,  p.   ,353. 

•  de  Pordéac,  p.   ,352. 
■  del  Povar,  p,  236. 

de  Portes,  pp.  7^3,  799.   ,355. 

du  Puget,  p.    ,352. 

de  Puylaroque,  pp.    ,355,   ,377. 

de  Puysieulx,  p.    1106. 

de  Puyrert,  pp.  ,,02. 


i562  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 

Marquis  :  de  Rabat,  pp.  4,  5,  240,  i53,  ^5J^,  255,  Marquises  :  de  Mirepoix,  p.  242. 

258,  269,  260,  264,  j65.  —  ie  Pompadour,  p.    1  179. 

—  de  Rochemaure  ou  de  Rochemore,  pp.  92,  io36.  —  de  Toiras,  p.  62, 

—  de  Reqiielaure,  pp.  53,  58.  IMARRAST,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 

—  de  Rouairoux,  p.  719.  p.    352. 

—  du  Roure,  pp.  47.  63,   io36.  MARRAST  (Cheval. er  de),  p.    i355. 

_  de  R"^'g"y.  P-  365.  MARRAST,  habitant  de  Toulouse,  p.   1402. 


I  000 


—  de  Saint-Abre,  p.  i3. 

_  de  Saint-Alvère,  p.   1403.  Marbons,  p.  487. 
de  Saint-Félix,  p.   i353.  M*rsa,  au  diocèse  d'Alet,  pp.  870, 

—  de  Saint-Maurice,  p.    1377.  — (Chapitre  de)  ;  son  extinction,  p.   106. 
_  de  Saint-Pierre,  pp.  835,  837.  Marsac,  sur  le  Tarn,  pp.   1  129,  i  i32. 

de  Saint-Point,  pp.  25,  20,  76.  ,iAr.cAxr  m  ■              j  \ 

,     ,,    .        „,       '  rr         '     y>  /  MARSAN  (Princesse  de),  p.  9 1 . 

—  de  Saint-Rhue,  p.  534.  )                   ,  s                a 
_  de  Saint-Sulpice,  pp.  23,  Sp,  363.  MARSAN  (Comtesse  de),  p.   1  198. 

—  de  Saissac,  p.  23.  Map.seiu.an,  pp.   104,  109,  725,  726,  884. 

—  de  SiTtilieu,  p.   1377.  Malseiile,  pp.   55,   56,  80,   112,   362,  5i8,   590, 

—  de  Seignelay,  p.  545.  704,    716,  728,  729,  772,   788,  896,  918,  960, 

—  de  Serre,  p.  1198.                                                  .  963,  965,970,    io23,    i326,    i327;    la    peste    y 

—  de  Sers,  p.   i352.  éclate,  pp.   946,  947. 
_  de  Sillery,  p.  86.  —  (Évêque  de),  p.    1021. 

—  de  Sourdis,  P-  22.  Marseillette,  au  diocèse  de  Carcassonne,  pp.  104, 

—  de  Toiras,  p.  363.  ,  ,^    B,.     , o 

_deTorcy,pp.  866,  880,  88..  .06,  87 -,  .008. 

_  de  Tornac,  p.  32.  "  (J"«'«  '^'^'  P"  '  '^°- 

—  de  la  Tourette,  pp.  69,  90,  533.  —  (Seigneur  de),  p.   1  iSp. 

—  de  Tourne!,  p.  29.  —  (Etang  de),  pp.  93,  qS. 

—  de  Trévoux,  pp.  49,   1059,   1  1  36.  MARSILLAC,  prend  parti  contre  Mazarin,  p.  279. 

—  de  La  Trousse,  p.  29.  ,„r.,,  ,  ,  „  /n             j   \          -n 

,     ,,       ,        -,      '^       3    _       3    _  MARSILLAC  (Prince  dej,  p.  337. 

—  de  \audreuil,  pp.  1377,  1397.  ^            ,, 
_  de  Vérac,  p.  553.  Marsillargues,  p.  332. 
de  Vézenobre,  p.  io36.  Matsin,  p.  325. 

—  de  Villefort,  p.   1  198.  MARSIN  ou  MARCHIN  (Comte  de);  a  la  confiance 

—  de  Villeneuve,  pp.  81,  86,  719,   1095,   1126.  de  Mazarin;    commande   l'armée  de  Catalogne; 

—  de  Vogué,  pp.  34,  44,  616,  1197.  est   gouverneur  de   Bellegarde;    projet  de   défec- 
Mabquisats  :  d'Ambres,  p.   107.  'io"   qy'Ç"    1"'   soumet;   son    mariage,   p.  296; 

d'Avèze,  p.    10.  est  arrêté  à   Barcelone  &  conduit  à  Perpignan, 

de  Bâviile,  p.  552.  P-  2o5;   sa   défection,   pp.  9,  323;    négocie  avec 

(iç  Calvisson,  p.  2.  les   Espagnols;   quitte  la  Catalogne,  menace  Li- 

de  Cassagnoù,  p.    104.  inoux,  évite  le    territoire  du  Languedoc,  se  jette 

()j  Castries,  p.  3.  dans    la    Guienne,    p.    324;    occupe    Moissac    & 

de  Dulac,  p.  02.  menace  la  frontière  de  Languedoc,  p.  327. 

—  de  Duroc,  p.  90.  MARTEL  (de),  pp.  3  16,   1349. 

_  de  Fourquevaux,  p.  29.  MARTEL  (Jean)  aîné,  imprimeur,  p.   1370. 

_  de  Ginestous,  p_.   106.  MARTHE,  jeune  fille  égorgée  dans  le  château  de 

—  de  Gleon,  p.  Sa.  ,     ■  ,•,.    „    „   •{ 

,     ,        .  '   r  Ladeveze,  p.  74J. 

—  de  Lespinasse,  p.  io5.  .,                                   ni- 

—  de  Montferrier,  p.  97.  Martignargues,  p.  8 ,  5. 

—  de  Montfrin,  p.  1 1.  Martigues  (Port  de),  p.  292. 

—  de  Montégut,  pp.  26,   1082.  Martinique  (la),  p.  792. 

—  de  Montpezat,  p.  20.  MARTIN  (de),  conseiller  au  présidial  de  Toulouse, 

—  de  Pont-Courlay,  p.   1059.  p    2^5. 

—  de  Portalès,  p.    102.  MARTIN   (Jean),   maire   perpétuel   de  Villeneuve, 

—  de  Portes,  p.   1082.  ^     ^3^/ 

e  Puivert,  p.  2   .  MARTIN  DE  LAVAL,  tué  dans  un  combat  contre 


C;ivalter,  p.  8  i6 


—  de  Roquefeiiil,  p.  iB. 

—  de  Saint-Geniès,  p.  q5- 

—  de  Salas,  p.    ,o55.  MARTIN-LACROIX  (de),  p.   i352. 

—  de  Servies,  p.  20.  MARTIN  D'AUCH ,   député   aux   Etats  généraux, 

—  de  Sumène,  p.  96.  p-    1378;  seul  opposant  aux  résolutions  arrêtées 

—  de  VignoUes,  p.    11.  dans  la  salle  du  Jeu  de  Paume,  p.   1389. 

—  de  Villeneuve-la-Crémade,  p.  29.                                    MARTINEAU,  commis    du    grenier    à    sel    à   Tou- 

—  leur  nombre  en  Languedoc,  p.  694.  louse,  p.  175. 

Marquises  :  du  Bourg,  p.  66.  MARTINOZ/I   (Anne-Marie),   nièce  du   cardinal 

—  de  Calvisson,  p.   128.  de  Mazarin,  princesse  de  Conti,  p.  394. 

—  de  Castries,  p.  5oo.  Martres,    au    diocèse    de    Comminges,    pp.    35i, 

—  de  Graves,  p.  843.  1232. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES, 


i563 


Marvéjols,  pp.  6,  70,  79,  90,  96,  123,  129,  i56, 
33î,  35o,  744,  746,  ii3i,  ii32,  ii38,  1149, 
1162,  1194,  1200,  i3o6,  i3t9,  i377,  i386, 
1407,  1408;  composition  du  conseil  mi-partie, 
p.  19;  la  peste  y  éclate  avec  violence  en  1721 
&  y  fait  dix-huit  cents  victimes,  pp.  961,  962; 
la  peste  y  cesse  ses  ravages  le  i3  avril  1722, 
p.  965. 

Marvéjols-lès-Gardon  est  brûlé,  p.  Sy. 

MASALIEUX  Jde),  religieuse  de  la  Seauve,  p.  1204. 

Mas-d'Abgence,  p.  ii36. 

Mas-d'Azil,  pp.   162,   1403. 

Mas-de-Bo!)AT,  p.   1283. 

Mas-Bonnet,  village,  p.  8o5. 

Masbolsqlet,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Mas-Cabardès,  p.  53. 

Mas-de-Coiteao,  p.  48. 

MAS-DES-Corns,  château,  p.  338. 

Mas-des-Col'RS,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 

Mas-Gremer  (Abbaye  de),  pp.  r3,  109,  1402;  ses 
armoiries,  p.  684. 

MAS-MEJAN  fComte»  de),  p.  488. 
Mas-Mostet;   ravages  qu'y  fait  la    peste,  p.  962. 
Mis-de-Seiriébes,  près  Nimes,  pp.  37,  787. 
Mas-de-Saint-Paclet,  p.  20. 
Mas-Saintes-Pleli.es,  p.  462. 

MASCARANY,  intendant  de  Gaston  d'Orléans, 
p.    186. 

MASCART,  p.    i3.")i 

MASCLARY,  trésoiier  de   France,  fait  p.nrtie  de  la 

commission  mixte  pour  le  règlement  des  affaires 

des  communautés,  p.  706, 
Masel,  lieu,  p.  799. 
MASEROLES  (Sieur  de),  p.  320. 
Masmolène,  p.   123. 
MASNAU,  conseiller  au    Parlement    de  Toulouse, 

pp.  352,  3-8. 
Massabrac,  commune,  p.    1009. 
Massac,  lieu,  p.  347. 
Massacre  de  Vernoux,  p.  80. 

MASSAGtEL,    pp.    85,     1253,     1205. 

MASSAN  (L'abbé;,  sacristain  de  S.iuve,  p.  764. 

Massasnes,  p.  834. 

MASSANT  (Louis),  fermier  général  des  gabelles, 
p.    359. 

Massât,  pp.  253,   1401. 

—  (Habitants  de);  leurs  querelles  avec  le  marquis 
de  Rabat,  p.  234. 

MASSE,  aventurier  jugé  par  le  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  397. 

MASSÉLIAN,  abbé,  p.  858. 

MASSEBIBAtiT,    p.    84. 

MASSIA,  trésorier  de  Languedoc,  p.  4. 
MASSIA,    chanoine    de    Narbonne,    massacré    à 

Montpellier,  p.  236. 
Massillabgues,    bourg,    pp.  5ç,    72,    902,    1116, 

1 400. 

MASSILLAN  (de),  maire  de  Montpellier,  p.   1095. 
MASSIF,    guide    d'émigrés    dans    les    Cévennes, 
pp.   738,  753. 


MASSIF,  avocat  de  Nimes,  p.  992. 

MASSOC,   avocat,   mainteneur  des  Jeux  Floraux, 

p.  661. 
MASSONIER,  négociant  à  Toulouse,  p.   i363. 
Mastre  (La),  en  Vivarais,  p.  1202. 
Matelles  (Les),  p.  1400. 
MATHIEU,  maire  de  Nimes,  pp.  982,   991. 
MAUBOURG  (Marquis  de),  pp.    1197,    1198. 
MANCINI  (Laure),   femme   du    duc    de    Mercoeur, 

p.  479. 

MAUGIRON,  abbé,   p.    I023. 

Mauruio,  pp.  32,  53,   82,   882,    ir56,   1400. 

—  (Etang  de),  pp.  97,    1^55,    ||32,    1  i33. 

—  (Maladrerie  de),  p.  695. 

—  (Port  de),  p.    io55. 

MAULÉON  (Marc-Antoine  de),  baron    de   Nébias, 

p.  409. 
Maulevrier,  p.  188. 

—  (Régiment  de),  p.  863. 

MAULNY,   premier    écuyer  de   Gaston    d'Orléans, 

p.  186. 
MAUPAS  DU  TOUR   (Henry  de\  évêque  du    Puy, 

p.  398. 
MAUPEOU    (Charles-Guillaume    de),    évéque    de 

Lombez,  pp.   1020,    io23. 

MAUFEOU  (Chancelier)  j  ses  réformes  judiciaires, 
pp.  i2o8,  1211,  1212,  i2i3,  1214,  1266,  1347; 
son  avènement  au  ministère,  p.  1209;  sa  ré- 
forme compromise  dès  l'avènement  de  Louis  XVI 
par   le    rétablissement   du    Parlement  de    Pans, 

p.     1232. 

Maurax,  lieu,  p.  1219. 

MAUREILLAN  (Baron  de),  premier  consul  de  Bé- 
ziers,  p.  334. 

Macreile  ou  Tournesol,  p.  701, 

Mauremont,  p.  1248. 

Maurens;  ses  armoiries,  p.  687. 

MAURENS  (Sieur  de),  p.  933. 

Maubotis,  lieu,  p.  1219. 

MAUREPAS  (Marquis  de),  p,    io25. 

MAl'REFAS  (de),  p.   I23i. 

Mmiiepas,  seigneurie,  p.  i333. 

MAUREVILLE  (Sieur  de),  p.  342. 

Malriac,  en  Vêlai,  p.  85i. 

MAURIAC,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
mainteneur  des  Jeux  Floraux,  p.  rt^i. 

MAURIN,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances,  p.   1097. 

MAURY,  abbé;  forme  le  noyau  des  beaux  esprits 
qui  fondèrent,  à  Toulouse,  l'académie  des  bel- 
les-lettres, pp.  655,  656. 

MAl'RY  (L'abbé),  prend  la  parole  à  l'Assemblée 
nationale  à  propos  de  la  protestation  des  mem- 
bres de  la  chambre  des  vacations,  p.    1420. 

MAURY,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 
finances,  p.   1097. 

Mauvaises  récoltes,  p.  940. 

Mauvezin,  pp.  253,  368,  639,  1402. 

Macves,  en  Vivarais,  pp.  870,   1202. 

Mauvoyers,  chapelle,  p.  1020. 


i564 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


MagAlas,  au  district  de  Saint-Pons,  p.   1401. 

Magalas,  baronnie,  p.  203. 

Mayence  (Electeur  de),  p.    iio. 

MAYNARD  (François);  son  origine,  son  séjour  à 
Paris;  est  au  nombre  des  premiers  quarante 
membres  de  l'Académie  française;  ses  espérances 
déçues,  p.  246;  ses  collections  ;  sa  famille;  est 
attaché  à  l'ambassade  de  France  à  Rome;  appré- 
ciation de  la  cuisine  italienne;  séjour  à  Saint- 
Céré;  à  Toulouse;  ses  collections,  p.  247;  sa 
mort;  publication  de  ses  œuvres;  son  opinion 
sur  ses  œuvres  &  sur  celles  de  ses  contemporains  ; 
les  beaux  esprits  du  temps  composent  des  épi- 
taphes  en  vers  en  son  honneur,  p.  248. 

MAYNARD  LESTANG  (Christophe  de),  conseiller 
au  Parlement  de  Toulouse,  p.  352. 

MAYNARD,  docteur  de  l'université  de  Montpel- 
lier, p.  I 127. 

Mayras,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Maybié,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

Mazade  (Maison  de),  à  Toulouse,  p.  366. 

Mazamet,  pp.  18,  60,  66,  79,  80,  85,  472,  1073, 
1376,  1408;  construction  d'une  nouvelle  église 
paroissiale,  p.  76. 

Mazan,  p.  98. 

Mazan,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Mazan,  abbaye,  pp.  473,  i3oi. 
—  (Abbé  de),  pp.  1 198,  1200. 

MAZARIN,  pp.  8,  14,  i5,  i3i,  173,  179,  184, 
i85,  186,  188,  191,  192,  210,  221,  224,  226, 
227,  23o,  23 j,  255,  259,  274,  281,  295,  296, 
322,  327,  336,  337,  364,  335,  366,  367,  Syr, 
378,  389,  400,  401,  439,  495,  540;  arrêts  con- 
tre lui,  pp.  7,  8;  programme  de  son  ministère 
exposé  par  Schomberg  aux  Etats  de  Languedoc; 
son  éloge,  p.  160;  sa  politique  consistant  à 
employer  le  Parlement  contre  les  États  &  les 
Etats  contre  le  Parlement,  p.  171  ;  s'appuie  sur 
les  Etats  contre  le  Parlement,  p.  269;  sa  crainte 
de  voir  dans  le  Parlement  de  Paris  des  Fairfax 
&  des  Cromwell,  p.  286;  est  banni  par  le  Par- 
lement de  Paris  &  se  retire  à  Cologne,  p.  3o3  ; 
est  accusé  par  le  Parlement  de  Toulouse;  ses 
biens  saisis  &  les  revenus  de  ses  bénéfices  mis 
sous  séquestre,  p.  3o5  ;  sa  tête  mise  à  prix  par  les 
Parlements  de  "Toulouse  &  de  Paris,  pp.  9,  335; 
se  retire  à  Sedan,  p.  342  ;  rentre  à  Paris,  p.  343  ; 
condamne  les  unions  des  compagnies  judiciai- 
res, p.  366;  rejoint,  à  Toulouse,  Louis  XIV  & 
Anne  d'Autriche,  p.  372;  ses  efforts  au  moment 
de  la  paix  des  Pyrénées,  pour  obtenir  une  déli- 
mitation de  frontières  avantageuses  à  la  France, 
p.  373;  arrive  à  Nimes,  p.  38i  ;  meurt  à  Vin- 
cennes,  p.  391  ;  ses  dernières  instructions  à 
Louis  XIV,  p.  392, 

MAZAURIGUE  (Jeanne),  p.  980. 
MAZAURIC  (Antoine),  lieutenant  de  milice  bour- 
geoise, p.  784. 

MAZEL  (Abraham),  prophète,  pp.  47,  740,  749, 
878,  879,  886;  est  tué  d'un  coup  de  fusil;  sa 
tête  est  exposée  à  Vernoux,  pp.  48,  887. 

Mazel  (Château  du),  p.  767.  ' 

Mazel-Rosade,  p.  759. 


MAZELET  (Firmin),  entrepreneur  de  l'exploita- 
tion des  mines  de  Gévaudan,  pp.    167,   168. 

MAZELET,  prédicant,  arrêté  &  condamné  à  mort 
pour  exercice  public  de  la  religion  réformée, 
p.  981. 

Mazères,  pp.  53,  59, 
Mazerettes,  commune,  p.  680. 
Mazef.olles,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
MAZERS,  p.  1425. 
Mazet,  en  Gévaudan,  p.  pôS. 
MazciiY,  au  diocèse  d'Alet,  p.    1008. 
Mazax  (Forêt  de),  p.   120. 

MEAU,  juge  pour  trois  quarts  à  Miraval,  p.  1  197. 
MÉDON  (de),  p.  654. 
MlîDOC  (Régiment  de),  p.   1344. 
MÉDICIS  (Marie  de,,  pp.    i55,   494. 
Méditekbanéf,,  pp.   I  17,   176,  435,  462,  472,  473, 
481,  482,   739,    i333. 

MÉHÉMET  EFFENUI,  ambassadeur  du  sultan, 
traverse  la  Province,  s'ariëte  à  Toiilouse,  p.  94?  ; 
descend  la  Garonne  jusqu'à  Bordeaux,  p.  949; 
passe  en  Languedoc  à  son  retour,  vient  de  Lyon, 
s'arrête  à  Montpellier  &  s'embarque  à  Cette, 
p.  949. 

Mf'JANE  (Carrière  de  pierre  de),  p.  ç86. 
MEJAUL,  ministre  protestant,  p.  425. 
MELAIR,  architecte  de  la  Piovince,  p.  868. 
Mêlas,  en  ^'ivarais,  p.  1201. 
Melgleil,  p.  22. 
IMÉLINDRE  (Julien),  p.  293. 
Mellet,  p.  97. 

Melolze,  village,  p.  733;  son  église  &  son  pres- 
bytère sont  brûlés,  p.  ySj. 

Melun,  p.   1069. 
MELUN  (Duc  de),  p.  940. 

Mémoire  dressé  durant  l'intendance  de  d'Agues- 
seau,  p.  691 . 

—  de  Bâville;  ses  diverses  copies  manuscrites, 
p.  602;  son  impression;  défauts  de  cette  édi- 
tion; description  d'une  copie  manuscrite  ayant 
appartenu  à  M.  de  Beauvau,  p.  690. 

—  de  Froidour,  pp.  486,  487. 

—  pour  le  roi  Louis  XIV,  au  sujet  de  l'édit  de 
Fontainebleau,  p.  56o. 

—  de  l'évêque  d'Alais  contre  les  protestants  de 
Languedoc,  pp.  992,  993;  renvoyé  au  Parle- 
ment de  Paris,  p.  994. 

—  sur  la  manière  de  se  conduire  relativement  au 
rétablissement  de  l'ordre  dans  les  matières  de 
religion,  par  l'intendant  de  Saint-Priest ;  ré- 
sumé, pp.    I  I  07,   1108,   1109,   1 1  I  o,  1111,   1112. 

—  des  gentilshommes  de  Languedoc  &  réponse  de 
la  commission  des  Etats,  pp.  930,  931,  932, 
933,  934,  935,  936. 

—  (Extraits  du)  de  l'abbé  Chambon  sur  les  avan- 
tages que  le  roi  &  l'Etat  peuvent  tirer  de  la 
ville  de  Toulouse  &  de  la  Province  de  Langue- 
doc &  réponses  de  l'intendant  de  la  Province, 
pp.  1226,    1227,    1228. 

—  historique  sur  la  maladie  épizootique  (Citation» 

du),    pp.     1232,     1262. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i565 


Mémoire  sur  la  mortalité  des  bœufs  qui  a  dévasté 
une  partie  du  Languedoc  en  1776,  p.  1263. 

—  présenté  au  comte  de  Périgord  contre  le  projet 
d'assommement  &  de  salaison  du  bétail  dans  le 
diocèse  de  Toulouse,  pp.   1263,   1264. 

—  (Second)  au  comte  de  Périgord  par  les  commis- 
saires du  diocèse  de  Toulouse  sur  le  même  sujet, 
p.   1265. 

Mémoires  rédigés  par  les  intendants  pour  l'édu- 
cation du  duc  de  Bourgogne,  p.  689. 

MÉNAGE,  de  l'Académie  française,  p.  247. 

Mende,  ville  épiscopale,  pp.  6,  i3,  43,  47,  70, 
96,  104,  332,  3.ï:>,  5S6,  588,  702,  744,  7S4, 
801,  804,  807,  863,  890,  968,  969,  9S8,  990, 
1004,  1020,  1067,  ii38,  1149,  ii52,  i3o5, 
i3o9,  1378,  ij83,  i386,  1407,  1408,  1418; 
démolition  de  temples  protestants,  p.  19;  ses 
armoiries,  p.  688;  sa  population  en  1698, 
d'après  BâviUe,  p.  692;  atteinte  par  la  peste, 
p.  962;  la  peste  y  cesse  le  29  mai  1722,  p.  96$; 
souffrance  de  ses  habitants  durant  la  désinfec- 
tion de  leur  ville,  p.  967. 

—  (Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  683. 

—  (Collège  de),  pp.   1384,    i385. 

—  (Diocèse  de),  p.  11,  42,  5j,  5ç),  74,  88,  94, 
lOT,  106,  112,  114,  122,  126,  168,  195,  3^o, 
426,  483,  571,  620,  644,  768,  770,  855,  863, 
968,  988,  1012,  io33,  1081,  1129,  ii3o,  1407; 
son  emprunt  pour  achat  de  grains  &  répara- 
tion de  chemins,  p.  70;  dévasté  par  la  grêle  en 
1727,  p.   1504. 

—  (Evoques  de),  pp.  799,  1 1 13,  ii  24,  i  194,  i3  5, 
1377. 

—  (Faubourg  du  Croiiset,  à),  p.  <)^>5. 

—  (Gruerie  de),  p.  474. 

—  (Route  de)  à  Nimes,  p.  801. 

—  (Séminaire  de),  p.  27. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.   i5,    1367. 
Mendiants;    leur    nombre    dans    la    Province    en 

1698,  p.  692. 

—  de  Toulouse,  enfermés  à  l'hospice  de  la  Grave 
par  ordre  des  capitouls,  p.  4. 

MENEVILLE  (Françoise  de),  religieuse  de  Clavas, 
p.   1204. 

MENGAUD,  conseillera  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances,  p.   1097. 

MENGAUD  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1219. 

MENOU,  commandant  des  Irlandais,  pp.  823,841; 
découvre  la  bande  de  Cavalier,  p.  83 1. 

Menons,  p.  59. 

Menu  d'une  collation  offerte  par  la  ville  de  Tou- 
louse en   1649,  p.  289. 

Menin  (Camp  devant),  p.   1070. 

MENUT  (Jean),  envoyé  aux  galères  pour  avoir 
reçu  chez   lui    un  ministre  protestant,  p.  1074. 

MENY,  capitaine  des  gardes  du  prince  de  Conti, 
p.  359. 

Mer  (Consuls  de),  p.  io55. 

Mercerie  d'Allemagne  importée  en  Languedoc, 
p.  704. 

Merci  (Ordre  de  la);  avantages  faits  aux  tassi- 
niers,  p.  264. 


MERCIER  père,  cordonnier  à  Nimes,  p.  992. 
Mercoeur,  baronnie,  p.   i  i3. 

—  (Régiment  de),  p.  334. 

MERCŒTLIR  (Duc  de),  vice-roi  de  Catalogne; 
pp.  364,  382. 

MERCŒUR,  cardinal  de  Vendôme,  légat  de  Clé- 
ment V,  reçoit,  à  Montpellier,  une  députatioil 
des  Etats,  p.  479. 

Mercuer,  en  'Vivarais,  p.  1201. 

MESCUER  DE  LAS  PLANES  (Baron  de),  p.   |353. 

Mercoire  (Forêt  de),  p.  962. 

Mebcoyras,  en  Vivarais,  p.   1201. 

MEREÏ  DE  L'INCARNATION  (M""  de),  assistante 
au  couvent  des  Ursulines  de  Nîmes  ;  sa  corres- 
pondance, p.  807. 

MERIAN,  conseiller-président  de  Brandebourg 
p.  562. 

Méricl'ES,  lieu,  p.  481. 
MtRiNViLi.E,  baronnie,  p.  75. 
MÉRINVILLE  'Baron  de),  pp.    1124,  1367. 
MÉRINVII.LE  (Comte  de),  pp.  53,   73,    1064. 
MÉRINVILLE  (Marquis  de),  pp.  32,  60,   91. 
MÉRINVILLE  (DESMONTIERS  de),  p     159. 
MÉRINVILLE  DE  RIEUX  (Comte  de),  promu  che- 
valier du  Saint-Esprit,  p.  406. 

MÉRINVILLE  (Comte  de),  lieutenant  général  des 
armées  du  roi,  commandant  en  chef  dans  la 
Province,  p.  873. 

MÉRINVILLE  (Régiment  de),  p.  264. 

Merlac,  p.   122. 

MERLE  (Claude),  marchand  du  Puy,  p.  489. 

Mehkain  (Exportation  du),  pp.   16,  55. 

Mei'.ville;  ses  armoiries,  p.  687. 

MERVILLE  (de),  p.  193. 

Mesilrac,  pp.  94,  II49- 

MESME  (de),  président,  p.  i33. 

Messagers  royaux  en  Languedoc,  p.  9. 

MESTRE,  capitoul,  pp.  242,  244. 

Mesures  législatives  prises  contre  les  protestants 

avant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  pp.  543, 

544,  545,  546,  547,  548,  549. 

—  militaires  en  Languedoc,  p.  569. 

—  de  sûreté  prises  par  le  comte  de  Thomond  sur 
les  côtes  de  Languedoc,  p.   1 145. 

Métiers  à  bas,  p.  73. 
Meurtre  de  deux  curés,  p.  86. 
Meurtres  commis  par  des  troupes   indisciplinées, 
p.  33d. 

—  de  prêtres  par  les  insurgés  cévenols,  p.  764. 

—  dans  les  bassins  supérieurs  de  l'Hérault  &  du 
Gardon,  p.  759. 

Meyrac,  p.  871 . 

MEYRARGUES  (Baron  de),  p.  807. 
Meyrueys,  p.  968. 

Meyrueis,  pp.  332,  601,  784,  1407,  1408;  ses 
armoiries,  p.  688. 

—  (Archiprêtré  de),  pp.  648,  649. 
Meysse,  en  Vivarais,  p.  1201. 


i566 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Méze,  pp.  82,  S5,  90,  ojr,  725,  716,  884,  S85, 
1401  j  ses  armoiries,  p.  686. 

—  (Etang  de),  p.  884. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 
Mezeybas,  en  Vivarais,  p.   1202, 
Mezen  (Mont),  p.  1410. 
Mezene,  en  Vivarais,  p.  1202, 
Mézières  e.n  Brenac,  p.  i85. 
Mézillac,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Mezin  (Montagnes  du),  p.   1282. 
MiALANNES,  lieu  du  Gévaudan,  p.  397. 
Mialet,    paroisse,    pp.    790,    796;    ses    habitants 

sont  enlevés,  p.  Sy. 

MICHEL  WIESNOWIESKI,  p.  495. 

Miel,  p.  481. 

MIÉGEVILLE  (de),  nommé  conseiller  au  Parle- 
ment Maupeou,  p.    1214. 

MIEULET  DE  LA  RIVIÈRE,  p.    142.5. 

Migration  du  bétail  durant  l'épizootie,  pp.  1259, 
1260,    1263. 

Milan,  pp.  720,  927. 

Milanais,  pp.  461,  903. 

Miliiabel,  au  diocèse  d'Albi,  p.  1008. 

MiLHARS,  communauté  voisine  du  Rouergue, 
pp.   1028,    1408. 

MILHET,  chirurgien  de  Carbonne,  p.  255. 

Milice  catholique,  p.  616. 

—  créée  dans  la  Province;  son  organisation,  son 
armement,  son  équipement,  sa  solde,  pp.  608, 
60-). 

Milites,  pp.  i,  49,  121,  I23,  162,  897,  9S0, 
951;  concussions  &  malversations  commises  à 
leur  sujet,  p.  209;  marchent  contre  les  révoltés 
du  Vivarais,  p.  614;  composées  exclusivement 
d'anciens  catholiques,  p.  618;  leur  organisa- 
tion; les  officiers  achètent  la  confirmation  de 
leurs  grades,  p.  619;  leur  insuffisance  pour  ré- 
primer les  mouvements  des  Cévennes,  p.  734; 
chargées  de  la  dévastation;  leur  mauvais  ét.it 
sanitaire,  pp.  802,  8o3;  leur  nullité  démon- 
trée, p.  890. 

du  Gévaudan  ;  nombre  de   leurs  bataillons  qui 

opéraient  dans  les  Cévennes,  p.  801. 

—  bourgeoises  désarmées,  p.  877. 

—  patriotiques,  pp.  iSpo,    1391. 
Millas,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
MiLLAO,    en    Rouergue,    pp.    20,    123,    126,    128, 

1029,    ii3o,    ii3i,    ii3i,    1218,    1406. 
MiLLAUD,  p.  1067. 

MiLLEBiNES,  dans  les  Cévennes,  p.  48, 
Mimente,  rivière,  pp.  739,  746. 

—  (Défilé  du),  p.  8o3. 

—  (Gorges  du),  p.  806. 
Minerai  de  fer  de  Vicdessos,  p.  65. 
MiNERVOlS,  p.   870. 

Mines,  pp.  22,  768;  essais  faits  par  Colberf,  en 
1672,  pour  leur  exploitation,  p.  698. 

—  de  Gévaudan;  violences  suspendant  leur  ex- 
ploitation, p.  167. 

—  de  charbon  dans  la  Province  de  Languedoc, 
p.    1370. 


Mines  de  houille,  dans  les  environs  du  pont  Saint- 
Esprit,  p.  107;  concédées  à  Tubeuf,  p.  110;  à 
Soulahou  &  près  de  Saldines,  p.  1282;  à  Bise, 
p.    1283. 

—  de  plomb,  cuivre  &  argent,  en  Gévaudan; 
leur  rendement  en   1778,  p.  I283. 

—  de  la  Forêt,  p.   1285. 

—  de  la  Grand'Combe,  p.  1286. 

—  de  Montaud,  pp.  1284,  1285. 

MINGAUD,  curé  de  Saint-Etienne  de  Valfrances- 

que,  pp.  742,    767. 
Minimes  de  Toulouse,  p.  yS;    leur  église,  p.  366. 
Ministre  protestant  pendu  à  Montpellier  en  1728, 

p.  63. 
Ministres  convertis,  pp.  569,  670;  avantages  qui 

leur  sont  promis,  p.  559- 

—  non  convertis  exilés;  condamnés  aux  galères 
s'ils  exercent  une  fonction  religieuse,  p.  558. 

—  protestants;  leur  position  au  commencement 
de  la  Régence,  p.  180;  déplacés,  p.  18;  prê- 
chent sur  la  persécution;  contribuent  à  ré- 
pandre l'exaltation  ;  leur  éloignement  aug- 
mente l'émotion,  p.  529;  prêchent  la  résistance 
&  annoncent  l'amnistie  comme  un  piége,  p.  53  (; 
arrêt  du  conseil  d'Etat  leur  défendant  de  prê- 
cher à  la  campagne,  sous  des  arbres,  p.  10; 
condamnés  à  être  roués  vifs  ou  pendus,  p.  28  ; 
décrétés  de  prise  de  corps,  p.  28;  émigrés, 
p.  73o;  blâment,  dans  une  lettre  synodale,  la 
conduite  des  insurgés  cévenols,  p.  "94;  de  Ge- 
nève, blâment  les  incendies  &  toutes  les  vio- 
lences qui  se  commettaient  dans  les  Cévennes, 
p.  758. 

MiNORQLE,   p.   903. 

MINUT,  premier  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  1415. 

Miquelets,  p.  862;  employés  dans  la  guerre  des 
Cévennes,  pp.  804,   806,   821. 

—  de  Roussillon,  p.  772. 

MIRABEAU,  p.  1398;  sa  motion  à  l'a-ssemblée 
nationale  dans  l'incident  relatif  au  Parlement 
de  Toulouse,  p.   1422. 

MiRABEL,  en  Vivarais,  pp.  221,    1201,    iSyo. 

MIRABEL  (de),  p.  614. 

MIRABEL  (Comte  de),  p.  1 198. 

MIRAL  (de),  p.  620. 

MIRAL,  colonel  de  milice,  p.  741. 

MiRAL  (Régiment  du),  p.  75o. 

MIR.AMAN  (M"""  de),  p.  39;  son  assassinat  par 
les  camisards,  p.  807. 

MiRAMONT  (Hôpital  de),  p.  33. 

MIRAMONT  (de),  capitoul  de  Toulouse,  p.  922; 
nommé  conseiller  au  Parlement  Maupeou, 
pp.  1214,    i355. 

MiiivvAL,  en  Vivarais,  pp.  1 197,  1201  ;  ses  armoi- 
ries, p.  686. 

MiREMONT,  p.  861 . 

MIREMONT  (Marquis  de),  p.  83o,  855,  857,  858, 
878.  Voir  BOURBON  (Louis-Armand  de). 

MIREMONT  (Seigneurs  de),  en  Auvergne,  p.  260. 

MiREPOix,  ville  épiscopale,  p.  25,  47,  61,  69,  77, 

90,   99,    107,    110,    i56,    504,    517,    890,   985, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


r567 


1004,    iï5i,    1402,    1404,    1418;    exemption   de 
taxes,   p.   2, 
MiREPOix  (Baronnie  de),  pp.  44,  07,  852. 

—  'Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  683. 

—  Diocèse  de),  p.  42,  5-j,  62,  88,  96,  97,  99, 
102,  id6,  107,  ii5,  126,  i56,  209,  55o,  619, 
894,  895,  iod8,  1178,  1189,  i33r,  1403,  1404; 
reçoit  des  secours,  à  la  suite  des  désastres  de 
1707,  p.  871;  ravagé  par  la  grêle  en  1727, 
p.   ioo3. 

—  (Evêque  de),  pp.  26,   53,    85o,   990. 

—  (Pays  de);  ses  produits  industriels,  p.  698. 

—  (Pont  de),  pp.  122,  123. 

—  (Terre  de),  pp.  25,  469. 

—  (Terre  privilégiée  de),  p.  472. 
MFREPOIX  (Baron  dej,  p.  5j. 

MIREPOIX  (Duc  de),  pp.  89,  90;  est  nommé  lieu- 
tenant général  en  Languedoc,  p.  ii36;  prend 
des  précautions  contre  les  bandes  de  contreban- 
diers de  Gévaudan,  p.  Ii37;  son  plan  de  con- 
duite relativement  modéré  à  l'égard  des  protes- 
tants, p.  I  139;  sa  tolérance  pour  les  protestants, 
pp.  1140,  1141;  meurt  &  est  remplacé  par  le 
comte  de  Thomond,  p.  1 144. 

—  (Marquis  de),  pp.  26,  44,  37,  5i8,  852,  989, 
■  338  ;  doit  faire  partie  de  l'assemblée  des  nota- 
bles, p.  i335. 

MIREPOIX  (Marquise  de),  p.  242. 

MIRMAND  (Henri  de),  président  à  Nimes,  devient 

conseiller    d'ambassade   de    Frédéric-Guillaume, 

p.    564. 

MIROMÉNIL  (M.  de);  son  discours  aux  États, 
p.   3oo. 

MIROMÉNIL  (Chevalier  de),  p.  879. 

MIROMÉMIL  (de),  garde  des  sceaux,  p.   liiç. 

MIRON  (Robert);  son  procès-verbal  sur  la  condi- 
tion déplorable  de  Toulouse,  p.    164. 

Misère  dans  plusieurs  diocèses  pour  des  causes 
diverses,  p.  5("). 

—  en  Languedoc,  pp.  664,  863. 

—  des  pays  dévastés,  soulagée,  p.  871. 

—  générale,  à  la  suite  de  l'hiver  de  1708-1709, 
p.  8-6. 

—  générale  dans  les  premières  années  du  dix- 
huitième  siècle;  ses  causes,  p.  889. 

—  publique  dans  le  diocèse  d'Albi,  p.  940. 

—  en  Gévaudan,  pp.   io33,  1034. 

—  à  Toulouse  en  1747,  p.  io83 ;  en  1775,  p.  1  263. 

—  en  Vivarais,  p.   i3io. 

—  dans  la  Province,  à  la  suite  de  la  peste  de  172  1, 
pp.  965,  966  ;  en   1 759,  pp.  I  1 ,56,   1157. 

Mis.NiE,  patrie  de  la  famille  de  Schomberg,  p.  182. 
Missr.br.E,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
MissiON.vAiBES  envoyés   par  le  roi   pour  instruire 

les  nouveaux   convertis,  p.  555. 
Missions,  p.  570. 

—  en  Languedoc  en  i685;  leur  état,  p.  546;  leur 
peu  de  succès  près  des  nouveaux  convertis, 
p.  712. 

—  dans  les  Cévenncs,  pp.  737,  738. 
MoANEiVS,  en  Vivarais,  p.   1201. 


MODÈNE  (Comte  de),  p.   i3i3. 
Moeurs  ;    relâchement    général    en     Languedoc, 
PP;   874,  875. 

—  féodales,  survivant  aux  mesures  prises  par  Ri- 
chelieu ,  p.  253;  leur  recrudescence  en  Langue- 
doc, p.  328. 

—  judiciaires,  p.  932. 

—  de  la  noblesse  du  diocèse  d'Alet  sous  l'épisco- 
pat  de  Nicolas  Pavillon,  pp.  408,  409. 

MOINIER,  chirurgien  de  Nimes,  p.  992. 

MoissAc,  pp.  9,  118,   1091 

MoissAc,  petite  paroisse  dans  la  vallée  du  Gardon 

de    Saint- Jean,    pp.    737,    739,    1070;    dévasté, 

p.  806. 

MoissAC  (Baronnie  de);  quatre  foires  y  étalent 
tenues  tous  les  ans  &  un  marché  tous  Us  mardis, 
pp.    1070,   1071. 

MoisSAC,  abbaye;  est  un  bénéfice  de  Mazarln, 
p.  3o5. 

—  est  occupé  par  Marsln,  p.  327;  études  pour  le 
canal,  pp.    1227,    1295. 

—  (Collines  de),  p.   1241. 

—  (Pointe  de),  p.   1252. 

MOISSET,  procureur  du  roi  à  Toulouse,  p.  1348. 
MoLANDiEB,  au  diocèse  de  Mirepolx,  p.    10C9. 
MOLAS,  négociant  à  Toulouse,  p.    i363. 
MOLE  (Mathieu),  préside  le  Parlement  de  Pari», 
p.  341. 

MOLESME,   p.    393. 

Molette,  hôtellerie,  p.  482. 

MoLEZON,  paroisse  des  Cévennes,  pp.  281,  743, 
756. 

MoLEzoN,  paroisse  dévastée,  p.  8o5. 

MOLHERAC,  consul,  p.  756. 

MOLIÈRE;  a  peut-être  joué  à  Montpellier  devant 

les    Etats    en     1649,    p.    29?;    son    séjour    à    La 

Grange  des  Prés  en  |655;  un  de  ses  autographes, 

p.   394. 
MoLiNES,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
MOLINES,  ministre  protestant,  p.   1108. 
MOLINIER  (Bertrand),  maire  perpétuel  de  Saint- 

Papoul,  p.  639. 

MOLINIER  (Guillaume),  p.  654. 
MOLINIER,  habitant  de  Toulouse,  p.   1402. 
MoLLETO.vs  de  Sommières  contrefaits  dans  les  Cé- 
vennes, p.  62. 

Monarchie,  au  moment  de  sa  grandeur  a  été  par- 
faitement unitaire,  p.  272. 
Monastier,  p.   1406. 

—  (Prieuré  de),  pp.   1384,  i385. 
MoNBLANC,  près  Toulouse,  p.  1223. 

MONCAN  (de),  commandant  en  Languedoc,  p.  1 145, 
1  179;  croit  à  l'exagération  des  maux  causés  par 
l'épizootie,  p.  1249. 

MONDONVILLE  (M"'  Jeanne  de  JULIARD  de);  sa 
fondation  des  Filles  de  l'Enfance;  charge  l'abbé 
de  Clron  d'établir  les  règles  du  nouvel  institut 
p.  573;  est  obligée  de  fermer  ses  classes,  p.  578; 
est  chargée  par  la  reine  Marie-Thérèse  de  l'exé- 
cution d'un  vœu,  p.  578;  elle  est  accusée  d'im- 
primer dei  livres   jansénistes,  p.  579;  se  rend  à 


i568 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Paris  afin  d'obtenir  une  audience  du  roi;  est 
exilée  à  Coutances,  p.  679;  estime  de  d'Agues- 
seau  pour  elle,  p.  5io;  sa  lettre  empreinte  des 
sentiments  de  résignation  les  plus  exaltés, 
p.  58 1;  est  tenue  dans  une  étroite  captivité, 
p.  583;  elle  meurt  à  Coutances,  après  quinze 
années  de  détention,  pp.  586,  923,  924. 

MONDRAN  (de),  p.   i352. 

MONESTIER,  p.  34. 

MONESTIÈS  (le),  p.  96. 

MONESTIÉS,  au  diocèse  d'Albi,  p.  1008;  sa   mairie 

est  unie  à  l'archevêque  d'AIbi,  p.  639. 
MoNESTiER,  en  Vocance,  p.  120Z. 

MONESTIEB,  p.    1378. 

MONESTIERS,  p.    1408. 

MoNESTIÈS  ou  MoNESTIER,  p.   689. 

MoNGAziN,  commune,  p.   1009. 

MONGEIX  (de),  p.  27. 

MONGERON  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Pa- 

.     ris,  P-  7'- 

MONISTROL,  pp.   90,    1204,   1406. 

MoNiTOiRE   publié   dans    le   diocèse   d'Alet  contre 

M.  du  Vivier  de  Rasiguière,  pp.  409,  410. 
MoNJOY,  commune,  p.  1009, 
MONLUC  (Maison  de),  p.  5 12. 
MONLUC  (Adrien  de),  comte  de  Caraman,  p.   192. 
Monnaie,  p.  i  i. 
Monnaies  (Cours  de),  p.  2. 

—  de  billon  suédoises;  significations  données  par 
l'imagination  populaire  aux  légendes  de  ces 
monnaies,  pp.  784,  785. 

—  d'or  &  d'argent  à  faux  coin,  pp.  890,  891. 
Monoblet,  dans   le   massif  des    basses  Cévennes, 

p.  49;  son  église  brûlée,  pp.  763,  764,   1406. 
Monopole  de  l'exploitation  du  charbon  de  terre 
accordé  à  M.  Tubeuf,  pp.  1283,   1284. 

—  de  la  glace  accordé,  p.  35;  suspendu  durant  la 
foire   de   Beaucaire,   p.   35;   racheté,  pp.    m, 

i'4.  7^7- 

—  de  la  poterie,  p.  41. 

—  du  sel,  p.  699. 

Monredon  (Démolition  du  temple  de),  p.  19. 
MoNROND,  en  Vivarais,  p.    1202. 
MONSÉGUR  (Baron  de),  p.  I225. 
MONSÉGUR  (Marquis  de),  p.   |352. 
MONSSINAT,  adjudant  au  Parlement,  p.  i3i4. 

MONTAGNAC,   pp.    59,   95,   97,  98,  99,   lOO,   I  14,   I  18, 

394,  1178,  1401;  démolition  de  son  temple, 
p.   18. 

—  (Chaussées  de),  p.  29. 

—  (Foires  de),  pp.  700,  yoS. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 

MONTAGNAC  (Louis  de),  ancien  conseiller  au 
présidial  de  Béziers,  devient  conseiller  d'ambas- 
sade de  Frédéric-Guillaume,  p.  564. 

Montagne;  une  des   régions  du  Vivarais,  voisine 

du  Vêlai,  p.  701, 
Montagnes  :  d'Alaric,  p.  871. 

—  d'Auvergne,  p.  029. 

—  de  l'Espinousse,  p.  i385. 


Montagne  Noire,  pp.  457,  468,  469,  472,  622, 
729,  ioo3,  1060,  1246,  1249,  i25o,  1252,  iî63, 
|385;  ses  sources,  ses  gorges  utilisées  par  Ri- 
quet  pour  la  cré;;tion  du  canal  de  Languedoc, 
p.  458;  visitée  par  la  commission  des  Etats; 
points  de  la  montagne  visités,  p.  460. 

Montagne  de  Lozère,  p.  588. 

Montagudes,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Montagkt,  commune,  p.   1009. 

MONTAGUT,  chef  du  consistoire,  pp.  332,  355. 

MONTAIGNE  (de),  p.  980. 

Montalet,  p.  620. 

MONTANÈGRE,  lieutenant  du  roi,  p.  29. 

MONTANÈGRE,  lieutenant  général,  p.  5l6. 

MONTANÈGRE  (Marquis  de),  p.  23. 

MoNTARDiT,  commune,  p.   1009. 

Montaren,  pp.   1141,  1406. 

MONTARGIS,  p.    337. 

MONTARNAL   (Marquis    de),   neveu  du   comte   de 
Peyre,  commandant  général  des  milices,  p.  801. 
MoNTARNAUD,  lieu,  p.  I  i5o. 
MoNTARON  (Hôpital  de),  p.  696. 

MONTASTRUC,   pp.    108,    116,    1404. 

—  (Hôpital  de),  pp.  39,  696. 

MONTAUBAN,   pp.    6,    14,    52,   76,   97,    146,   I77,    I78, 

376,  428,  467,  475,  527,  55i,  592,  890,  996, 
1009,  1238,  lîSi,  1349,  1401,  1402,  1418;  éta- 
blissement de  l'hôpital  général,  p.  24;  cons- 
truction de  sa  nouvelle  cathédrale,  pp.  28,  572. 

—  (Cathédrale  de),  p.  66. 

—  (Chapitre  de),  p.  683;  ses  armoiries,  p.  683. 

—  (Diocèse  de),  pp.  76,  77,  102,  106,  107,  114, 
126,    i56,  619,   898,  957,    1234,    1375,    1403. 

—  (Évêque  de),  pp.   1  1,  63. 

—  (Généralité  de),  pp.  245,  208,  725,   1348. 
MONTAUBAN  (M""  de),  p.  925. 
MoNTAUD,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

—  (Mines  de),  pp.   1284,   1285. 

—  (Montagne  de),  p.   1283. 
Montaedet,  commune,  p.   1009. 
MoNTACDBAN,  près  Toulouse,  p.   iii5,  I25i. 
MoNTALRiOL,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 
MoNTAtiT,  commune,  pp.   1008,  1253,  1404. 

—  (Butte  de),  p.  871. 
MONTBARREY  (Prince  de),  p.   1298. 

MONTBASIN,   p.   619. 
MONTBÉLIARD,    p.    842. 

M0NTEEQUIN,    au    diocèse    du    Bas-Montauban, 


P- 


1008. 


MONTBERON,  p.    1252. 

MoNTBLANC,  lieu,  pp.  394,  1224. 

—  (Château  de),  à  Croix-Daurade,  pp.  1181,  1 183. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
MONTBONNOUX,  p.  36. 

MONTBONNOUX,  chef  de  camisards,  p.  796. 
MoNTBRETON,  baronnie,  p.  744. 
MoNTBRUN,  baronnie,  p.  3i8. 
MoNTBRUN,  en  Vivarais,  pp.  iioi. 

—  (Forêt  de),  p.  254. 

—  (Terre  de),  p.  1218. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


iSôg 


MONTBRUN,  président  à  mortier  au  Parlement 
de  Toulouse,  mainteneur  des  Jeux- Floraux, 
p.   65i. 

MOST-DE-M*ESAN,    p.    390. 

MONTCABRIÉ,  ancien  syndic  du  diocèse  de  Tou- 
louse, p.   I  06. 
MONTCALM  (Pierre  de),  conseiller  de  la  chambre 

de  l'édit,  p-   8, 
MONTCALM  (Comte  de),  p.    i35ï. 
MONTCALM  (Marquis  de),  p.   iSyy. 
MONTCALM -GOZON    (Comte    de),    député    aux 

Etats  généraux,  p.   i^T;- 
MONTCAN  (Comte  de),  pp.   1107,   1108,   r  i  16. 
Mont-Cabmel  (Ordre  du),  à  Montpellier,  p.  23. 
MONTCEAUX,  président  à  la  cour  des  comptes  de 

Montpellier,  p.  892. 
MONTCHAL  (Charles  de),  archevêque  de  Toulouse, 
pp.    154,   i58,   199,  2,58;   favorisé  par  Mazarin, 
combattu   par  Gaston  lors  du  projet  de  réunion 
des   Etats   généraux  en   1648,  p.  281;  sa  protes- 
tation    contre    l'assemblée     électorale     tenue    à 
Gaillac,    p.  281  ;   rend  compte  aux    Etats   de   sa 
députation    à    Paris,    p.    287;    son    estime   pour 
Pierre  de  Marca,  p.  3i8;    son    origine;    ses   bé- 
néfices  ecclésiastiques;   sa    mort;    son    épitaphe, 
p.   3i5;    détails    sur    ses    funérailles,    pp.    3i7, 
3i8;  ses  armoiries  héréditaires,  p.  Sip. 
MONTCHAL,  maître  des  requêtes,  frère  de  l'arche- 
vêque de  Toulouse,  p.  3i6. 
MONTCHAL  (Famille  de),  p.  3i8. 
MosTCiiAivET,  près  de  Servières,  p.    1196. 
MosTCLA,    commune    du     diocèse    de     Mirepoix, 

pp.  871 ,  1009. 
MosTCLA,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 
MONTCUR  (Biic  de),  p.  778. 
MONTCLUS  (Marquis  de),  pp.   io36,  i  120. 
MONTECB,    au    diocèse    Bas-Montauban ,   pp.    76, 

991,    1008,    1118,    1402,    1404. 
MoTtGiT  (Baronnie  de),  p.  5. 
—  marquisat,  pp.  26,  96,  1082. 
MONTÉGUT,    conseiller    au    Parlement    de   Tou- 
louse, p.  1 236. 
MONTÉGUT  (de),  nommé  conseiller  au  Parlement 

Maupeou,  p.   12  l5. 
MONTEIL  (Vicomte  de),  sénéchal  d'épée  du  Viva- 

rais,  p.    128. 
MoNTEiL,  en  Vivarais,  p.   1202. 
MoNTEiLS,  commune,  p.   1009. 
MoNTEiis-RivALS,  village  du  Vêlai,  p.  68. 
MoNTELS,  commune,  p.  66. 
MONTELS   (de),    major    du    régiment  de   dragons 

créé  par  la  Province,  p.  1069. 
MONTESPAN  (M""  de),  pp.  621,  718,  909. 
MoNTKSQUiEO ,    commune    au    diocèse    de    Rieux, 
pp.  ii3, 581,639,  1008,  1009,  1070,  1218,  1404; 
il  y  est  établi    une  succursale  de   l'institut  des 
Filles  de  l'Enfance,  p.  577. 
—  (Consuls  de),  p.   1 1  i3. 
MONTESQUIOU  (Abbé  de),  agent  général  du  clergé, 

p.    .355. 
MONTESQUIOU  (Marquis  de),  p.   i3i3. 

XIII. 


MoNTEur.s  de  pierres  fines  venus  du  Languedoc  à 

Berlin,  p.  564. 
MONTFA,  p.  253. 
MONTFALCON,   pp.    pS,    Il8. 

MONTFAUCON  (Seigneur  de),  p.  989. 
MONTFAUCON,  notaire  à  Nimes,  pp.  992,  1149, 

1  406. 
MONTFAUCON  (Guillaume  de),  p.   1037. 

MONTFERRAN,   lieu,    p.  409. 

—  château,  p.  3?9. 

MoNTFEKRAND,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
MONTFERRAND  fAbbé  de),  p.   io23. 
MoNTFERRiER,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix, 
p.  871. 

MONTFERKIER,   lieu,   p.    487. 

—  marquisat,  p.  97. 

MONTFERRIER  (de),  pp.  129,  893,  938,  996, 
I  o3o. 

MoNTFEBRiER;  ses  armoiries,  p.  686. 

MONTFERRIER  syndic  général,  pp.  985,  996, 
1028,  io3i,  io65,  1092,  lopS;  doyen  des  syn- 
dics généraux,  p.   1148. 

MONTFERRIER  (Marquis  de),  pp.  1232,  1249, 
i3i4. 

MONTFERRIER,  fils,  p.    1  3  1  4. 

Mo.NTFLOUBÉS,  terre,  p.   i3oi. 

MOSTFORT,    p.    409. 

MONTFORT  (Simon  de),  p.  693. 
MONFRIN,  pp.  332,    1406. 

—  (Marquisat  de),  p.  11. 

MONTGAILLARD,   p.    II4,    125,    I  248. 

(Porte),  à  Toulouse,  p.  326. 

MONTGAILLARD,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
MONTGASIN  (Chevalier  de),  p.    |352. 
MONTGAZIN,  conseiller   au    Parlement    de   Tou- 
louse ;  son  exil,  p.  1218. 
MONTGAZIN  (de),  p.    |365. 
MONTGENÉT,  maire  de  Lodève,  p.  982. 

MONTGISCARD,    pp.    452,     I084,     I  24  I  ,     I248,     I25l, 

1265,  1402,   1404. 

—  (Consuls  de),  p.   1 1  i3. 

MONTGOLFIER;   sa    première  expérience  aérosta- 
tique, p.   i33i;  son  anoblissement,  p.  122. 

MoNTGRADAiLH,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

MONTIERS  (Jean  de),  p.    i5<). 

MONTIERS  DE  MÉRINVILLE  (de),   chevalier  du 

Saint-Esprit,  p.   159. 
MoNTiGNARGUES  (Curé  de),  p.  822. 
MONTlGNIf   (de);   son    mémoire  à   l'académie  des 

sciences  à  propos  de  l'épizootie,  p.   1242. 
MONTIJO  (Comte  de),  p.  925. 
MoNTiRAT,  au  diocèse  de  Carcassonne,  pp.  1008, 

1408. 
MoNTJftziEU,  château  de  Gévaudan,  p.  35o. 
MONTJOUX  (Marquis  de),  p.  io36. 
MoNTJOY,  consulat,  p.  1403. 
MosTJtsiEu,  château  en  Gévaudan,  p.  11. 
MosTLAUR,  pp.  73,  686. 

MONTLESON,    p.   332. 

99 


l.l-JO 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


MoNTi.EZON,  lieu,  p.  37. 

MONTLEZUN-PARDIAC  (Comte  de),  p.   iS^j. 
MONTLEZUN-PARDIAC  (Marquis  de),  p.    |3.Ï5. 
Montlhéi'.y,  pp.   i35,  552. 
MONTLIKERT    (de),    commandant    du    poste    de 

Genoihac,  p.  775. 
MoNTLOR,  baronnie,  pp.  84,  1202. 
MoNTLOtis,  p.  20  ;  création  nouvelle  de  Louis  XIV, 

appelée  autrefois  leVillar,  p.  5  16. 

Mo.NTMÈLlAN,   p.    824. 

MoNTMiRAL,  au  diocèse  d'Albi,  p.  1008. 

JMONTMORENCY  (Duc  Henri  de),  pp.  i32,  148, 
iSp,   162,   186,  394. 

]\IONTMORENCY  (Duc  Anne  de),  connétable, 
pp.  ipr,  3j4,  476,  791;  prescrit  l'examen  des 
lieux  où  on  veut  faire  passer  le  canal,  p.  45;>. 

MONTMORENCY    (Charlotte  -  Marguerite    de), 

p.    393. 
MONTMORENCY  (Duchesse  de),  p.   147. 
MONTMORIN    DE    SAINT-HÉREM  (Gilbert    de), 

évêque  d'Aire,  p.  ic23. 
MONTMORIN    (Comte    de),    secrétaire    d'État, 

p.   i335. 
MONTMORIN    (M'""'    de),    abbe5.se    de    Clavas, 

pp.    1204,    l2o5. 

MoNTOULiEO,  pp.  53,  65,  472,  iSyo. 

—  abbaye;  ses  armoiries,  p.  684. 

—  (Porte),  à  Toulouse,  p.  320. 
MoNTonssiN,  p.  84. 
MONTOYSON  (Comte  de),  p.   194. 
Montpellier,  pp.   2,   9,    ii,   21,   22,   25,   26,   28, 

29,  3o,  32,  33,  35,  37,  41,  43,  43,  46,  47, 
48,  5o,  52,  54,  55,  57,  60,  61,  63,  64,  65, 
66,  68,  69,  70,  71,  73,  74,  75,  76,  77,  78, 
81,  82,  84,  85,  87,  88,  90,  92,  93,  94,  95, 
96,  97,  99,  100,  104,  io5,  106,  108,  109, 
111,  ii3,  ii5,  117,  122,  i2J,  127,  129,  162, 
176,  177,  237,  240,  25i,  252,  255,  287,  292, 
309,  33i,  354,  353,  364,  365,  38o,  389,  435, 
470.  473,  474.  477.  482»  487.  493.  532,  5'i4, 
555,  601,  6i3,  643;  696,  701,  7-9,  719,  733, 
743.  744.  747.  748,  757.  770.  773,  774.  ^5^, 
858,  859,  862,  863,  872,  882,  885,  886,  887, 
890,  891,  895,  899,  921,  941,  945,  949,  961, 
965,  970,  996,  999,  looi,  1004,  1014,  io55, 
io65,  1074,  1106,  1107,  I I 16,  1124,  1129, 
ii3i,  ii32,  1142,  1195,  1219,  1236,  1239, 
1244,  i3o9,  i3ii,  i3i4,  1329,  i333,  iS^S, 
1346,  1348,  1370,  1376,  1379,  i38o,  139-1, 
I4'30,  1418,  1428  ;  sédition  de  |635,  p.  7;  ses  con- 
suls doivent  être  catholiques,  p.  12;  les  consuls 
des  métiers  doivent  être  catholiques,  p.  16;  éta- 
blissement de  l'hôpital  général,  p.  25;  plusieurs 
maladreries  unies  à  son  hôpital  général,  p.  32; 
connaissance  des  affaires  de  police,  maintenue 
aux  consuls  en  première  instance,  p.  33; 
droits  sur  les  eaux  &.  liqueurs  qui  y  sont  fabri- 
quées, p.  33;  démolition  de  la  porte  de  Lattes, 
p.  63;  bénédiction  de  drapeaux  à  Notre-Dame, 
p.  79;  création  de  la  place  aux  herbes  &  de  la 
poissonnerie,  p.  79;  université  de  mérlecine, 
p.  80;  impôt  sur  la  viande  de  boucherie,  p,  81; 
création  de  trois  marchés,  p.  8?;  imposition  en 
faveur  de   l'hôpital    Saint-Ëloi,   p.  84;    aligne- 


ment des  rues,  p.  fe5;  suppression  de  la  juridic- 
tion du  petit  scel,  p.  85;  droit  sur  la  viande  de 
boucherie,  p.  86;  décoration  de  la  place  du 
Peyrou  &  distribution  des  eaux  de  la  fontaine 
S;iint-Clément,  p.  ici;  alignement  &  décora- 
tion de  places,  p.  io5;  acquisition  de  terrains 
pour  les  avenues  du  Peyrou,  p.  110;  nomina- 
tion du  conseil  politique,  p.  118;  établissement 
de  chaires  de  physique  expérimentale  &  de  chi- 
mie docimastique,  p.  i;o;  bureau  des  finances, 
p.  124;  Pier re  de  Fenouillet  y  prononce  l'oraison 
funèbre  de  Louis  XIII;  les  États  font  célébrer 
un  service  funèbre  pour  Louis  X!II  dans  l'église 
cathédrale,  p.  1  78  ;  les  teinturiers  &  autres  arti- 
sans sont  injustement  atteints  par  la  taxe  du 
droit  de  confirmation,  p.  208;  élections  consi.- 
laues;  de  quelle  fa^oii  elles  avaient  lieu;  celles 
du  1"'  mars  1645  sont  empêchées  8c  les  consuls 
désignes  d'office;  leur  installation  est  faite  à 
main  armée,  pp.  214,  2i5,  216;  organisation 
&  ressort  de  la  cour  des  comptes,  pp.  23i;  trou- 
ble: causés  par  la  perception  du  droit  de  joyeux 
avènement,  pp.  ;33,  234,  235,  236;  transfert 
de  la  cour  des  aides  à  Carcassonne  &  du  prési- 
dial  à  Lunel,  p.  237;  on  élève  des  retrancbe- 
meiits  en  dehors  de  la  citadelle,  p.  339;  ''''  <'our 
y  séjourne  du  5  au  8  janvier  1660,  p.  38l  ;  on 
y  prend  des  précautions  contre  la  peste  de  Pio- 
vence,  p.  43o;  le  cardinal  de  ^'endôme  y  reçoit 
une  députation  des  Etats  de  Languedoc,  p.  479; 
son  syndic  donne  un  avis  favorable  au  rétablis- 
sement du  chemin  de  la  Rcgordnne,  p.  487;  la 
résidence  fixe  de  l'intendant  en  fait  la  capitale 
administrative;  à  la  suite  de  l'abjuration  de  la 
cn/ifession  romaine  par  une  catholique,  le  tem- 
ple protestant  de  cette  ville  est  démoli,  p.  025; 
divers  intendants  s'y  réunissent  pour  y  prépa- 
rer un  mémoire  d'ensemble  sur  les  questions 
d'impôt,  p.  541;  formule  d'abjuration  imposi'e 
aux  protestants,  p.  554;  entrevue  de  Eâville, 
du  cardinal  de  Bonzi  &  du  duc  de  Noailles  au 
sujet  des  conversions,  p.  504;  occupée  par  les 
troupes  après  les  conversions  en  masse,  p.  555; 
choisie  par  Louis  XIV  pour  l'érection  de  la  sta- 
tue équestre  que  les  Etats  ont  voté?,  p.  569;  *^ 
s'y  fait  une  mission  célèbre  en  i6i>3,  p.  570;  sa 
population  en  i  598  d'après- Eâvilîe,  p.  692;  les 
jésuites  y  dirigent  un  collège,  p.  Oç:y',  les  archi- 
ves des  trois  sénéchaussées  historiques  sont  con- 
centrées dans  le  dépôt  de  la  chambre  des  comptes 
de  Montpellier,  p.  696;  état  de  son  commerce 
&  de  son  industrie,  p.  69^;  diverses  industries 
de  ses  habitants,  p.  700  ;  Bâville  y  fait  son  pro- 
cès au  ministre  Brousson ,  p.  79;  rembourse 
l'office  de  maire  à  M.  de  Belleval;  émotion  a 
piopos  des  élections  consulaires,  p.  714;  le  pre- 
mier consul  doit  être  geniilhomme,  p.  7i5;  a 
une  direction  des  gabelles,  p.  845;  la  fabrica- 
tion des  liqueurs  &  des  parfums  y  prend,  au 
ccimiTiCncement  du  dix-huitième  siècle,  un  grand 
développement,  p.  8.0;  une  chainbre  particu- 
lière de  commerce  y  est  établie;  possède  une 
h  11 'Se  depuis  le  seizième  siècle,  p.  848;  un 
miçjisin  de  médicaments  y  est  établi  durant  la 
peste,  p.  964;  il  s'y  crée  une  nouvelle  secte  sous 
le  nom  de  multipliants,  pp.  977,  978;  ses  em- 
bellissements; contestations  au  sujet  du  couvent 
de   la  Merci,   p.   i -32  ;   le  comte  d'Eu  y  déploie 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


iSyi 


une  grande  magnificence  durant  les  sessions  des 
Etats  de  1764,  I7.'i5,  p.  1191;  est  un  des  gou- 
vernements particuliers  de  Languedoc»  p.  12"'); 
les  prix  des  combustibles  y  diminuent  sensible- 
ment par  suite  de  l'exploitation  de  houillères, 
p.  1283;  une  chaire  de  chimie  docimastique  y 
est  établie,  p.  1  3!î:). 
MiixTPELMER  (Armoiries  de),  p.  688. 

—  (Bourse  de),  p.   1  1  14. 

—  (Cathédrale  de),  pp.  840,  1069. 

—  (Chapitre  de  Saint-Pierre  à),  pp.  78,  80. 

—  (Clavaire  de),  p.  67. 

—  (Collège  de),  p.   1069. 

—  'Chambre  de  commerce  de),  p.  1  i33. 

—  (Citadelle  de),  pp.   rS.'i,  273,  533,  p  142. 

—  (Collège  &  maison  de  Sainte-Anne  à),  p.  27. 

—  (Consuls  de),  p.   12. 

^Couvent  de  la  Merci  à),  p.  65;  ses   religieux, 

pp.  74,  IC7;  son  histoire,  pp.  io32,  io33. 

—  (Croix  de  l'Esplanade  à),  p.  980. 

—  (Diocèse  de  1,  pp.  55,  57,  74,  93,  95,  100, .loi, 
102,  106,  107,  114,  126,  127,  i56,  3oo,  483, 
619,  644,  664,  1081,  1129,  ii3o,  ii3i,  1149, 
ii5o,  1287,  1400;  ravagé  par  la  grêle  en  1727, 
p.   ioo3. 

_  (Évéque  de),  pp.  53,  53,  62,  63,  64,  67,  68, 
6),  70,80,  85 j,  1088,  1126,  1134,  1148,  i3i4, 
i367,  1390. 

—  (Fort  de),  p.  1073. 

(Faculté  de  médecine  à),  p.  80. 

—  (Hôtel  des  monnaies  de),  p.  890. 

—  (Hôpital  général  de;,  pp.  'T,  112,  120,  695, 
io57. 

(Hôpital  Saint-Eloi  de),  pp.  32,  73. 

—  (Jardin  du  Roi  n),  p.    1  i5o. 

—  (Notaires  protestants  à),  p.  i5. 

'Notre-Dame  du  Mont-Carmel  à),  p.  3i. 

(Noire-Dame  des  Tables  à),  pp.  27,  98  1 ,   1071, 

I  14^,  I  192. 

—  fPlace  du  Peyrou  à);  délibération  pour  y  con- 
duire les  eaux,  p.  24;  sa  fontaine,  p.  8ù;  plans 
de  cette  place  approuvés,  p.  65;  sa  décoration, 
pp.   io3,  112,   114,  ii5,  118,  i3i4. 

—  (Sainte-Anne,  église  collégiale  à),  pp.  1192, 
i3i3. 

—  (Église  collégiale  de  Saint-Sauveur  à),  p.  i383. 

—  (Saint-Denys,  paroisse,  p.   1  192. 

—  (Ordre  du  Saint-Esprit  à),  pp.  3i,  76,  82,  83. 

—  (Saint-Lazare  à),  p.  3i. 

—  (Saint-Pierre,  paroisse  à),  p.   1 192. 

—  (Sénéchal  de),  p.  1211. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.  696,  1267,  i367,  1377, 
1378,    i3S3,  1384. 

MONTPENSIER  (M"«  de),  p.  382. 
MnsTPEYr.ots,  p.   1401. 
MONTPEYROUX  (Comte  de),  p.  62. 
MONTPEYROUX  (Baron  de),  résident  de  France  à 
Genève,  p.   1  1  68. 

MONTPEZAT,    lieu,     pp.    34,    822,    1199,     120-,    1201, 

I  2^3,  i3i 1 ,  141 1 . 

—  marquisat,  p.  20. 

—  (Mjladrerie  dej,  p.  696. 


MONTPEZAT  DE  CARBON  (Joseph  de),  évéque  dj 
Saint^PapoiiI,  archevêque  de  Toulouse,  pp.  4.^0, 
5o'),  92.i;  se  prête  aux  mesures  violentes  contre 
les  jansénistes  &  contre  les  antirégaliens,  p.  5  1  7; 
son  ordonnance  contre  ies  Filles  de  l'Enfance; 
tente  en  leur  faveur  une  démarche  prés  du  Père 
La  Chaise  ;  sa  faiblesse,  pp.  58  i ,  5  j2  ;  son  abais- 
sement devant  les  volontés  royales,  p.  561; 
reproches  qu'il  reçoit  du  pape  au  sujet  des  re- 
ligieuses de  Sainte-Claire  &  de  l'affaire  de  la 
régale;  texte  de  la  lettre  du  pape,  pp.  591, 
593  ;   sa  mort,  son  épitaphe,  p.  592. 

MONTPEZAT  fde),  maréchal  en  i5j3,  p.  694. 

MONTPEZAT  (dej,  p.  923. 

MONTPEZAT  (Marquis  de),  p.   io36, 

MONTPULCIEN  (Bernard),  p.   1187. 

MON'TRABE  (de),  premier  président  au  Parlement 
de  Toulouse,  pp.  173,  174,  217,  295,  320,  329. 
l'oir  BERTIER  DE  IMONTRABE. 

MONTRATIER  (Marquis  de),  p.   |352. 

Montre  de  cbace;  motifs  de  cette  gratification; 
son  ajournement  modifie  les  votes  du  tiers  Etat 
dans  la  session  de  1664,  pp  419,  434,  435, 
436. 

ou   JETONS,   pp.     1118,    I  I  19. 

—  OLi  TAXi:s  payées  aux  députés  des  villes  aux 
Ktats  de  Languedoc,  p'.   1119. 

Montréal,  pp.  53,  91,  94,  96,  97,  1  16,  126,  3?9, 
33t,  1 148,  1 149,  1202. 

—  châtellenie,  pp.  471,  472. 

—  'Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  684. 
MONTRÉAL  (Héritiers),  p.    1  134. 
MoNTREDON,  lieu,  pp.  85,  427,   1141. 

—  baronnie,  p.  353. 

MoNTRÉJEAU,  pp.    1219,    1401,    1402,    1404. 

MONTRÉSOR,  p.    188. 

MONTREVEL  (Nicolas-Auguste  de  la  BAUME  de), 
maréchal  de  France,  pp.  38,  3p,  602,  85>;  bat 
Cavalier  8<  quitte  la  Province,  p.  39;  nommé 
commandant  supérieur  en  Languedoc,  pp,  37, 
777  ;  fait  son  entrée  à  Nîmes  le  1  5  février  1  703  ; 
espérances  des  catholiques;  divers  plans  de  cam- 
pagne lui  sont  soumis;  son  caractère;  ses  dé- 
fauts, p.  779;  étudie  la  situation  du  pays,  p.  780; 
applique  les  mesures  de  rigueur  conseillées  par 
le  brigadier  Julien,  p.  781;  ses  instructions  à 
la  noblesse  des  Cévennes,  p.  781;  bat  Ravanel 
•à  peu  de  distance  de  Nimes,  p.  787;  obtient 
un  succès  sur  les  insurgés  à  Pompignan;  an- 
nonce par  erreur  au  ministre  la  mort  de  Rol- 
land ;  punit  la  ville  de  Ganges  ;  établit  un 
poste  considérable  au  Vigan,  p.  789;  poursuit 
inutilement  les  camisards,  p.  790;  ses  pro- 
messes à  la  noblesse  nouvelle  convertie;  son 
peu  d'énergie;  n'a  pas  de  suite  dans  les  idées, 
p.  793;  rôle  qu'il  destine  à  la  noblesse  pro- 
testante dans  la  pacification  des  Cévennes, 
p.  794;  surprend  une  assemblée  tenue  dans  un 
moulin,  près  de  Nimes,  place  des  sentinelles 
aux  portes  &  aux  fenêtres  &  fait  mettre  le  feu 
au  moulin,  p.  795;  l'aventure  de  M"""  de  Soi'S- 
telle  provoque  des  murmures  contre  lui,  p.  798  ; 
publie  une  ordonnance  annonçant  l'intention 
de  dépeupler  &  de  détruire  trente  &  une  pa- 
roisse des  hautes  Cévennes,  p.  798;  donne  trois 


1J'J2 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


jours  aux  habitants  des  villages  condamnés 
pour  se  retirer,  p.  799;  établit  son  quartier 
général  sur  un  point  culminant  qui  domine 
une  partie  du  pays  condamné,  p.  8oij  divise  le 
pays  en  trois  lots,  p.  802;  est  appelé  dans  la 
plaine  par  l'évêque  de  Nîmes  pour  donner  la 
chasse  aux  rebelles  qui  incendiaient  le  bas 
pays,  pp.  8o3,  8o5  j  sa_  réponse  à  un  gen- 
tilhomme qui  voulait  faire  exempter  son  château 
de  la  dévastation  générale,  p.  806;  dénoncia- 
tions contre  lui  envoyéesàla  Cour,  p.  810;  mé- 
moire adressé  à  Bâville  sur  le  compte  du  maré- 
chal, pp.  81  I,  812;  sur  les  causes  de  sa  disgrâce, 
p.  8i3;  lettre  apologétique  de  sa  conduite, 
p.  814;  informé  du  voisinage  des  camisards, 
détache  cinq  à  six  cents  hommes  de  l'élite  de  la 
marine  sous  le  commandement  de  M.  de  la 
Jonquière,  p.  81 5;  après  le  désastre  du  Devez 
fait  une  battue  inutile;  est  responsable  de  la 
défaite  des  troupes;  est  sacrifié  par  Bâville, 
p.  817  ;  ne  croyait  pas  que  sa  dignité  de  maré- 
chal de  France  lui  permît  de  paraître  en  per- 
sonne sur  les  champs  de  bataille  des  Cévennes, 
p.  818;  ses  derniers  ordres  dans  la  Province;  est 
remplacé  par  le  maréchal  deVillars,  p.  i>\'); 
blessé  de  sa  disgrâce,  use  de  ses  derniers  jours  de 
commandement  pour  faire  donner  de  faux  avis 
aux  camisards,  p.  822;  bat  Cavalier,  pp.  Sp,  82  3; 
annonce  au  roi  &  au  ministre  sa  victoire  en 
termes  laconiques;  part  de  Sommières  pour 
prendre  son  commandement  de  Guienne,  p.  824; 
avant  son  départ,  fait  élargir  un  certain  nombre 
de  prisonniers,  p.  826;  jugé  sévèrement  p.ir  le 
maréchal  de  Villars  au  sujet  des  massacres  de 
Nimes,  p.  83o. 

MoNTHODAT,  village  en  Gévaudan,  p.  965. 

MoNTRONCoux,  bois,  p.  261. 

MONTROND,  p.  445. 

MoNTSAuNÈs,  pp.  53,  59. 

MOiNTSÉGUB,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix, 
p.   871. 

Mont-Selguet,  en  Vivarais,  p.  1202. 

MoNTSEERAT,  abbaye,  p.  32o. 

MONTVALEN,   p.  958. 

MoNTVALLiER  (Pic  &  étang  de),  p.  697. 

MONY,  négociant  à  Toulouse,  p.   i363. 

MONYER,  avocat  à  Toulouse,  capitoul,  p.  1293. 

MORANT  (de),  intendant  de  Guienne,  pp.  6,  .-■<  8. 

MORANT  (de),  premier  président  au  Parlement  <!e 
Toulouse,  mainteneur  des  Jeux-Floraux,  pp.  29, 
661. 

MORANGÉ  (Marquis  de),  p.  487. 

MORANGIÉS  (Comte  de),  pp.    100,  744. 

MORANGIÉS  (Marquis  de),  pp.  68,   io36. 

MORIiL,  grand-vicaire  de  l'archevêque  de  Tou- 
louse, p.  55 [ . 

MOREL  (Abdias).   Voir  CATINAT. 

MORET  (Claude),  p.  36o. 

MORETO>f   CHABRILLANT  (de),  p.    io36. 

MORRETTON  (Comte  de),  p.    1384. 

MoRTACNE,  p.    1059. 

Mortalité  de  bestiaux  en  Gévaudan,  p.  1034. 

—  à  Toulouse  en   1702,  p.   1  126. 


MoRTESSAIG^ES,  en  Vivarais,  p.   1202. 

MossoN  (La),  lieu,  p.  ii5o. 

MOUCHY  (Maréchal  duc  de),  pp.   1239,  1261. 

MoLiLLONNE,  riviéte,  p.   108. 

MotLES;  la  pèche  en  est  interdite,  p.  :)i. 

MotiLEZON,  village  catholique  incendié,        -969  -d 

MOULIÈRES,  caraisard,  p.  40. 

MoL'LiNAGE  des  soies,  p.  95. 

Moulines,  en  Vivarais,  p.   1202. 

—  (Côte  de),  p.  92. 
MOULINES,  chef  camisard,  p.  37. 
Moulinet,  lieu  du  Vivarais,  p.   i3ii. 
Moulin  du  Bazacle,  à  Toulouse,  pp.  452,  1276. 

—  de  Bourassol,  sur  la  Garonne,  p.   1282. 

—  du  Cliâteaù,  à  Toulouse,  p.  452. 

—  du  Purgatoire,  dans  la  Montagne  Noire,  p.  460. 

—  à  vent  de  Corneille,  p.   i  149. 
MOULIN,  habitant   de  Toulouse,  p.   1402. 
^"0UL1NS  (les),  p.  8f>3. 

Moulins,  pp.   iSiS,  i385. 

—  démolis  sur  le  Sor  &  le  Laudot,  p.  89. 

—  (Droits  sur  les),  p.  204. 

—  établis  sur  les    rivières   navigables;   obligation 


imposée    aux    propriétaires 


de    tenir    le   chenal 


assez  large  &  d'avoir  un  nombre  d'hommes  né- 
cessaires pour  monter  &  descendre  les  radeaux, 
pp.  427,  428. 

—  flottants  sur  la  Garonne,  p.   1295. 

—  à  nef,  placés  sur  la  Garonne,  gênent  la  circu- 
lation, p.   I 276. 

à  papier  établis  en  Provence,  p.  479. 

—  emportés  par  l'inondation,  p.   ioo5. 

—  détruits,  p.    1009. 
MouLZES,  p.  1204. 
r.'ouRCAYBOL  (le),  p.  863. 

MOURE    (Jean-Baptiste),    sieur   de    Lnrouvière, 

p.   863. 
MOURGUES  (Le  Père),   jésuite,  pp.   26,  656;  un 

des  commissaires   royaux   pour  la    réception  des 

travaux  de  Languedoc,  p.  5i5. 
MOURGUES,    négociant    de    Nimes,    représente    le 

Languedoc  au  conseil  de  commerce,  p.  717. 
MOURLENS  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1218. 
MouBViLLES  (Moulin  de),  p.  72. 
MOUSAT,  marchand  du  Puy,  p.  489. 
Mousquet;  portée  de  cette  arme  en  1688,  p.  599. 
MouSSAC,  pp.  768,  822,  83ci;  un  temple  protestant 

V  est  édifié,  p.  424;  pillé  par  les  troupes  royales, 

p.  8i5. 
Mousseline,  p.  90. 

Moutons,  importés  en  Languedoc,  p.  704. 
Mouvement  national  de  1789,  p.   1379. 
Mouvements  locaux  provoqués  par  le  Parlement, 

p.   3o2. 
MdUZE,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 
MouziEBS,  lieu,  p.    1219. 
MOYNIER,  capitaine  dans  le  régiment  Dauphin, 

p.   5io. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1573 


MOYRIA  (Etienne-Marie  de),  procureur  général 
r!e  Cîteaux,  p.    1  206. 

MOYSE  (Nicolas),  prédicant  rompu  vif,  p.  ,^3. 

MUGIET,   p.    |33. 
MlNDEN,   p.    I  l56. 

Miles;  leur  prix  en  1770,  p.  1265. 
Mulets,  p.  703. 

—  achetés  pour  Tarmée  de  Roussillon,  p.  ^p. 

—  fournis  par  les  communes  de  Languedoc  à  l'ar- 
mée d'Italie,  p.  68. 

—  levés  dans  la  Province;  sommes  payées  aux 
propriétaires,  p.  664. 

—  levés  en  Languedoc  en  1719,  p.  938. 

—  achetés   pour  le  compte  de  la  Province,  p.  938. 

—  &  CHEVitx  importés  en  Languedoc  pour  les 
travaux  agricoles,  p.    1261. 

ML■LTIPLI4^TS,  p.  55;  leur  culte',  leurs  rites, 
PP-  977.  978.  979- 

Multiplication  de  haras  demandée,  p.   1384. 

MUNENS,  p.   870. 

Munes,  au  diocèse  d'Alet,  p.   1008. 

Municipalités;  de  quelle  manière  &  par  quelles 
influences  elles  étaient  constituées,  p.  iSi;  er- 
reur de  ceux  qui  croient  que  l'intervention  du 
pouvoir  central  dans  leur  économie  intérieure 
fut  une  innovation  des  intendants;  règlement 
établi  par  la  commission  mixte  en  1698,  p.  706. 

MuMTiONS  &  AKMES  distribuées  aux  villages  ca- 
tholiques des  Cévennes  les  plus  exposés,  p.  747. 

Mi  \STEB,  pp.   160,  278. 
Ml  p,-DE-BARRts,  en  Rouergue,  p.   1219. 
Mliut,  p.   1408. 
MURAT  (Bernard),  p.  35i. 

ML'RAT  (Jacques),  notaire  à  Carcassonne,  p.  3'i. 
Ml'RAT  (de),  ancien  juge-mage,  subdélégué  a  Car- 
cassonne, p.   1010. . 

MuRciE,  p.  927. 

M1.11ET,  pp.  326,  661,  1219,  1404;  union  de 
deux  hôpitaux  à  son  hôpital,  p.  33. 

—  Châtellenies  de),  p.  471. 

—  Porte  de),  p.  326. 

—  'Route  de),  p.   1401. 

Mtr.iEiis,  p.  702;  prime  pour  leur  plantation, 
p.  c!6;  leur  culture  importée  en  Suisse  par  les 
léfiigiés  languedociens,  p.  565;  leur  culture 
dans  le  diocèse  d'Agde,  p.  699. 

IVH  ROLS  (de),   conseiller   au   Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 
MuNAS,  en  Vjvarais,  p.   1202. 
MuRVIEL,   p.    1401 . 

—  baronnie,  pp.  5o,  55,  88,  118. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
Ml'RVIEL  (Baron  de),  pp.  67,   1067. 
Ml'flVIEL    (Anne    de),    évéque    de    Montauban, 

;>.    ,58. 

MLiRVIEL  (Marquis  de),  pp.  28,  29,  5o. 

Muscat,  p.  7c  1 . 

MtsÉE  de  Toulouse,  p.   319. 

Musq,  lieu,  p.  3y4. 


MUY  (Maréchal  du^,  ministre  de  la  guerre;  son 
organisation  nouvelle  de  l'inOinterie  nuit  au 
service  des  troupes  employées  contre  l'épizootie, 
p.    1244. 


N 


Nabassan   &  Saint-Geiwai?,  marquisat,  p.   i3. 

Nages,  pp.  39,  426,  S23;  les  camisards  y  livrent 
un  combat,  p.  807. 

Nailloux,  p.  1404. 

Nantes,  p.  627,  716,  848. 

Naples,  p.  903. 

NAPEN  (Veuve),  imprimeur,  p.  io33. 

Narbgnnais;  causes  du  triste  état  de  ce  pays  en 
1^98,  pp.  698,  69J. 

Nap.bonnaise,  p.  693. 

Narbonne,  p.  14,  43,  47,  56,  57,  59,  60,  61,  69, 
72,  80,  81,  84,  91,  99,  n9.  Il  3,  Il  5,  120, 
122,  123,  124,  ij6,  i65,  176,  287,  288,  304, 
3i2,  320,  332,  389,  399,  452,  459,  465,  504, 
723,  890,  931,  1004,  1020,  1021,  I o3 1 ,  1065, 
ii3o,  1160,  1226,  1254,  1279,  i335,  i383, 
i385,  1391,  1398,  1405,  1418,  1428;  établis- 
sement, en  1735,  d'un  marché  le  jeudi  de  cha- 
que semaine,  p.  68;  découverte  d'un  trésor, 
p.  78;  ferme  ses  portes  au  commissaire  du  Par- 
lement de  Toulouse;  suite  donnée  par  le  Parle- 
ment à  cette  affaire,  p.  3o6;  les  consuls  pren- 
nent des  précautions  pour  éviter  l'invasion  de 
la  peste,  p.  43o  ;  Louvois  y  passe,  p.  5i6;  sa 
population  en  1698,  d'après  Bâville,  p.  692; 
les  pères  de  la  Doctrine  chrétienne  y  dirigent 
un  collège,  p.  695;  à  la  suite  de  la  création  du 
canal  des  Deux-Mers,  cette  ville  devient  un 
grand  entrepôt  du  commerce  des  blés,  p.  699; 
a  une  direction  des  gabelles,  p,  845;  un  maga- 
sin de  médicaments  y  est  établi  durant  la  peste, 
p.  964;  les  Etats  y  tiennent  leur  session  de 
1724,  p.  996. 

—  fArchevêque  de),  pp.  3,  8,  320,  65o,  861,  85o, 
895,  896,  897,  904,  937,  951,  963,  970,  1012, 
1067,  1071,  1122,  1129,  I  14S,  1228,  1248, 
1283,  i3o5,  i3i2,  i33o,  i33i,  i332,  i337, 
i338,  i367,  i368,  1371;  négrcie  le  rachat  d'of- 
fices municipaux  nouvellement  créés,  p.  982  ; 
s'occupe  de  la  confection  de  la  carte  de  Lan- 
guedoc, p.  996. 

—  Chapitre  de  Saint-Just,  s),  pp.    |3,    116,    117. 

—  Consuls  de),  p,  117. 

—  Diocèse  de),  pp.  42,  53,  56,  60,  63,  65,  67, 
'.=.  74'  84'  8'*.  9°>  94.  '07,  108,  114,  i56, 
209,  400,  5io,  619,  770,  895,  1028,  1081, 
1125,  ii5o,  1178,  1400,  1404;  la  perte  de  ses 
oliviers  amène  la  ruine  du  pays,  p.  943;  ravagé 
par  la  grêle  en   1727,  p.  ioo3. 

—  f'Doctrinaires  à),  p.  1  i5o. 

—  Eglise  Saint-Paul,  à),  p.  293. 

—  (Droit  de  robinage,  à),  p.  78. 

—  (Maison  du  Refuge,  à      p.  i5. 

—  (Hôpital  de),  p.   i6j. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 


r:)7'4 


TAEIE  GÉNÉRALE,  DES  NOMf    FT  DES   MATIÈRES. 


NAnlln^^E  (Syndic  diocésain  de),  p.  i3cô. 

—  (Maison  de:,  p.  o52. 
NARBONNE  (de),  p.   ro35. 

NARBONNE  (Marguerite  de),  comtesic  de  Rieiix, 
p.  iSp. 

NON-CATIIOI.IOI  ES,    p.    T27. 

NARBONNE-PELET,  p.  554. 
Nasbinals,  p.  1408. 
Naurouse,  pp.  457,   439,  460. 

—  (Bassin  de),  p.  5r3. 

—  (Col  de),  pp.  432,   5i3. 

—  (Pierres  de),  pp.  403,   455. 

Nanteuil,  comté  acheté  par  le  premier  maréchal 
de  Schomberg,  p.    1  82. 

—  (Prieuré  de);  les  deux  derniers  Schomberg  y 
sont  inhumés,  p.  277. 

Nauze  de  Montgaillard,  ruisseau,  p.   1070. 
Navacelles,  pp.  824,    1406. 

—  (Carrière  de  pierres  de),  p.  986. 
Navabre,  pp.  23,  319,   496,   872,   927. 

—  (Collège  de),  p.  5oo. 

NAVÈRES    (Pierre- Joseph-Sébastien  ),     greffier 
garde-sac  au    Parlement  de  Toulouse,  p.    1414. 
Nancy,  p.  1419. 
Navigation  du  Tarn,  de  l'Aveyron,  p.  16. 

—  de  la  Garonne,  rendue  difficile  par  le  mauvais 
entretien  du  lit  de  la  rivière,  p.  1275;  moyens 
proposés  pour  y  remédier,  pp.    1276,  1277. 

—  de  l'Allier,  p.   1384. 

—  (Lib-'rté  de)  sur  la  Garonne,  la  Dordogne,  le 
Tarn  &  les  autres  rivières  navigables  de  la  con- 
trée, p.  427. 

Navires  ennemis  signalés  à  deux  lieues  de  Ma- 
guelonne,  p.  8o3. 

Nf.BIAS,  pp.    I  10,   409. 

NÉBIAS  (Baron  de),  p.  409;  grossièreté  de  stm 
langage;  saturnale  organisée  p.i  r  lui  à  RoLive- 
nac,  pp.  412,  414. 

NÉBouzi.N,  pp.  5i  7,   1400,    1401. 

NECKER,   pp.    iSpS,    1411,    1297,    1298;    sa    lettre 

à  l'archevêque  de  Narbonne  en   1769,  pp.   iS/i, 

1872. 
NÉEL  (Abbé  de),  p.   I023. 
NEGRIÉ  (Marc-Antoine;,  p.  864. 
NEMOURS  (Duc  de),  p.  337. 
Nêrac,  p.  368. 

—  (Château  d'Henri  IV,  à),  p.  3  j8. 

Ners,  pp.  98,  817,  1066,  1178;  le  curé  y  est 
assassiné,  p.  86. 

—  (Pont  de),  sur  le  Gardon,  pp.   126,  432,  4^7. 
Nerwinde  (Bataille  de;,  p.  768. 

Nescus,  commune,  p.  1009. 

Nescus,  consulat,  p.  1403. 

NESMOND,  intendant  de  justice,  p.    i32. 

Neste  (Vallée  de  la),  p.  207. 

Nestes  (Deux),  p.  1261. 

NESTIER  (de),  maréchal  de  camp,  p.  297. 

Neuf-Bkisach,  pp.  40,   I  144. 


Neufchatel,  p.  .565. 
Newgate,  p.  887. 
NirE,  pp.  40,  838. 
N Ic::OL,  capitoul,  p.   i(8i. 
NICOLAS  (de),  p.  1262. 
Nir.GLES,  p.  1202. 

Njmes,  pp.  Il,  i3,  I  5,  îo.  27,  29,  ^r,  So,  5?,  57, 
(jo,  61,  63,  64,  6.'),  7  >,  81,  88,  (jo,  91,  v2, 
94,  96,  98,  100,  1:2,  MO,  116,  124,  127,  154, 
i55,  176,  240,  304,  332,  365,  38 1,  426,  470, 
481,  487,  5')4,  567,  601,  644,  647,  65 1,  696, 
747,  766,  767,  774.  7'^7>  783,  797,  807,  81 3, 
81J,  817,  823,  824,  840,  841,  859,  869,  890, 
8>;7,  93i,  918,  961,  984,  989,  1001,  1027,  1029, 

le  il,   |o65,   1073,   IIOO,   1106,   1127,   Il32, 

II 33,  1139,  1142,  1149,  1178,  1195,  1200, 
1214,  1267,  1279,  i3o9,  i336,  1347,  1376, 
|373,  i33o,  i3go,  1398,  1406,  1418;  confirmation 
de  ses  privilèges,  p.  4;  émeute  contre  l'évéque; 
le  culte  catholique  y  cesse,  p.  7;  préséance  des 
officiers  catholiques  sur  les  officiers  protestants, 
p.  i5;  démolition  de  temples  protestants  dans 
le  diocèse,  p.  19;  création  de  l'académie  royale, 
p.  27;  exécutions  capitales,  p.  38;  le  conseil 
politique  &  le  conseil  extraordinaire  sont  nom- 
més par  le  conseil  d'Etat,  p.  56;  indemnise  les 
communes  dévastées  par  l'orage,  p.  73;  vote  des 
secours  aux  ouvriers  sans  travail,  p.  74;  nou- 
velle église  construite  par  ordonnance  du  con- 
seil d'Etat,  p.  77;  rétablissement  d'une  foire  à 
Ni.nes  du  8  au  23  février,  p.  83;  projets  d'em- 
bellissement dressés  par  Raimond,  p.  i25;  les 
chcvau  -  légers  commettent  des  excès  à  Nîmes, 
deux  d'entre  eux  sont  punis,  p.  262;  les  pro- 
testants forcent  la  porte  de  l'évèché,  p.  209; 
visitée  par  Louis  XIV,  p.  38  1  ;  des  prêtres  catho- 
liques viennent  y  apostasier  &  se  marier;  plain- 
tes de  l'évéque  à  Louis  XIV  sur  ce  sujet,  p-  420; 
une  classe  de  théologie  protestante  y  a  été  créée, 
p.  423;  on  y  conçoit  des  craintes  sérieuses  pour 
la  tranquillité,  p.  529;  l'industrie  de  la  soie 
y  est  ruinée,  p.  53-;  son  temple  est  démoli; 
le  travail  des  manufactures  est  suspendu, 
p.  53 1  ;  les  réformés  de  cette  ville  sont  accusés 
de  fomenter  les  troubles  en  Vivarais,  p.  533; 
en  trois  jours  il  s'y  fait  soixante  mille  con- 
versions, p.  541  ;  n'oppose  point  de  résistance; 
les  chefs  de  famille  font  leur  soumission  & 
reçoivent  une  absolution;  deux  ministres  sont 
parmi  les  nouveaux  convertis;  est  occupée 
par  les  troupes,  p.  555;  quelques  symptômes 
ce  refroidissement  se  manifestent  parmi  les  nou- 
veaux convertis,  p.  556;  panique  des  réformés, 
p.  590;  construction  d'un  fort  pour  la  surveil- 
lance des  Cévennes,  p.  599;  contient  quarante 
mille  protestants  devenus  catholiques,  p.  646; 
sa  population  en  1698,  d'après  Bâville,  p.  692; 
les  jésuites  y  dirigent  un  collège,  p.  6r5;  oc- 
cupe, d'après  Bâville,  le  premier  rang  pour  le 
commerce  de  la  draperie  &  de  la  soie,  p.  701; 
cent  cinquante  réformés  sont  brûlés  dans  un 
moulin  du  faubourg  des  Carmes  par  le  maré- 
chal de  Montrevel,  p.  790;  du  haut  des  maisons 
on  aperçoit  les  incendies  allumés  par  les  insur- 
gés des  Cévennes,  p.  8'--3;  le  premier  consul  re- 
çoit le  maréchal  de  Viilars,  p.  '>25;  perquisi- 
tions   faites    dans    le   quartier    Sainie-Eugénie, 


TABLE  GENERALE  DES   NOMS   ET  DES   MATIERES. 


iSyo 


p.  859;  exécutions  à  propos  de  la  conjuraîion 
d:;  170.5,  p.  86o;  des  prisonniers  protestants 
traversent  les  rues  en  chantant  des  psaumes, 
p.  973;  querelles  munirip;iles  d.'ins  cette  ville; 
ï'évêtjue  de  Nîmes  &  l'iiiTendiini,  p.  991;  dé- 
tresse dans  cette  ville  à  l;i  saite  des  longues 
pluies  de  1740,  p.  ic6i. 
Mimes  (Amphithéâtre  de),  p.    i5. 

—  [Ancien  chateiiu  de),  p.  4. 

■ —  'Assemblées  politiques  de),  p.    i3. 

—  (Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  ^84, 

—  (Conjuration  de),  pp.   858,  809. 

—  (Diocèse  de),  pp.  11,  42,  55,  57,  90,  91,92, 
94,  96,  100,  loi,  106,  107,  114,  126,  128,  i55, 
168,  195,  3oo,  426,  483,  571,  620,  645,  '64, 
755,  769,  770,  855,  1066,  ii36,  1149,  1400, 
1406;  son  étendue,  p.  644. 

—  Dominicains,  p.  4. 

—  (Evêque  de),  pp.  i3,  18,  69,  264,  299,  566,  O49, 
858,    1021,   1264. 

—  (Enfants  trouvés  de),  p.    16. 

—  (Fontaine  de),  p.  82. 

—  (Forts  de),  pp.  870,   1073. 

—  (Garrigues  de),  p.    1066. 

—  (Grand  bailliage  de),  p.    128. 

—  (Grands  jours  de),  p.  21. 

—  HApital  fondé  par  Denys  Cohon,  p.  479. 

—  Hôpital  Saint-Jacques,  p.  20. 

—  (Insurges  de),  p.    i3. 

—  'Insurrection  de),  p.   14. 

—  (Jardin  des  Récollets  à),  p.  83rt. 

—  (Jésuites  de);  trois  chapellenies  sont  unies  i 
leur  collège,  p.  3o. 

—  Maladrerie,  p.  20. 

—  'Massacre  du  moulin  de^,  p.  83o. 

—  (Porte  de  la  Madeleine  à),  p.  S3(5. 

—  (Présidial  de),  pp.   17,  23,   1  199,   1  201, 

—  'Sénéchal  de),  pp.  67,  85i,  1210. 

—  f Sénéchaussée  de),  pp.  696,  1  J98,  1200,  1267, 
i~3oo,   i3  6,    i367,   i377,   i383,   i385,   1398. 

—  (Vieux  chemin  d'Uzès,  près  de),  p.  1067. 
Nior.T,  au  diocèse  d'AIet,  pp.  554,  ^^27,   1008. 
NTQt'ET  (de),  premier  président  au  Parlement  de 

Toulouse,  pp.  107,  12(6,  1273;  nommé  preiTT-i- 
président  du  Parlement  Maupeou,  p.  1214;  ^^- 
sent  au  moment  des  fêtes  pour  le  rétablisseï'  u 
du  Parlement,  p.   1270. 

NlQl  ET  fils  (de),  président  à  mortier  an  Purle- 
mcnt  de  Toulouse;  son  exil,  pp.   1218. 

NIQUET,  ingénieur  du  roi,  p.  893. 

NISAS  (Marquis  de),  pp.  67,  619. 

NIVELLE,  prêtre,  p.   io25. 

NIZAS  (Marquis  de),  p.  88. 

Nizts  (Hôpital  de),  p.  696. 

NOAILLES  (Anne-Jules,  doc  de),  maréchal  &  pair 
de  France,  pp.  26,  29,  3o,  3i ,  3?,  48,  71,  55  • , 
567,  553,  587,  609;  ambassadeur  près  en 
Saint-Siège,  p.  247;  est  nommé  command.nt 
en  chef  en  Languedoc;  ses  services  antérieur' ; 
Si  femme;  ses  enfants,  p.  52  1;  reijoit  la  mis- 
•on    de    démolir    le    temple    de    Montpellier; 


,lp 


iLcurs  de  précaution   prises 
exile  les  ministres;  jug-'   S'-vèi;; 
ecclésiastii 


'  e  sujet,  p.  526  ; 
cillent  le  person- 
nel ecclésiastique  des  deux  cultes,  p.  5.'l7;  est 
tres-mécontent  du  clergé  local;  demande  des  prê- 
tres de  Saint-Lazaie,  p.  52S  j  avait  piévu  les  évé- 
nements qui  allaient  s'accomplir,  p.  53  1  ;  rentre 
d'un  voyage  à  la  Cour  &  prend  le  commande- 
ment des  troupes,  p.  534;  tlonne  l'ordre  d'atta- 
que; les  insuigés  sont  en  déroute,  p.  535;  est 
poussé  aux  mesLires  violentes  par  Louvois;  son 
étonnement  de  voir  l'édit  de  Nantes  invoqué 
par  les  protestants  ;  demande  qu'on  respecte  les 
temples  des  lieux  qui  n'ont  pas  appuyé  la  ré- 
tcllion,  p.  53";  quelques  extraits  de  sa  corres- 
pondance relativement  aux  catholiques  Seaux 
protestants,  p.  545,  5^6;  parcourt  le  Gévaudan 
&  les  Cévennes;  est  étonné  du  nombre  de  con- 
versions qui  dépasse  le  nombre  de  protestants 
d-claré;  sa  lettre  à  Louvois  à  ce  sujet,  p.  55*'; 
ne  trouve  pas  l'édit  de  Fontainebleau  assez  res- 
trictif du  culte  réformé;  alarmes  que  lui  cause 
l'article  II,  p.  559  ;  idées  que  les  peuples  s'étaient 
faites  de  la  volonté  de  Louis  XIV;  calculs  & 
hypothèses  du  duc;  quelques  justes  observations, 
pp.  559,  56o;  son  ordonnance  contre  les  fugi- 
tifs, p.  5')9;  est  chnrgé  du  commandement  de 
l'armée  d'Espagne  &  ne  s'occupe  plus  des  affaires 
de  la  Province,  p.  f;i3;  arrive  précipiiainmen  t 
du  Boulou  à  Mèze  dès  qu'il  apprend  le  déba  - 
quement  des  Anglais  à  Cette,  p.  884;  agit  ''e 
toncert  avec  le  duc  de  Roquelaure  pour  repren- 
dre Cette  aux  Anglais,  p.  836. 

NOMLLES   (Cardinal    de),    archevêque   de    Paris, 
rp.  862,  866. 

NI  AILLES  (Comte  de),   pp.    1  o3  , 


pp. 


107,    191, 


19J, 


uedcc,  p.  27. 

•;6,   100,  f  T  1 ,  872,  932,  933, 


EGAILLES  (M^irquis  de),  p.  885. 
M0A1I.LES  (Dragons  de),  p.  1348. 
Nor.iLiTÉ,  p.  44. 

—  de  biens,  p.  117. 

—  (Procès  de)  ne  sont  pas  sujets  à  péremption, 
p.   97. 

—  de  fonds,  p.   118. 

—  deb  terres  en  Lan^ 

—  de  terres,  pp.  5o, 
,034. 

NuM.ESSE  de  Langud'oc,  pp.  8,  ■'2,  77,  635,  i335. 

—  procurations  pour  l'entrée  aux  Etats,  p.  40. 

—  des  pays  de  mont;igne;  malgré  la  défense  du 
roi  se  réunit  par  groupes  &  chevauche  en  appa- 
reil de  guerre,  p.  254. 

—  demande  à  se  réunir,  à  l'annonce  de  la  convo- 
cation des  Etats  généraux  en   i65i,  p.  3o5. 

—  demande  la  réformation  de  la  représentation 
de  cet  ordre  aux  Etats  de  Languedoc,  p.  307. 

—  -iccordée  aux  associés  pour  la  construction  du 
canal  de  Beaucaire,  p.  386. 

—  capitulaire  de  Toulouse;  la  fausseté  de  ses  pré- 
tentions démontrée,  pp.  627,  628,  629. 

—  sa  situation  de  fortine  en  Languedoc;  son  pt  u 
d'attachement  au    mé'ier  de   la    guerre,   p.  (  (): 

—  droit  de  confirmation  qui  trappe  Us  capitou! 
de  Toulouse,  p.   b<,9. 


i.Tyô 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


NoULKSSE;  sa  requête  en  vue  d'accroître  ses  pri- 
vilèges &  de  diminuer  ses  charges  pécuniaires, 
pp.  93o,  93  1 . 

—  militaire,  créée  en  novembre   lya-^,  p.  85. 

—  protestante  du- Languedoc;  son  attitude  après 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  p.  769;  nom- 
bre par  diocèses  des  chefs  de  famille  évalué 
par  Bâville,  p.  770;  son  horreur  pour  les  in- 
cendies, les  massacres  &  les  atrocités  commises 
par  les  bandes  insurgées;  son  impuissance  pour 
arrêter  l'insurrection,  p.  794. 

—  capitulaire  de  Toulouse,  pp.  1002,  ioo3,  1226, 
I  227. 

—  des  personnes,  p.   io5o. 

—  à  Toulouse,  appréciée  par  le  Parlement  de  cette 
ville,  pp.  i3i6,  i3i7;  par  le  subdélégué  Gi- 
nesty,  p.  r3i9;  ses  démarches  en  faveur  du  réta- 
blissement du    Parlement  de  Toulouse,  p.   i35l. 

—  du  diocèse  de  Toulouse  proteste  contre  les  pré- 
tentions des  Etats  de  Languedoc,  p.    i363. 

—  ses  membres  siégeant  aux  Ktats  de  Languedoc 
demandent  à  être  associés  à  tous  les  impôts, 
p.   i3â8. 

—  mode  de  convocation  employé  pour  l'élection 
de  leurs  représentants  aux  Etats  généraux, 
p.   1373. 

—  des  sénéchaussées  de  Béziers  Se  de  Carcassonne 
proteste  contre  les  répartitions  faites  par  les 
commissaires  des  Etats  de   la  Province,  p.    i388. 

—  (Preuves  de),  p.   12. 

—  (Usurpation  des  titres  de),  p.    16. 
NoÉ,  pp.   1218,   1404. 

NOÉ    (Marc    de),    sieur  de    Guitaud,  maréchal    de 

camp  des  armées  du   roi,  p.  460, 
Noël  (Fêtes  de),  p.  762. 

NOGARET,   p.     1254. 

NOGARET  (Jacques),  p.  78. 

NOGARET  (Comte  de),  p.    119. 

NOGARET  (Gaston  de),  duc  de  Candale,  p.  3,';6. 

NOGARET  (Louis  de),  évêque  de  Mirepoix,  p.  1  58. 

NOGARET  (Marquis  de),  p.  960. 

NocAKO,  p.  390. 

—  (Gruerie  de),  p.  474. 
NOGENT  (Chevalier  de),  p.  5i6. 

NOI,ET,  trésorier  général  de  France,  mainieneur 
des  Jeux- Floraux,  p.  661. 

NOLIBÉ  (Isaac),  p.  41. 

Nombre,  par  diocèse,  des   protestants  en  Langue- 
doc, p.  55o. 
Nominations  consulaires,  p.  53. 

—  municipales  révoquées,  p.  112. 
NoN-BÉSiDENCE  des   bénéficiers   signalée  comme  un 

abus,  p.   i382. 

NORDLINGUE,   p.    224. 

NORIS,  commandant  d'une  flotte  anglaise,  pp.  882, 
886. 

Normandie,  pp.  i33,  679,  704,  723,  1077;  répres- 
sions violentes  dans  cette  province,  p,  241, 

—  (Régiment  de),  p.  33o. 
NOSTRADAMUS,  p.  825. 
Notaires,  p.  1  22. 


Notre-Dame  d'Avéze,  paroisse,  p.  649. 

—  DE  Balmes,  paroisse,  p.  1071. 

DE   Bo.MIELR  ou    DE   l'EspÉBOU,  p.    649. 

—  DE  Bo.nne- Espérance,  chapelle  au  couvent  des 
Grands-Carmes  à  Toulouse,  p.  200. 

—  DE  BoBiEU,  prieuré,  p.    ii5. 

—  DU  Camp,  prieuré,  p.  400. 

—  DE  LA  Datrade,  à  Toulouse,  p.  863;  fête  an- 
nuelle des  Jeux- Floraux  dans  cette  église, 
p.  653. 

—  DE  FoNTFROiDE,  abbaye,  p.   1020. 

—  DE  Gatuziëbes,  paroisse,  p.  649. 

—  DE  Gaujac,  paroisse,  p.  649. 

—  DE  Générargies,  paroisse,  p.  649. 

DE  GeNOLILLAC,   p.    481. 

—  DE  Laval,  prieuré,  pp.   102,    1  17,  646. 

—  DE  Londres;  ses  armoiries,  p,  686. 

—  DE  Luc,  paroisse,  p.  649. 

—  DE  Montlezon,  p.   1071. 

—  DU  Mont-Carmel  (Ordre  de),  p.  695. 

—  DES  Tables,  à  Montpellier,  pp.  49,  52,  718;  on 
y  rend  avec  solennité  les  honneurs  funèbres  au 
dauphin;  détails  sur  la  décoration  &  sur  la 
cérémonie,  pp.  894,  895. 

—  DE  Paris,  p.  402. 

—  DE  Plech  DE  Cendras,  paroisse,  p.  648. 

—  DU  Puv  (Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  684. 

DE   LA   ROUVIÉRE,   p.   649. 

—  DU  Sac  (Religieuses  de),  pp.  680,  923. 

—  DE  Salenques,  monastère  de  femmes;  contesta- 
tions avec  ses  puissants  voisins,  p.  294. 

—  ou  Saint-Blaise  de  Vissec,  paroisse,  p.  649. 

—  de  Saumane,  paroisse,  p.  649. 

—  DE  Sauvelade,  petite  abbaye  au  diocèse  de  Les- 
car,  p.  364. 

—  DE  Soudorgues,  p.  649. 

—  DE  SuMf.NE,  paroisse,  p.  649. 

—  DE  Trêves,  paroisse,  p.  649. 
Nolaille,  au  diocèse  d'Albi,  p.   1008. 
NOUGAIROL,  de  Limoux,  p.    1207. 
NounuEYROL,  p.  743. 

Nouveaux  convertis,  pp.  14,  86,  124,  547,  647, 
711,  1107;  déchargés  des  dettes  des  réfoimés, 
p.  17;  payement  du  capital  de  leurs  dettes, 
p.  21;  déchargés  des  dettes  des  réformés,  p.  17; 
exemptions  qui  leur  sont  accordées,  p.  24;  tous 
les  livres  leur  appartenant  sont  recherchés, 
p.  29;  exclus  des  élections  municipiiles  d'An- 
duze,  p.  04;  de  qualité;  faveurs  obtenues  pour 
eux  de  la  Cour,  p.  027;  en  dix-huu  jours  dé- 
passent de  quarante-trois  mille  le  nombre  de 
protestants  trouvé  par  d'Aguesseau,  p.  555;  sont 
instruits  par  des  missionnaires  envoyés  par  le 
roi,  p.  555;  leur  découragement,  p.  099;  leur 
peu  d'attachement  aux  pratiques  de  l'Eglise  ro- 
maine; nécessité  de  bonnes  prédications,  p.  644; 
leur  grand  noir.bre  dans  la  partie  occidentale 
du  diocèse  de  Nîmes,  p.  646;  sont  cités  par  Bâ- 
ville  comme  laborieux,  industrieux,  p.  701; 
leur  peu  d'attachement  à  la  religion  catholique, 
pp.  644,  73o,  73  I  ;  sévérité  à  leur  égard,  p.  734; 
menaces  qui   leur  sont  faites  dans  le  plan  de  la 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i577 


guerre  des  Céirennes  envoyé  par   le  marquis  de 

Miremont,  p.    856;    abandonnent   les    églises, 

p.  993. 
Nouveaux  convertis    nobles    frappés    d'une   taxe, 

p.   1002. 
Nouvel  acquêt,  p.  62. 

—  ordre  judiciaircj  sa  composition,  pp.  1412, 
1413. 

NOUVEL  (Pierre),  p.  747. 

NOUVEL;  date  de  son  supplice,  p.  36. 

Nouvelle-Orléans,  p.  970. 

Nouvelles  converties,  p.  373. 

NoviTAL,  lieu,  p.   1218. 

NOVITAL,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 

son  exil,  p.   1218. 
NOVITAL  fils  (de),  p.    |352. 
NoVERS,  périssent  durant  rbiverde  1708,  p.  875. 

—  perdus,  p.  896. 
NOYERS  (des),  p.    186. 
NoYON  (Evêque  de),  p.  719. 
NoziËBES,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Nuc\EZ  Cabezcdo,  p.  429. 
NUISEMENT  Cde),  maire  d'AIet,  p.  982. 
Nullité  des  baux  de  fermage,  p.   io5i. 
Numismatique    imaginaire    à    propos   de  quelques 

pièces  de  biUon  suédoises  trouvées  sur  des  in- 
connus suspects,  pp.  784,  785. 

NUPCES  (Bertrand  de),  maire  perpétuel  de  Tersac, 
p.  639. 

NUPCES,  avocat,  mainteneur  des  Jeux-Floraux, 
p.  V.n. 

NUPCES,  président  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.    1102. 


o 


OBRIEN  (Charles).  Voir  THOMOND  (Comte  de). 

Oiisf;' V\TI0NS  astronomiques  f.ntes  à  Toulouse  du- 
liint  vingt-trois  années,  p.  i3o4. 

Oi.sEi:vATOiBE  astronomique  établi  à  Toulouse; 
instruments  qui  y  sont  réunis,  p.  i3o3;  est 
acquis  au  nom  de  la  Province;  p.  i3o4;  dispo- 
sitions prises  pour  son  entretien,  pp.  i3o4, 
1  3o5. 

OccipATiOM  militaire  ruineuse  pour  la  Province, 
p.  570;  prend  fin,  pp.  903,  904. 

Océan,  pp.  462,  482,  739,  1241. 

OcTON,  p.   1401 . 

Octroi  de  Saint-Esprit  continué  pour  dix  ans, 
p.  73;  pour  neuf  ans,  p.  78. 

Octrois,  p.   i  184. 

OFFAREL,  directeur  des  travaux  de  la  Province 
en  Gévaudan,  en  Vivarais  &  en  Vêlai,  pp.  124, 
1 309. 

Orrir.E  de  bailli  supprimé  en  Vivarais,  p.    13-0. 

—  de  iuge  conservateur  du  petit  scel,  supprimé, 
p.    86. 

Offices  créés,  p.  i63. 

.—  créés  &  rachetés,  pp.  982,  983. 


Offices  créés  pour  la  chambre  des  comptes  à  Mont- 
pellier, p.  237. 

—  (Indemnité  à  la  Province  pour  divers)  de  gou- 
verneurs &  lieutenants  du  roi,  p.    107. 

—  (Rachat  de  huit)  de  capitouls  créés  à  Toulouse 
en  1771 ,  p.    109. 

—  héréditaires  sont  créés  par  le  besoin  d'argent, 
pp.  634,  635. 

—  supprimés  du  Parlement  de  Toulouse,  pp.  1 10, 
III,  114. 

—  d'inspecteurs  aux  boucheries  créés,  p.  85o. 

—  de  maire;  achetés  par  les  seigneurs  peuvent 
être  exercés  par  leurs  officiers;  étaient  rachetés 
par  les  communes,  p.  638;  remboursés,  p.  714. 

—  municipaux,  pp.  34,  68,  71,  79,  89,  io3,  1 15; 
invendus;  leur  rachat,  p.  41  ;  leur  suppression, 
p.  53;  de  1722  supprimés  &  de  1717  rétablis, 
p.  58;  invendus,  p.  87;  perpétuels  rétablis, 
p.  108;  remboursés,  p.  i23,  leur  accès  est  ou- 
vert à  toutes  sortes  de  personnes  graduées  ou 
non  graduées,  p.  636;  rétablis,  p.   1220. 

—  de  Toulouse  réduits  par  un  édit,  p.   1347. 

—  (Création  d'),  pp.  36,  47,  48. 

—  (Rachat  d'),  pp.  35,  42,  45,  46,  5i,  54,  61, 
I 17,  7 i5. 

—  (Remboursement  d'),  p.  46. 

—  (Rétablissement  d'),  pp.  54,  57,  65. 

—  (Rétablissement  d'j  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.  112. 

—  (Réunion  d'),  pp.  33,  49,  5o,  5i,  61,  63,  91, 
109. 

—  Suppression  d'),  pp.  34,  35,  3;,  38,  40,  41, 
4-!,  49,  5o,  5i. 

Officialités  foraines,  p.   i3o3. 

OiFiciERS     des     justices     seigneuriales     protestent 

contre    la     nouvelle     organisation     judiciaire, 

p.   1349. 

—  des  hôtels-de-ville  rétablis,  p.  65. 

—  de  In  Province,  p.   129. 

—  royaux,  quittent  Toulouse  durant  la  peste, 
p.   1341. 

—  recruteurs,  p.  5 10. 

—  de  la  table  de  marbre  de  Toulouse;  leur  igno- 
rance, p.  470. 

Ognon,  rivière  du  Minervois,  p.  S70. 
Olargl'es,  pp.  45,  870,   14CI. 
OLIVARÈS  (Duc  de),  p.    186. 
Olive,  lieu,  p.    i  i3o. 
OLIVE  (Paul),  p.  36o. 
OLIVE  (d'),  p.  449. 

OLIVE  (d'),  substitut  du  procureur  général,  maître 
es  Jeux-Floraux,  p.  661. 

OLIVE  SAINT-SAUVEUR  (d'),  maître  es  Jeux- 
Floraux,  p.  661. 

OLIVE  (d),  président  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.   1219. 

OLIVE  (Chevalier  d'),  p.  i353. 
OLIVE  (d'),  vicaire  général,  p.   i356. 
Olivette,  p.  59. 
Olivier,  près  Toulouse,  p.   I2ï3. 
OLIVIER  (d';,  p.  349. 


OLIVIER,  conseiller  au    Parlement  de  Toulouse, 

p.  352. 
OLIVIER  (d'),  capitoul,  p.  Syr. 
OLIVIER  (Jacques),  fabricant  de  faïence,  p.  Sn. 
OLIVIER  (Anne-Gabrielle  d'),  veuve  de   Pierre  de 

Lévy,  p.  853, 
Oliviers,  pp.  698,  702. 

—  perdus,  pp.  49,  896,   ioo5. 

—  leur  récolte  perdue,  p.  /(Si. 

—  périssent  durant  l'hiver  de   1708,  p.  875. 

perdus  à  la  suite  de  gelées  dans  les  diocèses  de 

Narbonne  &  de  Carcassonne,   p.  943. 

Ol.MET,  p.  863. 

OLONNE  (Duc  d'),  p.  940. 

Olonzac,  pp.  33o,  1401. 

Olobon,  pp.  364,  708. 

OMER  TALON,  p.  881;  proteste  contre  l'usafje  des 

lits  de  justice,  p.  267. 
Ondes,  au  diocèse  de  Toulouse,  pp.  461,  55 1 ,  ko8. 
Opéra,  p.  34. 

OrouL,  sur  la  frontière  du  Roussillon,  p.  212. 
OiAOE   nocturne   des    18-19  juin    1739,   dévastant 

quatre-vingt-quinze    paroisses    de    Gévaudan  , 

p.  73. 
Orages  en  1728,  p.  loio. 

—  en  1731  dans  le  bas  Vivarais  &  dans  le  diotèïs 
de  Saint-Papoul,  p.   1034. 

—  dans  les  diocèses  de  Viviers,  Uzès ,  Nîmes, 
Montpellier,  Saint-Pons  &  Narbonne,  p.  88. 

—  de  grêle  de  1727;  leur  étendue,  pp.  ioo3,  1004. 
Orange,  pp.  33,  735. 

—  (Principauté  d'),  p.  708,  773,  802. 
Oranges  d'Espagne,  p.  481. 

OiusON  funèbre  de  Louis  XIII,  prononcée  prir 
révêque  d'Uzès,  p.   178. 

Oj.aisons  funèbres  :  de  Louis  XIII,  du  premier 
maréchal  de  Schoniberg,  de  Richelieu,  de  Ma- 
zarin,  d'Anne  d'Autriche,  du  prince  de  Conti, 
par  Pierre  de  Bertier,  p.    178. 

Oratoire,  église  à  Paris;  l'évéque  de  Lavaur  y 
prononce  l'oraison  funèbre  de  Louis  XIII, 
p.    178. 

—  (Religieux  de  1'),  p.  Syo. 

—  de  Saint-Honoré,  à  Paris,  p.  721. 

Ord,  rivière,   pp.    90,    461,    472,   473,   870,   882, 

963,  960,  966,   1400. 
OiiBiEU,  rivière,  p.  ioo5. 
Ordan,  p.  474. 
Ordonnance  de  i36i,  p.  i35o. 

—  de  1667,  p.   i325. 

—  de  1670,  p.   i325. 

—  de  1687,  concernant  les  cinq  grosses  fermes, 
p.   845. 

—  de  1681,  concernant  la  ferme  du  tabnc,  p.  845. 

—  de  1680,  concernant  les  gabelles,  p.  8^5. 

—  du  19  mai  171  1,  concernant  la  solde  des  mi- 
lices, p,  49. 

—  de  décembre  1776,  concernant  le  corps  du  gé- 
nie,  p.    rrç^. 


TABLE  GENERAI  F.  DES   NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


Otidonnante  du  29  janvier  n3j,  visant  les  juges 
&  officiers  de  justice  des  juridfcti_ons  royales  & 
seigneuriales,  pp.   i323,   i324,   |325. 

—  de  M.  de  Froidour,  du  29  mai  i683,  relative 
au  sicgc  d'une  maîtrise  d'eaux  &  forets,  p.  27. 

—  de  l'archevêque  de  Toulouse,  du  23  mars  1775, 
défendant  les  sépultures  dans  les  églises,  p.   112. 

—  de  révêque  de  Nîmes,  du  11  avril  i663,  rela- 
tive à  l'enterrement  des  protestants,  p.  18. 

—  de  la  commission  de  1734,  du  3  janvier  1769, 
ponant  règlement  pour  la  reddition  des  comptes 
communaux,  p.    io5. 

—  de  la  même  commission,  du  11  février  I7"3, 
pour  la  conservation  des  archives  communales, 
p.    109.    ^ 

—  de  la  même  commission,  des  2'''  août  8c  j8  no- 
vembre i7-'4,  concernant  l'adminisTiaiion  mu- 
nicipale d'Aniane,  p.    111. 

—  de  la  même  commission,  du  3o  décembre  I7!'2, 
pour  l'administration  de  la  commune  de  Tence, 
p.    120. 

—  de  la  commission  des  vingtièmes,  du  1  1  février 
1767,  p.  io3. 

—  de  la  même  commission,  du  8  mnrs  1770,  p.  106. 

—  des  commissaires  du  roi,  pour  la  levée  du 
dixième  en  Languedoc,  p.  77. 

—  des  commissaires  du  Parlement  en  Vivarais,  du 
1'  novembre  17615,  concernant  les  condamna- 
tions par  contumace,  p.   ic3. 

—  des  mêmes  commissaires,  du  18  décembre  1766, 
pour  le  même  objet,  p.   io3. 

—  des  commissaires  du  Parlement,  des  28  &  29  jan- 
vier 17S3,  concernant  les  devoirs  &  les  lonctions 
de  plusieurs  magistiats  dans  le  Gévaudan,  le 
Vivarais  &  les  Cévennes,  p.   122. 

—  du  28  janvier  1784,  visant  les  procureurs,  ren- 
due par  les  commissaires  nommés  par  le  Parle- 
ment pour  réformer  l'application  de  la  justice 
dans  divers  lieux,  pp.   |32|,  |322,  i323. 

—  de  l'intendant  d'Aguesseau,  du  18  jiiillet  1678, 
pour  la  conservation  des  chemins,  p.  26. 

—  de  l'intendant,  du  8  juillet  i-'c2,  réglant  la 
marche  des  officiers  royaux  &  des  maires  dans 
les  processions,  p.  35. 

—  de  l'intendant,  du  16  octobre  1727,  sur  Us 
transports  militaires,  p.  61. 

—  de  l'intendant,  du  16  mai  1706,  relative  à  la 
fabrication  d'étoffes,  p.  42. 

—  de  l'intendant,  du  18  septembre  1706,  pour  la 
fabrication  des  draps  du  Levant,  p.  43. 

—  de  l'intendant,  du  16  juillet  170S,  réglant  la 
composition  du  bureau  de  santé  de  Cette,  p.  46. 

—  de  l'intendant,  du  23  juillet  1708,  relative  à 
l'entretien  de  chaussées,  p.  46. 

—  de  l'intendant,  du  25  septembre  I7r8,  ordon- 
nant l'emploi  de  la  balance  pour  le  peioge  des 
irarchandises  précieuses,  p.  47. 

—  de  l'intendant,  du  21  décembre  1708,  pour 
l'iUtretien  de  chaussées,  p.  47. 

—  ^e  l'intendant,  du  3o  janvier  1714,  sur  la  fa- 
brication des  cadis,  p.  5o. 

—  ^le  l'intendant,  du  29  décembre  1722,  pour  la 
(;:!-'.  ication  des  toiles  rousses,  crues  &  grise< . 
P     57. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i579 


OnnONNANCE  de  l'intendant,  du  i'' juillet  lySy, 
relative  au  pliage   des  toiles  d'Albigeois,    p.   71. 

—  de  l'intendant,    du    27    novembre    1738,    pour 
-   l'entretien  du  canal  des  Etangs,  p.  72. 

—  de  l'intendant,  du  28  avril  lySp,  pour  l'entre- 
tien de  fossés,  p.  -jS. 

—  de  l'intendant,  du  20  août  1740,  pour  la  fabri- 
cation des  étoffes  des  Cévennes,  p.  74, 

—  de  l'intendant,  du  18  juillet  1741,  pour  la 
conservation  des  bois  &  la  police  des  verreries, 
p.  70. 

—  de  l'intendant,  du  19  mai  1745,  relative  au 
logement  &  au  casernement  des  troupes  en  Lan- 
guedoc, p.  80. 

—  de  l'intendant,  du  14  janvier  1747,  portant 
règlement  pour  la  fabrication  des  serges  poJi- 
laires,  p.  82. 

—  de  l'intendant,  du  8  mars  1747,  pour  les  car- 
deurs  de  laine  du  diocèse  de  Lodève,  p.  82. 

—  de  l'intendant,  du  même  jour,  concernant  la 
marque  des  diaps  fabriqués  pour  les  troupes  du 
roi,  p.  82. 

—  de  l'intendant,  du  18  août  i"47,  concernant  la 
teinture  &  les  marques  des  draps  destinés  au 
I  evant,  p.  82. 

—  le   l'intendant,   du   ?i   avril   1748,  sur  le   com- 

erce  des  grains,  p.  83. 

—  le  l'intendant,  du  1"' juillet  I7.ï^,  pour  établir 
!-■  bon  ordre  dans  la  foire  de  Beaucaire,  p.  85. 

—  !e  l'intendant,  du  2  juin  1761,  concernant  la 
rlature  des  soies,  p.  86. 

—  le  l'intendant,  du  23  décembre  I75|,  pour 
l'application  de  la  roulette  aux  filatures  de  soie, 
p.   86. 

—  de  l'intendant,  du  12  février  1753,  concern.int 
i'apprét  des  cuirs,  p.  87. 

—  de  l'intendant,  du  28  novembre  i-53,  concer- 
nant le  logement  des  troupes,  p.  87. 

—  ie  l'intendant,  du  26  octobre  1770,  pour  la 
i  onservation  des  chemins,  p.   107. 

—  de  l'intendant,  d»  20  juin  1771,  pour  la  con- 
servation des  travaux  de  la  plaine  de  Coursan, 
p.    108. 

—  le  l'intendant,  du  1"  avril  1772,  pour  la  con- 
:;rvation  de  chemins,  p.   ic8. 

—  le  l'intendant,  du  8  juillet  1772,  pour  le  même 
f  bjet,  p.   108. 

—  ic  l'intendant,  du  17  juillet  1786,  concernant 
lii  conservation  des  tamaris  &  des  pins  mariti- 
n-.cs,  p.  125. 

—  de  l'intendant,  du  25  juillet  i"86,  pour  la 
conservation  des  chemins  de  la  forêt  deMazan, 

p.      125. 

—  de  l'intendant,  du  4  septembre  1786,  concer- 
nant le  lestage  &  le  délestage  des  bâtiments  du 
port  de  la  Nouvelle,  p.    125. 

—  de  l'intendant,  du  3o  avril  17S7,  pour  la  con- 
servation des  canaux  de  Capestang  à  Narbonne, 
p.    126. 

—  du  maréchal  de  Montrevel,  du  23  février  17  3, 
contre  les  camisards  pris  les  armes  à  la  main, 
p.  37. 

—  du  même  maréchal,  du  24  février  1703,  contre 
les  fanatiques,  p.  37. 


Ordonnance  du  même  maréchal,  du  14  septembre 
1703,  pour  la  destruction  de  paroisses  dans  les 
Cévennes,  p.  33. 

—  du  même  maréchal,  du  20  septembre  171^3,  re- 
lative aux  lieux  de  retraite  pour  les  anciens 
catholiques  pen.iant  la  dévastation,  p.  38. 

—  du  maréchal  deVillars,  du  29  mai  1704,  contre 
les  assemblées,  p.  40. 

—  du  même  maréchal,  du  17  juin  1704,  contre  les 
parents  des  insoumis,  p.  4c. 

—  du  maréchal  de  Richelieu,  contre  les  assemblées 
des  protestants,  p.  87. 

—  du  prince  de  Beauvau,  du  i"  juillet  1766, 
concernant  le  droit  de  port  d'armes,  p.   102. 

—  du  roi,  du  i5  septembre  i685,  prescrivant  à 
tous  les  protestants  qui  étaient  venus  s'établir 
dans  Toulouse  d'évacuer  cette  ville  dans  ie  délai 
de  huit  jours,  p.  28. 

—  du  roi,  du  7  décembre  1686,  cassant  une  déli- 
bération de  l'hôtel-de-ville  de  Toulouse,  p.  29. 

—  du  roi,  du  23  février  1703,  contre  les  attrou- 
pements, p.  37. 

—  du  roi,  du  1  i  septembre  1703,  au  sujet  des  pas- 
seports, p.  38, 

—  du  roi,  du  1"  avril  1740,  réglant  le  nombre  & 
la  qualité  des  voitures  à  fournir  aux  troupes  de 
passage  en  Languedoc,  p.  74. 

—  du  roi,  du  4  mars  1744,  réglant  le  tirage  au 
sort  pour  remplacer  des  gardes-côtes,  p.  70'. 

—  du  roi,  du  3  février  1757,  réglant  le  nombre  & 
la  qualité  des  voitures  à  fournir  aux  troupes  de 
passage  en  Languedoc,  p.  pi. 

—  du  roi,  contre  les  insurgés  dts  Ccvennesj  étude 
de  ce  document,  pp.  781,  782,  783. 

—  de  Crémieux,  p.   i3i6, 

—  du  Louvre,  p.    i3i7. 

—  de  Moulins,  p.    i3i6. 

—  d'Orléans,  p.   1316. 

—  de  Villers-Cotterets,  p.    i323. 

Oruhe  public  est  mis  en  danger  par  suite  d'une 
sufjerposition  de  magistratures  mal  coordon- 
nées, p.   i5o. 

—  de  Malte,  pp.  1026,  1  198  i334;  ses  possession! 
dans  la  partie  orientale  du  Languedoc  sont 
inondées,  p.   1  i36. 

—  du  Saint-Esprit,  p.    i334. 

—  de  Saint-Lazare,  p.   1334. 
Ordres  militaires  supprimés,  p.  29. 

—  privilégiés  protestent  dans  les  cahiers  de  1789 
contre  les  formes  du  despotisme,  pp.   i  H8  1 ,  1  382. 

OREILLY,  premier  consul  d'Anduze,  p.   127. 
Organisation  défectueuse  des  Etats  de  Languedoc 
signalée,  pp.   1298,   1299. 

—  ecclésiastique  en  Languedoc;  nombre  de  cou- 
vents d'hommes,  de  iîlles;  leurs  revenus,  p.  694. 

—  féodale;  elle  fausse  l'application  de  la  justice, 
pp.  i325,  i326. 

—  lïodale  en  Gévaudan,  pp.  1  1 5o,  ii5i,  11 52, 
I  i53. 

—  féodale  en  Vivarais,  p.   ii5o. 

—  judiciaire,  p.   1  33  1 . 

—  j'idiriaire  défectueuse  dans  le  Vêlai  &  en  Viva- 
rais, p.  I  100. 


i58o 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


OkgamsatiON  de  la  justice  royale  &  seigneuriale 
dans  les  Cévennes,  le  Gévaudan  &  le  Vivarais, 
pp.  iSzi,  i322,  i323,  i324,  i325. 

—  de  la  justice  en  Gévaudan,  p.  i386. 

—  municipale  de  Toulouse  modifiée,  pp.  1289, 
1290,  1291,   1292,  1293. 

OiiGANiSME  provincial  ;  ses  complications  &  ses 
obscurités,  p.  963. 

Obgancinage  des  soies,  p.  95. 

Or.GE  (Bassin  de  1'),  p.  552. 

OniPLES  (Sienr  d'),  maître  particulier  des  eaux  & 
forêts,  accompagne  Froidour  dans  le  Velai  en 
1668,   p.  481.  _ 

Orléans,  p.  i3i6;  les  Etats  généraux  y  sont  con- 
voqués en   1648,  p.  278. 

ORLÉANS  (Duc  d').  l^olr  GASTON  D'ORLÉANS. 
ORLÉANS  (Duc  d'),  régent  du    royaume,  pp.  91  1, 

951,   1069. 
ORLEANS   (Duc    d'),    p.     i338;    exilé    pour    s'être 

associé  à   l'opposition   du   Parlement  de   Paris, 

p.   1344. 

—  (Régiment  d'),  p.   1384. 

ORMESSON  (d'),  intendant  d'Auvergne,  p.  85i. 

Op.PAiLLEUBS,  dans  le  diocèse  d'Alet,  p.  698. 

ORRY,  contrôleur  général,  p.    1041, 

OusEii-LE,  p.  59. 

Or.sSANS,  au  diocèse  de  Mi repoix,  p.    1009. 

ORTET  DE  RIBONNET  (Chevalier  d'),  p.    |352. 

ORTIS  (Marie  d'),  p.  076. 

0RVAL(M"''  d'),  p.  382.     . 

OSMOND  DE  MÉDAVY  (d"),  évêque  de  Comrain- 
ges,  fiiit  étudier  les  cas  d'épizootie  dans  son 
diocèse  &  remet,  le  17  décembre  1774,  un  mé- 
moire qui  est  le  point  de  départ  des  mesures 
prises   pour  combattre  le  fléau,  pp.    1232,   1233. 

OsTALRic,  sur  la  côte  de  Catalogne,  p.  364. 

OUAILLY,  capitaine  des  gardes  de  Gaston  d'Or- 
léans, p.   I 88. 

OUCHES  (des),  gentilhomme  de  la  maison  de  Gns- 
ton  d'Orléans,  pp.  7,  275,  286,  327,  33  1 }  envoyé 
en  Languedoc  par  le  duc  d'Orléans  pour  prépa- 
rer les  élections  aux  Etats  généraux;  sa  proposi- 
tion d'une  entreprise  de  carrosses;  ses  manœu- 
vres contre  la  candidature  de  l'archevêque  de 
Toulouse,  p.  28  I;  assure  aux  protestants  la  pro- 
tection du  duc  d'Orléans,  p.  283;  son  témoi- 
gnage tenu  en  suspicion  par  les  catholiques, 
p.  284;  plaintes  contre  lui,  p.  286;  pression 
exercée  par  lui  à  l'assemblée  de  GaïUac,  p.  287; 
prend  le  titre  de  marquis  dans  son  voyage  à 
Toulouse  en  i65o,  p.  298;  est  capitaine  des 
gardes  suisses   du  duc  d'Orléans,  p.  iz6. 

Ol'DENARDE,  p.    882. 

OtIDIN,  dominicain,  p.   1187. 
OULEZ,  habitant  de  Castres,  p.  868. 
OuLiÉBES  (Les),  en  Vivarais,  p.  35. 
OupiAN,  p.  33o. 

OURADOU  (Germain),  condamné  pour  contraven- 
tion aux  mesures  relatives  à  l'épizootie,  p.  1  257. 
Ouragans  en  Vivarais  en   1783,  p.   i3io. 
OuVElLLAN,  p.  333. 
OuvÉZE,  rivière,  p.  602. 


Ol^VRAGES  publics,    p.     120. 

—  publics   des   diocèses    donnés    en    adjudication, 
p.    1  14. 

—  d'orvillerie  en  fil  d'archal,  p.  485. 
OtVBiEBS  catholiques    expulsés    des    manufactures 

protestantes,  p.  53o. 

—  employés    par    les   fabricants    de    Carcassonne, 
p.    75. 

■ —  en  soie  ruinés  par  les  mesures  prises  contre  les 
protestants  de  Nîmes,  p.  53o. 

—  des  villes  quittent    la    Province   par  suite  de  la 
misère  générale,  p,   164. 

OVKR-YSSEL,   p.    818. 

OwK,  en  Vivarais,  p.   1202. 


PAC  BADENS  'Marquis  du),  député  aux  États  gé- 
néraux, p.    I 317. 

PAtiricATiON  des  Cévennes,  pp.  834,  835,  836, 
837,  838. 

PADER,  maître  es  Jeux-Floraux,  p.  661. 

Padiés,  en  Albigeois,  p.  3io. 

PAGES,  curé  de  Muret,  maître  es  Jeux-Floraux, 
p.  66 1 . 

Pailharés,  paroisse,  pp.  870,  1410. 

PAILHÈS  (Louis  dej,  maire  perpétuel  de  Montes- 
quieu, p.  639. 

Pailiiks,  commune,  p.  1009. 

—  (Col  de),  p.  985. 

PAILHOUX  (Gaspard),  docteur-médecin  de  la  fa- 
culté de  Montpellier,  médecin  des  Etats  de  Lan- 
guedoc, p.    1  029. 

PAILHOUX  fils;  les  États  demandent  des  lettres  de 
noblesse  en  sa  faveur,  p.    1049. 

Paimpont,  abbaye,  p.  1020. 

Pain  rénit,  offert  par  Louis  XIV  &  Anne  d'Au- 
triche dans  l'église  de  Saint-Etienne  à  Toulouse, 
p.   372. 

Paire,  lieu,  p.  488. 

Pairs  du  royaume  représentés  au  sacre  de  Louis  XV, 
p.   971. 

Paix  d'Aix-la-Chapelle;  texte  de  la  proclamation 
lue  à  Toulouse,  p.    ic8q. 

—  des  Pyrénées,  pp.  14,  495,  791  ;  non  exécutée 
en  matière  de  tarif,  p.  704. 

—  de  Clément  IX,  p.  861. 

—  de  Clément  XI,  p.  57. 

—  de  Nimègue,  p.  607. 

—  de  Ryswyck,  p.  708. 

PAJOT,   intendant  de   la    généralité  de  Montau- 

ban,  p.  996. 
Palais-Royal,   à    Paris,    habitation    du    régent, 

p.  908. 
PALAIS  (Marquis  du),  p.    194. 
Palaminv,  commune,   p.   10^9. 
l'ALANQUET  (Jean),  p.  S64. 
PALAPRAT   (Jean    àe,,   chef  du    consistoire;    son 

piojet     de     rajeunir    l'institution     de     la     gaie 

science,  pp.  656,  657. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


[58i 


PALAPRAT,  avocat,  tnainteneiir  des  Jeux-Flo- 
raux, p.  66 1  . 

PALASSE  (Abbé  de^,  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.   1219. 

Pauvas,  p.  384. 

PALAVICINI,  gouverneur  de  Tarragone,  p.  296. 

Paleficat,  près  Toulouse,  pp.   1223,  1224. 

Pai.rebs  (Côte  de),  p.   1 149. 

PA[.Ht.S,  avocat  au  Parlement,  capitoul,  p.  2.;3. 

PALLEVILLE  (de),  enfermé  au  fort  de  Brescou 
pour  s'être  marié  au  désert,  p.  84. 

PALLEVILLE  (M""  de\  enfermée  dans  un  cou- 
vent pour  s'être  mariée  au  désert,  p.  84. 

Palmerolles,  p.  806. 

PALMEROLLES  'Sieur  de\  p.  806. 

P\  Ml  EUS,  pp.  97,  ii5,  3i8,  5i8,  r)i9,  1178,  1349, 
i3'):;  une  maîtrise  des  eaux  &  forêts  y  est  éta- 
blie en   167  I,  p.  471. 

—  (Diocèse  de),  pp.  Ô17,  619,   1  33  1 ,  1404. 

—  ;'Evéque  de),  pp.  il,  22;  résiste  à  l'extension 
du  droit  de  régale,  p.  5o3, 

—  (Sénéchal  de),  p.   1211. 

Pampelo.nne,  lieu,  pp.   1197,   1201,  1376,  1408. 

PAMPELONNE  (Abbé  de),  archidiacre  de  la  cathé- 
drale de  Viviers,  député  aux  États  généraux, 
p.   1376, 

PAMPELONNE  (Sieur  de),  p.    1  197. 

Pampelc.ne,  p.  83. 

P.ANAT  (Marquis  de),  député  aux  Etats  généraux, 
pp.  i35i,  i352,  i377;  reçu  en  l'académie  des 
.^cux-Floraux,  p.   1377. 

PASNETIER  (Comte  de),  p.  i3'.3. 

Papier  terrier;  droits  à  payer  pour  sa  confection, 
pp.  3i,  714,    1048. 

PspiERS  terriers,  p.  45. 

PvpiER  &  PARCHEMIN  timbré,  p.   loSo. 

PAPL'S  (Jean  de),  p.   199. 

PAPUS  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
pp.   243,  329,   349,  302. 

PAPUS  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.   1219. 

PAPUS  (Baron  de),  p.   1352. 

PAPUS-BÉRAT  (Chevalier  de),  p.  i3.i5. 

PAPUS-LACASSAIGNÈRE,  ancien  capitoul,  p.  ô.'iS. 

PARAIRE,  capitoul,  p.  (Î58. 

P»r.ATTE,  p.  761. 

PARATTE  (de),  pp.   789,  818. 

Paraza,  p.  1219. 

PARAZA  (de),  conseiller  au  P.nrlement  de  Tou- 
louse, pp.   1193,   1198;  son  exil,  p.   1219. 

PARAZOLS  (de),  procureur  du  roi  près  le  Parle- 
ment de  Toulouse,  p.   1249, 

PARAZOLS  (Chevalier  de),  p.  i352. 
PARDAILHAV    (de),    président   au    Parlement   de 

Toulouse,  p.    I  I  02. 
Pardeillas  (Régiment  de),  p.  33o. 
Pardiac,  p.  471. 
Parèace    de    Gévaudan    entre    le    roi    &   l'évéque, 

p.    'yj. 
ParEaces,  p.  i386. 


Parelrs  de  Saint-Chinian,  p.  73. 

PiRILMS  fabriqués  à  Montpellier,  p.  846. 

Parig.vargues;  démolition  de  son  temple,  p.   19. 

Paris,  pp.  2,  60,  ii5,  242,  240,  247,  364,  367, 
33?,  389,  477,  552,  640,  85o,  910,  945,  984, 
IC23,  io65,  1221,  1222;  le  palais  du  Luxem- 
bourg appelé  sous  la  régence  palais  d'Orléans, 
p.  i85;  un  député  d'Uzès  y  est,  en  1648,  atta- 
qué en  plein  jour  par  des  assassins,  p.  274; 
émotion  dans  cette  ville  à  la  suite  de  l'arresta- 
tion du  conseiller  Broussel  ;  troupes  levées  par 
ordre  du  Parlement;  est  bloqué,  p.  278;  n'a  pas 
de  maire  perpétuel,  p.  635, 

—  (Archevêque  de),  p.  920, 

—  (Vicomte  de),  p.   1392. 
PARIS,  diacre,  p.  67. 

Parlement  d'Aix;  demande  assistance  aux  Etats 
de  Languedoc,  p.  287. 

—  de  Besançon,  pp.  98,  I2i5. 

—  de  Bordeaux,  pp.  2,  197,  294,  298,  1419;  le 
roi  répond  à  ses  remontrances  en  tenant  un  lit 
de  justice  au  Parlement  de  Paris,  pp.  1342, 
1343. 

—  de  Dauphiné,  p.  376. 

—  de  Dijon,  pp.  98,  323. 

—  de  Douai,  pp.    121.'),  |333,  1419. 

—  de  Grenoble,  pp.  11,  20,  23,  98,  405,  412, 
418,   1419- 

—  de  Nancy,  p.  1419. 

—  de  Navarre,  p.  319. 

—  de  Nimes,  p.  1 10. 

—  de  Paris,  pp.  191,  166,  270,  298,  3oo,  364, 
397,  666,  880,  881,  914,  928,  93i,  989,  1041, 
1267,  1339;  proclamation  de  la  régence  d'Anne 
d'Autriche,  pp.  i34,  i35;  hostile  au  ministère, 
p.  269;  ses  exigences;  lève  des  troupes,  p.  278; 
accusations  portées  contre  ses  membres  par  le 
parti  de  la  Cour;  princes  &  grands  seigneurs 
ayant  pris  parti  pour  lui,  p.  279;  sa  paix  avec 
la  Cour,  p.  283;  son  attitude  après  l'arresta- 
tion des  princes,  pp.  293,  296;  bannit  Ma- 
zarin,  p.  3o3;  met  sa  tête  à  prix,  p.  335; 
transféré  à  Pontoise,  p.  341  ;  enregistre  l'édit 
relativement  à  la  vénalité  des  offices  munici- 
paux, p.  636;  supprime  un  bref  du  pape,  mais 
l'arrêt  n'est  pas  publié,  p.  862;  son  arrêt  adju- 
geant à  Samuel  Bernard  la  terre  de  Rieux, 
p.  873;  supprime,  comme  pièce  apocryphe,  le 
bref  de  Clément  XI  contre  l'évêque  de  Saint- 
Pons,  p.  881  ;  se  rend  près  de  Louis  XV,  à 
Marly;  casse  le  testament  de  Louis  XIV,  p.  910; 
reçoit  communication  du  mémoire  de  l'évêque 
d'Alais  contre  les  protestants,  p.  994;  défend 
de  recevoir,  dans  son  ressort,  la  légende  de 
Grégoire  VII,  p.  1014;  expédie  au  Parlement 
de  Toulouse  les  pièces  demandées  pour  servir 
au  procès  contre  les  jésuites,  p.  i  173;  est  dis- 
persé, p.  1210;  rétabli  le  12  novembre  1774, 
sans  nouvelles  provisions,  p.  I232;  son  refus 
d'enregistrer  la  loi  du  timbre  nécessite  un  lit 
de  justice;  est  exilé  à  Troyes,  où  il  enregistre 
le  rétablissement  des  vingtièmes;  est  rappelé  à 
Paris;  le  roi  s'y  rend  en  personne  pour  faire 
enregistrer  l'édit  des  impôts  graduels,  p.  1342; 
affirme  son    intention    d'améliorer   le    sort   des 


I.)»2 


8: 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


protestants,  p.  iT^Sj  les  parlementaires  répon- 
dent par  des  déclamations  qui  durent  sept  heu- 
resj  Tenregisirement  n'est  obtenu  que  par  un 
lit  de  justice,  p.  i34-;;  sa  résistance  à  Louis  X^'I, 
p.  1346;  reçoit  une  sévère  mercuriale  du  roi  & 
entend  l'exposé  du  plan  de  la  nouvelle  organi- 
sation judiciaire,  p.   1347. 

Parlement  de  Pau,  p.  98. 

—  de  Provence,  pp.  6,   084. 

—  de  Rouen,  p.  1419- 

—  de  Toulouse,  pp.  i,  5,  6,  7,  181,  197,  198, 
23i,  232,  298,  299,  3i8,  323,  334,  405,  438, 
708,  801,  864,  929,  io3^,  1041,  1049,  1  o5 1 , 
1070,  1293,  i3oo,  1371,  i393;  enregistre  la 
déclaration  de  régence;  interdit  l'accaparement 
&  l'exportation  des  grains;  rend  une  ordon- 
nance au  sujet  du  décri  des  monnaies,  p.  i  ; 
tend  à  reconquérir  l'omnipotence  dont  il  avait 
joui  pendant  la  Ligue,  p.  i33;  reçoit  le  texte 
de  la  lettre  de  Louis  XIV  &  de  la  régente  an- 
nonçant la  mort  de  Louis  XIII;  interdit  toute 
espèce  d'assemblée,  p.  i35;  suspend  les  audiences 
jusqu'après  le  service  funèbre;  interdit  pendant 
quarante  jours  de  deuil  les  jeux  &  les  spectacles 
publics;  envoie  une  députation  au  roi;  sa  com- 
position, p.  i36;  ses  tendances  dès  les  premiers 
jours  de  la  Régence,  pp.  i37,  i38  ;  ses  attaques 
contre  l'institution  des  intendants,  pp.  iSg, 
140;  demande  la  suspension  de  l'exécution  des 
édits,  p.  142;  enregistre  sans  observations  les 
lettres  patentes  du  3i  mai  1643,  p.  143;  reçoit, 
les  chambres  assemblées,  l'arrêt  du  conseil  lui 
défendant  de  se  mêler  d'affaires  d'impôts,  &  or- 
donne des  remontrances  particulières,  p.  146; 
fait  briller  par  le  bourreau  un  libelle,  p.  147; 
rend  un  arrêt  au  sujet  d'une  émeute,  à  laquelle 
avaient  pris  part  quelques-uns  de  ses  membres, 
pp.  149,  1 5o  ;  casse  l'élection  des  capitouls, 
p.  3;  son  ingérence  dans  les  élections  capitu- 
laires  de  Toulouse,  pp.  169,  170;  son  action 
dans  les  élections  capitulaires,  p.  172;  sa  résis- 
tance aux  ordres  de  la  Cour  relativement  au 
franc-salé,  p.  175;  sa  protestation  contre  l'ar- 
rêt du  conseil  relativement  à  ses  délibérations 
sur  le  franc-salé,  p.  176;  enregistre  les  lettres- 
patentes  nommant  Gaston  d'Orléans  gouverneur 
de  Languedoc,  pp.  188,  189;  sa  députation 
au  nouveau  gouverneur,  p.  189;  emprunt  pour 
les  frais  de  cette  députation,  p.  190;  juge  un 
conseiller  duelliste  du  parlement  de  Grenoble, 
p.  193;  ses  membres  refusent  le  payement  des 
tailles  que  doivent  les  fonds  qu'ils  possèdent, 
p.,  196;  conflit  élevé  par  lui  avec  le  conseil 
d'Etat  au  sujet  de  taxes,  pp,  204,  2o5,  206, 
207,  208  ;  accepte,  après  résistance,  les  capitouls 
imposés,  p.  216;  condamne  les  capitouls  fugi- 
tifs; disposition  spéciale  inscrite  au  registre 
secret;  est  humilié  d'être  traité  par  le  duc 
d'Orléans  sur  le  même  pied  que  les  capitouls, 
p.  222;  est  trahi  par  quelqu'un  des  siens  qui 
rend  compte  à  Paris  des  moindres  démarches  de 
la  Cour,  p.  223;  continue  sa  lutte  contre  les 
capitouls,  p.  220;  sa  lettre  à  toutes  les  puissances 
contre  les  capitouls,  p.  226;  refuse  de  recevoir 
les  capitouls,  p.  228;  ses  dispositions  hostiles, 
p.  229;  connaît  de  nouveau  de  la  poursuite  des 
rogneurs   &    faux  monnayeurs;    son    procès   au 


chevalier  de  Roquelaure,  p.  241  ;  intervient  dans 
les  affaires  capitulaires  contre  le  conseil  d'État, 
p.  243;  interdit  le  port  d'armes  &  ordonne  des 
patrouilles  de  nuit,  p.  4;  condamne  le  marquis 
&  le  comte  de  Rabat  aux  g.ileres,  p.  264;  ses 
tendances  a  la  domination,  p.  267;  son  impuis- 
sance à  réprimer  les  crimes  dans  certaines  par- 
ties du  Languedoc,  pp.  268,  270;  ses  remon- 
trances, p.  271;  son  désir  d'attirer  à  Toulouse 
la  chambre  de  l'édit  de  Castres,  p.  285  ;  fait  un 
arrêt  contre  les  semeurs  de  fausses  nouvelles, 
p.  286;  reçoit  la  députation  des  Etats  venant 
réclamer  contre  les  violences  militaires,  p.  288; 
son  arrêt  telativement  à  l'entrée  à  la  comédie  à 
Toulouse,  p.  293;  met  sous  la  sauvegarde  du 
roi  &  du  Parlement  le  couvent  des  Salenques, 
p.  294;  son  attitude  après  l'arrestation  des 
princes,  p.  256;  sa  guerre  aux  capitouls,  p.  297; 
hostilité  contre  les  Etats  de  Languedoc,  pp.  3co, 
3  :;  I  ;  Ses  remontrances  au  roi  au  sujet  des  prin- 
ces prisonniers,  p.  3oo  ;  demande  l'expulsion 
de  Mazarin,  p.  3oi;  ses  remontrances  au  roi; 
arrêt  contre  le  cardinal  Mazarin,  p.  7;  ses  re- 
montrances au  roi  en  i65i,  p.  8;  riposte  à 
l'arrêt  de  la  chambre  des  comptes  de  Montpel- 
lier, qu'il  accuse  d'exactions;  décrète  de  prise 
de  corps  les  commissaires  de  cette  cour;  envoie 
des  commissaires  dans  la  Province,  p.  3o2  ;  sa 
lutte  avec  les  Etats  continue,  p.  3c3  ;  nouvel 
arrêt  contre  la  cour  des  comptes  de  Montpellier  ; 
ses  remontrances  au  roi,  p.  3^4;  ordonne  des 
poursuites  contre  Mazarin  &  la  saisie  de  ses 
bénéfices  situés  dans  le  ressort,  p.  3o5;  sa  colère 
&  son  impuissance;  ordres  d'arrestations;  con- 
damnations à  mort;  confiscations  de  biens,  &c., 
pp.  3o6,  3o7;  arrêt  contre  les  intendants  de 
justice,  police  &  finances,  p.  7;  continue  sa 
lutte  contre  les  Etats;  attaque  l'épiscopat  de 
Languedoc,  p.  3o7  ;  décret  de  prise  de  corps 
contre  l'archevêque  de  Narbonne,  p.  8;  ses  or- 
donnances pouvant  provoquer  la  guérie  civile, 
p.  3o9;  s'attribue  le  droit  de  réglementer  les 
impositions;  préambule  de  son  arrêt  k  ce  sujet, 
pp.  3  I  o,  3  1  1  ;  est  blâmé  par  l'assemblée  générale 
du  clergé  de  sa  conduite  vis-à-vis  des  prélats  de 
Languedoc,  p.  3ii;  nomme,  le  i3  juin  i65i, 
des  commissaires  pour  visiter  Hl  Province,  p.  8; 
départ  de  ces  commissaires  en  i65i,  pp.  8,  9; 
trêve  avec  les  Etats,  p.  3i4;  son  attitude  aux 
obsèques  de  M.  de  Montchal,  p.  3 17;  nomme 
des  commissaires  extraordinaires  ;  est  blâmé  par 
le  conseil  d'Etat,  p.  32i;  modifie  le  mode  de 
représentation  de  la  noblesse  aux  Etats,  p.  322  ; 
ses  remontrances  pour  le  retour  du  prince  de 
Condé  ;  contre  l'arrêt  du  conseil  du  23  juin, 
p.  322;  demande  le  retour  du  prince  de  Condé 
&  l'éloignement  de  Mazarin,  p.  8;  sa  paix 
avec  les  Etats,  p.  33 1  ;  met  à  prix  la  tête  de 
Mazarin,  pp.  9,  33.');  ses  remontrances  contre 
le  retour  de  Mazarin,  p.  9;  fait  une  démons- 
tration en  faveur  du  prince  de  Condé,  p.  336; 
casse  les  élections  de  Carcassonne,  p.  338;  in- 
tervient pour  le  payement  d'une  contribution 
de  guerre  au  prince  de  Conti,  p.  341;  donne  un 
décret  de  prise  de  corps  contre  des  gentilshom- 
mes qui  lèvent  des  gens  de  guerre  &  ravagent  le 
pays,  p.  342;  enregistre  les  lettres  de  gtâce  de 
Saint-Aunez,  p.  344;   nouvelle   ingérence  dans 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES, 


i583 


les  élections  cajatulaires,  p.  347;  n'enregistre 
qu'après  cinq  ans  l'amnistie  accordée  aux  pro- 
testants, qui  avjiient  pris  les  armes  durant  la 
Fronde,  p.  Sfîo;  instruit  contre  les  auteurs  des 
brigandages  en  Gévaudan,  p.  35o;  cherche  à 
arrêter  les  violences  commises  dans  le  pays, 
p.  35i)  enregistre  la  nomination  du  prince  de 
Conti  comme  gouverneur  de  la  Province  de  Lan- 
guedoc, p.  383;  tente  de  réprimer  les  rapines 
de  Balthasar  de  Langlade  en  Gévaudan,  p.  397; 
envoie  un  commissaire  à  Castres,  p.  iS;  annu- 
lation de  contrats  de  louage  d'offices  de  con- 
seillers, p.  i5;  ordonne  la  saisie  des  revenus 
de  l'archevêché  d'Auch,  p.  16;  son  immixtion 
dans  les  luttes  entre  l'évéque  d'AIet  &  la  no- 
blesse de  son  pays,  p.  411;  continue  à  prendre 
parti  contre  l'évêque  d'AIet,  pp.  412,  4i3; 
prend  parti  pour  les  capucins  contre  l'évêqiie 
d'AIet,  p.  417;  son  animosité  contre  les  capi- 
touls,  p.  418;  sa  jurisprudence  concernant  la 
reconstruction  d'églises  est  attaquée  par  l'évêque 
de  Nîmes,  p.  421;  recouvre  son  entière  juriHic- 
tion  par  la  st.spensicn  du  droit  d'évocation, 
p.  440;  soins  qu'il  se  donne  pour  le  service  fu- 
nèbre d'Anne  d'Autriche,  p.  442;  favorisait  les 
usurpations  des  forets  en  cassant  les  procédures 
des  officiers  des  eaux  &  forets,  p.  468;  tend  à 
restreindre  l'accroissement  des  biens  de  main- 
morte, &  cherche  à  réprimer  l'instinct  processif 
des  couvents,  p.  493;  condamne,  sur  la  de- 
mande de  l'archevêque  de  Toulouse,  le  père  Cerle 
à  avoir  la  tête  tranchée;  l'exécution  a  lieu  en 
effigie,  p.  5i8;  ordonne  la  démolition  du  tem- 
ple de  Montpellier,  p.  jzâ;  veut  commencer 
contre  les  réformés  de  Montauban  une  procé- 
dure analogue  %  celle  employée  à  Montpellier; 
il  est  arrêté  par  le  ministre,  p.  027;  confirme 
les  règlements  de  l'institut  des  Filles  de  l'En- 
fance, &  enregistre  les  lettres  patentes  approu- 
vant cette  congrégation,  p.  .")77  ;  députe  deux 
commissaires  pour  réclamer  cinq  jeunes  filles 
appartenant  à  cet  institut,  p.  583;  ses  membres, 
à  propos  de  la  création  de  l'armorial,  font  en- 
registrer leurs  armes  personnelles  à  côté  de  celles 
de  la  cour,  p.  681;  nombre  d'officiers  qui  le 
composaient  en  1698,  p.  tç';  enregistre,  le 
22  novembre  1703,  la  déclaration  défendant  aux 
communes  de  plaider  sans  autorisation,  p.  847; 
sa  jurisprudence  relativement  au  droit  d'au- 
baine, p.  864;  sa  juridiction  sur  le  pays  de 
Foix,  p.  872;  ses  arrêts  dans  le  procès  sur  la 
nobilité  des  terres  entre  l'abbaye  de  Boi.lbonne 
&  les  consuls  de  Cintega belle,  p.  872  ;  règle  les 
diftércnds  relatifs  aux  huiles,  p.  877;  sa  juris- 
prudence au  sujet  du  droit  de  prêlation,  p.  934; 
prescrit  la  formation  de  conseils  de  santé,  voyant 
la  Province  menacée  par  la  peste  de  Provence, 
p.  960;  se  réunit  le  14  septembre  1727,  p.  1  006  ; 
reste  muet  sur  les  revendications  de  l'évêque  de 
Nimes  à  propos  de  la  légende  de  Grégoire  VII, 
p.  1014;  s'occupe  de  l'affaire  du  duc  d'Uzès, 
p.  io36i  se  réunit  à  cause  de  l'émotion  pro- 
duite à  Toulouse  par  la  cherté  des  grains;  me- 
sures militaires,  pp.  1084,  loSj;  cite  le  père 
Dezeiizes,  jésuite,  à  propos  d'un  sermon,  lut 
défend  de  professer  dans  les  écoles  publiques  & 
le  cr,ndamnc  à  recevoir  une  admonestation  dans 
la  chambre  du  conseil,  pp.    1128,   1129;  ses  re- 


montrances au  roi,  p.  68;  décide  que  les  exécu- 
lions  criminelles  auront  lieu  exclusivement  à 
Toulouse,  p.  i.i;15  ;  causes  de  son  opposition  au 
second  vingtième,  pp.  ii5i,  i\5i;  ses  conflits 
avec  le  ministère  &  avec  les  Etats  de  la  Pro- 
vince, pp.  ii57,  1  I  58  ;  date  de  ses  arrêts  con- 
cernant le  dessèchement  de  l'étang  de  Marseil- 
lette  ,  p.  I  15;  ;  prend  une  part  active  aux  ma- 
nœuvres entreprises  contre  les  jésuites,  pp.  1  i6i, 
1162;  examine  leur  constitution,  pp.  1162, 
1166;  rend  sa  sentence  contre  François  Ro- 
chette  &  trois  gentilshommes,  p.  1167;  entend, 
toutes  chambres  réunies,  le  rapport  concernant 
les  jésuites,  pp.  1170,  1171;  sa  lettre  au  Parle- 
ment de  Paris  concernant  les  jésuites,  pp.  1  172, 
II-3;  consacre  plusieurs  audiences  à  l'affaire 
des  jésuites;  condamne  plusieurs  livres  des  jé- 
suites à  être  lacérés  8c  brilles,  p  i  173;  plaidoi- 
rie du  procureur  général,  pp.  1173,  1174,  I175; 
rend  son  arrêt  contre  les  jésuites,  pp.  1176, 
1177;  rend  plusieurs  arrêts  particuliers  termi- 
nant cette  affaire;  ordonne  la  suppression  d'un 
bref  du  pape  favorable  aux  jésuites  de  France; 
règle  le  taux  de  la  pension  des  jésuites,  p.  1  180; 
à  la  suite  de  son  refus  d'enregistrer  les  lois  de 
finances  exigeant  de  nouveaux  subsides,  le  duc 
de  Fitz-James,  à  la  tête  de  la  force  armée,  fait 
transcrire  les  édits;  proteste;  se  proroge  de  sa 
propre  autorité,  p.  1  1  8  1  ;  ses  membres  sont  mis 
aux  arrêts;  le  conseil  d'Etat  casse  les  délibéra- 
tions de  la  cour,  p.  1  182;  ses  membres  sont  ar- 
rêtés par  le  duc  de  Fitz-James,  p.  98;  les  arrêts 
sont  levés;  le  Parlement  décrète  le  duc  de  Fitz- 
James  de  prise  de  corps  ;  l'envoi  d'une  députation 
est  ordonné  par  lettre  de  cachet;  silence  absolu 
imposé  par  lettres  patentes  sur  tout  ce  qui  s'était 
passé;  ses  efforts  pour  intéresser  à  sa  cause  les 
autres  compagnies  souveraines  du  pays,  p.  i  1  83  ; 
lettre  du  roi,  p.  99;  enregistre  sans  opposition 
la  déclaration  du  11  février  1764,  concernant 
les  octrois  &  les  biens  patrimoniaux  des  com- 
munes, p.  I  i8.<;  est  chargé  de  veiller  à  l'appli- 
cation de  règlements  concernant  l'adminisira- 
tion  de  la  justice  en  'Vivarais  &  en  Gévaudan, 
p.  I  199;  sa  résistance  à  enregistrer  l'édit  d'aug- 
mentation des  portions  congrues,  p.  1208;  son 
conflit  avec  le, ministère  Maupeou  au  sujet  du 
règlement  des  Etats  de  Languedoc,  p.  1209;  ses 
remontrances  au  sujet  de  l'édit  de  décembre 
1770  &  de  la  dispersion  du  Parlement  de  Paris, 
p.  1210;  son  arrêt  du  4  mai  1771  contre  les 
projets  de  réforme  judiciaire,  pp.  1210,  1211; 
édit  de  Compiègne  d'août  1771  détruisant  son 
organisation,  pp.  1211,  1212;  s'assemble  le 
3i  août  1 77 1  ;  fait  rédiger  des  protestations 
contre  sa  suppression;  analyse  &  citations  de 
ces  protestations,  pp.  I2i5,  1216;  s'assemble  de 
nouveau  le  2  septembre  sur  l'ordre  du  roi,  trans- 
mis par  l'intendant,  p.  1216;  physionomie  de 
cette  dernière  séance;  le  comte  de  Périgoid , 
M.  de  Saint-Priest,  p.  1217;  le  greffier  distri- 
bue à  tous  les  membres  des  ordres  d'exil,  pp.  1218, 
1219. 
Parlement  Maupeou;  nombre  de  ses  membres; 
leur  traitement  ;  assiduité  obligatoire,  p.  I2i3; 
liste  des  membres  du  nouveau  Parlement,  p.  1214; 
réuni  pour  la  première  fois  le  3  septembre  1771, 
p.  1219;  enregistre  l'édit  de  novembre  1771  sous 


I 


i584 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


quatre  conditions,  p.  1222;  les  magistrats  qui  le 
composent  protestent  eux-mêmes  contre  la  nou- 
velle organisation  judiciaire,  p.  1266;  considè- 
rent   comme    une    dégradation    la    création    du 
conseil  supérieur  de  Nîmes;  demande  une  exten- 
sion d'attributions;  se  plaint  de  la  suppression 
de    la    table   de    marbre,    p.     1267;    l'obligation 
d'assiduité     imposée    aux    magistrats     invoquée 
comme  un  grief;    les    gages   modiques  qu'ils    re- 
çoivent ne   leur  suffisent  pas;  le  clergé,  la  no- 
blesse, la   bourgeoisie,  la    finance  malmenés  par 
ses   réclamations,  p.   1268;    regrets   pour  la  sup- 
pression des  épices,  p.  1269;  interdit  les  danses, 
les  jeux,  les  assemblées  &  toute  sorte  de  diver- 
tissements   &.    d'attroupements     jusqu'après     les 
obsèques  de  Louis  XV,  p.  1229;  son  ordonnance 
concernant  l'épizootie,    p.   I236;    par  arrêt  du 
26  janvier  1776  il  interdit  les  foires  &  marchés 
&  réglemente  le  déplacement  du  bétail,  p.  1  238  ; 
autorise  les  communes  à  rassembler  leurs  habi- 
tants pour  défendre   leurs  avenues   contre  l'en- 
vahissement   de    l'épizootie,     p.    1248;     autres 
précautions  indiquées,  p.   1249;  nouvelles  pres- 
criptions, pp.    i:5o,   I25i;  le  comte  de  Péngord 
y  prend   séance    &  y  fait  enregistrer   les    lettres 
patentes,  ordonne  d'assommer  &  de  saler  le   bé- 
tail qui  avait  échappé  à  l'épizootie,  p.   iî63. 
Paulemest  de  Toulouse   antérieur  à   1771    rétabli; 
fausse  situation  des  membres  du  Parlement  Mau- 
peou  ;  décident  la  célébration  d'une  fête,  p.  1  269; 
enregistre  la  nomination  du  duc  de  Biron  comme 
gouverneur  de   la   Province   en    1777,   p.   i2-5; 
son  intervention   à  propos   de  la   procession  du 
17    mai,    &   de   la    procession    de   la    Peniecôte, 
p.    1279;    enregistre  l'édit  de  création  de   la   sé- 
néchaussée de  Villeneuve-de-Berg,  p.  i3oi;  doit, 
d'après  des  lettres  patentes,  nommer  quatre  com- 
missaires qui    ont  à  s'enquérir  de  tous   les  abus 
relatifs  à  l'administration  de  la  justice,  p.  i3  i3  ; 
sa  guerre  avec  le  grand  conseil  du  roi;  son  op- 
position aux  réformes  apportées  à  l'exercice  du 
capitoulat,  pp.   i3i5,    i3i6,    i3i7,    i3i8;   rend, 
le  20  mars   1784,  un    arrêt   de    règlement   pour 
l'administration  de  la  justice  dans  les  juridic- 
tions inférieures,  p.   i325j  conflits  avec  le  mi- 
nistère au  sujet  de   la  défense  d'exportation  des 
grains,    pp.     1329,    i33o;    n'enregistre    que    le 
21    mars    1787   les   lettres   patentes   du    2    juillet 
1786,   p.   i335;    son   opposition   à   l'enregistre- 
ment de  l'impôt  du  second  vingtième,  p.   1344; 
continue   à  s'opposer  à  toutes  les  mesures  ayant 
pour    but    d'étendre    l'assiette    de    l'impôt;    de- 
mande la   mise  en    liberté   de  M.   de   Catelan, 
p.   i345;   est  obligé  d'inscrire  dans   ses   registres 
l'ordonnance  du   roi  sur  l'administration  de  la 
justice;   division  du    ressort  de  la  Cour  en  cinq 
grands  bailliages,   pp.    i347,   1348;   est   envoyé 
en  vacances  par  une  déclaration  duroi,p.  '347; 
ne  peut  rentrer  au   palais;   prend  la    résolution 
de  s'assembler  partout  où   il  trouvera  sa   com- 
modité, p.  1348;  diverses  tentatives  faites  pour 
provoquer  son   rappel,  p.   1 35 1  ;  son  rappel  ré- 
clamé par  le  clergé  de  Toulouse,  p.    i356;   arrêt 
niant  les  droits   politiques   aux   Etats  de  Lan- 
guedoc,   p.    i365;    demande    de   son    maintien 
avec  l'intégrité  de  sa  juridiction  &  de  son  res- 
sort, p.   i384;   permet  par  arrêt  spécial  la   for- 
mation   de    milices    patriotiques,   p.    1391;    ne 


procède  pas  à  la  formation  de  la  chambre  de! 
vacations  de  1789  sur  la  demande  du  conseil 
politique  &  des  capltouls,  p.  1394;  texte  de  son 
arrêt  à  ce  sujet,  p.   |395. 

Parlement  de  Toulouse;  ses  arrêts.  KoiV  au  mot 
A  n  B  ET. 

Paiilements;  leur  rôle  dans  la  transformation  de 
l'Etat;  ils  servent  le  mouvement  contre  les  abus 
dont  ils  ne  bénéficient  pas;  le  combattent  lors- 
que leurs  privilèges  sont  menacés,  p.  269;  dé- 
barrassés des  Intendants  ont  à  compter  avec  la 
noblesse  &  la  bourgeoisie,  p.  272;  leur  attitude 
à  l'avènement  de  Louis  XV,  pp.  914,  91^;  leurs 
présidents  &  leurs  procureurs  généraux  sont 
appelés  à  l'assemblée  des  notables  de  1786, 
p.  i335;  leur  opposition  à  l'établissement  de  la 
subvention  territoriale,  p.  1342;  leur  arrogance 
en  voyant  faiblir  le  roi,  p.  i359;  ont  ordre  de 
suspendre  leurs  travaux  &  de  faire  expédier  les 
affaires  urgentes  par  les  chambres  de  vacations, 
p.    1412. 

PARLIER  (François),  pp.  92,  110;  a  le  bail  de 
l'étape,  p.  99. 

PaIiME,  p.  9o3. 

—  (Bataille  de),  p.    1082. 

Paroisses  détruites  &  dépeuplées,  pp.  40,  41. 

—  des  Cévennes  écrasées  de  taxes  arbitraires  &  de 
logements,  p.  733. 

—  créées  en  Gévaudan,  p.   1384, 
PARTICELLI    U'EMERI,    contrôleur    général, 

pp.    168. 

PARTICELLI  D'EMERY,  surintendant  des  finan- 
ces, révoqué,  p.  269. 

Partisan,  nom  devenu  une  Injure  dans  le  langage 
populaire,  p.  234. 

Parlres  8c  étoffes  qui  doivent  être  portées  par 
les  femmes,  p.  1 7. 

PAS  DE  BEAULIEU,  conseiller  à  la  cour  des 
comptes,  aides  &  finances,  p.   1097. 

Pas  de  Sbze,  p.  i83. 

PASCAL  (Jean),  fondateur  d'une  manufacture  de 
soie,  pp.  94,  95. 

Passage  de  troupes  dans  la  Province,  cause  de  sa- 
crifices; expose  les  populations  aux  actes  de 
violence  de  troupes  Indisciplinées,  pp.  25i,  252. 

Passe-ports,  p.  38. 

Passe-volants,  condamnés  à  mort  par  le  Parle- 
ment, p.  334. 

Passion  de  plaider,  un  des  caractères  distlnctlfs  de 
la  vieille  société  française,  p.  847. 

Pastel,  pp.  63,  64,  698  ;  règlement  pour  sa  culture 
&  son  apprêt,  p.  34;  sa  culture  abandonnée 
par  suite  de  l'importation  de  l'indigo,  p.  697. 

PASTOREL,  concessionnaire  d'un  canal,  p.   1054. 

Pathers  (Côte  de),  p.  94. 

Pâturages,  p.  999. 

—  communs,  p.  io52. 

—  dévastés  par  les  sauterelles,  p.  972. 

—  (Règlement  pour  les),  p.  59. 
Pau,  pp.  88,  98. 

PAUL  III,  pape,  p.  645. 
PAUL  IV,  pape,  p.   loiâ. 
PAUL  V,  pape,  p.  1016. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


[585 


PAULET   (Marc),   concessionnaire   du    canal   de 

Beaucaire  en   1660,  p.  388. 
Pallel»  p.  1 241 . 
Paulhac,  paroisse,  p.   1194. 
Pallhaguet,  p.  1406. 
PAULIAC  (de),  p.  620. 

PAUUAN,  ministre  protestant  converti,  p.  555. 
PAULIN  (Vicomte  de),  p.   118. 
Pauligne,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
PAULMY  (Marquis  de),  p.  86. 

PAULO,  député  de  la  Province  aux  États,  p.  355. 
PAULO  (Comte  de),  prieur  des  pénitents  bleus  de 

Toulouse,  p.   i3i4. 

Pally,  p.   1423. 

Pavage  à  Toulouse;  son  mauvais  état,  p.  6o5. 
Paveurs  &  platbiebs  de  Montpellier;  leurs  armoi- 
ries, p.  683. 

Pavie,  p.  260. 

—  (Désastre  de),  p.  862. 

PAVILLON  (Nicolas),  évêque  d'AIet,  pp.  i  55,  159, 
24c,  3Ô7,  865;  ses  études;  désigné  pour  l'épi- 
scopat  par  saint  Vincent  de  Paul,  nommé  par 
Richelieu  à  l'évéché  d'AIet;  organisation  de  son 
diocèse;  son  dévouement  durant  les  calamités 
publiques;    ne  quitte   son    diocèse   que   pour   se 


rendre   aux   Etats   de    la    Province 


p.    406;    sa 


charité  durant  la  peste  de  i652,  p.  340;  rece- 
vait tous  les  ans  le  prince  de  Conti,  p.  393;  son 
influence  se  fait  sentir  sur  l'esprit  du  prince, 
p.  396;  rétablit  la  discipline  dans  son  diocèse- 
institue  un  séminaire  de  iîUes  régentes,  p.  407- 
ses  tournées  épiscopales,  p.  408;  causes  de  l'ini- 
mitié de  la  noblesse  contre  lui;  fait  publier  un 
monitoire  contre  M.  de  Rasigu  1ères,  p.  409-  est 
assiégé  durant  une  visite  qu'il  fait  à  Saînt- 
Paul  de  Fenouillèdes  par  M.  d'Axat,  p.  413. 
reçoit  de  la  part  de  Louis  XIV  communication 
du  pamphlet  dressé  contre  lui;  le  réfute;  voit 
des  religieux  prendre  parti  contre  lui;  interdit 
aux  augustins  de  Caudiès  de  quêter  dans  son 
diocèse,  p.  41  5;  doit  être  consulté  par  les  exé- 
cuteurs testamentaires  du  prince  de  Conti;  sa 
dernière  visite  au  prince,  p.  445;  sa  lutte' au 
sujet  du  droit  de  régale,  pp.  5o3,  504,  5o5,  5o5  ; 
ses  derniers  jours;  écrit  au  pape  &  au  roi, 
p.  5o7;  sa  mort;  témoignages  de  douleur  &  de 
vénération  qui  entourent  sa  dépouille,  p.  5o8; 
son  testament,  p.  509. 

Payeurs  des  gages  du  Parlement,  p.   loô. 
PAYOLS,  ministre  protestant,  p.  538. 
Payra,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 
Pays  d'élection,  p.  270. 

—  d'Etat,  p.  270. 

—  désolés  par  les  troupes  indisciplinées,  p.  33o. 
Pays-Bas,  p.  903. 

Paysac,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Paysans  du  Gévaudan,  fusillés  pour  avoir  franchi 
le  cordon  sanitaire  en  temps  de  peste,  p.  962. 

—  catholiques  des  Cévennes,  attroupés  avec  l'au- 
torisation du  maréchal  de  Montrevel,  p.  796. 

Péage  du  Rhône,  p.  53. 

—  au  pont  de  Valentine,  supprimé,  p.  101. 

XIII. 


Péages;   leur  suppression   demandée  par   Bàville, 
pp.  705,  706;  supprimés,  p.    1807. 

—  sur  la  Garonne,  p.  1295;   établis  par  les  capi- 
touls,  p.  441 . 

—  du    Rhône;    demande    de     leur    suppression, 
p.    1384. 

— -  du  roi  sur  le  Rhône;  leur  suppression  deman- 
dée, p.  1384. 

Peaugres,  en  Vivarais,  pp.   194,  1202. 
Peccais,   pp.   42,  43,  47,  63,  71,  81,  385,  5 18, 
845,  1 137,  1384. 

—  (Fort  de),  p.    1279. 

—  (Sel  de),  p.   II  i3. 

PECH,  domestique,  p.  3  10. 

Pech-David,  coteaux  près  de  Toulouse,   pp.  452, 
454. 

Pech-Saint-Pierre;  ses  armoiries,  p.  686. 

PECH  (Modeste),  p.  864. 

Péchacdier  (Consuls  de),  p.  933. 

PÉCHAUT,  juif,  p.  1226. 

PeCHBOiNNIEU,    p.     1215). 

Pêche,  p.   i383. 

—  au  bœuf,  pp.   i383,  1384. 

—  aux  moules,  p.   126. 

—  du  poisson  de  mer  sur  les  côtes  de  Languedoc 
p.   62.  ' 

Pêcheries,  p.  io3. 

—  dans  les  canaux,  p.  36. 

—  prohibées  dans  les  canaux  des  étangs,  p.  58. 
Pecholbsy;  ses  armoiries,  p.  687. 
PECQUOT,  maître  de  théologie,  p.  646. 
PEDRO  D'ARAGON  (Don),  p.  i3j. 

PEDRO  DE  LAS  VALANCONELAS,  gouverneur  de 

Puycerda,  p.  356. 
Peignes,  p.  i385. 

—  de  buis,  p.  698. 

Peigneurs  de  lin  de  Dauphiné,  p.  941. 

Peinture  toulousaine,    appréciée    par    Froidour, 
p.  25  5. 

Peirac,  p.  8 I . 

Peike-Rue,  lieu,  p.  394. 

PEIROT,  pasteur  protestant,  p.   1141. 

PELAFIQUE,  un  des  experts  nommés  par  la  com- 
mission d'étude  du  canal  de  Languedoc,  p.  460. 

PiiLEiiiiVS  de  Saint- Jacques,  p.  3  18. 

PELISSERY,  syndic  du  diocèse  d'Albi  ;   son   arres- 
tation; son   procès;   ses   biens  saisis  &  vendus 
p.   309. 

PÉLISSIER  (Antoine  de),  p.  863. 

PÉLISSIER  (Simon),  archiprêtre  d'AIet,  p.  509. 

PELISSIER,  habitant  de  Toulouse,  p.    1402. 

PELLETIER(Paul),  conseiller  au  présidial,  p.  338. 

PELLOT,  intendant  de  Guienne,  pp.  449,  5oo  • 
est  nommé  commissaire  départi  pour  la  réfor- 
mation des  forêts  des  généralités  de  Bordeaux  & 
de  Montauban,  p.  467. 

PÉMÉJA,  capitoul  de  Toulouse,  p.  922. 

Pendaison  d'un  sergent  royal  à  Carcassonne  pour 
avoir  signifié  un  arrêt  du  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  338. 


i586  TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


PtMTENTS  blancs,  p.  3i3;  tentntlve  pour  l'établis- 
sement d'une  confrérie  à  Nîmes;  résistance  de 
Fléchier,  p.  869. 

—  bleus,  pp.  3i7,  895. 

_  bleus  de  Toulouse,  p.  i3i4;  vœu  fait  par  Anne 
d'Autriche  dans  leur  église,  p.  ^79;  ""=  ';<"l- 
frérie  nomme  le  prince  de  Conti  pneur,  p.  iy^)- 

^      Q 

—  noirs  de  Pézénas,  pp.  3 17,  396;  leur  église, 
p.    19. 

Penne  (Seigneurie  de),  p.  967. 

Penne  d'Albigeois;  ses  armoiries,  p.  687. 

—  (Château  de),  pp.  958,  960;  transformé  en  pri- 
son, p.  959. 

Pennautier,  lieu,  p.  1370. 

—  (Hôpital  de),  p.  695. 

PENNAUTIER  (REICH  de),  pp.  4'>  62  ;  compromis 
dans  une  affaire  criminelle;  conflits  de  |uridic- 
tion  causés  par  sa  succession,  pp.  891,  892. 
PE^S10NS  assignées   sur  le  fonds  des  amendes  pro- 
noncées contre  les  nouveaux  convertis,  pp.  1  142, 
1  143. 
PENTHIÈVRE  (Duc  de),  p.   i338. 
Pépieux,  p.  55. 

Pépinières  créées   en   Suisse   par  les  émigrés  lan- 
guedociens, p.  565. 
PÉRAUD  (Marquis  de),  maréchal  de  camp;  c'est  à 
son  initiative  qu'est  due  la  fondation  de  l'aca- 
démie de  Nîmes;   en   est  le  premier  secrétaire, 
p.   566. 
Perception  des  Impôts  rendue  impossible  par  suite 
de   la    guerre   des   Cévennes,  p.  788;    suspendue 
dans  diverses  communes  après  la  guerre  des  ca- 
misards,  p.  855;  est  difficile,  p.  876. 
_-  des  droits  de  ferme  &  d'octroi,  p.  lo53. 
Perche,  p.  467. 

PERCIN,  greffier  criminel,  p.  433. 
PERCIN  MONTGAILLARD,  évéque  de  Saint-Pons, 

pp.  861,  880. 
PERDRIX,    conseiller    à    la    cour    des    comptes   de 

Montpellier,  p.  892. 
Pébes   de   la    Doctrine    chrétienne,   dirigent,    en 

1-593,  quatre  collèges  en  Languedoc,  p.  695. 
_  de   l'Oratoire,   dirigent   le  collège  de   Pézénas, 

p.  695. 
PÉRÈS  DE  SAINT-LOUP  (de),  p.  1  355. 
PÉRÈS,  membre  de  la   chambre  des  vacations  du 

Parlement  de  Toulouse,  p.    1424. 
PÉRETTE  (Jean),  a  le  bail  de  l'équivalent,  p.  76. 
PÉREZ  (de),  nommé  conseiller  au  Parlement  Mau- 

peou,  p.   1214. 
Pébigokd,  p.  i25i. 

PÉFiîGORD  (Comte  de),  pp.  109,  110,  m,  11 3, 
1^5,  117,  118,  120,  122,  123,  124,  127,  1:8, 
1218,  1236,  1243,  125;,  1261,  1270,  i3ir, 
i33i,  i355,  i388;  commandant  en  chef  en 
L^.nguedoc,  p.  108;  prescrit  une  reconnaissance 
d.-.ni  la  région  de  la  montagne  Noire  qui  avoi- 
sine  les  plaines  infectées  par  l'épizootie,  p.  1253; 
se  -end  aux  réclamations  des  officiers  diocésains 
&  fait  le  vide  sur  la  lisière  du  camp  par  la  dé- 
population d'une  surface  d'une   lieue  de    la.ge, 


pp.  1264,  1265;  fait  procéder,  par  ordre  du  roi, 
à  l'enregistrement  par  le  Parlement  de  Toulouse 
de  l'édit  du  second  vingtième,  p.  1344;  fait 
transcrire  sur  les  registres  du  Parlement  de  Tou- 
louse l'ordonnance  du  roi  sur  l'administration 
de  la  jusuce,  pp.  1347,  1348;  empêche  une  réu- 
nion tendant  à  demander  le  rappel  du  Parle- 
ment, p.  i35i;  est  traité  durement  dans  une 
lettre  de  la  noblesse,  p.  l352;  après  la  mort  du 
gouverneur,  entretient  une  correspondance  di- 
recte avec  le  ministre,  p.   i36o. 

Périodicité  des  conciles  &  des  synodes  réclamée, 
p.   i382. 

Périole,  p.  1224. 

PERLES  (de),  p.  414. 

Pébols,  pp.  67,  73  ;  ses  armoiries,  p.  686. 

—  (Étang  de),  pp.  81,  882. 

—  (Port  de),  p.   io55. 

—  (Seigneurie  de),  p.    io56. 
Pérosne,  p.  627. 

Perpignan,  pp.  i23,  i59,  i83,  197,  399,  5i6,  521, 
1254;  visité  par  Louis  XIV,  p.  389;  Marca  y 
est  pris  d'une  dangereuse  maladie,  p.  400. 

_  (Arsenal  de),  p.  788. 

PERRIÈRE  (la),  conseiller  au  Parlement  de  Gre- 
noble; son  procès  comme  duelliste  devant  le 
Parlement  de  Toulouse,  p.  193. 

Perroudil,  commune  du  Rouergue,  p.  1028. 

Personnes  noyées  par  l'inondation  de  1727, 
pp.   ioo5,  1006. 

dévorées  par  les  loups,  pp.  II93,  1 1 94- 

Perturbations  apportées  dans  l'industrie  de  la 
Province  par  l'application  du  cours  forcé  des 
papiers  de  banque,  p.  944. 

PÉRUCHÈNES,  orfèvre  français,  marié  à  Barce- 
celone,  p.  236. 

PÉRUSSY  (Charles  de),  sous-diacre  du  diocèse 
d'Avignon,  chanoine  d'Alais,  p.   1020. 

PÉRUSSY,  abbé,  p.    1C23. 

PESCAIRE,  député  de  Toulouse  à  l'assemblée  de  la 
sénéchaussée,  p.  i375. 

Peste,  p.  57. 

à  Barcelone  en  i65i,  p.  320. 

—  dans  le  pays,  p.  337. 

—  à  Béziers,  en   i652,  p.  334. 

—  à  Marseille,  p.  55. 

—  à  Souvières,  p.  339. 

après   avoir   ravagé   le   bas  Languedoc,  sévit  à 

Toulouse,  p.  340 

—  à  Toulouse,  en  i653,  p.  347. 

—  de  i63i,  p.   198. 

—  de  i65i,  p.  406. 

en    Provence;    mesures    prises    en    Languedoc 

pour  s'en  préserver,  p.  43:;. 

de  1720;    émoi    dans    la    Province;    efforts   des 

États  pour  empêcher  les  progrès  de  la  contagion, 
p,  950  ;  de  Marseille,  elle  se  propage  en  Gévau- 
dan,  pp.  55,  946;  précautions  prises  à  Tou- 
louse, pp.  647,  948;  précautions  diverses, 
pp.  949,  950,  951. 

ae  Provence,  en  1721;   précautions  prises   pour 

préserver  la  Province;   le   bas  Languedoc  est  à 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i587 


peu  près  préservé;  le  Gévandan  est  plus  mal- 
traité, pp.  960,  961  ;  de  quelle  manière  on  crut 
qu'elle  avait  été  apportée  dans  certains  lieux, 
p.  962. 
Peste,  sévit  en  1 720-1 721  dans  les  bassins  supé- 
rieurs du  Lot  &du  Tarn,  p.  962. 

—  de  1721  ;  gêne  causée  au  commerce  par  les  cor- 
dons sanitaires,  p.  963;  sa  décroissance,  pp.  964, 
963;  précautions  prises  pour  éviter  une  nou- 
velle invasion  du  fléau,  p.  968  ;  levée  des  lignes 
sanitaires,  p.  969. 

—  bovine,  p.  903. 

—  des  bétes  à  cornes  en  Vivarais,  p.   i233. 
Pestifébés  de  Toulouse,  p.  340. 
Pestein,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Petit  scel  à  Montpellier,  supprimé,  p.  85. 
PETIT,    chevau- léger,    compromis    dans    le    viol 

d'une  jeune  fille  à  Nîmes,  pp.  262,  253. 
Petit-Boubo,  habitation  de  l'abbé  de  la  Rivière, 

près  de  Corbeil,  p.  295. 
Petit-Montrevaux,  vicomte,  p.  553. 
Petit-Pabis,  p.  488. 

Petites  étoffes  de  laine,  pp.  54,  67,  701,  io3o. 
^  étoffes  de  Nimes,  p.  54. 

—  étoffes,  propres  à  faire  des  meubles,  fabriquées 
en  Gévaudan,  p.  702. 

Pf.Tr;lLI.ES,  p.  60. 

PRYRADE,  ancien  syndic  du  diocèse  de  Commin- 
ges,  p.    106. 

PEVntDE  du  canal  de  Bourgidou,  p.  384. 

—  JLevée  de  la),  près  de  Cette,  p.  884. 
Peyp.auld,  en  Vivarais,  p.   1202. 

PEYRE  (Comte  de),  pp.  3i,  32,  35,  48,  93,  loi, 
739,  801  j  ses  noms,  titres  &  qualités,  p.  744; 
son  intervention  dans  les  Cévennes  repoussée 
par  Broglie,  p.  745;  son  mécontentement  de  la 
conduite  de  Broglie  a  son  égard,  p.  745;  nccuse 
ouvertement  Broglie  près  du  ministre  de  la 
guerre,  p.  7,04. 

Peyee,  baronnie  en  Gévaudan,  p.  93. 

—  Comté  de),  p.   1  1  i3. 
PEYRE  (Comte  de),  p.  i  198. 
PEYRE  (Maison  de),  p.   1384. 
Peyrefitte,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 
Peyrefitte,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.    IC09. 
Peyremale,  lieu  des   Cévennes,    pp.   36,   775;  sa 

situation,  p.  747. 

PEYREMALE  (de),  lieutenant  particulier  au  siège 
présidial  de  Nimes,  est  nommé  un  des  deux 
commissaires  exécuteurs  de  l'édit  de  Nantes, 
pp.  16,  424;  ses  vains  efforts  pour  arrêter  ou 
atténuer  les  décisions  relativement  à  la  destruc- 
tion des  temples,  p.  426. 

PEYRENC    DE    MORAS ,    contrôleur   général    des 

finances,  p.   1  144. 
Peyrexs,  lieu,  pp.   126,  1248. 
Peyriac,  pp.  5o,  71,  698,  846. 
Peyriac-de-Mer,  p.  157. 
Peyriac,  près  d'Aussonne,  p.   1218. 
Peyriac,  lieu,  p.  1219. 
—  'Sel  de),  p.   1 1  i3. 


Peyi'.i.nade,  moulin  sur  le  Fresque],  p.  ii3. 

Peyhiole,  près  de  Toulouse,  p.  1223. 

PEYROL,  ministre   protestant  condamné  à  mort 
p.  28. 

Peybolles,  paroisse,  pp.  83i,  1071  ;  ses  armoiries 

p.  687. 
PEYRONET  (Simon),  p.  3  16. 
Pézénas,  pp.   3,    10,  12,   i3,   22,  24,   25,  3i,  71, 

81,  94,  124,  127,  129,  i56,  273,  389,  394,  444, 


445,   58 1,    863, 


I  i3o,    1370,   1398,   1401, 


1418;  établissement  de  l'hôpital  général,  p.  34; 
offre  dix  mille  livres  au  roi  pour  la  marine, 
P;  97;  l«s  Etats  y  sont  réunis  en  i65i,  p.  3oo; 
fêtes  célébrées  à  l'occasion  de  la  réception  de 
plusieurs  membres  de  l'ordre  du  Saint-Esprit, 
p.  405  ;  il  y  est  établi  une  succursale  à  l'insti- 
tut des  Filles  de  l'Enfance,  p.  577;  petite  émeute 
en  1751  à  l'occasion  de  l'élection  d'un  curé, 
p.  1 1  12;  interrompt  les  travaux  d'utilité  locale 
pour  offrir  au  roi  dix  mille  livres  pour  la  ma- 
rine, p.   I 179. 

—  (Foire  de),  pp.  700,  703. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

—  (Pénitents  noirs  de),  p.   i5. 

—  (Comté  de),  échangé  entre  le  roi  &  le  prince 
de  Conti,  p.  83. 

Pezens  (Terre  de),  p.  24. 

PHELYPEAUX  DU  VERGER   (Jacques- Antoine) , 

évêque  de  Lodève,  pp.  1004,  i  144. 
PHILIPPE,  marquis  de   Bonfontan,  premier  capi- 

toul  gentilhomme,  doit  faire  partie,  en  1786,  de 

l'assemblée  des  notables,  pp.   i335,  i336. 
PHILIPPE  I,  roi    de  France,  p.   ioi5. 
PHILIPPE  LE  BEL,  pp.  272,  469,  504,  5o5,  ioi5, 

1017. 

PHILIPPE  m,  roi  d'Espagne,  p.  1104. 

PHILIPPE  IV,  roi    d'Espagne,  p.   38o. 

PHILIPPE  V,  roi  d'Esp.igne,  pp.  882,  925,  dé- 
pouillé de  ses  possessions  en  Italie  &  dans  les 
Pays-Bas;  perd  Marie-Louise  &  épouse  Elisa- 
beth Farnèse,  p.  903;  ses  lettres,  adressées  en 
France,  aux  différents  ordres  de  l'Etat;  titres 
imaginaires  pris  par  lui  en  tête  d'un  de  ses  ma- 
nifestes, p.  927. 

PHILIPPE  D'ORLÉANS,  régent  du  royaume, 
pp.  908,  909,  914,  928,  972,  974;  reçoit  les 
protestations  des  habitants  de  Beaucaire,  p.  964; 
donne  l'ordre  de  constituer  d'autres  fiefs  pour 
les  échanger  avec  le  territoire  de  Beaucaire, 
p.   955. 

PHILIPPE  DE  VALOIS,  pp.  964,  956. 
PHILIPPE  DE  VENDOME,  p.  622. 
Philistins,  p.  857. 
Piastres,  p.  700. 

PiBRAC,  près  de  Toulouse,  pp.  32,  1218,  1240. 
—  (Hôpital  de),  p.  696. 
PIKRAC  (Sieur  de),  p.  9. 

PIBRAC  (de),   conseiller   au   Parlement   de   Tou- 
louse; son  exil,  p.  1218. 
Picardie,  pp.  260,  467,  J14,  922. 
PICQ  (Gabriel),  guide  d'émigrés  cévenols,  p.  709. 
PICTET,  professeur  à  Genève,  p.  977. 


i588 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Piémont,  pp.  746,  773. 
Pierre-Bernis,  p.  1198. 

PlERBE-BoURG,  p.    Il  1. 

—  baronnie,  p.   1288. 

PIERRE-BOURG  (Marquis  de),  pp.   117,  118. 

Pierre  (Marché  de  la),  à  Toulouse,  p.  3i8. 

PiERREûOURDE,  en  Vivarais,  pp.  25,  535,  879, 
120  I . 

PIERRE-VEIRON  (M""'  de),  prieure  de  la  Seauve, 
p.    1204. 

PIERRELEVÉE  (de),  commandant  de  dragons, 
p.   885. 

PIETRE,  conseiller  au  Châtelet  de  Paris,  procu- 
reur général  de  Gaston  d'Orléans,  p.   186. 

PiEKSSE,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

PiGNAN,  pp.  22,  36,  1400. 

PiGNEROL,   p.   43  r. 

PIJON  (H.-M.-B.),  avocat,  imprimeur  du  roi,  à 
Tolilouse,  pp.   1175,  1222,  1256,  1257,  i258. 

PIJON  (J.-A. -H.-M.-B.),  avocat,  capitoul,  impri- 
meur du  roi  &  de  la  Province,  pp.  I258,   i335. 

PIJON  (de),  p.  i3i9. 
Pila,  montagne,  p.   1409. 
Pila-Saint-Géry,  p.  482. 
Pillage  d'église,  p.  75o. 

de    maisons    à    Montpellier    par    des    femmes 

ameutées,  p.  234. 
de  Villeneuve-Tolosane  par  le  baron  de  Léran, 

P-  34^-  

PiLLERiES  commises  par  des  troupes  indisciplinées, 
p.  33o. 

PILLORE,  hôtelier  à  Toulouse,  p.  55 1. 

PiMPET,  masage  près  de  Toulouse,  p.   1224. 

Pin  (le),  pp.  88,  247. 

PiNEL,  prieuré)  son  union  au  séminaire  Saint- 
Charles  à  Toulouse,  p.   i  12. 

PINET,  habitant  de  Toulouse,  p.  1402. 

PINON,  intendant  de  Béarn,  p.  709. 

PiNQUES,  pour  le  transport  de  munitions  en  Rous- 
sillon,  p.  54. 

Pins  maritimes  plantés  à  Agde,  p.  i25. 

PINS  (Marquis  de),  pp.  74,    ii35,    i355. 

PINS-CAUCALIÈRES  (Marquis  de),  p.   i35ï. 

PiNSAGUEL,  au  diocèse  de  Toulouse,  pp.  10,  93, 
100,   1008,   1252,    1263. 

—  (Pont  de),  p.   I  i5o. 

—  (Port  de),  sur  la  Garonne,  p.  342. 
PIOCH,  négociant  à  Montpellier,  p.  849. 
PIOMBINO  (Princesse  de),  p.  9o3. 

PITOT,  ingénieur,  pp.  77,  78,  1064;  attaché  à 
la  commission  de  réformation  des  forêts,  p.  1072; 
directeur  des  travaux  à  Nimes,  p.   1114. 

PIZE  (abbé  de  la),  prieur  de  Saint-Martin  de  Bo- 
baux,  p.  753. 

Placet  au  roi  tendant  à  la  suppression  du  pa- 
réage  épiscopal  de  Gévaudan,  p.  1387. 

Plagne  ou  Plaigne,  commune  du  diocèse  de  Mire- 
poix,  pp.  871,    1009. 

Plaisance,  près  Toulouse,  pp.  119,  903,   1240. 


Planchon,  près  de  Toulouse,  p.  1223. 
PLANQUE   (de),   brigadier   des   armées   du    roi, 
pp.  38,   796,   885. 

PLANTADE,   conseiller   à    la    cour    des    comptes, 

aides  &  finances,  pp.   1028,    1097. 
Plantations  faites  sur  la  plage  d'Agde,  p.  124. 
—  de  croix  de  mission,  pp.    1074,    1070. 

PLANTAVIT  DE  LA  PAUSE  (Jean),  évéque  de 
Lodève,  pp.   i55,    i58. 

PLANTIER  (de),  p.  329. 

PLANTIN  DE  VILLEPERDRIX  (Marc),  p.  863, 

Plants  d'oliviers  achetés  à  Béziers  &  à  Saint- 
Pons  pour  être  distribués  aux  propriétaires  du 
Narbonnais,  p.  943. 

Planzolles,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Plas,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Plats,  en  Vivarais,  p.  870. 

PLESSIS  (Cardinal  du),  p.  268. 

PLESSIS  (Louis-François-Armand  du),  duc  de  Ri- 
chelieu &  de  Fronsac,  pair  de  France,  &c.,  &c. 
f^oir  RICHELIEU  (Duc  de). 

PLESSIS  (Maréchal  du),  p.  237. 

PLESSIS-PRASLIN  (Comte  du),  p.  3. 

PLESSIS-PRASLIN,  maréchal,  p.  252. 

Plomb,  pp.  35,   1283. 

—  (Achat  de),  p.  788. 

Pluies  de  l'hiver  1706-1707,  p.  46;  durant  l'hiver 
de  1707,  p.  870;  dans  la  Province,  p.  1004; 
causent  des  inondations,  p.  ioo5;  désolent  du- 
rant trois  mois,  en  1740,  le  bas  Languedoc, 
p.   1062;  en  Vivarais,  en  1751 ,  p.   1 1  i3. 

Pluralité  des  bénéfices;  est  un  motif  de  réclama- 
tion dans  les  cahiers  de   1789,  p.  i382. 

POCQUELIN  (Robert),  docteur  en  Sorbonne,  p.  646. 

POGET  (Eustache),  avocat  au  Parlement,  p.  243. 

Poids  &  mesures,  p.  705. 

POILLY,  ingénieur  en  chef,  p.  1160. 

POINÏIERj  son  entreprise  pour  faire  descendre 
sur  la  Loire  des  bois  pour  la  marine,  p.  490. 

Pois,  p.  52. 

Poisson  de  mer,  p.  62. 

—  salé  importé  en  Languedoc,  p.  704. 
POITEVIN,   membre   de   l'académie   des  Jeux-Flo- 
raux, p.  25o. 

Poitiers,  pp.  624,  627,    1020. 

POITIERS  (Comtesse  de),  p.   114. 

Poitou,  pp.  553,   1077,   1079. 

Poix;  son  emploi  autorisé  pour  marquer  les  bêtes 
à  laine,  p.  80. 

POL  DE  MARTRES  (Pierre),  capitoul,  baron  de 
Benque  &  Gelas,  pp.  242,    244,   249. 

POLASTRON-BRAX  (Vicomte  de),  p.  |355. 

POLASTRON  LA  HILLÈRE  (Marquis  de),  p.  i3.')2. 

POLGE  (Antoine),  pp.  481,  485;  son  projet  de 
rétablir  les  manufactures  du  Puy  ;  de  réparer 
une  ancienne  voie  de  communication  entre  l'Au- 
vergne &  le  Vêlai  ;  de  rendre  la  haute  Loire 
flottable,  pp.  480,  489. 

POLGE  (Claude),  sieur  d'Alègre,  maître  d'hôtel  du 
roi,  p.  481. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES   MATIÈRES. 


1589 


Police  urbaine,  p.  79. 
PoLiGNAc,  pp.  459,    1406. 

—  (Château  de),  p.  1307. 
POLIGNAC  (Comte  de),  p.  435. 
POLIGN^C  (Duc  de),  p.    rSoy. 

POLIGNAC  (Marquis  de)  pp.  25,  3i  ;  promu  che- 
valier du  Saint-Esprit,  p.  40.5. 

POLIGNAC  (Vicomte  de),  pp.  3i,  1  r?,  93i,  iiSS, 
r288,    1287. 

POLLART,  inspecteur  général  des  ponts  &  chaus- 
sées, p.  8.5. 

Polog.se,  pp.  564,   1037. 

PoMAS,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 

POMIER,  p.  I  178. 

POMIÈS (André), consul  de  Saint-Nauphary, p.  958. 

POMIÈS  (Guillaume),  consul  de  Saint-Nauphary, 
p.  958. 

Pommiers,  p.  425. 

POMPADOUR  (M""  de),  pp.   i  102,    1  179. 

POMPERTUZAT,   pp.    863,     1248,     I  25  I  . 

—  (Consuls  de),  p.  i  i  i3. 

Pompidou  (Le),  pp.  28,  616,  747,  756,  788,  800, 
1071,    1407;  dévasté,  p.  8o5. 

PoMPiDOUR,  p.  91 . 

PoMPiG.NAN,  pp.  37,  818;  les  insurgés  y  sont 
battus,  p.  788. 

POMPIGNAN  (Marquis  de),  p.   i353. 

POMPONE  (Abbé  de),  p.  365. 

POMPONIUS  MÊLA,  consulté  pour  la  délimita- 
tion des  frontières  en   1661,  p.  399. 

Poi.NTis,  paroisse  du  diocèse  deComminges,  p.  1  232. 

PON'CET  DE  LA  RIVIÈRE  (Michel),  évéque  dU- 
z?s,  pp.  646,    I  o35, 

PONCET  DE  LA  RIVIÈRE,  neveu  &  grand  vicaire 
de  révêque  d'Uzès,  p.  85o. 

PONCTVAL  (Chevalier  de),  p.   1  108. 

PONS,  chanoine,  à  Toulouse,  p.   t356. 

PONS  DÉVIER,  habitant  de  Toulouse,  p.  1402. 

PONSAN  (de),  historien  de  l'académie  des  Jeux- 
Floraux,  p.  653. 

Po>T  de  Beaucaire,  pp.  47,    iii,    119. 

—  de  bateaux  de  Beaucaire  donné  aux  Etats, 
p.    104. 

—  de  Cazères  (Réparations  au),  p.  52. 

—  du  Gard,  p.  i5;  délibération  des  Etats  pour 
les  études  de  sa  restauration,  p.  264J  visité  par 
la  cour,  p.  38 1 . 

—  du  Pontet,  p.  95. 

—  de  Toulouse,   pp.  624,  643;   est   réparé,  p.  52. 
Pont-du-Chateau,  en  Auvergne,  p.  i385. 
PoNT-JuvÉNAL,  chemin,  p.  100. 
Pont-de-Larn,  pp.  26,  85. 
PoM-DE-MoNTVERT,  bourg,  pp.  36,  40,  83,  736, 

7''9'  741.  744.  745,  74'^.  747.  7^-^'  800,  8or, 
«04,  806,  807,  878,  967,  977,  1407;  origine  de 
son  nom,  p.  738. 

PoNT-DU-Roi,  sur  la  frontière  d'Espagne,  p.  1404. 

Pont -Saint-Esprit,  pp.  36,  81,  82,  93,  106, 
541,  601,  614,  732,  772,  777,  961,  1118, 
1195,  1279,  1406}  travaux  de  fortification  qui 
y  sont  exécuté»,  pp.  869,   870. 


Pont-Salomox,  p.  98. 

Ponts,  pp.  94,  95,  96,  97,  98,  99,  loi,  102, 
107,  1060,  1369;  fonds  pour  leur  réparation, 
p.  5j  construits  avec  une  partie  du  prix  de 
l'équivalent,  p.  77;  emprunts  pour  leur  cons- 
truction, p.  106;  tombent  en  ruines,  p.  166; 
contingents  des  diocèses,  p.  117;  détruits  dans 
les  Cévennes,  p.  482;  emportés  par  l'inonda- 
tion, p.    ioo5;  détruits,  p.  1009. 

—  (Reconstruction  de),  p.  100. 

—  81  CHAUSSÉES,  pp.  5,  166;  quote-part  des  petites 
communes,  gros  bourgs   &  villes,  p.   108. 

—  &  CHEMINS;  leurs  réparations,  p.  5. 
PONTAC,     président,     intendant     de    Guienne, 

p.  336. 

PONTCHARTRAIN,  pp.  665,  6ç6i  nommé  mem- 
bre du  conseil  du  commerce,  p.  716, 

PoNT-CouRLAY,  marquisat,  p.  1059. 

PoNTEiLS,  lieu,  p.  776. 

PONTIC,  aventurier  jugé  par  le  Parlement  de 
Toulouse,  p.  397. 

PONTIER    (L'dbbé),    protonotaire    apostolique, 

p.   646. 
PONTIER  (Jacques),  des  Rousses,  p.  797. 
PONTMARTIN  (de),  ingénieur,  p.  73. 

PONTOISE,    pp.    341,    721. 

Population  du  Languedoc;  détails  contenus  dans 
le  mémoire  de  Bàville;  sa  division  par  classes; 
proportion  numérique  de  ces  classes  variant  de 
diocèse  à  diocèse;  chiffres  à  l'appui,  p.  692. 

Populations  affamées  durant  l'hiver  de  1708, 
p.   875. 

—  des  campagnes;  n'ont  pas  de  représentants  aux 
Etats  de  Languedoc,  p.  i55. 

POQUELIN  (Jean-Baptiste),  valet  de  chambre  du 
roi,  p.  293. 

PORCELLETS    DE    MAILLANES    (Marquis    de), 

p.   954. 
PORCHER  (Marie),  p.  1 85. 
PORDÉAC  (Marquis  de),  p.  i352. 
Pokt  d'armes,   pp.   3,  6,    102,    117;  défendu  aux 

catholiques  &  aux  protestants,  p.  536. 

—  à  feu,  p.  4;  défendu,  p.  5, 
Port-Mahon,  p.  882. 
Port-Royal,  pp.  407,  552. 
Port-Sainte-Mabie,  p.  1277. 
Port-Vendres,  p.  5 16. 
PoRTALfcs,  marquisat,  p.  102. 

Porte  de  l'arsenal  municipal  de  Toulouse}  sa 
construction,  p.  289. 

—  du  Bazacle,  à  Toulouse,  p.  335. 

—  de  la  Couronne,  à  Nimes,  p.  38i, 

—  Montgaillard,  à  Toulouse,  p.  335, 

—  Montoulieu,  à  Toulouse,  p.  335. 

—  de  Muret,  i  Toulouse,  p.  335. 
PORTES  (Pierre  de),  p.  19. 

PORTES  (de),  sénéchal  d'épée  à  Toulouse,  p.  120. 
Portes  d'églises  enfoncées,  p.  278. 
Portes  (Montagne  de),  pp.  482,  487. 
Portes  (Maison  de),  p.  652. 
Portes,  marquisat,  p.  1082. 


I.TQO 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


PORTES  (Marquis  de),  pp.  7^3,    799. 

PORTES  DE  PARDAILLLAN,  président  aux  en- 
quêtes du  Pdrleinent  de  Toulouse,  p.    lodz. 

PORTES  (Dom  Simon),  vicaire  général  de  Cîteaux, 
pp.   i2o5,    1206. 

Portes  (de),  conseiller-président  au  parlement 
Maupeou,  p.  1214. 

portes  (Marquis  de),  sénéchal  de  Toulouse, 
p.   i355. 

PoRTET,  au  diocèse  de  Toulouse,  pp.  32,  lïr,  842, 
1008,  1240;  l'exercice  du  culte  réformé  y  est 
autorisé,  p.  25;  exercice  du  culte  autorisé  après 
la  réunion  de  la  chambre  de  l'édit  au  Parle- 
ment; démolition  de  son  temple,  pp.  648,  049; 
ses  armoiries,  p.  683;  établissement  d'un  bac 
en   1780,  p.   118. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 

Portion  congrue  des  curés  dans  le  ressort  du  Par- 
lement, p.  109. 

Portions  congrues,  p.  106;  leur  exiguité;  justes 
réclamations  du  clergé  inférieur;  leur  augmen- 
tation, pp.  1207,    1208,    1209. 

PORTIBAGUES,  p.  71  . 

Ports  de  Languedoc,  pp.  36,   37, 

PORTOCARRERO  (Vincent),  prêtre  espagn'-l, 
p.   925. 

Portugal,  pp.  841,   1384. 

Possessions  françaises  d'Amérique  en  partie  en- 
vahies par  l'Angleterre,  p.  çoS. 

Poste  aux  lettres,  p.   i386. 

Postes  militaires,  p.  897. 

Poterie,  p.  41. 

POTIER  DE  LA  TERRASSE  (Jean),  sieur  de  Cas- 
telnouvel,  syndic  de  la  ville  de  Toulouse, 
pp.  218,   366. 

POTIER  (Etienne),  sieur  de  la  Terrasse,  pp.  348, 
.">  f9  ;  président  du  Parlement  de  Toulouse,  pré- 
sente les  hommages  de  ce  corps  au  prince  de 
Conti,  p.  366. 

POTIER  (Madeleine),  mère  de  Bâville,  intendant 
de  Languedoc,  p.  55  1  . 

POUCHARRAMET,    lieu,    p.    I  2  I  9. 

POtJCHARRAMET  (de),  conseiller  au  Parlement 
de  Toulouse  ;  son  exil,  p.   1219. 

POUCHON  (Jean),  maître  charpentier,  p.  1204. 

POUDEROUS  (Biaise),  consul   de   Béziers,   p.  3o2. 

Poudre,  p.  35. 

Poudres  &  salpêtres,  p.  io5o. 

PouGET,  commune,  p.  126. 

POtIGET  (P.),  supérieur  du  séminaire  de  Mont- 
pellier, p.  721. 

POl'JOL,  prêtre,  précepteur  à  Montpellier,  p.  1 069. 

POUJOLS  (Comte  de),  p.  1082. 

POUL,  capitaine  d'une  des  compagnies  opérant 
dans  les  Cévennes  ;  son  origine;  ses  services; 
capture  Pierre  Séguier,  p.  746;  commande  les 
forces  détachées  dans  les  Cévennes,  p.  747; 
attaque  les  révoltés  sans  résultats  appréciables, 
pp.  75o,  75i  ;  ses  succès  mis  en  doute,  p.  755; 
attaque  la  troupe  de  Laporte  &  la  bat;  exécute 
Il  prescription  de  Broglie,  coupe  la  tête  des 
réToltés  tués   dans   le  combat,  en    remplit   deux 


paniers  qu'il  présente  à  Bâville;  sa  supercherie 
à  ce  sujet,  p.  757;  accompagne  Broglie,  p.  765; 
est  tué;  circonstances  légendaires  qui  auraient 
entouré  sa  mort  ;"  un  épisode  de  sa  vie,  p.  766; 
son  corps  est  apporté  à  Bernis,  p.  768. 

POULHARIÈS,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.   1218. 

Pot'LS,  village  du  bas  Languedoc,  p.  46;  incendié 
par  les  insurgés  des  Cévennes;  nombre  des  vic- 
times &  causes  de  cet  événement,  p.  767. 

PouMY,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

PouROHÉRES,  hameau;  une  assemblée  y  est  atta- 
quée, p.  616. 

PouRCHÈRES,  en  Vivarais,  p.  iioi. 

Pourparlers  secrets  entre  l'Angleterre  &  la  Hol- 
lande, au  sujet  de  la  guerre  des  Cévennes, 
p.  790. 

POURTALÈS  (Jacques),  du  Vigan,  fonde  à  Neuf- 
châtel  une  puissante  maison  de  commerce, 
p.  565. 

PousSAN,  pp.  22,    1400;  ses  armoiries,  p.  687. 

PousiN ,  p.  602;  le  duc  de  Noailles  demande  la 
conservation  de  son  temple,  p.  537. 

Pouvoir  exécutif  des  Etats  délégué  à  une  commis- 
sion, p.   167. 

—  absolu,  p.  266. 

—  temporel  des  évêques  attaqué  dans  une  assem- 
blée des  trois  ordres  tenue  à  Maivéjols,  p.  |386. 

PouziN  (Auberge  de  la  Croix-BIanche,  àj,  p.  i  196. 
PiiuzOLS  (Hôpital  de),  p.  696. 
P  )UZOLS  SAINT-MAURICE  (de),  p.   |353. 
POVAR  (Marquis  del),  p.  236. 
POYUSAN  (de),  capitoul,  p.  1  172. 
Pradassoux,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 
Pr.ADEL,  lieu,  p.  482. 
PRADEL  DE  VÉZF.NORRE,  p.   1067. 
PRADEL  (Comte  du),  p.   l'i'ti. 
PR.ADEL,  ministre  protestant,  p.  1080. 
Pradelles,   en   Vivarais,    pp.    85,    io5,    I23,   487, 
488,    966,    967,     I202,    i3j6,    1406. 

Prades,  pp.  77,  472,  487. 
PiiADES,  hameau  en  Gévaudan,  p,  965. 
PliADES,  en  Vivarais,  pp.    1201,    1202. 
Prades,  au  terroir  de  Casteharrasin,  p.  1282. 
PRADIER   D'AGRAIN    (Amable    de),    seigneur    du 
MoUar,  vicaire  général  du  Puy,  p.  398. 

PR.'VDINES   (de),    père,    maître    es    Jeux-Floraux, 

p.   661. 
PRADINES    (de),    fils,    maître    es    Jeux-Floraux, 

p.  66(. 
Prague,  p.   1 175. 
PRAiRiESartificielles,  p.  1  060 ;  ensablées,  pp.  1004, 

1009. 
Pral,  en  Vivarais,  p.  1202. 
PRAT  (Antoine),  p.  863. 
Prats-de-Mollo,  p.  5i6. 
PRAU,  capitaine  de  dragons,  p.  614. 
PrANLES,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Pransle,  pp.  612,  614. 
Préaux,  en  Vivarais,  pp.  870,   1202. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  D'\S  MATIÈRES. 


iSçi 


PkÉCAI'TIONS    prises    pour    arrêter    l'envahissement 
.     de  l'épizootie,  pp.    1247,    1248,    1249. 

—  sanitaires  à  Castres,  p.  5.5. 
Prêche  aux  lieux  interdits,  p.  53 1. 

—  interdit  en  plusieurs  lieux,  p.  19. 

—  sous  les  arbres,  défendu,  p.   19. 
Précipices  de  Rodes,  p.  94. 

Pbédic.».\ts,  p.  587  ;  pendus  ou  roués  vifs,  pp.  732, 
733;  réunis,  p.  5  1  ;  leurs  discours,  p.  976. 

—  étrangers  répandus  en  Languedoc,  p.  599. 
PUÉFOSSE  (de),  major  général   envoyé  pdr  Mon- 

irevel  à  la  Cour,  p.  824. 

PRÉFOSSE,  inspecteur  des  milices,  p.  898. 

Prélats  injuriés,  p.  278. 

Premunt,  lieu.  p.  394. 

Premier  Languedoc,  régiment,  p.  891. 

Pbevtzlac;  voit  son  commerce  se  développer, 
g  ace  aux  réfugiés  protestants,  p.  565. 

PiitncctPATiosS  du  clergé  au  sujet  de  la  facilité 
c,uont  les  catholiques  d'abandonner  leur  reli- 
gion, pp.  463,   464. 

Pi;f:;ooATiVES  attachées  à  la  fonction  de  maire 
p3rpétuel  de  Toulouse,  p.  641. 

non   justifiées   par  des   services,  doivent  cesser, 

p.    i33i. 

Presbytères,  p.  38. 

—  Entretien  des),  p.  66. 

—  incendiés,  p.  753. 

Préséance,  pp.  24,  35,  36,  73,  75,  119,  122,  I25, 
(43,  317,  655,  948. 

—  aux  processions,  p.  36. 

—  des  notaires  du  Puy  sur  les  procureurs,  p.  io3. 
des  officiers  catholiques  sur  les  officiers  protes- 
tants, p.    I  9. 

tradition      féodale;      tradition      monarchique, 

p .    !.">!. 

Pi  *>E!!TS  de  la  ville  de  Toulouse  au  gouverneur, 
p.  i38. 

Pr.ÉsiDiAL  de  Toulouse,  p.  366. 

PRESSAC,  greffier  au  Parlement,  p.  247. 

Pressac,  p.   I  2  I  S. 

Prêt  de  grains  pour  les  semences  réglementé, 
p.    52. 

Prétextions  rivales  des  grandes  compagnies  judi- 
ciaires, cause  de  troubles,  p.  365. 

Prêtres  assassinés  dans  les  Cévennes,  p.  730. 

de  l'église  de   Lodève;  demande  d'amélioration 

de  leur  sort,  p.   I  333. 

—  de  Saint-Lazare  demandés  pour  remédier  a  l'in- 
suffisance du  clergé  local,  p.  528. 

Preuves   généalogiques    de    noblesse,   pp.    72,    77, 

104,  120,  1334. 
Préveschéres,  p.  962. 

PRÉVILLE  (de),  chevalier  de  Malte,  p.  1  i36. 
Prévôt  CÉ.NÉBAL  de  Languedoc,  p.   17. 

—  des  maréchaux  de  France,  p.  i3oo. 
Prévôté;  son  organisation  en  1698,  p.  696. 
Prévôts  diocésains;  création  de  ces  offices,  p.  33. 

—  des  marchands  de  Paris  &  de  Lyon  gardent 
leur  caractère  électif  traditionnel,  p.  635. 


PRIEUR  (Pierre),  p.  863. 

Prieurés  :  de  Saint-André  de  Magencoules.p.  1 190. 

—  de  Saint-Bonnet,  p.  649. 

—  de  Saint-Denys,  p.  22. 

—  de  Sainte-Foi  de  Peyrolières,  pp.  22,  1189. 

—  de  Saint- Gilles,   pp.   io5,  ii36. 

—  de  Saint-Martin  de  Bobaux,  p.  553. 

—  de  Saint-Martin  de  Durfort,  p.  759. 

—  de  Saint-Martin  de  Valamas,  p.   1 197. 

—  de  Saint-Michel,  p.  75o. 

—  de  Saint-Paul  d'Auterive,  p.    1  23. 

—  de  Saint-Pierre  de  Brige,  p.  646. 

—  de  Snint-Pierre  de  Meyrueis,  p.  21. 

—  de  Saint-Priest,  p.  27. 

—  de  Saint-Sauveur  de  Chirac,  p.  22. 

—  de  Salinelle,  p.  649. 
~—  de  Saucines,  p.  649. 

—  de  Valergues,   p.  649. 
PRIMAUDAYE  (de  la),  p.   237. 

Prime  de  vingt-cinq    livres   par  cent  pieds  de  mû- 
riers, p.  86. 
Princes  ;  d'Anhalt,  p.   ii35. 

—  de  Béarn,  p.  319. 

—  de  Beaufort,   p.  279. 

—  de  Beauvau,  pp.  loi,  102,  io3,  104,  io5,  106, 
107,   I  08,  I  192,  I  198, 

—  de  Broglie  (Victor  de),  pp.  i3o,  1420,  1421, 
1423,  1424. 

—  de  Cellamare,  pp.  9ï5,  929,  io32. 

—  de  Condé,  pp.  5,  8,  i32,  143,  i85,  204,  221, 
222,  223,  224,  226,  228,  245,  253,  255,  278, 
279,  294,  296,  299,  3^3,  322,  323,  336,  337, 
341,  393,  394,  395,  3;6,  397,  791,  908,  i338, 
1  359. 

—  deConti,  pp.  10,  11,  12,  i5,  16,  17,  19,  20, 
83,  ii5,  118,  279,  296,  294,  3i2,  314,  337, 
341,  359,  365,  366,  367,  379,  383,  398,  399, 
405,  428,  429,  432,  443,  445,  4.^6,  578,  775, 
1045,   i338,   1359. 

—  de  Dombes,  pp.  49,   loSg,   1  i36. 

—  d'Harcourt,  pp.  34,  1026. 

—  de  Montbarrey,  p.   I2iy3. 

—  de  Rohan,  p.  71 . 

—  de  Sou  bise,  pp.  91,   100,   108,  122,  1198,  1282. 
Princes    légitimés;   leuis   querelles   avec  le  régent, 

pp.  908,  909;  leur  part  dans  la  conjuration  de 
Cellamare,  p.  925. 
Princesses  :  de  Clèves,  p.  495. 

—  de  Conti,  p.  370. 

—  de  Galles,  p.  52. 

—  de  Ligne,  p.   1285. 

—  de  Marsan,  p.  91. 

—  de  Piombino,  p.  to3. 

Pr.iNtiPAUTÉ  d'Orange,  p.  832  ;  un  article  du  traitf 
de  1697  y  stipule  le  rétablissement  du  culte  ré- 
formé; mais  une  déclaration  royale  défend  aux 
protestants  de  s'y  établir,  p.  708. 

Prinsuéjols,  p.   1408. 

PRIOUX  (Valentin),  greffier  de  la  réformation  des 
foiéts,   p.  467. 


iSqi 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


PfusoNS  de  la  Conciergerie,  p.   izS. 

—  seigneuriales,  p.  268, 
Prisonniers  de  guerre,  p.   161. 

—  espagnols  répartis  entre  plusieurs  villes,  p.  |65. 

—  de  guerre  évacués  de  Catalogne  en  Languedoc, 
p.   236. 

—  de  guerre  arrivant  d'Espagne;  leur  situation, 
p.   237. 

—  condamnés,  à  mort,  p.  535;  relâchés  pour  an- 
noncer que  le  roi  leur  faisait  grâce  à  condition 
qu'on  déposerait  les  armes,  p.  536. 

—  camisards  relâchés  dès  l'arrivée  du  maréchal  de 
Villars;  causes  de  cette  mesure,  p.  826. 

Privas,  pp.  6,  20,  21,  23,  68,  69,  177,  i83,  261, 
602,  612,  614,  1100,  1196,  1199,  1200,  1201, 
I  2o3,  141 1  ;  dette  de  la  commune,  p.  19. 

—  (Château  de),  p.   1 197. 

—  (Frères  des  écoles  de),  p.   1  196. 

—  (Récollets  de),  p.   i  196. 

—  (Ville  &  terroir  de),  p.   19. 

Privilège  pour  la  fabrication  du  cristal  de  roche, 
p.    18. 

Privilèges;  recherches  faites  pour  en  faire  la  co- 
dification, p.   168. 

—  de  la  Province;  leur  confirmation  générale, 
p.   5i;  défenses  par  les  Etats,  p.  Soç. 

—  détruits  par  Richelieu  &  revendiqués  parles 
Etats,  p.   I  53. 

—  des  capitouls  &  habitants  de  Toulouse  confir- 
més, p.  53:  des  habitants  de  Toulouse,  du  corps 
de  bourgeoisie  de  Toulouse;  des  capitouls, 
pp.   i38,   139. 

—  de  Nimes  confirmés,  p.  65. 

—  des  villes;   leur  valeur,  p.   1081. 

Privilèges  Je  la  province  de  Languedoc j  registre 
donné  aux  Etats  par  le  syndic  de  Vivarais, 
p.    169. 

Pf,oi:édiire  contre  l'évèque  d'Albi  par  un  commis- 
saire du  Parlement;  faits  relevés  contre  l'admi- 
nistration de  révêque,  p.  3  1  o. 

PiiocÉDURES  féodales  en  1721,  p.  953. 

—  onéreuses  au  sujet  de  la  recherche  des  usurpa- 
teurs de  titres  de  noblesse,  p.  448. 

Procès  d'un  conseiller  duelliste,  p.  180. 

—  intentés  ou  soutenus  par  les  communes  sans 
autorisation,  p.  847. 

—  ruineux  faits  par,  ou  au  nom  des  communes, 
p.   io3o. 

—  interminables,   p.  162. 

—  de  nobilité,  p.  io3i. 

Procès-verbaux  descriptifs  de  l'état  des  forêts  en 
|665  &  en  1666  forment  une  grande  partie  des 
archives  de  la  grande-maîtrise,  p.  468. 

—  des  séances  des  Etats  de  Languedoc,  imprimés 
depuis  1776  jusqu'à  la  Révolution,  pp.  1280, 
1281. 

Procession  à  Toulouse,  le  21  juin   1643,  p.   146. 

—  de  Saint-Edmond;  exaltation  de  ses  reliques  à 
Toulouse,  p.  3. 

Processions,  p.  36. 

Procurations  illimitées  données  par  les  assemblées 
provinciales  du  clergé,  pp.  861,  862. 


Procureurs  postulants,  p.   122. 

—  du  roi  de  police  près  des  hôtels  de  ville  de 
Languedoc,  p.    100. 

Productions  naturelles  du  Languedoc  détaillées 
dans  le  mémoire  de  Bâville,  p.  697. 

Produit  des  terres  augmentés  depuis  l'ouverture 
des  grandes  routes  &  la  construction  des  canaux 
&  des  ponts,  p.    1369. 

Professeur  de  philosophie  établi  à  Limoux,  p.  6 1 . 

Programme  de  contre-révolution  présenté  par  le 
prince  de  Conti  en  1788  &  publié  dans  un  mé- 
moire, pp.   1359,  i36o. 

Progrès  politique  &  administratif  accompli  à  la 
fin  du  règne   de  Louis  XIV,  pp.  915,  916,  917. 

PROHENQUE,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, pp.  349,  378. 

PROHENQUES  (Guillemette  de),  professe  de  l'ins- 
titut des  Filles  de  l'Enfance;  ses  plaintes  contre 
l'institut,  pp.  578,  579. 

Prohibition  du  cours  des  piastres  blâmé  par  Bâ- 
ville, p.  7o5. 

—  de  la  sortie  des  bêtes  à  laine  demandée,  p.  1384. 
Prohibitions  commerciales,  p.  268. 

—  relatives  à  la  coupe  des  bois  des  particuliers, 
p.    1072. 

Projet  de  canal  entre  Narbonne  &  Toulouse  par 
la  dérivation  des  eaux  de  la  Garonne;  ses  dé- 
tails, p.  452. 

Projets  de  canalisation  de  différentes  rivières, 
p.    1227. 

—  de  soulèvements  de  protestants  combinés  avec 
des  mouvements  d'armées  étrangères,  p.  621. 

Promenades,  p.  1060. 

Propagande  religieuse  reprochée  aux  catholiques 
&  aux  protestants,  p.  298. 

—  protestante  dénoncée  par  l'évèque  d'Alais, 
p.  993. 

Prophètes  ou  prédicants,  p.  087;  leur  réappari- 
tion entre  le  Gardon  &  le  Ccze,  p.  73  i;  *  Vale- 
rargues,  p.  732, 

Prophétesse  pendue,  p.  736. 

Pi.OPHÉTiES,  p.  976. 

Propriétaires  féodaux  créés  sous  Louis  XIV, 
p.  637. 

—  fonciers;  leur  situation  critique,  p.  937. 

Propriété;  son  organisation  en  Languedoc, 
p.   693. 

—  féodale  en  Languedoc  à  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  pp.  693,  694. 

—  foncière  ;  sentiments  de  réaction  contre  son 
envahissement  par  les  corporations  religieuses, 
p.    493. 

—  foncière  en  Languedoc;  sa  division  en  biens 
nobles  &  en  biens  roturiers,  p.  93  1  ;  sa  consti- 
tution défectueuse,  pp.  935,  936. 

Prosélytisme  religieux,  pp.  283,  284. 

Protection  des  sels  du  pays  Narbonnais,  p.  846. 

Protestantisme,  pp.  176,  177,  73 1;  sa  géographie 
en  Languedoc,  p.  547;  sa  vitalité  dans  la  Pro- 
vince, p.  623 . 

Protestants,  pp.  5,  54,  192;  déclaration  du  roi 
en  leur  faveur,  p.   1  1  ;  évocation  qui  leur  était 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


accordée,  cassée  par  le  conseil  d'Etat,  p.  i3;  leurs 
appréhensions  dans  les  premiers  jours  de  la 
régence,  pp.  176,  177,  1785  divisions  des  pro- 
vinces, colloques,  églises  en  Languedoc,  pp.  176, 
177;  leur  conduite  pendant  la  rébellion  de  Gas- 
ton d'Orléans;  instructions  données  à  leur  sujet 
en  1643  au  gouverneur  de  la  Province,  p.  179; 
reçoivent  des  assurances  de  protection  de  la 
part  de  Gaston  d'Orléans;  une  déclaration  de 
Louis  XIV  les  maintient  en  la  jouissance  des 
édits  concernant  la  liberté  circonscrite  de  leur 
culte,  p.  349;  après  avoir  profité  durant  la 
guerre  d'une  tolérance  de  fait  sont  de  nouveau 
menacés  depuis  la  paix  des  Pyrénées,  pp.  419, 
420;  ne  peuvent  être  enterrés  qu'à  la  pointe  du 
jour  3i  à  l'entrée  de  la  nuit,  pp.  17,  18  j  ne 
peuvent  être  enterrés  dans  le  cimetière  catho- 
lique de  Nîmes,  p.  18  ;  ne  peuvent  chanter  leurs 
psaumes  dans  les  temples  pendant  le  passage  des 
processions  du  Saint-Sacrement,  p.  19;  on  pro- 
pose aux  Etats  de  1667  de  leur  interdire  l'accès 
de  toutes  les  charges  qui  touchent  aux  deniers 
du  roi,  p.  478;  sont  exclus  du  consulat  d'An- 
duze,  p.  26;  conduite  de  d'Aguesseau  à  leur 
égard,  p.  619;  leur  réponse  après  la  lecture  de 
l'Avertissement  rédigé  par  le  clergé  de  France, 
p.  ^22;  le  consistoire  de  Montpellier  doit  céder 
les  donations  &  legs,  p.  26;  ceux  de  Caraman 
doivent  céder  leur  cimetière,  p.  26;  une  ordon- 
nance défend  aux  catholiques  de  les  offenser, 
p.  527;  le  manifeste  du  clergé  de  France  leur 
fait  pressentir  une  prochaine  tempête,  p.  528; 
leur  supériorité  sur  les  catholiques  pour  l'in- 
dustrie de  la  soie,  p.  53o;  mesures  d  intimida- 
tion à  leur  égard,  p.  27;  attaqués  &  décimés  par 
les  dragons,  reprennent  les  armes  en  Vivarais; 
causes  qui  amenaient  les  paysans  dans  les  ban- 
des, p.  533;  protestent  à  d'Aguesseau  de  leur 
fidélité  au  roi,  p.  533;  sont  désarmés  à  Nîmes 
sans  résistance,  p.  538;  mesures  législatives 
prises  contre  eux  durant  les  cinq  ou  six  années 
qui  précédèrent  la  révocation  de  l'édit  de  Nanres, 
pp.  547,  548,  549;  établis  à  Toulouse  doivent 
évacuer  cette  ville  dans  le  délai  de  huit  jours, 
p.  28;  convertis  en  Poitou,  p.  553  ;  abjurations 
en  masse,  p.  554;  leur  conversion  rapide,  p.  555  ; 
les  colloques  d'Albigeois,  de  Lauragais  &  de 
Foix  se  convertissent,  p.  555;  émigrés  reçoivent 
du  margrave  de  Brandebourg,  de  l'électeur  de 
Hesse,  de  la  Hollande,  de  la  Suisse  &  de  l'An- 
gleterre un  ensemble  d'avantages  &  de  privilèges 
importants,  pp.  56 1 ,  562,  563,  564,  565,  566, 
567;  avantages  particuliers  qui  leur  sont  faits 
surtout  dans  les  Etats  de  Frédéric-Guillaume, 
pp.  562,  563;  exilés,  peuvent  s'établir  dans  la 
Hesse,  p.  563;  ceux  qui  émigrent  sont  punis 
comme  criminels  d'Etat,  p.  569;  moyens  em- 
ployés pour  vaincre  l'opiniâtreté  de  ceux  qui 
résistent,  p.  570;  prime  promise  à  qui  livrera 
des  guides  ou  complices  de  fugitifs,  p.  3o;  édit 
de  1686  leur  enlevant  l'éducation  de  leurs  en- 
fants, p.  572;  effervescence  produite  parmi  eux; 
des  hallucinés  les  excitent;  terribles  châtiments 
qui  leur  sont  appliqués,  pp.  586,  587,  588, 
589,  590,  591  ;  proscrits  dans  les  régiments  en- 
nemis de  la  France,  p.  587;  recrudescence  de 
rigueur  contre  eux  après  la  paix  de  Ryswyck, 
p.  708;   ne  peuvent   s'établit  a  Orange,   p.  33; 


iSçS 

sont  avertis  que  le  temps  était  venu  de  ren- 
trer dans  le  sein  de  l'Eglise,  p.  711;  expulsés 
de  leurs  demeures  &  remplacés  par  d'anciens 
catholiques,  p.  8o5;  leur  désir  de  voir  la  fin  de 
la  guerre  des  Cévennes,  pp.  841,  842;  leurs 
espérances  après  la  mort  de  Louis  XIV,  p.  917; 
leur  supplique  au  régent,  pp.  918,  919;  pendus 
pour  avoir  assisté  â  des  assemblées,  pp.  35,  36; 
suppliciés,  p.  36;  assemblés  près  de  Nîmes,  sont 
massacrés,  p.  37;  tiennent  un  synode  le  2  mars 
1717,  p.  53;  surpris  dans  diverses  assemblées 
en  1720,  p.  973;  leur  situation  â  la  majorité  de 
Louis  XV,  pp.  992,  993,  994,  995,  996;  s'as- 
semblent pour  le  culte  public,  pp.  1066,  1067; 
leur  lettre  apologétique  à  M.  de  la  Devèze, 
p.  79;  se  réunissent  fréquemment  en  assemblées 
8c  assistent  au  prêche,  pp.  1066,  1067;  recru- 
descence de  rigueurs  contre  eux,  pp.  1073,  1074; 
plusieurs  sont  tués  ou  blessés,  p.  1074;  tiennent 
un  synode  au  désert  en  1744,  p.  79;  tiennent 
un  colloque  à  Mazamet;  y  sont  surpris  en  as- 
semblée, p.  80;  sont  dénoncés  par  l'évêque  de 
Saint-Pons  dans  l'assemblée  générale  du  clergé 
de  France,  pp.  1075,  1076;  synode  de  1744; 
organisation  de  leurs  consistoires,  p.  1077;  édit 
renouvelant  les  peines  portées  contre  eux, 
p.  1079;  après  les  rigueurs  exercées  contre  eux, 
en  1745,  ils  sont  appelés  à  prouver  leur  fidélité 
au  moment  de  l'invasion  de  la  Provence  par  les 
Autrichiens,  pp.  1079,  1080;  supplice  de  Desu- 
bas,  p.  8 1  ;  projets  de  l'intendant  Le  Nain  de 
lever  des  corps  de  volontaires  protestants, 
p.  1080;  dans  les  armées,  p.  1109;  exécution 
projetée  de  la  déclaration  de  1724;  résumé  du 
mémoire  de  Saint-Priest  sur  le  rétablissement 
de  l'ordre  dans  les  matières  de  religion,  pp.  i  1  07, 
1108,  1109,  iiio.  Mil,  1112;  surveillés  en 
1751  comme  au  temps  des  camisards,  p.  Iii5; 
particularités  remarquables  sur  leur  état  extrai- 
tes des  mémoires  de  Barthès,  p.  Iii5;  préoccu- 
pations du  gouvernement  sur  la  forme  anormale 
de  l'état  civil  des  protestants,  p.  1119;  requête 
en  leur  faveur  présentée  en  1752,  p.  86;  mau- 
vaises dispositions  de  la  Cour  à  leur  ég.i  rd , 
pp.  ii35,  1  1 56  ;  préoccupent  l'intendant  au 
moment  des  élections  municipales,  p.  11 38; 
conduite  modérée  du  duc  de  Mirepoix  â  leur 
égard,  p.  ii39;  la  tolérance  commence  à  être 
réelle  pour  leurs  assemblées,  p.  1141;  sont  l'ob- 
jet de  mesures  de  rigueur  en  Guienne,  p.  M  44  ; 
instructions  les  concernant  adressées  au  com- 
mandant en  chef  en  Languedoc,  p.  i  145;  arrêtés 
en  Querci  pour  avoir  tenté  de  délivrer  un  mi- 
nistre, p.  I  i65i  théories  erronées  répandues  sur 
leurs  croyances,  p.  1168;  intention  arrêtée  de 
Louis  XVI  d'améliorer  leur  situation;  leur  ét^it 
civil  reconnu,  pp.  1342,  i343;  timides  protes- 
tations dans  quelques  cahiers  de  1789  contre 
redit  des  non-catholiques,  p.   i382. 

Pi.OTESTAiVTS  du  bas  Languedoc  moins  exaltés  que 
ceux  des  Cévennes,  p.  532. 

—  â  Bédarieux,  à  Nimes,  p.   11. 

—  de  Castres,  p.  768. 

—  du  pays  castrais,  p.  868. 

—  de  Meyrueis  bâtissent  l'église  catholique,  p.  22. 

—  montalbanais;    font  exécuter   des    travaux    dé- 
fensifs,  p.  353. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i594 

Protestants  de  Montpellier,  sont  armés  de  nou- 
veau par  le  maréchal  de  Schomberg,  p.  233. 

—  de  Nimes,  sont  désarmés,  p.  38;  présentent  un 
placet  à  Montrevel,  p.  39;  présentent  une  re- 
quête à  Villars,  p.  39;  offrent  de  prendre  les 
armes  contre  les  insurgés  des  Cévennes;  haran- 
gue de  M.  d'Albenas  à  ce  sujet,  p.  8ï6. 

—  de  Privas,  doivent  vider  incessamment  la  ville, 
pp.  20,  463, 

de  Tournon,  doivent  quitter  la  ville,  p.  23. 

—  convertis,  p.  20. 

Protestation  de  plusieurs  municipalités  contre  la 
constitution  des  Etats,  p.   129. 

—  du  Parlement  de  Toulouse,  p.   i3o. 
PROUGEN,  conseiller  au   Parlement  de  Toulouse, 

P-  947- 

Prouille,  abbaye,  p.  362. 

(Monastère  de);    le   maintien  en  est  demandé, 

pp.   i383,   1384. 

Provence,  pp.  67,  60,  98,  loâ,  289,  32$,  336, 
367,  387,  542,  663,  699,  728,  729,  773,  847, 
893,  902,  948,  963,  969,  I  |36;  en  insurrection 
contre  son  gouverneur,  p.  287;  la  peste  y  fait 
quelques  ravages,  p.  460;  envahie  par  les  Autri- 
chiens, p.   1079. 

PROVENCE  (Comte  de),  frère  du  roi,  pp.  ii3, 
i3i5,  1359;  désigné  comme  gouverneur  de  Lan- 
guedoc, p.  1274;  son  voyage  dans  la  Province, 
p.  i3i3;  itinéraire  3t  détail  des  fêtes,  p.  i3i4; 
prononce  un  discours  à  la  dernière  séance  de 
l'assemblée  des  notables,  p.   1341. 

Province  de  Languedoc;  cesse  d'exister  le  26  fé- 
vrier 1790,  p.   144. 

Provincia;  ses  confins  étudiés  en    1661,  p.  399. 

Provinces-Unies,  p.  818. 

Prunes  sèches,  p.  698. 

Prunet-Montvaillant,  dévasté,  p.  8o5. 

Prunet,  en  Vivarais,  p.   1202. 

PRUNIET,  habitant  de  Carcassonne,  p.  36i. 

Prusse,  p.  856. 

PSALMODI,  p.  649. 

PSELLOS,  précepteur  de  Michel  Ducas,  p.  |33. 

PuECHAURIOL,    p.    92. 

Puechredon,  pp.  823,  83i,  841. 

Puech-Salomon,  seigneurie  du  diocèse  de  Limoux, 
pp.  478,  1008. 

PuGES  (Rochers  de),  sur  la  Garonne,  p.   1282. 

PUGET,    président  au    Parlement,  p.   149. 

PUGET  DE  GAU,  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.   1 89. 

PUGET  (de),  président  à  mortier  du  Parlement  de 
Toulouse;  obstacles  qu'il  oppose  à  la  liberté  de 
la  navigation  du  Tarn,  p.  428. 

Pl'GET  DE  SAINT-ALBAN,  mainteneur  des  Jeux- 
Floraux,  p.  661. 

Pl'GET  (de),  chanoine,  maître  es  Jeux-Floraux, 
p.   661. 

PUGET  (de),  président  à  mortier  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.  1218. 

PUGET  (Baron  du),  p.   i352. 
PUGET  (Marquis  du),  p.   i352. 


PcGET  (Terre  de),  p.    1218. 

PUGNÈRES  (de),  p.   i352. 

PuiEEGON,  commune,  p.   i385. 

PUIBUSQUE  (Seigneur  de),  p.  478. 

PuicHÉBic,    au   diocèse    de   Carcassonne,   pp.    59, 

1008,   1 159. 
PuiCHÉRic,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
PuissALiER  (Hôpital  de),  p.  696. 
PuiVERT,  marquisat,  pp.  26,    1  10. 

PUIVERT  (de),  président  à  mortier  au   Parlement 
de  Toulouse;  son  exil,  p.  1218. 

PUIVERT,   président  au    Parlement   de  Toulouse, 

p.    1270. 
PujOL  (Commune  du),  p.  71. 
PUJOL  (de),  p.  23. 
PUJOL  (Comte  du),  p.  7  1 . 
PUJOL  (Suzanne  de),  p.  864. 
PUJOL  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse: 

son  exil,  p.  1219. 
Pu.IOLS,  p.   38  I. 
PURPAN  (de),  docteur  régent  en  médecine,  p.  $40. 

PUSSORT  ;  citation  d'une  phrase  de  cet  auteur,  à 
propos  des  procureurs,  p.  i32i. 

Puv  (Le),  ville  épiscopale,  pp.  47,  60,  69,  81, 
9.5,  96,  98,  io2,  121,  123,  124,  126,  128, 
i56,  285,  332,  459,  481,  482,  483,  487,  53i, 
85i,  890,  982,  1004,  io65,  1129,  1149,  I  i.')2, 
1178,  1235,  1286,  i3o7,  i3o9,  i335,  137^^, 
i38o,  1890,  1406,  1418,  1428;  des  attroupe- 
ments s'y  forment,  p.  1 3  ;  date  de  l'établisse- 
ment de  rhôpital,  p.  32;  établissement  de  trois 
chaires  de  théologie,  p.  34;  privilège  aux  habi- 
tants de  la  rue  de  la  S,iunerie,  p.  70;  projet 
du  rétablissement  de  ses  manufactures,  p.  480; 
les  consuls  du  Puy  accueillent  froidement  les 
projets  d'un  chemin  reliant  leur  contrée  aux 
côtes  de  la  Méditerranée;  décadence  du  com- 
merce &  de  l'indusirie  dans  cetie  ville;  ses 
causes,  pp.  484,  435;  les  consuls  établissent  des 
taxes  sur  le  bois  flotté,  p.  489;  opinion  des 
consuls  sur  la  canalisation  de  la  Loire,  p.  490  ; 
d'Aguesseau  s'y  rend  par  le  Vivarais,  p.  029; 
sa  population,  p.  692;  les  jésuites  y  dirigent 
un  collège,  p.  690;  chute  de  la  charpente  de  la 
chapelle  de  l'hôpital  général,  p.   1  i  12. 

—  (Chapitre  du),  p.  1  198. 

—  (Collège  du),  p.  119. 

—  (Députés  du),  p.  314. 

—  (Diocèse  du),  pp.  42,  57,  92,  93,  100,  114, 
117,  126,  3oo,  473,  481,  620,  664,  1178;  dé- 
vasté par  la  grêle  en   1727,  p.  1004. 

—  {Evêque  du),  p.  i388. 

—  (Hôpitaux  du),  p.  i335. 

—  (Sénéchaussée  du),  pp.  696,  1267,  1867,  i383, 
i386. 

PuYCUSQUE,  p.    I  248. 

PuiCELSi,  au  diocèse  d'Albi,  pp.  1008,  1088,  iii5, 
1408;  distraction  de  deux  paroisses  de  ce  consu- 
lat, p.  61;  ses  armoiries,  p.  687. 

Pi YCERUA,  p.  356  ;  est  prise  par  le  prince  de  Conti , 
p.  II. 

PUYLAROQUE  (de),  p.  619. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES, 


PUYLAROQUE  (Marquis  de),  pp.   i355,    iSj-j. 

Pdylaurens,  pp.  14,  ï8,  63,  75,  120,  122,  124, 
409,  729,  1073,  1264,  1255,  1402,  1408;  les 
matériaux  provenant  de  la  démolition  du  ton- 
pie  protestant  servent  à  la  reconstruction  de 
l'église  catholique,  p.  28. 

—  (Seigneurie  de),  p.  907. 
PcYMAuBiN,  baronnie,  p.  80. 
PUYMAURIN  (de),  p.  1319. 

PUYMISSON  (Guillaume  de),  conseiller  au  Parle- 
ment, pp.  149,   242. 

PUYMISSON  (Jeanne  de),  p.  5-;3. 

PUYSIEULX  (Marquis  de),  p.  1106. 

PiYVERT,  au  diocèce  de  Mirepoix,  p.  472. 

PfYVEHT,  prieuré,  p.    1189. 

PUYVERT  (Chevalier  de),  p.  i352. 

PUYVERT  (Marquis  de),  p.  1102. 

PUYVERT  (de),  p.    1102. 

Pyfara  (Mont),  p.  1202. 

Pyramide  élevée  à  Louis  XVI  par  l'ordre  des  avo- 
cats après  le  rétablissement  du  Parlement  en 
1775,  p.  1415. 

Pyramides  bornales  de  la  Guienne  à  l'ouest  de 
Toulouse,  p.   140  I. 

Pyrénées,  pp.  472,  ioo3,  looS,  1241,  1252,  126;, 
1261,  1401  ;  séparant  la  Gaule  de  l'Espagne, 
doivent  servir  de  délimitation  aux  nouvelles 
frontières,  p.  874. 

—  (Vallées  des),  p.  i  2<  1 . 
Pyrénées-Oriemtales,  p.  1425, 


Q 


Quarantaine  établie  à  Béziers  le  3o  décembre  1721, 
p.    -.-.. 

—  à  Marseille,  p.  704. 

—  générale  après  la  peste  de  1721,  p.  967. 
Quartier   d'hiver,   pp.    24,   366,  5^9;    taxe    levée 

sous    le    nom     de    subsistance,     p.     i63f     cause 

d'appauvrissement,  p.  233  j   sa   justification  d».*- 

vant  les  Etats,  p.  239. 
Quatrain    composé    à    l'occasion    du    déplacement 

d'une  croix,  p.  717. 
Qi/BKCi,   pp.    148,    162,    177,   246,  260,  469,   471, 

7^4,   1235,   1238,    1402. 

—  (Régiment  de),  p.  879. 

—  (Sénéchal  de),  p.  9. 

Querelles  ecclésiastiques,  pp.  861,  862,  865,  866, 
867,  83o,   83i, 

—  de»  évéques  &  des  subdélégués,  pp.   1010,  1011. 
•^  de  l'intendant  &  de  l'évcque  de  Nîmes,  pp.  99 1 , 

1000. 

—  de  préséance,  p.  i375;  dès  les  premiers  jours 
de  la  régence  du  duc  d'Orléans,  p.  909;  à  'Tou- 
louse, p.  948)  entre  les  officiers  royaux  &  les 
consuls  des  villes,  p.  59. 

—  parmi  les  catholiques,  entre  romains  &  galli- 
cans, p.  861 . 

QUERET,  notaire,  à  Pans,  p.   1206. 


i5g5 

QuÉniGUT,  lieu,  p.  517. 

Question  religieuse  servant  de  prétexte  à  l'exten- 
sion du  brigandage,  p.  029. 

Questions  d'utilité  publique  étudiées  par  les  re- 
présentants du  pouvoir  central,  p.  974. 

QUEYRATZ,  capltoul,  p.  335. 

QUEYRATZ,  docteur  régent  en   médecine,  p.  340. 

QUEYRATZ,    député    de   Toulouse    aux    Etats    de 

i653,  p.  348. 
QuiBERON  (Pointe  de),  p.  954. 
QuiERS  (Cap  de),  p.    12. 
QfiLHAN,  p.  1072. 

QuiLLAN,  pp.  87,  409,  47^,  472,  698,   i385,  1405. 
—  (Curé  de),  assassiné,  p.  86. 
QuiNCAiLLEr.iE  importée  en  Languedoc,  p.  704. 
QUINQUIRY  (de),  p.  i355. 
Qui.\TENAC,  en  Vivarais,  p.   1202. 
QUIQUERAN  DE  BEAUJEU,    évéque    de    Castres, 

meurt  à  Arles;    les  derniers  sacrements  lui  sont 

refusés,  p.  70. 
QuissAc,  pp.  482,  487,   764,   81 5,  1406;   Froidour 

y  couche,  à  l'hôtellerie   des    T, ois-Rois,  p.  481  . 
Quittance   faite  à  iean    Daspe  pour  son  achat  de 

l'office  de  maire  de  Toulouse,  p.  641. 


R 


RAB AN  (Edouard),  libraire  à  Nimes;  son  bannisse- 
ment, p.   18. 

Rabastens,  pp.  26,  58,  94,  1088,  ii53,  1401, 
1407. 

RABAT  (Marquis  de),  pp.  4,  5,  245,  253,  255, 
258,  259,  260,  264;  satisfaction  accordée  à 
l'évéque  de  Rieux,  p.  265;  ses  démêlés  avec  ses 
voisins;  armes  de  sa  maison;  conserve  un  ap- 
pareil militaire,  p.  253;  premier  baron  des 
Etats  de  Foix,  chanoine  de  Saini-Volusien  ; 
étendue  de  ses  domaines;  sa  condamnation;  at- 
tentat contre  l'évéque  de  Rieux,  p.  254;  passe 
dans  l'armée  du  prince  de  Condé,  p.  255;  son 
oncle,  Henri  de  Gondrin,  cherche  k  étouffer  la 
querelle,  p.  258;   son  arrestation,  p.  299. 

RABAUDY,  viguier  de  Toulouse,  p.  243. 
RABAUDY,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.   1219. 

RABAUDY  (M""-  de),  p.  243. 

RABAUDY  (M"»  de);  a  son  château  ravagé  par 
l'inondation,  pp.   1009,  loio. 

RABAUT  (Paul),  ministre  protestant,  pp.  86,  106, 
1066,  1067,  1080,  I  1 39 ;  envoie  un  mémoire  en 
faveur  de  la  famille  Calas,  p.   1 168. 

RABAUT  DE  SAINT-ÉTIENNE,  député  aux  États 
généraux,  pp.  129,  1878,  1389,  i393;  prend 
part  à  la  rédaction  du  règlement  de  l'Assemblée 
nationale,  pp.  1890,  1391  ;  adhère  à  la  nou- 
velle division  territoriale,  pp.   1398,   1399. 

Rabenty  (Forêt  de),  p.  472. 

RACAN,  de  l'Académie  française,  pp.  247,  249. 

Rachat  des  censives,  p.  72. 


iSgô 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Rachat  de  charges  municipales,  pp.  iii,  iiz. 

—  de  réquivalent  par  les  Etats,  pp.  273,  277. 

—  de  divers  offices,  pp.  864,  982,  983. 

—  d'offices  par  les  communes,  p.  638. 

—  à  prix  d'argent  par  les  communes  de  Langue- 
doc de  l'obligation  de  fournir  des  hommes  de 
milice,  p.  890. 

—  des  rentes  foncières,  p.   1339. 

RACHAT,  subdélégué  de  l'intendance,  p.   i2o5. 
RACINE  (Louis),   nommé   associé   étranger  par 
l'académie  des  sciences  de  Toulouse,  p.   iio3. 

RAFFANEL  (Pierre),  concessionnaire  d'un  trans- 
port par  eau  de  Toulouse  à  Bordeaux,  p.  451. 

RAFFIN  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 

pp.    1  195,  I  1  98. 
Raffinebie  de  sucre  à   Cette,   p.    53;   obtient  des 

privilèges  fiscaux,  p.  64. 

—  de  sucre  à  Montpellier,  p.  82. 

RAFIN  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 

p.   1218. 
RAFINESQUE   (Jean),    d'Uzès;    se   fixe  à  Magde- 

bourg  &,  avec   d'autres   protestants   proscrits,  y 

fonde  une  manufacture,  p.  564. 

RAGOT,  chanoine  &  archidiacre  d'Alet,  relégué  à 
Brives,  p.  5o5;  est  un  des  exécuteurs  testamen- 
taires de  Nicolas  Pavillon,  p.  609. 

RAr.oTZi,  p.   760. 

RAIMOND  (Jacques),  seigneur  de  Saint-Etienne  de 
Valfraricesque,  p.  799. 

Rambouillet,  p.  552. 

—  (Forêt  de),  p.  553. 
RAMEL  (Timothée),  p.   195. 
R.AMEL-NOGARET,   député   aux   États  généraux, 

pp.  1378,  1398. 
Ramieb,  forêt,  p.  474. 
Ramière  (la),  prieuré,  p.  21. 
RAMONDY,  substitut  du  procureur  général,  maître 

es  Jeux-Floraux,  pp.  5 1 1 ,  661 . 
Ramo.vville,  p.  1241. 
Rampon  (Bois  de),  p.  617. 

—  (Massifs  de),  p.  8o5. 

RANCHIN  DE  MONTREDON,  maître  es  Jeux- 
Floraux,  pp.  93,  656,  66  I . 

Rançon  payée  aux  troupes  royales  par  les  capi- 
touls  pour  rentrer  en  possession  de  baraque- 
ments déjà  payés  par  la  ville  de  Toulouse, 
p.  38o. 

RANSE  (André  de),  sieur  de  la  Perche,  intendant 
de  justice,  police  &  finances,  p.   i32. 

RAOU  (Gabriel),  consul  de  Béziers,  p.  3o2. 

RAOUL,  connétable,  p.  450. 

RAOUL  (Daniel),  laboureur  de  Vagnas,  puis  pré- 
dicant,  p.  733. 

RAOUSSET,  tué  dans  un  combat  contre  Cavalier, 
p.   816. 

RAPHAËL,  juif,  p.   1226. 

Râpin,  p.  552. 

RAPIN  (Paul  de),   seigneur   de  Thoiras,  passe   en 

Angleterre,  p.  566. 
Raschas,  lieu,  pp.  482,  484,  487. 


RA.sir.i;iÉRES,  p.  409. 

RASIMBAULT  (Jacques),  p.  863. 

RASPIDE,  gentilhomme,  p.   i352. 

Rassemblement  de  protestants,  p.  75o. 

Rastadt  (Paix  de),  p.  903. 

RASTELET,  camisard;    major  général  de  l'armée 

insurrectionnelle,  p.  789. 
RAT,  juge,  p.  980. 
RATABON,  évêque  de  Viviers,  p.  52. 
Ratines,  pp.  84,  698. 

—  fabriquées  dans  les  Cévennes,  p.  702. 
RATTE,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 

finances  de  Montpellier,  p.   1097. 

RANCHIN  (François),  p.   I  169.  * 

RANCHIN  (Théophile),  p.   1159. 

RANCHIN  DE  MONTARAN  (Charles-François), 
gouverneur  de  Saint-Hippolyte,  p.  1 159. 

Raubet,  p.  764. 

Ravaillac,  p.   ICI 5. 

RAVANEL,  chef  camisard,  lieutenant  de  Cavalier, 
pp.  39,  40,  787,  789,  878;  bat  les  troupes  com- 
mandées par  M.  de  Broglie,  p.  766;  se  prononce 
contre  Cavalier  après  la  soumission  de  celui-ci, 
p.  841;  rentre  en  Languedoc  &  prend  part  à  la 
conjuration  de  Nimes,  p.  858;  est  arrêté  chez 
Allson  à  Nimes,  pp.  41,  859;  est  condamné  a 
être  brûlé  vif;  supporte  les  épreuves  de  la  tor- 
ture sans  dire  un  seul  mot,  pp.  41,  860. 

RAYET  (J.),  imprimeur  à  Toulouse,  p.  1293. 
RAYMOND,  auteur  des  projets  d'embellissement  de 

Nîmes,  p.   125. 
RAYMOND-LASESQUIÈRE  (de),  p.    i3oi. 
RAYMOND  ROGER,  comte  de  Foix,  p.  872. 
RAYNAL  (Jean),  maire  perpétuel  de  l'Isle-d'Albi- 

geois,  p.  639. 

RAYNAL,  p.    1232. 

RAYNAL,  subdélégué  de  l'intendance  à  Toulouse, 

pp.   1248,  I  25o. 
RAYNAUD   (Guillaume  de),  sieur   de   Pesseplane, 

p.   863. 
RAZEINGUES  (M"""  de),  p.  1225. 
RAZEPEL  (Jean),  exécuteur  de  la   haute  justice  à 

Toulouse,  p.  245. 
Razès,   pp.   472,  864;    ravagé    par    les   orages   en 

1707,  p.  870. 
Razes,    étoffe    fabriquée   dans    le   diocèse   d'Albi, 

p.  698. 
Réaction    féodale  dans    les    règlements   des   États, 

dans  les  ordonnances  militaires,  dans  la  consti- 
tution des  municipalités,  p.  1288. 

—  contre  les  capitales  de  province,  p.   1374. 

—  provinciale  dénoncée  à  l'Assemblée  nationale, 
p.   1396. 

Réalmont,  en  Albigeois,  pp.  i3,  73,  84,  93,  i25, 
261,   698,    ioc8,    1073,   1408. 

REALON,  marchand  de  Nimes,  p.  ^^i. 

REJ5É  (Claude  de),  archevêque  de  Narbonne, 
pp.  i58,  3i3,  322,  328,  346;  sa  réponse  vigou- 
reuse aux  discours  des  commissaires  du  roi  ai.x 
Etats  de  1645;  flétrit  les  excès  dans  la  percep- 
tion   des    taxes,    p.    239;    hostilité    de    !a    Cour 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i597 


contre  lui,  p.  208;  son  irritation  contre  les 
agents  du  clergé  à  Paris,  p.  269;  son  rôle  dans 
l'affaire  du  rachat  de  l'équivalent;  est  accusé  & 
menacé  par  l'abbé  de  La  Rivière,  p.  277;  est 
décrété  de  prise  de  corps  par  le  Parlement, 
p.  3o6;  reçoit  du  roi  commission  de  démolir  le 
château  de  Termes,  p.  345;  abandonne  la  pré- 
sidence des  Etats,  p.  363. 

Rebelles  cévenols,  p.  782. 

REBOUL,  négociant  à  Montpellier,  p.  849. 

REBOUL  (Jean),  p.  863. 

REBOUL  (Jacques),  autorisé  à  créer  une  manufac- 
ture d'étoffes  de  soie  à  Lavaur,  pp.  89,  96, 
I 143,    I  144. 

REBOUL,  membre  du  commissariat  de  la  Province 
de  Languedoc,  p.    1420. 

REBOULET,  ministre  protestant,  p.   19. 
Recensement    des    anoblis    susceptibles    de    taxe, 

pp.  63o,  63 1 . 
Recevelbs  de  tailles,  pp.  55,  117,  938,  io5i. 

—  &  contrSleit.s  de  tailles,  p.  70. 

—  de  tailles  &  commis  de  la  perception  d'Albi 
arrêtés;  s'évadent,  p.  3o6. 

Rechekche  des  usurpateurs  des  titres  de  noblesse, 
p.  447;  les  plaintes  contre  les  officiers  subalter- 
nes qui  y  sont  employés  amènent  la  suppression 
des  recherches;  nouveau  mode  de  recherche, 
p.  448;  qui  était  déclaré  usurpateur;  trouble 
dans  le  monde   capitulaire  toulousain,  p.  449. 

RECHiNiàC,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Réclamations  élevées  durant  la  peste  contre  les 
embarras  causés  par  les  mesures  de  précaution, 
p.   964. 

RECLOT,  conseiller   à   la   cour  des  comptes,  aides 

&  finances,  p.  1097. 
Récoltes  perdues  en  Languedoc,  p.  43i. 
Reconstitution  de  fiefs,  p.   io35. 

—  de  la  puissance  de  l'Etat,  p.   |386. 
Reddes  (Usage  des),  p.    16. 

Reddition  des  comptes  des  communes,  pp.  74, 
io5. 

Redevances  en  grains  &  en  argent  déclarées  rotu- 
rières; procès  à  ce  sujet,  p.    io3o. 

Redins  de  Mazamet,  &c.,  p.  85. 

REUONNEL,  ministre  protestant,  p.  1080. 

Réduction  des  rentes  provinciales  de  cinq  à  trois 
pour  cent;  application  de  la  réduction,  p.  945. 

—  sur  les  impositions  à  la  suite  des  perturbations 
atmosphériques,  pp.  1004,   ioo5. 

Kéflexions  d'un  citoyen  sur  la  protestation  du  Par- 
lement de  Toulouse  du  3i  août  1771  aux  j.  f. 
du  tripot  de  Toulouse,  titre  d'un  écrit  fausse- 
ment daté  de  Londres,  p.   1273. 

Réflexions  (Extraits  des)  sur  les  États  par  le  baron 
de  Rouville,  conseiller  de  grand'chambre  au 
Parlement  de  Toulouse,  pp.   1298,  1299. 

Réfobmation  des  Etats,  p.  8. 

—  des  ordres  religieux,  p.  21. 

—  générale  des  bois  des  pays  reconquis,  par  Louis 
de  Froldour,  p.  467. 

Rèfobme,  règne  en  souveraine  dant  les  Cérennes, 
p.  424. 


Réforme  capitulaire  de  1778,  pp.  1  3  i5,  i3  16,  i3i7. 
i3i8;  vivement  critiquée  par  le  Parlement  di 
Toulouse,  pp.  i3i5,  i3i6,  i3i7,  i3i8. 

—  judiciaire,  pp.  128,  1210,  1211,  1212,  I2i3, 
1214,  I2i5;  est  anéantie  dès  l'avènement  da 
Louis  WV ,  p.  1232;  causes  qui  firent  échouer 
l'œuvre  du  chancelier  Maupeou,  pp.  1266, 
I  267. 

—  de  l'organisation  judiciaireenVivarais.pp,  i3oo, 
i3o I . 

Réformes  économiques  de  Turgot  en  1776,  p.  1  279. 

—  du  régime  forestier,  p.  466. 

—  nécessaires,  p,  1297. 

—  à  l'ordre  à  jour,  p.   1298. 
Réformés  de  Sumène  &  Senilhac,  p.  17. 

—  du  bas  Languedoc,  leur  soumission  après  la 
Fronde,  p.  349. 

—  dauphinois,  p.  529. 

—  français  fondent  la  colonie  de  Berlin,  p.  56i. 
Réfuciés  d'Angleterre,  p.  734. 

—  catalans,  p.   12. 
— i  de  Genève,  p.  734. 

—  de  Hollande,  p.  734. 

—  français  poussant  les  puissances  coalisées  à  ral- 
lumer la  guerre  des  Cévennes,  p.  855. 

—  protestants,  envoient  des  émissaires  en  Langue- 
doc, p.  878. 

Refus  d'enregistrement  par  les  parlements  &  les 
juridictions  inférieures,  pp.  1345,  1346,  1347, 
■348,  1349,  i35o. 

Régale;  continuation  de  la  querelle,  p.  517. 

Régalistes,  pp.  5o3  à  5o8. 

Reoat,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

Régence  d'Anne  d'Autriche,  pp.  1,  160,  161  ;  en- 
registrée par  le  Parlement  de  Toulouse;  Te 
Veum;  procession  en  l'honneur  du  joyeux  avè- 
nement, p.  146. 

—  du  duc  d'Orléans,  pp.  908,  909,  910;  sa  fin, 
p.  971. 

Régents,  p.  92. 

Régime  judiciaire  auquel  est  soumis  le  duché 
d'Uzès  après  l'échange,  p.   1037. 

—  féodal,  p.  1235  ;  cause  de  désordre  dans  l'appli- 
cation de  la  justice  en  Vivarais  &  dans  le  Vêlai, 
p.  I  loi  ;  assurant  l'impunité  des  crimes  en  Gé- 
vaudan &  en  Vivarais,  p.  1195;  unanimité 
pour  en  effacer  les  derniers  vestiges,  p.    |386. 

Régiment  de  dragons  levé  aux  frais  de  la  Pro- 
vince, p.  5i I. 

—  de  Septimanie,  p.  79;  bénédiction  de  ses  dra- 
peaux, p.  107 1 . 

Régiments  cantonnés  en  Languedoc  pendant  l'hi- 
ver de  i685-i686,  p.  570. 
Registre  secret  du  Parlement  de  Toulouse,  pp.  222, 

Higlement  pour  les  élections  municipales  de  Ro- 
quemaure,  p.  5?, 

—  pour  la  fabrication  des  draps  gris-blancs  de 
Lodève,  p.  61 . 

—  pour  la  fabrication  des  cordes  à  laine,  p.  62. 

—  fait  en  1724  pour  les  assemblées  d'assiettes  de 
diocèses,  rectifiant  &  complétant  celui  de  i658, 
pp.  997,  998. 


[598 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Règlement  particulier  de  1778,  concernant  le 
corps  du   génie,    p.   izpS. 

Règlements  pour  l'ordre  &  la  discipline  des  Etats; 
date  de  leur  publication,  p.   io5. 

Reglouton,  en  Vivarais,  p.    1202. 

Règnes  de  Louis  XIV  &  de  Louis  XV  préparés 
par  l'afTaissement  de  l'esprit  public,  p.   267. 

Regordane,  voie  antique  menant  de  Nitnes  aux 
pays  des  Cabales  &  des  Arvernes,  p.  481  ;  son 
parcours;  son  état,  pp.  481,  482,  483;  Froi- 
deur n'est  pas  favorable  à  son  rétablissement 
à  cause  des  grandes  difficultés  qu'il  prévoit, 
pp.  483,  484;  avait  été  un  chemin  de  charroi 
pour  les  voitures;  mais,  lors  de  la  visite  faite 
par  M.  de  Froidour,  servait  à  peine  à  des  pié- 
tons, p.  483. 

Regbattiebs,   p.  5ii. 

REICH,  trésorier  de  la  bourse,  pp.  325,  332. 

REICH  (de),  p.  349. 

RE[CH  DE  PENNAUTIER  (Pierre-Louis),  receveur 
général  du  clergé  de  France  &  trésorier  de  la 
bourse  de  la  Province.   Toir  PENNAUTIER. 

REIGNAC,  conseiller  à  la  cour  des  aides  de  Mont- 
pellier, p.  36o. 

Reims,  p.   i  i. 

—  (Archevêque  de),  p.  364. 
Reine  (Régiment  de  la),  p.   1243. 
RfclAUMONT,  forêt,  p.  474. 

Réjouissances  publiques  à  l'occasion  du  mariage 
de  Louis  XIV  &  de  la  conclusion  de  la  paix, 
pp.  390,  391. 

Ria.APS,  p.  559. 

Rei.igiel'Ses  de  Gaillac,  p.  3o6. 

—  de  Saint-Joseph,  p.  479. 

—  de  Sainte-Claire,  à  Toulouse,  pp.  517,  58i, 
Sji,  592;  Innocent  XI  reproche  à  l'archevêque 
de  Toulouse  sa  conduite  à  leur  égard,  p.  25. 

—  de  Notre-Dame  du  Sac,  p.  923. 
Religieux;  acquisition  d'immeubles,  p.  20. 

—  de  la  Merci,  p.  75. 

—  de  Saint-Antoine  du  Salin,  p.  3|8, 

—  de  Saint-Roch,  p.  3  18. 

—  des  Tiers-Ordres,  p.  3  18. 

—  de  la  Trinité,  p.  3  18. 

Religion  catholique  outragée  par  le  chevalier  de 
Roquelaure,  p.  241. 

—  réformée  représentée  dans  la  députation  du 
Languedoc  aux  Etats  généraux,  p.   1378. 

Reliques  de  saint  Jean-Baptiste,  à  Perpignan, 
p.   400. 

Remboursement  des  charges  municipales,  p.  63. 

Remaniements  territoriaux  nécessités  par  les  im- 
perfections &  les  inégalités  de  la  division  de  la 
France  en  bailliages  &  sénéchaussées,  p.   1393. 

Remèdes  achetés  au  compte  de  la  Province,  pour 
les  pestiférés,  p.  963. 

—  contre  la  peste  demandés  à  un  médecin  de  Cas- 
telnaudary,  p.  32o. 

Remise  d'impositions  à  suite  d'inondations,  p.  62. 

—  de  3oo,ooo  livres  à  la  Province  sur  les  imposi- 
tions, p.  87;  de  200,000  livres,  p.  110;  de 
200,000  livres,  p.  117;  de  3oo,ooo  livres,  p.  120. 


Remise  accordée  pour  le  canal  de  Beaucaire,  p.  i23. 

—  à  la  Province  sur  les  vingtièmes  de  l'industrie, 

p.    123. 

—  de  400,000  livres  à  la  Province  sur  le  don  gra- 
tuit, p.   124. 

—  à  la  Province  de  25, 000  livres  sur  l'abonne- 
ment des  vingtièmes,  p.  127. 

Remises  accordées  à  diverses  communes,  p.  59. 

—  accordées  aux  diocèses  &  communes  atteintes 
par  la  grêle  &  l'inondation;  à  Castres,  à  cause 
de  ses  deux  incendies,  p.  Sq. 

—  accordées  sur  la  capitation  &  le  don  gratuit, 
p.   75. 

REMISSE,    officier  du    présidial  de    Montpellier, 

p.  892. 
Remontrances    au    roi    au    sujet    du    formulaire, 

p.  58. 

—  au  roi  &  à  la  régente  par  le  Parlement  de  Tou- 
louse contre  la  cour  des  comptes  de  Montpellier, 
p.  304. 

—  adressées  au  roi  par  l'évêque  de  Nimes,  dénon- 
çant les  protestants  &  demandant  la  suppres- 
sion de  la  communion  dissidente,  pp.  420, 
421,  412,  423. 

—  faites  au  nom  de  la  cour  des  aides  &  finances 
de  Montpellier  contre  la  suspension  des  Etats 
de  Languedoc,  pp.  1096,  1097,  1098;  corres- 
pondance échangée  à  cette  occasion  entre  Mont- 
pellier &  Versailles,  pp.   1098,   1099. 

—  de  la  cour  des  comptes  de  Montpellier,  relatives 
à  redit  du  vingtième,  p.   i36o. 

Remoulins,  pp.  88,  1406. 

—  (Hôpital  de),  pp.  696. 

—  (Pont  de),  p.  77. 
Renaissance  du  romanisme,  p.  693. 

RENARD  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 

RENAl'DOT,  abbé,  p.  720. 

Rencontre  de  gentilshommes  en  Vivarais,  p.  180. 

RENÉ,  professeur  à  la  faculté  de  médecine  de 
Montpellier,  p.   1239. 

RENEAU  (Pierre),  niveleur,  p.  453. 

Rennes,  pp.  409,-946. 

Renneville;  ses  armoiries,  p.  688. 

Renouveliement  du  cadastre  à  Lodève,  p.  61. 

Rentes  diminuées,  p.   io3i. 

—  perpétuelles,  p.  5o. 

—  provinciales,  p.  58. 

—  foncières,  p.  109;  frappées  par  l'impôt  du 
dixième,  p.  888. 

—  provinciales  réduites,  p.  945. 

Rentiers  de  la  Province;  leurs  accusations  contre 
la  gestion  des  Etats  de  la  Province,  pp.  101  1, 
1012. 

Réorganisation  forestière  de  Languedoc,  pp.  369, 
470.  47  ■>  472.  473,  474- 

—  de  la  justice  en  Vivarais,  p.   i3o2,  i3o3. 
Répartition   des    sommes   versées   par   les   diocèses 

pour  le  rachat  par  les  communes  de  l'obligation 
de  fournir  des  hommes  pour  la  milice,  p.  890. 
Représentant  de  droit  de  chaque  ordre  aux  Etats 
généraux,  p.  280. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  KOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i599 


REPKtSENTATiox  municipale  aux  États;  ce  qu'elle 
éta;t  à  l'origine;  ce  qu'elle  devient,  p.   i  Sy. 

—  du  tiers  aux  Etats  généraux,  p.  282. 

—  provinciale;  sa  transformation  après  l'organi- 
sation des  intendances,  p.  Sây. 

Reproches  réciproques  de  subornation  faits  entre 
protestants  &  catholiques,  p.  284. 

Réquisitoire  de  la  noblesse  du  diocèse  d'Alet 
contre  Nicolas  Pavillon,  p.  414. 

RtSEAC  remarquable  de  routes  dans  la  Province, 
p.  1060. 

Résidence  des  évêques,  p.  8. 

RESSÉGLIER  (de),  conseiller  au  Parlement,  maître 
es  Jeux-Floraux,  p.  661. 

UESSÉGUIER  (dej,  avocat  général  au  Parlement 
de  Toulouse,  p.  i325. 

RESSÉGUIER  (de),  procureur  général  près  le  Par- 
lement de  Toulouse,  pp.  1348,  1394;  chargé  de 
requérir  la  transcription  des  lettres  patentes 
constituant  le  nouvel  ordre  judiciaire,  p.  I4i3; 
déclare  cesser  tout  acte  de  son  ministère  &  remet 
les  lettres  patentes,  p.  1414;  est  décrété  d'accu- 
sation, par  l'Assemblée  nationale,  avec  les 
membres  de  la  chambre  des  vacations,  p.   1422. 

Ressort  du  Parlement  de  Toulouse,  p.  iiS. 

Restes,  lieu,  p.   1218. 

RESTINCLIÈRES,  sénéchal,  pp.  23(5,   1400. 

Rétablissement  des  offices  municipaux,  pp.  1  120, 
I  121,  i  122. 

Retocrtoor,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Retranchement  de  gages,  p.  26g. 

Rétroactivité  de  la  roture,  p.  104. 

RETZ  (Cardinal  de),  archevêque  de  Paris,  p.  266; 
quelques-unes  de  ses  phrases  à  propos  du  pouvoir 
absolu,  pp.  266,  267;  exilé  depuis  les  troubles 
de  la  régence,  p.  401;  est  forcé  de  se  démettre 
de  son  archevêché  pour  se  réconcilier  avec  le 
roi,  p.  402. 

RécniO!»  d'offices  annulée,  p.  1  i3. 

—  des  évêques  de  Languedoc,  au  sujet  de  l'état 
civil  des  nouveaux  convertis,  pp.  Iiio,  1121, 
I  122. 

Rk.veil  féodal  dans  les  premiers  mois  de  la  régence 
d'Anne  d'Autriche,  p.   180. 

—  des  mœurs  féodales  en  Languedoc,  p.  328. 
RtVEiLLELi'.s  de  ville  à  Toulouse,  p.  3 18. 
Revel,  pp.   33,    100,    101,    120,   422,   460,    .5.Î4, 

729,  944,  1062,  1073,  1253,  12.54,  'î-'»-''.  '4''4; 
tes  armoiries,  p.  688  ;  ses  plaines  fertiles,  p.  698, 

—  (Maladrerie  de),  p.  69'). 

—  (Plaine  de),  pp.  1246,  1262,  i253,  1254,  i255. 
Revendeuses  de  porc,  à  Montpellier,  p.  64. 
Revenus  de  l'Eglise  en  Languedoc,  d'après  Bâville, 

p.   694. 

REVERSAT,  curé,  p.  741. 

Révocation  des  édits  portant  création  de  messa- 
gers royaux  en  Languedoc,  p.  g. 

—  des  taxes  de  joyeux  avènement,  p.  240. 

—  de  ledit  de  Béziers;  négociations  qui  l'ont 
précédée,  p.  290;  est  définitivement  prononcée, 
p.  292. 


Révocation  de  l'édit  de  Nantes  en  octobre  i685, 
pp.  29,  497,  792,  I  120;  préparée  par  les  assem- 
blées provinciales,  p.  419;  ses  effets,  ses  causes, 
pp.  643,  544,  545;  suscite  à  la  France  d'ar- 
dents ennemis,  p.  606;  ses  conséquences  vis-à- 
vis  des  puissances  étrangères,  p.  731. 

Révolte  cévenole;   ses  premiers  éléments,  p.  749. 

Révoltés  cévenols,  p.  782. 

Révolution  française,  p.  916. 

REY,  concessionnaire  de  salins,  p.  i  17. 

REY  (Bonaventure),  p.  733. 

REY  (Abbé  de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 

REY  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.   1219. 

REY  DE  SAINT-GÉRY  (Clément- Jean- Augustin 
de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse,  fait 
partie  de  la  commission  d'enquête  de  1783, 
pp.   1 32 1 ,  i325. 

REYMOND  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1218. 

REYMOND  (de)  fils,  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.  1219. 

REYNAL  (de),  nommé  conseiller  au  Parlement 
Maupeou,  p.   1214. 

REYNAL,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.    i335. 

REYNAL  (de),  p.  i365. 

Reyniès,  commune,  pp.  967,  çSS,  pSp. 

Rhin,  p.  239. 

Rhône,  pp.  2,  42,  46,  60,  71,  93,  106,  ii5,  124, 
126,  128,  176,  382,  335,  461,  469,  478,  532, 
541,  599,  601,  644,  777,  788,  841,  85i,  852, 
878,  879,  882,  892,  949,  952,  960,  969,  9-'2, 
1004,  1064,  1099,  ii33,  1134,  1195,  i3o2, 
i383,  1384,  i386,  1406,  1409,  1410,  1428; 
possédé  d'un  bord  à  l'autre  par  le  roi  de  France, 
p.  60;  déborde,  p.  89;  affirmation  des  droits  de 
la  France  sur  la  propriété  de  ce  fleuve,  p.   1001. 

—  (Bassin  du),  p.  482. 

—  (Côte  du),  p.  7o3. 

—  (Navigation  du),  p.  481. 

—  (Travaux  du),  p.  84. 

—  (Vallée  du),  pp.  773,    io65. 

Rhosnt  (Pont  de),  p.  823. 

Ribalte,  dans  les  Cévennes,  p.  427. 

RiBAUTE,  paroisse  i  l'est  d'Andiize,  p.  757. 

RIKAUTE  (Baron  de),  p.   io36. 

RIBAUTE  (Comte  de),  p.  io36. 

RIBES,  député  de  Toulouse  aux  Etats,  p.  355. 

RiBES,  en  Vivarais,  p.  1202. 

RIBEYRAN,  docteur  en  Sorbonne,  p.  445. 

RiBONET,  lieu,  p.   1219. 

RIBONET  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 

RiBOtisSE,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix, 
pp.  871,    1009. 

Rirot'issE,  lieu,  p.  1082. 

RICARD  (Antoine),  marchand  droguiste  à  Tou- 
louse, p.  849. 

RICARD  (Hilaire),  entrepreneur  de  la  fontaine  Je 
Montpellier,  p.  106. 


i6oo 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


RICARD,  député  iiux  États  géuér.iux,  p.   iSyS. 
RICHARD,  conseiller  aux  enquêtes  au  Parlement, 

p.    174. 
RICHARD,  député  de  Bourg-Argental,  p.  1409. 
RICHER    DE    BELLEVAL,    professeur    de    méde- 
cine, chancelier  de  l'université,  à  Montpellier, 
p.  2l5. 
RICHELIEU,    cardinal,    pp.    i3i,    147,    iSz,    i53, 
169,   i83,   186,   .87,   188,  246,  253,  267,  270, 
288,  348,   393,    i386;   tenant  surtout  à  l'ordre 
&  à  la   bonne  administration,  choisissait  pour 
évêques  des   ecclésiastiques  sans  nom,  mais  in- 
telligents   &   laborieux,   p.    1 54  ;    tente   de  faire 
durer  son  système  politique  après  sa  mort,  p.  184; 
son  œuvre  compromise   en   Languedoc,  p.  328; 
donne  le  siège  d'Alet  à  Nicolas  Pavillon,  p.  406. 
RICHELIEU   (Duc    de),   pp.    74,   76,   76,   77,   78, 

79,  84,  88. 
RICHELIEU  (Maréchal  de),  pp.  86,  87,  791,  867, 
915,  1064,  1065,  1067,  1068,  1084,  1091, 
1095,  1098,  1099,  1119,  1126,  1128,  ii32; 
ses  annotations  au  mémoire  de  Saint-Priest, 
relativement  aux  protestants,  pp.  1111,  Iii2j 
réunit  chez  lui  les  éviques  de  Languedoc  pour 
régler  la  question  du  baptême  &  du  mariage 
des  nouveaux  convertis,  p.  1120;  résistance  des 
évèques,  pp.  Ii2i,  1122;  premier  commissaire 
du  roi  près  des  États,  à  leur  rétablissement  en 
1762,  p.  1125;  son  voyage  à  Toulouse,  p.  87; 
prend  une  part  directe  aux  affaires;  fait  partie 
de  la  commission  de  1734,  p.  1009;  tient  les 
États  comme  premier  commissaire  du  roi  durant 
une  suite  d'années;  son  caractère;  intérêt  qu'il 
prend  aux  travaux  publics,  p.  1060;  retenu 
hors  de  la  Province  par  son  commandement 
dans  les  armées,  p.  1080;  échoue  dans  ses  pour- 
parlers avec  les  évéques;  lettre  écrite  à  ce  sujet 
au  chancelier  de  France,  pp.  i  122,  11 23;  sa 
résistance  aux  avis  venus  de  la  Cour  concernant 
les  protestants,  p.  i  1 36  ;  but  de  son  voyage  à 
Toulouse  en  1764,  pp.  il35,  ii36;  est  rappelé 
au  service  actif  &  cède  la  lieutenance  générale 
au  duc  de  Mirepoix,  p.  11 36. 
RICHON,  député  du  Vêlai,  p.  1405. 
RIDICOUX,  dominicain,  p.  1187. 
RiEUMES,  lieu,  p.  1404. 
RiEosETTE  (Abbesse  de),  p.  22;    de  la    maison    de 

Lévis,  assassinée,  p.  497. 
RiEDTORT,  affluent  du  Sor,  p.  460. 
RiEux,  pp.  47,  58,  112,  118,  124,  i56,  258, 
3i8,  471,  5i7,  577,  890,  896,  1008,  1009, 
1235,  1404,  1418;  réduction  de  son  conseil 
politique  à  vingt-quatre  personnes,  p.  44;  nom- 
bre de  membres  composant  son  conseil  poli- 
tique, p.  59;  ses  armoiries,  p.  686;  sa  popula- 
tion, p.  692. 

—  'Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  684. 

—  Diocèse  de),  pp.  24,  42,  57,  62,   88,  97,   114, 
26,    i56,    162,    619,    770,    1007,    1008,    1088, 

1178,  1234,  1247,  1253,  1287,  i3oi,  i3o2, 
i33i,  1375,  i4o3;  pays  pauvre;  les  habitants 
cnt  pein?  3  y  vivre,  p.  697. 

—  (Éyêché  de),  est  attaqué  par  le  marquis  de  Ra- 
bat, p.  254. 

—  (Évêqile  de),  pp.  4,  5,  245,  3i8,  416. 


RIEUX  (Baron  de),  pp.   159,   287. 

RiEux,    bdronnie,    pp.    32,    36,  48,  44,   60,    78, 

159;   change   son   nom  en  baronnie  de  Mérin- 

ville,  p.  75. 

—  (Terre  &  baronnie  de),  p.  873. 

—  (Syndic  de),  p.  I236. 

RIGAUD    fde),    nommé    conseiller    au    Parlement 

Maupeou,  p.  1214. 
RIGAUD,    avocat   au    Parlement    &    professeur   de 

droit  à  l'université  de  Toulouse,  p.  I223. 

RIGAUD  (de),  p.   1416. 

RiGiLD  (Pont  de),  p.  i3i2. 

RiGNAC,  lieu,  p.  3o3. 

RiGODEL,  rivière,  p.  1  149. 

Rigole  d'essai  pour  le  canal  de  Languedoc,  p.  468. 

Ri. MO.NT,  commune,  pp.   1009,  1403. 

Riom,  pp.  481,  484. 

—  (Sénéchal  de),  pp.  397,  398. 
Rions,  auprès  de  Genève,  p.  1029. 
RiOTORD,  village,  pp.   1204,    1206. 

RIQUET  (Pierre-Paul),  traitant  de  la  ferme  des 
gabelles  de  Languedoc,  pp.  17,  20,  21  ;  date  de 
sa  naissance;  ses  ouvertures  pour  le  projet  du 
canal  à  M.  d'Anglure  de  Bourlemont;  texte  de 
sa  première  lettre  à  Colbert,  pp.  454,  455;  dé- 
tails sur  la  conception  &  l'exécution  du  tracé, 
pp.  456,  457;  l'idée  première  de  l'alimentation 
du  canal  par  les  eaux  de  la  montagne  Noire 
appartient-elle  à  Riquetî"  pp.  467,  458;  fait 
des  plans  plus  complets;  est  invité  à  s'entendre 
avec  les  intendants  pour  un  projet  d'affiche 
d'adjudication;  se  rend  à  Paris,  est  présenté  à 
Colbert;  vient  à  Toulouse  avec  la  commission 
nommée  par  les  États,  p.  459;  conduit  les  com- 
missaires au  point  où  il  voulait  établir  l'em- 
bouchure du  canal  dans  la  Garonne  &  plante 
les  jalons,  p.  460;  est  adjudicataire  des  travaux 
du  canal;  il  acquiert  la  seigneurie  du  canal; 
la  réhabilitation  de  noblesse  lui  est  accordée, 
pp.  21,  465;  éclat  qu'il  donne  aux  premiers 
travaux;  écluse  de  Garonne,  p.  474;  le  jour  de 
l'inauguration  des  travaux  du  canal  de  Lan- 
guedoc, fait  des  distributions  de  vivres  &  de  vin 
aux  six  mille  travailleurs  qu'il  emploie,  p.  475; 
forcé  de  dépenser  des  sommes  énormes  pour  le 
canal,  il  ne  recule  devant  aucun  moyen  pour 
s'assurer  des  ressources;  violences  commises  par 
ses  agents;  sa  lettre  à  Colbert  sur  ce  sujet, 
p.  5ii;  est  mis  au  rang  des  traitants  pour- 
suivis de  la  haine  populaire,  p.  5|2;  cherche  à 
introduire  son  fils  parmi  les  barons  des  Etats, 
p.  5i3;  achète  le  comté  de  Caraman  &  la  ba- 
ronnie de  Saint-Félix,  p.  22;  est  adjudicataire 
des  travaux  du  port  de  Cette,  de  l'étang  de 
Thau  &  des  canaux  du  Rhône,  p.  25;  appré- 
ciation de  son  oeuvre  par  Froidour,  p.  5i4; 
lutte  avec  énergie  contre  la  malveillance  de  ses 
contemporains,  pp.  5i4,  5i5;  sa  mort,  p.  5i5; 
date  précise  de  cette  mort,  p.  25;  une  notice 
lui  est  consacrée  par  le  Mercure  Je  France;  son 
épitaphe  en  vers,  p.  5i6. 

RIQUET  (Jean-Mathias),  baron  de  Bonrepos,  fils 
du  créateur  du  canal  de  Languedoc,  p.  5i3. 

RIQUET,  président,  pp.  843,   889. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


i6 


01 


RIQUET  DE  BONREPOS,  procureur   général  près 
le    Parlement    de  Toulouse,   p.    1084;    porte    la 
parole    dans    l'affaire    Calas,    pp.     1168,    1169; 
prend    la    parole    dans    l'instruction    contre    les 
jésuites,  p.   1  17  I  ;  sa  plaidoirie  contre  les  jésui- 
tes, pp.    1 173,    I  174,    I  175. 
RIQUET  (La  présidente  de),  p.  1  127. 
RIQUET  (Héritiers  de),  p.   1009. 
RIQUETTI,   famille  de   Provence,   à   laquelle    Ri- 

quet  rattachait  son  origine,  p.  5i3. 
RiTLEL    d'Alet    brûlé    par    ordre    de    Clément    IX, 

p.  22;  censuré  à  Rome,  p.  507. 
Rivalités  de  villes  se  disputant  l'avantage  d'être 
choisies     pour     chef-lieux     de     départements, 
p.    1399. 

RIVALZ  fJenn-Pierre),  peintre  &  architecte  de  la 
ville  de  Toulouse,  pp.  38-i,   Ô24. 

RIVALZ,  peintre,  décore  à  Toulouse  l'hôtel  Da- 
guin,  p.  948. 

Rives  (Moulin  de),  p.  119. 

RiVEROTTE  (Pont  de  laj,  sur  la  Lèze,  p.  1  i5o. 

RIVIÈRE  (Louis-Barbier  de  la),  abbé,  pp.  i8o, 
1S6,  221,  224,  227,  393;  confident  de  Gaston 
d'Orléans,  p.  i87j  par  son  influence  sur  l'esprit 
de  Gaston,  est,  durant  plusieurs  années,  le  vé- 
ritable gouverneur  de  Languedoc,  p.  188;  son 
ressentiment  contre  l'archevêque  de  Narbonne; 
ses  accusations  contre  M.  de  Rebé;  envoie  des 
troupes  faire  le  dégât  dans  la  temporalité  de 
l'archevêque,  p.  277;  attache  une  particulière 
importance  à  exclure  de  la  députation  aux  Etats 
généraux  l'archevêque  de  Toulouse,  p.  281  j  sa 
disgrâce,  p.  296. 

RIVIÈRE,  député  aux  Etats  généraux,  p.   1378. 

RIVIÈRE  DE  THEYRARGUE,  p.    1406. 

Rivière,  bailliage,  p.  1402. 

Riviëre-Basse,  p.  471. 

Rivière  (Plaine  de),  dans  le  diocèse  de  Commin- 
ges,  p.   1232. 

Rivières  en  Albigeois,  p.   1376. 

RizE,  cours  d'eau,  pp.   114,   2.'i4,   294. 

Rizières  établies  en  Dauphiné,  p.  io65;  exhalai- 
sons malsaines  causées  par  ces  cultures,  p.  io65. 

RoAN>E,  p.  975. 

ROBERT,  avocat  au  Parlement,  p.  245. 

ROBERT  (P.),  jésuite,  p.  924. 

ROBERT  (Anne),  veuve  Verchant.  Koi'r  VER- 
CHANT.. 

ROBESPIERRE  (Maximilien)  ;  considère  comme 
un  acte  de  délire  la  résistance  de  la  chambre 
des  vacations  du  Parlement  de  Toulouse,  p.  1419. 

ROBIN,  p.  3o3. 

Rosine  de  Narbonne,  pp.  72,    120,    i23. 

ROCACHÉ,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

RocAiROL,  en  Albigeois,  p.  261. 

ROCHE  (Pierre),  entrepreneur  des  travaux  du 
port  de  Beaucaire,  p.  63. 

ROCHE  (de),  p.  io36. 

Roche,  en  Vivarais,  p.    1202. 

ROCHE  D'AUZIELLE  (de),  p.  |352. 

RocLES,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Roche-e.i-Reic.ner,  p.  1406. 


RocHEBLOiiXE,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Rochebloine,  paroisse,  p.    1410. 

R0CHEBONNE,  en  Vivarais,  p.   1202. 

RocnEciiÉRiE,  en  Vivarais,  p. "870. 

ROCHECHOUARD  (Comte  de),  p.  77. 

ROCHECHOUARD  (Charles  de),  comte  de  Cler- 
mont,  baron  de  la  Gardiolle,  p.   1064. 

ROCHECHOUART,  lieu,   p.    1  i35. 

ROCHECHOUART  (Comte  de),  vend  un  titre  de 
baronnie  aux  Etats  sans  les  terres,  p.   i  3oi . 

RocHECOLOMBE,  en  Vivarais,  p.  1201. 

RociiEFOHT,  en  Vivarais,  p.  1202. 

ROCHEFORT  (Comte  de),  gouverneur  de  Beau- 
caire, p.  b'25. 

ROCHEFORT  (de),  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.   1218. 

RocHEGuoE;  démolition  de  son  temple,  p.  19. 

—  (Château  de),  occupé  par  les  insurgés  cévenols, 
pp.  774,   775. 

ROCHE-JACQUELEIN  (La),   docteur  en  Sorbonne, 

missionnaire  royal  en  Languedoc,  p.  646. 
RocHELiDOUx,  lieu,  p.  159. 
Rochelle  (La),  p.  194. 

ROCHEMAIRE,    lieu,    pp.    6  1 4,     870. 

ROCHEMAURE  (Marquis  de),  p.  io36. 
Rochemacbe,  en  Vivarais,  p.  1201. 

RoCHEMONTElX,   p.    I2I9. 

ROCHEMORE  (Marquis  de),  p.  92. 

ROCHEMURE  (M""'  de),  p.   1  196. 

RocHEMLRE,  en  Vivarais,  p.  1201. 

RocHEPAULE,  en  Vivarais,  pp.   1201,    1202. 

ROCHEPIERRE  (Baron  de),  p.  66. 

ROCHEPIERRE  (de),  syndic  de  Vivarais,  pp.  168, 
169. 

ROCHEPIERRE  (de),  p.  329. 

ROCHEPIERRE  (Chevalier  de),  p.  io36. 

ROCHER  (Jacques),  traitant  du  droit  sur  la 
viande  de  boucherie,  p.  85o. 

ROCHETTE  (François),  ministre  protestant,  ar- 
rêté près  de  Caussade,  dans  l'exercice  du  culte; 
amené  à  Toulouse,  p.  1  i65;  condamné  à  mort, 
est  le  troisième  ministre  supplicié  de  sa  famille; 
son  exécution,  p.   1  167. 

ROCHETTE,  ministre  protestant  supplicié  à  Tou- 
louse, p.  97. 

ROCHEVALIER,  médecin,  p.  962. 

ROCOULES  (Jean-Baptiste  de),  de  Béziers,  histo- 
riographe de  la  maison  de  Brandebourg,  p.  664. 

RoDDE  Saint- Haon,  terre,  pp.   1285,  1286. 

—  (Comté  de),  p.    1285. 
RODEILLE,  chanoine  régaliste,  p.  504. 
Rodes  (Précipices  de),  pp.  94,  1149. 

Rodez,  pp.  123,  126,  128,  35o,  85i,  1020,  io23, 
1129,  1218,  1219,  i3o9,  1428;  une  maîtrise 
des  eaux  &  forêts  y  est  établie  en  1671,  p.  471. 

—  (Sénéchal  de),  p.   1211, 
R0DOME,  p.  870. 

ROGER  RABUTIN,  comte  de  Bussy,  p.  363. 
ROGER  DE  LA  MARBELIÈRE  (Louise),  p.  i85. 
RoONEtiRS  &  FAUX  MONNAYEERS,  p.   241. 


XIII. 


i6o2 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ROHAN  (Cardinal  Ae),  évèque  de  Strasbourg,  dé- 
puté du  bailliage  d'Haguenau,  p.   1390. 

ROHAN  (Prince  de),  p.  71- 

ROHAN  (Duc  de),  pp.  79°.  855,  856. 

Roi  de  la  basoche,  à  Toulouse,  p.   1  i3o. 

de  Fiance,  évéque  du  dehors,  p.    i356. 

de  Majorque,  seigneur  de  Lattes,  p.  io55. 

ROLAND,  chef  camisard,  pp.  Sy,  763;  ses  qualités, 
p.  749!  s'occupe  de  constituer  une  forte  troupe 
de  partisans,  p.  700;  sa  troupe  fait  de  grandes 
pertes  au  combat  de  Pompignan  ;  passe  pour 
mort;  légende  autour  de  son  nom  qui  obtenait 
un  grand  succès  en  Angleterre;  texte  d'une  let- 
tre de  ce  chef  où  il  prend  le  titre  de  généralis- 
sime des  protestants  de  France,  p.  789;  fait  des 
prisonniers,  p.  794;  sa  troupe  grossit  à  la  suite 
des  enlèvements  faits  dans  le  pays,  p.  796;  se 
montre  à  la  tête  de  cinq  cents  hommes  dans  la 
région  dévastée,  p.  8o5;  se  porte  avec  Cavalier 
sur  le  village  de  Saint-Chaptes,  p.  8i5;  ses 
troupes  fuient  devant  le  maréchal  de  Villnrs, 
p.  83i;  refuse  de  déposer  les  armes,  pp.  840, 
841;  essaie  de  prolonger  la  lutte  dans  les  Cé- 
vennes;  est  surpris  dans  un  château  oii  il  était 
appelé  par  une  intrigue  amoureuse,  &  tué  par 
un  dragon,  p.  842;  surpris  &  tué,  p.  40. 

ROLAND,  neveu  de  Laporte,  chef  cévenol,  p.  759. 

RÔLE  des  nobles  dans  l'Etat  amoindri,  p.  çSo. 

Rolland,  p.  835. 

ROLLAND  DE  SAINT-ROME,  p.   i352. 

ROLLAND,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances  de  Montpellier,  p.   1097. 

ROLLAND  (de),  nommé  conseiller  du  Parlement 
Maupeou,  p.   1214. 

ROLLIN,   architecte,  p.  986. 

Rome,  p.  19g. 

ROME   (Gaspard),  valet  de  chambre  du  roi,  p.  14. 

ROMÉO  (Joseph),  membre  du  conseil  de  Catalo- 
gne, délégué  espagnol  pour  la  délimitation  de 
la  frontière,  p.  Syg. 

ROMILLY  (les)  DE  MONTPELLIER,   établis  dans 

la  Grande-Bretagne,  p.  567. 
Rompon,  en  Vivarais,  p.  1201. 
ROMSWINCKEL,   commissaire    électoral    dans    la 

ville  d'Amsterdam,  p.  56 1. 
RONSARD,  p.  249. 
Roque  (Pont  de  la),  p.  778. 

ROQUE,  fabricant  de  draps  à  Carcassonne,  p.  1  3  1 ."), 
ROQUE  (Gilles-André  de  la),  seigneur  de  la  Lou- 

vière,  p.  627. 
RoQLEBRUN,  p.  394. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

RoQtlECOURBE,   p.    1408. 

—  (Seigneurie  de),  p.  957. 

ROQUEDUB,  p.   425. 

ROQUEFEUIL,  marquisat,  p. "23. 

ROQUEFEUIL   (Pierre),    baron    de    la    Roquette, 

p.  863. 
ROQUEFEUIL,  p.  870. 
RoQUEFiXADE,  chàtellenie,  p.  471. 
Roquefort,  ruines,  p.  1403. 


ROQtJErORTOlS,  p.  416. 

ROQUELAURE  (Chevalier  de),  p.  241;  le  Parle- 
ment le  condamne  à  mort  par  contumace;  est 
arrêté  à  Paris  &  mis  à  la  Bastille;  son  évasion, 
p.   242. 

ROQUELAURE  (Comte  de),  pp.  83,   1232. 

ROQUELAURE  (Duc  de),  pp.  43,  46,  47,  48,  49, 
5o,  52,  54,  55,  56,  57,  58,  869,  879-  883,  904, 
905,  906,  918,  966,  975;  commandant  en  Lan- 
guedoc; se  rend  en  Vivarais  pour  réprimer  les 
troubles,  p.  879;  ses  dispositions  pour  arrêter 
les  Anglais,  pp.  884,  885;  rentre  à  Montpel- 
lier, p.  886  ;  assiste  aux  honneurs  funèbres 
rendus  au  dauphin,  p.  SgS;  donne  des  instruc- 
tions détaillées  au  sujet  de  la  peste,  p.  947;  pré- 
cautions prises  par  lui  pour  éviter  l'envahisse- 
ment de  la  Province  par  la  peste,  p.  949;  se 
rend  à  Beaucaire  en  1721  &  y  interdit  la  foire 
à  cause  du  danger  de  peste,  p.  960;  fait  une 
tournée  dans  les  Cévennes  en  1722,  pp.  967, 
9^8. 

ROQUELAURE  (Maréchal  de),  p.   1  160. 

ROQUELAURE  (Marquis  de),  p.  58;  achète  la 
baronnie  d'Apcher,  p.  53. 

ROQUEMACRE,     pp.     5l,     57,     79,     332,    70  1  ,     1406; 

élections  consulaires,  p.  7. 

—  (Bac  de),  p.  784. 

RoQUENÉCADE,  domaine  près  de  Montlaur,  p.  74. 

Roques,  pp.  3 10,  342. 

RoQLEs,  village,  p.  476. 

Roques,  village  près  de  Toulouse,  p.  1401. 

Roques  d'Aubais,  p.  39. 

ROQUES  (Le  P.),  jésuite,  compose  pour  les  capi- 

touls   des    inscriptions   &   devises    pour   les   fêtes 

célébrées  à  la   naissance  du   duc  de  Bourgogne, 

pp.  525,  58o. 
ROQUES  (Antoine),  boulanger,  p.  662. 
ROQUES  aîné,  de  Limoux,  p.   i2o3. 
ROQUES  (J. -P.),  de  Limoux,  p.   1207. 
ROQUETTE  (de),  p.    190. 
ROQUETTE  (Jean  de),  avocat,  seigneur  d'Amades, 

capitoul,  p.  417. 
ROQUETTE  (Baron  de  la),  p.  863. 
ROQUETTE  (de),  p.    i353. 
ROSBACH,  p.    I  i56. 

ROSEL  (de),  consul  de  Montpellier,  p.  287. 
ROSEL    DE    BEAUMONT,   juge   des    Français    en 

Brandebourg,  p.  564. 
ROSENBACH,  élève  hébraïsant,  p.   i32. 
Roses,   pp.    25 1,    938;    prise    par    le  maréchal   de 

NoaiUes,  p.  3i . 

—  (Reddition  de),  p.  3. 

—  (Siège  de),  p.  240. 

ROSIÈRE  (M"'"  de),  fille  de  l'intendant  Le  Nain, 

p.    I  106. 
Rosières,  en  Vivarais,  p.  1202. 
ROSSEL.  Voir  AIGALIERS  (d'). 
ROSSEL,  ministre  protestant,  p.   16. 
RossET,  p.  980. 
ROSSET,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 

finances,  p.   1  097. 
ROSSIGNOL  (de),  p.  619. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i6o3 


ROSTAING  (de),  p.   1409. 
ROTHE  (de),  p.  966. 
Rotterdam,  pp.  711,  1080. 
Roture,  p.  104. 

—  des  fonds  de  terre,  p.  76 

—  (Procès  de)  ne  sont  pas  sujets  à  péremption, 
p.  97. 

RouAiRoux,  baronnie,  pp.  26,  71;  prend  le  nom 
de  baronnie  de  Caylus,  p.  85. 

ROUAIROUX  (Baron  de),  p.  990. 

ROUAIROUX  (Marquis  de),  neveu  du  cardinal  de 
Bonzi,  p.  719. 

RocAix  (Place),  à  Toulouse,  p.  3  18. 

Rouarjs,  vieilles  bêtes  de  labour,  p.  125^. 

ROUCH,  consul  de  Limoux,  p.   1207. 

ROUCHON,  avocat  de  Largentière,  p.   1197. 

ROUDIL,  sieur  de  Berriac  (François-Antoine), 
maire  perpétuel  de  drcassonne ,  pp.  98,  95, 
106.  Fo;>  de  BERRIAC. 

RoL'DOL-ME,  au  diocèse  d'Alet,  p.  1008. 

Rouen,  pp.  54,  60,  70,  716,  995,  i023,  1419;  épi- 
démie de  1694,  p.  721. 

—  (Archevêque  de),  pp.  721,  862;  s'élève  contre  la 
mise  à  prix  de  la  tête  de  Mazarin,  p.  335. 

RofERGiE,  pp.  167,  176,  260,  469,  471,  599,  644, 
703,  704,  744,  790,  801,  848,  963,  966,  96c, 
1028,  1129,  ii3o,  1194,  1219,  1238,  1255, 
i38i,   iSçS,   1407,    1408. 

Rocet,  p.  60. 

Rouge  de  Brésil,  p.  60. 

ROUGIERI,  marchand  de  Toulouse,  p.  445. 

ROUGNAC  (ARBAUD  de),  consul  de  Beaucaire; 
sa  correspondance  avec  le  comte  de  Belle-Isle, 
p.  934. 

ROUILLÉ  DU  COUDRAY,  directeur  des  finances, 

p.  843. 
Rouis,  lieu,  p.  1219. 
RorjA.x,  p.   1401 . 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

ROULLAN,  chanoine,  à  Toulouse,  p.   i356. 

ROULLAND,  cellérier  du  chapitre  de  Saint- 
Etienne,  p.   i356. 

RocLENS,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 

ROUME  DE  SEGREVILLE,  p.    |352. 

ROUME  (Chevalier  de),  p.   i352. 

RouMEGOix,  en  Albigeois,  p.  261. 

RouMENGOux,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

ROUMENGOUX,  consul  de  Limoux,  p.   1207. 

RocRE,  baronnie  en  Gévaudan,  pp.  32,  33,  89 

ROURE  (Maison  du),  p.  652. 

ROURE  (Scipion  de  GRIMOARD  DE  BEAUVOIR, 
comte  du),  pp.  5,  6,  10,  14,  20,  21,  24,  25,  33, 
35,  56,  104,  285,  287,  291,  292,  293,  328,  339, 
746,  778,  799,  io36,  1198;  siège  aux  Etats  en 
1649;  promu  chevalier  du  Saint-Esprit,  p.  4o5; 
principal  commissaire  aux  Etats  de  1664;  féli- 
cite Colbert  du  zèle  que  déploie  l'archevêque  de 
Toulouse,  p.  43i;  sa  lettre  à  Colbert  relative- 
ment à  la  clôture  de  cette  session,  p.  487;  entre 
aux  Etats  durant  la  séance  pour  s'interposer 
entre  trois  prélats,  p.  437  j  étouffe  l'insurrection 


de  Vivarais,  p.  496;  homme  doux  &  lettré;  sa 
modération  vis-à-vis  des  protestants,  p.  532;  ses 
tentatives  de  conciliation  officieuse  avec  les  Cé- 
venols vues  de  mauvais  œil,  p.  832. 

ROURE  (Marquis  du),  pp.  47,  63,    io36. 

ROURE  (Jacques),  p.  22;  chef  de  l'insurrection 
contre  les  agents  des  gabelles  en  Vivarais;  est 
pris  &  a  les  membres  rompus,  p.  496. 

ROURE  D'ELZE  (du),  p.   io36. 

RousSAN,  p.  863. 

ROUSSEAU  DE  LA  PARISIÈRE  (Jean-,César),  évê- 
que  de  Nimes,  pp.  991,  looo;  assiste  comme 
délégué  de  la  province  de  Narbonne  à  l'assem- 
blée générale  du  clergé  de  France  de  i73o, 
p.  1019;  son  sermon  à  l'ouverture  des  séances 
de  l'assemblée  du  clergé  de  i73o,  pp.  1021,  1022  ; 
dans  son  allocution  au  roi  Louis  XV,  comme 
orateur  de  l'assemblée  du  clergé  de  France,  se 
plaint  amèrement  du  mouvement  de  l'opinion, 
du  progrès  de  l'esprit  d'examen,  pp.  io25,  1026. 

ROUSSEL  (Alexandre),  ministre  protestant,  p.  63. 

Roussel,  lieu  au  delà  de  Bordeaux,  p.   1218. 

RoussïS  (Mandement  des),  brillé,  p.  8o5. 

RoussiLLON,  pp.  49,  54,  108,  122,  i83,  261,  276, 
345,  373,  399,  400,  52  1,  663,  699,  7o3,  728, 
729,  796,  873,  882,  937,  938,  985,  1178,  1241, 
1400,  1428;  menacé  par  les  Espagnols,  p.  5io; 
ne  peut  suffire  à  sa  défense,  p.  5io;  ses  places 
fortes  sont  visitées  par  Louvois  &  Vauban, 
p.  5i6. 

—  (Minimes  de),  p.    1  198. 
ROUSSILLON  (Célestins  de),  p.  1198. 
ROUSSILLOU,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 
ROUSSON  (Baron  de),  p.  io36. 

Route  d'Alais  à  Mende  passant  à  Pont-de-Mont- 
vert,  p.  738. 

—  d'Alais  à  Nîmes,  p.  834. 

—  d'Alais  au  Puy  &  en  Auvergne,  par  le  Gévau- 
dan, p.   I  129. 

—  d'Auch  à  Toulouse,  p.  |235. 

—  d'Auteriye,  p.    1235. 

—  d'Auvergne,  pp.  iSop,  1 428  ;  passant  par  Mil- 
lau &  aboutissant  à  Saint-Flour,  p.  1  i3o. 

—  de  Lavaur  à  Toulouse,  p.  1265. 

—  de  Lombez  à  Toulouse,  p.   i235. 

—  de  Lyon,  p.   1  178. 

—  de  Marvéjols,  p.   1149. 

—  de  Mende  &  Marvéjols  à  Rodez,  p.  35o. 

—  de  Montpellier  à  Saint-Flour,  p.  1428;  par 
Lodève  &  la  Pezade,  p.  1129;  par  Marvéjols, 
p.    I  309. 

—  du  Puy  en  Auvergne,  p.   1807. 

—  du  Puy  à  Lyon  par  le  Forez,  pp.   1  149,  1307. 

—  du  Puy  à  Rodez,  p.  SSi;  par  Mende,  pp.  iSop, 
1428. 

—  du  Rhône,  p.    1428. 

—  de  Rieux  à  Toulouse,  p.   1235. 

—  entre  Sàint-Girons  &  Pamiers,  p.  1178. 

—  de  Toulouse  à  Albi,  p.    1224. 

—  de  Toulouse  à  Paris,  p.   1224. 

—  d'Uzès  à  Saint-Ambroix,  p.   i3ii. 

—  des  Vans  à  Saint-Ambroix,  p.   i3ii. 


i6o4 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1 129  ,  i23o  ,  1 1 3o , 


Routes,  p.  iSâp. 

—  étudiées,  p.  iSog. 

—  &  CHEMINS    projetés,    pp. 
1 1 3i ,  Il  32. 

—  stratégiques  dans  les  Cévennes,  p.  601. 
RocTiEJi,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   ico8. 
RoBVENAc,  lieu,  p.  412. 

ROUVENAC  (Baron  de),  député  aux  Etats  géné- 
raux, p.  1377. 

RouviÈRE  (la);  démolition  de  son  temple,  p.   18. 

ROUVILLE  (Baron  de).  Foir  BLANQUET  DE  ROU- 
VILLE. 

ROUVILLE  (L'abbé  de),  conseiller  au  Parlement 
de  Toulouse,  p.   1219. 

ROUX,  p.  332. 

Roux  (François  de),  p.  333. 

ROUX  (Pierre),  pp.  3o2,  3o3. 

ROUX,  de  Limoux,  p.   1207. 

ROUX  (François  de),  président  &  juge-mage  au 
présidial  de  Carcassonne,  p.  36 1. 

ROUX  (Marion  de),  frère  du  juge-mage  de  Carcas- 
sonne, fait  condamner  à  mort  un  sergent  royal, 
p.  337. 

ROUX  DE  MONTBEL,  syndic  général  de  Langue- 
doc, p.  571. 

ROUX,  ecclésiastique,  blessé  mortellement  à  Pont- 
de-Montvert,  p.   740. 

ROUX  (Antoine),  médecin  de  Saint-Ambroix,  en- 
voyé aux  galères  pour  avoir  lu  la  Bible  dans 
une  assemblée,  p.   1074. 

ROUZET,  officier  municipal,  p.    1415. 

RouziLLES,  moulin  sur  le  Fresquel,  p.   ii3. 

Royal-Aktillerie  (Régiment  de),  p.   loio. 

Royal -Champagne -Cavalerie  (Régiment  de), 
p.    1377. 

Royal-Comtois  (Régiment  de),  p.  801. 

Royal-Navarre  (Régiment  de),  p.  1236. 

Royal- Normandie- Cavalerie  (Régiment  de), 
p.    1377. 

RoYAL-RocssiLLON  (Régiment  de),  p.  1274. 

RoYAS,  en  Vivarais,  p.  1201. 

ROYE  DE  LA  ROCHEFOUCAULT  (Frédérlc-Hié- 
rôme  de),  archevêque  de  Bourges,  p.   io23. 

ROYÈRE  (de),  évéque  de  Castres,  député  aux  Etats 
généraux,  p.   1  376. 

RoYOL,  en  Vivarais,  p.   1202. 

ROZÉE  (François),  greffier  des  commissions  extra- 
ordinaires, p.  448. 

ROZEL  (Jacques  de),  gentilhomme  de  Nimes, 
p.   992. 

ROZIER  (Jean),  maître  maçon,  p.   1204. 

ROZIER,  président  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 
finances,  p.  1097. 

RoziÈRES,  paroisse,  p.   1410. 

ROZIÉRES,  p.   1406. 

Ruas,  p.  8o.î. 

RuDELLE,  pp.  144,  172. 

RUDELLE  (Hugues  de),  p.  23  1 . 

RUDELLE,  prêtre  du  diocèse  de  Toulouse,  p.  tto6. 

RUDELLE  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 


RuEiL,  p.  283. 

RUOLZ  (de),  conseiller  à  la  cour  des  monnaies  de 

Lyon,  p.  965. 
Ruons,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Rlons,  commune,  p.  i3i2. 
Russie,  pp.  664,  i336,  1334. 
Rustiques,  p.  871 . 
RuTHENOW,  dans  la  Marche   électorale,  reçoit  des 

réfugiés  français,  p.  562. 
RUVIGNY  (Marquis  de),  p.  565. 
Ryswick,  château,  p.  708. 
—  (Paix  de),  p.  773. 


SABATHIER  (Guillaume),  p.  83. 

Sabatier,  château  à  gauche  du  Vidourle,  en  amont 
de  Quissac,  p.  764. 

SABATIER  (Alexis),  p.  46. 

SABATIER,  notaire  à  Béziers,  pp.  3o2,  3o3. 

SABATIER,  neveu,  négociant  à  Toulouse,  p.  i363. 

Sablieret,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Sablons  (Plaine  de),  p.  94. 

SABRAN  (Chevalier  de),  p.  816. 

SABRAN  (Pierre),  auditeur  en  la  cour  des  aides  de 
Montpellier,  p.  863. 

Sadournin,  lieu  du  diocèse  d'Auch,  p.   1  i56. 

Safran,  p.  698. 

Sages-femmes,  p.  124. 

Saget,  p.  108. 

SAGËT  (de),  p.    I  178. 

SAGET  (de),  avocat  général  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  947. 

SAGET,  directeur  des  travaux  de  la  Province,  à 
Carcassonne,  p.  1309. 

SAHUQUÉ,  négociant  à  Toulouse,  capitoul, 
p.    1293. 

Saignes,  p.  1411. 

Saisie  de  bétail  interdite,  pp.  64,  76,  83,  90;  dont 
on  donne  main-levée,  p.  236. 

du  temporel  de  l'évêque  de  Montpellier,  p.  58. 

—  de  feuilles  de  mûrier  interdite,  p.  66. 

—  de  la  manufacture  de  soie  de  Lavaur,  p.  104. 
de    biens    de    toute    nature    par    les    traitants, 

p.  230. 

Saison,  p.  48  1 . 

SAISSAC  (Seigneur  de),  pp.   112,  117. 

SAISSAN  (de),  gentilhomme  de  Béziers  au  service 
de  l'Angleterre,  pp.  48,  886;  tente  un  débar- 
quement en  Languedoc,  p.  882;  s'empare  de 
Cette,  p.  883;  lettre  écrite  par  cet  officier  à  un 
ami  de  Béziers,  p.  884;  échoue  dans  ses  projets, 
p.  886. 

SAINT-ABRE  (Marquis  de),  p.   i3. 

Saint-Affrique,  pp.  76,  5o5,  11  29. 

Saint-Agrève,  pp.   167,  602,  1202. 

SAINT-AIGNAN,  de  la  maison  de  Gaston  d'Or- 
léans, p.   1  86. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


[6o5 


Saint-Aignes  en  Montagne,  p.  1202. 
Saint-Alain  de  Lavaiir  (Chapitre  de);   ses  armoi- 
ries, p.  683. 
Saist-Alban,  paroisse,  p.  397. 
Saint-Albas,  pp.   100,   1407. 
Saint-Alban  en  Montagne,  p.    1202. 
Saint-Alba.n,  en  Vivarais,  p.  1201. 

—  (Hôpital  de),  pp.  33,  696. 
Sai.nt-Alcan-lés-Alais,  p.  1406. 
Saint-Alean-socs-Sampzon,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint- Alban-d'Ay,  p.   1202. 
SA1NT-ALVÈRE  (Marquis  de),  p.   1408. 
Saint-Amand  db  Valthoret,  p.   1408. 
Saint-Ama.vs,  lieu,  pp.  24,  27,  io5,  472,  1408. 
Saist-Amans,    montagne;    son    défrichement    or- 
donné, p.  3i . 

Saint-Amans,  petite  ville  du    diocèse   de    Castres, 

p.   622. 
Saint-Amans,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 

—  (Château  de),  p.  622. 
Saint-Amans-V'illemagne,  p.  117. 
Saint-Amant  de  Boisse,  abbaye  au  diocèse  d'An- 

goulême,  p.  3  i5. 
Saint-A.mbroix,  pp.  63,  71,  110,  332,  426,  487, 

488,  601 ,  774,  807,   814,  962,  966,  I  141 ,  1283, 

i3io,    i3ii,   i3i2,    i32o,    1406. 
Saint-Anatholy,  p.   1265. 

Saint-Andéol  de  Berdet,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Andèol    de   Clerguemort,   pp.    332,    736; 

dévasté,  pp.  804,   1201,  1407. 

—  (Barnabites  de),  p.   1 196. 
Saint-Andéol,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Andéol  de  Fol'Rchades,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-André,  p.  28. 

Saint-André  de  Cap-Cèze,  p.  776. 
Saint-André  la  Champ,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-André  de  Conqueirac,  paroisse,  p.  649. 
Saint-André  des  Effangeas,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-André  de  Lancise,  pp.   36,  689,  742,  74T, 
107  I  ;  dévasté,  p.  804. 

Saint-André  de  Macencoules,  paroisse,  p.  649. 

—  prieuré,  p.    i  190. 

Saint-André  de  Miallet,  paroisse,  p.  649. 
Saint-André  de  Sangonis,  p.  1401. 
S\int-André  de  Sommiéres,  p.  649. 
Saint-André  de  Vabre,  paroisse,  p.  649. 
Saint-André  de  Valborgne,  paroisse,  pp.  18,  37, 

649,    789,    918,    1071,    1406;    un    synode    y   est 

tenu,  p.  425. 

—  (Château  de),  p.  748. 

Sunt-Andbé  de  Vézenobre,  paroisse,  p.  649. 

—  (Bac  dej,  p.  778. 

—  (Fête  de),  p.  723. 

SAINT-ANDRÉ  (de);  ses  querelles,  p.  4c5. 
Saint-Apollinaire  de  Rias,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Arcons  de  Barges,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Auban,  p.  744. 

SAINT  AUGUSTIN;   enseignement  de  sa  doctrine, 
p.  920. 


SAINT-AUNEZ  (de),  gouverneur  de  Leucate,  pp.  2, 
341,  345,  346;  reçoit  des  lettres  de  grâce, 
p.  344;  reçoit  Louis  XIV  &  Anne  d'Autriche  à 
Leucate,  p.  388. 

SAINT-AUNEZ  (Charles  de),  fils  de  Tancien  gou- 
verneur de  Leucate,  reçoit  quarante  mille  livres 
de  la  Province,  p.  479. 

SAINT-AURAN,  conseiller  à  la  cour  des  comptes, 
aides  &  finances,  p.   1097. 

Saint-Barthélemy,  quartier  de  Toulouse,  p.  299. 
Saint-Barthélemy  le  Pin;  son  église  est   brûlée, 
p.  814. 

Saint-Barthélemy  (Mont),  p.  871. 
Saint-Barthélemy  le  Mol,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Barthélemy  le  Plein,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Barthélemy  le  Pin,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Baudile  de  Blandas,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Baudile  de  Tornac,  paroisse,  p.  642. 
Saint-Bacsile  (Démolition  du   temple  de),  p.   16. 
Saint-Bausile  de  Claisan,  p.  109. 
Saint-Balzille,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Saint- Bazile,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Bèar,  ruisseau,  p.  1  18. 
Saint-Béarn  (Château  de),  p.  1403. 
Saint-Béat,  pp.   125,  328,  697,    1296,    1404;  car- 
rières de  marbre,  p.  697. 

Saint-Bénézet  (Bois  de),  pp.  40,  796. 

Saint-BenoÎt,  p.  484. 

Saint-Benoît,  au   diocèse  de  Mirepoix,   p.    1009. 

Saint-Benoit  le  Fboid,  p.  92. 

Saint-Bertrand  de  Comminges,  pp.  365,  1404. 

Saint-Bénigne  de  Dijon,  abbaye,  p.  446. 

Saint-Blaise,  p.  491. 

Saint-Blaise  d'Arre,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Bonet  de  Salendrenques,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Bonnet  le  Froid,  pp.  93,  98,   1149,  1178. 

Saint-Bonnet,  prieuré,  p.  649. 

Saint-Bbesson,  p.  425. 

Saint-Brez,  p.  863. 

Saint-Bbis  de  Saint-Bresson   d'Hierles,  paroisse, 

p.   649. 
Saint-Bris  de  Colognac,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Calais,  abbaye,  p.  1023. 
Saint-Caprais,  prés  de  Toulouse,  pp.   1223,    1224, 

I  225. 

Saint-Ceré,  en   Querci,  domaine   patrimonial    de 

Maynard,  pp.  246,   247. 
Saint-Cériez,  p.  38. 
Saint-Cézaire,  p.  836. 

Saint-Cé'zaire  de  Gauzignan,  château,  p.  817. 
Saint-Chaffre  le  Monastier,  abbaye,  p.   ii5j  sa 

suppression,  p.  119. 
Saint-Chameaux,  pp.  izSS,   i255. 
Saint-Chapte,  p.  93. 

Saint-Chaptes,  pp.  817,  1406;  sa  situation,  p.  8i5. 
SAINT-CHAPTES  (de)  PIÉMARCÉ,  p.  816. 
SAINT-CHATTE  (de),  p.  767. 
Saint-Chély,    seigneurie,    pp.    5ii,     ii3i,     ii32, 

1149,    1132,    1194,    1376,    1407. 


i6o6 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


Saint-Cmiman,  pp.  63,  65,  71,  yS,  88,  ^^o,  894, 
iSyo,  1401  ;  ses  fabriques;  produits  du  sol 
nourrissant  à  peine  les  habitants,  p.  698, 

Saint-Christol,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Saixt-Christopiie  de  Vermeil,   paroisse,    p.   648. 

Saint-Cierge,  pp.  612,  614,    1201,    1202. 

Saint-Cirgues  de  Prades,    en    Vivarais,   p.    1202. 

Saint-Clair  (Montagne  de),  p.  883,   884,   88,î. 

Saint-Clair,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Saint-Clément,  près  de  Montpellier,  p.  24. 

—  (Fontaine  de),  p.  86 

Saint-Clément   de  Metz,  abbaye,  p.  1020. 
Saint-Clément,  en  Vivarais,  pp.   1202,    1410. 
Saint-Cloud,  p.  91  I . 

Saint-Côme,  pp.  427,  747. 

SAINT-COME  (de),  sieur  de  Boissières,  colonel 
d'un  régiment  de  milice,  p.  747;  quitte  Vauvert 
en  chaise  roulante  &  est  tué;  détails  sur  cet 
assassinat,  p.  748. 

Saint-Cosme,  pp.  90,  823. 

SAINT-COSME  (de),  p.  620. 

Saint-Colat,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 

Saint-Cyprien  (Faubourg  de),  à  Toulouse,  p.  376. 

—  (M;iladrerie  de),  à  Toulouse,  p.  32. 
Saint-Cvr  (Maison  de),  p.  1  104. 
Saint-Cyr,  en  N'ivarais,  p.  1202. 
Saint-Denis,  abbaye,  p.  SpS. 
Saint-Denis  de  Rennes,  abbaye,  p.  398. 
Saint-Denis,  pp.  910,  911,  912. 
Saint-Denys,  prieuré,  p.  22. 
Saint-Désibat,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Dezery,  p.  17. 

Saint-Didier  en  Vêlai;  date  de  l'établissement 
d'un  hôpital  général,  p.  3i. 

Saint-Didier,  en  Vivarais,  pp.  1201,  1202,  1204, 
i2o5,    1406. 

Saint-Domingue,  p.  1162. 

S.  EDMOND,  roi  d'Angleterre;  ses  reliques  à  Tou- 
louse, p.  198. 

Saint-Esprit  (Ordre  du),  à  Montpellier,  pp.  23, 
34. 

Saint-Esprit  de  Montpellier,  hospice,  p.  45. 

Saint-Esprit,  ville,  pp.  22,  54,73,  85,  1^7,  113, 
ii5,  i56,  264,  332,  339,  1283,  1376;  répara- 
tions au  pont  &  aux  chaussées,  p.  75.  f^oir 
Pont-Saint-Esprit. 

—  (Citadelle  de),  pp.  47,   966. 

—  (Consuls  de),  p.  73. 

Saint-Esprit   (Ordre   du),   p.    i334;    réception    de 

nouveaux  chevaliers  à  Pézénas,  en   1662,  p.  405. 
Saint-Esprit   (Rue),   à   Bordeaux,    pp.    722,    724. 

725. 
Saint-Esteffe,  commune  du  diocèse  de  Mirepoix, 

P-   871. 
Saint-Estêphe   Bersia,    au    diocèse   de   Mirepoix, 

p.    1009. 
Saint-Etienne  de  Boulongue,  en  Vivarais,  p.  1  201 . 
Saint-Etienne,  lieu,  p.  28. 

Saint-Etienne  de  Divres,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Saint-Etienne  d'Anduze,  paroisse,  p.  649. 


Saint-Etienne  DE  FoNTBELLON,en^'ivarais,  p.  1  201 . 
Saint-Étienne  de  Golrgas,  p.  863. 
Saint-Etienne  de  Lucdarès,  en  Vivarais,  pp.  48S. 
1202. 

Saint-Etienne  de  Montolieu,   paroisse,   p.   649. 
Saint-Etienne  du  Mont,  église  de  Paris,  p.  720. 
Saint-Etienne  do  Serre,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Saint-Etienne   de  Valfrancesque,  pp.  41,  46,  742, 

756,  7'i7,  794,  799,  800,   1071,  1407;   ses  écarts 

sont  détruits,  p.  806. 

Saint-Etienne,  p.  807. 

Saint-Etienne  de  Valdonnés,  p.   1408. 

Saint-Etienne  de  Valoux,  en  Vivarais,   p.   1202. 

Saint-Etienne  du  Vigan,  p.  1405. 

Saint-Etienne,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Saint-Etienne,  en  Forez,  p.   1409. 

Saint-Etienne,  église  cathédrale  de  Toulouse, 
pp.  1 ,  200,  404  ;  les  voûtes  du  choeur  sont  re- 
construites, p.  289. 

SAINT-EXUPÉRY  (Françoise  de),  p.  260. 
SAINT-FARGEAU  (Comte  de),  p.  921. 
Saint-Félicien,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Félix,  lieu,  pp.  29,  76,  126,  474,  710,  83  1, 
1009. 

—  (Baronnie  de),  pp.  22,  27,  3o,  49,  60,  5i2. 

—  (Château  de),  p.  37. 

Saint-Félix,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1059. 
Saint-Félix,  ville,  pp.   1060,   1082. 
Saint-Félix,  p.  1  254. 
Saint-Félix  de  Caraman,  pp.   1218,    1402,    1404; 

il  y  est   établi    une   succursale   à   l'institut   des 

Filles  de  l'Enfance,  p.  577. 

—  (Baronnie  de),  p.    1285. 

SAINT-FÉLIX    DE    CASSAGNAU    (Chevalier    de), 

p.    i352. 
Saint-Félix   de  Palikres,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Félix  de  Rocles,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Félix  de  Salenques,  paroisse,  p.  294. 
SAINT-FÉLIX   (de),    conseiller    au    Parlement    de 

Toulouse;  son  exil,  p.    1219. 
SAINT-FÉLIX  (Marquis  de),  p.    |353. 
SAINT-FÉLIX,   procureur   général   au   Parlement, 

p.   176. 
SAINT-FÉLIX,  chanoine  à  Toulouse,  p.   i356. 
SAINT-FÉLIX,  p.   i335. 

SAINT-FÉLIX,   conseiller  au  Parlement,  p.   1374. 
Saint-Ferréol,  pp.  1062,  1253,  1254. 

—  (B.issin  de),  réserve  d'eau  du  canal  de  Langue- 
doc, p.  457. 

Saint-Florent,  p.  834. 

SAINT-FLORENTIN  (Comte  de),  secrétaire  d'État, 
pp.  93,  974,  1083,  I  I  16,  ii35,  1168,  1196;  sa 
lettre  aux  capitouls  de  Toulouse,  pp.  1084, 
io85;  nommé  membre  honoraire  de  l'académie 
des  sciences  de  Toulouse,  p.   1  102. 

Saint-Floijr,  pp.  123,  126,  128,  129,  1129,  ii3o, 

ii3i,  ii32,  1162,  i3o9,  1428. 
Saint-Flour  de  Pompidou,  pp.  332,  799. 
Saint-Fargeau,  p.  i85. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1607 


Saint-Forti^at,  en  Vivarais,  pp.  43,  87-,  879, 
1201,;  son  église  est  brûlée,  p.  814. 

SAI^T-F^!A^^olS  de  l*  Merci  (Religieux  de),  p.  99. 

Saint-Fbézal  de  Ventalon,  pp.  736,  799;  son 
église  &  son  presbytère  sont  brûlés,  p.  703;  rlé- 
yasté,  p.  804  j  ravages  qu'y  fait  la  peste,  p.  962. 

Sai.xt-Fkicholx,  p.  871. 

Saint-Gaudens,  pp.  76,  471,  474,  5i7,  864,  1404. 

—  Maîtrise  des  eaux-  8l-forêts,  p.  604. 
SAINÏ-GENEST  (de),  p.  620. 
Sai,nt-Genest-la-Champ,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-GemèS;  est  occupé  par  Cavalier,  p.  39. 

—  (Abbaye  de);  ses  armoiries,  p.  685. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
Saint-Geniés  u'Ahrigas,  paroisse,  p.  649. 
Saist-Ge.niës  de   Bealson,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Gemés  de  Malgoires,  pp.  427,  61'),   1406; 

situation  de  ce  petit  bourg;  son  église  est  brû- 
lée; ses  murailles  abattues,  p.  822;  Cavalier  & 
le  maréchal  de  Villars  s'y  rencontrent  p.  841. 

SAINT-GENIÈS,  bourgeois  de  Toulouse,  p.  406. 

Saist-Gemés-la-Chas,   p.  614. 

Saint-Georges  de  Levezac  ,  p.  1408;  la  peste  y 
apparaît,  p.  962. 

Saint-Georges,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Saint-Georges  d'Orqle,  p.   1400. 

Saint-Georges  de  Rennes,  abbaye,  p.   1  104. 

Saint-Germain,  lieu,  p.  28. 

—  (Tour  de),  p.    1  1 . 

Saint-Germain  de  Calberte,  pp.  46,  177,  639, 
73i,  738,  739,  742,  743,  744,  746,  784,  799, 
800,  807,  918,  1407;  les  cent  onze  hameaux 
répandus  sur  son  territoire  sont  détruits,  p.  806. 

Saint-Germain  en  Lave,  pp.  134,  332,  441,  467, 
448;  la  cour  y  est  réunie,  p.  279;  Anne  d'Au- 
triche y  meurt  le  20  janvier  1666,  p.  442. 

Saint-Germain  des  Prés,  abbaye,  pp.  404,  1096. 

Saint-Germain  du  Teil,  vieille  construction  féo- 
dale en  Gévaudan,  pp.  3.5o,   1408. 

Saint-Germain,  en  Vivarais,  p.   1201. 

SAINT-GERMAIN  (Comte  de),  pp.   1277,  i352. 

Saint-Gervais  &  Nabassan,  marquisat,  p.   i3. 

Saint-Gep.vais,  pp.  864,  1408. 

SAINT-GERVAIS  (de),  p.  620. 

Saint-Gèrï,  pp.   1088,  1219. 

SAINTGÉRY,  conseiller  au  Parlement,  p.  1394. 

SAiNT-Gii.i.ts,  pp.  7,  747.  74^'  ,9°^'  97^.  <  ^^7 i 
on  y  est  favorable  à  la  création  du  canal  de 
Beaucaire,  p.  387. 

—  (Bois  de),  p.  766. 

—  (Chapitre  collégial  de);  ses  armoiries,  p.  684. 

—  (Grand  prieuré  de),  p.   1  i36. 

—  (Grand-prieur  de),  p.   io5. 

—  (Prieur  de),  p.    io5. 
Saint-Gilles-les-Boucheries,  p.   1406. 
Saint-Gilles  de  Ceïrac,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Ginest,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Girons,  pp.  97,  1178,  1  235,  1404. 

—  (Gruerie  de),  p.  474. 


Saint-Gbégoibe  de  Mandagolt,  p.  649. 
Saint-Guillem  du    Désert,   abbaye   unie   à   l'évé- 
ché  de  Lodève,  p.   121. 

—  (Pont  de),  p.   I  1  DO. 

SAINT-HAON  (Comte  de),  pp.   1285,  1286. 
Saint-Hilaire,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.  1008. 

—  (Pont  de),  p.   1008. 

Saint-Hilaire,  abbaye;  ses  armoiries,  p.  685. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

Saint-Hilaibe  d'Acmessas,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Hilaire  de    Bbethmas,    paroisse  du   diocèse 

d'Alais,  pp.  648,  834. 

Saint-Hilaire  de  Lavit,  p.  799;  dévasté,  p.  804. 

Saint-Hilaibe  de  la   Prade,   p.   1408. 

SAINT-HILAIRE  (de),  p.    I  352. 

Saint-Hippolyte,  pp.  27,  32,  37,  38,  46,  49,  56, 
64,  72,  86,  96,  129,  533,  601,  709,  733,  755, 
757,  709,  760,  763,  764,  774,  788,  789,  818, 
827,  841,  859,  869,  966,  1279,  1370,  1406; 
rétablissement  des  foires  &  marchés  supprimés 
depuis  la  guerre  des  camisards,  p.  86;  un  pre- 
mier attroupement  des  protestarts  s'y  forme  dès 
i683,  p.  529;  six  ou  sept  cents  insurgés  y  dépo- 
sent les  armes,  p.  536;  le  rétablissement  de 
l'exercice  du  culte  réformé  y  est  demandé,  p.  53-; 
attaqué  par  le  comte  deTessé,  n'est  pas  défendu, 
p.  538;  les  protestants  abjurent  avant  l'arrivée 
des  troupes,  p.  555;  on  y  construit  un  fort  pour 
la  surveillance  des  Cévennes,  p.  599. 

—  (Archiprétré  de),  pp.  648,  649. 

—  (Fort  de),  pp.  764,  870,   1073. 

—  (Seigneurs  de),  p.  988. 
Saint-Hippolyte  des  Cévennes,  p.   1074. 
Saint-Hippolyte    de    Roqueforcade  ,     paroisse, 

p.  649. 
Saint-Iel're,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Ieure  d'Andaure,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Ilpize,  p.   1406. 
Saint-Jacques    (Rochers    de),    sur    la    Garonne, 

p.   1282. 
Saint-Jacques  de  Bcoissen,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Jacques  de  Toiras,  paroisse,  p.  649. 
SAINT-JAL  (de),  évéque  de  Castres,  p.  71. 
SAINT-JAL  (de),  évéque  d'Uzès,  p.    io36. 
Saint-James  (Parc  de),  p.  887. 
Saint-Jean,  près  de  Toulouse,  p.    1224. 
Saint-Jean  d'Acre,  p.  38o. 
Saint-Jean  d'Angély,    p.  627. 
Saint-Jean- Baptiste,   église   collégiale   à   Mais, 

pp.   646,  648,  649,  65o. 
Saint-Jean-Baptiste  de  Baussels,  paroisse,  p.  649. 
Saint- Jean-Baptiste    de    Campestre,    paroisse, 

p.  649. 
Saint-Jean-Baptiste  de  Ferreibes,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Jean-Baptiste  de  Molière,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Jean  de  la  Blaquièbe,  pp.  19,  1401. 
Saint-Jean-la-Brousse,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Jean-Centenier,  en  Vivarais,  p.    1201. 
Saint-Jean  de  Ceyrabgues,  pp.  836,  918. 
Saint-Jean-Chambre,   en  Vivarais,  pp.  879,  1201; 

son  église  est  brûlée,  p.  814. 


i6o8 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Saint-Jean  de  Chazorne,  p.  1407- 

Saint-Jean  de  Fos,  p.  102. 

Saint-Jean-la-Fouillol'Ze,  p.  1407. 

Saint-Jean   du  Gard,  pp.  788,  807. 

Saint-Jean  de  Gardonenque  ,  paroisse,  pp  617, 
649,  7f)6,  797,  83 1,  968,  1406;  les  protestants 
abjurent  avant  l'arrivée  des  troupes,  p.  555. 

Saint-Jean  en  Grève,  à  Paris,  p.   1104. 

Saint-Jean   de  Jébcsalem  (Ordre  de),  p.   114. 

Saint-Jean  de  Luz,  pp.  373,  378,  38;,  1241  ;  le 
mariage  de  Louis  XIV  y  est  célébré,  p.  390;  le 
roi  &  Mazarin  y  séjoDrnent  durant  la  délimi- 
tation des  frontières,  p.  400. 

—  (Conférences  de),  p.  495. 

Saint-Jean  de  Marvéjols,  p.  986;  un  temple 
protestant  y  est  édifié,  p.  424;  son  église  est 
incendiée,  p.  775. 

—  (Carrière  de  pierre  à),  p.  986. 
Saint-Jean  de  Pin,  paroisse,  p.  648. 
Saint-Jean  de  Pourcharesse,  enVivarais,  p.  1202. 
Saint-Jean  de  Roques;  démolition  de  son  temple, 

p.    18. 

Saint-Jean-Roure,  en  Vivarais,  p.   12-2. 

Saint-Jean  de  Trignan,  en  Vivarais,  p.  1201. 

SAINT-JEAN,  secrétaire  d'État,  pp.  887,  918 

Saint-Jory,  au  diocèse  de  Toulouse,  pp.  193,  3(56, 
1004,   1008,   1262,   1282. 

SAiNT-JoSEni ,  domaine  appartenant  à  M"""  de 
Montespan,  p.  718. 

Saint-Juéry,  pp.  639,  1408. 

Saint-Julia,  p.  1402. 

Saint-Julien,  pp.  764,  879,  986,  ii5o. 

Saint-Julien  d'Arpaon,  p.  8o3i  dévasté,  p.  806; 
son  église  &  son  presbytère  sont  brûlés,  p.  753. 

Saint-Julien-Boutiéres,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Saint-Julien   de  Ciiapteuil,  p.   1416. 

Saint-Julien  de  la  Nef,  pp.  425,  649.  ;  démoli- 
tion de  son  temple,  p.    18. 

Saint-Julien-i,e-Roux,  en  Vivarais,  p.  120IJ  son 
église  est  brûlée,  p.  814. 

Saint-Julien  du  Serre,  en  Vivarais^  p.   1201. 

Saint-Julien  ou  Saint-Alban,  en  Vivarais,  p.  1201 . 

Saint-Julien   de  Gua,  en  Vivarais,  p.    1201. 

Saint-Julien  en  Vqcance,  p.    1202. 

Saint-Julien  en  Goyés,  p.   1202. 

SAINT-JULIEN  (Sieur  de),  assassiné,  p.  855. 

SAINT-JULIEN,  émissaire  des  puissances  étran- 
gères; est  pris  sur  le  lac  de  Genève,  conduit  à 
Montpellier  &  condamné  au  dernier  supplice, 
p.  887. 

Saint-Just,  lieu,  p.   1004. 

Saint-Just,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008. 

Saint-Just,  paroisse,  p.  i3oi. 

Saint-Just,  en  Vêlai,  p.  1405. 

Saint-Just  d'Ardéche,  en  Vivarais,  p.    1201. 

Saint-Just  &  Saint-Pasteur  de  Nariionne  (Cha- 
pitre de);  ses  armoiries,  p.  683. 

Saint-Lager,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Saint-Laurens,  pp.  128,  614;  on  y  est  favorable 
à  la  création  du  canal  de  Beaucaire,  p.  387. 


Saint-Laurens  des  Bains,  enVivarais,  p.  1202. 
Saint-Laubent,  en  Vivarais,  p.  68. 
Saint-Laurent  d'Aicouse,  pp.  37,  117. 
Saint-Laurent,  p.   1406. 

Saint-Laurent  de  Marvéjols,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Laurent-Lussan,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Laurent-le-Minier,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Laurent    de   Trêves,    pp.    754,    799;    son 
église  &  son  presbytère  sont  brûlés,  p.  753. 

—  (Marais  de),  p.    io3. 

SAINT- LAURENT,    conseiller    au    Parlement    de 
Toulouse,  mainteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661  ■ 
Saint-Lazare  (Ordre  de),  pp.  695,  1334. 

—  (Ordre  de),  a  Montpellier,  p.  23. 
Saint-Léger,  p.  702. 

Saint-Léger,  bourg  en  Gévaudan,  p.  965. 

Saint-Léon  (Consuls  de),  p.  iii3. 

SAINT- LÉONARD  (de),  p.   i352. 

Saint-Lieux,  domaine,  p.   12. 

Saint-Lizier,  p.  697. 

SAINT  LOUIS,  roi  de   France,  pp.  272,  3ii,  367, 

469,  504,  693,  936,   1017. 
SAINT-LOUIS  (de),  p.  414. 
Saint-Louis  du  Puy,  p.  48. 
Saint-Loup,  p.  1252. 
Saint-Lys,  p.  1404. 
Saint-Macaire,  ville,  p.  723. 
Saint-Maixent,  pp.  554,  627. 
Saint-Malo,  p.  716. 
Saint-Mamet,  pp.  37,  1406. 
SAINT-MARC  (de),   président,  cité  par  Maynard, 

p.  246. 
Saint-Maroel,  pp.  98,    100,   1178 
Saint-Marcel,  dans  la  vallée  du  Girou,  p.   1245. 
Saint-Marcel,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Marcel  de  Crussol,  enVivarais,   p.    1202. 
Saint-Marcel     de     Fontfouillousse  ,     paroisse, 

p.  649;  ses  armoiries,  p.  6S7. 
Saint-Map.tial,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Martial,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Martin,  au  diocèse  de  Limoux,  p.   1008, 
Saint-Martin   d'Aguzan,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Martin   d'Alzon,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Martin-lès-Annonay,  p.  1202. 
Saint-Martin   d'Arènes,  paroisse,  p.  648. 
Saint-Martin  d'Aulas,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Martin   de  Bez,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Martin   de  Bobaux,  prieuré,  p.  753. 

Saint-Martin  de  Bobaux,  p.  799;  paroisse  dévas- 
tée, p.  806. 

Saint-Martin  de  Cvmpcelade,  pp.  332,  426,  799; 
démolition  de  son  temple,  p.  1  8  ;  dévasté,  p.  8o5. 

Saint-Martin-la-Capelle,  p.  1408. 

Saint-Martin   de  Caux,  en  Vivarais,  p.  870. 

Saint-Martin  de  Cesas,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Martin  de  Corconac,  paroisse,  pp.  649, 
107  I . 

Saint-Martin   Dau,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Saint-Martin  de  Durfort,  prieuré,  p.  739. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1609 


Saint-Martin  l'Infébieur,  en  V'ivarais,  p.   1201. 
Saint-Martin  de  la  Lande,  hôpital,  p.  69a. 
Saint-Martis  de  Londres,  pp.  853,    1401. 
Saint-Martin  de  Lansuscle,    p.    1071;   les   écarts 
de  cette  commune  sont  incendiés,  p.  806. 

Saint-Martin   de  Maires,  en  Vivarais,   p.    1201. 

Saint  Martin    de  Manoblet,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Martin   de  Montdardier,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Martin  de  Rousson  ,  bénéfice  du  chapitre 
d'Alais,  p.  649. 

Saint-Martin  de  Soissenac  de  Vibrac,  paroisse, 
p.   649. 

Saint-Martin  le  Supérieur,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Saint-Martin   de  Valamas,  en  Vivarais,  p.   1202. 

—  (Prieuré  de),  p.  1  197. 

Saint-Martin  de  Vallon,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Saint-Martin   de  Villereglan,  p.  864. 

Saint-Martin  d'Urbains,  paroisse  érigée  en  con- 
sulat, p.  âi . 

Saint-Martin   de  Valleraugue,  paroisse,  p.  649. 

SAINT-MARTIN  (de),  p.   1409. 

SAINT- MARTIN,  décapité  pour  infraction  aux 
ordonnance»  contre  le  duel,  p.  193. 

Saint-Martin,  p.  723. 

Saint-Martoby,  pp.  97,    14^4. 

Saint-Maurice  de  Ventalon,  pp.  41,  614,  73.9, 
741;  dévasté,  p.  804;  son  église  est  brûlée, 
p.    814. 

Saint-Maurice  (Causse  de),  p.  1072. 

Saint-Maurice,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Saint-Maurice  de  Ca/.e-Vieille,  p.  140^. 

Saint-Maurice   d'Ibie,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Saint-Maurice  Terlin,  en  Vivarais,  p.  1201. 

SAINT-MAURICE,  fils  de  Bernage,  devient  inten- 
dant de  Languedoc,  p.  59. 

SAINT-MAURICE  (de\  p.  619. 
SAINT-MAURICE  (Marquis  de),  député  aux  Etats 

généraux,  p.    1377. 
Saint-Médard  de  Fenouillet,  prieuré,  p.  11  5. 
Saint-Melany,  en  Vivarais,  p.   1252. 
Saint-Michel,  commune,  p.  1009. 
Saint-Michel,  au   diocèse  de   Mirepoix,  p.    1009. 
Saint-Michel  i>e  Bouloxgne,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Saint-Michel  de  la  Cadière,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Michel    de    Chabrillanoux  ,    en    Vivarais, 

p.    I 20 1 . 

Saint-Michel  de  Corbes,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Michel  de   Déze,  dévasté,  p.  806. 
Saint-Michel-Ferrert,  p.  462. 
Saint-Michel  le  Range,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Michel  de  Vax,  pp.  126,    128. 
Saint-Michel,  église,  à  Toulouse,   pp.   3i6,   332. 
Saint-Michel,  prieuré,  p.  760. 
Saint-Michel  (Maladrerie  de),  à  Toulouse,  p.  32. 
Saint-Michel,  abbaye,  a  Toulouse,  p.  I223. 
Saint-Montan  (Maladrerie  de),  p.  696. 
Saint-Montan,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Saint-Naufary,  pp.   18,  957,  9.58. 


Saint-Nazaire  de  la  Roque,  paroisse  érigée  en 
consulat,  pp.  61,   394. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 

Saint-Nicolas  de  la  Grave,  pp.  124-,  1243,  1402, 

1404. 
Saint-Nicolas,  paroisse  à  Toulouse,  p.  3i8. 
Saint-Nicolas  (Pont),  p.  1067. 
Saint-Orens,  p.  532. 
Saint-Orens,  lieu,  p.  1219. 

—  (Chanoines  de);  leur  suppression,  p.   108. 

SAINT-PALAIS  (de),  p.  332. 

Saint-Papoul,  pp.  23,  69,  459,  498,  578,  639, 
692,  890,  931,  989,  1149,  1219,  12,54,  1402, 
1418. 

—  (Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  684. 

—  (Diocèse  de),  pp.  72,  75,  79,  91,  91,  94,  107, 
114,  126,  16.5,  619,  895,  1034,  1061,  11491 
1262,  i33i,  1403,  1404. 

—  (Evêque  de),  pp.  25,   6ç,  889, 

—  (Prévôt  de),  p.  i383. 
Saint-Pargoire,  p.  1401. 
Saint-Paul,  pp.   ii5o,   1402. 
Saint-Paul,  collégiale  d'Alet,  p.  504. 

—  (Chapitre  de),  p.  5o5. 
Saint-Paul,  seigneurie,  p.  744. 
Saint-Paul  d'Auterive,  prieuré,  p.  i23. 
Saint-Paul  de  la  Coste,  paroisse,  p.  648. 
Saint-Paul  de  Fenouillédes,  pp.  412,  413,  504. 
Saint-Paul-le- Froid,  bénéfice  du  chapitre  d'Alais, 

p.  649. 

Saint-Paul  de  Lacoste,  pp.  760,  981  ;  son  église 
&  son  presbytère  sont  brûlés,  p.  753. 

Saint-Paul  de  Massugkiès,  p.  1408. 

Saint-Paul  de  Montégut,  seigneurie,  p.   1082. 

Saint-Paul  de  Narbonne  (Chapitre  de);  ses  ar- 
moiries, p.  684. 

Saint-Paul  de  Tartas,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Paulet,  commune,  pp.   118,   620,    1205. 

—  (Curé  de),  p.  i383. 

—  (Pont  de),  p.   1428. 
Saint-Paulien,  p.  1406. 

Saint-Péray,  en  Vivarais,  pp.   1195,    1202,    1411. 
Saint-Pierre,  commanderie,  p,  3o6. 
Saint-Pierre  d'Aigues-mortes  ;   de   collégiale,  de- 
vient paroisse,  p,  65o. 

Saint-Pierre  d'Apullo,  domaine,  p.  89. 

Saint-Pierre  d'Arlemps,  prieuré  en  Vivarais,  sup- 
primé, p.  114. 

Saint-Pierre   de  Baryon,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Saint-Pierre  de  Erige,  prieuré,  p.  646. 

Saint-Pierre  de  Cambon,  annexe  de  paroisse, 
p.  649. 

Saint-Pierre  de  Civignac  de  Tornac,  paroisse, 
p.  649. 

Saint-Pierre  du  Colombier,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Saint-Pierre  de  la  Cour,  p.  592. 

Saint-Pierre  des  Cuisines,  à  Toulouse,  p.  3  18. 

Saint-Pierre  d'Estripibrs,  p.  1408. 

Saint-Pierre  de  Macabeuf,  en  Vivarais,  p.  870. 


i6io 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Saint-Pierp.e  de  Machabées,  en  Vivarais,  p.  I  202. 
Saint-Pierbe  de  Meyrueis,  prieuré,  p.  21. 
Saint-Pierbe  de  Montpellier,  église,  p.  2. 

—  (Chapitre  de);  ses  armoiries,  p.  684. 

—  (Eglise  de),  p.    io56. 

Saint-Pierre  de  Novilles  ou  de  Roqledlr,  pa- 
roisse, p.  649. 

Saint-Pierre  Pescador,  p.  356. 

Saint-Pierre  de  Psalmodi,  abbaye,  p.  647;  sup- 
pression de  son  chapitre,  p.  643. 

Saint- Pierre  de  Ressen,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Pierre  de  la   Roche,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Saint-Pierre  de  Romejan,  prieuré  au  diocèse  de 
Béziers,  p.  258. 

Saint-Pierre  de  Roques,  p.  842. 

Saint-Pierre  de  la  Salle,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Pierre  de  Sadve,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Pierre  de  Soustelle,  paroisse,  p.  648. 

Saint-Pierre  de  Tbévizy,  p.  1408. 

Saint-Pierre  du  Vigan,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Pierre-Ville,  en  Vivarais,   pp.  879,   1201. 

SAINT-PIERRE  (Marquis  de),  aide  de  camp  de 
Villars,  envoyé  à  la  Cour  pour  rendre  compte 
de  la  soumission  de  Cavalier,  pp.  835,   837. 

SAINT-POINT  (Marquis  de),  baron  de  Sénaret, 
pp.  25,   29,   76. 

SAINT-POL  (de),  avocat,  p.   190. 

Saint-Pol  de  Ciialencon,  pp.  1405,   1406. 

Saint-Polycarpe,  abbaye,  réunie  au  séminaire  de 
Narbonne,  p.  1  10. 

Saint-Polycarpe,  au  diocèse  de  Limoux,   p.   1008. 

Saint-Pons  de  Thomiébes,  pp.  24,  62,  98,  99, 
100,  122,  124,  127,  i56,  33o,  365,  459,  473, 
622,  890,  894,  988,  990,  1004,  1034,  1178, 
1378,  1390,  1400,  1401,  1418,  1428;  sa  popu- 
lation, p.  692;  ses  fabriques;  produits  du  sol 
nourrissant  à  peine  les  habitants,  p.  698. 

—  (Chapitre  de),  pp.  82,  112;  ses  armoiries, 
p.   684. 

—  (Chirurgiens  de),  p.  22. 

—  (Diocèse  de),  pp.  42,  88,  97,  102,  io5,  106, 
114,  123,  126,  i56,  162,  472,  619,  664,  894, 
989,  1081,  1088,  ir56,  1246,  1287,  1400;  re- 
çoit des  secours  à  la  suite  des  désastres  de  1707, 
p.  871;  ravagé  par  la  grêle  en   1727,  p.  ioo3. 

— ■  (Evêque  de),  pp.  23,  69,  275,  5o8,  85o,  865, 
866,  S8o,  881,  1067,  1070,  1123;  particulari- 
tés intéressantes  d'une  lettre  au  sujet  d'un  pro- 
cès entre  le  chapitre  &  la  commune,  p.   loS^. 

Saint-Pons,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-PorQuieb,   p.    1404;    on   y  cultive  le   tabac, 

p.  697. 
Saint-Porquier  ,    au    diocèse     Bas-Montauban  , 

p.    1008. 
Saint-Peiest,  en  Vivarais,  p.    1201. 

—  prieuré,  p.  27, 

SAINT-PRIEST  (Jean-Emmanuel  de  GUIGNARD, 
vicomte  de),  intendant  de  Languedoc,  pp.  1  104, 
1121,  1127,  ii35,  ii37,  1145,  1148,  1249, 
1272,  1403  ;  hésite,  à  cause  de  la  modicité  de 
sa  fortune,  à  se  charger  de  l'intendance  de  Lan- 


guedoc, p.  I  106;  instructions  qui  lui  sont  don- 
nées en  arrivant  dans  la  Province,  p.  1107; 
résumé  de  son  mémoire  sur  la  manière  de  se 
conduire  relativement  au  rétablissement  de  l'or- 
dre dans  les  matières  de  religion,  pp.  1  107,  1  108, 
I  I  09,  1110,  I  1  1  1 ,  I  1  I  2  ;  ses  lettres  au  sujet  de 
l'arrestation  du  ministre  Bénazet,  de  sa  con- 
damnation &  de  sa  mort,  pp.  1116,  1  1  1 7  ;  est 
favorable  au  rappel  des  Etats  de  Languedoc;  ses 
préoccupations  au  sujet  de  la  présidence  des 
Etats;  ses  plaintes  contre  l'évêque  de  Castres, 
p.  1117;  assiste  aux  conférences  des  évéques 
tendant  à  régulariser  les  mariages  &  les  baptêmes 
des  nouveaux  catholiques,  p.  1120;  sa  corres- 
pondance relative  aux  protestants,  p.  ii36;  ses 
préoccupations  au  sujet  des  élections  munici- 
pales, p.  I  i33  ;  obtient  une  dispense  d'âge  pour 
que  son  fils  sou  pourvu  d'une  charge  dans  une 
cour  supérieure;  gratification  qui  lui  est  accor- 
dée sur  le  trésor;  ses  lettres  sur  ces  divers  sujets, 
pp.  I  1  33,  Il  39;  extrait  de  son  mémoire  au  mi- 
nistre au  sujet  des  protestants,  pp.  1  142,  i  I43; 
autorise  par  ordonnance  l'établissement  d'une 
fabrique  de  soie  à  Lavaur,  p.  1  144;  ses  mémoires 
relatifs  aux  violences  &  aux  brigandages  com- 
mis en  Gévaudan,  pp.  ii5i,  ii52,  1 1 53  ;  ses 
notes  au  contrôleur  général  sur  la  misère  dans 
la  Province  en  1759;  approuve  les  projets  de 
continuation  des  travaux  de  dessèchement  de 
l'étang  de  Marseillette,  p.  1  16?;  circulaire  à  ses 
subdélégués  au  sujet  de  la  déclaration  du  1  1  fé- 
vrier 1764;  se  fait  adjoindre  son  fils  comme 
intendant,  p.  1191;  son  arrivée  à  Toulouse, 
p.  I2i5;  fait  remettre  aux  membres  du  Parle- 
ment un  ordre  du  roi,  p.  1216;  assiste  à  la  der- 
nière séance  du  Parlement  ;  fait  l'éloge  du  comte 
de  Périgord,  p.  1217;  fait  une  étude  approfon- 
die du  mémoire  de  l'abbé  Chambon,  pp.  1227, 
1228;  mesures  qu'il  a  prises  pour  essayer  d'ar- 
rêter les  progrès  de  l'épizootie,  p.  1234;  son 
ordonnance  condamnant  à  l'amende  des  indi- 
vidus ayant  contrevenu  aux  instructions  con- 
cernant l'épizooiie,  p.  1257;  dans  son  discours 
à  l'occasion  du  rétablissement  du  Parlement,  il 
fait  l'éloge  de  Louis  XVI;  modération  de  son 
langage  au  sujet  des  réformes  judiciaires,  p.  I  271  ; 
se  transporte  à  Toulouse  pour  y  inaugurer  la 
réforme  municipale  de  1778,  p.  1293;  reçoit 
Monsieur,  comte  de  Provence,  p.  i3i4;  extraits 
de  sa  correspondance  au  sujet  des  réclamations 
du  Parlement  contre  l'organisation  capitulaire 
de  Toulouse,  pp.  i3i8,  i3i9j  malgré  sa  grande 
modération  vis-a-vis  des  parlementaires,  il  est 
pris  à  partie  par  eux,  p.  i33o;  sa  mort;  coup 
d'oeil  sur  son  administration,  p.   i332. 

SAINT-PRIEST  (Marie-Joseph-Emmanuel  de  Gl'I- 
GNARD  de),  adjoint  à  son  père  à  l'intendance 
de  Languedoc,  p.  1  191  ;  assiste  après  la  mort  de 
son  père  à  l'ouverture  de  la  session  des  Etats  de 
1786  &  quitte  la  Province,  p.   i333. 

SAINT-PRIEST  (Charles-Antoine-Fulcrand-Emma- 
nuel- Languedoc  de),  filleul  de  la  Province, 
second  fils  de  l'intendant,  pp.   1  148,  i332. 

SAINT-PRIEST,  secrétaire  d'État;  signifie  à  la 
municipalité  de  Toulouse  le  décret  rendu  contre 
les  membres  de  la  chambre  des  vacations  du 
Parlement  de  Toulouse,  p.   1422. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


i6i  I 


SAINT-PRIEST  (Vicomtesse  de),  p.  i  148. 
SAINT-PRIVAS  (Sieur  de),  p.  264. 
Saint-Privas,  en  ^'ivarais,    pp.    1201,    1406;    son 
église  &  son  presbytère  sont  brûlés,  p.  -53. 

SiiNT-PRiVAT;  contestation  au  sujet  de  son  terri- 
toire; appartient-il  au  Languedoc  où  à  l'Au- 
Tergne?  p.  85i . 

SiTNT-PBlVAT    DU    Fau,   p.    I  1  95. 

Saint-Privat  de  Vallongce,  dévasté,  p.  804. 
Saint-Quentin,     fabrique    de    poterie     de    terre, 

p.  41. 
Saivt-Questin,  p.    1405. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
SAINT-QUENTIN,  pp.   188,  $78. 
Saint-Qcibc,  p.  873. 

Saint-Rambebt  en  Forez,  prieuré,  p.  1020. 
Saint-Remèze,  baronnie,  pp.  5o,  65,66,  92,  io3, 

1201 . 
Saint-Remêze,  terre  en  Vivarais,  p.   1026. 
Saixt-Remy,  p.    1376. 
SAINT-RHUE  (Marquis  de),  regardait  l'expédition 

contre    les    protestants    comme    une    partie     de 

chasse  devant  le  délasser  des  ennuis  de  la  paix, 

pp.  534,  535,  536,  537. 

SAINT    ROCH  ;    dévotions    à    ce    saint    durant    la 

peste  de    1  721 ,  p.  96  1 . 
SiiNT-RoMAiN   DE  l'Air,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Saint-Romain   d'Ay,  p.  1202. 
Saint-Romain   de  Caudiéres,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Romain  le  Désert,  p.  1202. 
Saint-Romain  de  Valfrancis^ue,  p.  427. 
SAINT-ROMAIN  (Jeanne  de),  religieuse  de  Clavas, 

p.    1204. 
Saint-Roman,   lieu,   pp.   28,   91,    118,   737,   800, 

1070. 
Saint-Roman   de  Bossue,  p.  332. 
Saint-Romans  de  Codiëres,  p.  764. 
Saint-Rome,  pp.  90,  1070. 

—  (Forêt  de),    pp.  79,  82,   1070. 

—  (Moulin  de),  p.  72. 

SAINT-ROME  fde),  maire  de  Mende,  p.    1  126. 
S*iNT-RuF,  au  diocèse  de  Nimes,  pp.   ici,  116. 
Saint-Salvi   d'Albi,  église  collégiale,  p.  121. 
Saint-Satubnin   de  Boisset,  paroisse,  p.  669. 
Saint-Saturnin   de  Bagabs,  p.  649. 
Sai.vt-Satubnin   de  Pompignan,  paroisse,  p.  649. 
Saint-Saturnin,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Sauveur,  p.  612. 

—  (Hôpital  de)j  son  administration  appartient 
au  premier  consul  catholique  d'Uzès,  p.   16. 

Saint-Sauveur  de  Brugiéres,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Saint-Sauveur,  en  Gévaudan,  fonderie  établie  près 

des  mines  de  plomb,  cuivre  &  argent,  p.    1283. 

Saint-Sauveur   de  Chirac,  prieuré,  p.  22. 
Saint-Sauveur  de  Monta igut,  en  Vivarais,  pp.  870, 
1201  ;  des  dragons  y  sont  assommés,  p.  612. 

Saint-Sauveur  des  Pourcils,    paroisse,    pp.    425, 

649. 
Saint-Sauveur   de  Ribaute,  paroisse,  p.  648. 


Saint-Sauveur-le-Vicomte,  au  diocèse  de  Cou- 
tances,  p.  3i5. 

SAINT-SAUVEUR  (de),  p.  968. 

SAINT-SAUVEUR,  syndic  du  diocèse  de  Mende, 
p.  io33. 

Saint-Sébastien,  tombe  aux  mains  des  Français, 
p.    939. 

Saint-Sébastien   d'Aigbefeuille,  p.  649. 

Saint-Sériés,  pp.  41,  42,  44,  46. 

Saint-Sebnin,  lieu  du  Rouergue,  p.  1129. 

Saint-Sernin,  en  Vivarais,  p.    1202. 

Saint-Sernin,  abbaye  s  Toulouse,  pp.  3,  146,  148, 
170,  198,  199,  200,  3i8,  364,  66  r ,  1223;  fêtes 
célébrées  dans  cette  abbaye  pour  l'exaltation  des 
reliques  de  plusieurs  saints,  p.    199. 

—  (Abbé  de),  pp.  91,  i356. 

—  (Eglise  de)  à  Toulouse;  procession  faite  à  pro- 
pos de  la  naissance  du  duc  de  Bourgogne, 
p.  523. 

—  (Chapitre  de)  de  Toulouse;  ses  statuts,  p.  33; 
ses  armoiries,  p.  684. 

—  (Chanoinesses  de)  de  Toulouse,  p.  685. 
Saint-Sernin   (Dragons  de),  p.  838. 

—  (Régiment  de),  pp.  8i5,  822. 
Saint-Silvestre,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Saint-Siméon  de  Salafons,  p.  32. 

—  (Hôpital  de),  p.  695. 
Saint-Simon  (Taillable  de),  p.   121. 
SAINT-SIMON,  pp.  873,  929;  juge  sévèrement  Bâ- 

ville  à  propos  de  sa  conduite  vis-à-vis  du  cardi- 
nal de  Bonzi,  p.  707;  portrait  qu'il  fait  du 
cardinal,  p.  718. 

Saint-Sulpice,  pp.  102,  1009,  1129,  ii3i,  i  i32. 

Saint-Sulpice  de  Lézat,  pp.  162,  1218,  i253, 
1404. 

Saint-Sulpice  de  la  Pointe,  pp.  1218,  1402,  1408. 

—  (Hôpital  de),  pp.  33,  696. 
Saint-Sulpice  (Église  de),  à  Paris,  p.   i36o. 
SAINT-SULPICE  (Marquis  de),  p.  363. 
Saint-Sy.mpiiorien,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Saint-Thidéby,  pp.   110,  1012. 

—  (Abbaye  de);  ses  armoiries,  p.  685. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696. 

SAINT  THOMAS  DE  CANTORBÉRY,  p.  504. 

Saint-Thomas  de  Dubfobt,  p.  649. 

Saint-Thomas  de  Villeneuve,  p.  415. 

SAINT  THOMAS,    p.    1186. 

SAINT  THOMAS  D'AQUIN  ;  l'uniTersité  de  Tou- 
louse n'enstigne  pas  ses  doctrines,  p.  919;  deux 
chaires  sont  fondées  pour  combler  cette  lacune 
dans  l'enseignement,  p.  910. 

Saint-Thomé,  en  Vivarais,  p.  1201. 

Saint-Vallieb,  en  Dauphiné,  p.   1195. 

Saint-Venant,  p.  373. 

Saint-Véban    d'Espabbon,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Victob,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Saint-Victor  des  Oules,  p.  41. 

SAINT- VICTOR  (de),  p.    1371. 

Saint-Vincent,  p.  90. 

Saint-Vincent,  en  Vivarais,  pp.  870,  1201. 


[6l: 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Saint-Vincent  de  Bareès,  lieu,  pp.  1197,  1201. 

Saint-Vincent  de  Gros,  paroisse,  p.  649. 

Saint-Vincent  de  Dubfort,  p.   1201. 

Saint-Vincent  du  Luc,  au  diocèse  d'Oloron,  ab- 
baye bénédictine,  p.  364. 

SAINT  VINCENT  DE  PAUL,  désigne  Nicolas  Pa- 
villon pour  répiscopat,  p.  406. 

Saint-Volusien,  abbaye,  p.  264. 

Saint-Ybabs,  p.  1219. 

Saint-Yves  (Fête  de),  à  Toulouse,  en  lyoS,  p.  1  128. 

Sainte-Anne  de  Montpellier  (Curé  de),  p.  yS. 

Sainte-Anne,  commanderie  de  l'ordre  de  Malte, 
p.  I i36. 

Sainte-Cathekine  de  Mourens,  p.  iii5. 

Sainte-Cécile  (Cardinal  de),  p.  319. 

Sainte-Chapelle,  à  Paris,  p.  552. 

Sainte-Claire,  abbaye,  à  Alais,  p.  647. 

—  (Couvent  de),  p.  974- 

Sainte-Colombe,  pp.  74,  472,  698,  1125,  1218, 
1252,    1265. 

—  (Consuls  de),  p.   1 1  i3. 
Sainte-Croix,  lieu,  p.  36i. 

—  (Vallon  de),  p.  757. 
Sainte-Croix,  commune,  p.  1009. 
Sainte-Croix  de  Cadeeles,  paroisse,  p.  649. 
Sainte-Croix  d'Ornano,  p.  188. 
Sainte-Croix  de  Valfrancesque,    pp.    332,  799, 

I  071  ;  brûlé,  p.  806. 

—  (Couvent  de),  p.   1  142. 
Sainte-Enimie,  p.   1408. 
Sainte-Eulalie,  en  Gévaudan,  p.  397. 
Sainte-Eulalie,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Sainte-Foi  d'Aigrefeuille,  p.  1245. 
Sainte-Foy  de  Pétrolières  (Prieuré  de),  pp.  22, 

1189. 
Sainte-Geneviève,  abbaye,  p.  720. 
Sainte-Gr,\te,  couvent,  p.  400. 
Sainte-Madeleine,   paroisse   à   Lalande,  p.   1224. 
Sainte-Marguerite  d'Ayroles,  paroisse,   p.  649. 
Sainte-Marguerite     la     Figére,     en     Vivarais, 

p.    1202;    ses   hiibitants  menacent  de  quitter  le 

pays,  p.  896. 
Sainte-Marie  des  Chazes,  p.  1405. 
Sainte-Marie  D"IssiNGEAux(Religieuses  de),  p.  685. 
Saintes-Mabies;   les  consuls  y  prennent  des  pré- 
cautions contre  la  peste,  p.  430. 
Sainte  Radegonde,  hôpital  à  Toulouse,  p.  32. 
Sainte-Reine,  en  Bourgogne,  p.  445. 
Sainte-Trinité  de  Fécamp,  abbaye,  p.   1020. 
Sainte-Ursule,  couvent  à  Alais,  p.  647. 
Saintonge,  pp.   143,  444,  1079,  1241. 
SAINTOT    (de),     grand -maître    des    cérémonies, 

pp.  369,  370,  376,  379. 
Saix,  p.  64. 
SAIX   (de),    fait    exercer   le   culte    réformé   dans   sa 

maison,  p.   424. 
Salage  des  sardines,  p.  49, 
Salaison,  p.  1263. 
Salaisons   faites  avec   les   animaux  sains  abattus 

durant  l'épizootie,  pp.   1269,  1260. 


SALAMAN,  habitant  de  Coursan,  p.  894. 

Salas  (Baronnie  de),  p.   io55. 

SALASC,  substitut  du  procureur  général  prés  le 
Parlement  Maupeou,  p.  1214;  fait  partie  de  la 
commission  d'enquête  de  1783,  pp.   |32I,   |325. 

Salât,  rivière,  pp.  i33i,  1403. 

Salavas,  en  Vivarais,  pp.  28,  778,  1201. 

SALAVERT  (Alexandre),  procureur  en  la  cour, 
capitoul,  pp.  4,  243,  244;  condamné  à  mort, 
exécuté  en  effigie,  p.  245. 

SALBA  (Michel),  délégué  espagnol  pour  la  déli- 
mitation de  la  frontière,  p.  399. 

Salces,  sur  la   frontière  du  Roussillon,  p.  212. 

SaldineS;  un  gisement  houiller  y  est  reconnu, 
p.    1282. 

Salé,  sur  la  côte  du  Maroc,  pp.  699,  704. 

Salenques  ;  translation  de  ce  monastère  à  Tou- 
louse, p.  25. 

—  (Abbaye  des),  supprimée,  p.  97. 
Saleurs  de  Cette,  p.  5o. 

—  de  Nimes,  p.  41- 

SALGAS  (Baron  de),  p.  37;  son  arrestation,  sa 
condamnation  aux  galères,  pp.  38,  797;  sort  des 
galères,  p.  52. 

Salicor,  plante  marine,  p.  699. 

Saliéges  (Massifs  de),  p.  8o5. 

Salies,  châtellenie,  p.  474. 

Salin  (Place  du),  à  Toulouse,  pp.  3o6,  35o. 

Salindres  (Carrière  de  pierre  de),  p.  986. 

—  (Pont  de),  p.  794. 
SALINE  (de),  p.  190. 
Salinelle,  p.  427. 

—  (Démolition  du  temple  de),  p.   19. 

—  (Prieuré  de),  p.  649. 

SALINIER,  conseiller  au  Parlement,  p.  341. 
Salins,   destinés  à    l'exportation,  établis   entre  la 
Méditerranée  &  l'étang  de  Thau,  p.    117. 

—  de  Languedoc,  p.  42. 

—  de  Narbonne,  p.  845. 

—  de  Peccais,  p.  384;  submergés,  p.  42. 

Salle    des    Roses,    à    l'archevêché    de   Toulouse, 

p.   317. 
Salle   (La),    p.   1406;  dévastée   par    la    troupe   de 

Cavalier,  p.  796. 
Salles,  commune,  p.   i25. 
Salles,  au  diocèse  d'Albi,  p.   1008. 
Salles,  au  diocèse  deMirepoix,  p.   1009. 
Salles,  p.  1406. 
SALLES,  camisard,  p.  40. 
Salliês,  au  diocèse  d'Albi,  p.   1008. 
Salomon  (Pont  dej,  p.  i  178. 
SALOMON,  camisard,  p.  40. 
SALOMON-ISAAC,  prédicant,  roué  vif,  p.  733. 
SALOMON,  chef  cévenol,  vient  à  Nimes  conférer 

avec  le  maréchal  de  ViUars  &  avec  l'intendant, 

p.  840. 
SALOMON,     député    à     l'Assemblée     nationale, 

p.    1390. 
Salses,  pp.  261,  373,  399,  5i6,   1404. 
Salsigne,  lieu,  p.  1081. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


i6i3 


Salvagnac,  pp.  656,  1408. 

SALVAN,  receveur  à  Albi,  p.  3  10. 

Salvetat  (la),  pp.  102,  I  16,  863. 

Salvetat  d'Angles,  p.  1401. 

SALVY  (Jean-François),  p.   120. 

SALZE,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 
finances,  p.   1097. 

Samatan,  pp.   1244,   140Z. 

^  (Châtellenie  de),  p.  471. 

Sampson,  en  Vivarais,  p.  48. 

Sampzo.v,  village  dévasté  par  Cavalier,  p.  777. 

SAMUEL;  un  de  ses  mots  aux  Israélites  sert  de 
thème  à  un  sermon  de  l'évêque  du  Puy  en  1649, 
p.   285. 

SAMUEL  BERNARD,  célèbre  financier  devenu  ad- 
judicataire de  la  terre  &  de  la  baronnie  de 
Rieux;  ne  peut  entrer  aux  Etats,  pp.  44,  873, 
874. 

SAMUELET ,   pâtre  qui    aurait    tué    le    capitaine 

Poul,  p.  766. 
Samzox,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Saxchemarans,  château  en  Querci,  p.-  261. 
Sanclièbes,  p.  I  i3o, 
SANDRICOURT    (de),   gouverneur    de    Nimes, 

pp.  823,  836. 

SANDRICOURT  (de),  brigadier,  p.  885. 

Sangiinenc,  ruisseau,  p.  97. 

Sanmllac,  en  ^'ivarais,  p.    1202. 

San    Pedro  de  Roda,  monastère,  p.  399. 

SAPORTA,  avocat  au   Parlement  de  Toulouse,  ca- 

pitoul,  pp.  242,  245. 
Saptes,  pp.  55,  1370. 

SAPTE  (de),  président  à  mortier  au  Parlement  de 
Toulouse,  pp.   i2i5,  i395j  son  exil,  p.  1218. 

Sakdaig.ve,  pp.  903,  927. 

Sardigny,  p.   I  88. 

Sardines,  p.  49. 

Sarcles  de  Castres,  &c.,  p.  85. 

SARRALIER,  lieutenant  de  prévôt  de  la  maré- 
chaussée de  Vivarais,  p.    |3|  1. 

Sarras-Bevirtacd,  en  Vivarais,  p.   1202. 

SARRAT  (Jean-Augustin  de  FRELAT  de),  grand- 
vicatre  au  Puy,  p.   1204. 

SARRAUTE  (de),  p.  414. 

SARRAZIN  (de),  p.   io36. 

Sabremejaxse,  en  Vivarais,  p.  870. 

SARRET  (Thomas  de),  sieur  de  Gaujac,  p.  863. 

Sarbecave,  commune,  p.  1082. 

Saktiie,  p.  Û2. 

SARTRE  (de),  p.  334. 

Satilieu,  en  Vivarais,  pp.  870,  1202. 

SATILIEU  (Marquis  de),  député  aux  Etats  géné- 
raux, p.    1377. 

Saturargies,  lieu,  pp.  38,  41,  42,  44,  46. 

SAUBERT,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides 
&  finances,  p.   1097. 

Saccines,  prieuré,  p.  649. 

Salgeon,  baronnie,  p.   1059. 

SAtCt'ES,  pp.  744,   1406,   1407. 


Saugues  (Ville  de),  p.  i385. 

Sault  (Pays  de),  pp.  22,  63,  209,  356,  472,  870, 
i385. 

Saumane,  pp.  710,  796,  1071. 

SAUMERY,  p.   188. 

Saumur,  p.  975. 

Saune  (Vallons  de  la),  p.   1265. 

SAURIN,  de  Nimes,  devient  en  Hollande  un  pré- 
dicateur éminent,  p.  565. 

SAURIN  (les),  fixés  en  Irlande  sous  Guillaume  III, 
p.  567. 

Saussan;  ses  armoiries,  p.  686. 

SAUTEL,  bourgeois  de  Nimes,  p.  992. 

Sauterelles  en  Languedoc,  pp.  57,  972. 

SAUVAGE  (François),  ministre,  p.  14. 

Sauvage,  métairie  noble,  p.  397. 

SAUVAGES  (de),  médecin  de  Montpellier,  étudie, 
par  ordre  des  Etats,  l'épizootie  qui  désole  en 
I  746  une  partie  de  la  Province,  p.  1  08  1  ;  envoyé 
en  1746  en  Vivarais  pour  étudier  les  effets  de  la 
peste  bovine,  pp.  80,  i233. 

SAUVAGES  (de),  maire  d'AIais,  p.   1367. 

Sauve,  commune,  pp.  32,  49,  121,  177,  332,  644, 
764,  1406;  les  protestants  abjurent  avant  l'ar- 
rivée des  troupes,  p.  555;  dans  le  vallon  du 
Vidourle;  coup  de  main  de  Cavalier  en  cette 
ville,  pp.  763,  764;  ses  armoiries,  p.  687. 

—  (Seigneurs  de),  p.  988. 

Sauve,  rivière;  son  recreusement,  p.  83. 
Sauveplantade,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Sauvetep.re,  baronnie,  pp.  91,  36i. 

—  (Terres  de),  p.  363. 

SAUVETERRE,  président  a  mortier  au  Parlement 

de  Toulouse;  son  exil,  p.   1218. 
Sauzet;  démolition  de  son  temple,  p.    19. 
SAULX  (de),  évéque  d'AIais,  p.  986. 
Savas,  en  Vivarais,  p.   1202. 
Save  (Vallée  de  la),  pp.  341,  470. 
Saverdun,  pp.  76,  873. 
Savinas,  en  Vivarais,  p.  1201. 
Savon,  pp.  84,  481. 

—  blanc  &  savon  noir;  sa  fabrication,  p.  698. 
Savone,  p.  514. 

Savoie,  pp.  484,  765,  903. 

SAVOIE  (Duc  de),  pp.  773,  838,  855. 

Savoie-CarignAN  (Régiment  de),  p.   1244. 

SAVY  (Jean),  sergent  royal,  condamné  à  mort  & 
pendu  à  Carcassonne,  p.  338. 

Sayssac,  pp.   1253,   1254. 

SCHOMBERG  (Henri  de),  maréchal  de  France, 
gouverneur  de  Languedoc,  pp.  181,  i83;  son 
origine,  p.    182. 

SCHOMBERG  (Charles  de),  maréchal  de  France, 
gouverneur  de  Languedoc,  pp.  2,  3,  5,  i3i, 
146,  178,  179,  191,  2i3,  228,  240,  709;  après 
la  mort  de  Louis  XIII,  vient  en  octobre  1643 
faire  l'ouverture  des  Etats,  p.  169;  son  discours 
d'ouverture  à  cette  session,  p.  160;  sa  famille 
une  des  quatre  colonnes  de  la  noblesse  de  Mis- 
nie,  p.  i83;  son  enfance;  ses  services  militaires; 
ses  mariages;  son  caractère,  p.  i83;  les  intri- 


.14 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


gués  du  duc  d'Orléans  le  forcent  à  se  démettre 
du  gouvernement  de  la  Province,  p.  184;  sa 
modération  dans  le  gouvernement,  p.  191;  rem- 
plit dans  la  session  des  Etats  de  1646  les  fonc- 
tions de  premier  commissaire  du  roi,  p.  209; 
ses  discours;  ses  promesses,  p.  210;  harangue  le 
peuple  de  Montpellier  &  rétablit  le  calme, 
p.  234;  est  atteint  par  une  pierre;  sa  mansué- 
tude, p.  235;  organise  une  garde;  donne  des 
armes  aux  protestants  qu'on  avait  désarmés; 
expulse  les  étrangers,  p.  235;  se  rend  à  Nar- 
bonne  pour  recevoir  les  prisonniers  espagnols, 
p.  237;  quitte  la  Province,  p.  201;  traverse  le 
Languedoc  pour  prendre  possession  de  sa  dignité 
de  vice-roi  de  Catalogne,  p.  276;  son  second 
mariage;  prise  de  Tortose;  sa  mort  à  Paris;  lieu 
de  sa  sépulture,  p.  277. 

SCHOMBERG  (Comte  de),  commandant  en  Pié- 
mont pour  le  duc  de  Savoie,  p.  709. 

SCHWERIN,  ministre  de  Brandebourg  àVersailles, 
p.  56i . 

SCORBIAC  (Françoise),  p.  924. 

Scythes,  p.  267. 

Séance  du  Jeu  de  Paume,  p.  1389. 

Seautres,  en  Vivarais,  p.  870. 

Seauve  (Abbaye  de  la);  projet  d'union  avec  l'ab- 
baye de  Clavas,  pp.   1204,   I  2o5. 

SE4UX,  capitoul,  pp.  221,  226,  226,  228. 

Sechebas,  en  Vivarais,  pp.  870,  1202. 

Sécheresse,  pp.  64,  71,  72,  569. 

Second  vingtième,  pp.  io5,  127;  remise  de  cent 
mille  livres  à  la  Province  sur  cet  impôt,  p.  99; 
consenti  par  les  Etats,  p.   119. 

Secours  aux  ouvriers  sans  travail,  p.  74. 

Sécurité  des  chemins,  p.  195. 

Sedan,  p.  342. 

SÈDE,  capitoul;  coût  de  son  chaperon  dévoilé 
dans  un  procès  devant  le  Parlement,  p.  596. 

Sédition  Lafaille,  à  Toulouse,  p.  643. 

—  des  masques  armés  en  Vivarais,  pp.  i3io,  i3i  1, 
i3i 2,  i3i3. 

—  de  1645,  à  Montpellier,  pp.  7,  262. 

—  en  Vivarais,  p.  22. 

SÉGALA  (Pierre),  majorai  d'une  maladrerie  à 
Toulouse,  p.  421. 

SÉGLA  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 

son  exil,  p.   1218. 
SÉGLA,  chevalier,  p.   i352. 
Sëgre,    rivière,    p.    239;    direction    de    ses    eaux, 

p.  400. 

SEGUIN  DUSÉJOUR,  capitoul,  p.  1172. 

SÉGUIER,  chancelier,  p.   i33. 

SÉGUIER  DE  LA  VERRIÈRE  (Jean-Jacques),  ivê- 
que  de  Nimes,  p.  555;  est  chef  &  protecteur  de 
l'académie  de  Nimes,  p.  566. 

SÉGUIER,  ingénieur,  p.  346. 

SÉGUIER  (Pierre-Esprit),  prophète  des  Cévennes, 
p.  740;  son  rôle  dans  le  meurtre  de  l'abbé  du 
Chayla,  p.  741  ;  est  arrêté  à  la  suite  d'un  com- 
bat; son  âge,  son  origine,  sa  physionomie;  ses 
antécédents  peu  honorables;  sa  conduite;  est 
brûlé  vif  après  avoir  eu  le  poing  coupé,  p.  746  ; 


ne  consent,  au  moment  de  son  exécution,  qu'à 
demander  grâce  à  Dieu,  p.  747;  date  de  son 
supplice,  p.  36. 

SÉGUIER,  p.  757. 

SÉGUR  (de),  secrétaire  d'État,  p.   i335. 

SÉGUR,  p.    iSyo. 

Seigle,  pp.  701,  722,  1  1 13. 

Seignalens,  p.  I  082. 

SEIGNELAY  (Marquis  de),  p.  540. 

Seigneuries  particulières  reconstituées  par  le  dé- 
membrement des  fiefs  réunis  aux  possessions  de 
la  Couronne,  p.  675. 

—  reconstituées  pour  faire  un  échange  avec  le 
comte  de  Belle-Isle,  p.  957. 

—  aux  terres  de  Languedoc,  soumises  à  la  coutume 
de  Paris,  p.  693. 

Seigneurs;  leurs  droits,  pp.  932,  933,  934,  935. 

—  péagers,  p.  pSô. 
Seilh,  p.   1240. 

SEISSEL  (de),  archevêque  de  Turin,  p.   1354. 

Seix,  commune,  pp.  697,  1009. 

Sel,  pp.  22,  45,  46,  5o,  67,  60,  109,  119,  i23, 
481,  5ii,  843;  défense  d'user  de  certains  sels 
aux  habitants  du  haut  Languedoc,  p.  3i;  droit 
de  deux  sols  pour  livre,  p.  41;  réduction  de  son 
prix  dans  divers  lieux,  p.  42  ;  son  prix,  pp.  5o, 
5i  ;  réduction  de  son  prix,  p.  53;  le  prix  en 
est  réduit  en  faveur  des  habitants  du  Gévau- 
dan,  p.  70. 

—  (Droit  sur  le)  à  Narbonne,  p.  78. 

—  prohibé,  pp.  844,  S45. 

—  de  Mandirac,  p.  846. 

—  de  Narbonne,  p.  384. 

—  de  Peccais,  pp.  63,  384,  845,  846,  1  i37,  i384; 
son  débit  est  interdit,  p.  28. 

—  de  Peyriac,  pp.  384,  698,  846. 

—  de  Sigean,  pp.  384,  846. 
Sels,  p.  71. 

—  du  pays  Narbonnais  ;  leur  protection  main- 
tenue, p.  846. 

—  (Transport  des),  p.  1  i3o. 

—  de  verrerie  &  de  salpêtre,  p.  844. 
Semailles,  p.  65. 

Semalens;  ses  armoiries,  p.  688. 
Séminaire  de  Caraman  à  Toulouse,  p.  $79. 

—  de  filles  régentes  créé  par  l'évêque  d'Alet, 
p.   407. 

—  Notre-Dame,  près  de  Villefranche de  Rouergue, 
p.   577. 

Sempiternes,  étoffe,  p.  42. 

Senard-Paquieb,  p.  77. 

Sénaret,  baronnie  en  Gévaudan,   pp.  21,   20,  29, 

76. 
SENAUX,  président  au  Parlement,  p.    176. 
SENAUX  (de),  président  à  mortier  au  Parlement  de 

de  Toulouse;  son  exil,  p.   1218. 

SENAUX  (Jean-Joseph-Dominique  de),  conseiller 
au  Parlement  de  Toulouse,  doit  faire  partie  de 
l'assemblée  des  notables,  p.  i335;  fait  partie  du 
septième  bureau  de  cette  assemblée,  p.   i338. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i6i5 


SENAUX  (de),  président  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.    iS^S. 

Sexeaud,  en  Vivarais,  p.    1202. 

SENECEY,  lieutenant- colonel  du  régiment  de 
Bourbon,  p.    1256. 

Sénéchal;  rôle  qui  lui  semblait  destiné  aux  élec- 
tions pour  les  Etats   généraux  en  1648,  p.  280. 

Sénéchas,  lieu,  p.  776. 

Sénéchaussée  créée  à  Annonay  en   1781,  p.    i3o3. 

—  de  Toulouse,  pp.  6,  280. 

—  créée  à  Villeneuve-de-Berg  en  1780,  pp.  i3oo, 
i3oi  ;  réduite  au  bas  Vivarais,  p.   i3o3. 

—  ducale  d'Uzès,  pp.   i3<)9,   i35o. 
Sénéchaussées  de  Languedoc;  leurs  noms;  nombre 

de  députés  aux  Etats  généraux  à  élire  par  cha- 
cune d'elles,  p.  1367;  leurs  archives,  p.  (>t)6. 
Sénéchaux,  p.  280;  reçoivent  l'ordre  de  publier 
la  convocation  des  Etats  généraux,  p.  279;  dé- 
cadence de  cette  charge,  p.  696;  leur  abaisse- 
ment, p.  706. 

—  royaux;  leur  action  sous  saint  Louis  &  sous 
Philippe  le  Bel,  p.  272. 

SENES,   conseiller   à    la    cour    des    comptes,   aides 

&  finances,  p.   1097. 
Senez  (Evécjue  de),  pp.  1021,   1022. 
SENIL  (de),  visite  les  forêts  des  Pyrénées,  p.  442. 
Senilhac,  lieu,  p.   17. 
Senonches,  p.    108. 

SENOVERT,  avocat,  capitoul  à  Toulouse,  p.  1293. 
Sens  (Archevêque  de),  pp.   1021,   ioi3. 
Sentbes,  en  Vivarais,  p.   1201. 
Sept-Demebs    (Prairie    des),    près    de   Toulouse, 

pp.   474,    1222,    1223,    1224;    on    y    parque    les 

pestiférés,  p.  340. 

—  (Château  des),  p.  1009. 
Sépulture  ecclésiastique  refusée,  p.   122. 
Sépultures  interdites  dans  les  églises  par  l'arche- 
vêque de  Toulouse,  p.    112. 

—  interdites  dans  les  églises  &  dans  l'intérieur 
des  villes,  p.   1  280. 

SÉRÉ,  bourgeois  d'Albi;  organise  une  manufac- 
ture de  toiles  à  la  fnçon  de  Rouen;  ses  conven- 
tions avec  les  Etats  de  Languedoc;  résultats  de 
ses  essais,  pp.  941,  942,  943;  est  directeur  de 
cette  manufacture,  p.   io3o, 

Sébênac  (Bois  de),  p.   122. 

SERENC,  concessionnaire  de  salins,  p.   117. 

SeR(;e  de  Rouen,  fabriquée  à  Magdebourg  par  des 
réfugiés  languedociens,  p.  564. 

Serges,  pp.  698,  701. 

—  fabriquées  à  Amsterdam  par  des  réfugiés  fran- 
çais, p.  566. 

—  impériales,  pp.  41,  42,  5o. 

—  (Fabrication  de),  p.  47. 
Sérignac,  lieu,  p.  38. 
SÉRIGNAN  (Sieur  de),  p.  3o3. 
SÉRiG.vAiN,  lieu,  p.  863. 
Serizols,  commune,  p.   10-9. 
Serizy,  p.  467. 

Serme.nt  imposé  aux  jésuites  par  le  Parlement  de 
Toulouse,  pp.  1176,  1177. 


Serment  secret  prêté  par  les  officiers  du  Parlement 
de  Toulouse,  p.   1  28. 

—  de  soumission  prescrit  aux  ministres  par  le 
synode,  p.   18. 

Sermon  de  l'évêque  du  Puy  aux  Etats  de  1649, 
p.  285;  incriminé  à  la  Cour,  p.  286. 

SERPENT  (de  la),  p.  414. 

SERRE  (Comte  de  la),  p.    i3. 

SERRE  (P.),  copiste  d'un  exemplaire  du  mémoire 
de  Bâvilie,  p.  602. 

SERRE  (du),  p.  609. 

SERRE  (Marquis  de),  p.   1198. 

Sebrecour,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Serbes,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

SERRES  (de),  p.  620. 

Serres,  en  Vivarais,  p.  1202. 

SERRES    D'ALTIER  (de),  p.    io36. 

SERRES  (Baron  de),  grand-bailli  honoraire  du 
Vivarais,  p.  1  195. 

Seeeenègre  (Forêt  de),  p.  472. 

Serbièees,  commune  du  Vivarais,  pp.  124,  194, 
1004,  1202. 

Servière,  pp.  I  195,  1408. 

SERVIÈRE  (de  la),  ingénieur  du  roi,  p.  897. 

SERRONI  (Hyacinthe),  évêque  d'Orange,  pp.  375, 
477;  reçoit  Marca  à  Perpignan,  p.  399;  est 
dévoué  à  Colbert  comme  il  l'était  à  Mazarin, 
p.  430;  son  rapport  favorable  sur  une  pancarte 
contenant  l'histoire  abrégée  du  Languedoc, 
p.  479. 

SERRONI  (Hyacinthe),  évêque  de  Mende,  pro- 
nonce l'oraison  funèbre  de  François  Fouquet, 
p.   509. 

SERRURIER  DUBOIS  (de),  p.   i353. 

SERRURIER,  procureur  du  roi  en  la  maîtrise  des 
eaux  &  forêts,  p.    1402. 

SERS  (Marquis  de),  p.   i352. 

SERVAN,  fondateur  de  la  manufacture  de  soie  au 
Puy,  pp.  90,  93. 

Servas,  p.  863. 

Servebette,  pp.  744,   1407. 

Serveirette,  p.  863. 

SERVEL,  jésuite,  p.   1  142. 

Servian,  pp.  394,   1401. 

Service  funèbre  célébré  à  Toulouse  après  la  mort 
de  Louis  XIII,  p.  143;  cérémonial  suivi, 
pp.    144,   145. 

—  funèbre  en  l'honneur  du  dauphin,  p.  49. 

—  funèbre  célébré  à  Montpellier  en  l'honneur  de 
Louis  XIV,  p.  52. 

SERVILLE  (de),  ministre  protestant,  pp.   18,  425. 

SeRVIEN,    p.    322. 

Servies,  baronnie,  p.  23. 

SERVIES,  avocat  à  la  cour  des  aides  de  Montpel- 
lier, p.  1  159. 

SESMAISONS  (René  de),  aumônier  du  roi,  abbé  de 
Saint-Clément  de  Metz,  pp.  1020,   io23. 

Seu  d'Urgel,  prise  par  le  duc  de  Noailles,  p.  3  1 . 

SÈVE  (de),  pp.  314,  33 1. 

SÈVE  (de),  commissaire  du  roi  à  Toulouse  en  i65i, 
p.  3i5 


[6i6 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


SÈVE  (Alexandre  de),  sieur  de  Chantignouville, 
commissaire  extraordinaire  en  Languedoc, 
pp.  3i5,  357. 

SÉVENNE,  premier  consul,  maire  de  Marvéjols, 
p.   i3o6. 

Séville,  p.  927. 

SEVIN  (de),  commissaire  du  Parlement  de  Tou- 
louse, p.  583;  porteur  de  la  procuration  de 
M.  de  Pennautierj  ses  pouvoirs  sont  continués 
après  la  mort  de  celui-ci,  pp.  892,  893. 

SEXTI  (Famille  de),  habitant  de  Moissac,  p.  739. 

SbyneS;  démolition  de  son  temple,  p.    19. 

Seyre,  au  diocèse  de  Toulouse,  p.   1008. 

—  (Consuls  de),  p.   i  i  i3. 
Seyre,  terre,  p.  i3oi. 

Seysac,  lieu  du  Gévaudan,  p.  397. 

SiAM,  p.  657. 

SœiLLE  (Henri),  p.  81. 

SlGEAN,  pp.    46,   8  I. 
SiJAN,   p.   846. 

SiJEAN  (Sel  de),  p.   I  I  |3. 
SiLiiAC,  en  Vivarais,  p.   1201. 

SILHOUETTE  (de),  contrôleur  général,  p.  i  1  5o. 
SILLERY    (Marquis    de),    lieutenant    général    en 
Languedoc,  p.  86. 

SILLY  (Françoise-Marguerite  de),  duchesse  de 
Retz,  mère  du  cardinal,  p.  402. 

SIMAUD,  fabricant  à  Carcassonne,  p.  82. 

SIMON  DE  MONTFORT,  pp.  33,  952. 

SIMONNEAU,  traitant,  p.  63i. 

SINSON  (Charles),  charpentier  des  bâtiments  du 
roi,  p.  480;  sa  proposition  pour  rendre  la 
Loire  flottable,  p.  489. 

SiRAN,  p.  870. 

SIRLET  (Guillaume),  garde  de  la  bibliothèque  du 
Vatican,  p.  i33. 

SiBOP  de  grenades,  fabriqué  à  Montpellier,  p.' 846. 

Situation  forestière  du  Languedoc  en  1 725,  p.  999. 

Société  des  arts  de  Montpellier;  vœu  émis  par  les 
Etats  de  Languedoc  d'y  annexer  une  sorte  d'é- 
cole préparatoire  pour  le  service  des  ponts  & 
chaussées,  p.   i33  i . 

—  des  sciences  &  arts  de  Toulouse.  Foir  Académie 
des  sciences,  inscriptions  &  belles-lettres. 

—  des  sciences  de  Montpellier,  pp.   1028,    1029. 

—  générale  pour  le  dessèchement  de  tous  les  étangs 
du  royaume,  p.   1159. 

SiECULUS  FLACCUS,   consulté  pour   la  délimita- 
tion des  frontières  en   1661,  p.  399. 
Soie,  pp.  46,  52,  90,  92,  94,  96,  108,  701. 

—  fabriquée  à  Amsterdam,  p.  566. 

—  cette  industrie  florissante  à  Nimes  est  ruinée 
par  les  mesures  prises  contre  les  protestants, 
p,  53i. 

Soies,  p.  1062. 

—  étrangères,  p.  970. 

—  indigènes,  p.  970. 

Soieries  fabriquées  dans  les  États  de  Frédéric-Guil- 
laume par  des  proscrits  français,  p.  564, 
SoissONNAiS  (Régiment  de),  pp.  801,  817,   1377. 


SoiSSONS,  p.  467. 

SOLAS  (Président  de),  p.   1054. 

Soldats  de  milice  levés,  p.  77. 

—  passés  par  les  armes  à  Toulouse  à  la  suite  de 
scènes  d'indiscipline  durant  le  séjour  du  roi, 
p.  378. 

SOLEILHAVOLP  (Noël-Étienne),  écuyer,  capitoul 
de  Toulouse,  p.  63 1 . 

Solidarité  des  habitants  de  Toulouse  en  matière 
de  tailles,  p.  2. 

SOLIER  (Jean),  p.  3  16. 

SoLiGNAc,  en  Vivarais,  p.  1202. 

SOLME  DU  VILLAR  (Anne  de),  religieuse  de  Cla- 
vas,  p.   1204. 

SoLOMIAC,  p.   1402. 

Somme  de  saint  Thomas,  dénoncée  par  un  membre 
du  Parlement  de  Toulouse  comme  contenant 
une  doctrine  perverse  &  des  maximes  contre  la 
sûreté  des  rois,  pp.   1170,  1171,  1187. 

SoMMiÈRES,  pp.  39,  76,  101,  i83,  747,  781,  797, 
822,  824,  827,  843,  977,  1077,  1141,  1142, 
1279,  1406;  union  d'une  maladrerie  à  son 
Hôtel-Dieu,  p.  34;  les  protestants  s'y  conver- 
tissent à  la  première  réquisition,  p.  554;  '" 
armoiries,  p.  687;  attaquée  la  nuit  par  les  ca- 
misards,  p.  807. 

—  (Pont  de),  dégradé  par  l'inondation,  p.  88. 
SoR,  rivière,  pp.  36,  89,  92,    124,  407,  463,  1253. 

—  (Vallon  du),  p.  460. 

SoRBONNE,  p.  406;  Bertier,  évêque  coadjuteur  de 
Montauban,  y  prononce  l'oraison  funèbre  de 
Louis  XIII,  p.   178. 

SoRÉZE,  abbaye,  pp.  85,  1252,  i253,  1254,  i255, 
1402,  1408;  ses  armoiries,  pp.  685,  687. 

SORGUES  (Baron  de),  p.  55. 

Sou,  petite  rivière  dans  les  Corbières,  p.  347. 

SouABE  (Cercle  de),  p.   1  10. 

SouAL,  p.    1255. 

SouBÉs,  lieu,  pp.  ii3o,  ii3i,  ii32,   1401. 

SOUBISE  (Cardinal  de),  p.  911. 

SOUBISE  (Maréchal-prince  de),  p.    i3o3. 

SOUBISE  (Maréchal  de),  p.  i3i3. 

SOUBISE  (Prince  de),  pp.  91,  100,  108,  122,  1  198, 
1282. 

SouBiSE  (Légion  de),  p.  1196. 

SouBEiRAS,  annexe  de  paroisse,  p.  649. 

SOUBEYRAN  DE  SAINT-PRIX,  p.    1195. 

SOUBRES,  dame  du  Puy,  pp.  490,  491. 

SOUCHE,  attaché  à  la  commission  de  réformaiion 
des  forêts,  p.   1072. 

SOUCIRAC  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse; son  exil,  p.  1219. 

SouELS,  au  diocèse  d'Albi,  p.   1008. 

SouGRAGNE,  paroisse,  p.   i3oi. 

SouLAHOU,  près  de  Sumène;  on  y  découvre  des 
filons  de  houille  en   1777,  p.   1282. 

SOULAIRE  (Dom),  bénédictin,  nommé  par  Us 
États  historiographe  de  la  Province  en  compa- 
gnie de  dom  Malherbe,  p.    i33i. 

SOULAN  (Scipion),  chargé  de  soulever  les  protes- 
tants des  Cévennes,  p.  1080. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1617 


SOULAS  (de);    reçoit  chez   lui,  à  Montpellier,  le 

cardinal  de  Vendôme,  p.  479. 
SOLLE,  p.    23. 
SOULÈRE,  p.   r425. 
SOULERY  (de);   ses  querelles,  p.  4o5. 
SoilÈVEMENT  de  Ravanel  contre  Cavalier,  p.  40. 

—  en  V'ivarais,  p.  3();  en  mai   1709,  p.  47. 

—  dans  les  montagnes  du  Vivarais  provoqué  par 
les  vexations  des  traitants  &  des  commissaires 
exacteurs;   punition  des  coupables,  p.  496. 

SocLÈVEMENTS  des  Cévennes;  leurs  causes,  pp.  73o, 
73  1 ,  732,  733,  734,  735;  assassinats  qui  précè- 
dent le  mouvement  général;  leur  cause,  p.  748. 

—  populaires  causés  par  l'arrêt  suspensif  des  édits, 
rendu  par  le  Parlement  de  Toulouse,  p.    143. 

SOULIER,  chapelier  de  Nimes,  p.  992. 
S0ULIC.NAC,  p.  491. 
SOULLIET  (Jean),  p.  8-. 

SoLLORGtES,    p.    823. 

SoiQL'ET  (DrO't  de),.p.  65. 

SOURDIS  (Marquis  de),  p.  22;  vend  ses  domames 

à  Riquet,  p.  5|3. 
SOURNIA  (de),  p.  414. 
SOURNIAC  (M.  de);   ses  exactions;   s'empare  d'un 

prieuré,  p.  412. 
SOURS  (Jean-Pierre  de  ,  sieur  de  Mandajors,  juge 

du  comté  d'Alais,  p.  863. 
SoiSTELLE,  p.  20;  son  église  &  son  presbytère  sont 

brûlés,  p.  753. 
SOUSTELLE  (M""  de),  p.  797. 

SoLVltRES,    p.    339. 

SOUTERRÈNE,  capitoiil,  pp.  242,  245,  449. 
SoYO.>,  en  Vivarais,  pp.  27,  878,   1202. 
SPONDE  (Henri  de),  évéque  de  Pamiers,  p.   i32. 
Stasiiope  (Régiment  de),  pp.  882,  885. 
Statisthjle  de  la  population  protestante;   points 

de  la  Province  qui   contenaient  les  populations 

les  plus  denses,  p.  55o. 

—  de  la  population  du  Languedoc  dressée  par 
Bâville,  p.  692. 

Statle  de  la  vierge  servant  de  cible  à  des  cavaliers, 
p.  264. 

—  équestre  de  Louis  XIV  votée  par  les  Etats  en 
reconnaissance  de  la  révocation  de  l'édu  de 
Nantes,  p.  558;  à  Montpellier,  pp.  904,   io32. 

Statuts  du  chapitre  d'Albi;  leur  réforme  deman- 
dée, p.   i383. 

—  des  Jeux-Floraux,  p.  661 . 

—  des  marchands  de  bois  de  Beaucaire  confirmés, 
p.  5i . 

Stenay  (Ville  &  citadelle  de),  p.  373. 

Ste.nuai,,  dans  la  Marche  électorale,  reçoit  des  ré- 
fugiés français,  p.  562. 

Stérilité  en  Gévaudan,  p.    1  1  i3. 

Stettin,  voit  son  commerce  se  développer  grâce 
aux  protestants  français  réfugiés,  p.  565. 

STEVART,   doyen    de   la    métropole   de    Malines, 

p.    1018. 
STRABON,  consulté  en   1661  pour  la  délimitation 

des    frontières    entre    la    France    &    l'Espagne, 


p.  399;  une  interprétation  inattendue  de  ses 
œuvres  conserve  à  la  France  plusieurs  territoires, 
p.   400. 

Strasbourg,  p.  1390. 
Strozzi,  p.  494. 
Stuabds,  p.  903. 

SUAU  (Marie-Jean-Denys),  greffier-garde-sac   au 

Parlement  de  Toulouse,  p.    1414. 
SuBDÉLÉGEÉS  de  l'intendance;  leur  traitement  au 

moment    de    la    suppression    de    la     Province, 

p.    1418. 
SUBRA  (de),  magistrat  présidial,  p.  255. 
Subsistance,  autre    nom    de    la    taxe    du    quartier 

d'hiver,  p.    |63. 

SLBSlSTA^cE,  impôt,  p.  271. 
Subvention,  p.  60. 

—  territoriale,  créée  dans  tout  le  royaume,  puis 
supprimée,  p.  1342. 

—  établie  à  Agde  pour  la  construction  d'un  pont 
de  bateaux,  p.  69;  prorogée,  p.  62. 

—  nouvelle  à  Aigues-mortes,  p.  72. 

—  d'Alais  continuée  pour  neuf  ans,  p.  71  ;  pro- 
rogée pour  neuf  ans.  p.  81. 

—  d'Albi,  prorogée  pour  six  ans,  pp.  72,   79,   85. 

—  prorogée  à  Anduze  pour  neuf  ans,  p.  73. 

—  a  BéJarrieux  pour  dix  ans,  p.  77. 

—  établie  à  Beaucaire,  p.  63. 

—  de  Béziers,  prorogée  pour  dix  ans,  p.  63  ;  pro- 
rogée pour  trois  ans,  p.  68;  prorogée,  p.  71  ; 
continuée  pour  trois  ans,  p,  82;  prorogée  pour 
six  ans,  p.  85. 

—  établie  à  Carcassonne,  p.  56;  prorogée  pour 
six  ans,  p.  67;  nouvelle,  établie  à  Carcassonne, 
pp.  69,  76;  continuée  &  doublée  pour  six  ans, 
p.  83. 

—  à  Castres,  p.  55  ;  établie  pour  huit  ans,  pp.  73, 
82. 

—  de  Chalabre,  prorogée,  p.  60. 

—  de  Cette,  prorogée  pour  huit  ans,  pp.  64,  73, 
82. 

—  établie  à  Clermont-Lodève,  p.  65;  prorogée 
pour  neuf  ans,  p.  66. 

—  établie  à  Frontignan,  prorogée  à  Lunel,  p.  65. 

—  établie  à  Ganges  pour  douze  ans,  p.  73. 

—  établie  à  Lavaur,  p.  61  ;  pour  douze  ans, 
p.  80. 

—  établie  à  Limoux  pour  dix  ans,  p.  72. 

—  établie  à  Lodève,  p.  58;  pour  la  conduite  des 
eaux  &  le  renouvellement  du  cadastre,  p.  61  ; 
établie  pour  six  ans,  p.  81. 

—  de- Marseillan,  p.  104. 

—  établie  à  Mazamet,  p.  66;  continuée  pour  six 
ans,  p.  76;  prorogée  pour  neuf  ans,  p.  85. 

—  de  Mèze,  prorogée  pour  neuf  ans,  pp.  82,   90. 

—  à  Mirepoix,  pour  vingt  ans,  p.  77. 

—  de  Montpellier,  prorogée,  p.  60;  augmentation 
prorogée  pour  qtatre  ans,  p.  64;  prorogée  pour 
dix  ans,  p.  69;  nouvelle  de  Montpellier,  pro- 
rogée de  1738  à  1745,  p.  72;  prorogée  pour  dix 
ans,  pp.  79,   89. 


XIII. 


i6i8 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


Subvention  de  Narboiine,  p.  70;  prorogée  pour 
douze  ans,  p.  65;  prorogée  pour  neuf  ans, 
p.  77;  prorogée  p»^ur  quatre  ans,  p.  80;  conti- 
nuée pour  quatre  ans,  p.  84;  continuée,  p.   108. 

—  de  Nîmes,  prorogée,  p.  60;  pour  neuf  ans, 
pp.  73,  83;   prorogée  pour  dix  ans,  p.  91. 

—  sur  la  farine  à  Pézénas,  p.  65;  nouveaux  droits 
établis,  p.  71  ;    prorogée   pour   neuf  ans,  p.  8  1 . 

—  établie  à  Pont-Saint-Esprit  pour  douze  ans, 
p.  85. 

—  à  Pradelles  pour  neuf  ans,  p.  85. 

—  du  Puy,  prorogée  pour  neuf  ans,  p.  69;  pro- 
rogée à  nouveau  pour  neuf  ans,  p.  8  1 . 

—  établie  à  Puylaurens,  p.  63;  prorogée  pour 
dix  ans,  p.  70. 

—  établie  à  Réalmont  pour  dix  ans,  p.  73. 

—  à  Revel,  prorogée  pour  douze  ans,  p-  71. 

—  établie  à  Saint-Chinian,  p.  65. 

—  de  Saint-Espri  t,  prorogée  pour  douze  ans, 
p.  62. 

—  établie  à  Saint-Hippolyte,  pour  douze  ans, 
p.  73;  prorogée  pour  douze  ans,  p.   86. 

—  établie  à  Sainte-Colombe,  p.  74. 

—  établie  à  Sommières  &  à  Pézénas,  p.  64. 

—  à  Sommières,  p.  76. 

—  d'Uzés,  prorogée  pour  quinze  ans,  p.  64;  le 
chapitre  cathédral  n'en  est  pas  exempt,  p.  70; 
prorogée  pour  quinze  ans,  pp.  79,  96. 

—  accordée  à  Brueys,  p.  49. 

Subventions,  p.  10^7;  règlement  sur  leur  établis- 
sement, p.  68. 

SUC  DE  SAINT-AFFRIQUE  (du%  p     i338. 
Succession  de  M.  de  Pennautier,  pp.  891,   892. 
Sucre,  p.  5'!. 

Sucres  raffinés  à  Cette,  p.  66. 
SUDRE,  avocat,  défenseur  des  Calas,  p.    1  168. 
Suéde;  la  liberté  des  cultes  publics  y  est  proscrite, 
p.  829. 

Suifs,  p.  1  27. 

Suisse,  pp.  484,   702,   704,   975;    ses    bons   offices 

à  l'égard  des  proscrits   français,  p.  564;    retient 

un     grand     nombre     d'émigrés     languedociens, 

p.   565. 
Suisses,   employés    dans    la    guerre    des   Cévennes, 

p.   823. 
— —  du  régiment  de  Courten,  pp.  47,  879. 
SULLY,  pp.  384,    922. 
SUMÈNE  (de),  p.    i63. 
SuMÈNE,  près  de  Ganges,  pp.  17,  966,   1282,   14^6. 

—  (Archiprétré  de),  pp.  648,  649;  ses  armoiries, 
p.  687. 

Suméne,  marquisat,  p.  96. 

SUPERVILLE  (de),  pasteur  de  Rotterdam,  p.  711. 
SUPLICI  (de),  p.   i352. 
Supplice  de  protestants,  p.  54. 

Supplices  en  effigie  ordonnés  par  le  Parlement  de 
Toulouse,  p.  3o6. 

—  invraisemblables  qu'auraient  subis  les  religion- 
naires,  d'après  un  manifeste  publié  à  l'étranger, 
pp.  791,   792. 


Suppression  du  dixième  sur  les  biens-fonds, 
p.  53,  54. 

—  du  conseil  supérieur  de  Nimes,  p.  1  12. 

—  des  corvées,  p.   114. 

—  des  cours  souveraines,  p.   \"S. 

—  de  diverses  juridictions  royales  subalternes, 
P-    84; 

—  d'églises  collégiales,  demandées  pour  cause  d'in- 
suffisance de  revenu,  p.    |383. 

—  des  élections  municipales,  p.  706. 

—  des  jurandes  &  maîtrises  d'à rts-&- métiers  en 
1776,  p.   114. 

—  des  intendants,  p.  266. 

—  de  tous  les  offices  du  Parlement,  p.   108. 

—  des  parlements  &  des  cours  de  justice,  le  7  sep- 
tembre 1790,  p.   129. 

—  de  péages  sur  les  ponts  de  Brive,  sur  la  Loire, 
&  de  Touillas,  en  Auvergne,  p.   1337. 

—  des  privilèges  des  propriétaires  des  canaux  ré- 
clamée, p.   1334. 

—  des  titres  de  noblesse,  &c.,  p.   129. 

SuEETÉ  publique  menacée,  à  la    suite  des   troubles 

de  la  Fronde,  p.  35i . 
Surtaxes  sur  la  capitation,  pp.  93,    i  16. 
Surveillance  exercée  aux  frontières  pour  arrêter 

l'émigration  des  protestants,  p.  563. 

—  des  routes  en  Languedoc;  insuffisance  du  per- 
sonnel, p.  696. 

Suspension  des  Etats  de  Languedoc;  effet  produit 
dans  la  Province  par  cette  mesure  de  rigueur, 
pp.  1095,  1096;  lettre  de  l'archevêque  de  Tou- 
louse au  contrôleur  général,  demandant  leur 
rétablissement,  p.  1104;  réponse  du  contrôleur 
faisant  l'éloge  du  système  employé  pour  le  re- 
couvrement des  impôts;  manière  différente  de 
voir  de   l'intendant    &   du    contrôlevir,  p.   iio5. 

SUZE  (Comte  de),  p.  2  1 . 

SUZE  (de',  évêque  de  Viviers  ;  subit  l'influence  de 
M.  du  Lude  durant  la  session  de  1664-,  p.  43  1  ; 
refuse  les  fonds  pour  rendre  les  graux  naviga- 
bles, p.  435;  est  entraîné  par  M.  du  Lude  au 
fauteuil  de  la  présidence;  propos  échangés  à  ce 
sujet  entre  M.  de  Suze  &  M.  de  Bourlemont, 
pp.  436,   437. 

Suzerainetés  ecclésiastiques,  p.   i386. 

—  laïques,  p.   |386. 
Sylveréal,  pp.  46,   Il 36. 

Syndic  général  de  la  Province  insulté  par  un  sol- 
dat, p.  29  I . 

—  du  chapitre  de  Béziers,  p.  334. 

—  de  Vivarais,  charge  perpétuelle;  devient  élec- 
tive &  annuelle,  p.  61. 

Syndics  diocésains,  pp.  5,   1  i3,   1  i5. 

—  généraux;  leurs  attributions,  leur  rôle  dans 
l'administration  de  la  Province,  p.   167. 

Synode  protestant  (Premier),  tenu  en  i56o,  p.  790. 

—  tenu  à  Montpellier  en  1644  ;  lettre  de  Mazarin 
à  ce  sujet,  p.   192. 

—  tenu,  au  cœur  des  Cévennes,  le  23  mai  i663, 
pp.   18,   425. 

—  sa   réunion  dans  les  environs  de  Nimes,  p.  5i. 

—  des   protestants  de   Languedoc   en   1717,  p.  53. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


i6i 


Synode   protestant  du    bns  Languedoc   &   des   Cé- 
vennes,  p.  5^. 

—  provincial  des  Cévennes,  p.  64. 

—  (Premier)  tenu   depuis   la    révocation    de    ledit 
de  Nantes,  p.  918. 

—  en   1744.  P-  T9-, 

—  provincial  des  Eglises  réformés,  p.  95. 

—  national  des  églises  réformées  du   l'^'au  10  juin 
1763,  p.  98. 

—  des  églises  réformées  du  bas  Languedoc,  p,  114. 
Synodes  protestants,    pp.    177,   i382;    leur    rôle 

défini  par  l'article  trente-quatre  des  particuliers 
de  redit  de  Nantes,  p.  426;  interdisent  aux 
femmes  de  prêcher,  p.  977. 

—  des  Cévennes  &  du  bas  Languedoc,  p.  18. 
Système  judiciaire  féodal;  n'est  plus  en  harmonie 

avec  la  manière  de  vivre  de  la  noblesse,  p.  268. 


T 


Tabac;  lieux  où  il  se  cultive  en  Languedoc, 
p.  697. 

—  (Ferme  du),  p.  46. 

Tabernacles  ouverts  par  les  soldats  commandés 
par  M.  de  Vallon,  p.  278. 

Table  de  la  Nativité  de  Notre-Dame  de  la  Dau- 
rade, p.  863, 

—  de  marbre,  p.   1267. 

Tableau  méthodique  &  complet  des  finances  de  la 

Province,  p.    1370. 
Tahetas,  p.  53o. 

Taulable  des  communes  &  des  diocèses,  p.  43. 
Taillade  (Bois  de  la),  p.   ii3o. 
TAILLASSON    dej,  p.    |353. 
Taille  (Exemptions  de),  pour  stérilité,  p.  7-. 

—  mémoire  sur  ce  sujet  présenté  à  l'assemblée  des 
notables,  p.  i338. 

—  d'industrie  à  Toulouse,  p.  905. 

—  (Bail  de  la),  p.  53. 

—  (Exemption  de  la)  attachée  i  la  qualité  du  sol 
en  Languedoc,  p.  627. 

—  (Levée  de  la),  p.  47. 

—  (Réduction  de  la)  à  certaines  communes,  p.  .03. 

—  réduite  a  Nîmes,  p.  81. 

—  (Remise  sur  la),  p.  44, 

—  (Soumission  d'adjudicataires  de  la),  p.  ji. 

Tailles,  pp.  2,  5,  3o,  3i,  32,  33,  34,  3^,  39,  40, 
43,  47,  48,  5o,  55,  64,  70,  74,  87,  94,  98,  180, 
227,  271,  290,  293,  698,  699,  853,  854,  871, 
892,  932,  1040,  1041,  io5o,  1369,  personnes 
d'autorité  refusant  de  les  payer,  p.  4;  payées 
par  provision,  p.  21;  arrérages  dus  pour  la 
terre  de  Rieux,  p.  36;  en  sont  exemptées  les 
communes  brûlées  par  ordre  du  roi,  p.  4?;  dues 
pour  terres  roturières  a  payer  par  le  chapitre 
de  Saint-Pons  de  Thomières,  p.  82;  perçues 
avec  difficulté  par  suite  du  malaise  dan«  la  Pro- 
vince, à  ta  mort  de  Louis  XIII,  p.  141;  remises 
pour  cinq  ans  aux  incendiés  de  Castres,  p.  6dj 


règlement  de  compétence  de  divers  officiers  du 
diocèse  de  Narbonne,  p.  67;  vices  dans  leur 
perception;  tristes  manipulations  à  leur  sujet, 
p.  218;  les  parlementaires  de  Toulouse  refusent 
de  les  payer,  pp.  221,392;  les  arrérages  dus 
dans  la  ville  de  Toulouse  réduits  du  tiers, 
p.  440;  difficulté  d'obtenir  leur  payement  de  la 
part  des  gens  de  main-forte,  p.  478;  les  gens  de 
main-forte  refusent  leur  payement,  p.  496;  di- 
minutions accordées  aux  communes  inondées 
du  diocèse  de  Lavaur,  p.  729;  leur  affranchis- 
sement vendu,  p.  863. 

Tailles  abonnées,  p.  io3o. 

—  de  Languedoc,  p.  85 1. 

—  (Abonnement  des)  accordé  à  Toulouse,  pp.  298, 
327,  439. 

—  (Affaires  de);  le  Parlement  de  Toulouse  en  est 
dessaisi,  pp.    197,  217. 

—  (Décharge  des),  pp,  40,  41,  42,  43. 

—  (Dégrèvement  de),  p.  52. 

—  (Levée  des),  p.  1 . 

—  (Payement  des),  à  Toulouse,  p.  604. 

—  (Perception  des),  p.    18. 

—  (Recouvrement  des),  p.  02. 
Taillon,  pp.  271,  iSôp. 
Tain,  p.  1  193. 

Talaron,  en  Vivarais,  p.   12*^2. 

Taleirac,  annexe  de  paroisse,  p.  649. 

TALEYRAND  (de),  président  à  mortier  au  Parle- 
ment de  Toulouse;  son  exil,  p.   1218. 

Talencieux,  en  Vivarais,  p.   1202. 

TALLARD  (Maréchal  de),  p.  860. 

TALLEMAN,  maître  des  requêtes,  p.  246. 

Taleyband  (Terre  de),  p.   1218. 

TALLEYRAND-Pt:RIGORD  (Gabriel- Marie  de), 
commandant  en  chef  en  Languedoc,  comte  de 
Périgord  &  de  Grignols,  prince  de  Chalais,  &c., 
arrive  à  Toulouse,  p.  1  2  16  ;  assiste  à  la  dernière 
séance  du  Parlement,  p.   1217. 

Talpayrac,  p.  610. 

Tamaris  plantés  à  Agde,  p.   125. 

Tameelet,  p.  59. 

Tanneries,  pp.  484,  4S5. 

Tanneurs  de  Montpellier,  p.  80. 

Tanus  (Pont  de),  pp.   1  1  29,  1  1  32. 

Tapisseries  de  peu  de  valeur  fabriquées  à  Tou- 
louse, p.  697. 

Tababel,  métairie,  p.   1252. 

Tarascon,  pp.  i5,  27,  73,  93,  479,  961,  ii36, 
1404;  est  atteinte  par  la  peste  en  1721,  p.  960; 
les  consuls,  la  noblesse  &  la  principale  bour- 
geoisie visitent  Beaucaire  après  la  peste  de  1721 , 
p.  969. 

Tarasque  (Course  de  la),  à  Tarascon,  p.  969. 
Taraut,  p.  845. 

Taraux,  p.  426;  démolition  de  son  temple,  p.   18. 
Tarées,  pp.  471,   474;    une  maîtrise  des  eaux  & 
forêts  y  est  établie  en   1671,  p.  471. 

—  (Diocèse  de),  pp.  019,   i  189,   1247. 

—  (Sénéchùl  de),  p.  1213. 


i6:o 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


TARDY  DE  BRESSY,  p.    1195. 

Tabif  contenant   la    distribution    des   classes  &  le 

règlement   des    taxes   de   la    capitaiion  générale, 

pp.  668,  669,  670,  671,  672. 

—  des  sommes  à  payer  pour  le  droit  d'enregistre- 
ment des  armoiries,  p.  679. 

Tarifs;  leur  confusion  pour  les  droits  royaux 
jugée  par  Bâville,  p.  704. 

Tabn,  rivière,  pp.  107,  111,  126,  467,  470,  616, 
648,  738,  739,  748,  798,  953,  9.66,  962,  966, 
967,  1088,  Ii3i,  iiôo,  Ii52,  1234,  1240, 
1202,  1255,  1263,  1281,  1295,  i335,  1402, 
14^3,  1404,  1407;  déborde,  p.  61  ;  liberté  de  la 
batellerie  sur  cette  rivière,  p.  427;  cette  liberté 
est  entravée,  p.  428. 

—  supérieur,  p.  424. 

—  (Bassin  du),  p.   1241. 

—  (Gorges  du},  pp.  617,  747. 

—  (Navigation  du),  p.   16. 

—  (Vallée  du),  pp.  962,   1235. 

—  nom  définitif  donné  au  département  d'Albi- 
geois, pp.   129,   1411,   1425. 

Tabnaud  (Régiment  de),  pp.  774,  798. 
Tabnon,  rivière,  pp.  617,  733,  747,  783,  798. 

—  (Vallée  du),  pp.  746,  75o,  801,  802,  8o5. 
Tareagonaise,  p.  399. 

Tareagon'E,  p.  332. 

Tartas,  p.  390. 

Ta iB  (le),  à  Toulouse,  pp.  3  18,  1  241. 

TaubiAC;  ses  armoiries,  p.  688. 

—  (Château  de),  près  de  Montvalen,  pp.  çSS, 
959. 

TAURIAC  (de),  p.  959. 

TAURIAC.    Voir  BOYER  DE  TAURIAC. 

Taurien,  en  Vjvarais,  p.  1202. 

TAURIGNAN  (Baron  de),  p.    i355. 

Taix  de  la  rente,  diminué,  p.   io3i. 

Takzuc,  p.  612. 

Tavel,  p.  701 . 

Tavernes,  non  loin  du  point  où  les  rivières  d'ALiis 

&  d'Anduze  se  réunissent,  p.  83  1. 
Taxe  sur  les  acquéreurs  du  domaine  royal,  p.  25o. 

—  d'anoblissement  des  capitouls  de  Toulouse, 
p.    109. 

—  sur  la  boucherie,  p.    1  1 . 

—  sur  les  cabaretiers,  p.  5i2. 

—  sur  les  capitouls,  p.  633. 

—  de  charité  à  Toulouse,  p.   10. 

—  de  confirmation  des  anoblis  municipaux,  p.  63c. 

—  des  francs-fiefs,  rachetée,  p.  664. 

—  frappant  les  nouveaux  nobles,  p.   1002. 

—  proportionnelle  sur  les  armoiries,  pp.  676, 
677. 

Taxes,  pp.  2,  79. 

—  de  la  capitation,  p.  35. 

—  d'industrie,  p.  24. 

—  foncières,  p.  888. 

—  décharge  des  habitants  de  la  terre  privilégiée 
de  Mirepoix,  p.  25. 

•^  Ja  Province  ne  peut  les  suppoufr,  p.  i63. 


Taxes,  abus  dans  leur  recouvrement  par  les  trai- 
tants, p.  204. 

—  difficultés  dans  leur  perception,  p.  23o. 

—  leur  perception  cause  des  troubles,   pp.  284  à 

23,. 

—  rachetées,  p.  5d, 

—  de  la  confirmation  de  noblesse,  p.  53. 

—  (Décharge  de),  p    43. 

Te  Dsum,  chanté   à    l'occasion  de  la  naissance  du 

duc  de  Bourgogne,  p.  523. 
Tectosages,  p.  i365. 

TEGRA  DE  CAUSSADE  (Baron  de),   p.  i352. 
Teil,  pp.  1  196,  I  197. 
Teillet,  p.  1082. 
Teinture  des  draps,  p.  55. 

—  du  coton,  du  lin  8t  du  chanvre  en  rouge  ou 
cramoisi  façon  d'Andrinople,  p.  82. 

—  de  diverses  étoffes,  autorisée,  p.  59. 
Teintureries  emportées  par  l'inondation,  p.  ioo5. 
Teinturiers  de  Montpellier,  p.  233. 

Teissas  (Prieuré  de),  p.  22. 

TEISSÈDRE,  maître   particulier  des  eaux  &  forets 

à  Montpellier,  p.  999. 
TEISSEDRE,    lieutenant  de   la    maîtrise   des   eaux 

&  forêts  de  Montpellier,  p.    1027. 
TEISSIER,  de  Nîmes,  fils  d'un  receveur  général  de 

Languedoc,   traduit    en    français    des    mémoires 

sur  la  vie  de  Frédéric-Guillaume,  p.  564. 
TEISSIER,  le  père,  ménager  à  Nimes,  p.  992. 
TEISSIER  (Antoine),  habitant  de  Nimes,  p.  992. 
TEISSIER,  religieuse,  p.   1  142. 
Témoignages  contradictoires  de  plusieurs  auteurs 

au  sujet  des  pertes   subies  tant  par  les   insurgés 

que  par  les  troupes  royales  dans  les  combats  du 

10  septembre  1702,  p.  751. 
Tempête  du  4  décembre  1742,  p.   1064. 
TEMPIÉ,    subdélégué   de    l'intendance    à    Nimes, 

p.   I 142. 
Temple  du  Collet  de  Dèze,  conservé  pour  faire  un 

hôpital;  les  insurgés  s'y  assemblent,  p.  75?. 
Temples  protestants  co/istruits  ou  rétablis,  p.  198. 

—  sont  édifiés  en  dehors  des  lieux  autorisés  par 
l'édit  de  Nantes,  p.  423. 

—  dans  les  Cévennes,  p.  424. 

—  don  de  l'emplacement  de  celui  de  Revel  pour 
y  construire  une  église,  p.  33. 

—  désaccord  entre  le  commissaire  catholique  &  le 
commissaire  protestant  au  sujet  de  la  suppres- 
sion de  certains  d'entre  eux,  pp.  426,  427. 

—  démolis,  p  520;  dans  les  diocèses  de  Nimes, 
d'Uzès  &  de  Mende,  p.  19. 

—  démolis  en  plusieurs  lieux,  p.   19. 

—  sont  tous  abattus  en  i685,  p.  555. 

—  démolis  ou  fermés,  pp.  18,  20,  22,  28,  525, 
526,  527,  529,  53 I,  533,  536. 

—  tentatives  de  reconstruction  faites  en  1756  dans 
plusieurs  lieux,  p.    1141. 

—  (Fermeture  provisoire  &  démolition  de),  p.  18. 
TEMPLIER    (Thomas),    fermier    général    des    ga- 
belles, pp.  844,  845. 

Tejjporalité  des  archevêques  de  Toulouse,  p.  3 16. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


162  I 


Temporalités,  p.  i386. 

Temporel  de  l'évêque  de  Montpellier  saisi,  p.  53. 

Tence,  commune,  pp.   iio,    1406. 

TENCIN  CM""  de),  p.    1021. 

TENCIN  (de),  p.    1023. 

Tentatives  infructueuses  d'insurrection  en  Dau- 
pliiné  &  en  Vivarais,  p.  886. 

TERLON  fPierrs  de),  conseiller  au  Parlement, 
p.    149. 

TERLON  (de),  p.  201. 

TERLON  (Chevalier  de),  p.  2(^9  j  dévoué  à  Maza- 
rin  j  demande  la  ferme  des  revenus  de  l'abbaye 
de  Moissac,  p.  3o5. 

TERLON,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
pp.  3o5,  317,  341;  mainteneur  des  Jeux-Flo- 
raux, p.  660. 

Terménez,  p.  472. 

Tep.menois,  vigiierie,  p.  347. 

Termes,  p.  347. 

—  (Consuls  de),  p.  346. 

Termes,  château,  est  remis  à  l'archevêque  de  Nar- 

bonne  pour  être  démoli;   sa   situation,  p.  346; 

mode  employé  pour  sa   destruction,  p.  346;    ses 

ruines,  p.  347. 
TERMES  (de),  p.   186. 
TERRASSE  (de    la),    président    au    Parlement    de 

Toulouse,  pp.   12,    189,  329. 
Terrasse  (Château  de  la),  pp.   i3oi,    i3o2. 
TERRAY,  abbé,  pp.   1209,    121  i,    1226. 
Terres  abandonnées  dans  le  diocèse  d'Albi,  p.  698. 

—  emportées,  p.   1009. 

—  en  friche  à  Portiragues,  p.  71. 

—  incultes,  pp.  107,  023;  causes  de  cet  état, 
p.   937. 

—  incultes  de  Brandebourg,  défrichées,  p.  565 

—  en  friche  dans  la  Province,  le  faix  de  l'impôt 
étant  trop  lourd,  p.  164. 

—  franches,  p.  i385. 

—  nobles,  p.  1  o5o. 

—  roturières,  pp.  82,    109,    io5o. 

—  vaines  &  vagues,  p.  999. 

—  de  la  conquête,  soumises  par  Simon  de  Mont- 
fori  à  la  coutume  de  Pans,  p.  932. 

Terres-Basses,  p.  i335. 

Terre-Cavade,  prèj  de  Toulouse,  p.  i223. 

Terre-Neuve,   possession    française    en    Amérique 

cédée  à  l'Angleterre,  p.  9o3. 
TERRIEN  (Abbé),  curé  de  Montpezat,  p.  822. 
Territoire     français;     ses     nouvelles     divisions, 

p.    129. 
Tersac,  p.  639. 

Tescou,  rivière,  pp.  76,   77,   89,    1241,    1402.  • 
Tescounet,  cours  d'eau,  p.  1402. 
TESSÉ    (Comte    de),    commandant    les    dragons, 

pp.  534,    537,  589. 
Testament  de  Louis  XIV,  cassé,  p.  91 1. 

—  du  prince  de  Conii,  pp.  444,  455. 
Têt  (la),  rivière,  p.  472. 
TexiRres,  chapelle,  p.  1020. 
Thann,  dans  la  haute  Alsace,  p.  i-ji. 


Tharacx,  p.  124. 

Thau    (Étang    de),    pp.    25,    117,  461,  5i4,   725, 

882,   884. 
Thémelac,  chemin,  p.  707. 
THÉMINES  (Maréchal  de),  p.   162. 
THÉODOSE,  p.  621. 
—  (Lois  de),  p.  i3i7. 

Théorie  du  pouvoir  absolu,  dès  les  premiers  temps 
de  la  Régence,  p.  266. 

Thésacque,  rivière,  pp.  79,  82, 

Thésalql'e  (Ruisseau  de  la),  p.  1070. 

TiiÉzAN  (Hôpital  de),  p.  696. 

THÉZAN  (de),  comte  de  Poujols,  p.   1082. 

THÉZAN  (Comte  de),  p.    i352. 

Thiérache  (Régiment  de),  p.  863. 

THIERRY  (Denis),  libraire,  p.  446. 

TniL,  seigneurie,  p.    1082. 

Thimart,  baronnie,  p.  553. 

Thines,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Thinette  (Vallon  de  la),  p.  488. 

Thoiras,  seigneurie,  p.  556. 

THOIRAS,  maréchal  sous  Louis  XIII,  p.  694. 

THOMAS,  ministre  protestant  d'Uzès  ;  abjure, 
p.    555. 

THOMAS  (Jean),   fermier   de    l'équivalent,    p.    64. 

THOMONI)  (Comte  de)  O'BRIEN  (Charles),  vicomte 
de  Clare,  pair  d'Irlande,  maréchal  de  France, 
commandant  en  chef  en  Languedoc,  pp.  92, 
93,  94,  95,  1148;  ses  ordonnances  rigoureuses 
contre  les  protestants  de  Guienne,  p.  1144; 
instructions  qu'il  reçoit  en  prenant  le  com- 
mandement de  la  Province;  passe  à  Toulouse; 
visite  la  côte  de  Languedoc;  ordonne  des  tra- 
vaux défensifs,  p.  1145;  sa  mort,  à  la  suite 
d'une  maladie  de  poitrine,  p.   1  178. 

THOMOND  (Cha  rlotte- An  toi  nette-Marie- Sept  ima- 
nie  de),  âlleule  de  la  Province,  p.  1 148. 

Thoré,  rivière,  pp.  457,  472,  473,  622,    i385. 

Thounens,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

Thuries,  p.  474. 

TIAULOY,  chanoine  de  Nimes,  p.  65o. 

TICHOT,  ingénieur  du  roi  ;  ses  propositions  pour 
la  construction  d'un  canal,  p.  454. 

Tiers  Etat  ;  de  quelle  façon  il  fut  représenté  à 
l'origine;  dans  la  suite,  p.  i57;  ses  souffrances 
reconnues,  p.  162;  proteste  contre  l'exagération 
des  taxes;  ses  réclamations  durant  plusieurs 
années,  p.  23  i  ;  progression  sensible  en  sa  fa- 
veur établie  dans  le  tarif  de  la  capitation  géné- 
rale, pp.  688  à  672;  vices  dans  l'organisation 
de  la  représentation  de  cet  ordre,  p.  984;  mode 
de  convocation  adopté  pour  l'élection  de  ses 
représentants    aux    États    généraux,    pp.    i373, 

■374- 
Tiers-ordre  de  Saint-Dominique,  p.  363. 
—  de  Saint-François  de  Toulouse  (Religieuses  du); 

leurs  armoiries,  p.  685. 

TIFFAUD,  conseiller  au    Parlement    de  Toulouse, 

p.    189. 
TiLLADE  (la),  ruisseau,  p.  757. 
TILLADET,  cousin  de  Louvois,  p.  5 16. 


102: 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


TIMERMANN,  dominicain,  p.  1187. 
TiNEL  Saint-André,  à  Toulouse,  p.  341, 

—  Saint-Antoine,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Sainte-Anne,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Barnabe,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Barthélémy,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Sainte-Catherine,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Félix,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-François,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Jacques,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Laurent,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Paul,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Philippe,  à  Toulouse,  p.  341. 
•^  Saint-Pierre,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Saint-Simon,  à  Toulouse,  p.  341. 

—  Sainte-Marie,  à  Toulouse,  p.  341. 

TiNELS  divers   dans   lesquels   on   avait  enfermé  des 

pestiférés  à  Toulouse,  p.  341. 
TiKAGE  de  la  soie,  pp.  40,   pS. 
Tirage  au  sort,  p.  78. 
TIRBON,    capitaine    du     régiment    des    Flandres, 

p.    612. 
Tisserands,  p.  99. 
Tisseurs  qui  laissent  une  pièce  de  drap  inachevée, 

p.   64. 
TISSIER,  député,  p.  3o8. 
Titre  de  baronnie  aux  Etats  acquis  sans  les  terres 

qui  en  sont  décorées,  p.   )3oi . 
Titres    des    archives    municipales    de    Toulouse, 

p.  3i5. 

—  de  noblesse  supprimés,  p.  129;  leur  usurpa- 
tion, pp.  447,  448,  449;  leur  vérification  est 
un  moyen   de  conversion  pour  Bâville,  p.  534. 

TITON  DU  TILLET,  correspondant  de  l'académie 

des  sciences  de  Toulouse,  p.  i  io3. 
Toiles  à  voiles    passant   par  Toulouse,  exemptées 

du  droit  de  commission,  p.  442. 

—  d'Albigeois,  pp.  71,  85. 

—  importées  en  Languedoc,  p.  704. 

—  indiennes  piquées  de  coton,  prohibées  en  Lan- 
guedoc, p.  700. 

—  fabriquées  en  Albigeois,  pp.  940,  941- 

—  à  la  façon  de  Rouen,  fabriquées  dans  l'Albi- 
geois, p.  941;  leur  fabrication  abandonnée; 
causes  de  cet  abandon,  p.   io3o. 

—  rousses,  crues  &  grises,  p.  37. 

—  (Commerce  de),  à  Toulouse,  p.  1 3 1  8. 
Toilette  des  femmes  réglementée  par  le  Parlement 

de  Toulouse,  p.  268. 
ToiLiERS  de  Nimes,  p.  79. 
Toiras,  château,  p.  40. 
TOIRAS  (Marquis  de),  p.  363. 
TOIRAS  (Marquise  de),  p.  62. 
Tolède,  p.  927. 
ToLtBANCE  religieuse;   n'est  mise  en    pratique    ni 

par    les    protestants     ni     par    les    catholiques, 

pp.   353,  354;    ses   progrès    notables    en     1752, 

p.    III 5. 

TOLOSANY,  conseiller  au  Parlement,  père  du  ca- 
pitoul,  pp.  3,  243. 


TOLOSANY,    seigneur   de    la    Sesquière,   capitoul, 
pp.  243,   244. 

TOLOSANI  (de),  p.  349, 

Tombeau  Je  la  messe  ;  l'auteur  en  est  banni  &  son 

livre  condamné  au  feu,  p.   17. 
Tonneaux  à  vin  &  à  eau-de-vie,  p.  64. 
Tonneliers  de  Cette,  p.  62. 

—  de  Montpellier,  p.  65. 
ToR,  ruisseau,  p.  873. 

TORALTA  (Duc  de),  général  espagnol,  p.   166. 
TORCY  (Marquis  de),  pp.  856,   83o,   83 1. 
Tornac    (Terre    de),    érigée    en    baronnie    par 

Louis  XIV,  pp.  32,  65i. 
ToBNAc,   baronnie,  pp.  44,   70,    1  16,    1064,    1286. 
Tornac,  lieu,  pp.  35,  39,  836. 

—  (Bois  de),  p.  733. 
TORNAC  (Marquis  de),  p.  32. 

TORREIL,   président  aux   requêtes  au    Parlement 

.de  Toulouse,  p.  329. 
Torrent,  en  Vivarais,  p.  1202. 
ToRToSE;  prise  de  cette  ville  par  Schomberg,  p.  5. 
Toscane,  p.  903. 

—  (Grand   duc  de);    son    mariage  avec   la    fille    de 
Gaston  d'Orléans  négocié  par  Bonzi,  p.  495. 

Toucn,  rivière,  p.  1240. 

—  (Vallée  du),  p.  1253. 

ToLLAtD,  en  Vivarais,  pp.  87,   88,   1202. 
Toulon,   pp.    728,   772,   951;    ses    environs    sont 
envahis  par  la  peste,  p.  430. 

—  (Port  de),  p.  948. 
Toclousain,  pp.  957,    1255. 

Toulousains;    leur    caractère    jugé    par    Laf<iille, 
p.   674. 

Toulouse,  pp.  21,  25,  26,  28,  29,  3o,  32,  38,  39, 
46,  47,  48,  49,  5o,  5i,  52,  53,  61,  62,  66,  67, 
69,  74,  75,  76,  78,  79,  81,  82,  83,  84,  85,  86, 
87,  88,  90,  91,  92,  94,  97,  100,  102,  106,  107, 
109,  114,  ii5,  116,  117,  120,  121,  122,  124, 
120,  127,  128,  129,  i32,  i56,  23i,  247,  258, 
287,  3o5,  3o6,  309,  3ii,  3i2,  3i6,  3i9,  32i, 
327,  328,  329,  33i,  342,  38o,  400,  445,  409, 
465,  470,  476,  55 1,  601,  627,  696,  709,  849, 
863,  85o,  863,  864,  889,  890,  931,  944,  945, 
970,  984,  990,  999,  1004,  1009,  1019,  102c, 
io58, 1061, io65,  1091,  Il 24, ii3i.  Il 49,  12 40, 
1205,  1258,  1267,  i3i4,  i335,  1347,  1374,  1376, 
1378,  1404,  1418,  1419,  1428;  décri  des  doubles 
tournois,  p.  1;  solidarité  de  ses  habitants  en 
matière  de  tailles,  p.  2;  privilèges  de  ses  habi- 
tants, pp.  i38,  139;  pièces  d'argent  courtes 
acceptées  selon  leur  poids,  p.  2;  (rais  d'étapes 
dus  par  la  ville,  p.  3;  ses  mendiants,  p.  4;  un 
collecteur  des  tailles  est  égorgé,  p.  143;  le  ser- 
vice funèbre  pour  Louis  XIII  est  célébré  dans 
l'église  Saint-Etienne,  pp.  144,  '45;  bruits  de 
révolte  répandus  à  Paris;  procession  en  l'hon- 
neur du  joyeux  avènement;  envoyé  du  maré- 
chal de  Schomberg  arrivant  le  jour  de  la  ré- 
jouissance, p.  146;  condition  déplorable  de 
cette  ville,  p.  164;  émotion  causée  par  l'enlè- 
vement de  galériens,  p.  6  ;  le  chapitre  de  Saint- 
Etienne  demande  l'admission  du  second  ordre 
du   clergé   aux    Etats  de   la   Province,  p.  7  ;  on 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


1623 


fait  des  recherches  au  greffe  du  Parlement  pour 
les  archives  de  la  Province,  p.  168}  cérémonial 
des  élections  municipales;  leur  date  fixe,  p.  1  69  ; 
mécontentement  causé  par  la  misère  en  1643; 
émeute  à  l'occasion  du  blé,  p.  171  ;  vœu  de 
saint  Edmond  par  les  capitouls,  p.  180;  grande 
procession,  p.  3;  les  capitouls  offrent  le  présent 
de  bienvenue  au  comte  d'Aubijoux,  représentant 
Gaston  d'Orléans,  pp.  8,  189;  envoie  une  am- 
bassade à  Gaston  d'Orléans,  p.  190;  rixes  & 
scènes  tumultueuses  au  théâtre;  arrêté  des  capi- 
touls  à  ce  sujet;  logis  de  l'Ecu  où  descendaient 
les  comédiens,  p.  193;  les  capitouls  veulent 
contraindre  les  membres  du  Parlement  à  payer 
les  tailles,  p.  196;  sous  quelle  influence  étaient 
faites  les  élections  municipales,  p.  197;  fêtes 
célébrées  après  la  prise  de  Gravelines  &  de  Phi- 
lipsbourg,  p.  198;  exaltation  de  reliques  de 
différents  saints  qui  auraient  été  apportées  de 
Rome  par  Charlemagne,  p.  199;  détail  des  tra- 
vaux exécutés  à  Saint-Sernin  à  l'occasion  des 
fêtes  de  1644,  p.  199;  fêtes  relatives  à  l'accom- 
plissement du  vœu  des  capitouls  pendant  la 
peste  de  |63|,  pp.  198,  199,  200;  les  élections 
capitulaires  sont  supprimées,  p.  201  ;  résistance 
des  capitouls  élus,  pp.  202,  2o3  ;  logis  de  l'Ecu 
dépendant  de  l'Hôtel-de-ViUe,  pp.  8,  2o3  ;  les 
consuls  de  la  Bourse  sont  taxés  à  4,^00  livres, 
p.  204;  ses  députés  ne  peuvent  entrer  aux  Etats 
qu'après  le  payement  de  l'étape,  p.  212;  capi- 
touls imposés,  p.  216  ;  prison  des  Hauts-Mu  rats, 
p.  217;  lutte  des  capitouls  contre  le  Parlement, 
pp.  219,  220;  démonstrations  militaires  des 
capitouls  contre  le  Parlement  &  du  Parlement 
contre  les  capitouls,  p.  220;  les  capitouls  sont 
réintégrés,  pp.  222,  223;  affaire  du  chevalier  de 
Roquelaure,  p.  24  1  ;  l'évêque  de  Valence  prête  à 
cette  ville  deux  mille  setiers  de  blé,  p.  10  ;  agita- 
tion au  sujet  des  capitouls,  p.  244;  exécution  en 
effigie  de  deux  capitouls,  p.  246;  mort  du  poète 
Maynard,  en  1646,  p.  240;  les  capitouls  accor- 
dent une  pension  à  Pierre  Goudelin  &  payent 
l'impression  de  ses  œuvres,  p.  249;  assemblée  de 
la  sénéchaussée  à  Gaillac,  p.  281;  tentatives 
d'incendie;  commencement  de  troubles,  p.  286; 
détails  de  la  réception  faite  i  la  députation  en- 
voyée par  les  Etats  au  Parlement,  pp.  288,  289; 
état  du  matériel  de  guerre  en  i6.5o,  p.  297;  est 
rétablie  dans  l'abonnement  des  tailles  pour  vingt 
ans;  conditions  de  ce  rétablissement,  p.  298; 
artillerie  prêtée  pendant  le  siège  de  Bordeaux, 
p.  299;  les  magistrats  municipaux  prennent 
parti  contre  le  Parlement  &  contre  les  Etats, 
p.  3i  4;  vacance  du  siège  épiscopal  après  la  mort 
de  M.  de  Montchal,  p.  3i6;  ses  ressources  en 
armes  &  en  munitions  au  moment  de  la  révolte 
du  prince  de  Condé,  p.  326;  est  mise  en  état  de 
défense,  p.  33ô;  ravagée  par  la  peste;  mesures 
d'isolement,  difficulté  d'approvisionnements, 
p.  340;  les  élections  capitulaires  entravées  par 
la  peste  en  i653,  p.  347;  se  refuse  à  payer 
l'étape,  p.  354;  transaction  à  ce  sujet,  dettes 
contractées  par  la  ville,  p.  355;  le  prince  de 
Conti  y  fait  son  entrée  solennelle,  p.  366;  les 
Etats  se  réunissent  en  1659  au  réfectoire  des 
augustins,  p.  367;  Louis  XIV  y  arrive  le  14  oc- 
tobre 1659  par  la  porte  de  l'Ue-Jourdain,  p.  14; 
prête  lerment   de   conserver  ses  droits,   exemp- 


tions &  privilèges;  description  du  cortège, 
p.  368;  la  boue  est  si  épaisse  que  le  roi  porte 
plainte  aux  capitouls,  p.  369;  Louis  XIV  cé- 
lèbre dans  cette  ville  la  fête  de  la  Toussaint  & 
offre  le  pa'in  bénit  à  Saint-Etienne,  p.  372; 
description  des  réjouissances  qui  eurent  heu  à 
l'occasion  du  mariage  du  roi  &  de  la  paix, 
p.  391;  chiffre  de  sa  dette  en  1662,  p.  417;  les 
capitouls  sont  prévenus  de  l'invasion  de  la 
peste  en  Provence;  les  vagabonds  sont  expulsés; 
les  habitants  doivent  se  défaire  des  oies  &  des 
pourceaux;  on  répare  les  brèches  des  murailles; 
le  remboursement  de  capitaux  aux  créanciers 
de  la  ville  est  suspendu,  p.  43^;  désordres  & 
assassinats  au  commencement  de  i665;  augmen- 
tation de  la  troupe  de  police;  renouvellement 
des  anciennes  ordonnances  défendant  le  port 
d'armes,  p.  437;  arrestations  faites  à  l'auberge 
à  l'enseigne  de  !a  Ville  Je  Perpignan,  p.  43d  ; 
l'arrérage  des  tailles  est  surtout  du  par  les  an- 
ciens capitouls  &  par  les  membres  du  Parle- 
ment, p.  439;  étendue  de  la  maîtrise  des  eaux 
&  forêts  de  cette  ville,  p.  469;  nomination  des 
capitaines  des  compagnies  bourgeoises  à  propos 
du  passage  à  Toulouse  du  duc  de  Verneuil, 
pp.  47;"),  476;  émotion  causée  par  l'arrestation 
de  quatre  religieux  augustins,  p.  493;  moni- 
toire  publié  dans  les  églises  de  Toulouse  à  pro- 
pos' de  l'ouverture  du  couvent  des  Augustins, 
pp.  493,  494;  incendie  du  18  août  1672  qui 
dévore  plus  de  cent  maisons  du  faubourg  Saint- 
Michel;  quatre  ou  cinq  cents  familles  sont  dans 
la  plus  grande  détresse,  p.  498;  Colbert  refuse 
un  secours  parce  que  la  ville  de  Toulouse  ne 
contribue  pas  aux  grandes  dépenses  de  l'Etat, 
p.  499;  les  commissaires  pour  la  réception  du 
canal  de  Languedoc  s'y  embarquent  le  |5  mai 
i63i,  p.  5i5;  les  fêtes  célébrées  à  l'occasion  de 
la  naissance  du  duc  de  Bourgogne  y  durent  trois 
jours;  leur  détail,  pp.  523,  524,  525;  tour  des 
chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  p.  524; 
seize  directeurs  protestants  s'y  seraient  réunis 
en  i683;  l'intendant  y  séjourne  deux  mois  81 
y  perd  une  de  ses  filles,  p.  529;  les  protestants 
doivent  quitter  la  ville  durant  huit  jours, 
p.  55o  ;  épisode  à  ce  sujet,  p.  55i;  un  séminaire 
diocésain  est  établi  dans  les  bâtiments  ayant 
appartenu  à  la  congrégation  des  Filles  de  l'En- 
fance, p.  586;  établissement  de  l'Institut  des 
Filles  de  l'Enfance;  bienfaits  de  ses  fondateurs; 
l'institution  est  accusée  de  jansénisme;  inter- 
vention des  soldats  du  guet  pour  l'évacuation 
de  l'Institut  qui  est  définitivement  supprimé, 
pp.  573  à  587;  l'archevêque  Montpezatde  Car- 
bon est  inhumé  dans  l'église  Saint-Etienne, 
p.  592;  abaissement  des  mœurs  municipales; 
violation  de  prétendues  libertés  par  le  minis- 
tère, pp.  593,  594;  à  la  suite  de  la  visite  de 
l'intendant  Bâville,  Mariette,  son  subdélégué, 
est  nommé  trésorier;  modifications  dans  la  per- 
ception des  tailles,  p.  604;  confusion  dans  les 
finances,  p.  6o5;  le  Parlement  réduit  la  dé- 
pense des  festins  capitulaires,  p.  17;  réforme 
par  Bâville  d'un  grand  nombre  d'abus  tolérés 
par  l'administration  inerte  &  négligente  des 
capitouls,  pp.  6o3,  604,  6o5,  606;  fournit  avec 
peine  un  corps  de  mille  hommes  pour  la  mi- 
lice; les  capitouls  y  montrent  un  esprit  de  par- 


1624 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


ticularisme  local  des  plus  étroits,  p.  620;  ano- 
blissement capitulaire;  son  origine  fabuleuse; 
réalité  des  faits;  administration  vicieuse  de  la 
ville,  dénoncée  par  un  mémoire,  pp.  626,  627, 
628,  629,  63o,  63  1,  632;  vaines  teiMatlves  faites 
pour  éviter  la  nomination  d'un  maire  perpé- 
tuel; déclaration  du  roi  réglant  les  attributions 
du  maire,  pp.  640,  641;  une  émeute  éclate  à 
propos  de  sorties  secrètes  de  blé,  p.  643  ;  réforme 
des  Jeux-Floraux;  création  de  l'académie  des 
belles-lettres,  pp.  65.0,  667,  658;  le  dernier 
festin  des  Jeux-Floraux  en  1694;  détail  des 
comptes  payés  pou/  cette  fête,  p.  662;  détails 
sur  la  répartition  de  la  capitation  entre  les  di- 
verses classes  de  citoyens;  injustices  commises 
par  les  répartiteurs,  p.  674;  son  blason  histo- 
rique défiguré  à  plaisir  depuis  le  seizième  siècle 
par  l'esprit  laïque  de  la  réforme  &  par  le  roma- 
nisme  chimérique  des  érudits;  vrai  blason  de 
Toulouse;  blason  fantaisiste  consacré  par  Tar- 
morial,  p.  688;  sa  population  en  1698,  d'après 
Bâville,  p.  692;  les  jésuites  y  dirigent  un  col- 
lège; un  autre  y  est  dirigé  par  les  pères  de  la 
Doctrine  chrétienne,  p.  695,  sa  belle  situation 
pour  le  commerce  &  les  manufactures  signalée 
par  Bâville;  le  commerce  y  est  a  peu  près  nul; 
ses  habitants  ne  peuvent  souffrir  les  étrangers; 
les  couvents  occupent  la  moitié  de  la  ville;  la 
cause  de  l'inertie  commerciale  tient  à  Texitcence 
du  Parlement  &  à  l'anoblissement  capitulaire; 
étoffes  qu'y  fabriquent  des  artisans  tourangeaux 
établis  dans  l'île  deTounis;  est  une  des  villes 
les  plus  grandes  du  royaume,  des  moins  riches 
&  des  moins  peuplées,  p.  697;  a  une  direction 
des  gabelles,  p.  845;  une  chambre  particulière 
de  commerce  y  est  établie,  p.  848  ;  possède  une 
bourse  depuis  le  seizième  siècle,  p.  848;  que- 
relles de  préséance  à  propos  de  la  mort  du 
dauphin,  p.  896;  difficultés  pour  le  payement 
de  la  capitation  dans  cette  ville,  p.  896;  les 
capitouls  sont  frappés  d'une  taxe  pour  confir- 
mation de  noblesse,  pp.  899,  900,  911,  902; 
la  reine  d'Espagne  y  séjourne  quatre  jours,  en 
1714;  l'église  Saint-Sernin  est  visitée  par  elle, 
p.  903  ;  émeute  à  propos  de  l'établissement  d'un 
droit  sur  les  farines,  pp.  905,  906;  enseigne- 
ment de  l'université,  p.  919;  réception  faite  à 
M.  de  Bernage;  plaintes  des  capitouls  sur  la 
décadence  de  cette  ville,  pp.  922,  923;  les  offi- 
ciers généraux  y  passent  après  la  campagne  de 
1719,  p.  940;  querelles  de  préséance  entre  cha- 
noines &  prébendes,  p.  948;  précautions  prises 
pour  préserver  la  ville  de  la  peste,  pp.  947. 
948;  Méhémed-Effendi  y  arrive  par  le  canal, 
cadeaux  faits  par  les  capitouls  à  ce  personnage, 
p.  949;  les  capitouls  compris  d'abord  dans  l'ap- 
plication de  la  taxe  des  nouveaux  nobles,  con- 
formément à  la  déclaration  de  I723,  obtiennent 
du  conseil  d'Etat  un  arrêté  qui  les  exempte  du 
droit  de  confirmation;  erreurs  historiques  à  ce 
sujet,  p.  io-;3;  inondation  de  1727;  lieux  en- 
vahis par  les  eaux,  p.  ioo5;  dégâts  causés  à 
l'île  de  Tounis  8t  dans  le  faubourg  Saint-Cy- 
prien  ;  dommage  aux  moulins;  pèlerinage  des 
capitouls  à  la  vierge  noire  à  la  Daurade;  se- 
cours organisés;  farines  distribuées;  nombre 
de  maisons  démolies;  autres  dégâts,  pp.  1006, 
1007;   fabriques  de  tapisseries,  de  petites  étoffes 


&  teintureries  à  Tounis,  p.  1007;  chiffre  des 
dégâts  dans  les  différents  quartiers  inondés, 
p.  1007;  nombre  de  maisons  écroulées  durant 
l'inondation  de  1727;  dégâts  commis  au  Baza- 
cle,  aux  fortifications,  &c.,  par  l'inondation, 
p.  10-57;  détail  des  scènes  tumultueuses  provo- 
quées par  la  cherté  des  grains  &  l'exagération 
des  impôts,  p.  1  o83  ;  du  blé  y  est  mis  en  réserve, 
p.  io83;  pillage  de  deux  charrettes,  d'une  bar- 
que &  de  plusieurs  magasins  particuliers;  me- 
sures prises  par  les  capitouls  &  par  le  Parle- 
ment, p.  1084;  les  troupes  royales  entrent  dans 
la  ville,  p.  io85;  condamnation  &  exécution 
des  coupables,  p.  1086;  incident  des  fourches 
patibulaires;  conduite  peu  régulière  des  trou- 
pes; elles  quittent  la  ville,  p.  1087;  de  quelle 
façon  eut  lieu  la  proclamation  de  la  paix  d'Aix- 
la-Chapelle,  p.  1088;  l'académie  des  sciences  y 
est  fondée;  prix  de  cinq  cents  livres  créé  par  la 
ville,  p.  I  102;  grande  mortalité  de  l'été  de  1752 
causée  par  la  misère,  p.  1  126;  ateliers  de  cha- 
rité; création  de  l'Esplanade;  embellissements 
projetés,  p.  1127;  division  dans  les  conseils  de 
la  ville  nécessitant  la  venue  de  l'intendant, 
p.  1  1  28  ;  projet  d'achèvement  de  l'hôtel  de  ville, 
p.  I  127;  l'intendant  y  fait  un  voyage  causé  par 
les  divisions  qui  régnaient  dans  le  conseil  de 
ville,  p.  1127;  incident  du  sermon  du  P.  De- 
zeuzes,  p.  1128;  le  maréchal  de  Thomond  y 
passe  trois  jours,  p.  1  1  40  ;  ses  fourches  patibu- 
laires au  milieu  du  dix-huitième  siècle,  pp.  1  1  55, 
Il  56;  mort  tragique  de  Marc-Antoine  Calas, 
p.  I  1 62  ;  émotion  à  ce  sujet,  p.  1  i63;  monitoire 
publié  dans  les  églises  ;  la  famille  Calas  est 
accusée,  p.  1164;  arrivée  du  ministre  protes- 
tant Rochette,  p.  ii65;  exécution  de  Rochette 
&  de  trois  gentilhommes  verriers,  p.  1167; 
surexcitation  des  passions  religieuses,  p.  1168; 
condamnation  &  exécution  de  Calas  père, 
p.  1169;  célébration  du  centenaire  de  1 562 , 
p.p.  1171,  I  172;  préambule  de  l'ordonnance  des 
capitouls  à  ce  sujet,  p.  1171;  fêtes  en  l'honneur 
du  premier  président  de  Bastard,  p.  1  1.79;  au- 
tres fêtes  en  l'honneur  de  la  paix  de  1763, 
p.  1  180;  réception  que  les  capitouls  préparaient 
au  duc  de  Fitz-James;  opposition  du  Parlement; 
arrivée  des  troupes;  leur  cantonnement;  le  duc 
de  Fitz-James  au  Parlement,  p.  1181;  mesures 
de  précaution  prises  contre  les  parlementaires, 
pp.  1181,  1182,  illuminations  à  la  reprise  des 
audiences  du  Parlement,  p.  m83;  fête  univer- 
sitaire dans  la  grande  église  des  frères  prêcheurs, 
p.  I  |85;  en  réponse  à  la  thèse  du  P.  Dufour  on 
publie  la  Lettre  d^un  écolier  des  JésuiteSj  jt.  1186; 
analyse  de  cette  pièce,  pp.  1187,  1188;  le  vi- 
comte de  Saint-Priest,  arrivé  le  3o  août  1771,  est 
rejoint  le  i''"'  septembre  par  le  commandant  en 
chef,  p.  1216;  dissolution  du  Parlement, pp.  1217, 
I  2  I  3  ;  paroisses  créées  dans  sa  banlieue,  pp.  1222, 
1223;  description  de  la  plaine  au  nord  de  Tou- 
louse, p.  1222;  M.  de  Brienne,  archevêque, 
érige  deux  paroisses  nouvelles  dans  la  banlieue, 
p.  1223;  extraits  du  mémoire  de  l'abbé  Chara- 
bon  sur  les  avantages  que  le  roi  &  l'Etat  peu- 
vent tirer  de  la  ville  de  Toulouse  &  de  la  pro- 
vince de  Languedoc,  pp.  1226,  1227;  prières 
publiques  ordonnées  à  propos  de  l'épizootie, 
p.     1236;    prières    publiques    pour    Louis    XV, 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


1625 


p.  1228;  le  Parlement  défend  les  danses,  les 
jeux,  &c.  jusqu'aux  obsèques  du  roi  j  service 
funèbre  célébré  le  7  septembre  1774,  p.  1229; 
instructions  relatives  aux  précautions  pourpré- 
server  cette  ville  &  ses  environs  de  l'épizootie, 
p.  1235;  inertie  des  capiiouls  au  moment  de 
l'épizootie  de  1774,  p.  r238;  le  comte  de  Péri- 
gord  dispense  la  ville,  à  cause  de  la  misère  publi- 
que, du  cérémonial  usité  à  l'arrivée  des  comman- 
dants en  chef,  p.  1263;  réjouissances  publiques  à 
propos  du  rétciblissement  du  Parlement, pp.  1  270, 
1271,  1272;  la  chambre  de  commerce  présente 
un  mémoire  aux  Etats  pour  leur  exposer  l'état 
de  délabrement  &  d'abandon  où  se  trouve  le 
cours  de  la  Garonne;  réclamations  de  la  même 
chambre  au  sujet  des  difficultés  de  la  naviga- 
tion sur  la  Garonne,  pp.  1270,  1276,  1277; 
refus  des  gens  de  métier  de  figurer  aux  proces- 
sions de  SaintSernin  ;  intervention  du  Parle- 
ment pour  contraindre  les  hayles  de  s'y  rendre, 
p.  1279;  abus  introduits  dans  l'administration 
municipale  de  Toulouse,  pp.  1288,  1289;  réfor- 
mes dans  l'organisation  du  capitoulat,  pp.  1  289, 
1290,  1291,  1292,  1293;  M.  de  Saint-Priest  est 
présent  à  l'installation  du  nouveau  corps  mu- 
nicipal, p.  1293;  un  observatoire  astronomique 
y  est  établi  par  la  famille  Garipuy,  p.  i3o4;  le 
comte  de  Provence  y  passe  en  1777,  p.  i3i3; 
réclamations  du  Parlement  contre  l'organisa- 
tion municipale  de  17-8,  pp.  i3i5,  i3i6,  i3i7, 
|3|3;  extraits  de  la  correspondance  de  l'inten- 
dant &  du  ministère  à  ce  sujet,  pp.  i3i8,  i3i9; 
sa  situation  au  point  de  réunion  de  plusieurs 
provinces,  la  célébrité  &  l'état  florissant  de  ses 
études,  le  goût  qui  y  règne  pour  les  sciences  & 
les  arts,  signalés  par  l'archevêque  de  Narbonne, 
pp.  i33D,  i33i;  est  visitée  par  le  nouvel  inten- 
dant Ballainvilliers,  p.  i333;  le  comte  de  Péri- 
gord  s'y  rend  pour  faire  enregistrer  un  édit  par 
le  Parlement,  p.  1344;  démonstrations  &  me- 
sures contre  le  Parlement,  p.  1348;  agitations 
fomentées  par  les  parlementaires  pour  obtenir 
la  réintégration  de  la  Cour  dans  la  plénitude 
de  ses  fonctions;  protestation  de  la  noblesse 
contre  l'ajournement  d'une  réunion  du  conseil 
général  renforcé,  p.  i35i;  la  prospérité  de  la 
ville  est  atteinte  par  la  suppression  du  Parle- 
ment, p.  |35^>;  les  principaux  négociants  réu- 
nis à  la  Bourse  envoient  des  doléances  au  roi 
sur  l'organisation  des  Etats  de  Languedoc, 
p.  |362;  la  noblesse  proteste  contre  la  préten- 
tion des  Etats  de  Languedoc  à  nommer  la  moitié 
des  députés  de  la  Province  aux  Etats  généraux; 
le  chapitre  de  la  métropole  joint  ses  réclama- 
tions à  celles  de  la  noblesse,  pp.  i363,  i364; 
une  assemblée  y  adopte  la  rédaction  de  l'en- 
semble des  réclamations  relatives  à  la  députa- 
tion  des  provinces  aux  Etats  généraux,  p.  i36j; 
causes  du  rang  inférieur  que  les  cahiers  du 
tiers-état  tenaient  parmi  ceux  de  la  Province, 
p.  i38o;  texte  de  quelques  articles  du  cahier 
des  plaintes  &  doléances  de  la  ville  &  banlieue, 
p.  i38i;  les  capitouls  invitent  le  Parlementa 
ne  pas  nommer  de  chambre  des  vacations, 
pp.  1394,  139.);  réunions  de  parlementaires, 
p.  1396;  réunions  des  commissaires  des  légions 
de  la  garde  nationale,  p.  1399;  la  municipalité 
cherche  à  étendre   ses  limites  territoriales  dans 


les  nouvelles  divisions  administratives,  p.  1401; 
la  municipalité,  chargée  de  l'arrestation  des 
membres  de  la  chambre  des  vacations,  se  con- 
tente d'une  déclaration  des  magistrats  promet- 
tant de  se  présenter,  p.  1422;  correspondance 
entre  la  municipalité  &  M.  de  Saint-Priest  sur 
ce  sujet,  pp.  1423,  '424;  exhaussement  du 
cours  Dillon,  p.   1428. 

TooLotSE  (Abbaye  de  Saint-Sernin,  à),  p.  io36; 
prières  publiques  pour  la  conservation  des  jours 
de  Louis  XV,  p.  1228. 

—  (Abbé  de  Saint-Sernin,  à),  p.  1289. 

—  (Archevêché  de),  pp.   14,    1403. 

—  (Archevêque  de),  pp.  111,  280,  479,  868,  93  1  , 
938,  974,  io65,  1095,  1248,  1265,  1276,  i3o9, 
1342;  sa  temporalité,  p.  3i6;  son  rapport  au 
sujet  du  rachat  des  charges  municipales,  pp.  982, 
q83. 

—  (Augustins  de),  p.   14. 

—  (Barrière  de  l'Isle-Jourdain,  à),  p.  363. 

—  (Bénédictins  de  la  Daurade,  à),  p.  624. 

—  (Capitoulat  de  Saint-Barthélémy,  à),  p.  243. 

—  (Capitoulat  de  Saint-Sernin,  i),  p.   1226. 

—  (Capitouls  de),  p.   14. 

—  (Chambre  de  commerce,  à),  p.   11  33. 

—  (Chapelle  de  Sainte-Catherine  de  Sienne,  à), 
p.'  363. 

—  (Chapitre  de  Saint-Etienne,  à),  pp.  3i8,  443, 
1189,  1272,  i3;J5,  i355;  ses  armoiries,  p.  633 j 
proteste  contre  l'organisation  des  Etats  de  Lan- 
guedoc, pp.   i363,    1364. 

—  (Chapitre  de  Saint-Sernin,  à),  pp.  1  189,  1225, 
i355,    i365. 

—  (Chapitre  de);  sa  composition,  p.  3i6. 

—  (Clocher  de  la  Dalbade,  à),  p.  624. 

—  (Cloître  Saint-Etienne,  à),  p.  1179. 

—  (Collège  de  l'Hsquile,  à),  p.  1 190. 

—  (Collège  de  Foix,  à),  p.   1086. 

—  (Collège  de  Périgord,  à),  p.  1086. 

—  (Collège  royal,  à);  lettres  patentes  du  17  no- 
vembre 1764  pour  assurer  sa  conservation  &  le 
maintenir  en  possession  de  tous  ses  biens, 
p.   1  189;  son  organisation,  pp.   1  190,    1191. 

—  (Collège  Saint-Nicolas,  à),  p.  20. 

—  (Collège  de  Saint-Raimond,  à),  p.  1086. 

—  (Collège  de  Sainte-Catherine,  à),  p.   1086. 

—  (Comte  de),  pp.  908,   911,   çSi,    1059,    1402. 

—  (Corporation  des  bouchers  de),  p.   1222. 

—  (Conciergerie  du  palais,  à),  p.  241. 

—  (Couvent  des  Augustins,  à),  p.  Syç. 

—  (Couvent  des  Carmes  déchaussés,  à),  pp.  1087, 
I  127. 

—  (Couvent  des  Grands-Augustins,  à),  p.  49^. 

—  (Diocèse  de),  pp.  5(5,  57,  62,  88,  93,  100, 
101,  106,  107,  114,  123,  126,  156,619,  '008, 
1088,  1129,  ii5o,  1189,  1234,  1247,  1259, 
1262,  1287,  1297,  i3oi,  i3o2,  i33o,  i375; 
dévasté  par  la  grêle  en  1727,  p.  1004;  par 
l'inondation  la  même  année,  p.  ioo5;  envahi 
par  l'épizootie  en  1776,  p.  1245;  réclamations 
des  commissaires  du  diocèse  contre  l'ordre  d'a- 
battre &  de  saler  tout  le  bétail,  pp.  iiôB,  1264. 


i6:6 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Toulouse  (Dôme  des  Chartreux,  à),  p.  624. 

—  (Église  de  la  Daurade,  à),  p.  1  106. 

—  (Eglise  Saint-Etienne,  à),  p.  36o. 

—  (Esplanade,  à),  p.  1  127. 

—  (Embouchure  du  canal  des  Deux-Mers,  à), 
p.    1295. 

—  (Esplanade  Saint-Etienne,  à),  p.  1084. 

—  (Faubourg  Saint-Cyprien,  à),  pp.  462,  1084, 
io85,  I  18^!;  en  partie  détruit  par  l'inondation 
de  I 727,  p.  ioo5. 

—  (Faubourg  Saint-Michel,  à),  p.  looi, 

—  (Grand  bailliage  de),  p.    128. 

—  (Grand  dôme  des  Carmes,  à),  p.  52 1. 

—  (Grand'riie,  à),  p.  1271. 

—  (Hôtel  de  Caminade,  à),  p.  477. 

—  (Hôtel  des  Monnaies  de),  p.  895. 

—  (Hôtel  Palarainy,  à),  p.   1 179. 

—  (Hôtellerie  du  Casque,  à),  p.  286. 

—  (Hôpital  Saint-Joseph  de  la  Grave,  à),  p.  1007. 

—  (Hôpital  de  Sainte-Radegonde),  p.  696. 

—  (Hôpital  des  pestiférés  Saint-Sébastien  de  la 
Grave,  à),  p.   i6rt. 

—  (Prison  des  Hauts-Murats,  à),  p.  5io. 

—  (Ile  de  Tounis,  à),  pp.  1007,  1226;  submergée 
en  1727;  ses  manufactures  détruites,  p.   ioo5. 

—  (Jardin  des  Plantes,  à),  p.  1  1  27. 

—  (La  Salade,  à),  p.   1 155. 

—  (Logis  de  l'Écu,  à),  p.  8. 

—  (Maison  du  Bon-Pasteur,  à),  détruite  par 
l'inondation  de  1727;  personnes  qui  y  ont  péri, 
p.    1006. 

—  (Maison  professe  des  Jésuites,  à),  p.  r)24. 

—  (Maladrerie  d'Arnaud-Bernard,  à),  pp.  421, 
696. 

—  (Maladrerie  du  Château-Narbonnais,  à),  p.  42  1 . 

—  (Maladrerie   de   Saint-Cyprien,    à),    pp.  421, 

—  (Maladrerie  de  Saint-Michel,  à),  p.  696. 

—  (Maladrerie  de  Saint-Sauveur,  à),  p.  421. 

—  (Moulin  du  Bazacle,  à),  pp.   1006,   1276. 

—  (Moulin  du  Château-Narbonnais,  à),  p.   1006. 

—  (Oratoire  du  Crucifix,  à),  p.  i  127. 

—  (Paroisse  de  la  Dalbade,  à),  p.  1 167. 

—  (Paroisse  de  la  Daurade,  à),  p.  1  164. 

—  (Paroisse  Saint-Pierre,  à),  p.  1 167. 

—  (Paroisse  Saint-Etienne,   à),   pp.    1166,    1289. 
(Petite    église    Saint-Jacques,    près    de    Saint- 
Etienne,  à),  p.  I  166. 

—  (Saint-Sernin,  paroisse,  à),  p.  i  167. 
(Place  de  la  Monnaie,  à),  p.  1  181 . 

(Place  des  Pénitents-Blancs,  à),  p.  55i. 

—  (Place  Royale,  à),  p.  1  i83. 

—  (Place  Saint-Etienne,  à),  pp.  241,    1271. 

—  (Place  Saint-Georges,  pp.  523,    1271. 

—  (Place  Saintes-Scarbes,  à),  p.  369. 

—  (Place  du  Salin,  à),  pp.  368,   ii56,   1166. 
(Pont  de  pierre  sur  la  Garonne,  à),  p.  368. 

—  (Pont  de),  p.  1233. 

—  (Pont-Neuf,  à),  pp.  476,    1007. 


Toulouse  (Pont  des  Minimes,  à),  p.  i223. 

—  (Port-Garaud,  à),  pp.   ioc6,    io83,    io35. 

—  (Porte  Arnaud-Bernard,  à),  p.  1087. 

—  (Porte  du  Château- Narbonnais,  à),  pp.  389, 
I 084,   1 I 27,    I  I  35. 

—  (Porte-Montgaillard,  à),  p.  1  127. 

—  (Porte  de  Muret,  à),  p.  476. 

—  (Porte  Saint-Cyprien,  à),  p.  368. 

—  (Porte  Saint-Etienne,  à),  p.  1  1  27. 

—  (Présidial  de),  p.   14. 

—  (Prison  de  la  Conciergerie,  à),  pp.   1 165,   1  167. 
■ —  (Quartier  du  Bazacle,  à),  p.    1007. 

—  (Quartier  des  Blanchers,  à),  p.  1037. 

—  (Quartier  de  la  Dalbade,  à),  p.  1006. 

—  (Quartier  de  la  Daurade,  à),  p.   1007. 

—  (Quartier  de  la  Salade,  à),  p.   1087. 

—  (Quartier   Saint-Cyprien,  à),  pp.    1127,   1181. 

—  (Route  de  Castres  à),  p.  1087. 

—  (Route  de  Paris  à',  p.   1224. 

—  (Route  de  Saint-Alban  à),  p.   1224. 

—  (Rue  des  Filatiers,  à),  p.   1 162. 

—  (Rue  Nazareth,  à),  p.  368.    • 

—  (Rue  des  Théatins,  à),  p.   1271. 

—  (Rue  des  Tourneurs,  à),  p.  1  179. 
• —  (Rue  Velane,  à),  p.   1  1  1  5. 

—  (Saint-Agne,  près  de),  p.  i  i55. 

—  (Séminaire  diocésain  de),  p.   1  i5. 

—  (Séminaire  du  faubourg  Saint-Michel,  à),  p.  20. 

—  (Séminaire  Saint-Charles,  à),  p.  112. 

—  (Sénéchal  de),  pp.  960,    1211. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.  472,  i3io,  i366,  iSyy, 
.383,   1384,   1402. 

—  (Subvention  sur  le  blé,  levée  à),  p.  48. 

—  (Tour  d'Assézat,  à),  p.  524. 

—  (Tours  du  pont,  à),  p.  524. 

—  (Tour  de  Tourreil,  à),  p.  624. 

—  (Université  de),  pp.   1190,    1289,    i365. 

—  (Vierge  noire  de  l'église  de  la  Daurade,  à); 
portée  processionnellement  durant  l'inondation 
de   1727,  p.   1006. 

—  (Viguerie  de),  p.  471. 

TOULOUSE  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, p.   1219. 

TOULOUSE-LAUTREC  (Comte  de),  député  aux 
États  généraux,  p.  1377. 

TouKAiNE  (Régiment  de),  p.   1244. 

Tour  d'Anglas,  pp.   ii33,   1134. 

—  Carbonnière,  p.  90. 

—  Caudière,  à  Castres,  p.  610. 

—  de  Constance,  p.  878. 

—  Magne,  à  Nimes,  pp.  481,  599. 

TOUR  GOUVERNET  (Isabeau  de  la),  p.  622. 
Tours,  pp.  253,  624,  627. 

—  à  signaux,  p.  697. 
Tourbes,  p.  394. 

TouRNEFEUiLLE,  près  de  Toulouse,  p.  1240;  cons- 
truction d'une  nouvelle  église  paroissiale, 
p.    io5. 

TouRNEL,  baronnie  en  Gévaudan,  pp.  29,  32,  68. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


'7 


TOURNEL  (Marquis  de),  p.  29. 
TOURNEL  ,'Comte  duj,  p.  32. 

ÏOLBNESOL    ou     MaLRELLE,    p.    70I. 

TOURNIER,   secrétaire   de  M.  de   Bezons,   p.  479. 
TOURNIER    (L'abbé),    conseiller    aux    enquêtes, 

mainteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  661. 
TOURNIER,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 

P-  947- 
TouRNON,  en  ViTarais,  pp.  23,  27,  46,  71,  100, 
124,  24^,  602,  870,  iioi,  1195,  1202,  1235, 
1411,  141  8  ;  est  très-agité  au  moment  de  l'arri- 
vée de  l'intendant;  le  comte  du  Roure  y  arrive, 
p.  532;  les  jésuites  y  dirigent  un  collège,  p.  695. 

—  (Collège  de),  p.    |335. 

TocRNON,  baronnie  de  tour  de  Vivarais,  p.  72. 
TouRXOx  (Régiment  de),  pp.  766,   774,   835. 
TOURNON,    lieutenant    général    en    Languedoc, 

p.    19.. 
TOURNON  (de),  p.  229. 
TOURNON  (Comte  de),  p.  292. 
TOURNON  (Comte   de),    brigadier   des    armées   du 

roi,  commandant  à  Florac,  p.  835. 
TOURNON  (Comte  de),  p.   1  198. 
TOURREIL,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 

pp.   189,   219,   221,    224. 
TOURREIL,  de  l'Académie  française,  mainteneur 

des  Jeux-Floraux,  p.  661. 
TOURREIL  DE  GRAMMONT,  ecclésiastique,  fonde 

à  Toulouse   deux    chaires    pour    l'enseignement 

de  la  doctrine  de  Saint-Thomas,  p.  919. 
TouRRETTE,  baronnie,  p.  90. 
TOURRETTE  (Marquis  de   la),  baron  de  Chalen- 

con,  pp.  69,  90,  533. 
TOURRETTE  (Marquis  de  la),  p.  616. 
TOURRETTE  ;Comte  de  la),  p.  1  198. 
TocRTOtz»,  commune,  p.  1009. 
TOUZART,  conseiller  secrétaire  du    roi,   p.    1046. 
Tradition  romaine  perdue   dans   la    Narbonnaise 

depuis  la  chute  de  l'Empire  d'Occident,  p.  693. 
TRAIN  (Chevalier  du),  p.   1355. 
Traitants,   p.    233;    les    États    réclament    contre 

leurs  vexations,  p.  276;    leur  peu   d'exactitude 

à   régler  leurs  comptes,  p.  804. 

—  d'impositions,  p.  365. 

TRAiTt  de  paix  entre  la  Cour  &  les  parlementaires 
conclu  à  Hueil,  p.  283. 

—  de  Bèziers,  p.   186. 

—  avec  l'Espagne  par  la   duchesse  de  Longueville 
&  Turenne,  p.  296. 

—  de  paix  avec  l'Espagne,  p.  367. 

—  de  l'île  des  Faisans,  p.  390. 

—  de  Paris  de  1229,  p.  955, 

—  des  Pyrénées;  critique  qu'en  fait  Biville  à  pro- 
pos de  l;i  vallée  d'Aran,  p.  697. 

—  de  Westphalie,  signé  le  24  octobre  1648,  p.  278. 
Traités    de    commerce    avec    différentes    nations, 

p,    i336, 
Tramesaicues,  métairie  appartenant  à  l'abbaye  de 

Boulbonne,  pp.  871,   872. 
Transactio>s  commerciales  reprises  avec  l'Espagne 

après  l'épidémie  de  1721,  p.  996. 


Transeobdemext     de    marchandises    destinées    au 

port  de  Cette,  p.  704. 
Transformation    de    la    société    au    dix-septième 

siècle,  pp.  268,   269. 

—  des  institutions  municipales,  p.  634. 

—  des  mœurs  militaires,  p.  916. 
Translation  de  verreries  ordonnée,  pp.  60,   77. 
Transport  des  biens  à  l'étranger  interdit,  p.  559. 

—  des  marbres,  p.   1  149. 

—  des  tioupes,  p.  83. 
Transportations,  p.  795. 
Transports  militaires,  p.  84. 
Trappes,  village,  p.   io35. 

Travail  affranchi  par  la  suppression  des  maîtrises 

&  des  jurandes  en   1776,  p.  1279. 
Travaux  de  la  Louge,  p.  io5. 

—  de  fortification,  p.  io52. 

—  publics,  pp.  io3,  i336;  dans  la  Province, 
p.  1060;  défense  d'en  exécuter  à  Toulouse  sans 
l'agrément  de  l'intendant,  p.  6o5  ;  délaissés  dans 
la  Province  par  suite  de  la  misère  provoquée 
par  la  guerre  d'Espagne,  p.  166;  en  Vivarais, 
p.    i3i  I. 

—  de  voirie,  p.  1177;  exécutés  au  moyen  d'em- 
prunts contractés  par  les  diocèses,  p.  1  149. 

Trebas,  p.  125. 

Trebeot,  en  Vivarais,  p.  1202. 
Trèbes,  au    diocèse  de  Carcassonne,  p.  33o,   465, 
5i3,  614,   871,    1008;  ses  armoiries,  p.  688. 

—  (Hôpital  de),  p.  695. 
Tréboul,  rivière,  pp.  75,   79. 

TREMELET,    président    à    la    cour    des    comptes, 

aides  &  finances,  p.  1097. 
Tremoulet,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.   1009. 
Tremoclis,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 
TRENEIS,    greffier   en    chef  des    présentations    au 

sénéchal  du  Puy,  p.  486. 
TRESAGUET,     ingénieur,     inspecteur     général, 

p.    1295,    1296. 
Trésor  des  chartes,  p.  35. 
Trésor  découvert  à  Narbonne,  p.  78. 
Trésoriers    de    France,  pp.    5,   53,  61,    127,   270, 

366,   842,   844;    font  enregistrer  en  corps  leurs 

armes  personnelles,  p.  681. 

—  généraux  de  France,  p.  3  18. 

—  de  la  Bourse  de  Languedoc,  p.  6;  ne  peuvent 
assister  aux  séances  des  Etats  de  Languedoc  s'ils 
n'y  sont  appelés,  p.  2;  leur  suppression,  p.  293. 

Trésorier-clavaire  de  Montpellier,  p.  1  16. 

Tressol,  en  Vivarais,  p.  1202. 

TréVes,  p.  1406. 

TRÉVOUX  (Marquis  de).  Toi'r  Prince  de  DOMBES. 

Tribale  (la),  p.   1408. 

Tribunaux  d'exception  supprimés,  p.   1347. 

TRIMOND  (de),  intendant  de  la  généralité  de 
Montauban,  pp.   1348,    i34y. 

TRINQUECOSTES,  greffier  garde-sac  au  Parlement 
de  Toulouse,  p.  1414;  quelques  extraits  de  son 
procès-verbal  donnant  des  détails  sur  la  prise 
de  possession  des  greffes  par  les  officiers  muni- 
cipaux, pp.   1415,    1416. 


1628 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Trinquère,  enclos  à  Montpellier,  p.  yS. 
TRISTAN,  de  l'Académie  française,  p.  247. 
TRISTAN  L'HERMITE,  p.   248. 
Trivalle,  manufacture,  p.  33. 
Trivals,  hameau  en  Gévaiidan,  p.  965. 
TROBAT,  donne  des  mémoires  à  Mazarin  durant 
les  négociations  de  la  paix  des  Pyrénées,  p.  373. 
Trois  vingtièmes,  p.  120. 

—  (Réduction  sur  les),  p.  94. 

—  (Abonnement  aux)  par  la  Province,  p.  96. 

—  (Levée  des),  pp.  94,   95. 

Troisième  vingtième,   p.   96;   voté    par  les    Etats 

le  I  i   décembre  1769,  p.  94. 
Troyes,  en  Champagne,  p.  1342. 
Trou  Je  Launes,  p.  893. 
Troubles  électoraux  à  Lansargues,  p.  56. 

—  religieux,    pp.    616,  617,  618,  619,  620,  621. 

—  suscités  chez  les  réformés,  à  la  suite  de  la 
Fronde,  p.  349. 

—  à  Carcassonne,  à  propos  des  gabelles,  pp.  3â9, 
36o,    36 1 . 

—  à  Lédignan,  p.  86. 

—  à  Montpellier,  causés  par  la  perception  du 
droit  de  joyeux  avènement,  pp.  233,  234,  235, 
236. 

—  à  Nimes,  p.  38  1. 

—  dans  la  Province,  p.  307. 

—  à  Toulouse,  p.  286. 

—  à  Valerargues,  p.  732. 

—  au  Vigan,  pp.  29,  587. 

—  à  Villemur,  p.  54. 

—  en  Vi  va  rais,  pp.   i3io,    i3i  1 . 

—  dans  diverses  villes,  p.  715. 

TROUILLAS  (de),  un  des   propriétaires  des  mines 

de  la  Grand'Combe,  p.   1285. 
Trodillas,  p.  i3o8. 

—  (Pont  de),  p.  i3o7. 
Troupeaux,  p.  59. 

Troupes  de  passage,  pp.  81,  91. 

—  royales  de  passage  dans  la  Province,  p.  329; 
voitures  à  leur  fournir,  p.  74. 

TROUSSE  (Marquis  de  LA),  p.  29. 

TRUDAINE,  p.  Il  33. 

Truïébe,  rivière,  pp.  397,  469. 

Truyez,  lieu,  p.  487. 

TUBEUF  (Michel),  p.  477. 

TUBEUF,  pp.   1284,    1285. 

TUBEUF,  abbé,  pp.  255,   259,   265. 

TUBEUF  (Charles  de),  intendant  de  justice,  police 
&  finances  de  Languedoc,  pp.  20,  107,  1I0, 
168,  222,  223,  447;  visite  la  rigole  d'essai  du 
canal  en  compagnie  de  Bezons,  p.  463;  est, 
avec  son  collègue  de  Bezons,  commissaire  dé- 
parti pour  la  réforme  des  forêts,  p.  466;  a  la 
permission  exclusive  d'exploiter,  pendant  trente 
ans,  les  mines  de  charbon  découvertes  ou  k 
découvrir  dans  des  lieux  déterminés;  ne  fait 
pas  d'abord  usage  de  son  titre,  p.  1283. 

TccBAN,  au  bas  Languedoc,  p.  853. 
Tocis,  en  Vivarais,  p.  1202. 


TUFFAUD  (Arnaud),  p.  864. 
TuBENNE,  château,  pp.  246,   247. 
—  (Vicomte  de),  p.  337. 

TURENNE,  p.  296;  commande  l'escorte  qui  accom- 
pagne Louis  XIV  &  la  reine  mère  à  leur  rentrée 
à  Paris,  p.  342. 

TuBCS;    fréquentent   la   foire  de  Beaucaire,  p.  7o3. 

TURGOT,  p.  725,  1269;  ses  réformes  économi- 
ques, p.  I  279. 

Turin,  pp.   î59,    239. 

TURLE,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
pp.  241 ,  243,   352. 

TURLE  (Pierre),  consul  de  Carcassonne,  pp.  jic, 

36i. 
Tyrol,  p.  927. 


u 


UcHAU,   paroisse   des   Cévennes,   pp.  21,  734,  747; 

occupée  par  les  camisards,  p.  807. 
UcHAUD,  lieu,  p.   1067. 
Ugla,  p.  892. 
Unification  des  poids  &  mesures  tentée  aux  Etats 

de  Languedoc  en   1697,  p.  705. 
Union  des  abbayes  de  la  Seauve  fedeClavas,  p.  104. 

—  des  cours  supérieures,  p.  266. 

Unité  de  foi,  p.  5i9;  tentatives  pour  son  réta- 
blissement dès  que  la  paix  extérieure  est  assu- 
rée, p.  419;  nouvelles  tentatives  pour  son  réta- 
blissement; illusions  de  la  Cour  &  du  clergé 
catholique,  p.  555;  les  dragons  coupent  court 
aux  premières  velléités  &  la  rétablissent  à  Nî- 
mes, p.  556. 

—  provinciale  du  Languedoc  défendue  à  l'Assem- 
blée nationale,  p.   1397. 

Université  de  Cahors  unie  à  l'université  de  Tou- 
louse, p.  86. 

—  de  médecine  de  Montpellier;  confirmation  de 
ses  privilèges,  pp.    i  1,  80. 

—  de  Montpellier;  sa  décadence  signalée  par  Bà- 
ville,  p.  694;  choix  du  personnel  enseignant 
par  le  roi;  ses  conséquences,  p.  695. 

—  de  Toulouse,  pp.  26,  366,  5i8,  1270,  i358; 
date  d'un  règlement;  p.  3o;  décadence  où  elle 
était  tombée,  p.  492. 

—  projetée  en  Béarn,  p.  970. 

Universités  de  Toulouse  &  Montpellier;  vérifica- 
tion des  abus,  p.  2  1 . 

—  étrangères  à  la  Province,  contiguës  au  Vivarais 
ou  aux  Cévennes,  vendant  à  vil  prix  les  grades 
à  quiconque  se  présentait  ou  envoyait  pour  les 
acheter,  p.   1  323. 

URBAIN  V,  pape,  pp.  736,  740;  lieu  de  sa  nais- 
sance exempt  de  toute  imposition  royale,  p.  799 

URBAIN   VIII,  pape,  pp.  247,  867. 

Urgel  (Vallée  d),  p.  i3;  revendiquée  par  Marca 
pour  la  France  en  166  P;  comprise  dans  la  Septi- 
manie  d'après  un  diplôme  de  Charles  le  Chauve, 
p.  400. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


l62( 


URRE  (Marquis  d'),  p.   i  352. 

Ursilines;  leur  établissement  à  Nimes,  p.  20. 

Usages  des  communes,  p.  62. 

—  locaux  de  la  Province  opposés  à  la  coutume  de 
Pans,  p.  ç53. 

UscLADE,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Usi'RPATiON    de    titre    de    noblesse,   pp.    447,    448, 

Usurpations  diverses  sur  le  domaine  de  la  cou- 
ronne après  les  guerres  civiles,  p.  466. 

Utbecht,  p.  818. 

—  (Paix  d'),  p.  903. 

UzÉGE,  pp.  071,  886;  des  temples  protestants  y 
sont  édifiés  contre  les  prescriptions  de  Tédit  de 
Nantes,  p.  424. 

—  (Montagnes  de  1'),  p.  777. 

—  (Pays  d'),  pp.  986,  987. 
UzER,  p.    l3l3. 

Uzts,  en  Vivarais,  pp.  16,  27,  43,  79,  88,  90, 
MO,  124,  1.55,  176,  287,  299,  304,  3ii,  329, 
365,  437,  567,  601,  694,  732,  755,  774,  788, 
8'>7,  8i5,  817,  827,  833,  840,  887,  890,  89-, 
918,  989,  1067,  1073,  ii36,  1202,  1218,  1283, 
1376,  i3-i8,  1391,  1406,  1418;  démolition  de 
temples  protestants,  p.  19;  règles  de  nomina- 
tion du  syndic  diocésain,  p.  28;  officiers  du- 
caux, p.  59;  officiers  épiscopaux,  p.  59;  emploi 
des  excédants  de  la  capitale  du  diocèse,  p.  63; 
sa  population  en  1698,  d'après  Bâville,  p.  692; 
appel  des  jugements  rendus  par  divers  officiers 
renvoyés  au  sénéchal  de  Nîmes,  p.  67;  troubles 
à  l'occasion  d'élections  municipales,  p.  274;  le 
soir  du  jour  où  Bâville  &  le  duc  de  Noailles  y 
arrivèrent,  le  ministre  à  la  tête  des  principaux 
habitants  abjurèrent,  p.  555;  est  sérieusement 
éprouvée  par  la  peste  en   1721. 

—  (Colloque  d'),  p.  1  5. 

—  (Commissaires  de  l'assiette  d'),  p.    1 3  1  1 . 

—  (Chapitre  d'  ;  ses  armoiries,  p    684. 

—  (Diocèse  d'j,  pp.  11,  41,  41,  56,  67,  74,  88, 
92,  95,  96,  98,  100,  loi,  107,  114,  123,  126, 
i56,  168,  195,  3oo,  426,  473,  481,  483,  571, 
620,  644,  648,  664,  767,  769,  770,  796,  855, 
965,  967,  963,  986,  987,  988,  1077,  1081, 
ii56,  1177,  1178,  1287,  i3io,  i3i2,  14C6, 
1407,  1410;  remise  faite  aux  incendiés  de  ce 
diocèse,  p.  47;  sa  production  en  céréales,  vins; 
ses  manufactures;  ses  eaux  minérales,  p.  701. 

—  (Duc  d'),  pp.  34,  988,  989,  io35,  1198;  baron 
des  Etats,  p.  134;  cède  la  baronnie  de  Lévis  au 
roi  en  échange  de  fiefs  à  Uzès  &  dans  l'Uzège, 
p.  986;  difficultés   à  ce  sujet,  p.  987. 

—  (Evéque  d'),  pp.  4,  20,  22,  264,  85o,  987;  porte 
la  parole  devant  le  Parlement  de  Toulouse  & 
expose  le  motif  de  l'ambasiade  envoyée  par  Us 
Etats,  p.  289. 

—  (Fort  d'),  p.   1073. 

—  (Hôpital  d'),  p.  696. 

—  (Insurrection  d'),  p.   14. 

—  (Maladrerie  d'),  p.  696. 

—  (Sénéchaussée  ducale  d'),  p.   1349. 

—  (Ville  d'),  p.  986. 


V 


Vabres,  pp.  85,  260,  261. 

—  (Diocèse  de),  pp.  5o5,  644. 
VABRES  (Comte  de),  p    614. 
VABRES  (François  de),  p.  3^. 
Vabros,  lieu,  p.  394. 

Vaches  de  la  Camargue  décimées  par  l'épizootie, 
p.  901. 

Vacqciers,  commune,  p.  62. 

—  (Bois  de),  p.  824. 

—  (Hôpital  de),  pp.  33,  696. 

Vagnas,  en  Vivarais,  pp.  35,  37,  43,  124,  733, 
865,  1201. 

—  (Bois  de),  p.  778. 

—  (Pont  de),  p.  95. 

VAILHAUSY  (de),  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.   1218. 

VAlSSE  (de),  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse; 
son  exil,  p.    1218. 

Vaisseau  de  ligne  donné  au  roi  par  la  Province, 
p.  y6. 

Vaisseaux  (Régiment  des),  p.    1181. 

VAISSETE  (Dom),  p.  io58;  propose  une  solution 
amiable  pour  l'affaire  des  Etats,  p.  85;  son 
plan  de  rapprochement  entre  le  ministère  &  les 
Etats  de  Languedoc,  p.   1096. 

Val,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Val  d'Alt.elle,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Valabbégues,  p.  52;  désolé  par  six  débordements 
successifs  du  Rhône,  p.  46;  nomination  de  son 
conseil  politique,  p.  49;  obtient  remise  de 
douze  cents  livres  sur  ses  impositions,  p.  56. 

—  (Ile  de);  un  lazaret  y  est  établi  en  1721 ,  p.  9.52. 
Valade  (Château  de  la),  p.  1403. 

VALAY  (Chevalier  de),  commandant  les  cuirassiers 

du  roi,  p.   1241 . 
Valbonne,  p.  60. 

—  'Chartreux  de),  pp.  20,  1  18. 
Valborgne  (Saint-André  de),  p.   18. 
Valderiés,  p.  1408. 

Valeine    ou    Valenne   (Bois    de),    au    diocèse    de 

Montpellier,  pp.  69,    109. 
Valence,  en  Albigeois,  pp.  60,  66,  100,  i5-',  194, 

474,  824,  927,    1384,    1408. 

VALENTIN  (André),  de  Nimes,  importe  la    fabri- 
cation des  étoffes  de  laine  à  Magdebourg,  p.  Sri^. 
Valentine,    paroisse    du    diocèse    de    Comminges, 

p.     1232. 

—  (Pont  de),  pp.  99,   loi . 
Valentine,  pp.   i56,  332,982. 
Valerargues;  pillage  de  son  église,  p.  732. 
Valeraugue,  village  des  Cévennes,  p.  616. 
Valebgues,  prieuré,  p.  649. 

Valespib,  pp.  5i  1,  5i6;  excès  des  regrattiers  contre 

les  populations,  p.  5i2. 
ValestaliEres,  p.  28. 


[63o 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


Valets  &  domestiques  ne  peuvent  quitter  leurs 
maîtres  qu'à  la  fin  de  l'année,  p.  56. 

VALETTE,  camisard,  p.  40. 

VALETTE  (de  la),  général    des  Vénitiens,  p.  246. 

VALETTE,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
mâinteneur  des  Jeux-Floraux,  p.  65i. 

VALETTE  (Jacques  de),  baron  de  Fenouillet,  chef 
du  consistoire  à  Toulouse,  pp.  922,  928. 

Valettes,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 

Vai.fournès,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Valgorce  (Seigneurie  de),  p.  1 197. 

Valgobges,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Valjausquet;  ses  armoiries,  p.  686. 

Vallabrègoes,  pp.  40,  107,  332. 

Valleraugues,  pp.   124,  426,  1406. 

VALUN  (Antoine),  avocat  au  Parlement,  p.  646. 

Vallon,  en  Vivarais,  p.   1201. 

VALLON,  commandant  du  régiment  de  Langue- 
doc, laisse  commettre  par  ses  troupes  de  grands 
excès  dans  la  temporalité  de  l'archevêque  de 
Narbonne,  p.  278. 

VALLON  (de),  pp.  240,  276,  287. 

Valmagne,  abbaye,  p.  5i6;  ses  armoiries,  p.  685. 

VALOIS  (Duc  de;,  p.  299. 

Valoubiéres,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Valras;  consuls  &  conseillers  politiques  nommés 
par  le  conseil  d'Etat,  p.   110. 

Vals,  en  Vivarais,  pp.  85,  94,  878,  1082,  1149, 
1201,  1202;  les  protestants  y  prennent  les  ar- 
mes, p.  349 

VALTtBOBGUES,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 

Valvigniéres,  en  Vivarais,  p.   1201. 

VAN  DEN  BERGH  (P.-Th.-C),  archiviste  général 
du  royaume  des  Pays-Bas,  à  La  Hayej  sa  com- 
munication, p.  790. 

VANIER  (Adrien);    fait    l'acquisition  de  la  ferme 

des  droits  d'enregistrement  d'armoiries,  p.  679; 

âpreté  de  ses  commis,  p.  688. 
Vanikoro  (Iles  de),  p.   i332. 
Vanos,  en  Vocance,  p.    1202. 
Vans  (les),  en  Vivarais,  pp.   101,  601,   602,   778, 

788,   i3io,    i3  I  1,   i3i 2. 
Vaquières  (Bois  de),  pp.  37,  40. 
VAQUEVILLE  (Colonel  de),   tué  dans   un   combat 

contre  Cavalier,  p.  816. 
Var,  p.   1079. 
VARDES  (de),  p.  356. 
Varennes,  pp.  968,  959,  1248. 
VASSAL,   conseiller  à  la   cour  des   comptes,   aides 

&  finances,  p.   1097. 
Vassaux,  p.  52. 

Vasseilles,  en  Vivarais,  p.   1202. 
VASSEROT,  de  Limoux,  p.    1207. 
Vastres  (les),  en  Vivarais,  pp.   1202,   1410. 
Vac  de  Chavaignes,  baronnie,  p.  552, 
VAUBAN,  accompagne   Louvois    en    Languedoc, 

p.   5i6. 
VAUCELLE  (Louis  de),  chanoine  théologal  d'Alet, 

p.  609. 
Vaudevant,  en  Vivarais,  p.  1202. 


Vaudois,  p.  773;  leur  exemple  invoqué  à  propos 
de  la  guerre  des  Cévennes,  p.  791. 

Vaudran,  en  Vivarais,  p.   1202. 

VAUDREUIL  (Marquis  de),  lieutenant  général, 
député  aux  Etats  généraux,  p.   1377. 

Vaudreuille,  pp.   1253,  1254. 

Vaocrigneuse,  terre,  p.  552. 

VAUGUÉIL  (Dame  de),  p.   194. 

VAUGUEIL  (Louis  de),  sieur  de  Gourdan,  écuyer, 
p.  195. 

VAUGUEIL  (Pierre),  sieur  de  Cazaux,  p.    195. 

VAUMALLE  (de),  p.    1223. 

VAULSERRE,  abbé,  p.    io23. 

Vaunage  (la),  pp.  599,  747,  709,  765,  788,  796, 
822,  823,  839,  977;  surnommée  la  vallée  de 
Chanaan  par  les  protestants,  p.   1  1  16. 

VAUQUELIN  (Hercule  de),  sieur  des  Yveteaux,  in- 
tendant de  justice,  police  &  finances,  p.  i32. 

Vauvert,  pp.  36,  599,  735,  748,  765,  766,  767, 
902,  1067,  II  16,  1141,  1406;  ses  armoiries, 
p.  688;  ses  fortifications  sont  détruites  par  les 
camisards,  p.  807. 

—  (Garrigues  de),  p.  759. 

—  (Marais  de),  p.   io3. 

VAUVERT  (Comte  de).  Foir  LÉVIS  (François  de). 
Vaux-de-Ceenay,  p.  552. 
Vaux,  lieu,  p.   1  1  20. 
VAYSSE  (Chevalier  de),  p.   i352. 
Vébron,  pp.   37,   738,   784,   799,   8co,    801,    804, 
1407;  incendié,  p.  8o5. 

—  (Pont  de),  p.  700. 
VEDELLY,  capitoul,  p.    144. 

VEDELLY,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
pp.    140,  241,  242,  291,  3oo,  317,  349,   352. 

Vêlai,  pp.  5,  44,  68,  77,  88,  90,  96,  98,  177,  3oo, 
473,  481,  482,  5;9,  701,  704,  85i,  897,  944, 
963,  1162,  1178,  i2o3,  i2o5,  1235,  1285, 
1286,  1287,  i3o7,  i3o9,  1.333,  1364,  1379, 
1407,  1410;  le  prince  de  Conti  y  fait-un  voyage, 
p.  397;  études  pour  l'établissement  de  routes 
carrossables  dans  ce  pays,  p.  480;  ses  récoltes; 
son  élevage  de  bétail;  ses  fabriques  de  dentelles; 
le  pays  a  été  ruiné  par  la  mortalité  générale  de 
1690,  p.  7o3;  anomalie  de  sa  représentation 
aux  Etats,  p.  898;  est  désolé  par  l'épizootie, 
p.  1081;  tableau  de  la  situation  de  ce  pays, 
pp.  1099,  iioo,  MOI,  1102;  doit  former  un 
département,  p.  1400;  réclamations  faites  en 
son  nom  à  l'Assemblée  nationale,  p.   1405. 

—  (Attroupements  du),  p.   i3. 

—  (Bailliage  de),  p.  85i. 

—  (Etats  particuliers  du),  p.  898. 

—  (Diocèse  de),  p.   107. 

Velours  fabriqués  dans  les  Etats  de  Frédéric-Guil- 
laume par  des  proscrits  languedociens,  p.  564. 
Vénalité  des  anoblissements,  p.  S57. 

—  des  charges,  nuisible  au  bien  de  l'Etat,  p.  272. 

—  des  charges,  appliquée  aux  institutions  muni- 
ci  pales,  p.  63^. 

—  des  charges  municipales,  p.  706;  condamnée, 
p.   1 193. 

—  des  offices,  p.   i5o. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


i63i 


Vénasqce,  fort  sur  le  versant  espagnol  des   Pyré- 
nées, p.  94'^. 

—  (Port  de),  p.    189. 

—  (Prise  de),  p.  49. 
Vence,  p.  3i  I . 
VENDARGUES  (de),  p.  992. 
VENDOME  (Cardinal  de).   Voir  MERCŒUR. 
VENDOME  (Duc  de),  pp.  47,  814. 
Vendôme,  p.   1260. 

Vendras,  p.  807. 
VE^DllES,  p.  394. 
VENEL,    professeur    à    la    faculté    de  médecine   de 

Montpellier,  p.    1  iSg. 
VÉ^F.llABLE  Commun  Tr.Éson  de  Malte,  p.  1  137. 
Vésebque,  p.   I  241 . 

VtNÉTlE,    p.    4.51  . 

Vengeances  particulières  dans  les  Cévennes,  p.  748. 

Venise,  p.   187. 

VENTADOUR  (Duc  de),  pp.   1  35,  476,  932. 

VENTADOUR  (Ducs  de),  p.   191. 

VENTADOUR  (de),  évéque  de  Mi  repoix,  p.  414. 

Vente  de  l'affranchisseTnent  des  tailles,  p.  863. 

—  de  cinq  cents  lettres  de  noblesse,  p.  676. 
Ventenac,  au   diocèse  de  Mirepoix,  pp.  70,  1009. 

—  (Moulin  de),  p.   119. 
Vé,m:s  (Promontoire  de),  p.  399. 
VÉRAC  (Marquis  de),  p.  .OSS. 
VtBARGiES;  ses  armoiries,  p.  686. 
VERCHANT  (M'");  sa  maison  sert  de  lieu  de  réu- 
nion aux  multipliants,  p.  977. 

VERCHANT  (.Marguerite),  p.  980. 

Verdale,  lieu,  pp.   12.53,   12.55. 

Vebdalle,  baronnie,  p.  263. 

VERDEILHANT,  condamné  aux  galères  pour  avoir 

vendu  des  livres  protestants,  p.  1074. 
VERDIER-CABASSE,    député    de    Castelsarrasin  , 

p.    32"». 

Vebdcn,  pp.   109,  471,  55 1. 

VEBDUN-StR-GABOflNE,   pp.    I282,    129»,    I402,    1404. 

—  (Château  de),  p.   i3. 

VERDUN,  premier  président  au  Parlement  deTou- 

louse,  p.   1415. 
Vep.dln,  pp.   1253,   1254. 
VERDURON,  officier  du  présidial  de  Montpellier, 

p.  89t. 
Vebfeil,  baronnie,  pp.   loo,  loi,  3i6,  3i8,  1241, 

1252,   1265,    14-4;    union   de    trois    hôpitaux  à 

son  hôpital,  p.  33  ;  ses  armoiries,  p.  688. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
Vermandois  (Régiment  de),  p.  i3i4. 
Veiîmeil  'Métairie  de),  p.  796. 

VERMONT  (Abbé  de),  instituteur  de  Marie-Antoi- 
nette, p.   1339. 
VERNANT  (Jacques  de),  p.  ioi5. 
VERNÈDE  (de  la),  p.    168. 
Vebset,  p.   1218. 

—  (Hôpital  du),  p.  33. 
^'EB.^ET   DE  Cbieu,  lieu,  p.   1403. 
VERNET  (Fulcrand),  p.  863. 


VERNEUIL  (Duc  de),  fils  naturel  d'Henri  IV, 
pp.  2o,  21,  22,  23,  24,  23,  26,  478;  est  nommé 
gouverneur  de  Languedoc  après  la  mort  du 
prince  de  Contt,  p.  446;  ses  habitudes,  son  ca- 
ractère; son  rôle  effacé  dans  le  gouvernement 
de  la  Province,  p.  447;  visite  la  ville  de  Tou- 
louse, pp.  475,  476;  après  sa  visite,  rentre  à 
Paris  par  Bordeaux;  vient  à  Montpellier  en 
décembre  1667  pour  ouvrir  les  Etats,  p.  477;  ne 
vient  dans  la  Province  que  pour  la  tenue  des 
Etats;  est  en  excellents  termes  avec  d'Aguesseau, 
p.  S'r'i;  meurt  en  mai  1682,  p.  520  ;  service  fu- 
nèbre en  son  honneur,  p.  27. 

Vernecil,  résidence  du  duc  de  ce  nom,  p.  020. 

Vernoux,  enVivarais,  pp.  80,  106,  733,  878, 
879,887,  1074,  1201,  1202,  1411;  son  temple 
est  démoli,  p.  536. 

VERNY,  médecin  de  Montpellier,  p.  962. 

Vebbes  à  vitre,  p.  62. 

Verbiebs,  p.  77. 

Verberies,  pp.  77,  80,  81,  699,  999.. 

^  transférées  de  divers  lieux  sur  les  montagnes 
de  l'Espérou  &  de  Laigoal,  p.  60;  devant  cesser 
leurs  travaux,  pp.  1071,  1072;  après  une  en- 
quête sur  le  dépérissement  des  forêts,  elles  sont 
transférées  sur  les  montagnes  d'Aigoal  &  de 
l'Espérou,  pp.    1072,   1073. 

Vers  à  soie,  p.  699. 

Versailles,  pp.    522,    552,    842,   881,    896,   910, 

911,    10o3,    I  023. 

Verseille,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 
Vert  de  gris,    pp.   59,  78;   de   quelle   manière   il 
est  fabriqué;  quantités  exportées,  pp.  699,  700. 

VERTAMON,  conseiller  d'État,  p.  363. 

VERTAMON,  maître  des  requêtes,  p.  878. 

Vérune  (la),  pp.  67,  68. 

VÉRUNE  (Seigneur  de  la),  p.    1.",. 

Vérunes,  en  Vivarais,  p.  1202. 

Vessealx,  en  Vivarais,  p.   1201. 

VESSON  (Jean),  prédicant,  p.  977;  condamné  à 
mort  &  exécuté,  p.  979. 

Vestbic,  lieu,  pp.  20,  46. 

Vexations  aux  taillables  par  les  .igents  subalter- 
nes de  l'exploitation  des  fermes,  p.   23o. 

—  en  Languedoc  par  la  perception  de  la  taxe 
d'acquisition  du  domaine  royal,  p.  25o. 

—  des  traitants,  p.  275. 
Vexin  (Régiment  de),  p.  816. 
Veyras,  en  Vivarais,  p.    1201. 
Veyrines,  en  Vivarais,  p.  870. 

VfczENOBRE,  commune,  pp.  62,  425,  481,  644, 
707,  827,  836,  9'i6,  986,  1406;  ses  armoiries, 
p.  687;  la  troupe  de  Cavalier  y  loge  par  billets; 
on  se  réunit  dans  le  temple  pour  le  culte  pu- 
blic, p.  835. 

VÉZENOBRE  (Marquis  de),  p.   io36. 

VÉZIAN,  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  aides  & 
finances,  p.   1C97. 

VIALA,  délégué  de  l'intendance,  périt  ainsi  que 
son  fils  &  son  neveu  dans  une  embuscade, 
p.  835. 

VIALA,  procureur  à  Nimes,  p.  992. 


[63: 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES, 


VIALA,  ministre  protestant,  p.  1080. 

VIALART  (Félix),  évêque  de  Châlons,  p.  446. 

ViALAS,  lieu  des  Cévennes,  p.  776;  sa  situation, 
P-  747- 

Vialle-Veillette,  lieu,  p.  863. 

Viande  de  boucherie,  p.  61;  impôts  qui  la  gre- 
vaient; nouvel  impôt  créé  par  le  ministère  & 
racheté  par  les  États  de  Languedoc,  p.  85o. 

VlANE,   pp.  261 ,  610. 

ViAS,  p.   r  I  o. 

—  (Pont  de),  p.   1428. 
ViAUR,  rivière,  p.   1129. 

VIBRAC  (de),  un  des  coseigneurs  de  Sauve,  p.  763. 
Vie,  commune,  pp.  53,  74,  474,  709;   démolition 
de  son  temple,  p.   19. 

Vie  (de),  capitoul,  pp.  220,  222,  228. 

Vie   (de),    membre    du    Parlement    de    Toulouse, 

P-  ' '77- 
VicBBAM,   commune    du    diocèse   de    Mirepoix, 

p.  871. 
VicDESSOs,  dans  les  Pyrénées,  p.  65. 

—  (Vallée  de),  p.  985. 
Vice-légat  d'Avignon,  p.  5o. 
VicE-ROi  de  Catalogne,  p.  276. 
Vic-Fezensac,  p.  390. 

Vicomte  de  Villemur,  reconstituée,  p.  957. 
VicoMTÉS;  leur  nombre  en  Languedoc,  p.  694. 

—  de  Joyeuse,  p.   1  197. 

—  de  Lautrec,  pp.   107,  i385. 

—  de  Lomagne,  p.  471. 

—  de  Paris,  p.   1392. 

de  Petit-Montrevaux,  p.  553. 

—  de  ViUemur,  p.  957. 
Vicomtes  :  d'Auteuil,  p.  188. 

—  d'Auvillars,  p.  471. 

—  de  Beaune,  pp.  21,  23,  .55,   1026. 

—  de  Bernis,  p.   1  i  1 . 

de  Boisset-Glassac,  p.  i355. 

de  Boissezon,  p.  622. 

—  de  Brezis,  p.   Io35. 

—  de  Bruillois,  p.  471. 

—  de  Bruniquel,  p.    i352. 

—  de  Couserans,  p.  232. 

—  de  Fezensaguet,  p.  471. 

—  de  Framond,  p.   i386. 

de  Guignard  de  Saint-Priest,  pp.  87,  98,   I2i5, 

i332. 

—  de  Gimoez,  p.  470. 

—  de  Léran,  pp.  10,   11. 

—  de  Lordat,  p.  87. 

—  de  Monteil,  p.   i  28. 

—  de  Polastron-Brax,   p.    i355. 

—  de  Polignac,  pp.  3i,  117,  931,  1285,  1287, 
1283. 

—  de  Paulin,  p.   1  i  3. 

—  de  Villemur,  p.  957. 

—  de  ViUeneuve-Flamarens,  p.   i352. 

VICQ  D'AZYR,  médecin  du  comte  d'Artois;  ses 
observations  au  sujet  de  l'épizootie  de  1774, 
pp.   1242,   1262. 

VICQUES  (de),  chanoine  à  Toulouse,  p.   i356. 
VIÇQUES   (de),   cellérier    du    chapitre    de   Saint- 
Etienne,  p.   |356. 


VIDAL  BERTRAND,  consul  du  Puy,  p.  398. 
VIDAL  (Jeanne),  p.  864. 

ViDOtKLE,  rivière,  pp.  3S5,  599,  644,  648,  709, 
763,  764,  823,  902,  1400,  1406;  déborde,  p.  88. 

—  (Bassin  du),  p.  796;  visité  par  les  camisards, 
p.  807. 

—  (Plaine  du),  p.  760. 

—  (Vallon  du),  pp.  424,  482,  60  1 . 

\'iE  française  se  répand  dans  les  solitudes  du 
Brandebourg  après  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  p.  565. 

Vieille-Bbioude,  p.  486. 

ViEiLLn.s  FICTIONS;  leur  anéantissement,  p.  267. 

V1EHLEVIGNE  (Consuls  de),  p.   1  1  i3. 

VIEL,  négociant  à  Montpellier,  p.  848. 

ViELMUR,   p.     1408. 

—  abbaye;  ses  armoiries,  p.  685. 
ViELPRAT,  en  Vivarais,  p.   1202. 
ViELVIC,  pp.  487,  776. 
Vienne,  sur  le  Rhône,  p.  824. 

—  (Archevêque  de),  p.   1  198. 
ViEULES  (Manse  de),  pp.  3o2,  3o3. 
ViEDSSAN,  p.  394. 

Vieux,  au  diocèse  d'Albi,  p.   1008, 

VIEUXPONT,   p.   188. 

ViGAN  (le),  pp.  i3,  i5,  18,  29,  425,  554,  588, 
599,  601,  788,  789,  966,  iii5,  iiiâ,  1370, 
1406;  composition  du  conseil  mi-parti,  p.  19; 
des  troubles  y  sont  réprimés,  p.  587. 

—  (Archiprêtre  du),  pp.  648,  649. 
Vignes,  p.  59. 

—  plantées  sur  des  terres  en  friche,  p.  71. 

—  défense  de  les  fumer,  p.  83. 

—  arrachées  par  les  collecteurs  des  tailles,  p.  23o. 

—  leur  culture  perfectionnée  en  Suisse  par  les 
réfugiés  languedociens,  p.  565. 

—  dévastées  par  les  sauterelles,  p.  972. 

—  endommagées  par  les  brouillards,  p.  1604. 

—  dépouillées  par  la  grêle,  p.    loio. 
VIGNES,  conseiller  au  Parlement,  p.   175. 
V1GNEVIELLE,  p.  347. 

Vignobles  de  Gaillac  détruits  par  la  gelée  en  1729, 

p.    1012. 
ViGNOGOtiL,  abbaye;  ses  armoiries,  p.  685. 
VIGNOLES,  officier  municipal,  p.    1415. 
ViGNOLLES  (Marquisat  de),  p.   1  1 . 
VIGNOLLES  (de),  président,  p.  283. 
VIGNOLLES,  habitant  de  Toulouse,  p.   1402. 
ViGuiER  ;    ses    attributions;    ses    disputes    avec    le 

juge-royal,  p.    i5i . 

—  d'Alet,  maltraité,  p.  358. 

—  de  Toulouse;  son  arrestation,  p.  3. 

VIGUIER,  avocat  au  Parlement  de  Toulouse,  est 
nommé  commissaire  à  l'effet  d'accélérer  la  for- 
mation d'une  assemblée  nationale  unique, 
p.   1389. 

VIGUIER  (Jeanne),  servante  catholique  de  la  fa- 
mille Calas,  p.    1  162. 

VIGUERIE,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
p.  241. 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


i633 


VIGUERIE  (Baron  de  ,  p.   i352. 

ViGUERiES  ;    leur   nombre   en   Languedoc   en    1698, 

p.   696. 
Vilaine  (Bouches  de  la),  p.  (j")^. 
VinR  (le),  p.  799. 
VILAS;  son  supplice,  p.  41  ;  rentre  en  Languedoc 

&  prend  part  à  la  conjuration  de  Nîmes,  p.  <  53. 

VILAS,  émigré  de  Saint-Hippolyte,  cornette  du 
régiment  anglais  de  Galloway,  arrêté  à  Nîmes, 
p.  859;  est  roué  vif,  p.  860. 

V|L«TELLE,    p.    427. 

VII.LA  DE  COMMESOURDE  (du);  ses  blasphèmes; 
prêtait  à  usure;  ses  différends  avec  le  clergé  du 
diocèse  d'Alet;  est  interdit,  pp.  4i3,  414. 

Villages  de  la  temporalité  de  l'archevêque  de  Nar- 
bonne  saccagés  par  ordre  de  l'abbé  de  La  Ri- 
vière, p.  278. 

—  ou  BOURGS  épargnés  par  les  ordonnances  de 
Monirevel,  p.  «00. 

■.^condamnés  dans  les  Cévennes;  les  habitants 
doivent  :e  retirer  dans  le  délai  de  trois  jours, 
p.  799. 

—  disséminés  aux  flancs  de  l'Aigoual  &  de  l'Es- 
pérou,  p.  8o5. 

ViLLÀLIEB,  pp.  94,  96,  I  149. 

ViLLANitRE,  lieu,  p.   io8i. 

Villar  de  Belle,  au  diocèse  de  Limoux,  p.  1008. 

VILLARS  (Comte  de),  p.  790. 

VILLARS  (Louis-Hector  de),  maréchal  de  France, 
toinriandant  en  chef,  pp.  39,  40,  41,  8.)7,  860, 
877;  est  appelé  au  commandement  en  chef 
des  troupes  royales  en  Languedoc,  p.  819;  son 
humeur  vive  &  alerte;  étudie  à  Pans,  dans  les 
correspondances  de  Languedoc,  la  situation  des 
Cévennes;  penche  pour  les  voies  de  douceur, 
p.  820;  son  entretien  avec  Louis  XIV  dans  son 
audience  de  congé  ;  ses  résolutions  d'épuiser 
toutes  les  voies  de  la  douceur  avant  de  ruiner 
la  Province;  son  appréciation  sur  la  valeur  des 
insurgés  comme  hommes  de  guerre,  p.  821  ;  tra- 
verse l'est  de  la  France  au  milieu  de  l'empresse- 
ment populaire;  reçoit  de  grands  honneurs  à 
Lyon,  p.  821  ;  du  vice-légat  d'Avignon,  p.  f  22  ; 
débarque  à  Beaucaire;  y  passe  la  nuit  &  se  rend 
à  Nîmes;  son  allocution  au  premier  consul; 
manifeste  son  ardent  désir  d'arriver  rapidement 
à  la  paix;  son  arrivée  diversement  appréciée  en 
Languedoc;  se  voit  salué  par  une  prophétie  de 
Nostradamus  ;  s'efforce  de  rassurer  tout  le  monde, 
p.  82");  est  frappé  du  peu  de  solidité  des  esprits; 
est  assailli  de  lettres  anonymes;  règle  1;(  condi- 
tion d'une  foule  considérable  de  prévenus, 
p.  Hid-,  reçoit  l'offre  spontanée  des  protestants 
de  Nimes  de  prendre  les  armes  contre  les  re- 
belles, p.  826;  son  accueil  obligeant  à  ces  pro- 
positions; fait  avec  Bâville  une  tournée  dans 
les  Cévennes,  assemble  les  communes;  offre  l'am- 
nistie à  ceux  qui  déposeront  les  armes,  p.  827; 
cite  les  dernières  exécutions  accomplies  contre 
les  villages  qui  avaient  donné  asile  aux  cami- 
sards,  8t  menace  les  peuples  insoumis  des  mêmes 
représailles;  tient  un  nouveau  langage  sur  la 
question  religieuse;  la  liberté  des  cultes  publics 
n'est  pas  reconnue  en  Europe;  ses  promesses 
relatives    à    la    liberté    du    culte    intérieur;    de 


quelle  manière  ces  promesses  furent  accueillies 
par  les  protestants  &  par  la  Cour;  était-il  sin- 
cère dans  ses  promesses  aux  insurgés?  p.  829; 
voyait  avec  plaisir  le  plan  qui  consistait  à  dé- 
barrasser la  Province  des  camisards  soumis;  juge 
sévèrement  son  prédécesseur;  reçoit  des  soumis- 
sions partielles,  p.  83o;  fait  lui-même  la  guerre 
de  partisan  &  commande  en  personne  de  laibles 
effectifs;  heureuse  influence  de  sa  conduite  sur 
les  commandants  subalternes;  démontre  à  tous 
qu'il  met  son  point  d'honneur  à  finir  la  lutte, 
p.  83 1  ;  étend  les  garnisons  des  petites  villes  le 
long  des  rivières,  fait  garder  les  ponts  &  les 
défilés,  surveiller  les  routes,  tieiit  les  divers 
postes  en  communication;  fait  fouiller  les  vil- 
lages, les  hameaux;  reçoit  une  lettre  de  Cava- 
lier qui  offre  de  se  soumettre,  p.  832;  son  avis 
au  ministre  de  la  guerre;  il  repousse  toujours 
les  voies  rigoureuses,  p.  833;  transmet  au  mi- 
nistre de  la  guerre  la  déclaration  par  laquelle 
Cavalier  promet  sa  soumission  &  celle  de  sa 
troupe,  p.  834;  rend  compte  au  roi  de  l'apaise- 
ment de  la  révolte  des  Cévennes  &  demande  des 
ordres  définitifs,  p.  83.5;  ses  projets  de  pacifica- 
tion indisposent  contre  lui  le  parti  catholique, 
p.  83s  ;  son  entrevue  avec  Cavalier  dans  le  jar- 
din des  Récollets  de  Nimes  ;  sa  conduite  est 
approuvée  de  Louis  XIV,  p.  887;  est  exhorté 
p.ir  le  roi  à  reprendre  le  projet  de  redoutes 
dans  les  Cévennes;  doit  être  chargé  d'une  nou- 
velle mission  après  l'évacuation  du  Languedoc 
par  les  troupes  de  Cavalier  &  de  Roland,  p.  833  ; 
donne  3  Cavalier,  par  la  permission  du  roi,  un 
brevet  de  colonel;  obtient  l'autorisation  de 
quitter  la  Province  à  la  fin  de  l'année  1704, 
p.  842  ;  s'indigne  de  l'irritation  du  clergé  contre 
lui,  p.  839;  réprime  le  zèle  inopportun  de  cer- 
tains dévots;  est  secondé  dans  ses  vues  par  l'ar- 
chevêque de  Narbonne,  Le  Goux  de  la  Berchère, 
&  par  Fléchier;  est  dénoncé  à  la  Cour  par  les 
familiers  de  M""*  de  Maintenon;  les  heureux 
effets  des  négociations  paralysés,  p.  840;  voit 
de  nouveau  Cavalier;  cherche  à  regagner  le  ter- 
rain perdu;  fait  assembler  les  insurgés  soumis 
dans  l'île  de  Valabrègue,  p.  841;  remplit  les 
fonctions  de  connét.ible  au  sacre  de  Louis  XV, 
p.  971. 

VILLARS-BRANCAS  (Duc  de),  p.  61. 

Villars,  lieu.  Foir  Mont-Louis. 

VILLARET  (de),   un  des   propriétaires  des   mines 
de  la  Grand'Combe,  p.    128.5. 

ViLURiÉS,  p.   1241 . 

Villarzel,  au  diocèse  de  Limoux,  pp.  871,  1008. 

VILLASAVAR'if,  sous-engagiste,  pp.  1  18,  122,  126, 
33o. 

Villatelle  (Démolition  du  temple  de),  p.   19. 

ViLLAUDY  (Moulin  de),  p.   119. 

ViLLAUTON,   au   diocèse   de    Mirepoix,   pp.    1009, 
1082. 

VILLE,  négociant  à  Toulouse,  p.   i353. 

Ville,  en  Vocance,  p.   1202. 

Villebazez,  au  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 

ViLLEBRtIMIER,    p.    I404. 

Villedagne  (Pont  de),  p.  77. 

VILLEDEUIL    (de),    secrétaire    d'État,    pp.    i3'j7, 
1 370. 


XIII. 


i634 


TABLE  GENERALE  DES  NOMS   ET  DES   MATIÈRES. 


ViLLE-DiF.u,  au  diocèse  de  Limoiix,  pp.  102,  1008. 
ViLLEDUBERT,  au   diocèse  de  Carcassonne,  pp.  746, 
loo'i. 

ViLLEFALCE  (Poilt  de;,   p.    77. 

^'lLLEFLOtJRE,  ail  diocèse  de  Carcassonne,  p.   1008. 
VilXErORT,  pp.   I  10,  42,5,  482,  487,  601,  962,  968, 
i28:î,    i3i2,    .376,    iSS.";,    1407. 

—  (Logis  de  l'Écii  de  France,  à),  p.  48  1 . 

—  (Col  de),  p.  9^9. 
VILLEFORT  (Marquis  de),  p.    1  198. 
ViLLEFRANCH/;,   en    Lauragais,    pp.    ji,  3i6,  332, 

38o,  4.52,  493,  1070,  12(1,  f4~2,  [404. 

—  (Consuls  de),  p.  1  i  1  3. 

—  (Maladrerie  de),  p.  696;  est  unie  à  l'hôpital, 
p.   .33. 

Vll.LEFRANnuE-DE-RouRRGUE,   pp.    Ô77,    639,     ' -^47  î 

désordreà  à  propos  de  la  perception  des  tailles, 
p.    140. 

—  (Grand  bailliage  de),  p.   128. 
ViLLEFUANCiiE,   Sur   les   côtes    de    la    Méditerranée, 

p.  838. 

VILLEFRANCHE  (de),  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse;  son  exil,  p.  1219. 

ViLLEGLY,    pp.    94,    96,     I  149. 

ViLiELO.NOUE,  au  diocèse  de  Limoux,  pp.  471,  472, 

991,    1008. 
ViLLEMAGNE,    lieu,    p.    36,     II 7;    ses    armoiries, 

p.   687. 

—  (Hôpital  de),  p.  696. 
ViLLEMAG.vE,  abbaye,  p.  68:'). 
VILLEMAGNE  (Abbé   de),  seigneur  de   Bédarieux, 

p.    I 19. 
VILLEMARTIN  (de),  p.  619. 

ViLLEMOUSTAUSSOU,   p.    I  oof). 

VlLr.EMUR,  pp.  34,  76,  474,  9.58,  9.59,  991,  1402, 
1404. 

—  (Vicomte  de),  p.  9.^7. 

—  (Consuls  de),  p.  9.Î7. 
VILLEMUR  (Vicomte  de),  p.  957. 
Villeneuve,  pp.  67,  639,   1064. 
ViLLE.\EtvE-LÉs- Avignon  ,    pp.    5."),    88,    94,    9.1, 

951,  1142,  1406;  prétention  des  chartreux  su  r 
les  atterrissements  du  Rhône,  p.  62;  le  prince 
de  Conti  est  inhumé  chez  les  chartreux  de  cette 
ville,  p.  44^. 

—  (Château  de  Saint-André,  à),  p.   1279. 

Villeneuve-oe-Berg,  pp.  i3,  37,  io3,  473,  917, 
989,  1159,  1196,  1199,  1200,  1201,  i2o3, 
i3ii,   1378,   13/9,   i38o,   i385,   1411,    1421. 

—  (Sénéchaussée  de),  pp.  i5,  i3rt7,  i384;  créée 
en   I 780,  p.   I  1 3. 

—  (Bailliage  de),  p.   i  100. 

—  (Capucins  de),  p.   1196. 

ViLLENEUVE-LES-CllANOINES,    p.   33o. 

Villenelve-h-Crémade,  baronnie,  p.  23. 

—  (Marquisat  de),  p.  29. 
Vili.eneuve-dl-Paréace,  p.  1404. 
Villexeuve-Saint-André,  pp.  382,  388. 
Villeneuve-Tolosane,    pp.    82,    121,    124;    pillé 

par  le  biiron  de  Léran,  p.  342. 


Villeneuve  (Baronnie  de),  pp.  69,   87. 
Villeneuve,  p.  io56. 

—  (Port  de),  p.   io5ô. 

VILLENEUVE  (de),  syndic  général;  son  rapport 
aux  Etats  contre  les  porteurs  de  lettres  de  ca- 
chet, p.  27,5. 

VILLENEUVE  (Guillaume  de),  p.  863. 

VILLENEUVE  (Baron  de),  pp.  931,  1029,  i3o5, 
i367. 

VILLENEUVE  (Marquis  de),  neveu  du  cardinal 
de  Bonzi,  p.  719. 

VILLENEUVE  (Marquis  de),  pp.  81,  86,  1095, 
I  1  26. 

VILLENEUVE- FLAMARENS  (Vicomte  de),  p.  |3J2. 

VlLLENOUVELLE,    pp.    4.')2,     1  24  I  ,     1402. 
ViLLEPINTE,    pp.    33o,    4;)2. 
ViLLRRS-COTTERETS,    p.    |323. 

VILLEROI  (.Maréchal  de),  p.  909. 

VlLLEROUGE,    pp.    |55,    346. 

ViLLF.ROcssET,  hameau  en  Gévaudan,  p.  966. 
VILLEROY  (Maréchal  de),  p.  365. 
ViLLESfxiiE,  en  Vivarais,  p.   1202. 

VlLLESECQUE,    p.    33o. 

VILLESPASSANS  (de),  p.  21  5. 

VILLF.VERT,  conseiller  à  la  cour  des  comptes, 
aides  &  finances,  p.  1097. 

ViLLEVIEILLE,    p.  620. 

VrMENET,  hameau  en  Gévaudan,  p.  <)6i>. 
Vin,  p.  843. 

—  étranger,  p.  2.5;  réglementation  de  son  entrée, 
p.    23. 

—  répandu  à  terre  dans  les  Cévennes,  p.  790. 

—  (Impôt  sur  le),  p.   110. 

—  muscat  de  Frontignan,  p.  700. 

—  de  Jusclan,  p.  701. 

—  blanc  du  Languedoc,  p.  723. 

—  de  Roquemaure,  p.  701. 

—  de  Tavel,  p.  701, 

ViNCENNES  (Château  de),  pp.  21,  294,  391,  426, 
910,  91  I  j  le  devis  des  travaux  du  canal  de  Lan- 
guedoc y  est  signé,  p.  466. 

VINCENT,  curé  de  Caragoudes,  maître  es  Jeiftc- 
Floraux,  p.  661  . 

ViNEZAc,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Vingtième;  impôt  établi  sur  tous  les  sujets, 
pp.  1090,  1124;  dans  la  nouvelle  forme  de  sa 
perception,  frappe  toute  espèce  de  biens,  p.  1342. 

Vingtièmes,  p.  1369;  leur  produit  sert  à  éteindre 
les  emprunts  faits  pour  le  Trésor  royal,  p.  99; 
supprimés  8c  remplacés  par  utie  subvention  ter- 
ritoriale,  puis  rétablis,  p.   1342. 

Vins,  pp.  43,  40,  73,  123,  481,  697,  698,  699, 
727,  10.')'),  II2.5;  interdiction  de  l'importation, 
p.  40;  peuvent  circuler  librement,  p.  114;  leur 
débit  arrêté  par  la  guerre,'  p.  . S  1  1  ;  leur  entrée  en 
Languedoc  par  la  frontière  orientale  réglemen- 
tée, pp.  85  1 ,  832. 

—  à  vendre  à  Bordeaux,  p.   1364. 

—  étrangers,  pp.  40,  66,  89,  91,  97,  119;  leur 
entrée,  p.  1  4  ;  l'entrée  en  est  interdite  à  GaïUac, 
p.   63. 


TABLE  GKNERALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIERES. 


.635 


Vins  rouges  &  blancs  du  diocèse  de  Montpellier, 
p.  700. 

—  d^Avignon,  p.  8.)). 

—  de  Cahors;  ne  peuvent  pénétrer  à  Bordeaux 
que  le  lendemain  de  Noël,  p.  428. 

—  de  Carcassonne,  p.  724.  , 

—  de  Dauphiné,  transportés  en  Vlvarais;  à  quelles 
époques,  p.  802. 

—  deGaillac,  p.  724;  leur  privilège  d'entrer  à 
Bordeaux  le  lendemain  de  la  Saint-Martin, 
p.  428;  d'après  Bàville,  très-recherchés  des  An- 
glais, p.  698. 

—  de  Languedoc,  pp.  47,  48;  voitures  à  Bor- 
deaux, p.  3.Ï  ;  diverses  décharges  en  faveur  de 
ceux  qui  sont  transportés  à  Paris  par  le  Rhône, 
p.  60;  transportés  k  Paris  de  Cette  ou  d'Agde 
par  le  Havre  ou  Rouen,  déchargés  de  divers 
droits,  p.  60;  défiance  séculaire  du  commerce 
bordelais  à  leur  égard,  p.  723;  leur  commerce 
par  Bordeaux,  p.  724. 

—  de  Languedoc  &  de  Roussillon,  p.  70. 

—  du  bas  Languedoc,  p.  724. 

—  blancs  de  Limoux,  p.  698. 

—  de  la  principauté  d'Orange,  p.  8.)i. 

—  de  Rabastens,  p.  724.  . 

—  du  comtat  venaissin,  p.  853. 

—  du  Vivarais,  p.  701. 
Vi.NsiELX,  en  Vivarais,  p.   1202. 
VINTIMILLE   (Charles-Guillaume-Gaspard   de), 

archevêque   de    Pans,    pp.     1019,    ro2o,    1022, 

I  023. 

Violences  commises  par  les  troupes  royales,  p.  33i . 

—  des  gens  de  guerre   dans  la  Province,  p.  264. 
-^  militaires  provoquent  l'envoi  d'une  députation 

des  Etats  au  Parlement  de  Toulouse,  p.  288. 

Viols   commis    par    des    troupes    indisciplinées, 

p.   33o. 
VlOLS-LE-FoBT,  p.  863. 
Vioj(,  en  Vivarais,  pp.  870,   1202. 
Vira,  au  diocèse  de  Mirepoix,  p.  1009. 
ViRAC,  en  Vivarais,  p.  43. 
VIRAZEL,  apothicaire,  p.    172. 
VIRAZEL  (de),  capitoul,  p.   2o3. 
VinKMESTS  de  fonds,  p.  i3o5. 

VIRIEU  (Aymar  de),  seigneur  de  la  Frette,  p.   193. 
VIRIEU,  p.    194. 
Visioss,  p.  976. 
VisiTATIONj  armoiries  de  toutes  les  maisons  de  cet 

ordre,  p.  68:). 
Visites    domiciliaires    au    sujet    du     sel    défendu, 

p.  846. 
Vistre,  rivière,  pp.  385,  747,  765,  ii33. 

—  (Bassin  du),  p.  482;  visité  par  les  camisards, 
p.   807. 

—  (Plaine  du),  p.  759. 

VITAL  DE  LESTANG,  évéque  de  Carcassonne, 
p.  38c.. 

VITRY  (de),  maréchal,  p.   192. 

Vivarais,  pp.  5,  8,  ii,  19,  22,  23,  27,  39,  42, 
45,  47,  5o,  .56,  61,  66,  68,  70,  71,  79,  80, 
90,  91,  91,  94,  95,  96,  97,  100,  101,  io3,  1 14, 


118,  121,  122,  123,  124,  126,  128,  148,  i55, 
162,  177,  180,  192,  194,  240,  261,  3i5,  329, 
349,  473,  481,  496,  53 I,  533,  549,  664,  696, 
710,  tSo,  -753,  770,  778,  737,  790,  796,  85i, 
870,  880,  883,  886,  890,  897,  917,  963,  969, 
1004,  loio,  1026,  1034,  1112,  ii33,  1141, 
1142,  1149,  ii5o,  ii52„  1178,  1194,  1195, 
1199,  1200,  1201,  1202,  1233,  1235,  1287, 
i3o2,  i3o3,  1309,  i3io,  i3ii,  1Î12,  i3i3, 
i3i9,  i32o,  i33i,  i333,  1364,  1400,  1406, 
r407,  1409,  14ÎO,  1428;  ses  Etats  excluent  le 
clergé  de  leurs  assemblées,  p.  9;  sa  juridiction 
criminelle,  p.  23;  emprunte  pour  subvention- 
ner une  fabrique  de  faïence,  p.  88;  les  premiers 
troubles  qui  précédèrent  la  guerre  des  Cévennes 
y  éclatent,  p.  529;  la  tournée  de  Bàville  &  du 
maréchal  de  Noailles  amène  des  conversions 
rapides,  p.  555;  est  agité  par  de  prétendus  pro- 
phètes, des  inspirés,  p.  609;  craintes  que  sa  si- 
tuation inspire,  p.  6i3;  premières  opérations 
contre  les  attroupés,  p.  614;  le  calme  y  est  ré- 
tabli, p.  616;  divisé,  pour  la  production,  en 
trois  zones  par  Bâville;  produits  de  chacune  de 
ces  zones,  p.  701  ;  les  camisards  y  pénètrent, 
p.  814;  reçoit  des  secours  à  la  suite  des  désas- 
tres de  1707,  p.  871;  les  receveurs  des  tailles  se 
concertent  avec  les  commandants  militaires  pour 
activer  la  rentrée  des  impôts,  p.  896;  ses  habi- 
tants protestent  contre  l'établissement  de  rizières 
en  Dauphiné,  p.  1066;  désolé  par  l'épizootie, 
p.  io8i;  tableau  de  la  situation  de  ce  pays, 
pp.  1099,  iioo,  1101,  II02;  pluies,  grêles, 
inondations  en  1751,  p.  iii3;  demande  de  ré- 
forme de  l'organisation  judiciaire,  pp.  1299, 
1 3  o  o . 
Vivarais  (Bailliage  de),  p.  17. 

—  (Failli  de),  supprimé,  p.   i3oo. 

—  (Diocèse  de),  p.    107. 

—  (Route  forestière  de),  p.  484. 

—  (Sénéchal  d'épée  de),  p.   i3oo. 

—  (Sénéchaussée  de),  p.   i3. 

—  (Bas),  p.  602. 

VrVENS,  chef  cévenol,  pp.  616,  709,  753;  obtient 
de  passer  en  Hollande;  y  est  nommé  ministre 
du  saint  Evajjgile;  rentre  en  Languedoc;  réunit 
une  troupe  armée,  p.  617;  est  rejoint  par 
Brousson,  p.  618. 

VIVIEN,  inspecteur  des  travaux  publics  en  Viva- 
rais, p.  95. 

Vivier  (le),  seigneurie,  p.  744. 

VIVIER  (Henri  du),  seigneur  de  Rasiguières,  pp.  16, 
414;  texte  du  monitoire  publié  contre  lui  par 
ordre  de  l'évèque  d'Alet,  p.  409;  est  excommu- 
nié; en  appelle  au  Parlement  de  Toulouse, 
pp.  410,  4<  I . 

VIVIER  (Marie-Lucrèce  du),  p.  409. 

Viviers,  ville  épiscopale,  pp.  43,  47,  52,  71,  110, 
|56,  409,  463,  586,  989,  1004,  1149,  1195, 
1201,    1283,    1376;  ses  armoiries,  p.  688. 

—  (Chanoines  de),  p.  i  196. 

—  (Chapitre  de),  pp.  126,  1198;  ses  armoiries, 
p.  684. 

—  (Députés  de),  p.  3  1  4. 

—  (Diocèse  de),  pp.  11,  57,  74,  95,  i  06,  114,  116, 
126,    i56,   168,    195,   3oo,  473,   481,  483,    571, 


i636 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  NOMS  ET  DES  MATIÈRES. 


620,  66^,  855,  895,  965,  967,  968,  1178,  1410; 

dévasté  par  la  grêle  en  1727,  p.   1004. 
ViviEES  (Évêque  de),  pp.  297,   1066,  1198,  619. 
VIVIERS  (Georges),  consul  du  Piiy,  p.  486. 
VIVONNE  (Duc  de),  maréchal  de  France,  p.  718. 
VixiÉGE,  cours  d'ea^i,  p.    1404. 

—  (Vallon  de  la),  p.  871. 
VocANCE,  en  Vivarais,  pp.  620,  1202. 
VOCANCE  (de),  voulant  réprimer   les   troubles  de 

Vais,  est  tué  dans  une  embuscade,  p.  878. 

Voeu  de  saint  Edmond  par  les  capitouls  de  Tou- 
louse, p.   180. 

VOfiLIE  (de),  inspecteur  général  des  ponts  & 
chaussées,  pp.  1277,  1295;  sa  maladie,  sa  mort, 
p.    1281. 

VoGut,  en  Vivarais,  p.   1201. 

Vogué,  baronnie,  en  Vivarais,  p.  5o. 

VOGUÉ  (Comte  de),  député  aux  Etats  généraux, 
pp.  123,   I  198,  1377. 

VOGUÉ  (Marquis  de),  pp.  34,  44,  616,   I  197. 

Voie  de  communication  entre  l'Auvergne  &  le 
Vêlai;  projet  de  sa  réparation,  p.  480. 

Voies  de  communication  délabrées,  p.  166;  leur 
amélioration  est  une  des  grandes  préoccupa- 
tions de  Colbert;  leur  malheureux  état  à  la 
suite  des  guerres  religieuses  8c  civiles  du  sei- 
zième &  du  dix-septième  siècle,  p.  450;  en  1666 
est  signé  l'édit  pour  la  jonction  de  l'Océan  & 
de  la  Méditerranée,  p.  451. 

VOISIN,  ministre  de  la  guerre,  pp.  891,  897. 
Voisins,  baronnie,  p    24. 
VOISINS  D'AMBRES  (Famille  de),  p.  362. 
VOISINS  (de),  maire  de  Lavaur,  p,  868. 
Vols  commis  à  Toulouse  en  i665,  p.  437. 

—  en  Vivarais  &  en  Gévaudan,  p.  i3i  1. 

—  &  SACRILÈGES  commis  par  les  troupes  envoyées 
par  l'abbé  de  La  Rivière  pour  saccager  la  tem- 
poralité de  l'archevêque  de  Narbonne,  p.  278. 

VOLTAIRE;  son  intervention  pour  la  réhabilita- 
tion de  Jean  Calas,  p.  1  170. 

VoLVESTRE,  p.  58. 

Vote  des  impôts,  doit  appartenir  au  pays,  p.  i  38i. 

Votes  achetés  dans  «  le  parterre  u  des  Etats  de 
Languedoc,  p.  276. 


VouLTE  (la),  p.  863. 

VOVE  DE  TOUROUVRES  (de  la),   évêque  de  Ro- 
dez,  pp.     1020,    I023. 

VOYER  D'ARGENSON  (René  de),  p.  262. 
VRILLIÈRE  (de  la),  p.  264. 


w 


'WALCKENAER,  chargé  de  lever  des  troupes  étran- 
gères pour  être  envoyées  au  secours  des  cami- 
sards,  p.  818. 

Westphalie,  p.  278. 

Webbe,  dans  la  Marche  électorale,  reçoit  des  ré- 
fugiés français,  p.  562. 

White-Hall,  p.  278. 

WITTENBERG  (Duc  de),   p.   110. 

WlSIGOTHS,    p.    1002. 


X 


XYLANDER  (Guillaume);   version   de   cet   auteur 
au  sujet  des  Cerretani  de  Strabon,  p.  400. 


Yehzet  (Bois  d'),  p.  39. 

—  (Eaux  minérales  d'),  p.  701. 

Ylaix,  en  Vivarais,  p.   1202. 

Ynosses,  hameau  en  Gévaudan,  p.  965. 

Yssingeaux,  p.  90. 


ZISKA,  p.  760. 

Zurich,   p.   970;    des   manufactures  y  sont   créées 
par  des  proscrits  français,  p.  565. 


FIN    DE    LA    TABLE    GÉNÉRALE   DES    NOMS    ET    DES    MATIÈRES. 


TOULOUSE,    TYPOGRAPHIE    PAUL    PRIVAT,    RUE   TRIPIÈRE,    p. 


0 


DC 

611 

L298V5 

1872 

t.13 


Vie,   Claude  de 

Histoire  générale  de 
Languedoc  avec  des  notes 


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